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Georges Boyer, président sortant, élu premier vice-président pour 1889; Léon Chapoy, deuxième vice-prési- sident, élu président pour 1889 ; Edouard Besson, secrétaire ; Jo- seph Guillemin, trésorier ; Alfred Vaissier, archiviste. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Béjanin (Léon), Boussey, Castan, Cordier, Cottignies, Delacroix, Ducat, Girardot, Girod, Guenot, Guillemin (Victor), Ledoux, Lieffroy, Michel (Henri), Richard, Ripps. Les procès verbaux des séances des 12 et 13 décembre 1888 ayant été lus et adoptés, M. BOYER, président sortant, prend la parole en ces termes : _« L'année qui vient de s’écouler a été une année de travail. Bien que son cours n’ait été marqué par aucun événement mé- morable, elle tiendra néanmoins une place des plus honorables parmi ses devancières, grâce aux remarquables travaux que AV pete M. Castan, notre éminent secrétaire honoraire, nous a réservés, et qu’il continue à nous prodiguer. Un tel concours, Messieurs, justifie pleinement nos espérances ; et puis la direction sage et habile que mon savant successeur et ami, M. le docteur Léon Chapoy, saura imprimer à ses travaux, à ses recherches scienti- fiques, est un gage de nouveaux succès. N’avez-vous pas aussi, dans la sympathique personne de votre secrétaire décennal, le pilote habile et expérimenté qui veille à la sécurité du navire ? Vous pouvez donc avoir confiance en l’avenir. » Pour moi je suis heureux et fier d'avoir été appelé à prési- der vos travaux, et cette année comptera parmi mes meilleurs souvenirs pour le grand honneur que vous m'avez fait et la bien- veillance que vous m'avez accordée pendant la durée de mon mandat. » Avant de quitter le bureau laissez-moi vous exprimer en- core une fois mes sentiments de profonde reconnaissance. J’a- dresse aussi mes remerciements à tous les membres du Conseil d'administration pour le zèle et le dévouement qu’ils apportent dans l’accomplissement de la tâche qui leur est confiée. » J’invite M. le docteur Chapoy à prendre place au bureau ». Ces paroles ayant été accueillies par les applaudissements de Vassistance, M. le docteur Chapoy, président élu pour 1889, prend place au bureau, et renouvelle à son tour à la Société l'expression de sa gratitude pour l’honneur qu’elle lui a fait en l'appelant pour cette année à présider ses travaux. II lui promet en revanche tout son dévouement et tout son zèle, et fait appel pour faciliter sa tâche au concours des membres du bureau. Ces déclarations sont accueillies, elles aussi, avec sympathie par les membres présents. M. le président de la Commission météorologique demandant à la Société de déléguer un de ses membres pour entrer dans cette Commission, le choix de la réunion s'arrête sur M. Henry, docteur ès sciences, professeur à l'Ecole de médecine. L'ordre du jour appelant la désignation de trois membres étrangers au Conseil d'administration pour vérifier les comptes du trésorier, la Société désigne, comme les années précédentes, MM. Arnal, Demongeot et Sire. NE M. Edouard Besson prend alors la parole pour rendre compte d’une nouvelle publication relative au marquis Claude de Jouf- froy, inventeur de la navigation à vapeur. L'auteur de cette pu- blication, M. Alfred Prost, a traité en un gros volume un sujet déjà exposé dans maintes brochures beaucoup plus courtes, mais tout aussi substantielles. Il n’y aurait donc pas lieu de s’y arrêter, si ce volume ne contenait, en même temps que de grossières injures pour les membres de la famille de Jouffroy, les plus étonnantes allégations au sujet de la manière dont fut élevée à Besançon la statue de l’inventeur. D’après M. Prost, l'érection de ce monument serait due à la Société franc-com- toise les Gaudes de Paris, société aveclaquelle notre compagnie s’est toujours honorée d'entretenir les meilleures relations, mais qui, dans l’œuvre en question, à figuré par l'apport d’une somme de cent dix francs, alors que la dépense totale s'élevait à près de trente mille. Cest, comme chacun sait, la Société d’Emula- tion qui a été chargée de réunir les fonds nécessaires, et la ma- nière dont elle s’est acquittée de son mandat ne lui faisait pas craindre de voir ses titres contestés un jour. M. Besson reconnait d'ailleurs qu'il aurait dû depuis longtemps, comme la Société l'en avait chargé, écrire l'historique de la statue de Claude de Jouffroy, mais son omission doit être réparée aujourd’hui en présence de revendications aussi ridicules qu'audacieuses. En conséquence, il s'engage à produire dans le plus bref délai cet historique, accompagné de documents et de preuves indiscu- tables à l'appui. Adoptant cette manière de voir, la Société invite M. Besson à lui communiquer dans la prochaine séance le mor- ceau dont il s’agit. M. Victor Guillemin donne lecture d’une Notice sur le peintre franc-comtois Ferdinand Perron. Ce morceau, dont la lecture est accompagnée de l’exhibition de plusieurs toiles dues au pin- ceau de l'artiste biographié, est retenu pour notre prochain vo- lume. Est pareillement retenu pour l'impression un travail Iu par M. Castan et intitulé : L'Académie de France à Rome en 1675. Est présenté pour entrer dans la Société comme membre ré- = VU sidant, par MM. Lagarde et Besson, M. Maidiney, préparateur de physique à la Faculté des sciences. Après un vote d'admission, M. le président proclame : Membre correspondant, M. GASCON, Louis, professeur au collège de Baume-les-Dames. Le Président, Le Secrétaire, D' CHAPOY. E. BESSON. Séance du 9 février 1889. PRÉSIDENCE DE M. BOYER. Sont présents : BUREAU : MM. Boyer, premier vice-président ; Besson, secré- taire; Vaissier, archiviste. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. PBavoux, Castan, Cordier, Cotti- gnies, Demongeot, Ducat, Girardot, Guillemin (Victor), Paul Laurens, Ledoux, Lieffroy, Pingaud, Richard, Ripps. M. le marquis Sylvestre de Jouffroy assiste à la séance comme invité. Le procès verbal de la séance du 12 janvier 1889 ayant été lu et adopté, le secrétaire communique une dépêche du Ministère de l’Instruction publique demandant pour l'Exposition Univer- selle les volumes publiés par la Société d’'Emulalion du Doubs depuis le 1er janvier 1879. Cette demande est unanimement agréée, et l’on vote l’envoi des volumes en question. : Le secrétaire communique de plus une lettre de remereie- ments de M. le directeur de Ecole de médecine et de pharmacie, au sujet d’une collection complète des publications de la Socrété offerte à la bibliothèque de cette Ecole. On agrée ensuite une proposition de relations d'échange de. publications à établir avec le Muséum impérial et royal d'histoire naturelle de Vienne, adressée à la Société d’Emulation par cet établissement. M. Castan, présentant une traduction italienne des principaux ouvrages de notre confrère M. Sire, s'exprime de la manière sui- vante : « Le 143 décembre 1860, notre confrère M. Georges Sire faisait fonctionner devant la Société d’Emulation du Doubs un appareil inventé par lui pour la démonstration expérimentale de cer- tains phénomènes astronomiques, tels que la précession des équinoxes et la nutation. Cet appareil, dont la description se trouve dans nos Mémoires, a reçu de son auteur le nom de po- lytrope. IL à pris rang parmi les instruments devenus classiques qui servent aux expériences dans l’enseignement des sciences physiques, non seulement en France, mais encore à l'étranger. » Le 6 février 1882, l’Académie des Sciences de l’Institut de France, admettant notre érudit confrère au partage de son prix annuel de mécanique, motivait en ces termes une décision si flatteuse pour celui qui en était l’objet : « M. Sire, docteur ès- » sciences, ancien directeur de l'Ecole d’horlogerie de Besançon, » n’a cessé depuis vingt ans de s'occuper des questions de mé- » Canique théorique et expérimentale qui ont le plus exercé la » sagacité des physiciens. Son premier travail sur ce sujet date » de 1857; il est consacré à l’étude de la tendance des axes de » rotation au parallélisme et à son application à la détermination » expérimentale de la rotation terrestre. Ses recherches, pres- » que contemporaines de la mémorable expérience de Fou- » cault, ont cependant été dirigées de toute autre façon, vers la » construction d'appareils de démonstration se suffisant en quel- » que sorte à eux-mêmes sur la table de l’ohservateur, et met- » tant en évidence la vérité dans une foule de problèmes de » mouvements relatifs, qui, surtout quand il s’agit de rotation, » sont pour la plupart d’un effet si imprévu. » Le polytrope de M. Sire en 1862, son pendule gyroscopique » et enfin son dévioscope, qui date de cette année même, mettent » en complète clarté des résultats d’un grand intérêt scienti- » fique, et l’on sait combien la théorie des mouvements relatifs » a servi au progrès de nos connaissances mécaniques dans les » questions les plus délicates ». — X — » Un nouveau succès vient d’être obtenu par les travaux que M. Sire a publiés sous les auspices de notre Société. La science italienne, dont les préférences actuelles inelinent volontiers vers l’érudition allemande, a néanmoins jugé queles travaux de notre confrère, en raison de la savante limpidité qui les distingue, étaient préférables à tous autres pour interpréter la mécanique des rotations dans la Biblioteca dell’ Elettricità, collection qui s’imprime à Sienne et se publie concurremment à Milan et à Paris. » De cette préférence des mieux justifiées, résulte un petit volume en langue italienne. U est intitulé : € GIORGIO SIRE. — La Meccanica delle rotaziont, teoria elementare sopra il Poli- tropio, ll Giroscopio, il Devioscopio, traduzione dal Francese di UGo BAGNOLI », 1889, in-12; xiv-127 pages, avec 19 figures in- tercalées dans le texte et trois planches gravées sur cuivre. Pour donner un regain d'actualité à sa docte trilogie sur la mé- canique des rotations, M. Sire a bien voulu fournir à son tra- ducteur italien un morceau inédit qui est intitulé : Considera- zionti sulle analogie fra gli orientamenti giroscopi ed À fenomeni magnetici ed elettrici. Ce complément porte comme date : « Be- sançon, Luglio 1888 ». » Les origines des travaux traduits dans ce volume sont pro- vincialement et unationalement attestées, car notre éminent confrère a voulu que, dans la traduction italienne du groupe es- sentiel de ses études, on n’oubliât ni le rapport fait à la Société d'Emulation du Doubs sur son polytrope en 1861, ni le rapport fait à l'Académie des Sciences en 1882 sur l’ensemble de ses productions relatives à la mécanique des rotations. « De la part de M. Sire, j’ai l'honneur de présenter à la Société d'Emulation du Doubs La Meccanica delle rotazioni, ouvrage qui englobe la traduction des études de notre confrère sur le polytrope, le gyroscope et le dévioscope. » Nous ne saurions saluer avec trop de sympathie l'apparition de ce volume, car il est un témoignage de la haute estime ac- cordée par une ration voisine aux mérites d’un savant dont no- tre Compagnie s’honorera toujours d’avoir publié les perspicaces et consciencieux travaux ». Cette communication est accueillie par les applaudissements de la réunion qui en décide lPinsertion au procès-verbal. PS > — XI — On arrête ensuite l'impression dans notre prochain volume d’un septième article de la publication intitulée Flora Sequaniæ exsiccata où Herbier de la Flore de Franche-Comté, entreprise dans nos Mémoires par MM. Paillot et Vendrely. M. Edouard Besson donne lecture d’un mémoire intitulé : L’in- venteur Claude de Jouffroy et sa statue à Besançon. Cet exposé, dont la rédaction lui avait été demandée par la Société, pour réfuter les assertions aussi fausses que ridicules contenues dans l'ouvrage de M. Alfred Prost sur le mème sujet, est accueilli par les applaudissemeuts de l’auditoire. M. le marquis de Jouffroy présent à la séance en certifie la scrupuleuse exactitude et re- mercie M. Besson. On décide de plus que lexposé en question sera imprimé dans les Mémoires de la Compagnie avec docu- ments à l'appui. Après un vote d'admission, M. le président proclame : Membre résidant, M. MALDINEY, préparateur à la Faculté des sciences. Le Président, Le Secrétaire, (x. BOYER. E. BESSON. Seance du 9 mars 1889. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR CHAPOY. Sont présents : BOÜREAU : MM. Chapoy, président; Boyer, vice-président; Bes son, secrétaire; Vaissier, archiviste. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Bavoux, Castan, Cottignies, Ducat, Girardot, Guillemin (Nictor), Ledoux, Lieffroy, Marchand, Pin- gaud, Richard, Ripps, Vernier. Le procès-verbal de la séance du 9 février 1889 ayant été lu et adopté, le secrétaire donne communication d’une circulaire de Pa OPA la Direction des Beaux-Arts, annonçant, pour le 41 juin prochain, l'ouverture de la 13e réunion annuelle des Sociétés des Beaux- Arts des départements et invitant les sociétés à dresser d’ur- sence la liste de leurs délégués. Est pareillement communiquée une circulaire de M. le Minis- tre de l’Instruction publique, accompagnée de six exemplaires d’un questionnaire relatif à l'étude de l’habitat en France, et sollicitant des réponses aux questions qui s’y trouvent conte- nues. Ces pièces resteront déposées sur le bureau de la Com- pagnie. M. Castan, ayant ensuite obtenu la parole, s’exprime en ces térmes « Messieurs, nos feuilles locales ont fait justement écho à l’hommage qui vient d’être rendu aux mérites de l’un de nos plus distingués compatriotes. » Nous apprenons », a dit le journal la Franche-Comté, « que » M. Xavier Marmier, de l’Académie Française, vient de recevoir ». du doyen de l’Université de Leipzig, un très curieux diplôme » imprimé en souvenir du cinquantenaire de l’éminent acadé- » micien qui, au mois de février 1839, fut reçu docteur en philo- » sophie à cette Université. Les philosophes de Leipzig sou- » haitent au vénérable membre de l’Institut, qui est àgé de plus » de quatre-vingts ans, une longue et heureuse vieillesse, et ils » le remercient d'avoir fait connaître à la France, par ses tra- » ductions, les œuvres littéraires et poétiques de leur pays ». » La Société d’'Emulation du Doubs ne peut qu'être sensible à une démonstration si flatteuse pour l'écrivain franc-comtois qui en est l’objet. M. Xavier Marmier ne fait pas seulement hon- neur à notre province par sa notoriété littéraire : il a célébré et décrit avec amour les gloires ainsi que les beautés naturelles de la Franche-Comté, et sa charmante bienveillance n’a cessé d’être acquise à tous ceux de nos compatriotes qui ont eu be- soin de ses conseils ou de son appui. _» Je vous prie done, Messieurs, d'adresser à M. Xavier Mar- mier des félicitations bien sincères au sujet de l’hommage com- mémoratif qui vient de lui advenir, en saisissant cette occasion de l’élire membre honoraire de notre Société d’'Emulation du Doubs. = XII » Il ne saurait que lui être agréable de figurer sur une liste qui s'ouvre par le nom du plus illustre de ses confrères de l’A- cadémie, par le nom du Grand Français dont la rentrée dans sa chère patrie provoque, en ce moment mème, les applaudisse- ments de tout ce que notre généreuse nation compte d’esprits élevés et de cœurs honnêtes ». La communication qui précède ayant été chaleureusement ap- plaudie, M. le président met aux voix la proposition qui en est l’objet; puis il proclame élu à l’unanimité et par acclamation : Membre honoraire, M. Xavier MARMIER, de l’Académie française. M. Besson, secrétaire, annonce ensuite en ces termes la mort de M. Ludovic CARRAU, membre correspondant : « Messieurs, depuis Sa dernière réunion, notre Société a fait une perte sensible dans la personne de M. Ludovic Carrau, di- recteur des conférences philosophiques à la Sorbonne. Avant de parvenir à ce poste, l’un des plus élevés de l’Université, notre confrère avait occupé pendant dix ans la chaire de professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Besançon. Il n'avait pas tardé à y faire apprécier l'étendue de ses connaissances, la sûreté de son érudition, la sobre et élégante lucidité de son en- seignement. » Mais M. Carrau n’était pas seulement un penseur distingué doublé d’un éloquent professeur; c'était aussi un écrivain de race. Bien que mort relativement jeune, il laisse derrière lui de beaux et nombreux ouvrages qui, dès longtemps, avaient fixé sur leur auteur l'attention du monde savant. » Remarquables au point de vue du style, les écrits de notre confrère se rattachent au point de vue des doctrines à l’école éclectique. Empreints d’un caractère éminemment spiritualiste, ils n’ouvrent sans doute pas d'horizons bien nouveaux et bien étendus, mais ils épuisent le sujet qu’ils traitent et sont surtout remarquables par la finesse des analyses, le choix et la sûreté des arguments. M. Carrau était avant tout un psychologue. Comme notre illustre compatriote Jouffroy, il tenait l’observa- tion intérieure pour l’origine première et la base véritable de ON IN toute philosophie. De la psychologie à la morale et à la religion il n’y a qu'un pas, et M. Carrau les unit fréquemment dans ses études. Son livre sur la morale utilitaire lui valut de l’Académie française une flatteuse distinction. En poursuivant d'autre part les études de M. de Rémusat sur la philosophie religieuse en Angleterre, il a su ne point se montrer inférieur à son célèbre devancier. En dehors de la composition de ses ouvrages de longue haleine, notre confrère collaborait à un grand nombre de revues. La Revue des Deux Mondes, la Revue philosophique, la Revue bleue ont surtout bénéficié de ses travaux. Nous y avons eu nous-mêmes notre part. En 1877, l’'éminent professeur lisait à la séance publique de la Société d’'Emulation une remarquable étude sur le médecin-philosophe Lélut, qui figure dans nos Mé- moires. » Bien qu'il ne fût pas originaire de Franche-Comté, M. Car- rau s’y rattachait par un long séjour, par le mariage qu'il y avait contracté, par les fonctions universitaires et électives qu’il y avait remplies. » (était un esprit remarquable, un savant laborieux, un écri- vain habile et fécond. Son passage parmi nous a honoré notre pays qui lui doit et lui gardera un pieux souvenir ». La Société applaudit à l'expression de sentiments qu’elle par- tage et en décide l’insertion au procès-verbal. M. le président présente une Notice sur la sœur Marthe, en même temps qu'une demande de subvention formée par l’Asso- ciation des Femmes de France de Besançon pour concourir à l'érection du monument qu’elle se propose d'élever à cette femme dévouée qui fut la première des ambulancières de France. La Société, prenant en considération le but patriotique de l’en- treprise dont il est question, reconnaissant de plus qu’il s’agit de consacrer une renommée franc-comtoise méritante à tous égards, décide de prendre part à la souscription proposée, et fixe à 25 francs le montant de son modeste apport. M. Besson présente, au nom de M. Ernest Figurey, une tra- duction en vers d’'Horace due à la plume de cet écrivain et qu’il a bien voulu adresser à la Société d’Emulation. Le secrétaire in- siste sur les difficultés que présentait une telle œuvre, en dépit des essais multiples qui ont été faits dans le même sens, et re- connaît la manière heureuse dont l’auteur a su en triompher. Aussi bien M. Figurey a-t-il fait une imitation et, comme il le dit, une adaptation en vers plutôt qu'une traduction véritable. Mais son travail n’en présente pas moins de grandes qualités : versi- fication facile, style simple et naturel dont il est juste de le féli- citer. Il y a lieu en outre de le remercier de la bonne grâce qu’il a mise à envoyer à la Société un exemplaire de son ouvrage. Adoptant cette manière de voir, la réunion charge son secré- taire d'adresser à M. Figurey ses remerciements et ses félici- tations. M. Georges Boyer donne lecture d’une Notice sur les formes du terrain, d’après un récent ouvrage de MM. le colonel du génie de la Noë et Em. de Margerie. Ce morceau figurera dans notre prochain recueil. Est pareillement retenu pour l’impression une dissertation de M. Castan sur l’épitaphe du tombeau de Virginia, femme du cen- turion romain Marius Vitalis. Sont présentés pour entrer dans la Société : Comme membre résidant, Par MM. le docteur Chapoy et Castan, M. Victor-Marcel Drey- fus, docteur en médecine ; Comme membre correspondaut, Par MM. Lieffroy et Besson, M. Francis Canoz, inspecteur d'assurances à Dole. Le Président, Le Secrétaire, D' CHAPOY. E. BESSON. Séance du 13 avril 1889. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR CHAPOY. Sont présents : BurEAU : MM. Chapoy, président ; Boyer, vice-président ; — XVI — Besson, secrétaire ; Guillemin (Joseph), trésorier ; Vaissier, ar- chiviste. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Boussey, CGastan, Delagrange, Ducat, Dunod de Charnage, Fauquignon, Girardot, Girod, Guillemin (Victor), Paul Laurens, Ledoux, Pingaud, Richard, Ripps, Sire. Le procès-verbal de la séance du 9 mars 1889 ayant été lu et adopté, le secrétaire communique une circulaire par laquelle M. le Ministre de l’Instruction publique notifie l’ouverture du 27e congrès des Sociétés savantes, qui aura lieu à Paris, à partir du 11 juin prochain, et fait connaître les conditions accor- dées aux délégués des Sociétés savantes pour leur voyage. Cette circulaire restera déposée sur le bureau de la Société, et ceux de ses membres qui voudraient se rendre à Paris pour la circonstance sont invités à faire connaître leurs noms avant le 5 mai. Est pareillement communiquée une lettre de M. le Ministre de l’Instruction publique, offrant à la Société une carte d’expo- sant pour l’un de ses membres, en retour de la collection de ses Mémoires qu’elle a envoyée à l'Exposition. Les membres présents, appelés à désigner par leur vote celui d’entre eux qui devra bénéficier de cette faveur, indiquent à cet effet M. Besson, secrétaire de la Compagnie. M. Xavier Marmier, élu membre honoraire à la dernière séance, adresse au secrétaire une lettre de remerciements, conçue en ces termes : « MONSIEUR, » Je reçois, avec une sincère gratitude, le procès-verbal et le diplôme que vous avez eu la bonté de me transmettre. De tout cœur, je vous remercie et je remercie mes chers confrères d’un témoignage de sympathie dont je suis très touché. IL y a long- temps, longtemps, j'étais jeune encore, quand l’Académie de Besançon voulut bien m’admettre au nombre de ses membres. Je suis vieux, et la Société d'Emulation du Doubs m'’accorde la même marque de distinction. (est une joie pour moi de penser ND: NA RE ES qu'au début et à la fin de ma vie littéraire, j'ai été ainsi encou- ragé et honoré dans mon pays de Franche-Comté. » Veuillez, Monsieur, agréer l’expression de mes sentiments les plus distingués. » XAVIER MARMIER ». Cette lettre est accueillie par les applaudissements de l’as- semblée, qui en décide l’insertion au procès-verbal. Mme Parguez, présidente du Comité bisontin de l’Union des Femmes de France, adresse une lettre de remerciements au sujet du vote de la somme de vingt-cinq francs, émis à la der- nière séance pour concourir à l’érection du buste de la sœur Marthe. M. Castan donne lecture d’une Notice sur Aristide Déy, an- cien président de la Société, récemment décédé. Ce morceau prendra rang dans nos Mémoires. M. Besson présente le cinquième volume de l'Histoire des Princes de Condé, offert à la Société par son auteur, M. le duc d’Aumale. Bien que ce volume ne présente pas de morceaux aussi saillants que l’était dans le dernier la description de la bataille de Rocroy, il n’en est pas moins remarquable par le style, l'abondance, la sûreté des informations et l’habileté de leur mise en œuvre. M. Besson cite plusieurs passages qui ont surtout attiré son attention : notamment le parallèle de Retz et de Mazarin, si souvent fait, et que M. le duc d’Aumale a su néanmoins traiter d’une manière originale et neuve, et les pages si belles qui terminent le volume, où l’auteur a su écarter tous les sophismes dont on a voulu couvrir les fautes de son héros et rendre à l’idée de la patrie .un si éclatant hommage. La Société applaudit à ce compte rendu et décide qu'une lettre de remerciements sera adressée à M. le duc d’Aumale. Est ensuite présenté, au nom de son auteur, M. Joseph Maître, ingénieur de la ville de Limoges, membre correspon- dant de la Société, un mémoire publié dans le Gay-Lussac, sous ce titre : Surface et volume des solides de révolution. M. Pingaud donne lecture d'un Essai historique sur Ornans : | b — XVII — période ducale, dù à la plume de M. J. Meynier. Ce morceau prendra rang dans nos Mémoires. Sont pareillement retenus pour l'impression : un rapport de M. le docteur Girardot, sur l’ouvrage posthume du docteur Muston : La terre du froid, et une Note du même auteur sur quelques dépôts supra-jurassiques des environs de Besançon. MM. Ducat et Vaissier communiquent les photographies des principales pièces du Musée des antiquités de Besançon, exécutées en vue de l’Exposition universelle. Cette communi- cation intéresse vivement la réunion qui remercie MM. Ducat et Vaissier. Au nom de M. Charles Thuriet, membre correspondant, M. Castan lit une pièce de vers intitulée : Le Rateau, anecdote franc-comtoise, qui figurera dans notre prochain volume. Après un vote d'admission en faveur des candidats antérieu- rement présentés, M. le président proclame : Membre résidant, M. le docteur Marcel-Victor DREYFUS. Membre correspondant, M. Francis CANOZ, inspecteur d'assurances. Le Président, Le Secrétaire, Dr CHAPOY. E. BESSON. Séance du 11 mai 1889. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR CHAPOY. Sont présents : BUREAU : MM. Chapoy, président, Boyer, vice-président ; Besson, secrétaire ; Guillemin, trésorier ; Vaissier, archiviste. er Pad DC MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Aynal, Boussey, Carry, Castan, Cavaroz, Delagrange, Dietrich (Bernard), Ducat, Dunod de Charnage, Guillemin (Victor), Girardot, Paul Laurens, Ledoux, Lieffroy, Michel (Henri), Pingaud, Richard, Sander M. Battanchon assiste à la séance. Le procès-verbal de la séance du 13 avril 1889 ayant été lu et adopté, le secrétaire présente, au nom de M. Paul Laurens, le Compte-rendu des travaux de la Chambre de commerce de Be- sançon pendant l’année 1888. Ce travail, remarquable par les qualités d'ordre et de méthode qui président à la composition de toutes les œuvres de son auteur, donne les plus intéressants détails, non seulement sur le commerce de la France, mais sur- tout sur celui de notre région. À ce dernier point de vue, M. Besson insiste sur la situation douloureuse et de plus en plus inquiétante qui est faite à notre fabrication horlogère, laquelle, d’après la statistique de M. Paul Laurens, continue à subir une déchéance croissante. Cet état de choses tient à plusieurs causes énumérées par notre confrère, principalement à léta- blissement de bureaux de garantie à Pontarlier et à Montbé- liard. Quoi qu'il en soit, il y a là une situation des plus fà- cheuses au point de vue des intérêts bisontins et qui mérite d'appeler sérieusement l’attention des pouvoirs publics. M. Lau- rens entre pareillement dans de grands détails sur toutes les autres branches du commerce et de l’industrie qui sont les principales sources de notre richesse locale. Son travail est un exposé aussi complet que précis et détaillé, on y reconnait l’œuvre d'un statisticien émérite, doublé d’un véritable écrivain. La Société remercie M. Besson de son compte-rendu et vote de vives félicitations à M. Paul Laurens. M. le docteur Girardot annonce en ces termes la mort de M. Charles LorY, membre correspondant : « La science française vient de perdre en la personne de M. Charles Lory un de ses représentants les plus éminents, un géologue de grande valeur, justement célèbre par ses travaux sur les Alpes occidentales dont il parvint le premier à élucider la structure compliquée. D’autres plus compétents que moi di- ront toute la difficulté d’une telle œuvre, et tout ce qu'il déploya de perspicacité, de patience et de talent pour la mener à bonne fin. Je me bornerai à vous rappeler par quels liens il tenait à la Franche-Comté et à notre Compagnie. « M. Lory était originaire de Nantes; il fut envoyé comme professeur de physique au Lycée de Besançon en 1846, quel- ques années seulement après sa sortie de l’Ecole Normale : il fut même chargé, en 1849, d’un cours de géologie à la Faculté. Mais il n’y professa que peu de temps, et nous quitta bientôt après pour aller enseigner la même science dans la chaire de Grenoble où il se fixa définitivement. Le Dauphiné lui offrit de nombreux sujets d'étude : sa constitution géologique était peu connue; il s’efforça de la déterminer, et y conquit sa réputation scientifique, déjà ébauchée dans notre pays. » C'est ici même, en effet, qu'il avait entrepris ses premières recherches et publié ses premiers travaux. Il s'était lié à Be- sançon avec le naturaliste Pidancet, chercheur imfatigable, qui lui servit de guide dans nos montagnes, et coilabora à quelques unes de ses publications. La Société d’'Emulation du Doubs fit bon accueil aux deux géologues, encouragea leurs recherches et imprima leurs travaux dans ses Mémorres. Elle permit ainsi à M. Lory de se révéler au monde savant, et lui facilita, dans une certaine mesure, l'entrée d’une carrière où il devait s’'illustrer. M. Lory ne l’a jamais oublié, et jusqu’à sa mort, il est resté membre correspondant de notre Compagnie. » Ces premières études dont je viens de parler se rapportent à la stratigraphie et à l’orographie de notre région. Ba plus an- cienne date de juillet 1847; elle a trait au « phénomène erra- tique » dans les hautes vallées du Jura, et à l'existence sur le plateau des Rousses et dans la vallée du Grandvaux, près de St-Laurent, de véritables dépôts glaciaires entièrement formés de roches jurassiques et dépourvus de blocs alpins. Des deux suivantes, qui parurent en décembre de la même année, l’une établit que les lois générales de l’orographie du Jura s'appliquent à la Dôle, contrairement à l’opinion émise par M. Jules Marcou ; l’autre rectifie une erreur du docteur Roux, de Genève, au su- jet d’une discordance de stratification qu'il croyait avoir re- connue vers Sainte-Croix, dans le canton de Vaud, entre le Jurassique et le Crétacé. Dix ans plus tard, M. Lory publiait re 0 O0 Be encore dans nos Mémoires, seul cette fois et sans le concours de Pidancet, une très importante étude sur les terrains créta- cés de la Franche-Comté, où il établissait, parmi d’autres faits intéressants, l'existence, entre le Portlandien et le Néocomien, d’une couche d’origine lacustre avec fossiles d’eau douce, ana- logue à l’étage portlandien de l’Angleterre, et qui n'avait pas encore été signalée en France. » Ces travaux ne sont que peu de chose dans l’œuvre de M. Lory, œuvre immense remplissant une vie entièrement consa- crée à la science qu'il aimait avec passion et cultivait sans ar- rière-pensée d’ambition ni d'intérêt. Cependant les distinctions vinrent à lui, quoi qu'il ne les eût jamais cherchées. En 1861, il recevait la croix de chevalier de la Légion d'honneur ; en 1871 il était nommé doyen de la Faculté des Sciences de Grenoble ; enfin, en 1877, il entrait à l’Institut comme membre correspon- dant. Il méritait mieux encore, et d’autres honneurs lui étaient destinés, auxquels le monde savant eût applaudi sans réserve, car, Si ses remarquables travaux avaient provoqué l’admiration de tous les hommes compétents, sa probité scientifique, l’indé- pendance et l'élévation de son caractère lui avaient aussi gagné leur estime ». : La Société applaudit à cette expression de sentiments qu’elle partage et en vote l'insertion au procès-verbal. Parlant ensuite ‘de la mort récente de M. Brice MICHEL, mem- bre résidant, M. Castan s’exprime de la manière suivante : «€ La Société d’'Emulation du Doubs doit un souvenir à M. Brice Michel, architecte-paysagiste, conservateur et directeur hono- raire des promenades de la ville de Besançon, décédé le 6 mai courant dans sa 67e année. Né à Huanne-Montmartin, d’une fa- mille originaire de Rougemont, dans le département du Doubs, M. Brice Michel eut pour point de départ la profession de jardi- nier; mais les côtés artistiques de cette profession séduisirent de bonne heure sa vive intelligence, et il marcha courageuse- ment à la conquête des connaissances qui firent de lui un archi- tecte-paysagiste des plus distingués. Les traditions de cet art n’existaient plus en Franche-Comté. Il les y fit revivre, au grand avantage des entreprises d’édilité qui ont embelli depuis une trentaine d'années la plupart des villes de notre province. À a NI ES Besançon, M. Brice Michel se révéla par l’organisation d’un pit- toresque square temporaire devant la façade principale du bâti- ment des halles, où la Société d'Emulation du Doubs avait ins- tallé en 1860 une grande exposition, principalement destinée à faire connaître la fabrique bisontine d’horlogerie. » Cette manifestation mit la ville.en goût de transformations successives, et l'administration municipale créa pour M. Brice Michel l'emploi de conservateur-directeur de ses promenades. » D’après les inspirations de l’architecte Delacroix, il traça des allées et planta des bosquets sur les terrains en friche qui constituaient les glacis de la place. Un peu plus tard, sous les auspices de la Société d'Emulation et la direction de M. l’archi- tecte Ducat, il établit le square archéologique qui entoure si heureusement les vestiges du théâtre romain de Besançon. Frappé d’une atteinte apoplectique qui enraya prématurément son activité féconde, en jetant un voile de deuil sur son carac- tère si doucement aimable, M. Brice Michel a eu du moins la consolation de se voir continuer par l’un de ses fils, M. Henri Michel, notre confrère, qui unit à un beau talent d’architecte- paysagiste les qualités d’un dessinateur aussi ingénieusement inventif que spirituellement habile ». Les paroles de M. Castan sont vivement applaudies, et l’on en vote l'insertion au procès-verbal. . L'ordre du jour appellant la lecture du rapport sur les comptes du trésorier pour l’année 1888, M. Arnal s'exprime de la manière suivante : « MESSIEURS, » Les comptes de la Société, que votre Commission des finances a examinés, donnent les résultats suivants : RECETTES loSolde en caisse aol décemhre lRS7 men re 195 99 90 Subvention du département du Doubs "1... 900 » 90 » LéHaAale de BeSANCOon three 600 >» 40 Cotisations des membres résidants....1.. 1 Ro (O 10) » A NEPORLER EE D.090. 00 nc XII —— Repos. 3.395 99 9° Cotisations des membres correspondants........ 726 .» GRachat dune COLISATOM.:,.44. LA. ir 2 100 » HÉbrois dediblomess ne Lee). in Mit 10 » SHANENE de vOlmes erreur it 0 84 90 90 Intérêts du capital en caisse et des rentes........ 678 75 Fotatiet 4.995 64 DÉPENSES ARR ONESSIONS 7 Mie er, 2.008 75 29 Frais de bureau, chauffage, éclairage, etc. 185 80 À déduire les ports de volumes qui ont étéremhoursés in her :.-"408;11 Reste 77 69 77 69 Dors de IA Séance publique... in. oi. 939 30 2 raitement de l'agent de là Société. :.1....2....: 9300 » 9° Cotisation à l’Association pour l’avancement des SCAN SAS RS AE SR SEA A QE LE 20 » MOUVEMENT DES FONDS Versé à la Caisse d'épargne et intérêts 4.456 95 Retré dela Caisse d'épargne... 9:000 1) Excédant des versements 1.106 25 1.106 95 Solde en caisse au 31 décémbre 1888. .......... Al 65 Total égal aux recettes. 4.995 64 » Si l’on compare les résultats du compte avec les chiffres prévus au budget, on trouve pour les recettes une plus-value de francs 29,67 qui aurait dû être plus forte, puisque les recettes ont bénéficié d’un rachat de cotisations et que l'intérêt du ca- pital et des rentes a dépassé de fr. 78,85 les prévisions du bud- get; mais tandis que dans le budget on comptait sur 225 mem- breS résidants” 1l ny nm a-eu que 213 dont deux n'ont pas encore payé leurs cotisations. HeStdébenses ont'été de. nue een 40010077 Elles n'étaient prévues au budget que pour ..... 4.770 » Il y a donc une augmentation de à Ro El — XXIV — » Mais cette augmentation est fictive, car on voit figurer parmi les dépenses une somme de 1.106 25 qui représente un dépôt fait à la Caisse d'épargne, et qui en réalité constitue un acüf pour la Société. » De sorte que si du total des dépenses qui est de. 4.951 97 ON TéLTANERe CCE COMMENTE APP CREER CRUE 1210002 Les dépenses sont réduites à 3.845 74 somme inférieure de francs 924 26 à celle qui était prévue au budget. » Il y à une autre comparaison qui n’est pas sans importance, car elle peut servir à constater la situation prospère de la So- ciété : c’est la comparaison entre les comptes de l’année et ceux de l’année précédente. les recettes de 1887 lalentde ere Pre 9.007 94 Mais il faut en retrancher une somme de.......... 63319 représentant : 1° le solde du 31 décembre 1886 ; 20 la vente de deux collections des Mémoires et de deux thermomètres qui constituent une recette extraordi- maire, Ce qi Éd les réceles 2 neee nPnr 4.87% 15 » Les recettes de 1888, déduction faite d’une somme de 100 francs représentant le rachat d’une cotisation ete Solde du SP'décéemhreuesr Sonde Fr PP terre 4.699 65 » Il y a donc pour 1888 une moins-value de........ 174 50 Elle tient à la diminution du nombre des membres résidants qui était de 226 en 1887 et de 213 seulement en 1888. Cette diminu- tion dans le nombre des sociétaires, déjà constatée l’année der- nière, est due principalement aux vides que la mort fait dans nos rangs ; espérons que de nouvelles adhésions viendront bien- tôt les combler. » Les dépenses propres à l’exercice de 1887 étaient GAS ee DPNPAUS PA St RAA PP PE RS A ep 4.150 $0 Diteles de tlexereice 1888 Sontide rene 9.044 94 Il y a donc une diminution de 305 86 DEN Ne SITUATION GÉNÉRALE Solde en caisse au 31 décembre 1888...:.......... 43 65 Araentplacé dla Gaisse d'épargne. ..:...:...4% 2.622 44 Consatons a recouvrer. Lidil iS 98 ::) Total. ...,. 9.704-09 Mais il ne faut pas oublier qu’une somme de...... 4.918 75 a été employée en 1888 à l’achat d’une rente de 150 f,, de sorte que l'actif réel de 1888 est de.............. (6.922 84 PCT décembre 1888, il était de... 1... 0.948 93 » D'où il suit que les réserves de la Société sont ATEMONMÉES TERRES RSS ANR QE 973 91 Nous n'avons rien au passif. » Par suite du dernier achat de rentes, la Société possède aujourd’hui : ISUnerrente en 21-00 de 2% ARR 2H Une rente en o00 der. a..." 275 8° Une rente en 3 0/0 amortissable de ... 150 » Total”: 960 fr. » La voie de prospérité dans laquelle la Société a continué à marcher, malgré la diminution des recettes, fait le plus grand honneur à la Commission administrative, qui a su restreindre les dépenses dans de sages limites. Elle a droit à tous nos remerciements, auxquels vous ne pouvez manquer d'associer notre trésorier. dont le zèle .le dévouement et l'activité ne se sont jamais démentis. » Besançon, le 10 mai 1889. » Pour la commission des finances : » Signé : AL. ARNAL ». Adoptant ces conclusions, la Société vote des remerciements à son trésorier, M. Joseph Guillemin, et félicite M. Arnal pour son excellent rapport. M. Lieffroy, membre résidant, présente à la réunion deux — XXVI — volets d’un tryptique de l’école flamande de peinture du xvIe siècle, retrouvés à Sirod (Jura). M. Castan fait de ce morceau un commentaire qui figurera dans notre prochain volume. M. Schœndærffer présente à la Société les pièces les plus remarquables que l'Ecole municipale d’'horlogerie de Besançon doit envoyer à l'Exposition universelle. Le chef-d'œuvre de la collection est une montre à répétition à quarts, quantième perpétuel et chronographe, faite par M. Battanchon. Cette magnifique pièce est contenue dans une boîte savonnette en or, décorée par M. Mayoux, professeur de gravure, d’après un travail français du xvire siècle. | Trois autres pièces des plus remarquables, dues aussi à des élèves de l’Ecole, accompagnent ce chef-d'œuvre. Cet ensemble exceptionnel fait le plus grand honneur au directeur de l'Ecole, M. Lossier, qui, depuis deux ans, y a révolutionné l’enseigne- ment en le basant exclusivement sur la mécanique. Pour M. Lossier, une montre n’est qu'une machine, dont toutes les dimensions élémentaires sont calculables comme celles d’une machine ordinaire. Il a admis ce principe, même en ce qui concerne le réglage de précision, qu'il fait méthodique- ment et sûrement, comme le prouvent les trois bulletins de marche très satisfaisants obtenus par PEcole à l'Observatoire de Besançon. L’habileté en horlogerie a longtemps constitué un art véritable ; aujourd'hui, l’horloger artiste doit céder le pas à l’horloger savant. Des praticiens habiles avaient depuis longtemps trouvé par intuition que pour avoir un spiral dont les oscillations fussent isochrones, il fallait terminer ses extré- mités par des courbes qu’on appellait tâties, parce qu’elles s’obtenaient par tâätonnement; mais c’est M. Philipps, ingé- nieur des mines, membre de l’Institut et professeur de méca- nique à l’Ecole polytechnique, qui, le premier, a donné léqua- tion et, par suite, la forme exacte des courbes terminales, les- quelles portent aujourd’hui son nom. Cest un autre professeur de l'Ecole polytechnique, notre éminent confrère M. Résal, membre de l’Institut, qui a donné la théorie et la formule des ressorts moteurs. La Société remercie M: Schæœndærffer de son, exposé, et nt CN TP adresse de chaleureuses félicitations à M. Battanchon, présent à la séance, pour la confection de la montre si remarquable qu’il a bien voulu nous permettre d'examiner, | Est présenté pour entrer dans la Société comme membre correspondant, Par MM. Lieffroy et Edouard Besson, M. Pabbé Mélitin Robinet, vicaire à Sirod (Jura), Le Président, Le Secrétaire, Dr CHAPOY. E. BESSON. Séance du 1®% juin 1889. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR CHAPOY. Sont présents : BUREAU: MM. Chapoy, président ; Boyer et Droz, vice-pré- sidents ; Besson, secrétaire ; Vaissier, archiviste. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Castan, Cordier, Delacroix, Delagrange, Ducat, Ledoux, Lieffroy, François, Pingaud. La séance ayant été déclarée ouverte, M. le président Chapoy prend la parole pour annoncer à la réunion la mort récente de M. Paul Laurens, membre résidant, dont les obsèques ont eu lieu le matin même à Besançon. € M. Paul Laurens », dit M. le président, « était un des mem- bres de notre Compagnie les plus anciens et les plus assidus à ses réunions ; il en avait été le président. La Société d’Emu- lation s’honorait de le voir à sa tête ou parmi ses membres : elle conservera pieusement son souvenir, qui sera du reste consacré dans une biographie que recueilleront nos Mémoires : car M. Paul Laurens n’était pas seulement un esprit distingué, c'était surtout un grand homme de bien, un noble cœur, dévoué aux intérêts de son pays natal qui lui doit tant de bienfaits et XV IIT de services désintéressés ». En terminant, M. le président propose de lever la séance en signe de deuil. Cette proposition est adoptée par acclamation. Le Président, Le Secrétaire, Dr CHAPOY. E. BESSON. Séance du 13 juillet 1889. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR CHAPOY. Sont présents : BUREAU : MM. Chapoy, président ; Boyer et Droz, vice-pré- sidents ; Besson, secrétaire; Vaissier, archiviste; Guillemin, trésorier. MEMBRE HONORAIRE : M. Regnault, procureur général. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Bavoux, Carry, Castan, l'abbé Drouhard, Ducat, Dunod de Charnage, Fauquignon, Jégo, Ledoux, Lieffroy, Magnin, Maldiney, Pingaud, Ripps, Savou- rey, Schœndærffer, Sire. Les procès-verbaux des séances du 11 mai et du 1° juin ayant été lus et adoptés, le secrétaire donne lecture d’un éloge de M. Paul Laurens qui est retenu pour nos Mémoires. M. le docteur Chapoy, qui a représenté notre Compagnie à la séance publique tenue par la Société d’'Emulation de Monthé- liard, lit un rapport sur cette réunion, ainsi qu’une pièce de. vers qui y a été communiquée et qui n’est autre que la fable du Chêne et du Roseau, mise en patois de la région de Monthbé- liard. Cette pièce figurera dans notre prochain volume, avec le rapport de M. Chapoy. M. Castan avant représenté la Société d’Emulation dans la section des Beaux-Arts, au dernier congrès des délégués des Sociétés savantes, et y ayant fait, sous les auspices de la Compagnie, une lecture intitulée : Les premières installations Rx de l’Académie de France à Rome, M. Besson donne lecturé de l’appréciation suivante qui a été faite de ce morceau dans le rapport général sur les communications entendues par la section des Beaux-Arts : « L'esprit humain se plaît aux oppositions et aux contrastes, l’'antithèse est une des faces du discours. Lors done que vous entendez parler des origines modestes d’un homme ou d’une institution, tenez pour certain que l’homme a grandi, que l’œuvre a.prospéré, on ne s’attarde pas au sources du ruisseau; les enfances prolongées n’ont pas d’historiens. M. Castan, membre non résidant du Comité à Besançon, s’est fait le nar- rateur bien informé des débuts de l’Académie de France à Rome. À l'heure où M. Castan mettait en œuvre des documents puisés à bonne source, M. de Montaiglon, membre du Comité, publiait pour le compte de l'Etat la correspondance intégrale des Di- recteurs de l’Académie de France. Ces travaux parallèles, signés des noms autorisés de M. de Montaiglon et de M. Castan, sont une défense éloquente de l’œuvre de Louis XIV, de Colbert et de Lebrun. Que les premiers jours de l'institution aient été pré- caires, qu'il y ait eu des obstacles à surmonter par Charles Errard, notre ambassadeur pour les questions d’art et d’ensei- gnement au delà des monts, nous ne le regrettons pas. On ne signale, à la distance de deux siècles, que les périls traversés. Le mémoire de M. Castan, d’où la polémique est bannie, répond cependant, par l’exposé des faits qu’il renferme, aux attaques qui de temps à autre sont dirigées contre l’Académie de France, mais heureusement sans l’atteindre ». La Société applaudit à cet éloge si mérité du travail de M. Castan et en décide l'insertion au procès-verbal. M. Sire lit, au nom de M. l'ingénieur Minary, quelques pas- sages d’un travail sur la hauteur de l'atmosphère terrestre. Ce travail est retenu pour nos Mémoires. Est pareillement retenu pour l'impression un morceau inti- * tulé : l'Ousis d'Ouargla, dû à la plume de M. le capitaine du génie Victor Almand. M. Besson donne lecture d’un rapport sur la thèse de notre nr DOUCE confrère M. le professeur Léon Vernier, relative à Voltaire grammairien. Ge rapport figurera dans notre prochain volume. Après un vote d'admission, M. le président proclame : Membre correspondant, M. l’abbé Mélitin ROBINET, vicaire à Sirod (Jura). Le Président, Le Secrétaire, Dr CHAPOY. E. BESSON. Séance du 10 août 1889. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR CHAPOY. Sont présents : BUREAU : MM. Chapoy, président; Boyer, vice-président ; Besson, secrétaire ; Vaissier, archiviste. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Bavoux, Castan, Cordier, Demon- geot, Ducat, Fauquignon, Gauderon, Heitz, Ripps, Sire. Le procès-verbal de la séance du 13 juillet 1889 ayant été lu et adopté, M. le président Chapoy adresse, au nom de la Com- pagnie, des félicitations à MM. Droz, Besson et Boyer, nommés les deux premiers, officiers de l’Instruction publique, le troi- sième, officier d’'Académie, à l’occasion de la fête du 14 juillet. M. le comte de Chardonnet ayant été sollicité de donner à la Société, pour la prochaine séance publique, une communication relative à sa belle découverte de la fabrication de la soie artifi- cielle, veut bien obtempérer à ce désir. La lecture de sa lettre est accueillie par les applaudissements de l'assistance. M. le docteur Chapoy donne lecture d’un morceau intitulé : l'Ecole de médecine de Besunçon et sa réorganisation, qui est retenu pour nos Mémoires. Est pareillement retenu pour l'impression un rapport de RS SE tn dt 6 D nn à AL où - RU VONT M. Edouard Besson sur l’ouvrage de M. le capitaine Péroz : Au Soudan français. M. Castan donne lecture d’une Notice épiyraphique sur l’épi- taphe de Cæsonia Donata, notice qui figurera dans notre pro- chain volume Le Président, Le Secrétaire, Dr CHAPOY. E. BESSON. Séance du 9 novembre 1889. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR CHAPOY. Sont présents : BUREAU : MM. Chapoy, président ; Boyer, vice-président ; Besson, Secrétaire; Guillemin, trésorier. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Bavoux, Bonnet, Boussey, Gar- Ty, Castan, Chabot, Delacroix, Demongeot, Dietrich (Bernard), Ducat, Fauquignon, Guillemin (Victor), Jégo, Ledoux, Magnin, Pingaud, Richard, Ripps, Saillard, Sire. Le procès-verbal de la séance du 10 août 1889 ayant été lu et adopté, le secrétaire communique une circulaire du Ministre de l’Instruction publique transmettant le programme des ques- tions soumises aux délégués des sociétés savantes en vue du congrès de 1890. Cette circulaire restera déposée sur le bureau de la Compagnie. L'Académie royale de Stockholm, demandant à entrer en échange de publications avec la Société d’'Emulation du Doubs, cette proposition est mise aux voix et adoptée. M. le Conservateur de la Bibliothèque de Beaune demande la concession, pour cet établissement, d’un exemplaire de nos Mémoires. La question est renvoyée à l’examen de M. Vaissier, archiviste de la Compagnie. L'ordre du jour appelant la fixation d’une date pour la séance on publique et le banquet, on adopte la date du jeudi 19 décembre. On: arrête en outre le programme de la séance publique ainsi qu’il suit : 1e Discours d'ouverture, par M. CHAPoYy, président annuel; 20 Les Comtois en Tunisie sous l’empereur Charles-Quint, par M. Auguste CASTAN ; 30 La découverte de la soie artificielle, par M. le comte DE CHARDONNET ; 40 Le comte Louis de Narbonne à Besançon (1788-91), par M. Edouard BESSON. Le conseil d'administration présente ensuite, et la Société adopte, un projet de budget pour 1890, ainsi composé : RECETTES. Encaisse prévu au:31 décembre 1889... 50 fr. Subvention du département du Doubs.......... 500 » Subvention de taille de besancon re 600 » Cotisations des membres résidants Per PE 1.900 » Cotisations des membres correspondants . ..... 650 » Droit de diplome, recettes accidentelles "00 90 » Intérêt du capital en caisse et des rentes ...... 623 » Fotal 24% 4.373 fr. DÉPENSES. ÉMPTESSIONS ES NE ER Pere AS 3.120 fr. REUTERS 0 Ua LENOIR SN RS 53. Frais de bureau, chauffage et éclairage .. ... 190 » Frais diverse Seanceipublique 02 PAPE 600 _» Traitement et indemnité pour recouvrements à l'awentdela Sociétés ee AR 300 )» Crédit pour recherches scientifiques ........... 150 » Fotal 77% ASTSNL Le secrétaire présente ensuite, au nom de M. Julien Feuvrier, professeur au collège de l'Arc, à Dole, un ouvrage de cet écrivain intitulé : Un collège franc-comtois au XVIe siècle. Cet ouvrage très précis, très détaillé et dont les éléments ont été puisés aux ne NX NIIT sources originales, présente un très grand intérêt local et mé- rite les encouragements de tous ceux que préoccupe le passé de notre pays. Adoptant cette manière de voir, la Société vote à M. Feuvrier des félicitations, qu'elle charge son secrétaire de lui trans- mettre. Le Sont pareillement votés des remerciements à M. l’avocat- général Cottignies, notre confrère, qui a bien voulu adresser à la Compagnie un exemplaire de son discours de rentrée à la Cour d'appel traitant de la question si intéressante de la légis- lation des aliénés. M. le président Chapoy, qui a représenté notre Compagnie à la séance publique de la Société jurassienne d’Emulation, lit sur cette séance un rapport qui prendra rang dans nos Mémoires. Est pareillement retenue pour l’impression une Notice lue par M. Castan sur la dynastie lettrée des Chiflet. M. Boyer présente lui-même son Atlas orogéologique du département du Doubs, pour lequel des félicitations lui sont votées. Au nom de M. Léon Vernier, M. Castan résume un travail du savant professeur, relatif à la Versification populaire à Rome. Ce travail, jugé très important, est retenu par la Société pour figurer dans ses Mémoires. Est présenté pour entrer dans la Société comme membre correspondant : Par MM. Henri Michel et Besson, M. Charles Bey-Rozet, pépi- niériste à Marnay. Le Président, Le Secrétaire, Dr CHAPOY. E. BESSON. — XXXIV — Séance du 17 décembre 1889. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR CHAPOY. Sont présents : BUREAU : MM. Chapoy, président: Boyer, vice-président ; Besson, secrétaire; Vaissier, archiviste; Guillemin (Joseph), trésorier. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Bavoux, Castan, Goutenot, Demon- geot, Ducat, Dunod de Charnage, Girardot, Girod, Guillemin (Victor), Haldy père, Haldy fils, Jégo, Ledoux, Lieffroy (Henri) Mairot, Michel, Pingaud, Ripps, Sire. Le procès-verbal de la séance du 9 novembre 1889 ayant été lu et adopté, le dépouillement de la correspondance relative aux invitations qui ont été faites pour la séance publique et le banquet donne les résultats suivants : M. le Premier Président, M. le Préfet, M. le Procureur général, M. lInspecteur d’Acadé- mie acceptent les deux invitations ; M. le Général commandant le 7e corps est retenu à Paris par ses fonctions ; Msr l’Arche- vêque et M. le Recteur n’assisteront qu’à la séance publique. On lit en outre une lettre de M. le général Wolff, membre honoraire, spécialement invité, qui s'excuse gracieusement. Quant aux Sociétés correspondantes, qui presque toutes avaient annoncé l'envoi de délégués, elles ne seront, par suite d’'empêchements imprévus, représentées qu'en petit nombre. Seules, la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute- Saône et la Société jurassienne d'Emulation enverront, comme délégués, la première, M. Longin, la seconde, M. le professeur Farny. | M. Castan communique la traduction d’un article consacré à la question des Capitoles provinciaux du monde romain, par M. le commandeur de Rossi, dans sa récente publication intitulée : Miscellanea di notizie bibliografiche et storiche per la topogra- phia e la storia dei monumenti di Roma. L’illustre archéo- logue donnant une adhésion complète à l’opinion soutenue par M NN Ne M. Castan sur les origines et les conditions d’existence des capitoles provinciaux, notre confrère demande que sa traduction de l’article de M. de Rossi prenne place dans nos Mémoires. Cette autorisation est accordée. À cette occasion, M. Castan propose à la Société de décerner la qualité de membre honoraire à M. le commandeur de Rossi, dont la vaste et obligeante érudition est constamment au ser- vice des travailleurs français. : Cette proposition ayant été adoptée par acclamation, M. le président déclare élu : Membre hônoraire, M. le commandeur Jean-Baptiste DE Rossr, à Rome. M. Victor Guillemin lit une étude sur le graveur Ferdinand Gaillard, originaire de la Franche-Comté. Ce travail prendra rang dans nos Mémoires avec un portrait de l'artiste, extrait du Monde illustré. Un scrutin ayant été ouvert au début de la réunion pour la nomination d’un président, de deux vice-présidents, d’un tréso- rier et d’un archiviste, le dépouillement de ce scrutin donne les résultats suivants : Nombre des votants, 26. Pourtlé président : M. Droz, 24 voix Pour le premier vice-président : M. Chapoy, 23 Pour le deuxième vice-président : M. de Chardonnet, 24 Pour le trésorier : M. Guillemin, . : 23 Pour larchiviste : M. Vaissier, 23 En conséquence le bureau de la Société se trouve ainsi consti- tué pour 1890 : Président M. Edouard DROz. Premier vice-président M. Léon CHAPOY. Deuxième vice-président M. le comte de CHARDONNET Secrétaire décennal M. Edouard BESSON. Trésorier M. Joseph GUILLEMIN. Archiviste M: Alfred VAISSIER. OX XXNT Est présenté pour entrer dans la Société comme membre cor- respondant, par MM. Chapoy et Ledoux, M. Léon Piquard, doc- teur en médecine à Chalèze. Après un vote d'admission, le président proclame : Membre correspondant, M. Charles BEY-ROZET, pépiniériste à Marnay. Le Président, Le Secrétaire, Dr CHAPOY. E. BESSON. Séance publique du 19 décembre 1889. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR CHAPOY. La séance s’ouvre à deux heures dans la grande salle de l’Hôtel- de-Ville, en présence d’un nombreux auditoire. Sont présents : BUREAU : MM. CHaAPpoy, président; BOYER, vice-président ; BESSON, secrétaire ; GUILLEMIN, trésorier; VAISSIER, archiviste. MEMBRES HONORAIRES : M. FAYE, premier président ; Mgr Du- CELLIER, archevêque de Besançon; M. GRAUX, préfet du Doubs ; M. REGNAULT, procureur général; M. BRÉDIF, recteur de l’Aca- démie; M. VUILLECARD, maire de la ville de Besançon; M. BAIL-. LART, inspecteur d’'Académie. INVITÉ A SIÉGER AU BUREAU : M. le général GUILLET, chef d’'Etat-major du 7e corps d’armée. DÉLÉGUÉS DES SOCIÉTÉS SAVANTES INVITÉES : M. le professeur FARNY, de la Société jurassienne d’'Emulation, et M. Emile LONGIN, de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. ARNAL, le chanoine BAILLY, BA- VOUX, BONNET, BOUSSEY, CARRY, CASTAN, DE CHARDONNET, COT- TIGNIES, COLSENET, DELACROIX, DEMOLOMBE, DEMONGEOT, Du- CAT, le docteur GAUDERON, GIROD, GUILLEMIN (Victor), JÉGO, LIEFFROY, l'abbé Louvort, Emmanuel Louvot, Henri MaïroT, XXXVIE — le docteur MERCIER, RÉMOND, le chanoine RIGNY, le docteur SAILLARD, SIRE. MEMBRE CORRESPONDANT : M. le docteur COSTE. M. le président CHAPOY résume les travaux accomplis par la Société durant l’année 1889. M. CASTAN lit une étude historique intitulée : Les Comtois en Tunisie sous l’empereur Charles-Quint. M. le comte DE CHARDONNET expose les principaux résultats de son invention de la soie artificielle et justifie cet exposé par la production d'échantillons variés. M. Edouard BESsoN fait une peinture des évènements qui, en 1789 et 1790, mirent en relief à Besançon la personnalité du comte Louis de Narbonne. La séance est levée à quatre heures. Le Président, Le Secrétaire, Dr CHAPOY, E. BESSON. 