PRE STIS PRE PE 2e RATE DB LA SOGRÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE SEINE-ET-OISE; PRÉCÉDES |'DON COMPLE-RENDU DES MPAVATES -ET D’UNE HISTOIRE DE CETTE SOCIÉTÉ DEPUIS SA FONDATION JUSQU’AU MOIS D’AQUT 1835. = ANNÉE M DCCC XXXxV. Æ We #) À Æ # l ‘ra 7e a. % "i VERSAILLES, CHEZ MON 4 HAOUGHÉUX , IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ, avenue de Sceaux, n.9 4. ET A PARIS, CHEZ €. CROCHARD ET COMP.‘, LIBRAIRES DE LA SOCIÉTÉ, rue et place de l'École-de- Médecine, n.° 13. 22 AT EL Es " FA à 5 | o és MÉMOIRES DE LA SOGRÉME DES SCIENCES NATURELLES DE SEINE-ET-OISE,. SITE. YERSAILLES , IMPRIMERIE DE MONTALANT-BOUGLEUX , avenue de Sceaux, n.0 4. a MÉMOIRES DE BA SOurËR DES SCIENCES NATURELLES ke DE SEINE-ET-OISE; PRÉCÉDÉS D'UN COMPTE-RENDU DES TRAVAUX ET D’UNE HISTOIRE DE CETTE SOCIÉTÉ DEPUIS SA FONDATION JUSQU?AU MOIS D’AOUr 1535. EE —— ANNÉE M DCCC XXxv. SE TROUVE A VERSAILLES, SHEZ MONTALANT-BOUGLEUX, IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ, avenue de Sceaux, n.0 4. ET A PARIS, CHEZ E. CROCHARD ET COMP.®, LIBRAIRES DE, LA SOCIÉTÉ , rue et place de l’École-de- Médecine, n.0 15. 1835. sax. DEL LUCE 3 :Nards id APE Far 1 “ns! » ù Le de “ L : “ar Lors ÿ LA LAS LE ea duration pire ki | 1: » > * | a à a pue HAIO TRE, Gide sv À avÜosr < C1 A AS RU LA Arte AR A 7 du s siRaë LES dès. BUs bn Ti ART RE Rere FER NL oh ont SOCIÉTÉ SOIBNGBS MARURELLES DE SEINE-ET-OISE. Les soussignés forment une Société ,: 4.0 pour s’in- struire mutuellement dans les diverses branches de Jhis- toirenaturelle et des sciences qui s’y rattachent; 2.° pour répandre le goût de ces connaissances. Afin d'atteindre le premier de ces buts, il est convenu que quelques-uns d’entre eux feront des démonstrations relatives à la science qu'ils cultivent spécialement. Le démonstrateur devra, s’il s’agit d’une branche de l'histoire naturelle, indiquer toutes les divisions depuis la plus éle- vée jusqu'aux genres. Il ne descendra aux espèces que quand elles ne seront pas trop nombreuses , et dans la vue moins de faire connaître ces espèces, que les caractères sur lesquels en repose la classification. Lorsque les objets: seront trop petits pour être saisis à l'œil nu, ou qu'ilsne se trouveront pas à la disposition de la Société , le démons- trateur devra , autant que possible , en offrir une image , soit. par .une-esquisse sur.le tableau, soit par tout autre moyen. I] est invité à indiquer l'usage et les applica- tions pratiques de l’objet dont il-traite, ainsi que ses rapports avec les autres sciences. «& (ij) Pour remplir leursecondeintention, c’est-à-dire pour ré- pandre le goût des sciences naturelles , les soussignés ad- mettront, sous les titres de Membres associés ou audi- teurs et dans les formes arrêtées par le réglement, les personnes qui désireraient assister aux séances de la So- ciété. Ils se proposent, en outre, d'ouvrir , soit dans le local dela Société, soit en tout autre lieu jugé convenable, des cours auxquels pourront assister toutes les personnes qui, présentées par un membre, consentiront à contribuer pour leur part aux frais que ces cours occasionneront. La Société prend le nom de SocIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE SEINE-ET-OISE. æ RÉGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ. CHAPITRE PREMIER. — Composition de la Société. ArT. 4er. La société se compose de membres titu- laires, au nombre desquels sont les fondateurs : MM. Edwards, Huot, de Balzac, Philippar, Belin et Blondel ; De membres associés ; De membres auditeurs ; De membres correspondants. 2. Le nombre des titulaires est limité à trente. Celui des autres membres est illimité. 3. Les titulaires s'engagent à faire au besoin des con- férences scientifiques ; ils sont élus parmi les associés. (ii) Leur nomination a lieu dans les séances réglementaires dont il est parlé ci-après, et l’on n’en peut nommer plus de trois par séance. L. Les associés sont nommés dans les séances régle- mentaires. Ils sont choisis parmi ceux des membres au- diteurs ou correspondants qui ont enrichi la société de leurs dons, soit en argent, soit en livres, soit en objets scientifiques, ou qui ont consacré une partie de leur temps à soigner les collections de la société ou à les accroître, à préparer les cours ou à les professer, ou enfin, qui ont fait à la société des communications instractives et in- téressantes. | 5. Les autres membres résidants portent le titre d’au- diteurs. 6. Les correspondants sont nommés parmi les sa- vants français ou étrangers et les amateurs des sciences naturelles, qui se font connaître par des travaux utiles, ou par l'intérêt qu’ils portent aux travaux de la société. 7. Les auditeurs et les correspondants doivent être pré- sentés par deux membres titulaires ou associés. Ils sont nommés dans la séance ordinaire qui suit celle de la pré- sentation, au scrutin secret et à la majorité absolue des suffrages des membres titulaires et associés présents. 8. Le président peut, sur la présentation d’un membre, admettre des visiteurs. CHAPITRE II. — Régime de la Société. Arr, 9. Les titulaires ont seuls le droit de présence et de vote dans les séances réglementaires ; c’est parmi eux (iv) que sont choisis les membres du bureau et des commis- sions administratives. 10. Les associés jouissent des autres droits en commun avec les titulaires. 11. Le bureau se compose d’un président, de trois vice- présidents, d’un secrétaire , d’un secrétaire-adjoint, et d’un trésorier-archiviste. 12. Leur élection a lieu au scrutin individuel et secret, et à la majorité absolue des suffrages, ou par ballotage après le second tour de scrutin. Tous les fonctionnaires sont rééligibles. 13. Le président règle l’ordre du jour et maintient l'exécution du réglement. IL peut nommer des commis- sions pour examiner des questions ou des objets scienti- fiques. 14. Le secrétaire rédige un procés-verbal de chaque séance , et en donne lecture à la séance suivante. IL est chargé de la correspondance. 45. Le trésorier-archiviste est chargé du recouvrement des sommes dues et des dons offerts à la Société ; il tient un registre des recettes et des dépenses, il a la garde des objets appartenant à la société, et il en dresse inventaire conjointement avec les conservateurs dont il préside les réunions, et dont il est question à l’article 25. Il présente ses comptes deux fois par an à la Société qui nomme une commission de trois membres pour exa- miner sa gestion et faire son rapport dans la séance ré- glementaire. 16. L'administration de la Société est confiée au bu- reau. (v) 17. La société organise dans son sein autant de sections qu’elle le juge nécessaire. 18.Chacun des membres titulairesassociés ou correspon- dants doit faire partie d’une ou plusieurs sections. Ce classement est réglé de gré à gré par le bureau, il est facultatif pour les membres auditeurs. 19. Les conservateurs , dont il est question plus loin, sont attachés à leurs sections respectives. 20. Les sections sont généralement chargées de la forma- tion et du classement des collections , ainsi que de leurs travaux spéciaux. Un président est nommé par chacune d'elles; ilen dirige les travaux qui consistent particu- liérement à régler, de concert avec le conservateur , la méthode à suivre dans le classement des collections qui se rapportent à la section. 21. Dans les séances réglementaires semestrielles, chaque section fera connaître par un rapport les travaux qu’elle aura faits. 22, Unecommission permanente, composée de cinq mem- bres élus dans la séance réglementaire du mois de mai, re- çcoit et examine toute proposition relative au réglement ; elle fait un rapport dans la séance réglementairesuivante, sauf le cas où elle juge convenable de provoquer une ré- union d'urgence , qui alors , sur son avis, est indiquée par le président. 23. Elle prépare, dans un rapport général , les travaux des séances réglementaires, et dresse une liste de can- didats pour les places vacantes de membres titulaires, et pour celles de membres associés, sans restreindre le droit (vi) des membres titulaires de faire aussi des présentations en leur nom personnel. 2h. La Commission réglementaire dépose son rapport huit jours avant la séance, chez un membre du bureau ou de la commission, afin que chacun des membres titulaires puisse le consulter. 95. Une commission composée du bibliothécaire et de conservateurs préposés chacun à la surveillance de l’une des parties des collections de la Société , et respon- sables en ce qui les concerne, se réunira au besoin, sous la présidence du trésorier-archiviste. Celui-ci fera con- naître dans les séances réglementaires , l’état des catalo- gues et des collections. 26. Toute dépense nécessitée par le classement et l’en- tretier de chaque collection sera faite par le conservateur. Le bureau lui ouvrira à cet effet un crédit sur le trésorier. 27. La Société faisant imprimer les résumés des cours professés dans son sein, une commission de trois mem- bres est chargée de surveiller ces impressions et de les distribuer. 98. Toutes les fois qu’un nouveau cours sera proposé, l’auteur de la proposition en indiquera l'objet et la du- rée probable. Cette proposition sera consignée textuelle- ment au procès-verbal; et dans la séance ordinaire sui- vante les membres titulaires, associés et auditeurs pré- sents, en décideront l'adoption ou le rejet au scrutin se- cret et à la majorité simple. 29. Un membre qui fait un cours ou une communication ne peut être interrompu que pour de: simples questions ou pour rappel au réglement. Les objections et les obser- ( vij) vations ne pourront être présentées que lorsqu'il aura terminé, et si le président veut prendre la parole, il cé- dera le fauteuil. 30. En principe, nul ne peut conserver la parole pendant plus d’une demi-heure de suite ; néanmoins et suivant les matières à l’ordre du jour, le président, après avoir pris l'avis du bureau , peut accorder un temps plus long. 31. La Société publie des Mémoires lus dans ses séances précédés d’un compte-rendu de ses travaux. Une com- mission spéciale nommée par la Société surveille l’exé- cution de ce travail, en détermine et en coordonne les matériaux. CHAPITRE III. — De l'ordre des séances. ART. 32. Les séances ordinaires ont lieu une foïs par semaine; elles commencent à sept heures du soir, et peuvent se prolonger jusqu’à onze heures. Lorsqu'aucun des présidents ou secrétaires ne se trouve à l'heure indi- quée pour l’ouverture de la séance, le plus âgé des mem- bres présents occupe le fauteuil , et le plus jeune remplit les fonctions de secrétaire. 33. A l'ouverture de la séance, le secrétaire donne lec- ture du procès-verbal de la séance précédente, qui est soumis à l'adoption de la Société. 34. Aprés l’adoption du procés-verbal ont lieu les pré- sentations et les nominations de membres auditeurs et correspondants, ainsi que les inscriptions pour communi- cation verbale , lecture de mémoires inédits ou rapports scientifiques ; ( vi] ) Ensuite les rapports administratifs et la lecture de la correspondance; Enlin les démonstrations scientifiques. 35. Les membres titulaires et associés peuvent faire des questionssur lesmatiéres des démonstrations. Lesmembres auditeurs ont lemême droit à l’ég:rd des communications. 36. Aprés les démonstrations on entend les communica- tions de tout membre titulaire , associé ou auditeur, et les rapports des commissions scientifiques. 37. Les membres qui veulent faire une communication ou un rapport scientifique se font inscrire à cet effet par le secrétaire. Ils sont entendus à tour de rôle, à moins que, pour motif d'urgence, le bureau ne décide que l’or- dre sera interverti. 38. Tout membre peut donner lecture d'un Mémoire inédit de sa composition. Cette lecture ne doit pas dépas- ser une demi-heure ; elle n’a lieu qu'à titre de communi” cation , et elle est en conséquence soumise aux disposi- tions de l'article précédent. 39. Il y a par an deux séances extraordinaires. Elles ont lieu sur la convocation du président, l’une en mai, l’autre en novembre. Les membres titulaires seuls ont droit d’y assister. &O. Dans ces séances réglementaires, on entend et l’on discute , s’il y a lieu : A. Le rapport de la commission de comptabilité qui a été chargée d'examiner les comptes du trésorier ; B. Le rapport de la commission réglementaire ; C. Le rapport du trésorier archiviste sur l'état des catalogues et des collections; (ix) D Le rapport particulier destravaux de chaque section. On procède à la nomination des membres titulaires et associés. k1. Dans la séance réglementaire de mai, on procède en outre à l’élection du bureau et des commissions per- manentes du réglement et des impressions. 42, Il ÿ aura par an une séance publique et solennelle sur invitation, dans laquelle on entendra un compte-rendu des travaux de la société ; on y lira la liste des personnes qui ont fait des dons, et la nature de ces dons, etc. CHAPITRE IV. — Revenus, Dépenses et Propriétés de la Société. Arr. 43. Tout membre titulaire , associé ou auditeur, Paye un droit d'admission de cinq francs, et une coti- sation annuelle de douze francs, exigible par quart à la premiére séance de chaque trimestre. kh. La cotisation est due jusqu’à démission adressée par écrit , et dont le secrétaire notifie la réception. :5. Le trésorier est tenu de donner recu de toutes les sommes qui lui sont payées. 46. Si, après avis du trésorier, un membre laisse pas- ser trois mois sans acquitter sa cotisation, il pourra être considéré comme ne faisant plus partie de la société, à moins qu'il ne justifie d’une absence. WT. La société n'arrête jamais de dépense excédant la somme qu'elle a en caisse, à moins qu'un ou plusieurs membres ne se portent caution, pour le cas où les fonds seraient insuffisants au jour du payement, { (X) 8. La société forme une bibliothéque et principale- ment des collections, 49. Les dons faits à la société sont mentionnés aux procès-verbaux de ses séances. Le nom du donateur est inscrit sur l'étiquette de l’objet donné. 50. Le mobilier, les livres et les collections appar- tiennent à la société. Les membres qui cessent d’en faire partie ne peuvent réclamer leur quote-part. | 51. Le présent Réglement, imprimé aux frais de la So- ciété, sera adressé franc de port à chacun des membres titulaires, associés, auditeurs ou correspondants. 52. IT sera affiché dans la salle des séances, ainsi que la liste des membres du bureau , celle des conservateurs des collections, celle des membres de chaque commission permanente , celle de la répartition des membres en sec- tions , et la liste générale des membres; le tout , par les soins et à la diligence du bureau qui, dans l’intervalle des séances réglementaires, est chargé de la conserva- tion et de l'interprétation du Réglement. Signé : Edwards ; Huot ; Philippar ; Belin ; Baudry de Balzac, fils ; Blondel (Hippolyte }; Caron; Colin; Hueber; de Montferrand ; Bouchitté; Sandras; Berger; Legrand- Savouré; Boisselier; Leroi; Maurin; de Boucheman (Eugène); Vandenhecke; Noble, père; Caillat; Lefebvre, pharm. ; Veytard; Vansson; Leduc, pharm.; Lacroix, aîné , et comte de Jousselin. LISTE DES MEMBRES DE La SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES. ED e—— Membres Titulaires. MM. MM. 1 Edwards. 15 Boisselier. 2 Huot. 16 Leroi. 3 Philippar. 17 Maurin. 4 Belin. 18 De Boucheman ( Eugène). 5 Baudry de Balzac (fils). 19 Vandenhecke. 6 Blondel ( Hippolyte). 20 Noble, père. 7 Caron. 21 Gaillat. 8 Colin. 22 Lefebvre, pharm. 9 Hueber. 23 Veytard. 10 De Montferrand. 24 Vansson. 11 Bouchitté. 25 Leduc, pharm. 12 Sandras. 26 Lacroix, aîné. 13 Berger. 27 Comte de Jousselin. 14 Legrand-Savouré, (xij ) Membres Associés : MM. 1 Coupin de la Couperie. 2 Braillard. 3 Jourdain. 4 Erambert. 5 Gauguin. 6 Steinheil. MM. 7 Peyré. 8 Rollet. 9 Battaille, père. 10 Chambellant. 11 Sallior, aîné. 12 Masselin. Membres Auditeurs. MM. 1 Ponce. de Reboul. Seguy. Magnien. Legendre. Rabourdin. 7 Vitry. 8 Ethis de Corny. 9 Douchain. 10 Thibaut. 11 Boucher, père. OS Où À 1» 12 Haracque, 13 Joubert. 14 Lefrançois, 15 Bobée. 16 Gizos, fils. 17 Fassmann. 18 Langlois. 19 Neglet. 20 Bontemps. 21 Laburthe. 22 Navarre. 23 Cousin. MM. 24 Petit (Marc }. 25 Maniaque. 26 Peyrard. 27 Buron. 28 PBroutta. 29 Noble, jeune. 30 Dastier de la Vigerie. 51 de Villeneuve, fils. 32 Colomb. 53 Loyer. 34 Giroux-Mollier. 35 Francolin. 36 Lefebvre. 37 Albertini. 38 Bourotte. 39 Guerin. 4o Viel. 41 Jessé (Michel). 42 Amaury. 43 Aubernon. 44 Remilly. 45 Godin. 46 Usquin. ( xüj ) MM. 47 Noble (Adolphe ). 48 Labbé. 49 Brocheton. 50 Etienne. 51 Imgarde. 52 Desrosiers. 53 Benoist. 54 Grosdidier, 55 Henaut. 56 Petit, père. 57 Petit, fils. 58 Chevallot. 59 Pernetty. 60 de Mesnil-Durant. 61 Duhamel. 62 Lacroix (Louis). 63 Lebrun. 64 Labédoyére. 65 Leroux. 66 Ozanne. 67 de Sainte-James, 68 Douin. 69 Levallois. 70 Decret. MM. 71 de Baucourt. 72 Léopold. 73 Ganny. 74 Henry. 75 Audibert. 76 de la Bretonnière. 77 CGhapsal. 78 Robert. 79 Vincent. 8o Lejeune. 81 Paradis, 82 Battaille, fils. 83 Faure. 84. Pajar. 85 Marquis de Semonville. 86 Chazeray. 87 Blandin, père. 88 Blandin , fils, 89 Treuenthal. go Potin. g1 Louis de Kock. 92 Pigeon. 93 Vors. Membres Correspondants. MM. 1 Boudier, Montmorency. 2 Girardin, Rouen. 3 Lecoq, Clermont-Ferrand, 4 Dumoutier, Paris. 5 Desvaux, Angers. 6 Guillemain, Paris. MM. 7 Lafarge, père, à Maringue, 8 Lafarge, fils, Maringue. 9 Boubée, Toulouse. : 10 Sandras, jeune, Paris. 11 Belmas, Paris. 12 Fremy (Edmond), Paris, ( xiv ) MM. 13 Touchard , en mer. 14 Loir, aîve, Paris. 15 Demarolles, aîné, en mer. 16 Turpiv, Paris. 17 Mulsant, Lyon. 18 Garnier, Paris. 19 Lasaulce, Metz, 20 Léo, Metz. 21 Aubergier, Clermont-Ferr. 22 Petit (Edouard), Corbeil. 23 Braconnot, Nancy. 24 Brard, Roville. 25 Fée, Strasbourg. 26 Soyer-Villemet, Nancy. 27 De Balzac, père, St.-Cloud. MM. 28 Fournier, Saint-Germain. 29 Desmarais, Paris. 30 Cailliaud , Nantes, 31 Guérin, Paris. 32 Soulange-Bodin, Ris. 33 Lepeltier-Saint-Fargeau, St- Germain. 34 De Coninck, Louvain. 35 Jeanneret, Triel. 36 Bonafous, Turin. 37 Rousseau. 38 Kirschleger , Strasbourg. 39 Tisseron. 4o Queste, Bruyère-le-Châtel, Bureau. MM. Auseanon, Préfet du département, président d'honneur. Edwards, président. Colin, Caron. De Montferrand. vice- présidents. Baudry de Balzac, secrétaire. De Boucheman, vice-secrétaire. Belin , trésorier-archiviste. Conunission Réglementaire. MM. Caron, président. Colin. Huot, MM. Bouchitté. De Boucheman. (xv) Commission des Impressions. MM. MM. Blondel. Bouchitté. Leroi, Conservateurs des Collections. MM. MM. Veytard, pour la chimie, pièces dans l’esprit de vin. Lacroix, pour la minéralogie. Leduc, pour les animaux em- De Boucheman, pour la botani- paillés. que. Leroi, pour les livres et l’anato- Blondel, pour l’entomologie. mie comparée, Belin, pour les coquilles et les COMPTE-RENDU DBS ARAVAUXR ET HISTOIRE DE LA SOCIÉTÉ, DEPUIS SA FONDATION JUSQU'EN AOÛT 1835 ; PAR J.=-B.-M. BAUDRAY DE BALZAC, Secrétaire de la Société, Docteur en médecine, ex-Élève interne des Hôpitaux civils de Paris, Professeur d'Histoire naturelle au Collège royal de Versailles, etc. MESSIEURS, Honoré par vous du titre de votre secrétaire, je viens remplir la partie la plus difficile sans doute des fonctions qui se rattachent à ce titre; je viens vous présenter un compte exact et fidèle , autant qu’il m'a été possible, de vos travaux si nombreux et si variés. Comme c’est la première fois que vous faites faire ce résumé général , quoique la société compte près de quatre années d’exis- tence , je devrai faire précéder mon travail d’une his- tire de son origine et de ses progrès. { xviij ) Pour mettre quelque ordre dans ce résumé d'éléments si variés, j'examinerai à part ce qui a rapport à chacune des sciences dont vous avéz été occupés, je vous rappel- lerai pour chacune d’elles en particulier, les cours qui ont été faits, puis les communications, et enfin l’état de chaque partie de vos collections, en ayant soin de noter le remerciement que vous n’avez jamais manqué d’adres- ser à toutes les personnes qui ont contribué à les étendre ou à les améliorer. Je terminerai enfin par un coup-d’œil jeté sur l'avenir de la Société des sciences naturelles de Seine-et-Oise. Les services qu'elle a rendus m’éclaire- ront aisément sur ceux qu’elle est appelée à rendre encore. Vous voyez qué cette division pourrait se résumer en trois sections : 1.° Histoire de la société ; 2.° travaux de la société, partagés en autant de chapitres qu’il y a de sciences distinctes dont vous ayez été occupés, c’est- à-dire, procès-verbal de vos séances; 3.0 avenir de la société, ou conclusion de ce qui précède. L'histoire que j'entreprends de tracer, présente un rapport singulier avec celle de bien des peuples. Elle a ses temps fabuleux, qui composent sa première époque. La seconde époque peut être comptée chronologique- ment du 6 juin 1832, date, non point dé votre première séance, mais du plus ancien procès-verbal qui ait été con- servé, au 6 novembre de la même année , date de la pre- mière promulgation d'un réglement, et de la nomination régulière d’un bureau. Une troisième époque commence cette dernière date ; c’est l’époque actuelle. é: ( xix) J'ai parlé de temps fabuleux ; comment caractériser en effet autrement des temps où une pensée généreuse, mais encore vague, mürissant lentement , comme les bois qui durent le plus, agitait quelques esprits graves, et poussait vers une organisalion intelligente, les éléments scientifi- ques que-renfermait depuis long-temps la ville de Ver- sailles, éléments stériles naguère par leur isolement , fé- conds aujourd’hui par leur heureuse association. Si je re- monte, en effet, aussi loin que mes souvenirs me le per- mettent, ils me rappellent que vers 1826, on tenta des réunions dans le seul but de s'abonner en commun à des ouvrages périodiques relatifs aux sciences et aux lettres; les souscriptions furent prises, un local fut choisi; on devait s’y rencontrer et causer des intérêts scienti- fiques ou littéraires da jour: ce projet échoua après avoir eu un commencement d'exécution. Peut-être les esprits étaient-ils alors trop préoccupés d'intérêts. politiques pour se réunir dans une pensée d’où la politiqua était exclue, peut-être n’y avait-il pas assez d'homogénéité dans les hommes qui avaient commencé ces réunions: Un peu plus tard, des réunions assez régulières eurent lien chez un habitant de Versailles, des matières philo- sophiques et littéraires y étaient traitées; mais bientôt le travail de cette association se concentra entre quatre personnes ; elles tentérent la publication d’un recueil mensuel publié à Paris, et Versailles fut bientôt veuf de leurs efforts. D’autres tentatives d'associations faites par diverses personnes et dans des buts divers , servirent seulement 4 prouver par leur peu de durée et par la facilité avec la- (xx) quelle elles furent dissoutes, que l'esprit d’assocation n’était pas encore adulte chez nous et qu’il ne pouvait encore produire que des fleurs avortées, que des fruits impropres à la maturation. En 1829, M. Colin, professeur des sciences physiques à l’école de Saint-Cyr, et M. Galy-Cazalat, professeur des sciences physiques au collége royal de Versailles ; sur sa proposition, commencèrent des cours de chimie et de physique avec l’approbation de l’Université. Les leçons prirent le caractère d’un cours de faculté. Une soixantaine de personnes assistérent aux premières séan- ces, une quarantaine seulement se présentérent pour en couvrir les frais ; ces cours furent terminés au printemps de 1830; le chiffre des souscriptions était resté inférieur à la somme des dépenses ; néanmoins MM. Colin et Galy, pénétrés de la haute utilité des sciences physiques et chimiques, et soutenus par leur zèle pour leur propa- gation, reprirent leur enseignement en automne 1830. M. le docteur de Balzac se joignit à eux et fit un certain nombre de lecons sur la physiologie générale. Le nom- bre des souscripteurs fut moitié moindre que l’année précédente ; néanmoins, les cours furent continués jus- qu’au printemps de 1831 ; mais avertis par l’expérience, MM. Colin et Galy, remirent à d’autres temps un projet qui avait été conçu sur une base peut-être un peu trop large. Il me paraît résulter évidemment, de ces essais dont le succés fut si incertain cependant, qu'il surgissait len- tement dans nos esprits l'opinion qu'à Versailles même, dans la banlieue de Paris, cet océan des sciences et des (xx) lettres , il était possible d'établir un centre scientifique. L’utilité d’une semblable institution que votre expérience vous montre aujourd'hui si clairement , n'apparaissait pourtant que comme une lueur vague et lointaine. On en apercevait les éléments dans les centres particuliers d'enseignement du collége royal, de l’école de Saint- Cyr, de l'institut agronomique de Grignon, et de l’école normale primaire quoiqu'à peine naissante; ce qui manquait, ce qui restait à déeouvrir, c'élait la forme; les matériaux étaient épars, quoique réunis, le plan n’était point arrêté, et l'édifice, dont on reconnaissait l'utilité, ne s'élevait pas encore. Telle est l’histoire de beaucoup d'institutions humaines ; il me semble qu'il en est bien peu qui aient été fondées d’un seul effort et en un seul jour ; elles ne s’élévent or- dinairement que lorsque la pensée dont elles sont filles est assez grande pour devenir féconde ; mais alors aussi des circonstances d’une influence en apparence bien fai- ble suffisent pour en déterminer le développement. En effet, éclairés par les expériences antécédentes dont ils avaient été témoins et dont ils cherchaient à apprécier la portée, mais non découragés par leur insuccès, MM. Huot et de Balzac firent pendant assez long-temps, de l'organisation d’une société scientifique l’objet habituel de leurs entretiens. Ils profitérent de la présence quoiqu’alors momentanée deM. Edwards à Versailles, sur l'influence scientifique duquel il pensérent pouvoir s'appuyer, et de leurs rela- tions avec lui pour lui communiquer leur idée ; il l’ac- eueillit avec ardeur, et se hâta de la propager. Tous { xxij ) trois convinrent bientôt de s'associer MM. Philippar, Blondel et Belin. Il fut convenu qu'une fois par semaine on se réunirait pour causer d'histoire naturelle; que la réunion aurait lieu à jour fixe chez chacun alternative- ment; que M. Huot s’occuperait de minéralogie et de géologie, M. Edwards de principes philosophiques des sciences, M. de Balzac de zoologie, M. Belin de con- chyliologie, M. Philippar de botanique, et M. Blondel d’entomologie. M. Edwards pensait en même temps à organiser des réunions analogues avec d’autres personnes, notamment avec M. Colin, dont les sciences physiques et chimiques devaient être l’objet; mais cette association parallèle ne fut que projetée, on sentit qu'il valait mieux réunir ses efforts que de les séparer, et bientôt M. Colin pour les sciences physiques, M. Berger pour l'histoire des animaux domestiques, et M. l’abbé Caron pour les sciences botaniques, vinrent joindre leurs ef- forts à ceux des premiers fondateurs. Il ne s’agit plus alors d'histoire naturelle seulement, mais des sciences naturelles en général. D’autre part, plusieurs personnes témoignérent le desir d'assister aux séances; leur nombre s'augmentait chaque semaine; il était dès lors évident que le but de propagation était atteint, que l'institution trouvait faveur devant l'opinion, et que son avenir ne pouvait que la faire grandir. Les réunions devinrent si nombreuses pendant Fhiver de 1831 à 1832, qu'elles ne purent avoir lieu que dans un local suffisamment vaste: M. Huot eut Fobligeance de recevoir la société jusqu'à la fin de février 4833, dans le cabinet où, par des soins de plusieurs années, il a accumulé des richesses miné- ( xxiij ) ralogiques et géologiques d'une si haute importance. Avant cette époque, la société avait senti le besoin d’une organisation intérieure, elle y avait pourvu par la nomination de président, secrétaire et trésorier, par l'établissement d’une cotisation mensuelle de 1 franc, par la rédaction imposée au secrétaire de bulletins des séances conservés depuis le 6 juin 1834, mais qui ne furent lus au commencement de la séance suivaute , qu’à dater du 30 octobre ; ces bulletins prirent alors le carac- tère de procés-verbaux. En novembre 1832, on fit un réglement , on le présenta à l’autorité, et la société fut reconnue par arrêté de M. le ministre de l'instruction publique. Dans le principe les séances se composaient de des- criptions isolées de genres ou d'espèces naturelles, de communications sur des faits scientifiques; mais peu à peu la nécessité d’un ordre dogmatique se fit sentir, et l'on suivit la forme de leçons. Aux termes du règle- ment que la société s'était imposé, une premiére partie de chaque séance fut consacrée à ces cours, une seconde à des communications sur des faits isolés. Et pour mettre le plus de variété possible dans les travaux de chaque séance, on décida qu’en principe, nul ne pourrait con- server la parole pendant plus d’une demi-heure, Mais le nombre des membres s’accroissait incessam- ment, le cabinet de M. Huot avait peine à contenir l’au- ditoire ; d'autre part, les ressources pécuniaires de la société s’augmentaient , elle pouvait songer à posséder un local exclusivement destiné à ses travaux, et dans lequel elle pût réunir des collections d'objets d'histoire ‘(xxiv) naturelle, et un laboratoire de chimie; ce fut en février 1833 que cette translation fut opérée, A dater de ce moment , la Société des sciences natu- relles a une existénre tout-à-fait indépendante. Reconnue par l'autorité, logée dans un local qui lui appartient, fournissant à ses dépenses, elle peut encore acquérir quelques objets nécéssaires à l'organisation d’un labora- toire de chimie et des armoires propres à ranger les objets de collections dont non-seulemement ses mem- bres, mais des étrangers l’enrichissent chaque jour. Des personnes auxquelles leurs occupations interdisent Ja possibilité d'assister à ses séances, veulent néanmoins être comptées parmi ses membres et la soutenir de leur influence morale et de leur cotisation pécuniaire. Des secours arrivent de toutes parts : M. le préfet du département, après vous avoir donné un premier témoi- gnage de son goût éclairé pour les sciences, et de la justice qu’il sait rendre à vos efforts en se faisant pré- senter comme membre auditeur, seul titre que votre ré- glement vous permit alors de lui donner, acquiert des droits à votre reconnaissance par la sollicitude bienveil- lante et toute spontanée avec laquelle il obtient dn gou- vernement une subvention de 1500 fr., à répartir entre les années 183% et 1835. Il a donc doublement mérité de la société en s’unissant à elle, et en la recom- mandant attentivement à l'attention de M. le ministre de l'instruction publique auquel on doit s’empresser d’a- dresser aussi l’éloge que tout moyen de cultiver les intel- ligences, d'étendre le domaine des sciences sous quelque forme qu'il se présente, et à quelque classe de la société | { xxv ) qu'il soit destiné, trouve auprés de lui un appui fa- vorable Ilest vrai que la société répond à un besoin généra- lement senti; des professeurs expérimentés viennent y donner des leçons assidues, de nouveaux professeurs se forment sous leurs auspices, et tout en acquérant les notions nouvelles et plus précises qu’ils veulent commu- niquer, ils apprennent à enseigner; des associés el des auditeurs nombreux encouragent par leur assiduité, aug- mentent par leur présence, le zéle et l’'émulation des pro- fesseurs ; maint talent inconnu se révèle, des hommes qui s’ignoraient quoique habitant la même ville, appren- nent à se connaître, à s’estimer, à s'aimer; une noble confraternité s'établit entre eux, et , sous la bienfaisante influence de l’étude et de l'amour d’un progrès raisonna- ble, les lumières se propagent, les rangs s’égalisent et leur niveau va se placer lentement dans les sommités de la science. Mais la société étend au loin une influence remar- quable ; la forme mixte d’Athénée et de société scienti- fique, réunissant à la fois Le travail qui propage la science par l’enseignement, et celui qui en étend le domaine par les recherches, doit être imité. M. le baron de Meyen- dorff, envoyé par le gouvernement russe pour observer le mouvemert scientifique et industriel en France, après avoir assisté à une de vos séances, transmet votre ré- glement dans son pays et provoque l'institution de so- ciétés semblables; Paris, d'où nous vient ordinairement toute lumière, Paris devient pour cette fois notre satel- lite, et nous pouvons nous vanter de la transformation ( xxvj ) de la société d'histoire naturelle qui, prenant le titre de Société des sciences naturelles de France, s'empare de notre réglement pour en imiter l'esprit général et les principales dispositions. Autour de nous même, dans nos murs, la Société des sciences morales, des lettres et des arts, profite de notre expérience et se moule d’un seul jet; elle forme son domaine de tout ce que nous avons laissé en dehors du nôtre; notre jeune sœur est déjà notre émule, nous n’avons plus sur elle que le simple droit d’aînesse. Mais ilest temps d’entrer plus avant dans le détail de vos travaux; ils sont si multipliés et si variés que ce n’est qu’en tremblant que j'aborde cette matière ; je reconnais même que j'en aurais été complétement in- capable, si plusieurs d’entre vous, Messieurs, n'avaient mis à ma disposition de nombreux documents, ne m’a- vaient guidé par leurs conseils, Qu'il me soit permis de de leur en témoigner ici toute ma reconnaissance ; ils ont fait en ceci comme en beaucoup d’autres choses, ils ont pensé à l'intérêt général de la société. A vous donc le fond du sujet .que je traite, à moi la forme; à vous ce qui peut, ce qui doit intéresser et instruire le public, ce qui sans doute fixera d’une ma- niére positive l'attention déjà bienveillante du gouver- nement ; à moi l’honneur d’être votre interprète, à moi la tâche difficile de reproduire dignement vos graves el utiles enseignements. C’est peut-être ici le lieu de vous faire remarquer que le Compte-rendu que j'ai fait est assez détaiilé et par conséquent assez étendu , beaucoup plus étendu { xxvij ) même qu’il ne sera certainement les années suivantes. Je vous en déduirai les raisons en quelques mots: d’abord il doit renfermer le résultat des travaux de près de quatre années, c’est-à-dire de 463 séances; en second lieu, li- mités par la dépense, vous n'avez pu faire imprimer in- tégralement une multitude de communications intéres- santes et utiles que vous devez à un grand nombre de membres ; il a fallu vous en présenter une analyse, et non un simple énoncé ; enfin il doit entrer dans vos vues que ce compte-rendu de vos travaux présente au public et à l'administration, l’idée la plus complète possible de votre institution; j'aurais voulu la présenter avec plus d'habileté, ne pouvant le faire plus briévement. Et pourtant, quelque soin que j'aie mis à coordonner vos travaux, et à ne rien omettre de ce qui a été fait dans cette enceinte, il est une foule de remarques, d’obser- vations , quelquefois même de discussions scientifiques, qui n'avaient que l'intérêt pourtant si vif, mais en re- vanche momentané de là-propos, dont il a été impos- sible de tenir note, et qui souvent auraient demandé dans un travail d'analyse tel que celui-ci, plus de place et plus de temps qu’il n’en ont occupé réellement : j'ai donc été forcé de renoncer à vous en entretenir autre- ment que d’une manière très générale. Ainsi M. Edwards vous a souvent fait participer à l'immense variété de ses connaissances, en vous trans- mettant, sur une multitude de points scientifiques spé- ciaux, des idées particulières ou des vues philosophiques propres à les éclairer d’une critique judicieuse. D’autres fois , traitant ex-professo les grandes questions que sou- ( xxviij) lève la physiologie générale des êtres organisés, ou la physiologie qu’il a si pittoresquement appelée antédilu- vienne, il a cherché à expliquer le pourquoi et le com- ment d’une multitude de faits enregistrés par les natura- listes. Vous l'avez entendu aussi disserter dans plusieurs séances sur le principe des classifications, sur l'espèce et sur le genre, comme l’entendent les naturalistes ; et si vos souvenirs ne vous rappelaient tout ce que la science puise d’important dans ces graves considérations, vous auriez à regretter avec moi que M. Edwards, voulant méditer encore avant deles livrer à la publicité, les idées qu'il a émises iciavec le laisser-aller d’une'improvisation faite presque en famille, m'ait manifesté positivement le desir qu'il ne fût question de ses travaux que de la ma- niére la plus générale possible. Mais il ne reste pas néan- moins tout-à-fait étranger à notre publication; vous savez que notre recueil contient un mémoire sur des expériences qu'il a faites avec M. Colin, dans le but d’apprecier l’in- fluence de la température sur la végétation. Je m’empresse d'arriver à la partie la plus positive de mon travail; l’ordre que j'y ai suivi consiste à traiter à part sous un titre spécial, ce qui m'a paru se rapporter successivement à : La Physique. La Chimie. La Géographie physique. La Géologie et la Minéralogie. La Botanique. La Malacologie et la Conchylio- logie. F’Entomologie. L'Histoire naturelle des verte- brés. L’Anatomie et la Physiologie comparées. La Phrénologie. La Médecine et la Chirurgie hu- maine et vétérinaire. ( xxix ) À quelques Sciences accessoires , telles que: L’Archéologie. . L'industrie. La Statistique. PHYSIQUE: La physique générale est une des sciences dont l’expo- sition théorique réclame l'appareil instrumental le plus dispendieux , et malgré la nullité d’une collection aussi indispensable, M. Demonferrant a entrepris un cours de physique à la société. Vous vous rappelez avec quelle habileté il a su remédier à ce grave inconvénient par la lucidité de ses démonstrations, et l’heureux choix des exemples qu'il savait alléguer comme application des savantes théories qu'il vous exposait. Forcé pendant quelque temps d'interrompre son cours qu'il a repris ensuite, il a été remplacé par M. Vannson, qui, non moins heureux dans sa manière de vous présenter les enseignements de la science, a terminé l'optique que M. Demonferrand avait laissée incomplète, et a exposé toute la théorie de l'électricité, et de la construction détaillée des paratonnerres. | M. Leroi, pour faciliter l'intelligence des démonstrations relatives à l’optique et à l'acoustique, vous à décrit les organes de la vue et de l’ouie, et M. Coupin de la Cou- perie, descendant des sommités de l’art où son talent l’a placé, a pris la peine de dessiner des figures de grande dimension qui représentaient les organes dont on étudiait { xxx ) le mode d'action. C’est, entre mille, un exemple de la coopération que nous avons tous apportée dans les travaux de la société. M. Demonferrand vous a fait plusieurs communica- tions, spécialement sur le vol des oiseaux , et sur l'usage des lames de tourmaline dans la construction des instru- ments d'optique; il vous a tenus au courant des décou- vertes les plus importantes qui ont été de temps à autre signalées à l'attention du monde savant, et notamment des expériences thermo-électriques de M. Bequerel. M. Colin, quoique plus spécialement voué aux études chimiques, vous à quelquefois entretenus de physique ; vous lui devez une description de l’appareil magnétique de Faraday, ét une exposition des travaux de M. Llambias, relatifs à une nouvelle théorie de la bouteille de Leyde. M. Peyré est vénu analyser devant vous le mémoire que ce savant a publié sur cet objet ; il vous a aussi donné lecture d’un mémoire sur les vibrations longitudinales, qui est inséré dans votre recueil, et a répété sous vos yeux les principales expériences qui font le sujet de cet important travail. M. Lacroix vous à fait une communication sur la hauteur barométrique de l'aqueduc de Marly; sa hauteur verticale, comprise entre le radier et la prise d’eau de la machine de Marly dans la Seine, et le sommet des aque- ducs a été trouvée : 1.0 Par un nivellement de M. Cécile, de. 157 m. 989. 2.° Par une mesure trignométrique de NE; Puissant 4e 520, 10280b 95 SI 5! {EN 5 «880 PARÉSFENCE ON LEO RSR IMTASIRNENMN 109 ( xxxj ) Cette modique différence prouve l'exactitude des deux opérations ; on peut les considérer comme un moyen de vérification de la mesure barométrique suivante : le 16 août 1833, à 9 h. 30’ du matin, M. Lacroix, accompagné dé quelques membres de la société, a mesuré, au moyen de deux baromètres, l’un à cuvette, de Fôrtin, autre à siphon, de Bunten, la distance verticale entre le sommet des aqueducs de Marly et le barrage de la machine, et il a trouvé pour cette distance, d’après les formules de l'annuaire du bureau des longitudes . . 159 m 78c. À quoi ajoutant la distance verticale entre le barrage et le radier, qui est à trés DEP PEES TS 0 UE 7. Dé à On aura pour la hauteur cbpéraste À à celle trouvée par MM. Cécile et Puissant. 162 95 Ou environ . . . PR 108 UD C'est-à-dire 5 m de Ps à peu prés, que ip mesures di- rectes de MM. Cécile et Puissant. Ce résultat semblerait confirmer cette opinion énoncée au sujet de la mesure de la hautéur du col de Furca (Alpes) (rapport de novembre 1833, à l'Académie dés sciences), que les tables de l'annuaire donnent des ré- sultats trop forts. Cépendant il faut observer 1.° que l'opération n’a pas été faite au moment le plus conve- nable de la journée , qui est l'heure de midi; 2.° que les thermométresemployéssimultanément aux deux stations, étant l’un à l'alcool et l’autre au mercure, n'étaient pas facilement comparables ; 3.° que la marche des baromé- tres présentait de légères différences ; 4. qu’une diffé- rence d’un millimètre dans les hauteurs observées du ( xxxij ) mercure du baromètre , correspond à une dizaine de mètres de hauteur atmosphérique; et 5.° que les me- sures du baromètre n’ont été prises qu’à '/ de milli- mètre, et celle du thermomètre quà :/,, de degré. Cette opération de M. Lacroix m’a paru devoir être consignée ici avec détail, quoique le résultat n’ait point la rigueur désirable, ne serait-ce que pour montrer combien il eût été important que la société pût mettre à la disposition de l’observateur les instruments nécessaires. M. Huot vous a fait connaître les travaux de M. José Boura, de Barcelonne, relatifs à la propriété du sulfate de chaux d'augmenter l'intensité lumineuse du gaz hy- drogène. Le même membre, dont les travaux géologi- ques et minéralogiques vous ont d’ailleurs si fréquem- ment occupés, vous à fait une communication sur les mesures barométriques de quelques-uns des points cul- minants de notre département comparés au niveau de l'Océan, au zéro du pont de la Tournelle, à la base et au sommet des tours de l’église Notre-Dame de Paris. Le tableau suivant présente le résumé de cette commu- nication; le point de départ des mesures est le niveau moyen de l’Océan : Zéro du pont de la Tournelle, à Paris. . 23 m 00€. Pavé du parvis Notre-Dame de Paris . . 32 00 Terrasse de Saint-Germain . : . . 86 OÙ Sommet des tours de Notre-Dame de <#rmn 97 - 94 Pied de la lanterne à Saint-Cloud . . . 4103 00 Niveau de la cour de marbre de Versailles. 164. 00 Hauteurs de Safory: ser sat ni t15 00 - Hauteurs de Meudon . : . :. . . . 184 00 { xxxlij } M. l'abbé Caron vous a présenté le résultat de quelques observations et de quelques calculs sur la hauteur moyenne du baromètre à Versailles. Après avoir fait remarquer qu'au niveau de l'Océan le mercure s'élève dans le baro- _métre, de 0,7629, et à Paris, au niveau de la Seine, de 0,7600, M. Caron a conclu que, vu l'élévation du sol de Versailles au-dessus du niveau de la Seine, le mercure doit s'élever à une hauteur moyenne différente dans un baromètre confectionné à Paris et transporté à Versailles. IL s’est alors posé pour problème de déterminer quelle est cette différence, ou en d’autres termes quelle est la hauteur moyenne du barométre dans notre ville. Pour la déterminer, comme la ville n'a pas son assiette sur un plan horizontal , il a choisi d’abord la “cour de mar- bre qui est le point culminant de la ville, et, d'après une estimation assez généralement admise, mais cepen- dant inférieure à celle que vous a donnée M. Huot dans le tableau précédent, appréciant cette hauteur à 66 m environ au-dessus du niveau de la Seine, il a trouvé que la hauteur moyenne du baromètre à la cour de marbre, est de. . . . bites’ s +08 0,753 m. La différence de la pression ét te Sératdonc der wèsis éd Sr : che 0,007 Il fallait faire un calcul analogue pour la partie la plus basse de la ville, c’est ce que M. l'abbé Caron a fait en choisissant le lieu dit les Quatre-Bornes, ou croisement des rues Satory et de l’Orangerie; or, ce point est de 47 m1. 865 m. inférieur au niveau de la cour de marbre, il a trouvé par le calcul que la hauteur du mercure dans le baromètre, doit y être de 0,755 mm, et mettant en c ( xxxiv ) regard les chiffres suivants, résultat exact de son calcul : Hauteur du baromètre : 1. À la coùr de marbre... . . 0 m. 755,715 ou 27 p.®s 10 lig. 2/5. 2.9 Aux Quatre-Bornes.. . . . Oo m. 755,416 ou 27 p.ces 10 lig. 4/5. Il en a déduit la hauteur moyenne du baromètre pour une hauteur moyenne de Versailles, telle que la cour de la mairie, et l’a trouvée de 0,754,565 ou 27 p. 10 lign. 3/4. Si l'on compare ce dernier chiffre à la hauteur moyenne du baromèëtre au niveau de la Seine qui est de. . . . . . . . 0,760,000 ou 28 p. 0 lign. 9", on trouvera qu'à Versailles, à une hauteur moyenne, le mercure s'élève moins dans le tube barométrique qu’à Paris, et que là différence est de 0,005,#35 ou 2 ligo. ‘/. Mais si, au lieu de la hauteur de 66 m. au-dessus du niveau de la Seine attribuée à la cour de marbre de Versailles, on admet les chiffres relatés par M. Huot, on trouvera que la cour de marbre étant à 141 ”. au-dessus de zéro au pont de la Tournelle, la différence dans la hau- teur pour Versailles, du mercure barométrique, doit être plus que double, c’est-à-dire, de 0,011,611 ou k lign. 9/. M. l'abbé Caron s’est proposé un autre problème ana- logue au précédent, dans une seconde communication qu’il vous a faite. Après vous avoir exposé la théorie des rapports du baromètre et du thermomètre, il vous a donné le détail des calculs d'aprés lesquels, se basant sur la hauteur de divers points de la ville, telle qu'il l'avait indiquée dans la note précédente, il estime que l’eau entre en ébullition à la cour de marbre, à 990 ‘/"° centgr.. à l'endroit nommé les Quatre-Bornes, à 99°°/6., ( xxxv ) et que le terme moyen de l’ébullition de l’eau à une hau- teur moyenne de la ville, est de 99° #/5, centigr. Eufin, M. Benoît, artiste mécanicien et membre de votre société, en vous faisant présent d’un hygromèétre nouveau de son invention, et de la notice qu’il a publiée sur cet instrument, vous en a exposé le mécanisme, et les avantages. La construction de l'instrument est fondée sur les forces d'expansion et de contraction du papier, lorsqu'il est exposé aux actions de l'humidité et de la sécheresse. Le papier, et principalement celui qui est connu dans le commerce sous le nom de papier végétal, possède au plus haut degré la vertu hygrométrique. Il a aussi l’avantage de présenter, outre sa très pelite épais- seur et son peu de masse, une texture régulière et assez homogène pour l'effet auquel il est destiné. CHIMIE. L'importance que vous avez attachée aux travaux de chimie qui ont été faits dans le sein de la société se trouve démontrée par leur nombre, par l’organisation plus com- plète que pour aucune autre, de la section de chimie, et par quelques mesures extraordinaires dont ces travaux ont été l’objet. S'il était besoin d’en chercher les raisons, on les trouverait dans l’utilité d'appliquer fréquemment les données de cette science à celles des diverses autres branches des sciences naturelles, et d'autre part, dans le zèle ainsi que dans l'expérience et les vastes connais- sances de quelques-uns de nos collègues spécialement voués aux études chimiques. Les cours de chimie que MM. Colin en 1829 et 1830, ( xxxvj) et Belin dès 1826, ont faits dans les temps qui ont pré- cédé plus ou moins immédiatement l’organisation de la société, et que je vous ai déjà rappelés dans la partie his- torique, doivent êtres cités ici pour mémoire. D'autres ont eu lieu plus tard, c’est-à-dire que, dès l'origine de la société, M. Colin a fait pendant deux an- nées consécutives un cours de chimie minérale. La pre- miére année, dans le laboratoire de M. Belin ; la seconde, dans un laboratoire organisé par la société. Dans l'hiver de 1834-35, M. Colin a fait un cours de chimie végétale, et M. Belin a traité une partie de la chimie minérale, c’est-à-dire qu’il a présenté l’histoire des corps simples, qu'ila exposé les procédés à l’aide desquels on les ob- tient , et qu'il a traité les combinaisons de l’oxigène avec l'hydrogène et avec l’azote. Les lecons de chimie demandant un certain dévelop- pement, ont dù être faites en dehors des séances hebdo- madaires de la société , et comme ces cours nécessitaient des dépenses auxquelles elle ne pouvait subvenir seule, ceux des membres qui desirent les suivre se sont imposé une cotisation annuelle de six francs, que les professeurs eux-mêmes et les préparateurs ont payée; des personnes même étrangères à la société sont admises à suivre ces cours, moyennant une cotisation de dix francs pour le cours entier. Ces cotisations donnent droit non-seulement à assister aux leçons, maisencore à prendre part aux tra- vaux du laboratoire. Ainsi depuis plus de trois ans, un cours de chimie est ouvert, et moyennant une rétribu- tion si faible qu’on le peut considérer presque comme public, c’est un service que notre institution a rendu, ( xxxvij ) et vous avez plusieurs fois voté des remerciements à MM. Colin et Belin, pour le dévouement et le zèle dont ils ont fait preuve dans ces travaux. M. Colin a même pris la peine, à votre sollicitation , de rédiger un résumé de son cours qui a été imprimé aux frais de la société. En outre, M. Colin vous a fait dans vos séances ordi- naires de nombreuses communications, qui ne sont pas toutes relatives à la chimie proprement dite. I ne doit être question ici que de ces dernières; telles sont le blanchiment des cires rebelles, la dextrine, l'acide lac- tique, le tannin, la créosote, l’orcine, la parafline, l’eupione, la codéine, le phosphate bleu de fer, l’outre- mer artificiel, l’isomerie, l'exploitation de l'acide bo-: rique, les acides crenique et apocrenique, l’épuration de la delphine et de la veratrine , le fluor, l’analyse du suif par M. Lecanu, l’alcool développé par les céréales qui germent , la naphtaline, l'esprit de bois, l'analyse des sucs gastriques ; les travaux de M. Edmond Fremy, que nous vous rappellerons tout à l'heure, le moyeu de ti- trer les quinquinas, l’iodure d’amidine, l'acide chloreux, enfin le travail sur la créosote, qu’il a exécuté en com- mun avec la section de chimie qu'il préside, lui a donné l’occasion d’abréger d’une manière notable, la prépa- ration de cette substance et de l’avoir plus pure; vous en avez ordonné l'impression dans ce recueil. Les communications purement chimiques de M. Colin devraient toutes être analysées ici; mais limité pas l’es- space, je suis obligé à regret de ne vous rappeler avec quelques détails que celles qui sont relatives à des faits tout-à-fait nouveaux pour la science et qui par conséquent { xxxviij }) rentrent essentiellement dans le but de propagation que vous vous êtes toujours proposé. L'instruction qui est résuliée pour nous des autres communications chimiques et des cours de M. Colin, demeure sous les autres rap- ports renfermée dans cette enceinte, mais les fruits qu'elle a portés sont déjà au nombre des plus précieux résultats dont pouvait être susceptible l'institution de notre société. Le procédé appliqué par M. Colin au blanchiment des cires rebelles, consiste à les chauffer avec une petite quantité d'alcool aiguisée d'acide sulfurique. On enlève ainsi la matière albumineuse et une matière fauve, et la liqueur étant décantée laisse une cire colorée en jaune pur et susceptible de blanchir aisément à la lumière. La découverte de l’iodure d’amidine et de ses propriétés, appartient à M. Colin et à M. Gauthier de Claubry, qui les ont fait connaître en 1814. C’est depuis ce temps que l’iode est journellement employé à la recherche de la fécule amilacée dans les végétaux ou dans les prépa- rations végétales, et l’on peut dire qu’en signalant ce nouvel emploi d’un réactif aussi sensible, ils ont fait avancer la science. L'on a peu ajouté à l'étude de l'io- dure d’amidine depuis 21 ans que ces savants l’ont fait connaître ; cependant M. Lassaigne est venu joindre une observation aux faits nombreux qu’ils avaient si- gnalés, et M. Langlois en a décrit un ou deux autres. Ce dernier a prétendu que l'iodure d'amidine n'était qu'un mélange , et que les théories de ses réactions étaient ins. complètes ; toutefois on ne saurait dire qu'il ait avancé la question sous le rapport théorique. Il prétend que la ( xxxix ) couleur de l’iodure d’amidine est la seule propriété ca- ractéristique que l’on puisse lui attribuer, qu'il se com- porte avec ses réactifs comme si ses éléments élaient séparés, et qu’ainsi il doit être rayé de la liste des com- posés. M. Colin vous a fait observer, quant à ces préten- tions, que jamais le mélange du blanc et du gris d'acier n’a donné le bleu foncé; qu’en mélant en effet à l'iode le phosphate de chaux, corps blanc et inerte, l’on n'obtient point de bleu , soit qu'on les broye à sec, soit qu'on les humecte; que l’amidon humecté et mélé à l'iode donne au contraire du bleu; que les réactifs vont saisir les corps dans leurs composés les plus intimes (c’est ainsi que l'acide sulfurique précipite la baryte du nitrate de cette base, comme si elle était isolée) ; que d’ailleurs il n’est pas vrai de dire que l'alcool dissout l’iode de l'io- dure d’'amidine , comme si cet iode était isolé, qu'il faut au contraire une ébullition prolongée et des addi- tions successives d'alcool pour enlever complètement liode à l'amidon; et qu’enfin si l’iodure d’amidine que l’ébullition a blanchi n’est, comme le suppose M. Lan- glois, qu’un simple mélange d’amidine et des acides iodique et iodhydrique , il n’est pas vrai de dire, comme il l’affirme , que c’est en concentrant la liqueur que quelques gouttes d’un acide concentré rétablissent la couleur bleue. En conséquence, M. Colin soutient que l’iodure d’amidine doit continuer à figurer parmi les composés, et que la théorie de M. Langlois laisse tout autant à désirer que les autres. M. Belin vous a fait aussi un certain nombre de com- munications relatives à la chimie; mais il en est que je (xl) classerai sous le titre de toxicologie, ou sous celui d'industrie ; les autres sont l'analyse du procédé de MM. Thénard et Vauquelin, pour reconnaître les plus petites quantités de phosphate de chaux, l'analyse d’un travail de M. Chevalier, sur la présence de l’acide sulfu- reux dans l'air atmosphérique de Londres, l'analyse du mémoire de M. Reichenbach, sur le picamar et la pittacale. Il vous a exposé le procédé de M. Bary, pour recon- naitre des traces d’acide hydrocyanique. II a répété avec succés les expériences de ce savant chimiste ; néanmoins il a remarqué que le précipité que l’on obtient, loin de conserver sa couleur blanche au contact de l’air, prend une couleur d’un gris violet. Le réactif employé par M. Bary, est une solution de nitrate d'argent , que l’on verse dans la liqueur à essayer après l’avoir légèrement acidulée avec un peu d'acide acétique. M. Belin a fait l'application de ce procédé à l’eau de laurier cerise. Le précipité qu’il a obtenu est devenu gris violet : l’eau, après la séparation du précipité, ronservait encore son odeur, ce qui prouve qu’elle contient non-seulement de l'acide hy- drocyanique, mais encore une huile essentielle. M. Belin vous a entretenus de la salicine: il a décrit les procédés que l’on emploie pour l’obtenir pure, et a établi par le témoignage de plusieurs praticiens que l’em- ploi médicamenteux de cet alcali végétal comme anti- périodique n’avait amené aucun résultat favorable ; vous vous rappelez que M. le docteur Noble pére, a contra- dictoirement établi par des faits tirés de sa pratique pu- blique , que la salicine pouvait être substituée dans quel- ques cas au quinquina. {xlj) M. Edmond Fremy, l’un de nos correspondants , jeune homme encore et qui donne de hautes espérances, dont les travaux ont mérité déjà l'approbation de l'académie des sciences, a rempli avec zèle la mission dont il s'était chargé, celle de vous tenir au courant de ce que les dé- couvertes journalières de la chimie présentaient de plus important. C’est dans ce but qu’il vous a successivement envoyé : 1. Une note sur la combinaison de l'acide chromique avec le chlorure de potassium, combinaison que M. Pe- ligot a fait connaitre et dans laquelle, d'aprés lui, le chlo- rure de potassium fait la fonction de base. 2. La description du procédé de M. Pelouze, pour préparer l’eau oxigénée. Par cette heureuse simplifica- tion, il suffit d’avoir à sa disposition de l’acide fluor-hy- drique, de l’eau, et du bioxide de barium, pour obtenir en un quart d'heure ce corps dont la découverte seule eût suffi à l'illustration de M. Thénard qui l’a fait connaitre. 3. Une note sur la dextrine où il vous a fait part des travaux de MM. Biot, Payen et Persoz. ko L'annonce d’un travail de MM. Dumas et Pelouze, où ils signalent l'huile volatile de moutarde, comme ayant la propriété de former avec l’'ammoniaque de su- perbes cristaux blancs dont la forme est le prisme à base rhomboïdale, véritable sel où l’huile joue le rôle d’acide, et dont on ne peut la séparer en saturant l'ammoniaque par un acide puissant. Dans cette même communication, M. Ed. Fremy annonce la découverte faite en Allemagne, du principe actif par lequel l'acide pyroligneux s'oppose à la putréfaction. (xl ) 5.5 Le célèbre chimiste allemand Wæhler, ayant fait connaître en 1834, un procédé nouveau aussi simple qu’ingénieux pour retirer l’osmium et l’iridium contenus dans le résidu noir laissé par le platine qu’a épuisé l’eau régale, M. Ed. Fremy, pour vous donner une idée de la facilité et de la promptitude avec laquelle ce procédé s'exécute, vous a écrit qu'ayant commencé l'opération le matin, il avait le soir obtenu les deux métaux parfai- tement purs. 6.0 Il vous a encore fait hommagé de son mémoire sur lacide esculique, travail remarquable où notre jeune correspondant fait voir que la saponine de M. Bussy, substance contenue dans la saponaire d'Égypte et dans quelques autres végétaux employés à déterger les tissus, n'est qu’un sel formé par l’acide nouveau, dont il donne les caractères et l'analyse élémentaire. 7.° Une note qui a pour objet la confirmation de la loi de M. Pelouze, sur les coprs pyrogénés et les expé- riences par lesquelles cette loi est confirmée. 8.° M. Ed. Fremy vous a fait savoir comment M. Pe- louze, en distillant du cyanure de potassium avec du sulfo- vinate de baryte, obtient un nouveau composé, l’éther hydrocyanique, dont l’odeur insupportable rappelle celle de l'hydrogène phosphoré. 9. Enfin M. Ed. Fremy vous a fait l'exposé des pro- priétés par lesquelles MM. Dumas et Peligot, signalent l'esprit de bois, comme appartenant à la classe des al- cools, donnant des éthers avec les acides et contractant avec les autres corps des combinaisons plus faciles et plus stables que celles dont fait partie l'alcool ordinaire. ( xlüij ) Votre section de chimie a exécuté, outre la préparation des cours, un certain nombre de travaux importants, tels que des recherches propres à déterminer la présence de l'acide hydrochlorique dans les sucs gastriques, et que des recherches nombreuses et détaillées sur la créosote, qui ont été faites dans le laboratoire de M. Belin, et qui font l'objet d’un mémoire spécial imprimé dans votre recueil. | Votre laboratoire de chimie, dont l'entretien et la con- servation sont confiés à M. Veytard, renferme déjà les ustensiles, vases, et substances chimiques les plus indis- pensablement nécessaires. Une partie de ces substances a été préparée par la section de chimie, et le reste de ce que contient votre laboratoire a été successivement ac- quis par la société. Un fourneau a été construit par M. Hippolyte Blondel, d’après les conseils de M. Eram- bert ; il a déjà servi à quelques opérations intéressantes, entre autres à la réduction du manganèse. Vous avez ac- quis aussi une lampe à émailleur, et vous devez à M. l'abbé Vandenhecke, qui vous en à fait don, deux appareils complets, l’un pour la préparation de l’acide hydrofluo - rique, et l’autre pour l'analyse des substances végétales. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. Outre la notice dont M. Lacroix vous a donné lecture, sur les îles flottantes de Valliéres, et qui est insérée dans votre recucil, vousdevez à M. Huot, {.une communication sur la réapparition de l'ile Julia, dont la disparition à mis fin au débat qui s’élevait entre deux puissances ri- vales, sur sa possession. ( xliv ) 2.0 Une communication relative à une partie du sol de la Russie. Considérant la fertilité de la Russie méri- dionale, que prouvent ses importantes exportations de cé- réales, M. Huot en trouve la cause dans la constitution physique du sol : en effet, tout le plateau de la Russie méridionale est couvert par un dépôt d’alluvion, qui est une couche d’humus de un à deux mêtres d’épaisseur. Une autre partie de la Russie, située au sud-ouest des monts Ourals, forme un vaste bassin de sable qui n’est fertile que dans quelques oasis. Ce bassin paraît avoir servi de lit à la mer Caspienne; son niveau est maintenant abaissé au-dessous du niveau des eaux de l'Océan, au point que la différence est de cinquante toises en quelques endroits, notamment à Astracan. 3.° Une notice rédigée d’après des observations encore inédites , qu'a faites et que lui a communiquées M. Du- perrey. Il résulte de nombreuses explorations de ce sa- vant navigateur, que dans le Grand Océan Pacifique, entre la Nouvelle-Calédonie et le continent de l’'Amé- rique méridionale, il existe un courant dirigé vers les côtes Américaines, et réfléchi de ce point vers la Nouvelle- Guinée d’une part, sans dépasser l’équateur, et d’autre part vers la pointe de l'Amérique méridionale. M. Du- perrey lui attribue le creusement des golfes que présen- tent ces côtes, et particulièrement du golfe de Penas. Sa direction variable selon les saisons de l’année, et selon la direction des vents, influe d’une maniére puissante sur le climat du continent Américain. Le point où le choc du courant est le plus fort, c’est le littoral du Chili, qu’il frappe perpendiculairement. (siv) GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE. Bien que la géologie et la minéralogie soient deux sciencesnettement distinctes, plusieurs raisons, outreleur alliance naturelle, vous engageront à me permettre de vous rendre compte en un seul et même chapitre de ceux de vos travaux qui se rattachent à l’une et à l'autre. D'abord ce sont à peu près les mêmes membres de la so- ciété qui vous en ont entretenus; l’un d'eux sur-tout , M. Huot, vous a dans presque toutes vos séances, apporté des documents relatifs à la minéralogie. Un grand nom- bre d’espèces minéralogiques ont été décrites par lui, à l’époque où vos conférences n’admettaient point encore l’ordre didactique : et mettant à profit les richesses deson cabinet pour vous y faire participer il a fait passer sous vos yeux un grand nombre de beaux et curieux échantil- lons. Plustard, M. Huot vous a parlé spécialement de géo- logie, et quelques enseignements minéralogiques sont ve- ous simplement comme complément de la géologie; quant à cette dernière science, il vous a d’abord exposé la nomen- clature qu’il se proposait de suivre, et comme elle dif- fère de celle dont se servent les autres géologistes, il a mis un soin particulier à établir la synonymie des déno- minations en usage et leur concordance avec sa nomen- clature. M. Huot conserve la dénomination de terrains à de grands groupes qui se divisent en étages : ceux-ci se subdivisent en formations et en assises. Le terrain qu'il appelle moderne compreud tous les dépôts de sédiment qui se forment encore. Plusieurs séances ont été consa- crées à ce terrain qui, en s’accroissant à l’aide d'agents { xlvj ) connus, sert d'introduction et quelquefois d'explication aux phénoménes que présentent les terrains plus anciens. Un exposé général des corps organisés fossiles, qu'il a groupés par époques organiques, l’a conduit ensuite à la description du terrain diluvien dont il a détaillé les di- verses formations. Il a terminé tout ce qui a rapport à ce terrain par l’examen d’une question qui divise les géologistes : celle de savoir si l’homme à pu être con- temporain des derniers cataclysmes qui ont entrainé dans les cavernes à ossements une foule de grands ani-. maux dont elles recèlent les dépouilles, et il a déduit devant vous les raisons qu’il a de se prononcer pour l’af- firmative. M. Huot est ensuite passé à la description du terrain supercrétacé supérieur qui comprend les marnes subapennines ; puis à celle du ferrain supercrétacé moyen qu'il à divisé en trois étages, depuis les faluns de la Touraine jusqu'au grès de Fontainebleau inclusivement, et à celle du terrain supercrétacé inférieur qu'il a aussi divisé en trois étages, depuis les marnes gypseuses jusqu’à l'argile plastique. Xl a enfin terminé cette première partie de son cours, par l'étude du terrain crétacé, qu’il a aussi partagé en trois étages, subdivisés eux-mêmes en assises, depuis la craie blanche jusqu’au calcaire de Dubeck, en Angleterre. Vous assistez actuellement, Messieurs, à la continuation du cours de M. Huot , et vous vérifiez comme par le passé que son enseignement si riche en détails variés, intéressants et précis, échappe en quelque sorte à l'analyse par la multiplicité des faits qu’il faudrait relater. Toutefois parmi les nombreuses communications que M. Huot a faites en dehors de ses lecons de géologie et ( xlvij) de minéralogie, il en est qui méritent une mention spé- êiale à cause, soit de leur importance, soit de leur nou- veauté, soit enfin parce qu'elles avaient pour objet de faire connaître l’état géologique de notre département ; au nombre de ces dernières nous devons ranger le rap- port des observalions faites dans diverses excursions géologiques, que plusieurs d’entre vous ont entreprises sous la direction de M. Huot; c’est ainsi que vous avez été informés de détails intéressants sur la vallée de la Remarde ; c’est ainsi que vous avez appris que dans la plaine de Sèvres, il semble encore actuellement se for- mer des poudingues; c’est ainsi que vous avez été tenus au courant des travaux entrepris pour forer un puits artésien aux barrières mêmes de Versailles. Dans une excursion à Marly, M. Huot a signalé une masse de craie supérieure qui, par l'abondance des polypiers qu’on y rencontre, et par la présence d'un grand nombre de moules de coquillages bivalves, rappelant les corps or- ganisés du calcaire grossier, offre la plus grande ana- logie avec la craie de Maëstricht, et semble annoncer un mélange des eaux marines qui ont tenu en suspension le calcaire crayeux avec celles dans lesquelles s’est dé- posé le calcaire grossier des environs de Paris. A peu de distance de Neauple-le-Vieux, sur le terri- toire de la commune de Lamarre-Saulx-Marchais, au ha- meau même de la Petite-Mare, on exploite, vous a dit M. Huot, pour la fabrication des tuiles, des marnes vertes, c’est-à-dire les mêmes marnes qui, à Montmartre et ailleurs, sont supérieures au gypse et qui le représen- tent lorsque celui-ci mange. Ces marnes sont ordinaire- { xlviij } ment recouvertes par un banc d’huitres divisé en deux couches, et auquel sont superposés les sables et grès marins supérieurs, ainsi qu'on le peut voir au sommet de Montmartre et sur toutes les collines qui entourent Versailles. Prés de Neauphle-le-Vieux, au contraire, dans la localité désignée, on remarque bien, comme dans nos environs, les sables et grès marins au sommet du coteau, le banc d’huîtres qui s'étend au-dessous, et plus bas les marnes vertes; mais on voit entre elles, dans la partie supérieure de ces marnes, deux couches de cal- caire marin formant en tout 2 m 50 c d'épaisseur, et dont la couche inférieure est épaisse de 1 m 50 c et est formée d'un calcaire grossier, dur, dont on fait de bons moellons, et qui contient de petits mollusques ap- pelés milliolithes qui sont caractéristiques du calcaire que l’on exploite dans nos environs , et en général dans une foule de localités du bassin de Paris. L’anomalie que présente la position de ce banc pierreux, est d'autant plus intéressante qu’elle semble indiquer que les marnes vertes , qui, ainsi que le savent ceux qui s'occupent de la géoiogie des environs de Paris, sont dépourvues de corps organisés, ont été déposées dans des eaux marines; dans tous les cas elle prouve à combien d'alternances nombreuses peuvent être soumises les différentes couches de terrains supercrétacés. Les autres communications géologiques ou minéralo- giques dont M. Huot a enrichi vos séances, ont eu pour objet l'exposé d’une coupe théorique du bassin de Paris, les cancrinites, les astéries, les soulëvements partiels du globe et notamment du littoral de la mer, { xlix ) Baltique, les observations de M. Rozet, sur la succes- sion inverse des formations anciennes de la chaîne des Vosges, la craie et la lignite de Mantes, les coquilles fos- siles de la montagne creuse de Java, observées par M. Hardy, les gisements du grès à Montmartre, ceux de l'or et du platine dans les monts Ourals, la caverne de l'ile Thermia , les fossiles des environs de Liége. M. Colin, auquel vous avez fréquemment dà des détails sur la composition chimique des espèces minéralogiques ou géologiques, vous a fait diverses communications spé- ciales sur ces matières, nommément sur le combustible fossile décrit par M. Meyer, sous le nom d'ozocerite ; vous lui devez des détails sur une excursion géologique qu'il a faite à Thiers, en Auvergne, et sur legisement de diverses roches recueillies dans cette province , sur l’aigue-marine et la fopaze bleueconfondues quelquefois par les joailliers. Enfin dans un travail spécial inséré dans notre Recueil, M. Colin vous a fait connaître les résultats de l’examen qu'il a fait conjointement avec M. Erambert, d’une nou- velle variété d’euclase du Brésil. Vous devez enfin à M. Belin une communication sur le gisement des fossiles trouvés à Saint-Germain; à M. Bouchitté, des aperçus généraux sur la disposition des grès de Fontainebleau, et un examen critique des diverses opinions des géologues sur les causes de leur gisement. Beaucoup de membres de la socièté ont exploré la géologie de nos environs, pour en répandre la connais- sance parmi nous, et dans le but d'enrichir nos collections. Si leur zèle avait eu besoin d’être excité, il Peût été sans d (1) doute par la communication que vous à faite M. Huot, sur l’extension des études géologiques, et sur l'intérêt qui dirige vers cette science un si grand nombre de sa- vants distingués répandus dans nos départements. M. Lacroix a été chargé par vous des soins que récla- ment le classement et la conservation des objets de mi- néralogie et de géologie. La partie classée de votre col- lection minéralogique se compose d'environ trois cents échantillons dont une moitié a été donnée par M. Huot ; il n'a pas moins contribué à enrichir la collection de géologie, sur-tout par les nombreux échantillons qu'il a donnés des roches de la Bretagne. Après M. Huot, je dois signaler à votre reconnaissance, les dons de M. Lecoq, en géologie et en minéralogie de l’Auvergne; ceux de M. Bard, en roches de la Moselle; ceux de M. Sandras, en roches des Ardennes ; de M. Lehuby, en produits volcaniques du Vésuve ; de M. de Gatigny, en minéraux des Pyrénées; de M. Lasaulce, en roches des envi- rons de Metz; de M. Veytard, en roches de notre dé- partement , et de M. Jeanneret, qui vous a envoyé de Triel, plusieurs morceaux de gypse contenant des 0s- sements fossiles. Un grand nombre de personnes ont concouru à cette partie de vos collections ; ce sont MM. Noble, Blondel, de Jousselin, de Pronville, le Roi, Lacroix, de Menil-Durand, Berger, Vannson, Treuil, Belin, Colin, Gauguin, Decret, Philippar et Coupin. BOTANIQUE. Une société d'histoire naturelle fondée à Versailles ne pouvait manquer de donner dans ses travaux une grande . +60: (f:) place à la botanique; l'importance de ses jardins royaux et de ses cultures industrielles aurait déjà suffi pour ame- ner ce résultat si des souvenirs précieux à la science ne rappelaient que les de Jussieu, les Richard, les Le:non- “nier, y Ont entrepris ces travaux qui plus tard ont illus- tré leurs noms. Dans les premiers temps de la fondation de la Société, vous étiez entretenus presque dans chaque séance, de la description de quelque genre botanique, par MM. Caron et Philippar, selon que la saison amenaiït la floraison de telle ou telle espéce; c’est ainsi qu’un assez grand nombre de plantes phanérogames ou cryplogames vous ont été décrites; plus tard l’ordre didactique s'est introduit aussi dans les démonstrations de botanique, et ce n’a plus été qu'à titre de communication que des faits spéciaux ont été développés, ou que les espèces végétales ont été dé- crites. C’est dans cet ordre que je vous rappellerai les travaux de MM. Caron, Philippar, Steinheil et Leduc ; préférant un ordre méthodique, à Fordre chronologique. M. Caron, dans un cours complet de carpologie qui a duré tout l’hiver de 1833 à 1834, vous a fait connaître tout ce qui a été découvert jusqu'à présent sur l’organi- sation du fruit, sur la forme, la situation et les fonctions des nombreux organes du péricarpe et de la graine. Il a décrit dans le plus grand détail tous les phénomènes dé de la germination, de la fructification, de la maturation et de la maturité des fruits, de leur dissémination natu- relle, de leur conservation ainsi que de celle des graines, des divers usages que l’homme peut faire des uns et des autres; et dans chaque séance , M. Caron avait soin de (lij) mettre sous les yeux de ses auditeurs diverses espèces de fruits et de graines, et de les analyser en votre présence pour faciliter l'intelligence de ses démonstrations. Il-a terminé ce cours par la classification des fruits, telle qu'elle a été présentée par MM. Mirbel et Richard , en joignant ses observations personnelles à celles de ces célébres naturalistes. Nous savons que M. Caron s'occupe de la rédaction d’un tableau synoptique de la classifica- tion des fruits, que nous regrettons de ne pouvoir insérer cette année dans le Recueil des mémoires de la société. M. Philippar a entrepris de faire à la société un cours de botanique agriculturale et horticulturale qu’il se propose de continuer : étudier la physiologie végétale dans ses applications pratiques ; examiner comparative- ment les végétaux herbacés ou ligneux sous le point de vue de leur utilité; poser les principes généraux de la cul- ture, en exposant avec une critique raisonnée les théories culturales ; passer à l'application de ces principes dans la pratique agricole et horticole; étudier par conséquent les terres labourées, les prairies naturelles et artificielles, les taillis et les futaies, les vergers, les vignobles, l’en- tretien des chemins, des cours d’eau, des rigoles, les animaux domestiques, les magnaneries et les ruches; et pour l’horticuiture, les pépinières, les jardins fruitiers, légumiers , potagers, fleuristes, et enfin les jardins bota- niques; telle est la carrière que M. Philippar s’est tracée et qu'il a commencé à parcourir. A titre de comraunication, M. Philippar vous a entre- tenus des matières textiles en général, et en particulier d’un bonnet de la Guyane, qui existe dans la collection de (li) la bibliothèque de la ville. Il résulte des recherches que M. Philippar a faites dans les ouvrages de Seba , de Ch. de l’Écluse , de Gaspard et Jean Bauhin, de Gaertner, et de Bosc, et des renseignements que lui ont fournis MM. Poiteau et Perrotet, botanistes-cultivateurs, que le bonnet de la Guyane, cucullus Americanus, est un: tissu naturel, un réseau de palmier, la moitié d'une spathe du manicaria, préparée par les naturels de la Guyane française, qui s’en servent de trouble pour prendre le poisson, et de chausse pour filtrer les liqueurs. Une fleur de scabieuse qni présentait un développement foliacé, a été l’objet d’une seconde communication de M. Philippar. Il vous a fait remarquer que le pédoncule était la nervure médiane d’une feuille que garnissait en- core de chaque côté un rudiment linéaire d'expansion oliacée. Au sommet de ce singulier pédoncule se trouvait une fleur parfaitement organisée. Après avoir constaté que dans ce cas la partie dénaturée conservait quelques traces de sa destination primitive, M. Philippar vous a cité divers autres exemples d'anomalies végétales qui vous ont prouvé que c’est une règle générale. Vous devez encore à M. Philippar une communication sur le baquoi odorant, padanus odoratissimus. En pré- sentant un stype de cette plante, il vous a donné les ca- ractères botaniques du genre padanus, qui, selon Aubert du Petit-Thouars, contiendrait une vingtaine d'espèces. Les Indiens se servent de feuilles divisées de ces plantes pour exécuter une infinité d'ouvrages de sparterie. Les bâches qui servent à contenir le café et le sucre sont en baquois. Les chapeaux d’été que les hommes portent ac- (lv) tuellement sont de la même substance; on en fabrique dans le pays des tissus fins et serrés qui prennent parfai- tement la couleur. Le stype présenté à la société avait quatre pieds de longueur sur six pouces de diamètre ; il provenait des cultures de M. Fulchiron, propriétaire à Passy. Un accident était arrivé à cette superbe plante ; sa tête avait été cassée. On le conserva néanmoins pen- dant un an dans cet état. La plante ne mourut point, mais elle cessa de profiter. La base du stype était plus étroite que le sommet ; le nombre des feuilles devenant de plus en plus considérable à mesure que la plante vieillit, il est naturel que le sommet présente plus d’étendue que la base. L'organisation intérieure de ce stype était très curieuse ; elle présentait, comme dans tous les végétaux imonocotylédones, une substance cellulaire et une sub- stanet fibreuse. Le tissu cellulaire, assez rare comparati- vement, cst humide et médulleux, et la partie fibreuse, très abondante, est composée de nombreux faisceaux for- més de fibres simples qui s’entrecroisent, tendent à se contourner en spire, mais paraissent continus quoique l'anastomose soit distincte. Les faisceaux du centre, plus sees que ceux de la cireonférence, sont moins serrés, pa- raissent plus épais. Ceux de la circonférence, environnés d'humidité , paraissent plus abondants, et sont plus serrés, de maniére que cette circonférence |est en quel- que sorte plus solide que le centre. M. Philippar vous a promis de compléter cette étude organographique et de vous faire part, dans un travail spécial, des recherches auxquelles il se sera livré. J'aurai l'occasion de revenir encore snr les travaux botaniques de M. Pbilippar. (lv) M. Caron vous a fait un grand ‘nombre de communi- cations, les unes sur des faits généraux de la sience bo- tanique, les autres sur des particularités remarquables. 1.0 Notice sur les divisions générales et naturelles des végétaux. Aprés avoir fait remarquer que l'indispensable nécessité d’une classification avait dirigé vers ce but les travaux des premiers naturalistes qui ont pris pour base des caractères extérieurs plus ou moins saillants à la vue, des résultats auxquels ils sont arrivés, M. Caron s’est demandé s’il est bien vrai que, dans les œuvres de la nature, ou connaisse le fond aussi bien que la forme, l'esprit, si l’on peut parler ainsi, aussi bien que la lettre. Ces questions sont graves, vous a-t-il dit, je ne me charge d'y répondre, et d'aprés M. de Candolle, que pour ce qui concerne le règne végétal. Considérant alors que, dans la nature végétale, il existe deux grands systèmes d’or- ganisation, deux sytêmes fondamentaux, le système reproducteur et le système nutritif, il établit que la classification est naturelle lorsque l’on peut arriver aux mêmes résultats en prenant isolément l’un ou l’autre de ces deux systèmes. Passant alors à l'examen appro- fondi de l’un et de l’autre, sous le point de vue de la classification, M. Caron déduit, toujours d'après M. de Candolle, le tableau synoptique suivant : _ Classification des Végétaux. A. D'après les organes de la | B. D’après les organes de la nu- fructification, trition. 1,re Série. — PHANÉROGAMES, V'ASCULAIRES. 1.re Classe. Dicotydelonés. | Exogènes. 2.€ Classe. Monocotylédonés, | Endogènes. (Avj) 2, Série. — CRYPTOGAMES. CerrüLeux. 11e Classe, OEthéogames: Semi-vasculaires. 2.€ Classe. Amphigames. Cellulaires. I considère encore comme admissibles cette autre forme synoptique presque aussi régulière. 1.0 SiéRié, — Sexuels , OU munis 2.9 Munis de vaisseaux et de slo- d'organes sexuels. _ males à une époque quelcon- que de leur vie. ' Classe 1.7, — Dicotyledonés. Exogènes. 2.6, — Monocotylédonés. Endogènes. 3.t. — Athéogames. Semi-vasculaires. 2,C SÉRIE — Sans organes 2.9 Sans vaisseaux, ni stomates ‘sexuels. à aucune époque. 4° — Amphigames. Amphigames. 2.° Notice sur la correspondance de la classification végé- tale avec celle qui est admise dans le règne animal. Dans ce travail, M. Caron vous a rappelé la classification végé- tale, qu'il avait exposée dans la notice précédente ; il vous à fait voir comment quelques naturalistes, rappro- chant les différentes classes des deux règnes végétal et animal les unes des autres, saisissent des rapports plus ou moins frappants entre les dicotylédonés ou endogènes et les mollusques, entre les œtheogames ou semi-vasculaires et les articulés, entre les amphigames enfin ou cellulaires et les zoophytes; puis considérant ces analogies sous un point de vue statistique, M. Caron a emprunté d’une part au Nomenclator botanicus , de Stendel , les nombres approximatifs des espèces végétales; il a trouvé qu'il est proportionnellement au chiffre 4000, de 636 pour les dicotylédonés, de 14% pour les monocotylédonés, de (lvij) 55 pour les æthéogames, et de 155 pour les amphigames. Pour la zoologie, M. Caron a consulté le tableau du régre animal, de M. Balbi, dont les éléments ont été fournis par MM. Lesson, Raynaud et Milne-Edwards ; il a déduit les nombres proportionnels suivants : vertébrés ,; 180 ; mollusques, 100 ; articulés, 540: zoophytes, 80. L’in- spection comparative de ces deux séries de chiffres lui a permis de vous en faire saisir une conséquence critique bien importante. En effet, vous a dit M. Caron , des na- turalistes, généralisant trop les idées qu'ils avaient dé- duites du tableau du règne animal, avaient avancé que les espèces des êtres organisés sont d'autant plus nom- breuses dans la nature, qu'elles sont imparfaites et moins développées. Or, on voit qu'il y a un résultat con- traire dans-le règne végétal, puisque ce sont les vé- gétaux les plus parfaits dans leur structure organique, les dicotylédonés, qui sont les plus nombreux. C’est une des mille et une preuves du danger de généraliser trop et sans examen suffisant. 3.° Une notice historigne sur l'abaca ou musa textilis. Ce végétal est originaire des iles Philippines, et notam- ment de celles de Luçon, où il est cultivé par les indi- gènes, sur-tout dans les environs de Manille; par consé- quent c'est une plante tropicale, puisque ces iles sont situées entre le 20.e et le 10.e degré de latitude boréale. Elle y est désignée sous le nom d’abaca ; mais d’après les botanistes européens qui l'ont vue et étudiée sur les lieux, c'est une plante du genre bananier. Ce végétal fournit à l’industrie une filasse, dont M. Bardel est parvenu à fa- briquer des étoffes qui prennent parfaitement la teinture. { lviij ) Aprés avoir émis le vœu que la culture de l'abaca soit essayée à Bourbon, à Cayenne, à Alger, où il y a lieu d'espérer qu’elle réussirait, ce qui nous dispenserait d’en faire venir des filasses de Manille, M. Caron a montré que l'importation de cette denrée est déjà si considérable qu’en 1830, M. Bardel avait en entrepôt, à Anvers, vingt-deux milliers pesants de ce fil, qui, malheureuse- ment furent détruits dans le bombardement. On fait avec le fil d'abaca, des étoffes pour meubles, des chapeaux de ‘femme, des aigrettes pour l'équipement militaire, etc. C’est en France qu'on en a porté la fabrication à la plus haute perfection. M. Caron vous a offert, pour-être dé- posés dans vos collections, divers échantillons d’étoffe de la fabrique de M. Bardel; il a publié la notice dont je viens de parler. Cette manufacture est sitiée à Saint- Germain (Seine-et-Oise). ” 4.0 Un compte-rendu des expériences de M. Girard de Chantran, sur les anomalies de la floraison des épinards, 5.° Quelques détails sur un abricotier monstrueux qui existe à Menderstown. en Angleterre. Cet arbre est âgé de 46 ans , il a 61 pieds 9 pouces de largueur, sa hauteur est de 14 pieds 7 pouces, il couvre 893 pieds de muraille ; pour faciliter le développement de ses fruits le jardinier a détruit 8,810 abricots, il en restait encore #,860; l'arbre portait donc 15 à 16 abricots par chaque pied carré, les deux tiers environ ont été détruits. 6. Notice sur les diverses espèces d'arbres auxquels on donne le nom d'acajou. On a appelé ainsi un anacardium. le cassuvium pomiferum, un cedrela, un curatella, et le suwietenia mahagoni. Les deux premières espèces sont { lix } de la famille des térébinthacées. L'anacardium doit son nom à son fruit, qui est en forme de cœur, porté sur un pédoneule renflé et turbiné. Le cassuvium pomiferum a dix élamines à la fleur, tandis que l’anacardium n’en a que cinq; son fruit est la noix réniforme, connue sous le nom de noix d’acajou. Elle est portée par un réceptacle charnu, de la forme et de la grosseur d’un poire moyenne; c'est ce réceptacle que l’on nomme pomme d’acajou , et mieux de cajou; car tel est le rom de ce fruit dans l'Inde, sa patrie. Le cedrela est appelé ordinairement acajou à planches, et le curatella à recu Le nom d’acajou bâtard. Mais, c’est le swietenia mahagoni qui donne le vrai bois d'acajou, que nous employons dans la confection des meubles. C’est un arbre de la famille des méliacés, ou azedarachs, dont les feuilles sont ailées. Son bois jus- tement estimé pour sa dureté et son incorruptibilité, à servi autrefois aux Espagnols pour les constructions de leurs vaisseaux. Le nom générique a été donné en l'hon- neur du célébre médecin Van Swieten. 7.0 Histoire du baobab, adansonia digitata. — Cet arbre de la famille des malvacées, dont on ne connait encore qu'une seule espèce naturelle à l'Afrique, croît sponta- nément au Sénégal et sur la côte occidentale de cette partie du monde, depuis le Niger jusqu’au royaume de Benin. Ce végétal est sur-tout remarquable par les énor- mes dimensions que son tronc peut acquérir. Sa hauteur n’est point proportionnée à cette dimension, car il ne parait point s'élever à plus de 70 pieds, tandis que le tronc atteint 25 à 30 pieds de diamètre. Les branches, fortes et rameuses, peuvent couvrir une superficie de 16,700 (1x) pieds carrés. On a même vu des baobab qui dépassaient ces dimensions; d’où l’on peut dire que cet arbre est dans le règne végétal ce que la baleine est dans le règne ani- mal. Les fleurs ont un pied de largeur, sur un demi- pied de longueur, elles ressemblent à celles des mauves. On les peut appeler belles-de-jour, car elles se ferment à la nuit; les cinq pétales qui les composent sont blancs, les étamines au nombre d'environ 700, et les pistils au nombre de 10 à 12. Des fruits oblongs leur succèdent, longs d’un pied à un pied et demi, larges de quatre à six pouces ; recouverts d’une écorce ligneuse, que garnit un duvet verdâtre, marqués de six à quatorze sillons; le fruit est divisé intérieurement en un nombre égal de loges ; il contient jusqu'à 800 graines, mélangées à une pulpe blanchâtre d’une saveur aigrelette et sucrée. M. Caron vous a cité les observations et les calculs d’Adanson, . desquels il résulte que vu la lenteur de leur accroisse- ment , il existe des troncs de baobab qui ont cinq à six mille ans; il vous a aussi cité différents usages auxquels les Nègres le font servir; entre autres celui d’enfermer dans des cavités de baobab les corps de ceux auxquels ils refusent les honneurs de la sépulture, tels que cer- tains jongleurs. Ces corps s'y momifient à ce qu'il paraît sans autre préparation. 8.0 Notice sur le fiquier et son fruit, et par suite sur la caprification. Après avoir donné la description de l'arbre et celle de son produit, M. Caron vous a exposé en détail lopération de la caprification pratiquée de temps immémorial jusqu’à nos jours, dans le Levant. On y culive un figuier domestique et un figuier sauvage ; (Ixj) les fruits de celui-ci ne sont pas bons à manger, mais ils servent à faire grossir et mürir ceux du premier. Certains moucherons du genre cynips, déposent leurs œufs dans la figue sauvage ; au moment où une nouvelle génération va en sortir, les insectes s’y précipitent, les piquent et y déposent leurs œufs; alors elles sont dites caprifiées. À dater de ce moment on les voir mürir et augmenter de volume, au point qu’un figuier qui don- nerait à peine vingt-cinq livres de fruits mürs et propres à sécher, en donne alors deux cent quatre-vingts livres. Un fait aussi remarquable à naturellement donné lieu à de singuliéres explications. Linnée pensait que les in- sectes se chargeaient du pollen des fleurs mâles du figuier sauvage et fécondaient ainsi le figuier domestique. Un examen plus exact a ruiné cette opinion. L’accroissement du fruit est dù à une affluence plus considérable de sucs déterminé par lirritation de la piqüre. Du reste, la ca- prification ne produit pas des fruits aussi bons que ceux qui mürissent naturellement, et elle fatigue les arbres ; aussi n'est-elle pratiquée que dans quelques iles de l'Ar- chipel, où les Grecs modernes payent ce tribut aux an- tiques préjugés de leurs aïeux. Il n’en reste plus en France que l'usage dans quelques endroits de piquer les figues avec une aiguille huilée pour en hâter la maturité. 9.° Notice sur le Thé. M. Colin vous ayant, dans une de vos séances, communiqué le résultat de ses re- cherches sur les falsifications que l’on fait subir au thé, M. Caron a pensé que vous entendriez avec intérêt ure note sur ce végétal. Après vous en avoir fait l’histoire paturelle, M. Caron s’est demandé si pour les botanistes, ( Ixij } il y avait comme pour les commerçants deux ou plusieurs sortes de thé. À l'appui de l'opinion qu’il a émise que les différentes sortes de thé du commerce proviennent d'une même espèce végétale, il cite Thünberg, Kaempfer, Lectsam , Gels, Desfontaines. Les variétés du produit dépendent, soit de l'influence du sol et du climat, soit de l'époque de l’année où l’on récolte la précieuse feuille. M. Caron a tracé l’origine et les progrès de l'usage du thé ; il vous a fait observer qu'à la Chine et au Japon ce n’est pas un vain caprice de la mode qui en a intro- duit et propagé l'usage ; mais dans ces contrées les eaux étant généralement malsaines, saumätres , de mauvaise qualité, le thé fut le seul moyen par lequel on parvint à en corriger les défauts. Il vous a raconté une légende chinoise qui rapporte que Darma, prince très religieux et fils d’un roi des Indes, étant venu à la Chine pour in- struire les peuples dans la vraie religion, et s'étant en- dormi , malgré le vœu qu’il avait fait de consacrer ses jours et ses nuits à la contemplation, se coupa les pau- pières et les jeta à terre, en punition de son parjure ; le lendemain étant retourné au même lieu, il trouva ses paupières métamorphosées en un arbrisseau que la terre navait pas encore produit, c’élait le thé. La Grèce n'aurait pas mieux fait, vous a dit M. Caron. En 1660, les Hollandais apportérent le thé en Europe, ils es- sayérent pendant quelque temps de l’échanger contre notre sauge Européenne , dont les Chinois furent bientôt dégoütés malgré l’adage de l’école de Salerne : Cur moriaiur homo cum salvia crescit in horto? Salvia salvatrix, naturæ conciliatriæ. (Ixij ) ” Le thé passa de Hollande en Angleterre, et son usage s’est propagé au point que la compagnie des Indes, qui en vendait environ 50,000 1. par an, il y a un siècle, en vend aujourd'hui 20 millions de livres annuellement. Les jardins botaniques de l’Europe possèdent assez commu- nément l’arbrisseau à thé; le premier individu fut eul- tivé par Linnée, dans le jardin d'Upsal. M. Caron, après avoir cité un certain nombre d'expériences assez bizarres imaginées pour faire prévaloir l'usage du thé, vous a rappelé comment le commerce de cette denrée avait donné lieu à la première étincelle de cette guerre de l'Indépendance Américaine, et comment par conséquent la feuille desséchée d’un arbrisseau de l'extrémité orien- tale de l’Ancien-Monde avait fait remuer à l'Occident un autre monde jusque dans ses fondements, et avait changé ses destinées politiques. 10.2 Note sur la longévité de l'Olivier. À propos d’une note curieuse sur la longévité et les dimensions de quelques oliviers d'Egypte , et notamment sur les huit arbres du jardin des Uliviers de Jérusalem , lue à l’'Aca- démie des sciences par M. Bové, M. Caron s’est livré à quelques recherches historiques sur l’Olivier originaire | de l'Asie. Il n'existait encore, ni en Espagne, ni en Italie sous le règne de Tarquin-le-Superbe ; vers 680 avant Jésus-Christ, il fut apporté dans les Gaules par les Pho- céens qui vinrent fonder Marseille. Quant à la longévité que l'olivier peut atteindre , si l’on considère d’une part qu'un olivier de 80 ans a environ neuf pouces de dia- mètre, et d’autre part qu'il s'en renconire qui ont cinq pieds de diamètre, on devra, en supposant l’accroisse- ( Ixiv ) ment annuel simplement uniforme, ce qui est au-dessous de la vérité, attribuer 566 ans d’âge à ces derniers. Selon M. Bové, il existe des oliviers qui ont 6 mètres de circonférence , tels sont ceux du jardin de Jérusalem. M. Caron cite plusieurs oliviers d’une grande dimension qui existent en France, et termine sa notice en ces termes: « Tous ces faits ne sont rien encore auprés de celui que «M. Bouche rapporte dans son Histoire de la Provence : » Dans le territoire de Cereiste, dit cet auteur, il y a un olivier encore en vie qui a le tronc creusé et si prodigieu- sement gros, qu'une vingtaine de personnes pourraient s’y mettre à l’abri des injures du temps. Le propriétaire de cet arbre y établit tous les étés son petit ménage, il y a encore une petite place pour mettre un cheval. De tous ces faits on peut conclure que l’on ne saurait assigner la durée de la vie des oliviers , et que l’on peut croire sans être taxé de trop de crédulité, que les huit arbres que M. Bové a vus et mesurés en 1832 dans le jardin des Oli- viers à Jérusalem, peuvent avoir existé du temps de Jésus-Christ. 41. Notice sur le Cotonnier. Aprés avoir tracé l'his- toire botanique des principales espèces d'arbre à coton que fournissent les diverses parties du monde, M. Caron établit que l'Asie doit être considérée comme la partie de l’ancien continent où l’on cultive le plus grand nombre d'espèces de cotonnier, sur lesquels on n’a que peu de détails exacts. Le cotonnier est cultivé en grand dans la Perse, il croît également dans toute l'Arabie. L'Afrique en fournit peu, on en trouve cependant d'une très belle venue sur la côte de Barbarie ; mais ils sont négligés par (Ixv) les indigènes. Quant à l'Amérique, il nest aucun pays où l'on cultive aujourd’hui autant d’espèces différentes ; même celles qui sont naturelles à l'Asie et à l'Afrique y ont bien prospéré. L'Europe n’est point étrangère à cette riche production végétale. Le cotonnier est cultivé avec soin à Malte, en Sicile, dans les îles de lArchipel et sur les côtes de lAsie-Mineure ; on a essayé de le faire dans quelques parties de Pltalie et même dans le Pié- mont, mais ces essais n'ont point été satisfaisants. Néanmoins, attribuant cet insuccës à la négligence et au mauvais choix des terrains et des expositions, M. Des- fontaines est persuadé que des agriculteurs habiles pour- raient parvenir à acclimater dans nos provinces méri- dionales, le cotonnier herbacé qui est cultivé à Malte. M. Caron vous a ensuite exposé quels procédés on em- ploie pour la culture du cotonnier et pour la récolte de son produit; il à terminé par un aperçu statistique de ses provenances et de sa consommation en 1817, d’après les documents recueillis par M. Chaptal. 12. Enfin un fruit offert à la société, par M. le doc- teur Braillard, qui d’abord avait été pris pour celui d'une espèce d’asclepias, a été examiné avec soin par M. Caron; il a déduit devant vous les raisons sur les- quelles il se fonde , ainsi que M. Philippar, pour l’attri- buer à une plante de la famille des fromagers. Mais il s’est élevé entreces deux naturalistes une dissidence d'opinion sur le point de savoir s’il provient du genre bombax, ou du genre ochroma. M. Philippar pense que c’est le fruit de l’ochroma lagopus, désigné auparavant sous le nom de bombazæ pyramidale. M. Caron vous a dit que ce qui e ( Ixvj ) l'arrête et le laisse en suspens, c’est que Poiret dit for- mellement que le coton de l’ochroma est jaune, tandis que celui du fruit en question est généralement d’un assez beau blanc; de plus, les dimensions du fruit pré- senté par M. Braillard , quoique évidemment cueilli avantsa maturité, sont cependart fort au-dessous des dimensions attribuées à celui de Fochroma. La ques- tion, pour être décidée, exigerait que l’on püt se procurer la fleur avec le fruit, un calice double ou simple étant le caractère qui distingue ces deux genres l’un de l’autre. Les nombreux travaux de botanique de M. Steinheil vous ont attesté son zêle pour cette science et l'éten- due de ses connaissances, Vous lui devez, outre le mé- moire sur la végétation des Dunes à Calais, inséré dans votre recueil, diverses communications sur la veronica Buxbaumii. Ten., qui a été signalée par lui aux envi- ‘rons de Versailles ; sur la migration de cette espéce qui paraît originaire d'Orient, sur l’organogénésie du fruit dans les liliacés, sur les variations végétales dé- pendantes des localités, et sur les arbres pleureurs. Vous me permettrez d'entrer dans quelques détails plus cir- constanciés relativement à d’autres communications de M. Steinheil. 4.0 Sur une déviation particulière des feuilles du salviu verbenaca, fragment d’un mémoire beaucoup plus étendu, qui a été inséré dans les Annales des Sciences naturelles. 2.° Observations sur une rose dont le calice avait six sé- pales au lieu de cinq. Aprés avoir analysé succinctement diverses opinions de botanistes célèbres, sur l’organisa- { Ixvij) tion des plantes, M. Steinheil vous a décrit la fleur qui faisait le sujet de cette notice ; sur les six sépales qui paraissent copstiluer son calice, cinq étaient placés sur un même rang ou à peu prés, et représentaient le calice ordinaire des roses. Mais en examinant le sixième, on le trouvait placé entre les deux sépales les plus dé- veloppés, et inséré sur un plan évidemment plus in- térieur; il était formé d’une seule foliole, dont le limbe était peu distinct, et se trouvait directement opposé au plus petit sépale. Sa consistance était plus ferme que celle des autres parties de la corolle, et quoiqu'il fût coloré, il présentait à son sommet une petite pointe verte et pubescente , tout-ä-fait foliacée : quoiqu'il vous ait dit n'avoir pas d'idées bien arrêtées encore sur l’organo- génésie des rosaces, M. Steinheil considère l'organe qui forme le sixième sépale, comme n'étant réellement que le premier pétale, opposé au cinquième sépale ; le pétale coloré qui se termine par une pointe verte, est le second pétale, etc. Ainsi se trouve confirmée , vous a-t-il dit f l'opinion que j'émettais à la fin de mon mémoire sur l'organisation de la tige du lamium album. Je regarde comme possible que, dans plusieurs familles, la fleur soit formée suivant la loi qui établit que chaque verti- cille n’est qu'une spire de plusieurs feuilles complètes et trés contractées. Cependant, il ajoute en terminant , que la déviation étudiée par lui pourrait également s’ex- pliquer avec la théorie des verticilles, telle qu’il l’a dé- veloppée ailleurs (Mémoires sur l’organisation de la tige du lamium album. Annales des Sciences naturelles, février 483%, et Mémoirés relatifs à la phylotaxis. Annales des { Ixvii] ) Sciences naturelles, 1835), et que ses nouvelles recher- ches sont nécessaires pour résoudre complétement cette question. 