PTE QE = mer ps SAR Se» ses" 5 D) rot ture 252 0 rie Pete Te me STE chbres . . 2 u Rs : vomi Roman L + pen san» 4 D ni D nos 268 A er PR VE te re One bn RS DST Ba ane ae MAÉ ARE ERA 30e nn ue Es . “en s n à - CE NET PP cu Re MÉMOIRES SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS ; ; 7 kr Fe 2 È pren ; MT dt ob nf F7 rt À ; LA , 1 : 0 e É annng = 4 dc Kg ci L' MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION ETU=TOTÈES CINQUIÈME SÉRIE DEUXIÈME VOLUME 1877 BESANCON IMPRIMERIE DODIVERS ET Cè, Grande-Rue, 87. se 1878 “tata à PATATE et PEL A nés nf hEti 2: as Mr du Dés © 140 that HS: LUE SS # q Mme 215 Hoi F £ de Ne - test, bé ao ; 2 CPE 2) di s 4 NES D de PAL Le EPA + RENE De TE 7 en dde > e 5 3 MER st Sa DAS UE EL: AA alé DE : ou ; - EP: AQU E aie Ne TR RES 8 . Ps à L &: 3 “« * LE MTS LOC PER . à 3 + ) ré L ce ‘ mn d + | + "à ; : 2 , L l Tr : 14 8 (ER ns ETC 1 : r ‘ : | Ë 1149 ET ps : À d - ESFEES E Lé Sert 252 te. L + 4388 A + ù ba Ce LA ’ / MÉMOIRES LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS 1877 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES Séance du 13 janvier 1877. PRÉSIDENCE DE MM. MARQUISET ET SAILLARD. Sont présents : Bureau : MM. Marquiset, président sortant, élu premier vice-président ; Saillard, premier vice-président sortant, élu président ; Sire, élu deuxième vice-président ; Klein, trésorier réélu ; Faivre, vice-secrétaire réélu ; de Prinsac, trésorier- adjoint réélu; Castan, secrétaire décennal ; MEMBRES RÉsIDANTS : MM. Alexandre (Charles), Boudot, Chapoy, Daubian-Delisle, Debauchey, Delavelle, Ducat, Durupt, de Gassowski, Guillin, Jégo, Lacoste, Louvot (Hubert), Paillot, Pingaud, Vaissier ; MEMBRE CORRESPONDANT : M. Lebault. Les procès-verbaux des séances tenues les 13 et 14 décembre 1876 sont lus et adoptés. Les élections faites dans la première de ces réunions se trouvant ainsi ratifiées, M. le président Marquiset remercie la Société de la bienveillance unanime qui lui a rendu sa a tâche facile, et il assure ses confrères que l'honneur d’avoir été leur président comptera, parmi ses meilleurs souvenirs. Les paroles de M. Marquiset ayant été accueillies par des applaudissements, M. le docteur Saillard, prenant possession du siége présidentiel, fait l'éloge des traditions en vertu des- quelles notre association fonctionne : il essaiera néanmoins de mettre à l'étude quelques projets dont la réalisation pour- rait encore accroître la somme de notre influence collective , et il compte pour cela sur l’affectueuse coopération de ses col- lègues du bureau. Des marques d'assentiment suivent cette harangue. Le secrétaire notifie en ces termes la mort de M. le profes- seur Chevilliet : st « Nous avons, Messieurs, à vous annoncer la mort de M. Jean-Isidore Chevilliet, professeur de mathématiques pures à la Faculté des sciences de Besançon, qui appartenait à notre Société depuis 1859. Né à Reims le 18 septembre 1822, M. Chevilliet avait été à l'Ecole normale supérieure le con- disciple préféré d'un savant de génie dont s’enorgueillit la Franche-Comté, M. Pasteur. Après diverses étapes dans le professorat des mathématiques élémentaires, M. Chevilliet fut nommé au Lycée de Besançon en 1855 : au mois de fé- vrier 1857, il y prit possession de la chaire de mathématiques spéciales, qu’il garda jusqu’en 1871. « Dans cette période de » quatorze ans, a pu dire sur sa tombe M. le Recteur, des » succès nombreux à l'Ecole polytechnique et au concours » académique signalèrent l'excellence de son enseignement. » Il s’y dévoua tout entier, l'améliorant progressivement, » suivant avec les soins les plus minutieux le travail.de ses » élèves. » Sa santé s'étant usée à ce labeur, il profita des 1loi- sirs d'un congé pour se faire recevoir docteur ès-sciences ; puis la chaire de mathématiques pures de la Faculté de Besancon devenant vacante, il en fut chargé. « Il y montra, dans un » enseignement clair, précis, méthodique et substantiel, quil » était tout à fait à la hauteur de ses fonctions nouvelles. » ON _ Le 28 mars 1876, un décret le nomma titulaire de cette chaire, et, moins de neuf mois après, le 17 décembre dernier, il ren- dait le dernier soupir. « S'il a peu fait pour la science, a dit » encore M. le Recteur, il a beaucoup fait pour le pays en » formant des élèves d'élite, dont il a assuré le succès par un » excellent enseignement. » C’est à ce dernier titre que la So- ciété d'Emulation du Doubs, vivement soucieuse de l’éduca- tion du pays, doit un sympathique souvenir à la mémoire du professeur qui, pendant nombre d'années, a su faire aimer les hautes études scientifiques à l'élite des élèves du Lycée de Besançon. » De son côté, M. Ducat rappelle à la Société qu'elle vient de perdre un de ses membres les plus dévoués, M. Charles Saint-Eve, dont l'initiative a procuré plusieurs transforma- tions d’édifices qui contribuent à l’embellissement de la ville. Le secrétaire dépose sur le bureau quelques objets d’archéo- logie offerts à la Société par M. l'abbé Chatelet, membre cor- respondant. Ce sont : 1° une clef en fer et une petite monnaie de Tétricus trouvées, en 1876, dans le cimetière burgonde de Cussey-sur-l’Ognon; 2° une agrafe cruciforme, avec trois clous rivés et la chape d'un ardillon au sommet, objet en fer doré paraissant remonter au quatorzième siècle, trouvé, avec trois autres semblables, dans une tranchée de la route ro- maine de Besancon à Langres, entre Etuz et Bonnevent, lieudit Combe d'Ouche, en 1872; 3° une petite monnaie ro- maine dédiée à Claude le Gothique, trouvée en 1874, dans la villa de Mont-Antin, territoire de Gussey-sur-l'Ognon ; 4° deux petites monnaies delphinales en billon, du quinzième siècle, trouvées à Cussey-sur-l'Ognon. M. l'abbé Chatelet sera remercié de son attention, et les objets qui viennent d’être énumérés seront transmis au musée des antiquités de la ville. Trois sociétés nouvelles ont exprimé le désir d’entrer en relation d'échanges avec notre Compagnie. Il sera répondu favorablement à ces sociétés, dont voici les noms : Société des | — — sciences naturelles de Saône-et-Loire, à Chalon-sur-Saône : Société archéologique et historique de la Charente, à Angou- 1ème; Société française de numismatique et d'archéologie, à Paris. _ La Société des sciences naturelles de Neuchâtel, depuis longtemps en correspondance avec nous, sollicite la conces- sion des volumes qui marquent à son exemplaire de nos pu- blications. Bien qu’il s'agisse de volumes dont nous n’avons plus qu’un très petit nombre, la Société tient à prouver, en les concédant, tout le prix qu’elle attache à ses bonnes rela- tions avec les associations savantes de la ville de Neuchâtel. Trois membres étrangers au conseil d'administration de- vant être choisis pour vérifier les comptes de l'exercice 1876, la Société désigne pour remplir ce mandat MM. Alexandre (Charles), Bougeot et Renaud (Francois), ce dernier commis- saire chargé de présenter un rapport. - M. Ducat expose que la Direction des Beaux-Arts fait pro- céder à un inventaire général des richesses artistiques de la France, et que, dans une circulaire ministérielle du mois de juillet dernier, il a été dit que le Gouvernement comptait à cet égard sur le concours des sociétés savantes des départe- ments. Cette circulaire étant venue à la connaissance du se- crétaire de la Société d'Emulation du Doubs, celui-ci crut pouvoir assurer directement le Ministère que notre concours collectif était acquis à l'entreprise. À cette déclaration, M. le Directeur des Beaux-Arts a répondu, sous la date du 15 dé- cembre 1876 : « Je serai heureux d'apprendre dans quelle me- sureil vous sera possible de joindre vos efforts à ceux de l'ad- ministration pour nous permettre de publier l'inventaire des monuments de votre région. » Aussitôt notre secrétaire, d'ac- cord avec M. le président Marquiset, a convoqué le conseil d'administration de la Compagnie, en y appelant en outre les artistes et archéologues qui font partie de la Société. Cette assemblée spéciale a ratifié les démarches dues à la vigilance de notre secrétaire, .et elle a chargé M. Ducat de demander, — y — en son nom, à la Société de former une commission qui se mettrait à la disposition de M. lé Directeur des Beaux-Arts pour telle portion de l'entreprise que l’on jugerait convenable de lui demander. Il est présumable toutefois que cette portion ne saurait être délimitée dès aujourd'hui, car le Ministère a fait directement appel au concours des évêques et des conser- vateurs de collections publiques, à l’effet d’avoir ainsi les in- ventaires concernant les églises, musées, bibliothèques, etc. Quand les réponses de toutes ces personnes seront parvenues, la Direction des Beaux-Arts pourra seulement juger de ce qu'il convicndra qu’elle nous départisse. En attendant, notre Compagnie aura montré qu'elle tient à honneur de partici- per, dans la limite de sa sphère d'action, à toutes les œuvres d'intérêt national que pourra provoquer le Gouvernement francais. La Société ratifie ces mesures préalables ; puis, adoptant les conclusions du rapport de M. Ducat, elle compose ainsi qu'il suit la commission éventuellement chargée de satisfaire aux demandes officielles touchant l'inventaire des richesses artistiques du département du Doubs : MM. l'abbé Bailly, Edouard Besson, Boutterin, Castan, Delacroix, Ducat, de Gassowski, Gauthier, Le Mire, Marquiset, Pingaud, de Prin- sac, Ripps et Saint-Ginest. La Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône avait eu la gracieuse intention de doter le programme de notre dernière séance publique d'un morceau intitulé : La Saône considérée comme frontière naturelle. Ce morceau, écrit par M. Jules Finot, archiviste de la Haute-Saône, est arrivé au moment où la séance allait s'ouvrir et sans que personne, en l'absence de l’auteur, se fût préparé à le lire publiquement. Le manuscrit nous étant resté, il y a lieu de décider si nous devons oui où non l'imprimer dans nos Mémoires. M. Marquiset rapporte que ce travail contient , en: huit pages, l'énumération des témoignages historiques-qui prou- vent, contrairement à certaines prétentions particulièrement menacantés pour notre province, que jamais la Saône n’a été frontière nationale. Sur ce résumé, la Société décide que le travail de M. Jules Finot entrera dans ses Mémoires. M. le président dépose sur le bureau, avec un avis favo- rable de M. Gaüthier, une Notice sur les billets de confiance de la ville de Gray émis en 1792, opuscule de neuf pages qui a pour auteur M. Ernest André; présenté comme candidat au titre de membre correspondant. La Société vote l'insertion de cette notice dans le volume des travaux de l'année 1877. Il est décidé ensuite que le procès-verbal de la présente séance contiendra la note suivante, lue par M. Castan, sur une tombe alsacienne retrouvée dans l’église des Grands- Carmes de Besançon : « L'an dernier, en pratiquant des ouvertures dans le flanc de l’ancienne église des Grands-Carmes qui s'aligne sur la rue de la Préfecture, à Besancon, on a retrouvé, à l'entrée du chœur de l'édifice, une inscription sépulcrale que le pro- priétaire, M. Sicard, s'est empressé de concéder au musée d'antiquités de la ville. Ce monument est en pierre grise polie, avec encadrement oblong en manière de cartouche, dans le style de la Renaissance : la largeur est de 1 mètre 55 centi- mètres, la hauteur de 60 centimètres seulement. L'inscrip- tion, élégante de style et de facture, se compose de onze lignes de lettres gravées en creux et dorées. » C’est l'épitaphe d’un jeune gentilhomme alsacien qui, voyageant avec son précepteur, fut surpris à Besançon par la mort, le {* novembre 1602, à l’âge de onze ans moins six jours. Il se nommait Sévère Voltz d’Altenau, et appartenait à une famille qui avait fourni plusieurs préteurs à la ville de Strasbourg. Son précepteur, noble Jean Kizmalgd, revint deux ans plus tard à Besancon, chargé par la famille d’Alte- nau de marquer par un monument, dans l’église des Carmes, la sépulture du jeune défunt, comme aussi de fonder au même lieu un service anniversaire. » Cette fondation s’exécuta jusqu'à la Révolution française : =) |): elle consistait en vigiles solennelles, la veille de l’octave du jour de la Toussaint, et'en trois grandes messes le lendemain, la première du Saint Esprit avec ornements rouges, la seconde de Notre-Dame avec ornements blancs, la troisième des tré- passés avec habillements noirs. Durant ces offices, un cata- falque demeurait dressé devant le lieu de la sépulture, et le clergé s’y rendait, après les vigiles et après la dernière grande messe, pour chanter le Libera me et autres suffrages. Vingt . pauvres de l'hôpital Saint-Jacques assistaient à toutes ces cé- rémonies : ils y étaient conduits par le receveur de l’établis- sement, lequel avait pour ses peines la somme de six gros. Chacun des pauvres touchait quatre blancs pour assistance aux vigiles, et six blancs pour assistance aux trois messes. A la fin du dernier office, le receveur de l'hôpital payait au cou- vent des Carmes la somme de douze francs. Pour assurer ces divers paiements, la famille avait versé dans la caisse de l'hô- pital une somme de trois cents francs. Toutes les conditions qui précèdent avaient été formulées dans un acte passé au convent des Carmes, le 10 avril 1604, entre le précepteur du jeune d'Altenau, le prieur du couvent et l'un des membres de la municipalité, ce dernier stipulant comme l’un des commis à l'administration de l'hôpital. Cet arrangement fut ratifié, le 26 avril suivant, par le conseil communal et par l'official de l'archevêque. | » Voïci le texte latin et la traduction française de l’épitaphe qui a motivé la présente note : D. O. M. NOBILI. PRÆCLARÆQS SPEI ADOLESCENTI SEVERO DE ALTENAV, PRÆMATVRA MORTE E REBVS HVMANIS SVBLATO, FORTVNATVS DE ALTENAV FRATER, CVM FRATRI NON SINE. DOLORE SIBI RAPTO ANIVERSARIVM OCTAVO : POST SVLTRANSITVS QVI FVIT OMNIVM SS : DIE HABEDV FVDABAT, AD PRÆSENTEM ILLIVS TVMVLVM MONVMENTVM QVOQS HOC MOEST ? PONEBAT — YII — TRANSIIT ANNO SALVTIS. M : DC. II KAL : NOVEMB : VIXIT IN SECVLO, DEO DEINCEPS IN ÆTERNVM VIVENS ANNOS VNDECIM DIES MINVS SEX » Au nom de Dieu tout puissant et très grand. » À la mémoire de noble Sévère d’Altenau, jeune homme de la plus belle espérance, enlevé de ce monde par une mort prématurée, Fortunat d’Altenau, son frère, en même temps qu'il fondait, à l'intention de ce frère si douloureusement ravi, un anniversaire devant être célébré le huitième jour après la date du décès, cette date concordant avec la fête de la Tous- saint, élevait aussi, en témoignage de sa tristesse, ce monu- ment qui accompagne la présente sépulture. Il trépassa l'an du salut 1602, le 1° novembre, — Il avait vécu en ce monde, avant d’habiter éternellement avec Dieu, onze ans moins six jours. » Nous avons pensé que ce souvenir, si modeste qu'il soit, des relations anciennes de l'Alsace et de la Franche-Comté, pouvait emprunter aux circonstances actuelles un caractère particulier d'intérêt. » A propos d’un fait d'observation astronomique signalé par M. Delacroix, M. Guillin parle de l'influence attribuée par les campagnards à la lune sur la qualité du bois servant à la confection d’ustensiles. Il est admis, par exemple, que le bois coupé en jeune lune est plus humide que celui coupé en vieille lune. Cette différence, qui paraît démontrée, provien- drait-elle de ce que la lumière lunaire aurait plus ou moins agi sur les arbres pendant les derniers jours de leur existence sur pied ? Sont présentés pour entrer dans la Société : Comme membres résidants, Par MM. Saillard et Marquiset, M. Camille Flagey, indus- triel, membre du conseil général du Doubs; Par MM. Bizos et Castan, M. Antoine Hild, pévfesebur au Lycée de Besançon ; a Re Par MM. Marquiset et Daubian-Delisle, M. Louis Le Bleu, avocat ; Comme membres correspondants, Par MM. Ducat et Castan, M. Bousson, docteur en méde- cine, à Poligny (Jura); -Par MM. Delacroix.{Alphonse) et Castan, M. Adrien-Emile Delacroix, chimiste, à la Froiïdière, commune de Rozet-Fluans (Doubs) ; Par MM. Saillard, Lebault et Durupt, M. Albert Janet, né- gociant, à Saint-Vit (Doubs); Par MM. Petit, Ducat et Castan, M. Jules Vaisster, fabricant de papiers, à Marnay, par Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire). A la suite d’un vote favorable sur le compte des candidats antérieurement présentés, M. le président proclame : Membre résidant, M. AnsBERQUE (Edme), médecin vétérinaire en retraite ; Membres correspondants, MM. Anoré (Ernest), notaire à Gray (Haute-Saône); Deroze (l'abbé), curé de Chargey-lez-Gray; Prerson (Octave), instituteur à Cussey-sur-Lizon (Doubs). Le Président, _Le Secrétaire, A. SAILLARD. A. CASTAN. Séance du 10. février 1877. PRÉSIDENCE DE M. SAILLARD. Sont présents : Bureau: M. Sai!lard, président; MM. le RecrTeur de l'A- cadémie et l'InsPecrEuR d’Académie, membres honoraires ; MM: Marquiset et Sire, vice-présidents ; M. Faivre, vice-secré- taire ; M. Gauthier, archiviste; M. Castan, secrétaire ; — x — Meusres résibanNTs : MM. Alexandre (Charles), Androt, Ansberque, Auscher, Barbier, Bertrand, Besson (Edouard), Bi- zos, Boudot, Bougeot, Canél, Chapoy, de Chardonnet, Chate- lain, Courtot, Coutenot, Daubian-Delisle, Delacroix (Alphonse), Demongeot, Ducat, Dunod de Charnage, Durupt, de Gassowski, Girod (Victor), Grand (Charles), Grosjean (Francis\, Haldy, Huart, Jégo, Lacoste, Lebreton, Le Grix, Louvot (l'abbé), Ma- rion (Charles), Paillot, Perruche de Velna, Pingaud, Renaud (François), Richard, Ripps, Savourey, Vaissier, Waiïlle. Le procès-verbal de la séance du 13 janvier ayant été lu et adopté, le secrétaire annonce en ces termes la mort de M. Lélut, survenue à Gy le 25 janvier dernier : «Je suis chargé de faire part à la Société d'Emulation du Doubs de la mort de l’un de ses membres honoraires, égale- ment distingué par des talents de premier ordre et par un ca- ractère hautement estimable. » M. Lélut (Louis-Francois), né à Gy (Haute-Saône) le 15 avril 1803, a été l’un des célèbres médecins aliénistes de notre époque : il dirigea longtemps d'importants services à Bicêtre et à la Salpétrière. Ses nombreux travaux sur les organes de la pensée humaine lui ouvrirent, en 1844, les portes de l’Académie des sciences moralss et politiques (Ins- titut de France). » Envoyé en 1848 à l’Assemblée constituante par le-dépar- tement de la Haute-Saône, 1l y vota constamment avec le parti modéré, se déclara pour la candidature du général Ca- vaignac et ne se rallia à la politique de l'Elysée qu'après l'é- lection populaire du 10 décembre. Toutefois, il sut comme député conserver son indépendance : il en donna particuliè- rement une preuve en votant contre une dotation que propo- . sait le pouvoir et que l'opinion publique n’aurait pas sanc- tionnée. » Aimant avec passion sa ville natale, il n'hésita pas à tout quitter, en 1854, pour y venir combattre l'épidémie cholé- rique. C'est également là qu'il a voulu finir sa carrière, quand ON — une terrible affection rhumatismale eut paralysé sa prodi- gieuse activité. » Le docteur Lélut n’était pas seulement un profond pen- seur en philosophie, un éminent observateur en médecine, un sage en politique; il savait en outre se montrer brillant causeur, agréable musicien et poète aimable. Tous ceux qui l'ont connu garderont de lui le souvenir que méritent les hommes d'élite qui ont considéré la vie comme l'accomplis- sement d’un grand devoir. » Le secrétaire ajoute qu'il a cru aller au devant des inten- tions de la Compagnie en proposant à M. le professeur Carrau d'écrire, pour notre séance publique de décembre prochain, une étude sur la vie et les œuvres du savant confrère et émi- nent compatriote que nous avons perdu. Cette proposition ayant eu la bonne fortune d'être acceptée par l'écrivain dis- tingué à qui elle s'adressait, la Société ne peut que remercier vivement M. Carrau de ce qu’il a bien voulu consentir à se faire l'interprète de nos sentiments. La Société apprend ensuite avec un sensible plaisir la pro- motion au grade d'officier d’Académie de M. Jules Jurgensen, le fidèle et sympathique collaborateur de nos séances solen- nelles. Il est donné lecture d’une circulaire ministérielle infor- mant les sociétés savantes que le congrès annuel de la Sor- bonne s'ouvrira le mercredi 4 avril prochain pour se terminer le samedi suivant. Les mémoires historiques et archéologiques destinés à ce congrès, ainsi que les noms des cinq ou six per- sonnes que chaque société pourra y déléguer, devront être parvenus au ministère le {7 mars au plus tard. Comme les années précédentes, les auteurs de communications et les dé- légués auront au retour des billets gratuits de chemin de fer : toutefois, sur les lignes de Paris-Lyon-Méditerranée, les voya- geurs de cet ordre ne seront pas admis dans les trains express. Les communications déjà prévues pour le congrès sont les suivantes : — XI — {o Des nouvelles institutions géographiques de la France, par M. Drapeyron, directeur de la Revue de Géographie; 2° Du rôle réservé à la topographie, par M. Hennequin, pre sident de la Société de topographie ; 3° Les plagials de Mirabeau, par M. Edouard Besson ; 4° La colonie romaine de Vesontio, par M. Castan. Se sont fait inscrire comme délégués : MM. Carrau, Fau- compré, Demongeot, Girod {Victor), l'abbé Louvot et de Fro- mentel. La Société de viticulture et d’horticulture d’ Pr fondée en 1858, a bien voulu nous adresser son compte-rendu de l'année 1876 : il sera répondu à cet envoi par l'inscription de ladite association sur la liste de celles qui correspondent avec la nôtre. M. Anthyme Saint-Paul se proposant de publier une Carte archéologique de la France et réclamant pour son entreprise l'adhésion des sociétés savantes, il est décidé que nous acqué- rerons par souscription un exemplaire de ce document. L'ordre du jour appelle le rapport de la commission chargée de contrôler les opérations financières de l’exercice 1876. Ce rapport, présenté par M. François Renaud, est ainsi conçu : « MESSIEURS, » Par les soins de notre excellent trésorier, M. Klein, les écritures financières de la Société sont correctes sur tous les points. » La balance de la caisse pour l'exercice 1876 n'offre pas la satisfaction qu’on pourrait désirer. » Les frais d'impression ont dépassé de près de mille francs la somme fixée par le projet de budget. La commission na rien à reprendre sur ce chef, qui à été régularisé par un vote de la Société à la séance de novembre dernier. Gépendant il n'est peut-être pas hors de propos de faire remarquer que ce n'est pas la première fois que les finances ont été déréglées par des surcroîts imprévus d'impressions. — XII — » Vos commissaires expriment le vœu qu’à l'avenir les com- missions d'examen des ouvrages présentés renseignent plus exactement la Société sur l'étendue des mémoires dont elles proposent l'adoption. Ensuite, en raison de l'importance des publications annuelles de la Société, ne conviendrait-il pas d'examiner le prix des frais d'impression, et, au besoin, de provoquer la concurrence entre MM. les imprimeurs ? Nous espérons que le bureau voudra bien fixer son attention sur ce point. » Sans s'arrêter sur » l'état dans lequel est la bibliothèqne de la Société, votre commission se croit autorisée à exprimer le désir que M. l’archiviste se concerte avec notre trésorier pour faire coïncider régulièrement l'envoi du volume avec le paiement de la cotisation de chaque membre correspondant, » La comptabilité fait ressortir la situation financière sui- vante pour l’exercice de 1876 : RECETTES. Solde en caisse au 1°" janvier....,............ 16f. 10 Sub aion dé l'Etae r. 400 » Subrention du département... uvre jé. neqne 500 » phbrention de.la villes. Hu 2. 0, 600 » Cotisations de 246 membres résidants..,..... 2.460 » Cotisations de 113 membres correspondants ...… 672. » Prix de 30 diplômes aux membres nouveaux... 60 » Remboursement par un fournisseur, .......... 5.» Prestation armée. is el nn noasmmalifent nés 18 25 Prixde quatre volumes. …. 42e int as 26. >» Intérêts des capitaux sur l'Etat., .....,....... dns 490.19 Intérêts du compte de MM. Bretillot et Cie... ... 28 : 90 Montant d'une cotisation rachelée......,.....,. 100 » Folahdesmécettéssor or. 9h. 94usga &Ï.S à 5.235f.85 Espèces retirées de chez MM. Bretillot et Cie. 2.700 » Total général du débit de la caisse. .... 7.935 f. 85 mt DÉPENSES. Frais d'impressions...... A res 4.577£,05 PTATS UE DATE en ne ia ee cales HER 43 70) Frais divers et redressements................. 214 30 Prix d’une médaille ofierte à la Société de tir... HE BR Souscription pour l'envoi de délégués à Philadel- DUO EE ne AP TALN De oc SU. 17 Traitement de l’agent de la Société.........,.. AS a | Total des dépenses.........., 5.198f.40 Espèces versées chez MM. Bretillot et Cie. 2.678 50 Total général du crédit de la caisse...... 7.876 f. 90 RÉSUMÉ. Bnirbeslén iéMesemion, AIREIOE DD, EU 04 484 7.935 f.85 SOEÈS, LOAOIUS A, SO UEMEMONERNTIEREUSOUE AL 7.876 90 Solde en caisse....... 7 EL Solde chez MM. Bretillot et Cie...., 21.10 Solde à l'actif de la Société.....,... 86.05 » Après celte balance arrêtée au 31 décembre, le budget de 1876 à légué à celui de 1877 deux obligations, l’une passive, l'autre active. L'obligation passive consiste en une somme de 635 fr. 75 c. à payer pour solde des frais du dernier banquet; celle active résulte des cotisations arriérées qui se montent à environ 400 francs. » Telle est la situation actuelle. » Votre commission a le ferme espoir que le nouvel exer- cice se balancera par des économies, et elle ne doit pas vous laisser oublier que la Société possède, en plus du capital ina- liénable de 5,000 fr. provenant des cotisations rachetées, une réserve d'au moins 2,000 fr. placée en rentes sur l'Etat. » Sous le bénéfice de cet exposé, nous avons l'honneur de vous proposer l'adoption des comptes de 1876. | » Besançon, le 8 février 1877. » (Signé) ALEXANDRE ; E. BouGeoT; F. RENAUD, rapporteur. » Au sujet des observations légitimes de MM. les commis- saires sur le prix très élevé du tome X (4° série) des Mémoires de la Société, le secrétaire fait remarquer que ce résultat est dû à des causes accidentelles et qui ne sont pas trop à re- _gretter. Ces causes sont : 1° la confection de deux belles plan: ches coloriées représentant l’ensemble et plusieurs détails nou- vellement découverts du Thédtre de Vesontio; 2° l'extension imprévue donnée par M. Henry à son travail sur l'Infralias en Franche-Comté; 3° la publication si utile d’une Table gé- nérale des matières contenues dans les quatre séries de nos Mémoires. Le secrétaire ajoute que le volume actuellement sous presse, par son prix de revient notablement inférieur aux prévisions budgétaires, compensera le surcroît de dé- pense occasionné par son aîné. Ces explications entendues, la Société adopte les conclu- sions du rapport et vote des remercîiments à ses vigilants commissaires. | M:-le-docteur Louis Marchant, conservateur du musée d'histoire naturelle de Dijon, nous a trausmis un important trayail laissé en manuscrit par feu M. Léon Lacordaire et intitulé : Catalogue des oiseaux observés de 1845 à 1874 dans les départements du Doubs et de la Haute-Saône. M. le docteur Marchant, qui s’est chargé de réviser cet ouvrage, se joint à la veuve de l’auteur pour nous en demander l'impression dans nos Mémoires. Il en évalue l'étendue à 120 pages in-8°. Le bureau de la Société a aussitôt renvoyé cette proposition à l’étude d'une commission composée de MM. Saillard, Pail- lot et Moquin-Tandon, Ce dernier commissaire, chargé par ses confrères de présenter un rapport, déclare que le travail en question, « constitue une monographie méthodique résu- — XVI — mant les observations antérieures et en ajoutant de nouvélles, appelée conséquemment à devenir l'indispensable guide de tous ceux qui voudront étudier l’ornithologie de la Franche- Comté. » La commission étant unanime pour désirer l'impression de cet ouvrage, MM. Saillard et Paillot, commissaires présents à la séance, seraient d’avis que l’on priât M. Marchant soit de rétablir dans le manuscrit les paragraphes descriptifs qu’il en a reltranchés pour économiser l'espace, soit d'ajouter à ce même manuscrit une table analytique donnant les caractères physiques des oiseaux biographiés dans l'œuvre. La Société, adoptant les avis exprimés par sa commission, vote l'impression du Catalogue des oiseaux du Boubs et de la Haute-Saône, avec les descriptions que l'éditeur voudra bien y ajouter. M. Castan lit un morceau dé critique qu'il intitule : le Fo- rum de Vesontio et la Fête des Fous à Besancon. C'est une ré- ponse aux déductions archéologiques qui terminaient un tra- vail sur la Fête des Fous à Besançon, lu dans la séance pu- blique tenue le 30 janvier par l’Académie de cette ville. M. Gauthier, auteur de ce dernier travail, reconnaît que la lecture que vient de faire M. Castan a été pour lui très ins- tructive ; il n’en conteste que la forme qui lui semble agres- sive envers l’Académie de Besançon. Il annonce d’ailleurs son intention de répliquer personnellement devant cette ho- norable compagnie. M. le président répond que la critique des travaux lus dans une société ne saurait constituer une attaque envers cette so- ciété, et il déclare qu'en mettant aux voix l'impression du travail de M. Castan, son intention n’est point de créer un antagonisme entre l’Académie de Besançon et la Société d'E- mulation du Doubs. La Société vote l'impression du morceau lu par M. Castan. M. Edouard Grenier, membre correspondant, ayant bien voulu nous communiquer une pièce de vers intitulée Helvetia, IE — M. Edouard Besson donne lecture de cette œuvre qui est cha- leureusement applaudie Sur quoi, le secrétaire propose qu’en souvenir de la lecture qui vient d’être faite, M. Edouard Grenier, lauréat de l’Aca- démic française, soit invité à prendre la place laissée vacante par M. Lélut dans l’ordre des membres honoraires de la So- ciété d'Emulation du Doubs. Cette proposition est adoptée par acclamation, en même temps que l’on décide l'impression d’Helvetia dans les Mémoires de la Société. Sont présentés pour entrer dans la Compagnie : Comme membres résidants, Par MM. Saillard et Coutenot, M. Charles Perron, docteur en médecine, membre du conseil municipal de Besançon ; Par les mêmes, M. le docteur Polin, médecin-aide-major attaché à l'hôpital militaire ; Par MM. Saillard et Renaud (François), M. Emile Poulet, négociant, juge au tribunal de commerce; Par MM. Pernard et Castan, M. Charles Retrouvey, hou- langer ; Comme membres correspondants, Par MM. Saillard et Castan, M. Louis Marchant, docteur en médecine, conservateur du musée d'histoire naturellede Dijon; Par MM. Coutenot et Saillard, M. le docteur Taillard, membre du conseil d'arrondissement de Montbéliard, à Mai- che (Doubs) ; Par MM. Saillard et Castan, M: Armand Saillard, manu- facturier à Villars-les-Blamont (Doubs). Un vote favorable ayant ratifié les présentations antérieu- rement faites, M. le président proclame : Memhres résidants, MM. FraGey (Camille), industriel, membre du conseil géné- ral du Doubs; Hrzp (Antoine), professeur au Lycée de Besantoti': LE Bzev (Louis), avocat; — XVIII — Membres correspondants, MM. Boussow, docteur en médecine, à Poligny (Jura); Decacroix (Adrien-Emile), chimiste, à la Froïidière, commune de Rozet-Fluans (Doubs); JANET (Albert), négociant, à Saint-Vit (Doubs); Vaussier (Jules), fabricant de papiers, à Marnay, par Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire). Le Président, Le Secrétaire, A. SAILLARD. A. CASTAN. Séance du 10 mars 1877. PRÉSIDENCE DE M. SAILLARD. Sont présents : Bureau : MM. Saillard, président; Klein, trésorier; Gau- thier, archiviste ; Castan, secrétaire ; MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Alexandre (Charles), Beurnier, Blondon, Boysson d’Ecole, Chapoy, Coindre, Debauchey, Dela- croix (Alphonse), Demongeot, Denizot, Ducat, Dunod de Char- nage, Grand (Charles), Jégo, Lacoste, Michel (Brice), Pingaud, Renaud (Francois), Savourey, Vaissier. Le procès-verbal de la séance du 10 février ayant été lu et adopté, M. le président Saillard annonce en ces termes la mort de M. Gouillaud, survenue le 26 février : « Notre Compagnie vient de faire une perte sensible dans la personne de M. Hippolyte-Joseph Gouillaud, professeur honoraire de physique à la Faculté des sciences de Besançon, mort dans sa 61° année. » Esprit trempé à la comtoise, notre savant confrère avait la volonté forte, le raisonnement logique, le caractère plus profondément droit que superficiellement aimable : affligé de la goutte dès sa jeunesse, il ne connut que l’austère jouis- SRE sance du travail, trop souvent interrompue pour lui par des crises douloureuses. En dehors de son enseignement auquel il fut très dévoué, on peut citer de lui une remarquable thèse de doctorat sur la conductibilité des métaux par la chaleur (1854), puis des recherches sur la distribution du magnétisme dans les barreaux d'acier aimantés par le procédé de la touche séparée. Ce dernier travail ayant paru en 1863 dans nos Mé- moires, nous pouvons dire que les œuvres écrites de M. Gouil- laud ont été partagées également entre l’Université et notre Société. » Son savoir et ses qualités sérieuses le désignaient natu- rellement aux fonctions annuelles qui relèvent de votre estime et de vos sympathies. Il fut élu vice-président pour l’année 1867; mais l’état de sa santé ne lui permit pas, l’année sui- vante, de répondre à vos vœux. Autant qu'il le put, il suivit nos séances mensuelles en auditeur bienveillant, et plus d’une fois, il nous prêta le concours de son expérience pour juger des travaux qui nous étaient présentés. » La Société gardera de M. Gouillaud le souvenir qui est légitimement dû à un savant de mérite doublé d'un homme de bien. » Cette allocution ayant été retenue pour le procès-verbal de la séance, le secrétaire fait part à la Société de deux distinc- tions arrivées à de savants confrères qui comptent parmi les plus distingués de nos collaborateurs : M. Charles Lory, dont nous avons imprimé les premiers travaux géologiques, a été élu, le 12 février dernier, correspondant de l’Institut (section de minéralogie de l’Académie des sciences) ; M. Georges Sire, qui ne cesse d'enrichir nos recueils de communications du plus haut intérêt, recevra une médaille d'argent à l’occasion du prochain congrès de la Sorbonne. La Société vote des félicitations à ces deux honorables con- frères. En retour de la notification qui lui a été faite de son élec- tion à une place de membre honoraire de notre Compagnie, — XX — M. Edouard Grenier exprime la plus gracieuse satisfaction. « Rien de plus flatteur et de plus doux dans la vie, nous écrit-il, que le suffrage de ses concitoyens les plus proches et les plus éclairés. » Par une lettre, en date du 19 février, M. le secrétaire de la commission municipale d'archéologie nous accuse réception et nous remercie des objets que nous lui avons transmis; pour le musée de la ville, de la part de notre confrère M. l'abbé Châtelet. La commission chargée d'organiser une exposition d'art rétrospectif, à l’occasion du concours régional de Vesoul, nous prie de seconder ses efforts pour la recherche des objets dont elle aurait à solliciter la communication. La Société, accédant à ce désir, charge MM. Boysson d’E- cole, Marquiset et Gauthier de se concerter, en vue de l’ex- position projetée, avec la commission vésulieune. La direction de la Revue historique nous informe qu’elle a demandé au Ministère de l'Instruction publique que son in- téressant recueil nous fût gratuitement envoyé; elle désire- rait que nous voulussions bien lui adresser en retour nn exem- plaire de nos publications, nous promettant d’ailleurs d’en rendre fidèlement compte à ses lecteurs. La Société accepte cette proposition, pour y donner suite tant que la Revue historique nous sera régulièrement adressée. La Société académique de Cherbourg ayant manifesté, par l'envoi qu’elle nous a fait d'un volume de ses Mémoires, son intention d'entrer en relation d'échanges avec nous, il est dé- cidé que ceite proposition sera favorablement accueillie. Parmi les dons faits à la Société depuis la dernière réunion, le secrétaire signale les Antiquités et monuments du départe- ment de l'Aisne, par M. Edouard Fleury, I"° partie, 1 volume gr. in-4, accompagné de 140 gravures exécutées par l'auteur du texte, Ce splendide volume, qui nous est offert au nom du conseil général de l’Aïsne et en celui de M. Edouard Fleury, peut être proposé à l’imitation des autres départements fran- —) QU çais. Son point de départ a été une circulaire ministérielle, en date du ? août 1873, prescrivant aux préfets de constituer des commissions départementales, composées d’archéologues et de savants, qui prépareraient par toute la France une liste définitive des édifices à classer comme monuments historiques. I ne semble pas que tous les préfets aient constitué des com- missions départementales : ce scrait profondément regrettable si chaque circonscription avait pu produire ce que le départe- ment de l'Aisne doit au zèle, à la science et à la générosité de M. Edouard Fleury. La Société vote des félicitations et des remerciments à cet érudit. M. Edouard Besson rend compte en ces termes d’un récent ouvrage de M. Ludovic Drapeyron, l'un de nos plus dévoués collaborateurs : « Notre excellent confrère et ami, M. Drapeyron, vient de faire hommage à la Société d'un travail remarquable lu par lui à l'Institut (Académie des sciences morales et politiques) et intitulé : Essai sur le caractère de la lutte de l’Aquitaine et de l’Austrasie sous les Mérovingiens et les Carolingiens. » Ce travail a, comme on voit, pour objet une époque et des événements sur lesquels, jusqu'à nos jours, la lumière est loin d'avoir été complétement faite. M. Drapeyron les a sinon éclaircis d’une manière absolue, au moins dégagés d'un nombre considérable d’obscurités qui en rendaient l’intelli- gence fort difficile. » En feuilletant le Gallia christiana , il a été, nous dit-il, frappé de la brusque interruption de l’épiscopat dans une partie du midi de la France, entre le septième et le neuvième siècle. Cette interruption avait généralement été attribuée à l'invasion arabe. Mais la question était infiniment plus com- plexe. » M. Drapeyron, contrairement aux opinions déjà émises par l'abbé Duboz et renouvelées par l'éminent auteur des /ns- bitutions politiques de l’ancienne France, pense que la Gaule — XXII — fut littéralement conquise par les Francs, dont la domination oppressive se fit surtout sentir dans les pays situés au delà de la Loire. Ainsi s'expliquent les fréquents soulèvements de l’A- quitaîne, et en premier lieu l'insurrection de Gondowald à la fin du vi siècle. Un grand nombre d'évêques y prirent part, et, par suite des violences de la lutte et des rigucurs de la ré- pression, bien des siéges devinrent et restèrent vacants. Plus tard, survint l'invasion basque qui désorganisa complétement les diocèses. Les évêques du nord profitèrent de ces troubles pour s'acquérir de nombreux et vastes domaines aux dépens des églises du midi. Celles-ci purent réagir et rentrer en pos- session de leurs biens aux temps troublés d’'Ebroïn et de saint Léger, alors que se constitua le duché d'Aquitaine. Mais à l’avénement des Carolingiens, les énergiques représentants de la nouvelle dynastie voulurent replacer les rebelles sous le joug, et mirent en avant les droits de leurs évêques depuis longtemps méconnus. Telle est l'origine des guerres de Waiïfre et de Hunald, qui apparaissent surtout à M. Drapey- ron « comme des chefs de Basques et comme les défenseurs » intéressés des Gallo-Romains. » Waïfre, vaincu par Pépin le Bref après une lutte désespérée, laissa son pays en proie aux fureurs des guerriers d'Austrasie. Il fallut, pour y ra- mener quelque peu d'ordre et de prospérité, et y rendre à l’épiscopat sa dignité première, la sagesse de Charlemagne, et surtout l'humanité et la modération de son fils Louis le Pieux auquel 1l avait confié le gouvernement de l'Aquitaine. » Telles sont, aussi résumées que possible, les idées origi- nales et nouvelles développées par M. Drapeyron au cours de son travail. Elles ne pouvaient manquer de trouver le plus favorable accueil auprès de la docte compagnie à laquelle elles furent soumises tout d'abord. L'un de ses membres les plus éminents, M. Ch. Giraud, juge ainsi, dans le Journal des savants, l'œuvre de notre confrère : « M. Ludovic Drapeyron » à épuisé les textes qui ont trait au sujet qu'il étudiait. De » leur confrontation attentive est née cette interprétation toute —._XXUI — » nouvelle et vraisemblablement irréfutabla d’une partie im- » portante de nos origines nationales. Les théories de M. Dra- » peyron sur la disparition de l’épiscopat dans une portion » du midi de la Gaule et sur les causes de la guerre de Waïfre » et de Pépin, méritent un examen approfondi. Le premier, » il a reconstitué les campagnes du duc d'Aquitaine et du roi » des Francs, et rendu à la légende de Waïfre, dénaturée de » nos jours, son véritable caractère. » La Société remercie M. Edouard Besson et retient pour le procès-verbal son intéressant rapport. M. Castan communique un travail sur Vesontio colonie ro- maine ; il demande l'autorisation de faire lire cet opuscule, sous les auspices de la Société, dans la section d'archéologie du prochain congrès de la Sorbonne. Cette autorisation est accordée. M. Castan donne en outre lecture d’une note qu'il intitule : Une gloire militaire du Jura à revendiquer pour la ville de Be- sançcon. Cette note est ainsi Conçue : « On lit dans tous les recueils biographiques que le général Lecourbe, le plus brillant des élèves de Moreau, naquit à Ruffey, près de Lons-le-Saunier, le 23 février 1759, Un éloge historique du général, publié en 1854 sous les auspices de sa famille, lui décerne la noblesse héréditaire, ajoutant que dans la Franche-Comté les familles vivant noblement étaient ré- putées nobles, et que quand leur origine remontait à une époque déjà reculée, elles rejetaient les titres comme étant au-dessous de leur ancienneté. En 1730, un Lecourbe, qui s'intitulait comte palatin et chevalier de Saint-Jean -de-La- tran, écrivit une requête pour démontrer que sa famille avait droit au Le particule, ce qui était bien autrement rare que le De. « Le général Lecourbe, dit son panégyriste, a été le pre- » Jnier qui ait réuni la particule à son nom; nous avons cru » devoir, dans son éloge, nous conformer à cette ortho- » graphe. » » Si le général Lecourbe eut un médiocre souci de la par- — XXIV — ticule, c'est qu'il n'était pas sans avoir quelque conscience des circonstances dans lesquelles il était né; et ces circonstances n'avaient rien qui püt lui faire croire à la prétendue palati- nité de ses aieux. » Comme tout le monde, j'étais convaincu que l'illustre défenseur de Belfort était né à Ruffey, et que c'était justement que Lons-le-Saunier, chef-lieu du Jura, avait été mis en pos- session de sa statue, quand, tout récemment, notre savant confrère M. Bernard Prost, archiviste du département du Jura, me pria de rechercher à son intention l'acte de bap- tême de Lecourbe, dans les registres de la paroisse de Sainte- Madeleine de Besancon. « C'est une illustration, ajoutait-il, » que nous avons à vous restituer. » Je fis immédiatement la recherche, et j'en envoyai le résultat à mon excellent collègue. Lecourbe. en effet, est bien né à Besançon; il fut enregistré d'abord comme issu de la Tiennette Vuillemot, de Montbar- rey, pauvre fille de Battant qui avait été payée pour le décla- rer frauduleusement comme son enfant naturel; après quoi, mais environ cinq ans plus tard, son père, Claude-Guillaume Courbe, et sa vraie mère, Marie Valette, obtinirent de l'auto. rité ecclésiastique la faculté de le reconnaître. En attendant que notre confrère M. Prost divulgue ce curieux exemple de a facon dont l’état civil était tenu dans les sacristies, je crois n'être pas indiscret en proposant à notre Société de prendre acte d’une constatation qui enrichit d’un nom glorieux la liste des militaires d'élite fournis à la France par la ville de Be- sançon. » L. Extrait du registre des baptèmes, mariages et enterrements de la paroisse de Sainte-Madeleine, à Besançon, année 1759, fol. 16 verso. — Baplême d'illégitime ; Baltant. — Claude- Jaque, fils naturel de Tiennette Vuillemot, de la paroisse de Montbarrey, bailliage de Dole, est né le vingt-deux et a été baptisé le vingt-trois février mil sept cent cinquante neuf. Son parein a été Jacque Roussel, maître menusier, et sa ma- reine a été Anne-Claude Belin, soussignée avec le parein, le — XXV — père absent. — (Signé) Jacque RouseL; Anne-Claude BEL ; LoGter, chanoine. ” » IL. Requête annexée au registre. — Monsieur, Monsieur le révérend official de la cour archiépiscopale de Besancon. Su- plient humblement le sieur Claude-Guillaume Courbe, ancien officier d'infanterie, et die Marie Vallette, son épouse, demeu- rans à Ruffey, et disent que leur mariage a été célébré en l’é- glise de Sainte-Marie-Magdeleine le quinze août mil sept cent soixante un. Lors de la célébration, ils déclarèrent que Claude- Jacques Courbe, baptisé en la même église le vingt-trois fé- vrier mil sept cent cinquante neuf, et né le vingt-deux avant cette célébralion, étoit leur enfant. Des raisons de bienséance les auroient déterminés à ne point faire insérer sur le registre des baptèmes leurs noms. Ce fils a seulement été baptisé sous - le nom de Claude-Jacques, fils naturel d'Etiennette Vuillemot, de Montbarrey, bailliage de Dole. Mais comme ces raisons ne subsistent plus, que ce fils a élé légitimé par le mariage sub- séquent, les suppliants ont été conseillés de recourrir à votre autorité pour faire rétablir son véritable nom sur le registre. — Ce considéré, Monsieur, il vous plaise voir les extraits de baptème et mariage ci-dessus énoncés ; en conséquence or- donner que par le sieur curé de Sainte-Marie-Magdeleine de cette ville, l'un de ses vicaires, ou autres préposés pour la desserte de ladite paroisse, les mots de Claude-Jacques, fils naturel de Etiennetie Vuillemot, de la paroisse de Montbarrey, bailliage de Dole, seront raturés, et qu'en place sera substitué les suivants : Claude-Jacques, fils du sieur Claude-Guillaume Courbe, ancien officier d'infanterie, et de d"° Marie Vallette, et que mention sera faite, en marge du registre, de votre ordon- nance à rendre sur la présente. EL sera justice. — (Signé) CouRBE, officier. » III. Ordonnance en marge de la requête. — Nous n’empé- chons, en ce qui nous regarde, qu'il ne soit fait comme il est requis, par les suppliants. À Besançon, le 18 août 1764. — - (Signé) GaALoIs, vic. gén. = XXNIL » IV. Rectification mise en marge de l'acte primitif. — L'an mil sept cent soixante quatre, le dix huit d’aoust, ensuite de l'appointement mis par M. Galois, vic. gén., à la requette ci- jointe, je soussigné ay corrigé l’acte de baptème de Claude- Jaques, fils naturel de Tiennette Vuillemot, etc., comme il suit : Claude-Jacques, fils du sieur Claude-Guillaume Courbe, officier d'infanterie, et de de Marie Valette, est né, etc. — (Signé) Mari, chan. et proc. du Chap. » La Société ayant autorisé l'insertion au procès-verbal des documents qui précèdent, M. Vaissier présente, tant en son nom que de la part de MM. Paillot et Amberger, une propo- sition relative aux facilités à accorder aux membres de la So- ciété pour consulter les ouvrages composant notre bibliothè- que : une séance mensuelle, tenue le lundi qui suit chaque séance, suffirait pour atteindre le but désiré par les honorables pétitionnaires. Cette mesure aurait d’ailleurs comme consé- quence de nécessiter un classement complet et méthodique des publications qui nous arrivent. M. Gauthier, afchiviste de la Société, répond que le clas- sement qui existe laisse fort peu à désirer. Il déclare que ses occupations lui permettraient difficilement de tenir des séances dans le local de la bibliothèque ; mais il pense néanmoins que l'on pourrait, par tel ou tel expédient, donner satisfaction au désir légitime formulé par M. Vaissier. Après quoi, ladite proposition est renvoyée à l’étude d’une commission composée de MM. Saillard, Gauthier, Grand, Paillot et Vaissier. Sont présentés pour entrer dans la Société comme membres résidants : Par MM. Bizos et Castan, M. Blanchurd, professeur de des- sin au Lycée; Par MM. Saillard (Albin) et Castan, M. Léon Saillard, né- gociant. Les présentations antérieurement faites ayant été approu- vées, M. le président proclame : —MXXVIL 7 Membres résidants, MM. Perron (Charles), docteur en médecine, membre du conseil municipal ; Por, docteur en médecine, médecin aide-major à l’hô- pital militaire ; Pouzer (Emile), négociant, juge au tribunal de com- merce ; Rerrouvey (Charles), boulanger ; Membres correspondants, MM. Maronanr (Louis), docteur en médecine, conservateur du musée d'histoire naturelle de Dijon ; Tarzzarp, docteur en médecine, membre du conseil d'arrondissement de Montbéliard, à Maiche (Doubs); SaILLARD (Armand), négociant à Villars-lez-Blamont (Doubs). Le Président, Le Secrétaire, A. SAILLARD. A. CASTAN. Séance du 14 avril 1877. PRÉSIDENCE DE M. SAILLARD. Sont présents : Bureau : MM. Saillard, président ; Klein, trésorier ; Faivre, vice-secrétaire ; Castan, secrétaire ; MENBRES RÉsIDANTS : MM. Alexandre (Charles), Besson (Edouard), Bizos, Boysson d'Ecole, Daubian-Delisle, Delacroix (Alphonse), Demongeot, Ducat, Dunod de Charnage, Grand (Charles), Huart, Jégo, Monnot, Paillot, Renaud (François), Ri- chard, Retrouvey, VaisSier. Le procès-verbal de la séance du 10 mars est lu et adopté. Par une dépêche du 16 mars, la Direction des Beaux-Arts, AAA NII —— occupée de dresser un ]nventaire des richesses artistiques de la France, nous informe qu'elle désirerait que les sociétés sa- vantes du département du Doubs s'entendissent à l'effet de constituer une commission mixte qui se chargerait de décrire les groupes d'objets non encore inventoriés dans cette région. M. le Directeur des Beaux-Arts nous apprend que la descrip- tion du musée de Besancon a été faile par notre savant com- patriote M. de Ronchaud. Nous savons, d’autre part, que les archivistes et bibliothécaires ont fourni les inventaires relatifs à leurs dépôts. Il est notoire enfin que les évêques ont adressé aux curés de leurs diocèses des instructions concernant la description des objets d'art renfermés dans les églises. Il res- terait donc, en ce qui concerne Besancon, une tâche peu con- sidérable à accomplir. Les arrondissements de Baume-les- Dames et de Pontarlier n’offriraient également, en dehors de leurs églises, qu'un petit nombre d'objets à noter. Enfin l’ar- rondissement de Montbéliard serait exploré par la savante Compagnie qui siége au chef-lieu de cette circonscription. La Société, reconnaissant l'exactitude de l'exposé qui pré- cède, charge son conseil d'administration de convoquer les délégués de l'Académie de Besançon et ceux de la Société des Amis des Beaux-Arts, à l'effet de constituer la commission mixte dont la Direction des Beaux-Arts désire la formation. La Société d'Emulation de Montbéliard nous informe qu'elle tiendra, le jeudi 17 mai prochain, sa séance publique suivie d'un banquet : elle nous prie d'envoyer des délégués à cette double solennité. M. le président fera tout le possible pour se rendre à cet appel : MM. Charles Grand, Faivre et Edouard Besson l'ac- compagneront probablement. De plus, M. Edouard Besson parait disposé à préparer, en vue de la séance publique de Montbéliard, un morceau dont la lecture ne saurait être que très agréable à nos excellents voisins. Le secrétaire présente à la Société quelques envois remar- quables qui nous ont été faits depuis la dernière séance : XIE 19 Album des principaux objets recueillis dans les sépultures de Caranda (Aisne), recueil de 48 planches in-4, en chromo- lithographie, reproduisant avec une merveilleuse exactitude des spécimens d'armes et ustensiles de l’âge de la pierre, de curieuses pièces de parure et amulettes de l’époque gauloise, des armes et joyaux de l’époque franque, publicaüon de MM. Frédéric Moreau, qui ont donné ainsi un noble emploi à leurs ressources, en même temps qu'ils ont fourni à une imprimerie provinciale l’occasion de se signaler par une pro- duction de premier ordre ; 2 Six monographies archéologiques de notre confrère M. le docteur Louis Marchant, de Dijon, brochures in-4 éditées avec luxe, fort intéressantes par les rapprochements que l'auteur a su établir entre les coutumes analogues de peuples très divers parvenus au même degré de civilitation ; 3° Nouveau dictionnaire de Géographie universelle, par M. Vi- vien de Saint-Martin, in-4, fascicules 1 et 2, sur le titre des- quels Pauteur a bien voulu mentionner la qualité qui nous procure l'honneur d’être ses confrères. Des remerciments sont votés à MM. Frédéric Moreau père et fils, Louis Marchant et Vivien de Saint-Martin. Au nom de la commission chargée d'étudier les questions concernant le classement et le service de la bibliothèque de la Société, M. Charles Grand demande qu'une commission permanente soit instituée pour concourir avec l’archiviste à la confection d’un catalogue des volumes qui nous arrivent du dehors, à la distribution régulière de nos publications, à la tenue d’une séance mensuelle où les communications de livres pourraient avoir lieu. La Société, adoptant les conclusions qui précèdent, décide que la commission permanente de la bibliothèque sera com- posée du président et de l'archiviste, membres de droit, plus de cinq membres élus. Sont désignés pour remplir ce mandat : MM. Daubian- Delisle, Paillot, de Prinsac, Richard et Vaissier. RANK M. Edouard Besson présente un rapport sur les lectures faites et les distinctions obtenues au récent congrès de la Sor- bonne par les membres de la Société d'Emulation du Doubs. A la suite de cet intéressant rapport, qui prendra rang dans nos Mémoires, la Société renouvelle à M. Sire ses félicitations au sujet de la médaille qui lui a été si justement décernée, en même temps qu'elle applaudit à la décoration qui a récom- pensé les savants travaux de M. de Fromentel, de Gray, l’un de nos très méritants collaborateurs. De plus, sur la proposition du secrétaire, la Société décide que son volume de l'année 1877 comprendra la remarquable étude de M. Edouard Besson, sur les prétendus Plagiats de Mirabeau, qui a été si honorablement accueillie à la Sorbonne. Le secrétaire communique ensuite une note de M. Jacob, ancien bibliothécaire de Metz, sur la découverte en cette ville d’un manuscrit autographe de Jean-Jacques Boissard. La Société vote l'impression de cette note, qui complète un travail antérieurement publié dans nos Mémoires. Il est pris une semblable décision au sujet de deux opus- cules de M. Castan, intitulés : 1° Origine de la fortune des Per- renot de Granvelle ; 2° Une troisième réplique au sujet du Fra Bartolommeo de la cathédrale de Besançon. MM. Amberger et Richard présentent comme candidat au titre de membre résidant, M. Auguste Zorn, ancien profes- seur à l'Ecole d’horlogerie. Un vote favorable ayant ratifié les présentations faites dans la précédente séance, M. le président proclame : Membres résidants, MM. BrancxaRp, professeur de dessin au Lycée; SAILLARD (Léon), négociant. Le Président, Le Secrétaire, A. SAILLARD. A. CASTAN. — KEXI-— Séance du 12 mai 1877. PRÉSIDENCE DE M. SAILLARD. — Sont présents : Bureau : MM. Saillard, président; Sire, vice-président; Castan, secrétaire ; MemBres RÉsIDANTS : MM. Alexandre (Charles), Besson (Edouard), Blondon, Boudot, Bougeot, Cheviet, Daubian-Delisle, Denizot, Ducat, Haldy, Jégo, Le Bleu, Lehrs, Monnot, Renaud (François), Richard, Savourey, Vaissier. Le procès-verbal de la séance du 14 avril ayant été lu et adopté, le secrétaire notifie en ces termes la mort récente de Me Mabile, l’un des membres honoraires de la Société : « La Société d'Emulation du Doubs vient encore de perdre l’un de ses membres honoraires, M£' Mabile, évêque de Ver- sailles, qui appartenait à la Franche-Comté par sa naissance et ses plus intimes affections. » Né à Rurey (Doubs) le 20 septembre 1800, il fut enlevé, en 1844, à la paroisse de Villersexel qu'il administrait, pour devenir. vicaire général du nouvel évêque de Montauban, M£: Doney, originaire d'un village qui confine à celui de Rurey. Promu lui-même à l’épiscopat en 1851, il occupa d’a- bord le siége de Saint-Claude, puis fut transféré à Versailles, en 1858. Il est mort à Rome le 8 mai courant. » Mer Mabile s’intéressait à nos travaux, et la circonstance qui l'avait fait élire membre honoraire de cette Compagnie, en 1858, était une généreuse marque d'attention donnée par lui à notre musée d'histoire naturelle. Il fut particulièrement sympathique à nos recherches sur le terrain d’Alaise, si voi- sin du lieu de sa naissance, et il témoigna gracieusement le désir d'en recueillir les.comptes-rendus. La Société, qui avait été sensible à ces témoignages d'estime, doit un souvenir à — XXXI — la mémoire du prélat dont la bienveillance lui était si com- plétement acquise. » M. de Fromentel remercie la Société des compliments qu'elle lui a fait transmettre au sujet de la décoration qu'il a obtenue à l'occasion du récent congrès de la Sorbonne. « Je n’oublierai jamais, dit-il, que la Société d'Emulation du Doubs a été l’une des premières à m'ouvrir les pages de ses Mémoires, pour la publication d’un travail qui a obtenu un rapide suc- cès. » La Société d'Emulation de Montbéliard nous informe que sa séance publique, qui devait avoir lieu le 17 mai, est ren- voyée au Jeudi 24 du même mois. Trois nouvelles associations scientifiques ayant manifesté le désir de correspondre avec nous, il est décidé que nos Hé- moires leur seront adressés par réciprocité. Ces associations sont : l’Université royale de Christiania (Norvège), la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, la Société de Géographie de Marseille. M. le président Saillard expose que la question de loger au Palais Granvelle toutes les sociétés savantes de la ville étant à l'étude, il a proposé, comme membre du conseil municipal, qu'une grande salle füt mise à la disposition commune de toutes ces associations pour leurs assemblées extraordinaires, chacune d'elles recevant d’ailleurs un local particulier pour ses réunions habituelles et pour l'installation de ses livres. Cette combinaison ayant été acceptée par l’Académie de Bé- sançon , par la Société de médecine, par les Sociétés d’agri- culture et d’horticulture, M. le président consulte la Société d’'Emulation du Doubs au sujet du désir qu’elle pourrait avoir d’être admise à la jouissance de la salle commune dont la création est proposée, La Société, considérant que son programme illimité pour- rait admettre des conférences auxquelles un nombreux public serail convoqué, juge utile, dans cette prévision, d'avoir part à la jouissance de la salle commune dont il est question. Elle — xXXXNT — donne donc mandat à son honorable président de faire le pos- sible pour lui obtenir cette faveur du conseil municipal, comme aussi de demander l’adjonction à son local actuel de l'espace contigu qui ne serait pas absorbé par la création de la grande salle : l'importance de ses collections de livres, qui ne cessent de s'accroître, rend cette extension fort désirable. Le secrétaire dépose sur le bureau une proposition ainsi conçue : « En 1866, sur la demande de M. Henri Martin, l'un de ses membres honoraires, la Société d'Emulation du Doubs votait une somme de cinquante francs pour contribuer au rachat de la tour où Jeanne d’Arc avait subi sa glorieuse dé- tention. » Aujourd'hui, M. Jules Quicherat, qui nous appartient au même titre, verrait avec plaisir que notre Compagnie s'as- sociât, par une modeste offrande, à la souscription ouverte pour élever un tombeau à l'historien Michelet, l'éloquent narrateur des exploits de la Pucelle. » Pour nous, qui avons le strict devoir d’être collective- ment neutres en matière de dogmes religieux ou politiques, il ne saurait être question d'adhérer à telle ou à telle des ma- _nifestations de la pensée lumineuse et profonde de Jules Mi- chelet. Il s'agirait uniquement d’associer notre Compagnie à un acte de haute bienséance nationale envers la mémoire d’un écrivain qui à été l’une des plus brillantes incarnations du génie français. » La Société, adoptant cette proposition dans les termes qui la formulent, vote une somme de cinquante francs pour con- tribuer au tombeau de l'historien Michelet, Au nom de la commission permanente nommée pour ad- ministrer la bibliothèque, M. Daubian-Delisle annonce que cette commission va se mettre à l’œuvre quant au récolement des publications qui arrivent à la Société. La commission se propose en outre d'ouvrir deux fois par mois la bibliothèque, savoir le second samedi, immédiatement après la séance men- c — XXXIV — suelle, et le quatrième vendredi, de quatre heures à six heures du soir. Chaque prêt ne pourrait dépasser le nombre de six volumes, et l'emprunteur ne pourrait conserver les volumes au delà” d’un mois sans en venir renouveler l'inscription. De plus, afin que chacun sût à qui s'adresser pour des commu nications urgentes, en dehors des jours d'ouverture de la bibliothèque, chaque bulletin mensuel de convocation pour- rait indiquer le membre de la commission qui prendrait pour un mois le service, à partir de la séance pour laquelle on se- rait convoqué. La Société donne son approbation aux mesures qui viennent d'être proposées. Conformément à une résolution prise dans la dernière séance, le conseil d'administration a prié l’Académie de Be- “sançon et la Société des Amis des Beaux-Arts de se faire re- j présenter dans une conférence ayant pour objet la formation d’une commission mixte chargée de coopérer, en ce qui con- cerne le département du Doubs, à l'Inventaire des richesses artistiques de la France. Cette conférence ayant eu lieu, le secrétaire de la Société relate en ces termes les résolutions qui y ont été prises : « MESSIEURS, » La Direction des Beaux-Arts, occupée de dresser l’Inven- taire des richesses artistiques de la France, a voulu que les so- ciétés savantes des diverses régions coopérassent à cette œuvre nationale, En ce qui concerne le département du Doubs, elle a désiré que les associations du chef-lieu se concertassent pour créer une commission mixte qui se chargerail d’accom- plir ou de provoquer les descriptions des groupes d'objets non encore inventoriés. » La Société d Emulation du Doubs, à qui l'esprit d’initia- tive est familier, se mit aussitôt en devoir de répondre au vœu de la Direction des Beaux-Arts. Par une délibération en date du 14 avril, elle chargea son conseil d'administration d’ap- nt A2 peler les délégués de l'Académie de Besançon et de la Société des Amis des Beaux-Arts, à l'effet de former la commission mixte que l’on désirait. » Cette réunion mixte a eu lieu le samedi 21 avril. L’Aca- démie de Besancon y était représentée par M. Vuilleret, son secrétaire perpétuel, et par MM. Delacroix et Ducat; la So- ciété des Amis des Beaux-Arts nous avait envoyé son vice- président, M. Albert Mallié. » La commission a voulu d'abord reconnaître les limites dans lesquelles son action pourrait utilement s'exercer. Pro- cédant par élimination, elle a constaté qu’elle n'aurait pas à s'occuper du mobilier des églises ni de celui de l’archevêché, une commission diocésaine procédant sur ce chef à un travail approfondi; elle sait en outre que M. Louis de Ronchaud, inspecteur des Beaux-Arts, a fourni la description du musée d'art de Besancon, et que les bibliothécaires des villes du dé- partement ont envoyé les notices concernant leurs dépôts. » Cherchant ensuite à répartir la besogne qui n’est pas en- core attribuée, la commission à jugé qu'il conviendrait de laisser à la Société d’'Emulation de Montbéliard le soin d’ex- plorer l'arrondissement au centre duquel elle siége, que l’en- quête concernant l’arrondissement de Baume pourrait être confiée à M. Gauthier, et que notre confrère M. l’architecte Girod serait prié de prendre le même soin à l'égard de l’ar- rondissement de Pontarlier. » Pour les monographies non encore faites à Besançon, la commission en a opéré le partage ainsi qu'il suit : Musée d’ar- chéologie, à M. Vuilleret ; Hôtel de ville, à MM. Delacroix et Castan ; Hôpital, à MM. Vuilleret et Castan ; Palais de Justice, à M. Ducat; Académie de Besançon, à M. Vuilleret. » Sur la proposition de notre premier vice-président M. Léon Marquiset, la commission a décidé en outre qu'elle prierail l'administration préfectorale de transmettre à MM. les Maires, par la voie du Mémorial administratif, un questionnaire con- cernant les objets d'art qui peuvent exister sur les places pu- — XXXVI — bliques ou dans les bâtiments des communes. Un projet de circulaire, rédigé dans ce sens, a été immédiatement soumis à M. le Préfet, et, par une lettre des plus gracieuses, ce haut fonctionnaire a bien voulu nous assurer que le document dont il s’agit figurerait dans le prochain numéro du Mémorial ad- ministralif. » La Société donne acte à la commission mixte du rapport qui précède, en décidant que ce morceau sera compris dans le procès-verbal de la séance où il a été lu. M. Edouard Besson lit un travail intitulé : La correspon- dance de P.-J. Proudhon dans ses rapports avec la Franche-Comté. Après audition de cette remarquable étude, qui est chaleu- reusement applaudie, la Société autorise l’auteur à en donner, comme son délégué, une nouvelle lecture devant la Société d'Emulation de Montbéliard. Il est décidé en outre que ce travail entrera dans nos Mémoires. M. Sire entretient la Société de quelques appareils de l’ordre des sciences physiques qu'il a remarqués pendant son dernier séjour à Paris comme délégué au congrès de la Sorbonne. L'honorable savant nous fait ainsi connaître : 1° la méthode employée par M. Coquillion pour recueillir l’air vicié des ga- leries de mines et le soumettre à l'analyse ; 2° le curieux phé- nomène d’une colonne d’eau tenue en suspension dans un verre renversé sur une base de tulle ; 3° le moteur domestique de M. Bisschop, perfectionnement et réduction du moteur Lenoir, applicable aux travaux de la couture et à quelques- unes des parties de l’industrie horlogère; 4° le radiomètre, moulinet à quatre ailettes, enfermé dans une ampoule de verre où l'air a été considérablement raréfié, lequel tourne dans un sens sous l’action calorifique des rayons lumineux, tandis qu'il tourne dans un sens opposé sous l’action de la chaleur dépourvue de rayonnement. M. le président, se faisant l'interprète de l'assistance, re- mercie M. Sire du vif plaisir qu'ont causé ses claires et inté- . ressantes démonstrations. MAX XVII = Le candidat présenté dans la dernière séance ayant été ac- cepté par un vote favorable, M. le président proclame : Membre résidant, M. Zorn, Auguste, ancien professeur à l'Ecole d’horlogerie, Le Président. Le Secrétaire, A. SAILLARD. A. CASTAN. Séance du 9 juin 1877. PRÉSIDENCE DE M. SAILLARD. Sont présents : Bureau : MM. Saillard, président ; Marquiset et Sire, vice- présidents; Xlein, trésorier ; Gauthier, archiviste; Castan, se- crétaire ; Memgres RÉsIDANTS : MM. Alexandre (Charles), Androt, Barbaud, Bertrand, Besson (avoué), Besson (Edouard), Bizos, Boname, Boudot, Canel, Chapoy, Chatelain, Coindre, Daubian- Delisle, Delacroix (Alphonse), Demongeot, Denizot, Foin, Grand (Charles), Grosjean (Alexandre), Guillin, Haldy, Lacoste, Le- doux, Monnier, Monnot, Nargaud, Ordinaire, Paillot, Petit- cuenot, Renaud (François), Ripps, Saillard (Léon), Saillard (Francis), Savourey, Valluet, Vaissier ; MEMBRE CORRESPONDANT : M. Renaud (Alphonse). Le procès-verbal de la séance du 12 mai est lu et adopté. Une lettre de la Société d'histoire et d'archéologie de Neu- châtel nous prie d'envoyer des délégués à la réunion générale que cette compagnie tiendra, le 26 juin, à La Sagne. M. Marquiset voulant bien accepter d’étre notre représen- tant à cette solennité, la Société est heureuse de lui en con- fier le mandat. e La Société d'archéologie, d'histoire et de littérature de TE 6620 1 0 0 Mo Beaune (Côte-d'Or) nous ayant envoyé un volume de ses Mé- moires, en nous priant d'user envers elle de réciprocité, il est décidé que cette démarche recevra un favorable accueil. Par une lettre en date du 8 juin courant, la Société de Tir de Besancon nous annonce la prochaine ouverture de son grand concours annuel, en exprimant l'espoir que notre Com- pagnie voudra bien, comme l'an dernier, lui offrir une mé- daille à décerner en cette circonstance. Il est décidé qu'une médaille de vermeil, grand module, sera offerte à la Société de Tir, en témoignage des sentiments confraternels de notre Compagnie pour une institution qui développe dans notre pays des aptitudes utiles à la défense du territoire national. M. Edouard Besson, qui a dignement représenté notre Compagnie à la fête annuelle de la Société d'Emulation de Montbéliard, dépose sur le bureau son compte-rendu imprimé de cette solennité. La Société croit devoir retenir pour ses annales ce morceau qui renferme le toast chaleureux prononcé à Monthéliard par notre délégué. M. le président Saïllard entretient l'assemblée du désir qu'auraient la plupart de nos médecins et naturalistes d'être autorisés à se constituer en groupe spécial, afin d’avoir des réunions où ils pourraient, plus librement que dans nos séances ordinaires, s'entretenir de questions qui les intéres- sent à peu près exclusivement : ils resteraient d’ailleurs en communion administrative avec l'ensemble de la Compagnie et désireraient même que tous les membres de celle-ci eussent la faculté d'assister à leurs réunions. Ce projet est renvoyé à l'examen d'une commission com- posée de M. le président Saillard et des membres dont les noms suivent : MM. Chapoy, Faivre, Ledoux, Moquin-Tan don, Nargaud, Païllot, Vézian et Castan. M. Alphonse Delacroix donne lecture d’une Note sur quatre nouvelles busandales, découvertes aux Chaprais, sur la bifur- EN EE —— cation des vieux chemins dans la direction de Châtillon et de Braillans. La Société vote l'impression de cet opuscule. M. Edouard Besson lit une étude intitulée : La Révolution et les classes laborieuses. Le but de ce travail est de montrer, contrairement aux assertions d’une certaine école historique, que tout à été profit pour les classes laborieuses dans la sup- pression des monopoles et priviléges qui étaient l'essence même de l’ancien régime. Cette lecture ayant été sympathiquement applaudie, M. le président se fait l’interprète de lassistance en remerciant M. Edouard Besson. M. Castan communique une Note sur la consultation musi- cale donnée dans l’église de Saint-Etienne de Besancon, en 1458, par le compositeur Guillaume du Fay. La Société retient ce morceau pour ses Mémoires. Le secrétaire rappelle que M. Jules Marcou, de Salins, l’é- minent séologue, a donné nombre de témoignages d'attention et d'estime aux travaux de notre Société : il demande que ce savant compatriote soit élu à la place devenue vacante dans la catégorie des membres honoraires de la Compagnie. Cette proposition ayant été adoptée à l'unanimité et par acclamation, M. le président proclame : Membre honoraire- M. Marcou (Jules), géologue, à Salins (Jura). Sont présentés pour entrer dans la Société : Comme membre résidant, par MM. Saillard, Marquiset et Edouard Besson, M. Paul Bucaille, avocat ; Comme membre correspondant, par MM. Paillot, Chapuis et Chatelain, M. Théodore Jobez, propriétaire, à Chaussin (Jura). Le Président, Le Secrétaire, A. SAILLARD. A. CASTAN. 