7 XXXNVTIIL ENOUET DE 1829. Cette seconde partie de la fête a eu lieu, comme de coutume, dans la grande salle du Palais Granvelle, richement décorée pour la circonstance. M. le docteur CHAPOY, président annuel, était assis entre M. FAYE, premier président de la Cour d'appel, et M. GRAUX, préfet du Doubs ; en face, M. le professeur DRoOZz, président élu pour 1890, avait à sa droite M. le procureur général REGNAULT, et à sa gauche M. VUILLECARD, maire de la ville. Venaient ensuite : M. le général GUILLET, Chef d'Etat-major du 7e corps d'armée ; M. le comte DE CHARDONNET, vice-président élu pour 1890 ; M. CossoN, trésorier général; M. BAILLART, ins- pecteur d’Académie; M. le professeur FARNY, délégué de la So- ciété jurassienne d’Emulation ; M. Henri MAIROT, président du tribunal de commerce ; M. COTTIGNIES, avocat général; M. MAIRE, conseiller à la Cour d'appel; MM. SIRE, DUCAT, le doc- teur SAILLARD, Georges BOYER, le docteur LEDOUX, COLSENET, le docteur GIRARDOT, anciens présidents de la Société; M. Lar- MET, adjoint au maire; M. l'abbé Louvor, etc., etc. Au dessert, M. le président CHAPOY a ouvert la série des toasts par un discours dont voici le texte : MESSIEURS, « L’année dernière, à cette même époque, alors que par un vote aussi bienveillant que peu justifié, vous veniez de m’élever au poste éminent que j’occupe encore en ce moment, je vous témoignais ma vive reconnaissance pour la faveur dont vous m'aviez cru digne, je vous dévoilais mes secrètes appréhensions et je faisais un énergique appel à votre unanime concours. A porter le fardeau d’une telle responsabilité, mes épaules me pa- raissaient bien peu robustes et bien peu préparées, et le terme de — XXXIX — mon mandat semblait, à mon esprit tourmenté, ne devoir jamais venir. Et voilà que les jours ont succédé aux jours, et que j'ar- rive à la fin de ma mission avec une surprenante facilité, tant vous avez mis, à m'alléger de mon fardeau, d’empressement dé- licat, d'intelligence active et de ferme persévérance. C’est donc encore par un acte de gratitude que je dois commencer ce nou- veau discours ; et cette gratitude, er en l’assurance, je vous lexprime du fond du cœur. » Sur le fleuve de la vie, où nous voguons ensemble, si vous m'avez pris un instant pour votre chef, c’est que vous saviez qu’à notre bord veillerait sans cesse à mes côtés un incompa- rable pilote, et que son expérience consommée guiderait mer- _veilleusement vers le port notre chaloupe investigatrice. Sous l’habile direction de son gouvernail, nous avons poursuivi notre route, sans dévier d’une seconde, sur une mer sans fond, loin des sables et des récifs ; mais aujourd’hui, nous pouvons-sans crainte ralentir notre marche et côtoyer des rives ravissantes sur lesquelles nous cueillons au passage quelques amis et quel- ques fleurs. » Laissez-moi, avant que je ne reprenne dans vos rangs ma place accoutumée, vous adresser à tous un mot affectueux et vous distribuer les rameaux choisis de ma guirlande, comme la jeune femme, au soir de son alliance, partage entre ses com- pagnes bien-aimées ses mots les plus tendres et les débris par- _fumés de sa couronne. » Daignez, Messieurs les hauts dignitaires de l'Etat, du Dé- partement et de la Cité, recevoir les hommages et les remercie- ments que je vous présente au nom de notre Société tout entière. Par votre présence au milieu de nous, vous rehaussez le prestige d’une Compagnie qui a conquis vaillamment, sous votre patro- nage, un rang élevé dans les sphères de l'intelligence : mais vous faites plus encore, vous symbolisez ici la Patrie qui, recon- naissante envers ses fils de ce qu’ils font pour sa gloire, vient encourager directement leurs efforts et applaudir à leurs succes. » Vous aussi, Messieurs les délégués des Sociétés savantes, _ absents (1) ou cu. agréez nos amitiés les plus sincères et (1) A la dernière heure, des lettres et des télégrammes nous annonçalent nos vœux les plus ardents. Suisses ou Comtois nous vous mêlons dans un même sentiment d’indissoluble alliance, car l’'Helvétie, toujours indépendante par sa volonté, est plus que jamais fran- çaise par le cœur. » Pourrais-je me séparer de ceux qui, dans notre bureau, m'ont secondé avec tant de zèle et de dévouement, sans adresser un touchant adieu à notre secrétaire décennal dont ma critique la plus cherchée n’a jamais pu être qu'un éloge ; de notre archi- viste, toujours aussi amoureux de l’art et de la méthode ; et de notre trésorier qui, s’il acceptait le portefeuille des finances, ri- valiserait avec les Colbert et les Sully. » Je tends la main à mon ami Georges Boyer qui va, comme je le ferai bientôt moi-même, reprendre sa place de simple ma- telot, ne se souvenant des honneurs passés que pour mieux observer l’ordre et la discipline ; et j’offre le secours de mon bras à notre excellent président de l’année qui s'approche. Si la douleur physique triomphe jamais de sa puissante énergie, il trouvera en moi un aide sincèrement dévoué. Il sera la pensée, je serai l’instrument. Ma crainte est qu’il ne puisse être l’un et l’autre; mon espoir est de supposer qu’il réconfortera son corps pour le rendre digne de l’esprit qui anime ; ma consolation est de pouvoir lui dire qu’en toutes circonstances, je serai toujours prêt, sur son appel, à interpréter comme un simple acteur que bientôt on oublie les pages éloquentes d’un auteur qu'on n’ou- bliera jamais. » Votre bureau, Messieurs, est le cœur de notre Société : vous en êtes les vaisseaux afférents et efférents, et vous connais- sez tous celui qui en est le cerveau, ou pour dire comme tout le -monde, celui qui en est l’âme,; et certes ici, il n’y a point de place pour des discussions oiseuses : cette âme est un principe et non point une résultante. » Aussi, à vous tous, Messieurs, qui groupez dans un fais- ceau solidement uni les forces de notre Compagnie, je pro- pose de résumer le toast que je porte à chacun d’entre vous que la plupart de nos confrères, dont l'acceptation nous avait été officieu- sement et officiellement notifiée, ne pouvaient, vu des circonstances ma- Jeures, se rendre à notre invitation. Es D La = XL dans cette formule que vous acclamerez, j'en suis certain : à M. Castan, notre éminent et sympathique secrétaire hono- raire ! » Chacun des hauts fonctionnaires invités eut ensuite son tour de gracieuses paroles à l’adresse de la Compagnie et de la mis- sion libéralement utile qu’elle accomplit. M. le maire VUILLECARD, dans un chaleureux toast, a remer- cié M. CASTAN de sa bienfaisante influence sur la détermination qui procure à notre ville la belle collection d'œuvres d'art, ré- cemment léguée par le regretté président Willemot, puis il a félicité M. le comte DE CHARDONNET de sa belle invention de la soie artificielle, exprimant le désir que Besançon, patrie de l'inventeur, devienne le siège de quelques établissements in- dustriels consacrés à la fabrication et à l'exploitation du nouveau produit. M. le procureur général REGNAULT à fait délicatement l’éloge de l’aimable esprit, du talent distingué et de la conscience droite de son substitut M. Edouard BESSON, secrétaire décen- nal de la Société. M. le professeur FARNY, délégué de la Société jJurassienne d'Emulation, a;exprimé les sentiments de confraternité affec- tueuse de cette Compagnie à l'égard de la Société d’'Emulation du Doubs. Un agréable intermède a été produit par la lecture d’une pièce de vers de M. Charles THURIET, intitulée : Un électeur de 1848. Enfin M. le professeur DROZ, président élu pour 1890, à inau- guré son fonctionnement par une allocution conçue en ces termes : « MESSIEURS, » Mon premier devoir est de vous remercier du vote par lequel vous m’avez nommé votre président. Ma reconnaissance est d'autant plus grande que l’année qui va commencer marquera le Cinquantième anniversaire de notre Compagnie, et que, sous les C: NN auspices du bureau élu hier, se célébrera en 1890 une sorte de Jubilé de la Société d'Emulation du Doubs. » En même temps que ma reconnaissance, cette circonstance augmente ma confusion. Je parcourais récemment les allocu- tions que vous ont adressées, dans les dernières années et à pa- reil jour, vos présidents nouveaux, et Je remarquais avec inquié- tude que ces hommes distingués, connus pour leurs mérites et pour leur collaboration active aux travaux de notre Société, pa- raissaient surpris autant que touchés de l'honneur que leur fai- saient leurs confrères, et sentaient le besoin de chercher quels pouvaient être leurs titres à votre bienveillance. Je repris un peu de courage, en voyant qu'ils finissaient toujours par en trouver. Ceci n’est pas une malice, Messieurs ; si mes honora- bles prédécesseurs m’avaient permis de les aider dans leur re- cherche, je n’aurais pas eu de peine à la rendre plus courte, non plus qu’à enrichir leurs découvertes. Je me dis qu'à mon tour, en y mettant plus de patience et moins de modestie, je parviendrais peut-être aussi à découvrir en moi quelques qua- lités propres à justifier votre choix. — Voulez-vous, Messieurs, que je vous confie, entre nous, la suite de mes réflexions à ce sujet ? » Comme notre Société cultive également tous les genres d’é- tudes, il était bon peut-être de faire succéder à un homme de science un littérateur. C’est une raison. Mais non ! elle n’est pas bonne. Car si le président sortant est médecin et chirurgien, professeur à l'Ecole et praticien à l'Hôpital, il est aussi poète, et il faut l’entendre lire ses vers ou ceux des autres ! C’est lui qui est littérateur, artiste, et moi, je suis tout au plus un critique. — Cherchons ailleurs. » Dans son toast au banquet de l’an dernier, M. Chapoy a parlé de mon aménité. — ;:Vous me le payerez, mon cher doc- teur, et.je vous ferai bien voir que vous vous êtes trompé. — Mais enfin, il importe peu pour mon raisonnement que je possède ou non cette qualité, pourvu qu’on me l’attribue ; et voici le calcul ingénieux qu’on a dû faire. — L’aménité va rarement Sans une certaine mollesse ; la mollesse engendre la paresse, et la paresse entraîne à sa suite l’inaction. Il est bon peut-être ailleurs qu’un président agisse; mais dans notre Société, cela a D 3 DFA À Po n’est nullement nécessaire. Nous avons un secrétaire décennal d’un esprit curieux et ouvert à tout, qui sait très bien lire, écrire et parler ; nous avons un archiviste, dont le zèle et la ponctua- lité, sans parler de ses connaissances et de ses talents, sont au dessus de tout éloge; nous avons pour trésorier un financier accompli; nous avons pour... je cherche ses fonctions et je n’a- perçois que ses services. Vous entendez bien de quel homme je veux parler, Messieurs; et chacun sait, ailleurs comme ici, qu’il est la force et l'honneur de notre Société. — On a donc pensé : ayant de tels auxiliaires, le président, avec son aménité, les lais- sera faire ; et les choses iront ainsi pour le mieux. — Ne com- mencez-vous pas à croire avec moi, Messieurs, que je ne serai pas un Si Mauvais président ? » J’ajouterai que, membre d’un établissement d'enseignement supérieur, où vous avez pris deux fois déjà votre président au cours de ces dernières années, je suis de plus un provincial ré- solu et un Bisontin endurci. Dans ce temps où il semblerait qu'on ne peut plus vivre ailleurs que dans la capitale, j'ai tenu à revenir aussitôt que je l’ai pu dans la ville où je suis né, et toute mon ambition est qu’on me permette d’y finir ma carrière. Il n’est pas bon que la vie politique et intellectuelle d’un pays soit absorbée par une cité, si grande qu'elle soit d’ailleurs et quelque affection qu’on ressente pour elle. L'esprit provincial et l'esprit communal, si affaiblis aujourd’hui chez nous, sont né- cessaires à la prospérité de la patrie. On ne le comprend pas assez, en France du moins; mais nos excellents voisins et amis de la Suisse le savent bien. Il importe donc que ceux qui sont pénétrés de cette opinion résistent au courant qui entraîne tout vers Paris, et que d’abord ils se fixent chez eux. Mais les efforts individuels courent le risque de rester stériles, et c’est pour- quoi on est heureux de frapper à la porte de sociétés telles que la vôtre, Messieurs, où l'esprit trouve la satisfaction de tous ses besoins en général, sans compter le plaisir très noble et très légitime d'entendre parfois de savantes lectures sur l’histoire locale. Ces sociétés attirent et retiennent ; elles forment un cen- tre ; elles grandissent la cité, quelquefois la province, quelque- fois même le pays. Cela est si bien compris ou senti, que plu- sieurs qui ne peuvent pas prendre part à nos travaux, tiennent — XLIV — cependant à s'associer à notre œuvre par leur présence et leur argent ; et ceux-là ne sont pas les moins bien venus de nos adhé- rents. » Messieurs, depuis un demi siècle bientôt, la Société d'Emu- lation du Doubs vit et prospère, nous avons toute raison d’ess= pérer qu’elle continuera longtemps encore à vivre et à prospé- rer. Je bois en son nom à la patrie française, à la patrie franc-comtoise, à la patrie bisontine, qu’elle sert toutes trois de son mieux ». Di 2 SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS EN 1689 Discours d'ouverture de la séance publique du Jeudi 19 décembre Par M. le docteur CHAPOY : PRÉSIDENT ANNUEL. MESDAMES , MONSEIGNEUR (1), MESSIEURS, Dans les compagnies financières, aujourd’hui si nom- breuses, où des capitaux parfois considérables se trouvent soumis à des fluctuations incessantes, rarement avantageuses, désastreuses le plus souvent, les statuts, qui devraient à maints points de vue être révisés par nos législateurs, ren- ferment du moins un article plein de sagesse et de pré- voyance. Pour se conformer aux exigences de ce paragraphe salutaire, les Administrateurs sont astreints à révéler chaque année les bénéfices obtenus, les pertes éprouvées, les luttes à soutenir, les espérances à concevoir : en un mot, et pour me servir d’une expression consacrée, ils doivent soumettre à l'appréciation des intéressés le bilan exact de la situation. C’est que la fortune, ou plutôt ce que l’on est convenu d’ap- peler de ce nom, cette chimère inconstante qui se résume si malheureusement et plus que jamais peut-être à la fin de _ notre siècle, par la possession de quelques molécules de D tn ee nee me + tee memes ee me A M ne. ee ete at mr mnt (1) S. G. Mgr DUCELLIER, archevêque de Besançon. no carbone à l’état cristallin, de fragments de métaux plus brillants que solides où de matérielles somptuosités acca- parées par voie d'échange ; c’est que toute cette richesse, dis-je, constituée ou acquise par l'argent, l’or ou les diamants, est chose relativement rare, essentiellement limitée, difficile à atteindre quand on la poursuit et à conserver quand on la possède. Les Sociétés, plus multiphiées à coup sûr, qui cherchent à faire fructifier le domaine de lintelligence, n’ont point à subir cette surveillance active. Le fonds qu’elles s'efforcent de faire valoir est celui qui manque le moins. La mine qu’elles fouillent et d’où elles extraient chaque année d’ines- timables trésors, est tellement immense et inépuisable que nul ne songe, — sachant qu'il peut y travailler à loisir, — à demander compte aux pionniers de la pensée, des progrès qu'ils ont réalisés, des obstacles qui les arrêtent, des décep- tions dont ils sont victimes ni des victoires auxquelles ils aspirent. Loin de là; ce sont ces travailleurs eux-mêmes qui, faisant trève un instant à leurs préoccupations, se créent volontairement l'obligation d’étaler les trophées opimes qu’ils ont conquis dans le mystérieux et incommensurable laby- rîinthe des connaissances humaines. fs ont conscience, en effet, que le champ dont ils cultivent une parcelle est le patrimoine de tous et que, s'ils sont appelés, de préférence à tant d’autres, à en recueillir la moisson, ce n’est point pour que celle-e1 profite uniquement à quelques privilégiés, mais bien au contraire pour que, largement distribuée aux hommes de bonne volonté et répandue à pleines mains sur un sol éternellement ferüle, elle fasse de proche en proche germer des graines plus nombreuses et mürir de plus lourds épis. La Société d’'Emulation du Doubs, fidèle à ses nobles et généreuses traditions de vulgarisation scientifique, litté- raire etartistique vient, par ma bouche, vous retracer ce qu’elle a été dans le cours de l’année 1889. J'espère vous démontrer D - de Cl MAS que, malgré l’imminence de son cinquantenaire, elle a tou- jours la même vigueur et les mêmes attraits et qu’elle a droit aux faveurs dont on a bien voulu l’entourer jusqu’à ce jour et dont nous sommes heureux de constater une fois de plus l’éclatante manifestation. L’affluence, à cette séance solennelle, de personnes qui constituent l'élite de notre intelligente population ne nous indique-t-elle pas avec quel intérêt on suit dans notre ville la marche en avant de notre vaillante Société ? La présence parmi nous des délégués helvétiques et comtois que nous acclamons avec cordialité ; celle des représentants des pou- voirs publics que nous saluons avec reconnaissance, nous autorise à dire que nous jouissons dans notre province, dans notre patrie et au-delà des frontières, d’une estime d’autant plus précieuse que nous avons la satisfaction de la croire méritée. Et vous, mesdames, qui malgré la rigueur de la saison, Wavez point hésité à venir prêter l'oreille à nos discours, ne nous donnez-vous pas un gracieux et flatteur encourage- ment? Dans le pélérinage de la vie, nous redoutons de vous faire prendre le sentier abrupt et presque désert de la science ; nous vous laissons suivre la route plus aplanie et plus fréquentée de la charité et du dévouement ; mais nous vous retrouvons à chaque étape et nous vous convions à nos fêtes dont vous êtes, aujourd'hui comme toujours, le plus” délicieux ornement. Pour vous en rernercier, puis-je mieux faire que de vous offrir respectueusement le miel le plus pur recueilli par nos laborieuses abeilles ? Ce n’est point seulement sur les fleurs variées de notre région que nos actives ouvrières puisent un suc délectable pour le rapporter ensuite à la demeure commune; elles ne craignent point de s’enfoncer dans les fissures de la terre pour y chercher des aromes inconnus au milieu de végétations disparues, et, sur l'aile de l’imagination,elles vont jusque dans les plaines éthérées, s’imprégner des plus subtils parfums. Sd) due Si vous daignez m'agréer pour votre guide, je vous ferai suivre les traces de leurs pérégrinations fructueuses. Je n’ai point la prétention de vous faire voyager sans fatigue, mais je m'efforcerai, du moins, de vous mener par les chemins les plus courts et les moins ténébreux, et de ne point trop oublier que nous vivons au temps de la lumière, de la vapeur et de l'électricité. Il n’est pas nécessaire de se jeter dans le hasard des excursions lointaines pour arriver à des découvertes impor- tantes : notre France, notre Comté, notre localité et ses alentours recèlent assez d’attachants souvenirs pour river au sol natal des esprits avides de jeter le jour sur notre curieux passé. Les perles qu'ils rapportent ne sont peut-être pas appréciées par la masse ; elles le sont certainement par les raffinés et les délicats. Les travaux de M. À. Castan sont de ce nombre. Vous les connaissez trop pour que je vous rappelle leurs qualités magistrales, et les éloges que je m'efforcerais de joindre à tous ceux que notre sympathique secrétaire honoraire à déjà reçus dans cette enceinte, se perdraient comme une goutte d’eau dans l’océan, sans rien ajouter à la haute opi- nion que nous avons tous de sa personne et de son savoir. Pour lui, depuis longtemps, la critique historique et la science épigraphique n’ont plus de secrets. À trois reprises, cette année, nous avons pu connaître l’étendue de son éru- dition, la sagacité de son jugement, la pureté et la finesse de son style toujours précis comme un dessin d’fngres, et ciselé comme un bijou de Benvenuto Gellini. C’est grâce à lui que nous savons positivement pourquoi la ville de Besançon s’est appelée pendant plusieurs siècles du moyen-âge : Chrysopolis, c’est-à-dire Valle d'Or, nom qu’elle n’est guère, hélas ! en état de revendiquer en ce moment. Que de dissertations n’a-t-on pas faites, que d’hy- pothèses n’a-t-on pas émises à ce sujet! Notre éminent DEN confrère se ralliant, en dernier examen, à l’opinion de Jean Savaron, pense que le qualificatif brillant dont on gratifiait notre cité venait d’un simple jeu de mots, — on en a tou- jours fait en notre bonne ville, — qu'un clerc, tant soit peu flaiteur du puissant prélat d'alors, issu du sang carlovingien, aurait adroitement jeté dans la circulation. Le besan était une monnaie d’or. De Besançon, à besan sum, je suis pièce d’or, il y a peu de distance et de cette signification, appliquée à une ville, au mot Chrysopolis, le passage est certainement facile pour qui connaît les éléments de la langue d'Homère. Accompagnons notre ecicérone sur le chemin de Lugdu- num, et promenons-nous de la porte d’Arènes au village de Saint-Ferjeux. Là se trouvaient, comme sur la voie appienne de Rome, des tombeaux en double bordure. Des sarcophages nombreux s’y dressaient qui sont maintenant bouleversés ou détruits. Deux, cependant, nous ont fourni des épitaphes dignes d’être conservées, et qui, l’une d'elles surtout, ont. suscité bien des interprétations souvent plus ingénieuses que plausibles. Seul, le sépulere que possède la bibliothèque de la ville, est à peu près intact; l’autre, a été mercelé par des mains ignorantes. En réalité, ce sont les épitaphes qui ont de l’importance, et nous les possédons presque com- plétes, Pune sur la pierre, l’autre grâce à des dessins. Je n’ai point la prétention de vous résumer un travail qui défie toute analyse et que vous aurez un plaisir réel à lire in- extenso dans nos Mémoires. Je me contenterai de vous dire que l’auteur a soutenu d’une façon péremptoire les idées qu'il a formulées dans ce travail intitulé : « Deux épitaphes romaines de femmes ». L’une des défuntes, « Virginia, vécut trente-six ans, fidèle à son mari, soucieuse, avant tout . de n’appartenir qu'à lui seul » : l’autre, « Cæsonia Donuta, vécut quarante-sept années, un nombre de mois Inconnu, onze jours et quatre heures, en épouse bien méritante », et son mari lui adresse ce suprême salut : « Chère Pieuse, bonjour et adieu ! Bonjour, Pieuse !... Adieu, Pieuse !..: » ne us Vos époux, mesdames, s'ils avaient le malheur de vous survivre, pourraient avec autant de raisons, j'en suis sûr, mais le plus tard possible, c’est mon vœu, faire graver d'aussi touchantes expressions sur votre mausolée ; mais ils aime- raient mieux conserver leurs sentiments intimes à l'abri de toute profanation, dans le secret de leur cœur, où ils vous ont dressé un indestructible autel. Laissons maintenant notre infatigable chercheur quitter la Ville d'Or et ses cippes funéraires, pour gagner la Ville Eternelle et entrons dans nos murs par la spacieuse prome- nade de Chamars, où l'Ecole de médecine vient de s’agran- dir et de se transformer au point d’être classée à un rang très élevé parmi les établissements similaires. Votre président annuel vous a présenté l’histoire abrégée des péripéties par lesquelles à passé cette Institution, dont la conservation était liée d’une facon absolue à celle des Facultés des lettres et des sciences. Il s’est efforcé’ de vous. monirer quels avantages découlent de sa réorganisation, désormais défi- nitive, effectuée grâce à la générosité réfléchie des adminis- trations, au concours actif et au désintéressement des professeurs. Il vous a dévoilé la prospérité de cette école, . due aux ressources de l’enseignement, au parfait aménage- ment des laboratoires et à adjonction d’un jardin botanique où les élèves régulièrement, et le publie à certains jours, pourront poursuivre une étude qui à passionné chez nous tant de sérieux observateurs de la nature. La botanique, en effet, a toujours été en honneur dans. notre province et M. X. Vendrely vient de nous en donner une nouvelle preuve, en ajoutant une septième gerbe à celles qu'il à déjà récoltées dans notre contrée et dont il a reconnu, étiqueté et classé scrupuleusement les brindilles odorantes. | M. le docteur Albert Girardot ne prend pas la boîte verte traditionnelle du botaniste, mais le sac de cuir et le marteau du géologue. Je le soupçonne de préparer dans le silence Hi que une œuvre de longue haleine, avec des matériaux accumulés depuis longtemps, car cette année il ne nous a gratifiés que de courtes mais excellentes réflexions que lui a suggérées la lecture d'un livre instructif au premier chef, quoique écrit par un malade et exclusivement composé de souvenirs, la Terre du froid, œuvre posthume du docteur Muston, le regretté naturaliste de Montbéliard, dont les relations étaient aussi étendues que le savoir et qui conservait comme amis ceux qui l'avaient connu comme savant. C’est aussi un géologue distingué que notre premier vice- président, M. Georges Boyer. Les Formes du terrain ont appelé d'abord son attention. Une remarquable monographie de M. de la Noë, et de M: Emm. de Margerie a été le point de départ des notions claires et concises qu’il nous à fournies en prenant la chaîne jurassique pour exemple. Mais son activité intelligente ne pouvait se contenter d’un simple commentaire, quelque bien fait qu'il fût. Il a créé un nou- veau type de planches géologiques en réunissant, avec le plus grand succès, les couleurs conventionnelles à des épreuves photographiques de plans en relief. L’atlas qu'il a fait éditer a mérité d’être encouragé par le Conseil général du département. Le Ministère favorisera sans doute l’appa- rition d’une édition nouvelle, accrue et perfectionnée, de ces cartes orographiques qu’on peut considérer comme indispensables désormais pour la connaissance exacte de l'écorce terrestre dans notre circonscription. Le chemin est déjà long que je viens de vous faire parcou- rir. Eh bien! allons goûter ensemble quelques instants de repos dans cette ravissante vallée où la Loue fait courir, de cascade en cascade, son eau fraiche et limpide. M. le docteur Meynier nous y attend pour nous donner la primeur de son Essai historique sur Ornans. Depuis le xx siècle, date la plus reculée à laquelle se rattachent des textes authentiques, l'auteur, qui continue avec régularité la publication de son iravail encore inachevé, nous a déjà conduits jusqu’à la fin nee du xvi° siècle, avec la méthode consciencieuse qu’il emploie dans tous ses écrits. Grâce à lui, nous connaîtrons en détail, malgré l’anéantissement des anciennes archives, l’origine, les désastres et les développements de la patrie de Courbet. « C’est moi et Perron qui peignons le mieux de tout Paris, » disait ce réaliste, dont la valeur artistique n'avait d’égale que son outrecuidante vanité. Chacun connait Cour- bet, presque tout le monde ignore ce que fut Perron, qui était aussi modeste que son appréciateur était orgueilleux. M. Victor Guillemin a eu l’heureuse inspiration de nous parler de ce peintre inconnu à qui le célèbre paysagiste Ha- noteau reconnaissat une réelle valeur. Nous avons écouté avec plaisir la lecture de cette notice, composée par un ami et rédigée par un connaisseur. Peut-on parler peinture sans songer à cette terre prédes- tinée qui fut le berceau de toute une pléiade d’artistes entre lesquels, pour briller d’un vif éclat, il fallait avoir l’auréole des Raphaël, des Michel-Ange et des Léonard de Vinei ? Gagnons Bâle et par le Saint-Gothard allons voir, loin des frimas, se lever le soleil radieux de l’ftalie. Deux noms de petites villes rappellent, dans ce trajet, de bien doux souvenirs à celui qui vous parle. Si des circons- tances imprévues l’ont empêché d'aller saluer la Société neuchâteloise, il a eu la compensation consolante de pou- voir présenter vos salutations et vos souhaits à la Société de Montbéliard et à celle du Jura bernois. Il a essayé de vous narrer combien avait eu de charmes pour lui son trop court séjour au milieu de nos compatriotes, à l’accueil bien- veillant et aux qualités solides ; et ses accents ont été em- preints d’une émotion bien naturelle quand il a voulu vous retracer avec quelle sincérité nos amis de la Suisse ont levé leur verre et bu à la prospérité et au bonheur de la France. Rome nous recoit dans ses murs. Une visite à | « Archivio urbano » nous remet en présence de l’insatiable conservateur de notre bibliothèque hbisontine. Il vient, en furetant dans eu les parchemins, de retrouver parmi les actes d’un notaire public et apostolique, un inventaire dressé sous le rectorat de Noël Coypel, et donnant des indications précises sur les premières installations de l’Académie de France à Rome. M. Castan a pu nous affirmer que, de la Saletta « Saint- Honofrio », les jeunes artistes, que notre nation entretient en Italie pour qu'ils s’y perfectionnent dans l'étude des grands maitres, s’installèrent au palais Caffarelli; puis, sous le direc- torat de la Teulière, au palais Cafranica. Depuis lors, la villa Médici n'a pas encore cessé d’être pour eux un séjour vraiment enchanteur. Les voyages entraînent les voyages. Avec M. Victor Al- mand, nous nous transportons aisément en plein Sahara. Ne craignez point, J'ai souci de vos santés, et J'ai cherché à vous faire descendre du sommet des Alpes au désert, par des étages progressifs. Du reste, nous nous arrétons au sein d’une oasis, au qsar d’Ouargla, village fortifié de la terre des sables, établissement des Garamantes. Un charmant paysage s'offre à nos yeux, depuis cette ville aux sept portes exté- rieures et aux trois portes intérieures, subdivisée en trois tribus, et partagée en deux rites ayant chacun leur mosquée. Üne étude des populations indigènes « jadis si florissantes, aujourd’hui dégénérées, » permet à l’auteur, officier aussi patriote qu’écrivain remarquable, de songer au reletement de ces pays sous l'égide de la France. Notre correspondant, M. Etienne Péroz, capitaine de ma- rine, nous à dirigés encore plus au Sud. Les Souvenirs de guerre et de missions nous amènent dans le bassin du Niger, sur le territoire et à la cour de Samory, monarque rusé et féroce près duquel notre compatriote a été appelé à remplir une ambassade périlleuse. Sa force physique, son courage et sa science l’ont fait réussir dans son entreprise. Autant que lui, nous avons lieu de nous en féliciter. La chaleur est torride au Soudan. M. Minary nous ramène à propos au niveau de la mer, où il se livre par la pensée à D Le une expérience ingénieuse, dans le but de connaître la hau- teur de l'atmosphère. À l’aide d’un tube immense, fermé à l’une de ses extrémités, dans lequel se meut un piston et qui, couché sur le sol, reçoit le poids du gaz ambiant, l’au- teur a pu, en changeant la tension intérieure du fluide et en redressant l’appareil jusqu’à des hauteurs énormes, calculer que la couche d'air s’élève à une distance bien supérieure à celle qu’on admet encore comme sa limite. Je laisse de côté les chiffres alignés par le calculateur. Les mathématiques, même mises en vers, n’ont jamais trouvé grâce devant l’audi- toire le mieux cuirassé. À l'altitude où nous sommes, où les vibrations parties de notre globe arrivent trop affaiblies pour que l'oreille hu- maine puisse les saisir, essayons cependant d'entendre les rondes ingénues de nos enfants et les mélodies naïves de nos bergers. Ne vous semble-t-il pas percevoir comme un vague écho de cette voix qui, l’an dernier, faisait résonner si harmonieusement les lambris de cette salle aux appels d’une parole autorisée et convaincue ? M. Beauquier, reprenant la thèse de Max Buchon, a écrit sur les chansons populaires des variations séduisantes qui pourraient servir d'ouverture aux nombreuses partitions composées sur ces livrets simples et ravissants. [l règne, dans ces pages, comme une teinte vaporeuse de douce mé- lancolie. Il semble qu'on écoute, le soir, le souffle de la brise qui, le maün, était aquilon; et l’on sent que l’auteur s’est abandonné dans un délassement enivrant, sentant avec délices ses nerfs, excités par le « Wagnérisme d’une civilisation trop compliquée, » revenir à l’état de nature, et sa fièvre, allumée par les passions d’une implacable sirène, s’éteindre dans une divine accalmie. C'est à Besançon qu'a pris naissance le désir de compul- ser et de colliger ce que l’ancien élève de l’Ecole des chartes appelle « la littérature des paysans ». Avec lui, nous aimons le chantre en sabots et nous excusons les défaillances de la 1 prosodie, mais aussi nous estimons que la forme pure et châtiée, modelée par les Racine et les Corneille, adoucie par Lamartine, parée par Musset, et mouvementée par Victor Hugo, sera toujours un idéal pour celui qui tente de sculp- ter une œuvre poétique française. M. Charles Thuriet comprend bien ainsi la reproduction des beautés qu'il entrevoit dans ses rêves. Je n’en veux pour preuve que son petit récit en vers intitulé « Le Rateau ». Bien qu'écrite dans le genre badin, cette pièce a un cachet de bonne compagnie que l'élégance du styte et la dignité du poète pouvaient seuls lui donner. Pendant que nous errons dans les espaces célestes où nous nous plaisons si volontiers à contempler les âmes de ceux qui ne sont plus, inclinons-nous, les veux humides de larmes, devant les ombres aimées de nos confrères dispa- rus. Tous nos morts ont droit à nos regrets; mais trois d’entre eux surtout ont laissé dans nos rangs des vides diffi- ciles à combler. M. Ludovic Carrau, directeur des conférences philoso- phiques à la Sorbonne, avait été pendant dix ans professeur à la Faculté des lettres de Besançon. A ses cours se pressait un public nombreux, attiré par le charme de sa parole, sé- duit par l'élévation de ses pensées et retenu par la clarté de ses discussions psychologiques d’où sortait victorieuse la thèse spiritualiste. | La vie de M. Dév s’écoula dans l’administration de l’enre- gistrement et des domaines, mais à côté de ses devoirs pro- fessionnels, notre confrère sut cultiver archéologie, lhis- toire, la botanique avec un réel succès. _ Nous pleurons encore M. Paul Laurens, qui à laissé un si grand vide partout où il a été appelé à jouer un rôle, à la Préfecture comme au Conseil municipal, à la Société d’agri- culture aussi bien qu’à la Banque de France et au Conseil des hôpitaux. Son intelligence et son cœur étaient au ser- vice de tous ses concitoyens ; son honneur fut sans tache, Joue sa charité sans bornes. « Notre pensée », comme l’a si bien proclamé notre secrétaire décennal, « ne se reportera jamais sans une respectueuse émotion au souvenir de ce grand homme de bien ». Hâtons-nous de regagner la terre. Nos défunts, dont nous nous séparons avec peine, nous y invitent eux-mêmes. Il s’agit de nous grouper pour défendre notre ruche où s’est insinué, avec une audacieuse témérité, un bourdon volumi- neux cherchant à nous arracher un de nos rayons les plus chers. : Ce sera un éternel honneur pour la Société d’'Emulation d’avoir pris en main, après l’Académie des sciences, le pro- jet d’érection d’un monument à Claude de Jouffroy, à l’inven- teur de la navigation à vapeur. Nous ne permettrons pas qu’on cherche à ternir jamais ce brillant fleuron de notre couronne. Celui qui, dans la capitale, a fait cette tentaüve, a reçu la peine que méritait son inqualifiable entreprise. La réfutation ne s’est pas fait attendre. Nous ne pouvions choi- sir pour poursuivre ce délit, un meilleur organe que celui de notre dévoué secrétaire décennal, dont chacun, au Palais, connait l'intégrité et l’éloquence. Il s’est acquitté de sa tâche avec un tact et une mesure qui ont consolidé la fermeté de son argumentation, et laissé une place suffisante à une pé- nétrante causticité. Nous défendons contre l’oubli nos grands hommes et nous erovons être utiles à nos concitoyens en leur rappe- lant les nobles exemples de leurs ancêtres, mais nous n’avons garde d'oublier nos illustrations présentes. La séance de ce jour vous en fournira la preuve. Il vous sera donné d’applaudir, dans un instant, l'inventeur de la soie artifi- cielle, M. le comte de Chardonnet. Mais, dès maintenant, qu'il me soit permis de rendre un hommage anticipé à l’au- teur bisontin de cette précieuse découverte et d’y joindre un témoignage de vénération et de reconnaissance pour le franc- comtois illustre qui compte, comme son plus mince titre à 4190 notre admiration et à notre gratitude, le salut des vers à soie et de l’industrie lyonnaise, c’est-à-dire de la richesse de la deuxième ville de France, et d’une des sources de gloire de la nation tout entière. Je veux parler, et vous m'avez tous compris, de notre illustre compatriote Pasteur, dont les œuvres, édifiées sur des assises inébranlables, constituent un monument gigantesque et incomparable ; — de ce savant dont un secrétaire éminent de l’Académie des sciences, le professeur Vulpian, au milieu d’une assemblée de savants enthousiasmés, a établi en ces termes le niveau : « Nos tra- vaux et nos noms seront depuis longtemps ensevelis dans la marée inconstante de l’oubli que le nom et les travaux de M. Pasteur resplendiront encore et sur des hauteurs si éle- vées qu’elles ne seront jamais atteintes par ce triste flot () », — de cet homme enfin que nous pouvons considérer comme le plus puissant et le plus bienfaisant génie qu’ait jamais connu l’humanité. (1) VuLpiAN. Réponse à M. le professeur Peter dans la séance de l’Aca- démie de médecine du 18 janvier 1887. UN ÉELECITEUR De 167% A BESANCON a —————— Pièce lue au Banquet du 19 décembre 1889. Que ce récit n'ait rien, ami, qui vous offense! Vous avez rencontré peut-être en votre enfance, Au détour d’une rue, un vieux, nommé Marquis, Dont Bertall aurait fait un de ses bons croquis. Bien qu’il füt un peu simple, un peu bête de somme, Cétait, au demeurant, un parfait honnête homme. Vous avez pu le voir clouer journellement Les caisses de cristaux de la maison Clément, Porter à domicile ou colis ou facture, Ou bien traîner à bras sa petite voiture. Ce que je viens ici de lui vous rapporter, Souvent, dans Besançon, je l’ouïs raconter, Par des gens sérieux que tout le monde honore, Et qui peuvent fort bien s’en souvenir encore. C'était en mil huit cent quarante-huit, le jour Où les petits, les grands, le muet et le sourd, L’aveugle, l’idiot, même l’homme en délire, Tous étaient appelés aux urnes pour élire Le président ! Quel jour ! Vous en souvenez-vous ? Les plus sages étaient peut-être les plus fous. « Tu vas aller voter, Marquis, tout comme un autre », Lui disent ses patrons. — «Et pour qui? » — « Pour le nôtre!» — «Je ne le connais pas. Faites mon bulletin, » Si vous voulez que j'aille à mon tour au scrutin; » Car je ne sais pas lire, encore moins écrire. » Faire voter des gens comme moi, c’est pour rire! » J'aimerais mieux mener mon Camion chargé! » En me laissant tranquille, on m'aurait obligé ». — 15 — Qu'il avait de bon sens, cet humble prolétaire ! Il savait obéir, travailler et se taire; Mais il craignait d'aller, à tort et à travers, Tomber dans le panneau des esprits à l’envers, Clément, pour Cavaignac votait; mais la patronne, Qui jugeait Lamartine au moins digne d’un trône, Ecrivit pour Marquis le nom du candidat Auquel elle eût voulu conférer le mandat. Nul ne s’en aperçoit. Marquis, de la boutique Etant sorti, rencontre un homme politique. C'était un coutelier, influent électeur, Populaire tribun, qu’on disait inventeur D'un terrible instrument, nouvelle guillotine, Que désapprouvait fort monsieur de Lamartine, Mais qui pouvait couper sept têtes à la fois, Pour avoir plus tôt fait d’exterminer les rois, Les nobles, les curés et tous les monarchistes, Avec leurs orateurs et tous leurs publicistes. Au papier de Marquis, le coutelier malin Substitue un billet portant Ledru-Rollin. Marquis le laisse faire et plus loin s’achemine. Bientôt un pâtissier, bourgeois de bonne mine, Au passage l’arrête, et, dans son magasin L’introduisant, lui dit qu'il est presque cousin Du meilleur candidat, de Louis Bonaparte. — « Si tu votes pour lui, je te donne une tarte!» — « Pourquoi pas, dit Marquis, cela ne me fait rien ». — « Eh bien! prends mon billet et déchire le tien ». Avec ce bulletin nouveau, vers la mairie Marquis s’avance. Alors, Jésus, Joseph, Marie! À la porte vingt mains lui tendent poliment Des billets qu’il accepte, et quand vint le moment De donner aux messieurs du bureau son suffrage, Dans ce tas de chiffons, au hasard, avec rage, Il en prend un, le plie et, comme un électeur Qui sait bien ce qu’il fait, il l'offre au scrutateur. Ayant ainsi rempli son devoir politique, Marquis de ses patrons regagne la boutique. AR A D’écouter son histoire, on était curieux. On se riait de lui. Chacun, à qui mieux mieux, _ L’excitait à parler, à répéter sans cesse Un mot naïf, empreint peut-être de finesse. Il répondait à ceux qui lui disaient : « Eh bien! » Pour lequel as-tu donc voté! >» — « Je n’en sais rien! » Plus d’un brave électeur qu’on tient pour homme habile, Qui trotte, se trémousse et s’échauffe la bile, N'est encore aujourd’hui, je crois, pas plus certain De ce qu'il a dû faire en allant au scrutin. Aussi bien que Marquis, il peut dire en lui-mème, Tant cette politique est un sombre problème! « Je reviens de voter. Ai-je fait pour le bien ? » Ai-je fait pour le mal? — Ma foi, je n’en sais rien ! » Ch. THURIET. Saint-Claude du Jura, juillet 1889. ARISTIDE DEV HISTORIEN ET NATURALISTE NOMTCE "BIOGRAPHIQUE LUE A LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS Par M. Auguste CASTAN CORRESPONDANT DE L'INSTITUT (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) Séance du 9 mars 1889. Le 17 février 1889, la Société d’'Emulation du Doubs a perdu l’un de ses anciens présidents, demeuré l’un de ses plus estimables collaborateurs, Déy (Rose-Joseph-Aristide), mort à Vendôme âgé de près de 82 ans, était né le 16 mai 1807, dans la petite ville com- toise d’Arbois, c’est-à-dire sur un terroir où les cœurs sont chauds et les intelligences en éveil. Notre confrère eut de plus en partage un rare bon sens qui maintint l'équilibre entre ses facultés puissamment actives. | Entré dès sa jeunesse dans l’administration de l’enregis- trement et des domaines, les hasards de la vie de fonction- naire le firent employer, à trois reprises, dans le département de l'Yonne. Il y débuta au mois de décembre 1830, et fut bien vite apprécié des savants de cette contrée généreuse. El était vérificateur à Auxerre en 1847, lorsque surgit l’idée de créer en cette ville la Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne. Déy compta parmi les fondateurs de cette asso- ciation qui n’a cessé d’être l’un des centres intellectuels Îles plus prospères de la France départementale. Sous les aus- pices de la Société des sciences historiques et naturelles de c) l'Yonne, il publia, entre les années 1847 et 1852, dix notices sur des localités ou des édifices de ce département si riche en intéressants souvenirs. Son éducation d’archéologue et d’historien n’était plus à faire quand 1l vint occuper à Besançon le poste d’inspecteur des domaines. L'Académie de cette ville prit en considéra- tion sa Méthode pour classer une collection d’armoiries, c’est-à-dire pour faciliter l'interprétation des symboles héral- diques qui se rencontrent sur les œuvres d’art, et l’entreprise d'un Armorial méthodique de la Franche-Comté eut lieu d’après sa doctrine. La compétence qu'il avait acquise dans certaines spécialités de la botanique lui assura, d'autre part, l'estime des naturalistes qui étaient alors prépondérants à la Société d'Emulation du Doubs. Cette compagnie lavait élu son président pour l’année 1854, et, le 28 janvier suivant, l’Académie de Besançon lui ouvrait ses rangs. Mais trois mois plus tard, son administration nous l’enlevait pour le replacer dans le département de l’Yonne, en qualité d’ins- pecteur résidant à Auxerre. Redevenu le collaborateur fécond des sociétés savantes de ce département, il s’appliqua surtout à l'étude de la géo- graphie ancienne du pays des Sénones. Il fut préparé de la sorte à intervenir dans la retentissante question de l’empla- cement d’Âlesia, soulevée ici même par notre inoubliable Alphonse Delacroix. Son mémoire fut le premier en date parmi ceux qui combattirent la solution franc-comtoise du problème : il se hâta toutefois d'affirmer ses bons sentiments envers la Franche-Comté, par la publication d’une noce sur le P. Laire, de Vadans-lez-Gray, l’un des plus doctes biblio- graphes de la seconde moitié du dix-huitième siècle. Dans ie même temps, il publiait, en un volume orné de gravures, l'Histoire de la ville et du comté de Suint-Fargeau, et, six ans plus tard, 1l dotait le département de l’Yonne d’un Armo- rial historique. Si les sociétés savantes d'Auxerre et de Sens ont bénéficié nd 5"; 10 de la plus grande partie des travaux d’Aristide Déy, ce fut à Vesoul, ville qu'il vint habiter comme directeur des do- maines, en 1859, que notre confrère publia les deux ouvrages qui feront peut-être le plus d'honneur à sa mémoire. Je veux parler de son Histoire de la sorcellerie au Comté de Bour- gogne, puis de son Essai sur la condition des personnes, des biens et des communes au Comté de Bourgogne pendant le moyen âge, complété plus tard par un Vocabulaire pour servir à l’intelligence des chartes communales du Comté de Bourgogne au moyen äge. À Laon, où 1l termina sa carrière administrative en qualité de conservateur des hypothèques, 1! ne cessa de travailler, soit pour la Société académique de cette ville, qui l’avait élu son secrétaire général, soit pour la Société d'agriculture, : sciences et arts de la Haute-Saône, dont il avait été le pré- sident en 1860, soit encore pour les recueils de ce départe- ment de l’Yonne où il avait contracté le goût des études qui faisaient le charme de sa verte vieillesse. Ce fut dans la bibliothèque de Laon qu'il rencontra les principales pièces d’un procès que le parquet du Parlement de Besancon avait maladroitement intenté à un libraire de cette ville, nommé Fantet, accusé de débiter clandesti- nement les productions de l’école philosophique du dix- huitième siècle. Comme tant d’autres procès de tendance, celui-ci n'avait eu pour résultat qu’une condamnation déri- soire, et l'opinion publique, mise en verve d'opposition par les sarcasmes de Voltaire, s'était grandement réjouie de la déconvenue des accusateurs. L'histoire de cette cause cé- lèbre, publiée dans les Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, a été pour notre confrère l’occasion de montrer ce qu'il y avait en lui de libéralisme calme et de franche _impartialité. Tout récemment encore, il nous envoyait le catalogue de son Herbier tératologique, et un juge compétent, M. le pro- fesseur Antoine Magnin, nous faisait apprécier la netteté PEN Of) = ainsi que la finesse des observations qui composent cet opus- cule. Aristide Déy était physiquement très distingué : il avait les traits réguliers et le sourire aimable. Sa courtoisie était parfaite et son obligeance à toute épreuve. Les lettres qu’il écrivait à ses nombreux amis, de son écriture fine et qui demeura ferme jusqu’à la dernière heure, se terminaient habituellement par ces mots : À vous toujours de tout mon cœur. Ayant l’esprit ouvert et le tempérament laborieux, il ne cessa d’être animé du désir d'apprendre et d’être mû par l’ambition de se rendre utile. Toutefois son activité fut plus souvent entraînée par les circonstances que dirigée par des inspirations suivies : il en résulta que son érudition, toujours judicieuse, fit plus fréquemment acte de vulgarisation intel- ligente qu'œuvre de critique originale. Les services qu'il a rendus n’en sont pas moins sérieux et considérables ; ils lui créent des titres à la gratitude de quatre départements, et sa province natale devait avoir souci de ne pas laisser perdre le souvenir d’une existence aussi dignement remplie. 91 ÉTAT DES SERVICES DE ARISTIDE DÉY DANS L'ADMINISTRATION DE L’ENREGISTREMENT ET DES DOMAINES. Nommé surnuméraire par arrêté du....... . 16 août 1826 Receveur à Bléneau (Yonne) elle te ..... 27 décembre 1830 Id. à Marchaux (Doubs)... 401 17 novembre 1832 Id. abravères (VOsSes)..... 11-11, 18 mai 1835 Némieateur à Auxerre (Yonne). ...:.. 1... 10 mai 1838 Inspecteur à Besançon (Doubs)....... ,...: 28 septembre 1852 cd: à AUXerLe (NONNE). Here 29 mars 1854 Directeur à Vesoul (Haute-Saône)........... 17 mai 1859 Conservateur des hypothèques à Laon (AISNE) EUR ONE RARE 11 juillet 1863. Admis à faire valoir ses droits à la retraite par arrêté du Ministre des Finances en date du 9 mars 1875. KO LISTE DES OUVRAGES DE ARISTIDE DEY I. — TRAVAUX DE BOTANIQUE. . Des graines considérées comme caractères phytologiques. — Bulletin de la Société des sciences historiques et natu- relles de l’ Yonne, t. I, 1847, "4 p. . Flore des grès ferrugineux du département de l'Yonne. — Bullet. Soc. de l'Yonne, ti. 1, 1847, 7 p. . Catalogue des plantes croissant naturellement dans l'Yonne ‘(en collaboration avec M. Courtaut). — Bulletin Soc. de V Yonne, t. IT, 1848, 13 p.; t. III, 1849, 22 p. . Observations sur quelques espèces de Lyciet. — Bulletin Soc. de l’ Yonne, t. LIT, 1849, 4 p. . Note sur un champignon nouveau pour la Flore française, découvert aux environs d'Auxerre. — Bulletin Soc. de Yonne, IN) 185015) p: . Synopsis des mousses de l'Yonne. — Bull. Soc. de l Yonne, t. VI, 1859, 43 p. et 3 pl.; t. VIII, 1854, 33 pl. - . Rapport sur Putilité d’un jardin botanique à Auxerre. — Bullet. Soc. de l’ Yonne, t. NIIT, 1854, 4 p. . Mon herbier tératologique, ses divisions, ses notes, ses raretés ; Auxerre, 1888, broch. in-8°, 44 p. et 13 pl. II — TRAVAUX D'HISTOIRE. À. — Ouvrages imprimés. . Etudes historiques sur la ville de Bléneau. — Bullet. Soc. de l’ Yonne, t. I, 1847, 34 p. et 3 pl. 10. AE 12. 13. 14. 15. 16. 47, 18. 19° 20. 21. ne) ND ND = 100 à Etudes historiques sur la ville de Champignelles. — Pullet. Soc. de l’ Yonne, t. IT, 1848, 32 p. et 2 pl. Etudes historiques sur le bourg de Saint-Privé. — Bullet. Suc-delYonne,t. Il, 1848; 27.p. et 1 pl. Etudes historiques sur le bourg de Tonnerre. — Bullet. Soc. desliYonne, L.-HL: 1849; 17:p. et 1 pl. Etudes historiques sur Rogny et Saint-Eusoge. — Bulletin Soc. de L'Yonne,t.Ill;1849, 27 p. et 1 pl. Champcevrais. — Bullet. Soc. de l’ Yonne, t. IV, 1850, 7 p. Villeneuve-les-Genets ; Louesme. — Pull. Soc. de l’ Yonne, t. IV, 1850, 6 p. Description archéologique de l’église de Saint-Pierre d’Au- xerre, de la cuisine et du réfectoire de l’abbaye au trei- zième siècle. — Séances générales tenues en 1849 par la - Société française d'archéologie, 3 p. et 1 bois gravé. Etudes historiques sur le canton de Bléneau : un demi vo- lume in-80, 170 p., avec 10 planches; Auxerre, 1852. Chichery-la-Ville. — Annuaire historique de l’ Yonne, 1852, 21 p. Notice biographique sur François Vachey, architecte à Au- xerre. — Bullet. Soc. de l’ Yonne, t. VITE, 1854, 16 p. Méthode pour classer une collection d’armoiries. — Bullet. Soc. de l’ Yonne, t. IX, 1855, 7 p., avec un tableau métho- dique. Notice historique sur les vins d'Auxerre; Auxerre, 1855, broch. in-8 de 34 p., tirée à 125 exempl., dont 10 sur papier fort. . Pierre-Alexis Collin, vétérinaire à Auxerre : article nécro- logique. — Bullet. Soc. de l’ Yonne, t. IX, 1855, 4 p. . Précis historique sur la construction des routes impériales dans le département de l'Yonne; Auxerre, 1855, broch. in-8° de 26 p., avec un plan. . Alesia; Auxerre, 1856, broch. in-80 de 68 p. — Premier mémoire publié contre l'attribution d’Alesia à Alaise. 9 OT NO @e) 90. o1. 92. 99. 34. 99. 96. SH. Oo y . Histoire de la ville et du comté de Saint-Fargeau; Auxerre, 1856, 1 vol. in-8° de 456 p., avec 8 pl. . Statistique de l'Exposition générale de peinture et de seulp- ture. -— Bullet. Soc. de l’ Yonne, t. X, 1856, 12 p. . Géographie féodale de la baronnie de Perreuse; Auxerre, 1857, broch. in-80 de 39 p. : une vingtaine d'exemplaires contiennent en outre 2 pl. . Auxerre ville municipale des Gaules; Auxerre, 1857, broch. in-8° de 24 p. et 1 pl. . Jules Tambour : biographie autographiée ; 1857, G1 p. in-8°; tirée à 150 exempl. F.-X. Laire, bibliothécaire et professeur à l'Ecole centrale de l’Yonne.— Annuaire historique de l’ Yonne pour 1858, 271p. Géographie ancienne du département de l'Yonne (partie topographique). — Bulletin de la Société archéologique de Sens, 1857, 3 p., avec une carte. Notice biographique sur Jean-Antoine Marc, ancien secré- taire perpétuel de la Société d'asriculture, sclences et, arts de la Haute-Saône. — Mémoires de la Commission d'archéologie de la Haute-Saône, t. Il, 1860-61, 14 p. Quelques mots à lPoccasion des fouilles faites au camp de Chariez. — Commission d'archéologie de la Iaute-Saône, t. II, 1860-61, 7 p., avec un bois. Résumé des travaux de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône. — Bulletin de la Société d’agric. de la Haute-Saône, 1860, 14 p. Géographie ancienne du département de l'Yonne (partie physique et politique). — Bullet. de la Soc. de Sens, 1861, 67 p. Histoire de la sorcellerie au Comté de Bourgogne. — Com- mission d'archéologie de la Haute-Saône, t. II, 1860-61, 1294p; Mémoires pour servir à l’histoire de la ville de Luxeuil, — 98. 99. 40. A . 47. 43. A4. 45. A6. STORE: Commiss. d’archéol. de la Haute-Saône. t. IIL, 1862, 34 p.; AN M805%88/pet lpl. Hithogr.: complément'duw (IV, 1867, 42 p. Armorial des villes, des communautés religieuses et des corporations civiles de la Franche-Comté. — Commission d’archéol. de la Haute-Saône, complém. du t. IV, 1867, 90 p. Un mot sur deux inscriptions antiques. — Bulletin Soc. de l’Yonne, t. XVI, 1862, 4 p., avec une pl. Armorial historique de l’Yonne : recueil d’armoiries portées avant 1789, dans les pays qui forment aujourd’hui le département de l’Vonne, par les archevêques, évêques, seigneurs, communautés civiles et religieuses, par les membres du clergé, les magistrats, fonctionnaires et bourgeois, puisées aux sources les plus certaines et réunies dans un ordré méthodique; Sens, 1865, 1 vol. in-8° de 241 p., avec une introduction et un tableau mé- thodique de classification. Controverse archéologique sur les origines de l’église de Chivy (Aisne); Laon, 1869, broch. in-8 de 14 p. — Douze . des exemplaires seulement contiennent 2 vues et 35 fig. Introduction aux Mémoires sur la Ligue dans le Laonnas, d'Antoine Richart, publiés par la Société académique de Laon, 1869 : introduction de 13 p., par A. Déy, secrétaire général de cette Société. Excursion archéologique dans le département de l'Aisne; Laon, 1869, broch. in-8° de 13 p. Note pour servir à l’histoire de la commune de Soissons. — Courrier de l’Aisne, 1869. Etude sur la condition des personnes, des biens et des communes au Comté de Bourgogne pendant 1e moyen âge. — Bulletin de la Société d'agriculture, sciences el » arts de la Haute-Saône, 3e série, n° 2, 1870, 97 p.; n° 5, 207. Notes pour servir à l’histoire de l’Académie de Soissons, — 47. 48. 49. 95. op + Courrier de l’Aisne, 22 mars 1873; article reproduit avec variantes dans l’Annuaire historique de l’ Yonne pour 1885, sous le titre de Coëncidences historiques entre Au- æerre, Sens et Soissons (1736-1744), 11 p. Étude historique sur l'établissement des communes, au dou- zième siècle, dans la province ecclésiastique de Reims; Laon, 1873, broch. gr. in-8 de 68 p. Racine, sa noblesse, ses armoiries, son testament, Sa mort, son épitaphe, sa statue; Laon, 1877, broch. in-8° de 15 p. Vocabulaire pour servir à l’intelligence des chartes com- munales du Comté de Bourgogne. — Bulletin de la Soc. d’agricul. de la Haute-Saône, 3 série, n° 13, 1889, 54 p.; n° 14, 1883, 119 p: Les petits côtés de la bataille de Fontenoy, en 841. — An- nuaire historique de l'Yonne pour 1884, 7 p. Les deux Auxerre au pouvoir des Romains, des Bagaudes et des Barbares. — Annuaire historique de l’ Yonne pour 1885, 34 p., avec un plan et 2 pl. | Les deux pagus du municipe d'Auxerre, — Annuaire histo- rique de l’ Yonne pour 1886, 27 p., une pl. et 2 plans. Le libraire Fantet et le Parlement de Besançon. — Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, 6e série, t. I, 1886, 0) 10 B. — Ouvrages inédits. Etudes historiques sur l’établissement des abbayes régu- lières dans la province ecclésiastique de Reims, depuis les premiers temps du christianisme jusqu’à la fin du douzième siècle. — Manuscrit autographe de 422 pages in-40, dont un second exemplaire, également autographe, a été déposé à la bibliothèque de la ville de Laon, le 10 novembre 1880. Méthode héraldique. — Manuserit autographe de 105 pages in-fol., à deux colonnes : toutes les définitions, pour plus d'intelligence, sont expliquées par des figurines ; 1883. les familles, l'autre pour les villes et les provinces. ÉLOGE DE M. PAUL LAURENS LU À LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS LE SAMEDI 13 JUILLET 1889 PAR M. Edouard BESSON, secrétaire décennal. MESSIEURS, A voire séance de mai dernier, j'avais l'honneur d’ap- précier devant vous le Compte-rendu des travaux de la Chambre de commerce de Besancon en 1888, dû à la plume de M. Paul Laurens. Nous ne soupconnions pas alors, moi en rendant Justice, vous en applaudissant aux fruits de l’ac- tivité féconde de cet esprit toujours jeune et alerte, en voyant surtout notre excellent confrère au milieu de nous, nous prodiguant à tous les marques de son inépuisable courtoisie, que la mort dût prochainement atteindre une existence si bien remplie et si précieuse aux intérêts de notre région. Ce triste évènement nous frappa cependant d’une manière aussi soudaine qu'imprévue, avant que nous ne nous fussions réunis de nouveau, et vous avez déjà rendu à la mémoire du regretté défunt un premier et exceptionnel hommage en levant votre dernière séance en signe de deuil. Vous avez voulu en outre que nos annales gardassent un pieux sou- venir de l’homme de bien, de l’excellent et intègre citoyen, du confrère aussi aimable que dévoué dont nous pleurons la perte. LAURENS (Pierre-Paul-Denis) naquit à Besançon le 26 sep- tembre 1813. I était le second enfant (D) d’un père qui devait (1) Son frère ainé, M. Camille Laurens, est l’un des élèves de la première promotion de l'Ecole centrale des arts et manufactures, à laquelle il fait le 7 99 donner aux siens les meilleurs exemples et les plus utiles lecons. C'était en effet un homme d'étude et de travail, Chef de division à la préfecture, il appartenait à plusieurs Aca- démies et rédigea pendant vingt-cinq ans l'Annuaire statis- tique du Doubs (1). Sous l'autorité d’un tel guide, notre confrère fit d’excel- lentes études au Lycée de Besançon. On le destinait tout d’abord à la carrière des consulats. Mais les évènements po- litiques modifièrent les plans de sa famille, et il entra, sous les auspices de son père, dans l’administration préfectorale. Il le remplaça même, lors de sa mort en 1840, comme chef de division. C’est à ce passage dans les bureaux de la pré- lecture, non moins qu'à sa prodigieuse mémoire, qu’il devait cette connaissance approfondie des lois, décrets, arrêtés, cir- culaires ministérielles qui lui permettait de se mouvoir avec une si étonnante aisance dans le dédale de ce qu’on est con- venu d'appeler notre droit administratif. Il quitta cependant l'administration en 4859, et c’est sur- tout à compter de cette époque que purent se manifester librement et d’une manière complète son activité féconde aussi bien que son inépuisable dévouement aux intérêts de son pays. Eniré dès lors comme secrétaire à la Chambre de commerce, poste qu’il devait occuper trente ans, il y créa de suite cette publication annuelle des comptes-rendus qui fut la meilleure et la plus utile des innovations. L'année suivante, il faisait partie du conseil municipal : là plus grand honneur. Sa sœur, Mademoiselle Lucie Laurens, était douée d’un talent supérieur comme cantatrice. (1) La mort de cet homme d’un vrai mérite fut annoncée en ces termes par le journal l’Impartial, le 9 octobre 1840 : « M. Jean-Anatoile Laurens, chef de division à la préfecture, membre des Académies de Besançon, Rouen et Dion, et de la Société d'Agriculture du Doubs, est mort hier 7 octobre. M. Laurens était le doyen des employés de la préfecture ; on lui doit l'Annuaire statistique du département, ouvrage pour lequel il lui a été décerné plusieurs médailles et qu’il a publié pendant vingt-cinq années, Il aimait les Beaux-Arts et les a cultivés avec succes ». RS ee encore il ne cessa de rendre à cette assemblée, dont il fut membre jusqu’à une date récente, les plus signalés services. Toujours rapporteur de notre budget local, il s’efforçait d’y faire prévaloir les principes d'ordre et d'économie si chers à son esprit méthodique. Il fut même adjoint au maire de la ville en 1871, lorsque, au lendemain de nos désastres, les charges publiques de cette nature étaient plus acceptées par dévouement que sollicitées par ambition. Mais il ne fit que passer à ce poste, préférant par sympathie naturelle aux _ situations en vue les rôles plus modestes, mais en même temps plus utiles. Ce fut cette passion de se rendre utile et de servir la cause particulièrement intéressante des travailleurs de nos cam- pagnes qui en fit pendant quarante ans, soit comme secré- taire, soit comme président, âme de la Société d'Agriculture du Doubs. C’est du reste à son père que cette association, fondée en l’an VIIT, doit ses statuts actuels. Paul Laurens n’eut qu’à suivre une voie qui lui était si bien ouverte. Son initiative valut à ce département les principaux progrès agri- coles qu'il a réalisés depuis quelque temps. Comme on Pa dit au sein de la Société d'Agriculture elle-même, « un de ses meilleurs titres est notamment d’avoir transformé, trente ans avant la loi de 1884, cette compagnie en un véritable syndicat pour l’achat des instruments, des engrais et des semences, et c’est par centaines de mille francs que notre matériel de culture s’est ainsi enrichi ». ses services, du reste, étaient hautement appréciés et par ceux qui en étaient l’objet et par le gouvernement lui-même. En 1875, les associations agricoles du Doubs lui offraient, dans un banquet organisé pour la circonstance, une médaille d’or grand module portant une inscription qui exprimait leur gratitude, et, l’année suivante, M. le président de la Répu- blique, de passage à Besançon, lui conférait le grade de che- valier dans l’ordre de la Légion d'honneur. Vous parlerai-je, Messieurs, de son inépuisable charité, de to la passion qu’il mettait à servir les intérêts du pauvre et du malheureux. Cette passion, pour employer la langue de Bossuet, ne l’a-t-elle pas suivi jusqu’entre les bras de la mort ? Ordonnateur des dépenses de la commission de l’hos- pice, président de la Société de secours et patronage, il consacrait à l’administration de ces institutions si utiles le meilleur de son temps et de ses efforts. Censeur de la Banque de France, il ne dédaignait pas le poste de secrétaire du conseil d'administration de la Caisse d'épargne, et avait inauguré, comme pour la Chambre de commerce, un compte- rendu annuel de ses travaux. Il n’est pas nécessaire non plus, surtout dans cette en- ceinte, de rappeler l'amour éclairé que notre confrère por- tait aux belles-lettres et en général à tous les travaux de l'esprit. L'enseignement à tous ses degrés et les institutions diverses destinées à répandre l'instruction et le goût de la culture intellectuelle n'avaient pas seulement ses plus larges sympaihies, mais étaient de sa part l’objet d’une active et utile collaboration. Membre du conseil départemental de Pinstruction publique, des commissions de surveillance de l’Ecole normale des instituteurs, de la bibliothèque munici- pale, du musée archéologique, il appartenait en outre aux principales associations littéraires de fa province. Il entrait à l’Académie de Besançon en 1855, et un an auparavant était déjà des nôtres. En 1881, nous dûmes faire violence à sa modestie pour lui faire accepter la présidence de notre So- ciété, el vous vous rappelez àvec quelle rare distinction, quel tact et queltalent il sut s'acquitter de cette tâche délicate. Personne, d’ailleurs, n’y avait plus de titres. À la mort de son père, il ne lui avait pas seulement succédé dans ses fonc- tions publiques, il avait aussi hérité de ses charges littéraires, et avait poursuivi la publication de son Annuaire du Doubs. Peu après, il y insérait un dictionnaire historique et statis- tique des communes de ce département. Je vous parlais tout à heure de ses comptes-rendus annuels des travaux de la ne) ei Chambre de commerce qu’il rédigea jusqu’à sa mort. Ce qui domine dans ces divers écrits, c’est en dehors de la connais- sance approfondie du sujet traité, et en particulier des ques- tions d'administration qui s’y rattachent, le soin minutieux du détail, amour de l'exactitude poussé jusqu’au scrupule, la passion des chiffres et de la statistique dont 1l faisait la science maitresse et dont il s’exagérait peut-être quelque peu l’importance. Son style, du reste, trahissait les mêmes préoccupations. Très soigné, très fouillé, ne manquant pas d'élégance, il n’était pas toujours exempt de recherche. Paul Laurens était d’une taille moyenne, d’une constitution frêle et délicate qu’il ne soutint jusqu’à un âge avancé qu’à force de tempérance et de régularité dans ses habitudes. Sa tête était belle; sa physionomie fine, distinguée, bienveil- lante, exprimait la délicatesse de ses sentiments et l’inépui- sable générosité de sa nature. Il avait de profondes et ardentes convictions religieuses, mais qui n’ôtaient rien à l'indépendance de son esprit. Il croyait au progrès par la liberté et par la science, et avait l'horreur instinctive de toute intolérance et de toute tyrannie, de quelque côté qu’elles pussent venir. Mais ce qu’il prisait, ce qu'il pratiquait avant tout, c'était l'esprit de dévouement, de désintéressement, de sacrifice. Les dons qu’il a laissés en mourant à la ville (©) et aux institutions de bienfaisance ne sont qu'une part bien faible de ses libéralités. Depuis long- (1) I à légué au Musée d’art de la ville de Besançon cinq tableaux dont voici l’'énumération : DE TRoY (François) : Portrait de Jeanne Cotelle, sa femme, et de leur fils enfant (le futur directeur de l’Académie de France à Rome). — GRIMOUx (Jean) : Son portrait peint par lui-même. — WyrsCH (Melchior) : Portrait de Jean-Anatoile Laurens, à l’âge de huit ans, s’amu- sant à faire des bulles de savon (1784). — BELLE (Clément) : Portraits de Donat Nonnotte, créateur de l'Ecole de peinture de Lyon, et de Claude- François Nonnotte, l’un des apologistes de la religion catholique au dix- huitième siècle ; deux superbes dessins au fusain. C'était à titre de parent des frères Nonnotte que M. Paul Laurens avait recueilli ces deux intéres- sants portraits. non temps déjà, au moment de sa mort, il ne faisait que donner. Il donnait son temps, son travail, son cœur, sa vie. Il se fai- sait tout à tous, et en particulier aux nombreux amis que lui avaient valus le charme de ses relations. Nous le savons, Messieurs, mieux que personne, nous à qui il à toujours témoigné une bienveillance et une sym- pathie particulières. Combien d’entre nous, et je m’honore d’être du nombre, auxquels jusqu’à la fin de sa vie il n’a cherché qu’à être agréable et utile? Et comment n’aurait-il pas aimé une compagnie comme la nôtre, lui pour qui le dévouement au pays natal était en quelque sorte une reli- gion ? Aussi, quoique son existence se soit écoulée tout en- üère dans une sphère modeste, notre pensée ne se reportera- i-elle jamais sans une respectueuse émotion au souvenir de ce grand homme de bien. LE PEINTRE FRANC-COMTOIS FERBDINAND PERREN (1893-1870) NOTICE SUR SA VIE ET SES OUVRAGES Par M. Victor GUILLEMIN Séance du 12 janvier 1889. Notre savant compatriote M. Castan nous ayant demandé, vers la fin de l’année 1887, quelques renseignements concer- nant une peinture offerte par nous et placée au Musée Jean Gigoux, nous nous empressâmes de l’informer que c’est le portrait fait par lui-même d’un peintre de grand talent, mais malheureusement peu connu. Nous manifestions le désir de rappeler son souvenir par une notice biographique, et M. Castan voulait bien nous répondre : « Quelques lignes sur cet artiste trop oublié seraient à écrire, et vous, qui l'avez bien connu, auriez toute compétence pour acquitter cette dette envers sa mémoire ». C’est ainsi que nous nous sommes mis à rédiger cette notice sur le peintre franc-comtois Ferdinand Perron. Nous nous sommes adressé à plusieurs personnes qui pouvaient posséder de ses ouvrages, et entr'autres à M. Hec- ior Hanoteau, un de nos maitres contemporains, l’ami et le camarade de Perron. — Il nous écrivait le 20 janvier 1888 : «Je suis bien heureux que vous ayez pris l’initiative de sortir notre brave ami Perron de l’ombre où son nom est resté, malgré son grand talent. » S'il ne fut pas connu de son vivant, cela a tenu beaucoup à son caractère, car il était d’une modestie et d’une timidite — d'enfant ; il a toute sa vie supposé qu'il devait faire des études, et encore des études, avant de pouvoir lutter avec les autres. — Etrange erreur ! car si lon pouvait rassembler de Jui une centaine de toiles, et les exposer dans la salle de la rue de Sèze, elles surprendraient un grand nombre d’artis- tes; mais tout ce quil a fait est épars de côté et d'autre : il ne faut pas songer à cela, d'autant plus que sa timidité et le doute de lui-même lont empêché de signer presque toutes ses œuvres ». Après nous avoir indiqué plusieurs personnes qui pou- vaient posséder des toiles de notre ami commun, M. Hano- teau nous décrivait plusieurs morceaux de peinture qu'il conserve précieusement chez lui. Nous les mentionnerons plus loin, avec l’appréciation par lui donnée. «Je ne suis pas étonné, ajoutait-il encore, que M... vous ait affirmé que j'avais en haute estime le talent de Perron, car j'ai souvent dit en parlant de lui : « Ce peintre inconnu » n'a jamais fait que des chefs-d'œuvre. » Ferdinand Perron est né à Besancon le 16 octobre 18923. Son père, horloger mécanicien distingué, faisait partie de PAcadémie de cette ville. Ferdinand était le quatrième d’une famille de cinq enfants, et malgré le peu de fortune de ses parents, on lui fit commencer ses études au collège. Mais son père vint à mourir, puis, trois mois après, sa mère, et la municipalité accorda à l’orphelin, ayant alors à peu près onze ans, une bourse qui lui permit de continuer à s’ins- truire. Il remporta de nombreux prix ; mais comme il dessinait sans cesse sur ses livres et ses cahiers, cette bourse lui fut retirée à la suite d’un petit incident où il refusa obstinément de remettre à son professeur un croquis fait pendant la leçon On ne pouvait dès lors lui faire continuer ses classes (il était en troisième), et sa famille le fit entrer à l’école de des- sin de notre ville. op C'était en 1837, et le peintre Flajoulot qui enseigna les premiers principes à deux de nos artistes de tendances fort différentes, Edouard Baille et Gustave Courbet, était profes- seur à cette école. Ce fut quelque temps après la mort de ce professeur , que notre aspirant peintre, léger d'argent et riche d'espoir, partit pour Paris, vers la fin de l’année 1842, et vint y étudier son art dans l'atelier de Jean Gigoux. Il rencontra là un camarade qui lui commenta clairement ce que le maitre laissait parfois deviner à ses élèves. Ce camarade d’atelier était un Bisontin fort enthousiaste, nommé Bouvier, qui, ne sachant pas profiter pour lui-même des leçons qu’il donnait aux autres, imitia Perron aux vrais principes de l’art, comme il le fit aussi pour le célèbre pein- tre Bonvin, surnommé le Chardin du dix-neuvième siècle (). Perron ne tarda point à montrer qu'il avait profité des leçons reçues. Mais, au bout de près de huit ans d’études, il constata un jour que son petit pécule se trouvait épuisé, et son maître vint à son aide en l’employant à peindre quelques parties dans ses tableaux, à exemple de ces peintres fla- mands qui faisaient exécuter à leurs meilleurs élèves des morceaux assez importants de leurs compositions. Perron était dès ce moment capable de produire, pour son propre compte, quelques ouvrages qui lPeussent fait appré- cier au Salon ; mais il lui eût fallu, pour cela, avoir la possi- bilité de subvenir à ses dépenses et de payer des modèles, en parant aux frais que nécessite toujours l'exécution d’une œuvre. Or, cela lui manquait absolument, et lui manqua tou- jours. Les hommes sont souvent victimes de leurs qualités et certainement, dans les beaux-arts, la modestie peut être une vertu qui mène les artistes à l'hôpital, car on trouve piquant (4) Voyez une lettre de Bonvin à son biographe L. Gauchez, dans la Revue d'Art, 1887, p. 52. 