- CRE 438 ) MA: E #, 2 h EEE j EX MÉMOIRES DE LA SOCIÈTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS CINQUIÈME SÉRIE NEUVIÈME VOLUME 1884 le * SE BESANCON IMPRIMERIE DODIVERS ET Cie Grande-Rue. 87. MEMOIRES DE LA MÉMOIRES DE LA SOCIÈTÉ D'ÉMULATION DEP DOUPRBS CINQUIÈME SÉRIE NEUVIÈME VOLUME BESANÇON IMPRIMERIE DODIVERS ET Cie Grande - Rue, 87. MÉMOIRES LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION 1884 PROCES-VERBAUX DES SÉANCES Séance du 12 janvier 1884. PRÉSIDENCE DE MM. PINGAUD ET LEDOUX. Sont présents : BUREAU : MM. Pingaud, président sortant, élu premier vice- président; Ledoux, deuxième vice-président, élu président; Girardot, vice-président sortant; Bavoux et Castan, secrétaires honoraires, Besson, secrétaire; Vaissier, archiviste; Durupt, trésorier. MEMRRES RÉSIDANTS : MM. Bertin, Brulard, Carry, Debau- chey, Droz, Ducat, l'abbé Drouhard, Grand, Grosjean (Francis), Paul Laurens, l'abbé Louvot, Ledoux (Louis), Mandereau, Mar- gaine, Prieur, Rétif, de Soultrait, Tridon, Viennet. Les procès-verbaux des séances du 12 ét 13 décembré 1883 ayant été lus et adoptés, M. Pingaud, président sortant, remer- cie en un langage élevé la Société d’Emulation pour le concours que ses membres lui ont prêté dans l’accomplissement dé sa mission durant l’année précédente : il exprime én outre sa ferme confiance dans l’avenir de la compagnie dont il consi- dère comme un titre d'honneur d’avoir été le président annuel. M. le docteur Ledoux, président élu pour 1884, prend alors place au bureau, et après avoir, lui aussi, remercié la Société de RAR CA EAAtaRE la distinction flatteuse dont il a été l’objet, parle des récentes libéralités que la ville doit à l’un de nos membres honoraires, M. Edouard Grenier. « Je suis fort heureux, dit-il, d’avoir, pour premier acte présidentiel, à constater la générosité patriotique de l’un de nos membres d'honneur; dont vous avez souvent admiré les poésies, et dont le cœur est à la hauteur du talent. M. Edouard Grenier, voulant donner à sa province natale un nouveau et magnifique témoignage de son affection, enrichit nes musées de l’œuvre artistique de son frère, en ce moment exposée à Paris. Les critiques d’art les plus autorisés font de cet ensemble un éloge unanime; ils n'hésitent pas à rapprocher le nom de Jules Grenier des noms de nos grands paysagistes contemporains, tels que Corot et Théodore Rousseau. » Le conseil municipal de Besançon s’est déjà fait l'interprète de la reconnaissance publique envers le nouveau bienfaiteur de la cité. Néanmoins, la Société d’'Emulation du Doubs, fondée pour développer dans ce pays l’amour du sol natal, et y propa- ger le goût du vrai et du beau, ne saurait, en pareille circons- tance, rester silencieuse. Je suis certain d’être l'interprète des sentiments de tous ses membres en témoignant à M. Edouard Grenier la plus vive gratitude, en assurant cet éminent confrère que le peintre savant et le généreux poète seront à Jamais asso- eiés dans notre admiration reconnaissante. » M. Edouard Grenier continue donc noblement les traditions créées par l’homme de bien qui fut son aïeul, et dont, avec un soin pieux, il a retracé l’histoire. Et son amour pour sa famille lui fait aujourd’hui confier à ses concitoyens, comme aux gar- diens les plus fidèles, œuvre et la mémoire de son frère. Dans la famile de la Société d’'Emulation du Doubs, les mêmes sentiments d'affection dévouée sont aussi en honneur, et M. Edouard Grenier dont les qualités du cœur et les lumières de l'intelligence étaient déjà si grandement appréciées parmi nous, peut être assuré qu’en retour de ses largesses présentes et de.ses intentions libérales pour l'avenir, notre compagnie l’entourera toujours de sa plus haute estime et de son plus sym- pathique attachement. » La Société applaudit à cette éloquente expression de senti- ments qu'elle partage et en décide l’insertion au procès-verbal. — VII — L'ordre du jour appelant la désignation de trois commissaires pour vérifier les comptes du trésorier relatifs à l’exercice de 1883, il est décidé que MM. Alexandre, Demongeot et Arnal, auparavant investis de ce mandat, continueront à le remplir. M. l'architecte Ducat expose que les travaux complémen- taires qui viennent d’être exécutés au square archéologique de la place Saint-Jean ne sont pas complètement payés, et qu’il reste dû de ce chef une somme de 280 francs. L’honorable membre estime que la Société ayant pris l'initiative et ayant eu la direction de ces travaux, il serait à propos qu’elle prélevât sur ses propres fonds le montant de cette dépense addition- nelle. Sur l'avis conforme du trésorier, cette proposition est acceptée. M. Castan, secrétaire honoraire, entretient la réunion de la dénomination qu'il conviendrait de donner à une rue nouvelle qui vient d’être ouverte au quartier du clos Saint-Amour, et, sur sa proposition, il est délibéré en ces termes : « Considérant qu’une rue à été récemment ouverte dans la partie inférieure de l’ancien enclos des dames de Battant, la Société d’'Emulation propose de donner à cette voie nouvelle le nom de rue Dunod. Le conseil municipal, en adoptant ce vocable, rendrait un hommage mérité à l’un des historiens dela ville de Besançon, qui fut en même temps un éminent Jurisconsulte. Dunod de Charnage, né en 1679 et mort en 1752, a publié huit volumes du format in-49, qui témoignent de la vaste érudition de leur auteur. Cinq de ces volumes sont consacrés à l’histoire de la province de Franche-Comté et de la ville de Besançon. Parmi les trois autres, 1l en est un qui fait encore autorité dans la juris- prudence : c’est le Traité des prescriptions. » La nouvelle rue est parallèle à une voie qui, lors de son élar- gissement, fut appelée rue Neuve Saint-Pierre. Ce vocable, très insignifiant, fut inventé dans un moment de réaction, pour faire disparaître un nom dont les hommes éclairés verraient le réta- blissement avec plaisir. En effet, la rue Neuve Saint Pierre s’ap- pelait anciennement rue Chiflet, et ce nom lui était venu de ce qu’elle longeait le vaste jardin d’un hôtel appartenant à la famille de notre ville qui a fourni le plus grand nombre de membres à la république des taie À propos de Jean-J acques Chiflet, l’historien de la ville de Besançon, Voltaire faisait cette remarque : « Il y a eu sept écrivains de ce nom. » Ces écrivains ont été en outre d’érudits collectionneurs, et leur bibliothèque, réunie à celle de la ville de Besançon, constitue dans ce dépôt un ensemble qui n’est pas loin d’équilibrer l’apport constitué par les Granvelle. » Le conseil municipal Prat ue Paire ho en rédonnant à la voie qui mène au pont Saint-Pierre son ancien vocable injustement effacé. Les noms de Chiflet et de Dunod, portés par deux rues parallèles du même quartier, évoqueraient légitimement le souvenir des deux érudits qui, aux xvue et xviI1e siècles, ont le plus contribué à l’élucidation des annales de notre antique cité. » | : Cette délibération sera transmise à M. le Maire de L He auquel en même temps sera rappelé le vœu formulé en 1883 par la Société, relativement à l’apposition d’une Fieuuer commémo- rative sur la maison où naquit Joseph Droz. _ M. Girardot lit une note sur la formation jurassique des ter- rains des environs de Besançon, à propos d’une étude sur ce sujet publiée par M. Rollier dans les Mémoires de la Société jurassienne d’Emulation. _ La note de M. Girardot prendra rang dans nos Mémoires. Est pareillement retenue pour l'impression une étude de M. Edouard Besson sur Henri Martin membre honoraire de la Société. M. Durupt donne lecture de la relation d’un voyagé qu'il a récemment fait au grand Saint-Bernard pendant l'hiver. Ce récit sera inséré dans notre recueil. Sont présentés pour entrer dans la Société comme membres résidants : Par MM. Grand et Castan, M. Ernest Lacordaire, directeur des contributions directes; par MM. Viennet et Léon Sandoz, M. La- dreyt Méaly, pasteur protestant, à Besançon; par MM. l'abbé Louvot et Pingaud, M..l’abbé Jeannin, directeur de la Semaine religieuse ; par MM. l’abbé Louvot et Joseph de Sainte-Agathe, ma A Le 4 Le = M. Paul Guichard, propriétaire; par MM. l’abbé Louvot et Henri Mairot, M. l'abbé Viennet, professeur à l’Ecole de St-François- Xavier; par MM. l'abbé Louvot et le docteur Ledoux, M. l’abbé Gousset, aumônier de l'asile départemental; par MM. Durupt et Besson, MM. Célestin Maire, avoué près le tribunal de Besan- con, et Emile Beltzer, notaire à Besançon; par MM. Durupt et Castan, M. Delannoy, commandant d'état-major. Après un vote d'admission en faveur des candidats antérieure- ment présentés, M. le président proclame : Membre résidant, M. D'ARNEVILLE (Louis), agronome, au château d’Arguel. Membre correspondant, M. le docteur HUGUET, à Vanne (Haute-Saône). Le Président, Le Secrétaire, E. LEDOUX. E. BESSON. Séance du 9 février 1884. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR LEDOUX. Sont présents : _ BurEaAU : MM. Ledoux, président; Barbier, deuxième vice- président, Castan, secrétaire honoraire; Besson, secrétaire; Durupt, trésorier; Vaissier, archiviste. ‘MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Arnal, Bonnet, Carry, de Char- donnet, Droz, Dubost, Dunod de Charnage, Girardot, Girod (Victor), Grand, Haldy, Jégo, Monnot, Olivier, Perruche de Velna, Pescheloche, Saillard, Saint-Ginest. _ Le procès-verbal de la séance du 12 janvier 1884 ayant été lu ét adopté, le secrétaire donne lecture d’une circulaire par laquelle M. le directeur des Beaux-Arts notifie le congrès qui se tiendra à la Sorbonne dans les journées des 16, 17 et 18 avril et invite les sociétés des départements à y prendre part dans ies conditions habituelles. — K — M. Arnal, rapporteur de la commission des finances, s’ cote ensuite en ces termes : MESSIEURS, » La commission que vous avez chargé de vérifier les comptes du trésorier, pour l’année 1883, a constaté les résultats sui- vants : RECETTES. io Solde en caisse au 31 décembre 1882. ..:....... 660 f. 20 Subvention du département > ee CE 500 » JDSubDvention de la ville me sr -., 6ÛÙ » Ab Cotisations des membres résidants. 02.0 23008 > 50 — — correspondants........ 870 » Oro de diplômes.) ms ee ner 30 » 10 achats de:cotisations ..... 1... D lle 200 » 8° Recettes diverses (ventes de volumes, etc ee 46 » Do Nrrérages de rentes... Mira Na 491 95 Mouvement des fonds. Retiré de la caisse d'épargne 2.800 f. Déposé à la caisse d'épargne 1.000 f. Différence à ajouter en recette 1800 ES CE = FL8e00 » Total des recettes... 7.497 f. 45 DÉPENSES. 19 Frais d’impressions...... M de ARE 4.854 f. 65 AoHEalside bureau, ChANtTage ee TOO 10 5° Séance publique et banquet, dépenses 948 f. 60 Recettes... :... 560 » Excédant des dépenses..... 388 f. 60 388 60 40 Traitement de l’aägent de la société. o .:. 202 50 90 Recherches scientifiques (grotte de Re TSH O NTI DANS PR Se De D a 702 » 6° Plaques pour le square archéologique RD en 481 60 À reporter..... G819 M0 Report... 6.819 70 % versement pour la statue de Jouffroy.......... 250 89 Cotisation à l’association française pour l’avance- LL ST ÉRRRSRRRRNRE Een R An 20 90 Envoi des volumes des Mode et ports. 136 50 A déduire les remboursements faits par les SO Se ue de dos us ci ee 109 65 Différence à ajouter aux dépenses........ 26 85 26 - Solde en caisse au 31 décembre 1883............ 310 | Total ésal'à celuides recettes... 7.497 - Les recettes de l’exercice 1883, dé- duction faite du solde au 31 décem- me Assontide.s then ne 6.767 95 Elles devaient être d’après les pré- Misionediebudsel, de... 9:490 55 » Cestiune plus-value de-...:..... à D ED SE A ET Le total des dépenses, déduction faite du solde au 31 décembre 1883, RE 7.116 55 Le budget n'avait prévu qu’une dé- LARGE DER MRAEMPENEReeERRees D 90) C’est une augmentation de dépense DÉS MTREESR Re nes te 1 100:0)9 Cl;:<1.7006 On voit que les ace ont dépassé les recettes DE 4 65 HR ENS IR RE PRE A 349 D'où il suit que le solde en caisse qui, au 31 dé- ccnmbre 1882/6était de: 2... 620 20 n’est plus au 31 décembre 1883 que de..... 310 90 25 30 Voici les articles qui ont contribué à l’excédant des dépenses : 10 Les frais d'impression pour une somme de...... 2.004 (dont 1.434 f. 35 sont applicables à l'exercice 1882). 20 Les frais de bureau pour une somme de 3° Les recherches scientifiques pour une somme de. 202 40 Les frais de port pour une somme de............ 26 À reporter..... 2.973 65 Ne Report..... 2.973 69 50 La cotisation à l’association française pour une SOMME AE EC MAUR LULU ARR RNA PR Rert Je 20 » Hotals 202% 2.993 -65 » Quelques diminutions, réalisées sur les chiffres du bideet pourune SOoMMeNMe.2 CRC PAPER 527 30 Hnbréduil CL éXCÉdANL, 4, 2 1.766 55 » Pour compléter notre mission, il nous reste à vous faire connaître la situation générale de la Société au 31 décembre 1883. » Indépendamment de la rente de 410 francs qui n’y figure que pour mémoire, l'actif de la Société comprend : 40 Le solde en caisse au 31 décembre 1883......... 310 20MÉe soide dé M:Bretilot A6 200 er eve 19 0 P'arscent déposé 4 la vaisse d'épargne. -... "997827 40 9 cotisations à percevoir sur quelques membres RÉ SIUOES EL cames bre Ne ne 90 99 7 cotisations à percevoir sur quelques membres. CORPS DONdANTS SSSR a et 42 - 60 Les arrérages de rente 3 0/0 au 31 décembre 1883 68 Total:::.223:958 Le passif ne comprend qu’une somme de. ....... 88 Savoir : frais de bureau : 20 1762 Solde des gages de l’agent de la Société : 67 f. 95. Total 88 f. 50. D'où il résulte que l’actif s'élève à la somme de 3.269 » Cest une augmentation de 109.60 sur l’année derniére. 90 80 95 » Nous ne terminerons pas sans demander à la Société de voter à notre trésorier les remerciments que méritent son dé- vouement et son activité. » Besancon, le 5 février 1884. » (Signé) DEMONGEOT, ARNAL. D La Société remercie M. Arnal de son compte-rendu et en décide l'insertion au procès-verbal, Elle vote en outre à son VAUT — trésorier des félicitations pour le zèle qu’il apporté à Her plissement de son mandat. M. Saint-Ginest, chargé des travaux du piédestal de la statue de Gaude 3 ae Late à la Société une RDS La statue Nero et le basse dent sur acute es repose, semblent d’après ce projet de remarquables œuvres d’art, et la Société se montre heureuse de féliciter M. Saint-Ginest et de le remercier de sa communication. M. Castan donne lecture du morceau qu’il doit produire à la section des Beaux-Arts du congrès de la Sorbonne et qui a trait aux origines et à la date du Saint-Ildefonse de Rubens. L'honorable membre communique à l’appui de sa lecture de superbes gravures représentant cette grande œuvre dans ses diverses parties et dans son ensemble, estampes qu’il doit à la générosité de Son Excellence M. le général comte de Crenne- ville, grand chambellan de l'Empereur d'Autriche. La Société remercie M. Castan de sa communication et décide que le morceau qu’elle vient d'entendre prendra rang dans ses Mémoires. Elle arrête en outre, sur la proposition de M. Castan lui-même, que Son Excellence M. le comte de Crenneville pren- dra rang parmi ses membres d'honneur. Sont présentés pour entrer dans la Société comme membres résidants : par MM. Ledoux et Besson, MM. Elie Rabourdin, directeur de la succursale de la banque de France de Besançon ; Edmond Francey, avocat à la cour d'appel. Après un vote d'admission en faveur des candidats antérieu- rement présentés, M. le président proclame : Membres résidants, MM. MÉALY (Ladreyt), pasteur protestant; L'abbé JEANNIN, directeur de la Semaine religieuse ; GUICHARD (Paul), propriétaire ; L’abbé VIENNET, professeur à l’Ecole Saint-François- Xavier ; - L'abbé GoUSssET, aumônier de l'asile départemental ; PE PR N MM. MAIRE (Célestin), avoué près le tribunal civil ; DELANNOY, chef d’escadron d'état-major ; _ BELTZER (Emile), notaire, membre du conseil municipal. Le Président, Le Secrétaire, E. LEDOUX. E. BESSON. Séance du 8 mars 1884. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR LEDOUX. Sont présents : BUREAU : MM. Ledoux, président, Barbier, vice-président ; Gastan, secrétaire honoraire, Besson, secrétaire, Vaissier, ar- chiviste. MEMBRE HONORAIRE : M. le général WOLFF. , MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Boussey, Garry, Gavaroz, Debau- chey, Delannoy, Drouhard, Ducat, Girardot, Haldy père, Haldy fils, Paul Laurens, Lieffroy, l'abbé Louvot, Margaine, Monnot, Pescheloche, Pétey, de Sainte-Agathe, de Soultrait, Trouillet, Vernier. Hi M. le capitaine d’Aurelles de Montmorin, aide de camp de M. le général Wolff, assiste à la séance. Le procès-verbal de la séance du 9 février 1884 ayant été lu et adopté, le secrétaire communique une circulaire par laquelle M. le Ministre de l’Instruction publique notifie la date et les conditions du congrès des sociétés savantes qui se tiendra à la Sorbonne dans le cours du mois d'avril, et invite chaque société à lui faire connaître dans le plus bref délai les noms des délé- gués qui comptent se rendre à Paris pour la circonstance. M. Castan ayant déjà promis une lecture à la section des Beaux- Arts, il est décidé que la Société sera en outre représentée par MM. de Fromentel, Vaissier, Francey et Lieffroy, et le secré- taire est chargé de transmettre leurs noms au ministère en temps opportun. M. Besson ayant fait connaître à M. le Maire de la ville un NN — vœu précédemment formulé par la Société au sujet des appel- lations qu’il conviendrait de donner à deux des rues de Besan- çon, communique à la réunion la réponse qui lui a été faite par ce magistrat, ainsi que la délibération prise par le conseil mu- nicipal sur le sujet en questiou. Cette délibération est conçue dans les termes suivants : « Présidence de M. Delavelle, maire. » Etaient présents : MM. Koller, Colard, Bersot, Picard, Bou- vard, Laurens, Parguez, Jacquard, Bruand, Clerget, Fernier, Chauffour, Fanart, Lavigne, Dubourg, Simplot et Baigue, se- crétaire. » Il est donné lecture d’une lettre par laquelle la Société d'Emulation propose, en premier lieu, de donner à la nouvelle rue ouverte dans le clos Fachard le nom de Dunod, en sou- venir de l’écrivain jurisconsulte qui vivait au siècle dernier, et, en second lieu, de restituer à la rue Neuve-Saint-Pierre le nom de Chiflet, qu’elle portait autrefois, et qui est celui d’une an- cienne famille de savants et d’érudits bisontins. » Le Conseil ajourne sa décision en ce qui concerne la voie créée sur les terrains de la Société des Immeubles du clos Prou- dhon. » Sans vouloir méconnaître l'illustration du nom de Chiflet, le Conseil a été d’avis, quant à la rue Saint-Pierre, de lui con- server son appellation actuelle qui se rattache aux origines de l’histoire locale, à telle enseigne que le quartier Saint-Pierre _a possédé ses armoiries particulières, comme le quartier d’A- rènes, de Battant, de Saint-Quentin, du Bourg, etc. » Toutefois, il est décidé que la vieille et la nouvelle rue Saint-Pierre seront désormais confondues sous une même dé- nomination, et comprendront une série unique de maisons, depuis la place Saint-Pierre où la rue commence, jusqu’à la porte de la ville où elle finit. » Les membres présents ont signé. » Pour extrait conforme : » Le Maire, » DELAVELLE, ». — XVI — La Société, regrettant la décision du conseil municipal, prend néanmoins acte de sa délibération, et en décide l'insertion au De: -verbal. M. San bien no. la parole pour appeler l'attention de la Société sur la récente élection de l’un de ses membres hono- raires, M. de Lesseps, à l’Académie française ; il estime que cette haute distinction ne saurait passer inaperçue d’une com- pagnie que l’illustre ingénieur honore d’une bienveillance par- ticulière et propose de voter des félicitations à M. de Lesseps. Cette proposition est adoptée à l’unanimité et par acclamation, et le secrétaire est chargé de transmettre au nouvel académi- cien l’expression des sentiments de la Société. M. le général Wolff, membre honoraire de la compagnie, donne lecture de la première partie d’une étude d’ethnographie et de linguistique intitulée : Universalité du rôle des conqué- rants de race blanche aux premiers âges de l'humanité. Cetté lecture est accueillie par les applaudissements unanimes des membres présents, qui décident l’insertion dans nos Mémoires de l’étude entière de M. le général Wolff. La lecture de la se- conde partie est remise à une séance ultérieure. M. Vaissier lit ensuite un article d’une revue américaine (le Century Magasine), traduit de l'anglais par notre confrère M. Ca- mille Proudhon, et ayant trait au peintre franc-comtois Courbet. Sont présentés pour entrer dans la Société comme membres résidants: ; Par MM. Castan et Edouard Besson, M. Frédéric Delacroix, conseiller à la Cour d'appel; Par MM. Paillot et Debauchey, M. Pierre-Léon Collin, fabri- cant d'horlogerie à Besançon; Comme membres correspondants : Par MM. le docteur Ledoux et Edouard Besson, M. Charles Contet, professeur au lycée de Saint-Quentin ; Par MM. Pingaud et l'abbé Louvot, M. l'abbé Cizel, professeur au collège de la Chapelle-sous-Rougemont. Après un vote d'admission en faveur des candidats antérieu- rement présentés, M. le président proclame : nt ONE Membres résidants, MM. RABOURDIN (Elie), directeur de la succursale de ia Banque de France de Besançon; FRANCEY (Edmond), avocat à la Cour d’appel. Le Président, Le Secrétaire, Ë. LEDOUX. E. BESSON. Séance du 10 mar 1884. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR LEDOUX. Sont présents : BurEAU : MM. Ledoux, président; Castan, secrétaire hono- raire; Besson, secrétaire; Faivre, vice-secrétaire; Vaissier, ar- chiviste. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Boussey, Debauchey, Ducat, G1- rardot, l'abbé Gousset, Gruter, Paul Laurens, Monnot, Mercier, Rétif, Vernier. Le procès-verbal de la séance du 8 mars ayant été lu et adopté, le secrétaire donne lecture d’une lettre par laquelle M. de Lesseps remercie la Société des félicitations qu'elle lui a fait adresser à l’occasion de son élection à l’Académie française, Le secrétaire communique en outre une invitation de la So- ciété d'Emulation de Montbéliard pour la séance publique qu’elle tiendra le 15 mai et pour le banquet qui suivra cette solennité. La Société délègue pour répondre à cette aimable invitation MM. le docteur Ledoux, Faivre et Girardot. M. Castan ayant, l’année dernière, adressé une requête au conseil municipal à l'effet de faire placer sur la maison natale de lacadémicien Joseph Droz une inscription commémorative de la naissance de cet écrivain, donne lecture d’une lettre par laquelle M. le Maire de la ville lui notifie que la question est récemment revenue devant le conseil à l’occasion d’une de- mande semblable faite par l’Académie des sciences, belles- b er AN lettres et arts de Besançon, relativement au romancier Charles de Bernard; mais que les conseillers, sur le point de voir ex- pirer leur mandat, ont préféré s’en remettre à cet égard à leurs successeurs. M. Castan donne lecture d’une lettre par laquelle la Commis- sion royale d'histoire de Turin consent à entrer avec notre com- pagnie en échange de publications, et fait ressortir les avan- tages qu'il y aurait à accueillir cette disposition. Un vote ayant eu lieu à ce sujet, et l'échange en question ayant été arrêté, M. Castan est chargé d’en donner avis à la Commission royale de Turin. Les volumes résultant de cet échange seront transmis, comme don de la Société, à la Biblio- thèque de la ville de Besançon. M. Besson prend ensuite la parole pour exposer la part prise par la Société d’'Emulation au dernier congrès de la Sorbonne. Il donne lecture de quelques articles tirés des journaux qui ont apprécié le travail lu par M. Castan à la section des Beaux-Arts, ét, en particulier, un extrait du rapport présenté par M. Jouin à la fin des travaux du congrès et reproduit par le Journal Officiel. Avec les réserves et les ménagements imposés par l'obligation où se trouvait le spirituel écrivain de ménager des susceptibilités éminemment respectables, il n’en rend pas moins un complet hommage au talent de M. Castan et à la süreté de ses conclusions, qui ont définitivement résolu un problème du plus haut intérêt pour l’histoire de l’art en général, et en par- ticulier pour la biographie de l’illustre chef de l’école d'Anvers. M. Besson parle encore de la distinction obtenue par larchi- . viste de la Société, M. Vaissier, à la distribution des récom- penses qui a terminé le congrès. M. le recteur de l’Académie de Besançon ayant eu l'attention délicate d'adresser au bureau de la Société les palmes et le diplôme d'officier d’Académie qu'il avait reçus pour être remis à M. Vaissier, la circonstance se trouve on ne peut plus favorable pour cette remise. En s’en acquittant, M. Besson rappelle les titres du nouveau titulaire à la décoration qui lui a été accordée : ses remarquables écrits sur la viticulture, les soins apportés par lui à l'aménagement et au classement des objets que renferme le Musée archéolo- — XIX — gique de la ville, ses travaux insérés dans les Mémoires de la Société dont il est l’archiviste consciencieux et dévoué. Les ap- plaudissements unanimes qui accueillent les paroles de M. Bes- son montrent à M. Vaissier quelle part prennent ses collègues à la distinction si méritée dont il vient d’être l’objet.’ | M. Castan communique à la Société une série de morceaux constituant une sorte d’autobiographie de notre compatriote Pierre-Adrien Paris, l'architecte du roi Louis XVI, et qu’il laissa sous forme de notes manuscrites jointes aux collections par lui léguées à la ville de Besançon. Le savant bibliothécaire a joint à ces notes un résumé complet de la vie de leur auteur. Cet ensemble figurera dans notre prochain volume. Est pareillement retenue pour l'impression une nouvelle no- tice de M. Vaissier sur les fouilles de la grotte préhistorique de Courchapon. ee Sont présentés pour entrer dans la Société comme membres résidants : Par MM. le docteur Ledoux et Tridon, M. Victor Guillemin, artiste peintre; Par MM. le docteur Ledoux et Edouard Besson, M. Jules Lar- met, médecin-vétérinaire du dépôt d’étalons, secrétaire de la Société d'agriculture ; Par MM. le docteur Ledoux et Voirin, M. Coillot, pharmacien de {rc classe. Après un vote d'admission en faveur des candidats antérieu- rement présentés, M. le président proclame : Membres résidants, MM. DELACROIX (Frédéric), conseiller à la Cour d'appel ; COLLIN (Pierre-Léon), fabricant d’horlogerie; Membres correspondants, MM. l’abbé CizEL, professeur au collège libre de La Chapelle- sous-Rougemont ; CONTET (Charles), professeur agrégé de mathématiques au Ki —— lycée de Saint-Quentin, président de la Société acadé- mique de cette ville. Le Président, Le Secrétaire, E. LEDOUX. E. BESSON. Séance du 14 juin 1884. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR LEDOUX. Sont présents : BUREAU : MM. Ledoux, président; Pingaud, premier vice- président, Castan, secrétaire honoraire; Besson, secrétaire; Vaissier, archiviste. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Demongeot, l'abbé Drouhard, Ga- liment, Girardot (Albert), Haldy père, Haldy fils, Paul Laurens, Ledoux (Louis), Ripps, Sandoz (Léon), Trouillet. | Le procès-verbal de la séance du 10 mai dernier ayant été lu et adopté, le secrétaire communique une circulaire par laquelle M. le Ministre de l’Instruction publique invite chaque société savante à lui faire connaître la liste des questions qu’elle juge utile de voir poser au prochain congrès de la Sorbonne. Le secrétaire communique en outre une lettre de la Commis- sion royale d'histoire de Turin, raüfiant l'échange par nous accepté dans la précédente séance. M. l’abbé Drouhard lit une notice sur M. Eugène Perron, membre correspondant, récemment mort à Gray. Ce morceau, dont la Société vote l’impression, est conçu en ces termes : « MESSIEURS, » Notre Société vient de faire une perte bien regrettable dans la personne de M. Eugène PERRON, mort à Gray le 22 mai der- nier, dans sa soixante-cinquième année. L’empressement de la population à ses obsèques a montré l'estime dont il était uni- versellement environné. Le clergé de la ville, ies députations — du Conseil municipal, de la Chambre de commerce, et de plu- sieurs sociétés locales ou départementales, le personnel ensei- gnant, les écoles de Gray et d'Arc, ont voulu, par leur présence à la cérémonie religieuse et aux funérailles, rendre un sympa- thique hommage à la mémoire de cet homme de bien. » Nous avons, nous, plus d’un motif de déplorer une mort si prématurée; car M. Perron s’intéressait activement à tous les travaux de la Société d'Emulation du Doubs et se réjouissait de ses progrès. » Plusieurs discours ont été prononcés sur sa tombe. M. le Président du tribunal civil, M. le Maire de la ville, représenté par un de ses adjoints, M. le Vice-Président du comice et M. le Secrétaire de la délégation cantonale ont rappelé, avec éloge, les nombreux services rendus par M. Perron aux principales sociétés dont il était en quelque sorte l’âme, comme président ou comme zélateur. » Receveur municipal, receveur de l’hospice, conservateur du Musée de la ville, secrétaire de la Chambre de commerce, vice- président de la Société départementale d'encouragement à l’agri- culture, vice-président du Comice agricole, président de la Com- mission de surveillance du travail des enfants dans les ateliers et manufactures, vice-président de ia Société de secours mu- tuels, président de la délégation cantonale, cet homme, non moins remarquable par son intelligence que par sa laborieuse activité, s’acquittait de toutes ses fonctions avec un dévoue- ment, une habileté, une courtoisie que chacun s’est plu à louer. Il ne reculait devant aucune fatigue pour assurer la prospérité : des œuvres qui lui étaient confiées. » Malgré des occupations si multiples, que je me borne à in- diquer, nous ne devons pas oublier ce qu’il a fait pour accélérer le mouvement des études géologiques et archéologiques dans notre province. Que l’on admire les collections de lithoïdes dont le savant géologue a enrichi le musée de Gray, que l’on vante les échantiilons et les spécimens curieux des sépultures an- tiques fouillées sous la direction de cet ésprit investigateur, nous y applaudissons volontiers. Toutefois, nous aurions voulu que la province de Franche-Comté possédât les précieuses re- liques du vaste fumulus ouvert par son initiative près du village | — XXI — d’Apremont, au mois d'octobre 1879 (1). Ceux d’entre vous, mes- sieurs, qui ont assisté à cette fouille merveilleuse diraient beau- coup mieux que moi quelle fut la joie de l'inventeur. Heureux d’avoir à ses côtés un témoin des plus compétents, dont il a su apprécier le savant et bienveillant concours, il présidait, avec autant d’assiduité que d'émotion, à tous les détails des travaux qu’il avait ordonnés. Le riche diadème d’or, les fibules d’or, les anneaux d’ambre et d'ivoire, dont la tête et les vêtements du mort étaient ornés, la grande bassine de bronze et la belle coupe d’or qui lPaccompagnait, les débris des quatre roues, _ revêtues de fer, régulièrement disposées aux quatre angles de la sépulture, les échantillons de tissus variés recouvrant les différentes pièces du char funèbre, tous ces objets et d'autres encore qui caractérisaient la tombe d’un très illustre personnage, plusieurs siècles avant l’ère chrétienne, étaient dignes d’exciter la curiosité et l’envie même des savants (2). C’est le Musée na- tional de Saint-Germain qui a eu le bonheur d'obtenir ce trésor archéologique. Si grand que soit notre regret (qu'on voudra bien nous permettre d'exprimer) au sujet de ces raretés archéolo- giques dont notre province se trouve privée, nous n’oserions certainement pas blâmer notre compatriote d’avoir cédé aux instances de M. Alexandre Bertrand, puisque la ville de Gray a consenti la première à ce sacrifice, au prix de quelques re- productions d'objets antiques et de deux beaux tableaux esti- més par les amateurs. Nous ne voudrions pas être jaloux, sa- chant qu'un plus grand nombre d'hommes compétents pour- ront, — grâce aux habiles restaurations faites dans les ateliers du musée de Saini-Germain, — jouir utilement et profiter de ces magnifiques découvertes. » Dans le courant de l’année 1880, M. Perron fouillait encore cinq autres tumulus : trois sur la rive gauche de la Saône, ceux de Mercey-sur-Saône, espacés les uns des autres de 30 à 60 (1) Voir Nofice, publiée par M. E. PERRON, sur la Motte d’Apremont, dans les Matériaux pour l’histoire de l’homme primitif, revue mensuelle illustrée, dirigée par M. Emile Cartailhac, ann. 1880, Toulouse. __.@) M. Alexandre BERTRAND fait remonter la date de cette sépulture au delà du ve siècle, avant J.-C. XXE mètres, et connus sous le nom de Tassenières, et deux sur la rive droite, ceux de Savoyeux, aux lieux dits l’île du Moricaud et le Tremblois. Bien que les dimensions de ces buttes tumu- laires soient moins considérables que celles de la Motte d’Apre- mont, qui a 70 mètres de diamètre, bien que leur mobilier funé- raire n’ait pas une égale richesse, il est certain qu'il y a entre ces diverses sépultures des caractères communs dont l’impor- tance ne saurait être contestée. » On vous à déjà entretenu, Messieurs, de ces explorations fécondes. La notice publiée par M. Perron dans la Revue archéo- logique, en février et mars 1882, sur Les tumulus de la vallée de la Saône supérieure, est sans doute encore présente à la mé- moire de ceux qui depuis longtemps rivalisent de zèle avec notre correspondant regretté, pour refaire pièce à pièce l’his- toire de nos ancêtres de la Gaule primitive. » Les exhumations des tombelles celtiques du massif d’Alaise nous aident à mieux comprendre la valeur de toutes ces ré- centes découvertes, qui se complètent mutuellement, en appor- tant de nouvelles lumières à la connaissance de nos plus loin- taines origines. » Ne vous semble-t-il pas mériter d’être proposé en exemple aux chercheurs de notre temps, cet homme dont les travaux si consciencieux et si persévérants n'étaient, comme on l’a juste- _ ment remarqué, qu'une récréation, une sorte de délassement au milieu de ses délicates fonctions (1)? » Les recherches scientifiques, qui passionnérent l’esprit de M. Perron, n’empêchèrent pas son cœur de s'ouvrir généreu- sement à toutes les bonnes œuvres qui réclamaient son con- cours où son appui. Les questions de bienfaisance, d’agrieul- ture, d'enseignement et d'éducation, étaient étudiées à fond et traitées par lui avec non moins de tact que de compétence. Ceux qui ont eu le privilège de se trouver avec lui dans de fré- quents rapports se sont accordés à lui rendre PAPHSUENIENS ce Hbienase flatteur (2). : do -@ Discours de M. SiGNaARD, maire de la Ve dé nn (2) V. Nofice Dubliée par M. Louxor, instituteur à Arc. (Réoubis . la Haute-Saône, 1°r juin.) ne RAIN » Afin que rien, ce semble, ne lui manquât de ce qui rend les hommes vraiment SUPÉrIEUrS , il connut les plus déchirantes épreuves que puisse éprouver le cœur d’un père. Il y a quel- ques années, ses deux fils lui furent ravis coup sur coup, au moment où ils pouvaient déjà songer l’un et l’autre à fonder une nouvelle famille. Une âme moins forte que la sienne aurait été brisée. Le travail le plus obstiné et, mieux encore, l’affec- tion d’une femme au cœur noble et pieux, l’aidèrent à supporter ce double malheur. Il se résigna silencieusement à son deuil. » Les distinctions honorifiques qui vinrent au devant de ce modeste travailleur, sans qu'il les cherchât, la croix de cheva- lier de la Légion d'honneur, les palmes académiques, et sur- tout le titre de correspondant du Ministère de l’Instruction pu- blique, durent assurément le flatter, car elles étaient toutes parfaitement méritées. Mais il savait regarder au delà. » La paralysie d’un mois, qui précéda sa mort, n’ôta rien à la lucidité de ses facultés, à la finesse de son esprit, à la déli- catesse de ses sentiments. Plus haut que les affaires, dont à s’occupait encore en ses derniers jours, plus haut que la science, qu’il avait tant aimée, il plaçait, nous le savons, la doctrine du Christ, qui, disait-il, a régénéré le monde. Aussi fut-il heureux de recevoir les secours de la religion et de se recommander, en mourant, aux prières de ses amis. » Cette mort a été un deuil pour la ville de Gray et pour toute la contrée. On trouvait un si grand profit dans ses entretiens, tant de bienveillance dans ses démarches, tant de sûreté dans ses jugements, tant daffabilité dans ses relations ! Une carrière aussi bien remplie que la sienne a été trop tôt achevée. » Le nom de M. Perron doit rester dans nos annales, parmi ceux qui font le plus d'honneur à notre Société. En le gravant -dans notre souvenir, nous acquitterons une dette de reconnais- sance et d'amitié. » M. Colsenet, membre correspondant, adresse à la Société d’intéressants extraits des discussions auxquelles donna lieu, dans le cours du siècle dernier, à l’Académie des sciences, le phénomène de la production et du renouvellement de la glace dans la grotte de Chaux-les-Passavant. Si on joint à ces extraits FER ETAT — KXXV — les articles que le Journal des Savants publiait à la même époque sur le sujet en question, et surtout si on y ajoute les explica- tions beaucoup plus sérieuses que l’état actuel de la science permet de donner des phénomènes dont il s’agit, on aura un ensemble assurément curieux et qui sera vivement apprécié des nombreux visiteurs de la grotte. Ce travail est confié, sur la proposition de M. Castan, à deux des membres les plus com- pétents de la Société : M. Trouillet, capitaine du génie, et M. le docteur Girardot. M. le docteur Ledoux, président, rend compte de la séance publique tenue par la Société d’'Emulation de Montbéliard, Ie 15 mai dernier, et où il a représenté la ville de Besançon avec -MM. Girardot et Trouillet. L'état prospère de cette compagnie, Jactivité intellectuelle qu’elle entretient chez nos voisins, les soins qu'elle apporte à l'aménagement et à l’administration des musées de Montbéliard, sont l’objet des appréciations les plus élogieuses de la part de M. Ledoux, qui se félicite également de la courtoisie et de l’amabilité parfaites de l’accueil fait aux délégués bisontins. M. Besson analyse ensuite le grand ouvrage de M. Tuetey, membre correspondant, intitulé : Les Allemands en France et l’invasion du comté de Montbéliard par les Lorrains (1587-1588). Cette analvse figurera dans notre prochain volume. Est pareïillement retenue pour nos Mémoires la pièce de vers : La ballade du cordier, due à la plume de M. Thuriet, membre correspondant, dont lecture est donnée par M. Castan. Après un vote d'admission en faveur des candidats antérieu- rement présentés, M. le président proclame : Membres résidants, MM. GUILLEMIN (Victor), artiste peintre; LARMET (Jules), médecin-vétérinaire ; GOILLOT, pharmacien de irc classe. Le Président, Le Secrétaire, E. LEDOUX. E. BESSON, FR ANS Séance du 12 juillet 1884. PRÉSIDENCE DE M. L. PINGAUD. Sont présents : BUREAU : MM. Pingaud, premier vice-président; Castan, se- crétaire honoraire; Besson, secrétaire; Durupt, trésorier; Vais- sier, archiviste. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Ducat, Haldy père, Haldy fils, Paul Laurens, Renaux, Vernier. Au début de la réunion, M. Castan fait connaître qu’il vient d’être procédé à l'installation, dans la grande salle de lecture de là Bibliothèque municipale, du buste en marbre de l’écrivain franc-comtois Francis Wey. Ce buste, dû au ciseau de notre éminent compatriote et confrère, le scuipteur Jean Petit, a été donné à la ville par la veuve du célèbre écrivain, et l'éloge le meilleur et le plus vrai qu'on en puisse faire, c’est qu'il est digne à la fois de celui dont il rappellera les traits et de l'artiste dont il est l’œuvre. M. Petit vient aussi de terminer, pour l'Ecole nationale des Chartes, le buste de Jules Quicherat, ancien direc- teur de cette institution. Quicherat n’était pas Franc-Comitois par la naissance, mais on peut dire qu'il l'était devenu par le cœur et les affections, et surtout par les services multiples qu'il rendait à la Société d'Emulation du Doubs, dont il voulait bien suivre avec intérêt les travaux. Aussi la Société n’hésite-t-elle pas, sur la proposition de M. Castan, à voter l’acquisition, pour l’ornement de la salle de ses séances, d’un moulage en plâtre du buste en question. M. Pingaud donne lecture, au nom de M. le docteur Meynier, d’un travail sur les Etats de Franche-Comté de 1788. Ce travail prendra rang dans nos Mémoires, et M. Pingaud est chargé d’en surveiller la publication. M. Besson analyse ensuite oralement deux publications offertes à la Société par leurs auteurs. La première, due à la plume de M. le pasteur Chenot, traite de l'introduction de la Réforme dans les trois seigneuries sou- mai”. 0:45 1 veraines d’Héricourt, de Clémont et de Châtelot, adjointes au comté de Montbéliard. Ces trois seigneuries, jointes à celle de Blamont et au comté de Montbéliard proprement dit, formaient la principauté de Montbéliard, telle qu’elle existait au moment de sa réunion à la France pendant la Révolution. Le comté de Montbéliard et la seigneurie de Blamont s'étant trouvés dès le début de la Réforme sous la dépendance des ducs protestants de Wurtemberg, avaient été promplement gagnés aux idées nouvelles. Quant aux trois seigneuries dont s'occupe M. Chenot, après avoir subi dans le cours du moyen âge des fortunes diverses, elles avaient fini, en 1561, par faire retour à leurs anciens suzerains les comtes de Montbéliard, princes cadets de la maison de Wurtemberg. À cette époque, on n'avait pas même la notion du principe de la liberté de conscience, et la souveraineté politique se confondait partout et aux yeux de toutes les opinions avec la liberté religieuse. Aussi les princes de Wurtemberg n’hésitèrent-ils pas à imposer leurs doctrines à leurs nouveaux sujets. L'œuvre de transformation ainsi com- prise et pratiquée, s’accomplit promptement et, dès 1565, les pays annexés au comté de Monthéliard étaient acquis, du moins en apparence, aux nouvelles idées religieuses. Cette transformation faillit n'être que passagère; car, peu après, les trois seigneuries étaient revendiquées par l'Espagne, et nul doute que, sans l’appui de Henri IV, demeuré toute sa vie l’ami des princes allemands et en particulier des princes de Wurtemberg-Monthéliard, ceux-ci n’en eussent perdu la possession. La question que le roi de France avait apaisée àu début ne fut définitivement tranchée qu’en 1614 par un arrêt du parlement de Grenoble, qui mit un terme aux réclamations espagnoles, soustrayant ainsi les pays qui en étaient l’objet à de nouvelles révolutions religieuses. M. Chenot a traité son sujet avec grands détails ; il à insisté principalement sur l’organisation du service des cultes avant et après l'introduction de la Réforme dans les trois seigneuries, sur les éléments d’un véritable système d'instruction primaire dont l'institution coïncida avec cet événement, et enfin sur les germes de discorde qui se manifestèrent dès le début entre les pasteurs, par suite de l’opposition des doctrines luthérienne et es MNT calviniste. Son livre mérite l’attention, non seulement par les éclaircissements qu’il fournit sur un point intéressant de notre histoire locale, mais par les qualités sérieuses d’érudition et de style qu’il révèle chez son auteur. M. Besson rend compte pareillement d’un ouvrage de M. Al- bert de Montet, membre correspondant, relatif à la ville de Ve- vey. Cette ville, si connue aujourd'hui par la beauté de son site, eut pendant le moyen-âge une histoire des plus complexes et des plus tourmentées, et c’est à en éclaircir quelques points que s’est attaché M. de Montet. Son livre est plutôt un recueil de documents qu'une œuvre vraiment didactique ; mais il n'offre pas moins un grand intérêt, en montrant par des exemples iopiques et des preuves incontestables à quelle confusion les idées de gouvernement, d'administration, de justice pouvaient parvenir en ces temps féodaux que d’aveugles panégyristes voudraient nous faire regretter. Il serait difficile d'imaginer un écheveau plus embrouillé que celui des divers pouvoirs et juri- dictions auxquels une simple commune comme Vevey pouvait alors se trouver soumise, et le talent de M. de Montet suffit à rendre attrayant un sujet par lui-même aussi compliqué et aussi aride. La Société remercie M. Besson de Son double compte-rendu et décide que mention en sera faite au procès-verbal. M. Castan lit enfin un travail destiné à l’Académie royale de Belgique dont il est un des associés étrangers. Ce travail est intitulé : Les peintres Jean et Jacques van Battele et Roland Maille, décorateurs des pompes funèbres de la cour des Pays- Bas, au seizième siècle. Sont présentés pour entrer dans la Société comme membres résidants : Par MM. Emile-Alexandre Halidy et Durupt, MM. Schlumber- ger, banquier, Songeon, fabricant d’horlogerie ; Emile Benoist. fabricant d’horlogerie ; Par MM. Henri et Castan, M. Georges Boyer, percepteur. . Le Vice-Président, Le Secrétaire, L, PINGAUD. E. BESSON. cv, 2, Séance du 15 novembre 1884. PRÉSIDENCE DE M. L. PINGAUD. Sont présents : BUREAU : MM. Pingaud, premier vice-président; Barbier (Léon), deuxième vice-président, Castan, secrétaire honoraire ; Besson, secrétaire décennal; Faivre, vice-secrétaire; Vaissier, archiviste. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Chapoy, Ducat, Galiment, Bon- net, Girardot (Albert), Girod (Victor), Jégo, Haldy père, Haldy fils, Laurens (Paul), Margaine, Monnot, Rétif, Ripps, Saillard, Sandoz (Léon), Valler. Le procès-verbal de la séance du 12 juillet 1884 ayant été lu et adopté, le secrétaire communique le programme du congrès des sociétés savantes en 1885 adressé à la Compagnie par M. le Ministre de l’Instruction publique. Est pareillement déposée sur le bureau une liste des prix mis au concours par l’Académie des sciences morales et politiques envoyée, elle aussi, par le mi- nistère. Au sujet d’une proposition faite par la Société des Antiquaires de France, et sur la motion de M. Castan, les membres pré- sents délibèrent en ces termes : « Par une lettre circulaire en date du 12 novembre courant, la Société des Antiquaires de France nous fait connaître qu’elle a pris l'initiative d’une démarche ayant pour objet d'obtenir du Parlement une sanction légale devant assurer la protection des monuments anciens dans toute l'étendue du territoire national et des possessions françaises; elle exprime le désir que les associations scientifiques des départements s'unissent à elle dans le sens de cette démarche. » La Société d’Emulation du Doubs, qui consacre une bonne part de son activité et de ses ressources au dégagement et à létude des monuments historiques de la région franc-comtoise, ne peut qu'applaudir à l'initiative prise par la Société des Anti- quaires de France, en souhaitant vivement que la démarche nr XXK ue dont il s’agit obtienne un succès digne des intelligents motifs qui l'ont inspirée. » Le secrétaire est chargé de transmettre à la Société des Anti- quaires de France le texte qui précède de cette délibération. L'ordre du jour appelant le vote du budget pour l’année 1885, le secrétaire propose et la Société adopte le projet suivant qui a été antérieurement délibéré par le conseil d'administration : RECETTES. 49 Encaisse prévu au 31 décembre 1884. ............ 310f. » 20 Subvention du département du Doubs............ 500 » 30 Id. de la ville de Besançon............... 600 » 49 Cotisations des membres résidants.......... 9 000 50 Id. des membres correspondants......... 800 » 6° Droit de diplôme, recettes accidentelles......... 50 » 7o Intérêts du capital en caisse et des rentes....... 940 » Total 25 00 DÉPENSES. ce . LP Impressions hi rade ee 0 3.000f. » DONS EE De A 100 » 30 Frais de bureau, chauffage et éclairage.......... 150 » ÆOPErAS diverserseance publique here 190 00 09 Traitement et indemnité pour recouvrements à lasent deédaSociété. 1 RE cote 270 » 60 Crédit pour recherches scientifiques. ............ 600 » 19! COmpIe de CéSerVe 130 » Total 2 5.000f. » La question se posant ensuite de savoir quels seront la date et le programme de la séance publique et du banquet de 1884, cette question est renvoyée à l'examen et à la décision du con- seil d'administration. M. Victor Girod donne lecture d’une Notice sur M. Charles Grand, qui est retenue pour l'impression, en même temps que le discours prononcé par M. le docteur Ledoux sur la tombe du regretté défunt. EN RAKT — M. le président se fait pareillement l'interprète des regrets causés à la compagnie par la mort de M. Debauchey, un de ses membres les plus assidus, et qui a pris une part notable à ses travaux. Au nom d’une commission chargée d'examiner un travail de M. le docteur Henri de Fromentel relatif aux Synalogies en mé- decine, M. le docteur Saillard, tout en rendant justice aux mé- rites de cet ouvrage, déclare que son objet s'éloigne trop du cadre des occupations de la Société pour qu’il y ait lieu d’en pro- poser l’impression dans nos Mémoires. Cette opinion est adoptée. M. Vaissier lit un rapport sur de nouvelles acquisitions faites par le Musée des antiquités de la ville. Ces acquisitions pro- viennent de sépultures gauloises, explorées dans la banlieue de Besançon, au lieu dit les Vareilles, ainsi que des gisements pré- historiques de la grotte de Courchapon. Des félicitations sont votées à M. Vaissier, en même temps qu'il lui est ouvert un crédit de 200 francs, pour lui permettre de continuer les fouilles qui ont déjà donné de si remarquables résultats sous son habile direction. Son exposé ést en outre retenu pour nos Mémoires. Est semblablement votée l’impression d’un morceau dont M. Casian donne lecture et ayant pour objet l'examen critique d’un nouveau travail de M. le docteur Kuhfeldt, de Berlin, sur les capitoles provinciaux du monde romain. Sont présentés pour entrer dans la Société, comme membres résidants : Par MM. Haldy père et Léon Sandoz, MM. Julien Félix et Ma- tile, fabricants d’horlegerie. Après un vote d'admission en faveur des candidats antérieu- rement présentés, M. le président proclame : Membres résidants, MM. SCHLUMBERGER, banquier ; SONGEON, fabricant d’horlogerie ; — KXXI — MM. BENOIST (Emile), fabricant d’horlogerie : BOYER (Georges), percepteur. ÿ Le Vice-Président, Le Secrétaire, L. PINGAUD. E. BESSON. Séance du 17 décembre 1884. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR LEDOUX. Sont présents : BUREAU : MM. Ledoux (Emile), président; Pingaud et Barbier, vice-présidents ; Durupt, trésorier, Faivre, vice-secrétaire ; Vaissier, archiviste ; Castan, secrétaire honoraire. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Bertin, Boutterin, Bouttey, Boyer, Garry, Chapoy, baron Daclin, Darçot, Delacroix (Frédé- ric), Demongeot, l'abbé Drouhard, Dunod de Charnage, Girar- dot (Albert), Girod (Victor), Grosjean (Francis), Guenot, Guille- min (Victor), Haldy père, Haldy fils, Laurens, l'abbé Lowvot, Renaux (Camille), Ripps, Vernier. MEMBRES CORRESPONDANTS : MM. J'urgensen et Gascon. Le procès-verbal de la séance du 15 novembre ayant été lu et adopté, il est donné connaissance des réponses faites par les membres honoraires et les sociétés voisines aux invitations qui leur avaient été adressées pour la séance publique et le ban- quet. Du dépouillement de cette correspondance, il résulte que, parmi les hauts fonctionnaires invités, M. le Préfet du Doubs, M. le Maire de la ville et M. le Recteur de l’Académie assisteront à la séance et au banquet; que M. le premier Président, Mgr. l’'Archevèque, M. le Procureur général et M. l'inspecteur d’Aca- démie se proposent d'assister seulement à la séance publique ; que M. le Général commandant le 7e corps d'armée, retenu à Paris par un devoir officiel, sera dans l'impossibilité, à son grand regret, de participer à notre fête annuelle. La délégation des associations voisines et amies sera ainsi composée : Pour la Société d'histoire de Neuchâtel, M: Jules NS APR Jurgensen ; pour la Société jurassienne d'Emulation de Porren- truy, M. Favrot; pour la Société d’'Emulation de Montbéliard, MM. John Viénot, Favre et Bouthenot-Peugeot; pour la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône, M. Cardot de la Burthe. Des lettres très affectueuses d’excuse ont été envoyées par MM. les présidents de la Société des sciences naturelles de Neuchâtel, de la Société d’Emulation du Jura, de la Société d'encouragement à l’agriculture de la Haute-Saône et de la Société d'Emulation de Belfort. M. le président fait connaître qu’en prévision de laffluence des auditeurs qu’attirera l’annonce de la conférence musicale de M. Sandoz, le conseil d'administration a reconnu l’impossi- bilité de tenir la séance publique dans la salle de l'Hôtel de Ville, qui n’abriterait qu'environ 250 personnes. Conséquem- ment la salle des audiences solennelles du Palais de Justice a été demandée à M. le premier président Chauffour, qui a mis le plus gracieux empressement à nous la concéder. Pour la seconde fois, la Société tiendra sa séance publique annuelle dans ce ma- gnifique local. En retour de cette faveur obtenue par son conseil d’adminis- tration, la Société vote des remerciments à M. le premier pré- sident Chaufrour. Par une lettre en date du 22 novembre dernier, M. le notaire Durupt prie la Société d'accepter sa démission de la fonction de trésorier qu’il remplissait depuis cinq ans. | M. le président exprime le regret de n'être pas parvenu à faire revenir M. Durupt de cette détermination. Il rappelle les services intelligents et dévoués rendus à la compagnie par l’honorable trésorier démissionnaire, surtout pendant la période où, conjoin- tement avec la gestion de notre caisse, il eut à recueillir les produits de la souscription ouverte pour ériger une statue à Claude de Joufiroy. La Société, partageant les sentiments de gratitude exprimés par son président, vote des remercîments unanimes à M. le notaire Durupt. Il est donné lecture d’une délibération du conseil municipal Ç er AXNAN de Besançon, en date du 19 juillet dernier, dans laquelle cette assemblée, saisie par la Société d'Emulation du Doubs et par l’A- cadémie de Besançon de deux propositions tendant à ce que des plaques commémoratives fussent placées, aux frais de la ville, sur les maisons où sont nés l’académicien Joseph Droz et le romancier Charles de Bernard, déclare qu’il y a lieu de laisser aux deux compagnies précitées le soin de réaliser les vœux exprimés par elles. À ce propos, M. Castan dit qu'après connaissance prise de cette réponse, l’Académie de Besançon s’est empressée de voter les fonds nécessaires à la confection d’une plaque concernant le romancier Charles de Bernard. La Société d'Emulation doit-elle rendre de son chef le même hommage à l’académicien Joseph Droz ? M. Castan pense que le soin de cet hommage incombe en- core à l’Académie. En effet, si Charles de Bernard a figuré nomi- nalement sur la liste des associés de l’Académie, Joseph Droz a été effectivement pour elle un correspondant des plus dévoués. Durant une période de vingt années, il fut un tuteur plein de sollicitude pour les jeunes gens à qui l’Académie accordait la pension Suard dont elle dispose. Un tel souvenir permettrait dif- ficilement à l'honorable compagnie de décerner un hommage public à Charles de Bernard, qui n’a rien fait pour elle, et de rester indifférente envers Joseph Droz, dont elle a été grande- ment l’obligée. La Société d’Emulation du Doubs n’a eu d’ail- leurs aucune initiative dans le projet d’une plaque concernant la naissance de Joseph Droz : elle n’a fait qu'appuyer par un vœu la proposition que son secrétaire honoraire avait faite dans ce sens au conseil municipal de Besançon. La Société retient pour son procès-verbal les explications qui précèdent et passe à l’ordre du jour. : Sur la demande de M. Pingaud, la Société décide qu’un exem- plaire des volumes disponibles de ses Mémoires sera concédé à la bibliothèque du grand séminaire, et que ce dépôt figurera désormais sur la liste des établissements à qui nos volumes sont distribués. La Société accueille ensuite favorablement une demande d’é- —TINEN = change de publications, faite par la société d'agriculture, sciences et arts d'Angers. M. Albert Girardot donne lecture d’une Monographie de la glacière naturelle de Chaux-lez-Passavant, curiosité dès long- temps célèbre et au sujet de laquelle ce nouveau travail résume tout ce que l’histoire et la science peuvent révéler. Le même auteur lit encore une Notice sur le Gault de Rozet, étude géologique faite en collaboration avec notre confrère M. Paul Petitclerc, de Vesoul. Les deux travaux communiqués par M. Girardot sont retenus pour les Mémoires de la Société. Au printemps dernier, la Société avait accordé son patronage à une dissertation de M. Castan sur les origines et la date du Saint-Ildefonse de Rubens. M.Castan, qui a récemment examiné, au Belvédère de Vienne, le merveilleux tryptique, donne de nouveaux arguments en faveur de son opinion sur la date de cette peinture. Il cite les adhésions que d’éminents spécialistes lui ont écrites à ce sujet, il exhibe enfin une reproduction pho- tographique des trois principales pages du triptyque. M. Castan est autorisé à compléter par ce post-scriptum sa dissertation du printemps dernier. : En venant prendre séance, M. Jurgensen remet une lettre par laquelle M. le docteur Auguste Jaccard, membre de notre compa- gnie, exprime le désir que la Société d'Emulation du Doubs soit représentée au congrès que la société helvétique des sciences naturelles tiendra au Locle, sous sa présidence, dans la pre- mière quinzaine du prochain mois d'août. M. Jurgensen ajoute qu'il se ferait un gracieux plaisir d'offrir l'hospitalité aux délé- gués que la Société d’Emulation du Doubs enverrait à ce con- grès. I dit en outre que M. Alfred de Chambrier, président de la société d'histoire de Neuchâtel, serait désireux d’accueillir dans son château les représentants que la Société d’Emulation déléguerait à Bevaix, à l’occasion de la séance qui doit y être tenue, en juillet prochain, par la société cantonale d’histoire. Cette double communication est accueillie avec intérêt et gra- titude. — XXXVI — - Sont présentés pour entrer dans la Société comme MEME résidants : Par MM. Emile Ledoux et Barbier, M. Léon Béjanin, proprié- taire ; par MM. Paillot et Castan, M. Antoine Magnin, professeur de botanique à la Faculté des sciences ; par MM. Guenot et Francis Grosjean, M. Ernest Renaud, fabricant d’horlogerie ; par MM. Ledoux et Métin, M. Palmyre Cordier, agent principal d'assurances. Comme membre correspondant : Par MM. Barbier et Besson, M. Maurice Thuriet, avocat à Baume-les-Dames. Un vote favorable ayant eu lieu sur le compte des candidats antérieurement présentés M. le Président proclame : Membres résidants, MM. FELIX (Julien), fabricant d’horlogerie, membre du conseil municipal ; MATILE, fabricant d’horlogerie. Un scrutin est finalement ouvert pour élire les membres qui doivent composer en 1885 le conseil d'administration de la Société. Le nombre des votants est de 30. Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants : Pour le président, M. Léon Barbier, 30 voix, Pour le premier vice-président, M. Emile Ledoux, 29 voix; Pour le deuxième vice-président, M. Alfred Ducat, 30 voix; Pour le vice-secrétaire, M. Adolphe Faivre, 29 voix; Pour le trésorier, M. Joseph Guillemin, 30 voix; Pour l’archiviste, M. Alfred Vaissier, 30 voix. En conséquence, M. le Président déclare le conseil d’adminis- tration de 1885 ainsi composé : Président. FT EUR ot MN DÉS RBIER (ÉD): Premier eprésuenes . ... . M. ÉEpoux (Emile). Deuxième tee one à TA M. Ducar (Alfred). Sécrenire, UP AIRES EU NES NP RRSS ON (EdOUAr) Vice =secrétaire moe ensure M. FaivRE (Adolphe). — XXXVIH — Trésorier. : . -. ..... .... . .. M.-GUIELEMIN (Joseph). eaieie. 1. 1.0... . . .< M._VarssiER (Alfred). Le Président, Le Secrétaire honoraire délégué, E. LEDOUX. A. CASTAN. Séance publique du jeudi 18 décembre 1884. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR LEDOUX. La séance s’ouvre extraordinairement à deux heures, dans la salle des audiences solennelles de la Cour d'appel, gracieuse- ment mise à la disposition de la Société par M. le premier prési- dent Chauffour. Sont présents : M. Ledoux, président annuel; M. CHAUFFOUR, premier pré- sident ; S. G. M5r. FoULON, archevêque de Besançon, M. LEVAIL- LANT, préfet du Doubs; M. Micé, recteur de l’Académie; M. THOUREL, procureur général ; M. BRUAND, maire de la ville. MM. Pingaud et Barbier, vice-présidents ; Faivre, vice-secré- taire ; Durupt, trésorier ; Vaissier, archiviste; Castan, secrétaire honoraire. M. JURGENSEN, délégué de la Société d'histoire de Neuchâtel; M. FAvrOT, président de la Société jurassienne d'Emulation de Porrentruy; MM. Benjamin FAVRE, John VIÉNOT et BOUTHE- NOT-PEUGEOT, délégués de la Société d'Emulation de Montbé- liard ; M. CARDOT DE LA BURTHE, délégué de la Société d’agri- culture, sciences et arts de la Haute-Saône. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Bonnet, Bossy, Bouttet, Bouvard, Boysson d’Ecole, Bretillot (Maurice), Bucaille, Chapoy, Coulon, Coutenot, Darcot, Delacroix (Frédéric), Demongeot, Dubost, Ducat, Drouhard (Paul), l'abbé Drouhard, Foin, de Gassowski, Grosjean (Francis), Guichard (Paul), Koller, Magnin, Martin, Méaly, Métin, Miot, Nargaud, Petit (Hugues), Renaux (Camille), Rémond, Ripps, Sandoz iLéon!, Saint-Ginest, Sire, Trouillet, Vuillemot. MEMBRES CORRESPONDANTS : MM. Gascon, Lanternier, Sentu- péry, Voisin-Delacroix. — XKXVIT — Devant un auditoire d'environ 700 personnes, les lectures s6.. _ succèdent dans l’ordre Sen La Société d'Emulation du Doubs en 1884, par M. Ledoux, président annuel; Les phénomènes de l'attention, causerie co He par M. le docteur Chapoy ; La ballade du cordier, pièce de vers de M. Charles Thuriet, lue par M. Castan, Le rhythme musical, sa définition et son histoire, par M. Léon Sandoz, avec morceaux -de musique de divers âges exécutés, pour l’instrumentation, par M. et Mme Dupuis, MM. Seiglet, Do- - mergue, Schidenhelm et Barbezat, et pour le chant, par MM. Cre- tim-George, Piguet, Minary et Ruchet. La séance est levée à cinq heures. Le Président, Le Secrétaire honoraire délégué, E. LEDOUX. A. CASTAN. DES os gr es PA LA F 478 "8tsg 5 ET — XXXIX — BANQUET DE 1884. A six heures du soir, la Société se réunissait de nouveau dans le grand salon du palais Granvelle, splendidement décoré, sous les auspices de M. l'architecte Ducat, par M. Calame, notre renommé fleuriste, et par M. Dubois-Chevaidel, qui avait asso- cié tout un peuple de jolies figurines à l’élégant service de table de la maison Colomat. M. le docteur LEDOUX, président annuel, avait à sa droite M. LEVAILLANT, préfet. du Doubs, et à sa gauche M. BRUAND, maire de la ville. En face, M. Léon BARBIER, élu président pour 1885, était assis entre M. le docteur Mrcé, recteur de l’Académie, et M. Jules JURGENSEN, délégué de Neuchâtel. Les autres places d'honneur étaient occupées par MM. FAvroOT, président de la Société jurassienne d’'Emulation de Porrentruy, Benjamin FAVRE, John VIÉNOT et BOUTHENOT-PEUGEOT, délégués de la Société d’Émulation de Montbéliard, CARDOT DE LA BURTHE, délégué de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône. La Société comptait aussi parmi ses invités les éminents artistes qui avaient gracieusement contribué à donner un attrait exceptionnel à la causerie musicale de M. Léon Sandoz. Des toasts nombreux ont animé la période du dessert. Nous donnons ci-après le texte de ces excellents discours. Toast de M. le docteur LEDOUX, président annuel. MESSIEURS, Parmi les devoirs qui incombent à votre président annuel, je n'en connais pas de plus aimable que celui dont j'ai l'honneur de m’acquitter en ce moment. Ce devoir consiste, en effet, à remercier cordialement les auditeurs et les convives qui ont bien voulu se rendre à nos invitations, et donner ainsi un plus vif éclat à cette fête de famille. Je m'empresserai, comme mes prédécesseurs, de saluer et de remercier de leur présence sympathique les principaux repré- sentants des pouvoirs publics, membres honoraires de cette compagnie, en les assurant que notre activité collective sait unir au culte des vérités scientifiques les aspirations du patriotisme le plus sincère. Au nom de tous, je tendrai deux mains amicales à MM. les délégués des sociétés voisines, dont la présence au milieu de nous cause toujours notre joie. Les associations qu’ils repré- sentent sont véritablement les sœurs de la nôtre, car le sol qu'elles observent, les annales qu'elles élucident fournissent incessamment pour nos propres travaux de précieux renseigne- ments. Elles ont donc les meilleurs droits à notre sympathique gratitude, et c’est en toute justice que Jj’offre ce témoignage à leurs éminents délégués. Je répondrais mal à votre attente, Messieurs, si je n’adressais pas des félicitations et des remerciements chaleureux aux ar- tistes distingués qui ont bien voulu associer leur talent à l’éru- dition de notre ami Sandoz, pour doter notre séance publique d’un élément incomparable d’attrait, et pour vous permettre d'étudier expérimentalement l’attention, d’après les principes savants de notre ami Chapoy. En l'honneur de nos collabora- teurs artistiques, je vous demande, Messieurs, de faire, ce soir, écho aux applaudissements du brillant et nombreux auditoire qu’ils ont tenu sous le charme de leurs magistrales interpréta- tions. Je termine, Messieurs, en exprimant ma confiance que la Société d'Emulation du Doubs demeurera fidèle aux traditions laborieuses et libérales qui lui ont permis d'accomplir tant d'œuvres honnêtes, intelligentes et utiles. | Toast de M. LEVAILLANT, préfet du Doubs. MESSIEURS, Une tradition, déjà ancienne parmi vous, m'autorise à me faire l’organe de vos membres honoraires, que vous avez la — XLI — bonne pensée de convier à vos fêtes, pour remercier la Société d'Emulation, non-seulement de sa ei si gracieuse et de son accueil si cordial, mais encore des services qu’elle rend à la science et du lustre qu’elle jette sur ce beau pays de Franche- Comté. Je suis d'autant plus heureux de revendiquer aujourd’hui ce privilège, qu'il me permet d'ajouter au tribut collectif de notre reconnaissance, pour toutes les jouissances que vous nous avez procurées en ce Jour, le témoignage de ma gratitude personnelle. Je ne saurais oublier, en effet, que c’est de vous que m'est venue la première marque de courtoisie dont j'ai été l’objet dans ce département. L’an dernier, au moment même où j'arrivais dans le Doubs, je recevais votre invitation. Je n’y ai pas répondu, moins parce que J'étais absorbé par les tracas de mon installation que parce que — pourquoi ne l’avouerai-je pas ? — je craignais, qu'inconnu de vous, je ne fusse un trouble-fête. Mais vous avez l’'induligence si large et l’accueil si confiant que je m'en veux aujourd'hui d’une discrétion bien naturelle assu- rément, mais excessive vis-à-vis de vous et sans laquelle je compterais dans ma vie-une Journée agréable de plus. Les jour- nées où l’on peut goûter sans amertume et sans arrière-pensée de purs et nobles plaisirs ne sont pas, hélas ! tellement fré- quentes que l’on puisse ne pas regretter celles que l’on a impru- demment laissé s'échapper. Heureusement, vous m'avez offert aujourd’hui, à la séance de cette après-midi et au banquet de ce soir, d’amples et brillantes compensations. | Je n'avais, du reste, pas à attendre votre réunion annuelle pour remarquer que toutes les fois qu'il s’agit d’une entreprise honorable pour les sciences et les arts, ou glorieuse pour votre pays natal, on retrouve la Société d'Emulation. Les traces de votre activité sont inscrites dans nos musées, sur nos places publiques, dans les recueils des sociétés savantes. Les monu- ments qui ornent la cité, en même temps qu'ils consacrent la renommée de vos concitoyens les plus illustres, sont dus à votre intelligente et industrieuse initiative. Et lorsqu’au cours de cette année, la ville de Besançon a inauguré la statue de Claude de on il ne lui a pas suffi que l'éclat de ses fêtes fût rehaussé par la présence des membres du gouvernement, — XL — d’un des représentants les plus glorieux de l’Institut et des délé- gués de nos excellents voisins de la Suisse, elle a voulu que vous eussiez votre part dans cette mémorable journée. Ce n’était que justice. Vous aviez été à la peine, vous deviez être à l'honneur. Me permettrez-vous d’ajouter, sans effaroucher votre habituelle modestie, que, dans ce brillant concert, la Société d'Emulation a occupé dignement sa place, grâce au rôle infati- gable avec lequel elie avait su transformer une généreuse pen- sée en une visible et tangible réalité, grâce aussi au talent de celui qu’elle avait chargé de parler en son nom, et dont nous déplorons tous aujourd’hui l’involontaire absence. Mais vous n’aidez pas seulement au bien public, lorsque vous contribuez à perpétuer le souvenir des hommes qui, comme de Jouffroy, ont réalisé pour l'humanité de nouvelles conquêtes, et que vous offrez l'exemple de grands morts à l’ambition des vivants de bonne volonté ; vous servez encore lintérêt général par vos recherches, vos études et votre propagande de tous les jours. Dans la sphère qui est la vôtre et dans le rôle spécial que vous vous êtes assigné, vous participez à l’œuvre de l’éducation nationale. Vous secondez ainsi de la façon la plus heureuse la mission que les événements ont imposée aux pouvoirs publics. Le gouvernement de la République n’ignore pas que si l’instruc- tion primaire est le premier besoin d’un peuple laborieux et responsable de ses destinées, ce peuple, pour conserver son rang dans le monde, doit développer dans son sein la culture supérieure de l’esprit. Cest l'instruction de la masse qui fait une nation forte ; ce sont les œuvres de quelques-uns qui font une nation grande. Nous voulons une démocratie puissante; mais nous ne voulons ni d’une démocratie abaissée, ni d’une démocratie décapitée. Or, les études élevées et les travaux d’un ordre supérieur, le gouvernement peut les encourager; mais elles sont avant tout le fruit des libres initiatives et des efforts spontanés. Ce sont justement les institutions comme les vôtres qui, en mème temps qu'elles font l’'ornement d’un pays, reipublicæ or- namentum et decus, entretiennent dans son sein ce souffle vivi- fiant qui inspire les nobles entreprises. Vous étudiez, mais en étudiant vous enseignez. N’avez-vous pas donné un témoignage » = XÉIT — de votre action si ingénieuse et si diverse dans l’intéressante séance de cette après-midi, où la science la moins attrayante, celle qui manie le bistouri et le scalpel, celle qui dissèque et qui, Dieu me pardonne ! pratique la vivisection, la physiologie, pour l’appeler par son nom, s’est révélée sous des dehors si aimables et si riants, et où, d’autre part, par un contraste non moins piquant, nous avons vu la musique demander aux ri- gueurs d’une savante analyse un surcroît de séduction ? Et, dans toutes vos séances, ne montrez-vous pas que Si, fidèles à vos premières origines, vous savez mettre à Jour les trésors que la nature a prodigués à la Franche-Comté, vous ne négligez pas non plus d'éclairer les points obscurs de votre histoire locale, de cette histoire si dramatique, si pleine de vicissitudes, à laquelle vous demandez quelquefois des leçons pour le présent, mais à laquelle vous ne demandez jamais d'armes de combat. Vous avez le respect de l’histoire, et c’est précisément pour que-cela quexous$ ne la profanez pas dans l'intérêt de mesquines rancunes où de puériles espérances. De même que votre but est désintéressé, votre organisation est éminemment libérale, Vous n'êtes ni une secte, ni une cote- rie, ni même une société d’admiration mutuelle. Vos rangs sont ouverts à tous ceux qui veulent travailler ; vous ne réclamez pas de vos membres d’abdication d'aucune sorte. Solliciter l'honneur de vous appartenir, ce n’est briguer aucun titre dont la vanité puisse tirer profit, mais ce n’est pas non plus arborer ‘une cocarde qui ne serait pas celle de la science : c’est tout simplement manifester le désir d'apporter sa pierre au commun édifice. Vous n'êtes qu’une Société d'Emulation, mais ce nom si modeste est en même temps le meilleur des programmes. Vous avez, de plus, l'administration la mieux entendue. Vous avez réalisé parmi vous le régime parlemeñtaire : vous avez un pré- sident qui règne et un secrétaire qui gouverne, et, grâce à un roulement ingénieux, vous savez vous renouveler tout en res- tant semblables à vous-mêmes. Vous êtes une république admi- rablement ordonnée, je serais presque tenté de dire un modèle de république. En vous proposant de porter avec moi la santé de M. Jules Grévy, président de la République, je vous rends donc hommage — XLIV SE co à vous-mêmes, en même temps que j’adresse un salut respec- tueux à l’illustre Franc- Comtois qui préside aux destinées de la patrie. Toast de M. le docteur Mick, recteur de l’Académie. MESSIEURS, Comme vient de vous le dire M. le Préfet, un ancien usage lui conférait l'honneur de parler à votre banquet au nom de tous les invités auxquels vous avez bien voulu conférer le titre de membre honoraire. Il m'avait dit ja chose hier, et j'étais venu bien tranquille à votre réunion, sûr que nous ne saurions trou- ver un meilleur interprète de notre pensée commune. . Au dernier moment, notre président m'invite à me lever à mon tour, et je serais tenté de lui en vouloir de cette trahison sans les sentiments de bienveillance que doit professer tout médecin pour son confrère. _Je regrette la situation qui m'est faite parce que je suis évi- demment obligé de vous parler de vous, Messieurs, de vous entretenir de la Franche-Comté intellectuelle au lendemain d’une circonstance (la rentrée des Facultés) où ce sujet s'était déjà imposé à mon attention de scrutateur de l’avenir par l'examen du passé. | Comment, après tout, ne pas revenir sur l’intéressante séance de cette après-midi ? Nous y avons vu un président se livrer à la difficile mission de rendre compte d’une année académique, sans oublier rien d’important et sans occasionner à son audi- toire une minute de fatigue. Un habile professeur a pu traiter ensuite un sujet — sans offenser les convictions de qui que ce soit, faire accepter de la haute science, grâce aux traits d’esprit qui en -émaillent l'exposé ; — et, prouvant une fois de plus que le beau langage est a avec la profondeur des doctrines médicales , nous rappeler qu'Esculape est fils d’Apollon. Nous avons entendu une poésie franc-comtoise qui a su trou- ver le chemin de notre cœur en nous parlant de ficelles et de cordiers ; il est vrai qu’elle avait pour interprète un des meil- — XLV — leurs parmi vous, Messieurs, un Bisontin chez lequel Part de dire coëxiste avec la plus profonde science. Nous avons enfin entendu un critique musical des plus e com- pétents, entouré d’exécutants de premier ordre, nous démontrer la différence qui existe entre la mesure et le rhythme, nous faire assister à la naissance de celui-ci et à ses perfectionne- ments au travers des âges. Je ne reprocherai qu’une chose à cette remarquable conférence : c’est le fini de l'exécution des exemples, qui a été tel que, pour la plupart d’entre nous, le eœur l’a emporté sur la tête, nous mettant dans l'impossibilité d'analyser ce que nous ressentions trop vivement. C’est avec le plus grand plaisir que je vois s’élever et gran- dir, à côté de nos établissements officiels, des sociétés comme la vôtre. Elles édifient les histoires locales, sur lesquelles s’ap- puie plus tard l’histoire générale d’un pays; elles dressent le bilan des richesses d’une région, préparant ses exemples à l'histoire naturelle générale, ses éléments d'exploitation à lin- dustrie. S'il est deux mots qui jurent de se trouver accolés, ce sont le substantif science et l'adjectif officielle. On frémit en songeant à ce qui adviendrait, avec notre centralisation, si les maîtres se trouvaient, par hasard, dans une mauvaise voie et si des savants ne s'étaient pas groupés en sociétés autonomes; — et il est ar- rivé maintes fois que c’est du sein de ces sociétés qu'a jailli la lumière. Aussi, Messieurs, tout en faisant de mon mieux de l’ensei- gnement officiel à Bordeaux, ai-je suivi les travaux de plusieurs compagnies libres, ceux notamment d’un groupe avec lequel (je lai vu par le volume que vous avez bien voulu me faire remettre récemment) vous échangez vos publications. Il s’agit de la Société des sciences physiques et naturelles, dont je suis un des rares fondateurs survivants. Au nom de cette Société, qui ne me reprochera pas la liberté que je preïds de la faire intervenir aujourd’hui, — au nom des autres groupes littéraires ou scientifiques de la Gironde dont j'ai l'honneur de faire partie, je bois à la continuation des succès de la Société d’Emulation du Doubs. Je désire que les mains tendues d’un bout à l’autre de la France par deux cités inteHi- — XV — gentes et travailleuses soient le gage d’une union féconde dans la voie du progrès. Messieurs, à la Société d’Emulation du Doubs ! Toast de M. Jules JURGENSEN, délégué de la Société d'histoire de Neuchätel. MESSIEURS, À la séance d'hier vous avez accueilli avec faveur l'invitation que vous fait, au nom la de Société helvétique des sciences natu- relles, son président pour 1885, M. le docteur A. Jaccard, du Locle. Délégué auprès de vous par la Société neuchâteloise d’his- _toire et d'archéologie, je viens, sur la recommandation expresse de son éminent président annuel, M. Alfred de Chambrier, vous convier également à honorer de votre présence ses assises de . juin ou juillet prochain, à Bevaix. M. le docteur Ledoux et M. Edouard Besson auraient été des nôtres, en août dernier, si l'inauguration effective de la nou- velle ligne ferrée Besançon-Morteau-Locle n'avait pas inopiné- ment coïncidé avec la réunion de la Brévine. D'ailleurs, dès cette époque, les occasions de fraterniser, entre trans et cisjurassiens, ne nous ont pas manqué, et nous n'avons fait que préluder, au Locle d’abord — et pendant les inoubliables et splendides fêtes de Besançon ensuite — aux rendez-vous utiles et nombreux qui vont se succéder désormais. Voire compagnie, Messieurs, continue à mettre le comble à ses gracieusetés à notre égard, en appelant à la diriger mon honorable et bon ami, M. L. Barbier; car si je le tiens, à tous égards, pour Français avant tout — et des meilleurs — nous le réclamons aussi là-bas à titre de demi-compatriote. M. Barbier connaît la Suisse et il l’aime. fl l’aime de la bonne manière, nous le savons. Il l’a étudiée au triple point de vue de sa nature, de sa constitution économique et politique et de sa valeur internationale. Dans ce monde où nous ne vivons que d’à-peu-près, il faut se réjouir du bien sans toutefois renoncer à atteindre le mieux. Or, un pays qui vit de tolérance mutuelle, de travail aussi intel- IAE ligent que suivi, — un pays dont les habitants savent vivre mo- destement, s’entr'aider fraternellement, un pays où, en dépit des luttes sociales et des débats quotidiens, tous les électeurs sont légitimement républicains et républicainement légitimistes, c’est-à-dire constitutionnels, — ce pays, dis-je, peut inspirer en dehors de ses frontières de réelles sympathies. Votre grande et noble France, votre chère province de Franche- Comté, Messieurs et chers voisins, nous en fournissent la preuve. Une fois de plus, et du plus profond de mon cœur, je vous en exprime avec bonheur notre très amicale gratitude. A la Société d'Emulation du Doubs, à M. L. Barbier, son nou- veau président ! Toast de M. John VIÉNOT, pasteur, secrétaire général de la Société d'Emulation de Montbéliard. MESSIEURS, La Société d'Emulation de Montbéliard me charge de vous apporter ses salutations et ses vœux. Notre Société avait aussi délégué près de vous M. le docteur Goguel, qu’un accident a empêché de se joindre à nous. D'ailleurs, M. Goguel trouvera un digne suppléant dans M. Favre, un ancien consul, je veux dire un de nos anciens présidents. Si j'ajoute à cette liste M. Bouthenot-Peugeot, qui est à vous autant qu’à nous, vous verrez que nous sommes venus en nombre. C’est que, Messieurs, nous croyons les résultats de ces délégations excellents. Par ces visites annuelles, non-seulement nous nous donnons de mutuels témoignages de bonne confra- ternité, mais par ce que nous voyons, par Ce que nous entendons chez nos voisins (et nous avons entendu aujourd’hui des choses charmantes — un grand merci à M. le docteur Chapoy, à M. Léon Sandoz), nous arrivons à mieux comprendre et ce que doivent être et ce que doivent faire nos sociétés. Messizurs, nos sociétés ont des ennemis...; eh bien! vraiment si l’un de ceux-là, après avoir assisté à la séance d’aujourd’hui, pouvait rester notre adversaire, je lui appliquerais bien volon- tiers une parole que Jésus-Christ a prononcée, d’après l’évangile des Arabes : « Jai guéri des paralytiques, des boîteux, des aveu- ee ON CNE gles, mais des imbéciles, jamais! » Et pourtant les philistins insistent et disent : « Vous êtes d’inutiles collectionneurs, tou- jours à la recherche des miettes de l’histoire. » Sans doute nous nous livrons à l’étude patiente des détails, sans doute nous fai- sons souvent l'office des glaneurs, — mais quoi? tous nos tra- vaux de détail feront pour nos petit-fils une superbe gerbe qu’ils trouveront toute riche des fruits dorés de l'expérience accumulée. Oui, à nous de maintenir haut et ferme le drapeau des hautes études, des travaux patients et désintéressés, à nous de dresser en vue de la génération future linventaire des richesses de toutes sortes enfouies dans nos provinces, à nous de faire aimer par l’étude de sa flore et de sa faune le sol même de la patrie; à nous, par l'étude des vieilles traditions populaires, du folk-lore, de faire connaître l’histoire morale de l'humanité ! Cette œuvre complexe, nous essayons de la faire à Monthbé- liard, vous, Messieurs, vous la faites avec distinction. Vous aimez à associer à vos travaux, à posséder ici même les chefs de notre armée. Voilà le signe de respect et d'amour donné à la patrie! A Vous comptez dans vos rangs et parmi vos travailleurs des représentants de l’enseignement supérieur (nous avons applaudi tout à l'heure aux paroles de M. le Recteur ct nous aimons à trouver dans vos Mémoires ce qu'y insère M. L. Pingaud). Vous prouvez par là votre souci des hautes études et vos sentiments pour notre vaillante Université française, si digne qu’on fasse enfin pour elle quelque chose de digne d'elle. Et que dire de vos travaux ? Il faudrait être un maître pour les caractériser dans leur ensemble. Obscur travailleur, tout ce que je puis en dire c’est que j'en profite chaque jour. Messieurs, pour boire en terminant à vos travaux, permettez- moi de vous appeler à mon secours. Vous dîtes à la première page de vos Mémoires, avec une modestie qui est peut-être de la feintise : « Utinam maxima Sequanorum ! » Ce que je me permets de traduire : « Plût à Dieu que nous fussions en effet parmi les sociétés séquanes la plus active et la plus florissante ! » Eh bien, je reprends votre devise et je dis : Plaise à Dieu que vous soyez de plus en plus ce que vous êtes déjà — je le crains bien — la plus riche, la plus active, la plus aimable, la plus entre- REA — prenante des Sociétés d'Emulation : « Utinam maxima Sequaño- rum l pat Des fe 2 “À ne + - + “Toast de M. FAVROT, président de la Socièté jurassienne. “ d'Emulation de Pôrrentruy. . MONSIEUR LE PRÉSIDENT ET MESSIEURS, Pardonnez-moi d'interrompre un instant vos Conversations et de-réclamer votre attention pour quelques minutes, Je croirais manquer à un devoir si, bien que pris à l’improviste, je ne ré- pondais pas à l’appel de votre honorable président et ne saisis- sais pas cette occasion pour vous saluer au nom de la Société jurassienne d'Émulation, en vous remerciant de votre accueil à la fois gracieux et amical. - On m'aurait annoncé, il y a quelques jours, que j'aurais l’hon- neur et le plaisir de me trouver au milieu de vous aujourd’hui, que je n'aurais pu m'empêcher de sourire d’incrédulité. Et pour- tant-ce n’était pas le désir de venir renouveler connaissance et fraterniser avec vous qui me manquait ; c'était plutôt le moyen d'échapper aux affaires qui faisait défaut. Cédant à la demande de la Société de Porrentruy, pressé par le désir de revoir à Besançon-des personnes que j'ai appris à estimer et à aimer, solieïté peut-être par le besoin de secouer les tracas d’une po- sitiér-offieielle pour me retremper dans la vie de l’esprit, ‘encou- ragé surtout par la riante perspective d’être le porteur de salu- tations amicales et l'interprète des sentiments affectueux de mes collègues de ee jai. Fe la mission dont ils m'honoraient, et NE e _ .. . Bravant la pluie et les tempêtes, JéSUIS Venu Ni Are Je m'en félicite sincèrement; car ce que j'ai vu et entendu à la séance éminemment intéressanle de cette après-midi m'a une fois de plus démontré que la culture intellectuelle a trouvé une véritable pairie dans votre: antique et illustre cité, et que la Société d’Emulation au Doubs possède à un haut degré le don bien digne d'envie de rendre ls science Fisene ei de la mettre x la portée de tous. - re or. © Votre accueil si ‘sympathique de ce soir “confirme ei Hétiteste d — L — SN ares vous ont aie à leur retour à Rorrentray | les délégués que la Société jurassienne envoyait à vos fêtes. Veuillez recevoir l’ex- pression de ma reconnaissance, aussi bien pour ce qui me €on- cerne personnellement qu’au nom de la Société que j'ai Vhon- neur de représenter. Celle-ci aura sa réunion annuelle l’année prochaine à Porren- truy; je me permets de yous y convier dès aujourd'hui et d'exprimer l’espoir que vous voudrez bien nous réjouir et nous honorer de votre présence. De nos jours, les distances ne sont plus un obstacle, | et d’ailleurs Besançon n’est pas plus loin de Porrentruy que Porrentruy de Besançon. Nous attachons un très grand prix au maintien des bonnes relations qui existent depuis longtemps entre votre SUpIAe ei u nôtre, et je m ‘estimerai les développer. Si je ne puis vous faire espéré er une réception aussi brillante, aussi riche que celle de ce jour, je puis du moins vous promettre des cœurs battant à l'unisson avec les vôtres et des bras affec- tueusement ouverts pour vous recevoir. ae C'est dans ces sentiments que je porte mon toast et que je bois à la prospérité de la Société d'Emulation du Doubs, à une noble rivalité entre elle et la Société jurassienne, au a de leurs études et de leurs travaux pour le sien de l'humanité et le bonheur de la patrie ! Fogst de M. B. FAVRE, ancien président de la Société d'Emulation de Montbéliard. MESSIEURS LES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU Dous, Après les belles paroles qu'on vient de prononcer, permettez- moi de vous faire entendre encore une voix qui vous est fami- lière, une voix qui part d’un cœur qui vous aime et vous estime. Pendant neuf années consécutives, j'ai assisté à vos séances, à vos fêtes, et j'en suis toujours sorti charmé de leur splendeur, de l’éloquence qu'on y déployait et de votre affectueuse cordia- lité. Appelé par un devoir sacré dans une autre vie de l'Est, je n'ai céssé dé suivre avec attention ét amour les travaux et lés progrès de votre association. Par la publication dé vos mé- môires, vous avez élévé un monument durablé à là Franche- Comté, cétte terre qui a connu plusieurs maîtres avant d'entrer dâns la grändé patrie française. En recueillant lés épaves du passé, vous avez fait aimer votré pays natal, et vous lé savez, Messieurs, on n’est bon Français qué parce qu'on ést bon Franc-Comtois, bon Provençal, Picard ou Breton, la patrie res- treinte se fondant dans la grande patrie, dans la nationalité. Quand vous faites valoir une découverté nouvelle dans l’indus- trié, l'art, les lettres ou les sciences, quand vous entreprenez uné œuvre de réparation nationale, c’est la France atténtive qui y applaudit et qui en profite tout entière pour sa prospérité ma- térielle, pour sa gloire devant le monde ét l’histoiré. ‘ Tous céux qui ont dirigé votre compagnie ont êté des hommes distingués par leur savoir ou leur amour du bien public; mais il éñ est un Surtout dont l’éloge n’ést plus à fairé, car il ést dans toutes les bouches, et sa réputation, franchissant lés muürs dé votre cité, s’est étendue au-delà de votre modeste horizon. Pen- dänt longtemps il a été l'âme de votre Société, et, par sa coopé- ration intelligente et toujours active, il a allégé sans cesse la lourde tâche qu'il laissait à son digne successeur. En le louant, on vous honore tous, Messieurs, parce qu'en lui s’ést person- nifié l'esprit de recherchés ét d’étudé sérieusé qui Vous caräc- térisé. Je bois, Messieurs, à votre Société, jé bois à M. Augusté CAEN RER SE à Toast de M. CARDOT DE LA BURTHE, délégué de là Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône. MESSIEURS LES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION _pu Douss, Cette année, je suis l’heureux délégué chargé de vous porter toutes les félicitations, tous les souhaits de prospérité de la Séciété d’agriculturé, sciences et arts de la Haute-Saône. * Pär lé éharme de vos lectures, par votre cordiale réception, Vôtré large hospitalité, cetté journée comptera däns més méil- nn ETI = leurs souvenirs: elle Sera de. celles qu’au. temps d'Horace :on. eût marquées d'une pierre blanche. A indépendamment de la haute valeur de vos travaux histori- ques, . littéraires. eL. scientifiques, indépendamment des senti= ments d’émulation que vous inspirez à toutes les sociétés sœurs. de la province, votre compagnie remplit une mission pa- triotique. En. nous conviant chaque année à vos solennités, à vos agapes fraternelles, vous resserrez les liens qui unissent les enfants de-la Franche-Comté ; vous rendez plus cher notre nom de Comtois, nom qui nous rallie si heureusement dans tous les coins de la France et sur les terres lointaines. Que no | grande patrie ne soit point jalouse de cette union des Comtois.. Placés en grand'garde sur la frontière, nos cœurs et nos bras sont plus que jamais tout à Elle ! a ta . Cest naturellement à vous, Messieurs , citoyens de-notre vieille métropole, qu ‘appartient le sa d'entretenir, de dé- velopper cette confraternité provinciale, et de perpétuer le culte des ancêtres. ; nous sommes avec vous ; toutes les sympathies, tous les concours vous sont assurés. .Sur ce terrain, Messieurs, il y aurait injustice et dE à ne point associer au mérite de cette œuvre franc-comtoise votre antique ville, si pleine de monuments et de souvenirs de tous les âges, Besançon qui sait honorer avec tant d'éclat ses grands citoyens, Besançon qui, par ses magnifiques constructions nro- dernes, ses merveilleux travaux d’embellissement et d'utilité publique, se transforme en une cité superbe et veut justifier son vieux nom de Chrysopolis. Que cette métropole nous permette de nous enorgueillir de son présent comme de son passé qui est nôtre, et de nous réjouir avec elle de son brillant avenir !. Je bois, Messieurs, à la Société d’'Emulation du Doubhs et à notre chère capitale franc-comtoise ! Toust de M. BRUAND, maire de la ville de Besançon. MESSIEURS, | Après les discours Lee que vous venez d'entendre, et qui ont été si justement applaudis, il n’y a certainement. plus rien. à dire. Cependant, Messieurs, comme dans l’allocution de — EE — votre cher président, le:nom de lPadministration municipale-a été prononcé, et que j'ai l'honneur de la représenter à votre fête de famille, je crois devoir vous exprimer en quelques mots la sincère et profonde sympathie que j’éprouve personnellement pour votre utile et vaillante Société. . Il est incontestable, Messieurs, que la Société d'Emulation du Doubs est une des gloires de notre vieille cité. Chacun sait que dans bien des circonstances elle a fait naître des œuvres qui, sans son intelligente initiative, n'auraient jamais vu le jour. Notre square archéologique, entre autres, dont on plaisantait au début, n’est-il pas devenu pour les touristes qui viennent visiter nos monuments un véritable objet d’admiration ? Et la statue de Claude de Jouffroy, l’immortel inventeur de la navigation à vapeur, n'est-ce pas vous, comme on vous l’a si bien dit tout à l'heure, qui avez fait adopter par la Franche- Comté l’idée d’un monument à élever à ce grand homme ? ..Personne non plus n’ignore la large part que vous avez prise à notre exposition de 1860, dont le succès a été si complet ! _ Enfin, Messieurs, je le dis hautement, votre Société est admi- rablement constituée, et, avec les principes qu’elle pratique, il. n’en pourrait être autrement. Restant ouverte à tous les hommes. de cœur et de bonne volonté, elle puise une force morale con- sidérable dans l’accord parfait qui unit tous ses membres. Aussi, depuis sa fondation, toutes les administrations muni- cipales. qui se. ‘sont succédé ont-elles eu à cœur, dans toutes les occasions où elle a réclamé leur concours, de lui donner des marques de sympathie et de bon vouloir. L'administration d’au- jourd’hui suivra cet exemple, et celles qui nous succèderont feront de même, j'en suis certain. _ Je bois donc, Messieurs, à la prospérité toujours croissante de la Société d'Emulation du Doubs! AS Toast de M. Léon BARBIER, président élu pour 1885. MESSIEURS, . -Il y à onze ans, à pareil jour, j'avais l’honneur d’être admis à - faire partie de votre compagnie. S - La Société d'Emulation, société ouverte et libérale, prouvait | FF CC œ ee ANT uné fôis de. plus qué 8 ééule bonrié volônté, joi nté au goût dés chôsés dé l ésprit, édiist titué, à défäut dé sciéncé, .lé es titres süf- fisanits pour entrer dans sés rângs. Péndant onzé ans j'ai beaucoup écouté et souvént appläudi, : et j'étais bien loin de penser qué cé rôlé modésté ét tout pläto- niqué me conduüirait à l'honneur d'occuper cette première plâce. où se Sont succédé sans interruption jusqu'ici dés hommes si distingués par leur savoir ét leurs capacités. L Si vous avez voulu, Messieurs, en me donnaïñt vos suffrages, témoigner qu'un long dévouément et un intérêt persévérant portés à la marche de notre Société méritaient aussi les hon- neurs de la présidence, je m’incline avec reconnaissance devant votré décision, car j'ai là prétention de penser et la fatuité de diré qué nul plus que moi n’apprécie lé but élévé poursuivi par ré d plus d pp la Société d’Émulation du Doubs, n’én partagé les idéés patrio- tiques et n’est fier dé sés légitimes succés. Pendant lé cours dé l’année, jé m'éfforcérai de maintenir intactes lés traditions qui nous ont été léguées par nos anciéns, ét, daris ion désir de m'inspirér du passé, j'aurai $ouvént récours à l’expérience et aux sagés avis de celui qui, dépuis du ds ‘= vingt añnéés, a été l’âme de notre association et continue à. veiller sur ellé avéc une sollicitude quasi patérnellé : j'ai nommé mon ami, nôtre ami Castan. un . Sen amés côtés, » Je serai sen de confiance, comine. Rene Libre (es préoccupations des écuéils ét du danger. Pour second, Je cote Hüire jeuné & | érudit secrétaire, qu'un. serv ice public retient loin de nous et auquel nous envoyons nos pénsées et nos regrets. Pour conseil, je me vois entouré des CS ares dû ne reau, auxquels se joindront nos anciens présidents. Avec un semblable étät-mäjor la route sera facile à parcourir, et j’éspère mener à bon port le navire dont le drapeau porte l’éloquente et fortifiante devise Utinam ! ‘Je saurai répondre à vos désirs én éfforçant dé réssérrer encore les cordiales relations qué nous éntrétenons avec les sociétés savantes dé la province comtoise et du pays suisse, CP PRE EP dont vous venez d'entendre les éloquents représentants que je salue et remercie. | Aujourd'hui il n'y a plus de Jura : aussi irons-nous facilement, régulièrement, assister aux intéressantes et pittoresques réu- nions de nos voisins ; eux-mêmes viendront plus nombreux vi- siter notre vieille cité en participant à nos fêtes. Mon excellent ami Jurgensen portera à qui de droit nos promesses et nos vœux. | Je bois à l’union des sociétés françaises et suisses ! Je bois à la Société d'Émulation du Doubs: À l'esprit de concorde qui fait sa force ; Aux laborieux collaborateurs qui lui donnent la renommée ; À ses aspirations libérales qui lui assurent l’avenir ! ie MU CAT HPACNL SIEE RCA REA ES: ï Ë f ù LUE ga EEE 20 tee RERO AS RER Re } Pare t (La k À à ( ! = J ï î 4 F MORE LUE TU > 3 5 { Fire À rite trees 1 TRUE. CES FAN, BE RAS EN AUDE Dr VC) LOPSAEN : LCD } è DRE ANT ANS ? FD de RES À fs } 5 x ARCS NEA d ï ANR AE Per LE HR EC "à À Û 7 4 ? \ ë ; \ ï à à > Î Re | (ME | È } ; rs * } 14 ‘ Hs \ e » ) x 7 : 5 7 ; à \ À È x à f À 1 , à ; UE m2 k D Ÿ ù 1 ; : 4 N L Ÿ \ AUS, $ ï { \ 2 L : ! 4 { 5 E À eu = W n LA sé VU À He ) Ê ; 0 J' à É : £ _1 16 ÿ { 5 on Ÿ ALU n {) £ L 1 À , Br s Ÿ È 6 Lo ï t NUE \ & ! ÿ [ Q î ? À < À | JR è i # HE [ ‘ PA È 14 Safe L x ‘ } , L Î ; k 6 ’ v u X à f Ver } , h ( \ { { # j rl * f à. * [s 1 F L! " 4 { , 1 ÿ + Î À ‘ a ; | : À ai ÿ Il À u De SOCIÈTÉ D'EMULATION DU DOUBS EN 1884 Discours d'ouverture de la séance publique du jeudi 18 décembre Par M. le docteur Emile LEDOUX PRÉSIDENT ANNUEL. MESDAMES, MESSIEURS, Il y a un an, à pareille époque, l’éminent professeur qui m'a succédé dans la présidence de notre Compagnie, après avoir résumé son histoire générale et énuméré ses travaux en 1883, dégageait de cette vue d'ensemble l’objet d’une société telle que la nôtre. « Donner l'exemple, disait-il, d’une activité constante, appliquer cette activité à toutes les recher- ches de nature à élever les âmes, à éclairer les intelligences, à accroître le bien-être du plus grand nombre ; c’est là le but auquel doivent tendre les associations vouées au culte de la science. » Nous devons remercier M. Pingaud de nous avoir donné cette excellente définition; mais il nous traçait en même temps un programme étendu et difficile. Si ce pro- gramme a été rempli en 1884, je dois vous le demander au- jourd’hui. Je m’empresse d’ajouter que la bienveillance dont vous nous avez toujours donné des témoignages si précieux, m’inspire la confiance que vous voudrez bien nous continuer vos sympathies et vos encouragements. En 1884, les questions scientifiques n’ont pas réclamé aussi souvent que pendant le cours des années précédentes «| 0 leur droit à notre attention. Devons-nous en conclure qu’elles ne reçoivent plus de notre part la même faveur; que les let- tres et l’histoire comptent parmi nous de plus nombreux adeptes ? Je crois plutôt que nos savants préparent des tra- vaux dont la communication sera certainement écoutée avec empressement par notre Société, qui réserve le même ac- cueil généreux à tous ses travailleurs et qui sait se souvenir que, lors de ses débuts, le principal objet de son activité était l’histoire naturelle. Les sciences qui enseignent l’histoire de la nature sont toujours en honneur au milieu de nous. M. le docteur Gi- rardot continue à explorer notre Franche-Comté et à vulga- riser la connaissance de sa constitution géologique. Son ana- lyse critique du travail de M. Louis Rollier, sur la formation jurassique des environs de Besançon, sera intéressante à consulter. La note stratigraphique et paléontologique sur le Gault de Rozet, près Saint-Vit, est le résultat des recher- ches accomplies en collaboration par MM. Albert Girardot et Paul Petitclerc. L'examen de cette région curieuse leur a permis d'y découvrir de nouvelles espèces fossiles. Un de nos confrères, dont l'éloignement ne diminue ni la sympathie à notre égard ni le dévouement aux intérêts de notre Société, M. Edmond Colsenet, professeur à la Faculté des lettres d'Aix, a extrait des procès-verbaux de l’Académie des sciences, pour nous les faire connaitre, les discussions engagées au sein de cette compagnie, dans le cours du siècle dernier, sur le phénomène de la production et de la conser- vation de la glace dans la grotte de Chaux-lez-Passavant. Cette glacière, dite de la Grâce-Dieu, a été bien souvent l’objet des investigations des physiciens et des naturalistes. M. Albert Girardot à résumé tout ce qui a été dit sur cette curieuse caverne, et sa monographie, qui comprend les indications fournies par M. Colsenet, sera publiée dans nos Mémoires M. le capitaine du génie Trouillet, pour qui ses travaux professionnels. sont l’occasion d'observer le terrain, s’est appliqué à la recherche des vestiges de voies gauloises et romaines qui existent encore sur le pourtour de Besançon ; nos Mémoires bénéficieront de cette étude. Ce n’est pas un voyage scientifique que nous a raconté M. Durupt. Mais son ascension au Grand-Saint-Bernard, accomplie pendant l'hiver et au milieu de circonstances émouvantes, lui a fourni la matière d’un pittoresque récit. Nous aurons l’honneur de publier une nouvelle et érudite production de M. le général Wolff. Ce travail, dont il doit les principaux éléments à son séjour prolongé en Algérie, se recommande par des qualités de science solide et d’ingé- nieuse intuition. Sa lecture ne laissera pas de doute sur l'universalité du rôle des conquérants de race blonde aux premiers âges de l'humanité. M. Vaissier nous a fourni plusieurs comptes-rendus des fouilles opérées sous sa direction expérimentée dans le ci- metière gaulois des Vareilles (banlieue de Besançon) et dans cette grotte si curieuse de Courchapon, où les sépultures, superposées depuis l’âge de pierre jusqu’à l’époque ro- maine, renferment, par étages réguliers, les débris de civi- lisations successives. Vous pourrez admirer tous ces riches spécimens de l’art antique dans les collections du musée municipal d'archéologie, établissement auquel MM. Ducat et Vaissier prodiguent les soins les plus intelligents et les plus dévoués. Aussi avons-nous applaudi cordialement quand, à l’occasion du dernier congrès de la Sorbonne, M. le Ministre de l'instruction publique, en décernant à notre collègue les palmes d’officier d'académie, a reconnu que M. Vaissier n'était pas seulement estimé dans notre Société et dans notre ville. Nous avons été représentés à ce même congrès par notre éminent secrétaire honoraire, M. Castan, qui y a donné lec- ture d’un de ces travaux de critique d’art où il excelle, et qui semblent, depuis quelque temps, exercer sur son esprit — À —. toujours en éveil un attrait irrésistible. L’an dernier, il s’at- tachaït à faire rendre à César ce qui était à César, en resti- tuant à Rubens un de ses plus beaux portraits, celui de notre compatriote le président Richardot, que les catalogues du Louvre attribuaient à Van Dyck. La question qu’il traitait cette année était non moins inté- ressante. Il s'agissait de rectifier la date de la composition d’un des chefs-d’œuvre du même maître flamand, du trip- tyque de Saint-[ldefonse qui fait lornement de la galerie du Belvédère, à Vienne. Cette date, fixée jusqu'ici à l’année . 1610, doit être, suivant M. Castan, reportée à 1630. I faut lire le travail même de notre savant collègue pour se rendre compte de l’érudition précise et minutieuse, de la délica- tesse de goût, étayée sur des documents décisifs, qui ont été nécessaires pour résoudre ce problème souvent discuté, aujourd’hui résolu. Dans le même ordre de recherches, M. Castan a écrit une notice sur les peintres Jean et Jacques Van Battele et Ro- land Maille, décorateurs des pompes funèbres de la cour des Pays-Bas au xvi° siècle. On lui devra aussi la publication d’une autobiographie de Pierre-Adrien Paris, architecte de Louis XVI, qui a légué à nos collections publiques de si remarquables œuvres d'art. Grâce aux notes recueillies par M. Castan dans les portefeuilles de lillustre architecte, on connaîtra mieux l'élévation d’esprit et la noblesse de carac- tère de l’un des plus délicats bienfaiteurs de la ville de Be- sançon. La question des capitoles provinciaux du monde romain a été de nouveau soulevée devant la Société d’Emulation à l’occasion d’un livre de M. Oscar Kuhfeldt, docteur de l’Uni- versité de Berlin. En reconnaissant que M. Castan a publié la dissertation la plus savante sur ces édifices, 1l a contesté deux propositions, d'importance secondaire, émises par notre collègue. La discussion ainsi rouverte a permis à celui-ci d'ajouter de nouvelles preuves à celles qu'il avait déjà four- EDR on nies à l’appui de sa thèse, et de réserver ainsi à nos Mémoires l'honneur d’être la principale source d'informations concer- nant l’histoire des capitoles élevés dans les colonies ro- maines. C’est également à l’ordre des travaux historiques qu’ap- partient la belle étude de M. le docteur Mevynier sur les Etats de 1788 en Franche-Comté, dont il a puisé les éléments dans les archives militaires de la province et qui complète si bien, pour notre pays, le beau livre consacré par M. Léonce de Lavergne à cette grande manifestation de la vie provinciale aux derniers Jours de l’ancien régime. Dans l’exercice de ses fonctions de secrétaire, M. Edouard Besson ne s’est pas borné à rédiger les actes de notre Com- pagnie : 1l a encore contribué à l’attrait de nos séances en y faisant l’analvse de quelques publications qui intéressent les annales de la Franche-Comté. C’est ainsi qu’il nous a fait apprécier tour à tour le savant livre de M. Alexandre Tuetev, sur l’invasion du pays de Montbéliard par les Allemands en 1587, ouvrage que l’Institut de France a récemment cou- ronné; puis l’histoire de l'introduction du protestantisme dans les seigneuries qui relevaient de la principauté de Mont- béliard, consciencieuse étude de M. le pasteur Chenot; enfin les documents sur l’histoire de la ville de Vevey, annotés avec une si compétente érudition par M. Albert de Montet, l’un de nos correspondants. Personne ne pouvait mieux que notre secrétaire interpréter les sentiments de notre compagnie envers la mémoire de l'historien national dont la France déplore la perte : j'ai nommé Henri Martin. Ce grand patriote appartenait à notre association comme membre d'honneur. Elle lui avait con- féré ce titre en reconnaissance de l'intérêt qu’il voulut bien prendre au mémorable débat engagé entre Alaise et Alise, qui passionnait alors tous les archéologues. La mort d'Henri Martin n’a pas été le seul événement funèbre dont nos réunions aient été attristées. Nous avons 6 2 rendu les derniers devoirs à celui qu’on aurait pu appeler le meilleur d’entre nous, à Charles Grand. La vie de cet homme d'élite a été dignement retracée par M. Victor Girod, l’un de ses collaborateurs dans les œuvres charitables. Notre pro- chain recueil conservera l’éloge de cet ancien président de nos séances, qui fut aussi aimé qu'estimé, et à qui ses con- citoyens n’ont connu d'autre passion que celle de la bienfai- sance. | C'était également par les qualités du cœur, jointes à celle d’un esprit judicieux et actif, que se recommandait à notre sympathie Ambroise Debauchey, auteur d'intéressantes ob- servations sur les abeilles, la vigne et les arbres fruitiers. Non moins observateur était notre confrère Eugène Per- ron, qui fut longtemps dans la ville de Gray un des prinei- paux directeurs des œuvres intelligentes et utiles. Agronome et géologue érudit, archéologue par circonstance, Eugène Perron peut rendre des services de plus d’un genre. Son heureuse fouille des sépultures gauloises d’Apremont et de Mercey-sur-Saône, monuments dont il retira des parures en or, avait fait honneur à sa sagacité. Son ami, M. l'abbé Drouhard, dans une notice retenue pour nos Mémoires, nous a dit ce qu’il était comme savant et comme bon citoyen. C’est de longue date que la Société d'Emulation du Doubs prête un concours dévoué aux entreprises qui ont pour but de développer la prospérité ou de contribuer à l'honneur de la ville de Besancon. En 1860 elle assurait le succès d’une exposition grandiose qui eut pour résultat de faire connaître les puissantes ressources de notre fabrique d’horlogerie. Avec le même empressement elle à voulu s'associer à une œuvre légitime de réparation envers la mémoire d’un illustre compatriote. Sur la proposition de M. de Lesseps, l'Académie des sciences de l’Institut de France avait déclaré que Claude de Jouffroy, qui le premier fit servir la vapeur aux progrès de la navigation, était digne d’avoir sa statue, et la ville de Besançon réclamait à bon droit le privilège d’ériger ce mo- SA ee nument dans ses murs. Notre Société fut choisie par le con- seil municipal de Besançon pour ouvrir une souscription nationale en faveur de l’œuvre, et la statue désirée par l’Ins- titut de France s’élève aujourd’hui sur les bords de la ri- vière qui porta le premier bateau à vapeur ayant réellement navigué. Ce monument, qui est dû aux talents réunis de M. Charles Gauthier, sculpteur franc-comtois, et de notre confrère M. l'architecte Saint-Ginest, a doté la ville de Be- sançon d’une œuvre d'art unanimement admirée. Lors de son inauguration solennelle, notre secrétaire a retracé, avec l’élévation de pensée et la distinction de langage qui lui sont familières, les incidents de l’entreprise dont celui que lon appelle le grand Français, M. de Lesseps, venait d’énumérer chaleureusement les motifs. Mais ce que M. Besson ne pou- vait dire, ce que j'ai au contraire le devoir de proclamer hautement, c’est qu'une grande part du succès doit être attribuée aux efforts simultanés de notre secrétaire et de M. le notaire Durupt, qui vient à notre grand regret de rési- gner les fonctions de trésorier dont il s’acquittait, depuis cinq ans, avec tant de zèle et de dévouement. Telle est l’histoire de la Société d’Emulation du Doubs en 1884. Vous voyez, Messieurs, qu’elle a su pendant cette année, comme pendant le cours de toute sa carrière, dé- ployer son activité inépuisable et féconde en faveur d'œuvres saines et utiles. Ses études dans les sciences et l’histoire ont été importantes et nombreuses ; son influence lui a permis de conduire à bien la noble entreprise de glorifier un Franc- Comtois qui mit une grande découverte au service des pro- grès de l'humanité. Si vous reconnaissez, Mesdames et Mes- sieurs, que la Société d'Emulation a pu ainsi concourir au bien de la chose publique, elle se croira largement rému- nérée de ses peines et trouvera dans votre sympathie un nouvel et précieux encouragement. LA BALLADE DU CORDIER PIÈCE DE VERS LUE EN SÉANCE PUBLIQUE DE LA SOCIÉTÉ D'EMULATION DU DOUBS, LE JEUDI 18 DÉCEMBRE 1084. « Dans mon allée habite un cordier patriarche, » Vieux, qui fait bruyamment tourner sa roue et marche » À reculons, son chanvre autour des reins tordu. » (V. HuGo, Contemplations.) Au bord de ce ruisseau limpide, Qui coule avec un léger bruit, Tandis que la roue intrépide Tourne du matin à la nuit, À reculons marchant sans cesse, Son chanvre autour des reins tordu, Le cordier dit, avec rudesse, Ce chant du poète entendu : Courage, Ô ma corde nouvelle, Entre mes mains allonge-toi. Que fera-t-on de toi, ma belle ? Un jour quel sera ton emploi ? Ah! pour savoir ce que sur terre Une corde peut devenir, Il faudrait percer le mystère De l’impénétrable avenir. Je te fais bien assez solide Pour servir de câble aux mineurs, Explorant de la terre humide Les merveilleuses profondeurs. Tu pourrais même, sur la plage, Roulée autour du cabestan, Procurer heureux abordage A quelque grand Léviathan. - J'aimerais mieux, laisse-moi dire, Te voir attachée au grand mât, Pour faire sur ce beau navire Le tour du monde avec éclat. Quel bonheur, au milieu des voiles, Entre cette mer et ces cieux, De rendre, à l'heure des étoiles, Au vent des sons harmonieux ! Que sur le continent tu restes, J'y consens ; car je suis peureux, Et sais que les destins modestes Sont les destins les plus heureux. Sans chercher les gloires lointaines, sers plutôt les gens du hameau, Qui t’'emploieront dans leurs fontaines À monter l’outre pleine d’eau. Du vigneron qui veut en ligne, À l’exemple de ses aïeux, Sur le coteau planter la vigne, Dirige la main et les veux; Au maçon sur l’échafaudage Porte la pierre ou le mortier; Fais aux laveuses du village Un séchoir le long du sentier. Sois prête à tous les sacrifices, Dans les cités ou dans les champs; _Ne marchande point tes services, Oblige même les méchants. À la mort pour ravir sa proie, Si quelqu'un vient te requérir, De l’eau retire qui se noie, Du feu sauve qui va périr. Un jour de fête, en pleine rue, Parmi de joyeuses clameurs, 40 Ce Tu serviras, dans l’air tendue, À la danse des bateleurs ; Et de la nymphe qui voltige, Au cours d’un gracieux ballet, Tu montreras, comme un prodige, L'adresse et le vaillant mollet. Mais romps-toi sans miséricorde, Si des barbares inhumains Venaient t’'emprunter, Ô ma corde, Pour lier d’innocentes mains. Jamais, Ô corde que je tresse En chantant de l’aurore au soir, Ne deviens pour l’homme en détresse Un instrument de désespoir. Il se peut, qui sait? qu’à l’approche De l’usure, pieusement Tu sois attachée à la cloche Pour sonner mon enterrement, Ou que l’on fasse au cimetière Emploi de ton dernier lambeau Pour descendre mon humble bière Dans le silence du tombeau. Saint-Claude (Jura), 1884. Charles THURIET. NOTICE SUR CHARLES GRAND ANCIEN PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS Par M. Victor GIROD. Séance du 15 novembre 1884. La mort de M. Charles Grand ne saurait passer inaperçue dans cette Société, dont il était l’un des membres les plus anciens, les plus assidus, et où il comptait autant d’amis que de confrères. M. Ch. Grand naquit à Besançon en 1812. Il entra dans administration des domaines sous les auspices de son père, qui occupait le poste de directeur dans notre ville. Beaucoup de nos concitoyens se souviennent encore de ce beau et digne vieillard, qui fut un type exquis d’aménité et de bienveil- lance. Il transmit à son fils ces nobles qualités, et lui apprit à en faire l’honorable emploi auquel nous venons rendre hommage. En 1823, M. Ch. Grand fut nommé receveur de l’enregis- trement à Voiteur (Jura), et l’année suivante attaché à la direction de Besançon, en qualité de premier commis. Il passa ensuite plusieurs années au dehors, après les- quelles 1l vint remplir successivement les emplois de véri- ficateur et d’inspecteur dans le département du Doubs, jus- qu’en 1861. À cette époque, l’administration lui confia la tâche délicate d'organiser le service de l’enregistrement, des domaines et du timbre dans la Haute-Savoie, qui venait d’être annexée à la France. En 1868, après un court séjour à Beauvais, en qualité de directeur départemental, il vint occuper ce même en EE poste dans le Doubs, son pays natal, auquel il était si pro- fondément attaché. Ce fut en 1870 qu'il remplit, avec beaucoup de tact et de dignité, la fonction de président annuel de notre compagnie. Cette urbanité charmante, cet esprit délicatement conei- hant, cette obligeance qui allait jusqu’à la passion, M. Ch. Grand les unissait à une rare érudition administrative : aussi fut-il non moins aimé qu'estimé de tous ceux qui eurent à le connaître comme fonctionnaire. En 1874, le gouvernement de la République récompensa ses services en lui conférant le grade de chevalier de la Légion d'honneur. L'heure de la retraite sonna pour M. Ch. Grand en 1879, mais ce fut loin d’être pour lui l'heure du repos. En effet, à partir de cette époque, nous le voyons s'attacher volontai- rement et sans relâche à toutes les œuvres utiles et chari- tables de notre ville. Successivement nommé membre du conseil d’administra- tion de la Société de secours et patronage, administrateur, puis ordonnateur du Bureau de bienfaisance, membre du conseil de la Bibliothèque de la ville : partout son zèle imfa- tigable aplanit les difficultés et facilita la tâche de ses col- lègues. Aimant les pauvres et les humbles , il était souvent leur conseil, recherchant les misères cachées et se faisant l'interprète de celles qui n’osaient s'affirmer. Les pauvres ont perdu en lui un soutien et un guide qui jamais ne leur avait fait défaut. L'association des anciens élèves du Lycée fut une œuvre qui lui tint au cœur. À la suite des événements politiques qui lui avaient fait perdre une part de sa vitalité, il en étudia la réorganisation et fut au premier rang de ceux qui par- vinrent à la faire revivre. Grâce à lui, cette association est à la tête des œuvres philanthropiques de notre ville. Nul plus que M. Ch. Grand n’aimait sa ville natale, et c'était avec enthousiasme qu'il se plaisait à parler du déve- Joppement industriel de Besançon, de ses embellissements t surtout de l’avenir que réservait à notre ville l'ouverture ie nouvelles voies de communication. Toujours modeste, M. Ch. Grand, depuis sa retraite, n’as- pira qu'aux mandats qui comportaient une lourde charge, et 1 sut les remplir avec un savoir et une discrétion qui lui ont mérité à bon droit les plus reconnaissantes sympathies. Il s’est éteint doucement le 2 octobre dernier, entouré usqu’à son dernier soupir des tendres soins de la femme si histinguée qui avait été l’associée de ses bonnes œuvres. A ses obsèques, qui réunissaient un grand concours de Jersonnes, trois discours ont été prononcés : M. Lazare Pi- >ard a fait ressortir les immenses services rendus au Bureau le bienfaisance par le regretté défunt ; M. le docteur Ledoux, lans un discours qui suivra cette notice, a exprimé les sen- iments de gratitude de la Société d’Emulation envers lun le ses membres les plus dévoués ; enfin M. Boysson d’Ecole à su dire ce que valait comme époux, comme père et comme imi l’homme aimable et bon dont nos annales doivent con- server le souvenir. Discours prononcé aux obsèques de M. Charles GRAND par M. le docteur Emile LEDOUX. « MESSIEURS, » Le triste devoir que remplit en ce moment la Société l’Emulation, en saluant une dernière fois celui qui fut Pun le ses présidents annuels, est rendu encore plus douloureux Jar le souvenir, qui s'impose brusquement à l'esprit de tous, lu caractère éminemment sympathique de Charles Grand. 1 y a seulement quelques jours qu’il partageait encore son ctivité entre les œuvres de la charité et les études de Pin- elligence. Et aujourd’hui il ne nous reste de lui que le sou- renir de son dévouement aux malheureux, de cette bienveil- ance toujours égale, de cette aménité et de cette courtoisie Ar naturelles qui ne peuvent être que lPapanage d’une âme d'élite. Ces nobles qualités, il est vrai, étaient de tradition dans sa famille ; mais en les associant à une véritable pas- sion pour le bien, Charles Grand a su faire honorer encore plus un nom devant lequel chacun, dans cette ville, s'incline avec reconnaissance et respect. » Parvenu au terme de la plus honorable des carrières administratives, il se dévoua corps et âme aux œuvres de bienfaisance et de progrès qui sont l’honneur de sa ville natale. Et nous l’avons toujours rencontré fidèlement assidu à nos réunions, auditeur attentif ou président dévoué, ap- plaudissant aux travaux des maîtres, encourageant les dé- buts de toutes les bonnes volontés, toujours fier des succès obtenus par notre Société. » Plus nous avions de bonheur à pénétrer dans l’intimité de son amitié, en contemplant ce zèle toujours jeune, cette ardeur incessante dans l’exercice des missions généreuses, plus nos regrets sont aujourd’hui douloureux. Et c’est avec des larmes que nous devons compatir au deuil de celle qui est si cruellement atteinte par la mort d’un époux chéri, dont elle était si étroitement l’auxiliaire et l’émule dans la charité. » L'heure du repos réservé aux bons et aux justes a sonné pour Charles Grand. Nous demeurerons fidèles au culte de sa mémoire, et nous ne chercherons à nous consoler de sa perte qu’en faisant nos efforts pour suivre ses exemples et continuer son œuvre, l’œuvre d’un homme de bien! » LES ORIGINES ET LA DATE DU SAINT-ILDEFONSE DE RUBENS PAR M. AucusTe CASTAN CORRESPONDANT DE L'INSTITUT DE FRANCE {Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) ASSOCIÉ DE L’ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. Séance du 9 février 1884. A SON EXCELLENCE MONSIEUR LE GÉNÉRAL COMTE FRANÇOIS FOLLIOT DE CRENNEVIÈRE GRAND CHAMBELLAN DE SA MAJESTÉ IMPÉRIALE ET ROYALE APOSTOLIQUE CHEVALIER DE LA TOISON D'OR GRAND CHANCELIER DÉ L'ORDRE IMPÉRIAL AUTRICHIEN DE LÉOPOLD MEMBRE DE LA CHAMBRE DES SEIGNEURS, ETC. TÉMOIGNAGE RESPECTUEUX D'UNE VIVE GRATITUDE POUR SES LARGESSES ENVERS LA BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE BESANCON. gen Buituid dns F7 de LR dE nn dé de MES SAINT ILDEFONSE:” DEÉCRUBENS Gravures extraites de la PEINTURE FLAMANDE Par A.-J. WAUTERS ÉDiTÉE pAR A. QUANTIN DANS LA BIBLIOTHÈQUE DE LENSEIGNEMENT DES BEAUX-ARTS. j DD 22) NRA S NNNNSSESSS < S NS SK N NS ÈS 2 > ÿ ÿ 4 7 WAY Z1) y & EE K ES JR LA VIERGE REMETTANT UNE CHASUBLE A SAINT ILDEFONSE. (PANNEAU CENTRAL.) Musée de Vienne. H. 5,47. L. 2,25. NS ZEN Es T2EFR A CCS} /AEBER TI: ET ISABELLE. LES ARCHID ) 1ldefonse (voserTs pu Saint 0,96 L Vienne. H. 3,4,. ée de . Mus LES ORIGINES ET LA DATE DU AMEN LLDErONSE DE ED BENS Le 28 mars 1883, je lisais devant les délégués des sociétés des beaux-arts des départements, réunis à la Sorbonne, une étude ayant pour titre : Le portrait du président Ri- chardot, au Musée du Louvre, restitué à Rubens (). Dans la Correspondance de l’érudit Juste Lipse, j'avais trouvé des preuves de la haison intime du frère de Rubens avec la fa- mille du président Richardot, et J'en induisais que le portrait de cet homme d'Etat, attribué tantôt à Van Dyck et tantôt à Rubens, ne pouvait avon: été peint que par ce dernier artiste. J'essayais ensuite de fixer la date de production de cette peinture : un jeune enfant, qui me paraissait avoir de dix à onze ans, s’y trouve représenté avec son père; or Guil- laume R be dot, celui dont le frère de Rubens soigna l’édu- cation, semblerait avoir eu cet âge en 19595. Rubens aurait exécuté, selon moi, le portrait à cette dernière date, alors que lui-même était entre dix-huit et dix-neuf ans. : Les hommes compétents adhérèrent sans difficulté à la première de mes conclusions, celle qui tendait à replacer dans l’œuvre de Rubens le portrait du président Richar- dot (2); mais des objections me furent faites au sujet de la (1) Réunion des sociétés des beaux-arts des Jéporrenents : année 1883, pp. 126-140. (2) Rapport de M. Henry Jouix, dans le Recueil de 1883, précité. Plus 2 date que je proposais d’assigner à cette peinture (1). Rubens disait-on, ne pouvait avoir produit une œuvre aussi vigou-, reusement colorée avant d’avoir lié connaissance avec les Vénitiens, ce qu'il ne fit qu’en l’année 1600; et son séjour en Italie n ‘ayant pris fin qu'avec l’année 1608, cette dernière date serait la plus reculée que l’on me permettrait d’assigner aux images réunies du président Richardot et de son jeune fils. Or, celui qui r’était qu’un enfant en 1595 se serait pré- senté, seize ans plus tard, sous les allures d’un homme de vingt-trois ans, et son père aurait eu laspect d’un vieillard. Donc, si la peinture en question était postérieure au retour de Rubens dans les Pays-Bas, le grand coloriste n’aurait pu Pexécuter que d’après d’anciens croquis associés à de loin- tains souvenirs. Au contraire, le double portrait me parais- sait une œuvre vivement saisie sur nature et se sentant beaucoup plus de la précipitation que du tâtonnement. Je crus donc pouvoir également maintenir la seconde de mes conclusions, me réservant de montrer ultérieurement, par quelque saisissant exemple, .combien la lumière des docu- ments est indispensable à qui veut lire des dates précises entre les lignes du dessin ou les touches du coloris des grandes œuvres de la peinture. L'exemple que je cherchais ne s’est pas fait attendre : ül aura même une valeur d’à-propos que je ne saurais dédai- gner. Je le désirais, en effet, pour consolider un point de doctrine intéressant l’histoire du talent de Rubens, et préci- sément il va concerner la date jusqu'ici inconnue et fort mal présumée de l’un des principaux ouvrages du chef de l’école d'Anvers. Je veux parler du Triptyque de Saint lldefonse, récemment, M. GRUYER, membre de l'Institut et conservateur des peintures au Louvre, a bien voulu m'assurer que le portrait de Richardot allait être ostensiblement indiqué comme étant un ouvrage de Rubens. (1) J'ai répondu à ces objections : 1° dans une Note additionnelle , publiée à la suite de mon travail de 1883 ; 2° dans une Réplique qui fait partie des Notes et Pièces (n° 1) du présent mémoire. pemt pour l’église de Saint-Jacques de Caudenberg, à Bruxelles, et actuellement au Musée impérial et roval du Belvédère, à Vienne (). Ce magnifique ouvrage état originairement composé d'un tableau central et de deux volets peints sur l’une et sur l'autre de leurs faces. Quand le triptyque était ouvert, les deux peintures intérieures des volets constituaient deux tableaux accessoires ; mais, lors de la fermeture de ces volets, leurs faces extérieures se rejoignaient, et un second grand tableau résultait de cette réunion. Pour que le tout fût visible à la fois, une opération délicate dut s’accomplir : les volets furent seiés en deux dans leur épaisseur, et les deux surfaces exté- rieures, très exactement rejointes, fournirent un second grand tableau que l’on put placer en regard du premier et de ses deux accessoires. Cette opération se fit, par le ministère d’un habile charpentier, dans le premier quart du dix-hui- tième siècle (2. Le triptyque se trouve ainsi découpé en quatre pièces, dont deux grands panneaux qui mesurent chacun trois mè- tres quarante-sept centimètres en hauteur et deux mètres vingt-trois centimètres en largeur, plus deux demi-panneaux égalant les premiers en hauteur et n'ayant que quatre-vingt- seize centimètres en largeur. Le tableau principal représente le plus connu des incidents légendaires de la vie de saint Ildefonse, évèque de Tolède. (1) Sur les circonstances qui firent passer de Bruxelles à Vienne, en 1771, les quatre pièces de cette peinture, on peut consulter un mémoire très précis de M. Ch. Prior, intitulé : Les tableaux enlevés à la Belgique; dans les Bulletins de l’Académie royale de Belgique, 2e série, t. XLIIT, 1877 ; voyez les pages 772-775. (2) « Il y a plus de quarante ans », disait Mensarrr en 1763. Voir le mémoire de M. Ch. Pror, p. 773. og Ce pieux écrivain avait défendu contre les hérétiques la vir- ginité de la Mère du Christ. Pour l'en récompenser, Marie lui apparut assise dans la chaire où lui-même siégeait pour instruire son peuple. La Vierge était accompagnée de plu- sieurs bienheureuses richement vêtues : trois petits anges voltigeaient joveux au-dessus de leurs têtes et semblaient vouloir y déposer des couronnes. Le saint évêque, tombé à genoux, reçut des mains de la Vierge une chasuble qu’elle lui dit avoir extraite du trésor de son Fils (). Sur les deux panneaux accessoires sont les portraits age- nouillés de Parchidue Albert et de lPinfante Isabelle-Claire- Eugénie, souverains des Pays-Bas et de la Franche-Comté. L’archidue, revêtu du manteau des souverains et portant le collier de la Toison d'Or, est assisté par un cardinal qui ne peut être que saint Albert, cardinal-évêque de Liége. En re- gard, l’infante Isabelle, également en parure de souveraine, a près d'elle sa patronne, sainte Elisabeth de Hongrie, celle- _ci vêtue d’un costume monastique, mais portant sur un livre (1) « On raconte qu’il fut fort dévot envers la Vierge Marie, et que par plusieurs fois elle s’est aparue à luy, et signamment une fois au jour de l’Assomption que toute l'Eglise chrestienne célèbre en l'honneur de ceste Vierge Mère de Dieu : car comme il estoit à genoux en prières devant l'autel de ladite Dame, aperceut Nostre-Dame assise en la chaire où il avoit accoustumé de prescher à son peuple, et avec elle une grande troupe de vierges. Et comme il regardoit ladite Dame, elle luy dit : € Ap- » proche, serviteur de Dieu, et prends de ma main ce petit présent que je » te donne, lequel j'ay apporté du thrésor de mon fils, car il est besoing » que tu uses de ceste robhe seulement en ce jour de ma feste ; et pour » autant que tu t'es tousjours monstré fort affectionné à mon service et » que tu as dépeint ma louange ès cœurs des fidèles, tu seras en ceste » vie orné de ces vestements d'Eglise, et à l'advenir te resjouyras avec mes » autres serviteurs ès séjours bieaheureux. » Ges choses dites, elle dis- parut et toutes les vierges. Ceste robbe est gardée jusqu'aujourd'huy en l’église de Tolède. Et quant à la chaire en laquelle la Vierge Marie fut assise, personne n’a esté si hardy et présomptueux de s’y asseoir depuis, sinon Sigebert, lequel fut privé de son évesché et banny du pays. » (Jacques TIiGEON, Histoire de la vie. mort, passion et miracles des saints; Paris, 4601, in-fol., p. 47%.) ER sa couronne de princesse, avec quelques roses sorties de son giron 4). = Le second grand panneau, composé de deux pièces re- jointes, a pour sujet une Sainte-Famille, divisée en deux groupes de personnages qui se reposent sous un gigantesque pommier. La Vierge, avant derrière elle saint Joseph, tient sur ses genoux l'Enfant Jésus à qui Zacharie donne une branche de pommier que des anges viennent de cueillir. Sainte Elisabeth, suivie d’un mouton, fléchit le genou en présentant à l'Enfant Jésus le petit saint Jean qui lui tend ses mains jointes. Un ruisselet sépare les deux groupes de di- vins personnages (2). On considère unanimement cet ensemble comme l’un des principaux chefs-d’œuvre de Rubens. « Je dois avouer, di- sait Mensaert, que je n'ai jamais rien vu de plus beau, de plus tendre ni de plus délicat @). » Descamps écrivait à son tour : « Je n'ai nulle part remarqué tant d'art; les grâces sont ici jusque dans les moindres objets (®. » M. Louis Viar- dot, s’associant à ces témoignages, croit pouvoir dire « que jamais Pubens n’a uni plus de vérité à plus de noblesse, que junais 1] n’a peint avec plus de puissance et d'éclat O6). » (1) On s'est généralement mépris sur le compte des figures de bienheu- reux qui accostent les pertraits agenouillés d'Albert et d'Isabelle. Où je vois saint Albert, on indiquait saint Jacques; et quant à la figure que je dénomime sainte Elisabeth de Hongrie, elle a été qualifiée tour à tour de sainte Marguerite et de sainte Claire. (Voyez HUBER, Monuel des curieux, t. VI, p. 297; VOORHELM SCHNEEVOOGT, Catalogue des estampes gravées d'après Rubens, Harlern, 1873, p. 176.) (2) J'ai fait cette description d’après les belles gravures à l'eau-forte de M. W. UxG£R, dont je posséde de fort bellés épreuves qui m'ont été offertes, en vue de me seconder dans ce travail, par Son Excellence M. le comte ForrioT DE CRENNEVILLE, grand chambellan de Sa Majesté Impériale et Royale A postolique. (3) Ce passage fait partie du mémoire déja cité de M. Ch. Pror. Vovez p. 772. (4) Voyage Dites que de la Flandre et Brabant (1769), p. #4. (5) Gazette des Beaux-Arts, % période, t. XX VIS (mars 1883), p. 210. 