3. Réflexions relatives à l'influence de la respiration des végétaux sur la composition de l'air atmosphérique. Après vous avoir rappelé l’opinion généralement admise que la respiration des végétaux enlève à l'air le car- bone qui s'y trouve journellement répandu sous la forme de gaz acide carbonique, et même qu'elle fait équilibre aux dégagements de ce gaz quelles qu’en soient les sources, M. Steinheil vous a exposé les objections assez spécieuses que M. Alphonse Decandolle fait à cette théorie généralement adoptée et devenue presque popu- laire. I! vous a cité les expériences et les déductions des- quelles M. Decandolle conclut qu'il est fort difficile de dire si la végétation a réellement de l'influence sur la composition de l’atmosphère. M. Steinheil soutient l’o- pinion admise malgré les objections de M. Decandolle. Il vous a exposé les raisons qu'il a de penser qu’en derniére analyse tout l'acide carbonique versé dans l'atmosphère provient directement ou indirectement du règne végétal ; que d'autre part tout le carbone fixé dans les végétaux est soustrait à l'atmosphère ; qu'ainsi il doit y avoir ‘compensation entre la production et la destruction de l'acide carbonique à la surface du globe, et qu’en défi- nitive le règne végétal joue un rôle des plus importants et peut-être le plus important dans le maintien de cet équilibre. M. Leduc vous a fait sur la respiration des végétaux nne autre communication dans laquelle il a analysé le ( Ixix ) mécanisme et les résultats de cette fonction ; les genres: senebiera et veronica lui ont aussi fourni les éléments d'une exposition qu'il vous a faite. Je dois encore citer ici le mémoire imprimé dans ce recueil : de l'influence des hautes températures sur la vé- gétation, par MM. Edwards et Colin. Je terminerai ici ee qui a rapport à la botanique en vous rappelant le travail dans lequel M. Pajar s'est proposé de signaler à votre attention quelques végétaux ligneux qui se trouvent à Versailles, dans l'ancien jardin du professeur Lemonnier; ce sont: 1.° une variété de cèdre ; différant beaucoup du cèdre du Liban par un moindre développement et par son port pittoresque. Quoique planté depuis plus de trente ans, il n'a guêre que 20 pieds de hauteur et ne paraît pas devoir s'élever davantage. Les plus grandes branches latérales n'ont que k pieds de longueur, sont trés rapprochées les unes des autres et tout-à-fait pendantes. Les rameaux sont nombreux et très serrés; les feuilles, d’un beau vert, sont petites, étroites, courtes et tellement serrées que jamais les pluies n’arrosent le sol qu’elles ombragent. Cet arbre précieux qu'on peut nommer le cèdre nain du Li- ban, est tout-à-fait nouveau pour le commerce et pourrait étre utilisé dans les jardins paysagers. M. Pajar propose de nommer cette espéce, qu'il essaye de multiplier par la greffe, laryx cedrus, var. strictus. 2.0 Un planera crenata, ou ulmus planera, planté depuis quarante ans; sa hauteur est de 45 pieds; son tronc à # pieds et demi de circonférence. Il en existe d’autres individus de dimension moiadre, le { Ixx } jardin de Trianon en renferme aussi quelques-uns. 3. Cupressus distichus. Un pied d’un développement remarquable. On ignore la date de la plantation. M. Pajar regrette que les annales de la science n’aient point con- sacré de documents certains sur plusieurs arbres actuel- lenent détruits et qu'il se rappelle avoir vus dans ce jardin, tels que un pinus pumilio, un sophora du Japon, deux pinus palustris, et le célèbre tulipier du jardin de M. de Cubiéres. k Enfin M. Pajar vous a parlé de deux variétés de sapin, provenues de semis dans le domaine de Trianon, et qu’il propose de nommer : l’une abies picea var. stricta, et l’autre abies picea var. inops. Enfin c’est ici le lieu de citer le cours public de bota- nique que M. Philippar fait dans une des salles de la Mairie , depuis trois ans, et qu'il a mis sous les auspices de votre société; plusieurs d’entre vous suivent ses le- cons et savent combien la clarté des démonstrations y contribue à la propagation de la science. Vos collections botaniques s’enrichissent graduel- lement par les dons qui vous sont adressés. M. Eugène de Boucheman a bien voulu se charger de leur clas- sement et de leur conservation. Les autres personnes auxquelles vous devez des remerciements à ce sujet, sont : M. Belin; en donnant à la société environ quatre cents plantes, réparties dans un grand nombre de familles et de genres, il a fourni les premiers éléments d’un herbier général. Il vous a donné de plus quelques fruits el quelques graines. ( Ixxj ) M. Bar, de Roville, vous a envoyé quelques plantes des Vosges. M. de Balzac pére, un joli fascicule de plantes des Alpes. M. Philippar, quelques plantes, quelques échantillons de bois, quelques graines; mais principalement des échantillons de tissus végétaux avec les fils qui ont servi à les fabriquer, et quelquefois même les plantes qui ont fourni ces fils. M. Steinheil, des plantes recueillies par lui, soit en Afrique, soit dans le midi de la France, ou sur les côtes de la Manche. M. Cailliaud, de Nantes, vous a envoyé des graines re- cueillies par lui en Afrique, parmi lesquelles se trou- vent celles du géant de la végétation, de l'adansonia baobab , etc. | M. Rollet, des plantes du midi de la France et de l'Espagne. | M. Kirschleger, de Strasbourg, quelques plantes d’Al- sace et des Vosges. Vous devez aussi divers objets botaniques à MM, Brail- lard, Blondel, de Boucheman, Le Roi, de Balzac fils, Vannson, Leduc, Caron, Jeoffrin, de Pronville, de Jous- selin; mais il est trois dons que je crois devoir mention- ner encore à part : telle est une collection de lichens re- cueillis sur divers points de la France ; il sont préparés avec soin et savamment déterminés: par ce cadeau de M. Huot, la famille des lichens se trouve proportionnel- lement la plus riche et la plus complète de l’herbier de la société. M. Huot vous a donné aussi quelques phané- rogames. ( Ixxij ) M. Edouard Petit vous a donné un nombre de plantes peu considérable, mais il s'y‘trouve quelques espèces du Sénégal, remarquables par la rareté et la beauté des échantillons. Enfin M. Le Roi vous a donné environ trois cents graines , tant exotiques qu'indigénes. Outre le mérite de contenir quelques échantillons peu communs, cette col- lection a l'avantage de présenter une grande partie des fruits ou des graines les plus célébres par leur usage, soit dans les arts, soit dans la médecine. En résüumé général, vous possédez environ 1600 plantes en kerbier, 300 graines, et quelques produits végétaux , tels que tissus, etc. | MALACÔLOGIE ET CONCHYLIOLOGIE. L'histoire naturelle des coquilles a été en partie traitée dans une suite de démonstrations par M. Belin. Il vous a exposé les principes généraux de la conchyliologie, vous a montré les caractères généraux des coquilles, quant à leur forme, leur structure , leur contexture, etc. il vous a fait un tableau abrégé de l’histoire de la science ; puis passant à la classification, et suivant la méthode de M. de Blainville, il vous a décrit par ordre tous les gen- res des coquilles univalves vivantes ou fossiles. Plusieurs individus de diverses espêces ont toujours été mis sous vos yeux , et vous avez pu comprendre aisément les descrip- tions et en apprécier.la fidélité; vous savez avec quelle obligeance M. Huot a bien souvent voulu mettre à la disposition de M. Belin, les objets de démonstrations qu'il ne possédait point. Souvent aussi les connaissances { Ixxiij ) spéciales de M. Huot ont été mises à profit par vous, et vous lui avez dù souvent la connaissance du gisement des coquilles fossiles, ainsi que les détails qui se ratta- chent à la géologie. M. Huot vous a fait un rapport verbal sur le mémoire de MM. Rang et Cailliaud , dont un exemplaire vous avait été adressé , sur le genre éthérie et sur son animal. Aprés vous avoir fait sentir la nécessité d’étudier l’ani- mal aussi bien que la coquille des mollusques pour ar- river à une bonne classification, il vous a raconté com- ment ont procédé les deux auteurs, l’un en Egypte et l'autre au Sénégal, et comment, après être parvenus par la critique des diverses descriptions , à réduire à trois le nombre des espèces de ce genre, ils enont pu donner une description rigoureuse d'aprés laquelle ils proposent d'en former, sous le nom de subostracés, une famille à part qui doit prendre rang après lesostracéset avant les mylilacés. M. Caillat vous a donné lecture d’une notice sur di- verses espèces nouvelles de coquilles fossiles recueillies par lui à Grignon; cette note complètée depuis, est in- sérée dans votre recueil. M. Battaiile, en vous faisant hommage d’un bocal con- tenant deux calmars, de l'espèce nommée par Lamarck, loligo sepiola, vous a donné lecture d’une notice dans laquelle il décrit sommairement cet animal, et qu'il termine par des observations qu’il a été à même de faire personnellement. La chair de ce petit mollusque, vous a dit M. Battaille, est savoureuse , cependant celle n’est guère employée comme aliment que-par la classe la plus pauvre des ha- { Ixxiv } bitants des côtes de Bretagne et de Normandie, où le sépiole, qui n’habite ordinairement que la haute mer, est souvent jeté par les gros temps. C’est alors que les pêcheurs de chevrettes le trouvent en assez grand nom- bre dans leurs paniers. Les mouvements du bec des calmars et des seiches, et probablement aussi des poulpes, offrent une particularité qui n’a étè, que je sache du moins, rapportée par aucun auteur. Elle tient à la disposition anatomique du fourreau membraneux, qui enveloppe le bec à la maniére d’une grosse cravate. La très grande rétractilité dont jouit ce fourreau, aidée de l’écartement des bras ou tenta- cules, donne au bec une saillie qui facilite singulière- ment l’appréhension des substances, qu'il est obligé de couper ou de déchirer, lorsque leur volume ne permet pas à l'animal de les envelopper en entier et de les plon- ger au fond de l'espèce d’infundibulum que forment les bras. Je me suis souvent donné cet amusant spectacle pendant le temps que j'ai pu conserver vivants les deux individus que j'ai recueillis et que je nourrissais de vers marins et de petits poissons. M. le comte de Jousselin vous a rapporté une espéce du genre dragonneau, qu'il a recueillie, eta accompagné ce présent des détails d'histoire naturelle qui s’y rat- tachent. Vos armoires renferment le tribut d’un certain nombre de membres qui vous ont donné des coquilles vivantes et fossiles, dont la conservation est confiée à M. Belin. Vous devez donc à M. Huot, des espèces vivantes de quatorze ( Issv ). genres, et des espèces fossiles de vingt-un genres ; M. Le Roi vous a donné des coquilles vivantes de huit genres; M. Belin, coquilles vivantes de vingt-un genres ; fossiles, de cinq genres; M. Vanpson, coquilles vi- vantes de dix-neuf genres; M. Boisselier, coquilles vi- vantes de neuf genres ; M. Maurin, coquilles vivantes de six genres ; M. Noble pére, coquilles vivantes de deux genres ; M. de Mesnil-Durand , coquilles vivantes de trois genres; M. Veytard, vous a offert une huitre fossile, recueillie par lui, et M. Vandenhecke, une nouvelle espèce de moule d’eau douce du canal de Maëstricht (driessena polymorpha). M. de Coninck, de Louvain, l’un de vos cor- respondants, vous a fait remettre trois coquilles bivalves complètes, assez remarquables. Enfin, deux présents d’une haute importance ont pris place dans cette partie de vos collections; ce sont: quarante espèces de coquilles vivanies, toutes fort rares, que vous a envoyées M. Cail- liaud, votre correspondant , à Nantes, et dont plusieurs ont été nommées et recueillies par lui dans des contrées étrangères; et cent-douze espèces fossiles de Grignon, toutes parfaitement conservées, qu'a recueillies et que vous a envoyées M. Caillat ; vous savez que M. Caillat s'occupe de la compléter. ENTOMOLOGIE. M. Blondel, dés l’origine de la société, a décrit un cer- tain nombre de genres de l’ordre des coléopotères'; mais plus tard , il a repris dans un ensemble systématique l'exposition de l’entomologie. Il vous a d’abord détaillé ( lv): l'organisation anatomique des insectes, s'arrétant sur les fonctions de chaque organe. Il a donné un tableau synoptique de leurs classifications , selon la méthode de Latreille, et a indiqué successivement la distribution en familles et en tribus, énonçant pour chacune d’elles le nombre approximatif de genres et d’espéces, indiquant le type le plus vulgaire, dont, grâce à l’habileté de ses dessins, vous avez pu apprécier les caractères distinctifs. Les mœurs et les particularités les plus remarquables de quelques espèces ont été décrites par M. Blondel. Ce travail a été fait pour les huit premiers ordres; mais des occupations plus nombreuses lui étant survenues, M. Blondel a été obligé d'interrompre ses lecons ; il a été remplacé par M. Leduc. , Celui-ci a repris les éléments de la science. Il vous a donné des considérations générales sur les insectes, a signalé tout d’abord à votre attention les espèces utiles employées dans les arts, dans l’économie domestique, dans la médecine, et les avantages que l’on pourrait re- tirer de quelques espèces si on les étudiait mieux. Il a fait remarquer que celles qui paraissent les plus inutiles dans la nature, y sont cependant nécessaires pour main- tenir l'équilibre des êtres, et que, quand bien même la plupart des espèces ne serviraient qu'à consommer les matières en putréfaction, ce serait déjà un bienfait de la nature. Après ces premières considérations , M. Leduc vous à donné un aperçu général sur leurs mœurs, sur leurs métamorphoses, sur leur génération où multipli- cation. Il a fait l'exposé de leur anatomie et de leur phy- siologie, en a décrit le squelette, le système nerveux , ( Ixxvij ) l'appareil de la circulation et de la respiration, les or- ganes digestifs, ceux des sécrétions, du mouvement, des sens, de la génération. Souvent ses démonstrations ont été éclaircies par des figures tracées sur le tableau. M. Leduc est ensuite entré dans la description particu- lière des familles, des tribus, des genres, et souvent des espèces lorsqu'elles lui ont paru devoir arrêter votre attention. Ce cours a été interrompu par les vacances de la société. & L'un de vos correspondants, M. Boudier, à Montmo- rency, Vous à adressé un mémoire manuscrit ayant pour ütre : Hssai d'une classification des insectes parasites. Après quelques considérations générales, il définit les parasites : êtres organisés pour vivre, soit dans leur enfance, soit à l’état adulte, aux dépens d’autres in- dividus qui leur sont propres, et considère comme n’en faisant pas partie, ceux qui, comme le pulex irritans (la puce), par exemple, peuvent vivre sur plusieurs es- pêces d'animaux. Cette classification nouvelle est ré- sumée dans le tableau suivant : Classification des insectes parasites, proposée par M. Boudier. 5 \ 1. Sociétaires, ex. Cryptus Lasiocampi. Boud, 1. Pupivores. LA 17 Ë À (2: Solitaires. — Cryptus Myrmeleonidum , 1. Aliféères. ; Boud, 2. Adultivores. ( 1. Sociétaires. — (JEstrus bovis. Fab. PARASITES, ( A1] k 2. Solitaires. — Bracon barynoti. Boud. Auitirorés ( 1. Sociétaires, — Acarus scabiei, auctorum. 2, ères. ot ivores : TE) TOME } 3. Solitaires. — Acephalocystis globula. à la fois, À £ LE Laënuec. Le mot sociétaire indique plusieurs parasites pour un ( Ixxviij ) seul et même sujet, et le mot solitaire indique qu'il n'existe qu'un seul parasite sur le même sujet. L'un de ces insectes parasites, l’acarus de la gale, a été l'objet d’un travail spécial que vous ont commu- niqué MM. Vandenhecke et Le Roi, et qui est imprimé intégralement dans votre recueil, avec les importantes planches dont ils ont fourni les dessins. À propos d’une lecon de M. Blondel, dans laquelle il avait été question des sauterelles, M. Caron s’est rap- pelé que Voltaire, aussi éloquent écrivain qu'ignorant naturaliste, a quelque part exercé sa loquacité moqueuse sur les sauterelles qui ravagérent l'Égypte austemps de Moïse, et principalement sur celles dont saint Jean se nourrit dans le désert ; et il s’est promis de rechercher, pour vous en instruire , sur quelles autorités était fondée l'opinion généralement admise par les naturalistes, d’une part, que les sauterelles causent dans leurs migra- tions les ravages les plus funestes, et que d’autre part elles fournissent à certains peuples un aliment utile. Quant à la première opinion, Moïse, Hérodote , Diodore de Sicile, Orose , Pline, sont à ce sujet entrés dans des détails que nos voyageurs ont confirmés. Parmi les mo- dernes, l'abbé de Saint-Ussans, Lesser dans sa théologie des insectes, Lyonnet, Edouard Clarke, le major Moor, s'accordent tous dans leurs récits sur le nombre prodi- gieux des sauterelles qui émigrent, et sur les ravages qu’elles causent dansles pays où elles s'arrêtent. Latreille, que vous a cité M. Caron, en parle en ces termes : « Mal- heur à la contrée où elles se reposent; l'agitation de leurs ailes produit un bruit sourd qui se fait entendre { Ixxix } au loin, et'annonce l'approche de ce fléau; le soleil en -est obscurci ; à son coucher, ces insectes pleuvent comme une averse. Bientôt il ne reste plus sur la terre, et dans l'espace de quelques lieues, une seule feuille, un seul brin -d’herbe. Les arbres se brisent sous leur poids. La plus belle campagne n’est plus qu’un triste désert. La faim et la peste sont à leur suite. » En effet l'accumulation de leurs cadavres qui bientôt se putréfient , répand dans l'air des miasmes infects qui déterminent aisément des maladies pestilentielles. Vers 1690 , la Pologne et la Lithuanie furent frappées de cette plaie ; on en trouva en certains endroits quatre pieds d'épaisseur. En 1754, quelques provinces d’'Es- pagne furent inondées d’une espèce de sauterelles; un fait digne de remarque et qui mérite d’être vérifié, c’est que la tomate ou pomme d'amour (solanum lyco- persicum) fut le seul végétal auquel elles ne touchérent point. En 1613, selon Mezerai, les environs d'Arles, en Provence, furent envahis, vers le mois de mai, par une si grande quantité de sauterelles, qu'en moins de sept ou huit heures, elles rongérent jusqu'à la racine des herbes ou des grains, dans l’espace de plus de 15 mille arpents; elles pénétrèrent même dans les greniers et les granges, où elles détruisirent toutes les provisions. Elles passérent le Rhône et vinrent jusqu’à Tarascon et à Beaucaire. Elles remplirent des espèces de tuyaux qu’elles formérent dans les lieux sablonneux, d’une telle quan- tité d'œafs, que les magistrats d'Arles, de Tarascon et de Beaucaire, en firent détruire plus de trois mille quin- taux. De nos jours même, dans la Camargue, M. Miollis : ( Ixxx ] en 1895, en a détruit 2% mille hectolitres. Ce fléau afflige rarement l'Europe, l'Orient l’éprouve plus fréquemment; le pacha d’Acre donne des primes d'encouragement pour leur destruction. Sur le point de savoir si l'on peut manger des saute- relles, si l’on en a mangé chez les anciens , et si l'usage s’en est conservé chez les modernes, M. Caron s'appuie des téfnoignages les plus authentiques pour répondre affirmativement. Moïse permet aux Juifs d'en manger de quatre sortes qui sont spécifiées dans le Lévitique. Selon Aristophanes , on avait coutume d'en porter sur le marché d'Athènes. Les voyageurs modernes nous appren- nent que les peuples de l'Orient et de l'Afrique les prépa- rent de différentes façons, les assaisonnent selon les goûts; M. Caron vous à cité à ce propos, Hasselquist , Tavernier, Shaw, Cuvier et Latreille. Votre collection entomologique, confiée aux soins de M. Blondel, renferme environ quatre cents espèces de différents ordres, et principalement des coléoptéres : sur ce nombre, 234 ont été donnés par M. Blondel, ils appartiennent pour la plupart au département de Seine- et-Oise ; 23 du département aussi, ont été données par M. Leduc; M. le comte de Jousselin en a donné 34 des Pyrénées et des bords de la Loire; M. de Boucheman, 15 de diverses localités; MM. Decret, Vannson, Huot et Berger, ont contribué à cette collection; mais l'envoi le plus notable qui vous ait été fait, est dù à MM. Baudet-Lafarge, vos correspondants ; il se compose de 86 espèces importantes par le choix, dont les unes sont du Puy-de-Dôme, et les autres exotiques. PRET ( Ixxxj) HISTOIRE NATURELLE DES VERTÉBRYS. Dans les premiers temps de l'institution de,votre s0- ciété, M. de Balzac a décrit un certain nombre d’espèces d'oiseaux ; il vous a présenté quelques vues générales sur leur classification, et particulièrement sur celle des oiseaux de proie. Plus tard, il reprit dans ses principes l’ensemble de cette importante branche de la science ; aprés avoir établi les caractères distinctifs de chacun des groupes institués par les nomenclateurs, M. de Balzac a traité successivement l’histoire naturelle de l’homme, celle des quadrumanes, ceile des carnassiers , celle des mar- supiaux., celle des rongeurs, et celle des édentés; il se propose de continuer ces déinonstrations. I s’est attaché constamment à décrire les caractères généraux de chaque famille , il en a tracé les classifications, en caractérisant les genres; les espèces principales de chaque genre ont été décrites à part, et l’histoire de leurs mœurs, de Jeurs habitudes a été amenée comme moyen de faire ressortir et de graver dans l'esprit leurs différences d'organisation. Le même membre a fait aussi quelques communica- tions relatives à cette division de la zoologie. 1.0 Sur les Tatous. Un tatou empaillé ayant été offert à la société par M. Belin, a été l’occasion d’une com-- munication dans laquelle M. de Balzac a décrit la fa- mille à laquelle il appartient, et en particulier l’espèce qui était présentée. 2.° Sur les Chinchillas vivants que la corvette la Bonite venait d'amener au Jardin des Plantes, et qui depuis y A ( Ixxxij ) sont morts. M. de Balzac vous a communiqué les ren- seignements que lui avait fournis un de vos correspon- dants, M. de Marolles, officier de marine à bord de ce navire. 3. Sur les Sauriens et sur les reptiles en général; l'occasion de celte communication a été un iguame d’A- mérique , offert à la société par M. Belin. ko M. de Balzac vous a exposé les opinions des natu- ralistes sur la coloration du Caméléon, et en particulier l'opinion , récente alors , de M. Milne-Edwards. 5.0 Enfin, dans une dernière communication, M. de Balzac a signalé l'existence , dans les bois qui nous envi- ronnent , d’une espèce de couleuvre aussi inuocente que celles qu'on y rencontre d'ordinaire, mais qui est indi- quée par les auteurs comme appartenant au midi de Ja France et à l'Italie. C’est la couleuvre bordelaise ( coluber girondicus de Daudin) ; elle ressemble assez à la couleuvre vipérine (coluber viperinus de Latreille) ; mais elle en diffère spécialement en ce que la vipérine a les écailles carénées, tandis que dans la bordelaise elles sont lisses. Ce serait donc une nouvelle espèce pour la Faune de nos environs. M. Le Roi vous a présenté. une analyse critique du mémoire de M. Gaspard, sur le Coucou. M. Legrand , en offrant à la société un bocal qui con- tient des Salamandres terrestres, vous a tracé l’histoire de cette espêce de reptile. M. Huot, auquel vous deviez déjà des observations sur la température propre des poissons, vous a commu niqué , d'après Buchardt, des détails curieux et nonveaux ( Ixxxiij ) sur les soins que l’autruche prend de ses œufs, et sur les pièges que lui tendent les Arabes. M. Caron vous a lu trois notices relalives à la vitalité des crapauds renfermés dans quelques corps solides. Le fait qu'il s’agit de vérifier a été énoncé pour la pre- mière fois en 1480, par Baptiste Fulgose ou Frégose, dans un ouvrage intitulé : De dictis, factisque memorabi- libus. Il s’est introduit depuis dans la science et a été adopté , entre autres savants, par Daubenton, Lacé- péde, etc. Cependant, vous disait M. Caron, les expé- riences faites par Hérissant, par Bosc , et par le docteur Edwards, étaient bien propres à dessiller les yeux sur cette opinion. M. Buckland a fait, dans ces dernières années, une série d'expériences propres à éclairer les opinions contradictoires émises sur ce sujet. M. Caron vous en a donné les détails et a conclu que lorsqu'on a parlé de crapauds vivant dans des blocs de pierre ou de bois sans communication avec l’air extérieur, il y a eu défaut d'exactitude dans l'observation. 11 vous a ensuite donné l’explication de M. Buckiand, relative aux faits constatés de crapauds vivant dans des cavités en appa- rence closes, c’est que probablement les parties qui communiquaient avec l'air extérieur n'ont pas été bien cherchées ou avaient été obstruées par des éboulements récents. M. Caron vous a ensuite analysé les expériences plus récentes de M. Stanley sur le même sujet, et dont les conclusions sont également négatives; il a jeté un coup-d’œil sur les expériences de Hérissan et de M. Edwards, et a terminé en vous disant que, malgré tant de faits et d'expériences, il n’en reste pas moins ( Ixxxiv } de grands mystères à éclaircir dans l’histoire des cra- pauds. Dans une seconde lecture, M. Caron a exposé l'opinion de M. Thompson ; ce naturaliste assure avoir trouvé des crapauds vivants dans des roches siliceuses et calcaires où ils étaient complètement renfermés. Il prétend que ces animaux, contemporains de la formation de ces ro- ches, ont dû cette longue conservation à l’état de torpeur où ils étaient quand les molécules minérales les ont en- veloppés; car ces animaux sont, suivant lui, sujets à l’hibernation. Enfin, dans une troisième communication , le même membre a examiné l'opinion de M. Vallot, de l'académie de Dijon, sur la vitalité des crapauds dans des espaces clos. Selon ce savant, c’est sur l’équivoque du mot cra- paud , employé par les ouvriers pour indiquer une géode dans une pierre, qu’est fondée cette merveilleuse histoire de crapauds trouvés vivants, qui a fait tant de bruit et qui est encore un problème. Parmi les supercheries et les mystifications dont plusieurs naturalistes ont été vic- times, et dont M. Caron vous a cité un grand nombre d'exemples , vous vous rappelez sans doute l’histoire de ce crapaud trouvé , dit-on, dans une pierre, et qui por- tait au cou une petite chaîne d’or. La conservation des animaux empaillés est confiée à M. Leduc qui, comme vous savez, à mis à la disposition de la société sa dextérité dans la taxidermie. Plusieurs personnes vous ont fait des présents qui appartiennent à cette division de vos collections; ce sont MM. Jourdain, Le Roi, Legrand-Savouré, Decret, de Balzac. M. Cham- (Ixxxv ) bellant vous a donné un renard tout monté; M. l'abbé Vandenkhecke, un paon mâle; M. Alexis, qui n’appar- tient pas à la société, vous a donné une buse empaillée par lui; M. Baudet-Lafarge vous a donné vingt oi- seaux, les uns du midi de la France, les autres exotiques, qui, par leur heureux choix, forment un des principaux ornements de votre salle de réunion; enfin, outre les soins particuliers qu’il donne à ces objets, M. Leduc Yous a donné vingt animaux empaillés. Quelques objets, au nombre de quarante-cinq environ, conservés dans la liqueur par les soins de M. Belin, méritent aussi d’être mentionnés; ils ont été donnés par MM. Legrand, Philippar, Belin, de Boucheman, Vannson et Berger ; M. Levasseur vous a donné un ca- méléon. + ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE COMPARÉES. Quoique aucun membre n'ait traité ex professo l’en- semble de ces importantes branches des sciences natu- relles, lacune qui, nous avons lieu de l’espérer, sera incessamment remplie, vous avez entendu un certain nombre de lectures ou de communications qui s’y rap- portent. 4.0 M. de Balzac vous a lu, sous le titre d’Essai sur la philosophie de la physiologie, un travail dans lequel, pre- nant pour base les moyens de connaître que l’homme possède, il s'élève à la distinction précise des phénomènes physiologiques. Ce sont, suivant lui, des faits qui, n'étant ni absolument matériels, ni absolument spirituels, parti- cipent néanmoins, comme mixtes, des uns et des autres. ( Ixxxv) ) Il a traité sous ce point de vue les questions qui peuvent d'abord être soulevées par les idées de sensibilité d'organisation, de vie, etc. 2.° Il vous a présenté quelques observations sur l'é- volution dentaire chez les squales, et vous a fait voir que les rangées dentaires sont multiples, que la rangée la plus excentrique se compose de dents quelquefois totalement renversées en dehors, et comme prés d’aban- donner la mâchoire, et que les dents des rangées situées plus en dedans ,. sont plus ou moins renversées vers l'intérieur de la bouche, ou plus ou moins relevées, selon que la dent extérieure à laquelle elles corres- pondent est plus voisine de sa chüté ; que les dents les plus intérieures, au contraire, sont totalement renversées en dedans; et souvent même encore presque complète- ment cachées dans l'épaisseur de los. D’où il résulte que, si l’on considère isolément dans un autre sens chacune des rangées transversales des dents, on trouve de de- hors en dedans, une dent renversée complétement et devenue inutile, généralement peu adhérente, une se- conde dirigée plus ou moins directement vers la mä- choire opposée , une ou deux à la suite qui approchent successivement de la même direction ; une enfin, c’est la plus intérieure, est encore plus ou moins renfermée dans los maxillaire, de sorte que les dents se rem- placent , non point de l’intérieur de l’os vers le bord de la mâchoire, comme chez la plupart des animaux , non point d’arrière en avant, comme chez l'éléphant, mais de dedans en dehors par un mouvement de renversement de la substance osseuse qui semble décrire un demi-cerele. ( Ixxxvij) 3. Aprés avoir examiné les modifications que pré- sentent les appareils huméral et brachial dans les ani- maux vertébrés, il vous a présenté un aperçu succinct des conditions d'organisation qui rendent possible le vol des oiseaux. Il en à fait voir les diverses modifications et a exposé la théorie de chacune d’elles. + Ce que l’on sait sur le mouvement progressif des poissons a été l’objet d'une quatrième communication. M. de Balzac vous a fait remarquer que, parmi eux, les uns sont organisés pour la nage, d’autres pour une sorte de reptation aquatique; que quelques-uns peu- vent s'élever et se soutenir au-dessus de la surface des eaux par une sorte de vol, et que d’autres , peu nom- breux, peuvent ramper à quelque distance dans les terres: Il a analysé les conditions d'organisation qui faci- litent ces diverses sortes de mouvements , telle que la forme des animaux, la disposition du squelette et des écailles, la direction des ouies, le développement des nageoires , l'existence ou l’absence de vessie natatoire. 5.° Relativement aux divers modes de respiration chez les animaux , M. de Balzac vous a dit que, chez les uns, et ce sont les plus inférieurs, la fonction respiratrice est disséminée sur toute la surface du corps, aucun or- gane autre que la peau n’y paraissant destiné ; dans d’autres , tels que les insectes, la respiration s'opére par des trachées, sortes de conduits aériferes qui s'ouvrent à la surface du corps et vont dans l'intérieur des parties chercher des liquides nourriciers. Dans les animaux plus élevés dans l'échelle, des organes particuliers sont des- tinés à la respiration, le sang y est amené , et c’est par ( Ixxxviij ) leur opération qu’il éprouve l’aération qui le répare. Selon que la respiration a lieu au moyen de l’air atmo- sphérique ou de celui qui existe dans l’eau, elle est bron- chiale ou pulmonaire. 1] vous a fait ensuite remarquer les liaisons de la circulation avec la respiration, et les principales différences que les modifications de celle-ci rendent nécessaires dans l’autre. 6.° Enfin, l'anatomie des organes sexuels de la taupe femelle, l'examen anatomique d’un squelette de chauve- souris, la structure et les "usages de la cornée chez l’homme avec les principales modifications que cette partie de l’œil présente chez les animaux, ont été l’objet d'autant de communications de M. de Balzac. M. Le Roi, pour faciliter l'intelligence de ses leçons de phrénologie, vous a donné, en plusieurs séances, la description détaillée de l’appareil emphalique ; il a aussi décrit les organes des sens de la vue et de l’ouie, afin de rendre applicables à la théorie de ces sens, les dé- monstrations d'optique et d’acoustique qu'a faites M. De- monferrand. Le même membre vous a donné lecture d’une Notice sur un uterus humain bilobé. Après avoir décrit cette monstruosité fort rare, il l’a considérée sous le point de vue des lois de l’embryogénie déterminées par M. Serres, et dans ses rapports avec l’anatomie comparée. Cette notice a été imprimée. M. Le Roi vous a aussi présenté l'analyse critique du mémoire de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, sur l’Aer- maphrodisme. M. Berger, en faisant hommage à la société d’une + ( Ixxxix ) tête osseuse d’un cheval, remarquable par la longévité à laquelle il était parvenu, vous a donné lecture d’une sorte de Notice biographique que vous permettrez que je reproduise ici en entier, ne serait-ce que parce qu’elle consacre le souvenir d’une des bienfaitrices les plus li- bérales des pauvres de notre ville; la science chérit ces sortes d’alliances. Le 9 février 1830 est mort un cheval qui probablement était le doyen de ceux que renfermait l’Europe à cette époque. Doué d’une belle conformation, Cerf-Bébé, c'était son noi , avait une taille de quatre pieds dix pouces et demi (1 mêtre 588 millimètres); sa robe était isabelle foncé à raies de mulet. IL avait fait partie d’un attelage de quatre chevaux parfaitement assortis, que le général Berrurier avait achetés dans le Hanôvre, au commencement de la révo- lution, et qui sortaient d’un haras que le roi d'Angleterre possédait à cette époque, dans cette partie de l’Alle- magne. En 1809, lorsqu'il partit pour l’armée d'Espagne, le général se méfiant de l’âge déjà avancé de Cerf-Bébé (il avait plus de vingt ans), le laissa à madame de Monthyon. A cette époque la vue de Cerf-Bébé commen- çait déjà à faillir; l'œil gauche sur-tout offrait une grande débilité; aussi deux ans aprés, une cataracte vint-elle paralyser complétement cet organe. Attelé à Ja demi-fortune de sa propriétaire, Cerf-Bébé, malgré cette infirmité, n’en continua pas moins son service ha- bituel ; quelques années plus tard, une mydriase ayant (xc) attaqué l'œil droit, ce fidèle serviteur en perdit égale- ment l'usage. Cette cécité complète ne l'empécha point d’être utilisé encore ; il continua son service jusqu’à la mort de madame de Monthyon, en 1821. Tel était l'attachement que les qualités et les bons services de Cerf-Bébé avaient inspiré à sa maitresse, que cette dame paraît avoir dù à une visite de cet animal, faite à propos, sa guérison d'une maladie grave. C'était en 1817; madame de Monthyon était retenue au lit par une affection qui inquiétait vivement les gens de sa maison. Le jour anniversaire de sa fête arrive ; son cocher, Richard, qui sait l'intérêt extrême qu'elle porte à Cerf-Bébé, le fait déferrer, enveloppe de linge ses quatre sabots, lui met sur le dos une couverture élégante, orne de rubans son encolure et} sa ftête, et, ainsi paré, le fait monter au deuxième étage, dans la chambre où couchait madame de Monthyon. La sur- prise que la malade éprouva de cette visite inattendue opéra une révolution si heureuse, que les progrès du mal s'arrétérent aussitôt ; la prompte guérison de madame de : Monthyon fut toujours attribuée par elle à la visite de Cerf-Bébé. Aussi ne pouvait-elle l'oublier dans son testament , et voulant récompenser en même temps son cocher Richard , elle lui légua une rente viagère sur la tête de Cerf-Bébé ; lui défendant par la même clause de faire travailler son colégataire, et lui rappelant qu'il ne saurait mettre assez de soin à le bien nourrir et à le panser. On peut croire que le cocher prit toutes ses précau- (xcj ) tions pour prolonger la vie du cheval. Il me consultait quelquefois, dit M. Berger, sur le régime qu'il devait lui faire suivre; je conseillai l'usage des carottes et des farineux. Cet avis fut suivi. On écrasait souvent les ca- rottes pour lui en faire boire le jus qu'il paraissait prendre avec un plaisir ftréme. Comme il ne marchait plus depuis quelque temps qu'avec beaucoup de difficulté , on le laissait dans une écurie garnie d’une épaisse li- tiére. Enfin, les rigueurs de 1829 à 1830 firent échouer {ous ces soins; les carottes manquérent ; il devint impossible à Richard de s’en procurer à aucun prix. On vit alors Cerf-Bébé dépérir de jour en jour; il mourut âgé d'en- viron quarante-quatre ans. J'ai conservé, continue M. Berger, comme pièce ana- tomique d’un haut intérêt, la tête de ce Nestor des che- vaux, dont j'ai l'honneur de faire hommage à la société des sciences naturelles de Seine-et-Oise. Voici les par- ticularités qu’elle présentait au moment où j'en fis l’au- topsie: les arrière-dents molaires de la mâchoire in- férieure ne tenaient presque plus dans leurs alvéoles ; leur table était usée jusqu'aux gencives; l’avant-dernière du côté gauche était tombée. — Les dents incisives étaient d’une longueur extraordinaire, aplaties d’un côté à l’autre de leur base et ayant pris une direction hori- zontale , sur-tout celles de la mâchoire inférieure; celles de la mâchoire supérieure étaient aussi très longues et courbées par leur face antérieure. — Les os de la tête de Cerf-Bébé sont trés minces, particulièrement le fron- tal, le pariétal et le petit sus-maxillaire; preuve du { xcij ) danger qu'il y à à donner, aux vieux chevaux sur-tout, des coups violents sur ces régions qui paraissent devoir se fracturer aisément. La corne de la sole des pieds était feuilletée et un peu plus éloignée de la paroi dans toute sa circonférence; aussi quand on les explorait les pieds rendaient-ils un son creux, semblable à celui que l’on remarque dans le cas de fourmiliére; ce qui ex- plique jusqu’à un certain point la difficulté que, dans les dernières années, l'animal éprouvait à marcher. h D’autres membres ont encore enrichi cette section de vos travaux: M. Demonferrand vous a entretenus du son que les oiseaux produisent en volant, et des causes organiques auxquelles il le faut attribuer. M. Caron vous a communiqué le résultat des obser- vations de M. de Humboldt, sur les phénomènes si cu- rieux que présentent les anguilles électriques. Enfin, vous devez d'importantes communications à M. Rollet, l’un sur la calorification animale dans laquelle il a analysé, en les accompagnant d’une critique judi- cieuse, les opinions émises par M. Faure, médecin militaires l’autre sur l'alimentation insuffisante chez l’homme : après avoir décrit les phénomènes sommaires de la nutrition, après avoir allégué les preuves desquelles on déduit que l’homme est polyphage par la nature même de son organisation, M. Rollet, recherchant les conditions en deçà et au de-là desquelles l'équilibre des fonctions est rompu, vous a fait remarquer que les deux conditions principales de l’alimentation sont la qualité et la quantité des aliments : c’est sous ces deux points de vue qu’il a examiné l'insuffisance de l’alimen- { xciij ) ation. Il est résulté de cét examen , 1. quant à l'insuf- fisance de quantité, qu’elle produit aisément des phéno- méênes analogues à l’inflammation des voies digestives, lamaigrissement des muscles qui ne recoivent plus qu'un sang moins riche en fibrine, les hémorrhagies, les coagulations de la lymphe, des hydropisies , et une grande susceptibilité nerveuse, par la rupture de l'é- quilibre qui fait prédominer l'influence du système nerveux. 2.0 Quant au défaut de qualité, prenant pour base les trois principes suivants , savoir : que la qualité du chyle varie autant de fois qu'il y a de différents ali- ments ingérés; que les substances animales sont plus aisément altérées et plus complètement absorbées, et par conséquent donnent moins de résidu que les sub- stances végétales ; enfin que le volume des aliments influe sur leurs modifications dans l'estomac, quelle que soit leur nature ; M. Rollet vous a montré les altérations qui résultent de ce défaut. Il a terminé en faisant voir qu’en général la durée moyenne de la vie est d'autant plus grande chez les peuples qu'ils sont mieux nourris, et que les épidémies sont plus fréquentes chez les peuples pauvres que chez ceux qui jouissent d’un plus grand bien-être général. La partie de vos collections qui se rapporte à cette section, et qui est confiée aux soins de M. Le Roi, se compose d’un petit nombre d'objets. Néanmoins, vous possédez un squelette de cheval, donné par M.me Loir : un squelette d’un grand singe et celui d’une chauve- souris , donnés par M. Le Roi; des têtes d'homme, de chien, de mouton, de cheval, de dauphin, données par { xciv ) MM. Demonferrand , de Balzac, de Mesnil-Durand, Berger, et Noble pére. Enfin, M. Le Roi vous à donné l'uterus humain bilobé qui a été l'objet de la notice qu'il vous a lue, et M. Huot vous a offert une jambe de momie égyptienne. PHRÉNOLOGIE. La phrénologie a occupé, Messieurs, une place no- table dans vos travaux ; science toute nouvelle, ses prin- eipes sont encore contestés par lesuns, et par les autres, adoptés, soutenus avec le zèle quelque peu enthousiaste, il faut le dire, d’un prosélytisme nouveau. Tout-à-fait à l’origine de vos réunions, M. Edwards a sondé avec vous les bases de cette science, il en a exposé les éléments anatomiques dans des descriptions détaillées de l'appareil encéphalique chez l’homme et chez les animaux; ila recherché la valeur phrénologique de chacune des parties de cet appareil. Plus tard, en octobre 1832, M. Garnier, que de nou- velles fonctions ont entrainé à Paris, et que nous avons conservé à titre de membre correspondant , voyant dans e développement de ce système une occasion de répandre et de soumettre à la critique une psycologie complète, se chargea de présenter à la société une analyse des fa- cultés humaines, en indiquant, non comme démonstra- teur, mais comme simple narrateur, le siége assigné par l’école phrénologique à chacune de ces facultés. Il commença par constater qu’il y a dans l’être com- plexe qu’on appelle homme un certain nombre de phé- nomènes dont l’homme dit je ou moi. Il insista sur la ({ xcv } nécessité d’une bonne psycologie comme préliminaire de tout essai phrénologique , c’est-à-dire de toute doctrine ‘ayant la prétention de localiser dans le cerveau toutesles facultés intellectuelles. Il montra que, par cette méthode, Spürzheim avait réformé en grande partie la théorie de Gall ; qu’il était ainsi reconnu par les fondateurs mêmes de l’école qu’une bonne énumération des facultés primi- tives était le point de départ nécessaire de toute orga- nologie, et que l'exploration du crâne ou du cerveau ne pourrait par elle-même faire découvrir une seule fa- culté que nous ne connaîtrions pas à l’aide de la con- science psycologique; qu’enfin Spürzheim devait s’atten- dre à voir tourner contre [ui-même une méthode qu’il avait si bien maniée contre son prédécesseur. Partant de ce point de vue, M. Garnier traça un ensemble systéma- tique des facultés psycologiques ; après la description de chacune d'elles, il indiqua l’état de la science phrénolo- gique relativement à cette faculté. Semant son exposition d'observations critiques propres à éclairer les questions débattues , à signaler les lacunes, à noter les doubles emplois que les psycologues peuvent distinguer dans Ja phrénologie, il formula enfin son jugement sur l’état de cette derniére science, en disant : 1.° que la psycologie de Spürzheim est supérieure de beaucoup à celle de Gall, mais qu’elle laisse encore à désirer soit par les lacunes qu'elle présente, soit par la confusion qui règne entre plusieursfacultés dont les limites sont mal assignées, soit par la description incomplète et obscure des facultés ; 2. qu'on ne réformera cette psycologie que par l’obser- vation morale, et non par l'observation cranioscopique, { xevj ) Car c'est par la première que Spürzheim a redressé Gall ; 3. enfin, que pour déterminer le rapport d’une faculté à telle ou telle portion du cerveau, la phrénologie se contente souvent de preuves trop légères , de faits contestables, et ne tente pas toutes les expériences qui sont à sa disposition. Cette exposition de l'élément psycologique de la pbré- nologie donna lieu à de nombreuses et importantes dis- cussions , où furent agitées souvent les questions les plus graves de la philosophie. Pendant les deux années suivantes M. Le Roi entreprit chez lui, mais sous les auspices de la société , un cours de phrénologie positive; il se borna, dans ces deux cours, à un exposé rapide de la science ; il publia , pour la com- modité de ses auditeurs, un tableau dont il vous a fait hommage , dans lequel l’ensemble de la phrénologie est présenté d’une manière synoptique. Enfin , cette année, M. Le Roi a entrepris dans votre enceinte un exposé com- plet de la phrénologie. Il l'a fait précéder de quelques démonstrations de l'anatomie et de la physiologie du cerveau, et a traité ex professo ce qui a rapport aux pen- chants. Outre lesleçonsde phrénologie qu'il a faites dans le sein de la société , M. Le Roi vous a fait plusieurs communi- cations relatives à cette science : ainsi les frères Eich- horn, jeunes et célébres violonistes, âgés l’un de dix ans et demi, l’autre de huit ans et demi, étant vents se fâire entendre dans notre ville , M. Le Roi s'est livré à un exa- men phrénologique de leurs têtes, dont il vous a présenté les résultats. ({ xevij) Cbez l’aiué, Ernest, Chez le jeune, Edouard, Circonférence de la tête entière . . . 20 p.ces 19 pts 10lig. De l’oreille à l'organe de l’individualité 6 p. 5 patio. Id. de lhabitativitée 4 p. 1 lig, 5 p. Etendue du front. . . . . ie 6 p. 6 p. gl Les organes du temps, de la mélodie et de l'esprit de saillie occupaient de chaque côté du front, chez l'aîné, 2 pouces 2 lignes , et 2 pouces chez le jeune. Les organes les plus développés ensuite, sur-tout chez le jeune, étaient ceux de la configuration, de l'étendue, de l’ordre, de la pesanteur et de la constructivité. Une tête qui est au muséum d'histoire naturelle de Paris, et qui a été trouvée par M. Pentland dans un ancien tombeau péruvien, a fourni à M. Le Roi le texte d'observations importantes qu’il vous a commu niquées:; cette tête d'une conformation bizarre est considérée par quelques naturalistes comme le type de celles des anciens peuples du Pérou; Blumenbach dans sa Collectio cranio- rum donne le dessin d’une tête d’ancien péruvien trouvée aussi dans un vieux tombeau, dont ia configuration est aussi très anomale, mais dans des directions parfaite- ment opposées ; d'autre part, M. Foville, médecin de la maison des aliénés de Rouen, et M. Delaye, médecin de la maison des aliénés de Toulouse, signalent l'existence d’un grand nombre d’idiots dont la tête offre une défor- mation plus ou moins analogue ; ils en trouvent la cause évidente dans l’habitude où l'on est dans leur province, d’étreindre la tête des jeunes enfants dans des coiffures serrées circulairement avec force; enfin, les observations phrénologiques les plus positives et les plus nombreuses (4 [a] ( xcviij } permettent d'établir, pour les idiots, un type de tête avec lequel la tête trouvée par M. Pentland, a une singuliére analogie ; d’où vous avez dù conclure avee M. Le Roi, non pas que cette tête puisse être signalée comme un caractère de race des anciens peuples du Pérou, mais bien que chez:ces peuples on était dans l'usage de com- primer quelquefois au moins, la tête des enfants, usage absurde et cruel qui règne encore dans quelques-unes de nos provinces, mais qui disparaîtra, nous n’en doutons pas, sous l'influence de l’heureuse publicité des données scientifiques. Jaloux de montrer la certitude des résultats auxquels peuvent conduire quelquefois les données phrénologi- ques, M. Le Roi, s'étant livré à l'examen craniosCcopi- que de la tête d’une femme morte et qu'il n'avait jamais connue , vous a fait part des moyens d'observations à l’aide desquels il avait pu tracer un tableau circonstancié de son caractère et de ses mœurs. Vous vous rappelez que la lecture d’une correspondance que M. Le Roi a eue à ce sujet avec des personnes qui connaissaient fort bien cette femme, est venue constater d’une manière rigou- reuse la fidélité dusportrait dessiné par lui. Mais c’est sur-tout dans les recherches dont je vais vous rendre compte que cette sorte de preuve phrénolo- gique vous a été administrée par M. Le Roi. Dans la Biographie universelle publiée par Michaud en 4812, on lit à la fin de l’article sur la Brinvilliers : Ox » montre sa tête au Muséum de Versailles, la régularité des « os de cette téte semble attester qu'elle fut en effet douée « d'une grande beauté. » Cette opinion, reproduite dans ( xcix } les leçons sténographiées de l'illustre Georges Cuvier, menaçait de demeurer avérée, et l'erreur est bien plus funeste que l'ignorance ; elle nécessite un double effort pour que l’on arrive à la vérité. C’est ce double effort que M. Le Roi a tenté avec un succés qui nous a tous si vive- ment intéressés, Puisant dans les données phrénologi- ques les documents les plus positifs, M. Le Roi, suppo- sant d’abord inconnue la tête qu’il examinait , en a tracé le portrait phrénologique, puis en a déduit le portrait moral de la personne à laquelle avait dû appartenir ce crâne; or, il s’est trouvé que ce portrait moral , comparé à celui que l’histoire nous à laissé de la célébre Brinvii- liers, tout en offrant quelque analogie, ne représentait pas une ressemblance suffisante. Les actes, les goûts, les mœurs de ce monstre ne trouvaient en aucune facon leur raison d'être dans le développement phrénologique de cecrâne qu'ondisait lui avoir appartenu. Impossible alors de sortir de ce dilemme : ou le crâne n'a point appartenu à la Brinvilliers, ou le fait est contraire aux lois de la phrénologie, et cette science reçoit ici un échec notable; mais l’histoire vient jeter ici une lueur des plus impor- tantes. « Enfin, c'en est fait, écrit M.me de Sévigné, la € Brinvilliers est en l'air, son pauvre petit corps a été jeté «€ dans un fort grand feu , et ses cendres au vent. » Et plus loin: « Le lendemain on cherchait ses os, parce que le peuple « disait qu'elle était sainte. » Où est donc alors la possibi- lité que son crâne ait été retrouvé et soit parvenu au Muséum de Versailles? L'erreur se trouve ainsi détruite ; mais la moitié seulement de la carrière se trouve parcou- rue , il faut découvrir la vérité. Ce crâne mystérieux qui Ce) ne saurait ni phrénologiquement , ni physiquement être celui de la Brinvilliers , à qui donc a-t-il appartenu ? Per- suadé , vous a dit M. Le Roi, que cette tête devait avoir appartenu à quelque femme remarquable par de grands vices , si ce n’est par de grands crimes, je priai M. le bi- bliothécaire de la ville, de continuer les recherches, pour découvrir quelque indice qui pût nous mettre sur la voie ; enfin, nous trouyâmes une petite notice de différents ob- jets appartenant à la bibliothèque, et parmi ces objets l'indication d’une tête que l’on désignait tête de M.me Ti- quet : cette indication toute laconique fut le fil d'Ariane qui dirigea notre collègue dans ce dédale. Ilouvrit le recueil des causes célèbres, trouva l’histoire d'Angélique Nicole Carlier, femme de M.Tiquet, conseiller au Parlement, condamnée à avoir la tête tranchée par arrêt du Châtelet en date du 3 juin 1699 , pour avoir attenté aux jours de son mari. Déroulant alors à vos yeux l’histoire si pleine d'intérêt , des désordres et des crimes de cette femme M. Le Roi vous a fait remarquer la singulière coïnci- dence des développements phrénologiques que le crâne lui avait présentés, et des détails moraux que lui four- uissait cette scandal. use et épouvantable histoire ; et vous avez dû conclure de l’habileté de ses déductions que le crâne était bien véritablement celui de M.me Tiquet. Parmi les controverses que l’exposilion de la phréno- logie a quelquefois entraînées, je rappellerai à vos sou- venirs la discussion suivante: à l’occasion d’une leçon de M. Le Roi, M. Bouchitté exposa à la société une suite de réflexions dont le résumé suivant fera connaître la na- ture et l’objet. (cj) Les lecons faites à la société par M. Garnier, vous a-t- il dit, ont démontré avec la plus grande évidence la né- cessité de faire précéder l'analyse phrénologique des organes cérébraux de l'analyse psychologique des facul- tés intellectuelles et morales correspondantes. C’est seu- lement dans l'accord de cesdeux sciences que la phréno- logie peut trouver la garantie de la vérité de ses résultats. Cette marche que plusieurs phrénologues ont négligé de suivre ou n’ont suivie qu'imparfaitement , aurait évité à cette science les nombreuses lacunes que laisse à désirer la nomenclature , si elle eût été scrupuleusement obser- vée. Par exemple, M. Le Roi nous parait, vous a dit M. Bouchitté, 1.0 avoir confondu à tort, sous le mot d’amativité, Vinstinct du plaisir et celui de la géné- ration, puisque, encore que le même acte satisfasse à l'un et à l’autre, ils n’en sont pas moins distincts dans le désir de l’homme, et que le premier sur-tout existe souvent avec une volonté formelle qui exclut l’autre. On doit d’ailleurs remarquer encore que ni l’un ni l’autre de ces attraits n’est dans l’homme à l’état d’instinct, mais y présente un double phénomène, impulsion physique d’une part, volonté réfléchie et ayant conscience d’elle- même d’une autre, et que des directions aussi diverses supposent des organes distincts ou au moins subordon- nés ; 2.0 avoir expliqué le lien moral qui unit l'homme à la femme, par les trois organes 1.° de l'amour phy- sique ; 2.° de l'amour des enfants; 3.° de l'attachement ; tandis que l'amour physique ou amativité n’explique qu'une partie du fait, qu’en secand lieu l'amour des (ci) enfants, sans compter qu’ilse manifeste trés fré quemment envers des enfants qui n’appartiennent pas au sujet qui posséde cette faculté, ne rend pas compte de l'amour qu'inspire la femme , puisqu'il est de fait que l'homme aime la femme pour elle et sans considération des ré- sultats d’une union qui reste quelquefois stérile; qu’enfin la faculté générale de l'attachement ne renferme pas uon plus l'explication demandée, puisque l'amour de l'homme pour sa compagne est un attachement spécial, ayant des caractéres qui lui sont propres et qui ne sau- raient se confondre avec d’autres. M. Bouchitté rappela en terminant la nécessité de l'analyse psychologique comme préliminaire indispen- sable de la phrénologie ; et répondant à ceux qui accu- sent cette dernière science de matérialisme., il fait re- marquer que cette tendance n’est pas inhérente à la science elle-même qui peut suivre une direction ma- térialiste dans les travaux de quelques phrénologues, et s'élever au point de vue du spiritualisme le plus pur dans les ouvrages de quelques autres. M. Le Roi répondant dans une autre séance à M. Bou- chitté, fit remarquer 1.° qu'il existe dans la nomenclature phrénologique une faculté de philogéniture qui répond à l’instinet de la paternité que son collègue paraît n'avoir pas connue , ou confondue à tort avec l’instinet qui fait désirer la réunion des sexes. Passant ensuite à la dis- tinetion demandée il prouva que le plaisir ne saurait être séparé des fonctions de la faculté génératrice, par plu- sieurs arguments puisés dans l'observation des manifesta- tionsde cette faculté chez les animaux et l'homme dont le PM ER © CEE an time commen mr tte (ci) résultat principal est dans cette conclusion: « Chez l'hom- « me l’observation vient démontrer que le plaisir résulte « de la satisfaction du penchant de la génération, et qu’il « naît, grandit et meurt toujours suivant l'apparition « ou la cessation d'action de cette faculté. » A la suite de cet examen , M. Le Roi ajouta quelques considérations d’un trés haut intérêt sur l'emploi des facultés morales, dirigées contre les excès du plaisir. En répondant à la principale observation de M. Bouchitté, M. Le Roi lui opposa que les facultés de l’amativité, de l'attachement et de la philogéniture produisent par leur combinaison , ce qu'il appelle l'attrait moral de l’homme pour la femme. Il reprocha enfin à son collègue d’avoir accusé la phré- nologie de matérialisme, et répondit à cette accusation. Dans la même séance, M. Bouchitté reconnut la va- leur de la séparation des organes de l’amativité et de la philogéniture, dont la distinction répondait d’une ma- nière satisfaisante au premier des doutes qu'ilavait élevés, quant à la dépendance nécessaire du plaisir et de la fonc- tion des organes. Il fit observer que les preuves données par M. Le Roï étaient inutiles puisqu'il n'avait pas con- testé ce point et que la différence qu’il avait voulu éta- blir, se rapportait non au fait, mais à l'intention de l'agent. Passant ensuite à la question principale, il éta- blit que M. Le Roi n'avait fait que reproduire la doc- trine attaquée sans y ajouter de nouvelles preuves, et que la question restait au même point. Il s’en référa à ses propres paroles pour se justifier des reproches d'avoir accusé la phrénologie de matérialisme. Vous possédez, Messieurs, quelques plâtres phrénolo- ( civ ) giques; ce sont : douze empreintes en plâtre de différents personnages, données par M. Dumoutier , l’un de vos correspondants, et une empreinte de la tête de M.me Ti- quet , donnée par M. Le Roi. TOXICOLOGIE. L'action des agents toxiques sur l’économie vivante, tient à la chimie à la fois, à la physiologie , à la méde- cine légale, à l’histoire naturelle de trois règnes; la toxi- cologie devait tout naturellement avoir sa place dans nos travaux , et vous avez entendu plusieurs communications relatives à cette partie de la science; elle a même été traitée ex professo par M. Belin, dans les points qui tou- chent plus spécialement à la chimie. Il a traité l’histoire des poisons puisés dans les corps simples et leurs combi- naisons acides ou alcalines. À propos de chaque sub- slance, M. Belin en indiquait les caractères physiques et chimiques, et procédait sous vos yeux aux expériences propres à faire connaître le mode d'action des réactifs qui en décélent la présence ; il analysait le mode d'action de ces poisons sur l’économie vivante, les altérations pathologiques qui en résultent, et déroulait à vos yeux les symptômes que produit leur ingestion. Un certain nombre de faits empruntés aux auteurs ou à sa propre expérience venaient confirmer ses théories: que!ques- uns de ces faits vous ont été racontés à titre de commu- nications ; tel est l'extrait suivant d’un rapport dont l’objet était de déterminer la nature du contenu d’une bouteille remise par l'autorité judiciaire. Le bouchon qui ferine la bouteille, présente à la partie (ev) qui touche le liquide, une couleur ‘jaune semblable à celle que prennent les bouchons des bouteilles où l'on renferme de l’acidenitrique ou hydrochlorique. Le liquide renfermé dans la bouteille pèse 19 onces ; il est clair , d’un jaune peu foncé , son odeur est analogue à celle du cidre , mais rappelle faiblement celle du gaz nitreux ; Sa saveur est extrêmement acide , il marque cinq degrés au pése-acide. — Quelques petites plaques blanches surna- gent, et le fond de la liqueur contient un léger dépôt de pellicules jaunes-brunes. Les petites plaques blanches de la surface réunies et traitées par l’eau distillée s’y montrent insolubles ; chauffées sur une lame de cuivre, elles se fendent et brülent en répandant une odeur de suif. Les pellicules du fond, soumises à l’action de la chaleur, se décomposent à la manière des substances végétales ; la petite quantité qu'on à pu recueillir de ces deux substances n’a pas permis de les soumettre à des épreuves plus nombrevses. Le liquide décanté rougit fortement la teinture de tournesol; mis en contact avec le sous-carbonate de potasse , il produit une vive effervescence et en dégage l'acide carbonique. — Le nitrate, l’hydrochlorate de baryte et le nitrate d’argent le troublent légérement. — Une goutte placée sur une lame de cuivre attaque le métal sans donner lieu à un dégagement de gaz , ni à la production d’aucune odeur sensible. — L’hydrocyanate ferruré de potasse, passe au bleu sans donner de préci- pité. — Deux gros du même liquide mis en contact avec de la tournure de cuivre, et exposés à l’action de la cha- leur, déterminent un dégagement de gaz qui répand (evj) l'odeur de l'acide acétique, et un peu celle du gaz ni- treux. — Six onces du même liquide traitées par la po- tasse à l'alcool jusqu’à parfaite saturation , placées dans une capsule de porcelaine , évaporées à consistance si- rupeuse, donnent par le refroidissement une masse sa- line qui, traitée par l’alcool trés rectifié, et épurée par le moyen du filtre et séchée, pèse six gros. — Une petite quantité de cette masse jetée sur des charbons incandes- cents, fuse et donne lieu à un dégagement d’une vive lumière semblable à celle que produit le nitrate de po- tasse projeté sur le feu. — Une autre quantité pulvéri- sée et traitée par l’acide sulfurique, laisse dégager des va- peurs d'acide nitrique. — La masse restante est ensuite traitée par l’eau distillée, rapprochée convenablement et filtrée, elle donne des cristaux blanes, demi-transpa- rents, en primes hexaëdres terminés par des sommets dièdres. Les eaux-mères, reprises plusieurs fois, finissent par donner des cristaux un peu chargés de la matière colorante du cidre. — Ces caractères physiques et chimi- ques signalent évidemment le nitrate de potasse.— Ayant obtenu des six onces de cidre traitées par la potasse, six gros de nitrate de potasse, sel qui est considéré comme composé d'acide nitrique 0, 53; potasse 0, 47 ; les dix-neuf onces (poids total du cidre soumis à l’exa- men) contiennent une once deux gros et demi d'acide nitrique , ou eau forte du commerce. Votre attention a été fixée par deux communications de MM. Caron et de Balzac sur linnocuité d'un assez grand nombre de substances vénéneuses sur le hérisson, affirmée par MM. Lenz et Buckland, dans des publica- { cvij ) tions plus ou moins récentes. Déjà Pallas avait assuré que le hérisson pouvait manger impunément une cer- taine quantité de cantharides. Ces nouveaux observa- teurs l’ont trouvé inattaquable par le venin de la vipère, par l’ingestion de l'acide prussique, d’une forte dose d’arsenic, d’opium, de sublimé corrosif, Sur l'invitation de M. Caron, et frappés comme lui de la singularité du résultat des expériences qui devaient faire considérer le hérisson comme réfractaire à toutes sortes de poisons, MM. Belin et de Balzac s'engagérent à vérifier quelques- unes des expériences autant qu’il leur serait possible. En effet, M. Jourdain ayant eu l’obligeance de pro- curer à ces messieurs un hérisson vivant, ils ont procédé en présence de MM. Colin et Vandenhecke, et conjointe- ment avec eux, à une expérience directe dont voici le résultat que vous a présenté M. de Balzac : — Un jeune hérisson enfermé sans.nourriture depuis environ quinze heures, recut dans l'estomac un mélange de trois grains d’arsenic dans.un gros d’eau commune ; on ne lui laissa prendre aucune nourriture. Il mourut pendant la nuit, au bout d’environsoixante-douze ou quatre-vingts heures. L'examen des voies digestives permit de constater l’ac- tion corrosive de l’arsenic sur l'estomac , dont la mu- queuse était en divers points érodée et gangrenée. L'o- pinion que l'animal serait mort de faim ne paraît point admissible, si l’on considère que l'estomac était encore rempli du liquide ingéré, que les gros intestins étaient gorgés de matières #écales, et enfin que le hérisson supporte quelquefois des abstinences complètes beau- coup plus prolongées. M. Belin a émis l'opinion que, { cviij} comme le hérisson se nourrit volontiers de limaces et autres animaux de substance mucilagineuse propre à at- Lénuer l’action de l’arsenic , il est probable que dans les expériences citées par M. Buckland, on aura introduit l'arsenic dans un estomac déjà rempli de ces aliments, ce qui l'aura empéché d'agir, ainsi que l’on a pu le reconnaitre fréquemment dans des empoisonnements . chez l’homme. M. Berger vous a entretenus d’un rapport fait à l’aca- démie de médecine par M. Bouley jeune, vétérinaire à Paris, sur un fait singulier d’empoisonnement de sept chevaux, par l'arseniate de potasse. Cette substance s'était trouvée par un cas fortuit mélangée avec l'avoine de ces animaux. Le contre-poison indiqué par M. Bunzen dans un cas semblable est le peroxide de fer hydraté ; mais des expériences récentes ont prouvé que ce moyen ne peut avoir de succès que lorsqu'il est employé à une dose beaucoup plus élevée que celle du poison ingéré. MÉDECINE ET CHIRURGIE. Le nombre assez considérable de médecins qui se sont associés à vos travaux, l'intérêt vif que l’on prend généralement à ce qui concerne leur science, et les liai- sons intimes que la médecine et la chirurgie humaine et vétérinaire ont avec les sciences naturelles, au nombre desquelles on doit même les compter, telles sont les causes pour lesquelles vous avez été souvent entretenus d'applications pratiques médicales et chirurgicales ; mais souvent ces communications improvisées , et arri- vant comme déduction ou comme critique des théo- ( cix ) ries sciencifiques exposées, n’ont laissé aucune tracé dans vos procès-verbaux ; elles avaient le plus ordinaire- ment pour objet des faits dont la science est en posses- sion depuis long-temps; ainsi je vous rappellerai le fait cité par M. le docteur Noble père , dans lequel il s'a- gissait de noyaux de pruneaux conservés pendant plu- sieurs mois dans l'estomac d’un malade, et rejetés par le vomissement ; le résultat infructueux des expériences qu'il a faites de l’application pratique de la créosote dans le traitement d’un ulcère cancereux des paupières. M. Belin vous a rendu compte des cautérisations que MM. Marc et Pravaz ont tentées par le moyen du galva- nisme sur les blessures de cet infortuné employé du Château, qui plus tard succomba aux morsures que lui avoit faites un chien enragé. M. Le Roi vous communiqua le procédé de M. le doc- teur Gendrin contre la colique de plomb, maladie dou- loureuse et grave à laquelle sont exposés fréquemment les ouvriers qui manient les préparations de plomb; le remède qui a plusieurs fois réussi aussi à M. Le Roi, consiste dans l'administration d’une limonade composée de un gros d'acide sulfurique, vingt gouttes d’essence de citron dans trois livres d’eau sucrée. M. Boucher vous a lu une note sur un cas fort remar- quable de gangrène sénile qu’il a observé dans sa pra- tique chez une femme de 75 ans; un des membres abdominaux s’est complètement momifié sur le vivant ; la malade a survécu trois mois, et n’a pas permis qu'on fit la séparation, qui n'a été opérée qu'après la mort. L'autopsie cadavérique dont M. Boucher donne le détail, (ex) a permis de constater l'ossification de l'artère crurale dans presque toute son étendue. | La pièce anatomique fait partie de la collection de l’'a- cadémie de médecine de Paris. Elle a pu être conservée sans aucune préparation. M. de Balzac, à propos d’un cas d’invagination de l'intestin grêle qu’il venait d'observer conjointement avec son confrère M. Braillard , a recherché en analysant la disposition des fibres musculaires de l'intestin, et leur manière de fonctionner , quel pouvait être le mécanisme de cette lésion si grave, et contre laquelle les ressources de l’art ont si peu de succés. Vers la fin de l’année 1823, une doctrine médicale nouvelle, l'homæopathie, depuis long-temps pratiquée en Allemagne , et connue seulement en France de quel- ques esprits scientifiques, se répandit dans le public et commença à être propagée avec ardeur. M. de Balzac vous en exposa les principes, et dans une autre séance il formula son opinion sur l’avenir de cette doctrine ; plus tard il vous exposa la modification que lui faisaient subir quelques auteurs qui donnaient à leur schisme le nom d’idiopathie. Chargé par vous, en février 1835, de rendre compte d’un ouvrage relatif à un point de pratique homæopathi- que, qui vous avait été envoyé par ses auteurs, MM. Doin et Laburthe, membres de votre société , il n’accepta ce travail qu'avec l'engagement de discuter de nouveau les principesde la doctrine d'Hanheman. Il s’attacha d’a- bord à les exposer fidèlement , tels qu’il les trouva conte- nus dans les écrits du fondateur ; il en fit une critique (exj) raisonnée , et jetant un coup-d’œil généralsur l’ensemble de l’homæopathie théorique et pratique , il établit que, doctrine philosophique et médicale, elle participait de certains schismes religieux en ce sens qu’on y pouvait désigner un prophète, des apôtres , des adeptes , un ca- téchisme , etc; et quant à la portée des questions que peut soulever cette doctrine et des jugements qu’on en peut. faire , il en donnasson opinion très explicitement défavorable. Vous savez que ce jugement fut ultérieure- ment confirmé par celui de l'académie de médecine. Il eut à regretter l'absence des auteurs de l'ouvrage, dont il vous rendait compte, car il contestait l'existence des faits qui leur avaient servi de base. M. de Balzac a, dans quelques-unes de vos séances , exposé le résultat remarquable d'expériences faites par M. le docteur Belmas, votre correspondant, desquelles il résulte qu’une poche de baudruche , introduite avee les précautions convenables dans une membrane séreuse et insufflée , finit par contracter des adhérences intimes avec la membrane ; elle s’y organise réellement, Sans s'arrêter aux nombreuses applications physiologiques qui résultent de ces expériences, ni à l'application pratique -que M. Belmas en a faite d’une maniére si intéressante à la curation des hernies, M. de Balzac vous a cité, en diver- ses séances , quatre succés qu’il a obtenus dans la cura- tion de l’hydrocèle par un procédé dont les expériences de M. Belmas lui ont fourni et la théorie, et le mode d'opérer, et même l'appareil instrumental. La médecine et la chirurgie vétérinaire étaient bien dignes de vous occuper; elles sont d’une si grande im- (exi) portance pour l’agriculture, et apportent souvent des clartés si heureuses pour l’améliorajion de la santé de l'homme. M. Berger vous en a quelquefois entretenus. Vous lui devez : Ë 4.0 Une Note sur les Ægagropyles , dans laquelle, après avoir exposé la nature de ces agglomérations de poils comme feutrés qui se rencontrent dans les cavités digesti- ves des animaux ruminants, il aëdécrit les symptômes que présentent les animaux atteints de cette maladie ; il vous a donné quelques détails sur les opinions plus ou moins absurdes des anciens sur ces ægagropyles , nommées aussi bézoards ou gobes; sur les propriétés héroïques qu'on leur attribuait ; sur l'emploi qu'on en faisait comme de maléfices ; et sur quelques condamnations sévères que cet emploi détermina; et, après avoir rendu hommage aux savants qui détruisirent ces préjugés, M. Berger a ter- miné par quelques détails sur une vache qu'il observait alors, et qui, chose extraordinaire, rendait des ægagro- pyles par la bouche au moment de la rumination. 2,0 Une communication sur les. calculs biliaires qu’on trouve dans les grands ruminants. Vous vous rappelez qu’à ce sujet M. Berger vous a fait la remarque que ces concrétions se rencontrent sur-tout dans les animaux que l'on engraisse à l’étable, et qu’elles disparaissent quel- quefois, lorsque ces animaux sont mis en liberté dans des pâturages frais. 3.0 Enfin, M. Berger vous a entretenus de la croissance anomale d’une dent chez un agneau; cette dent s'était dé- veloppée dans l'oreille externe droite, elle faisait souffrir et maigrir le jeune animal; son extraction par une opé- { exiij } iation délicate ayant mis fin à ses souffrances, l'animal reprit son développement normal, et bientôt même un embonpoint remarquable. ARCHÉOLOGIE. Des sciences en apparence étrangères aux travaux qu’indique le titre de votre société ont cependant quel- quefois occupé une partie de vos séances. Réunis dans une pensée d'instruction scientifique , vous n’avez jamais été préoccupés de renfermer dans des limites rigoureusement circonscrites la carrière que vous vouliez parcourir en tous sens ; d'ailleurs, l'archéologie , à laquelle je fais ici allusion, touche par pius d’un point aux sciences naturelles; toute la géologie n’a-t-elle pas pour objet l'étude des antiques révolutions du globe, et ne va-t-elle pas aussi chercher ses médailles et ses monuments enfouis dans les entrailles de la terre ? Vous vous rappelez que M. Huot a publié dans les derniers temps une histoire des volcans, dont il a dressé un important catalogue. Dans cet ouvrage , il fixe à l’an 79 de l’ère chrétienne l'époque de l’éruption du Vésuve , qui engloutit Hercunalwin et Pompéi,, et il s'étonne, avec M. Lyell, de ce que Pline le Jeune , dans ses deux lettres à Tacite, ne fasse mention en aucune maniére de la ruine de ces deux grandes et populeuses cités, M. Caron vous a exposé, à la sollicitation de M. Huot lui-même, au-, quel il avait soumis ses doutes, les raisons qu’il avait pour reporter à l’année 63 au lieu de 79 la ruine de Pom- péi et d’Herculanum. Cette correction était appuyée sur un passage de Senèque (Questions naturelles, livre VI, hk ( exiv ) chap. {) dans lequel cette catastrophe est rapportée au consulat de Virginius et de Régulus, qui est rangé par les fastes consulaires sous l’année 63 de Jésus-Christ, et sur l’époque de la mort de Senèque lui-même qui est de l’année 65. Ces raisons vous parurent concluantes , et le silence de Pline le Jeune parut s’expliquer, et parce que l'événement avait eu lieu seize ans auparavant, et parce que l’objet spécial de ces lettres était de parler de la mort de son oncle. Mais dans une autre séance , M. Bouchitté rapportant un passage formel de Dion Cassius (livre 66}, fit voir, contre l’avis qu’il avait adopté avec vous jusque- là , que les villes d'Herculanum et de Pompéi avaient été deux fois frappées d’une catastrophe analogue ; M. Boïs- sellier ajouta, à l’appui de cette opinion d’après les obser- vations qu'il a faites sur les lieux, que les ruines actuelles découvertes par les fouilles , portent des marques de res- tauration , dues sans doute aux dégradations que la pre- mière catastrophe avait causées. M. Huot vous a entretenus du dolmen et des tumulus d'Épones ; il vous a parlé de quelques objets d'antiquité trouvés dans cette même localité, tels que des poteries enterre rouge qu’il croit gallo-romaines et non romaines, comme on l’a dit, des fers de lance en bronze, des mé- dailles de Néron, d’Adrien, d'Antonin, de Probus, et même quelques-unes du Bas-Empire. M. Le Roi, qui avait vérifié récemment le dolmen d'Épones, aremarqué comme une allée de grosses pierres qui commence prés du dolmen , et qu'il a suivie jusqu'à une distance assez grande du monument. Ces pierres, placées à une vingtaine de pas les unes des autres, lui ont ( exY ) paru trés bien alignées entre elles. Il a remarqué encore que sur les côtés de cette espèce d’allée, il se trouvait quelquefois, à des distances égales, à droite et à gauche, d’autres pierres pareilles. Il n’a malheureusement pas eu le temps d'examiner si ces dernières pierres sont iso- lées ou si elles se joignent à d’autres systèmes de lignes qui viendraient aboutir à celui qu’il a pu suivre. STATISTIQUE. La statistique, cette science qui touche à toutes les autres en ce qu’eltes ont de calculable, a fourni aussi à vos séances d'importantes communications ; mais la plu- part ont depuis été imprimées par leurs auteurs et pu- bliées ; telles sont : 1.° la détermination de la population relative des diverses parties du globe; et 2. un aperçu sur la statistique morale de la Prusse , insérées par M. Huot dans la nouvelle édition de la Géographie de Maite- brun. 3.° Une note sur l’accroissement du nombre des Chré- tiens, ét } 4.0 Un apercu sur la statistique agricole de la France, par M. Caron. 5.0 Des recherches statistiques sur les éléments de la population de Versailles, comparée à celle de Paris et à celle de la France entière, par M. de Balzac, insérées dans plusieurs numéros de l’Echo de Seine-et-Oise. Une note statistique sur la population du département, par M. Demonferrand, est imprimée intégralement dans votre Recueil. ( cxvj) INDUSTRIE , ÉTABLISSEMENTS INDUSTRIELS. Si les sciences naturelles dont vous vous êtes occupés, Messieurs ,'n’avaient qu'un objet théorique, ma tâche serait ici terminée, et vos travaux sufliraient presque déjà à l'illustration de votre société: mais vous avez tou- jours pensé que l'objet définitif de votre institution était un objet pratique ; aussi avez-vous toujours accueilli avec une faveur marquée les travaux dans lesquels ce principe plus large était appliqué. Cherchant un titre général sous lequel je pusse réunir tous les éléments pratiques qui se peuvent déduire des théories scientifiques , je n’en ai pu trouver de plus convenable que celui d'{ndustrie. En effet, ainsi que je l’ai dit plus haut, la statistique touche àtoutes les sciences en tant qu’elles ont quelque chose d’apprécia- ble par des chiffres concrets ; de même l’industrie, cette reine des sociétés humaines dans lesquelles la force brutale a cessé de dominer, l’industrie, abeille économe et féconde, recueille scrupuleusement dans chaque science isolée ce qu’elle offre de pratique , elle en compose ses trésors, elle en extrait ce qu’on appelle ses produits. Un grand nombre de faits généraux et spéciaux rela- tifs à diverses sortes d'industrie vous ont été communi - qués , et un grand nombre de membres vous en ont en- tretenus. Je ne saurais suivre d'autre marche ici que de vous rappeler ce que vous devez à chacun d’eux succes- sivement. Ainsi, les travaux de M. l’abbé Caron, outre les rap- ports qu’il vous a faits, en différentes occasions, sur la magnanerie de Senart et sur celle de M. Camille Beau- ( exvij ) vais, sur les magnaneries en général, et sur l'Institut horticole de Fromont , se composent de 1.0 une Notice sur la culture de la betterave et ses produits, qu'il a li- vrée à l'impression. 2,0 Un Rapport au nom d’une commission que vous aviez chargée de rendre compte de l'exposition des pro- duits horticoles à Paris, en juillet 1833 ; vous vous rappelez qu’à cette occasion la commission proposait de solliciter l'établissement d’une exposition semblable à Versailles , où la culture des jardins et des marais est un objet d'industrie fort importante. Comme un membre avait, par amendement, proposé que lon sollicität le concours de la Société d'agriculture et des arts de Seine- et-Oise, vous avez renvoyé la proposition à la commis- sion pour qu’il soit fait un rapport spécial sur cet objet. Ce rapport n’a point été fait ; et si j'ai fait mention ici de ces détails, c’est à l'effet d'enregistrer une proposition qui ne peut être périmée même par un aussi long délai, et qui, vu son importance et son utilité , me paraît méri- ter d’être reproduite. 3.° Une Note sur la quantité de cuivre qui se mange anpuellement en France. M. Caron vous a donné un aperçu général des résultats auxquels la chimie arrive dans l'analyse des végétaux ; il vous a fait remarquer que sur les métaux connus, il n’en est que trois, le fer, le manganèse et le cuivre, qui se trouvent d’une manière appréciable dans le tissu des plantes. Il s’est arrêté à ce qui concerne le cuivre. M. Sarzeau en a retiré du quin- quina ‘/500,000 du poids de l'écorce, du café S/15000000, Et du grain de froment #%/1000:°,. De cette dernière donnée ( exvütj ) il a déduit qu'il doit se trouver un kilogramme de cuivre dans 219,290 kil. de grains de blé, dont le poids est de 11,466,000,000. Prenant ensuite le poids total des 98 millions de setiers de blé qui se consomment annuelle- ment en France , il établit qu'ils contiennent 50,312: 8746 Il à fait remarquer que le blé converti en farine perd */:0 de son poids; reste en conséquence 8,036,200,000 kil. de farine, qui représentent la consommation an- nuelle de la France , et contiennent 35,219 “il: 963 # de cuivre, ce qui fait pour chacun de nous, par année, 1 gramme 8 cenligrammes (1,08; ; en sorte que celui qui a vécu soixante aps , a avalé , dans le cours de sa vie 6k grammes et 8 décigrammes de cuivre, autrement, une once huit gros soixante et dix grains. M. Caron s’est en- suite demandé d’où provenait et que devenait ce cuivre; périodiquement extrait par la force végétative qui fait les fonctions de mineur, il est rejeté avec le résidu des aliments et rendu ainsi à la terre; s'il en était autrement, le froment soustrairait dusol français seulement 5,567,065 kil. de cuivre tous les cent ans. Il a terminé par signaler une erreur grave de chiffres , qu’il attribue à une faute d'impression dans l’ouvrage de M. Sarzeau. On y trouve que le poids du cuivre qui se mange dans le pain n'est que de 3,659 kil. par an, tandis que le poids du cuivre tiré du sol par le froment est de 34,061 kil. et 800 gr. Il résulterait du rapport de ces deux chiffres que la France produirait chaque année de quoi fournir à la consomma- tion d'environ onze années, ce qui heureusement n’esl pas vrai, car où serait la nécessité de travailler ? que devien- drait l’homme ? où en serait la soiété ? { cxix ) 4° Communication d’une note de M. Lassaigne, sur les céréales altérées par un long séjour dans les souter- rains ; il fait remarquer que le genre d’altération physi- que et chimique qu’elles éprouvent dans ce cas, rappelle ce qui a été observé dans les graines trouvées parmi les enveloppes des momies. 5. Note sur les campagnols et sur les ravages qu'ils occasionnent ; livrée à l'impression. 6. Recherches sur quelques parties importantes de la statistique agricole de la France ; imprimées aussi. 7 Notice historique sur la carie du blé: dés les temps les plus anciens cette funeste altération du blé à laquelle échappent les autres céréales, nommée par les Grecs et les Latins, rouille et brûlure, était attribuée par eux à la corruption de l'air ou à un mauvais vent, ou à des coups de soleil, mais sur-tout aux brouillards qui renfermaient , disait-on , un certain virus caustique dont l’action désorganisait le tissu des plantes et les brülait jusqu’à les réduire en charbon: de là l’apothéose chez les Rhodiens d’Apollon Érythibien, et, chez les Latins , de la déesse Robigo et des fêtes nommées Robi- galia qui se célébraient tous les ans, le 7.2 avant les calendes d’avril, c’est-à-dire le 26 mars. On ne croit plus, même dansnoscampagnes, qu’à l'influence desbrouillards, et des autres météores. Vers le commencement du dernier siècle, la culture des champs attira l'attention de quelques savants réflé- chis. Vers 1750, la France éprouva si cruellement les ravages de la carie, que, terme moyen, la perte des grains était évaluée à près de un septième, dont M. { exx ) Caron évalue le prix, d'aprés le calcul le plus modéré, à 214,985,714 francs. L’académie royale de Bordeaux fit un appel aux agronomes sur la cause qui corrompt et noircit les grains de blé dans les épis , et sur les moyens de prévenir ces accidents. Tillet entreprit et suivit pen- dant trois années consécutives les recherches les plus nombreuses que ce sujet comportait ; il distingua Îles symptômes et les caractères extérieurs qui différencient Ja rouille, l'avortement, le charbon et la carie, naguère confondus sous les noms de nielle, bruine, charbon, etc. H détruisit dans l'opinion des cultivateurs l’action des brouillards comme cause première ; leur prouva que le virus qui produisait ce que l’on appelait la pourriture des blés, résidait exclusivement dans la poussière noire de la carie , en leur faisant voir qu’il suffisait pour la pro- pager d'en saupoudrer des grains parfaitement sains, d'en répandre dans les sillons ou sur les fumiers des terres destinées à être ensemencées. Il déerivit avec une exactitude que les recherches nouvelles n'ont point dé- mentie , les caractères extérieurs de la carie et ceux ‘des grains et des épis qui en sont affectés. Mais quant à la cause productrice, je ne hasarderai, dit-il , aucune idée qui tienne du systéme sur la cause primitive de la mala- die essentielle du froment; peut-être même , ajoute-t-il, est-ellé de nature à échapper à nos recherches. Les na- turalistes de nos jours, plus heureux, ont reconnu que la carie des blés est causée par une plante parasite presque imperceptible de la famille mystérieuse des cryplogames; c'est en un mot l’espéce de champignons à laquelle M. de Candolle donne le nom de wredo caries. Les brouillards ( cxx] ) ne sauraient être la cause efficiente, ils ne sont que la cause auxiliaire du développement de l’uredo qui, pour germer et croître, a besoin d’un temps chaud et humide ; la sécheresse le tue. Reste à trouver comment l’uredo se forme dans les graines de froment. Les uns supposent que les graines de l’udero flottent dans l'atmosphère et s’in- troduisent dans les végétaux par des stomates, et on n'a pu parvenir à inoculer la carie par les feuilles. M. Béné- dict Prévot ayant semé des graines de carie dans l’eau , a vu paraître de petits filaments en forme de radicuies; il en a conélu que les radicules s’insinuent dans les racines des céréales et s'élèvent dans leur intérieur pour aller s'épanouir dans les parties qui leur conviennent. M. Ca- ron a répété cette expérience avec succés, mais il n'ose se hasarder à admettre la conclusion de M. Prévot. L'opinion de M. de Candolle, que semble partager le célebre Knigth, agronome anglais, est que les graines microscopiques des wredo répandus sur le sol , s’y mélan- gent avec l’eau et sont absorbées par les racines; qu’elles sont portées par la sève dans les diverses parties du vé- gétal , et que celles qui rencontrent une espèce convena- ble, et dans cette espèce un organe favorable à leur dé- veloppement, viennent à y germer, et forment ces groupes plus ou moins nombreux qui affectent ces plantes de tant de manières différentes. La carie se communique ou bien par l'absorption de la poussiére par les racines, ou bien par le contact des grains infectés. L'objet essentiel pour l’agriculture, c’est d’en préser- ver les blés. Avant Tillet on ne connaissait d'autre mé- { cxxij ) thode que la chaux vive dissoute dans l’eau ; cette mé- thode, quoique bonne sous quelques rapports , est insuf- fisante: on avait imaginé d'employer l'arsenic; les accidents qui en résultérent le firent abandonner. Tillet expérimenta avec succès, concurremment avec le lait de chaux, différentes lessives alcalines. Par ordre de Louis XV, il répéta ses expériences dans les jardins du Petit Trianon. Le résultat heureux qu’il obtint fut publié dans un écrii devenu fort rare. Plus tard, marchant sur ses traces , Tessier compléta les travaux de Tillet. Enfin dans les derniers temps, M. Bénédict Prévot a préconisé le sulfate de cuivre dans la proportion de 90 grammes dans 14 litres d’eau pour chaque hectolitre de blé ; cette opération en a pris le nom de salfatage. M. Belin vous a fait connaître le procédé de M. Cheva- lier pour reconnaitre les falsifications du sel commun ; il a rappelé le moyen indiqué par Guyton-Morveau , pour améliorer l’eau des puits et la rendre propre à dissoudre le savon ; cette communication était d'autant plus impor- tante, qu’à l’époque où elle fut faite la ville de Versailles éprouvait , par suite de l’excessive sécheresse , une assez grande pénurie d’eau ; il vous a aussi donné des détails pleins d'intérêt sur deux usines à gaz qu’il avait été vi- siter à Paris avec M. Colin, l’une rue de la Tour, et l’autre à l'hôpital Saint-Louis, dans un moment où il était question de créer à Versailles une usine destinée au même objet. M. Berger vousa fait une communication sur le moyen proposé par M. Mathieu de Dombasle, pour apprécier le poids net de la viande que peut fournir un bœuf vivant. { exxüij ) Vous vous rappelez que ce moyen est fondé sur ce prin- cipe que le poids de la viande est constamment en rap- port avec le périmètre du thorax ; on se sert pour l’an- précier d’un cordon sur lequel des nœuds sont espacés: un premier intervalle mesure 4" 820; lorsque le pé- rimèêtre de thorax n’a que cette étendue , le poids de la viande nette est de 350 livres. Lesnœuds suivants, placés à des distances inégales d’après les observations et les calculs de M. de Dombasle, indiquent pour chaque es- pace cinquante livres de Plus. Il vous a, dans une autre occasion, donné des détails sur les maladies que les hydatides causent aux bestiaux, et vous a parlé des moyens dont l'emploi s’est montré plus ou moins efficace pour y remédier. Vous lui devez encore des détails pi- quants sur des faits qui sembleraient prouver que la pré- sence habituelle des moutons a une singulière influence sur la sève des végétaux, et qu’elle rendrait les essences de chêne particulièrement moins propres à la décortica- tion. De nombreuses communications de M. Colin viennent eucore trouver leur place dans ce chapitre: outre les moyens de distinguer les pièces de deux francs falsifiées qu'il vous a fait connaître , outre les détails circonstan- ciés sur deux importantes usines de Corbeil, M. Colin vous a indiqué avec détails le procédé de M. Dubuc, pour reconnaître les farines altérées , et les falsifications dont le thé est souvent l’objet ; vous lui deyez des observations théoriques et pratiques sur le soufrage des grains, sur le pain de pommes de terre confectionné par M. Queste, sur la levure de bière ; le résultat de nombreuses expé- ( cxxiv ) riences entreprises avec le zèle et la persévérance la plus scrupuleuse , sur la teigne des blés. Enfin un mé- moire imprimé intégralement dans ce Recueil , et qui a pour sujet les avaries dont le blé est susceptible , et les moyens à employer pour y remédier. La plupart des communications dont je viens de vous énumérer la liste aride , échappent à l'analyse par la précision des faits qu’elles contiennent; il eût fallu les reproduire en en- tier ou s’exposer au danger de répandre sur des faits d'application des idées trop Vâgues pour être sûrement pratiques. J’ai dû me borner à regretter avec vous que la société ait été obligée de restreindre le Recueil de ses Mémoires. Ces observations s'appliquent encore à un grand nombre de faits-pratiques dont il a été souvent question dans cette enceinte, ainsi qu'aux recherches d'érudition que M. l’abbé Caron a faites sur les sporidies de l’uredo caries, et aux observations microscopiques que M. l'abbé Vandenhecke vous a communiquées sur le même sujet. Je rappellerai enfin à vos souvenirs une communication de Lefebvre sur les établissements industriels d'Amiens; des détails que vous a donnés M. Demonferrand sur la machine de Marly ; une communication que vous a faite M. Vors sur les impressions que lui avait causées une vi- site à l’Institut agronomique de Grignon; et je termine- rai cette partie de mon travail en vous rappelant une communication de M. Chambellant , qui vous a présenté une carte du système des eaux de Versailles , dressée par M.Martin, ingénieur géomètre de premiére classe du département de Seine-et-Oise. Il a paru intéressant à un { cxxv ) de vos membres, vous a dit M. Chambellant , de vous présenter une idée appréciable du système des eaux de Versailles, dont la vaste conception et les nombreux embranchements embrassent un grand espace, dans le- quel, suivant les premiers plans, devait être compris l’a- queduc de Maintenon, exécuté en partie par Louis XIV pour amener les eaux de la rivière d’'Eure dans cette ré- sidence royale. Cette grande entreprise n’a malheureuse- ment pas été achevée. L'espèce de mystère qui existe dans l'opinion des habi- tants de Versailles sur l’origine et les ramifications du système des eaux , a engagé M. Martin, sur l'invitation de votre collègue, à en lever une carte sur l’échelle de 1 mètre pour 5,000 mètres. Cette carte vous a permis 1.° de suivre le passage de l’eau de la Seine depuis son point de départ à Marly, par l'effet de la machine hydraulique, tant à l’extérieur qu'à l'intérieur de la ville ; 2.0 de reconnaître également le passage des eaux de source et des eaux blanches, ces dernières à partir des étangs de Trappes et de Saclay ; 3.0 d’apercevoir les dépôts de ces différentes eaux dans les réservoirs divers de la ville, et enfin leur emploi, soit pour des concessions particulières, soit pour le jeu des eaux jaillissantes du pare et l'alimentation des piéces d’eau des parcs de Versailles et de Trianon. CONCLUSION. { exxvj ) CONCLUSION. Je vous dois enfin compte, Messieurs, de l’état de votre bibliothèque encore bien peu nombreuse: elle ne se com- pose guère que de quatre-vingts volumes ou brochures, dont la plupart sont des ouvrages ou des mémoires de membres de la société qui lui en ont fait hommage. Vous avez entrepris aussi une collection d'histoire na- turelle du département: les objets qu’elle renferme sont encore peu nombreux ; le plan à remplir a été tracé pour la zoologie et pour la minéralogie par M. Huot, et pour le règne végétal par M. Philippar, qui vous a lu une notice très détaillée sur cet objet ; il y a tout lieu d'espérer que les cadres en seront bientôt plus remplis, et que le rap- port sur celte partie de vos collections occupera une place importante dans votre prochaine publication. Il me semble que vous devez vous borner à faire simplement ici un appel aux administrateurs, aux savants et aux amateurs à qui la science est chère : leur concours vous doit être d’une puissante utilité, et vous devez espérer qu’il vous sera acquis par la publication que vous faites aujourd'hui. En effet, Messieurs, dans l’espèce d’inven- taire que je viens de terminer à travers des difficultés que jene me flatte pas d’avoir surmontées comme je l'au- rais désiré, car je sens que mon œuvre est restée infé- rieure à mon zèle, je ne vous ai présenté encore que l'actif de votre société ; il se compose en résumé général de deux parties essentiellement distinctes : une partie in- tellectuelle , ce sont vos travaux ; une partie matérielle, ce sont vos collections. { cxxvij } L'esquisse de vos travaux que j'ai tracée, me paraît mettre hors de doute que le champ de la science a été parcouru par vous dans toutes les directions possibles, et qu'il ne semble pas y avoir une seule des sciences natu- relles dont il n'ait plus ou moins été question dans cette enceinte , et qui n’y ait été représentée par des hommes spéciaux : d’où il est facile de conclure que le personnel de votre association est suffisamment complet, et qu'il ne vous manque rien sous ce rapport de ce qui peut être nécessaire au vaste enseignement mutuel que vous vous êles proposé. Votreorganisation réglementaire a subi successivement des modifications et des perfectionnements que lexpé- rience a amenés, et sous ce rapport aussi Vous avez ou- vert une large voie au progrés. Vous permettrez que je consigne ici la reconnaissance que la société doit à M. le docteur Edwards , qui depuis son origine , a tous les ans été élu président, et dont le zèle à contribué aux heureux résultats que vous avez obtenus. Vous me blämeriez sans doute de ne pas signaler encore lPimportante part d’amé- lioration que vous devez à la sagesse qui a toujours pré- sidé aux délibérations et aux propositions de votre com- mission réglementaire. . Le zèle des membres qui ont fait des cours et des com- munications, n’a pas besoin de vous être rappelé; il ressort de chaque ligne du travail que je viens de vous lire: aussi sur les cent-soixante séances environ dont je vous ai rendu compte, n’en est-il pas une seule de laquelle chacun de nous n’ait rapporté sa part d’un enseignement utile ou d’une connaissance nouvelle. Chacun de nous, { cxxviij ) fier pour son propre compte d’avoir contribué à ces ré- sullats, ne peut voir, il me semble, sans une véritable et pure émotion, se réunir ici toutes les semaines un si grand nombre d'auditeurs, dont beaucoup seraient en état par leurs connaissances , de nous donner d’utiles en- seignements, ce que même plusieurs d’entre eux ont fait. Leur présence, leur nombre, leur assiduité, leur attention, m'ont toujours paru être l’encouragement naturel , et la véritable et seule récompense des membres qui font ces cours; ce sont peut-être les plus positifs éléments de durée querenferme notresociété, et nousles voyonss’augmenter tous les jours. Où serait l’encouragement et la gloire de l’athlète, si l'arène n’était entourée d’un amphitéâtre ? Nous avons donc tous, à quelque titre que nous appar- tenions à la société, notre part à réclamer dans ce qui a été fait par elle; nous avons chacun notre place dans son passé, notre place dans son avenir ; nous avons tous con- tribué à ses travaux dont il m'a été doux de vous étaler la richesse, trésor dont le prix reçoit un nouvel éclat, si vous le comparez à la pauvreté de vos collections. N'y a- t-il pas en effet un double mérite à bien faire, quand on manque d'une partie des éléments nécessaires, à bien enseigner quand on manque souvent des objets de dé- monstration ? L'administration du pays qui vous a déjà accordé une subvention temporaire, qui par là, vous a prouvé que vous aviez fixé son attention et excité sa bienveiliance, ne s’arrêlera sans doute point dans cette voie d’encoura- gement ; votre Recueil à la main, preuve incontestable du labeur que vous vous êtes imposé et des services que ( cxxix ) vous avez rendus , vous vous croirez autorisés à lui de- mander quelque faible part au moins dans les vastes et riches collections de nos musées nationaux. Vous devez espérer que les sociétés scientifiques de la capitale et des départements auxquelles votre Recueil sera adressé, vous admettront au milieu d’elles à la place que vous avez conquise , et vous honoreront de leur correspondance. L'esprit de propagande scientifique qui nous anime, doit exciter de nombreuses sympathies; il peut s’écrier aussi qu’en France sa voix a de l’écho. Nous persévérerons, Messieurs, dans l’accomplisse- ment de la tâche que nous avons entreprise ; ce que nous avons fait par nos propres ressources d’abord , nous sau- rons le faire aussi bien que nous le désirons, lorsque nous serons suffisamment secondés. Alors, pleins du sentiment d'un orgueil généreux, nous pourrons dire avec la con- science du bien qu’on nous devra : nous avons rendu ser- vice à la science et à la patrie. FIN DU COMPTE-RENDU. ; y" se D Le … nn u & A 4 © Ci LA ‘ RECHERCHES MICROSCOPIQUES, SUR L'ACARUS SCABIEI, OÙ INSECTE DE LA GALE DE L'HOMME, Mémoire communiqué à la Société des Sciences naturelles de Seine-et-Oise, dans sa séance du 30 décembre 1834, Par J.-A. LEROI ( de Versailles), et VANDENHECKE, Membres titulaires de cette Sociité. IL existe peu d'insectes qui aient donné lieu à autant de controverses que celui de la gale de l’homme. Probablement inconnu des anciens, c’est un auteur arabe, Abynzoar, qui le premier er a fait mention dans ses Ouvrages. Il y'en fat plus question jusqu’en 1634, où Mouffet , médecin anglais, appela de nouveau sur cet objet l’at- tention des médecins. 