07 — de prendre au mot celui qui n’affiche point de hautes préten- tions. Pourtant, le maître-peintre d'Ornans ne put mécon- naître (quoiqu'il ne fit volontiers l'éloge que de lui-même) le talent de son ancien camarade, et M. Gigoux écrit dans ses Causeries, en parlant de ses meilleurs élèves : « Je signalerai encore Perron que j'ai eu plusieurs années à mon atelier, et dont Courbet disait : « c’est moi et Perron qui pei- gnons le mieux de tout Paris () ». Malheureusement, ce dernier, au lieu de chercher à se produire, tendait plutôt à s’effacer, et l’on sait que l'opinion est plus souvent pour les beaux diseurs que pour les intelligents qui savent se taire. Il allait fréquemment au Musée du Louvre, s’y fortifier par la vue et l'étude des œuvres magistrales, et ne négli- geait aussi aucune occasion de contempler les ouvrages nou- veaux des artistes contemporains, ou les collections, les galeries célèbres enlevées au feu des enchères. C’est ainsi qu’il devint un connaisseur très sûr et très fin, dont le juge- ment ne se serait jamais égaré sur la valeur d’un tableau ou d’une sculpture. ne En demeurant le collaborateur subordonné aux exigences du maître, il devait forcément rester dans l’ombre, et, pour sortir de cet état précaire, il dut prendre le part de quitter Patelier Gigoux et de travailler seul, pour lui-même. Mais hélas ! il allait être obligé de faire trop souvent du métier, et cette dure nécessité lui commandait alors de se livrer à des besognes ingrates. Nous le savons d’autant mieux, qu'à cette époque nous lavions rejoint à Paris, et que, pendant tout le temps que nous y étudiâmes, notre atelier fut à sa disposition. Quoiqu'il eût toujours négligé de faire partie d'aucune coterie, il ne fut pourtant point tout-à-fait isolé, car il ren- contra à Paris des Franc-Comtois qui s’intéressèrent à lui. Sur la présentation d’un de ses anciens camarades de col- (1) Causeries sur les artistes de mon temps, p. 116. ee lège, le fils du conseiller Béchet, il fut bien accueilli dans la famille de notre célèbre compatriote le philosophe Jouffroy, et ce fut aussi cet ami qui le présenta dans la famille de son beau-frère, à Quingev, chez MM. Gannard. Nous citerons plus loin les principaux des ouvrages que Perron exécuta pour cette famille, chez laquelle il resta près de deux ans, en deux séjours qu’il y fit à quelques mois d'intervalle. Mais ce fut là seulement comme une oasis sur le parcours de la vie aride qu'il devait achever à Paris. Cest à Paris qu’il exécuta de nombreux portraits comman- dés par des Américains. Ces peintures, qui ne sont plus en France, sont perdues pour nous. Les étrangers étaient ren- seignés sur le talent de l’artiste par ses anciens camarades d'atelier, et les journalistes d’au-delà de l'Atlantique, sur le vu de ces ouvrages, prenaient notre ami pour une des célé- brités artistiques de Paris. Nous noùs souvenons encore du triste sourire qui erra sur ses lèvres, lorsqu'un jour il reçut un numéro de journal rédigé en Espagnol, où on le disait bien digne de Ia haute célébrité qui lui était acquise en France. | Perron, luttant contre la misère, fut encore obligé de tra- vailler pour un artiste dont nous tairons le nom, et qu'une affection grave de la vue empêchait de peindre. Le principal ouvrage qui sortit de cette collaboration, fut un tableau important, placé maintenant au Musée de Versailles. Il est peint en entier de la main de Perron, d’après la composition et les esquisses du maitre dont 1l porte la signature. Lorsqu'arriva la guerre, notre peintre demeurait à Bou- logne ; il était souffrant, et se réfugia pendant le siège de Paris chez une de ses connaissances, M. R°”, avenue d'Or- léans : c'est là qu'il mourut subitement le 43 novembre 1870. . Si l’on songe qu'il venait seulement d’atteindie l’âge de quarante sept ans, on doit bien regretter que cet arüste n'ait pas fourni une plus longue carrière, pour vaincre peut-être la mauvaise fortune, et donner toute la mesure de son talent. Les nombreux petits tableaux, esquisses ou études laissés par lui dans son logement de Boulogne, y furent vendus, ainsi que ses meubles, et nous regrettons de n'avoir pu trouver de renseignements sur le nombre et l'importance de ces peintures, afin d'en donner la nomenclature, et d’indi- quer où l’on pourrait les voir, car certainement, selon son habitude, le peintre n’avait pas signé ces ouvrages. Quoiqu'il sût bien dessiner, Perron se distinguait plutôt par la couleur. Tout ce qui sortait de son pinceau avait un très grand charme, produit par la finesse et la suavité des tons. Cette peinture, d'un aspect de vaguesse séduisante, tout en ayant un cachet bien original, faisait penser à Prud’hon, à Murillo, et même au Corrège, le peintre que Perron avait en prédilection. Cet aspect, la nature le lui donnait, son œil la voyait ainsi, et ce n’était point le résultat d’une manière, d’un parti pris de convention. Ses petits tableaux de genre avaient de l’analogie avec les œuvres de Diaz et parfois même auraient soutenu la comparaison avec la peinture de ce der- HG Il était capable de traiter tous les genres; mais la nécessité où 1l se trouvait de gagner en fit surtout un portraitiste remarquable, et ce à quoi son goût le porta fut le tableau intime et d'effet attrayant, sans sujet bien déterminé, pitto- resque avant tout, comme le comprirent Diaz et Decamps, pour lesquels un tableau à l’effet était un tableau fait Nous considérons comme nôtres des artistes d’origine étrangère, nous aimons à mettre les suisses Wyrsch et Gresiy au nombre des peintres franc-comtois ; mais nous devons témoigner, pour le moins, autant d'intérêt à un peintre qui appartenait à une vieille famille bisontine, et dont les œuvres décèlent un talent incontestable. Si de l’œuvre de Perron, dispersée un peu de tous côtés, à Paris, en province, et même à l'étranger, on ne saurait rassembler les nombreuses parties pour les mettre sous Îles yeux du public, le peu que l’on en pourrait montrer suffirait au 0 = besoin pour lui faire attribuer un rang supérieur à celui de Jourdain ou de Chazerand, qui, sans être comparables à lui pour l’harmonie, le coloris et le clair-obseur, ont conservé chez nous une réputation locale fort appréciable. Les principaux ouvrages de Ferdinand Perron sont : à Paris, chez M. Paul Perret, homme de lettres, trois por- traits : celui de Mademoiselle Jouffroy (devenue Madame Paul Perret) et celui de son frère M. Charles Jouffroy. Ces excellents portraits, des meilleurs de Perron, sont de gran- deur naturelle et avec les mains; le troisième, en buste, fort remarquable aussi, est celui de leur parent, M. Charles Bé- chet. Chez Mie Scriwaneck : le portrait de éette artiste drama- tique du théâtre de l’Odéon. Chez Madame veuve Migon : le portrait, fort remarquable aussi du père du docteur Migon. Chez M. Hector Hanoteau, plusieurs beaux morceaux de peinture. « Je ne possède de Perron », nous écrit ce maître, « que quelques études faites à l'atelier Gigoux, par conséquent dans ses commencements : presque toutes sont des portraits. » Je n'ai que le portrait de mon fils enfant, qui ait été peint quelques mois avant la guerre. Ce portrait est peu fait, mais il est dun ton admirable: le modelé en est fin et délicat, gras et large. -— Cette peinture peut être mise à côté de n'importe laquelle ; elle s'y tiendra bien. » Parmi les autres toiles faites dans sa jeunesse, j'ai deux portraits de moi, dont l’un, très ressemblant et poussé, indique déjà un talent hors ligne ; l’autre n’est qu'un frottis, mais plus moëlleux de formes et tout aussi ressemblant; il nya quelarère poitrine n’est pas couverte. » J'en ai un troisième qui forme petit tableau, toile de 4 ; — je me chauffe auprès du poêle de l'atelier : il a été fait en une séance, et on y trouve des qualités sérieuses. — J'ai deux autres têtes simplement frottées, mais charmantes, 1 » Je possède encore de lui un portrait au crayon mine de plomb, qui est un simple chef d'œuvre ». M. Auguste Marminia, artiste-lithographe à Paris, qui fut l’ami de Perron, possède aussi de nombreux ouvrages de lui, portraits et tableaux de genre, dont nous n'avons pas la nomenclature. Perron n’exposa qu’une seule fois au Salon un petit tableau de genre intitulé : Une laveuse, n° 1684 du livret de 1865, et qui eut les honneurs de la cimaise. Ce fut M. Marminia qui, . à l’insu de son ami trop modeste, remplit la notice et fit por- ter le tableau au Salon. À Paris aussi se trouve chez M. Réüf où 1l est mort, avenue d'Orléans, un petit tableau représentant des enfants qui jouent aux billes sur un chemin. À Besançon, au Musée Jean Gigoux : un portrait de l’ar- liste par lui-même, offert par nous, et que nous lui avions vu peindre ; lesquisse du portrait d’un frère du peintre, et un charmant petit tableau de genre, une scène d'hiver, où deux enfants traînent un fagot sur la neige à la lisière d’un bois. À Besançon également se trouve chez Madame veuve Emile Delacroix : un petit nortrait de la veuve du conseiller Béchet, que M. Castan trouve.un morceau très vivant. Nous possédons aussi une nature-morte, l'ébauche d’un petit tableau de genre, un enfant construisant un château de cartes et un portrait crayon noir où il nous a représenté tenant un album. À Thiaucourt, (Meurthe), chez M. Marquis, se trouvent _ deux charmants tableaux de genre, d’une séduisante cou- leur : 19 un diner sur l’herbe sous Louis XV, et 20 une réu- nion au devant d’un château, même époque : des enfants jouent avec des cygnes auprès d’une pièce d’eau. À Quingey, chez MM. Gannard, se voient une trentaine de peintures, parmi lesquelles trois tableaux de genre fort re- marquables, sur toiles de 20; les figures des deux derniers _ sont des portraits. Ce sont : des braconniers avant la chasse bel effet de clair-obscur), une halte de chasse, et une pro- menade en barque. Ges tableaux pouvant donner une assez juste idée du talent de Perron, il serait fort à souhaiter qu’on pût en posséder un ou deux au Musée de Besançon, où ce serait justice de faire connaître notre compatriote comme il le mérite: À Quingey, chez les mêmes personnes, se trouvent encore : une peinture sur bois de moindre dimension représentant une partie de cartes, et quatre charmants panneaux décora- tiis, d'environ 1". 50 cent. de haut, peints sur le mur. Ce sont les quatre saisons, représentées par de petits génies d’une ravissante couleur, qui rappellent la facture de Pru- d’hon, puis une douzaine de portraits, parmi lesquels nous remarquons surtout celui de l’auteur, de petite dimension, fort bien peint; quatre études d'animaux, trois nature-mortes et trois paysages, dont deux à l’état d’esquisses. Terminons en notant cinq portrails au fusain supérieu- rement traités. ‘ Ce que nous venons de citer ne forme sans doute pas seu- lement le quart des productions de Perron : aussi inviterons- nous les personnes qui possèderaient quelques autres ou- vrages de lui, à les faire connaître, afin d'ajouter à la réputa- ton qui lui est due Une partie de son œuvre est à l'étranger ; mais ce qui reste en France des ouvrages de ce peintre, et notamment chez des connaisseurs, soit à Paris, soit en province, suffit à prouver qu'il possédait un talent hors ligne, et qu’il mérite- rait une place dans les meilleurs rangs des artistes Français. NE? # ÿ ESSAI HISTORIQUE SUR PAR NW PE D. J MEYNIER Médecin major de première ciasse a l’hôpital militaire de Versailles Membre de l’Académie de Besançon et dè la Société d'Emulation du Doubs Chevalier de la Légion d'honneur. PREMIÈRE PARTIE. & Séance des 12 décembre 1888 et 13 avril 1889. ESSAI HISTORIQUE SUR DRNANS ORIGINE ET PÉRIODE PALATINE CHAPITRE PREMIER Antiquité d'Ornans. — Origine burgonde. — Monuments mégalithiques. — Lieux-dits. — Obseurité de son histoire jusqu’au xrr1e siècle, — Pre- mière mention. — Ornans mouvance de Salins. — Partages de Bour- gogne et de Vienne. — Ornans terre domaniale. Ornans ne peut, comme certaines villes du voisinage, revendiquer une origine fabuleuse se perdant dans la nuit des -siècles. Il est même douteux qu'avant l’invasion de la Séquanie par les Burgondes , la haute vallée de la Loue ait ÉLE habitée, ou, du moins, l’existence d’une localité impor- tante sur son territoire n'est-elle établie par la découverte d'aucun vestige de constructions antiques, d’aucun objet des âges préhistoriques ou classiques. Le pays où la Loue et le Lison, confondus, à l’époque de [a domination romaine, sous le nom de Lucinus, prennent leur source, était probablement encore couvert de forêts, comme la plus grande partie de l’ancienne Gaule. Le nom germanique d’Ornans (Hunnin- cum, de Hunninge, domaine du Hun) indique que la ville doit sa fondation à une colonie barbare. La forme romane de ce nom a été, pendant longtemps Hounans, Ounans, ou Honnans , Onnans, qui est encore usitée en patois. La forme Ornans, qui a prévalu, est due à Pintercalation acci- 7) dentelle d’une », comme dans borne pour bonne (de bodena, bonna), dans hurler pour huller (ululare), intercalation qui n'était pas rare dans l’ancienne langue et dont il reste quelques traces dans la langue moderne (). Le village d'Onans, contrairement à ce qui a eu lieu pour son homo- nyime latin, après s’être longtemps appelé Ornans, a repris la forme primitive de son nom. Qu'Ornans ait existé ou non avant la conquête bourgui- ognonne, il n'en est pas moins certain que son territoire présente à la curiosité des archéologues des monuments mégalithiques. Les grandes pierres du Bois-Brulé, aujour- d’hui couchées sur le sol, ont incontestablement formé un cromlech ou cercle de pierres (); leur situation relative- ment les unes aux autres le prouve d’une manière indiscu- table, La Combe Menvierge (Men, pierre, vergh, chef; pierre des chefs), qui fait face au plateau du Bois-Brulé, possédait autrefois un dolmen G) aujourd’hui disparu. Le plateau des Compas (Kiwompas, cercle) doit peut-être son nom à l’exis- tence d’un ou plusieurs cromlech’. Le vallon de Membouque (Men, pierre, bouc (4), bouc), est ainsi appelé d’un menhir ou pierre levée, qu'on nomme, de nos jours la Roche des. dix heures. Enfin, on trouve sur ce territoire des chemins pavés de la plus haute antiquité. Un de ces chemins conduit à la terrasse qui termine, au nord-ouest, la montagne de Chä- tillon, terrasse que deux fossés taillés dans le roc ont convertie en une sorte de castrum. Les plus anciens lieux-dits, après ceux que nous venons a (1) L’r suivi d'une consonne parait avoir été antipathique à nos ancêtres des premiers siècles du moyen âge. Certains mots d’origine latine, comme cornu, corne, l'ont perdu momentanément à cette époque. On avait traduit cornu par coune, conne. On dit encore en patois : Las counes di diale. les cornes du diable. (2) Kroum, courbe, lech ; pierre sacrée. (3) Dol, table, men, pierre ; table de pierre. (4) On sait que le bouc était consacré à Teutatès. 7 — de citer toutefois, remontent à la période burgonde. Ce sont : Auldevoige ou Audevoige (Alt, vieux, weg, chemin), longé par une voie qui, du fond du vallon de La Peusse, se diri- geait sur la cluse de Maillot (L; Cornbouche (Horn, roche, busch, bois), nom de la hauteur que couronne le Bois-Gou- gniot ; les Oyes ou Oues Dammartain, Menon, Perrenot, ou autres (Aue, prairie parcourue par une rivière) ; et les Voisses (Wiese, prairie). Les autres appartiennent tous, par leur origine, à la moyenne ou à la basse latinité. Les prin- cipaux sont : Barmot [Balmeta, petite grotte), les Barrères (Barrariæ, barrières) (, les Beuges (Bugia, pâturage), le Biez-de-Leugney &) [/Bezium, ruisseau), le Chanêt (Casne- tum, chênaie), le Charmeux (Carpinosum, de carpinus, charme), Charmont (Galvus mons, mont dénudé), Chätel- Perrin (Castellum, dim. de castrum), le Châtelet (Castel- letum/, Ghâtillon (Castellio), Chauveroche (Galva roca, roche nue), Chaux (Galma, lieu inculte), Combe-Chichy, Combe - Chirey , Combe Corpus 14), Combe - Menvierge, Gombe - Pellerin ou Combe-au-Prévat, Gombe-la - Por- tière 5) (Cumba, petite vallée), les Douves (Doga où doha, source), Ën-Ahain (Ahan, montée), En-Erichaux (Herici calma, la Chaux d'Héry), En-Ully ou Eulley (6) (Ovilia- cum, d’ovile, bergerie), les (Epoisses (Spissum, lourré), les Essarts d'Ully, les Essarts-Sanderin (Exsartum, champ défriché), l’Etaulet (Stabuletum, la petite étable), lus Fas- _cles (Fasculi, bouquets de bois), la Fin-du-Tremblois (Finis, territoire, et Tremuletum, tremblaie), le Fourtueux (Fores- tulum, petit bois), la Foûnêche (Fænagia, de fænum, foin), (1) Elle se perd actuellement sur le territoire d’Amathay-Vésigneux. (2) On trouve dans ce point des vestiges de retranchements. (3) Lugduniacum, ancien nom de la montagne de la Soue. (4) Où eut lieu, en 1638, une entrevue du colonel Corpus, de l’armée du duc de Lorraine, avec les notables d’Ornans. (5) Cette combe donne entrée au nord, sur le territoire de la ville. (6) Vulgairement En-Nahin, En-Nérichaux, En-Neully. = Jo la Froidière (Frigidaria), la Grange (Granica), la Garenne (Warenna, réserve de chasse), Gradion (Gradio, de gradus, gradin), Layer (Lacarium, bassin), les Hages (Haga haie, enclos de haies) (D, Narbey [Nigrum bezium, biez noir), Onchaux (En-Chaux), l’Onnaige (Ondagium, remous), l’'Oray (2 (Orata, lisière d’un bois, d’ora, bord), la Peusse (Pissa, pisse, cascade), la Planche-Thomas (Plunca, petit pont), les Prés-Perrenot (Prâta), le Puy du Château (Podium Castelli), les Vannes (Venna 6), claie, enclos de claies), la Vaux (Vallis), Vinchaux (Vin calma), la Vre- tagne ( Vertania, hallier). | Une obscurité profonde, au milieu de laquelle aucun docu- ment ne vient Jeter la moindre lueur, règne sur les origines de la ville actuelle que l’on trouve, au x11e siècle, assise sur les bords de la Loue. Le premier acte où il en est fait mention, encore est-ce d’une manière tout à fait accidentelle, est une charte de l’abbaye de Buillon que l’on rapporte à l’année 1151. Morard, prêtre d’Ornans (4), y figure comme témoin d’une donation de Humbert de Scey, des fils de Raalde de Scey et de ceux de Hugues de Fertans à cette abbaye. Grâce à l'intervention de Gauche II, sire de Salins, ces seigneurs font remise au monastère de Sainte - Marie de Buillon d’une somme dont il leur était redevable. Il faut aller ensuite jusqu’en 1230 pour retrouver le nom d’Ornans. Cette fois, il est directement cité. Il s’agit de cet acte célèbre par lequel les familles de Méranie et de Châlons s’unirent, acte qui rendit, pour un temps, la paix au Comté de Bourgogne. Le traité de mariage d'Alice de Méranie et de Hugues de Châlon assigne à la future six cent livrées de terre sur la (1) Par extension, léproserie. Il y en a eu une en cet endroit. (2) Ou Loray. (3) Ou Benna. (4) « … Morardus presbyter de Ornens.…. » NV. GUILLAUME, Sires de Salins, t. I, p. 48. — 49 — terre domaniale de Colonne ou, à son défaut, sur celle d’Ornans (1). Cependant, Ornans existait avant le xr° siècle ; mais, confondu, dès l’origine, avec les mouvances de Salins (2), dont il a suivi toutes les vicissitudes, il n’est cité nominati- vement ni dans la donation du roi de Bourgogne, Saint- Sigismond, à l'Abbaye d’Agaune, ni dans l’acte d’inféodation de cette seigneurie à Albéric de Narbonne par Meynier, prévôt de l’abbaye, ni dans les divers actes d'hommage des sires de Salins à cette abbaye (3). La partie de la seigneurie d’Ornans qui appartenait, comme le Bourg - Dessus de Salins (1), à la branche cadette ou de Vienne de la famille de nos comtes 5), fût cédée, avec ce bourg, à Hugues IV, duc de Bourgogne, par Marguerite de Vienne (1224) (6). C’est pour recouvrer cette portion de seigneurie que Jean de Châlon abandonna, en 1937, à Hugues IV, la vicomté d’Auxonne, le fief de Sant-Seine et celui de Chaussin, en échange de Bra- con, d’Ornans (Honnans, Hounans), de Vuillafans (Villauf- fans) et du château des Clées (7) (Esclaies) (8). Nous verrons plus tard que ce ne fût pas, comme on pourrait le croire, pour la réunir à celle que Hugues, son fils, possédait du chef (1) &«.…. in castro nostro quod dicitur Ornans....» — V. CHEVALIER, Poligny, t. I, pr. p. 343, — et GUILLAUME, loc. cit. t. I, pr. p. 119. (2) Bracum et quidquid in Salinis habere videtur… cum omnibus appendiciis..… » V. GUILLAUME, loc. cit, t. I, pr. p. 5 et 6, — et Dunon, Comté, t. IL, p. 596. (3) V. GUILLAUME, loc. cit. t. I, pr. p. 5, 25, 91, 101, et 145, — et DuNon, loc cute, LI pl; 506- 98. (4) Appelé aussi Bourg-le-Sire par opposition avec le Bourg-Dessous qu’on appelait aussi Bourg-le-Comte. (5) Ges deux seigneuries avaient été partagées en 1127, après la mort de Guillaume-l'Enfant, par le comte Raynaud II et son frère Guillaume, comte de Vienne et de Mâcon. (6) V. Dunop, loc. cit., t. I, p. 439, — et GUILLAUME, loc. cit, t. I, p. 260. (7) Canton de Vaud, Suisse. (8) V. GUILLAUME, Le cit,,t. L pr. p. 194-928. — 00 — de sa femme, Alice de Méranie. Jean de Chälon était bien trop féodal pour avoir la pensée de reconstituer une terre domaniale ! Les officiers municipaux d’Ornans avaient donc raison d'écrire, en 1753, à l’Académie royale de Besançon (!) que leur ville existait à l’époque du premier royaume de Bour- gogne et qu’elle avait été du domaine des rois, puisque l’un d’eux avait pu en disposer en faveur de l’abbaye d'Agaune. «€ Albéric de Narbonne et le comte Létalde son fils, devenus propriétaires de la seigneurie d’Ornans (?), la transmirent à leurs successeurs, comtes de Bourgogne, qui en jouirent jusqu'au comte Guillaume IIT, surnommé l'Enfant, mort sans postérité, auquel succédèrent Renaud et Guillaume ses oncles. Renaud, comme aîné, fût comte de Bourgogne et Guillaume fût comte de Vienne,de Mâcon et d’Auxonne (3) ...» Mais, contrairement à ce qu'avançaient les officiers munici- paux, Guillaume n’eût pas en son partage toute la seigneurie d’Ornans. Il est certain, en effet, qu’elle fût partagée entre les deux frères. Gérard, fils de Guillaume (4), comte de Vienne, transmit la part de Vienne à Marguerite sa fille (1) Mémoire historique sur la ville d’Ornans. Il porte les signatures de « MM. les Suppots du magistrat, qui sont : MM. Adrien-Charles Verdy, maire, Pierre-Ignace Saulnier, avocat, premier échevin, Augustin Teste, avocat, second échevin, Joseph Bailly, troisième échevin, Adrien-Charles Doney, lieutenant particulier au bailliage, Simon Roussel, conseiller-asses- seur au bailliage, Benoît Doney, conseiller-assesseur au bailliage, Claude- Ambroise-Bruno Dupuy, procureur du roi au bailliage, Guyot de Vercia, avocat, Jacques-Fr. Vieille, avocat, Jacques-Fr. de Ramey, avocat, Jean-Fr. Coste, procureur au bailliage, CI.Fr. Grimont, secrétaire. (2) Il n’est pas probable que Létalde l’ait eue en entier, pas plus que la seigneurie de Salins qu’il partagea avec son frère Humbert, tige de la pre- mière maison de Salins. La terre d’Ornans a même dû être partagée en trois un moment, c’est-à-dire entre le partage de 1127 et le mariage de Gérard de Vienne et de Maurette de Salins (1175). (3) Mémoire historique sur la ville d'Ornans. (4) Son autre fils était Etienne, vicomte d'Auxonne, tige de la maison de Chalon. Guillaume avait eu ces deux fils de Poncette de Traves. SOS AR « mariée en premières noces à Guillaume de Sabrans, comte de Forcalquier, et en secondes noces à Josserand Gros, sire de Brancion, renommé dans les croisades (1) ». L’échange de 1937 établit que Marguerite relacha cette part, avec Bracon et d’autres fiefs à Hugues [V, duc de Bourgogne, qui lui céda léquivalent en belles terres du duché qu’elle joignit au patrimoine de Josserand son mari. « Jean comte en Bour- gogne et de Châlon, petit-fils d'Etienne, comte en Bourgogne, possédait le comté d’Auxonne du chef de son père et celui de Chälon du chef de sa mère Béatrice de Châlon. Ces comtés étaient à la bienséance du duc de Bourgogne qui engagea le comte Jean de les lui céder (?). » On voit qu'il ne nous a pas été possible, bien qu'il dût en coûter à notre amour-propre local, de conserver lillusion qu'Ornans a toujours constitué, invariablement et dans son intégrité, une terre domaniale. Comment admettre déjà qu'une terre domaniale ait fait si peu parler d’elle pendant un si long temps, pendant une période de près de huit siècles ? Mais ce qui a surtout contribué à nous convaincre qu'il n’en était rien, c’est qu'il fallait encore, pour l’admettre, éliminer de notre histoire un acte aussi important que celui de 1937 ! Enfin, comment supposer (et pourtant on la fait !) comment supposer que Jean de Châlon ait pu accepter, en échange d’Auxonne, de St-Seine et de Chaussin, les villages d'Ounans et d'Ecleux {je ne parle pas de Vuillafans !), que: Hugues IV, d’ailleurs, n’a jamais possédés ? Non Ornans à d’abord fait partie de la seigneurie de Salins, et nous verrons que sa liberté n’a pas eu beaucoup à souffrir d’une subordi- nation qui paraît si hüumiliante à aucuns. Quant à son partage temporaire, il est d'autant plus facile à admettre qu'Ornans, comme Salins et Lons-le-Saunier, a été longtemps partagé en deux bourgs, le Bourg-Dessus et le Bourg-Dessous. _ (1) Mémoire historique sur la ville d’'Ornans. (2) Ibid. CHAPITRE DEUXIÈME Maison de Chalon. — Alice de Méranie et Hugues de Chalon. — Franchises. — Mort de Hugues. — Deuxième mariage d'Alice. — Son testament. — Othon IV et Mahaut d'Artois. — Traité de Vincennes. — Révolte des hauts barons. — Sac d'Ornans. — Mort d’Othon. — Aumône de Mahaut. L'année 1937 est une des plus mémorables de l’histoire d’Ornans. Bien que Hugues de Châlon n’ait succédé à son beau-frère le comte Othon IIT qu'après la mort de celui-ci (1248) (1), on peut dire que cette ville appartint dès lors au souverain. Le duc de Méranie, mêlé aux troubles qui mar- quèrent, en Allemagne, les dernières années du règne de Frédéric IT, semblait avoir oublié son comté de Bourgogne, où Jean de Châlon dominait, au nom de son fils ainé, en véritable souverain. Dans son désir d'arriver au pouvoir, la famille de Châlon n’avait pas attendu la mort du dernier des Méraniens (), et, voyant ce prince engagé sans retour dans les guerres d'Allemagne, proscrit à la fois par le sacerdoce et par l’empire, elle avait pris hardiment sa place de son vivant. Double usurpation, puisque l’héritière d’Othon IIT n’était pas Alice, mais sa sœur Béatrice, comtesse d’Orle- munde ! Mais le comté de Bourgogne était si las des Alle- mands et le crédit de Jean de Chälon était si grand, qu’elle passa, pour ainsi dire, inaperçue. Jean de Chälon a dû, dès 1937, disposer, en faveur de son fils Hugues, de sa part de la ville d’Ornans ; car c’est Hugues et sa femme Alice qui, peu d’années après, déclarèrent les habitants libres et francs de toute servitude et exaction 6). On (1) En principe seulement, ainsi qu’on va le voir. (2) Othon III mourut empoisonné, puis assassiné par Hérold de Haag, dans son château de Niestin. (3) « … liberi… et quieti ab omni servitutie et exactione in perpe- pou peut croire que l’acte de 1224 fût inspiré par celui qui, le premier à proclamé hautement que la liberté, en peuplant le sol, devenait un gain pour celui qui l’accordait (1), Il est vrai que les termes de ce document permettent de douter qu’on puisse le considérer comme la charte des franchises d’Or- nans. Il semble, en effet, ne concerner que les habitants du château, qui lui servait de principale défense, à moins que, par le mot de castrum, on ait voulu entendre la châteilenie tout entière. Sans vouloir, comme on la prétendu, qu’Or- nans n'ait jamais eu besoin de demander la hbertéà personne, car il n’est permis à aucune de nos villes, pas même à la cité de Besançon, d’avoir une pareille prétention, nous pensons qu’il la possédait depuis longtemps déjà. Tous les souverains de la Franche-Comté ont reconnu, à leur avènement, «toutes les libertez, franchises, privilèges et bons usages et cous- tumes en lesquelz (2 » leurs devanciers avaient toujours gardé les habitants d’Ornans. Dans un titre de 1382, dont les archives d’Ornans possédent une copie, on trouve ce passage précieux d’un titre plus ancien appartenant à la langue du commencement du x siècle : « Que touttefois que Îy » contes de Bourgoingne vient nouveaulx au pays, 1l est tenuz » de jurer et promectre à tenir les dictz privilèges... (31 » Nous verrons par la suite quels étaient ces privilèges. Ornans fût assez heureux sous le règne de Hugues et d'Alice, qui paraissent avoir résidé souvent au château, où tuum.…. » — V. Docum. inédits sur l’hist. de la Franche-Gomte, t. III, p. 528-9. (1) V. la charte des franchises octroyées au Bourg-Dessus de Salins par Jean de Chalon, en 1249, in GUILLAUME, Sires de Salins, t. Il, pr. p., et CHEVALIER, Poligny. t. [, p. 345. (2) Charte de la comtesse Marguerite de France, octroyée à Quingey le 9 août 1363. (Archives d’Ornans, tit. Franchises et privilèges ) (3) Reconnaissance des franchises et privilèges de la ville d'Ornans par Ancel de Salins, sire de Montferrand, Josse de Halalwin, Humbert de la Platière et Henry de Donzy, conseiller du comte Louis de Male, commis à la visite de ses terres de Bourgogne, de Champagne et du Nivernais. (Ibid. nn pre naquit et füt baptisé leur fils aîné Othon IV. Hugues mourut jeune , en 1266 ; il était alors âgé de cinquante-un ans. C'était, dit un de nos historiens (1), un prince bon, mais d’un esprit médiocre, du reste tendrement attaché à sa femme qui le rendit père de douze enfants. C’est à cette affection autant qu'à la défiance que lui inspirait le caractère léger de son successeur présomptif Othon, Othe, ou Othenin, qu'il faut attribuer l'abandon qu’il fit à la comtesse Alice de ses biens et de la direction de sa famille (2). La seigneurie d’Ornans ne fut pas divisée de nouveau; quant au palatinat de Bour- gogne, il appartenait à la comtesse qui le conserva jusqu’à sa mort. Alice restait veuve en face d’une situation pleine de périls, attaquée à la fois par le comte de Champagne qui lui dispu- tait la garde de l’abbaye de Luxeuil et par le duc de Bour- gogne qui avait obtenu de la comtesse d’Orlemunde la cession de ses droits trop réels sur le comté de Bourgogne. Dans cette extrémité et bien que mère de douze enfants, elle se décida à épouser Philippe dé Savoie, que son frère Pierre, dit le Petit-Charlemagne, conquérant du Pays de Vaud, avait désigné pour son successeur. Après dix-huit mois d’hosti- lités, au cours desquelles Hugues [V ne sût prendre aucune des places du comté, Alice et Philippe jugèrent prudent de composer avec l’ennemi. Rodolphe de Habsbourg venait de reprendre à Philippe toutes les conquêtes de son frère et menaçait ses états héréditaires. Onze mille livres viennoises furent comptées au due, et Alice alla, à Saint-Jean de Losne, lui faire hommage pour son château de Dôle. La pauvre palatine mourut en 4279. Par son testament, en date du mois de novembre 1278 (3), elle léguait à son fils aîné, Othon IV, le comté palatin de Bourgogne, mais (1) Ed. CLERC, Franche-Comté ancienne et moderne, t. 1, p. 442. (2) V. son testament dans CHEVALIER, loc. cit., t. IF, p. 696. (3) V. dans Dunop, lac. cit, t. IT, p. 602. DE « Ornans et la chastellerie » étaient donnés, avec d’autres terres importantes, à son fils Renaud qui avait épousé l’hé- riière de Montbéliard. Cette dernière disposition ne fut heureusement pas exécutée par ses enfants et le comte Othon IV conserva la seigneurie domaniale d’Ornans, où il fixa sa résidence, ainsi que le prouvent les nombreux actes qu’il v donna. Une transaction était intervenue entre les deux frères, à Besançon, dès le mois de juin 1279. Renaud renon- çait au domaine d'Ornans et recevait en échange les seigneuries de Montileur et dépendances , Dramelay , Puy- morin, Marigny (la guigerie et fief de Marigney]}, Montaigue et dépendances quelles qu’elles fussent à Lons-le-Saulnier (Laons), ou ailleurs, Sellières (Salières), le Pin et Bi- nand (1). ._ Othon s'était marié en premières noces à Philippine de Bar qu'il perdit de bonne heure. Il épousa, en 1285, Mahaut ou Mathilde, fille de Robert, comte d'Artois, qu'il avait connu dans les Deux-Sriciles. Cette princesse, beaucoup plus jeune que son mari, prit sur lui le plus grand empire. C’est à elle surtout qu'il faut attribuer la tendance de ce faible prince à se rapprocher toujours de la France, tendance qui devait le brouiller avec l'Empire et finalement le jeter dans les bras de Philippe-le-Bel. Othon IV et Mahaut d'Artois affec- tionnaient le château d’Ornans et comblaient les habitants de la ville de faveurs et de bienfaits. Malheureusement leur fcheuse politique devait attirer, sur leur séjour de prédi- lectüion, des calamités hors de proportion avec tous ces biens. Le funeste traité de Vincennes (1295), qui hvrait la Franche - Comté au roi de France, déchaina sur ce pays une effroyable tempête. Les seigneurs franc-comtois, à l’mstiga- tion du baron d’Arlay, entrèrent dans une ligne formée contre Philippe-le-Bel par l'Empereur, le roi d'Angleterre et le comte de Flandres. Les confédérés étaient Jean de Châlon, (1) V. CHEVALIER, loc. cit., t. I, pr. comte d'Auxerre, et Jean de Châälon-Arlay, les deux frères du comte de palatin, Renaud comte de Montbéliard, Jean de Bourgogne , Jean, sire de Montfaucon, Gauthier de Mont- faucon, son frère, Aymon, sire de Faucogney, Thiébaud, sire de Neufchâtel , Humbert , sire de Clairvaux , et les sires de Gex, d’Oiselay, de Joux, de Château-Villain, de Monthélard- Montrond, de Corcondray et d’Arguel. Hors d'état, en dépit d’alliances en apparances formidables, de s'emparer d'aucune des places importantes du domaine, la fureur des barons révoltés s’abattit sur Clerval, Ornans et Pontarlier. Les châteaux des deux premiers et l’aula ou salle de Pontarlier furent enlevés de vive force et détruits. Le château d’Ornans, « où était né le comte Othon, fut renversé de fond en comble et nivelé aux fossés, comme pour anéantir le berceau du premier auteur des malheurs du pays (1) ». Il fallut cinq ans pour les réduire, à cause de ia multiplicité de leurs châteaux et Philippe-le-Bel dut y employer, avec ses armes victo- rieuses, toutes les ressources de son astucieuse politique. La paix ne fut conclue qu’en 1301 ; le roi de France, qui avait tout intérêt à ne pas réduire ses adversaires au désespoir, se contenta d'imposer aux confédérés le rétablissement des chà- teaux de Clerval et d’Ornans et de la salle de Pontarlier l’hom- mage-lige de leurs fiefs. Il s’engageait, en retour, Çà con- server leurs bons us et coustumes (?). » Othon IV mourut le 27 mars 1303, des suites d’une bles- sure reçue à la bataille de Cassel. Il était comte d'Artois depuis l’année précédente. « La mort du comte Othon, dit » un mémoire déjà cité G), qui suivit de près le sac d'Or- » nans renouvela la douleur des habitants ; ils perdirent en » lui un grand protecteur et un insigne bienfaiteur (1). » (DVC Ed. /CLERC, loc, et, LT; p.504! C)ANPICUIELAUME loc cu. LLipr pros. (3) Mémoire historique sur la ville d'Ornans. (4) Les auteurs ajoutent que les habitants d'Ornans, indemnisés par les hauts barons, reconstruisaient alors leurs maisons ; « mais peu le firent DR ET 22e Après la reconstruction du château d’Ornans, la comtesse Mahaut y fixa de nouveau sa résidence. Touchée des malheurs dont une guerre, aux causes de laquelle elle n’était pas étrangère, avait accablé les habitants d’Ornans et ceux de Scey (D, la charitable châtelaine eut recours, pour les soulager, à des procédés moins radicaux que ceux dont elle aurait usé, d’après une absurde légende, à l'égard des pauvres de sa terre d’Arbois (?). Par une charte datée du 20 décembre 1320, dont l'original en latin est encore aux Archives d’Ornans, elle fit don à ces malheureux d’une somme de trois cents livres petits tournois assignées sur son puits de Salins. Les revenus de cette somme, à la dis- tribution desquels elle commettait les curés et châtelains, ou, à leur défaut, les prudhommes des deux localités, devaient être employés à Pachat d’étoffes {de pannis el burellis) et de souliers (sotulares). Cette charte, connue à Ornans sous le nom d’Aumône générale de Madame Mahaut, est curieuse à plus d’un titre. Nous nous conten- terons de remarquér, en passant, que la terrible guerre de 1295-1301 avait réduit à la mendicité jusqu’à des gentils- hommes d’'Ornans et de Scey, car les libéralités qu’elle ordonne, devaient s'étendre aux nobles comme aux roturiers (pauperes tm nobiles quäm ignobiles). Les volontés de Mahaut ont été exécutées jusqu’au commencement du siècle dernier. Considérable à l’époque de sa fondation, cette aumône ne montait plus alors qu'à la faible somme de 11 livres 17 sols, grâce à la dépréciation énorme de lPargent. Gétie petite Somme fut jointe, en 1722, aux revenus de dans la ville basse ; ils prirent des engagements avec les gentilshommes d'Ornans, qui leur vendirent ou abandonnèrent des terrains dépendant de leurs meix, où ils firent construire des maisons depuis la porte qui est du côté de Besançon jusqu'au meix d'Andelot, et qui forme à présent la grande rue. » (1) « Täm de Ournans quam de Cis... » (2) V. GOLLUT, Mém. rép. séq., p. 485-6. Neo l'hôpital (1), qui en jouit encore en vertu de ses lettres d’institution (2). (1) «… toutes les aumônes de fondation. seront et appartiendront audit hôpital. » (Lettres d'institution de l'hôpital d'Ornans.) (2) V. MARLET, Ornans en Franche-Comté de Bourgogne, ouvrage manuscrit, aux archives de l’Académie de Besançon. CHAPITRE TROISIÈME Maison de France. — Jeanne IL et Philippe le Long. — Première (1335) et deuxième (1345 aliénation d’Ornans. — Jeanne [IT et Eudes. — Philippe de Rouvres. — Incendie d’Ornans par les Routiers. — Perte des an- ciennes archives. — Marguerite. — Louis de Male. On croit que Mahaut et la comtesse Jeanne II, sa fille, moururent empoisonnées par des émissaires de leur parent Robert qui leur disputait le comté d'Artois (1329 et 1330). Ornans connut peu Jeanne, qui, depuis la mort du roi Philippe-le-Long habitait surtout le château de Gray ; mais il n’a pas oublié que cette princesse et son mari s'étaient associés à l’aumône de Mahaut (1). Jeanne IT avait, d’ailleurs, hérité de la charité de sa mère, et, comme elle, voulut faire du bien même après sa mort. Cest à elle qu’on doit la fondation du Collège royal de Bourgogne, dont la dotation, réunie, en 1764, à celle du Collège Louis-le-Grand, a été fondue, en 1804 avec celle du Prytanée militaire. Mahaut d'Artois est la dernière personne de la famille sou- veraine qui ait résidé à Ornans ; mais les successeurs de son mari le visitèrent souvent et y attachèrent un prix tout particulier. S'ils furent, en effet, plusieurs fois dans la né- cessité d’aliéner ou d'engager ce beau domaine, ce ne fut jamais que pour en recouvrer le plus tôt possible la possession et cela au prix des plus grands sacrifices. La première aliénation qui fut faite d’Ornans fut une des tristes conséquences de la guerre de 1335 ou guerre de Chälon (). Ornans, qui avait déjà beaucoup souffert de la (1) « … quas (libras) excellentissimus princeps et dominus noster carissimus Philippus, Dei gratia Francie et Navarre rex illustris, el carissima filia nostra Johanna eadem gratia diclorum regnorum re- gina nobis in perpeluum dederunt ac concesserunt...» (2) On l’a appelée aussi guerre de Châätelguyon. 2 60 7 guerre qui suivit l’ouverture du testament de Jeanne IT, vit son château donné par Jeanne IIT et le duc Eudes IV de Bourgogne, son mari, à Jacques d’Arguel, qui, presque seul des hauts barons, avait suivi sa bannière. Ce château était donné à Jacques « en la récompensation de son chastel d’Arguel et de ses appartenances qu'il avait piéça perdu... » Jean de Châlon avait pris et brulé la forteresse de son vassal qui l'avait défié. Mais ce n’était qu’une cession provisoire et, dès 1538, nos souverains reprirent au sire d’Arguel le château d’Ornans et lui donnèrent en échange celui de Colonne (1). Il est à croire qu'Ornans eut à souffrir de la querre de Cicon, au cours de laquelle Chälon-Arlay, pressé par les armes du duc, se jeta dans son voisinage et enleva les châteaux de Durfort et de Gicon ; mais il n’est rien resté de positif à cet égard. La dernière révolte des vasseaux, qui débuta par la prise de l’aule de Pontarlier, ne paraît pas lavoir intéressé directement. On sait que cette révolte fut suivie, peu de temps après, de la mort du duc. | Rien ne prouve qu'Ornans ait eu à souffrir de invasion des deux Bourgognes par les Anglais pendant la minorité de Phihppe de Rouvres (1357). Mais il est certain qu'il fut pillé et jee die par les Routiers qui inonderent les deux provinces après le mal- heureux traité de Brétigny (1360). Ce traité avait rendu. inutiles les bandes armées qui secondaient les armées régu- lières. Après avoir épuisé la Champagne et la Bourgogne ducale, elles s'étaient jetées dans les plaines du Comté, s’établissant dans plusieurs lieux fortifiés, d’où elles faisaient irruption dans les villes et les campagnes voisines. Mais elles ne s'étaient pas encore aventurées dans les montagnes « d’un accès plus difficile et dont les pauvres ressources tentaient moins leur rapacité, lorsque le due Philippe qui contestait à sa tante Marguerite, fille de Philippe-le-Long, (4) V. aux Archives du Doubs, Inv. Ch. des Comptes, B. 1064. "re él) à RS tn ot TE de du ee Dé. ct si . À Ab) à la possession du Comté, les appela à son aide et généralisa leurs ravages. C’est à un de leurs chefs les plus hardis, Jean de Bollandoz, dit Brisebarre, qui tint pendant plusieurs mois le château de Scey (1363) et fit de nombreuses incur- sions dans les environs, qu'il faut attribuer le nouveau sac d'Ornans. D’après le mémoire des officiers municipaux, c’est alors qu’auraient péri « les anciens titres de la ville... et les chartes des comtes et comtesses de Bourgogne qui accor- daient aux bourgeois... des privilèges et des exemptions..…. Les bourgeois recoururent à Marguerite... pour en obtenir la confirmation. Cette princesse déclara, par une charte du 9 août 1363, qu’elle promettait par serment € de tenir et » garder les habitants et sujets de ses ville et château » d’Ornans dans toutes les libertés, franchises, privilèges, » bons usages et coutumes auxquels ses devaneiers comtes » et comiesses les avaient tenus et gardés du temps passé (1). » Ce bienfait n’est pas le seul, dont les habitants d'Ornans soient redevables à la comtesse. Au plus fort de ses embarras, en 1360, Philippe de Rouvres avait engagé la ville, à Jean de Neufchâtel Outre-Joux, pour un prêt de 4500 florins; Marguerite remboursa une partie de cette somme dès 1361, et convertit le reste en une rente de 300 florins, qui fût rachetée pour 200 florins, après la mort de Jean, du consentement de sa sœur Isabelle (1362) (?. On sait que la prise de Brisebarre et la victoire de Cham- bornay ne délivrèrent pas entièrement le pays de la présence des Routiers et qu'il fallut que la comtesse Marguerite payât _ de fortes sommes à leurs chefs les plus redoutables pour les éloigner définitivement. Elle dut engager, pour cet objet, plusieurs domaines. Cest alors (1366) qu’elle céda à Henri de Montbéliard la ville de Baume-les-Nonains comme nan- (1) Archives d’Ornans. — Mémoire historique sur la ville d'Ornans. (2) V. aux Archives du Doubs, Nouv. inv. Ch. des Comptes, L. O. 94; et Mon. de l’hist. de Neuchâtel, 1. Il, au Regeste. RES ne tissement des sommes prêtées par son fils Etienne, sire de Cicon ; puis, en échange des « ville, chastel et chastellenie de Chaucins », qu’elle désirait recouvrer, les château, ville et forteresse de Clerval-sur-le-Doubs, les châtellenies de Baume et de Montbozon, les fours et éminage de Baume et des villages de sa châtellenie (1), et, dans la châtelleme d’Ornans, le jet sur les puys d’Ornans, les tailles, une terre et un bois d’Etray, les censes, sa part du four et trois hommes de Saules, les fours de Chassagne et de Chantrans, six vingt et dix-sept mégnies (maingniers) d'hommes de la Franche-Comté, et la terre de Bolandoz sous la réserve des fred liège, baronnie, souveraineté et ressort (À. Louis de Male, comte de Flandre, duc de Brabant, comte d'Artois et de Bourgogne-Palatin, sire de Salins, comte de Nevers, de Rethel, et sire de Malines, succèda, en 1389, à sa mère la comtesse Marguerite. Il mourut, au mois de janvier 1384, avant d’avoir eu le temps de visiter ses sujets de Franche-Comté et d’Ornans. C’est lui qui, le 21 juin 1382, fit confirmer par Ancel de Salins, sire de Montferrand, Josse de Halalwin, Humbert de la Platière et Henri de Donzy, ses conseillers, les franchises et privilèges de la ville G). II laissait sa riche succession à sa fille Marguerite, épouse du duc de Bourgogne, Philippe-le-Hardi. (1384.) (1) Fours et éminage que les comtes de Montbéliard ont conservés jus- qu’à la révolution. (2) V. PERRECIOT, Etat civ. des pers., t. III, pr. n° 126, p. 277-80. — Perreciot a cru que, sous le nom de Franche-Comté, il s'agissait ici de la province entière. Mais ce terme n’était pas encore en usage au x1v® siècle pour désigner le comté de Bourgogne; nous pensons avec M. MARLET (Eclaircissements hist. et crit. sur le titre de Franche-Comté) que la charte ne visait que le Waresgau (canton franc) auquel loutes les localités dont il est question appartenaient. — La partie de la châtellenie d’Ornans, engagée par la comtesse Marguerite, n’a fait retour au domaine qu’en 1518, lors de la confiscation des biens de la duchesse de Longueville provenant de la maison Montfaucon-Monthéliard. Elle est désignée sous le nom de seigneurie d'Ornans dans l’Inventaire de Chalon (IT Usie) qui est à la Bibliothèque de Besançon. (3) Archives d’Ornans. Ée L CHAPITRE QUATRIÈME Institutions publiques à la fin du xrve siècle. — Paroisse, chapelles et fami- liarité. — Chapelle du Château. — Maladreries. — Châtellenie, — Etendue primitive. — Aliénation. — Justice et droits seigneuriaux. — Origine du Bailliage. — Ville. — Institutions municipales. — Privilèges. — Bour- geoisie ou commendise, — Anciens quartiers, constructions anciennes. Le moment est venu d'étudier les institutions publiques d’Ornans aux xHie et xIv° siècles. L'église paroissiale, du titre de Saint-Laurent, diacre et martyr, appartenait au doyenné des Varasques qui, depuis la suppression de l’ancien archidiaconé de Varesco (1953), était, avec les doyennés de Sexte (Besançon) et de Baume, soumis à la juridiction du grand-archidiacre de la Métropole. Le Pouillé général ou polyptique de l’ancien diocèse de Besan- çon nous apprend que cette église a été fondée par l’insigne chapitre de Besançon qui en a conservé le patronage et pré- lève, comme de droit, douze livres estevenantes et douze livres de cire sur les revenus de la cure. La collation de cette cure appartenait au chanoine prébendier de Serres et Frânois, curé primitif, qui en a longtemps retenu le titre. Cette église a été enrichie de bonne heure par la piété des habitants. Dès l’année 1291, Besançon d’Ornans, prêtre familier de l’église Sainte-Madeleine de Besançon, disposait des dimes qu’il possédait à Ornans et sur son territoire , en faveur de son frère Etienne et, après sa mort, en augmen- tation des revenus de la cure, et donnait cinq sols au curé, cinq sols à la fabrique et quinze sols aux lépreux (1). En 1331, le testatement d'Hugues d’Ornans, chevalier, renfermait différents legs et fondations au profit des curé et chapelains » (1) Archives d’Ornans. or de l'Eglise Saint-Laurent d’Ornans (1). Par son testament en date du mercredi avant la Saint-Thomas 1376, Othenette d'Ornans fondait quatre anniversaires en faveur des curés, chapelains, familiers et desservants de cette église, et donnait pour rétribution un cens de deux livres assuré sur une vigne donnée au curé (?). En 1387, Renaud, curé d'Ornans , faisait un testament où il n’oubliait pas son église (3. Enfin le 27 juillet 1399, une nouvelle fondation était faite par Guye d’Ornans, femme de Richard de la Cluse (4). On voit par les termes du testament d'Othenette d'Ornans que. dès cette époque, l’église Saint-Laurent avait des familiers, c’est-à- dire des prêtres formant un corps fixe, permanent et capable d'effets civils, un corps capable d’ester en justice, d’élire procureur et receveur, de percevoir revenus et de recevoir legs et fondations. Hugues d’Ornans avait, de son vivant, fondé en l’église Saint-Laurent, une chapelle au nom de Saint-Jean-Bapüste, où il fit élection de sépulture. Par son testament, il établit, pour le service de cette chapelle, deux chapellenies, aux prêtres titulaires desquelles, il légua divers fonds de terre sis à Ornans et à Salins. La plupart des lieux-dits du terri- toire de la première de ces villes, cités dans ce curieux monument, ont conservé leurs noms, notamment : la Fin- du-Tremblois, la Morte, les Malades, l’'Oie-Menon, Le Champ- des-Clercs, En-Ully, le Puy-du-Château, les Quartiers, le Mont. Le Château possédait, depuis 1289, une chapelle fondée par le comte Othon IV, qui y était né, en l'honneur de « Deu, de Notre Dame Saincte Marie et de Monseigneur Sainct- Georges », chapelle pour le € prouvoire » de laquelle, ce prince avait donné € à touz jours mais deix livrées de terre. » (D) Archives d’Ornans. (2) Ibid. (3) Arch. offi. Bes.. cote 1648. (4) Archives d’Ornans. — 65 — Cette chapelle était à la collation des comtes de Bourgogne. Le premier chapelain fut « Monseigneur Pierre de Chau- cieus (l) » auquel Othon « accordoit sa table toutes les fois que lui ou la comtesse seroient à Ornans (). » Postérieure- ment à cette date, par une charte € du mardi après la Saint- Laurent 1293 », le comte Othon « déclara qu’il assignait les dix livres de terre par lui données pour dotation de cette chapelle, sçavoir cent sols sur les fours d’Ornans, et pour les autres cent sols il voulut bien laisser percevoir annuel- lement par le chapelain sept bichots de froment, mesure de Scey-le-Château, sur les moulins de la dite ville... (3) 5 Une seconde chapelle, du titre de Saint-Jacques, fut fondée par Mahaut d'Artois en 1303 (4. Ces deux chapelles étaient tantôt réunies, tantôt séparées, dans les collations qui en étaient faites. Les lépreux, dont il est question dans le testament de Besançon d'Ornans et auxquels il léguait, en 1291, une somme de quinze sols, étaient probablement parqués dans un enclos qui a retenu le nom des ages. Notre ‘Dame de la Maladière ou des Malades ne fait son entrée dans l’histoire qu’en 4553 et Saint-Roch qu’en 1636. Le nombre des localités qui faisaient, à l’origine, partie de la châtellenie d’'Ornans , était considérable ; 1l n'était pas moindre de cinquante. Ces localités étaient : Amancey, Ama- thay-Vésigneux, Amondans, Arc-derrière-Cicon, Athose, Avoudrey, Bolandoz, Bonnevaux, Chafloy, Ghantrans, Chas- nans, Chassagne, Cléron, Déservillers, Epenoy, Epeugney, Etray, Evillers-sous-Usier, Fallerans, Flagey, Gilley, Gon- sans, Granges-Vienney, l'Hôpital-du-Grosbois, Lavans, Lods, Magny-Châtelard, Maisières, Montgesoye, Mouthier-Haute- pierre, Naisey, Nods, Orchamps-Vennes, Ornans, Ouhans, (D) Arch. Doubs. Nouv. inv. Gh. des Comptes, O. 90. (2) Mémoire historique sur la ville d’'Ornans. (3) Ibid. (4) Man. Chif., t. 1, fol. 176, à la Bibl. deB esançon. 66 Refranche, Rurey, Saint-Gorgon-et-Aubonne, Saules, Scey, Septfontaines, Silley, Tarcenay, Trepot, Valdahon, Vennes, Vercel, Vernier-Fontaine, la Verrière-du-Groshbois et Vuilla- fans. Vuillafans et ses dépendances, Lavans, Lods et Mouthier- Hautepierre furent donnés en 1242, Aubonne, Gonsans, Nods et Vernier-Fontaine (avec Maiche, la Rivière et le Val- de-Leugney) en 1245, une partie de Naisey (avec des frac- üons de Mamirolle, de Nancray et de Saône) en 1954, par Jean de Châlon, à son neveu Amédée de Montfaucon (1). Nous voyons, en 1259, Thiébaud, sire de Belvoir, faire hommage du fief et du val de Vennes à l’abbaye de Saint- Maurice-en-Chablais (Agaune) « sauve la féauté de Jean contes en Bourgogne et sires de Salins (Jean de Chälon) @).» Jean de Châlon les avait repris, l’année précédente, de la dite abbaye (3. Il les donna, en 1263, avec le fief de Belvoir, à Amédée de Montfaucon. Il nous a été impossible de trouver à quelle date Arc-sous-Cicon, Athose, Avoudrey , Chasnans et Ouhans ont été concédés à Amédée de Montfaucon ; mais il est certain qu’en 1268, Vuillemin, dit de Nans fils de. Thiébaud de Gicon, les à repris de lui, avec Aubonne et Nods (#'. On voit que ces localités appartenaient toutes à a partie de la seigneurie d'Ornans échangée par Jean de Châlon, en 1237, contre la vicomté d’Auxonne, Chaussin et autres fiefs, c’est-à-dire au partage de Vienne, dont il ne se serait pas dessaisi, comme on l’a cru jusqu’à présent, en faveur de son fils Hugues 6). En 19281, Othon IV cédait à son cousin Jean de Montbéliard, sire de Montfaucon, tout ce qu’il possé- CN GUILLAUME, loc eut, LA -pr. p.137, 145 et 455 (2) V. PERRECIOT, loc. cût., t. LL, pr. n° 43, p. 66. (3) M. GUILLAUME, loc. cit, t. L, pr. p. 166: (4) V. PERRECIOT, loc. cit, t. II, pr. n° 56, p. 82. (5) Nous sommes assez porté à croire que le partage de Vienne com- prenait la moitié orientale de la seigneurie, y compris le Bourg-Dessus, d’'Ornans, car les villages aliénés par Jean de Chalon appartiennent tous à cette région. De Gr re / dait à Avoudrey, Mamirolle et Naisey, par une charte donnée au château d’Ornans, le dimanche après la fête de Invention de Saint-Etienne (3 août) (l). Scey-le-Châtel et ses dépendances, Chassagne, Cléron en partie, Flagey et Scey- ‘en-Varais en partie, furent engagés, vers 1366, par la com- tesse Marguerite, à Gérard de Cusance qui lui avait prêté 4200 florins de Florence qui ne furent jamais remboursés. Cette cession paraît avoir été précédée d’un démembrement de l’ancienne terre de Scey, à la suite duquel Amondans et Refranche furent incorporés à la seigneurie de Fertans, tandis qu'Epeugney, Maisières en partie, Rurey et Scey-en- Varais en partie l’étaient à celle de Montrond. Nous n’avons pu découvrir à quelle époque Amathay-Vésigneux est allé à la seigneurie de Maillot et Chaffoy à celle d’'Usier. En définitive, à la fin du xrv° siècle la seigneurie d’Ornans .ne comprenait plus que les vingt villages d'Amancey,Athose, Bolandoz, Châtel-Magny (?,, Déservillers, Epenoy, Fallerans, _Gilley, la Grange-Guyennet G), Lavans, Naisey, Nods, Saules, Silley, Septiontaines, Tarcenay, Trepot, Valdahon, Vercel et Villers-sous-Usier (4) ; mais Amathay, Amondans, Arc-sous- _Gicon, Avoudrey, Bonnevaux, Chaffoy, Chantrans, Cléron, Epeugney, Etray, Flagey, Maisières, Montgesoye, Mouthier- Hautepierre, Orchamps, Ouhans, Refranche, Rurey, Scey et _ Vuillafans étaient encore retrahants du château c’est-à-dire obligés de concourir à son entretien et à sa défense. La seigneurie d’Ornans, comme toutes les châtellenies, était gouvergée et administrée par un châtelain et un prévôt. “Le châtelain ou capitaine-châtelain, chef militaire et juge, était préposé à la garde du château et à l'exécution des actes de la haute justice. Le prévôt ou lieutenant de justice et pré- vôté juge et administrateur, était moyen et bas justicier et id) V: Mémoire historique sur la ville d'Ornans. (2) Magny-Châtelard. (5) Les Granges-Vienney. (4) Evillers. He questeur du comte. Il était, en outre, le juge né des citoyens. de Besançon qui s’avouaient hommes du comté de Bour- gogne (1). Les fonctions de ces deux officiers, primitivement réunies, étaient alors tenues en fief par une famille noble qui portait le nom de la localité (2). La châtellerie et la prévôté paraissent n'avoir été séparées et données en titre d'office que vers la fin du xive siècle. Le premier châtelain connu (4) V. GoLLuT, Mém. de la Républ. Séq., p. 613. (2) Les membres connus de cette famille sont : Besançon d'Ornans, fanni- lier de la Madeleine de Besancon, dont le testament (1291), qui est aux Archives d’Ornans, nomme Hugues d’O., dit Nayrat, Guy et Vernier, fils de Lambelin d’O. et Etienne d’O., clere, ses neveux ; Hugues d’O., damoi- seau, fils de Lancelot, dont la mère est nommée dans le testament de la comtesse Alice (1278) (V. Dunop, Comté, t. If, p. 602) et dont le testament (1359) est aux mêmes archives; Cuene d’O., signour de loix 1304) (W. GUILLAUME, loc. cit., t. I, p. 185), nommé chevalier gardien du comté, envoyé, en 1312, dans le duché pour faire la value des biens de Heuri de Vergy {V. DUCHESNE, Sire de Vergy), nommé, en 1326, dans une sentence du parlement de Dole réglant la vaine pâture entre les habitants de Clerval et ceux de Pompierre (V. PERRECIOT, Loc cit. pr. n° 117, p. 199-202); Nicolette d’O. qui testa, en 1309, en faveur de Guillaume de Traves, cha- noine métropolitain (V. GUILLAUME, loc. cit. t. [, p. 168); Othon d'O. qui testa en 1331 ; Renaud d’O. nommé dans le testament de Hugues, son cou- sin (1351); Huguenin d'O. qui prêta foi et hommage à la comtesse Margue- rite en 1373 ; Othenin d’O. qui testa en 1376 ; Othenette d’'O. nommée dans le testament d'Othenin ; Jehannette d'Ornans, femme de Perrenot de Bu- villy, en 138%; Jehan et Huguenin d’'O. qui prêtèrent foi et hommage, en 138%, à Philippe le Hardy; Huguenin d’O., qui épousa Rose de Longeville, veuve de Renaud de Domprel, en 1397 (V. GUILLAUME, loc. cit, t. I, p. 591); Guye d’'O., femme de Richar d de la Cluse, qui fonda un anniversaire dans l’église d dise, en 1399 ; Jean d’O., fils de Philibert, et Guillaume d'O., fils de Jean, en 1407; Pierre d'O., mari d’Etiennette de Scey et pere de Louis d’'O., en 1442 (V. Cane, loc. cit..t. I, p. 19%); Alexandre d'O., vicaire-général et grand-prieur de Gigny (476) : Louis d’O., neveu de Jacques, Guillaume et Jean de Scey, en 1481 (V. GUILLAUME, loc. ct., t. I, p. 196); Guillaume d’O., marié à He Perrin de Pontarlier (de la mai- son de l’Aule ou de la Saule); Othenine d’O., fille de Richard d’O , veuve de J. de Nozeroy (V. Dunop, Nobil., p. 284). D'Ornans portait d'argent à la bande de sable chargée de trois coquilles d'or. Ses alliances étaient : Buvilly, Longeville, la Cluse, Scey-le-Châtel, la Saule de Pontarlier, Nozeroy, Orsans, Champagne, Chassagne. 2260. était Pierre de Thoisy (1387) et le premier prévôt, Nicolas Garnier de Flagey (1390). Les droite seigneuriaux, autres que ceux de justice, étaient réduits à l’aide aux quatre cas, à la banalité des bois, com- munaux, fours et moulins, et au droit de lods et ventes. Une contribution annuelle, dite Gect (Jet) de Saint-Michel, et qui était de 50 livres, représentait le prix du rachat des meix, maisons , terres et héritages du franc-alleu d’Ornans ; et une cense, due à la même époque, celui du droit de halles et marchés. De bonne heure les ecclésiastiques et les gentils- hommes d’Ornans essayerent de se soustraire à l’acquitte- ment de leur quote-part du jet de Saint-Michel. À peine sont- ils nobles que les de Chassagne, les Grospains, les Philibert, les Perrenot réclament en haut lieu pour être exempts de cette contribution. La ville a toujours obtenu la confirmation de son droit de limposer. Ornans a été, dès le principe, une des villes et localités où la bailli général du Comté de Bourgogne tenait ses assises. Lorsque le roi Philippe-le-Bel eut divisé la province en-deux bailliages, le bailliage d’Amont et le bailliage d’Aval (1303), il devint un des principaux sièges du dernier. Enfin, après établissement du bailliage du Milieu-ou de Dole, par le duc Philippe-le Bon (1422), il fut un des trois sièges de ce bail- liage. On ne sait au juste à quelle époque le grand-bailli de Dole eut un lieutenant sédentaire à Ornans ; mais ce ne fut certainement que vers la fin du xv° siècle. Un titre des archives prouve que Guy Des Haulx, lieutenant - général du baill de Dole, vint encore siéger à Ornans en 1454. Le châtelain d'Ornans commandait la milice communale, ét/le prévôt était le chef de la commune ; présidant , en cette qualité, les échevins, jurés et notables assemblés et faisant avec eux des règlements de police et de voirie. L'un et l’autre ne pouvaient informer, en matière criminelle, contre un bourgeois ou un habitant que de lPaveu et à la participation des échevins. Les habitants d’'Ornans avaient la on nn 7 libre disposition des biens et conimunes de la ville tous de franc-alleu, et le droit de se gouverner selon leurs usages. is avaient aussi le droit de chasse et de pêche, sans parler d’autres privilèges, concédés ou acquis par prescription, dont nous aurons l’occasion de parler plus tard. Chaque année, ils nommaient, au suffrage universel et direct, 24 notables 19 jurés et 4 échevins ou prudhommes, qui formaient, sous la présidence du prévôt, le conseil de la commune. Les échevins étaient les assesseurs du châtelain et du prévôt, dans l'exercice de leurs fonctions judiciaires, toutes les fois que la vie ou les intérêts des citoyens étaient en jeu. Comme la ville était divisée en deux bourgs (Bourg-Dessus et Bourg- Dessous), chacun de ces deux quartiers élisait la moitié du magistrat. Le château avait deux échevins particuliers. On comprend que la bourgeoisie où commendise d’Ornans ait été recherchée . Nous voyons, en 1336 , les habitants de Gilley essayer de se soustraire à la servitude de l’abbaye de Montbenoiît, en se mettant sous la protection des gens de la Contey à Ornans () ; en 1391, ceux de Montbéliard s’avouer bourgeois d'Ornans pour échapper à la tyrannie de leur comte, Etienne de Montfaucon @); en 1398 et 1400, des citoyens de Besançon s’avouer hommes du comte de Bour-. gogne et demander à être renvoyés devant le prévôt d'Or- nans (3) ; en 1424, des hommes de la seigneurie de Belvoir désavouer cette seigneurie et se mettre sous la sauvegarde du château d’'Ornans (#). Cet usage était alors fort utile, mais il aurait pu devenir nuisible plus tard, en apportant des entraves au cours régulier de la justice ; heureusement a-til disparu peu à peu après l'institution des baillis généraux et du parlement. Il ne reste, en fan d'édifices de cette période que des (1) Archives du Doubs, Montbenoît, cart. 5, cote 2. (2) Archives d’'Ornans. (3) V. GOLLUT, loc. cit. (4) V. PErRREGIOT, loc. cit., t. III, pr. n° 144, p. 313-316. ie substructions et la partie inférieure (les deux tiers) de la tour de l’église Saint-Laurent, morceau qui appartient à l’archi- tecture du xr° siècle. La grande porte, qui s’ouvre à la base de cette tour, est déjà ogivale; mais les belles fenètres géminées à plein cintre du deuxième étage ont bien conservé les caractères du style roman. Si les constructions d'alors ont disparu, les vieux quartiers qu’elles formaient existent encore et quelques - uns ont conservé leurs anciens noms. Nous citerons le Seult ou Seut (Solutus vicus, bourg affranchi ou bourg hbre), qui doit être fort ancien ; le Champ-Liemand (Lehmann, homme-lige, liégeon), dont le nom rappelle la condition des premiers habitants ; enfin, le Revoudard, Rehoudard, Rahoudard (Rivus Odoardi, ruisseau ou canal d'Oudard ou de Houdard), cité dans un document de 1262 (1), dont les maisons vraisem- blablement bordaient un bras de la Loue comblé depuis longtemps. (1) En Revoudai in villa de Ornans juxta domum Vidonis. (Testament de Besançon d’Ornans.) CHAPITRE CINQUIÈME Seigneurs d'Ornans jusqu’à la fin de la période palatine. — Leurs armoi- ries : Bourgogne-Comté, Vienne, Souabe et Méranie, Chalon, France, Bourgogne-Duché, Flandres. — Leurs sépultures. Les Comtes de Bourgogne, à partir de Létalde [er, furent seuls seigneurs d’Ornans jusqu’à la mort de Guillaume EEE, dit l'Enfant, et au partage que Raynaud [IT et Guillaume, comte de Vienne, de Mâcon et d’Auxonne, son frère, firent de la succession de ce malheureux prince. À partir de cette époque (1127) et jusqu’à la mort de Jean de Châlons-P’Antique, les co-seigneurs d'Ornans furent, d’une part : 1° Raynaud IEF; 99 Béatrice ['e ou de Bourgogne et son mari Frédéric de . Souabe (Frédéric-Barberousse); 3° Othon Ier; 4 Othon If; 9° Béatrice IT ou de Souabe et son mari Othon de Méranie ; : 6° Othon IIT; 7° Alice de Méranie et son mari Hugues de Châlon ; et, d'autre part, 1° Guillaume de Vienne ; 2% Gérard. de Vienne ; 3° Marguerite de Vienne, dame de Salins ; 4 Hugues IV, duc de Bourgogne ; 5° Jean de Chälon-PAn- tique, sire de Salins. Après la mort de ce dernier (4267), la seigneurie d'Ornans n’est plus sortie de la famille règnante de Bourgogne-Comté que par accident et toujours pour un temps très court. Bourgogne-Comté a d’abord porté : de gueules à l'aigle éployée d’or ; à partir de 1282 : d'azur à des billeites d’or sans nombre au lion d'or passant armé ct lampassé de gueules (). Vienne, qui a porté d’abord comme Bourgogne- Comté, avait adopté, à partir de 1175 (), un écu parti de (1) Sceau de la « Cour d’Arbois ». (Arch. du Doubs, Trés. des Ch., B. 518.) (2) C’est Gérard de Vienne qui adopta le nouvel écu, qui réunit les cou- leurs de Bourgogne-Comté et de Vienne, (V. Duxop, Comté, t. IE, p. 186). E FT # né + L PT USM EU, — 73 — gueules à la bande d’or et de queules à l’aigle éployée d’or. Souabe et Méranie portaient : d'azur à l'aigle éployée d’or. Chalon, après avoir porté comme Bourgogne-Comté, prit, en 19233 (l, de gueules à la bande d’or. Hugues de Châlon et Alice de Méranie et, après eux, Othon IV, jusqu’en 1289, portaient : de gueules à l'aigle éployée d'argent U). L’écu de France à cette époque était : d'azur aux fleurs de lys d’or sans nombre (3); celui de Bourgogne-Duché ancien : d'azur et d'or de six pièces posées en barre (4); enfin, celui de Flandres ; d'or au lieu passant de sable 6). __ On trouve l’ancien écu de Bourgogne-Duché, à Ornans, sur une pierre placée à l’entrée du château et sur un écusson sans cimier, soutenu par un ange, au-dessus de la rosace qui orne le portail latéral de l’église Saint-Laurent. La pierre provient des remparts détruits par Louis XIV, ou de cctte maison du souverain, qu’on appelait la Maison de Madame. On l’a en face de soi, lorsqu'on arrive au château par l’esca- lier taillé dans le roc qui sert aux piétons. Sur cette pierre, à côté d’un P couronné de la couronne ducale, on voit un écu de six pièces posées en barre, le tout très fruste et taillé (1) « Li. quia postmodum sigillum meum muitavi, presentes sigillo _ meo novo feci sigillari anno 1233 mensi martio. » (Tit. de l’abb. de la Charité.) (V. Dunop, Comté, t. III, p. 46.) , _ Ces couleurs étaient celles des comtes de Vienne de la famille des comtes de Bourgogne, dont le dernier, Henri, mourut à Genève en 1938. (V. Ip., ibid., p. 38.) (2) Cétte aigle est à deux têtes sur les sceaux d'Alice de Méranie et de Philippe de Savoie, à tête unique ou à deux têtes sur ceux d’Othon [V. (3) Les sceaux de Jeanne II et de Philippe le Long sont partis de France et de Bourgogne-Gomité. (4) Les sceaux d’Eudes. sont : Parti bandé d’or et d'azur de six pièces orné de queules et d'azur billeté d’or au lion couronné de même. @) L’écu de Marguerite de Flandres était parti d’or au lion de sable et d'azur aux fleurs de lys d’or sans nombre, quand il n'était pas Bour- gogne-Comté. Les sceaux de Louis de Mâle portaient les deux écus de Flandre et de Bourgogne-Comté. (V. J. GAUTHIER, Inv. des sceaux des jurid. souv. et dom. du comté de Bourgogne, in Bul. Acad. Bes., 185%, . p. 262 et 263. Cor en creux. Quant à l’écu sans cimier du petit portail de Péglise paroissiale, 1l est très probablement, pour ne pas dire certai-. nement, une épave de l’ancienne église romane (1). On ne sait où reposent le comte Létalde [er et les comtes de sa lignée directe Albéric Ir, Létalde IT et Albéric I; mais il est vraisemblable que c’est à Salins. Othe-Guillaume ne fut point imhumé dans son comté de Bourgogne ; on la enseveli à Dijon, dans le monastère de Saint-Bénigne, à côté de Guy, son fils, qui l'avait précédé dans la tombe. Ray- naud [°° , Guillaume Tête-Hardie ou le Grand , Raynaud IT et son frère Guillaume de Vienne, Othon Ier, Gérard de Vienne ont été enterrés dans le parvis de l’église Saint. æ) Etienne de Besançon. Leurs restes transférés à l’église Saint- Jean, le samedi 98 juillet 1674, ont été d’abord déposés dans. un caveau voûté, construit à cet effet au milieu de la grande nef devant l’autel de la Croix ; puis, quatre ans après, dans le sanctuaire, entre l’autel et le fond de l’abside ; enfin, en. 1701, dans leur ancien caveau. M5 Mathieu les à fait exhumer et transférer, en 1865, dans la chapelle du Sacré- Cœur, où il leur avait préparé une demeure princière @). On croit qu Othon IT de Souabe et Jeanne ['e ou de Bourgogne ont été enterrés également dans le parvis de Saint-Etienne ; mais leurs sépultures n’ont pas été retrouvées G). Béatrice IT de Souabe a été inhumée dans l’église de l’abbaye de Lan- genheim en Franconie, où son mari, Othon de Méranie, est venu la rejoindre, trois ans après jour pour jour. Othon [II de Méranie , mort empoisonné puis assassiné à Niesten, Y a été enseveli. Alice de Méranie, son mari Hugues de Châlon et leur fils Othon IV reposent à l’abbaye de Cherlieu ; Robert de Bourgogne, fils d’Othon IV et de Mahaut d'Artois, aux. (1) V. MARLET, Ornans en Franche-Comté de Bourgogne. (2) V. la notice qui précède l’Oraison funèbre des comtes de Bour- gogne, par Myr BESSON, 1866. (3) V. J. GAUTHIER, Inscript. de la cathéd. Saint-Etienne, in Bull. Acad. Bes., 1880, p. 368. AY TR à à TS nu 7 € RSI PE SES UD F0 TES _. D OR Jacobins de Poligny ; Jean de Châlon-l’Antique à l’abbaye du Mont-Sainte-Marie (1 ; Mahaut d'Artois, aux Frères Mineurs de Paris; Jeanne IT, aux Grands-Cordeliers de Paris ou Collège de Bourgogne (); Philippe-le-Long et la comtesse Marguerite, à Saint-Denis ; les ducs Eudes et Phi- lippe de Rouvres, à l’abbaye de Citeaux ; enfin, Louis de Mâle, à Notre-Dame de Lille. Le lieu de la sépulture de Marguerite de Vienne nous est inconnu. | —— (1) V. J. GAUTHIER, Inscript. des abb. cist. du dioc de Bes., in Bull. Acad. Bes , 1882, et Tomb. Fr.-Comt. inéd.. ibid., 188%. (2) Nous avons vu que ce collège à été fondé par Jeanne IT. PÉRIOBE DUCALE (1584-1495) CHAPITRE PREMIER Marguerite de Flandres et Philippe-le-Hardi. — Réformes libérales. — Développement des commendises. — Renonciation générale au droit de commendise., — Arrestation de Garnier, prévôt d'Ornans, à Besançon. — Châtiment et soumission de la cité. — Rétablissement de la bourgeoisie du château d'Ornans. L'époque des comtes-ducs à certainement été, pour 15) Franche-Comté, une des plus agitées et des plus dramati- ques de son histoire. Par un contraste singulier, elle fut, pour Crnans, une ère de tranquilité, au cours de laquelle ses libérales instructions se développèrent avec rapidité. Son château, qui a été la résidence favorite des comtes palatins, ne verra plus que très rarement ses seigneurs, mais il n’at- irera plus, sur la malheureuse cité des xTn° et XIVe siècles, les calamités des guerres féodales. Comme tous les peuples heureux, celui d’'Ornans n'aura pas d'histoire et les docu- ments qui le concerneront seront, par le fait, rendus tort rares (L). Philippe-le-Hardi, à peine en possession du riche héritage, que lui laissait son beau-père Louis de Male, sembla avoir pris à cœur de justifier , par Paudace de ses entreprises , le surnom que sa vaillance lui avait valu à Poitiers. Le nouveau. (1) Les plus anciens en date se rapportent à la commendise, dont nous avons parlé dans un chapitre précédent. 