7 KE — … Séance du 14 juillet 1877. PRÉSIDENCE DE M. SAILLARD. Sont présents : Bureau : MM. Saillard, président; Marquiset, premier vice-président ; Klein, trésorier ; de Prinsac, trésorier-adjoint, Castan, secrétaire ; MenBres RÉSIDANTS : MM. Androt, Ansberque, Besson (avoué), Besson (Edouard), Bizos, Bougeot, Chapoy, Coindre, Daubian- Delisle, Demongeot, Diétrich, Ducat, Dunod de Charnage, Grand (Charles), Haldy, Jégo, Le Bleu, Le Grix, Monnier (Louis), Nar- gaud, Perruche de Velna, Renaud (François), Richard, Vaissier. Le procès-verbal de la séance du 9 juin est lu cest adopté. Par une lettre en date du 22 juin dernier, M. le Directeur des Beaux-Arts nous remercie de l'initiative que nous avons prise pour constituer, avec l’aide de l’Académie de Besançon et la Société des Amis des Beaux-Arts, une commission de- vant collaborer à l’Inventaire des richesses artistiques de la France. De gracieux remerciments nous sont adressés, à propos de l'envoi du nouveau volume de nos Mémoires, par M. le Gé- néral commandant le 7° corps d'armée, M. le Premier prési- dent de la Cour d'appel, Ms l’Archevêque de Besançon et M. le Préfet du Doubs. En retour de notre modeste souscription à l'œuvre du tom- beau de Michelet, la veuve de ce grand écrivain à écrit au secrétaire de la Société la lettre suivante : « Monsieur, je suis bien touchée de la part que votre hono- rable Société a voulu prendre à l'érection du tombeau que la France donne à Michelet. » Ce n'est pas un monument stérile et d'ostentation : il l'eût refusé. C'est le vœu secret de toute son existence que je suis parvenue à réaliser. Ce vœu était une pensée religieuse. Au — XL — delà de la mort, il avait besoin de voir planer la vie; et le Père-Lachaïse, qui fut pendant dix ans le lieu favori de ses méditations, à chaque instant, par l’aridité, le dénuement de ses tombes, semblait lui donner un démenti. » Il eût payé bien cher ce que je viens d'obtenir : des eaux courantes au plus haut du cimetière, et par elles une sorte de résurrection triomphante. Les fleurs, les chants des oiseaux, diront partout que rien ne meurt, que tout vit. Son tombeau sera donc une fontaine où tous pourront venir puiser. J'ai voulu que l’eau fût donnée par lui, afin que son nom soit béni du pauvre, du peuple, dont 1l a eu la préoccupation cons- tante. C’est la récompense du juste, et la seule vraiment digne d'un si grand cœur. » Recevez encore, Monsieur, pour vous et pour tous les membres de votre Société, mes remerciments et l'expression de tous mes sentiments les plus distingués. » A.-J. MICHELET. » Le secrétaire relate en ces termes une double preuve d'ai- mable attention de nos chers voisins de l'Alsace envers la So- ciété d Emulation du Doubs. « M. Auguste Michel fils, très sensible au souvenir que la Société d'Emulation du Doubs a bien voulu accorder à la mémoire de son père, nous transmet une Votice biographique pubhée récemment sur le digne instituteur de Mulhouse. » Jean-Auguste Michel, né à Strasbourg le 15 juin 1808, fut l’un des principaux organisateurs de ce mouvement de propagande pédagogique auquel la prévoyante Alsace tenta d'associer la France entière. Directeur des cours d'adultes organisés sous les auspices de la Société industrielle de Mul-- house, notre regretté confrère vit ses efforts récompensés par les plus brillants résultats : les inscriptions de la première année s'étaient montées à 1095 ; celles de la deuxième attei- guirent le chiffre de 1176. » Dans les rares loisirs que lui laissaient ses occupations — XLII — multiples, Jean-Auguste Michel sut encore être utile à Ja science. La Société industrielle de Mulhouse lui doit une Table générale des matières des XLV premiers volumes de son Bulletin. Naturaliste érudit, passionné surtout pour l’en- tomologie, il fut l'utile et dévoué compagnon d’explorateurs célèbres, tels que Daniel Kæchlin, Henri Weber et Daniel Dollfus-Ausset, l’intrépide et savant collecteur des Matériaux pour l'étude des glaciers. » Jean-Auguste Michel avait collaboré vaillamment à ce dernier ouvrage, et son fils a désiré que notre bibliothèque le possédât : il en a demandé pour nous un exemplaire à l’un des fils du principal auteur, M. Gustave Dellfus, de Riedi- sheim ,.et ce grand monument scientifique vient de nous par- venir. » En utilisant cette précieuse source d'informations recueil- lies au prix des plus mériloires sacrifices, nos travailleurs au- ront un nouveau motif de songer affectueusement à une pro- vince dont les sympathies nous consolent et nous aident à espérer. » La Société, adoptant les sentiments qui viennent d’être ex- primés, vote des remerciments à MM. Gustave Dollfus et Au- œuste Michel fils. | Sur la proposition de M. le président Saillard, la Société décide qu’elle souscrira, moyennant 20 francs par année, aux Comptes-rendus de l'Association française pour l'avancement des sciences. M. le président présente, en ces termes, le rapport de la commission chargée d'examiner le projet de création du Co- mité des sciences naturelles et médicales de la Société d'E- mulation du Doubs : « Sur le désir exprimé par plusieurs médecins et natura- listes de notre Sociélé, à l'effet d'organiser, sous les auspices de cette Compagnie, une sorte de conférence où ils pourraient, plus librement que dans des séances ayant un caractère gé- néral, traiter les questions spéciales qui les intéressent, la XP Société a nommé, le 9 juin dernier, une commission chargée d’aviser aux moyens de donner suite à ce désir. » La commission s’est réunie : elle a entendu les observa- tions de plusieurs de ses membres sur les inconvénients qu’il y aurait à préluder au sectionnement de la Société, ce système ayant été déjà mis en pratique et immédiatement abandonné à cause de son excessive complication. » Néanmoins la commission a jugé que, tout en mainte- “nant le principe de l'unité administrative de la Société, rien n'empêchait d'autoriser un groupe de membres à se réunir pour conférer sur des matières spéciales et préparer des tra- vaux qui seraient ensuite présentés dans les séances ordi- naires de la Compagnie. » En conséquence, la commission propose à la Société d'a- dopter une résolution ainsi conçue : » ARTICLE 1%. — Les médecins et naturalistes faisant partie de la Société d'Emulation du Doubs pourront, en dehors des séances ordinaires de cette Compagnie, se réunir dans le local affecté auxdites séances, pour conférer sur des malières scien- tifiques. » ArRT. 2. — Cette réunion s’appellera Comité des sciences naturelles et médicales de la Société d'Emulation du Doubs. » ART. 3. — Tous les membres de la Société auront le droit d'assister aux séances et de prendre part aux travaux dudit Comité. » ART. 4. — Aucune délibération du Comité ne sera valable qu'après avoir été, sous forme de proposition, présentée à la Société et acceptée par elle. » La Société adopte et convertit en délibération le rapport qui précède. M. Léon Marquiset rend compte de la délégation qu'il a remplie, le mardi 26 juin, en représentant notre Compagnie dans la séance générale tenue à La Sagne par la Société d’his- toire et d'archéologie de Neuchâtel. Ce récit, très vivement coloré, comprend l'excellent discours par lequel notre délégué ARE a exprimé les sentiments affectueux de la Franche-Comté pour le canton de Neuchâtel, et tout particulièrement ceux de la cilé horlogère de Besançon envers le village qui fut le ber- ceau du créateur de l'horlogerie portative dans notre région. M. Marquiset caractérise en termes charmants l'hospitalité qui lui a été cordialement offerte par M. Jules Jurgensen, l'ambassadeur ordinaire de la Société d'histoire de Neuchâtel auprès de nos solennités bisontines. Mais, par une réciprocité de délicate attention, M. Jurgen- sen avait voulu que la Suisse témoignât directement de la bonne impression produite à La Sagne par l’envoyé de la So- ciété d'Emulation du Doubs; en effet, le vote d'impression du rapport de M. Marquiset fut immédiatement suivi de la lecture des lignes suivantes : « Vous ne sauriez croire à quel point le délégué qu'a choisi notre association s'est conquis tous les suffrages à La Sagne. Vous n’ignorez pas combien MM. de Neuchâtel tiennent aux excellentes relations qui unis- sent leur pays à la Franche-Comté. Soyez sûr que M. Léon Marquiset n’aura pas peu contribué à maintenir et à fortifier les liens qui rattachent la Suisse romande à Besançon. J’es- père que votre ambassadeur consentira à vous communiquer le discours élégant, ferme, élevé qu'il a prononcé au banquet du 26 juin dernier... » L'aimable attestation de M. Jurgensen ayant été accueillie par des applaudissements, la Société adresse des remerciments unanimes tant à M. Léon Marquiset qu à l'hôte distingué qui lui a accordé le plus gracieux des patronages. M. Edouard Besson présente une analyse de la thèse fran- aise soutenue dernièrement par M. Bizos, notre confrère et collaborateur, pour obtenir de la Faculté de Paris le grade de docteur ès lettres. Ce travail, qui peut à bon droit s'appeler un livre, est intitulé : Etude sur la vie et les œuvres de Jean de Muiret. C’est la première étude réellement importante qui ait été publiée sur ce poète tragique issu de Besançon, devenu le précurseur, puis le rival du grand Corneille. M. Bizos s'est US à acquitté de sa tâche en érudit et en artiste : aussi a-t-il obtenu en Sorbonne un grand et légitime succès. M. Besson se fait en excellents termes l’écho de cet événement qui nous inté- resse à double titre, et la Société décide avec plaisir l’impres- sion de son compte-rendu. Sur la proposition du secrétaire, la Société vote en outre à M. Bizos des félicitations au sujet de son succès, et des remer- cîments pour le service qu'il a rendu à l’histoire littéraire de la Franche-Comté. M. Bizos se montre sensible à cette aimable preuve de l'es- time que lui accordent ses confrères de la Société; il veut toutefois déclarer bien haut, comme il l’a déjà fait en Sor- bonne, qu'il entend demeurer l’obligé de la ville de Besan- con, car c’est à la bibliothèque de cette ville qu'il a rencontré des matériaux et des conseils pour la construction d’une œuvre qui vient de lui faire honneur. Par l'organe de M. Daubian-Delisle, la commission chargée du classement de la bibliothèque demande que la Société l'au- torise à s'adjoindre M 1. Edouard Besson et Bougeot. La Société accède avec empressement à ce désir. Un vote favorable ayant eu lieu au sujet des candidatures posées dans la dernière séance, M. le président proclame : Membre résidant, M. Bucarze (Paul), avocat ; Membre correspondant, M. Josez (Théodore), à Chaussin (Jura). MM. Marquiset et Castan demandent la qualité de membre correspondant pour M. Charles Buille, président honoraire de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny (Jura). Le Président, Le Secrétaire, À. DAILLARD, A. CASTAN. INT == Séance du 11 août 1877, PRÉSIDENCE DE M. SAILLARD. Sont présents : Bureau : MM. Saillard, président; Quicherat, membre ho- noraire ; Klein, trésorier ; Gauthier, archiviste; Castan, secré- taire ; Meugres RÉsIDANTS : MM. Androt, Barbier, Besson (Edouard), Bial, Bucaille, Chapoy, Coindre, Delacroix (Alphonse), Demon- geot, Ducat, Grosjean (Alexandre), Haldy, Huart, Jégo, Lacoste, Ordinaire, Paillot, Richard, Savourey, Tailleur (Louis), Vais- sier ; | MEMBRE CORRESPONDANT : M. Roy. Le procès-verbal de la séance du 14 juillet ayant été lu et adopté, M. le président signale la présence au bureau de M. Jules Quicherat, membre honoraire de la Compagnie. M. Quicherat répond qu'il est heureux de cette première occasion qui lui est offerte de prendre séance parmi ses con- frères de la Société d'Emulation du Doubs, flatté qu'il est d'appartènir à une Compagnie dont l'esprit libéral et les so- lides travaux sont hautement appréciés dans le monde savant. Le secrétaire communique ensuite une dépêche ministé- rielle annonçant à la Société une allocation de 400 francs, à titre d'encouragement. Des remercinents ayant été transmis, au sujet de cette libé- ralité, à M. le Ministre de l'Instruction publique, la Société décide qu’il en sera fait mention de gratitude au procès-verbal. Le secrétaire annonce ensuite à la Compagnie l'élection récente de M. Godron au titre de correspondant de l’Institut (section de botanique de l’Académie des sciences), nouvelle qui est accueille avec plaisir, le savant qu’elle concerne ayant été l’un des collaborateurs de notre œuvre et y prenant toujours une vive part d'intérèt. = AN — En retour de l'avis qui lui a été donné de son élection au titre de membre honoraire, M. Jules Marcou nous exprime ses sentiments dans les termes suivants : « Enfant de la Fran- che-Comté, ancien élève du collége de Besançon et membre correspondant de la Société d'Emulation depuis 1845, c'est- à-dire depuis les premières années de son existence, j ai tou- jours conservé, malgré mes voyages et mes longs séjours à l'é- trauger, un grand amour du pays natal : aussi rien ne pouvait m'être plus agréable que la distinction dont la Société vient de m'honorer. » M. Marcou ajoute qu'il se propose d'offrir à notre bibliothèque quelques-uns de ses travaux, puis de faire inscrire le nom de notre Compagnie sur les listes de distribu- tion de plusieurs grands ouvrages d'histoire naturelle et de géographie en voie de publication par le gouvernement des Etats-Unis. Le secrétaire dit que M. l’Inspecteur d'Académie l’a prié de demander à la Société une offrande pour contribuer aux ré- compenses qui seront décernées à la fin de l'exposition sco- laire. La Société est unanime pour désirer le succès d’une œuvre qui touche de si près à la haute question du relèvement de la France : aussi regrette-t-elle que les charges qui pèsent sur son budget ne lui permettent pas de voter une allocation im- portante au profit des lauréats de l'exposition scolaire. Quelques membres ayant proposé le vote d’une somme de cinquante francs, M. Jules Quicherat demande que la Société veuille bien lui permettre de se substituer à elle quant au versement de cette somme : ce serait pour lui, dit-il, un aimable prétexte de laisser trace de son passage dans l’une des séances de la Compagnie. | La Société fait le possible pour montrer à l'honorable érudit combien elle est à la fois touchée de son mouvement géné- reux, el même temps que désireuse de ne pas en accepter la conséquence. Mais M. Quicherat insistant pour qu'une fin de non-recevoir ne lui soit pas opposée, la Compagnie décide que — XLVHI — les cinquante francs ainsi offerts seront transmis à M. l'Ins- pecteur d’Académie comme don fait par M. Quicherat, sous les auspices de la Société, pour contribuer à la distribution des prix de l’exposition scolaire. De la part de M. Poly, membre correspondant, le secrétaire communique une note intitulée : Les monuments mégalithiques de la vallée de Lomont. Notre honorable confrère nous adresse la nomenclature de ces monuments, se mettant à notre. dis- position pour les étudier au profit de nos Mémoires. Cette offre est acceptée avec empressement par la Société. - M. Edouard Besson rend compte, en ces termes, d'une ré- cente publication de notre cher confrère M. Jules Jurgensen : « MESSIEURS, » À notre dernière séance, M. Marquiset nous racontait-en un style imagé et pittoresque son voyage à La. Sagne, où äl venait d'être notre représentant aussi éloquent qu’autorisé, » Il s’y était rencontré avec notre sympathique confrère M. Jurgensen, qui avait apporté son tribut à cette fête litté- raire et dont le travail avait été, comme toujours, très.bien accueilli. » Ce travail, imprimé depuis et dont son auteur nousa ré- cemment fait hommage, m'a paru riche d'enseignements sur des questions qui nous touchent de fort près : aussi vous.de- manderai-je de vouloir bien m'autoriser à lui consacrer ici quelques mots d'analyse. » M. Jurgensen s’est justement préoccupé de la crise que subit depuis quelque temps l’industrie horlogère en Suisse et particulièrement dans le canton de Neuchâtel. Il s’est de- mandé si cette industrie était tombée, dans son pays d'adop- tion, à un réel état d'infériorité; si l'emploi exclusif des ma- chines, supprimant la main-d'œuvre individuelle, assurait désormais à la fabrication américaine une prépondérance ab- solue. » À cette question, notre confrère répond très Judicieuse= — XLIX — ment que la machine ne se substituera jamais d'une manière complète au travail isolé de l’homme, qu’elle peut bien faire le gros des pièces manufacturées , mais qu’en fin de compte l'artiste doit toujours intervenir pour donner la dernière main aux produits purement mécaniques. Le tout est donc pour un pays d'industrie horlogère d'avoir de bonnes machines bien installées, et aussi des ouvriers habiles dont l'emploi est au- jourd'hui plus nécessaire que jamais. Or, à ce double point de vue, la Suisse peut défier toute concurrence. Ici l’auteur donne en passant un juste éloge aux produits de fabrication moyenne dus à l'industrie bisontine. , à » D'ailleurs , ajoute-t-il, l'emploi des machines en horlo- gerie, dont les Américains se montrent si fiers, ils le doivent à un Suisse, Pierre-Frédéric Ingold, dont notre confrère re- trace avec un rare talent, joint à la plus haute compétence, la vie et les travaux. » Né à Bienne en 1787, Ingold eut une existence passable- ment tourmentée. Ses pénibles débuts, ses voyages entrepris dès sa jeunesse, les rudes épreuves qu'il eut à subir, rendent la carrière de l’éminent industriel fort intéressante, et la plume de son biographe a su y répandre un nouveau charme. » Nous n'avons pas la compétence nécessaire pour apprécier pertinemment une œuvre dont les détails ne sont accessibles qu'aux hommes du métier; mais, autant que nous pouvons en juger, Ingold nous paraît avoir joué, en fait de fabrication horlogère, le rôle que Jacquard joua relativement à une autre industrie. » Il eut d’ailleurs à subir les mêmes attaques de la routine stupide et tracassière ; il rencontra de plus grands obstacles encore, puisqu’après des essais laborieux en France et en Angleterre, mais demeurés infructueux malgré de hauts ap- puis, il dut aller, comme Fulton, porter à l'Amérique le tri- but de ses idées nouvelles. » L'Amérique en a bénéficié : elle a recu le don, mais elle en a méconnu l’auteur, comme du reste elle a méconnu en d EL des circonstances récentes et tragiques ceux auxquels elle de- vait le don bien autrement précieux de ses libertés et de son autonomie. Ingold a quitté, oublié et pauvre, le pays qu'il venait d'enrichir; il est retourné dans sa patrie où il vit en- core, et où, naguère, nous raconte son biographe, il enten- dait un ouvrier dire à ses camarades : « Tiens! voilà celui qui a manqué, avec ses machines, nous ôter le pain de la bouche ! » La Société remercie M. Edouard Besson de son compte- rendu et décide que ce morceau entrera dans le procès-verbal de la séance. M. Gauthier met sous les yeux de la Société deux bandes ayant servi d'orfrois à des vêtements sacerdotaux, sur les- quelles bandes sont brodées des représentations de saints et de saintes, avec les attributs qui les caractérisent. Ces objets, qui remontent aux premières années du seizième siècle, sont proposés à M. le conservateur du musée d'antiquités de Be- sançon, qui regretterait vivement, en raison du prix élevé qu'on en exige, de ne pouvoir les acquérir pour l'établisse- ment qu'il administre. Ce prix consisterait dans la somme de quatre-vingts francs. Or, si la Société voulait payer la moitié de cette somme, M. Gauthier assure que le musée prendrait à sa charge l’autre moitié, et que notre Compagnie serait inscrite comme unique donatrice des objets qui lui sont pré- sentés. Un membre fait observer que le musée d’antiquités de Be- sançon à un budget annuel de 800 francs, dont 300 alloués par le département et 500 par la ville; que cet établissement, qui se recrute principalement par des dons, ne semble pas devoir être tellement nécessiteux qu’il faille lui venir en aide par un secours de quarante francs; qu'en admettant même, par hypothèse, la réalité de cette situation, l'établissement aurait à son service, au moins pour des avances de fonds, une bourse privée incontestablement mieux garnie que celle de la Société d'Emulation du Doubs. \ M. le trésorier ayant remontré une fois de plus que notre budget en cours d'exercice est grevé par un arriéré de dé- penses, la Société décide que, tout en désirant qu'il soit fait achat pour le musée des objets en question, elle ne peut con- tribuer à cet achat que par un vœu dont l'expression sera transmise à l'administration municipale. M. Castan lit un morceau intitulé : Le passage de Gaston d'Orléans à travers la Franche-Comté ei sa retraite de quatorze jours à Besançon, en 1631. La Société se montrant disposée à retenir ce travail pour ses Mémoires, M. Castan déclare qu'il en a fait abandon à M. Valfrey, au point de vue de l'édition que ce savant con- frère va donner d'une chronique concernant le règne de Louis XIII ; il ajoute cependant que quand Pédition dont il s’agit aura paru, rien ne s'opposera à une reproduction dans nos Mémoires de l'opuscule qui vient d'être lu. MM. Saillard et Chapoy présentent comme candidat au titre de membre résidant M. Gustave Cierc, banquier. Sont présentés comme candidats au titre de membre cor- respondant : Par MM. Savourey et Castan, M. Edouard Droz, élève de l'Ecole normale supérieure ; Par MM. Besson (Edouard) et Castan, M. Gaston Joliet, avocat, docteur en droit, à Dijon; Par MM. Delacroix (Alphonse) et Sire, M. Quivogne, archéo- logue et vétérinaire à Lyon (Place Perrache, 16). A la suite d'un vote ratifiant la présentation faite dans la dernière séance, M. le président proclame : Riembre correspondant, . M. Barzze (Charles), président honoraire de la Société d'agri- culture, sciences et arts de Poligny (Jura). Le Président, Le Secrétaire, A. SAILLARD. A. CASTAN. —— LI == Séance du 10 novembre 1877. PRÉSIDENCE DE M. SAILLARD. Sont présents : Bureau : MM. Saillard, président; Sire, vice-président; Klein, trésorier ; Faivre, vice-secrétaire; Gauthier, archiviste; de Prinsac, trésorier-adjoint ; Castan, secrétaire ; Mengres RÉsIDANTS : MM. Besson (Edouard), Bougeot, Co- lombain, Daubian-Delisle, Debauchey, Ducat, de GassowskŸ, Grand (Charles), Grosjean (Alexandre), Guillin, Haldy, Mar- tin, Monnot, Pingaud, Potier, Renaud (Alphonse), Renaud (Francois), Ripps, Vaissier. Le procès-verbal de la séance du 11 août est lu et adopté. Il est donné lecture d’une lettre par laquelle MM. Veil- Picard fils remercient collectivement la Société de ce que la plupart de ses membres ont contribué, par leur présence, à l'éclatant hommage que la ville entière vient de rendre à la mémoire de son bienfaiteur. Puis M. le président Saïllard fait en ces termes l'éloge du regretté défunt : « La Société d'Emulation, Messieurs, s’est fait un devoir de participer au deuil public qui impressionnait si vivement na- guère notre cité : dans la touchante manifestation du 4 no- vembre, elle a confondu ses regrets avec ceux de tous nos concitoyens. Avec eux, elle a déploré la mort de M. Adolphe Veil- Picard, c'est-à-dire la perte d'un homme dont la bien- faisance et l’intelligente générosité étaient justement appré- ciées. » Dans la séance de ce jour, je crois être votre interprète en disant ce que fut pour notre Association le confrère que nous regrettons tous. En cela je me conforme à l'une de nos meilleures traditions, celle qui nous impose le devoir de garder mémoire des services rendus et de l’attachement témoigné à ni iQ l’œuvre commune. À ce double point de vue, M. Veil-Picard mérite notre respectueux souvenir et nos hommages. » Elu membre de la Société en 1859, il nous faisait parti- ciper, dès l’année 1863, aux libéralités dont il alimentait si volontiers les divers foyers d'instruction. Il facilitait alors, par un don de 200 francs, les fouilles entreprises à Alaise pour enrichir la science des antiquités gauloises et évoquer de patriotiques souvenirs. — En 1870, lorsque notre Société, sous les auspices de la ville, entreprit de convertir en un square archéologique la place Saint-Jean, où l’on venait de repérer les vestiges du théâtre romain de Vesontio, il s'inscri- vait pour 6,000 francs sur la liste de souscription ouverte à cet effet, et il insistait pour que son nom ne fût pas prononcé à l'occasion de cette libéralité nouvelle. — La même année, notre Société prenait l'initiative de la création d’une biblio- thèque populaire, projet traversé par la guerre, mais repris ensuite et exécuté par notre municipalité : M. Veil-Picard affecta 3,000 francs à cette œuvre qui reste un peu la nôtre. — Enfin, et tout récemment, il s'enquérait auprès de notre sympathique et savant secrétaire décennal des conditions di- verses qui pourraient permettre de faire revivre, par sa libé- ralité et par nos soins, le plus important des monuments ro- mains de Besancon, le Capitole. Sur le désir formel qu'il en avait exprimé, le projet de cette restauration était à l'étude, et, sa réalisation pouvait nous paraître prochaine. » La mort subite et prématurée de notre confrère anéantit cette espérance. Elle laisse inachevée une carrière exception- nellement honorable et dans laquelle, Messieurs, notre re- connaissance ne séparera point les intentions des faits accom- plis. » L'allocution qui précède ayant été accueillie par des applau- dissements, il est décidé qu’elle entrera dans le procès-verbal de la séance.et que communication en sera faite aux journaux de la ville. Sur la demande écrite de la Société de géographie de Mar- nd 0 on selle, il est décidé que cette compagnie prendra rang parmi celles qui échangent leurs publications contre les nôtres. La Revue politique et littéraire nous demandant l'envoi de nos travaux, à l'effet d’eu rendre compte, il ne sera satisfait à ce désir que dans le cas où le conseil d'administration juge- rait que l'organe dont il s'agit peut nous procurer par sa pu- blicité un avantage réel. En quittant Besancon pour se retirer à la campagne, M. Louis Racine, ancien adjoint au maire de cette ville, a eu la généreuse pensée d'offrir à notre Compagnie, dont il est membre depuis vingt ans, divers objets pouvant entrer dans les collections publiques. Ces objets sont les suivants : oiseaux empaillés, tant d'Europe que d'Amérique, au nombre de 69, avec trois globes de verre servant à en abriter plusieurs groupes; deux couvoirs artificiels {système Charbogne) pour l'éclosion des œufs; un fusil à vent d'une élégante fac- ture. La Société vote à M. Louis Racine de vifs remercîments pour cette aimable preuve d’un fidèle souvenir; puis elle dé- cide que le don fait par cet honorable confrère sera ainsi ré- parti : les oiseaux empaillés au musée d'histoire naturelle; l’un des couvoirs et le fusil à vent au cabinet de physique de la Faculté des sciences ; le second couvoir à la Société d’Aegri- culture du Doubs. L'ordre du jour appelle la Société à arrêter son budcset pour l'exercice de 1878. Un projet, présenté au nom du conseil d'administration par M. le président, est ainsi conçu : RECETTES. 1° Encaisse prévu au 31 décembre 1877.......... 90 f. 2° Subvention de l'Etat...... SNA SNERE sd 400 où — du département du Doubs...... Hé 900 4° — dedasyille de, Besancon... 4... 600 9° Cotisations des membres résidants ....... Res À reporter. 13:80 f, Report..... 3.850 f. 6e Cotisations des membres correspondants. .... NE 700 T Droit de diplôme, recettes accidentelles. ....... 60 8° Intérêts du capital en caisse et des rentes...... 300 — DO 4 Æ JOUE, DÉPENSES. 1° Impressions. .... sus Lo. RO RTS hais 3.000 f. D Eure. ue. 4e Jolie Ainsi eee 100 3° Frais de bureau, chauffage et éclairage. ....... 125 4° Frais divers et séance publique............... 600 5° Traitement et indemnité pour recouvrements à l'asent dela: Société ss nacteadta des! sniattel 240 6° Crédit pour recherches scientifiques........... 300 HGompie: de rÉSeL Yes san: eldindeistet «ide eee af 95 Toul. TE 4.960 f. Les divers articles et l'ensemble de ce projet sont adoptés pour servir à régler les recettes et les dépenses de la Com- pagnie pendant l’année 1878. La Société décide ensuite que la séance publique et le ban- quet de 1877 auront lieu le jeudi 13 décembre; elle donne plein pouvoir au conseil d'administration pour organiser cette double solennité. De la part de M. Quiquerez, notre savant et vénéré confrère, le secrétaire communique un manuscrit intitulé : Les églises de l'ancien Eviché de Büle, volume in-folio de 223 pages, sui- vies de 55 planches. L'auteur a voulu ainsi nous donner un spécimen des précieux recueils qu’il confectionne pour sauver de l’oubli les monuments historiques de la contrée dont il est encore, malgré ses 76 ans, le plus fécond annaliste et le plus infatigable explorateur. Par la lecture qui est faite d'un ré- sumé de ce grand travail, la Société apprécie l'intérêt des ob- servations tour à tour judicieuses et piquantes de M. Quique- rez, en même temps qu'elle prend plaisir à voir les dessins LIVE qui reproduisent avec tant de précision des édifices ayant fait partie du diocèse ou de la province ecclésiastique de Besan- con. En conséquence, la Société adresse des remerciments et des félicitations à M. Quiquerez; elle vote l'impression dans ses Mémoires de l’opuscule qui résume le manuscrit placé sous ses yeux ; elle décide enfin que.cette publication sera accom: pagnée d’une planche reproduisant deux curieux chapiteaux du portail principal de l’église de Saint-Ursanne. M. de Gassowski ayant bien voulu se mettre à la disposi- tion de la Société pour dessiner cette planche, son offre est acceptée avec empressement et gratitude. M. Castan lit une note sur l'origine et le sens du mot regi- quina , terme de la procédure criminelle du moyen âge qui, de la Suisse romande où il était employé fréquemment, est entré dans la charte des franchises de Jougne, en Franche-. Comté. Cette note, que la Société retient pour le procès-verbal de la séance, est ainsi conçue : « En publiant dans nos Mémoires (1870-71), avec une tra- duction et des notes, la charte des coutumes de la ville de Jougne, dont j'avais eu le plaisir de lui fournir le texte, notre savant confrère M. Jules Gauthier ne fut arrêté que par la difficulté d'interpréter un seul mot, le mot regiquina. « Ce » mot regiquina, écrivit-il, que nous n'avons jamais rencontré » dans d’autres textes que celui-ci, ne se trouve expliqué dans » aucun glossaire. Les personnes les plus compétentes con- » sultées à ce sujet m'ont affirmé ne point le connaître. Quant » au sens du mot lui-même, il n’est point douteux qu’il signifie » témoignage, déclaration faite sous serment préalable. » Dans son introduction, notre confrère dit qu'il s'agit d' «un ser- ment particulier à Jougne et appelé regiquina. » » Si ce mot est étranger au vocabulaire des actes franc- comtois du moyen âge, il se trouve en revanche dans un bon nombre des coutumiers locaux de la Suisse romande, et sa présence dans la charte de Jougne vient de ce que ce texte avait été calqué sur les franchises plus anciennes de Moudon, CUVITTE petite ville vaudoise qui appartenait, ainsi que Jougne, au diocèse de Lausanne. » C’est ce que nous ont appris nos érudits confrères de la Suisse romande et de la Savoie, qui se sont fail une sorte de point d'honneur d’élucider le petit problème soulevé presque concurremment, à Lausanne par MM. Francois Forel et Charles Le Fort (Chartes communales du pays de Vaud), et à Besançon par M. Jules Gauthier. Le mot regiquina est de- venu, à lui seul, l’objet d'une remarquable étude publiée par M. Jules Vuy, président de la Cour de cassation de Genève, davs les Mémoires de l'Institut national genevois (t. XIIT). Cet auteur trouvant dans quelques textes genevois et vaudois les mots regiquina et tortura cordæ, questio giquina et torlura, rapprochés et indiqués comme synonymes les uns des autres, sa conclusion à été naturellement « que la regiquina était bien la torture, et une espèce de torture déterminée. » Voilà pour le sens du mot. » Quant à son étymologie, MM. Jules Vuy et l'abbé Ducis ont mis à la torture (ad regiquinam) leur imagination cet leur très réel savoir pour la trouver, et ils ont publié là-dessus plusieurs articles dans la Revue savoisienne (1877, n°s 7 et 8). Mais la solution que vient de donner à cet égard, dans la même Revue (n° 8), M. A. Morel-Fatio, de Lausanne, me semble de beaucoup la préférable, et c’est à ce titre que Je vous propose de l'enregistrer comme complément de l’inté- ressant commentaire de M. Jules Gauthier sur la charte de Jougne. « Le n° 7 de la Revue savoisienne, dit M. Morel-Fatio, parle » de la regiquina, et votre regichia me paraît être la même » chose et devoir se lire regichia (avec un trait sur l'), soit » regiChina. » Quant à l’étymologie de ce mot, à sa signification absolue, » je crois qu’elle se trouve dans le vieux verbe regehir, rejehir, » confesser. » Le Livre des Psqumes, traduction française du xu* siècle (?), PONT = » fait un emploi fréquent de ce verbe. Je n’en citerai que deux » exemples : » El milliu de la nuit esdrecowe à REGEHIR à tei, sur les ju- » gemenz de la tue justise. » (Medio noctis surgebam ad confitendum tibi, super jJudicia » justitiæ tuæ. — Ps. 118, v. 62); » Jo REGEÏRAI al Seignur sulunc sa justise, e chanterai al num » del Seignur très halt. » (Confitebor Domino secundum justitiam ejus, et cantabo » nomini Domini altissimi. — Ps. 7, v. 17). =» La regiquina était une confession, une déposition proba- » blement accélérée par quelque EVER violent; mais le fond » du mot signifie, je crois, confession. » Telle est la note judicieuse de . Morel-Fatio. On me permettra d’v ajouter le modeste appoint que voici. Le verbe rejehir a une origine latine, il dérive de rejicere qui, dans son acception la moins noble, signifie expectorer : or l’expectora- tion physique, avec ses douleurs et ses contractions muscu- laires, a bien pu être prise comme image de l’expectoration morale obtenue des accusés par le monstrueux procédé de la question ; ce serait là, suivant moi, le sentiment qui aurait conduit à fabriquer avec le verbe r'éjicere le substantif regi- cina, devenu depuis regiquina, pour dénommer et peindre la confession forcée en usage dans la procédure criminelle du moyen âge. » M. de Prinsac expose que des travaux de canalisation: ont fait récemment découvrir, près de Scey-sur-Saône, à quatre où cinq mètres de proïondeur, dans une couche de gravier que recouvrait un fort lit de marne, une barque d’une seule pièce et faisant corps avec deux bancs de rameurs : elle est longue de 8 mètres sur 97 centimètres de largeur; le bois en est noir et tend à s'exfolier ; une chaîne de fer avec cadenas y est rattachée. Cette barque paraît être d'une assez haute antiquité, et nos collections publiques ne possèdent rien d’a- nalogue. M. de Prinsac pense qu'on l'obtiendrait assez faci- AIT == lement de l'ingénieur qui l'a ramenée à Vesoul, moyennant remboursement des menus frais d'extraction et de transport. Notre honorable trésorier, M. Klein, devant aller prochaï- nement à Vesoul, la Société le prie de voir l’objet et d’aviser à l'obtenir, sous nos auspices, pour le musée d’antiquités de Besançon : il sera préalablement écrit dans ce sens à l’ingé- nieur que la question concerne. Sont présentés pour entrer dans la Société : Comme membres résidants, par MM. Ch. Grand et Castan, M. le comte Georges de Soultrait, trésorier-payeur général du Doubs, membre non-résidant du Comité des travaux histo- riques ; Par MM. Ch. Baille, Pingaud et Castan, M. le comte Léonel Mouchet de Battefort de Laubespin-Saint-Amour ; Comme membre correspondant, Par MM. Ch. Grand et Castan, M. Julhiet. président à la Cour d'appel de Dijon. À la suite d’un vote d'admission des candidats antérieure- ment présentés, M. le président proclame : Membre résidant, M. Czerc (Gustave), banquier; Membres correspondants, MM. Droz (Edouard), professeur-agrégé de rhétorique au Lycée de Belfort; Jouer (Gaston), avocat, docteur en droit, à Dijon; Quivocxe, archéologue et vétérinaire à Lyon. Le Président, Le Secrétaire, A. SAILLARD. A. CASTAN. — LX —- Séance du 12 décembre 1877. PRÉSIDENCE DE M. SAILLARD. Sont présents : Bureau : MM. Saillard, président; Marquiset et Sire, vice- présidents; Klein, trésorier; Faivre, vice-secrétaire; Castan, secrétaire ; Memgres RÉSIDANTS : MM. Arnal (Alexis), Bertin, Besson (avoué), Besson (Edouard), Bial, Bizos, Blanchard, Boudot, Canel, Clerc (Gustave), Cuenin, Daubian-Delisle, Debauchey, Demongeot, Dodivers, Ducat, Dunod de Charnage, Faucompré, Girod (Victor), Grand (Charles), Grosjean (Alexandre), Guillin, Haldy, Hézard, Hild, Huart, Jégo, Laurens (Paul), Ledoux, Le Grix, Lehrs, Martin, Moquin-Tandon , Monnier (Louis), Nar- gaud, Pétey, Picard (Arthur), Renaud (François), Vaissier ; MEMBRE CORRESPONDANT : M. Gascon. Le procès-verbal de la séance du 10 novembre ayant.été lu et adopté, le secrétaire annonce en ces termes la mort récente de deux membres de la Société : « La Société d'Emulation du Doubs a perdu récemment l’un de ses membres honoraires, M. Charles Paravey, décédé le 17 octobre dernier, à l’âge de 76 ans. » M. Paravey était originaire de la Franche-Comté, son père étant né à Gray, et il se souvint de cette circonstance lorsque notre Compagnie voulut faire l'exploration archéolo- gique du pays d'Alaise : il prit spontanément à Paris l'ini- tiative d’une souscription en faveur de cette entreprise; nous l'en remerciâmes en inscrivant son nom sur la liste de nos membres honoraires. » C'était d’ailleurs un homme des plus distingués comme intelligence et comme caractère. Ses connaissances adminis- tratives, jointes à la sûreté de son jugement, l'avaient fait nommer Conseiller d'Etat par le roi Louis-Philippe. Cette NI fonction lui fut conservée par l’Empire, mais il s’en démit pour rester fidèle à ses convictions politiques : sa capacité reconnue en affaires lui valut alors une belle position dans l'industrie. » M. Paravey aimait surtout à encourager et à obliger : les services qu'il a rendus à des particuliers sont innombrables ; mais on doit mentionner comme exemple sa coopération active aux mesures qui sauvèrent de la ruine l'établissement de Sainte-Barbe, où il avait recu l'éducation. Après avoir rap- pelé ce trait généreux d’une existence entièrement vouée au culte du bien, M. Louis Quicherat, dans un excellent discours prononcé sur la tombe de son fidèle ami, dépeignait en ces termes le caractère de M. Paravey : « La modération fut une » de ses qualités saïllantes. La politique provoquait bien des » conversations animées, trop souvent violentes; malgré de » fermes convictions, il ne sortait jamais de la mesure. Et » dans le monde, s’il trouvait quelque action blämable, jamais » son blâme n'avait rien d'accrbe. Dans les causeries de sa- » lons, son esprit n'était pas tourné à décocher un trait ma- » lin. En un mot, il était bienveillant. Faut-il ajouter qu'il » portait au plus haut point la loyauté, la droiture, l'équité ? » Il était un modèle de vertu dans toutes les acceptions du » mot. » Et pour dernière parole, l’éminent orateur disait de notre regretté confrère : « Je n’ai jamais Connu un homme » meilleur! » » La Société doit également un souvenir à M. Claude-Fran- çois Voisin, ancien entrepreneur de maçonnerie, décédé le 24 novembre dernier, à l’âge de 80 ans. Nous ne pouvons ou blier, en effet, le bon vouloir et le désintéressement qu'il mit au service de la création du square archéologique, en un mo- ment où les caisses publiques et les bourses privées semblaient ne plus devoir s'ouvrir pour cette œuvre interrompue par la guerre de 1870. A ses risques et périls, M. Voisin commença le redressement des colonnes dont on avait recueilli, pièce après pièce, les bases, les tambours et les chapiteaux ; cette QUI reprise de l'opération décida de son achèvement. M. Voisin savait par expérience que rien en ce monde ne s'obtient qu'au prix d'un effort et souvent d’une lutte; il avait gravi pénible- ment-tous les degrés de sa profession, ayant l’idée fixe de s'iustruire et élant parvenu à acquérir, en même temps qu'une solide instruction professionnelle, une aisance entiè- rement due au travail et à la probité. Demeuré simple d'es- prit et quelque peu rustique d’allures, M. Voisin avait le cœur généreux, et son intelligence était prompte à s'intéresser par sympathie aux conquêtes de la science ou aux recherches de l’érudition. » La Société, partageant les sentiments ci-dessus énoncés, décide que la notice qui les formule entrera dans le procès- verbal de la séance. Le secrétaire communique les réponses obtenues en retour des invitations faites, au nom de la Compagnie, pour la séance publique et le banquet. Ces réponses sont affirmatives en ce qui concerne Les sociétés savantes habituellement représentées à nos fêtes annuelles. Mais plusieurs de nos membres hono- -raires, empêchés par des circonstances indépendantes de leur volonté, ont exprimé à cet égard les plus sympathiques re- grets. M. le Sénateur maire de la ville, qui se trouve dans ce Cas, à MIS un gracieux empressement à nous accorder, pour la double solennité du 13 décembre, la grande salle de 1’ Hôtel de ville et le salon principal du Palais Granvelle. Conformément à une décision prise dans la précédente séance, il a été écrit à M. l'ingénieur Bouvaist, de Vesoul, au sujet d’une barque antique découverte à Saint-Albin, près de Scey-sur-Saône. Celle barque, trouvée sur le terrain de l’'E- tat, paraît devoir être réclamée par le musée gallo-romain de Saint-Germain; mais si, après renseignements pris, le direc- teur de cet établissement ne jugeait pas utile d'en demander le transport, M. Bouvaist serait heureux de nous céder l'objet. « Ce bateau, ajoute M. Bouvaist, a huit mètres de longueur gt un mètre de largeur moyenne; la hauteur des bandes est — XI — d'environ quarante centimètres ; l'épaisseur du fond est de dix centimètres et celle des bandes de trois centimètres. » M. le président de la Société d'Agriculture du Doubs nous remercie du don que nous avons fait à cette compagnie de l’un des couvairs artificiels provenant de M. Louis Racine. Le second de ces appareils a été joint au fusil à vent et aux oiseaux empaillés de la même provenance, pour enrichir les collections de la Faculté des sciences : une lettre de M. le doyen nous rend grâce de ces nouvelles libéralités. Parmi les dons arrivés depuis la dernière séance, le secré- taire signale la Carte géologique du Grand-Duché de Luxem- bourg, qui nous est offerte par la Société royale des sciences de ce pays : magnifique publication exécutée à Paris et avec l'emploi exclusif de la langue francaise. M. Vézian sera prié d'examiner ce monument scientifique, et les plus chaleureux remerciments seront transmis, au sujet d'un si intéressant envoi, à nos confrères en langue française de la Société royale des sciences naturelles et mathématiques de Luxembourg. L'ordre du jour appelant la Société à élire son conseil d'ad- ministration pour 1878, il est décidé que le vote s'effectuera par un seul bulletin portant désignation de Lilulaires pour les sept postes à pourvoir. Le scrutin, immédiatement ouvert, ne sera clos qu'après achèvement de la lecture annoncée par le billet de convocation. Cette lecture, intitulée Amédée Thierry à Besançon, est faite par le secrétaire, au nom de l'auteur, M. Chotard, ancien président de la Société. Elle est vivement applaudie, tant pour les souvenirs sympathiques qu’elle éveille qu'en raison de son mérite littéraire très réel. La Société est unanime pour en voter l’impression dans ses Mémoires. Le dépouillement du scrutin, qui a lieu ensuite, donne les résultats uisvants : Nombre de votants, 40. Pour ie président : M. Sire, 40 voix. LAIT — Pour le premier vice-président : M. Saillard, 39 voix. Pour le deuxième vice-président : M. Besson (Ed.), 39 voix ; M. Grand {Ch.), 1 voix. Pour le vice-secrétaire : M. Faivre, 39 voix ; M. Dunod de Charnage, { voix. Pour le trésorier : M. Klein, 39 voix ; M. Bougeot, { voix. Pour le trésorier-adjoint : M. de Prinsac, 39 voix. Pour l’archiviste : M. Vaissier, 37 voix; M. Gauthier, 3 voix. En conséquence, M. le président déclare le conseil d’admi- nistration de l’année 1878 constitué ainsi qu'il suit : PROMOS EG e cnoageaat ess M. Georges SIRE; Premier vice-président.......... M. Albin SAïILLARD; Deuxième vice-président..... ... M. Edouard Besson ; Secrétaire décennal............. M. Auguste CASTAN ; Vice-secrétaire et contrôleur des CÉDORSERS.. LD 08 IPONCACECET TES M. Adolphe Favre; PCSI, EN AL AMEL Les M. Auguste KLEIN ; Frésorter- adjoint... TEA M. le baron DE PRrinsac; MTERVOESEE à ne uen semence M. Alfred Vaissier. Sont présentés pour entrer dans la Société comme membres résidants : Par MM. Belot (Aimé) et Fouin, M. Edmond Belot, essayeur du commerce ; Par MM. Sire et Vézian, M. Marcel Croullebois, professeur de physique à la Faculté des sciences ; Par MM. Daubian-Delisle et Grand (Charles), M. Henri colas, inspecteur des contributions directes : Par MM. Saillard et Arnal père, M. Mathieu Tridon, cen- seur honoraire des études au Lycée de Besançon. Puis, un vote affirmatif ayant eu lieu sur le compte des candidats antérieurement présentés, M. le président pro- clame : - TIEXV — y f ®, LÉ L 5 Lx , Membres résidants, AL. le comte Georges DE SOULTRAIT, trésorier - _ payeur gé- s néral ; le comte Léonel Guen DE rade DE LAUBESPIN- _ SAINT-Amour ; Membre correspondant, M. Juzmier, président à la Cour d'Appel de Dijon. Le Président, Le Secrétaire, A. SAILLARD. A. CASTAN. Séance publique du 13 décembre 1877. PRÉSIDENCE DE M. SAILLARD. La séance s'ouvre extraordinairement, à deux heures un quart, dans la grandessalle de l'Hôtel de ville, quiest remplie par une très nombreuse assistance. Sont présents : “Bureau : MM. Saiïllard, président; Marquiset et Sire, vice- présidents; Faivre, vice-secrétaire; de Prinsac, trésorier-ad- joints Castan, secrétaire. MEMBRES HONORAIRES : Sa Grandeur M£8r PAULINIER, arche- vêque”de Besancon, M. Lissaous, recteur de l’Académie; M. Periron-Sar-MarDp, procureur général près la Cour d'Appel M: Düparay, inspecteur d'Académie. DÉLÉGUÉS DES SOCIÉTÉS SAVANTES : M. Jules JURGENSEN, de la Société d'histoire et d'archéologie de Neuchâtel; M. Mau- rice DE TriBozër, de la Société des sciences naturelles de Neuchâtel : MM. Resouz DE NEYROL, BAILLY et SGHOENEN- posrFr6R dela Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône ; MM. Rousseaux et GLos, de la Société d'Emu- e oi L>\ lation du Jura; MM. Favre, Eissen et LALANCE, de la Société d'Emulation de Montbéliard ; MM. Ch. Barzze et Canoz, de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny ; M. ARMBRUSTER , délégué de Belfort, avait, par télégramme, envoyé ses excuses basées sur un empèchement imprévu ; Mesures RÉsipANTS : MM. Alexandre (Charles), Arnat (Alc- xis), Auscher, l'abbé Bailly, Bertrand, Besson (Edouard), Bial, Bizos, Carrau, Chapoy (Léon), Delacroix (Alphonse), Delavelle, Ducat, Dunod de Charnage, de Gassowski, Girod (Victor), Grand (Charles), Haldy, Jégo, Lehrs, Monnier (Louis), Pingaud, Re- naud (François), Ripps, Tivier ; MEMBRES CORRESPONDANTS : MM. Gascon, Girod (Léon), Mourot, Thuriet et Vaillandet. Après un discours d'ouverture de M. le président Saillard, ayant pour objet les travaux accomplis ét les pertes éprouvées par la Société durant l’année 1877, M. Sire entretient l'audi- toire de divers phénomènes de rotation qui peuvent expliquer comment se meuvent les atômes et rendre raison de certaines des propriétés physiques de 1a matière. M. Carrau lit une notice sur le médecin-philosophe Lélut, payant ainsi la dette de gratitude de la Franche-Comté envers un homme qui honora cette province par ses travaux et lui témoigna, en diverses circonstances, le plus absolu dévoue- men. M. Thuriet fait connaître, par des extraits, un travail his- torique sur quelques prédictions relatives à la fin du monde, laissant à ses auditeurs le soin de conclure que les terreurs imaginaires de l'humanité ont décru en proportion du progrès de l'éducation des masses. Dans une causerie à la fois spirituelle et savante, M. le recteur Lissajous montre que la régularité géométrique en architecture est sœur de la monotonie en musique, et que, dans les monuments des meilleures époques, il y a irrégula- rité intentionnelle quant à l’espacement ou au groupement des motifs d’ornementation. — LXVII — M. Jules Jurgensen fait un tableau vivement coloré de la passivité allemande comparée à la turbulence française, cher- chant à nous donner, sous la forme anecdotique, les avis d’un sincère ami de la France. La séance se termine, à cinq heures, par la lecture d’une pièce de vers touchante de M. Edouard Grenier, intitulée : Le dévouement de sœur Simplice. Le Président, Le Secrétaire, A. SAILLARD. A. CASTAN. LV BANQUET DE 1877. Cette seconde partie de la fête, malgré les préoccupations politiques qui semblaient devoir lamoïindrir, a eu autant d'éclat et d’entrain que de coutume. La table, dressée dans le magnifique salon du Palais Granvelle, était revêtue d’une parure végétale, disposée avec un goût exquis par notre ha- bile collaborateur en cette matière, M. François Lépagney. Des groupes de drapeaux aux couleurs de la France, de la République helvétique et de la cité de Besançon, alternaient avec les armoiries des villes dont nous avions l'honneur de posséder les représentants. L'une des cheminées du salon supportait un buste en terre cuite du xvi° siècle, représentant Humbert Lulier dé Preigney, le chef de la milice communale qui prépara la défense de Besançon contre Henri IV, en 1595; sur l’autre cheminée, était le buste si vivant de l’architecte Nicole, par le sculpteur bisontin Luc Breton. M. le docteur Saillard, président de la fête, avait à sa droite M. le premier président Loiseau, et à sa gauche M. le recteur LissaJous ; en face était M. Sire, président élu pour 1878, assis entre M. le procureur général Periron-SainT-Marp et M. l'ins- pecteur Duparay. Venaient ensuite : MM. Jules JURGENSEN et Maurice DE TriBoer, délégués des sociétés savantes de Neu- châtel; MM. Favre et Larance, délégués de Montbéliard ; MM. Rgpouz pe NeyroL, BA1LLy et SCHOENENDOERFFER , délé- oués de Vesoul; MM. Rousseaux et CLos, délégués de Lons- le-Saunier ; MM. Baizze et Canoz, délégués de Poligny; M. Léon Marquiset, premier vice-président annuel ; MM. Al- phonse Delacroix, Ducat, Victor Girod, anciens présidents; M. Paul Laurens, président de la Société d'Agriculture du Doubs ; M. Huart, avocat général; MM. Le Grix et Perruche de Velna, substituts du procureur général ; M. Daubian-De- nn LA bisle, directeur des contributions directes; M. le docteur Faivre, professeur à l'Ecole de médecine; M. le commandant Bial : M. le baron Henry, littérateur ; M. Edouard Besson, vice-pré- sident élu pour 1878; M. Léon Barbier, ancien sous-préfet ; M. Bizos, docteur ès-lettres, professeur de rhétorique au Ly- cée, M. Bertin, membre du conseil municipal de Besançon ; MM. les ingénieurs Guillemin et Marion; MM. Paul Bouttey et Emile Poulet, juges au tribunal de commerce ; M. Klein, trésorier de la Société ; MM. Blanchard et de Gassowski, artistes peintres; M. l’avocat Dunod de Charnage, etc. MM. le baron ge Prinsac et Paul Ripps avaient bien voulu se charger des fonctions de commissaires de la fête. La fin du dîner a été animée par de nombreux toasts. Nous reproduisons ci-après tous ces discours, car chacun d'eux contribue à refléter la physionomie cordiale de la fête et à caractériser son esprit éminemment Civilisateur. Toast de M. le président SAILLARD. MESSIEURS, Il est établi, en biologie, que du nombre des organes ré- sulte la complexité des fonctions et conséquemment le degré plus ou moins élevé de l’organisation de l'individu. La per- fection qui s'affirme dans les œuvres de la nature dépend ainsi de la somme des associations contractées par les éléments, et de la constante et admirable coordination de leurs efforts. Est-il possible à l'être collectif de procéder d’une autre loi ? Et ne puis-je assurer, par analogie, que, pour être prospère, une société doit incessamment s’accroître, travailler, et main- tenir entre ses membres une inaltérable harmonie ? Nos prédécesseurs, les membres fondateurs de notre Com- pagnie, l'ont bien compris. C’est par l'application des lois na- turelles qu'ils ont assuré l'avenir de l'institution dont ils je- taient les bases. Nous pouvons dire aujourd’hui, avec une légitime fierté, que le succès n’a pas trompé leurs espérances, EURO, et que nous n'avons pas seulemeut pour nous le nombre, mais que nous avons et que nous tenons à garder l'union, l'union sans laquelle il ne saurait exister d'œuvre prospère. Nous possédons une constitution modèle, qui ne demande pas à être révisée. Notre république est suffisamment sauve- gardée par l'affection de ses membres et par l'attitude cor- recte de ses chefs électifs, qui règnent et ne gouvernent pas. Aussi bien, messieurs, la tâche de vos présidents est-elle rendue facile par l'extrême bienveillance que vous ne cessez de leur témoigner et dont j'ai fait moi-même une expérience qui comptera parmi mes meilleurs souvenirs. Je n'oublierai pas, non plus, avec quelle courtoisie nos membres honoraires ont bien voulu, cette année encore, s'in- téresser à nos modestes travaux. Que M. le Recteur, en par- ticulier, me permette de le remercier ici du gracieux concours qu’il nous a prêté pour cette séance publique et de me faire en même temps auprès de lui l'interprète de la gratitude res- pectueuse de notre Compagnie. Aujourd'hui je remets entre des mains amies et sûres la charge que vous m’aviez confiée. M. Sire, dont vous connais- sez la science éprouvée et qui nous donnait encore tout à l'heure une preuve de son rare talent d'exposition, ne fera que reprendre des fonctions qu’il avait déjà remplies à la sa- tisfaction de tous. Sous ses auspices va s'ouvrir pour notre chère Société une ère de prospérité nouvelle. C'est ma ferme confiance; c'est aussi le plus cher des vœux que je forme en cessant d’être votre président pour redevenir votre tout dévoué collègue. Messieurs, je bois à l’avenir de la Société d'Emulation du Doubs! Toast de M. le recteur Lissasous. MESSIEURS, Permettez-moi, à défaut d’une personne plus autorisée, de — LXXI — remercier M. le président Saillard au nom des membres ho- noraires de votre association, et de porter un toast à la pros- périté et à l’avenir de la Société d'Emulation du Doubs. Je suis heureux d’être l'interprète des hauts fonctionnaires qui recoivent chaque année ici une si gracieuse et si cordiale hospitalité. Je puis vous donner l'assurance que, présents et absents, tous portent le plus sympathique intérêt à votre œuvre et à la vieille, excellente et légitime renommée de votre So- clété. M. Saillard, dans les paroles qu'il vient de prononcer, a fait allusion à la faible part que j’ai prise à la séance publique de ce jour : grâce à votre bienveillante attention, la tâche m'a été facile ; j'avais besoin pour la remplir de toute votre indul: gence ; vous m'avez donné plus que l’indulgence, je vous re- mercie profondément. C'est en effet un des caractères des sociétés libres comme la vôtre d'accepter tous les dévouements, de se montrer sym- pathiques à tous les efforts qui ont pour objet Les progrès de la vulgarisation de la science; c’est chez vous qu’on rencontre ces controverses qui ne divisent pas et ces sentiments de con- fraternité qui rapprochent. En acceptant la mission de prendre la parole à votre séance annuelle, j'ai voulu vous témoigner tout l'intérêt, toute la sympathie que vos membres honoraires portent à vos tra- vaux. Il eût été désirable que cette mission fût acceptée par un plus digne, par un de ces hommes dont la parole élégante et facile eût donné plus de charme à l'expression des idées et plus de régularité au style. En attendant la réalisation de ce vœu, je bois à la prolon- gation de vos succès et de l'harmonie qui unit, comme dans une grande famille, tous les membres de la Société d'Emula- tion du Doubs. — LXXIT — Toast de M. Édouard Besson, vice-président élu pour 1878. MESSIEURS LES DÉLÉGUÉS DES SOCIÉTÉS SAVANTES, C’est pour moi une mission bien agréable à remplir que celle de vous souhaiter, suivant l'usage, la bienvenue dans cette réunion. - En me choisissant pour leur interprète auprès de vous, mes collègues de la Société d’Emulation ajoutent encore à la distinction flatteuse dont ils m'honoraient hier, malgré ma jeunesse et le peu de titres que je pouvais leur offrir. Qu'ils recoivent donc tout d’abord l'expression publique et émue de ma gratitude ! Et vous, Messieurs, dont la présence à nos solennités an- nuelles nous est toujours d’un si grand prix, merci pour l'em- pressement avec lequel vous avez encore une fois répondu à notre invitation, en nous apportant, les uns des morceaux lit- téraires qui ont fait l'ornement de notre séance publique, tous l’amour des grandes et belles choses qui nous occupent et dont l'étude forme notre lien commun! Vous représentez ici pour la plupart les principales villes de notre chère province, avec leur originalité propre, leurs curieuses traditions, leur passé de gloire et de luttes. Aujour- d'hui, confondues comme leur antique métropole dans cette grande unité nationale dont nos Rois avaient jeté les bases et que la Révolution a consommée, elles ne rivalisent plus que de patriotisme, d'activité en tout genre, surtout d'activité in- tellectuelle. Votre présence au milieu de nous est la meil- leure preuve de cette heureuse et féconde émulation. Et que dirai-je que vous n'ayez déjà mille fois entendu, vous qui nous venez de cette terre hospitalière et généreuse de Suisse envers laquelle, comme le disait si bien M. le doc- teur Saillard dans son remarquable rapport, nous n'aurons jamais payé notre vieille dette d'affection et de reconnais- sance ? ER ARE Car ce n’est pas d'aujourd'hui que datent entre elle et nous ces excellentes relations, comme aussi ces échanges mutuels d'hommes et d'idées qui cimentent l'amitié des peuples. Depuis qu’au dernier siècle elle nous donnait Jean-Jacques Rousseau et que nous lui renvoyions Voltaire, nous avons trouvé souvent, au delà du Mont-Jura, de salutaires inspira- tions. Nous y avons même trouvé mieux, à une heure de sombre mémoire : des secours pour nos frères trahis par la | fortune, et cette chose si rare, une main amie à serrer dans le malheur. Maintenant encore votre pays nous enseigne la pratique de la liberté, qui lui assure la paix par le développement régu- lier et progressif de ses institutions, et qu'il sait préserver des orages comme un précieux dépôt remis à sa garde pour l'exemple et pour l'instruction du monde. Soyez donc les bienvenus parmi nous, de même que nos compatriotes auxquels nous vous associons dans nos cœurs ; car vous avez depuis longtemps, comme un grand roi le sou- haitait en vain pour d’autres contrées, fait tomber les puis- santes barrières qui nous séparent. J bois aux sociétés savantes de la Franche-Comté et de la Suisse ! Toast de M. Maurice DE TRIROLET, délégué de la Société des sciences naturelles de Neuchütel. MESSIEURS, C4] L'an dernier, presque à pareil jour, j'avais l'honneur de représenter pour la première fois, à une de vos séances pu- bliques annuelles, la Société des sciences naturelles de Neu- châtel, et je ne pouvais que me féliciter de la réception cor- diale que vous m'aviez faite. Cette fois encore, je pourrai dire à la Société que je représente ici combien touchant a élé l’ac- cueil que son délégué a reçu au milieu de vous. Elle y sera très sensible et en demeurera très fière, soyez-en sûrs. ART XIV Messieurs, La science, jadis ignorée, peut-être méconnue, a désormais conquis sa place dans notre société contemporaine. Chacun doit reconnaître que sans les patientes investigations de ceux qui s'y vouent, sans leurs veilles laborieuses, sans leurs essais vingt fois répétés avant d'aboutir, aucune des découvertes utiles qui ont illustré ce siècle n’eût peut-être vu le jour. Vous n'ignorez pas la part que la science a prise dans cette transformation presque providentielle, qui, en augmentant les besoins, a multiplié les sources de production, et grâce à laquelle, malgré une population toujours croissante, il y a encore du travail pour l'ouvrier et du pain pour s1 famille. Les services nombreux que la science rend à l’industrie et aux. arts ne sont pourtant que des emprunts partiels faits à la grande œuvre qu'elle poursuit depuis des siècles, c'est-à-dire à l'observation de la nature, des lois qui la régissent et des transformations qu'elle subit sous l’action du temps et sous la main perturbatrice de l'homme. L'esprit pratique de l'industriel, l'observation sagace de l'ouvrier lui-même, ont souveut fourni l'idée première d’un nouveau progrès ; mais pour le réaliser, il faut toujours l’in- tervention de la science, il faut avoir recours aux lois qu'elle a découvertes, aux formules qu'elle a établies, aux déductions qu’elle sait en tirer. L'industrie pose le problème, mais c’est la science qui le résout. Les investigations continues de la science s'étendent dans les innombrables directions que lui offre le théâtre immense de la nature. Ainsi s'augmente son trésor ; ainsi s'exécute la recherche des principes immortels du vrai, du beau et du bien. Son édifice, s'élevant toujours, reste cependant ina- chevé. Oui, inachevé, car le champ ouvert à l'exploration est inépuisable ; on dirait même qu’il s'étend à mesure qu’on y fait un nouveau pas. En effet, sans cesse nous voyons une découverte en amener une autre, et des moissons imprévues se récolter dans des sillons qu'on croyait épuisés, HU LXXV 1 Il n’est, Messieurs, qu'une limite à cette observation de la nature, limite lointaine : c’est celle où finit le monde des corps et où commence celui des idées ; c’est celle où, par delà l’in- calculable série des effets et des causes, apparaît enfin la cause primordiale , la création, et par delà cette création, le Créa- teur. Vous êtes ici, Messieurs, les représentants de ces études, de ces progrès, de ces conquêtes pacifiques. Vous aimez et honorez la science; vous en connaissez les applications. La science francaise ne faillira pas à sa tradition. Malgré la crise politique qui éprouve votre pays, vous saurez vous placer au-dessus des inquiétudes du moment et revendiquer pour lui la place qu'il doit occuper dans le monde scienti- fique et à laquelle il a nécessairement droit. L'émulation dans la science, n'est-ce pas là, Messieurs, la base éprouvée sur laquelle votre Société a édifié son œuvre et doit la poursuivre ? Cette œuvre, qui allie les intérêts de votre pays à ceux de la science, n’a certes pas été, dans ces deux domaines, sans utilité et sans éclat jusqu'ici. Messieurs, c'est par Ces mots que je me résume : Je bois à la science francaise, à cette science représentée par votre ho- norable Société au milieu de laquelle j'éprouve un vif plaisir de me trouver en ce moment. Toast de M. FAvRE, président de la Société d’'Emulation de Montbéliard. MESSIEURS LES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ D EMULATION pu Douss, Un ministre qui, malgré son court passage aux affaires, sub faire apprécier son sage patriotisme et ses idées vraiment libé- rales, prononcait, il y a bientôt deux ans, les paroles suivantes en séance publique de la Sorbonne : « Les sociétés savantes sont les véritables architectes de » notre histoire nationale, ce sont les premiers et laborieux ER 1120: S A — » pionniers de la science; par leur activité et leurs travaux » constants, elles apportent, tous les jours, de nouveaux élé- » ments non-seulement à la science, mais encore à la pros- » périté de l'industrie française. L'action des sociétés dépar- » tementales est celle à laquelle j’attache le plus grand prix, » parce qu'elle résulte de l'initiative individuelle. » Quelques-uns d’entre vous, Messieurs, assistaient à cette séance, et ils ont dû prendre une large part dans ces éloges mérités, en effet, si vous avez ressuscité le passé dans de vieux monuments, vous le faites revivre éloquemment dans vos publications annuelles. Grâce à une direction magistrale, grâce à d'éminents collaborateurs, vous ajoutez chaque jour une nouvelle pierre au grand édifice de la science et de la littérature francaises. Notre belle province est fière de vos travaux; et c'est de tout cœur qu'au nom de notre modeste compagnie, je bois au succès et à la prospérité de la Société d'Emulation du Doubs. Qu'elle vive ! Toast de M. ReBouz DE NEYROL, président de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône. MESSIEURS, Je me félicite d’être, pour la seconde fois, appelé à repré- senter dans cette assemblée la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône, et à vous saluer cordialement en son nom. L’accomplissement de ce devoir a d’ailleurs pour moi tout l'attrait de la reconnaissance. Ces réunions solennelles, que volontiers j'appelle les grands jours de la Société d'Emulation, et auxquelles vous conviez les sociétés voisines à prendre part, ont pour ces dernières un: grand intérêt que je serais heureux de vous exprimer comme je le comprends. Votre association à eu l’inestimable privilége de se former dans l'antique cité bisontine à qui l'industrie, les arts et les sciences se partagent l'honneur de faire une célébrité. Elle URI n’a eu qu’à se produire pour attirer à elle les sommités en tout genre dont la cité est toujours si brillamment pourvue. L'esprit patriotique qui a présidé à sa formation lui a rapide- ment conquis une grande popularité, qu'elle a su consolider par l'importance et la variété de ses travaux. Aussi, Messieurs, avec elle et par elle nous apprenons à regarder au sérieux, à nous distraire par le travail et l’atta- chement à la France de ces agitations vaines qui dévorent le temps, troublent tous les courages et affaiblissent tous les dé- vouements. Le patriotisme, nous ne saurions le proclamer trop haut, est l'apanage des sociétés robustes, le fruit par ex- cellence du véritable progrès social. Voilà pourquoi je ne me lasserai jamais d’applaudir à votre œuvre, car je la tiens pour éminemment patriotique. La Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône peut vous envier l'éclat et la puissance de vos moyens d’ac- tion, mais elle tient à marcher à vos côtés dans la voie du civisme. Son bulletin de cette année en est une preuve nou- velle. Il contient un long mémoire sur la Saône envisagée comme frontière naturelle, destiné à répondre à des publica- tions d'Outre-Rhin qui réclament cette frontière et s'efforcent d’arracher à l’histoire une géographie menteuse qu'elle n’a jamais connue. Il contient, en outre, un essai sur notre éta- blissement universitaire dans ses rapports avec les services de l'Etat, qui fait suite à un précédent travail sur l'enseigne- ment secondaire. C'est ainsi, Messieurs, que notre association s'essaie à imiter la Société d'Emulation du Doubs en s'inspirant de son géné- reux programme : l'émulation dans le travail, la liberté dans la pensée et la France dans le cœur. Messieurs, j'ai l'honneur de vous proposer un toast : Je bois à l'union toujours plus intime des travailleurs de Ja pensée au service de notre patrie. 