1 (2) Plus tard, en 1687, Cosme Bonomo et Cestoni, don- nérent une decription de l’acarus, accompagnée d’une figure. Depuis lors, il ne parut plus y avoir de doutes sur l'existence de l’insecte de la gale ; aussi tous les auteurs qui écrivirent sur cette maladie, répétérent-ils les des- criptions de Bonomo et Cestoni. Linnée le décrivit dans sa Faune de 1746, sous le nom d’acarus humanus sub cutaneus. Vers la même époque, Degeer donna une nouvelle description de l’acarus, accompagnée d’assez bonnes fi- gures pour l’époque. Enfin, en 1806, MM. Fabricius et Latreille, proposérent d’en faire un nouveau genre, sous le nom de sarcopte. L'existence de l’insecte de la gale , était donc admise par tous les savants. Nous devons dire cependant que les Français n'avaient en aucune façon contribué à sa con- naissance , car il n'avait encore élé vu par aucun d’eux. En 1812, M. Galès, pharmacien à l'hôpital Saint-Louis, se livra à sa recherche, et annonça l'avoir trouvé. A cette époque, tout ce que Paris possédait de savants natura- listes ou de médecins distingués, s’empressa de voir l'in- secte que M. Galès montrait comme étant celui de la gale. Sa description fut imprimée dans le Dictionnaire des scien- ces médicales, et ses dessins furent regardés comme in- contestables. | Mais en 1829, M. Raspail ayant démontré par la com- paraison des planches de M. Galès, avec le ciron du fro- mage, que celui-ci avait été substitué à l'insecte de la gale ; de nouveaux doutes s’élevérent sur son existence, doutes qui ne tardérent pas à se transformer en incrédu- (3) lité, au point qu'un des médecinsmêmes de l'hôpital Saint- Louis, M. Lugol, offrit un prix de cent écus à celui qui parviendrait à le trouver. La question en était restée à ce point , lorsque dans le mois d'août dernier , M. Renucci, jeune Corse qui avait observé dans son pays le procédé à l’aide duquel les ha- bitants se débarrassent de la présence de cet hôte incom- mode, donna des indications tellement positives, que tout le monde peut actuellement le trouver avec autant de facilité que lui-même. C’est en suivant exactement ses indications, que nous avons pu en extraire de tous les galeux que nous avons rencontrés. À Nous nous sommes empressés , dans une séance précé- dente , d’en montrer quelques-uns à la société. En même temps mous avons cru devoir lui faire part de quelques observations , que nous avons été à même de faire sur la structure de cet insecte, à l’aide de l'excellent micro- scope horizontal de Chevallier. La société ayant paru s'intéresser à ces observations et nous ayant engagés à les continuer et à lui donner une description aussi complète que possible de cetinsecte, c’est le résultat de notre travail que nous venons lui commu - niquer. Lorsque l’on observe un acarus à la vue simple, et aus- sitôt que l’on vient de le prendre, il paraît blanc, rond et immobile, et l’on pourrait alors le confondre avec un lambeau d’épiderme dont il a tout-à-fait la couleur; mais si on le place sur une surface colorée et ayant un certain degré de chaleur, l’ongle, par exemple, peud’'instantsaprès (4) y avoir été placé on le voit trés facilement courir et l'on peut souvent y distinguer des points d’un rouge brun. Sa grosseur est généralement d’un demi-millimétre environ, car lorsque l’on en examine beaucoup, l’on voit qu’il y en a de plus ou moins gros. A l’aide de la loupe, on peut déjà distinguer ses pattes et sa tête ; mais ce n’est qu’au moyen d’un fort grossissement que l’on peut avoir une idée exacte de l’organisation de cet insecte. Vu par sa face supérieure ou dorsale , il présente une grande enveloppe (1) d’un gris blanchätre, dure, de con- sistance pour ainsi dire cornée, d’une résistance consi- dérable, puisque plusieurs lames de verre ne peuvent l’écraser et qu’il faut encore y ajouter une certaine pres- sion. Cette enveloppe qui est véritablement la partie protec- trice de l'animal, rappelle assez bien au premier aspect une carapace de tortue. Elle déborde les parties anté- rieures de l’insecte, de telle facon que la tête et les quatre pattes de devant, dans certains mouvements, se trouvent presque entiérement cachées par cette enveloppe qui pa- raît rester dans une constante immobilité. Cette surface offre dans toute son étendue un grand nombre de stries, qui toutes ont des directions différentes, suivant les diverses parties où on les observe. Quoique cette surface représente assez bien un ovale, les bords de cet ovale ne sont point unis, mais présentent au contraire plusieurs contours, tour-à-taur convexes et concaves. (1). PL 1, ERLEEREEF, (5) La convexité la plus antérieure (1) est en rapport avec la tête, les deux latérales suivantes (2) avec la premiére paire des membres antérieurs, les deux qui suivent (3) correspondent à la deuxième paire de ces membres; enfin les deux dernières (4) sont en rapport avec la partie moyenne et en même temps la‘lus large de l'animal. Un peu plus en arriére et de chaque côté , on apercoit deux ou trois tubercules pointus (5), de substance cornée et pareils à ceux dont nous allons parler tout à l'heure. On voit aussi dans ce même endroit dépasser quatre longs poils (6) appartenant aux quatre membres postérieurs. À partir de ce point , les deux bords de l’ovale marchent en se rapprochant l’un de l’autre pour se réunir à l’extré- mité postérieure et former en cet endroit une sorte de petit cul-de-sac (7) qui-correspond à l'anus. Avant de se. réunir ainsi, et de chaque côté de l'anus, ils présentent deux petits tubercules (8) terminés chacun par un poil beau- coup moins long que ceux des pattes postérieures. Vue dans toute son étendue, et d'avant en arriére, cette face présente cinq élévations séparées par six sillons; de ces élévations, la plus antérieure (9) correspond ä la con- vexité que nous avons nommée antérieure, et sert d’abri à la tête, tandis que les quatre autres (10) répondent aux convexités latérales et protégent les membres antérieurs. G)PLI, n. 1. PEL L'eCGC (2) PL. 1, n.0 2.2. CO) PIE. (3) BE Eineg.s, (8) PL. I, D.D.D.D. PI. III, H (4) PL I, n.0 4.4. (JR EL I, oh: (5) PL I,:n.0 5.5. (10) PL I, n.0 2,2.3.3. ( 6) Les deux sillons situés entre la tête et la premiére paire des membres antérieurs sont les plus étroits. Les deux sillons qui séparent les deux élévations suivantes sont plus larges et offrent au milieu chacun un tubercule sur- monté d’un poil (1). Enfin les deux derniers séparent la deuxième paire des membres antérieurs de deux grosses éminences latérales, correspondant aux deux convexités déjà signalées à la partie latérale et moyenne de l'animal ; ces deux sillons présentent à leur centre et à leur angle interne, deux forts tubercules pointus et de substance cornée (2), dirigés verticalement et de bas en haut. Enfin deux autres petits sillons (3) séparent ces deux grosses éminences moyennes, des parties latérales et posté- rieures. C’est vers la partie externe de ces deux petits sillons que l’on remarque ces tubercules pointus , signalés sur les bords ; ainsi que l'extrémité de la premiére paire des pattes postérieures armées de leurs longs poils. À la partie centrale de l'animal, on remarque trois grosses éminences , une antérieure, une moyenne €t une postérieure. . L'antérieure (4} offre des sillons trés prononcés, di rigés de droite à gauche, Ces sillons sont parfaitement rendus dans un dessin qui accompagne le mémoire sur cet insecte, donné par M. Raspail, au Bulletin général de Thérapeutique, dans son n.° du 20 septembre 1834. Sur les côtés et à la partie antérieure de ces sillons, on Pi. I, HHauBl. HN (5) PL I, nol6’6 PL EF ARUE (4) PL I, M PL 1, D. (7) remarque deux gros tubercules pointus (1), à direction verticale et de bas en haut. Enfin la partie la plus posté- rieure de cette éminence parait armée d'un assez grand nombre de petits tubercules pointus et cornés (2), tous dirigés de bas en haut et d'avant en arrière. L'éminence moyenne, plus large (3), correspond à la partie moyenne et centrale de l'animal; elle est entié- rement couverte de tubercules pointus (#), qui offrent upe direction différente suivant leur point d’insertion:; ainsi les plus latéraux, qui s'étendent jusque sur les deux grosses éminences latérales, et dont la rangée la plus externe commence par un long poil (5) et contourne le petit sillon le plus postérieur, sont dirigés de dedans en dehors, tandis que ceux de la partie centrale sont dirigés de bas en haut; ce sont ces derniers qui, vus à un léger grossissement, paraissent comme des points brillants et ont pu être signalés par certains observateurs d’ailleurs très recommandables, comme des ouvertures de trachées. Enfin un demi-ovale (6) dont la convexité est en avant et la concaxité en arrière , termine cette éminence et est armé de tubercules pointus dirigés d'avant en arriére. L'éminence postérieure (7) est de forme oblique, ses bords commencent à la terminaison de la précédente et finissent en se rapprochant l'un de l’autre, de chaque côté de l’ouverture de l’anus. (r) PLIS DE, 6) LL, CORP II (2) PL 1, G.G. (6) PL I, P.P.P. (5) PL 1, N. PL II, E. G)PLI,R. PL IN, F PL'1,0c: 6: (8) Enfin, sur la partie postérieure de l’insecte,-se trouvent douze gros tubercules (1), dirigés de bas en haut , les- quels forment deux séries circulaires à peu près concen- triques, dont la convexité est externe. Les six tubercules intérieurs sont situés sar la partie postérieure et moyenne aboutissant à l'anus, et les six autres sur la partie postérieure et latérale. A l'extrémité tout-à-fait postérieure de eette éminence, on voit une partie rentrante en forme de cul-de-sac (2), et correspondant exactement à l'anus. Ce cul-de-sac se voit à travers la carapace dont il est évident qu’il ne fait pas partie. Il paraît être une sorte de cloaque dans lequel doivent aboutir les organes générateurs et l’intestin; et cela est d'autant plus probable que nous avons pu exami- ner sur différents sujets , et à l'ouverture extérieure de ectte partie, tantôt des corps noirs et qui rejetés ont été reconnus être des excréments, et tantôt, au contraire, des corps ovoïdes et blancs et qui examinés à part, ont été à leur tour reconnus être des œufs. La face inférieure ou abdominale offre une mile: tion tout-à-fait différente de la supérieure. Et d’abord, il est facile de s'apercevoir que la tête et les membres antérieurs qui, observés par la face supérieure, paraissent pouvoir rentrer entièrement sous le carapace, ne jouissent point de cette faculté, et quand ils disparaissent ainsi, c’est que l’animal les recourbe sous son ventre et que leur point d’insertion est masqué par la carapace. A la partie antérieure et latérale de cette face, et à la (1) PL I, K.K. (). PL IU, E. (9) base des deux paires de membres antérieurs , se trouvent des tubes creux (1), de sustance cornée, de couleur rouge- brun. L’extrémité antérieure de celui d’un côté se réunit à celui du côté opposé, en formant un angle dont le som- met se prolonge en forme de massue sur Ja partie anté- rieure du thorax et dans la base duquel se trouve reçue la tête de l'animal. De la partie moyenne de chacun de ces tubes et entre les premiére et deuxième paires de ces membres, part un prolongement qui marche d’avant en arriére et de dehors en dedans, vers l'extrémité de l'angle moyen dont nous venons de parler; arrivé à peu de distance de cette extrémité, ce prolongement qui a toujours été en diminuant de capacité, se contourne, marche alors de dedans en dehors, pour se terminer en forme de boule, dans l'extrémité évasée d’un autre tube (2) plus étroit, rubané, dont l'autre extrémité reçoit de la même facon, la terminaison du prolongement opposé. C'est cette partie de la face inférieure de l'animal qui se trouve la plus saillante et sur laquelle il paraît principalement s'appuyer dans sa marche. Enfin, la partie postérieure de chacun de ces tubes se termine en pointe à peu de di- stance de la base de la deuxième paire des membres an- térieurs , et disparaît sous des stries (3), que l’on trouve plus ou moins marquées dans le reste de l'étendue des bords de cette face, et qui paraissent être la terminaison de l’enveloppe cornée de la face supérieure, laquelle se replie sous l'abdomen qu'elle emboîite. @) PL II, D.D.D.D.D.D.D.D.D. PI. IV, 4.4. Pl V, B. (2) PL IL, E. G) PL I, AHHH. (10) Lorsque l’on examine ces tubes à un assez fort grossis- sement, on remarque qu'ils contiennent le système mus- culaire locomoteur de l’insecte. Voici la disposition de ce système : A la partie antérieure de chaque tube, dans l'espace compris entre le membre de la premiére paire et la tête, se trouve un gros muscle allongé (1), dont la partie prin- cipale se rend dans toute l'étendue de la partie inférieure de ce membre. Un faisceau interne va s'attacher aux par- ties latérales de la tête, enfin à sa partie interne, ee muscle se termine en pointe, en marchant à la rencontre de celui du côté opposé. Un autre gros muscle (2) est situé entre la première et la deuxième ; il envoie un faisceau à la partie externe du membre de la premiére paire , et un autre à la partie interne du membre de la deuxième. Ce muscle se ter- “mine aussi par une pointe allongée dans le prolongement tubaire latéral. Enfin, un dernier petit muscle (3) se trouve à la partie la plus externe de là base du membre de la deuxième paire, et s'étend dans toute la partie externe de ce membre. Le reste de la face inférieure (4) n’est point plane comme on pourrait le croire, mais est au contraire bombé, et sa partie la plus saillante se trouve, ainsi que nous l'avons déjà dit, dans l’espace compris entre les (a) PL II, no 1.1. Pl. [V, P.B. PI. V, À. (2) PL II, n0 2,2. (4 PL.IL, JL T1. (5) PI. II, n° 5. | CA (44 ) deux prolongements tubaires latéraux , point qui corres pond à la partie la plus saillante de la face supérieure. Cette face paraît être d’une nature et d’une consistance loute différente de celle de la face supérieure ; elle offre quelques stries (1), ou plutôt quelques rides au-dessus et au-dessous des membres postérieurs. La tête de cet insecte (2), vue par sa partie supé- rieure , parait recouverte d'une enveloppe assez épaisse, et est surmontée de quatre tubercules (3) dont deux an- térieurs et deux postérieurs ; ces tubercules sont terminés par des poils assez longs, dont les deux antérieurs sont dirigés d’arrière en avant et les deux postérieurs de bas en haut. Cette face est en partie recouverte par la con- vexité antérieure de la carapace, ce qui, joint à l’épais- seur de son enveloppe, empêche de saisir de ce côté les _ détails intérieurs de la tête; tandis qu’à la face inférieure ces obstacles n'existant pas, l'enveloppe de ce côté étant au contraire extrêmement mince, il est facile de se ren- dre compte de tous ces détails. Les deux parties les plus latérales de cette tête sont formées par deux corps bombés (4) de forme presque demi-ovale, dont les deux concavités se regardent, et que nous nommerons les mâchoires. Leur extrémité pos- térieure , assez large, se termine en pointe de chaque côté. interne , et est au contraire arrondie du côté externe. Ces corps vont ensuite d’arrière en avant, en diminuant toujours de largeur jusqu’à leur extrémité antérieure qui se termine tout-à-fait en pointe. @) PL K.K.K.KKK. (5) PL III. 4.B. (2) BR) 4: (4) PI. IV, CC: (22) Le quart antérieur de chaque mächoire est formé par une petite pièce (1), séparée des trois quarts posté- riëurs (2) au moyen d’un petit canal (3). Sur la partie latérale et antérieure de la tête, et de chaque côté, se trouve une sorte de vésicule transpa- rente (4) qui paraît formée par le déplissement de la membrane d’enveloppe de cette partie. On est porté à croire que cette vésicule peut contenir un liquide qui, en s’introduisant dans le petit canal dont nous venons de parler, faciliterait les mouvements de la partie antérieure de la mâchoire, mouvements que nous allons indiquer tout à l'heure. Dans l’ovale formé par la concavité des deux mâ- choires, se trouvent deux mandibules (5) qui s’étendent depuis la partie moyenne de cet ovale jusqu'à sa partie antérieure ; ces deux mandibules sont de forme difficile à décrire : leurs extrémités postérieures sont rondes, grosses, tandis que les antérieures, au contraire , sont allongées, minces, et se terminent en forme de doigt. Leurs bords internes, qui sont d’abord assez éloignés, marchent à la rencontre l’un de l’autre, jusqu’à leur tiers postérieur où ils se rencontrent en laissant en ar- riére un espace angulaire ; puis, aprés s'être ainsi rap- prochés, ils s’écartent de nouveau en formant ‘un angle antérieur , ensorte que de ce rapprochement résulte deux cavités angulaireS, une antérieure (6} et une autre posté- (1) PL IV, n.0 1,1. (4) PL. IV, n.0 4.4. (2) PL IV, n.0 2.2. (5) PLIV , n0 5.5. (3) PI. IV, n° 5.3. (6) PI IV, n° 6. RE (1) rieure (1) ;ces bords présentent dans le reste de leur éten- due en avant, trois mamelons armés d’aspérités repré- sentant parfaitement un système dentaire. Un peu en avant et en dehors de ces mandibules, se trouvent deux corps à base fusiforme (2), tout-ä-fait indépendants des mandibules; l'extrémité postérieure et la partie moyenne de chacun de ces corps se trouve située entre le bord ex- terne des mandibules et l’interne des mächoires, tandis que l'extrémité antérieure , terminée par plusieurs aspé- rités, et en forme de pince, dépasse l'extrémité anté- rieure des mandibules. Les diverses pièces qui servent à former cette bouche compliquée, sont mises en mouvement par deux mus- cles (3), un de chaque côté, situés sur le bord interne de chaque mâchoire. La portion centrale de ces muscles, qui en est aussi la plus grosse, se trouve située un peu en arrière de la partie moyenne des mâchoires et de l’extré- mité postérieure des mandibules, et paraît prendre naissance par-un épanouissement trés considérable qui, partant des parties latérales externes des mâchoires, vient s'y réunir en se rétrécissant. De la partie anté- rieure de chaque portion centrale partent deux faisceaux dont l’interne s'attache au bord interne des mandibules, tandis que l’externe va, en se divisant en deux portions, se rendre au corps fusiforme, ou pince, et à la partie interne de la petite pièce qui forme l'extrémité anté- rieure de la mâchoire. La portion centrale se termine en (1) PL IV, no 7. (GB) PAL n:c19 0; (2) PL IV, n.0 8.8. ( 14) arrière par un faisceau pointu, qui se réunit à un corps de forme pyramidale (1) occupant la portion centrale de la cavité angulaire postérieure, et que l’on pourrait supposer être l’organe représentant la langue de l’ani- mal. Mais pour bien juger de l’arrangement et du méca- nisme de toutes ces parties, il faut voir l'animal en fai- sant usage, ce que nous avons pu observer un grand nombre de fois en l’entourant d’un peu de salive dont il paraît rechercher avidement les sels qui y sont con- tenus. Aussitôt qu’il commence son travail de mastication, les deux corps fusiformes (ou pinces), se mettent en mouvement. Ce mouvement s'opère de façon que chaque pince se porte en avant de la bouche et coupe l'aliment en passant alternativement en avant et en arrière de celle du côté opposé. Le travail des pinces est facilité par une disposition remarquable; on conçoit qu'il eût été presque impossi- ble, si les deux mâchoires eussent été entièrement im- mobiles, car ces mâchoires s'étendant au-delà des pinces et l'ouverture qu’elles laissent entre elles étant trés petit, ces dernières n'auraient jamais pu sortir et elles auraient été inutiles à l'animal. Mais l’on se rap- pelle que nous avons déjà dit que la partie antérieure de chaque mâchoire était formée par une petite piéce , et qu’il y avait entre cette petite piéce et le corps principal un écartement en forme de canal; cette petite pièce est mobile, et chaque fois qu’une pince s’avance au dehors (HP ANE mono: (15) elle lui imprime un mouvement de bascule à l’aide du- quel son extrémité postérieure, rejetée fortement en arrière, est recue dans une petite cavité qui se trouve à l'angle correspondant du corps de la mächoîre, tandis que son extrémité antérieure est portée fortement en dehors et agrandit ainsi l'ouverture buccale. La cavité en forme d’ampoule qui se trouve en cet endroit , et le canal de séparation des deux pièces de la mâchoire, ne paraissent avoir d’autre. destination que de faciliter ce mouvemént. Lorsque l'aliment est introduit dans la bouche , il est saisi par l'extrémité antérieure des mandibules et aïnsi successivement , par chacune des parties de ces organes, . ensorte que par ce mouvement successif, l'aliment se trouve trituré et en même temps poussé dans la cavité angulaire postérieure , ou arrière-bouche ; cette marche est encore facililée par un mouvement d’écartement qui s'opère à la base des mandibules ; car ces mandibules, en se rapprochant par leurs extrémités antérieures, opé- rent un mouvement de bascule qui fait écarter leur partie postérieure, et il s'établit alors un canal continu entre la cavité angulaire antérieure, on bouche, et la cavité angulaire postérieure, ou arrière-bouche, qui facilite le passage de l'aliment. Une fois celui-ei arrivé dans cette dernière cavité, il la franchit rapidement, passe dans l’æsophage (1) où on le suit jusque vers la partie thoracique de l’animal, point où il disparait entiérement à la vue. Outre les mouvements particuliers dont nons venons QG) RIM, no 11e (16) de parler, la tête a encore des mouvements de totalité qui paraissent lui être imprimés par les muscles qui se trouvent à sa base de chaque côté (1). Les membres sont au nombre de huit; deux paires an- térieures et deux paires postérieures. Les membres formant les deux paires antérieures (2) sont placés réguliérement de chaque côté de la tête. Ils ont une forme conique, leur base paraît implantée dans les deux tubes cornés que nous avons décrits à la partie ventrale de l’insecte. Lorsqu'on les examine à un fort grossissement, on s'aperçoit qu'ils sont formés par quatre articles (3) dont les mouvements sont, jusqu’à un certain point , indépendants les uns des autres et sur lesquels sont placés des poils (4). Le sommet de chacune de ces pattes est terminé par un groupe de crochets piquants (5), du milieu desquels part un long tube canaliculé (6), 16- gérement courbé de dehors en dedans, et dont l’extré- mité est terminée par une sorte de ventouse (7). Celle-ci est unie à ce tube par une articulation qui lui permet des mouvements dans tous les sens ; en examinant l’intérieur de cette ventouse, on s’est assuré que sa cavité se conti- nuait avec le canal du tube qui la supporte. Cet appareil, qui procure à l'animal la facilité de s'attacher aux par- ties les plus lisses de la peau de l'homme, à l’aide du vide qu’il peut opérer, a reçu de M. Raspail le nom d'ambulacrum. (i) PL IV, D.D. (5) PL V, D. (2) PL Let II, B.B.B.B. (6) PI. V, £. (5) PL V, XX XX. (7) PLV, FE. (4) PL V, C.C. (17) Les membres des deux paires postérieures (1) ne peu- vent bien se voir que lorsque l’animal est renversé sur le dos, car lorsqu'il est sur le ventre, ces membres se trou- vent entièrement cachés et ne laissent apercevoir que l'extrémité des longs poils qui les terminent. Ceux de la première paire sont un peu plus gros que ceux de la deuxième, quoiqu'ils soient cependant tous moins gros que les membres antérieurs. Ils sont placés de chaque côté du ventre et dans une direction de dedans en dehors, et un peu d'avant en ar- rière. Leur forme n’est pas tout-à-fait semblable à celle des membres antérieurs ; leur partie moyenne est plus volumineuse que leurs extrémités. Ils présentent aussi quatre articulations, mais entièrement dépourvues de poils. Leur extrémité interne vient se terminer en pointe dans un tube (2) de nature pareille aux tubes an- térieurs , mais court et unique pour chacun de ces mem- bres. Ces tubes paraissent destinés à contenir le système musculaire, lequel est ici beaucoup moins distinct qu'aux pattes antérieures. Leur extrémité libre est aussi termi- née par des crochets pointus du milieu desquels part un long poil, qui remplace dans ces membres l’ambulacrum , ou appareil de progression des pattes antérieures. Lorsque l’on observe cet insecte au microscope, on voit avec quelle facilité il se sert de l'appareil locomo- teur que nous venons de décrire, car il marche extrême- ment vite ; cependant cette marche mérite d’être notée : s () PL IL, CC. C.C. (2) PI. Il, G.G.G.G. 9 (18) ainsi , s’il est sur une surface unie , une lame de verre, par exemple, on le voit y appliquer les ventouses qui arment ses pattes antérieures et s'attacher aïnsi à cette surface, de manière à attirer ensuite le reste du corps; cette adhésion de la ventouse sur la lame de verre, est rendue manifeste par la petite secousse qu’éprouve l’ani- mal chaque fois qu’il détache une de ses pattes. Lors- qu'il se porte en avant, ce mouvement est aidé par les poils qui se trouvent à l'extrémité des pattes postérieu- res , car l’insecte, s'appuyant sur la pointe de ces poils, relève toute la partie postérieure de son corps et facilite son glissement sur l’espèce de plastron formé par les tu- bes.cornés de la partie antérieure de la surface ventrale. Ce mouvement d’élévation est quelquefois tellement fort que l'insecte ne présente plus à l'observateur que sa par- tie postérieure, et qu’il semble prêt à faire la culbute. C’est sans doute ainsi qu’il marche à découvert sur la peau , et il doit en résulter une très-grande facilité à cet animal pour mettre sa bouche en rapport avec les points qu'il veut entamer afin d'y faire son sillon, ou cuniculus. Mais une fois qu'il est engagé dans ce cuniculus, sa mar- che doit-être tout-à-fait différente; il ne lui est plus pos- sible de faire usage de ses membres postérieurs et ce n’est alors qu'à l’aide de ses pattes antérieures qu'il peut s’avancer. Ce mouvement est aidé par les tubercules pointus de sa surface dorsale qui, tous dirigés en arrière, lui offrent un point d'appui, en s’implantant dans les pa- rois du cuniculus, et l'empéchent ainsi de reculer. Nos recherches les plus minutieuses n’ont pu encore (19 ) nous faire découvrir ni le système nerveux, ni les orga. nes de la respiration et de la circulation. Nous avons dit plus haut, que l’œsophage parcourait une ligne droite de la bouche à la partie moyenne du corps de l’insecte; quant au reste du tube digestif, tout nous porte à penser qu'il offre des circonvolutions, car, en examinant les matières stercorales que l’on aperçoit fa- cilement dans son intérieur, à cause de leur couleur foncée, on les observe tantôt à droite, tantôt à gauche, et même lorsque l'animal, étant vivant , est assez long- temps soumis à l’observation, on les voit changer de place en suivant une marche sinueuse. Nous n’avons non plus rien rencontré qui nous indiquât les organes générateurs. Cependant, nous avons observé quelques œufs qui, comme nous l'avons déjà dit, sont rendus par l’anus et paraissent séjourner un certain temps dans l'espèce de cloaque dont nous avons déjà parlé. Ces œufs sont assez gros proportionnellement à l'animal, blancs, transparents , de forme ovale allongée, et du reste ne présentent rien de remarquable. On a aussi signalé des taches d’un jaune brun que l’on remarque sur quelques acarus, et que M. Albin-Gras, * auteur d’un mémoire trés intéressant sur cet insecte , a dit avoir la forme de deux croissants: nous les avons aussi examinés sur quelques uns, car tous ne les ont pas. Ces taches ne sont point superficielles, mais paraissent tenir à la coloration de quelques uns des organes inter- nes que nous n'avons pu étudier. Tels sont les détails d'anatomie que nous avons re- (20) eueillis sur l’acarus scabiei. Nous aurions désiré que notre travail fùt plus complet sous quelques rapports; nous avons pensé cependant que, tel qu’il est, il pouvait offrir quelque intérêt à la Société, et c’est ce qui nous a en- gagés à le lui présenter. (21) EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE PREMIÈRE. Acarus , vu par sa face supérieure, ou dorsale, à un grossissement de 250 fois. À. — Tête. Avec les poils qui sont placés sur la partie supérieure. B.B.B.B. — Les quatre membres antérieurs, terminés par des tubes creux et courbes, à l'extrémité des- quels se trouvent des espèces de ventouses, ou syphons. Cet appareil a recu de M. Raspail le nom d’ambulacrum. | : C.C.C.C. — Poils de terminaison des quatre membres postérieurs. Dans ces membres ce sont ces poils qui remplacent les ambulacrum des membres an- térieurs. D.D.D.D. — Poils implantés sur des tubercules de cha- que côté de l'anus. E. — L’'anus. F.E.F.F.F.F.F.F.— Enveloppe dorsale , de substance cornée , que l’on peut comparer à une carapace de tortue. (22) G.G. — Grand nombre de tubercules terminés en pointe, de même consistance que l’enveloppe dorsale, de grandeur variable, dirigés, les antérieurs et les postérieurs en arrière , les latéraux dans la direc- tion du côté sur lequel ils sont implantés, et les moyens en haut et disséminés sur Ja partie moyenne du dos. H.H. — Deux poils situés dans le sillon qui se trouve entre chaque paire des membres antérieurs. J.J.— Quatre gros tubereules pointus ét cornés , dirigés en haut et situés dans le sillon qui sépare les membres antérieurs des éminences latérales. K.K. — Douze gros tubercules pointus et cornés, dirigés en haut et situés à la partie postérieure de la ca- rapace. L.L, — Deux gros tubercules, pointus et cornés, dirigés en haut et situés de chaque côté de l’éminence antérieure. M. — Éminence antérieure. N. — Éminence moyenne. R. — Éminence postérieure de la carapace. P.P.P.— Demi-ovale armé de tubercules pointus dirigés en arrière. Q Q. — Deux longs poils, qui commencent la rangée la plus externe des tubercules poïntus qui se trou- vent sur les éminences latérales. N.0 1 2.2.3.3. — Cinq élévations antérieures, correspon- dant à la tête et aux membres antérieurs. No h.h. — Éminences latérales. (23) PLANCHE II, Acarus, vu par sa face inférieure , ou ventrale ; méme grossissement. A. — Tête. B.B.B.B. — Les quatre membres antérieurs. C.C.C.C. — Les quatre membres postérieurs. D.D.D.D.D.D.D.D.D.— Espèces de tubes cornés, sail- lants, creux à l’intérieur ; ils forment , en se réu- nissant antérieurement, un angle dont le sommet se prolonge en forme de massue. De chaque côté de ces tubes part un prolongement , lequel , après avoir fait une sorte de coude , se réunit à celui du côté opposé au moyen d’un E. — Autre tube plus étroit et rubané. G.G.G.G. — Tubes creux dés membres postérieurs. H.H.H.H. — Stries qui paraissent être la terminaison de la carapace ou enveloppe cornée. J.T.T.T.T. — Parties bombées de la face inférieure. K.K.K.K.K.K. — Rides de cette face, qui se trouvent au-dessus et au-dessous des membres inférieurs. N.0 11.2.2.3.3. — Muscles des membres antérieurs, renfermés dans les tubes creux de la partie anté- rieure de cette face. PLANCHE IL. Acarus vu de profil. A.B. — Poils de la partie supérieure de la tête. C. — Poil qui se trouve dans un dessillons latéraux, D. — Sillons de l’éminence antérieure, (2%) E. — Tubercules pointus de l’éminence moyenne. G. — Poil qui se trouve sur l’éminence latérale. F. — Tubercules pointus de l’éminence postérieure. H. — Poils qui se trouvent de‘chaque côté de l'anus. PLANCHE IV. Tête d'acarus , vue à un grossissement de 1000 fois. A.A. — Tubes cornés, qui-se trouvent à la partie an- térieure de la face ventrale. B.B.— Muscles de la première paire des membres an- térieurs. D.D. — Portions charnues qui se rendent de chaque côté de la tête. C.C.— Les deux mâchoires. N.0 1.1. — Quart antérieur, séparé par un N.0 3.3. — Petit canal, des N°2.2.2.2. — Trois-quarts postérieurs de la mâchoire. N.0 4.4. — Vésicule transparente, qui paraît formée par le déplissement de la membrane d'enveloppe de la tête. N. 5.5. — Les deux mandibules. N.0 6. — Cavité angulaire antérieure, ou bouche. N° T7. — Cavité angulaire postérieure, ou arrière- bouche. N.° 8.8. — Les deux corps fusiformes , ou pinces. N.09.9.— Deux muscles qui mettent toutes ces pièces en mouvement. N.° 10. — Corps de forme pyramidal, que l’on pourrait supposer être l’organe représentant la langue. (35) N.° 11. — OEsophage. PLANCHE V. Détails d'une patte antérieure. À. — Muscle. B. — Tube corné qui le renferme. C.C. — Poils qui se trouvent sur les membres anté- rieurs. D. — Groupe de crochets piquants. E. — Long tube creux, légérement recouvert de dehors en dedans, et dont l'extrémité est terminée par une dis F. — Sorte de ventouse. X.X.X.X. — Les quatre articulations de chaque mem- bre. Va : + a 1 "A À F SE UE { 54) : . 1 UE SE » Na rar see — At | hé N'a ice Li D sg ent ATEN | sta à Fe Sar09 aduT — 4 os éprdrnion 29 1e insruon 9 op ao — A Se | L clé L'AUR nd DA | setyair la 17 JR , LE ais 8b oqhort) — > modob b 419740 smo68bl AUOT) adui good — 4 15 ségianel 1e énzo"t tnob 10 : ( 80 ) globules agglomérés qui deviennent adhérents entre eux : Agaricus, Boletus, etc. Dans ce cas la sporidie est elle- même la séminule L Dans les Agarics, les Tremelles, ete., les séminules sont trésténues, sans consistance aucune et comme flo- conneuses; les Bolets nous ont paru avoir des séminules relativement plus consistantes ; les Lycoperdons, les Tu- lostomes, les Moisissures, les Rouilles, les Puccinies, etc., ontdesséminules extréêmementténues, nombreuses, globu- liformes et très peu consistantes. Quelle que soit cette ap- parente consistance, elle nous semble cependant être une pour tous les champignons : l’organisation est toujours similaire, ce sont des globules fongueux , plus ou moins adhérents et humides, et d’une nature tout-à-fait semblable à celle du champignon d’où provient la sé- minule. Ces séminules sont placées dans la substance fongueuse, c’est-à-dire à même le champignon, soit sur des mem- branes, soit dessous des membranes, soit enveloppées d’une membrane globuleuse ou à peu prés, soit enfin dans un tissu tubulé qui compose quelquefois tout l’in- térieur de la plante arrivée à-un certain âge. Cette tubulure qui est très manifeste dans les champignons un peu chargés de substance, nous paraît provenir de la disposition des globulés qui, par la force de * la végétation, s’allongent et se disposent tubulairement avec l’âge. Dans le Lycoperdon bovista, il est trés facile de suivre visiblement le développement , l’organisation élémen- taire et caractérisque de ce champignon. D'abord petit et composé d’une masse fongueuse, charnue, homogène et (81) blanche , on le voit bientôt’ après acqüérir une dimension RARES STE sans que la masse constitutive présente de dissemblänce dans sa composition. Il arrive cependañt un moment où, au maximum de son développement, il prend cet aspect de maturité qui caractérise les Lyco- perdon. I brunit au centre ; la membraïe externe et-pa- riétalé qui forme le sae fongueux, en changeant insensi- blement de couleur, se déchire centralement et sur un trés petit point. En ouvrant alors transversalement ce volu- mineux champignon, on distingue les'séminules qui sont très nombreuses ‘et éparses dans toute la substance pri-. mitivement charnue, actuellement sèche, filamenteuse et pulvérulente. Ces told sont des globules parfaite= ment ronds, et distincts en les mettant en contact avec l'acide nitrique qui paraît avoir une grande action sur elles : elles sont bien nrieux visibles däns cet acide que dans l’alcool. En ouvrant longitudinalement: ce Lycoper- don, Où aperçoit in canal-dont l’euverture se voit à l’ex- trémité supérieure du champignon. Ce canal étroit de 10 millimètres, n’est profond que de # à 5 centimètres ; il est sur-tout plus, étroit à la partie supérieure qu'à fa: partie inférieure.’ Cette ouverture paraît être destinée à faciliter lémission des séminules général: ment abondan- tes-dans toute l'étendue du champignon, mais. qui, sonf cependant sensiblement plus nombreuses: vers la partie “supérieure. La substance,du champignon, pendant son dé- veloppement, charnue et compacte, ensuite sèche, trés légère, se présente dans ce dernier état sous la fornie d'un feutre épais et très’serré. Ce feutre est composé de fila- ments nombreux qui sont tous tübulés : la tubulure est, ë ( 82) très visible‘à un fort grossissement. C’est un véritable plexus, formé detubes réguliers, qui s’entrecroisent et se bifurquent assez rarement. Tous les tubes n'ont pas pré- cisément la même capacité; il y. en a qui sont moitié. moins épais que les autres. On retrouve les mémes dispo- sitions organiques dans les autres Lycoperdon et dans les Tulostama , avec plus ou moins, -mais plutôt plus, de cet -tesubstance pulvérulente qui est toujours brunätre. Dans les agarics, les séminules sont placées sur “le des- sous et sur le côté des lames et des lamelles qui couvrent la surface inférieure’ du chapeau. Dans les Bolets charnus et dans les Bolets subéreux, les séminules sont fixées dans la partie du 7 RARE qui est tubulée; on peut, quelquefois distinguer ces séminyles à l'œil nu (1). Plu- sieurs Boletus obtusus récoltés, les uns sur un Prunier, les autres sur un Peuplier, présentaient à leur base, vers leur point d'adhérence, sur et dessous l’écorce des arbres, une substance byssoïde, floconneuse, qui pénétrait trés avant dans le ligneux même jusqu’au cœur de l'arbre , de manière que la fibre ligneuse était désunie et dans un état de complète désorganisation. Cette substance byssoïde était tellement abondante, qu’elle était pour ainsi dire substi- tuée au bois qui était devenu fongueux, et qui exhalait une odeur trés prononcée de D'ANETRu odeur sem- blable à celle du Bolet. * * * À x En coupant longitudinalement et transversalement ce BL | CPARLEEN ‘ () Plusieurs Agarics et Bolets que j'avais déposés sur une feuille de papier pour les étudier à mon aise, ont après quelques jours de situation ,» émis de ces gongyles ou séminules en assez grande quantité pour que le papier en fût couvert. (8) champignon, on distingue les zones qui sont formées par les couches successives qui se superposent. Les couches supérieures qui ont une couleur caractéristique, sont po- reuses, moins humides et plus distendues ; les pores sont assez dilätés, on les distingue visiblement à l'aide d’une forte loupe : les supérieures , sur-tout, présentent bien ces caractères. Les couches inférieures sont plus com- pactes, plus serrées, plus humides et paraissent moins pô- reuses parce que les pores s ’oblitérent, se resserrent et se remplissent d'une substance floconpeuse , blanchâtre , byssoïde , de filaments fins, luisants et trés blancs, qui tapissent et garnissent toute cette masse intérieure. Cette substance est absolument la même que celle qui'se trouve dans l'écorce et dans le ligneux de l'arbre, là où le champignon est attaché ; si elle s'étend et augmente dans le champignon Rand elle s’étend aussi et con- sidérablement dans le ligneux (1) , au point que tout le (1) Un’ Prunier, dans le verger de Grignon, qui était toujours couvert de Boletus obtusus, ayant été divisé par moitié par un coup. de vent, me laissa voir cetté substance blanchâtre, byssoïde, en masse dans tout son cœur. Chaque moitié du tronc présénitait un bois tout- à- fait décomposé ; Ja fibre ligneuse, tout en conser- vant son caractère de direction , avait perdu celui de l’adhérence et de la compacité propre au bois. En examinant l'intérieur des arbres semblablement affectés, on s’expliquera facilément la éause. du peu de résistance de la fibre ligneuse et de sa décomposition dans les’ végétaux vivants, celle du continuel développement du chämpignon sur une infinité d'arbres, même sur ceux où l’on opère la destruction de ces sortés de parasites, et conséquemment la cause de cet aspect de souffrance qui se remarque sur les individus qui se couvrent de champignons. À 40128 (84) buis central, Je cœur, ‘de l'arbre , est bientôt envahi. Cette tire examinée.au microscope, est de méme nature quê celle qui compose le blanc-de-champiguon dont nous parlerons ci-après; elle est un véritable blanc, lesthallus développé et renouvelè des coùches infé- rieures du champignon qui doit donner naissance à la nouvelle couche supérieure ; en sorte que chaque couche prise isolément, serail un nouveau champignon qui aurait * son thallus dans la couche sous-jacente. Ce qui fait faci- lement comprendre que les eouches nouvelles et supé- rieures du Boletus obtusus et autres champignons sem- blables , recevraient leurs éléments de vie du prolonge- ment, de la base au sommet, de la substance floconneuse. Dans les Pezises on remarque, sur la surface inférieure du godet terminal, de nombreux filaments blanchâtres, sur lesquels se trouvent de ces gongyles qui sont de vé- ritables séminules. On rencontre aussi, à la base de cés DORE vers leur poïnt d'implantation sur le corps d'où ils partent, de ces sortes’ de filaments qui compo- sent le thallus de la ‘plante: Sur ces filaments on distin- gue des petits mamelons floconneux, blancs, qui peuvent être comparés, à une séminule développée. * Dans les tremellés, les séminules, ou gongyles, sont irrégulièrement éparses et renfermées dans là substance gélatineuse de ces champignons (1). Dans le Tremellà (:) Une Tremelle d’un jaune orange, assez volumineuse, placée en collier autour de son support, qui ne me paraît pas avoir été dé- crite et qui a tous les caractères du Tremella persistens de Bulliard , exceptée la couleur, cette dernière étant violette ou violâtre , trouvée sur une branche de Junipcrus sabina, après avoir resté posée (85) nigra, , on distingue des globules qui sont de couleur lé- gérement verdâtre, cloisonnés et laissant apercevoir des compartiments, Dans ces compartiments se trouvent les séminules, qui sont d’une ténuité extrême. La sub- stance gélatineuse de te champignon , tant à l’extérieur qu'à l'intérieur, après avoir été mise en contact avec l'alcool , qui paraît avoir une certaine action sur elle, nous a laissé distinctement voir, à un grossissement de 220 fois, au microscope composé , ‘quelle était en grande partie formée d’une multitude innombrable de filaments qui s’entrecroisent dans tous les sens, et qui pa- raissent se dichotomiser. Dans tous les champignons que nous avons examinés, nous avons toujours trouvé des séminules. Ces séminules, placées dans un milieu favorable à leur développement , donnent naissance à des filaments blanchâtres, plus ou moins déliés et ramifiés, qui ont tout - à - fait la même consistance et qui sont de même naturé. que celle du champighon qui doit naître. Ces filaments »s’étendent , acquièrent par le développement plus de consistance et se couvrent de petites masses tuberculeuses, qui sont . é : pendant quelques jours sur une feuille de papier, a laissé rcpañdue suy ce papier une abondante poussiè re d’une couleur jaune oranger, semblable à celle du , champignon : cette poussière très ténue était comme flocynneuse. Après cette émissiop pulvérulente, la Tre- melle est devenue très humide et teHement humide’ que tout le “hampigaon était enveloppé de globules d’eau. La substance ayant ensuite perdu son caractère après l'absorption de Peau, elle s’est resserrée sur le bois, les circonvolutions ont disparu et le cham- pignon était tou Dont déformé le lendemain. à * (86) . les sortes de boutons souterrains fongiques, les champignons à “l'état rudimentaire. La chaleur ét l'humidité paraissent sur-tout avoir*une puissante i In- fluence sur l’action vitale et l’extension des filaments qui , considérés en masse , composent le thallus de la ee Une irop grande quantité d'air paraît nuire au développement des champignons ; il'en est de même d’une lumière trop intense, d’ une trop grande chaléur , d’un froid trop sensible et dune trop abondante humi- dité, quoique l'humidité soit l'agent le plus favorable au ‘développement de cés plantes. Ainsi, ce sont les filaments développés et réunis qui .: forment Je thallus de la plante, et ce thallus n’est autre chose que ce qu ‘on nomme vulgairement blanc - dé - champignon, qui se trouve dans les vieilles couches, sur le fumier en fermentation et en décomposition, entre les filets Jigneux du bois, dans la partie corticale, dans la terre, environnant les molécules terreuses et les agglomé- rant en mottes, etc. É *Si les champignons sont de forme variée, lethallus d'où ils sortent ne se présente pastoujours dans le même état. Ce thallus se trouve étre en "masse plus ou Moins ête ndue, trés ,concentrique ou trés excentrique ; cette masée est composée de filaments de différente grosseur, byssoides , simples, ou ramifiés, trés blanes ou colorés, ayant une,odeur et une saveur très prononcée de Shin: pignons. En examinant avec attention, au microscope et dans tous les détails, un morceau*de champignon , EE par comparaison , du blanc, nous avons. très Clenieut reconnu qu'il ny a aucune différence entre ces deux (87) substances, quant au fond de leur organisation. La série d'observations que nous, avons faites, nous à conduits à reconnaître une grande vérité qui simplifie singulière ment la question de l’organisation des végétaux... Les ramifications filamenteuses sont assez nombreuses, souvent trés déliées, $&’entrecroisant à la maniére‘d’une toile d'araignée (PI. VIT, fig. 11):-Ceux de ces filaments qui ont une certaine, consistance , donnent naissance sur tous les points de leur ‘étendue , à d'autres filaments plus déliés d’où il en sort de plus fins encore. Dans ces.r ramifications , il s’en trouve de principales, plus grosses, et relativement assez consistantes ; et qui par leur division ont de la ressemblance avée une racine (PI. VIT ,‘fig. 9). Ces épais filaments sont rarement nus; ils sont couverts par le moyen d’autres filaments très déliés, des parcelles de terre ou de fumier (PI. VIT, fi. 8). Un morceau de ces filaments coupé en deux, dans le sens longitudinal, présente un milieu (PI. VIF, fig. 10) composé d'une partie fibreuse 4; cette fibre est'jaunâtre, courte et croisée. Sur le côté B, qui indique la péri- phérie, on distingue des’ filaments déliés, byssoides, très mêlés et d’une-couleur parfaitement.bianché. On voit cà et là, dans la Substance filamenteuse , de petits ma- ‘ melons qui sont les sortes de.boutons souterrains d'où naissent lés champignons. | | Ces filaments réunis , ce blanc , ce thallus enfin, est la masse rudimentaire des nouveaux champignons ; en s’é- tendant, cette partie occupe plus d'espace, souvent même un espace considérable ; se renouvelle par un développe- ment successif, et donne lieu à une succession infinie de (88) champignons quels qu'ilssoient : c’est ainsi qu’une couche de fumier qui contient du blanc se couvre de champi- gnons. Une PortIon de blanc située convenablement, donne naissance à une plus grande ‘quantité dè ce même blanc, de manière que pour ootenir beaucoup de champignons, il suffit de: prendre un peu de blanc et de le placer dans les endroits de la couche préparés à le recevoir avec avantage ; bientôt il y aura abondant développement de champignons et extension excentrique du blanc, exten- sion tellement considérable ,qu'ên fort peu de temps tout le fumier en sera garni. .Ce blane, qui a produit cette année » peut enéore pro- duire à la même place l’année suivante, mais sensible- ment mois. Il en sera cependant tout autrement si la masse est remuée, renouvelée, car alors la fécondité de- vient le ren Cela tient à ce que le blanc , pour avoir une certaine force vitale, a besoin d’être stimulé _par des ägents puissants : les Agarics , les Bolets, les Mo- rilles , etc., sont sur-tout dans ce cas. Un fait probant en Rs de cette dernière assertion , c’est que jamais on ne verra abondance de développement de champignons dans le même lieu ({). C’est toujours non loin, il est vrai, (1) Les cercles magiques ou anneaux enchantéss dont parle Davy (Chimie agricole, traduction de M. Marchais de Migneau , p. 570). Bosc (nouveau cours comp! let d’ Agricu lure, vol. 5, p-556), donnent une preuve évidente de Ja puissance du thallus sur le développement des chämpignons , du rayonnement de ‘ce thallus et de sa tendance à lexcentricité. On peut voir ce fait curieux, lors de la pousse des präiries, qui se fait remarquer par une irace circulaire formée par les herbes qui sont plus hautes, plus vertes, et plus épaisses dans - (89) de ce premier développement, mais cependant sur le côté de la place où antérieurement il y avait eu sortie de champignons : cette sortie provient bien du même thal- lus, mais de la partie renouvelée par d’autres ramiti- cations filamenteuses (1). . ” é L | mn, A LA . è | la ligne, qu’en deçà et âu-delà du cercle. Ce cercle se voit en- core lors de l’époque de la sortie des champignous qui appa- raissent- circulairement. Ce cercle est souvent régulier, très*sou- © vent aussi la régularité.est interrompue ; quelquefois il n'ya que des portions du cercle , et d’autrefois-enfin" il n’y a aucune régularité. Ce ne sont pas toujours les mêmes champignons qui se rencontrent formant ces cercles; j'ai reconnu plusieurs ‘Agaries et Bolets, mais toujours une seule "espèce composant chacun d’eux. La luxuriance de la végétation de l’herbe se:comprend et explique tôut naturellement l’abondante apparition des champignons* les champignons qui con- tiennent des substances grassts, des matières animales très favorables à la végétation, en se décom posant, donnent à la terre et aux plantes un stimulus actif; par ce même effet le thaïlus dés champignons reçoit dans le même sens des éléments d'action, et si la témpé- rature seconde ces effets,’ les champignons sont abondants. J’ai pu remarquer dans plusieurs endroits , et sur-tout dans les jardins de Trianon, beaucoup de ces cercles magiques , plusieurs espèces les composant, mais toujours une seule pour chaque «ercle. J ’ai acquis l'assurance que ,ces cercle$ ne restent pas circonscrits : ils $’éten- dent progressivement. + riA 8e (1) Comme le blanc-de-champignon transporté d’un lieu dans un autre est suscéptible de donner naïssance à de nouveaux champi- gnons, ne serail-il pas possible d’en conclure, que ce que] l'on fait pour %: Agaricus edulis, pourrait être mis en pratique pour Ja Truffe, la Morille , certaines Clavaires et autres champigitons qui font les+dé- Jices de’ nos ‘gourmets? Les preuves que l’on a de la puissance de la culture, nous permettraient de répondre affrmatirement, et nous _ préndrions pour exemple un fait très connu : l’Agaric champètre (9%) Nous laisserions bien du vague dans nos précédentes assertions si nous nous en tenions à à dire que tous les champignons naissent d’un thallus, que le, thallus est produit par le développement d’une séminule et'que ce : {hallus une fois formé ; contient assez d'éléments de re- (4garicus campestris) par la culture, a donné V'Agarié des couches ; “(Agaricus edulis), qui n’est qu’une simple variété de l'espèce sauvage, et qui se reproduit constamment par des portions de son thallus. Si | jusqu'ici on n’a pas tiré plus de conséquence de ce fait, ce n’é- tait pas qu'on Rat US mais C’est que les soins de culture n'ont pas été dirigés wers ‘et objet. Cependant “quelques tentatives in- fructueuses ‘ont été faites ; on a essayé la Truffe et la Morille. Moi - même plusieurs fois j'ai voulu reproduire la Morille et ce fut tou- jours sans succès. Si de, tels essais, sans suite et sans ferme vou- -loir ont été tentés , il me semble qu ‘on doit attribuer leur non iéussite, plutôt aux limites de notre expérience à cet égard, qu’à la non valeur de. l'opinion qu’on pourrait ayoir sur la facile multiplication artificielle. si, 21900 tns 3 Ne doit-on pas se rappeler, que certaines plantes phanékggames, ont un tel caractère de* sauvagerie , qu'elles restent long-temps à rebelles à lé culture? Ne sait-op pas aussi que ces mêmes plantes, . qui se refusent aux soins de’quelqües cultivatgurs, répondent à ceux de quelques autres? Ainsi jai cherché à cultiver le Pyrola major et smünor ,, et après avoir employé tous les moyens, je ne suis par- venu à conserver ces plantes que deux ans, et encore dans un état de souffrance , quoiqu’elles pullulent admirablement dans les bois où elles croissent spontanément..La culture des Orchis à êté tentée + par diverses personnes qui ont échoué; cependant M. Souchet, jardinier du Roi, à Fontainebleau ;,a parfaitement réussi dans la £ ‘culturé de ces plantes. Le Nepenthes distillatoria, le Dionæa musci- pula, les Sarracenia , beaucoup de plantes alpines, etc. 5, ont sou- vent été l’objet des soins de nos cultivateurs, et ces soins ont pres- que toujours été sans succès. On n’ignore généralement ‘pas que (91) production pour que l'espèce pullule indéfiniment-sans le besoin de nouvelles séminules. Nous soutenons ce fait pour certains ‘champignons ,* pour up grand. nombre, mais non pour tous. Beaucoup de champignons naïis- sent sur des organés périodiques des végétaux, sur des tiges herbacées , des feuiMes, etc: Ces champignons ont bien Jeur thallus, mais ce thallus n’a pas de puissance reproductrice , lc séminules* seules remplissént cette indispensable fonction. En eXaminant l’Uredo candida, quand il est dans son état naissant , sur les feuilles de l'Erysimum præco , par exemple, on voit là surface de la feuille être poiñtillée de petites taches. Une décolo- - ration sensible dans cette partie, est le premier état caractéristique de la présence du champignon; c’est là le point de fixation de la séminule trés ténue. En sui- TES Le : Pa ? : e x . é certaines plantes, même communes, semées à cerfaines époques, ne donnent pas de bons résultats, tandis qu'en saisissant le mo- ment convenable on est satisfait. Certaines Ombellifères’, la Fra- xivelle le Frêne, etc., sont dans ce cas. ‘ : © Que doit-pn conclure de tout cela? Qu'il n'est pas toujours pos- sible au cultivateur de reproduire artificiellement les diverses eir- constances qui , concourent à toute réusiite. Sol, situation, expo- sition , influence atmosphérique 4 ‘temps opportün pour faire les opérations , ete, pe sont ‘pas toujours faciles à façonner, à mo- difier dans le ‘sens des’ besoins de tellé@on telle plante. Ce n’est qu'après un certain temps, après une suite d° expériences fondées sur l’observation, qu’on arrive. Cette vérité se rencontre même quand il s’agit de faire une couche de champignons ; il est tel jardinier qui n’en manque pas une, tandis qu’un autre avec les mêmes élé- ments ne réussira pas; l’un et l’autre dans des conditions diffé- rentes peuvent bieñ aussi ne pas obtenir des résultats satisfaisants. (92) vant la progression du développement, on voit bientôt après que la décoloration s'étend ; l’épiderme se sépare de la partie. parenchymateuse de la feuille au - delà ‘du point primitif. Ce n’est que lorsque la tache a pris une certaine extension ,sque l'épiderme disparaît. Alors, on distingue trés visiblement le champignon qui a fait, au point de sa naissance, un trou en forme de trés petit .entonnoir: dans le parenchyme. Sion examine le cham- pignon au microscope, quand la feuille ést dans cet état, on vait, au fond du .trou et sur les parois, que le paren- chyme est détruit et qu’il'est remplacé par une sub- stance filamenteuse qui est lé thallus de ce champignon. Cette substance filamenteuse ne tarde,pas à s’étêndre sur toute la feuille, et bientôt aprés le tout est couvert d’une pulvérulence floconneuse, blanche. Nous pourrions citer plusieurs Uredo , des Puccinia , des Erineum , des Erysiphe, des Tubercularia, ete., qui agissent vitalement d’une manière semblable ou à peu prés. Relativement au développemént rudimentaire , les champignons de ce genre sont aux autres, ce que les plantes phanérogames, annuelles ef bisannuelles, sont aux plantes vivaces et ces dernières aux végétaux li- gneux. La durée dans les champignons exerce bien aussi, relativement, son influence caractéristique, comme on lobserve dans les végétaux d’un ordre supérieur. Parmi les maladies qui affectent les plantes céréales, nous trouvons cértains champignons qui ont un mode d’action si remarquable qu’ils causent de grandes alté- rations aux plantes sur lesquelles ils croissent, consé- | quemment qui sont désastreux pour l” agriculture. Le prin-w (93) cipaux de ces champignons , sont la Carie (Ur edo caries), le Charbon (Uredo cafbo), l'Ergot (Sclerotium clavus), qui viennent sur et dans le grain des céréales et qui le dé- forment complétement (1). Il est encore d’autres espèces de champignons qui viennént sur les féuilles, sur la gaine des feuies, sur les tiges, etc. de nos céréales et de toutes les graminées erf général, et qui nuisent plus ou moins à l’économie de ces plantes : nous ne parlerons ici que des espèces qui désorganisent Le grain. Il est maintenant reconnu que ces maladies qui atta- quent les céréales sont des'champignons désorganisateurs d’une partie organisée en faveur de leur propre organi- sation; l'étude de ces champignons "nuisibles est de la plus haute importance pour la culture. Comment naissent ces champignons ? C’est une question qu’on se fait encore, malgré les progrès que nous avons faits dans la science. Bédetos de cultivateurs ont parlé et éérit sur ces cham- pignons (2); plusieurs botanistes se sont occupés de. ce sujet, et entre autres auteurs, J.‘Banks, en Angleterre, M. Decandolle , à Genève, ont exposé une théorie qui (1) Ges champignons, qui sont particulièrément connus pour at- taquer, les céréales, se rencontrent aussi sur une infinité d’autres graminées. Je les ai trouvés sur plusieurs espèces étrangères aux genres qui constituent les *céréales. Leur présence sur ces végétaux moins utiles, n’est pas signalée, parce que leur effet nuisible dans ce dernier cas est d'une moindre importance, Toujours est-il que le fait mérite d’être cité: . (2) Bénédict Prévôt, Tillet, Parmentier, Tessier, Bosc , Bulliard, Banks, Decandolle, Seringe. etc., etc. (94 ) nous paraît être plus ou moins fondée. Avant de rappeler l'opinion de ces savants et d'indiquer les faits qui appuient la nôtre, nous ferons connaître le résultat de nos-exa- mens sur le champignon appelé Carie (1). : . M. l'abbé Vandenhecke , en examinant au microscope l'Uredo caries, obtint les résuliats suivants. | , La pôussiére de carie présente dés sporidies difficiles à déterminer. Dans l’eau, elles se détachent, se séparent et se présentent à l’état circulaire; les cellules sont transpa- rentes, colorées, vérdâtres, contenant un principe coloré qui donne aux sporidies un aspect ridé. M. Vandënhecke, pense que ces sortes de rides pourraient bien être des cloisons ou des cellules intérieures assez élargies. Dans la partie moyenne des sporidies, on distingue des espèces de petits tubercules qui paraissent des points d'attache. Toutes les sporidies n’offraient pas ce caractère ou àe se présentaient pas ainsi sous Ja vue, parce qu ’elles se trouvaient, sur le parte-objet du microscope, dans une position qui, cachait le point d'attache. M. Vandenhecke, insiste sur ce caractère, parce que les auteurs ont dit que les ‘sporules n'avaient pas de points, d'attache. Exami- nées dans la glume, les sporules’ ne sont pas détachées, à m" . Ce . LL (a 1) Nous croyons devoir complèter notre travail, en indiquant les observations microscopiques faites, par M. l’abbé. Vandenhecke, antérieurement à la rédaction de ce mémoire. Ces observations se rapprochent plus ou moins de celle des atteurs qui se sont occupés de ce: sujet, mais elles appuient parfaitement notre opinion sur l’organisation des champignons. ; sh, (95) mais elles forment des agglomérations qui semblent prou- ver l'existence de ces points d’adhérence. Aprés avoir placé cette carie dans l'eau, sur la terre mouillée , sur le sable humide , il ne’, put remarquer au- cun changement dans la masse et dans ses détdils, pen- dant les premiers jours de l’ expérimentation. : Après un profond examen, il lui fut facile de recon-- - naître, que les sporidies ne sont autre chose que des utri- cules, contenant un grand nombre de cellules, qui pa- raissent avoir üne forme plus ou moins manifestement : hexagonale, colorées par une substance d’un vert jaunätre. M. Vandenhecke ,'ayant voulu comparer la grandeur de ces hexagones avec ceux de l'œil de la mouche com- mune , a trouvé que chacun des hexagones dela cornée, est au moins trois fois aussi grand que la sporidie conte- nant au moins cent cellules. Il's’énsuit que le volume de l'œil de li mouche contiendrait 40,000 cellules. En cherchant à découvrir l’usage de ces cellules, il a vu qu'elles se sont vidéesy et les granules qu’elles eon- tenaient ont disparu. Mais autour de ces cellules vidées,. il a trouvé une quantité de petits corps diaphanues, blan- châtres, ayant la forme d’un petit cylindre dont-les'ex-" trémités étaient terminées en pointe et légérement courbées en forme de cfoissant , présentant tout-à-fait l'apparence de l’infusoir que Muller a nommé Vibrion. * lunulé. Quelques-uns de ces cylindres-présentent dans le, milieu un petit point diaphane. * Ces petits corps sont autant de jets en développement des granules ou sporules sorties des sporidies, car ces pe- tit jets ne peuvent pas être regardés comme des infu- (%6 ) soires : ils sont sans mouvement. Il faut observer que ces sporidies , en{ourées de ces petits réjetons, se sont trou- vées vides t{ ne contenant plus,de granules: Elles étaient entièrement diaphanes, à l'exception d’un cercle. plus jaune qui se trouvait à la partie externe de la sphère : ce cercle pouvait bién provenir del épaisseur des bords, et n'être qu’une illusion d'optique, alors les sporules se- raient entiérement vides. À En résumé , ‘ces observations nous portent à affirmer que des granules aggloméréeés composant la carie, sont les sporidies ou séminüles multiloculaires qui ont donné pour développement , après plusieurs jours de situation dans un.milieu favorable, un commencement de jets. A ces premiers jets, précédemment décrits, ont succédé des filaments byssoïdes, qui se sont allongésiet ont formé un tissu d’un blanc éclatant , et tout-ä-fait semblable au tissu réticuläire ou sortes de radicelles filamenteuses du Mucor, excepté qu’il n’y a pas eu apparence de petits mamelons floconneux. Au bout de deux ou trois jours, ce tissutblanc a commencé à se couvrir de petits points noirs, qui se sont bientôt multipliés et qui ont fini par couvrir et envahir toute la surface de la substance sur laquelle se . faisait l'expérience. Il n’a été distingué sur la masse filamenteuse aucune trace d’élément de reproduction, Cette masse est le thallus de la carie, supportant les séminules qui reproduisent chaque année la plante, sans que ce thallus ait la propriété de se reproduire ici par portion de lui-même, caractère qui se rencontre dans ious les champignons fu à J. Banks, pour la fixation de ces champignons qui se me (97) rencontrent sur une infinité de plantes, pense que les grai- nes extrêmement fines de ces petits cryptogames, répan- dues dans l'air, pénètrent dansles feuilles par les pores cor- ticaux, et se développent sous l’épiderme dans la partie parenchymateuse de la feuille ou d'autres organes de la même sorte. Cette opinon nous parait très rationnelle pour quelques champignons, pour le plus grand nombre, mais non dans tous les cas pour tous. Par exemple pour la Carie, le Charbon, l'Ergot, etc., nous ne pouvons admettre qu’il en soit toujours ainsi. M. Decandolle a dit que les graines des champignons tombant à terre, lors de leur maturité, se mêlent avec le terreau, sont entraînées par la sève, entrent dans les racines, pénétrent dans l’intérieur de la plante: et sont charriées par la sève, dans toutes les parties où elles se développent y trouvant une alimentation conve- nable (1). Sans vouloir combattre ouvertement ces deux sédui- santes théories, qui ne nous paraissent pas généralement fondées , nous devons dire que des faits, que nous allons citer, nous empêchent de les admettre sans restriction, car toutes deux nous paraissent avoir un fond de vérité incontestable. Ne voulant pas nous étendre , nous devons nous borner à parler des champignons qui se développent sur les graines. Nous nous sommes jusqu’à présent convaincus que les (1) Monographie des Céréales de la Suisse, par M. Seringe. « (98) séminules très ténues de ces champignons, restent fixées sur les graines où elles tombent , quand le champignon est en maturité: ces graines sont voisines de celles qui sont morbidement attaquées. Quelque soïn qu’on apporte au chaulage, quand cette opération se fait, on conçoit qu’il n’est pas possible d’éloigner toutes les séminules ou de les anéantir toutes. Ces séminules qui se trouvent sur le grain, plus ou moins rapprochées du point où sort l'embryon, s’accrochent à la tigelle, se fixent sur elle pour se développer ensuite sur l'organe où le champignon parcourt ses phases de végétation. Dans le jardin de l’école normale de Versailles, destiné aux études culturales des élèves de cette école, nous cultivons une collection très étendue des différentes es- pèces et variétés de céréales. Depuis trois ans que cette culture est établie, je ne me suis pas aperçu qu'aucune variété de blés présentât de grains morbides. A l’Institut agronomique de Grignon, nous cultivons depuis quatre ans dans le jardin d’étude , une semblable collection, et je n’ai pas observé la moindre altération sur aucune va- riété. Je reçus au printemps de l'année 1834, une collection de céréales provenant de l’université de Heidelberg ; en la recevant, je l’examinai, et je reconnus qu'il y avait un grand nombre de grains cariés. Je partageai en deux parties cette collection ; moitié fut semée à l’école normale et l’autre moitié le fut à Grignon. Je suivis le développement de ces céréales, j'examinai leur produit, et je reconnus, qu’à Grignon comme à l’écolé normale nos blés étaient trés sensible- DE. Et ( 99 ) ment affectés de la carie. Il est à noter que les collec- tions ordinaires de ces deux établissements n'ont pas présenté, plus que les années précédentes, la moindre apparence d’altération ; tous les épis étaient beaux et les grains dans un fort bel état : nos blés de Heidelberg fu- rent les seuls qui présentèrent cette altération. De ce fait extrêmement curieux et péremptoire , il est facile de conclure, tout bien considéré, que les séminules de ces champignons n'étaient contenues, ni dans le sol, ni dans l’air, puisque la collection venue d’'Heidelberg fut la seule altérée, tandis que les autres blés cultivés, en tout semblablement situés , ne présentèrent rien qui annonçât la plus petite altération. Nous pouvons donc soutenir que les séminules fongiques étaient fixées sur les graines et qu’elles ont suivi le développement de l'embryon, en s’accrochant à lui , et qu’elles se sont dé- veloppées de l’extérieur à l’intérieur. Maintenant , voici un autre fait qui rapprochera notre opinion de celle du savant botaniste de Genève , sans cependant qu’elle puisse être en tout point la même. Une poignée de blés dans laquelle tous les grains étaient les uns plus ou moins attaqués de carie, les autres frottés contre des biés cariés, fut semée l'an dernier dans le jardin d’étude de Grignon. Ces blés prospérè- rent ; seulement leur végétation , sans être interrompue, avait un aspect moins brillant que celle des autres blés ; ils parcoururent régulièrement leurs phases de vé- gétation, parvinrent à leur fruciification, mais nous re- connûmes que presque tous les épis présentaient. plus ( 100 ) ou moins de blés cariés. A côté de ces blés, il s’en trouvait d’autres qui n’affectérent pas le même carac- tére. Ce fait bien concluant , prouve jusqu’à l'évidence que ce n’est ni le sol, ni l'air, qui contenaient les séminules, mais bien le grain lui-même. Dans ce cas, nous pour- rions prendre , mais d’ici seulement, l'opinion de M. De- candolle, en disant que les séminules, mélangées avec la’ partie farineuse du blé tournée en lait, ont été introduites avec cette première substance alimentaire de la jeune plante et charriées avec la sève dans son intérieur. Cette théorie est séduisante et n’est pas sans fondement dans ce cas; mais des faits venant encore la combattre, nous nous en tenons à notre opinion qui peut bien, dans quelques cas, être modifiée par cette dernière théorie que nous ne pourrions approuver en partie qu'ici. Il y a quelque chose de bien vrai et de bien fondé dans certaines pratiques. Il y a souvent un fond de prin- cipes que l'expérience scientifiquement dirigée fait tôt ou tard découvrir. Pourquoi chaulerait-on utilement , si les séminules étaient dans l’intérieur des grains de blés, ou pour le dire plus intelligiblement, si les séminules étaient autrement placées que sur le grain? Voici ce qui nous est encore arrivé relativement à nos blés d'Heidelberg. Ces blés, semés à Grignon, dans un terrain inférieur en qualité à celui de l'école normale, présentaient plus d’épis à grains cariés, que ceux du même semis fait à l’école normale, qui en présentèrent aussi beaucoup, mais sensiblement moins: Dans un bon terrain, la végétation plus active, atténue l'effet du mal ( 101 ) et paralyse l’action du germe des: séminules. Dans un mauvais terrain, la lenteur de la végétation donne plus d'accès à l'extension du germe, les ravages deviennent plus considérables (1). Pour appuyer. ce fait, nous verrons ce qui arrive pat le chaulage, et tout naturellement nous allons émettre notre opinion sur l'effet du chaulage, opération dont les résultats doivent corroborer notre opi- nion. La chaux agit de deux. manières, 1.° en détruisant quelques séminules et en en paralysant d’autres ; 2.° par son action en donnant plus de vigueur à l'embryon, d’une part, qui plus stimulé, se développe plus promp- tement.et plus énergiquement, et d'autre part, à la jeune plante qui aussi plus stimulée se développe plus rapide- ment et par ce développement rapide, entrave celui des germes morbides et atténue sensiblement le mal quand il ne l’arrête pas complétement : c'est ce qui arrive le plus souvent. Ainsi le chaulage produit ce double effet, d'arrêter ou de détruire le mal en paralysant ou en an- nulant quelques germes, et d'activer la végétation de la plante pour entraver le développement, l’amoindrir, pour ne pas dire l’annuler, car cette annihilation n’est pas facile. (1) Ne sait-on. pas que moins la végétation d’une plante est active, plus elle est exposée à recevoir une impression morbifique; et au contraire , plus une plante est vigoureuse , plus la fixation maladive devient difficile. Il est bien vrai de dire aussi qu’une lenteur de végétation, annonce toujours une altération plus ou moins manifeste , une déviation plus ou moins marquée dans l’é- conomie de la plante. (102) Nos blés d'expérience non chaulés , dans un médiocre terrain, ont donné un acrës plus facile à la fixation des séminules; aussi nos épis étaient-ils attaqués en nombre. Les mêmes blès dans un meilleur terrain, par leur plus de vigueur, ont laissé moins de prise aux séminules et par cela même ont été moins sensiblement attaqués. Dans un terrain d’une qualité supérieure, nous eussions eu en- core moins de mal, et si enfin nous eussions chaulé nos grains, il est tout probable que le mieux eût été plus sensible encore. Par contre, dans un mauvais terrain, dans une terre pauvre et mal cullivée, la maladie est féconde en résultats et le mal étend ses ravages par cela même que la plante végétant lentement, donne toute prise à l’empiétement des séminules et au développe- ment actif du germe de ces dernières. De ces derniers faits, nous concluons que si la plante vigoureuse est moins promptement et plus difficilement attaquée, il ne nous est pas facile de comprendre que les séminules se développent de l’intérieur à l'extérieur, parce qu'alors la lymphe serait viciée et l’action mor- bide ne saurait être facilement atténuée. Au contraire le germe étant dehors et fixé sur un organe, il peut être retardé dans son développement par la rapidité de l’ac- croissement de cet organe qui ôte toute prise à la fixa- tion parfaite et au prompt développement. Si l’onnous objectait dans ce cas, que selon nos propres assertions, les plantes attaquées de carie ont un certain caractére d’altération, et que ce serait une preuve que le vice existe intérieurement par les séminules qui seraient contenues dans les fluides ; nous répondrions encore, que (103) les séminules fixées au dehors, peuvent aussi bien donner à la plante ce cachet de souffrance, que si la situation et le développement étaient intérieurs. Nous persistons dans l'opinion que nous émettons dans ce mémoire parce qu’elle est appuyée sur des faits; mais toutefois, nous ne nous dissimulerons pas que les deux théories , l'une de J. Banks, l’autre de M. Decandolle, aussi séduisantes que raisonnées dans le sens de ces deux savants, ne sont pas sans quelques fondements. J'espère avoir à exposer cette année un plus grand nombre de faits sur la carie; j'ai entrepris, à l’école normale de Versailles, une série d'expériences de ma- nière à pouvoir être éclairé sur tous les points de cette question. Je ne manquerai pas de faire connaître à la So- ciété le résultat de mon expérimentation. Nos nombreuses observations nous portent à poser les principes suivants, qui nous ont tout naturellement con- duits à comprendre combien est simple l’organisation végétale , et combien cette simplicité organique est susceptible de modifications selon les organes, la si- tuation des organes, les végétaux et les séries caracté- ristiques des végétaux qui composent cette partie du ré- gne végétal. Un champignon quel qu’il soit, ne naît jamais immé- diatement de la séminule, mais bien d'un thallus plus ou moins développé. Ainsi, la séminule est l’élément du thallus et le thallus celui du champignon: la séminule est une minime portion du thallus. Chaque portion de thallus, quelque petite qu’elle soit, est tout-à-fait ( 104 ) semblable à une séminule , dans ce sens que l’organi- sation est la même et que de cette portion il naît un thallus duquel sortent des champignons. Dans tous les champignons, il y a deux choses à consi- dérer quant à leur organisation : la première, la partie fongueuse proprement dite, et la seconde , la partie fongo-fibreuse. La partie fongueuse du champignon est de premiére formation : la séminule, le thallus naissant, les rami- fications du thallus et toute la substance molle, hu- mide et charnue qui se trouve dans les ramifications principales du thallus et même du champignon, appar- tiennent à cette masse fongueuse. Cette partie est formée d'un tissu cellulaire susceptible d’une grande dilatation et contraction. C’est par l’un et l’autre de ces effets que la séminule se développe , que le thallus s'étend et que le champignon se caractérise. La séminule, qui est formée d'un ou de plusieurs très petits globules fon- giques , placée dans un milieu favorable, reçoit des éléments de vie, se gonfle, et, par un effet de son action vitale, émet de sa propre substance des filaments byssoï- des ou floconneux qui s'étendent , se ramifient plus ou moins de manière à former une sorte de réticule, duquel sortent de nouveau globules fongiques , les rudiments de champignons, qui se dilatent, s'étendent et forment ensuite la plante parfaite. Les champignons en s’aceroissant, soit en hauteur soit en largeur, aceroissement qui a lieu par les mêmes effets, par la puissance d'extension de la substance élémentaire, (105) s'organisent et cette organisation a lieu par l'effet de la transformation de la substance élémentaire. fongique en substance fungo-fibreuse, qui prend alors le caractère d’une fibre molle sans consistance, ou mieux, n'ayant que celle qui est particulière aux champignons. Cette substance se forme par l’élongation des masses primi- tives et par la pression que reçoivent ces masses pendant l’action végétative. Cette partie fongo-fibreuse augmente dans tous les sens , finit même par se tubuler, tubulure qui s’accroit encore et qui devient sur-tout trés visible au microscope quand le champignon est arrivé à son maximum de dé- veloppement. Toute la substance ER le champignon, étant déjà très humide et de nature spongieuse , apte à absor- ber beaucoup d'humidité, est organisée de manière à n’avoir qu’une durée plus ou moins courte ;'aussi quel- quefois la décomposition du champignon suit-elle de près le développement parfait. En observant avec une scrupuleuse attention l’organi- sation des végétaux qui composent la famille des cham- pignons , comparativement avec celle des autres crypto- games d'un ordre plus élevé, puis ensuite des plantes monocotylédones et enfin celles des dicotylédones, on re- connaît qu'il y a un rapport admirable dans tout ce qui constitue la partie élémentaire de ces plantes. Il y a dans cette suite correspondante des végétaux, une série de choses qui conduisent pas à pas à une vérité bien grande que l’on ne peut pas ne pas reconnaître, qui est que tous les végétaux , quels qu'ils soient, ont une seule et (106) même organisation très modifiée par la nature même des plantes. Cette organisation se complique au fur et à mesure que l’on suit ascensionnellement l'échelle élé- mentairement végétale, et se simplifie quand on se di- rige dans.un sens opposé. Explication DE LA PLANCHE VII. Figure re, Mucor giganteus de grandeur naturelle, et représenté exactement dans l’état où il a été trouvé, sur un morceau de pain décomposé, qui avait été jeté dans un re- gard humide qui est placé dans une des cours de l’école normale. A. — Morceau de pain décomposé, couvert du Mucor, présentant plusieurs zones. a. Couche la plus inférieure, très mince, verte, reposant sur une expansion tré- melliforme et chargée de nombreux fila- ments qui présentent un véritable tissu feutré. b. Couche supérieure à la couche a, plus épaisse, jaune , mélangée de plusieurs petites taches de couleur orange , mais n'ayant pas le mêine aspect feutré que la couche sous-jacente. ( 108 ) c. Couche supérieure à la couche b, d'un blanc sali, épaisse et ayant conservé son caractère de pain humecté mieux que les couches inférieures. Cette couche est rem- plie de nombreux filaments qui la par- courent et qui s'enchevêètrent dans tous les sens: cette couche contient aussi une quan- tité de filaments capsuliféres. Dans toute l'étendue du morceau de pain , on distingue une quantité de cap- sules noires, seminifères, qui surmontent les filaments. B. — Filaments en forme de barbe composant le Mucor : ces filaments sont d’un beau blanc , soyeux, couverts de capsules sé- minifères. C. — Plaque charnue, d’un jauñe brun, trémel- liforme. La surface de cette plaque qui touche au sol est à peu prés lisse; au con- traire celle qui adhére au pain et qui y est unie, par de nombreux filaments , est circonvolutée comme l'indique la figure 2. 2, Morceau de plaque charnue, trémelliforme, présentant la surface supérieure circon- volutée vue à la loupe. 3. Réceptacle ou capsule (peridium) séminifère avec une portion de filament ; objets vus au microscope simple. ( 109 } A. — Filaments sensiblement grossis, au sommet desquels se trouvent des capsules sémini- fères. B. — Capsule sphérique sensiblement grossie , noire et arrivée à son état complet de ma- turité : les capsules de cette forme sont celles qui se rencontrent assez ordinaire- ment en abondance. B°. — Capsule avant la maturité complète, un peu anguleuse sur les côtés, obtuse au som- met (1), jaune. Fig. %. Capsule mise en contact avec l’eau présen- tant une déchirure et la sortie des sémi- nules. Fig. 5. Portion de filament avec capsule: ces objets sont vus à un très fort grossissement. À. — Filament tubulé laissant apercevoir de l’eau dans son intérieur. B. — Capsule déchirée et présentant une masse de séminules. B. — Masse de séminules trés distinctes. Fig. 6. Portion de filament , mise en contact avec l’eau, sensiblement grossie, figurée à la vue (1) Les objets de cette figure 5, ont été vus au microscope simple de Chevalier, lentille n.o 5; ceux des autres figures ont été vus los uns au même microscope et les autres au microscope d’Amici, à divers états de grossissement, (110) du microscope d’Amici, laissant apercevoir la tubulure et le liquide dans le tube. Fig. 7. Séminules vues à un trés fort grossissement; ces semences étant d’inégale grosseur, j'en ai figuré une des plus petites et une des plus grosses qui se sont présentées à no- tre vue, avec quelques-unes de grosseur moyenne. Fig. 8. Portion de blanc de champignon, filament fongique dans son état naturel, entouré de parcelles de fumier. Fig. 9. Le même filament que celui de la figure 8, mais auquel on a enlevé les matières étran- géres qui l’environnaient. Fig. 10. Portion de filament vu a un très fort grossis- sement au microscope d’Amici, coupé trans- versalement pour faire connaître l’organi- sation intérieure des filaments fongiques. À. — Masse fongueuse présentant un tissu cellu- laire homogène, lâche et incolore. B. — Substance filamenteuse , déiiée, très abon- dante , imperceptible à la loupe , mais par- faitement visible au microscope. De la masse fongique partent les nombreux filaments dé- liés d’abord simples, qui s'étendent , se ramifient , s’entrecroisent et augmentent par leur accroissement l'étendue du ihallus, du blanc , et le renouvellent. (111) C. — Fumier et corps étrangers qui se trouvent sur un des côtés du filament. Fig. 11. Masse de filaments fongueux, byssoïdes, thal- lus naissant en végétation ; cette masse est vue à un certain grossissement et présente de ces sortes de boutons fongiques, souter- rains, qui donnent naissance aux champi- gnons et d’où ces derniers prennent leur développement. CARE}, Ÿ 4, dmoraon be ip ANNE NL rasaoil niénl D, LA | Ne rit y} am egh à DUT TELL H “ Vpadr cohidenqu soie ahmed sBraaeté., LE 4 Jar) PME M à aida }èd rs A9 NÉSSAET ÉFCE I ‘ L id: EC" usa 39 AN IE LA LEE FF FAN CIRE ALL UU ve d L Fe 191 fé Bot api auothod 25 41108 283:9b : ; Lijeed: y, Luis PRET IL pe ysé ETAT FE. | 09! none enoui3b 699 À | IUAY L1 ; #æ ALAN si FT Li : ps LA . i L' L Êté - x » - - ] di k % Ÿ . . mi % + ‘ Ce F ” 22 $ F 3 ‘ & à N * LE « UP 0) à à TON | F0 : t % ( ' nn ut à 1h h) x re * à l , + A ù | " { L? d L LL] j L NT. 4 OBSERVATIONS SUR LA VÉGÉRARON DAS DUNES A CALLIS, PAR AD. STEINHEIL, PHARMACIEN SOUS-AIDE-MAJOR, MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE PABIS, MEMBRE ASSOCIÉ DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE SEINE-ET-OISE+ Parmi les questions qui paraissent, dans la marche ac- tuelle de la science, mériter de fixer davantage l’attention des botanistes, autant par les faits qu’elles peuvent four- nir au développement de la science que par les théories qui doivent plus tard en découler au profit de l’agricul- ture et de l’économiesociale en général, je crois que l’on doitsur-tout citer l'étude desvariétés et celle de la géogra- phie botanique, c’est-à-dire l'étude de la réaction mu- tuelle des climats sur les plantes et des plantes sur les 8 (118) climats. Les questions les plus larges que la géographie botanique nous présente sont celles-ci : 1.0 Des types distincts ont-ils été créés au commence-: ment des choses, et se sont-ils conservés invariablement jusqu’à nos jours ? 2.° Ces types ont-ils été créés simultanément sur plu- sieurs points de la surface du globe, ou un seul individu (mâle et femelle) de chaque espèce est-il le pére de tous ceux qui existent ? 3. Le règne végétal peut-il être considéré comme le produit du développement successif d'êtres à formes pri- mitivement très variables et ayant acquis de la fixité par la réaction lente et continue d’un état de choses devenu à peu prés stationnaire, de telle sorte qu’il pourrait être, dans l'extrême rigeur de l'hypothèse, considéré comme sorti de la création primitive d’un seul globule de tissu cellulaire ? La plupart desfails généraux nous paraissent militer for- tement en faveur de cette opinion; il suffira, pour nous en convaincre, de nous rappeler les généralités suivantes : a. Il est impossible d'établir une série linéaire ou . ayant une régularité quelconque dans le grand enchaine- ment des êtres. b. Il est impossible d'établir une hiérarchie des êtres qui soit conforme à la nature et dans laquelle les êtres placés au même degré possédent réellement la même valeur : ainsi ce qui est espèce dans un genre, n'est que variété dans un autre; ce qui fait genre dans une fa- iwille, n’a évidemment que la valeur d'espèce dans une autre, et ainsi de suite. Tantôt nous trouvons des for- (115) mes trés variées qui se nuancent par la culture et par des formes intermédiaires ; tantôt, au contraire , nous voyons des différences à peine sensibles persister inva- riablement ; les variétés cultivées depuis long-temps ou qui babitent depuis long-temps une localité unique et bien caractérisée, semblent avoir acquis une valeur spécifique (1). Enfin les débris géologiques nous montrent des formes qui n’existent plus actuellement, mais dont nous trouvons souvent des ‘analogues; il en est de tout cela comme si un obstacle à des développe- ments ultérieurs était venu mettre un terme à la muta- bilité indéfinie des formes, qui eùt abouti en dernier résultat à la confusion complète de toutes les espèces, au moins entre celles qui se ressemblent assez pour que le mode d’existence de l’une ne soit pas contradictoire avec celui de l’autre. c. Les régions analogues des continents les plus éloi- gnés nous montrent tantôt des formes semblables avec des types différents, tantôt des types semblables (2) avec des formes quelquefois analogues , d’autres fois très différentes ; il est assez difficile de se rendre compte d’une maniére exacte de ces faits, en apparence contra- dictoires ; il faudrait pouvoir distinguer nettement l’épo- (1) Triticum durum. (2) [suffit, à cette occasion, de rappeler les noms des genres d’ar- bres qui se trouvent dans l'Amérique Septentrionale , dans la région que Schouw appelle région des Aster et des Solidago : Pinus, Abies, Larix, Thuja, Juniperus, Taxes, Quercus, Fagus, Castanea, Ostrya, Carpinus, Corylus, etc., etc.; les espèces sont toutes différentes, (116) que de la formation des types généraux (1), et celle de la formation des simples espèces; connaître les circonstances qui ont influé sur ces développements, et sur-tout pouvoir bien séparer les espèces réellement indigènes de celles qui ont dù s'établir par irradiation dans les pays où elles se trouvent en abondance de temps immémorial ; quoi qu’il en soit, le résultat des observations recueillies jus- qu’à ce jour paraît entiérement favorable à l'hypothèse du développement successif (actuellement à peu prés ar- rêté) de formes spécifiques et même génériques (2). Encore peu avancée , l’étude de la géographie bota- (1) M. Lessing, dans ses Observations sur la Flore de l Oural Méridional et des Steppes, observe avec raison que l’on pourrait distinguer une végétation secondaire , de même qu’en géognosie on distingue diffé- rentes formations de terrains. (2) Nous ajouterons encore ici comme preuves : 1,° l'identité d’un grand nombre de cryptogames recueillies dans les régions les plus éloignées; remarquons à ce sujet que l’identité primitive a pu se conserver plus intégralement pour les plantes qui ne vivent ou ne végétent qu’une saison, parce que les climats les plus éloignés se ressemblent souvent par certaines saisons; 2.° les métamorphoses des végétaux inférieurs récemment observées sur-tout par Kutzing. 3.° Le fait que certaines plantes, même phanérogames, se retrouvent identiques dans des circonstances et des localités où on ne saurait les croire introduites; ainsi l’Argemone mexicana existe aussi au Sé- négal et à Madagascar. Humbold avait nié ce fait pour Les végétaux et Buffon pour les animaux; mais il est actuellement bien constaté, et d’ailleurs pourquoi ce qui est très général pour des genres ne pourrait- il pas être vrai pour les espèces ? Notre opinion a de l’analogie avec celle de Lamarck, elle en diffère en ce que cet auteur admettait la possibilité des transformations comme existant toujours d’une ma- nière égale, ("##7) nique a jusqu’à ce jour été principalement dirigée sur les faits les plus larges; on a partagé la surface du globe en grandesrégions végétales, tellesque la région des palmiers, la région des magnolia, la région polaire, ete. On a suivi l'accroissement et l'extinction des grandes familles sous plusieurs degrés de latitude et de longitude. II me semble qu’ildevientutile actuellement de suivre des modifications beaucoup plus spéciales dans des circonscriptions beau- coup plus rétrécies et plus uniformément caractérisées ; c’est cette idée qui m'a encouragé à vous présenter. quel- ques observations que j'ai recueillies sur la végétation des Dunes sablonneuses qui bordent les côtes septentrio- nales de la France. DES DUNES. Tout le monde sait que les Dunes sont des mon- ticules formés sur les côtes par des masses de sables que les courants et les vents accumulent; ces sables continuellement soulevés par les vents, résistent plus ou moins complètement aux efforts des agriculteurs qui ont le plus grand intérêt à les fixer pour les empé- cher d’envahir les campagnes voisines et de les rendre stériles ; en ce moment je n’ai le projet de parler que de la petite portion qui se trouve autour de Calais jusqu’à deux lieues environ à droite ou à gauche. Elles sont en partie séparées de la côte par un canal assez large que la mer remplit lorsqu'elle est haute. À gauche elles se ré- trécissent insensiblement en se prolongeant jusqu'à un (118) village nommé Sangatte, où la côte s’éléve peu à peu et se transforme en une falaise élevée, formée par une pierre calcaire blanche; c’est le cap Blancnez, qui correspond à une montagne semblable de l’autre côté de la Manche, à Douvres. Le sable qui compose ces Dunes est généralement très mobile, et lorsqu'il n’est pas mouillé par la pluie, le vent le déplace continuellement pour l’accumuler partout où il rencontre un obstacle quelconque ; il y creuse sans cesse des ravins et y forme des monticules qui n'étaient pas la veille et disparaissent le lendemain ; une grande partie de la plage est d’ailleurs à sec pendant la marée basse; elle présente alors une surface plane et toute sillonnée, on croirait que le sable a gardé l'impression de toutes les rides que le vent formait à la surface de l’eau. Les crêtes les plus élevées de ces petits sillons séchent promptement ; alors le vent les enlève et les pousse con- tinuellement vers la terre. De l’ensemble de ces circonstances résultent les phé- noménes suivants qui doivent influer d’une manière par- ticulière sur la végétation des Dunes. 1. La pression continuelle opérée par le vent qui empêche les plantes de s’élever et tend à leur faire pren dre’une position inclinée ; À 2.0 La chute du sable qui, en les recouvrant, les force à conserver cette position inclinée , et détermine ainsi la naissance de fibres radiculaires sur les lee de la tige qui se trouvent enterrées. 3.0 La dénudation des tiges ou des racines antérieure- (119) ment couvertes de sable, qui les force à se coucher hori- zontalement sur le sol, où elles sont bientôt recouvertes d’un nouveau sable. On concoit que: ces phénomènes per- dent de leur intensité tout-à-fait au bord de la mer , là où le sable, toujours humide et peu élevé, présente moins de prise à l’action du vent ; c’est donc à deux ou trois toi- ses du niveau des hautes marées que l’on reconnaîtra le mieux l’action de ces influences. Or, il est évident que tout végétal qui s’y trouvera soumis devra périr ou acquérir peu à peu la forme tra- çante, parce que la plante qui en est douée se prête le mieux à la nécessité de suivre la surface du sol, et parce que présentant toujours des extrémités susceptibles de s'enraciner, elle peut végéter quoique le sol ait été élevé autour d'elle et la recouvre en partie. . Aussi observons-nous dans les Dunes, un assez grand nombre de plantes traçantes ; Savoir : 1. Convolvulus soldanella, 2. + — arvensis, variété. 3. Carex.arenaria. k. Triticum repens , à formes trés variables, 5. Elymus arenarius. 6. Un petit Saule. 7. Arendria peploides. S. (1). 8. Galium verum. S. (1) Les-plantes marquées de ce signe ne sont pas vraiment tra- çantes, mais montrent une certaine tendance à le devenir. ( 120 ) 9. Galium rectum. S. 10. Trifolium fragiferum. 11. — repens. | 12. Calamagrostis arenaria. 13. Hieracium pilosella. 1%. Festuca cinerea. 15. Ononis arvensis 6. repens. 16. Potentilla reptans. 17. Asperula cynancica. S. 18. Polygonum aviculare. S. On peut dire qu’en général les Graminées y deviennent traçantes; ; j'ai vu aussi, l’Eryngium maritimum se rappro- cher de cette forme par sa longue souche qui était forte- ment inclinée. Ces plantes forment la grande majorité de la végéta- tion, sur-tout aux premiers rangs; à mesure que l'on s'éloigne, les autres plantes deviennent plus communes, mais quoiqu’elles soient alors plus nombreuses comme espéces, les plantes traçantes sont long-temps les plus abondantes quant au nombre des individus. Ainsi le Carex arenaria couvre presque seule une grande partie des Dunes. Le Festuca cinerea, le Calamagrostis arenaria, y sont avec le Triticum repens, les Graminées les plus communes. L'Arenaria peploides doit être considéré aussi comme une plante traçante, car ses tiges et ses nombreux ra- . meaux sont toujours enfoncés dans le sable ; comme elle se trouve à la base des élévations du côté de la mer, on peut la considérer comme formant les avant-postes des plantes qui travaillent à consolider le sol; cette posi- * ( 121 ) tion la met dans le cas d’être beaucoup plus souvent couverte que dénudée, circonstance à laquelle s’accom- mode très bien sa forme rameuse et dichotomique. L'ensemble de ces plantes qui s'étendent à la surface du sol nous offre cette particularité remarquable, que si leur forme traçante peut être considérée comme ré- sultat de la mobilité du sol, elle est en même temps la plus propre à le consolider et à le maintenir. Plus loin, au milieu de ce sable léger maintenu contre les efforts du vent par un vaste réseau de plantes tra- cantes, nous voyons s'établir des végétaux à racines pivotantes (1), fait qui nous offre une analogie remar- quable avec celui qui le précéde, par la coïncidence qu’il présente entre la cause finale et la cause physique; en effet nous concevons trés bien la présence de ces plantes du moment que le sable où elles végètent n’est plus sus- ceptible d’être déplacé, car nous savons que c’est sur- tout dans les terres substantielles et humides que les racines se divisent à l'infini et produisent beaucoup de chevelu, et que c’est dans les terrains meubles que les racines prennent le plus d’accroissement. Or, ce sont précisément de telles plantes qui, ‘en s’enfoncant dans le sol comme des espèces de pilotis, deviennent. propres à en achever la consolidation. Nous avons sur-tout remarqué les espèces suivantes : Daucus carota. (1) M. Decandolle a observé 37 espèces de plantes dans les Dunes de Hollande, à racines toujours très grosses ou très longues. ( 122) Hypochæris radicata. Un Tragopogon. Barkhausia taraxacoïdes , à racines toujours assez grosses et pivotantes. Taraxacum dens leonis. Crepis diffusa. Cynoglossum officinale.. Anthyllis vulneraria. Eryngium maritimum. Une fois que ce premier travail de solidification est accompli, on conçoit qu’un grand nombre de plantes de la terre ferme peuvent s’établir dans cette localité à me- sure qu’elle devient plus fertile ; ce seront d’abord de petites plantes annuelles qui viendront peu à peu s'éta- blir dans les interstices des premières là où elles ne seront pas assez abondantes pour les étouffer ; ainsi j'ai trouvé en abondance le Phalaris arenaria, le Viola tricolor, le Trifolium filiforme, ete. Peu à peu elles se trouvent remplacées par des végétaux plus durables et plus grands ; aussi à mesure que l’on s'é- loigne de la côte, la végétation perd son caractérespécial, quoique le sol soit toujours aride et sablonneux. Quant aux arbres, le vent n’en souffre pas; excepté les saules dont les tiges serpentent au-dessous du sable, on n’y voit qu’un arbrisseau qui y végète bien parce que ses branches sont dures , courtes et raides, que ses ra- meaux s’écartent à angle droit de manière à couper le vent dans toutes les directions et à lui présenter le moins d’étendue possible, que ses feuilles sont étroites et co- riaces et qu'il forme des touffes serrées dont les nom- (123) breux individus se soutiennent réciproquement ; c’est l'hyppophaë rhamnoïdes. Il est digne de remarque que l’on trouve sur les côtes méridionales de la France les plus exposées aux vents de mer , un arbrisseau d’une fa- mille toute différente qui présente absolument les mêmes conditions d'existence ; je veux parler du Lyciuwm Euro- peum, espèce à peine distincte des Lyciwm sinense et Barbarum , que l’on cultive dans toute la France à cause de l’abondance de leurs rameaux longs, faibles et tom- bants, qui rendraient leur existence plus difficile au bord de la mer. Pour compléter l'énumération des formes farticylières aux Dunes, nous ne devons pas oublier de mentionner les plantes grasses ou charnues. Les végétaux de cette nature se trouvent généralement dans deux stations de nature fort différente en apparen- ce , savoir : les sables arides des pays chauds et les bords de la mer. Ces deux espèces de stations se ressemblent cependant par plusieurs circonstances importantes, qui sont : l'abondance de l'air et de la lumière , la stérilité du sol qui force les plantes à se nourrir sur-tout par les feuilles, enfin l'humidité des vents de mer compensée dans les pays chauds par l'abondance des rosées. Les plantes charnues que nous avons à citer sont les suivantes : : Chenopodium maritimum. Beta maritima. Salicornia herbacea. Salsola tragus. { 124 ) Atriplex.portulacoides. — rosea. — pedunculata. Glaux maritima. . Cakile maritima. Arenaria marina. © — peploïdes. Plantago graminex. —— serraria. — maritima- Sedum acre. Telest lé tableau de la végétation que nous présentent les Dunes ; mais il est facile de concevoir qu’il ne se mon- trera ainsi que dans les localités les plus récentes et les mieux caractérisées: car plusieurs causes appréciables tendent à altérer ces nuances en changeant les circon- stances dans lesquelles les plantes végètent. 1.° Les haies d'Hippophaé qui s’élévent jusqu’à six pieds environ, et les crêtes élevées des collines présentent des abris derrière lesquels peuvent croître des plantes que le vent devrait détruire dans les circonstances ordinaires. Ainsi j'ai vu le Rubus cœsius, le Cynoglossum officinale, le Solanum dulcamara, le Caucalis scandicina, végêter au milieu des fourrés de l'Hippophaé. 2. Les ravins dont les bords se sont peu à peu conso- lidés conservent l’eau des pluies ; il s’y forme de petits marécages dans. lesquels croissent des plantes de nos prairies; on peut même, lorsqu'ils sont profonds, y‘planter des arbres, tels que des saules et des aunes, comme je l'ai vu faire à Dunkerque. ( 125 ) 3.° Une longue végétation, en fixant le sable et en l’en- richissant de principes nutritifs, le ramène peu à peu aux conditions des terres ordinaires. k.° La main de l’homme accélére encore l’action de ces différentes causes par des travaux de culture, de fortifications, etc. Nous en apprécierons mieux l'influence en jetant un coup d'œil rapide sur les accidents particuliers que présente la constitution physique des Dunes. ‘A l’ouest s'élève le Blancnez, montagne de médiocre hauteur, formée de pierre calcaire ; on y trouve aussi à la base une assez grande quantité de sulfure de fer ; elle ne présente pas d’escarpement, excepté du côté de la mer où elle est coupée à pic en forme de falaise; au pied s’é- tend une plage sablonneuse couverte par la mer dans les hautes marées; la partie la plus élevée et qui domine la falaise forme un pâturage dont les plantes rappellent la végétation des collines qui bordent la Seine prèsde Rouen. Là se trouvent les Picris hieracioïdes, Sinapis alba, Cam- panula rotundifolia, Gentiana campestris (peu), Pimpinella saxifraga et Euphrasia officinalis; la pente d’abord assez rapide devient ensuite presque insensible et vient se termi- ner à Sangatte. Cette partie-là est couverte de champs cul- - tivés; j'ai remarqué au bord du précipice le Pyrethruin ma- ritimum, dans les champs le Stachys arvensis, et en abon- dance le Chrysanthemum segetum. Les escarpements de la falaise sont habités par le Brassica oleracea; au pied on trouve dans les débris éboulés, le Pyrethrum maritimum ? Le Linaria spuria, à corolles très grandes, le Veronica agrestis, l'Anagallis cærulea et phænicea. ( 126 ) Du côté de Calais, la falaise se termine par un banc très étroit de cailloux roulés, mais ce n’est qu’à l’est de Sangatte que la Dune commence véritablement pour se continuer jusqu'à Calais, Entre Sangatte et Calais, les collines de sable sont élevées, couvertes de grandes graminées tracantes et de larges haies d’'Hippophaë; dans leur largeur elles présentent quelques vallons arides remplis de cailloux dans lesquels croissent l’Eryngium maritimum , le Galium erèctum? et en grande abondance le Lotus corniculatus. Elles sont bordées du côté de la mer par un sable uni dans lequel se trouvent sur-tout les plantes charnues que nous avons indiquées plus haut. Cette partie des Dunes est séparée de la terre par un canal que l’eau de mer vient remplir pendant la marée . haute ; au bord de ce canal s'étendent des prés salés plus ou moins boueux donnant naissance à de petits végétaux gazonnants qui exigent un sol plus ferme et plus fertile. On y trouve un petit Festuca, le Poa procumbens, le Statice armeria, l'Artemisia maritima, et à la fin de l’année, le Chenopodium maritimum, le Salicornia herbacea et l'Aster tripolium. A droite de Calais, on trouve d’abord une plaine peu élevée dans laquelle sont pratiqués les ouvrages avancés des fortifications de la ville. Là, sont des fossés qui con- tiennent une eau peu abondante presque stagnante et à peine salée, elle donne naissance à des végétaux d’eau douce et d’eau salée ; le Glauæ, le Triglochin maritimum. le Salicornia, le Ruppia maritima, Juncus maritimus, et (127 ) avec cela des Carex, l'Arundophragmites, Lychnis flos cuculi, Apium graveolens, etc, - A mesure que l’on s'éloigne de Calais, en marchant vers l’est, les Dunes s'élèvent davantage ; à une demi- lieue de la ville elles sont assez hautes; alors elles cir- conscrivent des vallons plus ou moins étendus , dans les- quels se trouvent quelques ruisseaux et se forment des prairies et des marécages. Dans ces vallées abritées du ventdisparait presque entiérement la végétation des Dunes; elle fait place à celle que l’on remarque habituellement dans les localités analogues ; ainsi on y trouve le Polygala vulgaris, le Schœnus nigricans, le Galium palustre , le Tri- glochin maritimum , le Ranunculus flammula , le Glyceria fluitans, Sisymbrium nasturtium; Orchis latifolia, Briza media, Cynosurus cristatus, Rhinanthus cristagalli, Trifo- liumpratense , filiforme, Bellis perennis (1); (Gentiana campestris, Chironia ramosissima, Parnassia palustris ; (1) Un genre de la zône tempérée s’avançant vers le midi doit subir deux modifications importantes dues à l’influence de la chaleur qui nuit à sa végétation. La première est de devenir annuel, c’est- à-dire de périr après avoir fructifié au printemps; la seconde est de végéter faiblement pendant l'été et de se développer en automne, comme je l’ai fait remarquer pour les liliacées dans un mémoire sur le genre Urginea. Or, le genre Bellis nous présente exactemientces deux modifications : en Provence on trouve mélésles Bellis annua, sylvestris et perennis; plus au nord on ne trouve que le dernier qui au contraire à complètement disparu au sud de la Méditerranée; en Provence l’hiver établit une limite entre la végétation du Bellis sylvestris et celle du fellis annua. En Afrique ces deux végétations sont presque confon- dues; celle du premier ayant lieu de novembre à janvier, celle dur (128 ) à hampes très courtes, Linum catharticum, Euphrasia officinalis. Ces faits ne font pas exception à ce que nous avons dit du caractère de la végétation des Dunes ; car là où on les observe c'est que les conditions de la végétation se trouvent modifiées. Si au contraire les conditions ha- bituelles reparaissent , si le terrain n’est pas abrité des vents, s’il est sec et élevé, les mêmes plantes reparaissent également ; alors on ne trouve plus que le Culamagrostis arenaria, le Triticum repens; une variété de l’Hieracium umbellatum , à tige peu élevée et ne portant que deux ou trois fleurs, croît au pied de ces Dunes däns une large plaine sablonneuse dont l’Hippophaëé commence à s'em- parer et qui est ouverte à tous les vents. Cette plaine s’a- vance dans la mer par une sorte de pré salé qui est boueux et où l’on retrouve des Salicornia et l’Atriplex pedunculata. La boue et le gazon qui se trouvent ici peu- vent expliquer comment la Dune a cessé de s'augmenter dans cette partie. second en janvier; jeremarquerai encore que le Bellis annua croît dans des plaines basses , marécageuses, brûlées par le soleilen été, tandis que le Bellis sylvestris préfère les collines ombragées et croît jusque versles montagnes, circonstance qui fait comprendre comment cette espèce a conservé sa nature vivace. En appliquant ce fait à la confir- mation des théories générales, nous remarquons qu’il est favorable à l'hypothèse de la modification des types, et qu’en même temps la présence simultanée des trois espèces dans une zône intermédiaire (la région des Oliviers en France } fait penser que les modifications existantes sont irrévovocables maintenant, ( 129 ) VARIÉTÉS PARTICULIÈRES. Il paraîtra naturel que, dans une localité aussi bien caractérisée, on trouve quelques variétés particulières. Voici celles que j'ai eu occasion d'observer. 