1109 Quant à l’époque de la production de ce grand ouvrage, «les écrivains, dit M. Paul Mantz, s'accordent à dater de 1610, le vaste retable. que Rubens peignit en l’honneur du saint espagnol (1). » La même date est encore donnée par M. A.-J. Wauters, le plus récent historien de la peinture fla- -mande : selon lui, Rubens avait trente-trois ans quand il pei- gnit le Saint-lldefonse, « cette merveille, dit-il, du musée de Vienne @). » Or Rubens, né en 1577, eut trente-trois ans en 1610. Mais quels sont les écrivains qui, d’après M. Paul Mantz, seraient si bien d'accord pour dater de 1610 la peinture qui nous occupe? Ce n’est pas Joachim de Sandrart, qui pour- tant avait été lié d’amitié avec Rubens 6); ce ne sont pas les contemporains français des fils du grand maître, c’est-à-dire André Félibien (# et Roger de Piles 6); ce ne sont pas davan- tages les émules italiens de ces dé niers, c’est-à-dire Ba- _ghone (6) et Bellori (?. Tous ces biographes du dix-septième siècle, qui mentionnent avec admiration certaines œuvres de Rubens, ne disent pas un seul mot du triptyque de Saint-[lde- fonse. La plus ancienne description de ce tableau est celle de Mansaert, publiée en 1765, suivie de près par celle qu’éerivit, en 1769, Jean-Baptiste Descamps. Celui-ei ne saurait être rangé dans la catégorie des écrivains qui attribuent le saint-Ilde- Tonse à l’année 1610, car une partie de cette peinture, le ta- ps (1) Rubens, sixième article : numéro cité de la Gazette, p. 209. (2) La Peinture flamande (1883), p. 202. — Cet excellent volume fait partie de la Bibliothèque de l’enseignement des Beaux-Arts, si intelli- gemment éditée par M. A. QUANTIN. (3) Academia nobilissinmæ artis pictoriæ; Noribergæ, 1683, in-fol. : DA dire cap. 416, S$ 120; (4) Fe sur les plus excellents peintres ; 1685-1696. (o) Dissertalion sur les ouvrages des plus fameux peintres; Paris, 1681, pages 24-39. — Abrégé de la vie des peintres; Paris, 1699, page 398. (6) Vite de’ pittori,; Napoli, 1733, pp. 246-249. (7) Vile de’ pittori moderni, secund. ediz.; Roma, 1798. on 740 Mix bleau de la Sainte-Famille, lui semble « un des derniers ou- vrages de Rubens (1) ». Pour rencontrer une indication concernant la date du Saint- Ildefonse , il faut descendre jusqu'à l’année 1771. À cette époque, le licencié Michel, dans son Histoire de la vie de Rubens @), consacra plus de dix pages à l’histoire du tripty- que de Saint-Tldefonse, en indiquant cette peinture comme la seconde de celles qu'aurait exécutées Rubens après son retour d'Italie, ce qui équivalait à dire qu’elle datait de 1610. Cette allégation semblait garantie par le récit anecdotique qui l'entoure et dont nous allons reproduire les traits essentiels. Du temps que larchiduc Albert était cardinal en même temps que vice-roi de Portugal, il avait institué, dans son palais de Lisbonne et parmi les gens qui composaient sa cour, une confrérie placée sous la protection de sant Ilde- fonse. Devenu gouverneur des Pays-Bas, en 1596, il fit re- vivre cette institution à Bruxelles et lui obtint, pour ses exercices, une chapelle à Saint-Jacques de Caudenberg, qui était l’église paroissiale de la cour. Rubens, institué dès 1609 le peintre en titre de cette cour, ne put se dispenser d’être affilié à la confrérie, et son cadeau de bienvenue fut le retable dont la page essentielle représente saint Tdefonse recevant miraculeusement une chasuble. Les confrères en- voyérent offrir au peintre une bourse remplie de pistoles d'Espagne ; mais Rubens repoussa ce présent, ne voulant d'autre récompense que lhonneur d’appartenir à linstitu- tion. Comment supposer qu’un récit aussi circonstancié ne soit qu'un tissu dallégations mensongères ? Je démontrerai ce- pendant que pas un des détails qui le composent n’est d’ac- cord avec la vérité. Mais auparavant, il convient que je détermine l'hypothèse qui a engendré cette légende, puis (1) Voyage pittoresque de la Flandre, p. 45. (2) Bruxelles, in-8, pp. 50-60. os que j'énumère les motifs qui auraient pu, de prime abord, la faire récnser. Evidemment ce sont les figures d'Albert et d'Isabelle qui ont fait considérer le célèbre triptyque comme une œuvre de la seconde jeunesse de Rubens. En effet, ces figures accu- sent bien l’âge qu’avaient les archiducs quand Rubens dut faire pour la première fois leurs portraits, c’est-à-dire peu de temps après son retour d'Ttalie. La confrérie de Saint-Ilde- fonse comptait alors environ cinq années d’existence (D) : il était vraisemblable que Rubens, ayant reçu en 1609 la qua- lité de peintre des archiducs, avait immédiatement pris rang dans la pieuse association et s’était aussitôt employé à en dé- corer la chapelle. Le reste de la légende découla de ces don- nées absolument conjecturales, Sur un de ses points les plus essentiels, le récit du licen- cié Michel était facile à contrôler, car il existe, aux Archives du royaume de Belgique, un registre qui donne les noms de tous les membres admis dans la confrérie de saint Hdefonse et qui relate tous les faits importants de l’histoire de cette association. Ce registre a été compulsé, sur ma demande, par l’un de mes érudits confrères de l'Académie royale de Belgi- que, M. Charles Piot : or, il résulte de cette obligeante re- cherche que jamais Rubens ne fit partie de la confrérie de Saint-Tldefonse (2) et que cette institution n’eut à lui rendre grâce d'aucun cadeau. Donc l’histoire nec anest du retable est à biffer d’un seul trait de plume. Comme l’a fort bien dit l’un des historiens de l'architecture dans les Pays-Bas, Qil suffit le plus souvent de remonter aux (1) Elle avait été instituée à Bruxelles en 1604. (2) « J'ai parcouru tous les comptes de la hermandad (ou confrérie), - qui donnent les renseignements les plus positifs sur les droits d'entrée pavés par les confrères et leurs redevances annuelles. Aucun ne parle de xubens. Je crois que ce qui a été débité sur son admission est d'invention. Il ne figure pas même dans les listes des confrères. » (Lettre de M. Ch. PIoT, du 31 décembre 1883.) sources, de voir par soi-même les documents, pour décou- vrir de prime abord le peu de fondement de certaines attri- butions séculaires et l’origine douteuse et suspecte de toutes les anecdotes clichées (). » | Aucun document concernant le retable n'ayant été décou- vert (2), fallait-il conjecturer la date de cette œuvre d'art d’après l’âge apparent et les costumes des personnalités ar- chiducales qui y sont représentées? Si ces figures étaient des portraits isolés, une telle supputation serait à leur égard des plus légitimes. Mais il s’agit ici de figures historiques, dont la présence eut pour objet de symboliser les origines d’une confrérie placée sous le vocable de saint Ildefonse. Dans ces conditions, l'artiste n'avait pas à peindre des por- traits contemporains : il avait à faire revivre les figures et les costumes qui distinguaient les archiduecs à lPépoque où la confrérie s'était constituée sous leurs auspices, c’est-à-dire en 160%. Dans une autre circonstance, Rubens eut encore à reproduire historiquement ces personnages, et bien qu'ils fussent morts, il leur donna les allures d’une verte matu- rité. Ces images furent faites pour la décoration de l’un des ares de triomphe que la ville d'Anvers dressa lors de Pentrée du cardinal Ferdinand d'Autriche. @) Si l’on datait ces deux peintures d’après Pêge que montrent les personnages re- (1) À. Scxoy, dans les Mémoires de l’Académie royale de Belgique : savants étrangers, in-4, t. XXXIX, 2e part., p. 321. (2) « C’est un tableau qui m'a très spécialement préoccupé, parce que cest, parmi les chefs-d’œuvre de Rubens, celui dont l’histoire est la moins connue. J'ai fait faire dans le temps des recherches aux Archives du royaume ; on ny à rien trouvé. Ailleurs rien ne s'est produit qui jette quelque lumière sur cette histoire. La date 1610 et la tradition concernant la chaine d’or ne sont prouvées par rien. » (Lettre de M. Max ROOSES, conservateur du musée Plantin-Moretus à Anvers, du 6 décembre 1883.) (3) Cet arc est gravé dans la Pompa introitus Ferdinandi Austriaci a S. P. Q. Antuerpiensi decreta : la face où sont les portraits occupe la page 33 du recueil. Les originaux de ces portraits sont au Musée de Bru- xelles, où ils portent les numéros 415 et 416, — 96 — présentés, on les attribuerait également à l’année 1610, et pourtant il est certain qu'elles appartiennent aux premiers mois de l’année 1635. Il n’y a donc aucune indication chro- nologique à baser sur les traits et les costumes des souve- rains en quelque sorte transfigurés qui font escorte sur le retable au bienheureux fldefonse. Il y aurait plus et mieux à induire de deux autres figures appartenant au même retable : celles des patrons qui assistent chacun des deux souverains. L’archiduc a près de lui saint Albert, cardinal-évêque de Liége ; et pourtant le bienheureux dont il avait reçu le nom au baptême était Albert le Grand, dominicain et évêque de Ratisbonne (). La politique ne fut pas étrangère à ce changement de protecteur céleste : le car- dinal Albert de Liége appartenait à la famille des anciens ducs de Brabant, et l’archiduc crut être agréable à ses sujets catholiques en l’adoptant pour patron. Les restes de ce mar- tyr du douzième siècle étaient à Reims : Parchidue les fit exhumer et transférer à Bruxelles en grande pompe dans les derniers Jours d'octobre 4612; puis 11 obtünt du pape Paul V, le 9 août 1613, l'autorisation d’honorer d’un culte publie son nouveau patron @). Antérieurement à cet acte pontifical, Pef- figie de saint Albert de Liége n’aurait pas eu qualité pour fi- gurer dans un triptyque destiné au culte. Conséquemment, l’œuvre d'art où Je vois cette effigie est postérieure aux der- niers mois de Pannée 1613. Sur le volet opposé, la splendide parure de larchiduchesse fait contraste avec le costume religieux de la patronne qui lui est adjointe. Le premier et principal prénom de Parchidu- chesse était celui de sa mère, Elisabeth de France, fille ainée du roi Henri IE @): les Espagnols avaient adoucei la forme tu- (1) Sereniss. Principis Alberti laudatio funebris. a Laurentio BEYER- LINCK ; 1691, in-#, p. 16. (2) Auberti Mirær Fasti Belgici et Burgundici; Bruxelles (1622), pp. 690-692. Ejusd. De vita Alberti; Antuerpiæ, 1622, pp. 48-50. (3) « Elle fut baptizée par le Nonce de Sa Saincteté, le seigneur Jean- nes Lei SE Go © D 2 h ln desque de ce prénom ; mais l’infante Isabelle n’en reconnut pas moins pour patronne sainte Elisabeth de Hongrie et ne négligea rien pour réunir la plus grande partie possible de ses reliques. En 1614, elle obtint une mâchoire de cette bienheureuse ; l’année suivante, elle en eut un bras: puis, en 1617, le prince d'Orange, Philippe-Guillaume, lui offrit le chef de la sainte (D. Le tout fut réuni dans une chässe que l’on confia aux Carmélites de Bruxelles, déjà constituées gar- diennes du corps de saint Albert de Liége (2). Sainte Elisa- beth de Hongrie, devenue veuve de Louis IV, landgrave de Thuringe, avait pris l’habit du tiers-ordre des Franciscains, se vouant ainsi pour le reste de son existence aux œuvres de piété. Aussitôt après la mort de lParchiduc Albert, survenue le 13 juillet 1621, l’infante Isabelle revêtit à son tour cette sombre livrée @), tout en continuant àgouverner les provinces catholiques des Pays-Bas. Si le triptyque eût été peint avant le veuvage de l’infante Isabelle, le peintre aurait-il représenté Baptiste Castanne , lequel depuis fut le pape Urbain VIT, qui donna trois noms à ceste jeune princesse : celuy d'Isabelle, pour la reyne sa mère ; de Claire, pour estre le jour de sa nativité ; et d'Eugénie, d'autant qu'elle fut baptizée au jour de la feste de sainct Eugène, archevesque de Tolède. » (Le sacré Mausolée d’'Isabelle-Claire-Eugéenie, par le P. J.-J. Courvor- SIER, minime bourguignon ; Bruxelles, 1634, in-8, pp. 20 et 21.) (4) Auberti MiRær Fasti Belgici et Burgundici, pp. 688-689. — Ch. DE MONTALEMBERT, Histoire de sainte Elisabeth. 1836, p. 357. — MARLET, Le Chapitre du château de Gray et le chef de sainte Elisabeth de Hon- grie ; Vesoul, 1869, gr. in-8. (2) Arnoldi Rayssir Hierogazophylacium Belgicum ; Duaci, 1628, pp. 139-140. (3) « Elle print l'habit du Tier-Ordre, au jour de la feste de ce glorieux saint (4 octobre) de l’année 1621, des mains du R. P. André a Soto, son confesseur et commissaire général de l'Ordre ; et en l’année 1622, elle fit ses vœux et sa profession devant ledit Père, où elle se soubmit à la cor- rection de l'Ordre, et voulut estre appellée sœur Isabelle, ete., comme il se voit par la profession signée de sa royale main. » (J.-J. COURVOISIER, Le sacré Mausolée d’Isabelle-Claire-Eugénie. p. 280.) — Sur le portrait de l’infante Isabelle en costume de religieuse, peint par Van Dyck, on trouvera quelques indications dans nos Notes et Pièces (n° VIN. ER la patronne de cette princesse sous le costume qu’elle même adopta dès le jour du décès de Parchidue ? Par cet accouple- ment d'une archiduchesse splendidement parée et de sa pa- tronne plongée dans un deuil monacal, Rubens n’a-t1l pas voulu symboliser les deux phases de lexistence de sa pro- tectrice? EL cette pensée n'aurait pu lui venir à Pesprit qu'après la mort de l’archiduc Albert, c’est-à-dire postérieu- rement au 43 juillet 1621. Rubens, on le sait, forma des graveurs habiles qui, dès Pan 1618, traduisirent à l’envi ses principales œuvres (. Si le Saint-[ldefonse eût été créé en 1610, la gravure n’aurait pu tarder à en reproduire la composition principale, et cela par le motif absolument plausible qu’une telle estampe aurait eu des acheteurs assurés parmi les membres de la confrérie. Or la première gravure reproduisant cette composition porte, avec la signature de Withoue, la date 1638 (2). Est-il suppo- sable que l’entreprise de cette estampe ait concordé avec la mise en place du retable, ce qui indiquerait approximative- ment l’année 1635 comme date d'achèvement de la peinture? Nous répondrons non, et voici pourquoi. La confrérie de saint Tdefonse fut désorganisée à la fin de l’année 1634, par les modifications que le cardinal Ferdinand d'Autriche introdui- sit dans le personnel du palais de Bruxelles. Elle ne reprit ses exercices que le 23 janvier 1636 G), ce qui fut sans doute le motif déterminant de la confection de lPestampe éditée en 1638. Antérieurement la confrérie avait fonctionné sans in- terruption pendant vingt-neuf années du gouvernement d'Albert et d'Isabelle : d’où l’on pouvait conjecturer que si la page essentielle du triptyque n'avait pas été gravée durant cette longue période, c'était qu'entre le placement de la (1) G. Dupressis, Hist. de la gravure, in-4, 1880, pp. 202-209 ; Vte H. DELABORDE, La Gravure, in-8 (1883), pp. 139-140. (2) HuBEer, Manuel des curieux. t. V, p. 405. (3) Notes et Pièces. n° II, MS je peinture et le décès de linfante, il n°v avait pas eu lPintervalle suffisant pour l’entreprise et l'exécution d’une grande gra- vure. Dans cette hypothèse, les probabilités seraient pour que le triptyque eût été inauguré en 1632, c’est-à-dire moms de deux ans avant la mort d’'Isabelle-Claire-Eugénie. Ces probabilités, consolidées par des documents positifs, . vont se transformer en autant de certitudes irrécusables. ï IT La confrérie des officiers du palais de Bruxelles, placée sous le vocable de saint [idefonse, avait été instituée par les archidues Albert et Isabelle, en 1604, à l'effet d'entretenir parmi leurs serviteurs les sentiments de dévotion dont eux- mêmes étaient animés. Dans le bras droit du transept de Saint-Jacques de Caudenberg, qui était l’église paroissiale de la cour, une chapelle avait été affectée aux exercices de cette association. Les très nombreux fonctionnaires du pa- lais de Bruxelles appartenaient aux diverses nationalités sur lesquelles dominait l'Espagne : il s’y trouvait donc des Fla- mands, des Italiens, des Espagnols et beaucoup de Franc- Comtois (1). Chaque année, la confrérie, composée de tout ce monde, élisait un bureau de cinq dignitaires. Pour la période annuelle de 1629, le bureau fut ainsi composé : juge, Ferdi- nand d’'Andelot ; trésorier, Jean de Montfort (2); majordome, (1) Notes et Pièces, n° V. (2) Jean de Montfort, graveur et sculpteur flamand, a produit d'assez nombreuses médailles d'un réel mérite; on connait également de lui le lon en cuivre doré du tombeau de Jean Il, duc de Brabant, au grand chœur de Sainte-Gudule, à Bruxelles. Dans l'administration de ia monnaie, il avait commencé par être essayeur particulier à Anvers, en 1602, puis était de- venu conseiller et maitre général ordinaire, en 1613. Il remplissait en otütré l'emploi de fourrier et de maréchal des logis (aposentador) de la cour. C’est à ce dernier titre qu’on le voit représenté, avec une grosse clé dans la ceinture, parmi les maitres des cérémonies de la pompe funèbre de l’ar- ver La Je Lis SU EE don Emmanuel Nunez (D ; secrétaire, Francisco del Bono ; procureur, Jean de Brey (2). Le premier de ces dignitaires appartenait à une famille franc-comtoise, dont la maison d'Autriche connaissait de longue date la bravoure. Son grand-père, Jean d’Andelot, premier écuyer de Charles-Quint, avait été balafré, à Pavie, d’une taillade de la vaillante épée du roi de France 6). Son père, Jean-Baptiste, général d'armée aux Pays-Bas, avait épousé l’une des nièces du cardinal de Granvelle (©. Lui- chiduc Albert (pl. LV, n° 25). Avec ce même insigne, il se fit peindre plus tard par Van Dyck, et son portrait jouit des honneurs de la Tribune au Musée des Offices, à Florence. — Sur le graveur et sculpteur Jean de Montfort, on peut consulter l'Histoire de la gravure des médailles en Belgique. par M. Alexandre PiNCHARD (Acad. roy. sav. étrang., in-#, t. XXXV, 1870, pp. 39-41), ainsi que l'Histoire de l’architecture dans les Pays-Bas, par M. Aug. Scnoy (Ibid. t. XXXIX, 2e part., 1879, p. 231). (1) Premier apothicaire de la cour : son portrait se voit sur la pl. XXX de la représentation gravée du cortège funèbre de l’archidue Albert. (2) Registre de la confrérie de Saint-Ildefonse (aux Archives du royaume de Belgique), fol. 216 verso. — En me transmettant cette indica- tion, M. Ch. ProT ajoutait : « Ces personnages ne figurent plus (comme dignitaires) en 1630, ni plus tard. » (3) € Quant au roy François Ier, il combattit (à Pavie) autant vaillam- ment que prince pourroit faire, tuat de sa main propre Ferrante Castriote marquis de Saint-Ange, arrière petit-fils de George Castriote, dict Scan- derberg ; blessat en la jouë d’un grand coup d’espée le sieur Jean d’An- delot, gentilhome bourgougnon, avec lequel il fut longtemps aux prinses, ainsi que le roy le feit représenter en une sienne tapisserie que l’on hat veu au Louvre à Paris, et en ceste posture que l’on le void coucher un grand coup d’espée sur la face descouverte (parce que la visière estoit levée par autres coups) d’un gentil-home portant sur une cotte d'armes de velour verd les armes d’Andelot, qui sont d’un eschiquier d'argent et azur, chargé d’un lyon de gueules, armé, lampassé et coroné d’or, et touchant tous les carreaux de l’eschiquier. Toutefois l’eschiquier fut corrigé en l'an 1539, par commandement du roy, lorsque l’empereur passañt à Paris, haïant à sa suite ledict sieur d’Andelot, premier escuyer de son escuyerie, veit si le blason de l'armoirie conformoit aux siennes : ce que fut treuvé, sauf à la couleur de l’un des carreaux. » (Loys GOLLUT, Mémoires de la République Séquanoise, nouv. édit., col. 1580-1581.) (4) Marguerite, fille de Claude Le Blanc, seigneur d’Ollans, et de Hen- riette Perrenot, l’une des sœurs du cardinal de Granvelle, RE Éd Cd LS ie A — 91 — même fut désigné, en 4606, par la chambre de la noblesse des Etats de Franche-Comté, pour faire partie d’une dépu- tation chargée d’exposer au gouvernement de Bruxelles les doléances de cette province. La chambre du clergé confia le même mandat à François de Rye, neveu de l'archevêque de Besançon, déjà pourvu de la dignité de haut doyen du chapitre métropolitain de cette ville (D. Les deux députés eurent la fortune de plaire aux archiducs, et ces souverains, en les retenant à leur cour, assurèrent à la Franche-Comté des défenseurs zélés de ses intérêts. François de Rye fut fait préfet de la chapelle, puis archi-chapelain et grand aumô- nier des archiducs, en même temps que Ferdinand d’Andelot devenait l’un de leurs maitres d'hôtel. Une faveur analogue échut, en 1625, au savant Jean-Jacques Chifflet, que la ville de Besançon avait député à la cour de Bruxelles. Avant même que l’infante, devenue veuve, le créât médecin de sa cham- bre, cette princesse avait voulu que l’un des frères, nommé Philippe, prit rang dans les chapelains de loratoire du pa- lais @). Philippe Chiflet ne tarda pas à partager l’affectueuse confiance que, de longue date, Isabelle-Claire-Eugénie accor- dait à Ferdinand d’Andelot, devenu le premier de ses maitres d'hôtel. En 1629, quand la confrérie de Saint-[ldefonse avait à sa tête Ferdinand d’Andelot, ce personnage était veuf de deux épouses et avait perdu ses cinq fils, dont quatre étaient morts sous les armes (3). Il se consolait de ses chagrins en (1) À. DE TROYES, Recès des Etats de Franche-Comté, t. I, p. 478. (2) Notes et Pièces, n° VI. (3) « Qui omnes in ipso ætatis flore, inter arma pro suorum Principum defensione, vitam summa cum laude finierunt : NicoLAUS, in obsidione Vercellensi ; FERDINANDUS, in illa celeberrima Pragensi pugna; Doro- THEUS, militiæ regiæ destinatus et accinctus; ANTONIUS, in obsidione Bredana ; et LUDOVIGUS, qui unieus in familiæ decus et solatium superstes erat, Rheinbergæ, post exhibitum prius ante Silvamducis sui animi spe- cimen, obiit. Nonne et ipsa ANNÆ-FRANCISCÆ DE L'AUBESPIN, uxoris tuæ secund:æ, pietas adhue vivit? Vivit vero, et universam Burgundiam in ad- s’adonnant, avec une ferveur de cénobite, aux œuvres de piété que protégeait sa dévote maitresse (D : il était d’ailleurs tempérant par nature, ayant eu toujours pour le vin une ré- pugnance absolue @). L’une de ses sœurs, Mme de Château- rouillaud @), qui habitait Salins en Franche-Comté, était considérée comme une sainte et ses prières avaient le renom d'opérer des miracles. Avec Ferdinand d’Andelot, pour interprète, la confrérie de Saint-[ldefonse était assurée d’obtenir la coopération de la princesse à une entreprise dont l'institution désirait se faire honneur. Il s'agissait de doter d’un luxueux autel la chapelle de l’église de Caudenberg affectée aux exercices de la confrérie. Or, un autel de cor- poration devait nécessairement faire corps avec un retable de grande peinture. La confrérie prit à sa charge les frais de la construction de l'autel, et l’infante voulut bien se charger de fournir le retable : c'était assez dire que des marbres précieux allaient être travaillés, d’après les dessins de lar- mirationem trahit : trahit Belgium, et in primis Bruxellensem Aulam, quæ obitum incomparabilis heroïnæ et plissimos morientis motus adhuc cele- brat, castissimorum ossium pignore continuo gaudens. » (Julii et Joannis CHIFLETIORUM Epistola D. Ferdinando Db'ANDELOT, dedicatoria Descrip- tionis Bellifontanæ, ab Erycio PUTEANO in latin. versæ ; Antuerpiæ, 1651, in-4.) — Voir en outre les Notes et Pièces, n° IV. (A) « Je sçay bien que l'entretien le plus agréable que vous puissiez re- cevoir, c'est celuy des bienfaicts de la Vierge, dont le culte vous est si recommendable qu'à tous les samedys de l’année vous ne manquez jamais d'assister au Sainct Sacrifice qui se faict à son honneur en l'Eglise du Sa- blon de cette ville (de Bruxelles), ny d’aller punctuellement, à mesme jour, visiter son temple à Laken, où les graces de Nostre-Dame ont dès longtemps excité une très belle dévotion, » (Epitre dédicatoire de Phi- lippe CHIFLET € à monsieur messire Ferdinande D’ANDELOT », Bruxelles, A juillet M. pc. xxx1 : en tête de l'Histoire du prieuré Nostre-Dame de Bellefontaine, au Comté de Bourgongne ; Anvers, Imprimerie Planti- nienne, 1631, in-4.) (2) Notes et Pièces, n° IV. (3) Anne-Nicole d’Andelot, veuve d'Antoine Mouchet de Châteaurouil- laud, neveu du cardinal de Granvelle, dont elle-même était la petite- nièce. chitecte Jacques Francquart (), pour servir de piédestal à un nouveau chef-d'œuvre de Pierre-Paul Rubens. Le grand peintre ne put manquer d’être sensible à cette occasion nouvelle de faire briller les ressources de son rare talent ; mais sa nature profondément bonne fut égalemont séduite par la perspective de plaire à deux hommes dont la sympathie lui était précieuse. Il devait avoir, en effet, plus d’une obligation au principal chef de la confrérie de Saint- Iledfonse, Ferdinand d’Andelot, l’inspirateur habituel des commandes artistiques de l’infante. Quant au second chef de l’association, Jean de Montfort, graveur et sculpteur dis- tingué, c'était pour lui un ami très intime, puisqu'ils se trai- taient réciproquement de compère (2). Rubens était alors à l'apogée de la réputation. Son infati- gable pinceau, dirigé par un génie créateur de la plus rare puissance, n'avait pu lui procurer qu'une magnifique situation matérielle. Pour conquérir le reste, qui était à ses yeux le (1) Jacques Francquart, peintre, géomètre, architecte et poète, était estimé de l’infante Isabelle et avait la confiance du premier maitre d’hôtel de cette princesse. Il entretenait d'excellentes relations avec Rubens. Sa qualité d'architecte de la cour lui valut naturellement la commande des dessins de l’autel que projetait la confrérie : il était d’ailleurs très expert en ce genre de travaux d'art. (A. ScHoy, Histoire de l’architecture dans les Pays-Bas, couron. par l’Acad. roy. de Belgique : sav. étrang., in-#, t. XXXIX, pp. 245-257; Ad. SIRET, article de la Biographie nationale de Belgique. t. VI, col. 272-274.) — La collaboration habituelle de Francquart aux œuvres dévotes de la princesse est attestée par l'indication suivante : € En l'an 1614, l’Infante fit faire par Francart soixante-trois visages, pour autant de chefz des onze mille vierges, avec des guirlandes et ornementz de teste à chascune, pour son oratoire. Le reste fut agencé de satin et brodé à la chambre de S. A. » (Ph. CHIFLET, Présents faits par l’Infante : col. lection Chiflet à la Bibliothèque de Besançon, n° 129 B.) (2) Rubens avait servi d’intermédiaire à Jean de Montfort pour faire con- naître une machine de son invention qui semblait résoudre le problème du mouvement perpétuel : en revanche, ce bon compère était le solliciteur attitré de l’artiste auprès de la cour de Bruxelles. (Emile GACHET, Lettres inédites de Rubens, pp. Lxvir, 245 et 249 ; GaAcHARD, Histoire politique et diplomatique de Rubens, p. 29.) 9 C2 op principal (), il dut avoir recours à un autre ordre de moyens. Doué d’une merveilleuse mémoire, 1l s'était dès longtemps exercé à parler aussi bien qu’à écrire en sept langues anciennes et modernes : de sorte qu'il avait pu coopérer, utilement, durant les années 1693 et 1624, aux négociations entamées pour le renouvellement d’un trève entre les Pays- Bas catholiques et les Provinces-Unies (2). Ces services lui avaient valu la possibilité de solliciter et la faveur d’obtenir des lettres de noblesse du roi d’Espagne : ce qui importait extrêmement à sa situation morale, vu que les préjugés de lPépoque s’opposaient à ce qu'un peintre, sl n’était pas titré, marchât l’égal d’un gentilhomme. Mis en goût de di- plomatie par ce premier succès, Rubens avait saisi Poccasion de s’aboucher avec le duc de Buckingham, venu à Paris, au mois de mai 1625, pour emmener la jeune reine d’Angle- terre : le peintre s’y trouvait alors, occupé de l'installation, dans le palais du Luxembourg, des vingt-quatre tableaux qui brillent actuellement d’un si vif éclat au Musée du Louvre. Séduit autant par les grâces de l'esprit que par la magie du pinceau de Rubens, le duc de Buckingham ne dédaigna pas d’avoir avec le peintre des conversations tou- chant les possibilités d’un rétablissement de la paix entre l'Angleterre et l'Espagne. Comme il importait que le béné- fice de ces préliminaires ne fût pas perdu, l’infante Isabelle ne tarda pas à proposer au roi d'Espagne de charger officiel- lement Rubens du mandat de négocier un rapprochement entre les cabinets de Madrid et de Londres. Philippe IV (1) À propos de diflicultés qu'il éprouvait à introduire en France les estampes gravées d'après ses tableaux, Rubens écrivait à son ami Peiresc (16 août 1635) : « Je veux bien que l’on bannisse mes estampes du royaume de France; j'ai assez du reste de l’Europe pour en tirer quelque honneur, CE QUE J'ESTIME BEAUCOUP PLUS QUE TOUS LES AUTRES PROFITS. » (Emile GACHET, Lettres de Rubens, p. 262.) (2) Ce que nous allons dire des fonctions diplomatiques de Rubens est emprunté au savant ouvrage de M. GACHARD : Histoire politique et diplo- matique de Pierre-Paul Rubens ; Bruxelles, 1877, in-8. trouva d’abord étrange qu’un homme « de si peu de consis- tance » püt être investi d’une telle mission ; mais l’artiste n’en alla pas moins à Madrid, avec la certitude qu'il aurait raison de ce préjugé royal, car il avait été créé pour devenir enchanteur. Il ne mit pas longtemps à conquérir les sym- pathies du monarque et du comte-due d’Olivarès, son prin- cipal ministre. Néanmoins, devant l’impossibilité de men- tionner une qualité de peintre sur la lettre de créance d’un diplomate, le gouvernement espagnol octroya préalablement à Rubens un titre de secrétaire du conseil privé des Pays- Bas. Sous ce déguisement, il partit pour l’Angleterre, en traversant la France, et s’arrêta seulement quelques jours à Bruxelles, vers le milieu du mois de mai de l’année 1629, à l'effet d’y conférer avec l’infante. C'était le moment où la confrérie de Saint-fldefonse arré- tait les plans de lautel qui devait enrichir la chapelle dont elle jouissait dans l’église de Caudenberg. Cette église était desservie par des chanoines réguliers de Saint-Augustin, dont le chef, qui prenait la qualité de prévôt, officiait avec la crosse et la mitre (2. Ce dignitaire (G) s’était naturellement empressé de seconder le projet que la confrérie élaborait avec l’infante : aussi cette princesse lui avait-elle fait pré- sent, au mois d'avril 1629, d’une mitre et d’une crosse. Le second de ces insignes était en argent, et sa décoration com- prenait, en dehors d’une figurine de saint Augustin, les sta- tuettes de saint Albert et de sainte Elisabeth, patrons de Parchiduc défunt et de sa pieuse veuve (4). Dans ce gage des .() L'illustre général Ambroise Spinola « avoit accoustumé de dire qu'il voyoit reluire tant de beaux talens dans l’âme de ce grand homme, qu'il croyoit qu'un des moins considérables estoit celuy de la peinture. » (Roger DE PILES, Vie de Rubens, 1681, p. 81.) (2) Jul. CHIFLETI Aula sacra, p. 27. : (3) Il se nommait Henry Meulemans : son portrait, avec mitre en tête, figure sur la planche IX de.la Pompe funèbre de l’archiduc Albert. (4) « 1629, avril. — Au prévost de Cauberghe, de Bruxelles, une crosse — 930 — intentions généreuses de l’infante envers l’église de Cauden- berg, une partie de la donnée du futur retable se trouvait en germe. Et comme la remise de ce gage précéda de peu de jours l’entrevue que Rubens eut avec l’infante, il y a lieu de croire que la princesse fit dès lors à son peintre préféré la commande du retable promis à la confrérie. Mais près d’une année dut s’écouler avant qu’il fût possible à Rubens de re- prendre ses travaux de grande peinture. Il put enfin quitter Londres le 6 mars 1630, après s’être acquitté, à la satisfaction de deux grandes puissances, d’une négociation qui l’avait tenu pendant vingt mois éloigné de son logis. Trois jours avant son départ, le roi d'Angleterre lui avait conféré solennellement la chevalerie. Mais pour que Rubens püt jouir de cette distinction nobiliaire qui mettait le comble à ses vœux, il fallait qu’elle lui füt confirmée par son souverain légitime, et cette faveur insigne devait être sollicitée par l’infante Isabelle. Au moment donc où le grand artiste se réinstalla dans son opulent atelier, c’est-à-dire au mois d'avril 1630, il avait un puissant intérêt à flatter l’infante et à courtiser le roi d'Espagne, neveu de cette princesse. Rubens atteignit ce double but en donnant toute la valeur dont il était capable à une peinture qui allait populariser dans les Pays-Bas le culte de saint Ildefonse, l’un des doc- teurs révérés de l’église espagnole. Tandis qu’il ébauchait cette œuvre capitale, il rêva d’un se- cond mariage qui ramènerait la vie dans son foyer domesti- que. Bien qu'il eût cinquante-trois ans, il s’éprit d’une jeune fille admirablement belle, qui comptait à peine dix-sept printemps; mais son ardeur toute juvénile était faite pour d'argent, à laquelle $S. À. fit mettre les figures ou statues des saints Au- gustin, patron de l’église, Albert et Elisabeth, patrons de LL. AA. » (Pré- sents faits par l’infante Isabelle à diverses personnes et en divers lieux : extraits recueillis par Philippe CHIFLET; manuscrit de la Biblio- thèque de Besançon, collection Chiflet, 129 B.) — Le don de la mitre est relaté dans un texte que nous citons plus loin. — 91 — émerveiller les esprits et même pour fasciner les cœurs. Le Saint-[ldefonse fut en quelque sorte le reflet des secondes amours de Rubens : nulle part, en effet, l’incomparable pein- tre ne s’est autant complu à exprimer les diverses nuances de la grâce féminine. Que l’on examine les quatre figures de bienheureuses qui assistent à la remise de la chasuble, et lon reconnaitra certainement dans l’une d'elles les traits de la ravissante jeune fille que Rubens épousa le 6 décembre 1630 (1). Quatre mois avant cette date, c’est-à-dire au début du mois (1) Au moment où j'émettais cette assertion, je n'avais pas les éléments qui m'auraient permis de la préciser davantage.et d’en faire la preuve pour autrui. À Besançon, je ne possède, en effet, que des interprétations gravées de la page principale du triptyque, et Je n’ai à mon service aucune repro- duction des nombreux portraits d'Hélène Fourment. Pour démontrer que cette belle personne figurait dans le triptyque, conformément à ma suppo- sition bien fondée, comme aussi pour indiquer celle des assistantes de la Vierge à qui le peintre avait donné les traits de sa seconde femme, il était indispensable que j'eusse à mon service une image photographique de la page essentielle du Saint-Idefonse, ainsi que les reproductions en photo- graphie des principaux portraits d'Hélène Fourment. Tout cela m'a été procuré à la Bibliothèque de l'Ecole nationale des Beaux-Arts, grâce à l’obligeante amitié de M. Eugène MuxTz, conservateur de ce riche dépôt. Immédiatement alors, J'ai reconnu le gracieux visage d'Hélène Fourment dans le groupe des deux femmes enlacées à qui le peintre a donné des palmes. L'autre visage de ce groupe me parut être celui de la première femme de l'artiste, Isabelle Brandt, et je me souvins à ce propos que, dans le tableau du Christ montant au Calvaire, qui date de 1634, les deux compagnes de Rubens sont représentées l’une à côté de l’autre. Pour comprendre le sens de ce rapprochement, il faut savoir que Rubens avait épousé en secondes noces la nièce de sa première femme. Or, le se- cond mariage de l'artiste eut lieu le 6 décembre 1630, et sa nouvelle épouse allait avoir seulement dix-sept ans. Donc une page de peinture où l’on voit Hélène Fourment, dans tout l'éclat de sa beauté, appuyée sur la femme dont elle continua la mission d'amour, cette page, dis-je, ne peut être anté- rieure aux préliminaires du second mariage de Rubens, c’est-à-dire au se- cond semestre de l’année 1630. Je crois avoir fait partager cette conviction aux auditeurs de ma lecture qui à eu lieu, le jeudi 17 avril 1884, dans la salle Gerson, sous la prési- dence de M. GRUYER, membre de l’Institut, conservateur des peintures au Louvre, et en présence de M. KÆMPFEN, directeur des Beaux-Arts. ON d'août 1630, la peinture du retable et la fabrication de l’autel étaient en assez bonne voie pour que la confrérie de Saint-Il- defonse s’occupât d’une inscription commémorative de cette double entreprise (D). Un texte en fut demandé au plus lettré des familiers de l’infante, Jean van den Wouwere, conseiller des finances à Bruxelles. Ce personnage avait été à Louvain l’un des brillants disciples de Juste Lipse ; il s'était plus tard rencontré en Italie avec Pierre-Paul Rubens, et dès lors une vive amitié n'avait cessé d’unir ces deux compatriotes (2). L'inscription fut fournie dans la première quinzaine du mois d'août 1630; mais, comme on la destinait à être gravée sur le marbre, Ferdinand d’Andelot désira que le texte en fût sou- mis au savant qui tenait le sceptre de l’érudition dans les Pays-Bas catholiques, c’est-à-dire à Henri van de Putte, (1) La correspondance relative à cette inscription est reproduite, en ce qu'elle a d’essentiel, sous le n° IIT des Notes et Pièces justificatives de ce travail. (2) Jean van den Wouwere, né à Anvers le 28 mai 1576, était de qua- torze mois seulement plus jeune que Pierre-Paul Rubens. Ils se rencon- trérent en Italie, et ce fut à Vérone que Rubens promit à son compatriote de lui dédier la première estampe qui serait gravée d'après ses œuvres. Rubens s’acquitta de cette promesse en faisant inscrire, au bas de la Ju- dith gravée d’après lui par Corneille Galle, cette inscription dédicatoire : Clarisso et amicissimo viro D. Joanni Woverio, paginam hanc auspi- calem primumque suorum operum typis æneis expressum, Petrus Pau- lus Rubenius, promissi jam olim Veronæ a se facti. dat, dicat. Par réciprocité, Jean van den Wouwere se fit, en 1615, l'éditeur des écrits posthumes du frère de Rubens et leur donna pour préface un tribut de consolation, en langue latine, à l’adresse du grand artiste. Quand Jean van den Wouwere fut appelé à Bruxelles comme conseiller des finances, Erycius Puteanus l'en félicita dans les termes suivants : « Aïnsi les trésors vont être associés aux belles-lettres, qui sont elles-mêmes des trésors ; de sorte que le très honorable conseil des finances ne tirera pas moins d'éclat de ses hommes que de ses trésors. » (Erye. PUTEANT Epistolæ, lib. IE, ep. XLVIII : VI kal. april, 1620.) — Les principaux traits de la vie de Jean van den Wouwere ont été indiqués par Gérard VAN Loow (Histoire mélal- hque des Pays-Bas, t. Il, pp. 209-211), par FoPpexs (Bibliotheca Bel- gica, pp. 759-760), et plus récemment par M. Alfred MicxieLs (Histoire de la peinture flamande, t. VIT, 1869, pp. 216-217, en note). alors universellement célèbre sous le sobriquet littéraire d'Ervcius Puteanus. Successeur de Juste Lipse dans la chaire de l’Université de Louvain, le docteur Puteanus datait du château de Louvain, que volontiers il appelait La citadelle de Pallas, des épitres écrites dans un latin maniéré et surchargé de raffinements d’élégance (1). Il avait pour correspondants intimes les deux frères Jean-Jacques et Philippe Chiflet, mais particulièrement ce dernier qui était l’intermédiaire de ses rapports avec Ferdinand d’Andelot, son tout dévoué protec- teur auprès de l’infante. Ce fut naturellement à Philippe Chi- flet qu'incomba le soin de consulter l’oracle de Louvain au sujet de l'inscription préparée par lPami de Rubens. Le docte professeur répondit qu’il était honoré du service que lui de- mandait un bienfaiteur auquel il ne pouvait rien refuser; mais il déclara non moins essentiellement tenir à ce que Pami de Rubens, qui était également le sien, ne füt pas déso- bligé par son intervention (2). Sous le bénéfice de cette ré- serve, il entreprit la révision du texte qu'avait fourni Jean van den Wouwere. Cet examen ne donna lieu qu’à une seule retouche essentielle : le rédacteur avait omis de dire que le (L) « Ainsi Puteanus alla se loger dans cette forteresse en 1619, et outre la leçon qu'il alloit faire chaque jour au Collége des Trois-Langues, il continua de tenir chez lui une Académie, qu'il avoit érigée en 1610 sous le nom de Palæstra bonæ mentis, et dans laquelle des jeunes gens choisis s’exerçoient sous ses yeux à la déclamation et lui rendoient compte de leurs progrès dans la littérature. C’est ce qui l’engagea à donner au chà- teau qu'il habitoit le nom d'Aræ Palladis. » (PAQUuOT, Histoire littéraire des Pays-Bas, t. IE, p. 90.) — Voir en outre : A. CASTAN, Les relations du peintre Théodore Van Loon avec la citadelle de Pallas à Louvain. dans les Bulletins de l’Académie royale de Belgique, ann. 1883. (2) Puteanus rendait d’ailleurs justice au talent qu'avait Jean van den Wouwere pour la rédaction des textes latins. « Vos petites inscriptions , lui écrivait-il en 1626, sont autant de pierres précieuses d’un brillant éclat : on ne saurait les louer davantage qu’en les disant émanées de vous. Que Woverius vive en compagnie de Tite-Live, de Sénèque, de Térence, de Virgile et de tant d’autres ! IL a préservé de la mort tant de monuments ! » (Eryc. PuTEANT Epistolæ, lib. TI, ep. 1v : non. febr, 1626.) retable était un cadeau de l’infante ; or, pour énoncer ce fait avec élégance, Puteanus imagina d’user d’un même adjectif pour qualifier l’autel jusque-là veuf d’ornements et la prin- cesse veuve qui allait le décorer d’une grande peinture. Le texte, ainsi amendé et fleuri, fut expédié à Philippe Chiflet, le 28 août 1630. Nous allons en donner une traduction fran- Gaise : « À Dieu très bon et très grand. Pour l’honneur et pour le culte de saint [ldefonse, évêque de Tolède, le.Chrysostôme des Espagnes, la confrérie des officiers du palais, instituée par la piété et animée par l’exemple d'Albert et d'Isabelle, archiducs d'Autriche, souverains de la Belgique, décora de marbre, et surtout d'affection envers son patron et ses prin- ces (1), cet autel qui était veuf d'ornement et ce retable donné par une princesse veuve : le chef de la corporation étant M. Ferdinand d’Andelot, frane-comtois, chevalier, premier maitre d'hôtel de la cour, l’an 1630. » La dernière partie de cette inscription put éveiller des susceptibilités et donner prise à la critique. En effet, Ferdi- nand d’'Andelot s’y trouve indiqué comme cheï de la confré- rie, et cette désignation est suivie de la date 1630. Or, comme 1! est probable que la confrérie renouvelait son bu- reau en même temps qu'elle fêtait son patron, Ferdinand d'Andelot, élu juge pour un an le 93 janvier 16929, n'aurait été honoré de cette charge que pendant les vingt-deux pre- miers jours de l’année 1630. Etait-il dès lors équitable de placer sous son patronage exclusif des travaux, 1l est vrai, conçus et commandés par lui, mais qui s’accomplissaient plus de six mois après son remplacement comme chef de la confrérie? Une difficulté s’éleva peut-être sur ce point délicat de la rédaction. Toutefois il est certain que l’inscription de- (1) « Ses princes » : c’est-à-dire le roi d'Espagne Philippe IV et l'in- fante Isabelle-Claire-Eugénie, gouvernante des Pays-Bas au nom de ce mo- narque. — 1 — meura sur le papier et que pas une lettre n’en fut gravée. La mésaventure qu'éprouva ce texte ne lui enlève actuelle- ment rien de sa valeur documentaire. Grâce à lui, c’est-à- dire grâce à l'amendement qu’Erycius Puteanus avait trouvé moyen d'y introduire, nous savons d’une façon certaine que le retable de l’autel en marbre dédié à saint Ildefonse, dans la chapelle de la confrérie des officiers du palais de Bruxelles, était un cadeau de l’infante Isabelle-Claire-Eugénie ; que ce cadeau avait été obtenu de la princesse veuve, par Ferdi- nand d’Andelot, chef de ladite confrérie pendant l'exercice annuel de 1629 ; que la peinture ainsi promise était en cours d'exécution au mois d'août 1630, puisque lon s’occupait alors d’une inscription qui devait en indiquer l’origine. Mais le nom de Rubens ne figurant pas dans ce texte, le mot tabula, qui s’y trouve, désigne-t-il bien une peinture du chef de l’école d'Anvers? S'il pouvait à cet égard exister un doute, nous en aurions aisément raison par la vertu d’un autre texte qui complète celui de linscription et a sur ce dernier l’avantage de pouvoir se passer d’une traduction française. Ce texte a de plus une autorité qui s'impose, car il émane de Philippe Chiflet, le chapelan de l’oratoire de Pinfante qui avait été l’inspirateur des retouches faites par Puteanus au projet d'inscription. On peut donc avoir toute confiance dans ce qu’expriment les lignes suivantes, écrites le 23 janvier 1636, par Philippe Chiflet (1): « Du vivant de l’archiduc Albert et par son ordonnance, dit ce témoin, avoit esté érigée une confrérie de domesti- ques de sa maison, en l’honneur et soub la protection de saint Ildefonse, en une chappelle de Nostre-Dame qui est à Cau- berghe, à flanc de l’évangile du grand autel, en une des ailes de ladite église : laquelle chappelle a esté ornée peu à peu, MAIS PRINCIPALEMENT SUR LES DERNIÈRES ANNÉES DE L’IN- FANTE ISABELLE, que les confrères y érigèrent un autel de (1) Notes et pièces justificatives n° IF, LE Le Joie marbre, EMBELLY D'UN TRÈS RICHE TABLEAU DE LA MAIN DE PIERRE-PAUL RUBENS. D Aïnsi, d'après le témoignage si autorisé de Philippe Chi- flet, c’est bien à un ouvrage de Pierre-Paul Rubens que se rapporte le mot tabula de l’inscription projetée pour l’autel neuf de l’unique chapelle que saint Tldefonse ait eue dans les Pays-Bas. Cette inscription donne l’année 1630 comme date du double embellissement ainsi réalisé dans le bras droit du transept de l’église de Caudenberg, par la munificence de l’infante et les largesses de la confrérie des officiers du palais de cette princesse. Philippe Chiflet affirme à son tour que le double embellissement fut fait pendant les dernières années du gouvernement de Pinfante. Or, Isabelle-Claire-Eugénie cessa de gouverner et de vivre dans la nuit du {er au 2 dé- cembre 1633. Donc l'inscription, qui place les travaux de l’autel et de son retable en 1630, et Philippe Chiflet, qui dit ces mêmes ouvrages accomplis durant les dernières années de l’infante, sont loin d’être en désaccord. Toutefois, entre la date précise qui termine l'inscription et l'indication par Philippe Chiflet d’une période à laquelle appartient cette date, il existe une nuance dont l’explication pourra ne pas être inutile. Les auteurs de l'inscription dési- raient avant tout que le nom de Ferdinand d’Andelot fût at- taché aux travaux d'art dont ce personnage avait eu linitia- tive. À cet effet, le texte qu'ils destinaient au publie, dut porter la date de 1630, car c'était au mois de janvier de cette année que le premier maitre d'hôtel de l’infante avait cessé d’être le chef de la confrérie. Au contraire, Philippe Chiflet, écrivant pour lui-même en 1636, ne put avoir aucun motif de dissimuler que ces travaux s'étaient prolongés sensi- blement au delà de l’expiration des pouvoirs de son puissant ami. Sur l’époque de l'achèvement des travaux, Philippe Chiflet va nous fournir encore une note qui se rapporte à l’année 1632, mais vraisemblablement au début de cette année, car l’auteur l’avait primitivement inscrite comme paragraphe final de ses indications relatives à l’année 163 La note dont il s’agit est ainsi concue (À): « Cette année (1632) fut achevé l’autel de marbre de Cau- berghe. Dès le commencement, Son Altesse y contribua lar- sement et fit présent au prévost d’une crosse et d’une mithre. » Donner l’époque de l’achèvement de Pautel, c’est indiquer également celle de l'inauguration du retable qui en était une partie intégrante. Nous avons donc la certitude que le Saint- Idefonse de Rubens, commencé vers le milieu de l’année 4630, fut offert à la piété et à l’admiration des fidèles au début de l’année 1632 (2). Serait-ce à dire que Rubens aurait employé dix-huit mois à la composition et à la peinture de ce chef-d'œuvre ? C'était exactement la mesure du temps qu’il réclamait, en 1637, pour exécuter « sans gêne ni in- commodité » son tableau du Crucifiement de Saint-Pierre, le dernier de ses grands ouvrages G). Pourtant ne s'agissait alors que d’une seule peinture à produire, et non de quatre sujets devant former l’équivalant de trois grands tableaux. TI y a lieu de considérer en outre que, durant les dix-huit mois qui s’écoulèrent entre le retour de Rubens à Anvers et le placement du triptyque de Saint-fldefonse, l'artiste eut à compter avec des préoccupations matrimoniales, suivies de installation d’un nouveau ménage ; il faut surtout ne pas oublier que, pendant l’automne de 1630, il commenca l’exé- cution d’une série de grandes toiles consacrées à l’histoire du roi de France Henri [IV (@), tableaux que Marie de Médicis (1) Journal historique des choses mémorables arrivées en la cour des Païs-Bas. (Bibliothèque de Besancon : collection Chiflet, n° 129 A.) (2) Le 29 avril 188%, M. Max Roosges, d'Anvers, voulait bien m'écrire : « J'ai trouvé mentionnée une estampe portant l'inscription : Ara in eccle- sia Caudenbergana D. Jacobi, à ministris Sereniss, Principum Alberti et Isabellæ, Bruxellis erecta, 1632, » (3) Lettre de Rubens à George Geldrop : Anvers, %5 juillet 1637, dans le recueil d'Emile GACHET, p. 277. (4) Paul Maxrz, Rubens. dixième article : Gazette des Beaux-Arts, 2° période, t, XXIX (mars 188%), p. 204, — 4h — avait commandés, pour équilibrer, au palais du Luxem- bourg, sa propre histoire antérieurement sortie du même pinceau. Cette entreprise complémentaire fut brusquement interrompue par l’exil que s’imposa la reine mère de France et par le refuge qu’elle vint chercher dans les Pays-Bas, au mois de juillet 1631. Il en résulta pour Rubens l’obliga- tion de déposer le pinceau de lPartiste et de faire servir sa fine plume de diplomate aux négociations qui s’engagèrent entre Marie de Médicis et le comte-duc d’Olivarès, principal ministre d’Espagne. Cette commission n'ayant pris fin qu’au mois d'avril 1632 (), c’est-à-dire environ trois mois après l'installation de Saint-[ldefonse , il est à croire que l’achè- vement de cette œuvre d'art avait précédé lincident qui tnt, pendant près d’une année, Rubens éloigné de son ate- lier. Le Saint-Ildefonse aurait donc été créé entre le milieu de l’année 1630 et le milieu de l’année 1631. Ainsi l’achève- ment de ce triptyque aurait précisément concordé avec le succès des démarches faites par Rubens, sous le patronage de linfante Isabelle, pour obtenir de la cour d’Espagne le titre de chevalier. Un rapport favorable à son désir fut, en effet, adopté par le conseil suprême de Flandre à Madrid, le 16 juillet 1631 @). III En retrouvant la véritable date du Saint-Ildefonse de Rubens, nous diminuons de vingt-un ans l'ancienneté pré- ; S P sumée de cet ouvrage. Cette modification chronologique est-elle contredite par le caractère de la peinture ? Nous ne le pensons pas. En effet, d’après l'opinion généralement admise, le Saint- (1) GACHARD, Histoire politique et dinlomatique de Pierre-Paul Ru- bens, pp. 206-233 ; Paul HENRARD, Marie de Médicis dans les Pays-Bas, pp. 78-79. (2) GACHARD, Jbid.. pp. 200-201. ir ini frihines es 22, RE de Lcd Lu né à ton eo Ildefonse, présumé de 1610, serait contemporain du double portrait représentant Rubens et sa première femme, tableau qui appartient à la Pinacothèque de Munich. Or, dit M. Paul Mantz (1), « Reynolds, qui a vu le tableau en 1781, lorsqu'il était à Dusseldorff, prétend qu’il est conçu dans une gamme triste et peu lumineuse, et il ajoute que Rubens, à cette époque, avait peur du blanc... C’est là l'expression exagérée d’une observation qui n’est pas tout à fait inexacte. Au milieu des autres Rubens qui lavoisinent à la Pinacothèque, ce tableau, encore primitif dans ses colorations sourdement romaines, semble presque noir. » Au contraire, dans le Saint-Idefonse, « les chairs, a pu dire Descamps @), égalent la fraicheur de la plus belle nature...….; la légèreté de la touche, la transparence de la couleur est 1ci aperçue au plus haut point de perfection. Le trône en architecture, derrière la Vierge, et tout le fond n’est qu’un lavis léger qui laisse apercevoir l'impression en blanc qui couvre le panneau. » Comment imaginer qu’un tableau aux colorations sourdes ait pu servir de préface ou de corollaire à une peinture lègère de touche et transparente de couleur ? Cette évolu- lution du noir au blanc, subitement opérée par l'artiste @), n'aurait pas été Imaperçue des contemporains, et, à ce titre, la production du Saint-Ildefonse serait inscrite comme évé- nement capital dans les plus anciennes biographies de (1) Rubens, sixième article : Gazette des Beaux-Arts, 2% période, t. XXVII (mars 1883), p. 208. (2) Voyage pittoresque de la Flandre, p. 44. (3) Rubens s'était engoué en Italie de la coloration vigoureusement sombre du Caravage, et il l’imita dans les premiers ouvrages produits après son retour, Le plus autorisé de ses biographes en témoigne dans les termes Suivants : Ç Juxta primam suam ex Italia assumtam methodum, robur .illud colorum Caravagii, quem præ cæteris observabat, imitari sedulo co- nabatur : cum autem hic modus diffcilis nimis atque tardus esset, faci- liore deinceps et velociore usus est. » (Joachim DE SANDRART, Academia nobilissimæ artis pictoriæ : pars IT, lib. 111, cap. 16, n° cxxvr.) — A6 —. Rubens. Or, nous l’avons fait remarquer, aucune de ces notices ne dit mot du triptyque qui nous occupe, D'un tel silence, 1l y aurait eu lieu de conclure que le Saint-Ildefonse se rattachait à une période dans laquelle Partiste avait pro- duit trop de morceaux importants pour qu'il fût possible aux biographes de faire un choix entre tant de chefs-d’œuvre. Ces vraisemblances, éclipsées pendant plus d’un siècle par le malencontreux roman du licencié Michel, retrouve- ront, grâce à nos documents, leur signification précise. Onne pourra plus, il est vrai, appeler le Saint-[defonse « œuvre célèbre où l'italien Rubens annonce qu'il va redevenir fla- mand. » Mais, en revanche, ce morceau d’art, considéré désormais comme l’un des meilleurs fruits de Pautomne de Rubens, témoignera de l’inaltérable jeunesse du plus prodi- gieux talent de peintre qui ait réjoui l'humanité. a rs NOTES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES RÉPLIQUE AUX OBJECTIONS FAITES CONTRE LA RESTITUTION A RUBENS DU PORTRAIT QUI REPRÉSENTE LE PRÉSIDENT RICHAR- DOT ET SON JEUNE FILS. MM. Max Rooses et Ch. Ruelens ont publié, dans le Bulletin- Rubens, d'Anvers, un examen critique de mon travail sur le Portrait du président Richardot. Suivant ces érudits, l'enfant représenté dans le DOrt ait pa- raîtrait avoir non pas 1. ou onze ans, comme je l'avais sup- puté, mais seulement sept ou huit. Et pourtant ce jeune garçon, déjà vêtu comme un petit homme, arrive à la hauteur des pec- toraux de son père, qui semble d’une taille assez élevée. On va voir toutefois que cette objection n’a pas l’importance que lui ont attribuée ses savants auteurs. Lorsque j’essayai de restituer à Rubens le double portrait du président Richardot et de l’un de ses fils, j'avais naturellement considéré cette seconde figure comme étant celle du jeune Guil- laume Richardot, celui des fils du président dont le frère de Rubens soigna plus spécialement l'éducation. On invoque des probabilités chronologiques pour affirmer que cet élève de Phi- lippe Rubens avait, au moment où je place la confection du portrait, plus d'âge que n’en montre l’enfant représenté. Mais possédons-nous des données bien certaines sur l’ordre et sur les dates de naissance des dix enfants qu’eut le président Ri- Chardot? « Malheureusement, répond M. Ruelens, pour leur ordre de naissance, je me trouve devant deux listes très diffé- rentes. Aucun des deux généalogistes, ajoute-t-il, ne donne la date de naissance des enfants; c’est par induction que nous parvenons à déterminer deux ou trois de ces dates. » C'était aussi par induction que je regardais Guillaume Richardot comme l'enfant représenté dans le portrait; mais ma thèse n’est nulle- ment tributaire de cette induction. La présence d’un enfant en bas âge dans le portrait de Richardot signifie, selon moi, que ce portrait fut peint au moment où un genre particulier de de- voirs venait d’incomber à cet homme d'Etat. Ce moment fut celui où le protecteur du frère de Rubens eut la douleur de perdre sa femme, c’est-à-dire le mois de novembre 1595. Vou- lant caractériser cette situation, l'artiste dut choisir celui des enfants de Richardot à qui faisaient surtout défaut les soins de la mère défunte. Que cet enfant, évidemment le dernier né de la famille, soit ou ne soit pas celui que Philippe Rubens accom- pagna plus tard en Italie, peu importe : l'essentiel est que Ri- | chardot ait eu, au moment de la mort de sa femme, des enfants encore très jeunes, et c’est ce que dit formellement Juste Lipse dans sa lettre de condoléance du 20 novembre 1595. J'aurais aussi, d’après mes honorables contradicteurs, avancé quelque peu la date de l’entrée de Rubens dans l’atelier d’Otho Vænius. Cette date est sans importance dans mon argumenta- tion. Ce qui importe à ma thèse, c’est que le frère de Rubens ait été le commensal de la famille Richardot avant la date assi- gnée par moi à la confection du double portrait. Si à cette époque Rubens n’avait pas encore quitté l’atelier d'Adam van Noort, une vraisemblance de plus renforcerait mon système, ear il est admis que ce fut chez cet artiste, et non chez Otho Vænius, son dernier maître, que le futur chef de l’école d'Anvers s’éprit de la coloration (1) : or le portrait de Richardot est essentiellement une œuvre de coloriste. : Si l'inscription du haut de cette peinture donne à Richardot une qualité dont il ne fit précéder son nom qu’à partir de 1597, c'est encore une circonstance insignifiante quant à la date à assigner au portrait. Il n’était pas dans les habitudes de Rubens, non plus que dans celles de Van Dyck, d’étiqueter ainsi les por- traits des personnages qu'ils représentaient. Dès que l’inserip- tion procède de la famille du personnage représenté, elle peut (1) Catalogue-du Musée d'Anvers, 3e édit., 1874, p. 292. : 2 0 avoir été peinte un quart de siècle après le portrait. L'essentiel est qu’elle soit assez ancienne pour qu’il n’y ait pas de doute à avoir sur le renseignement qu’elle nous donne, et c’est le cas de celle qui dénomme le portrait de Richardot. « Nous ne prétendons point trancher la question, conclut M. Rooses; mais, jusqu’à preuve du contraire, nous continue- rons à regarder le portrait du Louvre comme une œuvre de Van Dyck, exécutée après son retour d'Italie. » M. Ruelens accepterait la restitution de l’œuvre à Rubens, mais à la condition que les personnages ne seraient plus ceux qu'indique l'inscription. « Je consentirais assez, dit-il, à voir dans les portraits, non Jean Richardot et son fils Guillaume, mais bien celui-ci et son fils Claude... Si l'inscription a été mise après coup, comme c’est probable, on peut très bien avoir confondu le fils avec le père. Ou peut-être les repeints qui la couvrent cachent-ils une ou deux lignes où l’on lisait : Guil- lune fils de M. le président Richardot. » Ainsi, d'après M. Rooses, le double portrait qui nous occupe aurait été exécuté par Van Dyck, vers 1628, alors que le prési- dent Richardot était mort depuis une vingtaine d'années et que son plus jeune fils avait pour le moins quarante ans. Or, je l’ai dit et je le répète, la peinture dont il s’agit a un caractère primesautier , et l'enfant qui y figure paraît avoir été saisi sur lei Selon M. Ruelens, l'inscription qui caractérise le tableau se- rait erronée ou incomplète. Elle est assurément ancienne, puis- qu'elle n'apparaît plus que sous un repeint et que les caractères dont elle se compose accusent nettement la première moitié du dix-septième siècle. La façon dont elle est disposée ne permet pas de supposer un instant qu’elle soit incomplète. Il est facile d'ailleurs de contrôler l'indication qu’elle fournit. En effet, une médaille fut frappée, en 1608, à l'effigie du président Richardot, àgé de soixante-huit ans, mais à qui le graveur, en galant por- traitiste, ne donna guère que l’apparence de la soixantaine (1). Que lon rapproche la médaille du portrait, et on sera convaincu qu'il s’agit d’une même figure, là burinée de profil, ici peinte (1) G. Vax Loow, Histoire métallique des Pays-Bas, t. IL, p. 33. / (l ET) ue de trois quarts, une quinzaine d'années auparavant. Une autre médaille, gravée par Jean de Montfort (1), témoignerait dans le même sens (2). L'inscription est donc authentique, complète et parfaitement sincère dans ce qu’elle exprime. En somme, les objections de mes honorables contradicteurs laissent toute sa valeur au dilemme derrière lequel s’abrite ma solution. Je suis conséquemment autorisé à redire : ou le portrait du président Richardot a été fait d’après nature, et alors il ne peut procéder que de la première jeunesse de Rubens ; ou bien c’est une image reconstituée au moyen de documents, et alors on ne s’explique pas l'introduction d'une figure d'enfant dans un por- trait qui serait posthume. | Je crois être non moins autorisé à conclure en ces termes : Le portrait qui nous occupe est incontestablement celui du président Richardot, ainsi qu’en témoigne l'identité de la figure principale de ce tableau avec le profil gravé sur la médaille de 1608. À côté de l’image principale est celle d’un jéune enfant, qui semble dire qu’on l’a copié d’après nature : ce qui exclut l’idée d’un portrait fait au moyen de documents et de souvenirs. Quand le président Richardot avait l’âge qu’accuse ce por- trait, le frère de Rubens était son secrétaire et le précepteur de ses plus jeunes fils. : Au dire des spécialistes, la manière du peintre Rubens est évidente dans ce portrait. Et il serait, en effet, surprenant que Pierre-Paul Rubens, de- venu peintre, ne se fût pas empressé de reproduire les traits du généreux patron qu'avait rencontré son frère bien-aimé. On objecte que ce double portrait révèle chez son auteur une habileté de touche et une puissance de coloration qui écarterait (1) DEscHAMPs DE Pas, Quelques médailles relatives à l’histoire des Pays-Bas, dans la Revue de la numismatique belge, 3° série, t. L pl. XVI, n° 4 — À. PIxcHART, Gravure des médailles en Bel ne dans les Mém. de l’Acud. roy., Sav. étrang., t. XXXV, p. 40. (2) J'ai pu voir au Cabinet de France (Bibliothèque nationale) les deux médailles frappées à l'effigie de Richardot : celle de 1608 y est représentée par un magnifique exemplaire en argent, très finement retouché au burin ; l'identité des traits avec la peinture du Louvre m'a semblé absolue. l’idée d’une œuvre de début. Mais devrait-on s’étonner que Ru- bens, le plus merveilleusement doué des peintres, eût débuté par des œuvres magistrales ? La coloration du portrait est vigoureuse ; mais la tonalité en est plutôt hollandaise que vénitienne : de sorte qu'il ne serait pas invraisemblable que Rubens eût peint ainsi avant de con- naître l'Italie. IT ORIGINE ET FONCTIONNEMENT DE LA CONFRÉRIE DE SAINT- ILDEFONSE, A BRUXELLES, D'APRÈS PHILIPPE CHIFLET. Extraits du Diaire des choses arrivées à la cour de Bruxelles, de 1633 à 1636 : manuscrit de la Bibliothèque de Besancon. « Le jeudy 2 mars (1634), lendemain du jour des Cendres, la confrérie de Saint-Ildephonse, qui est toute des domestiques des Sérénissimes Archiducs Albert et Isabelle, célébrèrent les funé- railles de la Sérénissime Infante, leur bonne maictre. Le jour, on chanta fort solennellement, avec la musique de la cour, les vigiles avec nœuf leçons : l'Archevesque de Césarée (1) officia en pontifical. Et le vendredy, on chanta de mesme la grand’ messe, en laquelle le Prieur des Carmes deschaussez, autrefois aide de la garderobbe de l’Infante, fit l’oraison funèbre en Espa- gnol (2). Toute la chappelle, que contient une des ailes de l’é- (1) François de Rye, auquel nous consacrons plus loin quelques lignes, à propos de sa présence dans le cortège funèbre de l’archiduc Albert, (2) Voici, d’après Paquor (Hist. littér. des Pays-Bas, t. IX, p. 47), la noiice bibliographique de l’imprimé de cette oraison funèbre : Ç« Sermon en las honras de la Serenissima Senora, D. Isabel Clara Eugenia, Infanta de Espana, que celebraron todos sus Criados en su Cofradia y Hermandad de el glorioso S. Ildefonso, que la tienen en la Iglesia de Santjago, por otro nombre Cobergas, junto à Palacio; predicado por el Padre Fray JUAN DE LA MADRE DE Dios, Prior de los Carme- hitas Descalços de esta villa de Brusselas, en presencia de todos los Senores, Grandes y Damas de la Corte, a los 3 de março 1684 : y de- dicado al Serenissimo Senor Infante D. Fernando, CGardenal y Arço- bispo de Toledo, etc. En Brusselas, viuda de Huberto Antonio Velpio. 165%, 40, gros caract. pp. 69, avec une estampe qui représente la décora- He ou olise, estoit tandue de baye à la façon de celle de la cour, avec force cierges jaunes. Au milieu estoit une chappelle ardante de belle structure, et au plus bas estage d’icelle une représenta- tion de l’Infante, avec un visage de cire blanche, dans un lict de parade tandu de drap d’or, avec les colonnes dorées. Cestoit une chose belle à voir (1) : tous les cavaliers et dames de la cour y assistèrent. « Le lundy 10 (avril 1634), dès les six heures du soir à sept heures demye, la confrérie de Saint Ildefonce, composée des domestiques de fut S. À., fut à l’accoustumée en procession à l’église de la chappelle, les Pœnitens revestus de sacs mar- chants devant, puis les Capucins, puis le crucifix de carton, orand au naturel et très parfaitement bien faict : lequel estoit suivi par les confrères, chascun tenant un cierge blanc de la confrérie à la main. Cestoit une merveille de voir en estat ceste confrérie qui, néanmoins ne subsiste qu'autant qu'il y ayt une maison de Prince. Mais c’estoit à cause que les domestiques estoient tousjours unis et qu’on ne les avoit pas congédiez, parce que on assuroit que l’Infant-Cardinal en formeroit sa maison. » 23 janvier 1636. — S. À. assiste à Gauberg à la messe des confrères de sa maison. » Du vivant de l’Archidue Albert et par son ordonnance, avoit esté érigée une confrérie des domestiques de sa maison, en l’honneur et soub la protection de saint Ildefonse, en une chap- pelle de Nostre-Dame qui est à Cauberghe, à flanc de l'Evangile du grand autel, en une des ailes de ladite église : laquelle chappelle a esté ornée peu à peu, mais principalement sur les Gernières années de l’Infante Isabelle, que les confrères y éri- gèrent un autel de marbre, embelly d’un très riche tableau de la main de Pierre-Paul Rubens. Depuis la mort de l’Infante, la- dite confrérie a subsisté encore une année, jusqu’à la venue de tion funèbre faite pour l’Infante Isabelle, dans l’église de S. Jacques de Coudenberg, qui est la paroisse de la cour. » (1) Cette décoration, qui était l’œuvre de l’architecte Jacques Franc- quart, fut gravée par C. Galle. (A. ScHoy, Histoire de l'architecture dans les Pays-Bas, couronnée par l’Académie royale de Belgique : sav. étrang., in-4, t. XXXIX, 2 part., p. 256.) He EE l’Infant-Cardinal, qu’une partie des confrères n’ayans pas esté admise au service, les moyens de contribuer leur manquèrent. Enfin, avec l’arrivée du Duc de Lorraine du Comté de Bourgon- one (1), le Père Jean de la Mère de Dieu, provincial des Carmes deschaussés (2) qui, retournant de Rome, avoit pris l’occasion de passer avec luy depuis Besançon, apporta des indulgences plénières du Pape en faveur de ladite confrérie. À l’occasion desquelles les ancyens confrères et aucuns des domestiques de l’Infant-Cardinal, qui s’estoient enroolez nouvellement, prirent courage de rémettre en pié cette belle dévotion, et, à l’occasion du pardon, invitèrent S. À. d'assister à la messe qui se chante- roit en la chappelle de ladite confrérie le %3 janvier, jour de feste saint Tdefonse (3) : ce que S. À. loua fort, et volontier y assista. [l y eut sermon après l'Evangile, et force trompettes et tambours dans Péglise ; mesme qu'ils jouèrent à l’entrée et à la sortie de S. A. A l’entrée, on chanta de surplus Te Deum lau- (1) Charles IV, duc de Lorraine, se rendit de Besançon à Bruxelles au mois de décembre 1635 : il fut splendidement festoyé par le cardinal-gou- verneur Ferdinand d'Autriche, qu’il avait eu, l’année précédente, pour associé dans sa victoire de Nordlingen. à (2) Jean de la Mère de Dieu, carme déchaussé d'Espagne, s'était gran- dement employé à l’organisation d’une province de son ordre dans les Pays-Bas. On vient de voir qu’il avait prononcé, en langue espagnole, une oraison funèbre de l’infante Isabelle. Le cardinal Ferdinand d'Autriche, devenu gouverneur des Pays-Bas, le choisit pour son confesseur. En 1656, il accompagna la reine Christine de Suède à Rome et prêcha dans la cé- rémonie de réconciliation de cette princesse avec l'Eglise catholique. Il mourut à Bruxelles, le 3 juillet 1673, âgé d’environ 95 ans. (Cosmas DE VILLIERS, Bibliotheca Carmelitana. t. IT, col. 55; PAQUOT, Histoire lit- téraire des Pays-Bas, t. IX, p. #7.) (3) € Festum S. Ildefonsi, episcopi Toletani et confessoris, incidit in diem vicesimam tertiam mensis januarii. Qui cum sit patronus confra- ternitatis domesticorum suarum Celsitudinum, celebratur ipsius officium in ecclesia Frigidi Montis (vulgo Caudenberg) cum toto sacello, præsen- tibus omnibus confratribus : pridie nempe vesperæ, ipso die missa so- lennis per sacellanum altaris et sub ea concio, et ante missam processio per ecclesiam ; et solent subinde Principes interesse processioni, missæ et concioni, et exponuntur ornamenta communia alba. » (Sacræ constilu- tiones pro Capella regia Bruæellensi : Jul. CatrLern Aula sacra, p. 147.) É damus, à cause que c’estoit la première fois que $. A. avoit esté à Cauberghe (ce qui s’observe par toutes les églises). L’aile droite de l’église estoit tapissée tout de son long deça et delà, et $. À. demeura fort satisfait et édifié de cette belle dévotion. » TIT CORRESPONDANCE D'ERYCIUS PUTEANUS AVEC PHILIPPE CHIFLET, AU SUJET D’UNE INSCRIPTION COMMÉMORATIVE DE L'AUTEL NEUF ET DU RETABLE DE SAINT-ILDEFONSE, À BRUXELLES. Bibliothèque de Besancon : collection Chifiet, n° 150. « Nobili, amplissimo et adm. R. D. Domino Philippo CHIFFLETI0, domino Bellifontis, etc., Bruxellam. A. — Louvain, 14 août 1630. » Amicorum intime, à PUTEANO tuo Salve. » Eodem videmur fato agi. Nam et tuas ultimas, quæ inscrip- tionem habebant, nonnisi post meridiem heri accepi. Agnovi statim amplissimi WOVERIH manum : illius, inquam, viri cui ego omnia deferre velim. Rursus illustrissimo D. D’ANDELOT, quo- modo non debeam, qui hune mihi honorem habet? Non igitur ut emendare aut mutare velim quæ scripta sunt, sed ut sim- pliciter proferam quæ scribenda mihi videntur, calamum occu- pabo. [taque die veneris desiderio tuo satisfaciam ; sed hac ta- men conditione, ut integram mihi amplissimi D. VOvERI gra- tlam conserves... Lovani, in Arce, xiX kal. septembris M. DC. XXX. B. — Louvain, 16 août 1630. » Virorum optime, a PUTEANO tuo Salve. » Inscriptionem vide. Brevem dices : an bonam nescio. Si ta- ren et aliam velis, experiar quid possim. Sed S. Ildefonsus, ob doctrinam et eloquentiam, Fidei anchora et Chrysostomus, no- tante Baronio, appellatus est. PRIMICERIT nomen servavi : quia primus is in ordine quocumque dicitur. Si et Rectores expri- D mendi, addi poterunt. Decore autem et pie pauca illa e Marty- rologio verba adscribi posse existimo. Sane legentem adficient. Quid præterea dicam ? Amplissimi Woverit calamus laude di- gnus est : quod penetranti et expendenti magis apparebit. Sed video affectum tuum : meo potissimum ingenio oblectaris..….. Lovanii, in Arce, xvIt kal. septembris M. DC. XXX. CG. — Louvain, 22 août 1630. » Amicorum meorum Alpha, a PUTEANO tuo Salve. » Hic nunce epistolam Julii et Joannis (1) habes, cui manum (amicam dicam an censoriam?) admovi : cras inscriptionem quoque habiturus. Cur non simul? Perpendo mecum, diligentia nova, quomodo liberalitas simul SERENISSIMÆ PRINCIPIS ad ta- bulam extendatur. Videbo quid possim..…… Lovanii, in Arce, XI kal, septembris M. DC, XXX. D. — Louvain, 93 août 1630. » Virorum optime et amicisse, à PUTEANO tuo Salve. » Et meam et Woverianam inscriptionem serio expendi. Hane præfero, paucis tamen a me verbis auctam, quæ donationem tabulæ, à SERENISSIMA PRINCIPE factam, comprehendunt. So- DALITAS PALATINORVM MINISTRORVM recte dicitur : recte PA- TRONO DICATA, qui ipse S. IDELFONSVS est; recte PRINCIPIBVS OBSEQVIOSA, quorum auctoritate et pietate instituta est. ARAM VIDVAM non invenuste videor appellasse, quæ cultu et ornatu destituta erat; sed à PRINCIPE VIDVA donari tabulam venus- tius est, quam aliam verborum pompam adhibere. Nunce vale, et me amare perge. Lovanii, in Arce, x kal. septembris M. DC. XXX. E. — Louvain, 27 août 1639. » Virorum optime et amicissime, à PUTEANO tuo Salve. » Formawvi igitur inscriptionem in hanc, quem vides, modum. (1) Jules et Jean Chiflet, fils du médecin Jean-Jacques et neveux de Phi- lippe. Hope Nunc mea est, et audebit illustrissimi D. D'ANDELOT oculos su- bire, ut in marmore ille cernatur ab omnibus. Linea septimo ET ANIMATA abesse potest, nisi malis EXEMPLO ANIMATA ; sed tune VOX PIETATE ad sequentem lineam movenda erit (imo mota est, ut frustra hæc videar monere), quemadmodum subtus notavi. Imo vero ad secundam, et longe melius ac venustius. Lituram feci, et reliqui, ut videres quid correctum sit. Si ita judicas, sine litura exemplar faciam, ac submittam. Vale, et nunc magis me obligatum illustrissimo D. D’ANDELOT indica, majori opere gratiam habiturum. In hoc viro ac heroe ornando, quæso, cons- piremus.... Lovanii, in Arce, vi kal. septembris M. DC. XXX. D. O. M. HONORI ET CVLTVI S. IDELFONSI EPISCOPI TOLETANI, HISP. CHRYSOSTOMI SODALITAS PALATINORVM MINISTRORVM, [PIETATE mot biffé] ALBERTI ET ISABELLAE ARCHIDVCVM AVST. BELG. PRINCIPVM PIETATE INSTITVTA, EXEMPLO ANIMATA, HANC ARAM VIDVAM, ET HANC TABVLAM A PRINCIPE VIDVA DONATAM, MARMORE, ET MAGIS AFFECTV IN PATRONVM ET PRINCIPES, ORNAVIT : PRIMICERIO D. FERDINANDO D’ANDELOT, SEQVANO, EQ. PRIMAR. AVLAE PRAEF, ANNO CHRISTIANO M. DC. XXX. S. IDELFONSYS EPISCOPVS, OB SINGVLAREM VITAE INTEGRITATEM , SVSCEPTAMQ. DEFENSIONEM ADVERSVS HAERETICOS, DEI GENITRICIS VIRGINITATEM IMPVGNANTES, AB EADEM CANUIDISSIMA VESTÉ DONATVYS EST. MARTYROL. ROM. X. KAL. FEBR, F. — Louvain, 28 août 1630. » Optime et amicissime vir, à PUTEANO tuo Salve. » Inseriptionem nitidiorem et a mea manu hic habes..…. Lo- vanii, in Arce, v kal. septembris M. DC. XXX. DAC AMNR HONORI ET CVLTVI S. IDELFONSI, EPISCOPI TOLET. HISP. CHRYSOSTOMI, SODALITAS PALATINORVM MINISTRORVM, bai ALBERTI ET ISABELLAE ARCHIDVCVM AVST, BELG. PRINCIPVM PIETATE INSTITVTA, EXEMPLO ANIMATA, HANC ARAM VIDVAM, ET HANC TABVLAM A PRINCIPE VIDVA DONATAM, MARMORE, ET MAGIS AFFECTV IN PATRONVM ET PRINCIPES, ORNAVIT : PRIMICERIO D. FERDINANDO D'ANDELOT, SEQVANO, EQ. PRIMAR. AVLAE PRAEF, ANNO M. DC. XXX. G, — Minute d’une rédaction abandonnée, “ D. O. M. CVLTVI ET HONORI SANCTI HILDEFONSI EPISCOP. TOLET. AETERNITATI D. ALBERTI ET ISABELLAE ARCHID. AVSTR. BELG. PRINCIP. (*) CONFRATERNITAS PALATINORVM MINISTRORVM PATRONO DICATA, PRINCIP. SVIS OBSEQVIOSA, HANC ARAM MARMORE ET AVRO STRVXIT INSTRVXIT : PRIMICERIO D, FERDINANDO D’ANDELOT BVRGVNDO AVLAE PRIMARIO OECONOMO THESAVRARIO IOANNE DE MONTFORT MONET. REG. CONSILIARIO ETC. RECTORIBUS VIGNOLA 1,2. 04 ° 0 e 0 ° 0 e ° ° Q 0 ANNO CHRISTI M. DC. XXX. (*) ALBERTI ARCH. AVST. ET ISABELLÆ INF. HISP. BELG. PRINCSP. IV FERDINAND D'ANDELOT, SES ALLIANCES ET SES DESCENDANTS. À. — Extrait de la Généalogie des d’Andelot, par Jules CHIFLET : nobiliaire manuscrit à la Bibliothèque de Besançon. « Ferdinand d’Andelot, chevalier, capitaine et gouverneur de Gray, colonel du régiment d'Amont, premier maistre d’hostel — 58 — de la Sérénissime Infante, espousa en premières nopces Anne de Grandmont (1), qui fut mère de : » Nicolas d’Andelot, capitaine d'infanterie, mourut au premier siège de Verselle (2) en Piedmont, dans les tranchées : auparavant il avoit esté chapellain de l’Oratoire des Ar- chiducs et destiné à l'Eglise. » Ferdinand d’Andelot, chevalier de Malthe, capitaine de cui- races en l’armée de Bohême, après la bataille de Prague, où il mourut. » Anne-Nicole, dame religieuse de Baume : depuis abbesse du même monastère. » Adrienne, femme de Nicolas-Louys de Guierche, sieur de Chevigney, Andelot, Chenèvre, etc., capitaine de Sainte- Anne (3), morte sans enfans. » Depuis ledit messire Ferdinand d’Andelot, premier maistre d’hostel des Archidues, espousa Anne-Françoise de Laubespin, veufve de Claude-Gabriel de Grandmont, sieur de Vezet. Elle mourut à Bruxelles, le 17 de décembre l’an 1622, et son mary messire Ferdinand, le onziesme de janvier de l’an 1638. Elle fut enterrée au chœur de l’église des Pauvres Clarisses, et luy dans le charnier des confrères de Saint-[ldefonse en l’église de Cau- bergh, où il avoit, par ses soins, travaillé à dresser un bel autel à l'honneur dudit saint. Il me donna le crucifix qu'il avoit en mourant ; et fut au surplus gentilhomme très ponctuel au ser- vice des Archiducs, dévot à la Vierge et ennemi juré du vin, dont jamais il n’essaya goute. Il avoit esté député en Flandres par l’Estat de la noblesse de Bourgongne, en la première assem- blée générale qui s’en fit dèz la venue des Archidues ; et pour ce il y fut retenu maistre d’hostel. Les enfants qu’il eut de celle- ci furent : (1) Anne, fille de Gaspard de Grammont-Châtillon et de Adrienne de Joux. (Dunop, Histoire du Comté de Bourgogne, t. II, p. 486.) (2) Verceil. (3) Sainte-Agne, forteresse qui défendait les abords de Salins : Van der Meulen l'avait peinte sous deux aspects, et Bauduins a gravé l’un et l’autre de ces tableaux. Lg » Dorothée, destiné aux armes, mourut en adolescence à Be- sançon. » Louys, capitaine de deux cens chevaux-légers, auparavant prieur de Champlite et coadjuteur de Theuley, mourut enfin dans l’armée de Veluve (1), l’an 1629. » Antoine, capitaine d'infanterie, mourut l’an 1695, après la prise de Bréda, le premier may, estant retourné à Bru- xelles, où il fut enterré auprès de son oncle Jean-Bap- tiste (2). » Barbe d’Andelot, seconde femme d'Alexandre baron de (1) La Veluwe est un pays de landes et de bruyères qui appartient à la province de Gueldres. L’armée des Pays-Bas catholiques, commandée par le comte Henri de Berg, y opérait pour tenter de secourir Bois-le-Duc que les Hollandais avaient assiégée. La place n’en capitula pas moins le 25 sep- tembre 1629, et alors la misère fut à son comble dans l’armée du comte de Berg. Le contingent franc-comtois faisait partie de cette armée : il avait parmi ses chefs Claude-François de Cusance, baron de Belvoir ; Jean-Bap- tiste de la Baume-Montrevel, baron de Montmartin ; Gaspard de Blitterswik, baron de Moncley. Tous furent atteints de maladies. Jean-Jacques Chiflet se rendit à Anvers pour assister de sa science médicale le baron de Mon- cley. Ferdinand d’Andelot, dont le seul fils survivant était compris dans cette déroute, donnait en ces termes à Philippe Chiflet les affligeantes nou- velles qui lui faisaient prévoir un nouveau deuil : « L'armée de M. le comte Henry de Berghe a souffert tant de nécessitez, et particulièrement pour le pain qu'il ne s’en trouvoit pour de l'argent, quoy que le monitionaire nouveau, nommé Gentili, estoit obligé à cela, et le peu qu'il a donné estoit si mousy que tous les soldatz tombent malades : l’on estime le compte en estre de plus de six mille. Des chefz, MM. les barons de Beauvois et de la Baume sont à l’extrême : aux premières nou- velles, l’on sçaurat ce que sera d’eux. Mon filz aussy les vat suyvant d’une lièvre, avec M. d’Annoire son camarade. En Anvers, le baron de Moncley est aussy fort malade des fièvres double tierce. Son enseigne-colonel, filz de M. de Goux : le médecin qui l’a traité dit qu’il a la peste. Le maistre d’hostel dudit sieur baron de Moncley est aussy mort. Et ainsi toute la ville plaine de capitaines, officiers et soldatz. M. Chifflet est allé par charité assister ledit sieur baron, qu'il treuve le temps bien long parmy un tel air infecté et son patient qu'il treuve si débile, qu'il ne l’ose amener jus- ques icy, quoy que ce soit dans un batteau..……. » (Bruxelles, 21 septembre 1629 : bibliothèque de Besançon, collect. Chiflet, 195 2.) (2) Dans la chapelle du Saint-Sacrement de Miracle, à Sainte-Gudulé de Bruxelles, 60 Wiltz, lequel, en premières noces, avoit espousé Louyse d'Andelot, baronne de Chemilly. » Les fils de Ferdinand d'Andelot avaient donc justifié cette devise de leur famille : LES COMBATS SONT MES ESBATS. B. — Epitaphe des enfants de Ferdinand D'ANDELOT et celle de Anne-Françoise DE LAUBESPIN, sa seconde femme, composées par Erycius PUTEANUS, avec la collaboration de Philippe CHIFLET. (Bibliothèque de Besancon : collection Chiflet, nes 146, 147, 148 et 149.) Admodum Reverendo Domino D. Philippo CHIFFLETIO, protono- tario apostolico, Serenissimæ Principi in Oratorio Regio a sa- cris, Bruxellam. a. — Louvain, 5 décembre 1626. « Admodum Reverende Domine et Amice, » Epitaphium utrumque adjungo : tuo judicio limam accipiet… Lovanii, in Arce, nonis decemb., die Saturni M. DC. XX VI. D. O. M. PIAE HIC ETIAM LACRYMAE SYNT A PATRE FILIIS FVSAE A PATRE FERDINANDO D’ANDELOT EQVITE . TRIBVNO MILITARI IVRIDICATVS AMONTANI . GVBERNATORE VRBIS GRAYACENSIS IN COM. BVRG. OECONOMO NVPER ARCHIDVCIS ALBERTI NVNC SERENISSIMAE INFANTIS ISABELLAE CLARAE EVGENIAE. FILIIS NICOLAO ET FERDINANDO E PRIMA VXORE ANNA DE GRAMMONT EXIMIAE ET FORMAE ET CASTITATIS : QVORVM ILLE DVCENTORVM PEDITVM DVX IN OBSIDIONE VERCEL. ETIAM POST VVLNVS FORTIS OCCVBVIT HIC EQVES MELITENSIS DVCENTORVM EQVIT. CATAPHR. DVX EX VVLNERE IN PVGNA PRAGENSI ACCEPTO ET IN SECVNDVM MENSEM PROTRACTO OBIIT. ITEM FILIIS DOROTHEO ET ANTONIO E SECVNDA VXORE ANNA FRANCISCA DE L'AVBESPIN GENEROSA CASTA PIA : QVORVM ILLE IN IPSO ADOLESCENTIAE FLORE EXTINCTVS EST PRLUES € De) None HIC MILITARI ANIMO AC VIRTVTE DVCENTORVM PEDITVM DVX IN OBSIDIONE BREDANA MORBO CORREPTVS ET BRVXELLAM DELATVS IN COMPLEXV PATRIS EXSPIRAVIT HIC IACET QVI SOLVS ET A FRATRIBVS SEIVNCTVS SED PRINCIPI ADHVC SVO VICINVS FELICEM AN INFELICEM PATREM DIXERIS ? ADHVC PATER EST AC SVPERSTITEM LVDOVICVM FILIVM HABET SECVNDO LOCO E SECVNDO MATRIMONIO GENITVM DVCENTORVM PEDITVM DVCEM IN QVEM NVNC TOTA FAMILIAE SPES INCVMBIT. DEVS MORTVIS PROPITIVS SIT SERVET VIVOS » An et de filia aliquid dicendum est”? Haec quidem sic e ca- lamo profluxerunt. Ubi quieverint, die uno aut altero, contrahi poterunt. Simul igitur, et conjuncta opera faciemus. o dec. 1626. D. O. M. ANNAE FRANCISCAE DE L'AVBESPIN BARONIS DE L'AVBESPIN FILIAE CASTITATE ET PROBITATE EXIMIAE AFFECTV ERGA PAVPERES SINGVLARI VXORI SVAE SECVNDAE SED TANQVAM PRIMAE LIBERORVM FECVNDAE FERDINANDVS D’ANDELOT EQVES TRIBVNVS MILITARIS IVRIDICATVS MONTANI GVBERNATOR VRBIS GRAYACENSIS IN COM. BVRG. OECONOMVS NVPER ARCHIDVCIS ALBERTI NVNC SER. INFANTIS ISABELLAE CL. EVG. MOESTISSIMVS POSVIT (De la main de Philippe Chiflet :) » FERDINANDE D’ANDELOT, chevalier, colonel du bailliage d'AMONT, gouverneur et capitaine de la ville de GRAY, maistre d’hostel du fut Archiduc ALBERT et maintenant de $. A. S., se maria en premières noces avec ANNE DE GRANDMONT, très belle et très vertueuse dame, de laquelle il a eu : » 1. NICOLAS d’ANDELOT, capitaine de 200 hommes à pié : il est mort au service du Roy, en Piedmont, d’une blessure qu’il receut devant la ville de VERSEL ; » 2. FERDINANDE, chevalier de MALTHE, capitaine de 200 cui- raciers à cheval, ayant receu une playe honorable à la bataille de Prague, mourut deux mois après. ee » En secondes nopces, il espousa ANNE-FRANÇOISE DE L’AV- BESPIN, fille du baron de L’AVBESPIN, très chaste et très ver- tueuse dame, fort charitable envers les pauvres ; de laquelle il a eu : ; » 3. DOROTHÉ, les délices et l'espérance du père : à l’âge de quinze ans, pendant que son père formoit son équipage pour l’envoyer à la guerre au service du Roy, il tomba malade et fut prévenu par la mort ; » 4. LOUYS, jeune homme de 24 ou 25, accompli en toute sorte d'exercices et seul successeur et héritier de la vertu de ses frères, est à présent au camp du Roy, capitaine de 200 hommes de pié; » 9. ANTOINE, Capitaine de 200 hommes de pié, estant tombé malade au siège de Bréda, fut aporté à Bruxelles où il mourut entre les bras de son père : il est enterré à Saincte Goudle, en la chapelle de l’Hostie miraculeuse, auprès de la sépulture de son Prince l’Archidue Albert. Et c’est celuy pour lequel il faut faire un épitaphe, dans lequel on fasse mention de ses autres frères. b. — Louvain, 6 janvier 1627. » Admodum reverende Domine ,..…… » Epitaphia adjungo; sed elegantius excudi non potuerunt, typorum defectu. Domino D’ANDELOT hanc veluti strenam a me offer. De sumptibus ne quidem cogitandum est... Lovanii, in Arce, vili eid. januarii M. DC. XX VIT. e. — Louvain, 14 avril 1628. » Admodum reverende Domine et Amice,.…. » Epitaphium, quantum in me erit, aptabo. Nunc vides, om- nino verum esse quod dicere soleo : lapidem prius parandum esse, inscriptionem subsequi. Mihi tamen grave nunquam erit Operam optimo nobilissimoque viro D. D'ANDELOT impendere ; imo beneficii loco ducam..….… Lovanii, in Arce, postrid. eid. april. M. DC. XX VIII. 25 oies d. — Louvain, 17 avril 1628. » Amicorum optime, » Epitaphium, quantum potui, emendavi et scripsi. Puto sic etiam concinnius esse. Clausula certe melior est. Sed quid vi- detur de pictura ista mea? Sculptor magis etiam litterarum scripturam et ordinem diriget...… Lovanii, in Arce, XV kal. maii M. DC. XX VIII. e, — Louvain, 19 avril 1698. » Amicorum optime, » Redditum esse epitaphium gaudeo. Sed in dictionibus non- nullis primis, majori erunt intervallo litteræ sejungendæ, ut, occupante medium scriptura, hine inde tabula æquali vacuo, ut sic dicam, ferietur. FRANCOVARTIVS, promptissimi ingenii vir, quid faciendum sit primo adspectu videbit. Manus mea non po- tuit omnia, instrumentis pæne omnibus destituta. Vix tandem domi cireinum et normam inveni, illum labilem et malæ fidei, hanc non usquequaque directam. Quicquid sit, feci quod potui; et libenter feci, quia generosissimo domino D’ANDELOT placere volui, cujus ego bonitati mancipatus vivo (1); quia tibi, quem æque ac meipsum amo...… In Arce, x111 kal. maiïi M. DC. XX VIII. f. — Louvain, 3 juin 1628. » Virorum optime, à PUTEANO tuo Salve. » Epitaphium remitto, quod a tuo ingenio pulchritudinem om- nem accepit. Adhuc, si grave non est, examina et lima..... Lo- vanii, in Arce, 111 non. junii M. DC. XX VIIL. g. — Louvain, 2 septembre 16928. » Admodum reverende Domine et Amice,.………. Epitaphium in- (1) Eryeius Puteanus n'ayant voulu accepter aucune rémunération pé- cuniaire de son protecteur Ferdinand d’Andelot, celui-ci lui fit présent d’un tonneau de vin d’Arbois : le docte professeur en adressa ses remer- ciements par une lettre du 6 mai 1628. (Erycii PUTEANI Epistolarum ap- paratus, centur. IV, Amstelodami, 1646, in-12, epist. LXXII.) ice terim inspexi et emendavi : de quo judicium tuum et ipsius herois exspectabo. Induxi typographum, ut denuo manum ad characteres majusculos extendat, artemque suam operamque per hos encaeniorum dies mihi indulgeat. Poterimus vero in pergameno, sive etiam serico panno albo, exemplar unum dare. Lovanii, in Arce, postrid. kal. septemb. M. DC. XX VIII. _h. — Louvain, 5 octobre 1629. » Amplissime Domine,...… Triste sane fuit de morte filii Illus- trissimi D. D'ANDELOT audire. Epitaphium mutavi. Sed rogo, ut tria aut quatuor exemplaria prioris ad me mittas : ex pluribus enim unum, sed correctum, aptabo : quod si ita placuerit, novis hic curabo typis excudi. Prorsus non cessabo, donec optimi pa- rentis dolori satisfaciam..…… Lovanii, in Arce, ITT1 non. octob. M. DC. XXIX. i. — Louvain, 6 décembre 16929. » Amplissime Domine, ad ipsum D. FRANQVARTIVM scribo, quæ circa lapidem exploranda sunt. Nihil equidem libentius jam facturus sum, quam ut ad gustum Illustrissimi Domini D'ANDELOT epitaphium conficiam : qui vir heroïci candoris exemplum est, et ad juvandos bonos singulari genio natus. Me jam obstrictissimum sibi habet, et benigne sinit novi adhuc beneficii petitorem esse... Lovanii, In Arce, virr eid. decemb. M. DC. XXIX. j. — Louvain, 11 avril 1630. » Integerrime virorum et amicorum optime,.…. » Amice rogo ut, cum veneris, de spatio lapidis qui epita- phium familiæ illustrissimi D. D'ANDELOT recipiet, me doceas. À D. FRANCARTIO sciri potuerit quot esse lineæ poterunt et in unaquaque linea quot litteræ : ita totam scriptionem aptabo. — Lovanii, in Arce, 111 eid. april. M. DC. XXX. k. — Louvain,.30 mai 1630. » Optime et suavissime Amicorum, a PUTEANO tuo Salve. » À Domino FRANCQVARTIO epistolain nuper accepi, qui se Hp tradidisse magnitudinem lapidis et litterarum Tllustrissimo D'ANDELOT. Per te, quæso, accipiam...…. Lovanii, in Arce, pro- prid. kal. junii M. DC. XXX. L. — Louvain, 27 juin 1630. 2090 » Virorum optime et amicisse, à PUTEANO tuo Salve » Epitaphium illustrissimi D. D'ANDELOT absolvendum quoque est; sed velim te præsente et juvante. — Lovanii, in Arce, v kal. quincetil. M. DC. XXX. » V LES FRANC-COMTOIS AU CONVOI FUNÈBRE DE L'ARCHIDUC ALBERT. L’archiduc Albert était mort le 43 juillet 1621. Ses funérailles ne furent célébrées que le 12 mars 1622. La physionomie de ce convoi funèbre a été conservée par une publication qui se com- pose d’un texte d’Eryeius Puteanus, historiographe du prince défunt (1), et de 57 planches oblongues, dessinées par Jacques Francquart, son architecte. Ces planches, finement traduites en gravure par Corneille Galle, forment une série de portraits du plus grand intérêt. Tout le personnel de la cour archiducale, en 1622, se trouve là dénombré et figuré. Nous en avons extrait les noms et qualités des individus originaires de Ia Franche- Comté. Ces personnages vont être énumérés suivant leur ordre de succession dans le convoi, et une courte notice suivra cha- cun de leurs noms. PI, VIT. — Pierre Campis, l’un des chapelains de la chapelle de la cour. Il était de Besançon et appartenait à une famille nommée (4) Des descriptions de cette pompe funèbre se trouvent en outre dans deux chroniques publiées sous les auspices de la Société d'histoire de Bel- gique : Histoire de l’archiduc Albert, par DE MONTPLEINCHAMP, pp. 593- 994; Histoire générale des guerres (1616-1627), par pu CORNET, t. I, pp. 178-197. ee Deschamps. Il conserva jusqu’à l'extrême vieillesse une voix de soprano qui contribuait à la réputation de la chapelle archi- ducale (1). Lorsque Ferdinand d'Autriche, le cardinal-infant, prit possession du palais de Bruxelles, au mois de novembre 1634, « Son Altesse, dit Philippe Chiflet (2), s’informa si de Campis, le Bourguignon, chantoit toujours bien, et dit qu'il estoit fort renommé en Espagne. » Pierre Deschamps possédait encore quelques autres talents : il était affilié à la confrérie des archers de Llinkenbeek et avait orné d’un dessin le registre de cette corporation. « Le 10 octo- bre 1603, dit M. Alphonse Wauters (3), Pierre Deschamps, de Besançon, musicien des archidues, copia à la suite de son nom quelques notes de musique sur ces paroles : S/anctus) Seb[as- tianus) ora pro nobis, et dessina un petit croquis représentant le Saint à qui deux tireurs lancent des flèches, signé P. D. fecit. » PI. XII. — Paul BouporT, évêque de Saint-Omer. Né à Morteau, en Franche-Comté, vers 1571, docteur en théo- logie de la Sorbonne, en 1604, il se fit à Paris un renom de pré- dicateur. Son compatriote Jean Richardot se l’attacha comme official et vicaire général, et il seconda l’administration de ce prélat dans le ressort de l’évêché d’Arras et dans celui de lPar- chevêché de Cambrai. Choisi comme prédicateur ordinaire par les archiducs, il fut nommé à l’évèché de Saint-Omer, en 1619, et remplaça, en 1626, son ancien patron sur le siège d'Arras. Lorsqu'il mourut, le 11 novembre 1635, Philippe Chiflet écrivit sur son compte une notice ainsi conçue (4) : « L’unzième novembre, à huit heures du matin, mourut mes- sire Paul Boupor, évesque d’Aras, natif de Mortau au Comté de Bourgôngne, personnage de grande vertu et doctrine : lequel avoit esté chappellain de l’oratoire des archidues Albert et Isa- belle, puis prédicateur, et à la fin, il fut par eux promeu à (1) Julii CairLerir Aula sacra principum Belgii, p. 97. (2) Diaire, nov. 163% : ms. de la Bibliothèque de Besançon. (3) Un portrait du duc Charles le Téméraire et la gilde de Saint- Sébastien de Linkenbeek, dans les Bulletins de l’Académie royale de Belgique, 3° série, t. IIT (1882), p. 4922. (4) Diaire, nov. 1635 : manuscrit de la Bibliothèque de Besançon. Dee A PAZ l’évesché de Saint-Omer. Despuis, l’évesché d’Aras ayant vaqué, l’infante Isabelle, gouvernant pour lors les Pays-Bas, creut ne la pouvoir loger en meilleures mains qu’ès siennes, afin d’apai- ser de grands procès suscitez entre l’évesque et le chappitre, comme il fit et vesquit fort paisiblement avec ledit chappitre. Il mourut de gravelle, avec de grandes douleurs, dans sa ville cathédrale, laissant un bon exemple de sa vie passée à ses suc- cesseurs et beaucoup de regrets à son peuple. » PI. XXII. — Jean-Gilbert DE GRANVELLE, l’un des gentils- hommes de la maison de l’Archiduc défunt. Cétait un fils naturel du cardinal de Granvelle qui, à cet égard, était en communion de faiblesse avec la plupart des hauts dignitaires ecclésiastiques de son temps. La descendance illégitime du cardinal est ainsi relatée par l’abbé de Balerne, Juies Chiflet (1) : « Des enfants illégitimes de la maison de Granvwelle, et premiè- rement de ceux du cardinal. » Jean-Gilbert de Granvelle, gentilhomme de la maison de l’archiduc Albert aux Pays-Bas, espousa NN... Gramaye, dont il eut: N... de Granvelle, demeurant en Brabant, où il procréa deux filles mariées à de petites gens. N... de Granvelle, fils bastard du susdit Jean-Gilbert, fut secrétaire du comte de Tilly, général d'armée en Alle- magne ; et je l’ay cognu homme fort bien fait de corps et d'esprit. » Catherine de Granvelle espousa NN... et mourut à Bruxelles le 18 avril 1633. » Marie, bastarde de Granvelle aussi bien que Catherine, es- pousa Jean Vander Haeghen, chastellain de Tervueren, où elle oist en l’église parochiale, sous une tombe avec cet épitaphe : CY GISENT JEAN VANDERHAEGHEN, EN SON VIVANT ESCUYER, DOCTEUR (1) Généalogies franc-comtoises : manuscrit de la Bibliothèque de Be- sancon, ÈS LOIX, PRÉVOST GÉNÉRAL DES MARESCHAUX DIT ROODE-ROODE, MAISTRE DES FORESTS DE BRABANT, LIEUTENANT D'UNE COMPAGNIE DE LANCES POUR S. M. CATHOLIQUE EN SES ESTATS DE FLANDRES, ET CHASTELLAIN DE TERVUEREN : QUI MOURUT LE 18 DU MOIS... 1616; ET DAMOISELLE MARIE DE GRANVELLE, SON ESPOUSE : LAQUELLE TRES- PASSA LE 9 FEBVRIER 1601. FRÉDÉRIC VANDER HAEGHEN FILS, LI- CENCIÉ ÈS LOIX, AUSSI CHASTELLAIN, SURINTENDANT DU PARC, ILLEC TRESPASSA; ET DAMOISELLE ROSE DE BEAUVOIR, SON ESPOUSE, LA- QUELLE TRESPASSA LE 10 DE DÉCEMBRE 1622. » PI. XXVI. — Adrien D’ANDELOT, seigneur de Rhume, l’un des sgentilhommes de la bouche. Ce personnage, qui fut successivement gouverneur d’Ath et de Bouchain, était le fils d’un cousin germain de Ferdinand d’Andelot : il avait épousé Marie, fille de Pierre Peckius, chan- celier de Brabant, et de Marie Boonen, sœur de l’archevêque de Malines (1). PI. XXXIII. — Guillaume pu TARTRE, gentilhomme tenant l’une des brides du cheval caparaçonné aux armes de la seigneurie de Salins. Issu d’une ancienne famille de Poligny qui tirait son nom d'un village des environs d’Auxonne, Guillaume du Tartre était « commissaire général de la gendarmerie de Bourgogne », c’est- à-dire intendant général des milices levées en Franche-Comté pour le service de l'Espagne (2). IBID. — François DE POLIGNY, porteur de l’étendard aux armes de Salins. Seigneur de Châtillon-sur-Lison, François de Poligny fut, en 1628, l'héritier de son oncle le baron Charles de Montfort (3); il avait épousé Béatrix d’Achey, petite-nièce du cardinal de Granvelle. | (1) Duxon, Hist. du Comté de Bourgogne, t. TT, p. 153. (2) CHEVALIER, Hist. de Poligny. t. IT, p. 493. (3) Id., ibid., p. 260. POSE < ep PI. XXXV. — Claude DU PIN, gentilhomme tenant l’une des brides du cheval caparaçonné aux armes du Charolais. Ce gentilhomme appartenait à une famille qui tirait son nom d’une chevance par elle possédée dans le village du Pin, près de Lons-le-Saunier. Claude du Pin, seigneur de la Chasnée, avait épousé, le 5 septembre 1617, Anne de Chavirey, parente de la famille de Granvelle (1). IBID. — Alexandre DE MARMIER, baron de Longwy, porteur de l’étendard aux armes du Charolais. C'était le petit-fils de Hugues Marmier, président du Parlement de Franche-Comté au temps de l’empereur Charles-Quint (2). PI. XXX VIII. — Charles D’'ANDELOT, seigneur de lEsclatière, gentilhomme tenant l’une des brides du cheval caparaçonné aux armes du Hainaut. Frère ainé d’Adrien d’Andelot, seigneur de Rhume, Charles d'Andelot, chevalier d'honneur à la cour de Mons en Hainaut, avait épousé Jeanne de Bourgogne, fille de Pierre de Bourgogne, seigneur de Bredam, de la descendance bâtarde du duc Phi- lippe-le-Bon (3). PI. XXXIX. François DE PONTAILLER, baron de Vaugrenans, porteur de l’étendard aux armes de Franche-Comté. Ce gentilhomme appartenait à une branche de la maison de Champlitte qui, dans les conquêtes de la croisade racontée par Villehardouin, avait obtenu la principauté d’Achaïe (4). La ba- ronnie de Vaugrenans, que cette branche possédait, avait pour centre un château-fort dont les ruines, encore imposantes, sont assises sur l’un des gradins de la montagne de Poupet, près de Salins. (1) Rousser, Dictionn. des communes du Jura, t. V, p. 90. (2) CHEVALIER, Hist. de Poligny. t. 1, p. 400. (3) Duxop, Hist. du Comté de Bourgogne, t. HI, p. 158. (4) Lp., ibid., p. 91. AE PI. XLV. — Antoine DE GRAMMONT, seigneur de Fallon, porteur de l’étendard aux armes du duché de Bourgogne, Mari d’Adrienne d’Andelot (1), il était le beau-frère du premier maître d'hôtel de la cour archiducale. PI. LIIT. — Ferdinand D’ANDELOT, premier maître d'hôtel. Chevalier, seigneur d’Ollans, colonel du régiment d’Amont en Franche-Comté; gouverneur, capitaine et prévôt de la ville de Gray : tels étaient les divers titres de ce personnage, que nous avons suffisamment fait connaître. PI. LIV. — Jean-Charles pu TARTRE, l’un des pages du palais de Bruxelles. Fils du commissaire général de la gendarmerie de Bourgogne, il était destiné à remplacer son père dans cette fonction (2). PI. LV. — Charles-Emmanuel DE GORREVOD, marquis de Mar- nay, tenant l’un des coins du poêle de l’archidue défunt. Charles - Emmanuel de Gorrevod, d'une illustre famille de Bresse, s'était attaché à l’archiduc Albert qui l'avait fait son grand chambellan. A la bataille de Nieuport, il eut le bonheur de tuer un ennemi qui faisait son maître prisonnier. En retour de cet exploit, la maison d'Autriche le combla de faveurs : l’'em- pereur lui décerna le titre de prince, le roi d’Espagne lui ac- corda le collier de la Toison d'Or, l’archiduc donna la qualité de marquisat à sa terre de Marnay, en Franche-Comté. Dans cette province, il était bailli d'Amont et chevalier d'honneur au par- lement de Dole. Le roi de France Louis XIIT lui témoigna son estime en élevant au rang de duché sa terre de Pont-de-Vaux. Il avait épousé Isabelle de Bourgogne, de la lignée bâtarde du due Philippe-le-Bon, et mourut à Marnay le 4 novembre 16%, agé de cinquante-six ans (3). (1) [p., t. IE, p. 488. (2) CHEVALIER, Hist. de Poligny, t. IT, p. 498. (3) Duxop, Hist. du Comté de Bourgogne, t. Il, p. 542, ere mu IBID. — François DE RYE, archichapelain et grand aumônier de la Cour de Bruxelles. François de Rye, haut doyen du chapitre métropolitain de Besançon et neveu de l’archevèque de cette ville, ayant été déléguée auprès des archidues par la chambre de la noblesse des Etats de Franche-Comté, en 1606, fut retenu à la cour de Bru- xelles en qualité de sommelier de courtine, c’est-à-dire de préfet de l’oratoire archiducal. Il devint ensuite grand aumô- nier et archichapelain de cette cour. Le chapitre métropolitain de Besançon l’ayant élu coadjuteur de son oncle, il reçut, en 1626, des bulles qui lui accordaient le titre d’archevêque de Césarée. Sa consécration eut lieu dans la chapelle du palais de Bruxelles. À cette occasion, l’infante Isabelle lui fit présent de la mitre que son défunt mari avait reçue de l’empereur Rodol- phe IT, lors de sa promotion à l’archevêché de Tolède. Cette mitre fut envoyée par François de Rye au trésor de l’église mé- tropolitaine et cathédrale de Saint-Jean de Besançon (21 août 1631). Devenu archevêque de ce siège par la mort de son oncle, il se préparait à en aller prendre possession, quand il mourut à Bruxelles, le 17 avril 1637 (1). C'était à son crédit auprès de l’infante Isabelle que Philippe Chiflet avait dû d’être attaché en qualité de chapelain à cette princesse. La lettre suivante en est un irrécusable témoi- onage (2) : « Monsieur, les occasions se présentent d'aucune foys de servir ses amys lorsqu'on y pense le moins. S’estant présenté un sujet de parler à Son Altesse de vous et de vos bonnes par- ties, je l’ay suplié vous vouloir honorer de vous faire son cha- pelain doratoire : ce qu'elle at accordé. Ainsi, par sa permis- sion, Je vous desclare que vous estes maintenant en ceste qua- lité du nombre de ses serviteurs, et comme tel vous serés tous- (1) Julit Career Aula sacra Principum Belgii; Antuerpiæ, 1650, in-4, pp. 41, 62 et 119. — Duxon, Hist. de l’égl. de Besançon, t. L, pp. 398-399. (2) Bibliothèque de Besançon : collection Chiflet, n° 95, mo jours reconneu et receu quant vous viendrés de par deça. Je n’en resjouys avec vous de tout mon cœur et qui se soit pré- senté occasion vous faire paroistre en effet que je suis, Monsieur, vostre bien affectionné à vous servir, FRANCÇOYS, archevesque de Césarée. » À Bruxelles, ce 12 may 1624. » Monsieur CHIFFLET, prothonotaire du Saint Siège apostolique et chapelain d’oratoire de $S. À. S, » PI. LVII. — Jean GRIVEL, seigneur de Perrigny, conseiller au conseil privé des Pays-Bas. Etant encore avocat au barreau de Dole, il avait tenu journal des tristes incidents de la guerre de fourrageurs faite à la Fran- che-Comté, en 1695, par les bandes lorraines de Tremblecourt et par le roi de France Henri IV (1). Nommé conseiller au parle- ment de Dole, en 1599, il avait composé un recueil très estimé des décisions de cette compagnie. Le gouvernement archidueal l'ayant appelé, en 1616, au conseil privé de Bruxelles, il mourut dans cette ville le 44 octobre 1624 (2). IL y fut inhumé, en l’église de Saint-Géry, avec une épitaphe ainsi conçue : CY GIST MESSIRE JEAN GRIVEL, SIEUR DE PERRIGNY, FONTAINE, LA MURE, ETC., CONSEILLER ET MAISTRE AUX REQUESTES DU CONSEIL PRIVÉ DE SA MAJESTÉ, QUI DÉCÉDA EN CESTE VILLE DE BRUXELLES LE l4 D'OCTOBRE EN L'AN 1624, AGÉ DE 64 ANS. SON ME SOIT EN GLOIRE. À cette épitaphe était associé un écusson de gueules au che- vron d’or, accompagné en chef de deux étoiles de même, et en pointe d’un croissant surmonté de trois fuseaux également d'or (3). (1) Ce journal a été publié, dans les Mémoires de la Société d'Emu- lation du Jura (ann. 1865), par le docteur Achille CHEREAU. : (2) Duxon, Hist. du Comté de Bourgogne, t. TI, p. 651. (3) Jules CHIFLET, Généalogies franc-comtoises : manuscrit de la Bi- bliothèque de Besancon. — 73 — VI ÉTABLISSEMENT DE LA FAMILLE CHIFLET (1), DE BESANÇON, AUX PAVS-BASe La mort de l’archiduc Albert ayant annulé la donation que Philippe IT avait faite à sa fille et à son gendre des anciens Etats de la maison de Bourgogne, la Franche-Comté et les Pays-Bas rentraient de droit dans le domaine immédiat de la couronne du roi d'Espagne. De souveraine qu’elle avait été, la veuve de l’archiduc Albert devenait gouvernante, pour son neveu le roi Philippe IV, des territoires ainsi rattachés à la monarchie espa- gnole. La ville impériale libre de Besancon, située au cœur de la Franche-Comté, reconnaissait pour son gardien le souverain de cette province ; mais c'était en vertu de certaines stipulations réciproques qui se renouvelaient périodiquement. Le rattache- ment de la Franche-Comté à l'Espagne nécessitait un nouveau traité, et le gouvernement municipal jugea convenable d’en- voyer deux de ses membres à Bruxelles, pour négocier cette affaire avec l’infante Isabelle-Claire-Eugénie, munie des pou- voirs du roi Philippe IV. Les ambassadeurs choisis furent l'avocat Claude-Antoine Bu- son et le médecin Jean-Jacques Chiflet. Celui-ci jouissait déjà d’une notoriété de savant assez étendue. Les archiducs l'avaient institué leur botaniste officiel dans la région franc-comtoise (2), et, plus récemment, son histoire de Vesontio, qui célébrait en élégant latin les bienfaits de l'antique civilisation romaine, lui avait mérité, de la part du municipe de la Rome moderne, des lettres de citoyen pour lui et pour sa descendance. Avant de (1) Le nom de cette famille s’écrivit longtemps avec deux f consécutifs (Chifftet) : Jean-Jacques et son frère Philippe usèrent de cette formule. Ce fut Jules, le fils ainé de Jean-Jacques, qui élimina du nom de la famille l'un des deux f. Cette simplification orthographique était adoptée par le dernier titulaire du nom, le vicomte Ferdinand Chiflet, mort à Besancon le 30 mai 1879. (2) J.-J. CaireLern Vesontio, 1618, in-4 : gratulatoria carmina. D ER partir pour les Pays-Bas, il tint à ce que ces glorieuses patentes prissent rang dans les fastes de sa ville natale. Jean-Jacques Chiflet fut accueilli à Bruxelles par de nombreux amis de sa famille. Le premier médecin de la cour, Don Fran- cisco de Paz, avait reçu l'hospitalité des Chiflet, en 1596, lors- qu'il traversait Besançon à la suite de l’archiduc Albert : il se souvenait d'avoir embrassé, avec une effusion en quelque sorte divinatoire, le jeune Jean-Jacques, alors âgé de huit ans. Ferdi- nand d’Andelot, premier maître d'hôtel de l’infante, fut non moins bien disposé envers son compatriote : une maison qu'il possédait dans la censive de la prévôté de Caudenberg, c’est- à-dire non loin du palais (2), devint le logis du député de la ville de Besançon. Jean-Jacques Chiflet fut bientôt rejoint par l’un de ses jeunes frères, nommé Philippe (3), qui venait d'achever de brillantes études à Louvain et se préparait à recevoir la prêtrise. Les deux frères obtinrent un très grand succès d'estime et de sympathie : aussi l’infante prit-elle la résolution de les re- tenir à Bruxelles. Jean-Jacques fut attaché à la princesse, au mois d'octobre 1625, comme médecin de sa chambre, tandis que (4) « Memini, et narrare ille solebat, cum primum ineunte anno supe- rioris sæculi nonagesimo sexto, per Sequanos adeoque Metropolim Veson- tionensem, Serenissimus Archidux Albertus Cardinalis Belgium peteret, sese ædibus patricii et consularis viri Joannis Chiffletii, parentis mei, summa humanitate exceptum. Forte octavum ætatis annum attigeram, cum me a parente optimo ad eum deductum, ita arcte complexus est, ut id ejus necessitudinis, quæ postea inter nos fuit, non obscurum omen esset. » (J.-J. CxHiFFLETn de morte D. Francisci de Paz epistola; An- tuerpiæ, 1640, in-4, 11 pp.) (2) Une lettre écrite par Erycius PUTEANUS à J.-J. CHIFLET, au mois de janvier 1630, porte cette adresse : « Amplissimo viro Domino 10. IAC. CHIFFLETIO, archiatro regio, etc. Bruxellam, in ædibus Illustrissimi D. D'ANDELOT, supremi aulæ œconomi. » Et Philippe CHIFLET, relatant, au mois de novembre 1634, les modifications introduites dans le régime du palais de Bruxelles, par le Cardinal-Infant, nouveau gouverneur, disait qu’alors « M. d’Andelot se retira en sa petite maison dépendante de la Prévosté de Cauberghe. » (8) Philippe Chiflet était né à Besançon le 10 mai 1597. (Ch. WEtIss, Ca- talogue des livres de Théologie de la Bibliothèque de Besançon, page 142.) — 175 — Philippe avait pris rang, dès le mois de mai 1624, parmi les chapelains de l’oratoire du palais. La négociation que conduisait Jean-Jacques nécessita de sa part un voyage à Madrid, où il arriva le 28 avril 1696 : l’accueil quil y reçut ne fut pas moins flatteur que celui dont il avait été honoré à Bruxelles; car, avant son départ, le roi Philippe EV lui aecorda le titre de médecin de sa chambre. L’acte du serment qu'il prêta en cette qualité, le 9 septembre 1626, fut reçu par le oreffier royal Charles Sigoney, originaire de Grozon en Franche- Comté. En dehors de sa fonction de chapelain de l’oratoire d'Isabelle, Philippe Chiflet ne tarda pas à être pourvu de la commande du prieuré de Bellefontaine et d’un canonicat dans l’église métro- politaine de Besançon. Il alla prendre possession de ces deux bénéfices en 1629 : ce qui fut pour Jean-Jacques une occasion propice de faire venir à Bruxelles sa femme, ses deux fils et sa fille, qui avaient continué de résider à Besançon. Depuis cette arrivée de sa famille, Jean-Jacques eut encore deux fils : l’un et l’autre furent baptisés dans l’église de Cau- denberg, avec un cérémonial qui témoignait de la haute con- sidération dont la maison d'Autriche entourait le futur défen- seur de ses prétentions contre les attaques des érudits de la France (1). À. — Délégation donnée par la municipalité de Besançon à deux de ses membres, chargés de négocier un traité de gardienneté avec la Gouvernante des Pays-Bas. — Date du départ des deux envoyés (3 décembre 1621 — 6 septembre 1623). Archives de la ville de Besancon : délibérations municipales. « Du vendredy 3 décembre 1621. Protection. » M. le président a faict entendre à la Compagnie que....…, par le décès du Sérénissime Archiduc d'Autriche, Albert d’heureuse (1) Au sujet du rôle de Jean-Jacques Chiflet comme antagoniste des éru- dits français, Jean CHAPELAIN écrivait sur son compte, le 7 mai 1666 ; en mémoire, la protection de la Cité qu’il avoit prinse à nostre prière et réquisition estoit finie jà dèz quelque temps, et qu’il estoit question d’adviser sur le renouvellement d’icelle pour plusieurs raisons. La première, pour ce que nostre Estat est si petit et foible qu’il n’est aulcunement bastant pour se deffendre soy-mesme contre les mouvemens qui se pourroient soulever contre luy, voyans les advertissementz et menaces de guerre que nous avons tous les jours..….., et par conséquent que nous avons subjet de penser à nous plus que jamais et besoing d’a- voir l’appuys, ayde et secour de quelque puissant prince, et de recourir à luy et le prier de prendre nostre protection. Et que Sa Majesté Catholique estoit le plus grand Monarque et le plus bégnin, puissant et redouté Prince de la terre, et à laquelle Ma- jesté, depuis le décès de Sadicte Altesse Sérénissime, les Pays de Bourgoigne estoient retornés en toute propriété... SUT ŒuOY, pour ces considérations et aultres grandes amplement déduictes et arraisonnées par plusieurs de ladicte Compagnie, a esté una- nimement résolu qu’il estoit expédient, utile et voyres néces- saire d’incontinant et sans tarder dadvantage envoyer commis du corps de Messieurs,telz qu'il leur plairat choisir, ès Pays- Bas, auprès de la Sérénissime [nfante, comme Gouvernante absolue des Pays de Bourgoigne, demander Sadicte Majesté Catholique pour protecteur de nostre Cité... » Quoy faict, lesdicts sieurs anciens Gouverneurs et vingt- huict Notables estans sortis, Mesdicts sieurs ont résolu que, pour l’honneur et le bien de la Cité, il convenoit envoyer ès Pays-Bas, pour l'effet de ladicte protection, deux sieurs commis ; mais qu'avant que de les nommer et choisir, il failloit considérer que la Cité avoit par cy-devant supporté de grands frais en plu- sieurs et grandes occasions, par le moyen de quoy le trésor et revenus d’icelle estoient beaucoup épuisés; et partant qu’il estoit nécessaire la soulager en réglant honestement et raison- « C’est un homme de grande érudition et fort versé dans nostre vieille histoire. Je souhaiterois en luy un peu moins de passion pour les princes dont il est le sujet, laquelle seroit supportable si elle demeuroit dans les termes de la justice et qu’elle ne fust pas plustôt d’un advocat que d’un juge, comme doit estre l'historien. » (Lettres de Jean Chapelain. publ. par TAMIZEY DE LARROQUE, t. Il, p. 455, note 1.) or nablement les despens de ceulx qui seront commis. Et par ainsi a esté résolu que la Cité payeroit et supporteroit tous les frais et despens que lesdicts sieurs commis feroient audict voyage, séjour et retour, tant à raison de leurs personnes, valletz, che- vaux, qu'aultres choses nécessaires; et de plus, pour les peines et journées d’un chascun desdicts sieurs commis, luy seroient payés, par chascun jour pendant ledict voyage, trois frans et demy seulement. » Puis après, a esté faicte élection desdicts sieurs commis, qui, à pluralité de voix, ont esté choisis et nommés messieurs BUZON et CHIFFLET : auxquels a esté ordonné de reveoir tous tiltres et papiers des chartres de la cité concernans ledict affaire, et du tout en dresser amples mémoires, pour estre entièrement informés et pouvoir tant mieux vacquer à leur charge et com- mission, de laquelle leur seront expédiés instructions par le secrétaire. » Du mecredy 6 septembre 1693. Voyage. » Messieurs BUSON et CHIFFLET sont partys le matin pour aller ès Pays-Bas, en Cour de $. A. $S., pour négotier ce qui est de leur délégation, selon les instructions résolues par Messieurs et à eulx données par escrit et signées du secrétaire... » Pour les frais duquel voyage, par ordonnance de Messieurs, leur ont esté données par le secrétaire de la Cité, des deniers du trésor de la Cité, à chascun cinquante pistoles espagnes; et oultre ce, ont encor heu de monsieur Clerc, cogouverneur, par la mesme ordonnance de Messieurs, chascun une lettre de change de cinquante aultres pistoles, dont ils tiendront compte à la Cité. B. — Lettre de citoyen de Rome, décernée à Jean-Jacques CHIFLET (21 décembre 1621). Archives de la ville de Besancon : délibérations municipales. Du jeudy 17 février 1622. « Monsieur Chifflet a présenté à Messieurs lettres patentes, Ile pu Lu avec le seel de la Ville et Cité de Rome, par lesquelles il appert qu’il a esté honoré du tiltre de Citoyen Romain, pour luy et les siens à l'infini, et faicts capables de pouvoir estre admis à exer- cer toutes charges et offices en ladicte Cité de Rome comme l’un des Nobles d’Icelle ; puis a supplié Mesdicts Sieurs les faire insérer dans le papier-journal de la Cité, par le secrétaire d’Icelle, afin que si, par fortune ou laps de temps, l'original se venoit à perdre ou esgarer, luy ou les siens peussent avoir recour audict journal. Lesquelles patentes vehues par Messieurs, 1ilz se sont loués de l’advancement et mérites dudict sieur Chifflet, leur confrère, et ont ordonné au secrétaire de les insérer au présent journal, de mot à autre, comme s’ensuyt : « Quod Joannes-Baptista Catalanus, Rutüilius Purus, Simon » Rogerius, conservatores, de perillustri domino Joanne-Ja- » cobo CHIFFLETIO, Vesontino, Romana Civitate donando, ad » Senatum retulerunt. — $S. P. Q. R. de ea re ita fieri censuit : » Cum ab ipso Romanæ Urbis primordio, præclare fuerit pri- » mum a Regalibus institutum, deinde a Republiqua perpetuo » observatum, non modo ut cives ipsi, pro cujusque meritis » honoribus et præmiis decorati, cæteros ad egregiam de Patria » merendi consuetudinem excitarent, verumetiam ut peregrinis » hominibus, quorum perspecta nobilitas aut insigni aliquo fa- » cinore cognita virtus esset, in Civitatem adseriptis, eisdem » quæ veteribus civibus jura, privilegia, suffragia, immunitates, » magistratusve nullo discrimine impartirentur : Nos, animum » ad ea sæpe referentes, quibus majores nostri, decus immor- » tale consecuti, non finitimis modo gentibus, verum ultimas » quoque terras incolentibus leges dederunt, eandem commu- » nicandæ Civitatis consuetudinem libenter imitamur. Animad- » vertentes in primis ut hunc honorem non tenere nullo delectu, » sed in eos potissime conferamus quorum nobis præsentia, » ingenium, industria et auctoritas quasi parem aliquando gra- » tiam referat, sicut illustri civium romanorum nomine peren- » nique et contestata gloria digni fuisse videantur. Ex hoc nu- » mero cum vehementer excellere cognoverimus perillustrem » dominum Joannem-Jacobum CHIFFLETIUM, patricium, guber- » natorem et archiatrum, nostræ Civitatis amantissimum, omni » virtute, laude, splendore et litteris cumulatum, nobilissima- AE CENT 0 » que prosapia ortum, qui Vesontionem, civitatem imperialem, » vetustissimam Sequanorum metropolim, patriam suam, ro- » manis antiquitatibus illustravit, novaque ad Almæ Urbis nos- » træ decus hujusque Senatus ornamentum in dies meditatur, » placuit S. P. Q. R., ut extet judicii, amoris et insignis me- » moriæ suæ testimonium, donare eum ejusque descendentes » omnes in infinitum amplissimo nostræ Civitatis jure, ut iisdem » rebus, honoribus, dignitatibus, magistratibus, prærogativis, » officiis, beneficiis et commodis quibuscunque utantur, fruan- » tur, potiantur et gaudeant, quibus Nobiles, Patriciique Cives » nostri et Senatores quomodolibet uti, frui, potiri et gaudere » consueverunt, perinde ac si dictus perillustris dominus Joan- » nes-Jacobus CHIFFLETIUS ejusque descendentes, omnes in » infinitum, essent Romanæ Civitatis Nobiles Patriciique Cives » originaril, in omnibus et per omnia. Quam voluntaterm ac sen- » tentiam, singulari omnium consensu et lætitia comprobatam, » per scribas ejusdem Saeri Senatus, in publicas litteras ad » æternam memoriam referri S. P. Q. R. ita sentiendum duxit, » ut beneficium honoremque non magis dare quam accipere » videretur. Ex CAPITOLIO , die vigesima mensis decembris M. » DC. XXI. — Subsignatum : Angelus Tuscus, Sacri $S. P. Q. R. » scriba; et Franciscus MARCHOLUS, Sacri $. P. Q. R. seriba. » C. — Lettre d'Erycius PUTEANUS, témoignant de l’estime dont Jouissaient, dans les Pays-Bas, Jean-Jacques et Philippe Cui- FLET, et sollicitant pour ce dernier une place de chapelain de l’oratoire du palais de Bruxelles (6 septembre 16923). Bibliothèque de Besancon : collect. Chiflet, no 147. « Ilustrissimo et reverendissimo D. D. Cardinali DE LA CUEVA, patrono æterno. » illustrissime et Reverendissime DOMINE et MÆCENAS, » Quæ ad Pontificem Opt. Max. scripseram audacter tuæ sub- jeci Purpuræ. Alii aliis modis; sed ego gaudium epistola expli- (4) « Alonso de Bedmar, cardinal de la Cueva, qui avait été ambassadeur de Philippe II auprès des archidues et qui continuait de remplir cette cui, et quemadmodum scribere soleo. Pietatis enim hoc, non eruditionis negotium est; satisque facundus qui naturam se- quitur. Sed quod meo non possum ingenio, tuo beneficio con- sequar : placebo Sacrorum Principi, si is intelliget a tuo me favore pendere. Nunc pro Philippo CHIFFLETIO loquor, amæ- nissimi Ingenii viro, et qui totus virtutem, doctrinam, elegan- tiam spirat, ornamento Reipublicæ et Ecclesiæ futurus. Ut nos- ter sit, honore ligandus est : et adferet honorem muneri, quod videntur illi omnium vota in sacro Principis oratorio destinare. Castos compositosque ejus mores omnes amant : ego novi: prudentiam et pietatem laudant : ego celebro. Dixerim ipsam hune virum probitatem esse, gratiis stipatam. Clarus jam quo- que est, non suo minus ingenio quam familiæ fama. Qualem enim ille, bone Deus! patrem, qualem patruum, quales majores habuit! Publica munia et nobilitatem generis doctrina illustra- runt. De fratre nihil dico, cujus industriam in Republica, in litteris elegantiam, in omni scientia præstantiam admiramur. Quæ fecit et facit, quæ scripsit et scribit fidem faciunt, ut mihi videantur. CHIFFLETII omnes ad magna nati esse! Sed Philip- pum hunc familiariter ego novi, in domo mea et convictu : non possum nisi gemmam appellare. Et tamen ea modestia semper fuit, ut tamquam discere a me aliquid posset, contubernium meum æstimarit. Quam religiose vero divinas virtutes tuas colat, piis in funere Parrippi IIT, regis nostri, lacrymis osten- dit, quæ profecto, quia nomini tuo consecratæ sunt, nunquam exarescent (1). Hoc igitur erit bene de publico, bene de tam charge auprès de l'infante Isabelle, » (GACHARD, Hist. politique et diplo- matique de Rubens. p. 24, note 3.) | = (4) L'auteur de la lettre rappelle ici deux lamentations poétiques, l’une latine et l’autre française, sur la mort du roi d'Espagne Philippe III, dé- diées toutes deux au marquis de Bedmar, avant son élévation au cardi- nalat, par Philippe Chiflet. Voici la notice bibliographique de ces deux opuseules : € Philippi GHirFLeTit in obitum Philippi IIT. Regis Catho- lici, Elegia. Lovant, ex typographia Bernardini Mas, 1621 » ; in-4 de 19 pages. « Regrets funèbres sur le trespas de Sa Majesté Catholique Philippe III, roy des Espagnes et des Indes, etc. À LOUvVAIN, chez Ber- nardin Maes, 1621 (strophes en vers français) » ; in-4 de 12 pages. La dé- dicace de ce dernier opuscule est signée P. CHIFFLET. À la suite est une épigramme latine adressée à l’auteur par Erycius PUTEANUS, qui était déjà io — insigni familia, bene de fratre ejus adhuc florente, bene quoque de me mereri. Sed publicum urgeo, et munus ipsum commendo, cui vir quærendus est. Non e quovis ligno fit Mercurius : et hæc jam Purpuræ tuæ gloria est, dignos honoribus ad honores as- sumi. Viam vero aperit D. LALOT (1) in Hispaniam discessus, et complebitur numerus si CHIFFLETIUS in locum LALOI veniet. Veniet tuo favore, Ilustrissime et Reverendissime DOMINE, et profecto ostendet non se frustra a me commendatum esse. Non adjungo preces : quia apud purpuram tuam meritis agendum est; imo jam adjunxi, quia merita recensui. Hæc nisi adferre potest qui rogat, male rogat : rogavit autem quisquis attulit. Vale meum et CHIFFLETIT magnum decus, et vive. Lovanii, in Arce, postrid. non. septembris M. DC. XXII. » Sacræ Purpuræ tuæ æternus cultor ERYCIUS PUTEANUS. » D. — Célébration des premières messes de Philippe CHIFLET et nomination de son frère Jean-Jacques en qualité de médecin de l’Infante (octobre-décembre 1625). Diaire de Philippe CHIFLET (manuscrit de la Bibliothèque de Besancon); collection Chifiet, n° 129 A. « Mercredy, 1er octobre (Duinkerke).— Le soir j’ay esté inviter S. À. d'assister à ma messe nouvelle, laquelle je debvoiïs célé- brer le lendemain, en l’église des Jésuites. Elle m'a respondu avec beaucoup de démonstration de contentement : « De mui » buena gana, 10 huelgo mucho; si por cierto, io me huelgo mu- » cho, porque queren desir a vostra missa; en hora buena (2)! » son ami. i’opuscule se termine par un permis d'imprimer en date du 19 avril 1621. (1) Jean de Laloo, appelé à la cour de Madrid pour être chancelier de la Toison d'Or, laissait une place vacante parmi les chapelains de l’oratoire du palais de Bruxelles. C'était cette place que désirait et qu’obtint Philippe Chiflet, (Julii Carrcerir Aula sacra, p. 81.) (2) De tout cœur, je m'en réjouis; oui, pour sûr, je me ferai un vrai plaisir d'assister à votre messe : à la bonne heure ! (6) 00 Le » Jeudy, 2 octobre (Duinkerke). — J’ay offert mes prémices à Dieu, en l'église des Pères de la Compagnie, à Duinkerke, où S. À. m'a fait l'honneur d'assister et d’en tesmoigner de la sa- tisfaction ; car en sortant, elle s’est tournée devers ceux de sa cour et a dit : « Gierto que a muy bien dicho su missa (1) ». Dieu veuille qu’il ayt esté agréable à sa Divine Majesté! » Vendredy, 3 octobre. — J’ay célébré, dans la chapelle de la Congrégation des PP. Jésuites, ma seconde messe de la Vierge glorieuse. » Samedy, 4 octobre. — J’ay célébré ma troisième messe pour les trespassez à la chapelle de l’hospital (de Duinkerke). » Mardy, 14 octobre. — Ce jourd’huy, Monsieur le Marquis (2) a fait déclarer à mon frère (lequel est icy député de la ville de Besançon) que S$S. A. $S. l’honoroit de la qualité de médecin de sa chambre, à Duynkerke. | » Jeudy, 16 octobre. —- Mon frère ayant esté remercier S. A. de la grâce qu’elle luy a faicte de luy donner la qualité de mé- decin de sa chambre, elle luy a respondu : « Io me huelgo de » vuestra buena voluntad, y creo tambien que servireis a mi » persona con grande provecho (3). » » Samedy, 13 décembre. — Mon frère fit son entrée dans la chambre de $S. A., à disner, où il fut imtroduit par le Marquis, nonobstant tous les artifices et empeschements que ses envieux luy avoient machinez. » E..