0 Te & Toast de M, RoussrAux, président de la Société d'Emulation du Jura. MESSIEURS, La Société d'Emulation du Jura m'a délégué, ainsi que mon collègue Clos, pour vous apporter l'expression de ses sentiments de sympathique et affectueuse confraternité. J'ai accepté avec bonheur cette mission qui me permet de me retrouver au milieu de tant d’esprits d'élite, d'entendre tant de créations spirituelles, de faire battre mon cœur à l’u- nisson des vôtres, de constater une fois de plus que la vraie science ne condamne décidément pas tous les principes d'E- picure, et que votre hospitalité prévoyante sait réunir tous les plaisirs. C'est sous l'impulsion de ces sentiments, qu'au nom de nos collègues moins favorisés que nous et restés à Lons-le-Sau- nier, nous venons vous dire : Merci de votre invitation que vous voulez bien nous renouveler chaque année et qui, à chaque fois, nous flatte et nous charme. Merci d’avoir, de votre côté, répondu à notre dernier appel et envoyé à notre réunion des délégués dont nous avons ap- précié vivement le sympathique concours. Continuons, Messieurs, à nous aimer, à enlacer les exis- tences de nos sociétés, à favoriser l'attraction secrète, mais réelle et profonde, qui fait des Francs-Comtois une grande famille dont tous les membres se chérissent et qui, tout en conservant son type propre, entend néanmoins ne se laisser devancer par personne dans l’amour de la grande Patrie. Voilà les nobles pensées que votre initiative, vos travaux incessants, votre foyer, fortifient et réchauffent, et pourquoi nous portons ce toast sincère : A la prospérité de votre Société, au succès et à la santé de tous ses membres! TAXI Toast de M. Canoz, délégué de Poligny. MESSIEURS, Un des honneurs les plus recherchés, dans notre modeste Société de Poligny, est assurément celui d être délégué auprès de vous, d’être chargé de vous exprimer les sentiments de re- connaissance et de haute estime que vous nous inspirez à tous. C'est de la modestie à vous, Messieurs, que ce titre que vous prenez de Société d'Emulation du Doubs, car vous êtes vraiment l'institution provinciale, le foyer comtois, et c'est à ce foyer que chaque année nous venons recueillir l’étincelle à l'aide de laquelle nous entretenons chez nous le feu sacré. Notre sphère d'activité est limitée à la mesure de nos forces; mais, que nous nous occupions d'encourager l'instruction, d'apporter notre pierre à l'édification de l'histoire comtoise, ou qu enfin nous travaillions au perfectionnement de l’indus- trie vinicole, qui est la plus nationale de nos industries et qui, espérous-le, sera impérissable ; dans toutes ces œuvres, nous ne cessons de nous inspirer de la devise éloquemment for- mulée par votre secrétaire décennal : Sacrifices de toutes les divisions; — union de toutes les forces, pour l'éducation de la province et le relèvement de la patrie. | Je remplis le mandat de mes confrères de l'arrondissement de Poligny en buvant, Messieurs, à la continuation, à l'ac- croissement dans notre province du fécond patronage de la Société d Emulation du Doubs! Toast de M, Jules JURGENSEN, délégué de la Société d'histoire et d'archéologie de Neuchutel. MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES , Vous vous lasserez de m'entendre, mais jamais je ne serai NX X — fatigué de vous redire ma sympathie et de vous exprimer la joie que j éprouve à me retrouver dans vos rangs, participant à vos travaux et me retrempant aux rayons de vos lu- mières. Je vous aurais épargné néanmoins ce nouveau discours, si je n'avais pas une tâche très agréable à remplir en cet instant auprès de vous. Délégué par la Sociëté d'histoire et d'archéologie de Neuchd- tel, je vous apporte une fois encore le salut cordial de cette compagnie. — Son président m'écrivait récemment : « .…... Je » suis certain d’être l'organe de nos nombreux confrères en » vous priant, si, comme je le pense et l’espère, vous vous » rendez à Besancon pour cette réunion, de-bien vouloir y » représenter la Société d'histoire, et d'exprimer à ces mes- » sieurs tous nos sentiments de haute et respectueuse estime, » ainsi que le plaisir que nous éprouvons à entretenir avec » leur savante Société des relations suivies. » Et plus loin : « ….. Ayez aussi l’obligeance de rappeler aux » membres de la Société d’'Emulation du Doubs que la réunion » annuelle de notre association aura lieu l’année prochaine à » Cernier, et que nous serions très heureux si quelques-uns » d’entre eux nous faisaient, comme les années précédentes, » l'honneur d’y assister. Lorsque la date en aura été fixée, Le » comité enverra à Besancon une invitation spéciale. » Ces paroles me dispensent de longs commentaires ; mais, après avoir insisté à mon tour pour que, nombreux, vous ve- niez dans le Val de Ruz à la saison des fleurs, et pour que vous acceptiez la modeste hospitalité que je pourrai vous offrir personnellement sur la rive droite du Doubs, je tiens à vous remercier tous ensemble de ce que vos représentants, MM. Cas- tan et Gauthier en 1875, M. Léon Marquiset cette année rnême, ont bien voulu faire et dire en votre nom sur le sol helvétique. Lis s’y sont montrés vos dignes représentants, ce qui n’est pas un mince éloge — et vous ont conquis là-bas des amis, beau- coup d'amis, en même temps qu'ils y prenaient eux-mêmes RAR — la place distinguée que leur assignent des talents divers et hautement reconnus. Votre éminent secrétaire décennal a des admirateurs en Suisse comme en France. Sa science archéologique y fait autorité... Mais voyez quel triste associé vous avez en ma personne; je prise en lui l’ami bien au-dessus du savant, ne pardonnant à celui-ci son écla- tante supériorité qu'en faveur de l'autre, si bon et si parfai- tement indulgent. M. Jules Gauthier, par ses recherches patientes, par son inépuisable complaisance envers nos modestes travailleurs du Jura, Compte parmi eux des auditeurs heureux d’être ses obli- gés, et je suis chargé de le lui dire ici, ce dont je m’acquitte avec plaisir et d’un cœur affectueux. Il me faudrait, pour être à la hauteur de ma mission, l'é- loquence de M. l'avocat Marquiset. Cet orateur, à la fois bon- homique et retors, a, chez nous, accompli un tour de force dont le souvenir n’est pas près de se perdre. Oui, Messieurs, il a su consoler une vallée entière de ce qu’elle reste, malgré ses riches villages et son industrie, privée des bienfaits que procurent les lignes ferrées. Les Sagnards, qui l'interpellaient, se voyant oubliés dans son toast, reçurent, en guise d’eau bénite de cour, une réponse si spirituelle qu'ils se déclarent consolés. La recette est précieuse. — Vous avez, chez vous aussi pro- bablement, des délaissés inconsolables du départ des trains hors de portée : envoyez-leur M. Marquiset; — ou plutôt qu'ils appellent à eux M. Marquiset, car il a des recettes sou- veraines, même en cas d'insuccès. A l’an prochain, à Cernier ! — Au nom de la Société d’his- toire et d'archéologie de: Neuchätel, vive à jamais notre riche et grande sœur la Société d'Emulation du Doubs! or RAA Toast de M. Léon MARQUISET, premier vice-président. MESSIEURS, La politique est bannie de nos assemblées : aussi je ne re- chercherai point avec vous si le régime parlementaire existe en France; mais j'affirme que, grâce à sa constitution, la So- ciété d'Emulation du Doubs jouit sans conteste de ce bienfait. C'est donc en vertu des usages parlementaires, Messieurs, que je vous demande la parole pour un fait personnel. Mon excellent ami M. Jurgensen vient de porter un toast à l'union des sociétés suisses et franc-comtoises. Vous avez voulu cimenter davantage cette amitié cordiale en envoyant cette année un délégué à la réunion de la Société d'histoire du canton de Neuchâtel, à La Sagne. Vous m'avez fait l’hon- neur, Messieurs, de me confier ce mandat; mais mon savant ami m'attribue une trop large part dans cette démarche. Ne devais-je pas chaudement remercier nos bons voisins de Neuchâtel de leur affectueux accueil ? En arrivant au Locle, n'avais-je pas reçu une hospitalité charmante de Me Jurgen- sen ? Après cela, mes chers confrères, croyez-le, on peut être éloquent, même à La Sagne (1). Messieurs, Au moment où je quitte les fonctions de vice-président, je suis heureux d’avoir l'occasion de vous remercier encore une fois des missions que vous m'avez confiées. En votre nom, je suis allé à La Sagne, à Lons-le-Saunier et à Montbéliard. J'étais fier d'être votre mandataire, parce que j'avais à expri- mer les nobles sentiments qui animent la Société d'Emula- tion du Doubs. A Lons-le-Saunier, à Montbéliard, j'ai dit à nos confrères ee ee se ee — (1) On connaît la réputation dont jouit La Sagne dâns le canton de Neuchâtel. La Franche-Comté possède en ce genre Champlitte, Chou- zelot et l'académie de Pretin. XX MINS combien nous restions fidèles au but élevé de nos sociétés. Sur le terrain des choses de l'intelligence, nos sociétés réu- nissent des hommes de tous les partis : elles leur apprennent à s’estimer mutuellement; donc elles travaillent à la concorde publique, c'est-à-dire qu'elles assurent pour une large part la prospérité de la Patrie ! A La Sagne, j'ai fèté cette vieille alliance de la Suisse et de la Franche-Comté qui, de nos jours, trouve une de ses meilleures manifestations dans les liens fraternels qui unis- sent les sociétés savantes de la Suisse romande avec la Société d'Emulation du Doubs. En votre nom, Messieurs, et je crois avoir été votre interprète, j'ai dit à nos confrères de l'Helvétie que cette cordiale affection avait encore des siècles devant elle, parce que, Suisses et Franc-Comtois, nous serions tou- jours unis dans un commun amour de la Liberté! Toast de M. SIRE, président élu pour 1878. MESSIEURS, Pour la seconde fois, vos bienveillants suffrages viennent de me conférer l'honneur de présider vos réunions pendant une année. Lorsque j'envisage combien de nos confrères, à plus de titres que moi, méritaient cet honneur, je suis obligé de reconnaître, dans votre choix récent, une nouvelle marque de sympathie dont la Société m'a déjà donné tant de preuves. En effet, permettez-moi de rappeler que, sans être un des membres fondateurs de notre Compagnie, je compte parmi ses plus anciens adhérents, et que je ne puis me souvenir sans émotion du bienveillant accueil qu’elle a fait à mes mo- destes et timides débuts dans la carrière scientifique. Depuis, ses encouragements ne m ont pas fait défaut : elle a libérale- lement mis à ma disposition la ressource inappréciable de sa publicité; enfin, c'est sous ses auspices qu'une récompense m'a été décernée dans la dernière réunion des sociétés sa vantes de la province, à Paris. NA XIVE— Ne croyez pas, Messieurs, qu’en rappelant ces faits, je cède à un sentiment de vanité, car rien n’est plus loin de ma pen- sée. Mais j'ai deux raisons pour agir ainsi : la première, c’est que je tiens à signaler hautement ce côté éminemment utili- taire de notre organisation, c’est-à-dire encourager et vulga- riser les recherches de travailleurs de bonne volonté; la se- conde , c’est que je trouve l’occasion trop solennelle pour ne pas affirmer à la Compagnie combien j'ai toujours été fier et honoré de son sympathique patronage. Aussi, je prie la So- ciété d'Emulation du Doubs, représentée d’une facon si bril- lante dans cette enceinte, de bien vouloir considérer mon dé- vouement sans bornes à ses intérêts et à sa prospérité comme un témoignage permanent de ma profonde gratitude. “onb-6-80 0 Te 16 of sk ! | 36. atiolliévet Ep sant 1 dofapsso'f BLOC 4j Sir de Œ 1 nstdrtios HHgSGIeL) BE Étae | Fret 4e CE jure | He, À ff 2 { à RE añks dti MÉMOIRES. kr L 2 LL: x LS Es À ns do je - 1 Ve D mme pm, . 1 - cu Cu 4 LA L mA race : i ; t s É “'$ # # SATA M amas | ii) sounanaamoM EL | 08 2osbRUé aoû sasbud ao trob À Sansa eo m0) rusé r | “Ana SON ab Jnshiestq u8 oëts aalle nai obu Éevni 40m 1048 h {ut x BOUKA auov she getrSit ñ UD oiti Beni Laeris 20 à { > PTIT ENQEH ON DST BUY. SUD | (TÉMONO EEE, L . r = - BAS SEEN QUE L LAON L11 41 DA L gs y DER CNRRSTREIES BI : UD Eb} CHEL 2m etai tie soit « abdos QUI it EUR al AkrR — : ANHGDAOGS oi Dr HSDABInQ APE Gr UE Li 18MOŒdSNE agvruoo et di BL our 29486109 ss cf] MOT AUOISOUIQUNE NON. , JE oi déttevontii SMS ao SUN eupildu | LOIES PEU peut éxov sb » #908iq 29 nt 220: ÿ4 16 } bal } Ibeeit8d noJsl ob. AO rDETINO) oupiteqye no snot Li sinon :01ÉE MAMAN atiall ab TRGEUTOT UN no Bien Dre uobl sartsl STEEL BUO JOHN 81 | = oi HeaRAIDOeIENR, OHUSDE l 2oluoq u9f 8016000 0 ec += es L auvaesatt ap éunévenas HYTMTAU 14 #14 ne a (dr “ LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS ENT er "7 Discours d'ouverture de la séance publique du jeudi 13 décembre Par M. le docteu: SAILLARD PRÉSIDENT ANNUEL. MonselGneuR (1), MespamEes, MESssIEURS, Le concours empressé dont vous honorez nos séances s0- lennelles crée au président de notre Compagnie l’impérieux devoir de vous exposer, tout d’abord, nos Litres à une bien- veillance aussi constante que flatteuse. Je viens donc, conformément à l'usage, vous rendre compte de nos travaux durant l’année qui touche à son terme : tâche difficile et ingrate — non pas que la matière fasse défaut, elle est plutôt trop abondante; — mais le temps ne me permet de vous apporter ici qu'une aride nomenclature, et les œuvres de nos collègues mériteraient mieux. Par une innovation heureuse, nous imprimerons même des pièces de vers. Jusqu'ici, notre république, comme celle de Platon, bannissait les poètes en Les couronnant de fleurs. Notre sympathique compatriote M. Edouard Grenier a forcé la barrière, comme il forcera bientôt, nous en avons la ferme confiance, les portes de l’Académie française. Aussi bien, -(1) S. G. M8 PAuLINIER, archevêque de Besançon. ET on comment le reconnaître sous le déguisement helvétique grâce auquel il s’est introduit parmi nous ? Comment sur- tout repousser une hymne de reconnaissance à l'adresse de nos voisins, dont nous demeurerons toujours les débiteurs, même quand un poète de la valeur de M. Edouard Grenier aura chanté leurs bienfaits en vers harmonieux ? Toutefois la poésie ne nous a pas fait perdre de vue l’objet essentiel de nos travaux : les recherches historiques visant surtout la Franche-Comté. En cette matière, notre cher secrétaire décennal, j'allais dire perpétuel, est depuis longtemps passé maître et son éloge serait, ici, superflu. Nous imprimerons de lui, sans parler d'un grand nombre de notices ingénieuses sur des questions auxquelles sa modestie n’attachait qu'une importance secon- daire et de remarquables rapports, plusieurs travaux considé- rables. Signalons d’abord un mémoire présenté au congrès de la Sorbonne de cette année, et dans lequel l’auteur, par une habile interprétation de deux inscriptions antiques, a su fixer au règne de Marc-Aurèle l’époque où Vesontio était devenue colonie romaine. Dans un morceau intitulé le Forum de Ve- sontio et la fête des fous à Besançon, M. Castan a cru devoir réfuter certaines critiques, formulées dans une autre enceinte, contre l’une de ses principales découvertes archéologiques. Notre secrétaire nous a encore communiqué une note sur la consultation musicale donnée, en 1458, dans l'église de Saint- Etienne de Besançon, par le compositeur Guillaume du Fay, un des prédécesseurs du célèbre contrapuntiste bisontin Claude Goudimel. Enfin, nous avons entendu la lecture, du même auteur, relative au passage de Gaston d'Orléans dans notre ville, à l'époque de ses luttes avec le tout-puissant ministre de Louis XIII. Nous regrettons de ne pouvoir insérer immé- diatement, dans nos Mémoires, cette œuvre remarquable qui complète, en un point important, le grand ouvrage de M. le comte d'Haussonville sur la réunion de la Lorraine à la France ; mais elle est déjà retenue pour entrer dans une pu- ee blication actuellement entreprise sous les auspices du Minis- tère des Affaires étrangères. M. Alphonse Delacroix, un de nos vétérans, mais vétéran toujours actif, nous a donné une note intéressante sur quatre nouvelles busandales récemment découvertes. MM. Drapeyron et Hennequin ont encore développé cette année devant le congrès de la Sorbonne, et avec un réel succès, leurs idées réformatrices sur l’enseignement de la géographie et de la topographie. Dans un autre ordre de recherches, notre recueil contien- dra un excellent catalogue des oiseaux des départements du Doubs et de la Haute-Saône. Ce travail, de beaucoup le plus considérable de ceux que nous allons publier, avait été laissé en manuscrit par feu Léon Lacordaire. M. le docteur Marchant, conservateur du musée d'histoire naturelle de Dijon, s’est chargé de le réviser ; et maintenant il constitue, de l'avis autorisé de M. le professeur Moquin-Tandon qui l'a examiné au nom de notre Compagnie, « une monographie méthodique résumant les observations antérieures et en ajou- tant de nouvelles, appelée conséquemment à devenir l'indis- pensable guide de tous ceux qui voudront étudier l'ornitho- logie de la Franche-Comté. » Nous ne pouvons que nous ap- plaudir de doter la zoologie francaise d'une monographie de cette valeur. Les sciences physiques sont également en honneur parmi nous. Mon confrère et successeur désigné M. Sire ne se con- tente pas, en effet, de nous donner de temps à autre une con- férence de vulgarisation scientifique, comme celle que nous allons entendre, où il allie si merveilleusement la profondeur et l'exactitude de la science à toutes les délicatesses du lan- gage; de plus, c'est dans nos recueils que paraissent habituel- lement les résultats de ses recherches personnelles. Dans le cours de l’année, il soumettait au congrès de la Sorbonne la description d'un nouvel appareil destiné à vérifier la pression exercée par les liquides sur le fond des vases, À celte occa- ER. "1 sion, le Comité des sociétés savantes lui a décerné une mé- daille d'argent, hautement méritée, qui s'ajoute à celles déjà si nombreuses dont s'énorgueillit notre Compagnie. Un autre de nos dévoués collègues, M. de Fromentel, de Gray, a, dans les mêmes circonstances, reçu la croix de la Légion d'honneur pour ses remarquables travaux sur les in- fusoires et les microzoaires, et un peu aussi, certainement, pour sa savante introduction à l'étude des polypiers fossiles, publiée sous nos auspices. De M. Edouard Besson , nous imprimerons un grand nombre de rapports. L'un d'eux résume la thèse si distinguée par laquelle notre confrère M. Bizos a su faire revivre, avec la sûreté d’érudition et le talent littéraire qu'on lui connait, la mémoire du Franc-Comtois Jean de Mairet, l’un des créa- teurs de notre poésie nationale. M. Besson nous a encore donné un mémoire intitulé Les plagials de Mirabeau, dans lequel il fait justice des accusa- tions formulées contre le grand orateur au point de vue de l'originalité de son talent; ce travail a été favorablement accueilli à la Sorbonne aussi bien que dans la presse pari- sienne. L'étude, du même auteur, sur la correspondance de Proudhon, récemment publiée, permet d'apprécier, surtout au point de vue franc-comtois, les lettres si nombreuses et si intéressantes de notre illustre compatriote. Nous avons, en outre, entendu de M. Besson un impor- tant morceau ayant trait à l'influence de la révolution sur le sort des classes laborieuses. — A l’occasion de cette lecture, il s’est produit quelques critiques peu justifiables, suivant nous; Car si notre Société doit s’interdire rigoureusement toute excursion sur le terrain de la politique proprement dite, elle ne saurait demeurer complétement étrangère à ces grandes questions d'économie sociale qui à l’heure actuelle dominent toutes les autres. Ce n’est même qu'à ce prix qu’elle sera de son époque et qu'elle s’assurera pour l'avenir des conditions sérieuses de vitalité. Il faut qu’elle soit et demeure une so- == @ ie ciété ouverte, non pas seulement aux hommes, mais aux idées, et que tout en restant dans les limites qui lui sont marquées par ses statuts, elle s'y meuve cependant sans con- trainte et sans jamais céder à de DRCRREE Elle l’a, du reste, bien CHE DES" et n'a cherché qu'à étendre le cercle de son activité propre, à trouver, dans l'originalité de recherches nouvelles et s'appliquant à des sujets variés, l'intérêt qui lui échapperait certainement si elle s’obstinait à suivre des voies sans cesse rebattues C'est ainsi que, moi- même, j'ai cru devoir provoquer, dans son sein, la formation d’un comité destiné à embrasser spécialement l'étude des sciences médicales et naturelles. Chaque fois, de plus, que ses membres ont eu lhouheus de la représenter au dehors, ils ont hautement affirmé son attachement à la cause du progrès. M. Besson l’a fait à Mont- béliard en un langage aussi élevé que libéral. Mon excellent prédécesseur, M. Marquiset, dans un voyage dont il nous a donné l’élégante et pittoresque description, a développé les mêmes idées à La Sagne, devant nos amis et confrères de la Suisse. Dans les diverses circonstances où l’on a fait appel à notre concours, nous nous sommes efforcés d'y répondre. — Sur l'invitation du Ministère, nous avons pris part à l'Inventaire des richesses artistiques de la France, dans les limites où nos investigations pouvaient s'exercer. Tout dernièrement, les amis du grand historien Michelet ayant pris l'initiative de l'érection d’un monument destiné à consacrer sa mémoire, nous leur avons adressé notre modeste obole. — Malgré l’exi- guité de ses ressources, notre Compagnie s’est fait un devoir de venir en aide à la plupart des institutions utiles de la ville de Besançon, principalement à celles qui ont pour objet l’édu- cation publique. Pourquoi faut-il, Messieurs, qu'après vous avoir signalé les succès et les tendances libérales de la Société d'Emulation, pourquoi faut-il que je vienne à la partie la plus triste de ma =. tâche, celle où je dois vous faire connaître nos pertes qui, cette année, ont été particulièrement nombreuses et cruelles ? La mort a frappé trois de nos membres honoraires : M. Lélut, dont une voix plus autorisée que la mienne retracera tout à l'heure la vie et les travaux ; M8 Mabile, l’un des membres les plus distingués de l’épiscopat français ; et M. Charles Pa- ravey, ancien conseiller d'Etat du gouvernement de Juillet, dont l'éloge a été résumé par son ami, M. Louis Quicherat, en ces quelques mots dignes d’être retenus : « Je n'ai jamais connu un homme meilleur. » Nous nous sommes associés au concert des regrets qui ont fait un deuil public de la mort du bienfaiteur de la cité, M. Adolphe Veil-Picard, dont la généreuse sollicitude s’ap- pliquait particulièrement à favoriser l'instruction du peuple. Rappelons aussi les mémoires plus modestes, mais qui ne nous sont pas moins chères, de M. Charles Saint-Eve, à l'ini- tiative duquel Besancon doit plusieurs embellissements ; de MM. Gouillaud et Chevilliet, deux professeurs distingués de notre Faculté des sciences; et enfin de M. Voisin père, qui fut un type d'ouvrier devenu maître en cherchant et en trou- vant les moyens de s'instruire. Ces pertes, Messieurs, nous les sentons vivement; mais notre Socièté les répare en demeurant fidèle à l'esprit ferme- ment progressif qui lui procure sans cesse des adhésions nou- velles et semble être pour elle un talisman d’éternelle jeu- nesse, LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS AU CONGRÈS DE LA SORBONNE EN 1877. ÉABPORT. FAIT À LA SOCIÉTÉ Par M. Edouard BESSON. Séance du 14 avril 1877. Messieurs, Au dernier congrès de la Sorbonne, la Société d'Emulation du Doubs à été représentée dans les sections des sciences, d'archéologie et d'histoire. Plusieurs de ses membres y ont en outre obtenu des succès que nous sommes heureux de pouvoir vous relater tout d'abord. Dans la section des sciences, une médaille d'argent a été décernée à notre cher vice-prési- dent, M. Sire; et l'un de nos plus éminents collaborateurs, M. le docteur de Fromentel, de Gray, à été nommé chevalier de la Légion d'honneur. M. Blanchard, secrétaire rapporteur de cette section, a énuméré les titres scientifiques qui valaient à nos confrères ces hautes distinctions. Les travaux de physique et de mécanique de M. Sire sont bien connus de tous ceux qui cultivent ces branches de la science. Celui qu'il présentait cette année à la Sorbonne avait pour objet la description d’un appareil de son invention, des- tiné à vérifier la pression exercée par les liquides sur le fond des vases, et beaucoup plus simple que ceux de Pascal et de M. de Haldat, auparavant employés à ce genre d'expérience. Il ne pouvait manquer d'appeler l'attention sur son auteur, a 5 aussi ingénieux que savant, pour qui d’ailleurs le succès qu'il vient d'obtenir n’est sans doute que le présage d’autres distinctions non moins flatieuses. M. de Fromentel doit sa décoration à ses travaux sur les infusoires et les microzoaires, dont M. le rapporteur a parlé en termes fort élogieux. Depuis 1841, en effet, aucune étude générale n'avait été publiée en France sur la matière : notre confrère a su combler cette regrettable lacune par un grand ouvrage où se trouve exposé d’une manière complète et lucide l'état actuel de la science; et pour cette entreprise dispen- dieuse, il ne s’est aidé que de ses propres ressources. « Nous ne saurions oublier d’ailleurs, ajoute M. Blanchard, que le docteur de Fromentel est l’un de nos paléontologistes les plus distingués. Depuis vingt ans il a mis au jour une longue suite de travaux remarquables sur les fossiles; des polypiers, il a fait une étude profonde. Dans le vaste ouvrage entrepris par Alcide d'Orbigny : la Paléontologie française, il a tracé avec talent l’histoire des zoophites du terrain crétacé. En un mot, M. de Fromentel est devenu l’un des maîtres dans une des branches de la science. » À la section d'archéologie, nous ne pouvions être mieux représentés que par notre secrétaire, M. Castan. Son mémoire, lu à notre dernière séance, avait pour objet de déterminer l’époque où Vesontio s'était appelée colonie ro maine. M. Castan fixe cette époque au règne de Marc-Aurèle, en s'appuyant sur deux inscriptions romaines : un €%-v0l0 à Jupiter des Alpes Pennines, qui se conserve à l'hospice du Grand - Saint - Bernard; l’épitaphe d'un tombeau trouvé à Rome, et dont il ne reste plus qu'un dessin de l'antiquaire franc-comtois Jean-Jacques Boissard. Ce dernier monument, révèle que la Colonia Sequanorum, c'est-à-dire Vesontio, avait pour surnom l'adjectif Victriæ. D'où procéderait cette quali- fication? M. Castan pense qu’elle viendrait de ce que. Ve= sontio aurait eu pour colons des vétérans de la sixième légion, qui était surnommée Victrix, et, en effet, plusieurs inscrip- sn 0 tions témoignent du séjour dans nos contrées de quelques officiers de ce corps. M. Léon Renier croit, au contraire, que : l'épithète Victrix s'explique comme la commémoration d’une victoire à la suite ou au temps de laquelle fut fondée la co- lonie, L'éminent épigraphiste ajoute que, depuis Auguste, il n'y à plus d'exemple en Gaule de ces colonies militaires; que les nouvelles colonies furent des municipes dotés du droit colonial, par conséquent peuplés d'indigènes. A cette affir- mation, M. Castan croit pouvoir répondre que sur les deux individus signalés par les inscriptions comme ayant fait partie de notre colonie, il y en a un d'origine latine, ce Quintus Silvius Perennis qui conduisait à Rome, par la route des Alpes, les dépêches de Vesontio. Quoi qu'il en soit de ces objections réciproques, qui portent sur des détails accessoires, les points essentiels du mémoire de M. Castan ont été admis sans contestation. M. Jules Quicherat, qui a bien voulu donner lecture de ce morceau, dit que l'auditoire l’a bien accueilli, parce qu'il est clair, court et substantiel, Nous ne saurions rien ajouter à cet éloge de l’un des maîtres de la science archéologique. C'est dans la section d'histoire que nos lectures ont été les plus nombreuses. MM. Drapeyron et Hennequin, le premier directeur de la Revue de Géographie, récemment créée et déjà fort répandue, le second président de la Société de topogra- phie, non moins nouvelle et non moins populaire, ont lon- guement entretenu l'assemblée de leur science de prédilec- tion. M. Drapeyron a insisté sur le salutaire effet produit par les congrès d'Anvers et de Paris, et sur l'impulsion qu'ils ont donnée aux études géographiques. Il a montré les sociétés de géographie se mullipliant en France et concourant à y dé- velopper le goût de cette science si nécessaire el eencre si négligée. Il eût pu ajouter que personne ne pouvait reven- diquer une part plus considérable que lui-même dans ce mou- vement intellectuel. Personne, en effet, ne s’en est constitué avec plus d'ardeur l'apôtre et le guide. 1. —. 10 — M: Hennequin a traité du rôle particulier qui doit être ré- servé à la topographie dans l'économie générale des études géographiques. Il à insisté sur l'utilité de cette science au point de vue militaire et stratégique, et a conclu en ces termes : « Il ne saurait y avoir de campagne sérieusement conduite sans connaissances géographiques; mais le sort de toute ba; taille engagée dépend de la topographie. Le général en chef doit être parfaitement au courant de la géographie; mais il n’est point d'officier, et même de sous-officier, qui Russe ignorer, sans péril pour sa troupe, la topographie. » Ces deux lectures ont été fort bien accueillies, et les délé- - gués des sociétés savantes, ainsi que le Ministre de l'Instruc- tion publique, ont témoigné à nos deux confrères la plus vive sympathie. Quant au travail intitulé : Les plagiats de Mirabeau, que j'ai personnellement fait lire à la Sorbonne par un de mes anciens amis et collègues du barreau de Paris, comme il est toujours difiicile de parler de soi-même, je me contenterai de repro- duire l'analyse suivante qu'en a donnée le journal le Temps : « M. Besson, de Besancon, de la Société d'Emulation du Doubs, se fondant sur la correspondance récemment livrée à la publicité d'un Genevois, Reybaz, qui fut l’un des collabo- rateurs de Mirabeau, a vengé la mémoire de notre grand ora- teur des banales accusations de plagiat, déjà réfutées avec tant d'éloquence et de bon sens par Jules Janin. La corres- pondance de Reybaz offre ceci d’intéressant, qu’elle nous laisse surprendre sur le vif les procédés dont Mirabeau se servait pour inspirer, guideret contenir les gens de talent qui lui donnaient leur concours. Quand on songe aux produc- tions que Mirabeau, en deux ans de vie publique, a mises en circulation sous son nom, et qui ne tiendraient peut-être pas en vingt volumes, on se persuade aisément qu'il n’a pu se passer d’une collaboration efficace. La correspondance de Reybaz explique et met à néant les odieuses insinuations d'Etienne Dumont. » . | l'iurdrrn'h suite x »4 UN = Outre les sections des sciences, d'histoire et d'archéologie, vous savez, messieurs, qu'il vient d'en être instituée une qua- trième intitulée : Section des Beaux-Arts, qui siégeait pour la première fois ces jours derniers à la Sorbonne. Nous n’y étions pas représentés et nous ne pouvions pas l'être :’‘tout ce qui touche à cette branche intéressante de l’activité humaine est ici le monopole d'une société particulière que nous sou- haiterions pour notre part de voir s'agréger à la nôtre, si l’es- prit local: se prôtait davantage à la concentration des forces intellectuelles de la province. Tels que nous sommes, cependant, nous n'en avons pas moins tenu un rang avantageux au congrès scientifique de cette année ; et les distinctions obtenues par nos collègues sont la preuve de notre prospérité présente et nous permettent de bien augurer de l'avenir. RAPPORT SÛR LA SÉANCE GÉNÉRALE DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DE NEUCHATEL TENUE À LA SAGNE LE 26 JUIN 1877 Par M. Léon MARQUISET DÉLÉGUÉ DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS. Séance du 14 juillet 1877. MESSIEURS, J'ai l'honneur de venir vous rendre compte de la mission que j'ai remplie pour vous représenter à la réunion annuelle de la Société d'histoire et d'archéologie de Neuchâtel, qui s’est tenue à La Sagne le 26 juin. Notre Société est un peu internationale, et les bons pro- cédés qu’elle échange avec les associations de la Suisse ro- mande n'ont pas peu contribué à cet esprit de sage libéra- lisme qui la caractérise. Aussi occupe-t-elle un rang hono- rable dans l'estime de nos voisins. De notre temps, Messieurs, la narration n’est pas le genre le plus facile dans l’art d'écrire. Autrefois c'était aussi simple que les mœurs de nos ancêtres. On pouvait toujours com- mencer son récit, Son histoire, en un mot, comme notre cher secrétaire commençait à notre dernière séance publique l'ef- frayante légende de la place Labourey : 1! était une fois! Ce n’est plus ainsi que peuvent commencer nos narrations modernes : un échange de dépêches télégraphiques est géné- 0" er ralement le premier incident qu'elles aient à noter, et le fil télégraphique a coupé les racines de la légende. Grâce à vous, Messieurs, j'avais une hospitalité cordiale- ment offerte chez notre excellent collègue M. Jurgensen, que vous connaissez et, que vous aimez tous. — Rien de pratique corne le télégramme par lequel il me donna mon ordre de marche; il consistait dans ce propos lacouique : AU right (tout droit) ! Je ne vous décrirai point les sites pittoresques que traverse la route de Besançon à Neuchâtel. Presque tous vous les avez admirés. Et d’ailleurs je ne suis ni littérateur, ni peintre, ni poète. Je reste dans le cadre de mes études ordinaires; car, devant les plus beaux spectacles que m'ont offerts les mon- tagnes de la Franche-Comté et de la Suisse, j'ai encore fait de l'économie politique : peut-être aussi, je l'avoue tout bas, un peu de politique. Mais s’il m'est arrivé, sur la terre indé- pendante de la noble Helvétie, de songer à la liberté comme en Autriche, ce n’est point évidemment aux incidents du jour qu'il faut attribuer ces pensées dangereuses que j'ai, du reste, laissées avec soin au delà des frontières. J'ai donc admiré les paysages que m'offraient ces rives en- chanteresses du Doubs : la féodalité en ruine à Montferrand; le seizième siècle à Thoraise ; les dix-septième et dix-huitième à Torpes; la verrerie, séjour d’un collègue et d’un ami, em- blème de la force productive de ce temps; tout à côté l'asile de Mont où se trouve la tombe d'un homme d'élite qui n'a songé, lui, qu'aux déshérités de ce monde. Toute l'histoire, toutes les grandes questions sociales sont dans ce petit coin de-terre. Au lieu de la légende de quelque troubadour et de sa noble-dame, c'est la légende des siècles ! Ma pensée est, allée moins vite que la vapeur. Nous avons cotoyé des montagnes, traversé le Val d'Amour et nous nous arrêtons à Mouchard. Quand on voit cette gare si incommode, si mal placée,-on voudrait croire encore aux:mauvais génies pourattribuer à leur influence, plutôt qu’à celle de l'Ecole pol$technique, l'emplacement de ce caravansérail qui n'a point de nom et qui a élé si fatal aux intérêts de notre ville. La puissante machine nous élève aux premiers plateaux du Jura, en nous faisant planer sur les grands vignobles de éette région. Quel splendide panorama formé par la Bresse, la Franche-Comté et la Bourgogne! ‘ A Pontarlier, je quitte d'aimables compagnons de voyage qu'une santé chérie appelait à une station thermale du Valais, et je continue seul mes réflexions. Bon gré mal gré, il faut se figurer que l'on est un peu poète en passant au pied du fort de Joux. Les léscendes du vieux castel vous reviennent à la mémoire. Dans le bon vieux temps, c'était là qu'on entendait les cloches de la ville coupable engloutie sous les flots du lac Saint-Point. Aujourd'hui c'est la cloche de la gare qui rem- place celles des églises maudites. Ainsi va le monde, Mes- sieurs, et, disons-le tout bas, grâce à Dieu, il ne va pas plus Malte © | - Je ne sais, Messieurs, si vous êtes de mon avis; mais il me semble qu’en passant la frontière, le devoir de tout bon citoyen est de rechercher en quoi les étrangers nous sont supérieurs. Eh bien! Messieurs, il y a un fait qui m'a toujours frappé en entrant en Suisse par le Val-de-Travers. On n’a pas besoin de s'informer du point où l’on franchit la frontière. Vous venez de traverser des villages formés de vieilles habitations de montagne couvertes en bois; s’il y a quelques constructions neuves, elles sont sans tournure et sans élégance. Puis le paysage, si l’on peut ainsi parler, change subitement : les maisons deviennent spacieuses, percées de nombreuses fenê- tres à volets verts ; un jardin fleuri précède l'habitation. D'un côté vous êtes en France, de l’autre vous êtes en Suisse. Arrivé à Neuchâtel, je me rends à l’Académie où je pensais trouver mon hôte, examinateur ce jour-là pour la délivrance du brevet supérieur. Les examens en Suisse n'ont pas autant que chez nous (passez cette comparaison à un habitué de palais) ces allures d'audience de police correctionnelle, Les professeurs. sdbs ne se croient pas obligés de prendre des grands airs de: prési- dent d'assises qui foudroient les timides et ne donnent point d'esprit aux fruits secs. | | Je trouve enfin mon hôte à la gare: il me présente à UE For- dinand Richard, directeur du Crédit foncier de Neuchâtel, député de La Sagne et président annuel de la Société d'his- toire et d'archéologie. Nous faisons route ensemble, causant des hommes et des choses. On me demande avec le plus vé intérêt des nouvelles de la France. | Tout en arrivant-au Locle, M. Jurgensen me présente à sa famille : à son père; vénérable vicillard' plein de finesse, qui a beaucoup voyagé et beaucoup observé (1) ; à ses sœurs, vrais types de ces éducations sérieuses et pratiques de la Suisse; à son frère et à son beau-frère, industriels distingués. Je serrai la main de son fils à âgé de douze ans, bien fait pour continuer les traditions de la famille, et j'eus l'honneur de présenter mes hommages à la toute gracieuse compagne de notre ami, digne ornement de cet intérieur d'élite: (1) Mon rapport allait être mis sous presse pour entrer dans les Mémoires de la Socisté d'Emulation du Doubs, quand M. Jurgensen père mourut à Genève le 17 décembre 1877. Au sujet de cette perte si dous loureuse pour notre éminent collaborateur, le Journal de Genève s'ex- primait ainsi : «Il vient de mourir dans notre ville un homme aussi savant que modeste, M. Jules Jurgensen, ancien chef de la maison d’horlogerie de ce nom. Né au Locle le 27 juillet 1808, d'un père danois et d’une mère neuchiteloise, il passa sa jeunesse à Copenhague et vint, à l’âge de ?7 ans, se fixer en Suisse où, à côté de sa profession, il cultiva avec passion l'astronomie et la physique. Araëÿo le reçut en 1838 à Paris. Le roi de Danemark lui conféra. la croix de l'Ordre du Dane- brog ; le célebre Andersen l’appelait son cher Jurgensen. Il éleva sa profession à la hauteur d’un art, et le Conseil administratif s'empressa de l'appeler dans la éommission de notre Ecole d’horlogerie à laquelle il se voua avec intérêt, aussi longtemps que ses forces le lui permirent. Par son caractère plein de charme et de grâce, il faisait tour à tour apprécier le Danemark en Suisse et la Suisse en Danemark. Ses qua- lités d'homme privé lui ont procuré dans notre ville, où il était venu se fixer il y a une dizaine d'années, bien des amis qui aRÉARON sx mort. avec un sincère regret.’ ‘) — 16 — Le lendemain, ñous nous rendions au lieu de la réunion. Que vous dire de La Sagne! C’est, comme l'a spirituellemént défini un des orateurs du banquet, M. Fritz Berthoud, député national, c'est un village passé au laminoir, dans lequel on sait quand on entre, mais duquel on ne sait jamais quand on sort. De plus, La Sagne passe pour le pays le plus arriéré du canton : en politique on l'appelle la Vendéé neuchâteloïise : au point de vue de l'intelligence, c’est là réputation de Choü- zelot dans le Doubs, de Champlitte dans la Haute-Saône et de l'académie de Pretin dans le Jura. Mais, à la finesse d’es- prit des Sagnards, j'ai pu voir qu'il n'avaient pas attendu l'ordonnance d’un sire de Toulongeon pour allumer leur lan- terne. L'arrivée à La Sagne fut d'un joyeux aspect, grâce à un splendide soleil et à l'animation qui régnait partout. Des voi- tures élégantes, des chars de campagne transformés en omni- bus et vigoureusement conduits, nous amenèrent de nom- breux collègues. — D'autres, sans doute les géologues et les artistes, le chapeau décoré de fleurs alpestres, descendaient en touristes par tous les sentiers de la montagne. Nous fûmes bientôt cent cinquante réunis autour de la maison d'école. Je retrouvai tous les grands noms de Neuchâtel : Desor, le géologue ; Daguet, l'historien ; le colonel de Mandrot; M. de Pury, trésorier de la Société; le professeur Jaccard, un de nos collègues, etc. Une première collation est cordialement offerte par de nom- breux commissaires, ayant à leur tête M. de Meuron, pasteur indépendant de La Sague. — Ils portent tous la rosette rouge, blanc et vert, les couleurs du Neuchâtel suisse, par opposition au jaune et rouge du Neuchâtel prussien. De là, musique en tête, le cortége se rend au temple où doit avoir lieu la séance. Tous les édifices publics sont ornés de guirlandes de fleurs et de verdure. — Le drapeau fédéral et le drapeau neuchâte- lois les pavoisent; des écussons et des trophées d'armes les décorent; enfin de grands sapins, plantés en forme de mâts, de 17 “enindiquent l'entrée. Ajoutez à cela toute la population contribuant à cét-accueil etrayant suspendu le travail jour- znalier pour revêtir lés Wabits de: fête, et vous aurez une idée “de l'aspectique ‘présentait l'heureux village de La Sagne le 186 juin 1877. ut Ænarrivant au-temple, nous trou ABS l'édifice déjà comble. La moitié était occupée par des femmes; cette particularité «me frappa vivement. :M.: le président de la Société ouvrit la séance par la lecture d'usage sur l'histoire locale ; de poétiques légendes et les joyeuses facéties attribuées aux Sagnards encadraient à mer- veille la partie principale du récit. — M. Ferdinand Richard est un descendant de Daniel-Jean Richard, pauvre serrurier de La Sagne; qui, au xvrr° siècle, fonda la fabrique d'horlo- gerie des montagnes neuchâteloises. Vous comprenez tout ce que-lenom.du président-de la Société et Le lieu de la réunion avaient d'à-propos: D'autres communications suivirent. M. le professeur Jaccard rendit compte d'intéressants voyages exé- cutés par-un habitant du pays au siècle dernier. J’ai eu par- ticulièrement. plaisir à entendre la lecture de notre ami, M. Jurgensen, sur la crise que l'industrie horlogère subit par suite de la concurrence américaine. L'auteur de ce bou- Jeversement dans les conditions économiques de notre fabr1- que est'un-Suisse originaire de Bienne, M. Ingold : son pays repoussa à plusieurs reprises ses innovations ; la France ne sutpas l'accueillir ; l'Angleterre lui valut une ruineuse liqui- dation:; enfin, ‘vers 1843, l'Amérique fondait avec ses ma- chines-les-premières usines horlogères du Nouveau Monde. Malgréctout,; M: Ingold n’a pas voulu terminer sa carrière ailleurs que dans son pays natal, et ses quatre-vingt-dix ans nel'empêchent pas de suivre, depuis sa paisible retraite de La. Chaux-de-Fonds, cette grande question de la mécanique horlogère, qui. fut la passion de sa vie : il rassure ses conci- toyens.en leur disant qu'ils peuvent reprendre facilement ce qui est leur bien, 2 — 18 — Le banquet qui suivit la séance eut lieu dans le bâtiment des écoles. Je ne suis pas à moitié Suisse d’origine sans savoir que les divisions politiques et religieuses sont nombreuses et profondes chez nos voisins tout autant que chez nous. Le long de ma route, j'avais entendu parler plus d’une:fois de conservateurs et de radicaux, de pasteurs indépendants et de pasteurs nationaux; cela me rappelait les noirs, les vieux rouges et les jeunes rouges du Jura bernois. Mais il y a une chose en Suisse devant laquelle toute division s’évanouit : c'est l’idée de Patrie. Aussi, quand le major de table donna la parole à M. de Meuron pour porter le toast à la Patrie, il se fit un solennel silence. Chaque période de l’orateur fut soulignée par des applaudissements frénétiques, et, lorsqu'il eut terminé en buvant à la Patrie, la musique et les con- vives, avec un merveilleux ensemble, entonnèrent le chant national suisse. Les discours se succédèrent jusqu'à la fin du banquet. — M. Fritz Berthoud porta le toast à La Sagne : étincelant de traits et de mots charmants, ce discours eut un vrai succès; M. le colonel de Mandrot remercia les dames de La Sagne du soin qu'elles avaient pris pour décorer les salles de réunions ; M. Etienne, des Brenets, au nom de son village, adressa des compliments de bon voisinage à La Sagne, en ra- jeunissant une pièce fort originale du xvr° siècle; M. l'abbé Remy, de Fribourg, porta un toast à l'union des confédérés ; M. Jurgensen but à M. Henri-Florian Calame; M. Perre- noud-Dubois lut un spirituel sonnet à nos hôtes : c'était un tour de force, car il n’est pas facile de trouver une rime riche et élégante à Sagnard en dehors de montagnard. Bien entendu, Messieurs, j'ai dû faire comme les autres et monter à la tribune, car il y avait une tribune, et joliment ornée de fleurs. M. le président Richard m'y avait forcé en ne prenant la parole que pour porter un toast à la Société d'Emulation du Doubs. Son discours fut salué par un double ban que nourrissaient singulièrement les vigoureux batte- ments de mains d’une joyeuse escouade d'étudiants aux Cas- HD quettes bleu de ciel qui s'était jointe au banquet. L'accueil sympathique que votre nom recevait dans cette nombreuse assemblée m'encouragea, et je répondis avec empressement à l'appel du major de table. J'espère avoir été votre interprète en m'exprimant à peu près dans les termes suivants : « MESSIEURS, » Les aimables paroles que vient de m'adresser M. le pré- sident Ferdinand Richard, et dont je le remercie cordiale- ment, me font un devoir de monter à cette tribune. — Au nom de la Société d'Emulation du Doubs, je vous apporte un confraternel salut de bon voisinage. — Depuis plusieurs siè- cles, Suisses et Franc-Comtois sont unis d’une solide amitié. Autrefois c'était pour lutter sur les champs de bataille, au- jourd'hui c’est pour lutter sur les champs féconds de la civi- lisation, de la science et du progrès; car, Messieurs, ce sera le propre de notre temps d’avoir, malgré les scandaleux abus de la force auxquels il aura assisté, d’avoir, dis-je, proclamé la haine de la guerre et l'amour de la paix. La paix! c'est le cri unanime de tous les peuples. » Et qu’on ne dise pas que cet amour de l’humanité, cet appel, si je puis ainsi parler, à la fraternité universelle, soit la ruine de l’idée de Patrie. Non, Messieurs, la haine de l’é- tranger n’est pas plus l’amour de la Patrie que la haine de l'assassin pour sa victime n’est l'amour du foyer domestique! — Comment pourrait-on soutenir la doctrine contraire dans la noble Helvétie, surtout après avoir entendu tout à l'heure les chaleureuses paroles de M. le pasteur de Meuron portant le toast à la Patrie et avoir été ému de votre émotion, lorsque de vos cent poitrines sont sortis les premiers accords du chant national? N'est-ce pas à la ville de Genève qu'est due cette admirable convention, dont la croix apparaît en consolatrice sur tous les champs de bataille ? — Un Français, Messieurs, ne manquera jamais de rendre hommage à votre charité fra- ternelle, surtout lorsqu'il se trouvera au milieu de ces mon- = 90) = tagnes neuchâteloises où les soldats de la France ont recu en un jour de désastre la plus touchante hospitalité. — Oui, Messieurs, vous êtes les dignes représentants de l’idée mo- derne, parce que la Suisse n’a de haine contre aucun peuple. Et, cependant, aucun autre peuple ne saura comme le vôtre se grouper en bataillons serrés, sans distinction d'opinions politiques ou religieuses, lorsque la grande figure de Guil- laume Tell, agitant le drapeau fédéral, viendra vous appeler à défendre la Patrie et la Liberté! » Messieurs, » Je me félicite à plus d'un titre d'avoir été délégué par la Société d'Emulation du Doubs pour la représenter à La Sagne. Et d’abord, étant à moitié Suisse, je suis un peu en famille au milieu de vous. D'un autre côté, cette délégation m'a procuré la bonne fortune d'accepter l'hospitalité de mon excellent collègue et ami M. Jurgensen. La Société d'Emulation du Doubs vous remercie, Messieurs, d'envoyer à nos réunions bisontines un représentant comme M. Jurgensen : je n’ai pas besoin de vous dire qu’un pareil ambassadeur s'est bien vite acquis le droit de cité à Besançon. Enfin, comme Bisontin, je me félicite du choix de votre centre de réunion; je ne puis oublier que La Sagne est le berceau de Daniel-Jean Richard. Ceux-là, Messieurs, sont de vrais patriotes qui, au lieu de lancer leurs concitoyens dans les politiques d'aventure, sa- vent doter leur pays d’une industrie féconde et intelligente. Pour nous, Suisses et Bisontins, ce nom est un appel à des sentiments de commune gratitude qui nous unissent plus étroitement que tous les traités d'alliance de nos ancêtres. — Je suis heureux qu’un Bisontin puisse rendre ce témoignage de reconnaissance au fondateur de l'horlogerie, dans son pays et en présence de l’un de ses descendants. En voyant au mi- lieu de vous M. Ferdinand Richard honoré de vos suffrages comme président de votre Société et comme député de La Sagne, je constate, une fois de plus, que si la Suisse a toutes — (où — les nobles ambitions de l'avenir, elle sait aussi entourer de respect toutes les grandes traditions du passé. » Aujourd'hui, Messieurs, un trouble profond se produit dans cette industrie horlogère qui a fait notre prospérité com- mune. C'est un nouvel appel que la Providence fait à notre dévouement au pays, à notre amour du travail. Mon savant ami M. Jurgensen vous à dit tout à l'heure, dans une excel- lente étude sur cette question, que la solution du problème est bien moins difficile que nous ne le pensions. — A l’œuvre donc, Bisontins et Neuchâtelois! à l’œuvre, et souvenons- nous du proverbe : Aide-toi le ciel l’aidera ! » Messieurs, » Lorsque, cet hiver, notre Société a eu l'honneur de rece- voir à sa fête annuelle les délégués de vos savantes associa- tions, je leur ai dit avec quelle vive satisfaction nous voyions entreprendre la nouvelle voie ferrée qui va relier Besançon aux montagnes neuchâteloises. Aujourd'hui, c’est une certi- tude : les travaux marchent rapidement sur toute la ligne, et le temps n’est pas loin où, dans une de nos grandes réunions de la Société d'Emulation du Doubs, nous pourrons fêler ce nouveau gage d'union avec nos bons voisins suisses de Neu- châtel, du Locle et de La Chaux-de-Fonds... » (Interruption) Et de la Sagne ! » Messieurs, l'avenir nous réserve sans doute le chemin de La Sagne. Mais l'aimable accueil que je recois dans cette contrée me fait espérer que la distance qui vous sépare du Locle ne vous empêchera pas de venir, en attendant mieux, y trouver la voie ferrée. Aussi dans cette grande fête (inaugu- ration du Besancon-Locle), j'espère bien que les Sagnards ne feront pas défaut. — Ils seront des nôtres, et je pourrai leur adresser le cordial salut que je vois inscrit en patois local sur un écusson en face de cette tribune. — Qu'ils me permettent de ne pas employer l'idiome saznard, que mon accent étran- ser ne me permettrait pas de parler aussi bien qu'eux. — MED E Mais j'espère que vous me comprendrez tous, Messieurs, lorsque je vous dirai avec l’accent du cœur : » Amis, soyez les bien venus! » Nous entendimes encore de nombreux discours et des chants joyeux; puis une partie de la Société se rendit, musique en tête, à une course géologique. J’eus le plaisir d'être présenté à M. Chatelain, pasteur de Cernier, président nommé pour l’année prochaine. Avec une amabilité charmante , il me pria d'offrir l'hospitalité de sa maison à vos délégués de 1878. Le soir, je rentrais au Locle prendre congé de la famille chez laquelle votre nom m'avait valu un si délicieux accueil. — Je voulais aussi me réjouir avec mes hôtes de cette belle journée, bien faite pour resserrer les liens qui unissent la Société d'histoire et d'archéologie de Neuchâtel et la Société d'Emulation du Doubs. AR EE CET sur la fête annuelle DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DE MONTBÉLIARD EN LO77 Par M. Edouard BESSON DÉLÉGUÉ DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS. Séance du 9 juin 1877, MESSIEURS, Jeudi 24 mai, la Société d'Emulation de Montbéliard tenait sa séance solennelle, qui attire toujours une grande foule et de nombreux délégués des villes voisines. Il en était venu de Suisse et même de Mulhouse, la grande cité industrielle qui ne nous est devenue que plus chère après une cruelle sépa- ration. M. Jules Jurgensen, l'éminent littérateur, l'ami dé- voué et sympathique de notre pays, était arrivé du Locle la veille, heureux de pouvoir encore une fois témoigner de son affection pour la France et de son goût pour nos fêtes litté- raires. La Société d'Emulation du Doubs n'avait envoyé par extraordinaire qu’un seul délégué, M. Edouard Besson. On s’est réuni le matin dès neuf heures, et les choses allaient fort bien dès le début, lorsqu'il a fallu procéder au renouvel- lement du bureau. Les formalités minutieuses qu'exige une telle opération ont peut-être un peu traîné en longueur, in- convénient que nos amis de Montbéliard eussent facilement évité en consacrant à ces détails d'organisation intérieure, sans intérêt pour les étrangers, une séance préparatoire qui aurait, Dre je suppose, précédé d'une heure la séance publique. On y aurait gagné notamment, dans la circonstance, de pouvoir entendre une lecture du président, M. Favre, annoncée au programme et qui a dû être remise faute de temps. Cette omission était d'autant plus regrettable que son discours d'ou- verture, empreint des idées les plus élevées et parfaitement écrit, nous promettait pour sa lecture quelque chose d’achevé. A la reprise de la séance, M. Jurgensen a lu un morceau inédit et par lui traduit de son ami et compatriote le célèbre poète danois Andersen, sur l’œuvre duquel il devait faire le lendemain une conférence à Montbéliard. Il était impossible de rendre avec plus de délicatesse la pensée elle-même si fine, si gracieuse, si fugitive, du charmant conteur. Sans avoir pu, à rotre grand regret, assister à la conférence du lendemain, rcus pouvons affirmer, connaissant la facilité de parole de M. Jurgensen, égale pour le moins à son rare talent de lec- teur, que l'interprétation orale a été à la hauteur de l'inter- prétation écrite, et qu'il y a eu là pour nos voisins un véri- table événement littéraire. On a ensuite fort bien accueilli un travail de M. Edouard Besson sur la correspondance de Proudhon, travail que son auteur avait soumis naguère à l'approbation de la Société dont il est membre. La séance à enfin été close par la lecture d'une intéres- sante étude de M. Contejean, l'éminent professeur de Poï- tiers, relative aux théories nouvelles sur le transformisme. Cependant il se faisait tard, et les préoccupations intellec- tuelles commencaient à faire place à d’autres plus positives. On accueillit donc sans tristesse l'annonce du banquet qui devait terminer la fête. Ce banquet fut comme toujours em- preint de la plus parfaite cordialité, très animé et très joyeux. Au dessert, M. le président Favre se leva le premier et pro- nonca un discours plein de courtoisie pour ses hôtes et où respirait un sincère libéralisme. Après lui le délégué de la Société d'Emulation du Doubs prit la parole en ces termes : « MESSIEURS, » L'absence de mon excellent confrère et ami M. le docteur Saillard, empêché à son grand regret par des circonstances imprévues de se rendre à voire invitation, me laisse en ce moment le périlleux privilége de vous présenter, au nom de la Société d'Emulation du Doubs, l'expression des sentiments d'estime et d'amitié qu’elle nourrit depuis longtemps pour votre Compagnie. » Quelles que soient les difficultés de ma tâche et l'émotion bien naturelle que j'éprouve en la remplissant, permettez- moi d'en dépasser encore les limites, et de vous dire d’après mes impressions présentes ce que je pense de nos réunions, de l'esprit qui les anime, des résultats qu'on en doit attendre. Aussi bien, il y a pour moi à la fois honneur et plaisir à vous entretenir un peu longuement, surtout en vous parlant le langage que vous comprenez si bien parce qu’il est le vôtre, celui de la science, du patriotisme et de la liberté. » Et d'abord que faisons-nous ici, rassemblés comme nous le sommes des extrémités de notre province, et comptant même parmi nous des représentants d'un peuple voisin et ami? » Venons-nous seulement resserrer les liens d'affection qui nous unissent, nous rappeler les uns aux autres cette solida- rité d'intérêls, de joies ct de souffrances qui existe entre les membres d'une même nation, et qui résume à nos yeux l’idée de la Patrie? Non. Nous venons avant tout témoigner par notre présence, non pas autour de cette table où Bacchus a remplacé le chœur des Muses, mais dans la salle où j'enten- dais tout à l’heure ces lectures aussi attrayantes par la pro- fondeur et la variété des doctrines que par la délicatesse des sentiments et l'élégance de la forme, et où moi-même j'ai dû compter sur votre extrême indulgence pour oser mêler ma voix à celle de savants et d'écrivains aussi autorisés que les vôtres, nous venons, dis-je, témoigner d’une manière écla- tante que les choses de l'esprit, les travaux de l'intelligence UD = ont toujours le privilége d’intéresser, de passionner les âmes en ce beau pays de France qui n'est tant calomnié par ses ennemis que parce qu'ils désespèrent d'atteindre jamais à sa hauteur. » Car il ne faut pas se fier aux apparences : il ne faut pas que le passage d’un nuage éphémère fasse oublier l'éclat du soleil dont il dérobe momentanément les rayons. Nous aimons la science, le libre examen, tout ce qui fait les peuples grands et prospères. Et c'est là ce qui nous permet de bien augurer de l'avenir en dépit des tristesses du présent, On a beau dans notre pays violer les droits, faire taire les revendications, rendre les tribunes muettes, la France n’en reste pas moins maîtresse d'elle-même, parce que c'est une nation qui pense et qui sait. » Répandre et développer parmi le peuple l'esprit scienti- fique, c’est-à-dire l'esprit de travail, d'indépendance et d’ini- tiative à la fois prudente et hardie, n’est donc pas seulement accomplir une œuvre utile; c’est agir en bons citoyens. C’est du moins le but que nos sociétés poursuivent dans la modeste limite de leurs forces ; et à ce titre, nous faisons de la politique et de la meilleure, quoique nous en fassions peut-être comme M. Jourdain faisait de la prose, sans le savoir. Car tout homme qui apprend à ses semblables à penser leur apprend par cela même à vivre libres. » Nous en faisons aussi en donnant à notre province une vie intellectuelle qui lui soit propre; et sans voir en elle, comme l'illustre publiciste dont j'avais l'honneur de vous en- tretenir il y a un instant, l'arche du genre humain, sans lui souhaiter une indépendance complète au détriment de l’unité nationale, nous montrons qu'elle est digne de ces libertés locales si précieuses et qui lui sont encore si parcimonieuse- ment départies. » Redoublons donc d'efforts ; travaillons : /aboremus, comme disait cet empereur romain qui voulut mourir debout. Tra- vaillons pour la liberté ; travaillons surtout pour la Patrie Se qui, aujourd'hui plus que jamais, a besoin du concours de tous ses enfants. » Je bois à la prospérité présente et future de la Société d'Emulation de Montbéliard ! » Ces paroles, ou plutôt les idées qu’elles expriment, ont été accueillies par de vifs applaudissements. Un grand nombre de toasts ont encore été portés, parmi lesquels nous avons remarqué spécialement celui de M. Jurgensen qui, par les sentiments élevés et généreux dont il était empreint, a excité un véritable enthousiasme. Reportant, lui aussi, sa pensée aux souvenirs de l'antiquité romaine, l’orateur a comparé la France en sa douloureuse agonie de 1870, alors qu'elle était abandonnée et trahie de toutes les nations, à César qui se voiïlait la face pour ne pas voir d'où lui venaient les coups de ses assassins. Il à eu aussi pour la Franche-Comté de ces mots gracieux qui viennent du cœur, allant jusqu’à dire qu'il y verrait bien comme Prou- dhon l'arche du genre-humain , et ajoutant qu'il ne serait pas fâché d'en être l'hôte. En cela il ne ferait que combler nos vœux ; et du reste, étant déjà Français par le cœur, pourquoi ne le serait-il pas par la nationalité? Nos amis de Suisse nous ont, eux aussi, tous témoigné, selon leur habitude, les plus vives sympathies. Le délégué de Mulhouse n’a pas été moins bien inspiré en rappelant que ses compatriotes garderaient toujours comme un précieux dépôt le souvenir de é patrie absente, jusqu’à ce qu'elle leur fût rendue. En un mot, nous n'avons emporté de cette fête que de bons souvenirs, et nous devons remercier nos aimables vois ins à la fois pour leur amical accueil et pour l’occasion qu'ils ont offerte à l'esprit public de manifester encore une fois dans notre province ses tendances patriotiques et libérales. be VE TEA HYMNE A LA SUISSE Pièce de vers lue à la Société d’'Emulation du Doubs le 10 février 1877 Un pour tous! I O pays des glaciers, des lacs, des hommes libres, Air pur où l'étranger vient retremper ses fibres, Sublime réservoir de neige et de granit D'où s'épanchent sans fin les fleuves du vieux monde, O Suisse! accepte ici ma tendresse profonde : Je t’'admire, je t'aime et mon cœur te bénit. Ton front est couronné de neiges éternelles ; La foudre ou le soleil se joue en tes prunelles; L’avalanche rapide et tes mille torrents D'une agrafe d'argent retiennent ta ceinture ; Les forêts ont tissé ta robe de verdure, Et tu baïgnes tes pieds dans tes lacs transparents. Que de temps tu restas inconnue et secrète | Un peuple de pasteurs fit enfin ta conquête; Nul désert, nul sommet n’arrèêta son élan. Comme un amant jaloux d’une beauté voilée, Il foula jusqu'aux pics où la neige étoilée Depuis l’aube des jours dort sous son voile blanc. Adossée à tes monts, pacifique guerrière, Entre l’Europe et toi Dieu mit une barrière : Les Alpes sur tes flancs dressent leurs bastions. Aüïnsi que l’Angleterre à l’abri dans son île, De ton nid d’aigle, au loin, tu regardes, tranquille, Passer le flot troublé des révolutions. Jouis de ta beauté. L’art peut la rendre à peine : Le pinceau n’atteint pas ta taille surhumaine; Son cadre trop étroit veut un moindre milieu. D — La parole essaierait en vain de te décrire; Ta grandeur déconcerte, hélas ! même la lyre. C’est que l’art vient de l’homme, et toi, tu viens de Dieu. Il nous a montré là sa puissance sans bornes. Il dit au cyclamen : fleuris sous les pics mornes! Au glacier : mire-toi dans l’eau du lac dormant! Au mélèze éperdu : penche-toi sur l’abime! Au Mont-Blanc : vers le ciel monte en dôme sublime, Et que le grandiose ait un aspect charmant! Heureux le voyageur, l'amant ou le poëte, Qui contemple de près ta majesté muette, Plonge ses yeux lassés dans tes lacs toujours bleus, Ou rafraïchit sa lèvre à tes claires fontaines, Ou d’un roc escarpé voit les Alpes lointaines S’enfuir à l’horizon en sommets onduleux ! Heureux, et plus encor, celui que Dieu fit naître Sur ton sol fortuné, dans quelque lieu champêtre, Pour y vivre et mourir libre parmi les siens! Ah ! si jamais l'exil m'arrachait de la France, C’est là que je voudrais abriter ma souffrance Et donner à mon cœur ses vrais concitoyens | IT Champ d’asile, place choisie Où les meilleurs et les plus grands, Les amants de la poésie Et les ennemis des tyrans, Loin des foules toujours serviles, Fuyaient le tumulte des villes, Staël, Rousseau, Voltaire, Byron! Tu t’embellis de leur mémoire, Et leur gloire ajoute à ta gloire Un impérissable fleuron. Tes beautés n’ont pas de pareilles. Pour en former les traits divers, Dieu choisit toutes les merveilles Dont il a semé l’univers. Sur tes monts et dans tes vallées, Il les a toutes rassemblées, RE qe Du sublime jusqu’au joli : Ainsi cet empereur de Rome Prit tous les chefs-d’œuvre de l’homme Pour son jardin de Tivoli. Ici, dans leur paix inconnue, Les pics neigeux planent dans Pair; Leur tête dépasse la nue, Et leur flanc voit ramper l'éclair. Là-bas, comme des coupes pleines, Les lacs se creusent dans les plaines; Là le Giesbach tombe et mugit; Plus loin, derrière le Salève, Le soir, le Mont-Blanc se soulève Pour voir la Jungfrau qui rougit. Lieux charmants, quand vous reverrai-je? Beau pays d’où mon souvenir, Ainsi qu’un oiseau pris au piège, A tant de peine à revenir! Genève, Lausanne, Lucerne, Zurich, Berne, où l'esprit moderne S’est librement épanoui; Clarens, nid caché, paix profonde, Oberland, Eden du vieux monde, Interlak, Rosenlaüil Et vous dont j'ai gravi la cime, Forêts où mon pied s’égara ; Schaffhouse, où le Rhin qui s’abîme Fait rêver au Niagara; Mont-Saint-Bernard d’où l'Italie, Comme une carte qu’on déplie, Se déroule au regard charmé ; Et toi, grandiose Engadine, Fleur de beauté, brise divine, Dont mon cœur reste parfumé ! III Et l’âme en ces beaux lieux respire satisfaite; Nulle part l’indigent, venant troubler la fête, Ne s'impose à l'œil attristé. eg. Partout le gai travail, la propreté, l’aisance, Et cet air de bonheur que donne ta présence, O sainte et saine liberté! C'est que la liberté, mère des sacrifices, Au lieu du faste impur et des grandeurs factices Qui s’écroulent au premier choc, Donne seule aux Etats une base immuable. Les despotes d’un jour bâtissent sur le sable; Le peuple bâtit sur le roc. Le peuple est éternel comme l’eau d’une source; Les générations se suivant dans leur course Accumulent leur long travail ; Un monde peut sortir de ces efforts sans trève : Voyez! avec le temps, le madrépore élève Tout un continent de corail. Tu t'es ainsi fondée assise par assise ; Ton peuple, cinq cents ans fidèle à ta devise, N’eut pour but que le bien commun. Et, quoique à l'étranger de son sang trop prodigue, IT étendit toujours sa frontière ou sa ligue Au cri d’un pour tous, tous pour un! Dès ton adolescence, 6 Suisse! tu fus grande, Et ta première histoire est presque une légende. Du Grütli le pacte immortel Sur l’océan des jours comme une arche surnage, Et l'écho de tes lacs redira d’âge en âge La flèche de Guillaume Tell. Comme Hercule au berceau, ta main rude et loyale Etouffa les replis de l’hydre impériale : Sempach préludait à Granson. La Bourgogne à son tour plia sous tes étreintes. C'était pour te défendre... © guerres vraiment saintes Gloire sans tache et sans rançon! Ce fut l’aube des temps modernes; et l’histoire, De ces vils paysans célébrant la victoire, Apprit au monde féodal Qu’un noble cœur peut battre aussi bien sous la bure, Et-qu’au fond la justice est la meilleure armure Et le trop de puissance un mal. — 32—— = Ainsi Dieu te fis belle, et toi, tu te fis libre! Et, conservant toujours ton heureux équilibre, Tu vas en paix vers l’avenir. Ce lot est assez beau : qu’ajouterais-je encore ? Les prés ont assez bu ; le ruisseau peut se clore, Et cet hymne devrait finir. IV Non! Non! le meilleur reste à dire. Mon cœur est encore trop plein; Je ne puis apaiser ma lyre En l’étouffant contre mon sein. Ma course n’est pas achevée ; Autre est l’œuvre que j'ai rêvée : Je veux accomplir mon dessein. Sans doute ta beauté m’enchante, Et j'honore ta liberté; Mais si dans ce jour je te chante, Si cet hymne fut mérité, Si je t'admire et si je taime, C’est pour un autre don suprême, O Suisse! c’est pour ta bonté! Ah ! la bonté! source divine, Inconnue au monde moqueur! Vertu cachée où se devine La main qui forma notre cœur! La moindre larme qu’on essuie Vaut cent fois le trône où s’appuie La froide main d’un dur vainqueur. v Oui, tu fus dévouée et bonne envers la France. A l’heure de ses grands revers, Quand tout l’abandonnaïit, tout, même l'espérance, Tes bras lui restèrent ouverts. O bon Samaritain des nations | toi seule, Arrachant sa proie au vainqueur, Pauvres soldats blessés qu’allait broyer la meule, Tu les emportas sur ton cœur; a Tu leur fis de tes bras la prison la plus douce, Et, les réchauffant dans ton sein, Tu donnas aux vaincus, à ceux que tout repousse, Place au foyer et part au pain. Val Travers! Val Travers! port de salut, refuge Où cet exode s’assura, Abri dans la tourmente, arche dans le déluge, Oasis du sombre Jura, C’est toi qui recueillis, qui sauvas cette armée, (Notre dernière armée, hélas !) Troupe errante, éperdue, épuisée, affamée, S’entre-choquant sur le verglas, Trainant ses pieds meurtris dans la neige durcie… Car l'hiver, cruel jusqu’au bout, Fit de cette campagne en France une Russie; Et tout fut notre ennemi, tout ! Alors, pour bien montrer que cette guerre infime, Du passé trop sanglant retour, N’avait pas étouffé dans tout peuple et toute âme Le rayon divin de l'amour, Pour qu’en cet Océan d’incendie et de crime Notre regard épouvanté Püût se poser au moins sur quelque pure cime, Refuge de l’humanité, Dieu permit que la Suisse, assise à la frontière, Vint recueillir ces délaissés, Les prît à son foyer, et, douce, hospitalière, Pansât tous ces pauvres blessés. Avec une tendresse et de mère et de femme, En soignant leurs membres meurtris, Elle n’oubliait pas les blessures de l’âme Et nous les renvoyait guéris , Guéris des préjugés, guéris de l’ignorance, Accrus dans leur saine raison, Rendus meilleurs enfin par l’exil, la souffrance Et la douceur de leur prison. Est-ce tout? Non! — Plus tard, quand l’affreuse famine Menaçait la Franche-Comté, La Suisse, sans rien dire, en fermière, en voisine, Toujours simple dans sa bonté, : TUE Passa notre frontière et s’en vint, les mains pleines, Nourrir tout ce peuple accablé, Et pour ensemencer le désert de nos plaines Lui donner son orge et son blé! Ah! que ce grain béni garde, touchant emblème, Les dons du sol qui la porté, Et qu’il fasse germer dans nos champs qu'il ressème La liberté, l'humanité ! VI Tout est dit maintenant, Ô Suisse vénérée ! J'ai déchargé mon cœur d’une dette sacrée, Et peut-être allégé celle de mon pays. Ah! si la France heureuse, un jour pouvait te rendre. Non! Puisses-tu n’avoir jamais à te défendre Sur tes fils massacrés et tes champs envahis! Reste toujours heureuse et grande! — Oui, j'ai dit grande; On est grand par le cœur. La Suisse et la Hollande L’ont prouvé toutes deux en défendant leurs droits. Athène et la Judée étaient-elles petites ? La force n’y fait rien, pas plus que les limites. On peut être puissant et petit à La fois. Continue à montrer à l’Europe attardée La force du bon droit, la grandeur de l’idée, Que la liberté seule a des fruits savoureux, Que par ses sages lois toujours tu te gouvernes, Et que c’est à ce prix que les peuples modernes Peuvent être puissants et s’estimer heureux. Montre-leur qu’en ton sein, sur tes monts, dans tes villes, Tu nourris, sans danger des discordes civiles, Trois peuples différents réunis pour le bien. Leurs usages, leurs dieux, leurs langues sont contraires : Qu'importe! ils sont contents et vivent tous en frères; Car c’est la liberté qui fait leur sûr lien. Ah! puisse un jour l’Europe, imitant ton exemple, N'être dans l’avenir qu’une Suisse plus ample, Nouveaux Etats-Unis des vieux peuples chrétiens ! Immense république, où nations et races, Re: DRE De leurs trop longs discords répudiant les traces, Formeraient des cantons libres comme les tiens! Si c’est une chimère, elle est belle! L'histoire Doit-elle errer toujours dans un cercle illusoire, Comme Samson tournant la meule en sa prison ? Des siècles plus actifs sont à l’œuvre pour elle : Le nôtre va finir ; l'axe incline et révèle Un meilleur avenir, un plus large horizon. Et quand ces jours viendront, c’est toi seule, Helvétie, Toi qui les fis comprendre et fus leur prophétie, Qui conduira le chœur de nos amphictyons. Pacifique et sereine en tes Alpes tranquilles, Où notre liberté peut voir ses Thermopyles, Tu jugeras d'en haut toutes les nations. Edouard GRENIER. 