MEMOItUvS UK I.A r * SOCIETE NATIONALE ACADEM1QUE DE CHERBOURG. II S lloilncur. CHERBOURG, IMPRIMERlE UK MARCEL MOUCHEL, RUE CHRISTINE, 15. 1852. MEMORIES SOCIETY NATIONAL*: ACADfiMIQUI CHERBOURG. g.ssj. LA S0C1ETE ACADEMIQUE DE CHERBOURG A EXE FOINDEE PAR LOUIS XV EN 1755. MEMOIRES OF. LA r __ 0 SOCIETE NATION ALE ACADEMIQUE DE CHERBOURG. Religion & Honneur. ■mm> \ :2~- L H' CHERBOURG, IMPRIMERIE DE MARCEL MOUCHEL , RUE CHRISTINE, 15. 1852. LISTE DES MEMBRES SOCIETE RATIONALE ACADEMIQUE DE CHERBOURG. BURKAU. Anna's «e reception. 1829 Direcleur. — M. Noel, ancien rcpresenlant du peuple. 1817 Direcleur adjoint. — M. Couppey, juge au tribunal civil. 1851 Secretaire. — M. Ed. Delachapelle, avocat, docteur es-letlres ct resrent au college. 1 832 Tresoricr-archivisle. — M. Le Chanteur de Pontaumont, membrc de plusicurs Societes academiques. ASSOCIES TITULAIRES. 1807MM.Ci.aston, ancien principal du college. 1829 Delachapelle (P. -A.), ancien pharmacicn. — Obet, second medecin en chef de la marine, en retraite. vj An. ilc I'cc. 1831 MM.Lemonnier, ancien professeur d'hydrographie. — Asselin (C.-E.), docleur en medecine. — Le general du Moncel, direeteur de la fermc-ecole dc IJartin- vast. 1841 du Moncel (Tli.), membre de plusieurs Soeieles savantes. 1845 Lemaistre, receveur particulier des finances. 1845 Digard de LousTAjConservatcur de la bibliotheque municipale. 1846 d'Harcourt, capitaine de fregate. — Lesdos, (Alex.) — Le Jolis, negociant, membre de plusieurs socicles savantes 1849 Luis (Em.), id. Jouvin, pharmacien de lre classe de la marine. 1850 Clerel de Tocqueville (H.), ancien officier superieur, membre du conseil general de la Blanche. Robiou de Lavhignais, ingenicur de irf classe des constructions navales. — Jardin , aide-commissairc de la marine. Grillet de Serry, ingenieur ordinaire de lrc classe desponts- et-chaussees. 1851 de Montrond , capitaine d'artillerie. 4852 L'abbe Poullain, cure de l'eglise Notre-Dame-du-Vceu. ASSOCIES L1BRES. 18o6MM.Bonnissent (0.), chimiste. 1848 Razan, agent administratif dc lre classe a la direction d'artille- rie de marine. ASSOCIES CORRESPONDANTS. 1808M.M.Duherissier de Gerville , antiquaire a Valogries. 1810 Cauchy, membre de l'institul a Paris. 1811 Lair, conseiller de prefecture a Caen. 1815 Le Tertre, conscrvateur de la bibliotheque municipale a Cou- tances. 1829 Marrier de Lagatinerie , commissaire general de la marine au Havre. An. dc 1 6c. 1 829 MM. DtiR and, commissaire des poudres et salpetres, au Ripault, pres Tours. Frimot, ingcnieur en chef, relraite, a Paris. Travebs, professeur de lilterature laline a la faculte de Caen. — Ancelot, membre de l'academie francaise a Paris. Bertrand, doyen de la faculte des letlres a Caen. — Laciiaise , architectc a Paris. 1830 Daniel, reclcur de l'academie de Caen. 1831 Cabart, docleur en medecine a St-PieiTc-Eglise. 1832 Plivart, ancien dirccleur d'arlillerie. — DE Caumont, antiquaire a Caen. 1833 Huve, architecte a Paris. 1834 Le Bruman. inspecteur des ecoles a Angers. — Quenault, conseiller a la cour de cassation a Paris. — de Givenchy, antiquaire a Saint-Omer. — Pelouse, membre de l'institut a Paris. — Clerel de Tocqueville (A.), ancien ministre des affaires etran- geres , de l'academie francaise. 1835 Dubois, ancien sous-prefet, a Mesnil-Durand. — Houel, dirccleur des haras. 1S37 de Montalivet, ancien ministre d'Etat. 1839 Viel, cure de Sourdeval. — Dufresne, ingcnieur en chef des ponts-et-chaussees a Alencon. 18-iO Lem.ustre, rcceveur de l'enregislrement a Avranches. 1841 Menard (l'abbe), a Falaise. — Edom, inspecteur de l'academie de Caen. — .Moulin, avocat ;i Paris. — P.ailhaciie, professeur de rhetorique au Man-. — DE Brebisson, naturaliste a Falaise. — David, professeur de rhetorique. — Falmje, membre de plusieurs Societes academiqnes, a Rouen. — Menant, substitut a Vire. 1843 Lauvergne, second medecin en chef de la marine a Toulon — Charma, professeur de philosophic a la faculte de Caen. !Si I Pii.i.et, regent de rhetorique au college de Bayeux. TUj An.deiei'. 1844 MM. Mangel, conservateur de la bibliotheque municipale a Caen. — Frigoult, regent au college de Baycux. — Besnap.d, doclenr en droit a Dijon. — Mery, directcur des travaux hydrauliques .:i Brest. — LAIMANT, controleur en chef de la marine a Brest. 1840 LEVERRIER, membre de Finstilul a Paris. — Thierry (Ed.), bibliothecaire de 1' Arsenal a Paris. de Bapi kon, lieutenaut de vaisseau, a Cayenne. Auger, docteur es-lellres, chanoine honorairc a Paris. — ' Chauyin, professeur d'histoire naturellc a Caen. Decaisne, membre de l'institut, professeur au Jardin des plantes a Paris. Delisle (L.), membre dc la Society des antiquaires de Nor- mandie, a Valognes. de Colleville, attache, au minislcre des finances, a Paris. — Le Flaguais, hommc de lelires a Caen. — Le Vle de Kerckhove, president de l'academie d'archcologie de Belgique, a Anvcrs. — Broeckx, docteur en medecine a Anvcrs. — Van den Wyngaert, conseiller de regence a Anvers. — de Kerckhove (E.), charge d'affaires dc Belgiq. a Constantinople. — de Candolle, professeur a l'academie de Geneve. — Sorrier, procureur-gencral a Agon. — du Mont , vice-president de Facademie d'archeologie de Bel- gique, a Anvers. — Van Nuffel, docteur en medecine a Boom (Belgique). — de Kuyper, sculpleur de S. M. le roi des Beiges, a Anvers. — Perreau, antiquaire a Tongres. — Stroorant (l'abbe), antiquaire a Lcmbecq-les-Bruxelles. — Schaepkens (A.), peinlre d'histoire a Maestricht. — Detienne, docteur en medecine a Anvers. — Dobosc, archiviste paleographe du departement de la Manche , a Saint-Lo. — Castei., secretaire general de la Societe d'agricullure, sciences, arts et leltrcs de Bayeux. An. de nil . •18-17MM.Lai.mand (I'abbe), professeur d'histoire an college de Lisieux. — Tarbe de St-Hardouin , secretaire-general de 1'academie de Reims. Bordes , conservateur des hypothcques a Pont-1'Eveque (Cal- vados). — Jordan, naturaliste a Lyon. — Le Chcr Le Bidart de Tiiumaide, procureur du roi des Beiges, membre du conseil provincial du Ilainaut, a Liege. Ballin, membre de plusieurs Societes acadcmiqucs, a Rouen. Pezet, president du tribunal civil de Bayeux. 1818 de Bussciier (Ed.), secretaire de la Societe royale des beaux- arts et de litteraturc a Gand. — Roux, second chirurgien en chef de la marine, a Toulon. 1849 CASTAGNE, naturaliste a Marseille. — Guerin (J.), docteur en medecine a Paris. Didron, antiquaire a Paris. — Borgnet (J.), secretaire de la Societe d'archeologie de Namur. 1850 Paris, capitaine de vaisseau, a Brest. — Martial , docteur en droit a Liege. — Marlin , docteur en philosophie, es-Iettres et en medecine, a Tournai. — Blache, directeur du Lazaret a Marseille. — Petit, directeur de l'observatoire a Toulouse. — Moquin-Tandon, professeur a la facu'te des sciences ii Toulouse. — JOLY, id. a Toulouse. — Boelandt, archilecte, membre de l'instilut des Pays-Bas, a Gand. — IIamel, professeur a la faculle des lettres a Toulouse. — Sauvage, id. a Toulouse. Colinez, avocat-general pres la conr d'appel de Gand. — Tiiuret, naturaliste a Versailles. — Solier, id. a Marseille. — du Plessis, president do la Societe des sciences et le tire: Blots. de Reume, capitaine d'artillerie beige, ;i Bruxelles. Chassav d'abbc), professeur de philosophie a Bayeux. Au.de w6e. 1850 MM. Bottin , membre du conseil general de la Manchc , juge-de- paix a Carentan. 1851 Guiciion de Grandpont, commissaire de la marine a Brest. Lemap.ie, avocat a Coutances. — Boucher D2 Perthes , directeur des douanes , president de la Societe d'Emulation d'Abbeville. Van Duyse, archiviste d'Etat a Gand. Begnault, bibliothecaire du conseil d'Etat a Paris. Sauvage, avocat a Mortain. 1852 Sivard de Beaulieu , agronome a Sauxemesnil. Mertens , b bliothecaire de la ville d'Anvers. STATUTS nt LA SOCIfiTfi NATIONALE ACADfiMIQUE DE CHERBOURG, Avec les modifications arretees dans les seances des 7 mat, 10 aoul el 10 deeembre i847 ; 5 mai 1848 ; 5 juillet el I octobre 1850; 7 /nars 1851. ARTICLE PREMIER. La societe rationale academique est composee d'associes ti- tulaires, d'associes libres ci d'associes correspondants. ART. 2. Les associes titulaires sont ceux qui, domicilies dans la ville de Cherbourg on dans l'arrondissement, jusqu'a la distance d'un rnyriameirc, contracteni l'engagement d'assister habituellement aux seances de la societe. Si quelqu'un des titulaires fixe son domicile a une plus grande distance, il passe dans la classe des correspondants. art. r». Les associes titulaires auxquels leur age on leurs infirmites nc permetlenl pas d'assister r^gulierement aux reunions , de- xij STATDTS viennent, sur leur demande, associes libres. lis sont convoques et admis aux reunions , chaque fois qu'ils s'y presentent , et y ont voix deliberative. art. 4. Les associes correspondants sont ceux dont le domicile ha- bituel est eloigne de Cherbourg de plus d'un myriametre. lis sont admis aux reunions lorsqu'ils s'y presentent, et peuvent prendre part aux discussions litteraires et scienlifiques. art. 5. Les associes tilulaires et libres ont seuls voix deliberative lorsqu'il s'agit d'elections ou d'affaires relatives a l'organisalion et au regime de la societe. art. 6. Le nombre des associes titulaires est fixe a 25. Celni des associes libres et des correspondants est illimite. art. 7. La societe a trois officiers : uu directeur, un secretaire et un tresorier-archiviste. art. 8. II sera nomme un directeur-adjoint de la societe : eel officier remplacera le directeur absent ou empeche. art. 9. Le directeur preside les seances, pose les questions, recueiile les voix, depouille les scrutins, proclame les resullals, porte la parole au nom de la societe , ct rend tons les ans, en seance publique, un compte abrege des travaux de l'annee. art. 10. Le secretaire redige les proces-verbaux des seances et les de- liberations de la societe; il est charge de la correspondance. df. U SOCI! n:. »iij ART. II. Le tresorier-archiviste a la garde du sceau de la sociele , des anciens registres, des livres, memoires, etc. II forme un cata- logue de ces divers objets, et met a la disposition des membres, sur recepisse, les livres dont ils ont besoin , sans toutefois que chacun puisse les garder au-dela d'un mois. II recoit les reve- nus de la soeiete , et paie les depenses sur uu mandat du di- recteur. art. 12. Le directeur, le secretaire et le tresorier-archiviste sont elus a la pluralite des voix, chacun par un scrulin separe. Ces elec- tions sc font apres la seance publique de 1'annee. Le directeur est elu pour un an , le secretaire et le tresorier-archiviste le sont pour trois ans, et tous trois peuvent etre reelus. ART. 15. En cas d'absence du directeur ou du secretaire, le premier est remplace de droit par l'associe le plus ancien, et le second par le tresorier-archiviste, ou , en l'absence de ce dernier, par le dernier membre elu, present a la seance. ART 14. Les candidate sont proposes par le bureau compose des trois officiers , dans une seance ordinaire. L'eleclion a lieu dans la seance suivante, apres convocation speciale. ART. 15. La socirtt-' n'admet dans son sein que des homines deja con- nus du public par quelque ouvrage eslimc , ou qui auronl olTert a la societe ww production inedite , qui ait merite son appro- bation. ART. 1G. Toulcs les deliberations se font au smith) , a moins que la ™ STATUTS societe n'aii manifeste le voeu contraire. Celles qui out pour objet Yelection d'un candidal ou une modification aux sluluts, ue peuvent avoir lieu liors la presence de la majorile des membres titulaires presents a Cherbourg. art. M. La societe, outre les seances speciales qui pourront etre con- voquees par le directeur , se reunit en seance parliculiere le premier lundi de chaque mois, a l'heure indiquee sur le billet d'invitation. La societe n'aura point de seance pendant le mois de sep- tembre. art. 18. Les personnes etrangeres a la societe ne sont admises a ses seances particulieres , que lorsqu'elles sont presentees par quelqu'un de ses membres, et avec l'agrement clu bureau. ART. 19. Elle enlend daus ses seances particulieres la lecture de lous les memoires qui lui sont sounds ; elle admet la discussion sur toutes sorles de maiieres , en tant qu'elles ont rapport aux belles-lettres, aux sciences et aux arts. Toute discussion sur la religion el la politique est interdite. art. 20. Tons les ans, a I'epoque fixee par la societe, une seance pu- blique a lieu. Les memoires destines a la lecture doivent etre soumis a la societe, dans une des seances particulieres ou dans une seance speciale convoquee a eel efiet , et adoptes soil par la voie ordinaire , soit au scrutin secret , sur la demande de trois membres. ART. 21. L'auteur de lout ouvrage hi aux seances, soil publiques, soit DE I.A MM.II.i'. . xv particulicrcs, en remet le texte on l'analyse a l'archiviste , qui en fait prendre copie sur un registre a ee destine. art. 22. Aucun des membres de la societe ne pent prendre le tilre d'associe, a la tele de ses ouvrages , s'il n'en a oblcnu l'autori- sation formelle. ART. 25. t Un volume de memoires sera imprime loutes les fois que la situation financiere de la societe le permettra. Chaque article destine a 1'iinprcssion sera hi p^ealablement.dans une reunion speciale, ct devra etre adniis, soit par la voie ordinaire, soit au scrulin secret sur la demande de trois membres. Le manuscrit sera signe par l'auteur et par le directeur, qui le remeltra , seance lenante, a l'archiviste charge d'en surveillerl'impression. ART. 24. Au moyen d'une souscriplion entre les associes , une messe mortuaire sera dite dans Ic courant du mois de novembre de chaque annee , pour les membres de la societe decedes depuis sa fondation. NOTICE M. LAMARCHE. Jerome-Frederic Lamarche , naquit a la Mauffe (Mancbe) le 20 juillet 1779. Novice sur lc Rayon le 28 octobre 1793 , puis aspirant de la marine par suite de concours, il embarqua le 29 novembre 1798 sarVArc ou, le 20 Janvier de I'annce suivante, cettc goelelte etant dans la Seine , il se precipita de nuil et sauva an milieu des glaces, nn novice tombe de ce baliment et emporte par la rapidite du courant. II passa ensuite sur la Serpenfc (1800), puis sur le Volcan, et il assista,avec la division de canonnieres du brave Pevrieux, an memorable combat du 15 aoiit 1801 , sous le cap Grisnez ou le Volcan se couvril de gloirc en attaquant a l'abordage une escadrille commandee par Nelson en pcrsonne. Lamarche se dislingua danseette glorieuse affaire; il eut l'hon- neur d'y elre remarque par un iilustre amiral , La Toucbe- Treville, quilenomma enseigue de vaisseau provisoire. II passa ensuile sur le Diligent (1802) et prit part, avee la division du capilainc de vaisseau Lhcrmitle, a la belle croisiere de cotes d'Afrique et des Antilles, jusqu'au moment ou cette corvette , separee de sa division, lomba au pouvoir des Anglais, le 26 mai 1806. Conduit a la Jamaique , Lamarche ne revint en Fiance qu'en 1810. Embarque sur la Diane en 1811 et nomine lieute-, uaut de vaisseau le 17 juin 1ux des habitants, puissamment se- conders par 1'ar tiller ie dont on faisait alors les premiers essais (*). La lutie entre la France et l'Anglelerre etait alors terminee ; la Normandie appartenait defmitivement a la France ; des-lors i'importance de Cherbourg disparait. II n'en est plus fait men- (') Les Anglais quitterent Cherbourg le vendreili 14 aout 14:>0. Ce fut ;i I'occasion do cette heureuse delivrance qu'un bourgeois de Cherbourg conslruisil le tableau mobile de I'Assomption , qui donna son nom a la confrerie de Nolre-Dame-Montcc. Cette confrerie, fondee en 1 iOfi , exis- tait encore au moment de la revolution de 1789. b xNorict; sun vauban lion dans l'histoire, c*est un point oublie ; if tie rcstc plus qu'a le detruire. Cherbourg reste pres de deux siecles dans eel elat d'oubli, et ses murs , ses remparts ebreches lombaient ehaquc jour en mi- ne. Cependant on eomprit un jour que la Normandie n'etait , pour ainsi dire, que le pretexte des luttes de la Franee et de l'Angleterre , et qu'au-dela de la possession de cette province , il s'agissait entre les nations rivales de quelque chose de plus serieux encore. C'etait en 1080, Louis XIV et Vauban tourne- rent leurs regards vers Cherbourg. Dans quel etat se trouvait alors notre pauvre cite? Des pans de mm* gisaient qix et la, le logement dugouverneur ne se sou- tenait plus qu'a force d'etancons , les cours et les fosses du chateau etaient obslruesdedccombres, unepartie des casernes elaii delruite, I autre etait p'rele a lomber en mines, tout enfin annoncait une ville abandonnee depuis longtemps. Cependant ces debris, ces ruines temoiguaient encore de l'ancienne resistance dont ils etaient capables , et Louis XIV voulail les reparer. Vauban fit aloi's un projet avec un plan a l'appui. Le plan signe de la main de Vauban existe encore, il est depose a la Mairie. Le memoire original a dispam , il en existe de nombreuses copies plus ou moins fideles; cependant on peut considerer celle qui est conservee dans les archives du genie militaire comme la plus authentique. Voici , d'apres ce projet , l'idee que nous pouvons nous faire de l'ancien Cher- bourg. Le donjon avait quatre tours principals , reliees entre elles par aulaut de courtiues environnces de murs revetus a l'an- lique, de cinq a six pieds d'epaisseur et couronnes de creneaux et de machicoulis.il etait silue vers rexlremile de la rue Notre- Dame et de la rue des Fosses. Le chateau occupait l'espacc compris enlre le quai du port, ET l.ES FORTIFICATIONS DE L'ANdEN CHERBOURG. 7 dopuis la place Briqucville jusqu'a la rue Ouai-du-Bassin , la rue tin Chateau ct la rue Nolro-l);ime. Quanl a I'enceiute de la ville, nous pouvous en retrouver le trace sur les rues actuelles. En partant de la lour des Sarra- sins, qui correspondait a la place qui porte aujourd'hui le noni de place Briqucville, el en tnontanl versle nord,lacontre-escarpe du fosse suivail directemcnt la rue de la Marine jusqu'en face la lour de l'Eglise, qui vient d'etre demolie. En rclournant a 1'onest, on reneontrait bicnlot la tour de Gouberville, ct un pen plus bas vers le sud , la tour Carree, sur l'emplaeement de la- quelle l'obelisque en granit de la place d' Amies s'eleve aujour- d'hui. Les losses suivaientremplacement de la rue des Corderies, de la place de la Fontaine et de la rue de la Fontaine. Nous avons rencontre a Tangle de la rue des Corderies et de la place de la Fontaine, la tour Cornetle et une porte d'entree de la ville ; en nous dirigeant vers Test, par la rue Corne-de-Cerf , nous pas- sions sur le bastion Saint-Francois, qui protegeait la principale porte de la ville, a rexlremite de la rue des Portes. La rue des Tribunaux nous conduit sur le quai du Bassin, a reuiplacenienl du bastion du Moulin , et en gagnant vers le nord, apres avoir passe devanl la lour du Moulin , nous arrivons a peu de dis- tance de noire point de depart, sur la place Briqucville. Telle elail l'elenduc de Cherbourg il y a deux siecles. Le port (jlail une espcce de vuslere qui s'eleudait le long du fau- bourg a remplacement des balles et de la prison, avec un quai en pierres seclies , ilont les riverains avaient fait tons les frais. Joignez a cela qualreou cinq niille habitants sans commerce, sans Industrie el vou> aure/. une idee tie l'aspecl de Cherbourg an moment de l'arrivee de Vauban. Yauban analyse avec un grand soin les travaux a fairc pour remet ire Cherbourg en ctat de figurer au rang des places fortes du royauni"; il iudique tons les changemenls a (aire aux rem- 8" NOTICE SUn VAUBAN parts, il protege chaque tour par un bastion, puis il sort har^ diment de la limite de la villc et il trace tine nouvelle enceinte bastionnee, qui s'etend jusqu'a la rue du Chanticr d'une part, et qui de l'aulre enveloppe touH'ancien faubourg. II ne paraitpas que Vauban ait comprisquela rade pouvait etre fermee, et pour- tant il ne se meprenait pas sur l'importance maritime de Cher- bourg. Jeneconnais pas deport, dit-il, plus important que celui de Cherbourg, et il vaudrait mieux que les Anglais eussenl fait descente a Calais ou a Boulogne plutot que dans notre presqu'ile. Je ne puis m'empecher de fairc ici une remarque qui peut avoir son importance. Ce qui serable prcoccuper surlout Vauban c'est la position audacieuse que Cherbourg occupe a l'extremite de la presqu'ile. II considere notre ville comme la clef de voiite du royaume. Une fois maitre de celte position, l'ennemi (et c'est l'Anglais qui est i'eteruel ennemi de Cherbourg), 1'enncmi pourra s'y fortifier a son tour, prendre tons les etablissements qui lui conviendront et s'avancer ensuite dans l'interieur sans danger ni sans resistance. Cherbourg doit tout attendee du courage de sa garnison. Comment faire venir promptement a son secours nos armees du centre ou de la frontiere? — A l'epoque ou Vauban ecrivait, le probleme etait insoluble; mais avec nos moyens de trausporl actuels, il est facile de dire que s'il eut ecrit de nos jours le premier moyen de defense qu'il cut demande pour Cherbourg, vous l'avez deja nomme, c'est un chemin de fer. Enfin , le travail de Vauban renferme le compte exact de la dispense necessaire pour remettre les fortifications en etat et pour augmcnter la ville d'une maniere notable, c'est-a-dire en lui donnanl un developpemenl de 867 toises de pourtour. Ce dcvis s'elevait a la somme de 2,102,409' Gs 4d (*). ( ' * L'or vuli'il en 1 68S , 44S{ le marc , il vaut mainlenant 800f le mar*.'. ET LES F0UTIFICATJ0N8 I)E I. ANC1EN CIIEMJOUlu;. !' Cette somme parol enbrme et les projets de Vauban resterent dans les cartons. Je n'ai pas besoin de dire ce qui eul lieu depuis. Quelques annees apres on rasait ces vieux debris si dis- pendieux a rcparer. II fallutque la France apprit,par les revers de la Hougue ct les desastres de 1758 , a juger de l'importance de Cherbourg (*). Aussi, un siecle apres Vauban, Louis XVI et La depense de 2,402,409' Gs 4d correspond done aujourd'hui a la somme de 3,744,501' 15s 8d 1/2. (*) Cherbourg avec son ciel brumeux, avec ses formidables tempetesqui mugissent l'hiver a nos oreilles , avec sa poussiere de granit que lc vent souleve encore au fond de ses immenses bassins, est assuri-ment Pentre- prise la plus gigantesque des temps modernes. Ce n'est pas en effet une ville qui grandit , qui se dcveloppe , e'est la creation de tout un siecle , ce sont les travaux de tout un peuple, e'est la lutte de deux puissances ri vales , e'est le triouiplie de Phuinanite sur la nature , c'esl la plus eclatante victoire de Phomme sur les elements. Les travaux de la Digue ont etc arretes en principe des 1777, ils n'ont t':le mis a execution que quelques annees plus tard. Originairement cette Digue dont les fondements furent jetes a plus d'une lieue du mage de- vait etre composee d'une serie de cages en bois juxta-posees et remplies de pierres. Cliaque cage ayant la forme d'un cone tronque se composait de 00 montants de 124 pieds de hauteur , et couvrait une surface de 17,205 pieds carres a la base. II entrait 24,000 pieds cubes de bois dans la construction de ces cones qui contenaient 2,700 toises cubes de pierres et pesaient plus de 100,000,000 de livres. — Cependant le systeme des cones ayant etc abandonnc pour un nouveau mode de construction , File factice de la Digue a ete formee par une masse de pierres jetee a fond perdu qui reprcsente actuellemcnt un volume de 5,733,000 metres cubes. — On a eonstruit au centre de cette ile des casernes, des maisons, un fort el unpliare; puis des deux cotes, la eretc de Pile a etc couronnee dans toutc sa longueur par un ouvrage de maconnerie et les deux extre- mity's de ces bras giganlcsques ont ete disposers pouf recevoir deux forts. — Aujounl'liui la Digue est a peu prea terminee , clle reprcsonlc un solidc de 150 metres de base,. 22 metres de hauteur el 5,633 metres de long , forman t une mas?c de 4,615,100 metres cubes. — Lorsque la N» NOTICE SUR YAfBAX. Napoleon jeterenl les ibndcments d'un travail qui devail cooler a la France quatre-vingts ans do travaux ct plus do deux coms (Trillions de depenses, pour nous donner le Cherbourg- que Ton admire aujourd'liui (*). MEN.VNT. Octobre 1850. Digue sera entierement terminee et armee, elle n'aura pas coute moins de 77,000,000 a la France. — Elle fermera alors un immense lac de ■1,000,000 lie toises carrees dont 820,000 propres au mouillage de GO vaisseaux de liaut-bord, sans compter les (regales , corvettes, etc. , elc. — Le port militaire se compose d'un avanl-port et de deux bassins prin- cipaux d'une superficie de 60,000 loises carries. — L'avant-port fut arrete en projet en 1792 : mais il ne fut execute que sous l'Empire, par decret du 25 germinal an XI (15 avril 1805) ; il fut creuse dans le roc a 28 pieds de profondeur au dessous des plus basses marees ct a 50 pieds au dessous dn sol. — Le travail de la mine a enleve 1, 071,142 metres cubes de deblais de l'avant-port, el il a coute 17,401,174 francs. Enfin il fut termine en 1813 apres 10 ans de travaux, pendant lesquels 1 ,500 hommes et 400 chevaux furent constamment employes aux trans- ports, des deblais. — Le premier bassin moins grand que l'avant-port en su- perficie, mais creuse avec les memes procedes et ;V la meme profondeur , n'a coute que 7,190,317 francs , il a 290 metres de longsur 217 metres de large ; il fut termine en 1829. — Le second bassin est en voie de construction , e'est le plus grand , il a 400 metres de long sur 200 de large ; lorsqu'il sera termine il representee une cavite d'ou Ton aura ex- trait 3, G2 1,222 metres cubes. Ces trois bassins avec les etablisscmenls necessaires a la construction el l'armement des vaisseaux , sont enlourrs de fortifications qui enveloppcnt un espace de 850,000 metres cam's sur un dcveloppement de 5,000 metres de longueur. (*)Voyez les pages remarquables que ?•!. A. de Tocqueviile aecritcs sur la Digue et le Port militaire, dans la collection des Villus de France, publiee par M. A. Guilbert. Tome Ve, pag. 747 et suiv. MEMOIRE DE VAUBAN sun LES FORTIFICATIONS DE CHERBOURG. (1 080.) DESCRIPTION DE CIIEH150LRG ET DE SA PRESQU ISLE. Cherbourg, ville de Normandic de 1'eveclie deCoutances, est assise sur le bord de la mer, a 70 lieues de Calais et 80 de Oucssaut, qui sont les deux extremites de la iManehe ; a 21 lieues de Tile de With et 28 de Portsmouth, l'uu des plus conside- rables ports de l'Angleterre; a 33 lieues du Havre, 31 deSainl- Malo , 25 de Caen , 18 de Bayeux , 11 de Carentan , 1G de Cou- tantes, 4 deValognes, 21 de Granville, 13 de Gersey, 15 de Garnesey cl 10 d'Orney on Origny, ces trois derniers sont des isles angloises; le lout a mcsurcr en ligne droite d'un lieu a. I' autre , et non en suivanl les sinuosiles de la mer et des therniiis; elle occeupe a peu de chose pies le milieu de celte lerrc de Normandic qui par son avance dans la Manohe, forme f* MEM01UE DE VAUBAN. unc presqu'isle tie 11 a 12 lieues de long (') sur 9 a 10 de- large , dont I'isthme se peui prendre depuis Carentan , jusqu'a Creances , par un espace de cinq lieucs seulement ; parce que la mer monte jusqu'a Carentan , dont la riviere est si profonde qu'elle porte des bailments de mer de 50 a 40 tonneaux , et celle de Creances a quelques deux lieueset demie decours/dans les terres ou la mer remonte a toutes les marees. L'espace, entre ces deux lyvieres est compose de co! lines, marecages ct petils bois taillis , enlrecoupes de ehemins creux , etroits et d'lier- bages fermes de grosses baies et fosses. D'ailleurs le cours des rivieres Douves qui portent bateau depuis Saint-Sauveur en bas, et celle de Carentan, et de Plessis, sont toujours accom- pagnees de marais exlrememenlfangeux quand il a plu, et tout le pays gras est presque impraticable pour les charrois et la ca- valerie. Le milieu du pays est bossu et couvert de bois fort epais par les forets de Valognes, Saint-Sauveur el Bricquebec; les deux premieres an Roi et la troisieme aux heritiers de M. de Longueville, lesquelles s'elendenl jusqu'a un quart de lieue de Cherbourg, et font une suite de bois qui a 7 a 8 lieues de long sur 4 de large; n'y ayant que tres peu de vide entre deux. L'epaisseur de ces bois joinie a la rudesse naturelle du pays tout coupe de haut en bas, quelquefois fortroide, ne laissant au plus que des defiles fort etroils, et tres dangereux aux armees qui auraient a les penetrer pour aller chercher l'ennemi du cote de Cherbourg. Le surplus du pays est nalurellement coupe de bois taillis, et de landes qui sont loules pleines d'eau pendant Thiver. Les environs du cap de la Hague et fosse d'Omonville en peuvent etre exceptes, bien qu'ils soicnt meles de hauts et de bas, et de beaucoup de landes. Ce coin de pays est sec et de (*)Ce sonttoulcs lieues de 24 au degre. MEMOIRE DE VAUBAN. I"* pou dc rapport ; non tant coupe que I'autre, mais il est de petite etendue. Quant a la ferlilite de cette presqu'is'e, on peut dire genera- lenient parlant qu'elle est tres-grande ; car les fourrages , bles, cidres, bceuCs gras, moutons et tous autres bestiaux y abondent plus qu'en autre pays du royaumc : en un mot, e'est un pays qui , un pen menage , pourrait nourrir one armee de trente mille bommes six mois durant. Du surplus il peut y avoir huit on dix tant villes que gros bourgs, et plus de 300 paroisses qui contiennent pres de cent vingt mille ames. LA COTE. Dcpuis l'cmbouchure des rivieres de Carentan jusqu'a la Hou- gue, il y a six a sept lieues de plage platte, mais non propre aux descentes ; parce que les gros navires n'en sauraient ap- procher a trois-quarts de lieue pres. A la Hougue il y a un espace propre aux descentes qui a bien trois-quarts de lieue de long. De la Hougue a Rarfleur , deux lieues et d«mie, et un espace propre aux descentes , vis-a-vis du lieu appele Maison blanche, qui a quelques 800 toises de long. De Barfleur au cap Levy, il y a deux lieues de cote ferroe dont on ne peut approclier. Du cap Levy a Cherbourg, 3 lieues de cote platte, melee par endroits de rochers, 1'une et rautre peu propres aux descentes. De Cherbourg a Querqueville, unc lieue de descente, par une baie de sable d'environ mille toises de cote , ou les vaisseaux peuvent mouiller, cot^. en travers, a portee de mousquet. 14 MEMOIRE DE VAUBAN. De Querquevillc a Nacqueville, descente de trois-quarts tic lieue d'etendue, que les vaisseaux peuvent soiitenir a demi- porlee de canon. De Nacqueville a Omonville, deux lieues de cute ferree , fort elevee et non propre aux descenles. D'Omonville au cap de la Hague , deux lieues ct demie de cote ferree et fort sale, ou il y a de grandes marees et de tcr- ribles courants. Du cap de la Hague a l'anse de Vauville, une bonne lieuc. De l'anse de Vauville au cap de Flamanvillc, deux bonnes lieues de belle descente, donl les vaisseaux peuvent approclier a demi-portee de canon, en basse mer, qui est lc temps propre a mettre a terre ; mais toute voice quand elle est haute ; ce qu'il est bon de remarquer. A Flamanville, il y a des rochers qui durent une lieue. De Flamanville au Rozel , une lieue de cote ferree , et non propre aux descenles. Du Rozel a Carteret, trois lieues de plage oil Ton pourroil descendre, mais avec difficulte, a cause de la violence des cou- rants. De Carteret a Saint-Germain-sur-Ay, deux lieues et demie de cote de sable, melee de rocliers, non propre aux descenles. De Sainl-Germain-sur-Ay a Creances , une lieue et demie. II y a pres de la deux embouchures de petites rivieres; et pas de lieux propres aux descenles. De Creances a Carentan , c'est I'isthme ou gorge de la pres- qu'isle, donl la nature et qualite out ete ci-devant expliquees. Voila done cinq endroils bien marques , a 1'cntour de cettc presqu'islc, ou Ton peut faire descente avec desarmeesnavales, outre quoi il y a la rade de la Hougue , qu'on tient la meilleure de France , et celle de Cherbourg, qui est d'assez bonne tenue. MEMOIRS PE VAUBAN. \.< CHERBOURG EN PARTICriJER. Quoique je ne voie rien qai marque le temps que Cherbourg a etii bali , on voit asscz manifeslement que ca ete une forle- resse des Romains ; car leur manic-re de balir paroit encore dans les murs du chateau. Or, que cola ait ete, on n'en pent guere doutcr , vu 1'imporlance de son assiette qui a redouble de consideration des la premiere domination des Francois, a qui elle servoil de place fronlicre et maritime, a cause de I'An- gleterre dont ils n'etoient pas les mailres. Cette meme consi- deration passa aux Normands , et ensuite aux Anglois, mais pour d'autres raisons ; apres quoi etant rctombee cntre les mains des Francois , sous le regne de Charles VII , qui la prit en d450, elle est demeuree, a fort peu de chose pres, en l'e- tat qu'on la trouva, quoique la consequence en soit plus grande qu'elle n'a jamais ete ; hors les trois pieces ( \ , 2 et 3) qui va- lent tres-peu de chose , on ne voit rien qui puisse marquer qu'on ait songe a elle. Cette place est composee de Ville , Chaleau et Donjon ; les uns et les autres rev^lus a l'lmlique avee des murs epais de o a C pieds mesiuvs par le haut de bonne hauteur; peuldfi tains et couronnes d'un machicoulis lout a renlour, qui est rompu en beaucoup d'endroits, avec un petit parapet au devant, d'un pied d'epaisscur, coupe d'arches et perce de creneanx partout : il est en beaucoup d'endroits ebreche et en d'autres aballu tout a fail. ha maconuerie est apparemnienl de mocllon brul , parlie ar- doisin et pai'lie (l'une cspcce de gres de fori bonne qualitc ; la tG ItffeaOIRE DE VAUBAN. chaux en est admirable, et les moriiers non moins excellents que eeux de Mets. Le donjon est fermc de 4 tours principales , dont la plus ele- vee (4) a 16 toises de haul , a inesurer depuis le fond du fosse, sur 5 toises de diametre ; celle qui suit apres (B) 14 toises sur la meme epaisseur; la 3e (C) 13 toises, et la 4e (D) 11 toises et demie. Les carrees sont plutot des batiments adosses que des tours de defense. Les rondes ont plusieurs etages , presque tous voutes , et la plus grande partie des voutes en bon etat. Ces tours sont liees les unes aux autres par autant de cour- tines de 11 toises de baut chacune : elles etoient , ci-devant, adossees de trois etages de batiments dans lesquels on eut pu trouver de quoi loger mille hommes, et mettre a couvert les munitions de guerre et de bouche necessaires a la defense de la ville et du chateau, avec des^fours , moulins, puits,' prisons et generalement tout ce qui peut faire besoin a une place de guerre ; mais tout est tombe , et a quelques voutes pres qui subsistent encore , il n'y est demeure sur pied que les gros murs, et la plus grande quantitc de ceux de refend, a la faveur desquels il serait aise de retablir le reste et de le remettre en son premier etat. Le chateau est flanque de 12 tours , y compris 3 du donjon , liees par autant de courtines; toules ces tours sont de hauteur inegale , et de structure differente : mais toutes couronnees par des machicoulis, avec un petit parapet au dessus, et les gros murs d'assez bonne epaisseur pour que la plupart soient bien sur leurs plombs. II y avoit deux, ou trois etages a chacune , avec autant de che- minees, des caves au dessous , et le haut voute en plate-forme : ce qui marque que la garnison logeoit dedans ; les murs des courtines sont de meme nature que ceux des tours, ayant des ma- chicoulis avec des parapets au sommet, un cheminderondetout HEM01RE DE VAUBAN. 17 autour, ou des communications an donjon qui otoienlcoupees par des plaricheltes. Dans le dedans du chateau ilya uneassez gran- de et belle chapelle, qui a servi autrefois d'eglise paroissialeala vilie, ct ou il y a encore des fonds baptismaux. On pretend qu'il y avoit des rues et des maisons dans la cour ; mats ii n'y paroit plus rien presenteraent qu'un terrain eleve et assez inegal. Joignant les raurailles, il y a encore quelques vieilles casernes adossees , a uii etage settlement , dont partie est tombee et l'aulre pivte a tomber. Le phis bel endroit dc ces adossemenls est oil loge le gouverneur, qui est a trois etages; mais ies uns et les autres ne subsistent qu'a force d'eiancons. Du surplus, la tour (E) , oil est l'borloge, a 12 toiscs de haut , la (F) 10 toiscs 1/2 et la (G) 9 toises 1/2. Toutes celles qui rcslcnt out a peu pres cette elevation , et les courtines 2 a 5 toises de moins ; lant les unes que les autres out assez bicn conserve leur aplomb, et aucunes ne tnenacent encore de mine , hors quelques pieces en adossement qui ne servent de rien a la fortiiica- tion. Au reste il y a beaucoup de pctits ebrechements a tout ce qui s'appelle pelils murs, et des evasements aux parapets, cre- neaux, fenetres, portes, embrasures et en un mot tout ce que Ton trouve ordinairemenl aux vieux Mtiments qui ont etc longlemps negliges. Ces murs ne sont point terrasses, etjc doute meme qu'ils pussent porter un gros rempart. Pour le fosse , taut du donjon que du chateau , il a ete approfondi , a peu dc chose pres , aussi bas que la basse mer de morte-eau , ct les bords revetus : mais comme ce revetement n'a ete fail qu'a pierrcs seches, il en est reste peu sur pied. II y a meme 21 ou 22 maisons de la ville qui enlrent dans ledit fosse du cote de(4), qu'on ne peut pas s'empecher de demolir, si le Hoi prend resolution d'y faire les reparations necessaires. Du sur- plus , le chateau a deux portes; savoir : celle de la ville qui a un pont-levis, uue porte et unc barriere ctqui sert acluellement ; 18 MEM01HE DK VAUBAN. et celle du havre, fortifice d'nn petit ravelin quarre comme le figure (5) dont la portc est presentment condamnee. LA V1LLE. Son rem part cnvcloppe le chateau tout a 1'entour et lui sert de fausse-braye du cote de la mer, avec separation du reste par les deux extremiles , coupe par de grosses traverses de macon- nerie, en sortc que la parlie (1, 6, 7, 8 ,) peut demeurer entiere- ment dans la possession du chateau. La plus vieille enceinte figu- ree comrae la marquee (6, 9, 10, 12, 14,). Depuis on y a ajoute les trois ravelins (15, 5, 5,) pour couvrir aulant de portes ; et ensnite les deux bastions (1, 2,) avec les courlines attenantes. Les murs de ladite enceinte etaient de memo qualite que ceux du chateau et du donjon , e'est-a-dire bretesscs et machicou- lisscs , assez bien sur leurs pieds, a quelques demi-tours pres, qui so detachent; eeux-ci sont terrasses presque jusqu'en haut : mais il n'ont point de parapets , et il n'est pas bien sur qu'il les pussent porter, si on les faisait a preuve du canon et qu'on achevat de les terrasser. Son fosse est assez bon partout, et doit avoir ele revetu : mais il y a beaucoup de vases et de- combres a netoyer qui viendraienl bien a propos pour achever son rempart. Au reste commc cette place a ele negligee depuis longtemps on a adosse les maisons contre le derriere du rempart, si pres qu'il en est fort etroil, et de plus les fauxbourgs se sont tellement approches du bord du fosse, de lous cotes , qu'ou n'y peut faire de chemin convert, ni rien de considerable sans en abattre plus dos trois-quarts. MEM01UE DE YAUBA.V 19 LE POUT. II esl. forme par l'embouchure dc la petite riviere Divette , cl dans le plus mauvais .-> longueur desarnics dont on sc sert n'estpas assez grande pour pouvoir traverser toute 1'vpaisseur des niurs ; leur donner 0 a 8 ponces d'ouverture dans leur plus etroit, sur 2 pieds 1/2 de haul, 1 pied a 1 pied 1/2 d'embrasement par devant, cl deux Ibis autant par dedans, avee des epaulements (1) en rcbords (2) comme les figures-cy a coste, n'oubliant pas de leur donner beaueoup de plongee, en sorte que de la on puisse aise- nient voir le pied des pieces qu'on doit de- lend re. 1 1 Et pavce que les chambres pouiTont scrvir portes , renstrei , ritrc» , je prisons de logements ou de magasins, les ^desbfttimeats et^om- eil(]u;re et blanehir par dedans, et recarreler de moellon ardoisin proprement laille , et apres pose de camp, en bain de mortier compose comme cy-devant; plus , faire de nouveaux contreforts a leurs cheminees , et racconimoder les tuyaux, etmcttredesvitres et chassis aux creneauxqui leur doi vent ser- vir de croisees. 12 Raccommoder les montecs deces tours, et refaire les noyaux, et remettre de nou- velles marches a la place de celles qui sont usees; plus les bien couvrir , et netoyer les decombrcs de leurs communications , redui- sant toutes les couvertures du dehors, et celles des creneaux precedents, art. 10, du moins a hauteur du 1" et 2° etage. ** Netoyer apres cela tons les decombrcs Decombrcs, 500 toises en- . .- , , , , to u 4' chaque, 20001. qui remphssent les places de ce donjon; 54 MEMOIRS DE Y.UBAN. reconnaitre toutes les especes de maconne- rie dont il est compose ; supprimer les bail- ments absohiment inutiles, et eorriger ceux qui ont des figures bizarres; les red ui re en quarre tant qu'on pourra, et apres en avoir reclifie les figures par debonsdesseins,com- mencer apres le retablissement des caves; et au cas qu'il ne s'en trouvat point de voutees sous tous ces grands tas de decombres qui paroissent la, en faire sous tous les bailments qui le pourront souffrir sans en offenser les murs ni la fondation, rien n'etant plus neces- saire que des caves et des voutes en ce lieu. 14 Faire lesdites voutes de moellon ardoisin, Faire lea Todtes des deux choisi, pique, et bien esmille, pose en bon grands oorps de logis. 11*2 , ,. , , ioisesde maconnerio h 451. niorlier avec beaucoup de soin, eieve ae latoise, 5010'. , , , pied 1/2 au-dessus des plus hautes marees, et de faire a loutes de petits ccoulemcntsau- dessous afin que les eaux n'y demcurent point ; du surplus bien bander les voutes sur leurs cintres, etbien ficber les joints, et vou- ter sur toute 1'epaisseur, ce qui sera exacte- ment observe a toutes les voutes qui se feront dans cette place, lesquelles n'auront jamais moins de 3 pieds d'epais. 15 Cela fait, reparer ce qui se trouvera man- SoUvas, H32 a qUer aux grands escaliers, et a toutes les Ferronnerie ct portes et fenetres; rcfaire les cheminees ssnurerie, 5000 .... i i« ~-r— — rompues suivant la destination des beux, et raccommoder generalement loutes les defec- tuosites des murs d'entrefond : ensuitc de MEMOIKK I > I . \ At HAN. 35 qnoi refaire tie nouveaux planehers a toules les pieces qui le meriteront , et des voiites partout. Et parce qu'il y a des endroits cm il est reste de belles voiites, les raccommoder el reparer entierenient , en sorte qu'il ne reste rien dans le donjon qui ne soil en etat de servir a Pusage auquel il est destine. Surtout etre soigneux de bien choisir les bois propres a la charpenterie , les prendre forts et bien conditionncs, qu'ils ne soicnt ni piques ni roulles, ni sur le retour. Et ceux de la menuiserie comnic portes et fene- tres, bien sees et de bon emploi , et le tout bien garni de ses pentures et verrous , en sorte que toutes les fermetures soient sures et bien faites. 10 Observer la meme exactitude a 1'egard des mTu* 'i^"e!ise3coo'' couvertures qu'il taudra toutes faire d'ardoise de la meilleure qui s'employe dans le pays , laquelle il l'audra toute choisir , et observer qu'elle n'aitque le moins de pureau que faire se pourra , et la chauller. 17 Curer le puils et retablir les fours et la toi^,v*sUj tt,isesA-2o^'a boulangerie; item la place pour les moulins, et generalement tout ce qui pouri-a servir pour ce batiment, plus parer la cour et les issues de la place, a laquelle il faudra faire de nouvelles portes , et un pont-levis avee barricrc au bout, un corps- de-garde el une guerite. S'il y a lieu de faire une plauchette stir le derriere pour communique!' tie la a la fausse-braye tin chateau, il le faudra faire, et «lO MEMOIRE IiE VAUBAN. la condamner apres, jusqu'a cc que lo besoiii de s'en servir oblige a l'ouvrir. 18 Finalement relablir les deux eommunica- Frais imprtvus, 4000'. tions au ,vj^teau> el y fai|.c des pianchettes r et doubles portes. 1 9 Le Chateau. — Visiter et recbercher le bas Rempietcint-Dt des tours, ,i„„ .„ _ „» _ -• -■ .. • 530toisesai5«. 7950'. des tours et courtmes, comme il a ete pro- pose pour le donjon : les reparer, et empie- ter ce qui en aura besoiii : ragreer et murer 20 tous les trous et ouvertures qui pourroient nefectiond'uneionr,2t mijre ailx defenses et a la surete, et retablir 1/2 cubes, a 100'pour W chaque toise. " ses parapets , chemins de ronde , et gardes- Coiidamner les fenetrages * * ' ° inut:les- fous en leur enlier. Plus raccommoder les tours, comme celle du donjon, et surtout en oter tous les fene- trages qui out des vues en dehors, et toutes les autres menues commoditcs qui peuvent les affbiblir. Epaissir autant que faire se A raccommoder les cbe- minees, 3 toises de maoon- pourra Icurs parapets, et y percer des em- neriea 40', ci Ws 120' »\ l« parapet, 7 1. brasurcs et creneaux, y retablissant du sur- audit prix, 280 » , , , Raocommoderies plus toutes les voutes , plancners , plates- escaHers , portes , , . fenetres , clotures, lormes , montees , communications , corps- serrurerie , plan- . , ... chers, le tout esti- de-garde , et cnemmees qui y elaienl autre- nlL' a 400 »„ . . . , . . i.a piate-forme, lois , avec leu rs jours necessaires; bicn 4 toises quarrues , , , , de.pierresdetaiiie, enteiidu que ceux du dehors seront perces ii IS' la toise, 72 » , , , , , Le carreiage on en creneaux : et comme dans la plus part de toises quarre«a; u ces tours il n'y a de voule que dans le baut, lo' , ci 20 • Sabie sur ladite en faire unedans le bas a preuve de la bombe, V, ilte , 1 loise 1/4 . „ , U'. 5 , les murs etant assez forts pour la porter, Lespoutresetgis- ,_>,., , , ta du phML'er, 1 1 terrassant de o a i pieds au- dessus ; les tours MEMOIRE DE VAC RAN. ."7 i^ives8/3i3'io'. 10 ig 0I1 S(»rorlt pjlIS solides, et on aura autant do i.ii'luti et Man- r chuaagedesraun, 35 . petjis magasins a poudre tres siirs qui pour- lulal pour une rat I r tour, y8,l|l'fi.*- ront servir dansle temps de necessity. r.t pour les / tours iluClia- * teau ensemble, 7083'. Rempieter les courtines qui en auront besoin ; reboucher tons les trous de boulets qui sont duns leurs nmrs, refaire leurs ebre- eliements , et retablir leurs parapets , apres avoir rase et mis de niveau tout ce qui so trouve endommage des vieux; observant de terminer leurs sommets par un couronne- ment de pierre ardoisine de pied ct demi d'epais, clioisie, et propremeut posee de camp, en mortier compose comme ci-devant, article premier. Et si quand on balira les casernes en adossement contre le mur, on „g vouioit faire servir une parlie de leurs gre- Eoo,cho,ne„uf,Hai,iis,e-niei's de chemin de ronde , comme il est KltiXSSME ^re au profil (//), il n'y auroit qu a faire oaUs^n^s^S l« parapets des courtines de l'epaisseur des toesquarrfeaalS' cheque. murs. m0yennalll f]ll0i i!S aill'Ollt prCSqUO partoul G pieds et 1/2 d'epais de bonne ma- ronnerie; ce qui seroit capable de douner longtemps de la resistance au canon en- nemi. 25 Netoyer le fosse et l'approfondir jusqu'a y Fosse4ne«oyer,2i28toi-porvoir mettre 6 a 7 pieds d'eau, de vive- tescubesa i' lo\ 95i0'. Revetement dudit fosse, can, el le revctir des deux bords, I'cxterieur "!)5 toisus quarries )i I-' •». 9540'. en adossement contre le talus , prepare de terre comme au donjon, en rempietement de pied et demi a deux pieds dYpais le revcte- menl , tant des lours que des courtines. 8 !ti£M01I\E DE VAl'BAN. U Les Traverses (7, 8, 46)— . Abaisser une par- Rabaissement de :i» pa.tie tje ju reVetement de la villc qui joint la traverse du reveteinenl de la ville de ■■ " ia vieiiie traverse du ci.aieau du cna):eau au COste de la mer, et le reduirc a qui le joint , et demonler les 68calieis ' 100' la hauteur commune du revetement qui vient du coste de l'eglise : rompre son grand esea- lier , et detacher ladite traverse du rempart de la ville, en sorte qu'elle n'y tienne que par le vieux revetement dont lesommet sera taille 25 en demi-cape de batardeau. Rabaisser ensuile La traverse du chateau ja(jjle traVerse a la hauteur a peu pres dudit qui joint le vieux reveteinenl, * * ootoisesa3o'. iw. revetement a toucher ses defenses du coste Excavation de son foss6 , liS^iu m. S: de la vi,le . k,i fo,sant un Pctil flanc ,e ,ong La traverse redoublce 19 fa bor(J fa fo^fr fa dOlliOll, pOUr defend 1*0 loises quarrees a to'. ZW. •> ' BMiesanquelle d0 v'Tv. Ia Parlie ^ fait face a la ville : ,e toul sui" vant le figure au plan (7). On pourra redoubler d'une autre traverse derriere la precedente, et joignant la grosse toura la fausse-braye (16) qui nelaissera pas de bien defendre la tour du coin, l'une des 26 phis exposees, bien qu'elle n'ait pas a beau- de^anfuTo'rt': ST3T coup pres la meme decouverte que la prece- tcau , 300'. flpn,p Pour demonter la porta ucuic. Stts'au &T J£ Raser le portail retourne de Tavant-porte d[":,i:u™alat'; du chateau qui est trop avance, et les bati- ^^a^snsdTments qui sont au-dessus de la porte de la rletri5'"se'28l°isesi20'" ville qui y font trop de masse, et Mtir une q"sin5'dufoSb6'!oJo': nouvelle traverse en (8) qui porte les defenses ^e^tene-plein.Gotoises™- ^ ^^ fa ^ ^ efi fam,r Ja CliateaU ; Ob- »£££ tiT' iw. servant de faire un fosse au devant, une porte Ration du fosse, l^t.^^^^ ^ un pont_levis< Qn pOUITa fairC affFS^ttSTi servirla traverse qui est de l'autre coste de 12total. 32w!: la sortie du chateau au meme usage que la (7). MEMOIRE DE VAUBAN. o'J Portes DU Chateau. — Renouveler scs portes , pentures , ferrures et verrous , y 27 meltre unc herse , coulisse ou dcs orgues ; Pour renouveler iesp|rt«, defaire la masse de son pont dormant et la Refaireiepont. 13701. rcbatir sur ehcvalet dc charpenlcrie, l'abord La barnere ct la gue- ' t' AA , , 100'' du dehors tin pen evase de part el d'autre , Pour d^molir !a masse qui "1 I est a rote du ri,nt le punt p0ur facjijier l'entrce des charrois et oter le dormantel le corps-de-garde, * pour le wm, -00' corps-de-garde du bout du pont , y mettre une barriere et une guerite pour la senti- nelle. 28 Ravelin de la Porte de Secours. — Lui ^ Le parapet, 20 i*»2£. fajre des parapets tels qu'il lcs avoit aupa- ^u garde-fou , io t. quar. ravanl . les couronncr par des assises reglees, 7?„trqXe";Ted posees de camp, faisant pente bienunie, ^ Si/32iarr&» He d'un pied sur six, avec un petit corridor sur C^^'irTJfpon^t le derriere, porte sur les vieux encorbelle- lTrthu^t'^an2nieins;cmbraser un peu plus les creneaux ^droits necessaires Je de ^ ^ tf^^ y meUre des portes et r^t^eTur^refiure les poms devant et derriere cette la portc du chiteau. 100'. ^.^ g^ ,a seu,c je secours q^l y ait au chateau, et qui peut donner acces a la terre et a la mer. 29 Fausse-Braye (8, 6, 16). — Depuis la tra- ,JSSSS%fi^.w. verse (7) coste de la mer jusquu la grossc ^p;rurdun,ur,15,Ss tour (17), clever lcs gros murs de la cour- uS£.*Sn& tine jusqu'a la hauteur de la plate-forme de ^Le parapet., 7 toises^ 1;ldUc ^^ e{ {q parapet qu'j| faudra percer de creneaux a l'egal de celui de la memo, et 40 MEMOIRS DE VAUBAN. hausser en meme temps lc terre-plein qu'on a commence , le derriere duquel il faudra soulenir d'un mur d'ardoises plates, macon- nees a chaux el a sable. ^0 La Guosse Tour (17). — Supprimcr la Jb&*to"'^™^'m<'. moitie de ses embrasures; ouvrir de pied H*EpiZ^% ct demi au plus etroit loutes celles qui res- toises a is-. 270'. teropt ; retrancher leurs loits de plongee, et refaire le pavement du fond de moellon ardoisin pose de bout et de camp. Couronner le sommet de son parapet par nne assise de moellon ordinaire, choisi , pose de bout et de camp ; et pour cet effet le defaire jusqu'au pied de son bord exte- nt rieur afin de lui preparer une assiette plus Ilcfeetion et aerandisse- .. , , . ,, . . memde e embrasures, 200'. solide , et le terminer en pente dun pied 1 porte a netoyer lcs de- . , , , • cotnh.es, r.o1. vers le dehors sur toute son epaisseur. Ouvrir la porte de sortie et *-* i • * la remurer de 3 4 1 pieds. Kaecommouer ce qui peut maiiquer a sa plate-forme , agrandir les embrasures d'en bas, et les netoyer et faire une porle a ladite voiitc qui pourra au besoin scrvir de maga- sin a mettre des bois a couvert; degager la ^ sortie et la mnrer ensuite de 5 a 4 pieds Mettre l'embiasurc en etal , . A . , etaussilaremurer; netoyer depaiS pOUr netre plUS OUVCVtC que datlS les d£corabres , d&pger la - . ,. . , sortie et faire une batterie, leS OCCaSlOllS preSSailtCS d Un Siege. un corps-de-garde imprcs .Faire un fosse devant ladite tour et les et une guerile , 11U01. . . , , . , * deux courtines de sa droite et de sa gauche, de six toises de large sur la profondeur du bas d'eau des marees de morte-eau , et le rcvelir commc ccux du donjon (Art. 4). MEMOIAE Dli YAUBAN. 41 34 Deplis la grosse Tour (1 7) jusou'a la Tour JlJSJSSBffi (0).— Elever le gros mur delacourtinea hau- SSm duVe'ljE leur des plates-formes de ces tours, et le pa- **?*.\2r'ii .i, ■*;*; raPet comme celui de la precedente ; le terre- *ifl lefain, 30 ""^ piciii de meme qu'il faudra aussi soulenir d'un tnr.-uo.f.r6'1" ft,'ioo'. rev&ement, et ne pas oublicr de percer tous Ics parapets de ereneaux embrases en de- dans, et espaces de 10 pieds en 10 pieds , ob- servant d'en terminer toujours le sommet par deux assises de moellon choisi, pose de bout et de camp. Murer la porte de fer qui sen a present de communication a la mer, quand elle nesera plus necessaire auxouvrages. 55 La Tour Longue (0). — Reduire le nom- Pour fnire deux embri- brc de ses embrasures a cinq , dont deux suns, 100'. , , , Leporanct.otoiscs ipieds contre le montant des marees, deux conlre 430'. 170'. , , , ,...,, le descendant, et la cinquieme a la campagne, observant toutes fois de les espacer le plus egalement que faire se pourra , leur donner toutes les facons necessaires et faire la meme chose a son parapet ; lui faire une plate- forme ; ragreer et refaire les joints de son Le pave dela plate-forme, 1 toises quarrees* 15". oo'. rempietement qui en a grand besoin , et les La vuute de sa gorgo, com- pris les pieds droits 6 rem- inner pai'tout de petits eclats de pierre ar- pieter, 5 toises a 30'. 150'. ... Lc pave* ; g tuises quai'rr-cs doisme , qui est plus nronre a cela que les a 10'. CO'. , , ,, , , La pone , t-ompris les fer- aulrcs ; plus , raccommoder 1 entree de sa ran», 30'. « , , voute, la netoyer et paver , y faire une porte, ces lieux etant comme autant de bons sou- terrains qu'il ne (aut pas negliger. Rompre le mur de sa gorge , qui rentre ,|2 MEMOIRE DE VAUBAN. 57 irop en dedans, et clever lc tcrre-plein du Rtfection do la gorge en (jerrJere a hauteur de ladite gorge, avec des faoon de deux rampea , sui- vam le detail, 4801. rampes a droile et a gauche pour y pouvoir monter plus facilement le canon ; et meine couper son angle afin de lui donner plus de capacile. 38 Depuis la Tour Longue (6) .wsqu'au Pas- MaConne.ie,2G toises 6 Tion (4).— Refairc les joints et bien ragreer le 80' 780'. w * , . nevetcment du tcne-piein, pied de celle courtine ; la recnercner et re- 22 toises a 30'. (iGO1. , v .. "un escaiie. de pierre ar- parer les ciidroits de son rcvctemcnt ou u } "' a quelques defectuosiles , et en hausser du surplus ses gros murs, parapets etterre-plcin, a l'egal de ceux de la preccdente , observant toujours de menager des montees d'espace en espace. Bastion (i). — Lever de trois pieds et demi Maconnerie d„ parapet , par devant et un par derriere le gros mur de MtdSw.*** **'■ sa face a (lane droit , le terrasser ensuitc de W*s'-w«j. 6 a sept pieds d'epais, haussant le terre-plein eSsurepkw°™iiveds't de cc Bastion .a 6 autres pieds pres du som- S^iaKft* met dudit parapet; elever aussi la face et le 'V&espesantde^^flanc gauche de meme a pareille hauteur, ^Set.apoin^e observant de faire le parapet de ceux-ci de son angle saiitani, 400'. Q picds tf^s sans terrasscment, et de per- cer trois embrasures bien revelues dans cha- cune des (aces , et deux a chaque (lane , re- glant bien a propos les decombres des unes et des aiilres : plus relaire leurs joints , et bien fichcr el ragreer le bas de son revete- menl, et batir une guerile sur la pointe ; la MEM01HE DE VAUltAN. memo chose des deux lours precedentes dont il faudra dter les petites caliutes, et faire uu corps-de-garde aupres tie la grande. •10 Depuis le Basteon(1).iusqu'a la premiere Maconne.ie.ia uiUes i Traverse (22). — Elever le gros mur a I'egal io"r"40'teduparapei80'2du rez-de-chaussee de la courtine : bien ReTftMmentdutsrra-piein foueiter les joints, les fichcr et ragreer , et J0'- °-u'- lui faire un parapet de maconnerie de toute l'epaisseur du iuur, prolongeaut et excavant son terre-plein a proportion, et suivant comme il sera explique en son lieu. ■H Depuis l'endroil oil le vieux mur qui sert Maconnerie , 13 tuises 1 ■ i»i • i ■ i pie(li a 3oi. 3951. aujourd Inn de retranchement contre la eour- un^euv "h tTp'T" l'ne neuve , jusqu'au Ravelin de la Porte: EpaSr, 4p! P" cette partie qui sert prcsentemcnt de fausse- Revetement du terre-pieini braye au Chateau, pouvant aussi servir d'un Pourrabaisser la Traverse excellent retranchement dans l'endroit de la ct lui tourner les fiancs du , . *. , , / \ . n c6«5 de u viiie , toui com- place qui paroit le plus expose, a qui elle pSe^uia uaite Traverse jas- doit faire office avant que de servir au Cha- uu'au Ravelin de la porta de . - a.. la' viiie. Maconnerie, 15 toi- teau ; mon avis est que son revetemeiit soil bRempietementdeiaFaussel eleve a la hauteur de celui du Bastion de la Brave, 166loU«i quarrees a , •. , , • ■• • , ,, . lu'iatoise, loco1, droite, de lui laire un parapet de toute 1 e- paisseurque pourra porter ledit revetement, et d 'clever ensuite son terre-plein derriere, autanl qu'il sera besoin , et meme de 1'clar- gir, sans avoir egard au petit mur qui le sou- lient, (jurat beaucoup plus a propos d'en re- laiie un autre. Nous dirons le surplus an chapitre de la vjlle. 44 memoire de vauban. 42 Batiments du Chateau. — Otcr en premier Terrs a enlever dans la jeu tQUS les'deCOmbreS C! tl I SOIlt danS la COUT, rour et jardin , &yl toises i ' rabesaS'. 269i'. et reduire la place a l'aneien niveau qu'elle avoit , qui est celui des deux portes , a pre- sent de 5 ou 4 pieds plus basses , et trans- porter lout ce qui en proviendra a la faussc- braye et retranehement , pour exhausser et former les remparts autant que besoin sera ; eela fait, bien paver ce qui restera de vuide pour la place, les cours et les rues, et obser- ver de donner toutes les pentes necessaires a l'ecoulement des eaux. Faire en second lieu deux corps-de-garde aux deux portes , de capacite a pouvoir con- tenir 50 homines chaque, non compris l'OfTi- cier, a qui on fera une petite chambre atte- nant le corps-de-garde ; pour etre tels que je le dis, il faudra leur donner, savoir : a celui des soldats, 24 pieds de longueur sur 16 de 43 large dans oeuvre , et celui de l'Officier, 12 Les linq corps-de-pnrde pour les soidats et pour iof- pieds dans ceuvre sur 16 de long ; et seront (icier . 1800' la piece , en- sembie: 'Jooo'. situds, savoir : celui de la porte de secours du Chateau , dans le petit jardin recule (16), et celui de la grande porte du cote qui sert presentement d'ecurie au Gouverneur; en- suite de quoi on fera encore un petit avance a chacune des portes pour y pouvoir tenir une garde de 10 hommes avec un sergent; savoir : celui de la porte de secours dans le Kavelin (5), et celui de la grande porte der- riere la Traverse (10), a cote du Passage. Plus un autre corps-de-garde de nuit sur le pas- MEM01RE UK VAUBAN. i,'> sage de la grande porie, avec des communi- cations an chemin de ronde. M Au menie temps que Ton vuidera les terres ruur lusbuit corps de ca- superlltics de la place » demolir tout ee qui seme, ayant rhacun o tuiscs ' ' ■ie i„n?," i, goo1 lu tniv , ou- rcste de vieux bailments ndosses sur pied rante, 38100'. * dans le Chateau, dont la menuiscrie et char- penterie est, toute pourrie, et les nun's prels a tomber : en vuider les docombres en meme temps que les terres de ladite place, et faire place nette , apres quoi , batir liuit corps de casernes en adossement centre le gros imir du Chateau, depuis la porte de sccours jus- qu'a la grande porte , chaque corps etant compose de quatre chambres , deux basses et deux hautes , de 18 pieds de long sur 1G de large dans ceuvre , el 11 pieds de bant sous poulres a l'etage du rez-de-chaussee , et 10 a cclui de dessus, avec un escalier entre deux a double rampe de trois pieds de large cbacune : on feroit fort bien de les vouter sur poutrclles et leur donner 4 pieds 1/2 d'a- vancement, lesquelles il uuidroit canneler et y faire des cheminecs en intention de les faire servir de logement dans les besoins presses, et de grenieisquand on n'en auroit que faire. Des portes et croisees comme aux autres chambres. 43 Entre ccs liuit corps de caserne, menager Ua deux escaiirs osiimes deux esealiers, pour pouvoir a'ler au reill- ti 300' piece, liOO'. part, de i pieds 1/2 de large cbacun. On en pourra faire les marches de pierr'e ardoisiue bien choisic et de bon emploi. 4G MEMOES DE VAUBAN. 46 Du cote oil sont les logements occupes pre- Lo^ementduGouverncur, se„tement p.,,, je GoUVei'llCUr , V batir UI1C a i-efniio a neuf. .UUUU'. * attend.uqueiesmat&ianxd8 majson r,0ur lui ou lc Lieutenant de Hoy, si celui qui est maintenant sur l pied ne.peuventaervir. J'0n jajt Ja sienne dlUlS le Chateau, QVCC lies caves voutees au dessous et des greniers an dessus ; le milieu sera distribue suivant lc dessiu qui en sera regie , observant qu'il y faudra faire aussi des ecuries, et lout ce qui sera necessairc a ces commodites. 47 On pourra aussi balir quelques logements pom ,d ;..ud,-, oouo1. (j'Ofllciers, allenant celui du Gouverneur, et en accommoderquelques-uns dans les eham- bres du milieu de la place. 48 A l'egard de la Chapelle, quoiquc la vieille a regard de la ci.apeiio , sojt cxtremement humide , malsaine et mal pour les refei tiuiii proposees en cut article, 4000'. tournee, on lie laissera pas de s'en bien ac- commoder : il faudra seulement faire servir le vestibule, qui est devant, d'une espece de lialle pour metire les soldats a convert en monlant la garde quand il fera mauvais temps, bicn deblayer les environs, reculer son autel et l'adosser conlre le pignon ; reparer la cou- verture, et le rcblanchir quand les murs se- ront plus sees. La Ville. — Depuis la premiere Traverse du Chateau (7), cole de la mer, jusqu'a la Tour de l'Eglisc (13). 40 Raser le vieux parapet qui est trop bas et Muconncrie , &C loises , li ., 1|>0p peu ffppaisSeur , et le rctablir Cll 111! donnant 2 pieds 1/2 d'epais sur 6 de haul, MEMOIRE DE VAUBAX. 47 le percer dc creneaux dc JO pieds en 10 picds, ct dc temps ca temps y faire dcs re- gards en observant de n'y employer que de bon moe'lon ardoisin bien choisi. our fas-™ de in eousote , gfeemeflts necessaires an gros revetement ; abattre la petite tour du milieu , qui se <$e- tache et ne sert qu'a empccher les defenses; substituer une console en sa place, dont par- tie sera de ce qui restera sur pied de plus solide de la meme Tour. 50 Lui faire des parapets de meme qualile, Maoonnerie du parapet i,auteui. et epaisseur que ceux de la tour pour la banquette, 82" 10'. precedcnie, avec une banquette de lerre au pied , soutenue de maconnerie seehe , et aehever de la terrasser, soutenant son terre- plein par un mur bati en talus sur le der- riere, et bien unir la superficie dudit terre- plein , qu'il faudra apres planter de bois, comme toutes les autres parties de ce rein- s'' , part. Netoyement , pov§ et ta- sons des porta ueccssaire8, Continuer rapprofondissement de son los- 5001. Parapet , 12 toises 4 pieds g(i, aussi basque la basse merde morte-eau, a 30'. oOO'. ' ' Pave de la piate-forme, io et le revctir par un mur appuye contre le toises a 15'. 1501, ' Pour (Merles dccombres, '20'. bord. 58 Reehercher et deboucher aussi les voiites nota. L'apostnie ri-des- jc celie Tour, les vuider ettres-bien uetoyer sus a o7 doit etre a os. et les paver ; ensuite de quoi y faire des portes MEM01KE UE- VAUBAN. 49 bien garnies de touies les ferrures qui leur seront besoin. 59 Depuis la Tour (12) jusqu'au Poste (3).— „:iSS;i Les memes reparations qu'a la courtine pre- date*, filfif.it. 1322'. ^g^ 60 Le Pate. — Deboucher tous les sous-terrains JtfZ£AA3Z quiont sei>vi alavieilleporle,yfaircdescom- tffiiM &.«"'; munications, bien netoyer les voiites: conti- %Z^::^^ nuer celles de son vieux passage, depuis unebamircferruresfl: l'entree de la porte du coste de la ville jus- tmrnodericsfeufil0!'; qu'a la sortie du Pate, apres quoi la recou- etmettre a* lits-de-c^, yrir de dnq ft sixpiedsde terre ; plus vouter AFZiXEftSm 1'espace du petit passage qui est sous le corps- a lo1. 1680-. (je.garcje de nu;t . ie bien ^paissir et ren- 01 forcer ladile voute , le lieu ctant parfaitement Circuit du parapet et du . , i^duit,8tuises,6paisseui -5 bien situe pour un sous-terrain. toises , hauteur 4 toises 3 _ , • i « i •* j pieds, 150'. Murerla porte de sortie du tlanc droit du Le petit parapet : longueur . . , , j i i i toises a reieverdei toises Pate et les creneaux trop ouverts de la ga!e- d'epaiss°ur 1 pied G pouees ... ... i, i - l- •. font 5 toises, co1. fie d en bas, qu ll faudra aussi bien netoyer. 02 Faire un parapet de sept pieds et demi Terres h delayer pour faire la voute du passage, 88 d'cpais audit Pate de bonne maconnene bien toises cubes a 3'. 304'. > t Macouneriea leiever pour conditionnee de pierreardoisine bleue, assise les deux flancs , les 3 toises i pied a 3o'. 935'. en bain de mortier compose comme cy-devant Maconnerie des deux faces t . i» - et paViie des Danes, 25 toises article premier; plus clever les flancs a 1 e- a30'. 750'. ' * . Le petit fosse de la gorge , ^al du Pate , les terrasser et leur faire des 35 toises 4 3'. 105'. ° son revMement : 4 toises embrasures de meme que celles des aulres quarrecs a 12'. 168'. . Bouchei rouverturequisert pieces et fermcr la brecbe qu'on a taite pour de passage au present , St. . , . . cubes s 3o'. go1, sa communication, substituant une petite 50 MEMOIRE DE VAUBAN. porte a sa place et s^parant le dedans de ladite piece par un fosse de 1 5 pieds dc large, profond de dix a douzc et revetu , afin que cette meme gorge puisse servir de retran- chement. 63 Depuis le Pat£ jusqu'a la Tour Cornette. Pouries reparations con- — Ouvrir son terrain , le netoyer, vuider, tenues eu cet article, suivant le detail qui en a ete fait paver et y faire des portes, la meme chose de ceux des deux petites tours entre deux. 64 Rempieter le pied de ce revetement autant aoWc'SS qu'il sera besoin , en ragreer les joints, bou- pT,es,pam' " y fairt2oo'S cher les trous et faire des parapets, tant sur por7cC^"Trtdes les tours que sur les courtines, de maconne- Vavi, 20 1. a i5>. 