1. Solanum dulcamara , à feuilles pubescentes. J'avais observé cette variété à Hesdin où même elle était mieux caractérisée; la plante que j'ai observée à Hesdin croissait sur un côteau exposé au vent et au soleil au bord d’un chemin, tandis que celle des Dunes était en grande partie abritée de l’action de ces agents par l’ombrage de l’Hip- pophaé. 2. Viola tricolor, feuilles glabres, fleurs presque aussi petites que celles du Viola arvensis; dans les champs, autour de Calais, on ne trouve que le Viola arvensis; dans les Dunes on ne voit que le Viola tricolor. 3.° Hieracium umbellatum, tige de trois à quatre pou- ces, une à cinq fleurs de grandeur ordinaire. ko Parnassia palustris, à hampes de trois à quatre pouces. | 5. Convolvulus arvensis, à feuilles un peu plus glau- ques et plus épaisses. 6.° Silene uniflora, variété du Silene inflata. En résumant nos observations nous verrons que la Flore des Dunes présente plusieurs points d’analogie avec 9 (130) celle des montagnes; les conditions de Îa végétation y ont en effet quelque ressemblance ; un sol plus ou moins aride et souvent mobile, des pentes incessamment bat- tues des vents, une lumière abondante, tout cela n’ap- partient-ik pas à ces deux sortes de stations végétales ? Cependant je crois que la latitude assez élevée de Calais doit contribuer à augmenter cette analogie, car on sait que la végétation des régions polaires est la même que celle des plus hautes montagnes, et je remarquerai que l'influence de la latitude doit être singulièrement exagérée par l'exposition septentrionale de la côte; je suis bien convaincu que si j'avais eu occasion d'étudier la côte méridionale de l'Angleterre (1), il m’eût été facile Gi) Kingston, dans son essai sur la distribution des animaux et des plantes dans l’extrémité sud-ouest de la Grande-Bretagne, in- dique les plantes suivantes que nous connaissons comme méridio- nales ou africaines : ris fœtidissima. Lavatera arborea. Erica vagans. Euphorbia peplis, Tamarix gallica. Oxalis cerniculata:, etc. Tout le monde a entendu parler des Myrthes de l'Irlande. L'ile de Terre-Neuve, quoique située sous la mêmeé latitude que Calais, présente une végétation plus septentrionale, parce quil y fait extrêmement froid et que le pays est montueux; mais les côtes méridionales nous montrent la végétation de Calais; ainsi M. de la Pylaie indique sur les Dunes de Miquelon, l'Elymus arenarius, un Convolvulus rampant, un Siatice, le Salicornia herbacea , le Chenopo- dium marilimum , quelques 4, tripleæ, le Plantago maritima , etc. LL (131) de faire ressortir la vérité de cette assertion; un seul fait suffira pour vous en convaincre. Sur ces collines de sable si peu élevées, si peu larges et coupées en tous sens par des ravins assez profonds croissent deux convolvulus; le Convolvulus arvensis et le Convolvulus soldanella. Le premier croît également à toutes les expositions ; le se- cond ne se trouve que sur les pentes les mieux exposées au midi ; c’est à peine si j’en ai trouvé quelques transfu- ges dans les anfractuosités des pentes qui regardent le nord ; on sait que c’est une plante du midi de la France, qui s’avance jusqu’en Espagne et en Italie. Voici les points de contact les plus remarquables entre la Flore des Dunes et celle des montagnes. Parnassia palustris, petit comme celui des Alpes. Gentiana campestris , indiqué sur les montagnes. Les Saules rampants. Le Festuca cinerea. Le Silene uniflora. Le Statice armeria. Un Pyrola , que j'ai vu à Dunkerque. L’agrandissement des corolles du Linaria spuria. La coloration des corolles du Viola arvensis, qui de- vient le tricolor. L’abaissement des tiges du Hieracium wmbellatum. Le Schænus nigricans. Dans la formation de cette Flore, la nature nous montre de la manière la plus claire, la marche et le genre des travaux à exécuter pour fixer les Dunes, tra- (132) vaux qui sont de la première importance puisqu'ils ont pour but de livrer à l’agriçulture des sables inutiles et dangereux. On trouve dans plusieurs traités d'agriculture l'indication des procédés à suivre et qui paraissent bien calculés sur la marche naturelle des faits (1), et on peut voir prés de Calais une ferme dont le territoire a été conquis sur les sables ; mais il me semble que l’on pour- rait employer des moyens analogues pour lexploitation des contrées sablonneuses qui se trouvent situées dans l'intérieur des terres. Avant de terminer , je vous demanderai la permission d'établir quelques points de comparaison entre la végé- tation de la côte que nous venons d'étudier et de celle qui s'étend autour de la rade de Bone , en Barbarie , com- paraison qui me paraît propre à faire saillir quelques- uns des faits généraux que l’on a reconnus en géographie botanique. Je n’ai pas rencontré à Bone de véritables Dunes , ce qui peut être attribué à différentes causes qu’il serait trop long de rechercher ici. C’est une plage sablonneuse à peine élevée au-dessus du niveau de la mer, se termi- nant par des prairies marécageuses qui s'étendent jus_ QG) Nous citerons principalement l’article Dune, par M. Bosc Voyez : Nouveau Cours complet d'Agriculture théorique et pratique, y p 8 que et p t. 3, p. 252); il y a bien long-temps que l’on prêche la culture des Dunes, il y a des exemples évidents de succès, toutefois lorsque ÿ P Pon voit l’état où la plupart d’entre elles se trouventencore ; on sent que l’on ne pourrait trop revenir sur cette question. (133) qu’à la base des montagnes; à mesure que l’on s’ap- proche du cap Lion, la plage disparait et les montagnes s’avancent jusque dans la mer par des escarpements rapides. Sur cette côte on retrouve souvent les mêmes types que sur la côte de Calais, mais les formes y sont ordi- nairement plus agrandies ; aussi les papillonacées que l'on y observe sont l’Anthyllis barba Jovis, les Lotus prostatus, biflorus, Dorycnium erectum. Divers Daucus et des Ferula remplacent le D. carota et le Céleri sauvage, le Scirpus mucronatus , le Saccharum cylindricum , des Triticum, des Festuca , de grands Arundo, et les Cypéracées traçantes rappellent les grami- nées des Dunes. Tandis que le petit Phalaris arenaria est remplacé par les grands Phalaris paradoxa , canariensis, bulbosa. Les Statice de la section du Limoninm remplacent l’Ar- meria. Un Anagallis plus grand, à corolles bleues plus larges, remplace l’Anagallis arvensis. On retrouve l'Eryngium maritimum , le Cakile mari- tima, le Salsola tragus, le Cynodon dactylum , Atriplex portulacoïdes, etc. Le Polygonum aviculare est remplacé par le P. mari- timum , qui est bien plus grand. Le Salicornia fruticosa, remplace le S. herbacea. D'une autre part, des types différents apparaissent avec les formes des plantes de Calais et dans des habita- tions tout-à-fait analogues. (13%) Le Tamarix africana, paraît remplacer les Saules . L'Euphorbia peplis , représente assez bien par sa po- sition l’Arenaria, qui porte le même nom. L Inula chrythmoides , remplace déjà sur les côtes mé- ridionales de France, l’Aster tripolium, qui a absolument le même port. L’Armoise maritime, paraît bien représentée par l’Am- brosia maritima. Dans les lieux caltivés et sur les pentes douces, les Chrysanthemum carinatum et myconis , remplacent le Chr. segetum , dont on trouve encore quelques échan- tillons isolés. Les Bellis sylvestris -et annua, remplacent le Bellis perennis. Dans le marais, on voit l’Agrostemma rosacæli, repré- senter le Lychnis flos cuculi, on y trouve des Chironia, le Triglochin palustre, etc. | L’'Arthyllis vulneraria, les Coronilles ne se trouvent plus que sur les montagnes, fait qui confirme encore ce que nous avons dit plus haut de lanalogie de la Flore des montagnes et de celle des Dunes, Enfin, certains genres qui sont très répandus en Eu- rope et paraissent y être descendus des montagnes, y ont entiérement disparu ; plus de Viola, d’Achillea, de Ribes, de Primula, de Saxifrage, etc. NOTICE GEOLOGIQUE ÊLE: LES TERBEAINS QUI S'ÉTENDENT A L'EST DE RAMBOUILLET, ET QUI COMPRENNENT LA VALLÉE DE LA REMARDE, PETITE RIVIÈRE QUI VA SE JETER DANS L’ORGE A ARPAJON. Par M. J.-J.-N. Huor. Membre de la Société Géologique de France, de là Société des Sciences Naturelles de France, a la Société des Sciences Naturelles de Seine- et-Oise , etc. —_——ññ@#@—— Les personnes qui s'occupent de recherches géolo- giques s’apercoivent tous les jours, que l'observateur qui revoit des localités déjà explorées, peut y con- stater des faits nouveaux, et que les environs de Paris, qui passent pour être bien connus, offrent encore un aliment ä la curiosité de celui qui les examine avec attention. (1% ) Toutefois, en rappelant ici un ouvrage justement es- timé, la Description Géologique des environs de Paris, nous devons dire que les observations que nous allons consigner portent principalement sur une vallée qui n’a point élé visitée par les auteurs de cet ouvrage : la vallée de la Remarde. Nous la connaissions déjà depuis long - temps, lorsqu'un de nos savants professeurs de Géologie nous engagea à publier ce que nous y avions observé. eus, il y a un an ou deux, occasion de voir à l’école des Mines la belle carte géologique de la France, à laquelle travaillent avec tant de soin et d’ardeur depuis plusieurs années MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont. La feuille qui était tombée entre mes mains comprend les environs de Versailles et de Rambouillet, J'y remarquai de suite qu'une grande partie des terrains n’y était pas coloriée avec exactitude, et que par exemple rien n’y indiquait que le bassin de la petite rivière de la Remarde est creusé dans la craie sur les trois quarts de sa longueur. M. Elie de Beaumont, qui n'avait vu que trés super- ficiellement quelques-uns des points de ce bassin, m’en- gagea à le revoir en détail et à donner de la publicité à mes observations dont il se proposait de se servir pour rectifier sur la carte géologique les inexactitudes que j'y signalais. Je consacrai donc quelques courses à visiter tous les points de la vallée de la Remarde et des plateaux qui lenvironnent. C’est le résultat de ces observations que je fais connaître aujourd'hui. Aspect topographique. L'espace que nous allons dé- (137) crire s'étend du nord au sud , depuis le plateau des Mo- liéres, que sillonne l'Yvette, jusqu’à la partie septen- trionale du plateau de Dourdan; et de l'ouest à l’est, depuis Rambouillet jusqu’à Arpajon. Il comprend donc 12 kilomètres dans sa plus grande largeur et 32 dans sa longueur. Il appartient généralement au plateau de l’an- cienne province de la Beauce et forme la continuation de celui de Trappes. Partout il offre des plaines, couvertes d’un dépôt d’alluvion argileux, qui constitue ces terres fertiles et généralement fortes, c’est-à-dire grasses, qui exigent l'emploi plus ou mois fréquent de la marne. De ce plateau , descendent dans les petites vallées qui _ le sillonnent à l’est de Rambouillet, plusieurs petits cours d’eau : ceux qui prennent leur source au pied du petit plateau que couvre la forêt des Ivelines, forment au village de Clairfontaine, la Rabette, qui descend jusqu’à Rochefort ; un second ruisseau du même nom, qui prend sa source prés de Clairfontaine, reçoit au-dessous du village de Moutiers un autre ruisseau qui descend de Bullion, puis celui de la Botellerie, et va se jeter prés du château de Bandeville dans la Remarde, petite rivière qui prend sa source au-dessus du village de Sonchamp près du hameau de la Huniére. Non loin du beau château du Marais, la Remarde recoit encore le ruisseau du Fagot et celui du Pivot. C’est aprés s'être ainsi grossie de toutes ces eaux sur une étendue de 30 kilomètres, qu’elle va se jeter dass l’Orge , à Arpajon. Nature géognostique des terrains. L'espace que nous allons parcourir présente dans la succession des dépôts (138) géologiques, la série suivante en procédant des supérieurs aux inférieurs (1). ; _ Calcaire concretionné Formation tuffacée. j friable. HUREE Alluvions comprenant moderne. Formation détritique. la terre végétale. Dépôt arénacé. Meulières. a moyen. | Formation DE LE Galcaire si- Terrain liceux su- supercrétacé périeur. moyen. Grès et sable Etage infér. | Formation HRIOnienRE marins Su- périeurs. Poudin- L'errain gues. supercrétacé Etagé inférieur. | Formation nymphéenne.{ Argile inférieur. ” fplastique. | Grès. Argile rouge à Terrain ; : sheet rose supér. | Formation crayeuse, À Silex de la craie, { Ë Craie blanche. TERRAIN MODERNE. FORMATION TUFFACÉE. Le calcaire qui appartient à cette formation du fer- rain moderne ou de la période Jovienne, de M. AI. Bron- (2) Nous nous servons ici de la nomenclature que nous avons exposée dans le Cours de Géologie, que nous professons à la Société des Sciences naturelles de Seine-et-Qise. — ——_— { 139 } gniart, n’a été reconnu par nous que sur unepetite étendue et dans une seule localité appelée la Butte des Roches, dont nous parlerons plus loin. Cette butte est située'à l'est du bois de Saint-Benoist. A la surface d'une marniére ouverte sur cette butte et dont la pente s'incline vers le chemin qui borde le bois de Saint-Benoist et qui conduit à Clairfontaine:, on remarque sur une épaisseur de 0 ®. 10 c., un calcaire con- crétionné, poreux, tendre, friable, et présenfant en outre les caractères d’un dépôt récemment remanié: en effet on y remarque quelques petits cailloux roulés, du sable, et des fragments de calcaire compacte, lacustre, le même que l’on voit.en place dans la marnière. Ce que ce calcaire offre de remarquable et de caracté- ristique, c’est qu’il est rempli dans sa partie inférieure d'empreintes de tiges végétales qui ont été incrustées par le carbonate de chaux et qui se sont ensuite décomposées, en laissant des vides à la place qu’elles occupaient. Ces végétaux ont dû appartenir à la famille des graminées. Nous devons faire observer que le calcaire qui ren- ferme ces empreintes ne s'aperçoit, ni dans les cou- ches de la marnière , ni sur la partie supérieure du cal- caire lacustre supérieur, au milieu duquel cette marnière est ouverte. Il ne se voit que sur la pente qu’il recouvre en partie ; il est done plus récent que le calcaire de la marniére. D'ailleurs dans un ou deux points que nous avons attaqués avec la pioche, nous avons reconnu qu’il recouvre en partie la terre végétale. Enfin nous avons pu remarquer dans une ancienne excavation qui a été faite pour servir d'entrée à la marniére et qui a été comblée (140 ) par les déblais qu'on en a retirés, déblais qui sont en grande partie calcaires, que ces déblais sont traversés par des tiges végétales qui ont laissé leurs places vides, comme dans le dépôt placé plus bas. Mais comme ces déblais sont encore humides et tendres, nous n'avons pu en enlever les parties qui contiennent les traces de vé- gétaux ; ils tombent en poussière au moindre choc et ils n'ont pu servir qu’à indiquer de quelle maniére le cal- caire solide à empreintes végétales avait dû se former. Dans. celui-ci le phénoméne est. accompli : la roche tuffacée est solide; dans l’autre le phénomène commence : la roche est encore tendre et pulvérulente. Aïnsi tout prouve que le calcaire en question avec ses empreintes de tiges, est d’une époque toute récente et qu'il se forme même encore; bien que le seul agent que l'on puisse admettre soit l’eau pluviale. Ce qu’il est encore important de faire remarquer, c'est que les empreintes végétales de ce calcaire sont légère- ment, siliceuses , assez du moins pour pouvoir rayer faiblement le verre. Ce fait est une nouvelle preuve que la silice peut jouer un rôle dans les terrains modernes, ou qui se forment encore. FORMATION DÉTRITIQUE. Sol ou Terre végétale, Nous dirons peu de chose du dépôt d’alluvion auquel appartient la terre végétale, si ce n’est que, répandu sur toutes les plaines, son épaisseur est trés variable ; que rarement il a plus de 50 centimétres et que dans (1) quelques localités il n’en a guère plus de 10 à 15; si ce c’est encore que, formé généralement de matières végétales qui proviennent plutôt des engrais que de la décomposition des végétaux qui y croissaient avant qu’il ne füt mis en culture, renfermant aussi de la silice, de l’alumine, du carbonate de chaux, de l’oxide de fer et de . manganèse , il contient dans quelques localités, notam- ment dans les environs du hameau des Murgers, près Saint-Arnoult , une quantité assez notable de chlorure de sodium, substance qui ne se trouve pas communément dans ce dépôt d’alluvion (1). D’ailleurs comme il est plus intéressant pour l’agriculteur que pour le géologiste , et qu'il figure rarement sur les cartes géologiques, nous devons passer aux dépôts suivants. Dépôt arénacé. Ce dépôt se compose de sable et de petits silex brisés et roulés , formant quelquefois des poudingues à ciment ferrugineux ; il est fort peu épais et placé au-dessus des meulières compactes à débris organiques, c’est-à-dire avec empreintes et moules de végétaux et de coquilles d’eau douce ; quelquefois même il s'attache sur ces meu- lières. On le remarque dans le bois de Saint-Benoïst et dans la forêt des Ivelines. (1) M. Lacroix , membre de la société, a reconnu que le sol formé de sable argileux dans les environs de Saint-Arnoult, contient 15 snillièmes de ehlorure de sodium sec , et quelques traces de sulfate de chaux. (12) TERRAIN SUPERCRÉTACÉ MOYEN. Éta ge moyen. FORMATION NYMPHÉENNEe Silex molaire, vulgairement Pierre Meulière. Sur la plupart des plateaux que nous avons exami- nés, on remarque un dépôt de silex plus ou moins calcédonieux, plus ou moins translucides, à pâte plus ou moins fine, tantôt rougeâtres, tantôt blonds ou jau- nâtres, quelquefois d’une couleur qui se nuance par bandes rubanées, et d’autres fois noirâtres comme les silex de la craie. Ces silex, plus ou moins compactes, renferment des moules silicifiés de Lymnées et d’autres coquilles.des terrains lacustres supérieurs, ou sont remplis de gyronites c’est-à-dire de graines de chara. Mais en gé- néral les traces de coquilles ÿ sont rares; celles de débris végétaux y paraissent plus fréquentes. Il arrive aussi que ces silex affectent une forme sphérique. Quelquefois ils sont caverneux. On les remarque sur les sables de la forêt des Ivelines et sur plusieurs plateaux du bas- sin de la Remarde , tels que ceux d’Angervilliers , de Vaugrigneuse, de Forges, de Briis et de Fontenay- lès-Briis. : (183) Calcaire siliceux supérieur. Au-dessous des meulières , dont il est quelquefois sé- paré par-un lit d'argile rouge , se trouve le calcaire sili- ceux lacustre supérieur; le même qui dans certaines lo- calités, comme les environs deSaclé, de Toussu, de Guyancourt, de Trappes, de Coignières et du Perray, où il n'a pas moins de 7 à 8 mètres d'épaisseur, fournit une marne calcaire employée avec succès pour l’amende- ment des terres ; le même aussi qui , depuis Rambouillet jusque dans la Beauce, se présente en. bancs solides dont on tire un grand parti en le transformant en chaux vive; le même enfin que l’on regarde comme constituant une seule formation avec les meulières. Mais il nous semble d'autant plus utile de considérer séparément ces deux dépôts, qu’ils ne sont pas constamment réunis et que plusieurs géologistes regardent le calcaire comme super- posé aux silex molaires, bien que ce soit tout le contraire, ainsi qu’on peut s’en assurer dans les différentes localités rèlatées ci-dessus. * À Dampierre, par exemple, dans la vallée de Chevreuse, on remarque clairement cette superposition. Vis-à-vis le château de ce village, se termine une partie. du plateau de Trappes; un chemin creusé comme un ravin et qui descend sur la place du château, permet de voir la su- perposition des couches du plateau. On remarque dans la partie supérieure, environ # à 6 métres au-dessus de la superficie de la côte, l’argilerouge, à silex molaire, le calcaire lacustre et le sable blanc (A4) analogue à celui qui renferme les grès que l’on voit cou- vrir les flancs de l’autre côté de la vallée où ils donnent un aspect si pittoresque au cours de la petite rivière de l'Yvette. En évaluant la hauteur du plateau jusqu’à la ligne ou paraît le sable blanc, on aura du haut en bas la coupe ci-après : 1. Argile rqugeâtre à silex molaire, environ. . . . . . 2m » € 2. Calcaire lacustre, compacte et grisâtre, pétri de lymnées et de planorbes. . . . . . ..... MR NT dU 3,0 Calcaire marneux, tendre, friable et blanc, rempli également de planorbes et de lymnées. . . . . . es Li) 708 4. Au-dessous du calcaire , on voit une couche d’argile noirâtre dont l’épaisseur, qui varie peut-être, est en cet endroit, de. . . + +... SOC AN LRO MR S SIARTS 5.0 Sable , épaisseur visible. . . . . . . . . . . . « . . . 16 » MOtalSe les ee - te La + 23 19 Nous aurons occasionde revenir sur cette superposition du calcaire lacustre au sable. Sur le chemin de Rambouillet à la forêt des Ivelines, en sortant du hameau de la Louvière, on remarque une ancienne marnière abandonnée et creusée en forme de caverne. On y distingue le silex molaire compacte, au milieu de l’argile rougeâtre , et le calcaire immédiate- ment au-dessous, présentant une épaisseur de 3 à # m. C’est un calcaire caverneux jaunâtre et très peu sili- ceux, en morceaux irréguliers, dispersés dans un calcaire tendre et blanc. Dans la même plaine, aux environs de la ferme de la (145) Villeneuve, il y a plusieurs marnières ouvertes: nous donnerons la coupe d’une des plus importantes , située près de cette ferme. Sous la terre végétale se succédent les couches sui- vantes : | 1.° Calcaire marneux tendre, rempli de rognons de calcaire com- pacte, légèrement siliceux.. . . . . . . , .. 2 m à {m; ooc- 2.° Silex compacte brunâtre , ressemblant à la meulière compacte, sans coquilles, mais ne eue ele He A à 1 50 3-Areile brune etigrise. NN SN 2 T 00 translucide. . . . . . . ô 4.° Calcaire marneux, semblable à la couche supérieure, mais plustendre.. . . . . . . . 1 à-2 oo 5.° Silex compacte rougeÂtre , formant plu- SIEUTSIPOUCHES.. -1 1e 1-te.D-D tete. 3 1 oo 6. Calcaire marneux tendre, coquillier, au NE Ne ee ele ele te ele lets le lelie Ver D 3 oo fLotalss 2 2h les 12 50 Ce dépôt lacustre repose évidemment sur les sables et grès marins supérieurs, ainsi que nous le verrons bien- tôt. Suivons-le constamment jusqu'aux environs de Saint- Arnoult. La continuation du plateau , qui se creuse de manière à indiquer autour de Rambouillet l'emplacement du fond de l’ancien lac dans lequel le calcaire à silex s’est dé- posé , nous montrera le même calcaire , mais plus déve- loppé , plus solide. Au sud de cette ville, tout autour de la ferme de Cutesson, on exploite à ciel ouvert et par des puits, ce calcaire lacustre. 10 (146) Voici la coupe que présente une de ces exploitations : Argile d’alluvion ou terre végétale. . . . . . . . . «: .. om 5oc Silex compacte calcédonieux , dans une marne jaunâtre. 1 5o Arpilegrotgerss ins 0 TM MENT En 20 Galcaire lacustre en bancs assez épais. . . . . . . . . . 10 » Total EN CNE He ne 20 Ce calcaire , dont quelques couches seulement sont trés peu siliceuses, est d’un texture compacte, d’une couleur blanche ou d’un blanc jaunâtre. Certaines couches, et gé- néralement les plus supérieures, sont remplies de cavités irrégulières et contournées. Il abonde plus ou moins en empreintes de lymnéeset de planorbes : les prefniéres sont beaucoup plus nombreuses que les secondes. La partie la plus supérieure de ce calcaire offre dans sa texture beaucoup d’analogie avec celui des marnières de Villeneuve. En suivant le chemin de Sonchamp, on marche con- tinuellement sur le même calcaire jusqu’au hameau de Greffier où un sable trés blanc se montre un instant. Dans cette localité, il est un peu plus jaune que prés de Cutesson ;*mais du reste c’est la même texture compacte. Cependant les corps organisés semblent y être un peu moins nombreux. Près du hameau de la Hunière , les parties supérieures du calcaire lacustre sont plus siliceuses qu’à la Ville. neuve, quoiqu’ellés aient tout-ä-fait la même apparence. C’est près du bois de Saint-Benoist et du hameau de Louareux, non loin de la route de Rambouillet à Saint- Arnoult , que l’on peut examiner les plus importantes (187) exploitations du calcaire siliceux lacustre supérieur : les environs du hameau des Murgers sont fouillés depuis une époque assez reculée ; les exploitations s’y font par puits dont on peut juger la profondeur par la coupe de l’un deux. 1.9 Marne, rouge... . 1... « » + « + ; «+ 220:60cà 3m 95& THSTIEXPCONENACTES tete ee ee reel the LE 2 20 À 65 3. Calcaire marneux ou marne blanche, ap- pelée crayon par les ouvriers. . . . : . . . » » — 2 60 4.° Calcaire marneux, plus blanc, appelé craie. » » — » 35 5.0 Calcaire compacte, coquillier, couvert de ; petites dendrites de manganèse et renfer- mant beaucoup de lymnées et très peu de planorbes. Il est appelé pierre de perçage par les, oviiers. 44 orsge lotte fopehepeetolietie jose 112 » —» 65 6.9 Calcaire compacte, à dendrites plus lar- ges, moins chargé d’empreintes et de mou- les de coquilles, et d’un blanc grisâtre - (pierret bleue) EE ES LUE so60nt lei 36 7.° Calcaire un peu moins gris (vert de gris)... » » — » 20 8. Calcaire sub-compacte, d’un blanc jaunà- tre (quartier dur), renfermant plus de pla- norbes que le précédent. Ge banc fournit une pierre que l’on emploie pour la bâtisse. » D — 9.° Galcaire tendre. . . + 1an.).1.n. 118 4h te) 21 120 à 10.° Calcaire compacte caverneux, contenant des planorbes et des lymnées (bon quartier). Divisé en deux lits, formant ensemble une épaisseurides 1 MMM EME Eure reine 0 (Il est très bon pour la bâtisse). 11,0 Calcaire compacte caverneux, composé A reporter, + + + ee (18) Report . . … «or 9 35 dé morceaux qui se brisent facilement et qui ne résistent point à l’action de la gelée (banc de greloitant ). 11 fournit une assez bonne Chaux Recent 12.0 Calcaire à texture lâche, en banc divisé én morceaux... s cesse ee 13.9 Calcaire marneux friable, . . « . « . + + TOtAL PETER Re 1 » à 1 20 ANSE 15,185 Prés de la lisière orientale du bois de Saint-Benoist , et à 6 ou 700 mètres , au nord de Saint-Arnoult , s'élève une petite butte dont nous avons déjà parlé, appelée Butte-des-Roches, près de laquelle est ouverte une mar- nière, appartenant au même calcaire que le précédent, bien qu’elle offre des couleurs différentes. 1. Sable siliceux rougeâtre ; avec petits cailloux roulés et fragments de silex molaires.. . . . . « . . + . . + .… 2. Argile rougeûtre , renfermant des silex calcédonieux compactes. « « . «+ + + + 3.0 Marne friable, légèrement caverneuse, dont les cavités sont remplies d’argile rou- geñtre. Dans sa partie supérieure, elle ren- ferme des rognons de calcaire compacte, verdätre ou noirâtre, contenant des moules de lymnées et de planorbes, et développant sous le choc du marteau une odeur d’hydro- gène sulfurés + + + + ++ +. Re 4.0 Calcaire siliceux, c'est-à- dire, renfer- mant des rognons de silex très compacte, à A reporter. . ; » « » M. » © y» m. 10€ » D — » 50 » D —— ] 20 EME R "TE 2 &o (19 ) Reports." ., 1 Se moules de gyrogonites et de potamidés. Ces roguons sont longs de 20 à 30 centimèt. et d’une forme aplatie. . . . . . . . . . . D» 0 20MANS RO 5.0 Calcaire siliceux, c’est-à-dire, avec des concrétions de calcaire siliceux, couvert de DOFUS. celte etc -ele sé 2 20 DA» A0 6.° Calcaire marneux friable, pétri de pota- MER eee ere ele elelehe eee e ee D 207 410 00 7° Calcaire compacte, rempli de lymnées de plusieurs espèces. . . + « + + + + - . . . .» » 30 POLAR ES eee lle one SR r0 Le même calcaire placé sur les sables et grès supérieurs, se fait remarquer. sur le plateau qui s'étend de Saint- Maurice à Briis; une marnière abandonnée laisse voir lés couches interrompues d’un calcaire cavernéux, jau- nâtre, à texture lâche et-pétri de lymnées. Entre Briis et Forges, ce calcaire est blanc , marneux et renfermant des morceaux de calcaire jaunâtre, com- pacte, dur, assez siliceux pour rayer le verre , et rempli de petites cavités qui ressemblent à des empreintes de petites racines de végétaux. En terminant ce que nous avons à dire de ce calcaire, nous ferons observer qu’en général il ne.s’étend pas ré- guliérement sur les plateaux de sable ; que souvent il remplit de petites dépressions; enfin qu’il y occupe des places plus ou moins étendues qui s'accordent assez bien avec l’idée qu’on doit se faire de petits lacs d’eau douce au fond desquels se sont déposés des marnes et des cal- caires siliceux. { 150 ) “ e r © Etage inférieur. FORMATION TRITONIENNE. Grès et sables marins supérieurs. Partout où s’étend le calcaire marno-siliceux lacustre, il repose sur ces sables et ces grès identiques avec ceux de Fontainebleau. En montant depuis Versailles-jusqu’au plateau de Trappes, on arrive sur ces sables que cou- ronnent à Saint-Cyr les silex molaires. À Dampierre, on les voit paraître au-dessous du calcaire lacustre, ainsi que nous l'avons dit plus haut. Dans cette localité il est à remarquer que le sable est parfaitement blanc vers. sa partie supérieure, mais que vers le bord de la colline, ce sable blanc se montre chargé de mica blanc. Dans plusieurs parties de la vallée de l’Yvette, le sable est tantôt blanc et tantôt rougeâtre, mais plus fréquem- ment de cette dernière couleur. A cet égard, je crois devoir faire remarquer ici que dans un grand nombre de localités des environs de Paris, le sable rougeâtre est toujours au-dessus du blanc, parce qu'il a pu être im- prégné de parties ferrugineuses qui lui ont donné sa cou- leur ; jamais le rouge n’est inférieur au blanc ; lorsque le supérieur est blane, il est à croire qu'il est surmonté d’un lit de calcaire ou de marne qui a empêché le liquide ferru- (151) gineux de pénétrer la couche de sable ; car celui qui est immédiatement au-dessous de l'argile rouge est toujours plus ou moins rougeätre. En allant de Bullion à Cernay, on voit en sortant du bois de Longchêne , à la montée qui conduit à la ferme de ce nom , un escarpement qui indique assez bien que nossables marins supérieurs étaient originairement blancs et qu'ils n’ont été colorés que par les infiltrations ferru- gineuses du dépôt lacustre des argiles à meuliéres qui les recouvrent. Dans cet escarpement qui montre le sable à nu, on voit du côté qui borde le chemin, une masse de sable entièrement rouge, et plus loin, sur la droite une masse continue de sable entièrement blanc, contiguë _à la précédente ou plus exactement ne formant qu’une seule masse avec elle, car il n’y a d'autre séparation que celle de la couleur, et la stratification irrégulière de ce sable se continue du sable rouge au sable blanc, de ma- nière à prouver que ce n’est bien qu’une seule masse. Sur le côté rouge , on voit reposer l'argile et les meu- lières; sur le côté blanc ïäl n’y à ni argile ni meuliéres ; sur le côté blanc, enfin, le sable reste blanc jusqu’au bas de la masse. Arrivé sur le haut du plateau qui se prolonge jusqu’à Cernay et jusqu’à la vallée de l'Yvette, on remarque la formation marneuse lacustre : ainsi dans cette localité, nous le répétons , là où les argiles et meuliéres qui re- couvrent généralement le calcaire lacustre reposent sur le sable, ce qui se remarque ordirairement près des bords des plateaux, le sable placé immédiatement au- dessous a pris la teinte rouge ; mais là où il n’y a point (152) d'argile ni de meulières, comme on le voit accidentelle. ment à la montée du bois de Longchêne, le sable est incolore et conséquemment blanc. La superposition du calcaire siliceux lacustre supé- rieur aux sables et grès marin supérieurs, est encore trés visible à Rambouillet même. À l'extrémité sud-est de cette ville, on remarque sur l’embranchement de la route de Chartres et de celle d’Ablis, un enclos sur la droite appelé Tivoli; le terrain en est sableux et l'enceinte se termine par une sablonnière entièrement formée de sable siliceux blanc. Sur les berges des deux routes creusées au milieu de ce sable, on remarque de grosses masses de grès qui ne laissent aucun doute sur l'identité de ces sables et de ces grès avec les sables et grès ma- rins supérieurs. Près du hameau de Greffer, dont nous avons parlé, on voit, après avoir traversé le pont de la Droué, le sable blanc au-dessous du calcaire lacustre. Mais avant d'arriver à Sonchamp, on quitte le calcaire en descendant dans la pelite vallée où se trouve ce village ; à l’est et tout prés de celui-ci reparait le sable accompagné de masses énor- mes de grès. Ce sable est rouge parce qu'il est recouvert d'argile à meuliéres. La petite ville de Saint-Arnoult est aussi au milieu de ces sables et de .ces grès : ces der- niers y sont quelquefois rubanés et d’un gris noirâtre. Le bois de Saint-Benoist , celui de Sonchamp, et toute la forêt des Ivelines , reposent sur les mêmes sables. La Butte-des-Roches doit son nom aux masses de grès dis- persées sur son sommet, et le village de Rochefort à celles qui couronnent sa colline, sur laquelle s'élèvent (158 ) encore les restes d’un vieux eastel. On voit reparaître les sables sur la cime de la colline de Bruyéres-le-Châtel ;, où ils sont rouges et micacés, dans le bois de Cernay et dans celui des Maréchaux, près de Dampierre. On trouve à Orsay des veines de grès lustré au milieu de masses de grés grenu, et des veines jaunâtres, bleu- âtres où d’un rouge plus fou moins foncé qui ont l'aspect de certains fragments, de ce grès de sédiment inférieur, connu sous le nom de grès bigarré. TERRAIN SUPERCRÉTACÉ INFÉRIEUR. Étage inférieur. rame NYMPHÉENNE. Poudingues, argile plastique, grès. Les villes deVersailles et d'Etampes sont situées à peu près sous lemême méridien. On sait qu’à l’ouest de ce mé- ridien, le gypse manque totalement et que dans l’espace triangulaire compris entre Versailles, Rambouillet et Etampes, il n’y a pasle moindre indice de calcairegrossier, Mais ce qu’on ignorait, c’est que dans le petit bassin de Ja Remarde , dans l’espace même qui n’a point été décrit dans le célèbre ouvrage intitulé : Description Géologi- que des environs de Paris , les formations que nous venons (154) de décrire*reposent immédiatement, soit sur l'argile plas- tique, comme nous aHons le faire voir, soit sur la craie ainsi que nous le ferons voir aussi. C'est en suivant la pente générale du terrain depuis la forêt des Ivelines, dans la vallée que parcourt le ruis- seau de la Rabette, que l’on commence à voir l'argile plastique, à environ 500 métres du village de Moutiers. On l’exploite près des moulins de Guédone et de la Batte, pour la fabrication des tuiles. Cependant nous devons dire qu’il en existe des indices dans la partie supérieure de la vallée, prés Clairfontaine même, à en juger par les étangs que l’on y remarque, et par l’ancien nom d’une ferme appelée la Poterie, et qui paraît occuper l’empla- cement d’une fabrique de poterie grossière où l’on a dû employer cette même argile. La coupe du terrain à la tuilerie dé Guédone, montre toute la masse de sables marins supérieurs reposant sur l'argile plastique. Ces sables sont rouges et micacés; mais au point de contact avec la formation inférieure , ils of- frent, sur une épaisseur d’un métre, un sable noir micacé comme le rouge, et qui ne paraît devoir sa teinte noire qu’au suintement des eaux qui le traversent et s'arrêtent sur l'argile inférieure. Celle-ci est précédée d’une couche de cailloux roulés qui ne sont que des silex de la craie, réduits en frag- ments plus ou moins gros et arrondis par le transport de quelques courants d’eau. Cette couche a l'épaisseur d’en- viron un mêtre, mais quelquefois beaucoup moins. Ce qui prouve évidemment que cessilex appartiennent à la craie, c’est qu'on en trouve qui renferment des corps organisés (155) qui caractérisent la formation crayeuse, entre autres des Gulerites. Ces silex et les poudingues qui les accom- pagnent sont aussi couverts fréquemment de petits dodé- caédres de sperkise (fer sulfuré blanc), ou sont tapissés dans leur intérieur de petites lames ou de dendrites de même sulfure , lequel a tant de propension à se transfor- mer en sulfate, que pour peu que ces silex restent exposés à l'air, ils se chargent d’efflorescences de ce sel, et que plusieurs échantillons que j'ai recueillis en ont été complétement couverts dans mon cabinet. Il en est de même d’une roche que l’on trouve au milieu de ces cailloux roulés. C’est une roche sili- ceuse, d’un aspect vitreux qui, au premier aspect , sem- _blerait annoncer qu'elle a subi l'action du feu, et dont quelques échantillons ont tellement l'apparence de l'ar- kose, qu’il nous semble impossible de ne pas la rappor- ter à celte roche. Mais tout nous porte à la con- sidérer ici comme un grés de l’argile plastique. En effet, c'est une sorte de grès lustré à gros grains qui offre beaucoup d’analogie avec un grès que l’on trouve aux S:blons à la porte de Provins, sûr la route de Paris, où il git au milieu de l'argile plastique; c’est la même roche qui sert quelquefois de pâte aux poudingues des environs de Nemours ; elle est encore semblable à celle que l’on remarque au village de Champigny-le-Sec, près de Saumur, entre le calcaire d’eau douce et la craie. Ilest vrai que cette rochesiliceuse et lustrée pourrait être considérée , dans cette localité, comme appartenant à la partie supérieure-de la craie tufau, puisque dans les en- virons de Saumur on la trouve pétrie de polypiers ; mais (156 ) c'est au-dessus de ces polypiers que se trouve principa- lement la roche dont nous parlons. A l'inspection desgrosfragments de cetteroche que nous rapportons à l’Arkose commune de M. AI. Brongniart , et qui sont disséminés sur et dans l'argile plastique de Guédone et de la Batte, nous avons dû penser que faisant partie d’un dépôt de transport, ils avaient pu être amenés de fort loin, et nous n’espérions certainement pas trouver cette roche en place dans le bassin de la Remarde. Cependant nous l'avons remarquée un peu plus loin dans la vallée au bas du plateau que domine le village de Saint-Maurice, où elle est aussi sur l'argile plastique ; mais ici comme dans d’autres localités que nous citerons, elle n’est point roulée, elle est en couches interrompues ou brisées. L’argile qui l'accompagne est trés onctueuse et jaunâtre. Plus haut, en montant de Saint-Maurice à Bruyères-le-Châtel, on retrouve lamême roche en petites couches de 10 à 15 centimètres, et que l’on pourrait prendre, à la première vue, pour un calcaire siliceux ; mais en l’examinant avec un peu d'attention, on y remar- que des grains de quarz hyalin au milieu d’une pâte d’un aspect terne et d’une texture grossière, qui ne fait pas effervescence dans les acides et qui raye le verre. D'ailleurs si l’on voulait une preuve que cette arkose est bien la même que celle des tuileries de Guédone et de la Batte, on l’acquerrait aussi à la montée de Saint-Mau- rice à Bruyéres-le-Châtel, puisqu’avec la variété ci-dessus on trouve la même roche que dans les deux tuileries. Un puits que nous avons vu creuser à mi-côte de ce plateau près de l’église du village, nous a présenté cette même ( 157 ) roche reposant sur la craie , mais dans un état de décom- position qui fait que tous les grains de quarz se désunissent et se mêlent à l’argile. Cette arkose prend différents aspects selon le degré d’opacité et de décomposition de sa pâte , ou selon la pe- titesse des grains de quarz: en montant du village de Vaugrigneuse à la butte de Luisant, on remarque sur une argile rouge et onctueuse, diverses variétés de la même arkose en petits lits, tantôt à grains trés fins comme un véritable grès , mais tendre , tantôt avec des grains de quarz gros comme de gros pois. Quelquefois la roche prend une texture pisolithique et se décompose en frag- ments ronds et gros comme des avelines. D’autres fois enfin, elle prend un aspect tellement terne que les petits grains de quarz n’y sont visibles qu’à la loupe. Ce qui prouve qu’elle occupe une assez grande éten- due c’est qu'on la retrouve en sortant du hameau de la Villeneuve pour monter dans la. forêt des Ivelines. Cette montée présente la coupe suivante : 1:0Meulérescompactes 4-10 - M Me i metre. 24° Sable jaune ERP Fe RARE RENAN EN 4 3° Arkose commune à grains trèsfins. . . . . » 50 45° 9abletblance. CHOREENRORR C deil soi 50 Total DE ra ANT Tee NT 7 00 Ce sable nous paraît être celui de l'argile plastique. Il est à remarquer que presque partout où, dans le bassin de la Remarde, nous signalons l'argile plastique accompagnée d'arkose, cette formation est toujours plus ou moins relevée. : (158) Lorsque la roche dont nous parlons est en partie décomposée, c’est-à-dire lorsqu'elle a perdu son aspect vitreux pour ne plus offrir que des grains de quarz qui brillent au milieu d’une pâte terne argileuse et ta- chant les doigts,comme à Saint-Maurice à la montée de Bruyères-le-Châtel, à Vaugrigneuse, à la butte de Luisant, elle prend tellement les caractères d’une arkose que nous avons observée à Royat, près de Clermont-Ferrand, qu'il est impossible de distinguer certains échantillons de cette localité de ceux des localités précédentes. Nous terminerons ce que nous avons à dire sur l'argile plastique en ajoutant à ce que nous venons d'exposer re- lativement à ses grès, que cette argile est tantôt blanche et tantôt grise ou bleuâtre dans le bassin de la Remarlde. Très rarement elle est rouge. Près et au sud de Rochefort, à peu de distance de Saint-Arnoult, l'argile plastique est représentée par un dépôt d’argile rouge, remplie de petits fragments de quarz , tantôt compacte et tantôt translucide. TERRAIN CRÉTACÉ. Étage supérieur. FORMATION CRAYEUSE. Marne à silex de lu eraie et craie Habèbai Le terrain crétacé se montre dans le petit bassin de la Remarde, surune longueur de 20 kilomètres (5 lieues), (159) depuis Clairfontaine jusque près de Bruyéres-le- Châtel. Le point le plus haut de la vallée où l'on commence à l’aper- cevoir estentre Clairfontaine et Moutiers : les deux ruis- seaux de la Rabette coulent au milieu de la craie ; les prai- ries qui s'étendent entre Moutiers et Rochefort sont sur cette même roche: il suffit de lever le gazon avec quel- ques pouces de terre végétale pour trouver lessilex de la craie. Entre la ferme de la Beneterie et Moutiers, à l’ouest de l’ancien étang de la Claye, on a creusé le sol pour exploiter la craie et l’employer à l'amendement des terres; cette roche est couverte de quelques mètres d’une marne calcaire jaunâtre, remplie de silex pyromaques, parmi lesquels on trouve des moules siliceux d’Ananchytes (Ananchytes pustulosa, Lamarck ). Dans la partie méridionale de la vallée, c’est prés de Saint-Arnoult , à l’ancienne chapelle dédiée à Saint- Fiacre, que l’on voit paraître la craie qui s’étend plus ou moins visible par Longvilliers, le Val-Saint-Germain et Saint-Maurice où elle cesse. Dans tous les lieux bas, au nord de Rochefort, on est sûr de la trouver à quelques mètresau-dessous dusol. Entre ce dernier village et Saint- Arnoult, on remarque sur le bord de la route plusieurs exploitations de craie; les fossés qui bordent cette route le long du bois de Rochefort, montrent les sables et grès marins supérieurs, reposant sur la craie dont la présence est annoncée ici par des marnes jaunes remplies de silex pyromaques, parmi lesquels se trouvent fréquemment des moules siliceux d’Ananchytes. Près de Longvilliers, une grande exploitation faite par plusieurs excavations pratiquées à peu de distance du confluent de la Rabette ( 160 ) et de la Remarde, sur le penchant de la colline située en face du village, présente la coupe suivante : Sables et grès marins supérieurs, avec quelques meulières à la partie supérieure. + . ©. + + 2 mètres. Marne jaunâtre remplie de silex pyromaque. . . : fa Craie blanche avec lits de silex, creusée de 2 ou. . 3 Au Vimpont, hameau qui dépend de la commune de Saint-Cyr, on exploite encore de la craie. Enfin un peu avant d’arriver au village de Saint-Maurice, on remarque vis-à-vis le château du Marais, la dernière exploitation de craie; mais elle ne cesse pas pour cela, car prés du moulin de Trémerol, avant de monter à Bruyéres-le- Châtel, les silex pyromaques se montrent de nouveau sur les bords de la Remarde et sur le sol voisin de ses ri- ves. C’est le point de la vallée le plus éloigné de son origine où l’on puisse signaler la craie. Ainsi ce n’est qu'environ une lieue avant de se jeter dans l’Orge, à Arpajon, que la Remarde cesse depuis Saint-Arnoult de couler au milieu de la craie. Cette craie partout blanche et friable , sans être riche en fossiles, en renferme cependant un assez grand nom- bre, sur-tout si l’on y comprend. les nombreux silex qui y conservent encore des formes qui ne permettent guère de ne pas y reconnaitre celles de plusieurs alcyons ; On y trouve aussi beaucoup de polypiers parmi lesquels nous citerons des fragments de l’Astérias quinqueloba (Goldfuss) le Tragos pisiforme, et le Manon peziza du même auteur; enfin une petite Encrinite que l’on trouve aussi à Meu- don, mais que nous n'avons jamais vue décrite. Parmi (161) les échinodernes nous citerons des ananchytes de l’es- pêce appelée ovata, par Lamarck, car ce n’est que dans les marnes jaunâtres à silex pyromaques qui recou- vrent cette craie, que l’on trouve des moules siliceux de l’Ananchytes pustulata. Dans un silex près de la ferme de la Poterie, j'ai trouvé le moule d’un peigne qui paraît être le pecten serratus. Enfin, dans la craie même on remarque des traces de plusieurs coquilles bivalves au nombre desquelles on re- connaît le spondylus spinosus. Si les auteurs de la Description Géologique des envi- rons de Paris n’ont signalé que des calcaires lacustres prés de Saint-Arnoult, et n’y ont pas soupçonné la pré- sence de la craie, c’est d’abord parce qu’à l’époque où cet ouvrage parut l’action des soulèvements de l’écorce terrestre n’ayant point encore élé le sujet des observa- vations de M. Elie de Beaumont, on était loin de soup- conner qu'immédiatement au-dessous des sables et grès marins supérieurs, pourrait se trouver la craie; et en second lieu la craie étant exploitée sur les bords de la Re- marde , sous le nom de marne et seulement pour l’amen- dement des terres, les savants auteurs dont nous parlons, qui n’ont d’ailleurs pas visité la vallée qu’arrose cette rivière puisqu'elle est restée en blanc sur leur carte, trompés par cette fausse dénomination, ont pu croire que le$ prétendues marnières dont on leur parlait étaient creusées dans lé dépôt lacustre supérieur aux sables et grès marins, analogues à ceux de Fontainebleau. Voilà sans doute pourquoi, malgré l'opinion répandue par quelques personnes relativement à la présence de la M: (162) craie , prés de Saint-Arnoult, on lit dans la Description Géologique des environs de Paris (1), relativement au calcaire lacustre : « Celui des environs d'Étampes et de « Saint-Arnoult, à une épaisseur considérable. On l’a « pris quelquefois pour de la craie, et on l’a décrit comme « tel; mais quand on examine avec attention les car- « rières de pierre à chaux situées près de ces lieux, on « voit qu’on y exploite un calcaire rempli de coquilles d’eau douce et renfermant des blocs énormes de silex. » 2 Conclusions. On voit par les détails dans lesquels nous sommes en- trés , détails que nous aurions moins étendus, s’il ne s’a- gissait d’une partie intéressante pour le département que nous habitons ; on voit, disons-nous , que l'ensemble des terrains que l’on remarque dans le bassin de la Remarde, depuis Rambouillet jusqu’à Arpajon, ne présente de haut en bas que la succession des dépôts suivants . Meulières et Calcaire siliceux supérieur. Sables et grès marins supérieurs. Argile plastique. Craie. On y voit aussi que l'argile plastique y est souvent accompagnée d’une roche siliceuse que nous rapportons à s4D Recherches sur les ossements fossiles. Nouvelle édition in-4.°, + LL;,2.€ part. .{p. 519. ( 163 ) l'arkose (1 ); et que cette roche, avec l'argile, se montre généralement au-dessus du thalweg, sur les différents points de la vallée, attendu que la Remarde elle-même coule ‘au milieu de la craie ou des marnes jaunâtres qui en font partie. IL est encore à remarquer qu’il manque dans le bassin de cette petite riviére, et les marnes vertes représen- tant la formation gypseuse, et toutes les parties du cal- caire grossier. D'où il résulte que les sables et grés iden- tiques avec ceux de Fontainebleau, reposent sur plusieurs points, soit sur l'argile plas ique, soit sur la craie, comme on le voit sur la route de Saint-Arnoult à Rochefort. On ne peut expliquer cette disposition que par un sou- lévement éprouvé par la craie, dans cette partie des en- virons de Paris, avant l'époqué de la formation et du calcaire grossier et des marnes vertes: ce qui n’a pas permis à ces deux dépôts de se former dans la vallée de la Remarde parce que la craie y occupait une hauteur trop grande, ou plutôt y formait l’un des bords du bassin dans lequel s’est déposé le calcaire grossier. L'une des conséquences que l’on pourrait tirer de ce (1) Je considère le grès dont j’ai donné la description et le gise- ment dans cette notice, comme une espèce d’arhose, seulement à cause de son aspect, et sur-tout parce qu’il subit une sorte de décom- position dont les véritables arkoses offrent tant d'exemples: c’est ce qui me fait croire que sa pâte peut-être feldspathique, car je ne con- cevrais pas que le quarz seul pût éprouver ce genre de décomposition. La dénomination que je lui donne est donc nécessairement provi- soire jusqu’à ce que l’analyse chimique démontre que le feldspath entre dans la composition de ce grès. ( 164 ) fait, c’est que dans le bassin de la Remarde, précisément parce que la craie y a été soulevée, le forage des puits artésiens pourrait offrir quelques chances de succès , puis- qu'on atteindrait plus facilement la craie et ses assises inférieures; et peut-être même, comme cette disposition doit s’étendre assez près de Versailles, y aurait-il moins de difficulté pour un forage fait dans le but d'obtenir des eaux jaillissantes dans cette ville, puisque, ‘d’une part, plusieurs dépôts manquant entre la craie et les sables ma- rins supérieurs, il y aurait une trentaine de mètres de moins à perforer ; et qu’en second lieu , le reléveme:it de la cräie ayant déterminé celui de l'argile plastique , il est probable que les couches de celle-ci s’inclinent du côté de Versailles, où il serait possible qu’elle atteignit une assez grande puissance’ et une assez grande pente pour qu’il y eût lieu d’espérer de trouver des eaux jaillissantes sans être obligé de traverser toute la craie. NOTIGR SUR LE BLE AVARIEÉ PAR LES INSECTES, ET SUR LES MOYENS DE L’EN PRÉSERVER; Par M. Coin. Les hivers mous et les grandes chaleurs que nous avons depuis quelques années ayant favorisé la pro- pagation des insectes nuisibles , il est opportun, ce me semble , de faire connaître par quels moyens on peut s’en préserver. Les insectes destructeurs dont nous allons parler d’une maniére plus spéciale peuvent se montrer partout; plus d’une fois ils ont menacé de famine les populations d'Amérique, ils ont assailli les blés de l’An- goumois, ils se sont manifestés plus tard dans le Berry, (166 ) le Niverpaiïs, et jusqu'aux portes d'Orléans; ne pourraient- ils pas un jour atteindre les bords de la Seine ? — Je vais vous dire, en conséquence , par quels moyens je les ai combattus, et comment j'ai réussi. La bonne conservation des grains intéresse la société tout entière ; mâis c’est principalement pour les culti- vateurs, les propriétaires et les agronomes que cette question est du plus haut intérêt. Son importance justifie complètement, à mon gré, les efforts que j'ai faits en 1829, pour arriver à un résultat si désirable, et depuis pour confirmer mes premiers essais et les éclairer, comme aussi la détermination que j'ai prise de réunir dans un même ouvrage ce que l’on avait fait jusqu'ici dans ce but et ée que j'ai fait moi-même pour y parvenir. La notice que je présente aujourd'hui au public rappelle donc les travaux des académiciens Duhamel et Tillet, à ce sujet, ceux qui ont été exécutés depuis, et les miens propres. Une partie des résultats auxquels je suis parvenu a été publiée dans les Annales de l'Auvergne, et une autre dans les Mémoires de la Société royale d'Agriculture de Seine-et- Oise; mais je ne. les ai présentés nulle part avec autant de précision et d'ensemble que je le fais dans cet opus- cule , où d’ailleurs je rapporte des pénibness iné- dites. Le lecteur voudra bien ne pas oublier que les mêmes moyens que j'ai employés pour combattre les alucites, réussissent contre les..charancons et contre tous les in- sectes qui nuisent aux blés, et plus généralement aux graines. Aprés avoir pris connaissance de ce travail, non (167) seulement il aura pu juger de l'efficacité des moyens que je propose et de leur bonté relative ; mais encore il saura d’une façon rationnelle comment les silos préservent les blés dont on les remplit et de quelle durée doit être leur clôture dans ces capacités pour en obtenir la destruc- tion de la teigne ou des alucites, durée qu’il faut dé- passer, d'après une observation de M. l’abbé Baron, pour tuer le charançon. Les personnes qui s'occupent d'histoire naturelle me sauront , je l’espére , ‘quelque gré du soin que j'ai mis à réunir le plus de faits qu’il m'a été possible pour servir à l’histoire de ces insectes destructeurs. Cependant cette étude sortant de ma spécialité, on me pardonnera sans doute de ne m'être pas engagé plus avant dans leur his- toire. Je n’avais à les considérer que comme un fléau des moissons, qu’à indiquer les moyens de les détruire à peu de frais sans altérer le grain; je pense lavoir fait, le lecteur en jugera. Cette notice, par son objet , doit in- téresser les cultivateurs, les propriétaires et les agro- nomes; peut-être les savants ne dédaigneront-ils pas d'y jeter un coup-d'æil; ils le feraient certainement s'ils savaient combien les observations ont été répétées et scrupuleusement consignées à mesure qu’elles se pré- sentaient. Des faits bien avérés prennent toujours rang dans les sciences physiques, celles-ci n’ont point d’autres matériaux. Au commencement de 1829 ,M. Carraud , commandant de l'artillerie, me remit un blé qu'il avait fait venir du Berry et m'engagea à lui faire subir quelques épreuves dans le but de le débarrasser d'insectes nombreux qui { 168 ) vivaient dans l’intérieur des grains et produisaient ux notable dégât. L'inspection que nous en fimes nous prouva qu'il était piqué du charançon, mais plus encore d’une larve qui passa bientôt à l’état de chrysalide, puis de pa- pillon , et qui sous cette dernière forme, se répandit avec profusion hors du grain comme le prouva l'échantillon que nous en présentâmes le 1-er mai de la même année, à la société royale d'Agriculture de Seine-et-Oise. La forme et les habitudes de ce papillon nous rappelérent celle de la teigne ; effectivement il appartenait à la tribu des tinéites comme nous l’établirons tout à l’heure. C'était d'après M. Baudet-Lafarge, entomologiste dis- tingué , l'alucite céréalelle d'Olivier (Encyclopédie métho- dique), légère variété de l’alueite granelle de Fabricius, observée dans l’Angoumois, par Duhamel et Tillet lors- qu'ils s’y rendirent en 1763, pour combattre ce fléau des récoltes. M. Cadet de Vaux, en donna le 3 mai 1829, dans V’Écho de la Halle de Paris, la description suivante, à notre avis fort incomplète : « C’est sous la forme de papillon et au mois de juin que cet animal paraît pour la première fois ; il est alors de la grosseur d’un grain de blé. Ses ailes d’un blanc sale, sont recouvertes d'une poussière argentée et bril- lante qui reste au doigt quand on les saisit ; son ventre est gros et plein d’une substance laiteuse; sa tête enfin est petite et pointue. » Il crut y reconnaître la mouche hessoise qui tant de fois avait menacé de famine l'Amérique du Nord. Ge fut sé ( 169 ) à tort: la mouche hessoise (hessian fly) est un insecte de l'ordre des tipulaires et du genre cecidomyia. Notre excellent collègue M. Hippolyte Blondel, auquel je m'étais adressé pour avoir des renseignements au sujet de eet insecte, en a pris lui-même près de M. Lefebvre et de M. Duponchel, membres comme lui de la société d’en- tomologie, et voici les éclaircissements qu’il en a recus. « Pour ce qui est de l'hessian fly, lui écrit M. Lefebvre, c’est un diptère qui vint d'Allemagne en Amérique, dans les fourrages que les troupes hessoïises avaient à bord des bâtiments qui transportérent leur cavalerie aux États-Unis, lors de la guerre de l'Indépendance ; cet insecte y fit les plus grands ravages (c’est une ceci- domyia ). « La Hongrie fut aussi il y a deux ans (1833), dévastée par la larve d’une cecidomyia (la Poæ, je crois), qui se logeant dans la base de la tige des blés, fait bientôt avorter l’épi, soit en interrompant le cours des sucs nu- tritifs qui doivent s’y porter, soit en faisant tomber la tige qui, minée à sa base, se casse au moindre vent. « Ces insectes n’ont pas le moindre rapport avec les tinea granella. » M. Duponchel de son côté a joint à cet envoi la note qui Suit : « On ne connaît que deux lépidoptéres dont les che- nilles vivent aux dépens du grain et principalement du blé ; ils appartiennent tous deux à la tribu des tinéites, savoir : l’acophora granella et la tines granella de La- treille. (170) « La premiére, longue d'environ quatre lignes avec. ses ailes supérieures de couleur café au lait, tantôt plus claires, tantôt plus brunes, sans taches et toujours avec un reflet brillant. à 2 | « La deuxième est de la méme taille: ses antennes sont courtes ; son corps est d’un cendré plus ou moins obscur. Sa tête est couverte de poils fins , longs, d’un blanc jaunâtre; ses ailes supérieures sont grises, cendrées ou obscures avec plusieurs taches et plusieurs points bruns irréguliers ; ses ailes inférieures sont noirâtres et et sans taches. Elle différe de la première non seulement par sa couleur, mais encore par la forme de ses ailes supérieures qui sont relevées en queues de coq à leur ex- trémité dans l’état de repos. « On trouve une histoire très détaillée de ces deux tinéites, dans deux ouvrages, dont l’un a pour titre : Histoire d'un insecte qui dévore les grains de l'Angoumois, par Duhamel et Tillet, 1762. L'autre est un rapport fait à la Société royale d'Agriculture dans sa séance du-10 avril 1831. Excepté dans ces deux ouvrages et dans le Dic- tionnaire de Déterville, dernière édition, où M. Latreille donna une description abrégée de l’œcophora granella , qui est la véritable alucite des blés des agronomes , je n'ai pu reconnaître cette espèce ‘dans aucun autre ou- vrage. « Mais il n’en est pas de même de la tinea granella ; elle a été décrite par Linnée et par tous les auteurs qui sont venus ensuite ; elle est bien représentée dans Hubner; c'est la même que celle donnée par Réaumur,sous le nom de fausse teigne des blés. » (171) Ainsi il n'y a pas de doute, d'aprés M. Duponchel, M. Lefebvre et M. Baudet-Lafarge, le petit animal sur lequel j'ai ftit mes expériences n’est autre que la teigne des blés ou tinea granella, comme on voudra l’app-ler, c’est-à-dire un lépidoptére , et non point la mouche hes- soise qui est une cecydomyia et par conséquent un di- ptére. Les académiciens Duhamel et Tillet, dont les travaux servent. encore en ce point de guide aux .agronomes, avaient pour le détruire employé une dessiccation opérée à la température de 75° centésimaux (60° Réaumur ); nous y avons eu recours, mais nous avons cherché d’au- tres voies pour arriver au même but, parce que nous voulions trouver des procédés qui convinssent à la fois au blé destiné à la mouture et à celui que l’on conserve pour les semailles. : M. Cadet de Vaux, dans l article cité, nous dit que les babitants du Berry n’ont trouvé rien de mieux pour s’op- poser à ses ravages que de pratiquer au nord la porte des granges, de battre le grain le plus rapidement pos- sible et de l’exposer à l’action de la chaleur, comme Fa prescrit Duhamel. Sans cela le grain fait de mauvaise mouture et sa farine ne donne qu'un pain gris d’un goût désagréable. Bientôt la chaleur s’exalte dans le gerbier et le grain füt-il battu et réuni seulement au nombre de quelques boisseaux, ne tarde pas à s'élever à 31 et #0 centésimaux (25 à 30 de Réaumur). Alors le fléau se développe avec une rapidité que M. Cadet de Vaux ne craint pas de comparer à celle de la gréle ou du feu. C’est effective- { 172 } ment au mois de juin, dans la saison la plus chaude, que l'on voit paraître ce papillon à la chüte du jour dans les greniers qui en sont infestés et dans les champs qui les avoisinent. Confiné dans les provinces méridionales de la France, cet insecte n’avait pas encore dépassé l’Angoumois, lors- qu'il parut en 1822 dans le Berry et s’étendit en 1827 dans le Nivernais et l'Orléanais. IL est à craindre qu'il ne franchisse encore ces limites et qu'après avoir envahi le centre du royaume il ne se propage dans tous les sens. ; | Frappés de cette idée, nous voulûmes opposer une di- gue à cette espèce de torrent, et dans ce but nous exécu- tâmes, M. Carraud et moi, sur le grain infesté quatorze essais, qui sans être tous heureux, ne nous laissérent aucun doute sur la réussite. Ce fut au 1.er mai 1829 que nous les fimes connaître à la société d'Agriculture de Seine-et-Oise. De nouvelles observations vinrent confirmer un grand nombre des premiéres, en démentir quelques-unes, modifier ou res- treindre quelques autres ; ces corrections et ces dévelop- pements furent communiqués en septembre 1829, à l'académie de Clermont-Ferrand qui les fit imprimer en février 1830 dans les Annales de l'Auvergne, comme elle l'avait fait-en juillet 1829 pour la premiére partie. Mais les observations ayant été continuées par moi pendant les arinées 1830 et 1831, quelqués expériences ayant été reprises en 1834, il était nécessaire de revenir sur ces travaux pour que l’on eût une idée juste et complète de notre manière d'expérimenter et de la valeur des résul- (173 ) tats auxquels nous sommes parvenus. C’est pourquoi je- vais exposer l’ensemble de toutes ces observations, tant de celles qui ont été déjà sie que de ES iné- dites. Nous essayâmes tour à tour à étouffer, à foudroyer, à dessécher, à cuire, à noyer, à échauder et à empoi- sonner ces insectes dans le grain même ; il nous fut aisé de le faire. Les essais n.05 1,2 et 3, consistaient : le {.er, à tenir le grain dans un vase couvert mais non point stiéaitnlé fermé ; le 2.°, dans un vase fermé où le volume d'air fai- sait un grand nombre de fois celui du grain, et le 3.e, à l’exposer pendant un quart d’heure à l’action fou- droyante d'une bonne machine électrique. Aucune de ces pratiques n’empêcha d’éclore la teigne des blés; nous nous y attendions pour les deux premiéres, la troi- siéme nous étonna d’abord, mais en réfléchissant que les phénomènes électriques se passent à la surface des corps, notre étonnement cessa ; l'enveloppe leur avait servi de défense. Tous les autres flacons étaient exactement clos; le n.° 4 renfermait des grains qui avaient été tenus à la tempé- rature de l’eau bouillante; le n.e 5, un blé fortement enfumé; le 6.+, du grain torréfié dans un brüloir de ma- niére à n’altérer que l'écorce ; le 7.e, du blé qui après avoir séjourné tout une nuit dans l’eau, avait été desséché librement à l'air; le 8.+, celui qui ayant subi deux infu- sions successives à l’eau bouillante avait été séché comme le précédent ; le 9.° flacon contenait du blé fortement chaulé; le 10.e, du blé que l’on avait soumis à l’action { 174 ) d’une eau contenant du sulfate de cuivre ; le 11°, celui sur lequel avait agi une eau chargée des produits de la distillation du bois {il avait été, ainsi que le précédent, livré à une dessiccation spontanée) ; le 12.- contenait avec l'acide carbonique dont il était préalablement rempli, le blé qu'on y avait versé ; le 13.° renfermait celui que l’on avait exposé à l’action de la vapeur du soufre brûlé (acide sulfureux des chimistes), vapeur dont avant tout le flacon avait été rempli ; enfin le 14.:, que l'on avait d'abord rempli de chlore gazeux, avait ensuite recu le grain. | : Toutes ces portions de grainsavaient été tirées du même sac ; elles appartenaient au même blé et se trouvaient, autant qu'on en pouvait juger à l'inspection, également avariées par les insectes. Au 1er mai, une foule de papillons étaient éclos dans les bocaux des trois premiers essais; cependant on n’ob- servait rien dans les autres ; fallait-il l’attribuer à l’action des agents que nous avions mis en usage ? Une chose nous tenait en suspens , un flacon servant de silo à moitié rem- pli du même blé, sur lequel on n'avait pratiqué aucune opération , à moitié plein d'air, hermétiquement fermé, ne laissait rien éclore. Ce fut un avertissement pour nous : nous primes une portion du grain contenu dans cette espèce de silo, nous le rendîmes à l'air libre, en le plaçant dans un flacon, bouché seulement d’un papier ficelé autour de son col et dont les communications avec l'atmosphère étaient établies à l’aide de trous pratiqués avec une aiguille déliée. L’éélosion qu'une exacte clôture avait retardée se manifesta en juillet, mais en moindre Ne (175 ) abondance que si le grain n’eût jamais été parfaitement. clos. En même temps que nous pratiquions cette opéra- tion sur le tiers du blé contenu dans le silo, nous en faisions autant à tous nos flacons en expérience, le silo excepté. Nonobstant cette précaution, rien ne parut dans le grain traité par l'acide sulfureux , par le gaz chlore, par l’eau bouillante, par une épaisse fumée, par une chaleur de 100°, par une eau pyroligneuse, ou dans le vase her- méliquement fermé. Cependant, je le répète; l'air avait été renouvelé dans tous les flacons, ce dernier excepté. L’éclosion fut au contraire très marquée dans le grain traité par l’eau froide, dans celui qu’en sortant du flacon, on avait rendu à l’air le 15 juin, dans le chaulé, et trés faible dans le grain qui avait subi pendant un mois et demi l’action du gaz acide carbonique. Celui qu’on avait tenu dans une chambre sans feu, celui même qu'on avait traité au sulfate de cuivre, quoi- qu’on eût employé celui-ci en dose double de celle qui eüt été nécessaire pour préserver de la carie le blé des- tiné à la semence, en laissèrent éclore à profusion; il nous sembla même que leur nombre était aussi considérable que si le blé n’eût été soumis à aucune influence étran- gère. M. l’abbé Caron et M. Leféburier, tous deux com- missaires de la société d'Agriculture de Seine-et-Oise, ont fait sur le ver blanc (larve du hanneton!) des obser- vations semblables; ils n’ont pu le tuer par une eau char- gée de sulfate de cuivre, et ils ont assuré que l’oxide blanc d’arsenice , poison redoutable, n’a pas été plus ef ficace. 11 serait à désirer qu'ils eussent indiqué les doses. (176 ) Ainsi, les épreuves que nous avons tentées sont de trois sortes : six ont été négatives, une a suspendu l’éclosion, et six ont complétement détruit les teignes des blés. Les charançons ont disparu dans toutes; faut-il attribuer ( ce résultat au froid rigoureux de 1829 ? Comme le gaz acide carbonique employé dans notre douzième essai avait été recueilli sur le mercure, qu'il était resté dans le flacon des portions de ce métal et que ce vase avait été fréquemment remué, nous pourrions inférer de là que le mercure ne s'oppose point à l’éclo- sion de la teigne des blés; cette conclusion est juste, l'expérience l’a confirmée à plusieurs reprises. Telles étaient au 18 septembre en cette même année 1829, les résultats intéressants auxquels nous étions par- venus. Ils semblaient nous avertir que les six moyens de destruction , qui définitivement nous avaient complé- tement réussi, étaient les seuls après lesquels on pût rendre impunément au grain le contact de l'air, et que par conséquent c’étaient ceux qui paraissaient devoir être plus spécialement l’objet de nos essais ultérieurs. Néan- moins il était possible qu’en faisant varier quelques-unes des circonstances dans lesquelles les autres avaient été pratiqués, on püt arriver à quelques bons résultats, et ce fut précisément ce qui s’effectua pour certains d’entre eux. A partir de ce terme nous avons donc continué à lais- ser tous ces essais en expérience et chaque année, parti- culiérement aux deux époques de l’éclosion, juin et sep- tembre, nous les avons observés avec fruit : ainsi la chaux qui, en juillet 1829, n’avait point empêché quel- ( 177 ) ques individus d'éclore , ne leur à pas permis de se per pétuer, puisque dans le cours des années 1830 et 1831, aucun autre individu n’a signalé son existence dans le blé qui avait été surabondamment chaulé en 1829. La même remarque s'étend au grain qui, avant d'être rendu à l'air atmosphérique , avait été soumis pendant plus d'un mois à l’action du gaz acide carbonique , tandis qu'en 1830 et même en 1831, les papillons s'étaient multipliés dans les quatre autres essais non préservés. La propa- gation continua aussi à être fort abondante dans le blé qui, en 1829, avait élé conservé dans une chambre sans feu; elle le fut tellement, qu'en 1831, le manque de vivres et la putréfaction des cadavres, antérieurement et spontanément entassés, mit un terme à cette propaga- tion. | Il restait à éclaircir un point important: l’éclosion des germes animaux conténus dans le flacon hermétiquement fermé, pouvait-elle être suspendue indéfiniment ? Nous avons vu qu'une suspension d’un à deux mois ne les avait point empéchés d’éclore; mais devait-on en con- clure qu'il en serait ainsi, quel que fût le temps que ces germes eussent passé dans le flacon hermétiquement bouché? Je présumai la négative et je la prévoyais d’au- tant mieux que, dans le blé rendu à l'atmosphère au mois de juin 1829, l’éclosion avait été moins abondante que dans un blé qui n'avait jamais été en un vase bien clos. Effectivement, une portion du grain renfermé au mois de mai 1829, ayant été rendu à l'air libre au mois de mai 1831, le grain s’y conserva dans le même État et s’y trouve encore: ancun papillon, aucun cha- 12 (178 ) rançon, n’y ont encore paru. Ce fait remarquable doit se rapporter à l’action du gaz acide carbonique sur les animaux. On en sera convaincu si d’une part on se reporte à cette action, et si de l’autre on s'assure, comme je lai fait, de la présence de l’acide carbonique dans l'air du flacon-silo, où l'analyse m'a démontré jusqu’à 25 pour 100 de ce gaz, le vase étant exposé à la lumière. Cette circonstance a-t-elle eu de l'influence ? Ce qu’il y a de certain, l’oxigène de l’air a été changé en acide carbonique par les animaux contenus dans le grain, et aussi à la faveur de l'humidité qu’ils ont exhalée; en effet, du blé séché spontanément à l’air libre et bien exempt d'animaux, qu’il fût tenu à la lumière ou dans l'obscurité, n'a point jeté d'acide carbonique dans l'air des vases où il était renfermé ; examiné au bout de six mois, cet air n’éprouvait aucune absorption par la potasse caustique en dissolution concentrée. Si j'ai démontré par ce qui précède qu’une clôture exacte détermine la destruction des insectes dont je m'occupe, je n’ai pas encore indiqué avec une précision suffisante le temps qu’exige ce procédé. C’est pourquoi j'ai repris ces expériences en 1834, et je me suis assuré par de nouveaux essais, qu’au bout d’un mois de clô- ture suivi de 37 jours d'exposition à l'air libre (on con- çoit que ce dernier terme est variable), il se développait encore une multitude de teignes dans le blé piqué de leurs larves; qu'au bout de deux mois de clôture il ne s'en développait que quelques-unes, mais qu’au bout de 101 jours (probablement de trois mois et peut-être moins encore), la destruction de ces animaux était com- (179) plète. À cette époque j'ai analysé l'air des vaisseaux, et non-seulement j'y ai trouvé jusqu’à 25 pour 100 d'a- cide carbonique, ainsi que je l'ai déjà rapporté, mais encore je n'ai pu y découvrir la moindre trace d’oxigène, ce que j'entrevoyais d'avance par la dose d'acide carbo- nique que j'avais observée (1). C’est done à tort que M. Fabre, du Cher, a dit qu’un mois de clôture suffit pour étouffer les larves de la tei- gne des blés dans le grain qu’elles dévorent : en suivant son procédé, c’est-à-dire, en tassant le blé dans les vases où je l’enfermais, deux mois de clôture n’ont pas suffi à leur destruction compléte. Dans une autre série d'expériences faites comparati- vement avec ces dernières, j'ai mis du même blé dans deux flacons à l’émeril rempli de gaz acide carbonique , ce qui a nécessairement introduit de l’air atmosphérique dans les flacons. Au bout d'un mois de clôture l’un des flacons a été ouvert, et après 39 jours d'exposition à l’air libre, le grain soumis à cette épreuve a laissé naître trois chétifs papillons qui sont morts dans l’espace d’une se- maine sans laisser de géniture comme la suite l’a prouvé. Le deuxième flacon ouvert aprés deux mois de clôture n'a laissé rien éclore, En résumé, deux mois de séjour dans le gaz acide (1) M: Fremy;, dans un travail qui lui est commun avec M. Fé- burier, a aussi reconnu que du blé contenant des charançons privait l'air d’oxigène, Mais en fasant pareille observation sur du blé où se trouvaient des teignes , j'ai de plus observé une produe- tion considérable d’acide carbonique, et fait voir qu'il fallait attri- buer ces changements aux insectes qui mangeaient ce grain, (180 ) carbonique mêlé de l'air apporté par le grain, opérent la destruction de cet animal si redouté des cultivateurs de certaines contrées. Trois mois de clôture dans un vase , alors même qu'il contient suffisamment d’air pour occuper la moitié de sa capacité, entraîne pareille réus- site. A la rigueur, l’on voit qu'un mois de séjour dans l’a- cide carbonique suffirait, si ce n’est pour empêcher l’é- closion d’une manière complète, au moins pour s'opposer à la reproduction. Ces faits sont de nouvelles données , propres à confir- mer s’il en était besoin, l'efficacité des silos : leur tem- pérature modérée, leur clôture exacte sont incontesta- blement des moyens de préservation ; mais personne jusqu'ici que je sache, n'avait fait intervenir le temps comme un élément conservateur du grain contenu dans un silo. Nous avions pensé qu'il serait possible de trouver un certain degré de chaleur capable de détruire les germes animaux sans altérer celui du blé; mais d'après des expériences faites en 1816, par une commission composée en grande partie de membres de l’académie des sciences, il a été constaté qu’il faut au moins 90° de température pour tuer le charançon, tandis que, d’après le travail que j'ai fait en commun avec M. le docteur Edwards, 75° cen- tigrades (60 Réaumur) suffisent pour détruire le germe des céréales. On en conclura sans doute qu’il faut renon- cer à ce procédé pour le grain des semailles, si l’on ne peut opérer la dessiccation à de moindres températures ; deux modes se présentent : l’un, dû à M. Watebled, (181) consiste dans l'emploi d’un appareil à l’aide duquel ox peut, au moyen d’une température de 35° Réaumur (h3,75 centig.), dessécher et assainir les-blés humides et avariés : cet appareil a recu de son inventeur le nom de frogoctone , parce qu'il lui attribue la propriété de dé- truire les charançons et autres insectes (1); il serait , en effet, à désirer qu’une température de 35° de Réaumur fût suffisante pour opérer la dessiccation de ces animaux, car elle serait sans influence nuisible sur le blé et sur son germe. Le second mode se réduirait à faire usage des substances fortement hygrométriques qui n’exerceraient aucune action délétére sur la propriété germinative du grain, et qui.en privant tous les insectes destructeurs des céréales de l’humidité nécessaire à leur vie, les tueraient infailliblement. Le froid rigoureux des hivers, qui purge si fréquem- ment la terre des animaux nuisibles, a aussi été mis à profit pour faire périr les alueites et les teignes des blés. M. Baudet-Lafarge, l’un descorrespondants de la société, nous a transmis un passage d’un rapport fait à la société d'agriculture du Cher, par M. de Puyvallée, dont voici les expressions : « Dans un blé exposé pendant deux nuits à cette température (6° Réaumur, au-dessous de glace), en couche épaisse d'un à deux pouces, tous les insectes ont élé trouvés sans vie; (1) Dugrec, Tpwë, Tpwyos, insecte qui ronge le blé, et K+:1%0, je tue, je fais mourir. On trouve dans le Lexicon Tpw5, Gurgulio; vermiculus ille qui legumina rodit. ( 182 ) uon-seulement ce même blé a été ensuite exposé à une température de 180, sans qu'aucun ver, chrysalide ou papillon ait paru vivant, mais conservé avec soin bien avant dans l'été, il n’a donné naissance à aucun insecte » D'où suivrait, comme l’exprime M. Baudet- Lafarge, qu’un froid de 6° Réaumur (7°,5 centésimaux), suffirait pour faire périr ces animaux dans leurs différents modes d'existence. A-t-il suffi d'ouvrir les issues du gre- nier pour obtenir ce résultat? A-t-il fallu porter le blé au-dehors pendant deux nuits? Nous ferons observer, même en adoptant la solution la plus simple, que ce procédé, tout infaillible qu'il est, puisque dans nos essais sur la germination, M. Edwards et moi, nous avons soumis des semences de céréales à la température de la congélation du mercure sans leur faire perdre la pro- priété de germer, ne serait applicable ni en tous lieux, ni tous les ans. Les méthodes que nous avons proposées sont à peu de chose prés aussi simples et beaucoup plus générales. L'agriculteur a donc à choisir : 1. Entre un séjour suffisamment prolongé dans un vase parfaitement clos (trois mois), procédé que j'ai le premier fait connaître , que mes expériences ultérieures ont confirmé et auquel celles de M. Fabre donnent une nouvelle sanction (1); (:) Voyez pour M, Fabre, le 16.° cahier de la société d’agri- culture du Cher, ( 183 ) 2, Un séjour d’un à deux mois dans l'acide carbo- nique ; 3. L'action du gaz ehlore; 4. Celle du gaz acide sulfureux, ou, ce qui revient au même, l’action de la vapeur qui résulte de la com- bustion du soufre ; 5.° Une épaisse fumée ; 6. Une eau chargée des produits de la combustion du bois ; 7.° Une double infusion # l’eau bouillante ; 8.° Une température de 100° {c’est le point d’ébulli- tion de l’eau); 9.° Une légère torréfaction ; Moyens que j'avais tous expérimentés dés le mois de mars 1829, dont j'ai fait connaître l'efficacité le 18 sep- tembre, ainsi que je l’ai rapporté. 10.0 La dessiccation recommandée par Duhamel, c’est- à-dire , opérée à la faveur d’une température de 75° (60 Réaumur), et à laquelle on a proposé de substituer une dessiceation à froid déterminée par la présence de quelques corps hygrométriques, et notamment de la chaux vive; 11. Enfin, un froid de 7°,5 (6° Réaumur); ce moyen a été indiqué par M. de Puyvallée. Si tous ces moyens ne sont pas également bons, tous détruisent le charançon, les alucites, et en un mot tous les insectes qui font leur demeure, soit entre les grains de blé, soit dans les grains eux-mêmes. La dessiccation à 75° préconisée par Duhamel, une température de 10600, une légère torréfaction, une double (18%) infusion à l’eau bouillante rendent improductif le germe des blés; une fumée chaude et épaisse pourrait avoir le même inconvénient ; l’action du chlore pourrait avarier le grain ; la fumée du soufre en combustion n'aurait d'inconvénient qu'autant qu'on l’employerait chaude ou que l’on en forcerait la proportion en mettant en contact un grand volume d’acide sulfureux avec un petit volume de blé; une eau chargée des produits de la distillation du bois entraine une dessiccation et ne perd pas de suite son odeur de fumée, qu’au reste l’action de l’eau ou celle du grand air enlévent aisément ; un froid de 7°,5 (6 Réaumur) ne s'obtient facilement, ni dans tous les climats, ni tous les ans dans certains pays; un séjour suffisamment prolongé en vase clos mériterait donc la préférence, si l’acide sulfureux n'était pas plus expé- ditif. | L’acide carbonique mélé d'air serait moins lent qu’une clôture exacte, à produire l'extinction de la teigne ou de l’alucite; mais comme il lui faut un à deux mois pour atteindre ce: but, il pourrait arriver que l’on ne püt at- tendre aussi long-temps, et comme d’ailleurs il faudrait pour mettre l’acide carbonique en usage avoir à sa dis- position un silo ou un grenier fermant hermétiquement, on ne pourrait donc l’employer que dans cette circon- stance particulière, On le produira d’ailleurs aisément et à bon marché, en faisant brûler du charbon ou de la braise dans l'endroit même où doit se conserver le blé. Je citerai au sujet de l’acide sulfureux , l'expérience d’un propriétaire que M. de Dombasle a consignée dans (185 ) les Annales de Roville. Mes flacons y sont remplacés par deux futailles de 2 à 3 hectolitres chacune, placées à un pied du sol sur un chantier de 10 à 12 pieds de longueur et autour duquel on peut passer aisément. Deux hommes suffisent à ce travail, qui, si l'on a eu la précaution d'augmenter un peu l'ouverture des bondes, marche à peu près aussi vite que le mesurage des grains. Les deux futailles sont méchées alternativement ; pendant que le soufre brûle dans la seconde, on verse le grain, au moyen d’une trémie, dans la pièce qui est déjà soufrée, et ainsi de suite. À peine une pièce est-elle remplie qu'on la vide en la faisant rouler jusqu’à l'extrémité du chan- tier. À mesure que le grain tombe, un ouvrier le range en tas avec un rateau. Ce blé, après avoir été remué deux ou trois fois, ne sent plus rien au bout de quelques jours, et, au rapport du propriétaire dont il s’agit, la farine et le pain qui en proviennent sont de bonne qualité. Le grenier ou l'opération se pratique, doit être dis- posé de telle sorte que l’on puisse profiter d’un courant d'air un peu vif pour mettre les ouvriers à l’abri des at- teintes de l'acide sulfureux ; celui qui verse le grain dans les tonneaux doit prendre le dessus du vent. M. de Dombasle présume que cette pratique serait plus efficace, plus expéditive et plus économique rela- tivement à la carie, que ne le sont la chaux ou le sulfate de cuivre. Il pense qu'elle ne doit pas exercer une in- fluence délétére sur la propriété germinative des grains qui s’y trouvent soumis, mais il craint que les œufs des insectes auxquels le blé est en proie, ne lui résistent. ( 186 ) Une expérience de plusieurs années me rassure à eet égard; du froment piqué par les teignes, et traité par le gaz acide sulfureux en avril 1829 , n’a laissé rien éclore depuis. Je suis certain de ce fait, parce que dans le même blé qui n'avait été soumis à aucune influence étrangère, les teignes ont pullulé d’une maniére incroyable. L'on peut, il est vrai, m’objecter qu’à l’époque de l’année où j'en ai fait l'expérience, tous les insectes étaient sortis de l'œuf, mais jusqu'à présent rien n’établit la vérité de cette objection , et d’ailleurs fût-elle juste , elle n’infir- merait en aucune facon l’excellence du procédé. La fumigation au soufre me paraît d'autant plus re- commandable qu’elle ne s'oppose point effectivement à la germination; j'en ai fait l'expérience derniérement chez votre trésorier, M. Belin, en semant comparative- ment du blé d'hiver et du blé méché, et j'ai eu la satisfaction de voir que le second n'avait pas moins bien levé que le premier. Ils ont continué à croître, les épis ont fleuri et ils sont parvenus à leur maturité. Ainsi la rapidité, l’économie , la généralité de ce pro- cédé, qui ne présente point d’inconvénient pour le grain des semailles ni pour celui destiné à la mouture, le re- commandent hautement. Que l’agriculteur choisisse entre ces onze moyens, mais sur-tout qu’il se hâte si le ver a piqué son grain; la température que produit cet insecte dans un amas de blé y provoque une destruction rapide et complète à laquelle le blé ne peut échapper que par un prompt re- méde : le froid d’une glacière suspendrait le ravage du ver et la sortie du papillon; la température modérée (187) d’un silo pourrait bien manquer d'efficacité sous ce rap- port ; toutefois en raison de son exacte clôture, l'air y serait bientôt vicié, la vie suspendue, et au bout d’un temps suffisamment prolongé, les animaux détruits. Ajoutons cependant qu’au-dessous de 10 à 11 degrés Réaumur (1), le développement de ce papillon s'arrête dans les grains en gerbes, aussi bien que dans ceux qui sont battus; que 13 à 16 degrés Réaumur (2) suffisent au contraire pour qu’il parcoure toutes ses phases; qu’il a pour ennemi une espêce de ciron; qu’il s'attaque au seigle, à l’orge, à l’avoine, et même, à ce que l’on pré- tend, au sainfoin, au trèfle et jusqu’au jonc, et, pour ter- miner, qu'il paraît constant qu’il se multiplie aussi bien dans les greniers que dans les terres où les grains piqués de sa larve ont été ensemencés (3). En résumé, les précautions à prendre contre la teigne des blés, et en général contre les animaux qui vivent sous l'écorce du grain , sont : de pratiquer au nord les portes des granges afin d’atténuer considérablement le ravage des teignes dans le gerbier; de battre le blé le plus rapidement possible, pour le mieux préserver ; d’étouffer les germes des animaux contenus dans les grains battus que l’on veut garder, en les privant d'air autant que possible, pendant trois mois, ou en les tenant deux mois dans l’acide carbonique , ou instanta- (1) 12°,5 à 13°75 centigrades. (2) 16 à 209 centigrades. (5) Rapport fait à la société d’agriculture du Cher, par M. Fabre, 3832. ( 188 ) nément en les mêchant comme le vin (et nous avons vu comment , dans une exploitation ordinaire, on peut exécuter cette opération an moyen de futailles); de n’ensemencer que des blés sains; et enfin de purger ceux-ci des grains avariés en en séparant, avant le chaulage ou la mouture. tout ce qui ne gagne pas im- médiatement le fond de l’eau. . L'immersion dans une eau chargée d'acide pyroligneux n'aurait pas moins d'efficacité sur les grains ; elle entrai- nerait, il est vrai, une dessiccation, mais rien n'empê- rait que cette eau ne fût celle employée à séparer les grains sains de ceux qui sont avariés. La préparation de l’eau dont il s’agit est des plus fa- ciles : il suffit de faire passer dans de l’eau ordinaire et jusqu’à ce qu’elle soit de couleur ambrée, le produit de la distillation du bois, cu, ce qui est plus simple encore, d’y ajouter la quantité d'acide pyroligneux nécessaire à la production de cet effet. Cet acide se trouve à bas prix dans toutes les fabriques de vinaigre de bois. Il ne sera pas moins utile de pratiquer des fumiga- tions avec le soufre enflammé ou avec le chlore , dans les lieux où des grains infestés par les insectes auront été renfermés. Elles auront de plus l'avantage probable d’en éloigner les mulots et autres animaux nuisibles. M. de Dombasle, je l'ai déjà rapporté, a publié en 1831, dans les Annales de Roville, tome VIL, p. 356, l'emploi du gaz acide sulfureux pour la destruction des charancons, des alucites , et des autres animaux contenus dans le blé. L'idée d'étouffer ces parasites par le gaz acide sulfureux doit, dit-il, s'être fréquemment pré- ( 189 ) sentée à l'esprit; la difficulté selon lui était de le faire pénétrer dans les masses de grains. Quant à moi, je ne me suis jamais imaginé qu'il y eût là la moindre dif- ficulté; de même que je versais le grain dans les flacons où j'avais introduit de ce gaz , je pensais à le verser dans les greniers, silos, caisses ou futailles, destinées à la conservation du blé. Le moyen que j'employais à la production de l'acide sulfureux était la combustion du soufre ; le propriétaire cité par M. de Dombasle em- ploie la méché soufrée , ce qui est la même chose ; toute l'expérience n’est jusque là que la mienne sur une plus grande échelle. Le seul mérite de ce procédé consiste dans sa simplicité, sa bonté, son économie, et dans la hardiesse de sou- mettre le grain à l'acide sulfureux sans crainte de l’al- térer; je l’ai exécuté et indiqué le premier (Annales de l'Auvergne, juillet 1829 et février 1830); le premier, en discutant la valeur des procédés connus et de ceux que je présentais, j'ai fait observer qu'il n’y aurait à craindre l'emploi du gaz acide sulfureux qu’autant qu’on agirait sans discernement ( Mémoires de la société d'agriculture de Seine-et-Oise, pour 1832); je crois donc, si petit qu’en soit le mérite, en être l’inventeur; et tout en convenant qu’il n’a pas fallu pour cela de grands frais d'invention, je pense avoir rendu à l’agriculture un service signalé. Nota. J'ai dit et je le répète, le blé du Berry qui a fait le sujet spécial de mes observations, ne contenait pas la mouche hessoise, mais la teigne des blés; il est impos- sible de se tromper à cet égard, on ne peut confondre un (190 ) diptére avec un lépidoptère. Il ne le serait pas moins de confondre les teignes et les æcophores: ces deux sections de la tribu des tinéites ont les palpes recourbées par des- sus la tête, mais ce qui les distingue principalement l'une de l’autre, c'est que dans les teignes ces palpes vont à peine au vertex de la tête, tandis que dans les æcophores, ils le dépassent et parviennent jusqu’au dos du thorax. Or, M. Blondel qui a bien voulu me faire voir ces carac- tères sur les papillons que je lui avais apportés et sur les tinéites de sa collection, m'a prouvé que l’insecte dont je me suis spécialement occupé est la teigne des blés. Depuis il me l’a encore confirmé : « Je l'ai de nouveau comparée, m'a-t-il dit, à des tinæa, elle en a les caractères géné- riques , et partant ce n’est point l'œcophore. » Ce témoi- gnage concorde avec celui de M. Baudet-Lafarge. — Depuis l'impression de cette notice, M. Érambert m’a dit avoir appliqué, en grand et avec un plein succès, la vapeur du soufre enflammé , à des lentilles piquées du charançon. TRAVAUX SUR BA GRADIORR Rarportr DE M. Corn. DEC ——— Il est deux substances sur lesquelles j'ai le premier porté l’attention des chimistes, savoir : l'esprit de bois, auquelj'avais provisoirement donné le nom d’esprit pyro- ligneux , et l'huile essentielle de la distillation du bois, produits que j'avais l’un et l’autre obtenus en 1818 du goudron pyroligneux, en distillant celui-ci avec de l’eau et sur de la magnésie. L'esprit pyroxilique passa le pre- mier, l'huile essentielle vint ensuite, et je signalai dans le résidu une substance dont les caractères sont ceux de l’ulmine. A la vérité, on lit dans la Chimie de M. Dumas que ce fut M. Philipps Taylor qui découvrit l'esprit de bois en 1812, mais qu’il ne publia son observation qu’em 1822, et d’une manière occasionnelle ; d’où il suit que j'ai réellement la priorité de publication, puisque je l'ai signalé en 1819, dans les Annales de Chimie et de Physi- que, T. XII, p. 206. Depuis, MM. Macaire et Marcet, ont proposé d’obtenir l'esprit de bois en rectifiant l'acide (19 ) pyroligneux, en séparant mécaniquement le produit aqueux de l'huile essentielle, et enfin en distillant plu- sieurs fois et successivement ce produit aqueux sur de la chaux et du chlorure de calcium; je n'avais pas employé la chaux, de crainte qu'elle n’exerçât sur la matière or- ganique une action trop forte. Enfin, MM. Dumas et Péligot viennent de démontrer que l'esprit pyroæilique auquel ils imposent la dénomination d'esprit de bois, est un corps analogue à alcool, formant comme lui des éthers, etc, mais plus stable dans ses combinaisons qu’il contracte en outre plus aisément, Je proposai l’huile essentielle pyroligneuse pour la fa- brication des vernis, et j'indiquai le traitement par la potasse et l’acide sulfurique comme devant lui enlever son odeur, me fondant sur les résultats satisfaisants qu’a- vait obtenus M. Théodore de Saussure, en faisant subir ce traitement à l'huile de naphte; et mes prévisions ont été de beaucoup dépassées , mais pleinement réalisées par M. Reichenbach de Blansko. C’est ainsi que cet ha- bile chimiste a séparé de l’huile essentielle du goudron pyroligneux, une substance huileuse parfaitement ino- dore, et le meilleur dissolvant du caoutchouc, l'eupione ; et que de la même huile de goudron il a retiré la créosote qui conserve les viandes, dissout très bien les résines, les matières colorantes résineuses , les huiles , en un mot tous les éléments des vernis ; j'ai donc lieu de me réjouir d’avoir engagé les chimistes dans des recherches qui ont justifié mes prévisions sur l'ufilité du produit huileux obtenu par la rectification de l'acide pyroligneux, tout en avouant que j'étais loin de prévoir les admirables ré- | (193) sultats auxquelles est enfin arrivé M. Reichenbach, tou- chant la conservation des chairs , la guérison des ulcères rebelles, et autres observations utiles ou intéressantes ; et les belles conclusions de MM. Dumas et Péligot, sur la nature de l'esprit de bois et le parti qu'on en peut tirer. En un mot, je ne viens revendiquer que ce qui n'ap- partient; j'ai dit : « On peut retirer des goudrons pyro- « ligneux une huile essentielle, inodore et propre à la fa- « brication des vernis » ; le fait a justifié mon assertion. J'ai ajouté : « La distillation de ce goudron donne un pro- « duit analogue à l'esprit pyro-acétique , dont il possède « un grand nombre de caractères; mais la quantité sur « laquelle j'ai agi est si petite (plein un dé à coudre), « que je ne puis affirmer l'identité »; c’est pourquoi j'ai désigné provisoirement ce produit par le nom d'esprit pyroligneux. J'ai retiré effectivement du goudron pyro- ligneux une huile presque incolore propre à la fabrication des vernis ; et seize ans après, M. Reichenbach fait voir que cette huile se compose principalement de deux autres, la créosote et l’eupione , dont la dernière est inodore , et qui toutes deux paraissent éminemment propres à la fa- brication dont j'ai parlé. Enfin, un an plus tard encore, MM. Dumas et Péligot tirent un immense parti de ma simple observation qu’il existe un esprit pyroligneux. J’ai donc été porté à reproduire les belles expériences de M. Reichenbach, et après m'être trouvé d'accord avec lui sur la majeure partie des faits, j'ai eu la satisfaction de supprimer , dans la préparation de la créosote, deux traitements par la potasse , sur trois que comprend le 13+ (194) procédé. J'y arrive en réduisant à siccité, mais au bain- marie, porté de 110 à 115° centigrades, la créosote brute dissoute dans la |potasse; par là j'en sépare plus nette- ment l’eupione, qui se volatilise seule, tandis qu’en en- levant les produits qui surnagent l’eau dans le mode pro- posé par M. de Reichenbach, ces produits, mélés de créosote , entraînent de celle-ci , et souvent se précipitent au fond du vase lorsqu'on cherche à les soutirer pour en dégager les portions plus lourdes que l’eau ; un ballon percé parerait en partie à ce dernier inconvénient ; mais dans tous les cas la séparation serait moins nette que par le traitement dont j'ai fait usage, et qui supprime deux longues suites d'opérations; car chaque traitement par la potasse entraîne un traitement par l'acide sulfu- rique , et celui-ci des lavages et des distillations multi- pliées dont le produit ne s'obtient qu'avec lenteur. M. Lacroix a fait, le 18 février 183%, au nom du co- mité de chimie, un rapport sur la préparation de la créo- sote, et quoique cette opéralion ait été déjà décrite, on ne l’a présentée nulle part avec la précision et la netteté qui caractérisent ce compte-rendu. Le comité de chimie était alors composé de MM. Belin, Blondel, Veytard, de Boucheman, Lacroix et Colin. Ces Messieurs ont sou - mis à la distillation 5600 grammes de goudron de chêne ou de hêtre, à 1,13 de densité. Ils en ont obtenu 3400 grammes de substance carbonée, 900 grammes d’acide pyroligneux et 1250 grammes d’un liquide créosoté. La rectification de ce dernier a fourni 140 grammes d’un résidu carboné, et 1060 grammes du liquide rectifié. Après sa rectification, cette huile de goudron a été désacidifiée (195 ) par 156 grammes de carbonate de potasse , puis séparée mécaniquement du pyrolignite de potasse qui venait d'être formé. Une seconde rectification a fourni un léger résidu charbonneux , et 641 grammes de liquide ne con- tenant plus que l’eupione, la paraffine, le picamare, un principe brun et la créosote. Ce mélange a été traité par une dissolution de potasse à la chaux , de 1,12 de densité, et formée de 1000 grammes d’eau tenant en solution 226 grammes de potasse ; il s’est séparé de la combinaison où la créosote joue le rôle d’acide, 160 grammes d’un li- quide huileux, très combustible et presque entièrement formé d’eupione. Le créosotate de potasse a exigé pour sa saturation 264 grammes d’acide sulfurique, et a laissé 392 grammes de créosote impure. Une rectification opé- rée en la faisant bouillir avec l’eau , a nécessité neuf di- stillations, et a réduit la créosote impure à 280 grammes de créosote, et à un résidu de 70 grammes contenant la majeure partie du picamare et de la paraffine. La pre- miére rectification a donc opéré une perte de plus de moitié. Un nouveau traitement par la potasse opéré sur les 280 grammes de créosote a été effectué avec une quan- tité proportionnelle de potasse , c’est-à-dire 461 grammes, dont on a fait une solution aqueuse à 1,12 de densité. L’acide sulfurique a été employé de nouveau, étendu de son poids d’eau, et la créosote qu'il a séparée a été lavée à deux ou trois eaux. Enfin, elle a été rectifiée encore par la voie humide, en joignant à l’eau destinée à être distillée avec elle, 2 grammes d’acide phosphorique afin de retenir l'ammoniaque qui pourrait être mélé à la créosote. Cette fois, six distillations à l’eau ont suffi. et ( 196 ) ont produit 208 grammes de créosote el un faible résidu que l’on n’a pu peser parce qu'il tenait trop à la cornue. La perte résultante de ce deuxième traitement est bien moins considérable que la première, et s’est réduite à un quart environ. Le troisième traitement par la potasse n’a employé que 120 grammes de celle-ci, et du créoso- tate de potasse qui en est résülté , la créosote isolée par l'acide sulfurique , et soumise comme précédemment à | des distillations avec l’eau , a fourni , en définitive, 156 grammes de créosote hydratée. Par une nouvelle distil- lation à l’eau, cette quantité s’est réduite à 130 grammes, et enfin, en procédant à une distillation sèche, à un feu doux et gradué , on a séparé d’abord de l’eau créosotée, puis, quand le liquide a été en pleine ébullition, on a changé de récipient, et l’on a recueilli en définitive 115 grammes de créosote anhydre. La commission est ensuite entrée dans la voie de simplification indiquée par M. Colin, et s’est assurée de son efficacité. M. Lacroix terminait son rapport en ces termes : « Le temps nous a manqué pour étudier les divers prin- cipes qu'on se trouve obligé de séparer de la créosote. Nous vous dirons seulement que l'addition de l’eau dans les diverses distillatiors a pour but de volatiliser la créo- sôte à une température inférieure à celle où elle entre en ébullition { 2030) ; que l’eupione, liquide plus volatil que la créosote, doit être aussi entraînée par la vapeur d’eau; mais que la paraffine (parüm affinis), corps solide à la température ordinaire , et moins volatil que la créosote, est retenue dans les résidus, si l’on a soin de-ne pas trop pousser la température; en agissant autrement, elle se ( 197 } dégage comme par jet et sous forme de vapeurs blanches; on doit donc admettre qu'elle reste mêlée au picamare, Ou principe amer et poisseux (in pice amarum ). E nfin, il ne sera pas sans intérêt de vous faire con- naître que le créosotate de potasse soumis au bain-marie à une température de 110 à 1150 n’est point décomposé , et que si on le prive ainsi d’une quantité d’éau suffisante, il cristallise en aiguilles par le refroidissement; cette combinaison a donc une certaine fixité. » ne A M bi ÉbaMicen Hengtlare MGM ax valoilt dut: LEURS pair hé tpetraN: 0 nait je da paMlnE dinaiéns An à, cer SOU à Fi | PR 0 A SAINS no. -4 &st Leboghe dns les tiéd ail à enr à pousser je np ne in An DU BLERÇGERIM DES CIRES REBELLES: Par M. Cou, ANRT PROFESSEUR A L'ÉCOLE ROYALE MILITAIRE DE SAINT-CYR, A A. Gay-Lussar. Dore J'ai l'honneur de soumettre à votre jugement quel- ques essais qui sont relatifs à l’art du cirier. Certaines cires sont rebelles au blanchiment , telles sont celles des environs de Paris, aussi ne les emploie-t-on qu'à l’état de cire brute. Beaucoup de chimistes, et entre autres Guyton de Morveau, ont employé le chlore pour les décolorer, d’autres ont essayé l’acide sulfureux ; mais ces divers procédés n’ont pas rendu ce qu'on en attendait, Je me suis même assuré, en les répétant et en { 200 ) privant, au bain-marie, de toute humidité les cires ainsi traitées, que l’on n'obtenait de cette facon que des cires grises; jy ai donc renoncé et j'ai multiplié les ex- périences , employant tantôt les acides, tantôt les sous- carbonates solubles, tantôt la lumière blanche telle qu'elle nous arrive du soleil, tantôt celle qui a traversé une lame de verre colorée en violet, et tantôt Pobscurité. Enfin, j'ai aussi mis en usage l’action de l’eau aidée de la chaleur qu'elle éprouve sous différentes pressions dans le digesteur de Pepin, le tamisage à travers la peau de chamoïs , une légère torréfaction suivie d’une exposition à la lumiére, l’action de l’alcool , et le tout sans succés. J'ai même compliqué ces procédés l’un par l'autre, et voici le seul qui m’ait pleinement réussi; mal- heureusement il est an peu cher: j'ai déjà dit que l'alcool ne blanchissait point les cires rebelles à l’action de la lu- mière, c’est-à-dire, qu’il n’en séparait pas complètement la matière colorante ; j'ai, en effet, pris un gros d’une pa- reille cire à laquelle j'ai ajouté cinq gros d’alcool à 33e Baumé, j'ai chauffé légérement enagitant souvent , et en- fin, j'ai déterminé l'ébullition. La cire dissoute s’est prise en une masse blanche par le refroidissement; c’est pour- quoi je lui ai fait subir encore, dans l'alcool, une ébulli- tion ménagée. Cependant, aprés ce lavage et une fusion au bain-marie, elle n'a présenté qu’une masse brune sur laquelle une exposition à la lumiére , durant une se- maine , a été sans effet. 