20-30 septembre 1872. mu (960 — LE DÉVOUEMENT DE SŒUR SIMPLICE Pièce de vers lue à la Société d'Emulation du Doubs, dans sa séance publique du jeudi 13 décembre 1877. On lisait dans les journaux du 23 octobre dernier : « Vendredi ont eu lieu, dans l’église de Saint-Germain- des-Prés, les obsèques de la sœur Simplice, institutrice, vic- time de son dévouement. » Voyant un chien enragé, que l’on poursuivait, arriver sur les enfants qu’elle conduisait à la promenade, elle s’était jetée au devant d’eux pour les préserver et avait été cruel- lement mordue aux mains par le dangereux animal. » C’est aux suites de ces morsures qu'après plusieurs jours de souffrances, la sœur Simplice a succombé. » Cette action vertueuse a inspiré les quelques vers que voici, qui sont datés de Baume-les-Dames, 24 octobre 1877 : I Souvent dans l'Océan de l’humaine bassesse, Parmi ces flots fangeux qui s’agitent sans cesse, Comme une vision, une perle sans prix Passe et brille un instant à nos regards surpris, Et la vague l’emporte en ses replis. L’abîme Se referme, et son bruit, monotone ou sublime, Continue à bercer avec ses mille échos Nos craintes, nos espoirs, nos luttes sans repos. Car la vie, au hasard sans cesse dépensée, A tous les vents du ciel disperse la pensée. Hélas! que de beautés nous perdons sans remords | Et que nous savons peu nous souvenir des morts! en IT Je ne t'ai pas connue en ce monde, 6 Simplice! Mais je te vois tendant tes deux mains au supplice, Et regardant la mort avec tranquillité Pour sauver ces petits tremblants à ton côté; Je te vois souriant à tes saintes blessures, Et bénissant ce mal aux atteintes trop sûres. Douce et chaste héroïne ! à l’heure de mourir, Sur ton front rayonnant le Ciel a dû s'ouvrir. Abandonnant le chœur des célestes phalanges, Les mères, les enfants dont la mort fit des anges, Sont venus t’accueillir au seuil du Paradis Et baiser en pleurant tes pauvres bras meurtris. Devant les Séraphins, l’Ange du Sacrifice A posé sa couronne à ton front, Ô Simplice! Et le Christ, les yeux pleins d’ineffable douceur, Ta tendu les deux bras en te disant : Ma sœur ! Edouard GRENIER. JEAN MAIRET ET M. BIZOS SON NOUVEL HISTORIEN. RAPPORT DE M. Edouard BESSON. Séance du 14 juillet 1877. MESSIEURS, L'ouvrage dont je viens vous présenter l'analyse succincte est pour nous et pour notre province une véritable bonne for- tune. Avant qu'il parût, nous le connaissions déjà en partie, son auteur nous en ayant donné les prémices à l’une de nos dernières séances publiques. Qui de nous ne se rappelle l'in- génieux et éloquent travail de M. Gaston Bizos sur la lutte du grand Corneille et du poète franc-comtois Jean de Mairet? Notre compatriote joua certainement un assez triste rôle daus la circonstance. Mais il serait bien injuste de l'apprécier seulement d'après cette polémique violente et parfois gros- sière entreprise contre le premier de nos poètes à l’instigation d’une puissance supérieure. Mairet possède des titres meil- leurs à l'attention de la postérité : ses œuvres dramatiques jouirent d'une grande réputation au temps où elles parurent; l'une d'elles, la Sophonisbe, mérita d'être appelée par Voltaire la mère de toutes les tragédies françaises, et s’il eut le tort grave de s'attaquer à Corneille et de prendre parti contre lui dans la grande querelle du Cid, il fut son précurseur, parfois même son heureux rival. Il méritait donc, au moins de la part de ses compatriotes, une étude sérieuse; et pourtant cette étude n'avait point en- core été faite parmi nous. Nous n'avions sur Mairet que des Drag 2e éloges académiques insuffisants à le faire connaître, et nous semblions laisser volontairement dans l'ombre une mémoire qui devait nous être chère et glorieuse. C’est cette lacune regrettable de nos annales particulières que M. Bizos a prétendu combler, et il l’a fait dans une étude longuement méditée et fort bien écrite qu'il présentait na- guère à la Sorbonne comme thèse de doctorat. Car notre con- frère appartient à cette grande Université de France qui, chaque jour, répond par des œuvres de talent aux ineptes calomnies de ses adversaires. Il faut d’ailleurs reconnaître que le sujet prêtait beau- coup par lui-même. Mairet vint en effet à l'époque la plus intéressante de notre histoire moderne, époque de transition politique et littéraire, où tout prenait corps et s’organisait sous la forte main de Richelieu. Notre compatriote lui-même ne fut pas seulement un poète remarquable et novateur à plusieurs égards, il joua aussi un certain rôle dans le monde des affaires publiques, et la Franche-Comté notamment eut plusieurs fois à s’applaudir de son influence. Né à Besancon d'une famille d'origine westphalienne, que les troubles de la Réforme avaient chassée d'Allemagne, il vint de bonne heure s'établir à Paris, où, dès l’âge de seize ans, d’heureuses productions dramatiques le mirent en lu- mière. Il ne tarda pas à devenir le favori du célèbre et infor- tuné duc de Montmorency, auquel la politique de Richelieu et ses propres fautes réservaient une fin si tragique. Il l’ac- compagna même dans ses expéditions guerrières el sut mon- trer devant la Rochelle que l'épée du gentilhomme ne pesait pas plus à sa rain que la plume du poète. Du reste, on doit dire à son honneur qu'il demeura constamment fidèle à la mémoire de son premier protecteur après la sanglante catas- trophe de Toulouse, même quand il fut devenu le familier et le pensionnaire du tout-puissant cardinal. C'était malheureusement à l’époque où Richelieu dirigeait contre la Franche-Comté cette nouvelle guerre inexpiable qui PA; jui fit perdre à notre province les neuf dixièmes de ses habitants. On pouvait trouver et on trouva, en effet, fort étrange que Mairet, en de telles circonstances, s’occupât à chanter en vers les louanges du bourreau de son pays. M. Bizos, en prenant sur ce point la défense de notre com- patriote, omet de faire valoir la principale des circonstances qui plaident en sa faveur. Mairet n'était pas Franc-Comtois, mais Bisontin, et Besançon, ville libre impériale, n’avait alors avec la Franche-Comté que des relations d'amitié. Il employa d’ailleurs toute son influence à servir notre pro+ vince et à lui venir en aide dans sa détresse. Ce fut lui no- tamment qui, en 1649, signa avec Villeroy le traité auquel nous dûmes de recouvrer notre neutralité. La municipalité bisontine lui témoigna en cette circonstance sa gratitude d’une manière solennelle. Le président Boyvin se fit aussi l’inter- prète de la reconnaissance publique, et Mairet fut nommé résident de Franche-Comté auprès de la cour de France. Peu de temps après, il fut banni de cette cour et vint demander un asile à sa ville natale. Le traité des Pyrénées lui permit de rentrer à Paris, où il ne demeura pas longtemps. Besancon le revit bientôt dans ses murs, où il mourut à l’âge de 82 ans, en 1686 (1). Depuis longtemps déjà, à cette époque, il ne cultivait plus les muses qui avaient valu à sa jeunesse de brillants triom- phes. Depuis longtemps, comme le dit son biographe, « il avait à subir la douleur la plus cruelle que püt supporter un homme qui avait eu son temps de gloire et de célébrité, celle de se survivre complétement à lui-même, et d'assister non- seulement à l'épuisement de son génie, mais encore à la dis- parition de ses œuvres, dont la jeune génération, si on ex- cepte la Sophonisbe, ne savait même plus les noms. » Cette gloire éclatante, suivie d'un si brusque retour, ne (1) Voir ci-après les délibérations municipales de Besançon concer- nant les services rendus par Jean Marrer à sa ville natale. — 4 — saurait s'expliquer si l'on ne se replace à l’époque où parurent les premières œuvres de notre poète. Le théâtre, après avoir traversé la période des mystères, des moralités et des soties, venait à peine de secouer l'imitation servile des Grecs et des Espagnols. Jusque-là, les confrères de la Passion, les Baso- chiens et les Enfants sans souci, l’école de Jodelle et de Gar- nier, celle du déréglé et intarissable Hardi s'étaient succédé sans parvenir à fixer aucune règle, sans laisser la moindre œuvre digne d'attention. Aussi les premières pièces de Mairet, la Chryséide, qu'il écrivit à l'âge de 46 ans, et la Sylvie, quoiqu'elles prêtassent beaucoup à la critique et que leur auteur en fît lui-même vo- lontiers bon marché, se recommandaient déjà par des qualités relatives. M. Saint-Marc Girardin a pu dire de la dernière que « l'amour et la passion n'avaient pas encore parlé sur le théâtre un langage aussi noble et aussi élevé. » Suivant la vogue du moment, le sujet de ces deux pièces était pris dans l’Astrée, le fameux roman pastoral d'Honoré d'Urfé, qui défraya les salons et les cercles littéraires de toute la première période du xvr° siècle. Nous en dirons autant de la Sylvanire, pièce qui fit école et à la tête de laquelle son auteur placa sous le nom de préface un véritable art poétique, où il plaidait déjà pour les trois unités. Mairet s’essaya ensuite à la comédie dans son Duc d’Ossone, composition licencieuse et sans valeur; puis il revint aux pièces tragiques, en donnant sa Virginie qui présente déjà des qualités sérieuses. Mais son œuvre de beaucoup la plus remarquable, celle qui fit passer son nom à la postérité et lui assure encore au- jourd’hui un rang honorable parmi les auteurs dramatiques, est la Sophonisbe, qui, parue en 1629 avec Hélite de Corneille, inaugura, suivant l'expression de Sainte-Beuve, « l'ère des pièces régulières. » Tout le monde connaît les aventures de la célèbre fille d’Asdrubal, qu'on n’a si souvent mises sur le théâtre que parce RU: PR qu'elles présentent un intérêt éminemment tragique. Sa haine indomptable du nom romain, ses unions successives avec Syphax et Massinissa, le sacrifice que ce dernier en fait à ses projets ambitieux et aux ordres impérieux de Scipion, sa mort enfin, sont des épisodes d’un puissant attrait et capables de saisir fortement l'âme du spectateur. Mairet toutefois a cru devoir modifier en deux points importants le thème historique que lui fournissaient les décades de Tite-Live. Dans la pièce de notre poète, Syphax a élé tué par les Romains avant le mariage de Sophonisbe avec Massinissa. Celui-ci, d'autre part, ne joue plus le rôle avilissant que lui prête l’histoire; mais, obligé de sacrifier sa femme aux rancunes romaines, il se tue lui-même sur son cadavre. Grâce à ces heureux changements, autorisés d’ailleurs par les préceptes d’Aristote, le sujet perd ce qui pouvait froisser nos mœurs et notre délicatesse, et ne présente plus qu'un in- térêt dont l’auteur a su parfaitement ménager les gradations. Nous ne pouvons donner ici une analyse complète de sa tra- gédie. Rappelons seulement qu'elle eut, au temps où elle pa- rut, un succès immense et qui se maintint durant une période relativement considérable. Aussi bien, elle l'emporte de beau- coup sur toutes les pièces, d’ailleurs si nombreuses, qui ont été écrites sur le même sujet, notamment sur celle de Vol- taire que Buffon appelait un ressemelage, et sur celle de Cor- neille lui-même qui l'écrivit, il est vrai, dans la décadence de son génie. Le grand poète, du reste, témoigna constam- ment une sincère admiration pour l'œuvre de son devancier, même au temps de sa querelle avec lui. Il s’en est même par- fois inspiré, jusque dans ses vers les plus sublimes, dans ceux qu'une admiration commune à depuis longtemps gravés dans toutes les mémoires. Qui ne reconnaitrait au moins l’idée première des imprécations de Camille dans ce cri de haine de Massinissa expirant? «a O peuple ambitieux! J’appellerai sur toi la colère des cieux — 13 — Puisses-tu retrouver soit en paix, soit en guerre, Toute chose contraire et sur mer et sur terre! Que le Tage et le Pô contre toi rebellés Te reprennent les biens que tu leur a volés! Que Mars faisant de Rome une seconde Troie Donne aux Carthaginois tes richesses en proie, Et que dans peu de temps le dernier des Romains En finisse la race avec ses propres mains! » Ce n’est pas sans doute encore l’éloquence pleine et nourrie que l’auteur des Horaces devait inaugurer sur notre théâtre, mais il y a là déjà comme un écho des mâles accents de la lyre antique. Songeons d’ailleurs que la Sophonisbe était écrite sept ans avant le Cid, c'est-à-dire à une époque où l’art encore livré à l'anarchie n’avait donné chez nous aucune œuvre sé- rieuse; songeons que, comme le dit Fontenelle, « si, pour juger de la beauté d’un ouvrage, il suffit de le considérer en lui-même, pour juger du mérite de l'auteur, il faut le com- parer à son siècle; » et nous n’hésiterons pas à donner à l’au- teur d'une telle pièce un rang à part, non-seulement parmi ses contemporains, mais parmi tous les poètes qui ont honoré la scène française. Il avait écrit son chef-d'œuvre dès l’âge de 25 ans. Cette précocité hâtive semble avoir épuisé son génie, qui depuis ne fit plus que baisser. La décadence s’accentue déjà dans Cléo- pdtre et le Grand Soliman et devient tout à fait visible dans les dernières productions de notre compatriote, qui ne sup- portent plus la lecture. Néanmoins, il écrivit encore d'agréa- bles pièces fugitives, genre dans lequel il avait toujours ex- cellé. 11 était aussi bon prosateur; certains passages de ses pamphlets contre Corneille trahissent même une véritable éloquence. En tout cas, c’est comme poète et comme poète dramatique qu'il doit être apprécié ; et nous ne pouvons mieux faire à cet égard que de reproduire les remarquables conclusions du travail de son biographe. « Versificateur habile, dit M. Bizos, écrivain soigneux du détail, il n’a pas eu assez de génie pour PR + secouer le joug du précieux, du romanesque, de la fade ga- lanterie ; mais, doué d’un heureux instinct, observateur assez délicat du cœur féminin, il a été parfois un interprète péné- trant de la passion de l'amour; il a eu la gloire de traiter les sujets tragiques avec une élévation souvent digne de la tra- gédie ; il a su trouver des traits fiers et hardis, et surtout donner un modèle déjà remarquable d’un plan régulier, d'une conduite unissant la liberté à la raison, la vraisemblance à la fiction. Nous espérons qu’on ne fera pas difficulté de lui accorder avec nous le mérite d’avoir tiré de l'anarchie notre poésie dramatique et exprimé avant Corneille, au théâtre, la passion, le devoir, la tendresse et la grandeur. » Tel fut le poète franc-comtois Jean Mairet, dont notre confrère a retracé la vie et jugé l’œuvre avec un remarquable talent d'écrivain, une rare finesse d'aperçus, une grande rectitude de vues, en s'aidant d'une érudition vaste et toujours sûre. Qu'il nous permette toutefois quelques critiques relatives non pas à l'ensemble de son œuvre, mais à certains points de détail. Peut-être la partie biographique gagnerait-elle à être quel- que peu abrégée ou tout au moins plus sobrement écrite. Il y a aussi un chapitre dont nous serions tentés de reprocher à l’auteur les développements exagérés, si nous ne savions que, travaillant en vue d'un examen, il n’était pas complétement maître du plan et des proportions des diverses parties de son livre. C'est celui où il est question des rivaux de Mairet : Sceudéry, du Ryer, Tristan l'Hermite, Rotrou, et du groupe littéraire que dominait la grande figure de Richelieu et qui travaillait sous la tutelle, parfois sous les ordres du puissant cardinal. Sans doute, tout cela nous fait connaître l’époque où vivait Mairet et nous permet de mieux l’apprécier ; sans doute l’abbé de Boisrobert, l'Estoile, Colletet le père, Desma- rets jouèrent un certain rôle, surtout lors de l'institution de l'Académie française. Mais ils ne se rattachent pas suffisam- ment à notre compatriote pour justifier l'étude très dévelop- ET EURE pée que M. Bizos consacre à leurs personnes et à leurs œu- vres. Cette étude est excellente; mais nous dirons avec le poète : « Non erat hic locus. » Ces observations n’ont d’ailleurs, je le répète, rien que de très relatif et de très accessoire. L'ouvrage, en ce qu'il a d’es- sentiel, c’est-à-dire en ce qui touche à l'appréciation littéraire de l’œuvre de Mairet, échappe à toute critique; la forme en est aussi remarquable que le fond. M. Bizos a su se garder de ce style maniéré et prétentieux qui est devenu de mode en matière de critique littéraire : il n'a cherché qu’à exprimer sa pensée avec clarté et précision, comme le faisaient les véri- tables grands maîtres dont les traditions sont si loin de nous. En un mot, le livre de notre confrère révèle chez son au- teur un penseur et un écrivain dont les débuts sont riches de promesses pour l'avenir. Il a, du reste, recu à la Sorbonne et dans quelques organes de la presse l'accueil qui lui était dû, c'est-à-dire un accueil excellent. Nous ne pouvions faire moins que les docteurs et les journalistes parisiens, car le sujet et l’auteur nous intéressent plus qu'eux. Relativement au dernier, nous exprimerons toutefois un regret. Voilà M. Bizos docteur ès-lettres grâce à l'excellente thèse française dont nous venons de donner une trop rapide analyse, et aussi à une thèse non moins remarquable sur l'historien Florus, thèse dont nous avons fait notre profit personnel, mais dont nous ne pouvions parler en détails parce qu’elle vise un sujet étranger aux travaux habituels de notre Société. Ce nouveau titre, consacrant désormais notre confrère à l’enseignement des Facultés, va peut-être nous l'enlever, et nous pourrions en somme nous affliger d'avoir acquis un bon livre, chose rare aujourd'hui, s’il nous faut en revanche perdre quelque chose d'infiniment plus rare, un ami homme d'esprit et sur- tout homme de cœur. ne PÊE PIÈCES JUSTIFICATIVES I Enregistrement par la municipalité de Besançon du traité qu’a- vait signé Jean MaIRET, comme envoyé du gouvernement de la Franche-Comté, pour assurer à cette province et à la ville de Besançon une suspension d'hostilités de la part de la France. Du jeudy xxix apvril 1649. CESSATION D’ARMES. Messieurs ont ce jourd’huy receu lettres du Parlement avec la coppie du traittée fait avec la France, pour la cessation de tous actes d'hostilité, par l’entremise du sieur Mayret, citoyen, avec la ratiflication du Roy Très-Chrestien; lesdits traitté et ratification estant de la teneur suivante : « Le MarEescHaL DE ViLLEROY, gouverneur de la personne du Roy et de ses provinces de Lyonnoiïis, Forest et Baujollois, commis par Sa Majesté pour examiner et résoudre les conditions de neutralité ou suspension d'armes proposée et demandée par le sieur JEAN DE Mayrer, gentilhomme bourguignon de la cité de Besancon, en- voyé exprèz en Cour par les commis du Roy Catholique au gou- vernement de la Franche-Comté de Bourgongne, ayant d'eux suf- fisant pouvoir, a accordé les traitté et articles qui ensuyvent, soubz le bon plaisir de Sadite Majesté, dont il a promis de fournir l’acte de ratiffication en bonne forme dans un mois: » Qu'il y aura neutralité ou suspension d'armes entre ceux du duché de Bourgongne et terres adjacentes du Gouvernement, et ceux de la Franche-Comté, Besancon compris, jusqu’au temps de la majorité du Roy, et mesme jusqu’à la fin de 1651 ; » Que les trouppes de Sadite Majesté, de quelque nation qu’elles puissent estre, soit en corps d'armée ou autrement, n’entreront point dans ladite Franche-Comté de Bourgongne, Besancon com- pris, et ne feront aucune course ny surprise de place, et ne se Nr commettra aucun acte d’hostilité, et le semblable sera observé par ceux de la Franche-Comté, ainsi que tout a este cy-devant exécuté de part et d’autre par les traittés précédents. » En considération de quoy, ledit sieur de Mayret promet et s’oblige de payer la somme de six vingt mille libvres par chacun an, par forme de contribution, en un seul payement qui se fera par avance en la ville de Lyon, d'année en année, le premier jour d’apvril de chacune desdites années, à commancer en la présente, ès mains de celuy qui sera commis par le sieur abbé d’Aisney, lieutenant général de Sa Majesté en Lyonnois. » Et en cas que la paix entre les couronnes de France et d'Es- pagne soit signée et ratiffiée, lesdits Comtois seront déchargés et tenus quittes des payements qui resteront lors à faire du présent traitté, duquel ledit sieur Mayret promet fournir aussy la ratiffi- cation en bonne forme dans un mois. » Fait double à Saint-Germain-en-Laye, le troisième jour de mars mil six cent quarante neuf. — (Signé) ViLLEroY et JEAN DE MaïRET. » LE ROY ayant veu de mot à mot le traitté cy-dessus trans- cript, fait entre le sieur mareschal de Villeroy, gouverneur de la personne de Sa Majesté, et le sieur Jean de Mairet, gentilhomme bourguignon de la cité de Besancon, de la part des commis du Roy Catholique au gouvernement de la Franche-Comté de Bourgongne, par lequel ils ont convenu et accordé, soubz le bon plaisir de Sa Majesté, la continuation de la neutralité ou suspension d’armes entre ceux du duché de Bourgongne, Besancon compris, jusqu’au temps de la majorité du Roy et mesrne jusqu’à la fin de l’année 1651, et qu’il ne se commettra de part ni d'autre aucun acte d’hos- tilité durant ledit temps, ainsy qu’il est plus particulièrement ex- primé audit traitté : Sa Masgsré, de l’advis de la Reyne-régente, sa mère, et de son Conseil où estoient monseigneur le duc d'Or- léans, oncle de $. M.; monsieur le prince de Condé, et autres grands et notables personnages dudit Conseil, a aggréé, approuvé et ratifié, aggrée, approuve et ratiffie ledit traitté par la présente, promettant en foy et parole de Roy de le faire punctuellement garder et observer de sa part selon sa forme et teneur, sans y con- trevenir ny permettre qu'il y soit contrevenu en aucune manière. Car TELLE EsT sa VOLONTÉ. En tesmoing de quoy, Sa Majesté a signé la présente de sa main et l’a fait cacheter de son seel secret. Donné à Saint-Germain-en-Laye, le xur mars mil six cent qua- rante neuf, — (Signé) LOUYS ; et plus bas Le TELLIER, » AE Il Accueil honorable fait par la municipalité de Besançon à Jean MAIRET, lors du retour de ce personnage dans sa ville natale. Du vendredy 7 juin 1669. COMPLIMENT. « Messieurs ont prié M. Duchasne de visiter Le sieur Jean Mamer, retourné nouvellement de Paris, et luy remercier de ce que la cité a eu cy-devant de bons advis par son moyen touchant les desseins et entreprises des Francois; ayant de plus esté résolu, en mesme considération, de lui faire faire pour cette année et donner une pièce d'honneur comme celles que l’on fait pour Messieurs. » CATALOGUE DES ISEAU OBSERVÉS, DE 1845 A 1874, DANS LES DÉPARTEMENTS DU DOUBS ET DE LA HAUTE-SAONE Par Léon LACORDAIRE ANCIEN INSPECTEUR DES TÉLÉGRAPHES REVU ET PUBLIÉ PAR LE D' LOUIS MARCHANT CONSERVATEUR DU MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE DE DIJON Membre correspondant de la Société d'Emulation du Doubs. Séance du 10 février 1877. £q tis19' él sue Sur ravuont Melle L : Bilupftih sf e n PA es 4 2EONTES A D TL 1 on M. 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Je me suis acquitté de cette tâche pieuse avec un véritable bouheur, et en même temps avec la plus grande discrétion, c'est-à-dire en ajoutant très peu et en retranchant le moins possible. Mais là n’était pas la difficulté; il fallait trouver une place honorable à ce catalogue, fruit de vingt années d’observa- tions. A cet égard, tout ce qu’auraient pu rêver l’auteur, sa veuve, et je puis dire aussi l'éditeur, est aujourd'hui un fait accom- pli, grâce à la Société d'Emulation du Doubs. Ce livre aura donc la double bonne fortune d’être publié dans son véritable milieu et dans les Mémoires d’une des sociétés savantes qui font le plus d'honneur à notre pays. Est-ce téinéraire de croire que son succès est deux fois assure ? Dijon, le 26 mars 1877. D' Louis MARCHANT. RO AIR : alor AL PAU NC UE PTIT A LUE (* du è 98. MAUOAIQU HUE HAL OUAGR, UE OL Tea} {9 barootet BE 90 ensb yes Soient t sb edoneni ais ab squ300) L'eéoéqore' dr uq LE 9 Sup , NS ral ] Mars % ag Jo Don a ra ’. LATTES (EPA £ "7 ae ht sut rats Wine ds ALL a M du ar Mb ae 49 sppsion s que in2zX fe DAT AT L iraciodts dar ia adyott, sl 0 anne) abias Lo É 2468 sbèb sst à (a n9vb 405 ay tosbañe a FU Lau auûse-sfus À LITTLE sanog ane sb avaanoduolion -rue228s19 au'b.£ PME athgh: state eobreprl ADS RSA: ASIE où m. à eoHbrouëth shASELÉ dia int jsi3l À dipe surgols “sol fa 2909 ges EE) BEM el 960 TA FHTET A1V) Asus Te soute E JR) agrtLioe St BTBET Let AFSNE (REG 19H90" aUtLTO “TI ne exslq 2u0H 8% sta plS ÉD raiélet usb mont noid exooge tioz où iso! où sup a5q'oiuOb St ELA 0ù€ sh fs tie ads biaros af qu jh Je0 à eL6ttE tal uo bass “snioutaen iaatie SNBTAR (EL BEST 290) Ja LrO0: 2906429 Sup avdlé ea on gout 5 h ranaoud-26b stdinots al Sp s19bfamed Cast uosdua ,sd 19%) a busleatl abérraolsltec}) si 2e gb IE& 10 Stlunat sk & yais15481q tustenod. 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Je ne doute pas que ce travail ne soit encore bien incom- plet; mais c'est déjà un chiffre considérable que celui de 260 espèces constatées dans un espace aussi restreint, quand on considère que le nombre des espèces d'Europe ne s'élève qu'à 931 d’après le Catalogue de Degland et Gerbe, publié en 1867. Je dois à M. Constantin, préparateur à la Faculté des sciences de Besancon, et à quelques chasseurs, la connais- sance de plusieurs espèces dont l'apparition dans notre zone est excessivement rare. Mon bagage ornithologique se compose de ma collection, AN ES qui comprend près de 900 sujets{(t), d'un album en trois vo- lumes contenant 672 oiseaux dessinés et coloriés par moi d'après nature (?), et enfin du présent Catalogue. Léon LACORDAIRE. (1) Cette collection a été acquise par la Faculté des sciences de Dijon. (2) L'album appartient aujourd’hui au D' Louis MarCHANT, éditeur de ce Catalogue. CATALOGUE ORDRE I. OISEAUX DE PROIE. A.— Oiseaux de proie diurnes. FAMILLE I. VULTURIDÉS. GENRE UNIQUE. — Vautour (Vuliur). 1. — V. FAUVE, vulgairement Vautour griffon (V. fuluus, Briss.) Dans une course faite en montagne, en 1847, avec M. Pidancet, alors préparateur à la Faculté des sciences de Besancon, nous avons découvert les débris d’un vautour griffon qui avait été cloué à la porte d'une grange, dans un village voisin de Nozeroy. C’est sur l'assurance qui m'a été donnée par le pro- priétaire de cette grange que cet oiseau avait été tué dans le pays, que je me suis décidé à le faire figurer dans ce Catalogue. FAMILLE II. GYPAETIDÉS. 2. — G BARBU (Gypaetus barbatus, Linn.). En 1856, j'ai vu, dans la cour d'une brasserie à L'HpS- Mulhouse, un gypaète vivant, auquel manquait la moitié d’une aile. J'appris que cet oiseau avait élé capturé par un agent forestier des montagnes du Doubs, et envoyé par lui à l’un de ses amis qui l'avait vendu au propiétaire de l'établissement où le hasard me le fit rencontrer. C'est un des plus grands rapaces d'Europe. Jadis il était commun en Suisse, où il est devenu rare. Nos voisins en ont fait un oiseau légendaire, comme le prouvent les histoires incroyables, anciennes et mo- modernes, qu’en raconte M. Tschudi dans la Faune des Alpes, Neuchâtel, 1856. FAMILLE III. FALCONIDÉS. GENRE I. — Faucon. F. PÉLERIN (F. peregrinus, Briss.). Comme oiseau de passage, ce faucon n’est pas rare dans nos départements. Tous les hivers j'ai occasion d'en voir quelques-uns, mais rarement d'en tuer, ce qui n'arrive que quand il poursuit une proie ou quand on le surprend occupé à la dévorer. Ce dernier cas ne se présente pas souvent, car alors il se place de facon à voir venir de loin et à pouvoir s'enfuir à temps en emportant son butin. Ce faucon est un des plus grands destructeurs du genre. Tout gibier lui est bon, même la corneille. J'ai assisté bien souvent à ses chasses, et en ai même profité sans aucun scrupule, car il est parfois obligé d'abandonner ses prises faute de forces suffisantes pour les enlever de terre; quand, par exemple, il s'est emparé d’un canard ou d'un autre oiseau de même poids. HUE Dans cette espèce, comme chez tous les oiseaux de proie, le mâle est toujours d'un quart ou d’un tiers plus petit que la femelle. Les jeunes diffèrent des vieux jusqu'à la troisième année. F. HOBEREAU (F. subbuteo, Linn.). Sédentaire chez nous pendant toute la belle saison, _car il apparaît dès la fin d'avril pour ne repartir que dans les premiers jours d'octobre. C'est lui qui suit les chasseurs et s’élance sur les alouettes et les caïlles qu'ils font lever. Les 'jeunes perdreaux sont quelque- fois ses victimes, mais les vieilles perdrix se débarras- sent facilement de ses serres; j'ai été plusieurs fois témoin du fait. Les petits oiseaux qu'il poursuit peu- vent rarement lui échapper. 11 mange aussi beaucoup d'insectes qu'il prend au vol, tels que libellules, pa- pillons, etc. F. EMÉRILLON (F. lithofalco, Briss.). Il arrive dès que le hobereau a quitté nos contrées. Il nous vient du nord, séjourne pendant une partie de l'hiver et disparaît complétement à la fin de mars. C’est le plus petit de nos oiseaux de proie. Son vol est excessivement rapide et sa témérité extraordinaire, car il ne craint pas d'entrer jusque dans les appartements pour y saisir l'oiseau qu'il poursuit. Il fréquente sou- vent les bois où il fait une grande destruction de mésanges. F. CRESSERELLE (F. tinnunculus, Linn.). Il y a peu de localités en France où on ne rencontre la cresserelle. C’est de tous les oiseaux de proie celui qui détruit le moins de gibier. Sa nourriture consiste principalement en souris, lézards, insectes. En fait d'oiseaux, il ne s'empare guère que des jeunes, ou de ceux qui ont été pris au piége. Il ne poursuit Jamais sa proie à tire-d’aile. Sa manière de chasser consiste à PR Es s'élever à une certaine hauteur, d'où il plane sans bou- ger de place, mais en agitant ses ailes et en étalant sa queue. C'est de là qu'il se précipite sur l'objet de sa convoitise, qu'il mange sur place ou transporte à quel- que distance. On peut le voir répéter cette manœuvre pendant des heures entières. Il niche indistinctement dans les vieux édifices, dans les fentes des rochers et dans les nids abandonnés de pies et de corneilles. 7. — F. KOBEZ ou à pieds rouges (F. vespertinus, Linn.). Ce petit faucon n’est guère plus grand que l’émé- rillon. Son apparition chez nous est extrêmement rare. En 1857, j'en ai vu un mâle, et en 1862, le jour de l'ouverture de la chasse, j'en ai tué une femelle. C'est tout ce que je sais de cet oiseau, mais je crois que par ses habitudes il a beaucoup d’analogie avec le hobe- reau. Comme lui, il mange beaucoup d'insectes, et comme lui, il suit les chasseurs. La femelle que j'ai tuée exécutait les mêmes manœuvres, et c'est au mo- ment où elle se précipitait sur une alouette que je l'ai abattue. Le mâle est généralement couleur de plomb sans aucune tache : les cuisses et le dessous de la queue d'un roux foncé; le tour des yeux et les pieds d'un rouge cramoisi ; ongles jaunes. La femelle a les parties supérieures d’un bleu noi- rätre, et les inférieures roussâtres, rayées de brun; pieds couleur orange. Deux individus tués en 1872, l’un à Cussey et l'autre à Emagny. (Renseignement fourni par M. Con- stantin.) GENRE II. — Aigle (Aquila). 8. — À. CRIARD (4. nævia, Briss.). Vu plusieurs fois dans la vallée de l'Ognon à son “y; 0 RS passage de novembre. M. Brocard (!) dit qu'il est assez commun dans la haute montagne, où il niche et où l’on entend à chaque instant son cri plaintif. J'ai fait à plusieurs reprises des stations de huit à dix jours sur les hauts sommets des environs de Mouthe et de Pontarlier, mais je n'ai jamais vu etentendu que la buse commune. M. Constantin en a monté un qui avait été tué, le 5 janvier 1873, près de Rioz (Haute-Saône). A. BOTTÉ (4. pennata, Briss.). Cet aigle est beaucoup plus petit que le précédent. Son apparition doit être très-rare dans nos contrées, puisqu'en 1840 on n'avait encore signalé que deux captures de cet oiseau. La première avait eu lieu à Vitry-le-Français, et la seconde à Nancy. J’ai vu ces deux individus. Un chasseur de Sauvigney (Haute-Saône), qui em- paille les oiseaux qui ne lui paraissent pas bons à mettre à la broche, m'a fait cadeau d’un rapace qui à tous les caractères de l'aigle botté, mais qui en diffère par la coloration des plumes. En voici la description détaillée : Bec d’aigle, tarses couverts de plumes jusque sur les doigts, deux taches d’un blanc pur à l’insection des ailes; tête et parties supérieures d’un brun foncé, chaque plume présentant une raie plus foncée; parties inférieures d'un brun roux avec un trait noir sur les baguettes, dessous de la queue d’un blanc sale avec bandes peu apparentes. Ce doit être un jeune sujet. (1) Essai sur le cataloque des oiseaux du Doubs, Besançon, 1857. — 00 == GENRE II. — Pygargue (Haliætus). 10. — P. ORDINAIRE (7. ossifragus. Linn.). Son apparition dans le Doubs n'est pas très-rare, puisque trois sujets y ont été capturés depuis une dizaine d'années, dont un dans un filet à ramiers, près de Clerval. Il n’est guère plus petit que l'aigle royal. Pour le reconnaître de celui-ci, il suffit d'examiner les tarses. Ils sont nus chez le premier, tandis que chez le second ils sont couverts jusque sur les doigts de petites plumes duvetées. Le bec du pygargue est aussi plus puissant. On le rencontre le plus souvent à proximité des ri- vières et des étangs. Il se nourrit de poisson et de gibier d'eau. J'en possède un qui a été pris sur le bord d’un étang, à Champaubert,'au moyen d'un piége à renard ayant une carpe pour appât. Genre IV. — Balbuzard (Pandion). B. FLUVIATILE (P. haliætus, Linn.). Quelques couples passent régulièrement sur nos rivières dans les mois d'avril et de septembre. IL est connu dans notre pays sous le nom de grand martin- pêcheur. Quoique le poisson fasse le fond de sa nour- riture, il mange aussi des grenouilles. Je l'ai observé plongeant dans une petite mare où il n’y avait pas un seul poisson, mais beaucoup de grenouilles et de crapauds. Chaque fois qu’il prenait un de ces reptiles, il venait se poser sur le bord de l’eau pour le dépecer, et comme il en abandonnait quelques débris, j'ai pu ainsi constater cette particularité. Un nommé Perrot, pêcheur et chasseur, de Saint- Jean-de-Losne (Côte-d'Or), m'a assuré avoir trouvé dans les parties charnues d’une grosse carpe plusieurs 12. — ENTER ongles ayant appartenu à cet oiseau. Ce pêcheur sup- posait que très probablement ce balbuzard, s'étant attaqué à une trop grosse proie, avait été entraîné sous l'eau et asphyxié avant d'avoir pu s2 dégager. Ce même observateur m'a dit également avoir vu fort souvent cel oiseau enlever des poissons qui ne pesaient pas moins de deux kilogrammes. GENRE V. — Circaète (Circaetus). GC. JEAN-LE-BLANC (C. gallicus, Gmel.). Get oiseau est d’un tiers plus grand que la buse. Il arrive dans notre pays à la fin de mars et le quitte en septembre et octobre, son genre de nourriture ne lui permettant pas de passer l'hiver chez nous, car il est bien prouvé qu’elle ne consiste qu’en reptiles de toute espèce. Quoique rare, plusieurs captures en ont été faites dans nos départements. La dernière a été opérée par un vigneron de Marnay qui en a tué un d’un coup d’é- chalas. Il l'avait surpris à demi-asphyxié par la trop grande quantité de nourriture qu’il venait d’absorber. Il avait en effet dans l'estomac un énorme crapaud et une couleuvre de 90 centimètres de longueur, dont la queue lui sortait encore du bec. C'est la troisième fois que j'ai connaissance d’un semblable fait. Il doit même se présenter souvent, ce rapace ayant l'habitude d’avaler sa proie sans la dé- pecer, quel que soit son volume. Cet oiseau ne pond qu’un œuf par an. Son nid, très volumineux, est ordinairement placé à la hauteur moyenne d'un hêtre ou d’un chêne, et il lui sert pen- dant plusieurs années quand même on en a enlevé son jeune. On le dit commun dans la côte de la Bourgogne. Su CNE Tous les mois, pendant sept années, j'ai parcouru cette côte, du Châtillonnais au département de Saône-et- Loire, et sans l'avoir vu une seule fois (1). Buffon dit, en parlant de cet oiseau, qu'il est assez commun en Bourgogne et redouté des cultivateurs par les déprédations qu'il commet en s’introduisant dans les fermes pour enlever la volaille et les pigeons. Ces méfaits incombent au Falco palumbarius et non à notre oiseau. GENRE VI. — Autour {4stur). 13. — A. ÉPERVIER (4. nisus, Linn.). Commun en automne, mais rare en été dans notre région. Il se nourrit surtout de petits oiseaux, bien qu'il attaque aussi les perdrix, les tourterelles et même les pigeons. On jugera par le fait suivant de la quantité d'oi- seaux quil peut détruire en un jour. Au mois de mars 1835, me trouvant dans les bois de Bligny-sur-Ouche (Côte-d'Or), à l'heure de la passe de la bécasse, je fus frappé par de véritables cris de détresse que poussait un pic-vert, à quelque distance de moi. M'étant approché, je vis un épervier tournant rapidement autour d’un chêne et cherchant à s’empa- rer d’un ces oiseaux. Profitant d’un instant favorable, j'abattis le chasseur. Etonné de la saillie extraordi- naire de son jabot, je l'ouvris pour en vérifier le con- tenu. J'y trouvai d'abord un rouge-gorge, puis une alouette et un pinson, enfin des fragments mécon- naissables. Sans mon arrivée, il est probable que (1) Il est cependant assez commun dans le vallon de l’Ignon. Voir dans notre Catalogue des oiseaux de la Côte-d'Or, Dijon, 1869, les cu- rieuses observations de M. Couturier de Tarsul qui a enlevé plus de quarante nids de cet oiseau. (Note de l'Editeur.) Dei : nd le pic-vert aurait été s'ajouter à ces nombreuses vic- times. 14. — À. ORDINAIRE (4. palumbarius, Linn.. 15. — C'est un grand destructeur de gibier; heureuse- ment il n’est pas commun. Il égale le faucon pèlerin en force et en courage, mais sa manière de chasser est toute différente. Le plus souvent il guette sa proie dans l’intérieur des forêts, ou bien il rase les taillis d'un vol léger pour surprendre le ramier, la bécasse, le merle, le geal, etc. En hiver, il s'approche en tapinois des habitations pour enlever une poule ou un pigeon. Il se prend souvent dans les filets tendus aux ra- miers et aux corneilles, en fondant sur les meutes. A l’époque où ce mode de chasse était autorisé dans le Doubs, on en apportait souvent sur le marché de Be- sancon. Les vieux diffèrent des jeunes en ce que les parties supérieures sont d'un cendré bleuâtre, et les infé- rieures blanches, rayées transversalement de bandes brunes très étroites. Les jeunes ont les parties supérieures d’un brun roussâtre et les inférieures blanchâtres, variées de longues taches d’un brun foncé. GENRE VII. — Milan (Milvus). M. ROYAL (M. regalis, Briss.). De passage régulier au printemps et en automne, souvent par bandes de dix à quinze individus suivant la même ligne, mais à une assez grande distance les uns des autres. On ne le voit pas souvent se jeter sur une proie vi- vante ; il se nourrit le plus souvent de débris d’ani- RE maux en putréfaction. Il est sédentaire dans le dépar- tement des Landes, où j'en ai tué plusieurs, et entre autres un remarquable par la courbure de la partie supérieure du bec. Ayant donné ce sujet à M. Nodot, de Dijon, il pourrait se faire que cet oiseau fût encore dans le cabinet de la ville (D. Pour distinguer au vol _ les milans des buses, il faut examiner la queue; chez 16. — 17. — G)Il les premiers elle est longue et fourchue, tandis qu’elle est de longueur moyenne et arrondie chez les buses. M. NOIR (M. niger, Briss.). Ce milan niche dans nos départements, où il arrive à la fin de mars pour repartir en octobre. Plus hardi que le précédent, on le voit rôder sans cesse autour des villages, cherchant à enlever quelque jeune volaille. Dans les plaines de la Bourgogne où l’on conduit les oies au pâturage, 1l vient souvent prendre un oison au milieu du troupeau. Il fréquente aussi le bord des étangs et des rivières pour y saisir quelque poisson mort ou vivant ; il mange aussi de la charogne. Il est un peu moins grand que le précédent. Son plumage est d’un brun foncé sur les parties supé- rieures, et d'un brun roussâtre en dessous, avec des taches longitudinales sur les plumes; cuisses rousses, tête blanchâtre, queue peu fourchue. GENRE VIII. — Buse (Buieo). B. VULGAIRE (B. vulgaris, Ch. Bonap.). Très commune partout, mais niche de préférence en montagne, d'où elle descend en octobre pour passer son hiver dans la plaine. Elle se nourrit de souris, de rats d’eau et même de perdrix. Je l'ai vue souvent se y est effectivement. (Note de l'Edileur.y 18. — 19. — 065 — repaitre de restes d'oiseaux abandonnés par d’autres ra- paces. J'ai même mis à profit cette observation pour lui tendre un piége. [l consiste en un piége à rats avec un petit morceau de drap rouge comme appât. On fixe ce piége en terre dans une localité fréquentée par une buse, ayant soin de répandre tout autour quatre ou cinq poignées de plumes, sur un espace d’un mètre carré environ. Ce sont ces plumes qui de fort loin at- tirent l'attention de l'oiseau. Le milan se prend égale- ment de la même facon. B. PATTUE (B. lagopus, Brünn.). De passage accidentel dans notre pays. Deux de ces oiseaux seulement ont été pris, à ma Connaissance, dans la Haute-Saône, près de l'étang de Vy-le-Ferroux ; mais à leur passage de septembre j'en ai observé plu- sieurs individus dans la vallée de l’'Ognon, volant à une grande hauteur. Quand elle vole, il est facile de la distinguer de la buse commune, au large plastron brun de son ventre et à sa queue presque entièrement blanche. Tarses et doigts couverts de plumes. GENRE IX. — Bondrée (Pernis). B. COMMUNE (B. apivorus, Linn.). Elle nous arrive à la fin d'avril et repart en sep- tembre. Si elle retrouve son nid de l’année précédente, elle y fait sa ponte ; dans le cas contraire, elle en con- struit un autre dans les environs, avec des rameaux feuillés de hêtre, qu'elle casse à l'extrémité des bran- ches. Ce nid est ordinairement placé aux deux tiers de la hauteur d’un chêne ou d'un hêtre. Ce qu'il y a de remarquable dans cet oiseau, c’est qu'il nourrit ses petits dans leur premier âge avec des larves de guêpes, de bourdons et d’abeilles. A cette 5 : 2l+B. = = époque, le nid est encombré de rayons où le miel est mélangé avec des larves. A l'état adulte, sa nourriture consiste en mulots, taupes, souris et insectes. Le caractère distinctif de la bondrée est d’avoir l'espace compris entre l'œil et le bec couvert de petites plumes très serrées, tandis que dans les autres rapaces il est garni d'un poil rare et contourné. GENRE X. — Busard (Circus). B. ORDINAIRE ou harpaye (C. rufus, Lath.). De passage au printemps et à l'automne, mais ne niche pas dans notre pays. Cet oiseau n’est pas com- mun, et fort heureusement, car c’est un grand des- tructeur d'oiseaux aquatiques, surtout à l'époque des nichées. Il mange aussi des rats d'eau, des musa- raignes et au besoin des grenouilles. Comme tous les busards, il chasse en rasant la surface du sol, explo- rant le terrain avec autant de soin que peut le faire le meilleur chien d'arrêt. Son plumage est d'un brun foncé sur les parties su- périeures. Tête et cou d'un blanc jaunâtre rayé de taches brunes, ventre et cuisses couleur de rouille, tarses très longs. Les jeunes sont couleur chocolat, avec la tête et une partie du cou d'un blanc jaunâtre. SAINT-MARTIN (C. cyaneus, Linn.). Le Saint-Martin est plus commun que le précédent. Sa manière de chasser est la même, mais il fréquente plus les champs que les marais. Il niche dans les bruyères, dans les hautes herbes et quelquefois dans les blés. Autrefois on se servait de cet oiseau en Champagne pour chasser les perdrix en hiver, époque où, rassem- 22. — OV blées en grandes bandes, elles sont inabordables. On tendait d'abord une quantité de lacets en crin dans les rares buissons des vastes plaines de cette province, puis on parcourait les environs, et quand partait une de ces compagnies de perdrix, on lançait dans cette direction un busard qui, retenu par une ficelle, n'al- lait pas à plus d’une centaine de mètres. Il suffisait qu'il eût été aperçu par les perdrix pour que toute la bande allât chercher un refuge dans les buissons où la plupart se prenaient dans les collets. Le mâle a toutes les parties supérieures et la gorge d'un cendré bleuâtre. Parties inférieures blanches. La femelle à le cou et le dos d’un brun terne. Par- ties inférieures d’un jaune roussâtre avec de grandes taches longitudinales brunes. Croupion blanc. B. MONTAGU (C. cinereus, Linn.). Le blanc et le cendré clair étant les couleurs domi- nantes du Saint-Martin et du Montagu, il est très dif- ficile de ne pas les confondre à une certaine dis- tance. Tous deux rasent Le sol en chassarit; mais le Mon- tagu se voit plus souvent sur les marais que sur les terres cullivées, probablement parce qu'il niche dans les premiers. Il nous arrive dès les premiers jours de mai pour repartir en septembre, différant en cela du Saint- Martin que nous voyons tout l'hiver. Plus un marais est étendu, plus on y voit de couples réunis. En 1840, le marais de Salon en contenait plus de trente paires. Pendant un séjour de cinq années que j'ai fait en Champagne, j'ai tué ou pris au filet (1!) au moins qua- (1) Voir pour la façon dont M. Lacordaire pratiquait cette chasse au filet, notre Catalogue, pp. 16-17. (Note de l'Editeur.) pet rante de ces oiseaux. Dans ce nombre, je n'ai trouvé qu'une seule variété, mais qui s'est présentée quatre fois et toujours chez le mâle : elle consiste en une belle couleur ardoisée uniforme, sans aucune tache, et cela sur toute la surface du corps. Je ne l'ai jamais vu s'emparer d’une proie un peu forte, mais j'ai trouvé dans son gésier des débris de jeunes perdrix, de caïlles, d'alouettes, d'oiseaux de marais surtout, et des œufs de ces divers oiseaux tou- jours intacts. Plus petit que le précédent, toutes les parties supé- rieures, chez le mâle, sont d’un cendré foncé; deux bandes noires sur les couvertures des ailes, gorge et poitrine de couleur cendrées; parties inférieures, flancs et cuisses blancs, mais variés de raies longitudinales d'un beau roux. La femelle a les parties supérieures brunes et les in- férieures jaune clair, avec des bandes d’un roux vif sur le ventre. D. — Oiseaux de proie nocturnes. FAMILLE III. STRIGIDEÉS. GENRE UNIQUE. — Chouette (Sirix). Première division. — HIBOUX. 23. - - H. GRAND-DUC (S. bubo, Linn.). N'est pas rare dans le Doubs. M. Constantin, pré- parateur à la Faculté des sciences de Besançon, a tous les ans l'occasion d'en monter au moins un. Il niche dans les trous des rochers les plus escar- MOT pés, quelquefois sur les sapins touffus ct couverts de mousse. Sa nourriture Consiste en gibier de toute espèce. J'en ai connu plusieurs nids, et j'y ai toujours trouvé des débris de jeunes renards, de lièvres, pu- tois, fouines, rats et taupes. C'est le soir et le matin qu'il cherche sa proie. Il est armé de serres puissantes, et son bec est un véritable assommoir Pendant mon séjour en Bourgogne, on m’a raconté le fait suivant. Le curé d'un village, dont j'ai oublié le nom, possédait un grand-duc qu’il avait pris jeune et quil tenait enfermé dans un grenier. Un jour, un nommé Gremaux, qui avait avec lui un chien r'oquet, demanda à voir l'oiseau. On monta au grenier, et pen- dant que ces messieurs regardaient par la porte entr'ouverte, le petit chien entra dans l'intérieur du grenier. Tout à coup le duc se précipita sur lui du haut de son perchoir, et il était assommé à coups de bec avant qu'on ait pu venir à son secours. H. MOYEN-DUC {S. otus, Linn.). Habite tout le jour les bois d'où il ne sort que le soir pour vaquer à la recherche de sa nourriture, qui con- siste en souris, petits oiseaux et insectes. IL niche dans les nids abandonnés de pies et de corneilles. Un jour, j'ai trouvé dans un de ces nids trois jeunes hiboux entourés de plus de cinquante souris et mulots. Ayant enlevé toute cette victuaille, je revins le lendemain, et le nid regorgeait encore de nouvelles victimes. Il est vrai de dire que cette année-là les souris étaient exces- sivement abondantes. H. SCOPS (S. scops, Linn.). C'est le plus petit de nos oiseaux de nuit. Il n’est que de passage dans nos départements, tandis qu'il niche dans toute la partie montagneuse de la Côte-d'Or ee. et même dans les environs de Dijon (). Il établit son nid particulièrement dans les vieux noyers. Il arrive dans la Côte-d'Or au commencement de mai pour repartir en septembre. Il est probable qu’il se nourrit de souris, mais plus encore d'insectes, de scarabées en particulier, car on en trouve beaucoup de débris dans les arbres creux qu'il fréquente. 26. — H. BRACHYOTE {S. brachyotos, Linn.). Ce hibou est de passage dans nos départements, où il ne niche qu’en très petit nombre. C'est à terre, dans les hautes herbes des bois marécageux, qu'il établit son nid. Il y a des années où son passage d'automne est très considérable. En 1862, les chasseurs en ont tellement tué qu’un empailleur m'a affirmé en avoir monté dix-huit pendant le mois d'octobre (?). On le rencontre presque toujours à terre, dans les buissons et les carrières. Quand il en reste en hiver, ils se refugient dans les greniers à foin, où ils contri- buent à la destruction des rongeurs. Deuxième division. — CHOUETTES. 27. — C. EFFRAIE (S. flammea, Linn.). L'effraie est presque un oiseau domestique, car elle ne quitte que la nuit les villes et les villages pour aller dans la campagne chercher sa nourriture. Souvent même, et surtout en hiver, c’est dans les greniers, les granges et les écuries qu'elle nous rend d'immenses services en détruisant dans une nuit plus de rongeurs que ne le feraient dix des meilleurs chats. (1) A Dijon même, dans les promenades du Pare et de l'Arquebuse. Voir notre Catal., p. 19. (Note de l'Editeur.) (2) Cette même année, le passage a été aussi considérable dans la Côte-d'Or. Voir notre Catal., p. 20. (Note de l'Editeur.) 28. — 29. — 90. — ZE 71 (NOR J'ai été témoin, en ce genre, de plusieurs faits qui sembleraient exagérés s'ils ne s’expliquaient tout na- turellement par les instincts vraiment sanguinaires dont sont doués ces oiseaux. La chouette est, sous ce rapport, tout à fait semblable au loup qui, entré dans une bergerie, ne se lasse point d'égorger. Voilà pour- quoi on trouve souvent dans les greniers et dans les colombiers une véritable litière de souris et de rats massacrés par ces oiseaux. C. HULOTTE (S. aluco, Linn.). C’est la plus grosse chouette de France. Elle n’est pas commune dans nos forêts; on entend cependant quelquefois son cri lugubre pendant le mois de mars, moment de la passe de la bécasse. Elle habite les grandes forêts, en plaine comme en montagne. Elle niche dans les arbres creux ou dans les vieux nids de pies ou de corneilles. Sa nourriture consiste en rats, souris, oiseaux et grenouilles. C. CHEVÈCHE (S. psilodactyla, Linn.). Elle habite les pays montueux où se trouvent des carrières abandonnées et surtout de vieux noyers, dans lesquels elle niche. Elle se nourrit de souris et d'in- sectes. Dans le Nord, on l’emploie pour la chasse aux alouettes, où elle remplace avantageusement le miroir. Perchée sur une branche, on la fait voltiger quand passe une bande de ces oiseaux, qui fondent sur elles. Le chasseur a alors tout le temps de les tirer au fusil ou de les prendre au filet. CG. TENGMALM (S. tengmalmi, Gmel.j. Bien plus rare que la précédente, surtout dans la plaine. On la rencontre assez souvent sur la montagne. du côté de Foncine, où je l'ai vue chez le docteur X"**. Elle diffère de la précédente par les tarses et les doigts 2 Vpote couverts, jusqu’à la naissance des ongles, d'un duvet très abondant. Son plumage est aussi généralement plus clair et sa taille plus petite. ORDRE II. PASSÉREAUX. A. — Passereaux omnivores. FAMILLE I. CORVIDÉS. GENRE I. — Corbeau {Corvus). 31. — C. NOIR ou ORDINAIRE (C. corax, Linn.). Habite la haute montagne où il niche. Son appari- tion dans la plaine est très rare. Je ne l'ai jamais vu qu’une fois planer à une grande hauteur sur les ro- chers de Montfaucon, près Besançon. Il annonce tou- jours sa présence par le cri répété de cro, cro, qui s’en- tend de fort loin, mais ne ressemble pas à celui de la corneille. Il est rare d'en voir plusieurs paires réunies, à moins qu'elles ne soient attirées par une proie; ce que j'ai pu constater un jour, où j'en ai observé une quin- zaine occupées à dévorer un énorme poisson que les vagues avaient jeté sur le sable dans le golfe de Gas- cogne. 32. — C. CORNEILLE (C. corone, Linn.). Sédentaire en partie. Niche dans nos bois, et fré- quente toute l’année nos champs et nos prairies, où elle détruit une immense quantité d'insectes et de larves de toute espèce, surtout celle du hanneton. NE, En hiver, toute proie lui est bonne, même la cha- rogne. 33. — C. FREUX (C. frugilegus, Linn.). C’est l'espèce qui nous arrive en grandes troupes à l'approche de l'hiver et qui est toujours confondue avec la corneille. La base du bec, la gorge et le devant du cou sont dénués de plumes. Cela tient à l'habitude qu'a cet oiseau d’enfoncer son bec dans la terre pour en extraire les racines, les vers et les larves. Il est très friand de toute espèce de fruits, et c'est probablement ce genre de nourriture qui rend sa chair supérieure à celle de ses congénères. Les jeunes de l'année n’ont pas le tour du cou dépourvu de plumes. 34, — C. MANTELÉE (C. cornix, Linn.). Habite le nord et vient passer en France une grande partie de l’hiver, mais jamais en grandes bandes. On prétend qu'elle s'accouple quelquefois avec la corneille. Je crois posséder le fruit de cet accouple- ment, tué par moi en Bourgogne en 1835 ou 1836. 35. — G. CHOUCAS (C. monedula, Linn.). Niche en montagne et dans les rochers de la cita- delle de Besançon. La tour du château de Corcondray en abrite chaque année plusieurs nichées. Il se nourrit principalement de fruits, graines, in- sectes, et au besoin de charogne. 35 bis. — C. CHOUC {C. spermolegus, Vieill.). J'ai trouvé sur le marché de Besancon, au milieu d'une masse de freux et de choucas, une petite cor- neille de la taille de ce dernier, dont tout le plumage est d’un noir à reflets violets, mais ne portant aucune trace des petits points blancs qui entourent les yeux du chouc et qui le caractérisent. Persuadé que ce n’est pas un jeune du choucas, que LE je connais parfaitement, j'ai cru devoir le porter pro- visoirement dans ce Catalogue comme étant un chouc jeune âge (1). Genre II. — Chocard (Pyrrochorax). 36. — C. DES ALPES (P. Alpinus.). Je n'ai jamais observé cet oiseau; mais M. Brocard. l'a vu deux fois près de Besançon, et M. Bourqueney en a tué sur les pâturages avoisinant Chapelle-des-Bois. Tout le plumage d'un noir brillant avec des reflets verdâtres; bec d'un jaune orange, pieds rouges. GENRE III. — Pie (Pica). 37. — P. ORDINAIRE (P. caudata, Linn.). Très commune partout; elle préfère cependant la plaine à la montagne. J'ai vu trois variétés de cette espèce. La première, couleur café au lait, tuée par moi en 1827; la seconde, d'un blanc parfait, tuée près de Dijon (); et la troi- sième d’un cendré ardoise uniforme. GENRE IV, —- Geai (Garrulus). 38. — G. ORDINAIRE (G. glandarius, Linn.). Assez abondant dans nos forêts. [l paraît nicher en plus grande quantité dans le nord, car il y a des années où, comme nombre, son passage est vraiment extraor- dinaire. Parfois son passage du printemps n'a lieu que dans le courant de mai. D —_ (1) Le corbeau choue, admis dans la première édition de l’'Ornitho- logie européenne du D' DEGLanp comme excessivement douteux, est une espèce apocryphe à éliminer. Voir la 2° édition de cet ouvrage pu- bliée par le D' Z. Gene, Paris, 1867, t. I, p. 196. (Note de l'Edit.) (2) Bien antérieurement avant celle abattue en novembre 1863 entre Plombières et Velars. Voir Calal. des oiseaux de la Côte-d'Or, p. 3. (Note de l'Editeur.) — 95 — Cette espèce offre des variétés d’un blanc pur, les couvertures des ailes ayant conservé leur belle couleur bleue. Ce bleu se montre souvent sur les grandes cou- vertures des ailes et même sur les plumes de la huppe. Genre V.— Casse-noix (Nucifraga). 39, — C.-N. VULGAIRE (N. caryocatactes, Linn.). C’est un habitant de la haute montagne couverte de sapins. Son apparition dans la plaine est rare et n’a lieu qu'à des intervalles très éloignés. C'est ordinairement en octobre que nous le voyons, mais jamais en grandes bandes. Sa nourriture Con- siste en larves, vers et insectes, mais aussi en graines de pins et de hêtres, en noisettes et en baies de diffé- rentes espèces. Tout le plumage couleur de suie, mais varié sur le dos de grandes taches blanches en forme de gouttes; la queue terminée par du blanc. FAMILLE Il. STURNIDÉS. Genre I. — Etourneau (Sturnus). 40. — E. VULGAIRE ($. vulgaris, Linn.). Très commun à son double passage dans la vallée de l'Ognon. Je ne connais dans nos environs aucune localité où il niche, mais dès la fin'de’juin il commence à arriver par petites troupes de dix à quinze individus composées uniquement de jeunes. Ces troupes augmen- tent avec le temps, et dès le mois d'août elles sont in- nombrables. C'est dans les grands massifs de roseaux qu’elles viennent s'abattre chaque soir pour y passer la nuit. Souvent les pêcheurs montés sur des barques les ap- 6 prochent d'assez près pour pouvoir en prendre cin- quante à soixante d’un coup d'épervier. L'étourneau est un grand destructeur d'insectes et surtout de sau- terelles. Il mange aussi toute espèce de graines et des raisins. Il cause même un dommage assez notable dans un vignoble quand il s’y abat en bandes, non par la quantité de grains de raisins qu'il mange, mais parce qu'il en fait tomber six pour en manger un. Au printemps, les vieux sont noirs avec des reflets éclatants de pourpre et de vert doré. Les jeunes sont d’un cendré brun sans taches. GENRE II. — Martin (Pastor). 41. — M. ROSELIN (P. roseus, Linn.). Ce magnifique oiseau tend à disparaître de nos con- trées. Il me semble que dans ma jeunesse son appari- tion était plus fréquente ; les chasseurs en tuaient assez souvent et l’appelaient merle rose. Deux individus ont été tués il y a une quinzaine d'années, près de Vesoul, par M. de Rocheprise. J'en ai trouvé deux sur le marché de Besançon, dont un, avec la livrée du jeune âge, était dans une liasse d’étourneaux. Les vieux ont une huppe à la tête. Celle-ci, ainsi que le cou et la poitrine, sont noirs avec des reflets violets; dos et parties inférieures d’un beau rose, ailes d’un noir violet. Les jeunes ont toutes les parties supérieures d’une seule teinte isabelle, et les inférieures d'un brun cendré. FAMILLE III. COTINGAS. GENRE UNIQUE. — Jaseur (Bombycilla). 42, — J. ORDINAIRE (8. garrula, Vieïll.). De passage accidentel ou périodique. D'après des mue — observations souvent renouvelées, cet oiseau ferait son apparition dans notre pays tous les sept ou huit ans, et dans les mois de novembre ou de décembre. A cette époque on le rencontre à terre cherchant des sraines et des insectes, ou sur les buissons d’aubépine dont il mange les fruits. Une huppe de plumes allongées sur la tête; parties supérieures et inférieures d'un cendré rougeûtre ; gorge noire; petites couvertures des ailes noires, terminées de blanc et de jaune, avec un prolongement cartilagi- neux d'un rouge vif; queue terminée de jaune. FAMILLE IV. ORIOLIDÉS. GENRE UNIQUE. — Loriot (Oriolus). 43. — L. JAUNE (0. galbula, Linn.). Très commun autrefois, mais devenant chaque année de plus en plus rare. J'attribue ce fait à la faculté qu'on avait autrefois de tirer cet oiseau sur les cerisiers. C'était en plein temps de nichée que cette chasse était autorisée, ce qui la rendait d'autant plus destructive. J’en ai ainsi tué moi-même de dix à quinze dans une matinée, et presque tous étaient des vieux qui venaient chercher la nourriture de leurs petits. Il nous arrive en mai pour repartir en septembre. Il est très friand de cerises; mais sa nourriture or- dinaire consiste en chenilles sans poils, qu’il cherche en se suspendant à la facon des mésanges, sans jamais descendre à terre, y: es FAMILLE V. LANIADES. GENRE UNIQUE. — Pie-grièche (Lanius). 44, — P.-G. GRISE {L. excubitor, Linn.). 45. — 46. — Nous avons dans notre pays quatre espèces de pies- grièches ; la grise seule est sédentaire. Elle niche dans les bois et passe l'hiver autour de nos habitions. Elle se nourrit de souris, larves, insectes, et quelquefois de petits oiseaux qu'elle prend à tire-d’aile. Si elle capture une proie trop grosse pour être immédiatement dé- vorée, elle en fixe solidement les restes sur une ronce ou sur un buisson épineux, avec l'intention de les re- trouver au besoin. J'ai remarqué plusieurs fois, ainsi piqués aux épines des haies, des débris de souris, de scarabés et de bousiers. Je ne sais si toutes les pies- grièches ont cette habitude, mais j'en suis certain pour cette espèce et pour la suivante. P.-G. D'ITALIE ou A POITRINE ROSE /{L. minor, Linn.). Un peu plus petite que la précédente, mais lui res- semblant beaucoup par le plumage et par les habitudes. Elle n’en diffère que par la teinte d’un rouge rose de sa poitrine et de ses flancs. Moins commune que la grise, elle nous arrive en mai pour disparaître en septembre. P.-G. ROUSSE (L. rufus, Briss.). Beaucoup moins rare que la rose. Elle s'éloigne beaucoup moins des habitations, car elle niche sou- vent dans les vergers et en particulier sur les branches horizontales des pommiers. Front noir, tête d’un roux ardent, haut du dos et AT, — 48. — 49. — PO ailes noires, parties supérieures et couvertures des ailes blanches, queue arrondie. P.-G. ÉCORCHEUR {(L. collurio, Linn). La plus petite du genre. Elle fréquente habituelle- ment les haies et les buissons où elle niche. Les quatre espèces ont singulièrement diminué de- puis quelques années. Je me souviens d’avoir lu un arrêté autorisant la destruction, en tout temps, des mammifères et des oiseaux nuisibles. Parmi ces der- niers figuraient toutes les pies-grièches, et cependant, à l'exception de la première, elles vivent presque uni- quement d'insectes ou de petits rongeurs. Chez le mâle : tête, nuque et haut du dos d’un cen- dré bleuâtre; moustache: noires; manteau d'un roux marron ; queue longue, blanche et noire. FAMILLE VI. MUSCICAPIDÉS. GENRE I. — Gobe-mouches (Muscicapa). G.-M. GRIS (M. Grisola, Linn.). Assez commun. Il arrive dans la première quin- zaine de mai, et repart en septembre. Il s'éloigne peu des habitations et habite de préférence les vergers, les promenades publiques. Il établit son nid à l’enfour- chure des grosses branches. On le voit souvent immobile sûr une branche, atten- dant le passage des insectes qu’il saisit au vol ; il des- cend rarement à terre. G -M. BEC-FIGUE (#. atricapilla, Linn.). Commun à son double passage du printemps et de l'automne. Il se tient le plus souvent perché sur les branches basses des arbustes, d'où il se précipite à terre pour saisir les insectes. nl) == Au printemps, il porte une livrée noire sur les parties supérieures, moins une tache sur le front et une bande sur l'aile, qui sont d'un blanc pur. 50. — G.-M. À COLLIER (M. albicollis, Temm.). Beaucoup plus rare que les précédents, ses appari- tions sont quelquefois séparées par des intervalles de plusieurs années. Ceux que je possède m'ont été en- voyés de la Haute-Saône, où quatre individus avaient été pris pendant le printemps de 1852. Il ne diffère du précédent que par un large collier blanc qui entoure le cou et par un miroir blanc sur l’origine des rémiges. 51. — G.