4 Ê me 4 3 Es L | À 1 4 A. | D 7 À seigneur d’Ornans avait de grands projets. «€ Soumettre le pays de Bourgogne et la noblesse au joug des lois et arrêts de ses parlements (1), ressaisir l'autorité souveraine presque anéantie dans le comté depuis le règne de Bar- berousse , créer et opposer la bourgeoisie comme contre- poids à la puissance démesurée des Barons, telle était la révolution qu'il avait conçue et dont le parlement de Dole devait être le plus puissant ressort... Les circonstances le favorisaient. Malgré leur fierté et leurs antiques prérogatives, les seigneurs de Bourgogne étaient affaiblis par la longue dévastation de leurs terres. Ce n'était plus le temps où, sous un chef jeune et ardent, la noblesse, encore solitaire et sauvage , émue de colère au nom de Philippe-le-Bel ou du duc Eudes, marchait comme un seul homme contre les baillis et le parlement (2 ». Le 20 mai 1386, furent publiées à Dole des ordonnances qui organisaient le parlement et donnaient des bases solides au pouvoir souveram du comte- duc (3). Le parlement de Dole était proclamé la juridiction souveraine du Comté, devant laquelle fous étaient obligés de comparaitre en personne (à) ; le juge du vassal, qui avait mal jugé et de la sentence . il avait, été . appelé, _était condamné à soixante sous d'amende: (6), et l'amende s'élevait à dix livres, si le Prince tenait l’audience en per- sonne (6); tout juge devait déférer à un appel adressé au parlement et lui renvoyer le procès avec les pièces avant l'ouverture de la session suivante (?). (1) Parlements de Dole, de Dijon et de Saint-Laurent-lez-Chalon. @)Ed..CLERG, loc: cit, t. Il) p.205. _ (3) Elles furent publiées, en séance solennelle de la Cour, par les sages conseillers qui les avaient rédigées : Jean de Molpré, abbé de Baume, Thiébaud de Rye, Eudes de Quingey, Humbert de la Platière, Ancel de Salins, sire de Montferrand, Jean Basan, Guillaume de Montaigu. (4) Art. 31. (6) Art. 60. (6) Art. 37. (1) Art. 49. TS Les temps étaient si changés que ces nouveautés, contre lesquelles les barons combattaient depuis soixante ans, ne firent point monter la noblesse à cheval, et qu'au lieu de courir à Dole pour renverser ses institutions dirigées contre elle, elle se borna à de respectueuses représentations. Nosant attaquer la juridiction même du parlement « elle s’en prit à des dispositions de détail , aux droits exagérés du fise , aux vexations individuelles des officiers, et se plaçait ainsi sur un terrain où elle devait finir par être vaineue (1). » Philippe, par politique, fut obligé d'accueillir les plaintes avec courtoisie. Il rendit même des ordonnances pour adoucir les droits du fisc (22 septembre 1387) (2) et désapprouver les officiers qui «sous ombre de sauvegardes accordées en son nom à ses subjects et sous le prétexte qu'ils peuvent mettre la main sur les biens et héritages en contestation, s’efforcent d’intro- duire ces cas de nouvelleté » qui favorisent l’exercice de leur puissance. Il règla ensuite « l'appel à son parlement », permit d'y « plaider par procureur sans lettres de grâce », ajoutant que « vu les bons services que lui font les Barons, quand il les requiest », sa volonté est « de tenir les bonnes coustumes en lesquelles il a trouvé le pays. » (27 septembre 1387) (3). Mais les amendes (4) n’en continuèrent pas moins à atteindre les premiers seigneurs du pays. La noblesse fut d’abord plus heureuse dans ses protesta- tions contre les commendises que le comte-duc avait grande- ment développées et avec lesquelles il battait également monnaie. Les cabanes, les maisons, les villages entüers s’abritaient de son lion de Bourgogne et l’on voyait partout flotter ses panonceaux. Le serf prenait de la hardiesse contre son seigneur ; le jour de la justice et de la liberté allait luir (D) /Ed'ACrERC, loc. cit, L'1l\ p.215: (2) Inv. de 1585, f. 4186. (3) Inv. Ch. des C. B., 670. | (4) Le montant de ces amendes devait être employé à payer les répara- tions des châteaux du Prince. PU 4 À p' | Le 0 après tant de siècles de servitude et d’écrasement. Effrayés par ce réveil des idées d'indépendance et tremblant pour leur puissance déjà bien ébranlée , quatre des hauts barons, Henri de Montfaucon, comte de Montbéliard, Thiébaud VIT, sire de Neufchâtel, Jean de Chalon-Arlay [IT et Jean de Cha- lon-Auxerre, sire de Châtel-Belin, se réunirent pour aviser aux moyens d'arrêter le comte-duc dans des innovations funestes à la féodalité. Malgré l'impatience de Jean de Cha- lon-Arlay , les conseils de la prudence prévalurent , et ils se contentèrent de rédiger une longue requête, à laquelle le Prince ne se pressa pas de répondre. [ei se place la terrible épisode du meurtre de Guillaume Fagnier, de la Chapelle- d'Huin, sergent du comte-duc (20 avril 1390), qui donna leu, contre Jean de Chalon-Arlay, à une action qui ne se termina que deux ans plus tard, en 1392 (1). Au mois d’août 1390, dans une lettre datée de Hesdin, Philippe avait déclaré qu'il ne donnerait plus, à l'avenir, de sauvegardes « aux sujets des terres seigneuriales sans la volonté des seigneurs hauts-justiciers, que lorsqu'il s'agirait de cleres et de per- sonnes privilégiées ; mais qu’il était acertené du droit attaché à son château de Bracon et à d’autres châteaux de ses domaines (2 d’avouer pour bourgeois ceux qui se retiraient dans ses terres (G)... » Cependant, ses doctrines à cet égard furent longtemps flottantes et incertaines en apparence. Le 16 novembre 1398 , il donnait , à Besançon , une charte qui Sacriliait aux hauts barons, pour l'avenir et même pour le passé , toutes les commendises et bourgeoisies ; mais, à peine les panonceaux, emblêmes de son protectorat étaient- ils abattus, que le parlement, obéissant à des ordres se- crets, les faisait relever. En fait, Philippe obéissait à des nécessités politiques , et nous allons en donner la preuve en (DIV: Ed. CLerc, loc. et.,t. Il, p. 228-237. (2) Montmorot, Ornans. G)'N: Ed CLERC, loc. cit, t. Il, p: 280. oi) relatant deux faits de l’histoire des bourgeoisies et commen- dises du château d’Ornans. En 1391, Henri de Montfaucon, comte de Montbéliard, dans une requête adressée au comte-duc, se plaignait que plusieurs de ses hommes et sujets demeurant en sa Justice haute, moyenne et basse, s'étaient avoués et avouaient _ souvent bourgeois du château d’Ornans. Le prévôt du heu contraignait ses officiers, à la demande de ces nouveaux _ bourgeois , à leur donner quittance de tous devoirs féodaux, tailles et corvées, et de tous droits, rentes, redevances et amendes, et entravait l'exercice de sa justice, en exigeant que son procureur les poursuivit par devant lui prévôt d’Ornans. Il était fort à craindre que tous ses sujets n’en vinssent à se soustraire à sa seigneurie et juridiction, en s’avouant bourgeois d’Ornans. Puis le comte de Montbéliard insinuait que, si cet état de choses lui portait dommage et préjudice, c'était sans aucun, ou tout au moins, sans grand. profit pour le Prince. Enfin, il suppliait le comte-duc de porter remède à une situation qui le menaçait, non seulement dans ses droits de justice, mais encore dans ses intérêts réels , en mettant à néant ces bourgeoisies ou en les restrei- gnant de manière à les lui rendre moins préjudiciables que dans le passé. Le moment était bien choisi pour adresser semblable complainte à Philippe : le plus puissant de ses hauts barons | était en révolte ouverte contre lui, et le souverain de la Comté pouvait craindre que les autres ne prissent parti. pour Jean de Châlon-Arlay. Il jugea donc opportun de donner satisfaction au comte de Montbéliard. Après avoir fait man- der, devant son chancelier et son conseil, le prévôt et quelques notables d’Ornans, et les avoir obligés à confesser qu'ils « n'avaient aucuns privilèges des dites bourgeoisies » et que leur seigneur et eux n’en avaient usé qu'en vertu d’un usage si ancien Q« qu’il n’était mémoire du contraire », il déclara, par lettres en date du 93 octobre 1391, que « ces = 4 possessions et usages, en tant qu'ils touchent les choses réelles et amendes adjugées , ne sont pas recevables , mais sont corruptèles et abus (1). » Deux ans plus tard, en 1398, Philippe allait plus loin encore et renonçait , d’une manière générale, au droit de commendise pour les terres de son domaine (2). Mais ce n’était que pour un temps et. devant de redou- tables éventualités. En 1398 et en 1400, les circonstances n'étaient plus les mêmes : aussi voyons-nous le seigneur d’Ornans, qui avait blamé son prévôt en 1871, le soutenir alors de toute sa puissance souveraine contre les habi- tants de Besançon. Le fait est raconté tout au long dans Gollut. « En ce même temps 6)... furent prinses informations des excès de ceux de la cité de Bezançon, contre les offi- ciers du Duc Philippe (4)..., pour entendre si les citoïens par- ticuliers de Bezançon, pouvoient faire exéquuter mandement dé récréance, dedans la ville de Bezançon, sans requérir les officiers, et les eschevins de la ville : et pour savoir comme lon en havoit usé auparavant. Et fût trouvé que les particu- liers habitans de la cité de Bezançon, s’estans une fois advoués pour homes du Comté de Bourgougne, ils ne pou- voient estre retenus au dict Bezançon , mais debvoient estre renvoiés au chasteau d’Ornans, pour y estre jugés par le Prévost. Et que (du tout au contraire) les Gouverneurs et Eschevins, estans assemblés en la maison ou cheminée de la ville (5)... empeschoient de telle sorte, que, après havoir (4) Archives d’Ornans, AA. Franchises et privilèges. @) NV: PERRECIOT, loc. cit., t. III, pr. n° 132. (8) « ,.. mil trois cens nonante huict, environ le treizième jour de feb- VTIer. | » ë (4) « ... esquelles vacquèrent, par commandement du chancelier, le Révérendissime Evesque d'Arras; maistre Bon Guichard, bailly d’Aval, licencié ès loix, natif de Poligny; maistre Girard Basan, de Dole, licencié ès loix, D coller de Monsieur de Bourgogne ; et Thiébaud de Batterans, du de Besançon... » (5) « ,., (ainsi parlé li SOS battu aigrement les huissiers, qui exéquutoient, ils les havoient mis en prison : disans, qu’ils havoient franchises de l'Empereur contraire à ces droicts de Bourgogne. Ce qui occasionnat ceux qui estoient ainsi outragés, d’en appeler au Parlement de Dôle et de ce les dicts Huissiers tesmoignèrent, et pareillement quelques habitans et citoïens de Bezançon : mesmement Messire Jehan Bonvalot, chevalier qui lors estoit Seigneur d’Aresche, déposat des recréances faictes dedans la ville par les officiers de Bourgogne (1)... Le Juge du Prince, demeurant à Bezancon, nomme Pierre Malmes- sert, du nombre de ceux qui y font plus mauvais offices. Mais surtout est remarquable, que les habitans de Bezançon (avant que de délivrer les prisonniers, leur faisoient prester sèrement de ne rien révéler de ce que leur havoit esté et estoit faict. Puis les conduisoient à Saint-Pierre où le dict sèrement estoit renouvellé (2). » «€ En l’an 1400, le Duc requit les citoïens de Bezançon de luy païer les pensions, qui luy estoient dehües. Mais, pour ce que le gentilhome, qui leur portat le propos, parlat plus autement, qu’il ne leur plaisoit, ils le feirent arreste prisonier. De quoy M. Garnier, Prévost d’Ornans, fut adverty bien tost après, afin qu'il le répétat : car les Prévosts d’Ornans repré- sentans le Comte de Bourgogne (5), hont ceste authorité, de répéter (pour quelques délicts, causes civiles, ou autres que ce fussent) les subjects du Prince, pour juger le faict, qui estoit en question, sans que les Juges estans dedans la cité, pour qui que ce fut, en peussent prendre la cognoissance ; voire que les citoïens mesme estoient renvoiés, quand ils se advouoient de la Prévosté d’Ornans, et demandoient le juge- ment du Prévost. Mais la venue de Garnier, ne servit, et ne (1) « En ce tiltre j'ai notté, que le Baïlly qui rescript au Chancelier, se soubscript : Vostre humble créature. Les huissiers, faisans leurs propos aux gouverneurs et échevins de Bezançon, les appellent beaux seigneurs. » (2) V. GoLLuT, loc. cit., p. 613. : (3) C,,, comme nous havons adverty en l’an 1398,,, » 09 peut retirer son prisonier ; car au contraire, il fût chassé dehors de la cité. De quoy, le Duc fût adverty bien tost après, et fut occasionné de se colerer contre les citoïens, et de faire contre eux publier (1), que tous les citoïens qui pourroient estres attrapés, fussent conduicts aux prisons de Chatillon- le-Duc et dès là portés à Gray. Et au reste il déffendit le trafique des grennes, et de tous autres vivres, afin que la cité recogneut sa faute et sa foiblesse. Et afin d'effectuer, ce que les édicts portoient, il feit loger quelques embusches, sur les advenues de la cité pour surprendre et chastier les citoïens (?). » Tout d’abord quatre bourgeois furent saisis près de la Porte-Taillée. L’émoi fut grand à Besançon, et les citoyens effrayés, autant qu’'atteints dans leurs intérêts, se décidèrent à envoyer une députation (3) au comte-duc qui ne voulut d’abord rien entendre. Mais, grâce à l’intervention du chancelier Pierre de la Trémouille et à l’intercession de l'archevêque Girard d’Athier, l’affaire fut arrangée (4), et les coupables en furent quittes pour une amende de dix mille francs. Un pieux chroniqueur raconte que pendant « quel- ques trêves » que le comte-duc accorda alors à la cité, « les citoïens se recommandarent à Dieu et feirent des proces- sions moult solempnelles au Sainct Esprit, là où les plus précieuses reliques de la cité furent pourtée. Au moyen de quoy l’on accorda puis après tous les dicts différentz sans aulcune guerre n’y effusion de sang &). » Il est permis de penser que ces divers événements qui mettaient en question un des droits les plus précieux de leur (1) Mandement en date du 4er septembre. GC) GOLLUT loc. -cit:, p. 020. (3) Elle était composée de Jean Belin, Jean Pourcelot, Jean Bonvalot, Richard de Chancey et Jean d’Autoreille. (Gomptes de la ville de Besan- con, 1400.) (4) À Ecole par les officiers du Duc et une députation composée du Doyen, de Jacques de Roche, Jean Belin, Jean Thomassin, Richard de Chancey et Jean Pourcelot. {Ibid.) () V. Doc. inéd., t. VII, p. 270. on — seigneur, ainsi que de leur ville, ne furent pas sans émouvoir vivement les habitants d’Ornans, et que le rétablissement de la bourgeoisie de leur château, qui ne fut plus dès lors contestée, a été accueilli par eux avec joie. Nous avons vu précédemment que quelques années, après, en 1424, des sujets de la seigneurie de Belvoir désavouèrent leur château pour s’avouer bourgeois du comte-duc à cause de son chà- teau d’Ornans. Ils appartenaient aux villages de Laviron, Rahon, Sancey-le-Long, Charmoille, Ouvans et Surmont. Leur aveu, reçu par Besançon dit Gallopin, d’Ornans , « ser- gent-général de Monseigneur le Duc et Comte de Bour- gogne », fut mis en écriture publique par Guillaume Grospain, d’Ornans, clerc tabellion-général du Comte de Bourgogne en la cour d’Ornans, et ce en présence de plusieurs témoins, parmi lesquels étaient Jehannat et Besançon Evrard, d'Or- nans (1). Philippe-le-Hardi mourut de la peste, au château de Hall en Flandres, le 27 avril 1404. Les historiens se sont accordés à reconnaître en lui « la valeur, la prudence , l’habileté poli- tique, ils en ont fait sous d’autres rapports des tableaux fort divers (2. » Le président Clerc a essayé « de peindre en lui le comte de Bourgogne. Cet aspect était peu connu. Comme tel il a accompli, en vingt ans et sans révolte, une grande révolution ; à Dole, comme à Paris, il s’'appuya sur la bour- geoisie, contint la noblesse, punit Jean de Chalon et s’en fit un ami, arrêta toutes les guerres privées et affermit l’ordre nouveau par ses ordonnances et par la vigueur de ses parle- ments. [! créa la grande institution des Etats, éleva par les anoblissements une aristocratie nouvelle. Une paix inconnue règna dans le Comté après quarante années de guerre (3). » On sait qu’il ne laissa cependant pas de quoi être inhumé, et (1) V. PERRECIOT, loc. cit,, t. LE, p. 313-6, pr. no 144. (2) Ed. CLERC, loc, cit., t, II, p. 279-80, (3) In., ibid., p. 279-80. que ses fils durent mettre leur argenterie en gage, pendant que sa veuve, « pour s'affranchir des incalculables dettes de son époux, déposa sur le cercueil, en signe de renonciation ‘à la communauté, sa bourse, sa ceinture et ses clefs (1) ». La coùûtume du Comté lui en donnait le droit. (1) Ip., ibid, p. 281-2. CHAPITRE DEUXIÈME f Jean-sans-Peur. — Procès de Louis de Chalon-Auxerre IL et confiscation de ses biens. — Prétentions de Jean de Chalon-Arlay II}, princé d'Orange, sur ces biens et sur la terre d’Ornans. — Philippe-le-Bon. — Finances misérables. — Prêt des bourgeois d’Ornans à leur seigneur. — Inaliéna- bilité des domaines. — Obligation des contributions d'utilité générale pour les sujets des vasseaux. Marguerite de Flandres survécut peu à son époux : elle mourut au mois de mars 1405. Alors Jean, son fils ainé, entra en possession de ses états héréditaires, dont elle avait conservé le gouvernement. Les débuts de celui qui devait porter dans l’histoire le nom de Jean-sans-Peur, furent pa- cifiques : il sembla d’abord vouloir se conformer dans ses actes aux traditions de sagesse que lui avait léguées son père. C’est ainsi qu'il confia, le 14 juin 1405, à une commis- sion de conseillers choisis, la réforme des abus de la justice, qu'il renouvela, le 98 juillet suivant, son traité de garde avec la ville de Besançon, et qu'il se concilia l'affection des villes du domaine par la concession de nouvelles faveurs. Mais Paris ne devait pas tarder à l’attirer, et bientôt il sacrifia tout pour y reprendre la haute situation politique que son père y avait occupée. On vit dès lors se dérouler les ditfé- rentes péripéties de cette existence dramatique qui devait se terminer sur le pont de Montereau. Au milieu des luttes intestines qui divisèrent le comté de Bourgogne, comme le royaume, pendant les douze années suivantes, Jean-sans-Peur sut conserver l'amitié de Jean de Chalon-Arlay ITT, auquel son humeur turbulente devait plaire. L’habile Chalon la mit, d’ailleurs, à profit pour arrondir le riche patrimoine qu’il tenait de son père, patrimoine auquel était venu se joindre l’opulente succession de son beau-père, le prince d'Orange. Une circonstance, singulièrement favo- rable, faillit lui faire attribuer, avec les biens de la branche de Chalon-Auxerre, la terre domaniale d’Ornans, qui jamais n’en a fait partie. Louis de Chalon-Auxerre IT, comte de Tonnerre, marié à Marie de la Trémouille, qu'il délaissait solitaire au château d'Orgelet, s’était épris des charmes d’une belle Aragonaise, demoiselle d'honneur de la Duchesse. Une nuit d'hiver de l’an 1407, il avait osé pénétrer, à la faveur d’un déguise- ment (1), dans lhôtel de la princesse à Douay, et avait été surpris et arrêté dans la chambre de Jeanne de Perellos. Rendu à la liberté, sous condition de renoncer à ses projets, il pénétrait, peu de temps après, dans les appartements du- caux et enlevait sa maîtresse. Furieux à la nouvelle de cet attentat, Jean-sans-Peur avait ordonné de saisir le coupable, ses châteaux et ses terres, et l'avait fait assigner devant le parlement de Dole. Mais Louis avait gagné la France, et, oubliant la femme à laquelle il avait donné sa foi et son nom, épousait Jeanne de Perellos. Il fut banni à tout Jamais du comté de Bourgogne; ses biens, ses belles terres de Châtel- belin, de Monnet, de Montaigu, d’Orgelet et de Saint-Julien furent adjugées au comte-due, et, sous peine de perdre corps et biens, il fut défendu de lui donner conseil, assistance ou confort en aucune manière. Cet arrêt fut confirmé, en 1415, lorsque Louis, accusé d’avoir voulu tuer le prince et de s’en être ouvert à Jean de Chalon-Arlay, fut déclaré coupable de lèse majesté. Il consommait la ruine de la maison de Chalon- Auxerre jadis si florissante. Le Mémoire historique, que nous avons déjà plusieurs fois cité. dit qu’ Q il y a, dans les archives de la maison de Cha- lon, un manuscrit en vélin, dans lequel sont rapportés les moyens dont Jean de Chalon, prince d'Orange, se servoit pour obtenir de Jean, duc et comte de Bourgogne, la remise (4) «... mussiez en maistre d'hostel.., » (Lettres du comte-duc datér de Bruges 15 mai 1407.) et institution des terres et seigneuries formant le partage d'Auxerre et de Châtelbelin, confisquées sur Louis de Cha- lon, comte de Tonnerre, en 1407 et 1443, et adjugées au Duc par arrest du parlement de Dôle... » Jean de Chalon soute- nait que ces terres ne pouvaient pas être confisquées, parce qu’elles lui étaient substituées par le testament de Jean, fils de Tristan de Chalon, seigneur de Châtelbelin. Mais le comte- duc répondait que le fait de cette substitution ne lui était pas prouvé et que, le fûüt-11, la substitution elle-même ne pouvait concerner des terres provenant, il est vrai, du par- tage de Vienne, mais depuis longtemps déjà réunies au do- maine. Il nous semble imutile, après ce que nous croyons avoir établi dans la première partie de cet essai, de nous arrêter à démontrer combien le comte-duc avait raison. Lorsque la maison de Chalon se divisa en plusieurs branches, c'est-à-dire après la mort de Jean de Chalon-lAntique, en 1267, nous savons déjà qu'il ne lui restait à peu près rien de ce partage de Vienne recouvré par son chef en 1237. Cela était vrai surtout pour la terre d’Ornans, dont ce par- tage ne comprenait, d’ailleurs, qu'une moitié. Et, cependant, c'était cette terre que Jean de Chalon-Arlay visait plus parti- culièrement. La requête est le premier titre dans lequel on voit les château, ville et châtellenie d’Ornans figurer, avec le Val de Mièges, Arlay, Monnet, Monrond, parmi les terres des contrées des Varasques et des Scodingues données, en 945, à l’abbaye d’Agranne, par le roi de Bourgogne saint Sigismond et inféodées, en 941, par Meynier, prévôt de ce monastère, à Albérie de Narbonne. « On ne voit pas que cette contestation ait été suivie », dit le mémoire précité; nous le croyons sans peine : le testa- ment de Jean de Châtelbelin, bien connu quoiqu'il eût été rédigé dans un lieu écarté, ne laissait absolument rien à Jean de Chalon-Arlay. Avant de partir pour la croisade qui devait se terminer par la funeste journée de Nicopolis, Jean de Châtelbelin avait fait rédiger son testament, le 3 mai 1396, à 1% DR D TT PP DE VIN — 89 — Bruyères, près de Chay, en présence d’Amé de Chalon, abbé de Baume, de Guillaume et de Joseph de Fétigny, d'Henri, bâtard de Chalon, d'Humbert de Lisle et de quatre autres témoins. Par cet acte, il fondait le chapitre d’Orgelet, réglait _ le douaire de sa femme Jeanne de Guistelle, donnait à J ean, bâtard de Chalon, l'office de châtelain d’Orgelet, et partageait sa fortune entre sa sœur Alis, dame de Sassenage, et Louis de Chaion-Auxerre, son cousin. Il donnait à Alis : Montfleur, Arinthod, Dramelay et Chavannes ; et à Louis : Orgelet, Chà- telbelin, sa part de la saunerie de Salins, Monnet, Montaigu, partie dé Lons-le-Saulnier, Bornay, Saint-Julien, Chay et Hotelans (D. On voit qu'Ornans n’est pas nommé. On peut placer cette contestation entre 143, année de la confiscation des biens de Louis de Chalon-Auxerre If, et 4418, année de la mort du baron d’Arlay. Si l’on en croit Dunod, elle ne fut pas tout à fait imutile à ce dernier, puis- qu'il obtint la main-levée provisionnelle (2). Louis de Chalon, prince d'Orange, son fils, répéta le partage de Châtelbelin, après la mort de Louis de Chalon-Auxerre ÏT, tué, en 1494, à la bataille de Verneuil. Mais il ne fut rendu qu’à Jean de Chalon-Arlay IV, son petit-fils, par la comtesse Marie, vers 1476. Phihiberte de Luxembourg, mère et tutrice de Phili- bert de Chalon, obtint, en 1503, la confirmation de cette remise, de Philippe-le-Beau, fils et héritier de Marie de _ Bourgogne (3). Ornans ne figure pas parmi les terres rendues qui sont celles de Rochefort, Châtelbelin, Orgelet, Montaigu, Monrond, Vallempoulières et Monnet, avec droit de retrait sur Saint-Aubin, Bornay et Chay (4). Philippe-le-Bon, en apprenant l'assassinat de son père à Montereau, pensa mourir, et l’histoire rapporte qu'il resta _ trois jours sans manger et sans regarder sa femme Michelle (1) Arch. maison Chalon, (@) V. Dunop, Comté, t. II, p. 367. (3) V. Ip., ibid., p. 393. (4) V. Ip., ibid., p. 322. 00 de France, sœur du meurtrier. Il crut le venger en faisant alhance avec les Anglais ; mais cette alliance contre nature ne lui porta pas bonheur. On connait le traité de Troyes (31 mai 1420), cette œuvre de haine; rien de ce qui fut sti- pulé à la demande du duc de Bourgogne ne fut exécuté par ses tristes alliés. Après quelques succès obtenus contre le Dauphin, les revers ne tardèrent pas à arriver : tandis que Clarence se faisait battre à la journée de Baugé, Philippe, malade, était sur le point d’être fait prisonnier à celle de Mont-en-Vimeuse, où, cependant, il fut victorieux. Mais les frontières de ses états étaient toujours menacées et ses finances misérables. [l lui fallut avoir recours à la générosité des grands vassaux et des habitants des villes du domaine. « Plusieurs bourgeois d'Ornans, à limitation de leurs an- cêtres, s’unirent et firent prêt au Duc... de vingt mares d’ar- gent fin pour être employé dans ses monnoyes ; duquel prêt il leur fut expédié lettres par Jacquot Vurry, son trésorier- général, dattées du 30 janvier 1421. Du nombre de ces bour- geois se trouvent Antoine Perrenot et Guillaume Perrenot, auteurs du chancelier Perrenot de Granvelle (1). » Puis il fallut demander un subside aux villes et au clergé, pour ré- parer les dommages causés par les incursions des partisans du Dauphin dans le sud des deux Bourgognes. Toujours attentifs à leurs intérêts, les habitants d’Ornans profitèrent de l’arrivée, dans leur ville, des commissaires chargés de lever cette contribution, pour réclamer d'eux de jurer, au nom de leur maître, de respecter leurs franchises et leurs privilèges « selon l’usage des comtes de Bourgogne nouvel- lement arrivés au pouvoir (®. » Cette précaution préliminaire prise, les habitants d’Ornans prêtèrent serment de fidélité au souverain et payèrent à ses commissaires le don gratuit (inars 1429). (1) Mémoire historique sur la ville d'Ornans. (2) Arch. d'Ornans. = 9 — Nous avons vu Louis de Chalon-Arlay réclamer vainement, en 1424, avec le partage de Châtelbelin, les château, ville et châtellenie d’Ornans. L’émotion dut y être grande alors ; mais Philippe-le-Bon ne devait pas tarder à rassurer pour longtemps ses sujets d’Ornans au sujet de laliénation de son domaine. Dès 1429, en effet, 1l déclarait, dans des « lettres de don à réachat de la terre de Saint-Aubin à André de Tou- lonjon », qu’il avait cette terre « nonobstant que, par cer- taines nos ordonnances, ne doyons donner ni alièner nostre domaine pour quelque cause ou occasion que ce soit. » Une ordonnance du 6 août 1446 (1) devait consacrer définitive- ment, dans les deux Bourgognes, le grand et utile principe de l’aliénabilité du domaine, qui l'était en France depuis le règne de Charles VIT et qui fut renouvelé, en mai 4495, par Maximilien d'Autriche () et, plus tard, par Charles-Quint (3). Aux termes de l'ordonnance de Philippe, les officiers des comptes devaient jurer de ne consentir à l’aliénation d’au- cun bien domanial : aussi, lorsqu’en 1495, on voulut rendre, à Jean de Chalon-Arlay IV, les biens confisqués sur Louis de Chalon-Auxerre If, fallut-il que l'autorité ecclésiastique intervint pour accorder à ces officiers dispense de leur ser- ment (#). Il n’y eut dès lors que Louis XI pour oser y tou- cher, ainsi que nous le verrons dans la suite. On sait déjà qu’il est constant pour nous que ce ne fut pas pour les réunir au domaine, bien que son fils aîné y fût inté- ressé, que Jean de Chalon-l’Antique avait acquis, de Hugues duc de Bourgogne, la moitié orientale de la seigneurie d’Or- nans, puisqu'il s’empressa de l’inféoder en détail à son neveu Amédée de Montfaucon. La plus belle partie de cette terre, qui comprenait Vuillafans avec Montgesoye et Lavans, el Mouthier-Hautepierre avec le Châtelet, Hautepierre et Lods, A) Nouv. inv. Ch. des compt., p. 245, 1. H. O. (2) Ibid, Rég. V, 441. (3) Ibid., Rég. LIT, 39 ve. (4) Arch. maison Chalon, donat. n° 36. = 09, = ne tarda pas à devenir le centre de réaction féodele qu’elle est restée Jusqu'à la révolution. Ce centre devint réellement redoutable par l’adjonction successive aux mouvances de Montfaucon, des terres de Cicon, de Durnes, de Vennes et de Vercel, et surtout après les aliénations partielles que la comtesse Marguerite de Flandres dut faire, en 1566, dans les villages d’Amancey, de Bolandoz, de Chantrans, de Chas- sagne, de Déservillers, d’Evillers, de Flagey, de Fallerans, de Saules, de Septfontaine et de Silley. Dès le siècle suivant, on voit les sujets-domaniaux de ces villages, à linstigation probable des officiers de Vuillafans, chercher à se soustraire. à leurs obligations de sujets directs du souverain. On trouve, avec intérêt, aux archives d'Ornans, les pièces du « procez mehu et assiz », en 4445, « en la court du Bailly de Dole au siège d’Ornans, entre Huguenin, fils de fut Nicolas Poupon, tant en son nom comme pour et ou nom de Huguenin, fils de fut Crestin Poupon de Boiïllandoz (1) supplians, d’une part, et Jehan Coillard (?), Henry Daguetz, Henry Joly et Jehan Martel du dict Ournans, tant en leur nom comme prou- dhommes de la ville et communaulté du dict lieu, d’aultre part. » Huguenin et consorts arguaient de leur qualité de sujets du Châteauvieux de Vuillafans pour ne pas contribuer aux aides que le comte de Bourgogne « faisoit.… pour ses affaires ou pour la deffense de ses pays, ou pour le prouffit et utilité de son dict conté de Bourgoingne ou de ses sub- jectz... » Les prudhommes répondaient qu'à ces aides de- vaient contribuer, cependant, « non mye tant seulement les hommes » du comte, mais tous ses sujets « ayant héritaiges, censes ou rentes ès villes, chastiaulx et forteresses » lui « appartenant « estans en son dict conté de Bourgoingne, et ou finaux et territoire d’icelles villes... » Ils rappelaient que « de ce avoient esté donné au dict conté de Bourgoingne (1) Bollandoz. (2) Collard, 14000 plusieurs sentences et arrestz ou parlement de Dôle.… à l'encontre de plusieurs personnes qui se vouloient exemp- ter... » Le jugement porte que les parties comparurent plu- sieurs fois devant les assises du bailliage, le 2 décembre 1446, le 20 mars 1448, le 8 mars 4452, et enfin le 3 juillet _ 1454, et qu'il y eut enquêtes, contredits, salvations et autres procédures. Le lieutenant-général du baïlly, Guy des Haulx, ayant « tout vu, entendu, et considéré tout ce que en ceste partie se estoit à veoir, entendre et considérer, à grande mehure délibération et conseil... », finit par condamner Hu- guenin Poupon et consorts aux dépens. CHAPITRE TROISIÈME Charles-le-Téméraire. — Confirmation de l’exemption du logement des gens de guerre. — Réparation et armement du château, — Marie de Bourgogne. — Prise d’Ornans par d'Amboise. — Aliénation du domaine d’Ornans par Louis XI en faveur d’une de ses créatures. — Paix de Senlis. L’exemption du logement des gens de guerre était une des franchises dont jouissait la ville et qu’elle estimait au plus haut prix ; ce qui s'explique facilement étant donné la composition des armées au moyen âge et jusqu’à la fin du dix-septième siècle. Cette faveur, que ses souverains lui avaient accordée en reconnaissance de sa fidélité et de son dévouement, fut confirmée par Charles-le-Téméraire, en 1473. Par lettres-patentes datées de Malines le 30 juillet de cette année, ce prince déclara que la ville d'Ornans étant «€ l’un des principaux sièges du bailliage de Dôle, et consi- » dérant que ses prédécesseurs comtes et comtesses de » Bourgogne avoient toujours eu en singulière et bonne » recommandation la ville d’Ornans et les habitants d’icelle, » tant en octrois de franchises et libertés qu’aultrement, il » enjoignoit et défendoit expressément à tous chefs et con- » ducteurs de ses troupes de loger en la dicte ville aucun » de leurs hommes, chevaux et équipages, ni d'y prendre » et exiger aucuns vivres et denrées à peine de désobéis- » sance (1). » On peut penser que cette franchise fut souvent. violée dans le cours des deux siècles agités qui suivirent, et qu’elle dut être confirmée de nouveau plusieurs fois. Aussi verrons-nous plus tard qu’elle le fut en 1498 par Philippe- le-Beau, en 1531 par Charles-Quint, en 1584 par Philippe Il, LU (1) Arch. d’Ornans. A J L ce re PUR ï) ÿ 1 18 A SE TT ep ee TT NT à DOL ÉhÉ IE HÉS TE SENENN 0 en 1595 par le capitaine-général espagnol Alonzo Idiaguez, et 1616 par les archiducs Albert et Isabelle-Claire-Eugénie. En même temps que le nouveau comte-duc mettait ainsi sa ville d’Ornans à l’abri des exigences des gens de guerre, il faisait mettre son château en état de défense. À cette époque, cette forteresse n’était défendue artificiellement que du côté du nord, par un fossé et une courtine flanquée de deux tours rondes. Cette courtine était percée, en son milieu, d’une porte à laquelle on accédait par un pont-levis, et qui n’était pas couverte, comme dans la suite, par une demi- lune. Une autre petite porte ou poterne, qui s’ouvrait sur un escalier pratiqué entre deux rochers du côté de l’est, servait de porte de secours (1). La fortification était complétée par l’escarpement de la terrasse rocheuse sur laquelle le château est assis, Une tour ronde à trois étages fut édifiée € en la panne (courtine) des murs au plus près de la porte », pour en battre les fossés et les avenues. On donna aux murs de cette tour une épaisseur de eimq pieds « le Comte » et on les revêtit extérieurement « de bons gros quartiers de pierre esquerrez à pointe de martaul. » Chacun de ces étages fut muni de trois bonnes canonnières faites de pierres « à bosses par dehors et des plus gros quartiers... afin d’estre plus sûrs contre artillerie. » Leurs planchers furent soutenus par des « bouchots de pierre », et « le tiers estaige... faict à vote » fut couvert de tables de pierre imbriquées les unes sur les autres « en telle manière qu’il ne pleust point en la dicte tour, mais part l’eau par un conduict qui chiet ès dietz fous- sez. » Enfin, on construisit au dessus de la voûte « cinq cré- neaulx revestuz de tables pour y mettre barbacanes, affin de deffendre dez le dessus à couvert la dicte tour (2). » En mème temps, la courtine fut percée de « deux pertuis ronds, pour (1) Elle existe encore. (2) Cette tour figure dans les armoiries qu'Ornans s’est données plus tard, O6 2 par iceulx rer de gros bastons à feu en l’advenue du dict chastel », on en reconstruisit entièrement seize toises, et l’on fit « cinq toises de meurs... à chaulx et arainne pour la fortiffication de la ponterie, qui de tout estoit en ruyne. » Les retrahants du château payèrent une parte de ces répa- rations et firent « oultre ce... le charroy de la... pierre, de la chaulx, de l’arainne et bois nécessaires... en quoi on a fort foulé les dicts retrayants (1)... » Dès le mois de mai, on amena € au chastel du dict Ornans, pour la deffense d’icelluy, six gros bastons à feu... assavoir une serpentine pesant 329 livres, dez Salins, et ung gros cortaulx dez Joux et Ponterlie, iceulx bastons feurent, par l’advis des officiers de mon dict seigneur ou dict Ornans, affeutez et mis en estat comme il appartient (2)... » Il est douteux que ces moyens de défense eussent préservé Or- nans, qui à toujours été une ville ouverte, des atteintes des aventuriers suisses qui, à cette époque, avaient franchi les gorges du Jura neuchâtelois, envahi le val de Saugeois, pillé l’abbaye de Montbenoît et enlevé, presque sans résistance, Pontarlier et son château. L’échec que ces pillards subirent devant la Rivière et qui les contraignit à reprendre le chemin du comité de Neuchâtel, épargna leur visite à la vallée de la Loue. L'année suivante, alors qu’un grand nombre de loca- lités voisines de la Suisse, Mouthe, Rochejean, Jougne, Mor- (1) Ces réparations, exécutées par Besançon Nicolas, d’Usier, et Jean Prêtre, dit Bisot, maçon, en vertu d’un marché passé par devant Guil- laume Perrenot, notaire, en présence du capitaine-châtelain, Besançon Philibert, le 20 avril 1475, furent reçues par ce dernier et Pierre Euvrard, lieutenant du baïlly de Dole à Ornans. V. aux Arch. de la Côte-d'Or les comptes des trésoriers de Bourgogne. - (2) « En quoy l’on employa trois cens soixante quatorze libvres de fer, y comprins certains ouvraiges, comme les chaînes du pont-levis faict en icelluy chastel et aultre fer y nécessaire, les paumelles et verroulx des portes de la tour faictes à neuf on dict chastel, et de la ponterie, ensemble de deux pièces de fer employées pour la serpentine. » Le prix de ces fer- rures fut payé à Regnault Jehannot « par la main de Guillaume Gouzel. L commis à la recepte du dict Ornans. » V. Ibid. ton teau, les villages de Saugeois et ceux de la châtellenie de Réaumont, cherchaient leur sûreté dans la protection de Berne, qui s’empressait d'accueillir leur demande et de leur délivrer des lettres de protection et de sauvegarde, les habi- tants d’Ornans et de son ressort ne furent pas inquiétés. Ils le durent peut-être à la résistance du château de Joux. On lit, en effet, dans les lettres de la comtesse Marie, données à Bruges le 25 septembre 1477 et portant institution de Ca- therin Bouchet (1) aux fonctions de capitamne-châtélain de Joux, qu'il avait exercées avec honneur pendant la guerre, que « tous les pays à l’entour aïant esté destruicts et brulés » par les Suisses et Bernois, ce nonobstant le dict chastel » est demeuré en estat et en son entier, tellement qu'à ceste » occasion... nostre dict pays de Bourgongne a esté moins -» adomaigé qu’il n’eust esté (2)... » Ornans fut ensuite moins heureux. Charles-le-Téméraire ne laissait qu'une fille, âgée de vingt ans, comme héritière de ses immenses domaines. Louis XI se hâta de faire occu- per militairement les deux Bourgognes, sous prétexte de sauvegarder les droits de mademoiselle de Bourgogne, sa proche parente et filleule. Les villes, séduites par ce miel- leux langage , reçurent des garnisons françaises ; mais elles ne tardèrent pas à les expulser. Après le mariage de la com- tesse avec Maximilien d'Autriche, Guillaume de Vaudrey re- prit Gray, la seule place où Craon eût pu se maintenir, et le camp de celui-ci, assailli par la garnison de Dole qu’il assié- geait, fut pris d’une telle panique, qu’il laissa prendre son artillerie. Mais Louis XI ne tarda pas à reprendre l'offensive avec de formidables moyens. Ce fut alors que « le château d’Ornans fut attaqué et pris et les habitants mis à contribution. Les (1) Il était, en 1458, lieutenant du baïlly d’Aval à Pontarlier et, en 1475, un des échevins de la ville, V. Droz, Bourg du roi, p. 67 et 167. (2) V. aux Arch. du Doubs, Inv. Ch. des compt., I. 72. nobles et les bourgeois demeurèrent attachés à la princesse Marie, leur souveraine ; ils souffrirent la confiscation de leurs biens, particulièrement Othenin de Chassagne qui fut totale- ment dépouillé (D)... » Des lettres-patentes de la princesse et de l’empereur Maximilien, son époux, rendaient quelques années après, € un témoignage glorieux du zèle de ce sei- gneur et des habitants, et récompensaient Othenin de Chas- sagne par le don de la seigneurie de Colonne et le gouver- nement des ville et château d’Ornans (®). » Si l’on en croit Gollut, c'était la deuxième fois qu'Othenin de Chassagne était privé de ses biens, « qui furent donnés à Séverin Brisse et à Edouard Offendi, hommes d’armes de la garnison de Bracon 6). » | Les habitants d’Ornans ne furent pas frappés seulement dans leurs biens : ils furent atteints aussi dans leur honneur de sujets directs du souverain et de citoyens d’une ville libre. Par lettres-patentes données au mois de juin 4479, à Méry- sur-Seine, Louis XI donna la terre d’Ornans à l’un de ces hommes de basse extraction dont il aimait à s’entourer, son « chier et bien amé escuïer d’escuïerie... Anthoine Symon », en considération des « bons, agréables et recommandables services (4)... faictz par cy devant... », particulièrement ou faict de la réduction. de nostre Comté de Bourgongne 6), où il s’est bien et honnestement employé, sans y espargner sa personne..…., nonobstant que la dicte terre et seigneurie de Dornans soit de l’ancien domaine... et que l’on veuille dire que nous ne le povons et debvons aliéner... » Il paraît que cette violation formelle de ordonnance du 6 août 1446 ren- contra de l'opposition, puisque ce ne fut qu’un an après, le 2 juin 1480, que les ordres du roi furent exécutés. Guillaume (1) Mémoire historique sur la ville d’Ornans. (2) Ibid. (S) Gorrumiloc ici. p 069)et04; (4) Dieu sait lesquels ! (5) Il ne s’agissait plus alors des droits de Mademoiselle de Bourgogne. #4 00 de Hauchent, seigneur d'Arillières, chevalier, conseiller et chambellan du Roy et son bally de Dole, donna l’ordre à un sergent, qui fut Jehan Perrin de Dole, de mettre l’écuyer Simon en possession de la terre d’'Ornans. Cette exécution eut lieu le 4 juin, « présentes discrètes personnes Messire Othe Phihbert, Pierre Saillard, prêtre, Pierre Philibert, Pierre Euvrard, Jean Philibert du dict Ornans et plusieurs aultres.. » Le 4 août, «les gens des comptes du Roy con- sentent en tant qu'il est en eux à la dicte cession. » Cette aliénation, qui ne dura que deux ans, au terme desquels Simon était mort, fut, pour les habitants d’Ornans, une telle humiliation, qu'ils semblent avoir pris à tâche d’en faire dis- paraître toute trace : on ne trouve dans leur chartrier aucune des pièces que nous venons de citer et dont la découverte, aux Archives de la Côte-d'Or, est assez récente (1). L’intrus mourut-il sans « hoirs et successeurs, mâles et femelles, nez et à naistre, descendans de luy en loyal mariaige », ou Louis XI finit-il par se rendre aux observations de ses gens des comptes de Dole et de Dijon, et racheta-t-il son domaine moyennant « rescousse de deux mille escuz », ainsi qu'il s’en était réservé le droit, toujours est-il qu’en 1483, les re- cettes et dépenses de la terre et seigneurie d’Ornans figu- rèrent de nouveau dans les écritures des trésoriers de Bour- gogne. Mais la malheureuse ville domaniale ne fut assurée contre le retour de pareille avanie que par la paix de Senlis qui ne survint que dix années plus tard. On sait que ce traité rendit la Franche-Comté aux enfants de Marie de Bourgo- gne; mais elle leur fit perdre, avec le duché, fief prétendu masculin (2), la vicomté d’Auxonne et le ressort de Saint- Laurent (3), qui n’en faisaient point partie et étaient comtois. (4) Elle est due à M. Marlet. (2) Lire Gollut à ce sujet. (3) Echangés, en 1937, par Jean de Chalon contre Salins et Ornans. CHAPITRE QUATRIÈME Progrès des institutions publiques pendant la période ducale — Eglise Saint-Laurent : fondations de Jeannenot Chaudirier et de sa femme, au- mône de Christophe Darc, anniversaires. — Création du bailliage du Milieu ou de Dole. — Assiette définitive du ressort d'Ornans. — Exten- sion des franchises et privilèges. — Nouvelles familles nobles. — Familles bourgeoises. L'église Saint-Laurent, ainsi que nous l'avons déjà vu, a été de bonne heure enrichie par la piété des habitants d’Or- nans et avait déjà, au xu1° siècle, des chapelains et un corps de famibarité. Il y a longtemps qu'on a dû reléguer parmi les fables cette assertion de J.-J. Trouillet et de quelques- uns de ses prédécesseurs, que la fondation de la familiarité était due à Pierre Guitaud, qui voulut bien partager, avec les prêtres habitués, la desserte et les revenus des fonda- tions faites au profit du seul curé d’Ornans (1). Les arche- vêques Antoine de Vergy, en 1520, et Ferdinand de Rye, en 1593, n’ont fait que confirmer ce qui existait déjà. Un riche bourgeois de la ville, pourvu de l'office important de clerc tabellion-général du Comté de Bourgogne à Ornans, Jeannenot Chaudirier "?), par acte du 9 février 1451, donne et confère une « chapellenie ou prestimoine au corps de » l’église d’Ournans, c’est assavoir aux Curé et Chapelains » institués et servant Dieu en la dicte église, et aussi à tous » aultres Chapelains natifs du diet Ournans non institués en » la dicte église, qui de présent y sont, et qui par le temps » advenir y seront résidans et faisant résidence personnelle (1) Nous verrons plus tard quel moyen inavouable le curé Jean Ghaude- leuse employa pour en rendre la négation impossible. À (2) Ses initiales ornent la clé de voûte de la deuxième travée de la nef dite du Rosaire (nef latérale gauche) de léglise Saint-Laurent. ue » en la dicte ville d’Ournans et servant Dieu en la dicte » église ». Il y avait donc, avant l’année 1520, un corps de prêtres établis dans l’église d’Ornans pour la desserte des offices, corps composé de chapelains titulaires ou familiers, et, à côté de ce corps, d’autres chapelains qui n’avaient pas d'autre titre à y être que celui d'enfant de la ville. Jeannenot Chaudirier lies appelait tous indistinctement à la desserte de sa prestimoine. : Quoi qu'il en soit, le but de sa fondation était de « des- » servir icelle chapellenie des messes ci-après, c’est assa- » voir de six messes chascune semaine que le dict curé et » les dicts chapelains seront tenus de célébrer... perpétuel- » lement en l’autel d’icelle chapellenie... » Le pieux fonda- teur et sa femme, Etiennette (l> de Bonnaire, avaient déjà légué, en février 1447, pour quatre anniversaires à célébrer, dans l’église d’Ornans, « ès octaves des festes Nostre-Dame, » c’est assavoir de la Nativité, la Conception, l’Annonciation » et l’Assomption », en la chapelle par eux fondée, d’abord la somme de trente sous estevenants, puis une autre somme de soixante sous assignée sur des fonds de franc-alleu qu'ils possédaient à Trepot (2). Le 26 août 1449, Etiennette de Bon- naire y ajoutait deux florins de monnaie assignés sur une cense à Montgesove et trois pièces de pré sises à Ornans, et Jeannenot Chaudirier, pour un cinquième anniversaire à intention de sa belle-mère, Jeannette de Bonnaire, cinq sous de cense « lesquelx lui doibt chascun an Othenin Char- migney d'Ournans 5). » Les dispositions de 1451 furent com- (1) Estevenette. — Sa tombe, dont nous donnons ci-joint le dessin, était, avant 1839, dans la nef dite du Rosaire de l’église Saint-Laurent (nef laté- rale gauche). (2) « ... lesquels héritaiges furent acquis par feu Huguenin de Bonnaire, » de feue Dame Marguerite de Granges, veuve de feu Messire Hugues de » Dampmartin, jadis chevalier, et de feu Renault de Dampmartin, jadis » escuyer, leur frère, pour la somme de deux cens florins d’or. » (3) Les quatre actes de 1447 et 1449, qui sont aux Archives d'Ornans, sont signés par J. Chaudirier et son coadjuteur au tabellionné, Jean de — 102 — plétées par deux actes postérieurs, lun de 1453 et l’autre du 26 février 1456 (). Quelques années plus tard, le 16 mai 1491, Christophe Darc, bourgeois du château d’Ornans, élisait la sépulture de son corps € ou cymetière de l’église parrochiale de mon dict » seigneur Sainct Laurent du dict Ornans, assavoir ès lieu » place où sont enterrez et inhumez mes prédécesseurs... » et « donne à Monsieur le Curé du diet Ornans pour son au- » mosne... la somme de trente solz estevenans pour une » fois, affin qu’il soit entenu et plus enclin prier Dieu pour » ma dicte ame... » En même temps, il « donne et lègue aux » luminaires de Nostre-Dame et de mon diet Sainct Laurent trois solz estevenans (2)... » D’après un Obituaire des x1v’°, xve et xvIt siècles, qu’on trouve aux archives d’Ornans, les anniversaires étaient déjà fort en usage et on les payait de trois à quarante sous estevenants, selon le degré de solen- nité. La rente de ces sommes était assignée sur des fonds de terre ou des maisons (3). Le comte-duc Philippe-le-Bon ayant créé le grand bail- hage du Milieu ou de Dole, par lettres datées de Monthard, le 24 juillet 1429, le siège d’Ornans, qui avait fait jusqu'alors partie du grand bailliage d’Aval, devint le deuxième siège du Ÿ Chassagne le jeune. Une des deux donations de 1447 porte en outre le seing manuel de Pierre Philibert, d'Ornans, « notaire de la grand court de Be- sançon. » (1) Les actes de 1451, 1453 et 1456 ont disparu des Archives d'Ornans, par le fait, paraît-il, du curé Jean Chaudeleuse, avec la complicité du no- taire Guillaume Doney. — V. Réfutation du mémoire du sieur Trouillet, curé d'Ornans, pour les sieurs prêtres-familiers de la même ville, p. 4. (2) Ce testament à été reçu par Pierre Perrenot, tabellion général au comté de Bourgogne. Il est aux Archives de Poligny. (3) & Obüt uxor nobilis viri Hugons Philiberti de Ornanco, anno Domini millesimo quatercentesimo octogesimo septimo, quæ pro anni- versario suo et Hugonis ejus mariti omni anno celebrando. dedit cen- sum perpetuum trium eminarum frumenti. reservata facultate redi- mendi pro pretio seu suñima octo francorum monelæ currensis. » — 1035 — nouvel établissement. Les localités qui en formèrent dès lors le ressort étaient au nombre de 110 (1). Ce vaste ressort com- prenait, avec la terre domaniale d’Ornans, les fiefs archiépis- copaux d’'Etalans, de Foucherans et de Fallerans de Monte et de Capellà, la baronnie de Maillot et les châtellenies de Châteauneuf et Châteauvieux de Vuillafans, de Châtelneuf- de-Vennes, de Cicon, de Durnes, de Fertans, de Montfau- con, de Montmahoux, de Montrond, de Réaumont, de Scey- le-Châtel, de Vennes et de Vercel (?). Les comtes-ducs ont donné, aux franchises et privilèges de la ville d’Ornans, une extension qui fit, de son régime municipal, un des plus libéraux de la province. Par lettres du 145 mai 1430, Philippe-le-Bon reconnut aux habitants et bourgeois Le droit d'imposer tous ceux, sans exception, « te- nant héritaiges de la bourgeoisie d’'Ornans. » Cette mesure n'était pas sans utilité à une époque où les nouveaux nobles, (1) Adam-les-Vercel, Amagney, Amancey, Amathay, Amondans, Arcier, Athose, Avoudray, le Barboux, le Bélieu, le Bisot, Bollandoz, Bonnétage, Bonnevaux, Bouarre-de-Vennes, la Bresse, Cademène, Chalèze, Chalezeule, Chantrans, Charbonnières, Chasnans, Chassagne, Chevigney, la Chena- lotte, Cléron, Déservillers, Dunes. Echevannes, Epenouse, Epenoy, Epeu- gney, ne. Eternoz, Etr ay, Evillers, Fallerans, Fertans, Flagey, Flange- bouche, les Fontenelles, Foucherans, les Fourgs, Fuans, Gennes, Goux-les- Vercel, Grandfontaine, Guyans-les-Durnes, Guyans-Vennes, la Grange-du- Scey, les Granges-Vienney, Hautepierre, l’Hôpital-du-Grosbois, Laberge- ment-du-Navois, Lavans-Vuillafans, Lods, Longechaux, Longeseigne, Lon- geville, Loray, le Luhier, le Luisans, Maires es, les Maisonnettes-de-l'Ermi- tage, Malbrans, Mamirolle, Mérey- Se Mo onu Megemont, Monthéliar- dot, Mont con. Montgesoye, Montmahoux, Montrond, Morre, Mouthier- Hautepierre, Naïsey, Nancray, Narbier, Nau-de-la-Léane, Nods, Novillars, Orchamps-Vennes, Ornans, Passonfontaine, Plaimbois-de-Vennes, Plaim- bois-du-Miroir, Rantechaux, Refranche, Reugney, Roche, Rurey, le Russey, Saules, Scey-en-Varais, Septfontaine, Silley, Saône-le-Grand, Saône-le-Petit, Tarcenay, Thise, Trepot, Vaire, le Valdahon, Vernierfontaine, la Verrière- du-Grosbois, Vésigneux, la Villedieu-les-Vercel, Villers-sous-Montrond, Voires, Vuillafans. (2) V. les sceaux connus du bailliage d'Ornans, in J. GAUTHIER, Inv. des des jur. souv. et dom. du comtë de Bourgogne, in Bul. Acad. . 1884, p. 243-4 — 1C4 — les Chassagne, les Grospain, les Perrenot, les Chantrans, les Philibert, cherchaient déjà à se soustraire à leurs obliga- tions municipales et, particulièrement, au paiement de l’im- . position appelée le jet de la Saint-Michel. C’est à Philippe- le-Bon qu'Ornans est aussi redevable d’une déclaration « comme les dictz habitans ont droict et authorité de pou- » voir vendre, aliéner et diviser leurs communaulx à leur » prouffit particulier. » Enfin, le 1°" décembre 1471, le comte-duc Charles déclara que les habitants d’Ornans ont le droit de « pouvoir hayer et chasser à bestes sauvaiges rière » le finaige et territoire d’'Ornans (1). » Le régime ducal a été favorable à la bourgeoisie par l’éner- gique répression des entreprises des seigneurs, par Pappli- cation rigoureuse des ordonnances qui déféraient au parle- ment la révision des sentences de leurs justices, par la création des Etats, où les députés des bonnes villes et des terres domaniales concouraient au vote et à la répartition des impôts. Aussi les bourgeois étaient-ils très dévoués aux comtes-ducs qui surent se les attacher plus étroitement en- core par le système des annoblissements. Leur règne vit les débuts des premières familles nobles bourgeoises d’Ornans, des familles de Chassagne (1377), de Grospain (1377), Perre- not (1391), de Chantrans (1402), Philibert (1414), de Dam- martin (1447), d'Andelot (1457), Gonzel (1475). Les personnages les plus connus de la famille de Chas- sagne, aux XIVe et xve siècles, sont: Guillaume, notaire à Ornans en 1377, 1379 et 1409 (); Hugon G), licencié-ès- droits, qui fut banni, en 1407, de Besançon, pour avoir gardé l’interdit lancé sur la ville par l'archevêque Thiébaud de Rougemont (#); Thiébaud, licencié-ès-droits-et-décrêts, député par Besançon au comte de Jean-sans-Peur pour lui (1) V. Arch. d'Ornans, Anc. inv. nos 9, 56 et 59. OPNAGuirrAume docti LA piMlOI (3) Sa tombe était, avant 1839, dans l’église Saint-Laurent. CINE CrLER EN oc\cir. CP p/200; — 105 — offrir le gouvernement temporel de la ville (1407) (1); Jean, dit le jeune, notaire (1447 et 49); Jean, écuyer, (1451) qui se maria, en 1456, avec Jeanne de Villers, fille de Vauthier de Longeville qui lui donna, en 1459, les droits qu’il avait sur les fours et moulins d’Ornans (2); Catherine, fille de Pierre et sœur de Jean et de Pierre, prêtre, femme de Henri de Scey (1455) 6); Philibert (1459) ; Pierre (1479); Othenin, capitaine du château d’Ornans (4492) (1). — Chassagne por- tait d'argent à trois cotices de sable. On trouve ses armoi- ries sur une clé de voûte de la chapelle du Rosaire dans l’église Saint-Laurent, au-dessus d’une porte d’une maison du xvi° siècle située près de l’hôtel de ville, et au-dessous d’une console à l’angle d’une maison qui fait le coin du Pont-Dessous et de la rue Saint-Laurent. Le plus anciennement connu des Grospain est Othenin, dit Grospain, dont le nom figure en 1377, dans un acte de délimitation des bois d’Ornans et de Chantrans f). Viennent ensuite Guillaume, notaire (1418) ; Estevenin qui meurt en 1458 ; ses fils, Guillaume, notaire de la grande cour de Be- sançon, éxécuteur testamentaire de Catherine de Vy, femme de Vauthier de Longeville, seigneur de Villers, en 1459 (6), annobli vers 1460, Jean (1479) et Pierre (1479) ; Guillauma, femme de Jean Perrenot. Les Grospain portaient: d'azur à la fasce d’or accompagnée de trois besans d’or posés deux et un. Leurs armoiries ornent le chapiteau du troisième pilastre de la neï dite de Granvelle, nef latérale droite de l’église Saint-Laurent, et l’une des cheminées de l’ancien hôtel-de-ville qui leur à appartenu. Les Chantrans du xve siècle sont : Estevenin (14092) ; Jean a —_——— ———————————————————————““—“ûÛ————————————"Û————— “ —————————" — …—— ——————————— ————— “cr (1) V. Lo., ibid., p. 2978 et 305. (2) V. GUILLAUME, loc. cil., p. GL. LOS) ID, 1b1d.. p.319. (DV. GOLLUT, loc. cit., p. 942. (5) Arch. d'Ornans. (6) V. GUILLAUME, loc. cit., p. 61. — 106 — (1404) ; Guillaume et Jean qui entrent, en 1430, au service de Louis de Chalon-Arlay (D ; Estienne, capitaine-châtelain d’Ornans en 1435 ; Jean, capitaine-châtelain, en 1449 ; Henri chevalier de Saint-Georges, en 1494. Ils portaient : de gueules à trois chevrons d'argent. Leur écu se trouve encore sur une porte d’une maison du xvi® siècle près de l’hôtel-de-ville. Jean Philibert, d’Ornans, écuyer, testa, en 1414 (). En 1469, Pierre Philibert, noble homme, est exécuteur testa- mentaire de Vauthier de Longeville avec Jean de Chassa- gone @). En 1470, Besançon Philibert son fils, est capitaine du château. Nous ävons vu Othe, Pierre et Jean Philibert être témoins, en 1480, de la remise des château, ville et sei- gneurie d’Ornans à l’écuyer Simon, Pierre et Besançon Phi- libert sont témoins, le 25 novembre 1484, du mariage de Jean de Scey, fils de Henri de Scey, seigneur de Fertans, avec Catherine, fille de Guillaume d’Epenoy, seigneur de Maillot (). Pierre Philibert était le beau-père de Pierre Per- renot. L’obituaire que nous avons déjà cité, donne, à la date de 1487, le nom de Vuillermette, femme de noble homme Hugues Philibert. Les Philibert, dont la famille s’est éteinte au xvi® siècle, portaient : d'argent à trois bandes de sable. Les Dammartin, dont il est parlé dans une des fondations d'Etennette de Bonnaire, femme de Jeannenot Chaudirier (6 février 4447), n’ont pas laissé grande trace dans les an- nales d’Ornans. Une prairie y porte encore le nom d’Oie- Dammartin. Les d’Andelot de Myon ont résidé à Ornans, où ils pos- sédaient un meix qui à longtemps porté leur nom et celui des Cléron. Ils tenaient ce meix des d’Ornans par Margue- rite d’Ornans, sœur des frères Jean d’Andelot, de Pontarlier (1) V. Ip., ibid, p. 416 et 487. C)ANPÉGUILLEAUME oc cul OP Np 2100! SIN ID bd. p6L: (4) V. Ip., tbid.. p. 198. — 107 — 4457 (1). Jean d’Andelot l’ainé est nommé dans deux titres des archives d’Ornans aux dates de 1479 et 1482 (?), et dans un des titres produits, en 1540, par Antoine Perrenot, sei- oneur de Granvelle, pour prouver sa noblesse G). Les d’Andelot portaient : échiquier d'argent et d'azur à un lion de gueules brochant sur Le tout, timbré et couronné d’or au léopard lionné de même. La famille Gonzel fait son apparition dans l’histoire d’Ornans en 1475, dans la personne de Guillaume Gonzel, commis à la recette. Les Gonzel, annoblis plus tard, por- taient : d'azur au chevron d'argent accosté de trois pommes dardées de même posées deux et une. A la même époque, on voit paraître dans les actes publics et privés, les noms de la bourgeoisie moyenne, Bidalot, Charmignev, Colard, Collot, Cuenot, Daguet, Dard, Dubief, Euvrard, Estevenon, Martel, Mercier, Oudot, Pernet, Sail- lard, Saulnier, qui existent encore pour la plupart. (1) C'est à cette succession qu'Ornans doit de compter parmi ses enfants Jean d’Andelot, baron de Jonvelle et seigneur de Myon, premier écuyer de l’écurie de Charles-Quint et commandeur de l’ordre d’Alcantara, dont la vaillance à Pavie est signalée par Gollut, ainsi que celle de son compa- triote Etienne de Grospain. — V. GOLLUT, Loc. cit., p. 1035. (2) « Noble homme Jehan d'Andelot..…. », « la terre noble homme d’An- delot.» (3) « Joannes d’Andelost, dicti loci…. » PLORA NEQUANIE BXSICOATA OU HERBIER DE LA FLORE DE FRANCHE-COMTE PUBLIÉ PAR MM. J. PAILLOT et X. VENDRELY. VIT. Séance du 9 février 1889. Liste du 15e fascicule. Collecteurs pour ce fascicule : MM. V. Humnicxt, V. Map1oT, J. PAILLOT, X. VENDRELY. Abrév. : $. — Haute-Saône, D. — Doubs, J. — Jura, B. — Ballon d'Alsace. 701. Ranunculus arvensis L. S. 716. Æthusa Cynapium L. SE 102. Corydalis lutea DC. S. nat. 717. Angelica Pyrenæa Spreng. B. 703. Fumaria officinalis L. S. 7118. Peucedanum carvifolium Vill. 70%. Viola elatior Fries. D. D. 105. Silene noctiflora L. S. intr. 119. Tordylium maximum EL S. 706. Malva rotundifolia L. S. 720. Caucalis daucoides L. S. 707. Rhamnus Frangula L. S. 721. Sambucus nigra L. S. 708. Trifolium patens Schreb. S. 122. Ptarmica vulgaris DC. S. 709. Dorycnium suffruticosum Vill. 723. Carduus Personata Jacq. S. D? 72%. Lappa minor DC. SE T0. Galega officinalis L. ID}; 725. Hypochæris radicata E. S. 711. Lathyrus Cicera L. D. 726. Phyteuma nigrum Schm. S. 112. Spiræa Aruncus S. S. 727. Campanula latifolia L. DE 713. Rosa Vendrelyana Humn. S. 728. Specularia hybrida DC. S. 450 bis. Ribes petræum Wulf. D. 64% bis. Gentiana Germanica Wild. 209 bis. Hydrocotyle vulgaris L. D. D. 711%. Sanicula Europæa L. S 29% bis. — campestris L. D. S. 729, Symphytum officinale L. D. 715, Œnanthe fistulosa L. — 109 — 130. Lithospermum arvense L. $S. 741. Allium Victorialis L. 182 7131. Hyoscyamus niger L. S. 742, Gymnadenia conopea R. Br. 732. Linaria striata DC. S. : S. 7133. Lindernia pyxidaria AIL $S. 743. Listera ovata R. Br. S. 13%. Salvia verticillata L. S. int. 744. Carex limosa L. S 735. Plantago arenaria W.-K. 7145. — depauperata Good. D. S. int. 746. Avena strigosa Schreb. S 7136. Rumex obtusifolius L. D 747, Molinia cærulea Mnrh. S 131. — arifolius All. (non L.) 748. Hordeum leporinum Link. S. D. int. 738. Polygonum Bistorta L. S. 149, Polypodium Phegopteris L. S. 739. Thesium pratense Ehrh. S. 750, Athyrium Filix fœmina Roth. 740. Alnus glutinosa Gaertn. S. S. Corrections. Mémoires de la Société d’Emulation du Doubs, 4e série, VIe volume : Page 79 (et tiré à part p. 7) n° 263. Carex diandra, lisez Carex teretius- 80 ( ( cula Good. p. 8) n° 299. Riccia eudich, lisez Aspienium vi- ride Huds. p. 8) n° 300. R. natans, lisez Allosorus crispus P P P P P Bernh. . 16) n° 333. Oxycc. volg., lis. Ox. palustris Pers. . 16) n° 358. Polyg. Lejeunii, lisez Pol. Michaleti Gren. . 16) n° 369. Rosa Kosinsciana, lisez Rosa ludi- bunda Gr., Paill. . Jo) n° 19 et bis. Supprimez : et bis. . 96) n° 75. Br. erythrocarpum, lisez Br. murale 4e série, VITIe vol., p. 520 et suiv. À No 51. Dicran. fulvum; lisez : Dicranella squarrosa Sch. Bonjeani ; lisez : Dicranella rufescens Sch. undulatum ; lisez : Dicranum Bonjeani De Not. heterom.; lisez : Campylopus turfaceus Sch. : à supprimer. No 55. Dicran. varium ; lisez : Fissidens decipiens De Not, N° 70. Crimmia ovata ; à supprimer. No 52. N° 53. N° 54. No 54 bis. No 71; lisez N° 72; No 73 ; No 74; — Wils. : 70, Rhacomitrium lanug. 71. Hedwigia cil. 72, Orthothecium anom. 78. diaphan. — 110 — No 75; — 74. Bryum bimum. Ajoutez 75. Bryum murale Wils. No 76; lisez : 79. Bartramia pomiformis L. N°79; — 80. — Œderi. No 80. Philonotis fontana ; à supprimer. N° SI. Polytr. strict.; lisez : Pogonatum alpinum Roehl. 4e série, Xe vol. Page 483 (tiré à part p. 43), ligne 12, colonne à droite, au lieu de 135, lisez 185. — — ( — p. —) n° 186. Andræa, lisez Andreæa. — 492 ( — p. 52), ligne 13, au lieu de : orateurs, lisez auteurs. 5e série, Ve vol. Page 68 (tiré à part p. 111), ligne 10 du bas, au lieu de : posillus, lisez pusillus. — (69 ( — p. 112), ligne 2, au lieu de : rotundoto, lis. rotundato. — — ( — p. — ), ligne 19, au lieu de : rutilis, lisez rutilus. 5e série, VII: vol. Page 164 (tiré à part p. 115), ligne 81 ; au lieu de Ehune, lisez Ehuns. — 165 ( — p. 116), ligne 8 ; au lieu de : port de Rupt, lisez fort de Rupt. — 166 ( — p. 117), ligne 7 du bas; au lieu de Chenetroye, lisez Chevétraye. — 17 — p. 123), ligne 20 ; au lieu de fructicosus, lisez fruti- COosus. À — 178 ( — p. 429), ligne 9; au lieu de : Wicum, lisez Wimm. — 180 ( — p. 131), ligne 17; au lieu de : nevulaefolium, lisez nevuliferum. — 184 ( — p. 135), ligne 11, au lieu de : macrustachya, lisez macrostachya. — 190 ( — p. 141), ligne 17; supprimez : istera ovata. — AN — p. 142), ligne % ; supprimez : Vesoul (Vendr..) et ajoutez : Lemna gibba. Vesoul (Vendr.). Quelques erreurs typographiques dans le numérotage des listes, comme 147 au lieu de 117, 242 pour 212, 399 pour 299, etc., seront facilement reconnues. Notes Sur dueldues espèces. 102. Corydalis lutea DC. — Cette plante, dont j'ai trouvé, il y a plus de 20 ans, une touffe sur les grèves du Rahin — 111 — (probablement échappée de jardin) et que j'ai plantée dans mon jardin, s’est semée de [à dans un vieux mur, où elle se propage et se reproduit chaque année depuis cette époque. 705. Silene noctiflora L. — Semée dans mon jardin, il y a quelques années, cette plante a couvert connut en 1888, un carré out. 108. Trifolium patens Schreb. — Découvert par M. Paillot en 1882, en compagnie du Doryenium fruticosum (n° 709) et du Medicago falcata, aux Essarts-Martin, près Velesmes (Doubs). 710. Galega officinalis L. \ V. Mém. Soc. d'Emul., 3° sé- ; rie, VILe vol., p. 469. TA. Lathyrus cicera L. et tiré à part, p. 120. 713. Rosa Vendrelyana Humn. — M. V. Humnicki, qui a nommé cette espèce, donne les détails et la description sui- vante (Nouv. supplém. au Catalogue des plantes vasculaires des environs de Luxeuil, 1884, p. 100 et 101) : Parmi les rosiers communiqués à M. Déséglise, il s’en trouvait un, sous le n° 48, qui m'a toujours paru très remar- quable et sur lequel cet éminent botaniste s'exprime ainsi : « J’ignore ce que peut être ce rosier. » Ceci doit être, pour moi, une raison suffisante de consi- dérer cette plante comme nouvelle, et n'ayant pu trouver de description qui puisse lui convenir, je la présente ici sous le nom d’un botaniste....., en souvenir d’une herborisation faite en sa compagnie et pendant laquelle nous avons trouvé ce rosier le 9 juin 1880. Rosa Vendrelyana. — Arbrisseau de 2 mètres à peu près délévation. Tige à écorce grisâtre, les anciennes à aiguil- D] (œ] lons robustes, triangulaires, terminés brusquement en pointe irès courte inclinée ou crochue. Stipules étroites à oreillettes droites longuement cuspidées, denticulées-glanduleuses et ciliées aux bords, glabres en dessus, glabres ou glabres- centes en dessous ainsi que les bractées. Pétioles velus, glanduleux, aiguillonnés. Folioles fermes, pétiolulées, sim- — 112 — plement dentées à dents très calleuses, elliptiques-ovales, aigues, velues et d’un vert-jaunâtre à nervures fortement saillantes en dessous, glabres et d’un vert sombre en dessus. FI. solitaires où en corymbes souvent très fournis. Pédon- cules assez longs, hispides glanduleux. Calice oblong, glan- duleux-hispide à la base. Sépales pennatisèqués, hispides glanduleux à lextérieur, à divisions longuement linéaires, souvent imcisées-dentées, plus longs que les pétales, ne persistant pas sur le fruit. Pétales d’un rose très pâle blan- chissant promptement avec l’âge. Disque conique fortement saillant. Styles très glabres. Fruit médiocre, oblong pyri- forme ou elliptique, commençant à jaunir vers les premiers jours de septembre et devenant rouge à la maturité. (Les fruits récoltés en 1880 et ayant passé l’hiver sur la tige, sont d’un rouge vineux et absolument lisses et luisants, sans le moindre ride.) — Juin. Dambenoit, au pied du coteau Haut des Vignes, broussailles et haies À. R. Coteau de la Grande- Brosse, près Villers-les-Luxeuil, versant nord. R. 450 bis. Ribes petræum Wulf. — De Nans (Doubs) (Paillot), localité exceptionnelle quant à l'altitude (450"). 719. Tordylium maximum L. — Nouveau pour la Haute- Saône, probablement introduit : haie bordant un champ de -luzerne à Jussey (V. Madiot). 1927. Campanula latifolia L. — J'avais déjà récolté quel- ques échantillons de cette plante dans l’escarpement Est du Ballon de Servance et dans les escarpements Nord du Bal- lon d'Alsace. Je l’ai trouvée très abondante, en 1885, dans le ravin du chemin Godignon près du Col du Stalon. 133. Lindernia pyxidaria All. — Deuxième localité pour la Haute-Saône. Bords de l'étang Beuchot près Luxeuil (V. Humnicki, 1885). 734. Salvia verticillata L. — Introduit sur le remblai du chemin de fer à Champagney, où il persiste depuis plusieurs années. 735. Plantago arenaria W. K. — Nouveau pour la Haute- — 115 — Saône, introduit : sur la voie ferrée à Montureux-les-Baulay (V. Madiot). 141. Allium Victorialis L. — Ballon d'Alsace (ou de Giro- magny) où il est déjà signalé par Mougeot, et où il occupe une station restreinte dans les escarpements du Nord. Indi- qué par M. Renauld (Cat. Haute-Saône) dans la haute vallée du Rahin (Poulet?). M. Poulet (d’après He ne lY à jamais trouvé. 146. Avena strigosa Schreb. — Plante nouvelle pour le Catalogue de la Haute-Saône. Introduite dans les champs d'avoine. Parmi les autres plantes rares ou nouvelles à signaler dans _nos limites, nous citerons : 4° Au marais de Saône : Œnothera biennis L., Hydroco- tyle vulgaris L. (n° 209 bis F1. sequan.), Hieracium paludo- sum L., Narcissus pœticus L., Sphagnum subsecundum , Sorghum halepense, Gatabrosa aquatica (déjà indiqué par Grenier) (Paillot). 