- Voyage de Philippe CiFLer en Franche-Comté, et son re- tour à Bruxelles avec la famille de son frère (décembre 1628- décembre 1629). Bibliothèque de Besancon : collection Chifiet, n° 129, A. « Le premier décembre 1628, je demanday congé à Son Al- tesse, pour aller faire un tour de Bourgongne (4), pour prendre (1) « Certainement il a dit une bonne messe. » (2) Ambroise Spinola, général en chef des troupes espagnoles dans les Pays-Bas. (3) « J'ai pour agréable votre bonne volonté, et je crois que je n’aurai qu’à me louer grandement de vos services. » (4) Depuis l'annexion du duché de Bourgogne à la France, par le roi RQ De possession de mon canonicat de la Métropolitaine de Besançon. S. À. me dit qu’elle me licencioit pour autant de temps que j'en aurois affaire. » Le lendemain, je partis par la poste et arrivay à Besançon le 14, que fut le jour mesme que messire Pierre Juhan prit en mon nom la possession du prieuré de Bellefontaine. » L’unzième décembre 1629, je sortis de Besançon, pour re- tourner à Bruxelles, par les coches de Dijon, avec mademoiselle Jeanne-Baptiste Maubouhan (1), ma belle-sœur, Jule (2) et Jean (3) Chifflet, ses deux fils, et Jeanne (4), sa fille, et maistre Louis XI, le nom de Bourgogne désignait exclusivement la Franche-Comté, c’est-à-dire l’ancien Comté de Bourgogne, politiquement uni aux Pays-Bas. (D) « Jeanne-Baptiste de Maubouhans, fille de noble François-Jules de Maubouhans, seigneur de la Montoillote et maire de Vesoul ». (LABBEY DE BizLv, Hist. de l’Université du Comté de Bourgogne. t. 1, p. 238.) (2) Jules Chiflet a raconté lui-même en ces termes son établissement aux Pays-Bas et les causes du long séjour qu'il y fit : « Quand Jj'allay aux Païs- Bas, avec feu ma bonne mère, trouver mon père qui y estoit en service de la sérénissime infante Isabel, j’avois quinze ans, et ce fut en décembre de lan 1629. Mon inclination et l'exemple de mes parens me portérent à d’honnestes estudes : j'achevay à Bruxelles ma rhétorique, estudiay en philosophie, puis (fis) mes estudes de droit à Louvain, où j'avois employé environ deux ans, lorsque Dieu appela ma mère à soy et que la guerre entre les deux couronnes commença deux jours après. Et de là à un an, sçavoir l’an 1636, il y eut aussi rupture avec le Comté de Bourgongne, nostre païs ; de sorte que la guerre s'eschauffant de toutes parts, je de- meuray tousJours à la cour et estudiay à force dix ans durant : au bout desquels, sçavoir l’an 1646, je désiray m'en retourner à la patrie, après dix-sept ans d'absence. » — jules Chiflet prit alors une résidence de cha- noine à Besançon, où il tint la place de son oncle Philippe comme vicaire- général de l'archevêque Claude d’Achey. Appelé à Madrid, au mois d’oc- tobre 1648, en qualité de chancelier de la Toison d'Or, il ne revint en Franche-Comté que dans l'été de 1659, pour prendre tout à la fois posses- sion de la riche abbaye de Balerne et de l’un des deux sièges de conseiller- clerc au parlement de Dole. Mort à Dole le 7 juillet 1676, il a laissé d'im- portants mémoires sur les deux conquêtes de la Franche-Comté par la France, en 1668 et 1674, qui ont été publiés dans les Documents inédits de l'Académie de Besançon (t. V et VI, 1867-1868). (3) Jean Chiflet, chanoine de Tournai, aumônier de l’archiduc Léopold- Guillaume, à Bruxelles, est auteur d'assez nombreuses dissertations latines sur des sujets d’érudition. (4) Cette Jeune enfant fut associée à une manifestation religieuse et lit- on Sébastiain Guillaume, de Mercey-les-Jussey, leur gouverneur. » Le deuzième janvier 1630, passant à Paris, nous fusmes visiter Monsieur le cardinal de Bagny (1), nouvellement faict cardinal, ayant encore en sa maison le fils de fut Barclay, cham- brier de Sa Sainteté, qui luy avoit apporté le bonnet, que mon- dit seigneur le cardinal ne prit que le jour des Roys. Comme Sa Seigneurie [llustrissime sceut que ma sœur estoit avec moy, il luy envoya plusieurs bouettes de confitures de Gennes, parse- mées de beaux bouquets et accompagnées de peintures et autres galanteries ; et à moy il m’envoya une monstre d’horro- loge de Blois, ayant la bouette d'argent, ensemble une grande médaille d'argent de Sa Sainteté. » Le 15 janvier (1630), nous arrivasmes à Bruxelles. Deux jours après, je fus faire la révérence à Son Altesse, laquelle téraire que la famille Chiflet fit peu de temps après sa réunion à Bruxelles. Nous voulons parler de la publication, à l’Imprimerie Plantinienne d’An- vers, d’une « Histoire du Prieuré de Nostre-Dame de Bellefontaine. au Comté de Bourgongne, par Philippe CHIFFLET », ouvrage accompagné d’une traduction latine due à la plume célèbre d'Erycius PUTEANUS : ( Ery- cli PUTEAN: Diva Virgo Bellifontana in Sequanis. » À la suite de cette version, vient une série d’épigrammes sur l'inauguration à Bellefontaine d’une statuette de la Vierge, taillée dans un morceau du chêne béni de Mon- taigu, image que Philippe Chiflet tenait de son ami Puteanus, et qu'il avait solennellement exposée à la vénération des ressortissants de son prieuré, le dimanche 19 août 1629. Tous les membres et les alliés lettrés de la famille Chiflet ont fourni leur contingent à ce recueil d’épigrammes : la dernière pièce provient de Jeanne Chiflet ; elle est précédée d’une lettre d’excuse adressée par cette jeune enfant à Ferdinand d’Andelot, person- nage qui avait été l’un des patrons de l'établissement des Chiflet à Bruxelles. À lui sont naturellement dédiées les deux parties de l'Histoire de Belle- fontaine : le texte, par une épitre française de Philippe Chifflet, en date à Bruxelles du 11 juillet 1631 ; la traduction latine, par une epistola de Jules et Jean Chiflet, neveux de l’auteur, en date, également à Bruxelles, du 1er mai 1631. Le lout forme un volume in-#, de 40 pages pour le texte français, plus 66 pages pour la traduction latine suivie des épigrammes. (1) Gio-Francesco Guidi di Bagno, Florentin, avait été nonce aposto- lique à Bruxelles, de 1622 à 1627. Appelé à remplir le même poste à Paris, il fut créé cardinal le 30 août 1627 et publié en cette qualité le 19 novembre 1629. (Moro, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica, t. XXXIII, pp. 199-201.) C'était à lui que Jean-Jacques Chiflet avait dédié son livre intitulé : De linteis sepulchralibus Christi. imprimé à Anvers, en 1624. ROME Le d'abord me dit que j’estois le bien retourné, et prit la peine de s’enquérir de tout le succèz de nostre voyage : sçavoir combien de jours nous avions esté en chemin, par où nous estions venus, si nous estions bien portez, comme se portoit ma sœur, com- bien j’avois amené d'enfants, et autres particularitez? Et me dit, entre autres, qu’on lui avoit dit une chose fort remarcable, c’est que ma sœur estoit arrivée à tel jour qu’elle fut mariée; et me demanda s’il estoit vray, si elle se treuvoit point estrange, combien il y avoit qu’elle n’avoit veu son mari? Puis elle me dit qu'ils debvroient estre bien contans de se revoir. Après, elle me demanda comme se portoit le cardinal de Bagny, s’il ieroit bientost à Rome? et qu’il luy avoit fait espérer qu’elle le rever- roit avant qu'il y allast. Et enfin $S. A. s’enquit de la santé de ceux de Besançon, si la peste y avoit cessé, qu’elle s’esjouissoit de leur bon portement autant qu’elle avoit senti leur affliction. Je respondis de point en point sur tout ce dont elle m’interrogea. » Deux ou trois jours après, ma sœur la fut saluer en sa chambre, où Son Altesse luy ayant de mesme (dit) qu’elle estoit la bienvenue, elle s’enquit encore particulièrement du suecès du voyage et de sa santé. » Peu de jours après, je luy présentay mes deux neveux, Jule et Jean, cettui-cy avec une sottane (1), et en son nom je remereiay S. À. du bien qu’elle luy avoit faict, luy donnant une chappelle à Sainct-Estienne de Besançon, soub l’invocation de sainct Théodule (2), et tout nouvellement une pencion de 300 frans sur l’abbaye de Theulé (3). Elle me dit, deux ou trois fois, (1) « Il est certain que Jean Chifflet avait pris les ordres fort jeune, puisque, en 1632, il avait été nommé à un canonicat de Besançon. » (Ch. WEIss, art. Jean Ghifflet, dans la Biograghie universelle. (2) Le Jeune titulaire de la chapelle s'était empressé de l’enrichir d’une œuvre d'art. Nous ne saurions attribuer une autre origine à un tableau qui représente saint Théodule multipliant la vendange, avec le blason des Chiflet sur la cuve et la date 1629. Ce tableau, conservé actuellement au palais archiépiscopal de Besançon, nous parait analogue, comme dessin et comme coloration, à deux peintures du musée Plantin-Moretus, à An- vers, dont chacune représente un savant au travail et qui sont attri- buées à Adrien Van der Venne. (Max ROOSES, Catalogue du musée Plan- hin-Moretus, 1881, pp. 48 et 49.) (3) Theuley, abbaye cistercienne de Franche-Comté, que « linda persona era el clerigo (1) »; qu’elle ne pensoit pas que mon frère eust des enfans si grands, et qu’elle estoit bien contente de les veoir, » F, — Baptémes des deux derniers fils de Jean-Jacques CHIFLET et mort de sa femme (novembre 1630 — mai 1635). Collection Chifiet, n° 129 A., et Diaire de Philippe CHIFLET : manuscrits de la Bibliothèque de Besancon. » Le 3e jour de novembre (1630), dimanche jour de saint Hu- bert, ma sœur accoucha d'un fils, au trois heures du matin peu moins, lequel fut baptisé le mesme jour, Dieu grâce; mais la cérémonie du baptesme fut différée : le pasteur de l’église de Caudberghe le vint baptiser à la maison. Et le vendredy 22 du mesme mois, jour de sainte Cécile, Messire Ferdinande d’An- delot, chevalier, seigneur d’Olans, etc., maistre d’hostel de S. A. S., colonel du bailliage d'Amont, gouverneur et capitaine de la ville de Gray, au nom du Roy Philippe IV (2); et la chancelière de Brabant, baronne de Zaventem (3), au nom de S. A., luy don- nèrent le nom de Philippe-Eugène (4), en l’église de Saint-Jac- ques de Cauberghe, parroisse de la cour, où il fut porté par la fille aisnayée du chancelier. Dès la veille, S. À. avoit donné l’ordre de bouche et dit à la chancelière beaucoup de bien de mon frère et de ma sœur, sa femme. » Le (lundi) 30 (avril 1635), l'enfant de ma sœur, qui estoit né le vendredy précédant, fut baptisé en l’église de Cauberghe, à 7 heures du soir : le prince Thomas de Savoye et Madame Hen- (1) C'est-à-dire : « Votre jeune ecclésiastique est un beau garçon, » (2) Le cadeau que reçut Jean-Jacques Chiflet, à l’occasion de ce bap- tême, est ainsi relaté dans les notes prises à travers les comptes de l’in- fante, par Philippe CHiFLEr : &« Au docteur Chifflet, en janvier 1631, pour avoir levé son fils sur les fons, un bacin avec l’aiguière, d'argent doré et ciselé, du poids de 79 onces et demye, à 4 florins 10 sous l’once ; 357 flo- rins 15 sous. » (Bibliothèque de Besançon : collection Chiflet, n° 129 B.) (3) Anne-Marie de Camudio, femme de Ferdinand de Boisschot, baron de Saventhem, chancelier de Brabant depuis l’année 1626. (4) Philippe-Eugêne Chiflet devint conseiller au parlement de Franche- Comté et fut le trisaieul du vicomte Ferdinand Chiflet, dernier du nom, qui a eu pour héritier son neveu, M. Henri Picot d'Aligny. LE QU riette de Lorraine, princesse de Pfalsburg (1), furent les parrain et marraine, démonstrants estre fort contans de la prière que mon frère leur avoit faite de luy accorder cet honneur. Ils mirent nom à l'enfant Henry-Thomas (2), afin qu’il portast le nom de la marraine aussi bien que du parrain. Après le baptesme, Mon- sieur le prince Thomas envoya, par un gentilhomme de sa chambre, donner la bonne heure à ma sœur, et luy signifier qu'il prenoit son filleul en sa protection et qu’il en vouloit avoir un soin particulier, demandant que, de temps à autre, on Iuy rendit compte de son portement. : » Le 27 mai (1635), dimanche de la Pentecoste, dame Jeanne- Baptiste de Maubouhan, ma très chère et très aimée sœur, mourut d'une fièvre continue, au 31e jour de sa maladie et de Sa couche, dont toutesfois elle estoit délivrée heureusement. Après le 21, elle sembla se guérir; mais trois jours après, sur- vint un catherre qui luy causa une inflammation de poulmons, de laquelle aussy elle sembloit devoir (estre) délivrée, à cause qu’elle avoit le cœur fort vif et qu’elle expectoroit. Enfin, le jour de la Pentecoste, sur le soir, la fluxion se renouvella en si grande abondance que, toute force luy manquant, elle expira immédia- tement avant la minuict, très chrestiennement et tout à fait ré- signée à la volonté de Dieu, munie de tous les sacremens de l'Eglise et en odeur de suavité, nous laissant un extrême regret et un bon exemple de ses mérites et de sa constance. » (1) Thomas-François, prince de Savoie-Carignan, capitaine renommé, avait mis son épée au service de la maison d'Autriche : il était entré dans les Pays-Bas au mois d'avril 163%, à peu près en même temps qu'y arri- vait la princesse de Phalsbourg, Henriette de Lorraine-Vaudémont, sœur du duc Charles IV, belle et énergique personne qui allait être, à Bruxelles, la tête et l'âme du groupe lorrain acharné contre Richelieu. Une intimité s'établit aussitôt entre la princesse de Phalsbourg et le prince Thomas. (2) Henri-Thomas Chiflet, aumônier de l’érudite Christine, reine de Suède, a publié une dissertation sur les médailles romaines de bronze à l'effigie de l'empereur Othon. pet VII ORIGINE ET QUALITÉ DU PORTRAIT D'ISABELLE-CLAIRE- EUGÉNIE, PAR VAN DYCK, AU LOUVRE. Parmi les portraits qui ont légitimement leur place au Musée du Louvre, il n’en est pas de plus connu que celui de l’infante Isabelle-Claire-Eugénie, par Van Dyck (1). Cette princesse y est représentée en habit de religieuse du Tiers-Ordre de Saint- François, costume sous lequel elle vécut depuis le premier jour de son veuvage jusqu’à sa mort (13 juillet 1621-2 décembre 1633). Le peintre a merveilleusement réussi à fixer les traits et la physionomie de ce visage énergiquement résigné et sensuel- lement béat. « Il existe, dit M. J. Guiffrey (2), de nombreuses répétitions de cette effigie. Evidemment un premier tableau, exécuté d’après nature, a servi de modèle aux répliques dissé- ininées un peu partout... Le tableau du Louvre a toujours passé pour une œuvre originale; il appartient à la collection du Roi, premier noyau de notre Musée. Quelque remarquables que soient les portraits de la princesse conservés à Vienne ou à Turin, celui du Louvre nous paraît supérieur. On assure tou- tefois que le prototype de ces nombreuses toiles est le tableau du Musée de Parme. » Le prototype, où qu'il soit, passe pour avoir été peint en 1626 (3). Cependant un article extrait des comptes de l’infante, par Philippe Chiflet, l’un des chapelains de son oratoire, donne à cette peinture une date de deux années postérieure. Cet article, qui fait en même temps connaître la récompense que reçut le peintre, est ainsi conçu : « 1628, décembre. — À Van de Hævyck, le peintre d'Anvers, (1) Frédéric VizLor, Notice des tableaux du Louvre, 2% partie : écoles allemande, flamande et hollandaise, n° 145 ; hauteur 1" 17; largeur On 90; toile, figure à mi-corps de grandeur naturelle. (2) J. GUuIFFREY, Antoine Van Dyck, pp. 86-87. (3) IB1D., p. 86. TARA » Lit, ses TRES 80 pour avoir peint Son Altesse, une chaîne d’or de la valeur de 750 florins (1). » On sait que la veuve de Henri IV, Marie de Médicis, s’étant exilée volontairement pour protester contre le despotisme du cardinal de Richelieu, vécut pendant près de deux ans et demi dans l'intimité de l’infante Isabelle. Lorsque celle-ci fut morte, la reine-mère, qui continuait de résider aux Pays-Bas, voulut se procurer un portrait dans lequel il lui semblait voir revivre la pieuse défunte. L'œuvre de Van Dyck, qu’elle possédait déjà, ne la satisfaisait pas au même degré. Philippe Chiflet, proprié- taire du portrait si ardemment convoité, relate cette circons- tance dans les termes suivants : (1634, Ler avril). — « La Royne-Mère ayant apris que j'avois un bon portrait de fut S. A. l’Infante, en petit, elle désira de le voir, et l’ayant veu, elle dit que volontier elle le desroberoit, et au sieur de Saint-Germain (2) qu’il estoit force qu’elle l’eust. Sur ce disoit-elle que l'original de Van Dic qu’elle avoit ne Iuy sembloit rien auprès, et qu’enfin elle désiroit de lavoir de toute manière pour mettre dans son oratoire, luy semblant commu- niquer avec l’Infante quand elle le voyoit. Je luy accorday que par le mesme maistre je le ferois copier, et que je mettrois S. M. au choix (3). » Le texte qui précède prouve que Marie de Médicis avait un portrait de l’infante Isabelle, issu du pinceau même de Van Dyck. Or, la succession de Marie de Médicis fut dévolue, par disposition testamentaire, à ses deux fils, le roi de France Louis XIII et Gaston, duc d'Orléans (4). Il y a donc lieu de con- sidérer le portrait de la collection du Roi, arrivé ensuite au Musée du Louvre, comme étant celui que Marie de Médicis possédait (1) Présents faits par l’infante Isabelle : collection Chiflet, à la Biblio- thèque de Besançon, n° 129 B. (2) Mathieu de Morgues, souvent appelé l'abbé de Saint-Germain, pre- nier aumônier de Marie de Médicis, l’un des pamphlétaires les plus achar- nés contre le cardinal de Richelieu. (3) Diaire de Philippe CHIFLET : manuscrit de la Bibliothèque de Be- sançon. (4) Testamento della regina Maria de’ Medici, 2 luglio 1642 : nel Mercurio di Vittorio Sri, t. IE, pp. 700-705. 9 en 1634. Mais la reine-mère n’avait été la commensale de l’in- fante qu'à partir du mois de juillet 1631, c’est-à-dire plus de deux ans et demi après la création du prototype de la peinture qui nous occupe. D’autre part, il est fort douteux que linfante se soit dessaisie de ce prototype; il est au contraire extrême- ment probable que Marie de Médicis n’en eut, à titre de cadeau, qu’une répétition exécutée par l'artiste lui-même. Telles seraient l’origine et la qualité du portrait qui repré- sente, au Musée du Louvre, l’infante Isabelle-Claire-Eugénie ha- billée en religieuse. VIII PARTICULARITÉS CONCERNANT LES RELATIONS DE RUBENS AVEC LA COUR DE BRUXELLES (1622-1636). À. — Commission gracieuse donnée à Rubens par l’infante Isabelle (janvier 1622). On s’est demandé par quelle influence Marie de Médicis avait été déterminée à choisir Rubens comme décorateur de la ga- lerie de son palais du Luxembourg (1). La réputation qu'avait déjà l'artiste, au moment où cette commande lui fut faite, suf- firait pour expliquer la préférence donnée à son pinceau par la mère de Louis XIIT. Il semblerait néanmoins que la sollicitude de l’infante Isabelle pour Rubens ne fut pas étrangère à cette faveur. Par Catherine de Médicis, son aïeule maternelle, et par son grand oncle l’empereur Ferdinand Ier, Isabelle était dou- blement parente avec la veuve de Henri IV. Lorsque le grand coloriste se rendit à Paris, au mois de janvier 1622, pour prendre connaissance du local qu’il devait décorer, la gouvernante des Pays-Bas eut l’attention de lui confier un présent tout amical qu’elle envoyait à la reine-mère. Le fait se trouve ainsi relaté (1) € Pourquoi Marie de Médicis, ambitieuse de faire décorer son palais, s’adressa-t-elle à Rubens ? Sur cette question, les livres ne donnent pas de réponse tout à fait satisfaisante. » (Paul MANTz, Rubens, neuvième article : Gazette des Beaux-Arts, 2% période, t. XXIX, janvier 188%, p. 32.) 0 — dans les notes prises par Philippe Chiflet à travers les comptes des dépenses de l’infante (1) : | « Janvier 1622. — A la Royne-Mère, par Rubens, une petite chiene , avec un collier garni de vingt-quatre plaques esmail- lées (2). » B, — Visite de l’infante Isabelle au Panthéon de Rubens (juillet 1625). En même temps que Rubens achevait le placement au palais du Luxembourg des vingt-quatre tableaux qui retraçaient allé- ooriquement l’histoire de Marie de Médicis, un succès militaire important relevait le prestige des troupes que l'Espagne entre- tenait aux Pays-Bas. Après un siège de dix mois, conduit avec un rare talent par Ambroise Spinola et vaillamment soutenu par Justin de Nassau, fils naturel du Taciturne, la place de Bréda avait été reprise aux Hollandais, le 5 juin 1625. Sur cette nouvelle, Rubens avait quitté Paris en toute hâte, voulant par- ticiper à la joie de sa bienfaitrice, « Mais, à notre arrivée à Bru- xelles, écrivait l’artiste (3), je trouvai que la Sérénissime Infante était partie pour visiter le camp de Bréda, avant qu’on en dé- molit les fortifications. J’espérois la rejoindre à Anvers, afin de l'accompagner; mais lorsque j'arrivai jeudi à midi (12 juin), il se trouva qu’elle était partie le jour même, à six heures du ma- tin, ce qui me contraria fort. On pense que Son Altesse revien- dra dans trois ou quatre jours, son voyage n’ayant été entrepris qu’à la demande de l’armée, et pour animer les troupes et les récompenser de leurs fatigues, en leur faisant distribuer double paye et d’autres largesses, et chacun suivant son mérite. » (1) Bibliothèque de Besançon : collection Chiflet, n° 129 B. (2) Dans le tableau de la galerie du Luxembourg qui représente la Nais- sance de Louis XIIT, on voit un ravissant petit épagneul, à la pelure blanche et rousse, qui à un collier de velours bleu décoré de plaques d’or. Il ne serait pas impossible que ce fût le portrait de la petite chienne au collier apportée par Rubens à Marie de Médicis, de la part de l’infante [sa- belle. (3) Lettre à Peirese : Anvers, 1695 (Lettres inédites de P.-P. Rubens, publ. par Emile GACHET, pp. 14415). La petite-fille de l’empereur Charles-Quint et du roi Henri Il de France savait allier l’accomplissement de ses devoirs de gouvernante aux pratiques de l'existence monacale qu’elle avait embrassée : sous le costume de pauvre Clarisse, elle passait en revue les soldats et traitait les questions militaires (1). La po- pulation de Bréda la remercia de sa démarche en lui offrant une couronne civique. Après qu’elle eut pourvu à la réorganisation administrative de cette ville (2), elle revint à Anvers, en com- pagnie du victorieux Spinola, et ils y furent reçus triomphale- ment le lundi 7 juillet, à 7 heures du soir. « Pendant le séjour que Son Altesse fit à Anvers, dit l'historien du siège de Bréda (3), Pierre-Paul Rubens, peintre très excellent et très renommé, la peignit, et fit depuis graver la mesme image sur une lame de cuivre : elle se vid ornée d’une couronne civique dans un ta- bleau sortable à sa royale grandeur, digne vrayement d’estre représentée de la sorte après un triomphe si signalé, et de la seule main de cet Apelle. » Durant l’exécution de ce portrait triomphal, l’infante honora Rubens d’une visite, et l'artiste fut heureux de l’introduire dans sa galerie principalement peuplée de tableaux mythologiques, ce qui avait valu à ce local le surnom flatteur de Panthéon. Des (1) « Le soir (du samedi 14 juin), Son Altesse fut voir tirer le canon sur les remparts (de Bréda), derrière le chasteau, et les feux qui se faisoient au camp. Elle tesmoigna là une action, non seulement de capitaine, mais d’un soldat qui n’ignore de rien, et d’un grand jugement sur la pratique de l'artillerie; car, ainsi qu’on vouloit mettre le feu au canon, ayant re- marqué que le plancher de la platte forme déclinoit un bien peu de son orison : « retirez-vous , dit-elle à ceux qui estoient du costé qu’il panchoit, » parce que le canon se reculera de biais et vous offensera » ; ce qui arriva. » (Ph. CHircer, Diaire : 14 juin 1695 ; ms de la Bibliothèque de Besançon.) (2) Le 21 juin, elle nomma gouverneur de Bréda, conformément au vœu des habitants, Claude de Rye, baron de Balançon, qui avait commandé l'ar- tillerie de l’armée assiégeante et avait eu grande part au succès obtenu. Ce vaillant général était le frère du grand aumônier de l’infante, François de Rye. En dédiant à ce prélat une traduction française de la relation latine du siège, écrite par le jésuite Hermann Hugo, Philippe Chiflet fait l'éloge des talents militaires du baron de Balançon. (3) Le Siège de la ville de Bréda. traduict du latin du P. Hermannus HuGo, par Philippe CHIFFLET ; Antuerp., 1631, in-fol., p. 159. 00 curiosités de plus d’un genre s’y trouvaient réunies : c’est Phi- lippe Chiflet qui l’atteste, en relatant un mot gracieux pour le médecin son frère, qui fut dit par l’infante au cours de cette visite. Voici les termes dont s’est servi Philippe Chiflet pour garder mémoire de l'incident : « Après le disner (du jeudi 10 juillet 1625), Son Altesse fut voir le Panthéon de Rubens et toutes [sortes] de raretez, entre lesquelles Son Altesse admira une mommie fort bien conservée, et dit qu’elle se souvenoit de la mention que Jean-Jacque Chif- flet en faisoit dans son livre De linteis sepulchralibus Christi (1). » C. — Composition de tapisseries, commandées à Rubens par l’infante Isabelle (1628). Aucun peintre ne fut plus amoureux que Rubens de l’opu- lence décorative et n’en sut mieux que lui faire éclore les splen- deurs. Il était donc merveilleusement apte à faire prospérer l’art de la tapisserie qui, depuis trois siècles, était en honneur dans les Flandres. « Le maître, dit M. Eugène Müntz (2), pei- gnit de sa main les cartons de plusieurs suites, dont l’une du moins, l'Histoire de Constantin, a été reproduite bien souvent, à Paris aussi bien qu’à Bruxelles... L'Histoire d'Achille et l'Histoire de Decius n’obtinrent pas moins de succès; il en fut de même du Triomphe de l’Eglise, avec les Scènes de l’Ancien Testament, dont dix-sept pièces sont aujourd’hui conservées au couvent des Carmélites déchaussées, à Madrid. » Ces dix-sept pièces sont décrites dans une brochure à laquelle renvoie M. Müntz et dont je lui dois la communication (3). Cette brochure ne dit point que les religieuses en question soient des (1) Dans ce volume, du format in-4, qui avait été imprimé par la maison Plantin-Moretus en 1624, on voit, en effet, le cadavre du Christ enseveli à la facon des momies égyptiennes (p. 47), ainsi que deux ensevelissements analogues constatés parmi les sépultures antiques de Rome (p. 172). (2) La Tapisserie : volume de la Bibliothèque de l’enseignement des Beaux-Arts, p. 248, (3) Descripcion de los tapices de Rubens que se colecan en el claus- tro del monasterio de las senoras religiosas delcalzas reales, en los dias de viernes santo para la procesion del santo entierro, y en la Carmélites : elle les appelle « religiosas descalzas », dénomi- nation qui peut aussi bien convenir à des Clarisses ou Corde- lières. Or, il existe à Madrid un monastère de Clarisses avec lequel l’infante Isabelle eut des relations intimes et à qui nous allons voir qu’elle fit un cadeau de tapisseries dont Rubens avait fourni les cartons. D’après Philippe Chiflet, ces tapisseries représentaient « les figures et mistères de la Sainte-Eucharis- tie. » Ce titre sommaire concorde parfaitement avec les descrip- tions détaillées qui composent la brochure. Celle-ci affirme d’ailleurs que, sur le tapis portant le n° 11, on voit l’image de l’infante Isabelle-Claire-Eugénie vêtue en Clarisse : c’est là une circonstance qui confirme singulièrement mes présomptions quant à l’origine des tapisseries décrites par la brochure et à la qualité du monastère qui en fut gratifié. Ce monastère s'appelle « Convento de Nuestra Senora de la Consolacion de Religiosas descalzas de San Francisco » : il avait été fondé en 1559, par Jeanne d'Autriche, fille de Charles-Quint et veuve du prince Jean de Portugal (1). Dans ce couvent, l’infante Isabelle avait passé sa première enfance, et, plus tard, elle s’y était préparée, par une retraite de huit mois, à devenir l'épouse de l’archiduc Albert en même temps que la souveraine des anciens domaines de la maison de Bourgogne (2). Ses relations avec ce couvent n'avaient cessé d’être très cordiales; elles étaient devenues particulièrement intimes depuis que sa cousine germaine et belle-sœur, l’infante Marguerite, fille de l'empereur Maximilien [L, y avait pris l’habit monacal. Ainsi s’expliquerait la disposition généreuse qui valut oclava del santissimum Corpus Christi para la procesion de altares ; Madrid, Fortanet, 1881, in-12. (1) GONÇALEZ D’Avira, Teatro de las grandezas de Madrid ; 16%, in-fol., p. 286. (2) « Dimenche dernier, je fus parler à la révérende abbesse de las Des- calças de Madrit..….. Elle me dict que Son Altesse dona Isabel avoit esté nourrie en son bas âge dans ce monastère. .…. (Madrid, 9 novembre 1634.) — ( Après toutes mes diligences faites en las Delcalças, la responce a esté que Son Altesse, que este en gloria, demeura huict mois en ce royal monastère attendant ses nopces (Madrid, 24 février 1635). — (Lettres du P. Claude CLÉMENT, d’Ornans, jésuite à Madrid, à Philippe Chiflet : col- lection Chiflet, à la Bibliothèque de Besançon, n° 199 B.) — 90 — à Rubens une commande de « patrons de tapisseries », que Philippe Chiflet rappelle en ces termes (1) : « En janvier 1698, furent données à Pierre-Paul Rubens plu- sieurs perles, à bon compte des patrons de tapisseries pour les Cordelières de Madrid. » Dans un second passage, incontestablement relatif à la même entreprise, une erreur de transcription à fait donner la forme masculine au mot deschaussés ; mais ce qui est beaucoup plus regrettable, c’est l'oubli d’une date qui nous aurait renseigné sur l’époque de l'achèvement des tapisseries dont Rubens éla- borait les cartons au début de l’année 1628. Nous reproduisons néanmoins les termes de ce second passage (9) : « L’Infante envoya à Madrid aux deschaussés une tapisserie contenant les figures et mistères de la Sainte-Eucharistie, de laquelle les patrons, [qui] sont faits par Rubens, ont cousté trente mille florins. La tapisserie en valoit près de cent mille. » D. —- Une tente en tapisserie pour le roi d'Espagne, dessinée par Rubens, sur la commande du Gardinal-Infant (1636). L’archidue Ferdinand d'Autriche, que l’on appelait le Cardinal- Infant, s’honora de continuer à Rubens le patronage dont cet artiste avait Joui sous le gouvernement de l’infante Isabelle. On sait les merveilleux décors qu’enfanta le génie de Rubens, à l’occasion de la première entrée de Ferdinand d'Autriche dans la ville d'Anvers, en qualité de gouverneur des Pays-Bas. Ce prince envoya bientôt au roi d’Espagne Philippe IV, son frère et souverain, un cadeau dont il emprunta la plupart des élé- ments aux provinces qui lui étaient confiées. L'un des plus pré- cieux de ces éléments fut une tente royale en tapisserie, tissée d’or et de soie d’après une composition demandée à Rubens. Le détail du cadeau est donné en ces termes par Philippe Chi- flet (3) : | (1) Présents faits par l’infante : collect, Chiflet, à la Bibliothèque de Besançon, n° 129 B. (2) Observations sur l’infante : ibid., n° 199 A. (3) Diaire (2 avril 1636) : ms de la Bibliothèque de Besançon. « Présent de l’Infant-Cardinal au Roy. — Le 21 (avril 1636), Son Altesse envoya un beau présent au Roy, qui partit ce jour pour Dunkerke, où il fut embarqué. Il y avoit trente huit pièces de chevaux frisons, touts de litte, grands et puissans, dont les moindres valloient mille florins ; une tente de tapisserie d’or et de soye, dont les patrons estoient de Rubens; une tente de camp ou pavillon royal, assorti de toutes ses chambres, sales, antisales, et de tous les offices, jusqu'aux escueries ; plus deux carroces d'Allemagne, dorez, pour la campagne. » = VO EE TABLE ALPHABÉTIQUE ee me ae Albert (l’archiduc), souverain des Pays-Bas et de la Franche- Comté. — Fondateur de la confrérie de Saint-Ildefonse, à Bruxelles (1604), pp. 24, 29 et 52. — Il adopte pour patron saint Albert de Liége, au lieu de saint Albert le Grand (1612- 4618), p. 26. — Son image dans le retable, peint par Rubens, pour la confrérie de Saint-Idefonse, pp. 20, 24-26. — Les Franc-Comtois à son convoi funèbre (1622), pp. 65-72. Andelot (Ferdinand d’), premier maître d'hôtel de la cour de Bruxelles. — Ses origines, p. 30 et note. — Son arrivée dans les Pays-Bas (1606), p. 31. — Accueil qu’il y fait à son compa- triote Jean-Jacques Chiflet (1623), p. 74. — Ses alliances et ses descendants, pp. 57-62. — $Ses deuils de famille, pp. 31 et note, 57-65. — Epitaphes de ses enfants et de sa seconde femme, par Erycius Puteanus (1626-1630), pp. 60-65. — Sa piété, p. 32. — Son éloge par Jules Chiflet et par Erycius Pu- teanus, pp. 57-58, 63-64. — Sa présence aux obsèques de l’ar- chiduc Albert (1622), p. 70. — Juge de la confrérie de Saint- Ildefonse pour l’année 1629, p. 29. — Son rôle actif dans la confection de l’autel neuf et du retable de Saint-Ildefonse (1630-1632), pp. 29, 31, 32, 33, 38, 40, 41, 42, 58. — Il fait con- sulter Erycius Puteanus sur le texte d’une inscription com- mémorative de cette double entreprise (1630), pp. 54-57. — 1l représente le roi d’Espagne Philippe IV, comme parrain, au baptème de l’un des fils de Jean-Jacques Chiflet (1630), p. 86. Andelot (Charles d’), chevalier d'honneur à la cour de Mons en Hainaut, — Notice, p. 69. Andelot (Adrien), gentilhomme de la maison de l’archiduc Al- bert, — Notice, p. 68. 7 Bagni (Gio-Francesco GUuIDI DI BAGNO, dit le cardinal de), nonce à Bruxelles, puis à Paris. — Notice, p. 84, en note. — Le bon- net de cardinal lui est apporté à Paris (1630), p. 84. — Ses gra- cieusetés envers la famille Chiflet (1630), p. 84. — Souvenir que conserve de lui l’infante Isabelle, p. 85. BELLEFONTAINE, prieuré en Franche-Comté. — Philippe Chiflet, qui en était commendataire, y expose une Vierge de Mon- taigu, cadeau d’Erycius Puteanus (1629), p. 84, en note. Berg (Henri, comte de). — Triste situation de son armée de Veluwe (1629), p. 59, en note. BESANÇON, ville impériale. — Ses relations politiques avec le souverain de la Franche-Comté, p. 73. — Députés envoyés par elle pour la conclusion d’un traité de gardienneté avec le roi d'Espagne, souverain de la Franche-Comté (1621-1623), pp. 75-77. Boudot (Paul), de Morteau, évêque de Saint-Omer, puis d’Ar- ras. — Sa nécrologie par Philippe Chiflet (1635), pp. 66-67. Buson (Claude-Antoine), avocat. — Chargé, par la municipalité de Besançon, d’une mission diplomatique aux Pays-Bas, con- jointement avec Jean-Jacques Chiflet (1621-1693), pp. 73, 75- 11. Ghâteaurouillaud (Anne-Nicole d’Andelot, dame de). — Sa piété, p. 32. GChiïflet, famille lettrée de Besançon. — Variantes de l’ortho- graphe de son nom, p. 73, en note. — Son éloge par Erycius Puteanus (1693), p. 80. — Eteinte en 1879, dans la personne du vicomte Ferdinand Chiflet, représenté actuellement par M. H. Picot d’Aligny, p. 73 et 86. Ghiflet (Jean-Jacques), médecin et érudit. — Sa capacité future pressentie par le docteur D. Francisco de Paz, en 1596, p. 74. — Chargé, par la municipalité de Besançon, d’une mission diplomatique à Bruxelles (1621-1693), pp. 31, 73-77. — Ses pa- tentes de citoyen de Rome (1621), pp. 77-79. — Son éloge, par Erycius Puteanus (1623), p. 80. — Ses promotions aux titres — 99 — de médecin de l’infante Isabelle et de médecin du roi d’Es- pagne Philippe IV (1625-1626), pp. 31, 74 et 82. — Souvenir de l’un de ses ouvrages, exprimé chez Rubens par l’infante Isa- belle (1695), p. 93 et en note. — Ses soins charitables aux ma- lades de l’armée de Veluwe (1629), p. 59, en note. — Jugement de Chapelain sur ses écrits de polémiste (1666), pp. 75-76, en note. Chiflet (Philippe), chapelain de l’oratoire du palais de Bruxelles. — Sa date de naissance (1597), p. 74, en note. — Ses études à Louvain, p. 74. — Son éloge, par Erycius Puteanus (1693), pp. 79-81. — Son entrée dans la maison de l’infante Isabelle (1624), pp. 31, 71-72, 75. — Célébration de ses premières messes (1625), pp. 81-82. — Ses lamentations poétiques sur la mort de Philippe IIE, roi d'Espagne (1621), pp. 80-81, en note. — Sa collaboration aux épitaphes des enfants et de la seconde femme de Ferdinand d’Andelot (1626-1630), pp. 61-62. — Son voyage en Franche-Comté pour y prendre possession de deux bénéfices ecclésiastiques et pour en ramener à Bruxelles la famille de son frère (1628-1629), pp. 75, 81, 86. — Est associé aux retouches d’une inscription pour l’autel neuf et le retable de la confrérie de Saint-Idefonse (1630), pp. 39, 41, 54-57, — Ses indications quant aux époques de confection et d’achè- vement de ces ouvrages (1630-1632), pp. 41, 42, 43 et 52. — Sa traduction française de la relation du siège de Bréda (1631), p. 92, en note. — Son récit du fonctionnement et du rétablis- sement de la confrérie de Saint-lldefonse (1634-1636), pp. 51- 04, — Il fait copier, pour la reine-mère Marie de Médicis, le portrait qu'il possédait de l’infante Isabelle (1634), p. 89. — Son neveu Jules le substitue comme vicaire général de l’ar- chevêèque Claude d’Achey (1646-1648), p. 83, en note. Ghiflet (Jules), fils aîné de Jean-Jacques, chancelier de la Toison d'Or, abbé de Balerne, conseiller-clere au parlement de Fran- che-Comté. — Autobiographie et notice (1614-1676), p. 83, en note. Ghiflet (Jean), deuxième fils de Jean-Jacques, chanoine de Tour- nay et aumônier de l’archiduc Léopold-Guillaume. — Son ar- rivée à Bruxelles (1629), p. 83 et note. — Il étudie à Louvain — 100 — 4630), p. 55. — Entré jeune dans les ordres, il est précoce- ment pourvu de bénéfices ecclésiastiques (1629-1632), p. 85, en note. — Tableau donné par lui à la chapelle de Saint-Théo- dule, en l’église de Saint-Etienne à Bésançon (1629), p. 85, en note. — L’'infante Isabelle le déclare un joli garçon, p. 86. Ghiflet (Jeanne), fille de Jean-Jacques. — Son arrivée à :Bru- xelles (1629), p. 83. — Sa lettre à Ferdinand d’Andelot, accom- pagnant une pièce de vers français, composée par elle à la louange de Notre-Dame de Bellefontaine (1631), p. 84, en note. Ghiflet (Philippe-Eugène), troisième fils de Jean-Jacques, conti- nuateur de la famille. — Son baptême à Saint-Jacques de Cau- denberg : parrain, le roi d'Espagne Philippe IV; marraine, linfante Isabelle-Claire-Eugénie (1630), p. 86. — Cadeau reçu par Jean-Jacques Chiflet à l’occasion de ce baptême, p. 86, en note. Chiflet (Henri-Thomas), dernier fils de Jean-Jacques, aumônier de la reine Christine de Suède. — Son baptême à Saint-Jac- ques de Caudenberg : parrain, le prince Thomas de Savoie; marraine, Henriette de Lorraine, princesse de Phalsbhourg (1635), pp. 86 et 87. Gueva (Alonso DE BEDMAR, Cardinal de la). — Lettre à lui adressée par Erycius Puteanus, dans l'intérêt de Philippe Chiflet (1623), pp. 79-81. Deschamps (Pierre), de Besançon, musicien de la chapelle du palais de Bruxelles. — Notice, pp. 65-66. Ferdinand d'Autriche (dit le Cardinal-Infant). — Préside à la réorganisation de la confrérie de Saint-Ildefonse (1636), pp. 28, 53-54, — Cadeau qu’il fait à son frère le roi d'Espagne Phi- lippe IV : tente royale en tapisserie d’or et de soie, d’après une composition demandée à Rubens (1636), pp. 95-96. Fourment (Hélène), seconde femme de Rubens. — Sa figure reconnue dans la page principale du triptyque de Saint-Ilde- fonse : importance de cette constatation au point de vue de la date de production de l’oùüvrage, p. 37, en note. Le FRANCHE-COMTÉ (province de). — Le nom de Bourgogne lui ap- partenait exclusivement depuis l’annexion du duché de Bour- gogne à la France, pp. 82-83, en note. Francquart (Jacques), architecte de la cour de Bruxelles. — Notice, p. 33, en note. — L’infante Isabelle lui commande soixante-trois visages, pour autant de chefs des onze mille vierges (1614), p. 33, en note. — Dessinateur des planches de la Pompe funèbre de l’archiduc Albert, p. 65. — Chargé de faire graver les épitaphes des enfants et de la seconde femme de Ferdinand d’Andelot, pp. 63-64. Gorrevod (Charles-Emmanuel de, marquis de Marnay), grand chambellan de l’archiduc Albert et chevalier de la Toison d'Or. — Notice, p. 70. Grammont (Antoine de), gentilhomme franc-comtois. — Notice p. 70. Granvelle (Antoine PERRENOT, Cardinal de). — Sa postérité illé- gitime, pp. 67 et 68. Granvelle (Jean-Gilbert de), fils naturel du cardinal de Gran- velle, gentilhomme de la maison de l’archiduc Albert. — No- HICE MONTE Grivel (Jean), conseiller au conseil privé des Pays-Bas. — No- HICO,1p- 72. Guillaume (Sébastien), de Mercey-lez-Jussey. — Précepteur des enfants de Jean-Jacques Chiflet, p. 84. Isabelle-Claire-Eugénie (l’infante), souveraine, puis gouver- nante, des Pays-Bas et de la Franche-Comté. — Sa dévotion pour sainte Elisabeth de Hongrie, p. 27. — Son entrée dans le tiers ordre des Franciscains, dès le premier jour de son veu- vage (1621), p. 27 et en note. — Elle donne une mitre et une crosse au prévôt de l’église de Caudenberg, siège de la con- frérie de Saint-Ildefonse (1629), pp. 35-36 et en note, p. 43. — Elle fait les frais du retable de l’autel neuf construit par la confrérie de Saint-[defonse (1630-1631), pp, 32, 36, 40, 41, 45, — 102 — . 05-07.— Son image dans ce retable, pp. 20, 25-26.— Ses bontés pour la famille Chiflet (1624-1630), pp. 81-86. — Son voyage triomphal à Bréda : preuve qu’elle y donne de ses connais- - sances en art militaire (1625), pp. 91-92, et en note. — Son portrait orné d’une couronne civique, peint par Rubens à cette occasion, p. 92. — Sa visite au Panthéon du grand ar- tiste, pp. 92-93. — Ses relations avec les Clarisses de Madrid : elle leur envoie une suite de tapisseries exécutées d’après des cartons de Rubens, pp. 93-95. — Origine et qualité de son portrait par Van Dyck, au Louvre, pp. 88-90. — Sa mort (1633), p. 42. Jean de la Mère de Dieu, carme déchaussé espagnol. — No- DCE, D'\b9, ernote. Laloo (Jean de), chancelier de la Toison d'Or. — Prédécesseur de Philippe Chiflet dans la fonction de chapelain de l’oratoire de Bruxelles et de Jules Chiflet dans le poste de chancelier de la Toison d'Or, p. 81. Lorraine (Henriette de), princesse de Phalsbourg. — Est mar- raine du dernier enfant de Jean-Jacques Chiflet, p. 87 et note. Marguerite d'Autriche (l’infante), fille de l’empereur Maximi- lien IT, religieuse au couvent des Clarisses de Madrid. — Elle est l’occasion du cadeau fait à son couvent, par l’infante Isa- belle, d’une suite de tapisseries exécutées d’après des car- tons de Rubens, p. 94. Marmier (Alexandre de), gentilhomme franc-comtois. — Notice, (OC Maubouhans (Jeanne-Baptiste de), femme de Jean-Jacques Chi- flet. — Son arrivée à Bruxelles (1629), pp. 83-85. —— Ses deux dernières couches et sa mort (1630-1635), pp. 86-87. Médicis (Marie de, reine-mère de France), — L’infante Isabelle lui envoie une petite chienne, par l’entremise de Rubens (jan- vier 1629), pp. 90-91. — Achèvement de sa galerie du Luxem- bourg, par Rubens (1625), p. 34. — Sa commande au même artiste d’une série de toiles consacrées à l’histoire de Henri IV — 103 — (1630), pp. 43-44. — Son exil aux Pays-Bas, secondé par l’in- tervention diplomatique de Rubens (1631), p. 44. Montfort (Jean de), graveur et sculpteur, aposentador de la cour de Bruxelles. — Notice, pp. 29-30, en note. — Compère de Rubens, p. 33. — Trésorier de la confrérie de Saint-Ilde- fonse pour l’année 1629, p. 29. — Grave une médaille à l’ef- figie du président Richardot, p. 50. Pin (Claude du), gentilhomme franc-comtois. — Notice, p. 69, Poligny (François de), gentilhomme franc-comtois. — Notice, p. 68. Pontailler (François de), baron de Vaugrenans, gentilhomme franc-comtois. — Notice, p. 69. Putte (Henri Van de, surnommé Erycius Puteanus). — Sa cita- delle de Pallas, à Louvain, p. 39. — Sa lettre au cardinal de la Cueva, dans l’intérêt de Philippe Chiflet (1623), pp. 79-81. — Sa révision du texte d’une inscription pour l’autel neuf et le retable de Saint-Tldefonse (1630) pp. 39, 40, 41, 42. — Sa cor- respondance à cet égard avec Philippe Chiflet, pp. 54-57. — Epitaphes par lui composées pour les enfants et pour la se- conde femme de Ferdinand d’Andelot (1626-1630), pp. 60-65. — Sa traduction latine de l'Histoire du Prieuré de Bellefontaine, de Philippe Chiflet (1631), p. 84, en note. Richardot (le président). — Son portrait au Musée du Louvre, restitué à Rubens, pp. 17 et 18. — Réplique aux objections faites contre cette restitution, pp. 47-51. Rubens (Pierre-Paul). — Noblesse de ses sentiments, pp. 33-34. — Ne fit jamais partie de la confrérie de Saint-Idefonse, p. 24. — Chargé par l’infante Isabelle de remettre une petite chienne à Marie de Médicis (1622), pp. 90-91 et en note. — Tableaux à lui commandés par cette reine (1622-1630), pp. 34 et 43. — Son portrait triomphal de l’infante Isabelle, et visite de son Panthéon par cette princesse (1625), pp. 91-93. — Ses missions diplomatiques (1625-1632), pp. 34, 35, 36, 44. — Sa peinture du triptyque de Saint-Ildefonse (1630-1631), pp. 36, — 104 — 43 et 44. — Motifs qu'eut Rubens de donner toute la valeur possible à cette œuvre d’art, pp. 36-44. — Son second mariage avec Hélène Fourment (1630), pp. 36-37. — Les figures de ses deux femmes reconnues dans la page principale du triptyque de Saint-Ildefonse, p. 37, en note. — Ses Mystères de lEucha- ristie, cartons pour tapisseries destinées aux Clarisses de Madrid par l’infante Isabelle (1628), pp. 93-94. — Sa composi- tion pour une tente royale en tapisserie, destinée au roi d’'Es- pagne Philippe IV (1636), pp. 95-96. Rye (François de), grand aumônier de la cour de Bruxelles, ar- chevêque de Césarée, puis de Besançon. — Son arrivée aux Pays-Bas (1606), p. 31. — Il fait nommer Philippe Chiflet à un poste de chapelain de linfante Isabelle (1624, pp. 71-72. — Philippe Chiflet lui dédie sa traduction française de la relation du siège de Bréda (1631), p. 92, en note. — Il officie pontifica- lement à un service funèbre pour l’infante Isabelle (1634), pp. 91-52. — Notice, pp. 71-72. Rye (Claude de), baron de Balançon, général de l'artillerie es- pagnole aux Pays-Bas. — Eloge, par Philippe Chiflet, de ses talents militaires, p. 92, en note. SAINT-[LDEFONSE, Confrérie des officiers du palais de Bruxelles. — Son institution en 1604, pp. 24 et 29. — Composition de son bureau pour l’année 1629, pp. 29-30. — Son autel neuf, avec retable par Rubens (1629-1639), pp. 32, 35, 38, 41-42. — Son fonctionnement, pp. 51-52. — Sa réorganisation en 1636, pp. 28, 52-54. SAINT-[ILDEFONSE, retable peint par Rubens. — Description, pp. 19-21. — Opinions diverses sur l’époque de sa confection, pp. 22-23. — Réfutation de la légende créée sur son origine, pp. 23-26. — Histoire de l’exécution de cet ouvrage (1630-1631), pp. 29-44. — Accord du caractère de cette peinture avec les documents qui en précisent la date, pp. 44-46. SAINT-JACQUES DE CAUDENBERG, église paroissiale de la cour de Bruxelles. — Siège de la confrérie de Saint-Ildefonse, pp. 29, 91-54. — Prérogatives de son prévôt, pp. 39 et 43, — Les deux — 105 — derniers nés de Jean-Jacques Chiflet y reçoivent le baptême (1630-1635), pp. 86-87. Savoie-Garignan (Thomas-François, prince de), général des ar- mées espagnoles aux Pays-Bas. — Est parrain du dernier en- fant de Jean-Jacques Chiflet (1635), p. 87 et note. Sigoney (Charles), originaire de Grozon en Franche-Comté, gref- fier royal à Madrid. — Recçoit le serment de Jean-Jacques Chi- flet, comme médecin de la chambre du roi d'Espagne Phi- lippe IV (1696), p. 75. Spinola (le marquis Ambroise de), général en chef des troupes espagnoles dans les Pays-Bas. — II s'empare de Bréda et as- socie l’infante Isabelle à ce triomphe (1695), pp. 91-92. — I] notifie à Jean-Jacques Chiflet sa nomination de médecin de l’infante Isabelle (1625), p. 82. — Cas qu’il faisait des talents de Rubens, p. 35, en note. Tartre (Guillaume du), commissaire général des milices franc- comtoises. — Notice, p. 68. Tartre (Jean-Charles du), page du palais de Bruxelles. — No- tice, p.70. Van der Venne (Adrien), peintre. — Présumé l’auteur d’un tableau de Saint Théodule multipliant la vendange, actuelle- ment au palais archiépiscopal de Besançon, p. 85, en note. Van Dyck (Antoine). — Origine et qualité de son portrait d’Isa- belle-Claire-Eugénie, au Louvre, pp. 88-90. Wouwere (Jean Van den, surnommé Woverius), érudit, ami dé Rubens. — Notice, p. 38, en note. — Il fournit le texte d’une inscription pour l’autel et le retable de Saint-Idefonse (1630), pp. 38, 39. — Revision de ce texte par Erycius Putea- nus, pp. 24-97. — 106 — TABLE MÉTHODIQUE DÉDICACE. REPRODUCTION GRAVÉE DE TROIS DES PEINTURES DU SAINT- ILDEFONSE. Ï. — DESCRIPTION DU SAINT-ILDEFONSE ET CRITIQUE DES OPINIONS ÉMISES SUR LA DATE DE SA CONFECTION. Il. —- HISTOIRE DE LA PEINTURE DU SAINT-ILDEFONSE. I[[I. — ACCORD DU CARACTÈRE DE CETTE PEINTURE AVEC LES DOCUMENTS QUI EN PRÉCISENT LA DATE. NOTES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. I. — Répliques aux objections faites contre la restitution à Ru- bens du portrait qui représente le président Richardot et son jeune fils. II. — Origine et fonctionnement de la confrérie de Saint-Tlde- fonse, à Bruxelles, d’après Philippe Chiflet. III. — Correspondance d’Erycius Puteanus avec Philippe Chiflet, au sujet d’une inscription commémorative de l’autel neuf et du retable de Saint-Ildefonse, à Bruxelles (1630). IV. — Ferdinand d’Andelot, ses alliances et ses descendants. V. — Les Franc-Comtois au convoi funèbre de l’archiduc Albert (1622). Pierre Deschamps, le musicien ; — Paul Boudot, évêque de Saint- Omer ; — Jean-Gilbert de Granvelle, fils naturel du cardinal de ce — 107 — nom ; — Adrien d'Andelot ; — Guillaume du Tartre ; — François de Poligny ; — Claude du Pin; — Alexandre de Marmier; — Charles d'Andelot ; — François de Pontaillier ; — Antoine de Grammont ; — Ferdinand d’Andelot ; — Jean-Charles du Tartre ; — Charles-Emma- nuel de Gorrevod, marquis de Marnay ; — François de Rye, archi- chapelain et grand aumônier ; — Jean Grivel. VI. — Etablissement de la famille Chiflet, de Besançon, aux Pays-Bas. À. — Envoi de Jean-Jacques Chiflet à Bruxelles, par la municipalité de Besançon (1621-1623). B. — Lettre de citoyen de Rome, décernée à Jean-Jacques Chiflet (1621). C. — Eloge de Jean-Jacques et de Philippe Chiflet, par Erycius Pu- teanus (1623). D. — Philippe Chiflet, chapelain, et Jean-Jacques Chiflet, médecin, de l'infante Isabelle (1625). E. — Installation à Bruxelles de la famille de Jean-Jacques Chiflet (1629-1630). F. — Baptêmes des deux derniers fils de Jean-Jacques Chiflet et mort de sa femme (1630-1635). VIT. — Origine et qualité du portrait d’'Isabelle-Claire-Eugénie, par Van Dyck, au Louvre. VIII. — Particularités concernant les relations de Rubens avec la cour de Bruxelles. A. — Commission gracieuse donnée à Rubens, par l’infante Isabelle (1622). B. — Visite de l'infante Isabelle au Panthéon de Rubens (1695). C. — Compositions pour tapisseries, commandées à Rubens par l'in- fante Isabelle (1628). D. — Une tente en tapisserie pour le roi d'Espagne, dessinée par Ru- bens, sur la commande du Cardinal-Infant (1636). TABLE ALPHABÉTIQUE. UNE VISITE AU SALNITELDErTONSE DE RUBENS. Par M. Auguste GASTAN. Séance du 17 décembre 1884. Ma dissertation sur « les origines et la date du Saint-Ilde- fonse de. Rubens » était non-seulement écrite, mais impri- mée, quand j'ai eu le très grand plaisir de visiter le Belvé- dère de Vienne et la Pinacothèque de Munich. Dans la pre- mière de ces galeries, j'ai pu contempler à mon aise le triptyque qui avait fait l’objet de mon travail; dans la se- conde, je me suis attaché a bien voir les portraits des deux femmes de Rubens. De ce double examen résultent quelques remarques qui me paraissent de nature à consolider ma dé- monstration de la date exacte du célèbre triptyque (). Sur l’une des pièces latérales de ce tableau, la figure de (1) Cette démonstration avait déjà semblé péremptoire à deux des plus éminents historiens de l’art flamand : Alexandre PINCHART, mort quelques semaines après m'avoir envoyé son adhésion si autorisée, et M. Max ROOSES, qui est le conservateur du musée Plantin-Moretus en même temps que le directeur du Bulletin-Rubens, à Anvers. Au revers d’une carte de visite, qui me parvint dans la seconde quin- zaine de Juillet 1884, le regretté Alexandre PINCHART m'écrivait de Saint- Josse-lez-Bruxelles : « Mon cher confrère, reçu votre savante brochure que J'ai lue avec infiniment d'intérêt. C’est la seule chose que j'aie lue depuis trois mois que je suis retenu chez moi par la maladie. Je partage entière- ment vos raisonnements. — À, P. » Une lettre de M. Max RoOOSES, en date à Anvers du 31 juillet 1884, débute ainsi : « Mon cher collègue, je vous dois de vifs remerciments pour l'envoi de votre mémoire sur le Saint-Tldefonse de Rubens. Les raisons et docu- — 109 — larchiduc Albert est plus vieille que je ne l’avais supposée d’après les gravures. C’est le visage émacié d’un homme qui est miné par une affection douloureuse : les joues sont creuses et les pommettes ont une rougeur maladive; les cheveux commencent à tourner au blanc. On donnerait une soixan- taine d’années au pérsonnage ainsi représenté. Or l’archiduc Albert mourut d’une attaque de goutte le 15 juillet 1621, à l’âge de soixante-un ans et huit mois. Si Rubens l’eût peint d’après nature en 1610, époque à laquelle on faisait remonter le triptyque, l’archiduc n’aurait eu que la cinquantaine, et son peintre favori se serait bien gardé de le vieillir. L’archi- duc étant ici figuré avec l’allure décrépite et maladive qu’il devait avoir vers la fin de sa vie, nous estimons que Rubens s'était inspiré, pour peindre cette image, du souvenir qui lui restait de ses dernières entrevues avec son généreux protecteur. Isabelle-Claire-Eugénie, née en 1566, était de sept ans plus jeune que son époux. En 1610, ‘elle avait quarante-quatre ans, et elle en avait soixante-quatre en 1630. Or, d’après son image peinte sur l’un des volets du triptyque, on ne lui donnerait qu'environ trente-cinq ans. [ei le ‘peintre devait symboliser la part qu'avait prise une princesse encore vi- vante à l'institution d’une confrérie déjà ancienne : il -était de bonne règle qu’il idéalisät cette seconde figure. Les deux images archiducales du triptyque n'étant en re- lation d'apparence d'âge avec aucune des époques de la co- existence des personnages qu’elles représentent, il y a lieu de croire que la peinture fut faite à une époque où les deux personnages ainsi représentés ne Coexistaient plus. Le prince et la princesse, l’un et l’autre dans Pattitude de la prière, sont assistés de leurs protecteurs célestes : d’une ments que vous alléguez me semblent péremptoires en faveur de votre thèse, Vous avez donc porté une lumière inattendue sur un point obscur et important de l’histoire de Rubens. Recevez toutes mes félicitations, » — 110 — part, saint Albert de Louvain invoque le ciel pour l’archiduc ; d'autre part, sainte Elisabeth de Hongrie abaisse tendrement ses regards sur l’archiduchesse. Par cette différence d’atti- tude du patron et de la patronne de ses princes, l'artiste n’a-t-il pas voulu indiquer que l’archiduc était déjà parti pour l’autre vie, tandis que l’archiduchesse avait encore besoin d’être protégée sur terre ? Nous avons déjà dit combien était pour nous significatif le contraste établi par l'artiste entre la princesse splendidement parée et sa patronne plongée dans un deuil monacal : ainsi Rubens nous paraissait avoir voulu résumer les deux phases de l’existence d’Isabelle-Claire-Eugénie, phases dont la se- conde ne commença que le jour de la mort de l’archiduc Albert, c’est-à-dire le 15 juillet 1621. Un détail non moins significatif nous a frappé dans le panneau qui renferme l’image de l’archiduc. Le patron qui assiste ce prince ne peut être, comme nous l’avons prouvé, que saint Albert de Louvain, le seul bienheureux du nom d'Albert qui ait été honoré de la pourpre romaine. Or, c'était bien un cardinal que Rubens avait eu l’intention‘de placer au- près de l’archiduc. Dans une esquisse du Saint-[ldefonse qui appartient à la galerie de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg (), (1) Cette esquisse fut possédée par Clément-Auguste de Bavière, arche- vêque de Cologne, fils de l'électeur Maximilien-Emmanuel, gouverneur- général des Pays-Bas. Les peintures rassemblées par ce prélat, dans son palais de Bonn, ont été l’objet d’un catalogue de vente ayant pour titre : « Liste d’une partie de peintures provenantes de la succession de Son Altesse Sérénissime de Cologne, qu’on à intention de vendre publiquement à Bonn, le lundi 14 mai 1764 et jours suivants. » À la suite de cette vente, l’esquisse vint à Paris, où bientôt elle se trouva entre les mains d’un nommé Boileau, huissier-priseur. Lalive de Jully, chargé de l’examiner de la part du comte de Cobenzl, ministre de l’impératrice Marie-Thérèse aux Pays- Bas, en faisait à ce grand seigneur la description suivante, qui remonte au mois de mai 1765 : « Cette esquisse a deux pieds de long sur un pied de haut. Il est vraisemblable que c’est l’esquisse de Rubens, original du beau tableau qui est à Coudenberg. Les deux figures de l’archiduc et de l’infante qui sont sur les volets du tableau sont aussy dans l’esquisse. Mais le tableau — A11 — et dont l’Académie des Beaux-Arts de Vienne possède une mauvaise copie, le patron de l’archiduc est coiffé d’un cha- peau rouge et vêtu d’une cape cardinalice de même couleur. Ces insignes ont été assombris dans le tableau définitif : saint Albert de Louvain y est représenté avec un chapeau noir et un vêtement cardinalice de couleur violette. Ces vêtements de deuil du patron de l’archiduc, mis en regard de lhabit monacal porté par la patronne de l’archiduchesse, ne con- cordent-ils pas avec le texte de 1630 qui dit que le retable de Saint-Ildefonse est un cadeau fait par une princesse veuve : € HANC TABULAM A PRINCIPE VIDUA DONATAM )» ? Quand on compare le triptyque de Saint-Tldefonse aux trois grands tableaux qui proviennent des Jésuites d’Anvers et se trouvent également au Belvédère, on est frappé de la valeur exceptionnelle du retable commandé par fTsabelle- est si beau, que l'esquisse m'en à paru bien foible et qu’elle ne m’avoit pas frapée beaucoup à une vente qui s’est faite à Paris cet hiver, où cette esquisse étoit provenante de la vente faite à Bone des tableaux de l'électeur de Cologne. Je serois assés tenté de croire que cette esquisse, quoiqu’ori- ginale de Rubens, ayant un peu souffert, a été racordé dans plusieurs en- droits. Boileau se l’est fait adjuger à la vente qui s’est faite à Paris; elle n’a pas été portée tout à fait à 400 livres. Sa femme m'a dit qu'il en vouloit 30 louis faisant 725 livres. .…. » (Correspondance artistique du comte de Cobenzl, publié par A. PINCHART, 4° fascicule : dans le Bulletin de la Commission royale d'histoire de Belgique, 4 série, t. XII, pp. 42 et 43.) — La présence de cette esquisse au musée de l’Ermitage, ainsi que l’exis- tence de la copie qu’en possède l’Académie des Beaux-Arts de Vienne, sont indiquées de la manière suivante dans le magnifique et savant catalogue de la galerie du Belvédère, par M. le chevalier Edouard D'ENGERTH * « Die Skizze zum Ildefonzo befindet sich in der Ermitage zu St. Petersburg, und es kann aus derselben ersehen werden, dass Rubens bei der grossen Aus- führung sehr namhañfte und vortheilhafte Verænderungen unternahm. Eine spætere Wiederholung der Petersburger Skizze, ebenfalls mit Verænde- rungen und nicht von der Hand des Rubens, befindet sich in der k. k. Akademie der bildenden Künste in Wien. In Mechels Katalog vom Jahre 1783 ist das Bild S. 117, Nr 1, angeführt. Smith, IX, S. 145. » (Kunsthis- lorische Sammlungen des allerhæchsten Kaiserhauses : GEMÆLDE ; beschreibendes Verzeichniss, von Eduard R,. v. ENGERTH, IL Bd, 1884, S. 374.) — 112 — Claire-Eugénie. Dans les trois tableaux sauvés de l'incendie de l’église des Jésuites d'Anvers, il faut, comme pour les toiles de notre galerie du Luxembourg, faire la part des iné- galités résultant du travail des collaborateurs dont le maître avait dû s’entourer. Le Saint-Tldefonse, au contraire, est peint tout entier avec une franchise de touche qui éloigne toute idée de collaboration. Cette spontanéité de facture se trouve également dans les portraits qu’exécuta l’artiste pour les personnes qui lui tenaient le plus au cœur. Ceux de ces por- traits qui ont une date approximative peuvent être rappro- chés, avec un sérieux intérêt, des grandes œuvres du maître qui leur sont analogues comme exécution. Deux portraits de cette catégorie sont en pendant dans la quatrième salle de la Pinacothèque de Munich : c’est, d’un côté, Rubens avec sa première femme [sabelle Brandt; c’est, d'autre part, Hélène Fourment, la seconde femme de l’artiste, en grande parure (). J'ai déjà dit ce qu'avait d’anormal l'opinion qui faisait du ra- dieux triptyque de Saint-Tldefonse un contemporain du por- trait relativement sombre de Rubens et d'Isabelle Brandt. Au contraire, je ne saurais assez affirmer l’évidence d’une parenté de manière entre ce même triptyque et l’éblouissant portrait d'Hélène Fourment : les deux ouvrages sont conçus, en effet, dans un même style primesautier, dans une même (1) Voici les notices qu'ont ces deux tableaux dans l’excellent catalogue de la Pinacothèque de Munich, par MM. Franz REBER et Ad. BAYERSDORFER : « 782. — Bildniss des Kunstlers und seiner ersten Gemahlin Isabella Brant, mit der er sich am 13 Oct. 1609 vermæhlte. Sie sitzen im Schatten einer Gaisblattlaube, die Hænde ineinanderlegend. Wahrscheinlich im Jahre seiner Vermæhlung gemalt und eines seiner ersten Werke, die er nach der Ruckkehr aus Italien geschaffen. — Leinw., auf Holz aufgezogen. — 1.74 m h., 1.32 m br. » 194. — Bildniss der Helene Fourment, zweiten Gemahlin des Rubens (vermæhlt am 6 Dez. 1630), in reicher Kleidung unter einer Portikus mit violetter Draperie auf dem Lehnstuhl sitzend. Lebensgrosse ganze Figur nach vorn. — Holz. — 1.60 m h., 1.34 m br. » (Katalog der Gemælde-Sammlung der kgl. ælteren Pinakothek in München ; 1884, in-8, SS. 158 u. 159.) — 113 — gamme de coloration scintillante qui les rattachent de con- cert à la période d’apogée du talent de leur auteur. La figure d'Hélène Fourment existe d’ailleurs dans la page principale du triptyque de Saint-Ildefonse. Que l’on abaïsse les yeux du visage toujours épanoui des portraits de la se- conde épouse de Rubens, et l’on aura identiquement les traits de l’une des deux femmes accouplées qui, dans la composi- tion centrale du triptyque, assistent à la remise de la cha- suble miraculeuse. L'autre femme du même groupe repro- duit incontestablement les traits d'Isabelle Brandt, première épouse de lartiste. Cette association d’un souvenir fidèle et d’une reconnaissante tendresse, Rubens n’aurait pu s’en ins- pirer avant l’époque des préliminaires de son second ma- riage, c’est-à-dire antérieurement au second semestre de 1630. Or, c'était précisément durant l’automne de cette année 1630, qu’Erycius Puteanus arrêtait les termes d’une inscrip- tion latine qui devait expliquer l’origine et indiquer la date du triptyque destiné à mettre en honneur dans les Pays-Bas le culte de saint [ldefonse. Besançon, le {er octobre 1884. LES ÉTATS DE FRANCHE-COMTÉ DE 41766 DOCUMENTS INÉDITS PRÉCÉDÉS D’UNE INTRODUCTION Par M. le docteur J. MEYNIER Médecin-major de 1r° classe au 1092 régiment d'infanterie Membre de l’Académie de Besançon et de la Société d'Emulation du Doubs Chevalier de la Légion d'honneur. Séance du 12 juillet 1884. LES ÉTATS DE FRANCHE-COMTÉ DE 1788 L'histoire de la dernière « tenue » des états de Franche- Comté est encore à faire. Aucun de nos historiens n’en a parlé avec quelques détails. Les graves événements, qui ont rendu l’année 1789 à jamais mémorable, ont beaucoup nui au souvenir de cette généreuse tentative d’évocation d’un passé glorieux. Notre vieille constitution provinciale, à peine restaurée, était destinée à disparaître aussitôt, cette fois-ci sans retour, avec toutes les institutions de notre ancien régime. Les documents, qui ont servi à la rédaction de cette courte notice, font partie des archives de l’ancien Gouvernement militaire de la province. Enfouis, depuis près d’un siècle, dans un carton de leur dépôt (D), ils ont échappé jusqu’à ce jour aux investigations des Franc-Comtois curieux du passé de leur pays. Heureux de pouvoir les rendre à la lumière, nous les publions 2n extenso et nous bornons notre œuvre à quelques pages d'introduction, persuadé que leur lecture sera plus intéressante que le meilleur des commentaires. Cette histoire commence avec les derniers jours du mois de mai 1788. L’infortuné Louis XVI vient, à l’instigation de (4) Ne CEXXIX. — 118 — ses ministres Brienne (1) et Lamoignon ©), les plus déplora- bles conseillers qu'il ait eus encore, de rendre un édit dont l'exécution sera une atteinte grave au pouvoir judiciaire des parlements et la ruine complète de leur puissance politique. Des protestations foudroyantes partent de tous les parle- ments (3). Elles sont suivies de l’enregistrement forcé de l’édit, contre lequel elles se sont élevées, et de l'exil des magistrats qui les ont signées (10 mai). Peu de temps après cette double exécution, un certaim nombre de gentilshommes de la province ont conçu le dessin de demander le rétablissement des anciens Etats et le rappel de ses premiers magistrats, Le maréchal comte de Vaux, commandant en chef pour Sa Majesté, qui a eu connaissance de ce fait, en informe le comte de Brienne dans une lettre datée du 1° juin (# et lui rend compte également d’une réu- nion récente des chanoines de la Métropole, dans laquelle on a délibéré sur les mêmes objets. (6) Ce n’est que le 6 juillet seulement, et alors que la fermen- tation produite par la proscription de la magistrature fait (1) Etienne-Charles-Louis de Loménie de Brienne, né en 1727, évêque de Condom, puis archevêque de Toulouse, enfin archevêque de Sens et cardinal, succéda en 1787 à Calonne comme contrôleur-général des finances, et devint bientôt principal ministre. Il ne sut montrer que de l'incapacité. Arrêté à Sens en 1793, bien qu'il eût prété serment à la constitution civile du clergé et qu'il fût d’une impiété notoire, il s'empoisonna dans sa prison. (2) Chrétien-François de Lamoignon (1735-1789), président au parlement de Paris, partagea l'exil de cette cour, en 1772, succéda en 1787 à Miro- mesnil comme garde des sceaux. (3) Le parlement de Pau protesta le 2, celui de Rouen le 5, ceux de Rennes et de Nancy le 7, ceux d’Aix et de Besançon le 9, ceux de Bor- deaux et de Dijon le 11. (4) V. le Document n° I. — Le comte de Brienne, ministre de la guerre, était le frère du principal ministre, Loménie de He (5) Noël Jourda, comte de ue né en 1705 au château de Ne en Velay, entra au service du roi en 1724 , passa par tous les grades, assista à # batailles rangées, 10 combats, 19 sièges, se distingua surtout dans les guerres de Flandre, commanda en chef dans la Corse, fit la conquête de l'île en trois mois (1769), et reçut le bâton de maréchal en 1785. or craindre des soulèvements en divers points du royaume, que l’archevêqne de Sens se décide à donner ses instructions au maréchal. Il le fait sur un ton comminatoire qui dissimule assez mal sa faiblesse naturelle et ses appréhensions (). I] est averti que quelques gentilshommes franc-comtois veulent s’assembler à Besançon le 16 juillet; il faut prévenir cette réunion qui ne serait pas régulière ; le roi pourrait peut- être permettre des Etats provinciaux, mais ce ne serait pas le moyen de les obtenir que de les demander d’une manière illégale et peu respectueuse. Prévenus par le maréchal, qui leur communique la lettre du «principal» ministre, les promoteurs du mouvement paraissent d’abord renoncer à leur dessein et prennent le parti de députer deux d’entre eux à Versailles. Leur choix s'arrête sur le baron d’Uzelle et le chevalier de Sorans. Sur ces entrefaites le maréchal de Vaux est envoyé dans le Dauphiné, pour y rétablir l’autorité royale tenue en échec par le parlement et le peuple de Grenoble. Fidèles à la parole qu’ils lui ont donnée, les gentilshommes franc-comtois ne se réunissent pas le 16, ainsi qu'ils avaient l'intention de le faire (). | Cependant, les commissaires de la Chambre ecclésiastique, assemblés à Besançon pour régler les affaires du clergé de la province, ayant appris le départ de messieurs d’Uzelle et de Sorans, ainsi que son objet, écrivent à l’archevêque de Sens pour le prier de les autoriser à joindre deux délégués à ceux de la noblesse (12 août) 6). Une partie de la noblesse de Franche-Comté a l’habitude de se rendre à Besancon à l’occasion de la fête de Saint- Louis (25 août), qui est celle du roi. L'Académie a sa séance publique la veille, et beaucoup de gentilshommes font partie (4) V. le Doc. ne II. (2) V. le Doc. ne III. (3) V. le Doc. n° IV. — 1920 — de la compagnie par droit de naissance ou par droit de con- quête. Le 25 est un jour férié, tout entier consacré à des solennités religieuses, militaires et civiles. Impatients de voir se réaliser les promesses de Brienne et, peut-être, dans le secret dessein d’en provoquer le prompt accomplissement, une trentaine de membres de la noblesse profitent de leur présence dans la capitale pour s’assembler chez le comte de Roussillon et y signer une adresse au roi. Le marquis de Saint-Simon (1) qui commande la province en l’absence du maréchal de Vaux, en est instruit. Il prie aussitôt le chevalier de Sorans d’user de son influence auprès des membres de la réunion pour les décider à la dissoudre. On consent à se séparer, mais en manifestant hautement l'intention de se réunir le 10 septembre ailleurs qu'à Besançon, si la Cour n’a pas encore fait droit aux demandes des délégués de la noblesse (2). Brienne cherche toujours à gagner du temps. Le4septembre, il annonce à M. de Saint-Simon que le roi est décidé à accor- der à la Franche-Comté le rétablissement de ses États, mais qu'il mande auprès de lui des personnages des trois ordres pour prendre leur avis sur la manière de les rétablir et sur la forme à leur donner G). Les personnages mandés à Ver- sailles sont deux membres du clergé, MM. de Lezay-Marné- zia, abbé de Bellevaux et de Tinseau, abbé de Bithaine; trois membres de la noblesse, MM. le comte de Roussillon, le baron d’Uzelle et le chevalier de Sorans ; enfin, deux mem- bres du tiers-état, MM. Laurent, conseiller à l’hôtel de ville de Besançon, et Blanc, avocat au Parlement. Mais les représentants du clergé sont des abbés de cour fixés à Paris depuis des années, et ceux de la noblesse et du tiers sont suspects par ce seul fait que le ministre les a désignés. Leur (1) Desmier d’Archiac, marquis de Saint-Simon. (2) V. le Doc. n° V, (3) V. le Doc. n° VI — 191 — départ pour Versailles n’arrêtera pas les gentilshommes qui ont résolu de se réunir le 10. L'assemblée est convoquée par billets non signés et le lieu désigné est Quingey (©. Sans ordres de la Cour, sans instructions sur la conduite à tenir en cette circonstance, M. de Saint-Simon se décide, au dernier moment, à dépêcher au chevalier de Sorans, qu’il savait devoir se trouver à la réunion de Quingey, un officier de son état-major, le sieur Blanchard @). Sur les instances du chevalier, l'assemblée se dissout dans la crainte de com- promettre un foncüonnaire qu'elle estime, mais en protes- tant du droit « incontestable que la noblesse de Franche- Comté a de s’assembler pour représenter respectueusement au roi ce qu’elle croit de mieux pour sa gloire et pour le bien de la patrie G). » Mais la dissolution de l'assemblée n’a été qu’une fente, et, comme M. de Saint-Simon lui-même en a exprimé la crainte au comte de Brienne (@), ses membres se rendent isolément dans un lieu voisin de Quingev. Ils se réunissent de nouveau au prieuré de Sammt-Renobert, maison isolée aux portes de la ville, et tiennent séance de 11 heures du matin à 4 heures 1/2 de l’après-midi. [ls prennent, comme président provi- soire, leur doyen-d’âge, le marquis de Jouffroy d’Abbans, nomment des commissaires, deux par bailliage, pour s’occu- per des affaires générales, des syndics, au nombre de six, pour travailler à la rédaction d’un mémoire qu'ils ont le projet de faire présenter au roi par cinq députés, et s’ajour- nent au 1°" octobre, sans désigner le lieu où ils devront se réunir (). En ce moment, la Cour, inquiétée partout par la noblesse et le clergé, qui lui font la guerre en invoquant l'intérêt du (1) V. le Doc. n° VII. (2) V. le Doc. n° XI. (3) V. les Doc. nos VII, IX et X, (4) V. le Doc. n° VII. (5) V. le Doc, n° XIV. lon = peuple et en provoquant son intervention, se décide de son côté à recourir au même moyen et à appeler le tiers-état à son aide, comme avaient fait autrefois des prédécesseurs de Louis XVI pour anéantir la féodalité. Alors a lieu la retraite de Brienne, « qui par des projets hardis faiblement exécutés avait provoqué une résistance qu’il ne fallait pas exciter ou vaincre (1). » La Cour, qui presse par tous les moyens la réunion des États généraux, et qui prescrit des recherches sur le mode de leur réunion, ne peut eontinuer à faire mau- vais accueil aux revendications de la noblesse franc-com- toise. M. de Saint-Simon reçoit l’ordre de faire partir pour Versailles les personnages des trois ordres que Sa Majesté veut consulter au sujet du rétablissement des États particu- liers de la Franche-Comté. Cet ordre paraît de nature à changer les dispositions des gentilshommes franc-comtois et à les faire renoncer à leur assemblée du 1% octobre. M. de Saint-Simon le communique à quelques-uns d’entre eux. Mais averti de ce qui s’est passé dans la journée du 10 septembre, il compte peu sur l’effet de ce bon procédé @). Le 30 septem- bre, il fait une tentative auprès de M. de Jouffroy d’Abbans, président de l’assemblée projetée, et lui mande qu’aussi longtemps qu'il ne sera pas autorisé à permettre les assem- blées de la noblesse, il s’y opposera de tout son pouvoir G). Le vieux marquis lui répond fièrement que la noblesse a le droit de se réunir pour adresser ses doléänces à son souve- rain, et que ses sentiments lui sont assez connus pour qu'il puisse conserver la moindre inquiétude sur des démarches, dans lesquelles le zèle pour la patrie ne se séparera jamais de la fidélité et du respect pour le roi (). La noblesse se réunit le 4° octobre dans le village de (1) V. Tiers, Histoire de la Révolution et de l’Empire, t. I, p. 93. (2) V. les Doc. nes XV, XVI, XVII, XVIIT et XIX. (3) V. le Doc. n° XX. (4) V. le Doc. n° XXI. Chouzelot, près de Quingey, et M. de Saint-Simon apprend qu'on s’y est occupé de la lecture d’un mémoire au roi, rédigé par M. de Tinseau, capitaine au corps royal du génie, mémoire que la noblesse à fait imprimer hors de la province, et dont elle vient de répandre un grand nombre d’exem- plaires (1). Enfin, un arrêt du Conseil décide que les Etats de Franche- Comté seront convoqués le 26 novembre 4788, dans la même forme qu’en 1666. La seule question dont ils auront à s’occu- per sera celle de leur réorganisation ; ils auront à rédiger un projet de constitution qui sera soumis à l'approbation du roi (@). M. de Saint-Simon et M. Le Fèvre de Caumartin de Saint-Ange, intendant du comté de Bourgogne, sont nom- més commissaires du roi auprès des Etats G). Des lettres de convocation sont adressées aux membres du clergé et de la noblesse qui ont droit de séance aux États, ainsi qu'aux maires des quatorze villes et aux premiers magistrats des prévôtés qui y sont représentées (4). M. Roux de Raze, lieu- tenant-général du bailliage de Vesoul, est convoqué comme président-né de la chambre du Tiers-Etat 6). On peut dire que l’adoption par la Cour de l’ancienne forme des États de Franche-Comté a été funeste à l’as- semblée de 1788, et cela d'autant plus qu’elle devait con- stituer. La représentation du clergé était excessive, 83 membres (6); celle de la noblesse, illimitée de sa nature (D), devait atteindre (L): V. le Doc. n° XIX. (2) V. le Doc. n° XXII. (6). Voles Doc. nes XXII, XXXII et XXXIII. (les Doc. nos XXII, XXIV, XXIX, XXX et XXXI. (5) V. le Doc. n° XX VIII. (6) Elle se composait de l'archevêque de Besancon président des Etats et de la chambre du clergé, des députés des 20 chapitres, de 21 abbés et de #1 prieurs. (7) Pour être admis dans la chambre de la noblesse, il suffisait d'être — A — le même chiffre, tandis que celle du tiers-état ne se compo- sait que des 35 députés des villes (D et des 19 députés des pré- vôtés (2). En dehors des 14 villes, combien de centres de population d'importance égale, et même, pour l’un d’eux, supérieure, qui ne députaient pas. Besançon, la capitale et la ville la plus populeuse de la province, n'avait pas de siège aux Etats; Champlitte, Héricourt, Lure, Luxeuil, Saint- Amour n'étaient pas représentés ; il en était de même des bourgs de Clerval, Clairvaux, Faverney, Gy, Nozeroy, Pesmes, Rougemont, Saint-Hippolyte, Vercel, Vuillafans ; Jussey et Saint-Claude ne l’étaient pas suffisamment. Les campagnes avaient plus à se plaindre encore que les villes : les habi- tants des 19 prévôtés étaient seuls électeurs. Des baïlliages entiers, ceux d’Arbois, de Baume, de Besançon, de Gray, d'Orgelet, d’Ornans, de Quingev, de Salins ne létaient pas. Il ne faut pas s'étonner, dès lors, que deux villes, Gray 6) et Champlitte, et une vingtaine de villagés du ressort abbatial de Lure () aient protesté contre la convocation des Etats dans noble et de posséder dans la province des terres ou des fiefs auxquels était attaché le droit de justice. (1) Les villes étaient, par ordre de préséance, Salins (3 députés), Dole 6), Gray (2), Vesoul (3), Arbois (3), Poligny (2), Pontarlier (2), Baume (3), Ornans (2), Orgelet (2), Quingey (2), Lons-le-Saulnier (2), Faucogney (2) et Bletterans (2). Le maire était de droit l’un des députés. (2) Les prévôtés étaient, par ordre de préséance : Saint-Claude, Mor eau, Jussey, Château-Chalon, Moirans, Montmorot, Port-sur-Saône, nie le-Duc, Montjustin, Pooue Mono Roi Orchamps, Fraisans, Colonne, La Loye, Chariey, Montmirey-le-Château et Gendrey. Leurs dé- putés, 1 pour chacune d'elles, prenaient le titre de prévôts, bien qu'ils n'eussent rien de commun avec les magistrats de ce nom. On les appelait ainsi, parce qu'ils étaient momentanément préposés (præpositi) à la dé- fense des intérêts de leurs commettants. (3) Gray, conséquent avec lui-même, ne voulut pas nommer de député et ne fut représenté que par son maire, (4) Amblans, Andornay, Bouhans, Calmoutier, Chalonvillars, Champa- gney, Courmont, Frahier, Froïdeterre, La Côte, La Ville, Lomont, Lyoffans, Magny, Morière, Plancher, Recologne, Rhieu, Ronchamp, Roye et Vouhe- nans, — 195 — les formes anciennes. Un concert de protestations et de récla- mations s’éleva, d’ailleurs, de toutes parts. [ci, on demande que les communes de Franche-Comté soient assemblées pour émettre leur vœu sur une nouvelle organisation de l’assem- blée provinciale (1); là, on demande qu’elle soit constituée comme celle du Dauphiné (6). Les négociants de Besançon supplient le roi d’ordonner qu'ils y seront représentés. La ville de Dole, l’ancienne capitale, en réclame le siège. Les villes de Champlitte, Jussey, Lure, Luxeuil, Ornans, Pesmes, Saint-Amour et Saint-Claude veulent que les représentants du Tiers soient admis aux Etats en nombre égal à ceux des deux autres ordres réunis, et, conséquemment, que la no- blesse et le clergé n’assistent que par députés, et que les voix soient comptées par tête. Ce désir est aussi celui des habitants de la baronie de Faucogney et d’un grand nombre de villages, plus de deux cents, des environs de Faucogney, de Lure et de Saint-Amour. Aussi, le premier acte de la chambre du Tiers sera-t-il de signifier aux commissaires royaux son intention formelle d'envoyer une députation à Versailles pour obtenir la convocation des communes de la province ; et ce projet eut l’adhésion des deux autres cham- bres. Mais n’anticipons pas sur les évènements. Les Etats s’ouvrirent le 26 novembre. Les membres de la noblesse avaient au préalable vérifié les titres des gentils- hommes, qui prétendaient y avoir entrée (@), et procédé à (1) Pétitions de Lons-le-Saulnier et de trois villages des environs de Lure : Frotey, Plancher-Bas et Vy-les-Lure. (2) Pétitions de Gy et de Poligny. (3) Les commissaires nommés par la chambre de la noblesse pour exa- miner les preuves étaient : 1° pour le bailliage de Salins, MM. de Boute- choux et Bancenel de By; 2 pour celui de Dole, MM. de Vaulchier du Deschaux et de Balland ; 3° pour celui de Gray, MM. Du Val et de Queu- trey ; 4 pour celui de Vesoul, MM. d'Andelarre, de Molans, d'Ormenans et de Raincourt ; 5° pour celui d’'Arbois, MM. de Bontemps et de Glanne ; 6° pour celui de Poligny, M. de Patornay ; 7 pour celui de Pontarlier, M. de Bannans ; 8 pour celui de Baume, MM. de Falletans et de Maiche ; — 196 — l'élection de leur président, qui fut le prince de Bauffremont. Les chambres réunies à l'hôtel du Commandement, qu’on avait mis provisoirement à leur disposition, (1) se rendirent processionnellement à la messe du Saint-Esprit. À leur retour au Commandement, l'ouverture des Etats eut lieu avec le cérémonial prescrit par la Cour @). Une députation de trois membres, un de chaque ordre G), alla annoncer aux com- missaires du roi la réunion des trois ordres; une seconde députation composée de six membres, deux de chaque ordre (4), les reçut au pied des escaliers. Le marquis de Saint-Simon était en manteau et coiffé d’un chapeau à plumes, et M. de Saint-Ange avait revêtu l’habit de céré- monie particulier aux membres du Conseil. Les commis- saires remirent leurs pouvoirs aux mains de l’Archevêque de Besançon, président des Etats, qui en fit donner lecture par le secrétaire provisoire de l’assemblée 6). Enfin, la séance fût ouverte et se passa « en compliments, suivant l'usage (6). » 9% pour celui d'Ornans, M. de Chevigney ; 10° pour celui de Quingey, M. de Mesmay ; 11° pour celui de Lons-le-Saunier, MM. de Grivel et de Pillot ; 12° pour celui de Besançon, MM. de Salans et de Saône. Le certificat à délivrer par les commissaires était ainsi conçu : « Nous soussignés, Commis à l'examen de ceux qui prétendent entrer en la chambre de la noblesse, ayant examiné les titres que Noble. . . . . .. nous à fait paroïtre, avons reconnu icelui avoir les qualités nécessaires pour entrer en ladite chambre, et y avoir délibération comme les autres. » En foi de quoi nous avons signé le présent certificat. » À Besançon le 29 novembre 1788. » (1) Elles durent le céder le 12 décembre au marquis de Langeron, suc- cesseur du maréchal de Vaux, et demander l'hospitalité au Collège, où elles se rendirent solennellement. — V. les Doc. n°5 XL, XLI et XLII. (2) V. le Doc. n° XXXIII. (3) L'abbé de Marnésia, le baron d’Izelin et M. Chartrain, maire de Dole. (4) L’évêque de Rhosy, l'abbé de Laubespin, le prince de Montbarrey, le chevalier de Trestondans, M. Brillon, maire de Lons-le-Saulnier, et M. Teste, maire d’Ornans. (5) M. Juhé, secrétaire-archiviste du Commandement. — V. les Docum. nos XXXI et XXXII. (6) V. les Doc. n° XXXIV, XXXV, XXXVI, XXXVII et XXX VIII. — 197 — Après la sortie des commissaires, qui furent reconduits par les mêmes députations, les trois ordres, sur lPimvitation du président des Etats, se retirèrent dans les salles affectées à leurs séances particulières. Dans la journée du 27, les trois chambres s’occupèrent de règlements de police intérieure. La chambre de la noblesse nomma des commissaires chargés de travailler, avec ceux qui seraient nommés par les deux autres chambres, à un plan de constitution, dont les bases furent provisoirement arrêtées (1). Pendant ce temps, le Tiers procédait à l'élection de son président. Le président, né de la troisième chambre, M. Roux de Raze, lieutenant-général du bailliage de Vesoul, avait déclaré renoncer, tant pour lui que pour ses succes- seurs, à une prérogative attachée à sa charge @). Touchés de cette preuve de libéralisme, les membres du Tiers laccla- maient aussitôt président pour cette tenue 6). Jusqu'à ce moment « les trois ordres étaient assez d’ac- cord, » selon l’aimable expression du marquis de Saint- Simon (#). Mais cette belle harmonie ne devait pas tarder à être troublée. Nous avons vu que le Tiers avait notifié aux commissaires royaux son intention d'envoyer une députation à Versailles pour demander la convocation des communes de la province 6). Il ne cachait pas, en même temps, celle de (1) V. le Doc. n° XXXV. : (2) Cette charge était devenue vénale depuis la conquête, en sorte qu'on pouvait acheter la présidence du Tiers-Etat. (3) V. le Doc. n° LV. (4) V. le Doc. n° XXXV. (5) V. le Doc. n° XXXIX. — Voici les considérants d’une délibération prise à ce sujet : « Les Gens du Tiers-Etats assemblés à Besançon, par Lettres closes de Sa Majesté, considérant qu'ils étoient à peine les repré- sentants de la cinquième partie de la Franche-Comté ; qu'un grand nombre de villes, bourgs et villages réclamoient le droit de concourir à la forma- tion du plan pour l’organisation future des Etats ; que beaucoup d'autres protestoient contre tout avis qui seroit donné sans leur participation, pen- sérent que leur premier devoir étoit de supplier le Roi de permettre la convocation des communes non représentées ; ils firent part de ce projet — 198 — protester contre la représentation abusive des deux premiers ordres. Mais il acquit bientôt la triste conviction que les deux ordres privilégiés ne consentiraient jamais à renoncer à leurs prérogatives, et prétendaient siéger en personne, et non par députés, à l’avenir comme dans le passé. Ce sys- tème rendait illusoire toute augmentation du nombre de ses membres. Dès lors, il renonça à travailler avec les ordres du clergé et de la noblesse, et se confina dans sa chambre, pour y discuter un plan de constitution particulière. La session ne dura que six semaines, espace de temps bien court, si l’on pense à l'importance de l’œuvre et à l’inex- périence des ouvriers. En dépit des rigueurs de lPhiver, le plus froid du siècle après celui de 1709, l’assiduité des gens des Etats aux travaux des différentes chambres était telle que l’objet de la réunion fut rempli en trois semaines (). Les trois autres semaines furent dépensées en démarches infruc- tueuses des commissaires royaux, des présidents et des commissaires des trois chambres pour amener une conci- hation impossible entre des principes d’ordres contradic- toires. Les instructions envoyées par le roi à ses commis- saires témoignaient de la plus grande sollicitude pour le Tiers-Etat. Louis XVI, convaincu du patriotisme et du zèle au Clergé et à la Noblesse qui y donnèrent leur adhésion, Pour en accé- lérer l’exécution, ils ont nommé des députés qui se sont rendus à Ver- sailles, où ayant appris la convocation prochaine des Etats-Généraux, ils conçurent l’idée de profiter des assemblées qui seroient faites à ce sujet pour interroger toutes les communes sur les vœux qu’elles avoient à porter concernant la formation de leurs Etats provinciaux. Ce vœu seroit exprimé à l'assemblée de Besançon par les députés qui seroient en même temps chargés des cahiers de doléances pour les Etats-Généraux. Ce moyen, qui remplira les désirs de la province en faisant éviter les retards, les frais et les mouvements, mettra Sa Majesté et son Conseil à portée de connoîire dans la plus exacte vérité les sentiments de tous ses sujets Franc-Com- tois. » (1) Les deux plans d'organisation sont datés l’un et l’autre du 13 dé cembre. — V, les Doc, n° XLIIT, XLIV ot XLV. ne éclairé des deux premiers ordres pour le bien public, ne doutait pas qu’ils subordonnassent à leurs intérêts par- ticuliers celui de la classe la plus nombreuse et, jusqu’alors, la plus déshéritée des citoyens ; d'autant plus qu’ils avaient manifesté à cet égard les dispositions les plus bienveil- lantes (1). Vain espoir! L’égoisme et l’orgueil devaient seuls présider à leurs délibérations. Sourds à la voix de leur roi, comme aux conseils de la justice et de la raison, les gentils- hommes ne purent jamais s'entendre qu'avec les représen- tants du clergé, personnages appartenant, pour la plupart, par leur naissance, à la première noblesse du pays et en partageant tous les préjugés. Sur la fin de décembre, les projets de constitution rédigés, d’une part, par les deux premiers ordres et, d'autre part, par le Tiers, furent mis sous les veux du roi qui put constater à quel point ils étaient opposés l’un à l’autre. Un grand nombre de gentilshommes, que l’appel de Louis XVI à leur équité avait émus, protestaient contre le projet envoyé par les chambres de la noblesse et du clergé. En présence d’un tel état de choses, et avant de se prononcer sur un objet au sujet duquel les avis étaient si partagés, le roi résolut de s'assurer du vœu général des habitants de la Franche-Comté. La convocation des Etats-Généraux du royaume était proche. Des assemblées bailliagères allaient procéder à la rédaction des cahiers de leurs doléances et à l’élection de leurs dépu- tés. Louis XVI décida que les assemblées de la Franche- Comté auraient à exprimer, dans un acte séparé, leur vœu relatif à la constitution de ses Etats particuliers. C’était, d’ailleurs, le parti auquel le Tiers-Etat franc-comtois l'avait supplié de s'arrêter @) et auquel la majorité des chambres du clergé et de la noblesse avait fini par adhérer; Louis XVI pouvait le regarder en quelque sorte comme l'expression des (4) V. le Doc. no XXXIII. (2) V. la note 5 de la page 1927. 4, — 130 — désirs des trois ordres (1). Il prononça, en conséquence, la clôture des Etats, qui eut lieu le 6 janvier 1789 (2. Ce récit ne serait pas complet s’il ne relatait pas l’impres- sion que produisit sur les membres des Etats, l'arrêt du Conseil du 27 décembre 1788 6). On sait que ce fut ce jour-là qu’on décida le doublement dela représentation du Tiers aux Etats-Généraux qui allaient être convoqués. Cet arrêt pro- nonçait sur une question importante d’une manière contraire aux désirs de la majeure partie des membres des deux pre- miers ordres. Mais cette décision ne fut pas celle qui les affecta le plus. La résolution prise par la Cour de convoquer les électeurs des trois ordres par bailliage, même dans les pays d'Etat, fut accueillie bien différemment, selon qu’elle favorisait ou qu'elle contrariait l'espoir d’être nommé député aux Etaits-Généraux. Certains membres du clergé et de la noblesse avaient plus de chances d’être nommés par les Etats, d’autres d’être élus par les assemblées de bailliage (@), En vain, les bons esprits faisaient-ils observer que l'élection par ces dernières assemblées était la loi du royaume, et que cette loi avait déjà été appliquée à la Franche-Comté en 1484 (Etats de Tours) 6). Une scission profonde se produisit dans les chambres du clergé et de la noblesse, avant leur disso- lution. La première arrêta, dès le 5 au soir, ce qu’elle avait à faire en cette circonstance. Celle de la noblesse délibéra sur ce sujet une grande partie de la journée du 6, et retarda d'autant la clôture des Etats. Dans les deux chambres, la majorité se prononça contre l’arrêt et rédigea une protesta- tion qui fut déposée par le président au greffe du Parle- ment (6) ; dans les deux chambres, la minorité (1) produisit (4) V. le Doc. n° XLVII. (2) V. le Doc. n° XLVIII. (3) V. le Doc. n° XLIX. (4) V. le Doc. n° XLIX. (5) V. le Doc. n° LII. (6) Le Parlement s’empressa, pour faire pièce à la cour, de nommer une commission pour examiner ces protestations. (7) Neuf membres du Clergé et vingt-deux de la Noblesse, — 131 — une contre-protestation, qu’elle remit ès mains des commis- saires royaux (1). Le prince de Saint-Mauris-Montbarrey, membre de la minorité, crut devoir joindre à ce factum une contre-protestation particulière @). Ainsi se termina dans le trouble des esprits et la division des cœurs une session ouverte sous les plus heureux aus- pices. On avait pu espérer au début que les ordres privilé- giés, au patriotisme et à la générosité desquels Louis XVI avait fait appel, n’hésiteraient pas à sacrifier celles de leurs prérogatives qu’on leur signalait comme contraires à l’esprit nouveau, à l'esprit de justice et de sage réforme. Cette con- fiance avait recu un cruel démenti. Mais le moment était venu où le peuple français tout entier, réuni dans ses comices, allait exiger les sacrifices, que le roi avait demandés pour lui en toute occasion, et qu’on lui avait toujours refusés. (1) Non content d’avoir fait accueil à des protestations illégales, le Par- lement s’érigea en juge des contre-protestations et, par arrêt du 12 janvier, en supprima l'acte de dépôt et les imprimés. Cet arrêt fut cassé le 23, par le Conseil. — V. le Doc. n° XLIX. (2) V. les Doc. n°* LI, LIT, LIIT et LIV. — Alexandre-Marie-Eléonor de Saint-Mauris-Montbarrey, prince du Saint-Empire, ancien ministre de la guerre. — 132 — DOCUMENTS il Le maréchal Comte de Vaux, Commandant en chef, au Comte de Brienne, Ministre et Secrétaire d'Etat de la guerre. Besançon, le 1er juin 1788. Je suis informé que plusieurs gentilhommes de cette province se proposent de supplier Sa Majesté, par une lettre, d'accorder des Etats au comté de Bourgogne, et qu’ils y ajoutent une sup- plication en faveur de la magistrature. Les chanoines de la Métropole ont fait une assemblée pour délibérer aussi unelettre au Roi à peu près sur les mêmes objets que celle des gentilshommes. IT L'Archevêéque de Sens, Principal Ministre, au Maréchal Comte de Vaux. Versailles, le 6 juillet 1788. On m’a dit que quelques gentilshommes voudroient s’assem- bler à Besançon, et on indique le 16. Il sera intéressant de prévenir cette assemblée qui ne seroit pas régulière. Le Roi pourroit peut-être permettre des Etats provinciaux; mais ce ne seroit pas le moïen de les obtenir que de les demander d’une manière illégale et peu respectueuse. — 133 — III Le Marquis de Saint-Simon, Commandant en second, au Comte de Brienne. Besançon, le 15 juillet 1788. Le maréchal de Vaux a dû vous mander, avant son départ de Besançon, que le projet formé par les gentilshommes de cette province de s’assembler ici le 16 ne devoit point avoir lieu. J’ai l'honneur de vous le confirmer et de vous assurer que plusieurs d’entre eux, qui s’étoient rendus ici dans ce dessein, sont déjà retournés dans leurs terres. IV Le Marquis de Saint-Simon au Comte de Brienne. Besançon, le 12 août 1788. Les commissaires de la Chambre ecclésiastique assemblés, suivant l’usage, pour régler les affaires du clergé de cette pro- vince, ayant appris que Mgr l'archevêque de Sens avoit prié M. le maréchal de Vaux de lui désigner deux gentilshommes com- tois avec lesquels il pût conférer sur la demande faite par la noblesse de Franche-Comté de ses anciens Etats, ont cru devoir désirer de partager cette faveur. En conséquence, ils ont dû écrire hier à M. le principal ministre pour le prier de les autori- ser à joindre aux deux gentilshommes deux députés d’entre eux, lorsqu'il jugera à propos de les appeler. J’aurois eu l’honneur de vous en rendre compte plus tôt, si j’eusse été prévenu de ce projet qui a aussitôt été exécuté que connu. V Le Marquis de Saint-Simon au Comte de Brienne. Besançon, le 25 août 1788. Une partie des gentilshommes de cette province impatients — 134 — sans doute de voir réaliser la promesse que M£r l'archevêque de Sens leur a faite de contribuer au rétablissement des anciens Etats de Franche-Comté, ont cru pouvoir profiter de l’usage où sont la plupart d’entre eux de se rendre à Besançon à l’occasion de la fête de saint Louis, pour se rassembler samedy dernier, 23 du présent, chez M. le comte de Roussillon à l'effet d'y signer une lettre qu’ils s’étoient proposés d'adresser au Roi. Instruit à temps de ce projet, j'ai écrit à M. le chevalier de Sorans, qui paroît partager la confiance d’une partie de cette noblesse, pour me plaindre de l’irrégularité de leur conduite et leur faire part des ordres précis que j'avois de m’opposer à toute assemblée illégale. Ma lettre a fait l'effet que j'en atten- dois, car après la lecture qui en fut faite, l’assemblée a été aussitôt dispersée, et le chevalier de Sorans, ainsi que deux d’entre eux, se sont rendus chez moi pour m’assurer que quoi- qu'ils se fussent réunis environ 30 gentilshommes, il n’y en avoit cependant que 10 de la province, tous les autres étoient de la ville; que le but de cette réunion, qu'ils prétendoient n'avoir point été convoquée par lettres, étoit de supplier très respectueusement Sa Majesté de vouloir bien accélérer l’effet de ses promesses ; qu’au surplus ils déclaroient que quoique la lettre qu’ils avoient faite fût signée par la plupart d’entre eux, elle ne partiroit cependant pas, au moins dans ce moment-ci; mais ils ne m'ont point caché qu'ils comptoient bien se réunir ailleurs qu’à Besançon le 10 du mois prochain, si à cette époque il n’y avoit rien de décidé. J'aurai soin de vous tenir instruit de tout ce qui se pourra à ce sujet, de même que de tout ce qui pourra intéresser la tran- quilité de cette province. VI Le Comte de Brienne au Marquis de Saint-Simon. Versailles, le 4 septembre 1788. J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l’honneur de m'écrire le 25 du mois dernier. Le Roi à qui j'en ai rendu compte a vu avec satisfaction le zèle avec lequel vous vous êtes porté à des dissiper l’assemblée que plusieurs gentilshommes de la pro- vince de Franche-Comté avoient projeté de former. Sa Majesté étant déterminée à accorder à cette province le rétablissement de ses anciens Etats, ainsi qu’on le lui a fait espérer, vous trouverez ci-joint plusieurs lettres par lesquelles Sa Majesté mande auprès d’elle quelques personnes des trois ordres pour prendre leur avis sur la manière la plus convenable de rétablir ces Etats et sur la forme la plus avantageuse à leur donner. Vous voudrez bien soumettre ces lettres à chacune de ces personnes qui sont mandées. VU Le Marquis de Saint-Simon au Comte de Brienne. Besançon, le 4 septembre 1788. J'ai eu l'honneur de vous donner avis, par ma lettre en date du 25 août dernier, qu’une partie de la noblesse de cette pro- vince s’étoit assemblée chez M. le comte de Roussillon et que d’après mes représentations cette assemblée avoit été dis- persée; jJ’ajoutois qu'il m’étoit revenu depuis que ces mêmes personnes avoient formé le projet de se réunir ailleurs qu’à Besançon le 10 de ce mois, et je m’attendois, d’après cet avis, à recevoir des ordres qui régleroient ma conduite. J'apprends dans l'instant que cette assemblée est eftectivement convoquée, par billets non signés, qu’on a fait courir hier et aujourd’hui, que l’époque est fixée au 10 de ce mois, et que c’est à Quingey qu’elle doit avoir lieu. On m’a encore assuré que le but de cette réunion étoit de rédiger un mémoire qu'on se proposoit de vous adresser, tendant à vous prier de vouloir bien nommer d’autres députés que MM. le baron d’Uzelle, le chevalier de Sorans et le comte de Roussillon, que la noblesse suspecte depuis que Mgr l'archevêque de Sens a témoigné le désir de s’entretenir avec eux. Je ferai mon possible pour empêcher que cette assemblée n'ait lieu, — 136 — VIIT Le Marquis de Saint-Simon au Comte de Brienne. Besançon, le 10 septembre 1788. J'ai eu l'honneur de vous mander par ma lettre en date du 95 août dernier, qu'il m’étoit revenu que des gentilshommes de Franche-Comté avoient formé le projet de s’assembler ailleurs qu'à Besançon ce jourdhui 10 du présent, et je m'’attendois à recevoir de vous des ordres qui régleroient la conduite que j'aurois à tenir en cette circonstance. N’en ayant pas eu et m'étant rendu certain que ladite assemblée devoit avoir lieu aujourd’hui, à 6 heures du matin, dans la petite ville de Quin- gey, j'ai pris le parti d'écrire à M. le chevalier de Sorans que je savois devoir s’y trouver, la lettre dont je joins ici la copie. Vous verrés par la réponse qu'il vient de me faire, qui est éga- lement ci-jointe, que cette assemblée n’a pas hésité de quitter Quingey à la réception de ma lettre. Mais comme les gentils- hommes de cette province paroissent persuadés qu'on ne peut leur disputer le droit incontestable qu'ils prétendent avoir de s’assembler quand bon leur semble, je ne serois point étonné d'apprendre qu’ils se soient divisés par pelotons dans les vil- lages voisins de Quingey pour achever leur ouvrage. Cest ce que j'aurai l’honneur de vous mander, quand je serai plus ins- truit de leurs démarches ultérieures. IX Le Marquis de Saint-Simon au Chevalier de Sorans. Besançon, le 9 septembre 1788. Je suis instruit depuis plusieurs jours que quelques gentils- hommes de cette province, parmi lesquels vous êtes cité, ont formé le projet de se réunir demain 10 du présent à Quingey. Quel que soit le motif de cette réunion, sur laquelle je n’ai plus aucun doute, il est de mon devoir de vous prévenir que, comme il m'est prescrit de veiller à l'exécution des ordres de Sa Ma- — 137 — jesté qui défend toute assemblée quelconque illégalement faite, vous m'obligerés infiniment de vouloir bien engager ceux de MM. les gentilshommes qui se seroient rendus à Quingey, d’après les lettres anonymes qui ont dû leur être adressées, d’en sortir, ainsi que vous, à la réception de la présente. Je connois assés la soumission des gentilshommes comtois aux ordres du Roi pour être persuadé qu’ils ne me mettront pas dans le cas d’user de tous les moyens que je pourrois em- ployer, ni de rendre compte de leur désobéissance: Pénétré de cette vérité, Je n'ai pas cru devoir prendre d'autre précaution que de vous faire parvenir mes réflexions par M. Blanchard, premier-aide-major de Besançon, à qui Je vous prie de remettre votre réponse sur le parti qu’ils Se proposent de prendre. X Le Chevalier de Sorans au Marquis de Saint-Simon. Quingey, le 10 septembre 1788. Au moment où j'ai reçu par le sieur Blanchard la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'écrire, par laquelle vous me chargés d’en faire part à MM. les gentilshommes qui se trou- vent à Quingey; leur première réflexion a porté sur le droit incontestable que la noblesse de Franche-Comté a de s’assem- bler pour représenter respectueusement à son roi ce qu’elle croit de mieux pour sa gloire et le salut de la patrie. La seconde a été la crainte de vous compromettre, et ils n’ont plus hésité. Ils quittent cette ville en vous priant de regarder cette démarche comme une marque de déférence pour vous. XI Rapport du sieur Blanchard sur la dissolution de l'assemblée de Quingey. Besançon, le 10 septembre 1788. MM. de la noblesse du comté de Bourgogne ayant été convo- qués par une lettre anonyme pour l'assemblée à Quingey le 10 18 septembre 1788 à 6 heures du matin, sans y être nullement autorisés, M. le marquis de Saint-Simon, lieutenant-général, commandant au comté de Bourgogne en l’absence de M. le maréchal de Vaux, m’a fait partir à trois heures du matin pour porter une lettre adressée à M. le chevalier de Sorans. Je suis arrivé à Quingey à sept heures, et j’ay appris à huit que tous ces messieurs, environ au nombre de 200, étoient assemblés dans la Confrérie de la Croix, où je me suis transporté; et, ayant ouvert la porte, ces messieurs m’ont engagé d'entrer, ce que j’ay fait en demandant M. le chevalier de Sorans, qui s'étant trouvé au milieu de l’assemblée, en luy présentant la lettre je luy ay dit à haute voix : « M. le chevalier de Sorans, j’ay ordre » de vous remettre cette lettre qui concerne ces messieurs; » ferés-vous une réponse? » M'ayant remercié et pris la lettre, il m'a répondu avec grande honnêteté qu’il y auroit une réponse, et que luy-même me l’apporteroit chez M. Faton, subdélégué, où j’avois eu ordre de mettre pied à terre. À neuf heures et demie, M. le chevalier de Sorans est venu chez M. Faton, sur la porte duquel j'étois, et m'a remis la réponse pour M. de Saint-Simon, en ajoutant tout ce que l’on puît dire d’honnête pour le général, tant de sa part que de celle de ces MM. de la noblesse, qui presque tous estoient présents et estoient sortis de leur assemblée en la rompant pour le suivre. Plusieurs de ces messieurs ont ajouté aux honnêtetés de M. de Sorans, et m'ont déclaré qu’ils la rompoient par égard et par attachement pour M. de Saint-Simon, qu'ils alloient déjeuner jusqu’à onze heures et qu’à cet instant il ne seroit plus question d'eux à Quingey ; que si je voulois rester, je les verrois en sortir. J'ai répondu à M. de Sorans, en présence de partie de ces messieurs, que leur parole valoit mieux que mes yeux et qu’en conséquence je partois sur le champ, ce que j'ay fait à neuf heures trois quarts. Je suis arrivé à Besancon à midy, chez M. de Saint- Simon, à qui j’ay rendu compte et remis la réponse de ces. messieurs. — 139 — XII Le Comte de Brienne au Marquis de Saint-Simon. Versailles, le 11 septembre 1788. J'ai vu par la lettre que vous m’avés fait honneur de m'écrire le 4 septembre que vous craignés toujours l’assemblée d’une partie de la noblesse de la province de Franche-Comté; mais d'après ma réponse à celle que vous m'avés déjà adressée le 95 août dernier sur ce même objet, vous jugerés aisément que, lorsque le bruit de la convocation qui y est annoncée se sera répandu, il n’y aura certainement plus lieu de soupçonner au- cune assemblée illégale. Quant au motif de celle que lon craint, qui étoit de nommer d’autres députés que MM. le baron d’Uzelle, le chevalier de Sorans et le comte de Roussillon, M. l’arche- vêque de Sens ayant donné sa démission, le prétexte tombe de lui-même pour l’objet de l'assemblée, à la tenue de laquelle je suis, d’ailleurs, d'autant moins porté à croire, que je compte particulièrement sur votre zèle et les moyens qui sont en votre pouvoir pour vous y opposer. XIII Le Marquis de Saint-Simon au Comte de Brienne. Besançon, le 12 septembre 1788. Jai reçu, avec la lettre dont vous m’avés honoré, en date du 4 de ce mois, celles par lesquelles Sa Majesté mande auprès d'elle quelques personnes des trois ordres de Franche-Comté pour prendre leur avis sur la forme la plus avantageuse à donner au rétablissement des anciens Etats de cette province qu'elle est déterminée à accorder. J'ai remis à chacune des personnes mandées de la Noblesse et du Tiers-Etat celles qui les concernent; ils m'ont promis d’obéir sans retardement aux ordres du Roi. M. l'abbé de Marnésia et M. l’abbé Tinseau étant absents de Besançon depuis plusieurs années et ayant fixé leur résidence à Paris, il ne m’a pas été possible de leur remettre 0 celles qui les concernent. J'ai l'honneur de vous les renvoyer. J'ai joint à chacune d'elles le renseignement nécessaire pour que vous puissiés les leur faire parvenir. XIV Le Marquis de Saint-Simon au Comte de Brienne. . Besançon, le 12 septembre 1788. Ce que j'’avois prévu par la lettre que j'ai eu l’honneur de vous écrire le 10 de ce mois, est arrivé. Les gentilshommes de Franche-Comté, qui s’étoient réunis au nombre de 108 dans la petite ville de Quingey, ont effectivement quitté ce lieu à la réception de la lettre que JjJ'avois écrite à M. le chevalier de Sorans ; mais J'ai appris, dès le soir même, qu'ils s’étoient rendus par différents chemins au prieuré de Saint-Renobert, maison isolée dans la campagne; qu’ils y étoient restés assem- blés depuis 41 heures du matin jusqu’à 4 heures 1/2 de l’après- midi; qu’ils avoient commencé leur assemblée par élire provi- soirement et pour le moment seulement un président; que le choix étoit tombé sur M. le comte de Jouffroy d’Abbans comme plus ancien par l’âge; qu’ils avoient ensuite procédé à la nomi- nation de deux commissaires par bailliage, dont les fonctions doivent être de s’occuper des affaires générales ; qu'ils avoient nommé six syndies pour travailler à la rédaction d’un mémoire qu’ils ont le projet de faire présenter au Roi par cinq députés désignés par eux pour le porter à Versailles ; qu’enfin ils s’étoient ajournés pour le 1er octobre prochain sans désigner le lieu où ils devront se réunir. Dès que je pourrai me procurer une copie du procès-verbal qu’ils dt dressé à ce sujet, je ne manquerai pas de vous le faire passer. à XV Le Marquis de Saint-Simon au Comte de Brienne Versailles, le 17 septembre 1788. J'ai reçu la lettre dont vous m'avez honoré en date du 11 de ce mois. — 14 Votre réponse du 4 à celle que j'ai eu l’honneur de vous écrire le 25 août dernier, pour vous faire part du projet qu’une partie de la noblesse de Franche-Comté avait formé de s’assembler, ne m'étant rentrée que le 10 au soir (jour de leur réunion à Quingey), elle n’a pu produire l'effet que vous en attendiez, ainsi que vous avez déjà dû le voir par ma lettre ie ce même jour 10, et par celle du 12 suivant. La communication que j'ai donnée à quelques gentilshommes de votre lettre du 11 et le départ des personnes que vous avez convoquées, ne paroit pas avoir changé les dispositions où ils sont de s’assembler encore au 1er octobre propose et d'envoyer de nouveaux députés. Vout en jugerez vous-même par leur procès-verbal, qu'ils ont fait imprimer, dont je joins ici un exemplaire ; mais, comme vous allés avoir auprès de vous M. le chevalier de Sorans, en qui la noblesse de cette province paraît mettre toute sa confiance, vous serez à même de lui prescrire la conduite soumise et respec- tueuse qu’il devra inspirer à ses compatriotes. Vous ne devez pas douter que, de mon côté, je ne mette en usage tous les moyens nécessaires pour m'opposer à l'assemblée projetée pour le 4er octobre, si je parviens à découvrir à tems le lieu de leur réunion. XVI Le Comte de Brienne au Marquis de Saint-Simon Versailles, le 20 septembre 1788. Depuis que j'ai reçu les avis contenus dans les lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire les 10 et 12 de ce mois, du projet formé par la noblesse de s’assembler d'abord à Quingey, projet que vous aviés seûù détourner, et ensuite au prieuré de Saint-Renobert, où l'assemblée a eu lieu, j'ai reçu une lettre des membres qui ont composé cette assemblée, par laquelle ils me prient de mettre sous les yeux du Roy celle qu'ils m'adressent pour la remettre à Sa Majesté; ce à quoi je n’ai pas cru devoir me refuser d’après le ton modéré de cette lettre et la tournure respectueuse des réclamations qu'elle contient. Je ne puis mieux vous éclairer sur les véritables dispositions du — 149 — roi dans cette circonstance qu’en vous envoyant copie de la réponse que Sa Majesté n'a ordonné de faire à cette lettre. Vous jugerés également de ses intentions relativement aux représentations du clergé par la copie de la réponse que je fais à la lettre par laquelle il réclame sur le choix qui a été fait de MM. de Marnésia et de Tinseau pour venir concerter ici la meilleure forme à donner aux Etats. Vous vous apercevrés que vû le changement des circonstances, le Roi veut bien qu’il soit apporté quelques modifications aux dispositions d’après lesquelles vous aviés cru devoir vous con- duire avec la noblesse ; mais Sa Majesté n’en approuve pas moins les preuves de zèle, de sagesse et de prudence que vous avez continué à donner dans cette circonstance, comme dans toutes celles où vous avez été chargé de l'exécution de ses ordres. P. $S. J'ai adressé à Paris les ordres pour M. l’abbé Tinseau et M. l'abbé de Marnésia. XVII Le Comte de Brienne à MM. de la noblesse de Franche-Comté. Versailles, le 19 septembre 1788. J'ai remis au Roy la lettre que vous aviés écrite à Sa Majesté. Elle a daigné la lire avec attention, mais elle n’a pu cacher son étonnement de ce que vous avés cru devoir vous réunir pour solliciter de sa justice le rétablissement des Etats de la province, lorsqu'elle vous avoit fait assurer que son intention était. d’ac- céder à vos vœux à cet égard, et que déjà elle avait fait donner des ordres à plusieurs d’entre vous pour qu’ils se rendissent auprès d'elle à la fin de prendre leurs avis sur les moyens d'opérer le rétablissement désiré et la forme la plus utile à don- ner à ces Etats pour le plus grand bien de la province. Quoique Sa Majesté eût dû attendre de vous plus de confiance en ses bontés, elle à bien voulu ne remarquer dans votre démarche que le zèle qui a dû la dicter, et elle m’a chargé de vous réitérer l’assurance de la détermination où elle est de rétablir des Etats dans la province de Franche-Comté, après qu’elle aura pu F ‘ Éd a 2 à dd de — 145 — s’éclairer des avis des personnes des trois ordres qu’elle a jugé à propos de mander pour les consulter; et Sa Majesté pour vous prouver qu’elle n’a eu que le désir de connoître ce qui seroit le plus avantageux à la province, en appelant auprès d’elle des membres des trois ordres, vous autorise, dans le cas où les personnes qu’elle à choisies dans votre ordre n’obtiendraient pas votre confiance entière, d’en choisir vous-mêmes un pareil nombre qu’elle voudra bien écouter conjomtement avec ceux qui ont obtenu son choix. X VIII Le Comte de Brienne à MM. les commissaires de la Chambre ecclésiastique du comté de Bourgogne. Versailles, le 19 septembre 1788. Le roi n’a point varié dans les dispositions où Sa Majesté vous a fait annoncer qu’elle étoit de rétablir des Etats provinciaux dans le comté de Bourgogne. Sa Majesté est toujours dans l’in- tention de recevoir des mémoires instructifs sur cet objet et d'entendre des membres des différents ordres de la province, afin de s’éclairer de leurs lumières, sur la forme la plus utile à donner à ces Etats; et les ordres qu’elle vient de faire adresser à différents membres des trois ordres, ont dû vous convaincre de la stabilité des résolutions de Sa Majesté en faveur du comté de Bourgogne. Cependant, j'ai mis sous les yeux du roi les ré- clamations contenues dans votre lettre du 12 de ce mois, et Sa Majesté a bien voulu les entendre avec bonté; elle n’a fixé son choix sur MM. de Marnésia et de Tinseau, membres de vôtre ordre, pour les appeler auprès d’elle que parce qu'ils lui avaient été désignés comme très-propres à l’éclairer de leurs lumières, ce dont vous convenés vous-mêmes. Cependant Sa Majesté approuvera que si ces MM. n’obtenoient pas, à cause de leur absence de la province, la plénitude de votre confiance, vous choisissiés deux autres membres que vous députerés vers elle, et qu’elle voudra bien entendre conjointement avec ceux qu'il lui a plu de nommer, qui XIX Le Marquis de Saint-Simon au Comte de Brienne. Besançon, le 13 octobre 1788. La lettre que vous m’avez fait l'honneur de m'écrire le 20 sep- tembre dernier m’ayant mis dans le cas de ne m’opposer à l’as- semblée que les gentilshommes de Franche-Comté ont faite à Quingey le 1er de ce mois que par voies de représentations aux- quelles ces MM. n’ont pas jugé à propos d’obtempérer, je ne vous ai pas rendu-compte de cette assemblée, parce que J'ai pensé que, comme ils me l’ont mandé par une lettre, il ne de- voit y être question que de procéder à lanomination des députés que vous les avés autorisé à envoyer à la cour. Cependant, j'ai appris qu’on s’étoit occupé, dans cette assemblée, de la lecture d’un mémoire au Roi, qu’ils ont fait imprimer hors de la pro- vince et dont ils viennent de répandre une quantité prodigieuse d'exemplaires. J'ai pensé qu’il était de mon devoir de vous pré- venir de cette circonstance et de vous envoyer un de ces exem- plaires que je me suis procuré. XX Le Marquis de Saint-Simon au Marquis de Jouffroy d’Abbans, à Chouzelot. Besançon, le 30 septembre 1788. J’ai bien eu connaissance par le procès-verbal rédigé à Saint- Renobert le 10 de ce mois que MM. les gentilshommes de Franche-Comté avoient arrêté de s’ajourner au 1er octobre pro- chain pour délibérer ultérieurement sur les intérêts de la pro- vince, s’il y avait lieu, mais je croyois que la lettre qui leur a été écrite par M. le comte de Brienne le 19 du présent, en leur faisant connoitre les véritables dispositions de Sa Majesté sur le rétablissement des Etats de la province qu’ils ont sollicité, termineroit toutes leurs réclamations. Cependant, j'apprends à l'instant que l’ajournement projeté doit s'effectuer demain au village de Chouzelot. Dans cette circonstance, je ne puis me — 145 — dispenser d’avoir l'honneur de vous observer que je serois dé- sapprouvé si je ne m'opposois pas de tout mon pouvoir à ces sortes de réunions qui ne peuvent être qu'illégales, aussi long- temps que je ne serai point autorisé à les permettre. D’après cet exposé, j'ai lieu d'espérer que dès que vous aurés fait la lecture de ma lettre à MM. les gentilshommes réunis avec vous, l’ajournement projeté pour demain au village de Chouzelot sera regardé comme non avenu et que vous voudrés bien me faire part du parti auquel vous vous serés déterminé. XXI Le Marquis de Jouffroy d’Abbans au Marquis de Saint-Simon. Quingey, le 1er octobre 1788. Je viens de recevoir, par les mains du sieur Blanchard, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, et l’ai lue à l'assemblée de MM. les gentilshommes de la province à laquelle j'ai celui de présider. Ils ont pensé unanimement qu'ayant le droit incontestable de se réunir pour faire leurs doléances à leur souverain, ils peuvent d'autant moins obtempérer à votre in- jonction de rompre leurs assemblées que le Roi les a autorisé, par la lettre de son ministre, comme vous ne pouvez l’ignorer, à envoyer des députés à la cour, et, par une conséquence natu- relle, à s’assembler pour les nommer. Ils osent, d’ailleurs, se flatter que leurs sentiments vous sout assez connus, pour que vous puissiez conserver la moindre inquiétude sur leurs dé- marches dans lesquelles leur zèle pour la patrie ne se séparera jamais de leur fidélité et de leur respect pour Sa Majesté. XXII Le Comte de Brienne au Marquis de Saint-Simon. Versailles, le 4 décembre 1788. Un arrèt qui vient d’être rendu en conseil (4) a réglé que les (1) Arrêt du 1e novembre 1788 « portant convocation d’une assemblée des anciens Etats de Franche-Comté. » 10 — 146 — Etats de la province de Franche-Comté seraient convoqués le 26: du présent mois dans la même forme qu’en 1666. La seule chose dont ils auront à s’occuper sera de délibérer sur ce qu'il con- viendra de faire pour rendre leur organisation la plus parfaite qu’il sera possible. Après avoir discuté cet objet important, ils enverront au roi un plan ou projet de la nouvelle constitution qu’ils auront cru devoir proposer de leur donner, et Sa Majesté, après s’en être fait rendre compte, statuera ce qu’il appar- tiendra. Vous serés l’un des commissaires du Roy à l’assemblée de ces Etats. J’aurai l'honneur de vous adresser incessamment les pouvoirs et les instructions dont vous aurés besoin pour rem- plir cette mission. Je me borne dans ce moment-ci à vous en- voyer les différentes lettres de convocation écrites par le Roy tant aux personnes qui doivent assister à l’assemblée dont il s’agit qu'aux corps et communautés qui ont droit de s’y faire représenter par des députés. Si vous manquiez de moyens pour faire parvenir sûrement et promptement à leur destination les lettres qui concernent le clergé et celles qui regardent le Tiers-Etat, vous pourriés re- mettre les premières à M. l'archevêque de Besançon et les autres à M. de Saint-Ange, afin qu'ils voulussent bien se charger de ce Soin. Quant aux lettres expédiés pour l’ordre de la noblesse, vous remarquerez qu’on y à laissé des espaces en blanc. Je vous prie de faire remplir ces blancs du nom des gentilshommes de la province qui, descendus de familles nobles admises autrefois dans les Etats du pays, posséderoient des terres ou des fiefs auxquels le droit de justice est attaché. Il sera facile de vous procurer une liste exacte de ces noms. Cette opération faite, vous voudrés bien envoyer sans délais les lettres dont il s’agit à leur adresse. Je n’entrerai pas maintenant dans de plus longs détails sur cet objet, ceux que renfermeront les instructions que vous allés recevoir m'en dispenseront. J'envoye directement à M. l'archevêque de Besançon l’ordre qui lui est destiné. — 147 — XXITI Modèle des lettres de convocation envoyées aux membres de l’ordre du clergé. AMONT: ASS ARE > UE SAGE LUE NÉ ee ONE EMERE RÉ TO PRE Re eee AE APR ae AL 2 eh ie , par arrêt rendu en mon Conseil d'Etat lente de Cérmois/'arréclé que les états de ma province de Franche-Comté seroient convoqués à Besançon le 26 du même mois, afin qu’ils délibérassent sur les objets exprimés dans ledit arrêt. En conséquence mon in- tention est que vous vous trouviés à leur assemblée, et que vous 'preniez part aux délibérations qui y seront prises. Le zèle que vous avés toujours montré pour mon service et pour le hien public, m'apprend ce que je dois en attendre dans cette occa- sion importante. Sur ceje prie Dieu qu’il vous aie, Mons. ...... LB En0 AUDE IRSC MIEENE en sa sainte garde. Ecrit à Versailles, le 4 novembre 1788. + Signé : LOUIS. DE LOMÉNIE, Comte DE BRIENNE. XXIV Modèle des lettres de convocation (1) envoyées aux membres de l’ordre de la noblesse. A Mons CADRES à do VO OP ANR ARR RE EN PR EE RER SS , par arrêt rendu en mon Conseil d'Etat le 10 de ce mois, j'ai réglé que les (1) Ces lettres ne portaient comme suscription que la formule Suivante : Mons HE LE BBUTIAE.... fh Dis NC D MR NE Er MAG 4 Le prince de Saint- rie otre Dante à Versailles, que la sus- eription de celle qu'il avait reçue fut modifiée et Do : À mon Cousin le prince de Saint-Mauris-Montbarrey, ministre d'Etat, chevalier de mes ordres, grand d'Espagne de la première classe, seigneur de Ruf- fey. M. de Saint-Simon crut devoir adresser une lettre de convocation spé- — 148 — états de ma province de Franche-Comté seroient convoqués à Besançon le 26 du même mois, afin qu’ils délibérassent sur les objets exprimés dans le dit arrêt. En conséquence, mon inten- tion est que vous vous trouviés à leur assemblée et que vous concouriés aux délibérations qui y seront prises. Le zèle que vous avés toujours montré pour mon service et pour le bien public, m'apprend ce que je pense en attendre dans cette occa- sion importante. Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait, Mons... .... ne «eue elec one ... en sa sainte et digne garde. Ecrit à Versailles, le 4 novembre 1788. Signé : LOUIS. DE LOMÉNIE, Comte DE BRIENNE. XXV Le Marquis dé Saint-Simon (1) au Duc de Wurtemberg, Comte de Montbéliard (1). Besançon, le 13 novembre 1788, J'ai l'honneur de donner avis à votre Altesse sérénissime ciale au duc de Wurtemberg. V. le Doc. n° XXV..— Il sollicita de la cour l’autorisation d'adresser à un certain nombre de membres du parlement celles qui leur étaient destinées à titre de descendants de familles nobles ayant siégé aux Etats. V. le Doc. n° XX VI. (1) M. de Saint-Simon pensait que le duc de Wurtemberg avait le droit de siéger aux Etats comme seigneur de Blamont, de Châtelot, de Clémont, de Clerval, de Granges, d'Héricourt et de Passavant, grands fiefs sis au Comté de Bourgogne. Telle n’était pas l’opinion dominante parmi les mem- bres de la noblesse de Franche-Comté. Le 27 novembre, la chambre de la noblesse € avisant sur la demande de M. le duc de Wurtemberg..…...….. de- » vant suivre les usages qui existoient en 1666, dernière époque de sa con- » vocation, a décidé de lui accorder pour cette fois la préséance dont avoient » Joui ses prédécesseurs dans les anciens Etats; mais elle a cru devoir » mettre sous les yeux de Sa Majesté que la Noblesse française dont elle » fait actuellement partie, ne connaissant aucun intermédiaire entre le » Souverain, la maison royale et elle, et, d’ailleurs, les princes étrangers » n'ayant point de rang connu et fixe en France, ces considérations l’en- » gagent à supplier Sa Majesté de faire connoiître ses volontés sur cet objet » et d’y statuer pour les prochains Etats. » — 149 — qu’il a été réglé par un arrêt du Conseil que les Etats de Franche- Comté seraient convoqués le 26 de ce mois dans la même forme qu’en 1666. Il ne doit être question dans cette assemblée que de délibérer sur ce qn’il conviendra de faire pour donner aux Etats de cette province l’organisation la plus parfaite. Le mi- nistre, en me faisant part des dispositions de Sa Majesté à ce sujet, m'a envoyé plusieurs lettres du roi en blanc avec ordre de remplir ces blancs du nom des gentilshommes de la pro- vince qui, descendus de familles nobles admises autrefois dans les Etats du pays, posséderoient des terres ou des fiefs aux- quels le droit de justice est attaché. V. A. $S. a des droits à cette cette assemblée à cause des terres et seigneuries qu’elle pos- sède en Franche-Comté ; mais je n’ai pas cru devoir lui adres- ser une lettre de convocation dont le protocole ne ressemble nullement à celui qui convient à un prince souverain. J’ai donc pensé que V. A.S. ne désapprouveroit pas le parti que je prends de lui faire connoître par une lettre particulière les dispositions de Sa Majesté et le vœu de MM. de la noblesse de Franche- Comté, qui seroient très-flattés s'ils pouvoient être honorés de la présence de V. À, S. P. S. — $. AÀ.S$. ne venant point aux Etats est priée de vouloir bien y envoyer un représentant. XX VI Le Duc de Wurtemberg, Comte de Montbéhurd, au Marquis de Saint-Simon. Montbéliard, le 18 novembre 1788. J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 43 du courant pour me faire part de la convocation des Etats de Franche-Comté. Comme je ne pouvois y être invité d’une manière plus obligeante, vous voudrez bien en recevoir mes plus sincères remerciements. J’aurois été charmé de profiter d’une si belle occasion pour vous assurer personnellement de toute ma sensibilité, et pour avoir le plaisir de faire la connoissance de messieurs de la no- blesse d’une province dont la prospérité me sera toujours infi- — 150 — niment chère; mais les circonstances actuelles de ma santé ne me le permettant pas, je prierai le représentant que je choi- sirai de leur témoigner, ainsi qu'à vous, tout le regret que j'ai de ne pouvoir y assister moi-même (1). XX VII Le Marquis de Saint-Simon au Comte de Brienne. Besançon, le 10 novembre 1788. J'ai reçu, avec la lettre dont vous m'avez honoré en date du 4 de ce mois les différents paquets de lettres écrites par le roi à plusieurs membres des trois ordres de cette province auxquels Sa Majesté ordonne de s’assembler le 26 du présent mois dans la forme des Etats de 1666. J’ai remis à M. l'archevêque le paquet qui renferme la lettre pour le clergé, celui du Tiers-Etat a été également remis à M. l’intendant et je me suis chargé d’adres- ser moi-même à chacun des membres de la noblesse celles qui les concernent, lorsqu'on m’aura remis la liste après laquelle on travaille, des gentilshommes descendant de familles nobles admises autrefois dans les Etats du pays. Je dois vous prévenir que quelques membres du Parlement, issus des anciennes familles nobles, m'ont témoigné le désir d’avoir une lettre de convocation, quoique par état ils ne peuvent, ni ne doivent en faire usage. Je vous prie de me faire savoir si vous ne trouvés point d’inconvénients à Ce que je leur donne cette petite satis- faction. XX VII Lettre de convocation envoyée au lieutenant-général du bailliage de Vesoul. Mons. de Raze, par arrêt rendu en mon Conseil d'Etat le er de ce mois, j'ai réglé que les Etats de ma province de Franche-Comté seroient convoqués à Besançon le 26 du même (1) Ce représentant fut le marquis de Moustier. — 151 — mois, afin qu'ils délibérassent sur les objets exprimés dans le dit arrêt. En conséquence, mon intention est que vous vous trouviés à leur assemblée, que vous y présidiés la chambre du Tiers-Etat et que vous concouriés aux délibérations qu’ils pren- dront. Le zèle que vous avez toujours montré pour mon service et pour le bien public, m’apprend ce que je dois en attendre dans cette occasion importante. Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait, Mons. de Raze, en sa sainte garde. Ecrit à Versailles, le 4 novembre 1788. Signé : LOUIS. DE LOMÉNIE, Comte DE BRIENNE. XXIX Modèle des lettres de convocation envoyées aux officiers munici- paux des villes. De par le Roi. Chers et bien amés, par arrêt rendu en nôtre conseil le 4er de ce mois, nous avons réglé que les Etats de notre province de Franche-Comté seroient convoqués à Besançon le 26 du même mois, afin qu'ils délibérassent sur les objets exprimés au dit arrêt. En conséquence, notre intention est que celui d’entre Yousiqupestrevétuide la place de Maire” et." er sie Habamiwdenta ville der. tre trs , que les notables d’icelle, assemblés à cet effet, en la manière accoutumée, auront élu à la pluralité des voix, assistent en qualité de députés de la dite ville à assemblée des dits Etats et concourent aux déli- bérations qui y seront prises. Nous ne doutons pas que la ma- nière dont ils rempliront leur mission ne justifie pleinement la confiance de leurs concitoyens. Et la présente n'étant pour autre fin, nous ne vous la ferons ni plus longue, ni plus ex- presse. Donnée à Versailles, le 4 novembre 1788. Signé : LOUIS. DE LOMÉNIE, Comte DE BRIENNE. — 152 — XXX Modèles des lettres de convocation envoyées aux premiers magis- trats des prévôtés (1). De par le Roi. Cher et bien amé, par un arrêt rendu en notre Conseil d'Etat le 1er de ce mois, nous avons ordonné que les Etats de notre province de Franche-Comté seroient convoqués à Besançon, afin qu'ils délibérassent sur les objets exprimés dans le dit arrêt, et nous en avons fixé l’ouverture au 26 du même mois. Notre intention est qu'après avoir assemblé les habitants de la pré- VOIE der R E , Vous les informiés de ce que nous avons réglé à cet égard et que vous leur enjoigniés de nôtre part d’élire, à la pluralité des voix et suivant les formes accou- tumées en pareil cas, un d’entre eux, auquel ils donneront pouvoir d'assister, en qualité de leur député à l’assemblée des dits Etats et d’y voter en leur nom. Et la présente n’étant pour autre fin, nous ne vous la ferons ni plus longue, ni plus ex- presse. Donné à Versailles, le 4 novembre 1788. Signé : LOUIS. DE LOMÉNIE, Comte DE BRIENNE. XXXI Lettre du roi aux trois États de Franche-Comté. À nos très-chers et bien amés les gens des trois Etats denotre province de Franche-Comté assemblés à Besançon en vertu de notre permission. De par le Roi, Très-chers et bien amés, nous avons commis notre cher et bien amé le marquis de Saint-Simon lieutenant-général de nos armées, Commandant pour notre service en Franche-Comté, et notre ami et féal le sieur Caumartin de Saint-Ange, conseiller (1) Maires, ou premiers échevins en faisant les fonctions. — 153 — en nos conseils, maître ordinaire de notre hôtel, intendant de justice, police et finances dans cette province pour assister en qualité de nos commissaires à votre assemblée. Nous les avons chargé de vous faire connoitre nos intentions ; ainsi vous devés avoir en ce qu'ils vous diront l’un et l’autre de notre part, la même confiance que vous auriés en ce que nous vous dirions nous-mêmes, si nous étions présents en personne à votre as- semblée. - Vos lumières et votre patriotisme nous répondent que vos délibérations seront caractérisées par la justice et l’impartia- lité. Et la présente n’étant pour autre fin, nous ne vous la ferons ni plus longue, ni plus expresse. Donné à Versailles, le 20 novembre 1788. Signé : LOUIS. DE LOMÉNIE, Comte DE BRIENNE. XXXII Modèle des lettres de créance des commissaires du roi aux Etats de Franche-Comté. HAT Pare arret rendu en mon Conseil d'Etat 7: 4er de ce mois, j'ai ne que les Etats de ma province de Franche-Comté s’assemblassent à Besançon le 26 du même mois pour délibérer sur les objets ÉHONCeS audit arrêt. Je vous ai choisi, ainsi que...........0". Lie do 00 RC OT ETS RO OP PE En , pour assister à cette assemblée en qualité de mes commissaires et lui faire connoitre mes intentions. Les preuves multipliées que vous m'avez données de vos lumières, de vos talents et de votre zèle pour le bien public m'apprennent tout ce que je dois en attendre dans cette occasion importante. SunCe, je prie Dieu qu'il vous'ait, Mons... ..... Fan ue ts, , en Sa sainte garde. Ecrit à Versailles, le 20 novembre 1788. Signé : LOUIS. DE LOMENIE, Comte DE BRIENNE. — 154 — XXXIII Instructions envoyées aux commissaires du roi. L'assemblée se tiendra, si cela est possible, dans l'hôtel du commandement qu'occupoit le feû sieur Maréchal de Vaux. Si quelque obstacle imprévu s’y opposoit, l'intention de Sa Ma- jesté est qu’en ce cas, elle ait lieu dans lhôtel de ville de Besançon. Les commissaires auront eù soin de faire faire auparavant dans celui des deux édifices qu’ils auront choisi, les préparatifs et les dispositions convenables. Le jour de l'assemblée arrivé, des députés d’icelle, dont un au moins sera de l’ordre du clergé ou de la noblesse, se rendront auprès des commissaires, lesquels se trouveront réunis dans le même lieu. Ils les préviendront que l'assemblée est formée, et les inviteront à en venir faire l’ouverture. Le marquis de Saint-Simon sera en manteau et coiffé d’un chapeau à plumes. Le sieur de Saint-Ange sera revêtu de lhabit de cérémonie particulier aux membres du conseil. Les commissaires ayant salué l’assemblée et s'étant assis, se couvriront ainsi que tous lés membres des Etats. Ensuite, les commissaires remettront au sieur archevêque de Besançon : 19 les lettres à eux écrites par Sa Majesté qui renferment les pouvoirs dont ils ont besoin pour remplir la mission qui leur est confiée, 2 la lettre par laquelle elle annonce cette mission aux Etats ; 30 l’arrêt du conseil du der de ce mois qui permet la con- vocation d’iceux. Le sieur Archevèque fera lire le tout à haute voix par la per- sonne chargée de remplir les fonctions de secrétaire-greffier de l'assemblée. Après quoi les lettres du roi et l’arrêt seront transcrits sur les registres des Etats. Cette formalité remplie, les commissaires feront chacun un discours. [ls parleront assis; mais en prononçant au commen- cement de ce discours le mot Messieurs,ils se découvriront, puis remettront leurs chapeaux. Tous les membres de l'assemblée se découvriront en même temps que les commissaires. 455 — Examiner quels changements il convient d'apporter à la cons- titution des Etats de Franche-Comté, est le travail important dont l’assemblée aura à s'occuper. La nécessité de ces change- ments a tellement été reconnue, même par le clergé et par la noblesse de la province, qu’en demandant que les Etats qui vont s'ouvrir fussent convoqués de la même manière qu’en 1666, ils ont par écrits qui renferment leur demande, contracté l’engage- ment de les proposer. La noblesse particulièrement est convenue qu'il lui paroissoit juste d'admettre parmi les représentants de celui du clergé un certain nombre de curés et d'assurer à celui du Tiers-Etat une représentation plus exacte (1). Les commissaires fixeront sur tous ces objets l’attention de l'assemblée. Ils feront sentir aux deux premiers ordres que le respect qu’on doit aux usages antiques qu'ils peuvent être dans le cas d’invoquer ne sauroit aller jusqu’à oublier les droits im- prescriptibles de la raison et de la justice. Ils leur diront que Sa Majesté convaincue de leur patriotisme, de leur zèle éclairé pour le bien public, ne craint point qu'ils subordonnent à leur intérêt particulier l'intérêt de la classe la plus nombreuse des citoïens de la province, et que, quand même ils n’auroient pas déjà manifesté leurs dispositions à cet égard, elle seroit dans la ferme persuasion que leurs délibérations seront caracté- risées par l'équité la plus exacte et par l’impartialité la plus noble. Avant que chacun des ordres délibère sur les objets par rap- port auxquels l'assemblée doit faire connoitre son vœu à Sa Majesté, les gentilshommes et nobles qui, n'étant point issus des familles admises autrefois dans les Etats de la province, n’ont pas été convoqués à ceux qui vont s'ouvrir, quoiqu’ils pos- sèdent dans le pays des terres et des fiefs auxquels est attaché le droit de justice, présenteront requête à l’assemblée pour de- mander qu'on les y admette, et cette admission aura lieu. Des députés nommés par la ville de Besançon pourront éga- lement y être admis parmi les représentants du Tiers-Etat, (1) Voir le Procès-verbal rédigé par la Noblesse de Franche-Comte assemblée à Quingey le premier octobre mil sept cent quatre-vinqt- huit, et son Mémoire au Roi. — 156 — après toutefois qu'ils auront présenté requête à cet effet (1). S'il s’élevoit, soit sur le rang à occuper par quelques-uns des membres des différents ordres, soit sur quelque autre objet, des difficultés que les commissaires ne pussent parvenir à aplanir par la voie de la conciliation, Sa Majesté les autorise en ce cas à statuer sur ces difficultés ; mais seulement par provision et en déclarant expressément que leur décision provisoire ne préju- diciera en rien aux droits de qui que ce soit, lesquels demeure- ront en l'Etat. Lorsque les différents ordres auront discuté chacun de leur côté les questions indiquées dans l’arrêt du 1e de ce mois, et qu’ils seront parvenus à former un vœu Commun, il sera rédigé d’après ce vœu un projet du règlement à rendre pour fixer défi- nitivement l’organisation des Etats. Il sera dressé un procès- verbal de tout ce qui se sera passé, soit dans l’assemblée géné- rale des trois ordres réunis, soit dans les chambres particulières de chaque ordre et le tout sera envoïé à Sa Majesté afin qu’elle statue ensuite sur ce qu’il appartiendra. La nature des questions qui seront agitées doit faire craindre qu’elles n’occasionnent des débats très-vifs. Les commissaires s’appliqueront à concilier les esprits autant qu’il leur sera pos- sible, et à ramener à la modération les personnes qui s’en écarteront. Sa Majesté ne se dissimule pas que la tâche qu'ils auront à remplir sera pénible ; mais elle se flatte que leur zèle, leur prudence et leurs talents surmonteront toutes les difficultés et sauveront tous les obstacles. Fait à Versailles, le 20 novembre 1788. Signé : LOUIS. DE LOMÉNIE, Comte DE BRIENNE. (1) Ces députés furent admis. Nous voyons l’un d'eux, l'avocat Martin, faire partie d’une des députations chargées de recevoir les commissaires du Roi le 12 décembre. V. le Doc. n° XLVII. Les autres étaient MM. Cou- thaud, conseiller de l'Hôtel de ville ; Faivre, juge-consul ; Joliot, proprié- taire vigneron ; Lapoule, avocat au Parlement; Laurent. ancien vicomte mayeur ; Quirot, avocat au Parlement. 2e AT XXXIV Liste des dignitaires ecclésiastiques, des gentilshommes et des gens du Tiers-Etat appelés à l’assemblée des Etats de Franche- Comté convoquée pour le 26 novembre 1788. 