-M. ROUGEATRE (Y. parva, Beckst.). L'individu qui fait partie de ma collection était con- servé sous un globe de verre avec des oiseaux ordi- naires du pays. Son possesseur à bien voulu me le céder par voie d'échange. Cet oiseau est excessivement rare chez nous. Parties supérieures d’un cendré rougeâtre , ailes brunes, queue blanche et noire; devant du cou et poitrine d'un roux vif, flancs rougeûtres. Un peu plus petit que l’Albicollis. GENRE Il. — Traquet (Saxicola). 02. — T. MOTTEUX {(S. œnanthe, Linn.). Ce traquet, excessivement abondant il y a quinze ou vingt ans, est deveuu relativement rare. Il habite les endroits rocailleux peu éloignés des champs. Niche dans les amas de pierres et sous les mottes de terre. Il chante en s’élevant à une certaine hauteur, comme le fait le merle de roche, avec lequel il a beau- coup d'habitudes communes. Son nom vulgaire est Cul-Blanc. SO — 99. — T. TARIER ($. rubetra, Linn.). 04. 55. Il aime les prairies humides, où il niche dans des touftes d'herbes très épaisses. Après la récolte des foins, il fréquente les champs de maïs, les buissons et les jardins. J'ai cru longtemps que les traquets étaient exclusivement insectivores: mais j'ai pu m assurer, et cela dans mon propre jardin qui n’est séparé que par un mur d'appui d’une vaste prairie, que cette espèce mangeait des baies et entre autres des framboises et des groseilles. Il est très commun dans la vallée de l'Ognon, où il arrive à la fin d'avril pour repartir en septembre. T. PATRE {S. rubicola, Linn.). Assez commun sur les coteaux en friches et couverts de buissons, sur lesquels on le voit le plus souvent per- ché et faisant entendre son cret-cret. Niche à terre dans la mousse el sous les petits buissons. I1 ne disparaît qu’à la fin d'octobre pour revenir dès le mois de février, Tête et gorge noirs; côtés du cou, haut des ailes et croupion blancs; dos noirâtre; poitrine d’un roux foncé. Le reste des parties inférieures d’un roux clair ou blanchâtre. FAMILLE VII. TURDIDES. GENRE I. — Merle (Turdus). M. NOIR (T. merula, Linn.). C'est le merle à bec jaune, connu de tout le monde. Le vulgaire veut toujours en faire deux espèces, l'une à bec jaune et l’autre à bec noir. Au sortir du nid, les deux sexes se ressemblent, mais dès la première mue, qui a lieu en septembre, le mâle devient tout noir en même temps que son bec prend une teinte jau- 6 Re nâtre. Ce n'est qu'au mois de mai suivant qu'il devient d’un beau jaune, et que le tour de ses yeux prend la même couleur. La femelle est alors d’un brun de suie, avec le plastron roussâtre et le bec brun. Il est de passage, mais il nous en reste beaucoup pendant l'hiver. M. A PLASTRON (T. torquatus, Linn.). Niche dans la montagne. Son passage dans la plaine n'est pas régulier, car on ne l’y voit pas tous les ans. J'en ai trouvé deux ou trois nids dans les environs de Pontarlier; ils ressemblent à ceux du merle ordi- naire, mais ils paraissent plus volumineux à cause de la grande quantité de mousse employée à l'extérieur. Se nourrit de vers, d'insectes et de baies. Sa chair est très délicate au mois d'octobre, mais d'une amertume désagréable au printemps, ce qui est probablement dû à la grande quantité de baies de lierre qu’il consomme en hiver. Il porte sur la poitrine une large plaque ou demi- lune d’un beau blanc. M. LITORNE (T. pilaris, Linn.). Niche dans le Nord. A la fin d'octobre, elle arrive en grandes bandes dans notre pays, et se répand dans les prairies pour y chercher des vers et des insectes. Quand la gelée commence à se faire sentir, elle gagne les coteaux garnis de buissons d’aubépine et de gene- vrier, dont les fruits constituent alors sa principale nourriture. C'est alors qu'on en prend une grande quantité au moyen de lacets de crin. Son nom vulgaire, qui rend assez bien son cri d’ap- pel, est tia-tia ou grinche. 98, — M. DRAINE (T. viscivorus, Linn.). La draine, tout en étant un oiseau de passage, ne doit pas s'éloigner beaucoup de nos contrées, car on la 59. — 60. — LE M voit encore au mois de décembre, et dès la fin de jan- vier elle fait entendre son chant éclatant. C’est le pre- mier de nos oiseaux qui nous annonce le printemps; c'est aussi celui qui niche le plus tôt. Habite les bois en plaine et en montagne, mais est plus commune dans ces derniers. M. GRIVE (T. musicus, Linn.). Niche dans nos forêts; est très commune à son double passage. C’est l'espèce du genre qui construit son nid avec le plus d'art. Elle fait entendre, dès les premiers jours de mars, son chant à la fois agréable et varié. Vit comme ses congénères, et fréquente surtout les vignes et les terrains incultes, mais sablonneux. M. MAUVIS (T. iliacus, Linn.). C'est la petite grive de montagne ou à ailes rouges. Elle niche dans le Nord, d’où elle nous arrive vers la fin d'octobre. Elle habite, plus que la précédente, l’in- térieur des forêts. Il est rare de la rencontrer dans les vignes ou dans les endroits découverts. Elle aime les baies et les fruits, et est tout particulièrement friande de ceux de l'alisier. Elle se distingue du T. musicus par sa taille plus petite et par ses flancs, qui, ainsi que le dessous de ses ailes, sont d’un roux ardent. GENRE Il. — Pétrocincle (Petrocincla). P, DE ROCHE (P. saxatilis, Vigors.). Ce merle habite les terrains arides et couverts de ro- chers. On le voit souvent perché sur une éminence, d'où il s'élève à une certaine hauteur pour retomber en pla- nantet en chantant. Il est assez commun aux environs de Besancon et sur les roches de Frotey, près Vesoul. Ils se nourrit d'insectes et surtout de sauterelles à ailes rouges et bleues, Er die Le mâle a la tête et le haut du cou d’un bleu de plomb, les ailes d'un brun noirâtre , le dos blanc, les parties inférieures et la queue d’un roux ardent. La femelle a le dos et la tête d'un brun terne, le cou et la poitrine blanchâtres avec les plumes bordées de gris roussâtre; queue d’un roux clair. 62. — P. BLEU (P. cyanea, Linn.). Quelques couples nichent chaque année sur les ro- chers de la citadelle de Besancon, sur ceux de la route de Morre et du Bout-du-Monde, près Beure. Ses habitudes sont les mêmes que celles de l'espèce précédente, mais peut-être place-t-il plus souvent son nid sous des bancs de roches en saillie. A l'exception des aïles et de la queue qui sont noires, le mâle a tout le plumage d’un beau bleu. Chez la femelle, ce bleu est mêlé de brun. GENRE III. — Cincle (Cinclus). 63. — G. PLONGEUR (C. aquaticus, Bechst.). Il habite tous les petits cours d’eau limpides de la montagne, Assez Commun aux environs de Besan- con, à Morre, à Beure et sur la Loue. C’est un oiseau très difficile à observer, et malgré ma patience, je n’ai pu y réussir autant que je l'aurais désiré. Il cherche sa nourriture sous l'eau, comme un autre oiseau le fait à la surface du sol. Il se submerge en marchant, sans efforts et sans battements d'ailes. L'eau se trouble cependant un peu autour de lui, ce qui me fait croire qu'il gratte le sable avec une de ses,pattes pour y chercher les insectes, tandis qu'il se maintient à fond avec l’autre. Il ne reste sous l’eau qu'une demi- minute au plus. Ses ongles sont cannelés, ce qui lui permet de se fixer et de gratter. Il place son nid sur les bords de l'eau, sous les cas- 64. — 65. — 65 bis. DD cades naturelles et même sous l’empellement des mou- lins. Il est solidement bâti en mousse et recouvert d’un dôme. Parties supérieures d’un brun foncé; gorge et poi- trine d’un blanc pur; ventre roux. GENRE IV. — Rubiette (Zrithacus). R. ROSSIGNOL (E, luscinia, Lath.). C’est un oiseau commun et qui le serait davantage encore, s’il n'avait la mauvaise habitude de venir nicher dans les bosquets de nos jardins, où lui et ses petits sont le plus souvent la proie des chats. R. ROUGE-QUEUE (£. tithys, Lath.). Commence à arriver dès la fin de février et ne nous quitte qu’à la Toussaint. Il n’est pas rare dans les en- virons de Besançon; il niche même dans l'intérieur de la ville, où il est connu sous le nom de charbonnier. Perché sur une cheminée ou sur le sommet d’une roche, il ne cesse de balancer son corps et sa tête, comme s’il saluait les passants. Il se nourrit d'insectes qu'il prend à terre ou contre les murailles, niche dans les trous des murs ou des rochers. Le mâle a les parties supérieures d’un cendré foncé, et les inférieures d’un noir profond. La femelle est cendrée en dessus avec cette même teinte plus claire en dessous; une tache blanche sur les ailes comme le mâle. — R. ROUGE-QUEUE GRIS CENDRÉ. N'ayant trouvé cet oiscau décrit, ni dans le Manuel de Temminck, ni dans les autres ouvrages que j'ai pu avoir à ma disposition, je lui donne, en attendant, le nom de rouge-queue sris cendré. Le mâle et la femelle se ressemblent. Les parties supérieures sont d’un cen- 66. — (1) IL ro = dré terne, et les inférieures d’un cendré plus clair‘ tournant au blanc jaunâtre dans la région anale; cou- vertures inférieures d’un roux jaunâtre; pennes de la queue rousses. Plus commun que le précédent, il a probablement été confondu avec la femelle du 7ithys à laquelle il ressemble beaucoup, à l'exception de la tache blanche que ce dernier porte sur l'aile. J’ai longtemps partagé cette erreur, avec quelques doutes cependant. Enfin, ayant rencontré ces deux espèces nichant dans la même localité, j'ai fait tout ce qu’il fallait pour me convaincre de l'existence des deux espèces. En parlant du jeune mâle du Tüthys, Temminck dit : « Le jeune ressemble à la femelle jusqu’au prin- temps. » C’est une erreur : ce jeune n’est autre que notre es- pèce, car le jeune mâle du Tithys a son plumage par- fait à son passage d'octobre. Sa teinte est seulement plus noir au printemps par suite de l’action de l'air sur les plumes (1). R. DES MURAILLES (E. phœnicurus, Linn.). Il est beaucoup plus commun que le précédent, dont il diffère sensiblement par les habitudes. Il arrive en avril et mai dans nos contrées, et en repart dès le mois d'août. Il fréquente moins les villages, dans l'intérieur desquels il ne niche pas; il bâtit cependant son nid dans les crevasses des murs de clôture peu éloignés des habitations. Une large tache blanche sur le front ; le reste de la est fâcheux que M. Lacordaire, qui a pu, comme il le dit, ob- server ces deux espèces vivant et nichant dans la même localité, ne nous ait pas donné plus de détails comparatifs sur ces deux espèces voisines : la nidification, la couleur des œufs, le chant, etc., devant certainement présenter des différences. (Note de l'Editeur.) 68. — OT — tête et le haut du dos d’un cendré bleuâtre; gorge noire; parties inférieures d'un roux brillant; queue d’un roux clair. . ROUGE-GORGE (E. rubecula, Lath.). Bien moins commun qu'autrefois. Il habite l'inté- rieur des forêts, et ce n’est qu'au moment du passage qu'il se montre autour des habitations. Surpris par le froid, il devient si familier qu'il ne craint pas d'entrer dans les appartements. C'est, de tous les oiseaux, celui qui le plus souvent a le privilége de servir de père nourricier au Coucou. Ceci me remet en mémoire un fait qui prouve combien il a d’attachement pour son nourrisson. J'aperçus un jour la tête d’un jeune coucou qui sOr- tait d’un trou creusé dans une vieille souche de chêne. Ce trou avait à peine quatre centimètres de diamètre. A l’aide de mon couteau je parvins à l'élargir suffi- samment pour pouvoir en entraîner le prisonnier, mais dans quel état! Resserré dans cette étroite prison, ses plumes, qui avaient atteint tout leur développement, étaient recourbées dans tous les sens, de telle facon que le pauvre coucou ressemblait plutôt à un hérisson qu’à un oiseau. D'après l'état de ses plumes, j'ai pu évaluer à six semaines le temps pendant lequel le rouge-gorge avait dû pourvoir à sa nourriture. R. GORGE-BLEUE (£. suecica, Lath.). Commune au printemps sur les bords de nos rivières, en automne dans les champs de pommes de terre et de maïs, ainsi que dans les buissons, Elle n'aime pas les fourrés épais, car étant très vive et très agile, elle a besoin d’espace pour courir à l’aise. Cet oiseau m'ayant été demandé à titre d'échange par les marchands natu- ralistes de Paris, je lui ai fait pendant longtemps une = Re chasse très active. Je le prenais au moyen d’un petit filet en soie appelé Iragnon. Je recommande cet engin aux amateurs, car il permet de prendre, sans les en- dommager, toutes les petites espèces d'oiseaux. Je peux donc évaluer à plusieurs centaines le chiffre de ceux que j'ai capturés tant sur les bords de nos rivières que sur ceux de la Loire et de la Marne. C'est sur les rives de cette dernière que j'ai pris du même coup de filet le mâle et la femelle de la variété ou race à miroir roux. Il ne m'était encore jamais arrivé de la voir, et j'ai chassé depuis pendant quinze ans sans avoir la bonne fortune de la rencontrer de nouveau. Je suis donc autorisé à regarder comme très rare son appari- tion dans notre pays. Genre V. — Rousserolle (Calamoherpe). 69. — R. TURDOIDE (C. turdoides, Temm.). Très commune sur les bords de l'Ognon à cause de la grande quantité de roseaux qui garnissent ses rives. Elle établit son nid au plus épais de ces roseaux, en le suspendant à trois ou quatre tiges de ces plantes, et à deux ou trois pieds au plus de la surface de l’eau. Malgré cette élévation, les crues trop fréquentes des mois de mai et de juin en détruisent une grande quantité. Au mois de septembre, cet oiseau se charge de graisse comme la caille, et c’est alors un excellent manger. Son nom vulgaire est kinkara, qui rend parfaite- ment son cri. Son plumage est d’un brun roussâtre sur les parties supérieures et d'un blanc jaunâtre sur les inférieures. 70. — R. EFFARVATTE {C. arundinacea, Briss.). Plus commune et plus petite que la rousserolle, tee elle en a le plumage et les habitudes; son nid est aussi construit de la même manière. Il arrive quelquefois qu'elle se pose sur les branches des buissons de saules qui- croissent dans l'eau ou sur ses bords. On l'appelle trin-trin ou petit kinkara. 71. — R. AQUATIQUE (€. aquatica, Lath.). Commune à son double passage sur les marais qui avoisinent les bords de la Saône et de l’Ognon. Comme la phragmite, elle nous quitte très tard. Lorsqu'on chasse la bécassine aux environs de la Saint-Martin, on la rencontre encore en petites bandes dans les jones, et elle est alors si grasse, qu'on ne comprend pas que dans cet état elle puisse accomplir sa migra- tion. Sur la tête, trois bandes d’un blanc jaunâtre; dos teint de roussâtre. 72. — R. PHRAGMITE (C. phragmitis, Linn.). Ressemble beaucoup à la précédente par les habï- tudes et le plumage. Elle est cependant moins taci- turne ; car, au printemps, perchée à l’extrémiié d'une touffe d'herbe ou d’un petit buisson, elle ne cesse de faire entendre son chant. L’aquatique, au contraire, cachée au fond d’un massif d'herbages, ne fait entendre qu'à de rares intervalles un léger gazouillement,. Elle porte seulement deux bandes blanches sur la tête. Au mois d'octobre 1873, on m'en a apporté une va- riété entièrement blanche. 73. — R. LOCUSTELLE (C. locustella, Lath.). Plus rare à son passage du printemps qu’à celui de l’automne. On la rencontre en septembre dans les luzernes et dans les trèfles. Elle part alors très difficile- ment, et son vol est si court qu’à peine a-t-on le temps 74. — "Ts de la mettre en joue et de tirer. Sans chien on ne la relève pas toujours, car elle court avec la rapidité d'une caille. Elle niche rarement dans nos marais. Parties supérieures d’un vert olive avec des taches noires; cou et ventre blancs; quelques petites taches sous la gorge. GENRE VI. — Hypolaïs /Hypolais). H. ICTÉRINE (4. icterina, Vieill.). Cette espèce ne me paraît pas à sa place dans le genre Pouillot de Temminck (1); car, sauf la couleur du plumage, elle n’a ni les caractères, ni les habitudes des espèces qui le constituent. Elle est d’abord plus grande; son bec est large à la base et fort long; ses ailes sont relativement courtes. Elle construit son nid sur les buissons, à quatre ou cinq pieds de terre. Son chant est mélodieux et extrè- mement varié. Elle le fait entendre, perchée le plus souvent à découvert, sur les rameaux les plus élevés des grands arbres. Rien de tout cela n'a lieu pour les pouillots. Son séjour parmi nous est fort court, car à la fin de juillet elle a disparu. Parties supérieures d'un cendré verdâtre ; une raie jaune entre l'œil et le bec. Parties inférieures d'un jaune pâle. On parle d’une nouvelle espèce nommée Hypolaïs minor. Je ne l’ai jamais vue. ES (1) Dans la rédactioh de son Catalogue, M. Lacordaire avait suivi la classification de cet auteur. (Nole de l'Editeur.) UNE GENRE VII. — Fauvette (Sy/via). 75. — F. A TÊTE NOIRE (S. atricapilla, Lath.). 76. — TT —— Nous arrive au mois de mars, et nous reste quel- quefois jusqu’à la fin d'octobre. A cette époque, les insectes commencant à lui manquer, elle recherche les baies, et mange même celle du lierre; elle est aussi très friande de prunes. Son chant est des plus agréables. La femelle diffère du mâle par la tête qui est rousse au lieu d’être noire. F. DES JARDINS (S. hortensis, Bechst.). De même taille que la précédente, elle habite égale- ment les bois et les vergers qu'elle égaie de son chant plus sonore que celui de la tête noire. En automne, quand elle a cessé ses chants d’amour, elle fait en- tendre un cri particulier qu’elle répète des heures en- tières, et qui consiste en un cra, cra, des plus dés- agréables. Niche dans les taillis et sur les arbustes de nos jardins. Elle nous quitte plus tôt que la tête noire. Les sexes diffèrent très peu. Le plumage est généra- lement d’un gris brun en dessus, et roussâtre en des- sous’; ventre blanc. S. GRISETTE (S. cinerea, Briss.). Très commune partout. C'est la plus gaie et la plus pétulante de nos fauvettes. Son chant n’est pas mélo- dieux, mais elle le répète indéfiniment, ou cachée dans l’intérieur d'un buisson, ou perchée à la cime d'un arbre, ou bien encore en s'élevant en l'air à une cer- taine hauteur. Son nid n'est pas évasé comme celui de ses congé- uères; il est plus profond, de sorte que quand elle couve on n'aperçoit que le bout de sa queue. Elle le 78. — 79. — 80. — nf 5 ms place dans les buissons, les arbustes et quelquefois dans les champs de navette. Elle nous quitte plus tôt que les autres fauvettes. F. ORPHÉE (S. orphea, Temm.). C'est la plus grande des fauvettes. Son chant ordi- naire n'a rien d'agréable; mais elle a un gazouillement qui, entendu de près, est modulé et très varié. Elle niche dans les buissons qui croissent au milieu des décombres, ainsi que dans les haïes et les taillis, mais non dans l'intérieur des forêts. Elle vit d'insectes et de baies. Peu commune. Tête noire; dos gris foncé; gorge blanche; poitrine et flancs d’un rose très clair. Les autres parties infé- rieures d'un roux clair. F. BABILLARDE /{S. curruca, Lath.). Son chant consiste en un gazouillement peu étendu, mais débité avec une volubilité surprenante et conti- nue. À deux pas de mes fenêtres se trouve un énorme sureau sur lequel, chaque année, je la vois venir, en compagnie des oiseaux de son espèce, prendre sa part des baies dont il est chargé. Elle niche dans les buissons très épais assez éloignés des habitations. Tête d’un cendré pur; dos d’un cendré foncé; parties inférieures d'un blanc légèrement roussâtre : le mâle et la femelle. GENRE VIII. — Pouillot (Phyllopneuste). P. FITIS (P. trochilus, Linn.). C'est le plus commun du genre. Il varie beaucoup par la taille, les dimensions du bec, la longueur des pennes de la queue, ainsi que par le plumage dont la couleur change trois fois dans l’espace de dix mois. Au sortir du nid, il est d’un brun clair nniforme. A 81. — 82. — AE: SE la fin de juillet, époque à laquelle commence sa migra- tion, les parties supérieures sont d'un brun olivâtre. Une bande jaune s'étend du bec au delà de l'œil. La gorge et toutes les parties inférieures, y compris les plumes sous-caudales, sont d’un jaune plus ou moins pur. Au mois de mars, il ne resle de cette couleur que des stries longitudinales sur la gorge et sur les côtés, le reste étant d’un gris blanc. Queue fourchue. Je l'ai toujours vu dans cet état au moment de la repro- duction. Il niche à terre, dans la mousse et les feuilles. Son nid à la forme d'un petit four, ce qui lui a valu le nom de founo dans la Haute-Saône. Son chant mélancolique peut se traduire par les syllabes huit, huit, huil, répétées six ou sept fois, les premières vivement, les dernières lentement, comme si l'oiseau manquait d’halcine. P. VÉLOCE (P. rufa, Briss.). Un peu plus petit que le précédent, avec lequel il voyage de compagnie. Niche dans les bois, sur les revers des fossés garnis de ronces, et là où se trouve une légère dépression. Son nom vulgaire est compteur d'argent ou chif-chaf, qui exprime son chant monotone. Parties supérieures d’un gris brun légèrement oli- vâtre ; une petite bande d'un jaune terne au-dessus des yeux; parties inférieures d'un blanc sale, un peu jau- nâtre ; pennes de la queue d’égale longueur. P. SIFFLEUR (P. sylvicola, Lath.). s Niche à terre dans les bois de haute futaie. Il fait entendre, en battant des ailes, son chant cadencé. Même au moment du passage, on ne le voit jamais que dans l'intérieur des forêts. Parties supérieures d’un vert clair, une bande d’un jaune pur s'étend du bec au-delà de l'œil; gorge et de- 83. — ns Qu vant du cou d’un beau jaune; le reste du plumage d'un blanc pur; queue un peu fourchue. P. BONELLI (P. Bonellü, Vieill.). (Bec-fin Natterer de Temminck). Encore plus petit que le véloce. C’est le seul pouillot dont le plumage ne présente aucune tache jaune. Habite les bois en montagne où il niche à terre. Il est rare dans nos départements. Je ne l'ai observé qu'une seule fois dans les bois qui sont à droite de la percée de la route de Morre à Pontarlier. Il est commun en Bourgogne, où j'en ai tué plu- sieurs. Tête et parties supérieures d'un cendré brun; un large sourcil blanc; toutes les parties inférieures d’un blanc pur et lustré. GENRE IX. — Troglodyte (Troglodytes). T. D'EUROPE (T. europæus, Vieill.). Assez commun dans nos contrées, où il niche. On ne saurait préciser l’époque de son passage; car, en hiver comme en été, on le voit autour des habitations. Il place souvent son nid sous l’auvent des maisons cou- vertes en chaume. J'en ai vu un appliqué contre un chêne couvert de mousse, avec laquelle il se confon- dait admirablement. On sait que ce nid est en forme de boule, mais ce qui n’a peut-être pas encore été ob- servé, c’est que l’orifice de ce nid a une porte s’ou- vrant et se fermant aux trois quarts. Elle est en mousse comme le reste du nid, et fixée à la partie supérieure du trou par des fibres très minces qui permettent à l'oiseau de la soulever à son entrée et à sa sortie. La partie inférieure de l'ouverture est comme pavée de petits morceaux de bois de la grosseur d’une aiguille à tricoter, qui sont là pour empêcher les détériorations 89. — 86. — HaÜS = que pourrait faire l'oiseau en entrant et en sortant. Ce charmant petit oiseau à un nom différent dans chaque pays. En Comté, on l’appelle Roi de Guille, en Gascogne Beben-queue, parce qu’il tient toujours sa queue relevée. GENRE X. — Roitelet (Regulus). R. HUPPÉ (R. cristatus, Briss.). Très commun en montagne, dans les forêts de sa- pins, où il niche. Son nid en forme de sphère est placé à l'extrémité des branches. Les jeunes, en sor- tant du nid, n'ont point de huppe; la tête est alors d'un gris uniforme. A la fin d'octobre, il descend dans la plaine où beaucoup séjournent tout l'hiver. Il se tient alors dans les bosquets de sapins et dans les buis- sons de genévriers. Au mois de mars, il a presque complétement disparu. R. TRIPLE-BANDEAU (R. ignicapillus, Naum.). Il nous arrive beaucoup plus tôt que le précédent, car dès la fin d'août on le voit apparaître par petites troupes de huit ou dix individus. On le rencontre alors dans les bois, dans les vergers, dans les lieux couverts de buissons ; mais son séjour y est de courte durée, car dès la fin de septembre on ne voit plus que quelques retardataires. Je ne prétends cependant pas dire qu'il disparaisse complétement en hiver, mais je puis affir- mer que son passage a lieu comme je l'indique. Son retour à lieu à la fin de mars et dans les premiers jours d'avril. Il recherche alors-les haies d’épine noire déjà fleuries. Son plumage diffère peu de celui du R. cris- tatus. Trois bandes longitudinales sur les côtés de la tête, deux blanches et une noire; sur le sommet de la tète, des plumes longues et effilées, couleur de feu très éclatant, entourées de quelques plumes jaunes et NT noires; les parties supérieures d’un vert olivâtre, les côtés du cou jaune doré. GENRE XI.— Accenteur (Accentor). 87. — À. DES ALPES (4. alpinus, Bechst.). Au mois de novembre 1844, le lendemain d’une petite neige, me trouvant derrière la citadelle de Be- sançon, j en vis une petite troupe composée d’une quin- zaine d'individus. Ils n'étaient pas sauvages, car je pus en tuer cinq sans effrayer beaucoup le reste de la bande. Depuis, j'ai visité bien souvent cette localité, et c’est à peine si j'ai pu en revoir quatre ou cinq, et isolément. On dit qu’il niche en Suisse sur les montagnes les plus élevées. Tête, poitrine et cou d'un gris cendré; de grandes taches brunes sur le dos; ventre et flancs d'un rous- sâtre mêlé de blanc. 88. — À. MOUCHE (4. modularis, G. Cuv.). Cet oiseau est assez commun, mais on ne le voit jamais en troupe. Il niche dans les taillis, sur les petits buissons, à deux ou trois pieds au-dessus de terre. Son nid, très bien fait et surtout très solide, est bâti en mousse, au dedans comme au dehors, et cette mousse est tellement pressée, qu’elle forme une masse résis- tante et très dure. Il vit d'insectes et de graines. Il avale ces dernières sans les briser, même celles de chenevis. Son chant est agréable, mais peu soutenu. Il part en octobre; quelques individus seulement passent l'hiver parmi nous, Tête cendrée, avec des taches brunes; devant des parties inférieures d'un cendré bleuâtre; parties supé- rieures noirâtres, bordées de roux. Hp — FAMILLE VIII. MOTACILLIDES. GENRE I. — Bergeronnette (Motacilla). 89. — B. GRISE (Y. alba, Linn.). Très commune dans notre pays à son double pas- sage, mais y nichant en petit nombre. On en trouve quelques nids ordinairement placés sur le bord des rivières, sous les terrains minés par les eaux. En Al- sace, elle niche sous les avant-toits des maisons isolées. L'été, elle porte un large plastron noir sous la gorge et sur le devant du cou; en automne, la gorge est blanche. 90. — B. JAUNE (M. boarula, Gmel.), La boarule habite les mêmes localités que le cincle. I1 lui faut, comme à ce dernier, des eaux courantes et limpides. On ne la voit jamais en bandes, mais tou- jours par paires, ou bien isolée. Pendant les froids rigoureux, On la rencontre sur le bord des fontaines. Le hausse-col noir que le mâle porte au printemps, est un attribut qui n'appartient qu'aux individus de deux à trois ans. Les plus jeunes n’ont que quelques plumes noires à la gorge. Souvent, dès le mois de jan- vier, cette tache est déjà complète, mais alors chaque plume est lisérée de blanc. 91. — B. PRINTANIÈRE (M. flava, Linn.). Très commune dans toutes les prairies, c’est là qu'elle établit son nid. A l’époque du passage, elle se rassemble en bandes nombreuses et s’abat au milieu des troupeaux. Le vert olivâtre et le jaune dominent dans le plumage de cette espèce. La tête et la nuque sont d'un cendré bleuâtre. Une tache blanche passe au-dessus des yeux. 7 : na | Les auteurs italiens indiquent, comme espèces, deux bergeronnettes que je possède dans ma collection. L'une a été tuée près de Châlons-sur-Marne, et l’autre près de Besançon. En voici la description : 1° Cuiti capo cerino. Motacilla cinereo capite. Tête plombée, sans aucune bande sourcilière, gorge blan- che ; le reste comme chez la précédente. 2° Cuiti capo-negro. Motacilla melano capite. Tête noire sans bande sourcilière, gorge jaune; le reste comme dans l’espèce précédente. Les mêmes auteurs donnent la description des jeunes des deux espèces. C’est isolément que je les ai rencontrées. GENRE IL. — Pipit (Anthus). 92. — P. RICHARD (4. Richardi, Vieïll.). J'ai longtemps cherché cet oiseau dans nos départe- ments, et ce n’est qu'au mois d'octobre 1868 que j'en ai rencontré une pelite troupe composée de douze à quinze individus, dont quatre ont été tués. Je crois ce passage accidentel, car depuis je n'en ai nas revu un seul. Ils n'étaient pas sauvages et se perchaient tou- jours à découvert sur les mottes. Leur cri de rappel est très fort et ressemble à celui de la rousseline. C'est la plus grande espèce du genre. Ongle du pouce très long. 93. — P. SPIONCELLE (4. spinoletta, Linn.). De passage au printemps et en automne le long des rivières et des ruisseaux. Au mois de mars, il com- mence à prendre une livrée qui diffère beaucoup de celle qu'il portait en hiver; au mois d'avril, il à toutes les parties inférieures, de la gorge à la queue, d’une belle teinte rose chamois sans tache, si la mue est complète. — @9,=— J'ai trouvé son nid sur le mont Rose, où il n’y a plus qu’une maigre végétation. 94. — P. DES ARBRES (4. arboreus, Bechst.). C’est le bec-figue ou la vinette des chasseurs et des gourmets. [l niche chez nous dans les bruyères voi- sines des bois. À ce moment, il chante perché à la cime d’un arbre, ou bien en s’élevant en l'air. Son départ a lieu en septembre; il est alors très gras. Il nous revient en avril. Sa nourriture se compose d'in- sectes et de petites graines dont il ne brise pas les en- veloppes. 95. — P. ROUSSELINE (4. campestris, Bechst.). Il n’est pas rare, mais ne niche pas chez nous. Il se tient ordinairement dans les pâturages ou dans les friches couvertes de petits buissons. Il chante en s’éle- vant à une grande hauteur comme l’alouette lulu, mais il ne se perche pas. Il court avec une grande rapidité, Son passage a lieu en avril et en septembre. Le gris isabelle est la couleur dominante du plu- mage de cet oiseau. Une large bande blanche au-des- sus des yeux. 96. — P. DES PRÈS ou FARLOUSE (4. pratensis, Linn.). Niche plus avant dans le Nord que les précédents. Il effectue son passage en même temps que l’alouette, mais il préfère les prairies humides aux champs cul- tivés. — C'est le fifi des chasseurs. IL est plus petit que le P. des arbres, et son plumage est plus lavé d’olivâtre. 97. — 98. — — 100 — C. — Passereaux granivores ou conirostres. FAMILLE IX. ALAUDIDÉS. GENRE UNIQUE. — Alouette (A/auda). A. COMMUNE (4. arvensis, Linn.). C'est là peut-être l'oiseau le plus commun que nous ayons, et malgré l'énorme destruction qu'on en fait, l'espèce ne paraît pas diminuer d'une manière sen- sible. Ce n’est pas dans les départements de l'Est qu'on en tue beaucoup, puisqu il est défendu de le chasser autrement qu'au fusil. Mais dans l'Ouest et sur les bords de l'Océan, on autorise un mode de chasse qui ne peut manquer, avec le temps, d'amener sa dispa- rition complète. Cette chasse se fait au moyen d’un petit lacet composé d'un seul crin, tendu par millions en hiver, dans les plaines de la Beauce en particulier. J'ai vu, il y a quelques années, un rapport émanant des maires des communes de Vouvray, Pocé et Saint- Ouen, qui évaluait à trente mille douzaines le nombre de ces oiseaux pris pendant un hiver sur le territoire de ces trois communes. Je possède deux variétés de cette espèce : l’une noire, et l'autre isabelle. A. ALPESTRE (4. alpestris, Linn.). Alouette à hausse-col noir. Je ne l’ai jamais rencontrée dans nos pays, mais je sais que plusieurs sujets ont été vus dans la Haute- Saône, et que M. Brocard en a tué une à Dampierre- lez-Montbozon, en 1864. Le nom d'alpestris ne me pa- raît pas convenir à cet oiseau, Car il n’habite pas les Alpes, n’y étant pas même de passage; du moins je 997$ — 101 — ne l'ai pas vu signalé dans la Faune des Alpes, où l’ornithologie est traitée avec soin. Les auteurs disent qu'il niche dans les dunes de sable près de la mer, et qu'il se répand pendant l'hiver aux environs des vil- lages. Le plumage de cette espèce est assez varié. Gorge, sourcils et derrière des yeux d'un jaune clair; mous- taches et plastron sur le haut de la poitrine d’un noir profond. Parties supérieures et côtés de la poitrine d’un cendré rougeatre. Pieds noirs. A. COCHEVIS (4. cristata, Linn.). Rare dans nos départements et très commune en Champagne, ainsi qu'aux environs de Paris. Elle se tient habituellement sur les routes où elle cherche sa nourriture dans le crottin de cheval. Elle niche à terre comme l’alouette ordinaire, mais eile se perche sou- vent sur les poteaux et les barrières. Elevée en cage, on peut lui apprendre plusieurs airs. Elle porte sur la tête une huppe de plumes allongées et acuminées. 100. -- A. LULU (4. arborea, Linn.). Niche dans les friches et dans les clairières des bois rapprochés des champs. C’est un musicien des plus matineux. Bien avant l'aurore, il se perche à la cime d'un arbre et fait entendre son chant, qu’il continue, Contrairement aux habitudes des autres oiseaux, longtemps après la saison des amours. Je ne connais pas d'oiseau qui évite aussi habilement un coup de filet, et qui fasse dans ce cas aussi bien cheminée. C'est au mois d'octobre qu'il effectue son passage de départ, pour revenir en mars. Son nom vulgaire est mauviette, et l'on sait qu’une brochette de mau- viettes n’est pas à dédaigner, — 102 — 101. — A. CALANDRELLE (4. brachydactyla, Leiïsl.). 102. — C'est la plus petite de nos alouettes. Elle est très accidentellement de passage dans la Haute-Saône, où je l’ai vue deux ou trois fois sur la route de Gray à Champlitte. Elle est très commune en Champagne, et dans les environs de Dijon où elle niche (1). Toutes les parties supérieures d’un beau roux isa- belle; gorge blanche avec deux ou trois points bruns de chaque côté du cou; poitrine et flancs d’un roux clair, Queue noire dans son milieu, et d’un roux clair sur les bords. Doigts très courts. FAMILLE X. PARIDÉS. GENRE UNIQUE. — Mésange (Parus). M. CHARBONNIÈRE (P. major, Linn.). Tous les oiseaux qui composent ce genre devraient être protégés à l’égal des animaux les plus utiles. Leur prodigieuse activité est uniquement employée à la recherche des chenilles et de leurs œufs. C’est au moyen de leur bec robuste qu’ils détruisent en deux minutes ce nid qu'on appelle bague, dont le nombre d'œufs peut être évalué à trois ou quatre cents, et qui échappe presque toujours à la vue de l'homme. Ils mangent aussi du chènevis, et même des noisettes et des faines, dont ils percent l'enveloppe pour en atteindre l’amande. Pour y parvenir, l'oiseau saisit le fruit avec ses pattes, et à grands coups de bec pra- tique l’ouverture nécessaire. La M. charbonnière est la plus grande du genre; elle est très commune. Presque toute l’année on en (1) Voir notre Catal., p. 101. (Note de l'Editeur.) — 103 — voit dans nos vergers, mais elle habite surtout les bois. Elle niche dans les trous des arbres. 103. — M. NOIRE (P. ater, Linn.). Moins commune que la précédente, elle habite en montagne dans les bois de sapins, qu'elle ne quitte qu’à la fin d'octobre pour descendre dans la plaine; elle se répand alors dans les vergers et dans les jar- dins, en préférant ceux où se trouvent des arbres verts. 104. — M. BLEUE (P. cæruleus, Linn.). Un peu plus petite que la précédente, et beaucoup plus commune, elle habite les forêts de hêtres et de chênes, et aussi les vergers; niche dans les trous des arbres et des vieux murs. En octobre, elle passe par petites bandes, fréquen- tant alors les bords des rivières garnis de roseaux, dont elle mange les graines. Il m'est arrivé de la prendre de loin pour la mésange à moustaches. 105. — M. HUPPÉE (P. cristatus, Linn.). Assez commune dans les forêts de sapins des mon- tagnes du Doubs, où elle niche. Lorsque la neige y devient trop abondante, elle descend dans la plaine et s'approche des habitations : aussi ne la voyons- nous pas tous les ans. J'ai dans mon jardin des pieds de tournesol dont on ne récolte jamais la graine. Toutes les mésanges en sont très friandes, et la huppée en particulier. Je l’ai vue souvent dans les grands bois de pins maritimes du département des Landes et de la Gi- ronde. Elle niche dans les trous des arbres, et sur- tout dans ceux abandonnés par les pies. 106. — M. NONNETTE (P. palustris, Linn.). Un peu plus petite encore que la huppée, elle n'est pas commune, ou du moins ne se montre Jamais en troupes comme ses congénères. Son nom de palustris 107. — 108. — — 104 — ne veut pas dire qu'elle habite uniquement les ma- rais; mais pendant les nichées, elle fréquente ordi- nairement les bois humides où dominent le tremble et le saule marceau. Elle est très friande de chènevis, et on la voit très souvent quitter les bois pendant le mois de septembre pour venir se régaler de cette graine. Elle niche dans les trous des vieux trembles. Je n’ai jamais trouvé plus de six œufs dans son nid. M. A LONGUE QUEUE {(P. caudatus, Linn.). Cette jolie mésange est commune partout. À son passage d'automne, elle voyage par familles de douze à quinze individus. À son retour en mars, elle est déjà appariée. Son nid en forme de boule est toujours construit avec de la mousse de la même espèce que celle qui couvre l’arbre sur lequel elle le construit. C’est contre le tronc ou sur une branche horizontale qu'elle l'établit, tantôt à une grande hauteur, tantôt à quelques mètres du sol. L'intérieur est garni de plume et de crin. M. MOUSTACHE [(P. biarmicus, Linn.). Très rare. — Le musée d'histoire naturelle de Be- sançon possède un mâle et une femelle de cette espèce, tués en 1854 dans un jardin à Baume-les-Dames. Très commune en Hollande. — Niche dans les ma- rais couverts d'herbes et de joncs. FAMILLE XI. FRINGILLIDES. GENRE 1. — Bruant (Emberiza). Première division. — UN TUBERCULE OSSEUX AU PALAIS. 109. — B. JAUNE (£. citrinella, Linn.). — Vulg. Verdière. Excessivement commun autrefois et nichant par- 110. — 111. — 112. — — 105 — tout. Aujourd’hui ce n’est qu’en hiver, quand la cam- pagne est couverte de neige, qu'il vient par petites troupes chercher sa nourriture sur les routes et dans l’intérieur des villages. On ne sait à quelle cause attribuer cette diminution. B. ZIZI (E£. cirlus, Linn.). Il n’a jamais été aussi commun que le précédent. Quelques couples nichent aux environs du village que j'habite. L'un d'eux vient tous les ans s'établir dans un lierre couvrant une maison située à cent mètres de la mienne. Cet oiseau arrive à la fin de mars et repart en octobre. Niche aussi dans les envi- rons de Besançon. B. ORTOLAN (£. hortulana, Linn.). De passage régulier dans la vallée de POgnon en septembre et en mai, et toujours par petites bandes de sept ou huit individus. Après le 15 mai, on n’en voit plus. Il en reste quelques paires dans les vignobles de Besançon et de Pouilley, car j'en ai vu en juin dans ces localités. Ils font entendre leur chant, perchés sur les échalas. Pris au filet et nourri dans une chambre à demi obscure, l'ortolan s’engraisse au point de perdre toutes ses plumes. Il est probable que si on ne le tuait pas, il mourrait de gras fondu. On en fait un grand com- merce à Dax et à Bayonne. B. DES ROSEAUX (£. schænicula, Linn.). Très commun en toute saison sur les bords de l’O- onon, où il est pendant l'hiver le compagnon du pipit spioncelle. On le voit mangeant les graines de ro- seaux, qui seules constituent alors sa nourriture. Il niche au milieu des débris de jones entassés par les grandes eaux contre les racines et les branches des buissons de saules. — 106 — Il émigre comme les autres espèces, mais il en reste beaucoup. 113. — B. PROYER (£. miliaria, Linn.). Commun en été dans toutes les prairies, où il niche. En septembre il fréquente les champs où l’on a récolté de l’avoine. C'est à ce moment qu'il se réunit en erandes bandes avant de se mettre en voyage pour l'Afrique où il passe, dit-on, l'hiver en quantité con- sidérable. Il fait entendre son chant, perché à la cime des arbres ou à la partie supérieure des buissons. Il place son nid dans une touffe d'herbes, mais sans qu'il touche la terre. J'y ai trouvé une fois un œuf de coucou. 114. — B. FOU ou DE PRÉ (£. cia, Linn.). Assez rare à son passage d'automne. Il niche dans les rochers de la citadelle de Besancon et dans ceux de la route de Morre. Il est même commun dans ces localités au moment de la nichée. Deuxième division. — PAS DE TUBERCULE OSSEUX AU PALAIS. 115. — B. DE NEIGE (£. nivalis, Linn.). J'en ai vu un mâle en livrée parfaite d'été dans l’ancien cabinet de la ville de Besançon, mais sa pro- venance m'est inconnue. Il y a quelques années, on en a tué un jeune près du fort Bregille. C’est un oiseau rare dans nos départements. 116. — B. RUSTIQUE (£. rustica, Pall.). Je ne l'ai observé et tué qu'une seule fois ; c'était en avril 1868, à Burgille-lez-Marnay. Cet oiseau se trouvait, en compagnie de quelques bruants des roseaux, sur le bord d’un petit ruisseau garni d'oseraies. Il y avait peut-être dans la bande un ou deux autres oiseaux de son espèce, mais je n’ai pas 117. — — 107 — eu le temps de m'en assurer, chassant en plaine et étant par conséquent en contravention. Je possède un petit bruant qui m'a été donné par M. Faivre de Bussez, grand chasseur au filet, mais médiocre empailleur. Je ne crois pas que ce soit une de nos espèces connues. J’en donne la description pour le cas où un sujet semblable aurait été déjà vu ou décrit. La tête, le cou, la gorge et les parties supérieures d’un rouge de brique; ailes et queue brunes; toutes les parties inférieures d’un jaune clair. Comme il a été monté sur mannequin, on ne peut préciser sa longueur; mais il paraît plus petit que le bruant des roseaux. Il avait été pris au filet en com- pagnie de cet oiseau. GENRE IL. — Bec-Croisé (Loxia). B.-C. COMMUN {L. curvirostra, Linn.). Il n’est pas de passage régulier dans la partie basse du département du Doubs ; on ne l’y voit même qu'à de rares intervalles, tandis qu'il est sédentaire en montagne. J'en ai tué de jeunes au mois de juillet 1850, mais je n’ai jamais pu trouver le nid de cet oiseau. Ces jeunes étaient d’un gris brun, tandis que les vieux mâles sont d'un rouge plus ou moins foncé, et les femelles d'un cendré verdâtre ou jaunâtre. Il s’ha- bitue très bien à la captivité et devient très familier. Moi-même j'en ai gardé une paire en cage pendant plusieurs années. Quand on leur donnait une pomme de moyenne grosseur, ils la fixaient dans un coin de la cage en la tenant avec une patte et avec le bec, et y pratiquaient une ouverture longitudinale jusqu'au centre, pour pouvoir en extraire les pepins. Ils ou- vraient aussi les noix avec beaucoup d’habileté. — 108 — GENRE III. — Bouvreuil (Pyrrhula). 118. — B. COMMUN (P. vulgaris, Briss.). TI Il niche dans nos forêts, sur les arbres de moyenne grosseur et souvent sur les petites pousses qui sor- tent des troncs. [l passe au mois d'octobre, mais il en reste en hiver. Pris jeune, et seriné, il a un chant très agréable. J'en ai entendu un, chez un ser- rurier à Chanceaux (Côte-d'Or), dont le sifflement imitait à s'y méprendre celui de l’homme. Il répé- tait plusieurs airs. On rencontre quelquefois une variété de très forte taille. J'en possède un exemplaire, et M. Belin, de Dijon, en a deux (1). Les variétés noires se rencon- trent chez des individus élevés en captivité ; une nour- riture uniquement composée de chènevis en est, croit-on, la cause. Le nom vulgaire du bouvreuil est camus. GENRE IV. — Gros-Bec (Fringilla). G.-B. ORDINAIRE [(F. coccothraustes, Linn.). Il devient rare dans nos contrées. Il n’y niche plus, et c’est à peine si l’on en voit quelques individus au, passage d'automne. Je crois que la chasse au cerisier leur a été aussi funeste qu'aux loriots. C’est un bel oiseau, qui se prive facilement et qui est doué d'une certaine dose d'intelligence. J'en aï gardé un, qui avait été pris au nid, pendant plus de trois ans, et jamais il n’est entré dans une cage. Je l'avais habitué à se tenir perché au-dessus d’une porte dans ma salle à manger. Il était installé là, entre deux petits vases contenant l’eau et la nourriture, et (1) Voir notre Catal., p. 45. (Note de l'Edileur.) 120. — 121. — — 109 — il ne quittait ce poste qu'à l’heure des repas. Il des- cendait alors sur la table, et là il attendait patiem- ment le dessert pour avoir les pepins de pommes et de poires; cela fait, il regagnait son perchoir. Jamais il n’a cherché à s'échapper. Dans le temps des nichées, les vieux apportent d’é- normes chenilles à leurs petits. J'en ai vu un ayant dans son bec la grosse chenille du sphinx tête de mort. G.-B. VERDIER (F. chloris, Linn.). Encore un gros-bec qui disparait! Depuis six ans environ, je n’en ai pas aperçu un seul sur le terri- toire de Burgille, où il était excessivement commun il y a une quinzaine d'années. Le ruisseau qui ser- pente à travers la prairie de Burgille, pendant deux kilomètres, est bordé d’une grande quantité de vieux saules et de peupliers. C’est sur ces arbres que le ver- dier nichaït en quantité ; aujourd'hui il n'y en a plus un seul nid. J'en possède une fort curieuse variété, prise au filet en 1845. Elle est d’un tiers plus grosse que le type ordinaire, et entièrement de couleur isa- belle, lavée de jaune; les grandes couvertures des ailes sont blanches; le bec et les pattes étaient blancs, mais ils ont bruni depuis le montage. Le verdier ne se nourrit d'insectes à aucune époque de sa vie. G.-B. SOULCIE (F. petronia, Linn.). Je ne crois pas que cet oiseau niche dans nos dé- partements ; il n'y est même que de passage irrégu- lier. Je l’ai trouvé dans l’arrière-côte de Bourgogne, aux environs de Reulle, Vergy et Meuilley, etc., où il nichaït dans les trous des vieux noyers. Les chas- seurs le reconnaîtront immédiatement à la tache d’un jaune vif et du diamètre d’une pièce de 50 centimes 122. — 123. — 124. — — 110 — qu’il porte sur le devant du cou. Le reste du plumage est d’un cendré foncé en dessus, et clair en dessous. G.-B. MOINEAU (F. domestica, Linn.). Commun partout, dans les villes comme dans les villages. Il niche dans les trous des murailles, rare- ment dans ceux des arbres. Souvent il place son nid sur les branches élevées ; c’est une grosse boule garnie de plumes à l’intérieur. Comme nourriture, tout lui est bon. J’en ai vu un qui, sans moi, détruisait entièrement une couvée de mésanges à longue queue. Il avait jeté à terre une partie du nid avec deux petits, et il en emportait un troisième quand je me décidai à lui envoyer un coup de fusil. C’est un oiseau sédentaire. G.-B. FRIQUET (F. montana, Linn.). Cette espèce diminue aussi d’une manière sensible. C'est un oïseau d’une pétulance et d’une vivacité extrêmes. J'ai vu en couvrir cinquante d’un coup de filet, et le chasseur être très heureux d’en attraper la moitié. Il habite peu les villes; mais j'ai vu le temps où il n'y avait pas une vieille église de campagne, ni un colombier couvert en lave, qui n’en abritât une mul- titude de nids. Il ne fréquente les bois que pour venir y passer la nuit, mais il n’y niche pas. — Il est de passage. — Les chasseurs au filet l'appellent fiafia. G.-B. SERIN ou CINI (F. serinus, Linn.). Il n’est pas très commun. C'est dans nos jardins et nos promenades publiques qu’il vient passer la belle saison. Il niche tantôt sur les grands arbres, tantôt sur les arbustes. On le voit assez fréquemment dans la ville et dans les environs de Besançon. Il s'élève à une certaine hauteur en chantant et en battant des ailes comme une chauve-souris. 125. — 126. — — 111 — Il se nourrit de graines de colza, de navette, etc., et jamais d'insectes. G.-B. PINSON (F. cœlebs, Linn..). C’est celui de nos fringilles qui diminue le moins. Il est encore commun dans nos jardins et nos ver- gers, mais on n’en voit plus de ces innombrables bandes qui couvraient des kilomètres de champs à son passage d'octobre. Il se nourrit indistinctement de graines et d’in- sectes. G.-B. D'ARDENNES (F. montifringilla, Linn.). De passage à peu près régulier en mars et en oc- tobre. Il y a cependant des années où l’on en voit fort peu, et d’autres où il couvre nos champs de ses vols nombreux. I niche dans le Nord. Pour avoir le mâle en beau plumage, il faut le prendre au mois de mars, le mettre dans une grande . volière en plein air, et le monter au mois de juillet. 127. — A cette époque, les bordures grises des plumes de la tête et du dos ayant disparu, toutes ces parties sont d'un noir brillant. G.-B. LINOTTE (F. cannabina, Linn.). Répandu partout. Les grandes bandes qui passent chez nous en automne et dont quelques-unes séjour- nent tout l'hiver, n’ont pas encore diminué d'une manière sensible, mais cela commence. On sait maintenant qu'il n’y a qu’une seule espèce de linotte, dont le mâle a la poitrine rouge lie de vin en hiver, et d’un rouge plus vif et plus étendu en été. Cette coloration est due à l’usure de l'extrémité des plumes et à l’action de l'air. La nourriture de cette espèce se compose de graines et jamais d'insectes. 128. — 130. — 131. — 112 — G.-B. GORGE-ROUGE ou DE MONTAGNE (F. fla- virosiris, Linn.). C'est un oiseau du Nord, dont le passage en France n’est pas régulier. J'en vis pour la dernière fois au mois de novembre 1869. Il y en avait une dizaine perchés sur un buisson de saules au milieu de la prairie de Burgille. S'ils ne s'étaient laissé approcher à dix pas, J'aurais pu les prendre pour des linottes auxquelles ils ressemblent beaucoup. Ils s'en distinguent par leur bec triangulaire, de couleur jaune, par leur queue plus longue et leur croupion rouge. G.-B. VENTURON (F. citrinella, Linn.). Habite les montagnes couvertes de sapins. Je l’ai observé en été dans les environs de la Chapelle-des- Bois, où 1l niche en compagnie du tarin. Il construit son nid dans les sapinières peu élevées, tandis que celui du tarin est placé à l'extrémité des branches des sapins. Il se nourrit des graines de planies alpestres. Descend rarement dans la plaine. G.-B. SIZERIN (F. linaria, Linn.). Le sizerin (cabaret de Buffon) est un oiseau de pas- sage qui nous vient du Nord. Ses habitudes ont beau- coup d’analogie avec celles du tarin. On le trouve sou- vent dans les bois où croissent les bouleaux. Il est aussi friand des semences de cet arbre que de celles de l’aulne. Son passage chez nous n’est pas toujours annuel. Je ne connais pas d'oiseau plus facile à prendre au filet. Tête et poitrine rouges chez le mâle, et rousses chez la femelle. | .-B. BORÉAL (F. borealis, Linn.). Ke: ressemble au précédent, mais il est un peu plus 132. — 133. — — 115 — grand. Son plumage est généralement plus clair, et le rouge de la tète et des parties inférieures plus rose et plus étendu. C'est aussi un oiseau du Nord, dont les apparitions sont très accidentelles. Je crois qu'il fréquente moins les arbres que le linaria. G.-B. TARIN (F. spinus, Linn.). Cet oiseau était, il y a peu d'années, très commun à son double passage, sur les bords des rivières bor- dées d’aulnes, dont il venait en bandes manger les graines, et au printemps dans nos jardins où il re- cherchait celles du mouron et du senecon. Aujour- d'hui, on n’en voit presque plus. Il niche sur les grands sapins des montagnes du Doubs. Je n'ai jamais pu en atteindre un seul nid, mais j'ai tué plusieurs jeunes. Avant la première mue, il ressemble à la femelle; mais après la seconde, le jeune mâle a son plumage d'adulte, moins la tache noire de la gorge qui ne pa- raît qu à la troisième mue. G.-B. CHARDONNERET (F. carduelis, Linn.). Ce charmant oiseau est encore assez abondant et nous fait toujours le plaisir de venir chaque prin- temps nicher dans nos jardins, faire entendre sa pe- tite chansonnette et manger nos graines de salade. Tous les ans je suis bien partagé sous ce rapport. Six nichées ont encore réussi cette année sur mes arbres fruitiers, grâce à une surveillance constante et à la guerre active que moi et mon chien avons organisée contre la race féline. J'en possède une variété d’un beau blanc, avec une tache jaune sur chaque aile et quelques plumes rouges autour du bec. — 114 — D. — Passereaux zyqgodactyles. FAMILLE XII. PICIDÉS. GENRE I. — Pic (Picus). 134. — P. NOIR (P. martius, Linn.). Habite les grandes forêts de sapins, en montagne. Il n'est pas commun; cependant j'ai rarement par- couru les environs de Pontarlier sans le voir ou l’en- tendre. Dans une auberge de Mouthe, on m'a assuré que les chasseurs qui tendent à terre des lacets aux grives en prenaient souvent; ce qui me ferait croire que, comme le pic vert, cet oiseau cherche sa nour- riture autant à terre que sur les arbres. Tout le genre Pic est accusé par les propriétaires de bois, et même par les forestiers, de causer un no- table dommage en perforant les arbres. C'est une erreur; Ce qui n'est pas difficile à prouver. Jamais le pic n’attaque un arbre sain. S'il veut creuser son nid, il sait d'avance que l'arbre qu'il a choisi est creux à l’intérieur, et que pour arriver à ce vide, il n’a que l’aubier à perforer, c’est-à-dire trois ou quatre pouces au plus, suivant la grosseur de l'arbre. Cela fait, il trouve le vide ou la partie tarée, et n’a plus qu'à ex- traire les détritus qui le gênent pour qu'il puisse y déposer ses œufs. S'il cherche sa nourriture, ce n'est que sous l’é- corce ou dans le bois pourri qu'il va atteindre les larves au fond de leurs trous. il les pique au moyen de sa langue acérée, qui, comme on le sait, a la faculté de pouvoir s’allonger extraordinairement. . 139. — tr Le cri du pic noir ressemble à celui du pic vert; il en diffère cependant en ce qu'il se rapproche de celui de la cresserelle. Il y a peu de personnes qui n'aient entendu dans les forêts un certain bruit très fort et très sonore que l’on peut rendre par re, re, re, re, re, re, re, re, Tapi- dement exécuté. Je me suis assuré que ce bruit était dû à trois espèces de pics : le cendré, l'épeiche et l'é- peichette, sans nier cependant que les autres n'aient la même faculté. C’est en introduisant son bec entre deux branches vermoulues ou dans la fente d’une branche morte et creuse, et en agitant fortement la tête de droite à gauche, qu'il le produit. Ce bruit, qui retentit fort loin, ne se fait guère entendre qu'à l’époque des amours. P. VERT (P. viridis, Linn.). Il est moins grand que le précédent, mais ses ha- bitudes sont les mêmes. On le trouve souvent à terre à la recherche des vers, des insectes et surtout des fourmis. Il ne craint pas de pénétrer dans les four- milières, et à une profondeur de plusieurs pieds. Quand il rencontre une troupe de fourmis, il allonge sa langue , enduite d’une humeur visqueuse qui retient les fourmis : quand elle en est couverte, il la retire et les avale. Son cri est souvent attribué à l'espèce suivante; il en diffère cependant beaucoup. Il peut se rendre par les syllabes cla, cla, cla, cla, répétées dix fois au moins et très rapidement. Celui du pic cendré est au contraire un sifflement qui peut se traduire par lue, tue, tue, tue, tue, tue, en préci- pitant les trois ou quatre premières notes et en ralen- tissant et diminuant de force les dernières. La queue sert à cet oiseau de point d'appui pour grimper aux arbres et même pour marcher. Elle est 136. — 137. — — 116 — composée de pennes à baguettes dures et très élas- tiques. Si cet appui vient à lui manquer, ses mouve- ments sont complétement paralysés. Même avec cet organe complet, il ne peut se tenir perché en travers d’une branche, comme les autres oiseaux, si cette branche a moins de six à huit centimètres de dia- mètre ; car si la queue ne trouve pas un appui, l’oi- seau est renversé le ventre en l'air. Aussi est-ce tou- jours dans la longueur d’une branche qu'il se tient, et jamais en travers. Beaucoup plus commun que le précédent, il habite indistinctement les forêts en plaine et en montagne. P. CENDRÉ (P. canus, Gmel.). Un peu plus petit que le précédent, dont il ne dif- fère que par la tête qui ne porte, chez le mâle, qu'une petite tache rouge placée sur le front, le reste de la tête et les côtés du cou étant d’un cendré clair. La femelle n’a point de rouge sur le front. On le rencontre moins souvent à terre, et il est aussi moins commun que le précédent. Il préfère les forêts en plaine à celles de montagne. Ce pic ne pa- raît pas du reste être très répandu : aussi les peaux de cet oiseau ont-elles une certaine valeur chez les mar- chands naturalistes. P. ÉPEICHE (P. major, Linn.). Il se rencontre partout, dans les forêts noires comme dans les sapins. Son nom vulgaire est pic gris. Cette espèce’ est plus commune que les autres. Il y a des années où les passages en sont considé- rables, et les jeunes y sont en grande majorité. Sa nourriture consiste en larves, punaises et four- mis, qu'il recherche sous les écorces et dans le bois pourri, et aussi en semences de hêtre et en noisettes. Il descend rarement à terre. — 117 — En sortant du nid, les jeunes ont toute la tête d’un rouge terne. À la première mue, ce rouge disparaît pour faire place, sur l’occiput du mâle, à une bande étroite d'un rouge cramoisi. La femelle a la tête noire. 138. — P. ÉPEICHETTE (P. minor, Linn.). C'est le plus petit des pics d'Europe, car sa taille est à peine celle d’un moineau. Le mâle seul a la tête rouge. Il se nourrit, comme les précédents, de larves et d'insectes. [1 accompagne souvent les bandes de mé- sanges. Comme les autres pics, il fait un trou dans les arbres pour y déposer ses œufs, mais il choisit de préférence les cerisiers et les trembles, dont le bois plus tendre lui offre moins de résistance, Il habite les forêts en plaine. Je l’ai vu souvent dans les bois de la Haute-Saône. Il visite aussi les vergers. 139. — P. MAR (P. medius, Linn.). Très rare dans nos départements. Je n’en ai jamais vu que trois, dont un tué par moi dans les bois de Montseugny. J’ai trouvé les deux autres sur le mar- ché de Vesoul. Il serait, dit-on, plus commun dans le Midi. Un peu moins grand que l'épeiche. Il en diffère aussi par la tête, qui, chez le mâle comme chez la femelle, est couverte de plumes allongées d’un beau rouge cramoisi. Les flancs sont également d’un rose clair. GENRE Il. — Torcol (Yunæt). 140. — T. VERTICILLE (7. torquilla, Linn.). Ce n’est pas sans motif que les chasseurs ont donné le nom d'ortolan à cet oiseau; car à son passage de 141. — — 118 — septembre, il a acquis un embonpoint extraordinaire, que le véritable ortolan n'’atteint jamais en liberté. Son nom de torcol lui vient de la singulière habi- tude qu'il a de tordre son cou et sa tête en différents sens. Je ne l'ai jamais vu faire ses contorsions que pris au piége, ou blessé d'un coup de fusil. Il com- mence par allonger le cou d’une facon extraordinaire, puis avec une grande lenteur il exécute ses mouve- ments de torsion, sans remuer le reste du corps. Si dans ce moment le corps lui-même de l'oiseau était dissimulé sous de l'herbe ou de la mousse, on croirait voir une Couleuvre, le plumage bigarré du torcol aidant à cette ressemblance. Il grimpe à la manière des pics, mais il vit surtout à terre, faisant usage de sa très grande langue pour attraper les fourmis. FAMILLE XIII. CUCULIDÉS. GENRE UNIQUE. — Coucou (Cuculus). C. GRIS (C. canorus, Linn.). C'est le seul représentant de cette famille que nous ayons en France. C’est un oiseau connu de tout le monde, et par son chant et par l'instinct qui le porte à déposer ses œufs dans les nids des petits oiseaux in- sectivores. Malgré tout ce qui a été écrit à son sujet, nous ne savons pas encore tout, tant ses mœurs pré- sentent d'anomalies, si toutefois il y a des anomalies dans la nature, Je donnerai donc ici quelques aperçus sur la mue de cet oiseau, parce qu'elle avait donné lieu-à l'établissement d’une espèce nouvelle sous le nom de Coucou roux. Je suis convaincu que ce Coucou roux est une fe- — 119 — melle à l’âge d’un an, et qu’à deux ans cette femelle ressemble au mâle. Je vais essayer de le prouver. Ayant consacré deux ou trois printemps à tuer et à étudier scrupuleusement vingt-huit de ces oiseaux, j'ai constaté d’abord que sur ce nombre, il y avait vingt et un mâles adultes. Sur les sept femelles qui restaient, une était rousse, deux portaient encore sur le dos quelques plumes rousses, et les quatre autres ne présentaient aucune différence avec les mâles. Comme je n'ai remarqué aucun indice de plumes rousses sur le plumage des mâles, je crois que, dès la première mue ou dès la première migration, ils pren- nent la livrée de l’adulte. J'ai été à peu près confirmé dans cette opinion par la rencontre des plus rares que je fis d’un jeune cou- cou à la fin d'octobre. Il était alors en pleine mue; la couleur grise ou cendrée de l'adulte dominait déjà sur le cou et sur le croupion. Malheureusement je n'ai pu constater son sexe, la nature n'ayant encore rien fait de ce côté. Je crois notre coucou exclusivement insectivore et surtout grand destructeur de chenilles velues. Comme tel il aurait droit à notre respect; mais la femelle, en déposant ses œufs dans cinq ou six nids, ne détruit pas moins d’une trentaine d'oiseaux par an. Je suis de l'opinion de ceux qui affirment que la femelle pond son œuf à terre et le transporte dans le nid qu’elle a choisi à l'avance. La petitesse de cet œuf, relativement à la grosseur de l'oiseau, est encore une preuve que la nature n’a rien oublié dans ses combi- naisons. La dernière femelle que j'ai tuée, dans un petit bois de sapins près Cernay, était poursuivie par un pipit des buissons. Quand je la ramassai, il lui sortit un œuf de la gorge. — 120 — E. — Passereaux ténuirostres. FAMILLE XIV. CERTHIADÉS. GENRE I. — Sittelle (Sitia). 142, — S. TORCHEPOT {S. europæa, Linn.). Les habitudes des sittelles tiennent à la fois de celles des pics et de celles des mésanges. Elles grimpent aux arbres et en descendent par le même procédé; elles frappent aussi l'écorce avec leur bec pour en faire sortir les larves. Le nom de Torchepot, donné à cette sittelle, vient probablement de l'habitude qu’elle a de rétrécir avec de la terre l’ouverture du trou où elle établit son nid. Choisissant toujours pour cela l’excavation naturelle d'un arbre, et cette cavité ayant souvent une ouver- ture trop grande, elle la réduit de cette facon à la grosseur de son corps. La terre employée à cet usage doit contenir un cer- tain mélange, car elle devient très dure, et en la cou- pant, l’intérieur semble comme pénétré de colle forte. La sittelle est un oiseau sédentaire qui ne s'éloigne pas des lieux qui l’ont vu naître. Elle est assez com- mune. Outre les insectes, elle mange des faines et des noisettes. GENRE Il. — Grimpereau (Certhia). 143. — G. FAMILIER (C. familiaris, Linn.). Ce petit grimpereau se rapproche des pics par ses habitudes et par la conformation de sa queue qui lui rend les mêmes services, mais il en diffère par son 144. — — 121 — bec qui est grêle et courbé, et par sa langue qui est courte et inextensible. Il niche dans les trous naturels des arbres et quel- quefois dans ceux des vieux murs qui ferment les vergers, Où il se tient volontiers. Il n’est pas rare. GENRE III. — Tichodrome (Tichodroma). T. ÉCHELETTE (T. phœnicoptera, Temm.). Ce bel oiseau est de passage dans nos départements de la fin d'octobre au mois de mars, c’est-à-dire que pendant tout l'hiver on en voit quelques-uns. Il habite les rochers et les vieux édifices isolés, après lesquels il se cramponne fortement en battant des ailes, et en les parcourant de la base au sommet pour y chercher sa nourriture, qui consiste en araignées et leurs œufs. J'ai tué plus de trente de ces oiseaux, tant dans la Côte-d'Or que dans les environs de Besançon, sans en avoir rencontré un seul avec la gorge noire. Plus heureux que moi, M. Brocard en a tué un en janvier sur les rochers de la route de Morre, qui portait cette tache. À mon avis, celte plaque noire ne doit appartenir qu'à de très vieux mâles; et comme je l'ai observé pour la bergeronnette boarule, il n’est pas nécessaire que l’époque des amours soit arrivée pour qu'ils en soient revêtus, FAMILLE XV. UPUPIDÉS. GENRE UNIQUE. — Huppe (Upupa). 145. — H. VULGAIRE (U. epops, Linn.). C’est un oiseau bien connu, dont le nom vulgaire — 122 — est Boubotte. Orné d’une belle huppe qu’il déploie à volonté, et paré d’un plumage distingué, il est des plus gracieux quand il se promène à terre à la recherche des vers dont il fait sa principale nourriture. Il dé- tourne adroitement leurs fientes et enfonce son bec dans la terre pour les atteindre. Quand il en a saisi un, il l'amène lentement au dehors et par petites se- cousses, puis il le frappe à coups de bec et le jette à quelques pouces en l'air pour le recevoir dans sa gorge. Il est obligé de procéder ainsi, sa langue très courte ne lui permettant pas de faire arriver sa proie jusqu’au fond du bec, Il niche dans les trous naturels des arbres, ou dans les crevasses des rochers et les trous des murs. On a prétendu que cet oiseau tapissait son nid d’ex- créments humains et d’autres matériaux infects. C'est une erreur ;-les œufs sont déposés à nu au fond du trou, que ce soit dans un arbre creux ou sur de la terre, ou dans un mur; mais il est très vrai que ce trou exhale une odeur repoussante et indéfinissable, qui saisit à tel point le nez et la gorge, qu'on ne peut la supporter un quart de minute. J'en ai fait plusieurs fois l'expérience. Les auteurs prétendent que cette odeur est tout simplement due aux déjections des jeunes; mais les observations que j'ai pu faire sur huit nids m'empêchent d’être de cet avis. Tout d’abord, il n’est pas nécessaire qu'il y ait des jeunes pour que cette odeur se manifeste, puisque pendant l'incubation elle s’est déjà développée dans toute sa force. Ensuite je n'ai pas plus trouvé de dé- jections dans ce nid que dans ceux des autres oiseaux, dont les parents ont le soin d'enlever les fientes dès qu'elles sont produites. — 123 — F. — Passereaux syndactyles. FAMILLE XVI. MÉROPIDES. GENRE I. — Guêpier (Merops). 146. — G. VULGAIRE (M. apiaster, Linn ). Très rare dans nos contrées. Je ne connais d’autre capture que celle d'un sujet tué près de la gare de Besancon, le 14 juillet 1872, et monté par M. Cons- tantin. GENRE Il. — Rollier (Coracias). 147. — R. COMMUN (C. garrula, Linn.). Un jeune mâle m'a été envoyé de Ray-sur-Saône, il y a quelques années. Il avait été tué sur un peu- plier pendant qu'il était occupé à manger des che- nilles du bombyx de cet arbre. Deux autres individus ont été tués près de Saint-Vit (Doubs). (Renseignement communiqué par M. Cons- tantin.) Tête et cou d’un bleu clair; dos roussâtre ; petites couvertures des ailes d’un bleu violet; deux plumes de la queue dépassant les autres; parties inférieures d’un bleu d’aigue-marine. FAMILLE XVII. ALCÉDINÉS. GENRE UNIQUE. — Martin-pêcheur (4/cedo). 148. — M.-P: ALCYON (4. ispida, Linn.). De tous les oiseaux de notre pays, c'est assurément celui qui est revêtu des plus brillantes couleurs. Elles — 124 — sont malheureusement la cause de la diminution tou- jours croissante de l’espèce. Quoique le moins nuisible des membres de la gent emplumée, il n’en à pas moins été mis hors la loi par je ne sais plus quelle autorité préfectorale qui l'avait rangé parmi les destructeurs de poisson. Il est vrai que c’est là sa seule et unique nourriture, mais quels poissons | Les jeunes de cet oiseau, observés dans le nid, offrent une particularité curieuse que je croyais leur “être propre ; mais j'ai appris depuis peu qu'elle appar- tenait aussi aux jeunes du guêpier vulgaire. On sait que le martin-pêcheur niche dans des trous qu'il creuse lui-même dans les berges des rivières, Si à l’époque où les jeunes sont déjà très forts, on par- vient, en prenant des précautions, à enlever la terre jusqu’au fond du trou, on est fort surpris de voir que les petits ne possèdent pas une seule plume, mais ont tout le corps couvert de tuyaux dans lesquels les plumes sont encore enveloppées, quoiqu’elles aient acquis toute leur longueur. Ce n'est donc que très peu de temps avant la sortie du nid que ces enveloppes se détachent spontanément, et que l'oiseau se trouve emplumé. J'ai pu non sans grand'peine parvenir à constater ce fait. G. — Passereaux fissirostres. FAMILLE XVIII. CHELIDONIDÉS. GENRE 1. — Hirondelle Hirundo). 