20 Autres localités du Doubs : Sisymbrium Columnæ. — Naturalisé sur les glacis avec Polyenemum majus, Cynodon Dactylon, Ranunculus ma- crophyllus (P.). Anthyllis montana L. — Découvert sur les rochers de la citadelle par M. Darçot fils et où M. Paillot l’a constaté. Veronica Buxbaumii Ten. — Très commun aux environs de la ville, où il fleurit toute l’année (P.). Veronica polita Fries et V. agrestis L. — Communs tous les deux, le second plus particulièrement, sur les terrains siliceux (P.). VALLISNERIA SPIRALIS L. — Dans le Doubs en aval de la ville (M. Paillot, septembre 1886). M. Déséglise (in litteris _ 1868) m'annonçait la découverte de cette plante dans la Saône, à Gray. 8. — À14 — Scheuchzeria palustris L. — Tourbière du Bélieu (où ne l'indique pas M. Contejean) (Paillot). Catabrosa aquatica P. B. — Abondant dans les fossés à Bonnal, Thieffrans (P.) : Asplenium adiantum nigrum L. — À Besançon, au Mont de Bregille (Bavoux) et à Laissey (P. et V.). 3° Haute-Saône : . Lemna gibba L. — Vesoul (V. 1874). Par suite d’erreur de copiste, la localité de cette plante a été mise sous le L. po- lyrhiza. (Voir les corrections.) Avis aux botanistes de Franche-Comté. L’Herbier dont nous avons commencé la publication en 1868-69 n’a compté jusqu’à ce jour parmi ses collaborateurs ou collecteurs de plantes, qu’un très petit nombre de bota- nistes franc-comtois. Malgré des empêchements divers, nous sommes néan- moins parvenus à publier 750 espèces phanérogames de notre Flore, dont 83 en bis (ou de localités différentes) et en outre 200 cryptogames (mousses et hépathiques) avec 78 bis. Pensant que cette publication a son utilité, nous désirons activer le plus possible la récolte de toutes les espèces et nous faisons appel à tous les botanistes de notre région, en leur rappelant ici les conditions de collaboration. Chaque botaniste qui fournit en 55 exemplaires, 5 espèces non encore publiées et même communes (mais convenable- ment échantllonnées et préparées), a droit à un fascicule de 90 espèces et à la notice correspondante. Les botanistes qui préféreraient acheter ces plantes paie- ont 6 fr. le fascicule de phanérogames, et 4 fr. le fascicule de cryptogames. On pourra aussi les donner en échange de publications analogues. — 115 — Il reste encore disponibles quelques exemplaires des fasei- cules publiés (sauf des trois premiers qui sont épuisés). Champagney le 30 janvier 1889. X. VENDRELY. ORIGINE DU SURNOM DE CHR YSOPECORE DONNÉ A LA VILLE DE BESANCÇON A PARTIR DU NEUVIÈME SIÈCLE (1) Par M. Auguste CASTAN CORRESPONDANT DE L'INSTITUT (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) Séance du 14 janvier 1888. Ceux qui connaissent les monuments écrits de l’histoire de Besançon savent que, pendant plusieurs siècles du moyen âge, cette ville a été fréquemment appelée Chrysopolis, dé- nomination empruntée à la langue grecque et signifiant Ville d’or. Le plus illustre des archevêques de Besançon, Hugues de Salins, qui pontifiait dans la période moyenne du xr° siècle, faisait inscrire le mot CRISOPOLIS au revers de ses mon- naies (?) et joignait fréquemment à son titre d’archevêque le déterminatif CRISOPOLITAN VS 6). Sur le sceau qui authen- (1) Cette dissertation a paru d’abord dans la Bibliothèque de l’Ecole des chartes (t. XLIX, 1888). Nous la réimprimons ici, en raison de l’in- térêt qu’elle présente au point de vue local, après y avoir fait quelques additions. (2) PLANTET et JEANNEZ, Æssai sur les monnaies du comté de Bour- gogne, 1855, in-#, pl. IL, fig. 1. (3) C'est également par son surnom que la ville archiépiscopale de Hugues le Grand se trouve désignée dans la première version de l’épitaphe du tombeau qui recouvrait les restes de ce prélat à Saint-Paul de Besan- con. Cette première version, différente de celle qui entoura plus tard l’image — 117 — tique l’un de ses actes les plus solennels, il est appelé CRI- SOPOLITANVS ARCHIP(ræ)SVL (1). Toutefois si, dans ce diplôme et dans plusieurs autres, Hugues de Salins s’intitule archevêque de la sainte Eglise crisopolitaine, il conserve habituellement à la ville son vieux nom géographique, se servant, pour dater ses actes, des formules : Acta Vesun- ii (2), Actum BisuntiiG, Acta Bisuntio (1). Une exception cependant est à signaler ; elle concerne un acte du même archevêque où se lit la formule : Hacta Crisopoli 6). D'autre part, Hugues de Salins usait, pour sa juridiction métropoli- sculptée de Hugues le Grand, avait été consignée sur un manuserit du onzième siècle, provenant vraisemblablement de l’abbaye bisontine de Saint-Paul, et entré à la Bibliothèque nationale, après avoir fait partie de la collection Libri (Nouv. acq. lat. 448). Le texte ainsi conservé a été pu- blié en ces termes par M. Léopold DELISLE, dans son beau Catalogue des manuscrits des fonds Libri et Barrois (p. 38) : EPITAPHIUM HUGONIS BISUNTINI PRESULIS. Lux clero, populo dux, pax miseris, via Justo Fulsi, disposui, consului, patui. Præsul Crisopolis post ter denos ego nonus, Cum restent julii quinque dies obüi. Dans la seconde version, gravée lors d’un renouvellement de la tombe au quatorzième siècle, le mot Crisopolis a été remplacé par Bisunticus. Un fragment de cette épitaphe renouvelée est au Musée des antiquités de Besançon. Le texte en a été donné par J.-J. CHIFLET ( Vesontio, II, p. 222), par Dunop (Histoire de l’Eglise de Besançon, t. I, p. 105), et par M. Hau- RÉAU, dans le t. XV, col. 36, du Gallia CR (4) Ce sceau, apposé en placard au bas d’un diplôme conservé aux Ar- chives du Doubs et qui parait remonter à l’an 1036, est le plus ancien mo- nument de la série épiscopale des sceaux dont il existe des empreintes dans les dépôts d'archives de France. J’en ai publié pour la première fois l’image dans la Revue archéologique (1re série, t. XII, 1855, pl. 263). Depuis, il en à été donné d’autres dessins par Edouard CLERG (Essai sur l’histoire de la Franche-Comté, t. I, 2e édit., 1870, p. 280) et par M. Jules GAUTHIER (Mémoires de l'Académie de Besançon, année 1878, p. 198). (@) Duxon, Hist. de l'Eglise de Besançon, t. [, preuves, p. XXXVI. @)bid., p. 1. (4) GRANDIDIER, Hist. d'Alsace, t. I, pièces Justif., p. CCXLIV. (@)/Tbid,, D. CCXLII. — 118 — taine, d’un sceau qui lui donnait la qualité de BISVNTIEN- SIS METROPOLITANVS (D. On peut estimer ainsi que, même à l’époque où le surnom de Chrysopolis était le plus en vogue pour désigner Besançon, le vieux nom de la ville, plus ou moins déformé, conservait toute sa valeur géogra- phique, et que Chrysopolis était, relativement au mot Veson- tio, ce qu'est encore la qualification de Ville éternelle, qui alterne si fréquemment avec le nom de Rome sans jamais l'éclipser. Ce surnom de Chrysopolis, qui fut surtout en honneur à l’époque de la plénitude du pouvoir temporel des archevêques de Besançon, a donné lieu, quant à la recherche de son ori- gine, aux conjectures les plus divergentes et parfois les plus étranges. Antérieurement aux chroniqueurs et aux historiens de la Franche-Comté, le narrateur légendaire de l'invention des reliques des saints Ferréol et Ferjeux, et celui des pérégri- nations fantastiques de l’évêque saint Antide, affirment que Besançon, appelée dès lantiquité Chrysopolis, devait ce vocable à la beauté et à l’inmportance stratégique de son site, ainsi qu'à la parure de ses monuments (°). La même explication se trouve dans la Vie de saint Desle, (1) Jules GAUTHIER, Note sur quatre sceaux des archevêques de Be- sançon, dans les Mémoires de l’Académie de Besançon, année 1879, DIN (2) « In civitate, quæ a temporibus antiquis Crysopolis appellata est : tanti enim cultus et ornatus extitit, ut de pulchritudine suæ formæ hoc nomen acceperit » (Inventio corporum SS. Ferreoli et Ferrucii, ap. Acta SS., juni t. I. p. 41). — « Urbs illa, a priseis Romanorum tribunis condita, tanta fertur floruisse fortitudinis et magnitudinis amænitatisque potentia, ut ceteris Galliæ urbibus pretiosior sit habita. Hoc autem quare antiquum sortita est vocabulum, vetusta pandit dignitas locique situs fir- mitas. Crysos namque dicitur aurum, Polis civitas, inde Chrysopolis civitas aurea. Merito quippe aurea, quæ sui naturalis situs inexpugnabili perstat constantia, cum ipsius pæne cuncta manustructa, non hostili vio- lentia, sed suæ vetustatis mollilie sunt dilapsa mœnia » (Acta dre 5. Aa. ap: Acta SS., jun. t. V, p. 42). 27. RPM TRS Nan — 119 — disciple de saint Colomban et fondateur de l’abbaye de Lure; elle y est en contact avec un rapprochement dont la bizar- rerie pourrait servir à caractériser l’ingéniosité de l’esprit monacal au dixième siècie. L'abbaye de Lure était une éma- _ nation de celle de Luxeuil : or le biographe de saint Desle tint à ce que le nom de cette métropole monacale eût une signification mystiquement flatteuse ; il obtint ce résultat par une simple coupure opérée dans le nom qu'avait porté la ville romaine dont l’abbaye occupait emplacement. La syl- labe lux, isolément prise, est un mot latin qui veut dire lumière ; ovium est le génitif pluriel du mot ovis qui signifie brebis. De là le sens mystique de lumière des brebis, attribué aux deux tronçons du vocable de la plus illustre des abbayes du ressort diocésain de la ville qui était elle-même décorée du surnom de Chrysopolis (l. Naturellement disposé à réagir contre les mièvreries mo- nacales, le secrétaire et l’ami d’Erasme, Gilbert Cousin, de Nozerovy en Franche-Comté, ne manqua certainement pas de flair lorsqu'il vit un simple ornement de langage dans le mot Chrysopolis employé par un poète du douzième siècle pour désigner la ville de Besançon : il déclarait toutefois ne pas savoir depuis quelle époque cette élégance géographique était en usage (2. Une telle réserve ne pouvait faire ménage avec l’érudition (4) « Est namque civitas ibi antiquissima et quondam imperatoriæ spe- cialitati satis decentissina, quæ ob fulgorem situs et irriguum opinatissimæ municionis girum Frigio vocabulo Crysopolis per multas temporum revo- lutiones nuncupabatur; cujus æthymologiam nominis Romuleus sermo sonat Aurosam urbem ; quæ post casu quodam agente Bisontia est vocata. — Est nempe in territorio antefatæ civitatulæ locus admodum spiritalis, situs in ipso margine Vosagi saltus, eui ob experimentum plurimarum virtutum aptissimum est inditum vocabulum ; appellatur quippe spirita- liter Lux-ovium ; et quare, non renuo paucis explicare » (Vita S. Dei- coli, ap. Monum. German. histor. : script. t. XV, part. 2 p. 676. (2) « In iis locis est Vesontio..…. Ligurino autem, poetæ egregio et ce- lebri, in Œnobarbo, Chrysopolis ob elegantiam dicta fuit... Sed quando — 120 — romanesque du plus ancien des chroniqueurs comtois. On jugera de cette érudition par les lignes suivantes, emprun- tées aux Mémoires historiques de la République séquanoise : « Indubitablement ». écrivait Louis Gollut, auteur de cet ou- vrage (1), « Besançon hat estée longtemps avant la venue de Cæsar et des Romains, et florissoit desjà entre toutes quand Brennus passat à la guerre d’ftalie près de quatre cens ans avant l’eage de Cæsar. Et disent quelques-uns que Constan- tinople fut nommée Bisantium du nom de ceste-cy, par Go- montoire, roy de noz Senois, qui haïans combattu et haïans perdu leur roi Brennus devant Delphos (1800 ans avant que les Turez s’en feissent seigneurs) bastirent, tout au plus près de la ville, une place nommée Chrysopolis, comme nostre Besançon s'appelle, autrement. Et comme elle se trouvoit la plus forte place des Séquanois..., le gouverneur de la grande province séquanoise y logeoit et y recepvoit les deniers pu- bliques des gabelles et autres revenus que les Romains pre- noient, mesmement des mines d’or et d'argent qu'ilz fouil: lèrent pendant les cinq cens ans de leur empire : ce que pourroit estre cause du nom de Chrysopolis qui luy fut doné puis après, plus tost pour un épithète que pour nom propre ». Dans les lignes que nous venons de transcrire, un seul mot est à prendre en considération, celui de la fin : il est incontestable, en effet, que le surnom de Chrysopolis ne supplanta jamais le nom propre de Besançon. Jean-Jacques Chiflet, qui écrivit avec plus de ferveur pa- triotique que de sens réfléchi l’histoire de sa ville natale, ne propose pas moins de quatre raisons possibles du plus bril- lant des vocables employés pour désigner Besançon (©). Il se Chrysopolis dici cœæperit, certe ignoro ». (Brevis ac dilucida Burgundiæ Superioris, quæ Cormitlatus nomine censetur, descriptio. per Gilbertum COGNATUM, Nozerenum ; Basileæ [1552], in-8°, pp. 8-10.) (1) Mémoires de la République séquanoise, Dole, 1592, in-fol., p. #3. (2) Vesontio civitas imperialis libera. Lugduni, 1618, in-4° : pars prima, pp. 91-54, — 191 — pourrait, dit-il, que les saints apôtres Ferréol et Ferjeux, qui parlaient la langue grecque, puisque leur histoire légendaire les fait venir d'Athènes, aient employé le mot Chrysopolis en s’extasiant sur les beautés naturelles du site de Vesontio : cependant, ajoute bien vite Chiflet, des hommes morts au monde, obligés de se cacher dans des cavernes pour échap- per à la persécution, n'auraient guère été en situation de mo- difier le nom d’une ville. L'hypothèse des mines d’or se pré- sente ensuite à l'esprit imaginatif de notre historien : les écrivains grecs disent qu'il existait des gisements aurifères dans les Gaules, et plusieurs villes de l’Orient avaient été appelées Chrysopolis en raison d’un tel voisinage. L'une des villes ainsi nommées n’est pas loin de Constantinople, qui auparavant s'appelait Byzance : d’où il y aurait lieu de pen- ser, à la suite de Louis Gollut, que Byzantium et Chryso- polis étaient deux appellations corrélatives, et qu’elles avaient été transplantées depuis la Séquanie sur les rives du Bos- phore de Thrace par des Séquanes compagnons de Brennus. Enfin, ne pourrait-on pas supposer qu'au temps de la splen- deur romaine de Vesontio, les portes de la ville auraient été dorées, et que de là serait venu le surnom de Chrysopolis ? On comprend que nous n’usions pas de la liberté de choisir entre ces quatre étymologies. Leur ingénieux auteur n'avait lui-même de préférence marquée pour aucune d’elles : aussi, trois ans après la publication de son Vesontio, communique- t-il au public, dans sa dissertation sur le lieu où s'était tenu le concile d'Epaone (1), une cinquième induction concernant l’origine du surnom de Chrysopolis donné à Besançon. Cette induction, qui procédait de son docte ami Jean Savaron, est présentée par Chiflet comme une simple conjecture à ajouter aux siennes. Nous verrons plus loin qu’elle méritait d’être prise en plus sérieuse considération. (1) De loco legitimo concilii Eponensis observatio, Lugduni, 1621, in-#v, pp.410 et 11. — 1922 — Une preuve de la valeur de cette hypothèse ressort de sa concordance avec celle qu'émit plus tard, au sujet de la même question, Hadrien de Valois, l’une des gloires de l’érudition française au xvii siècle. Sans avoir eu connais- sance de l’idée de Savaron, l’auteur du Notitia Galliarum a Compris d'une façon très approximativement identique la solution du problème. Ce qu'il a écrit à ce sujet pourrait être. traduit dans les termes suivants : ÇIl y avait une monnaie d’or, à l’effigie des empereurs d'Orient, laquelle, du nom de Byzance, ou Constantinople, lieu de sa fabrication, était appelée par les Grecs byzantius ou byzantinus, et qui chez nous se disait un besan d’or. L’analogie qui existait entre le nom grec de la monnaie et celui de la ville de Byzance se retrouvait entre le mot besan, nom français de la monnaie, et celui de la ville de Besançon : on fut conduit ainsi à appeler Besançon la ville des besans, surnom qui avait pour équivalent grec Chrysopolis, ou Ville d’or (1) ». Le raisonne- ment analogue de Savaron est encore plus persuasif, comme nous le verrons tout à l’heure. Les solutions proposées par Savaron et par Hadrien de Valois n’eurent aucune influence sur les érudits de la Fran- che-Comté qui s’occupèrent après eux du problème. Le jésuite Pierre-François Chiilet, frère puiné de Jean- Jacques, préposé par Colbert à la garde du médaillier de (1) « Caussam nominis cum requiro, hanc reperio. Vesontionem Am- mianus Marcellinus Besantionem, Carolus Magnus Bisancion, Notitia quædam Gailliarum Besantiacum appellat, Nostri Besançon. Nummus autem erat aureus, a Byzantio seu Constantinopoli, ubi percutiebatur, Byzantius vel Byzantinus dictus Græcis, Nostris un Besan d’or, Impe- ratoris Orientis vultu signatus. Ut autem Besantio et Bisancio ad Byzan- Liumn huncce aureum vel (ut Nostri linguæ Græcæ ignari scribebant, Bi- santium, sic Besançon ad Besan proximé accedit. Inde facltum est, ni fallor, ut Nostri crediderint Besantionem vel Besançon idem esse, atque urbem Byzantioruin vel Bisantiorum, la ville des Besans, et ut ab aureis istis Græco nomine Chrysopolin, sive auream civitatem, appella- verint ». (Hadriani Varesir Notitia Galliaruin. Parisiüis, 1675, im-fol, 1, 6) pe = France, produisit, dans les dernières années de sa verte vieillesse, une dissertation par laquelle il essaya de démon- trer que la conversion de Constantin au christianisme s'était faite à Besançon. Pour ce motif la ville aurait éprouvé les bienfaits de la famille de Constantin, et Pierre-François _Chiflet en trouvait une preuve dans le surnom de Chrys0- polis donné à Besançon. En effet, une Notice des Gaules, publiée par Joseph Scaliger et cerüfiée par lui comme con- temporaine d'Honorius, renfermait le passage suivant : $Se- quanorum metropolis : civitas Crispolinorum, id est Veson- io. « Si, à cette époque reculée, les Bisontins étaient appelés Crispolins, leur ville devait se nommer Crispolis ou Crispo- polis (c’est-à-dire ville de Crispus, fils de Constantin)... mais l'ignorance des âges suivants fut séduite par l’idée de donner à ce nom un sens ayant de l’analogie avec léclat de Por, et l’on se mit à appeler Besançon Chrysopolis, c’est- à-dire Ville dor (1) ». La même doctrine fut réinventée ou simplement rééditée par le judicieux Dunod, fort mal inspiré en cette circonstance. « Crismolis », écrivit-il (2), « c’est au leu de Crispopolis, Ville de Crispus, en retranchant une Syllabe qui auroit mal sonné à l'oreille : d’où je conclus que c'est Crispus, fils de Constantin, qui a donné son nom à Besançon, comme Constantin a donné le sien à Bysance, appelée dès lors Constantinopolis ». Cette conclusion avait le principal tort d’être basée sur l’une des nombreuses inter- polations modernes d’un texte dont Hadrien de Valois avait hautement signalé la fausseté (3), (1) Petri-Francisci CHIFFLETI, Vesontionensis, dissertationes tres. Pa- . risiis, 1676, in-80. — De loco, tempore et cæteris adjunctis conversionis magni Constantini ad fidem christianam ; dissertatio IT, cap. IV : CA Crispo dicta Vesontio civitas Crispolinorum », pp. 182-184. @) Histoire du Comté de Bourgogne, t. 1, part. 4, pp. 115-116. (3) &« Hanc notitiam quam Scaliger cum veteribus codicibus collatun emendatamque esse putat... ego recentissimam ac mendosissimam judico ». (Notitia Galliarum, pp. 519 et 520.) — 19% — Si l'abbé Bullet est estimable comme théologien, il n'est qu'étrange comme linguiste. Son système sur la langue pri- mitive des hommes, dont l’idiome des Celtes aurait été le plus persistant des dialectes, lui permettait de résoudre sans hésitation tous les problèmes qui relèvent de la philologie. On à sa réponse à la question qui nous occupe. Pour lui, les Crispolini de la Notice falsifiée avaient un nom composé de deux mots celtiques : « Gris, qui dompte, qui dresse, Épol, Épolin, jeune cheval ; Crisépolin, qui dresse les jeunes che- vaux (1) ». Edouard Clerc homologua gravement cette expli- cation du surnom de Ghrysopolis donné à la ville de Besan- çon : il y vit une confirmation de ce qu'avait dit Lucain de l'aptitude des Séquanes au dressage des chevaux (®). La témérité de l’abbé Bullet fut compensée, sur le terrain de l’érudition franc-comtoise, par la circonspection du béné- dictin D. Berthod. Dans une note « sur le nom de Chrys0po- lis », qui fait partie d’une dissertation couronnée en 17646, le savant religieux établit que cette manière de désigner Besançon n’est pas antérieure au 1x° siècle. € Puisque le nom de Chrysopolis est si moderne », ajoute-t-il, « il semble qu’il ne seroit pas difficile de remonter jusqu'à son origine ; 1e dirois même ce que je pense à cet égard, si J'étois moins ennemi des conjectures étymologiques ; mais comme je ne veux point qu'on me reproche un défaut que j'ai combattu dans les autres, je me condamne au silence, me réservant la liberté de contredire tous les systèmes de ceux qui oseront Se Prononeer. Il me semble aussi que le nom ait été plutôt affecté à l'Eglise qu’à la ville; cette observation est facile à justifier. De là je tirerois une conséquence qui révéleroit l’origine du mot Chrysopolis ; mais je la renvoie à un autre (1) Mémoires sur la langue celtique, t. I, Besançon, 1754, in-fol., p. 139. (2) Essai sur l’histoire de la Franche-Comté, t. 1, 1840, p. 41. (3) Dissertation cowronnée en 1764, sur les différentes positions de la ville de Besançon, publiée, en 1839, dans les Documents inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comté, t. LI, pp. 224-348. — 195 — temps ». Je ne sache pas qu'à cet égard D. Berthod soit jamais sorti de sa réserve prudente. Il fut imité de nos jours par l’érudit Charles Duvernoy, qui, rencontrant « ce nom de Chrysopolis donné à Besançon », coupa court à tout com- mentaire par ce simple propos : « On n’en connait pas l’ori- gine (1) ». Les conceptions imaginatives rentrèrent en scène avec le capucin Dunand, fureteur infatigable, dont l’érudition con- fuse autant que variée récréait le lieutenant Bonaparte durant son séjour à Auxonne. Ce fut une dissertation sur l’origine du surnom bisontin de Chrysopolis qui, le 24 août 1774, servit au P. Dunand de discours d'entrée à l’Académie de Besançon (?). Le titre de cet ouvrage étant un résumé de la doctrine qui s’y trouve exposée, nous le transcrivons en ces termes : « Dissertation historique et critique qui a pour objet de prouver : 4° que le nom de Chrysopolis que cette ville a porté doit être lu ainsi, que sa date est du rx° siècle, qu'il s’éclipsa dans le x°, qu'il reparut avec toute sa splendeur dans le xie, et qu’il s’éteignit dans le suivant; que ce nom signifiant cité dorée, il n’a pu être donné à notre ville qu’en conséquence de la célébrité de ses écoles, surtout pour lélo- _ quence dont l’or fut toujours le symbole; 2° que le nom de Crispolis ou Grispopolis, appartenant à des pièces défec- tueuses et modernes, doit être absolument rejeté, surtout s’il est luy-même convaincu d’altération. » Le capucin Du- nand réfuta sans beaucoup de peine le jurisconsulte Dunod et implicitement le jésuite Chiflet, mais ce fut pour rem- (1) Regestes de Hugues Ie", archevêque de Besançon (1031-1066), dans les Mémoires de l’Académie de Besançon, année 1847, fase. 2, p. 119, note 2. (2) Deux copies autographes de cette dissertation se trouvent dans les Manuscrits du P. DUNAND, à la bibliothèque de Besançon, t. IV, fol. 221- 256. Le même dépôt en possède de plus une transcription comprise dans le recueil des ouvrages lus à l’ancienne Académie de Besançon, t. IV, fol, 72-10%. — 1% — placer un système à base caduque par un système à base imaginaire : en effet, à aucune époque de l'antiquité ni du moyen âge, les écoles de Besançon n’ont joui d’un renom capable de mériter à cette ville d’être qualifiée métaphori- quement de métropole de l’éloquence. Pour rendre complète cette revue des opinions émises sur les motifs du surnom de Chrysopolis donné à la ville de Be- sançon, je dois me citer moi-même, car, dans une disserta- tion écrite à l’époque où j'étais étudiant, et que la Revue archéologique voulut bien accueillir (l, je m'étais exercé déjà sur la question dont je reprends aujourd’hui l'examen. S1 je ne parvins pas alors à résoudre le problème, du moins j'en posai nettement les termes et me préparai de la sorte à reconnaître la valeur de la solution juste que je pourrais ren- contrer. Je crois avoir rencontré cette solution ; mais, avant de la faire connaître, je vais transcrire, en manière de pré- lude, mon exposé de 1855. « Si », disais-je alors, « nous essayons à notre tour d'aborder le problème, nous constate- rons tout d’abord que l'Eglise de Besançon n’a pas été appelée Chrysopolis antérieurement au 1x° siècle. Ce brillant surnom lui est donné pour la première fois peut-être dans une lettre de Louis le Débonnaire, adressée à l'archevêque Bernouin en 821 (2. L'empereur, en notifiant au prélat la défense faite par le concile de Nimègue d'élever à la prêtrise des gens de condition servile, accorde, à lui et à ses suffragants, le pou- voir d’affranchir les serfs qu’ils auront jugés dignes d’entrer dans les ordres. Voici la suscription de la lettre impériale : (1) Note sur le sceau de Hugues Ie, archevêque de Besançon, dans la Revue archéologique, 1*e série, t. XII, 1855, pp. 275-281. (2) Ce document à été publié par le P. Pierre-François CHIFLET dans l'ouvrage dont voici le titre : « Petri-Francisci CHIFFLETII, Vesontionensis, S. J. Presbyteri, Opuscula quatuor ; accessit Appendix de Goncilio Niu- magensi anni D CCC XXI. Parisiis, M. DC. LXXIX », in-80. — L’Ap- pendix, renfermant la lettre de Louis le Débonnaire, précédée d'une sup- plique du clergé de Besançon, occupe les pages 225-237. — 197 — Hiudowicus..… venerabili in Chrisio Bernowino, CRISO- POLITANÆ Ecclesiæ Archiepiscopo. À l’époque où fut oc- troyé ce privilège, la langue grecque était en grande faveur dans. le palais du fils de Charlemagne. Cette vogue durait encore sous Charles le Chauve, qui imposait le nom de Gar- lopolis à la ville de Compiègne récemment sortie de ses ruines (1). C’est sans doute à une gracieuseté semblable que la ville de Besançon dut son nom de Chrysopolis. Louis le Débonnaire, en la gratifiant de ce magnifique vocable, faisait allusion soit au bonheur qu’elle avait d’être gouvernée par un prélat issu du sang carlovingien (2), soit aux riches joyaux dont le testament de Charlemagne avait doté son Eglise (3)... Bernouin, flatté de la qualification pompeuse donnée par Louis le Débonnaire à son siège, dut en faire parade dans la suscription de ses actes. Ses successeurs l’imitèrent, et nous voyons, en 880, Thierry Ter, l’un d’entre eux, qualifié par le pape Jean VIII de sanctæ Chrysopolitanæ sedis archiepisco- pus 4). Quand arrive le xre siècle, le nom de Chrysopolis a presque totalement supplanté ceux de Vesontio et de Bisun- tium. Avec le xrre siècle, les chances retournent, et nos pré- laits ne donnent plus que rarement à leur église l’épithète de Chrysopolitana (5). Celle-ci ne disparaît pas entièrement, car nous la retrouvons, en 1335, dans le serment prêté à l’arche- _vêque Hugues VI par Jean, abbé de Faverney ». (4) « Karolus igitur Calvus..…. cum esset vir gloriosus..…. ædificavit in regno suo Compendium villam, et eam Karlopolim suo de nomine vocari _ præcepit. » (HUGONIS FLORIAGENSIS modernorum regum Actus, ap. PERTZ, Monum. Germ., script. t. IX, p. 377.) (2) Duxop, Hist. de l'Eglise de Besançon, t. I, p. 7. (3) Voyez mon opuscule intitué : la Table d’or de Saint-Jean de Be- | sançon, dans les Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, année | 1864, pp. 101-115. | (4) Joannis VIII ad Carolum Crassum epist. LIIT, ap. Scriptor . rer. francic., t. IX, p. 190. (5) Cependant deux membres du clergé de Besançon qui s'illustrèrent comme théologiens, au xr1e siècle, furent surnommés Ghrisopolitains, en conséquence du lieu de leur origine ou de leur fonctionnement. (Histoire — 198 — La lettre gracieuse de Louis le Débonnaire, qualifiant de Crisopolitana l'Eglise dont Bernouin était archevêque, avait été précédée d’une supplique adressée à ce monarque par le clergé de la même Eglise. Or l’épithète de Crisopolitana ne se trouve que dans la missive impériale : la supplique porte simplement : Sancta Vesontionensis Ecclesia. Dans ce con- traste d'expressions, je trouve un motif sérieux de croire que l’adjectif Crisopolitana fut un surnom de parade donné spon- tanément à l'Eglise de Besançon par la chancellerie de Louis le Débonnaire, monarque dans l’entourage duquel la langue grecque était en faveur. Mais ce surnom était-il, comme je le supposais il y a trente-trois ans, une simple métaphore de haute courtoisie, ou bien ce surnom procédait-il d’une para- phrase, en langue grecque, de la signification que semblait avoir, en langue romane, le mot Besançon, déjà très appro- ximativement formé ? Cette dernière opinion, à laquelle je me rallie, était celle que Jean Savaron, l'historien de Clermont- Ferrand, communiquait à Jean-Jacques Chiflet, et que celui-ci publait, à titre de cinquième hypothèse, dans un ouvrage où l’on ne s’aviserait guère d’aller chercher un tel rensei- gnement. « Une cinquième conjecture », écrivait Jean-Jacques Chi- flet (1), «me vient de mon ami le président Savaron,; selon lui, Vesontio aurait été appelée anciennement Chrysopolis par allusion au mot français Besanson, qui est presque Bezan sum, et semblerait vouloir dire : je suis monnaie d’or, je suis en or, je suis Chrysopolis ». littéraire de la France, t. XII, pp. 275-279. 484-486. — Ulysse ROBERT, Zacharie le Chrysopolitain, dans la Bibliothèque de l’École des chartes, t. XXXIV, 1873, pp. 580-582.) (1) « Addere potes quintam conjecturam, quæ est præsidis Savaronis, amici nostri . Vesontionem dictam per antiquos patres Chrysopolim a Gallici nominis allusione Besanson, quasi Bezan sum, quod sonare vide- tur sum nummus aureus, sum aurea, sum Chrysopolis ». (De loco leyr- timo concilii Eponensis, Lugduni, 1621, in-40, p. 10.) — 190 — La consultation dont le résumé précède existe, en original, dans deux lettres écrites par Jean Savaron, aux dates du 28 décembre 1618 et du 17 mars 1619. Jai retrouvé ces lettres, et je vais en extraire les deux passages concernant la ques- tion de Chrysopolis. «Je vous prie », écrivit d’abord Savaron, « ne point prendre en mauvaise part ma liberté, et trouver bon que je vous die ma conjecture pourquoy Bezançon est dite Chrysopolita ou Chrysopolitana civitas : Je pense que c’est à cause du Bezan d'or, et qu'il y a de l’allusion au nom, à l’esgard duquel je trouve que le pape Léon IX baptise Hugo, vostre arche- vesque, Crysopolitanorum archipræsul ». _ Puis, l’auteur du Vesontio ayant mal compris ce que son correspondant voulait dire, Savaron répliqua : « Je vous diray franchement que mon dessein n’est pas de dire que Bezançon ayt tré son nom de Bezan, car sans doute il vient de Vesontio ; mais je pense que Chrysopolis peut estre dicte de Bezançon, alludant au nom de Besan, lequel estoit d'or ordinairement : quasi Bezan sum. » Le besant, monnaie d’or à l'effigie des empereurs d’O- rient (l), avait été mis en honneur à la cour des Carlovin- giens par les ambassades, munies de riches offrandes, qui furent envoyées de Constantinople à Charlemagne et à son successeur (2). Cette monnaie acquit en Occident un tel pres- tige que son nom figurait, pour désigner les offrandes en espèces d'or, dans le cérémonial du sacre des rois de France (3). Guillaume de Nangis, qui était moine de Saint-Denis en France, (1) « (Franci) direxerunt itaque legationem suam Constantinopolim, quæ vocabulo antiquiori Byzantium dicta fuit : unde et adhuc monetæ civitatis illius denarios Byzanteos vocamus ». (BALDRICI, Historia Jerosolimitana. lib. I, c. xxv : Recueil des historiens des croisades, histor. occident., (IN, p.29.) (2) ErnHaRDI Vita Caroli Magni, ce. xvi; Annal. Francor., ad ann. 812, 814, 817. (3) LE BLANC, Traité des monnoyes de France, 1692, pp. 157-158. 9 — 130 — raconte, dans sa Chronique, que Charlemagne déposa sur Pautel de cette abbaye, à ütre de prestation d'hommage, quatre besants d’or (1). Quant à la forme du nom de ville qui se serait prêtée au jeu de mots deviné par Savaron, il y a toutes les présomptions possibles pour que cette forme ait existé dès le temps de Louis le Débonnaire : en effet, Am- mien Marcellin, parlant de Besançon, appelle cette ville Be- santio (?), un capitulaire de Charlemagne dit Bissancion (3), une monnaie au monogramme de Charles le Chauve porte en légende BESENCIONE CIVITAS (4). Rien donc ne con- tredit la vraisemblance du jeu de mots qui aurait engendré le surnom de Chrysopolis, et, au contraire, tout porte à croire que cette appellation provient de la subtilité d'esprit d’un clerc, amateur des élégances de style, qui, pour flatter un puissant prélat, sut trouver, au moyen d’un rébus ingénieux, l'expression grecque pouvant concorder avec le sens que paraissait présenter, dans la langue romane en voie de for- mation, le nom de la ville où pontifiait l'archevêque Ber- nouin. Conséquemment le surnom de Chrysopolis, signifiant Ville d’or, serait la traduction fantaisiste, en langue grecque, de deux mots besan sum (je suis besan, ou monnaie d'or), couple de mots résultant de la décomposition arbitraire du nom que portait déjà au 1x° siècle la ville qui s'appelle encore aujourd'hui Besançon. (1) « NANGIACUS, de Carolo Magno, anno 810 : Quatuor bisantios au- reos B. Dionysio super altare ipsius obtulit, in signum quod regnum Fran- ciæ a Deo solo et ipso sancto tenebat ». (Passage communiqué par SAVARON à Jean-Jacques CHIFLET, et cité par celui-ci dans le De loco legitimo con. cili Eponensis, p. 11.) (2) « Julianus per Besantionem Viennam hiematurus abscessit. » (AM- MIAN. MARCELLIN., lib. XX, cap. x.) (3) « Capitula missorum per missaticum Senonense (an. 802). — De Lin- gonis ad Bissancion ». (PERTZ, Monum. Germaniæ : legum I, p. 97.) (4) LE BLANC, Monnoyes de France, p. 125. — PLANTET et JEANNEZ, Monnaies du comté de Bourgogne, pl. IE, n° 13. DESCRIPTION DE LA MACHINE ROTATIVE À VAPEUR SYSTÈME MINARY Séance du 13 juillet 1889. Cette machine dont la figure À est une coupe verticale suivant AB et la figure 2 une coupe horizontale par les deux axes de rotation suivant CD, se distingue par son extrême. simplicité. Elle ne comprend en effet que trois organes mobiles dans l’intérieur de son bâtis, ce sont les deux sec- teurs-pistons S et S', et un arbre collecteur K. Le bâtis qui supporte et renferme dans son intérieur toute la machine, affecte la forme d’un solide creux, en fonte, dont la base rectangulaire «, b, ce, d, en forme de socle, se rac- corde en montant par des surfaces courbes à la forme cylindrique qui en constitue la partie supérieure e, f, g, h. Cette partie cylindrique porte un bossage en g, h, dans le trou duquel une douille en bronze alésée est fixée pour recevoir l'arbre collecteur K. Cette partie cylindrique du bâtis est renflée de chaque bout et ouverte de part en part dans un compartiment que forme en haut et de chaque côté le bâtis. Ce compartiment est de forme rectangulaire aux extrémités demi-circulaires ee, d'environ 0,7 centimètres de profondeur, dans l’intérieur duquel sont enfermés deux en- grenages de 027 centimètres de rayon et tournant l’un par l’autre, sur les deux centres de rotation 0 et 0'; à, 7, d, m, marquent le périmètre extérieur de ces compartiments , qu’entoure un rebord venu de fonte pour les fermer par des — 132 — fonds en fonte, n et n épais et fortement nervés pour résister à la pression de la vapeur. Ces fonds sont boulonnés et le joint mastiqué pour éviter toute fuite de vapeur. Une boîte à étoupes sur le fond x n que traverse l'arbre collecteur K, s'oppose aux fuites de vapeur autour de lParbre en rotation. Le milieu de la partie cylindrique du bâtis est alésé pour recevoir le cylindre à vapeur p, il porte à l’intérieur des oreillons pour arrêter le cylindre au moyen de boulons. Le diamètre de l’alaisage est plus faible d’un tiers de milimètre que celui auquel les nervures longitudinales du cylindre ont été tournées pour que cette parte du bâtis chauffée à 200 degrés environ , se dilate assez pour l'introduction du cylin- dre p dans son intérieur et que par la contraction qui résulte de son refroidissement, cette pièce soit fortement serrée par toute sa surface extérieure. Au sommet du bâtis, sur la partie renflée cylindrique est une tubulure pour l’arrivée de la vapeur; à la partie inférieure et à l’intérieur du bâtis est une tubulure qui correspond à. l’orifice d'échappement du cylindre à vapeur et sort par le devant du bâtis au-dessus du socle pour recevoir le tuyau qui conduit la vapeur détendue dans lPatmosphère. Le cylindre à vapeur p, dont la figure 6 donne deux coupes, est un tube cylindrique en acier coulé alésé inté- rieurement et dont la surface extérieure porte des nervures saillantes de 38m rèégnant sur toute la longueur du cylindre. Ces nervures ont pour objet, étant en contact avec la partie alésée du bâtis, de laisser circuler la vapeur tout autour du cyhndre p et de ses deux fonds, pour le maintenir à la tem- pérature qui correspond à la tension de la vapeur dans la chaudière et conserver ainsi à la vapeur qui travaille toute sa force élastique. La figure 2 indique suffisamment la forme des fonds qui ferment le cylindre de chaque bout. Ces fonds portent à leur circonférence des oreillons qui. se profilent sur les nervures du cylindre et qui servent à les fixer au moyen d’écrous se vissant sur les goujous — 133 — des nervures, ces oreillons réservent entre eux le passage de la vapeur. Le cylindre p porte deux orifices visibles Sur Ja figure 6, l’un pour l’admission de vapeur, l’autre pour échappement. SYSTÈME MOBILE. Jusqu'ici toutes les pièces décrites sont fixes et ne parti- cipent d'aucun mouvement. Les pièces mobiles sont au nombre de trois. Deux secteurs S et S'en acier coulé, venus de fonte avec un axe cylindrique comme lindique la figure 5. Dans le profil de cette figure, le secteur est coupé suivant le plan médian 8 8 mais l'axe n’est pas coupé et se présente en élévation . Les deux secteurs sont semblables , sauf que Pun porte au centre un petit tourillon cylindrique, lPautre au contraire est percé d’un trou et porte un petit manchon de bronze alésé dans lequel ce petit tourillon entre juste et tourne à frottement. Les deux secteurs SS’ mis en place dans le cylindre sont visibies dans les figures 2 et À et se joignent exactement. Ces secteurs sont creux pour les alléger et ils portent à leur face d'avant et à celle de derrière des segments en acier qui, poussés par des ressorts en hélice contre les parois de la zône annulaire, formée par les sur- faces du cylindre, des deux fonds et du moyeu des secteurs, ferment hermétiquement tout passage à la vapeur. Sur l'extrémité de l'arbre cylindrique de chaque secteur en dehors du canon du fond, qu'il traverse et dans lequel il tourne, est {ixé très solidement un engrenage de forme particulière, dit spiraliforme, dont nous allons parler un peu plus loin. Cet engrenage n'ayant aucun mouvement sur cet arbre, avec lequel il fait corps, comme s’il était de la même pièce que lui, mais que les nécessités du travail et du montage de la machine obligent seulement à séparer, sauf après montage, à le caler énergiquement et d’une manière inébranlable , nous engagent à considérer le secteur et son engrenage comme ne constituant qu'une seule pièce mobile. Nous en — 134 — faisons de même pour l’arbre collecteur en acier K. Cet arbre porte deux engrenages spiraliformes b b, calés en sens inverse l’un de l’autre, c’est-à-dire que le grand rayon de l’un de ces engrenages est dans le même plan passant par l’axe que le grand rayon de l’autre, mais diamétralement opposé au premier, comme le mortrent les figures 3 et 4. Cet arbre collecteur traverse une douille fixée dans le bossage 4, h du bâtis et porte un engrenage de chaque côté engre- nant avec ceux des secteurs. Ces engrenages doivent être calés invariablement sur cet arbre, et doivent être considérés aussi comme ne faisant avec lui qu’une seule pièce. Les deux secteurs tournant dans lPimtérieur du cylindre entre ses fonds, les arbres des secteurs tournent à frotte- ment doux dans les douilles en bronze dur que les fonds portent à l’intérieur de leurs canons et c’est par les variations de grandeurs des espaces vides, laissés entre les secteurs dans la zône annulaire du cylindre et des fonds, résultant des variations de vitesse relatives des secteurs, que cette machine se transforme en une sorte de pompe et peut aspirer et refouler un fluide quelconque ou recevoir le mouvement de rotation de ce même fluide, sous pression, quel qu'il soit, eau, air OU vapeur. Cest à l’aide des engrenages spiraliformes que les sec- teurs, au lieu de se mouvoir d’une vitesse uniforme dans le cylindre, comme ils le feraient si les engrenages étaient circulaires, se meuvent au contraire avec une vitesse régu- hèrement croissante pendant la moitié d’une rotation et régu- lièrement décroissante pendant l’autre moitié. De ces variations de vitesse résultant alternativement des rapprochements des deux secteurs d’un côté, pendant qu'ils s’éloignent du côté opposé, l’espace moyen qui les sépare quand ils sont diamétralement opposés comme dans la fig. 1 et dont la valeur est de 98° d’arc, se réduit à zéro lorsque les secteurs sont en contact comme dans la figure #, tandis que du côté opposé l’intervalle mesure un arc de 196°. Ces — 135 — variations de volumes donnent lieu soit à une aspiration d’un côté et à un refoulement de l'autre, soit à la rotation des secteurs sous la pression de la vapeur, qui pénètre par l'orifice d'admission, par l’inégalité des moments d'inertie des deux secteurs, inégalité qui résulte des rapports de longueurs des rayons d’engrenages, qui établissent entre eux des moments de force très variés ainsi qu’on le verra plus loin. ENGRENAGES SPIRALIFORMES. Ces engrenages sont ainsi nommés parce que la ligne de travail des dents, au lieu d’être une circonférence, est une courbe qui a les apparences de la spirale, bien qu’elle en diffère essentiellement. La spirale, en effet, est une courbe qui tourne dans un plan autour d’un point fixe et dont la distance à ce point s’accroit d’une quantité égale, pour un angle égal décrit. La spiraliforme est aussi une courbe qui dans un plan tourne autour d’un point fixe et s’écarte de ce point d’une égale quantité, mais pour un are égal décrit. Dans la spirale tous les angles at centre sont toujours égaux, mais les arcs décrits sont de plus en plus grands. Dans la courbe spiraliforme, les arcs décrits sont toujours égaux, mais les angles qui leur correspondent deviennent de plus en plus petits à mesure que les rayons s’accroissent. Les engrenages spiraliformes de la machine de l’exposi- tion que nous décrivons sont construits avec un rapport des DO à | | rayons 1 c’est-à-dire que le plus petit rayon des dents étant de 60 millimètres, le plus grand rayon est de + 200 3.333 200 millimètres, de sorte que ce rapport ST an FER ù es Le diamètre de ces engrenages R + > — 200 + 60 —260mm, L’excentricité est égale à 200 — 60 — 140", Le nombre de dents de l’engrenage est de 48. Or le périmètre est formé de — 136 — deux courbes spiraliformes égales, mais symétriques, qui, partant du même point situé à l’extrémité du petit rayon +, se dirigent en sens inverse l’une de l’autre et vont se re- joindre à lextrémité du grand rayon PF, c’est-à-dire allant d’une extrémité à l’autre du diamètre. Le demi-périmètre porte donc 24 dents, et l’excentricité étant de 140 millimètres, la quantité dont les rayons s’ac- croissent à chaque dent depuis 0 où le rayon r = 60m est de Due omm 833. Le rapport de longueur du demi-péri- mètre au diamètre a été trouvé expérimentalement ; il est de 1,4769, soit 260mm S< 1,4769 — 0,384mm, qui est la longueur de ce demi-périmètre. Par conséquent le pas de l’engrenage 384 Et mn) est de oz = om, Ces engrenages ne peuvent engrener et tourner ensemble 1 #48 FE ANT ENTER MP ET NE — 137 — qu’à la condition seule que la somme des rayons des deux dents en prise soit égale à R + r, c’est-à-dire à 200mm EL 60 ou 260 millimètres ; c’est la distance des deux centres de ro- tation. En effet, si cette somme des rayons est plus grande, les dents butteront au fond avant d’être sur la ligne des centres et ne passeront pas ; Si au contraire cette somme est plus petite que R + r, les dents dégrèneront et n’entreront plus en prise faute de longueur. D’après cela, on reconnaît facilement que l’on ne peut obtenir par engrènement la rotation simultanée d’engre- nages de ce genre qu'à la condition que ces engrenages soient égaux en dimensions, ou plus exactement de même modèle. Car puisque la distance des centres est invariable et égale à la somme À + +, les rayons des dents homologues des deux engrenages doivent être égaux et complémen- taires tous de leurs rayons homologues. Le même nombre de dents doit exister sur chaque demi-périmètre pour que le grand rayon de l’un corresponde toujours au petit rayon de l’autre, et que les accroissements des rayons de l’un corres- pondent également aux décroissänces égales des rayons de l’autre. : Chaque secteur porte sur l’extrémité de son tourillon un engrenage spiraliforme dont le grand rayon À se trouve dans le plan qui, passant par l'axe du tourillon, divise en deux _ parties égales le secteur-piston. La partie de ce plan qui divise ainsi ce secteur est le plan médian. Les deux engrenages spiraliformes qui sont fixés sur Varbre collecteur ont leur grand rayon dans un plan passant par axe de cet arbre, mais l’un d’un côté de cet arbre, l'autre de l’autre, ils sont donc diamétralement opposés l’un à l’autre, mais dans le même plan. Ces engrenages étant calés à distance l’un de l’autre pour pouvoir engrener avec les engrenages des secteurs, l’un d’un côté de la machine, l’autre de l’autre, établissent donc par leur double engrène- ment une liaison entre les secteurs. Cette liaison n’est pas — 138 — invariable, quoiqu’effective, rigoureuse et incessante, elle détermine elle-même des variations dans les positions res- pectives des secteurs pendant leur rotation dans le cylindre à vapeur, variations qui, de 0 quand ils sont en contact par une de leurs faces, atteint jusqu’à 196° dans leur plus grand écartement. L'effet de ces engrenages étant de communiquer des vitesses variées à chaque secteur, dans le rapport de 1 à 11,11 et de 11,11 à 1 dans une rotation entière, et ces va- riations étant inverses l’une de l’autre, quoique le sens du mouvement soit le même pour les deux secteurs, il s'ensuit que quand la vitesse de l’un décroit de {1 à T, la vitesse de l'autre croit en même temps de 1 à 11, ce qui fait que l’un des intervalles compris entre les secteurs dans la zone annu- laire du cylindre à vapeur diminue jusqu’à O0 valeur, tandis qu'en même temps l’autre intervalle, qui a commencé à 0, atteint jusqu'à 3600 — 164 — 1960 d'écart. Ces variations résultent des variations de longueur des rayons des dents d’engrenages en prise. Admettons, par exemple, que le secteur 1, figure 3, ait une vitesse de 11,10, son engre- nage qui a la même vitesse de rotation commande par son petit rayon de 60mn Je grand rayon de 200%" de l’engre- nage du collecteur, la vitesse de rotation de celui-ci sera 200 HUM 60e > plus lentement que le premier secteur, et son deuxième en- grenage Commandant par son petit rayon de 60mm Je srand rayon de 200mn de l’engrenage du deuxième secteur, celui-ci aura donc pour vitesse de rotation d’après le même rapport 3,99 3,99 Si nous calculons les moments d'inertie des secteurs, nous arriverons aux mêmes résultats, puisque ce sont les rayons qui sont les leviers, et l’on trouve pour la position extrème, figure 3 et figure À, le moment d'inertie du secteur 1, P étant la pression de la vapeur sur la surface du secteur, P X< 3,333 — 3,933. Ce collecteur tournera done 3,33 fois — À, tandis que le premier a pour vitesse 11,10. — 139 — <<. — À < 1110, et pour le secteur 2, son moment d'inertie sera P © 1 dans cette position. Afin de calculer les moments d'inertie des deux secteurs dans toutes les positions qui correspondent à la mise en prise de chaque dent d’un demi-périmètre, nous avons fait le ta- bleau ci-après dont la 1r° colonne contient les numéros d'ordre des dents sur un demi-périmètre, la 2 colonne donne les longueurs des rayons à partir du plus petit 60m jusqu’au plus grand de la 24e dent, et qui a pour valeur 200mm, La 3° colonne donne les carrés de ces rayons, puisque les sec- teurs sont reliés par .-deux paires d’engrenages qui multi- plient tous les rapports par eux-mêmes, ou autrement dit le carré des rapports. La 4° colonne contient la réduction de tous ces carrés à une plus simple expression, en divisant tous les nombres par 3600, ce qui ramène à l’unité le pre- mier carré. La 9° enfin donne les rapports des moments dinertre de l’un et de l'autre secteur. Un dernier tableau donne l’excès des moments d'inertie de l’un des secteurs sur l’autre, qui est l'expression de l’ef- fort réel, de la puissance développée en chaque point sur les secteurs et qui, sauf les frottements et résistances nuisibles, est utilisable sur l’arbre collecteur, qui transmet au dehors la force motrice. — 140 — l pa 3 & 5 Moment Numéros Longueur Carré d'inertie. Rapports Réduction au | des moments des dents. des rayons. |des longueurs. 1 : : “3600 d'inertie. millimétres. 0 60, » -_ 3600 15 0,090 sl 69,83 4338 1,20 0,114 9 71,66 5135 1,49 0,144 3 771,49 6004 1,66 0,185 À 89,92 6942 190 0,219 5 89,17 7951 9,90 0,271 6 95, » 9095 9,50 0,331 ï 100,83 10166 9,89 0,401 8 106,66 11376 3,16 0,485 9, 11229 12699 3,02 0,582 10 148,39 13999 3,88 0,696 41 194,15 15413 4,98 0,835 19 199,98 16894 4,69 de 13 135,80 18439 5,19 1,196 14 144 ,64 20061 5,57 1,435 15 447,47 91747 6,04 1,715 16 153,18 23463 6,51 9,060 47 159,01 95984 7,02 9,189 18 164,84 97172 7,54 3,016 19 170,67 29198 8,09 3,070 90 176,50 31459 8,65 4,552 91 189,33 39944 8,95 5,391 29 188,16 30404 9,83 6,920 23 194, » 910639 10,45 8,941 24 200, » 40000 AA 41,100 Les nombres de la 5° colonne sont obtenus par la division du {terme par le 24°,du 2° par le 23%et ainsi de suite: 0 2 ainsi Ti — 0,090, EE — 0,114, etc. jusqu à l'extrémité 10,45 11,10 dut € 7 = =. = se oulona ses 8,941 et 1 11,10 Ces nombres expriment les rapports des moments d'inertie des deux secteurs dans toutes les positions qui correspondent aux dents en prise avec les engrenages. — 1 — Le tableau ci-dessous donne les excès des moments d'inertie d’un secteur sur autre dans toutes ces positions. 4 moins 1 —. 0 équilibre. Point mort. 1,196 — 0,835 — 0,561 1,435 — 0,696 — 0,739 1,715 — 0,582 — 1,133 2,060 — 0,485 — 1,575 2,489 — 0,401 — 2,088 3,016 — 0,331 — 2,685 3,076 — 0,271 — 5,405 4,559 — 0,919 — 4,353 9,391 — 0,185 — 5,206 6,920 — 0,144 — 6,776 8,941 — 0,114 — 8,497 14,10 — 0,090 — 11,010 Ajoutons encore quelques détails pour compléter cette description et expliquer le fonctionnement de cette machine rotative. L’angle plan donné aux secteurs n’est que de 80 degrés, bien que l’angle déterminé par les engrenages spiraliformes 2 F5 convient que les secteurs ne se touchent pas au point mort, c’est-à-dire sur la ligne des centres 0 0’. Il est nécessaire de laisser en ce point un espace angulaire libre de 6° pour y loger le résidu de vapeur détendue qui est resté entre les secteurs après l’obturation de l’orifice d'échappement à 45° du point mort. Cette vapeur se comprime entre les surfaces des secteurs qui se rapprochent et elle remonte à la pression de la vapeur qui vient du générateur. L’orifice d'admission s’ouvre à 3 degrés de point mort ou du point zéro degré, et s’étend jusqu'à 23° de ce point. Avec cette longueur d'arc l’admission ne fournit qu'un dixième du volume que les secteurs pourraient consommer, ce qui R sd | ne construits d’après le rapport — — , Soit de 86°, mais il r 6 — 1492 — revient à dire que la détente est au dixième ou en dix fois le volume. Une disposition très simple permet de prolonger l’admission à tous les degrés depuis 23° au 53° ce qui cor- respond presque au travail à pleine pression de la vapeur ou sans détente. DISQUE DE DÉTENTE. Cet effet est obtenu au moyen d’un disque rond encastré dans un des fonds du cylindre et contre la surface duquel les secteurs frottent comme sur la sur- face du fond. Ce disque est porté par une tige cylindrique qui traverse un support au delà duquel elle porte un engre- nage qu'une vis sans fin permet de faire tourner dans son encastrement. Ce disque est coupé suivant une ligne droite ; cette coupure laisse entrer la vapeur de l’enveloppe dans le cylindre à vapeur, de sorte que quand la partie droite de la coupure est dirigée sur le centre du cylindre à vapeur l’ou- verture du disque est comprise entre la ligne O® et la ligne 23° quand au contraire le disque est déplacé par une rotation d'environ 100° l'ouverture du disque s’étend de 0° jusqu’à 990, Dans la première position la détente de la vapeur est de dix fois le volume, dans la deuxième il n’y a presque plus de détente, l’admission de vapeur a lieu pendant les 96 cen- tièmes de l’ouverture des secteurs, c’est-à-dire qu’on peut la considérer comme fonctionnant à pleine pression constam- ment. Un indicateur actionné par la tige de la vis sans fin montre les divers degrés de détente qui correspondent aux diverses positions du disque. L’orifice d'échappement s’ouvre au 274° degré et s'étend jusqu'au 314. Les orifices d'admission et d'échappement — 143 — sont toujours découverts par l’arrête de la surface d’arrière du secteur qui marche en avant et les mêmes orifices sont toujours fermés par larrête de la surface d'avant du secteur qui suit le précédent. La vapeur du générateur arrive par la tubulure qui sur- monte le bâtis, elle pénètre dans son intérieur et remplit tous les compartiments en passant par les intervalles que laissent entre elles les nervures longitudinales du cylindre, elle enveloppe celui-ci et ses fonds, puis entrant par l’orifice d'admission elle vient exercer sa pression sur les deux sec- teurs. L’inégalité des moments d'inertie des deux secteurs détermine sous la pression de la vapeur le mouvement de rotation du système, le volume de vapeur, après avoir déve- loppé son travail et s’être détendu dans le plus grand écart des secteurs, s'échappe au moment où l’orifice d’échappe- ment est découvert et est rejeté dans l’atmosphère. Sous l'influence de la pression de la vapeur qui arrive: dans le cylindre, le secteur-piston qui possède le plus grand moment d'inertie des deux, prend le mouvement de rotation et entraine dans le même sens que lui, mais avec moins de vitesse, l’autre secteur malgré la pression que la vapeur exerce sur sa surface en sens contraire. Le premier point mort rencontré est franchi par la force vive du volant, mais au même instant le rôle des secteurs change : le premier, celui qui précédemment entraînait l’autre, est à son tour entraîné par celui-ci quand son moment d'inertie s’accroit successivement de 3,33 à 11,11, tandis que le premier décroit de 3,333 à 1 et remonte de 1 à 3,333 pendant que le deuxième décroit de 11,11 à 3,333, celui-ci ayant parcouru un arc de 188, l’autre un arc de 86». Après quoi se produit un deuxième point mort, où le rôle des secteurs change de nouveau et à la suite duquel chaque secteur répète alternativement les effets qui viennent d’être décrits. L'insertion forcée du cylindre à vapeur dans le bâtis, en même temps que l'inclusion dans un espace clos mais suffi- — 14% — sant pour la liberté des mouvements, de tous les organes mobiles de la machine , rendent inutiles les boîtes à étoupes et garnitures aux extrémités des tourillons des secteurs, en établissant presque totalement une égalité de pression en dehors et en dedans, qui réduit à néant les fuites de va- peur. Pour ne pas compliquer les figures, le système de distri- -bution du graissage n’a pas été représenté, la graisse fluide est amenée par les extrémités des tourillons des secteurs et est propagée de manière à lubrifier toutes les surfaces frot- tantes par de petits conduits, trous, ou gouttières convena- blement disposés. Il en est de même des robinets de purge à placer au bas des compartiments. Enfin nous n’omettrons pas de faire remarquer que les engrenages spiraliformes étant fortement excentrés n’ont pas leur centre de gravité au centre de rotation de l’engrenage, ce qui est sans inconvénient pour ceux des collecteurs qui sont calés en sens inverse et se font parfaitement équilibre l’un à l’autre ; mais les engrenages des secteurs ne sont pas dans ce cas et doivent être équilibrés avec soin au moyen de contre-poids solidement fixés sur leur moyeu et ramenant le centre de gravité sur le centre de rotation. DÉPENSE DE VAPEUR DE LA MACHINE ROTATIVE. La capacité de la zone annulaire dans laquelle circonvo- luent les secteurs, a pour volume la section du cylindre ; moins la section du moyeu multipliées par la distance des deux fonds. Soit — 7.06c2 — 78e? >< 10 — 6.280 centimètres cubes. L’angle minimum formé par les plans médians des sec- teurs, tel qu’il est déterminé par le jeu des engrenages spiraliformes ayant le rapport — = 5,355 est de 86 degrés. 18 one ER ETES s21b5p 99 272 fr 2n quo] suvrpou suO0fe1 SANS] JOEJUOD Ua PUOS SIN9729S So] ,0"0 S217U2 v9p C7 D) D 27P7narpuod1od UPS 7073077009 NP L'I P1FOUDIp Sp ANAANNNNS | w s?socdo Peur ruvIp quos S1172720S S/ / 2 x ,0 0 S?4u99 59p QUI] v} 2910 ne CHECUEE 71 PSE 2LFPUUD7P Ci N | ape TV renms | e[217184 940) | M RE CR Ro ir 2 ee LS lose L EU SI PET VAN 2U2184S MAAAVA V'AALLYLOM ANIHOV MER PCR LE CS CAT ie AA ue Dar SO ET TE DR AE nie HN hole £a : e KDE dé te RP ke ai ra M NS do DEL APT PRE SEE SEEN GILLES UN #7 EU Te à nn mt + € End tn PE AN et té 7 08 M ur ge £ ni ET PIE) Ua PME 1e CK x FE LE + RER PET ATE MAT TELIEUE DaFGe r Ur PAST ARE" Ferre RE AR RS ES Are 27 L t Le n LS PE è Û . + L s k ne Sn equeuss | æprrarpure d. ed ï # Dre spurgf> , SSXIXIXIKK 1? Aacmr0 #4 ù ï e ne ge qu EA ms UD Are] < SD IR » IN mr Te ÈS 2 FT TOR nee | | ‘unogses T1, p> 72] MAP eroreA 91T M se AA JU DAUS — 145 — Il en résultefait, si les secteurs avaient le même angle, que lorsqu'ils sefaient en contact l’un avec l’autre sur la ligne des centres, l’espace annulaire resté vide de l’autre côté serait de 360 — (2 >< 86) — 188° comme le montre la figure 4. Cet espace se produisant deux fois par tour du collecteur, le vo- lume engendré par les deux secteurs est de 188 ><92 — 3766. Ce volume est à la capacité entière de la zone annulaire comme 376 est à 360. 376 360 6556 centimètres cubes. Admettons que la machine rotative fonctionne sous une pression de vapeur de 6 atmosphères, qu’elle rejette à l’air libre sa vapeur détendue 5 fois, le volume dépensé par tour 59 sera = — 1dei5 811, dont le poids est 1,31165 >< 38,046 — 1,044 XX 6280 capacité de la zone annulaire — — 938",994mm, soit en nombre rond 4 grammes de vapeur ou d’eau par tour de machine. Le travail de la vapeur à 6 atmosphères se détendant dans 9 fois son volume est par mètre cube de 161784 kilogram- mètres, soit par décimètre cube 161,784. On aura done pour GS < 16160 78%-ün travail de. .., : : . 219k8m,098 Mais il faut en déduire le travail résistant de atmosphère et de la contre-pression, soit, si nous admettons 103k pour la pression de l'air sur un décimètre carré et 2k pour la contre-pression, A05E >< 0,6556 — 68k5m,838. . . . . . . ..... GSkem, 838 | Reste 143k8m, 260 Le volume de vapeur détendue sortant de la machine par tour est de 6litres 556. Le calcul des frottements ne donne pas une valeur de plus de 0,25 centièmes de la force trans- ME ASoit 145,90. >< 0,25—135,815. 100 30, 819 HneSte depuissance utihsable.\., . 4.5. 407k8m,445 10 — 146 — 107,44 un QU En 1ch,430mn par tour de machine et par seconde. Soit pour 120 tours à la minute. 2ch,860 — 180 — + CP oUD — 210 — VE) et, ce qui n’a rien d’exagéré, 480 tours à la minute. 11ch,440 La dépense d’eau par cheval et par heure sera : 4 grammes >< 3600 secondes — 14k0s, 400 pour 16,430, soit 14k,400 ; par cheval 80 — 10k d’eau où de vapeur par heure et par cheval. CONCLUSIONS. Pour terminer, nous résumerons ainsi les divers avan- tages que présente la nouvelle machine à vapeur rotative Minary. 1° Aucune pièce de la machine n'ayant de mouvement alternatif, il n y à pas de perte de force vive, pas de ten- dance au mouvement d’oscillation, pas de secousses ayant un retentissement dans le sol et incommodant le voisi- nage. 2° La transmission par engrenages à chevrons ne faisant pas de bruit, la machine est silencieuse et les points de contact des dents étant toujours sur la hgne des centres et la poussée étant normale à cette ligne, la transmission de la puissance se fait avec le moins de perte possible. 3° Tous les organes mobiles exécutant leurs mouvements à l’intérieur du bâtis, la machine est absolument inoffensive à tout ce qui l'approche. Elle est elle même à l’abri des pous- sières et de tout accident venant de l'extérieur. 4 Par la même raison elle peut être enveloppée des matières lès moins conductrices de la chaleur et ainsi pro- tégée contre le refroidissement. 9 Le volume très réduit par le:groupement de cette — 147 — machine permet de l'installer dans de petits locaux où :ül serait impossible de loger des machines ordinaires de même puissance. 6° On peut donner à ce système de machines des vitesses de rotation beaucoup plus considérables qu'aux machines ordinaires, sans les exposer à une usure rapide ni à aucune cause de dégradations. 