19 Dignitaires ecclésiastiques L’archevéque de Besançon, président des Etats et dela Chambre du clergé : Monseigneur Raymond de Durfort (1) ; Les députés des chapitres : Métropolitain, de Besançon (2); De Sainte Marie-Madeleine, de Besançon (3) ; de Saint-Anatoile, de Salins (4) ; de Saint-Michel, de Salins (5); de Saint-Maurice, de Salins (6) ; d’Arbois (7) ; de Poligny (8) ; de Nozeroy (9); de Saint-Claude (10) ; de Gigny (11) ; de Saint-Amour (12) ; de Baume-les-Messieurs (13) ; de Dole (14) ; (1) Ancien évêque d’Avranches et de Montpellier. (2) MM. Pusel de Boursières et Seguin. (3) M. Millot, (4) M. Cordier de Champagnole, (5) M. Marmet, doyen. (6) M. Bousson, prévôt. (7) M. Domet de Mont, doyen. (8) M. Sanderet de Valonne, doyen et curé. (9) M. Girardet, doyen. (10) M. de Moyria de Maillac. (11) M. de Montfaucon. (12) M. Merle, doyen. (13) M. de Montrichard, doyen, (14) M. de Toytot, — 158 — de Gray (1); de GChamplitte (2) : de Ray (3); de Vesoul (4); de Lure (5); de Saint-Hippolyte (6) : de Villersexel (1); Les abbés de l’ordre de Saint-Augustin : de Saint-Paul, de Besançon, M. Boisot ; de Gouaille, M. de Laubespin (8) ; de Montbenoit, M. de Saint-Pern ; Les abbés de l’ordre de Saint-Benoit : de Saint-Claude, M. de Chabot (9); de Baume-les-Messieurs;, M. de la Fare ; de Luxeuil, M. de Clermont-Tonnerre ; de Saint-Vincent, de Besançon, M. Amelot (10); Les abbés de l’ordre de Citeaux : de Bellevaux, M. de Lezay-Marnésia (11) ; de Cherlieu, M. de Vermont (19) ; de La Charité, M. de Durfort (13) ; de Billon, M. de Castillon ; de Balerne, M. Franchet de Rans (14): de Bithaine, M. de Tinseau : de Theultey, M. de Pontbriant (15): (1) M. Huchet. (2) M. Longpré. (3) M. Poinsot. (4) M. Huot de Charmoille. (5) M. de Thurn. (6) M: Bruat, doyen. (7) M. Bourgon. (8) Chanoine de Lure. (9) Evêque de Saint-Claude et ayant droit des anciens abbés. (10) Evêque de Vannes. (11) Ancien évêque d’Evreux. (12) Lecteur de la reine. (13) Archevêque de Besançon. (14) Evêque de Rhosy, haut-doyen du Chapitre métropolitain. (15) Evêque d’Agen. _— 159 — de Rosières, M. de Grimaldi (1) ; de Sainte-Marie, M. de Bourgevin-Vialard (2); des Trois-Rois, M. de Beaumont ; de Clairefontaine, M. d’'Osmond (3): d’'Acey, M. de Lezay-Marnésia (4); de La Gräce-Dieu, Dom Deleschaux. Les abbés de l’ordre des Prémontrés : de Corneux M. Querenet. Les Prieurs : de Courtefontaine, M. de Charmoille (5) ; de Jussan-Moutier. M. d’Esternoz (6) ; de Saint-Renobert, M. d'Esternoz (7) ; d’Arbois, M. de Courbouzon ; | de Saint-Louis-sous-Montenot, M. Huchet (8) : de Vaux-sur-Poligny, M. Le Noir (9): de Saint-Germain, M. Bernardet (10). de Sirod, M. Despotots ; de Vobles, M. Faivre (11) ; de Colonne, M. Gaillande ; de Frontenay, M. de Courbouzon ; de l'Etoile, M. Chevalier ; de Ruffey, M. de Thélis du Châtel; de Saint-Laurent-de-la-Roche, M. Le Bœuf : de Saint-Lothain, M. de Raze; de Saint-Désiré de Lons-le-Saunier, M. Verchères (19): de La Loye, M. de Mannery (13); (1) Vicaire-général de Reims. (2) Conseiller-clerc. (3) Vicaire-général de Rouen. (4) Comte de Lyon. (5) Chanoine de la métropole. (6) Chanoine de Gigny. (7) Id. (8) Chanoine de Gray. (9) Conseiller-clere au parlement de Paris. (10) Curé. (11) Id. (12) Conseiller-clere au parlement de Dijon. (13) Vicaire-général de Reims, 60 — de Pesmes, M. Semonin ; de Seveux, M: Tournier: de Vellexon, M. d’Autet (1) : d'Autrey, M. de Mongenet (1); de Champlitte, M. Mercier de Montigny ; de Dampierre-sur-Salon, M. Jobard (2) ; du Moutherot-les-Traves, M. de Villemont; de Fontaine, M. Franchet de Rans (3); de Jussey, M. de Romange (4); de Saint-Marcel, M. de Jouffroy d’Abbans (5); de Voisey, M. Annel ; de Dannemarie, M. Mareschal d’Audeux (6) ; de Lanthenans, M. Boutechoux de Chavanne (7); de Chaux-les-Clerval, M. de Menton (8): de Sechin, M. Daguet ; de Vuillorbe, M. Talbert de Nancray (9) ; de Bonnevaux, M. de Courbouzon ; de Laval, M. Mareschal d’Audeux (10); de Morteau, M. de Loménie de Brienne (11); de Pontarlier, M. de Boutechoux de Chavanne (12); de Saint-Point, M. Guillegaut ; de Scey-en-Varais, M. Pouget; de Granson (13), M. de Raze ; de Romain-Moutier (14), M. Petitjean. (1) Chanoïne de la métropole. (2) Curé d’Aiïlley. (3) Evêque de Rhosy. (4) Chanoiïine de Sainte-Marie-Madeleine. (5) Chanoine de Saint-Claude. (6) Vicaire-général, chanoïine de la métropole. (7) Vicaire-général, chanoine de la métropole, grand archidiacre. (8) Chanoine de Gigny. (9) Chanoine de la métropole. (10) Vicaire-général, chanoine de la métropole. (11) Coadjuteur de Sens. ; (12) Vicaire-général, chanoine de la métropole, grand archidiacre, (13) Diocèse de Lausanne, (14) Id. — 161 — 20 Gentilshommes Antoine-François-Eléonore-Angélique, comte de Jaquot d’Ande- larre, seigneur de Charentenay ; Antoine-Ferdinand d’Amandre, seigneur d’Onnoz ; Aydonin-Gaspard de Trestondans (1), seigneur de Pisseloup ; Alexandre-Joseph, marquis de Guyot, seigneur de Maiche ; Antonin-Maire Terrier, marquis de Monciel (2); Charles-Marie-[gnace Pillot de Chenecey, comte de Coligny (3) ; Claude-François-Adrien, marquis de Lezay-Marnésia (4) : Claude-François-Magdeleine, comte d’Amedor, seigneur de Molans (5) ; Charles-Emmanuel-Polycarpe, marquis de Saint-Mauris-Chà- tenois (0) ; Claude-Lambert du Val, seigneur d’Essertenne ; Charles-Xavier Bourrelier de Malpas, comte de Mantry (1) ; Claude-Charles-François Varin du Fresne, seigneur de Fre- tigney ; Charles-Guillaume Vernier, seigneur d’Usier ; Charles-Sébastien Le Maillot, seigneur de Provenchère ; Claude-François-Antoine, marquis de Jaquot d’Andelarre (8) baron de Rosey ; Claude-Joseph-Nicolas, comte de Grivel, seigneur de Perrigny; Claude-Antoine de Rosières, chevalier de Sorans, seigneur de Cromary ; Claude-Bernard-Flavien, marquis de Froissard-Bersaillin (9), seigneur de Bersaillin et de Villers-Robert ; 2 (1) Erigé en marquisat en mai 1714, (2) Erigé en marquisat en novembre 1740, (3) Erigé en comté en juin 1716, (4) Erigé en marquisat en décembre 1721. (3) Erigé en comté en avril 1713. (6) Erigé en marquisat en février 1705. (7) Erigé en comté en mars 1716, (8) Erigé en marquisat en février 1760. (9) Erigé en marquisat au mois d'août 1748, 11 — 162 — Charles-Marie-Joseph-Gervais d’Alpy de Queutrey, seigneur de Brans ; Charles-François-Gabriel Tranchant, comte dela Verne, seigneur de Boney (1); Claude-Antoine-Catherine Bocquet de Courbouzon, chevalier, baron de Courbouzon ; Claude-Pierre-Joseph Balland, seigneur de la Bretenière; Claude-François Colin, seigneur de Champagne, en partie ; Claude-François-Paschal Balland, seigneur de Montaigu ; Charles, marquis de Moustier (3), seigneur de CGubry et de _ Nans; Claude-Jean-Eugène, marquis de Jouffroy d’Abbans (4), seigneur d’'Abbans ; Claude, comte de Jouffroy-d’Abbans, seigneur d’Osselle et de Byans; Claude-Antoine-Louis, marquis de Champagne, baron d’Igny (5); Charles-Joseph Coquelin, marquis de Germigney (6) seigneur de Germigney ; Etienne-François-Xavier Buson, seigneur de Champdivers ; Emmanuel-François Mareschal, seigneur de Longeville: Frédéric-François Patornay, seiyneur du Fied; François-René-Hippolyte, marquis de Toulongeon, seigneur à Champlitte (7): Erançois-Emmanuel, seigneur de Toulongeon ; François-Félix-Bernard Terrier de Santans, marquis de Maille- roncourt (8); François-Gabriel Mouchet de Battefort, marquis de Laubes- pin (9); (1) Erigé en comté en décembre 1717 sous le nom de la Verne. (2) Erigé en baronnie en décembre 1940. (3) Erigé en comté en février 1741. (4) Erigé en marquisat en mars 1707. (5) Erigé en marquisat en 1756 sous le nom de Champagne. (6) Erigé en marquisat en novembre 1716. (7) Descendant par les femmes de François de Vergy, premier comte de Champlitte. (8) Erigé en marquisat en janvier 1740. (9) Erigé en comté en mars 1759. dE Sd de és — 163 — Florent-Alexandre-Melchior de la Baume comte de Montrevel, marquis de Pesmes (1): Ne | François-Thérèse Richard, marquis de Villers- Vaudey (2) : François-Marie Mareschal, seigneur de Longeville ; Gaspard-Marie de Glannes, baron de Villers-Farlay (3), seigneur à Combelle; Gaspard-Melchior-Balthasar-Michel-François de Crosey, seigneur de Crosey; Gabriel-Philibert-Ignace-Remi Raclet, baron de Mercey (4); Georges-Simon, marquis de Vaulchier (5), seigneur du Deschaux : Henri-François-Joseph de Bancenel, seigneur de By; Henri-Sigismond-Joseph Marchand de la Châtelaine, seigneur de Bannans; Hippolyte-Charles-Ferdinand de Laborey, baron de Salans ; Henri-François de Rosière, marquis de Sorans ; Jean-Baptiste-Vincent-Ferrier, marquis de Pillot-Chantrans, seigneur de Baine; Jean-Antoine Varin, seigneur d’Ainvelle ; Joseph-Christophe-Emmanuel, comte de Romanet, seigneur de Rosay ; Joseph-Claude-François Jacquard d’'Annoire, seigneur de Ghe- man ; Jean-François de Bancenel, seigneur de Champagne ; Jean-Emmanuel-Martin de Jouffroy, seigneur de Gonsans ; Jean-Antoine-Marie de Mesmay, seigneur de Mesmay ; Jean-François Lampinet, seigneur de Sainte-Marie ; Jean-Hermand-François-Xavier, vicomte de Sagey, seigneur de Pierrefontaine; Jean-François-Eléonor, comte de Boutechoux, seigneur de Vil- lette (6) ;: Joseph d’Esternoz, seigneur de Molombe; Joseph de Malarmey, comte de Roussillon ; (1) Baronnie érigée en marquisat en mai 1754. (2) Erigé en marquisat en février 1750. (3) Erigé en baronnie en juin 1746. (4) Erigé en baronnie en janvier 176#. (5) Février 1755. (6) Erigé en comté en janvier 1765, sous le nom de Boutechoux. # ba Joseph-Luc-Jean-Baptiste-Hippolyte, comte de Mareschal-Vezet, seigneur de Vezet (1): Louis-Emmanuel-Alexandre, comte de Saint-Mauris, seigneur de Lambrey; Louis-Gabriel Aymonet, seigneur de Contréglise; Louis, comte de Portier-Froloy, seigneur de Saint-Georges; Louis Didier de Trestondans, seigneur de Suaucourt ; Louis-Alexis-François Lampinet, seigneur de Navenñe, Gesans, Aubertans ; Louis-Marie-François de Saint-Mauris, prince de Montbarrey (2), seigneur de Rujfey ; Louis-Maximilien, baron d’Iselin, comte de Lasnans, seigneur d’Avilley ; Marie-Charles-Hilaire-Flavien de Froissard-Poligny, marquis de Broissia (3); Marie-François-Nicolas-Charles, vicomte de Romanet, seigneur de l’Abergement ; Marie-Bénigne-Ferréol-Xavier Chifflet, seigneur de Villeneuve; Marie-Anne-Jean-Baptiste Mareschal, seigneur de Sauvagney; Marie-Alexis-Dominique Boitouset, marquis d’'Ormenans (4) ; Nicolas-Joseph Aymonet, chevalier de Contréglise ; Nicolas-Claude Huot, seigneur de Pusey; Nicolas-Gabriel Poutier, seigneur de Saône; Pierre-Marie-Nicolas-Vincent, comte de Reculot-Frotey, seigneur de Rochefort ; Pierre-François-Xavier de Bancenel, seigneur de Champagne ; Pierre-Colombe-Prothade Mareschal, seigneur de Sauvagney; Philippe-Bernard-Nicolas-Laurent-Hyacinthe de Montrichard, seigneur de Frontenay (5); Philippe-Désiré Broch, seigneur d’'Hotelans; Philippe-Emmanuel, comte de Salives, seigneur de Valeroy-le- Bois (6); (1) Erigé en comté en septembre 1749, sous le nom de Mareschal. (2) Prince du Saint-Empire du 9 avril 1774. (3) Erigé en ma.quisat en octobre 1691. (4) Erigé en marquisat en septembre 1718. (5) Erigé en marquisat le 27 janvier 1744 pour Laurent-Gabriel de Mont- richard de Visemal. (6) Erigé'en comté en séptembre 1747, sous le nom de Salives. — 165 — Sébastien-Christophe-Joseph, comte de Chaillot, seigneur à la Loye ; Simon-Gabriel Huot, seigneur de Charmoille; Théodule-François, baron d’Iselin de Lasnans, seigneur de Roulans (1) 830 Gens du Tiers-Etat Les députés des villes : Salins, MM. Mouret de Bartherans (2), maire, Clermont et Mar- met ; : Dole, MM. Chartrain, maire, Brun (3), Liard (4), Vaucherot et Vuillemot ; Gray, MM. Narçon, maire, et N..; Vesoul, MM. Roux de Raze, lieutenant-général du bailliage, Jacques de Fleurey, maire (5), et Durget (6) ; Arbois, MM. Clerc, maire, Bouvenot (7) et Morivaux (8): Poligny, MM. N..., maire et Bidault (9) ; Pontarlier, MM. Maire (10) maire et Rousset (11) ; Baume. MM. Carpentier, maire (12), Bressand (13) et Mar- chand (14); Ornans, MM. Teste (15), maire, et Verdy (16) ; (4) V. Almanach du Comté de Bourgogne pour l’année 1789, p. 60, la situation occupée par plusieurs de ces gentilshommes. (2) Ecuyer, seigneur de Mouchard. (3) Avocat. (4) Avocat. (5) Lieutenant particulier. (6) Avocat. (7) Lieutenant civil et criminel, échevin. (8) Avocat, échevin. (9) Lieutenant-criminel. (10) Lieutenant-général au bailliage. (11) Conseiller-assesseur au bailliage. (12) Avocat. (13) Avocat du roi au bailliage. (14) Avocat. (15) Lieutenant-criminel au bailliage. (16) Avocat, — 166 — Orgelet, MM. Clément (1), maire, et Babey (2); Quingey, MM. Faton (3), maire et Pourny; Lons-le-Saunier, MM. Brillon, maire, et Vernier (4); Fuucogney, MM. Bolot de Chauvillerain (5), maire, et Daval (6); Bletterans, MM. Rivière (7), maire, et Desgouille ; Les députés des prévôtés : Saint-Claude, (8), MM. Christin (9) et Dalloz (10) ; Morteau. M. Gaudion (11) ; Jussey, M. Barthélemy (12): Chäteau-Chalon, M. Mottet (13): Moirans, M. Bonguyod (14): Montmorot, M. Vauchez; Port-sur-Saône, M. Tournois (15): Châtillon-le-Duc, M. Maire; Montjustin, M. Lovet; Cromary, M. Marquis; Montboson, M. Receveur ; Rochefort, M. Desjeux ; Orchamps, M. Longchamp; Fraisans, M. Cabaud (16): Colonne, M, Robelin; La Loye, M. Bouchot: Chariez, M. Gavaille : (1) Conseiller-assesseur au bailliage. (2) Lieutenant-général au bailliage. (3) Subdélégué. (4) Lieutenant-général civil au bailliage. (9) Avocat. (6) Avocat. (7) Avocat. (8) Le Conseil d'Etat lui avait accordé deux députés. (9) Avocat. (10) Grand-juge de Saint-Claude. (11) Juge-châtelain. (12) Avocat. (13) Docteur en médecine. (14) Avocat. (15) Procureur d'office, (16) Avocat, — 167 — Montmirey-le-Château, M. Lizanet (1) ; Gendrey, M. Blanc (2); XXXV Le Marquis de Saint-Simon au Comte de Brienne. Besançon, le 28 novembre 1788. Voulant vous donner quelques détails sur ce qui se passeroit lors de l’ouverture des Etats de cette province, j'ai pensé que vous ne désapprouveriez pas que je différasse de quelques jours à vous renvoyer votre courrier, et Je me proposois de le faire hier ; mais MM. de la chambre et de la noblesse m’ayant témoi- oné le désir de le charger des remerciements qu'ils se proposent de faire au roi, à vous et à Monsieur le directeur général (3), ils m'ont prié de retarder son départ jusqu’à ce moment. Avant l'ouverture de l'assemblée des Etats qui s’est faite le 26, MM. de la noblesse ont procédé à l’élection d’un président par la voix du scrutin et la pluralité a été pour M. le prince de Bauffremont ; les chambres se sont ensuite réunies pour se ren- dre processionnellement à la messe du Saint-Esprit. De retour à Phôtel du Commandement, où se tiennent les Etats, l'ouverture de l'assemblée à été faite dans la forme prescrite par l’instruc- tion que vous m'avez envoyée; ensuite MM. les présidents de Chambres ont prévenu les trois ordres qu'ils devoient se retirer dans leurs chambres respectives. Cette journée s’est passée en compliments suivant l’usage. Hier 27, les chambres se sont occupées de projets de règle- ments de police intérieure; celle de la noblesse à nommé des commissaires pour travailler, conjointement avec ceux du elergé et du tiers, à un plan de constitution dont les articles seront dressés provisoirement pour être ensuite délibérés, lorsque la chambre du Tiers sera suffisamment formée. Jusqu'à présent les trois ordres paraissent assez d'accord et il est à désirer que cela continue. (1) Notaire. (2) Avocat au Parlement, (3) Necker, — 168 — P. S. 29 novembre au soir. Il vous sera aisé de juger par la date de cette lettre, commen- cée hier et finie aujourd’hui, que j'ai été forcé de retarder de 24 heures le départ de votre courrier, ce qui m’a donné le temps de me procurer un extrait des différentes délibérations prises dans la chambre de la noblesse les 27, 28 et 29. Jai l'honneur de vous l’envoyer ci-joint ainsi que le compliment que j'ai été dans le cas de faire à l’ouverture de l’assemblée générale des trois ordres. XXXVI Le Marquis de Saint-Simon au Comte de Brienne. Besançon, le 3 décembre 1788. Je vous ai déjà donné avis, par la lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire le 1er de ce mois, que la Chambre du Tiers m'avoit fait notifier, ainsi qu'à M. de Saint-Ange, l'intention où elle étoit d'envoyer une députation à Versailles pour obtenir la permission de convoquer les communes de la province, j’ajou- tois que vraisemblablement ces députés arriveroient en même tems que ma lettre; mais, soit l’effet des bonnes raisons que M. de Saint-Ange et moi avons mis en avant pour les empêcher de faire cette démarche, soit l'espérance qu’ils ont pu conce- voir d’être soutenus dans leurs démarches par les deux autres ordres, le départ de ces députés a été retardé Jusqu'à ce mo- ment. Mais à l’instant MM. de la Chambre du Clergé viennent de me faire part des dispositions où est la Chambre du Tiers de les faire partir le plus tôt possible ; ils m'ont en même temps témoigné le désir de joindre à ma lettre le paquet ci-joint par lequel il est vraisemblable qu'ils vous demandent eux-mêmes la permission d'envoyer des députés conjointement avec l’ordre de la Noblesse dans le cas où ceux du Tiers seroient recus. Je joins ici un détail sommaire de ce qui s’est passé dans la Chambre de la Noblesse dans les séances des 1er et 2 de ce mois, er XXX VII Le Comte de Puységur (1) à Messieurs les Commissaires du Roi aux Etats. Versailles, le 5 décembre 1788. L’instruction que mon prédécesseur vous a adressée par ordre du Roi porte que les Etats de Franche-Comté se tiendront, si c’est possible, dans l'hôtel du Commandement. C’est sur la demande de M. le chevalier de Sorans, l’un des députés de la Noblesse de cette province que Sa Majesté a consenti qu'ils s’assemblassent-là. À cette époque, rien ne s’y opposoit, puis- qu’il n’avoit point été nommé un successeur à feu M. le maré- chal de Vaux. Aujourd’hui M. le marquis de Langeron l’a rem- placé et l'intention du Roi est qw’il ne diffère que le moins pos- sible de se rendre à Besançon. Il est nécessaire qu’à son arrivée il trouve libre l’hôtel qu’il a droit d’y occuper. Ainsi Sa Majesté désire que l’assemblée des Etats soit transférée de l’hôtel dont il s’agit dans tel autre édifice que vous jugerés convenable de choisir, après vous être concerté avec eux à cet égard. Je joins ici une lettre que le Roi leur écrit sur cet objet; vous voudrés bien la leur présenter. Lorsque que vous vous seres déterminés sur le choix du lieu où ils seront transférés, il faudra que vous donniés ordre qu'on y fasse, sans délai, les préparatifs néces- saires, afin que cette translation n’éprouve aucun retard. Si, par quelque raison que je ne saurois prévoir, elle ne pou- voit avoir lieu sur le champ, en ce cas vous voudriés bien au moins arranger les choses de manière que les équipages et une partie des gens de M. le marquis de Langeron, qui sont actuel- lement en route pour se rendre à Besançon, puissent, lorsqu'ils y arriveront, être logés en son hôtel. (1) Pierre-Louis de Chastenet, comte de Puységur, successeur du comte de Brienne comme ministre de la guerre, — 170 — XXX VIIL Le Marquis de Saint-Simon au Comte de Puységur. Besançon, le 12 décembre 1788. En conséquence de la lettre dont vous nous avés honoré, M. de Saint-Ange et moi, en date du 5 de ce mois, nous avons demandé à MM. les présidents des trois ordres la convocation des Etats dans la grande salle du Commandement. Cette assem- blée a eu lieu ce matin ; je m’y suis rendu avec les cérémonies d'usage, (1) l’état de la santé de M. de Saint-Ange ne lui ayant pas permis de partager avec moi cette mission. J’ai présenté à M. le président du Clergé la lettre du Roi par laquelle Sa Ma- jesté désire que lassemblée des Etats soit transférée de l'hôtel du Commandement dans tel autre édifice qu’on jJugera conve- nable de choisir. Après la lecture de cette lettre, les trois ordres se sont mis en marche pour aller prendre possession de la mai- son du collège de cette ville qu’ils avoient précédemment choisis; au moyen de quoi M. le marquis de Langeron trouvera son hôtel libre à son arrivée ici. M. de Saint-Ange vous rendant compte de l’état actuel de cette assemblée, j'ai cru pouvoir me dispenser de vous mander la même chose. | XXXIX Plan d'organisation proposé pour les Etats de Franche-Comté par les ordres du Clergé et de la Noblesse, les Gens du Tiers- Etat s’étant constamment refusés à travailler de concert avec les deux autres ordres (2). Les Chambres du Clergé et de la Noblesse, pour obéir à (1) Les députations se composèrent ce jour-là : la première de l’abbé de Maillac, du comte Mouret de Montrond et de l'avocat Martin ; la deuxième de l’évêque de Saint-Claude, de l'abbé de Laubespin, du marquis de Mon- trond, de M. de la Poype, de l'avocat Martin et de M. Chartrain, maire de Dole. (2) Imprimé en 1788. à Er di dati ARS à = 171 — l'arrêt du Conseil du 1er novembre 1788, qui ordonne la convoca- tion des Etats de la province de Franche-Comté, conformément à ce qui s’est passé aux Etats de cette province, assemblés en 1666, et qui, pour parvenir à une plus parfaite organisation intime l’ordre de proposer les changements à faire aux formes des anciens Etats de cette province, se sont occupées de ce tra- vail. Les Gens du Tiers-Etat s'étant constamment refusés à tra- vailler de concert avec elles sur les objets énoncés, les Cham- bres du Clergé et de la Noblesse ont délibéré de présenter à Sa Majesté le plan d'organisation renfermé dans les articles suivants : ART. 4er. — Pour se conformer à l’ancienne constitution de Franche-Comté, les Etats continueront à être composés de trois ordres, trois chambres et trois voix. ART. 2. — Dans toutes délibérations qui ne concernent que le régime dune chambre la pluralité sera formée par scrutin et une voix de plus que la moitié des suffrages fixera le vœu de la Chambre, et, dans le cas d'égalité des voix, le suffrage du pré- dent déterminera la pluralité. Pour former le vœu d’une chambre, en matière de législation et en matière fiscale, il faudra au moins les trois cinquièmes des suffrages. ART. 3. — En matière d'imposition, législation et administra- tion quelconque, les Chambres ne pourront délibérer en com- mun, et le concours des vœux des trois Chambres formées selon le prescrit de l’article précédent sera nécessaire pour former le décret. ART. 4 — Les Etats ne pourront faire aucun emprunt, ni imposer aucune somme pour leurs affaires particulières qu'après avoir obtenu la permission de Sa Majesté, et sous la condition qu'ils ne feront jamais aucun emprunt qu'en destinant préala- blement les fonds nécessaires pour le payement des intérêts et le remboursement des capitaux à des époques fixes et déter- minées. ART. 9. — La Chambre du Clergé sera présidée par Mgr lar- chevèque qui sera aussi, suivant l’ancien usage, président des trois ordres en sa qualité de président du premier ordre. ARTe 6. — En l'absence du seigneur archevêque, la Chambre — 172 — du Clergé sera présidée par le seigneur évêque de Saint- Claude. ART. 7. — En l’absence du seigneur archevêque et du sei- gneur évêque de Saint-Claude, le seigneur haut-doyen du Chapitre de l'Eglise métropolitaine sera président de la Chambre du Clergé. ART. 8. — Dans le cas où le seigneur archevêque de Besan- çon, le seigneur évêque de Saint-Claude et le seigneur haut- doyen de l'Eglise métropolitaine de Besançon ne paroitroient pas à l’assemblée, la Chambre du Clergé est autorisée à se choisir un président de son ordre. ART. 9. — Le seigneur archevêque de Besançon et le seigneur évêque de Saint-Claude, légitimement empêchés, auront seuls la faculté de se faire représenter aux Etats, par des ecclésias- tiques possédant bénéfices dans la province, qui prendront séance selon leur ordre et dignité personnelles. ART. 10. — Immédiatement après le seigneur archevêque de Besançon, le seigneur évêque de Saint-Claude et le seigneur haut-doyen du Chapitre métropolitain. siégeront les seigneurs abbés de l’ordre de Saint-Augustin, suivant l’ancienneté de la fondation de leur abbaye, ceux de l’ordre de Saint-Benoît, ceux de l’ordre de Citeaux et ceux de l’ordre des Prémontrés. Sui- vront les deux députés du Chapitre métropolitain de Besançon, celui du Chapitre de l'Eglise cathédrale de Saint-Claude, les prieurs de Saint-Augustin et de Saint-Benoît dans leur ordre, et les députés des Eglises collégiales, suivant la date de leur fondation. ART. 11. — Pour conserver aux cinq Chapitres nobles des Dames chanoinesses établis et fondés dans la province, le droit d’avoir un représentant aux Etats, nous les autorisons à s’y faire représenter par un zhanoïne de l'Eglise métropolitaine de Besançon, de Saint-Claude de Baume ou de Lure, lequel sera nommé dans l’ordre suivant : 19 par le Chapitre de Baume-les- Dames ; 20 par celui de Château-Chalon ; 3° par celui de Lons- le-Saulnier ; 4° par celui de Migette; et 5° par celui de Monti- ony. ART. 12. — Egalement frappés de la nécessité de faire repré- senter les besoins des campagnes par des curés, qui, en raison — 173 — : de la résidence qu’ils y ont, sont plus à portée de connaitre la partiela plus indigente des peuples et du danger qu’il yaurait d’en- lever lesdits curés à leurs fonctions, nous avons ordonné qu'in- dépendamment de quelques curés de villes qui peuvent assister aux Etats, et comme prieurs,et comme députés des Chapitres dont ils sont membres, six curés des campagnes du diocèse de Be- sançon et deux des campagnes du diocèse de Saint-Claude en- treront dans la Chambre du Clergé, où ils siégeront à la suite des députés des Chapitres, nous en rapportant à la prudence des seigneurs archevêque de Besançon et évêque de Saint- Claude dans leurs diocèses respectifs pour l’ordre de convoca- tion dans lequel les députés des curés seront librement élus. ART. 13. — Prenant égard au nouvel état des religieux rentés qui, depuis l’établissement des commandes, jouissent du droit d’administrer leurs revenus, nous permettons que deux reli- gieux de l’ordre de Saint-Benoît, deux de l’ordre de Citeaux et un de l’ordre de Saint-Bruno entrent dans la Chambre du Clergé avec voix délibérative pour y veiller à la conservation de leurs intérêts et de leurs propriétés, lesquels cinq députés siégeront après les curés. Et comme il a été permis par un décret du concile de Trente aux religieux Dominicains, Carmes de l’an- cienne observance, Cordeliers conventuels, Minimes et Carmes de l’étroite observance d'acquérir des possessions et propriétés, et que ces religieux contribuent aux charges de lEtat, nous permettons aussi que ces cinq ordres religieux ayent dans la Chambre du Clergé un représentant alternatif suivant l’ordre ci-dessus énoncé, lequel siégera après les religieux de Saint- Benoît, de l’ordre de Citeaux et de celui de Saint-Bruno. S'oc- cupant aussi de la représentation nécessaire des communautés de filles religieuses, nous les avons autorisées à députer aux Etats, pour siéger dans la Chambre du Clergé, suivant son ordre et dignité, un représentant alternatif choisi parmi les supérieurs ecclésiastiques desdites communautés. ART. 14. — Toutes élections et nominations se feront par Ja voye du scrutin, ART, 15. — À chaque tenue d'Etats, la présidence de l'ordre de la Noblesse continuera d’être élective par la voye du scrutin, nul ne pouvant être élu qu'il ne soit membre de la Chambre, AT — ART. 146. — Il n’y aura entre les gentilshommes admis dans la Chambre aucune préséance. ART. 17. — Il a été arrêté d'admettre dans la Chambre des gentilshommes ayant quatre générations de noblesse déjà ac- quise, y compris le présent, cent ans de noblesse, et la posses- sion d’un fief en justice. ART. 18. — Les chevaliers de justice de l’ordre de Malte pos- sédant des commanderies dans la province seront admis dans la Chambre suivant l’ancien usage. ART. 19. — Toutes élections pour charges ou commissions se feront par la voye du serutin. ART. 20. — La Chambre du Tiers sera composée de cent vingt-six députés. Les villes de la province en fourniront cin- quante, et soixante-seize seront choisis par les campagnes. Besançon fournira 7 députés, Dole 4, Gray 2, Champlitte 1, Gy 1, Pesmes 1, Arboiïs 3, Saint-Amour, 1, Pontarlier 2, Vesoul 3, Jussey 1, Lure 1, Luxeuil 1, Faucogney 1, Faverney 1, Lons-le- Saunier 2, Saint-Claude 2, Baume 3, Ornans 2, Salins 3, Noze- roy 1, Quingey 2, Poligny 2, Orgelet 2, Moirans 1. ART. 21. — Besançon, dans le nombre de 7 députés, en choi- sira 2 dans la classe des commerçants, 1 dans le nombre des cultivateurs propriétaires, et les autres au choix de la commune. ART. 92. — Chacune des autres villes de la province qui jouissent du droit d'envoyer aux Etats plus d’un député sera obligée d’en choisir un dans la classe des commerçants. ART. 23. — Nul ne sera électeur s’il n’a 25 ans accomplis et s’il n’est chef de famille, et nul ne pourra ètre éligible qu’il ne soit âgé de 30 ans aussi accomplis et qu’il ne soit également chef de famille. Tous devront avoir une résidence personnelle de huit mois par chaque année dans le lieu où ils seront élec- teurs ou élus. ART. 24. — Nul des campagnes ne pourra être électeur s’il ne paye © livres d'imposition ordinaire à raison de ses pro- priétés, et nul ne sera éligible s’il ne paye 6 livres de ia même imposition également sur ses propriétés, et dans les villes tout électeur payera 12 livres de toutes impositions, et tout éligible en payera 30. ART. 25. — Ceux qui seront employés dans l’administration — 175 — fiscale ne pourront être élus pour représenter les communes des villes ou des campagnes, leur laissant cependant la faculté d’être électeurs en remplissant les conditions prescrites à tous les électeurs. ART. 26. — Les électeurs de chaque communauté rurale s’as- sembleront sur la place publique par devant le greffier de la Justice du ressort pour nommer un éligible à la pluralité des voix ; et lorsqu'il n’y aura pas de greffier dans le lieu de las- semblée, le greffier le plus voisin sera appelé, sans que, dans l’un et l’autre cas, le greffier puisse avoir suffrage et soit éligible lui-même. ART. 27. — Les élus des communautés de chaque arrondisse- ment s’assembleront au chef-lieu du district au jour qui leur sera désigné en suite d'ordres du Roi pour y faire choix d’un député qui prendra séance dans la Chambre du Tiers. Dans la formation des 76 districts qui diviseront toute la province à lPexception des villes, les Chambres ont pris pour base l’impo- sition ordinaire, et chacun des 76 districts fournira un repré- sentant à la Chambre du Tiers sous le nom du chef-lieu de son arrondissement, et la carte de chacun de ces districts sera jointe au présent règlement. ART. 28. — Le bailliage de Vesoul aura 19 représentants, celui de Lons-le-Saulnier en aura 5, celui de Quingey 1, celui d'Arbois 1, celui de Besançon 4, celui d’Ornans 4, celui de Pon- tarlier 5, celui de Salins 4, celui de Poligny 4, celui d’Orgelet 4, celui de Dole 8, celui de Saint-Claude 3, celui de Gray 8 et celui de Baume 6. ART. 29. — La Commission intermédiaire sera composée de 18 membres, 6 de chaque Chambre pris dans les quatre Grands- Bailliages, en observant, conformément à l’art. 13 et en consé- quence des mêmes considérations, qu'aucun curé des campa- gnes ne pourra entrer dans la composition de ladite Commission intermédiaire, quoiqu’ils aient le droit de donner leurs suflrages pour la formation d’icelle. ART. 30. — Les membres de la Commission intermédiaire seront élus au scrutin. ART. 31. — Comme il est essentiel qu'après une aussi longue Suspension de la tenue des Etats de la province de Franche- — 176 — Comté, les nouveaux administrateurs acquièrent une grande masse d'instructions et de lumières, Sa Majesté est suppliée de convoquer lesdits Etats chaque année pendant trois ans consé- cutifs, et dans la suite d’après l’ancien usage de les convoquer tous les trois ans, d’ordonner en outre que la Commission in- termédiaire continuera son travail pendant trois années, lais- sant la liberté aux Etats de la renouveler à cette époque par moitié dans chaque Chambre, par la voye du sort pour ceux qui doivent sortir et par celle du scrutin pour ceux qui doivent entrer. ART. 32. — La Commission intermédiaire élira son président, au scrutin dans le premier ordre, et, en cas d'absence du pré- sident, il sera remplacé au scrutin dans le second ordre. ART. 393. — Toute affaire sera décidée à la pluralité des voix, et, dans le cas de partage, la Commission appellera trois mem- bres, un de chaque ordre, pour départir son opinion. ART. 34. — La Commission s’assemblera au moins deux fois par semaine. Le président aura le droit de la convoquer toutes les fois que les affaires l’exigeront. ART. 99. — La Commission ne pourra arrêter aucune délibé- ration qu’elle ne soit composée de 9 membres au moins. ART. 36. — Lorsqu'il y aura quelque place vacante dans la Commission intermédiaire, elle sera remplie au choix des mem- bres de la Commission dans l’ordre duquel elle aura vaqué, et ce choix n’aura son effet que jusqu’à la première tenue des Etats. ART. 37. — Les émoluments de la Commission intermédiaire et des autres charges seront fixés par les Etats. ART. 38. — Les fonctions de la Commission intermédiaire, les correspondances à établir dans les villes des bailliages, ainsi que les instructions sur les parties de l'administration qui se- ront confiées à la Commission, seront réglées par les Etats. ART. 39. — La Commission intermédiaire sera solidaire pour la recette de tous les deniers de la province qui seront déposés dans une caisse fermée par trois serrures et par trois clefs con- tradictoires, dont une sera remise entre les mains des commis- saires de chacun des trois ordres. ART, 40. — Il sera nommé à l'assemblée générale, par scru- tin, un secrétaire général des Etats. — 177 — ART. 41. — Sa Majesté est suppliée de vouloir bien continuer la convocation future des Etats de notre province dans la ville de Besançon et de fixer l’époque de la tenue des Etats du 4er no- vembre au 17 mai. ART. 42. — Les Chambres pressées par le tems et la nécessité de présenter à Sa Majesté le vœu de la province pour la nou- velle organisation de ses Etats avant la convocation des Etats- Généraux, se sont réservées de travailler aux détails particu- liers de l’administration. Elles supplient néanmoins Sa Majesté de recevoir les offres de leur volonté sur les sacrifices pécu- niaires que peuvent demander les circonstances et la position _ actuelle des peuples. Arrêté dans les Chambres du Clergé et de la Noblesse, assem- blées à Besançon, le 15 décembre 1788. Signé : R., archevêque de Besançon, président de l’Église; et Prince de Bauffremont, président de la Noblesse de Franche- Comté. XL Plan d'organisation des Etats de Franche-Comté dressé par les Gens du Tiers-État de la plupart des villes et de quelques com- munautés de la province assemblés à Besançon en exécution d'arrêt du Conseil du 1e novembre 1788 (1). ART. À. — Les Etats de Franche-Comté seront formés de cent quarante-quatre représentants ou députés des trois Ordres de la province, savoir : vingt-quatre membres du Clergé, quarante- huit de la Noblesse et soixante-douze du Tiers-Etat. ART. 2, — Nul ne pourra être admis aux Etats, ni voter pour la nomination des représentants qu’il ne soit âgé de 25 ans accomplis et domicilié dans le royaume. ART. 3. — Aucun membre des Etats ne pourra s’y faire représ senter par personne. ART. 4. — [La représentation du Clergé sera formée par : l’archevèque de Besançon et l’évêque de Saint-Claude, un com- mandeur de Malte; deux députés de l’église cathédrale de Be- (1) Imprimé en 1788, 12 — 178 — sançon; un de celle de Saint-Claude; un député des chapitres nobles de Baume, Lure et Gigny à l’alternative entre eux dans l’ordre où ils sont désignés ; deux abbés réguliers ou comman- dataires ; un prieur régulier ou commandataire, prieur simple, chapelain ou autres bénéficiers ; cinq députés des églises collé- giales : cinq curés ; deux députés des communautés régulières d'hommes ; deux des abbayes, chapitres et communautés régu- lières de filles, les mendiants qui ne vivent que d’aumônes ex- cepté dans les deux dernières classes. ART. 9, — L'élection des députés sera faite de la manière suivante. Le commandeur de Malte sera nommé par son cha- pitre ; les députés des églises collégiales nobles aussi par leurs chapitres; ceux des autres collégiales par des députés élec- teurs de chacune d'elles; ceux des abbés par la classe des abbés ; ceux des prieurs et autres bénéficiers par leur classe; ceux des ordres et communautés régulières d'hommes par des députés électeurs choisis dans chaque maison; ceux des ab- bayes, chapitres et communautés régulières de filles par des députés électeurs de chaque maison et pris dans le clergé sé- culier ou régulier; les curés par des députés électeurs choisis par décanats ou archiprêtrés dans les diocèses de Besançon, Saint-Claude et Dijon ; et quant aux curés des autres diocèses (1), ils Seront tenus de se réunir au décanat le plus voisin. ART. 6. — Pour élire les députés aux Etats, les députés élec- teurs de chaque classe s’assembleront aux jour, lieu et heure qui leur seront désignés par devant l’archevêque de Besançon ou son vicaire-général, encore qu'ils fussent d’autres diocèses. ART. 7. — La noblesse, pour l’élection de ses membres, s’as- semblera devant les baillis d'épée des quatre bailliages d’A- mont, d’'Aval, de Dole et de Besançon, et, en cas d'absence ou d’empêchement des baillis, devant les syndics qu’elle se choi- sira dans chacun de ses districts. La noblesse du bailliage d’A- mont nommera seize députés; celle du bailliage d’Aval, y com- pris la grand-judicature de Saint-Claude, quatorze; celle du (1) Les curés de Bourguignon-lez-Morey, Suaucourt et de Vitrey du dio- cèse de Langres, et ceux des Hôpitaux, de Jougne et de Métabief du dio- cèse de Lausanne, — 179 — bailliage de Dole, dix; et celle du bailliage de Besançon huit. Le procès-verbal de ces nominations sera envoyé au secrétaire des Etats, et l’on y inscrira les noms des quatre personnes qui auront réuni le plus de voix après les députés pour remplacer ceux-ci en cas de mort ou de décision. ART. 8. — Pour pouvoir être électeur dans l’ordre de la No- blesse, il suffira d’avoir la noblesse acquise et transmissible et d’avoir une propriété dans la province. ART. 9. — Pour être éligible dans le même ordre, il faudra faire preuve de quatre générations faisant cent ans de noblesse, avoir la libre administration d'immeubles féodaux ou ruraux situés dans Îa province et soumis à 50 livres d'imposition royale et foncière. ART. 10. — Aucun noble ne pourra être électeur ni éligible en deux bailliages à la fois, mais chaque noble ayant les qualités requises pourra choisir entre le bailliage de son domicfle et celui de sa propriété, à cet effet le baïlli ou le syndic des quatre bailliages cy devant nommés tiendra un role dans lequel se feront inscrire les membres de cet ordre qui pourront être élec- teurs ou éligibles, et cette inscription déterminera irrévocable- ment pour quatre ans le bailliage dans lequel ils pourront élire ou être élus, sans qu'il soit permis pendant cet intervalle de se faire inscrire dans un autre, à moins qu’on ait cessé d’être pro- priétaire ou domicilié dans le premier. ART. 11. — Les maris dont les femmes auront des biens sou- mis à 50 livres d'imposition royale et foncière pourront être électeurs et éligibles, il en sera de même des veuves proprié- taires qui pourront se faire représenter par un de leurs enfants majeurs, en vertu d’une procuration au moyen de laquelle ils seront électeurs ou éligibles. Les dispositions de cet article auront également lieu pour le Tiers-Etat. ART, 12. — Les ecclésiastiques, les nobles, tous possesseurs de fiefs et officiers de justice seigneuriale ne pourront être admis parmi les représentants du Tiers, ni assister aux assem- blées qui seront tenues pour nommer les députés de cet ordre. ART. 13. — Des soixante-douze députés du Tiers-Etat, moitié sera prise dans les villes désignées au présent article et moitié dans les bourgs et villages. Des trente-six députés des villes, — 180 — Besançon en fournira 7, Salins 2, Dole 3, Gray 2, Vesoul 2, Lons- le-Saulnier 2, Baume 1, Poligny 1, Arbois 2, Orgelet 1, Pontar- lier 1, Ornans 1, Quingey 1, Saint-Claude 1, Luxeuil 1, Fauco- gney 1, à l’alternative et dans l’ordre où ils sont nommés, Champlitte et Pesmes 1, Conliège et Bletterans 1, Saint-Amour et Moirans 1, Clerval et Faverney I, Clervaux et Nozeroy 1, Jussey et Gy 1, Héricourt et Lure 1. ART. 144. — Des trente-six députés des bourgs et villages, ceux des bailliages de Vesoul en fourniront 9, de Besançon 1, de Salins 2, de Dole 4, de Gray 4, de Lons-le-Saulmier 2, de Baume 3, d’Orgelet 1, d’Ornans 2, de Poligny 2, de Pontarlier 3, de Saint-Claude 2, d’Arbois et de Quingey réunis 1. Sauf aux Etats assemblés de faire pour les villes et les cam- pagnes une plus juste distribution des députés s'ils peuvent y parvenir. ART. 15. — Demeureront réunis au bailliage d’Amont, pour l’effet des élections et convocations dans les trois ordres, les terres ressortissantes nüment au Parlement, telles que Lure, Luxeuil et autres adjacentes, sans que la dite réunion puisse être tirée à conséquence contre les droits et privilèges des dites terres, auxquels nous n’entendons attoucher. ART. 16. — Nul ne pourra être représentant de l’ordre du Tiers dans les Etats qu’il n’ait la libre administration de pro- priétés situées dans la province et soumise à 50 livres d’impo- sition royale et foncière. ART. 17. — Ne pourront être élus ceux qui seroient chargés directement ou indirectement d’aucunes adjudications ou entre- prises d'ouvrages publics aux frais de la province. ART. 18. — Aucune personne employée en qualité d'agent collecteur ou à quelque autre titre que ce soit pour la levée des rentes, dîimes et devoirs seigneuriaux, ne pourra être élue pen- dant la durée de son employ. ART. 19. — Ne pourront être également élus les fermiers des seigneurs ayant part aux amendes, et, quant aux autres, leurs voix ainsi que celles de leurs seigneurs ne seront pas comptées quand ils se trouveront ensemble aux mêmes tenues d'Etats. ART. 20. — Ne pourront être également élus les subdélégués du commissaire Départi, leurs commis et secrétaires, non plus — 18 — que ceux qui exercent quelques charges, emplois ou commis- sions médiates ou immédiates dans toutes les parties des finances de Sa Majesté. ART. 21. — Dans l’ordre du Tiers-Etat, nul ne pourra être électeur, ni éligible en deux lieux à la fois. Chaque personne du Tiers-Etat ayant les qualités requises pourra choisir entre le lieu de son domicile et celui de sa propriété à cet effet. Il sera fait tous les deux ans, par les officiers municipaux ou éche- vins des villes, bourys et villages, un role des électeurs et des éligibles. Lorsqu'on y aura été inscrit, on ne participera point aux élections qui se feront dans d’autres communautés. On ne pourra être inscrit dans le role d’une autre communauté qu'après le terme de quatre ans, à moins que, pendant ces intervalles, on n’ait cessé d’être propriétaire dans la première ou changé son domicile. ART. 22. — Les villes qui auront des députés particuliers, les enverront directement aux Etats et les nommeront dans leurs assemblées municipales auxquelles seront appelés un syndic de chaque corporation du Tiers-Etat et les propriétaires domiciliés du même ordre payant, savoir : dans la ville de Besançon 40 livres d'imposition royale foncière, 20 livres dans les villes où est le siège d’un bailliage royal et 10 livres dans les autres. ART. 23. — Dans les autres lieux, les communautés tiendront chacune des assemblées particulières aux formes ordinaires. Ces assemblées seront indiquées par affiche, huitaine à l'avance. Dans les communautés qui ont des conseils d'administration, on convoquera les propriétaires payant 10 livres d'imposition royale foncière, et dans les autres tous les propriétaires payant 6 livres. On convoquera également dans toutes les communautés les propriétaires fermiers qui, payant les mêmes charges, au- ront été inscrits dans le role des électeurs. ART. 24. — Dans les dites assemblées, les communautés nommeront chacune un député, lequel se rendra au lieu des- tiné pour l'assemblée de l’arrondissement. Ces députés ne pour- ront être choisis que parmi les propriétaires domiciliés ou forains qui auront été inscrits dans le role des éligibles et qui auront les qualités prescrites pour être élus aux Etats, sans qu'il soit nécessaire d’être présent à l'assemblée pour être élu, — 182 — et si dans une paroisse il y à plusieurs Communautés, elles pourront se réunir dans le chef-lieu pour nommer ensemble et par un même vote leurs députés. ART. 95. — Pour élire les députés aux Etats, les premiers députés s’assembleront, savoir : ceux du bailliage de Vesoul à Port-sur-Saône, ceux de Gray à Dampierre-sur-Salon, ceux de Dole à Rochefort, ceux de Lons-le-Saulnier à Montmorot, ceux de Besançon à Pouilley-les-Vignes, ceux de Baume à Belvoir, ceux d'Orgelet à la Tour-du-Meix, ceux de Saint-Claude à Saint- Lupicin, ceux d’Ornans à Valdahon, ceux de Poligny à Château- Chàlon, ceux d’Arbois et de Quingevy au Port-de-Lesné, ceux de Salins à Cernans, ceux de Pontarlier à la Cluse. ART. 26. — Les députés des bourgs et villages rassemblés dans les chefs-liéux de chaque district cy-dessus exprimés, éli- ront parmi eux un président et un secrétaire. Ils nommeront également ceux qui devront représenter les districts aux Etats. Les députés des communautés qui payeront depuis 500 livres et au-dessous d'imposition ordinaire auront une voix. Les dé- putés de celles qui payeront depuis 500 livres jusqu’à 1000 livres auront deux voix, depuis 1000 livres jusqu’à 1500 livres trois voix et ainsi progressivement par 900 livres, sans avoir égard aux nombres intermédiaires ; et seront les députés qui préten- dront plusieurs voix tenus de justifier de la cotte d'imposition de leur communauté. Le procès-verbal de cette nomination sera envoyé au secrétaire des Etats, et l’on y inserira le nom des personnes qui auront réuni le plus de voix après les députés aux Etats. ART. 27. — Le Roi fera convoquer les Etats chaque année au mois de novembre. [ls pourront à la fin de chaque assemblée exprimer leur vœu sur le lieu où devra se tenir l'assemblée de l’année suivante, et quant à la première assemblée, elle se uendra en la ville de Dole. ART. 28. — Les députés des différents ordres, sans aucune distinction, recevront 6 livres par jour, sans que ce payement puisse continuer plus de trente jours y compris le tems néces- saire pour leur voyage, quand même la tenue des Etats seroit prorogée au dela de ce terme. “ar ART, 29. = Les Etats choisiront leur président parmi les — 183 — membres du premier et du second Ordre de la province ayant les qualités requises pour être admis aux Etats, et ce président devra être agréé par Sa Majesté. Il sera élu dans le cours de la quatrième année, pour entrer en fonctions l’année suivante, et celui des deux premiers ordres dans lequel le président aura été nommé aura un député de moins, le président devant être compté parmi les membres des Etats. ART. 30. — Les Etats nommeront deux procureurs-généraux syndies, l’un pris dans le premier ou le second ordre, et l’autre dans celui du Tiers. Ils choisiront dans ce dernier ordre un secrétaire, qui ne fera point partie des 144 députés, sera révo- cable à volonté et n’aura que voix instructive. ART. 31. — Le Roi autorise les Etats à choisir pour les recettes et dépenses particulières à la province un trésorier, qui sera domicilié en Franche-Comté ainsi que ses cautions ; il ne sera point membre des Etats et ne pourra y entrer que lorsqu'il sera appelé ; il sera également révocable à volonté. ART. 32. — Les Etats éliront parmi leurs membres trois per- sonnes du Clergé, six de la Noblesse et neuf du Tiers-Etat, y compris les deux procureurs-généraux syndics. Ces dix-huit personnes formeront la Commission intermédiaire. Les mem- bres de cette Commission seront choisis de manière qu'il sy trouve des députés de chaque bailliage. ART. 33. — Pour seconder les travaux de la Commission in- termédiaire, les Etats établiront dans les bailliages, de la ma- nière qu'ils jugeront convenable, un bureau de correspondance dont les membres seront choisis parmi les personnes députées aux Etats, la Grande-Judicature de Saint-Claude étant réputée bailliage pour l’objet dont il s’agit. ART. 34. — Les communautés qui n’ont point de conseil d’ad- ministration seront invitées à établir un bureau, lequel sera composé de trois habitants au moins. Ce bureau correspondra directement avec celui du bailliage de son ressort. Les mem- bres de ce bureau devront avoir les qualités requises pour être électeurs. Ils seront élus dans une assemblée convoquée à cel effet dans la forme ordinaire, et sera le procès-verbal de leur élection envoyé au secrétaire du bureau du bailliage. Les sei- gneurs, leurs officiers et fermiers ainsi que les curés ne pour- — 184 — ront paroître à cette assemblée, ni faire partie du: bureau. ART. 35. — La Commission intermédiaire élira son président dans l’un des deux premiers ordres. ART, 36. — Toutes élections et nominations quelconques se- ront faites par la voye du scrutin, sauf les élections dans les campagnes, lesquelles pourront se faire à haute voix. Mais quant aux élections pour la Commission intermédiaire et les syndics, le scrutin sera requis jusqu'à ce que l’une des per- sonnes désignées ait réuni plus de la moitié des suffrages. ART. 37. — Le président, soit des Etats, soit de la Commis- sion intermédiaire, sera remplacé en son absence, sil est de l’ordre de l'Eglise, par le plus âgé des gentilshommes, et sil est de l’ordre de la Noblesse par celui qui se trouvera avoir la première séance dans l’ordre du Clergé. ART. 38. — La Commission intermédiaire tiendra ses séances à Besançon, sauf aux Etats à demander au Roi qu’elle soit placée dans un autre lieu, si le bien du service l'exige. Les membres de cette Commission ne pourront s’absenter sans une nécessité indispensable que pendant trois mois de l’année, de manière cependant qu'ils restent toujours au nombre de douze dans le lieu de son établissement, et les procureurs-généraux-syndies ne pourront jamais s’absenter tous les deux à la fois. ART. 39. — La Commission intermédiaire s’assemblera au moins une fois par semaine, mais le président pourra eonvo- quer, et les syndics pourront requérir des assemblées plus fré- quentes toutes les fois que le bien du service leur paroîtra lexiger. ART. 40. — Les membres de la Commission intermédiaire ne pourront prendre aucune délibération qu'ils ne soient au nombre de onze. ART. 41. — Les membres des Etats resteront en place pour la première fois pendant quatre ans sans aucun changement, et, après ce Lerme, il sera élu comme un nouveau président, et la moitié des députés dans chaque ordre et dans chaque dis- trict sortira par la voye du sort. Deux ans après, l’autre moitié se retirera, et ensuite, tous les deux ans, la moitié sortira par ancienneté, de manière que à l’avenir aucun des membres ne reste dans les Etats plus de quatre ans, à l'exception des pro- 19 — cureurs-généraux-syndics qui pourront être continués par une nouvelle élection pour quatre années seulement. Ils ne pour- ront néanmoins être changés tous les deux en même temps; et à cet effet, pour la première fois, l’un d'eux se retirera par la voye du sort, à l'expiration des quatre premières années et l’autre après six ans. ART. 42. — Au premier changement des membres des Etats, l’on fera sortir, par la voye du sort, deux députés des églises cathédrales, un abbé, un prieur, deux curés, deux députés des églises collégiales et deux députés des communautés régulières. ART. 43. — Nul ne pourra être élu de nouveau membre des Etats qu'après un intervalle de deux ans depuis qu’il en sera sorti. ART. 44. — On fera connoître à tous ceux des membres des Etats qui, par le sort, auront été obligés de se retirer, afin que les divers corps du Clergé, de la Noblesse ou du Tiers-Etat dans chaque district puissent les remplacer; il en sera usé de même pour la Commission intermédiaire qui sera renouvelée par les Etats aux mêmes époques. ART. 45. — Lorsqu'il vaquera des places dans les Etats avant les époques où les membres doivent être renouvelés par moi- tié, les différents corps du Clergé procèderont à de nouvelles élections, suivant les formes prescrites, et quant aux députés de la Noblesse et du Tiers-Etat, 1ls seront alors remplacés dans les divers districts par ceux qui, suivant le résultat du scrutin, auront dans la nomination précédente réuni le plus de suffrages après les personnes élues. Ceux qui seront admis à remplir les places ainsi vaquantes ne pourront rester dans les Etats que jusqu'au terme où auroient dû sortir les députés auxquels ils ont succédé, à moins qu'ils ne soient élus de nouveau dans les assemblées du district. ART. 46. — Lorsque les places vaqueront de la même manière dans la Commission intermédiaire, elle pourra y nommer des membres des Etats pris dans le même ordre et le même dis- trict. Et dans le cas où l’une des places des deux procureurs- sénéraux-syndies viendroient à vaquer, elle pourra en confier les fonctions à l’un de ses membres et ces différentes nomina- tions n'auront lieu que jusqu'à la première convocation des Etats. — 186 — ART. 47. — Les Etats feront la répartition de toutes les impo- sitions foncières et personnelles, tant de celles qui seront des- tinées pour le trésor royal que de celles qui seront relatives aux besoins de la province. Ils ordonneront, sous l’autorité du Roi, la confection de tous les chemins, ponts et chaussées, ca- naux, digues et autres ouvrages publics qui se feront aux frais de la province; ils en surveilleront l’exécution et ils en passe- ront les adjudications par eux ou par la Commission intermé- diaire ou par d’autres délégués. ART. 48. — Les Etats seront chargés de la distribution des dégrèvements ou décharges et modérations accordées par le Roi. Ils pourront arrêter, sous le bon plaisir de Sa Majesté, les récompenses, les indemnités et les encouragements qu'ils trou- veront convenable pour lagriculture, la commerce et les arts. ART. 49. — Le Roi autorise les Etats et la Commission inter- médiaire à vérifier les comptes des communautés et à déter- miner sur leur requête les dépenses relatives aux réparations des églises, presbytères et autres dépenses particulières à chaque communauté. Pourront également les Etats ou la Com- mission intermédiaire permettre telle levée de deniers ou im- position locale qui sera délibérée par chacune des communautés pour acquitter les dépenses cy-dessus. ART. 50. — Les villes de la province qui auront à solliciter l'autorisation de quelques dépenses nouvelles, la création, Paug- mentation ou la prorogation de quelques octrois ou de quelque autre imposition locale pour y subvenir, enverront leur requête à l’assemblée des Etats ou à la Commission intermédiaire qui sera tenue de les adresser avec son avis au Conseil. Sa Majesté se réserve de faire connoître ses intentions sur la vérification des comptes des villes, d'après les nouveaux éclaireissements qu’elle prendra à cet égard. ART. 51. — Le Roi se réserve paretllement d'attribuer succes- sivement aux Etats et à la Commission intermédiaire la surveil- lance sur d’autres objets d'administration intérieure et Sa Ma- jesté autorise et invite les dits Etats et la Commission intermé- diaire à lui adresser dans toutes les circonstances telles repré- sentations qu'ils jugeront convenables au bien de la province. ART 2 ="TLes Etats mé pourront faire aucun emprantmi > — 187 — imposer aucune somme pour leurs affaires particulières qu'a- près avoir obtenu la permission de Sa Majesté et sous la con- dition qu'ils ne feront jamais aucun emprunt qu'en destinant préalablement les fonds nécessaires pour le payement des in- térêts et le remplacement des capitaux à des époques fixes et déterminées. ART. 53. — Tous les ans, avant leur clôture, les Etats remet- tront à la Commission intermédiaire une instruction sur les objets dont elle devra s'occuper et de l'exécution desquels elle rendra compte lors de leur prochaine convocation. ART. 54. — La Commission intermédiaire ne pourra prendre de délibération que pour exécuter celles de la dernière assem- blée des Etats, à l'exception des objets qu’il seroit impossible de différer jusqu'à la première assemblée des Etats et sous la réserve expresse de leur approbation. ART. 99. — Dans les Etats et la Commission intermédiaire , il ne pourra être pris de délibérations que par les trois ordres réunis; pourra néammoins lun des ordres faire renvoyer jus- qu’au jour suivant une délibération proposée. ART. 90. — Les procureurs-généraux-syndics pourront pré- senter des requêtes, former des demandes devant tous juges compétents et intervenir dans toutes les affaires qui pourroient intéresser la province, les communautés et les particuliers après y avoir été autorisés par les Etats ou la Commission intermé- diaire. ART. 97. — Toute loi nouvelle, avant son enregistrement dans les cours, sera communiquée aux procureurs-généraux-syndics, afin qu'il en soit délibéré par les Etats. ART. 58. — Pour choisir les personnes qui seront députées par la province aux Etats-Généraux du royaume, le clergé, la noblesse et les communautés s’assembleront pour nommer, dans les formes et avec les qualités cy-devant prescrites, un nombre de représentants égal à celui des membres des Etats. Ces nouveaux représentants se réuniront avec les Etats pour élire, par la voye du scrutin, ceux qui seront envoyés aux Etats- Généraux, lesquels pourront ètre choisis au gré des électeurs, Soit parmi les membres des Etats, soit parmi les autres citoyens, pourvu que les uns et les autres soient propriétaires et domi- — 188 — ciliés dans la province sans distinction de lieu et de district. On députera un nombre de représentants du Tiers-Etat égal au nombre de ceux du premier et du second ordre réunis. ART. 59. — Les Etats nommeront chaque année une commis- sion particulière pour revoir les comptes que le trésorier aura rendu à la Commission intermédiaire et pour examiner ceux qui ne l’auront pas été ; et d’après le rapport des commissaires, ils arrêteront tous les comptes de l’année. ART. 69. — Le trésorier ne pourra disposer d'aucune somme sans un mandat exprès des Etats ou de la Commission intermé- diaire. ART. 61. — Le tableau de situation des fonds du pays par recette et par dépense, l’état motivé et nominatif de la répar- | tition des dégrèvements, indemnités, encouragements, gratifi- cations, seront insérés dans les procès-verbaux des assemblées et rendus publics chaque année par la voye de l’impression. Il en sera envoyé un exemplaire au Conseil du Roi. Pourront les Etats et la Commission intermédiaire en envoyer un exemplaire à chaque communauté pour y être déposé dans ses archives. ART. 62. — Les Etats fixeront le traitement du président, des autres officiers de la Commission intermédiaire, et des corres- pondants ; ils règleront les frais de bureau et autres dépenses nécessaires. Tous ces frais, après qu'ils auront été autorisés par Sa Majesté, seront supportés par les trois ordres. Arrêté à la séance du 15 décembre 1788. Signé : Le Lieutenant-Général de Vesoul, président. XLV Motifs du plan dressé par les gens du Tiers-Etat de Franche- Comté, représentant quelques villes et villages, pour l’organi- sation des Etats futurs de la province (1). L'assemblée n’a pas cru pouvoir prendre un modèle plus sage, plus agréable au bien de la province que le plan consacré pour le Dauphiné par l'arrêt du 24 octobre de cette année; elle s’y (1) Imprimé en 1788. 169 — est fortement attachée, elle s’est piquée d'en emprunter jus- qu'aux expressions, quand elle à pu le faire sans blesser son vœu particulier ou les considérations locales. Il est bien juste que cette province où la saine raison et l’intérêt général vien- nent de remporter une si belle victoire sur les préjugés et sur l'intérêt personnel soit citée par les communes de Franche- Comté et cet hommage devroit être renouvelé de siècle en siècle par toutes les communes du royaume. La sanction de lPautorité royale intervenue sur le plan du Dauphiné dispense de donner des motifs aux articles que les gens du Tiers-Etat de Franche-Comté en ont empruntés. On se bornera done aux articles nouveaux qu'ils se sont for- més. ART. 4. — La rigueur des principes eût exigé que l’on eût fait alterner Parchevêèque de Besançon et l’évêque de Saint-Claude ; mais il a paru dur que l’archevêque, dont le diocèse embrasse presque la totalité de la province, fàt exclus en aucun cas par lPévêque dont le diocèse n’en a qu’une faible partie; d'autre côté l’autre de ces prélats ne pouvoit raisonnablement être exelu ; on a concilié les prétentions des deux prélats en iles admettant concurremment. Le nombre des curés paroitra considérable, mais il est à ob- server que ces ministres de la religion devroient avoir à eux seuls le quart de la représentation du clergé : on ne compte pas moins de huit cent quarante curés dans la province, sans parler de plus de quatre cents vicaires forains, et le nombre des abbés, prieurs et chanoines ne s’élève pas au-dessus de ceux cent qua- rante-trois. D’ailleurs les curés prétendent payer plus du quart des décimes ou don gratuit. On aurait pu n’admettre parmi les curés que ceux qui sont propriétaires, mais c’eût été donner l'exclusion à d'excellents pasteurs de qui les Etats peuvent attendre des lumières. Quant aux ordres mendiants, il semble qu'ils auroient dü avoir une exclusion absolue; mais comme ils ont dans cette province des maisons assez rentées pour se passer de la quête, on à pris un juste tempérament en admettant celles-ci et en réservant l’exclusion pour les autres. ART. 7. — On a pris les quatre grands-bailliages primitifs — 190 — comme les divisions les plus simples, et la noblesse n’est pas assez nombreuse pour en souffrir. ART. 10. — On a cru devoir laisser à la Noblesse et au Tiers- Etat le choix entre le lieu du domicile et celui de la propriété : souvent on ne possède rien dans le lieu de son domicile, sou- vent on n’a point d'habitation dans celui de sa propriété, sou- vent encore l’on est commandé pour rester dans l’un ou Pautre de ces endroits ; la liberté du choix convient done mieux et l’on peut se reposer sur l’intérêt qui saura bien se placer où il lui sera le plus avantageux de voter. ART. 12. — Cet article exclut aussi les seigneurs non nobles et les officiers des seigneurs en général, les seigneurs, parce que comme possesseurs de biens privilégiés, ils ont des inté- rêts opposés à ceux de l’ordre du Tiers, les officiers parce que, comme amovibles, ils sont plus commensaux des seigneurs que ministres de la justice. ART. 13 et 14. — On auroit bien désiré distribuer les députés d’après la population combinée avec la somme de contribution, mais ce parti a trouvé des obstacles. Il n’y avoit point d’impo- sition qui pût servir de base commune. Plusieurs villes ne payent point l'imposition ordinaire, qui est la taille du pays; ce n’est donc pas de celle-là qu’il eût été permis de partir. Les villes affranchies de l’imposition ordinaire payent en proportion beaucoup plus de vingtième que les autres; la base du ving- tième eût donc été fautive. Il y a plus, car l'opération que l’on eût faite sur chaque ville, il auroit fallu la répéter sur chaque communauté, et l’on n’en avoit ni le temps, ni les moyens. On s’est donc fait une base par approximation et pour les villes en particulier ; on a considéré qu’elles devoient emporter la moitié de la représentation, ne fût-ce qu’à raison d’une certaine force morale qui peut ne pas se trouver daus les campagnes, du moins dans le même degré d'énergie ou avec le même succés. Au surplus, on à bien senti qu’il pouvoit y avoir des proportions violées ; aussi a-t-on laissé aux Etats la faculté d’y revenir sur les mémoires et connaissances locales qu’ils se seroient ména- gées. ART. 19. — On croit avoir pris par rapport aux fermiers un juste tempérament entre la suspicion qui paroît demander leur — 191 — éloignement et les égards qu'ils méritent d’ailleurs ; on n'exclut que ceux qui ont part aux amendes, parce que ce genre de bé- néfice leur donne trop d'autorité sur les gens de campagne; et quant aux autres on ne les exclut que quand ils se trouvent en concours avec leurs seigneurs, ce qui n’a rien de désobligeant pour eux. ART. 21. — On auroit désiré de ne donner aucune exclusion au défaut de fortune ; mais la répartition des impôts étant l’objet le plus conséquent des Etats, il a paru plus convenable de faire dépendre le droit d’y voter d’un intérêt marqué en ce genre, D'ailleurs les facultés morales sont plus cultivées dans ceux qui ont quelque fortune. ART. 25. — L'idée de faire une grande quantité d’arrondisse- ments pour l'élection des premiers députés des communautés a paru trop compliquée, ne fût-ce que par la difficulté de rap- peler nominativement toutes les communautés et de les classer : avec justice. On s’est borné à douze arrondissements, et, autant que le local l’a permis, on en a placé les chefs-lieux dans les prévôtés royales pour leur donner une sorte de dédommage- ment de la perte qu’elles font de leur séance aux anciens Etats. ART. 26. — Chaque communauté, quelque petite qu’elle soit, étant appelée à se donner un député électeur, l'équité a inspiré de donner un avantage à celles qui seroient supérieures en contributions. On croit y ètre parvenu en donnant au mème député plusieurs voix en raison de cette supériorité, et l’on a fixé assez haut le taux de chaque voix pour qu’une communauté ne puisse guère en avoir plus de trois. ART. 32. — On a cru devoir fixer au nombre de dix-huit les membres de la Commission intermédiaire. Ce nombre paroît nécessaire pour obtenir plus de lumières et de travail, surtout dans un commencement d'Etats, où il y aura une inmensité d’affaires. ART. 34. -- Il a paru dangereux de laisser au bureau du dis- trict ou bailliage le choix des correspondants dans les cam- pagnes, et l’on a pensé qu’un conseil établi par chaque com- munauté pour répondre aux questions qu’on lui feroit et en proposer qu’on ne lui feroit pas, vaudroit infiniment miçux, Il — 192 — né peut en résulter que des renseignements plus sûrs et des décisions plus justes. ART. 46. — On n’a pas cru devoir restreindre ces adjudica- tions que les Etats seroient dans le cas de faire à la somme de six cent livres ; cette fixation est beaucoup trop modique. ART. 957 et 58. — Les objets compris sous ces articles intéres- sent singulièrement la province, et Sa Majesté est suppliée de les prendre en considération. L'enregistrement d’une loi nou- velle ne peut être précédé de trop d’information. Les effets de la loi ne seront sûrement calculés par ceux qui connoîtront la province sous tous ses rapports et qui auront fait leur étude unique de ses besoins. Quant à légalité des voix entre les deux premiers ordres et le troisième aux prochains Etats-Généraux, ce n’est qu'à l’aide de ce moyen qu'on peut obtenir un vœu na- tional. Les communes aimeroient mieux renoncer au droit d'y paroître que d’y porter un suffrage nul par la prépondérance des deux premiers ordres. Signé : Le Lieutenant-Général de Vesoul, président. XLIT Le Comte de Puységur au Marquis de Saint-Simon. Versailles, le 27 décembre 1788. Je ne puis que vous remercier infiniment de l’avis, que vous avez bien voulu prendre le soin de me donner, du nombre des écrits dangereux qui se répandent dans la province de Franche- Comté, qui y exaltent les têtes et qui, y arrivant de toutes les provinces du royaume, vous font craindre une confédération générale. Les écrits de cette espèce ne sont pas moins répandus icy et dans tout le reste du royaume qu’ils paroissent l'être en Franche-Comté; mais il y a lieu d'espérer que les lettres de convocation aux Etats-Généraux, qui vont être incessamment adressées, ne laisseront plus de doutes sur les intentions du souvernement et produiront l’heureux effet de ramener le calme dans les esprits. — 193 — XLIII Le Come de Puységur à messieurs les Commissaires du Roy aux Etats. Versailles, le 31 décembre 1788. Monsieur le Directeur-Général et moi avons mis sous les yeux du Roi les projets de règlement relatif aux Etats de Franche- Comté que les deux premiers ordres et le troisième ont rédigé chacun de leur côté. Ces projets sont absolument opposés l’un à l’autre. D'ailleurs, un grand nombre de gentilshommes réclament contre celui même qui à été envoyé par la Chambre de la Noblesse; ainsi les membres de l’un des deux ordres ne sont pas plus d'accord entre eux que les deux premiers avec le troisième. Dans ces circonstances, Sa Majesté a cru qu'avant de pro- noncer sur un objet aussi important pour la province et sur lequel les avis sont si partagés, elle devoit s'assurer du vœu général de ses habitants. _ Voici comme elle a décidé qu’ils le lui feroient connoître. La Franche-Comté est divisée en quatre Grands-Bailliages, dans chacun desquels il va se tenir une assemblée où il sera procédé à l'élection des députés que le pays enverra aux Etats- Généraux. Ces assemblées, en même temps qu’elles rédigeront leurs cahiers de doléances, exprimeront, dans un acte séparé qui sera envoyé au Roi, EUR vœu respectif sur la constitution à donner aux Etats de la province. Si le moment où elles se sépareront se trouve encore éloigné de l’époque de l’ouverture des Etats-Généraux, l’assemblée con- sultative ordonnée par l’arrêt du 1er novembre sera convoquée de nouveau et elle sera renforcée des députés que chaque ordre aura choisi dans les assemblées bailliagères pour le représenter aux Etats-Généraux. Elle examinera les actes et plans relatifs au régime à régler qui auront été dressés dans les assemblées _bailliagères, et les délibérations qu’elle prendra à ce sujet se- ront mises ensuite sous les yeux de Sa Majesté qui statuera alors ce qu’il appartiendra. 13 — 194 — Si, au contraire, la tenue des Etats-Généraux est trop pro- chaine pour que cet arrangement soit praticable, cette affaire pourra y être traitée comme celles du même genre qui intéres- sent d’autres provinces, et, après la clôture des Etats-Généraux, on mettra en activité les Etats particuliers de Franche-Comté. Tel est le parti auquel Sa Majesté, après un mûr examen, a cru devoir s’arrêtér. Eile l’a adopté d'autant plus volontiers qu'il est analogue à celui que le Tiers-Etat l’a supplié de prendre, et que les Chambres du Clergé et de la Noblesse ayant, à quel- ques restrictions près, adhéré à la demande qu'il a faite, elle doit la regarder en quelque sorte comme le vœu des trois ordres. J'ai l’honneur de vous adresser la lettre qu’elle écrit aux Etats pour leur faire connoître ses intentions. Elle vous charge de la leur présenter. Vous y verrés qu'elle leur marque qu'ayant été assemblés pour faire connoître leur vœu sur les changements à apporter à leur constitution, cet objet est maintenant rempli; qu’ainsi rien ne s'oppose plus à ce qu'ils se séparent, et que cela est même d'autant plus indispensable que la plupart de leurs mem- bres seront obligés d’assister aux assemblées qui vont se tenir dans la province pour l’élection de ses députés aux Etats-Gé- néraux. S'il se présentoit quelques difficultés, le Roi se repose sur votre prudence et sur vos lumières du soin de les lever. J'attends vos observations sur les projets dont il s’agit dans cette lettre; j’en rendrai compte à Sa Majesté lorsque le mo- ment où elle aura à prononcer sur ces projets sera arrivé. XLIV Les Commissaires du Roi aux Etats au Comte de Puységur. ; Besançon, le 5 janvier 1789. Nous n'avons reçu que ce matin la lettre dont vous nous avez honorés, en date du 31 décembre dernier, à laquelle étoit jointe celle que Sa Majesté écrit aux Etats de cette province et qu’elle nous charge de leur présenter. Nous aurions bien désiré pouvoir nous acquitter de ce devoir sur le champ; mais les Etats étoient = 405 = déjà assemblés au moment où cette dépêche nous a été remise. D'ailleurs, en convoquant les trois ordres précipitamment, il étoit à craindre que cela ne produisit un mauvais effet. Nous avons donc préféré de renvoyer cette assemblée à demain, quoique ce soit un jour de fête. Si votre dépêche étoit arrivée quelques jours plus tôt, elle auroit évité bien des réflexions auxquelles cette assemblée s’est livrée depuis le départ de leur plan d'organisation, réflexions qui pourroient bien occasionner quelques difficultés à la séance de demain. C’est ce dont nous aurons l’honneur de vous infor- mer par le prochain courrier. XLV Les Commissaires du Roi aux Etats au Comte de Puységur. Besançon, le 7 janvier 1789. Nous avons eu l’honneur de vous faire connoître avant-hier les motifs qui nous avoient forcés de remettre au lendemain l'exécution des ordres que nous avions reçus pour la clôture des Etats de Franche-Comté. En effet, dans la soirée, nous sommes convenus avec les présidents des trois ordres que l'heure de notre entrée aux Etats seroit fixée au lendemain 5 heures précises de l’après-midi, la solennité du jour ne per- mettant pas au Clergé de se rassembler le matin. Le courrier ordinaire, arrivé le 5 au matin, avoit apporté à plusieurs membres des Etats des exemplaires du Résultat du Conseil d'Etat tenu à Versailles le 27 décembre. Cette décision prononçoit sur une question importante d’une manière contraire aux désirs d’une partie nombreuse des deux premiers ordres. Deux objets avoient fixé principalement l’attention, la convoca- tion par bailliage (1) et le grand nombre de députés accordés au Tiers-Etat (9). Le premier article avoit affecté surtout diffé- Des ce nombre (de mille) sera formé, autant qu’il sera possible, en raison composée de la population et des contributions de chaque bail- liage.…... » < 192 fre CHER le nombre des députés du Tiers-Etat sera égal à celui des deux 100 — remment chacun des membres selon qu'il favorisoit ou contra rioit leurs espérances d’être députés aux Etats-Généraux par l'assemblée des Etats ou par les assemblées bailliagères. Une grande fermentation, une scission complète dans la Chambre du Clergé et dans celle de la Noblesse ont été la suite de la lecture du Résultat du Conseil. La Chambre du Clergé a arrêté dès le » les démarches qu’elle avoit à faire en cette circons- tance. La Chambre de la Noblesse est entrée hier à 9 heures du matin ; à 2 heures elle n'étoit pas séparée. M. l’Archevêque de Besançon nous a priés de retarder le moment de notre entrée aux Etats. Elle a eu lieu, en effet, à 7 heures du soir. Nous avons l'honneur de vous envoyer copie de nos discours. Tout s’est passé dans cette séance de la manière accoutumée. Revenus chez nous, M. l’Archévêque-et M. le prince de Bauf- fremont sont venus, de la part des deux premiers ordres, pour nous faire part de la protestation qu’ils avoient cru devoir dé- poser au greffe du Parlement et dont copie vous est adressée. Un moment après, une partie des gentilshommes et des ecclé- siastiques est venu nous apporter des contre-protestations dont nous avons l’honneur de vous envoyer copie. M. le prince de Montbarrey a cru devoir une protestation particulière qu'il nous _ à remise. Ce matin, une autre partie des gentilshommes et des ecclésiastiques est venu nous faire part que les deux premiers ordres avoient arrêté hier une députation composée de M. l'abbé de Marnésia, de M. l'abbé de Charmoille, de M. le comte de Moustier et de M. de Bancenel de By. Ils partiront après-de- main. L'objet de leur mission est d'obtenir la révocation de la faculté accordée aux assemblées bailliagères de choisir les dé- _ putés pour les États-Généraux. Nous sommes même chargés de vous demander au noï d’uñe partie des deux premiers ordres la Suspension de l’envoi des lettres de convocation jusqu’à l’ar- rivée des députés. Ce matin, le Parlement a nommé des commissaires pour exa- minér les protestations des deux premiers ordres déposées hier au greffe. Vous pouvés juger par ce récit de la fermentation et autres ordres réunis et... cette proportion sera établie par les lettres de convocation... » — 197 — de la division qui régnoient dans cette assemblée et de la né- cessité de la dissoudre. XLVI Le Vicomte de Toulongeon au Prince de Bauffremont. Besançon, le 6 janvier 1789. Je prie M. le prince de Bauffremont de me donner acte qu'aïant demandé qu'il soit fait à la Chambre une lecture publique du résultat du Conseil, contre lequel elle protestoit d'avance, cette demande m'a été refusée, quoique cette lecture publique n’eût pas encore eu lieu. XLVII Le Prince de Bauffremont au Vicomte de Toulongeon. Besançon, le 6 janvier 1789. . Au moment où la Chambre de la Noblesse étoit occupée du parti qu’elle devoit prendre relativement à la manière dont elle devoit réclamer ses droits sur la façon dont on devoit élire les députés aux Etats-Généraux, M. lé vicomte de Toulongeon, vou- lant détourner ce travail, a proposé la lecture du résultat du Conseil d'Etat du Roi sous prétexte qu’il n’avoit pas été lu à la Chambre assemblée. La Chambre, par acclamation, en a vu le motif et l’a rejeté. Jai pensé de même. Je savois que tous les membres de la dite Chambre l’avoient vu et réfléchi depuis vingt-quatre qu'il étoit à Besançon; que, devant être dissous dans lPaprès-midi, nous avions un travail indispensable à faire, et je m'y suis opposé, ainsi que les trois quarts et demi de la Chambre. XLVIII Protestations de vingt-deux gentilshommes contre l’arrét de la Chambre de la Noblesse du 6 janvier 1789 (1). L'obéissance aux ordres du prince est un devoir auquel tout - (4) Imprimé en 1789. — 198 — Français est assujetti; quand il ne lui prescrit rien qui soit con- traire aux lois. Le résultat du Conseil, contre lequel la Chambre proteste aujourd’hui, est l’acte le plus favorable aux droits de la Nation qui soit jamais émané de la justice du souverain. Il y reconnoît que l’ancienne constitution autorise les trois ordres à délibérer et voter séparément ; que l’intention de Sa Majesté est seulement de mettre les Etats-Généraux à portée d'adopter l’une ou l’autre forme de délibération; que l’ancienne délibération par ordre ne peut être changée que par le concours des trois ordres. Le Roi reconnoît les droits de la Nation et la convoque pour qu’elle discute ses intérêts. C'est dans ce moment qu’une partie de la noblesse de Fran- che-Comté s’oppose à ces vues d'équité en refusant de paroître où de prendre part aux Etats-Généraux et en cherchant à lier les membres de cette Chambre par ses protestations. Quel en peut être le motif? Nous n’en voïons point d'autre qu’une con- vocation plus complète du Tiers, dont la province même a donné l’exemple en regardant aussi comme indifférent le nombre des représentants respectifs de chaque ordre. Nous ne pouvons ni ne devons pas davantage nous opposer à la convocation par bailliage qui tient à la constitution du royaume, et qui a été adoptée lorsque cette province fut appelée aux Etats de Tours. Enfin, nous avons cru qu'il étoit du devoir de tout Français d’adhérer à la constitution que jugeront à propos de se donner les représentants de la Nation assemblés en Etats-Généraux. - Forcés par nos principes, mais avec douleur, nous déclarons hautement que nous n’entendons adhérer en rien à la dite pro- testation, réclamant contre la violence injuste qui seroit faite à nos opinions et qui les entraineroit dans le vœu illégalement exprimé par une pluralité incompétente pour statuer sur les intérêts de la Nation entière. Déclarons de plus que le présent acte dicté par la nécessité et par notre zèle pour le bien publie, sera remis à MM. les Commissaires du Roi, aux Chambres du Clergé et du Tiers ; que copie en sera déposée chez un notaire pour recevoir l’adhésion de ceux de notre ordre qui adopteront notre sentiment. Fait en la Chambre de la Noblesse le 6 janvier 1789. Signé : Prince de Saint-Mauris, vicomte de Toulongeon: Le FE NRES — 199 — Michaud d’Arçon; baron de Raclet de Mercey; marquis de Mon- ciel, marquis de Lezav-Marnésia; comte de Portier; comte de Reculot; baron de Fraguier; marquis de Château-Renaud; che- valier d’'Autume; marquis de Froissard-Bersaillin ; comte de Raincourt, baron de Glanne; vicomte de Sagey; marquis de Vaulchier du Deschaux; baron de Montjustin; chevalier de Tres- tondans; comte de Chaillot; vicomte de Romanet : AE de D ldccon: comte de not (1). Contrôlé à Besançon le 6 janvier 1789, R. 15 f. — Signé : Le Febvre. Déposé en l'étude de Me Laude, conseiller du Roi, notaire au dit Besançon, le 6 janvier 1789. Contrôlé en la dite ville le len- demain. Pour expédition, signé : Laude. XLIX Le Prince de Saint-Mauris-Montbarrey au Prince de Bauffre- mont, président de la Chambre de la Noblesse. Besançon, le 6 janvier 1789. Ce matin, lors des délibérations, j'ai cru devoir dire que dans toutes les assemblées, il me sembloit qu'il étoit d'usage de faire, avant de se séparer, des actes conservatoires des privilèges de l'assemblée; mais qu’il me paraissoit contre toutes règles de faire des protestations sur des objets inconnus légalement, et (4) 11 membres de la Chambre de la noblesse protestèrent par actes sé- parés : MM. le prince de Saint-Mauris-Montbarrey. le duc du Châte- let. le maryuis de Grammont. le marquis de Raincourt, le chevalier de Raincourt, le prince de Broglie. le comte de Bannans, le comte de la Verne, le chevalier de Chaillot, le baron de Poutier de Gouhe- lans, le marquis de Montrichard. 11 faut joindre à leurs protestations cellesde 168 gentilshommes et nobles de la province qui déposérent des actes d'adhésion au manifeste des vingt-deux au greffe des Hôtels de ville de Besançon (13), de Salins (19), de Dole (43), de Gray (32), de Vesoul (17), d'Arbois (10), de Poligny (8), de Pontarlier (10), d’Ornans (© et de Lons- le-Saunier (19). — 900 — de se lier par des engagements dont peut-être on ne connois- soit pas toute l’étendne. | D’après ces principes, j'ai cru devoir m'abstenir de donner mon avis sur les objets qui ont été mis en délibération. Dans ce moment où je viens d'apprendre les intentions de Sa Majesté par l'organe de MM. les Commissaires, instruit des vues de sa Majesté pour accélérer l’assemblée des Etats-Généraux du roïaume, je me soumets entièrement et sans réserve à ce que la sagesse du Roi vient de nous faire connoître à cet égard. L Le Prince de Saint-Mauris-Montbarrey aux Etats de Franche- Comté. Besançon, le 6 janvier 1789 (1). Instruit par l’organe de MM. les Commissaires du Roi des intentions de Sa Majesté et de ses vues pour accélérer le mo- ment de l’assemblée des Etats-Généraux du roïaume, je me soumets entièrement et sans réserve à ce que sa sagesse vient de nous faire connoître sur cet objet. LI Les Commissaires du Roi au Comte de Puységur. Besançon, le 7 janvier 1789. Hier, peu avant la clôture de l’assemblée des Etats, une dé- putation de la Chambre du Tiers-Etat nous a apporté une déli- bération par laquelle elle a arrêté d'écrire au Roi pour le sup- plier d’actorder des lettres de noblesse à M. de Raze, lieute- nant-général de Vesoul, qui vient de faire pendant cette tenue d'Etats les fonctions de président de la Chambre du Tiers-Etat. Nous nous réunissons bien volontiers pour appuyer cette de- mande. M, de Raze étoit, par sa place, président né du Tiers- Etat; cependant, dès le premier jour de l'assemblée, il a re- (1) À 7 heures du soir. noncé, tant pour lui-que pour ses successeurs, à cette préro- gative. Son corps, touché de cette preuve de patriotisme, l’a élu sur le champ par acclamation pour présider cette tenüe, et sollicite pour lui des lettres de noblesse comme un dédomma- gement du droit de présidence qu’il a perdu pour l’avenir. Nous ajouterons que M. de Raze a eu pendant tout le cours de cette tenue une conduite digne des plus grands éloges. Il s’est montré également ferme pour soutenir les droits du Tiers- Etat et conciliant pour réunir tous les partis. Il s’est acquis des droits à l'estime des trois ordres , et si votre suffrage peut attirer Sur lui la grâce que son corps sollicite, nous vous attes- tons qu elle ne sauroit être mieux placée. Si vous vous déterminés à accueillir cette demande, je crois qu'il est utile que vous vouliez bien nous charger incessamment de l’annoncer au sieur de Raze. LIT Le Gomte de Puységur aux Commissaires du Roi aux Etats. Versailles, le 13 janvier 1789. J'ai reçu avec la lettre que vous m'avés fait l’honneur de m'écrire le 7 de ce mois les protestations et contre-protestations d'une partie des Chambres du Clergé et de la Noblesse des Etats de Franche-Comté, enfin l’écrit par lequel M. le prince de Montbarrey a déclaré qu’il se soumettoit sans réserve à ce que Sa Majesté a cru devoir régler. Je vous remercie du soin que vous avés pris à me les en- voyer. La remise que les deux Chambres dont il s’agit ont te au Parlement de leurs protestations, pourra avoir des suites; je vous prie de ne me les pas laisser ignorer. M. le Garde des Sceaux, M. le Directeur-Général et moi nous allons prendre de concert les ordres du Roi sur cette affaire importante. | La fermentation qui a régné dans l’assemblée des Etats, dont vous venés de faire la clôture, a rendu très-difficile et très-dé- licate la mission que vous avés été chargés d’y remplir. La ma- — 902 — nière dont vous vous en êtes acquittés a répondu à la confiance de Sa Majesté, elle me charge de vous témoigner combien elle est satisfaite des nouvelles preuves de votre zèle éclairé pour son service que vous lui avés données dans cette occasion. LIIT Le Comte de Puységur au Prince de Saint-Mauris-Montbarrey, au Vicomte de Toulongeon, etc. Versailles, le 93 janvier 1789. L'arrêt du Parlement de Besançon qui a supprimé l’acte de dépôt et les imprimés de votre protestation du 6 de ce mois, vient d’être cassé par l’arrêt du Conseil, dont j'ai l’honneur de vous adresser un exemplaire. Sa Majesté, qui m'ordonne de vous l’adresser, me charge en même temps de vous témoigner combien les sentiments exprimés dans cette protestation sont dignes d’éloge, et combien elle en est satisfaite. Je vous prie de ne pas douter du plaisir avec lequel je m’acquitte de cet ordre. LIV Le Comte de Puységqur au Prince de Saint-Mauris-Montbarrey. Versailles, le 23 janvier 1789. Le Roi me charge de vous marquer avec quel plaisir il a vu que vous vous êtes séparé de ceux des membres de la Chambre de la Noblesse des Etats de Franche-Comté qui ont protesté contre la décision portée par le résultat du Conseil du 27 dé- cembre. Sa Majesté a reconnu, dans l'écrit par lequel vous avés cru devoir manifester votre soumission à ses ordres, les senti- ments dont vous avés toujours fait profession et dont vous lui. avés donné trop de preuves pour qu’elle puisse jamais en douter. 503 — LV Le Comte de Puységur au Marquis de Langeron. Versailles, le 23 janvier 1789. Le Roi a cru devoir casser l’arrêt du Parlement de Besançon du 12 de ce mois, par lequel cette cour a supprimé les actes de dépôt et les exemplaires de deux protestations du 5 et du 6 du même mois souscrites, l’une par neuf membres de la Chambre du Clergé (1) des Etats de Franche-Comté, l’autre par vingt-deux de celle de la Noblesse. J'ai l'honneur de vous adresser l’expé- dition de l’arrêt du Conseil qui prononce cette cassation. Je joins à cette expédition 150 exemplaires du même arrêt. Il sera nécessaire que vous en remettiés une à chacune des per- sonnes qui ont signé les protestations dont il s’agit. Vous pour- rés distribuer les autres dans la province. Il ne faudra pas que vous fassiés afficher cet arrêt du Conseil, quoique cela soit porté par une disposition qu’il renferme. Je ‘vous envoye les lettres que j'écris par ordre du Roi, tant à M. le prince de Montbarrey qu'aux ecclésiastiques et aux gen- tilshommes par qui ont été faites les protestations dont il est question dans l’arrêt du Parlement. Je vous prie de les leur faire parvenir. Il m’a paru convenable que ce fût par vous qu'ils les reçussent. Comme il est bon que vous aïés connoissance de ce que je leur marque, je joins ici copie de cette lettre. (1) Is étaient réellement dix : MM. Matherot de Romange, prieur de Jussey ; Gaillande, prieur de Colonne; Marmet, doyen du chapitre de Saint-Michel de Salins ; Seguin, chanoine de la métropole ; Domet. doyen du chapitre d’Arbois ; Huchet, chanoïne de la chapelle royale de Gray et prieur de Saint-Louis-sous-Montenot ; Longpré, chanoine du chapitre de Champlitte ; Millot, chanoine du chapitre de Sainte-Marie-Madeleine ; Poin- sot, chanoine du chapitre de Ray; Bourgon, chanoine du chapitre de Villersexel. — 9294 — * DOCUMENTS IMPRIMÉS A CONSULTER. 4 Arr Bis unanime du Parlement de Besançon à la séance du matin du 8 mai 1788; 90 Discours de MM. les Syndics à la noblesse de Franche-Comté à l'ouverture de la séance du 1° octobre 1788 ; 30 Procès-verbal rédigé par la noblesse de Franche-Comté assem- blée à Quingey le premier octobre mil sept cent quatre-vingt-huit ; 40 Mémoire au Roi rédigé par la noblesse de Franche-Comté, etc.; 00 Arrêt du Conseil d'Etat du Roi portant convocation d'une as- semblée des anciens Etats de Franche-Comté ; 60 Procès-verbaux des séances des Etats de Franche-Comté assem- blés à Besançon ; 70 Résultat du Conseil d'Etat du Roi tenu à Versailles le 27 dé- cembre 1788 ; & Liste des gentilshomumes et nobles de la province de Franche- Comté qui ont adhéré aux dispositions annoncées dans le Résultat du Conseil du Roi du 27 décembre 1788 ; - 9° Arrêt du Parlement de Besançon du 12 janvier 1789, portant suppression des actes de dépôt et des exemplaires de deux protesta- tions du 5 et du 6 du même mois souscrites, l’une par dix membres de la Chambre du clergé des Etats de Franche-Comté, l’autre par vingt-deux membres de la Chambre de la noblesse ; 10 Notices curieuses“et intéressantes de ce qui à précédé, accom- pagné et terminé les Etats de Franche-Comté tenus à Besançon le 27 novembre 1788. Ces documents, devenus fort rares, se trouvent dans deux recueils de pièces relatives à la Révolution, l’un aux Archives du Doubs (t. I et ID), l'autre à la Bibliothèque de Besançon (Cat. hist., nos 4002 à 4008, 4563 à 4505). FLORE DES LICHENS DE FRANCHE-CONTÉ ET DE QUELQUES LOCALITÉS ENVIRONNANTES De © Er AGEe INGÉNIEUR CIVIL me DEUXIÈME PARTIE FAMILLE 1H LICHENS CRUSTACÉS SECTION I. LÉCANORÉES. _ Thalle crustacé sur toute la surface, où squameux et fo- liacé à la circonférence dans les genres les plus élevés, atta- ché au support par des filaments médullaires. Apothécies scutelliformes, plus rarement patelliformes, à rebord thallin, c’est-à-dire renfermant des gonidies dans presque tous les cas. Spermogonies, Spermaties et Stérygmates variables et sou- vent rares et peu connus. Le caractère tiré du bord lécanorinique qui devrait réellement distinguer les Lécanorées des Lécidées est très tranché au som- met de l'échelle; il faut cependant reconnaître qu’il va ordinai- rement en diminuant de netteté et, qu’à la limite, on se trouve en présence d’un lichen ne possédant plus qu'un Excipulum proprium et devant ètre rangé dans les Lécidées. Aussi, dans ces deux grandes sections, trouve-t-on presque toujours des séries parallèles très semblables par tous les autres caractères impor- tants et qu'il serait facile de réunir sans manquer à la logique. Nous pouvons citer entre autres : Les Psoroma et les Psora, les Rinodina et les Buellia, les Lecania et les Patellaria, les Caloplaca et les Blastenia. Il en résulte qu'à un certain moment il est difficile de dire d’une façon certaine si l’apothécie est réellement lécanorique ou léci- déine, et chaque auteur suit un peu son inspiration dans la classification qu’il adopte. Ainsi MM. Nylander et Fries placent les Psoroma dans les Lécanorées, les Psora dans les Lécidées,; M. J. Müller, au contraire, place celles-ci à côté des premiers. Quand il s’agit de l'espèce et non plus du genre, la divergence — 9208 — s’accentue encore; la Buellia Dubyanoides (J. Müller), devient pour M. Arnold la Rinodina Dubyanoides; la Patellaria cyr- tella du docteur Müller est pour le docteur Fries la Lecania cyr- tella ; la Blastenia ferruginea de Kœrber devient pour le même auteur la Caloplaca ferruginea. On pourrait multiplier ces exemples. Il ne nous paraît done pas possible d’attribuer rigou- reusement à ce caractère de rebord contenant des gonidies un sens aussi tranché, et si nous conservons dans notre travail cette grande division de Lécanorées et de Lécidées, c’est uni- quement pour ne pas bouleverser complètement tout ce qui a été fait jusqu'à ce jour. Nous sommes obligé de répéter encore une fois que les grandes séparations faites dans les ouvrages de botanique, tant en phanérogamie qu'en cryptogamie, n’exis- tent pas ordinairement dans la nature qui procède par transi- tions insensibles. Ainsi, pour n’en donner qu’un exemple, un Lichen foliacé, une Lécanorée et une Lécidée devräient toujours être bien nettement séparés les uns des autres. Quand on com- pare en réalité des plantes telles que la Physcia adglutinata, la Rinodina colobina et certaines Buellia, on est frappé de l’'analogie de ces plantes, des deux premières surtout, qui au- trefois étaient réunies par les meilleurs lichénologues. Aussi, en s'inspirant surtout du caractère des spores qui est beaucoup plus constant, serait-il facile d'opérer un groupement iout différent. Les Parmelia conduiraient aux Psoroma, puis aux Lecanora, et de là on atteindrait les Psora, les Biatora et les Lecidea. Les Xanthoria, en passant par les Placodium, mè- -neraient aux Caloplaca et aux Blastenia. Les Physeia seraient suivies des Dimelæna, puis par les Rinodina, on arriverait aux Buellia. Les Lecania par les Hæmatomma, les Gyalecta, les Petractis toucheraient aux Bilimbia et aux Bacidia. Les Urceo- lari enfin seraient voisines des Rhizocarpon auxquels elles ressemblent tant. Pour notre compte, la dernière des Buellia nous paraîtra toujours beaucoup plus voisine de la Physcia ob- scura, par exemple, que celle-ci ne peut l’être de la Xanthoria parietina, et nous avouons n’avoir jamais compris qu'un savant aussi illustre que Nylander ait pu réunir dans un même genre deux plantes aussi dissemblables dans leurs organes internes. — 209 — 4, Thalle celluleux contenant des grains gonidiaux. 2 Thalle contenant des amas de vraies gonidies.., 3 2. Thalle lacinié, squamuleux ou granuleux. Apo- thécies Iécanorines on biatorines, inais non complètement enfoncées dans le thalle. :...... Pannariées Del. Thalle sub foliacé. Apothécies concaves, sans re- holïds, enfoncées daus le thalle 4. . Heppiées Næg. 3. Thalle crustacé ou squameux, mais à contours déterminés, au moins dans le jeune âge... Piacodises JT. Mull. Thalle crustacé dans toute son étendue..,...,,. Eulesanorées Nyl. TRBU X FANNARIÉES Dolic. Thalie squamuleux ou granuleux sur toute son étendue, plus rarement granu'eux au centre et lobé, rayonnant aux bords ; structure celluleuse dans toute son épaisseur; pus de vraies gonidies, mais des grains goniditux petits, b'euä- tres, en court ne. ae 3 à 6 grains. Aypothalle noirätre, assez constant. ; Anothécies à peu près dans le jeune âge, lécano- _rines ou biatorines. {ypothecium assez épais, assez souv ent coloré, reposant ordinairement sur une couche gonimique. Spores ovoides, hyalines, simples. Spermozonies situées ordinairement sur les bords du thalle, se présentant sous forme de tubercu!les noirs peu saillants, de Omn,300 à Omu,400 de diamètre. Stérygmates articulés, peu rameux, composés de cellules anguleuses arrondies aux deux extrémités, noyés dans un abondant muci'age. Spermaties droites, environ Omm 004 £ à Cnm,005 de long., ex- tré mement nombreuses. Une seule espèce fait exception à la description que nous avons donnée duthulles c'est la Paœunaria plumboua Del. (Co cocarpia plumbea Lightf.); au heu d'être granuleux, il est foliacé, et presque monophylle. Cette espece, du reste, quoique t'es abondante dans l'Oueit et 12 Sud-Ouest de la France, n'a Jamais élé signalée dans nos limites. f * Comme on le voit, les Paññaria Sont ans Ÿ étitable transition entre les 1% — A0 — Lichens hétéromères et les Lichens homaoméres, et on aurait pu les placer immédiatement avant les Collémacées. GENRE I. PANNARIA Del. 4. Thalle foliacé à la circonférence............. Pann. subiginosa Ny1. Thalle crustacé, granuleux 1.0 2000 2 2-Thalle-noir; où brun-noir Ent 3 Thalle gris cendré, ou gris bleu............. 4 9: ESpece Conticieole ere ie Pann. triptaphylla N\1. Espèce Saxicole: 5 nee amer Pann. nigra N\1. 4. Espèce terricole. Apothécies rougetres.....,. Pann. nebulosa Ny1. Espèce saxicole. Apothécies noires..,........ Punn. cæsia (Schær.). 4. PANNARIA RUBIGINOSA Del., in Dict. class. XIII, p. 20; NylssLe Sc; ip: 199: "KR ærb Syst, p408? Parmelia ruliginosa Ach., L. U.. p. 467; Schær., En.. p. 36. Imbricaria cxrulescens D. C., Ft. Fr. 2, p. 390. Lichen rubiginosis Thunb., Prod. cap. p. 176. Exs. Schær., L. H., 359 ; Hepp, F, E., 607. Thalle livide ou glauque, peu foncé, membraneux, à con- tous bien déterminés formés par des lobes plans incisés, ou quelquefois crénelés. _ Apothécies grandes, à disque d’un brun roux, entourées par un rebord thallin plus ou moins crénelé. Spores ovoïdes, ou un peu anguleuses, atténuées ou même pointues à chaque extrémité, simples, hyalines, de Omm,015 à Omm 092 de long. env. 2 à 21/2 fois p. IL. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques subcylindriques ou un peu renflées au milieu, à contours ondulés, resserrées à la partie inférieure, d'envi- ron Dur 000 10m 065 de Mons sur Cnr/016 0022 de large. Les spores y sont ordinairement bisériées ou diver- sement groupées, mais presque jamais unisériées. Para- physes enchevêtrées, articulées, rameuses, plus ou moins — 911 — agglutinées au sommet où eïles sont d'un jaune très pâle, la partie inférieure restant hyaline. Spern)zonies du genre, a Var. afänis Dcks.; Exs. Schær. n° 553. — Entièrement con- forme à la description ci-dessus. B Var. conoplez Ach. — Thulle couvert sur tout le centre et même quelquefois sur les bords de sorédies bleues ou ble: noirâtres. Apofhécies rares. { Sans action sur ke thalle. | Teint l'hyménium en bleu pâle. K Ê : à à re ne Sans action ni sur le thalle, ni sur l'hyménium. Habit. — Le type est presque inconnu dans nos limites, où nous ne pouvons l'indiquer nulle part avec certitude. Il est au contraire très fré- quent dans le S.-0. de la lranee à la base des grands arbres, le long des routes. La var, ©, quoique peu commune, se trouve çà et là : dans plusieurs points des Vosges (Mougeot}, ballon de Giromagny, ete. Existe aussi dans le Jura ; sur les hêtres, en montant au Chasseral, depuis Saint-Imier (Kla- gey) ; dans le Bugey, au Grand-Colombier ! 2. PANNARIA NEBULOSA NyL, Prod., p. 313; L. Se., p. 193. Lecanora brunnea D. C., Ft. Fr. 2, p. 359. Psora nebulosa Hoffm., Ft. Germn.. p. 165. Thalle gris foncs, ou gris bleuâtre, tirant davantage sur le vert à l’état humide, à contours indéterminés, formé de granulations serrées, imbriquées, créne!ées. Apothécies moyennes, à disque brun ou roux foncé, planes ou un peu convexes, enfoncées dans le thalle, ou superfi- cielles et souvent couronnées par lui. Spores simples, hya- lines, ellipsoïda'es ou anguleuses et souvent pointues aux deux bouts, de Omm,015 à Omm,096 de lonz, env. 21/2 à 3 fois p. 1. q. |., renfermées au nombre de 8 dans des thèques à parois minces, cylindriques, étroites, d'environ Cmm#,050 à Omn,070 de long sur Oum, 012 à Oum 013 de large. Les spores y sont très souvent unisériées et sont alors comme tordues — 90 — en spirales, ou bien les 2 ou 4 premières, à partir du som- met de la thèque sont bisériées et les autres unisériées. Paraphyses hyalines à ia base, peu articulées, agg'utinées au sommet qui est d’un beau jaune clair. Spermogonies, Sigrygmates et Suermaties du genre. a Var. genuina. Pann. nebulosa Hotfm.; Nyl., L. P., 114; Exs. Flagey n° 308; Arn., À., 102. — Thalle cendré. Apothécies un peu saillantes, Fe peu couronnées par le thalle. 8 Var. coronata Hoffm., PL lich., 3. Parm. brunnea Sw.; Mass. Rich., p. 113; Exs. Hepp, F. £., 174; Schær:, L-11., 160; Arn., C., 102. — Thalle bleuâtre coralloïde. Apothécies grandes enfoncées dans le thalle et très fortement couronnées par lui. Sans action sur le thalle. Teint la gélatine hyméniale en bleu vineux. K. Sans action ou jaunit un peu le thalle. ea Teint souvent les gonimies en jaune ochreux. | Sans action sur l'hyménium. ci Habit. — La var. « est assez commune sur les talus des fossés siliceux dans les forêts des basses Vosges, de la Serre et de Chaux ; exceptionnelle- ment à Montferrand sur les alluvions vosgienne ;. Complètement nulle dans tout le Jura calcaire. La var. 8 est rare dans nos limites : sur là térre dans ‘es hautes forêts de la Dôle et du Suchet près de la limite des arbres; beaucoup plus commune dans les Alpes de la Suisse. u PANNARIA TRIPTOPHYLLA Nyl., Prod., p. 313; L. de p. 195; Kœrb., Syst., p. 107. Lecidea triptophylla Ach., L. U.. p. 215; En. p. 8. . Parimelia triptophylla Fr., L..ÆE.. p.91, pr. “ - Collema nigrum D. C., Fi Hi. 2 p.231 ae . Exs. Mougeot n° 552; Flagey, L re C., no 95; Hepp, E. F., 610; Arn., A, 100. : Thalle brun noirätre ou plombé, granuleux, aréolé, ou couvert surtout aux bords de petites écailles microphylli- niques, membraneuses, laciniées lobées, reposant sur un hypothulle bleu noirätre. -_-Apothécies petites ne dépassant guère 1 mill. de one — 213 — à disque brun ou brun roux, à marge concolore ou un peu plus pâle, souvent persistante. Spores simples, hyalines, ovoicdes, atténuées aux deux extrémités, de Onm,012 à Gmm, O18 de long, env. 2 1/2 à 3 fois p. 1. q. l., renfermées au nombre de 8 dans des théèques à parois minces de Omm, 050 à Cmm 060 de long sur Cmm,015:à Cmm 017 de large. Les spores y sont rarement ou entièrement unisériées, ou entierement bisériées, plus généralement 2 ou 4 sont bisériées soit en haut, soit en bas, les autres restant unisériées. Paraphyses hyalines à la base, peu articulées, assez fortement aggluti- nées au sommet qui est bleu verdâtre. Hypothecium noi- râtre. : Spermogonies, Séérygmates et Spermaties du genre. Sañs action sur le thalle. Teint en bleu intense la gélatine hyméniale, sr : ans action. Cac Habit. — Espèce à peu près nulle dans toute la plaine et même dans la _ moyenne montagne; trés abondante, au contraire, au pied des arbres (hêtres, érables, etc.), au bas des sommets du Jura, du Chasseral au Re- culet. Plus rare dans les hautes Vosges et dans les mêmes conditions. 4. PANNARIA NIGRA Nyl., L. Se., p.126; L. P., 114. Lecidea nigra Ach., Meth., p. 76. Collema nigrum Ach., L. U., p. 628. Leco!hecium corallinoides à nigrum Kærb., Syst., p. 398. Exs, Mougeot, 553; Schær., L. H., 226; Hepp, F. E.. 160; Flagey, L. F.-C., n° 309. | Thalle mince brun noirâtre, ou presque noir, composé de petites écailles microphylliniques dont l’ensemble forme une croûte granuleuse fendillée, aréolée, reposant sur un h'po- thalle bleu noirâtre qui déborde et limite ordinairement le thalle. Apothécies moyennes, de 4 à 4 4/2 mill. de diamètre, p'anes ou plus souvent convexes à disque noir. Spores hyalines, — 914 — uniseptées ou triseptées, très rarement simples, ellipsoï- dales, très peu atténuées aux extrémités, de Cmm, (19 ä Cm, 018 de long, env. 3 à 3 1/2 fois p. 1. q. l., renfermées au nombre de 8 dans des thèques étro:tes presque cylindriques, à parois minces de Cmm,045 à Cmm 050 de long sur environ Gnm 010 ce .«rge. Les srorce y scnt uni ou bisérites d’une façon assez irrégulière. Pauraphyses plus brunûtres et moins bleues que dans la Pa. triptophylla, articulées, beaucoup moins agglutinées, quelquefois même presque libres. Hyme- nium presque b'anc, hypothecium blanchätre cu presque noir. - Spermogonies, S'érygmates et Spermaties du genre. x Var. psotina Ach. in Herb.; Arn., C., 103. — Sporcs ordi- nairement uniseptées. Iypothecium blanchâtre. B Var. triseptata Nvyl., L. Sc., p. 196; Arn., A., 108. — Spores ordinairement triseptées. Hypothecium noiràtre. _ Sans action sur le thalle. Teint en bleu intense la gélatine hyméniale. K à à | Sans action. CAC) Habit. — La var. « est assez rare dans nos limites et mélangée à la var. 4. Celle-ci, au contraire, est abondante sur le calcaire, surtout dans la plaine. Elle affectionne surtout les pierres ayant peu de saillie à la sur- face du sol sur les pelouses, les vieux chemins, etc., ete. 0. PANNARIA CÆSIA. -Lecidea nigrocæsia Nyl., Coll.. p. 41. _ Lecidea triptophylla € cæsia Schær., En., p. 99. Collolechia cxsia Dufour; Kærb., Syst. p. 397. Racoblenna cesia Mass. Richerch.. 110. Exs. Arn. 105; Flagey, L. F.=C., n° 310. Thalle d’un noir cendré, recouvert d’une pruine bleuâtre, formé d’une croûte coralline fendillée aréolée, ordinairement à contours déterminés. Hypothall: bleu noirätre, mais dis- paraissant assez promptement. Gonimies de formes diverses assemblées sans ordre. due. à — 915. Apothécies assez petites de 1 à 1 1/2 mill. de diamètre, pa- … telliformes, brunes, à marge d’un noir charbonneux, puis avec l’âge un peu convexes et immarginées. Spores 4,5, 6 loculaires plus ordinairement séparées par une cloison mé- diane très nette et par deux centres intermédiaires moins visibles, hyalines, allongées, droites ou réniformes de (OH 012 à Onm,016 de long, env. 2 1/2 à 3 fois p. 1. q. 1., renfer- mées au nombre de 8 et irrégulièrement rangées dans des thèques él élargies au sommet de Omm,055 à Cmmn 060 de long . sur Omm,012 à Omm 014 de large. Paraphyses hyalines, ex- cepté au sommet qui est bleuâtre, lâchement articulées, fle- xueuses, peu ramifiées, renflées à la partie supérieure. Epi- thecium vert d’eau. Thecium hyalin. Spermozonies, Siérygmates peu connus. [ Teint en bleu la gélatine hyméniale. Sans action sur le thaile, K. Colore lézérement le thalle en jaune rougeûtre. Ca el. Sans action. Habit. — Assez abondant dans tout le Jura calcaire, depuis la base jus- qu'aux plus hauts sommets ; dans les parties inférieures, sur les rochers un peu humides : Pontarlier, Morteau, Ornans, Beure, etc.; dans les ro- chers élevés, sur toutes les parois verticales. Assez rarement fertile. Rare dans les Vosges et sur toutes les roches siliceuses. TRIBU XL EXP PEÉES J. Mull., Class, 377: Thalle squamuleux, subfoliacé, étroitement fixé au support par une couche gélatineuse, contenant à l’intérieur des grains gonidiuux et non des vraies gonidies, avec quelques fila- ments hyalins noyés dans un mucilage épais. Apothécies enfoncées duns Le thalle, urcé:l3es, à bord thal- lin élevé. Spores hyalines simples au nombre de 8 dans les thèques. Spermogonies très peu connues. oi GENRE I. HEPPIA Næs.. Caractères de la tribu. 4. HEPPIA URCEOLATA Næs.: Hepp, FL. E., no 49. Heppia adglutinata Mass.; Kærb., Par., p. 96; J. Mull., Class, p. 377. Exs. Hepp, FE. 49: /Arn, 98; Flagev, L: 1.-C no SM: Thalle squamu'eux, subfolacé, à petites écailles imbri- quées d’un vert olivätre ou brunûtre, étroitement fixé au support par une couche gélatineuse. Apothécies enfoncies dans le thalle, urciolées, à disque d’un beau rouge brun, entouré par un rebord thaliin élevé. Spores hyalines, simples, ovoïdes, de Omn, 018 à Gmm 096 de lonz, environ 3 à 4 fois p. L. q. 1., renfermées au nombre de 8 dans des thèques allongées, ventrues, souvent resserrées au sommet, d'env. Onm,060 à Gnm,065 de long sur Cmm Of1 à Omm 012 de large. Paraphyses tres agglutinées, non libres, enchevêtrées, peu articulées. £pithecium et Thecium d’un jaune ocreux tres pâle, presque hyalins. Æypothecium du même jaune beaucoup plus foncé, celluleux, reposant sur une couche gonimique. { Donne à la gélatine hyméniale une teinte jaune un peu plus foncée. |: Sans action sur le thalle. K 5 Sans action sur le thalle. Ca Cle Habit. — Cette espèce n'est connue dans nos limites que dans des en- droits stériles de la pente nord du petit Salève, au sommet du grand Sa- lève et au bois de la Batie prés de Genève (J. Mull.). Existe aussi au bas de la Dôle près Saint-Cergues (Flagey). Elle est facilement reconnaissable par ses apothécies qui, sauf la couleur, ressemblent beaucoup à celles de la Solurina sacca!a. _— D — TRIBU XI PILACODIÉES J. Mull, Class. (pr. pr Thalle à contours déterminés, au moins dans le jeune âge, contenant des gonidies. 62 ÂAnothécies scutelliformes, à rebord thallin. Spores hya- lines, ou brunes, simples, polariloculaires, ou biscoctiformes. Séirygmutes plus ou moins articulés. Spermaliès droites, ou courbes. : Spores hyalines, simples, 8 par thèque...... ...s... PSOTOMA d! Mull. Spores hyalines, simples, 100 et plus par théque.... Acarospora Mass. Spores hyalines, polariloculaires............. ire te Placodium Hepp. Spores brunes, biloculaires....1....... RS RAS AE Dimelæna Norm. GENRE I. PSOROMA J. Mull., Class. (pr. p.); Kœrb., Syst. (Placodium et Psoroma). Thalle à contours déterminés, cartilagineux, squameux ou granuleux au centre, à lobes rayonnants œux bords. Apsthé- cies lécanorines. Sporez ovoïdales ou oblongues, hyalines, simples. Päraphyse3 variables ou fortement agglutinées au sommet, ou se séparant sans trop de difficultés. Gélatine hyméniale bleuissant par l’iode. Séérygmates simples ou très peu articulés. Spermaties droites ou recourbées, mais tou- jours longues et grêles. 1. Lobes périphériques ordinairement allongés et appliquées sur le support à leur extré- MP lucadium Kœrbr). 05120. 20 2 Lobes périphériques courts, relevés ou ondu- lés, très peu appliquées sur le support à leur extrémité. (Psoroma Mass.)......... 3 2. Thalle apprimé, à lobes contigus aux bords, d'un gris cendré ou brun noirâtre......,. Ps. radiosum J, Mull, — A8 — Thalle apprimé ou crustacé au centre, d'un vert Jaunâtre on blanchatre.............. Ps. saxicolum Kœærb. Thalle et lobes incisés crénelé;, subfoliacés TE présque jusqu'au centre, subombiliqué, d'un jaune un peu verdätre.......:...... Ps. chrysolzucuim (Ny1.). Thalle apprimé à lobes marginaux courts et app'iqués, tartareux, d'un blanc opaque.. Ps. galaclinum J. Mull. * Thälle apprimé à Jlobes rugueux, plissés, d'un jaune fauve très pâle. ........ ..., » Ps. Reuleri K@rb. . Thaiïle brun livide ou blanc pruineux, formé de squames moyennes déprimées ou toru- JORSOS Rep ee ce Ps. crassum J. Muil. Thalle chamoiïis pale, couvert d'une pruine blanche, noir en dessous, formé au centre de grosses squames épaisses, suborbicu- latest. ni ee ec ten Aer . Ps. Lamarki J. Mull. Thalle d'un vert olive. Apothécie 5 . Ps. gypsaceum Hepp. Thaile vert blanchatre, couvert d'une pruine blanche, étalé en rosettes, granuleux, aréole au Centre ee ce res Ps. lentigerum JS. Mull. Thalle jaune, à bords citrins, submonophylle. Ps. fulgens Hepp. O2 4. PSOROMA RADIOSUM J. Mull., Prince. de class., p. 378. Placodium circinatum Nyl., L. P,. 118; Kærb., Sys£.. p. 115. Placodium radiosum D. C., FE. Fr. 2, p. 380. Lecanora radiasa à circinata Schær., En. p. GI. Exs. Mougeot 457; Hepp, F. E., 771; dr n. 7 , 14%; Flagey, no 958. Thalle orbiculaire, fortement adhérent au support, d’un gris cendré plus ou moins foncé, quelquefois mème brun- notrâlre, verruqueux, aréolé au centre, à contours très dé- terminés aux bords et formés par des lobes plans, rayon- nants, contigus, à sommets crénelés, de couleur plus pâle ue CentrEe Apothécies petites, de À à 2 mill. de diamètre, souvent an- guleuses, à disque plan d’un brun noir, à marge entière élevée dans le jeune âge, presque urcéolée, ne dépassant pas le disque plus tard. Spores hyalines, simples, ellipsoï- dalés, de:Omm, 012 à Omm,015 de long, env. 2 fois p. 1. q. I, — 9219 — renfermées au nombre de 8 dans des thèques un peu élar- gies au sommet, de Cmm,050 à Cmm,0C0 de Iong sur Cmm,015 à Onm,016 de large. Paraph'yses assez épaisses et assez dis- tinctement articulées, peu renflées au sommet où elles sont assez fortement agglutinées. Épithecium jaune un peu ver- dâtre ; Thecium et Hypothecium incolores, ce dernier repo- sant sur une couche gonidia'e. . Spermogoni s globuleuses, en grande partie immergées. Stérygmutes presque simples. Spermaties droites de Cmm,006 à Cum,008, très étroites. - { Teint en bleu la gélatine hyméniale. Sans action sur le thaile, Ca cl. Sans action sensible sur le thalie. K. Communique au thalle une coloration jaune, passant ensuite au rouge vermillon. Dans certains échantillons à thalle mince et fortement adhérent au support, la réaction se fait très lentement. Habit — Ti. abondant sur les roches calcaires de pen de saillie, dans les pelouses et les paturages depuis la plaine jusqu'au pied des som- mités Jurassiques ; se retrouve même, quoique plus rare, sur les hauts sommets. Excessivement rare pour ne pas dire presque nul sur la silice dans toutes les Vosges. 2. PSOROMA SAXICOLUM J. Mull., Princ. de cl33., p. 378. * Placodium saxicolum Kærb., Syst. p. 115. Placodium ochroleucum D. C., F1. Fr., 2, p. 379. Squamaria sarivola Nyl., Prod., p. 316. _ Lecanora saæicola Ach., L. U., p. 431. Thalle cartilagineux fortement adhérent au support, d’un vert jaœunûâtre, nu ou recouvert d’une pruine blanchätre, squameux, aréo!é ou sur toute la surface, ou seulement au centre et terminé alors par une marge formée de lobes plans, rayonnants, contigus, à sommets crénelés, de même couleur quelle centre. Apothécies moyennes, de 1 1/2 à 3 mill. de diametre, ap- primées, plus abondantes au centre, à disque plan ou un peu concave, d’un brun roux, à marge crénelée, peu épaisse. — 920 — Spores hyalines, simples, ellipsoïdales, de Onm, 010 à Onm,015 de long, env. 2 à 24/2 fois p. L. q. l., renfermées au nombre de 8 dans des thèques ovoiïdales de Cmm 045 à Omm,050 de long sur Om 016 à Omm 020 de large. Paraphyses hvalines excepté au sommet, peu articulées, fortement agglutinées. Ejnthecium jaune, Thecium et Hypothecium incolores,. Spermosonies globu'euses, en grande partie immergées. Siérygmates presque simples. Spermaties tres grêles, ar- quées, très rarement droites, d'env. Omm 020 à Omm,095 de long. PE a Var. vulgare Kœrb., Sysl., bp. 4195. = Thalle nu, sans pruine, vert jaunàtre, sans contours déterminés. _B Var. diffeactum (Ach., Meth., p. 42). — Thalle nu, sans pruine, vert jaunâtre, sans contours déterminés, squameux, aréolé jusqu'aux bords. .YiVar: versicolor Pers. Kœrb,, Susk;up. 415: — Thalle d'un blanc jaunâtre, plus ou moins couvert d’une pruine blanchôtre, à contours déterminés. { Sans action sur le thalle. | Teint en bleu la gélatine hyméniale. K | Sans action bien sensible, ni constante. Cartel 4 Habit. — Espèce commune et abondante un peu partout, tant sur le calcaire que sur la silice. La var. & dans tout le Jura et toutes les Vosges ; la var. 5 surtout sur les roches peu stüllantes des sommités,; la var. y presque exclusivement sur la calcaire aux lieux un peu humides; la Cita- delle près le pont de Secours, etc., etc. 3. PSOROMA GALACTINUM J. Mull., Princ. de clu3s., p. 378. Lecanora muralis à albescens b galac'ina Schær., L. c.. p. 67. Lecanora galaciina Hepp, F. Eur., 180. Squamaria galuclina Nyl., L. Sc. p. 134. Thalle épais, blanc opaque ou légèrement grisâtre, sub- orbiculaire, souvent pulvérulent, fendillé au centre, lobé assez confusément à la circonférence, à lobes crénelés. - — 991 — Apothécies petites, couleur de chair pâle, mais paraissant ordinairement blanches par suite dela pruine qui les re- couvre, très nombreuses, oblitérant souvent le thalle, à marge thalline plus pâle et ent.ere. Spores hyalines, simples, mais renfermant souvent deux nucl'éus qui les font presque paraitre bi'ocu'aires, ellipsoïda!'es, de Onm,0142 à Omm,015 de long, env. 2 fois p. |. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques ovoïdales de O"m,044% à Omm 048 de long sur Cm 919 à Oum,0i5 de large. Paœraphyses hvalines sur toute leur longueur, peu articulées, fortement agglutinées. £pi- thecium, Thecium et Hypothecium incolores; ce dernier re- posant sur une couche gonidiale. Spermogonies, Spermaties et Siérygmates analogues à ceux du Psoroma saxicolum. { Bleuit la gélatine hyméniale. I à | Sans action sur le thalle, F Sans action sur le thalle. Ca cl | Habit. — Cette espèce, sans étre absolument calcicole, est rare sur les granites des Vosges et ne fait qu y végéter ; par contre, excessivement com- mune sur les vieilles tuiles, les vieux ciments et les murs calcaires. Elle n'est également pas rare sur les écorces. de saules-el de peuphers.. - L. PSCROMA REUTERI J. Mull., Princ. de clazs., p. 378. Placodium Reuleri Kærb., Sy t.. p. 117. Lecanora Reuteri Schær., En. p. 59. HExs ellepp, I 1. 613. halle moyennement adhérent au support, peu développé, suhorbiculaire, souvent étalé en rosettes d'environ 2 à 3 cen- um. de diametre, d’un jaune fauve très pâle, souvent même presque. blanc, pulvéru'ent et fendillé aréo:é au centre, à contours laciniés lobés, formé de lobules rugueux, toruleux Cet plissés. Apothécies sessiles, petites, à disque d’un brun noirätre Un peu pruineux,. à marge relevée, persistante. entière--et — (92 — très épaisse, surtout dans Le jeune âge où elle cache presque entièrement le disque. Spores hyalines, simples, ovoïdales, de Omm,008 à On 010 de long, env. 2 à 2 1/4 fois p. 1. q. I. renfermées au nombre de 8 dans des thèques subovoïdales, courtes d'environ 0",040 de long sur O0m®,010 à Onm 012 de large. Paraphyse3 hyalines à la base, très agglutinées au sommet, non renflées, peu articulées. Æpithecium d’un jaune d’or en couche mince. Thecium inco!ore. Hypothecium un peu jaunâtre reposant directement sur une couche gonidiale. Gonidies d'environ Oum 019 à Onm 013 de diamètre d’un beau vert jaunûâtre. SJermozonies du genre. Teint en bleu la gélatine hyméniale. ; Sans action sur le thalle, K Sans action Ca cl | : Habit. — Cette rare espèce n'est signalée dans nos limites que sur les parois verticales qui, au sud, bornent le derni-entonnoir du creux de Pransioux au Reculet, où elle a été découverte par M. Reuter, et dans le voisinage (J. Mull.). 5. PSOROMA CRASSUM Kœrb., Syst, p. 119: J. Mull. Class, pi 518 Squamaria crassa D. C., Ft. Fr. 2, p. 175; Nyl., Prod. p. 315. Lecanora crassa Ach., Syn.:p. 499 ;:Th. Kries, L: Se; p.22. Liche. crassus Huds., El. Angl. 11 (1778), p. 539. Mougeot, Exs. n° 1051 ; Flagey, L. F.-C.. n° 119. Thalle lâchement adhérent au support, assez développé, souvent suborbicu'aire, livide, vert blunchätre ou brunâtre, très épais, formé de squames irrégulièrement imbriquées, déprinées, à lobes arrondis crénelés aux bords du thalle, brunes en dessous. Apothici:s sessiles, grandes, 4 1/2 à 3 mill. de diamètre, planes, d’un brun roux, à marge presque entière, épaisse dans le jeune âge et disparaissant ensuite. Spores hyalines, nr rte Sr NE eee 5 in © — 9293 — simples, ellipsoïdales ou très légèrement réniformes, un peu atiénuées aux extrémités, de Onm,010 à Omm,914 de long, env. 2 à 2 1/4 fois p. I. q. 1., renfermées au nombre de 8 dans des thèques un peu élargies au sommet de Omm,040 à Omm, 050 de long sur Onm,012 à Omm 015 de large. Paraphyses hya- lines fortement cohérentes au sommet et agglutinées par une matière jaune verdâtre, peu articulées et peu renflées à Ja partie supérieure. Epithecium jaune verdätre. Thecium in- colore. Hiypothecium jaune assez foncé. . Spermogonies brun pâ'es, globuleuses, immergées dans le thalle. Sférygmates simples. Spermaties linéaires, acicu- laires, recourbées en arc, d'environ Cm",635 de long sur Oum 001 à Omm,002 de large. a Type semblable à la description ci-dessus. 8 Var. cæœspitosa Sch.; J. Mull., Class. — Se distingue du type par son thalle rendu blanchâtre par une couche de pruine assez épaisse et par ses squames moins larges et plus toruleuses. Bleuit la gélatine hyméniale, I Sans action sur le thall2 ou bleuissant parfois légérement Ia mé- ( dulle. . | Sans action. Cacl | Habit. — Très fréquente dans les environs de Besançon sur les roches calcaires, de là monte jusqu'à 8 et 990"; devient plus rare sur les som- mités Jurassiques. La variété cæspilosa est indiquée par le docteur J, Muller sur des blocs calcaires au bas de la grande gorge du Salève. Cette espece est calcicole et par conséquent à peu près nulle dans les Vosges. Les échantillons publiés par le docteur Mougeot dans les Stirpes Vogeso-Rhe- nanx proviennent des Cévennes. Très commune dans le Bugey, où elle remonte jusqu'a 1100 au Grand-Colombier ! 6. PSOROIMA GYPSACEUM Koœrb., Syst., p. 190; J. Mull,, Class +318: Syuamoaria gypsacea Nyl., Prod. p. 69. Lecunora crassa e gypsacea Schær., En., p. 59. = 2% — Lichen Smithii Ach., Prod. p. 58. . Exs. Hepp, f. Ex G19. Thalie lächement adhérent au support, plus épais encore que dans Ps. crassum, d'un vert pâle ou olivätre, aréolé, squameux, formé de squames concaves bordies de blanc. Apothécies grandes de 3 à 5 mill. de diamètre, enfoncées dans les aréoles du thalle, surtout dans le jeune âge, à disque concolorc ou plus roux, souvent pruineux, à marge épaisse, entière ou subcrénelée. Spores oblongues de Om 014 à Onm,018 de long, env. 2 4/2 à 3 fois p. l' q. L, renferméesau nombre de 8 dans des thèques cylindriques élargies au som- met de Omm,050 à Onm,055 de long sur 0mm,012 à Omm 014 de large. Paraphyses hya'ines à la base, fortement cohérentes _et agglutinées au sommet, peu articulées et peu renflées à la partie supérieure. Æpifhecium jaune verdätre, Thecium et Hypothecium inco'ores. Spermogonies, Siérygmales et Spermaties analogues à ceux du Ps. crassum. { Bleuit la gélatine hyméniale. Ü Sans action sur le thalle ou bleuissant parfois la médulle. K ans action. Ga S ction Habit. — Espèce calcicole beaucoup moins répandue que la précédente et qui ne se rencontre guère que dans les fentes des rochers des somimnets du haut Jura : au Reculet et à la Dole (Reut.), au Chasseron (Flagey). M. J. Muller l’a également récoltée à la grande gorge du Salève aux 2,3 de la montagne. Au Grand-Colombier ! 1. PSOROMA CHRYSOLEUCUM. Placodium clu'ysolzeucum Th. M. Fries, L. Sc. p. 222. Squamaria chrysoleuca Nyl., L. Se., p. 131. _Lecanoræ churysoleuca Ach., Syn.. p. 189. Lichen chrysolsucus Sm., in Soc. lin. Lond. I (1791), p. 82. Exs%Hepp'4 17,."0 Thalle cartilagineux, suborbiculaire, assez fortement fixé au support, d’un jaune ocreux en-dessus pâle en dessous pe = — dans la partie centrale et d’un vert notirûâtre sur les bords, formé de petites squames imbriquées au centre et à lobes plans crénelés, incisés à la circonférence. Apothécies assez grandes, de 2 à 3 mill. de diamètre, sou- vent agglomérées, à disque plan ou un peu concave, couleur de chair, ou rouge un peu brunâtre, à marge étroite et fle- xueuse. Spores hyalines, simples, ellipsoïdales, de Onm,009 à Onm 010 de long, environ 2 fois p. L. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques élargies au sommet de Omm,036 à Omm,040 de long sur Onm,014 à Onm, 015 de large. Paraphyses grèles, peu articulées, peu renflées au sommet où elles sont agglutinées et jaunâtres, très semblables en un mot à celles de Psor. lentigerum. Thecium blanchâtre, Hypothecium pâle reposant sur une couche gonidiale serrée, Gonidies vert jau- nâtres d'environ Omm 011 de diamètre. Spermogonies, Stérygmates et Spermalies analogues à ceux de Ps. lentigerum. Teint en bleu la gélatine hyméniale. Sans action sur le thalle. K - © Sans action. Ca cl: Habit. — Bien rare au Hohneck (Vosges). 8. PSOROMA LAMARCKII Mass., Rich. 20; J. Mull., Cluss., | D 9718 Psoroma Lagascæ Fr. 1; Kærb., Syst., p. 120. Lecanora Lamarckii Schær., En. p. 57. xs Hepp, F. E,, 618. Thalle lâchement adhérent au support, développé, d’un jaune chamois pâle recouvert d’une pruine blanche, jaunis- Sant un peu avec l’âge, noir en dessous, très épais, formé de grosses squames convexes suborbiculaires où un peu allon- gées au centre, brièvement lobées, plissées au bord exté- rieur. — 9296 — Apothécies sessiles, moyennes, à disque brun plan ou con- voluté nu ou très peu pruineux, à marge épaisse, persis- tante, unie, fortement pruineuse. Spores hyalines, simples, allongées de Onm,011 à Omm 019, env. 2 1/2 à 3 1/4 fois p. L. q. l., contenues au nombre de 8 dans des thèques un peu renflées au sommet de Omm,050 à Omm,060 de long sur Omm, 010 à Onm 019 de large. Paraphyses hyalines à la base ou un peu jaunâtres, très fortement agglutinées et peu renflées au sommet, peu articulées. Epithecium d’un vert brunâtre ou jaunâtre, en couche épaisse. Thecium incolore ou d’un jaune pâle. Hypothecium jaunâtre très épais reposant souvent sur une couche gonidiale. Spermogonies, Siérygmétes et Spermaties analogues à ceux du Psoroma crassum. { Sans action sur le thalle, | Teint en bleu la gélatine hyméniale. K | é er Sans action. Habit. — Cette espèce n’a pas encore été signalée dans nos limites. Elle a été trouvée au Brezon (Haute-Savoie) par Reuter. Elle est plus fréquente dans le midi de la France, dans le Dauphiné, la Lozère et les Pyrénées. 9. PSOROMA LENTIGERUM Kœærb., Syst., p. 119; J. Muil., Class., p. 378. Squamaria lentigera D. C., El. Fr. 2, p. 175; Nyl., L. Sc., p. 130. Placodium lentigerum Th. M. Fries, L. Se., p. 220. Lecanora lentigera Ach., Syn.. p. 179. Lichen lentigerus Web., Spic. (1778), p. 192, Exs. Mougeot n° 4051 ; Flagey, L. F.-C., n° 83. Thalle épais, presque orbiculaire, lâchement fixé au sup- port formant d’élégantes rosettes d’un vert blanchâtre, cou- vert d’une pruine blanche, à squames granuleuses, aréolées au centre, lobé, foliacé aux bords, à lobes connivents un peu convexes, blanc en dessous. Apothécies moyennes de 1 à 2 mill. de diamètre, planes, à — 997 — disque roux ou brun roux, à marge un peu crénelée, sou- vent persistante. Spores hyalines, simples, oblongues, de Omm,010 à Oum ,012 de long, environ 38 fois p. L. q. L., renfer- mées au nombre de 8 dans des thèques d'environ Omm,035 à Onm,040 de long sur Omm,010 de large. Paraphyses grêles, sinueuses, peu articulées, souvent rameuses, presque cylin- driques, peu renflées au sommet où elles sont agglutinées et d’un jaune un peu verdâtre, étant hyalines à la base. Hy- enium blanchâtre ; Hypothecium un peu jaunâtre reposant sur une couche gonidiale assez épaisse ; Gonidies vert jau- nâtres d'environ 0mm,010 de diamètre. Spermogonies se présentant sous forme de petits tuber- cules bruns, oblongs, d'env. 0,200 sur Omm,300, presque complètement immergés dans le thalle. Stérygmates presque simples. Spermaties longues d'environ Onm,035 de long, très minces, aciculaires et recourbées. { Sans action sur le thalle. | Teint en bleu la gélatine hyméniale. K Sans action. Ca cl Habit. — Espèce calcicole peu abondante : sur les pelouses sèches dans la moyenne montagne et autour de Besançon : la Citadelle, les Quatre-Vents, etc., etc. À Genève, au bord de l’Arve (J. Mull.). Coteaux des bords du Rhône, dans le Jura méridional. 40. PSOROMA FULGENS Kœrb., Syst., p. 118: J. Muli., Class., p. 378. Placodium fulgens D. C., F1. Fr. 2, p. 378; Nyl., Prod., p. 320. Lecanora fulgens Ach., L., p. 437. Parmelia fulgens Ach., Meth., p. 192. Lecanora friabilis Schær., En., p. 64. Exs. Mougeot, n° 1052. Thalle orbiculaire d'environ 3 à 4 cent. de diamètre, foliacé aux bords, submonophylle, lâchement adhérent au support, d’un jaune pâli par la pruine au centre, plus foncé à la cir- conférence où il est lobé, à lobes divisés crénelés. — 92928 — Apothécies moyennes, sessiles, à disque orange où rou- geûtre, à marge plus pâle qui disparaissant promptement les rend subbiatorines. Spores hyalines, simples, allongées de Omm (10 à Onm,011 de long, environ 4 fois p. 1. q. 1., renfer- mées au nombre de 8 dans des thèques cylindriques ou un peu resserrées au sommet d'environ Onm,050 à Onm,038 de long sur Onm 012 à Onm,013 de large. Paraphyses peu articu- lées, très agglutinées et peu renflées au sommet. Epithe- ciuin jaune vif. Thecium incolore. Hypothecium jaunâtre reposant sur une couche celluleuse hyaline très prompte- ment gonidifère. Gonidies d’un vert très jaunâtre de Omm,007 à Omm 008 de diamètre. Spermogonies se présentant sous forme de petits tuber- cules orangés, disséminés sur les lobes. Stérygmates arti- culés. Spermaties ovoïdales d'environ Omm,005 à Onm 004 de long ; 3 fois p. L. q. I. Gélatine hyméniale bleuissant par l’iode. | Sans action sur le thalle. Ca cl } K. Colore la couche corticale en violet pale. Habit. — Cette espèce est moins ordinairement calcicole que la précé- dente ; elle préfère même les sables un peu siliceux ; elle est du reste rare chez nous : dans les Vosges (Mougeot), à Genève, au bord de lArve (J. Mull.). — Commune sur les bords de l’Aïn et du Rhône, dans le Jura mé- ridional ! ! GENRE II ACAROSPORA Mass. Thalle crustacé ou beaucoup plus ordinairement squameux et alors cortiqué sur les deux faces, fixé au support par des hyphes médullaires. Apothécies variant de taille, souvent assez grandes, ou im- mergées et presque endocarpées, ou franchement lécano- rines. Spores simples, hyalines, très nombreuses, souvent plus de 100, descendant rarement de 50 à 25. Epithecium souvent coloré. Hypothecrium incolore. — 9929 — Spermogonies immergées, ne faisant saillie que par des ostioles noirâtres, complétement punctiformes. Spermaties oblongues. Siérygmates simples ou très peu articulés. HA Spores orandes 10, 11 X5,/64.2...,4;. Acar. squamulosa Th. Fries, Spores pelites 4, 51X 1,241/9%4..5.., 2 2. Squames grandes, blanches en dessous. Aipothéties grandes. 7.4... Acar. glaucocarpa Kœærb. Squames petites, noires en dessous. Aibothéciesaires peliles 1.4... Acar. smaragdula Mass. 1. AGAROSPORA GLAUCOCARPA K@ærb., Par., p. 57; Th. M. Fries, Aret., p. 88. Myriospora glaucocarpa Hepp, E. F.. n° 377; J. Mull., Class, p. 379. Lecanora cervina y glaucocarpa Nyl., L. Sc., p. 175. Lecanora glaucocarpa Ach., Vet., 1810, p. 151. Lichen glaucocarpus Wnbg., in Vet., 1806, p. 143. Exs. Hepp, F..E., 317; Flagey, 365. Thalle épais, cartulagineux en dessus, tartareux en dedans, formé de squames orbiculaires, aplaties, crénelées, adhé- rentes au support à l'exception du bord qui est libre, d’un brun roux ou verdätre en dessus, blanches en dessous. Apothécies grandes de 4 mill., 5 à 2 mill., 5 de diamètre, immergées dans le jeune âge, puis sessiles, ordinairement solitaires sur les squames, à disque brun couvert d’une pruine bleuätre, à rebord thallin élevé puis s’abaissant, de- venant flexueux et disparaissant. Spores oblongues, hya- lines, simples, de Onm,004 à Omm,006 de long, env. 2 1/2 à 3 {o1s p. L. q. l., renfermées en grand nombre (souvent plus de 100) dans des thèques renflées de Omm 060 à Omm 070 de long sur Omm,016 à Omm,018 de large. Paraphyses assez ro- bustes, très flexueuses, légèrement articulées et renflées au Sommet où elles sont très fortement agglutinées par une couche épithéciale d’un jaune brunâtre. Thecium et Hypo- thecium incolores, En dessous de l’hypothecium, mais à une — 930 — certaine distance, se trouve une couche gonidiale assez épaisse. Spermogonies entièrement immergées, à l'exception d’un pore très petit. Spermaties ellipsoïdales. Stérygmates sim- ples. F. depauperata Koœrb., Syst., p. 155. — Cette forme n’est autre que le type à thalle presque entièrement oblitéré. Bleuit fortement l'hyménium. Peu d'action sur le thalle. K. Sans action sur l’hyménium. Jaunit légèrement le thalle. Ca ci. Sans action. Habit. — Cette espèce, entièremént calcicole et nulle dans les Vosges, est assez répandue dans le haut Jura : en allant de Saint-Cergues à la Dôle (J, Mull.) ; Suchet, environs du Pont (Suisse) où elle est abondante ; murs des pâturages du Salève, etc., etc. 2. AGAROSPORA SQUAMULOSA Th. Fries, L. Sc., p. 243. Myriospora macrospora Hepp, E. F., n° 58. Acarospora castanea Kærb., Par., p. 58. Lecanora cervina 8 castanea Schær., En., p. 55. Exs. Hepp, E. F., n° 58; Flagev, L. F.