149. — H. DE CHEMINÉE (H. rustica, Linn.). Depuis qu’on a pris l'habitude de couvrir les che- 150. — 151. — 151. — — 125 — minées de tuiles ou de les surmonter de tuyaux en terre ou en tôle, elle ne peut plus guère y nicher. Elle s'établit maintenant sous les hangars et jusque dans les chambres qui lui sont accessibles. Elle ne prend jamais domicile en dehors des villes et des vil- lages. Elle présente souvent des variétés d'un blanc pur ou jaunâtre. J'en ai vu une dont le roux de la gorge était remplacé par le plus beau rouge. H. DE FENÊTRE (4. urbica, Linn.). Elle n’est plus aussi commune qu'autrefois, ou du moins elle ne niche plus en aussi grand nombre dans les villes et les villages. Par contre, il y a des parois de rochers où l'on voit des groupes de centaines de nids, comme le grand banc qui se trouve sur la route de Pontarlier, à la sortie du village de Mouthier. H. DE RIVAGE (H. riparia, Linn.). Visite rarement les villages, où elle ne vient que pour chercher des plumes de poule dont elle garnit l'intérieur de son nid. Ce nid est placé au. fond d’un trou assez profond qu'elle creuse dans les berges des rivières ou plus souvent dans les trous de taupes mis à découvert par les éboulements qu’occasionnent les crues des rivières. Assez commune sur les bords de l’Ognon, où elle niche. H. DE ROCHER (A. rupestris, Linn.). Je ne mentionne cette espèce que sur l'assurance qui m'a été donnée par plusieurs personnes qu'elle avait été vue dans le département du Doubs. Un chasseur de Salins en a tué une près du fort Saint-André. ; M. Contessons, conducteur des ponts-et-chaussées, — 126 — m'a affirmé qu’elle nichait dans les rochers avoisi- nant la ville de Saint-Claude, et que de son jardin il en avait tué plusieurs. C’est tout ce que je sais de cet oiseau qui est commun en Savoie et en Piémont. GENRE II. — Martinet (Cypselus). 153. — M. NOIR ou DE MURAILLES (C. apus, Illig.). Très commun dans les villes et dans les villages où il y a de vieux châteaux. Son séjour parmi nous ne semble pas durer plus de trois mois. Cependant s’il quitte les lieux où il a niché, il ne faut pas croire pour cela qu'il ait disparu, car en août et en sep- tembre on en voit encore quelques-uns. Je dirai même que j'en ai vu passer une bande d'au moins cinquante individus le 40 octobre 1835, sur les chaumes d’Au- venay (Côte-d'Or). J'avoue avoir été très surpris de l’apparition de ces oiseaux, et je crois ce passage tout à fait accidentel. Le nid de cet oiseau, établi dans les trous de mu- railles, mérite une courte description. Il est formé de brins de paille très courts, réunis et aggluiinés au moyen d'une substance que l'oiseau doit lui-même produire, Il est légèrement concave et à claire-voie, et assez résistant pour qu'on puisse l'enlever sans le briser. Il ressemble alors à un petit panier. Je dois ces renseignements à un sonneur de l’église Saint-Pierre de Besançon. 154. — M. À VENTRE BLANC (C. alpinus, Temm.). Très rare. Je ne l'ai rencontré dans le département du Doubs que sur les rochers de Mouthier, à quelque distance de la percée ; c'était au mois de juillet 1850. Il y en avait cinq ou six couples. Comme la saison était déjà avancée pour ces oiseaux, je n'ai pu m'as- 155. — — 127 — surer s'ils étaient sédentaires dans cette localité ou s'ils n’y étaient que de passage. Deux ont été tués à la source de la Loue le 16 avril 1873. (Renseignement communiqué par M. Constan- tin.) Je l’ai vu en Bourgogne, dans la combe de Nolay où il niche, et où j'en ai tué quelques-uns (1). GENRE III. — Engoulevent (Caprimulqus). E. ORDINAIRE (C. europæus, Linn.). C’est un oiseau solitaire. À part le temps de la re- production, on le rencontre toujours seul. Je ne lui connais pas d'autre cri que celui qu'il fait entendre pendant la saison des amours, et qu’il répète pendant des heures entières, perché sur une branche, dans le sens de sa longueur. Dans tout autre moment, il se tient à terre. C’est aussi sur le sol et sans aucune préparation qu'il dé- pose ses œufs. S'il est dérangé pendant l’incubation, il les transporte ailleurs, mais seulement à quelques mètres. Au crépuscule, il se met en chasse de papillons de nuit, qu'il saisit en volant et qui constituent son unique nourriture. À la fin de septembre, on n’en voit plus. (1) Voir notre Catal., p. 59. (Note de l'Editeur.) 156. — 157. — — 128 — ORDRE III. PIGEONS. FAMILLE UNIQUE. COLOMBIDÉS. GENRE UNIQUE. — Pigeon (Colomba). C. RAMIER (C. palumbus, Linn.). Nichent en petit nombre dans nos forêts en plaine, mais plus communs en montagne. Ils nous arrivent du Nord au mois d'octobre par grandes bandes. Si les glands ou les faines sont en abondance, ils séjour- nent dans les forêts ; dans le cas contraire, ils s’abat- tent sur les champs nouvellement ensemencés, où ils sont très difficiles à approcher. A leur retour au mois de mars, les bandes en sont réduites au moins de moitié, ce qui n'étonne pas quand on a assisté aux destructions prodigieuses de cet oiseau qui se font dans le Midi et dans l'Ouest de la France. C. COLOMBIN (C. œnas, Linn.). Plus petit et moins commun que le précédent, il en diffère aussi par les habitudes. Il niche dans les trous des vieux arbres vermoulus, et cherche sa nourriture dans les champs et non dans les bois. Son passage d'automne commence aussi plus tôt, presque immédiatement après celui de la tourte- relle. l Il niche très rarement dans nos départements. Dans ma jeunesse, j'en ai pris un nid à Port-sur-Saône, dans le creux d'un hêtre, et, depuis, je n’en ai jamais retrouvé. 158. — 159: — Mon — C. BISET (C. livia, Briss.). C'est le pigeon qui peuple nos colombiers et que nous appelons fuyard. Il est extrêmement rare de le rencontrer à l’état sauvage, dans nos contrées et même dans les Pyrénées, à l'époque de son passage. J’ai consulté plusieurs chasseurs à cet égard, et un seul m'a dit en avoir pris une petite troupe Composée de douze ou quinze individus. GC. TOURTERELLE (C. turtur, Linn.). Commune dans nos bois où elle niche. Elle arrive dans les premiers jours de mai pour repartir à la fin d'août. Après le 15 septembre, on ne rencontre plus . que quelques jeunes provenant de couvées tardives, ou quelques individus malades. Dans notre pays, son départ n'a pas lieu par grandes bandes, tandis que dans les Landes et dans la Gironde, c'est par volées nombreuses qu'on la voit longer le golfe de Gascogne pour entrer en Espagne par les Pyrénées. Très grasse à ce moment, c'est un excellent gibier. On la prend au filet sur les bords de la mer, où elle vient avaler du sable imprégné de sel. ORDRE IV. GALLINACÉS. FAMILLE I. TÉTRAONIDÉES. GENRE UNIQUE. — Tetras (Tetrao). 160. — T. AUERHAN (7. urogallus, Linn.) ou Coq de bruyère. C'est, avec la gelinotte, le seul oiseau du genre qui habite nos départements. J'ai bien entendu dire que 9 161. — — 130 — le birkhan s'y trouvait aussi, mais je n'ai pu en acquérir la preuve positive. C'est un magnifique gibier, que j'ai voulu chasser ; mais il n’est pas commun, et les localités où 1l se tient ne sont pas sans dangers pour le chasseur qui ne connait pas le pays. Cependant, comme j'avais pour guide un homme du métier, nous sommes parvenus, après deux jours de fatigues, à tuer un jeune mâle. Je dois ajouter que mon inexpérience, et surtout la crainte de tomber dans les lésines (crevasses dans le roc), sont les causes de notre peu de succès. Le grand coq de bruyère (c'est son nom vulgaire) mange plu- sieurs sortes de baies, des bourgeons et de jeunes pousses d'arbres alpestres. T. GELINOTTE (T. bonassia, Linn.). Habite la montagne et les forêts de la plaine. Il est rare dans la partie basse du département du Doubs, tandis qu'il est commun dans l'arrondissement de Vesoul; on peut même dire qu'il est répandu dans toute la Haute-Saône. Depuis quelques années, on le rencontre même dans des localités où on ne l’a- vait jamais vu. Deux ont été tués dans les environs de Marnay, l’an dernier (1873). Deux autres m'ont été apportés au mois d'octobre de cette année (1874); ils avaient été tués dans le bois de Burgille où on ne l'avait encore observé qu’une fois. Avis aux chasseurs qui ne connaissent pas cette chasse : la gelinotte part comme la bécasse, mais avec plus de bruit et de rapidité; si le chasseur, après avoir battu le terrain où il la croit remisée, ne la re- lève pas, il devra examiner avec soin les gros chênes des environs; c'est là qu'il la découvrira immobile, couchée dans le sens de la longueur d’une grosse branche, FAMILLE II. PERDICIDÉS. GENRE UNIQUE. — Perdrix {Perdrix). 162. — P, GRISE (P. cinerea, Briss.). Commune dans les plaines des deux départements; plus rare en montagne. Les chasseurs en signalent une autre espèce qu'ils nomment Perdrix de passage. Elle ne différerait du type que par sa taille plus petite et par ses pieds jaunes. Je ne l'ai jamais vue. J'ai été, au mois d'août 1870, témoin d’un acte de courage dont je ne croyais pas notre perdrix capable. Une compagnie traversait au vol la prairie de Burgille, quand un hobereau vint fondre sur elle. S'abattre et se cacher dans l'herbe, fut pour les per- drix l'affaire d’une seconde. Mais le faucon en ayant aperçu une, se précipita sur elle pour la saisir. Le père et la mère se lancèrent alors à sa rencontre à plusieurs reprises, et réussirent à le mettre en fuite. Pareil fait s'était passé sous mes yeux en 1834 dans les rochers de Saint-Sernin-du-Plain ; mais les héros étaient cette fois deux perdrix rouges qui défendirent courageusement, contre une cresserelle, leurs jeunes qui n'avaient que quelques jours. 163. — P. ROUGE (?. rubra, Briss.). Très rare dans notre pays. Je ne connais qu'une seule localité où, chaque année, on en tue quelques individus; c’est le bois qui se trouve sur le plateau de Montfaucon, près Besancon. La perdrix rouge n'est pas un oiseau de passage, mais elle est très sujette à changer fréquemment de cantons. 164. — 132 — Dans une même compagnie, on trouve quelques sujets de très forte taille, et d’autres qui ne sont pas plus gros que des perdrix grises. Les chasseurs don- nent aux premiers le nom de bartavelles, espèce qui ne se trouve jamais dans nos contrées. On la rencontre plus souvent que la grise dans les localités boisées; mais elle habite la plaine comme la montagne, témoins les Landes et les plaines de la Beauce. Elle se perche souvent. - P. CAÏILLE (P. cothurnix, Linn.), La caille est un oiseau dont le passage est plus ou moins abondant suivant les années, mais régulier. Comme il y a des années tardives, il en résulte qu’on en voit jusqu à la fin d'octobre. Je me souviens d'en avoir tué une le jour de la saint Nicolas (6 dé- cembre). ORDRE V. ÉCHASSIERS. A.— Echassiers pressirostres. FAMILLE I. OTIDÉS. GENRE I. — Outarde (Otis) 165. — O. BARBUE (0. tarda, Linn.). Ayant habité et parcouru la Champagne pendant cinq ans, j'ai pu observer cet oiseau dans bien des circonstances , car tous les hivers on en voit quelques troupes, et les marchands de gibier en apportent sur le marché de Châlons-sur-Marne. — 133 — Il n’y a pas pour l’outarde de mode de chasse par- ticulier, et ce n’est que par hasard, et en rampant des kilomètres , que l'on parvient quelquefois à l’approcher à portée de fusil. J'ai employé tous les moyens que me suggérait mon ardeur de chasseur et d'amateur, et n’ai pu réussir que deux fois, en abat- tant un mâle de grande taille et une femelle. Après avoir blessé cette dernière, j'ai dû la poursuivre en- core quatre heures avant de pouvoir l’achever. C'était le jour de la translation des cendres de Napoléon à Paris, par un froid de 18 degrés et une neige de 40 centimètres. Elle niche en Champagne dans les seigles et les blés, mais non tous les ans. Il est même probable qu'elle cessera tout à fait, car ses couvées réussissent rarement. En mai 1841, on m'a apporté un mâle en plumage de noces, pesant vingt-huit livres, et un autre, au mois d'août de la même année, mais en pleine mue. Le plumage de noces de cet oiseau diffère de celui qu'il porte en hiver, par l'accroissement considérable qu'ont pris les plumes du cou, et par leur couleur, qui de blanc cendré est devenue d’un beau roux sur les parties latérales. Le cou lui-même a triplé de vo- lume par suite du développement de glandes grais- seuses, qui à sa base forment une masse d'environ soixante centimètres de diamètre. Je crois que l'oiseau peut à volonté en augmenter ou en diminuer l’am- plitude. Dans cet état, les longues plumes effilées et à barbes isolées qui ornent les côtés de la gorge ont Jusqu'à vingt centimètres de longueur. Une autre particularité à signaler, mais qui se pré- sente eu toute saison, c'est que la base duvetée de toutes les plumes de cet oiseau est d’un beau rouge lie de vin. = 184 — L'outarde doit s'accoupler de bonne heure; car me trouvant un jour du inois de février dans un poste télégraphique, j'en ai observé des troupes se livrant à des évolutions excentriques, semblables à celles du dindon, telles que battement d'ailes, étalage de la queue, etc. Elle n’habite pas uniquement les plaines, puisqu'on en voit quelquefois dans des lieux très accidentés. Il y à une quinzaine d'années, j'en ai trouvé une sur le marché de Besançon, mais je n'ai pu savoir sa prove- 166. — nance : elle est au musée de cette ville. En 1868, on en à tué une près de Faverney (Haute-Saône) : elle fait partie de la collection de M. Grandbesançon, à Breurey. O. CANEPETIÈRE (0. tetrax, Linn.). Beaucoup plus petite que la précédente à laquelle elle ressemble par le plumage et par les habitudes. Il est cependant rare d’en voir plus cinq ou de six ensemble, même pendant les nichées. J'en ai tué quelques-unes dans le département des Landes, où elle niche. C’est à l'époque des amours que le mâle fait entendre son cri prout, prout, répété à satiété. Son vol ressemble à celui du canard sau- vage. Elle est de passage accidentel dans nos départe- ments. On m'en a apporté une le 28 octobre dernier (1873). Elle avait été tuée dans un champ couvert de chardons, près de Burgille, — 135 — FAMILLE Il. CHARADRIDÉS. GENRE I. — (Œdicnème {Œdicnemus). 167. — OE. CRIARD /CŒÆ. crepitans, Temm.). Rare dans nos contrées. Je ne l'ai vu qu'une seule fois sur les terrains incultes situés entre les villages d'Avrigney et de Charcenne. Il habite ordinairement les terrains sablonneux ou couverts de bruyères et éloignés des eaux, Son cri, qu'il fait entendre la nuit plutôt que le jour, ressemble à celui du courlis cendré, ce qui lui a valu le nom de courlis de terre. Il est commun dans la Champagne pouilleuse, mais on en tue fort peu au fusil. J'ai connu un bra- connier de Châlons qui les prenait de la manière sui- vante : Muni d’une quarantaine de lacets en crin, dont * chacun d’eux était fixé à un morceau de bois aiguisé pouvant se piquer en terre, il parcourait la plaine à la recherche de ces oiseaux. Lorsqu'il en avait fait lever une bande, il remarquait exactement leur re- mise et allait tendre ses collets à l'endroit même d’où la troupe était partie. Faisant ensuite un grand dé- tour, de facon à ce que les oiseaux se trouvent entre lui et les piéges, il les faisait repartir, et presque tou- jours ils revenaient à l'endroit où ils avaient été levés la première fois. Cette manœuvre exécutée, il atten- dait une heure ou deux et allait ramasser les prison- niers. Il m'a assuré que que quand la bande était composé d’une trentaine d'individus, il était à peu près sûr d'en prendre dix ou douze. 168. — 169. — — 136 — GENRE II. — Pluvier /Charadrius). P. DORÉ (Ch. pluvialis, Linn.). Assez commun. Il est de passage au printemps et à l'automne dans notre pays. Il se tient indistincte- ment dans les champs et dans les prairies. Comme 1l niche dans le Nord, nous ne le voyons jamais dans son beau plumage de noces, à moins d'employer le moyen dont je me suis servi pendant mon séjour à Châlons-sur-Marne. Dans ce pays, où on le chasse avec le filet à nappes, j'allais trouver les chasseurs à la fin de mars, et je choisissais parmi les captifs ceux dont le plumage était le plus avancé. Je leur arra- chais quelques plumes d’une aile, puis je les lächais dans mon jardin. Dès les premiers jours de juin, leur plumage était parfait. J'ai employé le même moyen pour les Combat- tants. Les pluviers deviendraient très promptement fami- liers. Leur nourriture consiste en vers; ils acceptent même très bien la mie de pain trempée dans de l’eau. ” Dans mon jardin ils s’occupaient sans cesse à cher- cher les insectes, les limacons et les vers. Quand on y travaillait, ils ne quittaient pas les ouvriers : chaque pelletée de terre retournée était immédiatement visi- tée, et les plus petits insectes saisis et avalés. P. GUIGNARD (Ch. morinellus, Linn.). Plus petit que le précédent, et beaucoup plus rare. Ceux que j'ai tués ou que j'ai pu rencontrer sur les marchés étaient toujours des jeunes. Cependant, j'ai vu à Vesoul, dans une petite collection appartenant à M. Gillard, deux sujets parfaitement adultes. 170. — GRAND P. À COLLIER (Ch. hialicula, Linn.). On en voit rarement d'individus vieux sur les — 137 — bords de nos rivières; mais au passage d'automne, les jeunes y sont très communs. On le distingue de l'espèce suivante par sa plus grande taille, par son bec qui est moitié jaune et moitié noir, et par ses pieds de couleur orange. {[71. — PETIT P. A COLLIER (Ch. minor, Meyer et Wolf). Plus commun que le précédent. I niche sur les graviers de nos rivières, où il serait même très abondant si ses couvées n'étaient pas dé- truites le plus souvent par les inondations du prin- temps. Les œufs sont simplements déposés dans un petit creux, parmi les cailloux et les coquilles avec lesquelles ils se confondent. Les jeunes peuvent courir en sortant de l’œuf. Son nom vulgaire est graveline. GENRE IIT. — Huitrier (Hæmatopus). 172. — H. PIE (Æ. ostralogus, Linn.). C’est un oiseau des plages maritimes, dont l’appa- rition dans notre pays est rare. On le voit quelquefois sur les grèves de la Saône, où un chasseur en a tué un au mois de mars 1861. Il y en avait plusieurs en compagnie de vanneaux. GENRE IV. — Vanneau /Vanellus). 173. — V. PLUVIER ou V. SUISSE (V. melanogaster, Bechst.). Très rare dans nos départements où l'on ne voit que des jeunes. Un chasseur de Burgille m'en à ap- porté un au mois d'octobre 1869. Il paraît habiter de préférence les bords de la mer et l'embouchure des fleuves. 174. — HUPPÉ (V. cristatus, Meyer). Je connais peu de localités où le passage de cet — 138 — oiseau soit aussi considérable que dans la vallée de l'Ognon; et si la chasse au filet à deux nappes y était permise comme en Champagne, je suis convaincu qu'un chasseur de profession pourrait gagner ainsi de 1,000 à 1,200 fr. pendant les deux passages, c'est- à-dire dans l’espace de trois mois. J'ai assisté bien des fois à cette chasse aux environs de Châlons-sur-Marne. Je ne la décrirai pas parce que cela m'entraînerait trop loin; mais en deux mots, et pour faire comprendre combien elle est fructueuse, je dirai que j'ai vu prendre souvent cinquante à soixante vanneaux d'un seul coup de filet. Le chasseur Jeannard, près duquel je me placais de préférence, m'a assuré en avoir couvert cent-vingt d'un coup. | Tous nos échassiers de taille moyenne se prennent à cette chasse; je dis de taille moyenne, parce que les petites espèces peuvent s'échapper à travers Les mailles du filet, dont la dimension est de sept à huit centi- mètres. Le vanneau s'habitue facilement à la captivité. Il y a peu de jardins à Châlons où l’on n’en garde pour détruire les vers et les insectes. Pendant le jour ils ne craignent pas les chats; mais on les enferme la nuit dans de petites cabanes cons- truites à cet effet. — 139 — PB. — Kchassiers cultirostres. FAMILLE III. GRUIDÉS. GENRE UNIQUE. — Grue (Grus). 175. — G. COMMUNE (G. cinerea, Bechst.). Les grues passent régulièrement en France par bandes plus ou moins nombreuses. A la/fin d'octobre elles se dirigent de l’est à l’ouest. A cette époque, elle s'abattent sur les champs ense- mencés. À la fin de mars, elles remontent vers le nord, et elles s'arrêtent dans les prairies étendues. On ne les approche toujours que très difficilement : aussi, malgré leur grand nombre, on n’en tue que fort rarement. La plupart des chasseurs et des habitants de la campagne les confondent avec les cigognes et les oies sauvages. Il est facile d'éviter cette méprise. Le passage de la cigogne a lieu à la fin d'août, et celui de la grue à la fin d'octobre. La première ne fait entendre aucun cri, soit qu'elle vole, soit qu’elle soit à terre. La seconde, au contraire, ne cesse de lancer un cri très sonore, suivi de temps en temps d’un sifflement isolé très aigu, et qu’on perçoit lors même que la bande est à perte de vue. L’oie sauvage passe en novembre et décembre; son cri est le même que celui de l’oie domestique. — 140 — FAMILLE IV. ARDÉIDÉS. GENRE I. — Héron (Ardea). 176. — H. CENDRÉ (4. cinerea, Linn.). Il y a peu d'années, ce héron était assez commun sur les bords de l'Ognon. Aujourd’hui on n’en voit presque plus. Je n’en ai jamais vu en aussi grande quantité que sur les bords de la Marne, surtout dans son parcours de Châlons à Epernay. Leur abondance sur ce point est probablement due à la héronnière de M. de Sainte- Suzanne, située à Ecury, près des vastes marais de Jalons. Cette héronnière n’est autre chose que la réu- nion de quarante à cinquante chênes plusieurs fois séculaires, qui forment une belle allée près du chà- teau. Depuis des siècles, ces arbres abritent annuel- lement de vingt à vingt-cinq nids de hérons. Ces nids sont soigneusement gardés, et les pontes réussiraient presque toutes sans la corneille noire qui en détruit une grande quantité. Je tiens ce dernier détail de M. de Sainte-Suzanne lui-même. J'ai compté jusqu'à cinq nids sur le même arbre. Ils se composent d'un amas de petites branches, et l'intérieur est garni de jonc. 177. — H. POURPRÉ (4. purpurea, Linn.). Beaucoup plus rare que le précédent. J’en ai vu un qui avait été tué à Buthier, sur l'Ognon, et un chas- seur de Pagney m'en à apporté un autre Le 46 avril 1866; c'était une femelle. Ses habitudes se rapprochent beaucoup plus de celles du butor que de celles du héron cendré. Comme — 141 — le premier, il se tient dans lés roseaux touffus dont il ne part pas facilement. Niche dans les marais boisés, mais non en troupes. 178. — H. AIGRF®TE (4. egretta, Linn.). Je n'ai que de bien faibles indices du passage de cet oiseau dans notre pays. Ge sont les suivants : Traversant un jour la prairie de Marnay, j'apercus à quelques centaines de mètres une tache blanche d’une certaine étendue. M'étant dirigé sur ce point, je reconnus qu’un oiseau de grande taille et entière- ment blanc avait élé dévoré là par un oiseau de proie ou par des corbeaux. Les seules parties caractéris- tiques restées sur place se composaient des grandes pennes des ailes et de quelques plumes filamenteuses propres à cette espèce. 179. — H. CRABIER 4. comata, Pall.). Très rare. Un individu a été tué à Pagney, il ya quelques années, et monté par M. Constantin. Un autre a été vu l'été dernier (1873) sur les graviers du eué de Marnay ; mais, attendu le voisinage de la gen- darmerie, personne n'a osé le tirer. Cet oiseau est remarquable par sa huppe formée de huit à dix plumes effilées, d’un blanc liséré de noir, qui retombent en arrière jusqu'à la naissance du cou. 180. — H. BUTOR (4. stellaris, Linn.). Assez commun. — On le voit tous les ans sur les bords de l’Ognon, mais le plus souvent en automne. Très gras à cette époque, c’est alors un assez bon manger. Il se tient dans les roseaux, d'où il ne part que dif- ficilement. Le dernier que j'ai tué avait dans le gésier deux rousses, dont chacune avait dix-huit centimètres de long. 181. — 182. — 183. — — 142 — H. BLONGIOS (4. minuta, Linn.). Le plus petit du genre. Il est assez commun sur les bords de l'Ognon, où il niche, soit dans les roseaux, soit dans les gros buissons qui penchent sur l’eau. Au- tant sa démarche est lente et embarrassée sur la terre, autant il est vif quand il parcourt un massif de ro- seaux. Il ne saute pas d’une tige à l’autre, mais il les saisit l'une après l’autre avec ses doigts, à la manière des perroquets. Lorsqu'il est posé dans l’intérieur d’un buisson, il se laisse approcher d'assez près pour qu'on puisse l’assommer d'un coup de rame. Il se tient alors im- mobile, le cou allongé et la tête relevée, espérant qu'il ne sera pas apercu. H. BIHOREAU (4. nycticorax, Linn.). Rare. On peut le rencontrer en toute saison, le plus souvent perché sur les peupliers, et se laissant facile- ment approcher. En 1846, j'en ai observé un depuis le poste télé- graphique de Maxilly, qui, en moins d’une heure, a pris une vingtaine de souris. Il se promenait à tra- vers les chaumes, puis restait immobile pour guetter sa proie, sur laquelle il se précipitait. Deux de ces oiseaux m'ont été envoyés des bords de la Saône. GENRE Il — Cigogne (Ciconia). C. BLANCHE (C. alba, Briss.). Cet oiseau, si commun autrefois, devient de plus en plus rare, non-seulement à son passage, mais encore dans les pays où il niche habituellement. En Alsace, par exemple, il y avait peu de villes entre Mulhouse et Strasbourg dont les clochers ne fussent surmontés d'un nid de cigogne. Strasbourg à lui seul en possédait au moins dix nids,et il yen a quatre au plus aujourd'hui. 184. — — 143 — Il y a sept ou huit ans, un couple de ces oiseaux a passé la nuit sur le faîte du toit de ma maison. Le matin, malgré la présence de nombreux curieux, elles se sont mises à faire leur toilette, qui n’a pas duré moins de deux heures. Enfin, à huit heures, après quelques claquements de bec, elles ont disparu. C. NOIRE (C. nigra, Bechst.). Cette cigogne ne paraît que fort rarement chez nous. Un individu jeune a été tué, il y a plusieurs années, par le maître de poste de Recologne. Un autre, tué à Pin-l'Emagny en 1866, par M. Raguet, de Marnay, m'a été donné par ce chasseur. Enfin un troisième a été tué dans les marais de Saône, près Besançon, le 18 septembre 1862. Cette espèce ne niche pas sur les maisons, comme la précédente. C'est dans les grandes forêts, sur les pins etles sapins les plus élevés, qu’elle établit son nid. C. — Echassiers longirostres. FAMILLE V. SCOLOPACIDÉS. GENRE I. — Ibis (bis). I. FALCINELLE (J. falcinellus, Linn.). C'est à peine si depuis cinquante ans on compte trois ou quatre apparitions de cet oiseau dans nos dé- partements. En 1825 ou 1826, on en a tué sur la Saône, entre Auxonne et Saint-Jean-de-Losne. Un de ceux-là m'a été envoyé lout monté par M. Charles, d’Auxonne. En 1861, quatre ont été observés entre Gray et Apremout. C’est probablement de cette petite bande 186. — 187. — 188. — 189. — — 144 — que provient le sujet envoyé à cette époque au musée de Dijon. GENRE Il. — Courlis (Vumenius). C. CENDRÉ (NW. arcuata, Linn.). Tous les ans, au mois d'août, il est de passage dans la vallée de l’'Ognon. Comme à cette époque la chasse n’est point encore ouverte, on ne peut pas en tuer. Ce n’est qu’à son retour, en mars, qu'on en atteint quelques-uns. On l'approche difficilement; et ce n'est que caché dans une hutte de roseaux que je parve- nais, mais rarement, à en abattre. C. CORLIEU (W. phæcophus, Lath.). Plus petit que le précédent, dont il diffère en outre par la tête qui est traversée longitudinalement par une bande d’un blanc jaunâtre, accompagnée de chaque côté par une bande brune. Il est rare dans l'intérieur des terres. J’en ai tué plusieurs sur le bas- sin d'Arcachon et un à Port-sur-Saône GENRE II. — Barge (Limosa). B. A QUEUE NOIRE [L. ægocephala, Linn.). Rare dans nos contrées, où elle est connue sous le nom de bécasse d'eau. Elle se tient plutôt dans les endroits vaseux que sur le sable. On en à tué sur les bords de l’Ognon et de la Saône. B. ROUSSE (L. rufa, Briss.). Plus petite que la précédente. Rare en tout temps. J’en ai trouvé au mois de septembre un jeune indi- vidu en plumage d'hiver sur le marché de Besançon. Sa queue est rayée de bandes noires et blanches. Ce caractère suffit à la distinguer à première vue de la précédente, dont la queue est complétement noire. — 145 — GENRE IV. — Chevalier (Totanus). 190. — C. ABOYEUR (T. glottis, Temm.). C'est le plus grand du genre. Il se distingue de ses congénères par son bec gros, robuste et légèrement retroussé. [Il est assez commun sur nos rivières à son double passage, et surtout sur les graviers de la Saône, où il vient chercher sa nourriture consistant en très petits poissons. J'en ai ouvert un dont le gésier contenait au moins trois Cents poissons, mais ne dé- passant pas un centimètre de longueur. Comme les autres représentants du genre, c’est un gibier plus que médiocre. 191. — C. ARLEQUIN (7. fuscus, Linn.). De passage périodique le long de nos rivières, mais plus commun en septembre qu’en mars. En au- tomne, il porte une livrée cendrée, rayée de noir sur le dos, avec les parties inférieures d’un blanc pur. Au printemps, le dos est noirâtre, et chaque plume est marquée d'un point blanc en forme de croissant; les parties inférieures sont d’un cendré noirâtre. En hiver, pieds d’un rouge vif. 192. — C. AUX PIEDS ROUGES ou GAMBETTE (T. cali- dris, Linn.). À son passage d'automne , il ressemble beaucoup au précédent. Il est cependant un peu plus petit et ses pieds sont d’un rouge plus pâle. Au printemps, on ne peut plus les confondre, le gambette ne prenant jamais de noir aux parties inférieures, qui sont d’un blanc pur avec une raie brune sur le milieu de chaque plume. La moitié du bec et les pieds sont alors d’un rouge vermillon. Commun. 193. — C. CUL-BLANC (T. ochropus, Linn.). Très commun en septembre et à la fin de mars. Il 10 194. — — 146 — se tient sur les bords escarpés des rivières, des ruis- seaux, et même dans les fossés boueux qui servent à assainir les prairies. Il est plus petit que le gambette. I doit son nom à la couleur de sa queue, qui est en- tièrement blanche sur les trois quarts de sa longueur. Son plumage d'été diffère très peu de celui d'hiver. C. SYLVAIN (T. glareola, Linn.). Un peu plus petit que le cul-blanc, auquel il res- semble à l'exception de la queue qui, chez le sylvain, est transversalement rayée de bandes brunes et blan- ches dans toute sa longueur. Ses habitudes aussi ne sont pas les mêmes. C’est rarement qu'on le rencontre sur les bords des lacs et des rivières. Il hante de préférence les mares situées dans les bois. C'est là qu'il m'est arrivé d’en tuer deux, étant à la chasse à la glu. Il est rare dans nos contrées. C. GUIGNETTE (T7. hypoleucos, Linn.). Plus petit que le sylvain, il est excessivement com- mun sur les bords de l’'Ognon où il niche. Je ne sau- rais affirmer si les autres espèces du genre ont la faculté de nager et de plonger, mais pour celui-ci, j'ai été plusieurs fois témoin du fait. Si un de ces oiseaux est démonté et tombe dans la rivière, il gagne en nageant la rive opposée au chasseur; et si le chien va pour le saisir, il plonge avec la promptitude d’un grèbe, pour reparaitre à plusieurs mètres. C'est aussi en se précipitant dans l’eau et en plongeant qu'il échappe à l’épervier. Les jeunes, qui ne volent pas encore, se dérobent de la même façon à la poursuite de leurs ennemis. J'ai fait la mème observation que M. Brocard rela- tivement à l'habitude qu'ont ces oiseaux de se ras- sembler en assez grandes bandes au coucher du soleil, 196. — 197. — — 147 — puis de s'élever en criant à une grande hauteur, pour ensuite disparaître, sans que l’on sache ce qu'ils sont devenus. Ils nous quittent à la fin d'août ou dans les pre- miers jours de septembre. [ls sont alors très gras, mais ne sont pas meilleurs pour cela. GENRE V. — Combattant (Machetes). C. ORDINAIRE (M. pugnaæ, Linn.). Rien de plus variable que le plumage de cet oiseau. Sur vingt sujets tués avec la livrée de noces, il est difficile d'en trouver deux semblables. Le dos est varié de diverses couleurs. Les belles plumes formant la large fraise qui garnit les côtés du cou offrent des nuances tellement variées chez les divers individus qu'on peut observer, qu’il est impos- sible d'en donner la description. I n'est pas rare chez nous à son double passage. Il voyage souvent de compagnie avec les vanneaux. GENRE VI. — Bécasse (Scolopax). Section A. — BÉCASSE PROPREMENT DITE. B. ORDINAIRE ({(S. rusticola, Linn.). On pourrait dire que la bécasse est un oiseau séden- taire chez nous, puisqu'’en toute saison on la rencontre dans nos bois. Il est vrai qu'elle y niche en petit nombre ; mais à ses deux passages, elle est assez abondante, et il en reste toujours en hive: La limite extrême de ses voyages dans le Midi ne me paraît pas être très reculée; car les départements des Landes et de la Gironde én fourmillent, pour ainsi dire, pendant une partie de l'hiver. Elles y arri- vent dans la dernière quinzaine de novembre; pour disparaître en totalité au commencement de janvier, — 148 — suivant que la température est plus ou moins élevée. Se dirigent-elles alors vers l'Espagne ou vers les parties plus méridionales de la France, c'est ce que j'ignore. Mais ce qui est positif, C'est qu'on n’en voit plus, et que le passage de février et mars, ordinaire chez nous, ne se fait pas dans ces départements. Peu de chasseurs connaissent les différences qui existent entre les mâles et les femelles de ces oiseaux. : Les mâles ont le bord externe des barbes de la pre- mière rémige couvert de taches brunes sur fond blanc. Les femelles portent un liséré blanc sans taches sur toute la longueur de ces barbes. Les fe- melles sont aussi plus petites. Je ne sais jusqu à quel point on peut ajouter foi au . dire des chasseurs qui affirment avoir vu des bécasses emporter des petits dans leurs pattes, pour les sous- traire à leurs ennemis. Section B. — BÉCASSINE. 198. — B. DOUBLE (S. major, Linn.). Excessivement rare, comparativement à la sui- vante, dont elle diffère par la taille et par la couleur des parties inférieures, qui, chez celle-ci, sont rayées de bandes brunes. Leurs passages ne se font pas aux mêmes époques. Ils ont licu, pour la bécassiue double, dans les der- niers jours de mars et dans les premiers de septembre. Dans ce dernier mois, elle se tient dans les regains, les colzas, les navettes et même dans les vignes, et, en mars, dans les marais et les tourbières. Elle ne fait entendre aucun cri en partant, mais un bruit d'ailes très accentué, En septembre, elle est excessivement grasse. 199, — B. ORDINAIRE (S. gallinago, Linn.). Cette espèce varie beaucoup comme taille. J'en ai 200. — 201. — 02. — — 149 — tué qui étaient presque aussi grosses que la précé- dente, et d’autres plus petites de moitié. De ces der- nières, on a fait une espèce nouvelle sous le nom de bécassine erratique, qui ne diffère de l’autre que par la taille, moins grande d'un quart, et par le nombre des pennes de la queue qui est de douze, au lieu de quatorze comme chez la bécassine ordinaire. J'avoue que je ne me suis jamais donné la peine de vérifier ce fait sur un grand nombre d'individus, ne regar- dant pas comme sérieux l'établissement de cette nou- velle espèce. B. SOURDE {S. gallinula, Linn.). C'est la plus petite de nos bécassines. Je ne sais pourquoi on lui a donné le nom de sourde. C'est peut-être parce qu'elle se laisse souvent approcher de très près. Cela n'arrive cependant que quand elle se croit bien cachée, car autrement elle part encore à bonne distance. Il nous en reste tout l'hiver; mais on ne la trouve alors que sur le bord des petits ruis- seaux, et non loin de leurs sources. GENRE VII. — Bécasseau (Tringa). B. COCORLI (T. subarcuata, Temm.). Assez commun sur les bords de la Saône à son pas- sage de septembre ; beaucoup plus rare à celui du printemps. Comme tous les oiseaux de ce genre, son plumage varie beaucoup d’une de ces époques à l’autre. En automne et en hiver, toutes les parties inférieures sont blanches, tandis qu'elles sont couleur de rouille en été. B. BRUNETTE ou VARIABLE (T7. variabilis, Mey.). Plus petit que le cocorli et aussi plus commun à son double passage. Pendant l'hiver, ses parties infé- 205 — — 150 — rieures sont blanches, souvent tachetées de noir, et en été, d'un noir profond. C'est cette espèce qu'on connaît sur nos côtes sous le nom d’alouette de mer, et dont on fait une si grande destruction en la chassant d'une facon des plus ori- ginales. Il faut être deux pour cette chasse. Le premier est muni d’un cercle de tonneau garni d'un filet, et d’un certain nombre de torches de paille. Le second ne porte qu'une clochette semblable à celles qui pendent au cou des vaches. Ils se rendent sur la grève à deux pas des flots; c'est là que ces oiseaux se tiennent, et la chasse com- mence. Le premier, tenant d’une main son cercle et de l’autre une torche allumée, marche en avant, éclai- rant le terrain. Le second le suit à trois pas, agitant régulièrement sa sonnette et se gardant bien de faire un seul canard. Attirés par le feu et étourdis par le bruit, Les oiseaux arrivent si près et en si grand nombre, que le chas- seur au cerceau peut en couvrir une douzaine ou deux d’un coup. J'ai assisté plusieurs fois à cette chasse, comme acteur; mais n'ayant aucune espèce de talent sur la sonnette, je me suis vu finalement congédié par mon compagnon. B. TEMMIA (T. Temminckii, Leisl.). Encore plus petit que le précédent et moins com- mun. Ses livrées d'hiver et d'été diffèrent considéra- blement. La première est d'un noir profond sur les parties supérieures, mais chaque plume est liserée de roux foncé; les parties inférieures sont roux clair, avec de petites taches noires. Il habite le bord des bois et des rivières, rarement les côtes maritimes. — 151 — 204. — B. ÉCHASSES (T. minula, Leisl.). De même taille que le précédent, avec lequel il voyage de compagnie. J’en ai tué beaucoup sur la Saône, où on l'appelle gri-gri, du cri qu'il fait en- tendre en volant. Son plumage d'hiver est cendré sur le dos, et blanc sur le ventre. En été, le dos devient noir, bordé de roux. Les tarses sont de deux lignes plus grands que ceux du précédent. 205. — B. PLATYRHINQUE (T. plaiyrincha, Temm ). Trouvé par M. Constantin sur le marché de Be- sançon. Il paraît fort rarement sur nos rivières. Il est reconnaissable à son bec très déprimé à la base, et un peu élargi à la pointe qui est toujours courbée. GENRE VIII. — Echasse (Himantopus). 206. — E. A MANTEAU NOIR (FH. melanopterus, Mey.). On voit accidentellement cet oiseau sur les bords de la Saône, et toujours en été. Je n’ai cependant jamais appris qu'il ait niché dans nos marais. J’en ai recu un, il y à quelques années, qui avait été tué à Conflandey par M. Guy. Il faisait partie d’une petite troupe de quatre ou cinq individus. GENRE IX. — Sanderling (Arenaria). 207. — S. VARIABLE (C. arenaria, Ilig.). Très rare. On le voit sur le bord de nos rivières, ou isolé, ou en compagnie du bécasseau cocorli. Un in- dividu a été tué, il y a quelques années, sur un des quais du Doubs, dans la ville même de Besancon. C’est un habitant des plages maritimes. — 152 — Genre X. — Tourne-pierre (Sirepsilas). 208. — T.-P. À COLLIER ($. collaris, Temm..). 209. — 10. — C'est un oiseau des bords de la mer, dont l’appa- rition sur les rives des fleuves de l’intérieur est extrê- mement rare. J'ai vu un individu isolé de cette espèce sur les bancs de sable qui séparent encore l’Ognon de la Saône, près du village d’Heuilley. J’en ai trouvé un autre sur le marché de Besançon. GENRE XI. — Phalarope (Phalaropus). P. HYPERBORÉ (P. hyperboreus, Lath.). C’est le plus petit de nos oiseaux nageurs, car sa longueur ne dépasse pas 16 centimètres. Ses doigts ne sont pas palmés comme ceux des canards, mais garnis de membranes festonées et dentelées sur leurs bords. Son apparition sur nos rivières est tout à fait acci- dentelle. Le seul que j'aie vu, provenant de notre pays, fait partie de la collection Grandbesançon à Breurey. Il avait été tué par cet amateur sur la rivière de la Lanterne, en 1860. Sa véritable patrie est l’Ecosse. P. PLATYRHINQUE (P. platyrinchus, Temm.). Plus grand que le précédent, dont il diffère encore par les caractères suivants : bec déprimé dans toute sa longueur, queue longue et très étagée. Je n'ai jamais vu qu'une fois cet oiseau sur nos rivières; C'était au mois de décembre, à la suite d’un débordement de l’Ognon. Il m'a semblé égaré, car j'ai pu l’approcher à dix pas et l’observer pendant plusieurs minutes. Il fendait l’eau avec une extrême rapidité, cherchant à saisir des insectes à la surface. C’est un oiseau du nord de l'Europe. 211. — 212. — 213. — 214. — — 153 — D. — Echassiers macrodactyles. FAMILLE VI. RALLIDÉS. GENRE I. — Râle (Rallus). R. D'EAU (R. aquaticus, Linn.). C’est l'espèce que les chasseurs désignent sous le nom de grand rdle, ou râle à bec rouge. Il n’est pas rare, mais toujours isolé. C’est à la fin de l'automne qu'il se montre sur les rives boisées des rivières et des ruisseaux. On l'y voit même pendant tout l’hiver. R. DE GENÊT (R. creæ, Linn.). C'est l'oiseau connu de tous les chasseurs sous le nom de roi de caïlles. Quelques couples nichent dans nos prairies basses et humides ; on m'en a apporté des jeunes au moment de la fauchaison. Il y a des années où il est très commun, et d’autres où l’on en voit fort peu. Pendant les nichées, il ne s'éloigne pas des prai- ries; mais pendant la migration, on le rencontre par- tout. En sortant de l’œuf, les petits sont couverts d’un duvet noir. R. MAROUETTE (R. porzana, Linn.). Plus petit que le précédent. C’est le plus commun du genre. Il habite les marais, où il niche. Son nid est placé dans une touffe d'herbe, à un pied du sol environ. C’est le petit rale des chasseurs. R. POUSSIN (R. pusillus, Pall.). Beaucoup plus rare que le précédent, ii est aussi beaucoup plus petit. Le mâle diffère de la femelle en ce que, chez le premier, les parties supérieures sont — 154 — olivätres, chaque plume étant rayée de noir, et les inférieures d’un gris bleuâtre sans tache La femelle est d'un brun roussâtre en dessus, et cendré en dessous. Les pieds sont d’un beau vert clair. Habite les mêmes localités qne l'espèce précédente, mais niche rarement chez nous. 215. — R. BAILLON (R. Baillonii, Vieïl.). Cette espèce est encore plus pétite que le R. Poussin. Elle lui ressemble par les couleurs du plumage et leur distribution, mais ses aïles sont plus courtes ; son bec est vert, et ses pieds sont couleur de chair. La femelle ne diffère pas du mâle. Elle est rare dans nos marais; cependant j'en ai tué dans le temps des nichées, et j'en ai pris des jeunes dans les marais de Courchapon. GENRE Il. — Poule d’eau (Gallinula). 216. — P. D'EAU ORDINAIRE (G. chloropus, Lath.). La poule d'eau est encore assez commune sur les bords de l'Ognon, où elle niche dans les roseaux. Ce ne sont pas les chasseurs qui en font la plus grande destruction, mais bien les pêcheurs avec leur filet appelé grippe-tout. Ge filet est une nappe à triples mailles, ayant un mètre cinquante de hauteur et qua- tre-vingts mètres de longueur. On en entoure un massif de roseaux que l’on bat à coups de rames ou de perches pour faire entrer le poisson dans ce filet. Les oiseaux, qui partent difficilement, plongent et se prennent comme les poissons. GENRE III. — Foulque (Fulica). 217. — F. MACROULE (F. atra, Linn.). Elle passe tous les ans sur nos rivières, mais en — 155 — petit nombre. Son nom vulgaire est morelle. Elle est très commune sur les étangs couverts de roseaux où elle niche. Elle se réunit pendant l'hiver en troupes considérables sur les étangs salés des bords de la Mé- diterranée. Là, on l'appelle macreuse. ORDRE VI. PALMIPÉDES. A. — Palmipèdes longipennes. FAMILLE TI. LARIDÉS. GENRE I. — Stercoraire (Stercorarius). 218. — S. POMARIN ($. pomarinus, Vieïll.). L'apparition de cet oiseau, surtout à l'état adulte, est très rare chez nous. J’en ai reçu de Port-sur-Saône deux individus de jeune âge; et il y a quatre ou cinq ans, j'en ai vu un autre sur l'Ognon, au mois de novembre, mais n'ai pas pu le tirer. Dans cet état, son plumage est généralement d’un brun terne, chaque plume étant bordée de roux; les parties inférieures sont d’un brun cendré avec des ZigZAgs roux. 219. — S. PARASITE ({S. parasiticus, Linn.). Cet oiseau, parfaitement adulte, a été tué à Port- sur-Saône en 1838. L’ami qui m'en a fait cadeau m’a raconté qu'après lui avoir cassé une aile, il avait eu beaucoup de peine à s'en emparer, par suite du cou- 2 = — 156 — rage qu il déployait en se défendant contre son chien. La tête, le dos et les ailes sont d’une couleur brune ; la nuque, le cou et la poitrine d’un jaune ocre clair; les parties inférieures blanches. Les filets de la queue ont deux ou trois pouces. Longueur de l'oiseau sans les filets, 40 à 42 centimètres, et avec les filets, 70 à 72. Un jeune de cette espèce m'a été envoyé en 1837 ou 38 par M. Martin, notaire à Chambplitte. Il avait été abattu d'un coup de fouet par le conducteur d’une voiture faisant à cette époque le service de cette ville à Gray. Son plumage est d’un gris brun, parsemé de taches ou de raies jaunâtres, ou couleur terre sombre. Les membranes qui réunissent les doigts sont moitié blanches et moitié noires. GENRE Il. — Goëland (Larus). G. MARIN {L. marinus, Linn.). (Goëland à manteau noir de Temminck). Nous sommes trop loin de la mer pour que les oiseaux qui forment ce genre nous visitent souvent. Les jeunes seulement apparaissent parfois dans nos régions. L'espèce dont il s’agit ici a été, à ma connaissance, tuée deux fois sur le Doubs. Les jeunes ont les parties supérieures d’un blanc grisätre parsemé de taches brunes; les supérieures sont d’un brun noirâtre, et l'extrémité des plumes est bordée de roux. Ils ne prennent le manteau noir qu'après l’âge de deux ans. Longueur, 70 centimètres. 221. — G. BRUN (L. fuscus, Linn.). (Goëland à pieds jaunes de Temminck). Les jeunes de cette espèce, qui nous visitent acci- — 1957 —- dentellement, ressemblent à ceux du G. marin; leur coloration est seulement plus foncée, et ils sont aussi d’une taille plus petite, 50 à 55 centimètres. Les pieds sont d’un jaune d'ocre. Les vieux sont d'un blanc parfait, à l'exception du manteau qui est d’un noir dl’ardoise. Malgré leur bec, qui est gros, fort et recourbé à son extrémité, les goëlands sont des oiseaux lâches et in- capables d'attaquer une proie qui peut leur résister. J’ai vu sur les bords de la mer une troupe de ces oiseaux entourer un canard blessé, dans l'intention de le dévorer; maïs il suffisait d'un mouvement offen- sif de ce canard pour les mettre tous en fuite. Leur nourriture consiste en poissons morts ou vivants. 222. — G. CENDRE (L. canus, Linn.). (Goëland à pieds bleus de Temminck.) Je n’ai jamais vu les jeunes de cette espèce, tandis que les vieux en plumage d'hiver ne sont pas rares ; jen ai tué sur l'Ognon et sur la Saône. Dans cet état, le manteau et les ailes sont d’un cendré bleuâtre, la nuque et les côtés du cou parse- més de nombreuses taches brunes ; le reste d’un blanc parfait. Picds d'un bleu cendré. — Longueur, 45 centimètres. 223. — G. TRIDACTYLE {L. tridactylus, Linn.). (Mouette tridactyle de Temminck.) Il résulte des observations faites en 1844, 1852 et 1860 (1), qu'il y a eu un passage considérable de ces oiseaux, non-seulement dans nos départements, mais dans les départements voisins. Pendant ces passages, on à également signalé des cas nombreux où ces (1) C’est en février que ce passage s’est fait dans la Côte-d'Or. — Voir notre Catal , p. 76. (Note de l'Editeur.) — 158 — oiseaux se sont laissé tuer à coups de bâton ou prendre par les chiens. Ces faits doivent-ils être attribués soit à la fatigue, soit aux suites d'un long jeûne? c'est ce dont il n’a pas été possible de s'assurer. Lors de son passage habituel, qui n’est jamais abondant, mais toujours assez régulier, cet oiseau est fort difficile à approcher. Cette espèce, plus petite que la précédente, est tou- jours facile à reconnaître par l'absence du doigt pos- térieur, qui est remplacé par un moignon sans ongle. 224. — G. ATRICILLE (L. atricilla, Linn.). (Mouette à capuchon plombé de Temminck). En 1844, dans le même temps que le passage de l'espèce précédente se faisait en aussi grand nombre, un de mes amis de Port-sur-Saône m'a envoyé deux G. atricilles. Ce sont des oiseaux excessivement rares, qui ont été amenés dans notre pays avec leurs congénères, par suite des mêmes circonstances. [ls habitent l’Amé- rique septentrionale. Un capuchon couleur de plomb couvre la tête et une partie du cou. Le dos et les ailes sont cendrés, et les parties inférieures d’une belle teinte rose clair. Cette couleur disparaît peu de-temps après que l’oi- seau est monté. — Longueur, 40 centim. environ. 225. — G. RIEUR {L. ridibundus, Linn.). (Mouette rieuse de Buffon). (Mouette à capuchon brun de Temminck). Je ne sais quelles routes elle suit à son passage de septembre, car, à cette époque, on en voit très peu, tandis qu'au mois de mars, elle remonte nos rivières en troupes assez nombreuses. C’est à cette dernière époque qu'elle porte un capuchon brun qui recouvre la tête et le devant du cou. En automne, ces mêmes 226. — 227. — -— 159 — parties sont blanches, avec le devant de la poitrine d'un beau blanc rosé. Son bec et ses pieds sont cou- leur de laque-vermillon. G. PYGMÉE (L. minutus, Linn.). C'est par voie d'échange que j'ai obtenu cette mouette de M. Cadolini, naturaliste - préparateur à Besançon. Elle lui avait été donnée par un chasseur qui venait de la tuer sur le Doubs, près Casamène. C’est tout ce que je sais de cet oiseau, dont l’appari- tion dans notre pays est des plus rares. La tête et le cou sont couverts d'un capuchon noir; le dos et les couvertures des ailes sont cendrés; les parties inférieures blanches. Tel est le sujet qui est en ma possession. — Longueur, 27 centimètres. GENRE III. — Sterne (S/erna). S. PIERRE-GARIN (S. hirundo, Linn.). Dans ce genre et le suivant, nous sommes moins riches que le département de la Côte-d'Or. Cette infé- riorité n’a d'autre cause que le manque total d'obser- vations faites sur les bords de la Saône, la seule de nos rivières qui offre des conditions favorables au passage et au séjour de ces espèces, par son Cours étendu au milieu de vastes plaines, et par les larges bancs de sable qui garnissent ses bords. Le petit nombre de ces oiseaux que j'ai pu me pro- curer, me vient surtout de Port-sur-Saône, où se trouve un gué ayant près d’un kilomètre de long, sur une largeur moyenne de 300 mètres, et parsemé de nombreux îlots et bancs de graviers. Le pierre-garin est commun à son double passage, mais il ne niche pas chez nous. On le voit au con- traire pendant tout l'été sur les bords du Rhin et de ses affluents. — 160 — 228. — S. PETITE (S. minuta, Linn.). Ce n’est que rarement et isolément que nous voyons cette espèce sur nos rivières. Elle n’est cependant pas rare sur le Rhin et sur la Loire. Son véritable habitat est sur les côtes maritimes de la France et de la Hol- lande. 229. — S. ÉPOUVANTAIL (S. fissipes, Linn.). Assez commune sur nos rivières à son double pas- sage. Son plumage d'automne diffère beaucoup de celui du printemps. En septembre, elle a toutes les parties supérieures d'un cendré bleuâtre, avec la tête noire, et les parties inférieures blanches. Au mois de mai, elle est complétement noire, Sa nourriture consiste en insectes aiïlés, libellules et sauterelles, qu’elle prend au vol. Elle niche dans les étangs, sur une touffe d'herbes ou sur les feuilles du nénuphar. GENRE IV. — Thalassidrome (Thalassidroma). 230. — T. TEMPÊTE (7. pelagica, Ch. Bon.). C’est par hasard que j'ai eu connaissance de l'ap- parition de cet oiseau dans notre région. Un jour, un chasseur de Pesmes vint visiter ma collection et me demanda si j'avais l'oiseau chauve-souris. Sur ma réponse négative, il me dit avoir tué l'hiver précé- dent un oiseau tout noir, de la grosseur d’un moi- neau, avec les pattes d’un canard, et qu'il lui avait donné ce nom parce qu'il ne sortait que le soir des hangars à charbon des forges de Pesmes, où on l'avait observé depuis plusieurs jours. D’après cette descrip- tion, il me fut tout d'abord difficile de me former une opinion; mais le fait que cet oiseau avait des pattes de canard m'ayant surtout frappé, je m'empressai de — 161 — faire voir à mon visiteur un Th. tempête, dans lequel il reconnut sur le champ son oiseau chauve-souris. C’est sur cette donnée que je me suis décidé à ins- crire celte espèce dans mon Catalogue, et aussi parce que je savais que sa présence avait été signalée plu- sieurs fois dans la Côte-d'Or (1). B. — Palmipèdes totipalmes. FAMILLE Il. PÉLÉCANIDÉS. GENRE [. — Pélican (Pelicanus). 231. — P. BLANC (P. onocrotalus, Linn.). Je n'ai jamais vu cet oiseau dans notre pays, il est cependant bien constaté aujourd’hui que, pendant l'hiver exceptionnel de 1830, il a dû en passer en France une assez grande quantité. À ma connais- sance, trois individus ont été tués ou trouvés morts sur divers points du territoire. La tète et les pieds d’un de ces oiseaux, qui avait été pris dans la glace en 1830, sont conservés à Scey- sur-Saône. Un de mes collègues en tua un sur la Meuse. Je l'ai vu empaillé chez lui. Enfin, en 1831, M. Nodot, pharmacien à Semur (Côte-d'Or), me fit voir 1es pieds d’un troisième, qui avait été trouvé l’année précé- dente près du village d’Epoisses. Dans son Catalogue des oiseaux de la Côte-d'Or, le docteur Marchant cite la capture de deux de ces oiseaux dans ce département, mais sans les dates. J’ai vu à Besancon, il y a quelques années, dans (1) Voir notre Catal., p, 77. (Note de l'Editeur.) 11 232. — — 162 — une maison particulière, un pélican empaillé; mais je ne sais où il avait été tué. GENRE II. — Cormoran (Phalacrocorax). C. ORDINAIRE (P. carbo, G. Cuv.). Les cormorans nagent et plongent avec une éton- nante facilité, et poursuivent entre deux eaux les poissons les plus agiles. En marchant, ils se tiennent dans une position encore plus verticale que les harles, leur longue queue garnie de pennes fortes et très élas- tiques leur servant de soutien. Depuis plus de quinze ans que je parcours la vallée de l'Ognon, je n'en ai vu que deux, dont un a été tué sur un peuplier près du pont de Marnay. Cet oiseau a une habitude que je ne crois pas avoir encore été signalée, et qui est des plus originales. Il choisit ordinairement pour se reposer un point élevé, soit une éminence sur la berge, soit un piquet ou une branche d'arbre, mais dominant toujours l'eau. Lorsqu'il quitte cet endroit, soit de son propre mouvement, soit par la crainte d'un danger, il se jette toujours à l'eau, mais seulement pour y tremper son ventre et ses pattes, à la facon des hirondelles. Toutes les fois que j'ai eu l’occasion d'en faire lever un, j'ai remarqué la même manœuvre, et cela m'est arrivé huit ou dix fois sur le golfe de Gascogne et sur les étangs Cazaux, très fréquentés par ces oiseaux. Le plumage d'hiver est complétement d'un noir verdàtre en dessus, et d’un brun cendré et bronzé en dessous. En été, il porte une huppe d’un vert foncé. Sur le sommet de la tête, les côtés du cou et sur les cuisses, quelques plumes d’un blanc pur. Les trois doigts antérieurs sont réunis par une membrane à celui de derrière. Bec assez long et crochu, — 163 — Les jeunes sont d’un brun foncé en dessus, et d’un gris brun en dessous. Longueur, 27 à 29 pouces. 233. — C. HUPPE (P. crisiatus, Fabr.). Un individu jeune a été tué aux Ver rières en 1856 ; il fait partie du musée de la ville de Besancon. J'en possède un dans ma collection, en plumage d'hiver; il a été pris sur la Marne el 7 Avec la livrée de cette saison, toutes lés parties in- férieures sont d’un noir verdâtre mat; sur les côtés du cou , quelques plumes blanches Gt et clair- semées ; le dos et les ailes d’un cendré foncé, cha- ‘que plume qe. ces parties étant bordée d' un noir pro- fond. En été, l’occiput est orné d'une huppe composée de longues plumes d’un vert foncé: le sommet de la tête et le cou marqués de raies longitudinales noires et blanches; parties inférieures d’un blanc pur; le dos et les ailes, d’un brun roussâtre, parsemés d’une multitude de petites taches, : C'est à peu près le plumage des vieux, sauf une bande d’un roux marron vif que ces derniers portent sur le devant du cou. Plus petit que le précédent (22 à 23 pouces). C. — Palmipèdes lamellirostres. FAMILLE II. ANATIDÉS. GENRE I, — Oie (Anser). 234. — O. CENDRÉE ou PREMIÈRE (4. ferus, Linn.). Cette espèce est la souche de toutes nos races do- 236. — — 164 — mestiques. Elle est bien plus rare que la suivante, car je n’en ai jamais vu que pendant les hivers rigou- reux, et par petites troupes de trois ou quatre indi- vidus au plus. Pendant la dernière invasion, j'en ai observé, à l'aide de ma longue-vuc, qui ont séjourné dans la prairie de Marnay. Elle diffère de l’oie vulgaire par son bec plus gros et tout entier d’un jaune orange, par ses pieds cou- leur de chair et son plumage d'un cendré clair. Une femelle de cette espèce s’est accouplée avec un cygne domestique dans les fossés des fortifications de Vitry-le-Francçais. De ce croisement sont nés des métis inféconds d'une forte taille, mais ne différant de leur mère que par un bec très gros, complétement noir et tuberculé. Deux de ces métis font partie de ma collection. O. SAUVAGE ou VULGAIRE {1. segetum, Gmel.). Commune dans nos contrées pendant certains hi- vers, tandis que dans d'autres on n'en voit passer que quelques bandes. Elle diffère de la précédente par son bec long-et déprimé, noir à sa base et jaune Cans son milieu, et par ses pieds d’un rouge orange. La tête et le cou sont d’un cendré brun. Les parties supérieures sont plus foncées, chaque plume étant lisérée de blanc. Croupion d'un brun noirâtre. De passage périodique dans nos climats, mais niche dans le Nord. O. RIEUSE ou À FRONT BLANC !{4. aibifrons, Gmel.). Beaucoup plus rare que l’espèce précédente, dont elle diffère, d’abord par sa plus petite taille, par son bec qui est tout enter d’un jaune orange, et par ses — 165 — pieds qui sont de la même couleur. Un grand espace blauc sur le front; les parties inférieures blanchâtres, parsemées de larges taches noires. Elle ne nous visite que pendant les hivers rigou- reux. J'en ai vu une à Marnay et une autre sur le marché de Besancon. Elle est assez commune sur les côtes maritimes de la France. GENRE II. — Cygne (Cygnus). 237. — C. SAUVAGE (C. ferus, Linn.). Ne paraît dans nos départements que pendant les hivers rigoureux. Pendant les derniers jours de janvier et une partie de février 1871, une vingtaine de ces oiseaux ont sé- journé dans nos prairies. Cette station prolongée est probablement due à la sécurité dont ils jouissaient, protégés par la garnison prussienne de Marnay; car, pendant tout ce temps, ils n’ont pas été dérangés une seule fois. Tous les jours, je les voyais avec ma longue- vue, se promenant dans les prés, ou s'ébattant sur l'Ognon. Je n'ai pas découvert dans cette troupe la nouvelle espèce désignée sous le nom de C. de Bewich. Je connais parfaitement cet oiseau, Car j'en ai conservé un vivant pendant trois ans. Je m'en étais emparé après l'avoir légèrement blessé à l'aile, et, l'ayant apporté à la maison, il s'est montré de suite si fami- lier, que je me suis décidé à le conserver vivant. Après un mois de captivité, il venait à la voix, et prenait dans la main la nourriture qu'on lui offrait. Obligé de quitter Châlons-sur-Marne en 1844, j'ai dû le donner à un de mes amis, ce qui fait que cette espèce manque à ma collection. Elle diffère de l’autre par sa taille plus petite, par — 166 — son bec plus gros à la base et plus élevé, et par les palmures de ses pieds qui sont plus larges. GENRE II. — Canard (Anas). Section A.— DOIGT:DE DERRIÈRE SANS MEMBRANE. 238. — C. SAUVAGE {4. boschas, Linn.). Encore assez commun sur nos rivières à son double passage, mais bien moins qu'autrefois. Il y a vingt ou vingt-cinq ans, les chasseurs de Marnay tuaient annuellement deux cents canards ; aujourd'hui ilsen tuent à peine trente. On a divisé les canards en deux sections : la pre- mière, qui pour notre pays comprend sept espèces, a pour caractère distinctif d'avoir le doigt postérieur ou pouce dépourvu de membrane. Les huit espèces qui font partie de la seconde sec- tion portent à ce même doigt une large membrane. C'est parmi les premiers que doivent choisir les gourmets pour avoir un bon rôti. Ils ne plongent jamais, à moins qu'ils ne soient blessés ou qu'ils ne jouent entre eux. Leur nourriture consiste en insectes et plantes aquatiques, et en toute espèce de graines. Les seconds, au contraire, sont des oiseaux essen- tiellement plongeurs, se nourrissant surtout de petits poissons et de coquillages, ce qui donne à leur chair un goût de marais désagréable. 239. — C. GHIPEAU ou RIDENNE (4. strepera, Linn.). Beaucoup plus rare que le précédent. Il est plus petit ; sa tête et son cou sont parsemés de points bruns sur fond gris; le bas du cou, le dos et la poitrine marqués de croissants noirs en forme d'écailles; sur les ailes une large tache d’un roux marron; miroir blanc; pieds orange. 240. — 241. — 242, — — 167 — La femelle ressemble au mâle, mais les teintes sont moins tranchées. C. A LONGUE QUEUE ou PILET (4. acuta, Linn.). Ce canard a le cou mince et très allongé. Il est facile de le reconnaître aux deux grands filets formés par les sections médianes de la queue. La femelle a tout le plumage d’un gris roussâtre, et les filets sont moins longs que chez le mâle. Il est commun sur l’Ognon à son double passage, mais surtout à celui du printemps. C. SIFFLEUR (4. penelope, Linn.). C’est de nos canards celui qui a le plus petit bec, et dont la forme a quelque rapport avec celui de l’oie. Il est bleu avec la pointe noire. Front blanc jaunâtre ; tête ct cou d’un roux mar- ron ; gorge noire; poitrine couleur lie de vin. Le mi- roir de l'aile porte trois bandes, dont une verte au mi- lieu et une noire de chaque côté. Il nous visite par grandes bandes aux deux époques de son passage, Quelques couples nichent dans nos marais. C'est, avec le milouin, celui que les chasseurs nomment rougeot. C. SOUCHET (4. clypeata, Linn.). C’est un très joli canard, mais son long bec en forme de spatule le rend disgracieux. Sa tête et son cou sont d'un beau vert, sa poitrine d’un blanc pur; ventre et flanc d’un roux marron; couverture des ailes bleu clair; miroir d’un vert foncé. La femelle porte une livrée obscure, mais elle est toujours facilement reconnaissable à son bec. Sa taille approche de celle du siffleur : 48 centim. Il niche dans nos marais et quelquefois dans nos 243. — 244. — — 168 — champs cultivés. On m'en a apporté des jeunes pris dans un champ de seigle. C. SARCELLE, (4. querquedula, Linn.). (Sarcelle commune ou sarcelle d’été de Buffon). Son nom de sarcelle d’été lui vient de ce qu'elle nichait autrefois dans nos marais; ce qui est rare au- jourd’hui. La chasse, qui reste ouverte jusqu’au 31 mars pour le marais, est la cause principale de la disparition de cette espèce, comme aussi de la poule d’eau, des râles et des bécassines. On sait, en effet, que toutes ces espèces commen- cent à pondre dès les derniers jours de mars, comme la bécasse. C. SARCELLINE (4. crecca, Linn.). (Petite sarcelle ou sarcelle d'hiver de Buffon.) C'est le plus petit de nos canards, la sarcelle d'été étant un peu plus grosse. Elle niche rarement chez nous, mais elle y est très commune à l’époque des passages ; il en reste même pendant tout l'hiver. Elle diffère de l’autre par la taille, par la tête et le cou qui sont d’un roux marron. Sur les joues, une large bande d'un vert à reflets; ventre, poitrine et flancs marqués de zigzags blancs et noirs; miroir vert et noir. La femelle est d’un brun roussâtre, plus foncé sur le dos. Longueur 35 centimètres. Les parties inférieures sont quelquefois d’un roux couleur de rouille, mais cette coloration est due à un séjour prolongé dans des marais ferrugineux. J’ai fait la même observation pour les bécasses. Section B. — UNE MEMBRANE AU DOIGT POSTÉRIEUR. 245. — C. GARROT (4. cangula, Linn.). Le garrot ne nous visite pas tous les ans. Il faut 246. — 247. — — 169 — une température très basse dans le Nord pour qu’il descende sur nos rivières. Il plonge encore plus fré- quemment que le précédent, et paraît ne chercher sa nourriture qu'au fond de l’eau. C. MILOUINAN, (4. marina, Linn.). Le milouinan, comme la plupart des canards de cette section, a des formes lourdes et disgracieuses, surtout quand il marche. La position de ses pieds, placés très en arrière, ne lui permet pas de s'élever perpendiculairement hors de l’eau. Il faut qu’il en rase la surface pendant plusieurs mètres pour pouvoir le faire, mais il nage bien et plonge longtemps. Le mâle a la tête et toutes les parties antérieures d’un noir profond; les parties inférieures et le dos blancs rayés de zigzags noirs; bec bleu clair; iris jaune. La femelle porte une large bande blanche autour du bec. Le reste du plumage est d’un brun clair fine- ment liséré sur le dos. De passage irrégulier sur nos rivières. GC. MILOUIN /4. ferina, Linn.). Comme couleur, il ne diffère du précédent que par la tête et le cou qui sont d’un roux rougeâtre. Le bec est long et noir, traversé dans son milieu par une bande d'un bleu foncé. La femelle est gris brun roussâtre uniforme. Les tarses et les doigts sont bleuâtres, et les membranes noires. Il est assez commun dans notre pays, et je crois même qu'il y niche, car j'en ai tué de jeunes sur la petite rivière de Vesoul, et sur la Saône près Pon- tailler. Un peu moins grand que le milouinan, — 170 — 248. — C. DOUBLE MACREUSE (4. fusca, Linn.). ; C’est un habitant des bords de la mer, et nous ne voyons ordinairement chez nous que les jeunes de cette espéce, surtout pendant les inondations succé- dant à des hivers rigoureux, au moment de la fonte des glaces. C'est un gros canard dont tout le plumage est d'un noir profond, à l'exception d'un croissant blanc au- dessus des yeux et d'un miroir de même couleur sur les ailes. Le bec est moitié jaune et moitié noir; les doigts sont rouges et les membranes noires. Les jeunes et les femelles sont d'un noir couleur de suie. Tous les canards de cette section, comme nous l'avons déjà dit, sont des plongeurs infatigables. 249. — C. MACREUSE (4. nigra, Linn.). Plus petit que le précédent. Tout le plumage, sans exception, d’un noir profond; sur le haut du bec, un tubercule jaune; le tour des narines orange; le reste noir. Les femelles et les jeunes sont d'un brun noi- râire taché de cendré. Tout aussi rare chez nous que la double macreuse. Commun sur les côtes maritimes de France. Mêmes habitudes et même nourriture que le précédent. 250. — C. MORILLON {4 fuligula, Linn.). Assez commun à son double passage, qu'il effectue le plus souvent en rasant la surface de l’eau. C'est un petit canard presque rond; du moins il paraît tel quand on l’observe sur l’eau. 1] plonge aussi, mais moins souvent que le garrot. La femelle est plus petite que le mâle. 251. - - C. DE MICLON /4. glacialis, Linn.). Ce canard a été tué sur l'Ognon en 1866, par un chasseur de Ruffey, et envoyé sur le marché de Be- 252. — 253. — 22 DEA sançcon, où heureusement il à été trouvé par M. Con- stantin à l'étalage d’un marchand de gibier. Il fait aujourd’hui partie du musée de la ville. Cette espèce a la taille du siffleur. Son bec est très court, noir, avec une bande rouge au milieu; la tête et le devant du cou blancs, la gorge et les joues cen- drées; sur les côtés du cou une large tache d’un brun marron; la poitrine et le dos couleur de suie; les grandes couvertures des ailes blanches; deux filets très longs dépassent la queue de 10 centimètres. La femelle a les teintes moins vives et les filets plus courts. GC. NYROCA ou A IRIS BLANC (4. leucophtalmos, +, Bechst.). Ce petit canard n’est pas commun. Je ne l'ai jamais tué que deux fois sur l’Ognon, et l'ai toujours vu isolé. | Tête, cou, poitrine d’un brun rougeûtre très vif; autour du cou un petit collier brun foncé; une petite tache blanche irrégulière sous le bec; les parties su- périeures d’un brun noirâtre à reflets; parties infé- rieures d'un blanc pur; miroir de l'aile blanc; bec bleuâtre; iris blanc, La femelle ressemble au mâle, mais avec les teintes beaucoup moins pures. Comme le garrot, il fait entendre, en volant, un bruit d'ailes qui se perçoit de fort loin. Sa taille est à peu près celle du morillon. GENRE IV. — Harle (Merqus). H. VULGAIRE (M. merganser, Linn.). Les harles ressemblent beaucoup aux canards; mais leur bec est presque cylindrique, courbé à son extrémité, et dentelé en forme de scie. Les pieds sont 9 Æ — 172 — encore plus en arrière que chez les canards de la deuxième section. Ils plongent facilement et longtemps. Leur nourri- ture consiste en poissons, dont ils font une grande destruction. Dans l'espèce qui nous occupe, la tête est surmontée d’une grosse huppe très touffue, d’un noir verdâtre à reflets. La partie inférieure du cou', la poitrine, le ventre, les couvertures des ailes et les scapulaires sont d’un blanc jaune rosé. Le haut du dos est d’un noir profond; les grandes couvertures des aïles lisérées de noir. Queue cendrée. Bec et pieds rouges. La femelle a la tête et le haut du cou roussâtres. Sa huppe est longue et effilée. Les parties supéricures sont d'un cendré foncé. Miroir blanc sans bandes transversales. Dans les premiers jours de janvier 1838, j'en ai vu une grande quantité sur la Loire, et les marchés en étaient abondamment pourvus. Comme toutes les espèces du genre, c'est un détes- table gibier. H. HUPPÉ (4. serralor, Linn.). Les individus adultes de cette espèce se montrent rarement sur nos rivières; cependant, en 1860, un vieux mâle et un autre à moitié adulte m'ont été en- voyés par M. Galaire, de Port-sur-Saône. Le mâle a toute la tête et une petite partie du cou d'un noir verdâtre. La huppe, au lieu d’être touffue comme dans le grand harle, est formée de longues plumes effilées; un collier blanc entoure le cou. La poitrine est roussâtre, marquée de taches noires. A l'insertion des ailes, quelques plumes blanches et noires forment une rosace. Parties supérieures d'un noir profond. Ventre et miroir blancs, ce dernier — 173 — coupé par une bande cendrée. Bec rouge, pieds orange. La femelle a le cou et la tête roux ; poitrine, dos et ailes cendrés ; miroir blanc coupé par une bande cendrée. 