7° Son rendement d’effet utile n'a pas encore été déter- miné expérimentalement, mais létude du système permet d'apprécier qu'il ne peut être mférieur à celui des meilleures machines existantes travaillant dans des conditions iden- tiques de force et de pression. Elle à déjà sur celles-ci l’avan- tage de ne point avoir-d’espaces nuisibles qui dépensent de la vapeur sans travail et de n’avoir point de masses pesantes animées de mouvement alternatif, qui lui fassent perdre de ce seul fait une notable quantité de force vive. Besançon, le 20 juin 1889. MINARY. AU-SOUDAN FRANEUS RAPPORT DE M. ÉDOUARD BESSON SUR LES € SOUVENIRS DE GUERRE ET DE MISSIONS » DE M. LE CAPITAINE ÉTIENNE PÉROZ Séance du 10 août 1889. Aujourd’hui que les questions coloniales sont à l’ordre du Jour, et que les esprits se passionnent aisément sur les moindres incidents dont nos possessions lointaines peuvent devenir le théatre, rien ne présente plus dmréÉretquene témoignage des acteurs mêmes qui y ont Joué un rôle. Outre que leurs rarrations nous transportent dans un monde abso- lument nouveau, ayant pour nous tout l'attrait de Péloigne- ment et de l’inconnu, elles sont les seuls documents de première main, propres à nous faire juger des inconvénients ou des avantages que peut offrir la colonisation dans tel ou tel cas déterminé. À ce point de vue, on ne peut qu'applaudir à des publica- tions comme celle que j'ai l'honneur de vous présenter de la part de son auteur, notre compatriote et confrère, M. le capi- taine Péroz, actuellement aide de camp du ministre de la marine. Cet ouvrage, assez étendu, à pour objet une mis- sion que M. Péroz eut à remplir sur le haut Niger, à la fin de 1886 et au début de 1887, et dont la nature et l’objet ne peuvent être compris qu'à la condition de connaître au moins sommairement l’histoire récente de notre colonie du Sénégal. Celte co.onie, la plus ancienne que possède la France; se eo bornait encore, 1l n’y a pas longtemps, au littoral de P'Atlan- tique. Peu à peu, depuis quelques années, et surtout depuis le gouvernement du général Faidherbe qui à été le princi- pal promoteur de l’idée de la pénétration à l’intérieur, elle s’est étendue, développée, gagnant le haut Sénégal et même le haut Niger, et devenant ainsi le marché où devront tôt ou tard aboutir les produits de l'Afrique soudanienne. Tout cela pourtant ne s’accomplit pas sans difficultés et sans luttes. L'établissement de notre ligne de communica- tion avec le haut Niger, la construction des forts et surtout du tronçon de chemin de fer qui relie Kayes à Bafoulabé nous causèrent de prodigieuses dépenses d'hommes et d’ar- gent. Les années 1885 et 1886 en particulier furent marquées par des guerres sanglantes que notre colonie eut à soutenir contre les indigènes dans les régions qu’elle voulait ouvrir à son commerce. Notre principal adversaire fut alors lalmamy émir Samory, sorte de barbare de génie qui, par des prodiges d'énergie et d'intelligence, avait réussi à s'élever de l’humble situation de pauvre colporteur à celle de chef d’un puissant empire, occupart presque toute la région du haut Niger. Mais ses armées, formidables en apparence et au point de vue du nombre des soldats, ne pouvaient prévaloir contre nos troupes disciplinées et munies d’un armement supé- rieur. Vaineu dans plusieurs engagements importants, Samory dut signer la paix et reconnaître notre suprématie. Peu après eut lieu le voyage à Paris de son fils Karamoko, voyage, on S'en souvient, qui OCCUpa beaucoup la presse d'alors, mais qui, au fond, avait un but plus sérieux que celui d’amuser les badauds de la capitale. Il s'agissait de donner au prince soudanien une idée générale de notre puissance, et de détruire ainsi les préjugés des siens qui fusaient de la France un ensemble d'îles pauvres et peu habitées, placées à l'embouchure du Sénégal. Le but poursuivi fut pleinement atteint. D'une intelligence — 150 — relativement ouverte, Karamoko, une fois en France, ne tarda pas à comprendre l'impossibilité où son pays était de lutter avec le nôtre, et il partit emportant la plus haute im- pression de ce qu'il avait vu durant son voyage. Cette impression qu'il devait faire partager à son père, le gouver- nement français songea à l'utiliser en asseyant par un traité régulier notre protectorat sur les états de Samory. Tels furent l'origine et le but de la mission confiée à notre confrère et dont une des plus intéressantes péripéties nous a été déjà relatée à notre avant dernière séance publique. Personne, à la vérité, ne pouvait être mieux choisi que M. Péroz pour entrer en rapports avec le monarque souda- nien. Un long séjour dans le haut Sénégal, un tempéra- ment fait aux rigueurs du climat particulièrement homicide de ces régions ; la connaissance parfaite des mœurs et même de la langue du pays, une part active et souvent héroïque prise aux luttes récentes avec Samory, tout cela le rendait mieux que quiconque propre à faire triompher dans le bassin du Niger les vues du gouvernement français. La mis- sion réussit en effet ; mais ce ne fut ni sans difficultés, ni sans périls. On comprend du reste ce que peut être un voyage de plusieurs milliers de kilomètres, entrepris dans des pays peu connus et souvent hostiles, avec une suite nombreuse, des bagages et des présents sous un ciel de feu sujet à toutes les perturbations des régions équatoriennes. M. Péroz raconte avec grands détails les phases diverses de cet intéressant voyage. Son passage sur le théâtre des dernières guerres lui fournit l’occasion d’en évoquer de san- glants et dramatiques souvenirs, et de nous montrer, par des exemples, ce que nos troupes coloniales peuvent déve- lopper de vertus militaires et d’héroïsme souvent ignorés. Mais c’est surtout à partir de son entrée dans les états de Samory et à la cour de ce monarque que la narration de notre confrère prend un intérêt très vif. L'installation et la composition de cette cour, le caractère du monarque, mé- — 191 — lange de ruse, de grandes vues et de férocité implacable, son attitude vis-à-vis de la mission, tantôt amicale et même soumise, tantôt assez hostile pour la forcer à prendre les armes, tout cela est peint sous de vives couleurs, et nous fait pénétrer dans le monde africain, sur lequel on a beau- coup écrit ou parlé, mais dont il est bien difficile de péné- trer la véritable nature. C’est ainsi que notre confrère se montre des plus sceptiques sur la grande question de la suppression de la traite des esclaves, non pas qu'il soit par- tisan de l’esclavage, mais parce que l'institution est telle- ment entrée dans les mœurs du pays qu'il lui paraît fort difficile, sinon impossible, de la détruire. Beaucoup d’autres questions sont étudiées dans l’ouvrage qui nous occupe, notamment celle de notre installation sur le haut Niger et des profits qu’en doivent retirer notre com- merce et notre industrie. À ce point de vue, M. Péroz se montre d’un optimisme qui, je dois le dire, n’est point partagé par des écrivains non moins compétents. D’après M. le colonel Frey, par exemple, qui dirigea nos campagnes de 1885 à 1886, il n’y aurait là que des régions pestilen- telles, où la mortalité est effrayante et où les frais d’installa- ton sont hors de toute proportion avec les profits que peuvent donner des produits sans valeur et d’un transport à peu près impossible. La légende du grand marché de Tom- bouctou devrait être classée au rang des contes des Mille et une Nuits. De son côté, dans un récent et considérable ouvrage, le général Faidherbe plaide pour son œuvre ; car, nous l’avons dit, c’est à lui principalement qu'est due l’idée de notre pénétration à l’intérieur des régions soudaniennes. Nous n'avons pas, on le comprend, la compétence nécessaire pour trancher le différend. Nous avons voulu seulement vous signaler une publication d’un haut intérêt, émanée d’un Franc-Comtois et d’un confrère qui joint au courage du soldat et de lexplorateur, le talent, non pas d’un écrivain — 152 — de profession, mais d’un conteur primesautier nous expo- sant simplement ce qu’il a fait, ce qu'il a vu, et apportant ainsi un contingent précieux de renseignements et d’obser- vations, à l'examen de questions comptant parmi celles qui passionnent le plus justement notre époque. LES PREMIÈRES INSTALLATIONS DE L'ACADÈMIE DE FRANCE À ROME D'APRÈS LE PLUS ANCIEN INVENTAIRE DU MOBILIER ET DES TRAVAUX DE CETTE INSTITUTION DOCUMENT RETROUVÉ ET PUBLIÉ PAR M'AueustTe CASTAN CORRESPONDANT DE L'INSTITUT (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) Séance du 12 janvier 1889, re me TETE Fe 1e AU PEINTRE FRANC-COMTOIS HE ETX CLACOMOTTI EN SOUVENIR DE SES PREMIÈRES ÉTUDES A BESANÇON ET DE SON SÉJOUR COMME PENSIONNAIRE A LA VILLA MEDICI CET OPUSCULE EST AFFECTUEUSEMENT DÉDIÉ A. OC. LK LES PREMIÈRES INSTALLATIONS DE L'ACADÈMIE DE FRANCE À ROME Lecture faite à la Réunion des délégués des Sociétés des Beaux-Arts, sous les auspices dé la Société d'Emulation du Doubs, le 12 juin 1889. Parmi les institutions que la France dut à l'intelligence créatrice de Colbert, il n’en est point qui ait plus complète- ment fixé la sollicitude du grand ministre que l’Académie fondée à Rome, en 1666, pour le perfectionnement de douze pensionnaires voués aux arts du dessin : six peintres, quatre sculpteurs ou graveurs, et deux architectes, placés sous la direction d’un maitre ayant la qualité de recteur (D. Ces jeunes gens, affranchis des soucis matériels de lexistence, étaient astreints à ne travailler que pour le Roi. Ils devaient, selon les prescriptions réitérées de Colbert, copier et reco- pier tout ce qu'il y avait de plus beau à Rome, en tableaux et en statues (2), à l'effet de décorer des palais et des jardins faits pour éterniser la gloire du règne de Louis XIV. (4) &« Comme je suis dans la résolution de fortifier, autant qu'il se pourra, l'establissement de vostre Académie, vous pourrez sans difficulté me donner avis de tout ce que vous croirez pouvoir y contribuer et estre persuadé que jy donneray volontiers les mains ». (Colbert à Charles Errard, 6 septembre 1669 : dans les Lettres de Colbert, publ. par Pierre CLÉMENT, t. V, p. 290.) (2) & Faites faire aux peintres les copies de tout ce qu’il y a de beau à Rome, et lorsque vous aurez fait tout copier, s’il est possible, faites-les recommencer, À mesure que vous aurez quelque ouvrage fait, envoyez- le-moi par les premiers vaisseaux qui passeront le détroit, et en cas qu'il vous en manque, en m'en donnant avis, J'auray soin de vous en envoyer. Faites faire aussy aux sculpteurs la mesme chose, et faites-leur copier tous — 158 — L'origine de l'institution est ainsi relatée par l’un des his- toriographes de l’Académie royale de Paris (D : « Dans ce temps-là, Mgr Colbert, qui a été protecteur de l’Académie, étant entré dans le Ministère, établit un Conseil des Bâti- ments, où 1l appela M. Le Brun pour contribuer à une partie des ouvrages qui dépendent du dessin. M. Errard, voyant que M. Colbert lui donnoit un compétiteur, fit la proposition de la nouvelle Académie de Rome, projetée en faveur des étudiants françois qui vont se prévaloir de tout ce que l'Italie conserve de plus remarquable pour la peinture et la sculp- ture. M. Colbert agréa la proposition de M. Errard, lui donna la conduite de cet établissement et l’y envoya. Aïnsi M. Er- rard fit une retraite glorieuse et utile, parce que cette con- joncture le fit payer de plus de trente mille livres qui lui étoient dues pour les ouvrages du Roi. Il partit de Paris, au mois de mars 1666, avec douze étudiants. Etant à Rome, il signala sa prudence pour l'institution de cette Académie. Aussi les progrès qui se firent dans cette nouvelle École furent si grands, si glorieux à la France et si célèbres parmi les étrangers, qu'il s’en attira des louanges universelles. Les jeunes peintres, sous son inspection, y faisoient à l’envi des copies de bons tableaux, et les jeunes sculpteurs en faisoient réciproquement des plus belles statues et des meilleurs bas- reliefs. [Il fit mouler la colonne Trajane et plusieurs figures antiques dont les creux sont à Paris @) ».…. les beaux bustes et les belles statues qui sont à Rome ». (Colbert à Charles Errard, 93 juillet 1672 : dans les Lettres de Colbert, publ. par Pierre CLÉ- MENT, t. V, p. 351.) (1) GUILLET DE SAINT-GEORGES, Mémoire historique des principaux. ouvrages de M. Errard : dans les Mémoires inédits sur les membres de l’Académie de peinture et de sculpture, t. 1, 185%, in-8°, pp. 82-83. (2) Déjà, du temps que Poussin représentait à Rome le génie artistique de la France, une sorte de mandat lui avait été donné pour l’exécution de copies ou moulages des grands chefs-d’œuvre dont le gouvernement fran- çais désirait posséder des reproductions. Parmi les antiques moulés alors, Gil y avoit soixante ou quatre-vingts pièces de la colonne Trajane », ame- x: nage — 159 — Au mois d'octobre 1672, après six ans et demi d’une di- rection intelligente et laborieuse, Charles Errard fut, sur sa demande, relevé de son emploi. Il était alors âgé de soixante- six ans et avait éprouvé, au début de l’année 1670, une atteinte apoplectique (1). On aurait pu croire qu'il aspirait à un repos nécessaire et bien mérité (2). Tel n’était cependant pas le but de son retour à Paris : ilavait en tête de se rema- rier, et son choix s’était fixé sur la fille du peintre Goy, lun de ses amis, qu’il épousa, en effet, le 25 avril 1675, alors qu'il avait soixante-neuf ans et sa jeune femme seulement dix-huit ; toutefois il eut la délicate attention de n’accuser que soixante ans dans l’acte de cette périlleuse alliance 6). Après quoi, se sentant rajeuni, il demanda et obtint de re- prendre la direction de l’Académie de France à Rome, fonc- tion qu'il exerça de nouveau pendant une période de neuf ans. Durant les deux années de l’absence de Charles Errard, la direction de l’Académie fut exercée par Noël Coypel, peintre de grand talent. Entre ces deux artistes il existait des rela- nées à Paris. (Paul DE CHANTELOU, Journal du voyage du cavalier Ber- nin en France, publ. par M. Ludovic LALANNE, p. 140. — Voyez aussi la Collection des lettres de Nicolas Poussin. Paris, 1824, in-80.) (1) Lettres de Colbert, publ. par Pierre CLÉMENT, t. V, p. 293. (2) Voir les témoignages de satisfaction et d'estime délivrés à Charles Errard, au mois de mai 1673, par l'ambassadeur duc d’Estrées, l'auditeur de rote Louis de Bourlemont et le cavalier Bernin : LECOY DE LA MARCHE, L'Académie de France à Rome, pp. 11-12. (3) « Le fou! » interjecte Jal en transcrivant l’acte de ce mariage, sur lequel a également disserté M. de Montaiglon. (Voyez Jar, Dictionnaire, 2e édit., p. 541 ; À. DE MoONTAIGLON, Correspondance des directeurs de l’'Acadèmie de France à Rome, t. 1, pp. 56-57.) (4) « Le premier [directeur de l’Académie de France], qui fut un homme de mérite, fut marié deux fois; il eut même permission, dans un âge avancé, de quitter son poste pour venir à Paris accomplir son projet. On eut la complaisance d'envoyer M. Coypel pour remplir son poste, qu'il vint reprendre après un séjour de deux ans à Paris ». (Lettre du directeur WLEU- GHELS, en date du 10 octobre 1731 : dans LECOY DE LA MARCHE, L’Académie de France à Rome, pp. 206-207.) 2 160 2 tions assez intimes, car le fils aîné de Coypel avait été tenu sur les fonts baptismaux par la première femme de Charles Errard (D). Néanmoins la transmission des pouvoirs ne se fit pas sans quelques üraillements. «Pay receu votre lettre du 31 du mois passé », écrivait Colbert à Coypel, le 23 juin 1675, « par laquelle [lettre] je vois que le sieur Errard s’est imal séparé d'avec vous, et c’est ce qu'il auroit esté difficile de pouvoir prévenir ». À quoi le ministre ajoutait : « Ne man- quez pas de faire faire un inventaire exact de tout ce qu'il a laissé dans l’Académie (2) ». Le désir du ministre fut accom- pli, ainsi qu’en témoigne le passage suivant de l’analyse d’une lettre écrite par Coypel à Colbert, le 23 août 1673 6) : « Le sieur Coypel envoye l’inventaire qui luy a été demandé, avec quelques desseins du palais que l’Académie occupe ». Les recherches faites à Paris pour retrouver cet inventaire n’ont abouti qu'àune conclusion négative dont voici les termes : € Il a dû être fait, mais il ne se retrouve plus (4) ». SOUS Ce rapport, j'ai été réellement favorisé à Rome, car la minute de linventaire en question s’est offerte à moi quand je n’avais pas la moindre idée de la chercher 6). Elle existe à l’Archivio urbano de Rome, parmi les actes d’un (1) JAL, Dictionnaire, p. 449. (2) Lettres de Colbert, publ. par Pierre CLÉMENT, t. V, p. 349. (8) À. DE MONTAIGLON, Correspondance, t. I, p. 48. (4) IDp., ibid., note 1. (5) C'était au point de vue d’un complément de recherches sur Saint- Claude des Bourguignons, la confrérie comtoise de Rome, dont j'ai écrit l’histoire en 1881, que j'avais eu l’idée de compulser les minutes du notaire romain Jacques-Antoine Redoutey, originaire de Besançon. L'existence de ces minutes à l’Archivio urbano de Rome m'a été indiquée par M. le commandeur Enrico de Paoli, surintendant des archives des provinces romaines, et la communication m'en a été faite, avec la plus exquise courtoisie, par M. l’archiviste G. Coletti et par son aimable adjoint M. Costantino Moretti. Les minutes du notaire Jacques-Antoine Redoutey forment, à l’Archivio urbano de Rome, douze volumes comprenant des actes qui ont pour dates extrêmes les années 1667 et 1679. En tête de cha- cun des volumes, l'obligation pour les clients de contribuer à la reliure D — 161 — notaire qui formulait ainsi ses origines et ses qualités «Jacques-Antoine Redoutey, citoyen de Besançon, ey-devant procureur et notaire juré en la cour archiépiscopale dudit Besançon, à présent notaire publique apostolique, descrit en l’une et l’autre des Archives de cette cour et ville de Rome, y demeurant présentement, rue Frattine, rion de Champ- Mars, et paroisse de Saint-Laurent-en-Lucine ». Ce notaire, qui était le fils d’un maitre menuisier de Besançon, fonction- nait à Rome depuis 1667 : il avait pour clients, non-seule- ment le personnel assez nombreux de la colonie comtoise, mais les Espagnols et les Flamands, sujets du monarque dont relevait la Franche-Comté avant son annexion à la France, et, d’une manière plus générale, ceux qui, se trou- vant à Rome, désiraient que leurs actes fussent écrits dans le langage français qui était alors, ce qu'il est demeuré de- puis, le plus international des idiomes (1). _ Coypel n'avait pas attendu l’ordre de Colbert pour com- prendre la nécessité d’un inventaire du mobilier de l’institu- des minutes est rappelée par une formule ainsi conçue : & Heredes, ultra taxas non solulas, debent quoque ligaturam ». Les douze recueils por- tent, à l’Archivio urbano, les cotes 637 à 641. (1) Parmi les clients de marque qui avaient donné leur confiance à Jacques-Antoine Redoutey, nous avons relevé des noms qui, en dehors de celui de Noël Coypel, sont les suivants : Henri d’Arçon, de Salins, médecin attaché à l’archihôpital du San-Spirito à Rome (23 mai 1670) ; — cardinal Camillo Massimi (17 septembre 1671); — Noël Cochin, peintre français, habitant Venise (15 avril 1672); — Marguerite Colin, veuve de Claude Macé, peintre du Roi de France (13 mars 1673) ; — cardinal Jean-Eberard Nidard, ambassadeur d’Espagne près le Saint-Siège (31 mars 1673); — Louis d'Anglure de Bourlemont, auditeur de rote pour la France à Rome (31 mars 1673); — Jean Piedoye, seigneur de Clinchamps au diocèse de _ Coutance, inventeur de machines pour faire courir la bague sur des che- | vaux artificiels (11 mai 1673, mort à Rome le 10 octobre 1675); — Charles | Dudley, duc de Northumberland {5 mars 1677); — Dominicains irlandais des couvents de Saint-Sixte et de Saint-Clément de Rome (20 août 1677) ; — Jean-Ignace Froissard de Broissia, chanoine de Besançon et camérier d'honneur de Sa Sainteté (26 août 1677); — Philippe-Thomas Howard, cardinal de Norfolk (19 mars 1678) ; — Jean-Jacques Pestalozzi, de Lyon, docteur en médecine {47 août 4678). 11 “6 tion dont le rectorat venait de lui être confié. Dès le 24 mai 1673, le notaire Jacques-Antoine Redoutey s'était mis à l’œuvre ; mais la besogne était assez compliquée, parce qu’elle coïincidait avec un déménagement et une installation nouvelle de l’Académie. L'opération, qui se poursuivit dans deux logis distincts, ne fut close que le 28 août 1673. Cependant, dès le 23 août, la rédaction était assez avancée pour qu’une expédition de l’acte ait pu alors être adressée au ministre qui la désirait. La minute de cet acte se ressent du désordre que le déménagement avait introduit dans les objets appar- tenant à l’Académie : en effet, les répétitions et les surcharges y sont nombreuses ; nous avons fait le possible pour éliminer les unes et donner aux autres leur place normale dans la copie de ce document qui sera publiée à la suite de la pré- sente introduction. En transmettant à Colbert l’inventaire du mobilier de l’A- cadémie de France, Coypel écrivait que l’Académie était éta- blie au nouveau logis, qu'il y avait fait poser les armes du Roi (D) et en envoyait le dessin, que la dépense « du démé- nagement et restablissement » de l'Académie montait à cent pistoles (2). | (1) Le gouvernement de Louis XIV tenait à ce que les armes du Roi figu- rassent au frontispice de tous les bàtiments qui appartenaient à la France dans les pays étrangers. Ainsi, le 18 juillet 1670, Colbert chargeait Charles Errard de voir la sculpture des armes du Roi que le supérieur des Minimes de Rome avait fait mettre sur le portail de l’église de ce couvent (Lettres de Colbert, publ. par Pierre CLÉMENT, t. V, p. 302). En reproduisant le texte qui concerne cette affaire, M. DE MONTAIGLON (Correspondance, t. I, p. 29) à cru que l’église en question était celle de San Francesco a Ripa, appartenant aux Frères Mineurs réformés, très distincts des Minimes, dont l'église, située sur le Pincio et dédiée à la Trinité, sert aujourd’hui de cha- pelle aux Dames du Sacré-Cœur, mais n’a pas cessé d’être ia propriété de la France. (2) « L'Académie est establie au nouveau logis ; il y a fait poser les armes du Roy, dont il envoye le dessein... La despense du démesnagement et restablissement de l’Académie monte à cent pistoles ». (Analyse d’une lettre de Goypel à Colbert : MoNTAIGLON, Correspondance des direc- leurs, t. 1, p. 48.) — 163 — Quel avait été le logis primitif de l'Académie et quel était celui où elle s’installait, par les soins de Coypel, en 1673? À la première de ces questions, voici la réponse que don- naient les mieux informés : « Jusqu'à ce que l’Académie s'établit en 1673 au nouveau logis, elle ne fut guère que campée et peut-être en plus d’un endroit; mais les docu- ments sont muets sur les divers emplacements qu’elle a pu occuper (1 », Quant à la question de savoir où l’Académie avait élu domicile en 1673, la réponse était invariablement celle-ci : « Au palais Capranica, situé sur l'emplacement où s’éleva depuis le théâtre de ce nom, près de l’église Saint- André della Valle (2) ». Ces indications seront réformées par la publication de inventaire retrouvé à Rome. On y lira que l’Académie de France, fondée en 1666, fut d’abord installée sur le mont Janicule, € en la salitta Saint-Honofrio », c’est-à-dire dans une maison voisine de l’église et du monastère immortalisés par les derniers moments de Torquato Tasso. Il semblerait que cette maison ait été celle de l’avocat Ronconi, dont Col- bert avait écrit à Charles KErrard, le 6 septembre 1669 : « Quant à la maison qui vous est nécessaire pour ladite Académie, si vous pouvez renouer le traité de celle de Pavo- cat Ronconi et que les propriétaires se relaschent à 8,900 escus, monnoye de Rome, comme on vous le fait espé- rer, en ce cas, vous pouvez l’acheter (9) ». (1) MoNTAIGLON, p. 15. — « En quel endroit Errard logea d’abord lAca- démie, on l’ignore. Les documents sont muets à cet égard. Cependant nous croyons que ce fut, non assurément au palais Capranica, comme on l’a maintes fois publié, mais dans les environs du théâtre Argentina, au palais Cesarini ». (Olivier MERSON, art. Académie de France à Rome, dans la Grande Encyclopédie, t. I, p. 221.) (2) LECOY DE LA MARCHE, L'Académie de France à Rome, p. 61, note 1 ; MONTAIGLON, Gorrespondance des directeurs de l’Académie de France, t. I, p. 48. — « L'installation des pensionnaires au palais Capranica marque le passage de Coypel ». (Olivier MERSON, article cité.) 9) Lelires de Colbert, publ. par Pierre CLÉMENT, t. V, p. 290. — 164 — Non moins inexacte était l'indication du palais Capranica comme ayant été le second logis occupé par l’Académie de France. L’inventaire retrouvé dira que cette seconde rési- dence fut le palais Caffarelli, situé d’ailleurs, comme le palais Capranica, au voisinage de Sant’Andrea della Valle, mais précisément en face de l’église du Saint-Suaire des Sa- voyards. Ce palais, bâti sur les dessins de Raphaël pour les marquis Caffarelli-Minutilli (D, a été successivement possédé par plusieurs familles de laristocratie romaine : il compte encore parmi les édifices distingués de la Renaissance ita- henne et s'appelle, dans les livres, le palais Coltrolini-Stop- -pani-Vidoni. De cette installation très honorable, mais pré- caire, puisqu'elle n’était que le résultat d’une location, Col- bert écrivait à Errard, le 18 décembre 1680, à propos d’un renouvellement de bail : « Il auroit esté bon que vous eus- siez pris une maison plus stable et plus permanente que celle du sieur Caffarelli, puisque vous jugez facilement que le changement de logement d’une Académie, telle que celle dont vous avez la direction, est toujours difficile et de dé- pense. Examinez avec soin s’il y auroit quelque expédient pour retarder ce délogement... Comme :l seroit peut-estre avantageux d’avoir un establissement fixe à Rome pour cette Académie, en cas que vous trouviez quelque maison à ache- ter qui fust propre pour cet establissement et qui fust à prix raisonnable, ne manquez pas de m’en donner avis @) ». La location du palais Caffarelli durait encore en 1683, ainsi qu'en témoigne ce premier article du compte des « Despenses faictes en l’Académie Royalle pendant les moys d'avril, may et juein » de ladite année 6) : « De la somme de (1) Moroni, Dizionario d’erudizione, t. LI, p. 4; Eugène Münrz, Ra- phaël, édit. de 1881, p. 576. (2) Lettres de Colbert, publ. par Pierre CLÉMENT, t. V, p. 416. — Une erreur de copiste a fait imprimer, dans ce texte, Castarelli au lieu de Caf- farelli. (3) À. DE MONTAIGLON, Correspondance des directeurs de l’Académie de France. t. I, p. 121. A TS IEEE 2 — 165 — cent escus, monnoye de Rome, payé par advance, suivant la coutume de Rome, au S' Pietro Caffarelli pour le loyer du _ palais que l'Académie occupe, pendant trois mois commancé le premier Julliet et doive finir le dernier septembre de la présente année 1683, suivant sa quittance du premier julliet 1683, revenant, monnoye de France, à 354 [livres], 16 [sous], 9 [deniers] ». Nous savons, d'autre part, que l’Académie de France occupa ensuite le palais Capranica (1), voisin du palais Caf- farelli, et qu'elle y fit un assez long séjour. Mais à quelle époque commença cette troisième installation ? Ce fut cer- tainement sous le directorat de La Teulière, gentilhomme amateur que Louvois fit succéder, vers la fin de 1684, à Charles Errard. En effet, dans une dépêche du 9 février 1694, La Teulière parlait en ces termes d’une porte acces- soire du logis qu’occupait alors l’Académie : «une porte », écrivait-il, € qui estoit murée quand je visitay la maison pour en faire le louage (2) ». Le souvenir ainsi formulé se rapportait à une circonstance ayant environ quatre ans d'âge ; donc le «louage », rappelé par La Teulière, datait approximativement de 1690. L'Académie demeura dans le palais Capranica jusqu’au moment où cet édifice dut être évacué, pour la construction d’un nouveau théâtre, à Teatro Valle, dont la bâtisse com- mença le mercredi 26 juin 1726 &:. Depuis un an, le gouver- (1) « Palazzo di Capranica ov’e l’Accademia di Francia. — 11 palazzo dell Accademia di Francia, mantenuta con gran splendore dal Re di Fran- la, dove vien esercitata la pittura, scoltura ed architettura da giovani na- zionali, Hi quali devono stare sotto la disciplina di Monsieur Person, rettore di detta nobile Accademia. cavalier di gran condotta in queste scienze. In questa Accademia vi sono le copie delle principali e rare statue antiche che siano in Roma ed in aleuna parte dell Etalia ». (G.-P. PiNaroOLI, Trattato delle cose pit memorabili di Roina ; in Roma, 1725, t. IE pp. 204-207.) (2) Correspondance des directeurs de l’Académie de France, publiée par À. DE MONTAIGLON, t. [, p. 460. (3) € Ricavo dal CANGELLIERI {Campane, p. 156), per testimonianzia del — ie — nement français avait amodié, au prix annuel de mille écus romains, pour y installer son Académie, le palais Mancini, ou de Nevers, qui fut acquis par la France en 1737 (1). Cette quatrième résidence de l'Académie fut échangée, en 1803, contre la villa Medici (2), qui n’a pas encore cessé d’être un séjour enchanteur pour les jeunes artistes que la France. entretient à Rome. L’inventaire de 1673 ayant fait connaître les deux pre- mières étapes du chemin suivi par l'Académie de France avant d'arriver à la villa Medici, il n’y aura plus désormais aucune incertitude sur les locaux successivement occupés par cette institution. Mais l'inventaire de 1673 nous a faits encore plus d’une révélation instructive. La correspondance des directeurs de PAcadémie de France à Rome n'ayant été conservée à peu près réguliè- rement qu'à partir de 1685 G', on n’est qu'imparfaitement renseigné sur le personnel et sur les travaux de l'institution durant les premiers temps de son existence (4). L' inventaire À de 1673, dressé sept années seulement après la création de ï Académie, nous renseignera sur plusieurs des pensionnaires primitifs qui avaient été retenus à Rome par des ouvrages entrepris pour la décoration des palais et jardins dem Louis XIV. À ces pensionnaires de la première heure et en quelques autres postérieurement admis, le nouveau recteuM | | ; \ : diarista Valesio : « Mercoledi 26 giugno 1726, si è dato principio alla fab= » brica di un nuovo teatro, nel palazzo già della famiglia della Valle, doves » per lungo tempo fu l’Accademia di Francia »... (Morontr, Dizionarios t. XXIII, p. 208.) $ (1) LECOY DE LA Marcue, L'Académie de France à Rome, pp. 185, 229. !, — « L’acquisition du palais Mancini fut faite au prix de 190.000 livres, pa contrat du 6 septembre 1737. » (Ibid. p. 223.) (2) LECOY DE LA MARCHE, p. 53. 4 (3) LECOY DE LA MARCHE, pp. %3 et 73; À. DE MONTAIGLON, Correspoñe dance des directeurs, t. I, pp. vrIx et 1x. bo (4) CI y a certainement encore beaucoup à trouver ». (MONTAIGLON P. IX.) — 167 — Coypel avait ajouté une petite escouade qui venait de faire sous sa conduite le voyage de Rome ({). La durée du séjour des pensionnaires n’était pas alors limitée à trois ans, comme elle le fut par le règlement de 1677 : de sorte que le nombre des artistes français entretenus à Rome dépassait fréquem- ment celui qui avait été prévu par l'acte de fondation de lA- cadémie. | L'inventaire de 1673 indique dix-sept jeunes artistes ayant alors leur logis ‘attitré à l’Académie : neuf peintres, cinq sculpteurs, deux architectes et un graveur. Celui-ci, qui se nommait Benoit Farjat, était de Lyon ; il a laissé de bonnes estampes d’après les maitres italiens (2. Comme le graveur, les deux architectes sont seulement nommés dans linven- taire : ils s’appelaient du Vivier le jeune 6) et Vollant (#. ():Le passeport délivré par Colbert, le 9 novembre 1672, à Noël Coypel, pour lui et pour sa compagnie, dit que celle-ci se composait des artistes dont voici les noms : Antoine Coypel, fils du recteur ; Charles et Louis- Henri Hérault, ses beaux-frères; Simon Chupini, Farjat, Charles Poerson, Alexandre, Tortebat, Pierre Monnier, Voulan et Jouvenet. (Lettres de Col- bert, t. V, pp. 51-42.) Notre inventaire est utile pour interpréter cette no- menclature. Il n'y est, en elfet, question ni d'Antoine Coypel, ni du second des Hérault, qui n'étaient pas pensionnaires et vivaient dans Pintimité du recteur. Simon Chupini, qui n’y est pas nommé non plus, fut sans doute empêché de faire le voyage avec Coypel : il faisait partie des pensionnaires sous le second rectorat d'Errard. Quant à Monnier, c'est par erreur que le prénom de Pierre lui est donné dans le passeport, et M. de Moniaiglon (p. 38) avait supputé qu'il devait s'agir du sculpteur Michel Monnier : l’in- ventaire confirme absolument cette hypothèse. (@) « Farjat est le graveur lyonnais Benoit Farjat, élève de Guillaume Château, qui se fixa en Italie et y mourut vers 1720 ; il était né en 1646 ». {(MONTAIGLON, p. 40.) (3) Il était parti pour Rome, avec la qualité de pensionnaire, au prin- temp: de l’année 1666. (Comptes des Bâtiments du Roi, publ. par M. J. GUIFFREY, t. 1, col. 106.) (4) On n’a pas le prénom de ce Voullant ou Vollant, parti en 1672 pour Rome avee Coypel, mais il me semble vraisemblable de le rattacher à la famille de l'architecte-ingénieur Simon Vollant, de Lille, qui dirigea, sous les auspices de Vauban, l'établissement des fortifications de cette place et fut anobli par Louis XIV, en 1685. Cet artiste érudit eut pour continuateur son fils, Jean Vollant, ué à Lille en 1658. En me transmettant ces indica- — 168 — Parmi les neuf peintres, trois étaient absents au moment de la rédaction de linventaire : Bon Boulogne, Nicolas Rabon et Jacques Monnier. Où étaient-ils? Nous le savons par une dépêche de Colbert, en date du 24 février 1673 (), disant à Charles Errard : « Vous pouvez aussi donner au sieur Rabon la permission d’aller en Lombardie avec le sieur Bou- logne, pour quatre, cinq ou six mois ». À quoi le ministre ajoutait : € J’approuve fort la proposition que vous faites de faire peindre d’après nature le sieur Monnier ». L'inventaire nous apprend que Jacques Monnier, désigné dans les comptes des bâtiments comme « peintre en fleurs, grotesques, ayseaux et animaux », avait profité de l’autorisation de Col- bert pour aller étudier à Naples (3). Quant à Nicolas Rabon (4) et à Bon Boulogne (5), ils devaient, après leur séjour en tions, M. Eugène Debièvre, bibliothécaire de la ville de Lille, ajoutait Judi- cieusement : « Il est assez difficile d'admettre que Jean Vollant ait élé élève de l’Académie de France à Rome en 1673, car il n'aurait eu à cette . époque que quinze ans. Cependant je ne suis gueëre fixé sur les faits et gestes de Jean Vollant jusqu’en 1684 ». (i) Lettres de Colbert. publ. par Pierre CLÉMENT, t. V, p. 345 (2) « 27 aoust 1670. — Au sieur Mosnier, peintre en fleurs, grotesques, oyseaux et animaux, pour se rendre à l’Académie de peinture et de sculp- ture de S. M. à Rome : 200 I. ». (Comptes des Bâtiments, publ. par M. TJ. GUIFFREY, t. [, col. 480). (3) Il était présent à l'Académie le 2% mai 1673, dale du début de lin- ventaire, tandis que, dans le dernier paragraphe de cet acte, écrit le 28 août suivant, il est indiqué comme se trouvant à Naples. (4) Nicolas Rabon ayant été seul à concourir en peinture sur le sujet proposé : Rachat par le Roy de tous les esclaves chrestiens faits sur les côtes d'Afrique, l'Académie royale de peinture, par délibération du 27 février 1667, le déclara « capable d’entrer dans le nombre de ceux que le Roy honore de ses grâces en l’Académie françoise que Sa Majesté entre- tient à Rome ». (Procès-verbaux de l’Académie de peinture, t. 1, pp. 313- 934%.) | (5) « Bon Boulogne fut élève de son père Louis Boulogne. Celui-ci, pro- fitant un Jour d’une visite que faisait Colbert à l'Académie, présenta une demi-figure de saint Jean, exécutée par son fils, au ministre, qui en fut charmé et accorda la pension de Rome au jeune peintre, quoiqu'il n’eût pas fait de tableau pour le concours des grands prix de l’Académie IH passa cinq ans à Rome [1668-1673], copiant les grands maitres, s’efforçant — 169 — Lombardie, regagner Paris, où l’un d’eux, Bon Boulogne, allait bientôt parvenir à la célébrité. Sur les six peintres pensionnaires présents à l’Académie, un seul était antérieur à l’arrivée de Coypel : celui-là se nommait Bénigne Sarasin, troisième fils du grand sculpteur de ce nom (1. En mémoire de son père, le gouvernement de Louis XIV lui avait accordé, par brevet du 20 décembre 1660, non seulement un logis dans les galeries du Louvre. mais encore 300 livres de pension annuelle pour qu'il allât se perfectionner à Rome (2). Il y résidait donc, aux frais de l'Etat français, six années avant la fondation de l’Académie de France, et il allait, après treize ans de ce séjour, entre- prendre à Marseille, en 1674, la peinture décorative de la chapelle municipale de cette ville (3). Les cinq autres peintres pensionnaires, présents à l’Aca- démie, avaient fait partie de l’escouade amenée par le nou- veau recteur : l’un d'eux même, Charles-Antoine Hérault, était son beau-frère, car Noël Coypel avait pour femme Madeleine Hérault (4. Dans le groupe amené par Coypel, on comptait en outre les peintres Alexandre Ubeleski 6), pari- de s'approprier leur exécution, puis il alla en Lombardie et revint en France ». (F. VicLor, Notice des tableaux du Louvre, école française, art. Boulogne.) (1) JaL, Dictionnaire, p. 1108, col. 2. — C'est à Bénigne Sarasin que se rapporte le passage suivant d’une dépêche de Colbert à Charles Errard, en date du 6 septembre 1666 : « Je suis bien ayse d'apprendre que le sieur Sarazin vous soulage considérablement et qu'il réussit bien dans son tra- vail. Il peut s'assurer qu’en continuant toujours de s'appliquer, il recevra des marques de la satisfaction que j’ay de ses services ». (Lettres de Col- bert, publ. par Pierre CLÉMENT, t. V, p. 290.) @) Archives de l'Art français, série 4, t. I, pp. 215-216. (3) Léon LAGRANGE, Notes, dans les Archives de l’Art français, série 1, t. V, pp. 53 et 81 : « Les peintures ont été détruites avec la chapelle il y a une quinzaine d'années [1842], à l'époque de la reconstruction d'une aile de l'Hôtel de ville ; déjà elles étaient très dégradées et presque méconnais- sables ». (4) JAL, Dictionnaire, p. 418. (5) € Alexandre Ubeleski, peintre, né à Paris, mais d'origine polonoise, — 170 — sien d’origine polonaise, qui fut l’un des principaux collabo- rateurs de Le Brun ; Jean Tortebat (), petit-fils de l’illustre Simon Vouet ; Charles Poerson (0), destiné à revenir à Rome, en 1704, comme directeur de l’Académie de France ; enïin Jouvenet le puiné G), l’un des frères du grand artiste de ce même nom. n’est connu que sous le nom d'Alexandre », dit PrGANIOL (Nouvelle des- cription de Versailles, t. Il, p. 302). En effet, il n’est désigné que sous ce nom d'Alexandre, dans le passeport délivré collectivement à Noël Coypel et aux Jeunes artistes qui l’accompagnèrent à Rome. C'est à tort que JAL (Dictionnaire. p. 1212) donne à cet artiste une origine génoise et écrit son nom Ubeleschi. (1) « Jean Tortebat suivit avec succès la carrière de son père. Ce fut surtout à titre de peintre de portraits qu'il se fit de la réputation ». (JAL, D 1101 (2) Charles-François Poerson, fils d’un peintre distingué, « se présenta à l'Académie royale de peinture, qui le reçut, le 31 janvier 1692, sur la pré- sentation d’un tableau, aujourd'hui au Grand-Trianon, et dont le sujet, proposé par l’Académie elle-même, est l Union de l’Académie royale avec. l’Académie de Saint-Luc à Rome... On sait qu'il fut envoyé à Rome. comme directeur de l’Académie de France ; 1l y mourut le 2 septembre 1795, agé de 72 ans... Il avait administré l’Académie pendant près de 93 ans >». (JAL,1p. 979:) (3) Par une délibération du 29 octobre 1672, l’Académie de peinture et de sculpture de Paris désignait « Jouvenet le puisné » comme lun de ses lauréats ayant qualité requise pour profiter d'un séjour à Rome : en effet, ce jeune peintre avait obtenu le quatrième prix dans le concours de l’année 1671. Le jour même où l'Académie délibérait ainsi, Noël Coypel prenait congé de cette compagnie pour aller à Rome, en qualité de rec- teur, avec un groupe de jeunes artistes, parmi lesquels était un nommé « Jouvenet ». Les Jouvenet, originaires de Rouen, forment une tribu d’ar- tistes, la plupart peintres et quelques-uns sculpteurs. Auquel de ces artistes avait pu s'appliquer le qualificatif de « puisné » ? Jean Jouvenet lainé, « le Grand », comme on l'appelle, avait dix frères et quatre sœurs. Parmi ses nombreux frères, un seul eut de la notoriété comme peintre : c’est François, le treizième enfant de la famille, né vers 1665, et conséquem- ment n'ayant pu être lauréat en 1671, c’est-à-dire à l’âge de six ans. M. de Montaiglon (Correspondance, t. I, p. 38) pense qu'il pouvait s agir de Jean-Baptiste, dont la naissance avait précédé immédiatement celle de François : or, dans les familles de quinze enfants, la distance entre deux naissances consécutives n’est pas considérable, et Jean-Baptiste n'aurait eu guère que huit ans lors du concours de 1671. Mais Jean Jouvenet l’ainé — 11 — Dès les débuts de l’Académie, Errard avait eu l'idée, approuvée par Colbert, d'occuper les pensionnaires peintres à reproduire, par des copies à l’huile (1), les tapisseries faites d’après les cartons de Raphaël et qui sont encore au Vatican. « Ces copies, aujourd'hui conservées dans la cathédrale de Meaux, servirent de cartons quand on exé- cuta, aux Gobelins, la série qui existe au garde-meuble na- avait un troisième frère, nommé Jacques, qui devait être né le 16 août 1649 et avoir eu vingt-deux ans en 1671, c’est-à-dire être alors parvenu à l'âge normal des concurrents aux prix de l’Académie de peinture et de sculpture. Ce Jacques était-il peintre? Oui, répondrons-nous, en invoquant une déli- bération de l’Académie de peinture et de sculpture, du 27 mai 1673, dans laquelle un « Jacques Jouvenet » est déclaré titulaire du second prix de peinture pour la susdite année 1673. Le « Jouvenet puisné », quatrième lauréat du concours de 1671, et le « Jacques Jouvenet », second lauréat du coneours de 1673, seraient-ils une même personne qui s’identilierait encore avec le pensionnaire « Jouvenet », parti pour Rome en 1672, avec Noël Coypel ? Je n'hésite pas à adopter cette identification, car Je ne vois rien qui empêche d'admettre que Jacques Jouvenet ait pu déposer son morceau de concours à la fin de l’automne de 1672 et avoir été couronné, bien qu'absent, au printemps de l’année suivante. L’obscurité de la carrière de Jacques Jouvenet a pour cause la mort prématurée de cet artiste : en effet, il fut inhumé à Paris le 12 novembre 1674, vraisemblablement à l’âge de vingt-cinq ans. — Voyez le tableau nécrologique joint à l'Histoire de Jouvenet, par F.-N. LEROY ; le Dictionnaire de JAL, 2e édit., pp. 709-710 ; les Procès-verbaux de l’Académie royale, publ. par M. À. bE MoNTaAI- GLON, pp. 908 et 400, t. Il, p. 7; BELLIER et AUVRAY, Dictionnaire des artistes de l’école française, t. I, p. 844. _ (1) À propos de ces copies, auxquelles on travaillait depuis trois ans, le duc de Ghaulnes, ambassadeur de France à Rome, écrivait à Colbert, le 11 février 1670 : « Je vis, 11 y a quelques jours, les copies que les peintres de l’Académie du Roy ont faites des tapisseries sur les dessins de Raphaël. C’est un travail qui a esté exécuté en perfection, et dont l’on tirera plu- sieurs avantages : le premier, que le Roy pourra avoir de plus belles tapis- series que celles qui sont icy ; le deuxième, que les tableaux feront un bel ornement partout où l’on voudra les mettre ; et le troisième, que ce sera une école pour les peintres, où ils pourront beaucoup profiter ». (Lettres de Colbert, publ. par Pierre CLÉMENT, t. V, p. 345, note 4.) — A quoi Col- bert avait répondu, le 7 mars suivant : « J’ay esté bien aise de voir, par la lettre que vous avez pris la peine de m'écrire le 11 du mois passé, que le soin que le sieur Errard a pris de faire copier les tapisseries de Raphaël ayt vostre approbation ». (Jbid.. p. 292.) — 172 — tional (1) ». En 1673, la confection des copies touchait à son terme (2), car l’inventaire fait alors ne mentionne, comme étant en voie d'exécution, que six toiles reproduisant des motifs qui sont dans les bordures des tapisseries du Vatican. La besogne accomplie par les pensionnaires sculpteurs occupe une grande place dans l'inventaire de 1673. La plu- part des moulages commandés par Colbert n'avaient encore pu être expédiés en France, bien que les caisses qui les contenaient portassent une adresse ainsi conçue: « Pour le Roy et mons. Colbert, à Paris ». Quarante-quatre de ces caisses étaient déjà à Givita-Vecchia ; mais il en restait en- core beaucoup à Rome : quatre-vingt-dix caisses, renfermant des moulages de la colonne Trajane, se trouvaient emmaga- sinées au Campo-Vaccino, et l’on venait d'y amener cin- quante-deux autres caisses, «pleines de creux ou reliefs », remisées précédemment auprès de Saint-[sidore (3). Au palais Caffarelli, nouveau logis de l’Académie, une ving- taine de caisses renfermaient les creux des moulages de statues antiques célèbres ; le contenu en était indiqué par des étiquettes dont voici l’une des formules : Creux de la Vénus aux belles fesses. On appelait ainsi à cette époque, en vertu de la traduction littérale d’un surnom grec, la gra- cieuse figure dite aujourd’hui plus décemment Vénus Calli- pPy8e. De ces creux ou moules, destinés à la France, il avait été üré des épreuves qui devaient rester à l’Académie. L’inven- taire de 1673 donne en effet, sous le titre de figures mou- (1) Eugène MünrTz, Raphaël, Paris, 1881, p. 483. (2) « Je suis bien ayse », avait écrit Colbert à Charles Errard, le 24 février 1673, « que les tableaux de tapisserie des Enfants, de Raphaël [la suite que les Italiens appellent Giuocchi di Putti] soyent achevés ». (Lettres de Col- bert, publ. par Pierre CLÉMENT, t. V, p. 345.) (3) Au sujet de l’'embarquement pour Paris des caisses contenant les creux ou reliefs des antiques moulés à Rome par les soins de l'Académie de France, voyez les Lettres de Colbert, publ. par Pierre CLÉMENT, t. V, pp. 289, 300-301, 314, 359. — 173 — lées, une assez longue nomenclature de statues et de bustes antiques, dont les reproductions en plâtre constituaient déjà un bel ensemble de types qui s’imposaient à l’admiration des pensionnaires 11}, En dehors des soins qu’ils donnaient aux moulages, les pensionnaires sculpteurs créaient ou copiaient des mor- ceaux pour la décoration de Versailles, de Trianon et de Marly. L’un des plus anciens d’entre eux était François Lespingola, venu à Rome dès 1666 : Colbert pensionnait sa mère, afin qu'elle ne souffrit pas de la prolongation de son séjour à l’Académie (2. Au mois d’août 1673, il travaillait à une grande figure de Junon, en marbre blanc. Jacques Gri- mault, probablement aussi un des pensionnaires primitifs de l'Académie (3), taillait, d’après l'antique, de concert avec Simon Urtrelle (4), quelques uns des grands vases de marbre — (1) La collection des moulages réunis à l’Académie de France était déjà célèbre au dix-huitième siècle, ainsi qu’en témoigne la phrase suivante, qui termine une notice concernant le Palazzo Mancini, oggi dell’ Accademia di Francia : «E tutto pieno de’ gessi di tutte le più eccellenti statue che sieno in Italia ». (Descrizione delle pitture, sculture e architetture esposle al pubblico in Roma, dall’abate Filippo Tirr, Roma, 1763, p. 321.) (2) François Lespingola, né à Joinville, avait mérité, en remportant deux fois le prix de sculpture, d'être envoyé à Rome comme pensionnaire, en 1666. De cette faveur et de l’assistance que Colbert prêtait à sa vieille mère, il remercia le ministre par une lettre en date du 31 janvier 1673 (MonTar- GLON, Correspondance, t. 1, pp. 42-43). Sa collaboration aux sculptures de Versailles et de Marly est considérable (PIGANIOL, t. [, pp. 17, 256; t. IE, pp. 37-38, 57-58, 254; Simon THOMASSIN, Figures du parc de Versailles, 1694, n°s 37, 57, 172; voyez en outre le Dictionnaire de Jar, 2e édition, paru9) (3) « Les quatre [vases] qui sont sur la seconde terrasse [du bassin de Latone] ont été faits à l'Académie de Rome, d'après l’antique, par Grimaud et plusieurs autres étudiants » (PIGAN1OL, t. IE, p. 10). — « Vase de marbre aux masques de Satyres, par Grimault » (Simon THOMASSIN, p. 23, pl. 212). — Le prénom de ce sculpteur est révélé par l'inventaire que je publie. (4) Simon Hurtrelle, de Béthune, était pensionnaire de l’Académie avant l’arrivée de Coypel. Errard, qui l'y retrouva, faisait son éloge en ces termes : « Le sieur Simon Utrel, sculpteur, est l'un des plus capables de l'Académie, lequel a plus de facilité au travail, qui s’y applique davantage — À74 — qui escortent à Versailles le bassin de Latone. En dehors de ce travail, Grimault modelait en terre une figure de sénateur romain, et il avait antérieurement produit un buste en marbre, déjà encaissé, ainsi qu'un bas-relief en marbre € composé de trois figures de soldats, prises à la colonne Trajane ». De son côté, Jacques Clérion (D) travaillait à un buste du Roi, en mème temps qu'il exécutait son Bacchus jeune, figure en marbre qui est entrée dans la décoration de la salle ronde à quatre niches du jardin de Trianon (2. En débarquant avec Coypel, le sculpteur Michel Monnier (@) avait aussitôt fait, à titre d'exercice et à l’étude, de bonne conduite et obéissant ». (Leltre à Colbert, 2 dé- cembre 1676.) Son séjour à Rome fut exceptionnellement prolongé, en raison des ouvrages qu'il accomplissait pour la décoration des palais et jardins royaux. Lorsqu'il eut terminé ce qu’on attendait de lui, Errard lui confia la mission d'accompagner en France tout un ensemble de morceaux de sculpture taillés à l’Académie, pour le transport desquels Colbert avait envoyé à Civita-Vecchia, depuis Saint-Malo, la frégate appelée Notre-Dame- des-Anges. Au sujet de ce rapatriement de Simon Hurtrelle, Colbert écri- vait à Errard, le 20 mars 1682 : « Vous avez bien fail d'envoyer Hurtrel pour prendre soin de tout pendant le voyage, et je suis bien ayse qu'il se soit rendu capable de bien travailler pour le Roy ». Il fut, en effet, l’un des auteurs des opulents bas-reliefs du grand salon de Versailles, et les jardins de cette résidence, ainsi que ceux de Marly, s’embellirent d’un assez grand nombre des copies par lui faites durant son séjour à Rome. (PIGANIOL, t. [, pp. 256; t. IL, p. 13, 45, 52, 955, 278, 279.) En outre, il a produit, pour la façade de l’église des Invalides, les statues de saint Jérôme et de saint Augustin (JAL, Dictionnaire, 2e édit., p. 695). (1) Jean-Jacques Clérion, né à Tretz, à six lieues d’Aïx en Provence, avait été envoyé à Rome, comme pensionnaire, au printemps de 1666, en même temps que deux autres jeunes sculpteurs, Rahon et Lespingola. Il avait fait, en 1671, une médaille à l'effigie de Charles Errard, premier recteur de l’Académie de France à Rome. Plusieurs figures sorties de son ciseau furent placées à Versailles, entre autres une copie en marbre de la Vénus CGallipyge (PIGANIOL, Description, t. Il, p. 88; Simon THOMASSIN, Re- cueil, fig. 33). Il épousa Geneviève Boulogne, sœur du peintre dont il avait été le compagnon à l’Académie de France, peintre elle-même d'un certain talent. (JAL, Dictionnaire, 2 édit., p. 388; VicLorT, Notice des tableaux du Louvre : école française, art. Boulogne.) (2) PIGANIOL, Description, t. Il, p. 248. (3) Michel Monnier, à qui le passeport de 1672 donne à tort le prénom — 175 — d’étude , le modèle en terre d’une statue de Mercure; puis il s'était mis à ébaucher, d’après l’antique, un bas-relief en marbre blanc, « représentant une cérémonie... d’une jeune _ mariée à qui on lave les pieds » (1). Parmi les meubles et ustensiles de l’Académie, que l’in- ventaire détaille par le menu, je ne trouve à souligner qu’un seul article : «les eschafaux du cavallier Bernin ». C'était l’ou- üllage que la France avait mis à la disposition de l’artiste en qui s’incarnait le mauvais goût de la décadence italienne, mais dont le monde entier admirait les figures en extase lascive et les draperies affolées. À la fin de son voyage triomphal en France (2), une pension de 6.000 livres lui avait été accordée, ainsi qu'une rente de 1.200 livres à son fils Paul : en retour, il avait daigné conséntir à surveiller lexécution et à retou- cher la tête d’une statue équestre de Louis XIV, morceau qui à l’avance était salué chef-d'œuvre par le gouvernement français @). La statue finit par être entreprise, avec le de Pierre, est indiqué par PIGANïOL (t. Il, p. 337) et par Simon THOuASs- SIN (p. 10, fig. 42) comme originaire de Blois. Tous deux mentionnent, parmi les statues de Versailles, sa copie en marbre du Gladiateur mou- rant, figure antique dont l'original, au Musée du Capitole de Rome, est considéré comme représentant un Gaulois vaincu. (1) Cet ouvrage est ainsi qualifié dans l’Inventaire général de l’Aca- démie, dressé en 1684 : « Un bas-relief d’un pied et demy, qui représente une jeune marié (sic) que l’on deschauge (lisez déchausse); l’originalle est au Palais de la Valle; copié de marbre par le sr Monier et envoyé en France ». (Correspondance des directeurs, publ. par À. DE MONTAIGLON, Cp 4131) (2) Journal du voyage du cavalier Bernin en France (1665), par M. DE CHANTELOU, publ. par Ludovic LALANNE ; Paris, 1885, in-4° : extrait de la Gazette des Beaux-Arts. (3) Le 31 janvier 1670, Colbert écrivait au duc de Chaulnes, ambassadeur à Rome : « M. le cavalier Bernin s’estant offert de bonne grâce de faire la statue du Roy, et ayant promis de travailler luy-mesme à la teste et de diriger les ouvriers qui seront employés à cet ouvrage, il y a desjà quelque temps que le marbre qui y doit servir est préparé ». (Lettres de Golbert, t. V, p. 291.) — Ecrivant, le 7 mars 1670, à l'abbé de Bourlemont, audi- teur de rote, Colbert s’exprimait en ces termes sur le même sujet : « Je suis bien ayse que vous ayez obtenu un lieu au Vatican qui est commode 2 176 À concours des échafaudages que récupéra l’Académie de France ; mais elle ne parvint à Versailles que trois ans après la mort de son auteur, et l'attente du gouvernement de aux peintres de l’Académie royale pour achever la tapisserie de Raphaël, et en mesme temps un autre proche la basilique de Saint Pierre, pour y dresser un atelier pour faire travailler à la statue du Roy » ({bid., t. V, p. 292, note 2). — Le 16 mai suivant, Colbert écrivait à Louis XIV, en con- séquence de renseignements venus de Rome : « Le cavalier Bernin tra- vaille à présent à la figure de Vostre Majesté à cheval, sur un bloc de marbre blanc d’une prodigieuse grosseur que Jj'ay fait voiturer dans son atelier ; c’est la raison pour laquelle j'ay envoyé à Vostre Majesté l’ordi- naire de sa pension et de celle de son fils » (/bid., t. VI, pp. 278-79). — Le 10 mai 1672, le duc Annibal d’'Estrées, ambassadeur de France à Rome, écrivait à Colbert : « Le cavalier Bernin est fort assidu et appliqué à son travail, et y employe le plus souvent sept à huit heures du jour. Il ne croit pas le pouvoir achever avant dix-huit mois » (1bid.. t. V, note 2). — Le prochain achèvement de la statue était annoncé en ces termes, le 6 juin 1672, par le cardinal d’Estrées, frère de l'ambassadeur, au ministre Col- bert : « Il [le cavalier Bernin] espère pouvoir achever son ouvrage dans la fin de l’année, ou tout au plus tard dans le printemps prochain » (Cor- respondance administrative sous Louis XIV, publ. par DEPPING, t. IV, p. 587). — Pour que cette perspective d'achèvement se réalisät, Colbert avait dû faire luire aux yeux du cupide artiste une gratification spéciale, en dehors de la pension annuelle qui lui était servie par le gouvernement français (Lettres de Colbert, t. V, p. 351, note 1). — Colbert employait en outre les termes suivants, pour aiguillonner la vanité de l'artiste : « J'apprends avec grand plaisir que vous avancez la statue du Roy que vous avez entreprise comme vostre chef-d'œuvre et un ouvrage qui fera parler de vous et fera, pour un long temps, connoistre, en ce royaume, vostre vertu, puisque, par ce grand ouvrage, vous l'attachez au plus grand Roy que le plus florissant royaume de la chrestienté ayt Jamais eu. Je vous prie d’estre persuadé que nous donnons icy à ce chef-d'œuvre tout le mé- rite qu’il doit avoir. » (Ibid. t. V, pp. 359-060, lettre du 28 octobre 1673). — Une dépêche de Coypel, en date du 23 août 1673, disait à Colbert : « La statue du Roy est presque faite; mais, depuis quelques jours, le cavalier Bernin est tombé malade » (MONTAIGLON, Correspondance, t. I, p. 48). — À cette même époque, la statue avait été dégagée de son encadrement d’ « eschafaux », puisque ceux-ci étaient dès lors abrités dans le logis de l’Académie de France. — La réception de la statue, par les soins de Charles Errard, eut lieu dans les premiers mois de l’année 1679 (Lettres de Col- bert, t. V, p. 388); mais l'expédition n’en fut faite que quatre ans plus tard, c'est-à-dire en septembre 1683 (Ja, Dictionnaire critique de biographie el d’histoire, 2 édit., p. 210). — 177 — Louis XIV fut singulièrement déçue par ce morceau préten- tieusement médiocre. En effet, pour en tirer parti, on réso- lut de remplacer la tête du monarque par celle d'un Romain: casqué, puis de faire sculpter des flammes sous le ventre du cheval ; après quoi ce cavalier, baptisé Marcus Curtius, fut relégué dans le parc de Versailles, à la plus lointaine des extrémités de la pièce d’eau dite des Suisses (1). Ce fut une leçon sévère pour le gouvernement qui, lors des débuts de l’Académie de France, suppliait Bernin d'accepter le rôle d’inspirateur suprême des jeunes pensionnaires (2). Fort heureusement, le contact des monuments de l'antiquité avait préservé le génie français d’une aussi malsame mfluence. (1) PIGANIOL, t. II, p. 105; Simon THOMASSIN, p. 11, fig. 62. (2) Au sujet de la peine que prenait Bernin de donner des conseils aux pensionnaires de l’Académie de France, Colbert écrivait au duc de Chaulnes, ambassadeur à Rome : « Je remercie M. le cavalier Bernin du soin qu'il prend de les aller quelquefois corriger, et le prie de continuer d’en prendre la peine, Je vous supplie aussy de l'y engager autant que vous pourrez, les visites dudit cavalier estant de grande utilité à ces jeunes gens et leur don- nant beaucoup de courage » (Dépêche du 15 juillet 1667 : Lettres de Col- bert, publ. par Pierre CLÉMENT, t. V, p. 272). — Voyez, dans le mêmé vo- lume, les pages 280 et 348 ; voy. aussi le sommaire d’une dépêche de Col- bert à Errard, en date du 1er février 1680, dans la Correspondance des directeurs, publ. par À. DE MONTAIGLON, t. I, p. 93. oo INVENTAIRE DU MOBILIER ET DES TRAVAUX DE L’ACADÉMIE DE FRANCE A ROME, . DRESSÉ, EN 1073, À LA REQUÊTE DU RECTEUR NOEL COYPEL, PAR LE NOTAIRE JACQUES-ANTOINE REDOUTEY, DE . BESANCON. Aujourd’ huy mecredy, de relevée, vingt-quatriesme du mois de may mil six cent soixante- treize, au mandement et requisi- toire de Monsieur Noël Coipel, ae de l’Accadémie royalle de peinture et sculpture à Rome, moy Jacques-Antoine Redou- tey, notaire public apostolique souscrit, en présence des tes- moins en bas nommés, me suis transporté au dedans d’une maison où demeuroit cy-devant Monsieur Charles Erard, ancien recteur de ladite Accadémie royalle de peinture et sculpture, et où estoit ladite Accadémie, sçize au mont Sainct-Honofre ; où estant et ayant trouvé ledit sieur Coipel avec les sieurs Fran- çois Lespingola, Charles Héraut, Simon Hurtrelle, Jacque Munie, Michel Monie (1), tous pensionnaires de ladite Accadémie, et le (1) On considère généralement Pierre Monnier et Jacques Monnier, peintres, ainsi que Michel Monnier, sculpteur, comme les trois fils de Jean Monnier, de Blois, dont le Louvre possède un tableau. Pierre Monnier compta parmi les premiers pensionnaires de l’Académie de France à Rome; il en était revenu à l'époque dont nous nous occupons. Jacques Monnier, également peintre, est celui qui était à l’Académie le 24 mai 1673, lorsque fut entrepris l'inventaire, mais qui était parti pour Naples quand cet acte fut clos, le 28 août suivant. Michel Monnier, le sculpteur, avait été amené à Rome par Noël Coypel, dans l’automne de 1672. Les va- riations de l’orthographe du nom commun à ces trois artistes n’ont rien qui doive surprendre. JAL, dans son Dictionnaire (2e édit., p. 879), relève jusqu'à cinq variétés écrites du nom de cette famille. Parmi ces variétés, il y a celle de Meusnier ; et, en effet, Monnier est un synonyme dialec- tique du substantif « meunier », devenu nom de famille. de — 179 — sieur Jean Nod, despensier, celuy sieur Coipel m’auroit déclaré que, pour le devoir de sa charge, il me requéroit, en présence des susdits, de faire le présent procès-verbal pour justification de ce qui a esté laissé en ladite maison et Accadémie par ledit Sleur Erard, afin decle faire transporter en Celle-où 1l'est.à présent, au palais Caffarelle, proche Saint-André de la Valle, et ensuite aussy faire procès-verbal de ce qu’il a esté jusqu’à ce jour et avant iceluy transport de ladite Accadémie où estoit ledit sieur Erard en celle où ledit sieur Coipel demeure; ce que nous luy avons accordé. À cet effet, tout ce qui ensuit a esté représenté par lesdits sieurs pensionnaires et despensier qui estoient en ladite Accadémie avec ledit sieur Erard. En la chambre dudit sieur Erard se sont trouvés les meubles suivants qui servent à présent au sieur Coipel, et en son enti- chambre. Premièrement, un lit composé de deux trétaux de fer avec les quatre colonnes aussi de fer, garni de deux matelas, un tra- versin, deux couvertures de laine et une de coton, d’une pail- lasse, du fond composé de cinq aix, et de ses rideaux et cour- tepointe de damas jaune, garnis de brocatelle bleue et jaune, quatre baguettes de fer pour porter les rideaux, et de quatre pommes de bois doré. Quatre chaises de veloux rouge. Soixante et sept lets de damas rouge et jaune, qui servent de tenture à deux chambres, sans y comprendre quelques dessus de portes et cheminées, dont une partie a esté acheptée. Trois portières de la mesme estofe, dont l’une a servi à longer les deux autres. Trois portières de cuir doré. Six chaises de cuir rouge doré: Six autres du mesme cuir, sans estre doré. Une table ovale de bois d’arbouge (1), où l’on mange. (1) C'est ce que l’Inventaire appellera plus loin « bois d’albuzze ou tillot ». Le tilleul étant dans la catégorie des bois blancs, il n’est pas dou- teux qu'œrbouge et albuzze, données comme synonymes de fillot, dérivent du mot latin albugo, qui signifie blancheur et a engendré le mot italien albura, qui désigne la couleur blanchâtre. — 180 — Dix placets (1) de bois de noyer, dont les pieds sont tornés, et le dessus est à huict pans. Un gros placet du mesme bois et aussi torné. Quatre placets du mesme bois, tornés, couverts de damas Jaune tout usé. Et ensuite, nous nous serions transporté de ladite maison audit palais Caffarelle où est à présent ladite Accadémie royalle, et procédé à ce qui ensuit en présence des susnommés et des tesmoins cy-après. à BATTERIE DE CUISINE, BLANCHERIE (2) ET BOTTES (3) À METTRE LE VIN POUR LE SERVICE DE L'ACCADÉMIE ROYALLE DE ROME. Premièrement deux marmites de cuivre avec leurs couvercles désétamés et percés en divers lieux. Un tigame (4) long, de cuivre destamé. Trois poueslons destamés. Deux tourtières avec leurs couvereles destamés. Trois poeslles de fer. Deux escumoires de fer, l’une des deux rompue ét hors de service. Trois petits trépieds de fer. Deux grilles. Deux broches grandes et deux petites. Un gros cousteau de fer. Une leschefrite. Deux passoires de cuivre destamé. Douze cousteaux de table. Quatre plats d’estain, moitié fendus hors de service, qui pèsent dix-neuf livres tous quatre. Une navisselle (5) de fer qu’il faut faire raccommoder. (1) Sorte de siège sans dos ni bras, autrement dit tabouret. (2) C’est la forme française du mot italien biancaria, qui sert à dési- gner le linge pour l’usage de l’homme. | (3) Botte, en italien, et boute, en vieux français, signifient futaille. (4) Tegame, en italien, signifie tourtière. (5) C’est la transformation française du mot italien navicella, servant à désigner ici un ustensile de cuisine ayant la forme d'un bateau. DS — 1 — Deux grands chenets de fer et deux petits. Une poisle de fer hors de service. Un petit bassin de cuivre. Compte du linge. Premièrement vingt-deux paires de linceulx (1) : sçavoir huict paires de bons et quatorze à servir seulement deux blanchi- fleures, dont desdites quatorze paires de vieux s’en est levé deux paires pour raccommoder les autres. Quatre nappes : sçavoir une qui pourra servir quelque temps, et les autres trouées hors de service. Trois petites nappes vielles qui servent à essuier les mains. Vingt-quatre serviettes vielles hors de service. Douze plats de faïance. Vingt-quatre assiettes. _ Cinq bouttes à mettre le vin, trois bonnes et deux qui ne vallent rien. Dans la cuisine, deux tables grandes et une autre grosse pour acher (2) ce qui fait de besoing, et deux bancs pour $s’as- seoir. MEUBLES DES PENSIONNAIRES. Dix-huict lits garnis chascun de deux trétaux de bois, excepté quatre qui ont des trétaux de fer, de cinq aix chaseun pour le fond, d’une paillasse, d’un matelas, d’une couverture de laine et d'un traversin. Seize tables à deux tiroirs, de bois d’arbouge. Six tables sans tiroir, de bois de noyer. Sept chaises de paille. Quatre coffres de bois d’'arbouge qui servent de bancs. Deux couvertures de laine de reste. Cinq couvertures de coton. Douze placets de bois d’arbouge demy rompus. Dont une partie desdits meubles se sont trouvés dans les (1) Draps de lit. (2) Hacher. oo chambres des sieurs François Expingola (1), Jacques Munie (2), Sarrasin (3), du Vivier (4), Boulongne (5), Rabon (6), Alexan- dre (7), Jacques Grimaul (8), Jean Tortebate (9), Person (10) et Jouvenet (11), du sieur Voullant (12), de Charles Héraut (13), Michel Munie (14), Simon (15), du sieur Clérion (16), au logis où estoit cy-devant l’Accadémie, en la salitta Saint-Honofrio. USTANCILES Quarante-quatre planches ou ais, de huit à neuf palmes (17) de haut jusqu’à un et demi de large, qui ont esté employés à faire des cloisons. Neuf trétaux à faire des eschafaux volans. Deux eschèles doubles. Deux eschèles à monter, qui sont fort vielles. Une charette à faire tirer par des hommes pour porter de moyens fardeaux. Une sivière. Une presse à imprimer, avec six langes (18). (1) François Lespingola. (2) Jacques Monnier. (3) Bénigne Sarasin. (4) Du Vivier le Jeune. (5) Bon Boulogne. (6) Nicolas Rabon. (7) Alexandre Ubeleski. (8) Jacques Grimault. (9) Jean Tortebat, (10) Charles-François Poerson. {1) Jacques Jouvenet. (12) Vollant. (13) Charles-Antoine Hérault. (14) Michel Monnier. (15) Simon Urtrelle. (16) Jacques Clérion. (17) « PALME, s. m. Mesure dont on se sert exclusivement aujourd'hui en Italie pour le commerce des marbres ; elle vaut 0,95; il faut 6% palmes cubes pour faire un mètre de volume » (LITTRÉ). (18) « Une prèse (L. presse) pour des estampes, et une toile imprimée de huit à neuf pieds ». (Inventaire général de l’Académie, dressé le 6 dé- — 183 — Une table pour le Modèle. Une lampe. Une table à armoire sur laquelle on met le marbre pour broyer les couleurs ct les serrer. Une pierre à broyer, de porfire, sans molète-:(1). Deux meschants lits à armoire, rompus et hors de service. Quatre grandes poultres. Les eschafaux du cavallier Bernin. Plusieurs chassis démontez qui ont servy aux tableaux qu'ont faits les anciens pensionnaires, dont une partie a esté employée à faire des cloisons. Un establie. Cinq vertines à mettre de l'huile @). Trois blocs de marbre: un à de long cinq pieds un pouce, et de haut dix-huit pouces, sur deux pieds dix pouces de large l’autre cinq pieds neuf pouces de longueur, un pied et a de haut et deux pieds deux pouces de large; et l’autre a cinq pieds sept pouces de long, un pied dix pouces de haut et deux pieds deux pouces de large. Quatre chevallets à peindre. Deux autres qui sont rompus. Un manteau et une robbe de serge blanche pour jetter des drapperies. Une sie de douze palmes de long. Une caisse qui a servi à descendre le creux de la colonne Trajane. Deux girelles (3) qui ont quatre polies chacune. Une meule avec son fryt (4). cembre 168%, publié par M. DE MONTAIGLON, dans le tome [ de la Corres- pondance des directeurs, p. 137.) ee (4) « Un porphyre, d'environ deux pieds de long, pour broyer les cou- leurs ». (Inventaire général de l’Académie, dressé le 6 décembre 1684, publ. par M. DE MONTAIGLON, dans le tome I de la N'Hepondne des directeurs, p. 137. (2) « Cinq tinelles de terre cuite, dans es ue est lhuille Hour Paca démie », (Ibid ) 3) « Deux moufles et deux poulie de bronzes, et une seulle d’une poulie avec deux louves, le tout pour eslever les g rands bellocs de marbre ». n- ventatr'e de 168%.) (4) Dans le vieux français, frit avait le sens de notre mot {alus.'Or, — 184 — Douze roulleaux qui peuvent encore servir, et deux hors de service. Quatre caisses pour servir à monter dessus et serrer les ou- tils des sculpteurs. Outils des Sculpteurs, dont une partie ont esté acheptés de nouveau tiltre, consistant en quatre compas, sçavoir trois de bois, garnis de pointes de fer, de cinq à six pieds de haut, les autres de trois à quatre: le quatrième est courbe et de fer, d’en- viron trois pieds; soixante-un outils d’assié, consistant en sizeaux, pointes et trépans, tant bonnes que mauvaises; six füts de trépans, tant bons que mauvais; six masses, tant bonnes que mauvaises ; trois escaires, un niveau et deux règles de bois. Deux auges et deux truelles. Une partie des ustanciles cy-dessus nommez et ce qui suit est par le rapport des sieurs François, Grimauld et Simon : d'autant que tout cela s’est trouvé si embarrassé qu'il n’a pu estre conté. Dix tavolons. Sept grands leviés. Quatre trétaux, d’un pied et demy de haut. Deux caisses à mettre du plastre. Un coffre aussy à mettre du plastre. Deux traviceles (1) de quinze palmes, qui ont esté employés à la cloison de l'atelier du sieur François. Quatre coupes de marbre. Quatre chevalets à travailler le marbre. Quatre chevalets à modeler. Deux petites poultres. Un marteau. Des tenailles. Un soufflet pour une petite forge. Une petite encluine. pour éviter les conséquences de l'éclatement toujours possible de la meule tournante, on la plaçait dans un encaissement ouvert par en haut, mais dont les faces extrêmes étaient en talus : de là peut-être l'emploi du mot fryt pour désigner l’appareïl en bois dans lequel la meule seu engagée. (4) Du mot italien travicello, petite poutre. — 185 — Cordages (1). Une corde à moitié usée, de cinquante-quatre cannes (2) de long, et chaquune canne de huict palmes ordinaires, d’une onze (3) de grosseur. Une aultre corde neuve, de dix-huict cannes un tiers de long et d’une onze et demi de grosseur. Un cable neuf, de septante et neuf cannes de long et de deux onzes et demi de grosseur. Un cable tout usé, de cent vingt-une cannes de long et de quatre onzes de grosseur. Un cable neuf, de nonante et quatre cannes de long et de deux onzes de grosseur. Un cable à demy usé, de quarante-deux cannes et demi de long et de deux onzes de grosseur. , Un cable neuf, de septante et une cannes et demi de lon- gueur, d'une onze et demi de grosseur. CAISSES CONTENANT LES FIGURES ET CREUX QUI SONT TANT A CIVITA-VECHIA QUE DANS LES MAGASINS DE ROME, suivant la relation des sieurs François et Grimaud. Sont premièrement à Campo-Vachine (4) nonante caisses remplies de bas-reliefs de la colonne Trajane, qui n’ont pu estre contées ni ouvertes, lesquelles lesdits sieurs susnommez ont (1) « Deux gros cables, dont l’un a cousté cent dix escus romains ; ils serve pour eslever les grand belocs de marbre » (Inventaire de 168%). (2) CANNE : Mesure de longueur employée en divers pays, particulière- ment en Italie, et dont la valeur n’est pas constante; celle de Naples vaut deux mètres vingt-neuf centimètres » (LITTRÉ . (3) L'’once était sans doute un douzième du palme et aurait pour équi- valent actuel environ deux centimètres. (4) Campo Vaccino est le nom moderne de l'emplacement du grand Forum romain, au voisinage duquel FAcadémie de France avait amodié un magasin pour remiser les creux en plâtre des bas-reliéfs moulés de la colonne Trajane, celle-ci séparée du grand Forum par la colline du Capi- tole. — 186 — certifié estre en ce nombre et contenir lesdits bas-reliefs ei- dessus nommez. À. 5. Isidore (1), s’est trouvé cinquante-deux caisses pleines de creux ou reliefs, suivant le rapport desdits sieurs Grimaud et Monier, qui les ont fait transporter au magasin de Campo- Vachine. Au magasin de Givita-Vechia, sont quarante-quatre caisses, suivant la relation des sieurs François et Grimaud. Et en suitte nous nous serions transportés de ladite maison audit palais Caffarelli, où est à présent ladite Accadémie royalle, et procédé à ce que s’ensuit, en présence des susnommés et des tesmoins ecy-après : Une grande quesse, de neuf palmes de longueur et de quatre d’hauteur et cinq de largeur, clouée et serrée, sur laquelle est escrit : Creux de bustes. Deux autres grandes quesses, contenant des creux de bustes de Bourguèse (2), toutes deux de près de six palmes, tant de largeur que de longueur, et trois palmes de hauteur ou environ, clouées et serrées. Une autre grande quesse, clouée et serrée, de neuf palmes de longueur et de trois de hauteur et quatre de largeur, con- tenant des creux de Lions (3), par inscription. Une autre grande quesse, serrée et clouée, ayant de longueur cinq palmes et de largeur quatre et demie et de hauteur deux palmes, ayant pour inscription : Creux de la Vénus ‘aux belles fesses (4). Trois autres quesses de moyenne grandeur, ayant chascune (1) Sant’Isidoro, église située sur le Pincio, c'est-à-dire à courte dis- tance des villas Borghèse et Ludovisi, où l’Académie de France avait fait prendre de nombreux moulages de figures antiques. Un dépôt provisoire des creux et reliefs de cette catégorie aurait existé, parait-il, près de l’église dédiée à saint Isidore. (2) C'est-à-dire de bustes appartenant à la collection Borghese. (3) C'étaient probablement les creux des Lionnes d'Egypte en basalte, placées au pied de l'escalier qui conduit à la place du Capitole. En effet, l'Inventaire général de l’Académie, dressé le 6 décembre 168%, men- tionne, parmi les moulages : « Une Lione d'Egipte du Campidolle » (Mon- TAIGLON, Gorrespondance; t. I, p. 131). (4) Autrement dite Vénus Callipyge, actuellement au Musée de Naples. M Een AE SA — 187 — cinq palmes de longueur, deux de hauteur et trois de largeur, ayant pour inscriptions, l’une : Creux du Centaure Bour- gquèse (1i, l’autre: Creux de Mercure et Lion, et la dernière: Creux de l’'Ermafraudite Burguèse (2). Deux autres quesses, environ de cinq palmes et demi de longueur, quatre de largeur et deux de hauteur chascune; l’une inscrite : Creux d’un Vase, l'autre: Creux du grand Faune de Bourguèse (3). Deux autres quesses de cinq palmes de longueur, quatre de largeur et de hauteur trois palmes ou environ; lune inscrite : Creux du Sacrificateur (4), et l’autre : Creux du Centaure, clouée et serrée. Une autre quesse, clouée et serrée, ayant sept palmes de longueur, de largeur quatre et de hauteur deux palmes, con- tenant pour inscription : Vase en petit volume. Une autre quesse, clouée et serrée, de six palmes de lon- cueur et quatre de largeur et deux de hauteur ou environ, con- tenant pour inscription : Creux du grand Faune Bourguèse. Une autre quesse, clouée et serrée, de quatre palmes en quarré, ayant pour inscription: Creux d'une Cibille. Une autre quesse de médiocre grandeur, clouée et serrée, de quatre palmes en quarré et de hauteur deux palmes et demi, ayant pour inscription : Creux d’une Cibile de Bourguèse (5). Toutes lesquelles sont clouées et serrées, et à chascune d’icelles est dit : Pour le Roy et mons. Colbert, à Paris. Et les susdits comparants, comme devant, affirment estre en chascune Wdicelles ce que porte son inscription, et le déclarent L'Inventaire général de 1684 en fait mention dans les termes que voici : « Deux Vénus de Farnèse, que l’on appelle aux belles fesses ». (1) « Le Santore de Bourgaize », dit l'Inventaire général de 1684. Cette figure est au Louvre. (2) La collection Borghèse renfermait deux statues d’Hermaphrodite couché sur un matelas : l’une d'elles est au Louvre ; l’autre est demeurée à la villa Borghèse. (3) L’'Inventaire de 1684 appelle cette figure, qui est aujourd’hui au Louvre : « Le grand Faune de Bourgaize qui tient un Enfant sur ses bras ». On dit généralement aujourd’hui : le Faune à l'enfant. (4) « Le Sacrificateur du Campidolle », dit Inventaire de 168%, (9) « Une Sibille de Bourgaize » (Inventaire de 168%). Fo = ainsi pour les avoir clouées et serrées, et mis dedans ce que dessus, ainsi qu'ils le jurent. : Une autre quesse ouverte, dans laquelle il y a un groupe de Lutteurs (1), de six palmes de long, quatre et demi de hauteur et quatre de large, laquelle est sans couvercle. Deux autres petites quesses, fermées et clouées, de trois palmes et demi de hauteur chascune et de largeur trois palmes, et de longueur quatre palmes et demi, dans lesquelles les sus- dits déclarent y avoir, sçavoir: en l’un un buste de marbre fait à l’'Accadémie par M. Grimaud, l’un des pensionnaires de ladite Accadémie, ey présent et le déclarant ; et l’autre est ins- crite : Creux d’un Mercure. Quatre caisses de creux d'anatomie (2). Une caisse d’un buste de marbre, suivant la relation desdits sieurs susnommez. A LA COUR DUDIT PALAIS. Un grand blau de marbre, de huit palmes de longueur ou environ, deux palmes et demi en quarré. Trois trensons de quelques blaus de marbre sié, dont lun des petits n’est bon qu’à faire des caraux, et le grand ayant six palmes de longueur et un demi d'épaisseur et deux de large. OUVRAGES Un petit Bachus de marbre blanc, d'environ six palmes de haut, à peu près fini, auquel travaille le sieur en on, pension- naire de ladite Accadémie (3). Plus un buste du portray du Roy, de marbre blane, non fini, (1) « Les Lutteurs de Florance » (Inventaire de 1684). — C’est le groupe antique qui est dans la tribune du Musée des Offices, à Florence. (@) « Plusieurs moulles moullée sur le corps humain par partie escor- chée » (Inventaire de 1684). L (3) « Dans la salle ronde à quatre niches [du jardin de Trianon], on trouve quatre petites statues : Mercure, par Franqueville ; un Jeune Bac- chus, par Clérion; un Bacchus antique ; un petit Faune antique ». (PiGA- NIOL, Description, t. Il, p. 248.) . — 189 — où travaille encore le susdit Clérion, pensionnaire de ladite Accadémie royale. Plus un vase de marbre blanc, à moitié fini, en un peu plus de cinq palmes de hauteur avec son pied, auquel travaille le sieur Simon Urtrec, aussi pensionnaire de la susdite Accadémie royale (1). Plus un vase formé d’après l’antique, d'environ trois palmes de hauteur. Plus un autre vase aussi de marbre blanc, aussi dégrossi, auquel travaille le sieur Grimau, pensionnaire aussi de ladite Accadémie royale (2). Plus un bas-relief de marbre blanc, de quatre palmes de long et trois de haut, commencé à esbaucher par le sieur Michel Monié, pensionnaire de ladite Accadémie royale, représentant une cérémonie antique d’une jeune mariée à qui on lave les pieds, composé de deux figures (3). Un autre petit bas-relief de marbre blanc, de largeur d’envi- ron trois palmes, deux palmes et demi de hauteur, composé de trois figures de soldats, prises à la Colonne Trajane, fini par le sieur Grimau, pensionnaire de ladite Accadémie royale. Plus un modèle de terre, auquel présentement travaille le sieur Grimau, ayant de hauteur trois palmes et plus, représen- tant une figure d’un sénateur romain, d’après un torse antique auquel on a adjousté les parties qui manquaient pour rendre la figure parfaite (4). (1) L’'Inventaire général de l’Académie. dressé en 1684, mentionne «un Vase de Bourgaize, dont il luy en a une copie de marbre envoyé en France ». De son côté, PIrGANIOL (t. Il, p. 93) cite, parmi les ornements de la tablette de droite du Parterre d’eau de Versailles, « un vase de marbre de Languedoc, par Hurtrel ». (2) L’un des quatre vases qui ornent la seconde terrasse du Bassin de Latone, à Versailles. {PIGANIOL, t. IE, p. 10.) (3) J’ai cité, dans les notes de mon texte, le passage de l’Inventaire de 1684 qui concerne cet ouvrage du statuaire Michel Monnier. (4) Une restauration du même genre, qui avait eu lieu pour l’une des statues placées à Versailles, est ainsi mentionnée par PIGANIOL (t. IT, p. 67) : &« Un Sénateur. Il a auprès de lui un petit coffre appelé scrinium, qui fermoit à la clef, et où les Romains enfermoient leurs papiers les plus précieux. Cette statue fut trouvée à Langres ; mais elle étoit sans tête : — 190 — Plus un autre modèle aussi de terre, représentant un Mer- cure, de trois palmes de haut, que le sieur Michel Munie a fait arrivant, pour son estude. Plus une grande figure de marbre blanc, de dix à douze palmes de haut, représentant une Junon, dont le devant est plus qu’esbauché, et le dernier qui n’est pas commencé à esbau- cher. | Plus un modèle de terre de ladite figure, de hauteur de quatre palmes, et un pius fini, les deux par le sieur François de Spingola. PEINTURES Premièrement six toiles de dix à onze palmes de large, sur six à sept palmes de haut, dont il y en a quatre plus qu’esbau- chées et presque finies, composées chascune de deux figures représentant des Vertus, environnées de niches, enrichies de quantité d’ornemens ; et les deux autres commencées à esbau- cher, composées aussi de deux figures de Vertus, enrichies de niches comme dessus : le tout après Raphaël. MEUBLES En les six chambres dudit logis, occupées par six pension- naires de ladite Accadémie, garnies ainsi que s'ensuit : Scavoir en celle dudit sieur François de Spingola, un lit avec les pieds de fer, un matelas, deux couvertures, l’une de lesne et l’autre de futaine, un traversain, avec les quatres planches, plus deux tables d’'albuzze, une escabelle de mesme bois. En celle du sieur Jacques Munier, un lit avec ses pieds de fer, planches et autres assortissemens comme dessus, une table du mesme bois et un escabeau aussy du mesme bois. En celle du sieur Sarrasin, un lit de fer, garni comme dessus, avec deux tables et un escabeau du mesme bois que dessus. En celle de M. du Vivier, un lit avec les pieds de bois, assorti heureusement il s’en trouva une chez M. de la Vrillière qui lui convient parfaitement. Je n’oserois pourtant assurer que ce soit celle de cette statue ». — 191 — comme dessus, une table et un escabeau du mesme bois que dessus. En celle du sieur Rabon..