-C.. n° 319. Thalle assez épais, cartilagineux en dessus, tartareux en. dedans, aréolé squameux, formé de squames appliquées, ar- rondies, d’un brun roux ou verdâtre en dessus, blanches en dessous et parfois bordées de blanc. Apothécies moyennes, ou petites, immergées dans le jeune âge, puis sessiles, en nombre plus ou moins grand sur les squames, souvent confluentes, à disque brun nu, plan, à re- bord thallin déprimé. Spores hyalines, simples, oblongues, de Omm,008 à Omm,012 de long, env. 2 fois p. L. q. L., renfer- mées en grand nombre dans des thèques renflées de Omm,075 à Omm, 080 de long sur Omm,017 à Omm 090 de large. Para- physes très flexueuses, un peu articulées et légèrement ren- flées au sommet où elles sont très fortement agglutinées par — 9231 — une couche épithéciale d’un jaune foncé. Thecium et Hypo- thecium incolores. Spermogonies du genre. Bleuit fortement l'hyménium. Peu d'action sur le thalle. K. Sans action sur l’hyménium ni sur le thalle. Ca el. Sans action. Habit. — Contrairement à l'Ac. glaucocarpa, V'Ac. squamulosa n'est “pas absolument calcicole, on pourrait même dire qn'elle préfère la mollasse _et la silice. Cette espèce se rencontre à peu près aux mêmes lieux que l'espèce précédente et en plus sur des blocs mollassiques de l’Arve (J. Mull.); dans les basses Vosges en plusieurs points. Elle est également assez abondante entre la gare de Mesnay-Arbois (Jura) et le village de Mesnay, contre des rochers calcaires où elle est associée à Psora testacea. Le type à face thalline supérieure entièrement brune et la forme leucop- sora Mass. à bordure blanche sont assez souvent mélangés. Les apothécies plus souvent nombreuses sur chaque squame et la différence de grandeur des spores distinguent facilement l’Ac. glaucocarpa de l’Ac. squamulosa. 3. AGAROSPORA SMARAGDULA Mass.; Kœrb., Par., p. 60 (pr. p.) Acarospora fuscata Th. M. Fries, L. Sc., p. 215. Myriospora smaragdula Hepp, E. F1., no 175. Lecanora cervina B castanea c. smaragdula Schær., En., p. 55. Lecanora badia Ach., Syn.. p. 154 (pr. p,). _Lichen fuscatus Schrad., Spic. FI. Germ. (1774). Exs. Hepp, n° 175; Flagev, L. F.-C., n° 268. Thalle mince, cartilagineux-tartareux, aréolé squameux formé de squames arrondies, séparées, souvent un peu con- vexes, d’un brun roux verdätre en dessus, notres en dessous. Apothécies petites, souvent punctiformes, ne dépassant guère 1 maill. en diamètre, immergées dans le jeune âge, puis légèrement sessiles, en nombre plus ou moins grand sur les squames, mais non solitaires, à disque brun, nu, fendillé ou papilleux à rebord thallin souvent déprimé. Spores hyalines, simples, cylindriques, de O"m,003 à 0"m,004 de long, env. 3 fois à 3 fois 1/4 p. 1. q. 1., renfermées en très nn grand nombre dans des thèques subcylindriques ou un peu ventrues, de Onm,058 à Onn,065 de long sur 0mm,016 à Onm ,OT8 de large. Paraphyses grêles, très flexueuses, peu articulées et peu renflées au sommet où elles sont très fortement ag- glutinées par une couche épithéciale brunâtre. Thecium et Hypothecium incolores. Spermogonies du genre. -F, sinopica:Nyl:, L. Sc., p. 175. — Thalle teint en brun rouge par loxyde de fer. Apothécies concaves et anguleuses. EF. endocarpoidea Smmfrt., Supp.. p. 107: — Apothécies com- plètement punctiformes. : i ( Bleuit fortement l’'Hypothécium, colore le Fhécium en rouge vineux. | Sans action sensible sur le thalle, K. Sans action. Ca el. Jaunit le thalle; la coloration passe souvent au rouge. . Habit. — Cette espèce est moins calcicole encore que la précédente ; on ne la rencontre dans nos limites que sur la silice : cailloux de l’Arve, blocs erratiques du Salève (J. Mull.). Environs de Champagney et de Remire- mont. Elle est-de plus très fréquente en Bresse sur les murs en pisé : en- virons de Bourg et de Saint-Amour (Flagey), de Lyon (docteur Magnin), éte., eic. GENRE II. PLACODIUM D:-C: Thalle cartilagineux, jaune d’or, orangé ou verdûtre, aréolé, fendillé au centre ou granuleux, toujours lobé et bien déterminé (dans une seule espèce, PI. citrinum, il est pres- que lépreux et les lobes ne sont visibles que dans quelques jeunes sujets), à lobes contigus aplatis et arrondis, ou con- vexes ei profondément incisés ; plus rarement à lobes très’ étroits et très espacés (PI. cirrochroum). Apothécies lécanorines, jaunes ou brunâtres. Spores au nombre dé 8 dans chaque thèque, hyalines, subquadrangu- laire ou largement ovales, polariloculaires. Paraphyses hya- lines ou peu colorées, articulées, renflées et facilement libres au sommet. Hypothecium reposant sur une couche gonidiale. — 9233 — Spermogonies petites, immergées, à ostiole peu saillant. Arthrostérigmates. Spermaties petites, subellipsoïdales ou brièvement cylindriques. A] 4. Spores subquadrangulaires élargies au mi- 9. Bords du thalle aplatis à lobes élargis.... PI. callopismum Mer. Bords du thalle convexes à lobes étroits.. PI. Heppianum (J. Mull.). 3. Rayons du thalle non contigus, très sépa- Rés ie RS ce ele in cu ia Ce date PI. cirrochroum Nyl. Rayons du thalle à peu près contigus..... 4 4%, Thalle lisse ou aréolé au centre, mais non DRAMUIEUXEES NS NID 0 LE R ANS, 5) Thalle granuleux au centre..,...... ete FO 9. Thalle développé, cortiqué sur les deux faces. Spermaties ellipsoïdales......,... PI. elegans D. C. Thalle peu développé, cortiqué seulement à la face supérieure. Spermaties bacillaires. PL. murorum Ny1. 6. Thalle jaune orangé foncé, à lobes bien vi- sibles\ a fa Circonférence. 4. 1.:....."n, PI. granulosum (J. Mull.). Thalle verdâtre, lépreux, à lobes rarement MAD OS UN Ne ame à PI. citrinum Hepp. 4. PLACODIUM ELEGANS D. C., FL. Fr., 9, p. 379; Nyi, Prod., 320. Lecanora elegans Ach., Syn., p. 182; Schær., En., p. 63. * Amphiloma elegans Kærb., Syst. p. 110; J. Mull., Class. p. 379. Caloplaca elegans Th. Fries, L. Sc. p. 168. ExSiSchær., L. H,, 338 ; Hepp, €. F1., 195. Thalle médiocrement adhérent au support, cortiqué sur les deux faces, développé, dépassant souvent 5 à 6 centim. en diam., de couleur jaunce-orangée très-vive tendant même au vermillon, à lobes contigus, flexueux, linéaires et con- vexes, non granuleux au centre. Gouches corlicales supé- meure et inférieure parenchymateuses ; la couche inférieure, quoique moins épaisse que la première, est parfaitement — 934 — visible et plus développée que dans les autres espèces du même genre. ; Apothécies sessiles, concolores, planes ou un peu concaves, à marge entière. Spores hyalines, orculiformes, très polari- loculaires, à séparation des loges très épaisse, ellipsoïdales, mais très atténuées aux extrémités, de Omm,010 à Onm, (14 de long, env. 2 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques cylindriques ou un peu ventrues de 0mm,032 à On 045 de long sur 0mm,012 à Onm.013 de large. Paraphyses hyalines jusqu’au sommet, mais légèrement agglutinées à ce point par une matière jaunâtre, presque libres, œrticulées surtout au sommet qui est renflé et presque globuleux. Ept- thecium d’un beau jaune. Thecium incolore. Hypothecium pâle reposant sur une couche gomidiale. Gonidies d'environ Omm OT à Omm,012 de diam. Spermogonies et Stérygimates du genre. Spermaties droites, elhpsoïdales, environ O®,008 de long, 4 fois p. 1. q. I. Sans action sur le thalle. do a. | Teint en bleu la gélatine hyméniale. | Donne à la couche corticale une belle teinte pourpre. K | Colore souvent l'Epithecium en violet, le Thecium et l'Hvpothe- cium n'étant pas modifiés. Ca cl. Sans action. Habit. — Espèce à peu près exclusivement silicicole. Elle est abondante sur les granites, les gneiss et les schistes dans les Vosges et dans les envi- rons de Genève. On la trouve cependant sur les calcaires, mais toujours dans le voisinage des roches siliceuses et elle y paraît comme égarée. 2. PLACODIUM CALLOPISMUM Mer., Par. Ed., 2, p. 184; NylsPnode, pere Lecanora callopisma Ach., Syn.. p. 184; Schær., En., p. 63. Amphiloma callopisma Kœærb., Syst. p. 110; J. Mull., Class. p. 379. Caloplaca callopisma Th. Fries, L. Sc., p. 169. Exs. Hepp, 907; Arn., Jura, 488; Flagey, 171, 172. Thalle étroitement adhérent au support, normalement — 935 — jaune foncé ou orangé, souvent blanchätre par décoloration, de plusieurs centimètres de diamètre, à contours largement arrondis, à lobes larges incisés, plans et contigus, aréolé, fendillé et de couleur un peu plus foncé au centre. Couche corticale supérieure celluleuse, couche corticale inférieure très peu visible. Apothécies sessiles, petites, de 0 mill., 5 à 1 mill., 5 de dia- mètre, à disque orangé, foncé, nu, plan, à marge épaisse un peu plus pâle, entière ou subcrénelée, disparaissant avec l’âge ; elles sont souvent confluentes et difformes. Spores hyalines, orculiformes, légèrement polariloculaires, sub- globuleuses , élargies au milieu, de Omm 010 à Omm 093 de long, env. 1 1/4 fois p. 1. q. |., renfermées au nombre de 8 dans des thèques oblongues, oboïivoïdales, de Onm 050 à On, 060 de long, sur Omm,016 à Omm 018 de large. Paraphyses hyalines jusqu’au sommet, mais légèrement agglutinées en cet endroit par une matière jaunâtre, presque libres, articu- lées surtout au sommet qui est moyennement renflé. Epi- thecium d’un beau jaune d’or. Thecium incolore. Hypothe- cium pâle reposant sur une couche gonidiale. Gonidies vert- jaunâtres d'environ Omm,009 à Omm 010 de diamètre. Spermogonies du genre. « Var. steropeum Stenh.; Th. Fries, L. Sc., p. 169. — Se dis- tingue du type par le thalle très peu lobé, presque indéterminé, et par les apothécies plus petites et plus enfoncées. Sans action sur le thalle. Teint en bleu la gélatine hyméniale. K { Donne à la couche corticale une belle teinte pourpre. | Colore l’Epithecium en rose un peu violet, Ca el. Sans action. Habit. — Le type est très abondant dans nos limites, depuis la plaine jusqu'aux soMimités : la Dôle, ete., ete. Il se présente sur les murs oxfor- diens des environs de Besançon une forme que nous avons publée sous le n° 172 dans les Lichens de Franche-Comté ; le thalle est presque entière- ment blanc; les apothécies tranchent vivement sur lui par leur teinte oran- gée. Ce fait de décoloration se produisant assez communément sur beau- — 936 — coup de Lichens, dont la couche corticale est teinte par lacide chrysopha- nique, nous n'avons pas cru devoir en faire une variété à part. La variété « est très rare dans nos limites, si même elle existe : roches perpendiculaires du Chasseron ?? Cette espèce si vulgaire chez nous est très rare aux envi- rons de Genève, ou M. Muller la signale seulement sur un très gros bloc calcaire entre la grande gorge du Salève et les carrières de Veyrier. 3. PLACODIUM HEPPIANUM. Amphiloma Heppianum J. Mull., Class. p. 379. Placodium callopisma Hepp., E. F., no 197. Callopisma murorum $ centrifugum Mass. Exs. Flagey, L. F.-C., n° 120; Arn., 380. Thalle orbiculaire étroitement adhérent au support, d’un beau jaune vif sur toute son étendue, non pruineux, lisse et luisant, de 2 à 5 cent. de diamètre, à lobes étroits, inci- sés-crénelés, toruleux. Apothécies sessiles, concolores au thalle ou légèrement plus foncées, à marge entière, disparaissant avec l’âge. Spores hyalines quadrangulaires, affectant presque la forme d'un losange, très polariloculaires, de Onm,012 à Omm,013 de Tong, environ À 3/4 à 2 fois p. L. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des fhèques oblongues de Onmn,048 à Omm,050 de long sur Omm 010 à Omm,014 de large. Paraphyses hyalines jus- qu'au sommet où elles sont articulées et fortement renflées, presque libres. Æpithecium d'un beau jaune d’or. Thecium et Hypothecium incolores ; ce dernier reposant sur une couche gonidiale. Spermogonies du genre. 1: Gélatine hyméniale bleuissant par-l'iode. 1. Sans action sur le thalle. K. Donne à la couche corticale une belle teinte pourprée. Ca cl. Communique à la couche corticale une légère teinte violacée. 4 Habit. — Cetle espèce est très répandue sur les deux versants du Jura, depuis la plaine jusque près des sommets; également abondante dans les environs de Genève et au Salève. Elle a été longtemps confondue avec le Plac. callopismum dont elle se distingue par son thalle de moindre dimen- 1 F3: dre LS — 937 — sion, lisse et luisant, de couleur jaune vif uniforme et non plus jaune orangé, par ses lobes très convexes et non plans, et enfin par ses spores beaucoup plus quadrangulaires. 4. PLACODIUM MURORUM Nyl, L. Se., p. 136. Caloplaca murorum Th. Fries, L. Sc. Amphiloma murorum Kærb., Syst. p. 111 (pro parte); J. Muil., Class., p. 379. Parmelia murorum Ach., Meth., p. 195. Lichen murorum Wnbg. Thalle orbiculaire, étroitement adhérent au support, de 1 à 2 centim. de diamètre. de couleur variant du juune orangé au jaune chamois, très souvent pruineux, aréolé verruqueux et plus foncé au centre, lobé à la circonférence, à lobes inci- sés-crénelés, convexes. Apothécies sessiles, à disque plan dans le jeune âge, puis devenant très promptement convexe, d’un jaune fauve ou orangé, à rebords plus pâles disparaissant promptement. Spores hyalines, orculiformes, ellipsoïdales ou parfois un peu réniformes, de Omm,008 à Omm,012 de long, env. 2 fois p. |. «4. 1., renfermées au nombre de 8 dans des thèques un peu resserrées au sommet, de Onm,048 à Omm 050 sur Omm 010 à Omm 012. Paraphyses hyalines jusqu’au sommet où elles sont articulées et fortement renfjlées, presque libres. Æpi- thecium d’un jaune orange, Thecrum et Hypothecium hya- lins ; ce dernier reposant sur une couche gonidiale. : Spermogonies du genre. Spermaties bacillaires, environ Onm,004 de long, 3 à 4 fois p. 1. q. I. « Var. vulgare Kœærb., Syst., p. 111; Flagey, L. F.-C., no 121. — Thalle jaune orange. Apothécies moyennes, presque conco- lores. B Var. lobulatum Hepp., E. F., n° 71. — Thalle petit, rouge vermillon, presque oblitéré par des apothécies petites et conco- lores. ÿ Var. pusillum J. Mull., Clas., p. 379; Flagey, L. F.-C., no — 9238 — 173. — Thalle en petites rosettes très élégantes, recouvert d’un pruine qui le rend jaune pâle. Apothécies rouge orangé à bord beaucoup plus pâle, disparaissant promptement. Gélatine hyméniale bleuissant par l’iode. I. Sans action sur le thalle. K. Donne à la couche corticale une belle teinte POntpRée Ca cel. N'a que peu d'action. Habit. — La var. « est vulgaire sur tous nos calcaires et sur les murs, mais principalement dans la plaine et la moyenne montagne : Montferrand, Besançon, Ornans, Pontarlier, Salève, etc., etc. La var. 8 est signalée sur un mur près de Veyrier par M. J. Muller ; elle se retrouvera probablement dans d’autres points de nos limites. La var. y est aussi répandue que la var &«, quoique beaucoup moins abondante, elle accompagne presque tou- jours le Plac. granulosum. Besançon, Arguel, Pontarlier, Salève, etc., etc. Quelques échantillons ont parfois un peu de ressemblance avec le Pla- codium elegans. L’habitat est très différent ; le premier est un lichen cal- cicole, le second est silicicole. Le Placodium murorum n’a pas de couche corticale inférieure, tandis qu’elle est bien distincte dans le PI. elegans. Dans celui-ci les spermaties sont elliptiques, tandis qu’elles sont bacil- laires dans celui-là. 5. PLACODIUM CIRROCHROUM Nyl., L. Sc., p. 137. Amphiloma cirrochroum Kærb., Par., p. 49; J. Mull., Class. p, 380. Galoplaca cirrochroum Th. Fries, L. Sc., p. 171. Lecanora cirrochroa Ach., Syn.. p. 181. Thalle petit, étroitement adhérent au support, aréolé, gra- nuleux au centre et recouvert de Sorédies citrines, terminé à la circonférence par de petits rayons étroits ‘un peu espa- ces. Apothécies très rares, petites, orangées. Spores de Omm 010 à Omm 015 de long, env. 2 à 2 1/2 fois p. 1. q. L. Tous les autres caractères concordent avec ceux du Placodium mu- TOTUMx. Habit. — Cette espèce est rare dans nos limites; elle est surtout sili- cicole et se trouve çà et là sur les rochers vosgiens. Dans le Jura, elle n’a guère été signalée qu’au Reculet par M. J. Muller. era M GES — 939 — 6. PLACODIUM GRANULCOSUM. Arphiloma granulosum J. Mull., Princ. de class., p. 380. Exs. Hepp, 908 ; Arn., 340 ; Flagey, 174. Thalle étroitement adhérent au support jaune foncé par- fois un peu orangé (diam. 5-15 mill.), à contours brièvement _ radiés-lobés, à lobes oblongs, obovés, plans ou un peu con- vexes, granuleux depuis le centre jusque près des bords, à grains rugueux sub-lobulés. Apothécies sessiles, petites, de O0 mill. 5 à À mill. de diam., à disque d’un jaune un peu brunâtre, nu, plan, à marge pro- fondément crénelée disparaissant avec l’âge. Spores hyalines, orculiformes, ellipsoïdales, obtuses aux deux extrémités, de Omm 010 à Omm,014 de long, 2 à 3 fois p. 1. q. 1., renfermées au nombre de 8 (très rarement 6-7) dans des thèques oblon- gues, obovoïdales, de Omm,050 à Gnm 055 de long sur Omm,019 à Omm 014 de large. Paraphyses hyalines jusqu’au sommet, mais légèrement agglutinées par une matière jaunâtre, pres- que libres, articulées surtout à la partie supérieure qui est moyennement renflée. Æymenium hyalin, excepté au som- met qui est jaune, Hypothecium pâle reposant sur une couche gonidiale. Gonidies vert-jaunâtres d'environ Omm,009 à Omm 010 de diamètre. Spermogonies du genre. Sans action sur le thalle. Ï RE ie Colore en bleu la gélaline hyméniale. K. Teint la couche corticale en rouge pourpre. Ca ci. Sans action. Habit. — Cette espèce, longtemps méconnue, a été découverte par M, J. Muller au Salève, au dessus du Pas de l’Echelle. Elle doit certainement être assez largement disséminée en France, elle est au moins très com- une dans nos limites sur les roches calcaires : Pontarlier, Ornans, Îles environs de Besançon et jusque sur les murs de la ville, etc., etc. = 0 7. PLACODIUM CITRINUM. Placodium murorum y citrinum Hepp, Eur. F1. n° 72. Amphiloma citrinum J. Mull., Class.. p. 380. Lecanora murorum y citrina Schær., L. ec. p. 64. Exs. Arn., Jura, 257; Flagey, 373. Thalle granuleux, lépreux, dé couleur citrine pâle ou un peu verdâtre, médiocrement adhérent au support, ordinai- rement indéterminé, si ce n’est dans le très jeune âge où on distingue quelquefois des lobes ineisés-crénelés analogues à ceux du PI. murorum. Apothécies sessiles, à disque plan dans le jeune âge, puis convexe, d'un jaune orangé un peu clair, à marge thalline plus pâle, granuleuse, disparaissant promptement. Spores hyalines, orculiformes, ellipsoïdales, un peu renflées au mi- lieu, de Onm 010 à Onm, 014 de long, env. 2 fois p. 1. q.1., renfermées au nombre de 8 dans des thèques presque cylin- driques ou un peu renflées au milieu, de 0mm,050 à Onm 060 de long sur 0mm,019 à Onm 015 de large. Paraphyses hyalines presque libres, grêles, un peu flexueuses, plus ou moins articulées au sommet où elles sont renflées. Æpithecium d’un jaune citrin un peu olivâtre. Thecium et Hypothecium incolores , ce dernier reposant sur une couche gonidiale épaisse. Spermogonies, Spermaties et Stérygmates analogues à ceux du PI. murorum. Bleuit la gélatine hyméniale. Sans action sur le thalle. K. Colore en rose violet la couche corticale. Ca cl. Sans action, Habit. — Cette espèce est très rare sur les roches siliceuses, quoique très abondante à la base des murs sur les mortiers contenant de la silice, éga- lement fréquente sur les tuiles plates aux lieux ombragés et un peu hu- mides. Elle est largement disséminée dans la plaine à la base des rochers calcaires peu exposés à la lumière. Très abondante, comme on le voit, à l’état stérile, elle est beaucoup plus rare en fructification, Re Le Placodium citrinum est une de ces espèces auxquelles il est difficile d’assigner une place bien certaine. Pour beaucoup d'auteurs, ce n'est qu’une forme lépreuse et maladive du PI, murorum; pour d’autres, M, Th. Fries, par exemple, cette espèce doit être placée dans les Eucaloplaca qui se distinguent des Placodium par leur thalle uniforme ; il est certain que, la plupart du temps, les lohes sont difficiles à constater même chez les jeunes sujets. On rencontre cependant parfois quelques échantillons qui en sont incontestablement pourvus, et cela nous a paru suffisant pour placer cette plante à côté du PI. murorum. C’est du reste l’avis de M. le docteur J, Muller. / GENRE IV. DIMELÆNA (Norm.) Beltram. Li Thalle cartilagineux, aréolé verruqueux ou squameux, coruqué seulement à la face supérieure, étroitement adhérent au support au centre, à contours foliacés, laciniés, déter- minés. Hypothalle noirâtre. Apothécies fermées dans le jeune âge, lécanorines, scu- telhiormes à rebord thallin plus ou moins persistant. Hypo- thecium reposant sur une couche gonidiale. Spores brunes, biloculaires, biscoctiformes. : _ Spermogonies immergées, à pore obscur. Stérygmates simples. Spermaties courtes droites ou très peu courbées. Ce genre sert de transition entre les Physcia et les vraies Rinodina dont il ne diffère que par le thalle à contours lobés et bien déterminés. Thalle jaune paille lobé radié.,,.,.........,... Dim. oreina Mass. Thalle brunâtre lobé squameux,....,..,...... Dim. nimbosa Arn. À. DIMELÆNA OREINA Kærb. Par. p. 59, J. Mull. Class. p. 380. Rinodina oreina Mass., Rich. (1852), p. 16. Psora oreina Næg. et Hepp, E. F., n° 120. Lecanora oreina Ach. Syn.. p. 181 ; Schær., £n., p. 167. Exs, Hepp, Æ. F1., 190. Thalle verruqueux, aréolé au centre, suborbiculaire, lobé, 16 -—— 249 — rayonnant à la circonférence, fortementadhérent au support d’un jaune paille un peu verdätre; hypothaile bleu noirâtre débordant les lobes. Apothécies moyennes de 0 mill., 5 à 0 mill., 7 de diamètre, déprimées à disque d’un orun-notrdtre, non pruineux, à re- bord thallin élevé, entier et persistant. Spores petites, brunes, biscoctiformes ovoïdales, très obtuses aux extrémités, très peu resserrées au milieu de Omn,(M0 à Omm, (11 de long, à peine 2 fois p. |. q. |. renfermées au nombre de 8 dans des thèques un peu renflées au sommet de Omm,080 à Omm 035 de long sur 0 mm, 010 à Omm,011 de large. Paraphyses enche- vêtrées, assez grêles, hyalines à la base, bruhâtres au sommet où elles sont un peu articulées, renflées et très cohérentes. Epithecium brun verdâtre sur une forte épaisseur. Thecium: et Hypothecium incolores. Spermogonies du genre. ({ Bleuit l'hyménium. | Sans action sur le thalle. Sans action ni sur l’hyménium n1 sur le thalle. Ca cl Habit. — Espèce saxicole et silicicole assez commune dans les hautes Alpes de la Suisse, très rare dans nos limites : sur quelques blocs cris- tallins du Grand- See (J. Mull.). N'a pas encore été signalée dans les Vosges, quoiqu’elle doive probablement s’y trouver. 2. DIMELÆNA NIMBOSA Th. Fr., Arct., p. 95. Psora nimbosa Hepp, E. F. Diploicia nimbosa Kærb., Par., p. 117. Rinodina nimbosa J. Muli., Class., p.380. Parmelia amniocola &. nimbosa Schær., En., p. 54 Exs. Flagey, L. F.-CG.. nos 314, 370. Thalle tartareux, squameux, à squames brunâtres, prui- neuses, crustacées au centre où elles sont fortement adhé- rentes au support, crénelées, lobées, imbriquées à la circon- férence. # — 943 — Apothécies de O0 mill., 5 à 4 mill. de diam. innées, à disque brun noirâtre, pruineux, au moins dans le jeune âge à rebord thallin élevé, entier et peu persistant. Spores grandes, brunes, biscoctiformes, ellipsoïdales : obtuses aux extrémités ou souvent atténuées à un bout, de Omm,018 à Omm,090 de long, Env 2 101 p. 0. |. renfermées au nombre de 8 dans des thèques largement enflées et épaissies au sommet de Omm,035 à Omm,042 de long sur Omm,012 à Omm,015 de large. Para- physes enchevêtrées, hyalines à la base, brunâtres au sommet oùelles sont articulées, renflées et médiocrement cohérentes. Epithecium brun verdâtre sur une assez grande épaisseur. Thecium et Hypothecium incolores ou faiblement colorés. Spermogonies du genre. Teint l’hyménium en passant au violet. a action sur le thalle. K_ Vi Sans action ni sur lhyménium ni sur le thalle. Carcin) Habit. — Dans les fissures des roches calcaires au sommet du Jura; le Chasseral, le Chasseron, la Dôle, mais toujours peu abondante; parait manquer dans les Vosges, quoiqu’elle ne soit pas absolument calcicole ; est à rechercher sur les sommets du Hohneck et lieux voisins. Le mode de classification qui consiste à faire une tribu séparée des Lé- canorées à thalle à contours déterminés servant de transition entre les Lichens foliacés et les Eulécanorées a des avantages, surtout pour-les-dé- butants auxquels il fournit un caractère visible à l'œil nu. On ne peut cependant se dissimuler qu’il présente l'inconvénient d'éloigner des plantes bien voisines ; les Dimelæna devraient certainement se placer près des Ri- nodina, et la Dim. nimbosa notamment prés de la Rin. amniocola. TRIBU XII EUILÉCANOREÉES Nyi. Thalle à contours indéterminés, contenant des gonidies. Apothécies ordinairement lécanorines, plus rarement sub- biatorines, ou pseudo-pyrénocarpées. Spores très variables comme formes, divisions, ou couleurs. LE — 244 — Stérygmates simples ou articulés. Spermaties ordinaire- ment grêles, souvent difficiles à observer. &; (ee) Spores hyalines simples. -......:...40 40. 2 Spores hyalines cloisonnées transversalement.. 3 Spores hÿalines murales:...:...,....:4,. 4.0. 5 Spores brunes murales.........,...... sou Urceolaria Fw. . Apothécies toujours lécanorines. Spores ordi- nairement rangées dans les thèques en série double et au nombre de 8 (quelques Aspicilia exceptées). Paraphyses cohérentes et simples. Lecanora J. Mull. Apothécies souvent endocarpées, plus rarement lécanorines. Spores ordinairement rangées en série simple et au nombre de moins de 8 (ra- rement 8). Paraphyses lâches et rameuses.... Pertusaria D. C. Spores hyalines, à deux loges, plus ou moins polariloculaires (excepté 2 espèces). Sperma- ties courtes, cylindriques. Arthrostérygmates. Câloplaca J. Mull. Spores hyalines, bi-quadriloculaires, jamais po- : à : ù e lariloculaires ; thalle non jaune. Spermaties aciculaires, courbes. Stérygmates simples... 4 Spores brunes, bi-loculaires...... di ST he Rinodina Mass. . Spores bi-quadriloculaires, oblongues, arrondies AUX CXITÉTMILES SR PARIS PEN ER Er Lecania Mass. Spores bi-loculaires, allongées, aciculaires.. ... Hæmatomma Mass. . Spores ellipsoïdales arquées ou arrondies aux extrémitest se Un RTS RL OUR Phlyctis Nyl. Spores allongées, limaciformes, ou fusiformes., Thelotrema Ach. GENRE I. CALOPLACA J. Mull. /addit. sp. nonnul.] Thalle crustacé ordinairement uniforme, aréolé, granu- leux, ou finement squameux, cortiqué seulement à la face supérieure, adhérent au support par un hypothalle amorphe. Apothécies sessiles, rarement innées, lécanorines ou quel- quefois presque biatorines à rebord thallin existant seul ou recouvrant plus ou moins un rebord formé par l’excipulum proprium. Spores hyalines, oblongues, à 2 loges, ordinai- rement poluriloculaires, rapprochées seulement dans 2 où 3 espèces. Paraphyses cohérentes. Hypothecium incolore. — 9245 — Spermogonies immergées ne faisant saillie que par un Ostiole punctiforme. Spermaties grêles, le plus souvent droites. Stérygmates ordinairement rameux. 4. Apothécies brunes ou noires.....,..,.,.., 2 Apothécies jaunes ou rouges.....,.,,..... 3 2. Thalle peu déterminé, légèrement aréolé, d’un brun noir plombé. Hypothalle noir débordant souvent... 4... Thalle tout à fait indéterminé, pulvéru- lent, d’un gris violet foncé. Hypothalle biancpeu Visible te ns cr Tin Thalle légérement déterminé, de couleur plus claire. Hypothalle blanc visible.... Cal. Spores polariloculaires.. ......,......... 4 Spores bi-loculaires à logettes rapprochées. 9 . Apothécies d’un rouge ferrugineux, à re- bord thallin très peu visible........... Apothécies non rouges, ou à rebord thallin très visible, au moins dans le jeune âge. 5 hhalle non pulvérulent..:..5..,.....:2., 6 Thalle blanc farineux, pulvérulent (saxi- cole). "2" RDA REA NT ARE Let ee Cal Thalle lépreux, pulvérulent, verdâtre (cor- tieicole). 2 Mr EU DR ee RDA Cal. . Thalle jaune ..... NE CR ON AR A fl Thalle d’une autre couleur que jaune.... 8 . Thalle contigu d’un jaune pâle. Spores ovoïdales quelquefois 4-loculaires...,., Cal. Thalle jaune-orange tirant parfois au noi- râtre, verruqueux. Spores toujours bi- loculaires, quadrangulaires............ . Thalle blanchâtre. Rebord des apothécies à peu près concolore, Spores ovoïdales. Cal, Thalle de couleur variable. Rebord des apothécies persistant et toujonrs de même cvuleurique le thalles 1%. Mr in Cal. Spores au nombre de 2% au moins par GES MER NET A RP NS TE Cal. Spores toujours au nombre de 8 par the- TE ETES CPE M D TN IE Cal Cal. Cal. Cal. chalybæa J. Mull.… agardhiana (Kærb.). | variabilis JT. Mull. . ferruginea Th. Fries. . Lailavei (NyL.) phlogina (Nyi.) ochracea (J. Mull.). aurantiaca Th. Fries. pyraceæ Th. Fries. cerina Th. Fries. vitellina Th. Fnries. . lutea-alba Th. Fries, Lo * SPORES À LOGES POLARILOCULAIRES 4. CALOPLACA CHALYBÆA J. Mull., Class, p. 388; Th'Eries L'Sc; p4402 Placodium chalybæum Næg. et Hepp, E. FI., n° 204. Lecanora chalybæa Schær., 1. c., p. 69. Pyrenodesmia chalybæa Kærb., Par., p. 68. Exs. Flagey, L. F.-C., no 218. Thalle assez épais, cendré brunûâtre ou même noirâtre, plus rarement de couleur claire, aréolé au centre, ordina1- rement indéterminé, quelquefois cependant à bords un peu radiés et définis. Apothécies petites de O0 mill., 5 à 4 mill. de diamètre, im- mergées dans le Jeune âge, puis saillanies, à disque noir souvent recouvert d'un pruine bleuâtre, à marge mince très entière. Spores ellipsoïdales, orculiformes, hyalines, de Omm,019 à Omm 014 de long, env. 2 fois p. l. q. L renfermées au nombre de 8 dans des thèques ventrues, atiénuées à la base, de Omm,040 à Omm 050 de long sur Onm 010 à Omm,019 de large. Paraphyses hyalines, simples, articulées, peu ren- flées au sommet. Æpithecium brun pâle. Thecium et Hypo- thecium incolores, ce dernier reposant sur une couche gonidiale. Spermogonies du genre. {_ Colore en bleu les thèques et la gélatine hyméniale. | Sans action sur le thalle. K. Colore en rouge violet pâle la couche corticale. Ca cl. À peu près sans action. Habit. — Espèce calcaire assez largement distribuée dans nos limites ; assez abondante sur les petits rochers calcaires des pelouses aux envi- rons de Besançon, dans la moyenne montagne et dans les mêmes condi- tions à Ornans, Morteau, Pontarlier, Frasne, etc., etc. Se retrouve égale- ment sur les hauts sommets du Chasseral au Reculet. Le docteur Th. M. Fries dit que les paraphyses, ainsi que celles du Cal. variabilis, sont brunes au sommet. En pressant un peu sur la prépara- mn tion, ce qui les rend libres, on voit qu’elles sont complètement hyalines, mais agglutinées par une substance épithéciale brunûtre. 2. CALOPLACA AGARDHIANA. Blastenia agardhiana J. Mull., Class. p. 403. Placodium agardhianum Hepp, E. Fl., 407. Callopisma agardhianum Kærb., | Syst. p'4191 Lecanora agardhiana Ach.; Schær. Enum.. p. T6. Exs. Hepp, 407 ; Flagey, 313 (forma achrustacea). Thalle mince, gris cendré ou violet bleuâtre, indéterminé, à hypothalle blanc très peu visible, contigu ou très peu aréolé. Apothécies innées dans le jeune âge, puis sessiles à disque brun très peu pruineux, à marge thalline épaisse très entière. Spores ellipsoïdales, orculiformes, hyalines de Omm,009 à Omm,013 de long, env. 2.fois p. 1. q. L. renfermées au nombre de 8 (quelquefois, mais rarement 12-20) dans des thèques fortement ventrues de 0mm,045 à Gmm,055 de long sur 0mm,019 à Omm 018 de large. Paraphyses hyalines, simples, peu arti- culées et peu renflées au sommet. ÆEpithecium jaune clair. Thecium et Hypothecium incolores, ce dernier reposant sur une couche gonidiale. Spermogonies du genre. Colore en bleu la gélatine hyméniale. Sans action sur le thalle. K. Donne une coloration rosée très légère au thalle. Ca cl. Sans action. : I Habit. — Très répandu dans tout le haut Jura, au Reculet, à la Dôle (J. Muil.). Plus rare dans la plaine : environs de Besançon, etc., etc. Cette espèce n’est probablement qu'une variété du Caloplaca variabilis dont elle ne diffère guére que par son thalle toujours indéterminé, par ses apo- thécies élevées, à marge plus épaisse, plus arrondies et beaucoup moins pruineuses, — 248 — 3. GALOPLACA VARIABILIS J. Mull., Class., 987; Th. Fries, L° SC. p 4142 Placodium variabile Nvyl., L. Sc., p. 138. Lecanora variabilis Ach., Un.. p. 369. Pyrenodesmia variabilis Kærb., Par. p. 61. Lichen variabilis Pers. Exs. Hepp, 74. Thalle peu épais de couleur variable assez souvent limité par un hypothalle blanc, moins aréolé au centre que le Cal. chalybæa. Apothécies très souvent recouvertes d’une pruine blan- châtre. Les autres caractères ne diffèrent pas de ceux du Cal. chalybæa. a Var. genuina J. Mull., Class., p. 287. — Thalle d’un gris cendré obscur ou un peu brunâtre. Apothécies à marges blan- châtres. | B Var. ochracea Kœærb., Syst.; J. Mull., Claus. — Thalle ochracé coloré par l’oxyde de fer. Apothécies d’un brun noir, à marges plus claires. y Var. albescens J. Mull. — Thaile blanchâtre à contours plus nets, moins fendillé. Apothécies brunes à marges blanchâtres. { Colore en bleu les thèques et la gélatine hyméniale. | Sans action sur le thalle. K. Coilore en violet pâle la- couche corticale. Ca cl. Sans action. Habit. — Espèce calcaire largement répandue dans nos limites. La var. « commune sur les rochers des pelouses autour de Besançon, sur les rochers à la citadelle et à la Chapelle des Buis, à Ornans, Pontarlier, etc., etc., au pied du Salève (J. Mull.). La var. 8 sur les rochers à fleur de terre, dans les vieux chemins sur les terrains ferrugineux : Torpes, Tho- raise, etc., etc. Au pied du Colombier (J. Mull.). La var. y est beaucoup plus rare ; imdiquée par M. Muller près de Mornex au pied du Salève. 0940 — 4. GALOPLACA CERINA Th. Fries, L. Sc., p. 173. Callopisma cerinum Kærb., Syst. p. 127; J. Mull., Class., p. 287. Lecanora cerina Ach., Univ., p. 390; Ny1., L. Sc., p. 144. Lichen cerinus Ehrh. Thalle très variable, bien visible ou nul, granuleux, aréolé ou presque lisse, blanchâtre, cendré, bleuâtre ou verdâtre, souvent limité dans quelques variétés par une ligne hvpo- thalline bleu-noirâtre. Apothécies élevées de 1 mill. à 4 mill., 5 de diam. à disque de couleur variable, jaune, rouge où verdâtre mais toujours bordé par-une marge thalline assez large, entière, persis- tante et concolore au thalle quelle que soit la coloration du disque. Spores ellipsoïdales hyalines, polariloculaires, à loges non réunies par un conduit, de Omm 010 à Onm,018 de long, env. 2 fois p. 1. q. L., renfermées en nombre de 8 dans des thèques élargies au milieu et au sommet de Omm 048 à Omm,052 de long sur Omm,OÂ1 à Onm 0143 de large. Paraphyses hyaïines, articulées, un peu renflées au sommet où elles sont médiocrement agglutinées par une couche épithéciale jaune un peu brunâtre. Thecium et Epithecium incolores ; ce der- nier reposant sur une couche gonidiale. Spermogonies coniques, saillantes, éparses sur le thalle. Stérygmates très rameux. Spermaties droites très grêles longues de Omm,002 à Omm,004. a Var. Ehrharti Schær., Enum., p. 148. — Thalle presque nul ou blanchâtre. Apothécies à disque jaune pâle, à marge gris clair. 5 Var. stillicidiorum Œd., F1. D, T. 1063, f. 2. — Thalle gra- nuleux, blanc cendré. Apothécies à disque un peu plus jaune que dans la var. « dont elle ne diffère guère que par l'habi- tat. Mar cyanolepra D: C.; Exs. Flagey, ZL. F.-C.,:n°9 177: — Thalle assez étendu, granuleux, d’un gris cendré bleuâtre sou- og — vent limité par l’Hypothalle. Apothécies d’un jaune pâle à marge entière épaisse concolore au thalle. à Var. chlorina Fw. (Kærb., Par.). — Thalle épais, aréolé, bleu-verdätre. Apothéeies à disque d’un jaune obscur. 2 n’est guère que la forme saxicole de la précédente. e Var. chloroleuca Sm.; Th. Fries; Exs. Flagey, 372. — .Thalle très granuleux grisâtre. Apothécies à disque d’un vert olivâtre pruineux à marge presque de même couleur ou un peu plus grisätre. ; & Var. hœmatites Chaub.; Exs. Flagey, L. F.-C., no 193. — Thalle granuleux d’un gris bleuâtre. Apothécies souvent un peu. difforme, à disque d’un beau rouge ferrugineux. | { Colore en bleu la gélatine hyméniale. | Sans action sur le thalle. K. Colore en rose violet la couche corticale. Ca cl. À peu près sans action. Habit, — Cette espèce est très répandue et très abondante dans nos limites, au moins pour certaines variétés. La var. « sur les vieux bois, les sureaux, etc., etc. La var. 8 est rare sur les vieilles mousses dans les fentes des rochers de nos montagnes calcaires : le Salève (J. Mull.), le Pont près Vallorbes (Flagey). La var y est vulgaire sur nos arbres, parti- culhèrement sur les peupliers et les noyers à écorces lisses. La var. à assez rare sur les blocs grauitiques du Salève et des Vosges. La var. € sur la . mousse dans les fentes des rochers au sommet de la Dole, du Chasseron et du Mont-d'Or. Enfin la var. £ aux mêwes lieux que la var. y avec laquelle elle est souvent mélangée. Rue 3. CALOPLACA PHLOGINA. Placodium cerinum.e. phloginum Br. et Rostr., Tan. p. 79. Caloplaca citrina Th. Fries, L. Sc., p. 176 (pr. parte). Lecanora phlogina Nyl., L. P. 491 : Prod be Lichen citrinus y. flavus Wnbg., Cu p. 833. Exs. Flagey, L. F.-C., no 194. | Thaile mince granuleux, non déterminé, couvert de petits « grains d’un jaune verdâtre, comme lépreux. Hypothalle M blanchâtre. Apothécies movennes, de 0 mill., 5 à À mill., 5 de diamètre, — 951 — peu élevées, à disque d’un beau jaune-orange clair, planes ou un peu convexes, à rebord thallin entier ou très peu gra- nuleux, assez persistant, de même couleur que le disque, ou un peu plus pâle, mais non de même teinte que le thalle. Spores ellipsoïdales, hyalines, polariloculaires, les loges assez souvent réunies par un étroit conduit, de 0m®,010 à Onm,016 de long, env. 2 fois p. L. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques cylindriques de Omm,6048 à Onm,050 de long sur Omm,010 à Omm, 011 de large. Paraphyses hyalines, articulées, un peu renflées au sommet où elles sont légère- ment agglutinées par une couche épithéciale d’un beau jaune d’or. Thecium et Hypothecium incolores ; ce dernier repo- sant sur une couche gonidiale. Spermogonies très peu connues. Colore en bleu la gélatine hyméniale. Sans action sur le thalle. _K. Colore en rose violet la couche corticale. Ca cl. Sans action. I Habit. — Cette espèce est assez rare dans nos limites. On la rencontre ça et là dans les environs de Besançon sur l'écorce crevassée des vieux saules : Routelle, Grandfontaine ; près d’Amange (Jura), etc., etc. 6. CALOPLACA AURANTIACA Th. M. Fries, L. Se., p. 177. Callopisma aurantiacum Kærb., Syst., p. 129 (excel. à). Blastenia aurantiaca J. Mull., Class., p: 402. Lecanora aurantiaca Nyl., Prod. p. 67 et L. Sc., p. 142. Lichen aurantiacus Lightf.. F1. Scot., 1771. Thalle granuleux, rugueux, quelquefois cependant pres- que lisse dans certaines variétés, jaune ou citrin, plus rare- ment blanchâtre ou noirâtre à hvpothalle d’un noir cendré, débordant souvent. Apothécies petites de À à 2 mill. de diam., sessiles, à disque orange, plan et bordé par une marge très entière, mais deve- nant promptement convexe par la disparition du rebord. (En — 9252 — plus du rebord formé par l’excipulum proprium, on peut constater dans les jeunes apothécies une seconde marge thalline très mince et crénelée). Spores presque carrées, mais à côtés formés par une ligne légèrement courbe, hya- lines, très polariloculaires, les deux loges situées à l’extré- mité de la plus grande diagonale, de Onm,013 à Onm,016 de long environ 1, 1/4 fois p. L. q. 1. (Dans le jeune âge les deux loges communiquent souvent par un étroit conduit). Elles sont renfermées au nombre de 8 dans des thèques ventrues, un peu resserrées au sommet où les parois sont épaissies de Omm,046 à Onm,0950 de long sur 0"m,015 à Omm 017 de large. Paraphyses hyalines, articulées, renflées au sommet où elles sont agglutinées par une couche épithéciale d’un beau jaune d'or très adhérente. Thecium et Hypothecium imcolores : ce dernier reposant sur une couche gonidiale. Spermogonies du genre. Type. — Exs., Flagey, 175, 176. « Var, flavo-virescens, Exs. Hepp. n° 198. — Thalle rugueux, aréolé d'un jaune verdâtre un peu pâle. Apothécies orangées ordinairement bialorines. 6 Var. rubescens. Exs Hepp. nos 636-637. — Thalle souvent oblitéré, offrant par places un aspect noirâtre. Apothécies oran- gées, flexueuses et souvent difformes. y Var. placidium Mass., Lich. Ital., no 241; Exs. Arn., Jura, 111. — Thalle jaune orangé, aréolé. Apothécies rouge orangées, à rebord proéminent dans le jeune âge. è Var. inalpina. Exs. Lojka, 121. — Thalle mince, finement aréolé, pulvérulent, d’un jaune blanchätre. Apothécies oranges, très petites et peu proéminentes. e Var. velana Kœærb., Par.; J. Mull., Class.; Exs. Flagey, 512: — Thalle très mince, presque lisse, d’un jaune ochreux. Apothé- cies petites, saillantes, d’un rouge orangé brillant. Bleuit la gélatine hyméniale. | Sans action sur le thalle. K. Colore la couche corticale en pourpre violacé intense, Ca cl. Avive seulement les couleurs de la couche corticale. I — 953 — Habit. — La var. « se trouve surtout dans nos plaines, sur les murs et les rochers calcaires ombragés et un peu humides ; sur la mollasse à Ge- nève (J. Mull.). La var. B est très abondante sur les sommités du Jura, sur- tout au Reculet. La var. y est également abondante sur les mêmes som- mités depuis le Chasseral et au Salève (J, Mull.). La var. 5 est rare : au Salève (J. Muli.). La var. s, également peu commune, se trouve au sommet du Chasseron, près du Crêt de la Neige, au dessus de Crozet (J. Mull.), à la Dôle. Elle est plus abondantes sur les sommités calcaires de la Grande- Chartreuse : Grand-Som, etc. 7. CALOPZACA PYRACEA Th. Fries, L. Sc., p. 178. Callopisma luteo-albuim Kærb., Syst, p. 128. Lecanora pyracea Nyl., L. Sc., p. 145. Lecidea luteo-alba y pyracea Ach., Un., p. 207. Lecidea aurantiaca Smrfs , Supp., p. 169. Thalle très mince, rugueux, granuleux d’un blanc cendré faisant souvent défaut. Apothécies petites de 0 mill., 3 à O0 mill., 6 de diam., innées d’abord, puis sessiles, à disque d’un beau jaune orangé, plan et bordé en dehors par une marge thalline plus claire, sou- vent crénelée et visible seulement dans le très Jeune âge, puis en dedans par un rebord formé par l’excipulum pro- prium, mince et beaucoup plus persistant. Spores ovoïdales hyalines, très polariloculaires, à loges non réunies par un conduit, de Onm,010 à Onm,015 de long, env. 2 fois p. !. q. 1., renfermées au nombre de 8 dans des thèques allongées, cy- lindriques ou même un peu resserrées au sommet d'environ Onm,055 à Omm,060 de long sur Omm,009 à Omn,011 de large. Paraphyses hyalines, peu renflées et peu articulées, excepté au sommet où elles sont moyennement agglutinées par une couche épithéciale d’un beau jaune d’or. Thecium et Hypo- thecium incolores ; ce dernier reposant sur une couche go- nidiale. Spermogonies très peu connues. « Type. Exs. Flagevy, L. F.-C., n° 178. — Semblable à la des- cription ci-dessus. ce ODA 6 Var. holocarpa (Ehrh.). — Thalle nul. Apothécies plus grandes et souvent difformes ou anguleuses. | Colore en bleu la gélatine hyméniale. Sans action sur le thalle. K. Ou sans action sur le thalle ou lui donne une teinte rosée, Ca cl. Sans action. : | Habit. — Cette espèce, sans être nulle part très abondante, est cepen- dant répandue dans nos limites. La forme type se rencontre sur les peu- pliers et surtout sur les noyers où elle est presque toujours associée à la Lecania fuscella, comme le fait très bien observer le docteur Fries et _ comme on pourra le constater dans nos exsiccatas. Elle n’est pas rare non plus sur les rochers calcaires du Doubs, du Jura et du Salève ; on la ren- contre enfin sur les rochers siliceux des Vosges, mais moins fréquemment. La var. 6 est assez commune sur les vieiltes palissades de chêne dans la plaine et surtout sur les clotures en sapin des montagnes. Les caractères qui distinguent cette espèce de la Caloplaca aurantiaca sont peu tranchés, le thalle est grisâtre au lieu d’être jaune, mais il fait le plus souvent défaut, les apothécies sont plus petites, plus longtemps marginées, les spores sont d’1/4 plus courtes ; elles sont ovoïdales au lieu d'être quadrangulaires. À l’aide d’une simple loupe, on la distingue encore plus difficilement de la Caloplaca luteo-alba avec laquelle elle a été con- fondue par la plupart des auteurs ; mais ici le microscope ne laisse point de doute, les spores de cette dernière étant à loges contigues et non po- lariloculaires. 8. CALOPLACA LALLAVEÏ. Galoplaca erythrocarpa Th. Fries, L. Sc.. p. 184. Placodium teicholytum D. C., F1. Fr. VI, p. 185. Blastenia erythrocarpea Kærb., Syst., p. 183. Lecidea erythrocarpia var. Schær.. En., p. 145. Parmelia Lallavei, E. Fr. p. 121. Exs. Flagey, L. F.-C., no 219, * Thaïlle peu épais, d’un blanc grisâtre, granuleux, pulvéru- lent, assez souvent bien limité et presque orbiculaire, légè- rement radié-lobé aux bords. | Apothécies petites, de 0 mill., 5 à À mill. de diamètre, sail- lantes, souvent très nombreuses et contigues, ce qui les rend difformes ; typiquement orbiculaires, à disque plan d’un beau rouge, à rebord plus pâle, épais et régulier, puis devenant — 955 — flexueux et ondulé Spores ellipsoïdales ou plus souvent atténuées aux deux extrémités, hyalines, orculiformes, de Qnn,019 à Oum,014, environ 4 4/2 à 4 3/4 fois p. L. q. L., ren- fermées au nombre de 8 dans des trèques ventrues, ordinai- rement resserrées au sommet, très atténuées à la base, de Oum, 055 à Omm,060 de long sur Omm,014 à Onm,016 de large. Paraphyses hyalines, simples, articulées, assez robustes, assez fortement renflées au sommet et agglutinées par une couche épithéciale d’un jaune orange. Thecium et Hypotrne- cium incolores. Ce dernier reposant sur une couche goni- diale. _ Spermogonies peu étudiées. I K * Sans action sur le thalle. Ca cl Habit. — Espèce calcaire peu commune dans la plaine autour de Be- sançon sur les murs et les rochers des pelouses ; assez abondante près du couvent de Mont (commune de Montferrand). Cette espèce est méridionale et ne dépasse guère notre latilude. Elle est nnile dans nos montagnes. Très abondante en Algérie. 9. GALOPLACA FERRUGINEA () Th. Fries, L. Sc., p. 182. Fe Blastenia ferruginea Kærb., Syst., p. 183; J, Muli., Class., p. 403. Lecanora ferruginea Nyl., L. Sc., p. 143. Lecidea ferruginea Smrft., Supp., p. 168. - Lichen ferrugineus Huds., F1. Angl., p. 5%. Thalle blanc cendré pius ou moins foncé, souvent peu vi- sible, souvent, au contraire, limité par un hypothalle plus (1) La plupart des auteurs prétendant que l'excipulum ne contient pas de gonidies ont placé cette espèce dans les Lécidées. Le docteur Th. Fries fait remarquer que le fait est complètement vrai pour la variété genuina ; Siau contraire, on observe la variété ammiospila qui, du reste, ne se trouve pas dans nos limites, on remarque que la couche gonidiale forme non-seulement une marge épaisse, mais qu’elle se continue sous l’Hypo- thecium. Nous avons, pour cette raison, placé cette espèce dans les Calo- placa (Lécanorées) et non dans les Blastenia (Lécidées). —_ 56 — foncé ; à croute d’abord lisse, puis aréolée ou verruqueuse. Apothécies de 4 à 2 1/2 mill. de diamètre, à disque d’un rouge ochreux, tirant parfois sur le brun foncé, d’abord planes et bordées par une marge entière ordinairement non thalline, puis convexes et non marginées. Spores hyalines, polariloculaires, les deux loges ordinairement réunies par un étroit conduit, ellipsoïdales, de Omm,010 à Onm,016 de long, env. 2 fois p. 1. q. |., renfermées au nombre de 8 dans des thèques un peu élargies au sommet d'environ Omm,0338 à Omm 045 de long sur Omm 011 à Omm,013 de large. Para- physes assez grêles, peu articulées et peu renflées, un peu jaunâtres au sommet où elles sont agglutinées par une couche épithéciale jaune brunâtre. Thecium et Hypotheciuwm hya- lins ; ce dernier ne reposant pas sur une couche gonidiale, au moins dans les variétés habitant nos limites. Spermogonies assez semblables à celles du Cal. cerinu. a« Var. genuina Koœrb., Syst., p. 183; ExS. Flagey n°256. Thalle mince, bianchâtre, plus ou moins aréolé. Apothécies ses- siles, à disque d’un rouge ochreux, plan, puis convexe avec l’âge, bordées par une marge persistante formée par l’excipu- lum proprium. La forme muscicola Exs. Hepp. n° 401 ne varie guère que par le support qui se compose de mousses sèches, comme l'indique son nom. | 8 Var. festiva Schær., [. c. p., p. 144. — Thalle mince, cen- dré, souvent nul. Apothécies un peu plus petites que dans la var. «, devenant assez promptement convexes et immarginées. Colore en bleu la gélatine hyméniale. Sans action sur le thalle. K, Colore la couche corticale en rouge violacé. Ca cl. Sans effet. I Habit. — La var. « est on ne peut plus commune dans la plaine sur les cerisiers et les noyers. Elle est beaucoup plus rare dans nos montagnes, où on la trouve quelquefois sur les branches des sapins. La var. 6 se ren- éontre assez fréquemment sur les granites et les schistes des Vosges, ainsi que sur les blocs erratiques du Salève. Elle est nulle sur le calcaire du Jura ; M. Muller la signale cependant dans ces conditions au Salève, mais dans “ voisinage des blocs siliceux. — 957 — 10. CALOPLACA OCHRACEA. Lecanora aurantiaca v. ochracea Nyl., Alger., p. 325. Lecidea aurantiaca var. Schær., Enum.. p. 149. Xanthocarpia ochracea Mass. Patellaria ochracea J. Mull., Class., p. 393. Callopisma ochraceum « callosine Kremp. Lich. F1. Bay. p. 163. Exs. Flagey, L. F.-C., no 192. Thalle uni, lisse, de couleur ochracée très pâle, à hypo- thalle plus clair. Apothécies de O0 mill., 5 à 4 mill. de diamètre, sessiles, à disque d’un beau jaune orangé très vif, d’abord concaves, puis devenant avec l’âge planes et même convexes, à marge entière et persistante. Spores hyalines, 2-4 loculaires (deux loges bien visibles sont polariloculaires, puis l’espace qui les sépare est partagé par deux autres beaucoup moins dis- tinctes), allongées, de Omm,016 à Onm,018 de long, env. 3 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques ven- trues, de Onm,045 à Omm,048 de long sur 0mm,015 à Omm, 016 de large. Paraphyses grêles, hyalines renflées au sommet, simples ou articulées, assez fortement agglutinées. Epithe- cium d’un beau jaune d’or. Thecium et Hypothecium inco- lores ; ce dernier reposant sur une couche gonidiale. Spermogonies peu connues. { Bleuit la gélatine hyméniale. | Sans action sur le thalle. K. Donne au thalle une teinte d’un beau violet. Ca, cl. Sans action bien sensible. Habit. — Espèce excessivement commune dans nos plaines et nos moyennes montagnes Jurassiques. Sur les roches calcaires à Besançon, Montferrand, Ornans, Pontarlier, etc., ete. Complètement nulle dans les Vosges. 17 — 92583 — x SPORES A LOGES CONTIGUES, NON POLARILOCULAIRES. 11. CALOPLACA LUTEO-ALBA Th. Fr., L. Sc., p. 190. Biatorina pyracea Kærb., Syst., p. 190. Lecanora cerina v. pyracea Nyl., L. Sc., p. 145 (pr. parte). Gyalecta persoonianc Ach. Syn., p. 10. Lichen luteo-albus Turn. Thalle très mince, finement granuleux, blanchätre, rare- ment visible, plus souvent complètement nul. Apothécies de 0 mill., 5 à 4 mill. de diamètre, innées dans le jeune âge, puis sessiles, à disque primitivement d’un beau rouge orangé, plan et à marge entière un peu plus claire, puis devenant convexe, immarginé et de teinte plus foncée en vieillissant. Spores hyalines, biloculaires, à loges rappro- chées, ellipsoïdales, de Omm 010 à Omm,012 de long, environ 3 fois p. L. q. 1., renfermées au nombre de 8 dans des thè- ques presque cylindriques, de Onm,038 à Omm 045 de long, sur Omm,009 à Omm 011 de large. Paraphyses assez grêles, peu articulées et peu renflées, un peu jaunâtres au sommet où elles sont légèrement agglutinées par une couche épithé- ciale jaune-brunâtre. Thecium et Hypothecium incolores ; ce dernier reposant sur une couche gonidiale. Spermogonies du genre. Bleuit la gélatine hyméniale. Sans action sur le thalle. K | Sans action bien marquée sur le thalle. Ca el Habit. — Cette espèce, qui est si fréquente dans les environs de Paris et à Fontainebleau, est beaucoup plus rare dans nos limites : à Pontarlier près de la Cluse sur de vieux ormes ; à Remiremont, dans les mêmes con- ditions, etc., etc. ‘ 12. GALOPLACA VITELLINA Th. Fries, L. Sc., p. 188. Placodium vitellinum Br. et Rostr., Dan., p. 80. — 959 — Candelaria vitellina Kærb., Syst., p. 121. Lecanora vitellina Ach., Univ. p. 403. Lichen vitellinus Ehrh., Exs. n° 155. Thalle indéterminé, ordinairement continu, lépreux, gra- nuleux, formé de petits grains arrondis d’un jaune vitellin, à hypothalle blanchâtre disparaissant promptement. Apothécies de 0 mill., 5 à 1 mill., 5 de diamètre, sessiles, à disque primitivement concolore au thalle, plan et à marge entière ou granuleuse, puis devenant difformes en vieillis- sant, et d’un jaune brunätre pendant que la marge souvent persistante devient flexueuse et irrégulière. Spores hyalines, d’abord simples, puis bi-loculaires, à logettes rapprochées, ellipsoïdales, de Omm,010 à Omm,015 de long, environ 2 1/2 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 20-30 dans des thèques élargies au sommet et très atténuées à la partie in- férieure, de 0,052 à Omm,060 de long sur 0mm,009 à Omm,010 de large. Paraphyses hyalines, assez grêles, presque libres dans toute leur étendue, simples ou un peu rameuses, très peu renflées au sommet et peu articulées. Epithecium jaune verdâtre. Thecium et Hypothecium incolores, ce dernier re- posant sur une couche gonidiale. Spermogonies du genre. a Var. aurella Ach.; Arn., Flora, 1878. — Thalle discontinu, disparaissant même quelquefois entièrement. B Var. areolata Schær., Enum., p. 80. — Thalle d’un jaune d'œuf subaréolé granuleux. y Var. xanthostigma Th. Fries; Exs. Arn., 660. — Thalle mince, lépreux, à granulations dispersées très petites. Bleuit la gélatine hyméniale. Sans action sur le thalle. K. Sans action. Ca cl. Sans action. il Habit. — La var. « se rencontre assez rarement sur les vieilles mousses des montagnes. La var. 8 est très commune sur les pierres siliceuses, par- ticulièérement sur les murs en grès des Vosges et les pierres de taille. La var, y est assez abondante sur les vieilles poutres de chêne, plus rarement —_ 960 — sur les écorces; quelquefois sur les sapins au Salève (J. Mull.). Les trois variétés sont disséminées dans toutes les Vosges; la var. y se trouve aussi sur les bardeaux et les clotures de sapins dans le haut Jura. L'espèce est rare dans les plaines du Doubs et du Jura. GENRE II. RINODINA (Ach.) Stizenb. Thaïle crustacé, uniforme, cortiqué seulement à la face supérieure, adhérent au support sur toute sa surface, indé- terminé. Hypothalle noirâtre souvent persistant. Apothécies fermées dans le jeune âge, lécanorines, scu- telliformes, à rebord thallin plus ou moins persistant. Hypo- thecium reposant sur une couche gonidiale. Spores brunes, biloculaires, biscoctiformes. Spermogonies immergées s’ouvrant par un ostiole obscur. Stérygmates simples. Spermaties courtes, droites ou très peu courbées. La confusion a régné très longtemps dans le classement des espèces corticicoles de ce genre; c’est à M. Arnold, l’éminent lichénologue de Munich, que revient l’honneur d’avoir apporté la lumière dans la détermination de ces espèces. (Voir Frag- ment XXIV, p. 20.) Dans nos limites, nous n’en rencontrons que trois dont la distinction sera désormais très facile. 1 NESpeces cortieicoles APE EnRe 2 Espèces saxicoles.,,......... Ne ent 4 HSpèces terricoles. a enr CU Men 5 2, Epithecium coloré en violet par la potasse.... Rin. colobina Arn. Hpithecium nonicoloné ee te PEER 3 3. Thalle brunâtre ou obscur....... A na ... Rin. Sophodes Th. Fr. Thalle blanchâtre ou cendré. clair.......,..... Rin. exigua Arn. 4. Thalle épais, très aréolé, subverruqueux...... Rin. lecanorina Mass. Thalle mince, granuleux, souvent presque nul. Rin. Bischoffii Kærb. 5, Thalle gris plus ou moins obscur. Apothécies urcéolées, puis concaves ; rebord persistant. Rin. turfacea Kærb. Thalle blanc cendré rougeâtre plus pâle. Apo- thécies devenant convexes; rebord fugace.,, Rin. amniocola Kærb. — 9261 — 4. RINODINA COLOBINA Th. Fries, L. Sc., p. 205; Arnold, Frag. 24. Rinodina leprosa Kœrb., Par., p. 72; J. Mull., Class., p. 388. Rinodina virella Kærb., Syst., p. 124. Parmelia obscura v. leprosa Schær., En., p. 38. Lecanora colobina Ach., Univ., p. 358. Exs. Hepp, E. FT., 55 (dextr.); Flagey, n° 185. Thalle mince, lépreux, verruculeux, indéterminé, d’un bleu cendré verdâtre ou livide ; hypothalle un peu plus pâle. Apothécies petites, environ 1/2 mill. de diamètre, adnées ou un peu immergées, à disque plan d’un noir opaque, à rebord thallin plus pâle, entier, épaissi, devenant flexueux par l’âge, bien visible et persistant. Spores brunes, biscocti- formes, ellipsoïdales, obtuses aux deux extrémités, un peu resserrées au milieu, de Omm,017 à Omm 019 de long, environ 2 fois p. 1. q. L. renfermées au nombre de 8 dans des thèques un peu ventrues, de Omm,038 à Omm,042 de long sur Omm 012 à Onm 016 de large. Paraphyses robustes, un peu flexueuses, hyalines à la base, un peu brunâtres au sommet où elles sont renflées et peu cohérentes. Epithecium mince d’un brun violacé pâle. Thecium incolore. Hypothecium d’un jaune assez visible, reposant directement sur une épaisse couche gonidiale. Spermogonies du genre. ( Donne à l’hymenium une teinte bleue persistante. | Sans grande action sur le thalle. Donne à l’epithecium une teinte d’un bleu violet caractéristique. Teint également en violet la couche corticale. Ca cl. Sans action sensible ni sur l’hymenium, ni sur le thalle. Habit. — Cette espèce est assez rare dans nos limites : sur des peupliers d'Italie près de Dole (Jura). M. J. Muller l’a également récoltée sur un vieux peuplier au pied du Salève près des Etrembières. 069 — 2. RINODINA SOPHODES Arnold, Frag. 24; Th. Fries, 1 SC 0 199; Rinodina horiza J. Mull., Class., p. 388 ; Kœrb., Par., p. 71. Psora horiza Hepp, E. FI. Parmelia sophodes E. Fr., p. 149. Lecanora sophodes Ach., L. U., p. 357. Thalle mince, lépreux, verruqueux, indéterminé, d’un brun marron noirâtre ; Hypothalle foncé. Apothécies très petites ou moyennes, presque sessiles ou à peine émergées, à disque plan d’un brun noir foncé, à rebord thallin entier, épaissi, plus pâle, bien visible et per- sistant. Spores brunes, biscoctiformes, ellipsoïdales, obtuses aux deux extrémités, un peu resserrées dans le milieu, de Onm,016 à Omm,020 de long, env. 2 fois à 2 1/4 p. IL. q. I. ren- fermées ordinairement au nombre de 8 (quelquefois jus- qu’à 20) dans des thèques un peu renflées au sommet de Omm,048 à Omm,050 de long sur Omm,015 à Omm 016 de large. Paraphyses assez robustes, un peu flexueuses, hyalines à la base, assez fortement brunâtres au sommet où elles sont 3 ou 4 fois articulées, renflées et peu cohérentes. Epithe- cium brun jaunâtre foncé assez épais. Thecium incolore. Hypothecium jaunâtre reposant sur une couche gonidiale. Spermogonies du genre. « Type. Exs. Hepp, E. F1., nos 410, 883. — Semblable à la description ci-dessus. B Var. albana Mass; Flagey, n° 368. — Thalle très étendu. Apothécies grandes un peu moins obscures que dans le type. y Var. maculiformis Hepp, E. F., 79; Flagey, L. F:-C., no 369. — Thalle brun, lépreux. Apothécies plus petites, peu sail- lantes, planes, confluentes devenant souvent un peu angu- leuses ( Bleuit l’hymenium. | Saus action sur le thalle, — 9263 — N'a pas d'action sur l’epithecium. Brunit légèrement le thalle. Ca cl. Sans action. K Habit. — Cette espèce, quoique rare et peu abondante dans nos limites, parait assez largement disséminée. M. le docteur Muller l'indique sur quelques hêtres isolés au dessus de Thoiïry, au pied du Reculet. Nous avons rencontré la var. &« au Mont-d'Or (Doubs), puis au ballon de Giro- magny et un peu plus abondante au Hohneck (Vosges) sur des hêtres à la limite des arbres; la var. $ assez abondante sur les érables au dessus du village de Vaulion, et la var. y sur les troncs de sapins coupés au Mont-d’Or et sur des planches de barrière à Romainmotiers. Les Rinodina colobina et sophodes sont très voisines. Dans cette dernière, le thalle est plus brunâtre; la réaction caracté- ristique de la potasse sur l’'Hymenium en permet la distinction immédiate. Quoique normalement la Rin. sophodes n'ait que 8 spores par thèque, nous en avons compté quelquefois jusqu’à 20, notamment dans notre échantillon de Hepp. 3. RINODINA PYRINA Arn., Flora, 1881; Th. Fries, L.Se., p. 201. Rinodina metabolica Kærb., Syst., p. 133; J. Mull., Class.. p. 388. Psora exigua Næg. et Hepp. Lecanora atra a exigua Schær., En.. p. 72. Lecanora periclea Y exigua Ach., Un., p. 356. Lichen exiguus Ach., Prod., p. 69. Exs. Arn., Jura, 109; Flagey, L. F.-C., 315. Thalle mince, granuleux, verruqueux, indéterminé, blan- châtre, ou blanc cendré ; Hypothalle très peu visible. Apothécies très petites, atteignant à peine 1/2 mill. en diamètre, adnées, à disque plan ou un peu convexe, d’un brun noir foncé, à rebord thallin blanchätre, entier et dis- paraissant souvent avec l’âge. Spores brunes, biscoctiformes, ellipsoïdales , obtuses aux deux extrémités, un peu resser- rées dans le milieu, de Omm,016 à Omm 020 de long, environ 2 fois p. l. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thè- ques presque cylindriques, de Omm,050 à Onm,052 de long sur A Omm,016 à Omm,019 de large. Paraphyses grêles, flexueuses, hyalines en bas, un peu brunâtres au sommet où elles sont 3-4 fois articulées, renflées et peu cohérentes. Epithecium mince, brun jaunâtre. Thecium et Hypothecium incolores. Spermogonies du genre. { Bleuit l’hymenium. | Sans action sur le thalle. { Sans action sur l’hymenium. | Jaunit visiblement le thalle. Ca cl. Sans action appréciable. ll Habit — Espèce beaucoup plus rare dans nos limites que les deux pré- cédentes, ou du moins moins connue : sur de jeunes sapins du Jura au dessus de Crozet (J. Mull.), sur de vieilles planches à Genève près du pont de la Bâtie (Flagey). Nous croyons avoir observé la var. Friesana Duby, reconnais- sable à son thalle plus jaunâtre, presque ochreux, à apothécies très promptement dépourvues de rebord thallin, sur des murs en pisé près de Bourg; mais ce fait est à vérifier. 4. RINODINA LECANORINA Mass., Sched. crit., (1855) prtseiTh Er LrSe. Mischoblastia lecanorina Mass., Rich. (1852), p. 41. Psora atrocinerea x Hepp, E. F1. Exs. Hepp, E. F1., 412. Thalle tartareux, frès aréolé, fendillé, à aréoles planes, subverruqueuses , d’un gris cendré ou brunâtre ; hypothalle peu visible. Apothécies moyennes atteignant À mill. de diamètre, innées, à disque noir, plan, ne dépassant pas le thalle, à rebord thallin plus élevé, subgranuleux, persistant, de teinte plus pâle. Spores brunes, biscoctiformes, ellipsoïdales, atténuées aux deux extrémités, souvent resserrées au milieu, de Omm, 014 à Onm,018 de long, env. 2 fois p. 1. q. f., renfermées au nombre de 8 dans des thèques fortement élargies au sommet, — 9265 — de Onmn,045 à Onm,050 de long, sur Omm,018 à Omm,020 de large. Paraphyses flexueuses, robustes, hyalines à la base, brunes au sommet où elles sont 5, 4 fois articulées, très fortement renflées et lâchement cohérentes. Thecium et Hypothecium colorés en brun jaunûtre. Spermogonies du genre. I Teint l’hymenium en bleu, puis en rouge vineux. Sans action sur le thalle. K ca à | Sans action sur l’'hymenium ni sur le thalle. Habit. — Rochers calcaires du Grand-Salève au dessus de Monétier (J. Mull.). 9. RINODINA BISCHOFFII Kœrb., Par., p. 75; J. Mull., Class., p. 388. Psora Bischoffii Hepp, E. F., n°s 81 et 411. Zeora lenticularis à bimarginata Fw., L. F1. n° 45. Thalle mince, granuleux, farineux, indéterminé, d’un gris blanchâtre ou plus souvent bleu cendré, se confondant ordi- nairement avec la pierre ; hypothalle non distinct. Apothécies de grandeur variable, ordinairement de 0,5 à 0,7 mill. de diamètre, mais atteignant quelquefois 4 mill. à 4 mill., 5, sessiles ou complètement immergèes, à disque plan ou légèrement convexe, d’un noir opaque, à rebord thallin mince, entier, et peu persistant, ce qui les fait pa- raître assez souvent immarginées. Spores brunes, biscocti- formes, ellipsoïdales, très obtuses aux extrémités, tantôt resserrées, tantôt élargies au milieu, de Omm,016 à Omm 018 de long, environ 2 fois à 2 fois 1/4 p. I. q. L., contenues au nombre de 8 dans des thèques ventrues de Omm,040 à Omm,045 de long, sur Omm,017 à Omm,020 de large. Paraphyses fle- _ Xueuses, assez robustes, hyalines à la base, brunes au som- met où elles sont articulées et très renflées, et assez cohé- — 9266 — rentes. Epithecium brun. Thecium et Hypothecium inco- lores, ou plus ou moins brun-jaunâtre. Spermogonies du genre. a Var. protuberans Kœærb., Par., p. 75; Flagey, L. F.-C., 259. — Apothécies ordinairement grandes, sessiles, à marge dis- paraissant assez promptement. Thecium jaune très pâle. Hypo- thecium jaune plus foncé. B Var. immersa Kœærb., Par., p. 75; Exs. Flagey, n° 184. — Ne diffère de la var. « que par les apothécies plus petites, com- plètement immergées, à marge encore plus rare. y Var. confragosa Hepp., E. Fl., n° 411; J. Mull., Class., p. 388. — Thalle plus blanchâtre, granuleux, aréolé. Apothécies plus convexes, à marge persistant plus longtemps. Hypothalle souvent un peu noirâtre. Thecium et hypothecium ordinaire- ment incolores. Bleuit l’hymenium. Sans action sur le thalle. K Sans action sur l’hymenium ni sur le thalle. Ca cl. Sans action sur l’'hymenium ni sur le thalle. I Habit. — La var. « est largement disséminée sur nos calcaires et ordi- nairement assez commune : le Reculet, la Dôle, le Salève (J. Mull.), Pon- tarlier, Salins et les environs de Besançon ; la var. 8 aux mêmes lieux sur- tout dans la plaine : la Citadelle, Bregille, Beure où elle est plus abondante encore que la var. &. La var. y sur quelques points des hautes Vosges et sur les rochers sidérolitiques du mont Salève (J. Mull.). 6. RINODINA TURFACEA Th. Kr., Arct., p. 126, J. Mull., Cluss,°b°1388: Psora turfacea Hepp, E. FI. Lecanora sophodes B turfacea Schær., En., p. 70. Exs. Hepp, E: FI., no 83. Thaïile tartareux, verruqueux, granuleux, indéterminé, parlois gris ou blanc cendré, plus souvent brun roux ; hypo- thalle non distinct. Apothécies grandes atteignant À mill., 5 de diamètre, ses- — 967 — siles, à disque urcéolé puis concave ou plan d’un noir brun, à rebord thallin élevé, entier ou légèrement crénelé, persis- tant. Spores grandes, brunes, biscoctiformes, ellipsoïdales ou réniformes, resserrées ou élargies au milieu, peu obtuses, presque atténuées, de Omm, 022 à Omm 030 de long, env. 2 à 2 1/2 fois p. I. q. L., contenues au nombre de 8 dans des thè- ques fortement renflées au sommet de Omm 058 à Onm 062 de long sur Omm,020 à Onmm 092 de large. Paraphyses flexueuses, assez robustes, hyalines à la base, brunes sur une grande longueur au sommet où elles sont articulées, fortement ren- flées et assez cohérentes. Epithecium brun-jaunâtre sur une forte épaisseur. Thecium un peu teinté. Hypothecium de teinte plus foncée. Spermogonies du genre. Bleuit l'hymenium. Sans action sur le thalle. K : : se | Sans action ni sur l’hymenium ni sur le thalle. Habit. — Espèce terricole qui ne se rencontre que sur les mousses et dans les fentes des rochers de nos hauts sommets calcaires : la Dôle, le Colombier (J. Mull.), le Chasseral et le Chasseron (Flagey.) 7. RINODINA AMNIOCOLA Koœærb., Par., p. 73; J. Mull,, IClass., p. 388. Rinodina mniaræa Th. Fr., L. Se.. p. 194 (pr. p.). Lecanora turfacea v. amniocola Nyl., L. Se., p. 151. Lecanora amniocola Ach., Syn.. p. 156; Schær., En., p. 54. Exs. Hepp, E. FI., 82. Thalle aréolé ou légèrement squamuleux, membraneux, indéterminé, d’un blanc cendiré un peu rougeûtre ; hypo- thalle noir disparaissant promptement. Apothécies grandes atteignant À mill., 5 de diamètre, ses- siles, & disque devenant promptement convexe, d’un noir- brun foncé, à rebord thallin entier disparaissant prompte- — 968 — ment. Spores grandes, brunes, biscoctiformes, ellipsoïdales, resserrées ou élargies au milieu, moyennement obtuses, de Onm,026 à Onm,035 de long, env. 2 à 2 1/2 fois p. [. q. I., ren- fermées au nombre de 8 dans des thèques enflées au sommet et ventrues, de Omm 060 à Omm,065 de long, sur 0m,020 à Onm,093 de large. Paraphyses flexueuses, assez robustes, hyalines à la base, brunes sur une grande longueur au som- met où elles sont articulées, fortement renflées et assez co- hérentes. Epithecium jaune-brunâtre foncé sur une forte épaisseur. Thecium un peu teinté. Hypothecium de teinte plus foncée. Spermogonies du genre. Bleuit l’hymenium. . Sans action sur le thalle. K Sans action ni sur l'hymenium ni sur le thalle. Ca cl | ù Habit. — Sur les mousses dans les fentes des rochers au sommet du Reculet et de la Dôle (J. Mull.). Cette espèce ressemble beaucoup à la Rin. turfacca dont elle n’est peut être qu'une simple variété; il est plus facile de les distinguer sur le terrain qu'au moyen d’une description. La Rin. turfacea a en général le thalle d’un gris brun plus obscur; les apothécies d’abord urcéolées deviennent concaves, le rebord thallin est assez persistant; tandis que dans la Rin. amniocola le thalle est plus pâle, plus rougeâtre; les apothécies devien- nent promptement convexes, le rebord thallin disparaît promp- tement. Tous les autres caractères n’offrent pas de différence sensible. GENRE III. LECANORA Nyl. (pr. p.); J. Mull., Class. Thalle crustacé, cortiqué seulement à la face supérieure, fixé au support par des hyphes médullaires. Apothécies sessiles, ou plus rarement immergées, à rebord thallin. Spores simples, hyalines, ellipsoidales, presque tou- jours au nombre de 8 dans les thèques (quelquefois cepen- dant, par exception, 12-32). Gélatine hyméniale bleuissant — 9269 — ordinairement par l’iode. Spermogonies immergées, à Stérygmates simples, ou peu articulés. 1. Apothécies sessiles, sans ligne noire au bord du disque en dedans du rebord thallin (non zéorines ). Spores grandes dépassant Oum, 040. (Ochrolechia Mass.)....,.,....... 2 Apothécies comme ci-dessus, ou plus innées, mais Spores ne dépassant pas Onm,020 à Onm,030, et souvent plus petites. (Eulecanora Kærb.). 3 Apothécies ou sessiles, ou innées, mais avec une ligne noirâtre plus ou moins distincte au bord du dis- que, en dedans du rebord thallin. Spores moyennes. (Zeora Kœærb.). 8 Apothécies innées et assez fortement urcéolées. Spermaties aciculaires. Casmieulio Mass)... 10 . Disque des apothécies testacé, non HDMI CUS RSR Rte ... Lec. tartarea Ach. Disque des apothécies pâle, ou carné, toujours plus ou moins pruineux. Lec, pallescens Schær. Spores au nombre de 8 dans les thé- CESR rs ue ee mao Ad Dpores 12-32,....,,., DÉERER RO Lec. Sambuci Nyl. . Intérieur de l’apothécie noir ou vio- IERonCe. 5... A de du Lec. atra Ach. Intérieur de l’apothécie blanc ou de OEM DAlE. in ae ss) D Dballe brun-noiratre...... 1... Lec. badia Ach. Thalle blanc cendré ou un peu livide, MONNAIE de. ee sie ER AC Thalle jaune ou tirant un peu sur le TONER CAE A 7 Thalle ou cendré, ou glauque, ou verdâtre mais apothécies très pe- LS | O0 © — 92170 — tites, ne dépassant pas 0,8 mill. de diamètre, souvent agglomérées à disque carné, ou brun roux, à re- bord trés fugace:..,...1.... =... LeC: . Apothécies normalement plus gran- des que 0,8 mill. Thalle, rebord et disque souvent pruineux, à rebord persistant, ordinairement crénelé. halle KR ee or Lec. Apothécies normalement plus gran- des que 0,8 mill., à disque peu pruineux, à rebord persistant. Thalle KE ........ ot eut Lec. Apothécies normalement plus gran- des que 0,8 mill., à disque presque toujours pruineux, à rebord per- sistant non pruineux. Thalle K +. Lec. Apothécies normalement plus petites que 0,8 mill., innées, souvent ag- glomérées. Thalle, rebord et dis- que ordinairement pruineux. Re- bord persistant, entier et épais. Espèce saxicole. Thalle K —..... Lec. Apothécies normalement plus petites que 0,8 mill., apprimées, non ag- glomérées, à disque peu pruineux, à rebord persistant entier et très épais. Thalle K —....... ne. iLec. Apothécies normalement plus petites que 0,8 mill., sessiles, non agglo- mérées, à disque seul pruineux, à rebord persistant mince et crénelé. Thalle RP et en nEre , Lec. Spermaties grêles flexueuses....... Lec. Spermaties plus robustes, falcifor- MES En a NO A ER EE Lec. Thalle jaune soufré. Apothécies jaunerlivide EME En tr Tee: Thalle d’un blanc glauque......... 9 Apothécies carnées, ou brunûtres, ordinairement très pruineuses. Bord entier peu persistant..... ir Dec. Apothécies grandes, noirâtres, à bord pâle, crénelé, persistant,... Lec. piniperda Kærb. dispersa FIk. subfusca Ach. pallida Kærb. agardhianoides Mass Flageyana J. Mull. Hageni Ach. varia Nyl. effusa Th. Fr. sulphurea Ach. rimosa Schær. cenisia Ach. — 9271 — Apothécies petites, noirâtres, à bord foncé, contracté... ........ Lec. coarctata Ach, 1UPPESpéce terricole............,..... Lec. verrucosa Nyl. Espèce corticicole. ...... ouest. EC. MULAbISENYI. Espèces saxicoles ...,,..,,...,,.,. 11 41. Apothécies pruineuses, très varia- bles/de formes #.....4...... Lec.-calcarea Smmrit. Apothécies non pruineuses....... 12 127 Apothécies noires. ...,.:......1. 19 Apothécies carnées ou brunes. halle conunu.....:.......,.., Lec. ceracea (Arn.). Apothécies rousses ou brunes. Hhallesaréole 0%... Lec..lacustris Th. Kries. 43. Thalle brun ou noirâtre. Apothé- CIS HOITES. 0. eee baithoui re Lec. coracina Hepp. Thalle d’un blanc glauque ou DERTEUXEE eee RE DA | 14. Apothécies moyennes. Thalle K +. Lec. cinerea Smmrft. Apothécies moyennes. Thalle K —, Lec. gibbosa Nyl. Apothécies très petites, punctifor- MES R ceos ie Le ....,. Lec. cinereo-rufescens Th. Fries. En rédigeant la clef anatomique de ce groupe, nous avons pu voir combien nous avions raison de dire à la page 57 de notre introduction que le résultat nous paraissait bien douteux et que dans certains cas il devrait être bien difficile de s’y reconnaitre. Un de ces cas se présente évidemment dans l’étude du genre Lecanora. Les transitions sont tellement nombreuses que sou- vent, avec des exemplaires complets cependant, on peut hésiter entre la Lec. subfusca et la Lec. Hageni, entre celle-ci et la Lec. pimperda. Quant à la distinction des Lec. varia et effusa, le caractère tiré des spermaties, quoique certain, est très dif- ficile à constater ; nous disons, quoique certain, et cependant le docteur Th. Fries avoue qu’une fois au moins il a trouvé dans le même échantillon des spermaties grêles et flexueuses, et d’autres plus robustes et falciformes. Le caractère tiré des ré- actions chimiques est encore plus insuffisant, tous les résultats ont peu de stabilité. Si, en étudiant un échantillon complète- ment, et en examinant successivement tous les caractères qui peuvent servir à le nommer, on reste indécis, comment veut-on — 972 — que deux lignes d’une clef analytique puissent faire cesser cette indécision. Ce qui vaudra toujours beaucoup mieux, c’est l’ex- périence et la sûreté de coup d’œil qu’elle donne, qui permet- tront presque toujours à première vue de donner un nom exact. L'étude des organes intérieurs pris isolément, tels que formes et dimensions des spores, des thèques et des paraphyses, cou- leur de l’hymenium et de l’hypothecium, n’offre guère plus de certitude dans certains cas que la couleur du thalle ou la di- mension des apothécies et ne servira qu’à vérifier les dénomi- nations données par l’expérience. 4x OCHROLECHIA Mass., Rich., p. 30; Kœrb., Syst., p. 149. Apothécies sessiles, non zéorines, spores grandes de Omm, 040 à Onm,070. 1. LECANORA TARTAREA Ach., L. U., p. 371; Nyl., LS, pi 4197; Ah Er ENS er ep 10288 Ochrolechia tartarea Kærb., Syst., p. 150. Parmelia tartarea Ach., Meth., p. 165; Kr., L. E.. p. 133. Lichen tartareus Linn., Sp., p. 1141. Exs. Schær., L. H., 541. Thalle épais, cortiqué seulement à la face supérieure, gra- nuleux où à verrues agglomérées, souvent sorédié, d’un blanc cendré ou glauque. Hypothalle lisse et concolore par- fois débordant fortement. Apothécies grandes ou moyennes variant entre 2 et 6 mill. de diamètre, sessiles, à disque plan, non pruineux, testacé, à rebord thallin grisâtre, entier ou granuleux, très épais. Spores simples, hyalines, ellipsoïdales, de Omm,040 à Omm,070 de long, environ 2 fois p. 1. q. l:, renfermées au nombre de 8 dans des thèques ventrues très grandes, de Onm 150 à Omm, 200 de long sur Omm,055 à Omm 060 de large. Paraphyses — 973 — grêles, flexueuses, hyalines, peu articulées et non renflées au sommet où elles sont légèrement agglutinées. Epithecium jaune un peu verdâtre, assez épais. Thecium et Hypothecium incolores ; ce dernier reposant sur une large couche goni- diale. Spermogonies verruqueuses, à ostiole à peine saillant, ce qui les rend difficiles à apercevoir, ovoïdales, à tissu corné. Sterygmates linéaires, simples ou légèrement rameux, de Onm 015 à Onm,016 de long. Spermaties droites, aciculaires, courtes de Onm 005 à Omm,006. [ ; Sans action sur le thalle. Teint en bleu l'hyménium. K. Teint en jaune le thalle et le disque des apothécies. Teint en rose foncé le thalle, dans la plupart des échantillons. Teint en rose foncé le disque des apothécies. Cette dernière réaction est plus constante que celle du thalle. Ca cl Habit. — Espèce saxicole et silicicole absolument nulle dans le Jura; assez répandue sur les hauts sommetl vosgiens : ballon de Servance, Ro- tabac, Hohneck, etc., etc. Se retrouve également au Salève sur les blocs erratiques (J. Mull.). 2. LECANORA PALLESCENS Schær., En., p. 78; J. Mull., Glass, p.382; Th. Fr., L. Sc:,.p! 995: Ochrolechia pallescens Kærb., Syst., p. 149. Lecanora parella Nyl., L. Sc., p. 156 (pr. p.). Parmelia pallescens et 8 parella Fr., L. E., p. 132. Lichen parellus Linn., Mant., p. 132. Thalle d'épaisseur variable, ordinairement moins épais que celui de la Lec. tartarea, d'aspect varié, tantôt granu- leux, verruqueux, tantôt fendillé, aréolé, tantôt enfin lépreux, pulvérulent. Hypothalle lisse et concolore. | Apothécies moyennes ou grandes, ne dépassant guère 3 à 4 mill. de diamètre, sessiles, presque globuleuses, à disque plan ou concave, d’un rose pâle ou couleur de chair, mais très souvent pruineuses, à rebord thallin élevé, très entrer. 18 — 974 — Spores simples, hyalines, ellipsoïdales, de Omm,050 à Onm,080 de long, env. 2 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques ventrues très grandes de Onm,150 à Omm,200 de long sur Onm,055 à Omm,060 de large. Paraphyses très grêles, très flexueuses et enchevêtrées, hyalines, peu arti- culées et non renflées au sommet où elles sont légèrement agglutinées. Epithecium jaunâtre. Thecium et Hypothecium incolores ; ce dernier reposant sur une large couche goni- diale. Spermogonies, Stérygmates et Spermaties analogue à ceux de la Lec. tartarea. a Var. tumidula Pers.; Schær., En., p. 79. — Thalle mem- braneux, peu épais, granuleux ou aréolé. Apothécies carnées, très longtemps globuleuses, à disque plan. 8 Var. Upsaliensis Schær., En., p. 79. — Thalle membra- neux, mince, verruqueux. Ne diffère guère de la variété précé- dente que par l'habitat. y Var. Turneri (Ach.) (Albo-flavescens Schær.). Kœrb., Syst., p. 149. — Thalle lépreux couvert de sorédies jaunâtres. Apothé- cies rares, à rebord thallin granuleux. à Var. parella Schær., En., p. 78. — Thalle tartareux amy- lacé, aréolé, d’un blanc sale. Apothécies très pruineuses, con- caves, à disque rugueux. ; Sans action sur le thalle. Bleuit l’hymenium. K. Sans action sur le thalle, ni sur l'hymenium. Presque toujours sans action sur le thalle. Teint l’hypothecium en rose plus clair que dans la Lec. tar- tarea ; cette réaction est moins constante que dans cette der- nière espèce. Ca cl Habit. — Cette espère est moins rare et bien plus largement disséminée dans nos limites que la précédente. La var. «& n’est pas rare sur les sapins et les bouleaux du Jura (Frasne, Boujaïlles, Vallorbes, tourbière de la Pile, etc., etc.). Exceptionnellement en plaine, à Arcier cependant à la base d’un noyer et à Montferrand sur un cerisier et un chêne. La var. $ sur les mousses des hauts sommets (Chasseral, Chasseron, Suchet, la Dôle, le Re- culet). La var. y est mélangée avec la var. à dont ce n’est peut-être qu’une forme sorédiée. La var. à enfin est comme la Lec. tartarea saxicole et sili- — 975 — cicole; elle est répandue dans toutes les Vosges sans être ni commune ni abondante. Elle descend à de plus faibles altitudes que la précédente. Très belle à la Serre près de Moissey. xx EULECANORA (Koœrber). Apothécies sessiles, non zéorines, mais ne dépassant pas Omm 010 à Onm,030. 8. LECANORA ATRA Ach., Un., p. 344 (pr. p.); Kærb., Dust, D,.199: Nyl., Zich. Se, p. 170; J: Muli., Gluss., p988: Th. Fries) L..Sc., p: 237. Parmelia atra Ach., Meth., p. 154. Lichen ater Huds., F1. Angl., p. 530. Exs. Schær., L. H., 307; Hepp, E. F1., 182. Thalle épais, tartareux, verruqueux, très inégal, d’un blanc un peu cendré, souvent limité par un hypothalle noir. Apothécies grandes de 4 mill. à 2 mill., 5 de diamètre, ses- siles, à disque lisse, plan ou un peu convexe, très noir, à rebord thallin plus pâle, entier ou crénelé-flexueux, très persistant. Spores hyalines, simples, ovoïdales, de Omm,012 à Onm,014 de long, env. 2 fois p. 1. q. L., renfermées au nom- bre de 8 dans des thèques renflées au sommet, de Omm,048 à Onm,050 de long sur 0"m,009 à Omm,011 de large. Paraphyses assez robustes, très cohérentes, très peu articulées et peu renflées au sommet, d’un brun violet dans toute leur éten- due. Epithecium d’un brun foncé. Thecium et Hypothecium d’un brun violet. Spermogonies se présentant sous forme de petits tuber- cules noirs, peu saillants, déchirant le thalle autour de leur Saillie. Stérygmates simples ou peu rameux. Spermaties in- colores, aciculaires, très minces, droites, d'environ 0"m,020 de long. — 276 — Sans action sur le thalle. : Teint en bleu l'hymenium. { Teint le thalle en jaune. Cette réaction est assez constante, mais K souvent peu caractérisée. Sans action sur l’hymenium. Teint souvent le thalle en jaune. Ca cl : à à Sans action sur l’hymenium. Habit. — Celte espèce, qu’on rencontre assez souvent sur des écorces dans certaines parties de la France, notamment dans le nord-ouest, n’a été presque trouvée dans nos limites que sur des roches siliceuses; quelques échantillons cependant sur un cerisier à Montferrand; absolument nulle sur nos calcaires du Jura. elle est très répandue sur les granites et les roches dures des Vosges et les blocs erratiques du Salève. C’est la var. vulgaris de Kærber (Syst. p. 140). Elle pourrait à première vue se con- fondre avec certaines espèces saxicoles de la Lecanora subfusca ; le disque de l’apothécie est plus lisse et plus noir; tout l’intérieur est d’un brun violet, tandis que dans la seconde, il est incolore. La var. grumosa se rencontre à Bruyères (Mougeot). 4. LECANORA BADIA Ach., Univ., p. 407; Koœrb., Syst. p.138; Nyl.,"£. Sc:, p. 170: Th: Fries, L. Sc.,p. 204: Parmelia squamulosa 8 amaura Ach., Meth., p. 182. Lecidea picea Ach., Meth., p. 51. Lichen badius Pers., in Ust., ann. vx, p. 27. Exs. Schær., L. H., 301; Hepp, E. F1., 181. Thalle cartilagineux d'épaisseur très variable, granuleux, aréolé, ou presque squameux, d’un gris cendré olivâtre ou brunûtre ; hypothalle mince, noirâtre. Apothécies grandes, atteignant souvent 2 mill., 5 à 3 mill., apprimées, à disque plan ou un peu convexe d’un noir brun brillant, à rebord thallin entier ou peu crénelé, persistant. Spores simples, hyalines, ellipsoïdales ou un peu fusiformes, de 050012 20m 016de Tone 24/9 0 1/2 Mois pere renfermées au nombre de 8 dans des thèques épaisses et très renflées au sommet, de Omm 045 à Onm,048 de long sur Onm,014 à Onx,016 de large. Paraphyses assez robustes, hya- lines à la base, puis d’un vert brunâtre clair, peu articulées, — 977 — moyennement renflées au sommet où elles sont très cohé- rentes. Epithecium amorphe d’un jaune brunâtre. Thecium et Hypothecium d’un jaune clair ou presque incolores. Spermogonies se présentant sous forme de petits tuber- cules, très peu saillants. Stérygmates simples. Spermaties aciculaires d'environ Omm, 010 de long. CU Sans action sur le thalle. Teint en bleu la gélatine hyméniale. K Sans action sur l’hymenium. Donne souvent au thalle une colora- tion d’un brun sale. Ca cl. Sans action ni sur le thalle ni sur l’hymenium. Habit. — Cette espèce, saxicole et silicicole, se rencontre sous sa forme a major Schær., En., p. 68, sur les blocs erratiques du Salève (J. Mull.). Nous ne l’avons pas encore rencontrée dans les Vosges où nous ne pensons pas qu’elle ait encore été constatée et où elle se retrouvera certainement. 5. LECANORA SUBFUSCA Ach., Univ. (1810), p. 393; Schær., En. Parmelia subfusca Ach., Meth., p. 167. Lichen subfuscus Linn., Suec. (1755), p. 409. Thalle tartareux ou cartilagineux, d’aspect très variable ; contigu, lisse ou granuleux, verruqueux; ou bien fendillé aréolé, blanc, blanc cendré ou brun verdâtre; hypothalle _blanchâtre. Apothécies sessiles de dimensions très variables, à disque passant du brun carné au brun foncé et même au noir, à re- bord thallin plus pâle, entier, gonflé ou crénelé et flexueux, toujours persistant. Spores hyalines, simples, ellipsoïdales, de O0nm,012 à Onm,022 de long, 2 à 3 fois p. 1. q. 1., renfer- mées au nombre de 8 dans des thèques renflées au sommet, de Onm,035 à Onm,045 de long sur 0mm,012 à Onm,015 de large. Paraphyses flexueuses, grêles ou robustes, ordinairement simples, plus ou moins articulées, peu ou pas renflées au sommet, hyalines sur toute leur longueur ou un peu brunes — 978 — au sommet, cohérentes ou presque libres. Epithecium hya- lin et très mince, ou brunâtre et plus épais. Fhecium et Hy- pothecium incolores. Spermogonies très peu saillantes, souvent enfoncées dans une dépression du thalle, presque globuleuses, d’un brun clair, à ostiole noir. Stérygmates très fins, droits et serrés les uns contre les autres. Spermaties aciculaires, courbes ou flexueuses d'environ Omm,010. Cette espèce est tellement polymorphe que le nombre des variétés faites par divers auteurs est immense, aussi y a-t-il intérêt à les réunir autant que possible en un petit nombre de types. « Var. Parisiensis Nyl., Jard. lux., p. 308; Exs. Hepp, 183. — Thalle rugueux, granuleux, gris plus ou moins foncé. Apo- thécies très rapprochées, très grandes, atteignant 3 mill. de dia- mètre, d’un brun-noirâtre foncé, à rebord thallin crénelé et fle- . œueux. Paraphyses assez robustes, ordinairement articulées et un peu renflées au sommet, hyalines et à Epithecium contigu, amorphe et incolore. 8 Var. chlarona Ach., L. U., p. 397; Exs. Hepp, 379, Flagey, 197, 198, 181. — Thalle peu épais, blanc cendré, un peu granu- leux. Apothécies rapprochées, d’un rouge carné un peu foncé, moyennes de 1 mill., 5 de diamètre, à bord entier ou subcrénelé. Paraphyses grêles, incolores, assez agglutinées. Epithecium con- higu, amorphe et incolore. F. distans Ach., Meth., p. 168. — Thalle comme dans la va- riété chlarona type. Apothécies un peu plus petites, distantes les unes des autres, à rebord très entier. Paraphyses et epithe- cium comme dans le type. y Var. rugosa (Pers.). Nyl., L. Se., p. 160 ; Exs. Olivier, 2692, 336. — Thalle blanchâtre toujours peu foncé, épais, granuleux, rugueux. Apothécies grandes, atteignant 2 mill. de diamètre, à disque d’un jaune brun, plus ou moins foncé, quelquefois prui- neux, à rebord thallin élevé, crénelé, rugueux. Paraphyses moyennes, incolores dans toute leur étendue, agglutinées. Epithecium granuleux et incolore. — 979 — 5 Var. Argentata Ach., Univ., p. 393; Exs. Olivier, 181. — Thalle blanc, mince, presque lisse ou légèrement rugueux. Apo- thécies de grandeur variable de 0 mill., 7 à 1 mill., 5, un peu con- vexes ou planes, d’un brun foncé, à rebord thallin entier. Pa- raphyses libres. Epithecium contigu, amorphe et incolore. e Var. hypnorum Schær., En., p.75; Exs. Hepp, 185; Arnold, Jura, 107. — Thalle blanchâtre ou grisâtre, verruqueux. Apo- thécies grandes, atteignant 2 mill. de diamètre, planes, d’un brun brillant, à rebord thallin entier, flexueux. Epithecium contigu, amorphe el incolore. t Var. coïlocarpa Ach., L. U., p. 393; Exs. Flagey, 88. — Thalle bianchâtre, mince, rugueux, granuleux, souvent limité par l’hypothalle. Apothécies petites, ne dépassant guère 1 mill. _ de diamètre, d’un brun très foncé, presque noir, à rebord thallin presque entier, ou plus souvent légèrement crénclé. Paraphyses libres peu robustes, brunes au sommet. Epithecium légèrement granuleux ou presque amorphe. y Var. glabrata Ach., Un., p. 393; Exs. Flagey, 293. .— Très semblable à la précédente dont elle se distingue par ses apo- thécies d'un noir plus brillant et par le rebord thallin toujours complètement entier. À Var. intumescens Rebent.; Kœrb., Syst., p. 143; Exs. Hepp, 614; Arnold, Jura, 273. — Thalle blanchâtre, mince, souvent peu distinct, contigu et lisse, puis devenant un peu aréolé et fendillé. Apothécies grandes, atteignant 2 mill. de diamètre, adnées, à disque un peu convexe d’un rouge carné devenant brun avec l’âge, à rebord thallin d’un blanc de neige, entier ou un peu crénelé, très épais et inégal, ce qui fait paraître les apothécies difformes ou anguleuses. Paraphyses moyennement robustes, brunes au sommet, assez agglutinées. Epithecium toujours granuleux et incolore. u Var. atrynea Ach., L. U., p. 395; Exs. Arn., Jura, 381. — Thalle grisâtre, granuleux ou verruqueux, aréolé. Apothécies médiocres, convexes, d’un brun pâle ou foncé, à rebord thallin plus ou moins crénelé. Paraphyses assez robustes, agglutinées, brunätres au sommet. Epithecium granuleux et brunâtre. { Teint l'hymenium en bleu, puis en violet, | Sans action sur le thalle. — 980 — Sans action sur l’hymenium. K ! Teint en jaune plus ou moins distinct le thalle de beaucoup de va- riétés. (Réaction peu caractéristique.) Ca cl. Sans action ni sur l’hymenium ni sur le thalle. Habit. — Espèce des plus répandues depuis la plaine jusqu'aux som- mets : sur les écorces, les bois morts, les mousses, les pierres siliceuses ou même calcaires, les tuiles et les mortiers. La var. «, si commune à Paris, est rare chez nous : à Dole sur des ormes et en petit nombre; la var. 8, très commune sur les arbres fruitiers, surtout sur les sujets maladifs ; la var. y est excessivement abondante sur tous les noyers de la plaine; la var. à se trouve surtout sur les hêtres de nos montagnes du Jura; la var. € est disséminée sur les mousses de nos hauts sommets jurassiques : la Dôle, le Suchet, le Chasseron, etc., etc.; la var. Ë n’est pas rare sur les vieux hêtres dans les hautes Vosges et sur les vieilles barrières de chène; la var. À est assez commune sur les hêtres des Vosges et du haut Jura; la var. u enfin sur les roches siliceuses dures des Vosges et du Salève. 6. LECANORA PALLIDA Kœærb., Syst., p. 114; J. Mull, Class., p. 384. Lecanora albella Ach., L. U., p. 369; Nyl., L. Sc., p. 162; Th. Fries, L. Sc., p. 243. Lichen albellus Pers., in Ust., ann. xi1, p. 18. Thalle membraneux, mince, lisse ou peu rugueux, d’un brun blanchâtre, ou d’un gris clair. Hypothalle concolore peu visible. Apothécies de grandeur variable, de 0 mill., 5 à 2 mill., de diamètre, sessiles, à disque d’un roux pâle ou couleur de chair, saupoudré d’une pruine blanche, à rebord thallin ar- rondi ou anguleux par suite d'agglomération des apothécies, très entier, disparaissant promptement. Spores hyalines, simples, ellipsoïdales, de Omm 010 à Omm 018 de long, env. 2 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thè- ques presque cylindriques, de Omm,035 à Omm 042 de long, sur Omm,012 à Omm,014 de large. Paraphyses flexueuses, grêles, peu articulées, peu ou pas renflées au sommet, co- hérentes ou presque libres. Epithecium granuleux, un peu brunâtre. Thecium et Hypothecium incolores. — 981 — Spermogonies, Spermaties et Stérygmates semblables à ceux de la Lec. subfusca. « Var. albella Hoffm.; (Sordidescens Th. Fries). Exs. Flagey, no 224. — Apothécies grandes, planes, rapprochées, couleur de chair, très pruineuses, à rebord thallin persistant pendant un certain temps. F. subalbella. Lamy, Cat.; Flagey, Exs. no 182. — Apothécies plus petites, plus distantes, encore plus pruineuses, à disque un peu convexe, à rebord thallin disparaissant très prompte- ment. 8 Var. angulosa Hoffm.; Flagey, Exsic. n° 376. — Apothécies agglomérées, planes ou convexes, anguleuses par leur pression mutuelle, d’un brun pâle, recouvertes d’une pruine blanche. F. Indurata. Ach., Un. — Apothécies plus agglomérées encore que dans le type et plus difformes, complètement anguleuses. y Var. scrupulosa Ach., L. U. — Thalle d'un blanc de lait, granuleux. Apothécies innées, petites, à rebord thallin gonflé, couvertes d’une pruine blanche. Sans action sur le thalle. Teint en bleu l'hymenium. Colore souvent en jaune le thalle, maïs la réaction est peu cer- taine. Sans action sur l’hymenium. Ca cl. Sans action ni sur le thalle ni sur l’hymenium, excepté dans la var, angulosa où le disque des apothécies est teint en jaune citron. K _ Habit. — Cette espèce est aussi abondante et aussi largement disséminée que la précédente à laquelle elle se relie par de nombreuses transitions, dit le docteur Fries. Nous sommes complétement de cet avis, et il n’y aurait aucun inconvénient à réunir les deux espèces en une seule. La Lecanora pallida v. albella est certainement plus rapprochée de la Lec. subfusca que de la var. angulosa; aussi ne conservons-nous cette division que parce qu'elle est universellement adoptée. La var. « type se trouve un peu partout, mais surtout sur les hêtres des Vosges et du Jura. La forme subalbella existe plus ordinairement dans la plaine sur l’écorce lisse des jeunes arbres : chênes, hêtres, etc. La var. f n'est pas rare sur les noyers et les jeunes arbres qui bordent les routes; la forme indurata plus particulièrement sur les branches sèches cassées et tombées dans les lieux humides, 3 — 9282 — 7. LECANORA FLAGEYANA J. Mull., Zn Flora, 1883. Exs. Flagey, L. F.-C., no 199; Arn., 995. Voici la description de cette espèce nouvelle telle qu'elle a été donnée par le docteur J. Muller. Thalle très mince, largement étendu, lisse, d’un gris cen- dré, cœrulescent, souvent limité par une zone hypothalline argentée plus claire ; gonidies vraies, sphéroïdales, ordinai- rement de 0vn/007 à 0010 de diamètres Apothécies de 1/5 à 1/8 de mill. de diamètre ou de 1/3 à 1/4 de mill. quand elles ont un rebord thallin plus distinct, si- tuées tantôt sur une proéminence thalline, tantôt dans une dépression, à rebord thallin épais, eu égard à la petitesse de l’apothécie, et presque entier, souvent déprimé, de telle sorte que le disque dans le jeune âge d’un brun pâle et ensuite d’un noir olivâtre paraît nu et comme n’émergeant pas du thalle. Apothécies déprimées dans ce cas et bordées par le thalle même, subconcaves, aspicilioides et nues ; mouillées elles deviennent plus distinctement marginées. Marge abon- damment gonidifère ; lames sporigères hyalines; Epithecium d’un vert olivâtre; Paraphyses assez cohérentes et peu abon- dantes de 0m,002 d'épaisseur. Thèques renflées en massue, obovoïdales ; 8 spores ; Spores (hyalines et simples) ellipsoiï- dales, Onm,010 à Onm,014 de long, 0mm,006 à Onm,007 de large. Sans action sur le thalle. Bleuit l’hymenium. Ce | Sans action sur le thalle, ni sur l’hymenium. Habit. — Cette espèce est abondante sur les branches élevées des jeunes arbres dans le bois de Montferrand, derrière la propriété Vaugier. Re- trouvée par M. Muller au Salève. La Lec. Flageyana a beaucoup de res- semblance avec la Lec. persimilis (Th. Fr.) dont elle se distingue par son thalle plus étendu, par le rebord thallin épais, entier, tandis que dans celle-ci il est mince et crénelé, et enfin par les apothécies subconcaves, aspicilioïides et non planes ou convexes et biatorines. — 983 — 8. LECANORA HAGENI Ach., L. U., p. 367; Kœrb., Par., D80: JT Mull\ Cluss., :p. 584. Lecanora umbrina Nyl., L. Sc.. p. 162; Mass., Rich., p. 10. Lecanora subfusca à Hageni Br. et Rostr., Dan.. p. 73. Lichen Hageni Ach., Prod., p. 57. Lichen cœrulescens Hag., Hist. L., p. 69. Thalle lépreux très mince d’un blanc grisâtre, souvent nul. Hypothalle blanchâtre très peu distinct. Apothécies toujours très petites de O0 mill., 5 à 0 mill., 7 de diamètre, adnées, à disque plan ou un peu renîflé d’un brun _livide, presque toujours couvertes d’une pruine bleuâtre, ou tirant sur le verdâtre plus ou moins abondante, à rebord thallin non pruineux, crénelé dans le jeune âge, puis presque entier, longtemps persistant. Spores simples, hyalines, ellip- soidales, de Onm,008 à Omm 616, environ 2 à 2 1/2 fois p. L. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques cylindri- ques ou un peu claviformes, de Omm,030 à Omm, 040 de long, sur Omm 011 à Omm 013 de large. Paraphyses grêles, hya- lines, très peu articulées et légèrement renilées au sommet, très cohérentes. Epithecium granuleux, un peu brunâtre. Thecium et Hypothecium incolores. Spermogonies, Spermaties et Stérygmates semblables à ceux de la Lec. subfusca. « Type. Flagey, L. F.-C., n° 316. — Semblable à la descrip- tion ci-dessus. B Var. cœrulescens Schær., En., p. 40 (pr. p.); Exs. Flagey n° 130. — Thalle nul. Apothécies petites, agglomérées, à rebord thallin flexueux, abondamment couvertes d’une pruine bleuâtre. y Var. umbrina Mass., Lich., p. 10. — Thalle peu visible. Apothécies très petites, souvent distantes, à rebord thallin ar- rondi et ordinairement crénelé, couvertes d’une pruine d’un bleu verdâtre. ô Var. saxicola Kremp., Lich. Bay., p. 151. — Thalle mince, — 984 — d’üun blanc grisâtre. Apothécies un pen plus grandes, séparées, à rebord thallin arrondi et souvent crénelé, couvertes d’une pruine d’un blane verdâtre. à Var. lithophila Wallr.; Kœrb., Par., p. 80. — Thalle ordi- nairement nul. Apothécies ou nues ou peu pruineuses, à rebord thallin très mince, devenant promptement convexes. Sans action sur le thalle. Teint en bleu l’hymenium. :. el | Sans action ni sur le thalle, ni sur l’hymenium. Habit. — Espèce ressemblant beaucoup à la Lec. subfusca dont elle se distingue par le thalle ordinairement nul ou peu apparent ; par les apo- thécies toujours petites. toujours fortement pruineuses, à l’exception de la var. lithophila ; par les spores toujours petites et enfin par la réaction de la potasse sur le thalle qui ne donne aucune coloration, tandis que dans la Lec. subfusca, le plus grand nombre des échantillons est teint en jaune. Le type est abondant sur les vieux arbres aux bords des routes : ormes, frênes, etc., etc. La var. $ est très commune sur toutes les vieilles palissades en sapin des hautes et moyennes montagnes du Jura, un peu plus rare dans la plaine : à Besançon sur de vieilles planches près de la pompe élévatoire à la Mouillère (Boudot). La var. y se rencontre par ci, par là, sur les saules de la plaine et à Genève (J. Mull.) sur les vieux tilleuls des promenades. La var. à sur les mortiers des murs aux environs de Besançon et dans la Bresse, et enfin la var. À sur le calcaire et la mollasse ainsi que sur les murs à Bossey, Fossat près de Genève et à la Dôle (J. Mull.). 9. LECANORA SAMBUCI Nyl., L. Sc., p. 166; J. Muli., Class., p. 583; Th. Fries, L. Sc., p. 156. Lecanora scrupulosa, E. Fr., p. 375 (pr. p.); Kœærb., Syst., p. 144. Lecanora Hageni y umbrina Ach., Un. p. 368 (pr. p.) Lecanora subfusca à Hageni forma Sambuci Br. et Rostr., Dan., p. 79. Lichen Sambuci Pers., in Ust., p. 26. Exs. Arnold, Jura, 300 ; Roumeg., 380. Thalle mince indéterminé, lépreux, granuleux ou presque nul, d’un blanc cendré ou glauque. Hypothalle blanc peu vi- sible. — 285 — Apothécies très petites, de 0,3 à 0,6 mill. de diamètre, à disque plan ou très légèrement convexe, d’un brun roux souvent pruineux, à rebord thallin d’un gris blanchâtre, mince et crénelé, persistant. Spores très petites, hyalines, simples, ovoïdales, de Omn008 à Omm011 de long, env. 1 1/2 fois p. 1. q. 1., renfermées au nombre de 12-16-2% (rare- ment 8) dans des thèques claviformes ou peu ventrues, de Dum°028 à Oùm 055 de long sur Onm,009 à Onm 011 de large. Paraphyses grêles, peu distinctes, perdues dans la gélatine hyméniale, hyalines, peu ou pas articulées ni renflées au sommet où elles sont cohérentes. Æpithecium légèrement brunûtre. Thecium et Hypothecium incolores. Spermogonies, Spermaties et Stérygmates semblables à ceux de la Lec. subfusca. [ Sans action sur le thalle. Colore l’hymenium en bleu intense. K Or | Sans action. Habit. — Espèce excessivement rare dans nos limites ou du moins peu reconnue et confondue avec la Lec. Hageni à laquelle elle est tout à fait semblable à l'extérieur. Sur les saules au bord de l’Arve et sur de vieilles barrières à Genève (J. Mull.). 10. LECANORA DISPERSA FIk., D. F1., III, p. 4; Nyl., Lapp or, D. TS. Parmelia dispersa Ach., Meth., p. 169. Lichen dispersus Pers., in Ust., ann. vit, p. 27. Thaile mince, aréolé, fendillé, blanchâtre, très souvent nul. Hypothalle peu distinct. Apothécies moyennes ou petites, de 0,4 à 4,5 mill. de dia- mètre, disséminées ou confluentes, et alors anguleuses, à disque plan d’un brun livide ou noirâtre, nu où pruineux, à rebord thallin blanc-jaunâtre, pruineux, pulvérulent, cré- nelé et très persistant. Spores hyalines, simples, ellipsoï- — 286 — dales, de Omm,009 à Onm,015 de long, env. 2 fois p. L. q. L., contenues au nombre de 8 dans des thèques claviformes, un peu ventrues, de Omm,035 à Onm 038 de long, sur Omm,OT1 à Omnm 014 de large. Paraphyses moyennes ou un peu grêles, flexueuses, peu distinctes à cause de la gélatine hyméniale, hyalines à la base, un peu verdâtres au sommet où elles sont inarticulées ou à 1-2 articulations et légèrement renflées. Epithecium d’un jaune clair. Thecium et Hypothecium in- colores. Spermogonies immergées. Spermaties ee pointues, grêles et flexueuses. « Var. cæsio-alba Kœærb., Py., p. 82. Lecanora galactina 8 dis- persa Linm. Lecanora Hageni y crenulata Hepp; Exs. Hepp, n° 65. — Thalle mince, blanchâtre. Apothécies petites, à disque livide, pruineux. B Var. crenulata (Ach., Prod.). Lecanora Flotowiana Kœærb., Py., p. 83. Parmelia Chauberdii Fr. L. E., p. 161; Exs. Flagey, L. F.-C., no 378. — Thalle à peu près nul. Apothécies plus grandes, à disque noirâtre, nu. | Sans action sur le thalle. Teint en bleu la gélatine hyméniale. K S ti Fo ans action. Habit. — Cette espèce, commune et abondante, se trouve aux mêmes lieux que le Psoroma galactinum. La var. « sur le calcaire, le ciment des murs, les vieilles tuiles dans les environs de Besançon, de Pontarlier, au Salève, etc., etc. La var. 6, plus commune encore, couvre souvent la partie inférieure des vieux murs calcaires un peu humides de toute la plaine, elle est à peu près nulle sur la silice. 11. LEGANORA AGARDHIANOIDES Mass., Rich., 12; Kærb., Par., p. 82; J. Mull., Class., p. 384. Exs. Hepp, n° 382; Flagey, L. F.-C., n° 85. Thalle assez épais, tartareux, farineux, ordinairement in- Hide RCE Eye SE LAURE À jee ES = 087 déterminé, d’un blanc où grisâtre, ou glauque, où un peu plombé. Hypothalle concolore très peu distinct. Apothécies petites, de 0,5 à 0,7 mil. de diamètre, d’abord complètement immergées, puis égalant le thalle sans le dé- passer, souvent agglomérées et devenant alors anguleuses, à disque d’un brun noirâtre très souvent couvert d’une pruine glauque, à rebord thallin entier, gonflé, pulvérulent et long- temps persistant. Spores hvalines, simples, ovoïdales, de 0092 0m 011 de long; env. 2 fois pl q.l, contenues au nombre de 8 dans des thèques claviformes, un peu ven- trues, de Omm,035 à Omm 045 de long sur Onm,012 à Omm 014 de large. Paraphyses assez robustes, hyalines, à l’exception du sommet où elles sont un peu brunâtres, peu articulées et peu renflées, assez cohérentes. £pithecium vert brunâtre. Thecium et Hypothecium incolores. Spermogonies peu étudiées. Sans action sur le thalle. Teint en bleu la gélatine hyméniale. K à Ca cl Sans action sur le thalle ou sur l’hymenium. Habit. — Espèce entièrement calcicole, nulle dans les Vosges. Elle est assez largement disséminée en bas des hautes sommités jurassiques du Chasseral au Reculet ; un peu plus fréquente dans la moyenne montagne. Particulièrement commune et abondante dans la plaine et surtout aux en- virons de Besançon : la Citadelle, pelouses de Saint-Ferjeux, ete., etc. Elle est facile à distinguer de la Lec. dispersa v. cæsio-alba avec laquelle seul elle pourrait être confondue, par ses apothécies plus petites et surtout beaucoup plus innées. 12. LECANORA VARIA Ehrh. Thalle mince, aréolé, fendillé, verruqueux, ou granuleux, lépreux, pulvérulent, d’un jaune paille, soufré où un peu verdâtre, quelquefois nul. Hypothalle plus pâle, presque blanc. | | Apothécies de 0,5 à 1,5 mill. de diamètre, ou distantes ou — 288 — agglomérées et confluentes et alors difformes, à disque plan ou plus ordinairement convexe, d’un beau jaune paille, pas- sant souvent au vert lhivide et au noirâtre, à rebord thallin dressé, anguleux, disparaissant promptement et rendant les apothécies biatorines. Spores hyalines, simples, ellipsoïdales, de Onm,009 à Onm,013 de long, env. 2 à 2 1/4 fois p. 1 q. 1, contenues au nombre de 8 dans des thèques ventrues, de Onm,030 à Omm 040 de long sur Omm O1 à Onm 013 de large. . _ Paraphyses hyalines, simples, peu renflées, peu ou pas arti- culées au sommet, fortement cohérentes. Epithecium gra- nuleux d’un jaune un peu brunâtre. Thecium et Hypothe- cium incolores. Spermogonies innées: Spermauties longues, très grêles et flexueuses. X VARIÉTÉS A THALLE ARÉOLÉ. « Var. vulgaris Kœrb., Syst., p. 147; Th. Fries, L. Sc., p. 259 ; Lecanora varia Ach., Un., p. 377, « et 8; Lichen varius Ehrh. (1785), no 68; Exs. Schær., n° 325; Hepp, n° 190. — Thalle mince, lisse, ou aréolé ou un peu verruqueux. Apothécies non pruineuses, sessiles, planes, à rebord entier, flexueux, persis- tant. B Var. Symmictera Nyl. in Flora; Lamy, Cat.; Exs. Flagey, n° 264. — Thalle peu formé, lisse ou un peu pulvérulent par places. Apothécies adnées, très convexes, agglomérées, dif- formes, presque toujours dépourvues de marge. Y Var. polytropa Ehrh.; Th. Fries, L. Sc., p. 259; Biatora polytropa Kœærb., Syst., p. 205; Exs. Arn., Jura, 537; Roumeg., 295. — Thalle aréolé, fendillé ou même subsquamuleux. Apo- thécies adnées, non pruineuses, d’un beau jaune un peu carné, planes puis promptement convexes, à rebord entier, mince et disparaissant promptement. F. achrustacea J. Mull., Class.; Lecanora polytropa à campes- tris B achrustacea Schær., En., p. 81; Exs. Hepp. n° 67. — Sem- blable à la variété type, mais à thalle à peu près nul. 229 — *x% VARIÉTÉS A THALLE PULVÉAULENT. & Var. conizæa. Ach., Un., p. 134; Nyl., L. Sc., p. 163; Exs. Flagey, L. F.-C., n° 196. — Thalle mince, lépreux ou finement granuleux, d’un jaune de soufre, formant sur les écorces des plaques arrondies, franchement délimitées. Apothécies petites, situées au centre de la plaque thalline à marge mince, mais ordinairement persistante. F. strobilina Ach. — Thalle beaucoup moins étendu, moins délimité à cause de sa station sur les écailles des fruits du pin. & Var. expallens Ach.; Lamy, Cat. — Thalle plus étendu et beaucoup plus épais, très pulvérulent, d’un beau jaune. Apo- thècies agglomérées, convexes, à marge très peu persistante. 1 Var. Bouteillei Schær. — Thalle mince, pulvérulent, peu étendu. Apothécies très petites, promptement convexes et im- marginées. | Sans action sur le thalle. I Bleuit l’hymenium, les thèques passant promptement au rouge vineux. Fournit sur le thalle une réaction des plus incertaines, le colore K en jaune dans la plupart des. cas; dans beaucoup d’autres est sans effet. Sans action sur l’hymenium. Sans action bien nette sur le thalle excepté dans la var. ex- Ca cl{ pallens qui est colorée en rouge vermillon. Sans action sur l’'Hymenium. Le lichénologue anglais Leighton distingue les différentes variétés au moyen des réactions chimiques qui d’après lui seraient assez constantes pour mériter confiance. Voici les indications données par lui : Lecanora varia vulgaris K jaunit le thalle ainsi que Ca, cl. Lecanora symmictera K ainsi que Ca, cl, sans action. Lecanora polytropa K donne au thalle une teinte jaune pâle ; Ca, cl une teinte jaune foncée. Leconora expallens K donne au thalle une teinte jaune; Ca, cl une teinte vermillon. Lecanora conizæa K donne au thalle une teinte jaune ; Ca, cl, une teinte orange. Nous avons à plusieurs reprises essayé l’emploi de la potasse et de l’hy- pochlorite de chaux sur un assez grand nombre d'échantillons, mais nous avouons ne pas avoir rencontré dans les réactions une constance semblable. 19 = 900 — Habit. — Cette espèce est assez abondante et largement disséminée dans nos limites sous une forme ou sous une autre. Elle est ordinairement cor- ticicole ou lignicole, plus rarement saxicole, et dans ce cas elle recherche toujours les roches siliceuses. La var. « croît surtout sur les barrières de bois de sapin dans nos montagnes des Vosges et du Jura. La var. f est complètement lignicole ; en plaine sur les vieux poteaux et les échalas de chêne : Besançon, Montferrand, Thoraise, etc., etc., en montagne sur les vieux bois de sapin travaillé, mais plus rare. La var. y est toujours saxi- cole et silicicole ; elle n’est pas très rare dans toutes les Vosges aux alti- tudes moyennes ; la forme achrustacea se trouve sur les blocs erratiques du Salève (J. Mull.) et au ballon de Giromagny. La var. conizæa est com- mune sur les pins sylvestres : Besançon, Villers-le-Sec, Vesoul, etc., etc.; la forme strobilina qui n’en diffère que par sa station sur les écailles des fruits de pins l’accompagne ordinairement. La var. £ expallens se trouve également sur l’écorce des pins, nous ne l’avons pas encore rencontrée dans nos limites. La var. À Bouteillei croit sur les feuilles de buis ; elle n’est pas signalée à Besançon, mais a été trouvée dans les environs de Lyon par le docteur Magnin. Peu d’espèces offrent plus de variations que la Lecanora va- ria, aussi certains auteurs ont-ils érigé en espèces distinctes presque toutes les variétés que nous venons d’énumérer, et à tort selon nous. D’autres, comme le docteur Th. Fries, rappor- tent les formes à thalle aréolé à la Lec. varia, et font une se- conde espèce des formes à thalle pulvérulent sous le nom de Lec. symmicta. Cette division a certainement ses avantages au point de vue de la clarté, mais elle est bien un peu contraire à la vérité, car souvent on voit des thalles en partie lisses et en partie pulvérulents, et le docteur Fries se trouve obligé de dire dans la description de la var. vulgaris : « Grusta lævigata, raro pulverulento-deliquescens. » Quand elle se trouve ainsi pulvé- rulente, déliquescente, elle devraît évidemment être rangée dans les formes de la Lec. symmicta. C’est pour cette raison que nous avons préféré ne faire qu'une seule espèce, avec des variétés et formes différentes. 43. LECANORA EFFUSA Ach., Un., p. 378; Th. Fries, L.SC. p2203: Lichen effusus Pers in Hoffm., D. F1., il, p. 174. Thalle mince, indéterminé, aréolé, verruqueux ou granu- — 2H — leux, d’un jaune pâle ou cendré, souvent nul. Hypothalle un peu plus pâle. Apothécies assez petites, de O0 mill., 4 à 1 mill. de diam., à disque passant de la couleur de chair au brunäâtre, plan ou légèrement convexe, à rebord thallin persistant (au moins dans nos limites). Spores hyalines, simples, ellipsoïdales, de Onm,008 à Onm,014 de long, env. 2 fois p. 1. q. 1., contenues au nombre de 8 dans des thèques un peu ventrues, de Omm, 030 à Omm,040 de long sur Omm,011 à Omm 013 de large. Pa- raphyses hyalines ou un peu brunâtres à la partie supérieure, simples, peu renflées, peu ou pas articulées au sommet, for- tement cohérentes. £pithecium granuleux d’un jaune bru- nôtre. Thecium et Hypothecium imcolores. Spermogonies innées. Spermaties plus courtes que dans la Lec. varia, presque sub-cylindriques, obtuses aux extrémités et falciformes. æ Type. Ach., Syn., p. 177; Nyl., L. Sc., p. 165; Th. Fries, L. Sc., p. 263; Exs. Hepp, 788; Arn. Jura, 648; Flagey, 180. — Thalle bien visible, granuleux. Apothécies d’un rouge carné, planes ou légèrement convexes, à rebord thallin persistant, entier dans le jeune âge, puis légèrement crénelé. B Var. sarcopis Ach., Un., p. 378; Nyl., L. Sc., p. 105; Th. Fries, L. Sc., p. 264; Exs. Norrlin, 294. — Thalle nul. Apothé- ces d’un roux carné, à disque plan, à rebord thallin persistant, entier dans le jeune âge, puis légèrement crénelé. Sans action sur le thalle. I Bleuit l’hymenium, les thèques passant promptement au rouge vineux. K. À peu près sans action ou jaunit le thalle. Ca cl, Sans action sur l’hymenium, colore souvent le thalle en rouge, Surtout dans la var, sarcopis. Habit, — Cette espèce, moins commune que la précédente, n’est pas très rare dans la plaine dans l’intérieur des saules rongés, sur le bois privé d’écorce des pommiers et des poiriers, etc., etc. Les var. « et $ se trouvent aux mêmes lieux, la seconde est cependant plus rare. Elles se trouvent également dans le Jura sur les vieux troncs de sapin. — 292 — Le caractère tiré des spermaties et dont on doit l’indication à Nylander, est assez constant pour qu’on puisse séparer cette espèce de la Lec. varia, et avec beaucoup plus de légitimité que pour la Lec. symmicta. Il faut cependant reconnaître que le doc- teur Th. Fries affirme avoir trouvé une seule fois dans une même plante des spermaties aciculaires et d’autres oblongues ; mais c’est une rare exception qui ne saurait infirmer la règle. 44. LECANORA PINIPERDA Koœærb., Par., p. 81. Thalle indéterminé, granuleux ou plutôt lépreux, d’un blanc glauque ou jaunûâtre ; hypothalle blanc persistant. Apothécies très petites, de 0,4 à 0,8 mill. de diamètre, nombreuses et rapprochées, ou confluentes, à disque variant du jaune carné au brun roux, souvent pruineuses, à rebord thallin concolore, mais disparaissant très promptement. Spores simples, hyalines, ellipsoïdales, de 0mm,007 à Omm,009 de long, env. 2 1/2 à 3 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques fragiles, cylindriques ou un peu cla- viformes, de Omm,098 à Onm,038 de long sur Orm,010 à Oum, 011 de large. Paraphyses moyennes très fragiles, emmèêlées, peu distinctes, hyalines, n1 renflées, n1 articulées au som- met, cohérentes. Epithecium presque incolore jou jaunûtre, granuleux. Thecium et Hypothecium incolores. Spermogonies petites, immergées. Spermaties longues, aciculaires, grêles, flexueuses. Stérygmates simples. a Var. subcarnea Kœærb., Par.; Exs. Hepp, E. F1., 69; Arn., Jura, 665 ; Flagey, 265. — Thalle blanc glauque, lépreux. Apo- thécies d’un jaune carné, pruineuses, rapprochées, mais non confluentes. B Var. symmicta Arn.; Exs. Flagey, 125. — Thalle jaunâtre, granuleux. Apothécies d’un brun roux, confluentes, agglomé- rées, non pruineuses. Sans action sur le thalle. Teint en bleu l’hymenium. — 293 — K. Sans action sur le thalle ou sur l’hymenium. Ca cl. Ou sans action ou colore quelquefois légèrement le thalle en rose orangé, surtout dans la var. f. Habit. — La var. « est disséminée dans nos plaines et nos moyennes montagnes à la base des pins : Chalet de Mont, près Montferrand ; Rose- mont près Besançon, où elle est très rare ; Valleroy-le-Bois (Haute-Saône) ; Remiremont (Vosges), etc., etc. La var. 8, nulle dans la plaine, n’est pas rare, au contraire, dans nos montagnes sur de vieilles palissades en sapins : Vallorbe; les Rousses, etc., etc. kxx ZEORA Korb. Apothécies sessiles, zéorines (possédant une ligne périphé- rique presque noire qui, en dedans du bord proprement dit de l’apothécie, entoure le disque en entier). 45. LECANORA SULPHUREA Ach., Un., p. 399; Nyl., L. Sc., p. 165; Th. Fries, L. Sc., p. 258. -Zeora sulphurea Kærb., Syst., p. 136. Lecanora polytropa à sulphurea Schær., En., p. 71. Parmelia sordida B sulphurea Fr., L. E., p. 179. Lecidea sulphurea Ach., Syn., p. 37. Lichen sulphureus Hoffm., Enum., p. 32. Thalle épais, tartareux, fendillé, aréolé, d’un blanc jau- nâtre couleur de soufre. Hypothalle plus pâle. Apothécies petites, de 1 mill. à 1 mill., 5 de diamètre, d’a- bord innées, puis saillantes, à disque plan ou légèrement convexe, difforme, d’un vert livide ou noirâtre, à rebord thallin mince, entier et disparaissant promptement. Spores simples, hyalines, ellipsoïdales, de Onm,012 à Omm,016 de long, environ 2 fois p. 1. q. l., renfermées au nombre de 8 dans des thèques élargies au sommet, de Omm,045 à Omm,050 de long, sur Omm,015 à Omm,017 de large. Paraphyses grèles, hyalines, peu articulées et peu renflées au sommet où elles — 994 — sont très cohérentes. Epithecium granuleux, jaune-brun foncé. Thecium et Hypothecium imcolores. Spermogonies immergées. Stérygmates simples, grêles. Spermaties aciculaires, courbées, d'environ Omm,016 de long. a Type. — Semblable à la description ci-dessus. Exs. Hepp, 489; Arn., 188. 8 Var orosthea Ach., Prod., 38. — Thalle moins aréolé, plus farineux, d’un jaune soufré, ou ocreux pâle. Apothécies car- nées ou livides, promptement convexes, à rebord thallin dis- paraissant très promptement. Sans action sur le thalle. 1 Teint la gélatine hyméniale en bleu, puis en rouge violet. K Jaunit un peu le thalle. Réaction très incertaine. Sans action sur l’hymenium. Ca cl. Sans action sur l’hymenium. Colore le thalle en jaune orangé. (Réaction peu certaine.) Habit. — Espèce saxicole et exclusivement silicicole. La var. « sur les blocs erratiques du Salève et au pied du Reculet (J. Mull.). Assez large- ment disséminée dans les Vosges où on la rencontre depuis les sommets du Hohneck jusque dans les environs de Bruyères (Mougeot). La var. f est beaucoup plus rare, au Hohneck et au Rotabac (Vosges). 46. LECANORA RIMOSA Schær., En., p. 71; J. Mull., Class., p. 384. Lecanora sordida Th. Fries, L., Sc., p. 246. Zeora sordida Kærb., Syst., p. 133. Lecanora glaucoma Ach., L. U., p. 362; Nyl., L Sc. p. 159. Parmelia sordida, E. Fr., p. 178. Thalle tartareux, contigu, puis fendillé-aréolé, d’un blanc cendré ou un peu glauque. Hypothalle blanc. Apothécies moyennes, de 1 à 2 mill. de diamètre, innées, à disque couleur de chair ou brun plus foncé, plus ou moins couvert d’une pruine d’un blanc bleuâtre, plan dans le jeune âge, puis convexe, à rebord thallin très entier, disparaissant à la fin. Spores simples, hyalines, ellipsoïdales, de Omm,010 — 9295 — à Omm,012 de long, environ 2 fois p. 1. q. l., renfermées au nombre de 8 dans des thèques assez fortement claviformes, de Onm,045 à Onm,048 de long sur Onm,016 à Onm,017 de large. Paraphyses moyennement robustes, flexueuses, hyalines, cohérentes, peu ou pas articulées, peu renflées au sommet. Epithecium granuleux, d’un brun verdâtre presque noir formant une ligne zéorine ordinairement bien visible. The- cium et Hypothecium incolores. Spermogonies immergées, à ostiole noirâtre saillant, brunes au sommet, plus pâles à la base, oblongues. Stérygmates droits, courts, simples ou à deux, trois articulations. Sper- maties très minces, linéaires, courbées, d'environ Omm,095 de long. « Var. glaucoma (Hoffm., D., F1., IT, p. 172); Exs. Hepp, 60; Flagey, 221. — Apothécies devenant assez promptement con- vexes, très fortement pruineuses. 8 Var. subcarnea Th. Fries, L. Sc., p. 246. — Apothécies plus planes , légèrement pruineuses et laissant voir la couleur rose carné du disque. La var. varians Hepp ne nous paraît pas devoir être main- tenue; c’est la première sur laquelle croît un petit parasite, le Celidium varians. Plusieurs des échantillons de nos exsiccatas n° 221 contiennent ce Celidium. I Sans action sur le thalle. Bleuit d’abord l'hymenium, puis les thèques passent au violet. Jaunit le thalle d’une façon très visible et constante. F Sans action sur l’hymenium, ou le jaunit légèrement. Sans action sur le thalle. ol Teint l’hymenium en jaune citron dans la var. glaucoma ; la var. subcarnea n'étant pas modifiée par le réactif (Arn., in litt.). Habit. — Espèce saxicole et silicicole assez répandue dans les Vosges contre les rochers élevés ; sur les blocs erratiques et cristallins du Grand- Salève (J. Mull.) ; nulle dans le Jura. Les deux variétés se trouvent sou- vent aux mêmes lieux et mélangées, la var. glaucoma plus particulière- ment dans les endroits ombragés et à la base des rochers. — 296 — 17. LECANORA CENISIA Ach.; Schær., En., p. 73; J. Mull., Class., p. 384. Zeora cenisia Kærb., Syst., p. 137. Parmelia cenisia Fr. L. E., p. 180. Exs. Hepp, n° 62. Thalle tartareux, verruqueux, aréolé, d’un blanc cendré ou glauque. Hypothalle blanc peu distinct. Apothécies sessiles, grandes, de 1,5 à 2,5 mill., à disque livide passant au noir, légèrement pruineux, concaves d’a- bord, puis planes et convexes, à rebord thallin épais, en- tier puis crénelé, flexueux, persistant. Spores hyalines, sim- ples, ovoïdales, de Omm,014 à Onm,018 de long, env. 1 1/2 à 2 fois p. IL. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques claviformes au sommet, subulées à la base, de Onm,048 à Onm,052 de long sur 0mm,015 à Omm,017 de large. Paraphyses flexueuses, assez robustes, peu ou pas articulées, très peu renflées au sommet, hyalines sur presque toute leur lon- gueur, un peu brunes au sommet, facilement libres. Epithe- cium granuleux d’un brun presque noir, formant une ligne zéorine bien visible. Thecium et Hypothecium d’un jaune brun clair, presque incolores. Spermogonies excessivement nombreuses, immergées en grande partie, ne faisant saillie que par un ostiole noir faci- lement visible, de forme oblongue et de couleur plus pâle à la base qu’au sommet. Stérygmates très courts, à deux ou trois articulations, ou quelquefois simples. Spermaties li- néaires, courbées en segment de circonférence d’environ Omm,020 à Onm,022 de long. I Sans action sur le thalle. : Bleuit l’hymenium, puis la couleur passe au violet. K Jaunit plus ou moins le thalle. Sans action sensible sur l’hymenium. Ca cl. Sans action ni sur le thalle ni sur l’'hymenium. Habit. — Espèce complètement saxicole, au moins dans nos limites, et — 297 — toujours silicicole. Elle n’est pas rare dans les Vosges, surtout à des alti- tudes un peu hautes; également sur les blocs erratiques du Salève (J. Mull.). Complètement nulle dans le Jura. Cette espèce ressemble beaucoup à la Lec. subfusca v. atry- nea, ainsi qu’à la Lec. atra. Elle se distingue de la première par une ligne zéorine bien visible; de la seconde par le thecium et l’hypothecium presque incolores et non plus d’un brun violet. Plusieurs auteurs la réunissent comme variété à la Lec. sub- fusca, Th. Fries entre autres (Lich. Scand., p. 280). Sur l’exem- plaire des exsiccatas de Hepp que nous possédons, existe une annotation de Nylander à côté de cette espèce : « Ne diffère pas sensiblement de la suivante » qui est la Lec. subfusca campes- tris de Schærer. 18. LECANORA COARCTATA Ach., L. U., p. 332; Syn., p. 149. Lecanora coarctata y elacista Schær., En., p. 76. Lecanora elacista Mass.; J. Mull., Class., p. 385. Lecidea coarctata Nyl., L. Sc., p. 196; Th. Fries, L. Sc., p. 447. Zeora coarctata Kærb., Syst., p. 132. Exs. Hepp, n° 186; Schær., n° 312. Thalle tartareux, fendillé-aréolé ou verruqueux, d’un gris cendré ou glauque. Hypothalle blanchâtre peu persistant. Apothécies petites, de 0,3 à 0,6 mill. de diamètre, adnées, à disque plan peu persistant, d’un brun roux tirant sur le noir, à rebord thallin d’abord pulvérulent, puis nu, peu persistant. Ce rebord irrégulier, flexueux, s'étale par l’hu- midité, puis se resserre par la sécheresse de façon à ca- cher la plus grande partie du disque. Spores simples, hya- lines, ovoïdales, de Om®,015 à Omm, 092 de long, env. 2 fois p. 1. q. L., au nombre de 8 et uni-sériées dans des thèques minces, allongées, de Omm,075 à Onm,080 de long sur Omm,009 à Onm, 011 de large, ou plus souvent bi-sériées. Dans ce cas, les thèques ont environ Onm,060 de long sur Omm,018 de large. Paraphyses grêles, peu ou pas articulées ni renflées, — 998 — hyalines, avec une teinte un peu brunâtre au sommet, assez cohérentes. Epithecium d’un brun noirâtre. Thecium légè-. rement coloré en brun rougeâtre. Hypothecium plus foncé. Spermogonies immergées. Spermaties droites, aciculaires. ( Sans action sur le thalle. | Colore en violet vineux l’hymenium, surtout les thèques. K À peu près sans action sur le thalle, ou le jaunit légèrement. Sans action sur l’hymenium. Donne souvent une coloration rouge dans les formes à thalle épais. Réaction peu sûre. Sans action sur l’hymenium. Ca cl Habit. — Espèce peu commune dans nos limites ; n’est guère indiquée que par le docteur Muller sur la mollasse en dessous d’Aire près Genève et au sommet du Salève. Elle est plus abondante sur les grès rouges à Bruyères et Remiremont. La Lecanora coarctata est une de ces espèces dont la place est assez mal définie. Beaucoup d’auteurs en font une Lécidée. Elle possède cependant un rebord thallin bien certain quoique fugace. Ses thèques très allongées la rapprochent des Aspici- lia ; elle est donc intermédiaire entre celles-ci et les Zéora. x*kxx ASPICILIA Mass; Th. M. Fries. Thalle cortiqué seulement à la partie supérieure. Apothé- cies ordinairement urcéolées, à disque immergé dans le thalle. 49. LECANORA CALCAREA Smrfs., Suppl., p. 102. Aspicilia calcarea Kærb., Par., p. 95. Lecanora cinerea + calcarea Nyl., Scand., p. 154. Urceolaria calcarea Ach., Meth., p. 182. Lichen calcareus Linn., Sp., 1753. Thalle de teinte variant du blanc au gris cendré ou au gris bleuâtre, continu ou fendillé aréolé, à contours indéterminés ou parfois assez distincts ; hypothalle blanchâtre. — 999 — Apothécies petites, moyennes ou grandes, variant de 0,5 à 2,9 mil. de diamètre, anguleuses, ou punctiformes, ou linéaires, enfoncées dans le thalle, à rebord peu visible dans certaines variétés, fortement urcéolé dans d’autres, au con- traire ; à disque plan ordinairement pruineux. Spores hya- lines simples presque sphéroïidales ou quelquefois anguleuses par la pression dans les thèques, de Omm,020 à Omm,095 de long, presque aussi |. q. L., renfermées au nombre de 4 et uni-sériées (plus rarement 2-3-5-6) dans des thèques élargies au sommet et au milieu, de Omm,090 à Onm,100 de long sur Omm, 092 à Omm,026 de large. Paraphyses très flexueuses, simples, noyées dans un mucilage abondant, non articulées, très peu renflées au sommet, fortement agglutinées par une couche épithéciale verdâtre. Thecium et Hypothecium inco- lores ; ce dernier ne reposant pas sur une couche gonidiale. Spermogonies verruqueuses, un peu ovoidales. Spermaties droites, aciculaires. Stérygmates simples. « Var. concreta Schær. {. c., p. 91; Flagey, L. F.-C., n° 961. — Thalle couvrant souvent de grands espaces, subeffiguré, presque contigu, d’un gris cendré. Apothécies très immergées, à rebord très peu saillant. 8 Var. farinosa Ach., Syn., p. 144; Exs. Hepp, 628. — Thalle pulvérulent, farineux, rugueux. Apothécies petites, presque punctiformes. y Var. contorta FIk., D. L., n° 30; Exs. Hepp, 629. — Thalle blanchâtre ou gris verdâtre, à aréoles irrégulières élevées au- tour des apothécies, déprimé au pourtour. Apothécies assez grandes. ô Var. Hoffmanni Ach., Prod., p. 31; Exs. Roumeg., 406. — Thalle presque contigu, d’un bleu glauque. Apothécies grandes, assez fortement urcéolées. { Bleuit la gélatine hyméniale. | Sans action sur le thalle. I Sans action sur l'hymenium ou jaunit un peu l’epithecium. Sans action sur le thalle. Ca cl. Sans action aucune. 0 — Habit.— Cette espèce, complètement saxicole, est excessivement variable par la couleur et la consistance du thalle ainsi que par la forme des apo- thécies. La var. concreta est abondante sur les calcaires de la plaine, du Doubs et du Jura, ainsi qu’au Salève. La var. $ est moins répandue, mais se trouve dans les mêmes conditions et sur les sommets du Jura, ainsi qu'aux pitons du Salève (J. Mull.). La var. y disséminée comme la précé- dente : Besançon, Pontarlier, la Dôle, le Reculet, le Salève. La var. à est silicicole pendant que les trois premières sont calcicoles ; elle est beaucoup plus rare dans nos limites et indiquée seulement dans les hautes Vosges sans désignation bien exacte de localité ; elle est donc à rechercher. 20. LEGANORA GIBBOSA Nyl., Scand., p. 154; Th. M. Fries, L. Sc., p. 276. Urceolaria gibbosa Ach., L. U., p. 234. Aspicilia gibbosa Kærb., Syst., p. 168. Lichen gibbosus Ach., Prod., p. 30. Exs. Flagey, L. F.-C., n° 262. Thalle tartareux, verruqueux, gibbeux, d’un gris cendré bleuâtre, à aréoles gonflées au milieu, déprimées au pour- tour ; hypothalle cendré un peu plus pâle. Apothécies variables, de 4 à 2,5 mill., d’abord immer- gées dans le thalle, puis urcéolées, à disque noir non prui- neux, plan ou concave, à rebord thallin crénelé, assez élevé, persistant. Spores hyalines, simples, subsphéroïdales ou anguleuses par compression, de Omm,020 à Onm 030 de long, env. À 1/4 à 1 1/2 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 4-6 (rarement plus) et unisériées dans des thèques ren- flées au sommet, de Omm,060 à Omm,065 de long sur Omm,018 à Omm,020 de large. Paraphyses grêles, gélatineuses, île- xueuses, peu articulées et peu renflées au sommet où elles sont fortement agglutinées. Epithecium vert brunâtre. The- cium et Hypothecium presque incolores. Spermogonies de la Lec. calcarea. « Var. vulgaris Kœærb., Syst., p. 163. — Thalle à aréoles presque sphériques. Apothécies immergées, ocellées, à rebord thallin crénelé, — 301 — 6 Var. squamata Flw. — Thalle squameux au centre, à écailles très petites, subeffiguré. Apothécies petites, immergées d’abord, puis élevées sur le thalle. Bleuit légèrement la gélatine hyméniale qu'il rougit ensuite. Sans action sur le thalle. K. Ca cl. Sans action sur l’hymenium ni sur le thalle. Habit. — Çà et là dans les Vosges sur les granites. Un peu plus répandue sur les calcaires des pelouses arides : Thoraise près Montferrand, etc. 21. LECANORA VERRUCOSA Nyl., Scand., p. 156; J. Mull., Class., p. 385. Urceolaria verrucosa Ach., Un., p. 339; Syn., p. 140. Aspicilia verrucosa Kœrb., Syst., p. 167. Parmelia verrucosa Fr. L. E., p. 186 (pr. p.). Exs. Hepp, 193; Flagey, 317. Thalle cartilagineux, rugueux, verruqueux, ordinairement blanchâtre, parfois un peu glauque ou un peu cendré; hy- pothalle concolore. Apothécies moyennes, enfoncées dans les verrues du thalle, à disque concave ou plan, d’un noir brunâtre un peu prui- neux, à rebord thallin entier, et à excipulum proprium ordi- nairement visible. Spores hyalines, simples, presque sphéroi- dales ou un peu anguleuses par suite de leur mutuelle pres- sion, de Onn,035 à Omm 045 de long, env. 1 1/3 fois p. 1. q. 1., renfermées au nombre de 8 et bisériées dans des thèques ovoïdales de Onm 140 à Omm,150 de long sur Omm,040 à Omm, 050 de large. Paraphyses flexueuses noyées dans un muci- lage abondant, peu articulées et peu renflées au sommet, fortement agglutinées par une couche épithéciale fuligineuse. Thecium jaune très pâle. Hypothecium jaune plus foncé ne reposant pas sur une couche gonidiale. Spermogonies analogues à celles de la Lec. calcarea. Teint en bleu passant au violet les paraphyses et la gélatine. Sans action sur le thalle. — 302 — K. Sans action sur l’hymenium ni sur le thalle, ou brunit un peu ce der- nier. Ca, cl. Sans action sur l’hymenium ni sur le thalle. Habit. — Sur la terre nue et plus encore sur les vieilles mousses. Es- pèce répandue et assez abondante sur tous les sommets du haut Jura: Chasseral, Chasseron, Suchet, Dôle, Reculet. Elle descend assez souvent aux pieds de ces montagnes du côté de France. Complètement nulle dans les Vosges. 