300'! rie condilionnee comme ceux de l'article 22, notamment a la grosse Tour qui devant tenir lieu de bastion doit avoir le revetement encore plus solide que celui des courtines. 65 A l'egard du fosse , le netoyer et appro- Approfondissementeteiar- fondir devant cette partie, et a l'entour du gissement du fosse , 7466 . toises 4 pieds cubes a pt\ie : en redresser les bords , et les rcvetir, 4' lo«. 33000'. Revetement du fosse. 1280 observant touiours de reeler sa profondeur toises quarreesa 15'. 19200'. J ° r Rempietement et ragree- sur le pied d'y mettre six pieds d eau en ment de tout le circuit de la w f f vieiiie enceinte sur la ion- maree de morte-eau , ce qui sera generale- gueur de 400 toises, liauteur 3 pieds: 200 t.b io'. 2000'. nient observe partout. GO Depuis la Tour Cornette, jusqu'a la Nota. Ce quedessusart. PORTE DU RETRANCHEMENT (15) AU RASTION (1). go est po», c«. —Elever le revetement de la courtine a la hauteur mi-partie du vieux mur retranche , MEMOIRE DE VAUBAN. 51 et de la tour Gornette ; hausser en meme temps son terre - plein , le soutenir par derriere d'un petit revetement adosse con- tre, et faire son parapet dc meme quo les precedents ; plus , creuser , elargir et revetir le fosse connne il a ete cy-devant propose. 67 Depuis l'endroit du Betrancbement (9) Excavation du foss* com- jusqu'au Bastion (1). — Detacher le corps pris ct'Iui du rptraochement surhionfcueur de 9 toises , de la deinie couriine de Bedan (21) par un largeur u toises , profondeur ' * i toise i pieds , faisant 590 fosse de 4 toises de large , approfondi aussi toises a 1' 10'. 2055'. ° ' rl bas que celui du retranchement , et le reve- tir d'un gros raur dans tout le travers. Le- quel fosse sera traverse d'un pont dormant porte sur une pile de maconnerie , et au bout dudit pont faire une porte cochere dans la face du Bedan pour la communica- tion des parties de ce rempart. Elever le resle de la courtine a la hauteur Maconnerie du revetement . , , „ . , et des parapets , ii toises a prescnte du bastion et laire son parapet de 30'. 1320'. . , ' , ,, , maconnerie comme la precedente, a cause du peu de largeur de son rempart , et haus- ser son terre-plein a proportion. 69 Epaissir la traverse de maconnerie qui est Lcs^'d'""'' ' "G toUe780' J°'onant le Qan^ du bastion , et I'elever jus- qu'a ce qu'elle defile entierement la derniere courtine ; il faudra par la meme raison ele- ver celle dc la pointe du Bedan , jusqu'a ce que 1'autre partie de la couriine entrc cette pointe et la tour Gornette en soil defilee , 52 MEMOIRE DE VAl'BAN. sinon faire une autre traverse entre deux, et lui donner au moins 6 pieds d'epais. 70 Regler le rempart qui joint la gorge du Terres a remuer pour r6- Jjasljon et ne 1UJ laisSCl' OUe l'epaiSSdir abSO- glcr le rempart quijointla »»"«•»»»»»» »" ~ -i r fnLtXge'ur'rS lument necessaire, acheversonorillon, etsui- M&iZXiF. vre son flanc gauche tout uni, mais l'un et clcu'u kSStrS: l'Mt« enfonces de 3 pieds plus que les epaules riiion. io toises3Pieds de t , faces a cause du commandemcnt des hauteur , 7 pieds a epais o ^* v * pieds font io toises cubes i hauteurs qui est la tres-incommode. Le bastion etant de capacite suffisante, 7! faire les parapets de ses flancs et de ses fa- Terres pour les parapets ces de 3 toises d'epaisseur, compris celle du des faces et flanc du Bastion : p longueur 53 toises 3 pieds, revetement exterieur qui sera au moins de o epaisseur 2 toises 1 pied , r hauteur 5 pieds, font 96 1. pjefjs et celui de derriere de 2 , surmonte Longueur des flancs et faces, i Haconnerie d« limoyannes sw^ cxtcrieurcmcnl Ct a ploillb, observant traverses, Zld t. 1 p. r \wiiai 40 toises oubaTh — premierement, d'y faire des contre-forls 4'1U"- , , 18f- espaees et figures comme les marques au 8 sous-terrains le long des 1 o * Brondes traverses, contenant p]an et p,.0fi; (.{^^ a plomb dcpilis la fon- 157b toises ue ma^onnene, ft * l 4 40Matoise,eu Msgub dation au cordon, reniarquant que ceux des tacon des voules. IxiOlO'. * * angles flanques doivent toujoursetre doubles ct quelques (ois triples, pour pouvoir con- server les embrasements qu'ils doivent avoir avee les aulres, ct pour fortifier d'autant les parlies loujours faibles des plus exposes; — — 2mom clever irois pieds des bastions diini- nuant insensiblemenl jusqu'a Tangle du Ham 60 .MEMOIRE DE VAUBAN. et de la courtine ; — 5",e,u d'observcr ces di- mensions lo long de la longue face , depuis le point (25) jusqu'au (25) ; — 4mtnt de faire les deux grandes traverses (52-55) de huit pieds d'epais chacune et elever jusqu'a par- fait defilement des hauteurs ; — 5ment de faire encore d'autres traverses de merae nature autant que besoin sera , le long des faces (25 , 27) et courtines ( 24 , 25 ) ; — Gment de Mtir quatre sous-terrains le long des grandes traverses (52, 55) leur donnant 18 pieds de large dans ceuvre sur la longueur de 50 pieds de haut depuis le pave jusqu'a la naissance de la voute et 1 pied d/2 d'epaisseur aux pieds droits d'entre deux, et 6 a ceux qui doivent soutenir du cote des terres , sur 5 a 4 d'epaisseur aux voutes qui seront baties a plein cintre , bien bondees et fichees avec tous les soins requis en pared cas , n'oubliant pas de leur faire une bonne chape de ciment de 2 a 5 pouces d'epais avec les penies, con- duites et gargouilles necessaires pour por- 57eioiSe3 de pave asi la ter les eaux au dehors, afm d'empecher la "8portes avce kurs ferrures penetration des pluies ; et parce que l'air eStimtechacunea30..2iO'. ^ ^ ^^ ^ ^OUTS hlimide et peil sain , il les faudra paver et faire des events en forme de cheminee dans lesquels on puisse faire du feu et y faire des portes a jour afin que l'air y puisse passer, et surtout prendre garde qu'il y ait de la pente du fond a l'ou- verture ; — et 7me,lt faire aussi d'autres sous- terrains derrierc la longue fosse (58) et dans MEMOIKE DE VAUBAN. 61 Pour u» peuta wms-ter- tons les endroits marques (22, 23, 38, 37 rains, 111)08' 13- V. ' V ' >""»*"< 40) les uns et les autres conditionnes commc les precedents. On ne specifiepas ici la quan- tity qu'on doit faire, le plan marque seulement les endroits oil ils seront plus a couvert. Mais il est bon de savoir qu'on ne saurait trop avoir de ces sortes de couverts, speeia- lement dans une place qui comme celle-ci sera extremement exposee aux bombes, et de surplus faire des descentes a vis et portes de de sortie sur tons les revers des orillons et a lous les endroits indiques au plan (il). Les- quelles sorties il faut apres murer pour n'etre plus ouvertes que dans le temps qu'on pourra en avoir besoin. 89 Au meme temps que le rev&ement s'ele- Excavaiion da fosse du vera travaillei' a l'execution des fosses et des corps de La place et do ses 1 demilunes 2697* toises a terres en provenant, traverses derriere ledit 4' 10' la loise, lllosd'. x revetement et entre les contre-forts bien amenuises, et battre les terres de lit en litde 8 a 9 pouces d'epais chacunejusqu'ace qn'ils soient reduitsa 0 ; de deux lits en deux lils de tcrre, en poser un de fascines de 7 a 8 ans de coupe, de toute leur longueur, brin a brin, le gros bout contre le mur en distance de 3 a i doigts l'un de rautre,n'y laissant que fort peu d'espace; sera ensuite charge de deux lits Parapet, banquette, tare- ,1 , i ,, ,, - i. piein , n7ii7 t. cubes pour de terre battue arrangee 1 une apres 1 autre, lesquelles il no sera rien » ■ n i«» j c • i compte.lcs terres provenant Ul pUlS d Ull autre lit de laSCllieS COllime le de l'excavation dos fosses. • -j . • . • ,, •■ « , 200110 fascines , ii 1501 te precedent, continuant de 1 elever de la sorte jusqu a parfaite hauteur, observant: — lmcnt de faire le parapet de 18 pieds d'epais compris 62 MEMOIRE DE VAUBAN. lc rcvetement ; 2ment tie le soulenir par der- riere lo petit mur de deux pieds reduits d'e- pais el eleve a pied et demi pros du sommet, lequel sera acheve de gazon ou placage ; — 3ment fie fajre une banquette au pied de ce parapet eleve de pied et demi sur 4 de large laluant de 5 pieds, lc sommet de laquelle sera pave de menucs blocailles de gravier et de sable ; — 4ment de donner une pente de pied et demi au terre-plein du rempart a com- mencer au pied de la banquette et finir a son Gaion pwu, 1034 toises h bord interieur ; — 5n,ent de lui donner 15 7'laioisc, 301' 18*. , ._ , , _ „ , , pouces de talus sur 12 de baut; — 6nK'm de faire des batteries en barbe sur toutes les pointes des bastions et demi-lunes de 6 a 7 toisesde retourde part et d'autre de Tangle; — 7ment deremplirautantque fairese pourra les dedans des deux bastions (25, 27) a cause des sous-terrains qu'il faudra recouvrir de G a 7 pieds de terre chacun, voire davantage si Ton pent ; — 8ment de faire des ram pes douces et aisees pour pouvoir monler de la rue au rempart ; — et 9ment de les seiner de foins et planter d'arbres quaud il seront acheves. 90 Faire les fosses de la largeur marquee au Fail e its fosses, maconnc- p]an > ies approfondii" assez pour que les lie de rev^tement du grand fesseet de eeux des demi- niarees de morte-eau puissent meltreGnieds lunes, 1320 1. 2 p. a 12'. ' , , , 158401. d'eau. Regler les talus de leur bord sur le pied de ne leur en donner que le tiers de la hauteur , et les revctir en adossements comme il a etc propose pour ceux du Cha- teau. MEMOIRE DE VAU1UN. 63 'Jt Tenailles. — Les faire devant lcs cour- d.lSS°TtePS^262 tincs comme les marquees au plan ; les sou- !:(;'s"'lltsi"aiso",!,o860,. tenir tout autour par un petit revelement proportionne au poids de leur parapet et leur donner simplement l'elevation neeessairc pour que le terre-plein se trouve eleve d'un pied au dessus de la superficie de l'eau ; en- suite de quoi, elever de deux banquettes et d'un parapet, e'est-a-dire de 7 pieds et demi sur 15 a 16 d'epaisseur ; outre quoi, faire une coupurc a l'eau dans Tangle renlrant de 10 pieds de large revetu a plomb depuisle fond jusqu'au sominet du parapet , observant : — lmcmd'en faire une semblabledanslederriere de la demi-lune , mais un peu plus large et plus enfoncee ; — 2ment de faire une porte de sortie a fleur d'eau dans le milieu de la cour- tine, vis-a-vis lacoupure de la Tenaille , lui 72 toises r 1 J ' "Glacis 2920 a 2' 7848' Pms rev<^ir leur parapets comme celui du corps de la place et leur faire une banquette de m6me. 95 Revetement de 18 traver- ses, 360t. cub. a 12'. 4320'. Chemin couvert du corps de la Place. — L'enfoncer d'un pied ou d'un pied et demi et le bicn egaler avec pente de la ban- MEM01B.E DE VAUBAN. 65 nettbhrides travels 180 quelte au fosse , le faire de quatre toises de ,0G™npi«rrie.couvri) large non eompris la banquette qui avec ses isotoiMs^'. 63'. talus auru neuf pieds Revelir son parapet corame celui du rempart , former les places d'armes et les bien traverser a preuve du canon , et faire aussi des traverses de meme epaisseur sur les faces prolongees des bas- tions et demi-lunes, et le revetir comme les gros parapets y laissanl des passages de 4 pieds et demi de large enfonces d'auiant dans le parapet , afm que ce parapet serve a cou- vrir les enfilades; plus y faire toutes les rampes et sorties marquees au plan (-41-42) et bien applanir les glacis , lesquels il faudra rendre parfailement soumis aux faces du bastion et demi-lunes de la place. g6 Et parce qu'il y aura des endroits du dit Pour les traverses qui se chemin couvert qui seront encore vus des pnurront faire aux endroits , x . '„•„„.„ „« ..^ «fiies, looo1. hauteurs partout ou ces mconvements se re- nouvelleront y faire d'autres traverses fabri- quees comme les precedentes. 97 Planter apres cela la palissade sur le haut Planter 580 toises 4 8 pa- de la banquette du chemin couvert et des lissades par toises compris , ics dem limeaux font 5220 traverses, observant: — iment de temr sa pointc palissadesal'2'. 3132'. , , de pied et demi plus haut que le sommet du parapet ; — 2ment les eloigner d'autant du dit sommet; —5ment de l'espacerassez pres pour que Ton ne puisse passer entre-deux , nuiis assez ouvertes pour pouvoir faire passer et biaiser le mousquet; — 4ment de l'attacher par un linleau pose de demi pied plus bas que le sommet du parapet qui sera do quatre polices GG METOOIRE DE VAUBAN. de large sur deux d'epaisseur, taille en tran- chant de couteau renverse afin que l'on ne puisse appuyer le pied dessus.Le chemillage fendu et recoigne par le petit bout, et apres, rase par les deux a fleur de bois. 98 La Villette ou Faubourg. — Diriger le Maronnerie de ii am traC(; de sa fortification suivant le trace (43 , 2481 toises a 30'. 74430'. Dakis :w. cution de cet ouvrage a come faire le retran- La porte et le pont, 0000'. ° chement en demi-lune (49) sur le prolonge- ment de son cote et le revetir , terrasser et hausser corarae celui de la come. Observant de plus de lui donner; — lment quatre pieds d'elevation a la pointe plus que sur l'extre- mite de ses faces , el en tout cas d'assujettir le sommet au reglement qui en sera fait par les developpements ; — 2ment de faire son parapet a preuve de canon avec sa banquette et terre-plein , ce dernier penchant de pied • et-demi ; — et 3,nent de revetir son fosse et l'approfondir corarae ceux du corps de la place. Construire la redoute (48) et les demi- lunes (49), Tune et l'autre terrassees et reva- lues corarae les grandesdemi-luncs et obser- ver tout le cote gauche de la redoute d'un pied plus que le droit penchant d'autant par diminution egale de la pointe a l'epaulc gauche ; a Tegard de la demi-lune il lui fan- 68 MEMOIRE DE VAUBAN. dra elever la pointe de 3 pieds et davantage, s'il est necessaire plus que les epaules pour 1'empecher d'etre enfilee. 101 Chemin Couvert , Portes de la Villette Charpemene, loooo1. ET Ville neuve. — Demolir le rang de pe- Pont delailemi-lune'JaOO1. .. tiles maisons (50) qui sont basses , mal ah- gnees et trop pres du bord du fosse, les rebatir sur l'alignement prolonge de l'autre rue (51) et en faire une nouvelle (52) de cinq toises de large avec une grande porte bien voiitee et accommodee de toutes les ferraetures qui lui conviennent, corame aussi de tous les ponts-dormants , ponts-levis, barrieres et corps-de-garde tant de la ville oil il les faut doubles que de la demi-lune et le chemin couvert. Bien raccommoder le pave des rues; paver les nouvelles et bonne partie des an- ciennes, plus faire un chemin couvert a l'en- tour de cette partie de la ville, figuree comme le marque au plan; observant sur toutes choses de bien placer et elever toutes les traverses necessaires de son defilement , et d'en me- nager les issues de maniere que toules soient bien couvertes. ,Q9 Raser aussi toutes les petites maisons du Avbresduren.p5.pts is;, faubourg (53) et tracer unnouvel alignement 4500' de places et de rues comme le figure au plan dans l'enclos de la ville neuve , bien paver l'un et l'autre, apres quoi nc laisser batir a l'entour qu'a la condition d'y faire des caves MEMOIUE DE VAUBAN. 61) et d'elever a trois etages au dessus , moycn- nant quoi cette ville quoique fort petite ne laissera pas de contenir beaucoup demonde, et les maisons par leur hauteur empeclieronl que les rues ne soient enfilees et couvriront toujours quelquepartiedu rempart qu'ilfau- dra aussitot planter de bois , aussi bien les talus de terre-plein que le terre-plein lui- meme. 103 Corps-de-Garde et Guerittes. — Outre i0corps-de-ga.de,2oooo'. les corps-de-garde de la place de la ville 15 guerittes de pierre a 500'. 7500'. neuve et de la villette en faire undans lebas- 10 guerittes de bois U 30'. 300'. tion de lhopital, un autre entre le bastion de la mer et celui des haies , un autre a la porte du port de la villette ; et des guerittes de pierre detailleetdemoeilon ardoisin bien choisi a toutes les pointes et epaules des bas- tions du cote de la terre et seulement aux pointes des deux qui regardent le Havre et sur cellesdes deux demi-bastions de la villette; outre quoi il en faudra faire encore line de pierre sur le milieu de la longue face de la ville , en bois devant tous les corps-de-gardc a chacun desquels il ne faudra pas oublier de faire des galeries en appentis au devant pour y pouvoir tenir les amies degagees et a convert. 10^ Faire une douzaine de latrines aux envi- 12 latrines ;. *00J.Ja ,,ons fo ]a p]acc tanj a ja vjeil|c qU'.', |a nou. voile ville, el prendre garde de les toujours TO MEMOIREDE VAUBAN. placer dans les lieux les plus solitaires et de les suspendre si avant que les matieres n'en puissent pas gater le parement des murs et que tombant dans les fosses clles puissent etre netoyees par les marees qu'on y lais- sera aller de temps en temps. 105 Casernes. — Faire huit corps doubles de 8 corps doubles dowser- casernes a 5 etages derriere la courtine d'cn- tre les bastions , savoir deux etages entre poulre et planches et l'autre en galletas et sous la couverture. Chaque etage contenant quatre chambres et les trois ensemble, 12 auront escalier,a double rang de trois pieds de large chacun a tous les paliers necessaires au degagement des chambres, qui auront cha- cune 18 pieds de longueur sur 16 de large dans ceuvre. C'est a peu pres la quantile qui peut etre necessaire dans ce lieu pour la garde ordi- naire. Si le Roy en desire davantage il les faudra faire a droite et a gauche de la porte. 106 Les Rues et Places. — Distribuer le sur- ges, 200001. p]lls ,je peSpace enferme pour la fortification de la ville neuve en plan et en quartiers se- pares par des rues , les uns et les autres comme les figures au plan , donner 5 toises de large a la principale et 4 a toutes les autres, les proprement paver et observer MEM01RE DE VAL'BAN. 71 de faire un ruisscau dans le milieu avec les pentes necessaires vers lcs ('gouts qui ne pouvant avoir d'autres issues que dans les fosses de la place , il vaudra mieux les faire par ceux de la vieille villeque par ceux de la neuve , attendu que ceux-la sont plus etroits et que les marees y passeront avec plus de rapidite que dans celui de la ville neuve ; parce que la penie etant egale elles auront bien nioins de chemin a faire que l'autre et par des lieux plus etroits ct non tant contraries d'angles. 107 Le Pont qui traverse le Port. — Le re- KetablissemeM du nont, . , ,. «. . n i •. , •20000'. tabhr et pour cet effet allonger les pdes de 6 pieds de chaque cote , n'y ayant que leur peu de longueur qui les ait fait saper a la superficie des flols par leurbuttement etpar les glaces , les fonder et bien recintrer les arcades qu'il faudra achever de demolir et les retablir apres plus solidement, depierres ardoisines bien choisies pour en faire les poussoires et decliarges ; le pareraent des piles et des encoignures de picrres d'Onion- ville , y observant toutes les bonnes facons et qualites necessaires et ne pas oublier apres de couvrir les voutes d'une chape de ciment de irois pouces d'epais fait avec soin de bonne chaux vive de pouzolane ou terrasses de Hollande bieo pulverisee ou passec par le lamis. 72 MEMOIRE DE VAUBAN. Ecluses et Batardeaux. — La chape sur I'our la diguo, C0001. les arcades ctant bien seche, achever de gar- nir les reins des voutes etapres avoir terras- ser tout ce qui sera necessaire, elever les cotes ct garde-fous, les paver bien propre- ment sur bonne forme de sable y observant les pentes et ruisseaux necessaires a l'ecou- lement des eaux et y planter autant de bornes qu'il en faudra pour empecher les cbarrois de trop approcber des garde-fous ; quoi fait , raccommoder les avenues d'une digue large de 5 a 6 toises elevees de 3 pieds au dessus des plus hautes marees et les conduire jusqu'au terrain eleve et oil il sera bon de continuer les paves jusqu'a ce qu'ils soient dans le ferme. Observant du surplus de fairc une clef de conroy on terre grasse bien bat- tue dans le milieu de cette digue et le long de la chaussee qui traversera les sables. 109 Au meme temps qu'on batira le pont faire un batardeau entre les piles du dit pont de bonne et solide maconnerie a parement de pierres de taille eleve de deux pieds au dessus des plus hautes marees pour servir a les re- tenir et entre les deux principales piles ou celles ou la fondation conviendra le mieux , faire deux barres ou ecluses au dessous pour retenir etlacher les marees de 12 pieds francs d'ouverture chacune , observant — dment d'en bien encastrer la fondation dans le roc ; — cjmem (j>en fajre tous jcs pianchers doubles et de bois de chenebien calfales el goudronnes, MEMOIRE DE VAUBAN. 73 sinon de pierres bien choisies en voutc ren- versee , arquant de 3 a 4 pouces sur le tout ; — 3ment toule la maconnerie a parement de pierres de taille proprement pique , ayant bien du joint du lit & de la queue & toutes posees par assises reglees en bain de ciment compose d'un tiers de chaux vive sur un tiers de pouzolane, ou vieux tuilot bien pulverise & passe au fin tamis de boulanger et ensuitc longtemps baltu et demele ensemble sur l'e- paisseur au moins de pied & demi ; — 4menl de bien cramponner toutes les assises ; — gment ,je fajre une Donne c|ef de ciment et de brique dans le milieu des bajoyers et du ba- tardeau pour les rendrc plus etanches depuis le bas de la fondation jusqu'au haut et cela sur toute leur longueur ; — 6ment d'en bien cirer tons les joints et bien prendre garde que toule la maconnerie soit de bonne qua- lite et faconnee avec beaucoup de soin ; — et 7mcnt de faire toute la charpentc et menui- serie des ecluses de bois de chene coupe de plusieurs annees, si faire se peut , en bonne saison, non roule ni pique ni sur les retours et prendre garde que les assemblages en soient bien faits , les ferrures de bon fer et appliquees comme il faut et les pivots et pots de cuivre bien places , tous les mouve- mcnts libres et tous les assemblages d'en liaut bien conlrebandes. Ces banes, pour parler a la facon du pays, serviront au net- toyment du bavre, qui n'en n'ayant jamais 74 MEMOIRE DE VAUBAN. cu ne Iaisse pas d'etre de quelque utilite , puisque les bailments du port de cent ton- neaux y enlrent encore dans les vives eaux. Cela fait,ne pas mettre l'eau sitot sur la ma- eonnerie fraiche , mais lui donner le temps de seclier quelques mois , pendant quoy la tenir loujours a sec. 110 On pourra balir une petite redoute a ma- pour m .udoute, cooc. cnicoulis vers la tete de ce pont , du coste de Tourlaville, pour mieux s'assurer de ses abords en temps de guerre et s'en conserver l'usage aussi longtemps qu'on pourra en temps de siege. ! ^ ! La Fortification par les eaux doit reus- Pour ecluse, C0000'1 SIR A UNE EXCELLENTE DISPOSITION POUR LA Marine. — Faire une ecluse ( 54 ) devant et au bas de la tour longue ( 6 ) de 32 picds d'ouverlure et son radier etabli tout aussi bas qu'il sera possible avec des portes poin- tues qui ouvrent du cote du port , l'une el l'aulre Mties avec toutes les precautions, bonnes facons et qualites de materiaux re- quis , prenanl garde a ne pas oublier de faire doubles feuillures au dessus et au dessous , afin que s'il etait necessaire d'y clouer des poulrelles ou de la terre grasse cela ne fisse aucune peine. i!2 Batir en meme temps une grosse redoute Maconnerie, M35'. (55) a \a tete de la meme ecluse pour la Corps-de-gaide, 1200'. v ' Une gu^iite en iiois, 3c. couvrir avec un corps- de-garde au milieu et MEMOIRE DE VAUBAN. 75 Revetemcnt de la gorge, 2040' Terre-plein, 348' Petite eeluse, 1500' U3 Pour la petite ectuse, 10000' la revetir d'un fort gros mur de maconnerie de G pieds pris aussi eleve que la tour longue, lui faire un parapet de maconnerie de 7 pieds 4/2 d'epais avec toutes les facons re- quises et la terrasser de 12 pieds d'epais seulementnon compris sa banquette , le sur- plus sera le fond dont le bas sera fixe a la hauteur des bajoyers ; observant de faire une petite polerne au flanc gauche du cote de la raer avec de bonnes fermetures dont l'abord sera defendu par une grosse traverse de pa- lissade plantce suivant les alignements figu- res au plan. Faire a meme temps une autre eeluse dans le chateau derriere la gorge de la tour longue ( G ) avec un canal bien revetu , voute et pave en forme de radier et faire tous evase- menls necessaires a pouvoir faciliter l'entree des eauxet sortie des eaux. Son milieu sera regie a douze pieds, frais de passage, et gar- ni de ventailles et emplacements qui feront besoin a la direction des eaux. Cette eeluse et son canal seront en un mot bien precau- tionnes , tant par la qualite des materiaux que par la bonne facon et solidite de l'ou- vrage , et ses deux entrees fermeront par de grosses grilles de fer qui pourront s'ouvrir et fei mer quand on le voudra ; observant de plus de n'y laisser d'ouverture par le devant du chateau que celle qui sera absolu- ment necessaire au maniement des eclu- ses , laquelle il faudra encore boucher- 76 MEMOIRE DE VAUBAN. par de fausses irapes qui fermeront a clef. 1 14 Cela fait , batir uiie Iongue muraille depuis WpieTn"' Seilr le flanc droit de ,a redoute ( So ) jusqu'a l'ex- tremite du pont (56) cleve de plus de trois pieds au dessus des plus hautesj marees ; observant : — 4ment.de la fonder partoutsur le bon fond bien assure; — 2ment d'y faire des contre-forts comme aux revetements des batiments et demi-lunes ; — 5ment de regler leur hauteur ct talus par rapport a son ele- vation , ce qui se trouvera'regle par le pro- fil^communjf — 4ment de le terrasser par une toise d'epaisseur de terre grasse , bien con- ditionne , eleve depuis la fondation jusqu'au plus haut des marees et le surplus des sables du lieu. 11 5 Plus faire tous les batardeaux , ecluses et Maconnerie, 2320'. passages d'eau suivantdans les fosses de la BduMde chape et mar'on- place et des dehors , savoir : un batardeau nerie, 3000'. , p , , , , , , La traverse, 1380'. en travers du tosse de la place a gauche en sortant de la porte pour entrer dans la vil- lette, coupe de deux ouvertures de 10 pieds de large chacune qui fermeront avecdespor- IIP tes pointues du coste du fosse (57) ; — un Ci G820'. deuxieme en travers du fosse de la villette a gauche en sortant de la porte avec des ou- vertures et des portes comme les preceden- tes ; — un troisieme sur l'exlremite de la 117 demi-lune (58) de 3 a 4 pieds d'epaisseur durieT""6"6 y compr56,a seulement , mesure par le haut afin qu'il soit plus aise de le rompre avec le canon de la courtine si on n'a pas le temps de le faire MEMOIRE DE VAUBAN. 77 120 Macunm-rie, ! [g autrement ; — un quatrieme continue dans le jfcnjcmnerie, ceo1, fosse de la maconnerie entre la ville neuve et la villette, eleven hauteur de 4 pieds 1/2 seu- lement avec le sommet terniine en dos de bateau. 119 line ecluse derriere la tenaille a la porte L.duseoties batanieaux (75) ^0 ja y\\[e neuve avec un gros batardeau ensemble, 6000'. v ' u ceiuid».iadera;-iune,6uo'. en travers du fosse et un a l'extremite de la face droile de la demi-1 une de pareille epais- seur que celui de la (57). Un autre batardeau derriere la tenaille 1320'. (23), un autre au travers du fosse de place , l'un et l'autre moins forts que les precedents afin qu'ils soient plus facilement rorapus. II ne sera pas necessaire d'en faire un a l'ex- tremite de la face droite de la demi-lune comme a la precedente. A l'egard de l'extremite du fosse qui de- bouche sur l'exlron , il suffira de le fermer par un petit mur de deux pieds 1/2 reduite d'epais sur toute la profondeur du fosse. Faire un batardeau dans le fosse de la vieille ville entre la tour (17) etla traverse (7) et la percef d'une ecluse de 24 pieds d'ou- verture divisec en deux passages d'eau , sur chacun desquels on fera des portes pointues qui fermeront contre le fosse , et au dessous une ventillerie ou des portes plates suivant le dessin qui sera donne. 6000'. Plus un autre batardeau en travers du fosse du chateau en (65) et une ecluse et pas- sage voute de 5 a 6 pieds d'ouverture par- 121 Manmnei'ie, 560'. 122 Ratanleau et ecluse, 7000' 123 l'.u estimation, '» MFMOIKB DE VAL'BAN. dessous la fausse braye en (64). Ensuite de quoy faire un noyeu ou petite ecluse de pied et demi d'ouverture en (65) pour mettie l'eau dans le fosse du donjon et l'y retenir, ce qui se fera de soi-meme par le moyen d'un clape dispose a son embouchure lequel sera ouvert par le monlant des marees et ferme par le descendant. Observant dans la construction de tous ces batardeaux et eel uses ; — lment de fonder toujours sur le ferme et par con- sequent sur le roc partout ou il s'en rencon- trera quelque bas qu'il soit , ou si on ne le pent irouver sur un fond ferme et solide, et s'en bien assurer par les plates-formes et par planches battues au refus du mouton, bien jointes et assemblies l'une a l'aulre dans leurs rainures et clouees a une ventriere, en sorte que le tout joigne bien ; — 2ment de L'&iusedu vieux fosse et doimer toujours plus d'ouverture aux ecluses les porles et ponts de com- munication a la marine, BAROMETRE. 101' rotation plus grande que celle dc la portion d'atmosphere qui recouvrc lc point qui le precede , et , de plus , elle est moins haute. Dans les regions inferieures , les differences de vitesse angulaire de rotation s'annulenl, en faisant varier la pression atmospherique, cotnme nous l'avons dcja vu. 3Iais le retard que possede I'esces de hauteur de la seconde portion d'atmosphere stir la premiere, n'etant contrebalance par aucune resistance, amenera evidemment cet exces de hauteur sur la premiere. 11 est facile de voir qu'un effet analogue se produira entre le point dn maximum de temperature et celui du minimum. Comme les variations de vitesse angulaire des molecules at- mospheriques dues a Taction solaire sont tres petites, ce trans- porl de lair, a la limile atmospherique, des regions echau flees vers les regions rcfroidies ne sera pas bien considerable , de sorte que la variation de la pression atmospherique qu'il pro- duira en s'ajoutant , en vertu du principe de la coexistence des petites oscillations, avee la variation que nous avons signalee d'abord , ne fera que modifier un peu cette dernierc. Aussi le maximum de pression du matin qu'elle produit , ne sera pas deplace. Les deux actions que je viens d'indiquer se combineront pour faire diminuer la pression atmospherique depuis le point du matin oul'almosphere possede sa hauteur moyenne, jusqu'a celui on elle acquiert sa plus grande hauteur , instant qui suit un peu le maximum de temperature a cause de Taction des va- peurs sur la hauteur de Talmosphere. Ces deux actions devien- dront contraires depuis ce dernier point jusqu'a celui de moyenne temperature du soir. Or , dans cet inlervalle , ainsi que nous l'avons dejadit, la premiere action est moindre qu'elle n'etait d'abord, de plus, sa tendance a faire diminuer la pres- sion atmospherique va en s'afl'aiblissant a niesure que Ton se rapproche de l'instant de moyenne temperature du soir. La 102 TIIEORIE MATHEMAT1QUE tendance de la seconde action a faire croitre la pression croiE au contraire dans le meme cas , puisque c'est vers les minima et maxima que la variation est loujours la plus faible , et que le minimum que produirait cette seconde action , si elle etait seule , serait a l'instant du maximum de temperature. On voit done qu'a partir de eel instant la premiere action depassera la seconde pendant quelque temps , de sorte que la pression con- tinuera de decroilre encore quelque temps apres le maximum de temperature. Mais bientot la seconde action egalera la pre- miere , et la surpassera meme , de sorte que la pression atmo- spherique croilra de nouveau, jusqu'a l'instant de moyenne temperature du soir. II y aura done un minimum de pression un certain temps apres l'instant du maximum de temperature. Les deux actions s'ajouteront de nouveau entre le point de moyenne temperature du soir et le point du minimum de tem- perature, de sorte que la pression continuera de croitre dans cet intervalle. Enfm les deux actions redeviendront contraires entre ce dernier point et celui de moyenne temperature du ma- tin, et, comme l'accroissement de pression du a la premiere ac- tion , qui est la plus grande , etait moindre dans l'intervalle ou les deux actions s'ajoutent que dans celui oil elles se retran- chent , leur reunion aura pour eflet de produire un accroisse- ment de pression plus regulier entre le point de moyenne tem- perature du soir et celui du matin. Ce sera done toujours un peu apres ce dernier point que se trouvera le maximum de pression. A la verite , la seconde action pourra tendre a I'avan- cer un peu , mais cet effet sera detruit par la troisieme action dont nous allons nous occuper. L'ensemble des deux premieres actions sera done de produire un maximum de pression vers l'instant de moyenne tempera- ture du matin, et un minimum un certain temps apres l'instant du maximum de temperature. DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. i()o 5° Un troisieme mode d'actiou do la chalcur solairo sur la pression atmospherique, est la formation des vapeurs qu'elle de- termine, et qui augmentent cette pression par lew poids. C'est le matin vers le minimum de temperature que la quantite de vapeur contenue dans l'atmosphere est la plus petite ; mais, par suite du froid , riuimidite est a son maximum. A partir de cet instant, la quantite de vapeur d'eau contenue dans l'atmosphere croit jusqu'au maximum de temperature, mais en meme temps cette vapeur s'eleve et une partie se condense en images par l'effet du froid des regions superieures, de sorte qu^ l'humidite atteinl un minimum a la surface du sol dans le milieu du jour. Alors l'evaporation continue d'accroitre la quantite absolue de vapeur contenue dans L'atmosphere apres le maximum de tem- perature , et l'humidite a la surface du sol devient de plus en plus graode, tant a cause des vapeurs qui continuent de se for- mer qu'a cause de celles qui s'etaient elevees pendant le jour et qui rcdesccndent. En s'abaissant dans des regions plus chaudes, les cumulus qui s'etaient formes, se dissolvent et contribucnt a former de la vapeur elastique. II y a done un nouveau maxi- mum d'humidite le soir vers l'instant de moyenne temperature. A partir de ce maximum d'humidite . le froid de la nuit con- dense les vapeurs, de sorte que la quantite de vapeur que l'air contienl, devient de plus en plus petite jusqu'au minimum de tempcraiure. II rcsulle done ele ceci que la quantite absolue de vapeur con- tenue dans l'atmosphere va en croissant pendant le jour depuis l'instant du minimum de temperature jusqu'au soir, et en dimi- uuani pendanl la nuit depuis le soir jusqu'au minimum de tem- perature. Le jioids de cette vapeur s'ajoutant a celui de l'atmo- sphere, en vertu de cette troisieme action seule, la pression atmospherique devrait croitre lentement depuis le minimum de temperature jusqu'a l'instant de moyenne temperature du soir 104 THEORIE MATIIEMATIUUE environ, a cause de la grandeur de l'inicrvalle, ct diminuer ra- pidement, au contraire, a cause de la petitesse de l'intervalle, depuis ce dernier point jusqu'a celui du minimum de tempe- rature. Les differences depression duesacctte cause se maintiennent en grande panic , parce qu'il faut parcourir un Ires long espace le long des paralleles pour que ces differences soicnt sensibles, et de plus, parce qu'elles ne tardent pas a changer de signe, de sorte que l'inertie de l'atmosphere s'oppose a ce que les pres- sions puissent s'equilibrer pendant la courte duree de ces diffe- rences. Celle variation de la pression atmospherique s'ajoutera aux premieres, en vertu du principe de la coexistence des petites oscillations , et il en resultcra : 1° Que la pression atmospherique diminuera un peu moins vite du maximum de pression du matin a l'instant ou s'arrete le plus grand decroissement de la pression du a ces premieres actions, que si elles avaient ete seules. Cet instant suit, comme nous l'avons vu, d'un certain temps le maximum de temperature. 2° Que la pression qui croissait tres lentement par l'ensemble des deux premieres actions seulement entre ce dernier instant et celui de moyenne temperature du soir, croitra beaucoup plus rapidement par suite de la troisieme action, de sorte qu'il y aura un minimum de pression un certain temps apres le maxi- mum de temperature , comme par l'effet des deux premieres actions seules. 5° Que la pression qui continuait de croitre , en vertu des deux premieres actions , entre l'instant de moyenne tempera- ture du soir et le minimum de temperature , ira en diminuant rapidement en vertu de la troisieme action dans ce meme inter- valle. C'est ce qui fait qu'il y a un maximum de pression le soir. La pression augmenlant assez rapidement d'abord par suite des DES OSCILLATIONS DU BAROMKTOE. 10.'. deux premieres actions apres l'inslant de moyenne temperature du soir, et tie diminuant pas tres vite d'abord a partir du maxi- mum d'lnnuidite du soir par suite de la troisieme action, lc maximum de pression du soil- ne devra pas se trouver exac- tement a l'instant de moyennc temperature, mais il sera recule plus tard dans la soiree. 4° Enfin, que la pression qui elait croissante depuis le mini- mum de temperature jusqu'a celui de moyenne temperature du matin, par l'ensemble des deux premieres actions, croitra aussi par 1'eiTet de la troisieme, de sorte qu'il y aura un minimum de pression a l'instant du minimum de temperature. En verlu de ces trois modes d'action de la chaleur solairc sur l'equilibre atmospherique , qui sont les seuls qui puissenl exister, il y aura done deux maxima et deux minima de pres- sion barometrique par jour. Lc maximum du matin sera plus grand que celui du soir, ainsi qu'on l'observe reellement , et ia pression sera plus faible au minimum de 1'apres-midi qu'a celui du matin (*). (*) En prenant la somme de la periode du matin etde celle du soir, on a a Ire? pen pies la mesurc de la premiere action. En effet , la difference du maximum du matin et de celui du soir est egalc a l'effet de la pre- miere action, diminue du poids de la vapeur d'eau formee dans l'inler- valle, car il est evident que l'effet de la seconde action est le meme sur les maxima du matin et du soir , de sorte qu'il disparait dans leur difference. Or, la periode ilu soir est un peu plus grande que la difference de poids de la quantite de vapeur contenue dans l'air an maximum d'humidite du soir et de l'instant du maximum de temperature; mais eile en differe tres pen, puisque la periode du soir est due pres- que entierement a I'accroissement de la vapeur d'eau contenue dans l'at- mosphere. La quantite de vapeur formee de l'instant de moyenne tempe- rature du matin a celui du maximum de temperature, doit etre a tres peu pres la memo que relic qui est formee depuis ce dernier instant 106 THEOR1E MATHEMATIQUE En exprimanl analytiquement les actions perturbatrices de la chaleur solaire sur l'equilibre atmospherique que nous venons de detailler , on obtiendrait aisement les equations differen- tielles des mouvemenls de l'atmosphere sous cette action. Ces equations contiendraient les rapports dififerenliels de l'accrois- sement de temperature et de I'accroissement de vapeur par rapport au temps, ainsi que l'expression de la profondeur de l'atmosphere. On pourrait faire sur ces expressions des hypo- theses qui rendraient les equations integrates : mais ce ne serait pas le cas de la nature, et il est aise de voir a priori que, dans ce dernier cas, l'inlegraliondes equations obtenues depas- serait les forces de l'analyse. En effet, par suite de la presence des montagnes, la profondeur de l'atmosphere varie avec la latitude et la longitude , suivant des rapports lellement varia- bles qu'il sera toujours impossible de les connailre. II en est de meme des rapports diflerentiels de l'accroissement de tem- perature et de l'accroissement de vapeur par rapport au temps, car ces rapports different d'un lieu a un autre suivant la trans- parence ordinaire de Tatmosphereje pouvoir absorbant du sol, son inclinaison , son etat hygromelrique, etc. II sera done im- possible de remplacer dans les equations ces rapports differen- tiels par leurs expressions en fonction de la longitude , de la jusqu'a celui du maximum d'lmmidite. De sorlc que la quantite totalcde vapeur formee depuis le maximum de pression du matin jusqu'a celui du soir, fait a tres peu pres equilibre a une colonne de naeroure egale au double de la periode du soir. En joignant done le double de eclte periode a la difference des maxima de pression du matin et du soir, on eliminera faction du poids de la vapeur d'eau sur la pression atmo- spberique, du moins a tres peu pres, et Ton aura la mesnre de la pre- miere action. Or, cela revient evidemment a prendre la somme des periodes du matin et du soir. DES OSCILLATIONS Dt BAROMETRE. 107 latitude el du temps, et , par consequent, les equations ne seront point integrables dans 1c cas de la nature. C'est pour eelte raisoo que, dans eel article oil nous n'avions en vue que de comparer aux observations les perturbations produitcs par la chaleur solaire dans Pequilibre almospherique, nous ne nous sommes pas occupe de la recherche de ces equations differen- tielles. COMRARAIPOX DE LA TIIEORIE PRECEDENTS AUX OBSERVATIONS. i° Des heures des maxima et minima dc pression au niveau de la mcr. D'apres les observations , les heures des maxima et minima de pression almospherique ne sont pas exactement les nvunes dans tons les pays ; mais les differences observees sont t res pcu considerables. Ces differences doivent elre attributes, du moins en partie, aux inegaliles de la surface du sol, de meme que les variations des heures des marees sont produites par les ine- galiles du fond de la mer. Mais il y a une difference essenlielle enlre ces deux influences , car tandis que les differences de ni- veau du sol sont de beaucoup surpassees par la hauteur de l'atmosphere , elles surpassent de beaucoup , au contraire , la profondcur de la mer. C'est ainsi que leur action sur les marees peut allcr jusqu'a renverser les heures des hautes et basses mers , tandis qu'elles ne modifient que tres pen celles des maxima et minima de pression almospherique. De plus , sur un meme parallele , des circonstances locales peuvent faire varier nolablement les heures de maximum et de minimum dc temperature. Mais, d'apres la iheorie exposed 108 THEOIUE MATHEMATIftUE celte variation, qui pourra bien influer un peu sur les heures des maxima et minima de pression , el, par suite , elre une des causes locales qui les modifient, ne pourra pas cependant leur faire eprouver des chaugements aussi grands que les siens; car, d'apres ce que nous avons dil , il est visible que ces instants de maxima et de minima de pression atmospherique en un point quelconque, dependent bien plutot de la moyenne des lieures de maximum et de minimum de temperature sous le parallele de ce point que de ces lieures a ce point lui-meme. Sous ce rapport , la theorie est d'accord avec l'obscrvalion ; car , sous un meme parallele, on ne voit pas autant varier les heures tro- piquesdela pression barometrique que les heures du maximum et du minimum de temperature. Kaemtz a pris la moyenne de toutes les observations faites dans notre hemisphere depuis 1'equateur jusqu'a Petersbourg, et a trouve les resullats suivants : Minimum du soir, 4h 5m. Minimum du matin, 3h 45m. Maximum du soir, 10h Hm. Maximum du matin, 9h 57m. Si nous comparons ces heures a celles du maximum el du minimum dc temperature , ainsi qu'a celles de temperature moyenne , nous verrons que , conformement a la theorie que nous avons exposee : i" L'heure du maximum de pression du matin, 91' 37m suit d'une demi-heure environ l'instant de moyenne temperature , qui se trouve moyennement vers 9''. 2° L'heure du minimum de Tapres-midi , 4h 5m suit d'envi- ron deux heures le maximum de temperature qui se trouve moyennement vers 2h. 5° L'heure du maximum du soir suit d'environ une heure el demie l'instant de temperature moyenne du soir. I>KS OSCILLATIONS DU BAROMETRE. 10!) 4°Enfin I'heure du minimum du malin est a pen pres cell'edu minimum de temperature. Lcs heures de maximum et dc minimum de temperature va- riant avec la saison, on doit s'attendre a voir varier de la meme quantite lcs heures tropiques des oscillations barometriques. C'est ce que confirment toutes les observations de la meme ma- niere. Pour faire voir cet accord, nous allons settlement ci- ter ici les observations de cette variation faites a Halle par Kaemtz. 1° Le minimum de pression barometrique a lieu a Halle en hiver vers 2h 50m de l'apres-midi , et retarde a mesure qu'on s'avance dans l'ete jusqu'a 5h 10™. — Sousle parallele de Halle, I'heure du maximum de temperature varie de meme. Elle se trouve vers lb de l'apres-midi en hiver, et retarde jusqu'en ete ou elle sc trouve vers 5h. 2° L'heure du maximum de pression du soir se trouve en decembre vers 9h 5m , et retarde jusqu'en ete ou elle se trouve vers llh. — L'iustant de temperature moyenne eprouve une va- riation semblable. II se trouve en hiver vers 7b 50m, et retarde jusqu'en ete ou il se trouve vers 9h. 5° L'instant du minimum de pression du matin a lieu en de- cembre vers o1', et avance jusqu'en juin ou il se trouve vers 2h 50"-. — En decembre, le minimum de temperature se trouve vers 5h, et avance jusqu'en juin ou il a lieu vers 5h. 4° L'instant du maximum de pression du matin a lieu en de- cembre vers 101' 10m, et avance jusqu'en juin ou il se trouve vers 8h30m, — L'instantde moyenne temperature diurrte se trouve en hiver vers 9h 45'", et avance jusqu'en juin ou il se trouve vers 8h 15'". II est impossible d'obtenir un accord plus remarquable. 110 THE0H1E MATHEMATlUUE 2° Des oscillations diurncs du baromclrc sur les montagnes. Lorsque la pression almospherique augmente, la densile des couches inferieures de l'atmosphere augmente aussi , de sorte que l'aecroissement de pression doit diminuer quand on s'eleve dans l'atmosphere. Les variations du poids de la vapeur d'eau conlenue dans l'air diminuent egalement et ne tardent pas a s'eteindre. Les oscillations regulieres du barometre doivent done diminuer rapidement en s'elevant sur les montugnes , e'est ce que prouve encore l'observation. Mais outre la diminution de l'amplitudc , il se produit un autre phenomene du egalement a la chaleur du soleil. En effet, quand les regions inferieures de l'atmosphere s'ecbauffent, elles se dilatent et soulcvent les regions superieures de l'atmosphere qui reposenl sur elles. II doit en resulter un accroissement de pression sur les montagnes , d'autant plus grand qu'on s'eleve davantage. Un effet inverse a lieu pendant le refroidissement nocturne. L'effet de cette action sera done d'accroitre la pres- sion sur les montagnes jusqu'au maximum de temperature et de la diminuer jusqu'au minimum. Cette action croit avec la hauteur, tandis que les oscillations regulieres diminuent, il ar- rivera done une elevation ou elle se produira scule. 11 n'y aura plus alors qu'un maximum de pression aTinstant du maximum de temperature et un minimum de pression a l'instant du mini- mum de temperature. La hauteur a laquclle cet elf'et aura lieu, sera plus grande a l'equateur que dans nos climats, car nous verrons plus loin que les oscillations regulieres decroissent beaucoup plus vite de l'equateur aux poles, que Taction calorifique du soleil. C'est ce DES OSCILLATIONS HU BAROMETRE. I I I quo prouvent les observations de M. de Humboldt, dans l'Ame- rique equinoxiale. II n'a pas trouve dans les heures tropiques de la variation barometrique des differences aussi grandes que celles qui ont lieu dans les xVlpes. Entre le niveau de la iner et la hauteur a laquelle il n'y a plusqu'un soul maximum et Un seul minimum diurne, les oscil- lations regulieres seront la resultante de la variation diurne ordinaire et de cetle nouvelle action. Le premier effet que Ton devra remarquer et que Ton observe d'ailleurs, sera le retard du maximum de pression du matin a mesure que Ton s'eleve; car, ce sera vers l'instant de temperature moyenne , ou recliaullemenl est le plus rapide, que la pression croilra le plus rapidement sur les montagnes par le soulevement de I'atmo- sphere, etcomme cet instant est celui du maximum de pression totale, la diminution de cette pression totale apres cet instant sera d'abord Ires pen rapide. II en resultera que le maximum de pression relardera sur les montagnes, a mesure que Ton s'elevera , jusqu'a ce qu'enlin il atteigne l'instant du maximum de temperature. Tant que Ton ne sera pas parvenu a cette hau- teur, le minimum de pression se produira ensuite comrae dans la plaine, mais il sera beaucoup moins sensible. Au dela du minimum de pression totale , la contraction des regions inferieures de l'atmosphere tendra a diminuer la pres- sion sur les montagnes. Mais il est important de remarquer qu'entre les heures du minimum et du maximum de pression du soir dans la plaine, la contraction des couches d'air com- prises entre le sol de la plaine et le niveau de la montagne, sera moindre que n'etait la dilatation depuis l'instant de tempera- ture moyenne du matin a celui du maximum de temperature du soir. En effet, les changements de temperature sont les memos dans les deux Gas; sous ce rapport, la contraction sera egale ;'i 112 THFORIE MATHEMATIQUE hi dilatation. Mais il n'en sera pas de raeme de la partie dc cette dilatation et de celte contraction due a l'aclion des vapeurs; car, pendant la matinee jusqu'au maximum dc temperature, les vapeurs s'eleveront de terre et contribueront puissamment a la la dilatation des couches inferieures. Pour que, dans la periode du soir que nous considerons , leur effet sur la contraction de l'air fut aussi grand qu'il a ete sur la dilatation pendant la pe- riode du matin , il faudrait que la meme quantite de vapeurs qui s'est formee pendant cette premiere periode se fut toute deposee a la fin de la seconde , c'est-a-dire vers le maximum de pression du soir dans la plaine. Or, c'est ce qui n'a pas lieu. Au contraire, il s'en est forme de nouvelles , qui ont continue de soulever l'atmosphere dans les regions inferieures. Pour de faibles elevations, ce soulevement pourramemedepasser l'abais- sement duala contraction par le froid des couches inferieures; c'est ce qui fait qu'il resulte de la moyenne des observations faites a 2,700 metres d' elevation sur le Faulhorn, par MM. Kacmtz, en 1832 et 1855 ; Bravais et Martins, en 1841 ; Wachsmuth, en 1841 ; Peltier et Bravais, en 1842, que le. plus grand maximum de pression a lieu le soir, ainsi qu'on le voit dans le tableau suivant, resume de ces observations : MIDI . 554mra93 6h 554mm89 12*» 554mmSS 18h 554mm31 gb 554 95 8 554 99 14 554 57 20 554 50 4 554 91 10 555 03 16 554 36 22 554 81 Ce tableau ren ferine sans doute des anomalies, carles obser- vations n'ont pas ete conlinuees longtemps. Toutefois, on voit qu'a cette hauteur, le maximum de pression du matin est recule jusqu'a une heure environ de l'apres-midi ; qu'il est suivi d'un tres faible minimum, puisque la pression augmente de nouveau DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. ilo jusqu'au soir, ou elle atteint son plus grand maximum , ct di- nnnue ensuite jusqu'au minimum de temperature environ, ou elle atteint sa plus faible elevation. Ce dernier resultat devait etre prevu , car, a parlir du soir , Tatmosphere qui se contracte par le froid, et les vapeurs qui se condensent , tout contribue a diminuer 1'epaisseur des couches inferieures de Tatmosphere. 3° Des influences locales sur V amplitude des oscillations. 11 sufiit de jeter les yeux sur un tableau des amplitudes des oscillations barometriques observees sur divers points du globe, pour voir qu'elles varient sous le meme parallele d'un point a un autre , et souvent entre des points tres rapproches. D'apres la theorie que nous avons exposee, ce resultat devait etre prevu. En effet, toutes les causes qui, en un point et meme a Test et a l'ouest d'un point , influent sur Techauffement et le refroidissement de Tatmosphere , telles que les inclinaisons du sol , son pouvoir rayonnant , la transparence plus ou moins grande de l'air, I'etat hygrometrique du sol , etc. , sont autant de causes locales qui modiflent les amplitudes des oscillations. II faut y joindre les courants d'air locaux determines par Tac- tion du soleil , les inegalites du sol et beaucoup d'autres cir- constances. II resulte de ce que nous avons dit de Taction des vapeurs sur la pression atmospherique , que , dans les pays ou elles se forment en plus grande quantite , la periode barometrique du matin sera moindre que dans ceux ou la formation des vapeurs est moins abondante , a moins que d'autres causes n'agissent on sens contraire. 8 114 THE0R1E MATHEMATIQUE Ceci est d'accord avec la remarque faite depuis longtemps par M. Arago , que, sur les cotes, la periode dinrne du baro- melre est moindre que dans l'intericur des continents. On poiirrait peut-etre objected contre cette action des va- peurs, que cette diminution provient de ce que la difference entre les temperatures du jour et de la nuit sur les cotes est moindre que dans l'interieur ; mais a cela , nous repondrons que cette moindre difference a pour cause , en grande partie, une plus grande formation et une plus grande condensation de vapeurs. Par contre , d'apres la theorie , la periode du soir doit etre plus grande sur les cotes : ce fait est encore d'accord avec 1'ob- servation. Pour exemple, je comparerai les observations faites a Cherbourg et a Paris , dont la latitude ne differe que d'envi- ron deux tiers de degre. A Cherbourg, d'apres cinqanneesd'observations faites par le capitaine de vaisscau Lamarche, la periode du matin est 0mm,37 ; — a Paris, elle estOmm,76; difference en moins pour Cherbourg: 0mm,39. A Cherbourg, la periode du soir est 0mm,42 ; — a Paris , elle est 0mm,57 ; difference en plus pour Cherbourg : 0mm,0o, ce qui confirme la remarque preccdente. La moyenno des deux periodes a Cherbourg est moindre qu'a Paris. Elle est 0mm,40; —a Paris, elle est 0mm,56; difference : 0,Rm,lG. On voit de plus grandes differences sur le continent, on ne peut done affirmer que celle-ci tienne au voisinage de la mer. Cependant , si on compare les observations faites sur dif- ferenls points , et e'est ce que Ton peut remarqner dans le ta- bleau joint a ce memoire , il semble que , sur les cotes, mais surtout en pleine mer , les amplitudes sont moindres qu'au centre des continents, ce que Ton pourrait altribuer a ce que d'autres causes que 1'evaporation contribuent a rendre les tern- DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. 1 15 pr-ratures moins variables en mer qu'a terre. Toutcfois , on trouve des exceptions, et eela ne doit pas etonner, si on rette- chit aux nombreuses circonstances qui influent sur ces ampli- tudes. 4° De I'influence de la latitude sur {'amplitude des oscillations. Au milieu de toutes les variations des amplitudes, dues aux circonstances locales , on reconnail facilement dans les obser- vations un decroissement rapide de ces amplitudes a mesure que la latitude augmente. Sous ce rapport , la theorie s'accorde avec les faits pour faire voir que les amplitudes des oscillations doivent diminuer rapi- dement de l'equateur aux poles, car il est evident, a priori , que chacune des trois actions de la chaleur solaire perturba- trices de 1'equilibre atmospherique doivent decroitre de l'equa- teur aux poles. Nous ignorons la loi du decroissement moyen de la 5e action ; ce decroissement est celui de la formation de la vapeur d'eau , qui est tres rapide ; mais nous avons vu qu'on peut a peu pres eliminer son effet sur la pression atmosphe- rique, en prcnant la somme des periodes du matin et du soir , qui peut elre regardee comme la mesure de la premiere action. Nous allons d'abord rechercher par la theorie l'expression du decroissement de cette premiere action, toutes choses egales d'ailleurs, nous comparerons ensuite cette expression aux ob- servations. Pour une meme elevation de temperature , sous cliaquc pa- rallel , la dilatation de l'air sera la meme, et, par consequent, l'elevalion qui en resalte , au dessus de la surface du sol , pour les molecules d'air , situees a des hauteurs scmblables , sera -116 TIIEORIE MATHEMATIQUE egalement la meme. Mais l'ecart correspondant de ces molecules de l'axe de rotation du globe , ecart duquel depend l'intensite de la premiere action , diminnera a mesure que la latitude augmentera , et il est facile de voir que cet ecart sera propor- tiomiel au cosinus de la latitude , car il est egal a la projection sur le plan de requateur de l'accroissement de hauteur des molecules. Toutes choses egales d'ailleurs, les amplitudes des oscilla- tions devront evidemment decroitre comme cet ecart , et par consequent comme le cosinus dc la latitude. Mais quand on s'avance vers les poles , la longueur de la cir- conference des paralleles a l'equateur diminue, et ces longueurs etant proportionnelles a celles des rayons des paralleles , sout par la meme proportionnelles au cosinus de la latitude. Or, toutes choses egales d'ailleurs , pour un meme ecart ou rapprochement de l'axe de rotation, des couches atmospheriques de meme hauteur au dessus du sol , les amplitudes des oscilla- tions barometriques, sous c.haque parallele, doiventetre propor- tionnelles aux masses d'air animees d'exces ou de diminutions de vitesse angulaire par suite de cesecarts ou rapprochements. Ces masses d'air varient comme la longueur des paralleles , et , par consequent , comme le cosinus de la latitude. En ayant done egard a cet effet et a la diminution des ecarts des molecules at- mospheriques de l'axe de rotation du globe , les amplitudes ba- rometriques devront etre proportionnelles au carre du cosinus de la latitude. Dans ce qui precede , nous avons suppose la dilatation et la contraction de l'atmosphere les memes sous tous les paralleles, et elles sont differenles. II est evident d'ailleurs que, sous tin meme parallele, les amplitudes des oscillations sont proportion- nelles aux differences dc hauteur de l'atmosphere dilatee et contractee. DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. - 117 Ainsi , defmitivement , les amplitudes des oscillations sont proportionnelles u la variation diurne de la hauteur de Tatmo- sphere par Taction du soleil sous le parallele considerc, multi- pliee par le carre tin cosinus de la latitude. Ces variations de hauteur seront proportionnelles a Taction calorifique du soleil pendant le jour, diminuee du refroidissement diurne et augmen- t^e du refroidissement nocturne. Aux equinoxes , les longueurs des jours et des nuils sont egales. Si done on a egard a la basse temperature de Tespace et au peu de difference comparative entre les temperatures du join- et de la nuit, on vcrra que les quanlites de chaleur per- dues le jour et la nuit peuvent etre, sans erreur sensible, regar- dees comme egales , et comme , de plus , la faible difference serait a tres peu pros proportionnelle a Taction calorifique du soleil, nous pourrons considerer, a ces epoques, les oscilla- tions barometriques comme simplcment proportionnelles a Tac- tion calorifique du soleil sous chaque parallele , multipliee par le carre du cosinus de la latitude. Cela pose , lorsque les rayons solaires tombent verticalement sur un pays , une portion n de ces rayons est absorbee par Tat- mosphere , une autre b est absorbee par le sol , enfin une troi- sieme c , deja tres-faible , est reflechie et traverse de nouveau Tatmosphere, par laquelle elle est presque complelement absor- bee. Une portion de cette quantite c se perd dans Tespace , nous la negligerons par rapport a la quantite tolale de chaleur qui vient du soleil. Le sol sVtant echauffe par Taction de la portion b des rayons solaires, perd sa chaleur de deux manieres : d'une part, par le contact de Tair qui la Iui enleve ; de i'autre , par rayonnement. Mais les rayons d<^ chaleur qu'il envoie, par suite du grand pouvoir absorbant de Tatmosphere sur les rayons terrestres , sont presque entierement absorbes par J'atmosphere : nous ne- 118 THEORIE MATHEMATIQUE gligerons la quantite perdue qui est ires petite. De sorte que definitivement la quantite totale de chalcur qu'envoic lc soleil a un pays sur lequel ses rayons dardent verticalement , est lina- leraent employee a echauffer la colonne d'air verticale qui re- couvre ce pays. Soit maintenant z la distance zenithale du soleil dans un se- cond pays, ou nous considererons un faisceau de rayons solaires egal a celui que nous venons de voir tomber verticalement dans le premier pays, et appelons pour ce second faisceau a, , bt , c, les quantites analogues, mais d'un rapport different entre elles, eu egard a l'inclinaison , aux quantites a, b, c du premier fais- ceau, les deux sommes seront egales et Ton aura : at + bl + c{ = a + b + c. Cela pose , les rayons solaires directs et reflechis ont par- couru dans l'almosphere du second pays un espace plus grand que dans celle du premier. Si on appelle h la hauteur de l'al- mosphere , h etait le chemin parcouru dans le premier pays , h sec z sera le chemin parcouru dans le second en supposant la surface superieure de ralmosphere horizontal , ce qui ne pourra produire d'erreur , eu egard au grand rayon de la la terre et a la pelitesse de la hauteur de l'atmosphere , que quand z sera voisin de 90°. Nous supposerons ici qu'il en differe au moins de quelques degres. Les quantites as et c, seront done absorbees dans une lon- gueur h sec z. L'elevation totale de temperature qu'elles pro^ duiront, sera a celle qu'elles auraient produite, si elles avaient ete absorbees dans une longueur h seulement , en raison in- verse de la longueur des espaces parcourus .? Ce rapport sera h (lonc/~^ — 7 > rapport qui est egal a cos z. Le faisceau rencontranl le sol obliquement , la portion ab- DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. I 19 sorbee b, le sera dans un espace plus grand qu'il n'eut etc , si le faisceau etait lombe perpendiculairement sur le sol , et il est facile de voir que le plus grand de ces espaces est a l'aulre comme 1 est a cos z. Or , T elevation de temperature produite etant en raison inverse de ces espaces , le rapport de Techauf- fement produit par bt a celui qu'il cut produit si les rayons avaicnt ete perpendiculaires , sera cos z. L'action calorifique du sol sur la portion d'atmosphere qui le recouvre verlicale- ment etant proportionnelle a sa temperature , Televation de temperature produite par bt en retournant du sol a l'atmo- sphere , sera a ce qu'elle eut ete , si les rayons du soleil avaient ete perpendiculaires, comme cos z est a /. L'action echauffante sur l'atmosphere des trois quantites at, blt ct, c'est-a-dire, du faisceau solaire entier, sera done a ce qu'elle cut ete si le faisceau avait ete perpendiculaire , comme cos z est a 1 ; c'est-a-dire, que Taction calorifique du soleil sera proportionnelle, en un point quelconque, au cosinus de sa dis- tance zenithale (*). (*) Lorsque la distance zenithale approche de 90°, il est visible que cette expression donnerait pour l'action calorifique du soleil une valour trop petite , mais l'erreur commise en Tadmettant sera beaucoup dimi- nuee en ce que, pour les grandes inclinaisons, la reflexion de la chaleur augnientera beaucoup, et par suite la quantite de chaleur qui ressort de 1'atmospherc , n'est plus negligeable, comme nous l'avions suppose pour les incidences plus petites. D'ailleurs , nous n'aurons pas a comparer a la theorie d'observations faites aupres du pt'ile, et quand nous prendrons les integrales de Taction solaire pendant tonic la journee sur un point, comme la partie considerable de cette action ne commence que quand le soleil s'est deja eleve a plusieurs degr6s au dessus de {'horizon , nous n'aurons pas d'erreur sensible a craindre en admeltant la fprmule jus- qu'a Thorizon. Dans ce qui precede , nous avous neglige une petite portion de la chaleur solaire, Ir&s faible h la M'rile, ipii ressort a travers l'atmosphere raO THEOniE MATHEMATIQUE Proposons-nous maintenant de determiner aux equinoxes lu variation avec la latitude de l'action calorifique du soleil. Pour cela, soient I la latitude d'un point, n le moyen mouve- ment de la terre, t le temps qui separe l'instant actuel de midi en ce point (t sera negatif le matin , positif l'apres-midi ) , z la distance zenithale du soleil , a Taction calorifique perpendicu- laire du soleil sur l'epaisseur totale de l'atmosphere , — t , l'in- stant du lever, t, l'instant du coucher du soleil. L'action calori- fique b du soleil au point donne sera b = a f cos z dt. — t sans l'echauffer. Cette petite portion se compose de deux parties : Tune est la portion non absorbee de la quantite de chaleur reflechie par le sol , qui croit proporlionnellement a cette quantite de chaleur reflechie , et par consequent avec la distance zenithale du soleil ; l'autre est la portion non absorbee de la quantite de chaleur rayonnee par le sol , a laquelle elle est proportionnelle. Or, la quantite de chaleur rayonnee, egale a la quantite absorbee , decroit, quand la distance zenithale aug- mente, suivant un rapport plus grand que celui qui resulterait de la seule influence de l'inclinaison des rayons sur le boI, a cause de l'accroisse- ment des epaisseurs atmospheriques que les rayons solaires ont a tra- verser pour atteindre le sol. Ainsi, des deux quantites de chaleur solaire qui ne sont pas employees a echauffer l'atmosphere et qui sont toutes les deux tres petites, l'une croit avec la distance zenithale, l'autre decroit dans les mfimes circonstances , de sorte que leur somme , qui est tres petite, peut etre regardee sans erreur sensible comme une quantite constante a retrancher de chaque faisceau solaire , de sorte qu'en appe- lant a et a, les quantites de chaleur absorbees dans le premier trajet a travers l'atmosphere dans deux pays differents , b et b, les portions des quantites absorbees par le sol qui retoument ensuite a l'atmospliere, c el c, les seules portions des rayons reflechis absorbees par l'atmosphere, nous pourrons poser sans erreur sensible, comme nous l'avons fait plus haul. : DES OSCILLATIONS DU BAROMETnE. 