4 J'ai recommencé l'expérience , en ajoutant peu à peu jusqu’à #8 grains d'acide sulfurique concentré ; à chaque fois, j'ai chauffé, agité et fait bouillir, puis enfin, j'ai ( 201 }) jeté le tout sur un filtre. La liqueur filtrée à chaud était louche et légèrement roussâtre ; mais la cire restée sur le filtre était en grains d'un beau jaune vif et parfaite- 1 transparente. Aprés le refroidissement, la dissolution tenait en sus- pension une matière légère dont elle a éié séparée par le filtre, et alors elle a paru d’une couleur jaune fauve : l’eau y causait un léger trouble qu’une plus grande quan- tité de ce véhicule faisait disparaître. Ce qui était resté sur le filtre avait une apparence gé- latineuse et une couleur de chair, dont j'attribue la pré- sence à un peu d’alumine que l'acide sulfurique avait ainsi colorée. Cette substance, de même que la partie fauve, avait donc été soustraite à la matière jaune qui, se trouvant par là débarrassée de celles qui la souillaient, se présentait alors sous une couleur très pure. La matière rose persistait même après sa dessiceation , elle était très acide et n'avait point les propriétés phy- siques de la cire. Quant aux grains d’un jaune si franc, dont il vient d’être fait mention, ils pouvaient perdre toute couleur en conservant leur transparence : il suffisait pour cela de les abandonner, pendant près de trois semaines, à la lumière diffuse d’un appartement : dès les premiers jours leur teinte baïssait, puis leur blancheur et leur transparence devenaient bientôt grandes. La lumière directe eût produit ce résultat plus rapidement. L'on conçoit que l’on aurait pu rendre l'opération plus économique encore , en conduisant les vapeurs al- ( 202 ) cooliques éthérées dans un récipient où l’on eût con- densé, tant celles qui s’exhalaient pendant l'opération que celles que l’on aurait pu dégager des lavages alcooli- ques et acides. UO%x NOUVELLE VARIÉTÉ D'EUCLASE , PAR MM. ÉRAMBERT ET Cou. Un échantillon apporté autrefois du Brésil, par M. le contre-amiral de B'osseville, et que M. le comte de Jous- selin a bien voulu mettre à ma disposition , fait le sujet de la note que j'ai l'honneur de vous présenter conjoin- tement avec notre collègue Érambert. A la première in- spection, un autre de nos collègues, M. Huot, avait jugé que ce devait être une euclase ; et effectivement, nous lui reconnûmes, M. Érambert et moi, plusieurs proprié- tés de l’euclase, savoir: la couleur d’aigue-marine , la forme d’un prisme oblique quadrangulaire, des glaces , c'est-à-dire des fendillements naturels; un triple cli- vage (1) s’effectuant 1.° parallèlement à l’une des larges . (1) L'on dit qu'un minéral se clive lorsqu'il se laisse briser régu- lièrement selon des joints naturels. ( 204 } faces du cristal; 2. selon la face adjacente; 3.° parallé- lement à la petite diagonale du prisme ; enfin une dureté telle que cette pierre raye le quarz et qu’elle est rayée par la topaze. Néanmoins sa fragilité beaucoup moins considérable que celle de l’euclase ayant fait naître des doutes dans l'esprit de M. Dufresnoy, professeur de mi- néralogie à l’école des mines, son dernier mot aprés une courte discussion avec l’un de nous, a été que, pour se pro- noncer, il fallait recourir à un essai chimique. Cet essai, nous l'avons entrepris ; nous allons en rendre compte, et pour être compris du plus grand nombre, nous entre- rons dans quelques développements. On sait que la topaze ne contient pas de glucine, et que jusqu'ici cette dernière n'a été trouvée que dans l’'émeraude , dans l’euclase et dans la eymophane, toutes trois formées de silicate d’alumine uni dans les deux pre- mières à du silicate de glucine, comme le représentent . leurs formules respectives :G. Si 4 + 2 A Si * (émeraude), et G. Si+2 A Si (euclase) ;et dans la troisième à de l'alu- minate de glucine , d’après M. Seybert qui a trouvé dans la cymophane 16 p. * de glucine et qui lui donne pour formule 2 G. À. 4 + A. 4 Si; or, Vauquelin, auquel on doit la découverte de la glucine , a fait voir, 1.0 que les sels de cette base sont sucrés; 2.° que le précipité qu'ils don- nent avec le carbonate d'ammoniaque est soluble dans un excès de ce carbonate ; 3.° que l’infusion de noix de galle les précipite en jaune clair, et #.° que la présence de la glucine dans l’alun l'empêche de cristalliser dans sa forme habituelle, l'octaëdre, La silice, l’'alamine et la glucine étant les éléments de ( 205 ) l'euclase, de l’émeraude et de la cymophane, tandis que l’aluminiuw , le silicium et le fluor sont ceux de la to- paze (A. * FI. + 3 A.S.); la question est donc réduite à ce point: si la gemme venue du Brésil, et soumise à notre investigation, contient de la glucine, ce n’est point une topaze ; et comme jusqu'ici l’'émeraude, l’eu- clase et la cymophane, sont les seuls minerais de glu- cine, nous n’aurons plus à nous prononcer qu'entre ces trois corps. Or, en fondant la pierre avec trois fois son poids de potasse à l'alcool , en dissolvant dans l’eau la pierre at- taquée , et en traitant la dissolution par l'acide sulfuri- que, aux caractères que nous avons précédemment énu- mérés, nous y reconnaissons la présence d’un sel de glucine. D'autre part, comme il ne se dégage point d’a- eide fluosilicique pendant la réaction de l'acide sulfuri- que, le corps que nous avons soumis à cet essai chimique ne contient point de fluor; ce n’est donc point une topaze: choisissons maintenant entre l’émeraude, l’euclase et la cymophane. L'aigue-marine est une variété de l’émeraude ; le mi- néral dont nous traitons a la couleur de l’aigue-marine , mais sa forme est le prisme oblique quadrangulaire, et les aigues-marines , ou plus généralement les émeraudes, affectent le prisme à six pans ; d’ailleurs toutes les va- riétés d’émeraude rayent le nouveau minéral , et celui-ci n'en raye aucune. Enfin, un petit fragment d’émeraude n'est pas sensiblement altéré par la flamme du chalumeau, à moins qu’elle ne soit très intense, tandis qu’un pareil fragment détaché de notre pierre blanchit au chalumeau, ( 206 } devient opaque et se fond sur les bords en un émail blanc; c’est ainsi que se comporterait l’euclase. D'un autre côté , la cymophane est d’un vert jaunâtre , tandis que l'échantillon dont il s’agit est d’un bleu très pâle et à peine verdâtre; il est d'ailleurs rayé par la cy- mophane ; il présente des glaces que la cymophane n'offre pas, et, ce qu'ilest sur-tont important de remarquer, c’est que le système cristallin de cet échantillon ne peut être rapporté à celui de la cymophane, ce dernier dérivant d’un prisme rectangulaire, et le minéral en question affectant la forme d’un prisme oblique; enfin la cymo- phane est infusible au chalumeau. Ainsi, propriétés physiques, chimiques et pyrognos- tiques, toutes concourent à établir l'identité entre l’eu- clase et la gemme dont il s’agit. Il nous paraît done évi- dent que le minéral rapporié du Brésil par M. le comte de Blosseville est une nouvelle variété d’euclase qui se distingue particuliérement de celle du Pérou par une moindre fragilité. La Société des sciences naturelles de Seine-et-Oise en possède un échantillon , qu’elle doit à la générosité de M. le comte de Jousselin , auquel elle est aussi redevable de cinq topazes du Brésil, dont deux jaunes cristallisées, et trois blanches roulées; de deux morceaux de quarz améthyste, et de deux cymophanes cristallisées du même pays; enfin, d’un échantillon de lignite des montagnes Bleues de la Nouvelle-Hollande. MÉMOIRE PHYSIOLOGIE AGRICOLE SUR LA VÉGÉTATION DES CÉRÉALES SOUS DE HAUTES TEMPÉRATURES :; Par M. Epwanps, de l’Institut de France et dé la Société Royale de Londres , Et par M. Cou, Membre de plusieurs Académies et Professeur à l'Ecole royale militaire de Saint-Cyr. Dans un mémoire que nous avons lu à l’Académie, le 3 février 1834, nous avons examiné l'influence de la cha- leur sur la germination. Parmi les semences apparte- nant à différentes familles, soit des monocotylédonées, soit des dicotylédonées, que nous avons soumises à une température élevée, nous avons particulièrement étudié les graines des céréales les plus communes dans nos cli- mas. Nous avons constaté que ces graines, mises en terre, ne supportaient guère une température de #5°c., quoique ( 208 } dans des conditions d’ailleurs favorables à la germination; ce qui nousa conduits à rechercher s’il n’y avait pas des climats trop chauds pour que les céréales pussent y réussir. Dans cette vue nous avons consulté des agriculteurs également versés dans la pratique et dans l’histoire de l’art ; tous étaient persuadés que le blé devait très bien réussir dans tous les climats chauds. Il n’en est pas de même des voyageurs distingués par leurs connaissances en histoire naturelle et en physique , tels que MM. Alexan- dre de Humboldt, Auguste Saint-Hilaire, Roullin et Bous- singault, qui ont visité ces pays. Tousassurent qu'il ya des régions équatoriales qui ne produisent pas nos céréales. Nous ne les citerons actuellement que pour le fait seul, nous réservant de rapporter dans la suite les détails de leurs observations en rapport avec les résultats de nos recherches. Nous nous sommes proposé de voir jusqu'à quel point nous pourrions résoudre la question sans approcher de ces régions lointaines , et par la seule voie de l’expéri- mentation, dans le climat tempéré que nous habitons. Nous comparerons ensuite les résultats des expériences faites ici avec les observations recueillies sous un ciel si différent. Mais avant de soumettre la question à ce genre d’é- preuve, voyons jusqu'à quel point les résultats des tra- vaux sur la germination , que nous avons rapportés en commencant, peuvent intéresser cet ordre de faits. Nous avons montré que, dans les régions équatoriales, la terre végétale, humide au degré suffisant, doit souvent { 209 } s'élever à la limite de température où nous avons con- staté que nos céréales ne germent pas. Mais cela n'arrive guère que dans la plus grandé ar- deur du soleil; et cette chaleur extrême n’a lieu que dans une partie de la journée. Il s’en faut d’ailleurs que le soleil y luise tous les jours; admettons cependant que dans la zône torrideil est des pays où, comme en Égypte, il y ait un ciel d’airain qui ne s’obscurcit jamais , et que la terre s’y échauffe tous les jours à 4#5° ou 50°, et qu’elle con- serve cette température pendant six heures de suite. Qu'arriverait-il aux graines de nos céréales qu’on \1 semerail ? Il est évident que si on les semait dans la pé- riode où la chaleur est au-dessous de cette limite, ces graines germeraient si elles en avaient le temps. Or, combien faut-il de temps pour que.les graines de nos céréales puissent germer ? Nous n'avons pas rapporté dans notre premier mémoire les faits de cette nature que nous avons constatés : le blé et l’orge peuvent germer dans les limites de 20 à 25 dé- grés dans l’espace de 18 heures. De 25° à 35° ils peuvent germer dans 12 heures. Le seigle est le plus prompt ; nous en avons fait ger- mer dans sept heures. Ces céréales sont donc, de toutes les graines que nous avons étudiées jusqu'ici, celles dont la germination est la plus rapide. Ainsi l’on voit que, dans le genre de climat que nous avons supposé , et les conditions que nous avons décrites , les graines de nos céréales auraient le temps de germer avant que la terre ne s’échauffät à la limite où la germi- nation est impossible. 14 ( 210 } En second lieu, dans les climats équatoriaux la tem- pérature de la terre, à partir de sa surface, décroît avec une extrémerapidité. En semant les graines à deux ou trois pouces au-dessous de la surface, elles seraient à l'abri de la chaleur extrême qui les empêche de germer. Ainsi, avec les précautions que nous indiquons il n’y a guère d’époque du jour qui puisse faire avorter la germination de ces graines par l'excès de la chaleur. Il faut donc chercher ailleurs que dans l'influence de la chaleur sur cette phase de la végétation, la cause physi- que, s’il en existe, qui s’opposerait à la culture de nos céréales dans ces régions. Comme la topographie des céréales que nous a donnée M. Boussingault, et que nous avons citée dans le mémoire précédent, présente des zônes à différentes hauteurs sur les Cordilliéres, on pourrait se demander si la raréfaction de l’air n’empêcherait pas la culture de nos céréales dans les régions fertiles où elles manquent; maisiln’en est rien. Car la zône de température dans ces montagnes où nos céréales ne viennent pas, se trouve être la plus infé- rieure; elle comprend la plaine et constitue par consé- quent la région où l'air a le plus de densité ; c’est aussi la région la plus chaude. Ce n’est donc pas dans la raréfaction de l'air, mais dans l'élévation de température qu’il faut chercher lobstacle. Et comme nous avons prouvé que la chaleur de ces cli- mats n’empêcherait pas la germination, ilreste à voir si elle n’agirait pas d’une manière défavorable sur les autres périodes de leur développement. Pour y parvenir il faudrait tâcher d'imiter le climat { 211) des régions équinoxiales pendant toute la durée du temps nécessaire au parfait développement des céréales. Il est évident qu’on peut réunir ces conditions dans les serres chaudes, maïs c’est un moyen d’expérimentation dont on ne peut pas toujours disposer. Il fallait donc chercher un autre procédé. Il en est un qui ne se présente peut-être pas d'abord à l’esprit, mais qui est des plus accessibles et des plus faciles. C’est de représenter les régions constamment chaudes des contrées équinoxiales par notre climat à l’époque où il leur ressemble. Dans cette vue nous avons fait nos premières recher- ches sur les deux principales variétés de blé en usage parmi nous , le blé d'hiver et le blé de mars. Pourquoi sème-t-on l’un en automne et l'autre au prin- temps ? La différence des deux produits semble d’abord en rendre parfaitement raison. Comme le blé d'hiver est plus grand, plus fort, plus productif, il aurait besoin de plus de temps pour atteindre toute sa croissance et pour mürir. H est de fait qu'il y met beaucoup plus de temps que le blé de mars; car ils sont semés à des époques fort éloignées, et cependant ils mürissent en même temps. Cette raison paraît bonne, mais est-elle suffisante? N'y entre-t-il pas pour élément la température ? C’est ce qu’il faut décider par l'expérience ; c’est pourquoi nous nous sommes proposé de semer au printemps ces deux variétés de blé. Il est à remarquer qu’elles différent naturellement par leur volume , les graines de blé d'hiver étant beaucoup plus grandes que celles de blé de mars. (212) Or nous avons pensé que nous rendrions plus sensibles les différences dans la végétation, si nous faisions con- traster davantage les différences de volume. C’est pourquoi nous avons trié dans le blé d’hiver les graines les plus grosses pour les semer comparativement avec le blé de mars que nous avons pris sans distinction de volume. D'une part nous avons semé 530 des plus grosses graines de blé d'hiver dans un terrain du jardin bien préparé d'avance de la maniére la plus uniforme. A côté dans le même terrain, nous avons semé un égal nombre degraines de blé de mars, sans distinction de volnme. Au lieu de les semer en mars, nous l’avons fait à une époque plus avancée , le 23 d'avril, afin que l'influence de la chaleur fût plus prononcée. Les deux variétés levérent comme de coutume, ne pré- sentant rien de particulier. Elles continuërent pendant quelque temps à croître de même ; mais le blé d’hiver ne poursuivit pas son développement normal. Il continua à présenter à peu près le même aspect qu'il avait d’abord, c'est-à-dire qu’il conserva sa forme du premier âge ; on sait qu'alors le blé est en herbe, qu'il n’y a pour ainsi dire pas de tige, et que la plante est presqué toute en feuilles. C’est ainsi qu’elle continua à croître, ne présentant que des touffes de feuilles. Les tiges étaient trop petites pour qu’elles parussent. Ce blé ressemblait donc à l’herbe des champs et offrait encore ce rapport avec elle, que les petites tiges, au lieu d'être droites, poussaient obliquement. (213) On remarquait en outre que l'accroissement de la plante ne se bornaït pas à l'allongement de la feuille, mais qu'il consistait aussi dans la multiplication des petites tiges, ou , pour nous servir du langage des agriculteurs, que chaque plante avait beaucoup talé. Mais chaque talle était excessivement courte et cachée sous la touffe de feuilles. Il n’y eut pas une seule exception dans la végé- tation de ces 530 graines de blé d'hiver; elles ne formé- rent toutes que du gazon; mais aussi ce gazon était trés beau. Cependant sous les mêmes influences, les graines de blé de mars parcoururent réguliérement leurs diverses phases de végétation, poussant rapidement de belles tiges droites, et formant ensuite des épis qui mürirent à l’époque ordinaire. De même, à cette Marche de déve- loppement régulier , il n’y eut pas une seule exception. De sorte que nous vimes d’une part que toutes les plantes qui provenaient des 530,grosses graines de blé d'hiver poussérent et restérent en herbe , tandis que de l’autre toutes celles que produisit le même nombre de graines de blé de mars se développèrent régulièrement et mürirent à temps. Il est évident que le résultat de part et d'autre est telle- ment tranché et décisif, qu'on ne saurait concevoir le moindre doute sur l'influence de ce degré de chaleur, pour arrêter le développement du blé d'hiver semé à cette époque; et pour qu'on ne püt prendre le change sur la cause de cette différence , nous avons eu soin d’arroser convenablement l’un et l’autre blé, car souvent la sèche- resse accompagne la chaleur, et il fallait éloigner ce (24 ) sujet de complication. Voilà donc une raison suffisante pour que l’on ne sème pas au printemps le blé d'hiver, et voilà en même temps une variété de nos céréales qui ne réussirait pas dans les régions dont la température serait égale à celle du mois de mai parmi nous. Nous n’avons tiré cette conclusion que relativement à notre blé d'hiver à grosses graines; mais les petites graines de blé d'hiver se comporteraient-elles de même? Nous avons eu le soin de choisir un égal nombre des plus petites graines de blé d'hiver , et les ayant pesées comparativement avec les autres, nous avons trouvé qu’elles pesaient moins que la moitié des grosses graines de même nature, et un peu moins que le même nombre de graines de blé de mars prises sans distinction. Blé d'hiver, gross graines, 530 pesaient 7 gros 52 grains. Id. petites Id. 3 56 Blé de mars, . «, .,. 1... Td. +. UE 41 Les 530 petites graines de blé d'hiver furent semées en même temps que les autres, le 23 avril. Elles poussérent d'abord comme les précédentes, mais ensuite il y eut une différence notable. Car, un grand nombre d’entre elles montérent en tige en même temps que le blé de mars et de la même manière; les autres restèrent en herbe comme les grosses graines de blé d'hiver. Celles qui avaient formé destigescontinuérent à croître d'une manière régulière comme le blé de mars, et par- vinrent en même temps à la maturité. Sur les 530 petites graines de blé d'hiver il y en eut 60 qui formérent de hautes tiges et mürirent. Les 470 autres restérent en ( 215 ) herbe comme toutes les grosses graines d'hiver que nous avions semées comparativement. Ainsi, le volume de la graine est une condition qui modifie puissamment le développement de la plante sous l'influence d’une chaleur élevée. C’est pourquoi le blé de mars, qui est plus petit que le blé d'hiver, par cela même qu’il est plus petit, est plus propre à être semé au printemps. Mais il est évident en même temps que la condition de volume n’est pas la seule qui influe en ce cas, et même qu’elle n’est pas la principale. Car les petites graines de blé d'hiver étaient en général plus petites que les graines de blé de mars, comme le démontre le rapport du poids, les densités étant à peu près les mêmes; et cependant il n’y eut qu'un neuviéme à peu-près de ces petites graines d'hiver qui réussirent ; tandis que toutes celles de mars parcoururent toutes les phases de leur parfait développement. Il faut done qu'il y ait dans le blé de mars des différences constitutives qui permettent à toutes ses graines de se dé- velopper d’une manière normale dans ces limites de tem- pérature. Comme ce caractère doit dépendre de la composi- tion chimique, ou de l’organisation de cette variété, ce serait nous détourner de l’objet que nous nous sommes proposé d’abord, si nous nous occupions à rechercher la cause précise de cette différence de constitution. Nous reviendrons sur ce sujet dans une autre occasion. Quant à l’objet de ce mémoire , nousavons fait un pre- mier pas dans l’étude des effets de la chaleur sur le déve- (216) loppement des céréales, et ce pas peut nous conduire plus loin. Puisque nous avons constaté qu’il y a une variété de ces plantes, le blé d'hiver à grosses graines, telles que nous les avons choisies, qui ne saurait réussir sous la température du mois de mai à l’époque où nous avons opéré, l’analogie nous porte à croire que d’autres variétés subiraient la même influence de la chaleur si elle était assez élevée sans être cependant excessive. Nous avons pensé que le blé de mars même céderait à une pareille influence. Or, il était facile d’en faire l'essai d’après le principe qui nous a conduits d’abord. Pour le soumettre à une plus haute température et imiter la condition principale d’une région équatoriale , il suffisait de le semer dans un mois plus chaud ; c’est pourquoi nous avons choisi le mois de juillet: c'était en l’année 1834, époque où la chaleur était très vive et par conséquent plus propre à remplir la condition que nous avions en vue. -Nous semâmes un nombre suffisant de graines de blé de mars, le 3 juillet, et l’on voit, d'après le résultat pré- cédent, combien ici le nombre importe. Nous n’avons pas besoin de dire que nous primes toutes les conditions nécessaires en les mettant en terre à une profondeur convenable , et en leur donnant tous les autres soins propres à les faire réussir. La chaleur ne les em- pêcha pas de germer et de pousser comme de coutume ; mais nous ne tardâmes pas à nous apercevoir qu’elles poussaient des feuilles longues et touffues , et ne sem- blaient pas se disposer à monter en tige. En effet , elles (A7) ne donnèrent pas de tiges droites et apparentes, et res- térent en herbe ne formant que du gazon; elles persis- térent dans cet état pendant le mois de juillet et une grande partie du mois d'août , c’est-à-dire que le blé de mars resta en herbe et ne put | MR 0 ni monter en tige pendant la saison la plus Chaude de l’année. Il y a donc une température élevée correspondante à celle qui a régné en 1834 dans la période que j'ai indi- quée, qui produit sur le blé de mars le même effet que celui que nous avons observé sur le blé d'hiver à grosses graines, semé vers le mois de mai. Et il est si vrai que cet effet est dù à l'action de la chaleur, que nous pouvons prévoir ce qui doit arriver dans un cas dont nous n'avons pas encore rendu compte. D’après le principe relatif à l’action de la chaleur, il est évident que si le blé de mars a subi cette influence de la température élevée, à plus forte raison les petites graines de blé d'hiver se ressentiront-elles de cette ac- tion principale. Aussi le blé d'hiver que nous avons semé en même temps sans distinction de volume est-il resté tout herbe sans pousser une seule tige montante. Ces graines étaient de volume différent, les unes grandes , les autres petites. Or, parmi celles de petite dimension, il y en a qui sont susceptibles de supporter une plus haute température que les plus grosses; mais sous l'influence d’une chaleur plus élevée, aucune n’est montée en tige ainsi qu’il est arrivé au blé de mars sous la même influence. Ce qui est survenu ensuite dans le déclin de la saison ( 218 ) et le décours de la température fait vivement ressortir la vérité de ce que nous avons exposé. À une époque avancée du mois d'août il survint des pluies fréquentes et la température commença à baisser. Quelque temps après, nous observâäm w'il se formait parmi les touffes de blé de mars quelques tiges montantes. Ces tiges se multipliaient de façon à ce qu'il y en eut un assez grand nombre de produites, dont plusieurs même donnérent des épis qui n’eurent pas le temps de mürir. L'examen de ces tiges présenta des faits curieux qui confirment toutes les données précédentes. Nous avons dit que le blé d'hiver à grosses graines dont la chaleur avait arrêté le développement, avait poussé de petites tiges obliques et cachées sous la touffe des feuilles. Nous avons reconnu qu'il en était de même du blé de mars , sous l'influence de la même cause. Ainsi donc il y avait par l’action d’une chaleur élevée, non-seulement un arrêt de développement, mais encore une déviation de la direction normale. Et cette déviation était telle que la tige ne pouvait plus se redresser. C’est pourquoi ces plantes, pour monter en tiges verticales, ont dü former des tiges très coudées dont la partie nouvelle était seule ascendante. Ainsi les deux périodes de température étaient marquées sur la plante dans les parties correspondantes de la tige. Cette tige était composée de deux portions réunies en un angle obtus. La portion inférieure était courte et oblique ; la deuxième, longue et verticale. La premiére, correspondante à la chaleur élevée, était petite par arrêt (219) de développement et oblique par déviation de la direction normale. Mais aussi quand cette cause perturbatrice eut cessé par l’abaissement de la température, l’action normale commença et forma la partie verticale de tige correspondante à cette période de température. Cette série de faits et sur-tout ceux qui se rapportent au blé de mars, semé dans la saison la plus chaude, ne pouvait nous laisser de doute sur la tendance d’une forte chaleur naturelle à réprimer et à faire dévier le dévelop- pement de ces deux périodes de nos céréales. Nous avons cherché à déterminer si cette influence nuisible d’une forte chaleur pouvait être contrebalancée par la nature du terrain. Nous avons fait à ce sujet deux séries d'expériences, d'une part sur des terrains très fertiles, d’autre part sur des terrains trés maigres. Nous avons beaucoup varié ces deux genres de sol d'aprés des procédés dont l’efficacité nous avait été dé- montrée. Mais aucune de ces nombreuses variétés de sol, quelque riche ou pauvre qu’elle füt, n’a pu balancer la puissante influence de la chaleur pour arrêter le développement de cette céréale. Ainsi donc l'influence de cette limite de chaleur est prépondérante ; résultat important pour l’application. Car sans avoir égard à la nature des terrains, il suffit de savoir quelle est la témpérature d’un pays pour en tirer des conclusions conformes à celles que nous avons dé- duites de nos travaux. Ce n’est pas que la nature du sol soit à cet égard sans effet; mais comme l’effet.en est in- comparablement moindre, il ne porte pas atteinte à la (220 ) proposition générale. Les modifications qui proviennent de cette cause ont été l’objet d'expériences que nous expo- serons ailleurs. Nous dirons seulement ici que son action se borne à déplacer un peu la limite de chaleur élevée qui produit cet arrêt de développement. Voilà donc deux variétés principales de nos céréales, qui ne sauraient réussir dans les régions où la tempé- rature serait semblable à celle des mois où nous avons fait nos recherches. Il était probable que d’autres espèces de céréales se comporteraient de même. Dans cette vue nous avons soumis l'orge aux mêmes influences. Nous en avons semé 150 graines sans distinction de volume, au mois de juillet de la même année {le 12), et dans le même terrain. Elles ont d’abord poussé comme de coutume et ont continué pendant quelque temps à croître de même en développant des feuilles sans monter en tige. Mais cette croissance s’est trouvée arrêtée, et toutes les orges sont restées en herbe. Voilà donc une troisième céréale qui ne saurait se dé- velopper dans les régions où la température se soutien- drait entre ces limites. Cestrois sortes de plantes appartiennent à deux genres différents, le froment et l’orge. Reste à examiner un troisième genre, leseigle, pour ache- ver ce qui concerne à cet égard nos principales céréales. La variété connue parmi nous est automnale , mais c'est aussi l'espèce la plus robuste, résistant davantage ( 221 ) et aux intempéries des saisons et aux mauvaises qualités du terrain. Nous en avons semé les 2%, 25 et 26 du mois de juil- let de la même année, dans des sols artificiels de diffé- rentes natures où les années précédentes elles s'étaient développées d’après le mode normal, ne différant que sous le rapport de la taille. Les graines furent dissémi- nées dans différentes espèces de sols artificiels. Presque toutes poussérent de courtes tiges et de très longues feuilles , et restérent en herbe durant les mois de juillet et la plus grande partie d'août, et ce n’est que sur le déclin de la chaleur, au mois d'août, que, semblables au blé de mars, il y en eut qui montérent en tiges et for- mérent des épis. 4 Voilà donc nos : céréales qui ne sauraient se développer sous une température semblable à celle qui a régné aux époques où nos expériences ont été faites. Il sera maintenant curieux de comparer la mesure four- nie par l’expérimentation loin de ces contrées"avec celle que l'observation a donnée sur les lieux mêmes. Nous établirons d’abord la comparaison avec les observations faites par M. Boussingault dans les Cordillières, puis avec celles de M. de Humboldt au Mexique et ailleurs. Dans toute la zône qui embrasse le pied des Andes, depuis le niveau de la mer jusqu’à 1721 mêtres environ, M. Boussingault n’a trouvé ni froment ni orge ; mais im- médiatement au-dessus il a vu le blé prospérer dans une zône assez large. La première de ces zônes a dans sa limite inférieure une température moyenne de 25°, et à (222 ) ‘sa limite supérieure une chaleur moyenne de 18°, 8; c’est donc au-dessous de cette température que les habitants cultivent ces grains. Voyons maintenant en quoi ce ré- sultat s'accorde avec nos expériences. Au mois de mai 1834 la moyenne des températures était à Paris 18°, 23. Or, le froment d'hiver à gros grains que nous avions semé vers le commencement de ce mois, n’a pas réussi. Ainsi donc voilà la limite de chaleur où nos céréales commencent à ne pouvoir prospérer. Il n’est guëre possible de trouver un rapport plus parfait entre la limite donnée par l'observation et celle fournie par l'expérience, l’une étant de 18°, 8 et l’autre de 18”, 23. Et quoique l'expérience nous ait démontré qu’il est des variétés ou des genres de nos céréales qui peuvent sup- porter une plus haute tempéffturé. ces degrés de chaleur sont très prés de la limite que nous venons d'indiquer, c’est-à-dire de 180, %3 , car la température moyenne du mois de juillet de la même année, mois dont la chaleur empéchait le développement normal de tous les genres et de toutes nos variétés de céréales sur lesquelles nous avons opéré, était de 2140, 9. Voilà donc d’une part que l’expérimentation s'accorde avec ce que l'observation pouvait fournir dans ces régions , et que d'autre part elle complète les données qui lui manquent. Comparons maintenant ces résultats avec des observa- tions plus étendueset plus circonstanciées que M. de Huni- boldt aconsignées dans son Voyage en Amérique. Voici comment il s'exprime dans son ouvrage sur le Mexique : « La région tempérée sur tous les climats où la chaleur « moyenne de l’année n'excède pas 18 à 19° centigrades, (233 ) « paraît la plus favorable à la culture des céréales en n’embrassant sous cette dénomination que les graminées nourrissantes , savoir : le froment, l’épautre, l'orge, l’avoine et le seigle. En effet dans la partie équinoxiale du Mexique les céréales de l'Europe ne sont cultivées « nulle part dans les plateaux dont l'élévation est au- dessous de 8 à 900 mètres, et nous avons observé plus « haut que, sur la pente des Cordilliéres entre Vera-Cruz _ = 2 À A 2 « et Acapulco, on ne voit généralement commencer cette « culture qu’à là hauteur de 12 ou 13 cents mêtres. Une « longue expérience a prouvé aux habitants de Xalapa « que le froment semé autour de leur ville végète vigou- « reusement , mais qu'il ne monte pas en épis; on le cul- « tive parce que son chaume et son feuillage succulents « servent de fourrage { zacaté) aux bestiaux. Il est trés « certain cependant que dans le royaume de Guatimala , « et par conséquent plus près de l’équateur , le blé mürit « à des hauteurs qui sont beaucoup moindres que celles « de la ville de Xalapa. Une exposition particulière, des « vents frais qui soufflent dans la direction du nord, et « d’autres causes locales peuvent modifier l'influence du « climat. « J'ai vu dans la province de Caraccas les plus belles « moissons de froment près de la Victoria {latitude « 40° 13’) à 5 ou 600 métres de hauteur absolue, et il pa- « raît que les champs de blé qui entourent les Quatrovil- « las, dans l’île de Cuba (latitude 21°58'), ontune élévation « encore moindre. À l'Ile de France {latitude 200 10°), « on cultive du froment sur un terrain qui est presque « au niveau de l'Océan. » (2% ) On voit par ce récit de M. de Humboldt que ce savant distingué a touché les points principaux de la question. Il est difficile de concevoir comment la seule observation des faits tels qu’ils se présentent eux-mêmes, à moins qu'ils ne soient singulièrement multiphés et diversifiés , puissent jeter plus de lumiére sur ce sujet. Ces faits se rapportent à trois chefs : 4.° La région tempérée sur tousles climats où lachaleur moyenne de l’année n'excède pas 18 à 19° centigrades, paraît le plus favorable à la culture des céréales, telles que le froment , l’épautre , l'orge, l’avoine et le seigle. 2.0 Une longue expérience a prouvé aux habitants de Xalapa que le froment semé autour de leur ville végête vigoureusement, mais qu'il ne monte pas en épis. On le cultive parce que son chaume et son feuillage succulents servent de fourrage. 3.0 Il est certain cependant que plus prés de l'équateur et à des hauteurs moindres que celles de la ville de Xala- pa, le blé ne laisse pas que de mürir. Faisons maintenant le parallèle avec les résultats de l'expérimentation. 1.° La température que nous avons constatée comme formant la limite de chaleur où nos céréales commen- cent à ne pouvoir se développer d’une maniére normale , est de 18°,23, ce quis’accorde parfaitement avec la limite assignée par M. de Humboldt, qui est celle de 18 à 190, accord qui n'est pas moins remarquable avec la limite de 180, 8, observée par M Boussingault. 2. Nous avons déterminé que la raison pour laquelle les ceréales soumises à nos expériences ne réussissent pas ( 225) sous l'influence d’une grande chaleur, c’est -qu’elles ne sauraient monter en tiges et qu’elles restent en herbe. Tel est aussi , d'après M. de Humboldt » le résultat de la culture aux environs de X. alapa. . De plus nous avons reconnu que la végétation de nos céréales restées en herbe sous l'influence de cette cause, était. trés vigoureuse et les rendait propres à fournir une excellente pâture; ce qui coïncide exactement avec ce que M. de Humboldt rapporte des qualités et des usages du froment que l’on sème aux environs de Xalapa. 3.° Nous avons déduit de diverses séries d'expériences sur différentes céréales de notre climat, qu'il n’y avait pas une limite unique de chaleur à leur développement normal, mais qu’il y en avait deux dans lesquelles se trouvaient renfermées toutes les espèces et variétés que nous avons soumises à l'épreuve. Ces limites sont d’une part 180, 93, d'autre part 21°,9, ce qui fait en nombres entiers 18 et 22 centigrades. Voilà ce qui explique les cas exceptionnels rapportés par M. de Humboldt. Ainsi les conditions fondamentales d’où dépend le . développement normal des céréales sous de hautes tem- pératures se rapportent d’abord à deux chefs principaux: 1.° La limite de température; s 2.° La qualité et la nature de la graine. Relativement au premier chef, il y a une premiére li- mite où minimum de chaleur dans les températures éle- vées qui commence à être contraire à leur végétation normale , en bornant le développement de quelqu'une de leurs variétés. Quant au second chef, la qualité et la nature de la 15 ( 226 ) graine sont des conditions qui font varier la limite su- périeure. D'abord le volume agit en ce qu’il tend à élever la limite en raison de la petitesse de la graine dans la même variété spécifique , ensuite la nature de la graine en raison de son organisation ou de ses parties constituantes. A l'égard de la limite supérieure qui empêcherait le développement complet de toutes les céréales sans excep- tion, il serait impossible de l’assigner d’après les ex- périences en plein air dans notre climat, puisque le maïs semé dans la saison la plus chaude de l’année, nous a présenté, tant que durent les grandes chaleurs , un dé- veloppement normal. Même il est à présumer qu'il n’y a point de régions si chaudes qui puissent en empêcher le développement. II paraît au contraire que plus il fait chaud plus il prospére, car c’est au pied des Andes, dans la plaine , et suivant ce que nous a appris M. Boussingault, à une température moyenne de 25° centigrades , que le maïs, dans ce pays, végète avec le plus de vigueur et acquiert les plus grandes - dimensions. Nous ajouterons que ce n’est pas la seule graminée ca- pable de prospérer, sous les températures de nos saisons les plus chaudes ; il en est même plusieurs, mais nous les passerons sous silence, nous réservant d'en traiter avec détail dans une autre occasion. Il est une seconde limite très prés de la première, qui borne le développement normal des principales variétés des genres et des espèces de céréales que l’on cultive ici; nous avons constaté que cette limite était de 21°,.9, ou en nombre entier de 22. (227) Ainsi le développement de nos principales variétés de froment (blé d'hiver et blé de mars ), l'orge et le seigle, est borné par deux limites detempérature moyenne dont l’une est 18 et l’autre 22°. C’est donc à la iimite in- férieure que quelques-unes de nos céréales commencent à ne pouvoir se développer, et c’est à la seconde que toutés sont arrètées dans leur végétation. La question maintenant est de savoir si cette première limite 18° est précise; par exemple, si les mêmes variétés qui ne réussissent pas à 18, seraient également arrêtées dans-leur développement à une chaleur un peu inférieure; mais comme ce genre d'expérience se fait en plein air, nous ne sommes point les maîtres de régler à volonté la température, nous sommes obligés d'attendre les varia-" tions annuelles de la chaleur , dans le même mois, pour savoir ce qui résulterait d’un léger abaissement dans la température moyenne. C’est ce que le temps seul nous fera connaître , et nous en communiquerons alors les ré- sultats. Nous insistons sur la détermination de cette li- mite, parce qu'indépendamment de la théorie , elle im- porte beaucoup à la pratique. - En effet, elle n'importe pas seulement pour la connais- sance des régions lointaines où cette variété de blé pourrait être cultivée avec succès ; mais elle nous touche: aussi de plus près en nous faisant connaître quelle est la limite de saison où il est encore permis de la semer avec l'espoir d’une récolte assurée. Ainsi , il résulte des expé- riences précédentes qu'on peut impunément semer le blé de mars au mois de mai, car la température de ce dernier mois en 1835, qui ne d'a pas empéché de réussir, était ( 228 ) un maximum de température moyenne. Les cultivateurs qui auraient besoin de le semer à cette époque , n’au- raient guêre à craindre les excès des chaleurs de ce mois. Quant au blé d'hiver , nous avons dit qu’il ne réussis- sait pas sous une température de 180, mais que nous ne pouvions pas assurer qu’il ne viendrait pas sous une tem- pérature. un peu inférieure. Ce que nous savons positive ment c’est que nous en avons semé le 5 mars 1835, et qu'il a bien réussi, quel que fût le volume de la graine; nous en avons. semé un même nombre de grosses et de petites qui sont venues également bien et en même temps. La température moyenne du mois où elles ont été semées était de 6°, 5. Elles ont misun temps considérable à lever; c’est ce qui s'explique très bien par les résultats de nos recherches sur la germination , 7° centigrades étant la li- mite inférieure sous laquelle leur germination peut avoir lieu, Elles ne levérent donc que vers le mois d'avril dont la température moyenne était de 90,4. Le blé d’hiver peut donc se développer lorsqu'il est semé sous une cha- leur moyenne de 9°,#. Il pourrait donc l'être au mois de mars dont la température ordinaire est de 60,9, mais nous n’en recommandons pas la pratique sans distinc- tion; il faut d’abord que nous ayons examiné la question sous d’autres points de vue. Il est cependant une modification déduite de nos expé- riences que nous recommandons avec confiance. Nous avons établi que le volume influait beaucoup sur le développement du blé sous l’influence ‘d’une chaleur élevée. Or, ce principe est susceptible d’une application curieuse. On pourra, avec la même espèce de blé d'hiver , ( 229 ) avoir à volonté une variété automnale ou printanniére : il suffit de trier les plus grosses graines d’une part, et les plus petites de l'autre , dans les rapports 5 poids que nous avons indiqués plus haut. Or, dès que le rapport est constaté sur un petit nombre, il'est facile d'exécuter l'opération en LS avec beaucoup de promptitude. Il suffit de percer un crible dont les trous soient en rapport avec le volume des petites graines qu'ils lais- seront passer, tandis qu’ils excluront les grosses graines. Lorsqu'on voudra en faire une variété printannière, il faudra les semer vers la fin de février ou au plus tard au commencement de mars, pour obtenir la récolte la plus abondante possible. Les principes que nous avons établis serviront à nous éclairer encore sur d’autres points de la pratique. On sait, par exemple, qu'il y a quelques céréales qui présentent le double avantage de pouvoir être semées en automne et au printemps. Je suppose qu’une de ces variétés soit fournie par un pays voisin où ele réussit fort bien et qu’on veuille la semer dans le nôtre au printemps à la même époque. Il se pourrait qu’elle ne réussit pas ici; car à la même époque, le climat étant un peu plus chaud, la tempéra- ture dépasserait un peu la limite compatible avec le dé- veloppement normal de cette variété. C’est ce qui arrive en effet comme on peut le voir par : les Annales de Grignon. Il est en Angleterre une variété de blé que l’on peut y semer en automne et äu printemps. M. Bella voulut en faire l'essai et s’en servir comme du ( 230 } blé'de mars; cette variété, qui réussit fort bien en Angle- terre lorsqu'elle est semée à cette époque, n’a pas pro- spéré à Grignon. j On en voit l’explication d aprés les résultats généraux que nous avons obtenus ; c'est. que le climat de France est plus chaud que celui d'Angleterre, et que la tempé- rature ici, dans cette saison, dépasse la limite qui con- vient au développement de cette variété. Il est un autre fait relatif au développement du blé sous une forte chaleur dont nous n'avons pas encore rendu compte, mais qui mérite de fixer l'attention, et sous le rapport de la théorie et sous le rapport de la pratique. Que entendait le blé d'hiver qui, semé dans nos climats sous une température trop chaude, reste à l’état de gazon ?. Puisqu’il n’a donné ni fruits, ni fleurs, ni tiges, il n’y a pas de raison pour qu’il meure cette année. La saison a beau décliner et se refroidir à la fin de l'été et en automne, cet état persiste tant qu’il y a assez de chaleur, puis l herbe finit par périr, mais non la ra- cine. ‘ Comme la saison froide succède et ensuite un printemps doucement gradué, la plante alors se développe d’une maniére normale, monte en tige et parcourt tous ses périodes aux époques déterminées ; mais avec cette dif- férence en faveur de cette nouvelle plante , qu’elle est plus vigoureuse , et cela doit être d’après ce ‘ee nous avons exposé’ précédemment. - Nous avons dit que si la plante à l’état d’ herbe avail (251) poussé de petites tiges cachées sous les touffes de feuilles, elles étaient en revanche très nombreuses ; c’est-à-dire que la plante avait beaucoup tallé. Or, l’année suivante, sous l'influence d’une température graduée, qui permet son parfait développement, elle pousse avec le surcroît de tige, et porte une récolte abon- dante. Il est évident qu'on pourrait (si on le jugeait con- venable) tirer parti de cette influence de la température et se servir de la même graine pour obtenir deux années de suite, une récolte, dont l’une pour les bestiiux, l'autre pour l'homme; l’une et l’autre d’une qualité supé- rieure. ; Un membre de la Société centrale d'Agriculture du département de la Seine , nous fournit à l'appui de ce principe et de son application, le fait suivant : Dans le midi, particulièrement dans le Delta du Rhône, l’on sème en août et septembre de l’orge escourgcon, pour la nourriture du menu bétail et autres. Quand l'automne est trés sec, la plante se dessèche mais re- pousse plus tard. Ordinairement cette orge donne une abondante pâture pendant tout l'hiver, et avec les soins nécessaires on a plus tard une récolte de grain COnsi- dérable. a La pâture de cette orge, lorsqu’elle est belle, équivaut et au-delà aux plus belles récoltes de grains. Sous le rapport purement scientifique, cette influence de la température n’est pas moins intéressante. On voit comment l’action de la chaleur peut rendre la même plante annuelle ou bisannuelle, et on ne saurait ( 232 ) douter que de pareils faits ne doivent se présenter sou- vent dans l4 nature. Nous compléterons ce travail en poursuivant ces re- cherches expérimentales sur les autres céréales. 1 NOTE SUR LES LLBS RIOMMRANMES DE L'ÉTANG DE VALLIÈRES, COMMUNIQUÉE A LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE SEINE-ET-OISE , Dans sa Séance du 19 Novembre 1833, Par M. LACROIX, l’un de ses Membres. Chacun est naturellement disposé à chercher au loin des objets d’admiration, dont il s’exagère presque tou- jours le mérite ou la beauté; et souvent maint phénomène remarquable reste inconnu dans le pays qui le possède ; telles sont, pour le département de Seine-et-Oise, les îles flottantes de l’étang de Vallières, près Marines , igno- rées même dans le voisinage, et qui nous paraissent ce- pendant dignes de fixer l’attention. Nous allons en donner une description sommaire , dans l’espoir qu’elle engagera (234 ) les naturalistes à visiter ces iles curieuses , et à chercher l'explication de leur existence. L’étang de Vallières est situé sur un affluent du ru de Viosne, à peu de distance de sa jonction avec ce cours d’eau, laquelle s'opère immédiatement au-dessous du vil- lage de Santeuil. Cet étang, qui présente une superficie de 3 hectares 9 ares 75 centiares (environ 7 arpents 34 per- ches de 20 pieds), forme, à l’aide d’un barrage artificiel, un vaste réservoir de 5 mètres 50 cent. (17 pieds) de pro- fondeur maximum, servant à l'alimentation d’un moulin à eau; sa surface est couverte d’une multitude d'îles flottantes, c’est-à-dire entiérement détachées du fond, dont la plus grande à environ 40 métres (120 pieds) de longueur, tandis que le diamètre de certaines d’entre elles ne dépasse pas 0 ”: 33 ‘‘"+ (1 pied). Toutes ces îles, dont la surface supérieure n’excéde guère celle de l’eau, sont couvertes de végétaux ; le saule-marceau et l’aune y croissent au milieu des roseaux et des fougères, et y atteignent des dimensions assez considérables pour être l’objet d'exploitations réguliéres, qui se font tousles neuf ans ; au moment de notre visite ces plantations étaient parvenues à leur huitième année de croissance , et s’élevaient jusqu’à 6 mètres (18 pieds) et plus. Les îles flottantes de l’étang de Valliéres étant, comme on vient deledire, entiérement détachées du fond, occupent diverses positions, selon le mouvement que l’action du vent leur imprime; quelquefois elles se trouvent dissé- minées et vacillantes sur toute la surface de l'étang ; dans d'autres moments, le vent, qui les a refoulées à lune des extrémités, venant à changer de direction, on les (235) voit gagner ensemble le bord opposé. C'est sur-tout quand la végétation est en pleine activité que le mouve- ment de ces petites forêts flottantes présente un spectacle curieux; mais nous conseillons aux personnes qui vou draient les aborder, de ne pas aller réclamer le bateau du meüûnier, car il pourrait sourire de leur naïveté ; ici en effet la nature a pourvu avec abondance aux moyens de navigation, chaque ile voisine du bord étant un véritable bateau qui, manœuvré à l’aide d’une simple perche, peut aisément servir à parcourir toute l’étendue de l'étang. Nous ne terminerons pas cette note sur les îles flot- tantes de l'étang de Vallières, sans hasarder une conjec- ture sur leur formation : en examinant la masse pres- que entiérement submergée du sol de ces îles, et dont l'épaisseur varie de 0 "+ 60 «"+ à 1%: 60 ‘(2 à 5 pieds) , on remarque qu’elle est entièrement composée de roseaux et de racines entrelacés, présentant un aspect semblable aux couches supérieures et peu compactes des dépôts tourbeux. Ne serait-il pas possible qu'avant la con- struction du barrage de retenue, l'emplacement de l’étang fût un marais tourbeux, dont la couche supérieure se trouvât séparée des couches inférieures par un lit de sable où autre substance meuble , et que l'élévation de l’eau, aprés la construction du barrage, eût mis à flot la cou- che supérieure de tourbe, en raison de son peu d’adhé- rence au fond et de sa légèreté ? Nous citerons à l'appui de cette conjecture l’existence de marais tourbeux, tout voisins, à Noisement, sur le ru de Viosne ; on y exploite en effet deux bancs de tourbe, séparés par un lit de. sub- stance crayeuse , de peu de consistance. Des renseigne- ( 236) ments recueillis depuis notre visite, viennent aussi con- firmer l'opinion précédemment émise; car, d’après ce qui nous a été assuré, de nouvelles iles se détachent encore aujourd’hui du sol à la limite supérieure de l’étang (sans doute lorsqu'il survient quelque crue considéra- ble), et malgré la destruction d'un certain nombre de ces masses flottantes, leur quantité tend plutôt à s’ac- croître qu'à diminuer. DESCRIPTION DE QUELQUES NOUVELLES ESPÈCES DE COQUTIRRES: ROSITLES TROUVÉES A GRIGNON, ET PRÉSENTÉES A LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES ; DE SEINE-ET-OISE, Le 9 Décembre 1854, Par M. CAILLAT , Professeur à l’Institut agricole de Grignon. DEC ——— FAMILLE DES TUBICOLÉES. Genre Cravacerre. — Clavagella. Uñe espèce nouvelle. 1. Clavagelle de Louise. — Clavagella Lodoïska. PL IX, Fig. IX. Les clavagelles se composent d’un fourreau testacé, ouvert antérieurement, terminé en arrière par une mas- sue ovale , le plus souvent hérissée de tubes, et offrant (238) d’un côté une valve découverte, enchässée dans la paroi; l’autre valve est libre dans le fourreau. C’est cette valve libre que nous possédons; elle est arrondie antérieure- ment, et va en s'élargissant à la partie postérieure qui est terminée presque carrément et d’une disposition telle qu’on voit parfaitement que la coquille était brillante par cette extrémité postérieure. Cette valve est sillonnée dans sa longueur par des stries irrégulières d’accroisse- ment ; elle porte en outre à l'extérieur de petits grains arrondis, plus nombreux et plus gros sur la partie posté- rieure ; ils sont petits sur la partie moyenne, et y sont disposés en lignes sinueuses longitudinales, partant du crochet. Cette coquille est remarquable par ses énormes dimen- sions; cette valve droite porte 26 mm. de long sur #5 mm, de large ; son tube devait avoir de 7 à 8 pouces. Les plus grands individus connus dans ce genre sont des en- virons de Bordeaux, et n’ont que 6 pouces de long. FAMILLE DES MACTRACÉES. Genre Erxcnr. — Erycina. Deux espèces nouvelles. 1. Érycine luisante. — Erycina nitida. PLIX, Fig. VI. Cette espèce est suborbiculaire et se rapproche beau- coup de l’Erycina pellucida par sa forme et par la dispo- sition de sa charnière ; elle en diffère par le dessin inté- G ( 239 }) rieur des valves: on remarque dans celles-ci de nombreux filets longitudinaux rayonnants, partant du crochet, et allant aboutir à la circonférence ; à l'extérieur, qui est d’ailleurs lisse et brillant, on n’aperçoit que quelques in- dices des plus forts de ces filets. Longueur 6 mm, et largeur 7 mm, 2. Érycine oblique. — Erycina obliqua. PI. IX, Fig. V. Cette seconde espèce se rapproche un peu de l’Erycina radiolata. Cependant elle est bien plus inéquilatérale. Cette espèce porte aussi des filets longitudinaux rayon- nants à l’intérieur des valves ; ils sont plus gros et moins nombreux que dans l’espèce précédente ; j'en ai compté 17 à 18; ils grossissent en se terminant au bord de la coquille, ce qui donne à ce bord un aspect crénelé; à l'extérieur la coquille est lisse et brillante, on y remarque mieux que sur l’espèce précédente l'impres- sion des filets. Longueur 6 mm, et largeur 8 mm, FAMILLE DES NYMPHACÉES. Genre Telline. — T'ellina. Une espèce nouvelle, 1. Telline corbinoïde. — Tellina corbinoïdes. PL IX, Fig. VIII. Nous nommons ainsi cette espèce à cause de la ressem- blance remarquable de son dessin extérieur avec celui ( 240 ) de la Corbis lamellosa. Peut-être n’est-elle qu’une varièté de la Tellina lamellosa, décrite par M. Deshayes. Elle en différait toutefois par les stries longitudinales dont il ne parle pas, et qui ne sont pas indiquées dans le dessin qu'il en a donné. Cette telline bien caractérisée par le sinus plus ou moins prononcé que portent les espèces de ce genre , est couverte de lames transverses inclinées vers le crochet et tranchantes; entre chacune de ces lames on remarque , en examinant de prés cette coquille , des stries rayon- nantes trés fines et très rapprochées, La charniére est munie de deux dents cardinales et de deux latérales dont la postérieure est plus rapprochée des cardinales et peu prononcée; par sa grandeur et sa forme, elle rappelle l'Erycina elegans; celle-ci a 18 mn: de long, sur 2h mm. de large. FAMILLE DES ARCACÉES. Genre AnrcHE. — rca. Une espèce nouvelle. 1. Arche lisse. — Arca lœvigata. PL IX, Fig. VII. Cette espèce est probablement la plus petite du genre; son côté antérieur est arrondi et,plus large que le posté- rieur ; ce dernier est terminé obliquement par son bord, qui forme un angle obtus avec le côté supérieur, et un an- gle assez aigu avec le côté inférieur; en outre, la partie postérieure de la coquille est comme pincée et présente (241 ) un sinus bien marqué qui va aboutir au sommet de l'an- gle inférieur. La charnière est droite, garnie de dents obliques; elle en est dépourvue à son milieu. Cette coquille est remarquable en ce qu'elle est la seule connue du genre qui soit dépourvue d’un dessin; elle est lisse, on remarque seulement sur sa surface des stries d’accroissement fines et nombreuses. Les plus grands individus ont trois millimètres de long et cinq de large. FAMILLE DES SCALARIENS. Genre Scalairee — Scalaria. Une espèce nouvelle. 1. Scalaire de Francois. — Scalaria Francisci. PL. IX, Fig. III. Cette coquille est allongée, turriculée , composée de dix à onze tours de spire , médiocrement convexes, l'ou- verture est obronde, les deux bords sont réunis circulai- rement et terminés par un bourrelet. — Les premiers tours de spire du sommet sont garuis de plis longitudi- naux, qui vont en s’atténuant, et disparaissent tout-à-fait sur les derniers tours près de la base, ce qui donne à la partie inférieure de la coquille un aspect lisse. Cette espéce est longue de dix-huit millimètres sur six milli- mètres de large à la base. 16 ( 242 ) FAMILLE DES TURBINACÉES. Genre Turbo. — Turbo. Une espèce nouvelle. 4. Turbo d'Henri. — Turbo Henrici. PL IX, Fig. I. Ce turbo se rapproche du turbo trochiformis ; il tient effectivement autant de la forme des troques que de celle du turbo ; il est cônique surbaissé, composé de cinq tours de spire, dont le dernier est plus grand que tous les au- tres. Ces tours présentent trois sillons transverses tuber- culeux ; le premier et le dernier sont incomparablement moins saillants que le mitoyen. Ces sillons sont séparés par des rangées transverses de mamelons assez prononcés. Les tubercules sont trés gros, sur-tout sur le dernier tour, qui en reçoit un aspect anguleux. La base de la coquille est garnie de cinq rangs de mamelons, petits et arrondis; ces rangs sont séparés par des sillons ondulés. La bouche est ronde, épaisse et vient en s’amincissant tout à coup au bord, qui est tranchant et irrégulièrement crènelé; la columelle est un peu contoarnée , et porte un bouton qui termine le bord columellaire ; en dedans elle est munie de deux dents, dont l’inférieure est la plus proroncée. — Longueur 22 mm, largeur à la base, 21 mm, ( 243 ) FAMILLE DES CANALIFÈRES. Genre Cérite. — Cerithium. Une espèce nouvelle. 1. Cérite à Bourrelet, — Cerithium marginatum . PI. IX, Fig. II. Cette coquille , quoique n'étant Pas entiére, ne laisse aucun doute sur le genre auquel elle appartient, par le canal court et un peu relevé supérieurement qu’elle pré- sente à sa base. Ce cérite turriculé est composé de quinze À seize tours de spire ; ils sont courbes et on y voit bien marquées des stries d'accroissement nombreuses et Tap- prochées. Sur le milieu environ, cependant plus prés de la partie supérieure des tours, se trouve un gros bourre- let transverse , saillant ; il existe d’un bout à l’autre de la coquille ; il paraît rond ; mais , vu à la loupe, on s’aper- çoit qu'il est anguleux supérieurement. Ce bourrelet ca- ractérisé assez bien cette nouvelle espêce. — Etant en- tiére , elle devait avoir 24 à 25 mm de long , sur 9 mm, de large à la base. F + 1 | AE TRE ALES À F au 1 À L NOTICE LA POPULATION DU DÉPARTEMENT DE SEINE-ET-OISE; Par Firmin DemoxrerranD, Professeur de Mathématiques spéciales au Collége royal de Versailles. OOo ——— LOI DE LA MORTALITÉ POUR 12,400 NAISSANCES. Ans. Masculin. Féminin.| Ans. Masculin. Féminin.| Ans, Mascolin. Féminin, | Ans. Masculin. Féminin. = — — — _ — | 0 6411 5999125 3560 3464 | 50 2624 9261 1 4943 4814196 3523 3427 | 51 2576 2491 2 4597 4481 | 27 3487 3392 | 52 2528 2379 3 4437 4324 |98 3452 3359 | 53 2479 9336 k 4341 4231 3417 3325 | 54 2430 2292 > 4264 4156 3382 3290 | 59 2381 2247 6 4202 4098 3346 3115 | 56 2329 2201 7 4151 4047 3310 3080 | 57 2275 2154 8 1102 3988 3275 3045 | 58 2119 2105 9 4064 3950 3240 3010 2061 2054 10 4028 3915 3205 2975 2099 2001 11 4010 3888 3171 2941 | 61 2035 1945 12 3991 3867 3139 2907 1967 1885 13 3971 3849 3109 2873 1895 1822 14 3950 3826 3081 2839 1818 1756 15 3926 3799 3049 2805 1737 1687 16 3901 3770 3017 2768 1653 1616 17 3875 3740 2983 2736 | 67 1568 1544 18 3847 3709 2948 2705 | 68 1482 1471 19 3818 3677 | k4 2912 2674 | 69 1395 1397 20 3788 3644 | 45 9875 2642 1307 1322 21 3751 3610 | 46 2832 2609 1216 1243 22 3106 3575 | #7 2782 92574 | 72 1120 1157 23 3653 3539 | 48 2726 2538 101% 1062 24 3604 3502 | #9 2674 2506 916 971 La population ( 246 ) La population constatée par le dernier recensement se compose de MATTER eee eee vos Me 103,880 Filles. HER E MATE A 105,563 Hommes mariés. :..,........ 100,433 Femmes mariées............. 100,543 NEUISRe SI S riidutene sine ie ee noi 9,026 VMenvesQQi.SE.sics.Wrii4tso) 25,320 Militaires aux armées. ....... 3,419 TOTAL. td: re. te 448,180 En comparant entre eux quelques-uns des éléments de la loi de population pour la France entière et pour le département de Seine-et-Oise , on obtient les résultats suivants : France. Seine-et-Oise. Une naissance sur..... habitants 32,4 37 Uardéees: AUS ALES 39,4 k1 Augmentation de la population. ‘8# 11834 Vie meyennes. Sue Li , 1006. 32°-.5% 36° 10% Le nombre des décés au-dessus de 20 ans est, sur 1,000 décés de toutiâre ja! race. Ya. ECC - 516 506 On voit, par ces rapprochements, que dans le dépar- tement de Seine-et-Oise la vie moyenne est plus longue que dans la France entière , l'augmentation de popula- tion plus lente, le nombre des naissances et celui des décès proportionnellement au-dessous des valeurs moyen- ues dans toute l'étendue du royaume ; enfin, le nombre des décès d'enfants forme 0,444 du nombre total des décés, ( 247 ) tandis que, pour la France entière, les enfants forment les 0,484. Ce dernier résultat est contredit par la comparaison des travaux du recensement avec les naissances de garçons. Sur 1,000 enfants mäles, 570 parviennent à 20 ans en France, 562 dans notre département. La position particulière du département donne la clef de ces contradictions. En effet , un grand nombre de vieil- lards des deux sexes quittent Paris, se retirent dans la banlieue , pour s'éloigner des affaires et vivre plus écono- miquement ; leur présence explique en même temps pour- quoi le nombre des naissances est moindre à proportion de la population, et pourquoi la vie moyenne est plus élevée dans notre département que dans la France en- tière. On n’apprendra pas sans intérêt que la table précédente offre une grande ressemblance avec celle que Deparcieux avait dressée en 1746 , pour des têtes choisies; en sorte que, dans cet intervalle de moins d’un siècle, les chan- ces de vie qui n’appartenaient qu'à des individus pris dans des positions favorables et privilégiées, sont deve- nues la condition commune des Français pris indistinc- tement dans toutes les professions. FIN. He ed M RO UT EN, Sud > flo”) N ve WA 2 ile ion b'Ruron bee ET s ain . La entbitent CT véiatastehn of" ['E oi HUE 20 | os nee deg ét ni vi lle cest mou qisab 4 nn Pain nn panels suthnos RATÉ NU PAT ue ne 2 ctoiing mal ardt a 8 ins: 0: À Why VONT PEN prof oenfn, due. | ATLA PT irgé TITRE TRUTAP trame RU ! qui ai ln; ti ET CUT TRS nya hs “+ titi w | AR oi re LT ire 4 1 ÿ ELU mp | rs LU tra op à di ko ni DIN "hs TABLE DES MATIÈRES. RÉGHEMENTIS EEE IEL NANTERRE LMP ENBTEU DES MEMERRS. eee Dette ete Meta e Le Male COMPTE-RENDU des travaux et Histoire de la Société, depuis sa fondation jusqu’en août 1835.. . . . . . BOYSIQUE SN LE Ne ee RL CREDIT EEE CCE A AN EN ONE EU GÉDRTAPMEDRMEIQUENS D Ro re Géolopreet MiNEralopie- Se SN D -0 Botaniquest: “PAPAS PIE ROLE NON AA TTRS Malacologie et Gonchyliologie. . . , . . . . . . OC hole LUS LOIRE SENTE TENTE Histoire naturelle des Vertébrés.. . . , . . . . , Anatomie et Physiologie comparées. , . . , . . BRLENOIOP ICS RENE CN NRC NE HOXCOlOPIE EN RS CU Tee ce ce Médecine hAGhEurPie Ne - e E T U lee LÉO ESS. AMEN DL ab onto SÉADS QUES Se ee CR CU 0-0 Industrie, Etablissements industriels. . . . . . . . Conclusions el Men LL. AR ONE UE, MÉMOIRES. Recherches microscopiques sur l’Acarus Scagiet, ou insecte de la gale de l'Homme, par MM. Le Roi et Vandenhecke.. Explication des Blanches AN M RU l 950 ) Notes sur le Mouvement vigratoine longitudinal de quelques solides’, par M Peyré CL RE ECO. Page 26 Description d’une Morsissure, avec quelques Observations organographiques et physiologiques sur les CHampiexons, par MM. Vandenhecke et Philippar. , « «+ . . . . Explication delatplanche VIP R 0 Observations sur la VéGérarion pes Dunes À Caraïs, par Meter heu EE RER EN PR T-LC Norice céorocique sur les terrains qui s’étendent à l’est de Rambouillet, et qui comprennent la vallée de la Remarde, DArAMECERAQES VUE MN ME OA TUE NE 0e A SOis Notice sur le BLÉ avaRté par Les Insecres, et sur les moyens de l’en préserver, par M. Colin. . . … + .. « .n. Travaux sur la Créosore. Rapport de M. Colin. . . . . Du BLancaimenT pes Cires REBELLES , par M. Colin. . . . Note sur une NOUVELLE VARIÉTÉ »’Evccase, par MM. Ærambert EE IColins ess ALIEN PEN RUE SSSR. NERN à De la Vécérarion pes CéRkALEs sous de hautes températures, par MM. Edwards et Colin. . . . + . + « . . . Note sur les Ices FLorranres de l’étang de Vallières (Seine- et-Oise), par M. Lacroix. . . . . . . «+ . . Description de quelques nouvelles espèces de Coquinces rossices trouvées à Grignon et présentées à la Société, par L'ÉCONOMIE ARTS PGI: dl OA Norice sur La Porucarion du département de Seine-et-Oise, par M. Firmin de Monferrand. . . . . . . . . . 65 107 207 233 287 245 PA ///1 re D NN RS #17) LV 17. ER NE Le Cost Yes Molière WW GIP LAURE BUITTITT TETE QU PT Pre «Ccuse HE # L©, . e 77) (CENT “,, lus, Se | IL les RAD DA 2 2! us :2 - Meutir'es —{Caleaire Siliceux Fe SUJET LCL" DR EC el be PI.VIII = i EE mnS Cernay la Ville = -E > Lo :s — E g lise les Holières olx Pr'osse « .S | Meuter.es x qu Ur Marcoussy —> l O/anvris (o] les Bordes : © © Pecqueuse ) SA # —Caleaire Siliceux , NI L | supérieur Patte de NZ = es \ — Sables et Grès 7 = £ HS DR = 2 $ HLATUÜIS SUPEL'EUTS T'uilerre A = #4 É \ Éd) F2) de Cucdong < . F4 Bruyère le Chatel Jon (ND = uiter'ie, de la Patte: 1 x ANGEL OUAIS 7e ee °e S {rie plastique PE Maretrs | Crare rorssthot d'apres M! TJ. Huot Grave dans Ulelier de ChAvrit Quai Pelletier 12., L'aris Fchelle de 8 Kitometres où 2 Lieues métriques. Coupe transversale da bassin de la Renarde , = 7 Montee de Longehéne Coupe longitudinale de la vallee de lx Remar'de depurs S'onchanp jusqu'a Pruyeres-le-t Latel. Y ; - é Ÿ de Cernay la lille à Lorgoiliers È $ KR en venant de Balliore À Ÿ È ù Ÿ & È S ë Ÿ À RP CE È 2 Ÿ à à È È Ÿ “ RES È à à SRTS $ Qi & à Ÿ à È È D SES Le È Ÿ RÈRE = à Ÿ Nu è 5 È Ÿ SE US È È à S À pe = ÿ + 2 Patte dd & & 1 & Ÿ È È Ÿ SZ SaŸ è & È S À ÿ $ 4 È SES == Y CR Côte de - nn S. NÉ ES 1e S % QE Lier tres Ï - + En = 3 la Ÿ = FRE LE 3 De de Æxploitation à A drgie et meutières jy f lornt de Meutière B. Sable rouge lSable ar à Z'erre vegetule Manon pexrxa (Coldfuss) 1.) EAN T'ragos Pi sforme .Variete (Goldfus s/ & ) Znerinites PLSEX, Nu, de. Lemvrer re Parmi: Lux CECCECECECCETECECETC EE EEE { Re MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE SEINE-ET-OISE, DE 1835 A 1812. TOME SECOND. SE TROUVE A VERSAILLES, CHEZ MONTALANT-BOUGLEUX, IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ, Avenue de Sceaux, 4; ET A PARIS, CHEZ E. CROCHARD ET COMP.®, LIBRAIRES DE LA SOCIÉTÉ, rue et place de l’École-de-Médecine , 45. RPPRARRIRAPIRAIANLLPIRIIRAIRLAREEINIE aL29® 7 24 @ œ% œ% % % CA BSSÉ SSD SA SSI TO STOSOOOTOTOTÉSSSSSSEÉ SALOPE (2 EUN RÉF SN ES ETS EETE ë LE NE DE ] d MÉMOIRES SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE SEINE-ET-OISE: .s NÉS 4e | VERSAILLES, = a DE MONTALANT-EOUGLEUX, er Tr, | avenue e Sceaux, 4 +. à 4. '*# CAR” { > A SE | En MÉMOIRES DE LA NOCIÉTÉ DES NCIENCEN NATURELLES DE SEINE-ET-OISE, DE 1835 À 1842. TOME SECOND. SE TROUVE A VERSAILLES, CHEZ MONTALANT-BOUGLEUX, IMPRIMEUR DE LA SOGIÉTÉ, avenue de Sceaux, 4; ET À PARIS, CHEZ E. CROCHARD EL COMP.*, LIBRAIRES DE LA SOCIÉTÉ, rue et place de l’École-de-Médecine, 15. à nn AUTRE aie ; Ps ii awaé wi 073 ao ÉAe 40 : LE ad 7 # de + Dh - L LEON de ESA AT s td ve Jon f . ER À J'U NY th nt | LAAROQU- + agi Tho: L Ar LA I g * à Jaune ‘sb éuduiss k +. | ; M L k « * AE Fe: ‘ l Ki, à "1 j AA À Re 1 ÿ v Sd UN ARMATAËIS 3u00 ds ile A Lo 4605" L Poe 2 Mari LES fe ; de FA ve TC A OR 4: - à. F REGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DIE SELNE-E T-OISIE. Préambule du Réglement publié dans le 4.°' volume des Memoires. Les soussignés forment une Société, 1.° pour s’instruire mutuellement dans les diverses branches de l'Histoire naturelle et des Sciences qui s’y rattachent ; 2.° pour ré- pandre le goût de ces connaissances. Afin d'atteindre le premier de ces bats, il est convenu que quelques-uns d’entre eux feront des lecons relatives à la science qu’ils cultivent spécialement. Le Professeur devra, s’il s’agit d’une branche de l'Histoire naturelle, indiquer toutes les divisions, depuis la plus élevée jus- qu'aux genres. Il ne descendra aux espèces que quand elles ne seront pas trop nombreuses, et dans la vue de faire connaître moins ces espèces que les caractères sur lesquels en repose la classification, Lorsque les objets seront trop petits pour être saisis à l'œil nu, ou qu’ils ne se trouveront pas à la disposition de la Société, le dé- monstrateur devra, autant que possible, en offrir une image, soit par une esquisse sur le tableau, soit par tout autre moyen. Il est invité à indiquer l’usage et les appli- cations pratiques de l’objet dont il traite, ainsi que ses rapports avec les autres sciences. Pour remplir leur seconde intention, c’est-à-dire pour répandre le goût des Sciences naturelles, les soussignés admettront, sous le titre’ de Mérbres assoriés Où : associés libres, dans les formes arrêtées par le “Réglement, les personnes qui désireraient assister aux séances de la So- ciété. Ils se proposent en outre d'ouvrir, soit dans le local de la Société, soit en tout autre lieu jugé convenable, des Cours auxquels pourront assister toutes les personnes qui , présentées par un Membre, consentiront à contri- buer pour leur part aux, frais que ces Cours.occasion- neront. » 4 RÉGLEMENT. NOTA. — Ce Réglement est conforme aux dispositions arrétées par la Société jusqu’à la séance réglementaire du 30 Mai 1840 inclusivement. La Société prend le nom de SocrÉÈTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE SEINE-ET-OISE. CHAPITRE PREMIER. Composition de la Société. ARTICLE PREMIER. — La Société se compose : De Membres titulaires, au nombre desquels sont les Fondateurs : MM. Ebwarps, Huor, pe BALzac, PniLrp- PAR et BLONDEL; De Membres associés; (tj) De Membres associés libres ; Et de Membres correspondants. ART. 2. — Le nombre des Membres titulaires est limité à trente ; celui des autres Membres est illimité. Art. 3. — Les Membres titulaires sontichoisis parmi les associés; leur nomination a lieu danses séances ré- glementaires, dont il est parlé ci-après, et l’on n’en peut nommer plus de trois par séance. Ils s'engagent à faire au besoin des conférences scien- tifiques. ART. 4. — Les Associés sont nommés dans les séances réglementaires ; ils sont choisis parmi ceux des associés libres ou correspondants qui ont enrichi la Société de leurs dons, soit en argent, soit en livres, soit en objets scientifiques, ou qui ont consacré une partie de leur temps à soigner les collections de la Société, ou à les ac- croître, à préparer ou à professer les cours, ou enfin qui ont fait à la Société des communications instruclives et intéressantes. | ART. 5. — Les autres Membres résidants portent le titre d’Associés libres. Arr. 6. — Les Correspondants ne sont point domici- liés à Versailles. Ils sont nommés parmi les savants français ou étran- gers et les amateurs des Sciences naturelles qui se font connaître par des travaux utiles, ou par l'intérêt qu'ils portent à ceux de la Société. Art. 7. — Les Associés libres et les Correspondants doivent être présentés par deux Membres titulaires ou associés ; ils sont nommés dans la séance ordinaire qui suit celle de la présentation, au scrutin secret et à la ma- jorité absolue des suffrages des Membres titulaires et as- soclés présents. (iv) CHAPITRE I. Régime de la Société. Art. 8. — Les Titulaires ont Seuls le droit d'assister aux séances réglementaires dont il sera parlé ci-après. C'est parmi eux que sont choisis les Membres du Bu- reau et ceux des Commissions réglementaire et de comp- tabilité. ArT. 9. — Les Associés jouissent des autres droits en commun avec les Titulaires. ART. 10. — Le Bureau se compose du Président, du Secrétaire et du Trésorier-Archiviste. Trois Vice - Présidents et deux Vice - Secrétaires sont en outre chargés de remplacer , s’il y a lieu , et d'aider le Président et le Secrétaire. ART. 11. — Leur élection a lieu au scrutin individuel et secret , et à la majorité absolue des suffrages , ou par ballottage aprés le second tour de scrutin. ART. 12. — Le même Membre ne peut être élu Prési- dent pendant deux années consécutives. Tous les autres Fonctionnaires sont rééligibles. Arr. 13. — Le Président règle l’ordre du jour, et maintient l'exécution du réglement. Il peut nommer des Commissions pour examiner des questions ou des objets scientifiques. ART. 14. — Le Secrétaire rédige le procès-verbal de chaque séance , et en donne lecture à la séance suivante. Il est chargé de la correspondance et de la direction des affaires du secrétariat. ART. 15. — Le Trésorier-Archiviste est chargé du re- couvrement des sommes dues et des dons offerts à la Société ; il tient un registre des recettes et des dépenses ; (# ) il a la garde des objets appartenant à la Société, et il en dresse inventaire, conjointement avec les Conservateurs dont il préside les réunions , et dont il est question dans l'article suivant. Il présente ses comptes deux fois par an à la Société, qui nomme une Commission de trois Membres pour exa- miner sa gestion et faire son rapport dans la séance ré- glementaire. ART. 16, — Une Commission composée du Bibliothé- caire et de Conservateurs préposés chacun à la surveil- lance de l’une des parties des collections de la Société, et responsables en ce qui les concerne, se réunira au be- soin sous la présidence du Trésorier-Archiviste. Celui-ci fera connaître dañhs les séances réglementaires l’état des catalogues et des collections. ART. 17. — L'administration de la Société est confiée au Bureau. Il est chargé, dans l'intervalle des séances réglemen- taires , de la conservation et de l'interprétation du régle- ment. CHAPITRE II. Ordre des Séances. * ART. 18. — La Société a des séances ordinaires et des séances réglementaires. Néanmoins le Bureau, aussi bien que la Commission réglementaire, est invesli du droit de réunir les Membres de la Société en séance extraordinaire toutes les fois que l’urgence en est reconnue, Mais alors, les lettres de con- vocation doivent toujours indiquer d'une maniére posi- tive l'objet de la réunion. (vw) Séances ordinaires. ART. 19. — Les séances ordinaires ont lien une fois par semaine. Elles commencent à sept heures du soir, el peuvent se prolonger jusqu'à onze heures. Lorsqu’aucun des Présidents ou Secrétaires ne se trouve à l'heure indiquée pour l'ouverture de-la séance , le plus âgé des Membres titulaires présents remplit les fonctions de Président, et le plus jeune celles de Secrétaire. En l’absence du Trésorier, le l'résident et le Secré- taire désignent un des Membres sen pour occuper sa place au Bureau. ART. 20. — A l'ouverture de la séance n le érétätre donne lecture du procès-verbal de la séance précédente , qui est soumis à l'adoption de la Société. Aprés l'adoption du procès-verbal ont lieu les présen- tations et les nominations de Membres associés libres et correspondants, ainsi que les inscriptions pour communi- cations verbales, lecture de Mémoires inédits ou rapports scientifiques ; ensuite les Rapports administratifs et la iecture de la correspondance ; enfin les leçons. ART. 21. — Après les leçons, on entend les communi- cations de tout Membre titulaire, associé ou associé libre, et les Rapports des commissions scientifiques. ART. 22. — Toutes les fois qu’un nouveau cours sera proposé, l’auteur de la proposition en indiquera l’objet et la durée probable. Cette proposition sera consignée textuellement au procès-verbal, et dans la séance ordi- naire suivante, les Membres titulaires, associés et associés libres présents , en décideront l'adoption ou le rejet au scrutin secret et à la majorité simple. : (.vij ) Arr. 23. — Les Membres qui veulent faire une com- munication ou un rapport scientifique , se font inscrire à cet effet par le Secrétaire. Ils sont entendus à tour de rôle, à moins que, pour motif d'urgence , le Bureau ne décide que l’ordre sera interverti. ART. 24. — Tout Membre peut donner lecture d’un Mémoire inédit de sa composition. Cette lecture ne doit pas dépasser une demi - heure; elle n’a lieu qu’à titre de communication , et elle est en conséquence soumise aux dispositions de l’article précédent. ART, 25. — Les Membres titulaires et associés peuvent faire des questions sur l’objet des leçons. Les Membres associés libres ont le même droit à l’égard des commu- nications. | ART. 26. — Cependant , un Membre qui fait un cours ou une communication ne peut être interrompu que poûr de simples questions ou pour rappel au réglement ; dans tous les cas, les objections et les observations ne devront être présentées que lorsqu'il aura terminé. ART. 27. — En principe, nul ne peut conserver la pa- role plus d’une demi-heure de suite. Néanmoins, et suivant les matières à l'ordre du jour, le Président, aprés avoir pris l’avis du Bureau, peut accorder un temps plus long. ART. 28.— Le Président peut, sur la présentation d’un Membre, admettre des visiteurs. Séances réglementaires. ART. 29. — [l ÿ a, par an, deux séances réglemen- taires. Elles ont lieu, sur la convocation du Président, l’une en mai, l’autre en novembre. { vij } ART. 30. — Une Commission permanente , composée de cinq Membres élus dans la séance réglementaire du mois de mai, reçoit et examine toute proposition relative au Réglement ; elle fait un Rapport dans la séance ré- glementaire suivante , sauf le cas où elle juge convena- ble de provoquer une réunion d'urgence, qui alors, sur son avis, est indiquée par le Président de la Société. ART. 31. —Elle prépare, dans un Rapport général, les travaux des séances réglementaires, et dresse une liste de candidats pour les places vacantes de Membres titu- laires et pour celles de Membres associés, sans restreindre le droit des Membres titulaires de faire aussi des présen- tations en leur nom personnel. ART. 32. — Elle dépose son rapport, huit jours avant la séance , chez un Membre du Bureau ou de la Commis- sion, afin que chacun des Membres titulaires puisse le consulter. A Art. 33. — Dans les séances réglementaires, on entend et l’on discute, s’il y a lieu : le rapport de la Commis- sion de comptabilité qui a été chargée d'examiner les comptes du Trésorier ; le rapport de la Commission ré - glementaire et celui du Trésorier-Archiviste sur l’état des catalogues et des collections ; on examine si la série des cours faits à la Société ne laisse pas quelque chose à désirer, et on avise aux moyens d’y pourvoir ; on pro- cède, le cas échéant, à la nomination des Membres titu- laires et associés. ART. 34. — Dans la séance réglementaire de mai, on procède en outre : à l’élection des Membres du Bureau, des Vice-Présidents et des Vice-Secrétaires ; A celle des Commissions permanentes du réglement et . des impressions. (ix ) CHAPITRE IV. Sections. ” Arr. 35. — La Société organise dans son sein autant de sections qu’elle le juge nécessaire. ART. 36. — Les sections sont spécialement chargées de la formation et du classement de leurs collections respectives. ‘ART. 37. — Chacun des Membres titulaires et des Membres associés doit faire partie d’une ou de plusieurs sections. Ce classement est réglé de gré à gré par le Bureau: il est facultatif pour les Membres associés libres. Art. 38. — Chaque section a son Bureau, qui se com- pose d’un Président et d'un Secrétaire nommés par elle, et du Conservateur de ses collections. Arr. 39. — Elle doit se réunir au moins une fois tous les trois mois. ART. #0.— Dans la séance ordinaire qui suit la séance réglementaire de novembre, chaque section présente, dans un rapport, l'analyse de ses travaux de l’année. CHAPITRE V. Revenus, Dépenses et Proprictés de la Société. ART. #1. — Tout Membre titulaire, associé ou associé libre, paye un droit d'admission de ciNQ FrANCS, et une cotisation annuelle de pouzE FRANGS , exigible par quart à la première séance de chaque trimestre. ART. 42, — La cotisation est due ju$qu'à démission [ x) { adressée par écrit, et dont le Secrétaire notifie la ré- ception. Arr. 43. — Si, aprés avis du Trésorier, un Membre laisse passer trois mois sans acquitter sa cotisation, il pourfa être considéré comme ne faisant plus partie de la Société, à moins qu’il ne justifie d'une absence. ART. 44. —%Le Trésorier est tenu de! donner reçu de toutes les sommes qui lui sont payées. ART. 45, — La Société n'arrête jamais dé dépeuse ex cédant la somme qu’elle a en caisse, à moins,qu’un ou plusieurs Membres ne se portent caution, pour: le cas où les, fonds seraient insuffisants au jour du payement. Art. 46.— Le Trésorier devra être appelé dans le sein de toute Commission qui aura à proposer ou à dé- cider quelque dépense éventuelle, ART. 47. — Aucune dépense extraordinaire, dépassant la somme de CINQUANTE FRANCS, ne pourra être faite, sans qu’une Commission, nommée pour chaque cas par- ticulier, ne se soit entendue préalablement avec les four- nisseurs, et ne soit convenue du prix. Dans le cas où cette dépense concernerait les impressions autorisées par la Société, la mesure s’y appliquerait, même quand la dépense serait inférieure au minimum de cinquante francs, fixé plus haut. Arr. 48.— La Société forme une Bibliothèque, et principalement des collections. Les dons.faits à la Société sont mentionnés aux procès- verbaux de ses séances. Le nom du donateur est inscrit sur l’étiquétte de l'objet donné. Arr. 49.— Toute dépense, nécessitée par le classe- ment et l'entretien de chaque collection, sera faite par le Conservateur. Le Bureau lui ouvrira, à cet effet, un crédit sur le Trésorier. (2x) ) ART. 50. — Le mobilier, les livres et les colléctions appartiennent à la Société. Les Membres qui cessent d’en faire partie ne peuvent réclamer leur quote-part. CHAPITRE VI. [4 Dispositions diverses. Arr. 51.-Les Mémoires las à la Société et dont l'impression est demandée ; sont renv@yés à l'examen d'une Gommission! spéciale, :sur:le, rapport de-laquelle la Société statue. Lorsque les Mémoires imprimés sont en nombre suffisant , il en est fait un Recueil précédé d’un compte-rendu des travaux de la Société. ART. 92. — Il pourra y avoir par an une séance pu- blique et solennelle sur invitation, dans laquelle on en- tendra un compte-rendu des travarx de la Société; on y lira la liste des personnes qui ont fait des dons, et la na- ture de ces dons, etc. ART. 53.— Il sera pourvu à l'établissement d’un prix, aussitôt que l’état des finances le permettra. Arr. 54.— La Société est en vacances du 1.er août au 1.er octobre. ART. 55. — Le présent Réglement, imprimé aux frais de la Société , sera envoyé, franc de port, à chacun des Membres titulaires, associés ou associés libres, et corres- pondants. ART. d6.— Le Bureau fait exposer dans la salle des séances : Le Réglement ; La Liste des Membres du Bureau, des autres fonction- naires et des Membres de Commissions réglementaires et des impressions ; / ( xij } La Liste des Membres de la Société; 06 Et la Liste des Membres de chaque section. Signé : Eowarps, Huor, BAuDRyY DE BALzAC, PHiLiPPAR, BELIN, Bconvez (Hippolyte), FAbbé CaroN, CoLiN, HUEBER , BoucaiTTÉ , BERGER, BolsseLiER, LE Ror, MaAuURin, DE BoucHEMaAx (Eugèné), l'Abbé VANDENECKE , NOBLE (pére), LerEvre, Lenuc, Vevran», Lacrorx, le comte DE JOUSSELIN, PEYRÉ, CoupiN, FAURE, LABBé ét Manon (Membres titulaires au 30 mai 1840). RAPPORT DE M. ADOLPHE VEYTARD, SECRÉTAIRE, SUR BRS RAYAUR DE BA SOU, Depuis le 1, Août 1835, jusqu’au 1.° Octobre 181. Messieurs, Six années se sont écoulées depuis que vous avez publié le premier volume de vos Mémoires, et que votre secrétaire, en vous lisant le compte-rendu qui devait servir d'introduction à ce recueil, a ouvert la seconde pé- riode de vos travaux. À cettep ériode væbientôt en suc- céder une autre, et le devoir dont mon prédécesseur s’est autrefois acquitté, je viens le remplir à mon tour: Je ne me suis point dissimulé, Messieurs, les difficultés de ma b (x) tâche. Il s'agissait de remettre sous vos yeux plus de mille leçons, rapports ou communications, et je devais craindre ou de fatiguer votre attention par des analyses trop longues, ou de refroidir votre intérêt par des ré- sumés trop succincts. De plus, pour coordonner tant d'éléments confondus dans vos procès-verbaux, je n'avais qu'une méthode à suivre, c’était de les classer par ordre de matières. Mais n’est-il pas probable que cette distri- bution, si rationnelle d’ailleurs, aura répandu quelque monotonie sur des détails dont la variété, et je dirai presque l’heureux désordre, ont prêté tant de charme à vos séances? Je n’ose me flatter, Messieurs, d'avoir su éviter ces écueils; mais votre bienveillance qui m’a tant de fois soutenu , me rassure et m’encourage.encore, et j'ai la confiance que vous considérerez moins les im- perfections du travail que le zèle et les efforts de l’auteur. Je diviserai cette analyse en huit parties. Il sera d’abord question de la Géologie et de la Miné- ralogie qui étudient la structure du globe; les révolutions qu’il a subies, et les matériaux qui le composent. Aux minéraux, c’est-à-dire aux corps inorganiques, succédent les corps organisés, dont les végétaux occupent les limites. La Botanique nous fait connaître les plantes : la’ Culture les élève, les multiplie et les approprie {à notre usage. Viennent ensuite les êtres qui à la vie organique joignent la vie animale, et que la Zoologie réunit dans son domaine, longue chaîne dont [l'homme forme l’an- neau supérieur. Ici l’abondange des sujets traités m’imposeña une distinction qui , j'en conviens, est moins zoologique que philosophique, et me forcera à consacrer une partie entière à la science de l’homme, à l’Anthropologie. (xv ) Aprés cette dernière branche de l’histoire naturelle proprement dite, je placerai la Chimie, qui pénètre dans la composition des corps, et examine l’action intime et réciproque de leurs principes; Puis les Mathématiques et la Physique, sciences dont la première considére les corps sous le rapport du nombre, de l’étendue et du volume, et dont la seconde ‘constate les phénomènes extérieurs et en recherche les causes, afin d’en expliquer et d’en utiliser les effets. L'astronomie, qui enseigne le cours et la position des corps célestes, nous arrêtera peu de temps; Et enfin je rassemblerai , dans une dernière partie, les généralités qui n’auront pu trouver leur place dans les sept premières. Première Partie. GÉOLOGIE, MINÉRALOGIE. L.— Continuant le cours de Géologie au milieu duquel l’avait laissé le dernier compte-rendu , M. Huot a succes- sivement parcouru les terrains jurassique, keuprique, pénéen , anthraxifère et schisteux. - Puis, dans une suite de communications qu’il vous pré- senta à la fois comme le complément du cours qu'il venait de terminer et comme une introduction à celui qu'il se proposait d'ouvrir, il a passé en revue les idées émises sur l’origine de notre planète, depuis les opinions des écrivains anciens jusqu’à la théorie actuelle dont il a emprunté les preuves à l’observation et à l’analogie des faits. Il a dit quelles raisons on a d’attribuer les terrains dont se compose l'écorce du globe, les uns à l’action du feu, les autres au séjour de l’eau; comment les premiers, en passant de l’état de vapeur à la forme solide, ont dù ( XVI) se former de haut en bas; tandis que les seconds, en se précipitant du sein de la masse liquide, se sont au con- traire disposés de bas en haut. S'appuyant toujours sur les phénomènes géologiques et sur les découvertes les mieux constatées, il en a déduit l’affaiblissement pro- gressif du feu central et l’apparition successive des êtres organisés. | Il a ensuite décrit, parmi les substances minérales et les coquilles fossiles, les genres et les espèces dont la connaissance est inséparablement liée à celle des terrains, en suivant , dans les études minéralogiques , la méthode chimique de M. Beudant. Le nouveau cours est alors venu occuper l'intervalle du 22 janvier au 30] juillet 1839. Aussi étendu que le premier, il a corrigé ce que celui-ci avait pu renfermer d’inexact, et compléter ce qu'il avait laissé d’imparfait. Si, dans toutes les sciences, une seule année voit éclore tant de découvertes, décréditer tant d'erreurs, et dissi- per tant de nuages , quelles lumières ne doît pas acquérir dans un espace de deux ans, une science qui compte à peine un demi-siècle d'existence et qui ouvre une car- rière si vaste aux investigations ? Le professeur avait donc à signaler une foule de faits ignorés, à détruire des propositions anticipées, et des vides nombreux à remplir. Il y a quelques années, par exemple, l’on protestait contre l’assertion de Spallanzani, et l’on niait que l’homme et même le singe eussent été contemporains du dernier cataclysme. Mais M. Huot vous annonça, dans une de ses communications, que M. Lartet venait de trouver des débris de quadrumane dans les formations les moins anciennes des terrains situés au sud de la Loire, ét cette première rencontre d’un animal qui occupe le second rang dans l'ordre zoologique, semblait rendre ( xvur ) vraisemblable la découverte ultérieure de fossiles hu- mains. Déjà même M. Huot ne comprenait pas que les indices trouvés dans les cavernes ossiféres de la Belgique et du midi de la France, dans les alluvions des bords du Rhin et des environs de Vienne, laissassent encore le moindre doute sur l'existence de l’homme à l’époque où fut transporté le terrain qui sépare les formations anciennes des terrains modernes ; mais, quoi qu'’ilen soit, avant le commencement du second cours , ce fait avait pris sa place parmi les faits avérés. Des documents recueillis, résultait en outre la néces- sité d'apporter à la classification, des modifications qui la missent en harmonie avec l’état de la science. Aussi M. Huot a-t-il fait subir à la nomenclature qu’il avait d’abord adoptée, des rectifications qui changent quelque- fois les dénominations et.les limites des divisions princi- pales. Aux mots de Terrain anthraxifère il a substitué ceux de Terrain carbonifère. Le terrain keuprique a disparu pour se confondre dans les formations du terrain tria- sique, auparavant terrain pénéen. Enfin le terrain dilu- vien est devenu le terrain clysmien, nom que lui avait donné M. Alexandre Brongniart. Cette réforme s’est éten- due aux formations, où je ne pourrais la suivre sans fran- chir les bornes dans lesquelles je dois resserrer mon tra- vail. Plasieurs formations parmi lesquelles se range notre calcaire pisolithique de Meudon, n’avaient pas été suffi- samment déterminées et n’avaient pu être par conséquent bien classées. M. Huot les a placées entre le terrain cré- tacé et l'argile plastique, en appelant ce nouveau groupe Étage infrä-inférieur du terrain supercrétacé, dénomination qu’il a empruntée à plusieurs autres géologues. De plus il a parcouru les couches d’origine aqueuse ( XVI ) dans un ordre contraire à celui qu'il s'était d'abord im- posé, mais plus}conforme à l’ordre chronologique. Il est parti des couches inférieures, c’est-à-dire des plus an- ciennes, pour s’élever aux couches supérieures qui sont les plus récentes et qui se forment encore tous les jours sOuS nos yeux. IL.—Du résumé de ses deux cours, je vais passer, mes- sieurs, à l'analyse de ses communications. M. Huot faisait partie de la Commission scientifique qui en 1837 visita la Krimée sous les auspices de M. le comte Demidoff. Chargé de rédiger la partie géologique et minéralogique du voyage, il vous a lu plusieurs frag- ments de sa relation. Les terrains qui constituent les environs de Vienne et qu’il a eu l’occasion d'étudier attentivement pendant le séjour qu’il a fait dans cette capitale, sont le calcaire ju- rassique, Ja partie moyenne du terrain crétacé ét deux formations supercrétacées qui offrent des particularités remarquables. De ces formations, toutes deux plus ré- centes que le terrain supercrétacé du bassin de Paris, l’une est tritonnienne, l’autre nymphéenne. La premiére (elle est inférieure à Ja formation nymphéenne) est un cal- caire qui renferme beaucoup de bucardes et d’autres co- quilles d'espèces moins anciennes que celles de nos envi- rons. La seconde contient des limnées et des planorbes analogues à ceux de nos meulières. De Vienne, la commission s’est rendue à Pesth par le Danube. Les sables d’alluvion qui bordent le fleuve sont auriféres et le métal est exploité sur plusieurs points. Ce calcaire marin que M. Huot avait reconnu aux envi- rons de Vienne se retrouve aux environs de Pesth. Votre collègue ne vous a pas encore lu la partie de son manuscrit qui traite de la Krimée. Ils’est borné, en vous ( xx ) offrant douze échantillons de coquilles fossiles dont la plupart sont d'espèces nouvellesglet ont été récemment dénommées par M. Deshais, à présenter quelques consi- dérations sur les terrains dans lesquels il les a rencontrés. La position de certains dépôts le porte à conclure que leur Æxistence est antérieure à celle du détroit d’Ieni- Kaleh et date d’une époque où la mer d’A zof était sépa- rée de la mer Noire. Vousavez encore entendu la lecture de plusieurs ouvra- ges qu’il se proposait de livrer à l'impression et dont je me bornerai, messieurs, à vous rappeler les sujets. C'étaient : Des instructions relatives aux voyages géologiques, à l'équipement, aux instruments et aux précautions qu’ils exigent ; ; À Un manuscrit qui devait faire partie de la bibliothèque d'instruction populaire sous le titre de : Maître Pierre, ou le savant du Village : Entretiens sur la Minéralogie ; Un mémoire sur les progrès et les découvertes succes- sives de la minéralogie depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. En rappelant les expériences qui ont eu pour résultat la combustion du diamant, l’auteur a fourni à M. le docteur Balzac, l’occasion de citer une phrase de Théophraste qui semblait s'étonner que cette substance ne füt pas combustible ; Un autre mémoire sur l'abondance de la houille dans certains pays, sur les avantages qu’elle leur procure et sur l’accroissement de cette richesse en France. + L'application des formules atomiques à la distinction des espèces minérales aurait, suivant M. Huot, de grands avantages. En effet, il est des substances qui sont composées des mêmes éléments et dont les proportions, données par l'analyse brute, ne présentent pas des différences assez tranchées, tandis que les formules atomiques, déduites de (xx ) ces analyses, ne laissent aucun doute sur la différence des espèces. Ainsi l'onpiment et le réalgar, tous les deux composés de soufre et d’arsenic, ne sauraient être pour- tant confondus, lorsque l’on compare leurs formules ato- miques. Après avoir cité divers exemples des calculs sim- ples qui servent à déterminer les formules atomiques d'a- prés les analyses brutes, et réciproquement à passer des formules atomiques aux analyses quantitatives, M. Huot a donné les analyses de la monacite (phosphate de cérium et de lanthane) et de la bastanaëlite (fluorure des mêmes métaux ). Il vous a parlé de la saphirine, substance nouvellement découverte au Groënland par le docteur Gieseke et dont M. de Chesnel venait d'offrir un échantillon à la Société. La saphirine est rareet manque à beaucoup de collections qui passent cependant pour riches, Elle n’a encore été trouvée que sur un seul point, dans une roche de mica- schiste. Elle cristallise irréguliérement en lames, raye le quartz et est rayée par la topaze. Elle est infusible au cha- lumeau, et se compose , suivant M. Stromeyer, qui en a fait l'analyse, de silice, d'alumine, de magnésie, de chaux, d’oxide de fer, d’oxide de manganèse et d’eau. Sa pesan- teur spécifique est 3,42. III. — En donnant à la Société plusieurs échantillons géologiques et minéralogiques de l'Islande, il a mis sous ses yeux une série complète de roches et de minéraux rapportés de cette île par la Commission scientifique de la corvette la Recherche. . Il a en même temps relevé l'erreur des géologues qui placent,sur le sol de l'Islande des cailloux roulés que des courants anciens y. auraient transportés du Groënland; ces cailloux y ont été laissés par des navires auxquels ils avaient servi de lest. Le sol est entièrement volcanique. ( xxt ) C'est sous les basaltes qu'est déposé ce lignite connu des Islandais sous le nom de surturbrand (charbon du Dieu noir), et des lignites semblables se sont formés jusqu’à une époque assez récente, puisqu'on en trouve dont les uns ont tout-à-fait l’aspect du bois mort, et dont les autres sont encore susceptibles d’être employés dans l’ébéniste- rie. Ces dépôts prouvent qu’il croissait en Islande dans des temps plus ou moins reculés, des arbres beaucoup plus gros et beaucoup plus grands que ceux qu’on y voit aujourd’hui. Ainsi l’on rencontre encore debout, au milieu de pépérines, des bouleaux de 30 à #0 centimètres de dia- mètre. Ceux que produit maintenant l'ile n’ont pas la moitié de cette grosseur. j Un des phénomènes géologiques les plus curieux de l'Islande est la formation journalière des tufs siliceux que déposent les eaux bouillantes des Geysers et les eaux courantes alimentées en partie par ces volcans d’eau. Des plantes et des mollusques vivent dans ces eaux dont la température est pourtant de + 29 à 30°, et laissent leurs empreintes dans des tufs siliceux qui, tantôt poreux et tantôt compactes , prennent l'aspect des silex meulières des environs de Paris. Ne pourrait-on pas en conclure que ces meulières doivent, comme les tufs siliceux de l'Islande, leur origine à des sources d'eaux minérales chargées de silice, sources qui devaient être très nom- breuses sur le sol de notre France, à l’époque où les volcans de l'Auvergne étaient en activité. IV.—M. Huot, en vous disant que la langue française est employée comme moyen de publicité par les savants étrangers, a cité les annales de l’école des mines de Russie, dont l’empereur vient d'ordonner la traduction en français, parce qu’on lui avait représenté notre langue comme la plus généralement répandue. Il a mis sous les ( xxrr ) yeux de la société le premier volumede cette publication qui a été imprimé à Paris, et en a extrait quelques do- cuments relatifs à l’organisation du corps des mines et à l'instruction que reçoivent les élèves. Voici ce qui résulte d’un aperçu qu'il vous a lu sur la richesse minérale de la France à la fin de 1837. Il existait dans le royaume 1360 usines à fer, présentant un produit de 127 millions de francs ; L'exploitation du plomb, du cuivre, de l'argent, de l'antimoine et du manganèse , ne donnait qu’un produit d’un million; Celle des mines d'or de la Gardette, près Grenoble, offrait quelque chance de succés ; Un département , celui de la Meurthe, contenait une mine de sel gemme et des sources salées ; La houille était exploitée dans 32 départements et produisait 27 à 28 millions ; Plusieurs départements fournissaient des lignites, des tourbes, de l’alun et du sulfate de fer ; Enfin on rencontrait presque partout des exploitations de pierres, de marnes ou de gypse. V.