255. — H. PIETTE (#. albellus, Linn.). Il ne parait sur nos rivières que pendant les hivers rigoureux. J'ai tué une femelle sur le Durgeon, près Vesoul, en 1859, et un jeune mâle sur l'Ognon, en 1861. Le mâle adulte porte une huppe touffue. Sur les côtés du bec une tache d'un noir verdâtre, et une semblable à l'occiput. La huppe, le cou, les scapu- laires, les petites couvertures des ailes et toutes les parties inférieures d’un beau blanc. Deux croissants d'un noir profond sur les côtés de la poitrine. Queue cendrée. Bec ct doigts d’un cendré bleuâtre. Mem- branes noires. Longueur 15 à 16 pouces. La femelle a la tête d’un brun roux; le cou blanc; la poitrine et les flancs cendrés ; les parties supé- rieures de même, mais plus foncées sur le dos. D. — Palmipèdes brachyptères. FAMILLE IV. COLYMBIDÉES, GENRE I. — Plongeon {Colymbus). 256. — P. IMBRIM (C. glacialis, Linn.). Ces oiseaux ont, pour ainsi dire, les pieds dans l'abdomen, tant ils sont implantés à l'arrière du corps. Aussi quand ils sont à terre, ils ne peuvent garder l'équilibre qu'avec l’aide de leurs ailes dont ils — 174 — se servent comme d'un soutien. Si ce point d'appui vient à leur manquer, ils se laissent tomber sur le ventre. Le genre grèbe est dans le même cas : aussi ces oiseaux ne viennent à terre que pour y faire leur ponte. SAYS Les adultes diffèrent béaucoup des jeunes. Ces der- niers, que nous voyons quelquefois sur nos étangs et sur nos rivières, ont la tête et la partié postérieure du cou d’un brun cendré; le dévant du cou et toutes les partiés inférieures d'un blanc pur; plumes du dos, 257. — " des ailes et des flancs d'un brun foncé EL Hoi de cendré clair. | Les adultes ont la tête et le cou d'un vert foncé à reflets bleuâtres; une petite bande rayée de blanc et de noir au-dessous de la gorge; un large collier rayé longitudinalement de noir et de blanc à la partie pos- térieure du cou; le dos, les aïles et les flancs d’un noir profond; chaque plume marquée d'une tache carrée d'un blanc pur; parties inférieures blinèhes. Lon- gueur 28 à 30 pouces. és J’en ai vu un jeune sur l’'Ognon en 1863. Un autre a été tué sur la Saône, et un troisième a été pris sur le canal latéral de la Saône. P. LUME (C. arcticus, Linn.). Les jeunes de cette espèce sont plus communs chez nous que ceux de l'espèce précédente. J'en ai vu plu- sieurs à l'état vivant, et d’autres montés par des chas- seurs de ma connaissance. 11 ne m’en est arrivé qu’un ayant déjà une partie de la livrée de l'adulte, qui pouvait avoir de deux à trois ans. Il fait partie de ma collection. Les vieux ont la tête et la nuque d’un cendré brun; gorge et devant du cou d’un noir violet à reflets; au- dessous de la gorge une bande blanche et noire; sur — 175 — les côtés du cou, une large bande rayée longitudina- lement de noir et de blanc; parties inférieures d’un blanc parfait; dos, croupion et flancs d'un noir pro- fond; parties supérieures noires et blanches: sur les ailes, douze à quinze bandes d’un blanc pur: Lon- gueur : 24 à 26 pouces. 258. — P. CAT-MARIN |C. seplentrionalis, Linn.). Se rencontre aussi souvent que le précédent et dans les mêmes localités; mais ce sont toujours des jeunes de un à deux ans. Je n’en ai jamais vu un seul dans notre pays qui ait la gorge entièrement rousse. A l’âge d’un an, les sujets de cette espèce ont déjà la tête et le cou cendrés ou couleur de souris; sommet de la tête marqué de taches noires; parties inférieures du cou rayées longitudinalement de noir et de blanc; parties supérieures d'un blanc pur; le dos et les ailes d’un brun noirâtre parsemé d'une multitude de pe- tites taches blanches. C'est à peu près la livrée des vieux, sauf une bande d'un roux marron vif que ces derniers portent sur le devant du cou. Longueur : 23 à 24 pouces. GENRE II. — Grèbe (Podiceps). 259. — G. HUPPÉ (P. cristatus, Lath.). Les grèbes sont en général des nageurs et des plon- geurs excellents; en plongeant ils se servent de leurs ailes et semblent voler sous l’eau. Le grèbe huppé est le plus grand du genre. Sa lon- gueur totale est d'environ 48 centimètres. Les vieux portent une huppe et une large fraise d'un noir lustré; toutes les parties inférieures sont blanches et argentées. Les jeunes n'ont ni huppe ni fraise. — 176 — N'est un peu commun que pendant les hivers ri- goureux. 260. — G. JOUGRIS (P. rubricollis, Lath.). Une huppe très courte, pas de fraise, mais les joues et la gorge d’un beau gris de souris; le devantdu cou et la poitrine d'un roux couleur de rouille; Les parties inférieures blanches. Plus rare que le grèbe huppé. Un chasseur de Marnay m'en a envoyé un, ilya quatre ou cinq ans, qui était à moilié adulte. Les jeunes sont d'un blanc jaunâtre sur toutes les parties inférieures. 261. — G. ESCLAVON (P. cornutus, Lath.). Toute la tête et la fraise qui entoure le cou, d’un noir profond. A l’état adulte, deux grandes touffes de plumes placées derrière les yeux sont d’un roux vif, ainsi que le cou et la poitrine. Nous le voyons rarement avec cette livrée, tandis que les jeunes sont assez crmmuns. Les uns et les autres se distinguent de l’espèce suivante par l'œil dont l'iris est double, c’est-à-dire que la prunelle est entourée d’un cercle jaune suivi d'un second cercle d'un rouge vif. 262, — G. OREILLARD (P. auritus, Lath.). Huppe et fraise très courtes et d'un noir profond; derrière les yeux un pinceau de plumes effilées, lon- gues et de couleur jaune et rousse; le cou et le haut de la poitrine noirs. Les jeunes ont la gorge et toutes les parties infé- rieures blanches, Ils n'ont ni fraise ni huppe. Rare. 263. — G. CASTAGNEUX (P. minor, Lath.). Trés commun sur nos rivières à son double pas- passage. Il niche de préférence sur les étangs couverts — 177 — de roseaux ou de saules à demi-submergés. Les adultes nous quittent de très bonne heure, tandis que les jeunes ne partent que quand ils sont chassés par les glaces. Les mâles et les femelles adultes se distinguent des Jeunes par la tête qui est noire, par le cou marron et la poitrine noirâtre. 12 CONSULTATION DE CUJAS sun L'ORGANISATION DE L'ENSEIGNEMENT DU DROIT 2 PNEU EN 1580 PUBLIÉE PAR M. Auguste CASTAN CORRESPONDANT DE L'INSTITUT DE FRANCE (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) Séance du 8 juillet 1876. M. Henri Beaune a publié, d’abord dans la Revue des so- ciétés savantes (4° série, t. 1, 1865, pp. 203-215), puis dans un volume fait en collaboration avec M. Jules d'Arbaumont (Les Universités en Franche-Comté, 1870, in-8), de curieux docu- ments sur les tentatives de la ville de Besancon, au seizième siècle, pour ouvrir dans ses murs une université d'études. Ces documents, conservés au château de Grosbois-en-Montagne (Côte-d'Or), se composent d'extraits des délibérations commu- nales de Besancon et de plusieurs pièces originales enlevées aux archives de cette ville. Telle est, entre autres, une lettre de Cujas, datée du 24 août 1566, dans laquelle le grand juris- consulte, ne pouvant accepter les avances que lui faisait Be- sançon, indiquait à la municipalité de cette ville ceux à qui elle devrait recourir pour mettre en renom chez elle l'ensei- gnement du droit. Par quelques extraits des registres municipaux, on savait que, quatorze ans plus tard, la même ville, qui n'avait pas — 179 — eu à se louer du professeur: Francois Baudoin, s'était encore adressée à Cujas pour obtenir l'indication de nouveaux oracles de la science juridique. D’après ces documents, Cujas aurait répondu par un refus poli, motivé sur ce que la ville de Be- sançon, pourvue d’une autorisation de l'Empereur, n'avait pas encore du Saint-Siége la permission nécessaire pour ou- vrir une université. | Il y eut plus et mieux de la part de Cujas. Tout en faisant remarquer à la ville qu'elle manquait d’une pièce essentielle pour être en règle, il s’empressa de lui renouveler les plus affectueux conseils quant à la manière de composer un corps de professeurs en droit. Selon lui, il faut que la municipalité choisisse au moins quatre professeurs du pays, puis qu'elle appelle « deux estrangers qui soyent et ayent le bruict d’estre doctes et profons en ceste science, et, ce qui est le principal, qui soyent paisibles et de bonnes mœurs, et du tout dissem- blables à ceux qui troublent aujourd'hui tout le monde. » Mais de tels hommes sont d'autant plus recherchés qu'ils sont plus rares, et il faudra de grands sacrifices d'argent pour les attirer. Quand il saura quelles offres la ville est en mesure de faire, il s'emploiera pour lui trouver deux professeurs et « les convier à prendre ceste charge, qui n’est pas petite, de baïller bruict à une université nouvelle. » En attendant ce rensei- gnement, il jette déjà les yeux sur Roaldès, actuellement à Lyon, qu'il se fait fort de décider. Ce qui précède est tiré d’une lettre autographe de Cujas, datée de Bourges le 10 août 1580. Cette pièce n’existant ni en original, ni en copie, au château de Grosbois, MM. Beaune et d'Arbaumont ne l'ont pas connue, et elle ne figure pas dans leur volume. Nous en donnons, ci-après, le texte inédit. Il nous a paru intéressant d’y joindre : 1° la délibération municipale prescrivant la nouvelle démarche à faire auprès de Cujas ; 2° une lettre du chanoine Pierre de Soye (1), résu- (1) Pierre de Soye, docteur en théologie, chanoine de la collégiale de — 180 — mant la conversation qu'il à eue avec le docte jurisconsulte au sujet des désirs de la ville ; 3° la délibération municipale constatant la réception des deux lettres. Dans la missive de Pierre de Soye, il est relaté que Cujas avait indiqué Claude Chifflet comme l’un des professeurs à choisir sur place pour jeter les bases de l'université projetée. Cette marque d'estime, venue d’un illustre maître, dut mettre en singulier relief le nom de celui qu’elle concernait. Comme toujours, la formule d’ébruitement exagéra les termes mêmes du rapport authentique. Il en résulta une légende, consignée dans toutes les Biographies, suivant laquelle Cujas, sollicité par les magistrats de Besancon de venir professer chez eux, aurait répondu en ces termes : Habetis alterum me Claudium Chiffetium. Or, comme on en jugera par la lettre que nous publions plus loin, Gujas se servait trop habilement de la langue française pour avoir jamais eu l'idée de correspondre en latin avec la municipalité de Besançon. Sainte-Madeleine de Besançon, fut l’un des auxiliaires dévoués de l'éta- blissement des Jésuites dans les deux Bourgognes. La délibération municipale du ? août 1594, relative à la cession du collége de Besan- con aux Jésuites, le mentionne comme ayant été « ci-devant économe ès colléges des Jésuites à Dijon et à Dole. » La délibération munici- pale suivante donne une idée des pieux sentiments qui animaient cet ecclésiastique : « Du samedy x1° de janvier 1603. » HOSPITAL SAINCGT-JACGQUES. » Vénérable messire Pierre de Soye, prestre, chanoine en l’église collégiale Saincte-Marie-Magdaleine, par une requeste sienne, a sup- plié Messieurs accepter une sienne dévotion de cent frans pour tirer rente annuelle à employer en huyle pour faire clairer la lampe posée devant le Sainct-Sacrement de l’Aultel qui repose en la chappelle du- dict hospital, et durant le jour : laquelle dévotion Mesdissieurs ont loué et accepté, et pour ce député les sieurs Jaquelin, Varin et de Chavirey pour luy remercier et adviser d’en faire escript, selon qu'il semblera audict sieur de Soye, pour perpétuelle mémoire, » — 181 — I DÉLIBÉRATION MUNICIPALE CONCERNANT UNE DÉMARCHE A FAIRE AUPRÈS DE CUJAS DANS L'INTÉRÊT DE LA FUTURE UNIVERSITÉ DE BESANCON. Du samedy pénultième jour de juillet 1580. Université. Ce conseil a esté assemblé pour, suyvant plusieurs précé- dantes délibérations sur le faict de l’université concédée par Sa Majesté impériale à ceste cité, adviser moyens de l’enche- miner, nonobstant toutes les traverses et empeschemens du costel de Dole. Sur quoy, a esté résolu que l'on escriproit (et ce qu'a faict le secrétaire) à messieurs Cabet, docteur régent en l’université de Thoulouse, et Cujas, docteur régent en celle de Bourges, pour les prier d'avoir, s’ilz pouvoient treuver en leurs quar- tiers, deux bons docteurs, scavans et catholiques, pour lire aux droictz, et l’on les stipendiera raisonablement, et à mes- sire Pierre de Soye de à ce tenir main devers ledict sieur Cujas. Monsieur de Chavirey a prins charge de faire tenir lesdictes lettres. Il RÉPONSE DE CUJAS A LA MUNICIPALITÉ DE BESANCON QUI, POUR LA SECONDE FOIS, LUI AVAIT DEMANDÉ DES CONSEILS AU SUJET DE L'ORGANISATION DE L'ENSEIGNEMENT DU DROIT EN CETTE VILLE, 1580 — 10 août. (Archives de la ville de Besançon). Messieurs, j'ay esté très aise d'entendre par voz lettres le privilége qu'avés obtenu de Sa Majesté impériale pour dresser en vostre ville une université en droict et, comme je pense, — 182 — aussy en théologie, médicine et arts, ainsy qu'il en est aux aultres universités. J'en ay esté, dis-je, très aise, parce que je scay bien que le lieu est digne et tout propre pour en avoir une bonne et bien peuplée d’escholiers, et que ce sera ung grand bien à vostre ville, lequel je vous ay tousjours désiré despuis le temps qu'il vous pleut me faire cest honneur d’en- voyer icy vers moy monsieur Malarmey, mon bon et ancien amy, pour le mesme effect, lorsque j'avoye le pied à l’estrier pour m'en aller à Turin, ce qui feut cause que luy et moy ne peumes rien faire ensemble, d’aultant que j'avoye fres- chement receu exprès commandement de feu Madame de Sa- voye de me retirer audict Turin et lui avoye donné parole. Or, Messieurs, en ce faict, ce n’est pas assés d’avoir le privi- lége de l'Empereur, il le fault aussy avoir, si vous ne l’avés encor eu, de Nostre-S.-Père, comme je pense que scavés trop mieux : et, après, choisir pour le moins quatre de vostre ville ou du pays qui soyent bien versés en droict pour jecter les premiers fondemens de ceste université et qui commencent à bastir le corps de la faculté, ausquels, comme avés advisé, vous pourrés après adjouster deux estrangers qui soyent et ayent le bruict d’estre doctes et profons en ceste science, et, ce qui est le principal, qui soyent paisibles et de bonnes mœurs, et du tout dissemblables à ceux qui troublent aujourd'huy tout le monde, comme vous avés prudemment cotté en vozdictes lettres. Je ne sçay pas quel fons vous avés, ny quels moyens de les entretenir, ny quelles offres vous leur voulés faire pour les convier à prendre ceste charge, qui n’est pas petite, de baïller bruict à une université nouvelle. Je scay bien que sans un bon fons, à peine trouverés-vous personne qui soit pour fournir à cela. Car il y a si peu d'hommes aujourd'huy, que ceux qui peuvent quelque chose, tant plus ils sont requis, tant plus ils sont difficiles à recouvrer. Et vous diray au vray, sur ce propos, que, ceste année mesme, le duc de Lorraine a offert mille escus à un personnage de ce royaume pour l'avoir en son université, et le duc de Baviére douze cens escus, et — 183 — n'ont peu rien faire avec luy. Et partant, je seroye bien ayse, devant toute aultre chose, de scavoir de vous quels moyens vous avés, ou quel entretenement vous avés intention de faire mesmement à ces deux que demandés, qui porteront aussy tout le faiz; et lors j'en pourray chercher et trouver de la qualité requise, ne pouvant aussy tout à coup vous en trouver deux, ny sonder si tost leur volunté parce qu'ils ne sont pas icy. Et ne scauroye, pour le présent, vous en nommer qu'un, qui n’a point son pareil, nommé monsieur Roaldès, qui est à présent à Lyon et dans peu de jours doit estre en ceste ville, qui en cecy se gouvernera tousjours selon mon conseil, si vous monstrés à bonne escien qu'ayés affection de l'avoir, en l'accommodant de tout ce qu'il fault en ce cas et que l'on a acostumé nous fournir. , Et, sur ce, Messieurs, je me recommanderay très humble- ment à vostre honne grâce, et prieray Dieu vous donner la sienne très saincte. De Bourges, ce 10 aoust 1580. Vostre bien humble serviteur, JAC. DE CUIAS. (Au dos) À Messieurs Messieurs les Gouverneurs de la cité im- périale de Besançon. (Au bas) R[eçue] le xx° d'anust 1580. III LETTRE DU CHANOINE PIERRE DE SOYE, ACCOMPAGNANT UNE RÉ- PONSE DE CUJAS A LA MUNICIPALITÉ DE BESANCON. 1580 — 13 août. (Archives de la ville de Besancon). Très honorez Seigneurs, Suivant le contenu des lettres qu'il vous a pleu m'escripre, — 184 — j'ay délivré à monsieur Cujas la missive y mentionnée, lequel l'ayant leu avec bon visage, s'est monstré fort affable et de bonne volunté envers la cité; et, entre plusieurs choses qu'il m'a communiqué en son logis, son advis est que monsieur le docteur Chifflet seroit bon pour estre l’ung de ceulx qui seront admis pour encheminer nostre dessaing et honeste entre- prinse, Il dict aussy que pour avoir hommes fameux et re- nommez, il fauldra foncer bonne somme pour commance- ment. Du surplus, il escript à Voz Seigneuries ce que je leur envoye : que m'occasionnera finir cestes par humble saluta- tion et actions de grâces que je leur offre pour m'avoir faict ce faveur m'emploier pour le service de la cité; priant le Créateur de toutes choses, Messeigneurs, mectre à chief ce qu'il vous a pleu sagement commencer, préserver de tout danger la cité et accroistre voz biens et honneurs. De Bourges, ce xrrr° en aost 1580. De Voz Seigneuries Très humble et dévot serviteur selon Dieu, P. DE SOYE. (Au dos) À Messeigneurs Messieurs les Gouverneurs de la cité impériale de Besancon. (Au bas) R[ecue] le xx° d’aoust 1580. IV DÉLIBÉRATION MUNICIPALE CONCERNANT LA RÉCEPTION DES RÉ- PONSES DE CUJAS ET DE PIERRE DE SOYE. Du samedy xx° d’aoust 1580. Université. Messieurs ont receu responses à leurs lettres envoyées der- — 185 — mièrement à monsieur Gujas et à messire Pierre de Soye, contenant, entre aultres choses, celles dudict sieur Cujas que ce n'est assez d’avoir le privileige de l'Empereur, mais qu’il le fault aussi avoir de Nostre-S.-Père; et le reste comme par lesdictes lettres. LES PLAGIATS DE MIRABEAU Par M. Edouard BESSON. Séance du 8 juillet 1876. Ne soyez pas surpris, Messieurs, si un Franc-Comtois vient aujourd'hui vous entretenir de Mirabeau. Outre que son exis- tence à la fois si tourmentée et si remplie, et les graves évé- nements auxquels il prit part, sont de nature à intéresser tout Francais un peu curieux de lhistoire de son pays, le grand orateur se rattache spécialement à la Franche -Comté par sa captivité au fort de Joux et son séjour à Pontarlier, ori- gine première de ses fautes et de ses malheurs, par des procès retentissants suivis de condamnations tragiques, et surtout par cette femme célèbre qui fut l’Héloïse du nouvel Abélard. Ce travail n’a cependant pas pour objet de faire revivre le rôle agité et trop souvent coupable que l’amant de Sophie Monnier joua dans notre province. L'histoire et le roman ont popularisé les drames qui se rattachent à cette phase troublée de sa jeunesse, et il est désormais difficile de produire à cet égard quelque chose de bien neuf et de bien original. Laissant donc de côté la vie privée de Mirabeau, je me propose d'examiner avec vous une question intimement liée à sa carrière politique, puisqu'il ne s’agit de rien moins que de savoir si ses écrits, si ses discours, si ses opinions même lui appartinrent en propre, ou s’il les déroba à autrui avec la gloire qui y reste attachée; s'il fut enfin le grand tribun, l’'éminent homme d’Etat que tout le monde connaît, ou sim- plement un vil plagiaire, un misérable comédien incapable — 187 — par lui-même d'aucune œuvre personnelle et originale, mais habile à faire valoir à la tribune les travaux de ses secré- taires. Cette question, comme on voit, très importante, fit grand bruit dès son origine en France et même à l'étranger. Gœæthe lui consacra quelques pages de ses Entretiens avec Ecker- mann. Elle prit naissance en 1832, époque à laquelle parurent les Souvenirs du commentateur de Bentham , le Genevois Etienne Dumont, qui avait été quelque temps secrétaire de Mirabeau. La publication de cet ouvrage eut lieu après la mort de son auteur et sur des notes qu'il n'avait pas revues. C’est ce que le fils adoptif de Mirabeau, M. Lucas Montigny, a mis hors de doute en réfutant le livre de Dumont). On comprend toutefois l'impression que durent produire les pré- tendues révélations de l’écrivain genevois. D’après lui, en effet, presque tous les discours que Mirabeau prononcça à la Constituante étaient l’œuvre de ses secrétaires, et Dumont ne manquait pas de s’en attribuer la meilleure part. On s’étonna d’abord, on s’indigna ensuite de ce dénigrement posthume et systématique d'un ami auquel Dumont lui-même et plusieurs de ses compatriotes avaient des obligations considérables. Chassés de Genève par une de ces révolutions qui y furent si fréquentes au dernier siècle, ils avaient trouvé à l'étranger et surtout en France l'accueil dû à leur malheur et à leurs mérites personnels. Ce n'étaient point, en effet, des hommes ordinaires que Dumont lui-même, Duroveray, l’ancien pro- cureur général de Genève, Clavière, le futur ministre de la Gironde, et enfin Etienne-Salomon Reybaz sur lequel nous reviendrons particulièrement tout à l'heure. En 1789, ils prirent part au mouvement révolutionnaire et se rapprochè- rent de l’homme qui le personnifiait dans sa grandeur et en avait pris la direction dès le début. Mirabeau, d'ailleurs, avait auparavant noué des relations avec Clavière à l’occasion des (1) Voir ses Mémoires de Mirabeau. 4 — 188 — questions de finance qu’il débattait dans le temps où il com- mençait à établir sa réputation. Trouvant cliez les exilés ge- nevois l'amour de la liberté qu'ils avaient puisé dans leur patrie, de rares talents politiques et des connaissances écono- miques alors fort peu répandues, il n’hésita pas à se les atta- cher en qualité de secrétaires. Toutefois, Reybaz ne l'aida pour la première fois dans ses travaux que vers la fin de 1789. Mirabeau n'était point en retard de bons offices avec ses collaborateurs. Il leur prêtait à eux et à leur patrie l’appui de sa haute influence; et son cœur, qui ne savait se donner à moitié, leur était absolument acquis. Quand Etienne Dumont l'eut quitté en 1791 pour retourner à Genève, il lui écrivit une lettre touchante qu'on nous permettra de rapporter en partie. « Allez, mon cher Dumont, lui disait-il, car vous acquittez un grand et pénible devoir; mes vœux vous suivent, non pas comme ceux d’Horace accompagnèrent Virgile, mais comme ceux d'un enfant de la liberté qui voit partir celui de ses défenseurs dont il estime davantage les vertus et les talents. Je ne sais quel sort vous attend, mon ami, et moi particulière- ment qui, si je réussis, tâcherai de soutenir la difficile épreuve de la prospérité comme Pison l'aurait soutenue. Mais, quoi qu'il arrive, je serai toute ma vie solidaire de votre bonheur et de vos succès. Je sais que qui sera pour vous m'aura pour lui, que qui sera contre vous m'aura contre lui. Je sais que ceux qui espéreraient asservir ou seulement dominer sous nos yeux, sur notre frontière, une ville où tant d'hommes esti- mables ont étudié la théorie de la liberté pour en établir le culte, une ville où j'ai connu personnellement d'excellents hommes, et trouvé des coopérateurs qui ont décuplé mes moyens et mes forces, sont des sacriléges insensés qui péri- raient dans leurs propres machinations..…. » Voilà l’homme, voilà l'ami sur le compte duquel Etienne Dumont n’a pas craint de s'exprimer dans ses Souvenirs avec une malveillance qui se traduit non-seulement par la nature de ses révélations posthumes, mais par le ton de dénigrement — 189 — général répandu dans tout son livre. Ces révélations eurent- elles été absolument vraies, qu’elles devaient encore être for- mulées en un tout autre langage. Le public ne s’y trompa point, et M. Jules Janin se fit l'interprète du sentiment gé- néral dans un article remarquable paru au Journal des Dé- bats. « Mirabeau, disait-1l, empruntant son éloquence à quel- qu'un, Mirabeau tendant la main au talent d’'Etienne Du- mont, Mirabeau fait orateur par les trois Genevois Dumont, Duroveray et l’autre (1)! Mais, par le Ciel, qui le croirait ? Mirabeau n'était-il pas orateur avant que personne le fût en France et même à Genève, excepté Jean-Jacques Rousseau ? Mais songez donc à cela, vous tous que Mirabeau a volés et qui criez : au voleur! quand Mirabeau est mort, et quand vous-mêmes êtes morts, grands orateurs dont on n’a jamais parlé! » Lisez ses lettres du donjon : quoi qu'en dise M. Dumont, c’est de l’éloquence ; lisez ses plaidoyers à M. Lenoir, c’est de l’éloquence, n'est-ce pas ? et quand il est sorti du donjon, ses plaidoieries à Pontarlier quand il demande sa tête, et au par- lement d'Aix quand il demande sa femme, n'est-ce pas de l’éloquence ? Une vive, entraînante, soudaine, sympathique éloquence ; l'éloquence du cœur, de l’âme, des sens, de la colère, de l’amour, de la pitié? Où donc étiez-vous, M. Du- mont ? et vous, M. Duroveray, et vous tous, collaborateurs de Mirabeau ?..... Accusations banales ! récriminations stupides! On ne tient pas compte de ses maçons à l'architecte, et l’on inquiète le génie sur ses manœuvres! Gela ne peut durer, en vérité, surtout pour un homme tel que Mirabeau, surtout pour une chose qu'on appelle éloquence (2)... » C'était là parler d’or, et la question semblait définitivement tranchée. Mais l'esprit de parti ne pouvait laisser tomber une (1) L'autre désigne Clavière ou Reybaz. (2) Journal des Débats du 21 août 1832. == (90 — accusation aussi grave pour la mémoire de Mirabeau, et les adversaires de sa politique s'empressèrent de se faire aussi les adversaires de son génie. Toutefois, la mémoire de notre grand tribun ne demeura point sans défenseurs. On vient de voir l’éloquente protestation de M. Jules Janin. M. Lucas Montigny ne tarda pas, lui aussi, à opposer aux assertions tranchantes de Dumont des dénégations non moins passion- nées. Le débat restait donc pendant, sans qu'il parût pos- sible, faute de preuves, de le trancher dans un sens ou dans l'autre. Les choses étaient en cet état, et le temps semblait avoir fait l'oubli autour de cette question irritante, lorsque tout récem- ment une publication imprévue est venue la ranimer, en fournissant toutefois les éléments nécessaires à sa solution dé- finitive. Parmi les collaborateurs de Mirabeau, nous avons nommé le Gencvois Etienne-Salomon Reybaz. C'était un homme d'un grand mérite et qui ne joua pas un rôle sans importance dans les affaires de son pays et dans celles de la France elle-même. Sans parler de sa collaboration aux tra- vaux de Mirabeau, il fut plus tard représentant de Genève auprès de la Convention et occupa ce poste d'une manière fort brillante. En 1789, il fut attiré auprès de Mirabeau par ses compatriotes Duroveray, Dumont et Clavière, occupés surtout alors de la rédaction du Courrier de Provence. Néan- moins le rapprochement ne se fit pas sans difficultés. Reybaz opposa aux prières de ses amis une résistance assez longue, dont ils ne triomphèrent que vers la fin de 89. Maïs sa colla- boration, une fois accordée, devint bientôt très active et dura jusqu’à la mort de Mirabeau en avril 1791. Celui-ci ne tarda pas à apprécier son nouveau coopérateur et à mettre ses ta- lents à contribution. Il lui écrivit souvent, soit pour lui de- mander son aide, soit pour le remercier après l'avoir ob- tenue. Les lettres formant cette correspondance avaient été mises en dépôt avec les autres papiers de Reybaz à la bibliothèque 2 HO — de Genève par feu M. le doyen Baggesen, de Berne. Elles ont été récemment publiées avec une notice du savant bibliothé- caire M. Plan (1), auquel nous empruntons tout ce qui a trait à Reybaz dans notre travail. On ne pouvait avoir sur la ques- tion qui nous occupe des documents plus complets et plus précis. Nous y trouvons toutes les indications désirables sur les rapports de Mirabeau et de ses collaborateurs, et sur la nature vraie de leur collaboration. — Il est d'abord parfaile- ment établi que Reybaz rédigea et rédigea fort bien plusieurs des discours de Mirabeau, et même de ceux qui ne comptent pas parmi ses moindres titres de gloire : citons notamment ses discours sur les assignais et celui que Talleyrand vint lire à la tribune de l’Assemblée, au lendemain de la mort de notre orateur, le fameux discours sur les testaments qui posa, sui- vant l'expression de M. Edgard Quinet (?), la pierre angulaire de la Révolution. Mais ces discours écrits par Reybaz, Mira- beau n'y avait-il aucune part ? Voici quelques fragments de ces lettres qui répondent suf- fisamment à la question. Le 28 mai 1790, il demande à son ami un discours sur le mariage des prêtres, discours rédigé d’une manière fort remarquable, mais que l’on connaît peu, car il ne fut jamais porté à la tribune. « Ce que je voudrais bien montrer, écrit-il, c’est que permettre le mariage des prêtres est d’un côté le seul moyen de les faire entrer dans la révolution et de les y attacher, et de l’autre une bonne ma- nière de donner des officiers de morale estimables à la société. Si je parlais à un homme moins accoutumé à la méditation de ces sortes de matières, je me permettrais d'indiquer quel- ques accessoires du sujet, et surtout ceux relatifs à la légis- lation matrimoniale, qu'il sera bien utile de présenter du moins. Si je parlais à un homme d’un goût moins sûr, je re- (1) Un collaborateur de Mirabeau; Paris, 1874, Sandoz et Fischbacher, éditeurs. (2) La Révolution. — 192 — marquerais Combien le tact des convenances oratoires est peut-être le premier gage du succès; mais c’est à M. Reybaz que je m'adresse....., etc. » Citons encore une lettre écrite par Mirabeau le 5 octobre 1791, relativement à l'éducation publique, lettre que nous n'hésitons pas à mettre à côté de ses plus beaux discours de tribune. Il rappelle à Reybaz une conversation qu'il avait eue avec lui sur ce sujet, et il ajoute : « Comment, avouant que vous avez été appelé dès l'aurore de votre raison à réfléchir sur l'éducation particulière et publique , et sur les meilleurs procédés que la législation pourrait employer pour changer l'esprit, la morale, les rites même d’une grande nation, vous refusez-vous à traiter un sujet si important et si neuf? Si vous étiez sensible à la gloire, je vous dirais que c’est une des plus belles couronnes qu'il reste à la philosophie à décerner, que le mérite d’avoir enrichi l'esprit humain d’un tel ouvrage, et que j'aurais assez pour moi de la gloire d'avoir promulgué et défendu la loi qui en serait l'application et le résultat. Mais je sais trop bien que vous n’êtes pas tourmenté de votre talent autant qu’on l'est ordinairement avec autant de feu élémen- taire que la nature en a versé chez vous, et l'habitude du re- cueillement et de la méditation qui condamne au besoin d’'é- crire presque autant qu’à celui de penser. Quelle fibre tâche- rai-je donc de faire résonner chez vous? Que vous dirai-je que vous ne sachiez mieux que moi sur l’importance de ce travail, complément de tous nos autres travaux, ancre de la révolution, si je puis parler ainsi, après la liberté de la presse, le seul palladium de la liberté publique ? Que vous dirai-je que vous ne sachiez mieux que moi sur l’incommensurable avantage, et tout à fait nouveau dans l’histoire des hommes, d'une éducation nationale formée d’après la conception d'une seule tête et non d’après le choc des hasards et à la lente? Quant à ce que vous m'avez déjà dit, que l’on ne parviendrait pas à exécuter un plan d'éducation nationale tout d’un jet, je ne puis pas convenir qu'il ne fût praticable du moins d'assurer PE A — 193 — les bases dont l'esprit des nouvelles institutions ne s’écarterait plus, et sur lesquelles la perfectibilité humaine rencontrerait les plus beaux développements... » Venez à notre aide; faites-le pour moi; faites-le pour la révolution ; faites-le pour la grande famille dont vous êtes un des membres les plus éclairés, et je ne connais rien que vous n'ayez le droit de me demander en échange, rien que je ne tienne à faveur de m'entendre demander, rien que je ne tente, indépendamment de mon tribut personnel, pour que ce service soit aussi utile à vous et aux vôtres qu'il doit l'être à la régénération de la France et de l'Europe. » Voilà les grandes pensées, les lumineuses indications, les généreux sentiments par lesquels Mirabeau savait inspirer les travaux de ses collaborateurs , les guider dans leur marche, et au besoin stimuler leur zèle. En somme, il bornait leur tâche à mettre en œuvre ses propres idées, à employer les matériaux qu'il leur fournissait, et, comme le disait M. Jules Janin, « on ne tient pas compte à l'architecte de ses ma- cons. » Rien ne prouve qu’'Etienne Dumont, en vue d’un but facile à saisir, n'ait pas exagéré de beaucoup le nombre des discours pour la composition desquels le maître emprunta la plume d'autrui. Mais tous ceux qui prirent part à ce travail d’ar- rangement presque mécanique, Etienne Dumont le premier, durent recevoir des inspirations semblables à celles que nous avons rencontrées dans les lettres précédentes. Et c’est de sa part une faute grave envers la mémoire de son ami de les avoir absolument omises dans ses prétendues révélations. Remarquons-le pourtant! Malgré le ton de dénigrement qui règne dans l’œuvre de l'écrivain genevois, il est facile de saisir la vérité sous le voile dont l'a couverte un amour-propre touchant au ridicule. Relativement aux travaux de Mirabeau antérieurs à la Révolution, qui lui appartiennent cependant bien moins que ses discours de tribune, Dumont, après les avoir attribués à divers auteurs, se hâte d'ajouter : « Il avait 13 — 194 — le droit de se regarder comme le père de tous ces écrits, parce qu'il avait présidé à l'exécution, et que, sans son activité infa- tigable, ils n’auraient pas vu le jour. » Et Gœthe lui-même, tout en exagérant de beaucoup le rôle des coapérateurs de Mirabeau, ne peut s'empêcher de rendre justice à son génie. « Mirabeau, dit-il, avait parfaitement raison d'exploiter les forces qu'il trouvait présentes autour de lui. Il avait le don de discerner le talent, et le talent, fasciné par le démon de cette nature puissante, s’abandonnait volontairement à lui et à sa conduite. C'est ainsi qu’il élait entouré par une multi- tude d’intelligences d'élite qu'il embrasait du feu dont il était animé, et qu’il mettait en mouvement pour accomplir ses grands desseins. C’est précisément parce qu’il s'entendait à agir par les autres et avec les autres qu’il avait du génie, de l'originalité et une grandeur à lui (1). » Que Mirabeau ait eu des coopérateurs, il n’était pas besoin d'être devin pour l’affirmer sans crainte d'erreur, même en l'absence de tout document. La seule inspection des immenses travaux fournis par lui durant les deux années de sa vie pu- blique, prouve assez qu'il ne put les exécuter seul; sa corres- pondance aurait suffi à l’absorber tout entier. « Pendant les premiers jours de la tenue des Etals-généraux, raconte à cette occasion M. Lucas Montigny, c’est-à-dire à une époque où il n’était connu que comme écrivain politique, et où il n'avait pas encore pris de rôle ni par conséquent acquis d'influence dans l'Assemblée, il reçut un si grand nombre de lettres que le portier, hors d'état de faire l'avance des frais, dit au fac- teur d'apporter un mémoire; au bout de huit jours, ce bor- dereau montait à plus de 1000 fr., et Mirabeau, à qui il fut présenté, écrivit au bas : «Je soussigné reconnais avoir reçu » les lettres dont le montant est ci-dessus, et je promets de » n'en jamais rien payer. » Le baron d'Oigny, intendant gé- néral des postes, alla porter au roi cette singulière quittance, (1) Entretiens de Gælh2 avec Eckermann. — 195 —- et depuis lors il ne fut plus question pour Mirabeau de ports de lettres (1). » On sait qu'il eut avec la Cour des rapports secrets sur les- quels la lumière n’a été faite que depuis peu. Ces rapports, qui durèrent moins d'un an, donnèrent naissance à une cor- respondance très active, mais aussi très délicate et très diffi- cile à entretenir, par suite du mystère dont elle devait être enveloppée et de l'impossibilité manifeste où se trouvait Mi- rabeau de se faire aider ou suppléer par quelqu'un dans son rôle de conseiller de la couronne, Eh bien! ses lettres et ins- tructions, aujourd'hui publiées (?), ne forment pas moins de trois gros volumes. Que l’on joigne à tout cela la rédaction d'un journal considérable, la composition de discours nom- breux sur des questions très variées, aujourd’hui vulgarisées par une discussion quotidienne, mais alors absolument nou- velles et très difficiles à trancher dans une situation où tout était à faire, où un monde nouveau devait être créé de toutes pièces pour remplacer le vieux monde détruit, et l’on s'expli- quera malaisément que des auteurs graves viennent vous signaler comme une surprenante découverte la part prise par des secrétaires aux travaux de Mirabeau. 1 dut évidemment avoir, et il eut en effet, de nombreux collaborateurs, même en dehors des quatre publicistes gene- vois. Citons notamment de Comps, qui tenta de se suicider après la mort de notre orateur ; Frochot, le futur préfet de la Seine sous le premier empire ; enfin et surtout le Marseillais Joachim Pellenc, à qui ses hautes facultés valurent plus tard de grandes situations dans la diplomatie. Il avait aidé Mira- beau dans son procès d'Aix contre les parents de sa femme; il avait énergiquement soutenu son élection en Provence; durant le cours de sa vie publique, il devint le plus actif et le (1) Mémoires de Mirabeau. (2 Correspondance du comte de Mirabeau et du comte de Lamarck: Paris, 1851. — 196 — plus employé de ses collaborateurs. Mais avec la modestie et le dévouement qui convenaient à un tel rôle, il ne chercha jamais qu à s’effacer, et, jusqu’à sa mort, rendit constamment hommage au génie du maitre qui l'avait associé à ses tra- Vaux. Si ses collègues n'ont pas suivi cet excellent exemple, il ne faut pas que la mémoire de notre premier orateur politique en soit atteinte; il ne faut pas que la coopération d'autrui, coopération avouée, évidente, nécessaire, fasse perdre de vue les idées fournies, la direction imprimée au travail, l’art d'en- courager, de soutenir les travailleurs, de leur inspirer l’ar- deur et l’enthousiasme pour la cause à défendre. C’est pour- tant ce qu'ont fait dés esprits élevés troublés par la passion politique. Un éminent écrivain est allé jusqu’à dire : « Outre les contingents que Mirabeau recevait de ses coadjuteurs, il dérobait volontiers aux morts et mettait à contribution même les œuvres des vivants. L'académicien Garat avait fait sur les léttres écrites du donjon de Vincennes, si trivialement éditées par Manuel, un relevé curieux des plagiats passionnés. Le même travail de patience exécuté sur les autres productions littéraires de Mirabeau le convaincrait de longs et nombreux larcins (1). » Ce travail, M. Marc Duffraisse n'hésite pas à le proposer à la critique ; il voudrait voir « extraire du fouillis des emprunts de Mirabeau les pages, les lignes, les mots même qui ne se- raient pas à lui (?). » OEuvre bien futile et bien vaine! nous le démandons de bonne foi à l'honorable auteur. Quelle gloire politique ou littéraire résisterait à une dissection semblable ? Si l’on tait au prenier de nos orateurs et de nos écrivains, à Bossuet, ce qu'il doit à l'antiquité, à la Bible et aux Pères de l'Eglise, que resterait-il de ses œuvres ? Absolument rien. « Le choix des pensées, a fort bien dit Labruyère, est inven- (1) M. Dorrraisse, /lisloire du droit de paix et de guerre. (2) 1d. = 4197 — tion (1). » Une idée, en effet, ou même une phrase ne sont rien en elles-mêmes; elles ne valent que par l’usage qu’on en fait, le but auquel on les destine, l'enchaînement qu'on établit entre elles et celles qui les précèdent ou qui les sui- vent. Or, Mirabeau n’avait pris tout cela ni aux morts, ni aux contemporains. Sa gloire de penseur, d'écrivain et d'ora- teur reste donc intacte. Le penseur et l'écrivain nous sont apparus dans les lettres à Reybaz aussi profonds que dans pas un de ses ouvrages. L'orateur est au-dessus des critiques ; car, remarquons-le bien, on le connaît surtout par ses impro- visations. Le fameux : « Allez dire à ceux qui vous envoient... » ne fut pas composé dans le silence du cabinet, pas plus que l’in- terpellation qui suivit la prise de la Bastille : « Dites-lui, dites-lui bien que les hordes étrangères dont nous sommes investis..…..; » pas plus surtout que le discours sur la ban- queroute, l’un des plus beaux monuments oratoires qui figu- rent dans les annales parlementaires d'aucun peuple. Tout le monde sait, en effet, dans quelles circonstances fut prononcé ce discours. Le 24 septembre 1789, pour faire face aux besoins pressants du trésor, Necker avait proposé une contribution extraordinaire du quart de tous les revenus. Le 26, le comité des finances conclut, par la bouche de son rap- porteur, M. de Montesquiou, à l'adoption du projet. Une dis- cussion très vive s'engage, à laquelle Mirabeau prend part avec la fougue et l'autorité de parole qui le distinguent. Malgré son inimitié connue à l'égard de Necker, il soutient le projet : suivant certains auteurs, notamment Mme de Staël, pour compromettre le ministre en lui créant de lourdes res- ponsabilités ; suivant d’autres, au contraire, pour se rappro- cher de lui par une adroite flatierie. Cependant le débat se prolouge et dégénère en un violent tumulte, au milieu duquel le projet menace d’être oublié. Mirabeau, qui a déjà occupé (1) Les ouvrages de l'esprit. — 198 — quatre fois la tribune, y reparaît en proie au trouble de la colère et de l'émotion cratoire. Il évoque aux yeux de ses col- légues terrifiés le spectre de la banqueroute prêt à dévorer ses victimes. Il leur montre l’imminence du péril; il les conjure d'y faire face au nom de leur intérêt, de leur honneur et du salut de la patrie. L'Assemblée se lève tout entière. Un dé- puté qui veut répondre demeure sans voix, immobile, le bras étendu; et le projet est adopté par acclamation. Tous les contemporains sont unanimes à reconnaitre l'effet magique de ce discours. A la lecture, il est déjà profond, sai- sissant. Mais, comme l’a dit M. Victor Hugo, « Talma meurt tout entier, Mirabeau à demi (1). » C’est qu'en effet le grand orateur était aussi grand comédien. Sa science de la décla- mation et de l’action oratoire eut ce jour même un beau té- moignage. Quand il fut descendu de la tribune, le fameux Molé, premier acteur du Théâtre-Francais, présent à la séance, vint lui faire cet étrange compliment : « Ah! M. le comte, vous avez manqué votre vocation. » Tout cela est perdu pour nous; mais nous n’en comprenons pas moins l’aveu que l’admira- tion arrache à Etienne Dumont lui-même : « Depuis ce jour, dit-il, Mirabeau fut considéré comme un être unique; il n’eut plus de rival; il y avait bien d’autres orateurs, lui seul était éloquent; et l'impression fut d'autant plus vive, que ce dis- cours était une réponse soudaine, qui ne pouvait pas être préparée, et qu'il devait tout entière à lui-même, dans le mo- ment où il se montra supérieur à tout ce qu’on avait fait pour lui (). » Voilà qui est décisif et qui tranche absolument là question des plagiats de Mirabeau. Il eut un génie puissant et surtout personnel ; il fut orateur dans le sens large et complet du mot, et d'autant plus orateur que son éloquence vient plus de lui- même , qu'il traduisit davantage à la tribune ses propres (1) Etude sur Mirabeau. (2) Souvenirs sur Mirabeau. — 199 — inspirations, et que la multiplicité jointe à la grandeur de ses travaux le forca moins de recourir à la collaboration d'autrui. Que cette collaboration ait servi de prétexte à de misérables chicanes indignes de fixer l'attention de l’histoire, si elles ne risquaient d'induire de bons esprits en erreur, il ne faut pas s’en étonner. Le génie, en effet, n'échappe point à la loi com- mune. L’envie, la haine, l'ignorance et les passions intéres- sées l'attaquent vivant, et ne l’'épargnent pas même au-delà de la tombe. Bien des gloires littéraires de premier ordre ont été longtemps méconnues ; que sera-ce pour les grands hommes politiques dont le passage soulève tant d’orages, et que la mort ne soustrait pas aux polémiques ardentes des partis ? — Mira- beau, qui fut en 89 le grand, le seul représentant de cette politique ferme et libérale, se préoccupant à la fois des néces- sités de l'heure présente, de l’application des réformes qu’à certains moments l'opinion publique réclame avec une irré- sistible énergie, comme aussi des réactions que ces réformes doivent soulever et dont il faut tenir compte, si l'on veut assurer l'avenir; de cette politique vraiment scientifique, fon- dée, non pas sur des déductions plus ou moins rationnelles ou des idées métaphysiques et absolues, mais sur l’observa- tion des faits, sur la connaissance du passé, sur l'étude appro- fondie des besoins de l'époque et du véritable état des esprits ; Mirabeau, dont le génie fier et original ne s’inféoda à aucun des partis qui divisaient alors la France, et dut tous les frois- ser, les écraser au besoin dans sa marche indépendante; Mi- rabeau ne pouvait attendre justice d'aucun d'eux. Tous, en cffet, lui ont prodigué la calomnie et l’injure pendant sa vie, et n’ont pas davantage épargné sa mémoire. On ne s’est point contenté d'exiger de lui, et de lui seul, une existence pure et sans taches, une moralité à toute épreuve dans le plus cor- rompu des siècles, de travestir indignement la nature, au- jourd’hui pourtant si bien connue, de ses rapports avec la Cour ; on a contesté jusqu'à son éloquence, éloquence pro- verbiale et dont les grands accents sont dans toutes les bou- — 200 — ches. Ces critiques injustes et haïineuses ne résistent pas au moindre examen. Le temps en effacera jusqu'à la trace, tandis qu'il consacrera de plus en plus la gloire de Mirabeau. Le grand orateur lui avait d'ailleurs confié son nom, sachant. bien que seul il fait justice des calomnies et donne à chacun le rang qui lui appartient dans l’histoire. « Souvenez-vous, écrivait-1il, que la seule dédicace qui nous soit venue de l’an- tiquité, celle d’Eschyle, ne porte que ces mots : Au temps. Eh bien ! cette dédicace est la devise de quiconque aime sin- cèrement et avant tout la gloire! Ils auront beau faire, ou je serai moissonné jeune et bientôt, ou le temps répondra pour moi; Car j'écris et j'écrirai pour le temps, et non pour les par- tis. » NOTECE SUR LES BILLETS DE CONFIANCE DE LA VILLE DE GRAY EMIS EN 1792 Par M. Ernest ANDRÉ MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NUMISMATIQUE. Séance du 13 janvier 1877. Moins d’un siècle nous sépare de l’époque où les billets de confiance étaient répandus à profusion dans tous nos dépar- tements, et cependant leur souvenir s’est déjà effacé si com- plétement que bien peu de personnes connaissent leur exis- tence et les motifs qui ont donné lieu à leur création. La principale cause de loubli dans lequel ils sont tombés est la disparition presque complète des monuments originaux et l'extrême rareté de la plupart d'entr'eux. En effet, tandis que les assignats nationaux sont encore dans toutes les mains, les petits assignats communaux ou billets de confiance défient les recherches les plus actives des amateurs, et il serait im- possible aujourd'hui de former une collection complète de ceux émis dans un seul département. Cette différence de ra- reté s'explique d'elle-même, quand on songe que les assignats nationaux, après avoir subi une dépréciation progressive et considérable, ont fini par n'avoir plus aucune valeur, mais sont restés entre les mains de leurs détenteurs qui les conser- vèrent, d'abord avec l'espoir de leur voir reprendre cours ou d'en obtenir le remboursement, et, plus tard, dans un simple but de curiosité. Ils ont été respectés par le fait même de la — 202 — nullité de leur valeur commerciale ou intrinsèque, de l'ab- sence d'intérêt ou de profit que l'on aurait pu avoir à les aliéner ou à les détruire. Les billets de confiance, au contraire, ne furent jamais dé- préciés, et le décret de la Convention nationale qui mit fin à leur circulation accorda un délai suffisant pour que les ci- toyens porteurs de ces billets pussent les échanger contre des assignats auprès des caisses émissionnaires. On comprend que les détenteurs s'empressèrent de faire cet échange dans le délai prescrit, et, comme tous les billets rentrés étaient ou devaient être brûlés, 11 n'en échappa que bien peu; nous ne pouvons donc retrouver aujourd'hui que les rares spécimens sauvés de la destruction par l’insouciance ou l'oubli de nos pères. Après avoir, dans un travail publié récemment, essayé de retracer l'histoire des billets de confiance du département de la Côte-d'Or, j'ai pensé qu'il ne serait pas sans intérêt, pour les amateurs franc-comtois, de publier, en les coordonnant et en les condensant, les documents que j'ai pu recueillir dans les archives communales sur ceux de la ville de Gray. Pour rendre intelligible cette petite monographie locale, j'ai cru nécessaire de la faire précéder d'un court aperçu sur les motifs qui ont amené la création, usage et la suppression des billets de confiance en général, et je reproduis à cet effet, dans les lignes qui suivent, les quelques considérations qui figurent en tête de ma notice sur les billets de la Côte-d'Or. Dès le commencement de 1790, l'orage révolutionnaire s’'amoncelait, et, comme il arrive toujours dans les temps de crise, le numéraire disparut. Les esprits inquiets ou celair- voyants songeaient à mettre leur fortune à l'abri de la tour- mente, beaucoup de nobles émigraient, les transactions s'ar- rètaient, l'or et l'argent passaient la frontière, et bientôt les assignals, créés par l’Assemblée nationale qui en décréta le cours forcé, devinrent la seule monnaie avec les espèces de E 305 = cuivre dont le nombre était même insuffisant. Mais il n’exis- tait pas alors d’assignats au-dessous de 50 livres, et, comme la dépréciation n’en était pas arrivée, ainsi qu'on le vit plus tard en 1796, à assimiler le louis de 24 livres à plus de 17000 livres de papier-monnaie, ce qui aurait donné à l'assignat de 50 livres la valeur d'environ un sou et demi, il en résultait une gêne excessive pour le petit commerce et les transactions de peu d'importance. La création des assignats de 5 livres, qui eut lieu par décret du 6 mai 1791, ne mit pas un terme à la crise, car ils étaient encore d’une valeur trop élevée pour les menues dépenses de chaque jour. C’est pour subvenir à ces besoins réels et pour éviter l’agio- tage sur les échanges qui en était la conséquence que, dans beaucoup de villes, des sociétés de citoyens ou les munici- palités elles-mêmes établirent des caisses de confiance où l’on échangeait, avec ou sans rétribution, les assignats nationaux contre de petites coupures créées par les caisses émission- naires et qui étaient elles-mêmes contr'échangées à toute ré- quisition du porteur. Ces établissements rendirent d'immenses services et furent accueillis avec joie par la population; mais, dans beaucoup de villes, et à Paris surtout, des abus nombreux ne tardèrent pas à s'y introduire et transformèrent en honteuse spécula- tion une institution toute philantropique. L'Assemblée légis- lative s’en émut et rendit plusieurs décrets généraux de sup- pression qui, dépassant le but, ne furent pas exécutés. Enfin, après la mise en circulation des petits assignats nationaux de 15 sous et de 10 sous, la Convention décréta, le 8 novembre 1792, la suppression de toutes les caisses patriotiques et ac- corda,; pour le retrait des billets émis par elles, un délai re- connu plus tard insuffisant, et prorogé en dernier lieu au ler octobre 1793. Après cet exposé préliminaire, j'arrive au sujet qui fait plus particulièrement l'objet de cette notice, et je dirai, une — 204 — fois pour toutes, que mes renseignements ont été, sans excep- tion, puisés dans les archives et les registres municipaux de la ville de Gray. Le 17 février 1792, M. Billardet, maire de Gray, exposa au Conseil général de la commune que la rareté du numéraire et surtout de la monnaie divisionnaire occasionnerait, sur l’échange des assignats, un agiotage très onéreux surtout pour la classe indigente, et proposa de créer, à l'exemple des villes voisines, des billets de confiance pour parer à cet abus et fa- ciliter les transactions. Le Conseil général, sur l’avis conforme du Procureur de la commune, reconnut l'opportunité de cette mesure et décida la mise en circulation, jusqu’à concurrence d’une somme de 6000 livres, de billets de confiance de cinq sous et de deux sous six deniers, en stipulant que ces billets, dont la forme et le mode d'émission devaient être déterminés par le Conseil municipal, n'auraient cours que jusqu’au 1*% janvier suivant et seraient échangés contre des assignats de 90 livres et au- dessous. Cette délibération fut approuvée par arrêté du Directoire du département en date du 24 février 1792, et, le 7 mars, sui- vant, le Conseil municipal se réunit pour régler avec le sieur Barbizet, imprimeur, les détails relatifs à la fabrication des billets. Voici les principales clauses du traité qui fut signé à cet égard entre l'imprimeur et la commune : « Le sieur Barbizet devait, moyennant le prix de 100 livres et 6 livres de gratification au prote, fournir 36000 billets de confiance, dont 12000 de 5 sous et 24000 de ? sous 6 deniers. » L’impression devait être faite sous les 10 premières lettres de l'alphabet, de facon que, sous chacune d’elles, il fut im- primé 1200 billets de 5 sous et 2400 billets de 2 sous 6 de- niers. » Chacune des séries devait être numérotée de 1 à 1200 ou — 205 — à 2400, selon la nature des billets, et ce numérotage devait être fait à la main par un officier municipal. » Pour éviter, autant que possible, la coutrefacon , les bil- lets devaient porter diverses rémarques secrètes ainsi conve- nues : » 1° La lettre E du mot Echange n'aurait point d'onglet dans le bas. » 29 La barre noire vis-à-vis la lettre Y, finale du mot Gray, et celle précédant la lettre G, initiale du même mot, porte- raient un point restant de la couleur du papier. » 3° Enfin la lettre T, terminale du mot Billet, serait sans onglet dans le bas, en dedans du mot(l). » Tous ces billets devaient être revêtus de la griffe du maire Billardet et être signés, en outre, au revers par deux com- missaires. Des procès-verbaux de numérotage et de signature il ré- sulte que les billets de 5 sous de couleur jaune et ceux de 2 sous 6 deniers de couleur rouge ont été signés, savoir : 1° Les billets de 5 sous par : Série A MM. Dupoirier et Myet Série F MM. Bisot et Fariney — B Bisot et Fariney — G id. id. — C id. id. — H Myet et Dupoirier — D id. id. — I Myet et Bridan — E id. id. — K Myet et Dupoirier 2° Les billets de 2 sous 6 deniers par : Série À MM. Myet et Raclot 1601 à 1610, 1951 à — B Rousset et Bridan 1956, et 2336, qui — CG Bridan et Garnier furent signés par — D Bridanet Dupoirier MM. Dupoirier, — E Myet et Dupoirier Myet et Garnier, et — F Dupoirier et Bridan les n° 981 à 1000 — G Bisot et Fariney signés par MM. Fa- — H Myet et Garnier cadet riney et Bisot — I MyetetDupoirier,à Série K MM. Garnier cadet et l'exception des n° Raclot. (1) Ces remarques ne paraissent pas avoir été exécutées strictément : ainsi, dans les billets que j'ai pu voir, ce n’est pas l’initiale du mot — 206 — La distribution de ces billets était attendue avec une si grande impatience et ils répondirent à un besoin si réel que, bien que chaque chef de famille n'eût le droit d'en recevoir que pour la valeur d'un assignat de 5 livres, la totalité de l'émission fut épuisée avant la fin de la première journée et beaucoup de personnes ne purent même en obtenir. C’est ce que le maire Billardet exposa au Conseil municipal dans sa séance du 21 mars 1792, en demandant que, pour satisfaire aux besoins pressants de la population, il fut fait une nou- velle émission de billets de confiance semblables aux précé- dents, mais pour une somme double, c'est-à-dire jusqu’à con- currence de 12000 livres. Le Conseil, après en avoir délibéré, chargea le Procureur de la commune de solliciter auprès du Directoire du département l’autorisation d'effectuer cette nou- velle émission. Le Conseil général de la commune, par sa délibération du 3 avril 1792, et le Directoire du département, par son arrêté du {5 mai courant, donnèrent leur adhésion à cette nouvelle mesure. En conséquence, le 18 mai, le Conseil municipal assemblé remit au sieur Barbizet la planche ayant déjà servi à la première émission, ainsi que la quantité de papier né- cessaire pour imprimer 24000 billets de 5 sous et 48000 billets de 2 sous 6 deniers, en stipulant que cette émission se ferait, comme la précédente, sous les 10 premières lettres de l'alpha- bet, en ajoutant seulement, sous chacune des lettres formant les séries, les chiffres 2 et 3. Cette émission, comme la première, fut rapidement épuisée, et, sur les nouvelles instances des citoyens, le maire Billardet proposa, le 16 juin 1792, au Conseil municipal de voter une a RE EN Echange, mais celle du mot En qui ne porte pas d’onglet dans le bas. — Les barres qui devaient précéder et suivre le mot Gray n'existent pas dans les originaux, — La troisième remarque relative au T final du mot billet a été fidèlement reproduite. troisième émission de billets de confiance. Le Conseil ap- prouva cette demande qui fut soumise au Conseil général. Ce dernier, par sa délibération du 19 juin 1792, autorisa, jus- qu'à concurrence de la somme de 12000 livres (1), une nou- velle émission de billets de confiance de 5 sous et de 2 sous 6 deniers, sur lesquels, au lieu de signature, il serait apposé seulement un timbre sec et la griffe du maire Billardet. En exécution de ces délibérations et de l'arrêté du Dircc- toire du ? juillet suivant, le Conseil municipal se réunit le 4 du même mois, et, ayant fait appeler le sieur Barbiset, lui remit de nouveau la planche par lui faite et les feuilles néces- saires pour imprimer 36000 billets de 5 sous et 72000 de 2 sous 6 deniers qui devaient être faits dans la même forme que pré- cédemment, à l'exception néanmoins qu'il serait apposé un timbre sec pour tenir lieu des signatures mises jusqu'alors au dos des billets. L'impression devait avoir lieu , comme pour les autres émissions, par séries sous les 10 premières lettres de l'alphabet, en ajoutant seulement, sous chacune d'elles, les chiffres 4, 5, etc. L'institution des caisses de confiance qui, en général, rendit de si éminents services, touchait à sa fin. En effet, le 8 no- vembre 1792, la Convention nationale rendait un décret qui, en interdisant toute nouvelle émission, ordonnait la rentrée des billets en circulation dans le plus bref délai. L'article 6 de ce décret prescrivait que les planches ayant servi à la fabri- cation fussent brisées le jour même de la réception de la loi dans chaque localité émissionnaire. Ce décret ne fut pas exé- culé strictement par toutes les communes intéressées, mais la ville de Gray se distingua par sa soumission à la loi; car nous voyons, le 19 décembre 1792, le Procureur de la com- mune faire connaître au Conseil municipal le décret en ques- A re re emmené dé ns men mnt (1) Cette émission fut, en réalité, de 18,000 livres, si on s'en rapporte à la quantité de billets que le sieur Barbizet fut chargé d'imprimer. PR = tion qui lui avait été transmis officiellement la veille au soir, et requérir à l’instant même l'exécution de l’article 6 précité. En conséquence l’imprimeur Barbizet fut mandé sur-le- champ, et, en présence du Conseil et du public assemblé, il décomposa et brisa l’unique planche ayant servi à la fabrica- tion des billets émis par la municipalité. Résumant, en quelques mots, les documents qui précèdent, nous constatons : ‘ Qu'il y eut à Gray trois émissions successives de billets de confiance, comprenant chacune des billets de 5 sous de cou- leur jaune et des billets de 2 sous 6 deniers de couleur rouge (1); Qué ces billets, tous au même type, ont été tirés sur la même planche et portent la griffe du maire Billardet; Que ceux des deux premières émissions ne peuvent se dis- tinguer que par le chiffre qui accompagne les lettres de série; Et que, sur ceux de la troisième émission, les deux signa- tures manuscrites du revers ont été remplacées par un timbre sec (2). J'ai représenté, sur la planche ci-jointe, le fac-simile du billet de 2 sous 6 deniers de la première émission. œ——————— ne 2e (1) Une des pièces que j'ai consultées laisserait supposer qu'une partie des billets de ? sous 6 deniers de la 3° émission ont été imprimés sur papier blanc; mais tous les autres documents officiels ne parlent que de billets rouges, et les originaux que j'ai rencontrés étaient tous de cette couleur. (2) M. le capitaine Cozson, dans ses Tableaux des billets de confiance émis dans les 83 départements, publiés dans la Revue numismatique française, année 1852, mentionne des billets de ?, 5, 10, 20 et 30 sous qui n’ont jamais existé. Ces tableaux contiennent, au reste, de très nombreuses erreurs, imputables à l'impossibilité dans laquelle s’est trouvé l’auteur de consulter les sources officielles pour un travail em- brassant la France entière. Société d’Emulation du Doubs. 1871. BILLET DE CONFIANCE DE LA VILLE DE GRAY RENAUD DE BOURGOGNE ET LES FRANCHISES MUNICIPALES DE MONTBÉLIARD Par M. P.-Ed. TUEFFERD Séance publique du 14 décembre 1876. Le comte de Montbéliard Thierry II de Montfaucon, surnommé le Grand Baron, était arrivé à un âge avancé, et, sentant que la mort pourrait d’un jour à l’autre venir le frapper, il voulut faire ses dispositions dernières. Ayant perdu son fils unique, et désirant se donner pour successeur un brave et noble chevalier qui pût défendre ses Etats conti- nuellement menacés par de puissants voisins, il maria son arrière-petite-fille, Guillemette de Neuchâtel en Suisse, qu'il aimait particulièrement, à Renaud de Bourgogne. En consi- dération de ce mariage, il donna à celui-ci le comté de Mont- béliard, après avoir fait renoncer préalablement à sa succes- cession Amédée de Neuchâtel, père de Guillemette, Jean et Richard, oncles de cette dernière (15 mai 1282). TLierry II mourut trois ans après. Renaud était le deuxième fils d’Alix de Méranié, comtesse de Bourgogne, et de Hugues de Chalon; il était le petit-fils de Jean de Chalon, surnommé l’Antique, «ce grand homme, dit M. le président Ed. Clerc, qui, dans le comté de Bour- gogne, domina le treizième siècle. » C'est assez dire de quelle illustre famille descendait le comte Renaud. En lui donnant le comté de Montbéliard, Thierry I avait choisi un successeur digne de lui au point de vue non- :: em: Eu Fr: a La 1e 5 L » — bu ut " “20, ÈS) aa 4 ab. en sé PUTCES of °C 8er OTB ES io one job ro maris Tant ROLE NES NS LR es AlOE oh assume ant 2106 sessuiiil 48 insnlooon, | fuoeaV : Sopr ts 3s Diensoslin sanrgèe sÙ 2por swintode son me B-ni ,FT8E J tot esrunoord 292 insbacigeorios dent ,(edglobA) 184M L'ennb nsenioshinnd ab venue swoiimoson shui : e98lu3 :0T8t (usobnol..d49 .M sous nofsrodsilos ne) stalotnsau sotioztod sh : OVET ,(r0'b-2100) 1pov, 5 ste soineirodtsE — 403 — DONS FAITS À LA SOCIÉTÉ EN 1877, Par M. le MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE... 400 f. Par le DÉPARTEMENT DU DOUBS................. 500 or 4 VicLe) DE BESANCON: rue ere ce 600 Par M. le MinISTRE DE L' INSTRUCTION PUBLIQUE : Revue des sociétés savantes des départements, 6° série, t. III (mai-dé- cembre 1876). — Revue historique, 2° ann., 1877, livr. 1 et ?, t. IV (mai-août 1877); t. V (septembre-décembre). Par le ConsEIL GÉNÉRAL Du Dougs : Mémoires et documents inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comté, t. IV-VII, in-8. Par le CoNsEIL GÉNÉRAL DE L'AIsNE et M. Edouard FLEURY : Antiquités et monuments du département de l'Aisne, 1"° partie; Paris et Laon 1877, 1 vol. gr. in-4. Par la CHAMBRE DE COMMERCE DE BESANCON : son Compte- rendu de 1876, 17e année. Par MM. ReBouz DE NEYROL, président de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône, ses brochures intitulées : 1° La ligue de Stellinga ou des rénovateurs ; 1876, in-8 ; 2° le Baccalauréat et l'Université dans les services de l'Etat en Al- sace-Loraine, sous le régime allemand, et en France; Vesoul, 1877, in-8. Méav (Adolphe), membre correspondant, ses brochures inti- tulées : Etude économique sur l’art du brandevinier dans ! Beaujolais (en collaboration avec M. Ch. Blondeau), 1870 ; Herborisation faite à Nolay (Côte-d'Or), 1870 ; Herborisations — 404 — Par MM. dans la Campine limbourgeoise (Belgique), 1874; Herborisa- tion à la montagne de Séuse et découverte du Tulipa præcox à Marcy-sur-Anse (Rhône), 1874; Herborisations dans les montagnes d'Hauteville et du Colombier du Bugey (en colla- boration avec M. J. Saint-Lager), 1876 ; Note sur la Florule de la prairie de Bourdelans et sur la bibliothèque botanique de l’auteur, 1877, in-8. Boussox {le docteur), de Poligny, membre correspondant, ses Conférences agricoles, suivies d’un traité sur la fabrication du fromage façon Gruyère, 1876, in-12. DrapeyroON (Ludovic), membre correspondant, son Essai sur le caractère de la lutte de l’Aquitaine et de l’Austrasie sous Les - Mérovingiens et les Carolingiens, (lectures faites à l’Académie des sciences morales ct politiques), Paris, 1877, in-8; sa brochure intitulée : M. Thiers historien, géographe et homme d'Etat, 1877. in-8. SaiNT-Pauz (Anthyme), sa brochure intitulée : Les écoles d'architecture romane au xrre siècle, 1876, in-12. VaAILLANDET, Membre Correspondant, son Discours prononcé aux obsèques du colonel Paris à Pin-l'Emagny, le 21 avril 1876; broch. in-8. MarcHanr (le docteur Louis), membre correspondant, ses sept brochures intitulées : 1° Notice sur une parure en coquillage trouvée à Dijon, gr. in-4, 2 pl. lithogr.; 2° Description de disques en pierre de diverses localités, gr. in-4, 1 pl. lithog.; 30 Notice sur divers instruments en pierre, os et corne de cerf trouvés dans la Saône, gr. in-4, 3 pl. lithog.; 4° Note sur des hameçons en bronze trouvés dans la Saône, gr. in-4, 1 pl. lithog.; 5° Note sur un ornement de tête en forme de diadème, trouvé dans la Saône, gr. in-4, 1 pl. lith.; 6° Am- poules de pèlerinages en plomb, trouvées en Bourgogne, in-4, 1 pl.; 7° Eloge de M. Brullé, doyen de la Faculté des sciences de Dijon, discours de réception à l’Académie de cette ville, in-8. — 405 — Par MM. Morsau (Frédéric, père et fils), leur Album des principaux objets recueillis dans les sépultures de Caranda (Aïsne) pen- dant les années 1873, 1874 et 1875; Saint-Quentin, 1877, in-4. | VIVIEN DE SAINT-MarTIN, membre correspondant, les fasci- cules 1-4 de son Nouveau dictionnaire de Géographie uni- verselle, in-4. Benorr (Emile), membre correspondant, sa Note sur une ex- pansion des glaciers dans le Jura central par Pontarlier : ex- trait du Bulletin de la Société géologique de France, 1876. Hizp, membre résidant, son volume intitulé : Belfort et les bataillons mobiles de la Haute-Saône, examen critique des opérations du siége de 1870-71; Vesoul, 1872, in-8, avec portraits lithographiés par M. Victor JEANNENEY, membre correspondant. Brzos (Gaston), membre résidant, ses thèses pour le doctorat ès-lettres, intitulées : Flori historici, vel potius rhetoris, de vero nomine, ætate qua vixerit et scriplis, 1877, in-8 ; Etude sur la vie et les œuvres de Jean de Mairet, 1877, in-8. Micuez (Auguste fils), Notice biographique sur Jean-Auguste Michel, lue à la Société industrielle de Mulhouse, par Au- ouste STOEBER; 1877, in-8. Dozcrus (Gustave), de Riedisheim, Matériaux pour l'étude des glaciers, par Dozzrus-Ausser ; Paris-Strasbourg, 1863-1872, 15 vol. gr. in-8, et atlas in-fol. de 40 pl. ANDRÉ (Ernest), membre correspondant, sa Notice sur les bil- lets de confiance du département de la Côte-d'Or, émis pen- dant la période révolutionnaire, en 1791 et 1792; 1877, in-8, 4 pl | Mrzzescamps (Gustave), sa brochure intitulée : Des monuments mégalithiques de Timécourt, près Luzarches (Seine-et-Oise), 1878, in-8. JuURGENSEN (Jules), membre correspondant, sa brochure inti- tulée : De l'emploi des machines en horlogerie, spécialement me QU er MM. dans la fabrication des montres de poche : leur principal in- venteur, M. P.