121 Mais on a par la trigonometric spherique : cos z = cos I cos nt done <, b = a cos I / cos nt dt. — t Aux equinoxes , les valeurs de lt ou les heures du lever et du coucher du soleil,sont les niemes par toute la terre. Par suite, l'integrale precedente est la meme par toute la terre ; done Tac- tion calorifique du soleil est proportionnelle aux equinoxes au cosinus de la latitude ('). (*) Ce que nous avons dit precedemment suppose que la portion de chaleur absorbee par le sol retourne immediatement a l'atmosphere, ce qui n'a pas lieu. Le sol qui a ete echaufle continue de rayonner sa cha- leur et les vapeurs se condensent pendant toute la nuit, ce qui tend a diminuer la difference des temperatures de l'atmosphere du jour a la nuit, et par consequent les amplitudes des oscillations. Si cette action etait proportionnelle au cosinus de la latitude, elle ne modifierait pas le decroissement theorique que nous venons d'indiquer ; mais il n'en est pas ainsi , la quantite de chaleur qui arrive au sol decroissant plus rapi- dement que le cosinus de la latitude, cette action doit plus diminuer proportionnellement les amplitudes a mesure que Ton se rapproche de l'equateur, mais celte difference sera evidemment tres petite et sera compensee a pen pres par une autre que nous allons indiquer. Voici cette seconde difference : Nous avons suppose1 dans ce qui precede les accroissements et diminu- tions de vitesse angulaire de l'atmosphere, proportionnels a la quantite de chaleur du soleil absorbee par l'atmosphere, cela aura lieu a fort pen pres. Mais on conceit toutefois que si , sur cette quantite de chaleur absorbee, les regions inferieures en absorbent plus proportionnellement que les regions superieures du cote de I'equateur que du cote des poles, les variations de vitesse angulaire decroitront plus rapidement, toutes choses egales d'ailleurs, que la quantity de chaleur solaire absorbee. Or, e'est ce qui a lieu. Ainsi cette petite influence tendrait a faire decroftre les amplitudes plus rapidement que le cosinus de la latitude. Elle agit done m sens inverse de la precedente, e'esl ce qui nous permet de les riecliuer toutes les deux. 122 THEORIE MATHEMAT1QUE Ainsi , d'apres ce que nous avons dit precedemment , aux equinoxes les amplitudes des oscillations barometriques seront en appelant h cette amplitude a l'equateur, h cos3 1 au lieu dont la latitude est i. Si nous possesions de longues series d'observations faites aux equinoxes sur un grand nombre de points , nous pourrions leur comparer la formule precedente , pour reconnaitre si la theorie qui nous l'a fournie est exacte , mais a cause des varia- tions irregulieres du barometre et qui sont dues a une cause autre que celle qui nous occupe , il n'y a qu'un tres petit nom- bre de points ou les observations aient etc continuees assez longtemps pour que Ton puisse prendre les observations voi- sines des equinoxes seules, sans crainte de grandes anomalies. Nous serons done forces d'employer les observations de toute l'annee , et il est aise de voir que la formule h cos3 I devra les representor tres approximativement, si la theorie est exacte. En effet , si les variations de hauteur de l'atmosphere sont plus grandes dans une saison qu'aux equinoxes a cause que les de- clinaisons sont boreales , elles seront moindres dans 1'autre sai- son a cause que les declinaisons seront australes (e'est d'ailleurs ce qu'indiquent les observations), et bien que nous ne soyons point certains que ces differences sc compensent exactement, nous pouvons cependant affirmer que les observations de l'ete et de Thiver , reunies a celles des equinoxes , doivent donner une moyenne qui ne differera pas beaucoup de celle des equi- noxes (*). (*) Les meteorologistes prennent ordinaircment pour nicsure do ram- plitude des oscillations regulieres la demi-somme de la periodc diurne et de la periode du soir , et il est evident que la loi du decroissement de cette demi-somme sera la meme que celle de la somme. Pour nous conformer a 1'usage , nous prendrons aussi pour mesuse de ramplitudc DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. 125 Kaemtz ayant reuni dans un tableau les observations faites sur un grand nombre de points , nous ferons usage de ce ta- bleau pour comparer notre theorie aux observations, Nous y joindrons les observations faites a Cherbourg par M. Lamarclie et celles qui ont ete faites a Bosekop par la Commission scienli- fique du Nord (*). Pour comparer maintenant notre formule aux observations, il a fallu d'abord determiner h, e'est-a-dire, l'amplitude moyenne des oscillations a 1'equateur. Mais, comme il n'y a que tres peu d'observations sous 1'equateur meme, et comme le cosinus de la latitude varie d'abord tres lentement, nous avons pris toutcsles observations jusqu'a 12° aunordet au sud de 1'equateur. En les cette demi-somme , et nous dirons alors que la premiere action do la chaleur solaire sur l'equilibre atmospherique a pour mesure le double de l'amplitude. (*) Lorsqu'on s'eleve au dessus du niveau de la mer, ramplitude des oscillations diminue , il faut done a l'aide d'une formule de correction ramener les oscillations a ce qu'elles seraient au niveau de la mer. C'est ce qu'a fait Kaemtz dans la table citee. II s'est servi pour cela d'une for- mule qu'il a deduite d'un grand nombre d'observations dans les mon- tagnes , et qui doit , par consequent, etre tres pres de la verite. II peut toutefois rester de Fincertitude sur cette formule ; mais nous ferons re- marque r, que, dans la table dontnous allons nous servir, plusieurs points sont au niveau de la mer , et consequemment n'ont nullement besoin de correction ; presque tous les autres sont tres peu eleves au dessus de ce niveau, de sorte que la correction n'est pour eux , d'apres la formule citee, que de 2 on 5 centimes de millimetre. Unc legere modification a la formule ne cbangerait done rien a cette correction. II n'y a que 8 a 10 points pour lesquels elle soil plus grunde, et encore dans ce nombre, il n'y en a que 4 ou Ton put reellement craindre une erreur, et precisS- ment les 'observations de ces 4 points , qui sont : Santa-Fe- de-Bogota , Quito, Mexico et Antisana, une fois corrigees, donnent des resultals ana- logues a eeux des autres points siturs dans lis memes latitudes. On n'a done pas d'orreur a craindre du cot6 de cette formule do correction. 124 THECmiE MATIIEMATIQUE divisant par le cube du cosinus de la latitude, nous les avons ramenees ace qu'elles seraient a l'equateur meme, d'apres notre formnle. Nous avons pris cnsuite la moyenne de ccs observa- tions que nous avons trouvee egale a 2mm,205. Nous negligeons les milliemes, parce que les observations ne comportent pas une aussi grande precision, et nous adopterons 2mm,20 pour la valeur h. Alors la formule deviendra 2mm,20 cos3 I. Nous avons represente l'accord de cette formule avec les ob- servations dans un tableau joint a la fin de ce memoire. Les points des observations, au lieu d'etre ranges suivant 1'ampli- tude des oscillations, comme dans letraile de meteorologie de Kaemtz, sont ranges suivant leur distance a l'equateur. La pre- miere colonne renferme les latitudes, la seconde, les amplitudes observees, ramenees au niveau de la mer, la troisieme, les am- plitudes calculees d'apres la formule theorique, enfin la qua- trieme, la difference des amplitudes calculees et observees. En jetant les yeux sur cette quatrieme colonne , on voit que ces differences en plus et en moins sont a peu pres egales pour chaque latitude, et qu'elles diminuent avec la latitude. II est facile d'en conclure qu'un decroissement plus lent ou plus ra- pide ne represenlerait pas aussi bien la moyenne des obser- vations sous chaque parallele. Nous terminerons par la remarque suivanle cc que nous avons a dire de l'influence de la latitude. Considerons tous les points situes sur le meme meridien ou se trouve a un instant donne un maximum ou un minimum de pression. Les exces ou dimi- nutions de pression sur la pression moyenne ne sont pas les memes a tous ces points, mais diminuent comme le cube du cosinus de la latitude. On pourrait croire alors qu'il devrait y avoir des ondulations se propageant du sud au nord. Mais si on reflechit a la grande distance qu'il faut parcourir le long d'un meridien pour que la pression varie sculement d'un cen- DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. 121) tieme de millimetre , et au peu de duree de ces differences qui changent bienlot de signe , on verra qu'il n'en resultera pas une force suflisante pour vaincre l'inertie et les frottements de 1'atmospheTe. 5° De la variation de I' amplitude dcs oscillations suivant la saison. Soit D la declinaison du soleil a un jour donne, nous ferons D positif quand la declinaison sera boreale , negatif quand ellc sera australe. Nous negligerons les variations de D pendant l'in- tervallc d'un jour, car ces variations etant tres petiles n'auronl pas d'influence sensible sur Tiutegrale de Taction calorifique du soleil pendant un jour sur un point donne. Nommons maintenant z la distance zenithale du soleil en un point donne , dont la latitude est I, et soit nt son angle horaire, on aura la formule : cos z = cos D cos / cos nt -f- sin D sin I. En substituant cette valeur dans l'expression a f cos z dt, qui — t represente l'iniegrale de Taction solaire sur un point pendant un jour, et observant que, pendant cette duree, nous faisons D con- stant, on aura pour Taction caloriflque du soleil, au point donne : 2a b = — cos D cos / sin nt, -\-2al, sin D sin I. n En prcnant pour unite de temps le temps moyen compris entre deux midis consecutifs , on aura n —in, et 2f, sera une fraction qui represenlera le temps que le soleil aura ete sur Thorizon. En faisant donc5«,=:t la formule prccedente devicndra a b =— cos D cos I sin nt + at sin 1) sin /. 1 26 THEOKIE MATHEMATIQUE Comme, dans le cas acluel, on peut se dispenser d'avoir egard aux variations du temps conipris entre deux midis con- secutifs, nous supposerons tous les jours egaux, et nous pour- rons admettre sans erreur sensible que , autant la duree de la presence du soleil sur l'horizon surpassera £ en ete , autant elle lui sera inferieure en hiver. Ainsi , pour une meme valeur absolue de la declinaison , qu'elle soit australe ou boreale , sin nt aura la meme valeur. Le premier terme de la valeur precedente de b qui sera aux - • a equinoxes — cos I , pmsqu'alors sin m = 1 et cos D = / , di- minuera done de la meme maniere en hiver et en ete. Le se- cond terme de cette meme valeur sera hiil aux equinoxes puis- qu'alors sin D = o, il sera negatif en hiver parce que sin D sera alors negatif, et positif en ete parce que sin D sera alors positif. Les variations des deux termes de la valeur de b tendront done a faire diminuer cette valeur en hiver, tandis que celles du premier terme tendront a la faire diminuer en ete, et celles du second a la faire augmenter. Ce second terme , abstraction faite de son signe , sera plus grand en ete qu'en hiver a cause de la plus grande valeur de t dans cette saison. Le rapport de l'augmentation de Taction calorifique du soleil depuis les equinoxes a l'ete , a sa diminution des equinoxes a I'hiver, variera done avec la latitude puisqu'il dependra de l'im- portance relative des valeurs de ces deux termes, importance qui varie avec la latitude. La formule precedente represente Taction calorifique du soleil lorsque le sol est horizontal ; mais Texpression que Ton devrait obtenir lorsqu'il est incline , serait differente et varierait avec cette inclinaison. Le rapport des differences de Taction solaire de Tele aux equinoxes et de ceux-ci a Thiver variera done par des circonstances locales. DES OSCILLATIONS DU 1JAROMETRE. 127 La valeur dc l'expression — cos D cos I sin nt -+- ai sin D sin I qui represente Taction calorifique du soleil, changera beaucoup avec la declinaison dans les latitudes elevees; mais les ampli- tudes des oscillations barometriques ne varieront pas autant avec la saison , car elles seront proportionnelles , ainsi que nous l'avons deja dit , a Taction calorifique du soleil , dimi- nuee du refroidissement diurne et augmentec du refroidis- sement nocturne, le tout multiplie par le carre du cosinus de la latitude. En biver, le refroidissement nocturne depassera le refroidis- sement diurne a cause de la longueur des nuits, et cette diffe- rence croitra avec la latitude. En ete, ce sera, au contraire, le refroidissement diurne qui depassera le refroidissement noc- turne. L'action de cette difference des deux refroidissements sera donc^ d'augmenter les amplitudes de Thiver d'autant plus que la diminution de Taction calorifique tendra a les faire dimi- nuer davantage, et de les diminuer en ete d'autant plus qu'elles tendront a augmenter par Taccroissement de cette action calo- rifique. Les amplitudes des oscillations barometriques de Teteet de Tiiiver differeront done moins proportionnellement que les actions calorifiques du soleil dans ces deux saisons; e'est, en effet, ce que Ton observe. Si, eu egard a la faible difference de temperature d'un jour a la nuit suivante , comparativement a la basse temperature de Tespacc , nous regardons le refroidissement pendant un certain temps de la nuit comme egal au refroidissement pendant le merac temps du jour, les amplitudes seront en hiver, en appe- lant A Taction calorifique du soleil et K le refroidissement moyen dans cette saison , et nommant de plus 2m la difference du jour a la nuit , proportionnelles a ( A + 2mR ) cos2 /. En appelant pour Tele A, et U, les quantites analogues a A et 128 THEORIE MATHEMAT1QUE R en hiver , les amplitudes dans cette saison seront proper tionnelles a ( A, — 2m R, ) cos2 I. R el R, different peu a cause de la basse temperature de l'es- pace, mais cependant R, est plus grand que R. L'action des re- froidissements sera done plus grande en ete qu'en hiver pour empecher les amplitudes de s'eloigner de leur valeur aux equi- noxes , mais ces differences seront peu considerables. II resulte done de tout ce qui precede que le minimum de l'amplitude de la variation baromelrique sera en hiver , et le maximum , en ete , a moins de circonstances locales. C'est ce que confirment des series d'observations horaires faites pendant dix ans a Halle et a Milan. Bien qu'elles ren- ferment encore quelques anomalies , le minimum de l'hiver et le maximum de l'ete sont tres sensibles. Si des series semblables , ou plutot plus longues , avaient ete faites sur un grand nombre de points , nous pourrions compa- rer notre theorie aux observations sous le rapport de l'influence de la saison , comme nous l'avons fait pour celle de la latitude ; mais malheureusement on s'est contente d'observer trois ou quatre fois par jour seulement. Toutefois , a defaut d'observations sufllsantes , la theorie precedente rend parfaitement compte de la difference des re- sultats auxquels sont parvenus les observateurs, lorsqu'ils ont voulu deduire de leurs observations l'influence dela saison. En effel , tous , conformement a cette theorie , s'accordent a placer le minimum en hiver. Mais , pour le maximum , les uns le placent en ete, d'autres en automne, d'autres au printemps, d'autres enfin ont cru en reconnaitre plusieurs. Ce qui s'ex- plique parce que le maximum de l'ete etant beaucoup moins sensible que le minimum de l'hiver, peut plus facilement etre deplace par les influences locales, et de plus, il faut des series d'observations beaucoup plus longues pour le reconnaitre. DES OSCILLATIONS UU BARQMETRE. 120 D'ailleurs, il faudrait pour cola observer aux heures tropiques qui convienncut a chaque saison, ce que Ton n'a presque ja- mais fait. Nola. — Pour achever de demontrer la theorie precedente des osciilations regulieres du barometre , il faut faire voir ap- proximativement que les variations de vitesse angulaire pro- duites dans 1' atmosphere par la chaleur solaire sont assez grandes pour donner lieu a ces oscillations. Pour cela , remarquons d'abord que si nous appelons II le rayon terrestre, I la latitude d'un parallele ct n le moyen mou- vement de la terre , la quantity totale de force produite sous chaque parallele par les dilatations pendant l'instant dl est la meme que si une tranche atmospherique d'epaisseur nRcos/dt recevait tout a coup un retard de vitesse egal a celui que de- termluerait en elle la difference entre le maximum et le mini- mum de temperature. L'exces de vitesse produit par les con- tractions pendant cet instant dt serait de meme egal a celui que determinerait dans la tranche n R cos / dl la difference entre le maximum et le minimum de temperature. La tranche atmospherique qui recouvre le point de moyenne temperature du matin, sera done pressee , en vertu de la pre- miere action, de part et d'autrc, de plus que celle qui recouvre le point de moyenne temperature du soil' , par la force resul- tant des variations de vitesse que produirait la difference entre le maximum et le minimum de temperature dans une tranche atmospherique d'epaisseur n R cos / dl. Cela pose , soieut h la hauteur d'une couche atmospherique, K, sa densite et K la densite moyenne de l'atmosphere a la sur- i face du sol, en prenant celle du mercure pour unite, K= : 1040S cj 1'intensite de la pesanteur , que nous supposerons constante, 150 THEORIE MATHEMATIQDE a cause de la pelitessc de ses variations, et egale a 9m,8 ; mh la difference tie hauteur au dessus du sol de la couclie d'air con- sidered au maximum et au minimum de temperature; p, la dif- ference de force elastique que la destruction des variations de vilesse angulaire de l'atmosphere doit produire a la hauteur h entre les instants de moyenne temperature du matin et du soir, enfin ds F element de surface et dt Felement du temps ( nous prenons la seconde sexagesimale pour unite de temps) , on devra avoir dans la couche considered a Fequateur , en negli- geant la non sphericite de la terre et prenant la valeur 0367000 metres pour son rayon , Fequation : 27r.6367000m 2tt mil , , , 86400 ■mmK'dsdt = i,'lJ(hdt ou , en reduisant et effectuant les calculs, 3mm,44 . mh K, = pt. Remarquons maintenant que, pour l'equilibre atmospherique, la couche d'air de hauteur h ne peut acquerir 1'accroissenient de force elastique pt que si la couche d'air a la surface du sol acquiert, du moins a tres peu pres, l'accroissement de force p K elastique -— . Si done nous appelons p la difference de force elastique que la destruction des variations de vilesse angulaire dans la couche de hauteur h doit produire a la surface du sol entre les instants de moyenne temperature du matin et du soir , nous aurons a tres peu pres : 3mm 44 _ ,„/j -JL = 10468 p. K p croit avec h , e'est done la couche limite de l'atmosphere qui determine la valeur de p. A la verite , l'accroissement de pres- sion p a la surface du sol vers 9 heures du matin n'est contre- balance qu'en partie a cette surface, et Fair devra s'ecouler de cc point a l'est et a 1'ouest, en vertu de cet exces , mais cet ecoulement devra elre tres lent et compense sans cesse par la DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. 151 compression de la couclie limite tie l'atmosphere au dessus de ce point, compression necessaire pour le maintien de la diffe- rence constants de pression a cetle limite , resultant de la des- truction des variations de vitesse angulaire qui s'y produisent. Si nous admettons 40000 metres pour hauteur de l'atmo- sphere, et en admettant, comme on le fait generalement , une hauteur plus grande , la valeur de p serait encore plus grande que celle que nous allons obtenir, un accroissement de tempe- rature de 8 a 9 degres dans une colonne atmospherique, ce qui est la variation moyenne de la surface du sol a l'equateur , auginentera d'environ 1200 metres la hauteur de cette colonne. Or, cet exces passant de proche en proche sur les colonnes voisines , elles se contracteront par suite de l'accroissement de pression ; la premiere , au contraire, se dilatera par suite de la diminution de cette memo pression , de telle sortc quelle pre- senter encore un exces de hauteur sur ces dernieres presque aussi grand que la premiere fois. Ce nouvel exces passera de nouveau sur les aulres colonnes et ainsi de suite , jusqu'a ce qu'elles aient toutes la meme hauteur. II est facile de voir, d'a- pres la loi de decroissement des densites que Ton doit admeltre dans l'atmosphere lorsqu'on suppose sa hauteur de 40000 metres, que, quand cela aura lieu , la couche d'air qui se trouvera a la limite superieure de la colonne echauffee devail se trouver au moins a environ 15 a 14 mille metres au dessous avant l'ac- croissement de temperature. Dans ce qui precede , nous avons suppose que la hauteur de la colonne echauffee fmirait par se reduire a celle des colonnes possedant la temperature primitive , mais , comme cela ne pourrait avoir lieu qu'autant que le poids de cette colonne serait beaucoup moindre que celui des autres , il y aura ecou- lement de l'air a la surface du sol de ces dernieres vers la pre- miere, ce qui auginentera encore le soulevement de ses couches |3U2 THEORIE MATHEMATIQUE superieures. Cela prouve qu'il ne faut pas dans toutc l'epaisseur atmospherique une difference de temperature aussi grande que celle qui a lieu a la surface du sol entre le maximum et le mi- nimum pour que la couche limite de l'atmosphere soit soule. vee de 13 a 14000 metres. — Toutefois, comme la variation de temperature du jour a la nuit diminue quand on s'elevc dans l'atmosphere , on ne peut guere admettre qu'il doive se pro- duire un soulevement plus grand que celui que nous venous d'indiquer pour un accroissement de temperature de 8 a 9° a la surface du sol. Si dans liquation precedente 3min,44 . mh — 10468 p qui donne la valeur de p a l'equateur ou du double de ramplitude des oscillations baromelriques, on subsiitue pour mh une valeur de 15 a 14 mille metres , on retrouve a tres peu pres la valeur 4mm,40 qui nous a ete fournie par les observations. Ou voit done que la variation de temperature de 8 a 9 degres qui a lieu moyennement a l'equateur ( en mer , cette variation est moindre, mais le soulevement de l'atmosphere est augmente par une plus grande formation de vapeur, l'une des causes de cette moindre variation) doit necessairement produire une va- riation baromelrique egale a cello qu'on y observe. Le calcul precedent est done une demonstration directe de la theorie que j'ai exposee. De plus , comme le decroissement Iheorique est verifi<; par les observations , l'accord numerique que je viens de signaler a l'equateur, a lieu sous tous les paralleles. II. — LOl DE LA VARIATION MOYENNE DE TEMPERATURE AVEC LA LATITUDE. Nous avons vu precedemment que la quantite de chaleur so- laire absorbee par l'atmosphere decroit movennement de l'<- DES OSCILLATIONS DU BARO.METRE. loo quatenr aux poles comme le cosinus de la latitude. Mais la loi de variation des temperatures terrestres ne depend pas seule- meni dp la loi de ce decroissement , elle depend avissi du me- lange qui s'opere par Taction des vents entre les diflerentes masses d'air inegalemcnt chaudes et humides. L'efTet de ce me- lange est de refroidir les regions equatoriales et de rechauffer les regions polaires. Soient h la quantite de chaleur solaire absorbee a l'equateur par la portion d'atmosphere qui recouvrc l'unite de surface , et / la latitude; h cos / sera la quantite de chaleur absorbee sous W. parallele dont la latitude est I , par la portion d'atmosphere qui recouvre l'unite de surface. 2w h cos2 / dl representera alors la quantite totale de chaleur solaire absorbee sous ce parallele, en prenant le rayon terrcstre pour unite. En integrant cette expression entre 0 et 90°, le resultat— h sera la quantite totale de chaleur solaire absorbee dans un hemisphere. En la divi- sant par la surface in de cet hemisphere,— h sera la quantite 4 moyenne de chaleur absorbee par la portion d'atmosphere qui recouvre l'unite de surface. Comme h cos I represente la quan- tite absorbee sous le parallele dont le cosinus de la latitude est /, cette quantite moyenne — h sera absorbee sous le paral- lele dont le cosinus de la latitude egale^- . 4 L'elTet du melange des masses d'air sera done qu'une partie de l'exees de chaleur absorbee entre ce parallele et l'equa- teur, sur la quantite moyenne, execs dont l'espression est 77 h (cos / — -) en chaque point, sera employee a echauffer les 4 regions polaires. Cette portion de chaleur perdue ainsi devra 134 THFORIE MATHEMATIQUE etre en chaque point proportionnelle a cet exces. Son expres- sion sera done kh (cos/— y), k etant une fraction constante. Entre le parallele dont le cosinus de la latitude est— et les 4 poles , chaque point recevra de meme , outre les rayons directs du soleil , une quantite de chaleur provenant du melange des masses d'air proportionnelle a h (— ■ — cos I). L'expression de cette quantite recue sera done kth (~ —[cos I), kt etant une 4 fraction constante. 7T En multipliant par in cos / dl l'expression k h (cos, I — - ) , 4 on aura la quantite totale de chaleur perdue sous chaque pa- rallele du cote de l'equateur , et en integrant cette expression depuis I = o jusqu'a I = arc cos — on aura la quantite totale 4 de chaleur perdue entre l'equateur et le parallele ou Taction solaire est egale a la moyenne. . arccos^L , \ / 4 . 7T 7r" \ 1 Cette quantite est ^k I h — ~« — ( 1 — -) I En multipliant de meme par "-n cos I dl l'expression kt h (— — cos / ) et l'integrant entre / = arc cos — et / = 90° , 4 4 on aura de meme la quantite totale de chaleur rec.ue par les regions polaires par suite du melange des masses d'air. / arccos!!, \ Cette quantite est 2;r kt lh - —h~ (1 — — ) I Oi", la quantite totale de chaleur perdue du cole de l'equateur devant etre egale a celle qui est gagnee du cote des poles , les DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. IT..". deux expressions precedentes doivent etre egales, done /» = kt. La quantite totale de chaleur recue en chaque point , tant par Taction directe du soleil, que par le melange des masses d'air, sera done representee par l'expression h cos I — kh (cos / — - ). Le second terme change de signe quand cos I = -, de sorte que de soustractif pour les regions equatoriales , il devient additif pour les regions polaires. L'expression precedente pent se transformer ainsi (1 — k) h cos I — k h—, elleest done de la forme H cos / — K, H et K etant des constantes. La quan- tite moyenne de chaleur solaire recue dans un hemisphere, le sera sous le parallele dont le cosinus de la latitude egale - et son expression sera Hy — K. Ce que nous venons de dire s'applique aux quantites tolales de chaleur regues par l'atmosphere. Mais , dans les regions equatoriales , les couches iuferieures de l'atmosphere en re- coivent , relativement aux couches superieures , de la part de Taction directe du soleil , une quantite plus grande que dans les regions polaires, car les rayons solaires ont moyennement traverse une moins grande epaisseur d'air quand ils arrivent aux couches inferieures et au sol que dans les regions polaires. II semblerait done de la que le deei'oissement de la temperature avec la hauteur devrait etre plus grand a Tequateur que dans les hautes latitudes. Cependant , on observe partout a pen pres le meme di-croissenienl pour des epaisseurs atmospheriques de meme poids. Ainsi , M. de Humboldt, a trouve dans TAmerique equinoxiale, qu'il fallait pour un abaissement d'un degre une moyenne de 187 a 190 metres. Dans leurs ascensions aerosla- 156 THEORIE MATHEMAT1QUE tiques, MM. Zeun et Jungius ont irouve 189 metres, M. Gay- Lussae 480 metres , MM Graham ct Beaufoy 185 metres. An Spitzberg, les membres de la Commission scientifique du Nord, ont trouve 172 metres. Or , dans l'lnde meridionnale on a Irouve 177 metres. Dans la Siberie occidenlale on a obtenu 247 metres , et dans le Nord de l'lndoustan 226 , aux Etals- Unis 222. Dans son ascension, M. Saeharoff a trouve 22-4 metres, M. Clayton en 2 voyages, 204 metres. Si Ton a egard aux temperatures qui changent le poidsd'une meme hauteur d'air, on voit que le decroissement pour des epaisseurs atmospheriques de meme poids , varie d'un lieu a un autre par suite de circonstances locales , mais ne suit au- cune loi de variation reguliere de l'equateur aux poles, puis- qu'on trouve dans les regions polaires des decroissements sem- blables a ceux des regions equatoriales. II faut done, d'apres cela , que l'echauffement du sol et des couches inierieures de ['atmosphere , relativement aux couches superieures , qui est plus grand dans les basses que dans les hautes latitudes, donne lieu a des courants ascendants plus forts du cote de l'equateur et qui diminuent la rapidite du decroisse- ment. C'est done dans ces courants ascendants qu'il faut cher- cher la cause qui appelle l'air des latitudes moyennes vers l'e- quateur et qui donne lieu ainsi aux vents alises. Ces courants ascendants devant diminuer rapidement en allant de l'equateur vers les poles , voila pourquoi les vents alises ne se produisent pas dans nos climats. Le melange des masses d'air par Taction des vents est encore une cause qui tend a rendre le decroisse- ment de la temperature avec la hauteur uniforme dans tous les pays. Appelons maintenant i-\-t, la temperature moyenne'de toute l'epaisseur de l'atmosphere en un point quelconque ; t designant cette temperature a l'equateur, tt sera negatif. Comme la dimi- DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. 137 nution do temperature avec la hauteur est moyeimemcni la meme de l'equateur aux poles , il en resulte que le deeroisse- ment de temperature a la surface du sol , de meme que dans les couches d'egale densile, quaud la latitude augmente, sera de merae forme que f,. Nous allons done chercher la forme de ce decroissement. II resulte des lois du refroidissement trouvees par MM. Du- long et Petit, que la quantite de ehaleur perdue par chaque couche de l'almosphere , en chaque point , sera une expression de la forme m a T — a , t designant la temperature de celte cou- che, m, a et a etant des constantes. 11 est facile d'en conclure que la quantite de ehaleur perdue par l'atmosphere au point ou sa temperature moyenne est f-H, , sera representee par une expression de la forme Ma(HA,A etant la quantite de eha- leur que l'atmosphere recoit de l'espace , quantite qui devra etre a tres peu pres constante , et M etant une constante de- pendanle de la nature de l'air et de la loi du decroissement de la temperature avec la hauteur, a = 1,0077 quand on adopte l'echelle du thermometre centigrade. Lorsque l'equilibre des temperatures sera etabli , la quantite de ehaleur ainsi perdue sera egale a la quantite de ehaleur re- cue par Taction directe du soleil et le melange des masses d'air, quantite representee, comme nous l'avons vu, par la l'onnule H cos / — K. On aura done I'equalion : M«' + *t — A = HcosZ— K. D'ou M a ' + '< = H cos I — K + A. En developpant a l< en serie suivant la formule de Maciau- riu , on aura : Mo:*( 1-f 1, Iu+IlJI" + .... )~ Hcosl — K + A. 158 THEOIUE MATHEMAT1QUE tt etant negatif , les termes de la serie de puissances paires sonl positifs et les termes de puissances impaires sont negatifs. Et comme pour les variations de temperature observees a la surface du sol , la serie est tres convergent^ , en la negligeant a partir d'un certain terme , l'erreur commise est moindre que ce terme. La difference de temperature de I'equateur au 60e degre de latitude est de 27 a 28 degres , et c'est dans cet intervalle que nous aurons a comparer le decroissement theorique aux observations. Or, pour cette valeur de tt , celle du troisieme terme de la serie n'est encore que le dixieme de celle du se- cond terme , et le cinquantieme du premier ; de plus la valeur de toute la serie a partir de ce terme est encore moindre. Nous la negligerons done par rapport a ce second terme et nous pourrons poser : M a * (l + t, I a) = H cosi— K+A H , K + A — Ma' „ , „ Dou t = — — j—- cos I — — — j-_ = H, cos t — K, ' M a * I a Ma1 I a ' en posant — — n- = H. et r, — r^ -= K. Ma1 la Ma1 „ K+A-Ma Ma1 la Ul et K, seront des constantes. II resulte de la qu'a une meme difference des cosinus de la latitude, devra corresponds moyennement une meme diffe- rence de temperature moyenne. Nous allons nous proposer mainlenant de voir si les obser- vations confirmeront cette loi. Pour cela , nous avons pris sur la carle des lignes isothermes de l'Atlas pbysique de M. Berghaus, publiee en 1838, les lati- tudes auxquelles les isothermes coupent les meridiens de 10 en 10 degres. La moyenne de ces latitudes pour chaque iso- therme est : DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. 139 HEMISPHERE HEMISPHERE MOYENNE des deux boreal. austral. hemispheres Isotherme de 25" 20° 37' 16° 33' 18° 35' id. de 20° 31° 42' 30° 5' 30° 53' id. de 15° 39° 22' 38° 22' 38° 52' id. de 10° 46° 33' 45° 38' 46° 6' id. de 5° 53° 28' 55° 18' 55° 23' id. de 0° 60° 5' 58° 57' 59° 31' id. de — 5° 65° 28' Or nous avons respectivement pour les cosinus des angles ci-dessus : HEMISPHERE boreal. Difference. HEMISPHERE austral. Difference. MOYENNE des deux hemispheres Difference. 0,956 0,851 0,773 0,687 0,595 0,499 0,415 0,085 0,078 0,086 0,092 0,096 0,084 0,958 0,805 0,784 0,699 0,598 0,516 0,093 0,081 0,085 0,101 0,082 0,948 0,858 0,778 0,693 0,596 0,507 0,090 0.080 0,085 0,097 0,089 0,087 0,088 0,088 On voit que les differences des cosinus s'ecartent peu Tune de l'autre. Les differences qu'elles presentent dans chaque hemisphere avec leur valeur moyenne , ne suivent aucune loi reguliere d'accroissement ou de diminution suivant la latitude', ct memo deux fois la ou se trouve un accroisscment stir la valeur moyenne dans un hemisphere , se presente une diminu- WO THE0R1E MATBEMATIQUE tion dans l'autre, ainsi qu'on le voit par la coniparaison ci- dessous de ces differences : HEMISPHERE BOREAL. HEMISPHERE AUSTRAL. ~ 0,002 _|_ 0,005 - 0,009 _ 0,007 - 0,001 _ 0,003 + 0,005 + 0,015 + 0,009 _ 0,006 - 0,003 Ces petites inegalites peuvent peut-etre provenir en partie des incertitudes qui regrient encore sur une portion du trace des isotherraes. Mais quand meme les isothermes seraient con- mis avec toute la rigueur possible, on devrait encore s'attendre a trouver de petites inegalites semblables. La temperature, en un point donne , est modifiee , en effet , par un grand nombre de circonstances independantes de la latitude. Par l'effet de ces modifications, tantot une ligne isotherme s'approche de l'equa- teur , tantot elie s'en eloigne. Quand on prend la moyenne dis- tance d'une ligne isotherme a I'equateur , ces eloignements ct rapprochements se compensent en "grande partie , c'est ce qui nous permet de trouver une loi reguliere dans les variations de la temperature avec la latitude , mais rien ne nous prouve que ces compensations doivent etre rigoureusement exactes. Ainsi, quand nous cherchons une formule autour des valeurs de la- quelle oscillent les temperatures observers a la surface du globe, nous pouvons negliger ces petites inegalites , puisqu'elles ne suivent aucune loi reguliere, de sorte que les observations s'ac- cordent avec la theorie pour prouver qu'a une meme difference de temperature correspond une meme difference des cosinus des latitudes correspondantes. Pour 5° de temperature , la dif- ference des cosiuus est de 0,088 du rayon moyen de la terre. DES OSCILLATIONS DU BAIiOMETRE. 141 La moyenne distance a l'equatcur des deux isoihermes de 25° est !8°,35',dont le cosinus est 0,948. La difference du cosi- nus de l'equatcur qui est 1'unite et de ce cosinus est 0,052 , difference qui correspond a 2°,9 de temperature, ce qui donne- rait 27°,9 pour la temperature moyenne de l'equateur. C'cst en effet la temperature moyenne de la ligne des maxima de tem- perature. Mais, par une petite irregularite de la nature de celles dont nous avons deja parle, cette ligne ne se confond pas exac- tement avec l'equateur, et sa latitude moyenne est un peu bo- reale. Toutefois, en negligeant encore cette petite irregularite qui provient de la meme cause que les autres , la loi que nous avons enoncee se trouve encore verifiee dans ce cas. La longueur des paralleles diminue rapidemenlentrele 65° et les poles , de sorte que , dans cet intervalle, quand on prend la temperature moyenne sur tous les points d'un meme parallele , les effels des circonstances independantes de Taction solaire doiventde moins en moins se compenser. li en resulte que, dans cet espace, il peut exister de grandes irregularites dans la loi du decroissement des temperatures terrestres, que nous venons d'indiquer. Aussi, la temperature des poles, qui ne sont cha- cun qu'un seul point , peut differer beaucoup de celle que leur assignerait la loi precedents appliquee jusqu'a eux. Ii est toute- fois interessant de remarquer que , d'apres cette loi , leur tem- perature serait de — 28°,6 pour le pole boreal , et — 29°,5 pour le pole austral, soit 28°,8 au dessous de zero pour moyenne des deux poles. II resulte de tout ce qui precede que la temperature moyenne de chaque parallele sera representee en degres ccntigrades, par la formule 5G°,7 cos/ — 28°,8. En mullipliant cette formule [»ar la longueur des paralleles , rinlegrant entre 0 et 90° et la divisant par la surface de 1 'hemisphere , on aura la tem- perature moyenne du globe lerrestre. Cette temperature est 1 12 THEORIE MATHEMATIQUE n 56°,7 — 28°,8, soit d5°,7 et elle se trouve sous le parallele dont le cosinus de la latitude egale -egale 58° 44'. 4? III. — OSCILLATION'S IRREGULIERES DU BAROMETRE. Parmi les theories creees pour expliquer les oscillations irre- gulieres , celle de Deluc a eu le plus grand retentissement. Elle repose sur Taction de la vapeur d'eau sur la pression atmo- spherique ; mais , ainsi que l'a fait voir De Saussure , elle ne rend pas cornpte des faits ; car, alors les plus grandes variations devraient avoir lieu dans Fete et aux environs de l'equateur, oil la quantite de vapeur contenue dans l'atmosphere est la plus grande , tandis que Ton observe precisement le contraire ; et quand meme toute la quantite de vapeur contenue dans l'atmo- sphere viendrait a se condenser , ce qui n'arrive jamais , il n'en pourrait resulter des variations aussi grandes que celles que Ton observe. La marche generalement inverse du barometre et du thermo- metre a conduit Kaemtz a la theorie suivante : quand l'atmos- sphere s'echauffe sur un point , elle se dilate , sa hauteur aug- mente , et l'air se repand sur les points environnants ; de la une diminution de la pression atmospherique sur le point echauffe. II est probable que ce mode d'action , signale par Kaemtz , influe sur les oscillations barometriques ; inais son influence est moindre qu'elle ne parait au premier abord ; car , en meme temps que l'air s'ecoule du point echauffe sur les points voisins dans les regions superieures de l'atmosphere , un mouvement inverse a lieu dans les regions inferieures et diminue 1'effet du HES OSCILLATIONS DLi BAROMETRE. H5 premier sur lapression barometrique. On en aun exemple dans les brises de terre el de nier qui se produisent sur les cotes , et ne modifient pas sensiblement la hauteur du barometre. Les inegalites d'echauffement de points voisins sont une des deux causes premieres des vents ; mais , ainsi que nous venons de )e voir, elles donnent lieu a des vents doubles : de sorte que leur influence sur la pression atmospherique doit etre petite. L'autre cause premiere des vents, et c'est la principale , est la condensation des vapeurs , et celte cause donne lieu a des vents simples, se propageant par aspiration, et qui regnent rarement jusqu'aux limites de l'atmosphere. Cela pose , suppo- sons les temperatures croissantes dans le sens ou se propage un vent d'aspiration , il en resultera que, sur toute cette ligne, un certain volume d'air froid sera remplaee par un egal volume d'air plus chaud, et, par consequent, plus leger. II y aura done baisse du barometre. II y aurait eu hausse si les temperatures avaient etc croissantes dans le sens de la propagation du vent. C'est a cette cause que nous attribuons les oscillations irregu- lieres du barometre. Pour le faire voir , nous ferons remarquer que , dans nos climats , dans l'hiver ou on voit les plus grandes variations de pression, les plus grands changements de temperature diis aux variations dans la direction du ventpeuventatteindre 55 degres et meme au dela, et dans les regions superieures, les variations doivent etre encore plus grandes , car le sol n'influe plus pour regularise!" les temperatures. C'est , au reste , ce que prouve l'enorme variation de temperature que MM. Barral et Bixio ont trouvee dans leur ascension du 27 juillet 1850, bien qu'on fut alors en etc. Or, si on calcule la difference de poids d'unc coucbe atmospherique d'epaisseur constante pour cette difference de temperature , on trouve qu'eile atteinl les J\, envrvon de son poids primilif, de sorte que, sur les \ de la pression totale de ] 14. THEQRIE MATHEMATIQUE Tatmosphere, la varialion serait les ^ de sa valeur environ, soit 8 a 9 centimetres environ , et ce sont en effet les plus grandes differences qui aient ete observees dans les latitudes moyennes. Dans les regions polaires, les plus grandes variations observees atteignent une difference de 11 a 12 centimetres; mais les variations de temperature par Taction des vents sont plus grandes que dans nos climats. Done Taction que je viens d'indiquer est assez puissante pour donner lieu aux oscillations irregulieres du barometre (*). Si la theoriequeje viens d'exposer est exacte, les oscillations doivent etre proportionnelles en un point quelconque a la plus grande difference de temperature entre les vents du Nord et ceux du Midi. Or, Tabaissement de temperature des vents po- laires sur la temperature moyenne de ce point , doit etre egal a la difference des temperatures moyennes de ce point et du pole de son hemisphere, multipliee par un coefficient constant. De meme Televation de temperature produile par les vents equatoriaux doit etre egale a la difference des temperatures moyennes de Tequateur et du point eonsidere, multipliee par un autre coefficient constant. Comme nous avons vu plus haut que le decroissement moyen de la temperature est represente (*) On m'obectera que cette theorie suppose la marche de la temperature tonjours inverse de celle du barometre , tandis qiTon observe quelque- fois le contraire. Mais cette anomalie est facile J exnliquer. En effet, Te- levation ou Tabaissement du barometre sent le resultat de Taction de tous les vents qui regnent a la fois en un point donne jusqu'a la limile de Tatmospliere ; et bien que les regions inferieures se refroidissent, les regions superienres pouiTont s'echauffer et faire baisser le barometre, de sorte que le barometre et le thermometre baisseraient ensemble. Onex- pliquerait de meme comment ils pourraient monter ensemble. La pres- sion atmospl.erique sur un point peut aussi 6tre modifice par celle des points voisins. DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. 145 par une expression de la forme h cos / — k, h — k ctant la temperature cqualoriale, et — k la temperature polaire, la dif- ference de temperature entre les vents venant du pole et de l'equateur, pourra etre representee par une expression de la forme mh (■/ — cos I) + mji cos / , m est le coefficient de Taction echauffantc de l'equateur, m, celui de Taction refroi- dissante du pole, done m est beaucoup plus grand que m1 a cause de Taction des vapcurs cquatoriales, qui sc condensent dans les regions temperees. Les oscillations barometriques de- vront done croilre de l'equateur aux poles, air.si qu'on Tob- serve reellement. Pour comparer la formule aux observations , nous avons em- ploye le tableau public dans le Traite de Meteorologic de Kaemtz, en rangeant les points suivant les latitudes. Pour de- terminer les coefficients m et m, nous avons employe deux equations de condition formees au moyen de la formule , Tune avec les observations intertropieales, l'autre avec les observa- tions faites au dela du 50° de latitude, el nous avons ainsi trouve m=57mm,10; mt= 3ram,70. Dans un tableau joint a ce memoire, nous comparons cette formule aux observations. La premiere colonne renferme les latitudes; la seconde, les amplitudes ob- servees; la troisieme, les amplitudes calculees au moyen de la formule; et la quatriemc, les differences de Tobservation et du calcul. En jetant les yeux sur cette colonne, on voit que les amplitudes observees oscillent egalemcnt autour de la formule, de sorte qu'elle represente bien la moyenne des observations. En biver les variations de temperature dues a Taction des vents sont plus grandes qu'en ete, et cette difference croil avec la latitude. Les amplitudes doivent done croitre plus rapidement avec la latitude en biver qu'en ete. C'est, en effet, ce que Ton observe. Sur les mers, l'action equatoriale est plus grande que sur les 10 146 TIlIiORIE MATIIEMATIQUE conlinenls, a cause de la plus grande quantite de vapeurs ap- pointees par les vents equatoriaux. Les poles des lignes isobaro- metriques devront done se trouver , d'apres la theorie, sur les mers enlre les continents. L'observalion continue encore ce re- sullat. Les oscillations de la prcssion atmospherique doivent pro- duire une foule de vents variables. Ainsi se trouve expliquee la variabilile croissante des vents a mesure que Ton s'eloigne de l'equateur. Ccs nouveaux vents donneront lieu a leur tour a de nouvelles variations de la pression atmospherique, plus faibles toutefois que les premieres (*). L'intensile des vents doit decroitre de l'equateur aux poles , car la cause principale des vents , la formation et la condensa- tion des vapeurs, decroit rapidement dans cet intervalle. Mais, dans la theorie preeedente , les oscillations barometriques sont independantes de cetle intensite. Quant a la pression moyenne de l'atmosphere , elle semble- rait devoir decroitre de l'equateur aux poles, a cause de la for- (*) Dnns nos climats, les vents de S. 0. sont dominants, probablement parce que Fair ctant plus humidc et plus dilate par la chaleur, il faut qu'ils soufflent plus longtemps que les autres pour faire passer la mume quantite d'air. II est aussi possible qu'il se forme entre les continents des courants aeriens fermes comme ceux de la mer. Nous remarquerons aussi que Pair que les courants ascendants equatoriaux ont eleve, s'avaneant en- suite vers les poles , acquiert un accroissement de vitesse vers Pest , qui doit pen a pen se transmettre, par suite des resistances , aux regions in- ferieures, lorsque la latitude de ces courants d'air est assez grande pour que sa vitesse vers Pest soil plus grande que la vitesse vers Pouest de l'alise inferieur. Telle est probablement la cause des vents reguliers d'ouest que Pon trouve vers le trcntieme degre de latitude dans les deux hemispheres. DES OSCILLATIONS DU UAROMETRE. 1 47 malioi) continuelle des vapeurs du cute de l'equateur, vapeurs dont le poids accroit la pression atmospherique. On observe , en effet, ce decroissement a partir du 30e parallele jusqu'au pole, dans chaque hemisphere; mais on observe aussi un de- croissement du 30e parallele a l'equateur , qui provient sans doute de la diminution de la pression atmospherique a l'equa- teur par 1'aspiralion resultant des courants ascendants. 148 TI1E0ME MATIIEMATIQl'E OSCILLATIONS RfiGULIERES. ACCORD DE LA THEORIE ET DES OBSERVATIONS. Oscillations observes Oscillations Differences LIEUX. LATITUDES. requites au calculees en cenliemes niveau tie la d'apres de millimetres mer* la throne. mm mm mm Grand Ocean. 0° 0' 1,71 2,20 49 Quito. 0 13 S. 2,19 2,20 1 Antisana . 0 53 N. 2,25 2,20 — 5 Popayan. 2 26 2,41 2,19 22 Ibague. 4 27 2,27 2,18 — "5 Santa-Fe-de-Bogota . 4 56 2,69 2,18 — 51 Payta. 5 6S. 2,09 2,17 8 Sierra-Leone . 8 50 N. 1,57 2,15 56 Cumana. 10 28 1,80 2,09 29 Caracas. 10 31 2,44 2,09 — 35 La Guayra. 10 36 1,90 2,09 19 Lima. 12 3S. 2,78 2,06 72 Callao. 12 5 1,84 2,06 22 Cliittledroog. 14 11 N. 1,80 2,00 20 Grand Ocean. 16 OS. 1,55 1,95 40 Tui'ti. 17 29 1,64 1,91 27 Grand Ocean. 18 ON. 1,45 1,89 44 Mexico. 19 26 2,20 1,84 — 56 Calcutta. 22 55 1,85 1,75 — 12 Rio-Janeiro. 22 54 S. 1,70 1,72 2 Le Caire. 50 2N. 1,55 1,45 — 12 Rome. 41 54 1,00 0,91 — 9 Viviers. 44 29 0,86 0,80 — 6 Padoue. 45 24 0,51 0,76 25 Milan. 45 28 0,78 0,76 — 2 Clermont-Ferrand. 45 47 0,87 0,75 — *12 Coire. 46 51 0,88 0,70 — 18 Bale. 47 54 0,92 0,68 — 24- Paris. 48 50 0,56 0,63 7 Heidelberg. 49 25 0,65 0,61 — 4 Mannheim. 49 29 0,61 0,61 0 Cherbourg. 49 58 0,40 0,60 20 Cracovie. 50 4 0,36 0,58 22 DES OSCILLATIONS DU BAROMETRE. 149 Oscillations observers Oscillations Differences L1EUX. LATITUDES. r6duites au calculees en oenl ernes niveau de la mer. d'apres la tfafii le mm Prague. 50° 5" X. 0,57 i Francfort-sur-Mein. 50 7 0,74 0,58 — 16 Wetzlar. 50 32 . 0,45 0,56 li Altenberg. 50 45 0,55 0,56 1 Arnstadt. 50 50 0,76 0,55 — 21 Bruxcllcs. 50 50 0,81 0,55 — 26 Zitlau.. 50 52 0,52 0,55 5 Freyberg. 50 55 0,42 0,55 15 I en a. 50 56 0,58 0,55 — o Gotha. 50 56 0,55 0,55 0 Dresde. 51 4 0,53 it,:,", 2 Halle. 51 29 0,50 0,53 5 Minister. 51 58 0,45 0,51 0 Berlin. 52 31 0,35 0,50 13 Port- Famine. 53 58 S. 0,34 0,46 12 Dantzig. 54 21 N. 0,30 0,43 15 Koenigsberg. 54 42 0,19 0,42 25 Apenrade. 55 3 0,37 0,41 4 Kasan. 55 48 0,13 0,59 26 Edimbourg. 55 57 0,26 0,38 12 Christiania. 59 55 0,52 0,28 — 24 Petersbourg. 59 56 0,14 0,28 14 Abo. 60 27 0,26 0,26 0 Bosekop. 66 58 0,21 0,13 — 8 OSCILLATIONS IRRfiGULlERES. ACCORD DE LA FORMULE ET DES OBSERVATIONS. Batavia. Seringapalnam. Tivoli(S'-Domingue). lie de France. Calcutta. LATITUDES. 6°12'S. 12 45 N. 18 35 20 9 S. 22 55 N. Oscillations observers. 2,98 5,53 1,11 8,62 8,28 Oscillations r:ilru!6es Differences ii apres la formule. mm mm 4,02 1,04 5,03 —0,30 6,48 2,57 6,96 — 1,66 7, XI —0,47 150 THEOR1E MATHEMATIQUE Oscillations LIEUX. LATITUDES. Oscillations observL'es . calcul£es d'aprfes la formule. Differences mm mm mm Funchal (Madere). 22»57' N. 10,42 7,81 —2,61 Ha vane. 23 9 6,38 8,02 1,64 Teneriffe. 28 20 8,48 10,11 1,65 Le Caire. 30 2 9,25 10,85 1,60 Bermudes. 32 15 17,10 11,92 —5,18 Bagdad. 33 20 10,45 12,51 2,06 Paramatta (N.S.Wales). 53 49 S. 16,92 12,72 —4,20 Cap de Bonne-Esperance 35 55 12,45 12,78 0,55 Alep. 56 11 N. 9,09 14,01 4,92 New-Harmony (Indiana). 58 11 16,40 15,13 —1,27 Peking. 59 45 16,65 16,03 —0,62 New-Haven(Connecticut) 41 10 25,29 16,89 —8,40 Rome. 41 54 17,15 17,37 0,22 New-Bedford. 41 59 25,65 17,42 —8 23 Cambridge (Massaehusets). 42 23 25,65 17,64 —8,01 Marseille. 45 18 17,69 18,22 0,55 Montpellier. 45 56 18,02 18,44 0,42 Bordeaux. 44 50 21,68 19,24 —2,44 Turin . 45 4 18,09 19,40 1,51 Mantoue. 45 10 18,14 19,45 1,51 Milan. 45 28 19,24 49,67 0,45 Saint-Gothard. 46 0 17,96 19,99 2,05 La Rochelle. 46 9 25,17 20,10 —5,07 Lausanne. 46 51 17,08 20,56 5,28 Nantes. 47 13 22,92 20,84 —2,08 Dijon. 47 19 19,15 20,89 1,76 Bude. 47 50 19,92 21,00 1,08 Mulhouse. 47 49 20,64 21,27 0,63 Munich. 48 8 20,75 21,48 0,75 Vienne. 48 15 20,55 21,54 1,01 Augsbourg. 48 22 20,55 21,64 1,51 Strasbourg. 48 35 21,95 21,80 —0,15 Paris. 48 5*0 25,66 21,96 —1,70 Balisbonne. 49 1 21,66 22,07 0,41 Metz. 49 7 20,80 22,17 1,57 Mannheim. 49 29 25,66 22,59 —1,27 Pi-ague. 50 5 21,54 22,82 1,28 Kamyschin. 50 5 21,86 22,82 0,96 Penzance. 50 12 25,42 22,93 —2,49 Gosport. 50 48 28,69 23,55 —5,34 Arnstadt. 50 50 23,01 25,55 0,54 DES OSCILLATIONS DU BAP.OMETRE. 151 LIEL'X. LATITUDES. Oscillations observees. Oscillations calcul£es d'aprfes la formule. Differences mm mm mm Bruxelles. 50° 50' N. 25,65 23,55 —2,50 Breslau. 51 7 25,14 23,56 0,42 Bristol. 51 27 26,75 25,85 —2,90 Middelbourg. 51 50 28,99 25,88 —5.11 Londres. 51 51 27,88 25,88 —4,00 Go^ltingue. 51 52 25,74 25,88 —1,86 Sagan. 51 42 24,57 25,99 —0,58 La Haye. 52 5 26,94 24,51 —2,65 Berlin. 52 51 25,24 24,64 -0,60 Franecker. 52 56 27,95 24,69 —5,24 Hambourg. 55 55 25,58 25,58 0,00 Iloulouk. 55 55 28,99 25,65 —3,54 Copenhague. 55 41 27,77 26,98 —0,79 Moscow. 55 46 24,05 27,08 5,05 Caterinenbourg. 56 50 20,64 27,89 1,25 Pyscliminsk. 57 0 18,99 27,99 9,00 Sitcha. 57 5 24,50 28,04 5,54 Nain (Labrador). 57 8 52,55 28,10 —4,25 Port-Churchill, 58 47 22,76 29,43 6,67 Stockholm. 59 21 29,87 29,86 —0,01 Tomsk. 59 59 26,01 50,13 4,12 Lpsal. Cnristiania. 59 52 50,16 30,29 0,15 59 55 55,05 50,54 —2,71 Petersbourg. 59 56 29,24 50,54 1,10 Bergen. 60 24 31,27 50,72 —0,55 Abo. 60 27 29,96 50,77 0,81 Iakouzk. 62 2 25,92 52,05 6,15 Umeo. 65 50 32,59 35,55 1,16 Naes(Islande). 64 50 35,91 54,15 — 1,78 Tornea. 65 51 29,75 55,25 5,50 Emmanuel Luis. CHARTE DE GUILLAUME-LE-BATARD , DUG DE NOHMANDIE , ET ENSUTE ROI D ANGLETERRE, Celte charte si imporiante pourl'histoire de Cherbourg et'gene- ralement pour cclle du moyen age Normand, a ete longiemps re- putee perdue. Les auteurs du Gallia Christiana en publiercnt des fragments tires des archives de l'eveche de Coutances, fragments lellement decousus et sans liaison, qu'on voil bien que l'original etait dechire , ou pourri en parlie , ou oblitere. Ce qu'on de- mele de plus positif dans cetle copic imprimee, c'est que le due Guillaume, malade a Cherbourg;, avail faitunvocu. Le savant invcsliga'teur , M. Dubost , archiviste du departement, a trouve dans les archives dont il est un si habile conservaleur une co- pie de la charte primitive deposee au chartrier du chateau de Cherbourg. Cettc copie etait ce qu'on appelle un Vidimus, redige par un consciller du roi de Navarre qui possedait Cherbourg- dans son apanage. On en usail toujours ainsi quand l'exislcnce du litre primordial etait menacee par la vetuste , el celte copie authentique en tenait lieu. Ainsi, nous possedons, grace a M. Dubost , rintcgialite de cetle charte qu'on croyait a jamais perdue. I D4 CIIAftTE CHARLES par la grace de Dicu Roy de Navarre et conte dEvreux a louz ceulz qui ces presenles lettres verront salut. Savoir faisons que nous avons fait estraire du Cartulaire et evangelier dQ la capelle ou eglise de noslre chastel de Chere- bourg la copie de certaines lettres contenues en icellui conte- nant la fourme qui sensuil. In nomine sancte et individue Trinitatis ego peccator Williel- mus Dei gracia dux Normannorum ad servic'mm Dei genilricis et virginis Marie aliorumque sanctorum nomine et mcrito Deo cog- nitorum quorum reliquie in capella castelli Carisburgensis met debita veneratione coluntur ibidem consilio et concensu fdiorum sancte malris Ecclcsie clcricos constitui cum uxorc mea Mathilde nomine canonica instilatione servicntes pro salute nostra et tocius populi catholici quos a sccidaribus vacanlcs el divinis ex debito in- lendentes mercede debita divina jussione sic laboranles ecclesias- tice heredilavi. In quibus ne de medio, ut evenil , sid)oriretur questio singula singulis subnotavi divise , que , ne cujusvis viola- toris vis dolusve imminual , sigillo anathemalis munila catlwli- cus popidus crcdat. De proprio dominatu meo cum reducione et habila tranquilitale concessi Sancte Marie supradicte Ecclesie ad debilum usum clericorum ibidem ad serviendum constilutorum in primis duobus molcndinum de Roca el totam aquam usque dd pontcm el terram de Olhevilla et uni eorum terram ad unam carrucam in Torlachvilla et alteri sccreto lantumdcm in Scel- drevilla el terram singidis ad cdi/icaliones in burgo stipradicli DE GU1LLAUME-LE-BATARD. 155 CHARLES par la grace de Dieu Roy de Navarre el comic d'E- vrcux a lous ceulx qui ces presenles lettrcs vcrronl salul. Savoir faisons que nous avonsfait cxlraire du (Airltdaire et evangelicr de la capelle ou eglise de noslre chasiel de Cherebourg la copie de certaincs lellres conleniies en icelni conlcnanl la foarme qui suit : Au nom de la sainte et indivisible Trinite, moi pechcur Guil- laume par la grace dc Dieu due des Normands, pour le service de la mere de Dieu et vierge Marie et des autres saints conntis de Dieu , par leur nom ct leur merite , donl les reliques sont honorees avec due veneration dans la chapelle de mon chateau de Cherbourg , par le conseil et du consentemenl des fds de noire sainte mere Eglise j'ai fonde ibidem un clerge avec mon epouse Mathilde pour servir Dieu en verlu d'une institution canonique pour notre saint etcelui de tout le peuple catholique et vivre loin des choses du siecle ne s'occupant que des choses divines raoyennant une due recompense , e'est pourquoi pour qu'ils puissent vaquer a ce travail je leur ai conslitue des heri- tages et j'ai assigne chaque don separementa chacun d'eux aim qu'il nc s'eleve point de contestation et pour que la violence ou le dol d'un profanateur quelconque n'y puisse porter atteinic; il laut que le peuple catholique sache que ces donations sont ninnies du sceau de l'anatheme. De mon propre domaine j'ai concede a la susdite eglise de Sainte Marie pour les besoins des clercs etablis pour y fairc le service , d'abord a d(;ux d'entre cux le moulin dc la Roche et toule l'eau jusqu'au pont et la terre d'Otheville, et a Pun d'eux la terre d'une charrue a Torlachville , et au second a part une charruee de terre de memc a Skeldrcville ; je concede du ter- rain a chacun d'eux pour batir dans le bourg a prendre sur 156 CHARTE mei cl propriam domum unicuiquc infra castcllum cl duos porcos V. solidorum in Nativkate Domini cl viginli solidos in Pascha. Prcterea Williclmus de Wavilla constittiit unum clericnm ad serviendum jam dicle Ecclesie pro anima sua et uxoris sue fdio- rumque suorum necnon ct pro anima et salute comilis et uxoris sue filiorumquc suorum de suo dominio ecclcsiam de Aurcnoio cum omnibus decimis ad ipsam pertinentibus el in eadem insula terram ad Ires boves concessit ad usum clerici concessit comitis ct in Sceldrevilla molendinum quod adjacet prope monasterium cjusdem ville et in ipso burgo unum burgenscm ex dono comilis et eandem communitatcm sicut duobus aliis scilicet duos porcos V. sol. in Nativkate Domini et viginti solidos in Pascha et secrelo dimidiam decimam molendinorum suorum de Gerneroio . Conces- sit huic comes et omnibus in commune decimam unius vacarie et silvam ad proprias domos per liberationem forestariorum. Supra hec Hugol'mus Forestarius pro sui uxorisque filiorum quoque anima duobus ex parte comitis constitutes co paclo ut filium stium doceant unum pratellum ad molendinum deRocca per quod aqua dirigitur concessit. De his vero fuerunt testes qui consule ab infirmkate resurgcnle interftierunt scilicet ipse W. Normanno- rum Comes et in carta swam sigillum posuit ct Madhildis uxor sua cl Robcrlus comes Cenomannis cl Ricardus suus (rater et Hugo de Monleforli et Robcrlus Berlramus cl Robcrlus Grenon ct Wills de Walvilla et W. filius ejus el Eudo. Faclis vero tribus canonicis scilicet Roberto filio Thcolfi el Turulfo et Galle.ro quos consul W. consliluit in ipsa infirmilatc sua quam habuit Ccsaris- DE GUILLAUME-LE-DATARD. 157 nion domaine , et une maison particuliere a chaeun au dessous du chateau ; je leur accorde deux pores de cinq sous le jour dc Noel pour leur eonsommation et vingt sous a Paques. En outre, Guillaume de Vauville a const ilue au service de Ia- dite eglise un clerc pour le salut de son ame , de cclles de sa femme et de ses enfanls et de plus pour l'ame el le salut du Due , de son epouse et de leurs enfants ; il a donne de son do- maine l'eglise d'Aurigny avec loutes les dimes qui lui appar- tiennent et dans la meme ile une terre de trois bceufs , et dans Skeldreville un moulin qui est aupres du monastere dudit vil- lage, et il a donne dans le bourg meme un bourgeois avec l'as- sentiment et la cooperation du Due a ce don ; il aura le meme avantage que les deux aulres , a savoir deux pores de cinq sous le jour de Noel et vingt sous le jour de Paques et a lui separe- ment il a donne la moitie de la dime de ses moulins de Guer- nesey. Le Due a concede a ce chanoine et a tous en commun la dime d'une vacherie et du bois dans la foret pour batir leurs maisons a la decharge des forestiers. Outre cela Hugolin le Foreslier , pour son ame , pour l'ame de sa femme et celle de ses enfants, donne aux deux chanoines etablis par le Due , a la condition qu'ils donneront l'education a son fils , un pre joignant le moulin de la Roche par lequel l'eau est dirigee. De ce furent temoins, qui tous ont assiste au retablissement du Due, savoir, le Due des Normands lui-meme qui a fait appo- ser son sceau sur la charte , et Mathilde son epouse , et Robert comte du Maine, et Richard son frere, et Ungues de Montfort , et Robert Bertram, et Robert Grenon, et Guillaume de Vauville, et Guillaume son fils, et Eudes. Trois chanoines ont etc nommes , savoir, Robert fds de Theolf, et Touroult et Gaultier, que le Due Guillaume a etablis dans sa maladie meme qu'il a rprouvee aGherbourg vl pendant 1 5)8 CHARTE burcjo in qua vovit sc facere canonicos in supradicta ecclcsiu Sancte Marie si Deus et sancta Maria rcsuscitarent eum ab ipsa infirmitate in qua fuit pene omnino de vila desperatus et ad ter- rain depositus ut jam morilurus dalis reliquiis Sanctorum eidem ecclesie carioribus quas in sua capella (jestabat. Quasi resuscitatus et propter recuperatam sanitalem lelificatus ut prefate sancte Marie adimplerel votum per cujus intercessions erga Filium mi- raculum credebal se vite redditum fecit dedicare ejusdem Yirginis ecclcsiam ipseque interfuit , deditque ei in dotem unam quadru- ijatam terre in Gersoio in commune canonicis et jussit fieri aliam ecclcsiam extra castellum et incipi de suo proprio ad ctijus fun- damentum incipiendum Madhildis comitissa dedit centum solidos el consul commutavit terrain ad cymilerium pro uno pede duos de suo dominio ut sua capella remaneret suis canonicis ex loto quieta et propria. Postea cum tribus supradictis constituit quinque alios canonicos ut octo essent seplimanarii qu'ibus dedit tarn de elemosinis non antea adjacentibus ecclesie ita tamen ab anteces- soribus suis constilutis quam de suo proprio constituto et de emp- tionibus Willi Walville eaque subsequuntur singulis et precepit ut si que elemosine circa el prope hanc ccclesiam deliberarenlur que non adjacerent alicui ecclesie non in suo dominio reverterentur et huic ecclesie converterentur et quando canonicus moreretur prcbcnda in communi omnium habcrelur donee alius canonicus restitueretur . Reslilulo vero canonico Unfrido filio Ricardi Ansger- ville loco Willi de Buisson, paler ejus concessit Hcnrici Regis dedit ei ad augmenlum prelende has centum solidalas : de VI. acris DE OUILXAUME-LE BATAI'.li. 1&9 laqucllc il lit levccu qu'il etablirait des chanoines dans la susdiic eglise tie Sainte Marie, si Dieu et sainte Marie le retablissaient d'une maladie dans laqueilc on desespera de sa vie et il fut de- pose a lerre coinmc un homme qui va expiree, donnant a celte eglise Ics reliques les plus chercs qu'il portait dans sa propre cliapclle , etant pour ainsi dire ressuscite de la mort et joyeux d'avoir recouvre la sante , pour remplir le voeu fait a Sainte Marie par l'intercession de laquelle aupres de son Fils il croyait avoir ete rendu a la vie par un miracle; il a fait faire la dedi- cace de i'eglise de la bienheureuse Vierge et a donne en dot a eette eglise une charruee de terre dans File de Jersey pour ap- partenir en commun aux cbanoines, et il a ordonne qu'il fut bati une autre eglise en dehors du chateau et qu'elle fut com- menced a ses frais ; pour en faire les fondements la duchesse Mathilde a donne cent solides , et le Due a echange une terre pour faire un cimetiere, deux pieds pour un , afin que la cha- pelle restat avec ses chanoines tranquille et independante. En- suite avec les trois susdils il a etabli cinq autres chanoines, pour etre huit semainiers , auxquels il a donne taut de son propre que des aumones accordees par ses ancetres a d'autres qu'a cetle eglise et des achats faits par Guillaume de Vauville, les biens qui suivent a chacun d'eux, et il a ordonne que si quelques aumones aupres ou aux alentours de cette eglise devenaient li- bres et ne seraienl point adjacenles a quelques autres eglises , elles ne rentrassent point dans son doraaine et fussent conver- ties en domaine de I'eglise sus-nommee. Lorsqu'un chanoine mourra, sa prebende vertfra au profit commun des autres jus- qu'a ce qu'un autre chanoine soil etabli. Un chanoine ayant etc etabli , savoir Onfioi fils de Richard d'Ansgerville a la place de Guillaume de Buisson, son pere, de rasscnliment du roi Henri , a donne pour augmenter la pre- bende les cent sous de rente que void : de six acres de terre 160 CHART E Cesarisburgi XII. quarteria frumenli que appreciate sunt XXXVI. sol. et de Heldeardivilla V. quarteria frumenli et de rnolendino Engleville HI quarteria frumenli et hec VIII quarteria apprc- ciantur XXIIII. solidos. El ilerum de Heldeardivilla XVI. quar- teria avene pro tolidem solidis et de cadem villa HI. quarteria ordei pro 1111. solidis et dimidio et de scrvicio HII. hominum cjusdem ville pro regardo et operibas et coslumis X. solidos et in rnolendino Vadi HI. quarteria frumenti et pratum Esche- dreville quod mercalus est Ricardus de filio Bertrami dedit cliam ei. Et hec omnia appreciate sunt C. solidos. Primo scilicet de quinque canonicis Judicaello dedit XIIII. denarios per unam- quamque diem pro quibus posted dedit ei in Graneroio insula C. acras terre in parrochia Sancti Martini de Berlosa de suo domi- nio et ecclesiam lotam preter duas cjarbas quas habebanl monacki Sancti Martini Majoris monaslerii el in Ccsarisburgo imam do- mum et unam acram terre et tricjinla solidos in telonco lam in porcis quam denariis et suam costumam sicut aliis supradictis in feria et foro et foresta et suam molturam quietam donee faccret suum molendinum in Graneroio. Secundo vew cuidam suo capel- lano Odoni Sal'mltro concessit juxla Carentonium lerciam partem ecclesie Sancti Petri de Sanclineis et quartern partem terre fdio- rum Conslantini scilicet sex vavassores , quod Nhjellus fdius Con- stantini dimwit consult quando ivit in Apidiam ut faccret inde prebendam Cesarisburgi cum alio augmenlo quam mox habuit Odo , et consensu comilis concessit in augmenlo quod habebal de capella comilis in Constantino,, scilicet circa XL solidatas reddilio- nis in Valleduno el decimam molendini Cesarisburgi quern consul dederal duobus primis canonicis et dimidiam decimam molendi- norum Garncroii contra tercium canonicum. Tcrcio vero scilicet DE GIULLAUME-LE-BATAKD. 