—Le succès d’une entreprise sur laquelleétait depuis long-temps suspendue l’attention publique a récemment produit une vive sensation ; c’est le forage du puits ar- tésien de l’abattoir de Grenelle à Paris. M. Huot vous a tenu au courant de toutes les particularités qui ont marqué cette opération laborieuse: Les travaux furent commencés au mois de janvier 1834. Aprés avoir percé le terrain clysmien et une partie de la craie, la sonde était arrivée, au mois de décembre 1836, à la profondeur de 384 mètres et en juin 1839 à celle de 466, sans avoir encore franchi le terrain crétacé. Enfin, le 27 février dernier , elle avait dépassé cette masse ( XxIH }) épaisse , pénétré dans les sables du grés vert et parcouru une distance de 548 mêtres, lorsque l’eau, en jaillissant, couvrit la surface du sol. Le puits, de forme conique, présente à son extrémité supérieure un diamètre de 55 centimètres et de 18 à son extrémité inférieure. Il fournit plus de 166 mille litres d’eau par heure. Parmi les matières que cette eau entraîne encore avec elle, on remarque beaucoup de grains de corindon. Lorsqu'elle se sera dégagée de ces substances étrangères, elle aura, suivant M. Pelouze, qui en a fait l'analyse, une trés bonne quaïité. On conçoit les difficultés que les ingénieurs ont eues à vaincre dans le :cours de ce long travail. La sonde, qui .… pésait 15,000 kilogrammes, s’est brisée trois fois. Il a fallu la ressaisir à une distance de.500 mètres. Il a fallu aussi garnir l’intérieur du puits d’un tube, ou pour mieux dire , d’une suite de tubes engrenés les uns dans les autres, et proportionner leur diamêtre à l'éloignement du point que l’on supposait devoir at- teindre. Ce canal en tôle a cinq fois la hauteur du dôme des Invalides. À cetexposé des faits, M. Huot a ajouté des conclu- sions propres à fixer les théories scientifiques. Ainsi , en s’enfonçant dans l’intérieur de la terre, on s'aperçoit que la température y subit une élévation pro- gressive, et l’on évaluait cet accroissement à un degré centigrade pour 27 mètres sous le sol de Paris; mais on reconnaîtra quäl est d’un degré pour 32 métres 23 centi- métres, si, en tenant compte de la profondeur, l’on com- pare la température de l’eau obtenue à la température moyenne de’ l'atmosphère. En effet, l'épaisseur [totale des couches traversées est, ainsi que nous l'avons dit, de 548 mètres, et la température de l’eau portée à 28 degrès ( xxiv } paraît à M. Huot devoir être fixée à 27° 60’ d’après les observations scrupuleuses de. M. Walferdin, membre de la société géologique de France. Cet accroissement successif , confirmant l'opinion déjà basée sur les phénomènes volcaniques, atteste qu’il existe à une certaine profondeur une chaleur assez forte pour déterminer l’incandescence. Or, en supposant qu’il se. manifestera toujours dans la même proportion, on trou- vera qu'à 8,405 mètres au-dessous de l’abattoir ‘de Gre- nelle, la température doit être de + 260 degrés, c'est-à- dire capable de fondre le plomb et de rougir les roches feld-spathiques. C’est de la couche même où l'on espérait l’atteindre que l’eau s’est élancée. M. Huot est porté à croire qu’elle descend du plateau de Langres et non de la Touraine, et que se dirigeant de l’est vers l’ouest, la même nappe se rencontrerait en Angleterre. Il a ensuite tracé des instructions relatives au forage des puits artésiens ,; et a insisté sur la nécessité de se livrer à une étude géologique du terrain avant d’entre- prendre une opération de ce genre. À Saint-Ouen, par exemple, dont la position est plus élevée que celle de l’abattoir de Grenelle, il a suffi que la sonde traversât une épaisseur d'environ 66 mètres pour trouver dans les couches glauconieuses du‘calcaire grossier , une eau suf- fisamment ascendante. Mais à Versailles, qui est situé sur un niveau bien supérieur à celui de Saint-Ouen, ni les eaux du calcaire grossier, ni celles desisables verts, ne pourraient monter à la surface du sol, et il faudrait pour réussir, prolonger le forage jusqu’à la formation bien in- férieure du lias. Aussi le puits artésien de Saint-Ouen a-t-il occasionné une dépense bien moins considérable que celle du nouveau puits, qui a coûté 243 mille francs à ( XXV ) la ville de Paris. Exécutée à Versailles, une pareille entreprise nécessiterait des frais énormes. Au commencement de notre ère, vous a dit encore M. Huot, on a percé, dans les oasis deW'Egypte, des puits artésiens dont les restes onté Verts par les ingé- aieurs français au service de émet-Ali. C’est en bois qu'ils étaient doublés, ce qui prouve qu ’il existait autre- fois beaucoup d'arbres dans cette contrée où il n’en croît presque plus aujourd'hui. J'avais autrefois lu dans les journaux scientifiques et j'ai ajouté que la grande oasis de Thèbes et celle du Garbe étaient criblées de puits qui sont en partie comblés, mais dont quelques-uns déblayés et nettoyés par les soins de M. Aim, gouverneur des oasis, ont donné de l’eau ascendante jusqu’à la surface du sol. J'ai ensuite eu l'honneur de vous signaler l’existence d'un puits artésien que l’on avait foré à Burswill (Kentucki) pour obtenir de l’eau salée et d’où il n’est sorti durant plusieurs jours que de l'huile de naphte qui montait à # mètres au-dessus du sol. Ce puits présente de temps en temps le même phénomène qu’accompagne toujours un bruit souterrain. Sa dernière émission a eu lieu Je 4 juillet 1840, et a continäé pendant environ 6 semaines. Enfin M. Pelit, correspondant de la Société, à Corbeil, lui a envoyé une note qui contenait des renseignements détaillés sur un puits artésien, nouvellement foré à Chantemerle (commune d’ Pesnnes); dans la propriété de M. Féray. VI. — Ayant visité, au mois de septembre 1840, les montagnes des environs de Grenoble avec la Société géo- logique de France, M. Huot vous a rapporté treize échantillons recueillis dans ses courses, et quelques ren- seignements sur les montagnes en question. Long-temps ( XXVI ) on a cru le calcaire qui les constitue, le même que celui du Jura et des Alpes ; mais il est plus récent, puisqu'il appartient à la formation néocomienne et par conséquent à la partie inférieuréidu terrain crétacé. Ce calcaire, qui a une teinte jaun hâtel, où il sert de type, est de différentes couletfäfäüprés de Grénoble. M. Huot y a trouvé du bitume, substance qui n’avait pas encore été rencontrée dans la formation. Les célèbres grottes de Sas- senage et la vallée de la Grande-Chartreuse sont dues à des déchirements opérés dans les roches du calcaire néocomien. Ses autres communications ont eu pour objet : 1.2 La méthode employée par M. l'abbé Paramelle, pour découvrir les sources; 2. L'idée générale et les applications de la carte géologique de l'Europe, que M. Huot venait de publier et d'offrir à la Société ; 3.0 L’élévation de certaines parties des côtes qui bor- dent la mer Baltique et l’abaissement simultané de la côte sud-ouest du Groënland ; &° La chute du Niagara. Les journaux , aprés avoir annoncé qu’elle n'existait plus, avaient ensuite démenti cette nouvelle avec le langage de la raillerie. Le fait pourtant, vous a dit votre collègue, ne peut manquer de se réaliser un jour. En effet , les eaux, en se précipitant de la couche la plus élevée, creusent les couches infé- rieures. Les premières restent donc en saillie au-dessus des autres, finissent par’ s’ébouler , et peu à peu trans- forment l’escarpement en pente. C’est ainsi que la cata- racte s'éloigne insensiblement du lac Erié , et que depuis cinquante ans, l’espace qui existait entre elle et ce lac s’est étendu de 4 ou 5 myriamètres ; 5.2 Le tremblement de terre de la Valachie et le dé- ( xxyn ) bordement du Danube, qui au commencement de l’an- née 1838, a été si funeste à la ville de Pesth ; 6.° Le voyage de M. Boué en Turquie ; 7° L'examen comparatif des terrains situés au sud de la Loire :et de ceux du bassin de Paris. Les premiers présentent un étage dont les seconds n'’offrent point de corréliatif ; 8. La superposition de la craie, de l'argile plastique, du calcaire grossier et du gypse dans le bassin de Paris, et les opinions émises à ce sujet par MM. Dufresnoy, Deshais et Elie de Beaumont; 9.° Deux mémoires envoyés à la Société par son cor- respondant, M. Lecoq, et relatifs l’un aux petits lacs des terrains basaltiques de l'Auvergne, l’autre à des fossiles marins découverts sur le sol de cette ancienne province; 10.° Les excursions faites en 1836 , par la Société géo- logique de France , dans les environs d’Autun ; 11.° Les. falaises de la Normandie ; 12.2 La découverte que M. le duc de Luynes a faite d’un grès cobaltifère à Orsay (Seine-et-Oise). M. Huot vous en a donné plusieurs échantillons, en vous faisant remarquer que la masse d’où ils avaient été tirés ne sub- sisterait sans doute plus dans quelque temps; 13.° Enfin les découvertes plus ou moins récentes de fossiles nouveaux. On a tiré de celles qui ont été faites dans plusieurs parties de l’Amérique des conclusions intéressantes. D'abord elles ont confirmé la loi qui rapporte les espèces détruites aux espèces vivant encore sur le même conti- nent. Ensuite elles prouvent qu'avant le dernier cata- clysme, le cheval existait en Amérique, où il était in- connu quand les Européens la découvrirent. D’autres fossiles ont servi à caractériser deux nouveaux ( XxvInr ) genres de mammifères antédiluviens, le Sivatherium et le Dinotherium. Les dépouilles du Sivatherium étaient ensevelies sous les stalactites d’une caverne des monts Himalaya, et par conséquent dans un des dépôts du ter- rain clysmien. Ce mammifére paraît destiné à remplir la lacune signalée par Cuvier dans le tableau du règne animal entre les pachydermes et les ruminants. Il est re- marquable par le développement prodigieux de la partie postérieure de son crâne, par les prolongements osseux de son front et par la forme de son nez. Les restes du Dinotherium ont été trouvés dans la Bavière et dans la Hesse-Electorale, et ont appartenu à deux espèces dif- férentes, Parmi ces restes, se trouve une tête de deux mètres de longueur. Le genre Chameau n'avait pas encore été reconnu à l'état fossile. Des débris en ont été rencontrés dans l’Hin- doust®n. Mais de toutes ces découvertes, la plus importante est certainement celle qu’a faite M. Lartet d’une mâchoire de quadrumane. Auparavant l’on croyait, sans pouvoir l'affirmer, avoir trouvé des ossements de singe dans les brèches osseuses des bords de la Méditerranée, c’est-à- dire dans le terrain clysmien. Mais c’est dans des dépôts plus anciens, c’est dans l'étage supérieur du terrain su- percrétacé que gisaient les débris signalés par M. Lartet, et cette circonstance tout-à-fait unique, rend sa découverte fort remarquable. VIL.—Vous devez en outre à M.l’abbé Hacquard, l’ana- lyse du nouveau Manuel de Géologie que venait de pu- blier M. Huot; A M. Félix Duchasseint, un de vos correspondants, un aperçu géologique .sur les environs de Lezoux (Puy-de- Dôme) ; ( xxix ) A un autre de vos correspondants, M. de Gerville, des idées générales sur a géologie de l’ancienne Nor- mandie ; A M. Sandras, une description des ardoisières de Ri- mont et de Fumay (Ardennes); A M. Hyppolite Blondel un rapport fait au nom d’une commission que vous aviez chargée d'examiner des frag- ments de marbre donnés par M. Haracque et extraits des carrières de Bonny-sur-Loire ; A M. le docteur Bordier, des renseignements sur le gisement du platine dans les monts Ourals, sur l’exploi- tation de ce métal, et sur les lavages successifs qu’on lui fait subir pour le dégager des sables auxquels il est mêlé. Parmi les échantillons que M. Bordier avait rapportés de Russie, et qui représentaient le platine sous ces différents aspects, il vous a fait remarquer cette substance à l’état de cristallisation ; A M. Bouchitté, des documenfs qu'il avait tirés des an- ciens historiens français et qui confirment la théorie géo- logique relative à la diminution successive descours d’eau. Les documents particuliers au département de Seine-et- Oise sont : 1.° Un passage d’unechronique latine qui, dans le récit d’une bataille livrée entre Thierry et Clotaire à Étampes, désigne le Loat comme une rivière considérable ; 2.° Un passage des annales de saint Bertin qui rapporte que les Normands remontèrent la rivière d’Yéres; or, cette rivière n’est plus navigable aujourd’hui ; 3.° Un fait énoncé par l'abbé Lebœüf. Les religieuses qui habitaient dans la vallée de Biévre furent transpor- tées au Val-de-Grâce à Paris, parce que de fréquentes inondations de la Bièvre leur rendaient très pénible le sé- jour de leur premier ‘couvent. ( SR") La Seine, dont la navigation est aujourd’hui si difficile qu'on entretient le projet de la canaliser, fut, ajoutait M. Bouchitté, trés fréquemment remontée par les Nor- mands pendant le VIIL.e siécle. .. VIII.—Une compagnie s'était formée il y a quelques années pour renouveler des tentatives dont l'expérience aurait dû lui démontrer l’inutilité. Elle se proposait d’ou- vrir des mines de houille dans les environs de Paris, et avait choisi une des communes de notre département pour le siége de ses opérations, Il y avait ici pour vous une triple tâche à remplir. Il s'agissait à la fois de dé- fendre les règles de la science, d'éclairer l industrie com” promise, et de protéger des intérêts qui allaient ‘être si légérement sacrifiés. M. Huot, s'appuyant sur la théorie et sur l'exemple, prouva d’abord que la prétendue houille ne pouvait être que du lignite. Une Commission fut ensuite envoyée sur le lieu de l’exploitation, et chargea M. Lacroix d'exprimer son opinion dans un rap- port où la question était consciencieusement discutée. Sous les assises inférieures du calcaire grossier , appa- raissait l'argile plastique avec ses sables à gros grains et des veines peu épaisses de lignite. C'étaient ces affleure- ments de lignite qu’on avait pris pour des indices de houille, quoiqu’ils n’eussent pas le moindre rapport avec la formation houilliére. Le lignite est à la vérité un com- bustible; mais un combustible d’une qualité très mé- diocre, et son extraction ne saurait être avantageuse qu’en ne nécessitant point d'ouvrages dispendieux, tels que puits, galeries souterraines, etc. Or, outre des tran- chées, une galerie avait été commencée et se continuait dans les couches de l'argile plastique, sous les bancs du calcaire grossier, sans que l’on rencontrât autre chose que des veines de 5 à 10 centimètres d’ épaisseur. ( XxxI } Bien plus, deux sondages avaient été entrepris, non dans l'argile plastique ni dans le calcaire grossier qui la domine, mais dans la formation inférieure, c’est-à-dire dans la craie. L'un, poussé jusqu’à 25 métres, avait été abandonné après la rupture des tiges ; l’autre avait at- teint la profondeur de 13 mètres et paraissait devoir être poursuivi. Qu’espérait-on rencontrer avec ces sondages ? le lignite? Mais c’est dans l'argile plastique seule qu’on aurait dû le chercher. La houille? mais pour l’atteindre, il fallait percer la masse de craie et beaucoup d’autres formations. Or, sans parler de celles-ci, la formation crayeuse est tellement épaisse, qu’à Paris le forage du puits artésien était alors descendu jusqu’à 366 mêtres sans l'avoir dépassée. Quelque temps aprés, M. Héricart de Thury fit paraître dans le Moniteur l'historique des essais qui avaient .été jusqu'alors entrepris dans les environs de Paris pour la dé- couverte des mines de houille et qui tous étaient de- meurés sans succés. Je tirai de ce travail un exposé des recherches effectuées dans Seine-et-Oise, et j’eus l’hon- neur de vous le communiquer. Cependant la Compagnie avait commencé de nouvelles fouilles sur d’autres points du département. Son directeur était allé trouver le président de votre section de géolo- gie, M. Huot, et lui avait remis un prospectus où les théories de la science étaient vivement attaquées. L'évé- nement n’en justifia pas moins les prévisions de vos col- lègues ; car le projet fut totalement abandonné nee temps aprés. IX.—Mais, de toutes les sciences qui vous occupent, la géologie est celle qui a le plus souvent cherché dans le département des sujets d’étude. et d'observation, et le plus souvent tenté de justifier le titre que votre Société ( XxXxHT ) s’est attribué. Chaque année, la saison des courses géolo- giques nous à laissé quelques lumiéres sur des localités jusqu'alors peu connues, et:sur des faits incertains ou inexacts. Je citerai d’abord l’excursion qui fut faite en 1836 dans : le but d'étudier les grès dits de Beauchamp. De la com- mune de Montigny, où ils recoivent le nom d’une des car- rières que l’on exploite, ces grès, suivant la carte géo- logique de M. Alex. Bronghiart, ne se prolongeraient pas au-delà de Pierrelaye. Vous avez cependant constaté qu'ils s’étendaient jusqu’à la rive gauche de l'Oise et se montraient même encore sur la rive droite. Car à Val- mondois, ils acquièrent une telle puissance, que M. Huot proposait de changer leur dénomination et de les appeler grès de Valmondois. Nous avons, M. Lacroix, M. Blondel et moi, reconnu les sables de la même formation sur un point opposé du département, entre Etampes et Etrechy, où l’on ne soupçonnait point leur présence. La Dolomie devant, suivant M. Elie de Beaumont, se rencontrer dans les environs de Beynes, y fut cherchée et trouvée par vos trois collègues. La roche qu’elle con- stituait appartenait à la formation crétacée. Plus tard M. Lacroix la découvrit encore à Mantes. Il fit l'analyse chimique des fragments qu’il avait rapportés de ces deux localités et en déposa plusieurs dans vos collections. Un pharmacien auquel il en remit, en obtint un sulfate de’ magnésie qui figura en 1839 à l’exposition des. produits de l’industrie. Les travaux qu'a occasionnés l'établissement de nos chemins de fer, en ouvrant sur des lignes continues des tranchées souvent profondes, ont à la fois facilité les études d'ensemble et les observations locales. Ils ont ( XXXUHE ) fourni à MM. Huot et Lacroix le sujet de plusieurs com- munications. M. l'abbé Hacquard vous a entretenus de la course géologique qui avait eu lieu le 7 juillet 1839, et dans laquelle le calcaire grossier, les marnes vertes, les sables marins et les meulières supérieures ont été soigneuse- ment visités à Trianon, à Galy et à Saint-Cyr. J'ai eu l'honneur de vous donner des détails sur la con- stitution de la vallée de l'Yéres, qui me paraît mériter d’être attentivement examinée. Aux excursions géologiques se rattachent les recher- ches qui ont été faites en 1839, auprés du grand canal de Versailles. Le sol dans lequel ce canal a été creusé n'avait pas encore été livré aux investigations des géo- logues, et il y avait tout lieu de croire qu’il méritait leur attention. Une autorisation sollicitée et obtenue de M. l’intendant-général de la liste civile, et les bons of- fices de nos deux collégues MM. Chambellant et Jourdain, régisseur des domaines et inspecteur des forêts de la couronne, vous ont mis à même d’y pratiquer des fouilles. Elles ont été faites entre le canal et le parc, sur le bord de l'avenue qui conduit à la Ménagerie, et M. Hippolyte Blondel, en sa qualité d'architecte, s’est chargé de les diriger. Une excavation de deux mètres de profondeur, de deux mètres de longueur et d’un métre de largeur environ a laissé voir: 1.° la terre végétale; 2.° ‘des marnes blanches renfermant des blocs de pierres qui prouveraient que le terrain n’est pas vierge, des co- quilles brisées, et entre autres de petites huîtres ; 3.° une marne bleuâtre non coquillière avec des couches de cal- caire également bleuâtre. Ce calcaire qui n’avait jamais été vu par M. Huot dans les environs de Paris, avait été observé par M. Lacroix à Clagny. Les travaux n’ont pas ( xxxIv ) dépassé la marne bleuâtre dans laquelle on a rencontré l’eau au-dessous du niveau de celle du canal. X.— La position géographique du département de la Seine rend son étude inséparable de celle du départe- ment de Seine-et-Oise, dans lequelil a été si bizarrement enclavé et qui l'enveloppe comme une large ceinture. Les travaux qu’on y exécute pour les fortifications de Paris, ont donné cetteannéc la facilité d'explorer géologiquement le bois de Boulogne (commune d'Auteuil), les prés Saint- Gervais et le Mont-Valérien {commune de Suresne). 1 On annonçait avoir reconnu dans le bois de Boulogne le calcaire pisolithique qui est supérieur à la craie et inférieur à l’argile plastique, et qu’on avait déjà ren- contré à Meudon, à Marly, au Bordhaut de Vigny et dansdix-sept carrières de Montereau. Mais, soit que le gi- sement de ce calcaire dans le bois de Boulogne eüt été mal indiqué , soit qu’il y füt très peu apparent , vos collègues ne l’ont point reconnu, bien qu'ils aient pu suivre Île passage du terrain clysmien aux assises inférieures du calcaire grossier, à l’argile plastique, à ses sables et à ses grés, ainsi qu’à la craie. Les silex de la craie, dans cette localité, sont M M par leur volume et par les nombreux oursins et autres fossiles qu'ils ren- ferment. | ; Aux prés Saint-Gervais, les fouilles opérées par le génie militaire, montrent immédiatement au-dessous de la terre végétale : 1° les deux bancs d’huîtres supérieurs à la formation gypseuse ; 2.° les marnes à cythérées, à ampullaires, ete.; 3.0 plusieurs bancs de calcaire siliceux, renfermant des silex calcédonieux et géodiques diverse- ment colorés et tout-à-fait analogues à ceux de Cham- ? Communication de M, Huot, ( XXXv }) pigny; 4° les marnes vertes Au-dessus des bancs d'huitres, se trouvent des. ossements de lamantins. M. Huot ex- plique l'alternance des produits marins et lacustres de cette coupe par les atterrissements que, peuvent pro- duire tour à tour à l'embouchure d'un fleuve, les eaux de ce fleuve et celles de la mer. ! Le Mont-Valérien est une colline gypseuse comme celles de Belleville et de Montmartre ; mais le gypse y a moins de puissancé. En effet, l’épaisseur de cette formation, qui est de 50 mètres à Montmartre, se réduit ici à 10,mètres et quelquefois même à moins.'Ce n’est donc qu’un dépôt accidentel dont les bords s’amincissent. Le sommet du Mont-Valérien est à 130 mètres au-dessus du niveau de la Seine, pris au zéro de l’échelle du pont de la Tournelle. Cette hauteur se divise ainsi : Meulières peu développées ; SAM EP RENE OMR DU LEP (RO RS ENS. Marnes'Wwertests SR OU, times HERO Gypse (une seule masse). . . . . . . .. Fr AD Calcaire siliceux, grès de Beauchamp et cal- CAFE ETOSSIOR 2 PNR EC ONE DRE TS . 25 Argile plastique . . . : . . ge de Tr 5 Craie jusqu'au niveau de la Seine . . . . . . 32 Enfin dépôts de cailloux roulés appuyés sur la craie au bord de la Seine. XI. — Votre section de géologie et de minéralogie, dans ses séances particulières, met à l’ordre du jour des questions qu’elle discute dans la séance suivante et qui ont toujours un intérêt départemental. Ainsi, l’on avait soutenu, dans une réunion de Ja Société géologique de 1 Communication de M. Huot, ( xxxvi ) France, que les meulières Supérieures ne renfermaient aucun fossile terrestre. Pourtant trois membres de cette Société, MM. Huot, Michelin et Raulin, disaient avoir trouvé des hélices à Saint-Cyr, à Vauhallagt et à ***. La section proposa d'en chercher d’autres, et je fus assez heureux pour rencontrer, sur la commune des Ménuls, une masse qui en était remplie. J'en ai rapporté de nombreux échantillons dont deux figurent dans vos col- lections. À) M. Huot a trouvé dans les menlières de Buc, des graines de Nymphæœa Arethuse. Ce fossile, trés rare dans cette formation, est celui auquel M. Alex. Brongniart a donné à tort le nom de Carpolithes Ovatum. Enfin, les notes qui doivent servir de matériaux à l'histoire géologique et minéralogique du département, s'accumulent entre mes mains, et s’il est rarement ques- tion de ce travail dans vos séances ordinaires, je puis vous assurer , Messieurs, comme secrétaire de la section, qu'il se poursuit avec zéle, et que sa marche, pour être silencieuse, n’en est pas moins incessante. XIL. — À la Géologie qui nous apprend l’histoire du globe terrestre, se lie la géographie physique qui en décrit l’aspect extérieur, en expose les phénoménes les plus évidents et en range les productions naturelles dans un ordre conforme à leur distribution géographique. M. Huot avait promis, sur cette partie de la science, un cours dont sa mauvaise santé ne lui a permis de vous donner que la premiére leçon. Il me reste à mentionner : La notice que vous a lue M. de Ménil-Durand sur la végétation de la Normandie, mise en rapport avec la géologie et la géographie physique de cette ancienne province ; ( XXXYII }) La description que vous a donnée M. Berger, de la grotte de la Balme (Isère), après un voyage pendant le- quel il avait eu l’occasion de la visiter ; La lecture que vous a faite M: le docteur Balzac, d’une lettre qu’il avait reçue de l’Algérie, et qui contenait des ù sur l'histoire naturelle de cette colonie; es documents empruntés par M. l'abbé Caron, à une communication faite à la Société géographique de Londres sur la vallée de Buon-Upas dans l’île de Java ; Enfin des renseignements sur le lac Asphaltite. — M. Philippar les tenait de M. le marquis de Lescalopier, votre correspondant, qui les avait rapportés de ses voyages. , Deuxième Partie. BOTANIQUE, CULTURE. E — Deux cours d’Organographie el de Physiologie végétale vous ont été successivement proposés, par MM. Philippar et Leduc, et n’ont été que commentés. Vous avez prié M. Leduc de substituer au second un cours d'Entomologie dont le besoin se faisait vivement sentir. Vous n'avez eu également que les premières leçons d’an cours de Botanique et d’un cours de Culture entre- pris tous les deux par M. Philippar. Mais il vous a donné une série complète de communications sur la taille des arbres fruitiers’, et beaucoup d’entre nous ont assidüment suivi son cours public et annuel de Botanique. il vous à d’ailleurs tenus au courant de toutes les observations qu'il avait été à même de faire tant au Jardin dés Plantes qu'il dirige, qu’à celui de l'Ecole normale primaire et à l’Institut royal agronomique de Grignon, établissements dans lesquels il remplit les fonctions de professeur. d" ( xxxvI ) Au reste, si cette branche des sciences naturelles a manqué dans vos séances d’un enseignement méthodique et régulier, vous en avez été dédommagés, Messieurs, par l'abondance et la variété des communications, Je rappellerai d’abord les expériences de MM. Edwards et Colin. | Ils avaient , avant la lecture du dernier compte-rendu, examiné l'influence de la chaleur sur la végétation. Des faits divers sont encore venus confirmer les idées qu’ils avaient émises. Ils vous ont fait voir un faisceau de brins de seigle qui, semés en juin, coupés deux fois et aban- donnés à leur développement naturel pendant le second été, avaient atteint 2 mêtres 10 centimètres de hauteur. Poursuivant le cours de leurs expériences, ils ont étudié les effets de la vapeur d’eau sur la germination et ont lu à l’Académie des sciences trois mémoires sur ce sujet. Voici leurs conclusions : 1,° Les blés d'hiver et de printemps, l'orge, l’avoine, le seigle et le maïs germent, quand on les suspend dans un vase clos où une couche d’eau porte. constamment l'air à une extrême humidité ; mais la germination y est huit fois moins rapide qu’elle ne le serait si les graines flottaient sur l’eau à l’air libre, c’est-à-dire si elles étaient moitié dans l'air, moitié dans l’eau; 2,0 Lorsqu'on place cinq grains de blé en expérience dans des vases de deux litres, la graine absorbe la vapeur d’eau assez vite pour que l'air contenu dans les vases ne puisse se maintenir au maximum d'humidité, et par suite pour que la germination ne puisse s’y effectuer. Cependant elle continue à s'opérer, lorsqu'on met ces mêmes vases à la cave où la température du jour ne peut faire varier le point d'humidité extrême. Ce double fait ( XXXIX ) s'explique ainsi : quand la température s'élève, Pair a besoin d’une nouvelle émission de vapeurs pour rester saturé d'humidité , et il lui faut , si le vase est grand , un temps considérable pour atteindre le point desaturation, tandis que la température constante d'une cave lui con- serve l'humidité dont il est déjà saturé. Alors laction seule de la graine qui absorbe la quantité de vapeur dont elle a besoin, détermine#une émission nouvelle aux dépens de l'eau liquide que renferme le bocal ; 3.° Un espace entiérement ou presque entiérement saturé de vapeurs, étant une des conditions indispen- sables à la germination dans l’air humide (lors même que les graines contiennent une quantité d’eau au moins suffisante), on doit en conclure que la membrane exté- rieure ne fonctionne -bien que dans un air saturé ou à peu près saturé de vapeur d’eau ; k.° Dans un air ainsi saturé, les terres retardent la germination des graines qu’elles enveloppent; le sable siliceux fort peu, parce que son poids ne s’accroit que trés faiblement aux dépens de l'humidité de l'air; l’ar- gile, beaucoup plus, parce que l’accroissement ne cesse qu'après des semaines entières ; 5.2 Si la graine est en contact avec de l’eau liquide, il n’est plus indispensable que l’espace soit saturé de vapeur d’eau ; ; 7 6.° L'influence de l'humidité extrême s'étend sur toutes les périodes de la végétation. Les auteurs s’en sont assurés en expérimentant sur des fèves , des haricots, des pois, des maïs, dont les uns étaient livrés aux fluc- tuations de Pair extérieur, et les autres contenus dans une cloche où l'air était fortement humecté. Un milieu très humide convient aux végélaux qui croissent et mü- rissent dans les serres. Dans l'ile de Cuba, où la végé- (xz) tation est si belle, M. Ramon de la Sagra s’est assuré, qu’au lever du soleil, l’air est à l'humidité extrême , et que dans la journée il s’en écarte seulement de 15 degrés, terme moyen (le maximum d'humidité étant exprimé par 100). Ô L'on a objecté qué des fruits tenant à l'arbre se moisis- saient en vase clos, si l’on ne s’emparait, à l'aide d’un corps hygrométrique, de l’hûmidité développée dans le vase. Maïs ce cas est anormal ; car alors c’est le fruit seul et non le végétal entier qui est soumis à l’action de l'humidité extrême, et d’ailleurs quel être vivant serait à l’aise au milieu de ses excrétions ? Les recherches de MM. Edwards et Colin se sont en- suite portées sur un des faits les plus importants de la physiologie végétale. Jusqu'ici, dans la respiration de la graine, l’on n'avait reconnu d’autre phénomène que le dégagement d'acide carbonique, et on l’expliquait par la combinaison de l’oxigène de l’air avec le carbone de la semence. Mais en reconnaissant à l'atmosphère une action si puissante sur cette fonction de la vie végétale, que! rôle laissait-on à l’eau ? Sa présence, qui est une des conditions indispensables au développement de la plante , se bornerait-elle à le préparer et à le faciliter ? Telle est la question que MM. Edwards et Colin se sont proposé de résoudre. Ils l'ont traitée dans un mé- moire dont vous avez voté l'impression et dont la lecture doit mettre bien mieux qu'une analyse rapide, à portée d'apprécier leurs expériences et les conséquences qu'ils en ont tirées. é Ces conclusions ont été confirmées par une lettre qui a été écrite à l’Académie des sciences et qui se résumait ainsi : Deux Légumineuses, une Polygonée, une Liliacée et une Graminée, toutes choisies parmi les planies non ( XLI ) aquatiques, ont germé, poussé dans l’eau, y sont venues à graines, et ces graines à maturité. Enfin M. Colin vous a parlé des recherches auxquelles M. Boussingaut s'était aussi livré. Ce savant avait cher- ché à évaluer les quantités d'air et d’eau absorbées par une plante, et l'influence des engrais sur la végétation. Plusieurs de ses conclusions s’accordaient avec celles de MM. Edwards et Colin; mais parmi les résultats obtenus de part et d'autre, quelques-uns n’étaient pas pas tout-à- fait semblables. IL. — Je vais maintenant passer en revue les sujets qui ont été traités par M. l'abbé Caron. Il vous à mémoires ou s’est livré à des considérations ales : Sur la durée de la faculté germinative de certaines semences et sur les preuves que l’on pourrait tirer d’un ognon trouvé dans la main d’une momie Egyptienne et déposé ensuite dans un sol convenable où il se serait dé- veloppé ; Sur les rapports qui existent entre les couleurs et les odeurs des fleurs, selon les différentes espèces ; Sur la Physiologie, la Culture et les produits du Colza ; Sur l'Ergot du Seigle ; Sur divers genres ou espèces ; tels sont: Le genre Chara. Il vous a fait connaître les expé- riences de MM. Amici et Dutrochet ; Le genre Mimosa,; Le genre Lycoperdon , et en particulier un Lycoperdon Bovista dont il venait de faire hommage à la Société, et dont la plus petite circonférence est d’un métre, et la plus grande d’un mètre 12 centimètres ; L’Indigotier (Indigotifera); Le Sagus Farinifera, palmier dont on retire le Sagou ; ( XEIT ) Le Sablier (Aura crepitans); À Le Galactodendron Utile, cet arbre précieux connu dans l'Amérique Méridionale sous 1e nom d’Arbre-à-Vache, et qui contient un lait nourrissant et savoureux. Je pourrai vous donner une idée moins Hngnpiete de ses autres communications. On avait déjà reconnu que la température intérieure des arbres est supérieure à celle de l’air ambiant, lorsque des expériences exéculées par plusieurs physiciens sur différents points du globe , les portèrent à conclure que la température des plantes est plus élevée dans la saison froide, et moins élevée dans la saison chaude que celle de l'atmosphère. * M. de Candolle, admettant le fait, lattribüe à l’eau qui, aspirée de la terre par les racines, communique au tronc dans lequel elle s'élève, la température qu’elle a puisée dans le sol, et qui est en hiver plus haute, en été plus basse que celle de l'air. Il appuie cette explication sur des faits empruntés à la théorie de la conductibilité de la chaleur et aux connaissances acquises sur l’ascension de la séve. Il ne serait donc pas nécessaire, suivant lui, d'admettre dans les végétaux une chaleur vitale ana- logue à celle des animaux à sang chaud. Mais de nouvelles expériences ont été entreprises par M. Dutrochet. A l’aide du Galvanomèétre dont les pôles étaient plongés l’un, dans l’intérieur d’une branche sé- parée du tronc, l'abtre dans le tronctauquel la branche avait élé enlevée, il a trouvé que tous les végétaux ont une chaleur propre , supérieure même en été, à celle du milieu qui les entoure. Il en conclut que cette chaleur ne peut être, comme celle des animaux, que le produit de l’action vitale, et en particulier peut-être de la respi- ration. ( XL ) De plus, il a remarqué que cette chaleur interne varie dans la plupart des végétaux , et qu’elle a son maximum d’élévation à certaines heures de la journée, qui ne sont pas à beaucoup prés les mêmes pour toutes les plantes. Enfin, il se croit autorisé à penser que la lumière a la plus grande influence sur le développement de la chaleur dans les végétaux. Il a, en effet, reconnu que l'obscurité fait baisser la température au bout d’un certain temps. Ainsi, les conclusions de M. Dutrochet sont bien con- traires à celles de M. de Candolle et à l’assertion des pre- miers expérimentateurs. Ceux-ci pourtant ont varié leurs expériences avec autant d'art que de précaution; leur sagacité ne saurait être révoquée en doute, et leurs in- struments étaient excellents. M. l'abbé Caron ne croit donc pas la question entièrement résolue. Aprés avoir signalé les expériences de M. Dutrochet aux Naturalistes, il a appelé le jugement des Physiolo- gistes sur l'observation de M. Donné. Le corps d’un ani- mal, après la mort , conserve encore des sources de chaleur qui diminuent peu à peu. M. Donné pense qu’il en peut être de même d’une branche séparée du tronc; que la vie d’ensemble peut s'éteindre immédiatement en elle; mais qu’il y reste une vie de détail, une source de chaleur qui ne cesse qu'après un certain temps. Aprés la lecture de cette notice, M. Colin a fait re marquer que M. Dutrochet ne s'étant pas placé dans les mêmes circonstances que ses devanciers, ne pouvait manquer d'obtenir des résultats différents. M. le docteur Edwards a ajouté qu’en opérant sous un globe de verre, il a nécessairement supprimé l’évaporation de la-plante. Des détails donnés par M. Belin sur la préparation de la Phloridzine , avaient provoqué une discussion sur les moyens de multiplier par la greffe les arbres dont on avait ( xLIv ) cherché à extraire cette substance. M. l'abbé Caron ayant conclu des assertions émises par divers membres que la théorie de la greffe n’était pas généralement comprise, crut utile de l’exposer. Il s’attacha à démontrer que lPn- pion , pour être complète, doit avoir lieu entre les deux aubiers et subsidiairement entre les deux libers ; qu’elle exige, pour s'opérer une apalogie à la fois anatomique et physiologique ; anatomique, parce qu’il doit y avoir rapport entre les systèmes vasculaire et cellulaire de l’une et de l’autre plante; physiologique, caril est né- cessaire que la sève soit dans le même temps en activité chez les deux ivdividus et que leur bois présente la même consistance. Il est un point sur lequel il a"notamment insisté , c’est que l'opération bien faite ne produit aucune modification dans le sujet, c’est-à-dire dans le végétal qui sert de sup- port à l’autre, bien qu’elle en apporte dans celui-ci. Ainsi sile sujet est un pommier , la racine continuera à être celle d’un pommier, quelle que soit l’espêce transportée, et à contenir de la Phloridzine, puisque la racine du pom- mier en contient. L'extrait d’un mémoire de M. Pépin, chef de l’école botanique au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, lui a encore fourni la matière d'une notice sur les moyens de ‘convertir les plantes annuelles en plantes vivaces et ligneuses. On sait que les moyens employés en horticulture pour opérer célte transformation, sont 1.2 d'empêcher les graines de se former ; 2.° de greffer l’espèce annuelle sur une espèce vivace, Ces procédés, M. l’abbé Caron en a exposé la théorie et les effets. Mais M. Pepin en a trouvé un troisième, c’est de greffer une espèce vivace sur une espéce annuelle. ("SEM ) Ainsi, dans l'espoir de faire produire des fleurs à la patate (Convolvulus batatas) qui fleurit rarement, il la greffa sur le liseron rouge (/pomæa purpurea). Son attente ne se réalisa point ; mais il vit éclore un phénomène sur lequel ibétait loin de compter. La deuxième plante, d’annuelle qu’elle était, est de- venue vivace, et trois ans s'étaient déjà écoulés depuis qu'elle avait pris cet état. Ce fait est certainement d’un grand intérêt pour la phy- siologie végétale. Malheureusement il est unique et, par conséquent, on n’en peut tirer aucune conclusion précise. Il serait à souhaiter que ces expériences fussent renou- velées sur plusieurs espèces, et entre autres sur celles dont la floraison serait immañquable. Ilest probable que, dans ce dernier cas, le développement des fleurs et des graines sur la greffe de l'espèce Vivace, ferait périr, par l’épuisement de la sève, le*sujet qui par sa nature est annuel. à etteopinion, si elle était fondée, confirmerait celle dé M. Alphonse de Candolle, qui pense que dans l’expé- rience de M. Pepin, le liseron” rouge est devenu vivace, parce que la patate, greffée sur lui, n'ayant donné ni fleurs ni graines, n’a pu épuiser le sujet de ses sucs nour_ riciers, et que celui-ci à été transformé en plante vivace, comme il l’aurait été si on Favait empèché de fleurir sans le greffer. Supposons donc que l’on greffät sur des plantes an- nuelles, 1.2 des espèces vivaces qui seraient susceptibles de fleurir dans l’année ; 2.°‘des espèces également vivaces qui ne donneraient pas de fleurs. Si, dans le premier cas, les végétaux qui s ervent de sujets venaient à périr, et que, dans le second, ils devinssent vivaces, on aurait prouvé di une manière incontestable ce que plusieurs botanistes era ( XLVI ) ont avancé, savoir que c’est la production des graines qui tue les plantes annuelles et bisannuelles, et qu’il n’y au- rait, dans le règne végétal, que des plantes vivaces et ligneuses, si, dans un grand nombre d'espèces, la forma- tion et la maturation des graines n’absorbaient tous les sucs nourriciers. Un opuscule intitulé : Correspondance d'Orient ; del Hor- .ticulture en Égypte, vous avail'élé envoyé par son au- teur, ’. Raffeneau Delile, un de vos correspondants, el a été l’objet d’un rapport que vous à fait M. l'abbé Ca- ron. M. Raffeneau Delile avait fait partie de la Commis- sion des sciences et arts d'Égypte, et avait dirigé le jardin d'agriculture fondé au Caire par les Français. Aujour- d’hui directeur du Jardin des Plantes à la faculté de mé- decine de Montpellier, il entretient des relations suivies avec M. Husson, professeur de botanique au jardin de Choubrah, prés le Caire, lui envoie souvent des graines et des plantes, et en a reçu dernièrement une lettre qui contient des détails sur les essais auxquels ces envois ont donné lieu. Parmi les plantes qui sont ainsi passées île l'établissement de Montpellier dans celui de Choubrah, et dont la culture a réussi en Égypte, M. l'abbé Caron a cité le Casuarina, arbre originaire de la Nouvelle-Hol- lande et du midi de l'Inde. Son bois sert à faire de petits meubles et des navires, et la marine française a possédé une goélette qui en était construite, et que l’on appelait par cette raison Casuarina; le Gingko biloba, originaire de la Chine et du Japon, autre arbre dont le bois ést propre aux constructions civiles et maritimes, et dont le fruit procure une huile que l’on extrait de sa pulpe, et une amande très bonne à manger. Un membre de la com- mission décennale que le gouvernement russe envoya à Pékin, y a vu un Gingko dont la circonférence était de ( XEVII } 13 mètres et læ hauteur proportionnée à sa grosseur. Cet arbre est dioïque. De Genève , où il existait un Gingko fe- melle, des greffes ont été apportées à Montpellier, y ont été’entées sur un pied mâle, et ont fructifié. Nos plantes fourragères s'acclimatent fort bien en Égypte, où ce genre de produits manquait presque entiérement. Il en.est de même "de la navette et du colza. Un grand nombre de plantes ont la propriété defrendre l’eau savonneuse. De ces plantes, la plus commune et'la plus anciennement connue , est la Saponaire (Saponaria officinalis) qui peut servir à blanchir les dentelles et à dé- creuser la soie, mais qui n’enléve point les taches du linge. * L'arbre aux Savonnettes ou Savonnier mousseux (Sa- pindas Saponaria) croît aux Antilles et sur‘les bords du fleuve des Amazones. Ses fruits et ses racines sont em- ployés, dans les Antilles, à laver le linge, que leur usage trop fréquent finirait du reste par brûler. La racine du Gypsophila Struthium, connue sous le nom de Racine à laver du Levant, offre les mêmes avantages que le savon ; aussi cette plante herbacée est- elle cultivée dans les îles de la Grèce, dans l'Asie-Mineure, | et dans la Turquie. Un passage de Pline prouve que les anciens Grecs savaient l'utiliser. Un médecin de Mar- seille, M. Charpin, ayant recueilli dans le Levant des renseignements sur le procédé que l’on emploie pour préparer la racine à laver, les a communiqués à M. Raf- feneau Delile. C'est ce dernier qui l’a fait connaître en France. Une nouvelle plante saponifére vient d’être découverte dans l’Abyssinie par M. Rochet-d'Héricourt. C’est un arbre que les habitants du pays appellent /ndot, et dont la graine, convenablement préparée, leur tient lieu de savon. L ( XLVIIT ) M. Bussi a découvert, dans la saponaire, la substance qui donne à cette plante une propriété savonneuse , et il l’a appelée Saponine. Elle se retrouve dans la racine à laver du Levant. . , Enfin, M. Edmond Fremy, votre correspondant, a observé dans le marron d'Inde, une matière qui res- semble à la saponine ,‘ mais qui n’en présente plus les caractères lorsqu'elle est traitée par les acides, par la potasse, ou soumise à l’action électrique. Le végétal appelé Lawsonia par les botanistes, est connu des peuples de l'Algérie sour le nom d’Al-Henneh. Les Arabes et les Maures le cultivent avec soin pour en retirer une poudre qu’ils colorent avec une éubstancé métallique et qui leur sert ensuite à teindre leurs che- veux, leurs sourcils, les ongles de leurs mains et de leurs pieds, et même le dos, la crinière ; le sabot et une partie de la jambe de leurs chevaux. Un paquet de cette poudre vous avait été envoyé d'Alger par votre cor- respondant , M. le capitaine d'artillerie Levasseur, avec un échantillon de la matiére colorante, que M. Colin a reconnu pour du dentoxide de cuivre. M. l'abbé Caron vous a donné des détails sur la plante, sur sa culture, et sur le commerce auquel son prete donne lieu. Enfin, dans une notice sur le Caoutchouc, il vous a tracé U histoire complète de cette substance, appelée dans le commerce gomme élastique ou résine élastique. Mais ces noms, qui lui ont été donnés parce qu elle découle comme les résines et les gommes du tronc des arbres, ne lui conviennent point, vous a dit M. l'abbé Caron, puis- : qu’elle n’est soluble ni dans l’eau, ni dans l’alcohol. Le Caoutchouc ne fut connu en Europe qu'au com- mencement du dernier siécle, et l’auteur a cité, parmi ( XLIX ) les voyageurs auxquels la c issance en est due, le savant botaniste el académicien Richard, né à Versailles. On ne le croyait alors produit que par deux espéces d’ar- bres indigènes , l’une du Brésil, l’autre de la Guyane. Le genre qu’elles forment, aprés avoir recu différentes dé- nominations, a été définitivement appelé Siphonia, du nom des ustensiles que les Indiens fabriquent ave le Caoutchouc. Ce genre a été rangé dans la Monæcie Monadelphie du système de Linnée, et Richard l’a classé dans la famille des Euphorbiacées. Les deux espèces ont été nommées Siph. Brasiliensis et Siph. Guyanensis. Mais les voyages et les observations, en se multipliant, ont fait reconnaître que le Caoutchouc est encore fourni par une foule d’arbres et d'arbuste# de familles diffé- rentes, sur-lout dans les régions tropicales, où une température très chaude est réunie à l'humidité atmo- sphérique. Aussi est-il aujourd’hui importé de plusieurs lieux de l’'Amérique-Méridionale et même de l'Inde qui en envoie une grande quantité. Celui de l'Inde est tiré du Ficus Elastica qui croît naturellement dans les forêts de l’Assam inférieur. On y a vu un de ces arbres dont le tronc atteignait près de 25 mêtres de circonférence, dont la hauteur pouvait être évaluée à’ 33, et dont les branches ombrageaient une surface de 200 et quelques mêtlres. | M. l'abbé Caron à ensuite, indiqué les caractères chi- miques du Caoutchouc et les résultats des diverses analyses qu’en a faites M. Faraday: Ce chimiste anglais l'a trouvé composé de carbone et d'hydrogène, On ne connaît guère que l’élher pur et quelques huiles qui aient la*propriété de le rendre sokible. Parmi ces huiles est” celle que M. Belin a citée et que l’on obtient du goudron distillé. En Angleterre, on a récemment trouvé . F ) le moyen de le dissoudre dns le Caoutchouc même qu’on liquéfie par une distillation bien ménagée. - Nous l’employons à effacer les traces du crayon noir ; à rendre les étoffes impérméables à l’eau ; à vernisser les toiles qui servent à la constgction des aréostats ; à faire des sondes, des tubesélastiques et les vessies dans lesquel- les on conserve les gaz. Enfin, depuis quelque temps, on est parvenu à le réduire en fil’ et à tisser ainsi divers objets d’une extrême élasticité. LL. — Je ne ferai que citer parmi les matières qui ont servi de texte à M. Philippar : Le développement des germes ; La transformation des tissus végétaux ; L’accroissemenit des plantes ; L'aménagement des forêts et V’application de la mé- thode allemande dans les forêts de Compiègne et de us lergCotterets ; ; L’état agricole de la colonie d’Alger et les végétaux qui y sont ou y pourraient être avantageusement cul- tivés. + Les détails auxquels il s’est livré sur les serres ont été suivis de renseignements que vous a donnés M. Colin, sur le mode de chauffage employé à Paris dans les belles serres de votre correspondant, M. le marquis de Lesca- lopin, et fondé. sur la circulation de l’eau chaude. M. l'abbé Caron vous a rappelé que ce procédé avait été importé d'Angleterre, par M. Macé, directeur du potager du roi à Versailles. Le Vous avez placé dans ce Recueil la nôtice nécrologique que vous a lue M. Philippar sULg M. Steinheil, d’abord membre résidant et ensuite correspondant de la Société. En rendant justice au mérite de ces notices, vous avez ainsi payé un tribut de regrets et de reconnaissance à la ‘( LI ) mémoire d'un jeune botaniste dont les débuts présa- geaient un,si brillant avenir. Vous aviezgconfié à M. Philippar l'examen de trois mémoires On recueils de mémoires qui vous ayaient été envoyés. ! Parmi ceux de la Socièté académique des sciences et belles-lettres de Falaise (année 4835), un seul est relatif à la botanique. Il a pour auteur M. de Brébisson , secré- taire de cette société savante et l’un de vos correspon- danis. Il s'agit dans ce mémoire de la classification et de la description des Algues fluviatiles et terrestres des en- virons de Falaise. Les ouvrages qui avaient été faits jusqu'ici sur les vé- gétaux dont se compose la grande famille des Algues sont peu nombreux, rares et fort chers. Presque tous d’ailleurs ont été publiés par des étrangers; de plus les Algues des environs de Falaise sont communes à la Nor- mandie et même à toute la France. Le travail de M. de Brébisson a donc plus de portée que n’en annonce la modestie de son litre. Les espèces décrites sont au nombre de 238, et dans ce nombre ne sont point comprises les variétés. Les Diatomées étant moins généralement connues que les autres espèces d’Algues , l’auteur en a fait une étude toute particulière , et a joint-à ses descriptions des figures d'une exactitude parfaite, Pour les autres divisions, il s’est borné à représenter quelques détails grossis des es- péces les plus intéressantes de chaque genre. Il à rangé parmi les Diatomées plusieurs genres qui ont de l’affinité avec certains animaux des ordres infé- rieurs, ce qui en a long-temwps rendu la situation et par conséquent la classification incertaine: car il en est ré- sulté que les botanistes et les zoologiktes s'en sont réci- ( Li ) proquement renvoyé l'étude, et c’est à cette cause que * M. de Brébisson, et aprés lui M. Philippar; attribuent l'ignorance dans laquelle on est encore awsvijet des Dia- tomées. , | Ainsi, la locomotion dont quelques distomées parais- sent être douées, ct certains caractères de transformation qui se manifestent selon leur âge, pourraient faire sup- poser qu’elles joignent la vie animale à la vie végétative. Mais, M. de Brébisson ayant remarqué que les mouve- ments toujours reclilignes, également progressifs et rétrogrades, n’opt pas lieu chez ces êtres par le moyen d'organes appendiculaires, visibles chez les animaux, les a considérés comme analogues en quelque sorte à ceux que l’on observe chez les Mimoses , le sainfoin, du Bengale et autres plantes. Suivant M. Philippar, ils se- raient dus à l’action des masses tissulaires, qui, chez quelques espèces végétales sur-tout, sont douées, dans leur partie organique relative, d’une puissance d’intur- yation et de récurvation résultant dde la disposition des parties actives du tissu: Cette action aurait une certaine similitude avec l’action, bien plus énergique cependant, qui se manifeste sur le système nerveux des animaux. Elle est, ajoute M. Philippar, plus ou moins caractérisée chez ceux-ci ; dans quelques-uns elle est très manifeste, et n’est pas sensible dans le plus grand nombre. Un autre rapport {il s'agissait de la partie botanique des Mémoires de la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne, pour l’an- née 1839) a soulevé une discussion intéressante. Le rap- porteur ayant exprimé des idées qui tendaient à démontrer. le retour du Tritieum à l'état d'Ægylops, et M. l'abbé Caron ayant profité de cétle occasion pour annoncer que le {ype du blé cullivé avait été trouvé en Perse à l'état (UE ) sauvage, par MM. André Michaud et Olivier, M. Eugène de Boucheman a émis l’opinion que rien ne pouvait établir dvec certitude quel était l'état primitif du blé ; il a nié cette transformation d'une plante dans une autre, el a trouvé des inconséquences dans les observations faites à ce sujet par M. Raspail. M. Philippar, au con- traire, a soutenu qu’il y avait rapport entre le genre Ægylops et le genre Triticum, que l'examen de ces cé- réales livrées à la culture fournissait des conclusions favorables à l'opinion de M: Raspail, mais que la Bota- nique séparée de l'application, ne saurait éclairer sur la dégénérescence. En vous rendant compte dumémoire de M. Kirschléger, votre correspondant à Strasbourg, sur les’ violettes de la vallée du Rhin, depuis Bâle jusqu’à Mayence, des Vosges et de la Forèt-Noire, il a reconnu le mérite de cet ouvrage dont l'auteur s’est proposé de rechercher les caractères propres à établir les espèces. Votre collègue s'était livré à quelques expériences sur les Liliscées, en les dirigeant particukiérement sur le Lilium Superbum , le Lilium Tigrinum, et F Amaryllis Belladona. Des parties de bulbe coupées en long et en travers, des écailles de bulbe et des portions de ces écailles’ ont été plantées et ont produit un développe- ment de petites bulbes sur tous les points sectionnés. M. Steinheil a expliqué ces résultats par là théorie de M. Dutrochet sur le dédoublement'es faisceaux de fibres, en comparant cette formation à celle des bourgeons ad- ventices. AT | $ Parmi les plantes dont la culi@re Mérite d’être encou- ragée, il faut placer les plantes oléagineuses qui, en li- vrant à l’industrie des produitstoujours utiles, ont encore l'avantage d'agrandir lé cerele de l’assolement. ( Li) A cette classe appartient l’Arachis Hypogæa , légumi- neuse originaire du Pérou et du Brésil. On avait tenté d'en transporter la culture de la Sénégambie dans le midi de la France, et de 1800 à 1804, ces essäis avaient eu un certain succès. Abandonnés depuis cette époque, ï!s ont été récemment repris par M. Chaise, et au commen- cement de celte année, la Société d'Agriculture de la Seine confia à une Commission, dont M. Philippar fut nommé rapporteur, le soin d'étudier les avantages et les inconvénients de cette culture. La Commission a reconnu que l’Arachis Hypogæa vient fort bien dans les terres sableuses; qu’elle ne craint point la chaleur ni la sécheresse ; qu'en étalant ses ra- mifications sur le sol, elle met obstacle à l’évaporation ; qu’elle fournit un. fourrage abondant, et que tous ses rési- dus peuvent être employés à la nourriture des animaux domestiques. M. Philippar a mis sous vos yeux un pied de cette plante et un échantillon de l'huile qu'on en. extrait. Il à brûlé devant vous une amande et vous a fait remarquer que la combustion durait long-temps. La saveur de l'huile se rapproche, a-t-il dit, de celle de P huis d'olive, mais avec un goût sui generis. | Un hectare produit 2232 kilogrammes de graines en gousse, 1674 kilogrammes d'amandes et 837 ASIA mes d'huile. M. l’äbbé Caron a. rappelé à ce put tx que l’Arachis Hy- pogæa avait été long-temps cultivée par Richard, dans la partie du potager qui avait été affectée à l’École cen- trale d’abord, puisMla @ociété d'Agriculture de Seine- et-Oise. M. Philippar avait chez lui une Dionée-Attrappe- Mouche ( Dionea Muscipula), qu'il destigait au Jardin ("£v ) botanique de la ville. Vous avez été invités à venir vi- siter ce végétal dont'les feuilles, garnies de spinelles, se contractent et se ferment sur l’insecte qui s’y repose, le percent de toutes parts, et s'ouvrent alof pour laisser tomber son cadavre. Ses autres communications ont eu pour objet des échantillons qui vous étaient offerts ou seulement pré- sentés. C’est ainsi qu’il vous a entretenus : 1.0 De trois variétés, généralement inconnues, du .Cyprès de la Louisiané ; 2.9 Du Jacquier, ou arbre à pain des Indes. Un fruit venait d’en être donné à la Société par M. le docteur Boucher. En déterminant l'espèce à laquelle ilappartient (Arctocarpus Entegrifolia. Lixx.), M. Philippar a tracé l'histoire naturelle et physiologique du genre, et vous a fait remarquer que les périanthes déviennent les loges se ; 9.0 Du Gingko Biloba. Cet arbre a fructifié dans le Jardin botanique de Montpellier, par les soins-de M. Raf- feneau Delile; ce fait a tranché une question, jusqu'alors indécise, et a permis de ranger le Gingko dans la famille des Amentacées; h.° Du Maclüra Aurantiaca. On a tenté avec succés d'employer cette plante à la nourriture des vers à soie ; 5.° De l’Erythronium dens Canis, liliacée qui croît dans les montagnes de la France, en Sibérie et en Virginie, et de P'Epimedium Grandiflorum, originaire du Japon. Des exemplaires fleuris de ces plantés vous étaient mon- trés ; . [2 * 6.° D'un fruit du Pampelmousse ( Citrus Decumana), müri dans les serres de M. Deschiens, propriétaire à Ver- sailles. Ce fruit présente une particularité remarquable ( LVI ) et encore inédite! Sa densité, très faible au moment où on le cueille, augmertte considérablentent lorsqu'il est con- servés; * | 7.° D'un fruit oléagineux, envoyé du Sénégal, sous le nom de Toulouconna. M. Philippar avt recu du Ministre de FAgriculture et du Commerce un sac rempli de ces fruits ; il était chargé de Les faire germer et de détermi- ner la plante de laquelle ils pouvaient provenir. Pour atteindre le premier but, il distribua une parlie de ses échantillons à divers" horticulteurs, et en fit," de plus, se- mer seize dans Je Jardin Botanique de Versailles, mais aucun ne germa ; l'aspect seul de l'amande, sensiblement . . ee » Û : . A 4 altérée, aurait pu faire prévoir cé mauvais résultat. La seconde instruction a été mieux remplie. M. Philippar a constaté que le fruit en question appartient au genre Carapa, décrit sous différents noms par divers auteurs. L'espèce qui portele nom de Toulouconna, dans la Flore de Sénégambie, a pour synonymie, dans cette Flore, Ca- rapa Guinensis de SwEET. M. Philippar la croit la même que le Carapaca Indica de Jussieu. Elle sérait alors com- mune à l'Inde et à quelques contrées de l’Afrique occiden- tale. Cest un bel arbre qui fournit un boïs propre aux constructions , à la fabrication des meubles, 'et contenant un principe amer qui eméloigne les vers..Les amandes du fruit procurent une huile qui sert à l'éclairage ; , 8.2 "De graines provenant du Paraguay, et envoyées par là Société Linéenne de Bordeaux à M. Philippar, sous le nom de Maïs d'Eau. Cette plante croit dans les ruis- seaux, à peu prés Côme le Nénupbar. Elle abondé à 3 ou 4 lieues @è Corrientes, dans un ruisseau nommé Rio Chuello. La description qu’on en donnait n’était point très complète ; néanmoins on annonçait que la fleur blan- che avait un réceptacle qui rappelait célui du Tournesol. ( LVII ) La feuille ronde, ajoutait-on, a des rebords comme ceux d’un tamis, est garnie de piquants en dessous, et présente un diamètre de 1 mètre 40 centimètres environ ; la cir- conférence du réceptacle qui contient les fruits a 50 cen- timètres. Le fruit sert à faire du pain et des tourtes, et a été pendant une disette la seule nourriture des habitants du pays. On en a semé des graines dans divers endroits de la France, mais M. Philippar ignorait encore si elles avaient germé ; 9.° De racines d’ormes et de peupliers qui avaient pris un accroissement anormal dans les conduits de l’Étang- - Gobert, et avaient été envoyées par M. Séguy ; 10.° D'une nouvelle variété du Reticularia Hortensis. M. Philippar proposait de l’appeler Expansa. Ce champi- gnon parcourt quelquefois Loutes les phases de la végé- tation dans l’espace d’une nuit et d’un jour, et se déploie, sur le terrain des couches, en plaques qui ont jusqu’à 40 centimètres d’étendue; 11.° d’un champignon nouveau pour lequel il proposait le nom de Tremella Circumscripta. Cette espèce croît sur les épis de maïs qui entrent en décomposition. Elle garnit toute la périphérie de l’axe, en occupe toute l'étendue, et circonscrit les aréoles axifixes dans la cavité desquelles sont logées les graines du maïs. Toutefois elle est peu proéminente sur les saillies alvéolaires ; 12.° D'une espèce de charbon que portait un échantil- lon de maïs. Ce charbon est l’Uredo Carbo Maïadis ; 13.° Enfin, d’une maladie qui attaque le Mürier blane, et qui s’observe dans les cultures de l’Institut agronomi- que de Grignon. On pourrait, suivant M. Philippar, la nommer Maculure des fewilles. IV. — Dans un mémoire sur la pomme deterre, M. Gi- rardin, votre correspondant à Rouen, et M. Dubreuil fils, ( vint ) examinaient 1.° la convenance du buttage; ils seraient portés à le conseiller dans les grandes exploitations ; 2.° la classification ; 3.° le choix des variétés, relativement au sol ; ils ont ici considéré les variétés sous le double rapport de la qualité nutritive et de l’extraction de la fé- cule, et leurs conclusions sont les résultats des expérien- ces de culture et des analyses chimiques auxquelles ils s'étaient livrés. C’est M. Colin qui vous a rendu compte de ce mémoire. M. Colin vous avait remis un sac de fruits qui venaient du Chili, où ils sont connus sous le nom d’Avellana , et qui lui étaient envoyés par M. Lozier, aujourd’hui votre correspondant. Ils furent reconnus comme le produit du Gewina Avellana, par M. l'abbé Caron, qui vous donna l’histoire naturelle de cet arbre. Les fruits, dont les Chi- liens et les Péruviens retirent une huile bonne à manger, furent soumis aux expériences de MM. Colin et Belin. 1750 grammes de fruits leur ont procuré 500 grammes d'amandes, et celles-ci environ 125 grammes d'huile dont ils vous ont remis un flacon. M. Belin, qui a eu en- suite l’idée d'appliquer la méthode de déplacement à leur analyse, en a extrait une matière sucrée d’un goût assez agréable. À ces détails, MM. l'abbé Caron et Philippar en ont ajouté sur la végétation de la plante, dont un pied, cultivé dans les pépinières de Trianon, paraît être le plus avancé de ceux qui ont réussi en France, et dont un autre a supporté, dans le jardin botanique de Versailles, jus- qu'à 30 de froid. Quoique les graines provenant des fruits qu'avait reçus M. Colin parussent trop desséchées pour qu’on püt es- pérer de les faire germer, il résolut de tenter l'expé- rience. Il les fit d’abord gonfler dans de l’eau, les unes en leur ( LIX }) laissant leur enveloppe, les autres aprés les en avoir dé- pouillées. La germination de celles-ci ne s’obtint pas sans beaucoup de peine; il fallut les mettre entre des linges mouillés en les séparant l’une de l’autre, les sou- mettre constamment dans l'humidité à une température d’été, rincer souvent les linges, et de temps en temps laver les semences elles-mêmes; mais en moins de deux mois, ces graines ont produit beaucoup plus que les pre- mières dans l’espace de six mois. La germination opérée, elles furent plantées chacune sur une petite butte de terre et soutenues, au besoin, par trois petits morceaux de briques qui les empêéchérent de se pourrir ; on les entoura d'un large anneau de linge mouillé ; onévita de les exposer à une lumière trop forte, et on les recouvrit d’un verre sous lequel l'air pouvait aisément s’'introduire. Lorsque les plants furent assez forts, le verre fut enlevé. Les plants obtenus ont été, les uns mis dans une serre chaude ou dans une serre tempérée, les autres exposés à une température d’orangerie. La serre chaude a été funeste à tous les plants excepté à un ; la tempé- rature d'orangerie s’est prêlée à la végétation; mais la croissance à été normale dans la serre tempérée. C’est ce que l’expérience a également fait voir à M. Briou, jar- dinier des pépinières de Trianon, et à M. Jacques, jar- dinier du roi à Neuilly. Il a aussi paru à M. Colin que la terre de bruyère convenait mieux à ce végétal que la terre de jardin. Mais le Sarrazin des teinturiers(Polygonum Tinctorium), est, de toutes les espèces végétales, celle qui a provoqué dans le sein de la Société les observations les plus nom- breuses et les plus variées. Tour à tour étudié par la Bo- tanique, traité par la Chimie, appliqué par la Théra- (ax) peutique, il a paru devant vos yeux à l’état de végétal complet, de matière colorante, de substance médicinale, et a été sous ces formes différentes un sujet d'essais tou- jours heureux. L'ordre que je me suis proposé de suivre ne me permettant pas de réunir dans un même ensemble cette triple série d'expériences, je rattacherai seulement à cette partie de mon.travail, ce qui lui appartient véritablement. En vous soumettant des exemplaires fleuris de Poly- gonum Tinctorium, M. Philippar vous a d’abord dit quel- les circonstances ont contribué à introduire et à propager ce végétal en France, quelle culture il y reçoit, quels avantages l’industrie en retire. M. Labbé ensuite vous en a fait voir un pied qui s'é- tait développé avec ses feuilles, ses fleurs et ses graines, quoique ses racines fussent baignées seulement dans l’eau pure. Plusieurs opinions furent exprimées à ce sujet. M. Colin, qui avait suivi l’expérience, a fait remarquer que si l’on avait souvent obtenu dans les mêmes circon- stances un développement foliacé et floréal, jamais l’on n'avait constaté aussi posilivement la formation des graines. V.— Les marbres blancs, lorsqu'ils sont exposés à l'air, prennent quelquefois une teinte rouge; ce phéno- mène se fait voir dans certains endroits sur les marbres du parc de Versailles. M. Chevalier, vous a dit M. Belin, a reconnu que cette coloration est due à des lichens. M. Belin vous a en outre apporté quelques feuilles et quelques branches de Matico, en vous donnant des dé- tails sur l’histoire et l'analyse de cette plante du Pérou, puis des feuilles de Coca. Ces feuilles sont d’un grand usage chez les Péruviens qui croient, en les mâchant, éloigner la faim. M. l'abbé Caron a fait passer sous vos Lo ( Lxr ) yeux la gravure coloriée d& l’Erythroxylon Coca, espèce qui appartient au même genre. Vous avez de plus entendu, Messieurs: M. Steinheil, 1.° sur la philosophie botanique , la phyllotaxie et les modifications que l’on en pourrait tirer pour la s » Total. AR Le Donces Oeros 56,88er*ir.. *_ provenant d’une livre de levure qui contenait par consé- quent 13 onces 7 gros 15 grains 12 centiémes de matières volatiles ; ces matières volatiles sont beaucoup d’eau , un peu d'alcool et du vinaigre. La livre de levure de biére sur laquelle j'ai agi, con- tenait done #4 onces d'eau et 2 onces de matière sèche‘ou au cent 87,5 d’eau et 12,5 de matière sèche ; or, M. Pe- louze a trouvé 85 pour cent d’eau dans la levure qu'il avait purifiée et comprimée; si l’on tient compte de'ce que j'ai employé la levure telle que me l’a donnéelle commerce ; il sera facile de se rendre raison des 2,5 pour cent de différence qui se trouvent entre son résultat et le mien. . Je ne terminerai point sans relever ‘une objection tirée de mon observation, que l’urée est sans action sur le su- cre; bien qu’elle soit fortement azotée. L'urée pure et en dissolution dans l'eau, d'aprés un travail de Väuquetin, (HU) inséré dans les Annales de Chimie et de Physique, Lopue 25, p. 423, ne se décompose qu'avécune.grande difficulté et jamais complètement, en sorteiqué cette exception tourne plutôt à l'avantage de mon opinion qu'à son détriment . On peut même expliquer la permanence;de l’'urée dans l'épreuve citée par la grande quantité d'ammoniaque que ces éléments peuvent donner..D'ailleurs-certains: sels ; je m'en suis assuré par maintes expériences, arnétent, sus- pendent , reculent la fermentation, etpar conséquent il se- rait fort possible qu’un développement assez marqué de carbonate d’ammoniaque ou de:quelque autre sel fût suffisant pour produiré cet effet, Il y a plus, si la compo- sition de l’urée, d’après MM. Voëler et Liebig , est repré- sentée par du cyanate d’ammoniaque , tout n’est-il pas à cet égard suffisamment expliqué ? Certes le nitrate d'am- moniaque est un corps fortement azoté , d’une décom- position assez facile, mais personne ne s’avisera de pen- ser qu’il puisse servir de ferment. Le phénomène de la fermentation alcoolique ou vi- neuse , a été rangé dans ces derniers temps, par M. Mits- cherlich, au nombre de ceux où certains corps détermi- nent par leur contact la décomposition d’autres corps, sans que ces excitants entrent pour rien d’ailleurs dans la composition des substances dans lesquelles se transfor- ment les matières excitées, et sans qu’ils en aient rien retenu. Ainsi les vaisseaux du corps animal pompant sans in- terruption du sang à leur origine et sécrétant par leurs extrémités du lait, de la bile, de l'urine, etc. ; La conversion de cent parties d’amidon en cent dix parties de sucre de raisin, par l'acide sulfurique, con- version dans laquelle l'amidon ne peut rien absorber que de l'eau, puisque Pair ambiant n'est point altéré SE © SE SE (4) et que l'acide sulfurique et l’air se retrouvent en leur entier ; L'eau oxigénée que décomposent l'argent , le péroxide de manganèse, les alcalis, les membranes animales, etc., sans que ces agents en soient diminués, augmentés ou altérés ; La propriété de l’éponge de platine de déterminer au- dessous de la température rouge la combinaison des principes de l’eau; celle qu’elle possède de convertir l'alcool en acide acétique ; La diastase, transformant l’amidon en sucre sans s’y combiner ; L’acide sulfurique changeant l’alcool en éther et en eau , alors même que cet acide est étendu et sans qu’il s'empare de l’eau qui fait la différence de l'alcool à l’éther ; é La levure , transformant le sucre en alcool et en acide carbonique sans rien fournir de sa propre substance et sans en rien retenir, sont autant de faits qui ne peuvent s'expliquer par les affinités du corps dont la présence détermine ces changements. M. Berzélius admet à cet égard la maniére de voir de M. Mitscherlich , mais il considère ce genre de décompo- position comme dû à une nouvelle force ayant une rela- tion toute particulière avec les propriétés électro-chi- miques des corps; cependant, jusqu’à ce que son identité avec les forces électriques soit mise hors de doute, il propose de l’appeler force catalytique, et de donner aux décompositions qu’elle produit le nom de catalyse. Aïnsi la force catalytique de l’acide sulfurique apparaît lorsque l’amidon se change en sucre et l'alcool en éther; car il ne contracte ici aucune combinaison , et se retrouve en entier après l'expérience, tandis que la force analytique (#2) de ce même acide se manifeste, par exemple, dans sa réaction sur l’azotate de potasse en mettant à nu l’acide azotique et en entrant lui-même dans une autre combi- naison , le sulfate de potasse. Je ne repousse point cette explication; je dois faire observer, au contraire, qu’elle ne contredit en rien mes assertions ni mes expériences. Je n’ai point dit, effecti- vement, qu’une commolion, une action chimique, un effet initial suffisait pour produire la fermentation sans le concours d’une matière azotée. Qui plus que moi a in- sisté sur ce concours, qui a rassemblé plus de faits pour élablir que les matières azotées étaient indispensables pour transformer le sucre en alcool, et que nulle autre ne pouvait leur être substituée ? Mais en posant ce prin- cipe , j'ai fait voir qu'avec un mélange convenable , un effet initial produit par l’oxigène, et lorsque celui-ci était insuffisant, un choc électrique ou un courant gal- vanique devenait indispensable. L'on ne voit pas non plus comment, en admettant cette manière de voir, qui n’est que l’expression des faits, on pourrait en conclure que toutes les matières azotées se- raient également propres à transformer le sucre en al- cool. Les différences qu’elles présentent dans leurs pro- priétés et dans leur composition doivent être une cause d’inégalité dans l'intensité du mouvement intestin que pourrait leur communiquer un effet initial, une commo- tion , un courant électrique. Si différentes actions chimiques mises en présence du sucre n’y provoquent point la fermentation, rien n’est plus facile à concevoir ; c’est le mouvement galvanique, ou si l’on veut catalytique , qui s’exerce entre les molé- cules du ferment d’une part et celles du sucre de l’autre, qui produit la fermentation. On ne voit point, 1l est (43) vrai, comment la décomposition de l’un est liée à celle de l’autre, mais le fait est là pour établir cette liaison. La levure catalyse le sucre , qui à son tour la catalyse en lui faisant perdre son azote. J'ai prouvé le premier que l’action du filtre arrêtait la fermentation , mais j'ai aussi fait voir qu'elle n’était ainsi que suspendue. Tout le monde est convaincu, je l'ai d’ailleurs expérimenté, que du jus de raisin filtré fer- mente à une température convenable , et qu’il en est de même d'un mélange d’eau , de sucre et d'extrait de levure. L’azote joue un grand rôle dans la transformation du sucre en alcool ; j'ai-pensé qu'il y concourait en ce que la décomposition des matières organiques azotées est communément plus facile et plus prompte. On peut, il est vrai, se refuser à cette conclusion ; mais il me semble que ce sont les substances azotées les plus stables, telles ‘ que l’acide urique et les alcalis organiques, qui n’opérent point la transformation du sucre en alcool ; que si l’urée, dont l’altération est si prompte dans le principe, bien qu’elle se complète difficilement, ne peut jouer le rôle de ferment, cela tient à la nature du sel qui se forme dans sa décomposition spontanée; et l’acidité que prend si facilement la gélatine en dissolution dans l’eau n’ex- plique pas moins bien le peu d’énergie de son action sur le sucre. M. Pelouze n'a-t-il pas fait voir que le vinaigre arrêtait la fermentation ? eee 6t oh sé bat we hi Sos mie PA DT ND UN | ki CHE ECE #Ÿ ve cg STE ar rhélecguenh al ES ee ax Ni ie DA RRET guiq ptmdhigsnsoe | LONG ‘se fwiata + an PA ; ie y ter aan eaHok: ane r nage x: at pe Ft DES TER talus Ho 8 a ip | aa ip Ua PE eds e.da sq abigt a" RETU A angle ts ase phrndtpnrene hate Je 0 ini <6qion it an 3 web stonble de des Hobtstgis } h. ee ONE HA Sata RÉ li )bigneas a: À a 2 tp fe sb: PCT EC 1h ÿ “aid: ea, «bts rue A ÉUTTE Si. 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Cette tariére est or- dinairement en forme de scie, composée de deux pièces ou lames pointues, réunies et logées dans une coulisse sous l’anus. Elles sont caractérisées par des mandibules allongées , TOME 11, x { 46 ) la languette trifide et digitée, leurs palpes filiformes ou presque sétacés, composés de six articles dans les maxillaires et de quatre articles dans les labiaux, dont le dernier est ovalaire ; leurs ailes paraissent comme chif- fonnées et leur vol est lourd. L'espéce qui nous occupe aujourd’hui appartient au genre Nematus, distingué par des antennes filiformes composées de neuf articles et semblables dans les deux sexes ; une seule cellule radiale aux ailes et quatre cubi- tales ; la deuxième cubitale recevant les deux nervures récurrentes ; la tarière des femelles est peu saillante hors de l'abdomen. (Voy. pl. 2, fig. 2.) Au mois d'août de l’année dernière, j'ai parcouru les communes de La Celle, Bougival et Rueil ; j'ai été frappé de la nudité des groseilliers dans ces différents endroits ; j'ai cherché quelle pouvait être la cause de cette dé- vastation, j'ai bientôt reconnu qu’elle était due à une chenille appartenant à une espèce de tenthrédine de l'ordre des hyménoptéres. Cette chenille a environ un pouce de longueur dans son plus grand développement (Voy. pl. Lre, fig. 1.re et 2e.) ; elle est d’une couleur ver- dâtre ; sa tête est noire et séparée du corps par un collier jaune; vers la partie postérieure, un peu avant l'extré- mité, on observe un anneau semblable; les trois pre- miéres paires de pattes sont noires; une multitude de points répandus sur toute la longueur et sur la, partie supérieure ou dos de l'animal, sont également noirs ; le ventre et les fausses pattes sont de la couleur du fond, c'est-à-dire verdâtres. À l’époque citée, c’est-à-dire au mois d'août, les groseilliers rouges étaient aussi nus qu'au plus fort de l'hiver, et ces chenilles ne trouvant plus de nourriture sur ces arbustes, commençaient déjà à se jeter sur les: cacis, malgré l’odeur bien différente de ue (#7) cette espèce de groseïllier. À cette époque aussi je n’a- vais observé que ces deux espèces qui fussent attaquées par cette chenille; mais depuis j'ai remarqué que les groseilliers à maquereau n'étaient pas plus épargnés que les autres, car celte année ils sont également mangés, et toutes les espèces du genre ribes lui sont également bonnes ; cependant elle paraît préférer les groseilliers rouges ou blancs et les différentes espèces de groseil- liers à maquereau; ce n’est que quand ces diverses es- pêces ne lui offrent plus de nourriture qu'elle se jette sur les cacis. N’est-il pas à craindre que ces animaux, après avoir mangé toutes les feuilles , ne se jettent sur les bourgeons destinés à produire l’année suivante, et que toutes ces causes de dénudation ne soient préjudiciables à la récolte prochaine ? Beaucoup de ces arbustes ont péri cet hiver, peut-être par les dégâts de cette chenille, peut-être aussi par la rigueur du froid : c’est ce qu’on ne peut décider d’une manière certaine quant à présent. (Je viens de prendre des renseignements nouveaux, et les culliva- teurs ont remarqué que c’était ceux qui avaient été man- gés l’an dernier qui n’ont pas repoussé cette année. } J'avais d’abord pensé que cette chenille devait appar- tenir à la coryne du groseillier, espèce connue pour vivre sur cette plante. Voulant m’assurer du fait, j'ai rapporté chez moi plusieurs de ces chenilles que j'ai nourries ; elles ont passé l'hiver en chrysalides { Voy. pl. Lre, fig. 3), enfoncées en terre, et c’est dans les premiers jours de mai qu’elles ont commencé à paraître ; alors j’ai pu reconnai- tre l'espèce à laquelle elle appartenait: ce n’est point celle de la coryne du groseillier ; cette espèce est assez rare chez nous, et parait plus commune en Allemagne, quoique cependant on la trouve quelquefois dans nos (48 ) environs, tandis que la nôtre se multiplie. ici d’une ma- nière effrayante. Déjà l’an dernier j'avais remarqué dans quelques jardins de Versailles et dans les bois du Canal quelques pieds qui en étaient attaqués ; mais cette année la plus grande partie des jardins de Versailles en est en- vahie. Elle ne paraît pas avoir été connue avant M. Lepelle- tier dé Saint-Fargeau, qui l’a décrite dans la Monogra- phie de cette famille * ; mais comme il ne savait pas sur quelle plante elle vivait , qu'il n’avait jamais pris ensem- ble le mâle et la femelle (qui sont trés différents l’un de l’autre), il décrivit la femelle sous un nom (Nematus tri- maculatus), et le mâle sous un autre (Nematus affinis), il dit bien que ce mâle doit appartenir à quelque espèce voisine, mais il ne la connaît pas. (Voy. pl. 2, fig. 1.re et 2.) Actuellement que les deux sexes sont connus, il faut changer les deux noms pour éviter la confusion et la multiplication des espèces, et n’en donner qu’un seul pour le mâle et la femelle ; ainsi je proposerai de la nommer Némate du groseillier, NemaTus riBIS ; celle d'Allemagne sera la Coryne du groseillier, CoRYNA RIBIS: il n’y aura pas de confusion entre ces deux espèces portant des noms de genres différents. Dans les premiers jours de mai, j'ai été à La Celle et à Bougival afin de m'’assurer si les groseilliers étaient aussi maltraités cette année que l’an dernier : eh bien! malgré l'hiver rigoureux que nous venons de passer? , les feuilles commençaient à être dévorées, et aujour- : Page 69, n.°s 207 et 210. 1 C’est une erreur généralement accréditée de croire que les hivers rigoureux et la neige détruisent beaucoup d'insectes : il n’en est rien ou presque rien : ils savent fort bien se cacher, soit dans la terre, soit dans la mousse ou sous les écorces d’arbres. (#9) d'hui (15 juin) plusieurs iocalités sont entièrement dé- vastées, tant dans ces communes que dans les jardins de Versailles. A l’époque de mon excursion, tous les œufs n'étaient pas éclos, et j'ai pu ramasser plusieurs feuilles qui en étaient encore couvertes. Ces œufs sont blancs, très fa- ciles à apercevoir, et, chose très remarquable, ils sont placès extérieurement à la face inférieure des feuilles, et disposés en lignes régulières le long des principales nervures ( Voyez PI. Lre, fig. 1.re); la position des œufs est très curieuse et mérite de fixer l'attention ; car, comme on peut le voir par l'exposé des caractères de la famille placé en tête de cette Notice, la tarière des femelles qui, suivant les auteurs, sert à perforer les branches des végétaux, et d’oviducte pour déposer au fond de ces trous les œufs de ces insectes, n’a pas tou- jours l’usage qu'on lui assigne. Peut-être que pour un grand nombre cette tarière a cet usage ; maïs je suis porté à croire aussi que: bon nombre d’espèces déposent les leurs extérieurement, ainsi que le fait la nôtre. Persuadé que ce que disent les auteurs était vrai, j'a- vais conseillé de n’aller qu’à la recherche des chenilles, croyant qu’on ne pourrait pas découvrir les œufs ; mais actuellement que leur situation est bien connue, il faut commencer la cueillette des feuilles sur lesquelles ils sont déposés avant leur éclosion, et la continuer aprés, car tous les individus éclos sur une feuille y restent jusqu’à ce que tout le parenchyme soit entièrement dévoré, pour de là passer à une ou plusieurs feuilles, car en grandis- sant la famille se divise, La position des œufs sur les nervures des feuilles ct jamais entre elles paraît assez singuliére au premier abord ; mais en y réfléchissant, on peut facilement ex- (50) pliquer ce fait; en voici, selon moi, la raison: le pa- renchyme des feuilles entre les nervures est beaucoup plus tendre, plus mince, et par conséquent plus facile à ronger que la côte ; c’est cette partie qui doit servir de nourriture au jeune couvin, et c’est pourquoi la mère la respecte. La loi sur l’échenillage doit être appliquée à toutes les chenilles nuisibles qui multiplient de manière à compro- mettre la récolte sur laquelle beaucoup de cultivateurs comptent. D'ailleurs, comme elle n’en désigne aucune en particulier, c’est aux Préfets et aux Maires à en faire l’ap- plication pour la chenille du groseillier, et, pour que cette mesure produise tout le bien qu’on doit en attendre, il faut qu’elle soit générale; c’est aux Sociétés d’Agri- culture à en solliciter l’application. La cueillette des feuilles chargées de couvin doit être faite trois fois dans l’été, car ces insectes ont plusieurs générations pendant cette saison. La première cueillette doit avoir lieu dans le mois de mai, en commençant dans les premiers jours; la deuxième en juin, et la troisième en août : c’est cette derniére portée qui passe l'hiver en chrysalide, et conserve l’espèce pour le printemps sui- vant. Chaque feuille chargée d'œufs qu'on enlève entraine avec elle la destruction de plus de cent chenilles ; j'ai compté jusqu’à deux cents de ces œufs sur une même feuille , mais plusieurs en ont moins ; on voit l'avantage qu’il y a à faire la cueillette avant l’éclosion, quoique cependant on puisse la continuer après. Toutes ces feuilles chargées de couvin doivent être brülées ou enterrées pro- fondément, mais le premier moyen est préférable. Si l’on ne se hâte de mettre activement à exécution cette mesure , il faut renoncer à la culture de cet arbris- seau, qui est menacé de destruction, et tout le monde Ou — (51) sait quel avantage et quel produit plusieurs communes de notre département retirent de sa culture. Je dois ajouter encore que les groscilliers qui sont om- bragés par d’autres arbres sont attaqués de préférence par le Némate du groseillier, tandis que ceux qui sont exposés au soleil paraissent protégés. Cet insecte se multiplie avec une rapidité si étonnante, que déjà les cultivateurs de ces communes estiment que le nombre en est au moins quadruplé depuis l’an dernier; et cela ne m'étonne pas si, comme je suis porté à le croire , tous les œufs déposés sur une feuille sont le pro- duit d’une seule femelle. Le nombre des chenilles est tellement considérable dans ce moment, que , lorsque tout est calme, comme le soir, par exemple, on les entend très distinctement brouter. Les cultivateurs de groseilliers n’ont pas que cette es— pèce à redouter : la chenille d’un papillon (la Phaléne du groseillier ) mange aussi les feuilles de ces arbrisseaux, et cette année elle est assez commune à Versailles, où elle a dans certains jardins dévoré les feuilles de groseilliers à maquereau, qu’elle paraît préférer. CRRES PES A EE a DETTE o nie: vil s LA hi pas sp ail Hier YrB à aol sonomèsq oh éhmpstiee see À Age pie ven LUTTER siléaony À LE ALI ES Le -_#b3éiurq Davaaiastsq lis osririoiis des not fl “nastromies dennitirecs étre rain ot Mme “A oiaohere (1 aivcqobélquibsip éorasés ane | ent mo aise: of armtnon idlese onto ne mue gbé . wo io ‘obfisnah. stur sa asqoir dura edene eh à “pets u” heie.du > n Pre } \ GE % "4 . A copy: Le a putssé het EAN | Ho LOULLS CES + reailes cha fre dl de rpouvin aise air prè égarr uk os fonntément mai A4 } Dre ter x EUR LT AR LE Lg l'A p: ne Er Fou ne, sctdt:de melier tir dti M: “ jubes dr: GAARUTE y u di lonmcnons du fs Lite | #4 MAD , utiéat tva rd dx dasteuteour, ai Loi Us t + : 2 w * L 2 _ SOCIETÉDES SCIENCES NATURELLES do Sevux ot Orse. L Fauille aiéc des CœuAT. Sig. £. Jnsecte ponfait gr: 72€ upa: ® par Locard D avi Ledur del. SOCIÈTE DES SCIENCES NATURELLLES. de Sac w Ou. pi Pr IQ. 1. male gressi A7 Fr. T Wernatus afhiès [e. Tee = LP - Dre ; É : F £ LL Dr 1 à _ 2 2, EE A Re # feg. 2. fenelle grossée | } NUR LA RENPIRATION DEN PLANTE, PAR M. EDWARDS, DR L'INSTITUT DE FRANCE ET DELA SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES ; ET M. COLIN, Professeur à l’École Royale Militaire. — + -E—e— Iz y a sur la respiration des plantes quelques - uns des plus beaux faits que possède la physiologie :végétale : mais il n’en est pas de même de la théorie qui les unit et qui les explique ; elle nous a toujours paru très diffi- cile à admettre depuis la PA ET de la Roses jusqu’à la respiration de la feuille. En effet, dans la respiration de lai graine on n’a guëêre reconnu d’autre phénomène que le dégagement d'acide carbonique ; on l'explique par la combinaison de l’oxi- gène de l’air avec le carbone de la graine. Aïnsila graine ne serait en rapport qu'avec l'atmosphère , ‘et le! rôle de l’eau dans cet'acte dela vie des plantes serait absolu ment nul, ou se bornerait à le préparer et ätle faciliter; mais il ne contribueraïit directement en rien à la -produc- tion du gaz qui se dégage. [1OPR: Voilà donc, à l'égard de la théorie | une première dif- ficulté relative à la germination. Mais celles qui selpré- sentent contre l’explication de la respiration des feuilles sont beaucoup plus graves. — La nuit il se dégage de l'acide carbonique ; puis , le jour, il s’en absorbe et il se dégage de l’oxigène aux rayons directs du soleil, — Voilà les faits. — Voici l'explication qu’on en donne: l’acide T. IL. 3 ( 5%) carbonique absorbé serait décomposé par la plante, qui s'approprierait le carbone et dégagerait l’oxigéne. Mais c’est supposer à la plante une force qu’il est trés difficile d'admettre que celle capable de décomposer l’a- cide carbonique; car, dans le règne minéral, où la plus grande simplicité de composition des corps augmente leur force décomposante, et où le nombre bien plus considé- rable d'éléments répandus dans les divers composés de ce règne, rend plus probable qu’il s’en trouverait quelqu'un doué de cette propriété, on ne le trouve pas facilement. Enfin, l’éau serait encore nulle ici dans son action, quoique sa nécessité soit extrême dans les plantes ; et l’on ne sait pas du tout quel-en est le rôle. Telles sont les considérations qui nous ont déterminés à reprendre l'examen de cette fonction däns les plantes. Nous y awonsd’ailléursété conduits par dés faits dé physio- logie agricole sur lesquels nous reviendrons dans la suite, Jusqu'ici lesexpériences sur la respiration des graines sé sont toujours faites dans l'air, ou, lorsqu'on les a faites dans l’eau, on s'est borné à expliquer les phénomènes qui s’y passent ,.par.ee qui a lieu dans l'air; on n’a pas récherché ce qui se dégageait de:gaz dans le liquide , et à déterminer leurproportion. — Voilà ce-que nous avons fait , et ce.qui nous-a-conduits à des résultats fort remar- quables. Nous-äyons opéré sur une grande échelle, afin de mieux faire ressortir les effets de l’expérience. C’est pourquoi nous avons choisi un ballon à col droit, capable de contenir de 3 à 4 litres d’eau. Nous l'avons rempli de ce liquide, et nous y avons introduit 40 fèves de marais grandes et.choisies sans fissures à la peau et sans défaut. Nous avons adapté au ballon un tube recourbé, plein d’eau , et qui était engagé dans une éprouvette éga- lément pleine de ce liquide ; ainsi les féves étaient seu- | dt ge tn" Li (55) lement en contact avec l’eau et avec l’air qu’elle conte- nait ; air qui né pouvait pas se renouveler, à cause de la manière dont l'expérience était disposée ; — et c’est là une circonstance fondamentale qui fait tout le succés de l'expérience. Le premier phénomène qui se présenta fut un dégage- ment de gaz: il ne se faisait pas remarquer d’abord, puis il s'élevait des bulles d’une extrême petitesse et pres- que insensibles ; elles allérent peu à peu en grossissant jusqu'à ce qu’elles devinssent très manifestes. Le déga- gement fut bientôt assez considérable pour s'élever dans le tube et passer plus tard dans l’éprouvette. Ce dégagement de gaz était déjà une chose fort re- marquable, car il n'avait pas été signalé et ne s’accor- dait guère avec les idées qu’on s'était faites sur la respi- ralion des graines. Il était évident que le gaz sortait des féves, car nous avions eu la précaution, avant de les introduire dans lap- pareil, de les frotter dans l’eau pour en dégager l'air qui pouvait y adhérer, D'ailleurs nous avions vu sur d’au- tres fèves, qui étaient coupées et qui plongeaient dans l’eau, que l'air sortait du parenchyme. Plusieurs fèves, dans le ballon, étaient même enlevées par les bulles qui yadhéraient et qui, venant crever à la partie supérieure du vase, laissaient retomber les graines. Il était donc évident.que les bulles d’air étaient une sécrétion qui sor- tait de l’intérieur des fèves; à la vérité, ces bulles pou- vaient provenir de l’air naturellement contenu dans leurs organes ; mais cette supposition s'évanouit bien. vite par le dégagement da gaz qui continuait toujours, et qi de- vint trop considérable pour être attribué à cette cause. Après une durée, qui n’a jamais élé moindre de qua- tre; Jours, nous. arrélàmes l'expérience. Notre premier (56) soin fut de peser les graines : leur poids moyen avant l'expérience était de 100 grammes; mais la quantité d’eau qu’elles avaient absorbée était plus considérable encore ; elle s’est trouvée la plupart du temps de 120 grammes. Le point le plus essentiel était de savoir si les graines étaient vivantes et en état de germer; car il est évident que c’est une condition indispensable pour que le déga- gement de gaz soit le résultat d’une fonction naturelle et normale. Or, quelques-unes de ces graines avaient une déchi- rure vis-à-vis de la pointe de la radicule, mais il y en avait au plus 3 ou 4 dans cet état. Il fallait donc s’assu- rér si elles étaient toutes aptes à germer : nous les plan- tâmes donc comparativement avec un même nombre d’autres fèves qui n’avaient été soumises à aucune expé- rience, et nous eùmes le plaisir de les voir lever toutes également bien. Mais la meilleure manière de faire l’'ex- périence consiste à les mettre dans un papier humide en- tre deux assiettes. Le lendemain , en été du moins, elles étaient toutes Le on germées et les radicules sor- taient de # à 5 lignes. Maintenant, quant à la production du gaz, nous obsér= verons que celui qui s’est dégagé en traversant l'eau pour se rendre par le tube dans l’éprouvette, ne peut être que l'excédant du gaz qui se dissolvait dans l’eau à fur et mesure qu'il se formait. Il était ‘relativement en petite quantité. La portion d'air qui avait traversé l’eau sans s'y dis- soudre ne s'élevait effectivement qué de 20 à 49'milli- litres: Mais celle contenue dans l'eau } qui s’y était dis- soute et que nous avons dégagée par l’ébullition, était trés considérable et avait bien lieu de nous surprendre. (57) Tout l'intérêt de l'expérience dépend ici de la quan- tité d’air naturellement contenue dans l’eau, comparée à celle qui avait été produite par les graines. Nous avons donc fait plusieurs expériences pour déter- miner la proportion d'air contenu dans l’eau de fontaine dont nous nous sommes servis. Nous avons trouvé que l’eau de nos ballons contenait en moyenne, avant l'expé- rience, 7 centimètres et demi d'air, mais après l’expé- rience nous en avons dégagé plus d’un demi-litre de gaz. Un demi-litre équivaut à 50 centilitres. En prenant pour le dégagement donné par les graines 55,03, qui est la quantité que nous avons obtenue dans une expérience de cinq jours, on aura, en défalquant la quantité d’air naturellement en dissolution dans l’eau, #7 centilitres 32 centièmes, ce qui fait tout près d’un demi-litre de gaz produit par l’action de l’eau et des fèves, abstraction faite de l’air dissous dans ce véhicule. Si maintenant nous prenons une autre expérience, dont la durée était de six jours, et si nous faisons la même défalcation, nous trou- vons un reste qui équivaut à 50 centilitres 09 centièmes de gaz produit au delà de l’air contenu dans l’eau du bal- lon. * Il s’est donc dégagé par la seule action des graines et de l’eau, en défalquant l'air qu’elle contenait, plus d’un demi-litre de gaz. Voilà un effet tellement marqué et qui se présente sur une si grande échelle, qu’on ne peut concevoir le moin- dre doute sur l’action de l'eau et des féves dans la réspi- ration , abstraction faite de l’air contenu dans ce liquide. Il s’agit maintenant de faire connaître l'analyse du gaz fourni par les graines : d’abord, une proportion énorme d'acide carbonique (sur les 55 centilitres produits par l'expérience de cinq jours en été , il y en a eu 48 d’acide (58) carbonique), une quantité presque infiniment petite d’oxigène, 2 millilitres 5 dixièmes, et 6 centilitres 76 centièmes d’un gaz qui paraissait de l’azote. Ainsi donc, en résumé, 1.° une proportion énorme d’a- cide carbonique ; 2.° presque pas d’oxigène; 3.° une quan- tité de gaz que nous regarderons pour le moment comme entiérement composée d'azote, et qui équivalait à un peu moins que la quantité d’air naturellement contenue dans l’eau. Nous nous réservons d'indiquer dans une autre oc- casion, s’il n’y a pas un autre gaz qui s’y mêle. D'où provient cette énorme quantité d’acide carbo- nique où l'air contenu dans l’eau n’entre pour rien ? — Il est évident que l’oxigène ne vient pas de l’air (1 centi- lître 7/,, d’oxigène n'aurait pu fournir #7 centilitres 67 centièmes d’acide carbonique); viendrait-il de l’eau? beaucoup de faits l’indiquent. L'eau est donc décompo- sée; l’oxigène, qui est une de ses parties constituantes, s'unit au carbone de la graine et forme l'acide carboni- que qui se dégage en tout ou en partie: question que nous examinerons dans une autre occasion. Que devient l’autre élément de l’eau, l'hydrogène ? Nous supposons pour le moment qu'il n’en paraisse pas même une trace , ainsi que nous l’avions présenté provi- soirement plus haut. Puisqu'il n’est pas dégagé, il est évident qu’il est absorbé par la graine. Or, cette absorption de l’hydrogéne remplit une fonc- tion évidente de pourvoir à la nutrition et au développe- ment de la graine. Mais quelle est la partie dans la graine qui se déve- loppe? — Certes, ce ne sont pas les cotylédons qui, con- tribuant à nourrir le germe, tendent à se flétrir, et se flétrissent en effet avec le temps. C'est donc le germe qui se développe sous l'influence ( 59 } de cette absorption d'hydrogène, qui est un des princi- paux éléments de la nutrition de la jeune plante, Nous résumons maintenant les conclusions de ce qui précède : Dans les circonstances où nous avons placé les graines que nous avons soumises à l'expérience , il y a : 1. Décomposition de l’eau; 2.° L’oxigène de l’eau décomposée se porte sur le car- bone de la graine, et forme de l’acide carbonique ; 3.° Cet acide carbonique sedégage en tout ou en partie; k.° L'hydrogéne de l’eau décomposée est absorbé par la plante en tout ou en partie. Nous nous bornons aujourd’hui à ces quatre proposi- tions fondamentales. Nous n’avons pas parlé expressé- ment du rôle que l’air joue dans la respiration; nous en traiterons dans la suite. On voit que le fait fondamental de ce mémoire est la décomposition de l’eau ; et comme elle était entièrement omise dans les faits relatifs à la respiration , et qu’il n’en était pas question dans la théorie qui les expliquait, cette théorie est inadmissible et doit tomber. Il résulte donc des recherches que nous venons d’ex- poser, une idée bien plus élevée de la germination des graines; car elle ne se borne pas, comme on l’avait con- sidéré jusqu'ici, à être une fonction purement excré- toire, mais elle remplit aussi une fonction fondamentale de la nutrition et du développement du germe par l’ab- sorption de l’hydrogène provenant de la décomposition de l’eau. Nous avons fait des recherches sur la respiration de toutes les parties de la plante, outre les graines; nous avons examiné cette fonction dans les bulbes, les tiges, les pétioles et les feuilles; et nous dirons, en atten- (62) dant, que la décomposition de l'eau est pariout le fait fondamental. | À On voit, d’ailleurs, que celui qui consiste dant la fixation de l'hydrogène s'accorde avec le beau travail de M. Boussingault sur la nutrition des plantes. La multiplicité de nos travaux nous a engagés à prier M. Labbé, pharmacien à Versailles, de nous prêter son secours , et nous devons beaucoup à son habileté et à son talent. OBNERVATION PHRÉNOLOGIQUE COMMUNIQUÉE LE 90 AvRiIL 1839, Œ Pa > ates deko ET IMaturellexo de oO} AE A QT . ar s-à. L. ENS PRÉSIDENT DE CETTE SOCIÉTÉ. Daxs le courant du mois de novembre 1837, M. le professeur Colin présenta à la Société des Sciences natu. relles de Seine-et-Oise un crâne qu’il rapportait d’un voyage qu'il venait de faire en Auvergne. Il me pria de me liver à son examen phrénologique, et m'en- gagea à communiquer à la Société le résultat de mes recherches. Je m’empressai de satisfaire à ce vœu de mon honorable collègue , et dans la séance du 28 no- vembre 1837 je lus à la Société le travail suivant : Avant de faire connaître les résultats phrénologiques auxquels je suis arrivé par l'étude de cette tête, il me paraît nécessaire , pour constater en quelque sorte l’iden- tité du sujet auquel elle a appartenu, de les faire pré- céder de quelques considérations anatomiques. 4 (62) Il est d’abord facile, au premier aspect, de s'aper- cevoir que l’ossification de ce crâne ne s’est point régu- liérement faite, et que quoique les deux côtés soient d’égales dimensions , l’un paraît cependant plus gros que l'autre. Cela tient à ce que le côté gauche, qui dépasse un peu en arrière le côté droit, se trouve à son tour dé- passé en avant par ce même côté. Cette tête est petite, allongée d’avant en arrière , peu développée sur les par- ties latérales ; les apophyses y sont peu fortes ainsi que les attaches musculaires ; les os de la base du crâne, sur- tout ceux des parties latérales , sont très minces, tandis que ceux de la voûte sont très épais , compacts, lourds , et sembleraient annoncer qu’ils ont été le siège d’une grande vitalité, comme cela se rencontre chez les personnes qui ont eu de longues affections cérébrales. Les sutures de la voûte sont presque complètement réunies ; la face est petite, et les os qui la composent sont généralement minces et offrent de faibles attaches musculaires ; l’arcade dentaire est petite et n’offre l'implantation que de qua- torze dents; les deux derniéres molaires, appelées dents de sagesse, n’ont point fait leur évolution. Quelques dents de la première dentition, qui existent encore sur cette arcade, pourraient faire penser que cette tête appartenait à un jeune sujet; mais si l'on considére que l’ossification y est peu régulière, que d’ailleurs les dents qui appar- tiennent à la seconde dentition sont extrêmement usées ; si l’on se rappelle d'autre part l’étai des sutures et l’é- paisseur des parois de la voûte du crâne , on pourra éta- blir qu’elle a dû appartenir à une personne de quarante ans au moins. Quant au sexe, ce qu'il est assez difficile d'établir, sur-tout à cause de l'absence de la mâchoire inférieure, d’après la petitesse de la tête, sa longueur d'avant en arriére , son peu de largeur , le peu de saillies ( 63 ) des apophyses et des attaches musculaires, la petitesse de la face, l’étroitesse du rebord alvéelaire, on pourrait penser qu’elle a pu appartenir, soit à une femme, soit’, dans le cas contraire, à un homme d'un aspect et d’une constitution de femme, petit et rachitique. Je passe maintenant à l'examen phrénologique. L'on sait que les phrénologistes divisent la tête en troisgrandes régions , dans lesquelles se trouvent compris tous les or- ganes des facultés. 