-F. Ingold; Neuchâtel, 1877, gr. in-8. Tuierry (Jacques-Amédée), membre correspondant : Notice historique sur la vie et les travaux de M. Amédée Thierry, par M. MicnerT, 1877, gr. in-8. GARNIER (Georges), membre correspondant, A/manach du Sonnet, 4° année, 1877, in-12. HENNEQUIN (Frédéric), membre correspondant, sa Communi- cation sur l'importance de la topographie, faite en Sorbonne, comme délégué de la Société d'Emulation du Doubs, le 4 avril 1877, in-8. GuILLEMOT, membre correspondant, ses Documents inédits pour servir à l’histoire des industries thiernoises, 1877, in-8. DEMoNGEoT, membre résidant, son Rapport sur l'instruction primaire dans la ville de Besançon et banlieue pour l'année 1876, in-4. F Quiquerez, membre correspondant, son Histoire des institu- tions politiques, constitutionnelles et juridiques de l'Evêché de Bäle, 1877, in-8. Ricxarp (Ferdinand), sa Notice sur La Sagne, lue à la réunion annuelle de la Société d'histoire de Neuchâtel, le 26 juin 1877; gr. in-8. SCHUERMANS, Conseiller à la Cour d'appel de Liége, son Etude sur les remparts d'Arlon et de Tongres, 1877, in-8. PERRUCHE DE VELNA, membre résidant, son Discours sur le droit de propriété, prononcé à l'audience solennelle de ren- trée de la Cour d'appel de Besancon le 3 novembre 1877, in-8. QuiceraT (Louis), membre de l’Institut, son Discours pro- noncé aux obsèques de Charles-André-Joseph Paravey, le 20 octobre 1877, in-8. — 407 — Par MM. Prerson (Octave), membre correspondant, un polypier fossile trouvé à Myon, lieudit Sur-le-Peu. Racine (Louis), 69 oiseaux d'Europe et d'Amérique, empail- lés, avec trois globes de verre servant à en abriter plusieurs groupes. — Deux couvoirs pour l’éclosion des œufs. — Un fusil à vent d’une élégante facture. - 408 - ENVOIS DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES EN 1877. Mémoires de la Société des antiquaires de France, 4° série, t. VIT, 1876. Association scientifique de France, bulletin hebdomadaire n° 476-520, 17 décembre 1876-21 octobre 1877. Revue Savoisienne, 17° année, n° 12 (30 décembre 1876); 18° année, n° 1-9 {janvier-septembre 1877). Bulletin de la Société d'agriculture de la Sarthe, 2* série, tome XVI (XX Ve de la collection), 3° et 4° trimestres de 1876. Société académique de Saint-Quentin : Don Juan et Haïdée, par Edmond Delière, cantate couronnée en 1876. Annales de la Société d'agriculture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon, 4° série, t. VII, 1874. Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, 4° série, t. VII, 1874. Comptes-rendus de la Société française de numismatique et d’ar- chéologie, t. V, 1874. Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Metz, 2e série, 13° et 14° cahiers, 1874-1876. Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Colmar, 1875-1876. Revue Africaine, journal des travaux de la Société historique algérienne, 20° année, juillet-août 1876; 21° année, jan- vier-juin 1877. Bulletin de la Société Dunoise, janvier 1877. Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny, 17° année (1876), n°5 8-12 ; 18° année (1877), n° 1-7. Société de viticulture et d’horticulture d’Arbois, compte-rendu de 1876. Mémoires de la Société d’'Emulation du Jura, 2° série, t. IT, 1876. — 409 — Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute- Saône, 3° série, n° 7, 1877. Mémoires de la Société d'Emulation de Montbéliard, 3° série, t. 1, 1877 (Histoire des comtes souverains de Montbéliard, par M. E. TurrrER). Journal d'agriculture de la Côte-d'Or, 1876. Mémoires de l'Académie de Dijon, 3° série, t. II (1874), t. II (1875-76). Congrès archéologique de France, 42° session à Chälons-sur- Marne, 1875. : Société des sciences médicales de l'arrondissement de Gannat (Allier), compte-rendu de 1875-1876, 30° année. Bulletin de la Société des sciences, arts et lettres de Pau, 2° sér., t. V, 1875-1877. Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. XI, 3° et 4° livraisons, 1876. — Bulletin, 21 mars 1876- 13 mars 1877. Mémoires de la Société Eduenne, nouvelle série, t. V, 1876. Bulletin de la Société académique de Brest, 2° série, t. IT, 1875- 1876. Société des sciences naturelles de Cherbourg, compte-rendu du 25° anniversaire de sa fondation, 30 décembre 1876. Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, 1873. Société académique des sciences, arts, belles-lettres, agriculture et industrie de Cherbourg, 3° série, t. XIV, 1877. Bulletin de la Société de statistique de l’Isére, 3° série, tome V (XVI: de la collection), 1876. Bulletin de la Société des sciences naturelles et historiques de l'Ardèche, n° 10, 1876. Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 2° série, tome VIIT (1873-1874) ; t. IX (1874-1875); t. X (1875-1876). Bulletin de la Société des sciences de Nancy (ancienne Société des sciences naturelles de Strasbourg), 2° série, t, IT, fasci- cule V, 9% année, 1876. — 410 — Académie de Marseille : ses origines, ses publications, ses ar- chives, ses membres, avec 4 pl., par l'abbé Dassy, 1877. Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, t. XXXVIT. Bulletin de la Société de Géographie de Marseille, n° 1-3, jan- vicr-mars, 1877. Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, 3° série, t. V (1876); — Bulletin, t. XII (1874-1876), pp. 385-444 (fin du volume); année 1877, n° { et 2. Bulletin de la Sociélé industrielle et agricole d'Angers et du dé- partement de Maine-et-Loire, 47° année, 2e semest. de 1876. Annales de la Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles-lettres du département de la Loire, à Saint-Etienne, tome XX, 1876. Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées - Orien- tales, t. XIX, 1872; t. XX, 1876. Mémoires de la Socièté des sciences naturelles de Cannes et de l'arrondissement de Grasse, t. V, 1875. Mémoires de la Société d'histoire, d'archéologie el de littérature de l'arrondissement de Beaune, 1876. Bulletin de lu Société archéologique et historique du Limousin, t. XXIV (2° série, t, II), 1876. Société archéologique de Bordeaux, t. IIT, fase. 1-3, mars-oc- tobre 1876. Mémoires de la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux, ?e série, t. IF (1° cahier), 1877. Bulletin de la Socièté Polymathique du Morbihan, 1876. Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 1876,t. XXX (3 série, t. X}; t. XXXI, 1877 (3° série, t. XI). Mémoires de la Socièté historique et archéologique de Langres, n% 11 et 12, 1877; — Bulletin, nes 4-6 (1873-1877). Mémoires de la Société académique de l'Aube, 3° série, t. XIIT (XLe de la collection), 1876. Mémoires de l’Académie du Gard, 1875. — il — Mémoires de la Seciété d'agriculture, commerce, sciences et arls du département de la Marne, 1875-1876. Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, n° 89-91, 1876, 2°-4° trimestres. Mémoires de l'Académie de Caen, 1877. Société de secours des amis des sciences, compte-rendu de la 18° séance publique annuelle, tenue le 31 mai 1877. Mémoires de l’Académie de Montpellier : section des lettres, t. VI, 1° et 2e fascicules (1875-1876); section des sciences, t. IX, 1e fascicule (1876). L'Emulation Jurassienne, revue mensuelle publiée par la So- ciélé Jurassienne d'Emulation à Porrentruy : septembre- décembre 1876; janvier-juillet 1877. Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et d’'ar- chéologie de Genève, t. XIX, 1877, livr. 2. Mémoires de l'Institut national Genevois, t. XIIT, 1869-1877. Bulletin de la Société Vaudoise des sciences naturelles, 2° série, t. XV, 1877. Verhandlungen des schweizerischen naturforschenden Gesells- chaft in Basel, 21-23 august 1876, in-8. — Mittheilungen des naturforschenden Gesellschaft in Bern, 1876, in-8 ; — Nou- veaux mémoires de la Société helvétique des sciences natu- relles (Zürich), t. XX VII, fase. 2, 1877, in-4. Mittheilungen der antiquarishen Gesellschaft in Zürich : n° XL (Die alammanischen Denkmaeler in der Schweiz : Schluss, von G. M£yEer von Knonau, mit 4 Taf.); n° XLI {Lebens- bild des heiligen Notker von $S. Gallen, von G. MEYER von Kxonau, mit 2 Taf.). Carte géologique du Grand-Duché de Luxembourg, publiée sous les auspices de la Sociélé des sciences naturelles et mathé- matiques de Luxembourg, par N. Wies et P.-M. SIEGEN : 9 feuilles gr. in-fol., lithogr. en couleurs ; avec un Guide de la carte géologique du Grand-Duché de Luxembourg, par N. WIEs, in-8. Memoirs of the litterary and philosophical Society of Manches- — 412 — ter, third series, vol. V, 1876; — Proceedings, vol. XIII (1873-74), XIV (1874-75), XV (1875-76) ; — Catalogue of the books in the library of the Society, 1875. Boston Society of natural history : Memoirs, vol. IT, part. 1v, numpb. ?, 3, 4; — Occasional papers, numb. IT (the Spiders of United-States, by Nicholas-Marcellus HENTz) ; — Procee- dings, vol. XVII, part. 111 et 1v (december 1874-april 1875), vol. XVIII, part. 1-1 (may 1875-january 1876). Annual report of the Smithsonian Institution, 1875. Oberhessische Gesellschaft für Natur-und Heilkunde : Bericht XV, 1876; XVI, 1877. Envoi de l’Université royale de Norvège, à Christiania : De vi logicæ rationis in describenda philosophiæ historia, auct. M.-J. Monran, Christianiæ, 1860, in-8 ; — Ezechiels syner og Chaldæernes Astrolab, af G.-A. HozmBor, Christiania, 1866, in-4 (1 pl.) ; — Forekomster af kise à visse skifere à Norge, af Amund Hezrranp, udgivet ved E.-B. Munster, Christiania, 1873, in-4 (3 pl); — Jættegryder og Gamle strandlinier à fast Klippe, af S.-A. Sexe, Christiania, 1874, in-4 (3 pl); — Grundtrækkene : I den ældste norke Procès, af Ebbe HerTzBERG, udgivet ved Fr. BRAND, Christiania, 1874, in-8. Kongliga svenska Vetenskaps-Akademiens Handlingar (Mémoires de l’Académie royale des sciences de Suède), in-4, Bd. XIIE (1874), XIV, 1 (1875); — Bihang (Supplément aux Mé- moires), in-8, Bd. ITI, 2; — Ofversigt (Bulletin), in-8, Bd. XXIIL, 1876. | Jahrbuch der k.-k. geologischen Reichsanstalt in Wien, Bd. XXVI, 1876; Bd. XXVII, 1877 (janner-marz); — Ver- handlungen, 1876, 1877 (n°5 1-6, jan.-marz) ; — Catalog. der Ausstellungs - Gegenstande bei der wiener Welstausstellung, 1873. — 4135 — MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ Au 1° juin 1878, Le millésime placé en regard du nom de chaque membre indique l'année de sa réception dans la Société. Les membres de la Société qui ont racheté leurs cotisations annuelles sont désignés par un astérisque (*) placé devant leur nom, conformément à l'article 21 du règlement. Conseil d'administration pour 1878. ÉRIC RE. » 2e De voa m pates MM. SRE (Georges) ; Premier Vice-Président. ....... SAILLARD (Albin); Deuxième Vice-Président...... ; Besson (Edouard) ; Secrétatre décennal.... ss 1.01: Casran (Auguste) ; Vice-Secrétaire et contrôleur des DAMPNISES te same ete nee Farvre (Adolphe); MU BIE Re smae suefs cela Kzein (Auguste); Trésorier-adjoint............. DE Prisac (le baron) ; ARDRUDISTE aenspte à à : ame EE OUI : VAIssiER (Alfred). Secrétaire honoraire ..... ..….… MiBavoux (Vital): Membres honoraires (24). MM. Le GÉNÉRAL commandant le 7e corps d'armée et la 7° division militaire (S. A. M£' le puc D'AUMALE). Le PREMIER PRÉSIDENT de la Cour d'appel de Besançon (M. LorsEau). ER 414 Le MM. L’ARCHEVÊQUE de Besancon (S. G. M8 PAULINIER). Le Prérer du département du Doubs (M. Eugène PouBELLE). Le Recreur de l’Académie de Besancon (M. LissaJous). LE PROCUREUR GÉNÉRAL près la Cour d'appel de Besançon (M. PÉRIVIER). Le Marre de la ville de Besançon (M. le sénateur OuDET). L'IxspecTEUR d'Académie à Besancon (M. Duparay). BaYLe, professeur de paléontologie à l'Ecole-des mines; Paris. — 1851. BLancHarD, Em., membre de l’Institut (Académie des scien- ces), professeur au Muséum d'histoire naturelle; Paris. — 1867. Coquanx», Henri, professeur de géologie; Marseille. — 1850. Device, Henri-Sainte-Claire, membre de l’Institut (Aca- démie des sciences) ; Paris, rue Taranne, 7. — 1847. Devorsins, ancien sous-préfet; Paris, rue Monsieur-le-Prince, 48. — 1842. Dovugzepay, Henri, entomologiste ; Epping, comté d'Essex (Angleterre). — 1853. Duruy, Victor, ancien ministre de l'Instruction publique, membre de l'Institut (Académie des inscriptions); Paris, rue de Médicis, 5. — 1869. - GouGer, docteur en médecine ; Dole (Jura). — 1852. GRENIER, Edouard, lauréat de l’Académie française, ancien secrétaire d’ambassade; Paris, rue Jacob, 3, et Baume-les- Dames (Doubs). — 1870. Lissasous, recteur de l’Académie de Besancon. — 1878. Marcou, Jules, géologue ; Salins (Jura). — 1845. MarTiN, Henri, sénateur, membre de l’Institut (Académie des sciences morales); Paris-Passy, rue du Ranelagh, 74. — 1865. QuicxeraAT, Jules, directeur de l'Ecole nationale des Chartes, vice-président de la section d'archéologie du Comité des tra- vaux historiques; Paris, rue de Tournon, 16. — 1859, — 415 — MM. Résaz, Henri, membre de l'Institut (Académie des sciences), ingénieur des mines, professeur à l'Ecole polytechnique ; Paris, rue Saint-André-des-Arts, 58. — 1853. SERVAUX, sOus-directeur des sciences et lettres au ministère de l’Instruction publique; Paris, boulevard Courcelles, 1. — 1873. WEy, Francis, inspecteur général des archives de France; Saint-Germain-en-Laye, rue de Mareil, 57, et Paris, rue Joubert, 28. — 1860. Membres résidants (262) (1). MM. ALEXANDRE, Charles, secrétaire du conseil des prud'hommes, rue d'Anvers, 4. — 1866. ALEXANDRE, Henri, libraire, rue des Chambrettes, 8.— 1875. ALVISET, Charles, propriétaire, rue du Mont-Sainte-Marie, 1. — 1874. AMBERGER, Lucien, pharmacien, rue Morand, 7. — 1874. ANDRÉ, Louis-Joseph, inspecteur de l’enregistrement et des domaines, rue de la Préfecture, 25. — 1878. ANDROT (GiROLET, Louis, dit), peintre-décorateur; à la Croix- d’Arènes. — 1866. D'ARBAUMONT, Chef d'escadron d'artillerie en retraite, rue du Chateur, 18. — 1857. ARNAL, Alexis, économe du Lycée. — 1858, ARNAL, Amédée, avocat, membre du conseil d’arrondisse- ment, rue Neuve-Saint-Pierre, 20. — 1872. AUSCHER, Jacques, rabbin, rue Proudhon, 6, — 1875. BaDER, bijoutier, rue des Granges, 21. — 1870. (1) Dans cette catégorie figurent plusieurs membres dont le domicile habituel est hors de Besançon, mais qui ont demandé le titre de résidants afin de payer le maximum de la cotisation et de contribuer ainsi d'une manière plus large aux travaux de la Société, — 416 — MM. * Barzzy (l'abbé), maître des cérémonies de la cathédrale. — 1865. s BarBaup, Auguste, ancien premier adjoint au maire, rue Saint-Vincent, 43. — 1857. Bargier, Léon, ancien sous-préfet; Baume-les-Dames (Doubs). — 1873. * Bavoux, Vital, receveur principal des douanes; Longwy (Meurthe-et-Moselle). — 1853. BELLAIR, médecin-vétérinaire, rue de la Bouteille, 7.— 1865. BELOT père, essayeur du commerce, rue de l’Arsenal, 9. — 1855. BeLoT, Edmond, essayeur du commerce, rue de l’Arsenal, 9. — 1878. BERQUET, ingénieur des ponts et chaussées, rue Proudhon, 6. — 1875. BerrHeuiN, Charles, ingénieur en chef des ponts et chaussées en retraite, rue de Glères, 23. — 1858. BERTIN, négociant, membre du conseil municipal; rue Neuve- Saint-Pierre, 15. — 1863. * BERTRAND, docteur en médecine, rue des Granges, 9. — 1855. Besson, avoué, place Saint-Pierre, 17. — 1855. Bessox, Edouard, avocat, rue Saint-Vincent, 27. — 1875. BeurerT, François-Xavier, voyer de la ville, rue des Granges, 47. — 1873. BEuRNIER, conservateur des forêts, rue de la Préfecture, 23. — 1874. Bicuer , Jules, fabricant d’horlogerie, membre du conseil municipal, rue du Mont-Sainte-Marie, 17. — 1873. Bizos, professeur de littérature française à la Faculté d'Aix. . — 1874, Banc, Justin, négociant, place Labourey. — 1876. BLANCHARD, professeur de dessin au Lycée, rue Morand, 12, — 1877. — 417 — MM. BLoxpeavu, Charles, entrepreneur de menuiserie, président du conseil des prud'hommes, rue Saint-Paul, 57. — 1854. BLonpon, docteur en médecine, rue des Granges, 68. — 1851. Borzzor, Constant, graveur, place Saint-Amour, 7. — 1870. Boxae, Albert, photographe, rue Mairet, 1. — 1874. Bossy, Xavier, fabricant d'horlogerie, rue des Chambrettes, 6. — 1867. BouporT, Emile, négociant, rue Battant, 64. — 1876. BOURGHERIETTE dit POURCHERESSE, propriétaire, rue des Chambrettes, 8. — 1859, C Bourpy, Pierre, essayeur du commerce, rue de Glères, 21. — 1862. BouTTERIN, Francois-Marcel , architecte, professeur à l'Ecole municipale de dessin, Grande-Rue, 96. — 1874. Bourrey, Paul, fabricant d’horlogerie, juge au tribunal de commerce, rue Moncey, 12. — 1859, Bouvar», Louis, avocat, membre du conseil municipal, rue des Granges, 62. — 1868. Boysson D EcoLe, trésorier-payeur général en retraite, rue de la Préfecture, 22. — 1852. BrerTizcor, Eugène, propriétaire, rue des Granges, 46. — 1840. BreriLLor, Léon, banquier, ancien maire de la ville, président de la chambre de commerce, rue de la Préfecture , 21. — 1853. BreTizzoT, Maurice, propriétaire, rue Saint-Vincent, 18. — 1857. BRETILLOT, Paul, propriétaire, rue de la Préfecture, 21. — 1857. Brucxow, professeur à l'Ecole de médecine, médecin des hos- pices, rue des Granges, 16, — 1860. BruLanD, Désiré, greffier du tribunal civil, rue Battant, 1. — 1873. 27 — 18 — MM. Brunswick, Léon, fabricant d’horlogerie, Grande-Rue, 28. — 1859. BrussET, notaire, membre du conseil général de la Haute- Saône, Grande-Rue, 14. — 1870. Bucaizze, Paul, avocat, rue Neuve, 18. — 1877. Burix pu Buisson, préfet honoraire, rue Sainte-Anne, 8. — 1878. DE Buyer, Jules, inspecteur de la Société française d’archéo- logie, Grande-Rue, 102. — 1874. Caxez, chef de bureau à la préfecture. — 1862. Carrau, professeur de philosophie à la Faculté des lettres, place Saint-Amour, 3. — 1871. Casrax, Auguste, bibliothécaire, correspondant de l'Institut, membre non résidant du Comité national des travaux his- toriques, Grande-Rue, 86. — 1856. Cnaroy, Léon, docteur en médecine, rue des Granges, 3, — 1875. DE CHARDONNET (le comte), ancien élève de l'Ecole polytech- nique, rue du Chateur, 20. — 1856. CHarLes, Félix, directeur de la Société générale, Grande-Rue, 72. — 1873. CHaRLeT, Alcide, avocat, rue des Chambrettes, 10. — 1872. CHATELAIN, Paul, élève en pharmacie, rue Morand, 7. — 1876. CHEVANDIER, Georges, propriétaire, au château du Grand- Vaire, près Besancon. — 1876. CHevier, Francois, propriétaire, rue des Granges, 19. — 1876. CEpox , Maurice, substitut du procureur de la République près le tribunal civil, rue du Chateur, 25. — 1878. * CHorarp, professeur d'histoire et doyen de la Faculté des lettres de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). — 1866. CLerc, Gustave, banquier, Grande-Rue, 6. — 1877. Coinpre, Gaston, artiste-graveur, Grande-Rue, 12. — 1876. — 419 — MM. Coztssox, Alexandre, conseiller d'arrondissement, rue de la Préfecture, 8. — 1878. CozomBaix, Jules, relieur de livres, Grande-Rue, 58. — 1875. Corer, Francois, comptable et propriétaire, rue Rivotte, 22. — 1878. Corner, Antoine, avoué près la Cour d’appel, place Saint- Amour, 14. — 1875. Cosre, Léandre, fabricant d’horlogerie, rue Morand, 16. -— 1876. CoucauD, Adolphe, comptable, rue Rivotte, 17 ter. — 1875. Couzon, Henri, avocat, bâtonnier de l’ordre, rue de la Lue, 7. — 1856. CourGey, avoué, rue des Granges, 16. — 1873. CourTIER, négociant, rue Battant, 18. — 1876. Courror, Théodule, commis-sreffier de la Cour d'appel; à la Croix-d'Arènes (banlieue). — 1866. CourEexoT, professeur à l'Ecole de médecine, médecin en chef des hospices, Grande-Rue, 44. — 1852. CRemIN, Emile, professeur de mathématiques spéciales au Lycée, Grande-Rue, 126. — 1876. CrouzceBois, Marcel, professeur de physique à la Faculté des sciences. — 1878. CuenIN, Edmond, pharmacien, rue des Granges, 40. — 1863. Cuizurer, relieur de livres, rue Granvelle, 30. — 1870. Dacux (le baron), conseiller à la Cour d'appel, membre du conseil général, rue de la Préfecture, 23. — 1865. DauBran-DELISLE, Henri, directeur des contributions directes, rue Neuve, 4. — 1874. Davin, notaire, premier adjoint au maire, Grande-Rue, 33. — 1858. DEgaucHEY, ancien pharmacien; aux Chaprais. — 1871. DELAGRANGE, Charles, imprimeur-lithographe, Grande-Rue, 793. — 1872, — 420 — MM. DELAvELLE, Aristide, notaire, adjoint au maire de Besancon, Grande-Rue, 64. — 1856. DeraveLzce, Victor, rue de la Préfecture, 16. — 1873. DEmoNGEOT, inspecteur des écoles communales, rue Neuve, 24 bis. — 1872. Dexrzor, receveur de l’Asile départemental, rue des Granges, 60. — 1871. Dérrey, Just, propriétaire, rue Saint-Vincent, 27. — 1857. DiérricH, Bernard, négociant, membre du conseil des pru- d'hommes, Grande-Rue, 71. — 1859. Donivers, Joseph, imprimeur, Grande-Rue, 87. — 1875. Dusosr, Jules, maître de forges, rue Sainte-Anne, 2.— 1840. Ducar, Alfred, architecte des bâtiments de l'Etat, rue Saint- Pierre, 19. — 1853. Dunon DE CHARNAGE, avocat, rue des Chambrettes, 8. — 1863. Durer, géomètre, rue Neuve, 28. — 1858. DuruprrT, notaire, rue des Granges, 46, — 1875. Erms, Edmond, propriétaire, membre du conseil municipal, rue Morand, 6. — 1860. Fapy, directeur d'usine, rue Neuve-Saint-Pierre, 13. — 1871. Favre, Adolphe, professeur à l'Ecole de médecine, Grande- Rue, 76. — 1862. Faucowrré, Philippe, professeur d'agriculture du département du Doubs, Grande-Rue, 86. — 1868. Fernier, Albert, négociant, Grande-Rue, 59. — 1876. FernieR, Louis, fabricant d'horlogerie, ancien maire de la ville et ancien député à l’Assemblée nationale, rue Ron- chaux, 3. — 1859. Frrscx, Léon, entrepreneur de maçonnerie, membre du con- seil des prud'hommes, rue du Clos, 12. — 1865. FLacey, Camille, ingénieur, membre du conseil général du Doubs, Grande-Rue, 86. — 1877. Fox, agent principal d'assurances, Grande-Rue, 107.— 1865. — 421 — MM. * FoRTUNÉ, Pierre-Félix, chef du service commercial des forges de Franche-Comté, rue Granvelle, 17, — 1865. Fouix, Auguste, mécanicien, rue de l’Arsenal, 9.— 1862. * Gazcorri, Léon, ancien professeur à l'Ecole d'état-major; Bazas (Gironde). — 1866. Fournier, Louis, employé des ponts et chaussées, Grande- Rue, 111. — 1872. DE GaAssowski, artiste peintre, rue Neuve, 36. — 1875. GAUFFRE, receveur principal des postes en retraite, rue Mo- rand, 11. — 1862. * GAUTHIER, Jules, archiviste du département du Doubs, correspondant du ministère de l’Instruction publique , rue Neuve, 8. — 1866. GIGANDET, propriétaire, faubourg Tarragnoz. — 1872. GirarpoT, Albert, docteur en médecine, rue Saint-Vincent, 11. — 1876. GirarpoT, Régis, banquier, rue Saint-Vincent, 13. — 1857. Giro, Achille, propriétaire; Saint-Claude (banlieue). — 1856. Girop, avoué, rue Moncey, 5. — 1856. Girop, Victor, ancien adjoint au maire, Grande-Rue, 70. — 1859. GLORGET, Pierre, huissier, rue Saint-Vincent, 9. — 1859. DE Goumois, Charles, directeur d'usine ; à la Butte (banlieue). — 1862. Gran», Charles, directeur de l'enregistrement et des domaines, Grande-Rue, 86. — 1852. GRAND, Jean-Antoine, greffier de paix du canton sud de Be- sançon, rue Morand, 12. — 1868. GReEsseT, Félix, général commandant l'artillerie du 7° corps d'armée, rue Neuve, 3. — 1866. Grévy, Albert, avocat, député du Doubs ; Paris. — 1870. GROSJEAN, Alexandre, avocat, rue Neuve-Saint-Pierre, 9. — 1876. — 422 — MM. GRoOsJEAN, Francis, ancien bijoutier, rue du Mont-Sainte- Marie, 8. — 1859. GROSRIGHARD, pharmacien, place de l’Abondance, 17: — 1870. GscHWIND, ancien notaire, Grande-Rue, 73. — 1873. GuEnorT, Auguste, négociant, rue du Chateur, 17.— 1872. GuicHaRD, Albert, pharmacien, rue d'Anvers, 3.— 1853. GuIENET, ingénieur des forges de Gouille. — 1873. GUILLENIN, ingénieur-constructeur, rue Battant, 37. — 1840. Guizi, libraire, rue Battant, 3. — 1870. Hazoy, fabricant d'horlogerie, rue Saint-Jean, 3. — 1859. Henricoras, inspecteur des contributions directes, rue Saint- Antoine, 4. — 1878. Henry, Jean, docteur ès sciences, professeur de physique au Lycée, place Saint-Amour, 12. — 1857. Hexry, (le baron Edouard), littérateur, rue de la Préfecture, 29. — 1876. Hey, (le baron Gaston), ancien élève de l'Ecole polytech- nique, capitaine d'artillerie de réserve, rue de la Préfec- ture, 29. — 1876. Hézarp, Albert, négociant, rue Neuve-Saint-Pierre, 15. -- 1876. Hrup , Antoine, professeur agrégé au Lycée, rue Morand, 9. — 1877. Huarr, Arthur, avocat-sénéral près la Cour d'appel, rue de la Préfecture, 13. — 1870. | JEANNOLLE, Charles, élève en pharmacie, rue du Co 16. — 1876. JéGo, contrôleur des bois de la marine, rue de la Préfecture, 25. — 1872. DE JOUFFROY (le comte Joseph), membre du conseil général; au château d’Abbans-Dessous et à Besançon, rue du Cha- pitre, 1. — 18535. DE JourFRoY (le vicomte Louis), rue du Chapitre, 1. — 1871. — 493 — MM. Kzein, Auguste, propriétaire, rue Saint-Vincent, 28. — 1858. Lacoste, archiviste-adjoint du département du Doubs, rue Rivotte, 10. — 1870. LAmBErT, Léon, ingénieur en chef des ponts et chaussées en retraite, rue Moncey, 12. — 1852. * pe LAuBEspiN (le comte Léonel Moucxer DE BATTEFORT); Paris, rue de l’Université, 78. — 1878. LAURENS, Paul, président de la Société d'agriculture du Doubs, ancien adjoint au maire, rue de la Préfecture, 15. — 1854. * LEBEAU, négociant, place Saint-Amour, ? bis. — 1872. Le Bzeu, Louis, avocat, rue Neuve, 28. — 1877. LeBrErON, direct. de l'usine à gaz, Grande-Rue, 97. — 1866. Lepoux, Emile, docteur en médecine, quai de Strasbourg, 13. — 1875. Lecras, Armand, négociant, Grande-Rue, 32. — 1872. Le Grix, Victor, substitut du procureur général, rue du Clos, 31. — 1876. Leurs, Jacob, propriétaire ; à la Grette (banlieue de Besan- con).— 1875. LÉPAGNOLE, médecin ; Saint-Ferjeux (banlieue). — 1873. Lessros, fabricant d’horlogerie, rue Morand, 16. — 1876. Luomme, Louis, surnuméraire de l'enregistrement, rue Neuve, 5. — 1876. Lrgrrroy, Aimé, propriétaire, administrateur des forges de Franche-Comté, rue Neuve, 11. — 1864. pe LONGEvILLE (le comte), propriétaire, rue Neuve, 7.— 1855. Louvor, Hubert, notaire, Grande-Rue, 48. — 1860. Louvor (l'abbé Fernand), professeur d'histoire au collége Saint-Francois-Xavier. — 1876. Mare, ingénieur en chef des ponts et chaussées, rue Neuve, 15. — 1851. Marre, Alfred, avocat, ancien magistrat, rue du Chateur, 12. — 1878. — 424 — MM. Marmmor, Félix, banquier, président du tribunal de commerce, rue de la Préfecture, 17.— 1857. MarmoT, Edouard, propriétaire, Grande-Rue, 86.— 1865. MaisonNET, Auguste, négociant, rue Saint-Pierre, 13, — 1869. Marion, Olympe, mécanicien; Casamène (banlieue). — 1857. MarioN, Charles, libraire, place Saint-Pierre, 2. — 1868. MarqQuiser, Léon, ancien magistrat, membre du conseil gé- néral de la Haute-Saône, rue Neuve, 28. — 1874. MaRTEAU, professeur de comptabilité, Grande-Rue, 86, — 1875. MarTin, Jules, manufacturier; Casamène (banlieue). — 1870. MarrTin, Léonce, licencié en droit, ancien avoué, rue Saint- Vincent, 13. — 1874. MAZOYHIE, ancien notaire, rue des Chambrettes, 12. — 1840. MéTIN, Georges, agent voyer d'arrondissement, rue du Cha- teur, 7. — 1868. MEeynier, Joseph, médecin-major au 3° bataillon de chasseurs à pied, rue Neuve, 17, — 1876. Micau», Jules, directeur en retraite de la succursale de la Banque, ancien juge au tribunal de commerce, place Saint- Amour, 3. — 1855. Micxez, Brice, archilecte paysager; Fontaine-Ecu (banlieue). — 1865. MiorT, Camille, négociant, Grande- Fe 62. — 1872. Monxier, Louis, pharmacien, rue Ronchaux, 23. — 1876. Moxnier, Paul, correcteur d'imprimerie, rue de Glères, 8. — 1860. Monxor, Laurent, propriétaire, Grande-Rue, 100, — 1875, MoquiN-TanpoN, Gaston, professeur à la Faculté des sciences, rue d'Anvers, 2. — 1875. Morez, Ernest, docteur en méd., rue Moncey, 12. — 1863. MoscHENROs, professeur d'allemand au Lycée, rue Moncey, 2. — 1874. — 425 — MM. Mouror, Léonce, percepteur, rue Neuve, 8. — 1876. Mouraizce, Alf., banquier, rue de la Préfecture, 31.— 1856. Musseuin, comptable, Grande-Rue, 82. — 1872. NarçGaup, Arthur, docteur en médecine, rue de la Madeleine, 2. — 1875. Oztvier, Ernest, naturaliste, rue du Clos, 27. — 1878. OnpiNaRe, Olivier, imprimeur et publiciste, Grande-Rue, 6. — 1876. D'Ortvaz, Léon, propriétaire, rue du Clos, 22. — 1854. D'OrivaL, Paul, président à la Cour d'appel, place Saint-Jean, 6. — 1852. OuET, Gustave, avocat, maire de la ville, sénateur, rue Moncey, 2. — 1855. Ourson, Gustave, directeur de la succursale de la Banque, rue de la Préfecture, 19. — 1873. OuTHENIN-CHALANDRE, Joseph, ancien juge au tribunal de commerce, Grande-Rue, 73. — 1858. ParzorT, Justin, pharmacien; aux Chaprais. — 1857. ParGuEz (le baron), docteur en médecine, adjoint au maire, Grande-Rue, 106. — 1857. PERNARD, manufacturier, rue de Chartres, 8. — 1868. PERRUCHE DE VELNA, substitut du procureur général, rue du Clos, 8. — 1870. Pérey, chirurgien-dentiste, Grande-Rue, 70. — 1842. PETITGUENOT, Paul, avoué près la Cour d'appel, Grande-Rue, 107. — 1869. Picarp, Arthur, chef de bataillon de l'armée territoriale, Grande-Rue, 48. — 1867. Pierre, Albert, professeur agrégé au Lycée de Besançon, rue Granvelle, 24. — 1876. Preuer, Emmanuel, fabricant d'horlog., place Saint-Pierre, 9. — 1856. PixGaup, Léonce, professeur d'histoire à la Faculté des let- tres, Grande-Rue, 74. — 1874. — 426 — MM. Poux, docteur en médecine, médecin aide-major à l'hôpital militaire. — 1877. Porter, Joseph, entrepreneur de plâtrerie, rue Ronchaux, 8. — 1870. Pouzer, Emile, négociant, juge au tribunal de commerce, rue de la Lue, 6. — 1877. pe Prinsac (le baron), employé des télégraphes, rue de la Préfecture, 2. — 1873. Proupxon, Camille, conseiller honoraire à la Cour d'appel, rue des Granges, 23. — 1856. Rascoz, Léon, ingénieur des ponts et chaussées, Grande- Rue, 86. — 1874. Ravier, Francois-Joseph, ancien avoué ; Saint-Claude (ban- lieue). — 1858. RegouL, doyen de la Facuité des sciences et professeur à l'E- cole de médecine, rue des Martelots, 8. — 1861. * RenauD, Alphonse, docteur en droit, rédacteur à la direc- tion générale de l'enregistrement; Paris, rue d'Amster- dam, 69. — 1869. Renaup, Francois, négociant, abbaye Saint-Paul. — 1859. Rexau», Victor, agent comptable de la caisse d'épargne, rue de la Préfecture, 15. — 1865. Rerrouvey, Charles, boulanger, rue de Chartres, 1. — 1877. ReynauD-Ducreux, professeur à l'Ecole d'artillerie, rue Ron- chaux, 22. — 1840. RicHarp, Auguste, pharmacien, rue du Chateur, 16. — 1876. Rrres, Paul, architecte, rue d'Anvers, 4. — 1873. Ronpor, Alcide, notaire, Grande-Rue, 113. — 1874. Roux, Auguste, conseiller de préfecture, Grande-Rue, 86. — 1878. Rouzer, Louis, ingénieur voyer de la ville, Grande-Rue, 96. — 1874. L SAILLARD, Albin, professeur à l'Ecole de médecine et chirur- gien des hospices, Grande-Rue, 136. — 1866. — 427 — MM. SAILLARD, Francis, bijoutier, rue de la Préfecture, 2: — 1874. Saïzcarp, Léon, négociant, rue des Granges, 39. — 1877, SAINT-GINEsT, Etienne, architecte du département du Doubs, rue Granvelle, 28, — 1866. DE SAINT-JUAN (le baron Charles), rue des Granges, 4. — 1869. SaINT-Lour, Louis, professeur à la Faculté des sciences, rue Neuve, 9. — 1872 DE SAINTE-AGATHE, Louis, ancien adjoint au maire, président du conseil d'administration des forges de Franche-Comté, rue d'Anvers, {. — 1851. Sancey, Alfred, nésociant, Grande-Rue, 9. — 1878. * Sancey, Louis, comptable, rue Neuve, 26.— 1855. SAVOUREY, Charles-Arthur, fabricant de boîtes de montres en or, rue des Martelots, 7. -— 1874. SIRE, Georges, docteur ès sciences, essayeur de la garantie, rue des Chambrettes, 15. — 1847. DE SOULTRAIT (le comte Georges), trésorier payeur général du Doubs, membre non résidant du Comité national des tra- vaux historiques, rue de la Préfecture, 31.— 1877. TAILLEUR, propriétaire, rue d'Arènes, 33. — 1858. Tarzceur, Louis, attaché au secrétariat de l’Académie uni- versitaire, rue d'Arènes, 33. — 1868. Trssor, économe de l'Asile départemental , rue des Granges, 23. — 1868. Tiron, propriétaire, rue du Mont-Sainte-Marie, 2 — 1874. Tivier, Henri, doyen de la Faculté des lettres, rue du Cha- pitre, 19.— 1873. Tribon, Mathieu, censeur honoraire du Lycée, rue du Lycée, 11. — 1878. Vaissrer, Alfred, propriétaire, Grande-Rue, 109. -— 1876. VALLUET, imprimeur, rue de Glères, 23. — 1874. VALTEFAUGLE, directeur des forges de Gouille. — 1873. — 428 — MM. VERMoT, Théodore, entrepreneur de maçonnerie; à la Mouil lère (banlieue). — 1873. | DE VEzET (le comte Edouard), lieutenant-colonel de l’armée territoriale, rue Neuve, 17 ter. — 1870. VÉzran, professeur à la Faculté des sciences, rue Neuve, 21. — !860. VranaIN, Laurent, doct. en méd., Grande-Rue, 49, — 1875. VienneT, surveillant général au Lycée. — 1869. VorriN, Jules, pharmacien, quai de Strasbourg, 1. — 1876. Voisin, Pierre, propriétaire ; Montrapon (banlieue). — 1855. VouzEAu, conservateur des forêts en retraite, rue des Granges, 38. — 1856. * VuizzemoT, Albert, licencié en droit, avoué, rue Saint-Vin- cent, 41. — 1876. VüiLLERMOz, procureur de la République près le tribunal civil, Grande-Rue, 61. — 1878. WERLEIN, Amédée, négociant, rue des Granges, 44. — 1870. Zorn, Auguste, ancien professeur à l'Ecole d’horlogerie, place Saint-Amour, 7. — 1877. Membres correspondants (221). MM. ANDRÉ, Ernest, notaire; Gray (Haute-Saône). — 1877. ARMBRUSTER, Chargé des fonctions d'inspecteur d’'Académie, à Belfort. — 1875. Barzze, Charles, président honoraire de la Société d’agricul- ture, sciences et arts de Poligny (Jura). — 1877. Baizzy, inspecteur d'Académie en retraite, membre du con- seil général de la Haute-Saône; Vesoul. — 1875. BaLancHEe, Stanislas, ingénieur-chimiste ; au Houlme, près Malaunay (Seine-Inférieure). — 1868. DE BANCENEL, chef de bataillon du génie en retraite; Liesle (Doubs). — 1851. — 429 — MM. BarRaL, pharmacien, ancien maire de la ville de Morteau (Doubs). — 1864. BATAILLE, Paul, ingénieur des ponts et chaussées; Autun Saône-et-Loire). — 1870. BaupranD, Joseph, sculpteur ; Dole (Jura). — 1874. Benoîr , Claude-Emile, vérificateur des douanes; Paris, rue du Faubourg-Saint-Martin, 188. — 1854. Benoîr, vérificateur des poids et mesures; Dole (Jura). — 1870. * BerraauD, professeur de physique au Lycée de Mâcon (Saône-et-Loire). — 1860. * Besson, ingénieur ; Salins (Jura), rue d'Orgemont, 4. — 1859. BerTen», Abel, imprim.-lithogr.; Lure (Hte-Saône). — 1862. * BEUQUE, triangulateur au service de A topographie algé- rienne; Constantine. — 1853. Bey, Jules, horticulteur ; Marnay (Haute-Saône). — 1871. Brxio, Maurice, agronome, membre du conseil municipal de Paris ; Paris, rue de Rennes, 93. — 1866. DE BLONDEAU, Stanislas, membre du conseil général du Doubs et maire de Saint-Hippolyte. — 1871. BogiLzLier, Edouard, maire de la ville et suppléant du juge de paix ; Clerval (Doubs). — 1875. BoisseLer, archéologue ; Vesoul (Haute-Saône). — 1866. Boïrssox, Emile, propriétaire ; Moncley {Doubs). — 1865. * Bossu (l'abbé Léon); Vuillafans (Doubs). — 1875. BouizceroT, Achille, archéologue ; Cintrey (Haute-Saône). — 1874. * Bouizzer, Apollon ; Paris, rue de Grenelle-Saint-Honoré, 18. — 1860, Bouray (l'abbé), botaniste, professeur à l'école Belzunce ; Marseille (Bouches-du-Rhône). — 1875. Bouzzer, inspecteur de l'Académie de Paris, en résidence à Melun (Seine-et-Marne). — 1863, — 430 — MM. BouURGHERIETTE, Célestin, élève de l'Ecole centrale des arts et manufactures ; Paris. — 1876. Boussow, docteur en médecine; Poligny (Jura). — 1877. BouTaEexoT-PEUGEOT, vice-président de la Société d'Emulation de Montbéliard; Audincourt (Doubs).— 1869. * Brepin, professeur au Lycée de Vesoul (Haute-Saône). — 1857. * Brior, docteur en médecine, membre du conseil général du Jura; Chaussin (Jura). — 1869. * Bucuer, Alexandre, propriétaire ; Gray (Haute-Saône). — 1859. CaRDOT DE LA BuRTHE, bibliophile; Paris, avenue de Neuilly (Batignolles), et au Val-Saint-Eloy (Haute-Saône). — 1873. CaRLET, Joseph, ingénieur des ponts et chaussées ; Beaune (Côte-d'Or). — 1858. CaRME, conducteur de travaux de chemin de fer; Cercy-la- Tour (Nièvre). — 1856. CaRPENTIER , Louis, propriétaire ; Baume-les-Dames (Doubs). — 1874. CarTEREAU, docteur en médecine ; Bar-sur-Seine (Aube). — 1858. Casran, Francis, chef d’escadron d'artillerie à la poudrerie du Bouchet (Seine-et-Oise). — 1860. * CHAMpPIN, ancien sous-préfet; Baume-les-Dames. — 1865, Cxapoy, Henri, professeur ; Melun (Seine-et-Marne). — 1875. CHapuis, Louis, pharmacien ; Chaussin {Jura}. — 1869. CHarpy, Léon, archéologue ; Saint-Amour (Jura). — 1870. CHATELET, curé de Cussey-sur-l’Ognon | Doubs). — 1868. * CnazauDp, archiviste du département de l'Allier; Moulins. — 1865. * CnorrarT, Paul, professeur de géologie; Zurich (Suisse), Hottinger-Strasse, 22. — 1869. CLaupon, Félix, curé de Lods (Doubs). — 1873. * CLoz, Louis, peintre ; Lons-le-Saunier (Jura). — 1863, — 431 — MM. Cozarp, Charles, architecte ; Lure ( Haute-Saône). — 1864. Coin, Gustave, député et membre du conseil général du Doubs; Pontarlier. — 1864. * ConTeJEAN, Charles, professeur à la Faculté des sciences de Poitiers (Vienne). — 1851. Corpter, Jules-Joseph, vérificateur des douanes ; Saint-Na- zaire (Loire-inférieure). — 1862. Coste, docteur en médecine et pharmacien de première classe ; Salins (Jura). — 1866. * CorTEAU, juge au tribunal de première instance; Auxerre (Yonne). — 1860. Courge, imprimeur-lithographe; Dole (Jura). — 1875. CourgerT, Ernest, chef de bureau à la Préfecture de la Seine: Paris, rue de Lille, 30. — 1874. * CouTHERUT, Aristide, notaire; Lure [Haute-Saône).— 1862. * CRÉBELY, Justin, employé aux forges de Franche-Comté ; Moulin-Rouge, près Rochefort (Jura). — 1865. DeLacroix, Adrien-Emile, chimiste ; la Froidière, commune de Rozet-Fluans (Doubs). — 1877. Dezeure, instituteur ; Jougne ( Doubs). — 1863. DépierRes, Auguste, avocat, bibliothécaire de la ville de Lure (Haute-Saône). — 1859. DeEroze (l'abbé), curé de Chargey-lez-Gray (Haute-Saône). — 1877. * DesserTINE, Edmond, directeur de forges ; Longchamp, par Clairvaux (Aube). — 1866. Derzem, ingénieur en chef des ponts et chaussées; Niort (Deux-Sèvres). — 1851. * Deuzzin, Eugène, banquier ; Epernay (Marne). — 1860. DevarENNE, Ulysse, capitaine de vaisseau de la marine na- tionale ; Toulon (Var). — 1867. Devaux, ancien pharmacien; Gy (Haute-Saône). — 1860, Doner, chef de service de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon ; Paris, rue Richer, 4. — 1857, — 432 — MM. * DorNier, pharmacien ; Morteau (Doubs). — 1873. DramarD, président du tribunal civil d’Arbois (Jura). — 1878. Drapeyron, Ludovic, docteur ès lettres, professeur d'histoire au Lycée Charlemagne, directeur de la Revue de géogra- phie; Paris, rue des Feuillantines, 69. — 1866. Droz, Edouard, professeur de rhétorique au Lycée de Bel- fort. — 1877. DruxEN, Alphonse, juge d'instruction à Montbéliard (Doubs). — 1875. Ducar, Auguste, docteur en médecine, médecin du bureau de bienfaisance du 19° arrondissement de Paris. — 1873. Duray, Jules, notaire ; Salins (Jura). — 1875. DumorTier, Eugène, négociant; Lyon, avenue de Saxe,, 97. — 1857. Erms, Léon, inspecteur des forêts; Bonneville (Haute-Savoie). — 1868. * Facor fils, architecte; Montbéliard (Doubs). — 1858. * Favre, Alphonse, professeur à l’Académie de Genève (Suisse). — 1862. Feuvrier (l'abbé), curé de Montbéliard (Doubs). — 1856, FozrèTe , (l'abbé), curé de Verne {Doubs). — 1858. François, Camille, censeur des études au Lycée de Laval (Mayenne). — 1873. * DE FROMENTEL, docteur en médecine ; Gray (Haute-Saône). —- 1857. GazmicHe, Roger, avocat, ancien président de la Société d’a- griculture, sciences et arts de la Haute-Saône ; Vesoul. — 1875. GAFFAREL, professeur d'histoire à la Faculté des lettres de Dijon. — 1868. Garnier, Georges , avocat ; Bayeux (Calvados). — 1867. GARNIER DE FALLETANS, Charles, garde général des forêts; Gannat (Allier). — 1874. — 433 — MM. Gascon, Edouard, agent voyer principal; Fontaine-Fran- çcaise (Côte-d'Or). — 1868. Gassmann, Emile, rédacteur au Moniteur universel; Paris. — 1867. GauTHiEer, docteur en médecine; Luxeuil ( Haute-Saône ). — 1868. GÉrARD, Edouard, ancien adjoint au maire de Besançon ; château de Thoraise (Doubs). - 1854. GÉRARD, Jules, professeur à la Faculté des lettres de Nancy (Meurthe-et-Moselle). — 1865. Gevrey, Alfred, procureur de la République ; Aurillac (Can- tal). — 1860. * GIRARDIER, agent voyer d'arrondissement ; Pontarlier (Doubs). — 1856. Giro, Léon, receveur de l'enregistrement; Audincourt (Doubs). — 1870. * Girop, Louis, architecte, membre du conseil général du Doubs ; Pontarlier (Doubs). — 1851. Girop, Louis, docteur en méd.; Pontarlier (Doubs). — 1870. * Gopron, correspondant de l’Institut, doyen honoraire de la Faculté des sciences de Nancy (Meurthe-et-Moselle). — 1843. * GoGueL, Charles, manufacturier; Montbéliard, bassin du canal. — 1856. GoGueL, médecin-major de 1'e classe au 134° de ligne; Lyon. — 1875. * GRANDMOUGIN , architecte de la ville et des bains de Luxeuil (Haute-Saône). — 1858. Guizcemin, Louis, attaché au ministère dés affaires étran- gères ; Rougemont (Doubs). — 1873. * GuiLLeMoT, Antoine, entomologiste; Thiers (Puy-de-Dôme). — 1854. Guinanp, Jules-Albin, essayeur-juré du bureau de contrôle de Neuchâtel (Suisse). — 1875. 28 — 434 — MM. HENNEQUIN, Frédéric, président de la Société de topographie; Paris, rue de Verneuil, 43. — 1876. Horruanx, imprimeur ; Montbéliard (Doubs). — 1873. * Jaccar, Auguste, professeur de géologie à l'Académie de Neuchâtel (Suisse); au Locle. — 1860. JANET, Albert, négociant; Saint-Vit (Doubs). — 1877. JAvVEL, Emir, imprimeur; Arbois (Jura). — 1875. JEANNENEY, Victor, professeur de dessin au Lycée de Vesoul (Haute-Saône). — 1858. JEANNIN (l'abbé), curé de Déservillers ( Doubs). — 1872. Jogez, Théodore, propriétaire ; Chaussin (Jura). — 1877. JoBiN, Alphonse, avocat; Lons-le-Saunier (Jura). — 1872. JOLIET, Gaston, avocat, docteur en droit; Dijon. — 1877. JuLHiET, président à la Cour d'appel de Dijon. — 1877. JuxG, Théodore, chef d’escadron d'état-major ; Lille (Nord). — 1872. * JURGENSEN, Jules, littérateur; au Locle (Suisse). — 1872. * KozcauiN, Oscar, chimiste ; Dornach (Alsace). — 1858. Kouzer, Xavier, président honoraire de la Société jurassienne d'Emulation; Porrentruy (Suisse). — 1864. * KoxLmann, ancien receveur du timbre ; Angers ( Maine- et-Loire). — 1861. * KozLer, Charles, constructeur ; Jougne | Doubs). — 1856. * LamorTe, directeur de hauts-fourneaux ; Ottange, par Au- metz (Lorraine). — 1859. * LanGLois, juge de paix ; Dole (Jura). — 1854. LANTERNIER, chef du dépôt des forges de Larians; Lyon, rue Sainte-Hélène, 14. — 1855. * LAURENT , Ch., ingénieur civil ; Paris, rue de Chabrol, 35. — 1860. LEBauzr, Armand, docteur en médecine; Saint-Vit (Doubs). — 1876. Le CHATELIER, Henry, professeur à l'Ecole des mines; Paris, rue du Cherche-Midi, 33. — 1875. — 5 — MM. Leczerc, Francois, archéologue et naturaliste ; Seurre ( Côte- d'Or) — 1866. Le Mie, Paul-Noël, avocat; Lyon. — 1876. Le Monnier, professeur à la Faculté des sciences de Poitiers (Vienne). — 1875. * Leras, inspecteur d'académie; Auxerre (Yonne). — 1857. Laomme, Victor, directeur des douanes en retraite; Paris, boulevard Péreire, 191. — 1842, Lomme, botaniste, employé à l'hôtel de ville de Vesoul (Haute-Saône). — 1875. * Lucier, Arthur, pharmacien ; Salins {Jura ). — 1863. LonGiN, Emile, avocat; Dijon, rue Chabot-Charny, 40. — 1874. Lory, correspondant de l’Institut, doyen de la Faculté des sciences de Grenoble (Isère).— 1857. LourDEL, vétérinaire en premier au 5° régiment d'artillerie. — 1874. Lumière, photographe ; Lyon, rue de la Barre, près de l'Ecole de médecine. — 1869. LyauTey, Claude-Baptiste, professeur de langue francaise, à Odessa (Russie). — 1874. Macxarp, Jules, peintre d'histoire, ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome; Paris. — 1866. * Marzzarp, docteur en médec.; Dijon (Côte-d'Or). — 1855. Marrey (l'abbé), professeur au séminaire de Vesoul. — 1874. MaisonneT (l'abbé), curé de Chaucenne (Doubs). — 1856. * pe Manpror, colonel fédéral ; Neuchâtel (Suisse). — 1866. MarcHanT, Louis, docteur en médecine, conservateur du musée d'histoire naturelle; rue Berbisey, 31, Dijon (Côte- d'Or). — 1877. Marzer, Adolphe, conseiller de préfecture; Dijon (Côte-d'Or). — 1852. DE Marmier (le duc), membre du conseil général de la Haute- Saône; Paris, rue de l'Université, 39. — 1867, — 436 — MM. | MarqQuiser, Gaston, député de la Haute-Saône ; Fontaine-lez- Luxeuil (Haute-Saône), et Paris, rue de Chateaubriand, 17. — 1858. Marin, docteur en médecine; Aumessas { Gard). — 1855. * Marxey, Charles, pharmacien ; Ornans (Doubs). — 1856. Méau, Adolphe, pharmacien de 1" class; Villefranche (Rhône). — 1876. pe Mexron (le comte René), botaniste; Menthon (Haute- Savoie). — 1854. MrceLor, ingénieur en chef des ponts et chaussées ; Paris, rue de la Chaise, 24. — 1858. MiGNarD, correspondant du ministère de l’Instruction pu- blique; Dijon (Côte-d'Or). — 1868. * Monnier, Eugène, membre de la Société centrale des ar- chitectes ; Paris, rue Billault, 19. — 1866. Morérin, doct. en médec.; Paris, rue de Rivoli, 68. — 1857. Mouror, instituteur public ; Saône (Doubs). — 1870. pe MousrTier (le marquis), membre du conseil général du Doubs; château Bournel, par Rougemont (Doubs), et Paris, rue de l'Université, 82. — 1874. Muanier, Henri-Auguste, ingénieur-architecte ; Paris, rue de Lafayette, 163. — 1868. Munier, médecin ; Foncine-le-Haut (Jura). — 1847. pe NEervaux, Edmond, directeur honoraire de l’Assistance publique ; Paris. — 1856. ORDINAIRE DE LACOLONGE, chef d’escadron d'artillerie en re- traite; Bordeaux (Gironde). — 1856. * PARANDIER , inspecteur. général honoraire des ponts et chaussées, président de la Société de viticulture d'Arboïs (Jura). — 1852. Paris, docteur en médec.; Luxeuil (Haute-Saône). — 1866. Parisot, Louis, pharmacien et maire de Belfort. — 1855. PERRoN, Charles, doct. en médec, membre du conseil muni- cipal de Besançon; route de Baume (banlieue). — 1877. — 437 — MM. * PErRoN, conservateur du musée de la ville de Gray (Haute- Saône). — 1857. * Pgssrères, architecte ; Pontarlier { Doubs). — 1853. Perir, Jean, statuaire ; Paris, rue d'Enfer, 89. — 1866. Person, Octave, instituteur public ; Cussey - sur - Lison (Doubs). — 1877. PinarRE, Jules, juge de paix; Clerval (Doubs). — 1868. Pozy, négociant; Breuches (Haute-Saône). — 1869. Pôxe, docteur en médecine; Pontarlier (Doubs). — 1875. Prost, Bernard, archiviste du Jura, correspondant du mi- _nistère de l’Instruction publique; Lons-le-Saunier (Jura). — 1857. Proupxon, Hippolyte, membre du conseil d'arrondissement, maire d'Ornans (Doubs). — 1856. Proupxow, Léon, ancien maire de la ville de Besançon ; Or- nans {Doubs). — 1856. * Quécer, Lucien, docteur en médecine ; Hérimoncourt (Doubs). — 1862. QurQquerEz, ancien préfet de Delémont; Bellerive, canton de Berne (Suisse). — 1864. Quivoaxe, vétérinaire et archéologue ; Lyon, place Perrache, 16. — 1877. * Receveur , Jules, notaire; Cuse, près Rougemont | Doubs). — 1874. * RenauD, Alphonse, officier principal d'administration des hôpitaux militaires en retraite; Paris, rue d'Amsterdam, 69. — 1855. * Renaup, Edouard, chef de bataillon d'infanterie. — 1868. Renau», doct. en médec.; Goux-lez-Usiers (Doubs). — 1854. RexauLrT, Ferdinand, botaniste, lieutenant au dépôt de re- monte; Tarbes (Hautes-Pyrénées). — 1875. Revon, Pierre, banquier; Gray (Haute-Saône). — 1858. RicHarp, Ch., docteur en médecine ; Autrey-lez-Gray (Haute- Saône). — 1861. — 438 — MM. RINGUELET, Eusèbe, industriel; Trécourt (Hte-Saône).— 1873. Romaxowskr, photographe ; Montpellier, rue Saïint-Guilhelm, 42. — 1874. RouGer, docteur en médecine ; Arbois (Jura). — 1856. Roy, Jules, professeur à l'Ecole des Chartes; Paris, rue Monge, 50. — 1867. SaGLio, Camille, ingénieur aux forges d'Audincourt (Doubs). — 1871. * SaILLARD, Armand, négociant; Villers-lez-Blamont (Doubs). — 1877. * pe SAUSSURE, Henri, naturaliste; château de la Charnéa, près Bonne-sur-Ménage (Haute-Savoie). — 1854. SauTIER, chef de bataillon du génie en retraite; Vesoul (Haute- Saône). — 1848. SicarD, Jules, négociant; Dijon (Côte-d'Or). — 1875. TarzLarp, docteur en médecine, membre du conseil d’arron- dissement de Montbéliard ; Maïîche (Doubs). — 1877. * THénarp (le baron), membre de l'Institut {Académie des sciences); Talmay (Côte-d'Or). — 1851. THierry, Jacques-Amédée, capitaine d'état-major; Clermont- Ferrand. —- 1873. Taurier, Charles, juge de paix; Rougemont (Doubs).—1869. Tovuin, Charles, professeur au collége arabe d'Alger.— 1856. TourGNoz, principal du collége de Baume-les-Dames (Doubs). — 1873. * Tournier, Ed., maître de conférences à l'Ecole normale, sous-directeur à l'Ecole des hautes études; Paris, rue de Vaugirard, 92. — 1854. TrRAveLET, Nicolas, propriétaire, maire de Bourguignon-lez- Morey (Haute-Saône). — 1857. * Travers, Emile, conseiller de préfecture; Caen (Calvados). — 1869. * Triepui, Julien, représentant de l'horlogerie bisontine à Londres (Hart strect Bloomsbury, 13). — 1868. — 439 — MM. FrucHeLUT, photographe; Paris, rue Richelieu, 98. — 1854. TuerTey, Alexandre , archiviste aux Archives nationales; Pa- ris, place Wagram, 4. — 1863. VaLFrey, Jules, sous-directeur à la direction politique du Ministère des Affaires étrangères ; Paris, rue de Rivoli, 180. — 1860. VaïzLanDer, médecin; Pin’Emagny (Haute-Saône).— 1876. Vaissier, Jules, fabricant de papiers; Marnay, par Azay-le- Rideau (Indre-et-Loire). — 1877. VARAIGNE , sous-directeur des contributions indirectes; Ver- sailles (Seine-et-Oise). — 1856. VAUTHERIN, Francis, propriétaire; Fraisans (Jura). — 1875. VENDRELY, pharmacien ; Champagney (Haute-Saône).— 1863, Vrarp, Alexandre, notaire et maire, à Hortes (Haute-Marne). — 1872. Vigiie, Emile, libraire, maison Victor Masson; Paris, rue de l’Ecole-de-Médecine, 17. — 1862. Viezzarp, Léon, propriétaire et maître de forges ; Morvillars (Haut-Rhin). — 1872. * pe Vicnaup, Eugène, littérateur; Paris, rue des Francs- Bourgeois, 34. — 1875. Voisin, Honoré, ingénieur des mines; Moulins (Allier) — 1874. * WaLLon, Henri, agrégé de l’Université, manufacturier; Rouen, Val d'Eauplet, 4. — 1868. * WILLERME, Colonel des sapeurs-pompiers de Paris en retraite, — 1869. ZAREMBA, vérificateur de l'enregistrement; Pontarlier (Doubs. — 1869. ZELLER, professeur d'histoire au Lycée de Nancy. — 1871. — 440 — SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES (106). Le millésime indique l’année dans laquelle ont commencé les relations. FRANCE Comité des travaux historiques et des sociétés savantes près le Ministère de l'Instruction publique (deux exemplaires des Mémoires)... mins ts Ain Société d'Emulation de l’Ain; Bourg............... Aisne Société académique des sciences, arts, belles-lettres, agriculture et industrie de Saint-Quentin.......... Allier Société des sciences médicales de l'arrondissement de Alpes-Maritimes Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes ; Wide 4444410), 424 moucSeatf. Lefrott si séret Ardèche Société des sciences naturelles et historiques de l'Ar- déche: Piitasas sh saone sélrérmiifenios Aube Société académique de l'Aube; Troyes.............. 1856 1860 1862 1867 — 441 — Aveyron Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron; Ro- Bouches-du-Rhône . Société de statistique de Marseille.........,.....,.. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marseille. Société de géographie de Marseille...,............. Calvados Société Linnéenne de Normandie; Caen. ........... OM ae ae se men Dee a sa es Do ge Cher. Société des antiquaires du Centre; Bourges......... Côte-d'Or Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon... Société d'agriculture et d'industrie agricole du dépar- ment de la Côte-d'Or; Dijon..................... Commission des antiquités du département de la Côte- DONNE SE DL PL. cuisses Société d'archéologie, d'histoire et de littérature de BÉAUNE.. un ue 60 RNB LMER LEE N CE Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besan- Société d'agriculture, sciences naturelles et arts du dé- partement du Doubs; Besançon... .....1,..,.4, Société d'Emulation de Monthéliard............. Société de médecine de Besancon........... ....., Socièté de lecture de Besançon :.%.:24411, 6000. Association scientifique des pharmaciens de Besancon. Eure-et-Loir Société Dunoise; Châteaudun.........,.,.....,,.. — 442 — Finistère. Société académique de Brest....................... Gard Académie du Gard: Nimessmnhoinem Garonne (Haute-) Société archéologique du Midi de la France; Toulouse. Société des sciences physiques et naturelles de Tou- Gironde Société des sciences physiques et naturelles de Bor- COR. ane soute Re Eee LR ES Hérault Agadémie de: Montpellier Hesse mn mes auto Société archéologique de Montpellier. .....,......4.. Ille-et-Vilaine Société archéologique d’Ille-et-Vilaine; Rennes..... Indre-et-Loire Société française d'archéologie ; NU PE Isère Société de statistique et d'histoire naturelle du dépar- tement de l'Isère; Grenoble....,...........,.... Jura Société d'Emulation du département du Jura; Lons- HE DIE D OR MES ee jet tb me Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny..... Société de viticulture et d’horticulture d’Arbois. ..... Loire Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles- lettres du département de la Loire; Saint-Etienne. 1875 1866 1872 1875 1867 1875 1869 1869 1877 1861 1857 1844 1860 1877 1866 — 443 — Loiret Société archéologique de l'Orléanais; Orléans........ Maine-et-Loire Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-Loire; Angetsti) 20mo1a8 | Société académique de Maine-et-Loire ; Angers. ...:. Manche Société des sciences naturelles de Cherbourg. ...,.... Société académique de Cherbourg.................. Marne Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne; Chälons.......... Au Marne (Haute-) Société archéologique de Langres. ....., nreoloërhyrse Meurthe-cet-WMoselle Société des sciences de Nancy (ancienne Société des sciences naturelles de Strasboure)....,........... Meuse Société philomathique de Verdun......... nee Morbihan Société polymathique du Morbihan; Vannes...... Pyrénées (Basses-) Société des sciences, lettres et arts de Pau........... Pyrénées-Oricntales Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées- Orientales ; Perpignan.............. Ru <: Rhin (Haut-) Société Belfortaine d'Emulation........: Wisqobub.a 1851 1855 1857 1854 1877 1856 1874 1866 1851 1864 1873 1856 — 444 — Rhône Société d'agriculture, d'histoire naturelle et arts utiles DE VO en Gen co Écoute CE Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon... Société littéraire , historique et archéologique de Saône-et-Loire Société Eduertne: Autan..l.enk enloarntaneeneise 2Sf Société d'archéologie de Chalon-sur-Saône........... Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire; Cha- 10n=-sUT-S40n6......'.. RER... cesse. Saône (Haute-) Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute- Saûne: Vesoul... 4ÆmeaMr men, 4... Sarthe Société d'agriculture, sciences et arts; Le Mans...... Savoie Académie de Savoie; Chambéry ...............,... , Savoie (Hauie-) Société Florimontane; Anneëy. 2. .............0. Seine Académie des sciences de l’Institut de France. ...... Société de secours des amis des sciences; Paris...... Association scientifique de France; Paris........... Société des antiquaires de France; Paris ............ Société française de numismatique et d'archéologie ; Revue historique; rue d’'Assas, 76, Paris.........., Nouvelle revue historique du droit français et étran- cer ; rue Souflot, 22, Paris..... CE ER ROUES 1850 1850 1866 1846 1857 — 445 — Seine-Inférieure Commission départementale des antiquités de la Seine- Mecneéure,: RoUeD... ina 48. Dicenl 40036 d Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen. Somme Société des antiquaires de Picardie; Amiens........ Var Société des sciences naturelles, des lettres et des beaux- arts de Cannes et de l'arrondissement de Grasse.... Vienne (Haute-) Société archéologique et historique du Limousin ; ee en mr On en sn à Vosges Société d'Emulation du département des Vosges; Epi- Société philomatique vosgienne ; Saint-Dié. ........ Yonne Société des sciences historiques et naturelles de MP onne- AUXErTE. LM annonce cree sactiqe DDEELE D'ABTICUIEULE Je JOB : - + so os » aonantsee see ALSACE-LORRAINE Société d'histoire naturelle de Metz..... A ser te Société d'histoire naturelle de Colmar.............. ALGÉRIE Société de climatologie algérienne; Alger........... Société historique algérienne; Alger........,..,.... ALLEMAGNE Académie royale des sciences de Bavière à Munich (Kænigl. bayer. Akademie der Wissenschaîften zu 1869 1878 1869 1870 1852 1855 1876 1852 1865 1845 1860 1867 1870 — 446 — München), représentée par M. Scheuring, libraire BHO. escroc: eee ceces-2iIp she Société des sciences naturelles de Brême (Naturwis- senschaftlicher Verein zu Bremen)............... Société des sciences naturelles et médicales de la Haute-Hesse (Oberhessische Gesellschaft für Natur- und Heilkunde); Giessen....................... Société royale physico-économique de Kænigsberg (Kænigliche physikalisch-ækonomische Gesellschaft 20 Kæntésberéey) Prusse noi, Sur bi 90 SAONE A AUTRICHE Institut impérial et royal de géologie de l'empire d'Au- triche (Kaiserlich-kæniglich geologische Reichsan- slt); Vienne... dmutet 261510 28: AMÉRIQUE Société d'histoire naturelle de Boston, représentée par MM. Gustave Bossange et Ci, libraires, quai Vol- re Ro PAS ins tn it CAUSE Institut Smithsonien de Washington, représenté par MM. Gustave Bossange et Cie......,.............. ANGLETERRE Société littéraire et philosophique de Manchester (Li- terary and philosophical Society of Manchester)... BELGIQUE . Académie royale de Belgique ; Bruxelles.........,., Société géologique de Belgique; Liége.............. LUXEMBOURG Société des sciences naturelles du grand -duché de Luxembourg: Luxembhouré. .....:..,2,..:.00 SUÈDE ET NORVÈGE Académie royale des sciences de Stockholm, représen- 1865 1866 1858 1861 1855 1865 1869 1859 1868 1876 1854 — 447 — tée par M. Otto Lorenz, libraire, rue des Beaux- Arts; drbis; Paris:::::::ss2s2222:5s:222555525 5 Q Université royale de Christiania. ........... DE SUISSE Société jurassienne d'Emulation; Porrentruy........ Société d'histoire et d'archéologie de Genève ..,,.... Institut-national de Genève. ones embeatyn à Société vaudoise des sciences naturelles; Lausanne... Société d'histoire de la Suisse romande; Lausanne... Société neuchâteloise des sciences naturelles ; Neu- RL un à duugue thotie tale Ho en b à 2e A Société d'histoire et d'archéologie de Neuchâtel. ..... Société helvétique des sciences naturelles ; Zurich. ... Société des antiquaires de Zurich.................. 1869 1877 1861 1863 1866 1847 1873 1862 1865 1857 1864 — 448 — BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES (19) Ayant droit à un exemplaire des Mémoires. Bibliothèque de la ville de Besançon. Id. de l'Ecole d'artillerie de Besancon. Id. de la Faculté des sciences de Besançon. Id. de l'Ecole de médecine de Besançon. Id. de la ville de Montbéliard. Id. de la ville de Pontarlier. Id. de la ville de Baume-les-Dames. Id. de la ville de Vesoul. Id. de la ville de Gray. Id. de la ville de Lure. Id. de la ville de Luxeuil. Id. de la ville de Lons-le-Saunier. Id. de la ville de Dole. Id de la ville de Poligny. Id. de la ville de Salins. Id. de la ville d’Arboïis. Id. du Musée national de Saint-Germain-en-Laye. Id. Mazarine, à Paris. Id. de l'Ecole d'application de l'artillerie et du génie, à Fontainebleau. TABLE DES MATIÈRES DU VOLUME. PROCÈS-VERBAUX. Notice sur M. Gaevizcrer, membre résidant, par M. Au- guste CASTAN ....... É PR ON ORRNNENR AN pp.retur Mort de M. Charles Bineté Eve, membre résidant, an- noncée par M. Ducar....... UV. 8 a sg RE : p. TI Antiquités trouvées à Cussey-sur-lOgnon, der M. l’abbe PRET NOR « «ii « cie sos téicthes ads PP. IT, XX Concours de 1 Société à inventaire général des richesses artistiques de la France... Dp. IV, V, XXVII, XXVIII, XXXIV, XXXV, XXXVI, XL Une tombe alsacienne de l'église des Grands-Carmes de Be- sançcon ; note de M. CASTAN... ....... io tas. . PP. VI-VIU Notice sur M. Lézur, membre honoraire, me M. CasTAN. pp.xet xl Nomination de M. JURGENSEN au grade d’officier d’Aca- Re ne nt dt Mel las ra Lego S p. XI Congrès de la Sorbbue : lectures de MM. DRAPEYRON, HenneQuiIN, Edouard Besson et Casran; décoration de la Légion d'honneur obtenue par M. bE FROMENTEL; mé- daille d'argent accordée à M, SIRE. pp. XII, XIX, XXII, XXX, XXXII Rapport de M. Francois Rexaup sur l’exercice financier ne nn sis s aupe en ia coms ce ON. XI Election de M. Edouard Grenter comme membre hono- DAMON sonû den sens en eee onu euemn DD AVI, XIX,,XE Notice sur M. GouiLLaun, nef résidant, par M. le DOCLEUT SN ATLIARIT.: route on o « sobres asie ete DD: CONIISRRE Election de M. Chaies Lotx au fibre de correspondant de ne tcret de France... dau ce eee D ss e NID DR Mention élogieuse des Antiquités el Monts du dépar- tement de l'Aisne, première LE d’une publication de M Édomerd PR DEURT dec vauue est co Lost. DD: AXCRNI Rapport de M. Edouard Besson sur ouvrage de M. Dra- PEYRON intitulé : Essai sur le caractère de la lutte de l'A- quitaine et de l'Austrasie,.......,,...,..... sea. JDD RENAN 29 — 450 — Naissance à Besançon du général Lecourse ; note de M. Au- auste CasTaN. -..ramapnstt shift: MER. blocett, pif SRE Organisation du service de la bibliothèque de la Société. pp. xxvi, XXIX, XXXIII, XXXIV, XLV Séance publique de la Société d’Emulation de Montbéliard : M. Edouard Bessow, délégué de Besancon... pp. XXVII, XXXH, XXXVI, XXXVIII Mention élogieuse de l’Album des sépultures de Caranda, publication de MM. Frédéric MoREAu................. D. XXIX Notice sur Mgr. Masize, membre honoraire, par M. Au- custe CaSPANGo hr suenberepe st st cette es 43) JDE Souscription de É oo . au Rent de l'historien Jules MicueLerT ; remerciments de sa veuve........ Pp. XXXINI, XL-XLI Reunion tenue à La Sagne par la Société d'histoire et d'archéologie de Neuchâtel : M. Léon Marouiser, déle- au. de Besancon she tel net se. PP. XXXVII, XLII-XLIV Médaille offerte pour le concours annuel de la Société de HR el - rh aie 2 PES I lu Creation d'un Conte des sciences naturelles et médicales de la Société d’Emulation du Doubs. .... pp. XXXVIHI, XLII-XLHI Etude de M. Edouard Besson sur La Révolution et les classes laborieuses,.. 3. Je slt 0e se ee ne EN LME Election de M. Jules Me comme membre hono- TAÏTORASE AUENSE NOE + sata eee se CDD SEXES RENE Envoi . M. Lette RS te en mémoire de son père, d’un exemplaire des Matériaux pour l'étude des glaciers, ouvrage de Daniel Dorrrus-Ausser, offert par M. Gustave Dozzrus, de Riedisheim.............. jp. XLI-XLII Souscription de la Société aux Comptes-rendus de l'Asso- ciation française pour l'avancement des sciences. ....... P. XLII Félicitations à M. Brzos, au sujet de sa thèse sur le poète Jean Marrer, de Besancon. ....... sntote io DEN Don par M. Jules QuicHERAT, RATER PE de la somme de 50 fr. pour contribuer à la distribution des prix de l’exposition scolaire... ........... «es. PP. XLVI-XLVIII Allocation de 400 fr. accordée, comme encouragement, par le Ministère de l’Instruction publique. ............... HP. XEVI Election de M. Gopron au titre de ROUTE de l’In- stitut de France.........., nee net oilsa et dsl JAI Rapport de M. Rod Bxséonis sur 1 dpt intitulée : De l'emploi des machines en horlogerie, spécialement dans — 451 — la fabrication des montres de poche; leur principal inven- teur, M. P.-F. Ingold, par M. Jules JURGENSEN.. ... PP. XLVITI-L Notice sur M Adolphe Verr-Prcarp, par M. SAILLARD. pp. LIT-LHIt Don de 69 oiseaux empaillés et de divers objets de collec- Don, DANMMPOURSE RACINE 2 ETES, RON SE PP. LIV, XIII LL EURO EN OUC DRM CON PERTE TRRnRe 9 ARR TUCR à GE, PP. LIV-LV Communication d’un ouvrage manuscrit de M. Quiquerez, sur les Æglises de l'ancien Evéché de Bâle... ........ pp. Lv-Lv1 Sur le véritable sens du terme de procédure regiquina : HO dE CASTRES PER NORL. SLI CT, UNIES PP: LVI-LVIII Barque antique trouvée près de Scey-sur-Saône : commu- nication de M. ne Prinsac............ PP. LVITI-LIX, LXII-LXII Notices sur MM. Charles Paravey, membre honoraire, et Voisin père, membre résidant, par M. Casran..... PP: LX-LXII Election du conseil d'administration pour 1878.... PP. LXII-LXIV Banquet de 1877 : toasts prononcés dans cette circonstance par MM. le président Sarzzarp, le recteur Lissarous, le vice-président Edouard Besson, Maurice De TRIBOLET (de Neuchâtel), Favre (de Montbéliard), Resouz DE Neyroz (de Vesoul), Rousseaux (de Lons-le-Saunier), Caxoz (de Poligny), Jules Jurcexsex (du Locle), le vice- président Léon Marquiser, le président élu Georges PE eermecurs re 49 less: 2 Ne EL LATE LE 0 Dr TXIXSLEENIT MÉMOIRES. La Société d’'Emulation du Doubs en 1877 : discours d'ouverture de la séauce publique du 13 décembre We, par M"16 dacieur SAIELARD, - 2.04 e022 nil La Société d’'Emulation du Doubs au congrès de la Sor- bonne en 1877 : rapport de M. Edouard Besson... D 7 Séance générale de la Société d'histoire et d'archéologie de Neuchdätel, tenue à La Sagne le 26 juin 1877 : rapport de M. Léon MaARQUISET. ......... RP NE LR 7e — "45 a0r Fête annuelle de la Société d'Emulation de Montbéliard en 1877 : rapport de M. Edouard Besson........ Helvetia, hymne à la Suisse; — Le dévouement de sœur Simplice : pièces de vers, par M. Edouard (CHENIOR acmex 0 charrere L Meur Sono IE Jean Mairet et M. Bizos son nouvel historien : rapport der M. Edouard. Bessonas. amas csesemedan Catalogue des oiseaux observés, de 1845 à 1874, dans les départements du Doubs et de la Haute-Saône, par feu M. Léon Lacorpaire, revu et publié par M. le docteur LOUIS MAROHANT. 2 2e en UT à 00 Consultation de Cujas sur l'organisation de l'ensei- gnement du droit à Besançon en 1580, publiée par MANS EUNLARPANIIS EE. 72e. ITR. Les Plagiats de Mirabeau, par M. Edouard Besson . Notice sur les billets de confiance de la ville de Gray émis en 1792, par M. Ernest ANDRÉ {1 pl.)....... Renaud de Bourgogne et les franchises municipales de Montbéliard, par M. P.-Ed. TUEFFERD.......... La Saône considérée comme frontiére naturelle, par Male REN Or. 20. FÉRUARAEC Ne n Deux nouvelles répliques au sujet du Fra Bartolommeo de Besançon, par M. Auguste CASTAN... ....... Notes généalogiques sur la maison d'Orsans en Fran- che-Comié, par M. Léon VIELLARD.......... 00 La correspondance de P.-J. Proudhon dans ses rapports avec la Franche-Comté, par M. Edouard BEsson.. Note sur un manuscrit autographe de Boissard décou- vert à la bibliothèque de Metz, par M. Victor Jacog (1 boisféraméharuns ss iranien msn Linge PB. p. p. 178 186 201 … 2 O8 (ae) oO CS — 453 — Notice sur quelques églises de l'ancien Evéché de Bâle, par MA. Quiquenez,(liplthorsiyfsts + Acute durer ous De la régularité et de l’irrégularité géométrique en architecture, par M. Lassagous (1 pl.)........... Vesontio colonie romaine, par M. Auguste CASTAN MOIS TE MARÉ) 4: units eee sde nat AE da Amédée Thierry à Besançon, par M. Henry Cxoraro. En Allemagne (1877), par M. Jules JURGENSEN. ... Le médecin-philosophe Lélut : notice sur sa vie et ses ouvrages, par M. Ludovic CARRAU.............. Le Forum de Vesontio et la Fête des Fous à Besançon, MoN Aucusle CAsTan. 2 eee DonctaitataiSociete en TON M M A Re Envois des sociétés correspondantes. .. ..,............. Membres de la Société au 4er juin 1878. ... , IEP ES COLFESDONAANIES 3... enr pans ne orales alo.s Bibliothèques recevant les Mémoires.....,.....,.....,.. BESANCON, IMPRIMERIE DODIVERS ET Cie. GRANDE-RUE, 87. p. 297 p.912 p.921 p. 341 p. 31 p. 378 p. 388 p. 403 p. 408 p. 413 p. 440 p. 448 ee ne Ge DT M wà RS Lol NS RUES RAT BA Fr ee : | FAP PEUR RAA) Krobus LME ar RERO 1e + ni BRENT AE fast & fe sua 2h LES nt i RAT + à Li ve ! k ; ‘ 7 " CL 5 70 . = EE ,8 c'e « | F 5 \ 3 : . CT È x i k » é 4 L + * (e v L 210, AOC E EC £ : Er PÉDR à À ENG ex us 01 e , u sc1 , | + LT * Hu et . 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