161 labourable a Cherbourg douze quartiers de froment qui furent cvalues a 56 sous ; de Heaaville cinq quartiers de froment , et du moulin d'AH5 ble qu'en viandc et fromage et deniers ehaqueannce un revenu evalue a 8 livres et 14 deniers , et a Noinville un homme avec la terra qui lui est annexee, et a Valledun 20 sous de revenu en terra. Au quatrieme nomme Osbern, pretrc, il a donne tant en ble qu'en viande , fromage et deniers un revenu annuel evalue a 4 livres nioins deux deniers et en la paroisse d'Esche- dreville une maison avec la terre adjacente et a Cherbourg une autre maison ; et ces choses lui furent donnces en attendant que le donateur augmenie sa donation, ee qu'il sc propose; au cinquieme chanoine nomme Ansr/ot , pretre , Guillaume de Vauville pour l'amour du Due et pour son ame a donne une charruee de terre a Nouainville qu'il a achetee sujetle aux cou- tumes ; mais le Due l'a afTranchiede toutes ces coutumes; il lui a donne aussi une charruee a Aurigny, que ledit Guillaume a achetee de Turgol do Tourlaville pour servir de dotation a un chanoine , sous la condition que le Due s'en rendrait le protec- teur et le donateur , et libererait cctte terre de toutes les cou- tumes auxquelles elle est sujelte envers le Due , comme le Due l'a fait a l'cgard des autres. A ces cinq chanoines , comme aux trois susdits , le Due a remis toutes les coutumes tant dans la foire que dans le marche et dans laforel; de plus il Ieur a donne a tous en commun l'aile droite du poisson gras qui s'e- chouera depuis Tharel jusqu' a la riviere de Thara , et quand il devrait venir a Cherbourg il leur promet les memes fournitures en argent , en boire et manger , qu'a ses chapelains ; il a elabli garde de l'eglise Ansquetil, a qui il a donne des revenus a 52 sous , ct un bourgeois a ete etabli pour avoir soin du lumi- naire. La duchesse ayani coupe ses cheveux et les ayant depo- ses sur l'autel comme un gage de son mari , pour que Dieu el la Sainte Yierge lui rendissent son tres-cher epoux, le Due une fois gueri , la Duchesse joyeuse a aide de grand coeur 1c Due dans la reslauration de l'eglise ; en consequence , elle a 164 C1IARTE nicis el adjutores, unum scilicet diaconem nomine Willm cui dcdit tantum quod fait compulalnm LX. et XII. solidos et cuidam Anscliitillo cognominc Regnic clerico tantumdem. Jussit etiam Consul tit quidam clcricus cognominc Passelcsames cum tortis pe~ dibus de elemosina sua de Gersoio que valebat XL quarteria fru- menti ecclesie esset sevviens et obnoxius et Ranulfus sacerdos de quadam quadrugata tore que est in parrochia Sancli Salvaloris in Gersoio. Poslquam vero Consul Deo adjuvante de Consule Rex Anglie est f actus, de adquisitione sua dedil canonicis unum mane- rium omnibus in commune in marchia Dorcsete et Devenesire silum Harpeffort vocatum. Henricus vero Rex fdius ejus pro anima uxoris sue Mathilde dcdit de Eschcldrcvilla et Turlavilla canonicis lanam et Unum. Lesquelles sont en dit chartrer et evangelier afin de perpetuel memore. En tesmoing de ce nous avons fait metlre a ces pre- sentes nostre petit seel qui furenl faites et donnees en nostre dit Chastel de Cherebourg le XIVe jour de decembre Ian de grace Mil CCC soixante et neuf. Collation faite en la presence de Mestre Michel Durant , con- seiller du Roy , le jour dessus dit. Signe : GREVE. DE f.UILLAUME-LE-RATARD-. 165 elabli des clercs auxiliaires des chanoines , savoir un diacro nomine Guillaume, a qui ellea domic un revenu evalue 72 sous, et a un aulre clerc nomine Ansquelil, sumomme Regnie, autant. Le Due a ordonne qu'un autre elerc surnomme Passe-les-Ames, qui a les pieds tors , ait sur sa terre d'aumone a Jersey une valeur de 40 quarliers de froment, pourvu qu'il reste attache a l'eglise , et a Renouf , le pretre, le revenu d'une eharruee de terre dans la paroisse de Saint Sauveur a Jersey. Apres que le Due , par l'aide de Dieu , de Due fut devenu Roi d'Angleterrc , il donna de sa conquete aux chanoines un manoir, a tous en connnun , situe dans la Marche de Dorset et Devonshire nomme Harpefort. Le Roi Henry son fils, pour Tame de sa fennne Mathilde a domic d'Eschedreville ct de Tourlaville aux chanoines la laine et le lin. Lesquelles sont lesdites Charles en dil char trier et evangelier, afm de perpetuel souvenir. En temoing de ce nous avons fail mettre a ces prcscnles noire petit seel qui furent faites et donnees en noire chastel de Cherbourg le XIV jour de decembre Van de grace Mil CCC soixante-neuf. Collation fake en la presence de mcslre Michel Durant , con- seiller du Roy, le jour dessus dit. Signe : CREVE. 166 CHARTE Apres avoir traduit ccite cbarte , je me proposals de l'ac- compagner de commentaires evidemment indispensablcs , lors- qu'en y travaillant j'ai vu s'accroitre la matiere au point qu'il m'a semble y trouver a resoudre assez de questions pour faire un ouvrage : Nous avons done resolu de nous borner , quant a present, au lexte de la Charte eta notre traduction et d'a- journer a la publication du volume qui suivra celui-ci qui est sous presse , la solution des questions suivantes : 1° A quelle epoque a commence le nom de Ccesarlsburgus pour exprimer Cherbourg, au lieu de Carisburgus'i 2° Quel etait le sens precis du mot Clercs , Clerici , dont il est si souvent parle dans les lois et chartes ? 5° Epoque de la Charte en question dont la date n'est enoncee nulle part? 4° Ne resulte-t-il pas des circonslances historiques et de son texte meme qu'elle a ete faite en plusieurs fois , par des addi- tions au lexte primilif? 5° Quel etait le nom originaire, primitif , des paroisses dont les noms sont enonces dans la Charte : Otevilla , que nous ap- pelons Ocleville ;\Torlachville que nousprononQonsTourlaville; Sheldreville , que nous nommons Equeurdreville? 6° Qu'etait-ce qu'une bovee de terre , une charrnee? une soli- daia? Ces designations naturellcment vagues n'ont-elles pas ete precisees geometriquement? A quclles epoques ? 7° Pourquoi le Due de Normandie est-il partie dans les dona- tions d'un seigneur? Esprit du regime feodal pur? 8° Rechercher les traces des domaines donncs a Tourlaville et Equeurdreville ? 9° Quel etait le monastere du village d'Equeurdreville a l'e- poque de Guillaume-le-Batard ? 10° Qu'etait la donation d'un bourgeois? Quels etaient les DE GUILLAUME-LEBATARD. 1G7 droits ties bourgeois, ou tics agriculleurs, donnes avcc les tlomaines ? 11° Qu'etaient les vacherieset comment etaient-elles regies? 12° Quelle etait l'administration des forets et specialement tie la foret do Brix ? 15° Qu'etaient les temoins d'un acte a une epoque ou ils nc savaient pas eerire, et comment sc constatait leur presence? 14° Quel etait l'administration et la legislation des dimes? 15° Quelle fut l'eglise balic par Guillanme en dehors du cha- teau, castellum? 16° Le Moulin de Roca existe-il encore, ou au moins tin moulin en remplacement? 17° Comment faul-il entendre les limitcs fixees par les mots : a Tharello usque ad Tharam ? 18° En tpioi consistaient les coulumcs sur des biens ruraux , ou dans les foircs et marches? 19° Ou rctrouver Valdun donl il est question dans la charte? . 20° Anecdotes sur le surnom de Passe-les-Ames , domic a un clerc ? 21° Que signifiait le don d'un homme , avec son annexe, maison , ou domaine rural? 22° Que signifiait le don d'une eglisc? Quels en etaient les honncurs et profits ? 23° Qu'entendait-on parties vavasseurs , vavassorcs? Leur difference d'avec d'autres classes de la societe egalement com- prises dans des donations ou des ventes ? 2-i° Qu'etait le quarticr de fronient? 25° Evaiuer et comparer avec nos mcsurcs et monnaies les diverses mesurcset monnaies enoncees dans la charte? 26° Qu'etait la Chapelle du Due, Capclla Comitis? 27° Que signifie sepilumen ? 28° Que signilie pro regardo ? 168 CHARTE DE GUILLAUME-LE-BATARD. 29° Rapprocher du sacrifice des cheveux de la Duchesse Maihilde, d'autres exemples soit de l'antiquite, soit du moyen- age? II est aise de voir que la solution de ces.questions c'est l'ana- ]yse du moyen-age tout entier. Je tacherai de l'executer, toute- fois avec l'aide de mon docte ami Leopold Delisle, que je regarde comme un des premiers archeologues de France , et un digne successeur des Ducange, Mabillon, Millin et autres. Mais ce tra- vail ne peut qu'etre d'une certaine etendue , et je tiens beau- coup a ce que me bornant aujourd'hui a l'impression du texte de la Charte et de sa traduction , il reste de la place pour les travaux de nos jeunes collegues. Couppey. PRECIS IIISTORIQUE SUR L'HOPITAL DE LA MARINE CHERBOURG. dedi£ Monsieur EDOUARD THIERRY , Conscrvateur a la bibliotheque de I' Arsenal a Paris, etc. Par M. de PONTAUMONT, De l'Academie d'areheologie de Belgique ; de celles des sciences arts et belles-lettres de Caen , Evreux et Reims ; de la Society royale des beaux-arts et de literature de Gaud ; de celles de la Manche, Liege, Blois, Amsterdam, Bajeux , Brest et Sens ; TrtSsorier-Archiviste de la Societe acadimique de Cherbourg. J'ai entrepris de resumer ici quelques documents lires des archives de l'hopital maritime de Cherbourg. Les faits qui re- sultent de cette analyse forment une des pages de l'histoire dc ce port si important et expliquent le motifdes transformations d'un etablissemont qui a 6ie lour-a-lour abbaye, residence princiere et hopital. 170 PBECI8 HISTOIUQUE Les travaux du gouverncment sur la rade de Cherbourg avaient fait sentir, depuis 1784, la necessile de creer un hopi- tal pour les ouvriers et les raarins. Jusqu'a celte epoque l'infir- merie de la caserne Rouhiere , aux Mielles , et l'hospice civil avaient pu recevoir les matelotset les soldats malades; mais ce dernier etablissement , etroit et delabre , se trouvait insuffisant meme pour la ville dont la population croissait avec les travaux. On etudia successivement commc terrain la piece dite du Vceu , puis celle de la Bucaille ; ces emplacements furent re- connus impropresa celle destination, et, vers la fin de 4787, on se determina pour le Cauchin. L'hopital devait elre Mti d'apresun plan et un bordereau de M. Pingenieur Colombier. Ce fut au moyen de ces donnees qu'on proceda a une adjudi- cation le 15 novembre 1787 (4) et que le port comprit, dans sa demande de fonds pour 1788, une somme de 300,000 fr. qui fut accordee au litre de cet hopital. Le marechal de Castries , ministre de la marine, a qui Ton soumit l'adjudication , ajourna son approbation jusqu'a production du devis et du detail esti- matif. Toutefois, il autorisa le commencement des travaux. L'enlrepreneui' se mit a l'ceuvre. On ne perdit pas de temps non plus pour dresser les deux pieces demandees par le minis- tre; mais ces documents, oublies chez M. le due d'Harcourt, commandant en chef des travaux de la rade , ou chez M. de la Milliere, ingenieur en chef, n'etaient point encore parvenus au ministere lorsque l'adminislration du port eut connaissance d'un autre plan d'hopital fait par MM. Poyet et Cordebar. On proposa desubstituer ceprojet a celuideM. Colombier. Cet avis fut adopte. Cependant comme la configuration du terrain pou- (l) AdjudicalaircM. Vannicr SUR L'HOPITAL DE LA MARINE. 171 vait convenir a l'un comme a l'autre de ces plans, et que les fondations de l'hopital ne devaient etre placees qu'apres l'aehe- vement du nnir d'enceinte , on continua, le long de la riviere Divette , les maconneries de soutcnement. Ce nnir presentait deja line longueur de soixante-quinze metres et une depense de vingt-einq mille francs , lorsque le ministre ordonna de sus- pendre tout travail. Le motif de cet ajournement fut que le ter- rain designe etait indispensable a la fermeture bastionnee qui devait proteger la ville de Cherbourg et enceindre le canal de retenue et le faubourg ('). Cet etat de choses dura jusqu'en 1793. A cette epoque le ministre de la marine prescrivit de travailler aux bailments dits de l'Abbaye du Vceu pour les approprier a la destination d'hopital. Ces bailments avaient deja subi une transformation depuis l'epoque ou 1'abbaye , supprimee par arret du Conseil, ne com- porlait plus aucune destination religieuse (2). M. le due d'Har- court et son frere M. le due de Beuvronelaient venus y fixer leur residence, l'un comme gouverneur de la Normandie, l'autre comme commandant en chef des travaux de la rade de Cherbourg. Le devis des travaux a fairc a 1'abbaye pour la rendre habi- table a ces hauts fonctionnaires avail ete dresse le lermai 1786. L'adjudication (3) avait eu lieu le 15 du meme mois par les (') Rapport dc M. Deshayes, commissaire general de la marine (1<* juin 1790). (-) Celle abbaye avait etc mise en commande ties la fin du XVle siecle ; elle etait de l'ordre de Saint-Augustin. On avait songe , vers 1773 , a en faire un hospice civil , niais la municipality avait rcnoncd a cc projet. (3) Adjudicataires MM. Letellier et Pimbert ; caution M. Saint-Germain. 172 PRECIS HISTORIQUE soins del'autorite locale ('). Ces travaux comprenaient , en plus des reparations, la construction d'un batiment dans la cour dile des cuisines, la boulangerie pres de l'etang, diverses chambres et un pavilion a l'enlree de la cour d'honneur. Ces constructions n'etaient pas encore entierement terminees lorsque MM. d'Harcourt s'y etablirent.Cette installation souleva de ridicules reclamations non du dernier abbe (-), mais de son mandataire (3) qui s'elait maintenu dans l'etablissement et conlinuait a jouir d'une partie des dependances (*) , bien que l'Etat eut ete declare en possession de l'abbaye (:i). MM. d'Harcourt et de Beuvron aimaient Cherbourg ou ils etaient honores et cheris. Pres de madarae la duchesse de Beu- vron demeuraient ses deux pelites-fdles , mesdemoiselles de Mortemart , dont l'esprit et les graces ajoutaieut a I'eclat de cette petite cour improvisee au fond de la Basse-Normandie. M. de Boisgelin , gendre de M. de Beuvron , le visitait souvent ; Dumouriez , alors brigadier des armees et commandant de place a Cherbourg , frequentait aussi les salons de l'abbaye , ou son esprit et sa conversation pouvaient laisser deviner le futur vainqueur de rArgonne, de Valmy et de Jemmapes;mais (') MM. Deshayes, conseiller du roi en ses conseils, commissaire general des ports et arsenaux de la marine , ordonnateur des travaux de la rade de Cherbourg; Hubert , ingenieur en chef; Coquereau , contro- leur de la marine, et Auguste Jube, commis de marine , secretaire (devenu plus tard tribun et prefet de la Doire). (2) M. le comte Lattier de Bayanne , qui devint sous l'Empire et la Restauration senateur et cardinal. (3) L'abbe Moreau dont les reclamations forment aux archives une vo- lumineuse correspondance. (4) Elles consistaient en terre et ferme (dite de Godeboul), etang, mou- lin , jardins , vergers , colombiers. (5) Par arret du 12 octobre 1774. sim l'iiopital be la marine. 175 iion le conseiller du cabinet britannique pour l'invasion de la France. M. le chevalier d'Accueil , aide-major du due, etait un des commensaux de celte niaison ou regnait la gaile noble et galanle de la vied'alors. Cet officier cultivait la poesie pastorale, en vogue au temps de Racan et de Segrais , mais qui commen- gait a passer de mode en 1785 ('). L'annee 1786 fut marquee dans la modeste hisloire de l'ab- baye par un fait important. Louis XVI venant visiter les travaux preparatoires de la Digue, sejourna a Cherbourg du 22 au 26 juin et descendit chez M. de Beuvron. La chambre ou coucha S. M. existe encore aujourd'hui; mais elle a ete agrandie (1845) pour former une salle de malades. Elle etait eclai- ree en 1786 par les deux fenetres du premier etage qui don- nent sur la cour d'honneur, contre le pavilion nord du bail- ment principal. La revolution dispersa la maison de MM. d'Harcourt en 1792. Ce fut alors que le projet d'hopital au Cauchin, abandonne depuis quatre ans, fut remis au jour pour etre execute a l'ab- baye. Cet clablissement etait situe a sept cent quatre-vingls metres du grand port projele ; il etait bicn aere; un ruisseau (-) le traversal; les terrains d'alentour permettaient des agran- dissements ulterieurs. Tclles furent les considerations qui de- lerminerent, en 1792, les membres de la commission des tra- (') La Guirlande de Julie, par M. le marquis ile Montausier, avec additions du chevalier d'Accueil, Paris 1785 in 8°. (-) Le ruisseau des Fourches qui doit son nom a l'arbre dejustice ou fourches patibulaires des anciens abbes du Voeu qui avaient au moyen- age un droit de] justice fonciere et censiere , jnridiction donl 1'uniquc attribution etait de condamner les redevables ;i payer le cens et les rentes foncicres (Gartulaire de Pabbaye du Voeu depos^ ;'i la bibliothequc mu- nicipale de Cherbourg). 174 PRECIS II1ST0R1QUE vaux de la rade a arr&er leur choix sur l'ancienne abbayepour la transformer en hopital ('). Le 1 3 novembre -1 793 l'autorite locale y placa quelques ma- lades et passa an marche (*) pour les terrassements necessaires aux constructions neuves et au cimetiere. Le 16 octobre 1796 clle ouvrit, pour la charpente et la menuiserie, une autre adju- dication (3). En 1797 les travaux etaient a peu pres termineset l'liopital pouvait I'ecevoir cinq cents malades ('). Ces ouvrages permirent deconserver et d'uliliser la salle et le refectoire du chapitre (du genre ogival), les cuisines et la tourelle ou elail pratique l'escalier de la tribune de l'eglise abbatiale. Une grande route remplacait le sentier ombreux et humide menant autrefois de la ville a l'abbaye. Cette route et la cour de l'etablissement avaient ete plantees par l'administration de la marine (s). La periode glorieuse de l'empire se passa sans faits notables pour l'etablissement qui nous occupe. Toutefois le denouement des drames sinistres de 1814 lui apporla son contingent histo- rique par uu fait qui doit trouver sa place ici. Ce fait fut le (') Rapport du comite des travaux en date du 14 octobre 1792, f° 64. (-) MM. Le Fourdray , principal chef des bureaux civils; Philippe, ingenieur des ponts-et-chaussccs ; Le Chanteur, controleur de la marine. MM. Frany et Merouge furent declares adjudicataires. (3) MM. Bleschamp , commissaire principal de la marine ; Gayant, ingenieur des ponts-et-chaussees ; Rue, contr61eur de la marine. MM. Philippe , Diot et Martin , adjudicataires. (4) Rapport du25mai 1801 au premier consul, par M. Cachin, inge- nieur en chef. (5) Ordre de M. Bleschamp susnomme. — On doit a cet administrateur distingue une petite publication, sans nom d'auleur , ayant pour titre : Notice de la Marine a Cherbourg pour Van V de la Republique. Gherhourg. Yendcmiaire an v. — Sa fdle, mademoiselle Alexandrine Bleschamp, SUn L'lIOriTAL DE LA MARINE. 175 sejour que firent, dans ses murs, six cent qualre-vingt- quatre invalidcs russes, venus des hopitaux de Paris pour etre embarques ct diriges sur Riga ('). Un typhus violent ne tarda pas a se declarer. Le service de sante et les hospitalieres firent preuve d'un grand devouement; une de ces vertueuses filles (2) surtout, dont 1'ame genereuse animait la constitution fragile, merita d'etre mise a l'ordredu jour pour son admirable conduite pros des malades francais et strangers. Depuis 1815 jusqu'a 1818 l'hopital recut divers travaux utiles. L'elang, qui etait voisin de la cour d'honneur, contenait une partie marecageuse el malsaine ; l'administration fit rapporter dep terrains en cet endroit pour former un ilot qui, plante de cytises, devint un lieu aussi salubre qu'agreable (3). Lachapelle avait ete jusqu'a celte epoque placee dans un local etroit et sombre; on la transfera dans une vaste salle bien cclairee don- nant sur la cour dite des cuisines. Celte chapelle ful convena- blemeut decoree et requt , d'un don prive , deux tableaux de l'ecole flamande, uneCene et une lete de Saint-Jean-Bapliste (4). Malheureusement ce dernier tableau a ete retouche vers 1823 par une main inhabile. cpousa , comme onsait , lo prince Lacicn Bonaparte, frerede I'empereur. (') Depechc du ministre de la marine du 6 aout 1814; M. le major russe comte de Keyserling 6tait le commissaire du transport de ces invalidcs. (2) Allery, Marie-Madeleine, sceur Saint-Azarie , fdle de la Sagesse, nee a Nantes le 22 juillet 1789. (3) Ces travaux de terrassemcnt furent executes par les corvees du bagne qui cxistait a Cherbourg et qui fut supprime le 16 deccmbre 1815 et dirige sur Drest. Ce bagne avait ile etabli duns les vieux batiments de la ferine de Godebout qui avait appartcnu aux abbes du Vccu. (4) Le premier est dc Eyckcns-lc-Yieux , d'Anvers ; le second est dans la maniere dc Mathieu Elias , de Cassel. 176 PKECIS IIISTORIQUE Les herbages servant de sechoirs a linge pour l'etablissement n'avaient point de clotures. Pour empecher les vols il fallait pla- cer en ce lieu un factionnaire en permanence. Des fosses furent creuses autour de ces sechoirs et l'etang les alimenta d'eaux vives. Ce travail ne put etre fait qu'avec diffieulte par suite de l'opposition qu'y mettait le corps du genie militaire pour la zone des servitudes. Un jardin botanique fut cree pour l'hopital, dans un terrain proche la chapelle dile du Voeu et a droile de la route qui mc- nait au grand port. M. Freret en recut la direction; mais le ministre de la marine ayant prescrit dans la suite l'approvi- sionnement des plantes medicinales par voie d'adjudication, ce jardin fut supprime (J). L'annee -1832, marquee par le cholera, vitabattre, sous pretexte de salubrite, les ormes de haut jet qui formaient l'avcnue conduisant de la route a la cour d'honneur. On coupa aussi les arbres qui decoraient circulairement cette cour; ceux qui longenl le mur de l'ancien bagne furent seuls epargnes. L'anl841 fut temoin d'uneplus grande destruction. L'agran- dissement donne aux fortifications du port militaire fit dispa- raitre les jardins de l'hopital, le cimetiere , l'etang, l'ilot verdoyant et fleuri , le vivier , la buanderie et les sechoirs (1842 — 1845). L'etablissement, enclave dans les nouvelles fortifications , s'est trouve des-lors trop a l'etroit et on a ete dans l'obligation de lui creer des dependances , incommodes ou (')Ces divers travaux, executes du ler Janvier 1815 au dernier novembre 1818, ainsi que le don des deux tableaux flamands fait a la chapelle de l'hopital, sont dus a M. Lc Chantcur, commissairc principal de la marine. SUR l'hopital de la marine. 177 eloignees, dans l'ancien bagne et dans l'un des pavilions de la caserne des equipages de ligue. Notre hopital actuel est marque pour la demolition ; mais les reductions du budget forceront a prolonger encore son exis- tence incomplete. Esperons cepeudant que le voyage a Cher- bourg de Monsieur le President Bonaparte accelerera nos travaux et la construction du grand hopital dont le trace est fait sur les plans du port militaire. a NOTICE HISTORIQUE SUR LES DEUX ERMITAGES DU HAUT ET DV BAS DE LA MONTAGNE DU ROULE, A CHERBOURG, Par Alexandre-Edouard LESDOS. L'ERMITAGE DE NOTRE-DAME-DE-PROTECTION , ou DU HAUT DE LA MONTAGNE DU ROULE, A CHERBOURG. L'illustre ecrivain , dont notrc siecle a vu naitrecl briller d'un eclat radicux les productions immortelles , et que la mort a en- leve dernierement aux lettres qu'il cultiva pendant plus de DE Croville. » avec paraphe et cachet muni de ses armes. » Aussitot qu'il fut installe dans l'ermitage, le frere Benoit songea a le restaurer, sans cependant y rien faire qui semblat donner , en quoique ce tut , la moindre apparence de luxe. H fit agrandir la chapelle, lambrisser, peindre et paver le chceur. II l'orna aussi d'une maniere convenable. Le jardin potager , ainsi que je l'ai dit precedemment, etait le seul enclos que pos- sedat l'ermitage; le frere Benoit fit entourer demurs tout le terrain qui avait ele donne par Louis XIV au pere Duquesne. II defricha le sol , planta des pommiers et d'autres arbres qui pussent abriter et orner sa residence. II agrandit aussi les batiments. Un frere du nom de Bruno vint se mettre sous son obeissance. II lui resta toujours fidele, et lui aida activement a rendre 1'ermitage plus commode et le sol plus productif. En 1750 , le frere Pierre Jacques , age de 60 ans , et novum vraiment solitaire , comme le porte une inscription gravee sur la pierre sepulcrale du pere Duquesne, mourut apres vingt annees de sejour a l'ermitage, et en 1759, un frere Bernard, age de 44 ans. La ceremonie funebre du premier fut faite par M. Baptiste Yarin , cure de Tourlaville , assiste de MM. Jacques De la Haye et Guillaume Dancel , pretres. Celle du second, par le meme cure et MM. Le Febvre, pretre, el Marest , diacre. On rencontre encore les noms suivants d'ermites qui habi- tercnt a Notre-Dame-de-Protection : les freres Anquety,Pacome, Jean-Baptiste , Antoine , Bazile et le pere Collin. lis en trerent DE LA MONTAGNE DU ROULE. 185 et ils s'en retournerent a des epoques que je n'ai pu preciser. Madame de Chantereync , epouse do M. Avoine-de-Chante- reyne , l'un des fondateurs de la Societe Academique de Cher- bourg en 1755, contribua a orner la cliapelle. Elle donna le linge de l'autel ct un missel. Un sieur Anquety, qui , sans avoir prononcc de voeux , vivait avec les ermitcs, et portait le nom de frere Arsene, donna des ornements pour offieier, une lampe, un benitier et des meubles. Le calice avait ete legue par le pere Duquesne, et le crucifix d'ivoire qui se voyait sur le milieu de l'autel , par un pretre nomme le pere Collin , qui fut chapelain de Notre-Dame-de-Protection pendant cinq ans , et dont le nom a deja ete cite. La statue de laVierge qui etait placee au dessus de l'autel , venait du frere Benoit , ou avait ete restauree par lui , ainsi que les flambeaux. En ce temps la 1'ermilage etait frequemment visite par les personnes pieuses de Cherbourg. Dans la belle saison , les jours dedimanches et de fetes, on s'y rendait pour assister aux offi- ces. Quelquefois des marins y allaient en pelerinage pour re- mercier Dieu de les avoir preserves de la fureurdes flots, par l'entremise de Marie, qu'ils saluaient comme l'c toile de la mer. Apres avoir entendu la messe du chapelain et depose leur of- frande pour l'entrelien de 1'ermilage, ils s'en retournaient l'ame remplie de joie et d'esperance. Iln'etaitpas rare d'y voir la mere de famille, inquiete pour la sante d'un epoux ou d'un enfant, implorer avec ferveur le secours de la Reine des cieux. On verra plus loin comment se faisaient ces peleri- nages. La croix de bois que le pere Duquesne avait erigee dans son cimeliere ayant ete brulee par la foudre , les freres Benoit , Bruno et Pacome en placerent une autre Ires belle en pierre quia subsisle jusqu'a la Revolution. Cettc croix, placee en 186 NOTICE SUn LES DEUX ERMlTACES 1757 un peu en avant du fort actucl, ne fut benite par M. Varin, cure de Tourlaville, qu'en 1764. Les freres Benoit et Bruno , devenus vieux et soufTrants , ne pouvaient plus s'occuper avec fruit du travail qu'exigeait l'er- mitage. En 1786, ils adresserent conjointemenl a Monseigneur de Talaru , eveque de Coutances , une lettre dans laquelle ils exposaient leur etal , en le priant de permeltre qu'un religieux de l'ermitagede Saint-Sever, vint a leur aide. Ayant recu l'au- torisation de le demander eux-memes , le chapitre leur envoya le sous-prieur, appele frere Dorolhee Fouche. Ce sous-prieur etaitdoued'une grande activite. II se hata de reparer tout ce qui , dans la maison et dependances , s'etait trouve neglige depuis que les deux ermites avaient perdu leurs forces. Le frere Dorolhee etaitpieux, doux et Ires complaisant pour les freres Benoit et Bruno qui, touches de ses merites, firent parvenir a l'eveque la lettre suivante : « A Monseigneur I'lllustrissime et Reverendissime de Chalmazel, » de Talaru, eveque de Coulances el superieur des ermites de » son diocese. » Monseigneur, » Les deux freres religieux et solitaires de lVrmitage de la montagne » du Roule , paroisse de Tourlaville, pres lajjville de Cherbourg, pren- » nent la libertejde representer tres humblement a voire Grandeur que » se voyant avances en age et infirmes , ils ont demande a Saint-Sever , » autre ermitage de votre Diocese , un sujel pour les assisler dans leur » vieillesse et infirmite , ce'qui leur a ete accorde 'par Monsieur le Supe- » rieur et tous les freres de la dite maison; depuis que nous, freres » Benoit et Bruno , possedons le frere Dorothee Fouche , nous sommes » contents de lui , tant pour sa piete que sa regularity , obeissance et » exactitude a remplir tous les devoirs de son elat. Commc il est dit » dans_l'obedience"que Monsieur le Superieur lui a donnee , qu'il le rap- DE LA MONTAC.NE DU ROULE. 187 d pellera a sa volont6 , nous vous supplions , Monseigneur , de lui per- » meltre dc rester avec nous, en nous rendant lous les services etles * secours qu'il pourra jusqu'a la fin de nos jours , et ensuite jouir dudit y> ermitage ainsi (pie tons ceux a qui voire Grandeur voudra bien per- » metlre d'y entrcr , ce qui evincera tons ceux qui pretendent etre en » droit de s'emparer de la dite maison apres notre mort. Ce considere , » Monseigneur , il vous plaise jeter un regard favorable sur les pauvres » reclus qui ne cesseront d'elever leurs voeux et prieres au ciel pour la » conservation des jours precieux de votre grandeur. » Frere Benoit, superieur local. » Frere Bruno. » L'cvequc repondit aux deux crmites scion leur desir et en ees termes : « Ange-Francois dc Talaru , de Chalmazel , par la misericorde divine » et la grace du saint siege apostolique , eveque de Goutances , conseiller » du Roi en ses conseils : » Vu la presente requele , et desirant seconder les desseins qu'ont les » suppliants de conserver parmi eux le frere Dorothc'e Fouche , et jugeant » que sa residence dans le dit ermitage ne peut qu'etre tres utile , nous » lui avons permis et permettons de rester et de se fixer a tonjours d dans cette maison pour y vivre conformement aux statuts et a la regie, » ainsi que les autres ermites. » Donne a Coutances , en notre palais episcopal , sous notre seing , » le sceau de nos amies , et le conlrc-seing de notre secretaire ordinaire, » le29e jour de join 1786. » ANGE-FRANCOIS , eveque de Coutances. » De par Monseigneur , » Caillard. » Le frere Benoit allait bientot allciudre sa 78e annee quand il fut pris d<- lamaladie qui devait le conduire autombeau. C'etait 188 NOTICE SUR LES DEUX EHM1TAGES cn 1787. II recut les sacrements de l'Eglise avec une foi ardente , et mourut le 20 du mois d'aout. Le lendemain son corps fut porte au pied du calvaire apres que Ton eut celebre le sacrifice de la messe et chante l'office consacre aux ceremonies des morts, selonles usages si sages et si consolants du culte catho- liqueromain. Etaient presents : MM. Le Vacher , curede Cher- bourg, Esline, cure de Tourlaville, Delacour, pretre de Cher- bourg , Dupont , pretre de Sottevast , Le Gentilhomme , pretre de Tourlaville, etLeBrun, pretre de 1'ermitage de Nolre-Dame- de-Grace. Le frere Benoit etait dans la cinquante-deuxieme annee de sa vie eremitique sur la montagne du Roule , et son engagement dans l'institut datait de plus loin. Toutes les personnes qui le connurent oni ete unanimes pour louer la saintete de sa vie. Voila l'oraison funebre la plus eloquente. Je me rappelle que dans mon enfance , mon aieule et d'autres personnes agees me parlaient quelquefois des ermites de la montagne du Roule , et s'arretaient avec complaisance a faire renumeralion des vertus des freres Benoit et Bruno , qu'elles avaient eu l'occasion de voir souvent. La mort du frere Benoit frappa vivement son vieux compa- gnon. Le frere Bruno croyait, c'etait la sa consolation, que bientot aussi sa derniere heure viendrait , et que son corps se- rait place a l'ombre de la croix , aupres de celui de son ami , mais il en devait etre autrement. C'etait une separation douloureuse, evidemment , quand on songe a la longueur des annees que les deux vieillards avaient passe ensemble. Le frere Dorothee, il faut ie dire a sa louange, prit un soin tout particulier de celui qui restait. L'ermitage fut remis dans un parfait elat, grace a son ordre. Travail interieur, travail exterieur, rien ne fut omis. Comprenant que le meilleur moyen, et le plus honorable pour vivre, etait dans le bon emploi DE LA MONTAGNE DU ROULE. 189 de ce que la nature metlait a sa disposition , il so procura du betail , fit confcclionner des instruments de labour, et il se mit a culiiver le sol avec courage et perseverance. Mais bientotcela allail devcnir inutile. En J 789, M. Esline, cure de Tourlaville, muni des pouvoirs de M. Grave de la Rive , cure official de Valogues et vicaire-ge- neral du diocese de Coutances , donna l'habit de l'ordre de Saint-Antoine a deux jeunes gens qui eurcnt la pensee de se rendre a I'ermitage ; mate au bout de liuit jours, l'un d'eux qui avait pris le nom de frere Bernard , degoule de ce genre de vie, s'en retourna; l'autre , appele frere Hilarion , ne tarda point a deposer egalement l'habit, aussi bien que les freres Dorothee et Bruno, car le jour de proscription etait venu. C'en etait fait de l'ermitage. La revolution francaise avait rei> aux seigneurs de Tourlaville. En 1770, les Cordeliers renon- cerent ;'i presenter des'membres de leiir congregation, lorsqu'un religieux , nomme le pere Desquiesses, cut donne s;i demission de desservant. Pendant les regnes de Louis XIV, Louis XV el Louis XVI, le pelerinage de Nolre-Dame-de-Grace sc faisait freqeemment. On y allait souvent de Cherbourg par can, tant que le port resta cc que la nature I'avait fait; e'est-a-dire occupant non seule- ment le port et lc bassin telsque nous les voyons presentement, niais s'etendant encore fort au-dela, du cole desMielles, et longeant le pied de la montagne, le Caucbin , le faubourg, les rues de l'Aneien-Quai, Quai-du-Bassin et le Quai du port a duel. II y avait, comnie on le voit aisemenl, en allant par eati , eeo- nomie de temps. Je vais rapporter quelques-uns des pelerinages les plus re- marquables, accomplis a Noire-Dame-de-Craee. Le bienbeureux Barthelemy Picquerey, pretre de Cherbourg, dont la reputation est devenue populaire sous le rapport de la saintete de vie qu'il menait, se rendait de temps en temps a Nolre-Dame-de-Grace. Cet homme de Dieu, ires devol a la Vicrge, trouvait un doux plaisir a aller invoquer cette sainte dame de laquelle V intercession est le plus grand appui que nans puissions avoir envers Dieu pour noire avaficement en la vraic piele ; e'etait pour lui un point de foi indubitable, et il ne crai- gnait pas de I'emeltre aussi dogmatiquement que saint Francois de Sales, dont je cite en passaiU la naive expression qui , du reste, rend parfaitetuent ce que le bienheureux Barthelemy pensait et disait au sujet du cube de la Vicrge. II etait encore attache a l\''glise de Cherbourg, quand , temoin do l'elablisse- ment de 1'crmilage du haut de la montagne, par son compa- triote, le pere Duquesne, il prit la resolution de se retirer aussi a l'ecart pour y vivrc saintement et pauvrement. II choisit Saint- 13 104 NOTICE SUR LES DEUX ERMITAGES Sauveur ou nous voyons encore aujourd'hui son tombeau. De- puis l'annoe 1659, qu'il s'y retira , jusqu'en 1685, epoque de sa mort, il nemanqna point de faire souvent le piMerinagedes deux ermitages du Roule. On raeonte dans sa vie qu'il y avait , a I'erniilage de bas . un eordeliei' dont la conduite etait loin d'offrir loule la retenue ct loule la regularity qu'exige la profession religieuse. Effraye des scandales qui en pouvaient resulter, le saint preire elant alle , selon sa continue, visiter l'ermitage, crut devoir faire des re- montrances au cordelier. Celui-ci ne l'ecouta point, et continua d'agir avec la meme etourdcrie. Le bienhcurcux Barthelemy revint plnsieurs fois a la charge, pcnsanl qu'a force de charite il vaincrait cet esprit opiniatre, mais en vain. « L'ermite, dit » I'historien, s'estimantbeaucoup plus eclaireque lebonhomrae s Picquerey, ne fit pas grand cas de ses avis, el pen aprcs il se > irouva implique dans uu fameux proces de crime, intentc » contre un juge du pays, qui fit grand bruit a la cour et dans » loute la province, deerete de prise de corps , oblige d'aban- » donner son ermitage et de sortir de la province. » Pendant 55 ans M. Pidte, venerable cure de Cherbourg, alia processionnellement a l'ei'initage deNotre-Dame-de Grace, pour accomplir un v«u qu'il avait fait a la Vierge, dans les circons- tances qui vont etre racontres , d'apres le meme biographe. En !692 , trois des vaisseaux que le celebre amiral de Tour- ville commandait a la falale journee de la Hougue , le Soleil- Royal, V Admirable et le Triomphant vinrenl se refugier a Cher- bourg. Le combat avait en lieu le 29 mai ; le 51 , apres avoir trompe l'espoir des Anglais qui les poursuivaicnt , el lorsqu'ils se croyaient en surete, nos vaisseaux eurcnt a se defendre encore de l'ennemi qui elait parvenu a les decouvrir. Des bru- lols furent lances sur eux, mais ce jour-la sans succes. Le len- demain, qui se Irouvait elre un dimanche, el le jour dc la fetede t>E LA .MONTAi.NIC hi l;ol I.I 1!)", la ires sainte Trinite, patronnede Cherbourg, les Anglais recom- mencerent leiirs attaques. .le cilc lextuellement la narration dc la terrible catastrophe qui s'ensuivit, telle que je l'ai trouvee dans la vie do M. Pale. « Ce qu'il y avail dc troupes reglees on bourgeoises dans In ville , » i'nrent portees sur la cote, pour faire tele, en cas d'entreprise , on » pour faire servir l'arlillerie , aQn do I'ecarter. L'eglise de Cherbourg ■>■> est le dernier edifice dc la ville, dn cole de la mer , et etait exposec » tout a nu au (onnerre du canon qui no cessait de gronder : cependant a M. Pate nc voulut point qu'il s'y fit aiicun derangement pour la solen- » nite de 1'office du jour ; matines et laudes y furent chantecs des le » matin aussi solennellement qu'en lout autre temps. Afin que les sol- » dats et bourgeois , qui lie pouvaient quitter leurs posies, on memo le » pcuple qui se tenail sur la greve et n'osait se renfermer dans l'eglise, » ne fussent pas prives d'enlendre la messe , il pria quelqu'un d'y aller » dire la messe sur un autel portatif que Tony placa. Pour lui, il chanta » la grande messe , aussi tranquille qu'a l'ordinaire , et y fit preeher » selon la coutume. 11 etait a l'autcl , et sur la fin de la messe, lorsque » le feu prit aux munitions du Soleil-Roijal, et fit sauter tout l'equipage : x> le bruit en fut affreux , et tonte la ville se crut confondue. Le peuple » qui etait dans l'eglise sortit en foule , pour eviter d'etre ensevcli sous » ses ruines. Le pasteur demeura tranquille a 1'autel , y mit son eglise , » la ville et tous ses habitants sous la protection de la sainte Yicrgc , » et fit voeu d'allcr tous les ans lui en rendre graces en une chapelle » qui lui est dediee , sous le nom de Notre-Damc-de-Grace , au pied de >i la montagnc du Pioule , a un quart de lieue de la ville ; et il acheva » la messe, plein de confiance en Dieu et en la mere de misericordc » qu'il venait d'implorer. Les deux autres vaisscaux furent brules de la » memo sorte ; et a mesurc que le feu atteignait les munitions et les ca- » nons tous charges, e'etait quelque chose de terrible de voir et d'eDtendre » les prodigieux effets de cet element en fureur. Mais ce qu'on y vit de » plus etonnant , e'est qu'une givle de boulets tombant sur la ville et les » environs, les uns emportant une parlie du faite de l'eglise, d'autres » traversant le presbytere , percant l'hdpital , ou allant tomber aux dif- » ferents lieux de la ville et des faubourgs , il ne se trouva personne ni 198 NOTICE SUR LES DEUX ERMITAGES » sur la greve , ou l'on etait a la bouche du canon , ni en aucun autre » lieu , qui en recti t la plus legere atteinte. On ne put meconnailre » dans une favour si signalee la protection toute visible du ciel ; on l'at- » tribua meme a la grande foi du pasteur ; on en fit avec lui de solen- s nelles actions de graces ; et quand il s'agit d'accomplir lc vceu qu'il » avail fait , toute la ville marqua son zele et son empressement a se » joindrc a lui. On alia en procession a la cliapelle de Nolre-Dame-de- » Grace , ou l'affluence fut grande ; et la meme chose s'est faite depuis » toutes les annees de sa vie , avec une devotion qui nc s'est point ra- » lentie. » On voil assez , par ces exemples, combicn au XVIIe sieele les Cherbourgeois avaient confiance en Notre-Dame-de-Grace du Roule. Quelquefois il se trouvait plusieurs religieux cordeliers a 1'ermitage , et lorsqu'ils devenaient vieux et incapables de faire le service divin, ils retournaient achever leurs jours a la com- munaute de Valognes. II ne parait pas qu'il y ait en de cime- tiere. Je ne crois pasnon plusqu'aucun religieux y soit decede. Ils avaient a culliver autour de 1'ermitage cinq a six vergees de terre , dont une partie se trouvait meme plantee d'arbres de haute ftitaie el de pommiers. En outre, ils se livraient a I'inslruction de quelques enfanls pensionnaires et a la predi- cation. Dans le proces de Marie Benoit , ditc Bucaillc , dont les ap- paritions et les miracles pretendus meltaient en emoi les villes de Cherbourg el Valognes , on voit paraitre comme temoin un jeune garcon , nomme Thomas Darras , eleve du pere Lemeslc, cordelier-ermite de Notre-Dame-de-Grace , pres Cherbourg. Cet enfant, age de onze a douze ans, rapporle qu'en l'annee 1698, au mois de septembrc , a i hemes et demic du soir , apprenant sa lecon dans le jardin de 1'ermitage ou les femmes u'entraient jamais, il a vu Marie Bucaille lui apparaitre. Anterieurement DE LA MONTAGNE DU ROl'LE. 197 ellc lui avail donnc un Agnus Dei , de sorle qu'il avail un molif pour ne ])as s'etre trompc sur sa physionomie. II esl bon dc dire que dans ce moment Marie Bucaille etait enfermee dans la prison deValognes.C'elaitdonc un fanlomeayant la ressemblance de la beate supposee, que l'enfant apercut ou ]>luto.t crut aperce- voir. Quoi qu'il en soil, la voyant aupres d'une salle verte, il fit le signe de la croix sur lui et sur elle. Alors le fantdme trembla un pen. Cepeadant i Is allerent a la rencontre I'ura de l'autre. La Bucaille eommenca l'entretien. Elle lui demanda en premier lieu comment il se portait et comment se porlail le pore Le- mesleet s'il voulait, lui, etre religieux. Oui, dit l'enfant. — Vous ferez bien , repartit la Bucaille, car le monde csi un grand tin- tamarre. — L'enfant prenant de la hardiesse conlinua : Savez- vous que Ton dit beaucoup de mal de vous; que Ton a trouve un jour cbez vous un petit enfant mort, couche sur une table ! — A ces mots la Bucaille elendit les bras el leva les yeux au eiel en s'eciiant : Ah I vion Dieu , que Von dit de medisances dans le monde I Le jeune interlocuteur s'approcha d'elle ct la prit par sa jupe; il vit qu'elle etait pieds nus ; que sa jupe etait d'un blanc gris ; qu'elle avail un tablier gris et une coefle blanche sans cape. Le fantdme et l'enfant marcherent un instant en- semble. Et l'enfant ouvrait de grands ycux pour considerer l't'tre surnalurel qui lui etail apparu, et qu'il croyait la Bucaille. Mais elle , le fixant , lui adressa ce reproche : On disail que vous ne regardiez pas les gens ! Le jeune garcoo I'ayant quittee i\n moment pour faire part au pere Lemesle du prodige qu'il ve- nait de conlempler, Marie Bucaille disparul sans que Ton put savoir de quelle facon. Au temps ou la confrontation juridique cut lieu , le jeune garcon avoua qu'il reconnaissait la Bucaille, mais que son habil- lemenl differaitdecelui qu'elle portait lejourde son apparition. Quanl a Marie Bucaille, qui lit Paveu en mourant a l'lidpital 1U8 NOTICE SUR LES DEUX ERM1TAGES de Caen ou elle s'etait refugiee apres son retour de l'ile de Jersey , que tout son fait n'etait que mensonges ct tromperies , ce dunt elle demandait pardon aDieu, a la Vierge ct aux saints; quant a Marie Bucaille , dis-je , elle fut loin de dementir le de- posant ; au eontraire , elle eut recours a des explications mys- tiques qui revolteraient la raison et la p'iete , si la tolie n'y etait pas visible. « Rien, dil-elle, n'est impossible a Dieu ; il est vrai > que je suis allee voir ce jeune homme audit ermitage , je ne » puis dire le temps. Mon bon ange prit ma figure et demeura > dans ma prison pendant que le bon ange de ce jeune homme j> me transporta dans le jardin ou il etudiait, afiu de rexhorter » a perseverer dans sa vocation. La porle de ma prison me fut » ouverte d'une maniere merveilleuse par son bon ange et par » saint Francois. Au sujet de l'habit que je portais , j'avais pu i le changer , parce que j'en ai plusieurs. » II n'y a point a s'etonner que l'eleve d'un cordelier de Va- lognes , desservant l'ermitage de Cherbourg , eut 1'imagination frappee au point de s'elre persuade qu'il avait reellement vu , entretenu et louche Marie Bucaille , quoiqu'elle fut en corps et en ame sous les verroux. Mille histoires devaient necessaire- ment courir sur le compte de cette fdle qui se donnait et que Ton regardait comme thaumaturge. Ses impostures , le comme- rage et la conduite scandaleuse de ses coaccusees compro- mirent la reputation d'un prelre, d'un theo'.ogien de la commu- naule des cordeliers de Valognes , du pere Saulnier qui etait leur confesseur. D'mMleurs les cordeliers avaient des ennemis , on en voil des preuves frequentes dans Thisloire du proces ; et il n'y aurait rien d'etonnant que Ton eut gagne quelque femme pour jouer le role de Marie Bucaille dans le jardin de l'ermi- tage, dont les murs pouvaient etre facilement escalades. Apres le pere Lemesle , j'ai rencontre les noms de trois reli- gieux qui ont eu le titre de desservants ou superieurs et qui DE LA MONTACNE DU ItOULE. 199 se sont succede jusqu'en 1770. Mais jc n'ai pu conslater pendant leur sejour rien qui merite d'observation interessante. Ces desservanls, sont : le frere Jacques Pasquier , pretre, predica- teuret confesseur , le pere Francois Chauvin , pretre , et enfin, le pere Jean-Bernard Desquiesses, pretre. Celui-ci, apres nn se- jour de 14 ans et 10 mois a Notre-Dame-de-Graee , donna sa de- mission et se relira a la communaute de Valognes. II fill le der- nier rcligieux desservanl de I'ermilage. Messire Hcrve Fouquet de Reville etait alors seigneur et pa- tron de la paroisse de Tourlaville. Sa demeure ordinaire etait a Valognes. Par aete passe le 30 octobre 1770, devant Michel Leveel , lieencie-es-lois , et Ambroise-Yves-FratiQois Le Barbau- chon , notaires royaux aposloliques du diocese de Coutauces , a la residence de Valognes, le seigneur, ci-dessus nomine, fit choix , pour le service de Nolre-Darne-de-Grace , d'un pretre seculier de Tourlaville. « Messire Bene Fouquet de Reville , est-il dit dans l'acte , trouvant » qu'il est convenable pour le service de Dieu et edification des penples » de faire rcmplacer le pere Desquiesses par une personne capable d'y » faire les fonctions ordinaires et desservir le dit ermitage , etant d'ail- » leurs bieninforme des bonnes vie, mceurs, capacite et saine doctrine » de maitre Guillaume Philippe Le Brim , pretre de la dite paroisse de » Tourlaville , y demeurant , a icelui sieur Le Brun, nomme et presente b pour jouir du dit ermitage de bas de Tourlaville , dit ordinairement » de Notre-Dame-de-Grace de la ville de Cherbourg et de ses fruits, re- » venus et emoluments quelconques y appartenants et en dependants , y » servir Dieu et s'acquitter des fonctions d'un bon et saint ermite, enten- > dant qu'il s'en mette dans la pleine et paisible jouissance comme de » ce jour , sans autre formalite , sauf les droits d'autrui , et a observer j a cet egard les formalites qu'il croira necessaires. » M. l'abbe Le Brun avail indubilableinent dans ce temps les qualiles essenliidlos du sacerdnce, et que le seigneur de Tour- 200 NOTICE SUR LES DEUX ERMITAGJ S laville se plaisuil a reconnaitre en lui d'unc maniere aussi for- melle qu'on l'a vu d'apres I'extrait de l'acte que je viens de rapporter ; cependant sa conduiic, com me preire , flit plus tard en contradiction avec Icsprincipesdu calliolicisme. Ce fait ('taut de notoriete publique, je le mentionne , sansm'y etendre davautage, car ii if en ressorlirait que de trisles details, inutiles d'aillenrs a mon recit qui va s'arr&era l'cpoque desastreuse ou leculte fut aboii en France, et les pretres fideles feleur Dieu, proscrits. Taut que M. l'abbe Le Brun fut desservant de fermilage, les pretres du clergede Cherbourg y allaient souvent dire la messe, a la demande ties personnes pieuses qui avaient une confiance particuliere dans le saint sacrifice, oflert, en certaines occasions, sur l'autel et devanl l'image de Notre-Dame-de-Grace. II existe encore un excellent vieillard qui se rappelle tres bien, qifclant enfant de choeur de I'eglise Sainte-Trinite , on l'emmenait a l'ermitage , pour y repondre la messe. Les soldats du regiment de Lorraine, qui elaient en garnison dans les Wielles eta la Verrerie, adopterenl la chapelle pour y as- sister a la messe les jours de dimanches et de fetes. Par conven- tion enlre M. Le Brim et les oiFiciera, chaque messe elait retri- buec de 30 sous. J'ai dit precedemment qu'i! etail facile d'escalader les murs de l'ermitage, la chose est aisee a concevoir, si Ton examine la maniere dont il se trouvait adosseti laniontagne avant que I'on eut commence l'exlraelion des pierres pour les Iravaux mari- limes qui font la gloire de Cherbourg. Je croisen trouver une preuve convaincante dans le fait suivant. En 1787, les travaux d'exploitation de la montagne du Boule portant prejudice aux terrains de l'ermitage et par suite aux revenus du desservant, M. l'abbe Le Brun demanda que des murs de cloture fussent elablis aux d(;pcns du Boi ou de la compagnie Noel. Une com- DE LA MONTAGNE DU HOULE. 201 mission de cinq membres ayant trouve sa reclamation jusie , ii recut a cet cffet une somme de 189 francs. Les bailments de 1'ermitage de Nolre-Dame-de-Graee etaient Ires modesles. La chapelle avait 42piedsde longuenrct 13 k I i de largeur. L'inlerieur etait orne d'un certain nombre d'cx- voto qui servaient a perpetuer la memoire des faveurs que les pelerins avaient attributes a l'invoeation de la sainte Vierge. Une statue de la madone etait placee an dessus de 1'autel , c'e- tait probablemcnt un legs du fondateur dont le nom ne nous est pas parvenu. La superficie du terrain qui entourait 1'ermitage, sans une avenue d'ormesetun plant de Irenes qui en dcpendaientcepen- dant, etait d'environ un hectare. An commencement de la Revolution, une troupe de foreenes ayant fait irruption sur 1'ermitage, la chapelle fut pillee. Quels que fussent les objets consacres an culte du lieu, quelle que fut la saintete de ce culte, quelle que fut aussi son anciennete , rien n'arrctala lureurde cesnouveaux iconoclasles; tout futenleve, brise et brule. Lesordrcsreligieux etanl abolis, leurs proprietes, conforme- ment aux decrets de I'Assemblee Rationale, dont M. de Talley- rand , encore eve'que, el Mirabeau , avaient ete les promoteurs , devinrenl des domaines de la nation que legouvernemeiltecluui- geait centre du numeraire, an fur ct a mesure que les besoins du tresor I'exigeaient. Compris dans les biens nationaux du department , les deux ermilages furentvendus par le Directoire du district de Cherbourg en I'an n de la Republique. Quelques &mes remplies de foi regrettaient sans doute les jours ou elles pouvaienl librcmenl invoquer dans ses deuxmo- destes chapelles l lui faire eprouver des souffrances aussi aigues que la haine » qui me rouge en cet instant. » Viridovix tint parole, et voici comment il mil a execution ses projets de vengeance. Apres la ceremonie religieuse, Clodomir se mil a la t(Me des soldats Gaulois, etmarchaa la rencontre de L'ennemi dans les landes dc Joboui "g. Les Gaulois succomberent. Cefut dans cette 256 COL'P-D CEIL aride contree, a l'exlrcmite d'une presqu'ile inconnue, que peri rent les derniers restes de la nationality Gauloise. Tandis que l'armee des Celtes succombait glorieusement dans les plaines de Jobourg pour soulenir l'independance de sa pa- trie, la druidesse etait restee seule dans une petite maison que la tradition place a l'endroit ou se trouve anjourd'hui le roeher d'Equinandre. Elle regardait tristement les dernieres lueurs du soleil couchant, qui se jouait obliquement a travers une avenue de chenes conduisant asademeure. Bientot elle apercut a l'ex- tremite de l'avenue un homme robuste, portant sur ses epau- les un autre guerrier revetu d'une brillante arnmre. Ces deux hommes etaient Viridovix et Clodomir. Dans Ic combat qui avait eu lieu en ire les Celtes etles Romains , Clodomir avait recu une grave blessure et etait lombe au milieu de la melee. Viri- dovix , qui aurait cru sa vengeance incomplete s'il s'etait con- tente de fouler aux pieds son ennemi personnel sur lc champ de bataille , l'avait enleve du milieu des morts pour le faire ex- pirer sous les yeux d'Equinandra. II entra done dans la demeure de la druidesse, et deposa Clodomir sur le lit conjugal. A cette vue , Equinandra , les cheveux en desordre , court se jeter , in- terdite el tremblante , sur la eouche funebre qui venait de re- cevoir Clodomir. Elle I'interroge du regard, du gesle et de la voix ; eile pose ses levres sur la blessure de son epoux pour faciliter l'ecoulement du sang ; elle conjure les dieux et les homines de sauver son Clodomir. Vains efforts! inutile priere ! Au moment le plus terrible de sa supreme douleur, Viridovix la saisit, la garolte etroitement, la lie contre une colonne de chene qui s'elevail en face du lit conjugal, et lorsqu'il cut tcr- mine ce travail de bourreau, il semit a appliquer sur la bles- sure de Clodomir des feuilies de plantes veneneuscs, dont la vertu deletere etait de nature a inoculer un jioison violent dans la masse du sang, et a produirc une raort lenie, cruelle, hor- SUR LA HAGUE. 237 riblo. Alors Clodomir se scniii bientot devore par un mal inte- ricur, qui consumail par degres le principe tie son existence. Son front elait pale et couverl d'une sueur froide : une fievrc brulante, continue , se rcvelait par des battements irreguliers du pouls, par des pulsations dc cccur frequentes et convulsives, par un delire au milieu duquel son imagination s'egarait en des reves ncbuleux, ineoherents, en de noires et lugubres visions. Et la pretresse entendait les plaintes de son epoux , et elle se tordait eonlre son poteau de chene; elle se meurtrissait la chair sous ses liens; la sueur ruisselait a grosses goutles sur ses iraits decolores, ses yeux roulaient dans leur orbite : la pauvre fcmme cprouvait un supplice atroce. Et Viridovix , que faisait-il en presence de ce drame d'agonie ? il souriait! mais de ce sourire voluptueusement barbare qui de- cele une haine profonde, une vengeance satisfaite. A chaque cri dedouleur que poussaitla druidesse , a chaque rale de mort qui sortait de la bouchedu patient, il repondait ou par un sar- casme impie , ou par un rire moqueur. Combien de temps dura celle scene afl'reuse? personne ne le sait. La nuit dessiecles couvre d'un voile impenetrable les der- nierescirconslances de ce drame de vengeance. Seulement la le- gende affirme qu'apres la mort de Clodomir, Viridovix brisa les chaines de la pretresse, et lui dit : « Va maintenant trainer i sur la lerre ta Iriste existence ! Va pleurer 1'epoux que j'ai i> ravi a ton amour, comme je pleure 1'enfaut que lu ravis a » ma tendresse! Vis pour te consumer comme moi dans les » chagrins et les larmes, et il y aura parfaite egalitcentre s Viridovix et Equinandra. » Ici la legende s'arrete. Elle ne parle ni de la mort du vieux druide, ni de celle d'Equinandra. II est probable que l'un mou- rui dc vieillesse, I'autre il(> chagrin. Quoiqu'il en soil, depuis 238 coup-d'ceil cette epoque la roche d'Equinandre est entouree d'une aureole de merveilleux. Cnaque annee, dit-on , aux approches de l'au- lomne , la caverne que la mer a ereusee dans les flancs du rocher, s'illumine de flambeaux funeraires; une large tenture noire , parsemee delarmes, en tapisse l'interieur. Un vaste cer- cueil, ou plutot un catafalque remplit une partie de la caverne. Du milieu du catafalque se leve un fantome, revetu d'un uni- forme de guerrier. Le fantome se promene a pas lents, regarde d'un air melancolique la sombre draperie qui l'entoure, et prononce trois fois ces paroles : Equinandra , dors-tu ? A cet appel sepulcral , la demoiselle d'Equinandre apparait; eile embrasse tendrement le fantome , lui passe au doigt un anneau resplendissant de pierreries; il se passe enlre eux on ne sait quoi d'indefinissable , de myslerieux comme les secrets de la tombe ; puis le catafalque s'efface peu a peu ; la tenture noire de la caverne disparait , les flambeaux s'eteignent , et on ne voit plus rien que la vague mugissante qui se brise avec fracas con- tre les bords du rocher grisatre. Telle est l'histoire de la demoiselle d'Equinandre. C'est le le draine le plus interessant que nous aient legue les tradi- tions populaires de la Hague. Du reste , il ressort de cet epi- sode deux fails que l'histoire a deja constates : ces deux fails sont, d'un cote le pouvoir supreme et tyrannique des druides; de l'autre cote, la haine et Texecration profondes qu'inspirait aux Gaulois cette puissance homicide qui se jouait impunement des droits les plus sacres de 1'humanite. Les traditions de la Hague perpetuent le souvenir d'une ap- parition qui epouvanta les communes de Jobourg, d'Auderville et de Saint-Germain-des-Vaux , vers le commencement duxvme siecle. Une immense boule de feu , disent les vieillards, se mon- tra dans les airs. Elle illuminait toutes les parties du ciel, et menacait la terre d'un effroyable incendie. Hommes, femmes sun LA HAGUE. 258 enfanls so jeterent le visago contre terre en poussant des cris d'alarmc ct de desespoir. On crut ctre au dernier jour du monde. Enfm, une detonation, semblable au bruit de cent canons ecla- tant ensemble, ebranla la terre jusque dans ses fondemenls, la merpoussa un affreux mugissement, le globe de feu se perdit dans les brides , et la nature rcprit son cours accoutume. L'annuaire de la Mancbe de 4839 contient un morceau scien- tifique , compose par le savant redacleur du Phare de la Man- che, M. Verusmor, qui confirme et corrobore le memo fait. II existe un tel accord entre lelangage de la tradition et forlicle de M. Verusmor, qu'il nous est impossible de n'en point titer un extrait. « Le 7 Janvier 1700, dit M. Verusmor , une heure avant le » jour , les habitants de la Hague vircnt dans les airs un tour- i. billon de feu si eclatant , qu'il effacait la lumiere de la lune , s brillanl alors avec eclat. A Sainl-Germain-des-Vaux et a Au- » derville, on crut d'abord qu'il etait jour; mais lorsqu'on j apercut le phenomcne, les habitants, effrayes d'uiTe clarte si x prodigieuse , s'imaginerent que la terre allait etre brulee , et » qu'on etait arrive au dernier jour du monde. Le meteore » avait la figure d'un grand arbre, ctcourait dans la direction j> de l'O.-N.-O. a l'E.-S.-E. II etait plus d'une heure du jour » quand il lomba , et ce fut avec un si grand bruit, que les j maisons d'Auderville et de Saint-Germain-des-Vaux en irem- » blerent. Les habitants de Cherbourg, qui virent aussi cephe- » nomene, crurcnt que le meteore etait tombe sur Valognes, » et les habitants de Valognes crurent que c'etait sur Cher- i bourg. Mais comme les habitants de la Hague furent les seuls » qui enlendirent le bruit et sentirent le tremblement que sa i chute causa , ils sont les temoins les plus croyables sur ce i point. II leurparut que le meteore sc perdit dans la mer, i pres de file d'Aurigny, et ce spectacle fut a peu pres le 240 coup-d' des sciences. » Ici se terminent les legendes locales et les traditions populai- res dela Hague proprement dite, c'est-a-dire des buit commu- nes comprises dans les relranchementsdu Haguedick. L'auteur n'a eu pour but, dans cetle notice , que dc faire revivre quel- ques souvenirs inconnus de son pays natal. HISTOIRE DU COMTE r _r ANTOINERENE DU BEL, SEIGNEUR DE SAINT-GERMAIN-DES-VAUX. Par M. J.-B. DIGARD DE LOUSTA. Nous avons decrit la topographic les mceurs, les families , les traditions populaires , les legendes de la Hague ; mais au nombre de ees traditions, de ces legendes, il en existe quclques unes qui, par la nature meme du sujet , n'ont pu entrer dans le cadre que nous nous etions trace, C'est pour combler cette lacune que nous nous proposons de publier plusieurs episodes relatifs a l'histoire generate de la Hague, en commencant par celui qui va suivre. Au milieu de la commune de Saint-Germain-des-Vaux , sur une hauteur d'ou Ton decouvre une gramle etendue de mer, dorment les mines d'un vieux chateau feodal , nonnne Le Bel. Le voyageur qui passe aupres de cctte masure abandonnee ne 16 242 iiiSTomE du comte se doute pas qu'il sortit de la plusieurs generations de braves chevaliers , qui tous prirent une part plus on moins active aux drames sanglants de notre hisloire. Lorsque Heni'i HI et Henri , roi de Navarre, s'approcherent de Paris, vers la fin dejuillet 1589, pour triompher de la Ligue, le comte Antoine-Rene du Bel etait seigneur etmaitre deSl-Ger- main-des-Vaux. Audire d'une chronique manuscritc que nous avonslue clans les archives del'eglfse de S'-Germain-des-Vaux, les seigneurs du Bel elaient de race cellique ; ils excellaicnt a manier la lance, a monter a cheval, a poursuivre a travers les campa- gnes le cerf et le sanglier , a guerroyer jour et nuit. Cette chro- nique s'etend particulierement sur le comte Antoine-Rene du Bel. Elle le rep resente sous les traits d'unhomme petit et trapu , aux yeux rouges et flamboyants , aux paupieres pendantes et eraillees, aux cheveux noirs et crepus, au caractere dur et ty- rannique ; mais elle ajoute aussi qu'il avail une reputation de courage et de galanterie qui rachelait en partie ses mauvaises qualites. 