1.° Une région située aux parties pos- térieure et latérales inférieures, c’est la région des or- ganes des instincts; 2.° une autre située aux parties antérieure et latérales inférieures, c’est la région des organes des facultés intellectuelles et de la raison ; 3. enfin une troisième située à la partie supérieure, c’est la région des organes des sentiments. Faisant l’ap- plication de ces données générales à la tête qui nous occupe, je vais examiner les dimensions de ces diverses parties afin d’en pouvoir tirer une conclusion phréno- logique. Dimensions générales. La circonférence générale est de. . . . . 19p.6 I. De l'organe de l’individualité, au trou occipital, en passant sur la suture longitudi- nale supérieure , avec un ruban à divisions linéaireshs oise sé roots. anrtilloitis 24 13%@ Du trou auriculaire au sommet de la tête, avec la même mesure., .,.,, . Loos ses 6, Du trou auriculaire au sommet de la tête, AVEC; UN ,COMPAS: id) «pe pa 1e dot ob line bes jee AyriG Du trou auriculaire à celui du côté opposé avectle compas. we a RO A tro ( 6%) De l'organe de la ruse à celui du côté op- poséhavec'le compas: 40e eg peT Des organes de la circonspection et de l’acquisivité , d'un côté à ceux du côté op- posé, avec. le compas. Mi, mt ah De l'organe du calcul au même Poe op- posé,"avec le compas" cms 9% user r8hoér Du trou auriculaire à la partie la plus reculée de l’occiput, avec le compas. . . . 3 11 Ademavee:le rüban.to5$ ne uen 9 Du trou auriculaire à la partie antérieure du front, avec le compas. . ........ 4 2 Idem avec le ruban: .. +... 41,1. 5 6 Il résulte de ces données générales, que la tête est d'une petite dimension et que l'organe encéphalique , pris en masse, est d’une médiocre grosseur; que dans cet encéphale les parties les plus développées, et par conséquent celles dont les manifestations ont dû être ies plus actives, sont les parties postérieures et latérales in- férieures, c’est-à-dire celles où résident les organes des facultésaffectives, communes à l’homme et aux animaux, ou des instincts ; que les parties où résident les organes des sentiments et de l'intelligence sont dans un degré de développement très inférieur , et que, dans une tête ainsi organisée , l’activité des instincts devait trouver bien peu de contre-poids et de direction dans celle des sentiments moraux et de l'intelligence , dont les organes sont si mé- diocrement développés. Je vais actuellement appliquer le même travail aux organes en particulier, et reconnaître dans chaque ré- gion ceux qui offrent le plus grand développement, et dont par conséquent les manifestations ont dû se faire le mieux connaître. INSTINCTS. (1) RÉGION LA PLUS DÉVÉLOPPÉE, Amativité...... 4e Combativité.... 4. Amour de lap- probation. .,. Russe. Philogéniture. . . Attachement. .. Constructivité. . Estime de soi... SENTIMENTS. RÉGION PEU DÉVELOPPÉE, Vénération..... Esprit de saillies. Merveillosité , .. Justice... .., Bienveillance.. . Espérance. . .., Fermeté Imitation, ... Adea té er FACULTÉS INTELLECTUELLES»: RÉGION PEU DÉVELOPPÉE, Facultés perceptives. Eventualité . Individualité. .. Temps... Langage. . C Localité ...,..., Configuration... Etendue ....... Pesanteur. ,,... Destructivité .. , Q QU QUE = Circonspection.. Acquisivité.. ... bb , Calcul sen Amour de la vie, Habitativité. ... Alimentivité, …, Facultés réflectives. Causalité...... 11. Comparaison. .. 2. De toutes ces recherches je conclus que, chez l’indi- vidu auquel appartenait la têle que nous venons d’exami- ner, il devait y avoir prédominance d'action des facultés animales ou inférieures , sur les facultés morales et intel- (*) Les chiffres qui sont placés dans ce tableau, en regard de chaque faculté, ne sont là que comme dés valeurs comparatives, à l’aide des- quelles on peut apprécier les différents degrés de développement des organes. Pour faciliter cette appréciation je les ai rangés par groupes de numéros représentant leur développement, et par conséquent les divers degrés d’activité des facultés qui ÿ ont leur siège, Le chiffre : représente le degré le plus inférieur et 4 le plus elevé. 6 (66 ) lectuelles ; que la ruse et la dissimulation devaient accom- pagner toutes ses actions et les aider dans leurs manifesta- tions ; que l'amour physique avait dù jouer un rôle impor- tant dans son existence; qu'il avait dù avoir l'esprit que- relleur, taquin; — qu'il devait être vaniteux et rechercher la société des personnes qui pensaient et agissaient comme lui, tandis qu’il devait fuir au contraire celles qui au- raient pu lui donner des avis raisonnables ou chercher à combattre ses passions; — que cependant il pouvait fa- cilement s'attacher et montrer de l'amitié sur-tout pour les enfants , et plus particulièrement pour les siens s'il en a eu; — qu’on devait remarquer en lui assez de goût pour les arts mécaniques et de facilité dans les travaux manuels; — qu'il devait moins aimer l'argent pour lui-méme que pour contenter ses autres passions; — qu'il aurait pu aller jus- qu'au crime, mais sans amour pour le crime, et entraîné par l’action énergique des autres penchants ; — qu’il devait être peu brave ; — qu'enfin il était peu gourmand et ne devait aimer la table que pour satisfaire le besoin de la faim. Telles devaient être les manifestations les plus fré- quentes et les plus sensibles ; cependant , par moments et lors du repos de ces facultés, il pouvait se montrer chez cet individu quelques tendances au respect religieux et hu- main , ainsi qu’à la justice, mais généralement peu à la bonté ; — il avait sur-tout peu d'espérance ; — el ce qui devait manquer à ceux qui auraient voulu modifier cette organisation , c’est le peu d'activité que devaient avoir les facultés de limitation, — du sentiment de poésie — et de la fermeté. Une faculté qui devait souvent agir et augmenter encore la répulsion que faisait sans doute éprouver cet individu, c’est l'esprit de saillies, de caus- licité qui, n'étant point contrebalancé par la bonté, de- val se formuler en ce que l’on nomme des méchanectés (67) — J'ai déjà dit que les facultés intellectuelles étaient gé- quelques dispositions au désir d'apprendre, — à la curio- sité, — I y avait aussi assez de facilité à reconnaître et se graver dans l’esprit le nom des hommes et des choses, et à pouvoir s’exprimer par le langage. — Quant aux fa- eultés qui nous portent soit à l'étude des sciences, soit à celle des arts, elles sont peu développées; aussi devait- il avoir peu d’aptitude à s’y livrer. Enfin nous avons en- core vu, par le peu de développement des organes des facultés réflectives , que ces facultés agissaient faiblement chez cet individu, et devaient par conséquent avoir aussi une médiocre influence sur la direction qu’elles peuvent imprimer aux penchants inférieurs. Voilà ce que je disais à la Société des Sciences natu- relles de Seine-et-Oise, le 28 novembre 1837. Monsieur le professeur Colin avait remis cette tête à la Société, sans faire aucune espèce de confidence, ni à moi, ni à aucun de nos collègues ; aussi fut - il frappé, pendant cette lecture , des rapports singuliers qui exis- taient entre les facultés que je signalais, et les renseigne- ments qui lui avaient été donnés à Riom sur l'individu auquel elle avait appartenu. — Sur sa proposition, la so- ciété décida que mes notes seraient déposées entre les mains du président (alors M. Colin), et qu’il écrirait à M. Tailhand, président de chambre à la Cour royale de Riom , qui lui avait remis cette tête , pour avoir des ren- seignements positifs que l’on pourrait alors comparer à ces notes. La difficulté d'envoyer à de si grandes distances des pièces volumineuses , nous empêcha long-temps de rece- voir de réponse; mais enfin, dans le mois de décembre 1838, M. Colin reçut et me fit aussitôt remettre les di- # P (68 ) verses piéces composant la procédure criminelle instruite contre l'individu auquel avait appartenu cette tête; et c’est à l’aide de ces pièces importantes que j'ai pu faire le tracé historique qui suit: La famille Bouche est originaire du lieu dit de Mouilla- chon, commune de Grendrif , arrondissement d’Ambert, département du Puy-de-Dôme. Cette famille se composait, en 1807, de trois frères, la terreur du pays, et que leurs violences habituelles avaient fait surnommer Les Turcs. L’ainé de ces frères ayant assassiné sa femme , fut con- damné à la peine de mort , et guillotiné en 1809. Depuis cette époque les deux autres frères habitaient ensemble. Jean Bouche, celui dont nous examinons la tête, se maria trois fois : la première fois avec Marie Chelles ; la seconde avec Damienne Roche, et la troisième avec Marie Nigon ; un fils est né du premier mariage, deux du second et un du troisième. Au décès de Marie Chelles, sa première femme, des soupcons planërent sur la tête de Jean Bouche ; on l’ac- cusait de la mort de cette jeune femme ; mais comme au- cun fait ne fut articulé, il n’y eut ni plaintes ni poursuites. À quelque temps de là, Jean Bouche se maria en se- condes noces avec Damienne Roche; deux fils naquirent de cette union. Cette femme était enceinte pour la troi- sième fois, lorsque, le 15 novembre 1811, elle se décida à rendre plainte contre son mari et son beau-frère ; elle accusait le premier d’excès et de mauvais traitements, et le second d’excitation à les commettre. Ne pouvant plus rester avec son mari, Damienne se re- tira chez sa mère, dans un petit village prés d’'Ambert ; là , surprise par les douleurs de l’enfantement , et l’accou- chement n'ayant pu se faire naturellement, le chirurgien fut forcé de lui faire l'application du forceps ; mais cette (69) pauvre femme, déjà très affaiblie, succomba le 30 no- vembre 1811, et fut enterrée le lendemain. — Comme cette malheureuse avait n trés maltraitée, une ru- meur acosatr] s'éleva contre son mari. Un rapport fut fait au Procureur du roi, des poursuites furent ordonnées, une exhumation eut lieu et un procès-verbal d’autopsie fut dressé. Le 24 décembre 4811 un mandat d'amener fut lancé contre les deux frères Bouche, prévenus d’homicide sur la personne de Damienne Roche. Ils furent arrêtés, interrogés, le mari seul fut mis en accusation, et le 7 juillet 1812, le jury l'ayant déclaré coupable de coups et de mauvais traitements, mais non du meurtre de sa femme , il fut condamné à la peine de deux années de prison. Malgré d'aussi fâcheux précédents, Jéan Bouche trouva encore à se marier, et en 1820 il épousa en troisièmes noces Marie Nigon, jeune fille, forte, bonne travailleuse, et que dans le pays on surnommait la Charmante. Ce mariage fut mal accueilli par la population , qui le manifesta en donnant un charivari aux nouveaux époux. Le maire crut même devoir, dans l'intérêt de la femme, recommander au mari de s'abstenir envers elle de tout mauvais traitement, recommandation d'autant plus né- cessaire que la maison de Jean Bouche était isolée, sé- parée des dernières maisons du village de plusieurs cen- taines de toises, et qu’on n’aurait pu entendre les plain- tes de la victime. Marie Nigon devint mére, elle allaitait son enfant. Ce fut à cette époque que les violences et les menaces de son mari lui firent concevoir des inquiétudes ; elle manifesta des craintes et voulut fuir emportant son enfant; et si elle n’accomplit pas son projet , c’est que cet homme qui maltraitait ainsi sa femme et s’opposait peu à son départ, 4* (70 ) ne voulut jamais consentir à l'éloignement de son enfant. Enfin; le 22 octobre 1821gaprés avoir travaillé toute la matinée dans un Abe “id de terre, avec Jean Bouche et ses fils, Marie Nigon Mens, LE mari pour diner el ne reparaît plus. ki De ce moment on va voir se dessiner les traits carac- téristiques du caractère de Jean Bouche , la ruse et l'hy- pocrisie. — Marie Nigon était morte, elle venait d’être pendue par son mari dans une grange attenant à leur habitation. Aussitôt que celui-ci pense qu’elle est com- plétement morte, il la détache; la porte dans son lit, et court dans le village où, en feignant de pleurer, il prie quelques femmes de venir pour porter des secours à la sienne qui, dit-il, vient d’avoir une attaque d’apoplexie. Arrivées chez lui, ces femmes voient en effet Marie Ni- gon morte et.couchée dans’son lit; c'est tout ce qu'il voulait. Il espérait. qu’elles pourraient ainsi constater l’empressement qu’il avait mis à porter des secours à sa femme et la peine qu'il éprouvait de sa mort. Il croyait ainsi tout terminé; il ne savait pas que ce cadavre por- tait sur lui des traces ineffaçables de son crime! Aussi lorsque le lendemain il eut aperçu ce sillon produit par la pression de là corde , et qu’il réfléchit aux visites que n'allait pas manquer de faire chez lui la justice, il ré- solut-de faire subir à ce cadavre une mutilation qui était, pour ainsi dire, un second crime! Armé d’un couteau, il enleva tout ce qu'il put de la peau du cou, et comme il aurait été aisé de voir que cette mutilation avait été faite exprés pour faire disparaître les traces d’un crime, il déchira la peau à une assez grande distance sur la face et la poitrine ; afin de faire supposer que tout ce désordre avait pu être fait par la voracité de quelque animal ; et pour donner quelque consistance à Ja fable qu'il avait (A) inventée , initiant ses enfants aux premiéres notions du crime , il abandonna sa maison à un de ses fils, âgé de douze ans; qui racontait, avec de grandes lamentations, à tous ceux qui se présentaient que la chienne de la maison avait ainsi dévoré sa belle-mére pendant que tout le monde était sorti, et que lui-même était occupé à nettoyer l'écurie. Malgré toutes ces précautions, les gens de l’art ne s'y trompérent pas , et il leur fut facile de constater le genre de mort et de prouver que toutes ces mutilations avaient été faites par un instrument tranchant, et pour faire dis- paraître les traces du crime. Pendant toutes les recherches de la justice , En Bouche ne reparaît plus chez lui. Il vit dans les bois et en se sauvant de village en village. Deux jours après la mort de Marie Nigon, il vend à un nommé Chassaignoles ses fourrages, ses bestiaux et son mobilier pour 600 fr., et avec cet argent cherche à s'éloigner du théâtre du crime. Enfin il est arrêté le 9 décembre 1821 à Seure, département de la Côte-d'Or, traduit devant la Cour d’assises du Puy-de-Dôme, et condamné à mort le 28 août 1822. | Le dernier acte de la vie dramatique de Jean Bouche est encore empreint des (rails dominants du caractére de cet homme! Le pourvoi en cassation de l'arrêt de la Cour d’as- sises du Puy-de-Dôme avait été rejeté par la Cour de cas- sation; l’ordre de l’exécution avait été donné. Le 3 octo- bre, veille du jour fixé pour cette exécution , Jean Bouche reçoit l’aumônier de la prison, reste plusieurs heures à écouter ses exhortations et se confesse, En sortant de cet entretien il parait triste, abattu et comme affaissé sous le poids de la fatigue; il se désespère et dit à plusieurs témoins que le lendemain son sort ne fera pas envie. Pour le surveiller on fait coucher auprès de lui le nommé (72) Guillard ; sur les onze heures du soir, celui-ci entendant Jean-Bouche faire des efforts de vomissements, l’appelle et n’obtient pas de réponse ; effrayé, il frappe, appelle le concierge; on arrive, on s’empresse autour du con- damné, mais il n’était plus temps, il était mort. Il venait de s’étrangler avec sa cravate et à l’aide d’une cuillère en bois qu’il avait placée derrière son cou, et dont il s'était servi comme d’un tourniquet. J'elle est l’histoire de Jean Bouche, ainsi qu’elle ré- sulte de la procédure criminelle et des notes ajoutées par M. le président Tailhand, que j'ai entre les mains. J'aurais pu m’en tenir à ce simple narré pour démon- trer la concordance remarquable qui existe entre les déductions phrénologiques d’une part, et les manifesta- tions des facultés de l’autre part ; mais j'ai voulu y ajou- ter encore de nouvelles preuves, s’il était possible, afin de démontrer aux plus incrédules que la phrénologie n’est point simplement une science d’amusement à laquelle on ne doit attacher qu’une faible attention, mais bien au contraire une science importante et grave qui peut avoir une haute portée pour les intérêts sociaux. J'ai donc écrit à M. le président Tailhand, qui déja avait bien voulu remettre à M. Colin la procédure, une lettre dans laquelle, après lui avoir rappelé la décision prise par la Société, de la remise de mes notes entre les mains du président jusqu'à l’arrivée des renseignements que nous attendions de sa complaisance, j'ajoutais : — «Depuis vous avez eu la bonté de faire passer à M. Colin une copie’ de la procédure instruite contre le nommé Jean Bouche, à qui avait appartenu cette tête. Ces pièces sont une nouvelle confirmation de la vérité de nos obser- vations. Mais cependant comme elles n’ont rapport qu'à l'acte pour lequel le criminel a été condamné, elles ne le (5) présentent que sous un point de vue, ne s'occupant que des faits qui peuvent servir à constater le crime dont il élait accusé, mais négligeant complétement certains autres faits, certaines habitudes de sa vie, qui sans doute étaient de peu d'importance au procés, mais qui, pour nous qui voulons démontrer que l’on peut à l'aspect d’un crâne reconstruire une vie tout entière, dire ce qu'est et ce qu'a pu être un individu, sont de la plus haute importance. « Jose donc vous prier, Monsieur, de vouloir bien ajou- ter quelques détails , si toutefois il vous est possible de m'en donner, à ceux déjà si intéressants qui sont conte- nus dans les diversés pièces que vous nous avez envoyées. Voici sur-tout sur quels points je désirérais avoir quel- ques lumières : — Jean Bouche était-il petit ou grand ? Quelle était sa constitution? — et paraissait-il avoir été rachilique dans son enfance ? — Etait-il taquin, querel- leur ? — Était-il vaniteux ? — Paraissait-il avoir mon- tré de l'amitié pour quelqu'un ? — Aimait-il les enfants ? — Aimait-il les arts mécaniques et avait-il de la facilité à exécuter les travaux manuels ? — Était-il brave ou pol- tron ? — Passait£il pour gourmand ou était-il sobre ? — Quelquefois a-t-il montré quelques sentiments de respect divin ou humain et de justice? — Aimait-il à dire des méchancetés? était-il caustique ? — Avait-il de la curio- sité, du désir d'apprendre ? — A-t-on remarqué qu'il re- tint facilement le nom des hommes et des choses ? — Était-il parleur? — Telles sont les principales questions sur lesquelles je désirerais avoir une solution, etc. » Voici la réponse qu’il m’adressait le 15 février 1839. « Monsieur le Président , « Je réponds un peu tard à la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, en voici les motifs: { 7h) « À la réception de votre lettre j'écrivis à plusieurs per- sonnes du pays où était né et qu'avait habité Bouche, pour avoir des renseignements positifs. On m’apprend que cet individu vivait dans un canton fort isolé, sans relation commerciale, loin des grandes routes et infré- quenté, et que sa mémoire restait seule comme objet d’effroi , sans avoir des détails particuliers de son carac- tère , de ses habitudes et de son crime. « Je suis allé au greffe, et j'ai trouvé dans les pièces le signalement de Bouche , et j'ai cru devoir le copier, parce que vous pourrez y trouver quelques éléments pour ré- soudre le problême phrénologique que vous examinez : « Bouche, Jean, âgé de 50 ans (dit le Turc), cultiva- teur du lieu de Mouillachon, commune de Grendrif, ar- rondissement d'Ambert, département du Puy-de-Dôme ; « Taille — 1 mêt. 625 mill., « Cheveux — châtains, Condamné à la peine « Front —couvert, | de mort par la Cour « Yeux — bleus, | d'assises du Puy-de- « Nez — aquilin, | Dôme, le 28 août « Bouche — moyenne, 1822. « Menton allongé, Décédé dans la mai- rVisage.7r0Nale s son d’arrêt à Riom, 4 Feint, brun, ie 3 octobre 1822. « Barbe — noire. « Le procès-verbal de la séance où il a été jugé ne renferme aucun des renseignements que vous désireriez avoir. « Je crois que la constitution de Bouche n’était pas lymphatique ; mais &l est très probable qu'il avait été ra- chitique. I était sec, nerveux, ayant la parole bréve et saccadée, les mouvements brusques , trés dissimulé : il paraissait aimer ses enfants. ': (7) « Sur le surplus des questions que renferme votre let- tre je n’ai rien à vous apprendre , et j'en suis vraiment peiné dans l'intérêt de la science, etc. » Quoique cette lettre ne réponde pas entiérement à tou- tes les questions que j'avais adressées , elle est cependant , dans tout ce qu’elle nous apprend , une nouvelle et re- marquable preuve de la vérité de nos premières indica- tions, Mais pour faire ressortir encore mieux celte vérité, je vais reprendre rapidement les détails de cette observa- lion, et les comparer un à un à ceux que j’ai pu recueillir dans les divers documents que je viens d'examiner. Ainsi j'ai dit : 1.9 — PARTIE ANATOMIQUE. Que si cette tête avait appartenu à un homme , cet homme devait être d'une constitution de femme, petit et rachitique . ayant 40 ans au moins. — Et il résulte de la lettre de M. Taiïlhand que Jean Bouche était d’une constitution nerveuse, petit et rachitique, et qu'il était âgé de 50 ans. 2.° — PARTIE PHRÉNOLOGIQUE. Données générales. Que chez l'individu auquel avait appartenu cette tête c'étaient les organes des facultés inférieures ou instinctives dont les manifestations avaient dû être les plus actives, et que le médiocre développement des organes des sentiments moraux et de l'intelligence annonçait le peu d'activité de ces facultés, et par conséquent leur peu d'action sur les facul- tés inférieures, soit pour les diriger, soit méme pour les contrebalancer. Eh bien! l'histoire de Jcan Bouche n’est- elle pas une confirmation remarquable de ces données générales ? (76 } Puis recherchant quels avaient dû être les traits parti- culiers du caractère de celui à qui avait appartenu cette tête, j'ai dit : 1.° Que La ruse et la dissimulation devaient accompagner toutes ses actions et les aider dans leurs manifestations. — N'est-ce point en effet la ruse qui tient le premier rang dans le caractère de Jean Bouche? et ne voit-on pas cette faculté dominer toute la scène, imprimer son cachet à toutes les actions de ce criminel, depuis le moment de l'assassinat de Marie Nigon jusqu’à sa propre mort ? N'est- ce point elle qui le pousse à aller au village chercher des secours qu’il sait inutiles, à pleurer comme s’il regret- tait sa femme ? N'est-ce point elle qui lui fait commettre d’horribles mutilations, afin de cacher son crime et de pouvoir les attribuer à quelque animal vorace ? N'est-ce point elle enfin qui lui fait trouver le moyen , dans sa prison , de tromper la surveillance exercée autour de lui, et de pouvoir, à l’aide du suicide , éviter l’échafaud ? 2,° Que l'amour physique avait dû jouer un rôle impor- tant dans son existence. — Ne voyons-nous pas Jean Bouche, malgré les mauvais traitements qu’il leur faisait subir, ne pouvoir se passer de femmes et en épouser suc- cessivement trois, qui toutes le rendent père ? 3.e Qu'il avait dù avoir l'esprit querelleur, taquin. — C’est aussi l’un des traits les plus saillants du caractère de Jean Bouche. Tous les témoins s'accordent à le repré- senter comme colère et violent, cela résulte sur-tout de la déposition de la femme Chelle : — « Marie Nigon, dit- « elle, me parla de la situation pénible où elle était chez « elle; elle se plaignait de mauvais traitements de la part « de son mari; je l’engageai à user de douceur envers son « mari, qu'elle connaissait bien violent. Dix jours avant « sa mort , celte malheureuse femme me confa encore ses (71) « peines, c'étaient des mauvais traitements continuels , des & menaces , des injures, elc. » k.° Cependant il pouvait facilement s'attacher et montrer de l'amitié, sur-tout pour les enfants et plus particulière- ment pour les siens , s’il en a eu. — Les trois frères Bou- che, que dans le pays on appelait Turcs, à cause de leurs violences, vivaient entre eux constamment unis, et ne furent séparés que par leurs fins tragiques. Jean Bouche, dont nous nous occupons, conserva et eut toujours le plus grand soin des enfants de ses diverses femmes, et il est à remarquer que cet homme si violent était si faible pour ses fils, qu’il ieur laissait faire toutes leurs volontés, ce qui était d'autant plus dangereux que, suivant l’ex- pression de l’un des témoins (la femme Bruasse), ses enfants ne démentaient pas leur origine. J'ai déjà fait re- marquer qu’il ne s’opposait au départ de Marie Nigon que parce que celle-ci voulait emporter son enfant. « Je vis mieux les dangers qu’elle courait, dit la femme « Chelle, et ne l’éloignai pas de la pensée de se retirer; | « mais elle ajouta qu'on ne voulait pas lui laisser emporter « son nourrisson, et cette privation lui semblait trop « dure.» Enfin il fallait que les manifestations de cette faculté fussent bien actives, pour que le magistrat qui a bien voulu me donner des renseignements sur cet homme, et qui ne l’a connu que pendant son procës, en ait con- staté l'existence, ainsi qu'il résulte de sa lettre du 15 février 1839, dans laquelle il me dit: — Z{ paraissait aimer ses enfants. ” 5.0 Qu'il devait moins aimer l'argent pour lui-même que pour contenter ses autres passions. — Rien dans le procès de Jean Bouche ne semble en effet annoncer qu’il eût l’a- mour de l'argent ; un fait parait au contraire venir con- firmer le pronostic phrénologique. Le surlendemain de (78) la mort de sa femme il vend , par-devant notaire, à un nommé Chassaignoles , ses récoltes, bestiaux , etc. pour 600 francs , quoique d’après le rapport de plusieurs té- moins ces objets en valussent plus de 2,000. G.° Qu'il aurait pu aller jusqu'au crime, mais sans amour pour le crime, et entraîné par l'action énergique des autres penchants.— Chez Jean Bouche y avait-il vraiment amour du crime pour le crime lui-même? Non. Mais chez lui le crime était toujours comme la suite et la terminaison de ses violences, de ses emportements , de ses coléres! Ses deux premières femmes meurent, il est vrai , des suites des mauvais traitements qu’il a exercés sur elles, mais toujours pendant ses violents emporte- ments, et il ne paraît pas qu'il y ait eu de sa part désir de les tuer. Quant à Marie Nigon, on a déjà vu qu'il ne s’opposait à son départ que parce qu’il voulait garder l'enfant que cette malheureuse désirait emporter; et il est permis de penser que si elle a succombé directement sous ses coups, c’est que, jeune et robuste, elle a dû opposer à ses violences une résistance qui, portant sans doute Jean Bouche à l’exaspération, aura éveillé et appelé à son aide tous ses mauvais instincts et sur-tout celui de la destruction, dont la terrible action s’est trouvée ainsi provoquée, en quelque sorte secondaire- ment, et pour la satisfaction d’un penchant beaucoup plus énergique. Et la preuve que cette lutte entre Marie Nigon et Jean Bouche n'est point imaginaire, mais a existé réellement, résulte de la conclusion du rapport des médecins appelés à faire l’autopsie du cadavre de Marie Nigon. — « Uette impression », disent-ils (celle qui se trouvait autour du cou de cette femme}, « a été « produite par une corde placée autour du cou, mais « dirigée de bas en haut par une main étrangére, afin (79) « de produire l’étranglement et pour étouffer les cris « plaintifs de cette infortunée. Nous jugeons aussi que la « mutilation précitée n’a pu avoir d'autre but que de « dérober à la justice Les traces des mauvais traitements « que cette femme a éprouvés pendant l’étranglement. Les « contusions de l'aisselle droite, de la mamelle, l'écchy- « mose , viennent à l'appui de notre opinion. De toutes ces « réflexions nous eoncluons en affirmant que Marie Ni- « gon, femme de Jean Bouche, est morte des violences « extérieures exercées sur elle. » 7. Aprés avoir énuméré les facultés dont les mani- festations avaient dù être les plus fréquentes et les plus sensibles, j'ai ajouté: — cependant par moments et lors du repos de ces facultés, il pouvait se montrer chez cet individu quelques tendances au respect religieux et humain. —Ne voyons-nous pas aussi Jean Bouche, dans un moment de calme de ses passions, recevoir avec respect l’aumô- nier de la prison, rester plusieurs heures avec lui, écouter ses exhortations et enfin se confesser ? 8.° Enfin, j'ai dit qu’il avait sur-tout peu d'espérance. — Ce qui se trouve encore pleinement confirmé par la mort de Jean Bouche. En effet, à peine a-t-il cessé d’é- couter les exhortations du prêtre , il se sent affaissé , ilse désespère , il annonce qu’il ne fera pas enviele lendemain! aussi dès que la nuit est venue, qu’il est livré à lui-même, le peu d’excitation qu'avait pu recevoir cette faculté des conseils religieux venant à cesser, il se suicide. Ici se borne le (ableau comparatif des actes connus de la vie de Jean Bouche ct du pronostic phrénologique tiré de l’observation de l’enveloppe osseuse de son cer- veau. J'aurais voulu que ces détails fussent plus nom- breux et sur-tout ceux qui auraient pu nous faire connai- {re sa vie intime ; mais telle qu’elle est, cette observa- ( 80 ) tion n’est-elle point une preuve nouvelle ajoutée à tant d’autres de la vérité de la phrénologie? Déjà la Société a pu reconnaitre cette vérité dans les recherches aux- quelles je me suis livré devant elle sur les deux crà- nes, qui m’étaient inconnus, de madame Tiquet et de cette autre femme assassinée dans les environs de Ver- sailles. Aussi, ce nouveau fait ajouté aux deux autres et entouré de circonstances analogues, me paraît-il bien propre, ainsi qu je le disais dans une autre occa- sion , à appeler les méditations des hommes non pré- venus, sur une science qui peut arriver à de tels ré- sultats. NOTICE SUR L'EXTRACTION DE L'INDIGO DU POBTEONUU MINBADRAUU, PAR M COLIN, Professeur à l'Ecole Royale Militaire de Saint - Cyr; r ” et M. LABBE , Pharmacien. Commissaires : MM. Caron, BEuIN et LEDuc. Le Pocyconum Tincrorium que les travaux de M. Jau- mes-Saint-Hilaire ont mis en vogue, est originaire de la Chine, où il est employé à la fabrication de l’Indigo. Cette plante a été signalée d’abord par les Missionnaires dans les Lettres édifiantes, puis décrite par Aiïton en 1789, et par M. Jaumes-Saint-Hilaire en 1816. Elle a été cultivée en France dès 1837, par M. Delile, profes- seur de botanique à Montpellier, et par M. Vilmorin, HAUTE 5 (8) John Blake l’introduisit le premier en Europe en 1776; mais ce ne fut qu’en 1835, d’après M. Joly, professeur d'histoire naturelle à Montpellier, auquel nous emprun- tons ces détails, que la Société d'encouragement des pro- vinces Transcaucasiennes, qui s'était procuré sept livres et demie de ces graines, en distribua en Arménie et en Iméritie ; et que M. Delile en recevait de M. Fischer, sa- vant de Pétersbourg. Ce fut M. Delile qui répandit en France les graines de cette plante dont M. Vilmorin a fourni les feuilles à M. Chevreul, qui, le premier parmi nous, en a extrait l’indigotine. Notre confrère , M. Philippar, s’est aussi beaucoup occupé de sa culture, et il vient de consigner dans un mémoire, lu à la Société royale d'Agriculture de Seine-et-Oise , les résultats de ses observations. M. Chapel, à Montpellier, et après lui M. Vilmorin fils, M. Baudrimont, M. Bérard, etc., se sont appliqués à en retirer l'indigo ; nous venons joindre nos.efforts aux leurs, et dire ce que nous avons obtenu. Nous avions pour but de comparer.entre eux les di- vers procédés mis en usage pour l’extraction de la matière colorante du Polygonum Tinctorium. Or, ces procéllés peuvent être rangés sous quatre chefs principaux : 4. La méthode des Colonies, dans laquelle les feuilles sont mises en macération dans l’eau qui les baigne, et cette eau de macération battue avec persévérance, après avoir été tirée à clair lorsqu'elle était couverte: d’une forte pellicule bleue. — Une addition d’eau de chaux en précipite ensuite ce qui n'avait pas été séparé spontané- ment. 2.° La méthode mise jadis en usage sur l’Isatis Tinc- toria, par M. de Puymaurin ; méthode dans laquelle on ( 83 ) verse sur les feuilles de l’eau chaude dont les divers opé- rateurs ont fait varier la température depuis 50° centi- grades jusques à 80°, et où le battage et l’eau de chaux sont d’ailleurs employés comme dans le procédé des Co- lonies. \ 3. Le procédé de M. Baudrimont, où les infusions sont faites à l’eau bouillante, et dans laquelle les eaux séparées des feuilles sont précipitées par l’acide sulfu- rique. ke La méthode Vilmorin, où les feuilles du Polygo- num sont dessèchées, épuisées à l’eau chaude , puis trai- tées aprés avoir été réduites en poudre par une eau à la- quelle on ajoute de la chaux et du sulfate de fer pro- toxidé. Dans ce procédé, le liquide clarifié par dépôt est ensuite agité avec l'air pour reproduire la fécule bleue à laquelle on enlève la chaux par le moyen d’un acide. De ces quatre modes, trois ont été mis par nous suc- cessivement en usage, et nous allons dire ce que nous avons remarqué. Une belle observation de physiologie agricole nous a été présentée par les tiges de la plante, dépouillées non- seulement de leurs feuilles, mais de toutes leurs sommi- tés, et jetées en masse dans une terrine sans eau : elles ont poussé des radicules à chaque nœud dans un inter- valle de 8 à 10 jours et sous la température du mois d’août ; quelques unes ont même poussé des feuilles dans la terrine où elles avaient été jetées. — Chaque méri- talle mis en terre donnait un végétal complet. — Ces tiges mises dans l’eau croissaient en racines, donnaient des feuilles, des branches et des fleurs qui ont été à grai- nes, et celles-ci à maturité; en telle sorte que ces graines étaient fécondes et germaient avec facilité sous la triple influence de l’air, de l’eau et d’une température douce. ( 84) Enfin, lorsqu' aprés la fructification le$ feuilles se sont desséchées, une teinte bleue y à pris] la place de la cou- leur verte qui leur est naturelle. Cette teinte bleue se manifeste aussi dans les feuilles du. Polygonum planté en terre, lorsqu’anrès avoir été ar- rachées de la tige, elles ont été desséchées. Dans cette dessiccation les jeunes feuilles se colorent plus rapide- menten bleu que les autres, et quand elle est complète, les unes et les autres sont tellement foncées qu’elles en paraissent noires. Au rapport de M. Vilmorin fils, il n’est plus possible alors de leur enlever leur Indigo par les procédés mis en usage pour les feuilles fraîches, et cette observation est d'autant plus intéressante qu’elle paraît exceptionnelle. Effectivement, M. Plagne a prescrit la dessiccation des feuilles des indigofères de la côte de Coro- mandel, et la friction de ces feuilles les unes contre les au- tres pour en séparer une résine superficielle qui nuit à la pureté de l’Indigo ; et cependant il n’a d’ailleurs indiqué aucun changement dans le procédé habituellement en usage dans les Colonies, pour l’extraction de leur ma- tiére tinctoriale. Ce procédé ne se trouve bien décrit dans aucun au- teur. Un vieux traité imprimé en 1664 et dû à un dro- guiste appelé Pomet, donne à cet égard des rénseigne- ments auxquels nous avons d’ailleurs été conduits par nos propres expériences. « L’inde qui est fait des feuilles de Panil de la pre- miére cueillette, est meilleur que celui de la seconde, et celui de la seconde meilleur que celui de la troisième; car, plus la feuille a été employée jeune , plus l’inde est beau, étant d’un violet plus vif et plus brillant. ( Pomer, Dictionnaire de Droguerie, page 154.) » C’est effectivement le résultat de nos essais sur le Po- lygonum Tinctorium : les feuilles des sommités nous ont (85) donné un produit plus abondant et plus beau que les feuilles de la tige. Enfin, l’Indigo que nous avôns ob- tenu dans l’arrière-saison était d’une moins belle cou- leur et en moindre quantité que celui que nous avions préparé au#mois d'août. Sous ce rapport il en serait done de même de l’Andigofera anil et du Polygonum Tincto- rium. Les tiges dépourvues de leurs feuilles ne contiennent point d’Indigo; M. Baudrimont l'avait aussi reconnu dans ses expériences, et il a même affirmé que les ner- vures des feuilles n’en contiennent point. C'est donc dans le parenchyme de ces dernières que se trouve l'Indigo du Polygonum Tinctorium, et d’après les belles expé- riences microscopiques de M. Turpin, c’est dans la glo- buline que réside la propriété de sécréter la matière ca- pable de bleuir. De nos jours, M. Hippolyte Bérard est le seul qui ait exposé le procédé des Colonies avec précision; il est même le seul qui ait fixé exactement le temps du battage, la quantité d’eau employée à la fermentation , et celle de l’eau de chaux nécessaire à la précipitation de l’Indigo d’une quantité donnée de feuilles. Un paralléle entre sa description et celle de Pomet ne sera peut-être pas san$ intérêt. Il n’est pas non plus hors de propos de remarquer que, pendant le travail de la macération des feuilles de l’anil, il se dégage de l’hydrogène et de l’acide carbonique (Fourcroy. tome VIIT, page 66). Nous l’avons constaté dans la macération des feuilles du Polygonum Tinctorium; par conséquent il est à présumer que l’on pourrait trou- ver dans le dégagement précité un indice que cette opé- ration est accomplie. | M. de Puymaurin, vers l’année 1810, avait extrait | ( 86 ; l’Indigo du pastel (/satis Tinctoria) , en recouvrant d’eau à 500 les feuilles de cette plante; en décantant cette eau aprés dix minutes d’infusion, et en la traitant alors par l’eau de chaux qui en précipitaitela matière colo- rante. Le précipité, d’abord vert , ne tardait pas à passer au bleu lorsqu'on l’agitait avec l'air ; il n’y avait plus ensuite qu’à lui enlever par un acide la chaux qu'il avait retenue. Ce procédé avait été, je crois, calqué sur un traite- ment analogue décrit dans les Éléments de Chimie de Chaptal, à l’article des moyens mis en œuvre pour ex- traire l'Indigo, Il a été appliqué dernièrement à la récolte de l'Indigo du Polygonum Tinctorium, par M. Chapel, de Montpellier. Seulement , M. Chapel porte à 80 © cen- tigrades l’eau qu’il verse sur les feuilles, et quoiqu'il sem- ble s'être départi aujourd’hui de cette élévation de tem- pérature qu'il réduit à 50 °, nous persistons à penser que la température de 50 0 est trop faible pour bien attaquer, en peu de temps l’Indigotine, du Polygonum Tinctorium à travers les tissus qui la défendent. Nous avons reconnu, en préparant ces infusions , que l’eau à la température de 50° centigrades , versée sur les feuilles du Polygonum Tinctorjum, ne leur enlevait guëre que du cinquième au quart de leur Indigo , même après 12 heures de contact. Des expériences comparatives nous ont aussi montré qu’une infusion faite à 80 ° centi- grades ne précipitait point en bleu par l’eau de chaux, tandis que l'acide sulfurique décéle du bleu dans une in- fusion faite à 100 ° qui est le point d’eau bouillante. Il suit de là que, par rapport à l’Indigo contenu dans les plantes , l’acide sulfurique est un réactif plus fidèle que la chaux ; ce qui est confirmé par les expériences que nous avons faites au 22 octobre 1838, sur des infusions ( 87) de Polygonum Tinctorium , obtenues avec une eau mar- quant 65 ° centigrades, température que nous avons trouvée convenable pour opérer ces infusions. Or, à cette époque reculée de l'année, la chaux n’a donné avec elles qu'un précipité brunâtre que les acides n’ont pu faire virer au bleu, tandis que l’acide sulfurique employé di- rectement y produisait encore, et comme à l'ordinaire, un précipité d’un bleu-verdâtre. Ceci est conforme à ce qu'avait annoncé M. Baudrimont. Le mode de cet habile chimiste se recommande donc et parce que l’eau à 100 qu’il verse sur les feuilles doit coaguler l'albumine végétale, et parce qu’il réussit à l'ar- rière-saison, quand la précipitation par la chaux ne donne plus de bleu. Cependant, tant qu’on n’aura pas agi assez en grand pour purifier exactement les Indigos obtenus par les différents procédés , il ne sera pas possible de rien affirmer touchant le rendement, car les quantités d’In- digo ne sont comparables qu’à qualités égales, ou mieux, lorsqu'ils sont pris à l’état de pureté. Le procédé des Colonies nous a bien réussi; il nous a paru l'emporter sur les autres pour le rendement; celui appliqué par M. de Puymaurin à l’Isatis Tinctoria ; NOUS a paru venir ensuite. Cependant, à l’arriére-saison, époque où la publicité nous a fait connaître le mode de M. Baudrimont, il dous a fourni plus que celui des Colonies, exécuté comparativement avec lui. Toutefois, nous devons le dire, nos expériences n’ont point été faites en grand, ni répétées un grand nombre de fois. Nous regrettons de n'avoir pas essayé la méthode de M. Vilmorin fils, sur les feuilles séchés, mais nous la croyons bonne. La réaction de l’eau, de la chaux et du sulfate de fer, est journellement employée en teinture pour dissoudre l’Indigo, ct son action sur l’Indigotine, (88) devenue insoluble dans le Polygonum Tinctorium, ne peut être révoquée en doute. C’est d’ailleurs un moyen employé dans les laboratoires de chimie à la purification des Indigos. Un ancien officier de l’armée française en Egypte nous avait dit qu’il avait vu faire l’Indigo dans ce pays, et qu’autant que ses souvenirs le lui rappelaient, il avait vu les paysans égyptiens mettre une marmite sur le feu, y porter de l’eau à l'ébullition, y plonger les feuilles et les branches de l’indigotier, qu’ils cultivent, retirer ces vé- gétaux après un certain temps d'immersion, et continuer à évaporer l’eau de la chaudière jusqu'à ce que le résidu eût acquis la consistance de la boue. Cette boue de cou- leur bleue , était ensuite exposée à l'ardeur du soleil, pour en achever la dessiccation. Ce souvenir confus, joint à la connaissance que nous avions du procédé de M. Baudrimont, nous engAgea à faire bouillir les feuilles du Polygonum Tinctorium à plu- sieurs eaux et jusqu’à ce qu’elles nous parussent cuites, Les feuilles étant retirées, l’eau fut ensuite évaporée à la consistance d'extrait. Cet extrait attira l'humidité de l'air, tomba en déliquescence , et lorsque nous décan- tâmes la partie liquide , nous aperçümes au milieu d’une boue jaunâtre un dépôt d’un bleu franc. — Nous nous étions assurés, avant de procéder à l’évaporation, que l'acide sulfurique y produisait un précipité bleuâtre. Le suc épaissi de la même plante a été remis plus tard par M. Labbé à M. Noble, médecin en chef de l'hôpital royal de Versailles. Le docteur Noble fait depuis long- temps des essais sur les propriétés médicales de l’Indigo, substance qui lui a souvent réussi contre l’épilepsie. L’ex- trait du Polygonum Tinctorium lui a semblé agir aussi bien que l’Indigo, et il a de plus l'avantage de répugner (8) beaucoup moins au malade que l’Indigo en nature. Il est vrai qu'il n’a jusqu'ici essayé l'extrait que sur une seule personne, ‘ } 8e Le procédé de M. Baudrimont ne fournit en Indigo que la deux-centième partie du"poids de Ja feuille ; M..Chapel avait cru d’abord que les infusions battues à l’air et pré- cipitées par la chaux en fournissaient les trois centièmes, mais aujourd'hui il accuse un produit inférieur à celui qu’indique M. Baudrimont, M. Bérard en a obtenu pres- que un centième par le procédé des Colonies. Les Indigos obtenus jusqu'à ce jour du Polygonum Tinc- torium ne sont pas sans doute aussi beaux que l'Indigo de Guatimala, par exemple; mais, tels qu’ils sont on les a employés avec succès à teindre la soie, la laine et le co= ton , ou, plus généralement tous les tissus artificiels de nature organique. C’est du moins , assure-t-on, ce qui ré- sulte des essais de M. Vilmorin fils et de ceux de M. Farel. Nous présenterons le procédé des Colonies tel qu'il a été précisé et décrit par M. Hippolyte Bérard, parce qu’il ne laisse point le praticien dans le vague, et qu’il mérite toute confiance, l’auteur l’ayant soumis à l'épreuve de son expérience propre. g %* Procédé des Colonies ou de la Fermentation. M. Bérard prend dix kilogrammes de feuilles de Poly- gonum Tinctorium , cent litres d’eau à la température de 30 ° centigrades, et il maintient les feuilles immergées, trois jours durant , au moyen de liteaux en bois. Le troisième jour il enlève d’abord l’écume bleue qui recouvre le bain, puis il sépare l'eau des feuilles au moyen d'un robinet adapté à la partie inférieure du vase. Les feuilles sont ensuite exprimées à la main ; le liquide (90 ) qui en découle abandonné une heure , puis décanté, laisse une fécule verte que l'on peut laver encore une fois. Toutes les eaux étant réunies, on les bat une journée entière, au moyen d’un baril de 7 à 8 litres qu'un homme manœuvre à l'extrémité d’une perche, et qu’il emploie à verser dans la masse les 7 à 8 litres de liquide portés à 3 ou 4 pieds de hauteur. Chaque temps de repos ne doit pas excéder 5 à 6 minutes. Cette partie de la manipu- lation semble empruntée à la description de Pomet. À la fin de la journée on ajoute 15 litres d’eau de chaux, puis on bat quelques minutes , et on laisse déposer jus- qu’au lendemain. — Alors on décante avec précaution, pour ne point entraîner une partie du précipité; c'est ainsi que l’on nomme la matière qui s’est séparée du li- quide et qui s’est réunie en dépôt au fond du vase. Ce précipité est lavé avec 50 litres d'eau aiguisée par une demi-livre d'acide chlorhydrique, et il devient par- là d’un beau bleu foncé. L'on agite ce bleu pendant deux ou trois heures, on laisse déposer jusqu’au soir et lon décante encore. — L'on procède à un nouveau lavage du bleu avec 50 litres d’eau fraîche , Mais sans acide ; on bat une heure et on laisse déposer jusqu’au lendemain. Les secondes eaux de lavage sont , après leur décanta- tionÿ réunies aux premières ; toutes ensemble sont satu- rées par un peu de lessive de carbonate de soude, puis mêlées à quelques litres d'eau de chaux , batiues une ou deux heures, abandonnées pendant deux jours , et décan- tées pour être jetées. L'on trouve au fond du vase un très beau bleu qui fait au moins le cinquième de celui obtenu de l’eau de macération. L'Indigo est ensuite filtré, égoutté, pressé et séché. Nous allons maintenant mettre en regard la substance du récit de Pomet, à la date de 1664. (91) Indications de Pomet. " On coupe l’anil à l'instant où ses branches sont assez cassantes pour se briser lorsqu’on les touche. On les porte au trempoir où elles infusent pendant 30 à 35 heures, avec une quantité d’eau raisonnable. On soutire ensuite cette eau dans le vaisseau appelé bat- terie. On la fait battre avec des cuillères en bois, qui ont des manches de 18 à 20 pieds de long, et qui sont posées sur quatre morceaux de fer qn’on nomme chandeliers; ou, pour éviter d'employer à ce travail plusieurs hommes, l'on emploie un rouleau horizontal auquel des seaux en pyramides et percés par le bas sont attachés par des chaines. Un homme imprime à ce rouleau un mouvement alternatif autour de son axe, et dans ce mouvement trois seaux descendent tandis que trois autres s’élévent. L'eau étant par ce moyen chargée de beaucoup de mousse , l’on y jette avec une plume un peu d’huile d’o- lives (une livre pour une cuve qui doit donner 70 livres d’indigo). Alors la mousse se sépare et laisse apercevoir une mul- titude de petits grumeaux. — On laisse reposer, puis, l’eau étant bien éclaircie, on la décante. Au fond de la batterie se trouve l’Indigo sous la forme de boue, on l’en retire et on le met dans des chausses de drap, pour le faire égoutter. — Il est ensuite versé dans des caisses d’un demi-pouce de haut, pour le faire sécher. Pomet distingue entre l’Inde et l’Indigo: le premier est, dit-il, préparé avec les feuilles de l’anil, et le second avec les branches et les feuilles. (92) Pomet veut que l'inde serquisse, comme il appelle ce- lui de premiére qualite, ne soit ni trop tendre ni trop dur; qu'il soit haut en couleur, c’est-à-dire d’un violet foncé ; qu’il puisse flotter sur l'eau, d’où lui est venu le nom d'Inde flottante. I] veut aussi qu'étant cassé il n’y paraisse point de petites taches blanchès et ternes, mais au con- traire que l’on y voie de petites paillettes de la couleur de l'argent ; finalement qu’il soit cuivreux , c’est-à-dire qu’en le frottant avec l’ongle , sa couleur bleue devienne rougeâtre, et qu’il soit le moins rempli de menu qu’il sera possible, La description de Pomet, quoique vague, a beaucoup de points de contact ayec celle de M. Bérard : c’est par la fermentation que l’on procède là et là ; c’est aussi par des seaux que dans l’une et l’autre on opère le battage. Une différence notable se trouve dans l’emploi de l'huile pour diviser la mousse , pratique usitée sans doute afin de pou- voir juger du progrès de la précipitation de lIndigo. La quantité d'huile employée est en effet si minime, qu’on ne peut guère lui supposer d'autre emploi. Cette comparaison nous apprend aussi qu’en 1838, l’art de faire l’Indigo n’est pas beaucoup plus avancé qu’en 1664. } Fri imité de celui employé par M. de Puy- maurin sur l’Esatis Tinctoria. - | On peut le calquer sur celui de M. Bérard, en em- ployant d’ailleurs de l’eau à 65° centigrades pour la ver- ser sur les feuilles, et en la soutirant au bout de 2k# heures. Procédé de M. Baudrimont. é M. Baudrimont verse de l’eau bouillante sur les feuilles de Polygonum Tinctorium , justement ce qu’il faut pour qu’elles en soit recouvertes. Au bout de 12 heures il passe la liqueur et fait subir aux feuilles deux nouvelles immersions; et à cette époque les feuilles ramollies et visqueuses ne donnent presque plus d’Indigo. 11 verse alors dans les infusions réunies, environ un centiéme d’a- cide sulfurique ; il agite et laisse le tout exposéà l'air dans un vase à large ouverture. Au bout d’une dixaine de minutes, un précipité vert se manifeste, et après 24 heures l'on peut recueillir l'Indigo au moyen de la dé- cantation et du filtre. Cet Indigo diminue considérablement de volume en se desséchant, et renferme encore 15 pour cent d’eau lors- qu’il a été livré à une dessiccation spontanée; c’est, se- lon M. Baudrimont, un hydrate qui perdrait toute son eau en se séchant à la température de 50°. C’est alors, dit l’auteur, « une masse coriace, d’un beau vert foncé ; l’acool en sépare une matière rouge ;: et les carbonates alcalins en dissolution lui enlévent une matiére vérte assez abondante. » « Par un essai qui a été fait chez M. Vilmorin, on s’est assuré que cet Indigo était très propre à la teinture. * (Comptes rendus de l'Académie des Sciences, séancé du 10 octobre 1838.) » M. Baudrimont n’a trouvé qu'un demi-centiéme d’In- digo dans les feuilles du Polygonum Tinctorium ; c’est aussi à peu de chose près ce que nous avons obtenu. Ce- pendant il paraît qu’en suivant le même procédé, M. Ra- bourdin de Villacoubl:y en a obtenu un peu plus , c’est- à-dire , un cent quatre-vingt-treizième. (94) L'auteur n'ayant indiqué que d’une maniére vague la quantité d’eau nécessaire à chaque infusion , nous avons exécuté chacune d’elles avec un poids d’eau septuple de celui des feuilles, en sorte que pour les trois infusions nous avons employé , en eau, vingt-une fois le poids de la matière végétale. Enfin dans la crainte de n’avoir pas précipité tout l’Indigo, nous avons élevé la quantité d’a- cide sulfurique jusqu’à trois fois le centième du poids de ces mêmes feuilles. à M. Baudrimont n’est point rebuté par la quantité de matière verte que les carbonates alcalins décélent dans son Indigo ; il le regarde au contraire comme beaucoup plus pur que celui du commerce, qui peut renfermer, dit- il, jusqu’à 22 pour cent de matières étrangères. Procédé de M. Vilmorin fils. Cette méthode s'applique seulement aux feuilles sé- ches du Polygonum Tinctorium , ou à la purification des Indigos obtenus par les autres procédés. C’est la seule par laquelle il ait pu retirer de cette plante de bel In- digo. ” Elle consiste 1.° à faire bouillir dans l’eau à plusieurs reprises la feuille sèche pour la débarrasser, selon M.Vil- morin fils, de beaucoup de gomme et de tannin ; 2.° à la faire sécher et à la broyer le plus fin possible; 3.° à monter, avec la feuille pulvérisée, une cuve de teinture, en lui ajoutant de l’eau, du sulfate de fer et de la chaux ; 4° le tout étant brassé ensemble , et au bout de vingt-quatre heures la dissolution étant opérée, à dé- canter le bain et à le faire traverser ensuite par un cou- rant d'air. L'Indigo ne tarde pas à s’en précipiter, et il (95 ) ne reste plus qu'à lui enlever, par de l’eau aiguisée d’a- cide chlorhydrique, la chaux qu’il a entraînée dans'sa précipitation ; enfin à faire succéder à ce traitement un lavage à l'eau simple, à décanter l’eau quand_elle est devenue claire, à filtrer le résidu et.à faire sécher l’In- digo qui, obtenu de cette façon , est excellent. M. Vilmorin fils fait observer « que cette cuve pour- rait, avec-une très grande économie , être employée di- rectement à la teinture, au lieu d’en séparer l'Indigo pour le redissoudre, deux opérations dans lesquelles on en perd inévitablement. La feuille bouillie et séchée ; ajoute-t-il, devrait con- tenir, d’après des données approximatives, environ un cinquanté-cinquième de: son poids d’Indigotine, ce qui correspondrail’ à un vingt-cinquième d’Indigo de belle qualité; cependant, pour monter une cuve, je crois qu'il fautemployer de feuilles (ainsi préparées), trente fois ce qu'on mettrait d'Indigo. » ( Annales de la Société d’Horti- culture de Paris; année 1838, livraison 124, tome XXI.) Ce procédé et celui de M. Baudrimont sont ,, parmi ceux que l'on a employés pour l'extraction de Indigo du Polygonum Tinctorium , les seuls nouveaux. Nous termi- nerons ces descriptions en exposant comment-:on a intro- duit dans les arts, la purification de l’Indigo par l’un des procédés qui sont en usage daus les laboratoires de chimie. Purification de l’Indigo. Lorsque les précipités pâteux obtenus des infusions du Polygonum Tinctorium par les traitements à la chaux ou à l'acide sont encore humides, M. Vilmorin fils en méle (96 ) dix à douze parties avec deux de sulfate de fer, trois de chaux récemment éteinte et 200 parties d'eaui Au bout de 24 héurés, ‘ce liquide} dont'la limpidité ne laisse rien à désirer, est décanté; puis on l’agite au contaët dé l'air, et l’Indigo s’en précipite. — On le re- cueille sur ‘un filtre. — On le lave à l'acide chlorhydri- que très étendu. —On le fait sècher à une douce chaleur, et l'on obtiént ainsi un Indigo de belle qualité: Nous avons dit au commencement de cet opuscule, que nous avions fait pousser dans l’eau des tiges dé Polygo- num dépouillées au préalable- de leurs feuilles et de tou- tes leurs parties vertes, et'que nous en avions obtenu des graines fécondes. Ces graines semées dans l'eau, nous ont donné des individus qui n'avaient que sept pouces de tiges et qui nous ont fourni de pouvellés graines ; tandis (que celles qui, dès leurygermination;;ont été piquées:en iterre, nous ont donné des plants qui ne läïssaient rien à “désirer sous:le rapport de leur-belle venueret'de leur flo- iraison,-et dont les feuilles traitées par lés procédés )‘èn -usage , donnaient dé l'Indigo. Elles se comportaient à la dessiècation comme le font ordinairement des feuilles de Polygonumi, car elles prenaient alors une teinte bleue, et plus particulièrement quand elles étaient légèrement froissées. (97) PARTIE THÉORIQUE Lue à l’Académie des Sciences, Le 15 Avril 1839, Par M. COLIN, Proresseur 4 L'Écorr Royaux Micirainx. J'avais entrepris l’année dernière de nombreuses expé- riences sur le Polygonum Tinctorium ; le temps et le Po- lygonum m'ont manqué , et je suis loin de pouvoir pré- senter, dès à présent , quelque chose de complet. Néan- moins , les publications sur le Polygonum se multiplient tous les jours , et c’est pour prendre date que je me résous à en extraire quelques résultats qui, à mon avis, pré- sentent de l’intérêt. Les opinions touchant l’état de la matière colorante dans les feuilles du Polygonum Tinctorium sont très va- {+00 1 6 (98 ) riées et souvent contradictoires ; Foureroy et les chimis- tes de son époque attribuaient la production de l’Indigo à une fermentation ; aujourd’hui cette opinion est aban- donnée. M. Chevreul , dans ses importants travaux sur l’Indigo- fera-anil et sur l’Isatis Tinctoria, présente à cet égard deux manières de voir: dans la première, l’oxigène se combinerait à l’un des principes immédiats de la plante , et le convertirait en Indigo , comme il change en oxide un métal oxidable; dans la seconde manière de voir, l’oxigéne absorbé par ce principe immédiat, se combine- rait seulement à une portion de son hydrogène , fourni- rait de l’eau, et par cette déshydrogénation le principe passerait à l’état d’Indigo. M. Pelletier partage à cet égard les idées de M. Chevreul , en faveur desquelles il allègue une preuve nouvelle, l’action de l’éther sur la feuille du Polygonum: il détache de la tige une feuille vivante, il la tient dans l’éther, à l'abri du contact de l’air ; au bout de trois ou quatre macérations l’éther a enlevé toute la matière verte, et la feuille reste incolore ; à cette époque ii lui rend le contact de l'air et la feuille bleuit. Cette jolie expérience prouve nettement que la matière verte est distincte de celle qui fournit l’indigo, quoi- que les belles observations de M. Tarpin établissent que c’est dans la globuline, siége de la matière verte, que se trouve aussi l'Indigo ou au moins la substance qui peut le fournir. | M. Robiquet pense , d’après ses propres observations, que l'indigo est à l'état bleu , mais à la vérité masqué par une matière étrangère qu’il croit être l’albuminè ou la pectine. La précipitation de l’indigo des infusions du Polygo- num Tinctorium par la chaux ou par l'acide sulfurique, (9) me paraissant moins propre à éclaircir la question qu’une expérience directe , j'imaginai d'étudier successivement l’action de l’oxigène , de l’azote et de l'air, sur cette in- fusion. Je m’y trouvais naturellement conduit par une expérience que je faisais en 1810 ou 1811 sur l’fsatis Tinctoria, et où j'avais obtenu du bleu en agitant avec le gaz acide carbonique le précipité que la chaux avait déterminé dans l’infusion du pastel. Cet essai, dont j'ai parlé il y a déjà long-temps à M. Robiquet, et plus tard à M. Chevreul , me fut lui-même suggéré par cette con- sidération que l’oxigène, que j'avais substitué à l'air dans ces expériences, ne m'avait pas semblé donner de meilleurs résultats. Il me parut donc nécessaire d’étudier l’action de l’air et de ses principes sur l’infusion du Poly- gonum , ce que je fis de la façon suivante : Je fis bouillir de l’eau , pour la priver d’air atmosphé- rique, et lorsque sa température fut à peu près tombée à 50 degrés, je la répartis dans trois bouteilles de capa- cités égales, dans lesquelles j'avais mis des poids égaux de feuilles de Polygonum Tinctorium. L'eau ayant complètement pris la place de l’air, les bouteilles furent exactement bouchées et renversées, pour plus de sûreté , dans de l’eau bouillie , afin de mieux intercepter le contact de l’atmosphère. Après quelques jours l’infusion fut passée à travers un linge, et servit à remplir trois bouteilles en verre blanc et d’une égale capacité. Dans l’une je fis passer dix cen- tilitres de gaz azote , dans la deuxième dix centilitres d'air atmosphérique, et dans la troisième dix centilitres de gaz oxigène. Au bout d’un ou deux jours nous vimes des pellicules bleues d’Indigo se former dans la bouteille qui contenait de l’azote; puis nous aperçumes la formation de l’Indigo ( 100 ) dans la bouteille qui renfermait de Pair atmosphérique ; enfin, l’Indigo se produisit en dernier lieu dans la bou- teille où il n’y avait que de l’oxigène. Ces quantités de matière colorante étaient si faibles qu’il eüt été difficile de les peser. | Lorsque la précipitation de la matière bleue me parut terminée, je voulus connaître les changements que les gaz avaient éprouvés. Dans la premiére expérience, celle où il n’y avait sur l'infusion que de l’azote, je retrouvai l’azote tout entier, c’est-à-dire , dix centilitres, plus quatre d’acide carboni- que. Ainsi, dans cet essai, il n’y avait eu qu’une émission d’acide carbonique moindre que la moitié du volume du gaz primitif. Dans la seconde , qui contenait de l’air atmosphérique, je ne trouvai plus d’oxigéne, et j'y reconnus la même proportion d’acide carbonique que dans l'expérience pré- cédente, c’est-à-dire quatre centilitres d’acide carbonique. La quantité d'azote n’avait pas varié. Dans la troisième expérience, qui ne renfermait que du gaz oxigène pur, je trouvai que tout l’oxigène avait disparu, et il y avait émission d'azote presque dans la proportion du gaz oxigène primitif, —mais un peu moins, — car il y avait neuf centilitres d'azote. Le gaz contenait en outre trois centilitres de gaz acide carbonique ex- halé. Ainsi, dans ces trois expériences il y avait générale- ment production d’acide carbonique; c’était donc là le phénomène constant. — C'était le seul qui se manifestât dans la première expérience , où il n’y avait que de l’a- zote. Dans la seconde , où il y avait en présence de l’air at- ( 101 } mosphérique, tout l’oxigène de ce gaz avait disparu; il y en avait donc deux centilitres d’absorbés. Et dans la troisième , tout le gaz primitif avait disparu; précisément dix centilitres d’oxigène avaient été absor- bés et remplacés par neuf d’azote dégagé. Aïnsi donc il y avait trois ordres de phénomènes : par- tout émission d'acide carbonique, et dans les cas où il y avait de l’oxigène , absorption de tout ce gaz et exhala- tion de presque autant d’azote. Remarquons maintenant ce qui s’est passé dans les cas extrêmes : le cas le plus favorable était celui de l’azote pur, où il y eut seulement exhalation d’acide carbonique, tandis que le plus défavorable était celui du gaz oxigène, où il y a eu moins d’acide carbonique d’exhalé et une énorme émission d’azote. En sorte que la précipitation de la matière bleue a paru se faire d'autant mieux qu’il y avait moins d’oxigène en présence, et que le dégagement d'acide carbonique avait été plus marqué. Je ne présente toutefois ces résultats qu'avec beaucoup de réserve et en me proposant de les reproduire aussitôt que je le pourrai. Tels sont les phénomènes qui ont lieu lorsqu'on fait ces expériences avec l’infusion des feuilles du Polygo- num , mais lorsqu'on laisse ces feuilles avec de l’eau con- tenant de l’air atmosphéripue , ou en rapport avec quel- ques centilitres d’air gazeux, on obtient une modification très importante dans les résultats, modification qui cependant ne change rien aux faits précédents. Fourcroy avait dit, dans son Système des connaissances chimiques , que lorsqu'on mettait en macération des tiges d’Indigofera Anil chargées de leurs feuilles, il se déga- geait de l’acide carbonique et de l'hydrogène. — J'ai { 102 ) exécuté cette expérience sur des feuilles de Polygonum Tinctorium , et j'ai obtenu, comme Fourcroy le dit tou- chant l’Indigofera Anil, de l’acide carbonique et beau- coup d'hydrogène ; mais j'ai en même temps observé une production considérable de gaz azote; le tout en propor- tions variables, selon que j'opérais au contact de l'air, ou simplement avec de l’eau aérée, ou encore avec de l’eau privée d’air. La quantité de gaz hydrogène dévelop- pée est telle qu'elle peut varier, selon les circonstances, du quart à la moitié de la totalité du gaz dégagé. Ces essais sont aussi du nombre de ceux que je compte reprendre lorsqu'il me sera possible d’avoir du Polygo- num Tinctorium. On peut donc conclure de ces expériences que l’oxigène ne paraît pas nécessaire à la formation de l’Indigo du Po- lygonum Tinctorium ; et l’on pourrait ajouter, en atten- dant les recherches ultérieures que je me propose de faire cette année, que l’Indigo semble exister dans la plante dans un tel état, qu’il exige pour sa manifestation la destruction ou la séparation de quelque principe avec lequel il y serait combiné. Depuis la lecture de cette note, M. Robiquet, en répétant l'expérience de M. Pelletier, citée plus haut, a reconnu que, lorsque l’éther ne reste que trois minutes en contact avec les feuilles de Polygonum Tinctorium , la solution est bleue et donne de l’Indigo à la distillation; et que de nouveaux traitements à l'éther ne donnent plus qu'une liqueur verte dont la distillation ( 103 ) ne sépare point d'Indigo. Aprés ce traitement les feuilles prennent à l’air une apparence cornée et n’y bleuissent point. Nous nous sommes empressés de répéter l’expé- rience, M. Labbé et moi; elle a réussi, comme nous n’en doutions pas; mais la solution bleue, conservée du jour au lendemain, est devenue verte. Nous avons retardé ce changement en soustrayant la teinture à l’action de la lumière. eh rai 7 À vr 4 ASE 1 ‘éd 5e Ne M: mie à à 4 pi ; nr te Hope Le RER ot ne nude sa KA de ch XP sat Ê A ii H 4 L'Ua Abe os dr Mc dat Der Pme \ dus ans Lo) LE ni "M (ya va ti vi ets le dA M ue ‘ | du M le sd 14! k LAN LALIAR te ip re pe NOUVEAUX ESSAIS SUR “ ëù PORTE QINELDREUU, PAR M. COLIN, Professeur à l'Ecole Royale Militaire ; PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE DES SCIENCES, LE O DÉCEMBRE 1830 , Et lus à la Sociétés des Sciences Naturelles de Seine-et-Oise, le 17 du même mois. Depuis que j'ai eu l’honneur de présenter une note à l’Académie sur les effets réciproques de l’infusion du Po- lygonum et de l'oxigène , de l’azote ou de l’air, j'ai re- pris ces expériences et j'ai cherché à les mettre à l’abri de tout reproche. L’on se rappelle peut-être la réserve avec laquelle je les ai présentées, et l’on doit s'attendre naturellement à des rectifications. Je décrirai d’abord l’action exercée par l'air sur les infusions des feuilles du Polygohum; je présenterai successivement celle de l’oxi- gène et celle de l’azote sur ces mêmes infusions; je don- Li : COM 7 ( 106 ) nerai ensuite quelques observations sur les effets qu'y produisent l’acide sulfurique et l’eau de chaux; puis je tâcherai d’en déduire des données pratiques touchant l’extraction-de l’Indigo contenu dans les feuilles dont il s'dgitéi à fi (2 | | d'à € L'action de l'air sur linfusion aqueuse des feuilles du Polygonum Tinctorium varie avec le degré de tempéra- ture auquel l’infusion a été préparée : si, en effet, l’eau versée sur les feuilles ne dépasse pas 70° centigrades, la présence de l'air y détermine, du jour au lendemain, une précipitation d’Indigo ; mais au-delà de ce terme, et par- ticulièrement si l’infusion a été portée au degré de l’eau bouillante, l’on expose en vain le liquide refroïdi à l’ac- tion de l'air libre ; alors il n’abandonne point spontané- ment l’Indigo , et si l’on persévère à le tenir en obser- vation un mois ou. plus, il finit par donner des moisissu- res comme le ferait en pareil cas toute autre infusion végétale. Cependant M. Baudrimont a fait voir que si, au lieu d'exposer simplement à l'air cette infusion froide , on lui ajoute un acide, il s’en précipite une matière verte qui ne tarde pas à bleuir. Cette expérience suffit sans doute pour établir que l’Indigo n’a pas été détruit dans la feuille par l’action de l’eau bouillante; mais je vais encore le.faire voir d’une autre façon : si effectivement oniévapore à chaud les infusions qui à froid résistent à l'action atmosphérique ; il se précipite de bel Indigo pen- dant l’opération, et ce n’est qu'après uneénormeréduction du-liquide que cesse la précipitation de la matiére bleue. Cette expérience répétée plusieurs fois , a constamment donné le même résultat. [l'était convenable d'examiner ce qu’il eùt été en opérant l’évaporation hors du contact de l’air; c’est précisément ce que j'ai exécuté, mais l’é- poque tardive où je l’ai fait , ne me permet pas de com- ( 107 ) pter en toute sécurité sur le résultat négatif que j'en ai obtenu. Il ne paraît pas cependant que l’évaporation de ces in- fusions théiformes soit d'une nécessité absolue : j'en avais rempli une bouteille de verre blanc d’un peu moins d’un litre, j'y avais ensuite introduit 40 centilitres d’air, et au bout de quinze jours l’on discernait à la surface du li- quide une couche d’un bleu-verdätre. Toutefois, dans une précédente expérience où le volume d’air n’avait été porté qu’à 8 centilitres et demi, il ne s'était manifesté aucune coloration, même aprés un mois et plus d’attente, ce gaz ne s’y trouvant pas sans doute assez abondant. L'expérience suivante paraît donner la clé de cette ten- dance au bleuissement que l’infusion a manifestée en vase clos, sous une quantité d’air limitée mais suffi- sante. J'avais introduit dans une bouteille contenant l’infu- sion théiformegdes feuilles du Polygonum, 8 centilitres et demi d’acide carbonique: pendant long-temps il ne s'y manifesta aucune coloration ; mais après un mois de contact il s’y développa une belle couleur d’un bleu pour- pre. Alors même que l'on admettrait quelque légère trace d’air dans le gaz employé, ce qui est vrai (elle s'élevait à environ un centième), ou quelque rentrée d’air (il s’en est glissé quelques bulles un jour où je soulevais la bou- teille), la comparaison des expériences ne permettrait pas de révoquer en doute la notable influence de l'acide carbonique sur cette coloration. (Le gaz acide carboni- que dont il s'agit, avait été purifié par un lavage.) C’est ce que fait mieux ressortir encore la comparai- son entre celte épreuve et celles qui ont fait le sujet de ma première note, épreuves dans lesquelles le phéno- mène du bleuissement a paru suivre la production de l’a- ( 108 ; cide carbonique. Ne serait-ce pas aussi en partie à l’acide carbonique, développé par la fermentation, qu’il faudrait attribuer la formation du bleu, que l’on obtient des plan- tes indigofères en employant le procédé des colonies ? Quoi qu'il en soit, la couleur bleue, qui s'était mani- festée dans le gaz acide carbonique, disparut peu à peu avec le temps, et au bout de dix à douze jours, elle pré- sentait la teinte du carmin le plus fin. En agissant avec de l’oxigène sur l’infusion théiforme du Polygonum, je n’ai point obtenu de coloration, pas même après un contact d’un mois et plus. — L’on con- coit cependant que si la température régnante facilitait la formation de l'acide carbonique, une coloration pût s’en suivre. Nous ferons d’ailleurs une même remarque touchant l'oxigène et l’air atmosphérique, c’est que toutes les fois que les infusions du Polygonum ont été faites à environ 65° centigrades, l’oxigéne y a déterminé en quelques jours la formation de la matière bleue. J'ai fait un examen sévère de l’action de l’azote, et j'ai reconnu, par des essais réitérés et sans objection possi- ble , qu'il ne colorait ni en bleu , ni en rouge, ni en vert les infusions du Polygonum , pas même celle qui avait été préparée avec de l’eau à 65°. — J'avais observé, il est vrai , une coloration en bleu dans un premier essai, mais je n’ai pas tardé à reconnaître qu'il fallait l’attri- buer à de l'acide hypophosphorique que le gaz avait mé- caniquement entrainé. Depuis ce temps, j'ai constam- ment lavé l'azote à la potasse , je ne lui ai pius laissé en- traîner une seule goutte de liquide , j'ai substitué comme fermeture le mercure à l’eau bouillie, et jamais alors l’a- zote n’a produit de coloration. Il restait à étudier l’action de l'acide sulfurique et celle (109) de l’eau de chaux au contact ou en l'absence de l’air, de l'oxigéne et de l'azote. L’acide sulfurique, hors du contact de l’air gazeux ou dissous, ne m'a fourni qu'un précipité rouge pourpre dans les infusions du Polÿgonum Tinctorium. Employé sur elles concurremment avec l’oxigéne, il m’a donné un précipité bleu abondant. — L’air mis en traitement avec l'acide sulfurique sur l’infusion théiforme, s’est com- porté comme l’oxigène , mais avec moins d'efficacité. — L’acide sulfurique et l’azote mis ensemble en contact avec les infusions des feuilles du Polygonum, n’ont rien donné que l’acide seul n’eüt produit. Quant à l’eau de chaux, je l'ai désaérée par l’ébulli- tion : employée seule, elle n’a déterminé qu’un préci- pité d’un blanc-grisâtre dans l’infusion obtenue avec de l’eau à 1000, et qu’un précipité blanc-verdâtre dans l’in- fusion préparée avec de l’eau à 65°. En présence de l’oxigène, elle à fini par engendrer du bleu-verdätre dans l’infusion à l’eau bouillante, et du vert seulement en remplaçant l’oxigène par son volume d’air (8 centi- litres et demi pour une bouteille d’un litre). Tandis que l'infusion , faite à 65°, traitée par l’eau de chaux et l'air atmosphérique réunis, a fourni un précipité qui d’abord était vert et qui ensuile a passé au bleu. — L’azote qui a séjourné sur pareille infusion de Polygonum à la- quelle on avait ajouté de l’eau de chaux bouillie, n’a laissé développer qu'un précipité Dee que Feat de chaux seul eût donné. Qu'il me soit maintenant permis , pour fixer le degré de certitude de ces résultats, d'indiquer brièvement le procédé que j'ai suivi. Dans les expériences qui ont fait le sujet de ma pre- mière note, lue le 15 avril dernier, devant l’Académie ( 110 ) des Sciences , j'avais employé de l’eau à 650, préalable- ment privée d'air, pour faire les infusions de Polygonum sur lesquelles j'expérimentais. J’avais même cherché à éviter l’action ultérieure de l’atmosphére en bouchant exactement les vases où s’opéraient les infusions, et en faisant, pour plus de sûreté, plonger leurs cols dans un bain d’eau bouillie. Cependant aussitôt que j'ai pa me procurer des feuilles nouvelles, j'ai réitéré les épreuves en multipliant les précautions que j'ai poussées ; ce me semble , jusqu’à la minutie : non-seulement j'ai exacte- ment privé d’air, par l'ébullition, l’eau que j'employais, mais encore je l'ai versée bouillante sur les feuilles, afin qu’elle ne püt reprendre d’air pendant que je remplis- sais les vases où les feuilles étaient contenues. Les bou- teilles étaient ensuite bouchées avec des lièges que j’a- vais fait bouillir dans l'eau ; puis elles étaient renversées le col ‘en bas dans un bain’ d’eau bouillante que recou- vrait une couche d'huile. Le lendemain je procédais aux expériences. S'agissait-il de déterminer la réaction des gaz ou des li- quides sur les infusions ainsi préparées ? — Je remplis- sais exactement de mercure des bouteilles en verre blanc, j'y introduisais le réactif dont je voulais me servir, je les bouchais soigneusement , et je les portais dans un bain d’eau bouillie recouverte d'huile; ce bain me servait de cuve àttransvaser! Dans ce fluide privé d'air, avait été placée d'avance une des bouteilles contenant l’infusion ; cette bouteille était débouchée à l’instant même au mi- lieu du bain, et j'y laissais tomber le mercure de ‘la bouteille contenant le réactif. Le mercure de cette bouteille y laissait arriver en Ss'écoulant, l’infusion du vase où pénétrait ce métal liquide, puis avant que”le mercure ne fàt complètement écoulé, la bouteille ( 114) était close dans l'eau même avec un bouchon que je reti- rais de l’eau bouillante où je l'avais maïntenu d'avance. J'ai formé ainsi -plusieurs séries d'expériences parmi lesquelles j'ai dû faire figurer, pour terme de comparai- son , une infusion avec de l’eau purgée d'air et portée seulement à la température de 65°, préparée et mise d’ailleurs en œuvre avec tous les soins que je viens d’in- diquer. Je serais tenté de conclure des précédentes expérien- ces, que la matière colorante du Polygonum Tinctorium se présenterait sous plusieurs teintes différentes, et qu’elle affecteräit, selon ses divers états, le blanc, lesvert, le rouge-pourpre et le bleu. Je crois devoir résumer maintenant, en peu de mots, les résultats auxquels je suis arrivé. L'oxigène pris isolément, n’ergendre point de bleu dans l’infusion faite à l’eau bouillante ; l'air ne le fait pas davantage , mais l’un et l’autre bleuissent l’infusion faite avec de l’eau à 65° centigrades. L’acide sulfurique n’y produit qu’une substance d’un rouge-pourpre, soit qu'on l’emploie seul , soit que l’on ait recours simultanément à l'azote et à l'acide. Mais au contact de l'air ou de loxigène, l’acide sulfurique déter- mine toujours une production de bleu dans lesinfusions aqueuses du Polygonum. Le gaz acide carbonique ; placé dans les mêmes con ditions , détermine ce bléuissement avec le temps, mais enfin il le réalise. {Dix jours après son apparition, la substance”’bleue avait passé au rouge-carmin le plus vif.) L'eau de chaux, privée d'air, précipite en blanc-ver- dâtre ou grisâtre les infusions du Polygonam;elle n’y pro- duit rien de plus en présence de l'azote; mais en faisant intervenir l'air ou l’oxigéne , elle engendre du vert dans (112) l'infusion produite par l’eau bouillante , et du bleu dans celle que l’on a préparée avec de l’eau à 650. Quoique l’oxigène ni l’air ne produisent point à froid de coloration en bleu dans une infusion préparée à la température de 100°, cependant cette même infusion évaporée à l’air au moyen du feu, laisse précipiter de l’Indigo à l’état bleu. Si au.contraire on porte à l’ébullition dans l'eau, et hors des atteintes de l’air , les feuilles fraîches du Poly- gonum Tinctorium, l’infusion bleuira à froid au contact de l’air, comme si elle eût été préparée en versant sur les feuilles de l’eau à 65°; il n’est donc point indifférent de verser de l’eau bouillante sur les feuilles dont il s’a- git, ou de porter graduellement l’eau froide qui les re- couvre , de la température ordinaire à celle de 100 °. Comment se fait-il que cette température rende la matière colorante moins sensible à l’action de l’air ou de l'oxigène ? — C’est ce qu’il n’est pas facile d'expliquer, d'autant qu’en chauffant l'eau graduellement sur les feuilles, jusqu’à l’ébullition, l’on obtient un résultat contraire. Je me suis donc assuré par ces nouveaux essais que l’oxigéne est indispensablement nécessaire à la produc- tion de l’Indigo bleu, bien qu'il n’y suffise pas toujours; Que la présence d’un acide , par une affinité prédispo- sañte , favorise la formation de cette matière colorante ; Qu'il en est de même de l’eau de chaux, bien qu’elle soit en cela moins énergique que les acides ; Que l'acide sulfurique , lorsqu'on a soigneusement écarté jusqu'aux moindres traces d'air, ne précipite de ces infusions qu’un corps rouge-pourpre, qui est peut- être l'acide sulfo-purpurique de M. Dumas; Que l'acide carbonique lui-même peut concourir à la (143) formation de la matière bleue, et que le prolongement de son action la fait passer avec le temps au plus beau rouge Æarmin, — Cette observation ne pourrait-elle pas mettre sur la voie des transformations innombrables de la matière :colorante dans les végétaux ? Ce serait là un nouveau rôle que l’acide carbonique viendrait jouer dans l'acte de la végétation ; Que l’eau de chaux privée d’air, employée seule, ne fait pas naître de bleu dans les infusions du Polygonum, mais des précipités variant du blanc-jaunâtre au grisâtre ou au verdâtre ; Qu'il peut y avoir une très grande différence entre les infusions des feuilles du Polygonum Tinctorium, selon la température à laquelle elles ont été préparées et le mode employé pour les obtenir. Toutes ces observations me semblent propres à éclai- rer la fabrication de l’Indigo du Polygonum Tinctorium et à fournir des règles touchant son extraction. Quant aux applications qu’on pourrait faire dès à pré- sent des faits que j'ai présentés, n'est-il pas évident qu'une élévation de température favorise la réaction de l'atmosphère sur les infusions, réaction d’où résulte la précipitation de l’Indigo ? — Qu’ainsi la fabrication de cette matière colorante marchera mieux par un temps chaud que par un temps froid, ét que même en ein ployant l'acide sulfurique , l’on aura une séparation plus rapide et plus complète en concentrant la liqueur par une élévation de température. — Que l’acide sulfurique est préférable à la chaux sous le rapport de l’éfficacité , et que néanmoins l’on peut se passer de l’un et de l’au- tre, en concentrant les liqueurs au contact de l'air. — Les motifs d'économie, les ressources des localités, la (418) saison plus ou moins avancée devront guider dans la dé- terminalion du choix à faire entre ces procédés, Le mode des colonies semblerait indiquer deux états différents de l’Indigo dans la plante: sous la premiére forme, il se précipiterait spontanément au eontact de l'air; sous l’autre , il ne le ferait qu’au moyen de l’eau de chaux ou d’un acide. Toutefois comme l'addition de cet alcali ne s'effectue qu’aprés un battage prolongé, l’on peut concevoir que c’est à l’époque où l'agitation de la liqueur a dissipé l'acide carbonique, dont la présence favorisait l’action de l’atmosphére, que la: chaux devient nécessaire. Dans le procédé de M. Baudrimont, la coagulation de l’albumine végétale, par une affusion d’eau bouillante , laisse difficilement supposer que c’est à la faveur de ce principe, que l'Indigo s’est dissous dans l’infusion. Fau- drait-il l’attribuer à la pectine ? Cet autre principe im- médiat se présente sous la forme de gelée, comme on le voit.en évaporant le jus des groseilles et des coings; or je n'ai, jamais rien obtenu de pareil en évaporant les in- fusions aqueuses de Polygonum. Puisque je ne puis at- tribuer la dissolution de l’Indigo ni à l’albumine , ni à la pectine; que d’ailleurs dans tous les procédés que j'ai suiyis, il a toujours fallu faire intervenir l’air ou l’oxi- gène dans la précipitation de la matière bleue, il est assez naturel d’en conclure que l’Indigo n’existe point dans la.plante , tel qu’il apparaît à nos yeux quand nous l’en avons dégagé. Cependant, lorsqu’à l’imitation de M. Robiquet, nous laissons séjourner de l’éther pendant trois minutes sur les feuilles de Polygonum Tinctorium , ce liquide sort co- loré en bleu du vase où se fait l'expérience. Mais on peut (145) à ce sujet observer que l'essai pourrait ne pas réussir aussi bien hors du contact de l’air, que l’éther pourrait tenir de l’air en dissolution, qu’enfin rien n’indique jus- qu’à présent l'impossibilité d'admettre dans la plante l'existence de l’Indigo sous plusieurs états. C’est au chi- miste renommé auquel on doit cette observation, et nul ne peut le faire aussi bien que lui, qu’il appartient de l'éclaircir. “de eFarb darts LUE eh ad AUS OU x s v! tra { a ' Le «' Co MU hobèi LT ACTUS shape Poisson be see #adis") ft islof nets : da pie ot (TEE eméturtoss ; ptits ds) ET TC DYTU, Mr iaèrtà ets 48 WR-ag Xe jan rss caen «ni bal Eabronants RU "## “nn à Jasoir HO HO 4 irc e F EL pe + M LE r ei) sup void sise sis LUI 4: üts | eee qu CAR DDR LUE Elf A: PRIT TS rod rat À iez188 \ bi ail 4 Lil à 1 S à d L à \ tx . * t û 4 ‘ \ à + 7 ; \ à FU Ê ve ) id Auris sx (D Lau 1 ns # . LE AP] j ne + \ j # (out ÿs £ \ ps n! : Te. : F f L L LR 4 h Al Fr mt El LOL " + r . < TS + CNE \ LE nL * . Lee gaie} PA ONE à ï $ "0 LA { il M, t F q C4 Û Cr Ju lé ane à à À . te « » * } COUR : à] sale { ï É k n , (l À k ” cl A il à À 4 Ft Enr 9 V 4 # f N - TRE S.à dr “ 1 be) « CA à \ Fin Le oo PA , n ? = y LOGE 4 d ’ \e À , AI mÊ & es VU ï ? w ;; 4 à Le x ù l 7 « + x il ART LEETE AE n Q LP \ s F “ \ Er , | ‘à PRES LA d X , 0 + î } 1 Éssats SUR LES DIVERS PRODUITS QUE LON PEUT OBTENIR: } . DE L'HÉLIANTHE TUBERCULEUX : . PAR BELIN, PHARMACIEN , MEMBRE TITULAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE SEINE-ET-OISF; ne Lus dans les séances de cette Société, du 28 Janvier et du 11 Février 1840. .L'HELIANTHUS TUBEROSUS, Hélianthe tuberculeux, topinambour, taratouf, poire de terre, artichaut de Jé- rusalem ou du Canada, est une plante tuberculeuse dont les tubercules, assez volumineux, sont adhérents aux T. ll. Fr: 8 (118 ) racines. Elle est de la famille des astérées de la syn- génésie-polygamie, frustranée de Linnée. Quoique ori- ginaire du Brésil ou des montagnes du Chili (comme le prétendent quelques auteurs ), elle croît avec une grande facilité dans nos climats, où elle est cultivée pour la nourriture des bestiaux ; la récolte s’en fait vers la fin d'octobre. Les tubercules de cette plante sont plus ou moins vo- lumineux; ils peuvent acquérir la grosseur d’une des plus grosses pommes de terre. Leur épiderme est gris à la surface, rouge rosé en dedans; leur chair est blanche nacrée, compacte et d’une saveur sucrée. M. Henri Braconnot, qui en a fait l’analyse, l’a trouvée formée , sur 500 grammes, de: DTA M RP EE EE . + 386 00 Matière sucrée incristallisable.. . . ‘74 00 Énnlmes ie SRE DM LUN ER 15 00 Squelette végétal. . . . + . . . . 6 10 Matière gommeuse . . . . . . . : na 39 Citrate de potasse. . . . . + + . . 5 39 Substance particulière produisant là fermentation visqueuse . . . . . & 95 Phosphate de chaux férruginé. 0 72 Sulfate de potasse. . . . + . + - : 0 60 Citrate de chaux. . . . . . . . . 0 40 Muriate de potasse. . . . 0 40 Phosphate de potasse. . . . . . 0 30 Huile trés soluble dans l'alcool et dans la potasse. 1... . . « . 0 30 (149) ge © CÉTIRRS ie mers 1e 0 15 Malate de potasse. . . . . cs 0 15 Silice. 0 12 Tartrate.de chaux. . 0 07 Suivant M. Payen, la quantité de matière sucrée serait beaucoup plus considérable. J'ai fait plusieurs recherches pour m’assurer de la quan- tité de cette matière contenue dans le tubercule de topi- nambour. Je dois dire que si j'ai eu des résultats sembla- bles de tubercules cultivés dans la même terre, j'en ai eu de très différents de ceux cultivés dans des terres d’autre nature. , Ainsi la culture a, sur ce tubercule, une influence telle, que les quantités de matière sucrée sont de prés d’un tiers plus considérables dans les tubercules cultivés dans tel terrain, que ceux cultivés dans tel autre. Si, par exemple, on cultive l'Hélianthe dans un terrain sec, sa- blonneux, contenant une certaine quantité d'engrais, on obtient des tubercules moins gros, d’une chair plus com- pacte, d’une saveur sucrée plus prononcée quesi la plante a été cultivée dans une terre forte et humide ; car, dans ce dernier cas, le tubercule est plus volumineux, sa chair moins compacte, plus aqueuse, et sa saveur moins sucrée. Des expériences faites sur des tubercules cultivés dans une terre assez forte, qui avait été baignée pendant l'automne et une partie du printemps par les eaux de la Marne, m'ont donné un quart de moins de matière su- crée que ceux cultivés dans une terre sablonneuse et légèrement fumée. { 120 } D'après ce qui précède, avant de me livrer à la fabri- cation de l'alcool d'Hélianthe, je devais donc chercher à connaître quelle était la quantité moyenne de matière sucrée contenue dans cette plante. A cet effet, je fis des expériences à l’aide des procédés suivants, sur des tuber- cules cultivés dans diverses terres. 4 500 gr. de tubercules d'Hélianthe lavés furent soumis à l’action de la rape , puis ensuite à celle de la/presse. La pulpe dépouillée du suc fut lavée à l'aide d’une certaine quantité d’eau, et soumise de nouveau à la'pression. Les sucs réunis furent traités par 6gr. d'acide sulfurique étendu de 20 gr. d’eau, puis traités ensuite par le carbonate de chaux. La saturation de l'acide étant faite , les sucs filtrés furent rapprochés au bain-marie en consistance d'extrait pilulaire. Cet extrait fut traité par l’alcool à 53° cent.; la solution produite, filtrée et rapprochée, fut reprise de nouveau par l’eau distillée ettraitée par le sous-acétate de plomb; filtrée de nouveau, cette solution fut traitée par l'acide sulfhydrique pour s'emparer du plomb, puis filtrée et rapprochée. L’extrait fut repris de nouveau par l'alcool pour dissoudre la matière sucrée; la solution alcoolique fut ensuite rapprochée en consistance d'extrait presque sec. J'obtins 62 gr. de matière sucrée dans cette première expérience. Je traitai une deuxième fois par le même procédé 500 gr. de tubercules cultivés dans la même terre , et j'en obtins à peu prés les mêmes quantités de matière sucrée, c’est-à-dire 63 gr. Mais deux expériences semblables, faites sur des tu- bercules cultivés dans une terre sablonneuse et légère- ment fumée , me donnérent : l’une 14 gr., et l’autre 16 gr. de matière sucrée de plus que les tubercules des pre mières expériences ; c’est-à-dire que j'en obtins 77 et 79 gr. dans ces deux dernières opérations. (121 ) Les avantages que présente la méthode de déplacement pour l'extraction des matiéres solubles de la ‘plupartfdes substances végétales me firent tenter l’expérience sui- vante. Après avoir convenablement lavé 1000 gr. de tuber- cules et les avoir coupés en lanières assez minces, je les fis sécher dans une étuve dont la température variait de 29 à 32°. Au bout de quelques jours ils étaient bien secs, leur poids n’était plus que de 255 gr. Je les, fis mettre en poudre grossière , et aprés l'avoir placée dans un appareil de déplacement, je versai sur cette poudre 500 gr. d’alcooi à 60» cent. ; mais la poudre ne tarda pas à se gonfler et je ne pus obtenir que 210 gr. de l’alcool em- ployé. Ce liquide jouissait d’une saveur sucrée trés agréable ; j’ajoutai 500 gr. d’eau distillée sur la poudre, mais aussitôt elle se gonfla de telle maniére que je n'obtins qu'une très petite quantité de liquide, faiblement alcoolique et très sucré. Je retirai alors la pulpe de l'appareil, et je la fis bouillir en y ajoutant de nouveau 500 gr. d’eau distillée. Après une ébullition d’une demi- heure, je la soumis à l’action d’une forte pression, et jobtins un liquide légèrement ambré, assez sucré, mais d’une saveur acre. Je le fis rapprocher en con- sistance d'extrait mou; cet extrait était brun, sucré, mais acre. ° La liqueur alcoolique, rapprochée de la même maniére, a donné un extrait coloré, mais d’une saveur sucrée assez franche. Les deux extraits furent dissous dans l’eau di- stillée, les solutions mêlées ensemble furent filtrées, puis traitées par le sous-acétate de plomb, l'acide sulfhy- drique et l’alcool, comme nous l’avons décrit dans le premier procédé ; ils donnèrent 174 gr. 5 déc. de matière sucrée en consistance d'extrait sec. Cette matière avait (12) une saveur sucrée très agréable, elle était moins colorée que celle obtenue par le premier procédé. - La même expérience répétée sur une quantité sem- blable de tubercules cultivés dans le même terrain, m'a donné les mêmes quantités de sucre. Il est bien évident que ce procédé a l'avantage sur le premier, non seulement par les quantités, mais encore par la qualité de la matière sucrée que l’on obtient. Je suis donc autorisé à penser, d’après ce qui précède, que l’on peut considérer que la quantité de matière su- crée contenue dans le tubercule de l'Hélianthe est ,terme moyen, de 74 gr. par 500 gr., comme l’a trouvé M. Bra- connot, et que la quantité de cette matière varie consi- dérablement selon le terrain et le genre de culture adopté pour la production de cette plante. On pense bien que les procédés dont je viens de parler ne peuvent être employés que pour obtenir cette matiére sucrée assez pure, et servir à déterminer sa quantité comme je l’ai fait ; mais qu’ils seraient trop dispendieux pour obtenir le sucre d’'Hélianthe, qui pourrait, dans le commerce, remplacer celui de dextrine. Aussi, pour arriver à ce résultat , j'ai tenté les expériences suivantes, qui m'ont assez bien réussi. Après avoir lavé 25 kil. de tubercules d'Hélianthe, les avoir rapés, je les soumis à l’action de la presse, et j'obtins 7 kil. de suc, pesant 14° au pêse-sirop. La pulpe reprise par 8 kil. d’eau, et fortement pilée dans un ba- quet, donna , par l’expressiôn, 8 kil. 500 gr. d’un liquide pesant encore 100. Je réunis les deux liqueurs dans une bassine, et aprés les avoir chauffées à 80°, j’ajoutai 37 gr. de chaux éteinte et délayée dans l’eau, puis j'élevai la température à 100°, en ayant le soin d’agiter le liquide; au bout de quelques minutes je retirai du feu, et deux (13) heures aprés la partie supérieure du liquide était couverte d'une couche épaisse de matière glutineuse; je jetai le tout sur un blanchet et j'ajoutai à la liqueur passée trois blancs d'œufs battus dans l’eau , et la portai à l’ébullition pendant un quart-d’heure; je la jetai de nouveau sur un blanchet recouvert de noir en grain ; cette liqueur passa chaire, elle ‘était d’une teinte légèrement ambrée, mais laissa déposer, par le refroidissement, des flocons muci- lagineux. Je me trouvai donc forcé de la remettre sur le feu après yavoir battu de nouveau deux blancs d'œufs, et au moment fde l’ébullition j'ajoutai du noir en poudre; je passai de nouveau sur le blanchet, elle passa encore ambrée, mais il'ne se forma plus de précipité par le refroidissement ; rapprochée à 36° du pése-sirop, j'obtins alors 3 kil. 627 gr. d'un sirop coloré légèrement en brun Jaune, d’une saveur plus agréable que la dextrine, et qui, par le refroidissement, devint d’une consistance plus épaisse que celle des mélasses. La même quantité de tubercules lavés, rapés et soumis à l’action de la presse comme dans la première expé- rience , fournit à peu près la même quantité de liquide que je traitai par 40 gr. d'acide sulfurique étendu. Aban- donné au repos pendant 12 heures, puis l'acide saturé par le carbonate de chaux, le liquide passa £lair à tra- vers un blanchet, Chauffé comme dans la première ex- périence , après avoir été battu avec trois blancs d'œufs et jeté sur un blanchet couvert de noir en grains, ce li- quide passa clair ; il était légérement ambré, mais il ne laissa pas précipiter des flocons mucilagineux comme dans la première expérience. Rapproché à 36°, il. donna 3 kil. 623 gr. d'un sirop semblable à celui .obtenu dans l'expérience précédente. | Ces deux sirops furent mélés ensemble, et abandonnés ( 194 ) depuis le 4.er avril jusqu’au 15 octobre dans mon labo- ratoire, ils n’éprouvérent aucune décomposition. A cette époque, je les fis fermenter ét j'en obtins de l'alcool; maïs très peu de levure. Le sirop obtenu de PHélianthe me paraît préférable à la dextrine; il se prend en masse semblable au miel, quand on l’abandonne à une température de 16 à 17°. Sa saveur ést beaucoup plus sucrée que la dextrine , et je suis convaincu que 500 gr. de ce sirop remplaceraïent facilement 700 gr. de tous ceux obtenus des fécules. Un hectolitre 56 litres d'Hélianthe traité par le der- nier de ces deux procédés, donnerait au moins 13 kil. 500 gr. du sirop dont je viens de parler. DE L'ALCOOL ET DES LEVURES DE L’'HÉLIANTHE. Plusieurs essais avaient été faits pour fabriquer de l'al: cool avec les tubercules d'Hélianthe avant que je me char- geasse de chercher un procédé plus avantageux que ce- lui connu jusqu’alors. Maïs personne que je sache, n’a- vait pensé avant moi à obtenir du produit de la fermenta- tion du sucre de ce tubercule, un ferment qui püût être em- ployé non seulement à déterminer sa propre fermenta- tion, mais encore celle de plusieurs autres liqueurs fer- mentescibles. Je dois dire ici que les belles expériences faites par notre savant collègue, M. Colin, et qu’il a consignées dans son dernier mémoire sur la fermentation, m’ont mis sur la voie de cette découverte. (495 ) Le procédé ‘employé jusqu'alors pour: fabriquer 2 cool d'Hélianthe, consistait à laver les tubercules, raper, délayer la pulpe dans une grande quantité d'eau , et la mettre en fermentation à la température de 28?, aprés avoir délayé de lalevure de bière; mais ce pro- cédé que j'essayai plusieurs fois, présente de graves in- convénients lorsqu'il s’agit de travailler en grand. Ainsi, bien qu’on ait le soin de mêler la pulpe avec J'eau.en la brassant dans la cuve pendant plus d’une heure, dès que la fermentation commence à marcher, cette, pulpe monte à la partie supérieure du liquide, y forme un cha- peau extrêmement épais qui, empêchant le prompt déga- gément; de l’acide.carbonique , donne à la fermentation une marche irrégulière, ce qui fait, que la partie supé- rieure de-la pulpe est déjà passée, à l’état acide , tandis que la fermentation du liquide n’est pas encore achevée. Il suit de: là que non seulement, on m’obtient pas toute la quantité de:l’alcool qui :doit.être produit, mais encore que,cet alcool. a.un très mauvais goût qui lui,est commu- niqué par la pulpe trop fermentée. Une autre difficulté, presque insurmontable, est celle que l’on éprouve à se débarrasser des résidus de la distil- lation qui,,se trouvant presque à l’état pâteux.en sortant des alambics, ne peuvent être facilement. portés hors de l'usine, parce que la pulpe,,en.se précipitant,, obstrue les. conduits de décharge. et même les fossés, ce :qui oblige souvent à arrêter le travail de l’usine,,et entraîne à de très fortes dépenses. Connaissant toutes ces difficultés; je v st pure *. % r re 16 ” « a A4 8 èt à j pr ñ { Ein “ “ui ( 4 Lie « ' u EN | LÀ 2, et Ê la ‘ L n « 1" 1 et PTT .: à CNET MET du Rés | s En 1 FE WU AL a L nr \ Jér Dt: « APS: NX F4 A “ L'ULT i j At À F4 ‘ ALLER tp : A Le LA RAPPORE Fait à la Société des Sciences Naturelles de Seine-et-Oise , Li DANS SA SÉANCE DU 7 AVRIL 1840, PAR LA COMMISSION CHARGÉE D'EXAMINER LES VERNIS A TABLEAUX de AM. MERGER, de Versailles, Ef composée de MM. CoLIx, Courin, et BOISSELIER, Rapporteur. ——_—_—_—L— MESSIEURS, Vous vous rappellerez qu’en 1836 , M. Merger, de Ver- -sailles, présenta à la Société plusieurs échantillons de vernis à tableaux composés par lui, afin de les soumettre à votre examen. À celte époque, une commission fut nommée par vous à cet eflet; elle se composait de MM. Colin, chimiste, Coupin, peintre d'histoire, et Boisselier, peintre de paysages; tous trois professeurs à l'Ecole royale militaire. C’est le résultat des expérien- ces faites par cette commission que j'ai l'honneur de vous communiquer aujourd'hui en son nom. Et d’abord, pour bien constater l'effet d’un vernis sur la peinture, il est nécessaire que les différentes modi- fications que le temps et les variations atmosphériques peuvent y apporter soient bien étudiées. C'est la raison pour laquelle votre commission n'a pu se prononcer jusqu'à présent; mais aujourd'hui elle est en mesure 9 (134) de vous donner toute satisfaction à ce sujet. C’est ce qui va faire l’objet de cette communication. Sur une toile à peindre nouvellement imprimée ont été appliquées plusieurs teintes, variées dans les tons bleus tendres, dans les tons roses et blancs, à l’effet de recevoir le vernis de M. Merger, le lendemain même de leur impression, qui cependant était suffisamment séche. C'était la plus-rude épreuve que l’on püt lui faire subir, la coloration du vernis étant bien plus sensible sur les tons ci-dessus indiqués que sur aucun autre ; et de plus, la nouveauté de l'impression de ces teintes était aussi une contre-épreuve d'un autre genre, le retrait du ver- nis. Je crois devoir vous donner ici, Messieurs, une ex- plication plus étendue , afin de vous faire bien apprécier le résultat de ces deux épreuves. Dans les tableaux, rien n’est plus facile à altérer par la couleur du vernis que les teintes claires ci-dessus mention- nées , et il n’existe pas de vernis qui n’apporte sensible- ment une modification à ces tons ; en vieillissant il jau- nit, et conséquemment il colore le blanc en jaune-paille, le bleu tendre en vert, et altére trés sensiblement la frai- cheur des teintes roses ; toutes ces teintes sont très sou- vent employées dans la peinture pour la représentation de la nature dans les tons de chairs, dans les linges, dans les eaux, dans les ciels et dans les montagnes loin taines ; ils ont donc une très grande importance , et l’ar- tiste a le plus grand intérêt à les transmettre comme il les a produits. Le vernis de M. Merger a été mis en opposition avec les vernis des meilleurs marchands et fabricants de Paris, et, Messieurs, il faut le dire, il leur a été infiniment supé- rieur sous tous les rapports, comme vous pourrez en juger vous-mêmes par cet essai que je soumets à votre examen. Ts ( 1435 ) Voici comment nous avons procédé au 1.er déce 1836 : nous avons appliqué à deux couches le vernis de M. Merger sur une zône en travers des diverses teintes mises sur la toile ; nous avons laissé au milieu une zône intermédiaire sans vernis, et nous avons ensuite appli- qué sur la zône qui restait deux couches de vernis pris chez les meilleurs marchands de Paris, chez ceux enfin qui ont la confiance la plus entière des artistes, qui ver- nissent une grande partie des tableaux aux expositions du Louvre, et qui sont chargés de l’entretien, sous ce rapport, de diverses galeries, et entre autres de celle du Palais-Royal. IL vous sera facile de voir, sans une bien grande attention, combien le vernis de M. Merger est supérieur. Il l’est encore sur deux autres points non moins importants : c’est d’abord sur celui, passez-moi le terme , du craquelage , bien qu'il ait été appliqué dans la situation la plus fâcheuse où puisse s'appliquer un vernis , celle d’être mis sur une peinture fraîchement étendue et mise elle-même sur une impression nouvelle ; il a, vous le voyez, beaucoup moins craquelé ou fendillé que le vernis qui a été mis en comparaison , et cela d'une manière très apparente. Le vernis soumis à votre examen est donc sorti victo- rieusement des deux plus rudes épreuves qu’on ait pu lui faire subir ; mais il posséde en outre une qualité précieuse à un plus haut point que les vernis connus jusqu’à présent: c'est celle de pouvoir se dérouler ou s’enlever, lors du dévernissage de la peinture; opération que de certains vernis rendent très difficile , très périlleuse pour les tableaux, et qui même quelquefois est impossible. Vous le voyez , Messieurs, le vernis de M. Merger pos- sède toutes les qualités demandées jusqu’à présent : il est brillant, peu coloré, s’enlève avec une grande facilité ( 136 } déraquéte trés peu, et même pas du tout sur de la pein- ture bien sèche. M. Merger mériterait des encouragements , non-seule- ment pour l'invention de son vernis à tableaux, mais aussi pour celle d’un autre vernis à retoucher, qui est excellent ; c’est encore ce qu’on a fait de mieux jusqu’à présent. Il a aussi trouvé le moyen de décolorer les huiles diverses employées dans la peinture sans les rendre vis- queuses, et il a composé une huile siccative beaucoup moins colorée que celles employées jusqu’à ce jour, et qu’on appelle huiles grasses. Ces découvertes, toutes modestes qu’elles paraissent , peuvent cependant avoir un grand résultat dans l’art de la peinture à l'huile, en ce qu’elles empêcheront les ta- bleaux de noircir autant par la réaction de l'air sur les huiles qu’on emploie ordinairement dans ce genre de peinture, que par leur qualité presque incolore par elles- mêmes ; ce qui jusqu'à présent a certainement été la cause principale pour laquelle beaucoup de chefs-d’œu- vre ne nous sont pas parvenus tels que les auteurs les avaient faits d'abord. M. Merger pourrait produire, à l’égard de ses décou- vertes , les certificats les plus honorables ; il en possède déjà quelques-uns dont l'autorité est de la plus grande importance sur ce sujet ; il en sollicite un qu’il estime du plus grand intérêt pour lui, c'est celui que pourrait lui donner la Société des Sciences naturelles du département de Seine-et-Oise. . Dans sa séance da 12 Mai 1840, la Société a décidé, sur l'avis d'une Commission composée de MM, l'Abbé Canox, Lassé et Bcowvez, que le Rapport ci-dessus serait imprimé dans le Recueil de ses Mémoires. DE NGQUIRES SUR L'ÉLECTRODYNAMIQUE bé EXPÉRIMENTALE Faite à la Société des Sciences Naturelles de Seine-et-Oise, Le 7et Le 44 dbotil 4840 , PAR M. J.