29. LECANORA MUTABILIS Nyl., Lapp., p. 137; J. Mull., Class., p. 385. Urceolaria mutabilis Ach,, Un., p. 335; Schær., En., p. 93. Aspicilia mutabilis Kœrb., Syst., p. 167. Parmelia verrucosa Fr., L. E., 186 (pr. p.). Exs. Hepp, E. F., n° 631 ; Flagey, L. F.-C., 318. Thalle cartilagineux, lisse, verruqueux, d’un jaune bru- nâtre, à contours indéterminés; hypothalle peu visible et disparaissant promptement. Apothécies petites, enfoncées dans les verrues du thale à disque d’un noir brunâtre, à rebord thallin un peu prui- neux, assez élevé. Spores hyalines, simples, presque sphé- roîdales ou un peu anguleuses, de 0mm,040 à Omm,050 de long, env. 1 1/3 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 et bi-sériées, au moins pour celles du milieu dans des thèques ovoidales de Onn,145 à Onm,155 de long sur Onm,040 à Omm, 050 de large. Paraphyses très flexueuses, souvent rameuses, noyées dans un mucilage abondant, peu articulées et peu renîlées au sommet, fortement agglutinées par une couche épithéciale jaune-brunâtre. Thecium incolore ou à peine jau- nâtre ;, Hypothecium jaune un peu plus foncé. Spermogonies analogues à celles de la Lec. calcarea. Teint les paraphyses et la gélatine en bleu devenant promptement jaune-verdâtre. Sans action sur le thalle. K. Sans action. Ca, cl. Sans action. — 303 — Habit. — Au pied des montagnes, dans les environs de Genève sur dif- férents arbres : sur des poiriers, à Bossey, sur des noyers à Monetier, sur des frênes, au dessus de Thoiry (J. Mull.) ét à Vallorbes (Flagey). Le docteur Th. Fries regarde cette espèce comme une variété cortici- cole de la Lec. verrucosa. Elle est toujours plus rare que celle-ci et fré- quentant des régions moins élevées. 23. LEGANORA CORACINA Hepp, E. F1., n° 383; J. Mull., Class., p. 385. Lecanora tenebrosa Nyl., in Flora, 1862, p. 83. Aspicilia tenebrosa Fw.; Kærb., Par., p. 99. Aspicilia atrocinerea Mass., Rich., 39. Lecidea tenebrosa Ny1., Prod., p. 127; Th. Fries, L. Se., p. 540. Exs. Hepp, n° 383 ; Arnold, Jura, 114; Flagey, L. F.-C., n° 189. Thalle tartareux, fendillé aréolé ou légèrement verruqueux, d’un gris cendré fauve devenant facilement noirâtre, surtout au centre. Hypothalle noir. Apothécies de 0,5 à 0,7 mill. de diamètre, apprimées, wrcéolées, à disque noir, plan, entourées d’un rebord propre, mince, un peu crénelé, et d’un rebord thallin accessoire dis- paraissant promptement. Spores simples, hyalines, ovoi- dales, de Omm,011 à Omm,013 de long, env. 1 1/2 à 2 fois p. 1. q. l., contenues au nombre de 8 et ordinairement unisériées dans des thèques cylindriques, allongées, souvent recour- bées, de Omm,080 de long sur 0mm,013 à Omm,016 de large. Paraphyses longues et très flexueuses, enchevêtrées, assez grêles, hyalines, à l'exception du sommet qui est un peu brunâtre et où elles sont légèrement renflées et peu ou pas articulées, lâchement cohérentes. Epithecium d’un vert très foncé. Thecium incolore. Hypothecium bien sensiblement brunâtre. Spermogonies immergées, difficiles à apercevoir. Stér1yg - mates courts. Spermaties droites, bacillaires, d’environ Omm, 007 à Onm,008 de long. LL “907, {_ Très peu d’action sur le thalle. sus I Colore en bleu les thèques ; les paraphyses étant teintes soit en | bleu verdâtre, soit en jaunâtre, suivant les échantillons. Donne au thalle une couleur d’un brun sale. Sans action sur l’hymenium. Ca, cl. Sans effet bien appréciable ni sur le thalle ni sur l’hymenium. Habit. — Assez rare sur les blocs erratiques du Salève (J. Mull.), abon- dante au contraire sur les blocs cristallins de l'Est. N’a pas encore été signalée dans les Vosges où elle aura probablement été confondue avec la Lecidea morio, est à y rechercher. Complètement nulle dans le Jura. Cette espèce est une de celles auxquelles il est difficile d’attri- buer une place bien certaine, soit comme Lécanorée, soit comme Lécidée. La nomenclature que nous en avons donnée plus haut le prouve surabondamment. Contrairement à l’opinion du doc- teur Th. Fries, nous pensons qu’il y a lieu de la conserver dans les Lécanorées. Sans parler de la forme extérieure de l’apo- thécie qui est bien urcéolée, comme dans les Aspicilia, nous pouvons invoquer le bord thallin peu persistant, mais existant cependant en plus de l’excipulum proprium. La forme et la dimension des thèques se rapportent bien surtout aux Aspici- lia; Kœrber prétend que les spores y sont bi-sériées ; nous les avons, au contraire, trouvées normalement uni-sériées tant dans les échantillons de Hepp que dans les nôtres, provenant des blocs cristallins du Salève. 24. LECANORA CINEREA Smmrf., Lapp., p. 99; Nyi., Lich. Scand., p. 153. Urceolaria'cinerea Ach., L. U., p. 336; Schær., En., p. 86. Aspicilia cinerea Kærb., Syst., p. 164. Lecanora cinerea à genuina Br. et Rostr., Dan., p. 75. Lichen cinereus Linn., Mant., I, p. 132. Thalle tartareux fortement aréolé, lisse, de couleur variant avec les différentes formes : cendré, blanc ou ocreux ; hypo- thalle noir très visible, débordant souvent. Apothécies de 1 à 1,5 mill. de diamètre, enfoncées d’a- bord dans les aréoles du thalle, puis ensuite subsessiles, — 0 à disque noir non pruineux, ou du moins très peu, plan ou concave, à rebord thallin entier et assez longiemps persis- tant. Spores simples, hyalines, ellipsoïdales ou subglobu- leuses, de Omm,013 à Onm 022 de long, 1 1/2 à 2 fois p. I. q. 1., renfermées au nombre de 8 et bi-sériées dans des thèques ovoidales de Onm,065 à Onm 075 de long sur Omm,022 à Omm, 028 de large. Paraphyses flexueuses, simples, gélatineuses, très peu renflées au sommet, fortement agglutinées par une couche épithéciale d’un brun chamois. Thecium et Hypothe- cium incolores ; ce dernier ne reposant pas sur une couche gonidiale. Spermogonies verruqueuses. Stérygmates gros, courts et simples. Spermaties droites, légèrement aciculaires. a Var. vulgaris Schær., Spic., 71, 357; Hepp, E. F., n° 388; Flagey, 366. — Thalle cendré. Apothécies nues. B Var. alba Schær., En., p. 86. — Thalle blanchâtre. Apo- thésies parsemées d’une pruine gris cendré, y Var. ochracea Schær., En., p. 87; J. Mull. Class., p. 384. — Thalle coloré par nr de fer en jaune ochreux où rou- geâire. Apothécies ordinairement nues. Teint la gélatine hyméniale en bleu passant rapidement au jau- nâtre. - : Sans action sur le thalle. K Sans action sur l’hymenium. Colore la médulle en rouge de sang. Ca, cl. Sans action. Habit. — Cette espèce est toujours silicicole dans nos limites. La var. « est assez fréquente dans toutes les Vosges aux lieux élevés (Flagey), sur les blocs erratiques du Salève et au pied du Reculet (J. Mull.). La var. 8 est plus répandue dans les basses altitudes : Bains, la forêt de la Serre près Amange. La var. y sur des pierres quartzeuses des champs à l’est du village de Monetier et probablement dans beaucoup d’autres lieux où l’oxyde de fer abonde. On pourrait parfois confondre la Lec. cinerea avec quelques formes de Lec. calcar'ea et surtout de Lec. gibbosa. On la dis- tinguera par les thèques renfermant 8 spores bi-sériées et par la coloration rouge obtenue par la potasse, les deux autres n’éprouvant pas de modifi- cation sous l’action du réactif. 20 — 306 — 95. LECANORA CINEREO-RUFESCENS Th. Fries, L. Sc. p. 284. Urceolaria cinereo-rufescens Ach., Univ. p. 677. Aspicilia cineïeo-rufescens Th. Fr., Arct., p. 134 (pr. p.). Lecanora cinerea x cinereo-rufescens Nyl., L. Sc., p. 154. _ Lichen cinereo-rufus Wngb., Lapp. p. 407. Exs. Hepp, E. F., no 625. Thalle assez mince, blanc cendré un peu rougeûtre, légè- rement verruqueux, aréolé; hypothalle noir débordant. _ Apothécies très petites, presque punctiformes, enfoncées dans les aréolés du thalle. Spores ellipsoïdales, hyalines, simples, de Omm,010 à Omm,015 de long, 1 1/3 à 2 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques un peu ventrues, de O0mm,060 à Onm,070 de long sur Onm,018 à Omn, 022 de large. Paraphyses assez robustes, gélatineuses, peu articulées, fortement agglutinées par une couche épithéciale brunêtre. Thecium et Hypothecium incolores. Spermogonies analogues à celles de la Lec. cinerea. Sper- maties moins aciculaires encore, environ 4 fois p. I. q. I. Colore en bleu la gélatine hyméniale et les thèques. Colore souvent en bleu violet la couche médullaire. Sans action sur l'hymenium. Sans action sur le thalle. Ca, cl. Sans action. I Habit. — Cette espèce, assez abondante dans les hauts sommets des Alpes, est très rare dans nos limites. Nous ne pouvons guère la signaler qu'au sommet du Hohneck (Vosges). 26. LECANORA CERACEA Stiz., L. helw., p. 199. Aspicilia ceracea Arn., in Flora, 1859. Lecidea ceracea Malebr., Cat., p. 177. Exs. Arn., Jura, 9, 226, 933 ; Flagey, L. F.-C., n° 367. Thalle mince, tartareux, presque pulvérulent, continu et — 307 — tout à fait indéterminé, de couleur de chair très claire. Hv- pothalle nul, mvisible. Apothécies très petites, sessiles, nombreuses en certains points, presque confluentes, couleur de chair plus foncée que le thalle, ou même brunes, à disque plan, à rebord thal- lin épais, entier, arrondi et non anguleux. Spores hyalines, simples, ellipsoïdales, une fois libres, de Omm,010 à Omm 014 de long, 2 fois p. 1. q. L., au nombre de 8 et toujours angu- leuses, difformes tant qu’elles sont dans les thèques. Celles- ci étant cylindriques, allongées, de Omm,058 à Omm,062 de long sur Omm O1 à Omm,013 de large. Paraphyses hyalines, grêles, très flexueuses, ni articulées, ni renflées au sommet où elles sont agglutinées par une couche épithéciale jaunâtre. Thecium incolore, Hypothecium légèrement teinté en jaune verdâtre. Spermogonies peu connues. Colore en bleu l’hymenium. Sans action sur le thalle, K. Sans action. Ca, cl. Sans action. Habit. — Cette espèce n’est pas très rare dans nos limites. Nous l’avons rencontrée dans des bruyères sur le bord d’un ruisseau dans les environs d’'Amange, près de la forêt de la Serre (Jura), puis près de la gare à Mont- ferrand, à Torpes, etc., etc. Elle se trouve ordinairement sur les petites pierres siliceuses des terrains de chailles associée à la Lec, contigua v. crustulata Arnold. 27. LECANORA LACUSTRIS Th. Fr., Spitsb., p. 24. Aspicilia lacustris Th. Fr., Arct., p. 136. Urceolaria lacustris Ach., Meth., p. 150. Lecanora cinerea x lacustris Nyl., L. Sc., p. 155. Lichen lacustris With., Bot. Arr., p. 21. Thalle mince, tartareux, aréolé, fendillé, d’un jaune pâle, ou un peu ocreux. Hypothalle concolore, indistinct. Apothécies petites, 0,2 à 0,5 mill. de diamètre, à disque — 308 — complètement immergé, médiocrement urcéolé, d’un brun notrâtre, à rebord thallin concolore, mince et anguleux. Spores hyalines, simples, ovoïdales, de Onm, 012 à Onm,016 de long, env. 2 fois à 2 fois 1/4 p. I. q. l., contenues au nombre de 8 dans des thèques cylindriques, allongées, un peu clavi- formes, de Omm,060 à Onm, 066 de long sur Omm,012 à Omm,014 de large. Paraphyses hyalines, grêles, flexueuses, ni articu- lées, ni renflées au sommet où elles sont fortement aggluti- nées par une matière épithéciale d’un jaune brunâtre. The- cium incolore, Hypothecium légèrement teinté en jaune bru- nâtre. [ Sans action sur le thalle. Colore en violet vineux ou jaunâtre l’hymenium. K : Sans action. Ca cl Habit. — Cette espèce, beaucoup plus rare que la Lec. cerucea, se trouve aux mêmes lieux. Il est à remarquer eependant qu’elle recherche davantage l'humidité et croit surtout dans les fossés et les petits creux où l’eau a longtemps séjourné. GENRE IV. LECANIA Th. Fr.; J. Mull., Class. Thalle crustacé, uniforme, quelquelois nul, verruqueux granuleux ou lépreux pulvérulent, cortiqué seulement à la face supérieure. Apothécies à disque devenant promptement globuleux et à rebord thallin disparaissunt bientôt (Lec. ru- bra exceptée). Spores hyalines, oblongues ou 3-septées, ou 1-septées, mais alors non polariloculaires. Hypothecium re- posant ordinairement sur une couche gonidiale. Spermogonies immergées. Stérygmates simples. Sperma- tes aciculaires, courbées. 4. Spores biloculaires (Biatorinopsis)........ n Spores 4-loculaires (Eulecania)........ as DEsnéces ICONHCICOIES 1 ere etc Re Espéces SaxicoleS cer menunesemtene 4 ns RO DATES APOILESE 2 de esse ces s Lec. cyrtella Th. Fries. Spores courbées ou fabiformes......... …. Lec. dimera Th. Fries. 4. Thal'e livide. Apothécies 2 1/2 à 3 fois p. 15 Gent er SE En SA ne a, Lec. proteiformis (Kœærb.) Thalle grisâtre. Spores 1/2 à 2 fois p. 1. q. 1. Lec. turicensis J. Mull. 5. Disque des apothécies brun....,.......... 6 Disque des apothécies rouge.......,.,,.... Lec. rubra J. Mull. GA ESpece saxicole. 222... 0u dents Lec. Nylanderiana Mass. HSpéces Conticicoles. Lead ae sut 1 7, Apothécies d’un brun roux, à rebord thallin ou concolore ou foncé, très fugace. Para- physes peu renflées au sommet ethyalines. Lec. syringea Yh. Fr. Apothécies d’un brun-noir, à rebord thallin beaucoup plus pâle, plus persistant. Pa- raphyses brunâtres au sommet où elles Sonbiortementreniiées.. 1... Lec. Kœrberiana Lahm. *% SPORES BI-LOCULAIRES (Biatorinopsis J. Mull.). 1. LECANTA CYRTELLA Th. M. Fries. Lich. Scand., p. 294. Biatorina cyrtella Kærb., Syst, p. 190 (pr. parte). Patellaria cyrtella 3. Mull., Class, p. 397. Biatora anomala Hepp, E. F1., n° 18. Lecidea anomala v. cyrtella Ach., L. U., p. 382; Schær., En., p. 118. Exs. Hepp, E. F1..18; Arn., Jura, 48; Flagey, L. F.-C., 96. Thalle mince, granuleux, d’un blanc cendré clair, indéter- miné ; hypothalle blanchâtre peu distinct. Apothécies petites, de 0,3 à 0,6 mill. de diamètre, à disque d’un roux brun devenant noirâtre avec l’âge, très promptement convexe, à rebord thallin mince et entier, d’a- bord pâle et bien visible, puis devenant obscur et disparais- sant. Spores hyalines, bi-loculaires, oblongues, droites, ob- tuses aux extrémités, de Omm, 009 à Onm,015 de long, 3 à 3 1/2 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 (bien rarement 16) dans des thèques renflées de Omm,038 à Omm,042 de long . sur Omm,009 à Omm,011 de large. Paraphyses hyalines, sim- = 0 — ples, peu articulées et peu renflées, fortement agglutinées au sommet. Epithecium incolore ou quelqueïfois un peu bru- nâtre. Thecium et Hypothecium incolores ; ce dernier repo- sant sur une épaisse couche gonidiale. | Spermogonies du genre. ; Teint en bleu l'hypothecium et en violet l’hymenium. Sans action sur le thalle. K Ca el Sans action sur le thalle ni sur l’hymenium. Nota. — Le docteur Th. Fries indique une coloration bleu-rougeâtre produite par la potasse en contact avec l’epithecium quand il est coloré; nous n'avons jamais observé cette réaction dans nos échantillons. Habit. — Cette espèce est assez répandue dans nos plaines sur les saules et surtout sur les peupliers : Dole, Thoraise près Besançon, Genève au bord de l’Arve, etc., etc. 2. LECANIA DIMERA Th. Fries, Lich. Scand., p. 293. Biatorina cyrtella Kærb., Syst., p. 190 (pr. parte). Lecanora athroocarpa v. dimera Nyl., L. Sc., p. 169. Lecidea dubitans Nvl., L. Sc. p. 207. Thalle très mince, d’un blanc cendré. Apothécies petites devenant très promptement biatorines. Spores hyalines, bi- loculaires, oblongues, courbes ou fabiformes, de Omm,012 à Omm 017 de long, de 3 à 4 fois p. |. q. L. Paraphyses bru- nâtres au sommet. Epithecium également brunâtre. Tous les autres caractères concordent absolument avec ceux de la Lecania cyrtella. Habit. — Cette espèce est fort rare dans nos limites, elle se trouve à Dole aux mêmes lieux que la précédente. Comme on l’a vu, les différences entre la Lec. cyrtella et la Lec. dimera sont très faibles, puisqu'elles ne consistent guère que dans la forme des spores qui sont courbes au lieu d’être droites ; aussi n'est-ce pas sans raison que M. l’abhé Olivier a fait de celle-ci une simple variété de la première. — 311 — 3. LECANIA PROTEIFORMIS. Biatorina proteiformis Kærb,, Par., p. 139; et Mass., Exs. n° 144. Lecidea luteola v. erysibe Ach., L. U., p. 196; Nyl., L. Sc. p. 167. Biatora erysibe. E. Fr.. p. 271. Thalle assez épais ou mince, rugueux verruqueux ou fen- dillé, aréolé, de couleur livide. Hypothalle peu distinct. Apothécies petites ou moyennes, de 0,4 à 1 mill. de dia- mètre, souvent agglomérées, à disque plan ou très con- vexe variant du jaune rougeûâtre au brun livide, souvent pruineux, à rebord thallin mince et disparaissant prompte- ment. Spores hyalines bi-loculaires, elliptiques, oblongues, de Onm,010 à Onm,015 de long, env. 2 fois 1/2 à 3 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques un peu claviformes, de Omm 040 à Onm 045 de long sur 0,013 à Onm,014 de large. Paraphyses hyalines, assez robustes, arti- culées ou un peu renflées au sommet où elles sont assez for- tement cohérentes. Epilhecium brunâtre. Thecium incolore ou un peu teinté au sommet. Hypothecium incolore reposant sur une couche gonidiale. Spermogonies peu visibles et peu connues. « Var. Rabenhorstii Kœrb., Par., p. 139; J. Mull., Class., p. 386. Exs. Hepp, n° 75; Flagey, n° 266. — Thalle rugueux, verruqueux. Apothécies très convexes, agglomérées, couvertes d’une pruine bleuâtre. 8 Var. erysibe J. Mull., Class., p. 386. Exs. Mass., L. it., n° 144; Hepp n° 409. — Thalle fendillé, aréolé. Apothécies plus im- mergées, plus planes, à disque noircissant avec l’àge. I Teint en bleu la gélatine hyméniale. Sans action sur le thalle. D Sans action sur le thalle, ni sur l’'hymenium. Ca cl Habit. — La var. & n'est pas rare sur les vieux crépis des murs dans les environs de Genève et de Besancon, notamment sur les murs du cime- — 3919 — tiére de cette dernière localité. La var. 8 est beaucoup moins commune : sur la mollasse dans les environs de Genève (J. Mull.). 4. LECANIA TURICENSIS J. Mull., Class., p. 386. Biatora turicensis Kærb., Par., p. 140. Exs. Hepp, n° 8; Mass., Jtal., 149. Thaile rugueux devenant facilement lépreux, d’un gris bleuâtre. Hypothalle blanc peu distinct. Apothécies petites, d'environ 0,5 mill. de diamètre, agglo- mérées, à disque grisâtre, carné étant humide, à rebord thallin mince et disparaissant promptement. Spores hyalines, obtuses, ovoidales, biloculaires, de Om,009 à Omm,014 de long, env. À 1/2 à 2 fois p. 1. q. 1. Tous les autres caractères concordent avec ceux de la Lec. proteiformis. Habit. — À Compesières près Genève (J. Mull.). Cette espèce est très voisine de la précédente dont ce n’est peut-être qu'une variété. Elle s’en distingue par la couleur du thalle et des apothécies, mais surtout par la forme beaucoup plus largement ellipsoïdale des spores qui sont seulement 1 1/2 à 2 fois p. 1. q. 1., au lieu de l’être 2 1/2 à 3 fois. k%X SPORES 4-LOCULAIRES (Æulecania J. Mull.). 5. LECANIA SYRINGEA Th. M. Fries, L. Sc., p. 290. Lecania fuscella Mass.; Kærb., Syst., p. 122. Lecanora athroocarpa Dub., B. gall., 2, p. 669. Lecanora pallida y fuscella Schær., En., p. 78. Lecanora Hageni 8 Syringea Ach., Un. p. 368. Exs. Hepp, 76; Flagey, 185. Thalle très mince ou même parfois nul, indéterminé, lé- preux, verruqueux, d’un blanc cendré ou sanques Han thalle blanc arachnoïde. — 313 — Apothécies petites, atteignant À mill. de diamètre, sessiles, à disque très promptement convexe d’un brun pâle, presque toujours recouvert d’une pruine bleuâtre, à rebord entier, d'un brun plus foncé, entier, disparaissant promptement. Spores oblongues, allongées, souvent courbées, obtuses aux extrémités, hyalines, fri-septées, de Omm,012 à Omm 015 de long, env. 3 fois p. I. q. l., renfermées au nombre de 8-16 dans des thèques cylindriques, étroites, de Omm,055 à Omm,060 de long sur Onm,008 à Omm,009 de large. Paraphyses très fle- xueuses, hyalines sur toute leur longueur, peu ou pas arti- culées, peu renflées au sommet où elles sont fortement ag- glutinées par une couche épithéciale presque incolore ou _très légèrement brunâtre. Thecium et Hypothecium inco- lores ; ce dernier reposant sur une couche gonidiale épaisse. Spermogonies du genre. : Teint en bleu l’intérieur de l’hypothecium, puis en rouge vineux. Sans action sur le thalle. K Ca CI Sans action sur le thalle, ni sur l’hymenium. Habit. — Cette espèce n’est pas rare dans nos plaines, quoique nulle part bien abondante : sur les peupliers d'Italie, les saules, mais surtout sur l'écorce lisse des jeunes noyers associée à Caloplaca pyracea (Th. Fries). Se retrouve à Genève dans les mêmes conditions et notamment à Mone- tier (J. Mull.). 6. LECANIA KŒRBERIANA Lahm. in Kœærb., Par., p. 68; Th. Er., L. Se.,.p: 291. _ Thalle mince, cependant plus épais que dans la Lecania syringea, lépreux, subquamuleux, brun ou vert cendré. Hv- pothalle presque concolore. Apothécies très petites, de 0,2 à 0,5 mill. de diamètre, sessiles, à disque plan, devenant bientôt convexe, d’un brun noir, nu ou pruineux, à rebord entier gris pâle, dispa- raissant à la fin. Spores oblongues, allongées, souvent cour- bées, obtuses aux extrémités, hyalines, tri-septées, de Omn, — 314 — 012 à Omm 015 de long, env. 2 1/2 à 3 fois p. 1. q. 1. toujours au nombre de 8 dans des thèques cylindriques, étroites, de Omm,050 à Omm,055 de long sur Onm,009 à Omm 011 de large. Paraphyses hyalines à la base, d’un brun violet au sommet où elles sont articulées, fortement renflées , presque globu- leuses et légèrement agglutinées. Epithecium d'un brun violet. Thecium et Hypothecium incolores ; ce dernier repo- sant sur une couche gonidiale. Spermogonies peu connues. Sans action sur le thalle. Teint l'intérieur de l’apothécie en bleu, puis en rouge vineux. j Sans action sur le thalle. Avive la teinte violette de l’epithecium. Ca, cl. Sans action. Habit. — Espèce excessivement rare dans nos limites : {trouvée par M. J. Muller sur des écorces à Bossey près Genève. Quoique très voisine de la Lec. syringea,. elle doit, croyons-nous, former une bonne espèce, non-seulement à cause de la marge thalline plus blanche et surtout plus persistante, mais surtout à cause des paraphyses qui sont brunes au som: met et fortement renflées, presque globuleuses, tandis que dans la précé- dente, elles sont hyalines et peu renfiées. 7. LECANIA NYLANDERIANA Mass, Sched. crit., Kærb., Par., p. 69; Arn., in Flora, 1858, p. 393; Th. M. Fries, Pich Sc pp 291: Lecanora athroocarpa Nyl., Herb. Lich., Paris, n° 39. Lecanora cooperta Nyl., Lapp. or. p. 181. Exs. Mass., Lich. It. n° 152; Hepp, E. F1., n° 638. Thalle moyennement épais, amylacé, un peu lépreux, souvent oblitéré par l’agglomération des apothécies (comme dans le n° 638 d’Hepp, E. F1.), d’un blanc cendré. Hypo- thalle concolore peu distinct. Apothécies petites, de 0,5 à 1 mill. de diamètre, ordinai- rement très agglomérées, à disque pruineux d’un gris bleuâtre devenant rougeûâtre étant humecté, quelquefois nu dans un même échantillon, d’abord plan et à rebord thallin — 315 — mince et entier, puis convexes, semi-globuleuses et immar- ginées. Spores droites, oblongues ou un peu fusiformes, hyalines, 3-septées, de Onm,012 à Omm,017 de long, env. 4 à 5 fois p. L. q. 1., renfermées au nombre de 8 dans des fhè- ques légèrement claviformes, de Omm,642 à Omm,045 de long sur Onm, 011 à Omm 012 de large. Paraphyses assez robustes, hyalines ou un peu jaunâtres au sommet où elles sont assez fortement renîlées et articulées, lâchement cohérentes. Epi- thecium granuleux, d’un brun jaune assez foncé. Thecium et Hypothecium incolores. Spermogonies presque inconnues. Sans action sur le thalle. I Donne à l’hymenium une coloration bleue, passant promptement au vineux. K me Sans action ni sur le thalle, ni sur l’hymenium. Habit. — Cette espèce est ou fort rare dans nos limites ou plutôt mé- connue. Sur un vieux mur en ruine à Grandfontaine (Doubs) (Flagey). TI faut la rechercher sur les vieux mortiers, sur les vieux calcaires des ruines ; elle ressemble un peu au premier abord à la Lecania Rabenhorstii, mais celle-ci a des spores uni-septées, ce qui ne permet aucune confusion. 8. LECANIA RUBRA J. Mull., Cluss., p. 386. Phialopsis rubra Kœrb., Syst., p. 170. Patellaria rubra Hepp, E. F1., n° 205. Gyalecta rubra Mass., Rich. 146. Petractidis rubra Mass., Mém., 133. Lecanora rubra Schær., En., p. 84. Exs. Schær., n° 319; Hepp, n° 205. Thalle mince, cartilagineux, lisse et continu dans certains échantillons, puis devenant plus épais, granuleux et pulvé- rulent, mais toujours d’un blanc pur ou un peu glauque. Hypothalle luisant, concolore. Apothécies moyennes, de 1 à 2 mill. de diamètre, adnées, à disque concave, presque wrcéolé, d’un rouge rosé Où san- gquin, à rebord thallin épais, infléchi, crénelé et très persis- US tant. Spores hyalines, oblongues ellipsoïdales, un peu ob- tuses, 3-septées, de Onm,016 à Omm 092 de long., env. 8 à 4 fois p. 1. q. l., renfermées au nombre de 8 dans des thèques allongées, à parois minces, de O®m,055 à Onm,060 de long sur Omm 008 à Onm 009 de large, ou plus rarement et suivant l’arrangement des spores de 0mm,040 à Omm,045 de long, sur Onm,012 à Onm,014 de large. Paraphyses assez robustes, hya- lines, un peu brunes au dessus, un peu articulées et légère- ment renflées au sommet, où elles. sont très agglomérées. Epithecium d’un beau rouge brunâtre. Thecium hyalin ou un peu jaunâtre. Hypothecium incolore, épais, reposant sur une couche gonidiale. Spermogonies à peu près inconnues. «a (Type). — Conforme à la description ci-dessus. 8 Var. muscicola J. Mull., Class., p. 386. — Ne paraît dif- férer du type que par l’habitat. Teint en bleu foncé l’hymenium, l’hypothecium restant incolore. Sans action sur le thalle. Sans action sur le thalle. Avive un peu les couleurs du thecium et de l’epithecium. Ca, el. Sans action sur le thalle et sur l’hymenium. Habit. — Espèce assez rare parmi nous, beaucoup plus abondante dans certaines parties de la Suisse et dans le midi de la France : bois des Ven- gerons, près Genève, et Chézery (Ain); la var. 8 sur des mousses sous le sommet du Salève (J. Muil.); dans les Vosges sur diverses écorces, mais sans indication de localité (Mougeot). La longue synonymie que nous avons donnée en tête de cette espèce indique assez combien il est difficile de lui assigner une place générique bien certaine. Elle sert de transition entre les Lécanorées et les Lécidées, étant voisines des Bacidia et des Gyalecta, mais le rebord vraiment thallin et souvent zéorin ne permet pas l’indécision. En la regardant comme une vraie Lé- canorée, on peut encore la placer dans les Lecania comme le docteur J: Muller ou dans les Hæmatomma comme labbé Oli- vier. La forme des apothécies urcéolées, à rebord persistant, l’éloigne des Lecania ordmairement globuleuses et à rebord — 317 — fugace; mais le caractère bien plus positif des spores qui sont oblongues et un peu obtuses et non plus allongées, aciculaires, donne raison à la classification du docteur Muller. Ce n’est évi- demment pas sans raison que Kærber avait créé pour cette seule espèce le genre Phialopsis. GENRE V. HÆMATOMMA Mass; Kœrb. Thalle verruqueux, ou pulvérulent, cortiqué seulement à la face supérieure, uniforme. Apothécies rouges à bord thal- lin visible dans le jeune âge, mais peu persistant. Spores hyalines, aciculuires, 4-pluri-septées, souvent tordues. Sper- maties saillantes, droites ou courbées. Stérygmates simples. L Espèces saxicoles..:...,:,...,,.,... En 9 ESpécercortieicole....,:,2 ne, ia Hæm. cismonicum Belt. 2, Thalle verdâtre verruqueux. Apothécies ap- DAMES Te Neue near as Ham. ventosum Mass. Thalle blanchâtre farineux. one in- a ee du due à be das encor Hær. coccineum Kærb. 1. HÆMATOMMA VENTOSUM Mass., Rich., 1859, p.33; Kœrb., Syst, p. 452; J. Mull., Class, p. 287; Th. M. Fries, L. Sc. p. 296. Lecanora ventosa Ach., Un., p. 399; Nyl., L. Sc., p. 172. Parmelia ventosa Ach., Meth., p. 166. Lichen ventosus Linn., Sp. 1141. Exs. Hepp, E. F1., 643, 644; Flagey, L. F.-C.. n° 225. Thalle très épais, verruqueux, aréolé d’un vert jaunâtre. Hypothalle blanc bien distinct. Apothécies grandes atteignant souvent 2 mill., 5 à 3 mill. de diamètre, apprimées, promptement difformes, à disque convexe d'un rouge de sang, à rebord thallin très entier, disparaissant promptement. Spores hyalines, aciculuires, 4-pluri-septées, souvent atténuées en appendice caudal, droites ou tordues, de Omm,045 à Omm 050 de long, environ 6e 9 à 10 fois p. |. q. l., renfermées au nombre de 8 dans des thèques un peu ventrues, très atténuées à la base, à parois épaisses, de Omm,050 à O"m,060 de long sur Omm,015 à Omm, 019 de large. Paraphyses très robustes, un peu rameuses, articulées sur presque toute la longueur, peu renflées, peu cohérentes, incolores, mais paraissant jaunes par la matière théciale environnante. Epithecium d’un brun orangé très foncé, Thecium d’un jaune orange vif. Hypothecium inco- lore, épais. Spermogonies situées dans les verrues du thalle, assez saillantes. Stérymates simples. Spermaties subaciculaires, droites. Sans action sur le thalle. Bleuit tout l’hymenium. Sans action sur le thalle ou avive la couche gonidiale. Teint en bleu indigo l’hymeninm. Ca, cl. Sans action sur le thalle ni sur l’hymenium. Habit. — Espèce silicicole qui ne se rencontre que sur les hauts som- mets battus par les vents : Hohneck où elle est très belle et abondante ; Rotabac ; ballon d'Alsace. Au Salève où elle est rare sur quelques blocs erratiques (J: Mull.). Absolument nulle dans le Jura. 9, HÆMATOMMA COCCINEUM Koœrb., Syst., p. 153: Th. Fr. L. Se., p. 297. Lecanora hæmatomma Ach., Un., p. 388; Nyl., L. Sc., p. 172. Parmelia hæmatomma Ach., Meth., p. 35; Fries, L. E., p. 154. Lichen hæmatomma Ehrh., Han. Mag. p. 285. Lichen coccineus Dicks, Cr. Br., p. 8. Exs. Hepp, 641; Arn., 1039. Thalle médiocrement épais, pulvérulent, farineux, d’un blanc sale indéterminé. Hypothalle blane, fibrilleux. Apothécies petites ou moyennes, de 1, à 2,5 mill. de dia- mètre, innées, à disque d’un beau rouge de sang, plan, à re- bord thallin un peu élevé, furineux, crénelé. Spores hya- lines, fusiformes, pointues aux deux extrémités, 3-6 septées, — 319 — de Omm,030 à Onm,055 de long, 8 à 10 fois p. L. q. L., renfer- mées au nombre de 8 dans des thèques claviformes, à parois épaisses, de Onm,062 à Onm,065 de long sur Omm,018 à Omm, 020 de large. Paraphyses flexueuses, assez grêles, non ren- flées, peu articulées, hyalines à la base, rougeâtres au som- met, médiocrement cohérentes. Æpithecium d’un beau rouge orange foncé. Thecium d’un jaune clair. Hypothecium inco- lore. Spermogonies peu saillantes. Stérygmates simples. Sper- maties courbes, aciculaires. Sans action sur le thalle. Bleuit l'hymenium. Jaunit légèrement le thalle et avive la couche gonidiale. Teint l’épithecium en rose vif. Ca, cl. Sans action ni sur le thalle ni sur l'hymenium. Habit. — Espèce silicicole assez répandue dans les Vosges : environs de Bruyères (Mougeot); contre des rochers ombragés à 2 kilomètres en dessous du col de la Schlucht, du côté de Münster ; au Rotabac, etc., etc. L'espèce que nous décrivons se rapporte à la var. porphyrium Th. Fr. La var. ochroleucum Th. Fries, corticicole et reconnaissable à son thalle soufré, n'existe pas dans nos limites. 3. HÆMATOMMA CISMONICUM Beltr., Lich. Bussan., 197. Exs. Flagey, L. F.-C., n° 324. Thaïle mince, indéterminé, lisse ou légèrement lépreux, d’un blanc grisâtre. Hypothalle blanchâtre peu distinct. Apothécies assez grandes, adnées, à disque d’un jaune de cire, ou d’un roux brunûtre, sous une pruine abondante qui le rend d’un violet lilas, plan où légèrement concave, à marge mince et peu élevée. Spores hyalines rarement droites, plus souvent diversement courbées, allongées, fusiformes, sim- ples, rarement 2-4 loculuires, de Onm,030 à Onm,035 de long, env. 8 à 10 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques renflées au sommet, atténuées à la partie infé- rieure, presque pyriformes, de Omm,058 à Omm,062 sur Om, — 320 — 020 environ au sommet. Paraphyses robustes, flexueuses, peu articulées, peu renilées et très cohérentes au sommet. Epithecium granuleux, épais, d’un jaune brun. Thecium jaune clair. Hypothecium jaune brun plus foncé. Spermogonies inconnues. Sans action sur le thalle. Bleuit le sommet des thèques. K. Sans action. Ca, cl. Sans action. I Habit. — Espèce rare dans nos limites. Nous ne l'avons encore rencon- trée qu’en allant de la Cure à la Dôle sur les troncs lisses des sapins. Elle doit se retrouver certainement ailleurs dans les mêmes conditions. GENRE VI. URCEOLARIA Ach.; Fw.; Kœærb.; Nyli. Thalle crustacé, aréolé, verruqueux ou granuleux, uni- forme ou assez bien limité, d’un beau blanc ou d’un gris cendré ou plombé, cortiqué seulement à la face supérieure. Apothécies wrcéolées, à disque immergé pourvu d’abord d’un rebord intérieur formé par l’excipulum proprium, puis d’un rebord thallin souvent rugueux. Spores noirâtres, muri- formes. Hypothecium plus ou moins brunâtre, ne reposant pas sur une couche gonidiale. Spermogonies volumineuses, immergées. Spermaties droites. Arthrostérygmates. Thalle moyennement épais, granuleux, pulvé- rulent, aréolé. K — Apothécies immergées. .... Urc. scruposa Ach. Thalle moyennement épais, lisse, plombhé, aréolé. K — Apothécies immergées............ Urc. actinostoma Schær. Thalle très épais, assez bien limité, aréolé, bosselé. K + rub. Apothécies plus saillantes... Urc. ocellata Will. 1. URCEOLARIA SCRUPOSA Ach., Meth., p. 147; D. CG. F1. Fr., Il, p.372; Schær., En., p. 89; Kœrb., Syst., p. 168: Nvyle LS, 1p4116;ThRries, L'ESC" "p.002; Lecanora scruposa Smmf., Suppl. p. 100. — 32 — Parmelia seruposa Fr., L. Æ., p. 190; Walir., Comp., 449. Lichen scruposus Linn.. Mant., Il, p. 131. Thalle moyennement épais, aréolé, granuleux ou pulvé- rulent, d’un gris cendré assez foncé, parfois un peu bleuâire, ou blanc (v. gypsacea). Hypothalle blanchâtre. Apothécies ou petites et presque punctiformes ou dépas- sant 1 mill. de diamètre, à disque noir souvent couvert d’une pruine bleuâtre, immergé dans le thalle, à rebord thallin grisâtre, rugueux, souvent crénelé, recouvrant un bord propre cendré noirâtre. Spores d’abord hyalines et à 3 ou 4 cloisons, puis noirâtres et muriformes, oblongues, atténuées aux deux extrémités, souvent beaucoup plus à l’une qu’à l’autre, de Omm,095 à Omm,035 de long, env. 2 à 2 1/4 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 4 (bien rarement 8) dans des thèques allongées, cylindriques, de Omm,080 à Omm,085 de long sur Onm,029 à Omm,095 de large. Paraphyses longues et grêles, enchevêtrées, brunissant au Sommet, n1 articu- lées, ni renflées, ou du moins très peu, cohérentes. Epithe- cium granuleux, brunâtre. Thecium incolore. Hypothecium d’un brun assez foncé. Spermogonies très immergées, à ostiole clair et peu sal- lant, difficile à apercevoir, volumineuses, presque globu- leuses, de Omm 015 environ de diamètre. Stérygmates droits, très courts, ordinairement rameux et nombreux. Spermaties droites, courtes, ne dépassant guère Omm 004. « Var. vulgaris Kœærb., Syst., p. 168; Exs. Schær. no 289; Hepp, 915. — Thalle d’un blanc cendré un peu bleuâtre, moyen- nement épais, verruqueux. B Var. arenaria. Exs. Schær. n° 132. — Thalle adhérent, ru- oueux. Apothécies plus petites que dans la var. précédente, à disque dilaté, à rebord thallin épais et granuleux, assez peu persistant. y Var. bryophila Ach., Meth., p. 148; Exs. Schær. n° 298; Flagey n° 86. — Thalle mince, un peu lisse ou rugueux, sou- vent presque nul. Apothécies assez petites, à rebord thallin élevé, peu persistant. 21 — 3922 — ô Var. gypsacea Ach., Un., p. 338. (Urc. cretacea. Mass., Rich); Exs. Schær., n° 291; Flagey, n° 87. — Thalle continu, devenant pulvérulent, farineux, blanchätre, très fragile. Apo- thécies enfoncées, à disque concave ou plan, à rebord mince, un peu gonflé. Sans action sur le thalle. -Jaunit un peu la gélatine hyméniale. K. Sans action sur le thalle ni sur l’hymenium. Colore le thalle en rose carné. Ca cl ; É ! Sans action sur l’hymenium. Habit. — Cette espèce est vulgaire, tantôt sous une forme, tantôt sous une autre, et très largement distribuée dans toutes nos limites. La var. «& est silicicole et assez commune soit sur les blocs erratiques du Salève, soit sur les rochers dans toutes les Vosges. La var. 8, de beaucoup la plus rare, se trouve sur des rochers de mollasse aux Voirons (J. Mull.) et sur des grès dans les lieux humides près de Saint-Maurice (Vosges). La var. y, très abondante en plaine, se rencontre sur de vieilles mousses et sur la Cla- donia pyxidata; également dans les parties sèches des tourbières du Jura. La var. à enfin, moins commune, croit sur les roches calcaires om- bragées et un peu humides, au Salève (J. Mull.), en bel état de fructifica- tion le long de la route entre Vallorbe (Suisse) et le Pont. 2. URCEOLARIA ACTINOSTOMA Schær., p. 87; Nyl., Prod., p. 96. Urceolaria striata Duby, p. 671. Limboria actinostoma Kœærb., Syst., p. 377; Garovaglio quatuor lich. gen. Verrucaria actinostoma Ach., Un. p. 288; E. Fr., p. 435. Exs. Flagey, L. F.-C., n° 580. Thalle moyennement épais, souvent presque déterminé, lisse, fendillé, aréolé, d’un gris plombé. Hypothalle gris cen- dré. Apothécies petites, déprimées, plus ou moins immergées, ne faisant ordinairement saillie que par un ostiole presque punctiforme, plus rarement à pore fendu en rayons, enfer- mées d’abord dans un excipulum entièrement clos, sphé- rique et se déprimant ensuite. Spores d’abord hyalines, 5-6 loculaires, puis noirâtres et muriformes, ellipsoïdales, arron- — 393 — dies aux extrémités, de Omm,093 à Oum 0926 de long. environ 1 4/3 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques cylindriques, allongées, de 0,075 à Omm 080 de long sur Omm,016 à Omm 017 de large. Paraphyses grêles, flexueuses, enchevêtrées, hyalines, cohérentes, très peu articulées, non renflées au sommet. £pithecium granuleux, un peu brunâtre. Thecium incolore. Hypothecium peu foncé. Spermogonies, Spermaties et Arthrostérygmates analogues à ceux de l’Urc. scruposa Sans action sur le thalle. Jaumit un peu la gélatine hyméniale. K. Sans action sur le thalle, ni sur l’hymenium. ce { Colore le thalle en rouge pâle. Ca cl ; DA | Sans action sur l’hymenium. Habit. — Espèce silicicole très rare dans nos limites : au sommet du Hohneck. Elle est plus répandue dans l’ouest de la France et à Clermont- Ferrand, d’où M. le Fr. Héribaud nous en a envoyé de beaux et nombreux échantillons. 3. URCEOLARIA OCELLATA Will; Kœrb., Syst., p. 169. Urceolaria scruposa c. ocellata Rbh., L. D., 21. Lecanora Villarsii Ach., Un., p. 338. Parmelia Villarsii Wallr., Comp. 451. Exs. Mougeot, n° 942; Flagey, n° 200. Thalle tartareux très épais, fendillé, aréolé, bosselé, d’un blanc bleuâtre. Hypothalle blanc, très visible. Apothécies grandes, d'environ 2 mill. de diamètre, appri- mées, difformes, à disque plan, noir, couvert d’une pruine cendrée, à rebord thallin très épais et infléchi, entier ou un peu crénelé. Spores devenant promptement noires, d’abord 4-loculaires, puis diversement muriformes, ovoïdales, de 06022 0nm,095 de long, env. 2 à 2 1/2 fois p. l. q. L., ren- fermées au nombre de 8 et uni-sériées dans des {hèques cy- lindriques allongées, quelquefois courbes, de Omm,110 à Omm, 120 de long sur Omm,015 à Omm, 016 de large, ou plus souven — 324 — uni-sériées seulement à la partie supérieure et à la partie inférieure, les 2 ou 4 spores intermédiaires étant bi-sériées. Dans ce cas, les thèques ont environ 0"",100 de long sur Omm,020 de large. Paraphyses très grêles, enchevêtrées, hyalines, ni renflées, n1 articulées, cohérentes. Epithecium granuleux, d’un vert bouteille. Thecium incolore. Hypothe- cium un peu brunâtre. Spermogonies immergées, très volumineuses, à enveloppe de couleur claire et à plusieurs loges tapissées de Sléryg- mates nombreux et rameux. Spermaties droites, allongées, d'environ Omm,005 de long. Sans action sur le thalle. Sans action sur l’hymenium, ou lui communique une teinte jaune très faible. Jaunit le thalle, puis lui communique une teinte rouge vermillon. Jaunit l’hymenium. Ca, cl. À peu près sans action sur le thalle et sur l’hymenium. K + Ca, cl. Donne au thalle une teinte rouge vermillon. Il Habit. — Rare dans nos limites. Sur de petits rochers calcaires à fleur du sol près de la ferme de Trois-Châtels et sur la pelouse de Saint-Ferjeux (Besançon). Cette espèce est très belle et abondante dans le centre de la France depuis l'Ardèche jusqu’à la Vienne. De là elle arrive jusque dans la Bourgogne, qu’elle ne dépasse guère. Besançon est la localité la plus septentrionale qu’on ait signalée jusqu’à présent. GENRE VIL PERTUSARIA D. C., Fl. Fr. I, p. 949. Thalle crustacé, uniforme ou fendillé, verruqueux, lisse, ou pulvérulent, ordinairement très adhérent au support. Apothécies ou lécanorines, disciformes et à rebord thallin ou pseudo-pyrénocarpées et alors noyées dans les verrues du thalle, ayant un hymenium nucleiforme, corné, ne faisant saillie à l'extérieur que par un ou plusieurs ostioles noi- râtres, punctiformes ou à surface plus ou moins étendue. Spores hyalines, simples, ellipsoïdales, en nombre très va- riable dans les thèques, 1 à 8. Epithecium ordinairement Ars: — 395 — coloré. Thecium et Hypothecium incolores. Paraphyses là- ches, rameuses, ordinairement noyées dans une abondante gélatine hyméniale. Spermogonies immergées. Stèrygmates simples. Sperma- tes droites, aciculaires. NOTA. — Le nombre des spores contenues dans les thèques, est un caractère important à constater, quoique sujet à quelques variations. L’épispore étant très épaisse et résistante, rompt ordinairement les parois de la thèque quand on comprime la coupe à examiner entre les lamelles. Pour remédier à cet incon- vénient, Norman et le docteur Th. Fries recommandent de la déposer sur le porte objet dans une goutte d’iodure de potas- Sium ioduré ou même de potasse. 1.-Spores solitaires (corticicole)..,....,.,,, .. Pert. multipuncta Nyl. Spores normalement au nombre de 2 par the- ques ... eu le ne lee ere nd Spores au nombre de 3-4 par thèque...,,,,, 3 Spores au nombre de 6-8 par thèque....... Pert. Wulfenii Fr. 2. Thalle papilleux (saxicole)...... donne .... Pert., corallina Arn. Thalle tartareux, fendillé (saxicole) ou carti- lagineux (corticicole) ; verrues stériles sou- vent sorédiées, verrues fertiles à 3-4 ostioles punetionnes 0, 10, ii... ,. Pert. communis D. C. Thalle cartilagineux ; verrues toutes fertiles ahunseul:0stiole large...:,../..4..05:; .. Pert, pustulata Anzi. 3. Thalle cartilagineux (corticicole)....,., .... Pert. leiocarpa Schær. Thalle cartilagineux (muscicole).......,,.., Pert. glomerata Schær. 4. PERTUSARIA MULTIPUNCTA Nvl., L. Sc., p. 179 ; Th. He, L'SC, p 209! Pertusaria communis B sorediata Fr., L. E., p. 422. Pertusaria sorediata Kr., S, V. Sc.. p. 119. Thelotrema variolarioides a Ach., Syn.. p. 117. Variolaria multipuncta Turn., Tr. Linn., p. 137. . Thalle mince, un peu rugueux ou finement granuleux, ou EN 1 — 326 — presque lisse, aréolé, blanc ou blanc cendré. Hypothalle cendré. Apothécies solitaires contenues dans des verrues éparses, un peu élevées, aplaties, couvertes de sorédies blanches pul- vérulentes, de T à 4,2 mill. de diamètre ; disque couleur de chair, devenant facilement brun, à rebord thallin le recou- vrant plus ou moins, très irrégulier et nulvérulent. Spores hyalines, simples, à enveloppe mince, allongées, de Onm,065 à Onm,200 de long, env. 2 1/2 à 3 1/2 fois p. 1. q. L., solitaires dans des thèques de Omm,070 à Omm,215 de long sur Onm,035 à Omm 055 de large. Paraphyses assez courtes, très enche- vêtrées et très rameuses, grêles, non renflées au sommet où elles sont assez cohérentes, étant libres partout ailleurs. Epithecium granuleux un peu jaunâtre. Thecium et Hypo- thecium incolores. Spermogonies, Spermalies et Stérygmates à peu près ana- logues à ceux de la Pert. communis et qui seront décrits plus loin. « (Type) analogue à la description ci-dessus. B Var. amara Nyl., in Flora, 1873; Flagey, exs. 197. — Thalle et verrues pulvérulents, ordinairement stérile, reconnaissable à Sa saveur très amère. Sans action sur le thalle. Colore en bleu les thèques seulement. K Colore le thalle en jaune, puis ensuite en rouge brun. Sans action sur l’hymenium. Ca, el. Sans action. K + Ca, cl. Colore le thalle en violet dans la var. 8. Habit. — Cette espèce, toujours corticicole, est très abondante dans nos limites : sur les cerisiers, sur les charmes dans les forêts, etc., etc. La var. 8 sur les bouleaux, les sapins, surtout dans la moyenne montagne et dans les bois tourbeux et humides. Nylander, M. Lamy de la Chapelle et que'ques auteurs se fondant uni quement sur la réaction produite par la potasse à laquelle succède l’hypo- chlorite de chaux, ont fait de la var. amara une espèce distincte, nous ne croyons pas que cet unique caractère soit suffisant et, comme M. l’abbé Olivier, nous pensons que c’est une simple variété du type. RIT) — 3927 — 2. PERTUSARIA COMMUNIS D. C., F1. Fr., p. 320; Fr., L. E., MAO NV, ESC, p.118: Th, Fries, L. Se., p. 31. Endocarpon verrucosum Wailr., Comp., 312. Endocarpon pertusum y leucostoma Wnbg., Succ., p. 902. Porina pertusa Ach., Vet.. p. 159; Un.. p. 308. Thelotrema pertusum Ach., Meth., p. 131. Lichen pertusus Linn. Mant., I, p. 134. Thalle tartareux, membraneux, cartilagineux, brillant, ru- gueux, verruqueux, d'un blanc glauque, souvent assez bien déterminé et terminé par une ligne plus blanche. Hypothalle lisse, concolore ou souvent un peu plus blanc. Apothécies contenues au nombre de 2-5 dans des verrues arrondies, un peu déprimées au sommet, concolores, dif- formes par agglomération, de 4,5 à 2 mill. de diamètre. Les apothécies se reconnaissent chacune par un ostiole déprimé, notrâtre, punctiforme et sont enfermées dans un nucléus sub-membraneux. Spores hyalines, simples, à enveloppe épaisse, ovoïdes ellipsoïdales, de Onm 190 à Omm, 190 de long, env. 2 1/2 à 3 fois p. IL. q. L., renfermées au nombre de deux (bien rarement 1, 3 ou 4 et uni-sériées) dans des thèques cylindriques ou un peu ventrues, de Omm,220 à Omm,950 de long sur Onm,045 à Omm,060 de large. Paraphyses hyalines, médiocrement rameuses, longues, flexueuses et enchevé- trées, n1 renflées, ni articulées au sommet, très peu cohé- rentes, noyées dans une abondante gélatine hyméniale. Epi- thecium punctiforme, noirâtre. Thecium et Hypothecium in- colores. Spermogonies complètement immergées, visibles seule- ment par des ostioles noirâtres très petits, de diamètre très variables, à parois peu colorées. Stérygmates simples, fili- formes, d'environ Omm 090 de long. Spermaties droites, aci- culaires, d'environ Omm,008 à Omm,010 de long. « (Type) semblable à la description ci-dessus. a 8 Var. sorediosa Nyl. — Thalle et verrues couverts d’une fine poussière blanche abondante. y Var. discoïdea Pers.; Exs. Flagey, 267. — Thalle rugueux, d’un blanc cendré. Verrues presque planes et à rebord légère- ment gonflé, couvertes d’une poussière blanche. à Var. rupestris D. C. Exs. Hepp, 670. — Thalle épais, plus tartareux, profondément aréolé. Verrues fertiles, difformes, assez rares. Sans action sur le thalle. [I | Teint en bleu intense les thèques et même les spores, la gélatine hyméniale et les paraphyses n'étant pas modifiées. { Colore le thalle en jaune ochracé. | Sans action sur l’hymenium. Ca, el. Sans action ou donne une teinte un peu Jaunâtre. K Habit. — Le type est assez répandu dans nos limites : Mornex près Ge- nève sur des hêtres (J. Mull.), dans les mêmes conditions au bas du ballon de Giromagny ; à Montferrand, Morteau, et probablement dans une foule d’autres lieux. La var. 8 sur les arbres fruitiers peu rare. La var. y est de beaucoup la plus commune en plaine, sur les arbres qui bordent les routes, sur les noyers et surtout sur les cerisiers. La var. à enfin qui est saxicole et silicicole est très répandue dans toutes les basses Vosges : Bains, Plom- bières, Champagney, etc., etc. 3. PERTUSARIA PUSTULATA Anzi., Cat., 113: Lamy, Cat. no 336. Pertusaria Wulfenii y decipiens Fr., L. E.. p. 424. Pertusaria melaleuca Duby, Bot. gall.. p. 673. Porina pustulata Ach. Exs. Arnold, n° 149; Hepp, n° 935; Flagey, n° 198. Thalle lisse, brillant, continu, indéterminé, mince, d’un blanc glauque ou jaunâtre. Hypothalle concolore peu distinct. Apothécies contenues au nombre de 1-2 dans des verrues déprimées au sommet, peu confluentes, concolores, petites, ne dépassant pas 1 mill. de diamètre. Ostioles à maturité assez grands, à bords flexœueux, irréguliers, arrondis ou lirel- hiformes, punctiformes dans le jeune âge. Spores hyalines, simples, à enveloppe moyennement épaisse, oblongues, de — 329 — Onm 080 à Onm,100 de long, env. 2 à 3 fois p. I. q. L., renfer- mées normalement au nombre de deux et uni-sériées dans des thèques cylindriques, atténuées à la partie inférieure, de Omm,150 à Onm 200 de long sur Omm,040 à Omm, 045 de large. Paraphyses hyalines, rameuses, longues et grêles, flexueuses, enchevêtrées, ni renflées, ni articulées au sommet, peu co- hérentes, noyées dans la gélatine hyméniale. Epithecium peu étendu, noirâtre. Thecium et Hypothecium incolores. Spermogonies peu étudiées. | Sans action sur le thalle. If | Teint en bleu les thèques et les spores, laissant intactes la gélatine et les paraphyses. Colore quelquefois le thalle en jaune pâle, plus souvent sans action. K Teint quelquefois en violet la partie noire de l’epithecium. (Réac- tion incertaine.) Ca, el. Sans action. Habit. — Excessivement abondante sur l’écorce lisse des jeunes chênes dans les bois des environs de Besançon, notamment à Montferrand. C’est bien spécifiquement la même plante que celle publiée par l'abbé Olivier sous le nom de Pert. melaleuca Duby. Le nom de pustulata, ayant de beaucoup la priorité, doit être préféré. 4. PERTUSARIA CORALLINA Arn., Exs., n° 204; Th. M. Fr., LC, p. 520: Pertusaria dealbata Nyl., L. Sc., p. 180. Isidium corallinum Ach., Meth., p. 138, Lichen dealbatus Ach., Prod.. p. 29. Lichen corallinus Linn., Mant., p. 131. Exs. Hepp, 673; Arn., Jura, 204. Thalle épais, couvrant de larges espaces, aréolé fendillé, couvert de papilles allongées, simples ou rameuses, d’un blanc plus ou moins cendré. Hypothalle concolore. Apothécies contenues au nombre de 1-3 dans des verrues élevées, pulvérulentes, un peu déprimées au sommet, de 1,2 à 1,5 mill. de diamètre. Disque brunâtre souvent prui- neux, plan. Spores hyalines, simples, à enveloppe médiocre- — 330 — ment épaisse, ellipsoïdales, de 0"m,060 à Onm 140, environ 4 4/2 à 2 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 1-2 dans des thèques ventrues, de Omm,130 à Omm 180 de long sur Omm,060 à Oum,085 de large. Paraphyses hyalines, rameuses, enchevêtrées, ni renflées, ni articulées au sommet, peu co- hérentes. Epithecium un peu brunâtre. Thecium et Hypo- thecium incolores. | Spermogonies peu connues. Sans action sur le thalle. Bleuit les thèques. Jaunit le thalle et le rougit ensuite. Sans action sur l'hymenium. Ca, cl. Sans action. Habit. — Espèce silicicole assez abondante sur les hauts sommets des Vosges : Hohneck, Rotabac, ballon d'Alsace. Elle descend souvent à de faibles altitudes : Remiremont, Saint-Maurice, etc. Complètement nulle dans le Jura. Assez rarement fertile. 9. PERTUSARIA LEIOPLACA Schær., Spic., p. 66; Koœærb., Syst, p. 380; Nyl, L. Scs\p 481: Th. Ares Tr Sc, p. 316. Pertusaria communis d. leioplaca Fr., L. E., p. 421. Endocarpon leioplacum Smrft., Supp., p. 135. Porina leioplaca Ach., Vet., p. 199; Un... p. 309. Thalle mince, cartilagineux, lisse ou légèrement rugueux, ou varioleux, d’un blanc jaunâtre ou plus souvent bleuâtre. . Hypothalle concolore. Apothécies solitaires ou plus rarement au nombre de 2-4 dans des verrues semi-globuleuses, espacées, immergées, n'ayant en saillie qu’un ostiole punctiforme, peu visible, noirâtre, d'environ 1 à 1,5 mill. de diamètre. Spores hya- lines, simples, oblongues, à enveloppe épaisse, de Onm,075 à Onm 085 de long, environ 2 fois p. IL. q. L, renfermées au nombre de #, ou quelquefois moins, et uni-sériées dans des thèques cylindriques, brusquement et finement atténuées à LA — 331 — la base, de Onm,950 à Omm,300 de long sur Onm 030 à Omm,045 de large. Paraphyses hyalines, médiocrement rameuses, lon- gues, flexueuses et enchevêtrées, ni renflées, ni articulées au sommet, très peu cohérentes, noyées dans une abondante gélatine hyméniale. Epithecium punctiforme, noirâtre. The- cium et Hypothecium incolores. Spermogonies peu connues. « (Type). Exs. Hepp, E. F1., no 675; Flagey, 820. — Concor- _ dant avec la description ci-dessus. 8 Var. juglandis Hepp, E. F1., n° 495. — Thalle d’un blanc de lait, verrues concolores, beaucoup plus grosses que dans le type. y Var. variolosa J. Mull., Class. — Thalle moins lisse, verrues plus sorédiées, varioleuses. Sans action sur le thalle. Bleuit les thèques. K Peu d'action sur le halle, le jaunit un peu, excepté dans f. Sans action sur l’hymenium. Ca, el. Sans action. I Habit. — Le type est assez commun dans les bois de la haute montagne sur les hêtres. La var. 6 est beaucoup plus rare, recueillie sur un noyer dans les environs de Genève par le docteur J. Muller. La var. y se trouve aussi sur les noyers où elle est assez largement disséminée et beaucoup moins rare que la var. £. La variété lævigata Th. Fries, facilement reconnaissable à ses thèques contenant 8 spores, n'existe pas dans nos limites, ou du moins nous ne l’y avons jamais rencontrée. C’est, du reste, une forme tout à fait septentrionale. 6. PERTUSARIA GLOMERATA Schær., Spic., p. 66; Kærb., UE D. 588: Nvl., L. Sc., p. 182; Th. M\ Fries, L..Sc., p. 314. Endocarpon globularis Smrft., Suppl., p. 136. Parmelia verrucosa 8 pertusaria Fr., L. E., p. 186. — 332 — Porina glomerata Ach., Un., p. 310. Exs. Schær., n° 120 ; Hepp, n° 687. Thalle cartilagineux, mince, verruqueux, d’un blanc un peu jaunâtre. Hypothalle concolore. Apothécies solitaires (rarement deux) dans des verrues globuleuses, espacées, d'env. 1 à 1,2 mill. de diamètre, d’une teinte jaunâtre plus foncée que le reste du thalle. Ostioles solitaires un peu proéminents, noirâtres, un peu élargis, rarement complètement punctiformes. Spores hyalines, sim- ples, oblongues, à enveloppe épaisse, de Omm,080 à Omm 110 de long, env. 3 fois p. 1. q. L., contenues au nombre de 4 (rarement 3) et uni-sériées dans des thèques un peu ven- trues, de Omm,9230 à Onm 950 de long sur 0mm,095 à Om,035 de large. Paraphyses hyalines, médiocrement rameuses, fle- xueuses et enchevêtrées, ni renflées, ni articulées au som- met, assez fortement cohérentes. Epithecium étroit, olivâtre. Thecium et Hypothecium incolores. Spermogonies peu connues. Sans action sur le thalle. l Bleuit fortement les thèques, la gélatine hyméniale et les para- physes n'étant pas modifiées. Teint le thalle en jaune passant au rouge ocreux dans certains K échantillons. | Teint en violet l’epitheciurn. Ca, cl. Sans action. Habit. — Cette espèce croit sur les vieilles mousses dans les régions alpines. Elle est très rare dans nos limites : sommets du Chasseral. Elle parait plus fréquente en Suisse : Pilat, Righi (Hepp), et en Savoie : le Vergy, le Brizon (Reuter). Est à rechercher dans les hautes Vosges sur les sommets les plus élevés. 7. PERTUSARIA WULFENII Fr., L. E., p. 424; Nvl, DL, Sc, p' 481; Th Eres LScp ol Pertusaria communis ce. Wulfenii Br. et Rostr., Dan., p. 126. Pertusaria fallax et 8 variolosa Kærb., Par., p. 319. Thalle sub-membraneux, rugueux verruqueux ou un peu — 333 — aréolé, d’un gris verdâtre, ou d’un blanc jaunâtre. Hypo- thalle un peu plus foncé, presque noirâtre au bord et débor- dant pour limiter le thalle. Apothécies situées dans des verrues rapprochées, agglo- mérées , difformes et déprimées au sommet, d'environ 1 à 2 mill. de diamètre. Ostioles souvent confluents, très élargis, formant un disque noir, presque lécanorin, à rebord épais, granulé, crénelé. Spores hyalines, simples, oblongues, à en- veloppe épaisse, de Omm,080 à Omm 090 de long, env. 2 à 2 1/2 fois p. 1. q. l., renfermées au nombre de 8, (bien rarement 6-7) et presque toujours bi-sériées (au moins pour les 6 in- termédiaires) dans des thèques ventrues, de Onm,330 à Omn, 390 de long sur 0mm,065 à Onm,075 de large. Paraphyses hyalines, rameuses, très enchevêtrées, flexueuses, ni ren- flées, ni articulées au sommet, assez cohérentes, noyées dans une abondante gélatine hyméniale. Epithecium noi- râtre. Thecium et Hypothecium incolores. Spermogonies, Stérygmates et Spermaties du genre. &« Var. fallax Th. Fries; Porina fallax Ach. — Thalle mem- braneux, rugueux, aréolé. Apothécies nombreuses. 8 Var. lutescens Th. Fries ; Lepra lutescens Hoffm. — Thalle jaune pulvérulent, couvert de soredies jaunâtres. Apothécies plus rares, lécanorines. { Sans action sur le thalle. Colore en bleu les thèques, ne modifiant ni la gélatine, ni les pa- raphyses. Teint le thalle en jaune plus ou moins vif. Colore l’epithecium en violet. Ca, cl. Sans action. Il Habit, — Espèce paraissant assez rare dans nos limites, ou du moins confondue avec d’autres : la variété à sur des hêtres au ballon de Giro- magny et au Hohneck ; la var. $, qui croit sur le chêne, est plus rare en- core, nous nv l'avons pas rencontrée jusqu'à présent. Se au GENRE VII. PHLYCOTIS Wallr., £Emend. Thalle crustacé, uniforme ou souvent pulvérulent et soré- dié, mince, d’un blanc grisâtre. Hypothalle concolore. Apothécies petites, difformes, solitaires ou agrégées, d’a- bord innées dans les verrues thallines, puis saillantes, à ostiole disciforme, à rebord thallin irrégulièrement déhis- cent. Spores oblongues, ellipsoïdales, incolores ou brunis- sant un peu avec l’âge, muriformes. Spermogonies punctiformes, immergées. Stérygmates sim- ples. Spermaties droites, allongées. Ordinairement 2 spores par thèque. Spores à CXICÉMITÉS ALÉUESS nn Cet Late Phlyctis agelæa Kærb. Ordinairement 1 seule spore par thèque. Spores A EXÉTÉMITÉS (ALTONAIES LE un: cendres Phlyctis argena Kœærb. 1. PHLYCTIS AGELÆA Kœærb., Syst., p. 391 ; Nyl., L. Sc., p.184; Th. Fries, L. Sc., p. 393. Urceolaria agelæa Ach., Meth., p. 150. Thelotrema variolariodes 8 agelæum Ach., Syn., p. 117. Pertusaria leioplaca (Status) Schær., Enum., p. 239. Exs. Hepp, E. F1., 7103; Flagey, L. F.-C., 43. Thalle membraneux, d’abord lisse et contigu, puis fendillé, pulvérulent, presque lépreux, d’un blanc cendré un peu glauque. Hypothalle blanc peu distinct. Apothécies de 0,25 à 0,30 mill. de diamètre, difformes, assez longtemps immergées dans le thalle, et situées dans des verrues peu saillantes ; à disque noirâtre, couvert d’une pruine bleuâtre, presque couvertes par les déhiscences pul- vérulentes du thalle. Spores hyalines dans le jeune âge, puis brunissant un peu dans la suite, muriformes, souvent à 6 cloi- sons latérales, divisées à leur tour par des séparations per- pendiculaires, ellipsoïdales, allongées, pointues à chaque extrémité, de Omm,045 à Omm,070 de long, env. 2 à 3 fois p. a 1. q. L., contenues ordinairement au nombre de 2 dans des thèques oblongues, un peu claviformes, de Omm,080 à Own, 0100 de long sur Omm,025 à Omm 050 de large. Paraphyses grêles, longues et flexueuses, espacées et noyées dans une gélatine hyméniale où elles sont presque libres, hyalines dans toute leur étendue, n1 articulées, ni renflées au som- met. Æpithecium granuleux, incolore, Thecium et Hypothe- cium également incolores ; ce dernier reposant sur une couche médullaire. Spermogonies immergées dans le thalle, très peu saillantes, à ostiole presque punctiforme. Stérygmates simples. Sper- maties droites, allongées. Sans action sur le thalle. Bleuit les thèques, la gélatine hyméniale n'étant pas modifiée. Jaunit d’abord le thalle, puis lui donne promptement une teinte K | orange. Sans action sur l’hymenium. Ca, el. Sans action sur le thalle ni sur l’hymenium. Habit. — Espèce des plus abondantes et des plus disséminées dans nos limites, mais surtout en plaine où on la rencontre dans presque toutes les forêts sur les hêtres, les charmes, les saules, etc., etc. Elle devient beau- coup plus rare dans nos montagnes et sur le versant suisse, à tel point que M. le docteur J. Muller disait dans son Enumération des lichens de Ge- nève parue en 1862 : « Dans ce groupe (Pertusariées), je n’ai encore observé ni le Thelotrema lepadinum, ni aucune espèce de Phlyctis. 2. PHLYCTIS ARGENA Kœrb., Syst., p. 391; Nyl., L. Se., D. 184; Th. Fries, L. Sc., p. 324. Lecidea argena Ach., Syn.. p. 47. Exs. Hepp, n° 705. Récolté par M. Arnold. On peut dire que même avec les loupes les plus puis- santes, il est complètement impossible de distinguer cette espèce de la précédente; peut-être le thalle est-il un peu plus lisse et plus brillant et un peu plus jaune, mais ce ca- ractère est insignifiant et peu stable, on ne doit se fier qu'aux suivants : D — Spores hyalines dans le jeune âge, puis brunissant un peu dans la suite, muriformes, ordinairement à 6 cloisons laté- rales divisées par des séparations perpendiculaires, ellip- soïdales, allongées, arrondies à chaque extrémité, mais presque toujours un peu plus larges à la partie supérieure, de Onm 120 à Omm,140 de long, env. 2 1/2 à 3 1/2 fois p. 1. q. l., normalement solitaires dans des thèques claviformes, un peu ventrues, de 0mm,140 à Onm 170 de long sur Omm,050 à Onm,065 de large. Tous les autres caractères concordent parfaitement avec ceux de la Phlyctis agelæa, sauf la colo- ration du thalle par K qui est rouge vermillon et non orange. Habit. — Celte espèce est incomparablement plus rare que la précé- dente. Elle est à peine signalée dans nos limites et cela se comprend : il est complètement impossible de les distinguer sans l’emploi du microscope et sur 100 échantillons récoltés, 99 appartiennent à la Phlyctis agelæa. Nous avons constaté son existence certaine à Boujailles et au ballon de Giromagny sur des sapins. Elle paraît donc rechercher de préférence les conifères et les altitudes un peu élevées. GENRE IX. THELOTREMA Ach., Nyl., Koœrb. Thalle crustacé, continu, un peu rugueux, d’un blanc jau- nâtre. Hypothalle peu distinct. Apothécies moyennes à rebord propre intérieur, enfermées d’abord dans les verrues thallines, puis présentant un aspect urcéolé. Spores presque hyalines, allongées, fusiformes, mu- riformes. Hymenium incolore reposant sur une couche mé- dullaire. Spermogonies, Spermaties et Stérygmates analogues à ceux du genre Phlyctis. 4. THELOTREMA LEPADINUM Ach., Un., p. 12: E. Fr. L.E., p. 428 ; Ny1., L. Sc., p. 185 ; Kœrb., Syst., p. 330. Volvaria lepadina Mass., Richerch., 141. Exs. Hepp, 948 ; Flagey, 42. Thalle crustacé uniforme, membraneux, lisse ou plus sou- — 331 — vent rugueux, presque indéterminé, d’un blauc un peu jau- nâtre. Hypothalle concolore très peu distinct. Apothécies moyennes d'environ À millim. de diamètre, à disque plan, noires, ordinairement pruineuses, à rebord propre mince et connivent, d’abord complètement immer- gées dans les verrues du thalle, puis devenant urcéolées par déhiscence et paraissant alors pourvues d’une seconde marge thalline mince. Spores grandes, hyalines, fusiformes, allon- gées (limaciformes, dit Kærber), muriformes, divisées en 6-16 cloisons transversales séparées par une seule longitu- dinale, de Onm,030 à Omm,65 de long, env. 6 à 7 fois p. L. q. l., renfermées au nombre de 4 dans des thèques cylindri- ques à parois très mince, se résorbant promptement, surtout au sommet, de Onmm,120 à Omm 140 de long sur Omm,095 à Onm,028 de large. Paraphyses grêles presque filiformes, longues, flexueuses et enchevêtrées, rapprochées, hyalines, ni articulées, ni renflées au sommet, assez cohérentes. Epi- thecium granuleux, épais, d’un vert un peu brunâtre. The- cium incolore, à peu près dépourvu de gélatine hyméniale. Hypothecium incolore. Sans action sur le thalle. Teint les spores en bleu, ainsi que les thèques quand elles per- sistent. K Sans action sur le thalle ou le jaunit bien légèrement. Sans action sur l’hymenium. Ca, cl. Sans action. Habit. — Cette espèce, entièrement corticicole, est presque nulle en plaine ainsi que sur le versant suisse. Abondante au contraire sur les sa- pins de la moyenne montagne entre Morteau, Pontarlier, Frasne et Bou- jeailles; également disséminée dans les Vosges quoique moins commune. 22 — 338 — SECTION II. LÉCIDÉÉES. Thalle contenant des Gonidies vraies d’un vert gai, dissé- minées en groupes irréguliers, ordinairement crustacé sur toute sa surface et non effiguré, lépreux, pulvérulent ou gra- nuleux, verruqueux, lisse ou fendillé et aréolé ; quelquefois, mais bien plus rarement, vésiculeux ou squamuleux et effi- guré et sub-lobé au pourtour, attaché au support par des filaments médullaires ; dans certains cas complètement nul. Apothécies scutelliformes ou patelliformes le plus souvent, typiquement arrondies, excepté dans les Xylographidées où elles sont oblongues, flexueuses et même lirelliformes, dé- pourvues dans ious les cas de rebord thallin, mais possé- dant presque toujours, au moins dans le jeune âge, un re- bord propre (Excipulum proprium) dépourvu de gonidies. Spermogonies, Spermaties et Siérygmates variables et sou- vent rares et peu connus. Apothécies typiquement orbiculaires....,..... Eulécidées. Apothécies oblongues ou flexueuses,,......... Xylographidées Nyl. TRIBU XIV. EUJILÉCIDÉES. Caractères de la section, mais à disque des apothécies arrondi pouvant devenir difforme par l’agglomération ou la vieillesse, mais n'étant jamais allongé et lirelliforme. 4, Apothécies stipitées, au moins typiquement. ..... Bæomyces D. C. Apothécies non stipitées...... CLONE US hab bo 2 2 Spores simples mn Eee cents eee IS Spores ISeDtées. ve ne be bled dens ec Re O — 339 — 3. Spores au nombre de 8 environ par thèque...... Spores très nombreuses....... RE PTS AE 4. Thalle squamuleux, effiguré, plus ou moins lobé AUDOMELOUR EE EL cheb eee tonte e Thalle uniforme, non effiguré...,.......... 0, 5. Apothécies claires ou foncées no mais non absolument MOIS ee Aus 6. Spores toujours hyalines, diversement septées, mais jamais murales,..,........ Ste Spores hyalines murales... ... rh CU RTE Spores brunes ou brunissant ordinairement avec l’âge, diversement septées, ....... Lola 7. Thalle squameux ou vésiculeux, sublobé au pour- TOUT 48 D OO DRE EE RE DS RES Thalle uniforme, ni effiguré, ni lohé au pourtour. 8. Spores toujours hbi-loculaires.,....,.,.... tra Spores à plus de deux loges.....,..,..,.,........ 9. Spores orculiformes, où placodiales..,,.,....... : Spores non orculiformes ..........., TU ee 10. Apothécies biatorines ..... te sn ee ht Apothécies lécidéines ..... Re donc 11. Spores oblongues, ellipsoïdales, 4-loculaires et toujours très recourbées, Spermaties longues CPCOULRES Rene ns use de de t Spores allongées ordinairement droites, obtuses aux extrémités, ou rarement atténuées en queue, Spermaties courtes et droites... ...... ane LS Spores allongées, droites ou courbes, aciculaires, Spermaties allongées, droites ou courbes....…, 12. Bord des apothécies non fendu dans le sens radial. Bord des apothécies fendu dans le sens radial,., 13. Spores brunes, ordinairement biloculaires, dé- pourvues de héllo TR EE EE CES AR AEATS Apothécies partant du sommet des AL Ce de thalle; Spores 4-loculaires ou murales devenant promptement brunes, dépourvues de halo..... Apothécies partant des interstices des aréoles du thalle; Spores murales devenant brunes, ou restant quelquefois hyalines, entourées d’un halozhyalin. 4... CCIEOSOSOMONC OCR OS ORONEONEOBOEOELAOEUEC RQ . Biatorella De Not. . Psora Mass. 5 Biatora Kærb. Lecidea Th. Fr. 1 Gyalecto Næg. . 13 Toninia Mass. 8 9 11 PBlastenia Mass. 10 Biatorina Mass. .. Catillaria Th. Fr. Arthrospora Th. Fr. 12 Bacidia De Not. Bilimbia De Not. Secoliga Kœærb. . Buellia Kærb. Diplotomma Fw. Rhizocarpon Ram. — 340 — GENRE I. BÆOMYCES L. C. Thalle crustacé, d'aspect très variable, tantôt presque fo- liacé au pourtour, tantôt squameux, mais le plus souvent uniforme et granuleux ou un peu pulvérulent, contenant de vraies gonidies. Hypothalle fibrilleux ou membraneux. Âpo- thécies stipitées, au moins normalement, biatorines, souvent subglobuleuses, quelquefois à marges révolutées, creuses à l’intérieur et à tissu arachnoïde (Eubæomyces) ou pleines (Sphyridium). Spores simples, hyalines, oblongues. Spermo- gonies saillantes. Spermaties droites, longuement ellipsoï- dales, presque cylindriques, droites. Arthrostérigmates à articulations nombreuses. 4. Apothécies creuses à l’intérieur (Eu- b£oMyCes) Pr CPR PRE Bæomyces roseus Pers. Apothécies pleines à l’intérieur (Sphy- PU) EU ananas 2 2, Thalle suborbiculaire à contours pres- UE TOACÉS AN Re ne Bæomyces placophyllus Wnbg, Thalle granuleux à contours à peine SAUAMERR NE eee co e Bæomyces rufus D. C. 1. BÆOMYCES ROSEUS Pers., {. c.; Ach., Meth., p. 331; Wnbg., Lapp., p. 449; Kærb., Syst., p. 274; Nyl., L. Sc., p. 48. Bæomyces ericetorum D. C., F1, Fr. II, p. 322. Lichen ericetorum Ach., Prod., p. 81. Lichen bæomyces Ehrh., Phyt., n° 89. Exs. Hepp, F. E., 119; Klagey, L. F,-C., n° 82. Thalle uniforme, non effiguré, crustacé, composé de pe- tites verrues ou papilles entremêlées de granulations un peu plus grosses, d’un blanc sale un peu grisâtre ou verdâtre. Hypothalle membraneux un peu foncé. Apothécies stipitées, au moins normalement. Stipe blanc — 311 — rosé, formé de fibres longitudinales ou parallèles , ou entre- lacées, de 4 à 2 mill. de longueur. Disque subglobuleux d'env. ? mill. de diamètre, d’un beau rose carné plus ou moins intense, mais plus foncé que le stipe, immarginé, creux en dedans et à tissu arachnoide. Spores hyalines, fu- siformes, simples ou rarement uni-septées, de Onm,015 à Onm 025 de long, env. 8 à 10 fois p. 1. q. L, renfermées au nombre de 8 dans des thèques allongées, minces, un peu renflées au sommet et atténuées à la base, d’env. 0mm,090 à Omm 110 de long sur Omm,005 à Onm,006 de large. Elles y sont rarement uni-sériées sur toute la longueur, mais le plus Souvent aggiomérées par 2 ou 3 dans la partie supérieure, puis uni-sériées, la partie inférieure de la thèque en étant ordinairement dépourvue. Paraphyses grêles, hyalines, lâ- chement cohérentes, à peine renflées au sommet. Epithe- cium granuleux, assez épais, presque hyalin ou d’un vert jaunâtre peu intense. Thecium incolore. Hypothecium inco- lore, à tissu médullaire très lâche. Spermogonies saillantes, tuberculiformes, de couleur blan- châtre à la surface, noir en dedans. Spermalies droites, lon- guement ellipsoïdales, d'environ On®,004 de long, 5 à 6 fois p. 1. q. L. Stérygmates allongés, à nombreuses articulations et un peu rameux. Quelques auteurs ont admis une variété sessile. Elle nous paraît peu justifiée, le manque de stipe provenant ordinairement ou du trop jeune âge de l’apothécie ou de l'exposition de la plante dans un terrain trop sec. Il arrive souvent que dans un même lieu, les échantillons recueillis sur une partie du sol un peu élevée sont peu stipités ou presque sessiles, tandis qu’à côté, ceux qui ont poussé dans des creux où l’eau a séjourné, sont longuement stipités. I. Sans action sur le thalle, ni sur l’hymenium. K. Jaunit légèrement le thalle; sans action sur l’hymenium ou le teint parfois en jaune orangé. Ca, el. Sans action. Habit. — Cette espèce affectionne les terrains argilo-siliceux. Elle est vulgaire dans les Vosges, en Bresse, à la Serre, etc. Elle est plus rare dans le Jura où elle se rencontre souvent dans les terrains à chaïlles. On peut -—— 349 — dire d’une façon générale que les localités où croît la bruyère lui convien- nent parfaitement et qu’elle y est commune. 2. BÆOMYCES PLACOPHYLUUS Wnbg., Lapp , p. 449; Nyl., Syn., p. 180. Sphyridium placophyllum Th. Fries., Arct.. p. 177. Biatora placophylla Fv., L. E., p. 257. Exs. Flagey, L. F.-C., n° 926. Thalle presque foliacé, à contours orbiculaires, lobé et crénelé, granuleux, pulvérulent au centre, d’un blanc glau- que, ou d’un vert plus gai par endroit. Hypothalle glauque fibrilleux. Apothécies stipitées normalement. Supe blanchâtre ou blanc rosé, gros et court, formé de fibres longitudinales anasto- mosées, ne dépassant guère À mill. de hauteur. Disque d’un rose carné tirant au roux, convexe dans le jeune âge, puis presque plan et enfin à bords révolutés, immarginé, de 1,5 à 2,5 mill. de diamètre ; entièrement plein à l’intérieur. Spores hyalines, simples, fusiformes, de Omm, 019 à Omm 016 de long, env. 3 à 4 fois p. 1. q. l , renfermées au nombre de 8 dans des thèques ou cylindriques ou renflées au sommet, souvent recourbées, d'env. Omm,070 à Onm,080 de long, sur Omm 007 à Omm,010 de large. Les spores y sont ordinairement uni-sériées, souvent cependant bi-sériées au sommet dans les thèques renflées en cet endroit. Paraphyses grêles, ra- meuses, hyalines, lâchement cohérentes, à peine renflées au sommet. £pithecium granuleux, presque hyalin. Thecium incolore. Hypothecium incolore, épais, formé d'éléments fila- menteux entrecroisés. Spermogonies, Spermalies et Stérygmates très peu connus, ne différant probablement pas de ceux des Bæomyces roseus et rufus. I. Sans action sur le thalle, ni sur l’hymenium. K. Jaunit le thalle, sans action sur l’hymenium. Ca, cl Sans action. — 343 — Habit. — Nous n'avons rencontré cette espèce qu’au sommet du Hoh- neck dans les creux des pâturages où l'eau avait séjourné. Elle avait été antérieurement recueillie dans les Vosges par le docteur Mougeot, puisque Nylander dit à la page 180 du Synopsis : « Hujus adhuc e Vogesis vidi speciminulum lectuim a divo Mougeot ». En tous cas elle peut être con- sidérée comme assez rare dans nos régions. 3. BÆOMYCES RUFUS D. C. F1. Fr., II, p. 342; Whinb,, Lapp., p. 449; Ach., Syn., p. 280; Nyl., Syn., p. 176. Sphyridium byssoides Th. Fr., L. Sc., p. 328. Sphyridium fungiforme Kærb., Syst. p. 273. Bæomyces rupestris Ach., Meth., p. 321. Lichen rufus Ach., Prod., p. 82. Lichen byssoides Linn., Mant., I, p. 133. Exs. Schær., n° 32; Hepp, 480. Thalle uniforme, non effiguré, crustacé, composé degrains assez petits, d'aspect presque lépreux, très rarement squa- muleux au pourtour, d’un vert blanchâtre ou glauque. Hy- pothalle glauque fibrilleux. Apothécies stipilées, au moins normalement. Stipe blan- châtre, ou blanc rosé, court, souvent partagé en 3 ou 4 ra- meaux, un peu granuleux, formé de fibres longitudinales anastomosées, ne dépassant guère À à 4,5 mill. de hauteur. Disque d’un rose carné dans le très jeune âge devenant bien- tôt roux, puis brun noirâtre, d’abord convexe, puis plan et à bords irréguliers, immarginé, de 4,5 à 2,5 mill. de diamètre, entièrement plein à l’intérieur. Spores hyalines, simples, oblongues, de Onm,010 à Omm,014 de long, env. 3 fois p. I. q. l., renfermées au nombre de 8 et ordinairement uni-sé- riées dans des thèques cylindriques souvent recourbées, d'env. Onm,060 à Omm,070 de long sur Omm,007 à Omm,010 de large, Paraphyses grèles, rameuses hyalines, lâchement co- hérentes, à peine renflées au sommet. Æpithecium granu- leux, presque hyalin. Thecium incolore. H ypothecium inCO- lore, épais, formé de filaments anastomosés. Spermogonies tuberculiformes, recouvertes par la couche — 344 — thalline qui se fend assez souvent. Spermaties droites, lon- guement ellipsoïdales, d'environ 0m,00% à Omm,005 de long, 5 fois p. 1. q. |. Stérygmates allongés, à articulations nom- breuses. ; TI. Sans action sur le thalle, ni sur l’hymenium. K. Jaunit légèrement le thalle; sans action sur l’hymenium. Ca, cl. Sans action. Nous ferons à propos de la var. sessilis les mêmes observations qu’à l'égard du Bæomyces roseus. Ce n’est qu'un état anormal provenant soit de l’âge, soit d’une trop grande sécheresse du terrain. Habit. — Cette espèce est plus silicicole encore que le Bæomyces ro- seus. Nons ne l'avons jamais rencontrée dans le Jura; elle est par contre très fréquente dans toutes les basses Vosges, la Serre et la Bresse où elle se trouve surtout sur les fossés des chemins dans les forêts et sur les roches humides peu saillantes. Le Bæomyces placophyllus n’en diffère que par le thalle moins granuleux et plus lobé foliacé. Ce n’est peut-être qu'une variété croissant sur les hauts sommets; tous les organes internes ne pré- sentant pas de différence sensible. GENRE Il. TONINIA Th. M. Fr. Thalle crustacé, squameux, composé de squames ou dis- persées ou imbriquées, affectant souvent au centre la forme de vésicules rugueuses ou plissées, lobé au pourtour et ordi- nairement assez nettement rayonnant, contenant de vraies gonidies. Hvypothalle peu persistant. Apothécies lécidéines, ordinairement convexes, plus rarement scutelliformes, noires ou de couleurs sombres. Spores ellipsoïdales ou allongées ou subaciculaires, à 2, 4 et même 8 loges. Spermaties longues très étroites, presque loujours courbées. Slérygmates sim- ples. 1. Spores 3-multiloculaires (Eutoni- _ =) bi « pee) — & © Spores bi-loculaires (Thalloidima). 2. Hypothecium légèrement coloré. Spores aciculaires 4-6 loculaires. Toninia squalida Mass. Hypothecium brun noir,,.... Ne) — 345 — 3. Thalle brun noirâtre. Spores fusi- formes, obtuses aux extrémités, LG EN E O eee Toninia aromatica Mass. Thalle d'un gris cendré un peu glauque. Spores subsiformes 3-4 loue ee ec Toninia syncomista Th. Fr. Thalle brun cendré, sec, d’un vert gai, humide. Spores linéaires el- lipsoidaless eh ee ons Toninia Boissieri J. Mull. Æ . Thalle blanc grisâtre ou rosé, ..., 5 Thalle plus ou moins foncé sous la priune qui le recouvre souvent. 6 5. Thalle très peu développé d’un blanc rose. Apothécies toujours prui- neuses d'un blanc bleuâtre...….. Toninia cæsio candida (Nyl.). Thalle développé, à lobes pustu- leux, plissés, d’un blanc farineux non chagrinés. Apothécies noirà- tres souvent pruineuses, ...,... Toninia candida Th. Fr. Thalle développé, à lobes pustuleux arrondis, d’un blanc grisâtre, nei- tement chagrinés. Apothécies noi- râtres, souvent pruineuses..,.... Toninia mamillaris (Gouan). 6. Thalle glauque ou olivâtre.....,,. Toninia cæruleonigricans Th. Fr. Thalle brun ferrugineux,........, Toninia tabacina (Ram.). * EUTONINIA Th. M. Fr. 1. TONINIA SQUALIDA Mass., Rich., p. 108; Kœærb., SUSL Dr 172: Toninia squarrosa Th. Fr., L. Sc., p. 331. Lecidea squalida Ach., Un, p. 169; Nyl., L. Sc., p. 216. Lecidea atrorufa b. squarrosa Ach., Un. p. 200. Lecidea norvegrca Suarft., p. 115. Exs. Hepp, F. E., 193; Schær., 170. Thalle rugueux, formé de concrétions squamuleuses se transformant souvent en petits grains d’un brun chataigne. Hypothalle peu visible. Apothécies petites, de 0,5 à 1 mill. de diamètre, souvent — 346 — confluentes, adnées, à disque noir plan dans le jeune âge et à marge proéminente, puis devenant promptement convexe et immarginé, non pruineux. Spores hyalines droites, aci- culaires, 4-6 loculaires (bien rarement 8), de Onm,095 à Omm, 045 de long, environ 10 à 12 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques renflées en massue, de Omm, 040 à Onm 050 de long sur Omm,010 à Omm,012 de large. Pa- raphyses peu ou pas articulées, assez robustes, peu cohé- rentes, terminées en massue au sommet où elles sont d’un bleu verdâtre foncé. Epithecium bleu-vert noirâtre. Thecium peu coloré. Hypothecium jaunâtre peu coloré. Spermogonies immergées. Stérygmates simples. Sperma- ties aciculaires, courbes, longues et grêles. Sans action sur le thalle. Bleuit puis rougit l’hymenium, surtout l'extrémité des thèques. K et Ca cl. Sans action bien sensible. Habit. — Espèce rare dans nos limites et seulement dans les hautes Vosges. Au sommet du Hohneck sur l’humus qui recouvre certaines roches granitiques. 2. TONINIA AROMATICA Mass., Symm., 54; Kœærb., | Por: Lecidea aromatica Ach., Un.. p. 168; Nvyl., Prod., p. 193. Lecidea acervulata Nvyl., L. Sc. p. 216. Lecidea subuletorum v. campestris C., Fr., p. 340. Lichen aromaticus Sm., in Eng. bot., t. 1777. Exs. Hepp, F. E., 283; Arn., Jur., 592. Thalle aréolé, verruqueux, formé de squamules d’abord planes, puis gonflées, toruleuses, plissées, assez variable de développement, d’un gris cendré furfuracé ou plus souvent brun livide. Hypothalle peu distimet. Apothécies petites, de 0,5 à 1 mill. de diamètre, adnées, fixées au thalle par le centre, souvent libres à la circonfé- rence, à disque noir foncé, d’abord planes et légèrement marginées, puis convexes, déformées et immarginées. Spores — 347 — hyalines, fusiformes, un peu obtuses aux deux extrémités, 4-loculaires (bien rarement 3), de Omm,012 à Omm,024 de long, env. 3 à » fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques renflées en massue, à parois très épaissies au sommet, de Onm,035 à Onm,045 de long sur Omm,010 à Omm, 012 de large. Paraphyses peu articulées, tantôt grêles, tantôt plus robustes, facilement libres, épaissies et arrondies au sommet où elles sont d’un bleu-verdätre foncé. Epithecium bleu-vert foncé ou noirâtre. Thecium d’un brun-bleuâtre plus clair. Hypothecium brun noir foncé. Spermogonies immergées. Stérygmates simples. Sperma- hes aciculaires, très-grêles. a Var. acervulata Th. Fr., L. Sc., p. 332. — Thalle assez dé- veloppé, gris cendré. : 8 Var. cervina Th. Fr., L. Sc., p. 333. — Thalle peu développé, d’un brun noiratre. : Sans action sur le thalle. Bleuit, puis rougit l’hymenium, surtout l'extrémité des thèques. _ Sans action sur le thalle, ou le jaunit un peu. K | Bleuit l’epithecium et l’hypothecium ; le thecium n'étant presque pas modifié. Ca, cl. Sans action. Habit. — Espèce assez rare dans nos limites : par ci, par là dans les Vosges sur l’humus qui couvre les granites, un peu plus fréquente sur le mortier des vieux murs à Bourg et dans le département de l'Ain; devra probablement se retrouver dans les mêmes conditions dans le Doubs et le Jura. 3. TONINIA BOISSIERI J. Mull., Prince. de class., p. 381. Thalle subcartilagineux, squameux, à petites squames arrondies-lobulées , d’un brun cendré à l’état sec, d’un vert olhivâtre gai étant humide. | Apothécies très pelites ne dépassant pas 0,5 mill. de dia- mètre, sessiles, nues, d’un noir opaque, à marge d’un noir plus brillant, d’abord proéminente, puis affaissée, planes dans = 5 — le jeune âge, puis ensuite plus ou moins convexes. Spores hyalines, linéaires-ellipsoïdales, obtuses aux deux extré- mités, 4-loculaires, de Onm,015 à Omm 020 de long, env, 3 1/3 à 4 fois p. |. q. !., renfermées au nombre de 8 dans des thè- ques obovoïdales d'env. 0m, 050 de long. Paraphyses simples ou peu rameuses, articulées au sommet où elles sont épais- sies et brunâtres. Fpithecium brun. Hypothecium d'un brun noir. Habit. — Sur un bloc de molasse, sous Mornex; dans le ravin en face de la douane Nous n'avons pas vu cette espèce qui, d’après M. J. Muller, diffère de ses congénères d’une façon très distincte par le thalle et par les spores. La description ci-dessus a été prise dans les principes de classifi- cation, p. 981. 4. TONINIA SYNCOMISTA Th. M. Fries, L. Se., p. 335. Bilimbia regeliana Kærb., Par., p. 168 ; J. Mull., Princ., p. 399. Bilimbia sabulosa Kærb., Syst., p. 214. Lecidea spheroides sabuletorum f. montana Nyl., L. Sc., p. 205. Lecidea sabuletorum 8 syncomista Flærk, Bert. May., 1803, p. 310. Exs. Hepp, F. E., n° 280; Flagey, L. F.-C., n° 28; Arn., Jur., T1, 123: Thalle rugueux, squamuleux, formé de squamules très petites sublobées ou crénelées, dégénérant presque toujours en granulations contigues et un peu pulvérulentes, d’un gris cendré blanchâtre sale ou un peu rosé. Hypothalle noir dé- bordant et ordinairement bien visible. Apothécies ussez grandes, de 0,5 à 3 mill. de diamètre, sessiles, presque toujours confluentes, à disque d’un noir opaque parfois un peu rougeâire, planes et à marge étroite dans le tout jeune âge, puis prespue immédiatement subglo- buleuses ou difformes et immarginées. Spores hyalines, sub- fusiformes, 3-4-loculaires, de Onm,019 à Onm,093 de longueur, environ 3 1/2 à 5 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques largement obovoïdales, de Omm,048 à Omm, 052 de long, sur Omm,012 à Omm 014 de large. Paraphyses peu articulées, cohérentes, très légèrement renflées, ou — 349 — elles sont d’un jaune un peu verdâtre. ÆEpithecium jaune d’or parfois un peu verdâtre. Thecium incolore. Hypothe- eium d’un brun jaunâtre foncé. Snermogonies peu visibles. Stérygmates simples. Sperma- _ties souvent courbées, aciculaires, longues et très grêles. Sans action sur le thalle. Bleuit, puis rougit l’hymenium, surtout les thèques. : Sans action sur le thalle. Teint en bleu violacé foncé l’hymenium et très légèrement l'epithe- _cium. Ca, cl. Sans action sensible. K Habit. — Cette espèce est surtout calcicole; nous ne l'avons pas ren- contrée dans les hautes Vosges ; elle n’est pas rare sur les sommets juras- siques du Chasseral au Reculet, et descend même à 1000-1200 mètres : la Cure, la Faucille, etc., etc. xx THALLOIDIMA Mass. 9. TONINIA CÆRULEONIGRICANS Th. Fr., L. Se., p. 336. Thalloidima vesiculare Kærb., Syst., p. 179. Lecidea vesicularis Ach., L. U., p. 219; E. Fr., p. 286; Nyl., L. Sc., p. 214. Patellaria vesicularis Hoffm., 179%, p. 930. Lichen cæruleonigricans Light. F1. scot. (1777), p. 805. Exs. Hepp, F. E., 237; Flagey, L. F.-G., nos 139 et 381. Thalle bulleux, vésiculeux, plissé au centre, à squames plus plates et plus arrondies au pourtour, d’un glauque ver- dâtre et presque toujours couvert d’une pruine blanche dans la plaine, plus brun et non pruineux dans les hautes mon- tagnes. Hypothalle noir peu persistant. Apothécies assez grandes, de À à 4 mill. de diamètre, nues Où pruineuses, à disque noir plan ou un peu convexe, à marge flexueuse, disparaissant promptement. Spores hya- lines, étroites, subfusiformes, bi-loculaires, de 0,018 à Onn, 028 de long., environ 6 à 7 fois p. L. q. lL., renfermées au nombre de 8 dans des thèques cylindriques un peu ren- — 350 — flées au sommet où les parois sont épaissies, de Omm 040 à Omm 045 de long sur Onm 009 à Onm 011 de large. Paraphyses robustes, lâchement cohérentes, simples, à 4-2 articulations au sommet où elles sont renflées, presque globulenses et d’un bleu verdâtre. Epithecium épais d’un bieu-vert noirâtre. Thecium incolore. Hypothecium d’un brun roux assez foncé. Spermogonies immergées. Séérygmates simples. Sperma- tres longues, grêles et arquées. { Sans action sur le thalle. I À , | Teint l’hymenium en bleu passant au rouge vineux. Sans action sur le thalle, ou colore certains échantillons en bru- K nâtre (réaction incertaine). ( Teint fortement l’epithecium en violet, avive la teinte de l’hypo- thecium. Ca, cl. Sans action. Habit. — Cette espèce est très répandue dans nos limites ; elle se trouve dans les fentes des rochers, sur la terre des pelouses et sur les murs de- puis les hauts sommets jurassiques jusque dans la plaine On peut même la constater sur les remparts de Besançon. Elle est, par contre, rare dans les Vosges, ainsi que dans tous les terrains siliceux. Le thalle est toujuurs beaucoup plus pruineux dans la plaine que dans les hautes montagnes. 6. TONINIA CANDIDA Th. M. Fries, L. Sc., p. 338. Thalloidima candidum Kærb., Syst., p. 179 ; J. Mull., Princ., p. 381. Lecidea candida Ach., Meth., p. 79 ; Schær., En., p. 103; Nyl., Lich. Sc., p. 215. Lichen tumidulus Ach., Prod., p. 98. Lichen candidus Web., Spic., 17178, p. 198. Exs. Hepp, F. E., no 124. Thalle bulleux, vésiculeux, plissé au centre, toujours très netiement 10b6 au pourtour, à lobes arrondis, crénelés, d’un Peau blanc farineux. Hypothalle noir bien visible et persis- tant, Apothécies grandes, de 1 à 3 miil. de diamètre, apprimées, à disque noir, mais recouvert d’une pruine d’un blanc bleuâtre, a plan ou un peu convexe, à marge flexueuse proéminente, — 351 — devenant facilement anguleuses et difformes avec l’âge. Spores hyalines, oblongues-ellipsoïdales, subbacillaires, bi- loculaires (quelquefois, mais rarement, deux autres sépara- üons sont visibles, ce qui les rendent alors 4-loculaires), de m0 à Onn 023 de long, env. 4 à 5 1/2 fois p. L. aq. 1, renfermées au nombre de 8 dans des thèques cylindriques, étroitement élargies en massue au sommet où la membrane est fortement épaissie, de Omm,038 à Omm 042 de long sur Onm 010 à Omm 019 de large. Paraphyses robustes, lâchement cohérentes, un peu articulées et fortement épaissies au som- met où elles sont légèrement teintées en brun-bleuâtre. Epi- thecium épais d’un brun roux. Thecium d'un roux violacé très pâle. Hypothecium d’un roux violacé plus intense, quoique toujours un peu pâle (beaucoup moins coloré que dans l’espèce précédente). Stérygmates simples. Spermaties filiformes, arquées. Sans action sur le thalle, I Teint en bleu, puis en violet l’hymenium et surtout l'extrémité des thèques. Sans action sur le thalle. K { Teint l'epithecium en violet, le thecium et l’hypothecium étant peu modifiés. Ca, el. Sans action. Habit. — Cette espèce est assez nettement calcaire. Nous ne l'avons que bien rarement rencontrée dans les Vosges. Elle est par contre abondante dans la moyenne montagne : Morteau, Pontarlier, Morey, etc., ete , d’où elle descend jusqu'à Arbois et Besançon, (Arguel). 1. TONINIA CÆSIO-CANDIDA. Thalloidima toninianum Mass., Mem., p. 122; Krmplh., Lich. F1. Bay.. p. 185; Kærb., Par., p. 121. Biatora toniniana Hepp, F. E., 734. Lecidea csio-candida Nyl., Prod., p. 366; Stitz., Lich. helv., p. 174. Exs. Arnold, L. Jur., n° 42 ; Hepp, F. E., n° 734. Thalle farineux, pulvérulent ou aréolé, à squamules gon- flées dégénérant en une croute bulleuse et plissée, souvent HS RD subeffiguré, toujours de petite dimension, d’un blanc assez vivement rosé. Hypothalle peu distinet. Apothécies petites, de 0,5 à 2 mill. de diamètre, toujours abondamment pruineuses, à disque plan terminé par une marge peu épaisse. Spores hyalines, oblongues, bi-locu- laires, de Onm,O11 à Onm 018 de long., env. 2 1/2 à 8 1/2 fois fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques légèrement renflées, presque cylindriques, à membrane épaisse au sommet, de Omm,040 à Onm 048 de long, sur Omm, 012 à Omm 014 de large. Paraphyses robustes, assez cohé- rentes, flexueuses, peu articulées, un peu renflées et légè- rement colorées au sommet. Æpithecium brun un peu ver- dâtre. Thecium brun-rosé. Hypothecium brun-foncé. Stérygmates simples. Spermaties aciculaires, grêles, ar- quées. ( Sans action sur le thalle. Teint l’hymenium en bleu, puis en violet. Sans action sur le thalle. Teint souvent l'hymenium en bleu violacé. Ca, cl. Sans action. Habit. — Cette espèce, intermédiaire entre la Toninia candida et la Toninia mammillaris, comme le fait très bien observer Nylander, est très rare dans nos limites ; elle n’est guère connue que contre des parois cal- caires du petit Salève, au dessus de Monetier, où elle a été découverte par le docteur J. Muller. Elle y est assez abondante. 8. TONINIA MAMMILLARIS. Thalloidima mammillare Kærb., Syst. p. 180. Thalloidima mesenteriforme Vill., Dauph , 1789. Lecidea mammillaris Duf., in Fr., p. 285; Schær., En. p. 104; Nyl,, Prod.. p. 306. Lichen mammillaris Gouan, Herb. Montp., p. 88. Exs’ Schær., L. H., n° 575. Thalle aréolé, vésiculeux, à vésicules grosses, gonflées et presque arrondies au centre, sublobé à la circonférence, d'un — 353 — blanc farimeux, toujours très nettement chagriné. Hypothalle peu visible. Apothécies assez grandes, de 1 à 4 mill. de diam., situces sur le bord des aréoles, à disque noirâtre, très peu pruineux, plan ou même concave dans le jeune âge et à marge pro-. éminente , devenant promptement convexe et immarginé en vieillissant. Spores oblongues ellipsoïdales, hyalines, souvent simples, parfois biloculaires, de Omm,016 à Omm,022 . de long, env. 4 à 5 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques cylindriques moyennement élargies au sommet où la membrane est épaissie, de Onm,058 à Omm, 042 de long sur Omm 010 à Omm 012 de large. Paraphyses robustes, lâchement cohérentes, 1-2 articulations au sommet où elles sont assez fortement renflées. Lpithecium épais d’un brun roux. Thecium presque incolore. Hypothecium d’un brun roux plus clair. Spermogonies non observées. (Spermaties grêles. Stéryg- mates simples, d’après Leighton.) Sans action sur le thalle. Teint en bleu l’hymenium, surtout l'extrémité des thèques. Sans action sur le thalle. Teint l’epithecium en violet. Ca, el. Sans action. Habit. — Ce lichen est assez rare dans nos limites : contre les parois calcaires du grand Salève (J. Mull.), également au Chasseral et au Chas- seron ; inconnu dans les Vosges. Comme on le voit par la description ci- dessus, il ressemble beaucoup à ia Toninia candida. Les apothécies sont plus petites, plus nues ; les vésicules du thalle plus grosses, plus rondes, et surtout constamment chagrinées. Quand elles sont isolées, elles res- semblent en très petit au champignon blanc qu'on nomme Vesse-Loup. 9. TONINIA TABACINA. Toninia tristis Th. Fries, L. Sc., p. 341. Lecidea tabacina Schær., En., p. 100 ; Nyl., Prod., p. 367. Psora tabacina 8 tristis Th. Fr., Bot. Not., 1865, p. 38. Thalle bulleux, squameux, aréolé, à squames isolées ou 23 — 304 — imbriquées au centre, plus apprimées et légèrement lobées à la circonférence, d’un brun ferrugineux. Hypothalle noir peu persistant. - Apothécies petites, de 0,5 à 1,5 mill. de diam., apprimées, à disque noir, jamais pruineux, plan dans le jeune âge et à marge bien visible, puis devenant concave et immarginé. Spores hyalines, oblongues, ellipsoïdales, souvent simples, plus rarement bi-loculaires, de Omm,019 à Omm 017 de long, env. 4 à 6 fois p. IL. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques élargies en massue, à paroi épaissie au som- met, de Onm,038 à Omm,042 de long sur Omm,010 à Onm,012 de large. Paraphyses robustes, lâchement cohérentes, arti- culées et renflées au sommet où elles sont brunâtres. Epi- thecium brun roux. Thecium très peu coloré. Hypothecium brun roux. Spermogonies immergées. Stérygmates simples. Sperma- tes grêles, aciculaires, arquées. Sans action sur le thalle. Teint en bleu, puis en violet l’hymenium et surtout l'extrémité des thèques. Sans action sur le thalle. Teint l’epithecium et l’hypothecium en rouge violet. Ca, cl. Sans action. Il Habit. — Nous avons donné la description de cette espèce, quoiqu'’elle n'ait jamais été signalée avec certitude dans nos limites. Elle s’y rencon- trera probablement dans les fentes des roches calcaires. M. le docteur Ma- gnin l’a rencontrée dans les environs de Lyon, et M. l’abbé Ravaud à Gre- noble. C’est, du reste, une plante méridionale assez fréquente dans les Pyrénées et dans les montagnes calcaires de l'Algérie. On pourrait la con- fondre avec les formes non pruineuses de la Toninia cæruleonigricans ; elle s’en distinguera par la couleur du thalle moins verdâtre et plus roux, par ses apothécies plus petites ef toujours nues et par ses spores plus petites et moins franchement bi-loculaires. GENRE III. BACIDIA De Not. Thalle crustacé, non squameux, uniforme, mince, granu- leux ou pulvérulent, parfois nul. Hypothalle blanchâtre, peu — 355 — distinct. Apothécies biatorines ou lécidéines, ordinairement adnées. Spores aciculaires plus ou moins allongées, droites, courbes, ou tordues en spirales, 4-pluri-loculaires. Sperma- tes cylindriques ou aciculaires, droites ou courbes, peu ca- ractéristiques. Stérygmates simples. 1, Hymenium épais. Spores longues HALISOPIERS Re. ee eee eee d de ste sed Hymenium mince. Spores longues, grêles (30 à 35 fois p. 1. q. 1.), mul- DIS OR nee ee cu enis omis : Hymenium très mince. Spores plus épaisses (15 à 18 fois p. 1. q. i.), CO USE PLÉ Se dec aan too eve 4 Hymenium mince. Spores courtes, droites, peu sepiées......,...,.. . Bacidia incompta Anzi. Hymenium mince. Spores courbées ou tordues en spirales, peu septées. Bacidia umbrina Br. et R. (Th. Fr., Lich. Sc.) 2, Apothécies rougeûtres (biatorines)... Bacidia rubella Mass. Apothécies noirâtres (lécideines).... Bacidia endoleuca Th. Fr. 3, Hypothecium très peu coloré,,..... Bacidia inundata Kærb. Hypothecium brun roux. Epithecium presque concolore:::..:......:5.:.0 Bacidia herbarum Arn. Hypothecium brun roux. Epithecium DRCOÏORE nue. ee de Bacidia Arnoldiana Kærb. 4, Apothécies d’un brun noir, ne chan- geant pas étant humectées.,....., Bacidia atro sanguinea Th. Fr. Apothécies d’un brun noir, devenant vert olive étant humectées..,,,,,. Bacidia Friesiana Kærb. 4. BACIDIA RUBELLA Mass., Rich., 1859, p. 18; Kærb., Syst., p: 186 ; Th. Fr., L. Sc., p. 344. Secoliga rubella Stizenb., Krit. Bem., p. 41. Lecidea luteola Ach., Meth., p. 60 ; Ny1., L. Sc. p. 209. Lichen luteolus Ach., Prod., p. 42. Lichen rubellus Ehrh., PL. cr., 1785, n° 196. Exs. Hepp, F, E., 141; Flagey, L. F.-C., 190. Thalle granuleux, lépreux, indéterminé, d’un vert cendré, — 356 — souvent presque nul. Hypothalle d’un blanc brillant assez visible. Apothécies petites, de 0,5 à 1,2 mill. de diamètre, adnées ou sessiles, nues, à disque d’un rouge jaunâtre ou carné, concave et à marge épaisse, cupuliforme dans le jeune âge, puis devenant plan ou même convexe et immarginé. Spores hyalines, aciculaires, grêles, 8-14 loculaires, de 0®m®,050 à Onm,075 de long, env. 20 à 95 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques cylindriques au milieu, un peu élargies au sommet, et assez brièvement resserrées à la base où elles sont souvent recourbées, de Onm,065 à Onm 080 de long sur Onm,008 à Omm,010 de large. Paraphyses grêles, assez lâchement cohérentes, un peu rameuses, très flexueu- ses, peu ou pas articulées ni renflées, hyalines dans toute leur longuenr. Epithecium incolore, très mince, peu visible. Thecium incolore. Hypothecium d’un jaune ocreux peu foncé. Spermogonies immergées. Stérygmates simples. Sperma- tes grêles, droites ou ondulées (Mudd.). 1 Sans action sur le thalle. Teint l'hymenium en bleu violet. Sans action sur le thalle ou le jaunit un peu. Avive simplement la couleur de l’hypothecium. Ca, cl. Sans action, ou jaunit un peu le thalle. Habit. — Espèce assez fréquente sur l'écorce des vieux chênes dans les bois de la plaine et particulièrement aux environs de Besançon. 2. BACIDIA ENDOLEUCA Th. Fries, L. Sc., p. 347. Bacidia atrogrisea Arnold, in Flora, 1858, p. 505. Bacidia enteroleuca Kickx., FT. cr. Fland. (1867), p. 261. Patellaria atrogrisea J. Mull., Princ., p. 401. Biatora luteola f. endoleuca Nyl., Bot. Not., 1853, p, 98. Exs. Hepp, F. E., n° %6; Arn., Jur., 327 ; Flagey, L. F.-C., 30 et 382. Thalle mince, fendillé, granuleux, verruqueux, indéter- miné, d’un blanc verdâtre. Hypothalle non distinct. — 391 — Apothécies petites, de 0,5 à 1 mill. de diamètre, adnées ou sessiles, nues, à disque d’un noir brunâtre devenant plus rouge et plus clair quand on l’humecte, plan ou légèrement concaye et à marge épaisse de teinte plus foncée, puis deve- nant promptement convexe et immarginé. Spores hyalines, aciculaires, ordinairement plus pointues à une extrémité qu’à l’autre, droites ou courbes, 12-16 loculaires (rarement 4-8), de Onm,035 à Onm, 070 de long, env. 2 à 5 fois p. I. q. 1., renfermées au nombre de 8 dans des thèques à parois minces légèrement renflées au sommet, de On®,050 à Omm,075 de long sur Omm O11 à Omm,012 de large. Paraphyses grêles, en- chevêtrées, assez cohérentes, un peu renîflées au sommet où elles sont d’un brun violet. Epithecium d’un bleu violet noir. Thecium presque incolore. Æypothecium d'un brun roux, jaunâtre clair, mais à marge de couleur plus vive. Spermogonies immergées. Stérygmates simples. Sperma- hes arquées. | Sans action sur le thalle. Teint l'hymenium en bleu passant au rouge vineux. Sans action sur le thalle. K Colore en violet le sommet des thèques et la marge de l’hypothe- ( cium. Ca, cl. Sans action. Habit. — Espèce assez commune dans les bois de la plaine, notamment dans le bois de Montferrand sur les charmes et les hêtres. Beaucoup plus rare sur les sapins des montagnes : aux Voirons, au dessus de Saint- Cergues (J. Mull.). 3. BACIDIA INUNDATA Koœærb., Syst., p. 187; Th. Fries, LOSC p.550. Bacidia arceutina e. inundata Br. et Rostr., Dan., p. 107. Biatora inundata Fr., Vet. Hand., 1822, p. 270. Exs. Hepp, F. E., n° 289 (pr. p.). Thalle lépreux, granuleux, fendillé, ou presque aréolé, assez épais, d’on brun verdàtre. Hypothalle blanchâtre, peu persistant. — 358 — Apothécies très petites atteignant rarement 1 mill. de dia- mètre, nues, presque innées, souvent agglomérées, à disque variant entre le roux clair et le brun noir, plan d’abord et à marge mince, puis devenant promptement concave et im- marginé. Spores hyalines, aciculaires, ordinairement plus pointues à une extrémité qu’à l’autre, droites, 4-10 locu- laires (rarement plus), de 0m®,030 à Omm,045 de long, env. 20 à 30 fois p. I. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques à parois minces souvent vides, renflées au sommet, de Onm,045 à Onm,050 de long sur Omm,010 à Onm,013 de large. Paraphyses grêles, enchevètrées, assez cohérentes, peu renflées au sommet où elles ne sont pas colorées. Epithe- cium presque incolore ou un peu jaunâtre. Thecium inco- lore. Hypothecium d’un jaune rosé très pâle, un peu plus foncé à la marge, mais de teinte toujours claire. Spermogonies non observées. Sans action sur le thalle. Teint l’hymenium en bleu, puis en violet. K. Sans action sur le thalle, n’en a que très peu sur l’hymenium. Ca, cl. Sans action. K + Ca, cl. Forment un anneau coloré autour du disque de l’apothécie (Leighton). Habit. — Cette espèce, rare ou peu observée dans nos limites, se rencontre sur les bois humides et sur les roches de formation diverse sou- vent inondées : au bord du lac de Retournemer (Vosges) sur des rochers siliceux : dans les environs de Genève (J. Mull.). Elle se distingue des Bacidia herbarum et Arnoldiana qui appartiennent au même groupe par la couleur toujours très claire de l’hypothecium. 4. BACIDIA HERBARUM Arn., Flora, 1865, p. 596; Th. Fr., LE SC-p. 549. Secoliga herbarum Hepp in Stiz., Crit., 1863. p. 46. Lecidea bacillifera v. herbarum Nyl., Lapp., p. 155. Exs. Arn., Jur. 290. Thalle brillant, granuleux, d’un blanc cendré un peu ver- dâtre. Hypothalle blanchâtre, assez persistant. — 359 — Apothécies petites ne dépassant guère 1 mill. de diamètre, nues, brillantes, sessiles, à disque d’un brun roux ou même d’un rouge assez vif, d’abord concave ou plan et à marge mince, puis devenant promptement convexe et immarginé. Spores hyalines, aciculaires, pointues aux deux extrémités, droites, 8-14 loculaires, de Omm,045 à Onm,055 de long, env. 30 à 40 fois p. !. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques à parois minces, cylindriques, légèrement renflées au sommet, de Omm,050 à Omm 060 de long, sur Onmm 010 à Omm 012 de large. Paraphyses grêles, enchevêtrées, assez cohérentes, peu renflées au sommet où elles sont d’un brun très clair. Epithecium brun jaunâtre ou un peu rougeûtre. Thecium peu coloré; Hypothecium d’un brun jaunûâtre ou rougeûätre un peu plus foncé que lEpithecium. Spermogonies non observées. Sans action sur le thalle. 1È ue Teint l’hymenium en bleu, puis en violet. Sans action sur le thalle. Teint en rouge violet l’epithecium et l’hypotheciurn. Ca, cl. Sans action. “à Habit. — Espèce assez rare dans nos limites, ou du moins peu observée : inconnue dans les hautes Vosges ; sur les mousses au sommet du Salève (J. Mull.), dans les mêmes conditions au sommet du Chasseral et proba- blement sur d’autres sommets jurassiques. En dehors de son habitat, la Bacidia herbarum se distingue des plantes du même groupe par l’epi- thecium coloré et presque concolore à l’hypothecium. 9. BACIDIA ARNOLDIANA Kœærb., L. sel. (1857), n° 131 ; Arn., tnblord, AS, p-04; Th Eries, L'Sc:, ps01. Patellaria Arnoldiana 3. Mull., Princ., p. 400. Lecidea Larbalestieri Crombie in Grev., 1879. Exs. Hepp, F. E., 209 (pr. p.). Thalle mince, lépreux ou granuleux, d’un vert jaunâtre ou grisâtre. Hypothalle imdistinct. & Apothécies très petites, ne dépassant guère 0,7 milk-:de +R — 360 — diamètre, adnées ou presque innées, nues, agglomérées, presque confluentes, à disque d’un brun noirâtre dès le jeune âge, d’abord concave et à marge mince, élevée, concolore, puis devenant en vieillissant plan et immarginé. Spores hya- lines, aciculaires, pointues et atténuées aux deux extrémités, droites, ordinairement peu divisées, 4-6 loculaires au plus, de Onm,040 à Onm,055 de long, env. 20 à 50 lois p. L q. E, renfermées au nombre de 6-8 dans des thèques cylindriques, un peu élargies au sommet, à parois minces, de Onm,050 à Om 060 de long sur Omm,009 à Omm,O11 de large. Paraphyses grêles, enchevêtrées, cohérentes, peu renflées au sommet, hyalines dans toute leur longueur. Epithecium incolore, ou légèrement jaunâtre. Thecium incolore. Hypothecium d’un brun roux foncé. Spermogonies non étudiées. I Sans action sur le thalle. Teint l’hymenium en bleu, puis en rouge vineux. Sans action sur le thalle. Avive la couleur de l’hypothecium. Ca, cl. Sans action. K | Habit. — Cette espèce, toujours corticicole dans le nord de l’Europe, n’a encore été observée chez nous que sur des murs ombragés ou des ro- chers : sur le mur du jardin de la cure de Compesière, près Genève, et aux Paquis sur des murs près du lae (J. Muil.). Elle habite donc quelque- ois aux mêmes lieux que la B. inundata, quoique préférant les endroits moins humides. Elle s’en distingue par les apothécies plus petites et plus noires dès le jeune âge et surtout par la couleur très foncée de l’hypothe- cium et par l’epithecium plus clair. 6. BACIDEA ATRO-SANGUINEA Th. Fries, L. Sc., p. 354. Biatora atro-sanguinea Hepp, F. E., 286. Patellaria atro-sanguinea 3. Mull., Princ., p. 401. Lecidea separabilis Nyl., Flora, 1865. Lecidea rubella $ atro-sanguinea. Exs. Hepp, F.E,; 276 « et 518 £ ; Arn., Jur., 96. Thalle lisse ou granuleux et même verruqueux par place, — 361 — plus ou moins épais, quelquefois nul, d’un blanc cendré ou un peu jaunâtre. Hypothalle d’un blanc lisse, assez persis- tant. Apothécies petites, ne dépassant guère 1 mill. de diamètre, sessiles, nues, solitaires, à disque d’un rouge de sang très foncé passant au brun noir et au noir, concave ou plan et à marge mince, élevée et persistante, ne devenant que bien rarement convexe et immarginé. Spores hyalines, acicu- laires, droites, 8-16 loculaires, de Omm,025 à Omm,040 de long, env. 10 à 16 fois p. 1. q. 1., renfermées au nombre de 8 dans des thèques largement renflées au sommet, à parois minces, de Onm 036 à Omm,045 de long sur Onm 009 à Omm 0192 de large. Paraphyses grêles, enchevêtrées, cohérentes, peu renflées au sommet où elles sont bleues ou un peu brunâtres, entre- mêlées de quelques-unes complètement incolores. Epithe- cium très mince, bleuâtre. Tliecium très peu coloré. Hypo- thecium d’un rouge assez vif. Spermogonies immergées. Siérygmates simples. Sperma- tres très grêles, droites ou un peu courbées. a Var. corticola Th. Fries, L. Sc., p. 354. — Spores plus ro- bustes, un peu plus obtuses aux extrémités. 8 Var. muscorum Arn., Flora, (Sw.) Meth. — Spores plus minces et plus pointues aux deux extrémités. { Sans action sur le thalle. | Teint l’'hymenium en bleu passant au violet. ; Sans action sur le thalle. Teint en violet l’epithecium et l’hypothecium. Ca, cl. Sans action. Habit. — La var, «& à été récoltée par M. J. Muller sur de vieux chênes à Grange-Canal près Genève, et sur des sapins à la Dôle. Elle existe aussi sur des sapins en montant de Sainte-Croix au Chasseron. La var. B sur des mousses au sommet du Salève ; est à rechercher sur toutes nos som- mités du Jura, — 362 — 7. BACIDIA FRIESIANA Kœærb., Par., p. 133; Th. Fr., LESC, p: 2017 Bacidia cærulea Kærb., Par., p. 134. Bacidia arceutina b. Friesiana Br. et Rostr., Dan., p. 107. Lecidea Friesiana Stiz. L. H., p. 167. Exs. Hepp, F. E., no 988 ; Arn., Jur., 168. Thalle presque lisse ou légèrement granuleux, peu épais, souvent nul, d’un brun grisâtre ou verdâtre. Hypothalle blan- châtre peu persistant. Apothécies très petites ne dépassant pas 0,5 à 0,6 mill. de diamètre, sessiles, à disque d’un brun roux allant jusqu’au noir à l’état sec, mais devenant nettement vert-olive humecté, concave ou plan dans le jeune âge et à marge un peu plus noire surtout à l’état humide, puis devenant promptement convexe et immarginé. Spores hyalines, aciculaires, droites, 4-8 loculaires, de Omm 040 à O®m,055 de long, env. 18 à 20 iois p. |. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques à parois minces, cylindriques ou peu renflées, de Omm,048 à Onm,062 de long sur 0,010 à Omnm,011 de large. Paraphyses grêles, un peu articulées, assez cohérentes, peu renîlées au sommet où elles sont ordinairement hyalines, au moins dans nos échantillons. Epithecium, Thecium et Hypothecium in- colores. Spermogonies non étudiées. Sans action sur le thalle. Teint l’hymenium en bleu passant au rouge vineux. Cal | Sans action sur le thalle ni sur l’hymenium. Habit. — Cette espèce, assez commune dans l’ouest de-Ta France sur l'écorce des troênes et des sureaux, est beaucoup plus rare ou du moins peu observée dans nos-limites : sur l'écorce du noyer et de l’érable à Ge- nève (J. Mull.) et sur celle du seringat à Montferrand. La Bacidia Frie-, siana se distingue facilement de ses voisines par la teinte verte hyaline que prennent les apothécies quand on les humecte. — 363 — 8. BACIDIA INCOMPTA Anzi., Cat. (1860), p. 70; Arn., Flora, 1874-p. 02; "he Fries, L.Sc.) p.301. Bacidia bacillifera b. incompta Br. et Rostr., Dan. p. 109. Scoliciosporum molle Kærb., Syst, p. 269. Lecidea incompta Nyl., in Norrl., p. 189. Exs. Schær., L. H., n° 212 ; Hepp, F. E., n° 987; Arn., Jur., 341. Thalle presque lisse ou lépreux-granuleux d’un blanc ver- dâtre, souvent complètement nul. Hypothalle peu persistant. Apothécies très petites ne dépassant pas 0,7 à 0,8 mill. de diamètre, sessiles, à disque d’un roux noirâtre, concave et à marge mince dans le jeune âge, puis devenant prompte- ment immarginé et plan, très rarement convexe. Spores hyalines, aciculaires, droites, 2-4 loculaires (plus rarement 6), de Onn,018 à Onm,030 de long, env. 15 fois p. 1. q. L., renfer- mées au nombre de 8 dans des thèques cylindriques peu renflées, de Omm,045 à Omm,050 de long sur Omm,010 à Omm,O11 de large. Paraphyses grèles, enchevêtrées, cohérentes, un peu renflées au sommet, d’un brun violet pâle dans toute leur longueur. Epithecium brun-rougeûâtre. Thecium rouge- violet plus pâle. Hypothecium brun-rouge foncé. Spermogonies immergées. Stérygmates simples. Sperma- ties très grêles, ordinairement un peu courbées. I Sans action sur le thalle. Colore l’hymenium en rouge vineux. K Sans action sur le thalle. Colore toutes les parties de l’apothécie en brun violet très foncé. Ca, el. Sans action. Habit. — Cette espèce se retrouvera probablement sur plusieurs points de notre région. Jusqu'ici elle n’a été signalée que par M. J. Muller sur des écorces de peupliers près Genève. Elle est très voisine de la Bacidia atro sanguinea dont elle se distingue par l’hymenium plus mince, par les spores plus courtes et moins septées, et surtout par l'extrémité des para- physes qui sont toujours d’un brun violet au lieu d’être d’un bleu-verdâtre. — 364 — 9. BACIDIA UMBRINA Br. et Rostr., Dan. (1869), p. 109; he Pr eSc bp: 20). Bacidia asserculorum Th. Fr., Arct., p. 181. Secoliga umbrina Stiz., Krit. Bem., p. 25. Lecidea umbrina Ach., Un., 1810, p. 183; Nyl., L. Sc.. p. 209. Exs. Hepp, F. E., 533; Arn., Jur., 869. Thalle mince, lépreux-granuleux, inégal, quelquefois dé- terminé, souvent nul, d'un gris cendré verdâtre foncé. Hy- pothalle peu distinct. Apothécies très petites ne dépassant pas 0,4 à 0,6 mill. de diamètre, sessiles, à disque d’un brun noirâtre, plan dans le jeune âge et à marge mince, puis devenant promptement très fortement convexe et immarginé. Spores hyalines, acicu- laires, vermiformes ou tordues en spirale, souvent simples, puis 4-6 loculaires, de Onm, 095 à Onm,0%2 de long, env. 10 à 45 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thè- ques assez fortement renflées, de Omm,040 à Omm 050 de long sur Omm 010 à Omm O11 de large. Paraphyses assez grêles, co- hérentes, peu articulées et peu renflées au sommet où elles sont d’un brun verdâtre. Epithecium brun verdätre. The- cium et Hypothecium incolores. Spermogonies immergées. Stérygmates simples. Sperma- tes droites et courtes. Sans action sur le thalle. | Colore l’hymenium en bleu, puis en rouge vineux. Sans action sur le thalle. K Sans action sur le thecium et l’hypothecium, avive simplement un peu l’epithecium. Ca, el. Sans action. Habit. — Espèce peu connue dans nos limites, où elle n’a guère été signalée que par M. J. Muller sur des rochers près de Veyrier et sur des bois pourris au sommet du Salève. Elle se retrouvera certainement dans ces dernières conditions sur nos hauts sommets jurassiques, — 365 — GENRE IV. ARTHROSPORA Mass. Thalle crustacé, uniforme, mince ou nul. Hypothalle blan- châtre. Apothécies noires, planes, adnées, à marge mince. Spores allongées, oblongues, courbes, hyalines, 4-loculaires. Spermogonies immergées. Spermalies aciculaires, courbées. Stérygmates simples. 1. ARTHROSPORA ACELINIS Th. Fr. L. Sc., p. 585. Arthrosporum aceline Kærb., Syst., p. 270. Arihrosporum populorum Mass., Mem., 198. Lecidea acelinis Fw. in litt. ad Kœærb.; Nyl,, L. Sc. p. 219. Exs. Hepp, F. E., 281 ; Flagey, L. F.-C., 275. Thalle mince, uniforme, granuleux, d’un gris cendré ver- dâtre, quelquefois nul. Hypothaile blanchâtre assez visible. Apothécies petites de 0,4 à 0,8 mill. de diamètre, adnées, nues, à disque plan d’un noir foncé et à marge mince très persistante. Spores hyalines allongées, ellipsoïdales, cour- bées diversement, à double ou simple courbure, bien rare- ment droites, 4-loculaires, de Omm,012 à Omm 020 de long, env. 3 à 4 fois p. 1. 4. L., renfermées au nombre de 8-12 dans des thèques ventrues, à parois épaisses, vides au sommet, de Onm 040 de long sur 0,009 env. de large. Paraphyses grèêles, flexueuses, lâchement cohérentes, peu articulées, très fortement renflées au sommet où elles sont d’une cou- leur verte un peu brunâtre bien distincte et caractéristique. Epithecium d'un brun violet. Thecium incolore. Hypothe- Gium pâle, rarement un peu rougeûtre. Sperme:snies immergées. Spermaties aciculaires, recour- bées. Stérygmates simples. « Sans action sur le thalle. Teint l'hymenium en bleu passant au violet, — 366 — K Sans action sur le thalle. Sans action sur l’hypothecium, avive les couleurs de l’epithecium. Ca, cl. Sans action. Habit. — Espèce probablement assez disséminée dans la plaine, mais facilement négligée à cause de sa petite taille : sur l'écorce lisse des Jeunes noyers près de Montferrand, associée à Caloplaca luteo-alba et Lecania fuscella. Recueillie aussi dans plusieurs localités aux environs de Genève par M. le docteur Muller. Le genre Arthrospora se rapproche beaucoup des genres Bacidia et Bilimbia. Il est voisin du premier par ses spermaties aciculaires, recour- bées, et du second par la forme oblongue ellipsoïdale de ses spores ; on peut donc la placer entre eux. GENRE V. BILIMBIA De Not. Thalle crustacé, non squameux, uniforme, mince, granu- leux ou pulvérulent, parfois nul. Hypothalle en général in- distinct. Apothécies biatorines ou lécidéines, ordinairement sessiles, à marge non fendue dans le sens radial. Spores ovoidales, oblongues ou subfusiformes, droites ou courbes, quelquefois atténuées en queue, 4-pluri-loculaires. Sperma- tes droites, courtes, cylindriques. Slérygmates simples. 1. Apothécies urcéolées, papilleuses, noires à l’état sec ou humide, saxicole........... Bil. protuberans Mass. Apothécies non urcéolées, de couleur claire ou foncée, mais non absolument noire, humectées ..,.. AS di 0 NO CU OA 2 2//Æhalle Suboélatineux 0 re pere .. Bil gelatinoides J. Mull. Lnalle nongélatineux eee re ee ne 3. Apothécies toujours pâles ou carnées...... Bil. sphæroides Th. Fr. Apothécies devenant foncées avec l’âge... .. 4 4. Hypothecium brun pourpre.....,.,....... .. Bil. melæna Arn. Hypothecium incolore, ou du moins pâle... 5 OT . Spores atténuées en queue (au moins un CenAnNMOMbLE) Eee ART ce .... Bil. hypnophila Th. Fr. Spores toutes plus ou moins obtuses aux 2 EXITÉNNIES FO PRE de nue AO 067 — 6, Apothécies moyennes dépassant ordinaire- ment millhim.;muscicole..,:..:1. 2. Bil, fusca Lonnr. Apothécies petites ne dépassant pas À mill., 7 7. Apothécies carnées, puis devenant obscures. 8 Apothécies d’un brun noirâtre dès le début. 9 Q0 Spores ordinairement droites, 4-loculaires. : Bil. Nægelii Anzi. Spores ordinairement courtes, 3-8 loculaires. Bil. cinerea Kærb. 9, Paraphyses cohérentes ; sur les bois pourris. Bil. ligniaria Th. Fr. Paraphyses libres, renflées ; sur les écorces. Bil. effusa Auersw. 4. BILIMBIA FUSCA Lœnnr., Vet. Ak. Fœrh., p. 274. _Bilimbia obscurata Th. M. Fries, Lich. Sc., p. 372. Bilimbia sphæroides Kærb., Syst., p. 213 (p. p.). Biatora fusca Hepp, F. E., 11 (p. p.). Lecidea sabuletorum v. triplicans Nyl., Lapp. or., p. 151. Lecidea sabuletorum v. obscurata Stiz., Lec. Sab., p. 33. Exs. Hepp, F. E., 11 (pr. p.); Arn., Jur., 504. Thalle granuleux, lépreux, indéterminé, d’un blanc ver- dâtre ou un peu grisâtre. Hypothalle peu distinct. Apothécies moyennes de 1 à 1,6 mill. de diamètre, sessiles, presque sphériques, nues, à disque d’un jaune brun livide, souvent noirâtre, à marge épaisse plus foncée, plan dans le jeune âge, devenant promptement convexe et immarginé. Spores hyalines, oblongues ou légèrement fusiformes, bi ou 4-loculaires, de Onm 020 à Onm,028 de long, env. 3 1/2 à 41/2 fois p. L. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques élargies au sommet, non ventrues et resserrées à la partie inférieure, de Onm,045 à Onm 055 de long sur Omm,010 à Omm, 012 de large. Paraphyses assez robustes, flexueuses, lâche- ment cohérentes, ou presque hbres, peu articulées, hyalines Jusqu'au sommet où elles sont jaunâtres et un peu épaissies. Epithecium un peu jaunâtre. Thecium incolore. Hypothe- Cium jaunàire. Spermogonies presque immergées. Stérygmates simples, courts, ou très peu rameux. Spermaties courtes, de Omm, 005 à Onm 008 de long, env. 4 à 5 fois p. L. q. 1. — 368 — ol Sans action sur le thalle. | Teint l'hymenium en bleu passant au rouge vineux. K. Sans action sur le thalle, sur l’hymenium et sur l’hypothecium. Ca, cl. Sans action. Habit. — Cette espèce est très rare dans nos limites, elle est plus fré- quente dans les Alpes. Nous croyons l’avoir récoltée une seule fois sur des mousses mortes au sommet du Hohneck, où nous ne pouvons l'indiquer qu'avec doute, notre échantillon ayant disparu. Sur des gazons de mousses mortes aux pitons boisés du Salève et au sommet de la Dôle (J. Muill.). 2. BILIMBIA SPHÆROIDES (Dicks) Th. Fr., L. Se., p. 369; Br. et Rostr., Dan., p. 102. Lecidea sphæroides Nyl., L. Sc., p. 204 (pr. p.). Lecidea vernalis 8 sphæroides Ach., Meth., p. 68. Lecidea alabastrina 8 sphæroides Ach., Syn., p. 46. Lichen sphæroides Dicks., PI. crypt., I, p. 9. Exs. Schær., L. H., n° 207 (pr. p.); Hepp, 513. Thalle granuleux, lépreux, d’un blanc verdâtre ou un peu grisâtre. Hypothalle un peu plus pâle ou le plus souvent in- distinct. Apothécies petites de 0,4 à 1 mill. de diamètre, souvent agglomérées, sessiles, nues, à disque d’un jaune pâle, cou- leur de chair passant quelquefois au brun roux, mais non au brun noir, à marge épaisse ou concolore ou plus pâle, plan ou même concave dans le jeune âge, devenant promp- tement convexe et immarginé. Spores hyalines, allongées, obtuses aux extrémités, 4-loculaires, de Omm,018 à Omm,094 de long, env. 3 à 3 1/2 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques presque cylindriques et resserrées à l'extrémité inférieure, de Omm,040 à Omm,050 de long, sur Omm,009 à Omm,010 de large. Paraphyses assez robustes, fle- xueuses, assez cohérentes, peu articulées, hyalines à peu _ près dans toute leur étendue. Epithecium et Thecium inco- lores. Hypothecium ou incolore ou d’un jaune très clair. Spermogonies non étudiées. . LENS — 369 — | Sans action sur le thalle. [I « Teint l’hymenium en bleu passant très promptement au rouge vineux. K. Sans action. Ca, el. Sans action. Habit. — Cette espèce, fort rare dans nos limites, est à rechercher sur les mousses mortes ou les bois pourris des plus hauts sommets de nos Vosges. Jusqu'à présent elle n’est indiquée avec certitude que près de Morney où elle a été recueillie par M. le docteur Muller. 3. BILIMBIA HYPNOPHILA Th. Fries, L. Sc., p. 376. Bilimbia sabuletorum «x hypnophila Br. et Rostr., Dan. p. 103 (p. p.). _Bilimbia sphæroides x sabuletorum Ny1., L, Se., p. 204. Biatora muscorum Hepp, F. E., 138. Lecidea sabuletorum Flæœrk., B. Mag., 1808, p. 309. Lecidea hypnophila Ach., Un., p. 199. Exs. Hepp, F, E., nos 138, 139; Arn., 295 ; Flagey, 29, Thalle granuleux, lépreux, inmdéterminé, d’un blanc ver- dâtre ou un peu grisâtre, souvent nul. Hypothalle un peu plus pâle, mais toujours peu distinct. Apothécies petites de 0,5 à 1 mill. de diamètre, sessiles, nues, à disque très variable de couleur passant du roux pâle presque carné au brun foncé et au noirâtre, à marge élevée, plan dans le jeune âge et même concave, devenant prompte- ment convexe et immarginé. Spores hyalines, oblongues, souvent obtuses au moins à l’extrémité supérieure, souvent aussi atténuées en forme de queue à la partie inférieure, 4- loculaires, de Onm 095 à Onm 035 de long, env. 4 à 4 1/2 fois p. 1. p. L., renfermées aux nombre de 8 dans des thèques obovées et atténuées à la partie inférieure, de Omm,060 à Omm, 075 de long sur Omm,012 à Omm,018 de large. Paraphyses assez robustes, flexueuses, moyennement cohérentes, peu articulées ou hyalines ou légèrement colorées en jaune au sommet. £pithecium granuleux, d’un jaune un peu verdâtre. Thecium incolore. Hypothecium d’un jaune brunâtre peu foncé. 24 — 310 — Spermogonies rares, presque immergées. Stérygmates sim- ples, courts. Spermaties courtes, subcylindriques, droites, de Onm,006 à Omm 009 de long, env. 4 1/4 à 5 fois p. I. q. I. ( Sans action sur le thalle. | Teint l'hymenium en bleu passant au rouge vineux. K Sans action sur le thalle. Avive la couleur de l'hypothecium ou la change en violet. Ca, cl. Sans action. Habit. — Espèce commune dans nos régions sur les mousses maladives, assez fréquente surtout dans la plaine aux environs de Besançon, beau- coup plus rare sur les vieilles écorces. Elle devient moins commune quand on se rapproche des sommités des Vosges et du Jura. Comme on à pu le voir dans les descriptions précédentes, les Bilimbia fusca, sphæroides et hypnophila se ressemblent beaucoup. Le support et le thalle sont les mêmes, on les reconnaitra cependant aux caractères sui- vants : les apothécies de la Bil. fusca sont un peu plus grandes, mais passant promptement au noirâtre, celles de la Bill. sphæroides sont plus petites, plus agglomérées et d’une couleur de chair ne dépassant pas le brun roux. Quant à la Bil. hypnophila. ses apothécies sont très versico- lores, mais pendant que les spores des deux premières sont obtuses aux deux extrémités, celles de la troisième sont souvent atténuées en queue à la partie inférieure. 4. BILIMBIA NÆGELII Anzi., Venet. ne 58; Th. Fries, ESC, prions, Bilimbia faginea Kærb., Syst. p. 212. Bilimbia cyrtella Br. et Rostr., Dan., p. 101 (p. p.). Biatora Nægelii Hepp, F. E., n° 19. Lecidea Nægelii Nyl., Not. Sæl., p. 188. Exs. Hepp, F, E., no 19; Arn., 600; Klagey, 331. - Thaïle mince, granuleux ou presque pulvérulent, d’un blanc cendré un peu verdâtre. Hypothalle peu distinct. Apothécies de 0,6 à 1 mill. de diamètre, souvent très rap- prochées, sessiles, nues, à disque d’un brun roux passant souvent au brun foncé et même au noir, à marge peu épaisse, plan ou même concave dans le jeune âge, devenant promp- tement convexe et immarginé. Spores hyalines, oblongues ou sub-fusiformes, obtuses aux deux extrémités, ordinaire- —. 311 — ment droites, 4-pluri-loculaires, de Omm,018 à Omm 095 de. long, env. 3 1/2 à 41/2 fois p. IL. q. l., renfermées au nombre de 8 dans des thèques un peu renïlées au sommet, de Omm,038 à Onm,042 de long sur Omm,012 à Omm, 014 de large. Paraphyses moyennement robustes, flexueuses, cohérentes, peu articu- lées, assez fortement teintées en vert brun au sommet. Epi- thecium jaune brunâtre très clair. Thecium incolore. Hypo- thecium très peu coloré. Spermogonies rares. Spermaties et Siérygmates analogues à ceux de la Bil. hypnophila. Sans action sur le thalle. Teint en bleu l’hymenium, puis en violet. K. Sans action. Ca, cl. Sans action. I Habit. — La Bil. Nægelii n’est pas rare dans les environs de Genève au pied du Salève sur Cornus sanguinea et quelques autres arbrisseaux. Elle se retrouve par ci par là dans le Doubs, le Jura et l'Ain, dans les mêmes conditions, mais y est toujours peu abondante. 5. BILIMBIA CINEREA Kœrb., Pur., p. 164: Th. Fries, Le SC D 5170. Bilimbia delicatula Kœrb., Syst. p. 213. Biatora cinerea Hepp, F. E., 21; Næg., MS. Lecidea cinerea Schær., Spic., p. 156; En., 132. ExS Hépp, ct E. n° 21; Arn., 549: Thalle très mince, granuleux ou presque pulvérulent, in- déterminé, d’un blanc cendré un peu verdâtre. Hypothalle plus pâle, peu distinct. Apothécies très petites ne dépassant pas 0,4 à 0,5 mill. de diamètre, adnées, nues, à disque carné, passant au brun livide, à margef peu épaisse et blanchâtre, plan dans le jeune âge, mais devenant promptement convexe et immarginé. Spores hyalines, oblongues, souvent couwrbées, à courbure simple ou même en $S, 4-10-loculaires (ordinairement 8), de Omm,020 à Omm,030, env. 4 à 6 fois p. L. q. L., renfermées au — 372 — nombre de 8 dans des thèques renflées au milieu, de Onn,055 à Omm 065 de long sur 0mm,014 à Omm 090 de large. Para- physes assez robustes, flexueuses, peu articulées, cohérentes, un peu renflées au sommet où elles sont légèrement jaune- verdâtres. Epithecium incolore ou un peu jaunâtre. Thecium incolore. Hypothecium jaune clair. Spermogonies peu étudiées. Sans action sur le thalle. {| Teint l’hymenium en bleu passant au rouge vineux. K. Sans action. Ca, el. Sans action. Habit. — Espèce bien rare ou du moins peu observée dans nos limites. Entre le Hohneck et le Rotabac sur le tronc des hêtres près du sol ?? 6. BILIMBIA LIGNIARIA « Th. Fries, L. Sc., p. 382; Mass. Rich., p. 121. Bilimbia syncomista Kærb., Par., p. 170. Biatora ligniaria Hepp, E. F., n° 21. Lecidea ligniaria Ach., Un., p. 169; Schær., En., p. 135. Exs. Olivier, 344; Roumeg., 232. Thalle mince, indéterminé, parsemé de grains plus ou moins rapprochés, d'un blanc grisätre ou verdâtre. Hypo- thalle plus foncé, assez persistant. Apothécies petites ne dépassant guère 0,6 à 0,7 mill. de diamètre, sessiles, presque sphériques, nues, à disque d’un brun noi immarginé dès le jeune âge. Spores hyalines, oblongues ou légèrement fusiformes, presque droites, 4-lo- culaires, de Omm,015 à Omm,020 de long, env. 4 à 6 fois p. 1. q. l., renfermées au nombre de 8 dans des thèques renflées au sommet, de 0mm,095 à Omm 035 de long sur Omm 011 à Omm,014 de large. Paraphyses assez robustes, cohérentes, un peu renflées au sommet où elles sont d’un brun-verdâtre. Epithecium d'un brun verdâtre assez clair. Thecium peu coloré. Hypothecium d’un jaune sale toujours peu foncé. Spermogonies non étudiées. — 313 — I Sans action sur le thalle. Teint les thèques en bleu violet. K Sans action sur le thalle. Avive la couleur de l’hypothecium. Ca, cl. Sans action. Habit. — Cette espèce est presque inconnue dans nos limites. Elle a été recueillie par M. le docteur Muller sur un pin svylvestre au dessus de Bossey près de Genève. 7. BILIMBIA MELÆNA Arn., in Flora, 1865 ; Th. Fr., L. Sc., P. 983. Bilimbia sabuletorum c. melæna Br. et Rostr., Dan., p. 104. Lecidea sphæroides x x melæna Nvl., L. Sc., p. 205. Lecidea melæna Nyl., Bot. not.; Anzi., Il. sup. Exs. Arn., 232 ; Olivier, 937. Thalle mince, indéterminé, granuleux ou pulvérulent, d’un gris foncé un peu verdâtre. Hypothalle presque concolore ou un peu plus pâle, peu visible. Apothécies petites ne dépassant guère 0,5 à 0,6 mill. de diamètre, souvent agglomérées, sessiles, nues, à disque d’un brun noir presque sphérique, immarginé dès le jeune âge, devenant bientôt difforme. Spores hyalines, oblongues, assez nettement fusiformes, 4-loculaires, de Omm, 015 à Omm,095 de long, env. 4 à 5 fois p. I. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques renflées au sommet, de Omm, 025 à Omm, 038 de long sur Omm,012 à Omm,015 de large. Paraphyses cohé- rentes, flexueuses, peu distinctes, à peine renflées au som- met où elles sont d’un brun bleuâtre. Epithecium d’un bleu violet. Thecium d’un bleu violet plus clair. Hypothecium d’un brun roux assez foncé. Spermogonies non étudiées. I Sans action sur le thalle. | Teint les thèques en bleu violet. Sans action sur le thalle. Teint en pourpre l'hypothecium. Ca, el. Sans action. ne Habit. — Sur les vieux troncs de sapins pourrissants dans les Vosges d’après le docteur Mougeot. Nous l'avons rencontrée dans ces conditions en bas du Hohneck. Non signalée dans les autres parties de nos limites. 