11 avail epouse Sophie-Eleonore de Sennecey, fille et unique heritiere du baron Polidor-Charles-Louis de Sennecey, seigneur deDigulleville, Omonvilleet autrcs lieux circonvoisins. Sophie-Eleonore de Sennecey etait d'une beaute ravissanle, et plusieurs nobles et vaillants chevaliers s'elaient dispute 1'hon- neur de 1'obtenir ; mais le comte du Bel dut l'emporter sur ses rivaux , non settlement a cause des biens considerables qu'il possedait, mais encore en raison des relations amicales qui le liaient au baron de Sennecey. Antoine du Bel n'etait point aime de sa rename, et il le savait; aussi devint-il d'une jalousie ex- treme , jalousie sans motif, il est vrai , mais qui l'irrilait en proportion de l'indifference conjugale dont il etait l'objet. Toute- fois il ne voulut pas renoncer entierement a l'espoir d'etre aime; il se donna des airs d'assiduite et de complaisance , il essaya de racheter sa laidcur par des dehors de bonte. Ce fut en vain ; .iNTOINK-IlKNK DU BEL. 243 Sophie ilc Sennecey ne pouvait se contraindre a son aspect, et laissaii percer, souvent raalgre eile, la repulsion qu'elle eprou- vail pour le comle. Un soil- la pluie tombait a grosses gouttes sur la toilure du manoir feodal de Sainl-Germain-dcs-Vaux, et le sourd mugis- seraent de la mer retentissait dans son donjon gothique. Le cointe du Beletait assis dans une grande salle garnie en boise- rie, devanl une vaste table de chenc, copieusement servie, La comtesse , assise de l'aulre cute de la table , s'etait placee pres- queen face de lui. Rien nelroublait le silence de cet interieur desole, si ce n'est le sifflement du vent dans les lambris, ou les pas des valets qui apportaienl et enlevaient les ruels tour h tour. Ce silence lut bienlot interrompu. On annonea qu'un homme de guerre , monle sur un cheval lout en sueur, venait d'arriver a toule bride et demandait a etre introduit. Le conite ordonna debaisser lepontlevis, et de faireentrer l'etranger. Ce cavalier elaituu horame d'une haute stature et d'un exte- rieur martial. II elait rcvetu d'un corselet a longues tasseltes d'aeier, de manches de mailles et de gantelets de 1'er luisant; il portait en outre le casque en tete, et la dague au cole. Le corate et la comtesse le recurent poliment, et l'inviierent a prendre part au souper. Lorsqu'il fut assis , la comtesse lui demanda avec une marquje d'interet et de curiosite comment il avait ose s'aventurer seul et sans guide dans unpays inconnu et par un temps si orageux. — Madame, la nouvelle que j'apporte, repondit l'inconnu, est d'une haute importance , et le mauvais temps ne saurait ra'empechcr de reraplir raon message. Quelle est done cette nouvelle, dirent le comte et la comtesse? Cette nouvelle, reprit l'etranger, e'est la mort de Henri de Yalois. HISTOIRE DU COMTE A ces mots , les traits du comte et dc la comtesse s'assom- briront sous une penible expression d'inquietude. Lundi, dernier jour de juillet , eontinual'etranger, un jetine dominicaiu , uomme Jacques Clement, encourage par madame la Duchesse de Montpensier, sceurdes Guise, partit pour Saint- Cloud, sous pretexte de remettre au roi des lellres du premier president, Achille de Harlay, etdc lui communiquer les choses les plus importantes sur les interests de sa couronne. Le lende- main , le jeune religieux ayant etc introduit dans la chambre du roi , enlre six et sept heures du matin , le frappa morlellement d'un coup de couteau. Par suite decet evenement, ajoula l'etranger, en s'inclinant gracieusemenl vers le comte , le Due de Mayenne , qui connait votre bravoure, m'a depute vers vous, pour vous prier de sa part de venir vous joindre aux inlrepides et loyaux defenseurs de la religion catholique, apostolique et romaine, aux fins de repousser par la force des armes ce huguenot de Henri de Navarre , qui a mis le siege devant notre bonne ville de Paris. Le comte du Bel stupefait de ce message , conserva assez d'autorite sur lui pour repondre qu'il etait aux ordres du Due de Mayenne, et qu'il s'estimait lieureux de pouvoir lui donner des preuves de son eslime et de son affection , qu'ils avaient debute ensemble dans la carriere des armes , et qu'il se retrouvcrait avec bonheur sous le commandement d'un si vail- lant capitainc. Puis, apres une pause de reflexion, il ajouta . Veuillez me dire, seigneur chevalier, si vous accordez beau- coup de temps a mes preparatifs de depart? J'ai des ordres precis , repondit le chevalier, et je dois vous dire que la ville de Paris Slant assiegec par Henri de Navarre, un combat terrible peut avoir lieu d'un moment a l'autre , et que devant etre rendus a Paris dans trois jours, il devient in- WTOlNE-HENE DU BEL. 245 dispensable que nous partions deinain matin au point du jour. Quoiqu'il en coutat au comte Antoine-Rene du Bel de s'eloi- gner de son pays, i! se resigna touletbis, et partit avee le mes- sager du Due de Mayenne. Le comte etait un homme de tete , de coeur el d'aelion. Aussi le Due de Mayenne le retint-il plu- sieurs amices aupres de sa personne. Pendant lout le temps de son absence , le eomte, par une ineoncevable bizarrerie, ne donna aueunc nouvelle a sa femme, en sorte quele bruit de sa mort se repandil dans le pays, et pritde plus en plus l'appa- rence d'une certitude. Soit qu'il eiit etc tuc dans un combat , soit qu'd eut peri d'un autre genre de mort , il semblait devc- nir evident pour tout le monde que le comte Antoine-Rene* du Bel n'cxislait plus. La comtesse elle-meme ayant ecril au Due de Mayenne sans reeevoir aucune rcponse, fut persuadee que lecomle etait mort, etque deslors elle etait libre. Comme elle etait jeune et belle, elle se vit enlouree d'une foule d'adora- leurs. Quelquesuns des jeunes seigneurs qui , avant le mariage de la comtesse , avaient sollicitc sa main , recommencerentleurs visites el leurs assiduites. Au nombre de ces seigneurs etait un genlilhomme qui passait pour le plus accompli de son temps, sous le rapport de la distinction des manicres , de l'eleganee du langage , de la generosile et de la bravoure. C'elait le marquis Gustave-Leouidas de Greville. On s'apercut bientot que la com- tesse le preferait , el qu'elle ne larderait pas a l'cpouser. En ef- fet, le 17 juin 1594, un an apres l'avenement de Henri IV au trone de France , l'eglise de Saint-Germain-des-Yaux presentail un superbe spectacle. Le maitre-aulel et les murs de l'eglise etaient tendus d'une drape lie blanche. Au milieu du chceur etait reunic toule la noblesse du pays : comics , barons , chevaliers, ccuyers, varlets. Le cure de la paroisse, vrlu d'une aube par- scmee de broderies d'argenl el d'une chasuble de toile d'or, 24G I1IST01RE DU COMTE ceiebrait la nresse du manage qui devait unir pour toujours Sopln'e-Eleonorc de Sennecey , veuve du comte Anioine-Renc du Bel, au jeuno et beau marquis Gustave-Leonidasde Greville. Le marquis et la comtesse etaient agenoux au pied de l'autel, Tun a cote de I'aulre, sur deux tabourets garnis de velours. Le costume du marquis de Greville etait a pea pres le meme que celui des seigneurs de la cour de Henri IV. La comtesse avait le costume des dames du x\T siecle. Ellc portait une robe de riche etofle a grands dessins , des soulicrs de cuir noir , des gants d'Espagne parfumes, et une cotte de damas blanc large- mentechancreesurlapoitrine. Sescheveux, d'un noir d'ebene, caches a la naissance, se relevaient vers le sommet de la lete, et etaient ornes d'une resille de soie et d'or. L'ensemble de sa toilette en un mot realisait le beau idea! du bon gout et de l'har- monie des formes. A droite et a gauche du chceur brillait un ecusson aux armes du marquis. Une foule de peuple animail cette fete par sa presence. A peine la ceremonie du manage etait-elle terminee qu'on vit entrer dans l'eglise un chevalier arme de loutes pieces, le casque en tete , la visiere baissee , la main gauche placee sur la garde de sa lance. Ses botles pesantes et ornees d'eperons d'or retentissent sur le pave du temple, il s'avance toujours et va se placer sur le premier degre de l'autel, du cole de l'evangile. A l'aspect de cct homme la comtesse eprouva un sentiment de terreur. Ce sentiment s'accrut bien davantage , lorsque le che- valier inconnu poussant son casque en arriere, et croisant les bras sur sa poilrine , laissa voir aux nouveaux epoux et a l'as- sistance effrayee le visage du comte Antoine-Rene du Bel, premier man de la comtesse , qui d'une voix pleine de menace et de courroux prononce ces paroles : Que faites-vous ici ma- dame? Et vous, marquis, continua-t-il en s'adressant au seigneur de Greville , je vous annonce que ce jour va se changer ANTOINE-KENK DU BEI , 217 en lunerailles ; madarae la comtesse ne peut avoir deux maris , il faut quo l'un de nous disparaisso ; jo vous provoque aujour- d'hui memo a un combat singulier. Mors se tournant vers le pretre, il le mesure d'un regard etincelant de fureur, el lui dit : ministre d'un Dieu de paix , tu t'cs constitue aujourd'hui le serviteur de Salan, maudite soit ta main qui a beni un mariage adultere! Etdes voix repelaicnt dans la foule : Maudite soit ta main qui a beni un mariage adultere ! A deux jours de la le comte Antoine-Rene du Bel etait assis seul, a rextremite de son chateau, dans une chambre etroite et sombre. A la Incur d'une lampe pale, on distinguail, au fond de celte chambre , un lit de repos garni de vieux rideaux de velours noir. Conlre la muraille, lambrissee en bois de chene, etaient suspendus les portraits de ses ancetres. Le premier portrait representait Alexandre-Ferdinand du Bel , tenant un laucon dans sa main , et foulanta ses pieds un mananl qu'il avait trouve chassant sur ses lerres. Le dcuxieme portrait etait celui de Jacob-Leonard du Bel , qui avait ete attache en qualite d'ecuyer aux princes de la maison de Lorraine , sous le regne de Francois II. II etait rcpresente avec une arbalete , ajustant un huguenot le jour de la Saint- Barthelemi. Sa physionomie exprimait la colere la plus sombre. On voyait sur le troisieme portrait Achille-Hercule du Bel , portant dans sa main une hure desanglier, et regardant 1'index de sa main droite , auquel Francois Ier avait passe un anneau magnifique, en recompense de la bravoure qu'il avait deployee au siege de Pavie. II y avait encore plusicurs autres portraits; mais le plus in- t^ressant etait sans contredit le trcizieme et dernier, qui repre- sentait Camille-Prosper-Leopold du Bel, l'un des memluvs lis plus dislingues de cetle famille. II elait uHv nueet revetu d'une epaisse Bunjpaure. A cute de lui , on voyait upe li'inme , cpuchee '-'(> HISTOIRE DU COMTE dans an lit, allaitant un enfant que ce guerrier regardait teir- drement. Au dessus de ce portrait brillaituneaigle d'or enriehie de pierreries. Pendant que le comte du Bel , plonge dans une reverie pro- fonde , corisiderait d'un air soucieux les portraits de ses an- cetres, un domestique entra. Monseigneur, dit-il en s'adressant au comte, le marquis Gustave-Leonidas de Greville n'a pu sur- vivre a la profonde blessure qu'il a recue ; il vient de mourir et son dernier soupir a ete un cri de malediction conlre vous. — C'est un denouement auquel je devais m'atiendre , repondit le comte d'une voix sourde et concentree. Puis apres un instant de reflexion il ajouta : a-t-on l'espoir de sauver madame la comtesse? — Monseigneur, repondit le domestique, Madame a ete si vivement impressionnee par voire relour imprevu et par les consequences qui en ontete la suite, qu'elle est toujours extremement malade. Quelquefois elle entre en delire , et alors elle demande continuellemenl le marquis. Elle est aujour- d'hui considerablemenl affaiblie, et le chapelain du chateau l'a trouvee si mal , qu'il a juge a propos de lui conferer l'extreme onction. A cet instant supreme elle a semble reprendre un peu d'energie ; elle a dit qu'elle vous pardonne vos violences , et qu'elle desire que vous lui pardonniez ses faiblesses ; elle a manifeste le desir d'etre inhumee a cote du marquis dans le ci- me\\eve des FalaUes , et de reposer dansun cercueil de plomb, avec son livre d'heures gothiques sur la poitrine. Apres ces dif- ferentes recommandalions elle a pris un crucifix entre ses mains et s'est mise a reciter des prieres , en conjurant les assistants de prier pour elle, et en faisant observer qu'elle abandonnait une existence fragile pour une vie de bonbeur eternel. — Le domestique en etait la de son recit, lorsque le chapelain du chateau, les yeux baignes de larmes, entra dans la chambre. II s'approcha du comte , et d'une voix pleine de sanglots : — ANTOlNE-RENi Dt BE,. 249 Monseigneur, murmura-t-il , tout est lini ; Madame la comtesse a rendu son ame a Dieu. — Ainsi s'aeeomplit la sinistre prophelie du comte du Bel, iorsqu'il avait dil aux jeunes epoux au pied de l'autel : « Je « vons annonce que ce jour va se changer en funeraillcs. » Les funerailles eurent lieu en effel. Les tombeaux des deux jeunes infortunes furent places cote a cote dans le cimetiere des Falaises , et la ils se reunirent pour toujours dans le manage de la mort. L'histoire que je viens de decrire n'est point un roman. En 1798, on decouvrit dans 1'ancien cimetiere de Saint-Germain- des-Vaux , appele le cimetiere des Falaises, deux tombeaux places cole a cote , scelles de deux couverclts de marbre noir. Sur l'un des tombeaux on lisait ces mots : Ci-gistlbelle et jo- lie dame , sophie-eleonop.e de sennecev , comtesse du bel , morte le 19 juin 1594 , a onze hemes du soir. Priez Dieu pour elle. L'aulre tombeau portait l'epitaphe suivanle : Ci-gist noble ct vaillant seigneur gustave-leomdasde greville, mort le 19 juin 1594 , Dieu lui fasse merci I Depuis ce jour funeste le comte du Bel s'enferma dans son cbateau, comme un vautour dans son aire. Son caractere natu- rellement sombre se rembrunit de plus en plus. II contracta des habitudes sanguinaires et se livra a la debauche la plus effrenee. Enfln, use par la volupte el les plaisirs de la table, il mourut dans sa o.*>e auni'-e. Ce fat dans la pcrsonne de ce seigneur que s'eteignit pour toujours l'ancienne et noble famille des du Bel de Saint-Germain-des-Vaux. PROCEDURE DU XVe SlfiCLE, RELATIVE A LA CONFISCATION DE D1ENS SAISIS SUR UN ANGLAIS , ET A LEUR ADJUDICATION EN FAVEUR D'UN CAPITAINE DE CHERBOURG. I>ublii8 par AUG. LE JOI IS. AVANT-PROPOS. En compulsant les archives de la Seigneurie de Nacqueville , que M. le vicorale H. de Tocquevilleaeu l'obligeance de mettre a noire disposition pour nous aider dans nos recherches ar- cheologiques sur eelte commune, nous avons rencontre un do- cument qui nous :i para offrir de rinterct , soit par certains details d'histoire locale , soil comme modele d'une procedure au\v siecle. A ce double litre nous avons juge utile de le pu- blier; nous ne nous sommes toutefois decide a le faire, qu'apres avoir pris l'avis desavanls plus competents que nous en pareille matiere, et pour I'opinion desquels nous professous une grande y2;i2 PROCEDURE deference. D'apres leurs conseils, nouslranserivons ici cetacte, mais auparavant, nous donnerons quelques explications n^ces- saires pour faci liter l'intelligence du texte. Lorsque les Anglais furent expulses de la Normandie au mi- lieu de xve siecle, leurs biens et ceux de leurs adherents se trouverent , en vertu du droit feodal , confisques au prolit des rois de France. La plupart des proprietaires depossedes loi-s de la conquete des Anglais , ou leurs representanls nalurels , furent remis par Charles VII en possession de leurs fiefs (1). Mais les domaines de tousceux que le roi put considerer eornnie traitres et auxquels il n'accorda pas de leltres de remission , fu- rent vendus par decret, etune parlie de leur produit fut employe a recompenser les services rendus a la couronne de France; car a cette epoque , on ne doimait plus les biens confisques en nature, maisseulement une somme prefixe sur le montant de la veule de ces biens. C'est a ce litre que le roi Louis XI , « par consider j- cion des bons et aggreables services » de son grand echanson Jean du Fou , capitaine de Cherbourg et jouissant des revenus de la prevote de cette ville, lui octroya, par lettres patentes du 24 mai 1463, une somme de douzc cents livres tournois — som- me equivalente alors a environ 7,(i00 francs de notre monnaie, — a prendre sur le produit des biens saisis sur les Anglais ou leurs partisans dans le bailliage du Cotenlin. Les troubIes qui continuaient d'agiter notre province avaient empeche Jean du Fou d'entrer en possession de cette somme ; aussi Louis XI ful-il oblige de lui accorder, en 1475, denouvelles lettres dedon confirmant les anciennes, et en ordonnanl la ple'me et cntiere (1) Voir Ic Hecueil des Ordonnances des Rois de France. At, \V SIECLE. Zlui execution par les soinsdu bailli de Gotentm ou ses lieutenants. (II est a reniarquer qu'a cette derniere epoque, la valeur intrin* seque de ces 1,200 livresn'et ait plus qued'environ 0,200 francs de nos jours). Les leltres du Uoi furent enregislrees a Valogncs par le lieutenant du bailli , qui ordonna plus tard , par mande- ment de justice, la vente el adjudication des heritages apparte- nant au\ Anglais, et la remise du produit de celle vente entre les mains du capitaine de Cherbourg , ou desescommis etrece- veurs. Le proeureur de ce dernier ayant appris qu'il se trouvait a Querqueville des biens dependant de la succession d'un anglais nomine Jean Hays , chargea un sergent d'en operer la saisie en vertu du mandement ci-dessus ; a cet effet le sergent se transporta, pendant trois dimanches consecutifs, a Tissue de la messe paroissiale de Querqueville , et la , scion les formes prescrites par les ordonnances de i'Echiquier de Normandie, declara que les heritages dcsignes dans un decret dont il donna lecture, ctaient confisqucs an profit du Roi, et que la vente et adjudication auraient lieu aux prochaines assises tenues a Va- logncs. II fut sursis a cette vente pendant trois assises conse- cutives , conformement aux ordonnances ; et enfin , a la qua- trieme assise, les heritages en question furent adjuges pour une soinme de vingt livresau proeureur de Jean du Fou, toutefois a I ires reserves faites en faveur de quelqucs habitants de Qu«r- queville qui pretendaient qu'une portion de ces biens faisait parlie deleurs propres heritages, probablement avant l'arrivee des Anglais. L'acte dont nous donnons la copie , est le proces-verbal de ceite adjudication passee le 27 mars 1-479, aux assises de Valo- gnes tenues par le lieutenant du bailli de Cotentin , el il con- lienl le detail de la procedure suivie a cet effet, en rapportant comme pieces a I'appui : 1" les premieres letlres de don oclroyees pur Louis XI, Ie2i mars 1 it'.r>; 2" les secondes leltres 254 PROCEDURE confirmant les premieres, accordees le 11 fevrier 1474; 5° 1 PS lettres d'enterinement, donnees a Valognes le 27 avrild475; 4° le manclement de justice pour faire vendre les biens des Anglais et en remettre la vaieur a .lean du Fou , en date du 30 juillet 1475; 5° la procuration donnee par Jean du Fou a Jean Ogier, le 4 octobre 1475; 6° le decret des heritages situes a Querqueville etayant appartenu a Jean Hays, anglais, et donl !a vente fut annoncee par le ministere du sergent, les 5, 10, et 17 oclobre 1478; 7° un extrait du memorial ou proces-verbal des assises tenues a Valognes , le 5 novembre 1478 ; 8° eelui des assises tenues audit lieu , le 18 deeembre 1478; 9° celui des assises du 8 fevrier 1478 (I) ; el enfin le proces-verbal d'adju- dication , en date du 27 mars 1479. Ce document est, comme on le voit, un dossier complet de procedure, curieux a comparer avec le « Stille et ordre de proceder en la court de parlement de Normendie » et surtout avec les « Ordonnances faictes en l'eschiqiiier de Normendie ten u a Rouen autermedePasques,rande grace 14(52. (2) » II est transcrit sur deux membranes de parcbemin cousues ensemble elformantunepancarte d'environ lm 20 sur 0 50°; l'eeriture est belle et assez bien conservee. Pour rend re plus facile la lecture de notre copie , nous avons juge convenable de distinguer par des alinea et des guillemets, les pieces al'appui qui, dans l'ori- ginal , sont confondues avec le reste du texte ; le meme motif nous a fait adopter la ponctuation et l'accentualion modernes; du reste, nous avons scrupuleusement conserve l'orthographe (1) L'annee ne commenf-ant alors qu'a Pasques, e 8 fevrier 1478 cor- respond an 8 fevrier 1479 , suivant la methode actuelle de supputer les annees. (2) Coutume de Normandie , nl. de 1525, f°167.— Ed. de 1552, f» 121. primilive. Noas avons explique pardes notes, quelques termes de droit normaiidainsi quecertaines expressions qui ne sontplus osilees de nos jours; ccs notes, superilues pour eeux qui out riiabiludc de lire les charlres du moyen-age , pourront etre miles aux persoimes moins familiarisees avec cette etude. Enfin nous allons donner iei quelques details biographiques sur le eapitame de Cherbourg et le bailli de Cotentin, dont il est fait mention dans cette procedure. Void ce que nous avons trouve sur le compte de Jean du Fou , dans le grand ouvrage du pere Anselme, (Hist, geneal. el chronol. des grands liouleillers el Eschansons de France, T. Yin , p. 582) : n 18. Jean du Fou, eonseiller et chambellan du Koy , bailli ct gouverneur de Touraine, capitaine de Cherbourg, etait premier eschanson du roi Louis XI , et grand esehanson de France, sous le roi Charles VIII. II prenait deux mille livres de gages ou pension, en 1 4(54- , sur la reeelte generalc d'Outre- Seine et Yojine, qui lui furent assis les annees suivantes sur celle de Normandie, et encore la somme de trois cents livres en recompense de la capitainerie de Verneuil et de la Tour- Crise, es annees 1479, 1 480 et 1485. Apres la mort du roi Louis XI, ayant ete trouble en la jouissancedes revenus el emo- lumens de la Prevoste de Cherbourg , que ce prince lui avoit donnez; il y fut maintenu par leltres donneesaux Plessis-les- Tours , le 17 aoiit 1488, ausquelles il est nomme grand eschan- son, et vivait encore en 1491. II est qualifie ecuyer , premier eschanson du Iloi , dans une quittance qu'il donna le 8 juin 1470, au receveur general de Normandie, de quinze cents livres tournois sur sa pension. Sur son sceau est une granite fleur de bjs , acoslee de deux oise aux posez sur ses deux brunches el se regardant , uu ange tient Veen decant lui, le casque est pose le [emit. II est qualifie chevalier dans une autre quittance du 1 i mars 1185. (Cabinet de M. Clairambault.) II cut pour frere SBG PR0CE0CR1 Yves, seigneur du Fou, grand veneurde France, duquel il sera parle en son lieu au chapitre des grands veneurs de France. » Dans notrc document, Jean du Fou est qualilie premier echaii- son, le 4 octobre 1475, et grand eschanson le 30 juillel 1475. II est fort probable que e'est le memo Jean du Fou dont il est parle dans le Traite du Ban et Arriere-Ban , par De la Boque , (Rouen, 1 734, p. 36.) « Le second role comprend les nobles, bommes d'armes et brigandiniers des eomtes de Xaintonge et Angoumois; il fut dresse par Jean du Fou, chevalier, com- missaire du^Ban et Arriere-Ban, sous l'autorite du roi Louis XI Fan 1467. » Jean du Fou portait pour amies : d'azur , a une fleur de lys d'or et deux eperviers affrontes d 'argent , becques et membrvs d'or. Colas ou Colard , sire de Moy ou Moiiy , chevalier de l'ordrc de Saint-Michel, chambellan du Boi , bailli de Bouen et du Co- tentin , descendait d'une ancienne famille originaire de Picardie , el portait pour armes : de gueules frette d'or de sixpieces. II epousa Marguerite d'Ailly , fille de Baoul d'Ailly , vidame d'A- miens : il possedait la seigneurie de Chin du chef de son aieule et celle de Bellencombre du chef de sa mere , Marguerite de la Heuse, dame de la Mailleraye , chatelaine de Bellencombre, et niece de Baudran de la Heuse , arniral de France. II assistait a labataillede Formigny et au siege de Cherbourg en 1430 (Mem. de Jacques Duclercq, liv. Ier, ch. xxiv eixxxm). II etait capitaine de Compiegne en 1465 (J. Duclercq, 1. V, ch. xxxiv), de Saint-Quentin en 1477 (Ph. de Commines , liv. V, ch. xiv liv. IV, ch. vi) et de Bibemont (Laroque , hist. d'Harcourt, t. II, pag. 1987. — voir encore : Hist.de Rouen, t. II. — Hist, des grands officios de la Ciouronne , t. IX). AL W" S1ECLE. 251 A TOUS CEELX qui ces presenles leltres vcrront, Robert Josel , lieutenant general de noble et puissant seigneur Colas sire de Moy, chevalier, seigneur tie Chin et do Beleneombrc, eou- seillier chambellan du Hoy nostre sire et son bailiidc Costantin, commissaire d'icellui seigneur en ceste partie, salul : comjie en Pirn mil cccc soixante trois le Roy noslredil seigneur eust par ses lettres patentes fait don a noble homme Jehan du Fou , escuier, eschancon d'icellui seigneur et capilntinc de Chiere- bourg, de tons les biens meubles et immeubles estans ondit bailliage de Costantin , qui appartenoientaux Angloiz ou aulres tenans leur party , qui s'en estoient allez dempuis la reduction du puiz et duchie de Normandie et en precedent, ensemble tout le droit que le Uoy noslredit seigneur eust peu demauder par confiscation esdiz biens meubles et immeubles, fust (I . heritaiges , debtes , restes de receptes on autres biens meub!es quelxconquez , jusquez a la somme de douze eens livres tour- noiz pour une foiz et au dessoubz, quelque part qu'ilz fussent ondit bailliage de Costantin ; ct dempuis, le Roy nostredit sei- gneur oust, en l'an mil cccc soixante quatorze, par certaines autres lettres patentes auctorise ledit du Fou a faire mettre a execution sesdictez lettres de don , et voullu et ordonne que pour la fournesture (2) de ladicle somme de douze cens livres (I) Soit. ,v2) Pourniture , prodaction. tj 258 PROCEDURE tournoiz allans audildu Fou, mondit seigneur le bailli de Cos- taritin, ou son lieutenant, allassent avant (1) a vendreet adene- rer (2) tout ce qu'ilz trouveroient de biens meubleset immeu- bles estans ondit bailliage , qui fussenl et apparteinssent aus- diz angioiz ou aulres tenans leur party, selon la teneur desdic- tez premieres letlres de don ; et eust icellui du Fou, pour met- tre a execueion sesdictez letlres, obtenumandement de justice, ainsy que toutes les choses dessusdietez pevent plus a plain ap- paroir (3) par lesdictez letlres dont les teneurs ensuivent : « LOYS, par la grace de Dieu Roy de France, a tous ceulx qui » ces presentes lettres verront, salut. Savoir faisons que, pour » consideration des bons et aggreables services que nous a faiz » par cy devant et fait chescun jour nostre amey et feal Jehan » du Fou, escuier, noslre eschancon servant en ordonnance s> lanl en sondit office que autrement , et tant avant nostre ad- » venement a la couronne que dempuis, fait et coutume (4) » cbescun jour en maintes manieres et espcrons que plus face » en temps advenir (5) , a icellui Jehan du Fou advons , pour » ces causes etalfiu qu'il aytmieulx de quoy vivre et soy entre- » lenir en nostre service, donneecde, quicte, trans porte et de- ■d lesse , donnons, cedons, quictons, transportons et delessons, » oultre les autres gaiges el bienffaiz qu'il a de nous , tous les » biens meubles et immeubles estans en bailliage de Costanlin , > qui appartenoient aux Angioiz ou autres tenans leur party » qui s'en sont allez dempuis la reduction de nostre paiz de (1) Procedassent. (2) Adencrcr ou adenierer : estimer , evaluer , mcttre a prix , apprccier en argent , convertir en deniers (adcerare , adprdiare) . (o) Peuvent paraitre plus completement. (ad planum.) (A) A coutume de faire chaque jour. (fy Qu'il lasse encore plus a l'avenir, AH XV S1ECLE. 259 » Norniandie et en precedent, ou tout lc droit, nom , raison(l) » el action que advons et povons avoir esdiz biens par con- » fiscacion, soient heritaiges, debtes, restes de receptes ou autres » mcubles et biens quelxconques , jusquez a la somme de douze » cens livres tournoiz pour une foiz et au dessoubz, quelque t> part qu'ilz soient ondit bailliage , pour en joyr par ledit Jehan « du Fou, ses hoirs ou ayans cause (2) ,et autrement en fa ire et » disposer a son plaesir el vollente , en payant les charges et » faisant les deniers s'auscuns (7>) en sont pour ce deubz (4) a » cause desdiz heritaiges el biens immeubles. Sy (5) donnons i en mandement par cesdictez presentes a nos amez et feaulx » gens de noz comptes et tresqriers, au bailli de Costantin, a » nos vicontes et autres nos justiciers qu'il apparlendra, que » se (G), appellez ceulx qui seront a appeller, il leur appert (7) » lesdiz biens nous appartenir par confiscacion et declaration » premierement sur ce faicte par lesdiz bailli ou vicontes ou » cellui d'eulx qu'il appartendra, ilz ondit cas facent ledit » Jehan du Fou joyr et user de noz presens don cession et » transport , en lui faisant baillier et delivrer lesdiz biens jus- » quez a la valleur dessusdicte selon 1'ordre de noz finances , » et par (8) rapportant cesdictez presentes signeez de nostre » main ou vidimus (9) d'icelles fait pour une foiz |et recongnois- (1) Ces mots indiquent tous les droits et titles de possessionque Ton peut avoir. (2) Pour que ledit du Fou, etses heritiers ou ayanl cause, en jouissent.. (3) Si quelques uns. (4) Dus. (5) (Test pourquoi. (6) Si. (7) Paralt. (8) En. (9) Copie authentiqne dun acte. 260 PROCEDURE » sance sur cc suffisante dudit Dii Fon tant seul'.cmcnt , nous » voullons ions nos receveurs et vieonies el autres qu'il appar- j tendra en eslre ct demeurer quictez et dechargies par nosdiz y> gensdes comptes, ausqueilz nous mandonsque ainsi le facent i sans aueune difficulte , non obstant quelxconquez ordonnan- » ces mandemens on deffencesa ce contraires. En tesmoing de » ce, nous advons fait mctlre nostfe seel a cesdictez presentes. > Donne a Muret en Commence, le vingt quatriesme jour dc > may, l'an de grace mil cccc soixanlc irois et de nostre regne » le deuxicsme. » Ainsy signe : t Loys. » Sur le replet (I) desqucillez letlres estoil escript : « par le Roy et les sires de » Lau (2) et de Beauvoir (3) et autres presens, » ainsy signe : « De la Loere. (4) » i LOYS., par la grace de Dieu Roy de France, au Bailly de » Costantin ou a son lieutenant, salut. Humble supplicacion de » nostre bien amey et foal Jehan Du Fou , nostre escliancon » servant en ordonnance tant en sondit office que autrement , » advons receue , con tenant que des lemoysdemay l'an mil j cccc soixante trois , Iui donnasmes tous les biens meubles et » immeubles a nons apparlenans au bailliage de Costantin et a » nous advenus et confisquez par les desobeissances des angloiz » ou autres tenans leur partie , qui au temps de la reduction de (1) Pli. (2) Anthoine do Chateauneuf, chevalier, sire dn Lau, grand bouteil- lcr do Trance, seueclial deGuyenne, grand chambellan du roi Logis Xt ct son favori. — II en est souvent fail mention dans les chroniques eon- lemporaines : Ph. de Commines ,1.1, cli. xi ct xu ; I. II , cli. v, xi et xiv — /. Dudercq,].V, cli. vn — ct surtout la Chronique scandaleuse de Jehan dc Troves, l. IV, p. 275 et 282 de I'cil. Michattd ct Poujoulal '. (5) Mem. de J. Duclercq , I. I, ch. xxvm el xxxix. (4) La meme signature sc trouvc sur le traite ih' Peronne passe le 14 oet. 1 408. ai; xv siecle. 261 » nosirc ducliie de Normandie ou dempuis, s'en estoicnt allcz » en Aagleterre 011 ailleurs en party desdi/. angloiz, pour par )« icellui nostra escbancon en joyr jusquez a la valleur de ;> douzo cens livrcs tournoiz pour une foiz paiez ; lesqueilx >i biens immeublcs avoicnt.cn paravant esle , ou partie d'icculx, b adenerez comme Ten dil par ordonnanec el mandement de » nous ou do nosirc tres elder seigneur ct pere cui Dieu par- » doinl . (1); lesqueillez ioltrcs il vous ayt presentees pour en » avoir 1'enterignement (2), ct advez commence comme Ten dit » au eonlenu d'icelles acomplir ; maiz en tout ce qu'ilz con- t liennent ne l'avez fail , lant a I'ocasion et diversitc des guer- » res qui onteu cours en paiz et ancores onl, que par l'ocupa- » cion conlinuelle que noslredit servilcur ct escbancon a euez > pour noz affaires ; par quoy double que ne faictes (3) difii- i eulle .d'icelles leltres de don enlerigner (4) et acomplir en »»ce < i it 'il s'en resie , tant pour la longueur du temps enlrc- i veuu (5) que aulrement , qui est cl plus serait (C) en son (I) A qui Diou pardbnne , fas?o misericorde. — Celte Tormulc est tres ordinaire a la cliancellerie des rois de France. L'orthographecKi so ren- contre fori sonvent dans los lextes francais , comme equivalent de : auquel, alaquelle; e'est un souvenir du datif latin cui. Ci) Disposition d'un jugementqni donneunplein et enliereffet a quel- que acte qui ne pouvait valoir autrement. Ce terme est surtout employe pour exprimer I'execution qui est ordonnee de cerlaines leltres du prince : les leltres royaulx nc pouvaient avoir lcur offet avant d'etre enterinees par une cour de parlemcnl. (3) A cause de quoi i! crainl que vous ne fassiez difficulte. (41 Enregistrer, appronver, admctlrc une requfile et en adjuger le< conclusions, execnter, accomplir, caulionner, garanlir. — Inlrgrare ou integrinare, de integer. (Roquefort.) (5) Ecflule cependant. t<\\ Cc qui esl el serail plus encore a son.... 262 PROCEDURE » grant prejudice et dommage, se (1) par nous ne lui estoitsur » ce pourveu de remede convenable , humblement requerant » icellui ; pour quoy nous, ces choses considerees, voulans » ledit don par nous fail a nostredit escbaneon avoir et sortir » son plain etentier effect, et icellui eslre enlerigne jusquez » au plain et entier paiement d'iceulx douze cens livres lour- » noiz pour une foiz, vous mandons, et, pour ce que desja » avez congneu (2) de la matiere et que e'est es melles (3) de » vostre juridicion , commetlons que , appelle nostre pro- » cureur.pour nostre droit et autres teilz que verres (4) qu'il » sera a faire, s'il vous appert de nosdictez lettres de don i) contenantes en effect que , sur lesdiz bieus nieubles et im- » nieubles d'iceulx angloiz et gens tenons leur party, lui advons » donne ladicte somme de douze cens livres tournoiz , rabalu » ce que par lui en a este receu ; El a ce faire et aeomplir » conlraigniez tous ceulx que mcslier sera (5) et ainsy qu'il » appartendra ; Et a celluy son commis ou son recevcur qui » en fera la receple ou paiement audit nostre escliancou , i mandons el enjongnonsque, par (6)prcnant de lui quittance j> et le double de nostredit don et de ces presenles , ilz lui al- ii louent en ses comples et rabatenl sur sa recepte sans diffi- » culte; Et en cas de debatou opposicion , faictes aux parties, (1) Si. (2) Connu , pris connaissance. (5) Dans les limites, {mela) territoire d'une juritliction. (4) Tels que vous verrez devoir faire appeler (5) Qu'il sera necessaire. — Le mot mestkr est encore mainlenaiil fort en usage dans le patois des environs de Cherbourg. On dit : II est bien metier de faire telle chusc , pour : il est tres-necessaire. Cost l'equi- valent de l'anglais must et de l'espagnol maicsler. (6) En. AU XVe SIECLE. "2G5 » icclles ouyes, bon et brief droit , ct tout ainsy que par icellez i leltres de don ; cair ainsy nous plest il estre fait (1), eta nos- i tredit escbaneon suppliant l'advons oclroie et octroions de » grace especial (2) par ces present es, non obstant quelxeon- » quez restruictions et lettres surreptices (5) impe trees ou a » impetrer (4) a ce contraires. Donne a Paris lc uinziesnie jour >, de fevrier I'an de grace mil cccc soixante quatorze (5) et de » nostre regne le quatorziesme. » Enlamargedebas desqueil- » lez lettres estoit escript : « Par le Hoy , a la relacion du con- » seil, » ainsy signe : « P. Bouton. » » ROBERT Josel, lieutenant general de noble bommemonsei. » gneur le bailli du Costantin commissaiiv du Roy nostre sire » en cesle parlie , a cbescun des sergens dudit bailliage , salut. » Veues les lettres donnecs et octroiees par le Roy nostre dit i seigneur a noble hommeJeban duFou, eseuier,esehaneon du » Roy nostre dit seigneur et cappitaine de Chierebourg, conte- » nantes comme le Roy nostre dit seigneur luy donna des- » piega (0) lous les biens nieubles et immeubles qui au Roy » nostre dit seigneur appartenoient au bailliage de Costantin , » advenus et confisquez par la drsobiHssance des Angloiz , ou » autres lenans leur party , qui au temps de la reduction ou * dempuis s'en sont allez en party des Angloiz , pour en joir » jusquez a la valeur delasommededouze cens livres tournoiz » pour une fois paiez; et qu'ilnous est apparu desdictes lettres (1) Car il nous plait qu'il soil fait ainsi. (2) Specialo. (3) Lettres subrcptices , accordees par surprise sur un expose inexact des tails. (4) Obtenues on aobtenir — impetrare. (5) II tevrier liT.'i, qouv. style. (6) Depuis long temps. 203 PltOCEDi RE ■» de don el du contenu ausdicU-z lettres cy atachees ; vons x mandons et commettons que, de ladictesommcde douze cens » livres tournoiz pour une foiz paicz , ct pour \es causes con- • tenues esdictcz lettres roiaulx , faictez paier baillier ct deii- » vrer audit esehancon tout ce qu'il luy reste desdictez douze » ecus livres tournoiz pour une foiz , sur iceulx biens meubles n ct irameublcs vcndus ct adenerez; el sauf a foirefvendre et y> adenerer (I) cequi n'en scroit vcndu nc (2) adenerey, ou qui * vendroita congnoissance (5) jusqucz a plain paiement du resle » de ladic'.e somme, en eontraignant audit paiement el a ce » faire et acomplir tons cculx que nicsiier sera et ainsy qu'il » appartendra , tout jouxte (A) la forme et tcneur desdictez » lellres ct que le Roy nostre dit seigneur le vcult et mande » par icelles. Ce faiclez et gardez que deffault ny ait, (5) en n cerlifiant suffisamment justice de ce que fait en aures (6) a » fin deue. (7) Donne a Valongnes le vingt sepiiesme jour d'a- » vril mil cccc soixanle quinze. » Ainsy sig'ne : « Larcliier. » » ROBERT Jose!, lieutenant general de monseignenr le bailli >> de Gostanlin commissairc du Roy nostre sire en ccstc partie, » a cbescun des sergens d'iee'lui seigneur, premier sur^ce'qui » ensuit requis , (8) saint. Noble bommc Jeban du Fou , es- » cuicr, grant esehancon du Roy nostre dit seigneur, ayant le » don d'icellui seigneur dc la confiscacion de tons les biens meu- (1) Converlir en argent. (2) Ni. (3) Ou qui viendrait a la connaissance. (4) Scion , juxta . (5) Faitos cela et prenez garde qu'il n'y ail defaut. (6) l*u ce que vous en aures; fait. (7) Ad finem debit urn. (8) An premier sergenl qui sera requis sur cc qui suit. \r \v« siecle. 263 » bles ct immeubles appartcnansaux Angloiz on autres tenans » leur party ct oboissance et tenans lc party conlraire du Roy » nostredit seigneur, nous a faitapparoir (I) par Ieltres patentes » d'ieellui seigneur, contenantesque icellui grant eschancon an » moyen dudit don puisse recevoirou faire recevoir par sesre- s ceveurs ou commis tout ce qui est ct pourra cstrc deu (-2) > desdictcz confiscacions , et les biens immeubles ct heritaiges t qui ancores scroient en estre (5) il puisse faire vendre etade- » nerer a son proulfilt, ct l'argent de ce yessant (4) faire rece- » voir par sesdiz recevcurs et commis, ainsy que lesdictez let- » tres le contiennent; requerant, pour ce qu'il y a ancores j> plusieurs ct grans heritaiges du norabre desdictez confisca- » cions, estre auclorise a iceulx faire vendre par auctorile de » justice au plusoffrant et dcrrain (o)enchierisseur; pour quoy » nous vous mandons , en commettant se mestier est (6) , que y> tous les heritaiges du nombre desdictez confiscacions qui » vous seront bailliez par declaracion parledit grant eschancon » ou ses commis, vous allez avant (7) a iceulx mettreen exposi- i cion de vendue en les banissant (8) par trois jours de dy- » mence (9) a 1'yessue de la messe ou messes parrociaulx (10) > deslieux ou les heritaiges sont situez etassis, au plus offrant (1) Nous a fait voir. (2) Du. (3) Existants. U) Provenant, sortant , exire. (5) Dernier. La forme (terrain, ou par contraction drin , est fort usitee dans nos environs. (G) S'il est necessaiin. (7) Procediez. (8) Banir , proclamer a cri public , bannire. (0) Dimanche. (10) Parroissiales. IT BB6 PROCEDURE » et (terrain enchierisseur, en faisant savoir que ['adjudication v s'en passera aux prouchaines assises de Vallongnes pour le » Roy noslre sire d'illec (l)ensuivanlcs; Et assignation en gtiie- » pal a tous ceulx qui ancun (8) droit y vouldroient pretendre, » pour y estre proeede ainsy qu'il appartendra ; Et l'argent de * ce yessant (3) baillie et delivre audit grant esehanconou ases o commis, ainsy et selon ce qu'il est plus a plain (5) contenu » en sesdiclez lettres ; et gardez que deffault n'y ay l, en fai- » sant relacion de ce que fait aurez sur ce afiin deue. Donne a » Vallongnes le penuilime jour de Juliet l'an mil cccc soixante » et quinze. » Ainsy signe : « Larchier. » — ET soit ainsy qu'il fust venu a la congnoissauce dudit du Foil, que en la parroisse de (juierqueville il y eust certains herilaiges qui furent et appartindrent a deffunct Jeban Hays Angloiz et lequel mourut angloiz , pour laquelle cause et affin de vendre et adenerer lesdiz heiitaiges , eust icelluy Du Fou , ou Jehan Ogier, son procurers par vertu et en usaut tie sa procuration de laquelle la teneur ensuit : » A TOUS ceulx. qui ces presentes lettres verront, Anthoene » du Pas , escuier, garde du seel des obligacions de la viconte » de Valongnes , salut. Savoir faisons que par devant Rogier » du Maresc et Jehan LcVavasseur, tiers tabellions audit lieu , » fut present noble et puissant seigneur Jeban du Fou, escuier, » premier eschanson du Roy nostre sire et cappilainc de Chierebourg, lequel de sa bonne volente, fist, nomma, consti- » tua et esiablit, et par ces presentes, fail, norarae, constitueet (1) D'ici , a partir de ce jour , illic. (2) Quelque. (3) Provcuant. . (H) Feiiille , acte. 270 PROCEDURE » Hays, assis a Quierqticville en hamel d'Anfrevillo , lequel est * mort angloys ; premierenient : UNE maison menable et la » terre a ce apparienante, butte an chemin du Hoy , jouxte (I) » Colin Osber d'un coste et d'unbut,et d'autre leshoirs de > Pei rin Abaquesne et Jehan Lohier a cause de Fernagu; Item, i vine piece de lerre assise a la Pillelte , eontenante quatre ver- * gies ou viron(2), le chemin passant parniy, une maison etma- i sures seantes dedens, jouxte Denys Lepot et les lioirs Perrio * Abaquesne d'un coste , et d'autre Bertran et Jehan diz Lohier , » butte sur le chemin de Fourneville (5); Item, audit trans, six » vergies de terre jouxte les hoirs Perrin Abaquesne d'un coste, » et d'autre Guillaume Mouslier, et passe le chemin parmy , » butte sur Jehan Abaquesne, Cardin Mouslier et ColinOsber d'un » but, et d'autre le chemin de Fourneville; Item, trois vergies » de terre sur la cavee Saint Cler (i), jouxte ladicte Cavee, » bute sur le chemin de Fourneville ; Item, trois vergies de » terre en clos des vergies , jouxte Jehan Mignot d'un coste , » butte sur la cavee Saint-Cler; Item, au Meslier, quatre ver- » gies de terre jouxte Thomas Gain d'un coste, butte sur les » hoirs Thomas Scelle; Item, en reage, ung clos tel commeilse » pourporte (5), jouxte Thomas Lohier et la commune d'un (1) Joignant a , juxta. (2) Ou environ (5) Fourneville elait le nom , maintenant oublie , du chateau actuel de M. H.de Tocqueville, et qui est connu generalement sous le nom de chateau des marais de haul , par opposition aux marais de has , ferme batie sur les mines de l'ancienne demeure des seigneurs des Marestz de Nacquevillc. Nous donnerons ailleurs des details historiques sur ces deux fieis. (4) Le chemin de la chapelle St-Clah*. Tous les noms de localites, cite^ dans ce decret, subsistent encore de nos jours. (5) Tel qu'il se frouve. AU XV SIECLE. 27 i » cos-le, et d'autre cosle, GaultierLeCoq escuier ct Tliornas Gain, » hnlte sur Germain Lc Franc et Bertran Lohier d'un but a cause » deBerlran Morin; Item, a la voye du Vey, trois vergies de » terre jouxte les hoirs Thomas Scelle, butte sur Guillaume » LeCoq escuier; Item, ondit trans, irois vergies jouxte Jehan » Mignol d'un cosle, butte sur ledil escuier ; Item, au Moncel » de la Follie, deux vergies de terre jouxte Thomas Gain, bulte » au chemin du Roy des deux butz; Item, es Guelles, deux ver- » gies de terre jouxte J ban Mignol d'un cosle , butte sur Tho- » mas Gain; Item , au chief du Courtiel, vergie el demye de terre » jouxte Jehan Mignol d'un coste, butte sur Colin Danlan; » Item, unemaison elmasicre (!) el unggardin ouelle siet (2), » jouxte le chemin du Roy des deux costes, bulte sur Denys » Lepol d'un but, el d'autre sur Jehan Abaquesne; Item , a la » Vite , une vergie et demye de terre jouxte Cardin Moustier » d'un cosle, bulte au chemin du Roy; le lout mis par Unlit » porteur a vingt livres pour une foiz. » — SUUleqael prix contcnu et dcsclero enladiclescedidle, avoit iccllui sergent bany (5) el suhaste (4) bien el deuoment lesdiz heritaiges par trois jours de dymence, tousconiinuelz, heureet yessuc de grant messe parrocial dudil iieu de Quicrqueville, en prouchain fief lay de l'eglise dudit lieu , en la presence de grant nombre de peuple venu et assemble pour ouir dire et celebrer ledivin service; Et au derrain et tiers (5) d'iceulx dy- mences qui fut le dymence dixseptiesme jour dudit moys d'Oc- (1) Masure. (2) Est assise. (5) l'roclame. (4) Expose en vente publique , siiblinslarc. (5) Dernier el Iroisieme. 272 PROCEDURE lobre, avoit icellui scrgent fait assignacion a tous en general et audit procureur et porteur en especial , a estre et eulx com- paroir (1) aux prouehaines assises (2) a Vallongnes pour le Roy nostra sire, ensuivantes dudit derrain et tiers desdiz trois dy. mences, et autres subsequentes assises se mestierestoit,devant mondit seigneur le bailli ou son lieutenant, pour voier (5) aller avaut au passement juree et adiudication desdiz heritaiges; et en faisant lout ce que dit est, avoit ieellui sergent fait lecture desdictez lettres, mandemens et scedulle, et offert copie a qui prendre la vouldroil. Ausqueillez prouehaines assises ensui- vantes du derrain desdiz trois dymencesqui furent tenues pour le Hoy nostre dit seigneur audit lieu de Vallongnes , par nous , lieutenant dessus nomme, lemardi troisiesme join- de novembre l'an mil cccc soixante dix huil, ladicte vendue ful continuee , et de assise en assise, jusquezaux assises qui furent tenues au- dit lieu le vingtseptiesme jour demars prouchain d'iilec ensui- vant, ainsy que par les memoriaulx obtenus desdictez assises peult plus a plain apparoir , desqueilx les teneurs ensuivent : « ES assises de Valongnes tenues pour le Roy nostre sire par » nous, Robert Josel , lieutenant general de monseigneur le » bailli de Costanlin, le mardi troisiesme jour deuovembrepre- (\) Comparaitre. (2) Assise , seance de juges assembles pour entendre et juger des causes. 11 devait toujours y avoir 40 jours d'intervalle [entre chaque assise. « Assise est une court en laquelle ce qui est faict doibt avoir par- » durable fermele. Car se l'en nye ce qui a este faict es pletz de la vi- » conle, on le peult amender par une desrene, mais ce qui est faict en y> assise ne recoil aucune desrene ; ains est conferme a tous jours par » le record de 1'assise. Et doibl avoir quarante jours entrcdeux assises. « Coulum. Normand. ch. lv. (5) Voir procederau jugement et adjudication. AU \VC S1ECLE. 273 » naier jour desdictez assises, Fan mil cccc soixante dix huit, » la vendue dos heritaiges que poursuyl lui estre faicte Jehan » Ogier, escuier, procureur el porteur des leltrcs de noble hom- » meJehandu Fou, escuier, cappitainede Cliierebourg et grant » eschanchOn du Hoy nosire sire, qui furent el appartindrent » a Jehan Hays, assis en la parroisse deQuierqueville en hamel » d'Ani'reville, etaussy les heritaiges qui furent etappurlindrent » a Kichard de la Voye , assis audit lieu de Cliierebourg , furent » arises et continuees jusquez aux prouchaines assises, a la re- » questeduprocureur du Roy nosire dit seigneur etdu porteur » desdictez lcitres. Donne eommedessus » signe:« M. Avice. » i ES assises de Vallongnes tenues audit lieu par nous , Ro- » bert Josel , lieutenant general de monseigneur le bailli de » Costantin , le dixhuiticsme jour de decembre i'an mil cccc » soixante dix huit, la vendue et juree des heritaiges qui furent » et apparlindrent a Jehan Hays, assis en la parroisse deQuier- » (pieville, el aussy les heritaiges qui furentaRiehartdela Voic »> assis a Cliierebourg, que poursuyl lui estre faicte Jehan Ogier » escuier, procureur et porteur des letlres de noble homme » Jehan Du Fou, escuier, cappitainede Cliierebourg et grant » eschancon du Roy nosire dit seigneur , furent mises a I'au- » dience desdictez assises aux prouchaines assises, a la requeste » du procureur du Roy nostre dit seigneur, et du procureur et » porteur desdictez lettres. Donne commc dessus. » Ainsy si- gne : « M. Avice. » « FS assises de Vallongnes tenues audit lieu par nous, Robert » Josel , lieutenant general de monseigneur le bailli de Costan- » tin, le lundi buitiesmc jour de fevrier, premier jour desdictez » assises, Fan mil cccc soixante dix huit (1 ), la vendue et juree des (1)8 fevrier 1479 (nouTeau style). Hi l'KOCEDURE » herilaigcs que poursuyl lui estre faicte JohanOgier, cscnier, » procureur el porteur des Icltrcs do noble homrae Jehan Du » Fou, cseuier, cappitaine deChierebourget grant eschaucon du » Roy nostrc sire, qui fnrent el appartindrenl a Jehan Hays » assis en la pari'oisse de Quierqueville, etaussi les herilaiges » de Hieliarl de la Voie assis audit lieu de Chierebourg, furenl » ;i ['audience desdictez assises mises aux pronchaiues assises a » la requeste du proeurcur du Roy noslre sire. Donne connne » dessus. » Ainsy signe : « M. Avice. » ET en la parfin (1), SAVOIR faisons que, es assises dudit lieu de Vallongncs pour le Roy nostre sire lenues audit lieu par nous, lieutenant dessus nomnie, le vingtseptiesme jour de mars 1'an mil cccc soixanle dix neuf, se eomparut icellui Jehan Ogier , procureur et porteur ainsy que dit est, el noble bomme maistre Nicolle de Mante, escuier, procureur du Roy noslre dit seigneur audit bailliage, qui nous requistrent que voulissons aller avant a adenerer , vendre , passer, ct adjuger lesdiz heri- taiges, ainsy et selon ee que en lei cas est acoustume eslre fait; en obtemperania laquelle requeste, — apres eequeleditCabart, sergent, nous oult tcsmongne et recorde en court (2) ct en ju- gement , (pie par verlu desdictez leitres et mandemens de jus- tice cy dessus inserez, il avoit, a la requeste dudit Jehan Ogier procureur et porteur desdictez leitres , fail les arrest, banies ot proclamations dessus dictez, — nous feismes faire lecture desdic- tez leitres, mandemens el scedulle, et crier et publier notoire- ment et publiquemenl par cry publique et sollennel a 1'audience desdictez assises, que s'il y avoit aucun on aucuns qui a ladicte (1) Et pour la conclusion , per flnem. (2) Eiit ti'inoignc et rappeld , rapporlc devant la cour , recordare , d'ofi est venn lenoni de records (rccordaiores) . XV° S1EC1E. 275 vendue sr vniilsist 1 1 (presenter, fast (2) pour icelle enchierir, de- batre,comredire, empeschier, soy oppose", on sur icelle aucunc chose calengier (3) on demander en aucune maniere, qu'il sc traist avant (4), et il y seroit ouy et rcceu aiiisy que fairese debvroit; et que l'en yioit avaui a iceulx herilaiges passer et adjugier , ces assises senates , au plus oft'rant et derrain cnchierisseur , le tout en ensuyvant les ordonnances d'eschiquiersurce faictes; — ■ A QUOY se presenterent et opposerent formement (5) Berlran Lohier, Riehart et Jelian diz Lohier, pour et afliu que les heri- taiges contends en ladicte jurec , ou panic d'ieeulx, soieut extraictz et mis horsde ladicte juree , et pour en demeurer en leur saesine (6) et possession , ainsy qu'ilz ont este en temps passe, comme a eulx appartenans proprietairement ; et pour voier (7) les lettres et decreet, sauf icellez veues a plus a plain (8), dire et declairer les causes de leur dicte presentation et opposi- cion, quant mestier sera, et leurs raisons(9) demeurantessaulves el reserveesen sourplus (10) en toutes choses; — ETqueaucuns autres ne se furent presentez a ladicte vendue , fust pour icelle enchierir oultre ledit prix de vingt livrcs tournoiz contenu en ladicte scedulle , a quoy ledit procureur ct porteur avoit mis lesdiz heritaiges el sur lequel ilz avoient este baniz , comme dit (1) Se voulut. (2) Soil. (5) Pieclanier , disputer, conlredire , calummare. (4) Qu'il sc presentc. (5) Fortement , grandement. (G) Nantissemcnt. (7) Voir. (8) Examines plus uttentivcment, entierement. (9) Droit. (10) Au surplus. 276 PROCEDUIIE AU XV1' SIECLE. est; on icelle debatre, contre dire, enipcseliier, soy opposer, ou sur icelle aucune chose calengier ou demander en aueune manic-re ; — Nous , par l'advis et opinion de plusieurs saiges cousturaiers et assistens(l) estans ausdietez assises , passasmcs, adjugeasmes et adenerasmes iceulx heritaiges cy dessus speci- fiez et desclerez , audit Jehun Ogier, procureur dudit Du Foil , par ledit prix el sonime de vingt livres tournoiz, oultre et par dessus loutez rentes et charges , comine au plus olTrant et der- rain enehierisscur , sauf la question des dessusdiz presentans et opposans au regart desqueilx leur casfut mis et continue aux prouchaines assises; et audit Jehan Ogier, procureur et porleur dessus dit , adjugeasmes les depens par lui faiz et soustenus en conduit (2) de ladicte vendue, lesqueilx lui furent par nous re- servez atauxer(3) a une autrefoiz ; — SY donnasmes en mande- ment et commission semestier est, a cheseun des sergens dudit bailliage, faire, souflrir, et lessier joyr et user ledit DuFou, ou ses proeureurs et ayans cause de lui , desdiz heritaiges , les- dictez presentations et oppositions vuydees (4) et mises a fin ainsy que faire se doibt. EN tesmoing desqueillez choses, nous, lieutenant dessus nomine, advons scelle ces presenles du seel dont nous usonsondit office de lieutenant; Et pour greigneur (5) approbation et congnoissance , a noslre requeste y a esle mis le petit seel aux causes dudit bailliage , en l'an, jour et assises dessus diclez. (1) Les coutumicrs ctaient d'anciens pfaticiens qui assistaient aux as- sises et rendaient temoignage en justice du droit et de l'usage que Ton a coutume d'observer dans le pays. (2) Pourlaconduite. (3) Taxer. (4) Videcs. (5) Plus grande , grandior. Etudes SUR LES POETES DE LA GRANDE-BRETAGNE. Par M. Euouaud DELACHAPELLE. THOMAS GRAY. On a fait de l'art d'ecrirc, nieme en vers, une sorted'impro- visation ; les plus celebres auteurs de notre siecle , donnenl l'excmple de ceite facilite negligee, et, com me on se porte volontiers a meltre ses pratiques en maximes, i's out pose des regies contraires aux vieux preceptes d'Horace et de Roileau. Eerive/ quelquelois el souvcnt effacez , disaienl ces inailres exigeanis, tenez voire ouvrage, neulaus entiers, enferme dans voire portefeuille : aujourd'hui, en toute saison, les vers et la 278 . ETUDES SUR LES POETES prose lonibent abondants comme les bles en aout. Un ecrivain n'arrive a la celebrite qu'en elevant son buste sur une montagne de volumes. Cette feeondite n'est pas loujours sterile ; taut d'empressement peut venir de l'cssor du genie, niais, en general , il manque quelque ehose a des oeuvres si hatees. Le Temps, a dit un poete, n'epargne pas ce que Ton fait sans lui : il y a dans les ouvrages de l'Art, une certaine perfection, un signe d'immortelle duree que peuvent seuls donner, l'effort prolonge , la patience, un travail de plus en plus severe. Les diamants et les perles se forment par une lente condensation ; le volume, en est petit, mais 1'eelat en est pur et ne s'allere pas. Ce n'est pas a dire qu'il n'y ait a louer dans la poesie que ces ouvrages courts et rares , mais , apres les grandes oeuvres on resplendit une riehe magnificence , une place est consaeree a des productions moindres qui, une fois apercues , retiennent la pensee attentive , et laissent un long souvenir. Le petit nonrore cboisi, les esprits delicats qui se plaisent a gouter le rniel de 1'Hymette, n'oublient pas de recueillir ces cbefs-d'ceuvre. Aux heures de Ioisir, peu soucieux des entrainements vulgaires, ils reviennenl aTheocrite, a Virgile, a Lafontaine, a tous ceux du premier rang que l'on sait, qui tiennent si peu de place; puis encore a d'autres moms celebres , a celui-ci pour une chanson, a cet autre pour une ode ou une elegie. Dans ce cercle que les anciens auraientnomme un sanctuaire, la poesie anglaise a sa place; apres les grands noms, les Shakespeare et les Milton , apres les gerbes dorees , on recevra aussi les cor- beilles de Gray et de Goldsmith , le Village abundonne, et V Ele- gie sar un cimetiere de campagne. Gray et Goldsmith out vecu dans un temps assez sterile pour la poesie anglaise, apres Pope et Thompson, avant Cowper. L'un et l'aulre ont eu ce rare bonheur, tout en restant fuleles BE LA GBANDE-BRETAGNE. 279 aux regies severes do I'Ecole de Pope, de ne pas s'asservir a un goal etranger, de rester nalurels el originaux. Ainsi places outre lespoetes do la reiiie Anne, et la pleiade brillarite dn xix1' siecle, ils maintiennent, comme deux annoaux d'or fin, la serie ot la liaison des temps. Nous n'avons pas a eerire la vie de Gray, olle se lit dans toules les biographies ; il suffira d'en rap- polor queiques trails, pour mieux rcoonnaitre la pente de son esprit. Ne on 1716, a Cornhill , au centre dorAngleterre, T. Gray fit ses etudes a Eton, puis a Cambridge. 11 devint bicntot , ausein de eette univcrsite famcuso, un lalinisle et un helle- niste distingue. 11 elait lie avec Horace Walpole, deja ambi- lieux et leger , mais fort cpris aussi des anciens, de la lilte- rature, de tous les nobles amusements de l'esprit. Les hommes d'Etat de la Grande-Bretagne se sont toujours fait gloiro de tenir par (pielque point aux lotlres, aux universites. On passe souvent, en ce pays, des bancs de la classo aux bancs des assemblies deliberantos : on ne sail que les langues morles, cointne disonl quelques-uns , ot un peu de malheinati- ques , on no s'ost Tail connaiti e (pie par une dissertation latinc ou uno ode grocque, on entre dans radministralion, et les choses, pour cola, ne vont pas plus mal. Au sortir des ecoles, Gray lit avec Walpole d'abord, puis soul, un voyage en France ot on Italic. II rosto de ce voyage un souvenir preeieux, une ode latino sur la Grande Chartreuse. Elle est emprointe d'une noble et leligieuse nielancolie qui plait d'autanl plus qu'elle est plus reservee. 0 In sevcri rciufio loci , etc. Horace ou Alceo, s'ils pouvaienl entendre Gray, soraient sur- priset charines de retrouver , enfermeos dans ce rliyllnne ele- gant et severe, des idees qu'ils conipreiidiaient a peine. Jo notorai, encore en passant, une strophe alcaique, dans laquello Gray a exprhne un senliment tout inoderne. H somble i 280 ETUDES SUR I.ES POETES que lepoete, par une sorie de raodestie craintivc, ne veuille pas confier a l'oreille de tous une pensee si intime , on que la langue latine se prele mieux a 1'indiquer , sans la devoiler. La voiei : 0 lacrymarum fons, lenero sacros Ducentium ortas ex ammo , quater Felix in imo qui scatenteni Pectore te , pia nympha , senlit. « Source des larmes, nymphe reveree, heureux qui dans sou » coeur, louche d'une douce emotion , sent couler ton onde. » A son retour, Gray , deja enclin naturellement a la melan- colie, se trouva dans des circonstanees penibles qui 1'attriste- rent profondement. Son pere etail mort, laissant, par suite d'une grande negligence el de mauvaises speculations, un pa- trimoine fort diminue et des affaires enibarrassees. Gray fut oblige de recourir a la liberalite d'une de ses tantes, retiree dans une petite ville, avec un bien mediocre. II' ne put conti- nuer ses etudes commencees , et renonca a la carriere du bar- reau. Mais un de ses plus vifs chagrins fut de voir son ami West atteinl d'une consomption incurable. T. Gray etR. Wests'elaient lies d'une etroite amitie a Cambridge; tous les deux , de bonne heme, avaient aime les letlres , avaient associti leurs eludes et leurs esperances. Obliges de se separer. ils n'avaient pas cesse de s'ecrire, s'entretenant ainsi des lettres , leur douce et pure passion. Mais bientotWest succomba.et son ami demeuraseul. II demanda a l'etude les seules distractions qu'il put alors rece- voir. Les ouvrages qu'il composa a celte epoque , I'Ode sur le college d'Eton, et l'Ode a l'Adversite portent 1'empreinte de la tristesse a laquelle il etait livre. Peut-etre , en lisant ces deux pieces s'elonnera-l-on d'y trouver l'expression de la douleur si moderee , de n'y decouvrir aucune allusion personnelle. Nous DE LA GRANDE-BRETAGNE. uJSt sommes tellemeni accoutumes aujourd'hui a rencontrer par- lout une abondante effusion des sentiments les plus intimcs, que la reserve et la brievete ne paraissent pas sans quelque so- cheresse : les auteurs de fautre siecle, dans lours vers du moins, ne parlaient d'eux-memesque rarement, eten pen de mots. Gray voulut cependant confier sa tristesse a la muse : il cboisit pour cela le cadre restraint, la forme concise du sonnet. Le soiri de la perfection que demande un genre de poemesi court , n'a ricn d'incompalible avec l'expression vive et sincere des sentiments , et il atteste le soin d'en conserve)* le souvenir d'une manure plus durable. C'est un souci pieux, et en cet effort il y a moins de vanite que dans la negligence. Gray parle a peu pros ainsi : « En vain pour moi bribe le sourire du matin , et Phebus » eleve dans le ciel rougissant ses rayons d'or; en vain les » oiseaux unissent. lours chants d'amour; en vain les plaines » out repris leur verte parure. D'aiitres sons, helas, se font i entendre a mon oreille affligee, madouleur solitaire ne lou- » che point d'aulre coeur que le mien; et si la joie- essaie un mo- b ment de renailre en moi , elle expire aussitot. Cependant le » matin sourit pour rammer le courage des bommes voucs au » travail , et donne aux heurenx denouveaux plaisirs : lescara- » pagnes patent atous leur tribal accoutume. » Les oiseaux, dans lours chants plaintifs, oxhalenl 1'ardeur » de lours amours passageres ; et moi je pleure trop vaine- » ment celui qui ne pout plus m'entendre ; et parce que mes » pleurs sont inuliles, je pleure d'autant plus. > Apres le voyage fail en sa premiere jeunesse , la vie de Gray fui dbnnee tout entiere a des loisirs soigneuseraent occupes , avec peu d'ordre et de suite toutefois. La geographic des au- ciens, la botanique, les antiquites saxonnes, le blason, Platon patiemment eludie, lels lurenl ses Iravaux el ses amusements. 282 ETUDES SliR LE3 POETES Lire et penscr beaucoup, sc plaire aux ouvrages dont lc suf- frage des sieeles amasse peu a peu le trcsor , ecrire peu ct difficilement, telles paraissent avoir ele ses maximes : aiusi il amusait sa delicate indolence. En suivanl cette pente, cedant d'ailleurs aux idees litteraires d'alors, le genie de Gray ne dut pas, on le comprend, se porter vers les grandes sources du xvie siecle, vers Spenser ct Shakespeare; il etait moins attire par I'eclat mele d'ombres, epie par la perfection du travail. II ne se laissapas non plus entrainer, conune Pope etAddisson, vers l'iinitation des Francais : enfant devoue de l'Universite de Cam- bridge , Gray s'adonna surtout aux etudes de l'antiquite. On doit vivement rcgretlcr qu'il ait trop travaille pour lui-meme, rare defaut , et trop peu pour le public. II semble avoir dedaigne , on au moins neglige la reputation lilteraire, passant volontiers des vers a la prose, de l'hisloire naturelle a des reeherches d'areheologie, et de Strabon aux bardes gallois. II passe pour avoir ete un des plus savants homines de son temps, mais il eut pu en etre le premier poete. Johnson, fort rigoureux pour les ouvrages de Gray, rend uu digne hommage a son caraclere personnel , a la douceur de ses mceurs, a la purete de ses sentiments. Mason, l'ami intimede son age mur , s'est plu a le peindre sous les rapports les plus favoi-ables, ne reconnaissant enlui que des defauls legers, quo: parum cavit natura. Ainsi il avaitla faiblesse de ne point vou- loir etre unautcur de profession, quoiqu'il n'eut d'autre occu- pation que ses travaux litteraires. II n'etait pas sans affectation dans son langage, et l'elegance de son costume paraissait un peu recherchee. Quelque chose dans ses ouvrages rappelle ce dedain de l'expression vulgaire, et ce soiu minutieux des de- tails. 11 yavait en lui, avec une delicatesse extreme, de la fai- blesse, et une timidile parfois puerile. On raconteque craignaut le danger du feu , el voulant , en cas d'incendie de sa maison , DE LA GRANDE-BRETAGNE. 2S3 avoir tin moycn d'echapper toujours pret, il avail une echelle disposee, pour deseendre par la fenctre. Des ecoliers du voisi- nage s'amuscrent a lui donncr une fausse alarme , pour rire a ses dcpcns, et mecontent , il changes de logis. Cray mourut en 1771, a Cambridge, et fut enterre a Stoke dans le toinbeau desa famille. Les eeuvres poetiquesde Gray se reduisent aquelques pages, et encore , lout n'est pas excellent ; mais ce qu'il a fait de ineilleur lui assure un rang eleve parmi les poetes anglais de son siecte. II senible avoir pense ce qu'a exprime notre Andre Chenier : Sur des sujets nouveaux fuisons des vers antiques. On pourrait meme reprocber a Gray de s'etre attache de trop pres a l'imitation des anciens. Ses deux odes pindariques, l'une sur le progres de la pocsie, 1'autre sur le massacre des bardes impute a Edouard b1 , soul un peu artilicielles. La forme grec- que on laline y, est trop apparente , etdonueau style , d'ailleurs plein de force et d'eclat, quelque chose de contraint. Les mddernes qui out vouln imiterPindare se sont mis, sans y clre contraints, dans des conditions nccessaires d'inlV'iinrilc. lis ne paraissent pas avoir bien compris ce que c'elail qu'une ode an temps de Pindare ou d'Alcee. Tout concourait a donner a ce genre de poesie une originalile qu'on ne pent lui rendre : le langage mesure , la hardiesse des figures, souvenir des pre- miers ages on de l'Oiienl; une musique toute speciale, l'ac- compagnement des insii-umenls , l'accord des voix , l'accord des pas el des niouvenients , et surtout la sympathie el la promple intelligence des auditeurs. Une ode n'etait pas faitc pour elrc hie dans le silence du cabincl , mais pour elre eiiten- due dans de graves et poinpeuses solennites, ou du moins, an 284 ETUDES SUR LES P0ETES milieu do hi joie des festius. Tout cela manque aux modernes , et cliez les Romains memes , a peine en retrouvaii-on quelques verges. Nous sommes loin de vouloir diminuer le nierile d'Eorace , niais sa gloire serait plus grande peut-etre si , au lieu d'emprunter les metres , les formes poetiques et les pen- sees des Grecs, il eut etc lout-a-fail romain. Ce qui nous charme le plus dans son livre , sans purler de ses epitres ou deses satires, ce sont les poesies ou il exprime des sentiments personnels, ses odes morales, ses odes anacreontiques, legeres eomme des stances de Chaulieu ou de Voltaire. Lorsquil imite Pindare, il console de leur ignorance ceux de ses lecteurs qui ne savent pas le grec : a ceux qui le savent, il laissc voir un pen de gene et d'appret. Celte poesie n'avait pas ses origines a Rome, et, apres Horace e'le n'a pas eu de suite : c'esl un arbre aux fleurs brillantes , mais qui n'a fleuri qu'une fois. Nous aussi , nous avonsdes odes pindariques : c'estun amu- sement ingenieux, une preuve de talent. Quoique Ton y admire de beaux vers, ce genre d'ecrire attire peu, et ne devient ja- mais populaire. A eel egard les Anglais sont au meme [»oint que nous : ce n'est pas a Gray , a Collins , a Pope meme ou a Dryden que nous irons demander la vraie poesie lyrique, celle qui fait battre le coeur , et enlraine sans effort l'imagination. Nous admircrons Part savant de ces liabilesecrivains, mais biei:- tot, laissant leurs vases ciseles, nous irons nous desalierer a Peau du torrent ou a la source qu'entoure une mousse fraiche. Si nous clierchons une poesie qui par son rliylhme mesure, et parle retour des rimes , s'associe aisement a une musiquc fa- miliere , les vieilles ballades nous la donneront dans toute sa simplicite ; et Rurns , avec cetle simplicity premiere , nous of- frira le type d'une perfection achevee. Si , suivant une autre voie, nous demandons au poeme lyrique, ces vifs elans de l'ame , ces liautes et grofundes contemplations qui transported DE LA GRANDE-BRETAGNE. 288 la pensee , corarao enlevee sur les ailes d'une harmonic, trop riche el irop compliquee pour s'unir a 1'harmonie musicale proprement dite, Milton nous ouvre les pages de son poeme divin. II est temeraire de juger des proprietes de la versifica- tion dans une langue que Ton ne connait pas a fond, niais s'il m'est permis de dire cequejecrois sentir, le vers blanc de Milton , par la variele de ses coupes , et l'energie d'acccnt dont il est anime , me parait corresponds a un mouvement inie- rieiir de l'ame , a une sorte de respiration que le poete presse et eleve a son gre. Dans un tout autre ordre d'idoes, bien inferieur assuremenl, el ou se recommit un trouble, une alteration irop [regrettable , r»yron s'elevc aussi a la poesie lyrique. Les beaux passages de Child-Harold en sontpenetres ; le rbythme, emprunteala poesie ilalienne, se prele par un accord inattendu, mais tres reel, a ('expression de la Iristessc, el du sombre decouragement qui a inspire l'auleur. Je reviens a Gray dont celte digression m'a un pen eloigne. Ses odes purement morales, demandant moins que scs odcss pindariques, aux ressources du rhylhme, exprimant des idees plus generales, ne font que gagner a etre soumises aux lois rigoureuses d'une forme lyrique analogue a celle des anciens. La division en slroplies qui , a la verite , n'a rien de cominun avec ce que lesGrecs entendaienl par la, repond ccpen- dant a une donnee oaturelle del'esprit, el imprime a la mar- che des idees un tour el une precision qui les grave mieux dans la menioire. L'Ode a l'adversile a ete fort vantee : Johnson lui- nii'ine n'y trouvc rien a reprendre. La premiere idee de ce morceau, a etc prise, dit le celebre critique, de 1'Ode d'Horace a la fortune : 0 diva gratum; inais , ajoiite-l-il , l'auteur anglais I'emporte ici sur sonmodele, par la variete de ses idees, et par leur application morale. L'Ode a l'adversite , ik'rite avec 286 ETUDES SUH I.ES I'OETES une sobrietc male et severe, paraitrait aujourd'hni trap abs- traile. E'Ode sur une vue lointaine du college d'Eton , l'un desiflor- eeaux les plus connus de la poesie anglaise, n'a pas trouve grace aupies de Johnson ; ce critique si severe pour Gray , blame d'abord le poete de n'avoir , en celte occasion , rien trouve deplus que les sentiments ou les ideesqui seraient venus nalurellement a l'esprit du premier venu. Un tel reproehe esl- il done si grave? N'est-ce pas un vrai merite de bien exprimer en vers ce que tout le monde pense; et ne vaut-il pas mieus penetrer ainsi tout d'abord dans l'ame du lecteur , que de cher- cher a l'etonner par des inventions penibles? Sans douli! la poesie ainsi comprise n'a rien qui paraisse surprenant , mais comme elle se trouve la juste expression de nos pensee^ les plus constantes et les plus familieres, elle laisse en nous un souvenir durable; elle devicnt, si l'on peut parler ainsi , une forme precise et definitive oil notre esprit s'arretc. A la vue des tours antiques et des fleches elancees d'Eton, des plaines et des prairies que la Tamise arrose, le poete revient par la pensee aux jours insouciants de son enfance. 