-M.-M. PEYRÉ, MEMBRE TITULAIRE , PROFESSEUR DE PHYSIQUE. A L'ÉCOLE MILITAIRE DE S.- CYR. re À QG QG ns x. Æntroduction. ON sait que les fluides électriques ont deux modes d'existence trés distincts : l’un que l'on nomme l’état statique, et auquel sont dus tous les effets extrêmement variés des machines électriques, de l’électrophore , du condensateur, des électroscopes.…..., el en général de tous les appareils qui ont pour principe le dégagement de 10 ( 138 } l'électricité par le frottement et par quelques autres moyens, et dans lesquels ce fluide se trouve en repos pendant tout le temps que les instruments ne manifestent pas leur action; il s'échappe presque toujours en totalité dans un temps {rès court, à l'instant de la production des phénomènes principaux que les machines sont destinées à reproduire. L'autre mode d’existence des fluides éleé- triques est l’état dynamique ou de courant ; alors ils par- courent avec des vitesses {très grandes et d'une manière continue le système de conducteurs qu’on leur présente ; cette deuxième manière d’être de l'électricité donne aussi lieu à des phénoménes trés nombreux et d’une haute importance ; alors la cause qui produit les fluides doit agir pendant toute la durée des réactions; nous nous proposons de présenter ici la description de quelques ap- pareils d’une grande simplicité pouvant servir à répéter presque toutes les expériences relatives à la partie de la théorie générale de l’électrologie dans laquelle on se propose d'étudier les phénomènes produits par l’électri- cité en mouvement ; on sait qu’elle porte le nom d’élec- trodynamique. " XX. Descriplion d'un Appareil électrodynamique. L'appareil avec lequel nous répéterons nos expériences se compose d'une planche de bois ab (fig. 1); deux mon- tants verlicaux aussi en bois, cd, fg, supportent une tra- verse horizontale cf au milieu de laquelle se trouve un trou À dans lequel passe un gros fil de cuivre en crochet ( 139 ) ñ ; le crochet sert pour faire tourner le fil suv lui-même ; cette espèce de clé soutient un fil de lin trés fin, sans torsion hi, qui est terminé par un crochet très léger ; ces dispositions permettent au fil de lin de pouvoir être en- roulé plus ou moins sur celui de cuivre; de cette manière le crochet à peut se trouver à diverses hauteurs, selon les besoins des expériences ; cet effet se produit en pas- sant le fil de lin dans un petit trou pratiqué dans le cro- chet », vers l'extrémité opposée à celle qui sert de poi- gnée ; les montants cd, fg sont percés à diverses hauteurs par des trous pour recevoir des fils de cuivre assez forts k et !, dont la forme est indiquée en m ; le crochet se place en dedans. Dans les figures relatives à nos petits appareils, le cuivre sera toujours représenté par un trait fin, et le zinc par un autre plus fort. Ce dernier métal sera tou- jours découpé dans une de ces feuilles qui servent aux usages ordinaires, et dont l'épaisseur est à peu prés d’un à deux millimètres; le cuivre peut être beaucoup plus mince. XXX. Manière d'obtenir des courants électrodynamiques. 1.0 Une des manières les plus simples de produire un courant électrodynamique consiste à lier ensemble, par un fil de cuivre, un fil de zinc zz (fig. 2), avec un ruban de cuivre cc, de telle sorte que les surfaces en contact soient parfaitement décapées ; on recourbe le pelit sys- tème comme l'indique la figure ; on l'accroché en # dans ( 140 ) la machine ;'on fait plonger ses extrémités dans de l’eau acidulée contenant de l'acide sulfurique et de l'acide azotique ; ces deux acides soñt tous deux nécessaires ; le développement du courant électrodynamique se produit de la manière suivante : dans les réactions chimiques iniliales, qui ont lieu entre les liquides et les métaux que nous employons, le zinc prend l'électricité négative et le liquide l'électricité positive; ces fluides tendent à se combiner lorsqu'ils se trouvent à l’état naissant ; ils se neutralisent en effet, car, alors, l'électricité positive ac- quise par le liquide se porte sur le cuivre, parcourt en s'élevant toute la longueur de ce métal, traverse le con- tact qui a lieu dans la partie supérieure en cz, descend dans le fil de zinc qui possède l'électricité négative et où la combinaison se produit ; la continuité de l’action chi- mique donne lieu à un développement continu de flui- des, et le courant s’établit ainsi d’une maniére perma- nente dans le sens indiqué par des fléches. 2. Pour se procurer un courant plus énergique, on peut composer un petit couple de Wollaston dont la pla- que de zinc x (fig. 3), a un ou deux centimètres de super- ficie ; elle est entourée par un fragment ec de feuille de cuivre qui ne la touche pas; on maintient une petite di- stance entre les deux corps à l’aide de quelques mor- ceaux de papier contre lesquels le cuivre fait ressort; à la partie sapérieure des lames se trouvent deux appen- dices autour desquels on eroule les extrémités d’un fil de cuivre ou réophore que l’on replie en cercle, en rec- tangle..…... Le zinc et le cuivre qui servent à la construc- tion de ce couple peuvent être très minces; le premier de ces métaux a souvent besoin d’être renouvelé, mais on peut très facilement confectionner une douzaine de ces petits appareils dans l’espace d’une heure. On voit (141) d’ailleurs que le principe de la formation du courant électrodynamique est le même que celui du couple pré- cédent , et qu’il marchera dans le même sens, suivant la direction des fléches , lorsque ie couple sera plongé dans un vase contenant de l’eau acidulée. 3.0 Pour obtenir un courant encore plus énergique avec beaucoup de facilité, on peut construire un couple mul- tiple de la manière suivante : on découpe plusieurs peti- tes plaques de zinc et de cuivre de maniére à leur don- ner la forme a (fig. k); on enroule un fil de cuivre b sur tous les appendices, on réunit les lames en les disposant alternativement en c,z,c,7....; On place d’un même côté les appendices en cuivre, et sur le bord opposé ceux de zinc ; les plaques sont séparées successivement par de très, petits rubans de papier ; on les assujettit un peu soli- dement avec un fil de lin un peu fort dd; les fils b qui appartiennent aux lames de cuivre sont réunis enp, en un seul faisceau, à l’aide d’un autre fil de même métal ; on en fait autant en # pour ceux qui sont liés aux appen- dices en zinc. Ce couple multiple immergé dans l’eau aci- dulée, recevra de l'électricité positive sur les plaques de cuivre; toutes les électricités que les fils b conduisent se réuniront en p ; elles traverseront ensemble le fil mm et pourront se combiner avec les électricités négatives des plaques de zine ; on conçoit ainsi que le courant électri- que qui parcourt le réophore mm, sera la somme de tous ceux qui auraient lieu entre deux plaques, l’une de zinc et l’autre de cuivre, si elles étaient isolées ; elles pourront alors produire des effets ayant une assez grande intensité ; par exemple, avec celui que représente la fi- gure, en prenant une surface réelle triple de celle du dessin, on parvient à faire rougir un fil de platine d'un diamètre égal à un tiers ou un quart de millimètre ; on (142) interrompt pour cela le réophore en ! pour assujettir le fil de platine ; l’incandescence n’est pas de longue durée; mais, long-temps après qu’elle n’a plus lieu, le platine possède encore une température capable d’enflammer les alumettes ordinaires , et plus tard encore celles qui con- tiennent du chlorate de potasse. &.° Pour avoir encore des effets plus intenses dans les actions électrodynamiques produites avec nos pelits ap- pareils, on peut adopter une disposition qui consiste à prendre un fil de cuivre recouvert de soie, de papier, de vernis résineux Ou d’une substance un peu isolante ; on obtient même de bons effets en employant simplement les fils dont la surface est un peu fortement altérée par l’action du recuit; on le contourne vingt , cinquante ou cent fois en cercle ou sous toute autre forme (fig.5) et l’on assujettit les diverses circonvolutions avec un fil ordi- naire ; on enroule les extrémités décapées p et n de deux longs appendices sur les points de même désignation dans le couple multiple dont nous venons de donner la description. On voit ainsi que les courants -qui passent dans un point quelconque m,m, du réophore multiple ayant tous évidemment la même direction, agiront dans le même sens, et leur ensemble pourra donner lieu à des phénomènes que l’un d'eux n'aurait pu produire. 5.° On sait que l’action de la terre tend à diriger les réophores mobiles lorsqu'ils sont parcourus par des cou- rants ; les fils qui possèdent cette proprié!é sont des cou- rants statiques, parce qu'ils peuvent prendre une position fixe dans laquelle ils reviennent après un certain nombre d’oscillations, lorsqu'on les en écarte par un moyen quel- conque ; mais il peut être souvent utile de composer des systèmes indifférents à l’action de la terre, et qui restent dans la position où on voudra les placer , c’est-à-dire (143) qui n'aient pas de position particulière d'équilibre ; on leur donne le nom de courants astatiques ou privés de position déterminée de repos; on peut en obtenir de beaucoup de manières différentes : on voit d’abord, dans les réophores des figures 2 et 3, que si l’une des parties verticales tend à se porter vers l’est, l’autre, dans laquelle le courant chemine en sens contraire, se portera vers l'ouest; ces réophores sont statiques ; mais si l’on oppose deux systèmes semblables l’un à l'autre, on obtiendra l'effet que nous nous proposons de produire. Une des plus simples dispositions que l’on puisse adopter consiste à prendre le couple construit dans la figure 3 , et à con- tourner son réophore comme l'indique la figure 6, de manière que le courant parcoure en sens inverses les \ deux cercles verticaux c et c, qui se trouvent dans le même plan : il est évident que si l’un des cercles se pla- çait dans une position fixe, l’autre tendrait aussi à la prendre par la même cause, qui agirait. sur lui en sens contraire. — On peut encore faire usage des dispo- sitions indiquées par les figures 7, 8, et de beaucoup d’autres. En général, on voit qu’on peut placer dans l'appareil que nous avons construit, tous les réophores ordinaires en les liant au petit couple décrit précédem- ment (IIL, 2.°). LV. Actions des courants sur les courants. 1. Pour établir le principe fondamental de l’électro- dynamique qui consiste en ce que les courants parallèles de même sens s'attirent el que ceux de sens contraires se repousêent , on suspend au crochet à de appareil fig. 1 { 14h ) le couple fg. 3 et on lui présente le réophore multiple fig. 5, mis en communication avec la petite pile fig. 4; les effets sont très énergiques, sur-tout si la pile est com- posée d'unê dixaine de plaques. Supposons, par exemple, que l’on ait introduit dans l'appareil fig. 1, le courant indiqué par la fig. 3, de manière à faire plonger son cou- ple dans l’eau acidulée contenue dans le petit vase rs; l'électricité se mouvra dans le sens des fléches ; si on lie maintenant le réophore multiple fig. 5 au couple multi- ple ainsi que nous l'avons déjà expliqué (HE, 4.0), après que le réophore mobile aura pris une position stable sous l'influence de l’action de la terre (HE, 5.°), si l’on pré- sente à l’une de ses branches , une de celles du réophore (fig. 5), il y aura attraction entre celles qui portent des flèches dirigées dans le même sens, et répulsion entre celles dont les flèches marchent en sens opposés. En plaçant dans la position qu’on voudra le conducteur fig. 5, on pourra retenir dans une situation quelconque le fil qui tourne autour de ki, quoique l’action constante de la terre tende toujours à le placer dans une direction déterminée qui peut être trés différente de celle qu’on lui fait prendre à l’aide du réophore multiple. 2. Les mêmes dispositions peuvent servir à observer l'action réciproque des courants angulaires, en donnant au réophore fig. 3 la forme d’un carré ou d’un rectangle présentant un côté horizontal dans sa partie supérieure; on faconne alors le réophore multiple de la même ma- nière , ou du moins on le dispose réctilignement sur une portion que l’on présente à une petite distance du côté horizontal du conducteur fig. 3. On découvre ainsi que le courant mobile horizontal oscille pendant un certain temps près du réophore fixe que l’on dispose au-dessus ou au-dessous de lui êt qu'il (145) finit par se fixer dans une direction parallèle de maniére que son courant marche dans le même sens que celui qui le dirige. On trouve aussi que les portions de cou- rants, dont les réophores font un certain angle, s’atti- rent lorsque la marche de l'électricité dans chacun d'eux, est dirigée vers le sommet de l’angle ou en sens opposé; elles se repoussent , lorsque les courants;ont; par rapport au sommet de l'angle, des directions con- traires. 3.° L'égalité d’action entre un courant sinueux et un courant ordinaire qui en diffère peu, se démontre avec. le système fig. 9 que l’on emploie de la même manière que le précédent. On voit que, dans cette disposition, le: courant parcourt le réophore circulaire dans le sens de la fléche et revient en sens contraire sur la portion si- nueuse ; ce courant reste immobile en présence du réo- phore multiple. rod En présence du réophore multiple, l’une des branches du conducteur mobile est attirée et l’autre est xepous- sée ; et comme on n’observe aucun mouvement , on doit admettre que l'attraction exercée sur Fune des branches mobiles est égale à la répulsion qui est exercée sur l'au- tre ; cette égalité d'action est évidente dans le cas oùles deux branches du fil réophorique, fig. 9, sont circulaires, et comme l’expérience montre qu'il en est de même dans le cas où les sinuosités existent , on doit conclure que l’action d’un conducteur sinueux , est égale à celle d’un conducteur qui ne l’est pas. 4.0 Pour obtenir la rotation continue d’un courant rectiligne horizontal par l'action d’un courant circulaire, ce qui est un des phénomènes les plus curienx de l’élec- trodynamique, on fait un trou au centre d’une assiette ab (fig. 10); on y mastique un fragment de tube de verre + 10 ( 146) cd, dans lequel on introduit un fil vertical de cuivre 4k, en l’assujettissant à l’aide d’un bouchon; la partie supé- rieure de ce fil est horizontale, bien plane et perpendicu- laire à son axe : on fait reposer sur cette extrémité un fil de cuivre trés léger /g au moyen d’une pointe qu’il porte dans son milieu et que l’on obtient en le composant de deux parties dont on roule deux extrémités l’une sur l'autre; le fil est coupé ensuite avec des ciseaux très obli- quement à son axe, de manière qu’il ne touche le support ik que par un trés pelit nombre de points de manière à diminuer beaucoup le frottement; le fil de cuivre fg sou- tient un cercle horizontal de même nature ; ce système peut tourner avéc une extrême facilité sur le pivot qui le porte; on place horizontalement dans le vase Île réophore multiple fig. 5, après en avoir recouvert la surface d’un vernis résineux, et l’on attache à l’un de ses bouts un anneau en fil de cuivre de même diamètre que le sien et qui le touche ; l’autre extrémité k vient en dehors du vase. Le couple multiple , fig. k, est mis en communication par un de ses pôles avec le fil À et par l’autre avec k; on voit qu’alors le conducteur mobile fq doit tourner d'une manière continue dans un sens où dans l'autre, suivant la direction du courant que l’on peut intervertir en retournant le couple. Supposons, par exemple, que les dispositions de l’appa - reil fassent entrer le courant par le point k et qu’il suive les circonvolutions du réophore multiple de manière à passer d’abord en avant de la figure ; il sortira ensuite par tous les points de l’anneau attaché à l’autre bout du fit, traversera le liquide en se mouvant vers 4k, s’élévera sur les petites parties verticales de /g, et parcourra les deux branches horizontales fi et gi dans le sens des petites flè- ches qu’elles portent ; il parviendra ainsi à la pointe et (447 ) descendra suivant +k pour se rendre à l'autre pôle de la petite pile; en se rappelant maintenant le principe de l’action des courants angulaires que nous avons déjà vé- rilié (IV, 2.0), on verra aisément que fi devra tourner sur le point à de manière à passer d’abord en avant de la figure et que gi doit circuler aussi sur le même point en se dirigeant primitivement en arrière ; le mouvement est continu parce qu’il y a toujours quelques points du réo- phore fixe qui agissent de la même maniére sur fi et sur gi. ii 5.° On peut encore observer plusieurs des résdlltats que présentent les courants en agissant les uns sur les au- tres, en composant une hélice électrodynamique de la manière indiquée fig. 11, avec un fil de cuivre recouvert de soie ou de vernis dont on lie les spires à un petit frag- ment de baleine ; cette hélice peut aussi être formée avec un fil assez fort pour que le système abandonné à lui- même ne se déforme pas; on fait ensuite communiquer les extrémités libres avec les pôles du couple multiple fig. k, et l'on présente les bouts a et b de l’hélice aux réophores fig. 2, 3, 6...., suspendus dans l'appareil prin- cipal. Nous venons de faire connaitre quelques-unes des dis- positions que l’on peut adopter pour répéter les ex- périences principales qui servent à constater les actions des courants sur les courants; ce que nous avons indi- qué sur ce sujet sera suffisant pour faire concevoir la manière de construire tous les autres appareils dont on fait usage dans cette théorie : nous n’entrerons pas dans de plus amples détails qui peuvent être facilement suppléés. VW. Actions de la Terre sur les courants. 1. L'action directrice de la terre sur un courant, que nous avons déjà indiquée (HIT, 5.0) se constate très sim- plement avec le couple fig. 3 que l’on suspend dans l’ap- Page fig. 1. Lorsque les métaux plongent dans l’eau ulée contenue dans une tasse, le réophore c'e! oscille nt quelque temps, et finit par prendre une position fixe que l’on reconnait être perpendiculaire à la direction de l’aiguille de déclinaison , et de telle sorte que dans la partie inférieure , le courant marche dans le sens de l’est à l’ouest. ; . Supposons, par exemple, que les métaux qui forment le couple (fig. 3), soient assemblés comme la figure l’in- dique , alors le courant marchera dans le sens indiqué par les flèches que porte le réophore, et l’on observera que le fil c'e’ prendra un mouvement oscillatoire de part et d'autre d’un plan vertical perpendiculaire au méri- dien magnétique du lieu où l’on se trouve ; aprés un cer- tain temps les oscillations n'auront plus lieu, le plan du cercle c'e’ se placera perpendiculairement à la direction de l'aiguille de déclinaison, et le courant sera disposé de telle maniére que, dans la partie inférieure qui contient deux petites fléches, il marchera de l’est à l’ouest, ainsi que cela aurait lieu, d’après le principe fondamental (IV, 1.0), si la terre possédait un courant ayant un mou- vement dans ce même sens; l'expérience dont nous par- lons ici semble établir l'existence de ce courant. 2,0 En équilibrant sur les crochets des fils # et { de ( 149 ) l'appareil fig. 1, le réophore fig. 12, si on fait communi- quer { avec un des pôles du couple fig. #, et k avec l’au- tre , si l'équilibre est très bien établi, et si l'horizontale kl est perpendiculaire au méridien magnétique, on ob- serve que, lorsque le couple multiple plonge dans l’eau acidulée, le rectangle conducteur tend à se placer de ma- niére que son plan est perpendiculaire à la direction de l'aiguille d’inclinaison, le courant maréhant de l’est à l’ouest dans la partie inférieure ; cependant, comme ilest difficile de construire le rectangle de manière qu’il reste en équilibre iorsqu’on le place d’une manière quelconque sur les fils et {, cette expérience présente quelques difficultés, comme cela arrive avec tout autre appareil du même genre. 3. On peut produire la rotation continue du conduc- teur fg (fig. 10) en supprimant le réophore multiple im- mergé dans le vase ab, et soumettant le reste de l'appareil à l’action de la terre ; mais, pour produire ce mouvement, il faut que le couple multiple ait une assez grande éner- gie. k.° En faisant communiquer les extrémités du fil de l'hélice fig. 11 avec les plaques d’un petit couple analo- gue à celui qui est représenté dans la fig. 3, et suspen- dant ensuite le système dans l’appareil fig. 1, il sera bien facile d'observer que l’hélice, après un certain nombre d’oscillations, se place dans une position où son axe est parallèle à celui de l'aiguille de déclinaison, les cou- rants marchant de l’est à l’ouest dans la partie infé- rieure des spires ; de sorte que cette hélice peut être as- similée à une aiguille aimantée, et réciproquement on peut concevoir dans la masse de l’aimant un systéme de courants analogues à ceux de l’hélice. ( 150 ) VI. Actions des courants sur les aimants. On sait que M. OErsted, ayant suspendu une aiguille aimantée sur un pivot, lui présenta, danse sens de sa longueur , le réophore d’une pile en activité au-dessus, au-dessous et par côté; il trouva que l'aiguille tendait toujours à se placer perpendiculairement au fil conduc- teur. 1 Pour constater ce fait, qui est le plus ancienne- ment connu de la théorie générale de l’électrodynami- que, il suffit de prendre une aiguille aimantée légère ab (fig. 13) que l’on fixe horizontalement à un fragment de bouchon de liége; on fait flotter ce petit appareil sur l’eau ordinaire contenue dans un vase, et on lui présente dans des sens quelconques le réophore mm (fig. k) du couple multiple ; on prend alors le fil mm un peu long; on peut l’immerger dans l’eau du vase et le présenter ainsi à l'aiguille dans un trés grand nombre de situa- tions ; les déviations peuvent s’observer avec une facilité extrême. 2.9 On répète un grand nombre d’expériences avec une aiguille aimantée ab (fig. 14) que l’on fixe verticalement dans un fragment de bouchon qui permet de la faire flotter dans cette position lorsqu'on la jette. dans l’eau. Il est même facile de disposer ce petit appareil de ma- nière qu’il flotte à volonté horizontalement ou dans l’une ou l’autre des deux positions verticales qu’on voudra lui faire prendre. 3.° Si l’on présente un anneau (fig. 15), dont les extré- (151) mités sont en communication avec les pôles du couple multiple, à l'aiguille aimantée flottante, elle se retour- nera d’une manière particulière, glissera surjle liquide et se placera dans l'anneau perpendiculairement à son plan. 4.° En présentant à une des extrémités d'une aiguille aimantée suspendue horizontalement ou verticalement, dans Pappareil fig. 1, l’un ou Pautre des deux pôles de l'hélice fig. 11, on observera une attraction ou une répul- sion : le pôle a de l’hélice qui se dirige vers le nord lors- qu’elle est librement suspendue, repousse l'extrémité au- strale de l'aiguille et attire l'extrémité boréale ; l'inverse a lieu pour le pôle b. On peut encore varier ces expériences de beau de manières. VII. Actions des aimants sur les courants. 1° L'un quelconque des réophores fig. 2, 3, 6, 7, 8, 11, 12, 16, 17, 18 et d’autres que l’on peut imaginer, peu- vent servir à l’observation des effets obtenus’en présen- tant des aimants à des conducteurs solides parcourus par des courants électrodynamiques. Ces appareils obéissent aux plus faibles aimants et même à des fragments dont la plus grande dimension n’est que d’un millimètre; pour en faire l'expérience on les assujettit à l'extrémité d’un petit morceau de bois. 2.° Pour obtenir la rotation continue d’un courant so- lide par un aimant, on peut prendre un ruban de zine au- quel on donne la forme zzz (fig. 19) ; on établit sur l’ap- (152 | pendice horizontal supérieur un fil de cuivre replié dans la forme fg entièrement semblable à celui dela fig. 10, on fait plonger le cercle horizontal dans un liquide con- ducteur, et l’on place le vase sur le pôle d’un aimant un peu fort. Si la petite potence était en cuivre (fig. 20) et que le cercle horizontal du conducteur füt:en zine ; l’or- dre des mélaux étant ainsi renversé, le même pôle magnétique produirait une rotation en sens contraire. — On peut superposer deux ou un plus grand nombre d'appareils semblables au précédent, comme l'indique la fig. 21; on obtient alors plusieurs mouvements de rotation qui sont produits par le même pôle. — L’ai- mant peut d’ailleurs être placé au-dessus des systèmes mobiles. — En supposant, comme la figure l’indique, que l'on n'ait que deux couples dans lesquels l'ordre des métaux n’est pas le même, l’un des conducteurs mo- biles tournera dans un sens et l’autre se mouvra en sens contraire. 3.9 On produit un mouvement de translation dans un courant liquide en formant un pont à une seule arche (fig. 22) dont une des piles est un petit ruban de zinc et l’autre un fil de cuivre ; les deux métaux sont liés par quelques tours de fil de ce dernier métal; on place ver- ticalement ce système dans un vase contenant de l’eau acidulée et on le dispose sur le pôle d’un aimant ; alors onobserve que le liquide passe en torrent sous le pont; il se meut perpendiculairement à la droite qui joint les pieds des piles, quelle que soit la position que l’on donne à l’aimant. Ce mouvement est rendu manifeste à la surface du li- quide et dans l’intérieur de sa masse, par l'introduction de quelque poussière susceptible d’être tenue en suspension ; elle se trouve entrainée par la translation du liquide. ( 153 } Pour caractériser les mouvements qui peuvent être dé- terminés dans un système de courants, on peut imaginer que l'on place les initiales E,N,0;S, des noms des points cardinaux Est, Nord, Ouest, Sud, sur les droites qui les contiennent, disposer l'appareil de manière que les cou- rants traversent certains conducteurs suivant la droite quijpasse par deux points opposés, et exprimer le mouve- ment résultant au moyen de ces mêmes lettres. Par exemple, dans l'expérience précédente le zinc étant à l’ouest, le courant traverse le liquide dans le sens OE et le pôle austral placé au-dessous du vase produit un tor- rent qui marche suivant NS. : 4.0 En composant un pont à deux arches (fig. 23) formé d’une pile en zinc présentant deux appendices à la partie supérieure, auxquels on lie deux rubans de cuivre qui ne se touchent pas, on voit qu’on déterminera deux cou- rants électrodynamiques parcourant le liquide en sens inverse ; un pôle magnétique placé au-dessous donnera lieu à deux torrents se mouvant sous les arches en sens inverses; ce système produit les mêmes effets que deux ponts semblables au précédent que l’on aurait réunis par la pile de zinc. Si le pont est placé sur la droite indéfinie EO, le torrent marchera suivant NS sous l'arche de l’est, et suivant SN sous celle de l’ouest. 5. Si l’oniconstruit un pont à plusieurs arches dont les piles soient alternativement en zinc et en cuivre, en le plaçant toujours danseles mêmes conditions que les au- tres, il se produira sous chaque arche un torrent liquide dont le sens sera alternativement contraire : le pontétant dirigé de l’est à l'ouest, le torrent se mouvra alternative- ment suivant NS et suivant SN à partir de la première arche de l’est, les métaux étant disposés comme l'indique la fig. 24. | (154) 6.0 La rotation continue d’un courant liquide peut s’observer avec une petite plaque de zine x (fig. 25) por- tant à sa partie supérieure un appendice autour duquel on enroule un fil de cuivre ce que l’on dispose tout-à-fait de la même manière que celui de la fig. 10 ; ce système étant placé dans un vase plat rempli d’eau acidulée , un pôle magnétique placé au-dessous déterminera la rota- tion continue des courants liquides qui se portent sur le cuivre en rayonnant du zinc. Si, dans celte expérience, on suppose que le pôle austral est au - dessous du vase, le liquide acidulé prendra une rotation dans le sens ESO, le pôle austral étant au-dessous. 7.° Dans les expériences dont les appareils sont indi- qués dans les fig. 19, 20 et 21, on peut très bien observer la rotation du liquide qui se produit en sens inverse de celle des réophores solides. Par exemple, dans l'appareil fig. 19, fg se meut suivant ENO et le liquide dans le sens ESO, le pôle.austral étant au-dessous. 8.° On détermine plusieurs mouvements de translation ou de rotation dans une masse liquide qui est parcourue par un seul courant provenant d’un seul couple, en la soumettant à l’action de plusieurs pôles magnétiques. Par exemple, un pont zinc et cuivre étant debout ou cou- ché sur une assiette pleine de liquide acidulé (fig. 26), si l'on place au-dessus ou au-dessous de la ligne xe qui joint les extrémités des piles, les deux pèles d’un aimant en fer-à-cheval, le liquide prendça deux mouvements de sens inverses perpendiculaires à la droite zc. Un plus grand nombre de pôles alternativement de noms con- traires placés près du liquide, produisent autant de tor- rents qui ont aussi des sens alternativement opposés. 9.° Lorsque, dans le même appareil, on place la ligne des pôles ab (fig. 27) de l'aimant en fer-à-cheval perpen- (155 ) diculairement à la ligne zc, on obtient quatre mouve- ments de rotation dans la masse liquide; si la droite ab est oblique sur ze, on observe un mouvement ellip- tique. 10.° On peut aisément imaginer des appareils électro- dynamiques dans lesquels on fera agir les deux pôles d’un aimant pour produire des translations ou des rota- tions. Par exemple les suivants : acb (fig. 28) est un ai- mant en fer-à-cheval dont les pôles sont à une petite distance ; on dispose un godet f de manière que son fond soit également distant des pôles; on recouvre le pôle «& d’un petit couple semblable à celui de la fig. 22, le li- quide acidulé dont on a rempli le godet prend un mou- vement de translation plus rapide que si l’on faisait agir seulement l’un des pôles ; il est d’ailleurs évident que le liquide réfléchi par les bords du vase doit donner lieu à deux mouvements de rotation ; mais il très facile de voir que cela n'existerait pas si le vase était très grand. 11.° Si dans le tube de verre du vase de la fig. 10, on introduit un aimant allongé pp (fig: 29) dont la ligne moyenne soit à la hauteur du liquide, et si l’on recouvre le système par le pont de la fig. 22, on aura aussi un tor- rent plus rapide que dans le cas où l’on fait agir un seul pôle en employant, comme nous l’avons fait, l'appareil fig. 22; les pôles sont supposés évidemment de même force. . 12.0 Il en sera de même si on emploie le pont à deux arches de la fig. 23, dont on repliera le zinc autour du tube de verre ; les deux torrents marcheront alors avec une vitesse beaucoup plus grande. 13.0 Le mouvement de rotation peut aussi se produire avec les deux pôles, en repliant autour du tube de verre fig. 10, la plaque z du couple fig. 25. ( 1456 } 44.0 La double rotation d’un courant solide et d'un autre liquide peut être obtenue avec la disposition indi- quée fig. 30, dans laquelle on distingue le vase plat ab percé à son centre, dans lequel on a disposé l’aimant pp'; le pont en zinc zz supporte un réophore mobile en cui- vré ce, entièrement semblable à celui de la fig. 19. L VILLE. Conclusions. 1.0 Nous n'avons pas détaillé toutes les dispositions d'appareils que l’on peut employer pour répéter les ex- périences électrodynamiques ; celles que nous avons in- diquées, modifiées d'aprés les principes ordinaires de la théorie de l'électricité en mouvement, suffisent, en géné- ral, pour vérifier tous les faits qui sont du domaine de cette importante partie des sciences physiques. Nous n'a- vons pas non plus insisté sur les notions purement théo- riques qui servent de base aux explications des divers mouvements que l’on observe dans les réophores mobiles, nous avons même souvent négligé de préciser les direc- tions des translations ou des rotations que nous avons déterminées, parce que toutes ces particularités peuvent facilement se prévoir d’après les théorèmes que l’on doit à M. Ampére. On voit d’ailleurs qu’il sera bien facile de varier les dispositions de nos appareils et de multiplier les expériences. 2. Les expériences (VII, 4.°, 5.°.....) nous semblent fournir des objections puissantes contre la théorie voltai- que de la pile électrodynamique ; on voit, en effet, que, dans l'appareil représenté, par exemple, par la fig. 23, le Us (157 ) zinc se trouve entre deux cuivres qui ne se touchent pas, et par conséquent le système ne devrait donner lieu à aucun courant électrique ; cependant ils sont rendus ma- nifestes dans le liquide par la présence d’un pôle magné- tique: On peut aussi trés facilement faire voir que les fils de cuivre sont parcourus par ces courants , en suspendant le pont de la fig. 23, ou celui de la fig. 31 dans la ma- chine décrite fig. 1; ce dernier système (fig. 31) se com- pose d’un léger ruban de zinc zz; sur une de ses extré- mités on enroule un fil de cuivre que l’on replie vertica- lement en ce ; dans les deux cas, les derniers fils sont mis en mouvement à l'approche d’un aimant même trés faible. 3.° Le sens des mouvements observés dans les réactions électrodynamiques peut être interverti de deux manières différentes : soit en changeant la direction du courant sur lequel on agit ou la nature du pôle magnétique influencé, soit en faisant éprouver la même modification à l’ensem- ble dont on fait usage pour produire la réaction. Par exemple, dans l'expérience fig. 19 si le pôle austral est au-dessous du vase, le mouvement de fg a lieu suivant ENO et celui du liquide s’effectue par ESO ; dans la fig. 20 le même pôle fait mouvoir ces courants respectivement en sens contraires, c’est-à-dire suivant ESO et suivant ENO; on voit aisément l’effet que produirait le pôle bo- réal ; on peut aussi prévoir avec facilité quels seraient les mouvements déterminés par des pôles magnétiques placés au-dessus des conducteurs. De même, dans la disposition indiquée fig..22, le pôle austral placé au-dessous donne un mouvement de transla- tion suivant NS si le zinc est à l’ouest ; on peut obtenir le mouvement dans le sens SN, soit en retournant le pont, soit en substituant le pôle boréal au pôle austral, soit encore en plaçant ce dernier au-dessus du pont, (158) Le L'action des pôles magnétiques terrestres doit agir sur les masses liquides traversées par des courants pour y produire des mouvements analogues à ceux que nous avons observés; par conséquent il pourra n’être pas tout- à-fait inutile d’avoir égard à sa réaction dans l’obsérva- tion de certains phénomènes électrodynamiques. 5.° On admet que la surface terrestre est parcourue par des courants électrodynamiques dont la direction géné- rale paraît être dans le sens de EO (V, 4.) ; on saït de plus que notre globe peut être considéré comme un vaste aimant ayant ses deux pôles et sa ligne moyenne ; plu- sieurs des expériences que nous venons dé faire connaître nous ont montré que les pôles d’un aimant peuvent com- muniquer des mouvements à des masses liquides parcou- rues par des courants électriques ; on doit par conséquent présumer que les actions des pôles magnétiques terrestres sont probablement la cause de plusieurs monvements maritimes et, par exemple, de celui qui est connu des géopraphes sous le nom de Gulf- Stream , qui se trouve dans l’Océan-Atlantique , et de quelques autre qui mar- chent dans la méme direction ; par exemple, du courant sous-marin qui traverse le détroit de Gibraltar, et qui marche de la Méditerranée vers l'Océan. Cependant, pour apprécier avec exactitude les influences dont il ést ici question , il faudrait connaître avec plus de précision les éléments électrodynamiques et magnétiques du globe terrestre ; les données relatives à cette importante ques- tion n’ont pas encore toute la rigueur désirable. 6.° Puisque les liquides traversés par un courant élec- trodynamique peuvent être mis en mouvement par des aimants, en répétant dans des circonstances convenables, sur des corps organisés, les expériences qui sont trans- crites ( VIT), il semble qu'on pourrait parvenir à des ( 159 ) résultats de quelque importance. Par exemple, dans l'asphyxie du corps humain, phénomène qui se présente d’ailleurs, comme on le sait, avec des accidents trés variés , il serait possible d'espérer le rétablissement de la circulation du sang et de la respiration en faisant passer un courant, même assez faible, à travers la poi- trine , et en présentant ensuite un aimant d’une maniére particuliére entre les deux points par lesquels le courant s’introduirait ; le sang serait probablement alors remis en mouvement, et par suite la respiration se rétablirait. Mais on conçoit que cette recherche ne peut être faïte qu’en invoquant toutes les lumières des sciences médi- cales ; une imprudence aggraverait l'état dû malade; il serait d’ailleurs convenable de tenter ces expériences sur des animaux, pour déterminer les principales précautions à prendre lorsqu'on en ferait l'application au corps de l'homme. Il serait aisé d’agir aussi avec un appareil facile à ima- giner sur un point particulier du corps, où se trouverait le siége de quelque maladie locale. On pourrait encore essayer d’appliquer les principes auxquels nous venons de faire allusion, à la production de quelques modifications dans le mouvement de la séve des végétaux , sur-tout de ceux qui sont annuels et dont le développement est rapide. En disposant le courant et l’aimant de manière à produire une accélération ou un ralentissement dans la sève ascendante ou dans la sève descendante, on obtiendrait peut-être quelques effets physiologiques assez importants, ou simplement curieux. On pourrait aussi agir perpendiculairement aux mouve- ments séveux, construire les appareils de maniére à influencer l'une ou l’autre sève avec plus ou moins d’intens sité ; faire pénétrer dans les plantes des substances parti- (160 ) culiéres, qu'elles ne s’assimilent pas dans l’état ordi- naire. ........; l’action de l’aimant devant être pro- longée pendant un temps un peu considérable, sur-tout dans les expériences sur les végétaux, il serait bon d'employer alors les couples qui portent le nom de Couples cloisonnés. Quoique nous ne puissions offrir ici aucune expérience pour servir à constater les inductions qui précédent, parce que nous n’avons pas eu l’occasion de les soumettre à un examen particulier, il nous semble qu'elles ne sont pas tout-à-fait indignes des méditations de ceux qui cultivent les sciences, et que l’étude que nous proposons fournira peut-être des résultats utiles à la théorie géné- rale de l'électricité, à la physiologie et à l’art de guérir. ; cÊlee. ALT 72 Laconza-Versa Memoire «de M Peyré’. LilhraeLacan:a Versaclles. NTOYNI GENE GR IONLNO GI OU)E SUR ADOLPHE NTEINHBIE, CHIRURGIEN SOUS-AIDE-MAJOR, Membre correspondant de la Société des Sciences Naturelles de Seine-et- Oise ; Que par A, Sr. Philippar, MEMBRE TITULAIRE, DANS LA SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1840 (*). JE viens m'’acquitter de la tâche que je me suis im- posée, tâche qui, quoique pénible, n’est pas sans dou- eur, puisque je dois vous rappeler un confrère que la mort nous a enlevé en le ravissant à la science qu’il cultivait avec succès; un confrère dont le souvenir nous est cher à tous. Si c’est un devoir sacré de résumer la vie laborieuse d’un homme qui a honorablement et utilement rempli sa carrière pour lui et pour la société, en laissant des tra- vaux qui profitent à ceux qui lui survivent, c'est pour (*) Je dois à MM. Auger, Garnier et Decaisne des renseignements que j'ai utilisés, et qui m'ont aidé à la rédaction de cétte Notice. |) : ( 162 ) nous un besoin vivement senti de rappeler celle d’un jeune homme qui l’a à peine connue , et dont les débuts laissaient entrevoir les plus belles espérances. Le confrère dont j'ai à vous entretenir, Messieurs, était dans cette situation ; c'était un de ces jeunes gens privi- légiés par la nature, qui, mesurant la vie par l'emploi que tout homme doit en faire, cherchait à en utiliser tous les instants, dans la persuasion où il était qu'il n’y a de jouissances réelles que dans la science, qui éclaire la société et qui améliore les diverses positions sociales. ADOLPHE STEINHEIL, né à Strasbourg, en décembre 1810, d’une famille honorable, a passé les premières années de sa vie dans cétte ville , où il fit ses études classiques. Un caractère calme et une douce mélancolie qui lui faisait aimer la solitude sans fuir ses semblables, l'avaient conduit au besoin d’une vie intellectuelle et contempla- tive, qui a fait naître et développer chez lui l'amour de cette belle nature, qu’il cherchait à prendre sur le fait en la suivant dans sa marche avec l'esprit de la plus per- sévérante investigation. Doué d’une grande perspicacité et d’un: excellent esprit d'observation, qu'il dirigeait bien et qu'il exerçait continuellement, il put se livrer avec succés aux-études dans lesquelles ses goûts et ses habitudes l’entretenaient, études qu'il suivait sans dis- continuité et qui, malgré sa jeunesse, lui préparaient une place parmi les botanistes méritants de notre époque. Ses études, plus consistantes que brillantes , donnaient une grande profondeur à ses pensées, et entretenaient la solidité de son jugement , dont il eut souvent à se louer pour discerner la valeur des hypothèses sur lesquelles quelques parties fondamentales des sciences sont trop souvent appuyées. En lisant ses travaux et en les ana- lysant, il.est facile de reconnaître avec quelle sévérité ( 163 ) il traitait les sujets qui l’occupaient, sujets qu’il avait préalablement bien étudiés, bien concus, et qu'il expo- sait en leur imprimant un cachet d'originalité et de nouveauté. Rendant toujours hommage à ceux qui l’avaient pré- cédé, se soumettant aux opinions fondées des maîtres, il combattait ou approuvait avec respect et modération, en ne laissant jamais apercevoir qu’il voulüt faire pré- valoir ses assertions. Conservant toujours cette modestie qui convient aux vrais savants, et sachant au besoin rester dans le doute qui caractérise le savoir, il fut lui dans tout et partout sans rien prendre aux autres, qu’il citait toutefois avec un religieux respect, et dont il in- voquait l’autorité chaque fois qu'il trouvait l’occasion de le faire. Il est entré, au moment de la révolution de 1830, en qualité de pharmacien surnuméraire , dans les hôpitaux militaires, afin de racheter le ‘plus jeune de ses frères qui , d’une santé délicate, était appelé sous les drapeaux ; il suivit cette carrière, que le dévouement filial et fraternel lui imposa, avec distinction, et ne tarda pas à se faire re- marquer et à obtenir de l’avancement. Il était si passionné pour l'étude, qu’occupé de quelques recherches, il les poursuivait sans que rien püt le distraire, ne s’aper- cevant pas de la fuite du temps. Soit au cabinet, soit dans la campagne où il allait souvent observer, il s’ou- bliait au point qu’absorbé dans ses pensées, toute autre chose lui devenait étrangère ; aussi dans ses herborisa- tions il était rare qu’il ne s’égarât point , et qu'il ne dût avoir recours &sa boussole dont il était toujours porteur pour s'orienter. Paris, Lille, Dunkerque, Calais, Versailles, Strasbourg, et pendant quelque temps Algérie , furent les lieux où il (164) fut successivement envoyé dans les hôpitaux militaires. Partout où il se trouvait, il ne négligeait aucune des occasions qui pouvaient lui procurer les moyens de faire quelque chose de nouveau et d’utile pour la science; et partout aussi il se distingua dans l’exercice de ses fonc- tions par son zële et son activité, qui lui gagnérent l’in- térêt, l’estime et l'affection de ses chefs. Au Val-de-Grâce, il fut chargé de la direction d’une partie de la pharmacie de cet hôpital militaire. Désireux d'aller en Afrique dans le seul but d’étendre son instruc- tion, il se trouvait dans les hôpitaux de Bone et de Mosta- ganem à une époque où trois ou quatre sous-aides avaient à soigner un grand nombre de malades. La multiplicité de ses travaux dans ce climat brülant ne ralentit pas son zèle pour le soulagement de ses semblables, et il savait encore dérober à ses précieux devoirs quelques moments pour sacrifier à ses études favorites ; il put assez bien explorer les localités où il se trouvait, et ces explorations lui ont fourni les éléments de quelques notices intéressantes. Il revint en France pour cause de santé. Il se fit remarquer à l'hôpital de Strasbourg par son savoir en botanique , en chimie et en pharmacologie, où il obtint le 2.e prix, qui lui mérita son retour à Paris. Dans un autre concours il fut plus heureux, car il rem- porta le 1.er prix. Ses examinateurs, chaque fois qu'il paraissait devant eux, avaient à lui adresser des éloges. Partout, chez lui, les sciences accessoires l’ont em- porté sur la chirurgie, pour laquelle il ne se sentait au- cune disposition prononcée ; aussi, dès que l'ordonnance gouvernementale confondit les chirurgiens et les pharma- ciens sous-aides dans la même catégorie et qu'elle lui fut appliquée, un profond découragement s’empara de lui, etje l'ai entendu, à cette époque, manifester l'expression ( 165) d’une contrariété extrême qui devait assurément refroi- dir son zèle et ébranler son avenir dans le service médi- cal des hôpitaux militaires. Son ardeur pour l'étude ne s'est jamais ralentie; la science fondait toute son ambition ; mais, sentant la né- cessité d’avoir une position stable pour donner de la suite à ses travaux , il n’aspirait qu'au moment où un modeste emploi lui surviendrait pour le concentrer dans une sphère où son savoir, ses habitudes et ses goüts, devaient l'entretenir heureux et Le distinguer. La chimie et l’his- toire naturelle fixaient spécialement son attention, et la botanique était sa science de prédilection, celle dans la- quelle il brillait déjà depuis quelque temps, et celle sur laquelle il avait fondé toutes ses espérances. Membre de plusieurs Sociétés savantes, Steinheil tenait utilement sa place, soit par une active correspondance, soit par des communicalions intéressantes sur des sujets nouveaux, soit par des discussions claires , méthodiques et appuyées sur un fond de connaissances positives, soit enfin paï des publications savantes et originales, Vous l'avez entendu plusieurs fois dans cette enceinte, Mes- sieurs, et Vous avez pu reconnaître tout ce qui caracté- risait ce jeune savant, qui était estimé et apprécié par- tout ainsi qu'il s'était rendu digne de l’être ici, où tout homme de mérite trouve sa place. Toujours poursuivant la voie qu’il s'était tracée en continuant avec un zèle persévérant des travaux qui lui avaient attiré tant d’honorables suffrages, Steinheil sen- tait chaque jour le besoin d’agrandir ses connaissances et de fortifier de si parfaits éléments d'avenir; il trouva une occasion avantageuse , il se décida à en profiter et à par- tir pour l'Amérique, soutenu par une maison de com- merce qui l'envoyait là où il désirait aller et où son dé- Hire ( 166 ) faut de fortune ne pouvait le conduire. L'administration du Jardin du Roi, confiante dans le savoir et le caractère de ce jeune botaniste, profita de sa détermination pour le charger d’une mission scientifique dans les contrées qu’il se proposait d'explorer. Ce fut donc comme voyageur naturaliste, au compte d’une maison de fabrication de sulfate de quinine dirigée à Paris par un de ses frères, qu’il consenlit à aller à la recherche du quinquina et d’étudier sur place les diffé- rentes matières corticales de cette nature, afin de chercher à débrouiller les points scientifiques et d’ap- plications qui se rattachent à cette substance com- merciale. À cet effet, il devait se rendre à Carthagéne, remonter la Magdeleine et parcourir la vallée en traver- sant les Andes. Il lui était loisible de rester, aux frais de la maison, aussi long-temps qu'il le voudrait, ce qui s'accordait d'autant plus avec ses vues qu'il avait des observations à faire, et qu'il s’était engagé à recueillir divers objets pour le Muséum. A cet effet , il partit de Bordeaux le 1.er août dernier (1839), seul natüraliste, à bord du navire l'Orénoque. Aprés une traversée assez heureuse , le bâtiment relä- cha à la Martinique, au Fort-Royal, où Steinheil se mit en communication avec les membres de l’administration du Jardin de Botanique, et déposa les plantes qui lui avaient été confiées par le Muséum de Paris. Pendant son court séjour dans cette contrée, il lui fut offert la direc- tion de ce jardin. La fièvre jaune, qui sévissait violemment , et les vents contraires, ont forcé le bâtiment de retoucher encore l’île de la Martinique, et de rester trois jours dans une petite anse de ces parages. C'est pendant cette station et dans les courses qu'il fit (167) sur les mornes les plus élevés, qu'il contracta le germe de la courte maladie qui l’a enlevé le 26 mai dernier, à l’âge de vingt-six ans et demi. Voici, Messieurs, l'extrait d’une lettre adressée à sa famille par un correspondant de la maison Levaillant. « J'ai vu enfin le cap de l’Orénoque, et j'ai quelques « détails à vous donner sur la cause de la maladie dont « votre malheureux frère a été victime. « Son ardeur pour l'étude , et sur-tout pour l’explora- tion des mornes les plus élevés à la Martinique, le fai- « sait résister à toutes les représentations de Fexpé- « rience. d « Le capitaine Mainier l’engageait à partir à quatre beures du matin pour être de retour à neuf ; il partait, au contraire, à midi, et ne revenait que le soir cou- « vert de sueur. « Les avertissements, les conseils, ne pouvaient rien « sur cette ardeur, fortifiée par la confiance qu'il avait « de pouvoir résister à des fatigues que les noirs ne pou- « Vaient même pas supporter. Un jeune homme à qui il « avait aussi inspiré l’ardeur de l’histoire naturelle pou- « vait seul le suivre : et lui aussi a été victime! « Votre pauvre frère s’était acquis l'estime de tout le « monde à bord du navire: sa douce gaieté, son égalité « de caractére et ses connaissances, lui avaient fait au- « tant d’amis que de compagnons. Sa maladie a été trés «courte, et le délire qui l’a terminée n’a pas été dou- « loureux. » Ainsi finit l’infortuné Steinheil, notre jeune, vertueux et déjà savant confrère , qui se sépare d’une famille dé- solée dont il était le tuteur, quittant des amis dévoués qui déplorent sa perte, et laissant la science veuve d’un de ses plus ardents adorateurs. = = £ «a (168) Si je ne vous ai entretenu , Messieurs , trop brièvement peut-être, que de la vie scientifique de Steinheil, c’est que j'ai craint de suspendre trop long-temps votre atten- tion, en sortant du cercle de vos travaux, pour le suivre dans sa vie privée, dans ses relations de famille et d’a- mitié, et dans ses habitudes avec ses camarades ou avec toutes les personnes qui ont eu des rapports avec lui. Celui que nous estimions, que j'affectionnais, et que MM. de Jussieu, Brongniart, belile, Aug. de Saint-Hilaire, de Mirbel, Chevreul , Schimper, Fée, Montaigne, Guille- main, Gaudichaut, Decaisne, etc., appréciaient, avait la vie la plus simple, la plus douce et la plus belle que l'on puisse voir. Excellent fils, il était l’appui d’une mère et d’une sœur qu'il ne quittait pas, et le conseiller de frères qu'il voyait souvent. Il se privait même du strict nécessaire pour que ceux qu’il chérissait n’eussent rien à désirer, bien que son manque de fortune l’obligeät à at- tendre tout de son travail de chaque jour. Tous les mo- ments qu’il dérobait à la science étaient consacrés à sa famille et à un petit nombre d’amis qu’il a toujours con- servés. Obligeant pour ses camarades et empressé à leur rendre service, il était leur ami partout, et ceux-ci lui reconnaissaient une telle supériorité, que sa grande sim- plicité rendait plus évidente, qu'aucun d’eux n’eut jamais contre lui la moindre atteinte de cette basse jalousie qui en- trave les affections et divise les hommes, Il était d’un commerce amical}, si sûr, qu’on avait en lui une confiance infinie qui n’a jamais trompé que celui qui l'inspirait, car sa modestie lui faisait toujours craindre qu’il ne fût pas assez digne de l’attachement qu'on lui portait. On l’a vu souvent, et je l’ai vu moi- même, sacrifier ses inté- rêts el tous les avantages qui l’environnaient pour ses camarades, soit pour les soutenir, soit pour les défendre ; fes ( 169 } et on le connaissait tellement consciencieux , qu’on ne savait pas ne pas se rendre aux représentations qu’il faisait dans une affaire qui contrariait des habitudes, ou qui compromeltait même d’une manière ou d’une autre une position. Il était si discret sur ses bonnes actions et si se- cret quand il faisait le bien, que l’on ignore généraiement la plupart des beaux traits de sa vie que des amis con- naissent et admirent. Il ne m’est pas permis de révéler, par respect pour sa mémoire et par délicatesse pour les personnes qui ont été l’objet de son dévouement et de sa sensibilité, quelques-unes de ces nobles actions qui fai- saient bien connaître son cœur et qui peindraient bien sa belle ame. On ne lui connaissait d’autres distractions et d’autres plaisirs que ceux de se trouver au milieu de sa famille ou de quelques amis. En résumé, comme fils, comme frère, comme ami, comme camarade, Sieinheil était parfait; comme savant et comme confrêre, il n’a pas moins mérité ; aussi cha- cun a-L-il à déplorer sa perte prématurée , puisque la so- ciété tout entière est privée d'un de ses membres qui dévait la servir utilement et l’honorer dignement | Il me reste à vous résumer les travaux de celui que nous ne reverrons plus parmi nous. Veuillez, Messieurs, pour l’accomplissement de cette tâche, m’accorder encore quelques moments d’attention. Je m'’abstiendrai de les analyser, puisqu'ils sont publiés, que nous les possédons, ef que chacun de nous peut en prendre connaissance et les juger ; je les citerai seulement par ordre chronolo- gique. 4. Coup-d'œil rapide sur plusieurs lois de l'organogénie. Inédit ; lu à la Société des Sciences naturelles en 1830. 2.9 Observations sur une fleur monstrueuse du Scabiosa ( 170 ) atropurpurea dont l’involucelle s’est changé en deux feuilles munies chacune d’un bourgeon axillaire. — Mai 1831. 3.° Note sur la distinction spécifique de quelques Fume- terres, et sur leurs propriétés médicales. — Archives bo- taniques, mai 1833. &.° Observations sur la tige du Lamium Album, suivies de quelques réflexions sur l'Estivation quinconciale. — Ann. des Sc. nat., 1834. 5.° Matériaux pour servir à la Flore de Barbarie, 1.er article. — Observations sur quelques espèces de Scilles, qui croissent en Barbarie. — Ann. des Sc. nat., 1834. 6.0 Observations sur la Végétation des Dunes à Calais. — Mém. Soc. des Sc. nat. de Seine-et-Oise, tom. I, 1835. 7.0 Observations sur le Climat , le Sol et la Flore des en- virons de Bone. — Mém. de Méd. chir. et pharm. mili- taire, 1836. 8.2 Matériaux pour servir à la Flore de Barbarie, 2.2 article ; Notice sur les Cryptogames recueillies aux envi- rons de Bone. — Ann. des Sc. nat., 1834. 9° Note sur le genre Urginea, nouvellement formé dans la famille des Liliacées. — Ann. des Sc. nat., 1834. 10.° Quelques observations relatives à la Théorie de la Phyllotaxis et des verticilles. — Ann. des Sc. nat., 1835. 11.2 De l’Individualité considérée dans le règne végé- tal. — Mém. de la Soc. d’'Hist. nat. de Strasbourg, 1836, in-4,0. ‘ 12.° Quelques observations relatives aux genres Scilla et Urginea, deux genres à établir dans la famille des Li- liacées, et description d'une espèce nouvelle. — Ann. des Sc. nat., 1837. 13.2 Observations relatives aux genres Sctlla et Urgi- ( 171 ) nea, genres nouveaux à établir dans la familles des Lilia- cées sous les noms de Squilla et Stellaris. Mém. de Méd. chirurg. et pharm. militaire , 1837. 14.° Qu’entend-on par endosmose et exosmose ? Ces deux phénomènes peuvent-ils expliquer les mouvements des fluides dans les végétaux ? — Thèse de la Faculté de Médecine de Paris, mars 1833, n.° 38. 15.0 Observations sur le Mode d'accroissement des Feuilles. — Ann. des Sc. nat., 1837. 16.° Observations sur la spécification du Zannichellia et sur le genre Diplanthera de Dupetit-Thouars. — Ann. des Sc. nat., 1838. 17. Matériaux pour servir à la Flore de Barbarie, 4.e article ; sur les variétés de Rumex bucephalaphorus , et sur leur distribution géographique comparée à celle de quelques autres espèces du même genre. — Nouvelle es. pèce d'Emex du Cap.— Ann. des Sc. nat., 1838. Sur le Daucus gracilis, et autres espèces de Daucus du bassin méditerranéen. Description d’une nouvelle espèce d’Orchidée de Bar- barie, Orchis Laeta, Steinh. Lettre de M. Ad. Steinheil à M. le docteur Jacob, con- cernant un Champignon dont l'analyse chimique a démon- tré la prége: e l'acide oxalique. Mém. de Méd. chir. et pharm. militaire. 48.° Loi d'alternance. — Article destiné au Dictionnaire universel des Sciences naturelles. 19.° Sur la valeur des Bractées et des Bractéoles dans la détermination des parties des verticilles floraux. — Mé- moire posthume. Il découvrit dans les champs de la Ménagerie, aux environs de Versailles, le Veronica filiformis, espèce nou- velle pour la Flore des environs de Paris. (172) Ces travaux, Messieurs, qui sont des preuves irrécu- sables d’un labeur soutenu, nous démontrent que ce jeune confrère avait su tirer parti de tous les moments qui lui ont été accordés par la Providence, et qu'il a fort bien rempli cette vie tranchée trop tôt pour la-science et pour la société. Si nous ne possédons plus ce membre qui nous était cher à tous, si nous sommes privés de sa bonne con- fraternité , nous avons la consolation de jouir de ses tra- vaux , de conserver le souvenir de sa présence au milieu de nous, et de pouvoir honorer sa mémoire comme savant et comme homme de bien. PADEDSTRION BE RAPPDAU CONCERNANT LA PHLORIDZINE, Imprimés par décision de la Société, du 13 Avril 1841. PROPOSITION DE M. COLIN. MESSIEURS , M. de Koninck, votre correspondant en Belgique, vous a fait connaître dés l’origine, sa belle découverte de la Phloridzine, publiée en 1836. Vous avez provoqué dés-lors un Rapport sur cette communication, et vous avez pu vous convaincre ainsi, que M. de Koninck em- 12 (174) ployait soit l’eau, soit l'alcool à l’extraction de cette substance. Cependant aujourd’hui et par une singulière ignorance des faits, l’on vient de donner comme chose nouvelle, l'emploi de l’eau dans l’extraction de la Phlo- ridzine. Il importe de rétablir la vérité à cet égard, de rendre à votre correspondant la justice qui lui est due, et de faire voir qu'il n’avait rien négligé pour obtenir au plus bas prix possible, le principe immédiat dont il avait fait la découverte. C’est par cette raison que nous vous pro- posons l'impression du Rapport, qui dès 1836, vous a été présenté sur le travail dont il s’agit. RAPPORT Fait à la Société des Sciences Naturelles de Seine-et-Oise, Le 17 Mai 1836, SUR UN MÉMOIRE DE M. DE KONINCK, Au nom d'une Commission formée de MM. BELIN, PHILIPPAR, et CoLin, Rapporteur. La Société nous a chargés, MM. Belin, Philippar et moi , de lui faire un rapport sur le Mémoire présenté par M. de Koninck à l’Académie des Sciences de Bruxelles, à l’occasion de la découverte qu’il avait faite d’un nou- veau fébrifuge, la Phloridzine. Un exemplaire de ce Mé- (475) moire imprimé et un échantillon de la substance qui en est l’objet, vous ont été remis au nom de l’auteur par ‘l'un de vos présidents, M. l’abbé Vandenhecke. Nous avons envisagé la question sous le rapport théo- rique et pratique, c'est-à-dire, chimique, pharmacolo- gique et médical, nous réservant de la considérer plus tard sous un autre aspect ; mais pour le moment , nous nous renfermons dans le cercle qui nous est tracé. L'investigation dont nous étions chargés consistait donc, quant au premier chef, à vérifier si les propriétés assignées à la substance nouvelle la caractérisaient suf- fisamment , et si elles étaient d’une observation facile; si, quant au second chef (la pharmacologie), le procédé d'extraction était le meilleur possible, et si les espèces indiquées par M. de Koninck pour donner la Phloridzine contenaient toujours cette substance ; enfin, quant au troisième chef, si elle pouvait être employée comme fé- brifuge. Il nous eût été difficile de vous présenter quelque chose à l'égard du point de vue médical, si le docteur Morin, chirurgien en chef de l'Hospice civil et l’un de nos titulaires, n’eût été à même d'employer ce médica- ment dans sa pratique particuliére. Il ne l’a fait qu’une fois, mais avec un plein succès. M. le docteur Noble, mé- decin en chef de l'Hospice civil et l'un de nos titulaires, en a pareillement fait usage, et a obtenu autant de succés que d'essais, dix. M. le docteur Vitry, que nous comptons aussi parmi nous, a Oblenu un succès avec la Phloridzine, Voilà à quoi se borne, quant à pré- sent, ce que nous pouvons dire à ce sujet. Relativement au point de vue pharmacologique, nous dirons que des deux procèdés indiqués par M. de Ko- ninck, nous n'avons répété que le meilleur, celui par le- (176) quel il obtient en produit cinq pour cent du poids de l’é- corce des racines fraiches de pommier; et nous nous empressons d'ajouter que nos résultats sont en ce point conformes aux siens. — Quant au second procédé, c’est- à-dire, au traitement par l’eau, il à été répété avec suc- cès par M. Labbé, aujourd’hui l’un de nos titulaires : le 8 mai 1836, il prit 250 grammes d’écorce de racines d’un pommier de calville, de 25 à 30 ans d’âge, disposé en espalier et n'ayant donné de fruit qu’une séule fois. Par une première décoction qui dura quatre heures et par une deuxième qui fut de trois heures, M. Labbé obtint de la Phloridzine qui, au bout de cinq cristallisations, était réduite à 8 grammes 113 milligrammes, faisant un peu plus de trois pour cent de l'écorce. — Il agit de même sur 375 grammes d'écorce du tronc qui lui ont fourni 10 grammes 688 milligrammes de Phloridzine brute, que cinq cristallisations ont réduits à 7 grammes 541 milli- grammes, ou à peu prés deux pour cent. — Celle du tronc était beaucoup moins voisine de la blancheur que celle des racines. — Enfin, les petites branches, fussent-elles même grosses comme le doigt, ne lui ont point donné de Phloridzine. Ainsi, dés 1836, M. de Koninck avait donc bien constaté la propriété qu’avait l’eau, d’enlever cette substance à l’écorce des racines de pommier, possibilité vérifiée par l’essai de M. Labbé. C'est done à tort que l'on a récemment donné comme nouveau ce procédé d'extraction :. Celui que M. de Koninck considère comme le meilleur, consiste à jeter dans l'alcool les écorces fraiches, à faire 1 M. Boullier affirme qu'il ne faut pas dépasser une demi-heure d’ébullition, CRE to te D tn mL om = (ea7T ) macérer le Lout pendant douze heures à une température de 50 à 60 degrés, à distiller et à faire rapprocher suffi- samment la dissolution pour obtenir des cristaux de Phloridzine , que l'on purifie par des cristallisations suc- cessives. - : Nous n'avons plus à considérer maintenant le Mé- moire de notre correspondant que sous le rapport chi- mique. Sous ce chef, nous sommes sur tous les points d'accord avec l’auteur. Comme lui, nous reconnaissons que la Phloridzine est blanche, cristallisable, sans odeur, de saveur légèrement sucrée, puis faiblement amère, et enfin d’une astringence marquée; peu soluble dans l’eau froide, beaucoup dans l’eau bouillante ; contenant de l’eau de cristallisation; décomposable par le feu à la ma- nière des matières végétales ; changée par l’iode en un corps brun que M. Koninck regarde comme résineux ; dissoluble dans les acides ‘dilués ; changée du jour au lendemain en une gelée brunâtre par l'acide azotique af- faibli; rougie par le sulfate de fer peroxidé ; précipitable en blanc par le sous-acétate de plomb et point par l’acé- tate neutre ; et enfin colorée en jaune par le chlorure de chaux. Elle ne peut donc, et M. de Koninck en fait l’observation, être confondue avec la salicine qui ne pré- cipite par aucun des acétates de plomb, et dont la cou- leur n’est altérée ni par les sels de fer, ni par le chlo- rure de chaux. M. de Koninck avait annoncé qu’il avait encere ex- trait la Phloridzine, mais en moindre quantité, de l'é- corce des racines de poirier, de prunier et de merisier; nous n'avons pu la trouver jusqu'ici dans la racine du poirier, ni dans celle du merisier. Nous avons cependant essayé tout ce qui nous était suggéré par la connaissance des propriétés de la Phloridzine : ainsi, aprés avoir traité 1 ( 478 ) vainement ces écorces par les méthodes indiquées pour l'extraire des racines du pommier, nous avons tenté de précipiter la Phloridzine des véhicules en traitement sur les écorces de racines de poirier ou de merisier, en fai- sant usage du sous-acétate de plomb, et de la reprendre ensuite dans le précipité, soit en la débarrassant de l'oxide de plomb par l’acide sulfurique dilué, soit au moyen de l'acide sulfhydrique, qui fait passer le plomb à l’état de sulfure ; procédés tentés directement avec succès sur la Phloridzine etiqui ont échoué sur les décoctions et Les marérations des écorces de racines de poirier, quel que fût leur état de concentration. Nous ne l'avons pas trou- vée davantage dans l'écorce de la racine du merisier. _Si nos expériences en ce point ne sont pas conformes à celles de M. de Koninck, c’est au reste la seule dissidence que nous ayons à signaler entre l’auteur el nous. Il nous serait aisé de l'expliquer; qu'il nous suffise, quant à pré- sent, de faire observer que, pour éviter les méprises, nous n'avons employé à nos expériences que des racines d'arbres non greffés. Ce sont donc des sauvageons de pommier qui nous On! donné de la Phloridzine, et c’est des sauvageons de poirier que nous n'avons pu en re- tirer, En somme, le Mémoire de M. de Koninck est un des plus remarquables que l’on ait produit dans ces derniers _ temps, et la Société ne peut que se féliciter de compter son auteur parmi ses correspondants. Pour notre part, nous remercions M. Vandenbecke d’avoir mis la Société en rapport scientifique avec un savant aussi distingué. La Société verra sans doute avec intérêt joindre à cet ( 179 ) exposé les travaux beaucoup plus récents et plus remar- quables encore dus à M. Stas. Il a fait voir (en appliquant à la Phloridzine les méthodes d'investigation de M. Pi- ria relativement à la salicine, et de Robiquet relative- ment à l’orcine) que la Phloridzine et la salicine appar- tiennent à une classe de corps qui, nonobstant leur peu de tendance à former des composés énergiques, donnent lieu à des réactions pleines d'intérêt, soit qu'on les livre à l’action des acides forts, soit qu’on les soumette à celle des alcalis énergiques. M. Stas a donc prouvé 1.2 que la Phloridzine, soumise à l’action de l'acide oxalique ou d’un acide puissant, est convertie en Phlorétine , c'est-à- dire en une substance blanche, cristallisée en petites lames d’une saveur légèrement sucrée ,, mais n'ayant ni l’astringence ni toute l’amertume de la Phloridzine ; 2.° que cependant la réaction prolongée de l’acide azo- tique sur la Phloridzine donne lieu à un acide partieu- lier, l'acide phlorétique; 3.° que la Phloridzine peut être représentée par un certain nombre de molécules de phlo- rétine et de sucre de raisin ; #.° qu’en exposant la Phlo- ridzine aux actions réunies de l’'ammoniaque et de l'air, il en résulte un composé bleu indigo (la Phloridzéine), dont les acides-séparent une matière d’un rouge vif: d.° enfin que la formule de la Phloridzine étant doublée et augmentée de trois équivalents d’ammoniaque et de douze d’oxigène, l’on obtient précisément la formule de la Phloridzéine. Aprés avoir entendu cet abrégé des découvertes de M. Sas, la Société pourra mieux apprécier la valeur des assertions de ses commissaires touchant leur dissidence avec M. de Koninck, en ce qui regarde la présence ou l'absence de la Phloridzine dans les racines de poirier et de merisier, ( 180 ) L’écorce des racines de poirier a fourni à la commis- sion , au lieu de Phloridzine. un extrait où figurent le tannin et une matière colorante rougeâtre , extrait qu’il est difficile de distinguer de celui de ratania , qu’il rem- placerait au besoin comme médicament d’une extrême astringence. La Commission n’a pas trouvé davantage de Phlorid- zine dans l'écorce des racines de merisier. Cette écorce a fourni un principe particulier auquel vos Commissaires ont donné le nom de mérisine. Mais cette substance , plus altérable et plus difficile à purifier que la Phloridzine , présente aussi des caractères moins tranchés. La mérisine, récemment précipitée de l'alcool, est pul- véralente et presque blanche, mais elle ne tarde pas à prendre à l’air une teinte de rouille. Elle se comporte sous la dent comme une matière résineuse , elle est légé- rement amère et elle a peu d’astringence. L’eau chaude peut dissoudre cette substance; l'éther un peu; ce- pendant l'alcool est son dissolvant; mise sur les char- bons ardents, elle répand des fumées piquantes, très faiblement aromatiques, en laïssant un charbon très bril- lant et peu volumineux. Lorsqu'on la fait bouillir avec le charbon, dans l'intention de la décolorer, il devient trés difficile de la séparer du charbon, qui en retient d’ailleurs une grande partie. La Commission n’avait pas poussé plus loin ses recher- ches sur la mérisine, lorsqu’ont paru les beaux travaux de M. Stas sur la Phloridzine. A cette époque, M. Belin a repris la mérisine , et, la traitant par l'acide oxalique, il l’a rendue presque blanche ; sa saveur, devenue en même temps. moins amère, a laissé percer une astrin- gence plus marquée, et qui peut être comparée à celle du vin de Bordeaux ; enfin elle a perdu ainsi la propriété “et que dans l’un et l’autre corps l'hydrogëne et l’oxi- gène sont dans des rapports convenables pour faire de l’eau; seulement l'acide acétique contenant proportion- nellement plus de carbone, qui était le véritable agent désoxigénant, devait agir avec plus d'énergie. LA (195) Quoi qu’il en soit de ces théories, qui ne sont peut-être pas tout-à-fait de nature à complétement satisfaire les esprits sérieux, puisque je n’ai point analysé les produits gazeux qui se forment pendant les opérations, voici les divers procédés (qu’il serait facile de varier encore), que j'ai suivis, et qui tous m'ont fourni l’alun de chrôme cristallisé. Traitement par l'acide acétique , ou par le vinaigre. Sur trois partiesde bichrômate de potasse jaune orangé, pulvérisé dans une capsule de porcelaine, je verse quatre parties d'acide sulfurique concentré. Le mélange prend une belle coloration rouge de minium, et se condense en une masse qui acquiert instantanément une grande du- reté. J'ajoute à peu près quatorze parties de vinaigre et je secoue le vase : une très vive effervescence avec dé- . gagement de beaucoup de gaz a lieu. La température s'élève considérablement. La liqueur verdit de suite. Je place le tout sous une lampe à alcool, et soumets le mé- lange à l’ébullition' jusqu’à ce qu’il acquière une consi- stance sirupeuse, qu’il se recouvre d’une légère pellicule, et qu’il se dégage quelques vapeurs blanches, épaisses, acides et suffocantes. Alors je retire du feu et verse dans un vase à fond plat, pour attendre la cristallisation, qui arrive ordinairement dans un temps variable entre deux et huit jours. Durant cet intervalle, la liqueur, qui avait une con- sistance sirupeuse, perd beaucoup de sa densité , et re- prend sa fluidité en absorbant fortement la vapeur d’eau contenue dans l’atmosphére. Dans les premiers moments de l'opération, les produits gazeux qui se dégagent paraissent dus en grande partie à de l’acide acétique non décomposé , et à de l’acide car- ( 296 ) bonique; ce n’est que tout-à-fait vers la fin, que l'acide sulfurique lui-même paraît passer à la distillation, et c’est alors qu’il faut suspendre. IL arrive quelquefois que, dans le courant de l’opéra- tion’, le mélange, qui était d’un très beau vert à froid, vienne, lorsqu'on le soumet à l’action du calorique, à prendre une teinte brune ou feuille-morte. Ce phénomène peut tenir à deux causes bien distinctes : 1.° ou le bi- chrômate de potasse est en “trop grande proportion, et venant à se dissoudre à l’aide de la chaleur, sans se trou- ver en présence d'agents de décomposition, ilforme, par le mélange de sa propre couleur et de celle de l’alun de chrôme vert bleuâtre déjà formé, une couleur brune ou feuille-morte que l'on doit faire disparaître par l'addition de quelques gouttes d’acide sulfurique et acétique; 2.° ou c'est l’acide chromique lui-même qui a été déplacé par l'acide sulfurique, et qui, mis à nu sans être décomposé, brunit la liqueur, et dans ce cas €e n’est pas de l’acide sulfurique , c'est du vinaigre seul qu’il faut ajouter pour que sa couleur verte normale se remontre de nouveau. Ceci me paraît être la solution la plus naturelle de cas qui d’abord m’avaient paru d’une explication embarras- sante. Pourquoi, la liqueur étant brune, l'acide sulfu- rique la verdit-il dans quelques circonstances ? Pourquoi non dans d’autres ? | Voilà comment les choses se comportent à l’aide de la chaleur. J'ai lieu de croire que l'opération réussirait également à froid, mais que la cristallisation serait beau- coup plus lente; il, faudrait en outre probablement une précision plus grande dans le dosage des quantités pro- portionnelles des éléments du sel. C’est cette précision que le calorique se charge de nous enseigner, en élimi- nant, par son action, les parties inutiles à la constitution ( 197 ) du composé, c’est-à-dire les excés d'acides sulfurique et acétique. Lorsque l’on réduit le mélange presque à siccité, l'oxide de chrôme est mis à nu, et en quantité d'autant plus considérable que la calcination est poussée plus loin. C’est donc encore une indication de suspendre l’ébullition lorsque l’on entrevoit au fond de la liqueur un dépôt vert qui commence à se former. Si le bichrômate de potasse est en excès, le mélange esf, ainsi que je l'ai dit, couleur feuille-morte, mais la cris- tallisation du sulfate d’oxide de chrôme et de potasse n’en a pas moins lieu; seulement les cristaux sont moins abon- dants , moins purs; ils se groupent et se confondent avec ceux du bichrômate de potasse, de manière à n’en pou- voir être isolés. Il est donc préférable de toujours agir avec un léger excès d’acide sulfurique. La cristallisation n’en est point retardée, et les cristaux sont beaucoup plus purs. Enfin, comme on le comprend facilement, et comme eela m'est arrivé, si la matière décomposante ( j'appelle ainsi le vinaigre ) est en trop faible proportion, il se for- me des cristaux de sulfate de potasse. Il me reste maintenant à faire connaitre à la Société les caractères principaux du sel que j'ai obtenu. La forme en est octaédrique, bien déterminée, la cou- leur d’un rouge violet magnifique , paraissant presque noire dans les gros cristaux; la saveur en est fortement sucrée. Ce sel est inaltérable à l’air sec ou humide. Il est soluble dans l’eau, qu’il colore en bleuâtre , tandis que l'eau mère est verte; insoluble dans l'alcool à chaud comme à froid , sauf quelques détails dans lesquels j’en- trerai plus bas, insoluble également dans l'acide sulfu- rique concentré; plongé dans cet acide, il blanchit sur 14. (198 ) ses surfaces, et devient excessivement friable , effet dû à la soustraction de l’eau de cristallisation, et qui lui est commun avec l’alun. La solution aqueuse , même éten- due , rougit fortement le papier de tournesol. Elle donne, par l’armmoniaque, un précipité blanc verdâtre gélati- neux très abondant ; par le chlorure de baryum , un pré- cipité blanc, également abondant; par la solution con- centrée de cyanure jaune de potassium et de fer’, un pré- cipité vert ; enfin par le chlorure de platine, un précipité jaune, grenu , manifeste. ‘Chauffés à l’étuve, les cristaux blanchissent; ‘à une chaleur rouge, ils laissent dégager de l'acide sulfurique, et quelquefois de l’acide sulfhydrique, et finissent par se convertir en un résidu vert. Ce résidu fortement calciné , repris par l’eau distillée bouillante, est neutre au papier de tourneso!, et fournit encore aux chlorures de baryum et de platine , quelques indices trés légers de l’acide sulfurique et de la potasse. J'ai dit plus haut, que ce sel était insoluble dans l’alcoo! à chaud comme à froid. Et en effet, placé dans quatre- vingts à cent fois son poids d'alcool bouillant, il demeure intact. Cependant, lorsqu'on le laisse six à sept jours dans l'alcool froid, exposé à l’air libre, la dissolution finit par s'en opérer. Est-elle due, dans ce cas, à l’absorption de la vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère? c’est ce qui est probable. Cependant il est à remarquer que la disso- lution ainsi produite, affecte la couleur rosé et non la bleue, en sorte qu'il serait possible qu'il se fût passé là quelque réaction. Notre savant professeur, M. Colin, à la bienveillance duquel je me plais à rendre ici un public hommage, ne serait pas éloigné de soupconner que , dans ce cas, l'alcool se substitue dans le sel à l’eau de cristal- (199 ) lisation, se fondant sur plusieurs faits de ce genre, que M. Kuhlmann, correspondant de la Société , nous a déjà fait connaître. Je me suis beaucoup éténdu sur le traitement par le vinaigre , parce que c’est le mode qui le premier m’a donné l’alun de chrôme. Les procédés que j'indique plus bas, n'étant, excepté le dernier, que de légéres modifi- cations du premier , je n’en dirai que peu de mots. C’est ainsi que, dans des essais ultérieurs, j'ai pu égale- ment obtenir l’alun de chrôme, en APR au vinai- gre, l’alcool et l’eau-de-vie. Je dois faire observer ici , que je rois avoir remarqué qu'avec le vinaigre et l’eau-de-vie, on réussit mieux qu'avec l'acide acétique ét Falcool. En outre, si l’on veut obtenir de suite de beaux cristaux, il est bon que l’on ait agisuivant le premier où le deuxième des procédés indiqués, d’éteñdre de suite d’au moins deux ou trois fois leurs poids d’eau bouillante les mélanges de consistance sirupeuse qu’on obtient après avoir chauffé. Ces mélanges sont fortement avides d’eau, ilest vrai; mais op arrive plus vite au bat en la leur fournissant immé- diatement et en filtrant à chaud la dissolution obtenue. Avec l'alcool, il est certaines précautions à prendre, c'est de ne l’ajouter que peu à peu, et pour ainsi dire goutte à goulle dans les premiers moments’, parce qu’a- lors l’effervescence est si vive, et l'élévation de tempé- rature si forte, que le mélange projette dans tous les sens de nombreuses étincelles. faut en outre ne chauffer que très légèrement. Le sucre en dissolution a été à son (our l’objet de mes expériences. Avec ce dernier agent, l'opération doit se faire à froid ; elle réussit parfaitement, En soumettant à la chaleur, la liqueur noircit très rapidement , se bour- ( 200 } soufle, dégage une odeur de caramel, et l'opération est manquée. Traitement par l'acide sulfureux. Le résultat de ces différents essais et la théorie que je m’en faisais devaient m’amener naturellement à recher- cher un procédé beaucoup plus simple et plus précis. J'ai fait passer à travers une solution concentrée de bichromate de potasse un courant de gaz acide sulfureux. La liqueur s’est peu à peu colorée en vert bleuâtre, et au bout de quelques jours j'ai obtenu de nombreux cristaux rouge- violet d'alun de chrôme. Enfin s’il me restait à exprimer mon opinion sur la valeur relative de ces divers procédés , en première ligne et comme incomparablement supérieur, je placerais le traitement par l'acide sulfureux ; c’est évidemment celui par lequel on peut, sans tâtonnements, arriver le plus vite à Ja formation du sel dans son état de pureté, et sans crainte qu’il ait conservé quelques matières organiques qui pourraient en modifier la nature. Viendrait ensuite le traitement par l’eau sucrée, qui n’a bien réussi: en troisième lieu celui par le vinaigre , etenfin en dernier celui par l'alcool. ENSAIS D'ÉLECTROTYPIE, PAR M. LEFEBVRE. I . RAPPORT Lu dans la Séance du ? Novembre 18h11. re * PAR M. COLIN, Au nom d’une Commission composée de MM. Vannson, Mappex et Coxin. 22 00 0 =——— M. Lefebvre, pharmacien de Versailles et membre titulaire de la Société, a développé devant elle le 20*oc- tobre 1840, les moyens d’Electrotypie connus jusqu’à ce jour, et auxquelsil vient d'ajouter des perfectionnements qui nous paraissent très importants. Le monde savant connaît les résultats remarquables auxquels est arrivé M. Jacobi, qui lui-même a perfec- tionné les procédés de M. Hess: il suffira donc de relater ici les nouvelles améliorations apportées par M. Lefeb- vre, en les faisant précéder d'une description succincte de l’appareil qu’il a modifié. Vous le savez, messieurs, dans l'expérience de dacobi, l’objet sur lequel on veut prendre une empreinte, une médaille, par exemple, est placé sur une plaque de cui- vre horizontale soudée à une tige du même métal: Cette tige passe de la situation horizontale à la verticale pour retourner ensuite à l'horizontale par une courbure faite en sens inverse*de la première; en sorte que la tige pré- sente la forme de la lettre Z, à cela près que les angles en sont droits. La portion supérieure et horizontale de la tige entre dans une ouverture pratiquée dans un sup- port vertical en cuivre, où cs est fixée par une vis de pression. , Quant à la partie qui supporte la médaille, elle plonge ( 202 ) dans un vase cylindrique destiné à recevoir environ 250 grammes de sulfate de cuivre dissous dans un litre d’eau. Mais comme il y aurait des inconvénients à ce que la mé- daille reposât immédiatement sur la plaque du support, celle-ci etune grande partie de la tige qui-lui est annexée, sont enduitsd’un vernis à la cire d'Espagne. De plus on in- tercale entre la médaille et son support une feuille d’étain chiffonnée, mieux vaudrait une feuille de cuivre; et pour empêcher le liquide de se glisser entre la plaque, la feuille d’étain et la médaille, l’on borde leur circonfé- rence par une matière plastique faisant fonction de lut. D'autre part, l’on prend une tige de cuivre courbée comme la première, mais terminée par une plaque de zinc. Sa partie horizontale supérieure s'implante aussi dans le support en cuivre, de telle sorte que la plaque de zinc soit séparée de la médaille, au-dessus de laquelle elle se trouve, par un intervalle de 7 à 8 centimètres. Cette plaque de zinc est protégée contre la dissolution de sulfate de cuivre par un vase de verre, dont le fond . supprimé est remplacé par du parchemin, et ce dia- phragme soutient une colonne d'eau dans laqueile on à jeté quelques milligrammes de sulfate de soude. L'eau aiguisée de sulfate de soude environne d’ailleurs {de toutes parts la plaque de zinc. Le vase de verre supé- rieur.est soutenu par un plat-bord annexé au premier vase, ou, au défaut de plat-bord, par un entonnoir de même substance. e Telle est la disposition de l'appareil, électrotypique de Jacobi, dans lequel le contact du cuivre avec le zinc ” donne le seul couple électrique contenu dansl’instrument. Aussitôt que l'appareil a été complété comme je viens de le dire, une couche de cuivre commence à se déposer sur la médaille dont‘ elle prend l'empreinte, et elle y serait adhérente si,‘au préalable, la superficie de la mé- ( 208 ) daille n’avait été frottée avec de la plombagine en poudre. Nonobstant cette précaution il faut attendre aw moins deux jours pour que la couche de cuivre déposée puisse être détachée sans se rompre, et encore faut-il, pour obtenir sans encombre cette séparation, chauffer la mé- daille à üne température voisine du rouge et la refroidir brusquement, en la plongeant dans un bain d’eau froide, pour pouvoir intercaler ensuite entre la médaille et le dépôt une lame de canif. | Il peut arriver néanmoins que cette pratique soit insuffisante : lorsque les médailles ont trop de saillant, l'on ne peut, quelque soin que l’on prenne, enlever l'empreinte sans la déchirer. Aussi des hommes versés dans l’art de faire des expériences ont-ils renoncé à faire déposer directement sur la médaille le cuivre précipité. Ils font alors un‘ cliché, c’est-à-dire qu’ils prennent l'empreinte de la médaille en coulant sur elle de l’alliage fusible de d’Arcet, auquel on peut donner toute la résistance désirable en augmentant son épais- seur à volonté. C’est ensuite sur le cliché que l’on fait déposer le cuivre à mesure qu’il se précipite, et lorsque l’opération est achevée, l’on met de tout dans l’éau bouil- lante, dont la chaleur liquéfie le métal fusible et laisse à nu le relief précipité. Pour éviter ce clichage, M. Le- febvre propose d’enduire la médaille d'amalgame d’or ou d'argent, ou même tout simplement d’une légère couche de mercure: au moyen de ce minime change- ment dans le procédé, l’on peut détacher de la médaille, et sans aucun accident, une empreinte aussi mince qu’une feuille de papier. ” Cette amélioration n’est pas la seule qu'’ait apportée M. Lefebvre dans l’art nouveau de l’électrotypie. Les premiers observateurs avaient vu qu’une trop grande rapidité dans la précipitation du cuivre rendait les em- ( 204 ) preintes par trop fragiles; et c’est même cette raison qui avait déterminé M. Jacobi à modifier les procédés de M. Hess. M. Lefebvre, à son tour, propose, dans le même but, de modifier l'appareil de Jacobi; et pour cela, il substitue au support en suivre , une tige de bois dans laquelle il implante horizontalement une tige en cuivre. C’est à cette dernière qu’il adapte les supports de la médaille et de la plaque de zinc. Par cette nouvelle dis- position, il peut à volonté augmenter la distance entre la plaque de zinc et la plaque de cuivre, et modérer, par ce moyen, l’action électrique qui préside à la précipita- tion du cuivre. ÿ Notre collègue propose aussi comme. troisième perfec- tionnement, un moyen de prendre à la fois l'empreinte des deux faces de la médaille. Il consiste à la saisir laté- ralement par une pince annulaire qu’il lie à celle-là par un lut imperméable au liquide. Il substitue aussi au vernis de cire d’Espagne, une en- veloppe en toile cirée qui est plus efficace et-plus prompte- ment susceptible d’être mise en expérience que le vernis, toujours long’ à sécher, alors même qu'il est à l'alcool. Enfin, et c’est là, ce nous sémble, une amélioration très importante, M. Lefebvre substitue une feuille de cuivre à la feuille d’étain, afin d'éviter, ce qui arrive quelquefois, qu’une portion de l’êtain n’adhère obstinément au métal de la médaille et n’y produise une altération fâcheuse. En résuümé M. Lefebvre nous paraît avoir apporté cinq perfectionnements remarquables à l'Electrotypie, et vous en avez jugé comme nous, puisque vous avez souffert, messieurs, qu’au défaut de l’auteur, qui n’en avait pas le temps, je prisse la liberté de vous présenter le compte- rendu des intéressantes innovations de notre honorable collègue. RE ——— OBSERVATIONS PRÉSENTÉES A LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE SEINE-BT-OISE, PAR Me Jo-Je-Neo HUOT: MEMBRE TITULAIRE DE CETTE SOCIÉTÉ, SUR UNE NOTE GÉOLOGIQUE. Adressée, le 30 Novembre 1841, à la même Société. Par M. CAILLAT, Membre correspondant. Dans sa séance du 1.er décembre dernier, la Société a entendu la lecture d'une note géôlogique de M. Caillat, pro- fesseur de Géologie, de Chimie et d'Histoire Naturelle, à l’école de Grignon, sur une découverte qu’il a faite, il y a quelques années, aux environs de Beynes. Cette note offrant un intérêt réel pour la Géologie du département, l’impression dans le Recueil de la Société en a été de- mandée et appuyée; mais M. Philippar, Président, ayant déclaré que M. Caiïllat ne pouvait pas disposer de cette 15 ( 206 ) note, la Société a décidé que je serais chargé d’en faire un extrait qui serait inséré dans notre Recueil. Je pro- fiterai de cette occasion pour faire quelques observations sur le contenu de cette note. Commençons par en donner l'analyse. Pendant une excursion géologique que M. Caillat eut occasion de faire en 1836, avec une partie des élèves de l'Institution agronomique de Grignon, il trouva aux en- virons de Beynes un sable grossier, grisâtre, qu’il n'avait point encore remarqué dans les environs de Paris. Dans quelques parties, ce grès, dit-il, est assez fin, uniforme, et-contient des paillettes de mica; dans d’autres parties, il est à gros grains, et composé de petits fragments rou- lés de quartz de différentes teintes, mélangés à une sub- stance blanche assez abondante. M. Caïllat reconnut que cette substance était du feldspath décomposé, c’est-à- dire du kaolin; le sable qui la contenait était évidem- ment le résultat de la décomposition d’une arkose. M. Caillat ne manqua point d’exprimer à ses élèves son étonnement de trouver cette roche dans une formation supérieure à la craie ; mais comme le peu de puissance de ce dépôt arénacé n’était d'aucun intérêt sous le point de vue industriel, quant au kaolin qu’il contenait, M .Cail- lat n’attacha aucune importance à cette découverte, et même il l’oublia. Ê Cependant, dans le courant de l’année 1841, ayant eu occasion de passer dans la même localité, il put revoir l'arkose en question sur une plus grande étendue ; et il constata qu’elle se liait, dit-il, intimement avec un grès fin, jaune-rougeâtre micacé, assez analogue à celui qui se trouve dans tous nos environs, et que l’on rencontre notamment à Feucherolles et aussi à la butte de Picardie, ( 207 ) près Versailles : ce qui semblait annoncer que celte ar- kose est contemporaine du grès marin supérieur ; mais elle est évidemment plus ancienne. M. Caillat ayant adressé à M. Al. Brongniart, directeur de la manufacture de Sèvres, un échantillon de l’arkose altérée qu’il a recueillie près de Beynes, le chimiste at- taché à cet établissement fit l’analyse du kaolin contenu dans cette roche, et reconnut qu'il renfermait plus de potasse que la plupart des kaolins employés jusqu'ici en France : ce qui est trés remarquable. Deux analyses successives ont fait voir aussi qu'il existe dans cette arkose de très petites quantités de cuivre. « La présence de ce métal dans une arkose, dit M. Cail- « lat, viendrait se joindre aux résultats d’expérience « obtenus par 'M. de Luynes, je crois, qui a constaté « également dans une roche de ce genre la présence du « fer, du manganése, il n’y a rien là de surprenant, mais & aussi la présence du cobalt. Ces indications de métaux, « peu communs dans nos terrains, confirmeraient l’opi- « nion déjà émise et connue, que les arkoses résulte- « raient de la séparation, puis du transport, et ensuite a de l'agglutination des éléments de roches anciennes « feldspathiques et micacées, telles que les granites, les « pegmatites et les gneiss, où nous trouvons actuelle- « ment les gites métalliféres les plus abondants. » Le fait de l'existence de ce sable kaolinique intéresse à la fois la Géologie et l'Agriculture. « Sous le point de vue géologique, il est essentiel, dit « M. Caillat, que la présence du kaolin soit bien consta- tée dans notre contrée, comme faisant partie des ter- « rains supracrétacés; car c’est le second exemple d'une semblable observation géologique en France. Il paraît A = R ( 208 } « que cetle substance a été trouvée, en effet, dans une « localité de l’ouest, et aussi dans des couches de ter « rains supracrétacés. » A ce sujet, M. Caïllat fait connaître à la Société que M. Al, Brongniart et lui ont visité récemment le gise- ment d’arkose dont il est question, et qu'après avoir examiné la localité, où le terrain est d’ailleurs assez tourmenté , ils croient pouvoir rapporter le sable kaoli- nique à la formation de l'argile plastique. « Ce dépôt, ajoute M. Caïllat, se trouve effectivement sur le versant d’une colline, entre la craie et le calcaire grossier. Le sable jaune-rougeâtre micacé, dont nous avons parlé précédemment, représenterait dans ce lieu la première formation d’eau douce des terrains supra- crétacés, et l’arkose altérée qui s’y lie intimement ne serait qu’un accident. » Sous le point de vue agricole, la présence de ce kao- lin, riche.en potasse, est, suivant M. Caïllat, d’un grand intérêt, relativement à la composition des terres arables. Ne donne-t-elle pas à penser, dit-il, que cet alcali est réellement plus abondamment répandu dans le sol que nos analyses peu minutieuses ne le dénotent ? N'est-ce pas là, en effet, que les végétaux doivent le prendre? Les argiles ne doivent-elles pas contenir de la potasse en plus ou moins grande quantité ? Cette opinion, qui est depuis Tong-temps celle de M. Caïllat, a été depuis lui émise par le savant chimiste allemand Mitscherlich; mais elle n’a point encore été confirmée par l'analyse : c’est ce qui a engagé M. Al. Brongnart à entreprendre, il:ya peu de temps, l’immense tâche d'étudier et de faire analyser sous ses yeux les argiles les plus remarquables de la France et des paÿs étrangers. Je viens de présenter l'analyse exacte de la note de A A A AR AR A ( 209 ) M. Caillat : arrivons aux observations que je crois utile d’y faire. Pour ma part, je regrette que M. Caillat, membre de notre Société , et qui, en 1835, a fourni à notre Recueil un mémoire descriptif de quelques nouvelles espèces de coquilles fossiles trouvées par lui à Grignon, n’ait pas lu dans le même volume mon mémoire intitulé : Notice géo- logique sur les terrains qui s'étendent à l'est de Rambouil- let, et qui comprennent la vallée de la Remarde, petite ri- vière qui va se jeter dans l'Orge à Arpajon. Ce mémoire ayant paru en 1835, et présentant pour la première fois l'indication, dans les environs de Paris, d’un gisement d’arkose et de sable contenant du feldspath en décompo- sition, M. Caillat aurait pu voir, en 1836, que la décou- verte qu’il vepait de faire près de Beynes, d’un gisement semblable à celui que j'ai indiqué, était d'autant plus intéressante qu’elle prouvait l'existence, sur une grande étendue de notre département, d’un dépôt que je pouvais alors croire accidentel, et particulier à la vallée de la Remarde. Mon mémoire sur cette vallée avait principalement pour objet d'y signaler la craie, qui n’y avait point en- core été. vue : aussi les autres formations étaient-elles pour moi d’un intérêt tout-à-fait secondaire. Voilà pour- quoi je me suis contenté de donner, d’après ses carac- tères minéralogiques extérieurs, la dénomination d’ar- kose commune à la roche que je signalai dans la forma- tion de l’argile plastique, en annonçant que sa pâte était feldspathique comme celle de toutes les arkoses, maisen négligeant d’avoir recours à l'analyse pour déterminer la nature et la proportion du feldspath, dont la décom- position forme l'argile appelée kaolin. Mais j'ai indiqué un fait qui n’est pas sans intérêt : c'est que, dans la val- (210) lée de la Remarde, la formation de l'argile plastique, qui comprend l’arkose, sert immédiatement de base aux sables et grès de Fontainebleau, parce que la formation du calcaire grossier manque dans cette partie de notre département. M. Caillat nous apprend que des analyses faites à la manufacture de Sévres, sur l’arkose de Beynes, y avaient fait reconnaître la présence d’une petite quantité de cui- vre ; mais il se trompe, en pensant que c’est dans une roche semblable que M. le duc de Luynes a constaté l'existence du fer, du manganèse et du cobalt : c’est à Orsay, dans la formation des sables et grès de Fontaine- bleau, qui y est très développée, que le duc de Luynes a remarqué un grès noir dont la Société possède plusieurs échantillons ; et c’est dans ce grès que les métaux ci-des- sus ont été reconnus par les analyses qu’il en a faites. Aprés avoir examiné la localité de Beynes, M. Caïllat et M. Brongniart ont reconnu que l'arkose et le sable kaolinique, qui n’en est que la décomposition, appartien- nent à la formation de l’argile plastique : ce qui s'accorde avec ce que j'ai constaté dans la vallée de la Remarde, particuliérement aux tuileries de Guédone et de La Batte, aux villages de Saint-Maurice et de Bruyère-le-Châtel, et prés de celui de Vaugrigneuse et du hameau de Ville- neuve, dans la forêt des Ivelines. La Société comprendra que les observations que je viens de lui présenter ne sont pas dépourvues d'intérêt, lorsqu'elle saura que le doyen de la Géologie, M. Al. Bron- gniart, se proposant de publier les recherches géologi- ques, chimiques et céramiques qu’il vient de faire sur l'arkose et le sable kaolinique trouvés par M. Caillat, près de Beynes; et ayant appris que j'avais publié un mémoire sur un autre gisement beaucoup plus étendu de notre dé- ( 241 ) partement, m'a prié récemment de lui communiquer ce travail et de lui remettre des échantillons des mêmes roches de la vallée de la Remarde, afin de les comparer à celles des environs de Beynes. Je me suis empressé de satisfaire l'honorable et savant académicien, Les échan- tillons que je lui aï remis, sont identiques avec ceux de Beynes, Il est probable que l'analyse présentera les mêmes résultats pour les arkoses et les sables kaoli- niques de ces deux localités, car il est impossible à la simple vue de les distinguer. FIN, ERRATUM. Page ij : Ajouter M. BeuiN au nombre des Membres fondateurs désignés dans l’art 1.er du Réglement. TABLE DES MATIÈRES. Réglement. Rapport de M. Adolphe Veytard , secrétaire , sur les travaux de la Société. Géologie, Minéralogie. Botanique , Culture. Zoologie. Anthropologie. Chimie. Physique, Mathématiques. Astronomie. Généralités. Conclusion. Nouveau Mémoire sur la Fermentation , par M. Colin. Notice sur une espèce d’Hyménoptère du genre Nematus, par M. Leduc. Sur la Respiration des plantes, par MM. Edwards et Colin. Observation phrénologique, par M. Le Roi. Notice sur Extraction de l’indigo du Polygonum Tinctorium, par MM. Colin et Labbé. Nouveaux essais sur le Polygonum Tinctorium, par M. Colin. Essais sur les divers produits que l’on peut obtenir de l’'Hé- lianthe tuberculeuse, par M. Belin. Rapport sur Les Vernis à tableaux de M. Merger de Versailles, par M. Boisselier. Lecture sur PElectrodynamique expérimentale, par M. Peyré. Notice nécrologique sur M. Ad. Stenheil , par M. Philippar. XII XV XXXVIL LXIIL XCIV ovni CXLVIN CLXXI CLXXII CLXXXII 1 45 53 61 Proposition et rapport concernant la Phloridzine, par M. Golin. 173 Travaux sur le suc de l’Arundo saccharifera’, par M. Plagne. Mémoire sur le Sursulfate d’oxide de chrôme et de Potasse, par M. Dargent. Essai d’Electrotypie, par M. Lefebvre. Observations de M. Huot sur une Note géologique de M. Gaillat. Table des Matières. CLELIEEEEMELEELPEEREMENRIAI AT EE 8 6 67 VERSAILLES, — IMPRIMÉRIE DE MONTALANT-BOUGLEUX, PISTE TOSTOTTOTUTETTISETÉTEUEE RRARRILIRIIREOIIARIRIRARAPERRRRRRRRRAIARRRRRR SÉSSSOSTTOSÉSTTTOTTTÉ CS SÈTÈTOÉSSSESVESE 7 ï Bar 2 fé 2 4 n À