….…. Dans la chambre du sieur Alexandre Alexade (1), pension- naire, un lit composé de ses deux pieds de bois, avec ses plan- ches, un matelas, une paillasse, un traversin, deux draps et une couverture de lesne, un eschabau de noiïé et un siége de paille. Plus, en la chambre des sieurs Jacques Grimau et Jean Tor- tebase, pensionnaires, deux lits assortis comme dessus, de bois d’albuzze ou tillot, une escabelle du mesme bois. ; Plus, dans la chambre des sieurs Person et Jouvenet, pen- sionnaires, deux lits comme dessus assortis et une table. Plus, dans la chambre de mons. Voullant, pensionnaire, un lit assorti comme dessus, une table de bois de noiïé vielle et une autre de bois de sapin avec un tiroir, et un eschabeau du mesme bois. Plus, dans la chambre du sieur Charles Héraut, pensionnaire, un lit assorti comme dessus, et un escabeau de bois comme dessus. Plus, dans la chambre du sieur Benoît Ferjean (2), pension- naire, un lit assorti comme dessus, une table de bois de noiïé avec ses fers. Un siége de bois de noié, une meule à afuter les moulins. Plus, dans la chambre du sieur Michel Munie, pensionnaire, un lit assorti comme dessus, et une table de bois de tilot, et un siége de mesme bois. Plus, dans la chambre du sieur Simon, pensionnaire, un lit assorti comme dessus, une table de bois de tillot et un siége de mesme bois. Plus, dans la chambre du sieur Clérion, pensionnaire, un lit, une table et un siége comme dessus. (1) Il s’agit d'Alexandre Ubeleski, dont le prénom était considéré comme un nom de famille. Les Italiens l'appelaient « Alessandro de’Alessandris » (Titi, Descrizione : indice de’nomi), ou bien « Alessandro degli Alessan- dri » (BERTOLOTTI, Arétisti francesi in Roma, p. 151). (2) Farjat. — 192 — FIGURES MOULÉES. Le Lion du Gampidolio (1). Une Anatomie de cire, dont les deux bras sont hors de leurs places (2). | Deux Ganimèdes (3). Deux Bacchus (4). Deux Faunes de Médicis. Deux autres petits Faunes (5). Deux Sacrificateurs (6). Deux petits Fluteurs (7). L’Agripine (8). La Vénus de Médicis (9). Le Centaure (10;. La Vénus aux belles fesses (11'. (D) L’Inventaire de 1684 dit : « Une Lione d’Egipte du Campidolle ». (2) Cette même pièce est indiquée en ces termes dans l’Inventaire de 1684 : « Une grande anathomie de sire (sic) gastée ». Les avaries de l «ana- tomie de cire » ne firent que s’aggraver, ainsi qu'en témoigne le passage suivant d’une lettre écrite le 17 février 1693 par le directeur La Teulière : « Quand j'entray à l’Académie, cette partie (l'anatomie) y étoit sy négligée que je trouvay dans un coing d’hatellier, où l’on travailloit le marbre, une figure anatomique de cire grande comme nature, que l’on y avoit fait au- trefois avec assés de soing. Elle y étoit sy abandonnée que l’on avoit enlevé la cire des bras et de tout le torse, devant et derrière, de manière que je fus obligé de la faire restaurer sur un jet que l’on en avoit conservé dans dans l'Hospital du St Esprit, et la fis mouler ensuite et en fis tirer deux jets de plastre que je fais mettre auprès du Modelle dans les salles où l’on dessine après luy, l'hiver, à la lampe, et, l’esté, à la lumière du jour ». (MONTAIGLON, Correspondance des D eur t. 1, pp. 362-368. — Voyer en outre t. IL, p. 16.) (3) L’ ee e de 1684 mentionne : « Le Ganimède de Médisis ». (4) « Deux Bacus de Médisis », dit l’Inventaire de 1684. (5) « Le petit Faune de Bourgaize ». (Inventaire de 1684.) (6) « Le Sacrificateur du Campidolle ». (Ibid.) (7) « Le Flusteur de Bourgaize ». (Ibid.) (8) « L’Agrippine de Bourgaize ». (Ibid.) (9), « La Vénus de Médisis, de présent à Florance ». (Ibid.) (10) « Le Santore (lisez Centaure) de Bourgaize ». (Ibid.) (11) « Deux Vénus de Farnèse, que l’on appelle aux belles fesses ». (1bid.) — 193 — Deux Impératrices (1). Deux Lutteurs et un imparfaict (2). Le Lion de Médicis {3). L'Uranie (4). Un Mercure (5). Le grand Faune de Borguèse tenant un petit enfant (6). Un Gladiateur (7). Deux esclaves (8). Une Agripine. Un Hermafrodite sur son matelas (9). Une Egiptienne (10). Une petite Boème (11). L’'Hercule de Farnèse (12). Deux Vases de Borguëze (13). Un Vase de Médicis sans pied (14). (D) « L’Imperatrisse de Cesi (c'est-à-dire du palais Cesi). — Une Impe- ratrice ». (Inventaire de 1684.) (2) « Un groupe de Luteurs de Florance ». (Ibid.) (3) « Le Lion de Médisis ». (Ibid.) C’est l'un des deux Lions de marbre placés de chaque côté de la Loge des Lanzi, à Florence. (4) « L’Uranie du Campidolle ». (Inventaire de 168%.) (5) « Un Mercure, mouillé sur celuy de bronze qui est au Campidolle et à Farnèze ». (Ibid.) (6) « Le grand Faune de Bour paire qui tient un enfant dans ses bras ». (Tbid.) (7) « Le Gladiateur de Bourgaize » (Ibid.). C’est la belle figure du Gla- diateur combattant, qui est venue au Louvre, avec la plupart des antiques de la villa Borghèse, en 1808. (8) « Les deux esclaves de Farnèze ». (Inventaire de 1684.) (9) « L'Hermaphrodite de Bourgaize ». (Ibid.) (10) Sans doute une statue égyptienne. (1) Probablement une figure asiatique, rappelant le type des Indous que le populaire appelle Bohémiens. (12) « L’Hercule de Farnèze » (Inventaire de 1684). C’est la figure colos- sale qui est actuellement au Musée de Naples. (13) « Un vase de Bourgaize et un de Médisis, tous deux copié et répesté deux fois de marbre et envoyé en France ». — « Un vase de Bourgaïze, dont il luy en a une copie de marbre envoyé en France ». (Inventaire de 1684.) (44) « Un vase de l'iphigénie de Médisis ». — « Quastre morseaux séparé 13 - lu Soixante bas-reliefs de la Colonne Trajane (1). Dix grands bustes de la Vigne Borguèse. Une Nymphe. Deux Tireurs d’espine (2). Un Aigle. Vingt bustes de Farnèse. Trois testes de chevaux des bas-reliefs du Campidolio. Quatre testes des mesmes bas-reliefs. Un creux d’un petit Faune. MEUBLES NOUVEAUX Quatorze pieds d’estaus (3), dont la plainte qui est dessus tourne sur un pivot pour avoir la commodité de voir les figures de tous costés, de trois pieds de haut et cinq en carré de large. Quinze scabelons à mettre des bustes, de trois pieds quatre pouces de haut et d’un pied en quarré de large. Le pied d’estail de l’'Hercule, dont la plainte de dessus tourne encor sur un pivot, de deux pieds et demi de haut, sur quatre pieds et demy de long et trois pieds et demy de large. Le pied d’estail du Gladiateur, dont la plainte de dessus tourne ainsi que les autres, de trois pieds de haut sur einq pieds de long et deux pieds et huit pouces de large. Deux petits pieds d’estaux sur lesquels sont posés deux Globes, de quinze pouces de haut sur deux pieds deux pouces de long et un pied neuf pouces de large : les deux Globes ayant du Vaze de Médisis, et six des reliefs des bas-reliefs tirée des vases antiques, pour les copier plus facilement ». (Inventaire de 1684.) (1) « Dix bas-reliefs, en bordure appliqué sur la muraille, pris de la Co- lonne Trajane, d'environ quastre pieds de large sur trois de long ». — « Dix morseaux de la Colonne Trajane ». — « Quinze morseaux de la Colonne Trajane dans une chambre au niveau de la cour, et trois dans une chambre d’en haut ». (Ibid. (2) « Les deux Tireurs d’espine du Campidolle, dont l'un est assée gas- tée ». (Ibid.) (3) « Touttes les statues sont possés sur des piédestaux de bois ». — « Touttes les susdites figures sont posée sur cinq pieds d’estaux de bois feint de marbre, et sur douze escabellons de bois, peint de marbre noir et blanc avec des filests d’or ». (1bid.) £; Re tie LG, ee Sexe Dre = = — 195 — chascun deux pieds ou environ de diamètre, garnis de leurs pieds de bois façon d’esbène, tourné (1). Trois plaintes qui sont faites chascune de deux morceaux de bois et de trois aix attachés ensemble qui forment une plainte, sur chascune desquels sont l’Ermafrodite, les Lutteurs et le Lion de Médicis. Celle de l’Ermafrodite a onze pouces de haut sur cinq pieds dix pouces de long et trois pieds deux pouces de largeur ; celle des Lutteurs a six pouces de haut sur trois pieds neuf pouces de long et deux pieds trois pouces de large. Trois grands chassis auxquels il y a des portes en bas, et le reste ne s'ouvre point, de chascun quatre pieds quatre pouces de large et de douze pieds neuf pouces de hauteur, qui ont esté faits aux trois croisées du salon. Deux autres chassis à coulisse, de la mesme largeur et de neuf pieds un pouce de haut. Deux autres chassis qui ne s'ouvrent point, de la mesme lar- geur et de trois pieds et demy de haut. Trois autres chassis qui ont été faits, en l’atelier des peintres, à trois grandes lucarnes qui ont esté faites à la couverture pour tirer du jour, lesquels ne s'ouvrent point, de trois pieds et demy de large et de quatre de haut, accompagnez chascun de deux chassis aux deux costés, fait en triangle, qui ont d’un costé trois pieds et demy et des deux autres quatre pieds et demy. Trois grandes nappes neuvfes de toille d'Hollande, ouvrées, sans couture. Quatre douzaines de petites serviettes, aussi ouvrées. Quatre chandeliers de léton, neufs. Quatre grands plats d’estain fin et deux assiettes creuses qui ont esté changées contre les vieilles, sçavoir : deux grands plats pesant vingt livres, deux autres façon de Lion pesant quinze livres, et les deux assiettes creuses pesant huit livres et demie. Duquel présent procès-verbal et du contenu cy-dessus, ledit sieur Coipel nous a requis acte, que nous luy avons octroyé, et desdits meubles s’est chargé en ladite qualité de recteur, pour (1) « Deux Globes, célestes et terrestres ». — Une Sfère ; chaquns sur des piedestaux et escabellons ». (]nventaire de 1684.) — 196 — servir à ladite Accadémie royalle, comme aussi des ouvrages, bustes, tant de peinture que de sculpture cy-dessus nommez, en l’estat qu’ils sont, pour les augmenter ou y faire travailler, ainsi que le devoir de sa charge l’oblige, pour le tout repré- senter quand et à qui Sa Majesté Très Chrestienne ordonnera, sauf à augmenter ensuite du présent procès-verbal ce qui se trouvera appartenir à ladite Accadémie royalle par la perquisi- tion et recherche qu’il en fera, en la mesme qualité et pour le devoir de sadite charge. Fait et passé en cette ville de Rome et en la susdite Accadémie royalle, le vingt-huitiesme jour du mois de aoust de ladite année mil six cents soixante et treize, en présence, comme dessus, desdits pensionnaires et despen- sier, lesquels, avec ledit sieur Coipel, recteur, et moy ledit notaire, ont signé au bas des présentes comme s'ensuit, excepté le sieur Jacque Munie, lequel est absent de Rome, se trouvant à présent à Naples. Signé : COYPEL (1), LESPINGOLAS, C. HÉRAULT, J. GRI- MAULT, M. MONIER, Simon HURTRELLE, Jean NaUI, Jacques-Ant. REDOUTEY, notaire. (D La signature ainsi apposée par Noël Coypel est identique à celle dont JAL a donné la reproduction (Dictionnaire, 2e édit., p. 449). L'INVENTEUR CLAUDE DE JOUFFROY ET SA STATUE A BESANCON Par M. Edouard BESSON SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS. Séance du. 9 février 1889: MESSIEURS , Vous avez bien voulu, dans votre dernière réunion, m'in- viter à vous présenter un exposé sommaire des circonstances dans lesquelles eut lieu à Besançon l'érection de la statue de Claude de Jouffroy, l’imnventeur de la navigation à vapeur, et de la part prise par la Société d’Emulation à cet événe- ment important de notre histoire locale. Il était Juste, en effet, que nos Mémoires conservassent la trace d’un fait semblable et du rôle que nous avions Joué tant dans sa pré- paration que dans son accomplissement. Il était nécessaire surtout de mettre à néant sous ce rapport les étranges re- vendications que je vous signalais à la même séance, et qui, dans le genre imventif, sont plus étonnantes que la grande _ découverte à laquelle elles avaient trait (1. : Quels titres Jouffroy avait-il à une statue ; comment et par qui l’idée fut-elle donnée de lu en élever une ? Telles sont les questions qu’il importe tout d’abord de résoudre. En ce qui touche la première, la réponse est très simple (4) Ces revendications sont formulées dans un ouvrage de M. Alfred Prosr, sur Claude de Jouffroy, dont nous avions oralement rendu compte à la réunion de Janvier, et qui a été l'occasion du présent travail. — 198 — et très facile. Jouffroy fut le premier qui trouva le moyen pratique d'appliquer à la navigation la force motrice de la vapeur. L'idée même de cette application est à la vérité beaucoup plus ancienne. Elle remonte à Denis Papin, et peut-être lillustre savant l’eût-il réalisé lui-même, sans Pin- surrection des pêcheurs du Weser qui brisèrent le bateau destiné à ses expériences. Elle fut sans doute plusieurs fois reprise par la suite. Nous citerons notamment les tentatives de deux de nos compatriotes, le chevalier d’Auxiron et le capitaine de Follenay qui, en 1772, obtinrent un privilège € pour faire remonter les bateaux sur les rivières au moyen de la pompe à feu. » Ce privilège fut malheureusement inu- tile, les expériences faites pour en profiter n’ayant pas abouti. C'est seulement en 1776, à Baume-les-Dames, que lon vit pour la première fois sur le Doubs un bateau se mouvoir réellement, même contre le courant, sans le secours de voiles ni de rames. Claude de Jouffroy l'avait construit presque sans ressources, et avec le seul concours d’un maréchal ferrant de village. Aussi présentait-il de graves défectuosités, et son emploi n’offrait-1l ni grands avantages, ni grands bénéfices. Mais le problème n’en avait pas moins été résolu, et, pour cette invention comme pour toutes les autres, il appartenait désormais au temps de lui apporter les perfectionnements dont elle était susceptible. Notre compatriote lui-même ne tarda pas d’ailleurs à se livrer à des essais encore plus décisifs : Je veux parler des fameuses expériences de Lyon qui, en 1783, se firent durant des mois devant un nombreux public et qui furent officiellement constatées. Un bateau de quarante-six mètres de long sur cinq de large mû par la seule force de la vapeur, remon- tait tous les jours la Saône, des quais de la ville à Pile Barbe. N’écrivant pas ici une biographie de Claude de Jouffroy, nous n'avons pas à entrer dans le détail des causes qui — 199 — : empêchèrent une expérience aussi probante et aussi connue de porter immédiatement ses fruits. La pauvreté de l’inven- teur, les jalousies dont il fut l’objet, l'incurie des pouvoirs publics à cette époque suffisent à expliquer loubli dans le- quel tomba le Pyroscaphe (c'était le nom qui désignait les premiers bateaux à vapeur), sitôt après avoir fait ses preuves, Toujours est-il qu'ayant, comme la plupart des grands in- venteurs, beaucoup lutté et beaucoup souffert, fait à lopi- nion des appels aussi vains que nombreux, Jouffroy fut trop heureux, comme ancien officier, de trouver pour sa vieillesse un dernier asile aux Invalides, où 1l s’éteignit en 1832, sans avoir retiré de sa découverte et de ses travaux autre chose que la ruine et les railleries publiques. Et cependant cette découverte était loin de mourir avec lui. Déjà même elle étonnait le monde, mais sous le nom d'un autre homme, et dans des régions bien éloignées des nôtres. En 1807, c’est-à-dire un quart de siècle après les expériences de Lyon, Fulton, qui a toujours reconnu les droits de priorité de Claude de Jouffroy, rééditait ces expé- riences sur PHudson. Seulement, au lieu d’être abandonné et bafoué par ses compatriotes, il trouvait des appuis-et de largent, pouvait poursuivre ses essais, et créait véritable- ment la navigation à vapeur. Mais en France même, le veritable inventeur avait pu, avant de mourir, entendre des voix autorisées s'élever au- dessus des railleries du vulgaire pour lui rendre justice. En 1826 et 1827, Arago reconnaissait ses droits dans le cours qu’il professait à l’Ecole Polytechnique ; en 1828, :1l le faisait encore dans des écrits publiés par l'Annuaire du bureau des Longitudes. La même année, Tredgold joignait sa voix à un témoignage aussi autorisé, au cours de son Traité des ma- chines à vapeur et de leur application à la navigation. Après la mort de Jouffroy, le silence fut loin de se faire sur celte grave question. L’ainé de ses fils notamment, le marquis Achille de Jouffroy, doué lui-même de facultés trés — 200 — brillantes, et qui exerça dans les genres les plus divers son étonnante activité d'esprit, ne pouvait laisser prescrire la gloire paternelle. Il ne se borna pas, en effet, à la revendi- quer et à la défendre; il voulut encore l’accroître et intro- duisit dans la navigation à vapeur, telle qu’elle existait de son temps, des perfectionnements hautement appréciés par les premières autorités scientifiques de l’époque. En 1840, deux commissions de l’Académie des sciences, formées d'hommes comme Poncelet, Arago, Cauchy, Dupin se pro- noncèrent à cet égard, et, tout en rendant Justice au fils, reconnurent à nouveau les droits du père dans deux délibé- rations solennelles. C'étaient là toutefois des déclarations purement plato- niques, et ne pouvant avoir d’écho que dans le monde tou- jours très restreint des hommes spéciaux. Des écrivains plus répandus, le vulgarisateur Figuier, Parisot (dans la Biographie Michaud), Mignet, Charles Nodier, compatriote de Jouffroy, donnèrent à sa découverte une véritable noto- riété. Enfin les sociétés savantes de province elles-mêmes s’emparèrent de la question. En 1864, à la société littéraire de Lyon, M. le marquis de Beausset-Roquefort présentait un historique très précis, très complet et très exact de l’inven- tion qui nous occupe. Vous pourrez retrouver dans nos mé- moires, année 1869, un morceau de M. Boulet relatif à Claude de Jouffroy et à ses travaux. Enfin, en 1880, dans un travail couronné par l’Académie de Besançon, le chef de la famille de l’inventeur en Franche-Comté, M. le marquis Svlvestre de Jouffroy résumait le débat avec vigueur et ta- lent, et revendiquait énergiquement les droits des siens dans la découverte et les perfectionnements de la navigation à vapeur. Aucun de ces écrits si nombreux et de genres si divers ne rencontrait du reste de contradicteurs, et la cause sem- blait gagnée devant l'opinion. Il importait toutefois, pour consacrer ce triomphe, de lui donner un corps pour ainsi 0 dire et de le symboliser dans un monument exposé aux re- gards de tous. Déjà, en 1854, M. Haussmann, alors préfet de la Seine, reprenant un vote du conseil municipal de Paris _ émis vingt ans auparavant, mais qui n'avait pu recevoir son application, avait donné le nom de Jouffroy à l’une des rues de la capitale. La même année, à Lyon, M. de Beausset-Ro- quefort terminait le travail que nous rappelions tout à heure en exprimant le vœu qu’une statue fût élevée à notre compatriote, et la société littéraire appuyait ce vœu par un vote formel. (était là, à la vérité, une idée féconde et qui devait porter ses fruits, mais dont la mise en œuvre présentait des difficultés considérables. Elle allait, en effet, sommeiller longtemps encore jusqu'à ce qu'un heureux concours de circonstances en amenât enfin la réalisation. On se souvient du remarquable phénomène qui se produi- sit dans les années postérieures à nos désastres de 1870. Comme si nous avions voulu nous prouver à nous-mêmes les titres que nous gardions encore, après notre défaite, à lestime et au respect du monde, nous nous plûmes à exhu- _mer nos gloires anciennes, à les tailler dans le marbre ou à les couler en bronze, et à en peupler nos villes et même _ nos bourgades. Il y avait là certainement une pensée géné- reuse qui a pu être parfois exagérée, mais qui tout au moins a réparé bien des injustices et rendu à de grands méconnus cette gloire posthume dont la vision lointaine les avait seule soutenus dans leurs travaux et dans leurs luttes. Claude de Jouffroy devait être du nombre. Déjà, au seul point de vue de la navigation à vapeur, Blois avait vu s'élever la statue de Papin, et Boulogne celle de Sauvage, l'inventeur de l’hé- lice. Notre compatriote attendait encore la sienne, lorsque PAcadémie des sciences prit à nouveau la question en mains. Elle y avait été sollicitée par la petite fille de Pinven- teur, Mlle Marthe de Jouffroy, qui, dans la revendication des droits de son aïeul, allait apporter non seulement cette acti- vité et cette vivacité d'intelligence .qu’elle tenait de race, — 9202 — mais surtout ce dévouement de la femme capable de vaincre tous les obstacles. À sa requête, l’Académie nomma une commission pour examiner d’une manière définitive le rôle de Claude de Joutfroy dans la découverte de la navigation à vapeur et ses titres à un monument public. Parmi les membres de cette commission figurait M. Ferdinand de Lesseps qui en fut le rapporteur, et que sa situation et sa légitime renommée mettaient à même d'exercer une influence prépondérante tant sur la solution immédiate de la question que sur la mise à exécution de la décision qui devait être prise. Avant toutefois que le rapport ne fût déposé, la ville de Besançon intervint, par l’organe de son maire, M. Dela- velle, et demanda qu’au cas où une statue serait élevée à l'inventeur, elle le fut dans ses murs On Htdroïà cette requête, et l’illustre Académicien, après avoir proclamé à nouveau au nom de ses collègues les droits de notre com- patriote, termina son rapport en exprimant le vœu qu'une statue lui füt érigée sur une des places publiques de notre ville. Ce document capital, et qui porte la date du 16 août 1881, ferme la période des revendications purement platoniques, et nous fait entrer dans celle de la réparation effective, si longtemps attendue, I fut pour notre pays un titre de valeur indiscutable qui lui permit d'ouvrir la campagne de propa- gande et de souscription nécessaire à l'érection du monu- ment désormais arrêté, mais qu'il importait de rendre digne de sa haute destination. La chose, à la vérité, n’était point facile. Comme nous le rappelions tout à l’heure, on faisait alors chaque jour à opinion des appels nombreux, pour des motifs de même nature, et de plus la question en jeu était d'ordre purement scientifique, présentant par suite de lPin- térêt pour des esprits cultivés, mais peu propre à passionner les masses. Il y avait done là tout un travail de publicité et, de propagande à entreprendre, et la municipalité bisontine, qui ne pouvait se charger d’une telle tâche, dut chercher à — 203 — qui la remettre. Elle se souvint alors des services rendus par la Société d'Emulation du Doubs à la cité et à la province, de la notoriété que lui valaient ses publications et ses travaux, de l'influence qu’elle devait au nombre de ses adhérents, et à la valeur de plusieurs d’entre eux, du rôle qu’elle avait déjà joué dans des circonstances importantes de notre his- toire locale, notamment lors de l'Exposition bisontine de 1860, et de la création du square archéologique de la place Saint-Jean. Ce fut ainsi que nous nous trouvâmes imvestis d’un mandat très flatteur, 1l est vrai, mais peu aisé à rem- plir. Nous nous mimes, en conséquence, immédiatement et énergiquement à l’œuvre. La délégation donnée par le con- Seil municipal daté du 22 mars 1882. Le 1°" avril, la Société d'Emulation formait dans son sein un comité d'action de quinze membres représentant, autant que possible, toutes les opinions, toutes les spécialités, tous les corps politiques locaux. Ce comité résolut de circonserire tout d’abord son action et de la limiter au pays même de l'inventeur, plus intéressé que tout autre à la réussite de l’œuvre entreprise, Ïl adressa, en conséquence, à la Franche-Comté un premier appel, qui fut entendu, et trouva de l’écho, non seulement dans la presse, mais partout où pouvait se manifester ce sen- timent de patriotisme local toujours si vivace parmi nos Com- patriotes. Le conseil municipal de Besançon avait, le premier, voté une somme importante. Cet exemple fut suivi par les autres villes de la province, et même par un grand nombre de communes rurales, par les conseils généraux des départe- ments, par les sociétés savantes, commerciales et indus- trielles, par les corps institués, par les individus. Nous eümes bientôt, de la sorte, réuni une somme relativement considérable, et, après ce premier essai couronné d’un tel succes, nous pümes songer à agir sur une plus grande échelle. Ce fut ainsi que nous étendimes à la France entière — 904 — notre appel, d'abord limité à la Franche-Comté. Seulement, dans cette nouvelle phase de notre œuvre, nous dûmes in- voquer des concours plus nombreux et plus acüfs. Il ne s'agissait plus, en effet, pour les souscripteurs dont nous sollicitions l'appui, de consacrer une gloire locale, d'illustrer la mémoire d’un compatriote dans le sens restreint du mot, et la générosité publique, alors souvent mise à l’épreuve, avait besoin d’être réchaulffée. À ce point de vue, nos meil- leurs auxiliaires furent Mlle de Jouffroy, dont l’ardeur com- municative gagnait tous ceux qui se trouvaient en rapport avec elle, et M. de Lesseps, qui nous apporta non seulement l’appui de son nom et de son influence auprès des pouvoirs publics, mais le concours effectif des compagnies si imporf- tantes dont il dirigeait les travaux. Nous dûmes aussi une gratitude particuhère à un grand nombre, soit denos membres correspondants répandus en France, soit de personnes ayant connu notre association, et lui ayant conservé des sentiments d'affection et d'estime. Je citerai notamment MM. Dumas et Faye, de l’Académie des sciences, M. Camille Laurens, ré- dacteur du Journal Le Génie civil à Paris, M. Henri Wallon, à Rouen, M. Ordinaire, à Bordeaux, M. Poubelle, ancien … préfet du Doubs, alors préfet des Bouches-du-Rhône. Nous eûmes en outre lappui de la plupart des grands organes, « soit de la presse parisienne, soit de celle des départements, « et de la sorte, notre appel à la France entière reçut un ac cueil aussi favorable que celui dont nous avait honorés notre « province. Ce fut ainsi qu'en un temps relativement restreint, 1e Comité de la Société d'Emulation parvint à réunir une sOriIne à d'environ vingt-trois mille francs et qu'ayant en mains les moyens d'action nécessaires, il put songer à lexécution 1 définitive du monument projeté. L'artiste choisi fut, comme 4 il était juste, un KFranc-Comtois, M. le sculpteur Charles Gauthier, originaire de la Haute-Saône. Je n’ai pas à faire 1CI« l'éloge de son talent, Son œuvre, aujourd’hui exposée aux ER est A TT € Bt. = ; 006, regards de tous, en est la meilleure et la plus probante des démonstrations (1). [l'a donné au personnage de Jouffroy l'allure calme et rêveuse qui convenait au savant et à l’inven- teur. Il à placé à ses côtés l’objet de sa découverte, dont les bas-reliefs du monument retracent l’histoire. Il à fait de la sorte une œuvre distinguée et complète, parlant à lesprit et aux yeux, qui n’a rencontré que la plus entière et la plus unanime approbation. Le piédestal sur lequel repose la statue est dû à notre regretté confrère, M. l'architecte Saint-Gi- nest, dont nous connaissions tous le talent et le dévouement aux intérêts de la ville. Pour en finir avec la question d'argent, qui est une des principales sinon des plus intéressantes que nous ayons à traiter dans cet exposé rapide, disons que la dépense totale occasionnée par l’érection du monument s’est élevée, y compris les frais d'établissement de la fontaine qui lui sert de base et du petit square qui l’entoure, à la somme de vingt-huit mille quatre cent trente-six francs. La différence entre cette somme et celle que nous avions recueillie, fut . faite par la ville de Besançon, et employée, comme le reste, sous notre contrôle. La société d’'Emulation rendit d’ailleurs ses comptes au conseil municipal, dont elle tenait tous ses pouvoirs. Déjà, à la date du 10 janvier 1885, elle avait, par une délibération formelle, sur le rapport de M. Paul Lau- rens, donné décharge et adressé ses remerciements à son trésorier, M. Durupt, qui avait rempli dans la circonstance, avec le plus grand dévouement, ses délicates et laborieuses fonctions. Le 11 février, le Conseil municipal la libérait elle- même de toute responsabilité et lui témoignait pour son pré- cieux concours la gratitude de la ville. Auparavant, le 1° août 1884, avait eu lieu l'inauguration du monument, qu'on avait retardée jusqu'à ce jour pour la (1) Une image de cette statue a été publiée dans le Magasin pittoresque : année 1886, p. 81. — 206 — faire coïncider avec celle du chemin de fer de Morteau et de l'Observatoire nouvellement créé à Besancon. Vous avez encore présent à l'esprit l'éclat des fêtes qui furent données à cette occasion, et qui durèrent plusieurs Jours. En ce qui : touche spécialement le sujet qui nous occupe, vous vous rappelez le concours considérable de peuple qui se pressait dans l’après-midi du 17, soit sur l’estrade élevée devant l’église de Sainte-Madeleïne, soit sur la place et dans les rues voisines. Un ministre, un sous-secrétaire d'Etat, M. Ferdinand de Lesseps , représentant l’Académie des sciences, les plus hautes autorités de la province et de la ville occupaient les premiers rangs de cette foule désireuse de prendre part à la grande œuvre de réparation nationale qui s’accomplissait en ce moment. Plusieurs membres des diverses branches de la famille de linventeur assistaient à. cette éclatante glorification de leur aïeul. Mlle de Jouffroy, « qui avait été à la peine, était aussi à l'honneur. De nombreux discours furent prononcés. J’eus moi-même l’honneur de vous représenter dans la circonstance et de parler en votre nom (2). On a écrit que J'avais lu la liste des innombrables souscripteurs auxquels était due l’érection du monument. « J’ai la conscience de n’avoir pas été aussi ridicule, et j'espère n’avoir pas été aussi ennuyeux. Je fis seulement sous forme oratoire l'exposé des faits que je viens de retracer encore k une fois d’une manière plus précise et plus détaillée. Ce travail nouveau était, comme je disais en le commençant, utile et même nécessaire. Si, pour la peine que nous avons prise, et prise avec plaisir, étant donné le but que nous poursuivions, nous n'avons demandé et obtenu d’autre ré compense que la conscience d’avoir entrepris et mené à bien une œuvre grande et généreuse, d’avoir définitivement (1) On trouvera ci-après, avec le discours alors prononcé au nom de la Société d'Emulation du Doubs, la liste sommaire des souscriptions recueils lies en vue de l'érection de la statue. = oh consacré une gloire nationale et franc-comtoise , tout au moins est-il juste que nous en gardions l'honneur, et que ceux qui sont demeurés étrangers à nos efforts ne cherchent pas à en accaparer les fruits, et s’abstiennent de réaliser vis à vis de nous l’apologue du fabuliste en se parant de plumes qui ne leur appartiennent pas. — 908 — Discours prononcé par M. Edouard BESSON, secrétaire de la Société d’Emulation du Doubs, à la cérémonie d’inaugu- ration de la statue de Claude de Jouffroy, le 17 août 1884. MONSIEUR LE MINISTRE, MESSIEURS, En prenant à mon tour la parole, comme représentant à cette fête la Société d’Emulation du Doubs, mon premier devoir est de remercier au nom de notre Compagnie M. lie Maire et tout le Conseil municipal de Besançon de l’honneur insigne qu'ils nous ont fait en nous chargeant d'entreprendre et de mener à bien la grande œuvre de réparation nationale qui reçoit aujour- d’hui dans nos murs son glorieux couronnement. Si nous avons réussi dans notre tâche, et si nous sommes parvenus à recueillir les sommes nécessaires à l’érection du monument que vous avez sous les yeux, nous le devons d’abord à la nature de la cause dont nous étions devenus les avocats modestes mais dévoués , et qui ne pouvait qu'éveiller dans les cœurs français d’unanimes sympathies. Nous le devons encore et surtout aux concours précieux qui nous ont été pro- digués chaque fois que nous y avons fait appel, aussi bien parmi les simples citoyens que dans les ordres divers des pouvoirs publics. L’honneur en revient en particulier, il faut le dire bien haut, tout d’abord à deux personnes qui, ayant pris l'initiative de l’œuvre entreprise, lui ont, dès le début, prodigué leurs efforts et leur peine, nous ont nous-mêmes constamment sou- tenus de leurs conseils, de leurs démarches, de leur appui, de leur influence, et, jusqu’au dernier moment, se sont dévoués pour assurer le triomphe d’une cause dont ils avaient fait la leur; j’ai nommé Mlle Marthe de Jouffroy, la petite-fille de l’in- venteur dont nous célébrons la mémoire, et l’illustre M. de Les- seps. Mlle de Jouffroy, que soutenait au milieu de son âpre — 909 — labeur et de ses incessantes démarches, lardeur de ses fiertés patriotiques et de sa piété filiale, voyait dans l’objet de ses re- vendications non-seulement la plus sacrée des propriétés de famille, mais une part importante du patrimoine national. M. de Lesseps, passionné pour la gloire de la France, gloire dont il est aujourd’hui le plus grand ouvrier, appréciait mieux que per- sonne une découverte destinée à rapprocher les distances entre les nations, lui dont les merveilleux travaux les ont déjà en partie supprimées, et les supprimeront plus encore dans l’ave- nir sur l’espace immense des mers. Mile de Jouffroy remua la première l’opinion en faveur des droits oubliés de son aïeul. Ces droits que Fulton lui-même avait reconnus, qu'avaient proclamé des savants comme Cau- chy, Poncelet et Arago, sans que de tels témoignages pussent prévaloir contre des préjugés invétérés, allaient devoir au dévouement d’une femme leur consécration définitive. M. de Lesseps joignit à celle de la petite-fille de l'inventeur une voix qui d'ordinaire est entendue; sur son initiative, l’Académie des sciences appuya de l’autorité d’une délibération solennelle leurs communes revendications, et Besançon, ayant réclamé et obtenu l’honneur de posséder dans ses murs l’image de son glorieux enfant, ce fut ainsi que prit naissance la souscription à laquelle nous avons été préposés. Ce que devint cette Souscription, vous le savez, Messieurs, puisque vous en avez devant vous les résultats. À une époque où des appels de même nature sont faits tous les jours à l’opi- nion, alors qu'il s'agissait exclusivement d’un ordre d'idées purement scientifique, la somme considérable que nous avons recueillie en peu de temps dit assez et l'importance de la ques- tion soulevée, et l'étendue de la publicité qu’elle reçut, et l’in- térêt que la France entière attachait à sa solution. Pour célébrer la gloire d’un Franc-Comtois, nous nous étions adressés d'abord à la Franche-Comté, et nous avions été enten- dus. La ville de Besançon et le département du Doubs avaient les premiers donné un exemple bientôt suivi dans toute la pro- vince par les municipalités, les associations, les corps consti- tués, les particuliers. Nous étendîimes bientôt notre appel au pays tout entier. Les organes les plus influents de la presse 14 010 parisienne et provinciale joignirent leur action à la nôtre. La capitale à laquelle à toujours appartenu et appartient encore le droit de consacrer les vraies gloires de la France; un grand nombre d’autres villes, surtout celles qu'ont enrichies et illus- trées la navigation et le commerce, comme Lyon, Marseille, Bordeaux, Rouen, le Hâvre, Dieppe nous adressèrent d’impor- tantes souscriptions soit collectives, soit privées. La Corse et l'Algérie, bien que séparées du continent, s’unirent à lui dans la communauté de cette manifestation patriotique. Les grandes associations industrielles, commerciales et de navigatiou s’em- pressèrent d’honorer la mémoire d’un homme auquel elles doivent tant, et M. de Lesseps, en dehors de son concours per- sonnel, nous apporta le précieux appui des compagnies consi- dérables aux opérations desquelles il préside. Enfin, le gouver- nement de la République, ne voulant pas se désintéresser d’une œuvre qui touchait de si près à l’honneur national, nous fournit bientôt une subvention importante, destinée à s’accroitre encore par la suite. J'ai beaucoup abrégé, Messieurs, cette énumération déjà longue; car aussi bien ne pourrais-je rappeler toutes les sous- criptions soit individuelles, soit collectives, dont nous avons bénéficié. Il nous reste, toutefois, à cet égard un dernier devoir à remplir. Quels que soient ceux qui ont concouru à notre œuvre : humbles, et c’est le plus grand nombre, ou jouissant d’une célébrité quelconque, politique, scientifique, industrielle, artistique ou littéraire; qu'ils l’aient fait par leurs apports pé- cuniaires, par leur autorité ou leur influence sur leurs Sem- blables ; qu'ils nous aient fournis d'eux-mêmes ou valu d'autrui de grandes sommes ou une simple obole, nous les confondons tous dans une égale gratitude dont nous tenons à leur adresser ici le public et cordial témoignage. Merei à tous, sans distinc- tion aucune; car c’est à tous, en général, et à chacun en par- ticulier, que nous devons d’avoir pu rendre à la mémoire d’un des nôtres un hommage, local à la vérité, mais dont l'éclat rejaillit sur ia France entière et met en pleine lumière une de ses plus pures et de ses plus nobles gloires. Notre tâche est actuellement terminée, comme celle de l’ha- bile sculpteur, qui a su si bien rendre un sujet d’ailleurs si — 1 — fécond par lui-même en hautes inspirations artistiques. Par ce qui a été fait, la question de la navigation à vapeur et de ses origines est et demeure définitivement tranchée. Il n’y a plus lieu là-dessus à propagande ou à polémiques, et la parole est laissée à la pierre et au bronze qui diront désormais assez haut les droits de la France et de la Franche-Comté sur une des découvertes les plus fécondes qui aient jamais eu lieu, et qui ont le plus contribué à enrichir et à transformer le monde. Aujourd'hui, l'inventeur mort dans un lit d'hôpital comme tant d'autres génies méconnus, se dresse sur son piédestal, où le bronze raconte les épreuves et les gloires de sa vie, dans lPatti- tude calme et fière du penseur que lui à donnée Partiste, au centre de, la ville qui fut le berceau de sa famille, à côté de la rivière où se firent, il y a déjà plus d’un siècle, ses premières expériences. Les plus hautes autorités de l'Etat, de la province et de la cité viennent consacrer par une inauguration solennelle ce monument élevé à la fois à la mémoire d’un grand homme, à la science, au travail, à la gloire de la patrie. Nous le disons hautement en terminant, sans orgueil, comme sans fausse modestie : nous sommes heureux et fiers du résul- tat obtenu; heureux et fiers surtout parce que ce résultat n’est pas seulement notre œuvre personnelle, ou même celle de nos auxiliaires de la première et de la dernière heure, qu’il est encore et principalement celle de la France, la nation de la justice, qui peut parfois oublier, mais qui sait toujours tôt ou tard se souvenir et qui finit toujours par reconnaître el pro- clamer les droits de ses enfants à sa propre gratitude aussi bien qu’au respect et à l’admiration du monde. Mais si, comme simples agents de propagañde et de souscription, nous avons concouru pour une part modeste à l’œuvre commune et si nous avons ainsi apporté notre pierre à l’édifice de la gloire natio- nale, ce sera pour la Société d’Emulation, qui a déjà marqué son rang dans la vie locale de cette ville et de cette province, surtout en exhumant et en célébrant nos illustrations Franc- Comtoises, et qui a dû sans doute à cette situation la mission flatteuse qu’elle vient de remplir, le plus beau, le plus précieux des titres d'honneur. — 912 — Gompte sommaire des sommes produites par la souscription publique ouverte pour l’érection de la statue de Claude de Jouffroy. .410o Subventions des villes : Besancon, adverse 3.000 VON AE DAME UNE 200 Montbéliard 26 2e nee 100 Ée Havre ne non ste PEAR ere rE 100 Montpellier Re. Rires Re 100 | : TOULON CINE ns A ere 100 ROUEN MM ANR ROUE ANSS Ut 100 sde CNE LT D LR AR SARA Re 50 Lons-le-Saunier she trees cents 50 VéSOUL Rte ere 50 Dieppe 27 hr nes nee 90 SANS ET ORNE RER TE RU 50 20 Subventions des communes : Marchaux enr sens A 50 La Touride Scey PR tn Re 25 RouvémMonte ne nee Rene 25 Flagey PU D seen ee oc: 25 AFC-SoUS-CICONE AE nee ane : 20 Dlarians fie arts Re 15 RIOne vis Mie NAN ne EUR 10 20? Cendrier ne de el 10 Battenans nn ess eee ane 5 BréLenIe rene en as ris 5 Germondans nr ere Ms 5 RISNOSO AS ME AE A D a a 5 — 213 — Report... 4.155 3° Subventions des départements DOUDS PR NU Arr 2.000 D OUR M a mt 9300 Haute Saone. ht ii 200 Bouches-du-Rhône... 100 2.850 SDS QU ane EEE ne nr 100 Proinee d'Oran rites" as 100 Pyrénées Orientales pen 90 | 49 Subvention du Ministère des Beaux-Arts...... 1.000 HoSubrvention/de Etat vire here" 3.000 6 Souscriptions des diverses Sociétés et corps constitués : La Compagnie dû Canal de-Suez.:........ 1.000 La Compagnie du Canal de Panama....... 1.000 Les Employés des Compagnies du Canal de Suez et du Canal de Panama... 900 La Société civile du Canal de Corinthe...…. 500 : La Chambre de Commerce de Besançon... 900 à Cour d'appel de Besancon it de 900 La Société d’Emulation du Doubs......... 900 La Compagnie générale transatlantique... 9300 Le Cercle Granvelle, à Besançon... 300 La Chambre syndicale d'horlogerie de Be- SCO US RS dt ete 300 La Compagnie des Messageries maritimes. 200 La Corporation des notaires de l’arrondis- Seméntide Besancon. 2e à. 200 L'Académie des sciences, belles-lettres et bts de Besancon shine eee Re 200 Le Cercle des officiers à Besançon........ 200 La Société d'agriculture du Douhs........ 200 La Société des amis des Beaux-Arts de Be- SAMÉOM AS SE en ER A 200 6.600 11.005 — 914 — Reports La Société d'encouragement pour l’Indus- iremationale 4 Pas" La Chambre de commerce de Dieppe..... La Corporation des avoués d'instance de ce Ni Le Cercle franc-comtois de Paris......... Fa Soubré des @Gaudes ) 2 tre La Soeiété de tir de Besançon. .......... La Société nautique de Besançon...... L'Ordre des avocats de Besançon......... La Société des Pharmaciens de Besan- La Chambre de commerce du Hâvre...... La Société des ingénieurs en chef français él bélces 0 Pi : La Société libre du Commerce et de l’In- _ dustrie de la Seine-Inférieure, à Rouen. L'Association franc-comtoise Républicaine, doPATIS ut on ee : La Société d'Emulation de Montbéliard L'Association des anciens Elèves du Lycée de Bésançon a La Chambre de commerce de Bastia...... La Compagnie générale de navigation, à ÉVODI t NR oesAss enr TR La Société Républicaine d'Enseignement de Roche-leÆbBeaupré re, La Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute Saone 27002 : La Société de gymnastique la Fraternelle, A BÉSANCOM tie AU CRE ae MR La Société philomatique Vosgienne, à SAMEDI SNS SE ire ment EAN A L'Académie des sciences, belles-lettres et als dé borde Aus een RS ANRÉPORLEN ee 6.600 11.005 200 200 160 160 110 100 100 100 100 100 100 100 90 90 90 90 3.011 TT. 005 » » eo — Reports. :... 8.511 La Société des sciences physiques et natu- reles de Bordeaux nr ms Du 25 La Société de viticulture d’Arbois... .:.... 20 EhSemblez:.2°8*550 Hs CousSattons des-particuhérs. Etre. 8° Intérêts des sommes déposées à la Trésorerie générale du Doubs... ee. + 0 + + e 0 8 + © © + © 0 + Besançon le 146 décembre 1884. 11.005 » 8.556 » 3 136 50 291 20 22.988 70 Le Trésorier du Comité de souscription, (Signé) DURUPT. LA TERRE DU FROID RAPPORT SUR UN OUVRAGE POSTHUME DU DOCTEUR MUSTON Par M. Albert GIRARDOT. Séance du 13 avril 1889. MESSIEURS, Le docteur Muston, auteur de cet ouvrage, écrit dans les derniers Jours de sa vie, était à la fois un savant et un éru- dit; très versé dans les sciences naturelles, il possédait à fond la plupart de leurs branches et n’était étranger à aucune d'elles ; il s’intéressait surtout à l’anthropologie, aux divers problèmes qu’elle embrasse, se passionnant pour l’archéolo- gie préhistorique, qu'il fit d’ailleurs progresser par ses recherches personnelles. Ses nombreuses publications témoi- gnent, par la variété des sujets traités, de l’étendue de ses connaissances et de l’activité de son esprit ; toutes sont des écrits scientifiques, cette dernière seule diffère un peu des autres, elle n’est pas à proprement parler un livre de science, mais plutôt un exposé de ses souvenirs. M. Muston atteint depuis plusieurs années d’une affection grave, qui lui interdisait toute activité physique, l’a composée pour ainsi. dire sur son lit de souffrance, en évoquant les réminiscences du passé. Il s’y reporte au temps de sa jeunesse, il parle des savants avec lesquels il était en relation, Léopold de Buch, Agassiz, Gressiy, Desor et d’autres non moins illustres, de ses nombreux amis, de cette nature alpestre qu'il aimait tant ; il revient sur les questions anthropologiques, qui le préoccupaient le plus, sur ses propres travaux, en revendi- quant pour eux la part qui leur est due. Le titre lui-même PT convient bien à cet ouvrage où il est surtout question des glaciers actuels et de l’époque quaternaire, pendant laquelle notre pays fut bien en réalité « la terre du froid ». Le livre commence par une prédiction sur ie retour de la période glaciaire : l’Europe se trouvera de nouveau cou- verte d’un manteau de neiges et de glaces, les contrées du Nord deviendront inhabitables, le climat de Stockholm descendra à Paris. C’est l'hypothèse de Jean Reynaud, M. Muston s’en est inspiré pour écrire les premières pages de son livre ; il a revu en esprit les horreurs de lère quaternaire et entrepris de nous les raconter. Il nous fait assister au refroidissement du climat tertiaire, aux pluies diluviennes, qui suivirent, et aux premières chutes de neige sur le sommet des Alpes. Il explique ensuite d’une façon très complète le mécanisme de la formation des glaciers, le phénomène de leur progression, le striage et le polissage des roches, le transport des blocs erratiques, la formation des moraines et de la boue glaciaire, que les tor- rents, nés du glacier, entrainent sans cesse et vont déposer au loin. Le loess de la vallée du Rhin n’est qu’un dépôt de cette nature, il occupe presque toute son étendue et s'élève sur le flanc des montagnes, bien au-dessus du niveau actuel du fleuve. ; Tous les loess cependant ne sont pas d’origine glaciaire ; les voyageurs qui ont pénétré au cœur de l’Asie, désignent sous ce nom une formation d'aspect analogue, mais résul- tant de la désagrégation sur place de la roche, qui constitue le sol. La couche arénacée ainsi produite reçoit d’innom- brables détritus végétaux, que le vent lui apporte des ré- gions fertiles de l'Asie, et se mélange intimement avec eux. Cette terre végétale, composée de matières organiques et de matières minérales, est très féconde quand elle est irriguée, mais reste absolument stérile quand elle ne l’est pas. Comme le climat de cette région est très sec, la végétation se concentre exclusivement dans le voisinage immédiat des — 218 — cours d’eau, ceux-ci sont rares et le pays est fort pauvre. La constitution géologique du sol a exercé une influence capi- tale sur les habitants du pays ; ces peuples ne peuvent être que nomades ou pasteurs, la vie sédentaire étant due, presque partout, à des moyens artificiels ; aussi les hommes n'ont-ils pu vivre nombreux sur le plateau central de l'Asie, qui ne fut jamais pour eux qu'un lieu de passage. « Entourée de toutes parts de chaînes de montagnes presque infranchissables », dit M. Muston, « l'Asie centrale ne possède que deux issues, la porte Dzoungare, au nord- ouest et le passage du Yumaenn, au sud-est. » Les peuples nomades et pasteurs de ces contrées choi- sirent surtout ce dernier débouché, qui leur permettait d'atteindre, en quelques jours de marche, les plaines riches et lertiles de la Chine. » € Dans le ire siècle, avant notre ère, les Chinois las des incursions barbares, qui compromettaient à chaque instant leur prospérité, construisirent la Grande Muraille, oppo- sant ainsi une digue presque infranchissable au flot des envahisseurs. » Alors celui-ci dut se porter ailleurs, et débordant par la porte Dzoungare il submergea la Sibérie occidentale et la dépression Aralo-CGaspienne, franchit les monts Ourals, et vient battre de ses -rafales jusqu'aux contreforts orientaux des Alpes... » Nous voici loin de la terre du froid; mais l’auteur nous y ramène pour nous retracer l’histoire de la question glaciaire. On croyait au commencement de ce siècle que les gros blocs de granit, que l’on trouve souvent à une grande distance des rochers d’où 1ls ont été détachés, avaient été apportés par des eaux courantes sur les points où nous les rencontrons aujourdhui ; ce fut seulement vers 1815 qu'un paysan du Valais, nommé Perraudin, pensa ou reconnut que les gla- ciers seuls avaient pu effectuer ce transport ; il fit part de ses observations à l'ingénieur Wenetz, de Sion, et plus tard — 919 — au géologue Jean de Charpentier, qui publièrent, chacun de leur côté, un mémoire sur la question. L'idée nouvelle ne fut pas d’abord acceptée sans conteste, on la discuta longue- ment et sans résultat, à la réunion de la Société helvétique des sciences naturelles à Lucerne, en 1834, car pour ré- soudre le problème qui venait d’être posé, il fallait, non des discussions ou des dissertations, mais des observations nom- breuses et multiphiées. Les géologues suisses le comprirent et l’année suivante quelques jeunes savants, originaires de Neuchatel, allèrent s'installer sur le glacier même de l’Aar sous la conduite de Louis Agassiz ; ils construisirent une cabane à l’abri d’un rocher et entreprirent une série d’expé- riences et d'observations qu'ils répétèrent pendant plusieurs années. Ce fut dans cette cabane, décorée du nom pompeux d'hôtel des Neuchatelois, que M. Muston vint leur faire une visite, il y rencontra Agassiz, le chef de l’expédition, Desor, Cart Vogt, de Pourtalès, Nicolet et Henri de Coulon. Il était lié déjà avec la plupart d’entre eux, qu'il retrouvait, de temps à autre, dans la maison de son ami le professeur Desor, à la Combe-Varin. {I raconte même, quelques pages plus loin, un séjour qu'il y fit en compagnie de MM. Contejean, aujour- ‘huiprolesseur à la Faculté des sciences de Poitiers, et Grézely, géologue bien connu pour ses travaux sur le Jura Soleurois, et nous pouvons juger par son récit que la gaieté n'était pas proscrite de ces réunions de savants. L'auteur parle ensuite des glaciers des Alpes, de ceux des Pyrénées, puis 1l passe rapidement en revue tous les grands glaciers du globe. Il revient enfin au *pays de Montbéliard, pour rappeler ses investigations diverses, ses fouilles nom- breuses, si souvent couronnées de succès, et surtout cette étude patiente des dépôts de Ia grotte de Rochedane, près Pont-de-Roide, au milieu desquels il rencontra le premier dans cette région, les débris de l’industrie humaine associés aux ossements du renne. — 990 — Tel est le livre du docteur Muston, livre de souvenirs, com- mencé sans plan bien arrêté d'avance, écrit à diverses reprises, comme une série d'articles indépendants les uns des autres, lorsque l’état de sa santé lui permettait de tenir la plume. Si les idées ne s’y enchaïnent pas toujours d’une façon très logique, si les répétitions y sont fréquentes, sa lecture cependant n’est pas fatigante et elle est fort ins- tructive ; des faits nombreux, mtéressants, souvent même peu connus, s’y trouvent accumulés et s’y rencontrent presque à chaque page. Aussi engageons-nous vivement tous ceux qui s'intéressent aux choses de la nature et au passé de l’humanité à lire cet ouvrage ; ils y trouveront un véritable plaisir et ils ne le fermeront pas, nous en sommes certain, sans éprouver un sentiment de profonde sympathie pour l’auteur, qui sut s’attirer et conserver laffection de nombreux amis, qui arrivé au terme d’une longue existence, parlait du passé sans regret ni amertume et rendait justice. à tous, qui fut assurément un véritable savant et un initia- teur pour le pays de Montbéliard, mais fut aussi et incontes- tablement un homme de bien et un homme de cœur. Dé EN CÉAAUTEUR DE L’ATMOSPHÈRE TERRESTRE Par M. E. MINARY. Séance du 13 juillet 1889. On ne connaît pas encore, même approximativement, la hauteur à laquelle s'élève notre atmosphère au dessus de la surface du globe. Il existe de tels écarts entre les diverses estimations qui ont été données par les savants qui se sont occupés de cette question, que cette hauteur varie de 29 à 34, à 47 et enfin à 200 kilomètres, suivant les moyens employés pour détermi- ner cette hauteur. Nous nous proposons d'indiquer un moyen simple, à la portée de tout le monde et dont l’exactitude ne paraît pas contestable, pour déterminer, non la hauteur absolue, totale de l’atmosphère, mais celle de toutes les zones où existe une tension d’air donnée, quelque faible qu’elle soit. Prenons pour exemple de trouver à quelle hauteur au dessus du niveau de la mer existe une couche d'air dont la tension est égale à Om,001 millimètre. Rappelons d’abord que l'air étant parfaitement élastique, ne peut présenter sur sa hauteur une tension ni une densité uniformes. La couche d’air en contact avec le sol, suppor- tant le poids de toutes les couches d'air qui lui sont super- posées, se trouve comprimée, et sous cette compression atteint une densité telle, que le mètre cube d’air sec à zéro degré pèse 1k,2935, et que sa force élastique ou tension peut Supporter une colonne de mercure de 0m,760mm, Cette co- lonne de mercure que la tension de l'air tient soulevée, au — 299 — niveau de la mer, est la colonne barométrique, elle équivaut à une pression de 10333k$ sur la surface d’un mètre carré, à ce niveau. On peut considérer cette pression de 10333ks comme étant le poids d’une colonne d’air d’un mètre carré de section, s’élevant du niveau de la mer jusqu'au sommet de l’atmosphère. D’autre part, la tension de l’air de la zone cherchée, étant 760 fois plus faible qu’au niveau de la mer, … 0,760 soit Ta a Om 00fmm, la pression sur un mètre carré de : | 10333k surface de cette zone est évidemment de 760 — 15k,5968. Cette pression n’est autre que le poids d’une colonne d’air d’un mètre carré, qui de cette zone s’élève à la limite de l'atmosphère. Or, si du poids total de la colonne d’air, qui du niveau de la mer s'élève à la limite extrême de l’atmos- phère, soit de 10333k on déduit le poids de la colonne extrême ci- dessus 13k,5965 on à le poids de la colonne d'air d’un mètre carré 10319k,4048 comprise entre le niveau de la mer et la zone où la tension est de 0,001mm; c’est de cette colonne que nous recher- chons la hauteur. Or ce poids de 10319k,4048 d'air correspond à un volume 10319k,404 - 1k,293 tension. Supposons maintenant que nous disposions d’un tube de longueur suffisante, d’un mètre carré de section. Que ce tube soit couché horizontalement au niveau de la mer et qu'il soit fermé d’un bout par un fond. Que dans l’intérieur de ce tube il y ait un piston, jointif sans fuite, et mobile dans le tube sans frottement, si nous introduisons dans ce tube entre le fond et le piston les 7980mc,977 trouvés ci-dessus, L de — 71980mc,977 d’air à 0 degré et à 0n,760mn de le piston sera transporté dans le tube à 7980m,977 du fond, puisque la capacité de ce tube correspond à un mètre cube par mètre courant, et nous aurons ainsi introduit dans ce tube une masse d’air égale à celle qui constitue dans lPatmos- phère, la colonne d'air dont nous voulons mesurer la hauteur. Cela étant, ramenons la tension de Pair renfermé, qui est de 0,760, à la tension de la zone supérieure que nous avons admise à 0001 et pour cela dilatons l’air dans le tube de 760 fois son volume, en portant le piston à 760 fois >< 7980m,977, à 6 millions 0655425929 de distance du fond. D’après la loi de Mariotte, le piston étant parvenu à cette distance, le volume de l'air est devenu 760 fois plus grand et sa tension est devenue 760 fois plus petite. Supposons qu’a- lors le tube soit coupé à fleur de la surface extérieure du piston, et qu’il soit hermétiquement fermé par un fond. Admettons aussi que le piston mobile, dont la section est de 1 mètre carré de surface, pèse 13k,5965, c’est-à-dire que son poids soit équivalent à la pression d’un millimètre de mer- cure sur un mètre carré de surface. À cet état de dilatation, la densité de l’air est devenue 760 fois plus faible et le poids 1k,293 du metre cube est tombé à = 760 — 0k,0045,701mm8 à la température zéro degré. Redressons verticalement le tube, Paction de la pesanteur sur la masse d'air renfermée sera considérablement modifiée par la superposition de tous les mètres cubes d’air, dont le poids tolal va peser sur le fonds. Le poids de la masse d’air étant de 10319k,4048, auquel il faut ajouter le poids du piston mobile de 13k,596, soit en tout 10333k, qui, pesant sur un mètre carré de surface, va ramener le volume d’air en con- tact avec le fond, à un volume 760 fois plus petit et à une tension de 0®,760mm, sous laquelle le poids du mètre cube revient à 1k,2935 à la température de 0, que nous suppose- rons toujours invariable. Le volume d’air en contact avec le piston en haut n'aura subi aucune variation, car il sera resté — 994 — à la tension de 0",001mm, à laquelle le poids du piston fait équilibre. Mais si le volume de la couche supérieure est resté sans variation, toutes les couches d’air situées au des- sous ont éprouvé une diminution de volume de plus en plus grande, selon qu’elles occuperont une position plus basse dans la hauteur de la colonne et qu’elles auront une charge plus grande d'air à supporter, la couche inférieure qui sup- porte le poids de toute la masse d’air aura perdu entièrement tout le volume de dilatation qu’elle avait dans le tube hori- zontal. D Le volume dilaté dans le tube horizon- | tal étant de 760, l'extrémité supérieure de la colonne d’air conserve cette dilatation de 760. La dilatation disparaît à la couche inférieure et a pour valeur 0; le volume 0 - 760 —— = 380, Giuias total n’est plus que de c’est-à-dire la moitié de ce qu'il était dans le tube horizontal. Le piston est donc des- cendu à la moitié du tube. Si nous représentons le volume d'air dilaté dans le tube horizontal par la sur- face du rectangle À BCD. Tous les points de la ligne AB ayant été portés par la dilatation en CD, le redressement du tube a ramené le point À qui avait été porté en G au point À d’où il était parti; le point B est resté en D où la dilatation Pa porté et tous les points intermédiaires de B 4 en B sont descendus de CD sur la dia- Le triangle ABD ; : montre la perte de gonale AD en des points plus ou moins . volume de la dila- ; É k 1 PRE Ë tation parle redres- élevés, suivant qu'ils étaient plus ou moins sement vertical du ? : tube. rapprochés de À ou de B. La diagonale divisant en deux parties égales la surface du rectangle, — 295 — montre que le redressement du tube a fait perdre la moitié du volume de la dilatation. Le piston est donc descendu de 6065542n,520 2 dessus du fond. Mais si nous comparons l'air renfermé dans le tube ver- tical avec l’air extérieur, nous reconnaissons qu’il est dans les mêmes conditions statiques que celui-ci; en effet, sa tension à la base est de 0,760, comme l’air de l’atmosphère au niveau de la mer, la pression sur le fond du tube d’un mètre carré de surface est de 10333 kilogr., comme la pres- sion de l'air extérieur sur la même surface à ce niveau. Les densités et les tensions de l’air du tube et de l’air extérieur doivent être parfaitement égales, puisque dans les deux cas les charges d’air sont les mêmes. La zone où la tension d’air est de Om 00OTmm est donc évidemment à la hauteur même du piston et dans le même plan. Le piston ayant exactement le même poids que la colonne d’air d’un mètre carré au des- sus de ce plan, nous pouvons donc considérer que la hauteur de la zone où la tension de l’air est d’un millimètre de mer- cure, en admettant que la température est uniformément à zéro degré, est située à une hauteur de 3 millions 032771m au dessus du niveau de la mer, ou à 3032 kilomètres environ, en admettant la température à zéro degré. Mais cette hau- teur doit être corrigée, parce que la température moyenne de l’atmosphère est certainement très inférieure à zéro degré. En admettant avec M. Pouillet que la température des espaces est à — 1420 au dessous de zéro de la glace fondante et que les couches d’air en contact avec le sol soient à zéro. Si la décroissance des températures est régulière et égale dé 142% 0 p#] — 3032771%,926 et se tient à cette hauteur au sur toute la hauteur, on aurait pour moyenne — 71 degrés au dessous de zéro. Les lois de Gay-Lussae sur la dilatation et la contraction des gaz pour une variation de 45 — À degré de chaleur, nous permettent de calculer la contrac- tion d’un volume gazeux pris à zéro et abaissé à — 710 au dessous. La loi de contraction est formulée ainsi : V'— V À 2 0,00867 >< 1° DES Admettant V= 1: "— 0,793: Le volume étant de 30327713, on a 3032771 >< 0,7913 — 2 millions 405897, soit environ 2405 kilomètres > En opérant ainsi, on trouve que pour la zone où la tension de l’air n’est que de 0",0005mm, la hauteur est de 6,033,576",92 X0,7933—24,786,436n la température moyenne étant toujours 1 de — 71° au dessous de 0. Soit 4786km 9 environ. Si l’on considère que la colonne d’air dilatée horizontale- ment perd toujours la moitié de sa longueur de dilatation par le redressement vertical ; on voit que la méthode consiste à. chercher le poids d’une colonne d’air d’un mètre carré de section, mesurée du niveau de la mer, où la tension T est constante à 0,760, jusqu’à la zone d’air où règne la tension t à T donnée. Le rapport de pa X< 10333k donne le poids à déduire de celui de la colonne totale atmosphérique, dont la valeur 10,333kilogr est constante, de sorte qu’on a 10833kilos — T (10353 < :) — le poids de la colonne cherchée. Ce poids divisé par 1,295 donne en mètres cubes le vo- lume d'air à 0,760 et à zéro degré qui correspond à ce poids. On donne à ce volume d’air la forme d’un cylindre ou d’un prisme d’un mètre carré de section placé horizon- talement, le nombre qui exprime les mètres cubes de ce volume, exprime aussi sa longueur. . D Ce nombre multiplié par le rapport des tensions 7? T'étant toujours 0,760, donne la longueur de la dilatation de ce vo- 0) — lume, dont on prend la moitié, puisque le redressement ver- tical de la colonne la réduira d’autant. On peut effectuer ces calculs très simples pour toutes les tensions qu’on voudra et obtenir ainsi les hauteurs qui cor- respondent à toutes ces tensions. _ Besançon le 95 avril 1889, P.S. — On trouve ainsi que la tension de l’air au dessus du Mont-Blanc à 4810 au dessus du niveau de la mer est de Om,302mm, La température étant supposée uniforme à —. 