11 revoit ses jeunes amis, comme lui, appliques aux serieuses etudes , et courbes sous le joug d'une utile discipline; puis les jeux qui succedent a ces heures trop lentes. II demande a ce beau fleuve qui baigne les riches campagncs, temoins des plaisirs et des chagrins legers de son enfance, quels sont les hotes nouveaux de ces lieux regreltes. Johnson blame encore cette idee si na- turelle : le Fleuve, dit-il, n'en sait pas plus sur ce point que le poete lui-meme. II semble que le critique n'ait pas compris, ou plutot n'ait pas senti ce que tout le monde comprend et sent des l'abord. Les strophes suivantes expriment d'une maniere toute gene- rale des reflexions sur les malhcurs et les vices de l'luimanite. HE LA lIUANIiE-lsRETACNE. Aujourd'hui nous prefererions a ces maximes morales , fm- preinics dc trisicsse et de misanthropic , irate melaneolic pas- sionnee, dcs souvenirs personnels, ratlaches aux noms ot aux images parliruliercs des lienx. Mais le gout du dix-huilieme siecle n'clait pas le noire , el il ne faul pas se plaindre, il fatit se feliciter plutol de renconlrcr dans la pocsie quelquc cin- preinte de l'age 011 ellc aparu, pourvu qu'elle reponde aux sentiments et aux idees qui sont de toutes les epoques. L'Odc au Printemps est cliarmante : images vives el naturel- les , sensibilite vraie , elegance concise de ^expression et du rhyihme, toutes ces qualiles s'y trouvent reunies. La brievcle de ce petit poeme en fail ressortir la grace, et lui donne quelque chose d'aeheve. Beaueoup de poetes , tons , pour ainsi dire , out cliante le printemps , mais bien peu onlreussi a faire passer dans I'ame du lecleur un sentiment analogue a l'impression que font les premiers beaux jours, la douceur de l'air, la fraicheur de l'herbe , toute cette renaissance. La plupart s'imaginent y reussir par de longues descriptions ; ilsne saventpasque, pour peindre , la poesie se contenle mieux de quelques traits : il ne faut pas tout dire; le lectcur aime qu'on le laisse penser. Cette maniere est celle dcs anciens et des meilleurs parmi les moder- nes : Thcocrite, Virgile, Horace, Lafonlaine, en deux ou trois vers font un paysage que Ton voit claircmeut. L'ode d'llorace , Solvitur acris hicms , parait avoir inspire l'ode de Gray ; ces deux poemes touiefois ne se ressemblent pas; le pocte anglais n'imite pas le poele latin , il rivalise avec lui. Horace , dans cette ode, a des images plus vives et plus va- rices : deux idees en font le theme , la grace du printemps et la brievele de la vie ; l'linite de la composition se trouve dans l'union, nalurelle d'ailleurs , de ces idees. Ellcs se developpenf et s'entrelacent , avec un heureux melange de tableaux et de "288 ETUDES 6UH LES TOETES reflexions. Ainsi I'on voil, avec une nettete parfaite , d'abord , sur le bord de la mer, des matelols qui tirent a l'eau ieur navire ; les troupeaux se dispersant dans les pres ; pins loin , sous l'ombre claire encore des bois, aux rayons de la lime d'Avril, les choeurs des Graces et des Nymphes, conduits par Venus; et le reste qu'il vaut mieux lire dans le texte latin, L'Ode a Seslius pounait se comparer a une coupe oirvftige d'un habile artiste: le dessin en est d'une exquise purete,le relief lout a fait net et vif. Le poete anglais a quelque chose de plus vaporeux , une grace plus touchante. L'un et l'autre con* clucnt par une pensee morale, mais ces penseessont bieu dif- ferentes. Horace, a la vue du printemps qui ne brille uo mo- ment que pour s'enfuir bien vile, le compare, sans le dire , a la feunesse de l'homme , a l'age des plaisirs , et revieut conime toujours, au commun precepte des Epicuriens, que repelent encore nos plus vulgaires chansons , saisir l'heure du plaisir , car la mort est proche. Gray, apres uu regard jete sur la na- ture qui fail entendre de toutes parts des murmures de joie, se plaint de la vanile et de la fragilite humaines, puis se laisse toucher d'une vague trislessc. II songeait sans doute a son ami d'enfance , a son frere en poesie , confident de taut de donees etudes et de travaux commences, a Richard West qui , a la fleur de l'age, languissail alteint d'une m.iladie mortelle. Cetle ode sur le prinlemps lui etait adressce , mais quand elie arriva il venait de mourir. En voici la traduction : « Voyez ! les heures au sein pare de roses, compagnes de la » belle Venus, paraissent, enlrouvrent les Hears si longtemps » attendues, et reveillent.la saison empourpree. L'oiseau de » l'Auique repond au chant monotone du coucou , par cette DE LA GR&NDE-BRETAGNE. 289 » chanson printaniore qu'il n'a point apprise. Los fi'ais zephyrs, • avec mi murmure de joie, passcnt dans te bleu du ciel, et » repandent les parfums ea el la recueillis. » Sons le ieuillage deja plus epais et plus brain de ce cheuc i aus ramcaux vigourcux , ou du lielre a I'ecorce rude et » nioussuc , qui de sa cime abrite la clairiere; an bord d'niie » can qui coule parmi les joncs, la Muse vicnt et s'arretc au- s pres de moi. Couche sur un siege rustiquc, je songc com- » bien sont vains les empressemenls de la foule, combien la d richesse est indigcnle. ■nv » A cette heure le labeur soucieux s'arrete , les troupeaux » haletants sc reposent. Mais , ecoutez! eomnie l'air est rempli » d'un bi'uit eonfus : les insectes sans nombre s'agilent : t jeunes , empresses , ils volent vers les sources du miel , et » flottent dans la lumjere que le soleil verse a niidi. Quelques- » uns trempent legeremeni leurs ailes au courant du ruisseau , » et au vif eelat d'un rayon font etinceler leui' parure d'or. )> La contemplation voit en cette scene une image de la vie » des hommes : ceux qui rampent, ceux qui volent, tons fini- » ront la ou ils ont commence. Occupes aux affaires on li- » vies a la joie , ils ne font tous que passer a travers le jour » rapide de la vie, cou verts des changeantes livrees de la (or- t tune. Froisses par la rude main de l'adversite , ou glaces » par l'age , apres ces jeux si animes, ils vont tous reposer » dans la poussiere. » I) me semble que la lbuie le'gere et joyeuse tout bas me » repond : ettoi, pauvre moraliste, qu'es-tu? un mouclieron I» solitaire ! Aucune compagne n'accourt au devant de loi ; tu j n'as [)oint de ruche oil pour loi s'amasse un doux tresor; tu 19 2'JO ETUDES SUR LES POETES > n'as point a montrer des ailes richement peintes. Ta jeunesse » s'est promptement envolee , ton soleil est couche , ton prin- s temps evanoui : pour nous le mois de mai sourit encore. » Gray avail un sentiment reel des beautes de la nature. II y jdignait ce tour melaneolique de la pensee qui , dans uotre sie- ele, est assez commun chez les poelcs et les artistes, el qui , il faut lc dire en passant, perd bcaucoup de son charme lorsque la trislesse va jusqu'a la langueur, ou que la plainte devient declamation. Les idees de ce genre etaient, au lemps de Gray , meme en Anglei erre, fort rarement exprimees. Un voyage qu'il fit dans le Cumberland et le Westmoreland lui laissa une vive impression de la beauie pittoresque de ces contrees. En son- geant que Gray , lui aussi , a erre sur le bord des lacs , qu'il a vu le sommet du Rydal , que peut-etre il s'est repose sous les ombrages de Grassmere , on ne peut s'empecher de chercher entre lui et le pocte des lacs quelques points d'analogie. Je sais qu'entre ces deux poetes les differences sont grandes, les modes du style et de la pensee sont autres. Wordsworth est libre , fe- cond , ennemi declare de tout ornement qui ne nait pas du su- jet meme, et de la pure realite ; mais n'est-il pas vrai que Gray avait puise a une source dont Wordsworth a fait jaillir des ondes si pures et si cahnes , la coniemplation des paysages rus- tiques, unie a la reflexion sur nous-memes et sur l'humaiiite. Gray est sobre et travaille : il aime a circonscrire ses idees dans un espace etroit , comme on reunit des pierres precieuscs aulour d'une bague. On lui a reproche un choix d'expressions un peu laborieux , affecle meme , el Wordsworth , qui nie ou reprouve absolument l'existence d'un style poeilque , diffe- rent du langage ordinaire, insiste durement sur ces defauts. Mais peut-on tracer ainsi a lous les poetcs une voie unique, el ne vaul-il pas mieux admettre la varietede raccent et du style, DE LA r.RANDE-URETAr.NE. 291 selon les temps, le gout do chaque auteur, el la nature des sujets? Parnii ces ouvrages, si courts, si peu nofnbreux, il faut citer encore une petite ode sur la niorl d'une chatle favorite. Ce n'est qu'une bagatelle elegante : on en trouvera une chamiante imitation dans un recueil de morceaux de prose et de poesie , sous le titre de la Vallee mix Lovps, par M. H. de La Touche. Gray avait voulu ranimer, en leur donnant une forme mo- derne, quelques chants des bardes du pays de Galles;ces essais me paraissent avoir peu d'importancc. II avait aussi commence un poeme sur l'alliance du gouvernement et de l'educalion : le debut de cet ouvrage seul nous est parvenu ; il fait regretter que Tindolence naturelle de l'auteur l'ait arrete si pros de son point de depart. Mais Gray a fait assez pour assurer a sa memoire une im- mortelle duree , en ecrivant VElegie sur un Cimetiere de carn- pagne. Tout le monde est d'accord pour en reconnaitre le rare merite. Descriptions , sentiments , pensees , ces trois elements de la poesie s'y trouvent unis avec une jusiesse exquise de pro- portion ; ('unite du sujel se conserve dans la variele des deve- loppements , et la simplicite des idees est ornee , sans effort , sans appret , de toute la richesse d'un style majestueux; le rliylhme memo est grave et trisle, comme il convient an sujet. Celle elegie est ainsi, a cause de l'liarmonie qui regne entre toutes les parlies dont elle se compose, une ceuvre achevce , une forme definitive donnee a une pensee naturelle. Le succes qui I'accueillit des qu'elle parutn'a, depuis, jamais ete obs- curci ; les caprices de la mode, les ehangemenls, memeserieux, (jui ont si profondement modifie logout public en ces matieres, n'ont rien diminue de eel univcrsel suffrage. L'elegie sur un Cimetiere de campagnc se trouve, pour ainsi dire , dans lous les recucils : elle a ete traduite nonibre de fois, en latin, en 292 ETUDES SUR LES POETES grec, dans toutes les langues. Les traductions en vers francais sont surtoul fort nombreuses : il semble que tous ceux qui ai- ment la poesie, eprouvent le besoin de se dire a eux-memes, dans leur langage , ces pensces voilees sous un langage etran- ger. On ne peut esperer de reussir completement , et, apres beaucoup d'aulres, dcs plus celebres monies , on essaie encore. On n'espere pas faire mieux, on veul voir le texte de plus pres, et iraduire en vers, c'est le meilleur nioyen de penetrer dans la pensce intinie d'un auteur. Seulement , on devrail peut-etre garder ses tentatives pour soi , car les traductions, en general, ( j'ai vu quelque part cette remarque fort juste) , font surtout plaisiraux tiaducteurs. On voudra bien me pardonner toutefois, si , apres avoir donne de bonnes raisons de bruler ma traduc- tion , jc l'ai lue et je la public S'il s'y trouve des reminis- cences, je prie que Ton m'excuse, elles sont involonlaires. ^LEGIE SUR UN CIMET1KUE DE CAMPAGNE. I.)u jour qui va (iair la cloche annoncc l'heure, Le troupeau mugissant vei-s I'etable est conduit ; Le laboureur lasse regagne sa demeure , Et dans les champs deserts me laissc avee la nuil. Le paysage a fui sous 1' ombre monotone, • Un calme solennel descend sur les cotcaux; Seul quelque moucheron passe encore et bourdonne , Et ce chant vague, au loin, assoupit les troupcaux. Au sommel d'unc lour que couronne le lierrc , Le sombre liibou eric , et s'effrayanl de moi , 1)E LA GIUNDE-URETAGNE. 293, A l'astre qui repand line pale lumiere , Se plaint que j'ai franchi le bois dont il est roi. Sous ces ormes, ces ifs qui melent leur ombrage, D'age en age entasses sous le gazon epais, Les restes ignores des aieux du village Dans leur asile etroit reposent a jamais. La brise qui s'eleve et parlume l'aurore , Du moineau familier le ramage confus , Le eri percant du coq , ou la come sonore , Sous ces humbles gazons ne les eveillent plus. Lc soir ils ne voient plus l'epine ou la fougere , Avec un bruit joyeux sur l'alre s'embraser, Va les enl'ants, pai'mi tous les soins de la mere, Sauter sur leurs genoux pour avoir un baiser. Que de fois sous leur soc s'ouvrit un champ sauvage, Et leur faux des moissons renversa les tresors ; Tantot , fiers, ils menaient un superbe atlelage , Tantot les bois tombaient sous leurs rudes cirorls. Regardez sans mepris, du sein de voire gloire, Ces utiles labeurs et ces simples plaisirs , (Irands ! ne souriez point a cette simple histoire Qui du pauvrc oublie fait tous les souvenirs. Les dons que la beaute , que 1'opulence ctale , Les honncurs a vos uoms donnes des le berceau , Tout cela marclie aussi vers une hcure fatale , La route des grandeurs aboutit au lombeau. 294 ETUDES SUR LES TOETES Est-cc lour faute, 6 grands ! si leur cendres obscures N'ont pas eu pour abri 1'orgueil des monuments, Si nulle voix , vibrant sous les ricbes sculptures N'a d'un discours pompeux charge leurs ossemcnts. Les marbres animes , les urnes funeraires , A ces restes eteints rendraient-ils tin soupir? Et croil-on qu'a la voix qui flalte vos poussieres , L'oreille de la mort se laissera flechir? Pcut-etre un feu divin, sans jamais apparaitre, Dans ces coeurs refroidis respirait autrefois, Et ces grossieres mains etaient digncs peut-elre De la lyre celeste, ou du sceptre des rois. Mais a leurs yeux jamais de la vaste science Ne s'ouvrit le tresor amasse par les ans ; En brisant leurs efforts , la sterile indigence D'une ame genereuse a glace les elans. Telle une perle pure au sein des flots repose , Et ne doit point paraitre a la clarte du jour ; Telle une flcur brillante au desert est eclosc , Et jette ses parfums aux brises d'alentour. Peut-etre ici repose un Hampden de village , Dont le cceur affronlait un joug avilissant ; Un Milton demeure sans nom et sans langage, En Cromwell dont le front n'est pas taclie de sang. Au senat abaisse commander le silence , D'un peuple revoke mepriser la lureur; DE LA GRANDE-BRETAGNE. 29E On semer sur ses pas la joic ct l'abondance, Et lire aux ycux tie tons son nom ct sa grandeur : Ce sort Ieur fut 6te; leurs verlus ct leurs crimes Sont moindres, pins etroit leur cbemin fut fraye : lis n'ont pas pris le sceptre a de pales victimes ; lis n'ont pasetouffe le cri de la pitie. Conlraindre dans leur coeur la pudeur a se taire, El d'un juste remords etouffer les accents; Du luxe et de l'orgueil parer le sancluaire On la muse venale allume son encens : lis n'eurent pasces soins : loin du bruit de la foule, lis n'ont point au hasard jete des voeux altiers : Comme un obscur ruisseau dans un vallon s'ecoule , lis ont passe, suivant les antiques sentiers. Pourlant, contrc l'oubli qui passe etqui meprise, Une pierre, un gazon fail tout leur monument : La sculpture grossiere et la simple devise Keclament du passant un soupir seulement. Ce ne sont pas des vers, brillantes impostures, Des litres, dont l'orgueil veut encor se couvrir; C'est un nom, un verset des Saintes Ecritures, Ou le Sage rustique apprend a bien mourir. Car de quelque douceur cetle vie est melee : Quand nous voyons s'ouvrir le sepulcre ct l'oubli , Nous regrettons le jour , et notre'ame iroublee En cherche a l'liorizon un rayon allaibli. 206 ETUDES SUR LES POETES La main pics de faillir cherche nnc main chcric; L'ocil sous ties pleurs pieitx s etcint plus douccment : De ces restcs mortels une faible voix crie , El la cendre palpitc en son froid monument. Et toi qui dc ces moris redis la simple histoire , Pcut-etre, comme toi reveur, quelquc passant, Un jour en ce desert cherchera ta memoire, El de ces vers pieux sera rcconnaissant. Mors un vieux pasteur a la lete chenue Dira : Nous I'avons vu des l'heure du reveil , Courirdans l'herbe humide, et, poursa bienvenue, Rencontrer Ie premier un rayon du soleil. A midi , pres du helre a la cime tremblantc Dont la racine sort en gros noeuds enlaces , II venait reposer sa tete nonchalante , Sur ce ruisseau bruyant tenant ses yeux fixes. Pres de ce bois , tanlot , avec un froid sourirc , 11 allait murmurant une vague chanson; Tantot, pale, affaisse , son regard semblait dire Un amour sans espoir, le souci , 1'abandon. Un jour, il ne vinlpas a la haute bruyere, A sa colline, a son ruisseau; le lendemain , Jc ne le trouvai pas au bois , a la clairierc ; Aux lieux accoutumes je le cherchais en vain. Le lendemain , le deuil et les chants del'Eglise Accompagnaient ici ses restcs : approchez, DE LA GBANDE-BBETAGNE. 297 Lisez, vous le pouvez, vous, sur la pierre giise, Lcs mots que couvre un if tic ses rameaux penches. EP1TAPHE. « Un jeune liommc repose au sein de cette terrc : II fill pauvre, ignore; mais son humble berceau Vit la musesourire, et la tristcsse austere Des ses plus jeunesans le marqua tie son sceau. Sincere etait son cceur, tendre sa bienveillance; II donnait au malheur ses larmes, sonseul bien : Par un juste retour, le ciel, pour recompense, Lui donnant un ami , nelui refusa rien. N'en tlemantlez pas plus a sa memoire eteinte : Ses fames, ses verius, redoutable secret, Dans Icur dernier asile, avt-cespoir et crainte, De son Dieu, de son pere attendent leur arret. j> 2!)8 ETUDES SUR LES rOETES II. ROBERT BURNS. Le nom de Burns est chcr a tous ceux qui aiment la poesie naiurelle etvraie; sa vie et ses ouvrages ont fail la matiere de nombreuses publications, et les plus habiles critiques se sont exerces a niettre en lumiere le merite de ses ecrits. Les ouvra- ges de Burns ont ete traduits en francais par M. L. de Wailly ; le tcxte, d'ailleurs , a ete ', en Angleterre et en Ecosse, public sous tous les formats; c'csl un livre fortrepandu. \l semblc done que cc soil un sujet tout a fait epuise. Cependant il y a toujours a glaner, aprcs une si belle moisson , puis e'est plaisir de parler des livreschoisis, comme des gens que Ton aime. Si pen que Ton ait a dire, ne fit-on que repeter leurs noms, ou titer ce qu'ils ont fait, e'est une occasion a ceux qui les aiment comme nous, de s'en entretenir aussi, et ils nous en savent gre. Depuis que W. Scott a publie ses poemes et ses romans , nous nous representons l'Ecosse comme un pays qui , de toutes parts, respire le sentiment et les idees poeliqnes : les m'onla- gnes el les lacs de ce pays, les mceurs , la langue et le costume des habitants des Hautes-Terrcs , leur hisloire , leurs combats , tout interesse Pimagination. Le souvenir d'Ossian lu en notre jeunesse, se confond avec le charme melancoliquc de l'Ocean qui bat b;srivageseleves de Morven. Les Basses-Terres ont aussi leur poesie : iiartoul cc ne sont DE LA GRANDE-BRETAGXE 209 qne legendes terribles ou touchantes; les lulles dela feodalite, les traditions superstitieuscs , et les episodes que font naitre les rivaliles avec la race Celtique et la race Anglaise, donnent une ample matiere aux recits. On nc peut nier que tout cela n'eveille dans les esprits , memo peu cultives , les idees et les sentiments que les vers expriment mieux que la prose. Les peuplesqui habitent cctte contree semblent aussi avoir reoesies de Pope, deux ou trois drames de Shakespeare, les Pastorales de Bamsay, les Meditations d'Hervey, et un recueil de chansons anglaises. II y avail la assez pour eveiller en lui le sentiment poelique , et pour lui reveler les secrets de la com- position. Jeune et ardent, Burns parail s'etre livie aux passions de son age, ses chansons nous attestent la vivacile et l'incons- tance de ses sentiments. Un amour plusproi'ond l'attacha a une jeune personne qu'il epousa plus fard. Prcsse par le devoir de reparer l'lionneur compromis de Jeanie, Burns, quoiqu'il n'eiit encore aucunes rcssources, la denlanda en manage; il voulait, une fois eclte union consacrec, pailir pour la Jamaique, alia DE LA GUANDE-BRETAGNE. 301 de s'assurer quelque aisance. Sa dcmandc ful rejelee d'abord, mais il nc renonea ni a sa promcsse, nia son projet de voyage. Cepeudant il lui fallut attendrc encore el aviser. Pour gagner le prix de son passage a la Jamaique, Burns, qui avail deja compose des poesies, les fit imprimer a Kilmarnock, el nne souscription lui fut assurec. Tout le monde fut charme d'une poesie si fraiche et si penetrante, etle succesobtenu determina Burns a roster en Ecosse. II alia a Edimbourg, oil son livre fut reim prime, fit quelques voyages pen lointains , et desormais se parlagea entre le sejour de la ville, et le soin de sa ferme Hop negligee. Son esprit brillant, la gaite et la noblesse de son caraclere lui firent de nombreux amis : malheurcuse- ment, les grands et les gens lcttres, qui aimaient ses ou- vjrages et sa conversation , s'occuperent pcu de lui menager une position , et de lui faire des loisirs. Dans d'autres so- cietes moins choisies, il aimait aussi a epancher sa veine po- pulate et originale : il ne veilla pas loujours assez sur lui, etil contracts! meme des habitudes d'ihtempe ranee. 11 lui fallait cependant trouverle moyen de gagner le pain de sa famille, et il accepta une modeste place de jaugeur dans l'Excisc (Contri- butions indirectes). II se resignait, non sans trouble, a sa i>au- vrcle, trouvant dans son union avec sa chere Jeanie, et dans ses Iravaux poeliques, une compensation aux rigueurs de la fortune. Taut d'agitation etd'inquietudes, jointesaux plaisirs bruyants oil il croyait sans dome en dissiper la pensee, avaient use son temperament robuste, et les lideles soins de sa femme adoucis- saient ses maux sans les pouvoir guerir. II devint sombre et irritable, el declina dc jour en jour. Au mois de juin 179G, il alia a Brow presde Dumfries, pour prendre les bains de mer. Aiteinl de la lievre , il ful rainene a Dumfries, oil il demeurait, et y mourul le 21 juillel de la meme annee , a l'age de 38 ans. Burns etail d'une stature elevee, jtlcin de force et d'agilite; 502 ETUDES SUR LES POETES sou front haut , eouronne de chcveux noirs boueles , annoncait une intelligence superieure; ses yeux etaient noirs , ouverts, pleins de feu : sa conversation ctait animce etattachante. Quant a son earaetere, on le voit a nu dans ses ouvrages: a la mobi- lile des sentiments , il joignail une droilure inflexible, une male independance. S'il s'est eehappc a des plaintes un peu vives, a quelques boutades satiriques, on ne pent lui reprocher d'avoir attaque les principes sur lesquels l'ordre de la societe repose. Burns a eu le sort de beaucoup d'hommes illustres : e'est surtout apres sa mort que Ton s'est oecupe de lui. Le temps n'a fait que grandir sa renommec, ct desormais elle n'a a crain- dre aucune diminution. Un monument a ete eleve en son hon- neur , a Ayr, sur les bords de la Doon , riviere que ses vers ont rendue celebre. L'inauguratiou en fut faite, au milieu des jeux et de l'allegresse publique, au mois d'aout 1844. Les trois (ils du poete assistaient a cette fete; ils entendirent eclater les vives acclamations d'une foulc enthousiaste, lorsque le nom de Burns elait repete dans les lieux ou sa vie s'est peniblement ecoulee- Des discours furent prononces, et parmi les orateurs de cette journee, il faut citer le professeur Wilson , l'un des poetes qui , aujourd'hui encore , font le plus d'honneur a la Grande-Brelagne. Mais c'eiait surtout une assemb'.ee populaiie ; les gens de lel- tres y etaient moins nombreux que l'onn'avait dus'y aitendre : il semblait que la gloire de Burns dut etre surtout consacree par les suffrages du peuple au milieu duquel il a vecu et souf- fert, el dont il a chante les doulcuis et les joies. Les ouvrages de Burns se composent de chansons nombreu- ses, courtes pour la plupart, et de quelques pieces, epitres, comes, poemes, d'une elendue mediocre. Le ton comme le rhytlisne de ces pieces est fort varie; tantot le poete chante ses amours, avec une joie vive, ou une touchante melancolie; tan- lot il s'anime d'une gaite bruyantea la vue dela table rusiique, DE LA GRANDE-BRETAGNE. 303 a un festin tlont l'orge, la dreche ct le houblon ont fait tons Ics Irais. O'autres fois sa voix s'cleve; il faille tableau le plus noble de ees antiques moeurs qui gardent encore la purete religieuse et la naive allcgresse des anciens temps. 11 vante les grands noms de sa patrie, puis, revenant sur lui-meme, comme lous ccux qui out soufTert et qui cherehentune consolation que le monde leur refuse, le chansonnier, un peu profane parfois, traduit le 1'sal- miste, ou , de lui-meme, eleve ses chants vers Dieu. La poesie de Burns a ceci de particulier que, comme elk: plait, sans aucun attrait etranger, sans aucun secoursdes in- ventions qui excitent l'interet de curiosite, ellc attache de plus en plus ceux qui ont commence a l'aimer. Elle ressemble a ces paysages oil rien n'etonne les regards , mais ou toujours nous rappellent la purete d'une eau qui jaillit sous la mousse, le chant des oiseaux accoutumes; au dessus des arbres, une loin- taine eehappee vers le ciel. On est involontairement porte a chercher dans les hommes de genie, les ressemblances qui les rapprochent d'aulres inem- bres de la nicme famille, les traits qui les distinguent. Ainsi, en lisanl Burns , il est difficile qu'a la pensee ne viennent Theoerite, la Fontaine, Beranger. Burns est a la fois un poete pastoral el un chansonnier; etil n'est pasbesoin de dire que ce vulgaire nom de chanson peut comprendre les plus parfaites poesies. Burns a comme la Fontaine une gaite salirique par caprice et sans au- cune nu'ehancete, la mobilite d'une imagination qui volontiers va de fleur en fleur , et saisit de prime saut les plus fraiches et les plus vives. Senlement, selon le genie de son lemps, la Fon- taine s'est plus occupe de la sociele que de la nature; il est vrai qu'enle lisanl (cetteremarque n'est pas de moi), on voit ca ct la de claires images des plaines de la Beauce, des fermes el desha- meanxdela Brieehampenoise, mais ces tableaux sont esquisses en quelques traits seulement; Burns , au contraire, peintavee 501 ETUDES SUB LES POETES unc verite minuticusc les details dos choses dc la vie champetre. Jc ne pense pas, commc M. L. de Wailly, que la concision du style et l'eleganee du rbylhme donnent a Burns l'avantage sur la Fontaine : il y a dans noire poete une abondance de pen- sces, une richesse de poesie, une variete infinie de tours ct de mouvemcnts qui font dies fcffles xra livre merveilleux, un livre unique. II se rencontre entre Theoerite et Burns une ressemblance , toute fortuite sans doute, mais singuliere. L'un et l'autredeces poetes a eu a sa disposition un dialecte distinct de la langue com- munement ecrite, un dialecte poetique et populaire, chantant et rustique. II n'y a rien autre de commun entre le dialecte Dorien, et le patois ou plutot le langagc des Basses-Terres d'Ecosse. Je craindrais meme en parlant dc cette analogie de risquer une vaine imagination , si je n'avais vu quelque part , dans Walter Scott ce me semble, le mot Dorique applique a la poesie Ecos- saise. La sonorite de la letlre A frequemment repeteedans Fun, conservee dans l'autre contre l'usage anglais, est une rencontre sans importance, a noter toutefois. L'habitude d'abreger les mots par la contraction ou 1'elision est propre sans doute au langage populaire, qui chercbe dans la parole parlee le trait plus que la precision , car elle se retrouve aussi dans notre patois normand , el dans la vieille langue francaise. Une analogie plus frappante s'apercoit entre le poete Sicilicn elle poete Ecossais : je veuxdire un heureux melange de sentiments vrais, d'images nalurelles, et de pensees fines. Leurs tableaux se distinguenl par la precision du dessin et la verite du coloris. lis ne crai- gnent pas de s'abaisser en parlant des choses de la vie rurale, et il ne faut point s'imaginer, commc on le faisait autrefois de Theoerite, que ce soil de leur part rusiicile et ignorance. Theoerite etail un homme fort cullive, un courlisan meme; il vivait au milieu d'une civilisation raffinec. Burns, un simple DE LA GRANDE-BRETAGNE. 50S paysan si Ton veut , avail hi el etudie; il frequentait le monde, et sos ouvrages sont composes avec art. Cos grands eerivains savaient quel charme s'attacbe aux details vrais : Theocrite nous fait voir dans les pSturages do l'Etna des bergers reels ; leurs c orbeilles sont de jone et non de bois dore ; iis n'ont pas a leurs houleltes desrubans, mais des cordons de cuir. En le lisant on respire autour de soi l'odeur de la bergerieet de la laiterie ; ailleurs le parfura qu'exhalent les pins et les meleses : a la ville, on eutend le babil des syraeusaines ; on sait les menus propos qui se tenaient au milieu de la foule. Burns, de meme, en une nature loute differente : voici la petite ville d'Ayr divisee en deux partis, l'un tenant pour les vieilles mceurs , Pautre pour les idees nouvelles ; le village, la ferine, la forge, et le cabaret oil se discuterit, enlre les pots, les affaires de l'Eglise et de PEtat. Ailleurs, partout, ce sont les champs, avec toutes ces nuances charmantes que font les saisons: les sillons d'orge, souvenir tendre el cheri du poete; puis les bles miirs, le chant des alouettes, les claires journees d'auiomne; enfin l'hiver, dont les tempetcs troublent et elevent 1'ame. Mais il y a une admirable piece , le Samedi soir dans une chau- mierc , que ne pouvaient faire ni Theocrite ni Virgile : la gra- vite religieuse , la douceur du foyer domestique, la joiedans la pauvretc, ramour beni par le consentemcnt maternel, ces sentiments que la nature seule et le genie n'ont pu donner, tout penetre a cette lecture d'un plaisir qui rend meilleur. La forme generalement usitee dans les pastorales desanciens estcelledu dialogue ou amebee : plusieurs modernes Pont imitee, et en ont fait une regie, oubliant, cette fois encore, que les anciens sont les anciens , et que nous sommes les gens d'a present. Burns, au contraire, a adopte la forme, populaire en Ecosse , de la chanson, ou ballade. 11 a aisemeut compris qu'illui fallait suivrc la coutume de son pays et de son temps, et a des airs •20 306 ETUbES SUR LES POETES aisement appris , il a uni des vers que tous devaient lire et ap-> prendre. Les bergers de la Sicile et delaGrande-Grece, dans les 'uisirs que leur laissait la vie pastorale, vers le milieu du jour, se refugiaient volontiers sous quelque platane, pour converse!', jouer de la flute, et se disputer le prix du chant. En Ecosse , comnie en Normandie , le laboureur et I'ouvrier chanlent encore, niais ca etla, sans interrompre leur travail; ils s'entretiennent avec eux-memes , en des chansons et des airs oil ils out mis quelque chose de leurs peines et de leurs plaisirs, des objets qui les occupent el des scenes qui les entourent. Quelquefuis aussi , aux fetes accoulumees , aux noces , a la fin de la mois- son, I'on chante en dansant, ou en s'accompagnanl de quel- que instrument rustique. De la sans doute sont venuslamusique et la poesie deschceurs; de la i'usage des refrains. La nature seule , les moeurs de ehaque eontree, les coutu- nies populaires donnent aux divers genres de poesie, une forme primitive, imparfaite et grossiere, connne une sorte de moule a peine ebauche, a peine creuse , mais dont le lour se relrou- vera plus tard daus les ceuvres les plus accomplies. L'archilec- lure, la sculpture, la ceramique sont nees et se sont develop- pees ainsi. C'esl ainsi encore que, dans laGrece, la poesie epique, la tragedie, la comtklie, se soul produites, el pour revenir a noire sujet , la poesie pastorale. Les premiers essais n'etaient qu'un amusement de bergers, de ces chants qui s'ou- blienl avec l'occasion qui les a fails naitre , maliere poelique si Ton veut, et non i>oesie. Puis , en ce genre , comme dans les aulres, l'arl est venu , et dans le moule acceple, a depose tous ses tresors. Les plus grands arlistes ne cherchenl pas a briser ces formes primitives el populaires, pour lesremplacer par des inventions penibles , ou des imitations d'un art elranger; ilssa- veut qu'ils ne penetreraient pas au cceur de ceux qu'ils veulent inleresser, qu'ils ne feraient pas passer leur inspiration dans DE LA GRANDE-BRETAGtfE. 307 1 esprit de la foule qui lesonvironue, et des ibules qui la suivront. Les plus habilcs aiment inieiix cacber, pour ainsi dire, leur puis- sance, el semblent no faire que eontinuer une oeuvre commen- cee par lout le monde. Tel a ele aussi l'art de Beranger, avec lequei Burns presente plnsieurs points do ressemblance. L'un et Pautre out donnc a lours compositions la nettete ot la concision du tour, quclque chose d'acheve, le rhy thme savant qui grave la parole, assez vif toutefois et assez leger pour Penlcver. lis out ecrii avcc simplieite, ne se laissant surprendre, en ce qui touche le style , a l'attraii d'aucune mode passagere ; ne comp- tant jamais sur I'abondance et la variete des mots, pour eacher le vide ou la faiblesse de la pensee. L'un et l'aulre encore , nes dans une condition obscure, et ne devant leur instruction qu'a leurs clTorts personnels , ont cu en vue , avec la gloire , la po- pularite : fidcles a leur origine, l'un a voulu ecrire surlOut pour les ateliers , l'aulre est connu dans toutes les chaumieres de son pays. Ici s'arrelent les analogies : les differences sont plus frap- panles. Le poete ecossais n'a pas la riehesse d'invenlion , la va- riete , la verve efincelante du poete franeais; ses chants ne sont que de naives effusions du cceur. L'art savant domine dans Beranger, chez Burns le naturel esl plus sensible. Enfin , le choix des sujels, le point de depart est tout autre; on a deja du le reconnaitre. Trop souvent M. de Beranger s'est aban- doning a un gout de raillerie, de licence , a une gaile qui n'est pas sans amertume; trop souvent il merite les monies repro- ches que cet Horace a qui il ressemble , et qu'il a surpasse en divers points, etil est moins excusable quele poete paien. Bans ses Chansons, la posterile fera un choix; surlout elle ne par- donnera pas a l'auteur d'avoir blosse les croyances religieuses. elle negligera ce qui a ele inspire paries passions d'une epoque deja eloignee. On rendra loujours hommage an noble caractere 308 ETUDES SUll LES POETES tie M. de Beranger, mais on conviendra que son nom a un pen protege ses ouvrages. Burns n'a ete le poete d'aucune opinion politique , d'aucune doctrine philosophique , ou pretendue telle: s'il est parfois epi- curien , c'est seulement que le feu de la jeunesse ou un caprice de l'imagination 1'emporle au dela des bornes preterites. M. Jef- frey, cependant, lui a reproche trop d'aigreur et d'emporte- ment satirique , une sorte de raepris de la prudence , de la regularile , de la decence , un gout trop vif pour les expan- sions d'une scnsibilite exageree ou irreflechie. D'apres !e cri- tique d'Edimbourg , Burns semble penelre de I'opinion , assu- rement ties fausse, que le genie et la force des sentiments dispcnsent des regies ordinaires du devoir et des convenances sociales ( V. Ed. Rev. t. 13. p. 249. — Januar. 1809 ) — Cettc censure a paru d'une severite excessive ; Burns meritait , sur- tout a cause de ses malheurs , une justice moius rigoureuse. II a consacre dans ses vers les plus nobles et les plus touchants souvenirs de son pays, les noms de Bruce, de Wallace, de Marie Stuart. Le plus souvent sa gaile est aussi innocente que franehe ; il fail aimer a ses conciloyens la terre qu'ils mouillenl de leurs sueurs, leurs chaumieres obscures, et les montagnes qui bornent leur horizon. Je ne sais si j'ai donne quelque idee du genie de ce poete : pour le bien connaitre , il faudrait etudier le texte de ses ou- vrages ; il faudrait meme etre familier avec les mceurs popu- laires de l'Ecosse. On devra consulter la vie de Burns , par M. Lockhart, divers articles de la Revue d'Edimbourg, de la Revue Trimestrielle et du Magasin de Blackwood; la Traduction des poesies de Burns , par M. L. de Wailly, el un article du meme ecrivain , Rev. des Deux Mondes , 1831 . — M. de Wailly a aussi essaye , noil sans succes, de Iraduire en vers quelques morceaux de Burns, entre autres Tnv< o' Shanter. Burns est un DE LA GRANDE-BRETAGNE. 509 des auteurs qui , en passant d'unc langue dans line autre, re- coivent le plus de donmiage : le rhythrhe originaire , la grace nn peu etrange dn dialecte, la fraicheur champetre de I'expres- sion, la (inesse des allusions , tout cela s'cvanouit. Je me suis cependant un peu essaye a cette laehe, et parrai ces petits poemes, j'en ai choisi deux , non plus parfaits que les autres , mais moins empreints de ceile couleur locale , qui oppose au iraducteur une invincible difficulte. LAMENTATION DE MARIK 0 ECOSSE A L APPKOCUE Dl' PIUNTE.MPS. Aux arbres, sous les fleurs, la feuille se deaoue, La marguerite est blanche dans les pres; Dans le cristal des eaux un clair rayon se joue ; Et resplendit sur les cieux azures. Mais en cette prison obscure Oil s'ecoulent mes trisles jours , Rien ne vient adoucir le cours Des douleurs que moname endure. L'alouette , au matin que reveille sa voix , S'envole au ciel d'une ailc liumide encore ; Et le merle, a midi , sous le couvert des bois, Repete sa chanson sonorc : Avec ses airs le doux man vis, % Du soir endorl la solitude: ">I0 ETUDES SUR LES POETES. Tons soul d'amour et d'amitie ravis, Et lous Iibres d'inquietude. La primevere en fleurs lapisse ies vallons, Le lis brUle sur. la colli ne ; Le prunellier blanchit ses rameaux ; 1'aubepine Au jour entr'ouvre ses boutons. II n'est pas d 'humble paysanne Qui, parmi Ies douceurs de la fraiche saison, A son gre ne s'egaie ; cl moi , dans ma prison , A Ianguir le sort me condamne. J'elais reine autrefois en France, doux pays t Des J'aurore, ma joic eelatait sans contrainte ; Au soir, mon cceur de mils soucis N'avait eucor senti l'atteinte : Reine d'Ecosse aujourd'hui je me vois Par plus d'un traitre menacee; Et sous Ies fers de l'etranger pressee , Des noirs chagrins je portc tout le poids. Ma soeur, mon ennemie, au cceur faux et cruel I Ne sais-tu pas que la vengeance , Pour te frapper d'un coup mortel Aiguise son glaive et s'avance. Mais tu ne connais pas Ies larmes et le sang Qui battent au cceur d'une femme , Et le baume sacre qui s'epand de notre ame Sur le malheureux gemissant. Et toi , mon fds , mon fils , puisse a ta destinee Presider un aslre plus doux ; DE LA GRANDE-BRETAf.NE. 511 I'uisse clorcr ion front la clarte form nee Que me refuse un ciel jaloux. Dieu veuille te garder de ceux qui ni'ont haie . Ou ramener leur cceur a toi : Et ceux qui m'ont tenu leur foi , Airae-les , ta mere t'en prie. Puisse-je ne plus voir les rayons eclatanls Illuminer l'aube sereine : Vents d'automne couruzsnr les epis flottants; Ne m'envoyez plus voire haleine ! Venez ; sans m'eveiller, par vos cris furieux Tempetes de l'hiver, que voire voix rcsonne ! Fais eclore , 6 printemps, ta premiere couronne Sur mon tombeau sileneieux. A UNE MARGUERITE DES CHAMPS QUE L'AUTEIR AVA1T RENVERSEE SOUS SA CIIARRUE. EN 1786. 0 petite et modeste fleur D'un pourpre leger liseree , Pourquoi dans un jour de malheur Devant moi t'ai-je rencontree ! Dans la poussiere j'ai fait cboir Ta mince tige ; Te regrelter, sans rien pouvoir En vain m'afflige. 312 ETUDES SUR LES P0ETES Ce n'est point ton amie , helas ! L'alouelte , douce voisine , Qui , parmi ses joyeux. ebals , Sous son cou tachete t'incline Quand des verts epis, au retour De l'aube humide , Son essor aux sources du jour Vole rapide. L'impetueux souffle du nord Frappa ta precoce naissance , Mais sous l'abri d'un humble sort Ta faiblesse elait ta defense : Pres de la terre , ton berceau , Dans la tern pete, Tu pouvais , courbee au niveau , Cacher ta tele. De nos pares le mur eleve Protege des fleurs somptueuses ; II leur faut l'enclos reserve Des grands bois aux cinies ombreuses Mais sous quelque pierre, au hasard , Parmi l'eteule , Tu nais , et loin de tout regard , Tu grandis seule. Aux claries du pur iirmanienl Tu decouvres ton sein de neige ; Ta tete ecarte doucement L'elroit manteau qui la prolege : Mais non , la charrue a passe DE I A GRANDE-BRETAGNE. Sur la demeure , II faut que ton front renverse Languisse et meure. I)u d'estin tcl est le relour Pour la jeune fille naive , Lorsque le langage d'amour Tient sa simplicile captive : Fleur champetre , le lendemahi La voit fanee , Et dans la poudre du chemin Abandonnee. Ainsi le poele imprudent , Que guide une trorapeuse etoile , Au sein d'un monde au Hot grondant Lance sa nef a pleine voile : 11 ne sail ruses ni detours Contre l'orage; Vient la tempete , et sans sccours II fait naufrage. Ainsi plus d'un noble mortel A la douleur se voit en butte , Un monde railleur et cruel Le brise en sa penible lutle : Au ciel seul, de tous delaisse, Son coeur espere ; Enfin il succombe alTaisse Dans sa misere. El toi qui plains la pauvre fleur, 314 ETUDES SUR LES FOETES DE LA C.1UNDE-B11ETAGNE. Un pareil destin le menace : Vois , le soc altier du malheur S'avance , te renverse et passe. La glebe , en se brisant , sur toi Tombe et t'accable : Mourir sons son poids est ta loi Inexorable. NOTICE SIR LES ROSlERES DE BRIGQUEBEC [1776 — 1789] M. DE PONTAUMONT, Treaorier-Archivistt ile la Societe Ai-ademique de Cherbourg'. Une fete champetre, destinee a encourager la sagesse et la vertu, etait, avant 1789, celebree a Bricquebce par le cou- ronnemcnt d'une rosicre; I'instilulion en etait due a un avocat celebre ('). (*) Elie de Beaumont , ne a Carentan en i 7E32 , autetir du memoire pour Galas, elait seigneur dc Canon pres Caen, on il etablit la premiere de ces ftMes sous le nom de Fete des Bonnes Gens. 316 NOTICE SUI\ LES UOSIERES La revolution emporta cette louchante ceremonie sur laquelte un eeclesiastique , directeur de l'une de ces fetes (celle du 50 septembre 1776), nous a laisse quelques pages (*) qui ne man- qucnt pas de grace et de couleur locale. « Le pre voisin , dit-il, nous a servi de salle a manger. Point » de tables. Les nappes etendues sur 1'herbe , le patriarche , sa i> filleet un vieux cousin au bout de l'enceinte dans un fauteuil » et sur des chaises. Le reste de l'assemblee sur des gerbes de » fougere. Depuis qualre ou cinq ans jusqu'a qualre-vingt-onze » ans, des convives de tons les ages. Pas une haleine de vent ; j>. le plus beau soleil; la nature aussi riante que les convives. » De larges cruches de cidre a rafraichir dans le ruisseau ; le » majordome a genoux pour couper les viandes. Un enorme » poisson porte a la ronde ; chacun y prend , les assiettcs sur j> les genoux. Le vieillard et la rosiere sonlle centre de tous les y> regards; leur gloire rejaillit sur toute la i'amille; Ieur bon- » heur sur tous lesetrangers. Des etrangers! II n'y en a point; » tous sont freres. Egalitc, paix , concorde, amitie; image vi- » vante des agapes des premiers Chretiens. Au lieu de bons » mots , des expressions de sentiment qui partem d'un coeur et i vont a tous les autres. L'appetit du vieillard augmente le noire, j sa gaite se communique a toute l'assemblee. Sur la fin du » repas une mere donne le signal aux jeunes filles et les voila » parties. Comme autant de biches elles sautent les fosses, » franchissent les haies des jardins , ne tardent pas a nous rap- (") Fete des Bonnes-Gens de Canon et des Rosieres de Briquebec et de Saint-Sauveur-lc-Vicomte, par l'abbe Lcmonnicr, cliapclaindc la Sainlo Chapelle de Paris, auiuonier des Gardes de M. le comte d'Artuis. 1'aiis 1778, in-8", page 142. DE BRICQUEBEC. !)i" » porter des fruits. Lcs tablicrs en etaient pleins, I'herbe et les j nappes en sont couvertes. La mere offre des galettes faites » a notre inscu. Notre surprise fait grand plaisir a celles » qui sont dans la confidence. Comme 1'innocence pit de bon » cceur, et mange de bon appelit! La gaile de la verlu est » tranche, naive et pure; il n'ya que celle-la qui vaille; iln'ya » que eelle-la qui epanouisse le cocur. ... » L'une de ces fetes (eelle de 1780) donna lieu a la relation sui- vante d'un lemoin oeulaire. Pendant un sejourqueje lis a Cherbourg, j'arrivai une apres- midi , en me promenant au hasard dans la eampagne , en un bourg nomme Bricquebec, dont la situation etait champetre et solitaire. Ses habitants avaient conserve de cet air de simplicite primitive que Ton ne irouve plus dans les lieux qui avoisinent les grandes routes. — Je me delerminai a y passer la nuit. Apres la visite du vieux chateau qui domine ce bourg, ma promenade me eonduisitbientot vers l'eglise. Sa tour, couverte de lierre , ne laissait voir qu'un vitrage gothique a travers un voile de verdure. II y avait ce jour-la une soiree delieieuse; la matinee avait ete sombre, mais, peu a peu.le ciel etaitdevenu plus clair, et, bien que des images parussent encore a l'horizon, il y avait a l'ouest un long sillon d'or d'oii le soleil couchant, pereant les feuilles jaunissanles de l'Autonme, souriait avee melancolie a la nature. Je m'etais assis a l'ecart et me conqilaisais a repasser dans moii espi'it quelques-unes de ces scenes d'enfance si agreables au souvenir, et ces fictions d'un bonheur lointain qui sont mille fois plus douces que le plaisir. De temps en temps le son d'une cloche parvenait a moii oreille : ses sons etaient en harmonic avee mon coeur et s'unis'aicnt a mes pensces. Cctte cloche an- noncait un convoi. 018 NOTICE SUR LES ROSlERES Je vis en effel un cortege funebre traverser une vaste pelotise" qui etait a ma droile; il suivait lentement une avenue de vTcrrx chenes et disparaissait el rcparaissait a travers les ouvertures de la haie derriere laquelle j'etais place. Le eercueil ela'i porte par six jeunes filles habillces de blanc, et uae autre , d 'environ quinze ans, marchait devant elles portant sur un coussin une guirlande de roses blanches. Je suivis le convoi dans l'eglise. Le cercueil ful place dans le ehoeur et l'office des morts fut cbante avec une soleimitc a la fois si lugubre et si touchante que plusieurs personnes h'e parent rctenir leurs sanglots. En rentrant a l'hotelleric , j'appris toutc l'histoire de la de- funte. Cede histoire etait simple et telle qu'on en a souvent en- lendu raconter 1'hiver a la lueur du foyer. La jeune Marie avait etc la beaule et l'orgueii de Bricquebee. Son pere, riche fermier sur la terre du Pont-d'Aizi, s'etait vu mine par des malheurs. Elle etait fdle unique et ne s'etait ja- mais eloignee de la maison paternelle. Marie avait eie 1'clevedu venerable pasteur du village, la brebis favorite de sou petit troupeau. Ce digne homme avait surveille son education avec un soin paternel , et l'avait approprice a l'etat dans lequel elle devait vivre : il desirait la rendre l'ornement de cet etat , mais il vouiait qu'elle ne fut pas au dela. La tendre indulgence de ses parents, et l'exemption des rudes travaux de la campagne , avaient donne a son caraclere une grace et une delicatesse qui s'accordaient parfailemcni avec son exterieur. Elle paraissait um\ fleur de jardin, rare et fragile, venue accidentellement entre celles des champs. Marie etait sans rivale pour la beaute parmi ses compagnes; mais cette supcriorile etait reconnue sans envie , car sa douceur et la bonte de son cceur surpas- saient encore Talirait si puissant de ses charmes. Le bourg qu'elle habitait etait un de ces lienx on I'on retrou- DE BRICftUEBEC .'.I'.i vail encore quelques traces des vieilles coutumes. II avail ses fetes champelres, ses rejouissances particulieres, el venail d'etre dote d'un coui'onnement de Rosiere. Ces fetes elaicnl cneou- ragees par le pasteur d'alors qui elait amateur des vieux usages, ct l'un de ces venerables cures qui croient remplir Ieur mission sur la lerre en mainteuant la joie et la paix parmi les homines. La situation pilloresque du bourg et ces douces fetes y atti- raient souvent des etrangers. Parmi eux un jour de Rosiere vint un jeune homme , Leonce de Launay, ofileier an Re- giment de la Reine, qui elait alors en garnison a Valogncs. II ful clianne par la naive simplieile qui regnait dans celte fete , mais bien plus encore par les graces de la Rosiere. Cette annee la ctail Rosiere Marie, l'elue du village pour la sagesse et la vertu , qui , couronnee de roses et decorec de la medaille et du ruban bleu donnes par Monseigneur le comle d'Artois , rougissait avec sa joie et sa candeur de jeune fdle. Son leint elait si pur qu'on eiit dit que le soleil ne I'avail jamais i regardec qu'a travers un voile de feuilles. La danse chain pctre qui termina la fete, et aussi la simplicity des habitudes villageoises, eurenlbienlot mis le jeune ollicier en rapport avec la charmatite Rosiere. Peu a peu il devint son in- time et lui lit sa com* avec cette legerele amiable et passionnee que les officiers d'autrefois opposaient irop souvent a la beaute i Tedule. Rieii cependant, dans son empressement , ne pouvait alarmer : jamais il ne parla d'amour ; mais, n'y a-t-il point unc maniere de 1'exprimer plus puissante que le langage et qui le piouve d'une maniere irresistible et victorieuse? Les regards, le sonde la voix , mille tendres expressions qui naisse.it de chaque mot el de chaque action : voila ce qui forme la veritable eloquence de 1'amour ; voila ce qui sera toujours senti el entendu .sans pouvoir etre decril. Devons-nous done nous eionner (pic cette eloquence entrai- 0'20 .NOTICE SUR LES ROSlEHES nante de l'amour ait subjugue un coeur aussi jcune, aussi sim- ple, aussi sensible que eelui de Marie? Elle aima presqne sans le savoir: ses yeux rayonnerent d'un eelat nouveau , sa voix prit nn veloute reveur; mais elle ne coimut point, par son nom , la passion qui maitrisait son coeur. Elle ne songea pas non plus a chercher dans 1'avenir qnelles pouvaient ctre les consequences de cet amour. Quand Leonce etait pres d'elle , il absorbait toute son attention ; quand il etait absent , elle ne pensait qu'a sa dernicre visile. Elle parcourait avec bii les sen- tiers frais et solitaires des environs ; il lui apprenait a voir de nouvelles beautes dans la nature; il lui parlait le burgage galant de la vie d'alors et accoutumait son oreille aux illusions de la poesie et de la musique. Peul-etre n'y eut-il jamais un amour plus pur que eelui de cette innocente jeune fille : la figure noble et graeieuse de Leonce, le brillant eclat de son costume charmerenl d'abord ses yeux ; mais ils ne capliverent point son cceur ; son amour avait quelque chose de l'idolatrie ; elle regardait son amant comme un etre d'une nature superieure; elle eprouvait pres de lui l'enthousiasmed'un esprit naturellement poeliqueet impres- sionnable qui est, pour la premiere fois, initie a une nouvelle intelligence. Elle ne pensait gueres aux distinctions du rang et de la fortune : ce qui elevait Leonce a ses yeux, c'etait la diffe- rence qui existait enlre son instruction , ses manieres, et celles de la societe villageoise au milieu de laquelle elle avait vecu. Leonce etait sous la nieme impression ; mais son amour etait melede sentiments d'une nature moins pure. II avait commence cette liaison avec autant d'etourderie que de vanite ; il avait souvent entendu ses compagnons d'armes raeonler leurs con- quetes faciles dans les villages dont ils etaient seigneurs , et il pensait qu'un succes en ce genre etait indispensable a sa repu- tation d'hommc de guerre et d'homme du monde. Mais il avait DE BR1CQUEBEC. o°Jt trop de cette sincerite dc la jeunesse; son cocur elait bien loin encore de ce froid egoisrae que donne une vie crrante et dissi- pee; il s'enflamma du feu qu'il voulait faire nailre et, avant d'avoir bien pu juger de ses sentiments , il elait devenu reelie- ment amoiireux. Que fallait-il faire? il y avait de ces obstacles qui se rencon- trent presque toujoursdans les attachements subits. Les prejuges de parents riches et litres, sa dependance d'un pere inflexible, son grade dans 1'ordre de Make , tout l'eloignait de penser au mariagc. Toutefois , lorsqu'il regardait cet etre si confiant et si tendre , la purete de ses manieres, sa vie irreproehable, sa mo- deslie angclique, le moindre sentiment coupable s'evanouissait. Souvent , elaut loin d'elle , il faisait taire ces sentiments gene- reux en se rappelant la froide derision avec laquelle il avail enlendu parler de la vertu des femmes; mais qnand il elait re- venu pres de Marie , cette douce jeune fille elait entouree d'un charme de candeur si puissant que nulle pensee blamable ne pouvait subsister. La soudaine arrivee d'ordres qui enjoignirent a son balaillon d'aller a Thionville, vint mettre le comble aux troubles d'esprit du jeune officier. II se trouva dans la plus penible irresolution et n'annonca cette triste nouvelle que le dernier jour , pendant une promenade du soir. L'idee de separation ne s'elait jamais offertc a Marie. Cette pensee brisa sur-Ie-cliamp son reve de felicite ; elle la regarda comme un mal insurmontable et pleura avec toute la simplicite d'un enfant. Leonce rattiravers lui et d'ardents baisers recueil- lirent ses pleurs ; il ne fut pas repousse , car il est des instants de chagrin et dc tendresse qui sanctifient les caresses memes de l'amour. Notre jeune officier elait naturellement impetueux , et la vue de la beattte en (amies, sa confiance dans son pouvoir sur elle 21 5"22 NOTICE SUB LES ROSIERES et enfifi la crainle de la perdre a jamais, tout eonspirait a etouf- fer ses lions sentiments. — 11 osa lui proposer de quitter ses parents et de suivre sa fortune. Entierement novice dans l'art de seduire , il rougissait lui- meme de sa proposition; maisl'esprit de sa douce viclime etait tellement innocent, qu'il ne put d'abord com prendre le vrai sens des paroles de Leonce. Pourquoi quitterait-e!le son village natal et I'humble toit de ses parents? Quand enfin la nature de la demande vint frapper sa pure imagination , l'effel en fut fou- droyant. Elle ne pleura phis , elie ne s'emporta point en re- proches, elle ne prononea pas une parole ; mais elle s'arracha des bras de son coupabie atnant, jela sur lui un de ccs regards d'angoisse qui penelrent jusqu'a 1'ame , et, joignant les mains avec desespoir , elle courut cherclier un refuge a la cbaumicre pateraelle. L'officier se retira tellement confus et repentant qu'on tie saurait dire quel aurait ele le resultat du combat qui se passait en lui , si ses pensees n'avaient ete detournees par les prepara- tifs de depart de son bataillon. En effet, un nouveau service militaire et de nouvelles scenes dissiperent bientot les repro- ches qu'il se faisait, et alTaiblireiil son amour. Neanmoins , au milieu d'lin voyage militaire, des plaisirs de la cour ou brill ait sa famille, ses pensees intimes revenaient quelquefois vers les souvenirs du bonheur champetre et de la simplicite du village. La chaumiere , le frais scntier sur les bords du ruis- seau , la liaie odorante d'aubep'me et la charmante ftlarie se promenant avec lui, s'appuyant sur son bras et le regardant avec 1'cxpression d'un pur et inalterable amour , lout cela se peignait avec grace et melancolie a son imagination. Le choc que la pauvre jeune fdle avail regu etait cruel; une constante et sombre tristesse en fut le resultat. Elle avail apercn de loin le depart des troupes ; (^lle avail vu Dt: BRICQUEBEC. 325 son infidele amant s'eloigner d'olle eomme en triomphe, pre- cede d'une musique guerriere et entoure de lout l'eclat des armes. Son regard, voile de larmes, le suivit jusqu'a ee que le soldi du matin eul fail disparaitre son ombre, el que le plumet de son chapeau se fut efface dans le lointain. 11 serait inutile de s'eiendre beaucoup sur les patticularites qui font suite a cette histoire; elles resseniblent trop a cdles dc tons les contes d'amour melancolique. Marie evitait la soeiete et se plaisail a errer seule dans les lieux. qu'elle avait le plus souvenl parcourus avec Leonee. Com me la biclie blessee, elle plcurait dans le silence et dans la solitude , et coniprimait , devani tout le monde sans exception, le mortel chagrin qui pesait sur son coeur. Tantot on la voyail, an coucber du soleil , assise devant 1'eglise, et tantot les lai- tieres , en revenant des pres, l'entendaient, de loin en loin, chanter une romance plaintive dans le sentier d'aubepine. Elle devint fervente dans sa devotion ; elle allait tres souvent a l'au- tel de la Vierge , et quand les vieux du village , eausan.t a l'om- bre de l'if du cimetiere, la voyaieut s'avancersi changee et ce- pendant si calme, ils sedivisaient a son approche et, lorsqu'elle etait passee , ils la regardaient en hochant la tele en signe d'adieu. Elle vit en fip eile-meme qu'elle descendait au tombeau: mais il etait a scs yeux un lieu de repos. Le lieu qui l'avait attachee a la vie etait rompu ; il lui semblail qu'il n'y avait plus de plai- *sir pour elle sous le soleil. Son ca'ur si doux etait incapable du moindre ressentinient contre son inlidele amant. Dans un moment de douloureuse lendresse , elle lui ecrivil une lettre d'adieu. Le langage en elait simple, mais touchant par celte meme siuqilicilc. Elle lui disait qu'elle se mourait et ne lui 324 NOTICE SUI1 I.ES ROSIERES cachait pas que sa conduite etait cause de sa mort; elle iui depeignait tout ce qu'elle avait souffert depuis son depart, et finissait en declarant qu'elle ne pouvait mourir en paix sans lui envoyer son pardon et ses vceux pour son bonheur. Ses forces declinerent par degres et bientot il ne lui fut plus possible de quitter la chaumiere; elle allait seulement jusqu'a la fenetre oil, restant assise toute la journee , son seul plaisir etait de considerer la campagne. Elle n'arliculait aucune plainlc et ne confiait a personne le chagrin qui oppress'ait son coeur. Ja- mais elle ne prononga le nom de Leonce ; mais elle appuyait quelquefois sa tete sur le sein de sa mere et plcurait en silence. Ses tristes parents attachaient sur elle leurs regards avec une muelte anxiele , se flattant encore parfois d'une convalescence prochaine lorsqu'un coloris accidentel venait ranimer ses joues. C'est ainsi que dans la soiree d'un dimanche, Marie etait as- sise entre ses parents ; ses mains reposaient dans les leurs ; la croisee etait ouverte et le zephir apportait le parfum d'un che- vre-feuille qu'elle-meme avait plante sous cette fenetre. Sa mere venait de lire l'evangile du jour ; il parlait de la vanite des choses de ce monde comparees aux joies du ciel et semblait avoir repandu dans le cceur de la jeune fdle une vive consola- tion. Ses regards etaient fixes sur l'eglise on la cloche avait sonnc pour le salut du soir. Le dernier villageois se pressait sous le portail et lout etait renlre dans cette sainte tranquillite particuliere a un jour de repos. Le chagrin et la maladie qui s'impriment si fortement sur quelques figures avaient donne a celle de Marie une expression angelique. Une larme brillak dans ses doux yeux bleus; pensait-elle a son infidele amanl, ou au cimelierevoisin dans lequel elledevait bientot reposer ? c'est ce qu'on ne sauraii dire. En ce moment, le pas rapide d'un cheval se fit entendre ; un cavalier galopaitvers la chaumiere. II descendit sous la fenetre. TIE BKICQUEBEC. 523 La pauvre jeune fille poussa un faible cri et se sentit defaiilir ; clle venait de reconnaitre le chevalier de Launay. Gelui-ci s'e- lanca dans la maison et voulut se jeter dans les bras de Marie ; mais I'alteration de ses traits, ces signes de niort qui nean- moins la laissaient si charmante, le frapperent a l'ame et il tomba a ses pieds avec l'expression du desespoir. Marie etait trop faible pour se lever; elle lui tendit sa main defaillante ; ses levres remuerent; mais aucun mot ne fut prononce; elle re- garda son amant repentant avec le sourire d'une ineffable teu- dresse et ferma les yeux pour toujour s. EP1TRE FRATERNELLE M. l'abbeLEGOUPILS, Vicaire-General . Cure de 1'figlise Sflinle-Triaite de Cherbourg et Associe liiulairo de la Societe acadeoiique de retie ville. Nous no sommes pas nes an sein de la richessc , Et notre seul tresor , nos bien aimes parents, Helas ! fnrent trop lot rayis a la tendresse (Ainsi Dieu l'a voulu) de leurs trisles enfants. Et nous restames seuls , dans la panvre cliaurniere , Ou le dernier venait de recevoir le jour, Seuls comme un nid d'oiseaux, .'orsque la tend re mere A peri duns les airs sons l'ongle du vautour. Petits infortunes ! en vain leur voix appelle ha douce nourriture et la douce clialeur ; Leur mere ne vient pas rechauffer sous son aile , l.a famillc cherie au lover de son coenr. 328 EP1TRE FRATEKNELLE. Mais l'oeil de Dieu nous vit. Joseph noun-it ses freres; Un de nous , tu le sais , eut aussi ce bonheur. Dieu se servit de lui pour finir nos miseies ; Et le nid fut sauve. Gloire a vous seul , Seigneur! Enfants de laboureurs, nous aimons les campagnes , Les pros et les troupeaux , les champs et les moissons , Les sentiers escarpes et les haules montagnes , Et l'immense rideau des larges horizons. Frere , vois-tu la-bas le clocher du village (*), Autour duquel , helas! dorment tous nos aieux ? Ah ! puissions-nous un jour, apres notre passage , Sous ces pommiers en fleurs , y dormir avec eux. C'est toi ; je te revois , 6 chere Gueriniere ! Charmant petit ruisseau que j'appelais riviere ; Oh ! que j'etais heureux , dans mes jeux enfantins , Quand ton courant faisait tourner tous mes moulins ! Que de fois , sur tes bords , tu voyais mon visage Contempler dans tes eaux ma vacillante image ! Relevant mes habits au dessus des genoux , J'affrontais de tes Hots le risible courroux. Plein de crainte et d'amour, je suivais a la trace Le rameau detache , nageant a la surface. Si quelque promontoire en arretait le cours , Je l'aidais de ma main et le suivais toujours. (*) M. Legoupils etait ne a Mesnil-Gilbert (Manche) , en 1800. EPITRE FRATERNELLE. 529 Quoi ! je retrouve encor sur ta robe ondulante Ces brillants moucherons a I'aile etincelante ; Mais mon oeil attentif les poursuivait en vain , lis ecbappaient toujours a mon avide main. Comme mon cieur battait quand ma main triompbante Etreignait sous les bords la carpe betillante , On qu'a I'aide des doigts , courbee en hamecon , Mon epingle enlevait un agile veron ! Pauvre petit ruisseau , sous ta rive cherie , Me reconnais-tu bien ? Vois , ma letc est blanchie : Helas ! comme les flols sont ecoules mes jours ; lis tariront bientcit. Toi, tu coules toujours! Ces vers ont ete lus par M. Legoupils , ;i la Societe acade- mique, le 7 avril 1831. II est mort le 27 juin de la memc a n nee. IVES OBSERVATIONS METfiOROLOGIQUES, HI- [JEUR I Mi. iTK ET DE LA MANIERE DONT IL FAUT LES PAIRE. Pah M. Th. du Moncel. Sj I. — Considerations generates sur Vutilite dcs observations meteorologiques. Co serail sansdouteune grande t$che pour moi et nates foibles o nmaissanc.es scientiliques, que de diseuter ici l'ntilite d'ob- servations qui , depuis un denu-siecle surtout, out enrichi a tel point la science meteorologique, qu'ou a du en faire uue science spcciule; d'ailleurs , les Iravaux si remarquables de MM. de Humboldt j Kaemiz, Gay-Lussac et autres observateurs infati- gables, smii la meilleure preuve de leur importance. Aussi 332 DES OBSERVATIONS rechereherai-je moins a faire ressortir les avantages scienti- fiques des observaiions meteorologiqu.es, que quelques-unes des consequences pratiques auxquelles elles conduisent deja et sur- tout auxquelles elles conduiront quand cette science sera en- core plus avancee (*). Pour le faire comprendre tout d'abordje ferai observer que les .phenomenes atmospheriques, bien que soumis aux memes causes physiques, se passent differemment suivantles payset meme les localites. Cela tient a ce que les actions des agents physiques, tels que la chaleur, la lumiere, l'electricite , etc., ne sont pas simples comme les lois qui regissent les astres entre eux , elles subissent les reactions deseffets qu'ellesproduisent;et, comme ces actions et ces reactions se manifested sur un immense theatre qui est l'atmosphere tout entiere, que nous ne pouvons etudier que sous un tres petit point de vue , nous ignorons en- core bien des choses. Le seul moyen d'arracher a la nature ses secrets, serait done de multiplier assez les observations locales dans toutes les parties du monde, pour qu'on puisse saisir l'en- semble des phenomenes sur toute I'etendue qui leur sert de theatre. Pour donner une idee de ce qu'on pourrait faire a ce sujet, examinons la question des vents , par exemple. Cette question, bien que la moins connue et la moins etudiee de la meleorolo- gie, est la plus importante, car en outre de leur application pour la marine, les vents sont pour nos climals la cle de toutes nos variations brusques de temperature et de tons nos changc- ments de temps. Or , que savons-nous sur leur origine? A-l-on pu, avec tous les systemes qu'on a emis sur leur formation , prevoir quelque peu leur mode de succession ? Connait-on les O Voir a ce sujet YAnmaire meleorologique de 1849. METEOROLOGIQUES. o.-)0 causes qui les font varier , au point de multiplier leurs fre- quences dans une memo direction, jusqu'au nombre 1787 en un jour? Non, et cela parce que les observations manquent. Suppose/., au contraire, que les observations dans noire zone soientassez mulipliees pour qu'on puisse connaitre les reactions qui ont ele la consequence de l'etat atmospherique de tel ou tel lieu , plus ou nioins eloigne , vous aurez des inductions que vous pourrez utiliser, sinon pourprevoir la succession de vents chacun en particulier , ce qui me parait impossible, du nioins pour connaitre leur direction moyenne pendant un laps de temps plus ou moins restreint. J'aurai occasion de faire remai'quer plus lard combien les rares observations meteorologiques qui ont etc faites dans les differents points de l'Europe, m'ont etc utiles pour expliquer la repartition des vents suivant les saisons. Ce que je dis des vents doit etre applique a toutes les autres observations meteorologiques , car elles sont toutes liees entre elles de la manic-re la plus etroite ; ainsi , la pluie qui tombe en abondance dans un lieu sous l'influence du vent du sud- ouest , je suppose , determine pour les lieux voisins des cou- ranls qui modifienl la direction des vents regnants. Les nuages qui se forment 1'ete sous l'influence des vents du sud-ouest, qui sont pourtant des vents chauds, determinent un abaissement de temperature, au lieu de produire une augmentation de cha- leur comme en biver. Tel sol conserve-t-il mieux la chaleurque tel autre ; voila un centre de chaleur qui s'etablit , qui attire des courants, et pour peu que ce soil en hiver et que le soleil se couvre , voire barometre , au lieu de baisser sous Taction de la chaleur que vous observez, monte cependant, parce que celte elevation de temperature n'existe qu'a la surface du sol. Les calculs de moyenne dejouent ces differentes influences accidentelles et mellent au jour les effets qui liennenl aux causes generates. 