8. BILIMBIA EFFUSA Auersw. in Rbnh. n° 32; Kœrb., Par., p. 165 ; Th. M. Fries, L. Sc., p. 386. Lecidea Auerswaldi (Hepp in Hb. Metzl.); Stitz., Lich. helv. Lecidea effusa Stitz., Lec. sab., p. 93. Thalle mince, indéterminé, lépreux, granuleux, d’un gris- verdâtre sale. Hypothalle blanchâtre peu distinet. | Apothécies petites de 0,5 à 1 mill. de diamètre, innées ou sessiles, à disque d’un noir brunätre, bordé par une marge plus noire et assez épaisse, plan ou même concave dans le Jeune âge, devenant ensuite convexe et immarginé. Spores hyalines, oblongues, étroites, obtuses aux deux extrémités, 4-8 loculaires, de 0mn,095 à Omm,035 de long, env. 5 à 8 fois p. 1. q. 1., renfermées au nombre de 8 dans des thèques un peu élargies au sommet, de Omm,040 à Omm 050 de long, sur Omm 010 à Omm 012 de large. Paraphyses grêles, peu r'a- meuses, peu cohérentes, fortement renîflées au sommet où elles sont d’un brun verdâtre. Epithecium d’un brun violet. Thecium d’un violet clair ou presque incolore. Hypothecium pâle. | Spermogonies non étudiées. Ta Sans réaction sur le thalle. | Colore l’hymenium en violet passant au rouge vineux. K Sans action sur le thalle. { | Avive les couleurs de l’hymenium. Ca, cl. Sans action. Habit. — Espèce fort rare ou du moins méconnue dans nos limites. On ne peut l'indiquer avec certitude que dans les environs de Genève où elle à été recueillie par M. J. Muller sur de vieilles écorces de chênes. — 319 — 9. BILIMBIA GELATINOIDES Hepp in litt. ad Mull. Patellaria gelatinoides J. Mull., Princ. de class., p. 398. Thalle indéterminé, lépreux, subgélatineux, d’un vert cen- dré à l’état humide, d’un gris un peu rose à l’état sec. Hy- pothalle indistinct. Apothécies de 0,5 à 1 mill. de diamètre, superficielles, ses- siles, planes, peu épaisses, à marge mince entière, très noire, devenant moins distinete avec l’âge, à disque convexe à la fin, noir ou noir-livide, un peu mou. Spores 4-locu- laures , cyhndriques ou fusiformes, ellipsoïdales, obtuses ou un peu aigues aux deux extrémités, de Omm 013 à Omm 017 de long, env. 3 à 6 fois p. l. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques cylindriques, un peu élargies en massue, vides au sommet sur un espace assez considérable, de Omm, 045 à Omm 050 de long. Hypothecium d’un brun obscur. Lames sporigères hyalines ou d’une couleur livide un peu pâle à la partie supérieure. Habit. — Sur des murs le long de l’ancienne route au dessus de Saint- Cergues à la Dôle. Assez semblable à Biatora gelatinosa et Toninia aromatica, mais diffère de la première par ses spores septées, de la deu- xième par le thalle et par les spores du double plus petites (J. Mull.). Nous n'avons jamais vu cette espèce; la description qui précède est prise dans les Principes de classification des Lichens des environs de Genève, p. 398. 40. BILIMBIA PROTUBERANS Mass., Rich., 122. Gyalectu protubsrans Auzi., Gat.. 63. Sagiolechia nrotuberans Mass., Geneac.. 11; Kœærb., Par., p. 242. Lecidea protuberans Schær., En..p. 117 ; NyLl, L. Sc. p. 207. Sagedia protuberans Ach., Un, p. 328 ; Syn.. p. 134. Exs' Schær., L. H., 203 ; Flagey, L: F.-C., n° 332 (type). Thalle indéterminé, mince, lépreux, continu, d’un blanc — 316 — cendré un peu verdâtre ou rougeûtre, souvent nul. Hypo- thalle indistinet. Apothécies petites de 0,3 à 0,5 mill., innées ou sessiles, à disque noir à l’état sec, très peu brunâtre étant humecté, concave, urcéolé, à marge épaisse souvent irrégulhièrement érosée, ce qui donne à l’apothécie un aspect difforme. Spores hyalines, subellipsoïdales, légèrement obtuses aux extré- mités, 4-loculaires, de Omm,020 à Onm,095 de long, env. 2 à 3 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques obovées, de Omm,058 à Onm,064 de long sur Onm, 013 à Onm 015 de large. Paraphyses flexueuses, moyennement cohérentes, peu articulées, peu renflées, hyalines. Epithecium granu- leux un peu jaunâtre, ou brunâtre. Thecium incolore. Hy- pothecium incolore ou légèrement jaunâtre. Spermogonies non étudiées. a Var. Acharïii Kœrb. —- Semblable à la description ci-dessus. £ Var. mamillata Hepp. — Thalle presque nul. Apothécies un peu plus saillantes, assez régulièrement striées dans le sens radial, papilleuses au centre. { Sans action sur le thalle. | Teint l'hymenium en bleu violet. K. Sans action. Ca, el. Sans action. Habit. — Cette espèce n’est pas très rare dans le haut Jura, notam- ment sur la route de Saint-Cergues à la Cure, près de cette dernière loca- lité et sur les vieux murs des pâturages de Saint-Cergues à la Dôle, à la dent de Vaulion et au Mont-d'Or ; récoltée au Salève au bas de la grande gorge par M. Muller. Les var. « et 8 sont ordinairement mélangées; à Saint-Cergues la var. « est de beaucoup la plus commune, c'est le con- traire à la grande gorge. La Bil. protuberans étant calcicole est nulle dans toutes les Vosges. La synonimie indique combien il est difficile de trouver une place exacte pour cetle espèce, aussi Massalongo a-t-il cru devoir créer pour elle seule le genre Sagiolechia. Le type n'ayant pas le bord des apothécies striées dans le sens radial, appartient plutôt aux Bilimbia; la var. mamillata, au contraire, serait mieux placée dans les Secoliga; la plante entière pourrait sans difficulté être rangée dans ce dernier genre. — 93117 — GENRE VI. SECOLIGA Norm. Thalle crustacé, uniforme, granuleux, tartareux. Hypo- thalle indistinct. Apothécies de couleurs claires, wurcéolées, devenant quelquefois planes avec l’âge, ordinairement ses- siles, à marge toujours nettement striées dans le sens ra- dial. Spores allongées , fusiformes, 4-8 loculaires. Sperma- ties droites, courtes. Stérygmates simples. 1. Bord des apothécies très profondément strié. Disque-très peu ouvert. .:.7.., .....:,.., Sec. clausa. Bord des apothécies plus légèrement strié. Disque beaucoup plus ouvert..... .,..,.. 2 2. Thalle d'une couleur sale. Apothécies prui- HOUSES PEAR M. DERNIER) are, Len Sec. leucaspis Krmplh. Thalle d’un beau blanc rosé. Apothécies nues. Sec. gyalectoides Mass. 1. SECOLIGA CLAUSA. Petractis exanthematica Kærb., Syst, p. 329. Patellaria clausa J. Mull.. Princ., p. 399. Lecidea exanthematica Nyl., L. Sc., p. 188. Gyalecta exanthematica E. Fr., p. 197. Thelotrema clausum Schær., En., p. 295. Exs. Hepp, E. F., no 206 ; Flagevy, 268. Thalle mince, indéterminé, lépreux, pulvérulent, d’un blanc cendré ou un peu jaunâtre, souvent nul. Hypothalle indistinct. Apothécies petites de 0,5 à 1 mill. de diamètre, innées, globuleuses ou légèrement urcéolées, à disque plan d’un jaune rosé, à marge épaisse, profondément striées dans le sens radial, cachant entièrement le disque par ses bords connivents dans le jeune âge et s’entrouvrant ensuite légè- rement. Spores hyalines, allongées, fusiformes, quelquefois simples, beaucoup plus souvent 4-loculaires, de Ouw,016 à 1 rene Onm,022 de long, env. 2 1/2 à 5 His p. L. q. l:, renfermées au nombre de 8 dans des thèques cylindriques, un peu flexueuses, allongées, de Omm 080 à Onm,100 de long sur Onm,012 à Omm, 013 de large. Paraphyses très grêles, flexueuses, lâchement cohérentes, peu renflées et peu articulées, non rameuses, incolores. Æpithecium clair. Thecium incolore. Hypothe- cium Jaune pâle. Spermogonies peu sallantes. Spermaties droites, courtes. Stérygmates simples. Sans action sur le thalle. | Teint l’hymenium en bleu violet. K. Sans action. Ca, cl. Sans action. I Habit. — Espèce calcicole répandue dans nos limites depuis la plaine Jusqu'aux sommités : citadelle de Besançon et tous les environs, Ornans, Salins, Pontarlier, Morteau, sur les sommets du Chasseral au Reculet, ete., ete. Nulle sur les rochers siliceux des Vosges. 2. SECOLIGA LEUCASPIS Krmplh., in Flora, 1857, p. 374. Lecidea leucaspis Nyl., In {lora, 1868, p. 162. Exs. Arnold, Jura, 8; Flagey, L. F.-C:, n°325. Thalle mince, indéterminé, tartareux, fendillé, d’un gris sale tournant au verdâtre, ou au brun. Hvypothalle indistimet. Apothécies petites de 0,5 à À mill. de diamètre, adnées, urcéolées, à disque plan d’un rose carné pruineux, à marge épaisse assez fortement fermée, puis s’ouvrant entièrement avec l’âge, tout en persistant, ce qui rend les vieilles apo- thécies presque discoïdes. Spores hvalines, étroitement allon- gées, fusiformes, 4-6 loculaires, de Omm,027 à Onm 032 de long, env. 41/2 à 5 fois p. I. q. 1, renfermées au nombre de 8 dans des thèques obovées, à parois minces, de Onm 058 à Omm 062 de long sur Omm,012 à Omm, 014 de large. Paraphyses flexueuses, lâchement cohérentes, très peu ou pas articulées, peu renflées au sommet, incolores. Epitheciwm assez épais, 570 — jaune brun, granuleux. Thecium incolore. Hypothecium Jaune pâle. Spermogonies non étudiées. { Sans action sur le thalle. | Teint l’'hymenium en bleu violet. K. Sans action ou avive la couleur de l’epithecium. Ca, cl. Sans action. Il Habit. — Espèce calcicole, nulle dans les Vosges, très rare dans le Jura. Trouvée par M. le docteur Muller sur des blocs éboulés au pied du Salève. Nous l'avons également récoltée ensemble sur un gros bloc cal- caire au sommet de la grande gorge. . 3. SECOLIGA GYALECTOIDES Mass., Rich., 1852, 142; Arn., EichiJur sp. 134 Petractis gyalectoides Kærb., Exs. Patellaria gyalectoides Hepp. Es. Lecidea thelotremoides Nyl. Pro:t., p. 102. Exs. Hepp, n° 639; Kærb., n° 95. Thalle mince, indéterminé, tartareux, contigu ou légère- ment fendillé, d’un blane rosé clair. Hypothalle indistinet. Apothécies très petites de 0,3 à 0,5 mill. de diam., innées, puis adnées, toujours urcéolées, à disque d’un rose carné non pruineux, à marge épaisse d’abord fermée, ne s’entrou- vrant que légèrement avec l’âge, persistante et subcrénelée. Spores hyalines, allongées, fusiformes ou obtuses aux deux extrémités, ou aigues à l’une d'elles, 4-6 loculaires, de Omm, 027 à Onm 052 de long, env. 4 1/2 à 5 fois p. 1. q. L., renfer- mées au nombre de 8 dans des thèques à parois minces un peu renflées à la partie supérieure, de 0mm,058 à Omm,060 de long sur Omm,013 à Onm 015 de large. Paraphyses fléxueuses, làächement cohérentes, peu ou pas articulées ni renflées, hya- lines. Æpithecium mince, jaunâtre. Thecium incolore. Hy- pothecium jaune clair. Spermogonies peu saillantes. Spermaties droites, courtes. Stérygmates simples. 380 — Sans action sur le thalle. Teint en bleu violet l’hymenium. K. Sans action. Ca, cl. Sans action. Habit. — Espèce calcicole nulle dans les Vosges, qui sans être très commune dans le Jura, est beaucoup plus largement dispersée que la Sec. leucaspis. Au Salève près de Monetier (J. Mull.), au Chasseral, à Nans- sous-Sainte-Anne près de la source du Lison et probablement dans bien d’autres localités. GENRE VII GYALECTA Næg. et Hepp. Thalle crustacé, uniforme, lépreux, très mince ou même souvent nul. Hypothalle indistinct. Apothécies de couleurs roses, rouges, ou brun roux, innées, ou sessiles, à marge plus ou moins strice dans le sens radial. Spores allongées, subovoïdales, en forme de larves, parenchymateuses, pluri- loculaires. Spermaties droites, cylindriques, courtes. Sté- rygmates simples. 1, ‘Plante Galcicole 42667 16. pe Sn tree 2 Plante Corticicole Pire Rte re Gyal. truncigena Hepp. 2, Plante petite à consistance molle, presque hya- line a let humides taverne Gyal. lecideopsis Mass. Plante plus robuste, non molle, colorée à l’état RUE 0222 PR NE AR ee Re Gyal. cupularis Kærb. 1. GYALECTA CUPULARIS Kœærb., Syn., p. 172; J. Mull., Princ., p. 402. Lecanora cupularis Duby, p. 665. Lecidea cupularis Nyl., L. Sc., p. 189; Prod., p. 101. Lecidea marmorea x. cupularis Ach., Un.. p. 198. Exs. Hepp, F. E., 142. Thalle mince, continu, sublépreux, d’un gris roux ou ver- dâtre, souvent nul. Hypothalle blanchâtre. Apothécies moyennes de 0,5 à 1,2 mill. de diamètre, super- — 381 — ficielles, proéminentes, wrcéolées, à disque concave d’un roux carné, à marge blanchâtre, épaisse, nettement striée dans le sens radial, devenant plus lisse avec l’âge. Spores hyalines, ellipsoïdales ou en forme de larves parenchyma- teuses, pluriloculaires, de Omm,014 à Omm,022 de long, env. 2 à 2 1/2 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques allongées, subcylindriques, de 0mm,065 à Omm,075 de long sur Onm 012 à Onm 013 de large. Paraphyses grèles, un peu flexueuses, hyalines, lâchement cohérentes, peu articu- lées et peu renflées au sommet. Epithecium incolore ou très pâle. Thecium incolore. Hypothecium incolore. Spermogonies innées. Spermaties petites, droites. Stéryg- mates simples. I Sans action sur le thalle. Teint l’hymenium en bleu passant promptement au violet. K En) Sans action. Habit. — Cette espèce est très répandue sur les roches calcaires om- bragées et un peu humides, depuis la plaine jusque près des somnrités ; commune près de Besançon : Arcier, Arguel, chapelle des Buis, etc. À peu prês nulle dans les Vosges. 2. GYALECTA LECIDEOPSIS Mass., Mise., 1856, 39 ; Kœærb., Par., p. 109;9: Mull, Princ,, p. 402: Gyalecta hyalina Hepp in litt. ad Arnold. Lecidea hyalina Nyl., Enum., 337. Exs. Arn., Jur., 1. Thalle très mince, continu, lépreux, d’un blanc sale, par- fois nul. Hypothalle blanchâtre. Apothécies petites de 0,4 à 0,8 mill. de diamètre, d’abord un peu enfoncées dans le thalle, puis sessiles, de consistance molle, à disque d’un brun-carné à l’état sec, concave, à marge entière dans le jeune âge, puis striée dans le sens radial. L’apothécie à l’état humide paraît entièrement hyaline. Spores hyalines, subellipsoïdales, ou en forme de larves, parenchymateuses, pluriloculaires, de Omm,O18 à Omm,098 de long, env. 2 1/2 à 3 fois p. 1. q. L., renfermées au nombre de 8 dans des thèques élargies au sommet, un peu allongées, à parois minces, de 0,065 à Onm,075 de long sur Omm,015 à Omm 017 de large. Paraphyses grêles, très flexueuses, peu cohérentes, hyalines, légèrement articulées, peu renflées au sommet. Epithecium, Thecium et Hypothecium à peu près incolores. Spernogonies non observées. Sans action sur le thalle. _(_ Teint l’hymenium en bleu passant au violet. K Go | Sans action. Habit. — Cette espèce, trouvée en Bavière par M. Arnold sur des blocs calcaires ou dolomitiques, est excessivement rare dans nos limites. Re- cueillie une seule fois par M. J. Muller sur un bloc calcaire en descendant du Salève vers le village de Chables. 3. GYALECTA TRUNCIGENA Hepp, E. F°.; J. Mull., Princ., | p. 401. | Patellaria abstrusa Wallr., Germ., 1831, 381. Lecidea truncigena Nyl, Prod., p. 102. Lecidea rosella 8 truncigena Schær., En., p. 142. Exs. Hepp, EF, n° 27; Arn:, Jur:,"no 37. Thalle très mince, continu, granuleux, sublépreux d’un gris cendré un peu verdâtre, très souvent nul. Hypothalle plus clair, peu distinct. Apothécies très petites ne dépassant guère 0,4 à 0,5 mul. de diamètre, fortement urcéolées, très longtemps immergées, rarement sessiles, à disque d’un rouge carné, à marge tantôt entière, tantôt striée dans le sens radial. Spores hyalines, subellipsoïdales ou presque pyriformes, droites ou un peu courbées, purenchymateuses, 5-8 loculaires, de Omm,019 à Onmm,025 de long, env. 2 1/2 à 3 1/2 fois p. L. q. L., renfermées® — 383 — au nombre de 8 dans des thèques obovées, allongées, à pa- rois minces, de Omm 075 à Omm,080 de long sur Onm,015 à Onm 017 de large. Paraphyses grêles, très flexueuses, peu ou pas cohérentes, hyalines, légèrement articulées, peu ren- flées au sommet. Epithecium, Thecium et Hypothecium in- colores. Spermogonies immergées. Spermalies courtes, droites. Stérygmates simples. Sans action sur le thalle. Teint l’hymenium en bleu, puis en violet vineux. K | à ad Sans action. Habit. — Recueillie sur l’écorce de vieux chênes près de Sierne, sur des cerisiers et des pommiers près de Mornex (environs de Genève) (J. Mull.), mais toujours rare. Cette espèce échappe facilement aux recherches à cause de son exiguité ; elle se retrouvera certainement dans d’autres loca- lités. GENRE VII. BLASTENIA Mass. (pr. p.). Thalle crustacé, granuleux, uniforme. Hypothalle indis- tinct. Apothécies biatorines promptement immarginées, ad- nées. Spores hyalines, polariloculaires, oblongues. Spermo- gonies immergées. Spermalties courtes, droites. Stérygmates à articulations nombreuses. (Comme on le voit, cette description est à peu près l1 même que pour les Caloplaca, la grande différence consiste en ce que le rebord thallin des premiers contient des gonidies, tandis que le rebord des Blastenia n'est formé que par un excipulum proprium.) 1. BLASTENIA LEUCORÆA Th. Fr., Arct. (1860), p. 200. Blastenia sinapisperma Kœærb., Syst.. p. 18%. Lecanora leucoræa Nyl., L. Se.. p. 146. Lecanora sinapisperma Nyl., Lapp. or. p. 181. Biatora fuscolutea Stenh., Vet., 1848, p. 215. — 384 — Lecidea fuscolutea 8 leucoræa Ach., Un., p. 198. Exs. Schær., L. H., 25; Hepp, F. E., 200 ; Flagey, L. F.-C., 21. Thalle indéterminé, granuleux, sublépreux par endroits, d’un blanc grisâtre. Hypothalle indistinct. Apothécies petites de 0,5 à 1 mill. de diamètre, adnées, coniluentes, à disque d’un brun roux passant souvent au noirâtre dans le jeune âge, plan et à marge mince, concolore mais devenant promptement subglobuleux et immarginé. Spores hyalines, ellipsoïdales, oblongues, polariloculaires, de Omm,014 à Omm,020 de long, env. 2 fois p. 1. q. 1., renfer- mées au nombre de 8 dans des thèques ventrues très brus- quement atténuées à la partie inférieure, de Omm,056 à On, 062 de long sur 0mm,015 à Omm,017 de large. Paraphyses grêles, enchevêtrées, un peu rameuses, hyalines, lâchement cohérentes, un peu renflées au sommet. Epithecium d’un jaune brun foncé. Thecium incolore. Hypothecium d’un jaune très pâle. Spermogonies immergées. Spermaties cylindriques, droites. Stérygmates articulés. Sans action sur le thalle. Teint l’hÿymenium en bleu violet. Sans action sur le thalle. K ; : : et : Sans action sur l’hypothecium. Teint l’epithecium en rose pourpre. Ca, cl. À peu près sans action. Habit. — Cette espèce est abondante dans les mousses mortes et dans les fentes des rochers sur tous les sommets du Jura, du Chasseral au Re- culet ; elle descend fréquemment au pied de ces sommités : Saint-Cergues, col de la Faucille, etc. Nulle dans la moyenne montagne et dans la plaine. Elle paraît assez franchement calcicole, car nous ne l'avons jamais ren- _ contrée dans les Vosges. NOTE SUR EE GACET DE KROZET Par MM. Paul PETITCLERC et Albert GIRARDOT. Séance du 17 décembre 1884. L’affleurement crétacé de Rozet se présente sous la forme d’une bande de sables et de marnes, longue de seize cents mètres, large de cinq cents, dirigée du nord-est au sud- ouest, circonscrite de trois côtés par des failles rectilignes et disparaissant vers le sud sous des alluvions plus récentes. Cest un type bien net de ces bassins d’affaissement () si nombreux dans nos environs. Ces sortes de bassins se sont produits à la suite de vastes érosions souterraines, lorsque les voûtes des excavations ainsi creusées se sont effondrées, impuissantes à supporter le poids des couches susjacentes. Les formations affaissées se trouvent placées, comme consé- quence de ce phénomène, sur le même plan horizontal que d’autres plus anciennes ; et dans ce cas particulier, des sédi- ments crétacés se montrent entourés par le terrain juras- sique et sur le même niveau que lui. Ainsi enfermé dans un cadre de calcaire dur , ce dépôt essentiellement meuble a pu échapper à l’action destructive des grands cours d’eau ter- tiaires et quaternaires, qui ont enlevé tout autour de lui les couches du même âge. Aussi s’offre-t-1l à nous comme un des rares témoignages de l’extension des mers crétacées dans (1) Voyez BERTRAND, Failles courbes dans le Jura et bassins d’ajjais- sement. (Bull. Soc. géologique, 8 série, t. XII, et Carte géologique dé- taillée, feuille de Besançon.) 25 — 386 — notre région, et à ce point de vue seul il mérite déjà l’atten- tion des géologues ; mais la richesse et la variété de sa faune rendent encore plus grand l’intérêt qui s’y attache. Dans les différentes sablières ouvertes aux environs du vil- lage de Rozet, on observe la succession de couches sui- vantes à partir de la surface du sol. I. Terre végétale noirâtre. Il. Argile jaune plus ou moins grise ou rouge renfermant des débris roulés de roches dures (quartz, grès, etc.) étran- sères à la localité, et des fragments anguleux de calcaire jurassique. L’épaisseur de cette couche varie beaucoup d’un point à un autre; sa ligne de séparation avec la couche sousjacente est sinueuse. III. Marne noire bleuâtre. IV. Calcaire d'apparence gréseuse. V. Sables verts. VI. Calcaire compact dur renfermant quelques débris de bi- valves, présentant des sillons sur sa face supérieure. Toutes ces couches plongent dans la direction du nord- est, sous une inclinaison de 10 à 12 degrés. En l’absence de fossiles caractéristiques, l’âge du calcaire inférieur ne peut être établi avec certitude ; quant aux cou- ches IIT, IV et V, qui renferment les sables verts si intéres- sants au point de vue de leur faune et de leur emploi dans l’industrie, elles appartiennent à l'étage du gault. Les SABLES de la couche V sont de couleur vert-clair dans la carrière, puis ils deviennent jaunes, puis bruns feuille- morte à la suite d’une longue exposition à l’air ; de consis- tance ordinairement terreuse, ils forment cependant sur cer- tains points des blocs durs comparables à des blocs de grès. Leur teneur en argile est considérable (de 1/4 à 1/3 en poids), ils sont onctueux au toucher et font pâte avec l’eau; agités en présence de ce liquide dans un tube de verre, ils se divisent _— 387 — par le repos en trois couches : une supérieure jaunâtre boueuse, c’est l’argile; une moyenne vert-sombre formée entièrement de grains microscopiques de glauconie verts et noirs; une inférieure grise, constituée par des particules de quartz extrêmement tenues et de formes irrégulières. C’est la glauconie disséminée dans la masse qui lui donne sa colo- ration verte. On trouve aussi dans les sables, à titre d’élé- ments accessoires, des nodules d’hydrate d'oxyde de fer variant de volume depuis la grosseur d’une noix jusqu'à celle du poing ; les uns sont rougeâtres disposés en zones concen- triques autour d’un noyau central, que constitue souvent un débris de fossile ; les autres forment une masse ferrugineuse indivise revêtue d’une enveloppe blanche de phosphate de chaux. Indépendamment de ces nodules, on trouve aussi l’hydrate d'oxyde de fer à l’état pulvérulent mélangé aux sables. L’argile ne se rencontre pas seulement disséminée dans la roche, comme nous l’avons indiqué plus haut, mais elle se présente encore en lits minces subdivisant en assises distinctes la grande masse sableuse; cette argile est de même nature que celle dont nous avons parlé déjà ; elle est grise, sèche, pulvérulente et ne fait pas effervescence avec les acides. Les fossiles très nombreux dans ces couches y sont distri- bués en zones parallèles à leur plan; ces zones fossilifères ont de 15 à 20 centimètres d'épaisseur, elles sont séparées par des intervalles de 60 à 1,50 centimètres, presque absolu- ment dépourvus de débris organiques. La plupart de ces fos- siles sont à l’état de phosphate de fer et présentent cette teinte noire azurée commune aux espèces du gault de toutes les régions ; quelques-uns, absolument blancs, sont entière- ment formés de phosphate de chaux. L’épaisseur du dépôt sableux est de 12 mètres environ dans la carrière de la Corne-de-Chaux ; au dire des ouvriers employés dans les différentes exploitations, cette puissance serait à peu près partout la même. Se — La liste suivante renferme tous les fossiles recueillis dans les sables verts. VERTÉBRÉS. Crocodilus? Une seule dent en mauvais état. Au moment où nous l'avons recueillie, cette dent avait 0,027 mill. de lon- gueur sur 0,011 mill. d'épaisseur en son milieu. Pycnodus. Une très petite dent fixée sur le dos d’une Amm. mamillaris. Odontaspis subulata. Plusieurs dents...... ÂAgass. a. r. (1). ANNÉLIDES. Senpult heliciIormis re ne Aer Goldf. — gordialis (2)........ A Schlot. EN CÉPHALOPODES. Belemnitesiminimus te. eee. Lister. eo Nautilus Bouchardianus.................. d'Orb. * Ammonites mamillaris .................. Schlott. à: /C- i — Mie anus ie PNENPrNNPEr RE d’Orb. da: C — jeunes et fragments d'adultes. —— Raulinianuss. eee d'Orb. er ; — Dupinianusi... 1.200 d’Orb. — LALIUOPS AUS RP EC RE RTE Michelin. à — Peudanté. 5 nat een Brongn. ; = CÉCRTURIUS. AL ROUE tr Brug. : — Camaticanus eee te d'Orb. _ Luypllieses nie onu ste Leym. 1e 1e Hamites, Sp. ? — POLURAUS EEE SERRE RAA ET ARE SOW. He * — BOUCLIER AO ER ES Coq (1) à. r. veut dire : assez rare ; — r. rare; — r. r. très rare; — a. c. assez commun ; — etc. | _ Les espèces marquées d’un astérisque appartiennent au Musée de Be- sançon. (2) LEYMERIE, dans son Mémoire sur le terrain crétacé de l’Aube. p. 23, cite ces deux espèces dans l’argile téguline et le grès vert de Brienne, les Croûtes, etc. | — 389 — GASTÉROPODES. MSC Du piniandir.. nine Que. .un d'Orb. 1 es JUIL 2 de dre dla d'Orb. ï nn RO NIANA. ein. Lu d'Orb. A CRUCIONES DAS Are Piclet ele Miyrtella Nicolet... . lui. Coq. Nerinea, sp. ? MADellanarsubincrassala. :.. Nid... d’Orb. Moules communs, test assez rare. * Natica gaultina......... en den d’Orb. Moules très communs, test plus rare. MProchuSs Saussurer 1... ue. Coq. PSolarium cirroide..:...1...0 ua d'Orb. — GRANROSUME LU PNR NUE d'Orb. — OIL MU RNCS BR RSR ae SOW. — HOME US: Le net: Michelin. Turbo, sp. ? PlENHOtOMEArIA AIpDInd. ui. un... 00e... d’Orb. Abonrhas PArRINSONL.. UN, Cher... Mantell. — DIGORRNS PER ER en Pictet et C. — Mules ne des tr e d'Orb. — DDLUSOE A DNS RU Ne Pictet et C. Moules très communs, q. q. portions de test. Nos exemplaires, au nombre de 25, sont bien semblables aux fig. 9, 10 b. et 11, pl. XCIIT, de la Paléontologie suisse : Ter- rains crétacés de Sainte-Croix, 2 partie. Avant les travaux entrepris pour l’établissement d’une gare à Morteau, travaux qui ont changé la nature des lieux et fait disparaître le gisement très remarquable « de la Seigne », l'Aporrhais obtusa S'y rencontrait en échantillons bien conser- vés et munis du test. ESS CGlementinusi.: ira ee: d’Orb. DUDUMANUS PM AE Lu d'Orb. PRÉ IUMNECLUM EM EN Me Li d'Orb. — ON ALTSSUMUMNN NID ER Desh. jee — 390 — * Helcion (syn : Acmæa) Pidanceti......... Coq. Dentalium Rhodan? mine ANR ee Pictet et R. ( LAMELLIBRANCHES. PANCPER DICO ANR NES d’Orb. a..C: Thetis, sp. ? Carta Constante Te RER ee d'Orb. > EAU: Cyprina regularis ............. do d'Orb. AR TO ENSTS ST EE Di ne EL Leym. TT dont ArChIACIANG NE VERRE ACER dOrb. a. Ci ï — ARJORAUS SR no ner Park. —— FAUONL EL SR NES te Desh. a: Ce: Cette jolie espèce n’est représentée à Rozet que par des moules n'ayant en moyenne que 16 à 18 mill. de hauteur, 25 mill. de largeur et 12 mill. d'épaisseur; l’individu typique, pourvu de son test, décrit et figuré dans le Mémoire de Ley- merie (Terrains crétacés de l’Aube), 2 partie, pl. 9, fig. 6, a. b. ce, à 41 mill. de haut., 53 mill. de large, et 33 mill. d’épaiss.; et encore n'est-ce qu’un échantillon de taille moyenne. + TrigomaConstantni rer rene AOIrIbE Lucina, Sp. ? Cette Lucine, d’après M. P. de Loriol, qui a eu notre échan- tillon entre les mains et qui a bien voulu l’examiner, se rap- procherait beaucoup de la Lucina Sanctæ Crucis, Pictet et Cam- piche, du Gault inférieur de Sainte-Croix. Cardium Ra MANRUNM NRA MENTION d’'Orb. LINUCULE pechnaiq Me eee SOW. CRE dlrCn carinald ARR Ne Re ee SOW. Test assez rare, moules très communs. PAM COOL ES NES) AN DER PR MMA Pictet et R. 1 ES VITOROS DRAC LE A ee Aer d’Orb. Moules et test. LUNA AUD EN STS ARR Ne EL RE RARES d’Orb. LT TE PIN D POP RENE LE EE Pictet et R. r.r. — parallela"....... ST A PRÉPA A d'Orb. Inoceramus concentricus .................. Park ie — SLOMONEN de Ne RNA d’Orb. : — SULCHUAS EE TER UE Enter Park r TEA AUINAUECOSALA Le eererees d’Orb Bien que cette espèce soit caractéristique de l’Etage Cénoma- nien, on la trouve assez fréquemment dans le Gault. — Nous en possédons trois échantillons, deux ont conservé le test. Plicadtuia radiold..:.11; 0 Nr ee Lamxk. CAC: OSREDICOMICR 2 ER Niue nue vu d’Orb. r. — rOUeNneNsiSs dur han d’'Orb. CC. A adUIMIdnd Lu runs d'Orb: ;, BRACHIOPODES. Rhynchonella Deluci (syn : R. sulcata d'Orb.) Pictet. dr C- == MONTS SPA EN SA re d’'Orb. DEN ÉCHINODERMES. Nous n'avons vu à Rozet qu’un seul Echinide; son mauvais état de conservation ne nous permet pas d’en donner la déter- mination. Le sable de Rozet est utilisé dans les usines de Fraisans comme sole de fours à souder (1). Le même sable ne sert pas indéfiniment ; après chaque coulée on en fait un triage etune partie, mélangée avec du sable neuf, sert à de nouvelles opé- rations. Pour les fondèeries on préfère le sable d’'Evans, usines et fonderies consomment en moyenne par mois vingt- cinq mètres cubes de sable de ces deux localités. Le CALCAIRE GRÉSEUX qui surmonte les sables est d’un gris jaunâtre, rude au toucher, il fait effervescence avec les (1) Ces fours reçoivent habituellement des lingots de fer brut, contenant encore des scories, ou des paquets de vieux fer ; le métal y est amené à la chaleur du blanc soudant, pour être ensuite étiré et soudé aux laminoirs. _— 29 — acides dans lesquels il se dissout partiellement en laissant un résidu de grains de quartz et de glauconie ; il forme deux bancs, l’un inférieur de 20 à 25 centimètres, très dur, de texture compacte, l’autre supérieur d’égale puissance, facile- ment désagrégeable; tous deux renferment de très nom- breux fossiles appartenant aux mêmes espèces que ceux de la couche V. Les MARNES NOIRES de la couche III sont grasses au tou- cher, effervescentes avec les acides, elles renferment comme le calcaire gréseux des grains de quartz et de glauconie et des nodules jaunâtres de calcaire compact, dont la grosseur varie du volume d’une noix à celui d’un œuf. Cette couche ne contient que très peu de fossiles, nous ne pouvons guère citer comme lui appartenant certainement que : Ostrea Ar- duennensis, Ammoniles mamillaris, Amm. Milletianus et une bélemnite que son mauvais état de conservation ne per- met pas de déterminer, et encore ces espèces n’y sont-elles représentées que par de rares individus. Si on a pu croire que la faune des marnes est aussi riche que celle des sables, c'est sans doute parce que dans plusieurs exploitations on a - rejeté sur les marnes les fossiles provenant des sables, mais partout où nous avons pu observer les marnes seules, nous les avons toujours trouvées fort pauvres en débris orga- niques. Cette couche présente sur une épaisseur de 5 à 6 mètres les caractères que nous venons de décrire; plus haut, les marnes deviennent plus calcaires et les nodules de carbonate de chaux plus nombreux et plus gros, c’est du moins ce que nous avons pu observer dans un fossé sur la gauche du che- min de Rozet à la Corne-de-Chaux. Près de ce point et à un niveau supérieur, la carte géolo- gique détaillée indique la présence du cénomanien, mais cet étage ne se montre nulle part à découvert; si nous ne lui attribuons pas ces calcaires marneux, c’est parce qu’ils n’of- frent aucune analogie pétrographique avec les calcaires cé- — 393 — nomaniens de Montcley, que l’on peut prendre pour type dans notre région. NOTE. — On peut admettre sans témérité, croyons-nous, que les fameuses grottes d'Osselle, distantes de Rozet de deux kilomètres seulement, ont été creusées à la même époque et par les mêmes agents que l’excavation où se sont affaissées les couches étudiées plus haut, c’est-à-dire à une date antérieure au dépôt des argiles et des galets qui recouvrent le crétacé entre Rozet et la Corne de Chaux. À. GIRARDOT. PEN EE MERE PER MEMBRE HONORAIRE DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS Notice par M. Edouard BESSON. Séance du 12 janvier 1884. MESSIEURS, Depuis notre dernière réunion, la France, la littérature et le monde savant ont fait une perte considérable à laquelle notre Compagnie doit s'associer d’une manière spéciale. Henri Martin, l’éminent écrivain, l’historien vraiment natio-. nal que la mort a récemment frappé nous appartenait au titre honoraire, et d’ailleurs les sciences historiques au mou- vement desquelles il imprima une impulsion si vive, for- ment un des principaux objets de nos études. À ce titre seul, l’œuvre qu’il laisse après lui ne saurait dans les circonstances actuelles, passer inaperçue au milieu de nous. Cette œuvre, Messieurs, est considérable en ne l’envisageant même qu'au seul point de vue de l’histoire. Bien qu’il soit en effet surtout connu comme historien, Henri Martin répan- dit son activité féconde sur les sujets les plus nombreux et les plus divers. Il débuta par le roman et même par la poé- sie, fut longtemps mêlé aux luttes de la presse, et joua à la fin de sa vie un grand rôle comme homme politique. Sous l'empire, il fut de ceux qui combattirent avec le plus d’éner- gie en faveur de l’unité italienne. Lié avec tous les écrivains et les hommes politiques qui concoururent à ce résultat, il se jeta dans la mêlée avee l’enthousiasme et l’abnégation qu’il apportait à toutes les causes où il croyait voir intéres- rées l’humanité et la justice. Ami particulier de Daniel Ma nin, il adoueit pour le héros populaire de Venise les épreuves 0 de l’exil, et écrivit après sa mort le récit de ses luttes pour la liberté et des phases diverses de son existence si tour- mentée et si remplie. Plus tard 1l consacra la même ardeur à l’œuvre de notre propre relèvement national, et il serait _ trop long d’énumérer iei les associations dont il fut membre, les entreprises auxquelles il prit part, les écrits, les dis- cours, les démarches qu'il multiplia en toutes circonstances au cours de ces dernières années avec la pensée exclusive de raviver dans les cœurs les ardeurs du patriotisme et de rendre à la France encore mal remise des suites de ses dé- sastres l'espérance d’un avenir meilleur. Tout cela pourtant n’était de la part de notre éminent con- frère que des hors-d’œuvre, si je puis m’exprimer ainsi : hors-d’œuvre d’une nature noble et aussi supérieure qu’on le voudra, mais qui n’en étaient pas moims en dehors de sa véritable sphère d'action, de celle où il recueillit ses titres de gloire les plus incontestés. Ce qu’on connaissait en effet d'Henri Martin, ce qui faisait de son nom, un des noms les plus répandus et les plus justement populaires de l’époque actuelle, ce n'étaient pas ses écrits polémiques, ses discours parlementaires ou de circonstance ; c'était sa grande histoire de France, œuvre de sa vie entière, monument pieusement, laborieusement élevé au culte de la patrie. Aussi bien était-elle venue à une heure opportune entre toutes, à celle où le grand mouvement intellectuel qui naquit sous la Restauration et se poursuivit sous le gouvernement de juillet avait renouvelé surtout les études historiques, et inspiré dans cet ordre d'idées les travaux immortels des Guizot, des deux Thierry, des de Barante, des Mignet, des Thiers, des Sismondi, des Fauriel. Les matériaux ainsi pré- parés, Henri Martin n’eut qu’à les grouper et les réunir pour en faire un corps complet auquel toutefois il sut donner un. cachet personnel et original. D'ailleurs, l’œuvre une fois conçue et exécutée, il travailla jusqu'à sa mort à la revoir, à Paccroître et à la polir. Ce n’était d’abord qu'une ébauche en- — 396 — treprise et achevée avec la colloration de Paul Lacroix (le bibliophile Jacob). Mais les éditions suivantes dues exclusi- vement à la plume de notre confrère, furent à vrai dire un travail nouveau. Chacune marque sur la précédente un pro- grès accentué, tant au point de vue de l’art plus parfait de la composition, de l’abondance plus grande, et du contrôle mieux exercé des documents, qu’à celui de l’avancement du sujet traité que l’auteur à fini par conduire jusqu'aux temps les plus voisins de nous. C’est seulement à une époque rela- tivement récente que son histoire est devenue l’ouvrage com- plet et magistral que nous possédons aujourd’hui. Non pas que nous la donnions, même dans son état actuel, pour parfaite en elle-même, ou qu’elle se recommande par ces traits de génie qui illuminent une œuvre et la classent à eux seuls hors de pair. Si on la compare notamment à l’his- toire de France de Michelet écrite presqu’à la même époque, on n'y trouvera ni ces éclairs de divination supérieurs aux données de l’érudition la plus scrupuleuse, ni cette verve étincelante de style communiquant au récit une si rapide et si guerrière allure, ni ces pages admirables comme celles que l’éloquent écrivain a consacrées à Jeanne d'Arc ou à la Fé- dération du 14 juillet et qui sont peut-être ce qu'il y a de plus achevé dans notre langue. Mais ce qui s’y trouve en re- vanche, c’est le ton grave et soutenu qui convient au sujet traité, l’absence de ces chutes et de ces exceniricités qui trop souvent déparent l’œuvre de Michelet, le sens intime, profond et en quelque sorte religieux des phases diverses qu'a traversées au milieu des siècles l’histoire de noire pays, et surtout l’impartialité, cette qualité maîtresse de l’historien qui lui permet de juger avec calme et sans parti pris tous les faits, toutes les idées et toutes les époques. Cette sereine hauteur de vues et cette certitude de Juge- ment venaient précisément à l’illustre historien de ce patrio- tisme raisonné qui lui avait inspiré la pensée de son œuvre et l’avait soutenu dans son exécution. Henri Martin aimait — 997 — avant tout son pays et le plaçait au-dessus de tous les inté- rêts d'opinion, de dogme ou de parti. Ce hbre-penseur déi- fiait Jeanne d'Arc, était juste pour Louis XIV et professait pour Richelieu un enthousiasme peut-être un peu pas- sionné ; ce républicain admirait beaucoup trop, suivant nous, l’œuvre de centralisation monarchique accomplie par n6s an- ciens rois ; 1l savait reconnaître ce qu'il y eut de grand dans Napoléon 1°, ce que la Restauration fit pour la liberté. C’est que, derrière le spectacle changeant des gouvernements di- vers, des hommes se succédant au pouvoir, des dogmes ré- gnants et des théories en vogue, il retrouvait toujours la France conservant, en dépit de ses effacements momentanés et même de ses chutes, ses hautes aspirations vers l'idéal, et gardant constamment dans la voie du progrès la tête des nations civilisées. Gette patrie française, il en sentait, pour ainsi dire, palpi- ter l’âme à travers les âges ; il aimait surtout à l’étudier à sa naissance et à en observer les premiers développements, alors qu’elle s’éveillait dans les sombres forêts de la Gaule, et inspirait le Druide qui cueillait le gui du chêne avec sa faucille d’or, lui suggérant tout un ensemble de doctrines philoso- phiques ou religieuses à la conception et au développement desquelles l’imagination de notre confrère aidait peut-être quelque peu. Il apportait, en effet, à l’étude de ces premiers temps et des origines de notre histoire une sorte d’enthou- siasme religieux qui parfois troublait sa vue d'ordinaire si nette, et jetait dans le domaine du rêve un esprit formé pour- tant aux plus sévères méthodes historiques. La science con- _temporaine a relevé dans la première partie de son œuvre des erreurs qu’il a lui-même reconnues, mais qu’on ne doit _ imputer ni à l’homme, ni à l'historien, mais au voyant, je di- | rai même au prophète qui était en lui. Car cela peut paraître au premier abord extraordinaire ; mais il y avait dans cet es- prit si libre et en apparence si dégagé de toute croyance po- Siive quelque chose de profondément mystique. Pour lui, — 398 — les destinées de la patrie étaient présidées par une sorte d’es- prit supérieur personmifiant la race celtique dont nous sommes issus, et dont il faisait un être distinct, vivant d’une existence propre, s’incarnant même à certaines époques, surtout à celles de grand péril national, dans certains indivi- dus prédestinés dont le rôle extraordinaire et en quelque fa- con providentiel s’expliquait par cette intervention supé- rieure. Ainsi Vercingétorix soulevant la Gaule contre César, Jeanne d'Arc arrachant le royaume de France à Pétreinte de l'invasion anglaise, portaient en eux l’âme de la patrie dont ils étaient les instruments, qui les inspirait dans leurs luttes. et les soutenait au milieu des périls. Henri Martin retrouvait les traces de cette action quasi di- vine à toutes les phases de notre histoire. Mais il la voyait surtout dans le grand mouvement de 89 d’où il faisait dater pour la France l’ère du véritable épanouissement national. Car c’était, ne l’oublions pas, un esprit profondément libéral, aimant la liberté d’un amour ardent et réfléchi, n’en sépa- rant pas l’idée de celle de la patrie, voyant dans son triom- phe lexplication, la raison d’être et le couronnement de nos destinées. Il identifiait d’ailleurs sa cause avec celle du tiers- état dont il aimait, à la suite de son maître vénéré Augustin Thierry, à suivre au cours de nos anales les lents et progres- sifs développements. La première apparition de la bourgeoi- sie dans l’histoire de France coïncidant avec l’organisa- tion des communes libres, ses grandes luttes du xrv® siècle où elle succomba avec Etienne Marcel à la noble physiono- mie duquel l’éminent écrivain a l’un des premiers restitué son véritable caractère; ses revendications au sein des Etats, généraux ; son élévation aux fonctions les plus hautes du gou- vernement; sa victoire définitive qui fut le résultat le plus net de la révolution de 85, autant de sujets traités dans le grand ouvrage qui nous occupe d’une façon magistrale et indiquant assez l’esprit général et les véritables sympathies de l’auteur. Ce qu’on retrouve en effet constamment chez Henri Mar- Euh ge TASSE — 399 — tin ; qu’on l’envisage comme écrivain, comme homme public, ou comme privé; c’est l’ardent patriote et le libéral con- vaincu ; ce double caractère éclate dans toutes ses œuvres et dans tous ses actes. Mais il en était un autre que ceux-là seuls ont pu apprécier chez lui, qui ont eu l'honneur de le connaitre personnellement; je veux parler de sa bonté inépui- sable qui, au milieu de ses occupations si multiples et de sa vie si active, le faisait constamment se répandre en travaux, en démarches, en libéralités de toute nature d'autant plus méritoires qu'il n'avait pas été favorisé des dons de la fortune, pour soulager les misères et adoucir les souffrances qu'il voyait autour de lui. Cette bonté, il la faisait de même éprou- ver à ses amis et à tous ceux qui l’approchaient. Elle se tra- duisait pour eux en appuis, en conseils, en une direction bien- veillante et sûre. Aucun de ceux qui ont joui de son intimité n’a pu oublier son accueil sympathique la sûreté et l'agrément de son commerce, le charme de sa conversation dont une grande simplicité cachait la profondeur et les ressources infi- nies, la verdeur inaltérable de son esprit que la vieillesse semblait ne pouvoir atteindre. Aussi bien, en parlant ici d'Henri Marün, et en rendant justice à sa mémoire, peut-on être sûr d’être entendu. L’é- minent historien n’était pas seulement, en effet, des nôtres à titre honoraire ; il s’intéressait à nos travaux et même il y prenait part. Il fut de ceux que passionna la question d’Ale- sia, et après l'avoir étudiée sous toutes ses faces et visité le plateau d’Amancey en compagnie de MM. Delacroix et Castan il se déclara comme eux partisan de la solution franc-comtoise à laquelle l’autorité de son nom et de ses écrits fut un appoint considérable. Il admirait les beautés de notre pays, surtout l’aspect sombre et sauvage de nos montagnes et de nos fo- rêts qu'il repeuplait par la pensée de leurs antiques habitants, et où il voyait de véritables sanctuaires de la religion drui- dique. S1 nos pères de la race celtique lui tenaient au cœur, il — 400 — n’aimait pas moins les franc-comtois contemporains. Plu- sieurs d’entre nous ont été honorés de sa bienveillance spé- ciale, et, pour eux en particulier, son nom. ne rappellera pas seulement un grand patriote, un écrivain illustre, un histo- rien de premier ordre, mais un homme de cœur dont la mé- moire à droit non-seulement à l'admiration et au respect, mais à l’affection et aux régrets les plus sympathiques. FORMATION JURASSIQUE DES ENVIRONS DE BESANCON RAPPORT SUR UNE ÉTUDE GÉOLOGIQUE DE M. ROLLIER Par M. Albert GIRARDOT. Séance du 12 janvier 1884. Au nombre des travaux présentés à la Société Jurassienne d'émulation, au cours de sa trente-troisième session, nous avons remarqué une étude de M. L. Rollier intitulée: For- mation Jurassique des environs de Besançon (). Cette es- quisse géologique nous a paru mériter l’attention de ceux de nos confrères qui s'intéressent à ce genre de recherches, et nous nous sommes proposés d'en exposer ici une courte analyse. À bien des reprises déjà, le territoire de notre ville a servi de champ d'étude aux géologues, on peut même dire qu'il occupe presque toujours une place, dans les nombreux écrits publiés depuis cinquante ans, sur la géologie de la Franche- Comté. On a signalé bien des fois les remarquables profils de nos environs et cité souvent les fossiles recueillis dans leurs riches gisements. Les travaux de MM. Grenier, Pidancet, Contejean, Vézian, Choffat, Henry, etce., imprimés dans nos Mémoires, ceux de Studer (@), ceux des membres de la So- ciété Géologique de France, réunis en congrès extraordinaire à Besançon en 1860, les cartes de MM. les ingénieurs des mines Résal et Bertrand, celle de ce dernier surtout parue (1) Actes de la Société Jurassienne d’émulation, trente-troisième ses- sion, Porrentruy, 1883, pp. 75 à 108. (2) STUDER, Géologie de Schweitz, volume Il, 1853 [Re] © — 409 — en février 1882, ont fait connaitre la géologie de notre ré- gion d’une façon assez complète, mais en laissant place en- core cependant pour quelques études de détail. C’est une œuvre de ce genre que je viens analyser rapi- dement ici. M. Rollier a visité avec beaucoup d'attention les différents affleurements de la région et recueilli de nom- breux fossiles, il nous en donne la liste en la faisant précéder d’un exposé succinet des caractères pétrographiques des couches qui les renferment. Il divise le Terrain Jurassique en quatre grands groupes, qu’il décrit en commençant par les formations les plus ré- centes, pour passer ensuite et successivement aux plus an- ciennes. Ses groupes portent les noms de : Jura supérieur, Oxfordien Oolitique et Lius. Chacune de ces grandes divi- sions se divise et se subdivise à son tour. Le JURA SUPÉRIEUR comprend les quatre groupes : 19 Var- qulien, 2 Pterotérien, 3 Astartien et 4° Corallien. L’OXFORDIEN comprend : 40 le terrain à chailles, 20 les marnes Oxfordiennes, 3° les couches de Clucy. L'OOLITIQUE se divise en : 1° dalle nacrée et marnes de Champforgeron, 2 Pierre blanche, 3° grande Oolite, 4° Cal- caire à Polypiers, 5° Calcaires à Entroques, 6° Couches de la Rochepourrie. Toutes ces divisions et subdivisions sont généralement adoptées par les géologues Franc-Comtois, qui ne leur donnent cependant pas toujours les mêmes dénominations ; mais toutes répondent à des niveaux constants et faciles à reconnaitre. L'auteur n’admet pas comme couche distincte la zône à Ostrea acuminata, qui n'est pas différenciée en assise dans nos environs, et la fait rentrer dans Le calcaire à Polypiers Le Lras a attiré son attention d’une façon plus particulière, parce qu'il était moins intimement connu; ce groupe en effet est assez difficile à étudier sur notre territoire ; il est partout recouvert par des prairies, et dans les ravins l’affaissement — 403 — des marnes masque complètement la position réelle des couches. Aussi a-t-il mis à profit les travaux du chemin de fer de Morteau, surtout le percement du tunnel de Morre, pour les étudier en détail. Il divise le Lias en Lias supérieur, Lias moyen, Lias inférieur et Infra-Lias. Le Lias supérieur était divisé par les géologues Franc- _Comtois en trois couches; M. Rollier a analysé ou, pour mieux dire, disséqué l’assise moyenne puissante de 40 mè- tres, et l’a subdivisée en trois zones secondaires, en raison de la manière dont les fossiles sont distribués dans l’assise primitive. : Quant au Lias moyen et à l’inférieur, les divisions qu'il y établit concordent avec celles indiquées par M. Bertrand dans son récent travail ; cependant M. Rollier sépare, dans le Lias moyen, les marnes à Ammonites Margaritatus des Marnes à Plicatules, et dans le Lias inférieur, les couches à Ammonites Obtusus de celles à Ammonites Raricostatus. L'auteur ne décrit pas l’Infra-Lias, aucun affleurement de cet étage ne s'étant présenté à lui, dit-il, lorsqu'il diri- geait ses recherches géologiques aux environs de Besançon. Cependant l’Infra-Lias existe dans notre région, il a été si- gnalé au Maillot au-dessus de Beure en 1860 par MM. Mar-- tin, Collenot et Bochard, membres de la Société Géologique de France (1), ces géologues en ont même donné une coupe. Depuis il à été étudié au même point, et aussi à Miserey, par notre confrère M. Henry, dans un grand travail publié dans nos Mémoires (2). En résumé, cette étude nous présente un tableau fidèle et ° complet, sauf la lacune signalée plus haut, des terrains Jurassiques de nos environs ; en outre elle nous révèle la (D Société Géologique de France. Réunion extraordinaire à Besançon du 9 au 15 septembre 1860. (2) J. HENRY, L’Infra-Lias dans la Franche-Comté : Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, 4° série, t. X, 1876. — 404 — présence dans leurs couches d’un grand nombre de fossiles que n'avaient pas indiqués les premiers observateurs, surtout pour l’Oxfordien et le Lias supérieur ; à ce point de vue le travail de M. Rollier apporte un élément de plus à la con- naissance des formations de notre région. LES PHÉNOMÈNES DE L'ATTENTION LEUR NATURE, LEURS MODALITÉS CAUSERIE PHYSIOLOGIQUE PAR M. le docteur CHAPOY Séance publique du 18 décembre 1884. PREMIÈRE PARTIE. MESDAMES, MESSIEURS (D), Si quelque chose peut reposer l'esprit, au milieu des agi- tations et des bouleversements de notre époque, c’est assuré- ment le spectacle consolant de l'alliance qui tend à s'établir entre les différentes branches des connaissances humaines. Notre siècle, fécond en grandes choses, s’il a beaucoup dé- truit, a aussi beaucoup édifié. Grâce à ses progrès, le do- maine des arts et des sciences s’accroît de jour en jour ; leur nombre lui-même augmente; leurs points de contact se multiplient à l'infini. De leurs relations plus fréquentes est née une sympathie de bon aloi ; toute rivalité mesquine qui les contraignait, isolément ou par groupes, à une défiance réciproque, a presque entièrement disparu ; et leur marche, mieux éclairée et plus sûre, s'accélère avec une sage len- teur vers le but qui doit couronner leurs unanimes efforts. Nous ne sommes plus, en effet, à ce temps si rapproché en apparence par sa date, si lointain en réalité par ses tendances, où la sculpture et la peinture, non contentes de témoigner à la musique le plus superbe dédain, se jalousaient encore entre elles, et s’épuisaient en querelles stériles sur le prin- cipe de leur supériorité relative. La médecine a perdu l'ha- (1) Discours pranoncé à la séance publique de la Société d'Emulation du Doubs dans la grande salle du Palais de justice de Besançon. — ÀA08 — bitude de traiter la chirurgie comme une humble vassale ; elle voit en elle une sœur cadette, à laquelle elle prête laide de son expérience, tout en lui demandant le secours de son bras. La physiologie, cette étude si passionnante de la vie, n’a pas tardé à reconnaître tout ce que lui apportaient d’es- sentiel les données exactes de l’anatomie : elle a marché à pas de géant, depuis que la physique, la chimie, la méca- nique lui ont apporté leur indispensable concours. Restait la psychologie, cette science non moins passionnante de l’âme. Jusqu'à nos jours, elle avait affecté une indépendance aussi orgueilleuse que discutable. Impuissante à définir son objet, à en déterminer la nature et à lui assigner des limites, elle avait la prétention de résoudre les plus difficiles pro- blèmes sans aucun emprunt étranger. Les recherches phy- siologiques, en établissant d’une façon irréfutable certaines propriétés fondamentales du système nerveux, ont enfin con- vaincu les philosophes qu'avant d'envisager l’homme intel- lectuel et moral, il est nécessaire, sous peine de confusions innombrables, de connaitre l’homme physique. Le psycho- logue a pris le scalpel pour analyser les organes; le physiolo- giste de son côté a mieux étudié les rapports de la matière et de l'esprit. Voilà pourquoi un médecin que l’on aurait hier considéré comme un profane, peut se permettre aujour- d'hui de toucher à l’arche sainte. Quelques savants ont même avancé que la psychologie « doit appartenir en propre au médecin physiologiste et au médecin physiologiste seul (D ». Si exclusive que cette doctrine paraisse au pre- mier abord, je la crois cependant édifiée sur les bases les plus solides, et j'espère dans la modeste étude que j'ai l’hon- neur de vous soumettre, vous faire partager cette idée, qu'il n’est peut-être pas inutile, si spiritualiste qu’on soit, de se souvenir qu’on à un corps. Mon intention n’est point de vous exposer tous les faits qui militent en faveur de cette (1) Luys, Le Cerveau et ses fonctions ; Paris, 1876. Préface, p. X. — 409 — thèse. Plus humble sera mon rôle. N’ayant pas le talent des grands maîtres qui jettent sur une toile immense l’ébauche d’une œuvre colossale, et qui, sans perdre de vue l’ensemble, soignent jusqu’à la perfection les plus minutieux détails, je me contenterai d’esquisser un coin restreint de ce gigan- tesque tableau mouvant qui se déroule avec une rapidité prodigieuse sur la frontière insaisissable du cerveau et de la pensée. C’est de l'attention que je me propose de vous en- tretenir. J’apporterai toute la mienne à vous parler claire- ment : vous avez trop de bienveillance pour ne pas mettre toute la vôtre à m’écouter. II Personne ne conteste aujourd’hui, que le système nerveux soit le siège de la sensibilité, l’egent des mouvements de tous ordres, le régulateur des fonet.ons de la vie végétative. Cest exclusivement en lui que les sensations diverses retentissent et que s’élaborent les phénomènes intellectuels. Il nous pré- sente d’abord des masses centrales, dont l’une, de forme ovoïde, contenue dans le crâne, porte le nom d’encéphale, et comprend comme organe principal le cerveau subdivisé en deux hémisphères (1, et dont l’autre, mince et allongée, placée dans l’étui formé par la colonne vertébrale, s'appelle la moëlle épinière. Deux substances concourent à la forma- tion de ces masses ; l’une grise, composée essentiellement de cellules plus ou moins ramifiées ; l’autre blanche, consti- tuée par des fibres. Les cellules voisines s’anastomosent entre elles @) ; les fibres servent à mettre en communication les cellules éloignées. Dans la moëlle, la substance grise oc- cupe seulement la partie centrale ; dans l’encépbhale, à part quelques noyaux gris à l’intérieur, la plus grande partie de (1) PL. IL, fig. 1. @) PL [, fig: 2. — A0 — la substance grise est à la surface, et constitue presque en totalité les circonvolutions, sortes de cylindres aplatis latéra- lement et séparés par des sillons plus ou moins profonds. Ces centres ne rempliraient en aucune façon le rôle au- quel ils sont destinés, s'ils n’avaient des racines pour leur apporter les renseignements puisés à la périphérie du corps ou dans l’épaisseur des tissus, et des branches pour signifier leur détermination dans toutes les communes du territoire. Ils ressembleraient à une pile ou à une batterie électrique sans conducteurs, à un gouvernement sans relations avec le pays. Aussi la nature nous a-t-elle pourvus de fibres ner- veuses, c'est-à-dire de ces organes délicats, disséminés sous forme de cordons blancs, jusqu'aux extrémités du corps, se terminant d'une part dans un organe quelcongne, d’autre part aboutissant à une cellule. Parmi ces fibres, les unes, dites sensitives ou centripètes, sont chargées de télégraphier les demandes ; les autres, de structure absolument sembla- ble, mais de rôle complétement différent, dites motrices ou centrifuges, ont pour mission de transmettre les réponses : mais la vitesse de propagation est ici bien moindre que pour la lumière, Pélectricité et. même le, son; elle est de25/à 30 mètres par seconde. Pour mieux résister aux tiraillements que le fonctionnement régulier des muscles ne peut man- quer de leur faire subir et surtout aux secousses violentes que leur impriment les mouvements exagérés ou désordon- nés, véritables tempêtes musculaires, elles se groupent, s’ac- colent pendant une partie de leur trajet et constituent des câbles de différentes grosseurs auxquels on donne, suivant leur importance, le nom de filets ou de nerfs. En dernier lieu, au point où nait la fibre nerveuse sur une surface sensible, comme au point où se termine la fibre motrice dans un muscle, se trouvent les organes nerveux périphériques, véritables commutateurs du mouvement (). (1) PL IL, fig. 4. CNRS à == MA — III Permettez-moi maintenant une comparaison. Toutes les fibres sensitives arrivent au groupe des cellules de la moëlle, c’est-à-dire à ce que l’on nomme dans un état ladministra- tion ; administration modèle qui sait exactement maintenir la balance entre les recettes et les dépenses et dont les aver- tissements sont d'autant mieux écoutés, qu’elle opère d’ha- bitude sans bruit et sans secousses, à la satisfaction générale. C'est aussi de ces cellules de Ia moëlle que sortent toutes les fibres motrices. | Supposons qu'une impression vienne à influéncer une fibre sensitive ; si cette impression est modérée, elle passera inaperçue en haut lieu ; si, au contraire, elle est violente, le ministère en sera de suite sérieusement informé. Or ici le ministère, c'est la substance grise qui entoure, comme d’une écorce, la portion de lencéphale que l’on appelle Ie cerveau. Les mille correspondances qui viennent à chaque instant Vassaillir, sont pour là plupart sans résultat et dorment dans quelque carton ou du moins dans queique cellule ; d’autres occasionnent une agitation momentanée ; quelques-unes une véritable perturbation et peuvent amener à la fois la chûte du cabinet et la ruine de l'intelligence. Entre administration, en relations directes avec le pays, et réglant un grand nombre d’affaires, et le gouvernement qui ne s'occupe que des plus importantes, se trouvent les corps striés, c’est-à-dire la Chambre des députés , centre des mouvements par excellence, et les couches opliques qui re- présenteront, si vous le voulez bien, le Sénat, puisque leur rôle, je dois l'avouer, n’est pas encore démontré clairement, et, partant, est très discuté. On s’accorde bien à reconnaitre que toutes les impressions y arrivent, mais on ne sait au Juste si elles v sont parfaitement interprétées. Il est encore un point sur lequel il existe des divergences. — 112 — Pour les uns, le ministère fonctionne seul ; pour les autres, il y a au-dessus de lui un président à vie ; d’autres enfin, re- connaissent à celui-ci une limite dans le passé et ne lui en donnent pas dans l’avenir. Toujours identique, ne subissant les fluctuations ni du dedans ni du dehors, ce président se- rait le moi, le moi conscient qui apprécierait dans son im- muable sérénité, les dangers et les avantages que présentent pour tous, les décisions qui sont prises en son nom. Enfin c’est dans le cervelet que se trouve le siège prinei- pal de deux centres correspondants l’un à l’armée et l’autre à la magistrature et assurant l’exécution régulière des lois, c’est-à-dire coordonnant les mouvements. IV Pour qu’un phénoméne se produise dans cet immense ap- pareil, il suffit qu’une fibre sensitive en rapport avec les centres soit excitée, qu'elle ébranle une cellule quelconque, aussi bien de la moëlle que de l’encéphale, et que celle-ci, en réagissant produise un mouvement. C’est là ce qu’on nomme la sensation qui comprend donc trois temps, limpression, la réception, le mouvement. On ne saurait mieux comparer ce phénomène qu’à celui de la réflexion de la lumière. Mais pour que le moi devienne conscient, pour que, en d’autres termes, nous ayons connaissance de la sensation, pour qu’il y ait perception de cette sensation, plusieurs con- ditions doivent être réalisées. Tout d'abord il est nécessaire que l'impression arrive à la couche grise du cerveau. À la partie superficielle des circonvolutions nous rencon- trons des cellules de deux ordres : les unes superficielles, qui sont petites et étoilées, les autres profondes, qui sont plus grosses et de forme pyramidale (1). (A) PL IL, fig, 8, — M3 — Comme on trouve dans la moëlle des cellules de même na- ture ét que l’expérience a établi la sensibilité des petites cel- lules et la motilité des autres, quelques auteurs leur ont at- tribué, mais par analogie seulement, des rôles similaires. Voici donc ce qui se passe à l’état normal : l'impression produite sur un filet sensitif met successivement en action toutes ses molécules. Peu importe que ce soit un « écoule- _ ment de fluide, (fluide ou influx nerveux comparable au fluide électrique), une décomposition chimique, une transformation isomérique, un déplacement moléculaire (l)..» Acceptons que ce soit une vibration (2); celle-ci se propage le long de la moëlle et va retentir dans une cellule sensitive de la péri- phérie cérébrale. Sectionnez la moëlle sur un de ses points, excitez aussi vio- lemment que possible le département qu’elle tient sous sa dépendance, au-dessous de la lésion, l'administration locale répondra machinalement à la dépêche par un mouvement ré- flexe, mais ce mouvement sera inconscient. Détruisez les cellules grises périphériques du cerveau, l'animal recevra en- core les impressions, mais les mouvements auront perdu tout caractère de spontanéité. Il obéira comme un automate ; la volonté aura complètement disparu. Cependant toute impression, même perçue, arrivant à la couche corticale, n’amène pas fatalement, nous l'avons laissé entendre, la connaissance de son objet. Il faut encore que les extrémités nerveuses aient reçu d’une façon spéciale l’exei- tation et que celle-ci, plus ou moins transformée et épurée, provoque dans la cellule où elle se précipite un état particu- lier d’éréthisme et de tension. Arrêtée un instant dans sa (1) BEAUNIS, Nouveaux éléments de physiologie humaine; Paris, 4881, t. Il, p. 495-496. (2) Pour éviter la répétition trop fréquente d’un même terme, les mots vibration et ondulation seront employés indifféremment dans le cours de ce travail, malgré la différence réelle des phénomènes qu'ils servent à désigner. ES A course, la vibration animalisée qui a succédé à une impres- sion mécanique va subir dans l’espace plus large où elle se meut une sorte d'élaboration, à la suite de laquelle naïtra l’idée. Ce n’est pas mon intention de rechercher le comment et le pourquoi de cette mutation d’un mouvement en pensée. Les plus hautes intelligences se sont brisées contre les portes d’airain qui nous cachent ce mystère et j'ai trop de fois relu les fables du bon La Fontaine pour ne pas me rappeler le mal- heureux sort d’une grenouille trop prétentieuse. Peut-être est-ce même parce que j'ai beaucoup d’inclina- tion pour ce grand poëte, si apprécié par chacun pour ses œuvres, si mal jugé par beaucoup dans sa vie privée, pour cet esprit profond si injustement classé parmi les gens dis- traits, que je vous parle en ce moment de l'attention. Nous sommes bien loin de notre sujet, ce vous semble ; détrom- pez-vous, nous assistons à sa phase la plus émouvante. v La cellule s’est érigée ; l’'ondulation s’étend peu à peu jus- qu'à ses parois ; un phénomène physico-chimique, en mème temps qu'une transformation de forces, s’opère dans son in- térieur : une chaleur locale se dégage (1), pour témoigner de l’acte intime qui s’accomplit. Les cellules les plus proches comme les plus éloignées participent à cet ébranlement et toute la substance grise vibre à l'unisson, grâce aux nom- breux fils qui en unissent toutes les parties ; car, comme la dit M. Vulpian sous une forme aussi exacte que concise : « On peut se représenter chaque hémisphère cérébral comme «une masse nerveuse composée de substance grise et de « substance blanche et dans laquelle naissent ou se ter- «minent des fibres qui se terminent ou naissent par l’autre (1) Scxirr, Arch. de physiologie, 1870. — M5 — « extrémité dans le corps strié et la couche optique du côté « correspondant ; la masse cérébrale, proprement dite, d’un _« côté étant reliée à celle de l’autre côté par d'innombrables « fibres commissurales (1). » Pour les physiologistes actuels l'attention n’est autre chose que le temps pendant lequel les cellules du sensorium tombent pour ainsi dire en arrêt et retiennent l'impression alin que la conscience en prenne d’abord connaissance et que le mouvement soit dirigé ensuite suivant le mode le plus convenable. J'y verrais plutôt une propriété,de la cellule ner- veuse en vertu de laquelle elle conserve, à un moment donné, Pimpression, dans un état de vibration suffisante pour que nous en ayons conscience. Ce n’est donc pas un acte de volonté comme le veulent la plupart des philosophes, l’école cartésienne en particulier, c’est simplement une des formes si variées de l’activité céré- brale. Sans discuter ce qu'est la volonté en elle-même, ad- mettons que l’âme agisse par un procédé encore inconnu et peut-être à jamais inexplicable sur la couche corticale. Dira- t-on, au moment où elle détermine cette modification cellu- laire d’où va naître l’attention, que la volonté devient atten- tive. En vérité c’est confondre la cause avec l'effet et c’est s’ex- poser à des déductions inadmissibles. J’en trouve une preuve formelle dans le passage suivant de Garnier où lAïgle de Meaux lui-même intervient : € On a dit souvent que l’atten- « tion était involontaire ; on l’a confondue alors avec la pré- € OCCupation causée par un objet qui flatte ou contrarie quel- « qu'une de nos inclinations. Bossuet les a très bien distin- « guées l’une de Pautre : « Nous observons quelquefois en « nous-mêmes, dit-il, une attention forcée, ce n’est pas là « toutefois ce que nous appelons attention. Nous donnons — (1) VuzpraAN, Leçons sur la physiologie du système nerveux, 1860, p. 644. — 416 — « ce nom seulement à lattention où nous choisissons notre « objet pour y penser volontairement (1). » Conçoit-on cette faculté äe l’âme tour à tour maîtresse et esclave ? Est-il rationnel d'admettre qu'un homme qui, ayant toute son attention fixée malgré lui, sur un même sujet, ne fait pas acte d'attention, sous prétexte qu'il ne le veut pas. N'est-ce pas, je le répète, confondre la volonté avec ce qu'elle produit ? Autant vaudrait affirmer que l'attention est une propriété du son qui agit sur notre oreille ou du rayon lumineux qui tombe sur notre rétine. Comment du reste ex- . pliquer avec les données psychologiques pourquoi notre pen- sée étant fixée avec soin sur un point quelconque, tout à coup une nouvelle idée se fait jour, sans que notre volonté nous ait en rien dirigés vers cette sorte d'apparition ? Comment surtout déterminer pourquoi nous arrivons à ne plus pouvoir détourner notre attention de certains objets quand une exci- tation a été trop forte ou quand notre volonté a tenu trop long- temps notre esprit fixé et tendu ? Ce que la psychologie ne peut nous dire, la physiologie nous permettra, nous le verrons, d’en fournir une théorie aussi sa- tisfaisante que possible. Mais, objectera-t-on, la matière intime de la cellule varie incessamment, et cependant nous conservons les impres- sions, nous nous les rappelons dans un ordre souvent abso- lument semblable. Cela est vrai. En même temps que la cel- lule reçoit les impressions qui sont l’aliment de sa fonction, elle se regénère par un sang nouveau comme tous les organes de l’économie. Les nouvelles molécules apportées partici- pent immédiatement au mouvement antérieur préexistant, mouvement que l’âge ou la maladie pourra rendre de plus en plus faible mais qui ne disparaîtra jamais complètement. « Suivez autant que vous voudrez par la pensée, dit Her- « bert Spencer, une vitesse qui décroiît; il reste encore quel- (1) GARNIER, Traité des Facultés de l’âme, 1872, t. I, p. 350-351. — 117 — «que vitesse. Prenez la moitié et ensuite la moitié de la « somme du mouvement et cela à l'infini; le mouvement « existe encore, et le mouvement le plus petit est séparé de «zéro mouvement par un abîme infranchissable. De même «qu'une chose quelque ténue qu’elle soit est infiniment « grande en comparaison de rien, de même encore le mou- «vement le moins concevable est infini en comparaison du « repos (1). » VI Ici surgit fatalement une question grave entre toutes qu'ont soulevée, dès le début, les recherches psycho-physiologiques. Si l’attention est un phénomène, le premier phénomène de l'activité cérébrale, et non une faculté de l’âme, à quoi celle- ci va-t-elle se trouver réduite ? La mémoire, la faculté de comparer, le jugement vont avoir la même origine. La vo- lonté elle-même ne sera-t-elle pas considérée comme ayant le même principe, puisque l’écorce grise est déjà considérée comme étant le siège des mouvements volontaires, et que le mouvement volontaire présuppose la mémoire et un rap- pel de sensation ? En effet pour toucher volontairement un corps, nous réveillons dans notre cerveau l’impression de contact qui doit nous faire juger exactement de la distance. Laissez-moi d'abord répondre que si, physiologiquement, les centres nerveux sont le siège des mouvements volontaires, la cause première du rappel de la sensation est encore in- connue dans son essence, et que, jusqu’à ce jour, ceux-là seuls ont voulu mettre à néant la conscience, qui ont intérêt à faire un bruit passager autour de leur nom et qui ont plus souci d’une popularité malsaine que de lexactitude de leurs affirmations. Mais les savants, vraiment dignes de ce titre, qui eroient le plus à l’origine matérielle de la pensée, ré- servent cependant le nom d’âme à l’ensemble des qualités (1) HERBERT SPENCER, Premiers principes, trad, par CAZELLES, p. 60. 97 — M8 — morales par lesquelles l’homme se distingue bien davantage de l’animal que par les facultés intellectuelles. Si tel est le dernier mot de la physiologie psychologique, est-il si néces- saire de redouter ses conséquences ? Craint-on que l’âme humaine semble trop restreinte parce qu’on laura privée de quelques ornements factices ? Et faut-il dès lors pourchasser comme une science malfaisante l'étude des centres nerveux sous prétexte de tendances matérialistes ? Un auteur éminent a dit avec beaucoup de modération : « Si c’est être matéria- « liste que de rechercher les conditions matérielles des opé- « rations mentales, toutes les théories de l’esprit doivent être « matérialistes ou insuffisantes (1). » Je le déclare en toute sin- cérité, la physiologie vraiment scientifique n’a rien qui doive effrayer même les plus timides. Rejetez, combattez à ou- trance les conclusions hâtives de ceux qui veulent inter- prêter tous les faits, mais ayez confiance dans ceux qui se contentent de les enregistrer. Les premiers se croiront de suite autorisés à localiser les fonctions cérébrales, les se- conds n’admettront celles-ci qu'après avoir été convaincus par des arguments irréfragables. À quoi sert du reste de lutter contre l'évidence ? Pourquoi l’homme qui a tant d’as- piration vers le beau et le bien redouterait-il ce qui est vrai? Pourrait-il être un instrument du hasard, un jouet de la fata- lité, alors que toujours semblable à lui-même, quand toutes les cellules de son corps changent, il sent intimement qu'il conserve sa manière d’être simple et indivisible? Que les psychologues deviennent donc physiologistes ; qu’ils imitent ces grands industriels qui sentant l’impossibi- lité de lutter contre la concurrence étrangère sacrifient ré- solument leur vieux matériel désormais plus onéreux qu’u- tile! Alors ils pourront établir sur un roc inébranlable le magnifique monument qu'ils avaient assis sur le sable. Comme ces cathédrales superbes que l’art chrétien a élevées (1) I. S. Mi, Dissertations, t. Ill, p. 109. Ho sur tous les points du globe mais qu'un goût déplorable x surchargées d’indignes matériaux, se dressent plus gran- dioses et plus imposantes quand une main intelligente les a rendues à leur première simplicité, ainsi l'âme humaine, dégagée de cet amas de facultés d'emprunt sous lesquelles la psychologie l’avait ensevelie se dévoilera plus noble et plus majestueuse dans son admirable unité. — 490 — DEUXIEME PARTIE @). I L’attention, comme toute fonction organique, a ses formes, ses degrés, ses variétés, ses perturbations ; elle donne lieu à certains phénomènes réflexes curieux dans leur production, importants dans leurs conséquences; enfin, elle est susceptible par un traitement approprié de guérir quand elle a été troublée dans son exercice et l'hygiène peut lui donner des règles pour développer, accroitre et con- server sa vigueur. IT : Lorsqu'une impression peu intense mais longtemps pro- longée, ou bien rapide et forte, a excité les cellules de la substance grise, nous faisons agir les fibres musculaires d’un ou de plusieurs de nos organes des sens afin de faci- liter l’arrivée des impressions ultérieures, d’où résultera la connaissance plus approfondie de l’objet. Le premier ébranlement c’est l’attention proprement dite. Jusqu’alors on n'avait fait que voir, entendre, sentir, goûter et toucher ; les vibrations actuelles résonnent avec plus d'intensité, c’est alors l'observation qui commence ; on écoute, on regarde, on flaire, on savoure, on palpe. Le botaniste qui étudie les caractères d’une plante, le physicien qui surveille la produc- tion d’un phénomène, le médecin qui examine les moindres particularités d’un corps malade sont plus que des attentifs, ce sont des observateurs. (1) La planche IIT représente les formes de l'attention sur une ligne ho- rizontale — ses degrés sur une ligne verticale. — Les formes normales sont reliées entre elles par des traits ponctués. — AN — Mais, lorsque délaissant le monde extérieur, fermant la porte aux émotions du dehors, notre cerveau vit pour ainsi dire sur ses acquisitions passées, alors les sensations se ré- veillant, nous les créons pour ainsi dire de nouvean : nous réfléchissons. Par la réflexion nous n’examinons pas seule- ment les faits psychiques comme le veulent quelques au- teurs ; mais, sans qu’une impression extérieure nouvelle in- tervienne, nous passons en revue tout le panorama dont les impressions antérieures ont accumulé les détails dans les centres nerveux. Or cette accumulation constitue la mémoire, c’est-à-dire la propriété des cellules de conserver à l’état latent, pour les faire renaître ensuite, les impressions qu’elles ont reçues. Et c’est ainsi que s’expliquent ces idées en appa- rence toutes nouvelles qui nous viennent dans la réflexion, ces rêves d’une infinie variété qui, en dehors de toute vo- lonté, bercent ou agitent notre sommeil. Cest la représen- tation exacte de ce qui se passait chez cette hypnotique qui décrivait dans leurs moindres particularités toute une série d'objets qu’elle avait à peine eu le temps d’entrevoir deux ans auparavant. Je ne crois pas que le langage soit absolument nécessaire pour que la réflexion ait lieu, mais il est l’auxiliaire attitré de toute réflexion profonde. Le sourd-muet abandonné à lui-même n'arrivera jamais à un développement intellectuel tant soit peu marqué ; l’homme qui ne sait que parler pro- gressera moins que celui qui a à sa disposition les signes de l'écriture. On peut même dire que ce dernier s’élèvera d'autant plus dans les régions intellectuelles qu’il aura plus de ressources pour faire revivre ses sensations. « Quiconque à beaucoup vu « Doit avoir beaucoup retenu. » Reconnaissez déjà avec moi que l’homme qui a émis une telle pensée ne devrait pas être rangé parmi les gens dis- traits. = 499 ITT Les degrés de l’attention sont innombrables. Que de dif- férences sous ce rapport entre les sujets! Cependant si nous négligeons les personnes susceptibles d’une attention ordi- naire, nous voyons que les autres sont ou incapables de poufsuivre une idée ou assez trempées, par contre, pour s’acharner après elle. Et par une singulière inconséquence, en présence de phénomènes si opposés on qualifie ces indi- vidus de la même manière : on dit qu'ils sont distraits. C’est que la psychologie n’a pu encore expliquer linégalité des intelhgences et des aptitudes productives. La physiologie, heureusement, nous apprend que suivant telles ou telles conditions d'activité des centres nerveux, « les «impressions seront et plus vives et plus nettes, et plus « profondes et plus multiphiées ; qu’on ne naît pas plus poëte, «orateur qu'on ne naît mathématicien, naturaliste, savant, « mais qu’on nait avec des sens plus ou moins aptes à rece- « voir les impressions, avec des nerfs plus ou moins aptes «à conduire ces impressions, avec un cerveau plus ou « moins apte à les conserver, à les rapprocher, à les repro- «duire dans leur ordre, dans leur pureté, dans leur viva- « cité (). » ; J’essaierai donc de différencier, physiologiquement, les deux cas que nous avons spécifiés. Voyez cet homme : « Il descend son escalier, ouvre sa «porte pour sortir, il la referme : il s'aperçoit qu'il est en « bonnet de nuit, et, venant à s’examiner, il se trouve rasé « à moitié ;.… il voit que ses bas sont rabattus sur ses talons, « et que sa chemise est par dessus ses chausses. » Suivons- le. Il se heurte à tout dans la rue, se jette dans la premiere (4) CRUVEILHIER, Traité d'anatomie descriptive; Paris, 1871. Avant- propos, p. VIT. VER CES — 193 — voiture qu'il rencontre ou pénètre dans un appartement quelconque comme s’il entrait chez lui. « Il se trouve chez «une jeune veuve; il lui parle de son défunt mari, lui de- « mande comment il est mort; cette femme à qui ce discours « renouvelle ses douleurs, pleure, sanglotte et ne laisse pas « de reprendre tous les détails de la maladie de son époux « qu’elle conduit depuis la veille de sa fièvre qu’il se portait «bien jusqu’à l’agonie. « Madame, lui demande Ménalque « qui l'avait apparemment écoutée avec beaucoup d’atten- «tion, n'aviez-vous que celui-là? » Vous avez tous reconnu le fameux distrait de La Bruyère. C’est bien là le vrai dis- trait, mcapable de poursuivre une idée et passant avec une rapidité prodigieuse d’une inadvertance à une autre. C’est que chez lui les cellules assez appropriées, du reste, à rece- voir d’une façon normale le mouvement impressionnant n’ont pas une énergie suffisante pour le conserver jusqu’à ce qu'il donne lieu à la perception consciente. L’homme abstrait, au contraire, a une idée à laquelle il s'attache ; son cerveau plus vivement influencé sur un point s’est mis tout entier en action pour faciliter l'explosion de la pensée. Aussi tant qu'une impression plus plaisante et plu- sieurs fois renouvelée ne viendra pas l’assaillir, il restera indifférent aux sollicitations extérieures, mais du moins quand il sera rendu à la vie usuelle 1l ne continuera pas les extravagances du distrait proprement dit. Les grands génies surtout ont donné des exemples de ce que je nomme exclusivement labstraction. Ici c’est Newton tenant religieusement dans sa main gauche l'œuf que son domestique à préparé pour son déjeu- ner et plongeant délicatement sa montre dans l’eau bouil- lente ; là c’est Ampère, traçant au dos d’un fiacre des for- mules algébriques et courant après son problème ; ou bien, pendant qu’il professe, essuyant le tableau avec un foulard et mettant dans sa poche, après l'avoir consciencieusement plié, le torchon traditionnel. — 42% — C’est éncore La Fontaine allant assister à un dîner hebdo- madaire chez un ami mort depuis quelques jours et dont il avait suivi le convoi. — Ce qui rendait encore plus remar- - quable l’abstraction du fablier, c’étaient les interrogations qu'il posait inopinément à son entourage, en sortant de son sommeil apparent. Un jour, cher Despréaux, dans une réu- nion de gens distingués où se trouvaient, entre autres, Racine et Boileau le docteur, on causait de Saint-Augustin et de ses ouvrages. La Fontaine resta bouche close. La conversation changea peu à peu de sujet. Tout à coup l’abstrait prit la pa- role et dit à l’abbé Boileau : « Saint-Augustin avait-il plus d'esprit que Rabelais ? » Le docteur en Sorbonne ainsi inter- pellé, promena longtemps son regard sur le poëte, puis dé- daigneusement : « Prenez garde, monsieur de La Fontaine, vous avez mis vos bas à l’envers. » Et c'était vrai. La Fon- taine fut peut-être le seul à ne pas s’en apercevoir. Plongé sans doute dans cette étude minutieuse de la na- ture qu'il a su peindre en traits si délicats, poursuivant son idée principale, il ne recevait que d’une manière confuse les ébranlements venus du dehors, et, ses réponses tardives et mal adaptées aux questions donnaient un semblant de rai- son aux philosophes de l’époque qui, ne trouvant dans leur science aucun élément d'appréciation exacte, rangeaient volontiers parmi les insensés cet incomparable observateur. Mais les grands hommes ne sont pas les uniques victimes de ces sortes d’absences. Tous ceux qui ont une intelligence cultivée et qui sont doués par conséquent d’une attention pouvant être longtemps fixée, présentent des cas analogues. Un de mes amis se rend au bain, le cerveau en grand tra- vail : il remet ses vêtements et s'aperçoit seulement après qu'il a oublié d’endosser sa flanelle. L’impression unique du contact de la peau avec un autre corps que la laine, n'avait pas suffi à appeler son attention. Un autre ami plus intime encore, dans les mêmes circonstances, entre dans la baignoire, pied après pied, et ne s'aperçoit qu'après la se- — 495 — conde sensation qui lui paraît bizarre, qu’il a conservé ses chaussettes. : Ne riez pas. Combien de fois n’avez-vous pas demandé la canne que vous aviez à la main, le chapeau que vous portiez sur la tête, le porte-plume placé sur votre oreille? Les uns cherchent pendant une heure les lunettes qu'ils ont solide- ment appuyées sur le nez, les autres moins patients s’em- portent contre le valet qui ne peut trouver leur manteau et sont stupéfaits, quand on leur fait remarquer qu 1ls en sont déjà revêtus. La distraction est un vice de développement, lœbstrac- tion est l’excès opposé. La première par l’éducation aurait pu devenir une attention véritable; la seconde est lattention poussée à un tel point qu'elle ne saurait aller plus haut sans danger. N'est-ce-pas de cette manière qu’on peut expliquer pour- quoi certains hommes restent toujours sur un plan inférieur, tandis que d’auires montent au sommet de léchelle intel- léctuelle ; pourquoi, suivant teiie ou telle vigueur de certains points de la couche corticale, tel ou tel sujet sera mieux doué pour les sciences que pour les arts, pour l’histoire natu- relle que pour l’arithmétique, pour la musique que pour l'architecture ? Les différences entre les goûts et les opi- nions ne deviennent-elles pas plus faciles à interpréter et n’entrevoyons-nous pas plus clairement pourquoi Newton avait raison de répondre à ceux qui lui demandaient com- ment il avait découvert sa grande loi de la gravitation : « C’est en y pensant toujours. » IV On peut désigner sous le nom de variétés de l'attention les modifications que nous offre ce phénomène chez les di- vers individus, d’après l’âge et suivant le sexe et aussi dans la longue série des animaux. Le #96 On ne saurait être intelligent sans être attentif; on peut l’être sans être abstrait; car bien des sujets ne manquent pas d’une certaine dose de compréhension, qui ne peuvent se livrer à un travail tant soit peu sérieux et suivi. Comme d’autre part, il est à peu près prouvé que lintelligence est en raison directe du poids du cerveau ou même de l’encé- phale, nous pouvons considérer comme plus attentifs ceux qui ont l’encéphale plus développé. Or celui-ci en moyenne, pèse 1.250 grammes ; il peut tomber à un kilogramme, mais il peut monter bien plus haut qu'il ne descend. Il était pour Dupuvytren de 1.436 gr., pour notre grand Cuvier de 1.831 gr.: Bérard lui-même fit avec toute l'exactitude possible cette dernière évaluation. On a dit que Cromvell possédait un encéphale de 2.299 or. et que celui de lord Byron représentait 2.238 grammes. N'oublions pas qu'il s’agit ici d'illustrations anglaises estimées par des procédés d'Outre-Manche. Les Allemands ne mettront-ils pas une épée dans la balance quand ils pêèseront sous peu certains cerveaux d'Outre- Rhin ? | Le petit enfant passe avec rapidité d’une idée à une autre, car ses cellules n’ont pas encore la vigueur nécessaire pour retenir les impressions ; aussi le poëte a-t-il exprimé l’exacte vérité dans ce vers bien connu : Comme chez les enfants, le rire est près des pleurs ! Mais quand son cerveau aura pris un peu plus de force, alors, dans cet organe, encore vierge pour ainsi dire, l’atten- tion prendra son essor et grandira de jour en jour. À 40 ans, elle arrivera à son apogée, pour diminuer lentement d’abord, puis rapidement ensuite, depuis l’âge de 70 ans. Chez le vieil- lard, en effet, non seulement le cerveau diminue de poids, mais encore il s’affaiblit par une déperdition incessante ; dans sa pulpe grise, il n’y a plus un ébranlement aussi vif; les dernières vibrations semblent n'avoir que peu d'intensité; — 107 elles disparaissent vite et voilà pourquoi le vieillard, ne se souvenant pas des choses de la veille, parce que des cellules atrophiées n’ont pu retenir assez longtemps l'impression, se rappelle les choses lointaines. quand une cellule encore saine vient à résonner sous une influence quelconque et régénère les ondulations premières. La nature a donné à l’homme environ 100 grammes de cerveau de plus qu'il n’en a concédé à la femme. Je serais profondément désolé, Mesdames, des conséquences que je dois logiquement tirer de cette observation, s’il ne m'était permis de croire, qu'ici comme partout, la qualité peut faire équilibre à la quantité. À l’homme donc les grands travaux de l'esprit qui attachent et entraînent une partie de la sub- stance grise ; à la femme ces occupations multiples et déli- cates qui sont plus en rapport avec le jeu si doux et st har- monieux de tout son être. Que l’homme possède à peu près seul le don de l'attention, vou: voudrez bien le reconnaître; en revanche je vous accorder: sans réserve le privilège des attentions. L’attention décroit en allant des races supérieures aux races inférieures. La race germanique a le cerveau plus gros que la race nègre et celle-ci que la race australienne. Et qnand nous étudions l’animal, nous voyons que son encé- phale, comparé au poids total du corps est bien moindre que celui de l’homme le moins bien doué. Mais chez lui encore l'attention existe. Non-seulement on l’observe chez les gros mammifères, mais même dans les animaux les plus inférieurs, tant qu’il existe un système nerveux, la cellule viendrait-elle à disparaître pour être remplacée par un simple fil intermé- diaire entre la zône d'impression et la zône de mouvement (). Qu'elle soit aussi rudimentaire qu’on le voudra, on ne peut cependant la considérer comme tout-à-fait nulle. Elle se perd quand le système nerveux lui-même disparait. a ——— (1) PL I fig. 5. — 198 — - Pour expliquer l'attention dont est doué l’animal, nous n'avons donc plus à recourir à l’hypothèse toute gratuite d’une âme périssable si puérilement inventée par les carté- siens quand ils n’ont plus osé nier les phénomènes intellec- tuels, qui se révèlent aussi évidents que nombreux, chez l’éléphant le plus monstrueux comme chez la fourmi la plus petite. Le chien n’observe-t-il pas les mouvements de son maître, et ne reconnait-il pas au costume de ce der- nier s’il doit le suivre à la chasse, s’il doit le laisser sortir seul ? On a dit que les animaux ne pouvaient réfléchir, n'ayant pas la faculté du langage. Si c’est vrai pour un petit nombre c'est douteux pour la plupart, et faux pour les vertébrés su- périeurs. | Qui n’a lu ou entendu le récit de ce drame dont le château de M. Guizot fut le théâtre : une hirondelle trouvant son nid occupé par un moineau, alla de suite conter sa mésaventure à ses compagnes et revint bientôt avec une multitude de celles-ci harceler l’envahisseur. Efforts inutiles ! Ne réus- sissant pas à le faire sortir, les assiégeants tiennent conseil et bientôt chacun d’eux apportant dans son bec, qui la chaux, qui l’eau, qui le sable, lassiégé se trouve emprisonné dans son refuge et réduit à mourir d’asphyxie ou de faim. V S1 les extrémités nerveuses , c'est-à-dire les appareils ex- péditeurs subissent une modification insolite, s1 les filets nerveux sensilifs ou transmetieurs sont altérés, si les centres sont atteints de quelque désordre, l'attention sera fatalement entravée dans son fonctionnement. Augmentée pariois Jus- qu’à un degré extrême, elle peut être diminuée jusqu’à être complètement annibilée. Pourquoi le myope promène-t-il un regard vague à dis- tance, pourquoi le sourd suit-il difficilement la série d’idées — 499 — sous lesquelles on le place (), sinon parce que leurs appa- reils sensoriels s’orientent mal sous l'influence d’une impres- sion reçue et réfléchie dans des conditions défectueuses ? C’est encore pour la même raison que dans certaines affec- tions nerveuses, où la perte de la sensibilité est plus ou moins complète (l’ataxie locomotrice en particulier), on peut tou- cher, piquer, brüler certaines régions sans produire autre chose qu’un ébranlement vague n’amenant qu’un acte ré- flexe de la moëlle épinière et non un mouvement réfléchi du sensorium. Les chirurgiens ont utilisé la propriété qu'ont certains mé- dicaments d’insensibiliser les extrémités des nerfs ou les cellules pour les opérations douloureuses qu'ils ont à prati- quer. Les anesthésiques, le chloroforme par exemple re font en somme que suspendre la transmission et par suite l’atten- tion pendant un temps donné. Chacun sait combien la douleur tient le sensorium en acti- vité et combien, sous son influence, on oublie les choses du dehors pour ne penser qu’à se procurer un soulagement : dès lors les autres impressions s’éteignent presque aussitôt, en. jetant une faible clarté dans les centres et l’organisme dépé- rit faute d’une direction régulière imprimée à son mécanisme. La section, la rupture, la compression, l’étranglement d’un filet nerveux sensitif entraînent des troubles encore plus complets, la transmission devenant totalement impossible : mais ces troubles restent localisés. Quand au contraire, la transmission se trouve arrêtée dans les centres, c'est-à-dire dans la moëlle et dans le cerveau, dans les couches optiques surtout, l’anesthésie alors est bien plus étendue. L'observation poussée à son extrême limite prend le nom de contemplation. La réflexion, dans les mêmes circons- tances, s'appelle méditation ; c'est une sorte de contempla- ton interne. Enfin à la suite d’une longue contemplation et (EL) Luys, Loc. eit:, p. 176. — 480 — d’une méditation intense, comme aussi d’une attention brusque survient un état d'étonnement, puis de stupéfaction, et chez certains sujets prédisposés le phénomène de l’«b- sence ou celui de l’extase. L'absence est une des formes du petit mal des épileptiques. Sous l’influence sans doute d’une sorte de commotion ou d’une anémie cérébrale déterminée par l’afflux de sang vers le bulbe, tout à coup le malade cesse son travail ou sa conversation, puis une seconde après re- prend son occupation ou son discours et ne se souvient ab- solument pas de l’accident dont ses interlocuteurs ont pu être frappés. C’est par un mécanisme analogue que l’on peut in- terprêter cette sorte d'isolement passager dans lequel les gens fortement attentifs se placent si souvent au milieu du plus grand tumulte, comme Archimède à la prise de Syracuse, Eux aussi peuvent ne pas se rendre compte de l’inattention qu’ils ont apportée aux bruits extérieurs et dont leurs voisins ont été témoins ; mais l'irrigation sanguine se concentrant sur un point limité de la zône corticale, l'absence, on le com- prend, n’est qu'apparente et partielle. L’extase ne semble être qu'une absence d’une certaine durée. Alors le cerveau a perdu son pouvoir ; il ne comprend plus ou il comprend mal, c’est ce qu’on nomme la condition seconde ; la sensibl- lité et l'intelligence ont disparu ; la volonté elle-même est tellement affaiblie qu’elle peut être entièrement gouvernée par les idées que suggère un autre individu : c’est ce qu’on appelle la suggestion. L’excitation longue et légère ou courte mais puissante du sensorium, peut donc amener des perturbations nom- breuses. Nous les appellerons objectives ou subjectives sui- vani que la cause réside dans un objet extérieur ou dans une idée. L’hypochondriaque, éprouvant une douleur au niveau du cœur et croyant qu’il va succomber à un anévrysme ; cer- tains individus délirants, dans le cours de maladies aiguës ou chroniques, sont sous le coup de désordres sensitifs péri- phériques, dont la ténacité plutôt que l’énergie irrite leur — 431 — cerveau. L'homme préoccupé au contraire n’a plus rien qui agisse sur les extrémités nerveuses, mais son attention est invariablement fixée malgré lui, malgré toute sa volonté, sur une pensée qu'il ne peut écarter, parce qu’un certain nombre . de ses cellules plus violemment excitées se renvoient le mou- vement et l’entretiennent par un rappel continu de sensa- tions toujours identiques. Il est dans la situation de l’orga- niste, incapable d'exécuter convenablement une mélodie, si quelque soupape altérée laisse arriver constamment l'air, sans que la touche correspondante lui en ait signifié l’ordre formel. | De là à la monomanie, il n’y a qu'un pas. La mère qui vient de perdre un enfant adoré, le négociant à qui une dé- pêche annonce sa ruine, ne peuvent plus chasser l’idée qui les accable, mais du moins cette idée est en rapport avee la cause qui l’a produite. Le monomane, au contraire, aura bien une seule idée, mais une idée étrange : il se croira Dieu, il dira qu’il est damné, il songera qu’on en veut à ses jours ; il combattra quinze ans et vingt ans contre l’entraîinement au suicide et il succombera dans la lutte. Jusqu'ici quelques cellules seulement étaient surexcitées ; mais quand une plus grande partie du cerveau participe à ce désordre, le délire devient général ; les cellules qui fonc- tionnent avec une vivacité maladive, entraînent chez les autres une diminution de lexcitabilité, de l’énergie poten- tielle, selon l’expression de Dickson. De là un arrêt et un recul du mouvement, c’est pourquoi l’incohérence la plus bi- zarre se manifeste dans les pensées : la manie est confirmée. Cependant, le médecin arrive encore chez ces malades à tixer l’attention. Mais quand celle-ci est déprimée outre me- sure, quand l'individu n’est plus seulement un distrait sus- ceptible d'éducation réelle, mais un imbécile et surtout un idiot, il appartient alors à cette classe d’êtres incapables de tout progrès, auprès desquels les praticiens les plus ha- biles échouent fatalement ; car, chez ces intirmes, le système — 432 — central n’est pas seu! défectueux, mais le système périphé- rique lui-même n’a pas les propriétés voulues pour bien re- cevoir les impressions. « Voulant mouler en plâtre un grand «nombre d’aliénés, dit Esquirol, j'ai pu le faire pour les « maniaques, même les furieux et les mélancoliques ; mais «je n'ai pu obtenir des imbéciles qu’ils tinssent les veux «assez longtemps fermés pour couler le plâtre, quelque «bonne volonté qu’ils apportassent à cette opération. J’en «ai même vu pleurer de ce que le moulage de leur tête «n'avait pas réussi, entreprendre plusieurs fois, mais vai- « nement, de conserver la pose qu'on leur donnait, et ne « pouvoir fermer les yeux plus d’une minute ou deux (). » Les paralytiques généraux et les déments chez lesquels le cerveau est graisseux et atrophié peuvent encore voir et en- tendre, mais les images, comme les sons, viennent se perdre dans les cellules, sans renvoyer le moindre rayon, sans éveiller aucun écho. FR Où commencent au juste, me direz-vous, les perturba- tions de lPattention ? Il n'existe pas plus ici de barrière pré- cise entre le distrait et l’imbécile qu'entre l’homme sain et l’homme malade, entre le végétal et l'animal. Et ce n’est pas d'hier qu’on a prononcé cette phrase célèbre, à laquelle nous pouvons maintenant donner un sérieux fondement : Le génie confine à la folie. VI Une impression transmise à une cellule sensitive est le plus souvent assez forte pour s’irradier vers les cellules voi- sines ; celles-ci peuvent à leur tour être assez ébranlées pour déterminer des sensations dont nous rapportons l’origine aux extrémités des fibres nerveuses aboutissant à ces cel- lules. C’est en vertu de ce principe que les amputés souf- frent encore du pied quand îls n’ont plus que le moignon de : se : 4) EsqQuiIRoL, t. I, p. 11. — 433 — la cuisse, jusqu'à ce que de nouvelles vibrations attentives les aient habitués à leur nouvelle situation. Mais ces cellules influencées ainsi par sympathie, en même temps qu’elles créent des perceptions annexes, vont déterminer des mouvements également secondaires ; de là ces mouvements réputés inconsidérés ; de là ces expressions si variées de la physionomie, qui amènent involontairement ces mots sur les lèvres : « Comme cet homme 2 l’air dis- trait, comme il paraît absorbé, comme il semble préoccupé! » Je ne m'attarderai pas à vous parler des contorsions des idiots, résultat fatal de la mauvaise conformation de leur cérveau ni de l’agitation des maniaques, qui est en raison de l’incohérence de leurs idées. Sans entrer dans le domaine pathologique de réténtion, nous trouverons assez d'exemples à ssl en nous bor- nant à l’étude physiologique. On n’a pas tort de regarder le travail comme une peine et la distraction comme un plaisir. L’homme attentif, soit qu’il observe, soit qu’il réfléchisse, a le visage sillonné de rides verticales, déterminées au front par le muscle sourcilier ; homme attristé a de même des rides verticales, seulement elles siègent à la région inférieure de la face. Le distrait a, au contraire, la face épanouie et-des'rides transversales plus ac- cusées au niveau du front et des joues ; l’homme gai a des rides également transversales, au niveau de la bouche et du ‘nez. L'homme abstrait marche la tête baissée légèrement et so- lidement fixée ; il s’isole ; le distrait remre la sienne avec ra- pidité, toujours à l'affût d’une sensation nouvelle. Le pre- mier gesticule rarement ou du moins ses gestes sont limités et ont une signification ; le distrait est sans cesse en action et sans que ses mouvements aient une raison d’être. Plus l'attention devient prononcée, plus le corps tout en- tier tend à se replier sur lui-même. Le penseur croise les jambes et les bras : il ramène une main vers le visage ou 28 RU soutient la tête avec ses deux mains. De véritables tics se manifestent en même temps. Alors il avance les lèvres-et sa bouche fait une sorte de moue ou bien il mord la mu- queuse de la joue et sa paupière couvre l’œil presque en entier. Le juge qui écoute une longue plaidoirie ferme même les deux yeux : parfois les intéressés prétendent qu’il dort, les physiologistes aiment mieux croire qu’il réfléchit. Le poète, l’œil ardent, largement ouvert, surexcite son cer- veau en passant activement la main dans sa chevelure; frise sa moustache, et se gratte le nez. Dans un moment de tra- vail fébrile, quel est l’écrivain qui n’a pas rongé ses ongles, mordu l'extrémité de ses doigts, frotté vivement ses mains, fixé vaguement son regard, senti son cœur palpiter et sa respiration augmenter de fréquence ? Chez l’orateur, l’atten- tion peut devenir si active que les gestes arrivent à devan- cer la parole. Chez le petit enfant, elle est souvent tellement vive que la face prend lexpression de l’étonnement, que tout son corps se meut et qu'il pousse des cris stridents. L'homme qui écoute s’empresse de tourner la tête du côté d'où vient le son, l’homme qui regarde se penche en avant. Pour apprécier les données des autres sens nous DOS simplement nous recueillir. Si l'attention s’accentue davantage, alors la ae prend plutôt, par relâchement des muscles, une apparence d’hébétude : la bouche s’entr’ouvre, des paroles ou un sif- flement sortent involontairement de nos lèvres; le bâille- ment survient, et nous pouvons avoir tellement peu cons- cience de nos actes qu’Ampère, certain soir, rentrant par un orage épouvantable et poursuivi, comme d'habitude, par -une équation, coucha tranquillement son parapluie dans son lit et vint se placer dans l’antichambre où sa bonne, en clé- turant l’appartement, le retrouva endormi sur un siège. Un jour — il y a déjà bien loin de ce temps, et pourtant mon oreille gauche en garde encore un cuisant souvenir —-un jour, dis-je, j'avais obtenu de l’excellent maître chez lequel, on à six ans, je commençais l’apprentissage du baccalauréat, la permission de quitter l’école à trois heures, pour faire en famille une petite promenade impatiemment attendue. La seule condition qui me fut imposée, était de contenter le maître d'écriture qui devait donner la leçon. Je me mis à ja tâche avec une véritable fièvre et la calligraphie allait bon train quand tout à coup un rire, un instant partiel et étoufté, _ puis bientôt général et éclatant retentit à mes côtés. Tous les regards se tournaient vers moi : surpris, je sentis la rou- geur me monter au front. Le professeur jugea à propos de m'envoyer entre deux portes attendre ma sentence. On de- yine aisément comment elle fut rendue. J'avais, parait-il, provoqué la gaieté de mes condisciples en fredonnant un joyeux refrain. Eh bien! je le dis en toute franchise, ma conscience d'enfant fut révoltée de cette décision brusque et aveugle du maître, car j'avais la certitude de n’avoir pas même soupçonné que je chantais, mais, au contraire, de m'être donné de tout cœur au travail. Le psychologue avait cru devoir me meurtrir, le physiologiste m'aurait absous. Dans combien de circonstances autrement importantes et souvent même tragiques les mouvements involontaires ne se produisent-ils pas? Nous sommes en ce moment dans un palais où la voix solennelle de la justice s'élève journel- lement. Reconnaissons, à la gloire de notre temps, que la question des responsabilités, loin d’être mise à l’écart, est au contraire de plus en plus étudiée. Le magistrat fait appel, dans la plus large mesure, à la sagacité des hommes dé de l’art; il s’en rapporte à leur décision, et retient le glaive déjà prêt à frapper les accusés, si le médecin vient, la main sur la conscience, lui rappeler cette parole sublime du Christ expirant : « Pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. » VIT Faire naître l'attention est chose bien difficile. Esquirol — 40 — pensait qu’on devait, surtout chez les idiots et les imbéciles, s'attacher à ce seul point. Rappeler l'attention quand la ma- ladie a exercé ses ravages dans le cerveau est chose de “longué patience et de tact extrême de la part des médeciris aliénistes. Les bains, en modifiant l'impressionnabilité des nerfs, les douches sur certains points du crâne, et, par des- sus tout, les occupations qui peuvent produire une diversion aux idées des malades en éloignant leur attention de tout ce qui peut surexciter leur sensorium : tels sont les moyens qu'on utilise le plus ordinairement, moyens irop rarement, hélas ! couronnés de succès. Rendons en passant à César _ce qui lui appartient. Bossuet avait empiriquement trouvé le meilleur remède contre les perturbations qui nous occupent en disant qu’il faut détourner l'attention; car on change le cours d’un fleuve, on ne saurait l'arrêter dans sa marche. C’est pourquoi, au lieu de songer à soigner les maladies de lattention, il est préférable de chercher à la développer, à l’entretenir et à la préserver. Surveillez avec soin les organes des sens de l'enfant. Va- riez ses travaux et même ses récréations. Qu’un long som- meil suspende du moins ses observations puisque ses cellules ‘doivent être encore fatiguées par les rêves. Évitez qu’une impression trop vive ne vienne dissocier, si je puis m'expri- mer ainsi, sa pulpe cérébrale, mais aussi sachez l’accoutumer peu à peu à connaître les objets et à rechercher les causes des phénomènes qui le frappent. Il arrivera à l’adolescence, ‘à la jeunesse et à l’âge mur, bien préparé pour les profes- sions de tous ordres. Il ne sera pas un distrait, il sera un attentif. L’abstraction ne manquera pas de le saisir de temps en temps. Qui de nous n’a jamais senti sa robuste étreinte ? Bienheureux dü moins ceux qui peuvent dans la régularité de leur vie mêler l’utilé à l’agréable, passer à volonté des études arides aux exercices corporels et qui trouvent des périodes de calme et de repos pour permettre à à leur système nerveux de réparer ses forces épuisées! " D Einulation du Doubs, 1824. PL.I. + ! SCHÈMA GÉNÉRAL PU DYSTÈME NERVEUX CENTRAL. % AA Moëlle épinière avec ses | commissures, a B. Region de la protubérance. C. Cervelet, D. Couche optique, Corps strie, EE Substance grise (Corbi- cale) des circonvolutions cérébrales . ä.a Racines antérieures (nerfs moteurs), PPP Racines postérieures (rer fs sensilifs). (Figure empruulee: à Ja Ph ySI0- logie de Kitss et Duval 5) PHÉNOMÈNES DE L'ATTENTION. Ray Hi Soc. d'Emulation du Doubs 1584. ie Anastomoses = à] « Hémisphères cérébraux de cellules nerveuses. Sillons et Circonvolutions. À ( ie ellules sensitives, deal UE CR - Cellules motrices. PAR SN > F4 NÉE \ SN TON NE El ù _ Srrriece sensible. _—— S \ Organés nerveux. Callule motrice. -"C -Sensitive- peripheriques Ù D À Rs ‘OL182/79SMIU 9191 BE É Ë à . s = ARTS EE ———— — <<. _?—-- — = <—" Gr ÿ ÿ ÿ © =2, SAVE" Y Y O => . 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Il ne s’agit donc, je pense, que de diviser tous les degrés descendants du tube de l’Académie en 45 parties, pour faire correspondre chaque division du thermomètre de l’auteur à chaque degré de celui fait sur vos principes; ainsi le terme de la glace ou zéro de ce tube répondra au 31° degré du savant (1). » Partant d’un principe faux, puisqu'il suppose un point fixe au dessous du zéro du thermomètre Réaumur, auquel correspondrait le zéro de celui de des Boz, l’auteur que je cite aboutit à un résultat absolument invraisemblable, et les nombres de de- grés Réaumur qu’il propose comme équivalents des chiffres du Scavant diffèrent beaucoup de ceux qui ont été relevés par lui et par d’autres, aux mêmes époques de lannée. Toutes les températures qu’il indique sont trop basses : per- sonne n'a jamais observé en août, dans la glacière, une température inférieure à zéro ; à l’en croire cependant, celle qui y règnait le 20 de ce mois, en 1726, était de — 7° et le 21, de — 9. J’expose ici dessous, dans un deuxième ta- bleau, les observations de des Boz avec l’essai de concor- dance de de Cossigny. (1) On pourrait peut-être penser d’après cela que le thermomètre em- ployé par des Boz était celui de Fahrenheït connu sans doute à cette époque (La dissertation sur les thermomètres est de 1724), Il n’en est rien cependant, le zéro de Réaumur correspondant à 32° Fahrenheit et la température invariable des caves de l'Observatoire exprimée en degrés Fahrenheit étant de 53° et non de 450 — 481 — "TN ‘OIQUU9AON 97 GT ‘U XI | SIL e1n9139%01 ENDLYUIANAL OZLTSZLT ‘2OŒ SP IN OP SUOUUALSAQ ‘2409119919 = œæ = = [= = = Æl = ET ES “{ug1s809 ep ‘I s21de,p anunvoy op e1n914Qut SUALVUNANAL [| 0110999 ] 9048 oouvpuodso1109 ‘2109139119 ARCALEL CERN Ce tableau nous donne cinq observations pour le mois d'août ; les températures observées alors dans la grotte sont comprises entre 18° et 200 1/2, leur moyenne est de 19° 1/2; d’un autre côté le premier tableau nous présente quatre ob- servations pour ie même mois, relevées également à l’inté- rieur, et la moyenne des chiffres indiqués est de 4°. On pourrait, je crois, considérer les moyennes 19° 1/2 et 1° comme équivalents, et nous aurions ainsi un point précis pour établir la correspondance des deux échelles ; un autre point précis nous est fourni par la température invariable des caves de l'Observatoire, qui est de %,3 R (14, 7 C), et correspond exactement à 45° de l'instrument de des Boz. 91 Dès lors la concordance : serait facile à établir : chaque degré de l'échelle Réaumur: serait - représenté par 3 du thermomètre de des Boz, le zéro correspondrait à 16° 1/2 et toutes les températures observées à l’intérieur de la ca- verne seraient comprises entre — % et — 2%, ce qui se- rait parfaitement conforme aux HAE on = 2 premier ta- bleau. ù + | | Peut-être w'objectera-t-on que cette moyenne de 14° est trop faible pour le mois d'août et purement accidentelle, que l’on a noté 3° en juillet et en septembre, 2 en octobre et que la moyenne de 2° serait plus près de la vérité. Dans ce cas le zéro de Réaumur correspondrait à 13° de des Boz et toutes les températures observées à l’intérieur seraient com- prises entre zéro et + 2° 4/2; si on prenait 3° pour moyenne, le zéro correspondrait à 7° 1/2 et ces températures seraient comprises entre 1° 1/4 et 3° 1/4: Ces hypothèses ne sont pas admissibles, parce que des Boz à sa visite du 12 mars, quand son thermomètre marquait 43°, à vu l'eau qui tombait de la voûte se congeler immédiatement, ce qui serait impos- sible dans les deux cas supposés. Gette moyenne de 1° ne peut être non plus considérée comme trop forte, puisqu’au mois de mai le même investigateur trouva dans la grotte de l’eau, provenant d'une pluie tombée la veille, non encore congelée, quand son thermomètre indiquait 17°. J'ai insisté sur les observations de des Boz pour montrer qu'il ne faut attacher aucune importance aux équivalences proposées par de Cossigny , surtout qu'il ne faut pas les eonsidérer comme constituant une contradiction à ce que je vais exposer; de Cossigny d’ailleurs ne s'était pas fait illusion sur leur valeur, il avait bien reconnu que ses chiffres ne concordaient pas avec les descriptions de des Boz, et que. par exemple quand ce dernier parlait de dégel, son calcul ant indiquait 10° au dessous de zéro. Après tous les détails dans lesquels je viens d’entrer, il m'est possible de formuler quelques indications générales, — 483 — au sujet de la température intérieure de la glacière 4). Ce qui frappe tout d’abord, c’est le peu d’étendue de ses variations comprises seulement entre — 5° et + 3° 1/4 (2), ce dernier chiffre peut même être considéré comme exceptionnel, je l'ai observé en septembre dernier, alors qu'il n’y avait pas en tout un mètre cube de glace dans la caverne. Un autre fait aussi singulier est à noter : c’est que la température s’a- baisse moins à l’intérieur de la grotte qu’à l'extérieur. Oudot, en effet, a observé deux fois à l’intérieur, — 4° 1/2 et — 5°, quand à l’extérieur, le même thermomètre, marquait peu d’instants après — 6° et — ‘7. Quelques observations montrent une variation diurne, de Cossigny l’a constatée en avril et en août, des Boz en août ; les deux investigateurs ont noté un minimum vers huit heures du matin et un maxi- mum vers midi, mais de Cossigny en octobre et des Boz en mai et en novembre, ont vu le thermomètre rester pendant toute la journée au même degré, preuve que les variations diurnes ne sont qu’accidentelles. La marche annuelle de la température intérieure est le phé- nomène le plus intéressant qui ressorte de l’examen des ta- bleaux précédents ; nous voyons qu'elle se maintient au des- sous de zéro jusqu'en avril ou plus exactement peut-être jusqu’à la fin de mars, que le dégel commence à partir de cette époque et se poursuit jusqu’au milieu de novembre, car des Boz indique la même température de 19 pour le 8 de ce mois et pour le 21 août. Il semble en outre, mais ceci nous ne pouvons l’affirmer faute d’un nombre suffisant d’ob- servations, que le minimum de l’année corresponde au mois de janvier, et le maximum au mois de juillet et que la tempé- rature s’abaisse dès les premiers jours d'août. Mais ce que (1) Je ne considère pas ces conclusions comme absolues ; je les donne seulement comme un résumé des observations indiquées dans le premier tableau. (2) À moins d'indications spéciales, toutes les mesures de température se rapportent à l'échelle de Réaumur. — 484 — l'observation montre d’une façon générale, c’est : le peu d’é- tendue des variations de la température et le dégel constant d'avril à novembre (). M. Grenier, en admettant qu’un froid de 15 à 20 degrés au dessous de zéro peut, à certains moments, régner dans la glacière, n’a tenu compte ni des observations précédentes, ni d’une conséquence très importante de sa situation souter- raine. On sait, en effet, que la température varie de moins en moins à mesure que l’on s'enfonce dans l’intérieur de la terre, jusqu'en un point où elle demeure absolument inva- riable, et qu’à partir de ce point elle augmente régulièrement de 1° centigrade par 30 mètres de profondeur. Dans notre ré- gion, le niveau à température fixe est à 28 mètres au des- sous de la surface du sol, et le thermomètre centigrade s’y maintient constamment à 10°. Si donc la glacière, située à 70 mètres de profondeur, était entièrement fermée et sans com- munication aucune avec le dehors, une température de 12 centigrades (10°3 R.) environ règnerait continuellement dans sonintérieur, mais sa large ouverture permet à l’air d'y pénétrer facilement, et comme l’a dit Grenier, l’air froid, poussé par le vent du nord, en y entrant pendant l'hiver gagne le fond et refoule l’air chaud, qui pourrait S'y rencon- trer,vers les parties supérieures, c’est-à-dire vers le som- met de la rampe. L’air peut ainsi se trouver, en arrivant dans la caverne, à — 15° ou — 90° mais il s’échauffe très ra- pidement parce que celle-ci est creusée dans un milieu pos- sédant une température plus élevée, comme un liquide froid s’échauffe quand on le verse dans un vase chaud. Cette cause d’échauffement que Thury avait bien comprise (1), doit (1) Les gelées d’été dont M. Trouillet a montré la possibilité théorique, ne sont qu'un phénomène accidentel et de peu d'importance, la quantité de glace qui en provient est insignifiante eu égard à celle qui se forme pen- dant l'hiver ; et on peut dire que d’une façon générale la glace ne se produit qu’en hiver dans la grotte de Chaux. (Note ajoutée pendant l'impression.) (2) Voy. page 474. — 485 — être ajoutée à celle déjà indiquée par Grenier, et il faut noter en outre qu'elle agit toute l’année, ce qui n’a pas lieu pour le calorique dégagé par la congélation; en été même, son ac- tion se fait sentir à peu près seule, car d’après le principe de la théorie, l’air chaud du dehors ne peut pénétrer dans la grotte. Au nombre des causes capables d’influencer la tempéra- ture intérieure de notre glacière, peut-être convient-il de citer l’air circulant à travers les fissures de la voûte, auquel Pictet attribue un rôle important, comme je lai indiqué précédemment (1). Si je viens seulement en parler mainte- nant, c’est que son influence me semble fort difficile à ap- précier et d’ailleurs peu considérable. [l faudrait avant de prendre pour point de départ de la théorie, l’analogie de ces fissures avec un puits de mine, montrer que cette ana- logie est bien réelle, et une telle démonstration me semble peu facile. Ces fissures de rocher qui conduisent les eaux pluviales dans la grotte, constituent des canaux sinueux à diamètre variable, mais très étroits la plupart du temps, et ne communiquant avec l’atmosphère qu’à travers la couche de terre végétale qui recouvre le sol. Le massif dè rocher qu'ils traversent a 453 mètres d’épaisseur, sa température varie peu jusqu’au voisinage de la surface extérieure et de la voûte de la caverne ; au centre elle doit être voisine de 10 de- grés centigrades, pour les raisons que j'ai exposées déjà. L’air qui remplit ces conduits cireule-t-il réellement? N°’y est-il pas plutôt comme enfermé”? Cette circulation, si elle a lieu, se fait-elle toujours comme l'indique Pictet ? Ne varie-t-elle pas de sens d’un moment à un autre dans la même journée? Autant de questions auxquelles il me semble difficile de ré- pondre, et sur lesquelles, en tout cas, l'observation est muette. Enfin quelle pourrait être l’influence de cet air amené par les canaux étroits qui conduisent l’eau goutte à (4) Voir la théorie de Pictet, page 472, = 486 — goutte? On peut certainement déclarer qu’elle est infime eu égard aux masses qui peuvent pénétrer dans la caverne par sa large ouverture, comparée souvent à une porte de villé. | La glacière, la tradition du moins nous le rapporte, était beaucoup plus brillante autrefois qu’elle ne l’est aujourd’hui ; L’Abbé Ravier (1) parle de montagnes de glace s’élevant jus- qu'à la voûte, Billerez de pyramides de 15 à 30 pieds de haut, et on donne une longueur de 5 à 7 mètres aux co- lonnes enlevées sur les ordres du duc de Lévis en 1727 ; c’est tout au plus si ces dernières dimensions ont été attribuées aux masses glacées qui l’ornaient encore 1l y a peu de temps, par les observateurs de notre époque. La grotte de Chaux cependant n’a subi aucune modification, et 1l serait possible de lui restituer son ancienne splendeur si on vou- lait bien renoncer à l’exploiter au moins pendant quelques années. Plus les blocs sont volumineux moins ils peuvent fondre facilement dans l’atmosphère de la caverne, parce que la surface glacée étant plus étendue, la quantité de chaleur absorbée par la fusion devient plus considérable, il s’en suit comme conséquence un abaissement de température dans le milieu ambiant et une diminution dans Pactivité de la fusion. En respectant soigneusement la glace formée pendant plusieurs hivers, on arrivera à amoindrir l'influence de l’été et de belles aiguilles de glace pourront de nouveau s'élever jusqu’à la voûte. Quelques influences extérieures ont été cependant plus funestes à la glacière que l’exploitation la moins prévoyante. À diverses époques des pluies d'orage extrèmement abon- dantes ont pu pénétrer dans la caverne en ravinant le sol de la rampe d'accès. Cette eau en raison de sa température élevée a déterminé chaque fois la fusion d’une grande quantité de glace. Tout dernièrement, un accident de cette (1) Encyclopédie. édit, de 1777,. = 18 — sorte acheva la ruine des dernières masses glacées, qui subsistaient encore. He PRE La forêt qui recouvre la grotte et ses abords agit d’une façon manifeste sur la conservation de la glace. Celle- -ci fond quand on coupe ses arbres, la tradition le rapporte et . le fait est certain, l’édit de 1658 r atteste et depuis la vérifi- cation en a été faite plusieurs fois; j'ai cité ce qui s’est passé après 4792. Ce phénomène d’ailleurs n est pas spécial à la caverne de Chaux, M. Thury l'indique aussi pour la glacière naturelle de Saint-Georges dans le Jura Suisse. La forêt joue-t-elle le rôle d’un écran, comme tout le monde l’a cru jusqu'ici, ou bien n’a-t-elle qu’une action indirecte en mo- dérant l’arrivée de l’eau à l’intérieur de la grotte et surtout en s’opposant aux ravinements et à l'accès des pluies d'orage, cest ce que de nouvelles études pourront seules démontrer. Un dernier phénomène relaté dans diverses observations, doit encore arrêter notre attention : je veux parler de ce brouillard qui se montre au “dessus de la grotte à certains moments. Peu d’observateurs Pont vu, la plupart cepen- dant l’ont décrit, en parlant d’après les habitants du pays, presque tous s'accordent à dire qu'il remplit la caverne pendant l’hiver et sort par la partie supérieure de l’entrée, sous forme d’une colonne de fumée; M. Ravier dit qu'il ne cesse qu’au mois de juillet; de Cossigny l’a trouvé en août plus apparent qu’en octobre ; Billerez l’a observé dans le courant de septembre ; pour Girod-Chantrans, il ne se pro- duit que par les temps humides ; enfin, l’abbé Boisot consi- dère son apparition comme une indice de pluie infaillible. Il me semble évident d’après cela, que ce brouillard peut se montrer à toutes les époques de l’année et qu’il dépend de conditions encore peu connues. Ce que je viens d'exposer en dernier lieu montre que si nous sommes aujourd’hui bien loin des explications de Poissenot et des hypothèses de Billerez, nous ne connais- — 488 — sons pas encore cependant tout ce que la science peut dire sur la glacière. On sait que la glace s’y forme en hiver aux dépens de l’eau de pluie, qu’elle ne fond pas entièrement en été, et que la principale cause du phénomène est l’orien- tation au nord de son ouverture. Grenier s'inspirant des idées de Deluc, a indiqué comment l’air froid, en raison de sa densité, tend à séjourner dans le fond de la caverne et empêche l’air chaud d'y pénétrer, mais sa théorie n’a pas tout expliqué, quelques faits même semblent prouver qu’elle est trop absolue et demandent de nouvelles obser- vations ei de nouvelles recherches. — 489 — TROISIÈME PARTIE EXPLICATIONS SCIENTIFIQUES Par M. le capitaine TROUILLET, SOMMAIRE. — Opinions scientifiques émises jusqu'à ce jour. — Conditions et équilibre de la colonne d’air dans le couloir de la glacière. — Action de la chaleur centrale. — Circulation de l’air dans le couloir de la grotte; période ouverte et période fermée. — Température de la glacière. — Re- froidissement dù à l’évaporation ; gelées d'été. — Formation de la glace et causes qui peuvent en faire varier la production. — Le dégel dans la glacière. — Influence du déboisement. — Explication du brouillard, — Conclusion. Messieurs, Dans la séance du mois de décembre dernier, M. Albert Girardot vous a donné lecture d’une étude du plus haut in- térêt sur la glacière de Chaux-les-Passavant. Grâce au sa- vant investigateur, vous avez pu suivre les recherches en- treprises depuis deux siècles pour expliquer ce phénomène si curieux de la formation et de la conservation de la glace dans une caverne située à plus de 70 mèt. au-dessous du sol. Il n’est pas un mémoire, pas un résultat d'expérience que notre patient collègue n’ait analysé ou soigneusement consigné, en un mot toutes les pièces du procès ont passé sous vos yeux et ont été résumées par M. Girardot avec une compétence parfaite et une grande sûreté de Jugement scientifique. Toutefois, en terminant, l’auteur du mémoire montre en- core qu’un certain nombre de phénomènes accessoires reste == 00 — encore inexpliqué : tous les doutes ne sont pas éclaircis, la théorie n’a pas dit son dernier mot. Sans avoir la prétention de combler entièrement une pareille lacune, il nous a paru curieux, en présence des matériaux si intéressants accu- mulés par M. Girardot, de chercher à pénétrer plus avant dans l’analyse des faits, pour en déduire une explication scientifique autour de laquelle puissent se grouper les diffé- rentes causes des phénomènes observés. Ce sont les ré- sultats de cette tentative que nous avons l’honneur de vous soumettre. Opinions scientifiques émises jusqu’à ce jour. Résumons tout d’abord les explications qui ont été tentées depuis trois siècles pour rendre compte du curieux phéno- mène qui nous intéresse. En 1557, c’est Bénigne-Poissenot qui décrit la merveil- leuse Mode et n'hésite pas à affirmer que la glace s’y forme en été et y fond en hiver (1). La meilleure raison qu'avait notre licencié aux lois pour conclure d’une façon aussi hâtive, était sans doute tirée de limpression qu'il éprouvait en entrant dans la grotte: c'était généraliser un peu vite l’idée de cause à effet. Cent trente ans plus tard, en 1686, lorsque Boisot, abbé de Saint-Vincent, porte par l'intermédiaire de Dodart, la question devant l'Académie royale des sciences, les faits ne sont pas mieux observés € un jour de grande chaleur, écrit affirmations nous font sourire aujourd'hui: cepen - 1) Ces affirmat font d'I endant les pro grès de la science devraient nous rendre plus philosophes. Tout le monde connait, en effet, l'expérience curieuse qui se répète si facilement dans les cabinets de physique et qui consiste à congeler de l’eau dans un creuset e platine chauffé au rouge blanc, grâce à l’intervention du froid énorme de plat hauffé a ge blanc, g l'int tion du froid m produit par la volatilisation de l’acide sulfureux solide. Ne voit-on pas in- versement dans une autre expérience aussi intéressante, une aspersion d’eau froide provoquer l’ébullition au sein d’une masse d’eau chaude ren- fermée dans un ballon et mélangée avec ‘dé la vapeur ? on « Boïisot, produit plus de glace qu’il ne peut en fondre en &-huit ».. RE : Fi Un demi-siècle après, des Boz, ingénieur du roi, fournit avec quelque exactitude la première observation du phéno- mène : c’est, d’après lui, l’eau des pluies et des neiges qui, filtrant à travers la voûte, vient produire de la glace dans la caverne « en s’y congelant sûrement en toute saison de « l’année que ce soit ». | Quant aux explications scientifiques elles sont défectueuses et tirées de loin : en 1741 pour Billerez, ou pour de Cossigny en 1743, la production de la glace est due à l'intervention d’un mélange réfrigérant. En 1769, Pierre Prévost de Genève voit les choses plus simplement et plus exactement déjà: « le froid, écrit ce « savant, pénètre aisément dans une grotte ouverte, où il se « forme plus de glace en hiver, qu’il ne peut en fondre en & été ». : Malgré les nombreuses observations effectuées par Girod- Chantrans de 1783 à 1810, l’état de la question est resté tel jusqu’en 1822, époque à laquelle Pattention des savants fut attirée par les glacières naturelles des Alpes. Mais pas plus Pictet que Thury, qui écrivit en 1861 une étude sur ces mêmes questions, ne connaissaient pour lavoir visitée notre glacière de Chaux ; de sorte que les explications théoriques présentées par ces physiciens ne peuvent lui être applicables. La seule opinion vraiment nette et scientifique qui ait été fournie jusqu’à présent est, comme l’a montré M. Girardot, celle de Delue qu'il cite d’après Thury et que nous repro- duisons de nouveau : « Lorsque l'hiver survient, écrit Deluc, Pair froid plus « pesant que l’air chaud, descend dans la caverne ; plus « l’hiver est rigoureux plus l’air tend avec force à descendre « dans la cavité et à y rester : les eaux qui s’y rassemblent « y gèlent alors. Quand le printemps et l’été succèdent à « lPhiver, Pair chaud extérieur ne peut aller déloger l'air — 4992 — « glacé du fond à cause de la plus grande pesanteur spéci- « fique de celui-ci, la chaleur ne peut donc se propager que « très lentement. » Voilà un fait acquis et mis tout à fait hors de doute par le physicien genevois : il gèle dans la grotte en hiver, parce que l’air extérieur y pénètre d’autant plus facilement qu’il fait plus froid au dehors : la glace fond peu en été, parce que plus il fait chaud au dehors, plus l'air extérieur s’intro- duit difficilement dans la caverne. Notre but n’est pas de battre en brêche cette théorie, qui rend un compte satisfai- sant de l’ensemble du phénomène, mais bien de chercher à la complèter, en poussant plus loin Panalyse des faits et en fournissant une explication des phénomènes accessoires observés dans la glacière. Conditions d'équilibre de la colonne d'air dans le couloir de la glacière. Tout d’abord nous remarquons que pour Deluc les forces motrices du courant qui renouvelle l’air dans la caverne sont uniquement dues aux variations de la température pen- dant les saisons successives. Or, s’il est vrai qu’en gros les choses se passent ainsi, cela n’est pas tout à fait complet au point de vue théorique. Pour être rigoureux, il faut, dès le début, limiter ses affirmations à la formule suivante : « La « grotte et le couloir qui en forme le vestibule constituent «un vase ouvert à sa partie supérieure et placé obliquement « dans la terre. L'équilibre est rompu dans la masse gazeuse « qui occupe cette capacité, dès que l’air le plus lourd cesse « d’en occuper la partie inférieure : alors un double courant « S’établit et l’air du dehors glisse le long de la rampe, chas- « sant celui du dedans, momentanément plus léger, qui s’é- « chappe par le sommet de la voûte du couloir. » Pour bien saisir le mécanisme de ce phénomène, il suffit de se reporter à cette expérience de physique qui consiste à — 493 — chauffer la partie inférieure d’un large tube placé verticale- ment et rempli d’eau, tenant en suspension Une matière so- lide, de fa sciure de bois par exemple. Dès que l’action de la chaleur se fait sentir, un double courant se manifeste au sein du liquide et l’on voit la sciure de bois monter d’un côté et descendre de l’autre, Cest encore en vertu de mêmes lois physiques, que l’on voit se produire un courant d'air, dès que l’on fait commu- niquer entre elles deux pièces voisines d’un appartement inégalement chauffées. Une lumière promenée le long de la verticale sous la porte dé communication, manifeste l’exis- tence d’une double circulation d'air: le plus frais s’écoule par le bas vers la pièce chaude, et Pair tiède plus léger, se dirige par le haut vers la pièce froide. Dans les expériences qui précèdént, la différence des tem- pératures entre seule en jeu, pour amener une différence dans la densité des fluides mis en communication ; il n’en est pas de même au sein de la masse gazeuse qui emplit le cou- loir et l’intérieur de la grotte de Chaux. On sait, en effet, que le poids d’un litre d’air placé dans des conditions déter- minées dépend non-seulement de sa température mais en- core de la pression barométrique à laquelle il est soumis et de la tension de la vapeur d’eau qu’il renferme () ; or ces éléments variables, température, pression et état hygromé- trique, ne sont pas les mêmes en haut qu’en bas, dans la forêt que sous la voûte de la caverne située à soixante mètres plus bas @). Pour obtenir l’expression mathématique des conditions d’équilibre de la colonne toute entière, il suffit (1) C’est ce qu’exprime la formule de physique : ñ H ouf Di ——— X Hi 1+at 760 A, étant le poids du litre d’air sec à 0e et à la pression 760, et f les 3/8 de la tension de la vapeur d’eau renfermée dans cet air. (2) I y a exactement 59 m. 40 de différence de niveau entre le seuil de la descente et le point le plus bas de la grotte, A — d'écrire que le poids d’un litre d’air pris en haut est inférieur au poids de ce même volume pris en bas (). On trouve ainsi que la différence entre la température in- térieure et la température extérieure n’est pas, comme on pourrait le croire, le seul facteur dont les variations soient à envisager, mais bien qu'il faut encore tenir compte de dèux autres éléments, la pression barométrique et l’état hygro- métrique de l'air du dehors : avant d’aller plus loin, analy- sons successivement le mode d’action de chacune de ces in- fluences motrices. Un premier examen montre immédiatement le rôle que peut jouer la vapeur d’eau. Sa densité est, comme on le sait, plus faible que celle de l'air ; si donc, dans le mélange qui constitue l’air ambiant la proportion d'humidité, c’est- à-dire de l’élément le plus léger, vient à augmenter ou à diminuer, la densité de la masse correspondante diminuera ou augmentera. Or, en bas de la grotte, l’air est toujours saturé au maxi- (1) C'est la condition qu’exprime l'inégalité : HN I Tous 760 H”, t’et f représentant les conditions de l’air dans la grotte. Cette expres- sion peut s'écrire : HET) Etat) (HF) A+ a) Remarquons que #' restant voisin de 2% tant qu'il y a de la glace dans la caverne, f ne peut dépasser les 3/8 de la tension maxima de la vapeur d’eau à 2° c’est-à-dire 20m environ ; et en outre aussi que le sommet de l'ouverture de la grotte étant située à 35 m. plus bas que le seuil de la descente, H° est en permanence supérieur à H de 3nn,3 ; nous trouverons alors que la formule définitive est représentée par : (HP) A+ ot) < (H + 1,3) (À + ai) ou encore par : HP) ÈS AE) EE ct) > 0) Telle est: la formule d'équilibre. Elle exprime une Hoi toujours remplie pour # > #’. £ Été NS Le: r | » “È — 495 — mum puisqu'il reste en contact avec la glace et l’eau d’infil- tration ; par suite il suffit que humidité augmente au dehors pour que les tendances à la rupiure d’ “Aunbre s’accentuent au sein de la colonne. | L'influence de la hauteur barométrique peut également être pressentie a priori. Comme la pression exerce un rôle prépondérant sur la densité de Pair, on conçoit que plus celle-ci est forte, plus la masse est difficile à mettre en mou- vement. L'équilibre de là colonne restera done d'autant plus stable que le baromètre sera plus élevé. Tels sont les résultats que confirme un examen plus ap- profondi de la formule d'équilibre en même temps qu'il met en évidence d’une façon rigoureuse la limite de différence de température qui ne peut être dépassée entre l'air du dedans et celui du dehors, sans que le double courant que nous avons décrit, ne s’établisse et renouvelle l’atmosphère de la grotte (1). | Il ne suffit donc pas, comme on a paru le croire jusqu’à présent, que le thermomètre s’abaisse dans la forêt au- dessous de ta température de la glacière pour que la colonne d'air se mette en mouvement ; il faut encore que cet abais- sement atteigne une certaine valeur, laquelle dépend de la (1) La valeur minima de £ est donnée par la formule établie plus haut: f be Pt FRERE et X F5 — AH + 1,3 dans laquelle le coëfficient de {’, reste, quels que soient H et f, dans les limites normales, très voisin de l'unité à un ou deux centièmes près. On peut l'écrire : es a(H + 1,3) et on à ainsi là vraie formule pratique d'équilibre. Dans les limites normales, f varie de O0 à 2m : à l'altitude 550 m. du seuil de la glacière, H reste compris entre 690mm et 730mm : à, le coëff- crent de dilatation de l’air est 0,0087. En effectuant le calcul, on trouve que t'— b reste compris entre 00,4 et 10,3, NET — 496 — pression barométrique et de l’état hygrométrique de Pair extérieur. Cette valeur est comprise entre 00,4 et 19,3: la première correspond à une pression élevée dans un air sec la seconde à une dépression DAT ONCE au sein d’un at- mosphère saturé. Action de La chaleur centrale. Voilà donc un premier résultat bien acquis : l'air du de- hors, lorsqu'il n’est pas poussé par le vent, ne pénètre pas dans la glacière sans refroidir celui du dedans de 0,4 au moins, de 1°,3 au plus; d’ailleurs l’isolement entre la ca- verne et l’extérieur se maintient aussi longtemps que sont réalisées ces différences de température. D’après cela, si aucune cause intérieure ne venait échauffer l’air de la grotte, le froid le plus rigoureux y règnerait en permanence. Mais il n’en est pas ainsi, et sans parler du réchauffement exté- rieur par rayonnement et par conductibilité, qui est très- faible, comme nous le verrons plus loin, les parois de la grotte constituent une source permanente de chaleur dont nous allons expliquer l’origine. On sait qu’il existe dans chaque lieu de la terre, à une distance de la surface d'autant moindre que le climat de la contrée est moins variable, une couche dont la température est constante et égale à la moyenne annuelle du lieu. Une fois cette couche atteinte, si lon s'enfonce dans le sol on trouvera des températures de plus en plus élevées, laug- mentation constatée étant d’à peu près un degré centigrade pour 30 m. de profondeur. Dans notre région, on relève d’une façon constante la température de 10° à environ 28 m. de profondeur, de sorte qu’au niveau du fond de la glacière, à 70 m. au-dessous de la forêt de Chaux (), le thermomètre (1) La différence de niveau exacte entre le point le plus bas de la glacière et le point du sol situé au dessus du centre de la grotte est de 72 mètres. — 191 — marque en toute saison à peu près 12° centigrades. Telle est la puissance de la source de chaleur qui agit pour réchauffer en permanence les parois de la grotte ; cette température invariable de 12° est celle qui s’établirait au bout d’un cer- tain temps dans la caverne, si l’on venait à en fermer l’ou- verture. Plus loin à propos de l’étude du dégel dans la glacière, nous aurons l’occasion de revenir sur l’action de la chaleur centrale et nous essaierons d'en mesurer les effets avec quelque précision. Pour le moment nous envisagerons cette source de calorique seulement au point de vue de son in- fluence sur le mouvement oscillatoire de la colonne d'air qui se trouve placée comme une vraie soupape contre lou- verture de la grotte pour en régler le débouché. Circulation de l’air dans le couloir de la grotte. Période ouverte, période fermée. On sait que l’air ambiant n’est réellement jamais en repos, même pendant le calme apparent le plus complet : les diffé- rences de température qui se manifestent dans son sein, soit par le rayonnement du soleil, soit par celui des objets placés sur le sol, soit enfin par les variations survenues dans l'intensité de l’évaporation superficielle, entraînent des dé- placements d'air continus dirigés le plus généralement sui- vant la verticale. Dans le milieu formé par le vestibule de la grotte et cette enceinte elle-même, les mouvements de l'air s'effectuent toujours de la même manière réglée par la forme du couloir. Comme nous l’avons expliqué au début, la moindre différence survenue dans la densité entraîne un glissement moléculaire au sein des couches gazeuses qui viennent se placer dans un nouvel ordre; tant que l’équi- libre n’est pas de nouveau réalisé, la circulation de Pair per- siste sur tout le contour d’une boucle a peu près fermée qui s’allonge d'autant plus loin dans l’intérieur du couloir que 32 98 — la cause motrice déterminante s’est montrée plus puissante. À mesure que la différence des températures entre linté- rieur et l’extérieur de la grotte se rapproche de la limite que nous avons déterminée, ce courant circulaire s’avance de plus en plus vers le seuil, en intéressant une masse d’air de plus en plus considérable. Enfin dès que la limite est fran- chie tout l’atmosphère de la glacière participe au mouve- ment et l’air du dedans est remplacé successivement par celui venu du dehors. Alors les conditions de température de pression et d’hu- midité du nouvel arrivant ne sont plus les mêmes que pré- cédemment, elles se rapprochent des valeurs d’équihibre. D'où résulte d’abord un ralentissement dans la vitesse du double courant, qui peu à peu intéresse des couches moins profondes ; puis le calme se rétablit dans la grotte et suc- cessivement ensuite à tous les étages de la descente. C'est à ce moment qu'intervient l'influence de la chaleur centrale : les parois de la grotte ne se trouvant plus en équi- libre de température avec l’air ambiant lui cèdent du calo- rique. Au nouvel échauffement succède alors une nouvelle rupture d'équilibre et par suite un nouvel appel de l’air ex- térieur : puis la même série de phénomènes se reproduit dans le même ordre. Cest ainsi que les choses se passent dans la grotte de Chaux pendant la période à laquelle nous donnerons le nom de période ouverte, à cause du facile accès que pré- sente à ce moment l'ouverture de la glacière à l'air exté- rieur. Elle règne quand au dehors la température est plus basse que dans la caverne : c’est pendant la saison iroide, depuis les derniers jours d’octobre jusqu’au milieu du mois de mai; à ces époques de l’année, il se passe peu de jours qu'une partie au moins de l’air de la grotte ne soit remplacé par de Pair plus froid. Pendant les saisons chaudes ou tempérées, les plus basses températures de la nuit n’atteignent pas au dehors 00,4 — 499 — au dessous de celle qui règne dans la glacière, aussi, n’existe-t-il plus de communication directe et immédiate entre l’atmosphère extérieure et celle de la grotte : c’est la période fermée. Chaque matin il s'établit entre les couches superficielles dans la forêt, et celles moins refroidies par le rayonnement nocturne sur les premières marches de la des- cente, un courant circulaire dont la boucle est dirigée vers le bas ; de même l'air échauffé dans la caverne par l’action de la chaleur centrale, s’échappe en partie par le sommet de la voûte produisant un courant circulaire dirigé vers le haut. Mais ces deux circuits, qui peuvent se rapprocher plus ou moins suivant la saison, ne parviennent à se souder entre eux que si la différence de température entre l’extérieur et l’intérieur devient celle que nous avons calculée. De sorte que le volume d’air en mouvement pendant la période fermée, entre le fond de la caverne et le couloir, reste à peu près constant pour une température déterminée dans la grotte. Deux diagrammes placés à la fin du mémoire, figurent les deux phases de la circulation de l'air dans le couloir de la glacière. Le premier s’applique à la période ouverte, un grand courant met le fond de la grotte en communication avec l'extérieur. Le second résume le phénomène pendant la période fermée : il montre comment les couches d’air dont la température est comprise entre le minimum extérieur et le maximum intérieur sont maintenues en dehors du mouve- ment. Un chiffre inscrit sur chaque tranche, indique sa tem- pérature : celles-ci sont supposées placées dans leur ordre de superposition naturel en admettant que les températures de léquilibre théorique qui succéderait au mouvement si les causes motrices cessaient d'agir, soient respectivement de 15° pour l’extérieur et de 0° pour l’intérieur. — 500 — Température de la glacière. Avant d'aller plus loin, il semble nécessaire de bien s’en- tendre sur la signification de l’expression « température de la glacière. » Rien, en effet, n’est plus difficile à définir, parce que rien n’est plus difficile à observer avec exacti- tude. Pendant la période fermée, alors qu'il existe un cer- tan équihbre et un calme apparent absolu, un thermomètre déplacé dans la grotte offre des lectures différentes de plu- sieurs degrés. Entre les parois, centres de production du calorique, et le massif de glace centre de consommation au contact duquel règne en permanence la température de Op, il existe en effet un échange constant de chaleur, soit par le rayonnement direct, soit par le transport des courants molé- culaires, de sorte qu’un thermomètre placé sur le sol marque uniformément zéro ; appuyé au roc il reste sta- tionnaire à 2 ou 3°; suspendu dans l’intervalle, ses indi- cations varient entre les limites précédentes suivant sa hau- teur, sa distance aux parois et l’abri qu’il reçoit coutre le rayonnement de l’enceinte. Durant la période ouverte, FPin- certitude est plus grande encore: pour un même point la température est variable à chaque instant suivant que la soupape est ouverte ou fermée. L'expression de «température de la glacière » n'offre donc un sens bien précis que si l’on fixe à la fois le point etle mo- ment où l’observation doit être faite. Nous continuerons néanmoins à l’employer en y attachant le sens de température moyenne, et nous entendrons par là cette température théo- rique qui entre en composition avec celle du dehors pour ré- gler le mouvement alternatif de l'air dans le couloir de la grotte. | Des considérations qui précédent, il est une conclusion im- médiate à tirer, c’est qu’on ne peut faire grand fonds, au point de vue scientifique sur les observations de température effec- 1404 — 501 — tuées depuis longtemps dans la glacière et dont les résultats ont été conservés, puisque nous ignorons tout à fait la posi- tion donnée aux appareils par les différents visiteurs. D’ail- leurs on sait aujourd’hui de quelles difficultés sont entourées les observations précises. Un thermomètre neuf bien gradué peut offrir dix ans après sa construction un déplacement de plusieurs degrés dans son échelle. D'autre part, pour étudier la température d’un milieu d'aussi faible chaleur spécifique que l’air et aussi dénué de pouvoir conducteur, il faut des ex- périences répétées et longtemps prolongées ; un thermomètre un peu sensible emploie près d’une heure pour se mettre en équilibre de température avec la glacière : encore modifie- t-on ses indications aussitôt qu'on s'approche d’un peu près pour lire les divisions, celles-ci n'étant visibles qu’en por- tant l'instrument au jour ou en léclairant directement. Au point de vue expérimental, nos notions paraissent donc bien incertaines ; toutelois il semble facile de pressentir, d’a- près la théorie, les oscillations de la température moyenne dans la grotte de Chaux. Durant la période fermée, celle-ci atteint son maximum lorsque le courant ascendant a le moins d'amplitude, c’est-à- dire pendant les journées les plus chaudes : toutefois ce ma- ximum ne peut dépasser beaucoup la plus basse température observée au dehors sans quoi la soupape aurait fonctionné dans l'intervalle. Quand au minimum il est atteint à zéro, lorsque toute la chaleur dégagée par les parois est employée pour la fusion de la glace. Entre les deux limites, la tempé- rature de la grotte sera d'autant plus élevée que la quantité de glace renfermée sera plus faible. Nous avons désigné sous le nom de période ouverte celle qui règne lorsque la colonne d'air renfermée dans le couloir de la glacière se trouve en équilibre instable : il en est ainsi quand au dehors la température descend chaque jour au-des- sous de celle de la grotte. Nous savons qu'à la suite de chaque refroidissement extérieur, la soupape s'ouvre devant l'entrée — 902 — de la caverne pour y laisser pénétrer l’air du dehors jusqu’à ce que la différence de température entre les deux atmos- phères soit ramenée à 0°, 4 au moins et à 1°, 3 au plus. Nous possédons ainsi tous les éléments pour formuler la loi des variations de température pendant cette durée comme il suit : « Dans l’intérieur de la glacière, la température reste, pendant la période fermée, égale ou supérieure, à chaque instant, au dernier minimum observé à l’extérieur, augmenté d’une quantité variable de 0°, 4 à 1°, 3 suivant la hauteur du baromètre et l’état hygrométrique de l’air au dehors. » Nous disons « ou supérieure » parce que dans l'intervalle de deux mimimum extérieurs consécutifs, le réchauffement du à la chaleur centrale, a pour effet de relever la température dans l’intérieur de la grotte. Ainsi l'hiver se fait sentir, à quelques fractions de degré près, avec la même rigueur au fond de la glacière que sur le plateau supérieur; toutefois nous allons montrer comment, dans certaines circonstances déterminées, une cause intense de refroidissement intervient pour exercer ses effets en toute saison sous la voûte de la caverne. Refroidissement dû à l’évaporation. Gelées d'été. Nous avons précédemment montré comment l’air de la grotte, sans cesse en contact avec la glace et l’eau d’infiltra- tion qui en tapisse les parois, reste continuellement saturé d'humidité. Si par suite d’une cause quelconque, une portion de cet air saturé vient à être remplacé par un égal volume d'air sec, ce dernier ne tardera pas à se saturer lui-même, provoquant pour cela une évaporation spéciale au sein du mi- lieu qui entoure. Or, l’eau, se transformant en vapeur con- somme une quantité de chaleur considérable : il en faut au- tant pour vaporiser un kilog. d’eau à 0° qu'il en faudrait pour élever de 1° la température de 606 kilog. d’eau (1) ou pour (4) On appelle calorie la quantité de chaleur nécessaire pour élever de — 503 — fondre 76 kilog. de glace (1). Pour fixer les idées considérons un mèêtre cube d’air sec pénétrant dans la glacière avec la température de + 2%. Le poids de vapeur d’eau nécessaire à la saturation d’un pareil volume est à cette température et sous la pression barométrique moyenne, d'environ 6 grammes (2). Or, pour vaporiser 6 grammes d’eau il faut au- tant de chaleur que pour fondre 456 grammes de glace. Comme cette chaleur ne peut être empruntée qu’au milieu | même où se produit l’évaporation, et dans ce milieu, à la ma- tière la plus propre à en faire une cession immédiate, c’est- à-dire à l’eau, il en résulte que chaque mètre cube d’air pénétrant dans la glacière amènera indirectement la congéla- üon de 0 kilog. 