11 est clair que c'cst seulement a celles-ci 55-i DES OBSERVATIONS qu'il taut s'attaeher , car les autrcs sonl tellement multipliers , que c'cst a peine si on pourrait les suivre , quand bien memo on aurait penetre le mystere qui les enioure. Ainsi done pour la prevision des vents, comme pour la pre- vision du beau el du mauvais temps , les observations peuvn.t seules fournir quelques donnees , et le degre de probabilile de ees donnees acquiert d'autaut plus de valeur qu'on a plus com- pare, plus etudie, non seulement les observations locales, mais encore celles des difterents liens voisins. Un autre avantage des observations meteorologiques muiti- tipliees, serail 1'etablissement d'unc carte des courbes isotheres et isochimenes. On en comprendra toute l'importance, si Ton reflechit que parmi les differenles plantes et les diflerentes cul- tures de nos zones temperees , il en est qui peuvent resister aux rigueurs del'liiver, mais qui out besoin pendant l'ete d'une certaine dose de chaleur sans laquelle ils ne peuvent murir ; d'autres, au contraire , peuvent se passer des ehaleurs de l'ete, mais ne peuvent supporter un hiver rigoureux. Or, les courbes isotheres et isochimenes indiquanl precisement les pays ou les moyennes estivales et hibernales sont les memes, pourraient servir a delimiter les zones dans lesquclles telles ou telles pro- ductions pourraient pousser avantageusement, et ou , par con- sequent, on pourrait importer telle ou telle culture qui n'exis- terail pas. Ces courbes sont, comme on le sait, loin de coincide!* avec les paralleles a l'equateur ; pour nous , les isotheres remonlent considerablement vers le nord et les isochimenes s'abaissent vers le midi. Les observations pluviometriques onl ete^ jugees d'une te!!e importance pour les travaux publics el en paiticulier pour les canaux de navigation , que le gouvernement les a exigees des ingenieurs qui en sont charges. Grace a ces mesures, les ca- METEOROLOGIQI ES 355 naux n'auront phis un tirant d"fcau insufiisant dans une portion de I'annee. Cost aussi , grace aux observations de la Sociele hydrome- irique de Lyon, que les pays qui subissent assezfrequemmenl les inondations du Rhone peuvent (Hie prevenus plusieurs jours d'a- vance et se trouver ainsi a nx-me de se preparer en consequence. Sous lc point de vue agricolc , les observations pluviome- triques peuvent conduire a un resuhat non moins important, en fournissani pour chaque pays des indications precieuses pour les irrigations. Tel pays, en elfet , n'a pas besoin de la meme quantite d'ean que tel autre, pour faire pousser d'abondantes recoltes de four- rages. En Normandie, par exemple , ou le temps est generale- ment pluvious , la quantite d'eau necessaire, en dehors des phiies ordinaires pour faire donner aux prairies leur maximum de production , ne doit pas elre aussi forte que dans le Berry , je suppose, ou les pluies sont plus rares. Si on observe done pendant plusieurs annees la quantite de pluie tombee avant les recoltes productives, on pourra savoir quelle quantite doit ctre fournie par ['irrigation. Ces quantilcs d'eau ne sont pas aussi dii'ierentes qu'on pourrait le croire tout d'abord, eu egard aux differences climateriques des annees. Les experiences quo M. Ducros, ingenieur des ponts-et-cliaussees, a faites dans le Berry, nous montrent que dans les deux annees les plus pro- ductives en recoltes de ce genre , la quantite d'eau tombee dc- puis le mois de fevrier a ete dans un cas 0m,27o'2o, et dans l'autre, 0m,28015 : il n'y a done pour difference que 0"\00i!). Ainsi on peat regarder comme a pen prcs certain , pour ce pays, que la quantite d'eau a distribuer sur les prairies doit etre l'exeedant de 0°%28015 sur la nioyenne des annees ordi- naires, depuis le ier fevrier jusqu'au \o juin. Tout le monde se sert du baromehe pour prevoir le temps. 330 DES OBSERVATIONS mais sans s'ioformer comment lis index du beau el du mauvais temps ont ete places, on accuse (instrument s'il n'est pas d'ac- cord avec I'observation, et Ton croit qu'il y a tine immense dif- ference d'exactitude enlre deux baromelres. Toutes ces impu- tations ne sont que le resultat d'un prejuge. Toutes les fois que le vide est bien fait au dessus de la colonne barometrique, le barometre est bon. Mais si l'instrument que vous achelez a ete fabrique dans un pays situe , par exemple , au bord de la mer, et que vous le transporliez dans un pays de monlagnes, les indications qui pouvaient elre exactes chez le fabricant, ne le sont plus dans ce pays ; il peut meme arriver que l'index du plus mauvais temps devienne l'index du beau temps, c'est ce qui a lieu si le point ou vous transportez le barometre est eleve de 300 ou 400 metres au dessus du niveau de la mer. D'autres influences agissent encore , de telle sorte que pour connaitre la veritable position des index , il faut avoir recours aux observations barometriques. Voila done encore un avantage materiel des observations meteorologiques. Je n'ai paiie jusqu'ici que de I'avantage des observations me- teorologiques, mais la meteorologie elle-meme a rendu bien d'autres services a l'humanite. La foudre n'a-t-elle pas eu ses effets rendus impuissants par l'invention du celebre Francklin? Le magnetisme terrestre, en se revelant dans l'invention de la boussole, n'a-t-il pas ouvert une nouvelle voie a la navigation? Et les superstitions n'ont-elles pas cesse de s'attacher aux mc''- teores, quand on en a connu la cause? Les jardiniers eux-memes ont pu profiter des renseignements de cette science pour leurs cultures ; ils savent mainlenant qu'ils peuvent abriter leurs plantes contre Taction trop vio- lente de la rosee et de la gelee blanche, par la simple super- position d'un obstacle quelconque au rayonnement nocturne; ils peuvent memo mettre des champs entiers a couvert, en METEOROLOGIQUES. 337 remplacant I'efifet calorifique des images en hiver par des lour- billons de furaee, qu'ils peuvent produire en brulant de la paille ou de mauvaises herbes. Enfm, il n'est pas jusqu'au pein- tre lui-meme qui ne puisse tirer parii des connaissances de la meteorologie, ne serait-ce que pour eviter les eflels de paysage invraiserablables et conlrc nature, et pour ordonncr, d'apres leur forme, la superposition des images dans le cicl de ses tableaux. § II. — Observations meteorologiques de Cherbourg. 11 est peu depays, je dois le dire des a present, qui possedent coinme Cherbourg une serie d'observations meteorologiques l'aites aussi eonseieneieusement. Nous la devons au zele infati- gable de M. La'marche, ancien capitaine dc vaisseau , qui , pen- dant pres de quinzeans, s'est occupe sans interruption de la meteorologie de notre pays. Malhcureusement les observations hygromelriques manquent, et les heures de ses observations, choisies d'apres eelles de l'Observatoire de Paris , donnent fort peu de renseigncments sur la meteorologie de la nuit, eneore bien peu eonnue. Les differentes variations de l'electrlcite almo- spherique n'ont pas ete non plus observees , e'est une question pourlant importante el que j'etudierai aussitot que j'aurai or- ganise un appareil pour ec genre d'experiinentalion. Les heures d'observation dc M. Lamarehe sont 9 heures du matin, midi , 5 heures du soir el 9 heures du soir. Elles lais- sent done un laps de L2 heures sans observations. Les niiennes elant G hemes du matin, midi , 0 heures du soir et minuit, 538 DES 0BSEUVAT10NS coupent lc jour entier en qualre parlies egales. Sous le rapport cles variations diurnes du barometre et du thermometry , lcs heures de M. Lamarche sont mieux choisies; mais sous le rap- port des variations mensuelles et anuuelles, les inicnnes out Fa- vantage, nuisque les observations de nuit et de jour sont egale- ment espacees. D'apres cela , on pourra eomprendre que si on veut rapprocher les moyennes que j'ai obtenues etque j'obtien- drai des lnoyeunes correspoudantes des observations de M. La- marche, que nous allons donner comnie devant servir de terme de eomparaison (*), nous devrons trouver que celles-ci, toutes clioses egales d'ailleurs, seront au dessus des mienues pour la temperature , jet au dessous pour la pression barometrique. 1° TEMPERATURE. La moyenne temperature de l'annee est de 11°, 27, et se trouve ainsi repartie suivant les diflerents mois : 9h. du Matin. Midi. 3h. du Soir. 9h. du Soir. MOYENNE. Moyenne avec les m:ix.&min. 5»,28 5°, 14 5o,68 5o,21 4o,32 4,55 5»,15 6°,82 7»,48 5o,27 6°,18 5,56 8o,13 9°,53 10°,42 7°,07 8o,79 7,11 10°,28 10°,81 12o,96 8°,21 10«,56 9,45 14°,01 14°,68 16°,79 llo,59 140,22 15,12 16«,7S 16°,96 18»,48 14o,25 16°,60 15,51 17°,19 17°,76 19o,07 14o,69 17°, 18 16,09 18»,12 18°,85 20o,52 15o,67 18»,28 16,85 15o,94 16o,92 17o,64 15°,65 16°, 05 14,89 12o,56 13o,79 14°, U llo,51 12°,95 11,74 8°,S6 10,24 10°,15 8°, 52 9o,44 8,79 5o,76 7»,05 7o,21 5°, 89 6«,48 6,12 MOIS. Janvier . . . Fevrier. . . Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Septembre. Oetobre. . . Novembre . Decembre. (*) Les observations de M. Lamarcbe onl ete, en partie, publiees dans les Memoires de FAcademie dc Cherbourg , mais elles n'ont ete ni resu- METE0R0L0G1QUES. 539 Nous pouvons en coaclure, 1° qu'a Cherbourg le maximum mensuel de temperature , au lieu de eorrespondre au mois de juillet commedans l'interieurdu continent, correspond aumois d'aout; 2° que le minimum a lieu dans le mois de Janvier; 59 que dans tous les mois, sauf le mois de novembre , la tempe- rature augmente jusqu'a 3 heures de l'apres-raidi pour decroitre plus rapidement vers le soir et atteindre un minimum , en ge- neral , plus bas que celui du matin , a ['exception pourtant des mois de novembre et de fevrier ; 4° que comme dans la periode diurne la marche decroissante do la temperature pendant l'an- nee est plus rapide que daus la periode ascendante : e'est ce qui explique pourquoi le maximum de chaleur ayaut lieu un mois plus tard que dans l'interieur du continent, le mi- nimum se retrouve dans le meme mois ; 5° que la tempe- rature moyenne minima est plus elevee a Cherbourg qu'a Paris de2°,l, et que la temperature moyenne maxima, plus basse de 1°,5. Si Ton considere que le seul agent caloriiique pour notre globe est le soleil , et que la chaleur fournie par cet astre de- pend principalement de la plus ou moins grandc obliquile de ses rayons, on a peine a comprendre comment 1'heure de midi, qui est celle de la plus grande hauteur angulaire du soleil , n'est pas en meme temps celle de la plus grande chaleur du jour. Mais si Ton reflechit que les couches inferieuresderatmosphere liennent leur temperature du rayonnement et de la reflexion de la chaleur par le sol, la question change tout a fait. En efl'et, le sol mettant un certain temps a s'echauffer, a cause de son peu de conductibilite et de la deperdition de chaleur provenant mees ni commentees. M. Liais seul a traite , dans un travail fort inle- rcssant , intitule : Considerations sur le climat de Cherbourg , Particle de la temporal; in . 340 DES OBSERVATIONS de ('evaporation , ce n'esi que quelque temps apres la plus foric action des rayons solaires ct, par suite, apres que l'evapora- lion a produit son plus grand cffel, que la couche echauffee a atteint sa plus grande epaisseur et sa plus haute temperature; par consequent, cc n'est qu'alors que le rayonneinent sc trouve avoir acquis son maximum de cbaleur. L'irregularite dans la marche de la temperature dans les dif- ferents mois, de meme que le retard de pies de deux mois jiour le maxima annuel et d'un mois pour le minima sur les solstices , peuvent s'expliqucr d'apres la maniere dont les jours sont coupes par les nuits dans chacune de ces periodes. Dans in; eas, en cffel, au solstice d'etc, par excmple, la terre se trouve considerablemenl echauffee par suite de la plus grande lon- gueur des jours par rapport aux nuits , or ce qu'elle gagne en- core de chaleur pendant les jours qui suivent le solstice ne fait que s'ajouter a celle qu'elle a deja. Ce n'est done que quand la difference entre les jours et les nuits est assez considerable pour eommeneer a lui faire perdre sou excedant de chaleur, qu'il y a commencement do baissc tliermomctrique. Par la rai- son inverse, la terre meltant un certain temps a se refroidir et perdant plus de chaleur qu'elle n'en gagne, a cause de la moin- dre duree des jours apres le solstice , la temperature doit bais- ser jusqu'a ce que ['augmentation dans la longueur des jours soit suffisante pour arreter cette deperdition. En se rappelant maintenant que c'esl principalement a la de- perdition de chaleur par suite de l'evaporation que l'heure du maximum diurne doit son retard , on comprendra facilement pourquoi dans un pays humide comme le noire, cette heure doit etre plus retardee que partout ailleurs. D'un autre cote , comme la meme cause , c'esl-a-dire la grande humidite , pent agir pendant la saison entiere de l'ete pour retarder le moment du minimum de Fcvaporation , on pout lui attribuer encore le METEOROLOGIQUES. 341 retard dc pres d'un mois, que nous avons rcmarque pour Ic maximum dc chaleur de notre pays. Pendant l'biver cellc cause reslant sans eflet , le minimum sc rctrouvc a l'epoque ordinaire. La marclie plus rapide de la temperature dans la periode decroissanlc , soit qu'on la considere dans la periode diurne , soit qu'on la considere dans la periode annuellc, s'fixplique naturellement par la declinaison du soleil , qui est d'autant plus rapide que l'heure dela journeeou la saison sontplusavancces. Quant a l'exccption que nous avons signalee pour l'heure du maximum diurne dans le mois de novembre , elle tient pro- bablement aux pluies nombreuses qui out lieu le plus souvent dans l'apres-midi a eelte epoque et qui refroidisscnt alors la temperature, par 1'evaporation a laquelle elles donnenl lieu. Le soleil etant toujours sur l'horizon lors de l'observation de 9 heures du matin, et la unit riant venue ou sur le point d'ar- river lors de l'observation de 9 heures du soir , on pent conce- voir pourquoi le minimum du soir doit etre au dessous de celui du matin. Cependant dans les mois de novembre et de fevrier les hydrometeores qui couvrentgeneralement le del vers le soir, font obstacle au rayonnement dc la chaleur et clevent Ic mini- mum du soir au dessus de celui du matin La temperature moyenne de Cherbourg etant H°,27, la zone isothcrmc dans laquelle Cherbourg est comprise, est la memo que celle de la Mer Noire , dc Peking, dc New-York ct dc Phi- ladclphie; pourtant, dans quelques-uns de ces pays on trouve une chaleur considerable , mais, en revanche, les froids sont asscz intenses pour abaisser tellement la moyenne annuelle, qu'elle se relrouvc a pcu pres la meme que celle de notre pays ou il ne fait jamais ni chaud ni froid. Cellc particnlarite qui , du reste, est Ic propre dc presque lous les pays cntourcs par la mer et dont on a designe lc climat sous le nom dc cl'mmt 542 DES OBSERVATIONS marhi , est due a l'influcnce des hydromeleores qui sont ires communs dans ces pays pendant toutes les saisons (*), et qui produisent en ete un effet diametralement oppose a celui qu'ils produisent en hiver. Dans le premier cas , en effet , ils s'oppo- sent a Taction des rayons solaires, et, comme laterre recoit du soleil , dans cette saison , plus de chaleur qu'elle n'en perd pendant la nuit, ils doivent amener un abaissement de tempe- rature. Dans l'hiver, au contraire, les nuiis elant plus longues que les jours, la terre perd par le rayonnement nocturne plus de chaleur qu'elle n'en gagne pendant le jour, et par conse- quent les hydromeleores en faisant obstacle au rayonnement doivent elcver la temperature. Si nous distribuons mainlenant les temperatures des diffe- rents mois entre chaque saison ('*), nous trouvons pour l'hiver 5°,5, pour le printemps 10°,5, pour l'ete 16% 7 , et pour l'au- tomne 12°,5; ou bien encore pour les 6 mois d'hiver 8°,9 et pour les 6 mois d'pte do0, 65. Ainsi le climat de Cherbourg correspond a la ligne isothere assez basse de 13°, 65 , et a la ligne isochhnene de 8°,9. Voila pourquoi Mayence, dont la latitude est plus elevee que Cher- bourg, produit du bon vin, tandis que c'est a peine si dans notre pays le raisin pent murir. En revanche , comme notre isochimene est plus meridionale que celle de beaucoup de pays plus meridionaux par le fait que le notre , nous pouvons clever en pleine terre des myrles , des fluxias, etc., et obtenir d'e- (*) On pourra en juger par les tableaux qui suivront. (**) Les hivers de 1 858, 50, 41 et 42 ayant ele beaucoup plus rudes qu'ils ne le sont en general a Cberbourg , le cbiffre 5°, 5 que nous avons donne comme representant la moyenne bibernale, ne pent etre considerr comme parfaitement exact ; en basant les calculs sur les observations de Paris , il devrait etre port6 a 6°, 8. METEOROLOGIQUES. 543 nornies iiguiers qui procluisent d'cxcellcnts fruits. J'ai memo vu a Marlinvast un arbousier (arbre a fraises) de plus de cinq pieds de lour; or cet arbre no vient guere que sous une latitude tres chaude ou du moius dans des pays ou rhiver est tres doux, comme en Greee par exemplc , encore n'atleint-il dans ces pays que la grosseur d'un arbusle. 2° PRESSION BAROMETRIQUE. La moyenne pression barometriquc annuelle est 7G0,G5 , et ies moyennes des differents mois sont : MOIS. 9 1i. du Matin. Midi. 3h. du Soir. Oh. du Soir. MOTENNE. Janvier Mai Juin 765,01 759,15 761,14 761,49 759,25 761,69 761,61 762,09 759,62 760,20 754,02 762,19 761,26 758,72 761,62 761,54 760,08 761,85 761,68 761,84 758,29 700,77 <•>;>, du Matin 10 , 48 Midi 10 , 67 G'' du soir 10 , 66 Mimiit 10 , 67 METEOnOLOGlQUES. Ul D'apres cola, on doit concevoir faciiement comment eclte plus grande tension de la vapeur reagissant sur la pression barome- trique deplaee l'heure du maximum diurnepour lasaison d'ete. En hiver , la tension de la vapeur est egalement plus conside- rable a midi qu'a 9 heures du matin ; mais comme elle est bien moins grande qu'en ele, elle allere beaucoup moins rinfluence solaire sur Ies oscillations diurnes du barometre. Quant aux differences des periodes ascendantes et descen- dantes des oscillations baromelriques enlre Paris et Cherbourg, elles liennent preeisement a ce que les ecarts entre les tempe- ratures maxima et minima dinrnes et annuelles sont beaucoup moins grands a Cherbourg qu'a Paris. 3° DES VENTS. Bien que les observations qui ont ete faites jusqu'a present sur les vents soient ires inexactcs(*), on peut neanmoins en deduire quelques lois assez curieuses, entre autres celles de leur reparti- tion suivant les saisous ; on peut en juger par le tableau suivant : VENTS. Hiver. Printenips. Et*. Automne. N 13 28 15 15 N E 25 40 18,5 26 E 24,5 18,8 15,5 25 S E 21,7 12,3 10 21,8 S 31,8 22 18,8 51,8 S 0 •19,5 37,6 60,6 50,1 0 52,3 52 49,7 54,6 N 0 16,5 28,5 25,5 18 (*) A l'aide de mon anemometre a indications continues , je pourrji obtenir dans <|iielques annees des donnees Men plus certaines sur cellc partie si interessante ol encore si pen connue de la meteorologie. 348 DES OBSERVATIONS D'ou nous concluons : 4° Que les vents les plus frequents dans les qualre saisons sont 1° les vents du Sud-Ouest, 2° les vents d'Ouest, 5° les vents de Nord-Est , h° les vents du Sud , 5° les vents du Nord-Ouest , 6° ceux de l'Esl , 7» et 8° ceux du Nord et du Sud-Est ; 2° que la direction moyenne du vent est : Dans l'Hiver S 28° 0 Au Printemps N 48° 0 En Ete S 71" 0 En Antomne S 18° 0 SO NO 0 SO 3° Qu'en rapportant les quatre saisons a deux seulement , on a pour direction moyenne : EnHiver S 25° 0 En Ele S 86° 0 4° Que la direction moyenne du vent , pendant l'annec , est S 55° 0 avec line resultanle de 105 vents ; 5° Que la direction du vent est plus auslralc a Cherbourg; qu'a Paris , puisqu'elle est pour cette derniere ville : En Hiver S 48° 0 En Ete N 88° 0 Sans prctendre expliquer completement cette repartition des vents suivant les saisons , on pourrait cependanl jusqu'a un certain point s'en rendre compte, en considerant l'effet que doit pfoduire sur l'atmospheTe de nos climats la deelinaison du soleil dans ses differentcs periodes. Dans la saison d'hivcr, en effel, Taction du soleil sur le con- tinent europeen et asiatique est a son minimum , elle ne peut done fairc naitre des couranls particuliers susceplibles de com- battre assez encrgiquement le courant superieur de 1'alize METEOROLOGIQUES. 34'J (venl du sud-oucsl) qui s'cst abaisse vers la 50"" parallele , pour le faire devier notableraent do sa direction generate. Les vents du sud-ouest doivenl done avoir la predominance dans eette saison. Au printemps le soleil arrive au zenith equatorial : sa chaleur commence a se faire sentir energiqucment sur la lisi&re meridionals dc notre zone, et com me les terres refle- chissent ct rayounent beaucoup mieux la chaleur que les mers, il sc forme vers celte lisiere echauffee deux courants venant pour nous du nord et dc 1'ouest, qui sont d'autant plus ener- giques que les pays septenlrionaux sont encore sous l'influence refrigeranie de l'hiver. Ces courants, en se combinant avec les vents rcgnants du sud-ouest, engendrent done un vent pre- ponderant du nord-ouest, et ce vent doit etre d'autant plus remonte vers le nord , que les points de notre zone ou on l'ob- serve sont plus eloignes de l'Ocean Atlanlique. A mesure que le soleil s'approche du tropique , la region echauffee s'etend davantage vers le nord ; les vents du nord qu'clle determine sont aspires de plus loin, mais aussi se font sentir moins ener- giquement a nos latitudes , de telle sorte que pour l'Europe occidental les vents de mer et les vents d'ouest recevant seuls l'effet de la plus grande chaleur de l'annee , deviennenl les vents predominant dans celte saison. En automne, le soleil se relrouve, eu egard au continent, dans la incme position qu'au printemps, et on pourrait croire que les vents du nord-ouest devraient se trouver de nouveau preponderant ; mais il n'en est pas ainsi , el en void la raison : d'abord les pays que le so- leil laisse derriere lui pendant sa declinaison australe n'ont pas encore perdu loute la chaleur qu'ils avaient acquise pendant I'ete, et coinnie la transition est alors moins brusque, les vents du nord devraient done etre, loules ehoses egales d'ailleurs, moins forts. Mais ec n'est pas la qu'il faut rechercher la veritable cause de cette anomalie : nous la trouverons plulot dans one action 550 DES OBSEUVATIONS independante de la declinaison solaire, je veux dire dans la condensation des vapeurs , qui est beaucoup plus grande en automne que dans les autres saisons. Supposons , en effet , quo toutes les vapeurs en suspension dans l'atmosphere d'un lieu ou d'une region enliere telle que la paitie occidentale de l'Eu- rope , viennent a se condenser et a se resoudre en pluie : tout l'espace qu'elles occupaient va se trouver vide; voila done des courants qui vont s'etablir de tous coles, mais de tous ces cou- rants ceux du sud et un peu ceux de Test seront predominants, car les pays du nord etanl dans le meime cas que la parlie occidentale de l'Europe , ne peuvent fournir de courants diri- ges vers le sud, et les pays de Test n'ayant pas leur maximum de pluie en automne , doivent produire des courants ( faibles a la verite) vers l'orient. Ces courants, en se combinant aux vents regnants du sud-ouest , donnent done lieu a des vents egalement du sud-ouest , mais dont la direction moyenne est plus australe qu'en hivcr. Si Ton considere maintenant la frequence des vents forts suivant les saisons et les differents mois de l'annee , on trouve qu'ils se repartissent ainsi qu'il suit : VENTS. Hiver. Printemps. Et6. 1 Automne. N 0,5 1,1 0,9 1,4 NE 2,4 2,4 1,4 2,5 E 2,1 0,75 2,5 2 SE 2 2 1,7 0,4 5,2 S 1,9 0,6 0,2 1,1 SO 5,7 5,2 o,o 2,6 0 4,5 2 7 3,7 4 NO 2,1 1,4 1,8 2 21,4 15,85 15,4 18,8 MKTKOltOLOGIQL'ES. 351 Ainsi les vents foris les plus frequents dans les quatre saisons, sont les vents du sud-oucstetd'ouest, ensuite viennentles vents de nord-est et du sud-est. Les vents du nord et du sud sont les derniers. La somtne de tous les vents forts , suivant les saisons , nous montre en outre que les vents forts sont beaucoup plus frequents en aulomne et en hiver que dans les deux autres saisons. Ce qui s'explique naturellemcnt par l'appoint que fournisscnt aux vents regnants, dans ces deux saisons, ecux qui proviennent de la condensation des vapeurs , et qui doivent ctre Ires violents d'apres leur origine memo. 4° PLUIE. La moyenne quantite d'eau qui tombe annuellement a Cher- bourg, est lm,0915 et les moyennes des diflferents mois, sont : Janvier.. 0, 12082 Fevricr . . 0,07620 Mars 0,07565 Avril .... 0,02725 Mai 0,03578 Juin 0,07217 Juiilel . . . Aout .... Septembre Octobre. . Novembre Decembre 0,06456 0,07245 0,11852 0,13831 0,19227 0,09757 en Hiver 0,29-1598 an Printemps. . 0,138660 en Ete 0,209180 en Automne . . 0,449100 D'oul'on conclut, 1° que le maximum de la pluie correspond a la saison d'automne, et le minimum an printemps; 2° que la quantite d'eau tonibee annuellement a Cherbourg , est de 40 cen- timetres plus considerable que la moyenne des pluies qui tom- bentsur les cotes occidentales de l'Europe. En rapprochant de ces observations les jours de pluie corres- poudants, nous arrivons a coustater 1" que les pluies les plus abondantes, proportionnellement a leur nombre, ont lieu dans DES OBSERVATIONS le mois do novembre ; 2° que les pluies les plus frequentes , pour uuo moindro quanlile d'eau, ont lieu au mois dc mai , comme on peul s'en assurer par le tableau suivant : PLUIES. . PLllES. Janvier 19,2 Juillet 18,4 Fevrier 17,4 Aout 16,8 Mars 18,6 Septembrc 19,8 Avril 13,0 Octobre 22,8 Mai 15,8 Novembre 25,4 Juin 16,6 Decembre 19,8 En Hiver 56,4 En Kte 51 ,8 Au Print emps. . . 47,4 En Automne . . . 66,0 Le tableau precedent nous montre du resle, que les nombres de pluies, d'apres les saisons, suivent apeu pres le raeme ordre que les quanliles de pluie. 5° BROU1LLARDS. Lamoyenne annuelledes brouillards est de 74,8. Us se repartissent ainsi dans les differents mois : Janvier 5,6 Juillet 5,6 Fevrier 5,4 Aout 7,0 Mars 7,4 Septembre 4,2 Avril 5,8 Octobre 4,8 Mai 8,0 Novembre 6,2 Juin 4,4 Decembre 10,2 En Hiver 21,2 En Ete 17,2 Au Printemps. . . 21,2 En Automne 15,2 6° TEMPS COUVERTS. Lu moyenne annuelle est 164,6 jours sombres, reparlis ainsi qu'il suit dans les differents mois : METEOKOLOGIUUES. 555 Janvier 17,4 Juillet 11,0 Fevrier 18,6 Aout 10,6 Mars 17,4 Septembre 11,6 Avril 1 5,2 Octobre 12,4 Mai 10,0 Novembre 14,4- Juin 11,4 Decembre 16,6 En Hiver. . . . 52,6 En Ete 55,0 En Hiver. ... 91,6 Au Printcmps 40,6 En Aulomnc. 58,4 ou En Ete 75,6 1° GRELE OU GRESIL. La moycnne annuelle des jours de grele est 28,2 , repartis ainsi qu'il suit dans les differents mois : Janvier 7,0 Juillet » F6 vrier 5,8 Aout » Mars 5,4 Septembre 0,6 Avril 5,2 Octobre 1,8 Mai 1 ,0 Novembre 4,0 Juin »,» Decembre 3,4 En Hiver. . . . 14,2 En Ete » En Hiver. . . . 20,6 Au Printcmps 7,6 En Automne. 6,4 ou En Ete 7,6 8° GELEE. La moyenne annuelle des jours degelee est de 19,2, repartis ainsi qu'il suit : Janvier 8,2 Mars 0,8 Decembre 5,6 Fevrier 4,2 Novembre 0,4 » » 9° NE1GE. La moyenne annuelle des jours de neige est de 14,2, ainsi qu'il suit : Janvier 7,0 Mars 2,4 Novembre 0,4 Fevrier 1,6 Avril 0,2 Decembre 2,rt 23 554 DES OBSERVATIONS i0° ECLAIRS. La moyenne annuellc dcs jours ou il eclaire est 25, G, repartis ainsi qu'il suit : Janvier 1,2 Mai 2,4 Septembre 5,4 Fevrier 1,2 Juin 5,2 Octobre 1,0 Mars 1 ,2 Juillet 1 ,0 Novembre 2,8 Avril 1,4 Aout 2,6 Decembre 2,2 En Hiver 4,6 En Ete 6,8 Au Printemps 5,0 En Aulomne 7,2 11° TONNERRE. La moyenne annuelle des jours ou il tonne , est 9,4, repartis ainsi qu'il suit: Janvier 0,4 Mai 1 ,0 Septembre .... 2,0 Fevrier 0,2 Jnin 2,2 Octobre 0,4 Mars 0,2 Juillet 0,4 Novembre 1,4 Avril 0,6 Aout 0,4 Decembre 0,2 En Hiver 0,8 En Ete 5,0 Au Printemps .... 1,8 En Automne 5,8 § ///. — De la maniere de (aire les observations. 1° ANEMOMETRE. (*) Doit-on attribuer le peu de connaissances qu'on a acquises sur les vents a la difficulte des observations ou aux reactions (*) Voir mon memoire sur les anemometres , cbez Victor Masson , place de l'Ecole de Medecine , h Paris. SIETEOROLOlilQL'ES. 3")^ irop multiplies des diverses causes perturbatrices de l'equilibre atmospheriquc ? II est probable que ces deux, motifs out agi de concert pour decourager les meteorologistes les plusintrepides. Pourtant, sans prejuger entierenient de la reussite des recherches qu'on pourra entreprendre ulterieurement sur celtematiere, je orois neauinoins, comme je 1'ai deja fait observer, qu'aumoyen d'instruments d'un usage facile et surtout de nombreuses obser- vations faites simultauement dans un grand nombre de lieux , on pourrait arriver a quelques resultats suseeplibles de mettre sur la voie d'importantes decouvertes , surtout en accompagnant ces observations de celles du barometre, de l'hygrometre , du ihermometre, et meme de l'electrometre. Pour faire des observations serieuses , il est evident que la girouelte ne peulsuffire; quand bien meme on l'observerait qualre fois par jour , elle ne pourrait pas meme donner une idee exaete de la direction du vent. Depuis que je fais des observa- tions, j'ai toujours vu que les vents les plus fixes soufflaient dans un angle de plus de 90°, et que lews frequences etaienl quclquefois si nombreuses que j'en ai compte jusqu'a 1771 pour un meme vent en i2i beures. On a bien cheretae a plusieurs reprises le moyen d'obtenir des observations continues a l'aide de certains mecanismos inue- aieux, qui fournissaienl , au moyen de traits traces sur du pa- pier, lion seulement la direction de tousles vents, mais encore leurduree : de ce nombre etait celui de M. d'Osembray , sur 1'efficacite duquel d'Alembert , sans doule un pen severe , seinble cxpiimer undoute. Depuis lui, M. Chazalon, ingenieur des ponts et cbaussees , en a installe un a Alger, d'autresont ete construits en Anglelerre ; mais de lous ces instruments pas un n'a pu donner des renseignemenis utiles pour la metcorologie. Ce n'est pas en effet des indications precises de l'azimut de la rose des vents selon lequel chaque vent a souffle, qui sont im- 356 DES OBSERVATIONS porlanles pour deduire des lois, c'est hion piutot tin ensemble d'observations se rapportanl aux huit vents principaux ; cequ'il faudrait eonnaitre, et cela dans un 'grand nombre de liens, dif- ferents, ce serait la duree moyenne, mcnsuelle et annuelle dc chacun dc ces huit vents, leur vitcsse moyenne reciproque, leur frequence, le sens de leur succession , la quantite de pluic tombee sous l'influcnce de chacun d'eux. Aucun des instru- ments dont je viens de parler ne found t le moyen de resoudre ce problemc , et on le comprend facilement , si Ton reflecbit que, souvent quand les vents varient beaucoup danslajournee, les indications de ces instruments se confondent dans le memo trait ou forment unc serie de traits tellemenl rapproches les uns des autres, qu'il est non sculement impossible de les me- surer , mais encore difficile de savoir ou l'un finit et l'aulre commence. L'apparei! que j'ai imagine et que j'ai presente a I'lnstitut res-Out tous les problemes dont j'ai parle , el pent etre calcule pour un intervallede vingt-quatre heuresentre les observations. La principale innovation apportce dans cct instrument , comme on pourra le voir , est dans la substitution d'une clepsydre au cylindre lournant des autres anemometres. II en advient quel'eau, en s'ecoulant suivant rinfluence du vent dans huit cases correspondant aux huit vents principaux , fait elle-meme la somme de tous les instants, quelques courts qu'ils soient , durant lesquels les vents compris dans chaque angle de 45° ont souffle, il suffit deplonger dans chaque case une regie graduee en consequence pour avoir la duree totale de la serie des huit vents qui se trouvenl ainsi rapportes a un seul. line autre innovation non moins importantc a ete realisee dans la continuile des indications fournies par le moulinet de Woltman. Pour y arriver, il fallait non seulement decomposer 1<> mouvement du moulinet et le retarder dans unc proportion WETE0R0L0G1QI 357 eonnue, mais encore trouver )c nioycn de (aire engrener el desengrener les roues des eompteurs suivant I'influence dc chaque vent et par le seul secours de sa propre force ; il fallait en outre ijiie l'action du meieur engrenant put se manifesler sur (out le parcours de 1'arc de45°,etque le moteur desen- grenant put agir aussilol la sortie du premier de sa limite d'action. Enlin, les aulres innovations apportees dans eet instrument, quoique moms importantes, n'en fournissent pas moins des indications tres utiles el auxquelles on n'a fait jusqu'ici nulle attention. Je veux parler de la constatation de la frequence des vents, ct de l'applicution du pluviometre aux huit vents, al'aide d'un entonnoir a degorgeoir mobile servant a la distribution de la pluie suivant ['impulsion de la girouette. Quelque complique que paraisse an premier abord cet appa- reil, r observation y est si facile qu'on peut la faire en dix minutes et la confier a tin domestique ou a toute personne de I'exactitude de laquelle on sera sur. Son prix d'ailleurs n'est pas au dessus des moyens de la plupart despersonnes qui s'oc- cupent de science. Celui que je me suis fail elablir, el qui fonc- lioune depuissix mois, ne m'csl revenu qu'a 250 fr., et encore ai-je eu a payer tons les faux-frais qui accompagnent toujours l'cxeculion d'une chose nouvelle. Description sommairc de, I'appareil. Cet appareil se compose d'une cage octogone en charperite de GO centimetres de diamelre sur I metre de hauteur ("), au (') Cetle dimension correspond S un intervalle d'observation de viiiLit- quatre heures 358 DES OBSERVATIONS centre de laquelle s'eieve une girouelte a axe mobile. Inlerieti- rement elle est divisee, pour ainsi dire, en trois elagcs corres- pondants aux diverses indications que cet instrument doit four- nir ; ainsi la parlie basse est destinee a la constatalion de la frequence des vents et du sens de leur succession; la parlie mitoyenne est occupee par le pluviomelre et Fappareil qui domic la mesure de la persistance de chaque vent; enfin,la partie superieure est consacree a l'anemomelre proprement dit, au moyen duquel on connait la force moyenne de ceux des buit principaux venls qui ont souffle par rapport a leur duree. La premiere partie se compose de liuit systemes indicateurs qui correspondent cbacun a l'un des liuit vents dont les frequences, c'est-a-dire le nombre defois qu'ils out souffle d'nn meme cole, soutestimeesau moyen de deux roues d'echappement horizon- tales, qui avancent d'un cran a chaque passage du vent. Comme 1'impulsioii est donnee a ces deux roues par le meme bras de levier que vient frapper, soit d'un cote, soit de l'aulre, une languette attenanle a 1'axe de la girouelte, on peut, en consul lant Tunc et l'aulre de ces deux roues , connaitre la frequence d'un vent, soit dans un sens, soit dans l'aulre. Si Ton mesure le temps qu'un liquide met a s'ecouler goulte a goutle d'un reservoir a mince paroi et a niveau constant, de maniere a remplir successivement une capacite quelconque a parois verticales , on pourra par reciproque estimer le temps d'ecoulement de ce liquide a un ou plusieurs inlervalles donnes par les differences des hauteurs que Ton observera. Or, suppo- sons que par le moyen d'un entonnoir soude a l'axe de la gi- rouelte , el par consequent mobile avec elle , l'eau d'un sem- blable reservoir se trouve deversee en plus ou mollis grand e quantite dans liuit cases de capacite egale, disposees aulour de eel axe, on pourra apprecier la persistance de chaque vent par METEOROLOGIQUES. 359 la hauteur tie l'eau dans eelle de ees cases qui lui correspond : celle partie de I'appareil est done en quelquc sorte une espece de clepsydre. Le pluviometre est fonde sur le merae systeme de distri- bution de l'eau ; seulement l'eau , au lieu de provenir d'un reservoir , vient d'une bassine exposee a la pluie sur la somnnte de I'appareil. En mesurant la quanlite d'eau que Ton trouve dans chaque case , ct divisaut ce volume par la surface d'ouverture de la bassine , on pent eonnaitre la hau- teur a laquelle l'eau s'est elevee sur le sol sous l'influence de chaque vent. Enfin , la troisieme partie de I'appareil n'est autre chose , comuie nous l'avons dit, que l'anemometre de Woltman appli- que aux huit vents prineipaux, de maniere a fournir une serie continue d'observations. La force du vent se trouve alors tra- duite par la vitesse plus ou moins grande d'un petit moulinel dont le mouvement se trouve eonsiderablement retarde par un systeme d'engrenages semblable a celui d'un tournebroche. La derniere roue de ce systeme , ajustee comme tout le systeme lui-meme sur l'axe de la girouette , donne le mouvement a une roue horizontal mobile sur une douille qui enveloppe a cette hauteur l'axe de la girouette, et qui porte une lamerne au nioyen de laquelle le mouvement peut elre transmis a des roues horizontales correspondantes aux huit vents principaux. Ces roues, dont l'axe ou le pivot peut elre avance oureculo lors du passage d'un levier arque fixe sur l'axe de la girouette , ne se trouvent engrcnees que d'apres rinflueuce du vent , et peuvent alors enrouler une plus ou moins grande quanlite de fil ou de coton, scion la persistence ct la vitesse du vent. On comprend qu'en devidanl alors la bobine on peut estimer par la longueur du fil enroule, ou len ombre detours, la vitesse de chaque vent, surtouf lorsque , ayant fait une experience preparatoire, vous 360 DES OBSERVATIONS savez combien de tours de la bobine correspondent a un espaee de, parcoiiru dans un temps de (*). De la maniere de faire les observations de I'AnemomHre. La premiere observation a faire est de rechercher la mesure de la vitesse correspondante a un nombre donne de lours de l'anemometre. Pourcela, on met l'appareil ou simplement la girouette sur un chariot ou une voiture quelconque, et mieux encore sur un wagon de cbemin de fer. On mesure une certaine distance sur la route et on la parcourt avec 1'instrument le plus vite et le plus egalement possible, par un temps parfaitement calme, l'anemometre se met alors a tourner comme si !e vent soufflait reellement, et en observant 1'heure et le nombre de tours faits par les compteurs, on sait quelle longueur de fil on combien de tours correspondent a line distance de.... parcou- rue dans un temps de.... et en repetant plusicurs ibis l'expe- rience, on preud la moyenne pour base de ses calculs. Supposons, pour fixer les idees , que 12 kilometres parcourus dans une heure aient motive dix tours de ma bobine, et qu'apres une observation nous ayons trouve quatre-vingts lours corres- pondant a quatre hcures de duree d'un vent; nous ferons le raisonnement suivanl : puisque quatre-vingts tours corres- pondent a quatre heures de vent, pour une heure nous n'en aurons que vingt; or, comme dix tours sont en rapport avec une vitesse de 12 kilometres a l'iieure , le vent en question aura done souffle avec une vitesse double, e'est-a-dire une vitesse (*) J'aurais pu substituer au fil enroule et aux bobines un systeme de compteurs analogue a celui de ranemometre de M. Combes; mais cela eut ?te une grande depense pour un bien petit avantage. »ETEOROLOGIQUES. 361 de 24 kilometres. Ce n'est , comnie on le voil , qu'une simple regie de proportion a eflectuer. Dans l'appareil dont j'ai donne les dimensions, la moyenne des observations que j'ai faitcs pour constaler cetle vilesse ini- tiale, servant de terme de eomparaison , m'a conduit a admeltre qu'un tour des bobines d'enroulement fait en une minute cor- respond, a pen de chose pres, a une vitesse de 1 kilometre en nne minute, ou de 60 kilometres a l'hcure. Le calcul devient, dans ce cas , beaucoup plus facile , car il sufiit de diviser le nombre de tours des bobines d'enroulement par la duree (en heures), pour avoir la vitesse correspondante. Une fois ces observations preparatoires faites, on etablira solidement, sur un lieu eleve et degage de lout obstacle, a l'action des vents, rinstrument qu'on aura soin de sceller soli- dement de niveau , alln qu'il ne puisse etre renverse , et Ton com" .. v. une fois par jour la serie d'observatioas qu'on ne dew.; plus interrompre. La premiere chose qu'on examinera ce seront les roues qui indiquent la frequence des vents : on determinera le nombre de lours qu'elles ont fait au moyen du fd qui sera enroule dessus,puis on cdmptera le nombre de dents en sus de ces tours a pailir du point de depart ; aiin de distinguer a laquelle des deux roues correspondent les chiffrcs qu'on aura trouves, on les fera preceder des signes -+- et — , selon que la roue qui les aura indiques sera telle de gauche ou celle de droite, e'est- a-dire selon (pie les vents se seront succede dans le sens du nord au sud par Test, ou du nord au sud par I'ouest. La secondc observation sera celle de la persistence des vents, et pour la (aire, 11 sufflra de noter 1'heure a laquelle correspond la hauteur du niveau de chaque case, ce qui sera bien facile , puisque la regie qu'on doit plonger est gra- duee en hourcs. On devra settlement avoir soin de bien 362 DES OBSERVATIONS vider les cases a chaque observation et remplir le reservoir superieur. Pour la mesure du pluviometre, il sera plus simple de dres- ser une tabic correspondante aux diverses subdivisions du litre et dans laquelle la division de la quantite d'eau par la surface de la bassine exterieure sera effectuee d'avance. La hauteur de 1'eau ainsi deduite pouvant se rapporter a un grand comme a un petit espace est inflniment plus utile a connailre que la eapacite, qui n'est qu'une donnee dependanle de l'instrument, et que Ton obtient immediatement en trempant dans chacune des cases une regie graduee en divisions de litre. II est inutile de dire qu'on devra dresser deux tables se rapportant , l'une a la bassine dans toute sa grandeur, l'autre al'ouverturede ceite bassine apres qu'elle a ete rapetissee. Enfin , on terminera l'observation par la conslatation du nombre de tours dont le fil s'est enroule sur la bobine d'en- roulement, ce que Ton fera , comme il a etc dit plus haut. Mais dans les calcuis une correction devient indispensable , car il est evident que le fil en s'enroulant successivemenl sur lui-meme augmente de plus en plus le diametre de la bobine, de telle sorte qu'un tour de bobine, apres cent tours, je suppose, pre- senter une longueur de fil beaucoup plus grande qu'au com- mencement. Comme ceite difference est beaucoup moins sensible sur la bobine de dcroulement en raison de son plus grand diametre, il faudra retrancher du nombre de tours qu'on aura observe une cerlaine quantite, que Ton obtiendra en mesurant la longueur du fil enroule, au bout de cent, deux cents, trois cents, etc. , tours, eten la comparanta la longueur des dix premiers tours qu'on aura repeles dix fois , vingt ibis ou trenle fois, taut sur la bobine d'enroulemenl que sur la bo- bine de deroulemenl. Supposons , par exemple , que nousayons eompte sur notre bobine de deroulement, dont le diametre esi I ftETEOROLOGIQUES. 363 cinq ibis plus grand que sa correspondante , un nombre de tours egal a cent : si rempeiotonnement n'avait pas eu lieu , le nombre de tours correspondant de la bobine d'enroulement serait de cinq cents, niais il n'en est pas ainsi. Les cinq cents lours de cette derniere bobine ont augmente la longueur du ill d'une quanlile a en sus de ce qu'elle aurait ete sans rempe- iotonnement, mais les cent tours de l'autre bobine ne l'ont augmente que d'une quantite b plus petite que a. Si l'ontraduit ces quantiles en tours de la bobine d'enroulement, et si on les compare ensemble, on obtiendra pour difference le nombre de tours qu'il faut retrancher des cinq cents pour faire le compte exact. Pour simptifier l'operation, il sera plus simple de dresser une table de ces especes de coefficients pour dix, vingt, trente, qoarante , etc. , tours de bobine de deroulement. Calcul mensuel des observations quoli/dienms et etablissetntnt des moi/ennes. Pour les trois premieres observations le calcul mensuel con- sistent dans une simple addition des quantites bomogenes, mais pour la vitesse clle ne doit elre prise qu'en moyenne , puisqu'clle ne peut elre eslimce qu'en la rapporlanta I'unitc de temps. Pour calculer cellc moyenne , j'ai du avoir egard a la duree de cbaque vent : car il est evident que si je fais la somme de toutes les vitesses , et que je divise seulement cette somme par le nombre des observations, je n'aurai pas un chiffre exact, puisqu'un vent qui n'aurait souffle que deux beures, je sup- pose . ligurerait dans la moyenne au nx'ine litre (jiie lem&ne 564 DES OBSERVATIONS vent qui aurait souffle douzc heures avec une vitesse differente. Pour prevenir ceiie cause d'erreur, je calcule l'espace par- couru par chaque vent pendant le temps qu'il a souffle , ou , en d'autres termes , je mulliplie chaque vitesse d'un meme vent par la duree qui lui correspond ; je fats la somme de toutes ces distances pour chacun des hiift vents, et ja la divise par la tola- lite de leurs persistances respectives pendant le mois. Cette meme remarque pent s'appliquer aux chiffres fournis par la premiere observation lorsqu'on veut en deduirc les rap- ports de frequences enlre les differents vents. On ne pourra , en effct, connailre ces rapports qu'aulant qu'on aura reduit les nombres des frequences dans le rapport des durees. La deduction du sens dc succession se fera en prenant d'abord la difference entre les chiffres positifs et les chiffres negatifs correspondants , difference qui sera la meme , a une unite pres, pour lous les vents, puisqu'elle represente le nombre dc lours entiers qu'a fails sur elle-meme la girouelle ; les nombres qui resleront represenleront done les allecs el les venues. En effet , ou le vent a passe d'une maniere positive, il doit repasser d'une maniere negative , a moins qu'il ne reste en chemin, mais alors il ne peut plus repasser d'une maniere positive a ce meme endroit sans faire le tour entier de la girouelle, ce qui nous aurait ete indiquc par la premiere dif- ference. Pour obtenir les autres successions, il suffit de retrancher suocessivement du chiffre positifde chaque vent celui du vent qui le suit el d'en faire aulant pour les chiffres negatifs; si la difference qu'on oblienl est positive, e'est que le vent s*est ar- rete ce nombre de fois entre les deux venls qu'on differencie ; si elleest negative, la succession a du sc faire en sens inverse , ce dont on pent se convainciepar la correspondance du resullat des chiffres negatifs. IHETEOROLOGIQUES. 368 En repelant cetle operation pour cliaeun des huh veins et recommencanl a differencier de nouvcuu les differences deja obtenues, on finit par obtenir toules les series de successions tic vents qui se sont operees dans lc mois. Mais ce resultat est, en definitive, pcu important. Ce qui est essentiel a connaitre , c'est plutol In rapport des frequences de differcnts vents , car dans le systeme des tourbillons , ces sautes de vent nc dcvraient se faire sentir que sur la limite de deux tourbillons consecutifs. Or , depuis que je fais des experiences , je n'ai pas observe une seule fois un vent parfailement stable. Void , du resie , comment j'ai dispose mes calculs pour ies observations quotidicnnes et mensuelles. Tableau des observations quotidieimes. Le29 ruai 1851. VENTS. N .. N E. E... SE. S... SO. 0... NO. FREQUENCE. 11 4 11 i VITESSE Persistance on tuursdebobine PIXIE. g o 3 — 3 -a -J tB « -£ NM -z " « i> ' " 8 6 CL 7 12 1 10 20 2 f 5 1/2 2 1 3 I 2 3 2 566 DES OBSERVATIONS Tableau des observations mensuelles. VENTS. N. . NE. E... SE. S... SO. 0... NO. FREQUENCES. + — 30 20 20 10 30 20 40 50 20 11 20 11 10 1 20 11 PEUSISTANCE. heures. GO 150 10 40 70 100 190 120 VITESSE. kilometres. 15 12 15 20 10 24 50 10 PI.LTE. 0,003 0,001 0,000 0,025 0,050 0,045 0,056 0,015 Main tenant il s'agira de calculer la moyenne direction du vent pendant le mois, e'est-a-dire la quantite d'air qui a ete deplacee et la direction scion laquelle s'est effectue ce depia- ment. Pourcela, nous comparerons ensemble les vents opposes, de maniere a deduire la predominance de chacun. Nous oppose- rons done les vents du nord-ouest a ceux du sud-est, ceux du nord-est a ceux du sud-ouest, enfin ceux du nord a ceux du sud et ceux de l'ouest a ceux de Test. Nous trouverons : S — N = 70h. — 60 = 101'. O — E = 190h. — 10 = 180h. • NO — SE = 120h. — 40 = 80 NE — SO = 130h. — 100 = 50h. S'i! n'y avail que les heures de persislance , rien ne serait plus facile que de faire ce premier calcul, mais la vitesse doit METE0RGL0G1QUES 367 aecessairement entrer pour quelque chose ei meme pour beau- coup. Ainsi noire vent du sud-ouest , qui possede une vitesse moyenne de 24 kilometres a 1'heure , deplace evidemment une bien plus grande quantite d'air que Ie vent du nord-est , dont la vitesse n'est que de 12 kil. a 1'heure, quoique pourtant ce dernier ait souffle plus longtemps que le premier. Nous de- vrons done rapporter le nombre d'heures aux vitesses, et pour cela nous ferons le raisonnement suivant : Si notre vent du nord-est cut possede une vitesse initiale de 24 kil., ces deux vents auraient agi sur l'almosphere comme un seul vent qui n'aurait souffle que trente hemes avec une vitesse de 24 kil. a 1'heure, mais il n'en est pas ainsi, et sa vitesse etant moitie moindre , l'aii' deplace par lui sera dans la meme proportion que s'il cut souffle moitie moins de temps avec une vitesse double ; en faisant alors la difference nous trouvons : NE — SO = 65 — 100 = 55h; ou si nous rapportons la persis- tance du vent a la moindre vitesse :NE — SO = 200 — 150=70''. Pour ne pas meltre de confusion, on devra marquer dans les calculs la vitesse a laquelle on a rapporte le temps , entre pa- renthesc a la suite du chiffre du temps ; nous aurons done : S — N = 70 (10) — 60 (15) = 47 — 60(15) = 15h(15) N. 0 — E= 190(56) — 10(15)= 190 — 4,15(56) = 185,85(56) 0. NO — SE = 1 20 (1 0) — ^0 (20) = 60 — 40 (20) = 20 (20) NO. NE — SO = 1 30 (1 2) —1 00 (24) = 65 — 1 00 (24) =35 (24) SO . Quantites qui nous representent quatre composantes formant entre elles un angle de 90°. Or, comme d'apres les regies de la statique , la resultante de deux forces est la diagonals du pa- rallelogramme construit sur les composantes , nous n'aurons pour obtenir la resultante definitive ou la moyenne direction cherchee , qu'a calculer d'abord les diagonales determinees par ces quatre composantes prises deux a deux, a deduire ensuite des 368 DES OHSEI'.YAl'IONS angles qu'elles forment avcc Tunc de leurs composantes , celui qu'elles fom en I re clies , puis a combiner de nouveau ces deux resultantes en ayant soin loujours, a cliaque operation , de rap- porter les composantes prises deux a deux a la meme vitesse. C'est ainsi que nous obtiendrons , pour la resultante des com- posantes N et 0, la quantite 1 85h,95 (56k) avec un angle 1°, 59',51 " N, pour celles des composantes NO el SO, 58h,75 avec un angle S 70° 25' 26" 0, et enfln pour resultante definitive 212 (56) avcc un angle S 80° 17' 19" 0. Dans tous ces calculs, nous devons remarquer que nous avons toujours rapporte nos vitesses a la vitesse la plus grande, maisdans un calcul regulier il ne doit pas en etre ainsi et il faut les rapporter loutes a la vitesse moyenne de tous ces vents que Ton obtient paries procedes ordinaires, en ayant egard aux considerations de duree dont nous avons deja parle. Pour fixer les idees sur ces calculs , supposons que !e releve des pcrsistances des vents, pendant une quinzaine, nous ait donne les chiffres suivants : N55| NE98^ E28£ SE 7{ et que les vitesses multiplies par les persistances correspon- dantes, nous aient donne pour chaque vent apres les avoir reunies et divisees par la somme totale d js durees appartenant au meme vent, les chiffres suivants : N14,5 S 1,07 NEU,5 SO 15,5 E 24,14 0 56,22 SE 0,95 NO 10,15 S 6f S0 76| 0 80f \0 55 f mi rEonoLOGiQuss 56S La moyenne viiessc du vent que Ton obtiendrade la maniere precedente , e'est-a-dire en multtpliant d'une part toutes ces vitesses par Ies durees , on faisant , d'une autre part , la somme de leur produit, el divisant eclte somme par celle des durees , e'est-a-dire 408 heures, sera 18 k. 09 a I'heure,, et en prenant les rapports des differentes vitesses, eu egard a cette moyenne, puis mu'.iipliant les chiffres des durees pur ces rapports on a : h N 42,80 S 0,41 UE 83,05 SO 64,57 E 36,72 0 161,50 SE 6,38 NO 7,1,22 En faisant la difference des vents opposes , onatteint definiti- ve ment N. 42,59, 0. 124,78, NO. 25,84, et NE, 18,67, qui sont les qualre composantes que nous combinons deux a deux, soit geometriqucment, soit par les regies de la trigonometric, pour oblenir la moyenne direction du vent qui est de 0. 13 N. avec une resultante de 148 heures, et une vitesse de 18 kilometres 06 a l'heure, qui est la moyenne du mois (*). Les observations des vents aux differentes heures du jour et de la nuit n'ont jamais ete faites, elles pourraient cependant conduire a des resultats bien curieux et bien imporlants ; pour les obtenir je me sers d'un anemometre particulier, fonde sur le principe decelni de M. D'Onsen Bray, et dont les indica- tions sont fournies par des traces rectangulaires lais^ees sur un cylindre tournant. Voici de quoi se composent les differentes parties de cet instrument. (*) Ce calcul est celui de la derniere quinzaine'de mai 18.M. 370 DES OBSERVATIONS ln Un systeme de deux poulies d'egal diamelre dont l'une est fixee sur l'axe de la girouette , et qui sont reliees entre elles par une courroie dont la longueur represente trois fois leur circonference. Trois crayons places sur cetle courroie, a egale distance les uns des aulres, se irouvent entraines plus ou moins suivant la direction du vent , el laissent sur un cylindre place a portee des traces dont la hauteur indique la direction du vent et la longueur (perpendiculairement a l'axe du cy- lindre), la duree; car il est bien entendu que ce cylindre, dont la longueur est egale au developpement de la circonference d'une des poulies , est mis en raouvement par une horloge et fait par consequent un tour sur lui-meme en 24 heures. Les trois crayons d'ailleurs n'ont ete etablis que pour que l'un suc- cede toujours a l'autre surle cylindre, quelque capricieuse que puisse etre la succession des vents. 2° Un anemomelre a plaque pour 1'indication de 1'inlensite du vent : la piece principale de ce systeme est une plaque adaptee a la girouette que le vent suivant sa force peut plus ou moins ecarter de la verticale. Ces differenls ecarts prealable- ment gradues au moyen de poids , se trouvent accuses sur un cylindre tournant , par l'intermediaire d'un crayon qui se meut sur un levier a coulisses fixe a l'axe de la girouette. Toutefois , je dois ajouter que ce cylindre et son systeme sont disposes de maniere a pouvoir suivre la girbuei.le dans tous ses mouve- ments, sans quoi il n'y aurait aucune correspondance d'heures. Pour faire l'observation de eel instrument il suffit de recou- vrir une fois par jour chaque cylindre d'une feuille de papier, sur laquelle sont tracees d'avance les lignes des differentes heures, celles des principales directions du vent, et enfin les differentes lignes qui correspondent a la serie de poids que Ton suppose susceptibles d'etre souleves par levenl. En considerant dans lequel des carres sont comprises les differentes traces lais- KETEOROLOGIQUES. 371 sees par I'instrument, on finit par connaitre approximativemeni les divers caracteres des vents dans le courant do la journee. Les courants inferieurs que nous pouvons etudier, comme il vienl d'etre dit, ne sonl pas les seuls; il en est d'aulres qui agtssent dans les hautes regions de 1'atraosphere, dans une di- rection quelquefois oppos^e, et qu'il importc d'autant plus de connaitre que souvent ils sont lessignes les plus vrais deschan- gemenis de vent et, parlant, des changements de temps. Pour les etudier il faut recourir aux images. Les images, en effet, se forment, comme on le sail, a differenles hauteurs dans le ciel , et par cela meme out des caracteres differents auxquels on les recommit aisement. Cela pose, admettons qu'on regarde au travers d'un verre legercment teint et fixe horizon- talementau dessus de votre lete, les nuages vous semblerontse mouvoir dans une direction que vous pourriez facilement leur assigner sur le verre; or si vous tracez sur ce verre une rose des vents que vous aurez prealablement orientce , rien ne vous sera plus facile que de noler la direction des differents nuages c! , par consequent, des courants superieurs de l'atmosphere. Pour mesurer la vitesse de ces courants, on pent avoir re- cours a l'ombrc par lie des images; voici comment : on observe exactement le moment oil le soleil voile momentanement par un de ces nuages, est sur le point de reparaitre, vous suivez alors l'ombre du nuage jusqu'a un lieu determine dont vous connaissez la distance et vous comptez le temps que cette om- bre a mis a parcourir cct intervalle : une simple proportion suffit ensuite pour rapporter cette vitesse a l'unite du temps. 2° DU THERMOMETRE. Tout le mondc sait ce que e'est qu'un Uiermomelre , et je me dispenserais d'en parler , si je ne devais faire cerlaines 372 DES OBSERVATIONS recommandations necessaires pour la surele des observations meleorologiqucs. D'abord on devra prendre un thermomelre gradue an moins en cinquiemes de dcgre; ceux dont la graduation osl faite sur le tube memc ctant plus exacts puisque le verre se dilate beau- coup moins que les metaux, doivent etre choisis de preference. De plus, on devra faire attention a cc que le reservoir soit le moins volumineux possible , car la sensibilile du thermomelre depend beaucoup de ce detail de construction. Enfin on devra s'informer et memo s'assurer si le therraomelre a ele execute longtemps avant sa graduation. On ne pent s'imaginer combien celte recommandalion est importante, car bien qu'apres un temps assez long la graduation des meilleurs thermometres de- vienne inexacte, e'est surtout dans les premiers temps de la construction que la difference est la plus marquee. Les varia- tions Ires brusques et tres considerables de la temperature pro- duisent le meme effet, et e'est a tel point que M. Martins, dans son ascension du Mont-Blanc, ayant plonge son thermomelre dans la glace fondante el dans l'eau bouillante, a trouve une difference depres d'un degre avec la graduation existante. Pour remedier a cetle imperfection de ce genre d'instruments , on devra tous les deux ou trois ans verifier leur graduation el faire dans les calculs les corrections necessaires. Avec les thermometres tres sensibles, les oscillations de la eolonne de mercure sonl si multipliers el si considerables, que dans moins d'une minute on pourrait constater des differences de pres d'un demi-degre; il faut, en consequence, au moment de Vobservation avoir soin d'examiner pendant quelques in- stants ces oscillations et en prendre la moyenne pour l'appli- quer au n° d'ordre de I'observalion. Pour obtenir les maxima et minima de chaleur, il est absolu- ment necessaire d'avoir recours aux ihcrmometroyraphcs , ou METE0R01 OGIQI I - 373 qux thermonjoires a deversetnent dc M. Walferdin. Com me ils sont deceits dans ions les oiivrages de physique, je n'en parle- rai pas da vantage , j'en recommanderai seulemenl I'emploi. 3° PSYCROMETRE. De tons les instruments pour Phygrometrie, 'le psycrometre est eclui dont I'emploi est le plus simple, le plus prompt el. le plus facile ; il est fonde sur le principe memo de Pevaporation. Plus l'air est sec, plus Pevaporation est prompte , et reci- proquement plus l'air est humide plus Pevaporation est lente; de plus, elle pent Streactivee par la moindrc pression baro- metriquc. Supposons done qu'ayaut suspendu Pun a cote de Pautre deux thcrmometresirfew/iifMes, vous entouriez Pun d'eux d'une chiffe de mousseline plongvant dans un petit reservoir d'eau limpide ; en vertu de la capillarite , Peau se re panel ra dans la chiffe et mouillera toujours le thermometre ; mais Peau en s'evaporant empruntera a la boule du thermometre la quan- tite do chaleur latente qui lui est necessaire pour se transfor- mer en vapeurs, il yaura done abaissement de ee thermometre ci cet abaissement sera d'autant plus grand que Pevaporation sera plus active. En faisanl alors la difference des deux ther- mometres , multipliant celte difference par le coefficient con- slant 0,000804 el puis le produit par la pression baromelrique, on aura la quantite qu'il faudra retrancher de la tension de la vapeur correspondante au thermometre humide pour obtenir la quantite de vapeur absolue. M. Haeghens a du reste, dans ['Annuaire rrieteorologique dc 1849, calcule uue table qui domic irnmediatement Phumidile absolue el Phumidile relative. Parmi les bygromelres le plus per fectionnes , on peutciter Phygrometre a condensation de M. Regnaut ; cependaut M. Haeghens ni moi nous n'avons jamais pu en obtenir de resultats 374 DES OBSERVATIONS satisfaisants. Je ne parle pas de l'hygrometre a cheveu de Saus- sure, il ne donne que des indications comparatives nullement en rapport avec la quantite reelle de vapeurs. li° BAROMETRE. Le barometre est devenu d'un emploi tellement general qti'on en a construit de bien des systemes differcnts, mais le principe en est toujours le nieme. Pour les indications qu'on demande ordinaireraenl ati barometre , c'est-a-dire la prevision du beau ou du mauvais temps, on n'a pas besoin d'une bien grande exactitude, et par consequent les barometres grossiers, meme les barometres a cadran , peuvent suffire ; mais pour les observations meteorologiques il n'en est pas ainsi , ct roalgre la perfection de l'instrument, plusieurs corrections soul indis- pensables. Ces corrections se rapporlent : 1° au foisonnement du mercure dans la cuvette du barometre, 2° a la dilatation de la coloune barometrique, 5° a la capillar ite du lube. Les meilleurs barometres sont en general les barometres a cuvette : or dans ces barometres la graduation de l'echelle est faite a partir du niveau du mercure dans la cuvette. On prend ordinairement ce niveau quand le barometre est a 760 milli- metres; maisvoici ce qui arrive quand lacolonne barometrique monte ou descend : dans le cas de l'ascension, la cuvette a cte obligee de fournir a la colonne la hauteur de mercure dont elle s'est elevee : le niveau s'est done abaisse dans la cuvette. Dans le cas de l'abaissement , e'est le mercure de la colonne qui est venu au contraire augmenter le volume du mer- cure de la cuvette , el en a eleve le niveau. Pour reme- dier a eel inconvenient, on a fait en sorte dans les barometres Fortin de retrecir ou d'elargir a volonte la cuvette au moyen d'une vis de pression , de maniere a ce qu'a chaque observa- METE0R0L0G1QUES. 375 tion le niveau du mercure vienne cftleurer line poinle d'ivoire fixee au dessus de la cuvette. Comnie la graduation de I'echclle est prise a partir de la pointe de cet index , on congoit que le foisonneraent n'est plus une cause d'erreur. Si Ton eonsidere que le barometre est en quelque sorle dis- pose comme un thermometre, on comprendra que plus la tem- perature sera elevee, plus la colonne se dilatera et montera dans le lube , et reciproquement moins il fera chaud plus cette colonne s'abaissera. Bien que le diametre du tube soil assez large pour que ces variations de dilatation soient peu sensi- bles (*), elles le seraienl cepeiulant assez pour clianger considera- blement la nature des observations meteorologiques si Ton n'en lenait pas comple. On a done calcule des tables pour ramener a 0° toutes les hauteurs baromclriques , suivant les differentes temperatures observees sur le thermometre du barometre, le- quel est dispose de maniere a etre irapressionne par la cha- leur , de la meme maniere que le mercui'e- du barometre lui- meme. ha correction de la capillarite est la consequence du retrait qu'eprouve hi coionnc barometrique par l'effet de cettc force. Elle depend du diametre inter ieur du tube et de la flcche du monisque. Mais dans les barometres perfectionnes , les op- liciens ont soin d'en lenir compte dans la graduation de leur echelle, de telle sorte qn'elle devient inutile dans les observa- tions. (') Des mesures prises avee soin ont prouve qn'en designant par I la longueur de la colonne baroin6lrique a 0°, elle devcnail 1,0150 a la temperature de l'eau bouillante , d'ou Ton conclul que celte dilatation est de 0,0018 par degre centigrade. SHi DES OBSERVATIONS o° ELECTROMETRE. L'electromelre est un des instruments les plus ingrats el les plus capricieux de la physique : le meilleur, qui est celui de M. Pelletier , ne vaut pas encore grand' chose. La principale cause de Tirregularile des indications fournies par eel instru- ment vient de Thumidite qui s'altache aux substanses isolantes et qui ecoule Telectricite , quelques precautions qu'on prenne. Cet instrument assez semblable a la balance de Coulomb est fonde sur les repulsions electriques , settlement l'effort du a la torsion du fil pour ramener la tige metallique a son point de depart, est remplace par Taction d'un petit barrean tres faible- ment aimante. C'esl par l'ecart plus ou moins grand de cette tige melallique qu'on juge de la quantite d'eleclricile. Afin de multiplier Taction de l'eleetricite atmospherique, en general assez faiblepour ce genre d'instruments, Telectrometre de M. Pelletier se lermine par une grosse boule de cuivre qui sert, pour ainsi dire, de reservoir a Telectricite; malgre cela il arrive souvent qu'on n'en trouve aucune trace , quoique a vrai dire iTen existe toujours par le fait dans Tair. La maniere de se servir de cet instrument n'est pas aussi simple qu'on pourrail le croire , les uns, apres avoir mis d'a- bord Tinslrument en equilibre eleclrique avec le sol , Televent subitement a une certaine hauteur, un metre par exemple, en le laissant agir de lui-meme et ils observent la tension eleclrique, ce moyen ne m'a jamais reussi. D'aulres, et en particulier M. Babinel, pechenl Telectricile au moyen d'une grande perche dont Texlremite se lermine par unepoinle isolee comnnmiquant a un long fil de cuivre cnroule de soie ; en atlachant ce fil an dessous de laboule de Telectrometre et elevant ensuite la perche on communique Telectricite a Tinslrument, ce moyen ne m'a VIETEOROLOGIQUES. 577 encore que mediocrement renssi ; d'autres , enfin , pccheni I'electricite beaucoup plus haut, en enlevant un ballon arme de pointes metalliques sufiisammenl isolees et communiquant a un fil unique que Ton ajuste a l'instrumcnt corarae dans !e cas precedent. C'est encore le moyen le plus sur, mais les indications sont quelquefois inexacles, car quand le ballon se trouve en- traiue par le vent il n'est plus a la meme hauteur que dans un temps calme. A cote de l'clectrometre de M. Pellelier, il en est un autre fonde sur le principe des galvanomelres, qui donne, a ce qu'il parait a Bruxelles , de bons resullais. Cet instrument consiste clans une houppe de fds metalliques Ires pointus, que Ton attache a I'extremite d'une perche et qui communique a un fil unique enroulc a sa parlie inferieure, comme les multiplicateurs des galvanometres ; ce fil mis en communication avec le sol, deter- mine un courant qui reagit sur une aiguille aimantee. Je ne parlerai pas des observations de la boussole , de 1'aeii- nometrc, du diaphanomelre , du palarescope , du cyanometre, de l'heliothcrmomelre , etc., toutes observations cependant tres interessantes , car elles nous cntraineraient trop loin et necessileraient , pour etre faites regulierement , presque la vie entierc d'un homme. Je terminerai done ce memoire deja bien long, en donnant comme resume des consequences qu'on pent tirer des observations meteorologiques, 1'un des releves men- sucls de mes observations. 378 DES OBSERVATIONS MODELE DE RESUME MENSUEL (*) DES OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES. Observations du mois de Septembre 1851 . La moyenne temperature du mois, d'apres les 4 observations diurnes a ete 13°10 La raerae moyenne, d'apres les indications du thermometrographe , a ete 12,48 La moyenne des maxima a ete 16,84 Le maximum qui a eu lieu le 4 a ete 20.50 La moyenne des minima a ete 9,20 Le minimum qui a eu lieu le 29 a ete 1,50 La moyenne pression baromelrique a ete 759,08 Le maximum qui a eu lieu le 16 a 6 h. du matin . 768,27 Le minimum qui a eu lieu le 30 a midi a etc. . . 742,74 La moyenne humidite absolue a ete 8,mn,98 Le maximum qui a eu lieu le 50 a midi a ete. . . 14,05 Le minimum qui a eu le 26 a 6 li. du soir a ete 4,00 La moyenne humidite relative a ete 79 % Le maximum qui a eu lieu le 6 a midi a ete 98 % Le minimum qui a eu lieu le 10 a midi a ete. . . 44 % (*) La hauteur de la cuvette du barometre d'observation a Martinvast est de 65 metres 18 centimetres au dessus du niveau moyen de la mer. METEOROLOGIQUES. 379 Les moyennes deces observations pour les differentes hcures de la journee onl etc : HEURES. HUMIDITE absolue. HUMIDITE relative. BAROMETRE. THERHOMETRE 6 h. du matin. . Midi 6 h. du soir. . . . 8,71 9,59 9,12 8,47 87°/0 69 76 84 760,31 760,09 756,41 759,50 11,2 16,2 13,8 11,2 D'ou nous concluons 1° que I'humidile absolue, apres avoir augmente depuis le matin jusqu'a midi, a ete ensuite en dimi- nuaut jusqu'a minuit; 2° que I'luimidite relative a suivi une marche precisement inverse; 3° que les oscillations barome- triques out atteiqt leur minimum a 6 Iieures du soir et leur maximum a 6 Inures, du matin; 4° qu'enfin la temperature, comme du resle I'humidile et la pression barometrique, a suivi sa marche nor male. La moyenne direction du vent fournie par i'anemometre a etc du N 53° E avec uue resultante de 327 hemes ayant pour vitcsse lik,(>i a l'heure, vitesse qui est la moyenne des mois. En ne tenant aucun compte de la vitesse, oelte direction moyenne aurait etc N 35° E avec une resultante de 311 hcures. Les moyennes directions diumes des vents out etc 380 DES OBSERVATIONS Lel"-N6°E N LellNSOE E Le21NI2E N Le 2 S 29 0 S 0 Lel2N75E E Le22N 3E N Le 3 N 5 E N Lel3N39E N E Le23N35 0 N 0 Le 4 N 35 0 NO LeUN82E E Le24N27E N E Le5N51E N E Lel5N67E E Le25N190 N Le 6 N 28 E N E Lel6N64E N E Le26S75 0 0 Le 7 N 26 E N E Lel7N64E N E Le 27 S 79 0 0 Le 8 N 41 E N E Lel8N48E N E Le28N280 NO Le 9 N 73 E E Lel9N34E N E Le 29 S 22 E s LelON7iE E Le20N 8E N Le30S13E s Les frequences , les durees des vitesses des differents vents , ainsi que la quantite de pluie tombee sous l'irifluence de chacun d'eux , out ete : en 55 W > N FREQUI + 3857 NE 3810 E 1694 SE 284 S 375 SO 633 0 274 NO 542 080 1 3816 1694 284 375 633 271 542 RAPPORTS des FREQUENCES 3816 2972 1670 2884 3331 1712 1548 Pe> si stance. 15U 216^ 374 ■>■>, 77 VITESSE ■ '.i.e. k 12 69 13 » 22 83 21 08 6 86 1 7 74 1 2 46 9 11 PLUIE. 0,001157 0,002538 0,009118 0,000721 0,005264 0,002720 0,00220!) Ce qui nous montre 1° que les vents les plus frequents ou les nioins stables ont ete les vents du nord, et les plus stables ccux du nord-ouest ; 2° que ce sonl les vents du nord-est qui ont souffle le plus longlemps et ceux du sud qui ont eu la moindre duree; 5" que les vents d'est ont ete !es plus forts el ceux du METEOKOJ OG1Q1 381 siul It's moins violeuls; i" que ce sont ics vents du sud-est qui oiu araene le plus de pluie. Lc maximum de vilesse qui a eu lieu le 10 a cte 46,8 kilo- metres a 1'heure par le vent d'est. Le maximum de duree en 24 heurcs qui a eu lieu le 14 par le vent d'est, a ele 18 h. 1/2. Le maximum de frequences qui a eu lieu le 7 par le vent du nord , a ele 1097. Moyennement le vent a varic dans 4 , 5 directions differentes en 2i hemes, le minimum a ele le 5. Dans la premiere quinzaine , les vents sont restes a peu pies stationnaires dans le quartier nord-est de la rose des vents, mais a partir de cette epoque, leur tendance retrograde est Re- venue tout a fail manifesto , aussi apres avoir oscille quclque lemps a 1'ouest, ils sont venus se fixer au sud vers la fin du mois. La quantite de pluie a ele de 0,m088487 au dessous de la moycune ordinaire du mois de septembre. En rapprochant des vents les observations hygrometriques, barometriques el tliermometriques correspondantes d'apres la melhode de Kaemtz , nous trouvons : VENTS. HUMIDITE absolue. HUMIDITE relative. BAUOMETRE. TIIEUMOMKTRE. N NE E SE S SO 0 NO mm 9,20 9,11 8,76 7,96 8,89 9,07 8,80 9,03 79,90 78,00 77,80 80,30 79,07 79,27 7S,50 79,40 758,96 760,38 760,48 757,84 758,36 759,16 758,65 758, S9 15,28 13,42 13,02 12,66 12,90 13,19 15,85 13,80 3tf2 DES OBSERVATIONS D ou nous pouvons conclure 1° que la temperature a atteint son maximum paries vents d'ouest et de nord-ouest, et son minimum paries vents du sud etdu sud-est;2°que le maximum de la prcssion barometrique s'est trouve correspondrc aux vents d'esi et du nord-est , et le minimum a ceux du sud et du sud-est ; 5° que I'humidite absolue et I'humidite relative out suivi par rapport aux vents une marche tout a fait en rapport avec la temperature qu'ils out delerminee; ainsi le maximum de I'humidite absolue coincide avec les vents du nord , et le mini- mum avec les vents du sud-est , tandis qu'au contraire le maxi- mum d'humidite relative correspond aux vents du sud-est el le minimum aux vents d'est. be fait assez extraordinaire au premier abord d'un maximum de chaleur avec les vents d'ouest et du nord-ouest el d'un mi- nimum avec les vents du sud, n'est, comme nous 1'avons fait deja remarquer au mois de juin , que la consequence des hy- drometeores. Nousvoyons en effet que par les vents du nord, et nous comprenons dans ce nombre le nord-est et le nord-ouest, le temps a cle presque loujours pur (sur 67 observations faitcs de ces vents , 41 seulement ont constate le temps couverl): par les vents du sud au contraire , le ciel a ete generalement cou- vert ou nuageux (sur 15 observations des vents des sud-est, sud et sud-ouest , 10 ont constate le temps couvert et 5 nuageux). De la I'abaissement de la temperature par les vents du sud et son elevation par les vents du nord , de la le maximum de I'humidite relative avec les vents du sud. La quantite absolue de vapeurs etanl moindre par les vents du sud que par les vents du nord, on comprend facilement pourquoi le maximum de la pression barometrique correspond a ces derniers vents et le minimum aux vents du sud. Voici du reste comment se sont reparties les differentes va- riations des temps pendant le mois. METE0R0L0G1QUES. 383 Sur 120 observaiions de Tetat du ciel , 25 l'ont constate cou- vert, 58 nuageux et 57 beau. I VENTS. TEMPS COUVERT. N NE E SE S SO 0 NO 3 4 2 6 » 4 2 4 TEMPS NUAGEUX. 4 17 5 » 1 2 6 3 TEMPS BEAU. 12 16 21 1 » 1 9 Quant al'influence des hydrometeores sur la temperature, la pression barometrique et Thumidite, on peut conslater par Ie tableau suivanl qu'elle a etc la meine que les autres mois : TEMPS. HUMIDITE absolue. HUMIDITE relative. PRESSION baroniL lique. TEMPERATURE Temps convert. Beau lemps . . . 9,43 8, ST 82,5 78 756,33 759,79 15,1 15,2 NOTE pour la page 545, sur les oscillations rifjuliercs du baromelre. En altribuant principalement ;'i Tecoulement des masses d'air dilutees sous Taction solaire, les variations diurnes du barometre , je n'ai pas pretendu dire que Taction due aux courants ascendants diurnes que 38i l)ES OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES. M. I.iais a reconnuc, f'ut sans effet. On comprcnd en eifet que le retard occasionne dans le mouvement de rotation des couches superieures de 1 atmosphere , par l'inlervention de masses d'air animees d'une vitesse initiale moindre , doivenl augmenter la pression barometrique a l'ouest de la partie de l'atmosphere echauffe , de meme que le mouvement in- verse de ces memes masses d'air du an froid nocturne doit l'augmenler a Test ; cependant je crois , et c'est du reste 1 'opinion de M. Hacghens , que cette cause tout en etant reelle n'est que sccondaire et ne peut agir que dans le meme sens que celle dont nous avons parte. La troisieme cause indiqueepar M. Liais, •celle due a la presence de la vapeor d'eau , agit egalement, mais aussi secondairemenl. NOTICE SUR LE TELEGRAPHE ECRIVANT & IMPRIMANT Etabli d'apres ee system e de M. Th. du Moncel. Depuis la decouverte du principe fondamental de la telegrapbie electrique , les systemes de construction des instruments em- ployes dans ce but onlele si nombreux qu'on pourraitdire qu'il en existe autant que de fabricants. Ceux de mes lecteurs qui ont elea I'exposition de Londresauront vu les plus pei feclionnes et les plus nouveaux, mais ils aurontpu remarquer aussi qu'ils sont en general tres compliques. Sans doute si ces trlegraphes marclient bien , le but principal estrcmpli, mais pour celui qui voudra so rendre compte de la mnniere donl on peut appliquer I'electricite a ime fonction mecanique aussi delicate et aussi mi- nutieuse que Test celle de 1'ecriture et de l'impression d'une d^peche, ces instruments no pourront salisfaire que tres medio- crement sa curiosite, d'autant plus que I'liorlogerie y joue un 386 NOTICE SUR LE TELEGRAPHS Ires grand "role. Dans le teiegraphe que j'ai fait conslruire, j'ai voulu principalement faire un instrument do demonstration. Inutile de dire que le tout marche par l'electricite ct que tons les mouvements d'horlogerie ont ele supprimes. Qu'on s'imagine un eleclro-aimant A (fig. 1), place a porlee d'un morceau de fer doux B, lequel est mobile en S surun pivot et se trouve maintenu a une distance fixe par le ressort R et 1 'arret T ; qu'on suppose ensuite un crayon fixe en C sur le fer doux, puis au dessous de ce crayon uncylindre tournant D, re- vetu d'une baiule de papier, et Ton aura une idee du principe du teiegraphe a ecrire. En effet, admellonsquerappareil etant ainsi dispose a la station a laquelle on parle, on fermc le courant cc' , Teleclro-aimant A va devenir un aimant et va attirer le fer doux B, mais pendant ce temps le cylindre tour- ne et le trait trace par le crayon sera diagonal. Si le courant reste fermele trait se continue perpendiculairemcnt a la genera- Irice du cylindre ; mais s'il est interrompu , le ressort reagissant sur le fer B , fera tracer au crayon C un autre trait precisemenl en sens inverse du premier. En multipliant le nombre et la forme de ces especes de jambages , ce que Ton fail en interrompant plus ou moins rapidement le courant, vous arrivez a une serie de combinaisons qui peuvent representor les differentes lellres de l'alpbabet. La fig. 2 indique l'alphabel dont je me sers. Le principe de ce sysleme estcomme on le voit tres simple, mais dans l'application plnsieurs problemes sont a resoudre. II faul d'abord que le cylindre sur lequel on dispose la feuille de papier puisse tout en tournant sur lui-memeavancer, afinqu'une ligne suceede a 1'aulre sans interruption. En second lieu, il faut que le crayon ne puisse s'emousser sur le cylindre, et que son poids soit susceptible de lui faii'e laisser une empreinte lisible. Enfin, il faut pouvoir lui appliquer un eleclro-moteur , de ma- il ie re a l'oter a volonle. EGRlVAttt ET INPRIMANT. 3S7 Le premier probleme peut se resoudre eut'aisant de l'axe GH (fig. 3) du cylindre D une veritable vis sans fin, donl le pas est regie par la distance qui doit servir d'inlerligne, et en soudant a l'extremite opposee au sens du pas de vis un levier coude I. On concoit en effet , qu'en rendant le cylindre susceptible de glisser sur le pas de vis, on peut a l'aide d'un ecrou mobile K, obtenir une pression constante qui pousse le cylindre de telle facon qu'a cliaque tour de l'axe il soit avance d'un interligne. Or, si Ton a eu soin de percer en I ce cylindre, de manic-re a ce que la branclie du levier coude I puisse y enlrcr sans trop de frotlement , il en resulte forcemenl que tout en avancant, 1<; cylindre est oblige de tourner sur lui-meme. Le poids P n'est employe que pour empecher Tecrou de tour- ner, et le forcer par la a avancer. Pour resoudre le deuxieme probleme, j'ai lout simplement applique au fer doux le porle-crayon du penlograpbe, qui con- sisle, coin me on le sail , dans une pointe metallique (;moussee, sur laquelle on superpose un plus ou moins grand nombre de disques de plomb, suivant la plus ou moins grande pression qu'on vent obtenir. Une i'euille de papier noir appliquee sur la bande du cylindre, sert a reproduire tous les mouvements de la pointe. Enfin, le troisieme probleme n'est tout simplement qu'un systeme d'engrenages destine a ralentir sufllsamment le mou- vement de l'electro-moteur. Dans mon telegraphe, le rapport de la roue E de l'axe du cylindre avec le pignon qui lui donne le mouvement, est 12. II en est de meme du rapport de la roue intermodiaire F avec le pignon de l'electro-moteur, sur lequel elle s'engrenne , de telle sorte que, pour un lour du cylindre, la roue F en a fait 12 et le volant de l'electro-mo- teur 144. Tousles moyens mecaniques pour transformer le mouvement 3M NOTICE Slit LE TEl.Kl.KAl'IIF. de va et vient en mouvement circulaire continu pouvanl s'ap- pliquer dansle but de former un moteur a l'aide du fluide clec- trique , on comprend qu'on pent varier a 1'infmi les systemes des moteurselectro-magnetiques. Celui que j'ai applique au tc- legraplie precedent est represents fig. 4. Son principe est tres facile a comprendre.Un electro-aimant est dispose verticalement, les deux poles tournes bien entendu en liaut; au-dessus, se trouve une plaque de fer doux arliculee d'un cote en C et ap- puyant de l'aulre sur un levier tres court L , a l'aide d'un bras inlermediaire D. Ce petit levier L, soude sur un axe horizontal en fer EF, se trouve mis en rapport avec un autre levier M cinq fois plus grand, qui reagit par Finlermediaire d'une bielle sur la manivelle H et par suite sur le volant V ('). L'excentrique G sert a 1'inlerruption du courant, el pour comprendre son action , il faut savoir que les pieces I et J sont des conducteurs qui correspondent a chaque pole de la pile par l'entremise du fil enroule sur chaque branche de l'electro-aimant. Cela pose , prenons l'excentrique G au moment on elle commence a toucher le conducteur I , l'electro-aimant elant devenu aimant, attire le fer doux B qui presse sur le levier L, et par suite sur la manivelle H. Cette premiere impulsion ctant une fois donnee et conlinuee jusqu'a ce que l'excentrique ne touche plus au con- ducteur I , le volant , en raison de la vitesse acquise , la continue et ramenc l'excentrique apres une revolution entiere , au point (") Cette multiplication des leviers a ete necessitee par le peu d'ecart qu'on est oblige de donner au fer doux pour obtenir un effet suffisant ; en augmentant en effet la longueur des bras de levier , on diminue pro- portionnellement l'effet de la force , mais en diminuant l'ecart on aug- mente cette force non plus proportionnellement , mais comme le carre du rapport des distances. — II y a done un Ires grand avantage dans cette multiplication des leviers. KCK1VANT ET IMPRJMANT. 389 de contact avec le conducleur I qui , en retablissant lc courant, reproduit une nouvelle impulsion el ainsi de suite. Pour converlir le telegraphe a ecrire en telegraphe a impri- nter, il suffit d'enlevcr le mecanisme du cylindre tournant, ce que Ton fait en devissant la piece M N (fig. 1), que Ton remplace par une autre qui ne porte que la tige d'arrel T et le ressort R. Ainsi dispose, l'uppareil represente en quelque sorte la presse du telegraphe. En effet, suppose/, que la leltre que vous voulez imprimer se trouve, par un moyen quelconque et que nous etudieroas plus lard, placee entre le fer doux B et l'une des branches de l'eleclro-aimant A; en fermant le courant cc , l'e- leclro-aimant attirera le fer Pet celui-ci viendra donner comme un coup de inarleau sur la lettre qui, au moyen d'un papier it decalquer , laissera son empreinte sur le papier blanc place derriere. Comment faire avancer la bande de papier qui recoit l'im- pression , de la quantite necessaire pour que l'empreinte de chaque leltre faite au meme endroit ne se superpose pas? Com- ment obtenir la disposition des lignes les unesau dessous des aulres?Tels sont les problemes qui vont d'abord nous occuper. Si Ton place en G, H et I (fig. 1), 3 cylindres ou tambours verticaux disposes de maniere a ce qu'une courroie GHI passe devant les poles de l'eleclro-aimant , on concevra que le pro- bleme sera ramene ik n'agir seulement que sur l'un de ces cy- lindres. Or, pour faire avancer ce cylindre a chaque mouve- ment du fer doux B , il ne s'agit que d'adapter a celui-ci un cliquet L reagissanl sur une roue a rochet K , dont la largeur des dents correspond a 1'intervalle qu'on veul laisser entre les let Ires. Sans la disposition particuliere necessitee par I'application du mecanisme pour le placement des lettres, cette roue a rochet pourrait etre adaptee sans intormediaire au cylindre G , mais a 390 NOTICE SIR LE TELEGHAl'HE cause de l'echappemcnt considerable qu'on est oblige do laisser a ce mecanisme, on est force d'avoir recoups a un pivot S pour l'articulation du fer doux, et a un engrenage au moyen duquel l'impulsion produile sur la roue K se trouve transmise au cy- lindre G. Lc ressort 0 n'est destine qua reporter le cliquet L en avant de la dent qui precede celle qui vient de s'echapper , et le ressort Q est le frein qui empeche cette derniere de re- ton rner en arriere. Le probleme pour les interlignes pent etre resolu de la meme maniere que l'a ete celui du telegraphe a ecrire, seulement le pas de vis servant d'axe au cylindre G ne devra plus etre cal- cule pour un tour de ce cylindre, mais pour antatit de fois ce tour que la circonferencc cntiere du cylindre est contenue dans la longueur de la courroie GUI. Ainsi , si ce rapport est 5, il faudra que 1'epaisseur de 5 pas de vis corresponde a l'inter- valle qu'on veut donner ; d'un autre cote, l'ecrou mobile n'e- tant plus vertical ne pourra etre maintenu qu'a 1'aidc d'une rainure verticale dans laquelle il glissera. Ce probleme peut etre encore resolu de la maniere suivante : soit un bati en bois ABCL> (fig. 5) fixe sur la tablelle do l'instru- ment en U et Z (fig. d) au moyen de vis. Un eleclro-aimant est dispose verticalement en E et un fer doux F place a porlee et ayant un ecart d'un millimetre environ est articule a un levier qui pivote en p et qui porte a son extremite un frein G. Un autre frein I, appuye sur la traverse BC, peut maintenir une eremaillere HU dans une position fixe, et celle cremaillere elle- meme qui peut glisser a travers la piece de bois BC , porte un systeme de suspension KB KS, qui peut saisir parle dessous les trois cylindres et leur servir en meme temps de support pour pivoter. Enfin un conducleur M garni d'une lame flexible et un fil LK fixe sur la courroie , servent de commutateurs au couraut qui El 1UVA.NT ET l.Ml'KIMANT. 591 se Irouve derive du courant cc' par les flls fel f\ ear il est en- leudu que la communication est etablie entre I'eleciro-aimant E el le fil LK par la cremaillere et legodet K plein de mercure, etque la lame Mest en rapport avecl'autre branche da courant. Main tenant void ce qui arrive, quand apres un tour entier de la bande , le fil L rencontre le conducteur M : le courant se trou- vant aussitot ferine , I'electro-aimant E attire le fer F qui sou- leve, par l'intermediaire du levier p G et de la cremaillere HU, tout le sysleme des eylindres. Des que la lame flexible M nc louche plus le fil meiallique LK , le fer doux est eulraine par le poids du levier, mais le frein I empeche la cremaillere de des- cendre, de telle sorie que le sysleme entier s'est trouve eleve de la hauteur d'uue dent de la cremaillere ou d'un interligne , si Ton a denle la cremaillere en consequence. Le niecanisme au moyen duquel les lettres passeut successi- vement entre I'eleciro-aimant et le fer doux, consisietout sim- plement dans {'application d'un telegraphe a cadran a I'appareil precedent , seulement le cadran au lieu d'etre fixe est substitue a l'aiguille et tourne en son lieu et place. On concoit alors que si les 24 lettres en relief de 1'alphabet sont soudees autour de ce cadran en sens inverse de celles du cadran fixe de la station d'ou Ton parle, on peui , eu disposant I'appareil de raaniere a ce que le cadran puisse tourner librement entre I'eleciro-aimant et le fer doux , faire arriver toujours a la portee du coup de prcsse celles des lettres de l'alpliabet qu'qn vent imprimer. Je ne ferai pas ici la description du mecanisme de ces telegra- phes a cadrans qui est ties conuu, j'ajouterai seulement que la substitution du cadran mobile a l'aiguille est lellement facile qu'on peut la faire sans rien demonter , de telle sorte qu'on peut avoir dans I'appareil ainsi complele , et qui ne revienlpas a plus de 200 francs, un telegraphe lout a la fois ecrivant , im- primant el ;'i cadran. NOTE SUR LES OBSERVATIONS FAITES A CHERBOURG (MANCHE) pendant L'ECLIPSE DU 28 JUILLET 1851 LUE A LA SOCIETE NATIONALE ACADEMIQUE DE CHERBOURG (SEANCE DU 4 AOUT 1851 ) Par M. Emmanuel LIAIS KEMBRB HE PLtifilEURS SOCIETES SAVANTES COORDONNEES DU POINT D'OBSERVATION. - • j i_ 'i /#-»* ~Iki — n>i \ Ces Coordonuees ont elii de'duites Latitude DOrealft 4(J° «>8 08 -J da la distance aii clocher de reglise > de Cherbourg , dont la position est Longitude occidentale 3° 58' 5" j y'^': da,,s la Co,mai5s3"«- ,Us Afin de pouvoir suivre les diflcrentes phases de l'eclipse du 28 juillet, j'en ai determine a l'avanec les prineipales circon- stances , au moyen du calcul , pour la position que je devais ocrtiper. Voici les resultats auxquels je suis parvenu : 394 NOTE SUR L'ECLIPSE Commencement de l'eclipse a.. 4h39"',o \ ... ,,,.,. . -i,.. „ ((temps moyen de Maximum de 1 eclipse a 3''Hn,,6 > , «•• j i»- i- » ,. « » 1 Cherbourg.) Fin de l'eclipse a 4h 9,n,6 / & Premiere impression du disque lunaire a 92° de l'exlremiie superieure du vertical du soleil. Plus courte distance des centres 8'. Grandeur de l'eclipse 9,2 doigts. Muni de ces renseignemenls , j'ai pu , malgre l'etat defavo- rable de l'atmosphere , (aire un assez grand nombre d'obser- vations. Je vais successivement les signaler. 1° Heures du commencement el de la fin de l'eclipse. Pour me preparer a cette premiere observation , j'ai regie ma pendule et determine sa marche au moyen d'une scrie de distances zenithales des bords superieur el inferieur du soleil , prises le dimanche 27 et le lundi 28 juiiiei jusqu'a l'heure de l'eclipse, lorsque les images laissaient voir dislinctement cet astre. Pour observer le contact, j'ai fait usage d'une lunette astro- nomique dont I'ouverlure elait reduite a 24 millimetres par un diapbragme. Le grossissement etail de 38 diamelres. A l'inslant du premier contact, un stratus couvrait le ciel , mais son peu d'epaisseur dans la direction du soleil permettait aux rayons de eel astre de le traverser. Toulefois, la netlete de l'image du soleil elait legerement alteree. A 2h0"!40s,5, le disque lunaire a commence a s'iraprimer sur le soleil. L'instant de l'observation a done snivi de plus d'une minute le moment fixe par le calcul ; toulefois, je presume Pobservation prece- dent^ en retard de 3 a i seeondes , a cause de la faible altera- tion du bord du soleil par les nuages. 3 minutes environ avant la fin de l'eclipse, un ipais stratus bu 28 Juii.i.KT 1851. 395 in'a derobe l'image du soleil; je n'ai done pu faii'C ['observation du second contact. 2° Influence dc l'eclipse sur la temperature de l'air. Un tableau joint a ce memoire conlient mes observations sur la temperature de l'air pendant la journee du 28 juillet. En le pareourant, on verra que la temperature de l'air, qui avait ete en croissant depuis 10h du matin jusqu'a 2h 10'"apres midi, n'a cesse de baisser pendant l'eclipse jusqu'a 3h lom, instant qui suivait de 4m le maximum de l'eclipse. A partir de 3h 15'", le thermometre s'est eleve de nouveau, el a atteint un second maximum a 4h 30m, apres quoi il n'a cesse de descendre pen- dant toute la soiree. Pendant la 1"' moitie de l'eclipse, i'abaissement a ete de 2°,2 Pendant la 2' moitie de l'eclipse , I'elevation a ete de 1°,2 Moyenne i°,7 Ainsi Taction de l'eclipse a fait baisser le thermometre de 1°,7. Si le cicl n'avait pas ete presque toujours couvcrt, nul doute que cette action aurait ete plus grande. Les retards de quelques minutes des maxima et du minimum de temperature sur les instants de commencement , milieu et fin de l'eclipse , doivent etre altribues a une cause analogue a cellc qui produit les retards du maximum et du minimum de temperature de l'annee sur les instants des solstices. 3° Radiation calorifique du soldi. Je m'etais propose de faire des experiences sur la radiation calorifique do soldi arix differents instants de l'eclipse, mais 396 note sua l'eclipse l'etat de latmosphere ne me l'a pas permis. J'ai done seulement note les differences de temperature enlre un thermometre a alcool, expose sur une planche au soleil, et le thermometre a mercure a boule reconvene d'une feuille melaliique el place a l'ombre , qui me servait pour mes observations sur la tempera- ture de l'air. Ces differences sont indiquees dans le tableau ci- joint ; j'ai mis en regard une evaluation estimee de l'epaisseur relative de images traversee par les rayons solaires , determi- nee par le nombre de verres colores de meme epaisseur , qu'il faliait superposer pour voir le soleil a l'oeil nu sans fatigue, ct prenant pour unite l'epaisseur necessaire pour rendre le soleil invisible. 4° Humidite de l'air. Les observations ont ete faites avec un psych rqm&re. L'hu- midite a ete deduite de son abaissement, a l'aid^ de la formule de M. Regnauld, modifiee par M. Haeghens (Annuatre melcoro- logique de la France. — 1849). Avant l'eclipse.rhumidite diminuait d'une maniere continue. Cette diminution s'est arretee a 2h 10m, pour se changer en ac- croissement jusqu'a 5h 58m. line nouvelle diminution s'est pro- duile jusqu'a 4h 40m, suivie d'une seconde augmentation, en avancant dans la soiree. Pendant la lremoitie de l'eclipse , raccroissement a ete 0,10 Pendant la 2e moilie de l'eclipse, la diminution a ete 0,04 Moyenne 0,07 Cette moyenne est la mesure de l'effet de l'eclipse sur l'hu- niiditd de lair. Le retard du maximum d'humidite sur le maximum de le- DU 28 .11 ILLET 1851. ■'■'>-, clipse a etc plus grand que le retard du minimum de la tempe- rature. Cela tienl sans doute, ainsi que nous allons le voir dans le paragraphs suivant, a unc condensation rapide de vapeurs, accumulees par un accroissement d'intensile du ventau moment du maximum de l'eclipse. Aussitot que la temperature s'est ele- vee de nouveau apres ce maximum, les vesicules aqueuses se dissolvant rapidement ont encore acrru l'humiditc pendant le premier moment d'accroissement de temperature. 5° Tension absolue de la vapcur d'cau. Si au lieu de considerer le degre d'humidite de l'air aux di- vers instants de l'eclipse, nous considerons la tension de la vapeur d'eau , nous voyons que cetie tension diminuait assez regulierement avant l'eclipse, comme l'humiditc. Pendant l'e- clipse, nous la voyons augmenter et atteindre son maximum a pen pres au meme instant que l'humidite. Cet accroissement est de 1 millimetre; mais il ne se fait pas regulierement, car a partir de 2h 40"\ il y a une diminution qui s'eleve a 0mm,50 et dont le maximum a lieu vers le maximum de l'eclipse. A partir de cet instant, la tension augmentc regulierement jusqu'au maximum d'humidite. Au-dela de ce maximum , elle diminue comme i'humidilc jusqu'a 4h 30m, et augmente de nouveau re- gulierement dans la soiree. Dans le tableau joint a cettenote, j'ai inscrit en regard de la tension de la vapeur d'eau , le poids de vapcur contenu dans un metre cube d'air, deduit de eelte tension. Les variations en sont les memes que celle de la tension , et la diminution subite vers le maximum de l'eclipse, indique qu'il y a eu alors une condensation de vapeurs. Cost ce que contirment mes observa- tions sur les nuages , ainsi qh'bn va le voir. 398 NOTE SUB 1. ECLIPSE 6° Effet de I'tclipse sur les images. Le matin vers 7h, les nuages appartenaicnt a deuxctages, le superieur se composait de quelques cirrus et cirro-stralus , 1'inferieur de quelques cumulus. L'ensemble des images cou- vrail a peu pres deux dixicmes du ciel. Vers 9h du matin , on voyait encore les memes images, mais il s'etait forme uue couche intermediate de cirro-cumulus qui couvrait la presque tolalite du ciel. L'aspect du ciel est teste le meme loute la ma- tinee , sauf que les images cpaississaient. Vers midi on distin- guait des cirro-cumulus et des cumulo-slratus qui leur elaient inferieurs; l'aspect du cie! devcnait de plus en plus uniforme; mais apres lh les nuages dimimiaient d'epaisseur. A parti r du commencement de l'cclipse, leur aspect s'est de plus en plus rapproclie de ce'.ui d'un stratus uniforme qui augmentait d'e- paisseur. Vers 2'1 40m, il permetlait de regarder le solci! a l'oeil nu; vers 2h 50'", son epaisseur s'est accrue de nouveau tros rapidemenl, et n'a plus permis de distinguer le soleil. Le ciel est reste dans cet etat jusqu'a 5h 10m environ , puis l'epaisseur des images a diminue, le ridcau de stratus s'est dechire sur plusieurs points vers 5'1 20m et a permis de distinguer les cirro- cumulus qui lui etaicnt superieurs. A partir de eel instant, les images ont diminue de nombre et d'epaisseur jusqu'a 6h du soir ou les deux dixiemes du ciel etaient decouverts; puis ils out augmente de nouveau. A 8h, ils avaient repris l'aspect d'un stratus uniforme , et vers 9h du soir , il a plu pendant quelques minutes. L'eclipse a done determine un accroissemenl de l'epaisseur du stratus, qui anterieurement tendait a se dissoudre. nu 2S jcillet 1851. 399 7° Influence de V eclipse sur Ic vent. Vers 91' du matin, la vitesse du vent etait de lm par seconde, quelques bourrasques atteignaient la vitesse dc 2m. La direction du vent etait S pour la girouelte corame pour les nuages. Jus- qu'a llhdu matin , il n'y a eu aucun changement , mais vers 1 11' le vent a augmenle; vers midi, sa vitesse etait de 2m, avec des bourrasques de 3 a 4m,50; il n'y avait rien de change dans la direction. Vers lb 45m, le vent a un peu diminue. Mais a par- tir de 2h 30ni, le vent a augmenle. Vers 3h 5m, sa vitesse a dimi- nue de nouveau, mais le mouvement ties nuages semblait lou- jours aussi rapide. Toutefois, vers 5h 30m, quand j'ai pense a les regander de nouveau , leur mouvement semblait ralenli et la direction du vent qui les entrainait etait S 0. Le vent etait alors 'res faible a la surface du sol. Vers 4h 50m, le vent etait insensible. II est reste prcsque nul loute la soiree jusqu'a 7h, puis il a augmenle de nouveau; le soir vers 9h, son in tensile etait la meme qu'a midi. La variation dans la direction du mouvement des nuages in- dique done qu'il s'est produil ce qu'ou appelle le vent dc l'e- clipse, dont la direction s'est composee avec celle du vent regnant. Quant aux variations d'intensile, nous voyons que, dans la journee du 28 juillet, le vent a augmenle et diminue, en ge- neral, avec 1'epaisseur des nuages; ec qui semble indiquer un vent d 'aspiration determine par la condensation de la vapeur. Dans le moment du maximum de l' eclipse, ce vent a augmente, sans doule a cause de la condensation de la vapeur d'eau. L'a- baissemenl de 1'atmosphere dans le nord, par suite du froid de leclipse , a du aussi eontribuei a cet accroissement. de vitesse 400 NOTE SUH L'ECMPSB pour les images, el c'est suns doute pour cela que ieur vitesse ne s'esl ralenlie qu'aprcs celle du vent a la surface du sol. 8" Marche du barometre. Toute modification dans l'etat de l'atmosphere influant sur sa pression , il n'est done pas etoimant que nous trouvions dans la marche du barometre des variations correspondanles a celles que nous venons de signaler pour la temperature, 1c vent, 1'hu- midite et les images. Ainsi, de 9 a llh du matin, le barometre a un pen monte. De dlh du matin a midi , quand le vent a augmente, il a baisse de 0mm,62. II est reste ensuite a la meme hauteur, n'eprouvant que l'influence de la variation diurne jusqu'a lh 45'". De lh iom a 2h 10m, il a monte en meme temps que 1'intensite du vent di- minuait. De2h 30'" a2h 50™, lorsque, sous rinfluence de l'eclipse, la vapeur se condensait et le vent auginentait , le barometre a baisse de 0m,n,88. II a monte de nouveau avec la chute du vent, de 0mm,55 a 3h Sm, ou il marquait 756mm,92. II est reste sensi- blement a cette hauteur pendant la fin de l'eclipse. Apres la fin de l'eclipse, il a baisse de nouveau ; mate a partir de 6h du soir, il a commence a montcr sous rinfluence de la variation diurne. 9° Nettete des comes de I' eclipse ; ■passage sur les faculcs. Toutes les fois que j'ai pu voir le soleil non couvcrt par les nuages, lorsqu'il se montrait dans les intervalles des cirro- cumulus , j'ai remarque que les cornes elaient tres netles , par- faitement effilees et n'avaient eprouve aucune deformation. Dans la seconde periode de l'eclipse, j'ai remarque le bord de la lune nil 28 jui.i.kr 1851. 4W en contact avec une facule qui nVprouvaitaucuuc variation dans son intensite. Le contour do ia lune sur le soleH etait irregulier, je distin- guais Ires nettemenl le prolil des montagnes lunaires. 10° Trou d'Ulloa , vallcc dc Valz. Toiites les fois que j'ai vu le soleil , j'ai pense a rccliercher s'il n'existerait point des points lumineux sur Ia lune, je n'ai jamais pu en apercevoir. {{" Visibilite dc la lune au deld du soleil. A 3h 15m, lorsque le soleil s'est montre dans les intervalles des images, j'ai vu distinctement dans ma lunette, audelades deux cornes du soleil, le prolongement de Tare obscur de la limese projetanl sur le ciel.A2 on 3 minutes du soleil dechaque coteje cessais de 1'apercevoir. Deux de mes amis quietaient avec moi , ont aussi apercu tres distinctement le prolongement de l'arc lunaire. Plus tard, il m'a ete impossible de 1'apercevoir. Ce- pendant 12 minutes environ avant Ia fin de l'eclipse, j'ai vu de nouveau un instant, sur une largeur de 3 a 4 minutes, le pro- longement de l'arc lunaire se detaehant en noir sur le ciel , au dela de la come occidentale du soleil settlement. Le soleil se montrait alors nettement dans les intervalles des cirro-cumulus. Comme je m'y attendais , je n'ai pn dislinguer aucune des taclies lunaires. 12° lutrnstic dc la lumiere atmosphcriquc. Si le ciel avait ete clair , j'aurais fait des experiences photo- 402 NOTE SUR I. ECI.II'SF. melriquessurcetteintensile, mais, dans 1'etat de 1'atmosphere , j'ai dii y renoncer. J'ai seulemerit remarque que fecial du jour etait celui que Ton a par an ciel semblablement couvcrt vers le coucber du soleil ; mais 1'aclion de la lumiere Stir ies pinnies nous en donnera une mesure plus exacte. En effet, vers le maximum de f eclipse, les feuilles de l'aeacia lophanta etaient demi-fermees. Or, par une temperature presque semblable et un etat tie f atmosphere egalement semblable , elles etaient fer- mees de la merae maniere vers 7h J5m du soir. Done l'eclat du jour etait le meme a l'iusiant du maximum de 1'eclipse et a 7" 15m du soir, et, par un ciel clair, on aurait trouve le meme resultat. 15° Couleur du ciel et de la mer. Le ciel etait couvcrlde images d'unecouleur grise uniforme, ces nuages communiqunient leur couleur a la mer. Je n'ai vu ni dans la parlie zenithale du ciel , ni pres de I'borizoii , aucun changement de coloration. 14" Alteration de la couleur des objels. Beaucoup de personnes ont remarque vers le maximum de 1'eclipse, lorsque les nuages ont commence a diminuer d'epais- seur, l'alteration de la couleur de la figure qui devenait bronzee; j'ai fail moi-meme celte observation. Mais le fait le plus remar- quable est l'alteration de la couleur rouge vif. Dansmonjardin , la verveine rouge vif, que les jardiniers designent sous le nom tie Defiance, etait devenue brun violace. Les dahlias, ceillets, fuchsias, mauves, mufliers, etc., de couleur rouge ou rose , etaient tous devenus d'une couleur plus ou moins brune et m 28 IUILLET l&Si. 403 violacee; ils claient tous alors frappes par un soleil sous nuages. Le Wane , ni aucune couleur autre que le rouge el le rose n'e- taient alines. Les fleurs rouges ainsi fnodffiees etaient eixpos^es an midi le long d'nn mur grisatre. Aucuu eflel de conlrasle u'a pu se pro- duire de raeme que sur les figures. \y Ceuleur du soldi. Pendant la premiere periode de l'eclipse , on a pu voir long- lemps le soleil a l'oeil nu sous les nuages, sa teinte ne paraissail nullemenl alteree. Pendant la deuxieme moitie de l'eclipse , j'ai fait projeter par ma lunette sur un ecran une image du soleil , sa teinte ne m'a paru nullcment cbangee. IG'1 Influence de l'eclipse tur les (iniwaux. Je n'ai pu faire personnellement aucune observation de cette nature, mais plusieurs personnes m'ont dit que dans la campa- gne elles out vu les oiseaux se refugier dans les arbres on ils ont Thabitude de se relirer le soir , et y faire le bruit qui leur est alors ordinaire. 01 NOTE SUft L'ECUPSE D-U 28 JUILLE T 1851. OBSERVATIONS THERMOMETR1QUES , BAROMETR1QUES & PSYCHROMETRIQUES pendant l'eclipse du 28 juillet. HEURES d'obseryation. w cs 3 • < cz •w ta E*.Ss 9 ~ea — T3 o cu l> E- — CO S DE LA VAPEUR CONTENUE lm cube d'air. BAROMETRE a zero. -co _« ^ ,-, .' h 3 £ s « a £^ ag* -o ■" c ' o 4) W > 9 n ,~ g-1 C/] e= a 3 p a. £ - •w-S j fr- T3 POIDi dans mm HI a 0 c to 0 nun g'' Minim, delanuit 16,0 $ » » » » » » » ) > 9h du mat. 20,8 0,602 11,37 11,29 757,88 J » 10 20,2 0,605 11,55 11,49 57,87 » > 11 20,8 0,607 11,09 11,01 57,91 » > 12 15m 22,0 0,563 11,27 11,15 57,29 » 1 1 25msoir. 22,2 0,560 11,16 11,03 57,27 1 > 1 45 22,5 0,546 11,08 10,94 57,19 » » 1 49 > i> » p » » > D T> » 5,4 0,5 2 10 23,0 0,541 11,29 11,12 57,33 > » 2 20 22,1 0,567 11,22 11,09 57,27 1,5 0,7 2 30 22,0 0,573 11,27 11,15 57,27 0,7 0,8 2 40 21,5 0,598 11,41 11,30 56,90 0,2 0,9 2 50 21,0 0,601 11,11 11,03 56,39 0,2 0,9 3 5 20,9 0,608 11,17 11,09 56,92 0,0 1,0 3 15 20,8 0,628 11,37 11,29 56,91 » > 3 29 20,9 0,638 11,74 11,65 56,74 1,7 0,6 3 38 21,1 0,640 11,91 11,81 56,94 1,6 0,7 3 50 21,6 0,628 12,06 11,94 56,84 1,4 0,8 4 10 21,9 0,608 11,89 11,76 56,91 1,5 0,8 4 30 22,0 0,595 11,70 11,57 56,69 2,6 0,7 4 45 22,0 0,617 12,13 12,00 56,69 3,3 0,5 5 20 21,1 0,660 12,19 12,10 56,57 1 > 6 5 20,1 0,712 12,46 12,40 56,21 » » 9 0 19,2 » j » » » > 56,45 » » 10 10 19,0 0,722 11,80 11,79 56,47 » i ADDITION AU MEMOIRE INTITULE : Theorie mathematique des Oscillations du Barometre et Recherche de la loi de la variation moijenne de la temperature avec la latitude, Par M. Emmanuel LIAIS, MEMIIIIE DE TLUSIELRS SOC1ETES SAVANTES. Dans la Theorie des Oscillations regulieres du Barometre, j'ai dit que Pecoulement de l'air des regions echauflees vers les re- gions refroidiesa la limitederatmosphere, n'influaitque secon- dairement sur ces oscillations et nc pouvait donncr lieu qu'a un scul maximum et unseul minimum de pression par jour. Je vais dmiontrer ce fait, maissuivant (pie Ton admct on non l'existence de contre-courants a la surface du sol , la demonstration assi- 406 ADDITION AU MEMO! RE gnera des heures differentes pour ce maximum et ce minimum depression. Nous rechercherons done ensuites'il existe ainsi a la surfacedu so! des courantsopposes a ceux des regions superieures. Negligeons d'abord ces contre-couranls , et considerons entre les points qui ont actuellemenl le minimum et le maximum de temperature, trois points consecutifs. Celui qui est le plus rap- proche du maximum de temperature , perd ime certaine quan- tite d'air qui s'ecoule au dessus du point qui le suit, el cette quantite est proportionuelle a la difference de hauteur des at- mospheres de ces deux points , et , par consequent , propor- tionnellea la difference de leurs temperatures. En meme temps, ce second point perd une certaine quantite d'air qui s'eeou'e au dessus du troisieme , et cette quantite est egalement pro- portionnelle a la difference de temperature de ces deux points. L'accroissement de pressiou , qui est egal a la difference de poids des quantites d'air recues et perdues, est, par conse- quent proportionnel aux secondes differences de la tempera- lure. Par suite , l'accroissement de pression que l'atmosphere d'un point a eprouve depuis le minimum de temperature, est proportionnel a la somme des secondes differences depuis ce minimum. Si.au contraire, nous supposons des conlre-cou- rants qui lendent sans cesse a retablir I'equilibre de pression a la surface du sol, l'accroissement de pression en un point ne sera plus propoi-tionnel a la somme des secondes differences de la temperature depuis le minimum de la uuit , mais seule- ment proportionnel a cette seconde difference au point considere et il serait nul sans les frottements et les resistances de l'air qui empeclient I'equilibre de pression de se retablir instanta- nement. Cela pose, remarquons que le matin, d'apres la forme de lacour- be des temperatures entre le minimum et le maximum, forme qui a beaucoup de ressemblance avee une sinusoide , les differences SUIl LES OSCILLATIONS DU BAROMKTIti:. 407 de temperature de deux points consecutifs, d'ubord tres faibles vers lc minimum, vont en croissant jusqu'au point de moyenne temperature, pour decroitre ensuite jusqu'au point du maxi- mum. Les secondes differences vont alors en decroissant d'une maniere continue depuis le minimum de temperature jusqu'au maximum , et elles changent dc signe au point de moyenne temperature. La somme des secondes differences va done en croissant depuis le minimum de temperature jusqu'au point de temperature moyenne, pour decroitre ensuite de ce point jus- qu'a celui du maximum. Le soir, apres le maximum de tem- perature , les secondes differences vont en croissant d'une maniere continue jusqu'au point du minimum, mais elles ne reviennent a leur premier signe qu'au point de moyenne tem- perature. Leur somme continue done de decroitre apres le maximum de temperature jusqu'au point de moyenne tem- perature du soir , pour croilre de nouveau jusqu'au point du minimum. Get accroissement se continue , comme nous l'avons deja vu, jusqu'au point de moyenne temperature du matin. Ainsi, soit que Ton admelte ou non l'existence de conlre- couranis , la cause que nous consider qns, ne produira qu'un seul maximum el un seul minimum de pression par jour ; mais dans le premier cas, ils seraient beaucoup plus faibles que dans le second , et le maximum de pression aurait lieu vers le minimum de temperature , et le minimum vers le maximum de temperature ; dans le second cas , le maximum de pression serait vers le point de moyenne temperature du matin , et le minimum , vers celui de moyenne temperature du soir. Sur les cotes, le sol s'eehauffe plus sous Taction du soleil el se refroidit plus sous celle du rayonnement nocturne , que la surface de la mer, et cette difference se communiquant a 408 ADDITION AO MEM01KE , ETC. l'air , 1'atmosphere se dilate plus sur la terre que sur la Brier pendant le jour , et se comrade plus pendant la nuit. Dans les regions superieures de 1'atmosphere, l'air s'ccoule done le jour du cole de la mer , et la nuit , du cote de la terre. S'i.l n'y avait pas de contre-courants a la surface du sol, la periode diurne du barometre serail done plus grande sur les cotes que dans l'interieur des continents; mais les contre-courants qui donnent lieu aux brises de terre et de mer , annulent tellement cet effet, que l'inverse a lieu par suite d'une plus grande formation de vapeurs. Ce phenomene prouve done que raccroissement de pression qui resulte a la surface du sol de l'ecoulemenl de l'air a la limite atmospherique des regions dilatees vers les regions contractees, produit immediatement a cette surface un courant inverse, qui annule presque completement le premier effet. Done cet ecoulement donnerait lieu chaque jour a un seul maximum et un seul minimum tres faibles de pression atmo- spherique, s'il n'existait pas d'aulre causes agissant sur cette pression , et le maximum serait a 1'instant du minimum de temperature et le minimum , a celui du maximum de ehaieur. Telle est la demonstration du fait que j'ai avance en parlant des oscillations regulieres du barometre. Sur les cotes , les brises de terre et de mer sont sensibles parce qu'elles proviennenl de grandes differences de tempera- ture entre des points voisins. Les contre-courants qui se pro- duisent chaque jour dans le sens des paralleles a la surface du sol sous Taction solaire sont, au contraire, insensibles, parce qu'ils proviennent de differences de temperatures insensibles entre des points voisins , car il faut parcourir un grand espace le long des paralleles pour Irouver des differences appreciates de temperature. NOTE SUR L'ffiDIPODE VOYAGEUSE 0« SAUTERELLE DE PASSAGE TROUVEE A CHERBOURG Par If. Auc*« LE JOLIS. L'apparition dans notre pays tie YOEdipode voyageuse est uu fait ires intoressant qui doit etre enregisire avec soin. On ne rencontre , en effet , qu'accidentellemenl dans le Nord , des individus isoles de cet insecte que ses moeurs de- vaslairices out fail reniarquer desl'antiquile la plus reculee, et que l'on designe communement sous les noms de Sauterelle d'Egyple ouS. de passage, Criquei voyaycur ou C. noniade. Quoi- que sous cetiememe denomination aient cleconiondusplusicurs Orthopteres voyageurs appurtenant a deos families dislincies lies Locuslaites et les Acrydites), l'especequicst l'objet de cctte note, parait elre la plus commune <■! le mieux oonnue; r'est 410 NOTE la seule qui ait ele decrite par Linne , sous le nom de Gryllus migratorius. Originaire de la Tartarie, de la Chine,eldes autres contrccs de l'Orient , cet insecte se rassemble en troupes in- nombrables formant des uuees epaisses dont le eiel est souvent obseurei, entreprend d'iminenses migrations, traverse les niers el se repand dans toule l'Afrique et dans l'Europe meridionale, devorant tout ce qui se trouve sur son passage. II penetre aussi dans le Nord , mais rarement el toujours en petit nombre. On l'a vu quelquefois aux environs de Paris ct en Angleterre; une annee, il passa au dessus de la rnerBaltique et parvinl jusc]u'en Suede. On l'a rencontre encore a diverses reprises dans plu- sieurs loealites de la Belgique , notamment pendant Tote de 1849, suivant une note communiquee par M. Edm. de Sclys- Longchamps a l'Aeademie des Sciences de Rruxelles , dans la seance du 15 decembre 1849. Tant d'auteurs ont ecrit sur les mccurs de ces inseeles, leur multiplication effrayante, les ravages qu'ils exercenl dans les contrees qu'ils euvahissent , les moyens lenles pour les de- truire, et enfm 1'emnloi que certains peuples en font comme aliment, qu'il est inutile d'en parler ici ; mais une description detaillee faite avec soin sur le vivaut est toujours precieuse pour la science, et peut d'ailleurs presenter un inlerel lout par- ticulicr lorsque le sujet a etc observe loin des regions qu'il habile ordinairemenl : je vais done donncr ici le signalemenl de l'individu unique que j'ai recueilli a Cherbourg. — « Corps giabre, un pen rugueux, d'un vert brunalre. Tele forte, d'un vert olivalre , plus sombre sur le sommet; carenes faciales d'un noir bleualre, se prolongeanl en arc au dessus des yeux et formant sur le front un disque traverse par une ligne longitudinale elevce. Yeux brun rouge. Eabre, antennes, et cavite logeant les antennes, d'un jaune rougealre. Mandi- bules bleues a la base, noires a rextremite. (Le trait noir qui SUA l!. 132. — Philippi , Orthopt. Berol. p. 27, n° 1. 412 NOTE SUR LCED1PODE VOYAGEUSE. Aerydium migraturium, De Geer , Mem. Ins. T. Ill, p. U56, tab. 25, f. 1. — Oliv. Encycl. Meth. T. VI , p. 220 , n° 24. — Brulle, Hist. nat. Ins. T. IX, p. 228, n» 3. . Societe agricole , scientifique et littcraire des Pyrenees Orientalcs. Per- pignan, 1848. Momoire sur la floraison , a Cherbourg , d'une espece peu connue de Lin de la Nouvelle-Zelande , par M. Le Jolis. 1848. De l'Accident survenu nu port de Cherbourg , lors de la mise a l'eau d'un bateau-porte , le 25 octobre 1847 , par M . le docteur Roux, second chirurgien en chef de la marine. Bulletin de la Societe d'Horticullure de Cherbourg. Association pour les progrcs de l'Agriculture a Cherbourg. 1835. Tongres et ses monuments, par M. Perreau. 1 vol. 1849. Recherches historiques sur la Seigneurie de Saint-Pierre pres Macslricht , par le meme. — Anvers, 1849. Manuel dTconographie chretienne , grecque et latino, par M. Didron. Paris, 1845. 1 vol. in-8°. Iconographie chretienne , par le meme. Paris, 1845. 1 vol. in-4°. Instruction et Amelioration du peuple , par M. Travers. — Caen , 1849. Rroch. Memoires de la Societe d'agriculture , sciences , arts et belles-lettres de l'Aube. Troyes, 1847 , 1848. 2 vol. Recueil d'actes des 12e et 15e siecles, en langue romane-wallonne du nord de la France, par M. Talliar. Douai. 1849. Notice sur les anciens diplomes relatifs a Maestricht , parM.A. Schaep- kens. Gand, 1848. Notice sur M. Le Chanteur, commissaire principal de la marine, suivie d'actes inedits sur les sieges de Flessingue et d'Anvers en 1809 et 1814, Par M. Edouard Thierry. Cherbourg, 1849. Bulletins de la Societe libre d'Emulation de Rouen. 1848 et 1849. 2 vol. in-8°. Annales de la Societe d'agriculture , sciences , arts et belles-lettres d'lndre- el-Loire. Tours , 1849. Annales de la Societe Royale des beaux-arts et de litterature de Gand. 1844-1849. 3 vol. in-8°. Memoires de la Societe d'histoire et d'archeologie de Chalons-sur-Saone. Annces 1844-1849. 2 vol. in-8°. DES ul'Yfur.ES OFFERTS. ill Album des memoires qui precedent , contenant dix-sept planches , format grand -aiglc. Annates de la Sociele d'archeologic de Namur, Namur, 2 vol. in-8°. Memoires de la Sociele des sciences et des lettres de Blois. 3 vol. in-8°. Lanfranc, biographie , par M. Charma. 1850. Le Christ et l'Evangile , hiBtoire critique des systemes rationalistes con- teniporains , par M. l'abbe Chassay. 3 vol. in-12.Bayeux, 1850. Genealogie de la noble famine Elzevir , par M. de Beume. Bruxelles , 1850. Bibliographic historique de la sfatistiquc en Allemagne , par M. Heus- chling. Bruxelles, in-8°, 1845- L'Uraniade, ou Esope juge a la cour d'Uranie , par M. Bremond. Avi- gnon , 1 8 'i i . Les Algeriennes, Poesies. 1837. Paris. Saint-Lo , poeme latin de Guillaume Ybert , Iraduit par M. Pillet, 1836. Eloge du contre-amiralDumont-d'Urville, par M. Boberge. Caen, 1843. Sur la tradition qui attribue la fondation de Caen a Kains , senechal du roi Arthur. Caen, 1843 (par M. G. Mancel). Notes hisloriques sur les etablissements universitaires de Caen , par M. Tabb6 Daniel. Caen, 1842. Etudes sur Aristophane, par M. Bertrand. Caen , 1840. Du projet de loi sur 1'instruction secondaire , par M. l'abbe Daniel. Caen, 1844. Notice sur la bibliothequc de Caen , par M. Mancel. Caen, 1840. Notice historique sur ie musee de tableaux de la ville de Caen , par le meme. Caen, 1841. Eloge d'Alexandre Choron, par M. Gautier. Caen, 1845. Essai sur la philosophic orientate , par M. Charma. Paris, 1842. 1 vol. in-8°. Sur la libertc de renseignement , par le meme. Paris, 1840. Le Mercredifdes cendres, poesies, par M. Ch. Mate. Paris, 1842. Le_Mont Saint-Michel , par M. Castel. Bayeux , 18 i i. Notice surlecomte Marchettide Bologne, parM. Ballin. Rouen, 1N17. Rapport lu dans la seance de rentree des Facultes de l'acad. de Caen , par M. Bertrand. Caen, 1818 418 LISTE Eloge historique de Francois Bergoing, par M. Lesdos. Cherbourg, 1847. Charles Poree, Etudes bibliographiques, parM. G. Mancel. Caen, !845. Etude sur Mangon-Delalande, par M. Le Hericher. Avranches, 1848. Sainlete du Serment , par M. de Grandpont , sous-commissaire de marine. Cherbourg, 1846. Salomon de Cans, par M. J. Travers. Caen, 1847. Polemique sur la Traduction, entre MM. Maiilet-Lacoste et Charma. Caen, 1843. • Quelques mots a la mcmoire de Louis II , grand-due de Hesse, par M. le vte de Kerckhove. Anvers , 1848. Annales de l'Academie d'Archcologie do Belgique. Anvers, 1848. 1 vol. Notice hislorique sur le College de Coutances , par M. 1'abbe Daniel. Caen , 1848. Poesies de J.-B-D. Vautier. Bruxelles, 1847. Memoires de la Society d'agricullure, sciences, arts et letlres dela Manche. St-Lo, 1851. Histoire de la conquete de l'Algerie, par M. de Monlrond. 2 vol. in-8°. Notice sur les rosieres de Bricquebec (en flamand), par M. de Busscher. Gand, 1851. Memoires de la Societe des sciences morales de Seine-et-Oise. Ver- sailles, 1847-1849. 2 vol. Memoires de l'Academie des sciences de Toulouse , 1845, 46, 47, 48 et 49. 5 vol. Memoires de la Societe des antiquaires de Normandie, 1842-49. 5 vol. in-4°. Proces-verbal de la seance publique de la Societe libre d'emulation de Liege. 1842. 1 vol. in-12. L'avouerie de Maestricht, par M. Perreau. Bechcrches sur les seigneuries de Vogelsanck et de Zolder , et sur leurs monnaies, par le meme. Memoires de l'Academie des sciences, arts et belles-lettres de Caen. 8 vol. in-S°. Recherches historiques sur l'administration de la marine franeaise, de 1629 a 1815, par M. Moret. Paris, 1849. Annales de la Societe archeologique de Namur, 1849. 1 vol. DES OUVRAGES OFFERTS. 419 Ouelques idees sur les moyons de remedier a la mendicite, parM. H. de Tocqueville. 1848. Propositions sur l'anatomie et la physiologic , par M. Blache. Paris , 1830. Observations sur la juridiction des Iribunaux maritimes, par M. Menant, 1849. Description d?s sculptures solaires de l'eglise de Cherbourg , par le meme. 1850. Bulletin de la seance publique de la Societe d'archeologie , literature , sciences et arts d'Avranches. 1849. Becherches historiques sur les Elzevir , par M. de Beume. Bruxelles, 1847. Dissertation pbilologico-historique sur la langue des Gaulois , par M. Marlin. Tournai, 1850. Annates de l'academie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont- Ferrand. 1850, 1 vol. Bulletin de la Societe d'agricultnre , industrio , sciences et arts de la Lozere. Blende, 1850. 1 vol. Des enfants trouves commc moyen de colonisation de l'Algerie , par M Edouard de Tocqueville. 1850. Carle geologique de ia Manclie, par M. de Caumont. 1827. Vucs pittoresques d'Athenes et de ses monuments, atlas par M. Theodose du Moncel. 1845, format grand-aigle. Planches sur l'exploitotion rurale de Martinvast, par le meme. Catalogue des plantes des environs de Marseille, par M. Castagne. Aix , 1845. Notice sur la cheminee de l'ancienne abbaye de Cherbourg (XVI^siecle), par M. Le Sens. De la liberie de 1'enseignemcnt par M. Cliarma. 1 vol. Caen. Essai sur la philosophic de la Perse, par le meme. Catalogue des oiseaux de la Norraandie, parM. Chcsnon. Bayeux, 1841. Critique des principes de l'ecole societaire de I'ourrier, par M. Bellin. Lyon 1841. Exposition des idees de Platon el d'Aristotc sur l'origine du langage, par lc meme. Strasbourg, \H'i"2. 420 LISTE Exposition des principes de rhetorique contenus dans le Gorgias de Pla- ton, par M. Bellin. Lyon, 1841. Recueil de la Societe libre d'agrieujture, sciences et arts du departement de lTHure. Evreux, 1856. Modifications apportees au daguerreotype, par M. de Brebisson. Falaise, 1841. Compte-rendu des travaux de la Societe d'agricullure de Rochefort- 1836. Publications de la Societe d'agricullure, sciences et arts de Meaux. 1834- 1835. Annales de la Societe d'agriculture , sciences et arts du departement d'Indre-et-Loire. 1841. Bulletin de la Societe industrielle de l'arrondissement de Saint-Etienne. 1841. Rapport sur les fouilles execulees dans les jardins de l'hospice deVienne, par Delorme. Vienne, 1842. Rapport sur le traite de pcinture de M. Montabert. Paris, 1841 . Bulletin du comile historique des artset monuments. Paris, 1840-41. Traite pratique des moyens de sauvetage , par M. Godde de Liancourt. Paris, 1841. Des progres de 1'imprimerie en France et en Italie, par M. Crapelet. Paris, 1836. Le guide du voyageur a Cherbourg, par M. de Berruyer. Cherbourg, 1833, 1 vol. in-12. Trois existences ou la maison centrale, par M. Peigne. Paris, 1857. Annuaires du departement de la Manche. St-Lo, 4 vol . Marcel, poeme, par M. Le Flaguais. Paris, 1843. L'homme heureux , poeme traduit du portugais , par l'abbe J*. Caen , 1820. 2 vol. in-12. Meditations religieuses et sociales par M. A. Lesdos. Bordeaux, 1845, 1 vol. in- 18. Etrennes coutancaises , par M. Pitton-Desprez , annees 1832, 1833. 2 vol. in-24. Dictionnaire francais el celto-brelon , par M. Troude. Brest, 1843, 1 vol. in-8°. DES OUVRAGES OKl'ERTS. 121 De la democraiie en Amerique, par M. A. de Tocqueville. Paris , 1835, -2 vol. in-8". (lours d'anliquites monumentales , par M. de Caumont. Paris, 1850, 1 vol. in-8°. Torrents dans la vallee, poesies par M. Hordes. Paris, 1847, 1 vol. in-4°. Memoircs de Facademie royale du Card, 1840-1841. Nismes, 1 vol. in-8°. Annuaire des cinq departements de l'ancienne Normandie. Caen, 1837. Revue anglo-francaisr, par de La Fontenellc de Yaudore. Poitiers, 1853, r. vol. in-8°. Precis des Iravaux de Facademie royale des sciences , belles-lettres et ails de Houcn. 6 vol. in-8°. Congrcs scientifique de France. Melz, 1858, 1 vol. in-8°. Les femmes d'Horaere, par M. Menact. Paris, 1847. Zoroaslre, essai sur la philosophie reiigieuse de la Perse, par le meme. Paris, 1844, 1 vol. in-8°. Lecons de logique, par M. Cliarma. Paris, 1840, 1 vol. in-8°. (Fdipe a Colonne, tragedie de Sophocle, trad, en vers par Ed, Deluclia- pclle. Paris, 1846. Congres scientilique de France. Caen, 1833, 1 vol. in-8°. Memoircs de la Societe archcologique d'Avranches. Avranches , 1842 , 2 vol. in-N". Voyage agronomique dans le centre ct Test de la France, par M. Castel. Bayeux, 1851. Seances generates tenues en 1815. par la Societe francaise pour la con- servation des monuments liisioriques. Caen, IS 15. Memoires de la Societe royale d'agricullure et de commerce de Caen. 1837. Du systemc penitenliairc aux Etats-Unis, par MM. de Beaumont el Alexis de Tocqueville. Paris, 1833. Souvenirs de Saint-Emilion, par M. Alex. Lesdos. Cherbourg, 184G. Recueil de souvenirs de cours de mnemoleclinie, par M. Caslilho. Sanil- Malo, 1831. Ilisloire civile et rcligieuse de la Colombe , jar M. Felix Bogaerts. An- vrrs, IN 17, I vol. in- 12. Memoires <\^ I'Academie royale de Melz. 6 vol. in-Sn. 422 i.iste Discours sur la presidence de la republique francaise, par M. Alex. Les- dos. Cherbourg, 1848. Des romans de Charlemagne , consideres comme documents historiques du moyen-Sge, par M. de Pontaumont. Cherbourg, 1844. Precis historique de la Sociele royale des beaux-arts et de litterature de Gand, par M. de Busscher. Gand, 1845. Seances et travaux de Pacademie de Reims, 1845-46. 2 vol. Memoires sur la langue celtique, par Bullet. Besancon, 1754, 2 vol. in-f°. Dictionnaire chinois-francais et latin , par de Guignes. Paris , imprimerie imperiale, 1815, 1 vol. in-K Resume analylique des travaux de la Societe havraise d'etudes di verses. 1842. Poesies, par V.-E. Pillet. Falaise, 1836, broch. Le Mont Saint-Michel, par Houel. 1835. Essai historique sur ['invention des armes. Cherbourg, 1832. Transactions of the Literary and historical Society oiF Quebec. 1857. Rapport sur les antiquites de Treves et de Maycnce , parM.de Caumont. Caen , 1843. Comple-rendu de quelques lecons d'histoire et de philosophie , par M. Charma. Caen, 1841. Notice sur les salines de Touqueset d'Isigny , parM. Mancel. 1840, Caen. Essai sur la Bazoche du parlement , par M. G. Besnard. Cnen , 1845. Sur deux mots du moyen age encore en usage a Caen (La Crctine — La Marcheque), par M. Mancel. Caen, 1841. Essai sur les stipulations pour autrui , par M. Besnard. Caen, 1844. Notice sur les travaux litlw aires deM. l'abbe de La Rue, par M. Galeron. Caen, 1837. Des moyens de propager le gout de la musique en France, par M. Porte. Caen, 1835. Seances publiquesde la Sociele linneenne de Normandie en 1834-35 et 36. Caen. Revue de Caen, bulletin de l'insti uction publique et des societcs savanles de racademie de Caen. Caen, 1844. Bulletins de le Societe royale d 'agriculture el de commerce de Caen de 1811 a 184.5. IiF.S OUVBAGES OFFKRTS. 42~> Annales de la Society libre des beaux-arts. Paris, 1856-1837. Dissertation surla tolerance religiease, par M. l'abbe Auger Paris, 1818. Rapport sur les traitcmenls orlhopediqiicsdeM. le docteur Guerin. Paris, 1848 . in-f>. Essai sur les eaux fernighieuses dn Roule et des Fourches . par M. Loysel, docteur-medecin. Cherbourg, L845. Pechc coliere , par M. le eomte d'Harcourt. Paris , 1816. Rapport sur l'education et la conservation des abeilles,par M. de La- brouaise. Caen, 1820. Da Tetunos , par M.Dctienne, docteur-medecin. Anvers, 1817. Choix d'observalions de medecine pratique, par le ramie. Boom, 1817. Note sur la peche de la morue, par M. de Grandpont. Brest, 1815. Memoiresur 1'equilibrc des voutes en berceau, par M-Mny. Paris, 1810. Rechercbes sur quelqucs planles rares de la Manche, par M. Lebel. Valognes , 1818. De 1'etherisme dans les accouchements , par M. Roux. Paris, 1847. Discours de M. Castel an congres de {'association normande a Carentan. 1818. Dissertation de Grolius sur la liberie des mers, traduit du latin par M. de Grandpont. Paris, I Si.".. Reponse snr 1'cmploi des fleurs d'arnica par le docteur Dctienne. An vers, 1846. Observations surquelques planles rares des environs de Cherbourg, par M. Le Jobs. Paris, 1817. Des monuments paleographiques concernant 1 'usage de prier pour les morts , par M. Delisle. Paris. 1848. Defense de la liberie ties mors, de Graswinckel, traduit du latin parM. de Grandpont. Paris, 1847. Compte-rendu sur le congres de Lil'e, par M. Caste!. Lille, 1817. Discours de M Chauvin a la seance de rentree de la faculte de Caen. 18 16. De la luxation des os du metacarpe, parM. Roux , associe. Paris, 1818. liroch. Journal dn genie civil, par Correard. Paris , 1846 et 1847. De I'organisation financiere de la R6publique franchise, par M. Dumeril. Paris, 1848. 424 LISTE PES OlYUACES OFFERTS. Systcme nouveau de construclion hydraulique (Digue dc Cherbourg), par M. Dumont-Moulin , juge-dc-paix. Cherbourg, 1830. Sociele des Antiquaires du Nord a Copenhague. 1836. Annuaire agricole de l'arrondissement de Cherbourg. 1849. Cris de guerre, poesies par M. Dordes. Paris, 1850, in-8°. Memoires de la Sociele d'agriculture , sciences, arts et belles-lettres de Bayeux. 4 vol. in-8°. CEuvres completes de M. Felix Bogaerts An vers, 1850. 1 vol. in-8°. Sur un billet d'indulgence du XII Ie siecle de l'abbaye d'Ardennes , par M. Charma. 1850. Eloge historique de S. M. la Reine des Beiges , pai\M. Felii Bogaerts , associc. Anvers, 1850- (Euvres de M. Boucher de Perthes , associe. 8 vol. in-12. Voyage au Paradis terreslre, par M. de Pontaumont. Cherbourg, 1849. Le meme, traduit enflamand, parM. Edmond de Busscher. Gand, 1849. Notice biographique et litteraire de M. Bogaerts, par le meme. Gand, 1851. De l'inscription maritime, consequence et portion essentielle de la garde nationale, par M. de Grandpont, avocat, commis principal de la marine. Brest, 1831. Considerations sur le commerce maritime de la France , ses colonies et son ctablissement naval , par M. le comte d'Harcourt. Cherbourg , 1845. Essai sur les Anemones de mer , par M. Dicquemart (en anglais). Lon- dres , 1774. Memoire de la Sociele royale d'emulation d'Abbeville. 5 vol. in-8°. Le meilleur conseiller du peuple , par M. de Grandpont. Brest, 1851, in-12. La duchesse de Praslin , elegie , par M. A. Regnault. Paris, 1847. Notice sur la multiplication des poissons, par M. Shard de Beaulieu. Recherches hisloriques sur l'arrondissement dcMortain, ptir M. Sauvage. 1 vol. in-8°. Histoire du Conscil d'Etat, par M. Regnault. 1 vol. in-8°. Een cluyte Van Playerwaler , comedie flamande , par M. Mertens. Anvers, 1838. OBJETS OFFERTS A LA SOCIfcTfi. Deux Tableaux de nature morte , peints et donnees par M. Freret (Louis) associe. (1808). Portrait ;>r M.-E. SUITE Dli LA TABLE. Delachapelle 278 Notice sur les Uosieres dc Bricquebec, par M. de Pon- TAUMONT 315 Epitre fratemelle, poesies par M. l'abbe Legoupils 328 Des observations nieteorologiques, par M. Theodore Du MONCEL 331 Notice sur le telegraphe ecrivant et imprimanl,. par le meme 583 Observations sur 1'eclipse du 28 juillel 1851, par M. Liais 593 Listc des ouvrages offerts a la Societe nalionale acade- mique de Cherbourg 409