456 d’eau. : Veut-on se représenter autrement ce résuntate Pour vapo- riser 6 grammes d’eau il faut trouver 3, 63 calories : si cette chaleur est fournie par l’air sec lui-même, le mètre cube se refroidissant de 1° par chaque quantité de 0, 31 centièmes de calories qui lui est empruntée (3) devra perdre 11° pour don- ner les 3, 63 calories demandées. Si donc le volume d’air sec introduit est la onzième partie de celui de la grotte, la température baissera de 1° par le fait seul de l’évaporation Oo à 10 la température de 1 kilog. d’eau. D’après Regnaull, la vaporisation de À kilog. d'eau absorbe un nombre de calories n donné par la formule n —= 606,5 — 0,695 f, £ étant la température à laquelle s'effectue la vapori- sation. (4) La chaleur latente de fusion de la glace est représentée par le nombre 79, 25, c’est-à-dire que pour transformer 1 kilog. de glace à 0° en un kilog, d'eau à la même température il faut lui fournir 79, % calories. (2) La formule qui donne le poids d'un mètre cube de vapeur d’eau à la température de 2 et sous la pression 710, qui est la moyenne de Chaux, se représente ainsi : __ 19,29 X 0,622 X 5un,5 (4 + 2a) X 710 (3) La chaleur spécifique de l’air est d'environ 0, 24 ce qui signifie que pour abaisser de 1° la température d’un kilog. d'air il faut absorber 0, 24 calories. Or, un mètre cube d'air pesant 1 kilog. 3, il faut pour le refroidir de 1° Jui empr unter 0,24 X 1.3 calories, c'est-à-dire 0, 31 de calories. — 0915. — 904 — nécessaire à la saturation de cet air. Autrement dit, un ther- momètre placé dans la glacière baissera d'autant de fois 1° que la masse d’air introduite représentera de fois la onzième partie de la capacité de la caverne. Une conséquence immédiate de ce résultat c’est qu'il peut geler dans la glacière en toute saison. Supposons, en effet, que l’air extérieur soit sec : c’est là une condition qui se trouve réalisée dans nos climats précisément quand un abais- sement brusque se produit dans la température extérieure et lorsqu’aux brises tièdes et humides d’entre sud et ouest, suc- cèdent les vents du nord-est toujours secs. Or, si l’on re- marque l’orientement du couloir e* de la grotte, qui sont di- rigés vers le nord, on verra avec quelle facilité ces vents peuvent souffler jusqu'au fond de la glacière et en chasser l’air humide qu’elle renferme. De là, production d’un abais- sement de température considérable qui peut sûrement pro- duire la gelée en toute saison. Car, même en plein été, la bise du nord soufflant au lever du soleil sur les plateaux élevés du Jura (), ne possède pas une température supérieure à 10e ; et nous avons vu que le remplacement de tout le volume d’air contenu dans la grotte par de l’air sec venant du dehors, produit un abaissement de température de 44°. Pendant la période fermée l’action du vent est seule ca- pable d'introduire l’air extérieur et de causer ainsi le refroi- dissement intense dont nous venons d'analyser les causes. Mais durant ia période ouverte, il n'en est plus ainsi et à chaque moment, par le simple jeu des forces que nous avons étudiées, l'air peut se trouver amené dans la grotte, sec où même incomplétement humide comme c’est le cas général ; alors se produit un redoublèment dans l’action du froid et par là le minimum intérieur peut descendre beaucoup plus bas que le minimum extérieur. C’est ainsi, par les brises (i) L’altitude de la forêt de Chaux est d'environ 570 mèt. au dessus du niveau de la mer. Ag a AL — 505 — sèches de la fin de lautomne ou du commencement du primptemps, que la période de gelée peut, dans la glacière, _ devancer et prolonger les effets de l’hiver. Formation de la glace et causes qui peuvent en faire varier la production. Pour faire de la glace, il faut du froid et de l’eau. Nous ve- nons de voir comment le premier élément s’introduit, s’éla- bore même dans la grotte de Chaux, cette espèce de cave si _ profondément enfoncée qu’elle pouvait sembler soustraite aux variations de la température extérieure. Il nous reste à montrer d’où vient l’eau, cet autre agent non moins indis- pensable et généralement plus rare que le premier. Lorsque la surtace du terrain présente une déclivité moyenne et n'offre pas une pente trop unie, les eaux prove- nant de la pluie ou de la fonte des neiges séjournent à l’en- droit où elles tombent : une partie s’évapore, une autre est absorbée par les racines pour la nourriture des végétaux, le reste s'écoule à travers les fissures du sol et continue son chemin souterrain jusqu’à la source voisine. Les eaux qui se rassemblent dans la glacière n’ont pas d'autre origine que ces infiltrations : il convient toutefois de remarquer que la pénétration s'effectue de deux manières distinctes. En observant la voûte de la caverne, on remarque d’abord une série de points où les gouttes d’eau s’accu- mulent plus particulièrement avant de tomber sur le sol, ce sout de véritables gouttières dont le régime est à peu près constant mais dont le rapport est relativement faible. Puis à droite on aperçoit une crevasse large de plusieurs mètres et prolongée sur toute la naissance de la voûte : le flanc verti- cal de cette grande fissure constitue un plan de sumtement par lequel s’échappe parfois une véritable nappe d'eau. Pour que la glace se produise en abondance dans la grotte de Chaux, il suffit donc que les infiltrations se montrent — 506 — d'autant plus abondantes que le froid y sévit avec plus d’in- tensité. Ainsi la glacière sera prospère, non seulement si l’année est pluvieuse, mais encore si les pluies sont abon- dantes dans la période qui précède ou qui accompagne la saison rigoureuse. Mais au contraire, si la sècheresse sévit en automne et en hiver pour se prolonger jusqu’au milieu du printemps, la glacière restera presque stérile malgré les froids les plus vifs et les plus continus. [1 en sera de même encore si les périodes de refroidissement suivent de trop loin les périodes pluvieuses, car alors les eaux d'infiltration tombées dans la grotte trouvant un sous-sol perméable, se seront écoulées avant d’être congelées. Les habitants du pays, intéressés à développer l'attrait naturel de la glacière pour attirer les visiteurs n’ont pas manqué d'observer combien il importait de prolonger le sé- jour des eaux d'infiltration dans la grotte. De là un procédé arüficiel très-employé pour augmenter la quantité de glace produite, tout en préparant à celle-ci un arrangement pitto- resque. Il consiste à disposer des fagots, des pièces de bois enchevêtrées, des bottes de paille, de manière à augmenter la surface offerte à l’eau qui tombe de la voûte. De cette façon la durée du contact avec l’air frais est prolongée, l’é- vaporation favorisée et par suite les chances de congélation augmentées. Le dégel dans la glucière. Après avoir examiné comment la glace se forme dans la glacière de Chaux et quelles conditions interviennent pour en augmenter la production, il nous reste à étudier les cir- constances qui influent sur sa conservation plus ou moins parfaite durant la saison chaude. Pendant la période fermée, qui règne depuis la fin d'avril jusqu’au milieu du mois d'octobre, l'air extérieur, nous l’a- vons vu, ne peut pénétrer dans la grotte autrement que par l’action mécanique du vent. Or le couloir et l'ouverture de la — 507 — caverne ont, à quelques degrés près, la direction du nord); les vents qui soufflent de ce côté sont donc les seuls qui puissent amener un renouvellement dans la masse d'air in- térieure. Or nous avons expliqué comment ces vents tou- jours frais et généralement secs, avaient le plus souvent pour effet, d'amener une période de gelée même en été dans la glacière. D'autre part il semble que le rayonnement soit impuissant à transmettre dans la grotte une portion sensible de la chaleur du dehors. On sait, en effet que la transparence de l'air pour la chaleur est três-inégale suivant la source dont elle émane. Ainsi, celle du soleil, qui traverse l'atmosphère dans la proportion de quatre à cinq dixièmes, se transforme au contact des corps et devient moins habile à circuler en- suite dans l’espace, de façon que le dixième à peine du ca- lorique reçu par la terre peut s'échapper par rayonnement à travers l'enveloppe atmosphérique qui nous environne. Si, en outre, on fait entrer en ligne de compte la faible diather- manéité de l’air humide (2) et aussi le pouvoir absorbant des parois du roc et du sol de la descente qui forment les sur- faces réfléchissantes successives, on verra combien doit être faible le réchauffement de la grotte par l'effet du rayonne- ment. Reste encore la possibilité apparente d’un échange de chaleur entre le dedans et le dehors par la conductibilité au sein de la colonne d’air, condamnée à l’immobilité, qui ferme l’entrée de la caverne. Or, dans les gaz, c’est uniquement (1) L’axe de la descente est indiqué par une ligne légèrement arquée dont la concavité est tournée vers le sud-est : la flèche de cette courbure est d'environ 8 m. et la corde fait exactement un angle de 13 avec la ligne nord-sud. Les vents qui pénètrent le plus directement dans la glacière sont donc ceux qui soufflent du N. N.-E. (2) D’après les expériences de Tyndall, la vapeur d’eau serait heau- coup moins transparente pour la chaleur et la lumière que ne le sont l’azote et l'oxygène. = 508 — par les courants moléculaires que la chaleur communiquée se transmet à la masse. Les expériences tentées pour com- parer les pouvoirs conducteurs des différents gaz ont prouvé que la chaleur se transmet mieux dans le vide qu’à travers le plus grand nombre d’entre eux (. Quelle que soit donc la différence de température entre la forêt et la glacière, il n’y à pas de transmission appréciable de chaleur possible entre les deux milieux. Par suite si des sources intérieures de chaleur n’intervenainent à chaque ins- tant pour fournir l'énorme quantité de calorique nécessaire à sa transformation en eau, la glace persisterait indéfiniment dans la grotte. ._ Ces sources sont au nombre de deux; la première, dont le débit est constant trouve son origine dans le réservoir cen- tral du globe : nous avons déjà étudié quelques-uns de ses effets. La seconde, réside dans lapport de calorique dû aux eaux d'infiltration qui pénètrent dans la caverne sous un vo- lume d'autant plus considérable que les pluies d’été sont plus fréquentes et plus abondantes. Nous allons essayer d’é- valuer successivement la puissance de chacun de ces deux modes de réchauffement. En utilisant le résultat des recherches théoriques de Du- long et des expériences de Péclet sur la conductibilité inté- rieure des corps solides, nous avons pu mettre en lumière les trois résultats suivants, dont l'exactitude est rigoureuse tant qu'il règne dans la glacière une température constante résultant de l’équilibre entre Ia production et la consomma- tion de chaleur (). (1) Sauf l'hydrogène qui, seul paraisse pourvu de quelque conduetibi- lité, tous les autres gaz manifestent un pouvoir absorbant supérieur à celui de leur pouvoir conducteur. (Expériences de M. Magnus.— Annales de chimie et de physique. 3° série, t. LXI, p. 370.) (2) Désignons par a et b les températures invariables de deux milieux À et B d’étendue illimitée, séparés par une tranche M à faces parallèles d’é- paisseur æ, d’une substance de densité D, dont la capacité calorique est C. — 509 — 19 La température des couches rocheuses successives pa- rallèles à la paroi de la grotte, augmente proportionnellement à leur distance de cette paroi. 1° L'analyse du phénomène de la propagation de la chaleur montre que l’état des températures reste stationnaire au sein de cette tranche orsqu'on à : u désignant la température du plan situé à une distance z de la face À. (Cours de physique de Verdet, 1. Il, p. 48%). Cette formule s'applique sans restriction au Cas qui nous irtéresse en considérant le milieu À comme celui qui serait soumis à l'action continue de la chaleur centrale, le milieu B comme la grotte elle-mâme, soumise au refroidissement con- tinu causé par l'absorption de la fusion de la glace, ces deux milieux res- tant séparés par une couche de roc à faces parallèles. Nous voyons ainsi que les températures des diverses tranches décroissent proportionnellement à leur distance du milieu le plus chaud. 20 La couche M peut dès lors se diviser en 4 — b, tranches égales, au sein desquelles la température décroit successivement de un degré à me- sure que l’on passe de l’une à la suivante. L’épaisseur Y de chacune de ces tranches, qui ne dépend que de la constitution physique du corps M, est facile à calculer en remarquant qu'une fois l’état stationnaire établi entre A, M et B, le flux de chaleur devient uniforme ; la quantité g de cette cha- leur qui pendant l’unité de temps traverse l'unité de surface, d’une couche quelconque de M est exprimée par la formule : — b = \K és (Loc. cit., page 486) qui devient pour une des tranches isolées 1 en désignant par K le coëfficient de conductibilité intérieure du milieu W, c'est-à-dire la quantité de chaleur qui, pendant l'unité de temps, traverse l'unité d'épaisseur de la couche M. Mais d’autre part cette chaleur est toute entière employée à maintenir la tranche considérée à une température supérieure de 1° à celle de la voisine, donc on a l'équation : SE Te q=GXx er d'où l’on déduit : KA fn 1 =VÆ et æ—(a—b) Vies — 510 — 20 Le maximum de 12, température du sous-sol à la pro- fondeur de la glacière se trouve atteint à une distance de l'enveloppe qui varie de 18 à 24 mètres quand la tempéra- ture de la caverne reste comprise entre 3° et zéro. 30 Chaque mètre carré de la paroi agit comme une source constante de chaleur, dont le débit est d'environ une calorie par heure, quelle que soit la température dans la gla- cière. D’après ce qui précède, en évaluant à 2.500 mètres carrés la surface active (1) totale des parois de la grotte, ce qui est à peu près exact, la puissance du réchauffement par la chaleur centrale serait de 2500 calories par heure. Si la transmis- Péclet a trouvé pour K dans le roc calcaire une valeur d'environ 9, l’u- nité de temps étant l’heure et l’unité de longueur le mètre. D'autre part on a G = 0.21 et D = 2. 6; on en déduit pour le cas qui nous intéresse la valeur suivante en nombre rond : æ = (a —b) on trouve, pour a = 12% et b variant entre Ov et 3, que x reste compris entre 10 et 2% mètres. 30 La valeur de æ étant connue, on en déduit celle de q par la formule : a — b — b qg = K = Hit Rae =\/c0x . CEDIVES L'applieation au cas de la glacière donne g = ÿ 2 X 0, 2 X 2,5 —1c,0 environ. Chaque mètre carré de la paroi, constitue donc, une fois l’équilibre des températures établi, une source calorifique de une calorie par heure, et cela quelle que soit la température d’équilibre observée dans la glacière. Un pareil résultat semble paradoxal au premier abord, puisque pour une source déterminée il met en évidence un rendement indépendant de la puissance de la source : mais il ne faut pas oublier que, dans tout ce qui précède nous avons supposé la température d’équilibre réalisée et c’est sur l'établissement de cette température d'équilibre que porte la puissance de chaleur centrale, source dont il s’agit ici. (1) Nous sur par surface active celle d’où émane la chaleur trans- mise à l’air et nous verrons plus loin que le cintre de la voûte n’est pas dans ce cas. — li — sion en était intégrale et immédiate au massif glacé, celui-ci 2500 19:20 de cette façon, la température ne s’élèverait pas dans la gla- cière et resterait constamment égale à zéro pendant toute la période fermée. Mais il n’en est pas ainsi, car la chaleur dé- gagée par les parois est de telle nature qu’elle se trouve, comme nous l’avons vu, presque absolument impuissante à se transmettre à travers l’air saturé d'humidité, aussi bien par rayonnement que par conductibilité. Son rôle se borne à produire au sein de la masse gazeuse une série de mouve- ments moléculaires, à la suite desquels l'air, échauffé d’abord au contact du roc sur tout le pourtour, s'élève au sommet de la voûte ; puis il se trouve entraîné dans le courant général qui le porte, comme nous l’avons vu précédemment, soit au dehors, soit plus ou moins haut, dans le couloir, suivant l'élévation de la température extérieure, pour le ramener ensuite, dans sa boucle descendante refroidie vers le centre de la grotte. Il est difficile de se rendre un compte exact de la propor- tion du calorique empruntée à la source intérieure qui rentre dans la glacière après avoir ainsi circulé au dehors et ré- chauffé les parois du couloir et du sol de la descente; elle est évidemment d'autant plus faible que le circuit a plus d’am- plitude et entraine avec lui un volume d’air plus considé- rable. Tout ce que nous pouvons affirmer, c’est qu'elle est nulle vers la fin de la période fermée et qu'elle est maxima pendant les journées les plus chaudes de l'été, lorsque la boucle du courant ascendant dépasse à peine l'ouverture de la grotte. Pour fixer les idées, admettons qu’en moyenne pendant la saison chaude, le tiers de la chaleur fournie par les parois soit utilisé dans la glacière, 1l disparaîtra chaque jour environ 250 kilog. de glace. Cette manière d'envisager la transmission du calorique à se fondrait à raison de ou 31 kilog. environ par heure; — 519 — travers l’atmosphère de la glacière, permet de se rendre compte de l'élévation qui se manifeste dans la température intérieure lorsque la glace diminue. Alors, en effet, la branche du courant descendant qui s’étale sur le massif glacé ne subit plus un refroidissement aussi complet : l’ensemble du courant devenu plus chaud relève la température moyenne du milieu en même temps qu'il acquiert lui-même une plus grande amplitude et va porter plus haut dans le couloir une portion du calorique élaboré dans la grotte. L’excès de cha- leur non utilisé pour la fusion de la glace, se partage donc en deux portions : la première, utilisée au dedans, abrège la du- rée de la période fermée en réchauffant l’intérieur de la gla- cière : la seconde, en se dissipant au dehors, n’augmente pas la proportion de glace fondue. Il s'établit ainsi une espèce de compensation naturelle entre les forces auxquelles la glace se trouve soumise : la puissance relative de fusion diminue au fur et à mesure qu'il reste moins de la matière à fondre et la période de gelée s’ouvre d'autant plus précoce qu'il reste moins de glace dans la caverne. C’est ici l’occasion de faire remarquer combien, pour les mêmes variations de température, le dégel exerce son action d’une façon moins active que la gelée. L'air, véhicule du froid, se réchauffe aux dépens de l’eau qu’il congèle, devient plus léger, monte et fait place à de nouvelles couches plus froides : la gelée se continue. Au contraire, Pair tiède se re- froidit au contact de la glace en fusion, il devient plus lourd et reste en place : le dégel s'arrête. Il est une dernière cause de réchauffement dans la glacière, parfois plus énergique que celle dont nous venons de donner une analyse, quoique moins constante dans ses effets ; elle est due à l’apport de chaleur par les eaux pluviales qui pé- nètrent dans la grotte. Nous avons montré comment cette infiltration s'effectue de deux manières distinctes, soit par les gouttières de la voûte, soit par le suintement plus abondant de la crevasse la- PEL PIRN EE De PART ESS TE —) M3 — térale. L'expérience nous a prouvé qu’à la suite d’une chute de pluie un peu notable, la température de l’eau provenant de ces deux modes d'écoulement n’est pas la même : dans ces circonstances les goûtelettes tombées de la voute possèdent une température inférieure de un ou deux degrés au moins, à celle des infiltrations de la crevasse ; en temps de séche- _resse, cette différence n’est pas appréciable. Nous avons été conduits dès lors, à nous demander si les deux sources n'avaient pas une origine différente ; c’est la prévision qu'ont confirmée l'examen du terrain et les me- _sures géométriques auxquelles nous nous sommes livrés. Les gouttelettes de la voûte proviennent uniquement de Pinfiltration directe de la pluie qui tombe sur la portion de forêt située immédiatement au-dessus de la grotte ; les eaux de la crevasse se rassemblent ailleurs. Il existe en ef- _fet à une trentaine de mètres du flanc droit de la caverne prolongé verticalement, une dépression du sol de la forêt, placée sur une ligne de fracture dont la fissure de la voûte n’est que le prolongement (1); cette dépression réunit les eaux qui tombent sur une surface environnante d'un hec- tare environ et forme le réservoir où s’alimente, au moment d’une pluie abondante, la nappe qui s'écoule à travers la crevasse de la glacière. C’est ainsi qu’à la suite de grands orages d'été on a vu la grotte subitement envahie par les eaux, qui, ne trouvant pas un écoulement suffisant dans le sous-sol, s’accumulaient dans la grotte, formant une nappe de plusieurs pieds de profondeur. On mnagine facilement quelle action destructive peut avoir sur la glace une pareille masse liquide dont la température est à peine inférieure de quelques degrés à celle de la pluie d’orage (2). (1) La petite caverne située au-dessus de la glacière et qui à servi de re- fuge aux habitants en 1636, ferait partie d’une fracture parallèle et presque iointive avec celle-ci. (2) En 1884, pendant l'orage du mois de Juillet, l'eau est arrivée en grande masse dans la grotte, non-seulement en filtrant à travers le sol, 39 —. 514 — Lorsque la chute des pluies d'été présente une certaine uniformité, que ces pluies sont moins abondantes qu’éche- lonnées sur une longue période, les eaux sont absorbées sur - place et ne courent pas sur le sol pour se rassembler dans les parties basses ; elles s'infiltrent d’une façon régulière et la portion qui n’est pas évaporée à l’air, ni employée pour la nourriture des plantes va, cheminant lentement, à travers le sol et s’imprégnant des températures successives qu’elle ren- contre. Dans ces conditions on peut admettre, ce que l’ex- périence vérifie d’ailleurs, qu’elles pénètrent dans la glacière à la température de la paroi de la voûte (1). Nous pouvons dès lors, essayer de donner une évaluation approchée du ré- chauffement qu’elles produisent, en admettant que la tempé- rature moyenne de la voûte, soit de 40. La surface d'alimentation directe, celle qui entretient les gouttières du cintre de la caverne, offre une superficie d’en- viron 1.500 mètres carrés. Il tombe en été moyennement, sur le plateau de Chaux, 0 m. 50 de pluie; au-dessus de la grotte, le terrain est faiblement incliné, le cinquième à peine de l’eau tombée s’écoule à la superficie ; pendant cette sai- son l’évaporation est abondante et l’alimentation des plantes fonctionne d’une manière active; les deux causes réunies absorbent un autre cinquième de l'apport pluvial. Le débit des infiltrations directes peut donc, durant la période d'été, être fixé aux 3/5 de 0,50 X 1.500 soit à 450 mètres cubes. Il introduit dans la grotte un contingent de chaleur égal à mais encore en se précipifant par la rampe comme un véritable torrent rassemblé dans la cuvette qui en forme le seuil. Pendant trois jours un véritable lac souterrain emplissait la caverne. La glace a été détruite et depuis cette époque la glacière n’a pas encore retrouvé son ancienne splen- deur. | (1) La chaleur fournie par la portion des parois en contact avec l’eau d'infiltration est donc toute entière employée à refroidir cette eau ; voilà pourquoi nous n’avons pas compté la superficie du cintre dans l’évaluation de la surface active transmettant à l’air en contact la chaleur centrale du globe. É à 7 PS ET RU — 515 — 4 x 450.000 ou 1.800.000 calories ; réparties sur une saison de 5 mois comprenant 150 jours, celles-ci produisent la fu- 4800000 1505<79,28 environ 15 kilog., ce qui est insignifiant. Mais l’apport de la crevasse peut être à un moment donné beaucoup plus consi- dérable. Ainsi, en quelques heures, une pluie d'orage de O®10 est capable de rassembler dans la dépression de la forêt, un cube de 250 mètres (1) d’eau qui arriverait, peu de temps après, dans la grotte à la température de 10° au moins, ame- nant ainsi un contingent subit de 1.500.000 calories capables de fondre sur le champ, à cause du contact intime de l’eau 2,500,000 79,25 sion journalière d’un poids de glace égal à avec le massif glacé un poids de ou 34.950 kilog. de glace, soit 31 mètres cubes. En résumé, dans les conditions normales, pendant l'été, le poids journalier de glace fondue dans la glacière par l’in- fluence du réchauffement dû, aussi bien à l'effet de la cha- leur centrale qu'à l’apport des eaux d'infiltration, n’est pas supérieur à 300 kilog. ; c’est un volume de 0 m. c. 300 qui disparaît, amenant ainsi une diminution de moins d’un tiers de millimètre d'épaisseur sur une couche d’environ mille mètres carrés qui forme la superficie ordinaire du massif dans la grotte de Chaux. Influence du déboisement. Les explications qui précèdent montrent clairement quelle peut être l'influence du déboisement supérieur sur la produc- tion de la glace dans la grotte de Chaux. La présence des forêts, on le sait aujourd’hui, assure la répartition des eaux à la surface du sol et régularise leur absorption. Le reboise- (1) En évaluant au 1/5 la proportion de l'eau tombée sur un hectare qui s'écoule suivant le pente du sol. 6 ment a été reconnu comme le seul procédé dont l’applica- tion soit susceptible d’entraver dans les Alpes les effets des- tructeurs de l’eau pluviale, qui, réunie en torrents furieux, ravine profondément le flanc des montagnes. Or, le danger pour la glacière réside, nous venons de le voir, dans l’arri- vée torrentielle des eaux de pluie ; celles-citendent à se réunir d'autant plus rapidement dans la dépression supérieure de la forêt, que la végétation leur offre moins d'obstacles. Le même remède est applicable au même danger. La forêt formant une protection pour l’entrée de la grotte contre le rayonnement du soleil, on a cru pouvoir attribuer uniquement au réchauffement direct la disparition de la glace survenue à la suite du déboisement. Au solstice d'été, les rayons du soleil à midi peuvent, il est vrai, éclairer une quarantaine de mètres du seuil de la descente, en supposant les environs de la caverne tout à fait dénudés ; l'influence du réchauffement, ainsi transmis dans la grotte ne serait donc pas tout à fait négligeable. Toutefois, 1l est facile de voir qu’elle se trouverait contrebalancée par une autre action pro- venant de la même cause et agissant en sens contraire. L’ab- sence de couverts intervient, en effet, pour augmenter l’am- plitude des variations de température extérieure : sur un sol défriché, 1l fait plus chaud à midi et plus froid la nuit que sous l’abri de la forêt voisine. Or, l’excès de chaleur du de- hors, nous l’avons vu, ne pénètre pas dans la grotte, tandis que le froid peut s’y faire sentir par la mise en mouvement de la colonne d'air. L'effet du déboisement pourrait donc à ce point de vue, contribuer à augmenter la durée de la pé- riode annuelle de gelée dans la caverne. Restauration de la glacière. Après avoir analysé les causes de destruction qui menacent la glace dans la grotte de Chaux pendant la saison critique, | il convient de rechercher les moyens artificiels qui peuvent Fe ÉPESPREE PA —- 517 — être employés pour en atténuer les effets. Nous ne pouvons rien faire pour modérer le réchauffement dû à la chaleur cen- trale ; mais nous pouvons tenter de régler l’action des eaux d'infiltration : dans ce but nous proposerons des travaux de deux espèces. La première précaution à prendre consiste à assurer l’écou- lement des eaux qui séjournent dans la grotte : ce liquide constitue, en effet, à cause de sa grande capacité calorifique, le véhicule le plus puissant de la chaleur ambiante et par son contact prolongé avec la glace, exerce un effet destructeur tant que sa température n'est pas ramenée à zéro. Pour res- treindre la durée de ce contact, nous proposons d'ouvrir dans la partie la plus basse de ia glacière, un puits étroit, mais poussé jusqu’au roc vif; une fois les fissures du sous-sol bien débarrassées de la boue argileuse qui les colmate, on rempli- rait ce puits de gros blocs de pierre de façon à maintenir un écoulement certain par son orifice. Au commencement de hiver on a intérêt à recueillir la totalité des eaux d’infiltra- tion : alors on obstruerait l’ouverture du puits à l’aide d’une claie recouverte d'argile. Au commencement du printemps, dès qu'il cesse de geler dans la glacière, il faut évacuer les eaux au fur et à mesure de leur introduction dans la grotte : alors on percerait la glace au-dessus de l’ouverture du puits dont on dégagerait l’entrée, puis on pratiquerait sur la surface de la couche solide, de petits canaux d’amenée qui assure- ront l'écoulement rapide des eaux de fusion et d'infiltration pendant l’été. Telle est la première série des travaux à exécuter. La se- conde se pratiquerait au dehors à ciel ouvert. Il s’agit, comme nous l'avons fait pressentir, d'empêcher les eaux des pluies d'orage, de se rassembler dans la dépression du haut et s’écouler ensuite par la crevasse dont l'existence constitue un danger si sérieux pour la conservation de la glace. La solution qui nous paraît la meilleure, consisterait à créer dans cette dépression un réservoir peu perméable d’une ca- — 918 — pacité de 20 à 30 mètres cubes qui s’emplirait à la suite des chutes d’eau abondantes. Ce réservoir aurait deux débouchés qu'il serait loisible d'ouvrir alternativement. En été on met- trait le fond en communication avec un conduit qui évacue- rait les eaux au loin. Sur la fin de l’automne et en hiver on ouvrirait le second débouché qui répartirait lentement les eaux sur le sol au-dessus de la caverne où elles arriveraient successivement et en temps utile pour s’y congeler. Explication du brouillard. Il nous reste pour terminer la tâche entreprise à décrire et expliquer un phénomène accessoire qui attire depuis longtemps l'attention des visiteurs de la glacière; c’est celui d’un brouillard plus ou moins épais qui apparaît à intervalles irréguliers dans la grotte, ou vient flotter au sommet de l’en- trée comme un panache de fumée. Pour les habitants du pays la présence de ce brouillard est le précurseur presque infaillible d’une pluie prochaine-(). L'air intérieur de la caverne est, nous l’avons établi, cons- tamment saturé d'humidité. Mas la quantité de vapeur d’eau qu'il renferme e it variable suivant sa propre tempéra- ture (2). De sorte que si, par une cause quelconque, cet air vient à être refroidi, il Y a précipitation d’une partie de la vapeur d’eau qu’il renferme sous la forme d’un brouillard dont l’épaisseur varie avec l'intensité et la rapidité du re- froidissement. pt (4) Le brouillard nous est apparu à deux visites différentes : la première fois, le 26 juillet 1884, par un ciel très pur : le 27 il pleuvait abondamment ; la seconde fois, le 9 juin dernier, quelques instants avant un violent orage. (2) Un mètre cube d’air saturé de vapeur, à la pression moyenne de 710mm qui règne au fond de la glacière, renferme un poids d'air égal à : 59,19 à la température de 0e 79,32 id. 90 9919 id. 10c. Les causes de refroidissement que nous connaissons sont. limitées à deux. L'une agit pendant le cours de la période ouverte, c’est l’invasion de l’air du dehors dans la grotte ; l’autre peut s’exercer en tout temps,mais d’une façon éven- tuelle, puisqu'elle se fait sentir seulement lorsque l’action mécanique du vent introduit de l'air sec dans la glacière. Dans ces deux circonstances, il doit se produire une con- densation d'humidité et le brouillard apparaîtra, soit au sommet, soit au centre de la caverne, rendant visible par sa trace le chemin suivi par les courants frais qui circulent dans la grotte. Mais il est une condition pour que ce brouillard soit ap- parent, c’est qu’il ne soit pas absorbé au fur et à mesure de sa production, ce qui arrive inévitablement si l’air introduit est tout à fait sec, car alors celui-ei utilise pour sa propre consommation l’excès d'humidité disponible. Nous voyons ainsi se dessiner la condition météorologique de la produc- tion du brouillard, il faut que l'air extérieur soit humide: alors la glacière fonctionne comme un hygromètre à con- densation. Le pronostic a, pour les paysans, la même si- gnification qu'un dépôt abondant de rosée ou de gelée blanche, il a la même valeur pour les météorologues. Les explications qui précèdent ne semblent plus suffi- santes si l’on observe que l’apparition du brouillard est fré- quente en été, par les temps chauds et lorsqu’aucune des causes précédentes ne peut faire sentir son influence dans la glacière ; elles cessent en effet, d’être applicables et il faut chercher ailleurs la cause du refroidissement qui s'exerce alors dans la grotte. Toutes les fois que par une action mécanique on produit dans l’état d’un corps une modification qui résulterait d’un abaissement de température, il v a dégagement de chaleur ; si la modification est de celles que motiveraient une éléva- tion de tempéralure, il y a absorption de chaleur. Ainsi l’ex- périence montre en particulier qu'à chaque effort de com- — 920 — pression ou de dilatation exercé sur un gaz correspond un réchauffement ou un refroidissement. Lorsque sur le plateau de Chaux le baromètre vient à baisser, c’est un véritable effort de dilatation qui se produit au sein de lPatmosphère confinée dans l’enceinte de la glacière : 1l v a donc abaisse- ment de température et par suite condensation d'humidité. Le refroidissement est relativement faible et s’effectue d’une façon lente, il est vrai, mais dans un milieu continuellement saturé, la moindre diminution de température engendre une précipitation. Aussi pendant toute la durée de la dépression barométrique voit-on flotter au sommet de l’ouverture de la grotte comme un panache de fumée qui s'écoule lentement : c’est le brouillard qui s'échappe avec l’excédant d’air chassé par la dilatation intérieure. Tout à l’heure nous avons montré la grotte de Chaux fonctionnant comme un hygromètre à condensation, main- tenant nous la voyons mettre en évidence les diminutions de. pression atmosphérique comme un véritable baroscope. C’est en somme un précieux observatoire pour les habitués de l'endroit ; lorsqu'ils voient ce brouillard, c’est que le ba- romêtre baisse ou que l’atmosphère est chargée de vapeur d'eau ; ils sont donc en droit de pronostiquer un changement de temps prochain. Conclusion. En terminant, Messieurs, je tiens à constater que l’expé- rience n’a pas dit son dernier mot en ce qui concerne la marche des phénomènes qui se succèdent dans la glacière. J'ai pu faire entrevoir quelles indécisions règnent à l’endroit des diverses observations de température qui ont été enre- gistrées jusqu’à ce jour ; il faut encore remarquer combien elles restent incomplètes puisque même on manque absolu- ment de documents pour plusieurs des mois les plus inté- ressants de l’année. Enfin les observations relatives à la température des parois de la grotte font absolument défaut, — 9921 — D'autre part, à cause de la grande distance à laquelle est située la glacière, on ne s’y transporte volontiers que pen- dant la belle saison, ou du moins seulement par certaines journées convenablement choisies ; ce qui manque en un mot ce sont des observations continues et systématiques. Pour arriver à combler cette lacune, la tâche ne semble pas facile, je proposerai cependant à la Société d'essayer de deux moyens d'action : le premier consisterait à acquérir des thermomètres et un registre ; le second à solliciter l’inter- vention de l’autorité académique pour obtenir le concours de l’instituteur de Chaux, afin qu'il effectue, ou fasse effectuer, d’après un programme simple, un certain nombre d’obser- vations au moins hebdomadaires. Les thermomètres placés à poste fixe à l’intérieur et à l'extérieur de la glacière, solliciteraient l'attention et l’inté- rêt des visiteurs, en même temps que la marque de notre Société montrerait à tous quel souei nous prenons à l’occasion des questions scientifiques et comment nous savons faire nôtre, l'étude des curiosités naturelles de ce pays. ä — 922 — INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES 1586. — Nouvelles histoires tragiques de BÉNIGNE POISSENOT licencié aux loix, ensemble une lettre a un amy contenant la description d’une merveille appelée la Froidière veue par l’autheur en la Franche-Comté de Bourgogne. — Paris, Guillaume Richon, 1586. 166%. — Suite du recueil des édits et ordonnances de la Franche-Comté de Bourgogne. — Lyon, MDCLXIV, page 63, titre xxvi, article 471. 1686. — Extrait d’une lettre de M. BOISOT, abbé de Saint-Vincent, à M. l'abbé Nicaise, contenant la description et les particularités d'une ca- verne fort curieuse à quatre lieues de Besançon. — Journal des Sa- vants pour 1686, p. 226-227. 1683. — Extrait d'une lettre de M. BOISOT, abbé de Saint-Vincent, tou- chant la glacière de Besançon et la grotte de Quingey. — Ibid., p. 287- 288. 1685. — Résumé de lettres sur la glacière naturelle du Comté de Bour- gogne reçues par M. Dodart et l’abbé Nicaise en 1686 — Histoire de l’Académie royale des Sciences depuis 1686, t. II, p. 12. 1712. — Résumé d’une relation sur la glacière de Chaux envoyée à l'Aca- démie des Sciences en 1711 par M. BILLEREZ, professeur d’anatomie et de botanique en l'université de Besançon — Histoire de l’Acadèmie royale des Sciences, année 1719, publiée en 1731, p. 2021. 1726. — Résumé du rapport de M. DES BOZ, ingénieur du roy, sur une caverne de Franche-Comté où se forme naturellement la glace. — His- toire de l’Académie royale des Sciences, année 1726, publiée en 1728, p. 16. 1726. — Description d’une caverne qui se trouve en Franche-Comté, où se forme naturellement la glace, avec quelques observations sur ce qui peut la causer, par F. I. DUNOD. — Histoire du Comté de Bourgogne, t. I, p. 463-477. — Dijon, 1737. 1744. — Lettre de M. l’abbé *** à M. le Prieur de *** sur l’offrande de la glace qui se fait dans l'Eglise métropolitaine de Besançon le troisième jour du mois d'août et sur d’autres usages singuliers de cette Eglise. — Mercure de France, décembre 1741, p..2776. 1750. — Extrait d’une lettre écrite de Besançon à M. de Réaumur, le 29 no- — 023 — vembre 1743, sur une grotte qui se trouve à quelque distance de Besan- çon et qu’on appelle la glacière, par M. de Cossigny, ingénieur en chef à Besançon. — Suite des observations de M. de Cossigny sur la glacière de Besançon, extraite d’une autre lettre écrite à M. de Réaumur le 98 juin 1745. — Mémoires présentés à l’Académie des Sciences par divers savants, t. I, 1650, p. 195-211. 1773. — Aménités littéraires et. recueil d’anecdotes. (publ. par. Cho- mel) ; Amsterdam, (Paris), 1773, 2 vol. in42. — Cavernes singulières, t. IL p. 295-997. 1776. — Journal encyclopédique ou universel, t. II, p. 412-#6. 1777. — DIDEROT. — Encyclopédie ou dictionnaire résumé des arts et des métiers. — Nouvelle édition, article Besançon, t. IV, p. 766; et article glacière naturelle, t. XVI, p. 181 à 18%. 4783. — GRÉGOIRE DE R. (RAZOUMOFSKD,. — Voyage minéralogique et physique de Bruxelles à Lausanne par une partie du pays de Luxem- bourg, de la Lorraine de la Champagne et de la Franche-Comté fait en 1782 — Lausanne 1783. 1785. — Almanach historique de la Franche-Comté pour l’année1785, p. 179 1789. — PIERRE PRÉVOST. Journal de Genève, numéro du 21 mars 1789. 1792. — PIERRE PRÉVOST. Mémoires physico-chimiques sur la cha- leur. 1796. — GIROD-CHANTRANS. Remarques sur la glacière naturelle de Chaux. — Journal des mines, numéro du xxI prairial an IV, p. 65 à 72. 1802 — CADET (DE GASSICOURT).-Conjectures sur la formation de la glace dans la caverne de la Grâce-Dieu. — Annales de Chimie ou re- cueil de Mémoires concernant la chimie et les arts qui en dépendent. etc., t. 45, p. 160 à 165. 1810. — GIROD-CHANTRANS. Essai sur la géographie physique, le cli- mat et l'histoire naturelle du département du Doubs, t. I, p. 49, 1822. — A. PICTET. Théorie des glacières. — Bibliothèque universelle, 1re série, t. XX, p. 262. | 1826. — DE JOUY. L’ermite en province. Vol. X, p. 235. 14827. — A. LAURENS. Glacière de Chaux — Annuaire statistique et historique du département du Doubs, p. 164 à 168. 1830. — A. LAURENS. Glacière de Chaux-les-Passavant, plan et coupe par A. Berçot, géomètre de {re classe, — Annuaire du département du Doubs, “5 1835. — VIRLET. Observations faites en Franche-Comté sur les cavernes et la théorie de leur formation — Bulletin de la Société nue de France, 1re série, t. VI. 1835. — Glacières naturelles. Description de celle de la Grâce-Dieu — Magasin pittoresque, troisième année, 1835, p. 351-352. 1845. — P. LAURENS. Notice sur Chaux-lez-Passavant et la glacière dite de la Grâce-Dieu — Annuaire du département du Doubs, p. 58. 1860. — DELACROIX et CASTAN. Guide de l'étranger à Besançon et en Franche-Comté, p. 29 à 32. 1861. — THURY. Etudes sur les glacières naturelles. — Bibliothèque uni- verselle. Archives des sciences physiques et naturelles. Nouvelle pé- riode, t, X, février 1861. 186% — RÉSAL. Statistique géologique, minéralogique et métallurgique des départements du Doubs et du Jura, p. 41. 4866. — MUSTON. Notices sur les cavernes à ossements de la Franche- Comté. — Mémoires de la Société d'Emulation de Montbéliard, 2e série, 3° volume. 1867. — BADIN. Grottes et cavernes, p. 301 à 308. 1868. — CH. GRENIER. Discours prononcé à la séance solennelle de ren- trée des Facultés et de l'Ecole de médecine et de pharmacie de Besan- çon, p. 9 à 12. 4875. — J. PAILLOT. Excursion à la glacière de la Grâce-Dieu. — Bulle- tin de la Société des Pharmaciens du Doubs. 4878. — ADOLPHE JOANNE. Géographie du département du Doubs, p. 54. 1882. — ADOLPHE JOANNE. Itinéraire général de la France. Jura et Alpes françaises, p. 206. a — < — da do 5 Soc. En du Doubs. 188#. Diagramme fisurant la circulation de l'air EE 1 dans laGlacière. (7660). WT, Fig. | Période ouverte. Fi. 2 Période fermée. 9 Minimum nocturne à l’extérieur. : à RTS NL 6° Maximum diurne à l'intérieur — 925 — DONS FAITS À LA SOCIÉTÉ (1884-1885). Parle DÉPARTEMENT DU:DOUBS:::2:.4 Liiigue unis 500 f. PC ERE DE BESANCONS 22 EN NN Em idees 600 Par M. le MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE : Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques ; histoire et philo- logie, 1884, n° 2; travaux scientifiques, t. IV, nos 6 à 12, t. V, n°S À à 6; — Sciences mathématiques, physiques et naturelles, Table générale, 1862-1880. — Répertoire des travaux historiques, t. IL, Supplément, t. III, nos 9 et 3: — Section d'histoire et de philologie, 1884, nos 3 et 4; 1886, n0 1. — Section des sciences économiques et sociales, année 1884; — Bibliographie des tra-. vaux historiques et archéologiques publiés par les Sociétés sa- vantes de France, dressée sous les auspices du Ministre de l’Instruction publique, 1re livr.; — Enquêtes relatives à l’ensei- gnement supérieur : XV, XVI, Universités; XIV, XVII, Observa- toires astronomiques de province ; XVIII, Baccalauréat. Bibliothèque de l’École des Chartes, 1884, 5e et 6e livr.: 1885, 4e et 5e livr. Journal des Savants, de septembre 1884 à novembre 1885. Journal de l’École polytechnique, 54 cahier. Par MM BENOIST, membre honoraire, inspecteur d’Académie, son Rap- port annuel sur l’instruction primaire (1884). VIVIEN DE SAINT-MARTIN, membre correspondant, son Nouveau dictionnaire de géographie universelle, du 25e au 29e fase, — 596 — Par MM. J. Micé, recteur de l’Académie de Besançon, membre honoraire, sa Leçon d'ouverture à la rentrée des Facultés de l'Ecole de médecine et de pharmacie de Bordeaux, 1872 : Services mu- tuels que se rendent la médecine et les sciences dites acces- soires. — Lettre sur la création d’une station agronomique à Bordeaux, 1878. — Discours à la mémoire du docteur Baudri- mont, 1883. — Conférence sur la fièvre charbonneuse, 1883. Docteur ANTOINE MAGNIN, membre résidant, professeur à la Faculté, les brochures et notices suivantes dont il est l’au- teur : Les bactéries, thèse pour l’agrégation (section des sciences naturelles), 1874. — Recherches géologiques, bota- niques et statistiques sur l’empaludisme dans la Dombes et le miasme paludéen, 1876. — Lichens de la vallée de l’Ubaye (Basses-Alpes). — Les lichens utiles, 1817. — Fragments liché- nologiques, I, IT, IIT, 1883, 1884. — Origines de la flore Lyon- naise, 1882. — Recherches sur la géographie botanique du Lyonnais, 1879. — Divers extraits de la Société de botanique de France et de la Société botanique de Lyon. — Statistique botanique du département de l’Ain, publiée par la Société de géographie de l’Ain, 1883. — Claret de la Tourrette, sa vie, ses travaux, ses recherches sur les lichens du Lyonnais, d’après ses ouvrages et les notes inédites de son herbier, 1884. Le PRÉFET pu Dougs. Rapports, procès-verbaux et délibérations du Conseil général du Doubs, session d'août 1884 et session d'avril 1885. CONTEJEAN, membre correspondant, ses Notes de voyage, Agri- gente. PRÉTERRE, chirurgien-dentiste à Paris, son ouvrage intitulé : Les dents, leur traitement et leurs maladies, in-18. ORDINAIRE DE LACOLONGE, membre correspondant, sa brochure sur la Théorie du parallélogramme de Watt. DEMONGEOT, membre résidant, inspecteur des écoles munici- pales de Besançon, son Rapport sur la situation de l’instruc- tion primaire communale pendant l’année 1884. LALLEMAND (Léon), son ouvrage couronné par l’Académie des sciences morales et politiques, intitulé : Histoire des enfants abandonnés et délaissés, Paris, 1885. 07 Par MM. MARCOU (Jules), membre correspondant honoraire, trois de ses publications : 10 The Taconic systeme and its position in stra- tigraphic geology. — 2 Catalogue of geological maps of Ame- rica north and south, 1752-1881 by Jules MARCOU and John BELKNAN-MARCOU. — 3° Note à l’occasion du prochain con- grès géologique international, avec des remarques sur les noms des terrains fossilifères les plus anciens. PLIQUE (le docteur A.-E.), sa note intitulée : Un talisman gallo- romain. | LAURENS (Paul), membre résidant, ses Comptes-rendus de la caisse d'épargne et de la Chambre de commerce de Besançon, 1884. MARLOT (Hippolyte), sa notice sur la Découverte d’un cimetière mérovingien à Corcelles-sous-Chatenois (Vosges). BLANCHARD (Emile), membre de l’Institut, son étude sur la Dis- sémination des espèces végétales et animales, 1885. MOREAU (Frédéric), suite de l’Atbum Caranda. Les fouilles d’Ai- guisy, PI. 42 à 50. Ë DION (A. de), sa note sur Les tours romanes de la cathédrale de Coutances. ) GAFFAREL (Paul), membre correspondant, et M. Pabbé Louvor, membre résidant, leur traduction des Lettres de Pierre Mar- tyr Anghiera relatives aux découvertes maritimes des Espa- gnols et des Portugais. À. BRULARD, lieutenant de chasseurs à pied, sa Monographie de l’ile de Djerba. Docteur DAGINCOURT, son Annuaire géologique universel ; Paris, 1885. JURGENSEN (Jules), membre correspondant, l'ouvrage intitulé : A travers l'Asie centrale, impressions de voyages par M. Henri Moser, un fort vol. gr. in-8, 170 gr.; héliogr. et carte, Paris, Plon. LE — 0928 — ENVOIS DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES (1884-1885) Mémoires de la Société des antiquaires de France, t. XLIV. Association scientifique de France, nos 239 à 290. Bulletin de la Société de botanique de France, revue bibliogra- phique, B, C, D, 1884; À, B, C, 1885; — comptes-rendus des séances, », 6 et 7; — T. V, session extraordinaire à Antibes. —,T. VIE Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris, 3e série, t. VIT; NII n°549730 Bulletin de la Société zoologique de France, 1884; re, 9% et 3e partie, 1885. Bulletin de la Société philomatique de Paris, 7e série, t. VIII. ‘Comptes-rendus hebdomadaires de la Société de Biologie, Paris, 8e série, t. I (1884). Mémoires de la Société d'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, 1883-1884; table décennale, 1874-1883. — Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay, 1648-1652, publié par M. Gus- tave BAIGE, t. IL. : Mémoires de l’association pour l’encouragement des études grec- ques en France, 18e année, 1884. Société géologique de France, Bulletin, 1885, 1re et 2% partie. Annuaire de la Société de numismatique et d'archéologie, 1-4 (1884). Mémoires de la Société d'agriculture du département de la Marne, 1883-1884. Revue de la Société des études historiques, 4e série, t. I. Bulletin de la Société générale des prisons, 7, 8 (1884) ; 1, 2, 3, o, 6 (1885). | Mémoires de la Société des antiquaires du Centre, t. XI, 1884; t, XII, Armorial général, ; :— 529 — Annales de la Société d'Emulation des Vosges, 1884. Bulletin de la Société philomathique vosgienne, 1884-1885. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon, année 1885. Annales de la Société d’'Emulation de l’Ain, 3e et 4e trim. 1884 ; 1er, 2e et 3e fasc. 1885. Bulletin de la Société Belfortaine d’'Emulation, 1883-1884. Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et aris de Poligny, année 1884-1885. — Comice, 1884. Bulletin de la Société de viticulture d’Arbois, année 1884 à juin 1885. Bulletin de la Société d'Emulation du Jura, t. V. — Notice sur les anciens vitraux de l’église de Saint-Julien [Jura]. Bulletin de la Société d'Emulation de l’Allier, t. XVII, 2e livr. Mémoires de la Société d’'Emulation de Montbéliard, 3e série, 3e vol. Bulletin de la Société d’histoire naturelle de l’ Yonne, 38e vol., 1884. Société des sciences médicales de Gannat, 1883-1884. Mémoires de la Société d’histoire, d'archéologie et des lettres de l’arrondissement de Beaune, années 1882 et 1883. Mémoires de la Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire, t. II, n° 5; t. VI, 1 fasc. — Bulletin, t. II, no 4; t. IT, no 1. Mémoires de la Société d'archéologie de Ghälon-sur-Saône, t. VIE, 2e partie. Bulletin de la Société archéologique et historique de Langres, t. IL, nos 26 à 31; — Mémoires, t. IIL, n° 5. Bulletin de la Société Dunoise, t. IL et IV; — Publications : His- toire sommaire du Dunois, de ses comtes et de sa capitale, par M. l’abbé Borpas, t. I et II, — Histoire abrégée de l’abbaye de Bonneval, par le docteur V. BiGor. Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, 1883-1884, no 1, 1885. Bulletin des archives de la Saintonge et de l’Aunis, t. V. Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente à Angoulème, 5e série (1883), t. VI. Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, t. VII. — Documents inédits, t. X ; — Bulletin, noS 1, 9, 3, 4, 1885. 34 — 980 — . Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, t. XXX VIII. Revue historique et archéologique du Maine, t. XV, 1-8; t: XVI, 4-3... Bulletin de la Société libre d’émulation, du commerce et de l’in- _dustrie de la Seine-Inférieure, exercices 1883-1884, et 1884- 1885, 1re et 2e partie. Bulletin de la Société archéologique et historique de l’Orléanans, nos 121-124. Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 3 livr., 1884. Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t. XXII. Bulletin de la Commission des antiquités de la Seine-Inférieure, 1. VI, 2e diva Précis analytique des travaux de l’Académie de Rouen, 1883-1884. Bulletin de la Société académique de Brest, 2e série, t. IX (1883- 1884). Société horticole du Hävre, 26e-28e bulletins. Mémoires de l’Académie nationale de Gaen, 1884. Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, années 1883 et 1884. Mémoires de la Société nationale des sciences naturelles et ma- thématiques de Cherbourg, t. XIV, 3e sem. — Catalogue de la bibliothèque de la Société. Bulletin de la Société d'étude des Hautes-Alpes, 3e année, n° 4; 4e année, 1885, n°95 1 à 6. Bulletin de la Société d’études des sciences de Nimes, nos 9 à 12 (1884), 1 à 3 (1885). Société archéologique de Bordeaux, t. VII, nos 4 à 4, 1881. Actes de la Société linnéenne de Bordeaux, 42 série, t. VII et VIII. Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, t. XX VI et XVII. Mémoires de la Société aehohdioue du Midi de la France, t. XIIL, 2e livr. — Bulletin, 1er avril au 22 juillet 1884. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Montpellier, t. VII, 2e fasc. (Lettres); t. X, 3e fasc. (Sciences). Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, Desérne/t ble partie: — 9931 — Bulletin de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Mar- seille, 1884-1885. Mémoires de l’Académie de Nîmes, 8e série, t. VI. Bulletin de la Société des sciences et arts de Bayonne, 1884. Bulletin de la Société littéraire et archéologique de Pau, 1883- 1884. Annales de la Société des sciences, belles-lettres et arts des Alpes- Maritimes, t. IX. Le Sillon : revue agricole, Vesoul (Haute-Saône), nos 1-5. Revue Africaine, journal des travaux de la Société historique algérienne, n° 165 à 172. Annales de la Société d'agriculture et d'industrie du département de la Loire, 28e vol. Annales du musée Guimet, à Lyon, t. VIT et VIII. — Revue de l’histoire des religions, t. X, n°5 1, 2 et 3; t. XI, n° 3; t. XII, no 1. Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, classe des lettres, t. XXI et XXII; classe des sciences, t. XXVIIe. Bulletin d'histoire ecclésiastique des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers, Romans, 5e année, 1884 et 1er sem. 1885. Mémoires de la Société académique, d'agriculture, sciences et arts du département de l’Aube, t. XXI, 2 sem. Mémoires de la Commission des antiquités de la Côte-d'Or, fin du t. X. Mémoires de la Société Eduenne, t. XII et XIII. Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, 3e série, t. IX et X. Revue Savoisienne, organe de la Société florimontane d'Annecy, septembre à décembre 1885; janvier à octobre 1885. Bulletin de la Société d'agriculture, industrie, sciences et arts de l'Ardèche, t. II, 1er et 2e sem. Abhandenlungen zu geologishen specialkarte von Elsass-Loth- ringen, Band IV, Hafñft IT, 1884. Bulletin mensuel de la Société des sciences, d'agriculture et arts de la Basse-Alsace, 1884 et janvier-novembre 1885. Société d'histoire de Neuchâtel : le Musée neuchätelois, octobre 41884 à octobre 1885 ; — Bulletin, t. XIV, 1884. D — Bulletin de la Société Vaudoise des sciences naturelles, nos 91 et 92. Verhandlungen der Naturforschenden Gesellschaft in Basel, 1885. Actes (verhandlungen) de la Société suisse d’histoire naturelle, 67e réunion annuelle à Lucerne les 16, 17 et 18 septembre 1884; — Compte-rendu des travaux, nos 1092-1181. Société jurassienne d’émulation : table générale des publications de la Société, 1849-1882. — Histoire de la réunion de l’ancien évéché de Bâle au canton de Berne, 1813-1848, et Histoire de la révolution dans le Jura bernois, 1830-1831, par le docteur À. QUIQUEREY, 1882. Bulletin de l’Institut national genevois, t. XX VI. Annuaire (Yahrbuch) de la Société d'histoire suisse, 8e et % vol: 1883-1884. Société géologique de Belgique, t. X et XI des annales. — Table décennale, t. I à X. — Catalogue des ouvrages de géologie, de minéralogie et de paléontologie des bibliothèques de Belgique, par M. G. DELWACQUE. Mémoires de l’Académie royale de Belgique, t. XLV, 1884, in-4; Mémoires couronnés et mémoires des savants étrangers, t. XEV et XLVI, 1883, 1884. — Mémoires couronnés et autres mémoires, collection in-8, t. XXXIV, XXXV et XXXVI; Bulletins, 3e série, t. V, VI, VIE, VII, 1883 et 1884. — Annuaire de l’Académie, 1884. L'Université de Bruxelles (Notice historique sur), par M. VAN- DERKINDERE, professeur à la Faculté de philosophie et des lettres à Bruxelles. Soletin de la Academia nacionai de ciencias en Gordoba, Répu- publique Argentine, fascieules 1, 2, 3, 4 du t. VE. Communicaçoes da seccao dos trabalhos geologicos de Portugal, t. I, 1er fasc., 1885. Académie royale des sciences de Lisbonne : Notice sur quelques stations et monuments préhistoriques, par M. Carlos RIBEIRA, 1-11 (texte portugais et français); — Contribution à la flore du Portugal, par le docteur OswaLD HERZ, professeur à l’uni- versité et au polytechnicon de Zurich. Section des travaux géologiques du Portugal : Compte-rendu de — 933 — la 9 session du congrès international d'anthropologie et d’ar- chéologie préhistorique tenu à Lisbonne en 1880, Lisbonne, 1884. — Description de la faune jurassique du Portugal : mollusques, lamellibranches, par M. Paul CHOFFAT, 11e livr., 10 pl. phototyp. — Recueil de monographies stratigraphiques sur le système crétacique du Portugal, 1re étude. Estudo de depositos superficiaes da bacia do Douro, por Fred. A. de VASCONCELLOS PEREIRA CABRAT. Kongliga svenska vetenskaps-academiens handlingar (Stockholm), 19 Bd, 1889, II; — Ofversigt, 1881-89, t. 38; — Bihang, 6 (re et 2 p.),.7 et 2), 8 (L'et 2). Mémoires de l’Académie royale de Modène, 2e série, t. IT. Mémoires de la Société littéraire et philosophique de Manchester, 3e série, vol. VII; Procès-verbaux, 20 à 22. 4 Gentury of science in Manchester, for the Hundresth year of the litterary and philosophical Society in Manchester, 1881. Institut Smithsonien, année 1882. United States geological Survey, 4 rapport annuel, 1883-1884, par J. W. POWEL, director. Mémoires de la Société d’histoire naturelle de Boston, t. LIT, nos 8 et 9 (1884). — Procès-verbaux, 1'e et 2e part. du t. XXII. Académie des sciences de Munich, Sitzungberichte, 1883 et 1884; Almanach, 1884. Institut impérial et royal de géologie de l’empire d'Autriche, an- nées 1884, 1885, nos 1, 2, 3. Comptes-rendus de l’Académie des sciences de Berlin, juillet à décembre 1884; janvier à juillet 1885. Abhandenlungen herausgegeben vom naturswissenschaftlichen vereine zu Brennen, 1x band. 2 heft. Recueil des mémoires et des travaux publiés par la Société bota- nique du grand-duché de Luxembourg, n° IX et X, 1883-1884. Société des sciences physiques et économiques de Kæœnigsberg, 1884, nos 1 et 2. — 934 — MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ Au 1° août 1885. Le millésime placé en regard du nom de chaque membre indique l’année de sa réception dans la Société. Les membres de la Société qui ont racheté leurs cotisations annuelles sont désignés par un astérisque (*) placé devant leur nom, conformément à l’article 21 du réglement. Conseil d'administration pour 1885. DréSident in eee tee MM. BARBIER (Léon); Premier Vice-Président............. LEDOUXx (Emile); Deuxième Vice-Président... .......... Ducar (Alfred); Secrétaire décennal................. BESSON (Edouard); Vice-Secrétaire et contrôleur des dé- DENSES oui Yo ane est, ce FAIVRE (Adolphe); HRÉSOMICR a Le Na cn. GUILLEMIN (Joseph); LPChIDISte NN ne ee eee VAISSIER (Alfred). Secrétaires honoraires : MM. BaAvoux (Vital) et CASTAN (Aug.). Trésorier honoraire : M. DuruPT (Alfred). em Membres honoraires (23). MM. LE GÉNÉRAL commandant le 7e corps d'armée et la 7e division militaire (M. le général WOLFF). LE PREMIER PRÉSIDENT de la Cour d'appel de Besançon (M. FAYE). Res + 2 2 2(<3 — 935 — MM. L'ARCHEVÊÈQUE DE BESANÇON (S. G. Mgr FOULON). LE PRÉFET du département du Doubs (M. JABOUILLE). LE RECTEUR de l’Académie de Besançon (M. Mic). LE PROCUREUR GÉNÉRAL près la Cour d'appel de Besançon (M. THOUREL). LE MAIRE de la ville de Besançon (M. BRUAND). L'INSPECTEUR d’Académie à Besançon (M GIRroUD). BAYLE, professeur de paléontologie à l'Ecole des mines; Paris. — 1851. . BLANCHARD, Em., membre de l’Institut (Académie des scien- ces), professeur au Muséum d'histoire naturelle; Paris.— 1867. CRENNEVILLE ($S. Exc. le général comte François FOLLIOT DE), grand chambellan honoraire de $S. M. I. et R. Apostolique; orand chancelier de l’ordre impérial autrichien de Léopold; Gmunden (Haute-Autriche). — 1884. DELISLE, Léopold, membre de l’Institut (Académie des Inscrip- tions), administrateur général de la Bibliothèque nationale. — 1881. DEVOISINS , ancien sous-préfet; Paris, quai d'Orléans, 28. — 1842. Duruy, Victor, ancien ministre de l’Instruction publique, mem- bre de l’Institut (Académies des inscriptions et des sciences morales); Paris, rue de Médicis, 5. — 1869. GRENIER, Edouard, lauréat de l’Académie française, ancien se- crétaire d’'ambassade ; Paris, boulevard Saint-Germain, 174, et Baume-les-Dames (Doubs). — 1870. DE LESSEPS (le comte Ferdinand), membre de l’Institut (Aca- démie des sciences); Paris, rue Saint-Florentin, 7. — 1882. MaRrCoOù, Jules, géologue; Salins (Jura), et 42, Garden Street Cambridge, Massachusetts (Etats-Unis d'Amérique). — 1845. PASTEUR, Louis, membre de l’Institut (Académies française et des sciences); Paris, rue d’Ulm, 45. — 1882. RÉSAL, Henri, membre de l’Institut (Académie des sciences), ingénieur en chef des mines, professeur à l'Ecole polytech- nique ; Paris, rue Saint-André-des-Arts, 58. — 1853. DE RONCHAUD, Louis, directeur général des Musées et de l'Ecole du Louvre. — 1882. — 036 — MM. SERVAUX, SOus-directeur honoraire des sciences et lettres au Ministère de l’Instruction publique ; Paris, boulevard Cour- celles, 1. — 1873. Le général WozrFr, commandant le 7e corps d'armée. — 1832. e e e e e »e e Membres résidants (256) (1). MM. AMBERGER, Lucien, pharmacien, rue Morand, 7. — 1874. ANDROT, peintre décorateur à la Croix-d’Arènes. — 1885. ARNAL, Alexis, ancien économe du Lycée, rue du Lycée, 145. — 1858. ARNAL, Amédée, sous-préfet de Lure. — 1872. “ D'ARNEVILLE, Henri, chimiste ; château d’Arguel, par Pugey, et à Besançon, rue du Perron, 26. — 1878. - D’ARNEVILLE, Louis, agronome; château d'Arguel, par Pugey. — 1884. AUSCHER, Jacques, grand-rabbin, rue Charles Nodier, 6. — 1875. BADER, bijoutier, rue des Granges, 21. — 1870. * BAILLY (l'abbé), chanoine honoraire, maître des cérémonies de la cathédrale. — 1865. BAUDIN, Léon, docteur en médecine, place Saint-Amour, 4. — 1885. BARBAUD, Auguste, ancien premier adjoint au maire, directeur de la Caisse d'épargne, rue Saint-Vincent, 43. — 1857. BARBIER, Léon, ancien sous-préfet; Baume-les-Dames (Doubs), et rue Saint-Vincent, 27. — 1873. : * BaAvoux, Vital, receveur principal des douanes; Pontarlier (Doubs). — 1853. BEAUQUIER, Charles, archivisté-paléographe, député du Doubs; Montjoux, banlieue de Besançon. — 1879. (1) Dans cette catégorie figurent plusieurs membres dont le domicile habituel est hors de Besançon, maïs qui ont demandé le titre de résidant afin de payer le maximum de la cotisation et de contribuer ainsi d'une manière plus large aux travaux de la Société, — 931 — MM. BEJANIN, Léon, propriétaire, Grande-Rue, 39. — 1885. BELLAIR, médecin-vétérinaire, rue de la Bouteille, 7. — 1865. BELOT, père, essayeur du commerce, rue de l’Arsenal, 9. — 1865. BELOT, Edmond, essayeur du commerce, rue de l’Arsenal, 9. — 1878. BELTZER, Emile, notaire à Besançon, Grande-Rue, 73 (Etude rue Saint-Pierre, 1). — 1884. BENOIST, Emile, président de la chambre syndicale d’horloge- rie, conseiller municipal, rue des Martelots, 3. — 1884. BERDELLÉ, ancien garde général des forêts, rue du Chanot, 8, Chaprais. — 1880. BERTIN, négociant, rue Neuve-Saint-Pierre, 15. — 1863. BESSON, Edouard, substitut du procureur général, rue Saint- Vincent, 27. — 1875. BEURET, François-Xavier, voyer de la ville, Grande-Rue, 131. — 1873. BLANCHE, Charles, fabricant d’horlogerie, rue Morand, 7. — 1879. BLONDON, docteur en médecine, rue Charles Nodier, 15. — 1851. BoISsON, Joseph, pharmacien de {re classe, professeur à l'Ecole de médecine et de pharmacie, Grande-Rue, 114. — 1880. BON, proviseur au Lycée. — 1885. BONAME, Alfred, photographe, rue de la Préfecture, 10. — 1874. BONNET, Charles, pharmacien, Grande-Rue, 39. — 1882. Bossy, Xavier, fabricant d’horlogerie, rue des Chambrettes , 6. 18067. BouUcœu, Pierre, directeur des écoles de l’Arsenal à Besançon, rue Charles Nodier, 24. — 1879, BouDpoT, Emile, rue Battant, 64. — 1876. BOURDY, Pierre, essayeur du commerce, rue de Glères, 21. — 1862. * BOUSSEY, professeur agrégé d'histoire au Lycée, rue Morand, 11. — 1883. BOUTTERIN, François-Marcel, architecte, professeur à l'Ecole municipale de dessin, Grande-Rue, 86, — 1874. BouTTEY, Paul, fabricant d’horlogerie, juge au tribunal de com- merce, rue Moncey, 12. — 1859, — 538 — MM. BouvarD, Louis, avocat, ancien bâtonnier de l’ordre, membre du conseil municipal, rue des Granges, 62. — 1868. Boyer, Georges, percepteur des contributions directes, rue Proudhon, 6. — 1884. BoyssON D'ÉCOLE, trésorier-payeur général en retraite, rue de la Préfecture, 22. — 1852. BRETENET, Capitaine d'artillerie, rue Saint-Pierre, 15. — 1885. BRETILLOT, Maurice, propriétaire, rue Charles Nodier, 9. — 1857. BRETILLOT, Paul, propriétaire, rue de la Préfecture, 21. — 1857. BRUCHON, professeur à l’Ecole de médecine, médecin des hos- pices, Grande-Rue, 84. — 1860. BRULARD, Désiré, greffier du tribunal civil, rue Battant, 1. — 1873. BRUNSWICK, Léon, fabricant d’horlogerie, Grande-Rue, 28. — 1859. BRUSSET, notaire, membre du conseil général de la Haute-Saône, Grande-Rue, 14. — 1870. BUCAILLE, Auguste, propriétaire à Valleroy (Doubs), canton de Marchaux. — 1883. BURLET (l'abbé), curé de Saint-François-Xavier, à Besançon. — 1881. DE BUYER, Jules, inspecteur de la Société française d’archéo- logie, Grande-Rue, 193. — 1874. CALAME, Georges, horticulteur-pépiniériste; à la Mouillère. — 1880. CARRY, Clément, propriétaire, rue Saint-Paul, 48. — 1878. CASTAN, Auguste, bibliothécaire de la ville de Besançon, cor- respondant de l’Institut, membre non résidant du Comité des travaux historiques et du Comité des sociétés de beaux-arts des départements, Grande-Rue, 86. — 1856. CAVAROZ, Narcisse, médecin-major de {re classe en retraite, rue de la Lue, 6. — 1881. CHAPOY, Léon, docteur en médecine, rue des Granges, 35. — 1875. | DE CHARDONNET (le comte), ancien élève de l’Ecole polytech- nique, rue du Chateur, 20. — 1856. CHARLET, Alcide, avocat, rue des Chambrettes, 10. — 1872. — 939 — MM. CHEVANDIER, Georges, propriétaire, au château du Grand-Vaire, près Besançon. — 1876. CHEVIET, François, propriétaire, rue des Granges, 19. — 1876. CHIPON, Maurice, avocat, ancien magistrat, rue de la Préfec- ture, 25. — 1878. * CHOTARD, professeur d'histoire et doyen de la Faculté des lettres de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). — 1866. CLÈRE, négociant, Grande-Rue, 131. — 1882. COILLOT, pharmacien, rue Battant, 2, et quai Veil-Picard, 1. — 1884. COLSENET, Edmond, professeur de philosophie à la Faculté des lettres, Besançon. — 1882. CORDIER, Palmyre, agent principal d'assurances, Grande Rue, 06. — 1885. COSTE, Léandre, fabricant d’horlogerie, rue Morand, 16. — 1876. CouLAUD, Adolphe, comptable, rue de la Lue, 6. — 1875. COULON, Henri, avocat, ancien bâtonnier de l’ordre, rue de la Lue, 7. — 1856. COURGEY, avoué, rue des Granges, 16. — 1873. COURTIER, négociant, rue Battant, 18. — 1876. CoOuURTOT, Théodule, commis-greffier à la Cour d'appel; à la Croix-d’Arènes (banlieue). — 1866. COUTENOT, professeur à l’Ecole de médecine, médecin en chef des hospices, Grande-Rue, 44. — 1852. _CRETIN-GEORGES, Jules, négociant, Grande-Rue, 49. — 1885. CUENIN, Edmond, pharmacien, rue des Granges, 31. — 1863. DACIIN (le baron), ancien conseiller à la Cour d'appel, et ancien membre du Conseil général du Doubs, rue de la Préfecture, 23. — 1865. DARGÇOT, huissier, rue Moncey, 5. — 1880. DELACROIX, Frédéric, conseiller à la Cour d'appel de Besançon. — 1884. DELAGRANGE, Charles, imprimeur-lithographe , rue Saint-Paul, 97. — 1872. DELANNOY, commandant d'état-major. — 1884. DELAVELLE, Victor-Aristide, notaire honoraire, Grande-Rue, 64. — 1856, — 940 — MM. DELEULE, Constant, professeur à l'Ecole primaire supérieure libre, rue Saint-Jean, 2. — 1863. DEMONGEOT, inspecteur des écoles communales, rue Charles Nodier, 24 bis. — 1872. DÉTREY, Just, propriétaire, rue Saint-Vincent, 27. — 1857. DIETRICH, Bernard, négociant, membre du conseil des pru- d'hommes, Grande-Rue, 71. — 1859. Dopivers, Joseph, imprimeur, Grande-Rue, 87. — 1875. DORNIER, Alfred, négociant, place Labourey, 18. — 1880. . DREYFUS, Joseph, négociant, Grande-Rue, 70. — 1880. DROUHARD, Paul, conservateur des hypothèques, rue Saint- Vincent, 18. — 1879. DROUHARD (l'abbé), aumônier du Lycée. — 1883. Droz, Edouard, professeur de rhétorique au lycée de Besançon, square Saint-Amour, 4. — 1877. DuBosrT, Jules, maître de forges, rue Sainte-Anne, 2. — 1840. Ducar, Alfred, architecte, conservateur du Musée des antiquités de la ville, rue Saint-Pierre, 3 bis. — 1853. DUNOD DE CHARNAGE, avocat, rue des Chambrettes, 8. — 1863. Duras, Jacques, directeur des écoles primaires protestantes, rue du Saint-Esprit. — 1880. DURET, géomètre, rue Charles Nodier, 28. — 1858. * DURUPT, notaire, rue des Granges, 46. — 1875. ETHiISs, Edmond, propriétaire, membre du conseil municipal, Grande-Rue, 91. — 1800. FADY, directeur d'usine, rue de Glères, 93. — 1871. FAIVRE, Adolphe, professeur à l’Ecole de médecine, Grande- Rue, 76. — 1862. FAUCOMPRÉ, Philippe, po Con d'agriculture du département du Doubs, Grande-Rue, 86. — 1868. FAUQUIGNON, Charles, commis principal de télégraphel 18, rue des Granges. 1885. F£éLix, Julien, fabricant d’horlogerie, membre du conseil muni- cipal, rue Ronchaux, 12. — 1884. FERNIER, Gustave, fabricant d’horlogerie, membre du conseil municipal, rue du Clos, 31. — 1879. — 54 — MM. Firscx, Léon, entrepreneur de maçonnerie, président du con- seil des prud'hommes, aux Chaprais. — 1865. FLAGEY, Camille, ingénieur, membre du conseil général du Doubs, rue Saint-Vincent, 14. — 1877. FLAGEY, Henri, négociant, membre du conseil municipal, Grande- Rue, 45. — 1883. : FOIN, agent principal d'assurances, Grande-Rue, 111. — 1865. FRANCEY, Edmond, avocat, rue Moncey, n° 1. — 1884. GALIMENT, Léon, capitaine de cavalerie en retraite, rue Victor Hugo, 4. — 1883. * GALLOTTI, Léon, ancien professeur à l’Ecole d'état-major; Ba- Zas (Gironde) et Versailles, avenue de Paris, 62. — 1860. DE GASSOWSKI, artiste peintre, rue Charles Nodier, 8. — 1875. * GAUTHIER, Jules, archiviste du département du Doubs, corres- pondant du ministère de l’Instruction publique, rue Charles Nodier, 8. — 1866. GIGANDET, propriétaire, faubourg Tarragnoz. — 1872. GIRARDOT, Régis, ancien banquier, rue Saint-Vincent, 15. — 1857. GIRARDOT, Albert, docteur en médecine, rue Saint-Vincent, 15. — 1876. GIRARDOT, Georges, artiste peintre, rue Saint-Vincent, 15. — 1882. GIROD, Achille, propriétaire, Saint-Claude (banlieue). — 1856. GiRoD, Victor, ancien adjoint au maire, Grande-Rue, 66. — 1850. GOUSSET (l'abbé), aumônier de l’Asile départemental. — 1884. GRESSET, Félix, général de division d'artillerie, membre du co- mité de l’arme; à Paris et aux Tilleroyes-lez-Besançon. — 1866. GROSJEAN, Alexandre, avocat, membre du conseil municipal, quai Veil-Picard, 39. — 1876. GROSJEAN, Francis, ancien bijoutier, rue du Mont-Sainte-Marie, 8. — 1859. GROSRICHARD, pharmacien, place de l’Abondance, 17. — 1870, GRUEY, professeur d'astronomie à la Faculté des sciences de Besançon, directeur de l'Observatoire de Besançon, Grande- Rue, 39. — 1882. — 549 — MM. GRUTER, médecin-dentiste, rue Moncey, 12. — 1880. GUENOT, Auguste, ancien négociant, rue du Chateur, 17. — 1872. | GUICHARD , Albert, négociant, président du tribunal de com- merce, rue d'Anvers, 3. — 1853. GUICHARD, Paul, négociant, rue des Chambrettes, 13. — 1884. GUILLEMIN, Victor, artiste peintre, rue de la Préfecture, 18. — 188%. GUILLEMIN, Joseph, caissier de la maison de banque Régnier- Jacquard, rue Granvelle. — 1879. GUILLIN, libraire, ancien membre du conseil municipal, rue Battant, 3. — 1870. HALDY, fabricant d’horlogerie, rue Saint-Jean, 3. — 1859. HALDy, Léon-Emile, fabricant d’horlogerie, rue Saint-Jean, 3-5. — 1879. HATTENBERG, Victor, fabricant d’horlogerie, rue Proudhon, 16. — 1879. _ HENRY, Jean, docteur ès sciences, professeur de physique au Lycée, place Saint-Amour, 12. — 1857. HENRY (le baron Edouard), littérateur, rue de la Préfecture, 29, — 1876. HÉZARD, Albert, négociant, rue Neuve-Saint-Pierre, 15. — 1876. IaLER, Adolphe, négociant, rue Morand, 16. — 1880. JEANNIN (l'abbé), directeur de la Semaine religieuse, rue Saint- Vincent, 19. — 1884. JÉGO, agent des bois de la marine; rue Charles Nodier, 8. — 1872. DE JOUFFROY (le comte Joseph), membre du conseil général ; au château d’Abbans-Dessous, et à Besançon, rue du Chapitre, 1. — 1853. * KOLLER, conseiller municipal; aux Chaprais. — 1856. LACOSTE, arbitre de commerce, rue Saint-Pierre, 9. — 1879. LACORDAIRE, Ernest, directeur des contributions directes. — 1884. LAMBERT, Léon, ingénieur en chef des ponts et chaussées en re- traite, rue Moncey, 12. — 1852. LAMBERT, avocat, ancien magistrat, Grande-Rue, 113. — 1879. — 548 — MM. * DE LAUBESPIN (le comte Léonel MOUCHET DE BATTEFORT) ; Pa- ris, rue de l’Université, 78. — 1878. LARMET, Jules, vétérinaire, secrétaire de la Société d’agricul- ture du Doubs, rue de Glères, 6. — 1884. LAURENS, Paul, président honoraire de la Société d'agriculture du Doubs, ancien membre du conseil municipal de Besançon, rue de la Préfecture, 15. — 1854. * LEBEAU, négociant, place Saint-Amour, 2 bis. — 1872. LEBRETON, directeur de l’usine à gaz, ancien président du con- seil des Prud'hommes, Grande-Rue, 97. — 1866. LEepoux, Emile, docteur en médecine, quai de Strasbourg, 13. — 1875. LEepoux, Louis, capitaine d’artillerie, quai de Strasbourg, 15. — 1883. LESBROS, fabricant d’horlogerie, rue des Chambrettes, 6. — 1876. LIEFFROY, Aimé, propriétaire, administrateur des forges de Franche-Comté, rue Charles Nodier, 11. — 1864. LiME, Claude-François, négociant, quai Veil-Picard, 15. — 1883. DE LONGEVILLE (le comte), propriétaire, rue Charles Nodier, 7. — 1885. Louvor, Emmanuel, avocat, Grande-Rue, 86. — 1885. Louvor (l'abbé), Fernand, aumônier du Refuge. — 1876. MAIRE, ingénieur en chef des ponts et chaussées en retraite, rue Charles Nodier, 15. — 1851. MAIRE, Alfred, conseiller à la Cour d'appel, rue du Chateur, 12. — 1878. Maïre, Célestin, avoué, rue des Granges, 14. — 1884. MaAES, Alexandre, serrurier-mécanicien, rue du Mont-Sainte- Marie, 10. — 1879. MAGNIN, Antoine, professeur de botanique à la Faculté des sciences. — 1885. MAIROT, Félix, banquier, ancien président du tribunal de com- merce, rue de la Préfecture, 17. — 1857. MaïROT, Henri, ancien président du tribunal de commerce, rue de la Préfecture, 17. — 1881. MAISONNET, Auguste, négociant au Cras-Chaprais. — 1869, — 544 — MM. MANDEREAU, médecin-vétérinaire, inspecteur de l’Abattoir, Grande-Rue, 117. — 1883. MARGAINE, directeur des douanes, rue de la Préfecture, 8. — 1883. MARQUISET, Léon, avocat, ancien magistrat; à Apremont (Haute- _ Saône) et à Paris. — 1874. * MARTIN, Jules, manufacturier, rue Saint-Vincent, 7. — 1870. MARTIN, Léonce, juge suppléant au tribunal civil, rue Saint-Vin- cent, 13. — 1874. MARTIN, Abel, lieutenant au 60€ régiment d'infanterie, Grande- Rue, 1. — 1881. MASSoN, Valery, avocat, rue de la Préfecture, 10. — 1878. MATHEY-DORET, professeur à l'Ecole d’horlogerie, Grande-Rue, 101. — 1883. MATILE, fabricant d’horlogerie, rue Saint-Pierre, 7. — 1884. MEALY, Ladreyt, pasteur protestant, rue du Clos, 22. — 1884. MERCIER, docteur en médecine, aux Chaprais (banlieue). — 1881. MÉTIN, Georges, agent-voyer d'arrondissement ; à Canot (mai- son Jobard). — 1868. MIcAUD, Jules, directeur en retraite de la succursale de la Ban- que, ancien juge au tribunal de commerce, rue des Cham- brettes, 8. — 1855. Micuer, Brice, architecte-paysagiste ; à Fontaine-Ecu (banlieue). — 1865. Mipoz, Charles, électricien, Grande-Rue. — 71. MiNArY, Emmanuel, ingénieur, rue Battant, 37. — 1879. Mior, Camille, négociant, Grande-Rue, 104. — 1872. MONNIER, Louis, pharmacien, rue Ronchaux, 23. — 1876. MonNIER, Paul, correcteur d'imprimerie, rue de Glères, 8. — 1860. Monnor, Laurent, propriétaire, Grande-Rue, 100. — 1875. MOREL, Ernest, docteur en médecine, Grande-Rue, 191. — 1863. Morer, Paul, libraire, Grande-Rue, 65. — 1880. MUSSELIN, comptable, rue des Granges, 3. — 1872. NARGAUD, Arthur, docteur en médecine, rue de la Madeleine, 2. — 1875. — 545 — MM. Nassoy, colonel de gendarmerie, rue Proudhon, 7. — 1885. OLIVIER, Ernest, naturaliste, rue du Perron, 14. — 1878. ORDINAIRE, Olivier, consul de France, à Callao (Pérou). — 1876. D’ORIVAL, Léon, propriétaire, rue du Clos, 22. — 1854. D'ORIVAL, Paul, président honoraire à la Cour d'appel, place Saint-Jean, 6. — 1852. OUTHENIN-CHALANDRE, Joseph, ancien juge au tribunal de com- merce, rue de la Préfecture, 16. — 1858. PAILLOT, Justin, pharmacien ; aux Chaprais. — 1857. _ PARGUEZ (le baron), docteur en médecine, adjoint au maire, Grande-Rue, 106. — 1857. PERRUCHE DE VELNA, conseiller à la Cour d’appel, rue du Clos, 33. — 1870. PETITCUENOT , Paul, avoué près la Cour d’appel, Grande-Rue, 107. — 1869. Perir, Hugues, chef de section du chemin de fer Paris-Lyon- Méditerranée, maison Pateux, avenue du Pont de fer. — 1881. PicARD, Arthur, chef de bataillon de l’armée territoriale, Grande- Rue, 48. — 1867. PIGUET, Emmanuel, fabricant d’horlogerie, place Saint-Pierre, 9. — 1856. * PINGAUD, Léonce, professeur d'histoire à la Faculté des lettres, rue Saint-Vincent, 17. — 1874. POTIER, Joseph, entrepr. de plâtrerie; à la Mouillère. — 1870. PouLET, Emile, négociant, juge au tribunal de commerce, rue de la Lue, 6. — 1877. POURET, Philippe, ancien membre du conseil municipal, ru Charles Nodier, 19. — 1881. PROUDHON, Camille, conseiller honoraire à la Cour d'appel, rue des Granges, 23. — 1856. RÉMOND, notaire, Grande-Rue, 31. — 1881. * RENAUD, Alphonse, docteur en droit, sous-chef à la direction générale de d'enregistrement ; Paris, rue Notre-Dame-de-Na- zareth, 10. — 1869. RENAUD, Ernest, fabricant d’horlogerie, rue Rivotte, 8. — 1885. RENAUX, Camille, professeur d’histoire au Lycée de Besançon. — 1883. 39 — 946 — MM. RÉTIF, directeur de l’enregistrement et des domaines, rue Charles Nodier, 11. — 1880. HE RETROUVEY, Charles, boulanger, rue de Chartres, 1. — 1877. RICHARD, Louis, médecin major; à Montrapon. — 1878. RICKLIN, notaire, Grande-Rue, 99. — 1879. RrpPs, Paul, architecte, rue des Granges, 3. — 1873. ROBARDET, commissaire-priseur, membre du conseil d’arrondis- sement de Besançon, rue des Granges, 34. — 1879. ROESCH, étudiant en pharmacie; à la Viotte. — 1883. SAILLARD, Albin, professeur à l'Ecole de médecine et chirurgien en chef des hospices, Grande-Rue, 136. — 1866. SAILLARD, Francis, bijoutier, rue de la Préfecture, 2. — 1874. SAILLARD, Léon, négociant, rue des Granges, 59. — 1877. SAILLARD, Eugène, ancien directeur des postes du département du Doubs; Beauregard (banlieue de Besançon). — 1879. SAINT-GINEST, Etienne, architecte du département du Doubs, rue Granvelle, 28. — 1866. DE SAINT-JUAN (le baron Charles), rue des Granges, 4. — 1869. DE SAINTE-AGATHE, Joseph, avocat, archiviste-paléographe, rue d'Anvers, 1. — 1880. SANCEY, Alfred, négociant, membre du conseil municipal, Grande-Rue, 9. — 1878. * SANCEY, Louis, comptable, à Montjoux. — 1855. SANDOZ, Charles, négociant en fournitures d'horlogerie, membre du conseil municipal, rue des Granges, 11. — 1880. SANDOZ, Léon, négociant en fournitures d’horlogerie, consul de la Confédération helvétique, rue des Granges, 11. — 1879. SAVOUREY, Charles-Arthur, fabricant de boîtes de montres en or, rue des Martelots, 7. — 1874. SEIGLET, professeur à l’école de musique de Besançon, rue Charles Nodier, 21. — 1885. SCHLUMBERGER, banquier, rue Proudhon, 7. — 1884. SCHOENDOERFFER, ingénieur de {re classe des ponts et chaus- sées, Grande-Rue, 117. — 1885. SENDER, Albert, rue des Granges, 38. — 1883. SENDER, Xavier, négociant, rue Battant, 29-31. — 1885. SERRÈS, Achille, pharmac.-chim., place Saint-Pierre, 6. — 1883. mg té. — 541 — MM. SIRE, Georges, docteur ès-sciences, essayeur de la garantie ; aux Chaprais. — 1847. SONGEON, fabricant d’horlog., rue de la Préfecture, 4. — 1884. TIVIER, Henri, doyen de la Faculté des lettres, rue de la Cita- delle, 1. — 1873. TROUILLET, Louis, capitaine du génie, rue des Chaprais, 38. — 1882. VAISSIER, Alfred, propriétaire, conservateur-adjoint du Musée des antiquités, Grande-Rue, 109. — 1876. _ VERNIER, Léon, agrégé de l’Université, professeur au Lycée, rue Sainte-Anne, 12. — 1883. VERMOT, Théodore, entrepreneur de maçonnerie à la Mouillère (banlieue). — 1873. DE VEZET (le comte Edouard), ancien lieutenant-colonel de l’armée territoriale, rue Charles Nodier, 17 ter. — 1870. VÉZIAN, doyen des Facultés des sciences, rue Charles Nodier, 21. — 1860. VIEILLE, Gustave, architecte, membre du conseil CUS rue de Lorraine. — 1882. VIENNET, surveillant général au Lycée en retraite. — 1869. VIENNET (l’abbé), professeur au collège Saint-François-Xavier. — 1884. VoIriIN, Jules, pharmacien, quai Veil-Picard, 23. — 1876. Voisin, Pierre, propriétaire, à Montrapon (banlieue). — 1855. * VUILLEMOT, Albert, licencié en droit, avoué, rue Saint-Vincent, 43. — 18706. VUILLERMOZ, avocat, ancien magistrat, rue Morand, 9. — 1878. WERLEIN, Amédée, négociant, rue des Granges, 44. — 1870. ZORN, Auguste, ancien professeur à l'Ecole d’horlogerie, place Saint-Amour, 7. — 1877. Membres correspondants (204) MM. ANDRÉ, Ernest, notaire, Gray (Haute-Saône). — 1877. ARMBRUSTER, chargé des fonctions d’inspecteur d'académie ; Belfort. — 1875. ALBERT, Alexandre, avocat à Montbéliard. — 1880. st 548 Le MM. ALLEMAND, Victor, lieutenant du génie à Montpellier. — 1882. BAILLE, Charles, président honoraire de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny (Jura). — 1877. BAILLY, inspecteur d'académie en retraite, ancien président du conseil général de la Haute-Saône; Vesoul. — 1875. BARTHOLOMOT, Alfred, président de Chambre à Grenoble. — 1879. BATAILLE, Paul, ingénieur des ponts et chaussées ; Châlon-sur- Saône (Saône-et-Loire). — 1870. BERQUET, ingénieur des ponts et chaussées; Besançon. — 1875. * BERTHAUD, professeur de physique au lycée de Mâcon (Saône- _et-Loire). — 1860. * BESSON, ingénieur de la Compagnie des forges de Franche- Comté, Courchapon (Doubs). — 1859. BETTEND, Abel, imprimeur-lithographe ; Lure (Haute-Saône). — 1862. " BEUQUE, triangulateur au service de la topographie algérienne; Constantine. — 1853. | BEURNIER, ancien inspecteur général des forêts ; Montbéliard (Doubs). Place Saint-Martin, 8. — 1874. BEY, Jules, horticulteur-pépiniériste ; Marnay (Haute-Saône). — 1871. B1Z0S, Gaston, professeur de littérature française et doyen de la Faculté des lettres d'Aix. — 1874. Bix10, Maurice, agronome, membre du conseil municipal de Paris ; Paris, quai Voltaire, 19. — 1866. BLANCHOT, Hippolyte, docteur en médecine, membre du conseil général de la Haute-Saône, Granvelle (Haute-Saône). — 1881. BOBILLIER, Edouard, maire de la ville et suppléant du juge de paix ; Clerval (Doubs). — 1875. BOISsELET, avocat; Vesoul (Haute-Saône). — 1866. * BOUILLET, Apollon; Paris, rue des Bois, 23 (Belleville). — 1860. BouLaY (l'abbé), docteur ès-sciences, professeur à l’Université catholique de Lille (Nord). rue des Frères Vaillants, 9. — 1875. BOUTHENOT-PEUGEOT, vice-président de la Société d’émulation de Montbéliard ; Audincourt (Doubs). — 1869. — 949 — MM. * BREDIN, professeur au Lycée de Vesoul (Haute-Saône). — 1857. * BRioT, docteur en médecine, membre du conseil général du Jura; Chaussin (Jura). — 1869. BRUAND, Léon, inspecteur des forêts, attaché à l'Administration centrale; Paris, rue de Grenelle, 3. — 1881. BURIN DU BUISSON, ancien préfet, à Cramans, Jura. — 1878. * BUCHET, Alexandre, propriétaire ; Gray (Haute-Saône). — 1859. CALLET, Albert, inspecteur des domaines de la ville de Paris ; rue d’Assas, 72. — 1882. CANEL, juge de paix à Montbozon. — 1862. CARDOT DE LA BURTHE, bibliophile; Paris, avenue de Villers, 92, et au Val-Saint-Eloi (Haute-Saône). — 1873. CARLET, Joseph, ingénieur des ponts et chaussées en retraite: Beaune (Côte-d’Orl. — 1858. CARME, conducteur de travaux de chemin de fer ; Cercy-la-Tour (Nièvre). — 1850. CARPENTIER, Louis, propriétaire; à Trouvans, canton de Rouge- mont, par Huanne-Montmartin (Doubs). CARRAU, maître de conférences à la Faculté des lettres de Paris. — 1871. CASTAN, Francis, lieutenant-colonel d’artillerie, directeur de la poudrerie du Bouchet par Vert-le-Petit (Seine-et-Oise). — 1860. * CHAMPIN, ancien sous-préfet ; Baume-les-Dames. — 1865. CHAPOY, Henri, avocat à la Cour d'appel de Paris ; Paris, rue des Saints-Pères, 13. — 1875. CHAPuIS, Louis, pharmacien ; Chaussin (Jura). — 1869. CHArPy, Léon, bibliothécaire et conservateur du Musée d’An- necy (Haute-Savoie). — 1870. * CHOFFAT, Paul, professeur de géologie; Zurich (Suisse), Hottin- ger-Strasse, 22, et Lisbonne, rua do Arco a Jesus, 113.— 1869. CIZEL (l’abbé), professeur au collège libre de la Chapelle-sous- Rougemont (territoire de Belfort). — 1884. * CLoz, Louis, artiste peintre; Lons-le-Saunier (Jura). — 1863. CONTET, Charles, professeur agrégé de mathématiques au Lycée de Saint-Quentin. — 1884, — 550 — MM. * CONTEJEAN, Charles, professeur à la Faculté des sciences de Poitiers (Vienne). — 1851. COLSENET, Edmond, professeur de philosophie à la Faculté des lettres. — 1881. CORDIER, Jules-Joseph, contrôleur des douanes; Saint-Nazaire (Loire-Inférieure.) — 1862. CORNUTY, contrôleur de la garantie; Pontarlier. — 1883. CosTE, Louis, docteur en médecine et pharmacien de {re classe; Salins (Jura). — 1866. * COTTEAU, juge au tribunal de Hire instance d'Auxerre (Yonne). — 1860. COURBET, Ernest, receveur municipal, trésorier de la ville de Paris ; Paris, rue de Lille, 14. — 1874. * CRÉBELY, Justin, employé aux forges de Franche-Comté ; Moulin-Rouge, près Rochefort (Jura). — 1865. CRETIN, Emile, professeur de mathématiques spéciales au lycée Saint-Louis; Paris. — 1876. DAUBIAN-DELISLE, Henri, directeur des contributions directes ; Montpellier. — 1874. DENIZOT, ancien receveur de l’Asile; Dijon. — 1871. DÉPIERRES, Auguste, avocat; Luxeuil (Haute-Saône). — 1880. .* DEROSNE, Charles, maître de forges ; à Larians (Haute-Saône). — 1880. * DESSERTINE, Edmond, directeur de forges ; Longchamp, par Clairvaux (Aube). — 1866. DETZEM, ingénieur en chef des ponts et chaussées ; Niort (Deux- Sèvres). — 1851. * DEULLIN, Eugène, banquier ; Epernay (Marne). — 1860. DEVARENNE, Ulysse, contre-amiral ; Paris, rue de la Bienfai- sance, 42. — 1867. * DEVAUX, ancien pharmacien, maire de la ville de Gy (Haute- Saône). — 1860. DEY, Aristide, ancien directeur des Domaines; Château-Thierry (Aisne). — 1853. DoINET, Félix; Paris, rue Richer, 4, et à Yerres (Seine-et-Oise). — 1857. | * DORNIER, pharmacien; Morteau (Doubs). — 1873. — 951 — MM. DRAPEYRON, Ludovic, docteur ès-lettres, professeur d’histoire, au Lycée Charlemagne, directeur de la Revue de Géographie ; Paris, rue Claude-Bernard, 55. — 1866. DucaT, Auguste, docteur en médecine; Paris, 23, rue Compans (Belleville). — 1873. " DurAY, Jules, notaire ; Salins (Jura). — 1875. * FAVRE, Alphonse, professeur à l’Académie de Genève; cor- respondant de l’Institut de France (Académie des sciences) ; Genève — 1862. FEUVRIER (l'abbé), chanoine honoraire, curé de Montbéliard (Doubs). — 1856. FOLTÈTE (l'abbé), curé de Verne (Doubs). — 1858. * DE FROMENTEL, docteur en médecine ; Gray (Haute-Saône). — 1857. GALMICHE, Roger, avocat, ancien président de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône ; Vesoul. — 1885. GAFFAREL, professeur d'histoire et doyen de la Faculté des let- tres de Dijon. — 1868. * GARNIER, Georges, avocat; Bayeux (Calvados), — 1867. GASCON, Edouard, agent voyer principal et conducteur des ponts et chaussées; Fontaine-Française (Côte-d'Or). — 1868. GASSMANN, Emile, rédacteur au Moniteur universel ; rue Cas- sette, 6 — 1867. | GAUTHIER, docteur en médecine, Luxeuil (Haute-Saône).— 1868. GÉRARD, Jules, recteur de l’Académie de Grenoble. — 1865. GEVREY, Alfred, président du tribunal; à Montélimar (Drôme). — 1860. * GIRARDIER, agent voyer d'arrondissement ; Pontarlier (Doubs). — 1856. GIROD, Paul, docteur en médecine et ès-sciences, maître de conférences à la Faculté des sciences de Clermont-Ferrand. — 1882. * GOGUEL, Charles, manufacturier; Montbéliard, bassin du canal. — 1856. GOGUEL, médecin-major de dre classe au 3e régiment de zouaves à Constantine. — 1873. — 592 — MM. GREMAUD (l'abbé), bibliothécaire cantonal de Fribourg (Suisse). — 1879. GRIFFOND, Théophile, ancien magistrat, rue du Val-de-Grâce, 9, Paris. — 1879. ; GUERRIN, docteur en médecine, maire de Rougemont (Doubs). — 1881. GUILLET, Eugène, ancien percepteur; à Dormans (Marne). — 1880. * GUILLEMOT, Antoine, entomologiste,; Thiers (Puy-de-Dôme). _— 1854. GUINET, Pierre, ingénieur, directeur de la manufacture de Plom- bières (Vosges). — 1875. GUTZWILLER, Louis, juge de paix ; Poligny. — 1878. HELL, Thiébaud, négociant : Willer, par Altkirch (Alsace), et à Besançon, chez MM. Morlet et Ihler, rue de la Bouteille, 14. HENRICOLAS, inspecteur des contributions directes ; Lyon, cours du Midi, 35. — 1878. HiLD, Antoine, professeur à la Faculté des lettres de Poitiers. — 1877. HOFFMANN, imprimeur ; Montbéliard (Doubs). — 1873. TUART, Arthur, ancien avocat général; Paris, rue de la Faisan- derie, 24. — 1870. HUGUET, docteur en médecine ; à Vanne (Haute-Saône). — 1884. * JACCARD, Auguste, professeur de géologie à l’Académie de Neuchâtel (Suisse); au Locle. — 1860. JANET, Albert, négociant ; Saint-Vit (Doubs). — 1872. JEANNIN (l'abbé), curé de Déservillers (Doubs). — 1872. JEANNOLLE, Charles, pharmacien à Saint-Loup (Haute-Saône).— 1876. JOBEZ, Théodore, propriétaire; Chaussin (Jura). — 1877. JOBIN, Alphonse, avocat; Lons-le-Saunier (Jura). — 1872. JOLIET, Gaston, sous-préfet d’Autun (Saône-et-Loire). — 1877. JUNG, Théodore, colonel du 14e régiment d'artillerie, rue de Vaugirard, 98, Paris. — 1872. * JURGENSEN, Jules, littérateur; au Locle (Suisse). — 1872. KiLzrAN, Wilfried ; Paris, rue d’Assas, 80. — 1881. " KŒCHLIN, Oscar, chimiste; Dornach (Alsace), — 1858. — 003 — MM. KouLER, Xavier, président honoraire de la Société jurassienne d'Emulation ; Porrentruy (Suisse). — 1864. KOHLMANN, ancien receveur du timbre ; Angers (Maine et-Loire). — 1861. LAMOTTE, directeur des hauts fourneaux; Ottange, par Aumetz (Lorraine). — 1859. LANTERNIER ; à Loulans-les-Forges (Haute-Saône). — 1855. LAURENS, Camille, ingénieur civil; Paris, rue Taïitbout, 82. — 1881. * LAURENT, Ch., ingénieur civil; Paris, rue de Chabrol. 35. — 1860. LEBAULT, Armand, doct. en méd.; Saint-Vit (Doubs). — 1876. LE Grix, Victor, procureur général ; Grenoble (Isère). — 1876. LE MIRE, Paul-Noël, avocat; Mirevent, près Pont-de-Poitte (Jura). — 1876. LE MONNIER, professeur à la Faculté des sciences de Nancy (Meurthe-et-Moselle). — 1875. * LERAS, inspecteur honoraire d’Académie ; Auxerre (Yonne). — 1857. LHOMME, botaniste, employé à l'hôtel de ville de Vesoul (Haute- Saône). Rue de l’Aïgle Noir, 30. — 1875. * LIGIER, Arthur, pharmacien, membre du conseil général du Jura ; Salins (Jura). — 1863. LOYE, Paul, préparateur de physiologie à la Sorbonne; Paris, rue Claude Bernard, 51. — 1879. LONGIN, Emile, avocat, ancien magistrat; Vesoul. — 1874. LORY, correspondant de l’Institut, doyen de la Faculté des scien- ces de Grenoble (Isère). — 1857. MACHARD, Jules, peintre d'histoire, ancien pensionnaire de l'Académie de France à Rome, Paris, rue Ampère, 67. — 1866. MaDioT, Victor-François, pharmacien ; Jussey(Haute-Saône). — 1880. * MAILLARD, docteur en médecine; Dijon (Côte-d'Or). — 1855. MAIRE-SEBILLE (l'abbé), curé de Vuillecin (Doubs). — 1880. MarREY (l'abbé), professeur au séminaire de Vesoul. — 1874. MAISONNET (l'abbé), à Audeux (Doubs). — 1856. MARCHANT, Louis, docteur en médecine, conservateur du — 904 — musée d'histoire naturelle ; rue Berbisey, 31, Dijon (Côte-d'Or). — 1877. DE MARMIER (le duc) membre du conseil général de la Haute- Saône ; Paris, rue de l’Université, 39. — 18067. MARLET, ancien conseiller de préfecture ; rue des Bons Enfants, 6; à Dijon (Côte-d'Or). — 1852. | MARQUISET, Gaston, député de la Haute-Saône ; Fontaine-lez- Luxeuil (Haute-Saône), et Paris, rue de Châteaubriand, 17. — 858. MARTIN, docteur en médecine ; Aumessas. par Le Vigan (Gard). — 1855. * MATHEY, Charles, pharmacien ; Ornans (Doubs). — 1856. DE MENTHON (le comte René), botaniste; Menthon (Haute-Savoie) et à Dole (Jura). — 1854. MEYNIER, Joseph, médecin-major de 1re classe au 109 de ligne; Chaumont (Haute-Marne). — 1876. MICHAUD, Emile, docteur en médecine ; l’Isle-sur-le-Doubs. — 1875. MIGNARD, Prosper, correspondant du Ministère de l’Instruction publique; Dijon (Côte-d'Or), rue Franklin, 1. — 1868. | * MONNIER, Eugène, architecte du gouvernement; Paris, rue Washington, 19. — 1866. | * DE MONTET, Albert ; à Vevey (Suisse). — 1882. MORÉTIN, docteur en médecine ; Paris, rue de Rivoli, 68. — 1857. Moucert, Léon, professeur à la Faculté de droit de Dijon (Côte- d'Or), membre du Conseil général du Doubs. — 1879. MouRroT, instituteur en retraite; Trepot (Doubs). — 1869. DE MOUSTIER (le marquis), membre du Conseil général du Doubs; château Bournel, par Rougemont (Doubs) et Paris, rue de l’Université, 82. — 1874. MuGnier, Henri-Auguste, ingénieur-architecte; Paris, rue de Sévigné, 26. — 1868. MUSELIER, notaire honoraire; Ornans (Doubs). — 1881. DE NERVAUX, Edmond, ancien directeur au Ministère de l’Inté- rieur ; Paris, rue d’Astorg, 27. — 1856. ORDINAIRE de LACOLONGE, chef d’escadron d'artillerie en re- traite; Bordeaux (Gironde). — 1856. — 599 — MM. * PARANDIER, inspecteur général de première classe des ponts et chaussées en retraite, président de la Société de viticulture d’Arbois (Jura) ; Paris, rue des Ecuries d'Artois, 38. — 1852. Paris, docteur en médecine ; Luxeuil (Haute-Saône). — 1866. PARISOT, Louis, pharmacien et ancien maire de Belfort. — 1855. PERRON, Charles, docteur en médecine; route de Baume (ban- lieue). — 1877. * PESSIÈRES, architecte ; Pontarlier (Doubs). — 1853. Petit, Jean, statuaire ; Paris, rue Denfert-Rochereau, 89. — 1866. PETITCLERC, Paul, géologue; Vesoul (Haute-Saône), — 1881. PINAIRE, Jules, juge de paix; Clerval (Doubs). — 1868. PoLy, archéologue ; Breuches (Haute-Saône). — 1869. DE PRINSAC (le baron), ancien membre du conseil d’adminis- tration de la société; château de Saint-Elix, près Mirande (Gers.) — 1873. PROST, Bernard, rédacteur au Ministère de l'Intérieur (bureau des archives départementales); Paris. — 1857. QUIVOGNE, médecin vétérinaire, adjoint au maire de Lyon. — à Lyon. — 1877. * QUÉLET, Lucien, docteur en médecine; Hérimoncourt (Doubs). — 1862. RAMBAUD , Alfred, professeur à la Faculté des lettres de Paris, membre du Conseil général du Doubs. — 1881. * RECEVEUR, Jules, notaire; Cuse, près Rougemont (Doubs). — 1874. * RENAUD, Alphonse, officier principal d'administration des hôpitaux militaires en retraite ; Paris, rue d'Amsterdam, 69. — 1855. RENAUD, Edouard, chef de bataillon d'infanterie ; Pau. — 1868. RENAUD, Ferdinand, botaniste, capitaine au dépôt de remonte ; . Tarbes (Hautes-Pyrénées). — 1875. * REVON, Pierre, banquier; Gray (Haute-Saône). — 1858. RICHARD, Charles, docteur en médecine ; Autrey-lez-Gray (Haute-Saône). — 1861. RICHARD, Auguste, pharmacien ; à Nice, rue de Paris, 15, et à Autet, par Gray. — 1876. — 956 — RINGUELET, Eusèbe, industriel; Trécourt (Haute-Saône). — 1873. Rrpps (l'abbé), curé de Morre, près Besançon. — 1882. RouzeT, Louis, ancien ingénieur-voyer ; Dole (Jura). — 1874. Roy, Jules, professeur à l’Ecole des Chartes ; Paris, rue des Saints-Pères, 12. — 1867. * ROSSIGNOT, (l'abbé) Auguste, curé d’Argillières (Haute-Saône). — 1885. * SAILLARD, Armand, négociant; Villars-lez-Blamont (Doubs). — 1877. * SENTUPÉRY, Charles, négociant; Arc-lez-Gray (Haute-Saône). — 1879. “ DE SAUSSURE, Henri, naturaliste ; Genève, Cité 24 (Suisse). — 1854. TAILLARD, docteur en médecine, membre du conseil d’arrondis- sement de Montbéliard; Maîche (Doubs). — 1877. THURIET, Ch., président du tribunal civil; Saint-Claude (Jura). — 1869. THURIET, avocat à Baume-les-Dames, (Doubs). — 1885. TOUBIN, Charles, ancien professeur au collège arabe d’Alger; rue Foncet, 12, à Nice. — 1856. TOURGNOL, principal du collège de Baume-les-Dames (Doubs). — 1873. * TOURNIER, Ed., maître de conférences à l’Ecole normale, sous- directeur à l’école des hautes études; Paris, rue de Tournon, 16. — 1854. TRAVELET, Nicolas, propriétaire, maire de Bourguignon-lez- Morey (Haute-Saône). — 1857. * TRAVERS, Emile, ancien conseiller de préfecture ; Caen (Calva- dos). — 1869. TRIDON, Mathieu, censeur honoraire du Lycée, à Buthier. — 1878. TRIBOUT, négociant; Paris, rue des Pyramides, 20. — 1880. *“ TRIPLIN, Julien, représentant de l’horlogerie bisontine à Lon- dres (Hart street Bloomsbury, 13). — 1868. TRUCHELUT, président de la Chambre syndicale des photo- graphes de Paris; impasse Dupuis, Courbevoie (Seine). — 1854. — 557 — MM. TuUETEY, Alexandre, sous-chef de la section législative et judi- ciaire aux Archives nationales; rue Laugier, 94, Ternes, à Paris. — 1863. VALFREY, Jules, ancien sous-directeur à la direction politique du Ministère des affaires étrangères ; Paris, avenue de l'Opéra, 12. — 1869. VAILLANDET, médecin ; Pin-l'Emagny (Haute-Saône). — 1876. VAISSIER, Jules, fabricant de papiers; Marnay, par Azay-le- Rideau (Indre-et-Loire). — 1877. VARAIGNE, directeur des contributions indirectes ; à Poitiers (Vienne). — 1856. VENDRELY, pharmacien ; Champagney (Haute-Saône). — 1863. VERNEREY, notaire; Amancey (Doubs). — 1880. VIEILLARD, Léon, propriétaire et maître de forges; Morvillars (Haut-Rhin). — 1872. * DE VIGNAUD, Eugène, littérateur. — 1875. VoisiIN-DELACROIX, Alphonse, statuaire; Montrapon, banlieue de Besançon. — 1878. * WALLON, Henri, agrégé de l’Université, manufacturier; Rouen, Val d’Eauplet, 48. — 1868. * WILLERME, colonel des sapeurs-pompiers de Paris en retraite; Paris, rue de Sèvres, 4. — 1869. ZELLER, Jean, inspecteur d'académie à Laon. — 1871. — 558 — SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES (425) Le millésime indique l’année dans laquelle ont commencé les relations. FRANCE. Comité des travaux historiques et scientifiques près le Ministère de l’Instruction publique /Cinq exemplaires des Mémoires) TRAIT SRE NE eee Re Ain. Société d'Emulation de l'Ain: BOUrS. 10. OPRPPSNUE Aisne. Société académique des sciences, arts, belles-lettres, agri- culture et industrie de Saint-Quentin . . . . . . .. Allier. Société des sciences médicales de l’arrondissement de Cannabis tr ae TRS LS RP MT ne ee SC Société d'Emulation du parlement de l'Allier; Mou- Nine ru eu de SC RS LS is Alpes-Maritimes Société des lettres, sciences et Site des Alpes-Maritimes ; Alpes (Hautes-). Société d'étude des Hautes-Alpes; Gap. . . . . . . .. Ardèche. Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et lettres dé T'Ardecne; Privas mar SSSR Er RE 1856 1868 1862 1851 1860 1867 1884 ER — Aube. Société académique de l'Aube ; Troyes . Aveyron. Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron; Rodez. Bouches-du-Rhône. Société de statistique de Marseille. : Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marstile. Calvados. Société Linnéenne de Normandie ; Caen. Académie de Caen. Charente. Société historique et archéologique de la Charente; Angoulême . . Charente-Inférieure. Société des archives historiques de la Saintonge et de PAunis ; Saintes . Cher. Société des antiquaires du Centre ; Bourges. Côte-d'Or. Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon . Commission des antiquités du département de la Côte- d'Or; Dijon . PART RER UN RE EN ARE TITRES PRRCEN RETEEST Den PE Société > ouais d'histoire et de littérature, de Beaune . Û : : Société des sciences Hi ioUuS à et naturelles de be Doubs. Académie (les sciences, belles-lettres et arts de Besan- ROLE rare do A 0e nul ef CSSS SE Société d'agriculture, sciences naturelles et arts du dé- partement du Doubs ; Besançon. . 1867 1876 1867 1867 1857 1868 1877 1883 1876 — 560 — Société d’'Emulation de Montbéliard. . . . . . . . . . . 1854 Société de médecine de Besancon. . . . . . . . . . . . 1861 Société de lecture de Besançon. . . . . . . . . . 515 314805 Association scientifique des pharmaciens de Besançon . 1875 Drôme. Bulletin d'histoire ecclésiastique et d’archéologie reli- gieuse des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Vi- Viers; Romans (Drôme). …. 1-0 0 NN eee 21880 Eure-et-Loir. Société Dunoise:; Chateaudun tt ne en 1867 Finistère. Société académique de Brest. . . . . . . .. A MONS Gard Académie de Nîmes . . . . . . . sn ire 1600 Société d’études des sciences os de Nine. HÉROS SS Garonne (Haute). Société archéologique du Midi de la France; Toulouse . 1872 Société des sciences physiques et naturelles de Tou- IOUSÉ Cr RUN Re Re ne Rhone) Gironde. Société des sciences physiques et naturelles de Bor- eaux. AU TUE AA TEE eut LA POSE CU DANSE ES LES ET Société d'archéologie de Bordeaux . . . . . . . . . . . 1878 Société Linnéenne de Bordeaux . . . . . . . . . . . . 1878 Hérault. Académie,.de Montpellier: 4:14 244tiuni4L ot euR 1869 Société archéologique de Montpellier . . . . . . . . MR let) Société des sciences naturelles de Béziers. . . . . . . . 1878 Isère. Société de statistique et d'histoire naturelle du départe- ment de lisère; Grenoble . housse penis 1857 — 961 — Jura. Société d’Emulation du SÉRIE du Jura; Lons-le- Saunier . REIN dE : Société d'agriculture, sciences et arts de or Société de viticulture et d’horticulture d’Arbois . Loire. Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles- lettres du département de la Loire; Saint-Etienne. Loiret. Société archéologique de l’Orléanais ; Orléans . Lot-et-Garonne. Société d'agriculture, sciences et arts d'Agen. Maine-et-Loire. Société industrielle d'Angers et du département de Maine- et-Loire; Angers. ; Société de ciche de Malle: et- us oc Ë Manche. Société des sciences naturelles de Cherbourg . Marne. Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du dé- partement de la Marne; Châlons . Société d'histoire naturelle de Reims. È Se Société d'agriculture, sciences et arts du départe nent de la Marne ; Reims. . Marne (Haute-). Société archéologique de Langres. . Meurthe-et-Moselle. Société des sciences de Nancy (ancienne Société des seiences naturelles de Strasbourg) . 30 1844 1860 1877 1866 1851 1884 1855 1857 1854 oo Meuse. Société polymathique de Verdun . Morbihan. Société polymathique du Morbihan; Vannes. Pyrénées (Hautes-). Société des sciences, arts et lettres de Pau. Pyrénées (Basses-). Société des sciences et arts de Bayonne. Pyrénées Orientales. Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées- Orientales; Perpignan. . Rhin (Haut-). Société Belfortaine d’Emulation . Rhône. Société Hu. d'histoire naturelle et arts utiles de Lyon. : à Académie des sciences, lee letines . arts a Don . Société littéraire, historique et archéologique de Lyon. Musée Guimet; Lyon. . . Saône-et-Loire. Société Eduenne ; Autun. ne te ; Société d’ bébés et d'archéologie de ace Lt Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire ; Cha- lon-sur-Saône . ; é _ Saône (Haute-). Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône ; Vesoul. dire : ‘ ë Société d'encouragement à r mr Vesoul Sarthe. Société d'agriculture, sciences et arts; Le Mans. Société historique et archéologique du Maine ; Le Mans . 1851 1864 1873 1884 1856 1872 1850 1850 1866 1880 1846 1857 4877 1861 1881 1869 1879 1563 — Savoie. Académie de Savoie; Chambéry . Savoie (Haute-). Société Florimontane ; Annecy. Seine. Académie des sciences de l’Institut de France. Association scientifique de France ; Paris . Société des antiquaires de France; Paris. je Société française de numismatique et d'archéologie; Association française pour l'avancement des sciences Société d'histoire de Paris et de l’Ile de France Association pour l’encouragement des études grecques En France. rue Soufflot, 22, Paris 0. . ï sie Société générale des prisons; place du Marché: Saint- Honoré, 26, Paris het re Société de botanique de nn rue il Grenelle, 24, Paris . k j : È Société d’ boues de as. rue noire Duo " Seine-Inférieure. Commission départementale des antiquités de la Seine- MiÉREUTC ROUEN SL ANAL CN NE NES RE ere Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen Société libre d'Emulation de la Seine-Inférieure ; Rouen. somme Société des antiquaires de Picardie ; Amiens. Vienne (Haute-). Société historique et archéologique du Limousin; Limoges. Vosges. Société d'Emuiation du département des Vosges : Epinal. Société philomathique vosgienne ; Saint-Dié, 1869 1871 1872 1866 1867 1878 1879 1884 1878 1879 1883 1883 1869 1879 1880 1869 1852 1855 1876 — 964 — Yonne. Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne ; Auxerre. ALSACGE-LORRAINE Société d'histoire naturelle de Colmar. £ : Société des sciences, agriculture et arts de k Fo Alsace ; Strasbourg . ALGERIE. Société historique algérienne ; Alger . . ALLEMAGNE. Académie impériale et royale des sciences de Berlin. Société botanique de la province de Brandebourg ; Berlin . ee Ne Ft Eee Académie royale des sciences de bavèie à Munich (Kœænigl. bayer. Akademie der Wissenechaiten ZU Munchen), représentée par M. Scheuring, libraire à Lyon . : Société des sciences turelles de Brème Poe. chaftlicher Verein zu Bremen) . : Société des sciences naturelles et médicales % L Due Hesse (0Oberhessische Gesellschaft für Natur und Heil- kunde) ; Giessen. ane : ; Société royale physico-économique de nee g ne gliche physikalich-œkonomische Gesellschaït zu Koe- nigsberg) ; Prusse . AUTRICHE. Institut impérial et royal de géologie de l'empire d’Au- triche (Kaiserlich-kœæniglich-geologische Reichsanstalt) ; Vienne". AMÉRIQUE. Société d'histoire naturelle de Boston. Institut Smithsonien de Washington . 1852 1860 1880 1870 1879 1877 1865 1866 1853 1861 1855 1865 1869 — 969 — ANGLETERRE. Société littéraire et philosophique de Manchester (Lite- rary and philosophieal Society of Manchester). BELGIQUE. Académie royale de Belgique; Bruxelles . . Société géologique de Belgique; Liège . PORTUGAL. Section des travaux géologiques du Portugal, de l’Aca- démie royale des sciences de Lisbonne, rua do Arco a Jesus, 113. ITALIE. Académie des sciences, lettres et arts de Modène . R. Deputazione sovra gli Studi di Storia Patria; Torino. . LUXEMBOURG. Société des sciences naturelles dugrand duché de Luxem- bourg ; Luxembourg . . . . SUÈDE ET NORVEGE. Académie royale suédoise des sciences, Stockholm . - Université royale de Christiania . SUISSE. Société des sciences naturelles de Bâle. . Société des sciences naturelles de Berne . . Société jurassienne d’'Emulation ; Porrentruy . Société d'histoire et d'archéologie de Genève . Institut national de Genève. SRE ie seen es Société vaudoise des sciences natur elles Likanne ; Société d'histoire de la Suisse en Lausanne . Société neuchâteloise des sciences naturelles; Neuchâtel. Société d'histoire et d'archéologie de Neuchâtel . Société helvétique des sciences naturelles ; Zurich. Société des antiquaires de Zurich. La Société générale d'histoire suisse (à la D oiteoue de Berne). . 1859 1868 1876 1885 1879 1884 1854 1869 1877 1872 1855 1861 1863 1866 1847 1878 1862 1865 1857 1864 1880 — 966 — BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES (24) Ayant droit à un exemplaire des Mémoires. Bibliothèque de la ville de Besançon. Id. populaire de Besançon. Id. de l’Ecole d'artillerie de Besançon. Id. des Facultés et de l’école de médecine de Be- sançon. el du chapitre métropolitain de Besançon. Id. de la ville de Montbéliard. Id. de la ville de Pontarlier. Id. de la ville de Baume-les-Dames. Id. de la ville de Vesoul. Id. de la ville de Gray. Id. de la ville de Lure. Id. . de la ville de Luxeuil. Id. de la. ville de Lons-le-Saunier. Id. de la ville de Dole. Id. de la ville de Poligny. Id. de la ville de Salins. Id. de la ville d'Arbois. Id. du musée national de Saint-Germain-en-Laye. Id. Mazarine, à Paris. Id. de l’école d'application de l'artillerie et du génie, à Fontainebleau. : Archives départementales de la Côte-d'Or. Id. du Doubs. Id. de la Haute-Saône. Id. du Jura. JE | 5: : 5 - g : ; k RE rod an, "à EST TABLE DES MATIÈRES DU VOLUME. PROCES-VERBAUX. Don fait à la ville de Besançon, par M. Edouard GRENIER, membre honoraire de la Société, de l'héritage artistique de Sonirere le pDenire JUS GRENIER 125 200 leu e en cie ie p. VI Proposition, par M. CASTAN, de donner le nom de Dunod à une rue nouvelle de la ville et de restituer le nom de Chiflet à une autre rue qui en avait été dépossédée. — Délibération du Con- seil municipal relative à cette proposition. ,...,....,.. PP. VII-VIIT et XV Rapport, par M. ARNAL, sur la gestion financière de la Société 1 ; de eee CDD. XXII Communication, par M. l’architecte SAINT-GINEST, 4. son projet d’un piédestal pour la statue de Claude de de froy D tale p. XII Félicitations à M. DE LESSEPS, membre honoraire de la Société, au sujet de son élection à l’Académie française. .....,....., p. XVI Lecture, par M. le général WozrrF, d’une étude d’ethnographie et de linguistique sur l’universalité du rôle des conquérants de race blanche aux premiers äges de l’humanité........ p. XVI Congrès de la Sorbonne en 1884 : lecture faite à la section des Beaux-Arts, par M. CASTAN ; promotion de M. Alfred VAISSIER aurerade dofficien d'ACadénne, annee mec cansac DD: XVIIIe IX Notice, par M. l’abbé DROUHARD, sur M. Eugène PERRON, bre correspondant décédé: 0 00 OS DD HEIN Envoi, par M. COLSENET, d’une série d'extraits de anciens Me- moires de l’Académie des sciences, relatifs à la Glacière de PAC leZ PASS AVANT ER A ER RU Tee eu ee DHEXV Rapport, par M. le docteur LEDOUX, sur la séance bb de à Société d'Emulation de Montbéliard, en 1884..,........., ... p. XXV Annonce de l’exécution, par M. Jean PE Tr, des bustes en moe de Francis WEY et Fe Jules OUICHERAT, tous deux membres honorareside la} Société tue ARE he bo aies no pe XXVI Analyses, par M. Edouard BESSON, d’un mémoire de M. le pas- teur CHENoT sur l’Introduction de la Réforme dans les trois seigneuries relevant de Montbéliard, et d'un ouvrage de M. Albert be MonrTer sur les Us et coutumes de la ville de Vevey au moyen äâge....…..... ts RAA de , PP. XXVI-XXVIHII — 568 — Adhésion de la Société à la démarche faite par la Société des Antiquaires de France, en vue d’obtenir une loi de protection pour les monuments anciens........,.,..,.. dat en ne p. XXIX-XXX Budget de la Société pour l’année 1885.,..... ,,.,......., .... p. XXX Remercin.ents votés à M. DURUPT, trésorier démissionnaire. ... p. XXXIN Exposé, par M. CASTAN, des motifs qui doivent faire attribuer à l’Académie de Besançon le soin de poser une plaque commé- morative de la naissance de Joseph DRoz....,...,..., PP. XXXIII-XXXIV Election du Conseil d'administration pour 1885..,......,.,... p. XXXVI Séance publique du 18 décembre 1884.,.,........,.. PP. XXXVII-XXX VIII Banquet de 1884 : toasts prononcés à cette occasion par M. le _ docteur LEDOUX, président annuel ; M. LEVAILLANT, préfet du Doubs ; M. le docteur Mic, recteur de l’Académie ; MM. Jules JURGENSEN (du Locle), John VIÉNOT (de Montbéliard), FAVROT (de Porrentruy), B. FAVRE (de Montbéliard), CARDOT DE LA BurTHE (de Vesoul), délégués des sociétés savantes de la Suisse et de la Franche-Comté ; M. BRUAND, maire de Besan- çon ; M. Léon BARBIER, président élu pour 1885..,..... pp. XXXIX-LV MÉMOIRES. La Société d'Emulation du Doubs en 1884, par Mile docteur Emile Esboux 1:00 m0" p. 1 La Ballade du Cordier, pièce de vers par M. Charles RÉRURIET 2 R ebUes n nd e br8 Notice sur Charles Grand, ancien président de la Société d'Emulation du Doubs, par M. Victor Les origines et la date du Saint-Tldefonse de Ru- bens, par M. Auguste CASTAN (1 planche double). p. 15 Une visite au Saint-Tldefonse dé Rubens, par M. Au- QUSLE NCA SIN) LE Rene A es A 2. 1 DE AUS Les Etats de Franche-Comté de 1788, par M. le docteur JL MEYNIER 00 0 Leave p. 115 — 569 — Flore des lichens de Franche-Comté et de quelques localités environnantes, par M. Camille FLAGEY : LENRIÈNNe tres eee er Note sur le Gault de Rozet, par MM. Paul PETiIrT- CEMRCIeL AIDE GIRARDOT. nr a, Henri Martin, membre honoraire de la Société d'Emulation du Doubs : notice par M. Edouard RSS ONE Him er ne Re ee ae Formation jurassique des environs de Besançon : rapport sur une étude géologique de M. Rollier, DM Albert GIRARDOT. ::. ,.... M ce Les Phénomènes de l’Attention : causerie physio- logique, par M. le docteur CHAPoY (3 planches)... Les Mosaiques du Clos Saint-Paul à Besançon, par M. À. VAISSIER, avec dessins de M. A. DUCAT... La Glacière de Chaux-lez-Passavant : notice histo- rique et scientifique, par MM. Albert GIRARDOT et TROUILEET (1 planche)......... Sans DonSants anlaiSociété en 1885... 44.11.7010 ao cA AE 0 à Envois des Sociétés correspondantes... ..,,.,...,..... so Membres de la Société....... ae A AE ARTS Le ac tqs Sociétés correspondantes... ,.... A CE PR EE en Bibliothèques recevant les Dé see M ee rie BESANÇGON,. — IMPRIMERIE DODIVERS ET cie, GRANDE-RUE. 30. De p- Ps p. P: P: p. Der 394 449 Ft FSU Extraits Le. statuts et du règlement de la Société d'Emulation du Doubs, fondée à DS le 1" juiilet 14840. 2 Décret dit du 92 1803 : «& «La Socbié data ke Doubs, à Besancon, est reconnue comme établissement d utilité … publique es .) | : : Ari. ler des statuts : « Son but est de. concourir activement AUX progrès des sciences et des arts, et, pour en faciliter le développe= ment, de coopérer à la du à. des collections publiques et a É= _diter les travaux utiles de ses membres. oo . ‘» Elle RS DR Repas les études relatives à la Er anche 2. Comté. | ( Art, Fe des statuts Leu La Société pourvoit à ses AVReRSSS . Se moyen: : ee l . » 10 D'une cotisation annuelle payable par chacun de ses membr es - résidants et par chacun de ses membres correspondants : elle est | exigible dès l'année même de leur admission. | | " » 2 De la somme de deux francs payable par les membres rési- dants et correspondants au moment de la remise du diplôme. . : . Art. 17 du règlement : « La cotisation annuelle est fixée à dx ; francs pour les membres résidants et à | Six francs pour membres correspondants. » = Art. 28 des statuts : « Les éaues. ont la ééide de se Here | de leur cotisation annuelle en versant un capital dans la caisse de la Société. te » La somme exigée est de cent francs pour les mémbres 1. dants et de soixante francs pour les correspondants... pe. . Art. 15 des slatuts : « Tout membre qui aura cessé de payer sa cotisation pendant plus d’une année, pourra être considéré comme démissionnaire par le conseil d’admimistration. » à . Art. 6 du règlement : « sin séances ordinaires se tiennent le . cond samedi de chaque mois...» . Art. 9 du règlement : « La Société publie, chaque année. D un. : bulletin de ses travaux, sous le titre de Mémoires... » : Art. 13 du règlement : « Le bulletin est remis gratuitement : | » …… À chacun des membres honoraires, résidants et corres- pondants de la SOCIÈÉ ie » : FE At AN APS MRSn re ee tas AU AA » il % > x & : ns 0) LA Adresse du Trésorier de la Société : M. le Trésorier de la Société 7 d’Emulation du Doubs, Palais Granvelle, à Besancon. Ca LA AU DH HT A TAC ST ee