719, et qu'au dessus du Gaorisankar à 8840, la plus haute mon- tagne du globe, la tension de l’air n’est plus que de 0m,200mm, Ces tensions correspondent à une atmosphère calme, à une décroissance régulière de la température depuis le sol à zéro, en s’élevant à la limite de l’atmosphère où la température serait — 142° sous zéro. Tout réchauffement des couches inférieures ferait hausser les tensions sur les points élevés. NOTE. Pour les personnes qui ne comprendraient pas nettement la réduction à moitié du volume de l'air détendu par le simple redressement vertical de la colonne d'air, on peut faire le raisonnement suivant : La colonne d'air de 10319%k,4049 dont le volume à la tension de 0m,760mm occupe dans le tube, d’un mètre carré de section, une longueur de 7980»,977, prend, lorsqu'il est détendu à la tension de Om, 091mm, une longueur 760 fois plus grande, il occupe donc dans le tube une longueur de 6 millions 065542m,520. Suppo- sons qu’on divise cette masse d'air, dont la tension et la densité sont uni- formes en tous points, en 760 parties. Quand le tube est redressé verticalement, c’est le poids de toutes les tranches d’air qui exerce sur le fond une pression de 10319k,404, à laquelle s'ajoute le poids du piston 13k,596, soit en tout 10333k. Sous cette pression 760 fois plus forte que 0,001", le volume de la tranche d’air en contact avec le fond devient 760 fois plus petit, il perd donc tout le volume de dila- tation qu’on lui avait fait prendre dans le tube horizontal, et si on ne con- sidère que le volume de dilatation qu'on lui avait donné, on marquera pour cette tranche O0 dilatation. La deuxième tranche sera après le redressement chargée du poids de 760 tranches moins une, soit de 759 tranches, elle conservera par conséquent e du volume de dilatation qu'elle avait. La 760 troisième tranche ne supportera que le poids des 760 — 2 tranches et con- . ) a ÿ 60° de dilatation, la quatrième conservera 160 de dilatation et ainsi de suite jusqu’à la 760° tranche qui, n’étant chargée d'aucune autre, servera 760 conservera les ——e de dilatation. Or on peut supprimer tous les dénomi- 760 nateurs de cette série de nombres, ces dénominateurs ne servant qu’à caractériser l’espèce des unités dont il s'agit, et l’on a une progression par différence, qui compte 760 termes dont le premier est zéro, et le dernier 760. Or, dans ces progressions par différence, la somme de tous les termes est égale à la somme du premier et du dernier terme multiplié par la moitié du nombre des termes, soit 6 + 760 X _ — 288800. Or dans le tube cou- ché horizontalement, les 760 termes avaient tous la dilatation de 760, et la somme totale des volumes de ces termes était 760 X 760 — 577600 qui est . le double de 288800. Donc le redressement vertical du tube fait bien dimi- nuer de moitié le volume de l’air enfermé dans le tube. VOLTAIRE GRAMMAIÏIRIEN ET LA GRAMMAIRE AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE RAPPORT DE M. ÉDOUARD BESSON SUR LA THÈSE DE DOCTORAT SOUTENUE DEVANT LA FACULTÉ DES LETTRES DE PARIS PAR M. LÉON VERNIER. Séance du 13 juillet 1889. MESSIEURS, On répète souvent que le caractère le plus remarquable du génie de Voltaire est l’universalité. Mais on ignore, en général, à quel point cette universalité était étendue, com- bien elle embrassait de genres variés, même de genres secondaires, de ceux dont le génie ne se préoccupe pas d'habitude. Tout le monde connait Voltaire philosophe, Vol- taire historien, Voltaire poète léger, épique ou dramatique ; mais on connait beaucoup moins Voltaire grammairien, et notre excellent confrère, M. Vernier, a rendu un véritable service à l’érudition et aux bonnes lettres en étudiant le grand écrivain à ce point de vue fécond en observations aussi neuves qu'originales. Que Voltaire ait été grammairien et grammairien sérieux, la chose n’est pas discutable. Sans doute il ne composa pas de traité didactique sur la science des mots et du langage ; mais les éléments de la grammaire voltairienne que notre confrère a su réunir se trouvent dispersés au cours de son œuvre si variée et si considérable. Ce genre d’études avait beaucoup préoccupé ses contemporains. Pour ne citer que — 9230 — les principaux, l’abbé Girard, Pluche, Dumarsais, le prési- dent de Brosses, notre compatriote Bergier, Condillac, Dide- rot, S'y étaient adonnés avec ardeur et avec fruit. Voltaire y apporta l’ardeur naturelle de son vif esprit, la variété de ses connaissances, et surtout cette fermeté de bon sens qui forme un des traits saillants de son génie. Il gardait, du reste, dans ses travaux de grammaire pro- prement dite les préoccupations qui avaient guidé sa cri- tique littéraire. Il voulait maintenir dans sa pureté le beau langage du siècle de Louis XIV, celui dont Boileau avait fixé les règles et qu'avait employé Racine, pour lequel il profes- sait, Comme on sait, un véritable culte. On a voulu voir dans cette admiration exclusive et peut-être exagérée une question d’amour-propre personnel. Si Voltaire, a-t-on dit, éprouvait pour le génie de Racine une si vive sympathie; si, au contraire, dans un commentaire fameux, 1l a prodigué au père de notre poésie dramatique, à Corneille, des critiques si vives et si peu mesurées, qu'ont blâmées non seulement ses contemporains, mais même les écrivains de nos jours, c’est que le premier personnifiait sa propre manière à un degré éminent, tandis que l’autre, par ses qualités comme par ses défauts, représente un genre différent et presque opposé. Il y a sans doute du vrai dans cette appréciation ; mais, sur Racine comme sur Corneille, les jugements de Voltaire étaient plus sincères qu'il ne semble. Ce qu'il re- cherchait avant tout dans le style, c'était en effet la clarté, la simplicité, l'élégance ; 1l voyait dans ces qualités le génie même de la langue française, qui lui assurait la prépondé- rance et l’universalité de son emploi dans le monde. Aussi était-il l'ennemi des néologismes risqués, des hyperboles, des antithèses, du mélange des termes. Il faisait de la raison, de la logique pure, les véritables régulateurs des discours et du choix des termes. On comprend bien les avantages d’un tel système, mais il a aussi ses périls, que n’apercevaient d’ailleurs ni Voltaire, ni les principaux écrivains de son E- « » ë à L £ — 931 — temps. Il était certain, en effet, que la langue soumise à un tel régime devait toujours gagner en pureté et en élégance, mais que, perdant constamment des mots et des tours heu- reux sans pouvoir les remplacer, elle devait aussi s’appau- vrir, Se décharner et tomber enfin dans cet état de faiblesse et d’inanition auquel les romantiques de notre siècle ont voulu porter remède. Mais Voltaire, je le repète, ne voyait pas le péril. Il ne songeait, comme le dit M. Vernier, « qu’à faire prévaloir chez nous une science officielle, une gram- maire d'Etat, sorte de religion du langage, hors de laquelle il n'y a pas de salut ». Cette grammaire, basée sur des prin- cipes aussi abstraits et aussi dogmatiques que la logique de Port-Royal dont elle procédait, du reste, a fait aujourd'hui son temps, et l’on applique à la science du langage la mé- thode des sciences naturelles, la méthode d'observation ; on considère une langue comme un organisme vivant dont la philologie doit se borner à suivre et à étudier les transfor- mations successives. Quoi qu'il en soit, ce n’en est pas moins une recherche sérieuse et utile que celle des idées et des principes que le xviIIe siècle, en général, et l'esprit le plus brillant de cette époque, en particulier, ont développés et posés au sujet de la science grammaticale. En cette matière, comme en beaucoup d’autres, Voltaire fut surtout un vulgarisateur. Mais s’il n'eut pas la science, l’érudition, le labeur patient et obstiné auxquels on doit les travaux originaux et les recher- ches personnelles, on peut dire de lui ce qu’il a dit de Fon- tenelle, « qu'il a été au dessus de tous les savants qui n’ont pas eu le don de l'invention. » Grâce à sa largeur d'esprit, à la facilité et à l'ampleur de compréhension qu'il avait de toutes choses, à l'éclat de son style, 1l répandit et rendit familières les idées des spécialistes sur une matière aussi aride et aussi en dehors des préoccupations habituelles des esprits. Cette œuvre éminemment utile, et qui, malgré la disper- — D — sion de ses éléments dans les écrits de son auteur, n’en est pas moins considérable, M. Vernier a su l’apprécier en homme de lettres et en spécialiste qu'il est lui-même. Son livre est fécond non seulement en appréciations justes et heureuses, mais en vues aussi neuves qu'originales et même hardies. Les pages qu'il a consacrées à la versification fran- çaise et à ses origines, et l'examen qu'il fait des théories de Voltaire à ce sujet, présentent notamment un très grand intérêt. Nous n'avons donc pas été surpris de l’excellent accueil que la thèse de notre confrère a reçu en Sorbonne. Mais nous avons pensé qu'il était juste que cet accueil eût un écho dans sa province natale à laquelle font grand hon- neur des travaux aussi sérieux et aussi solides, ne visant pas l'effet, mais en produisant pourtant un véritable sur tout esprit curieux de notre passé littéraire et ami de la véri- table et saine érudition. LES FORMES DU TERRAIN RAPPORT SUR UN OUVRAGE DE M. LE LIEUTENANT-COLONEL pu GÉNE G. DE LA NOË ET DE M. EMM. DE MARGERIE Par M. Georges BOYER. Séance du 16 mars 1889. Le service géographique de l’armée vient de publier un ouvrage très remarquable sous ce titre : Les formes du ter- rain (1, Le principal auteur n’est pas complètement inconnu de vous; C’est M. le lieutenant-colonel de la Noë, de l'arme du Génie. Cet officier supérieur a résidé, après 1871, pendant quelques années en Franche-Comté. Les travaux d'art mili- taire auxquels il fut associé, tant à Besançon que dans les places de Salins, Pontarlier et les Rousses, lui ont permis d'étudier les diverses formes orographiques des Monts Jura. L'étude qu'il a faite, en collaboration d’un géologue émi- nent M. Emm. de Margerie, tout en embrassant des régions très étendues, est pour nous du plus grand intérêt. En effet, de nombreux exemples sont pris dans les Monts Jura, et les citations de lieux ou d'accidents topographiques les plus typiques de notre région y occupent une très grande place. Ces considérations m'ont déterminé à vous entretenir de ce beau travail. Il est à remarquer que dans le style descriptif employé par les auteurs qui traitent des sciences naturelles, ceux-ei ont une tendance bien marquée à introduire des noms qui () Les Formes du terrain, par G. pe LA Noeë, lieutenant-colonel du Génie, au service géographique de l’armée, avec la collaboration de M. Emm. DE MARGERIE; Paris, impr. nat., 1888. — 934 — rappellent leurs études professionnelles. Ce n’est pas une critique que je veux faire, car J'ai emprunté moi-même sou- vent, à leurs écrits, bien des expressions très heureusement appropriées aux diverses formes qu'il convenait de décrire. Pour n’en citer que quelques-uns, parmi les noms que l’usage a introduits dans les ouvrages de géologie, mention- nons les suivants, tirés des divers vocabulaires : Architecture. — La charpente du globe, les dômes, les voûtes avec leurs voussures et leurs retombées ; Dette ment calcaire, la corniche en surplomb, le Chan coral- hen, etc. Médecine. — L’ossature ou le squelette du globe, la dis- section et l’anatomie du paysage. On a même établi une comparaison entre l’appareil de la circulation du sang chez homme et la double circulation des eaux à la surface et à l’intérieur des couches géologiques. Art militaire. — Le démantèlement et le sapement des roches, le revêtement, l’escarpe, l’épaulement, etc. J'en passe et des meilleurs. Dès les premières pages, l'ouvrage de M. de la Noë ui l’origine de son auteur. C'est bien le travail minutieux, cor- rect et savant du géomètre et du topographe, et, je me hâte de le dire, dans cette voie rien encore n’avait été fait d'aussi complet. Cette œuvre est le dernier mot de la topographie assise sur les connaissances approfondies des causes qui ont créé et modifié sans cesse le relief des continents. C'était du reste la seule voie que pouvaient suivre les topographes pour toucher au but. Plusieurs officiers , et des plus distingués, avaient déjà tenté quelques essais, en cherchant à asseoir les études d'art militaire sur des données empruntées à la géologie ; les tra- vaux qu'ils ont publiés ne pouvaient présenter de résultats bien tangibles, car il n'existe pas de corrélation entre la stratégie et la géologie proprement dite. — 935 — Si un choix judicieux du terrain considéré comme position défensive exerce une incontestable influence sur la conduite d’une opération et concoure au suecès final, on ne voit pas très bien quel intérêt peuvent avoir des combattants à con- naître les lignes stratigraphiques, le trajet des failles et agencement ou la structure interne des accidents topogra- phiques de la région qui est le théâtre des opérations. Cette critique ne saurait atteindre l’ouvrage de M. le colo- nel de la Noë, qui limite son programme à l’étude stricte des formes du terrain, sans y associer aucune.considération d'art militaire. Les faits y reçoivent une interprétation mé- thodique et rationnelle; la partie technique est traitée de main de maitre. Ajoutons qu'un volume de planches remarquablement des- sinées accompagne le texte et facilite singulièrement lintel- ligence des idées développées. La première partie de l’ouvrage se prête peu à lanalyse ; l’auteur pose les éléments et principes qui règlent le façon- nement des mille formes topographiques dont l’ensemble constitue « le modelé du sol ». Cest l'étude attentive et la recherche des agents d’érosion qui ont nivelé et sculpté, suivant certaines lois, la surface structurale des continents. La deuxième partie est consacrée à l’examen des formes dues à diverses autres causes. L'eau, par son action chimique et sa force mécanique, est de tous les agents d’érosion le principal. Presque toutes les formes du terrain doivent leur origine aux eaux courantes. À l’exception des pays de montagnes et des régions sans écoulement, le drainage complet des autres surfaces conti- nentales, la proportionnalité du volume des cours d’eau aux dimensions de leurs canaux d'écoulement, joints à leur dispo- sition ramifiée et à la correspondance constante des niveaux des rivières à leurs confluents et des fleuves avec la mer, à leur embouchure, paraissent être, aux veux de Pauteur, des raisons suffisantes pour prouver que la principale cause du — 9236 — modelé des continents est intimement liée aux lois qui ré- gissent l'écoulement des eaux. … En outre, la disposition relative des couches géologiques et de la surface du sol témoigne de l’arasement produit par les agents d’érosion. La mise à nu des terrains est aussi rendue évidente par l’existence même des terrains de trans- port dont le volume atteint parfois des proportions colos- sales. Ainsi la molasse miocène qui renferme les conglomé- rats du Righi, présente une épaisseur de 1500". Les dépôts tertiaires subhimalayens ont 4000. Sans aller si loin, citons la Dombe, immense terrasse alluviale de 50 à 80" d’épais- seur, constituée par les matériaux arrachés à la chaine des Alpes et à ses contreforts et charriés par le Rhône jusque dans les plaines lyonnaises. On ne peut donc nier l’intensité des dénudations. D’autres preuves sont tirées du creusement des vallées par les eaux. Les traces des niveaux successifs sont décelées par la disposition en terrasse, d’amas des alluvions, à diffé- rentes hauteurs. Les marmites de géant et le poli de cer- taines surfaces accusent également l’action des eaux cou- rantes. L'auteur aborde ensuite l’étude des lois qui ont présidé à lérosion. Les désagrégations superficielles prennent nais- sance sous l’action de l'air qui fournit l'acide carbonique aux eaux de pluie ; mais c’est surtout l’eau qui est par excellence l'agent de ces transformations, lorsqu'elle exerce directe- ment son action sur les roches. Ceiles-ei offrent une résis- tance variable et toujours en rapport avec leur composition minéralogique, suivant qu'elles sont feldspathiques, argi- leuses, siiceuses ou calcaires. À la suite de ces désagréga- tions préalables, les eaux de pluie opèrent le transport des matériaux meubles d’une part, et de l’autre exercent méca- niquement une action détritique sur les roches, au pied des versants qu'elles sapent par la base et dont elles provoquent, sans interruption, le recul successif. — 931 — Une grande somme d’érudition technique est dépensée par M. le colonel de la Noë dans cette partie de l’œuvre. On sent que l'officier du génie est sur son terrain préféré; 1l em- ploie toutes les ressources de son art à décrire, par le menu, le faconnement des versants, les phases diverses de la régu- larisation de leur profil dans les cas les plus variés de la stratification, du pendage et de l'alternance des roches de nature différente. Comme exemple des effets de la désagré- gation produite sur des roches alternativement tendres et dures, il cite les pittoresques cluses traversées par la Birse, de Court à Mouthier et Courrendlin, dans le Jura bernois. En pénétrant dans ces cluses, les premières strates qui se présentent sont celles de la retombée de la voûte ; elles sont presque perpendiculaires et dessinent de gigantesques mu- railles verticales faisant saillie et séparées les unes des autres par les bancs de marnes dont le profil s’est abaissé ou par des strates évidées à la suite d’une désagrégation plus rapide. _ Pareillement, l'étude du creusement des canaux d’écoule- ment des eaux est poursuivie avec la même méthode, appuyée d'exemples pris parmi les cours d’eau des Monts Jura et d'expériences très ingénieuses pour montrer le mécanisme du creusement par trituration et le transport des matériaux. Après avoir étudié séparément l’action exercée par les _agents atmosphériques et les cours d’eau sur le façonne- ment des versants et le creusement des canaux d’écoule- ment, l’auteur examine comment ces deux genres de modi- fications de la surface du sol se combinent pour donner aux vallées les caractères qu’on y observe. Cet examen porte successivement sur les formes topographiques des régions peu accidentées, puis des zônes de plissement à grand relief. Nous ne suivrons pas M. de la Noë dans tous les cas par- ticuliers et spéciaux aux régions peu disloquées et nous aborderons, avec lui, de suite les points de cette étude qui nous intéressent le plus. « Les caractères distinctifs des régions plissées, dit l’au- — 938 — | teur, sont 1éalisés d’une manière complète dans le Jura; cette contrée présente une série de ploiements et de dépres- sions à peu près parallèles ; aussi les cours d’eau, à part quelques anomalies provoquées par les cluses, suivent, dans leur tracé, les plis synclinaux. Parfois aussi ils s'engagent dans des vallées anticlinales ou monoclinales, lorsque les érosions ont modifié suffisamment le relief pour faciliter ce changement de tracé. Dans ces cas particuliers, les varia- tions du tracé tiennent à la nature des couches traversées et aux dislocations transversales des plis. » Les cours d’eau subordonnés des régions plissées du Jura se réduisent à deux catégories, savoir : ceux qui sont dus à la direction des lignes de plus grande pente du flane des voûtes et ceux qui, subordonnés à ces derniers ou à des cours d’eau originels transversaux, suivent une direction pa- rallèle à axe des plis. » Une conséquence remarquable de l’aplatissement des reliefs et du mode de distribution des cours d’eau a été d’ame- ner au jour, au sommet des voûtes, c’est-à-dire dans les points dont l’altitude est la plus grande, les couches les plus anciennes ; en outre, la fixation du lit des cours d’eau à un niveau déterminé a eu pour effet de laisser subsister les couches les plus récentes là seulement où, grâce à leur peu de hauteur au dessus du niveau de base formé par les cours d’eau, elles n’ont pu être entraînées faute d’une pente suffi- sante : or cette circonstance est réalisée dans le fond des plis synelinaux et principalement dans le voisinage des cours d’eau, et c’est là, en effet, que se trouvent seulement les restes des terrains supérieurs, c’est à-dire, dans le Jura, des lambeaux de crétacé et de miocène qui ont presque toujours disparu entièrement des points de la contrée situés à une altitude plus grande. » Nous ferons ici quelques réserves au sujet de la théorie émise pour expliquer, d’une manière trop exclusive, la for- mation des vallées anticlinales dont l'existence serait, aux = 2 — yeux de l’auteur, le résultat des érosions bien plus que du déchirement violent de la voûte, suivant son axe. . Sans doute l’érosion peut produire de semblables effets et donner naissance à des vallées anticlinales flanquées de val- lées monoclinales ; mais ‘dans notre région, où les ploiements sont si caractéristiques du relief, il nous semble difficile de ne pas admettre l'éclatement des voûtes accusé fréquemment par la dissymétrie géologique résultant des plis-failles. Quoi qu’il en soit, il est incontestable que le relief d’ori- gine exerce une notable influence sur la direction des cours d’eau dans les régions plissées. L'auteur fait remarquer avec justesse que « dans les contrées à grand relief, les Alpes par exemple, où les plis sont fortement accusés et les flancs des synclinaux souvent rabattus, les cours d’eau présentent aussi de fréquentes anomalies dans leur tracé. Dans bien des cas, ils ne pourront établir leurs lits que dans de grandes dépres- sions monoclinales analogues aux combes. Telle est la série des vallées creusées dans les schistes tendres du lias et qui se succèdent, du Nord au Sud, en bordant à l'Ouest la pre- mière zône cristalline des Alpes occidentales qu’elles séparent _des chaines calcaires formant la zône subalpine de M. le pro- fesseur Lory (Vallées de Megève, de l'Isère entre Albertville et Grenoble, du Drac, etc.). Les eaux coulant dans cette série de vallées, parallèles en chaque point à la direction des couches, s’échappent perpendiculairement vers l’exté- rieur, c’est-à-dire suivant la direction des lignes de plus grande pente de la surface générale, par des coupures trans- versales dont quelques-unes sont analogues aux cluses du Jura et dont l’emplacement a dû être de même déterminé soit par des dépressions transversales plus ou moins accen- tuées, soit par des décrochements horizontaux. » Je termine ce court résumé, tout en regrettant de ne pou- voir vous faire un plus grand nombre de citations ; je sorti- rais du cadre que je me suis tracé, sans rendre plus instruc- tive celte communication. — 210 — Je ne saurais trop recommander la lecture du bel ouvrage de MM. le colonel de la Noë et Emm. de Margerie à ceux qui, parmi vous, s’adonnent aux études géologiques et géo- graphiques ; ils trouveront d’utiles enseignements dans cette remarquable publication qui, à tous égards, mérite de fixer Pattention. DEUX ÉPITAPHES ROMAINES DE FEMMES AYANT FAIT PARTIE DE L’AVENUE SÉPULCRALE DE VESONTIO INTERPRÉTÉES PAR M. AuceusTe CASTAN CORRESPONDANT DE L'INSTITUT (Acañémie des Inscriptions et Belles-Lettres) ——_—————_— Séances des 9 mars et 10 août 1889. À MON BON AMI ET PRÉCIEUX COLLABORATEUR ALFRED VAISSIER CONSERVATEUR-ADJOINT DU MUSÉE DES ANTIQUITÉS DE BESANÇON ARCHIVISTE DE LA SOCIÉTÉ D'EMULATION DU DOUBS AUTEUR DU RECUEIL DES ESTAMPILLES DE POTIERS DE L’ANCIENNE SÉQUANIE AFFECTUEUX ET RECONNAISSANT HOMMAGE ASC DEUX ÉPITAPHES ROMAINES DE FEMMES AYANT FAIT PARTIE DE L'AVENUE SÉPULCRALE DE VESONTIO (1) À limitation de ce qui existait sur la voie Appienne de Rome, et d’une façon analogue à ce que Pompéi avait éga- lement réalisé, le maximum oppidum des Séquanes, devenu colonie romaine, voulut border un tronçon de grande route avec une double rangée de tombeaux. Les édiles de Vesontio choisirent à cet effet un morceau de la voie romaine qui re- lait leur ville à Lugdunum, la métropole des Gaules @). Les tombeaux s’y alignèrent sur un espace compris entre la porte actuelle d’Arènes et le hameau de Saint-Ferjeux. De cette région proviennent le plus grand nombre des cippes et des sarcophages découverts sur le pourtour de Besançon, mo- numents détruits pour la plupart et dont les épitaphes, inexactement transcrites, sont autant de textes altérés que la science épigraphique devra traiter par les méthodes cura- tives dont elle dispose 6). (1) Une lecture de cette dissertation a été faite à l’Académie des Ins- criptions et Belles-lettres, le 14 juin 1889. (2) Voy. ma Notice sur Crusinia, station militaire de la voie romaine de Chalon-sur-Saône à Besançon : dans les Mémoires de la Sociélé d'Emulation du Doubs, 3 série, t. Il, 1857, pp. 316 et suiv. (3) L’une de ces inscriptions funéraires disparues me semble devoir être rappelée ici, parce que ce sera pour moi l’occasion de donner d'une façon précise l'indication de son lieu d’origine. Voici, d’après diverses copies, le texte de cette épitaphe : [D.] [M.] ET : MEMORIAE : AETERNAE : IANVSSI : IANVARII IVNIORIS : QVI : VIXIT + ANNIS : VHIL + M - VI — 246 — Parmi les sarcophages à épitaphe de cette provenance, le plus récemment découvert est le seul qui subsiste : il est placé, depuis cinquante-cinq ans, au pied du principal esca- lier de la Bibliothèque publique de Besançon. Sa découverte est ainsi relatée dans l'Annuaire du Doubs pour 182% () : « Le 18 décembre 1893, des ouvriers creusant contre l’église de Saint-Ferjeux , pour poser les fondations d’un magasin de pompes à incendie, découvrirent un tom- beau antique dont une extrémité était même engagée dans le mur. M. de Terrier-Santans, maire de Besancon, informé de cette découverte, fit transporter ce monument à la Biblio- thèque de la ville ». Ajoutons que ce sarcophage, creusé dans un seul bloc de D + VIII: IANVSSIVS - IAN(VA)RIVS : GEDVS : PATER ET-LVCIOLA-LOCVSTA-MATER:FILIO-DVLCISSIMO S-A:D-P « Treuvé », dit le P, Pierre-François CHIFFLET, « à Saint-Ferjeux, sur le flanc d’un bachat de pierre de grandeur extraordinaire. » (Biblioth. nat., collect. Baluze, t. CLXIT, fol. 101, v°.) — Duxop (Histoire du Comté de Bourgogne, t. I, part. 1, p. 206) a imprimé BREDVS, au lieu de Gedus ; mais cette dernière leçon parait être la bonne : un soldat de la légion III Augusta a le surnom Gedus sur son épitaphe trouvée à Lambèse (GC. I. L., VII, 3084): —- Le premier des sigles de la lettre finale avait été pris pour un À, d’où cette traduction de la dernière ligne : Ad Asciam Dedi- catum Posuerunt. Le mot ascia, dans les inscriptions où il se rencontre, n'étant Jamais régi que par la préposition sub, il y a toute probabilité que la formule finale de l’épitaphe débutait par la lettre S. Entre Saint-Ferjeux et Besançon, on trouva, en 1876, un sarcophage sans épitaphe qui appartenait à l’époque antique, mais avait été réemployé au ve siècle pour la sépulture d’une femme de nationalité burgonde. (A. CASTAN, Une sépulture de femme burgonde trouvée entre Saint-Fer- jeux et Besançon : dans les Mémoires de la Sociélé d'Emulation du Doubs, ann. 1876, pp. XLIV-LI.) (D)'P"6T — 947 — pierre dure (1), et très visiblement pour recevoir un cadavre, a une longueur de 2",53, sur une hauteur de 0",71 et une largeur de 0,85. Il y manque le couvercle, la paroi de l’ex- trémité gauche et un petit morceau de l’angle supérieur con- tigu à cette paroi absente : de sorte que les deux premières lettres du début de l’épitaphe et le dessus de la troisième lettre ont disparu. À cette avarie près, les cinq grandes lignes de l’inscription se développent, en caractères d'assez bon style, sur l’une des grandes faces du sarcophage. Un seul cas de lettres géminées s’y rencontre : il consiste dans l’amalgame d’un E et d’un T pour figurer la conjonction et au milieu de la troisième ligne. Un dessin de l’épitaphe ayant été fait par l'architecte Mar- notte @), on l’envoya, par l’entremise du Ministre de l’Inté- rieur, à l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres qui, dans sa séance du 14 avril 1824, entendit sur cet objet un rapport de Mongez, l’un de ses membres G), À cette époque, l’interprétation des textes épigraphiques appartenait plus au domaine de l’ingéniosité qu’à celui de la science ; on envisa- geait une inscription comme l'équivalent d’un rébus : aussi l'exactitude rigoureuse du texte importait-elle peu au com- mentateur. Mongez opéra donc sur le beau dessin de Mar- notte, sans soupçonner que deux omissions matériellement minces, mais grosses par leurs conséquences, infirmaient la (1) Des spécialistes in’assurent que ce bloc de pierre jaunâtre, d’une pâte extrêmement compacte et pailletée de mica, provient des carrières de VAbbaye-Damparis, près de Dole. « On a acquis en 1898 », dit ROUSSET, « la certitude que les carrières de Damparis avaient été exploitées par les Romains ». (Dictionn. des communes du Jura, t. I, p. 2.) (2) « Le dessin envoyé au Ministre de l’Intérieur a été fait par M. Mar- notte, architecte de la ville de Besançon ». (Annuaire pour 1825, p. 115.) — La Bibliothèque de Besançon possède un second exemplaire de ce dessin, ainsi qu'un autre dessin du monument, fait à la même époque par le sculpteur Alexandre Lapret. (3) Notice sur l’épitaphe de Virginia découverte près de Besançon : dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres, 2e série, t. IX, 1831, pp. 64-70. L ES ON LD £ 5 0 ES 1° PLU 1 La 5 : D je NME E É a no? 2 SET LAE MARIVS VITA LIS CONIVNX; LECN MATR I ÆLON | Su cs DITAESER ET PRICGINLRANNNVIXITINCVEPLATA MAROC EQV 10 RARO- SOLO CONT ENTA MA RIT O: u SARCOPHAGE DE VIRGINIA, FEMME DU. CENTURION MARIUS VITALIS Dessin de M. Alfred Vaissier. 22 00 valeur de ce portrait. Sa lecture fut naturellement fautive sur deux points importants, et son commentaire se ressentit d’avoir eu pour base un texte imcorrect. Une critique de ce commentaire, faite par un érudit franc- comtois, Jean-Antoine Marc, de Vesoul (1), ne modifia pas le texte de Marnotte et ne fit qu'apporter deux variantes d’in- terprétation qui sont seulement ingénieuses (). En 1861, l'inscription fut étudiée, à Besançon même, par le général du génie Creuly, l’un des collaborateurs de Léon Renier dans la confection du Recueil des inscriptions ro- maines de l’ Algérie. L’une des omissions du texte de Mar- notte le frappa, mais l’autre ne fut pas réparée dans sa trans- cription, et il fallut le flair supérieur de Léon Renier pour la lui faire apercevoir. Sans avoir vu l’inscription, cet éminent épigraphiste indiqua le sigle qui devait avoir été omis par Marnotte entre les deux derniers mots de la première ligne, ebiCe Sisley lut eneltet- constaté. Toutelois la lecture du général Creuly, rectifiée par Léon Renier, comporte une incorrection dès son début, et le commentaire qui l’accom- pagne n’a aucune valeur 6). Il'n’existe donc encore ni relevé correct, ni lecture exacte, ni traduction fidèle de l’épitaphe qui nous occupe : ce que Je vais en dire a pour but de procurer ce triple résultat. Le premier mot qui se présente est mis au datif : il désigne _ la défunte. Ce mot est à l’angle écorné du sarcophage : il a perdu ses deux lettres initiales, mais la troisième lettre est accusée par le pied d’une haste et le délié terminal d’un trait ondulé et oblique qui ne peut procéder que d’une lettre R. _ Cette lettre, étant suivie de la fin de mot GINIAE, n'avait pu (1) Une notice sur ce savant modeste a été publiée par Aristide DÉY, en 1860, dans les Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône. (2) Opinion de M. Marc sur le tombeau antique trouvé à Saint-Fer- Jeux en 1823 : dans l'Annuaire du Doubs pour 1825, pp. 115-117, (3) Revue archéologique, % sér., t. IV, 1861, pp. 390 et #77. — 9250 — être précédée elle-même que des lettres V et | ou E : d’où la certitude que la défunte s’était appelée Virginia ou Ver- ginia. Le général Creuly, croyant à la nécessité des deux sigles D. et M., signifiant Doris Manibus, en tête d’une épi- taphe qu'il déclarait « païenne, mais d’une basse époque », récusait le mot virGINIAE pour lui substituer contre toute vraisemblance le mot OGINIAE, précédé des deux sigles D. et M. La constatation des bases d’une lettre R, au début de ce qui nous reste de l’épitaphe, détruit absolument cette hypothèse. La défunte se nommait done Virginia, Mais ce n'était là qu'un qualificatif amical, dont la fin de l’épitaphe développera la signification en ces termes : SOLO CON- TENTA MARITO. « Le mot virginia », a dit Alphonse de Boissieu ®), «n’est qu’une épithète répondant aux expressions univira, univiria, qui se lisent dans quelques inscriptions On trouve aussi celle de vèrginius donnée à un homme par sa femme avec une signification analogue ». Une épitaphe témoigne de la réciprocité de l’usage entre époux de ces deux termes d'affection ; il s’agit d’une veuve qui se lamente d’être obligée de ed à son mari fidèle (virginius) les der- niers devoirs qu'elle-même, sa virginia, aurait préféré rece- vote lue …. QVOD | DEBVERAT : VIRGINIVS : VIRGINIAe | se FECISSE - MODO : VIRGINIA - FECIT : Quant au nom de famille qu'avait la défunte, peut-être pourrons-nous le supputer au moyen du surnom que por- tait son fils. En ce qui concerne le mari, remarquons qu’il lui manque l’une des trois appellations que possédait tout citoyen régu- lièrement qualifié. [l n'avait pas de prénom, ce qui était le cas d’un grand nombre de provinciaux. Son nom de famille (1) Inscriptions antiques de Lyon, p. 498. (2) GC. T. L., t. V, n° 1880. — 951 — (gentilicium) était Marius, l’un de ces noms empruntés au catalogue des gloires romaines par les provinciaux qui obte- naient, à un degré quelconque, leur association à la fortune de la métropole du monde. À ce nom se trouve accolé le surnom (cognomen) de Vitalis, qualificatif témoignant que Pindividu à qui on l’adjugea pour la première fois était doué de force vitale (vitaliltas). Quelle était la position sociale de ce Marius Vitalis? Avant la révélation par Léon Renier du sigle qui précède réelle- ment le dernier mot de la première ligne, ce dernier mot constituait le seul élément déterminatif de la profession exercée par l'époux de Virginia. Or ce mot, abréviativement exprimé par les trois lettres LEG, ne pouvait être lu que legionarius ou legatus. La première version fut celle de Mongez; mais Marc eut raison de lui objecter qu’ «un simple légionnaire n'aurait pas érigé ce monument ». Alors inter- venait la version legatus, qui faisait de Marius Vitalis l’équi- valent d’un de nos généraux de division, hypothèse absolu- ment inadmissible, étant donné le mince état civil du mari de Virginia. Le sigle deviné par Léon Renier partage la dis- tance entre les deux interprétations extrêmes. Ce sigle est assez analogue au septième chiffre de la notation arabe. Par sa forme, il symbolisait le cep de vigne qui était le bâton de commandement des centurions de la légion romaine (1), et les lapicides de Rome s'en servaient pour exprimer abrévia- tivement le mot centurio. Ce sigle devient le substantif dont les trois lettres LEG représentent l'adjectif. Il v a donc lieu de lire, à la suite du nom et du surnom de l’époux de Vir- ginia, le substantif centurio et l’adiectif legionarius. Ces deux mots se trouvent d’ailleurs gravés en toutes lettres dans lPépitaphe d’'Exomnius Paternianus, qui fait partie du (1) « Centurionum in manu vitis, et opimo præmio, tardos ordines ad lentas perducit aquilas, atque etiam in delictis pœænam ipsam honorat ». (Puin., Hist. nat., XIV, 3.) — Cf. DurUY, Hist. rom... éd. ill., t. V, p. 572. — 952 — Musée lapidaire de Lyon (®. Marius Vitalis était donc infini- ment au-dessous d’un général de division, mais beaucoup au-dessus d’un soldat légionnaire : il avait le grade de cen- turion, correspondant au moins à la situation actuelle de capitaine, mais pouvant équilibrer celle de chef de bataillon lorsque le titulaire de emploi appartenait à la catégorie des centurions primipiles. « Sans parler », écrivait Ernest Des- jardins (2), « des avantages pécuniaires du primipilat, qui étaient tels qu'on voit des chevaliers romains renoncer à leur rang pour se faire nommer centurions, dans l'espoir de parvenir au primipilat, il était considéré comme le plus haut degré de l’avancement militaire proprement dit ; il ne faisait partie d'aucun des grades de la carrière équestre, ni, bien entendu, sénatoriale, mais on pouvait y prétendre au sortir du centurionat. Seulement on y parvenait d'ordinaire à un âge avancé )». Habituellement la mention d’un grade militaire est suivie de l'indication du corps dans lequel la fonction est ou a été exercée. Comment se fait-il que Marius Vitalis est simple- ment qualifié centurion légionnaire ? C’est, répondrons-nous, parce qu'il avait mérité, après une honorable carrière active, d’être placé hors des cadres, dans un poste fixe où il conser- vait les avantages matériels de son grade en menant une existence paisible. Cette situation de centurion légionnaire (1) MEMORIAE : AETERNAE : EXOMNI | PATERNIANI : QVONDAM:-CENT VRI | ONIS-LEGIONARITI.... (A. DE Boissieu, Inscript. ant. de Lyon, p. 309; ArLMER et Dissarp, Musée de Lyon, inscript. ank..t. I, p. 407.) (2) Les soixante centurions de la légion IIT Augusta : dans les Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres, année 188%, p. 116. Cet opuscule et deux autres qui précèdent résument le mémoire de M. Mommsen, Nomina et gradus centurionum (Ephemeris epigraphica, t. IV, pp. 226 et seq.) et celui de M. J. KARBE, De centurionibus Roma- norum, Hallæ, 1880. Sur le centurionat, il y a lieu de consulter le deu- xième volume du Rœmische Staatsverwaltung de J. MaARQuARDT (Hand- buch, Bd.-V), pp. 355, 309, 373, 375-371. 958 — hors cadres nous est connue par la correspondance de Pline le Jeune avec l’empereur Trajan. « Votre sage prévoyance, seigneur », écrivait Pline à son maître, « vous a fait ordonner à Calpurnius Macer d'envoyer un centurion légionnaire à Byzance. Daignez examiner si les habitants de Juliopolis ne mériteraient point une pareille grâce »..... — «La ville de Byzance », répondit l’empereur, «est si considérable par le concours de ceux qui y abordent de toutes parts, que nous n'avons pu nous dispenser, à l’exemple de nos prédéces- seurs, de lui accorder un centurion légionnaire pour veiller à la conservation des privilèges de ses habitants. Si nous faisions même grâce à ceux de Juliopolis, nous créerions un précédent onéreux. Plusieurs autres villes nous demande- raient la même faveur avec d'autant plus d’instances qu’elles seraient plus faibles (1) ».….. Ainsi le centurion légionnaire était, dans les villes où exis- tait cet emploi, une sorte de chef de police militaire, ayant peut-être autorité sur la milice municipale, et possédant une situation analogue à celle dont jouissaient, avant 1871, les commandants de nos places de guerre. C'était vraisemblablement à Vesontio que Marius Vitalis occupait cet emploi, car ce fut dans cette ville qu’il ramena de loin les restes de sa compagne fidèle et dévouée. Plus triste encore avait été le malheur de ce vétéran lyon- nais dont la femme, empêchée de le suivre, était morte en trois jours, durant l’une des. pérégrinations militaires de son (4) Plinius Trajano imperatori s. « Providentissime, domine, fecisti quod præcepisti Calpurnio Macro, clarissimo viro, ut legionarium centu- - rionem Byzantium mitteret. Dispice an etiam Juliopolitanis simili ratione consulendum putes »...…. — Trajanus Plinio s. « Ea conditio est civitatis Byzantiorum, confluente in eam commeantium turba, ut, secundum con- suetudinem præcedentium temporum, honoribus ejus præsidio centurionis legionarii consulendum habuerimus. Si Juliopolitanis suceurrendum eodem modo putaverimus, onerabimus nos exemplo : plures.enim tanto magis eadem requirent, quanto infirmiores erunt ». (Paint Æpistolae, lib. X, LXXXI-LXXXII.) — 954 — époux : « dum ego in peregre eram », dit ce vieux soldat dans une épitaphe où, suivant l’expression d’Alphonse de Boissieu, 1l « épuise le dictionnaire de la tendresse. Tertinia Amabilis est la femme carissima, pientissima, castissima , conservatrix pientissima, la fortuna presens de son mari. Dans une union de dix-huit ans et vingt jours, elle ne lui a causé nullam contumeliam, nec animi læsionem, nullam læsuram, nec animi offensionem (1) ». En moins de mots, Marius Vitalis exprimait la même pen- sée, lorsqu'il déclarait que Virginia avait été une épouse sans tache : inculpata marito. De leur mariage résultait un fils, que l’épitaphe mentionne comme l’associé de son père dans l’érection du tombeau. Ce fils, auquel l’épitaphe n’accorde pas de prénom, portait le nom de famille (gentilicium) de son père, c’est-à-dire Marius. Son surnom (cognomen) avait été lu NICIDIANVS ; mais l’un de mes confrères de la Société d’Emulation du Doubs, M. le professeur Léon Vernier, me suggéra la lecture NIG- DIANVS, et un estampage partiel ratifia immédiatement cette présomption. Le surnom Nigidianus est un dérivé du gen- lice Nigidius, qui peut-être était le nom de famille de la défunte Virginia. On voit assez souvent, en effet, le nom de famille de la mère devenir le surnom de l’un des fils issus du mariage : ainsi Caïus Aventinius Avitus, marié à Licinia Servilia, avait un fils nommé Caïus Aventinius Servilius (0) ; le fils aîné de Constantinius Aequalis et de Pacatia Servanda était surnommé Servatus (@); Valerius Maximus et Julia Se- cundina avaient engendré un fils dénommé Valerius Secun- dinus ©); Titius Tincius Alpinus, décurion des Lingons, tenait (1) À. DE BoissIeu, Inscript. ant. de Lyon, pp. 322-323. — WILMANNS, Exempla, 249. — ALLMER et Dissarp, Musée de Lyon, inscript. ant. t. 1, pp. 320-393. (2) GC. I. L.,t. XII, 4109. (8) ALLMER, Revue épigraphique, n° 33, avril 1885, inscr. 598. (4) ALLMER et DISSARD, Trion, p. 45. son surnom de sa mère qui s'appelait Potitia Alpina (1). Après le cognomen Nigidianus, vient l’indication de la qua- lité qu'avait eue le second personnage pour intervenir dans l'érection du tombeau : il était le fils de la défunte et rendait homimage à sa mère. Le mot abrégé FIL, qui ne peut vou- loir dire que filius (fils), et le mot au datif MATRI (à une mère) sont normalement à leur place. Mais, entre ces deux mots, un sigle se trouve, qui avait été atrophié dans le dessin de Marnotte. Ce sigle consiste dans la lettre Q isolée entre deux points et surmontée d’une barre transversale. Le dessin ayant suprimé la queue de la lettre ainsi que la barre supé- rieure, 1l en résultait la forme absolument ronde de la lettre ©. Mongez, sans tenir compte du premier point d'isolement, - rattacha cette lettre © à la dernière lettre du mot abrégé FIL, et l’invraisemblable mot FILO fut créé pour servir de cogno- men supplémentaire au fils de la défunte. Mare, tout provin- cial qu’il était, fut plus judicieux lorsqu'il considéra la lettre O, procréée par Marnotte, comme le sigle de adjectif optimæ (très bonne) qui aurait donné un complément d'expression au mot MATRI. Mais la lettre en question ayant été reconnue pour un Q surmonté d’une traverse indiquant que cette lettre était un sigle, le général Creuly n’hésita pas à y reconnaitre l’indication d’un titre appartenant à Marius Nigidianus, fils de Marius Vitalius et de Virginia. Or ce sigle a pour équiva- lent le mot quæstor. C'était parfait, aux yeux du général, tant que le père de Marius Nigidanius pouvait être qualifié lega- tus; mais du moment où Marius Vitalis était ramené au grade de centurion, son fils n'aurait plus eu le coefficient d'extraction nécessaire pour accomplir une carrière sénato- riale dont la questure était le premier degré. Mais alors quelle traduction donner à ce sigle si attitré pour signifier questeur ? Le général Creuly n’imagina-t-il pas le mot quæs- honarius, qui veut dire bourreau ! Conçoit-on le fils du com- (4) ALLMER et DissaRD, p. 176. — 200 — mandant de la place de Vesontio exerçant en cette ville la fonction de bourreau et surtout arborant cette qualité dans l’épitaphe de sa mère ? D'ailleurs, dès que le sigle consistant dans la lettre Q surmontée d’un trait horizontal était affecté à l'expression abréviative du titre honorable de questeur, il n'aurait pas été permis de s’en servir pour désigner le der- nier des bas emplois, et le mot quæstionarius, exprimé en toutes lettres, eût été obligatoire en pareil cas. Le général Creuly s’est trop pressé lorsqu'il a déclaré que la qualité de questeur était incompatible avec l'extraction de Marius Nigidianus, fils d’un centurion légionnaire. Incontes- tablement la questure sénatoriale n'aurait pas été accessible au fils d’un si mince personnage. Mais il y avait aussi la questure municipale ou coloniale, fonction élective dont le titulaire était chargé de la caisse publique (D), et pour occuper cet emploi l’extraction aristocratique n’était pas nécessaire. « La questure », écrit Marquardt (2), « occupe le troisième rang dans l’ordre des fonctions municipales annuelles ; tou- telois son organisation diffère profondément suivant les villes. Quelques communes paraissent n’avoir pas eu de questeurs, comme Arpinum, où l’un des trois édiles administrait la caisse de la ville, comme Fundi et Formiæ, comme Pompéi, où les duoviri donnaient quittance des versements opérés à la commune. Et dans celles où l’on trouve des questeurs, leur rôle varie selon que la questure y est considérée comme un honor où comme un munus ». Dans plusieurs villes coloniales des Gaules, telles que Lyon, Vienne et Nimes, la questure était le premier degré des magistratures locales G). Un fragment d'inscription sur marbre, extrait des ruines d’Epamanduodurum (aujourd’hui (1) Camille JULLIAN, Inscriptions romaines de Bordeaux, t. I, p. 122. (2) Organisation de l’empire romain, trad. A. Weiss et Louis Lucas, t. I, pp. 233-234. — Voyez aussi : O. ManTeyY, De gradu et statu quæsto- rum in municipiis coloniisque, Hallæ, 1882. (5) ALLMER et DissarD, Musée de Lyon, inscript. ant., t. IT, p. 353. — a LU à. rip — 957 — Mandeure), dans la cité des Séquanes, « appartient à une carrière municipale et concerne un individu qui à été prêtre, sACERDOSs, d’une divinité ou d’une province, ainsi que fla- mine, AAMONIO functus, ou bien ob honorem flAMONI, et questeur, QVAESTOR » (). Quoi de surprenant que, dans Vesontio, devenue ville coloniale ®), le titre de questeur ait existé et que le fils du centurion légionnaire de la place en ait été pourvu? Marius Nigidianus, fils de Marius Vitalis et de Virginia, était donc questeur dans l’Ordo colonial de Vesontio, charge qui ne pouvait être occupée avant l’âge de vingt-cinq ans, début de la majorité pour les tributaires de la loi romaine (3). Il est évident dès lors que Mongez, et après lui Marc, son contradicteur, ont mal compris la phrase de l’épitaphe qui se rapporte à la coexistence de Marius Vitalis et de Virginie. SEX ET TRIGINTA ANNts VIXIT INCVLPATA MARITO signifie évidemment que Virginia avait vécu pendant trente- six années en épouse fidèle. Dans leurs traductions, mes prédécesseurs ont isolé les premiers mots de cette phrase, en faisant dire à l’épitàphe que Virginia était morte à trente- six ans. Pour qu'une femme morte à trente-six ans ait laissé un fils capable d’être questeur, il faudrait admettre ou que la mère avait fait ses couches à l’âge de onze ans, ou que le garçon était parvenu avant vingt ans à la questure. Si, au contraire, le nombre trente-six est considéré comme le total des années passées par Virginia dans le mariage, tout rede- ALLMER, {nscript. de Vienne, t. Il, pp. 252 et 268. — Otto HiRSCGHFELD, Nemausus,: GC: L.,t: XIe: xLIx. (1) HÉRON DE VILLEFOSSE, Sur quelques inscriptions latines de Man- deure : dans le Bulletin de la Société des antiquaires de France, ann. 1882, pp. 320-321. : (2) À. CASTAN, Vesontio colonie romaine : dans les Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, 5° sér., t. II, 4887, pp. 321-340. (3) CApparet minoribus annis viginti quinque eum opem polliceri : nam post hoc tempus compleri virilem vigorem constat ». (ULP.: Digest., lib. IV, ŒUNIV. 1.) A7. — 958 — viendra conforme aux vraisemblances. Le fils, âgé d’au moins vingt-cinq ans, aura perdu une mère ayant dépassé la cinquantaine. Mongez (1) à fait justement remarquer que PAR DE de Virginia se termine par un vers héxamètre : Obsequio raro, solo contenta marito. Et il rappelait à ce propos le vers d’Horace exprimant une pensée semblable pour célébrer l’attachement de Livie à son époux, l’empereur Auguste : Unico gaudens mulier marito. Les formules versifiées étaient fréquentes dans les épi- taphes des cimetières du monde romain, et c’est avec raison que deux maitres de la science épigraphique, MM. Le Blant et Cagnat, affirment qu’il existait des répertoires de ces for- mules à l’usage des graveurs d'inscriptions funéraires (2. Sous le bénéfice des considérations critiques qui pré- cèdent, je crois pouvoir donner la lecture suivante de l’épi- taphe consacrée par Marius Vitalis et par Marius Nigidianus à leur épouse et mère : VIRGINIAE + MARIVS : VITALIS CONIVNX - 7(Centurio) - LEGionarius | ET:MARIVS:NIGIDIANVS-:FILlius: Quæstor- MATRI:E:LONIGINQVO - ADPORTATAE:(ET)-HIC: CON DITAE : SEX: ET | TRIGINTA: ANNîs- VIXIT :INCVLPATA MARITO-OB|SEQVIO RARO:SOLO CONTENT À MARITO. Ce texte me semble devoir être traduit ainsi : € À Virginia, Marius Vitalis, son époux, centurion légion- naire, et Marius Nigidianus fils, questeur, à sa mère, rame- (1) Mémoires de l’Acad. des inscript. et belles-lettres, 2e sér., t. IX, pp. 65-67. _ (2) R. CAGNAT, Sur les manuels professionnels des graveurs d'ins- criptions romaines : dans la Revue de philologie, ann. 1889, p. 50, 0 née de loin pour être ici renfermée : elle vécut trente-six ans dans la fidélité conjugale, soucieuse avant tout de n’ap- partenir qu’à son mari ». À quelle époque cette épitaphe remonte-t-elle? Mongez la considérait comme datant du siècle des Antonins, et le gé- néral Creuly, nous l'avons vu, la croyait païenne, mais d’une basse époque. L'opinion de Mongez me parait devoir être maintenue (1). IT Du même gisement que le tombeau de Virginia provenait un sarcophage à épitaphe dont la découverte, faite en 1694, eut un retentissement considérable. Ce sarcophage, en pierre tendre dite de vergenne, la pierre qui avait servi à construire la plupart des édifices romains de Vesontio @), mesurait sept pieds et demi de long (2,436) sur deux et demi de large (Om,812). I était fermé par un couvercle, taillé en dos d'âne, sur l’un des versants duquel on avait représenté en bas-relief une petite figure d'homme debout, coiffé d’un bonnet, vêtu d’un manteau court, tenant de la main droite un vase, et de la main gauche une sorte de rouleau de papier ou de gros bâton. À l’une des extrémités de ce même versant, on voyait, également en bas-relief, un animal, chien ou brebis. La figure d'animal ayant fait pendant à celle-ci avait été brisée d’an- cienne date. Dans l’intérieur, une caisse de plomb, du poids (4) « La lettre Q surmontée d’une barre pour exprimer le mot QVAES- TOR, serait, suivant BorGnest (VI, p. 447), une abréviation inconnue au 1er siècle ; au contraire fréquemment employée sous les Antonins ». (ALLMER, Inscript. de Vienne, t. IL, p. 266.) : | (2) « C’est un poudingue calcaire, de couleur blanche, dont le grain est assez fin et la taille facile. Les principales carrières de cette pierre sont situées dans un bois de la commune de Charcenne (Haute-Saône), qui porte encore le nom de Bois de la Vergenne ». (A. CASTAN, Les Gapitoles pro- vinciaux, dans les Mém. de la Soc. d'Emul. du Doubs, 5° série, t. X, 1885, p. 391.) — 9260 — de 700 livres (350 kilog.), renfermait la tête et les principaux ossements d’un squelette humain. Sur l’une des grandes faces était une épitaphe en cinq lignes de caractères gravés. La petite face de droite portait les mots AVE EVSEBI; celle de gauche, VALE EVSEBI. Au-dessous de chacune de ces formules était sculptée en bas-relief l’image symbolique d’une erminette, outil qui servait à tailler la pierre tendre et que les Romains appelaient ascia (). L’image de cet outil, fréquente sur les tombeaux de la région lyonnaise, est sou- vent accompagnée de la formule SVB ASCIA DEDICAVIT, signifiant vraisemblablement que le monument funéraire, dédié quand l’ouvrier y travaillait encore, était conséquem- ment un logis tout neuf et fait exprès pour le défunt. Sur la principale face, à droite et à gauche de la dernière ligne de l’épitaphe, l’ascia se montrait encore deux fois. La curiosité publique fut grandement émue de cette trou- vaille. Dans les quatre images de l’ascia, on vit immédiate- ment autant de croix d’une forme un peu bizarre, mais qui témoignaient que les ossements réapparus étaient sinon ceux d’un saint, tout au moins ceux d’un chrétien. Pour plu- sieurs, le mot EVSEBI sembla le nom d’un abbé qui aurait, dans les vieux âges, gouverné l’église à l’ombre de laquelle le sarcophage se retrouvait. L’épitaphe renfermait aussi le mot VERNA : un lecteur improvisé crut y reconnaitre le nom de la famille de Vienne, l’une des plus illustres de la noblesse comtoise au moyen âge, et l’on trouva des allures chevaleresques à la figurine sculptée sur le couvercle du sarcophage (2). Que les ossements fussent ceux d’un saint ou (1) « D’après le sentiment qui a le plus généralement prévalu, dédier sous l’ascia « c’est dédier un tombeau qui n’a pas encore servi, un tom- » beau neuf, qui sort des mains de l’ouvrier et qui est encore en quelque » sorte sous la hache du tailleur de pierre. [L. Renier, à la p. 68 de Spon, Recherches d’antig. de Lyon, édit. de Montfalcon, 1858.] » (E. SAGLIO, Dictionn. des antig. gr. et rom. t. I, p. 465, col. 2). (2) « De plus », écrivait un contemporain de la découverte, « ledit tom- PRET EL — 961 — ceux d’un chevalier, la sépulture était chrétienne, et l’église voisine du lieu de la trouvaille avait le droit d’en revendi- quer la possession. C'est ce que firent les Bénédictins qui desservaient l’église de Saint-Ferjeux. Mais le propriétaire du terrain, le marchand Pierre-Gabriel Clerc, citoyen de Besançon, fut d’un tout autre avis : si la sépulture était païenne, les 700 livres de plomb du cercueil intérieur deve- naient son aubaine. Il en appela donc de la décision judi- claire qui avait adjugé le sarcophage aux Bénédictins de Sant-Ferjeux, et il trouva un auxiliare dans l’abbé Jean- Baptiste Boisot, commendataire de l’abbaye de $Saint-Vin- cent de Besançon, dont Saint-Ferjeux était une succursale. Les Bénédictins se flattaient d’avoir pour eux leur illustre confrère Dom Jean Mabillon, l’un des oracles de l’érudition française ; mais l’abbé Boisot se mit d'accord avec le Père André de Saint-Nicolas, l’homme qui connaissait le mieux les antiquités du diocèse, et tous deux déclarèrent que l’'ascia, représentée quatre fois sur le sarcophage découvert, rattachait cette sépulture aux rites du paganisme. Mabillon, qui avait l’abbé Boisot en haute estime (), s’inclina devant beau se trouva couvert d’une grande pierre de vergenne, d’une seule pièce, plus grande d’un bon pouce que celle d’en bas, et qui déborde de toute la longueur pour emboiter tout le tombeau. Sur ce tombeau est un hérault d'armes en relief qui fait la clef dudit tombeau. Cet hérault d'armes est revêtu d’une cotte de maille qui descend jusqu'aux genoux : il est ceint par le milieu du corps; il porte de la main droite un bouclier et de la gauche une massue ». (Note ajoutée au Nobiliaire de Thomas VARIN : ms. de la Bibliothèque de Besançon, fol. 286.) (1) Jean Mabillon et son confrère Michel Germain avaient passé à Be- sançon les journées des 10 et 11 juillet de l’année 1683. Mabillon racon- _tait ainsi les prévenances dont ils y avaient été l’objet, tant de la part des Bénédictins de Saint-Vincent que de celle de l'abbé commendataire de l'abbaye : « Vesontione per biduum moram egimus, in saneti Vincentii monasterium hospitio humanissime accepti à R. P. Hieronymo Coquelino Priore ex Benedictina Congregatione sancti Vitoni. Altera quäm accessi- nus die omnibus honoris ac benevolentiæ officiis nos prævenit ejusdem loci Abbas Johannes Baptista Boisotus, ex illustri istius urbis familia, qui non solum museum ac bibliothecam suam nobis reseravit, sed etiam quæ- — 962 — cette sentence et en fit le thème principal d’une dissertation critique sur la prudence à observer en matière de culte à rendre aux saints inconnus (1). Le marchand Pierre-Gabriel Clere bénéficia des 700 livres de plomb qui garnissaient inté- rieurement le sarcophage, «€ et », dit un contemporain @), « l’on jeta à la voirie des ossements qu’on avoit été sur le point de transporter dans l’église voisine ». Le marchand Pierre-Gabriel Clerc abandonna volontiers le sarcophage à l’abbé Boisot, qui l'avait aidé à gagner son procès, et un intéressant monument s’ajouta ainsi aux ins- criptions romaines groupées dans le jardin de l’abbaye de Saint-Vincent. Les Bénédictins de Saint-Ferjeux furent les véritables vic- times de l'aventure, car on alla jusqu’à les accuser de n’avoir soutenu le caractère chrétien de la sépulture que pour béné- ficier du plomb dont le sarcophage était garni. L'abbé Boisot semble même avoir fait écho à cette médisance, vu que, dans ses lettres au P. André de Saint-Nicolas G), les Bénédictins de Saint-Ferjeux sont appelés ironiquement moines de plomb, « plumbei monachi », et leur facon de raisonner est dite « plumbea ratio ». Immédiatement l'abbé Boisot fit part de sa conquête épi- graphique à la grande amie dont 1l partageait l'affection avec un bon nombre de ceux qui composaient alors l’Académie française. QI y à », écrivait-il à Mie de Scudéry, le 19 sep- que in ea civitate visu digna erant, nobis commonstrari curavit ». (Jéer Germanicum anni M.DC.LXXXIITI, p. 6.) (1) Eusebii Romani ad Theophilum Gallum epistola de cultu SS. ignotorum ; Parisiis, 1698, in-40. — [d. : nova editio recognita, emen- data et aucta; Parisiis, 1705, in-12. — Id., dans les Vetera analecta, 1728, in-fol., pp. 954 et seq. — Traduction de la lettre d’'Eusèbe romain à Théophile françois sur le culte des saints inconnus ; Paris, 1698, in-12. — Id., 1705, in-12. (2) Léopold Prost, Histoire de la cité impériale de Besançon : ms. original à la Bibliothèque de cette ville, fol. 45. (3) Ces lettres sont publiées à la suite du présent opuscule. ci tembre 1694, & il y a quelque chose dans linscription qui embarrasse. On ne sçait qui est un certain Eusèbe qui y est nommé jusqu’à trois fois. Vous serez peut-estre bien aise d’en faire part à vos amis et d’en sçavoir leurs sentimens ». Ce fragment de lettre, suivi d’une copie de l’épitaphe, fut aussitôt inséré au «Journal des sçavans (1) », afin de provo- quer des interprétations. Mais celles-ci n’arrivèrent pas tout de suite, car, à la date du 9 octobre, Madeleine de Scudéry écrivait en ces termes à son cher correspondant de Besan- con : « Plusieurs de mes amis cherchent à connoistre cet Eusèbe dont l'inscription du tombeau antique parle (@) ». Moins de sept semaines après avoir reçu cette communi- cation, l'abbé Boisot mourait G), léguant aux Bénédictins de Saint-Vincent de Besançon sa riche bibliothèque, avec les médailles, bustes et tableaux qu’elle renfermait, pour faire du tout un dépôt public (@). Les autres objets recueillis par le même savant devinrent la propriété de son frère, le pré- sident Boisot, qui, lui aussi, était collectionneur, mais par- tageait l'indifférence du plus grand nombre des amateurs de son temps à l’égard des morceaux encombrants que l’on appelle les inscriptions lapidaires. « Le goût pour cette espèce d’antiquités », écrivait Dunod (1) Journal des sçavans pour l’année M.DC.XCIV, p. 46%. (@) Lettres de M1: de Scudéry à l’abbé Boisot : manuscrit de la Biblio- thèque de Besançon, fol. 297. (3) L'abbé Boisot, mort le 4 décembre 169%, fut immédiatement l’objet de deux éloges publiés sous les titres suivants : Lettre escrite à Monsieur *** au sujet de la mort de Monsieur Boisot, abbé de Saint-Vincent de Besançon (par l'avocat général Etienne Moreau, Dijon, le 10 décembre 169%, suivie de pièces de vers sur le même sujet), 20 pp. in-4; Lettre de M. Bosquillon à Mie de Scudéry contenant l’éloge de M. l’abbé Boisot : à Paris, ce 30 avril 1695, 10 pp. in-4°. (4) Voyez l'Extrait du testament de l’abbé Boisot, en date du 27 no- vembre 1694 : dans les Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, 4e série, t. IX, 1874, p. 467. — Voyez aussi Histoire et description de la Bibliothèque de Besançon, par À. CasraN : dans l'Inventaire des R° chesses d'art de la France; province, t. IT. — Gi — en 1750 (), « ne s’est réveillé à Besançon qu’au dernier siècle, et même parmipeu de personnes, dont les héritiers, qui n’en étaient pas curieux comme leurs auteurs, les ont laissé perdre, ou placées comme pierres brutes dans leurs bâtimens ». Tel ne fut pas lemploi que donna le président Boisot au sarcophage qui lui était échu : 1l crut faire une bonne œuvre en cédant cette cuve aux Visitandines, qui avaient besoin d'un lavoir à lessive et s’empressèrent d'appliquer l’objet à cette utile fonction. Mais la notoriété qu'avait l’épitaphe ame- nait au couvent des curieux dont les visites troublaient la tranquillité des religieuses. Elles y mirent un terme en fai- sant marteler les lettres de l’épitaphe aïnsi que les reliefs qui décoraient le couvercle du ci-devant sarcophage : de toute cette décoration il ne subsista que les images des ascia et, sur l’un des flancs de la cuve, le VALE EVSEBI, circons- tance qui fit donner au lavoir à lessive des Visitandines le sobriquet de Tombeau du valet d'Éusèbe. Besançon n’a pas même conservé ce dernier vestige de la plus célèbre de ses inscriptions romaines : au début du dix-neuvième siècle, l'abbé de Tersan obtint de faire détacher, au moyen d'un sciage, et de se faire envoyer à Paris la face latérale encore intacte du sarcophage découvert en 1694 (2. Pour interpréter ce monument, il ne nous reste donc que quelques dessins accompagnés de descriptions 6), ainsi que (1) Histoire de l’Eglise de Besançon, t. IL, p. 361. (2) L'abbé de Tersan avait eu pour agent de cette affaire Jean-Jacques Bruand, dont le cabinet est entré, en 1827, dans les collections publiques de la ville de Besançon. L’entremise de Bruand est constatée sur la planche CXXX de l’ouvrage que préparait l’abbé de Tersan et qui a été publié en 1819, par GRIVAUD DE LA VINCELLE, sous le titre de Arts et métiers des anciens. L'opération est indiquée d’ailleurs, avec l'expression de vifs re- grets, dans l’ouvrage de l’abhé BAVEREL, sur les Inscriptions et monu- ments antiques trouvés dans l’ancienne Séquanie (manuscrit de la Bibliothèque de Besançon), 1811, fol. 43 et 153. (3) Grossier dessin à la plume, avec notice, Joint à l’exemplaire de la — 965 — des copies assez nombreuses de l’épitaphe qu'on y lisait (). Il existe cependant deux essais d'interprétation de cette épi- taphe et des reliefs. dont elle était accompagnée. Le plus ancien de ces écrits fut composé en langue latine, par Pabbé Jean-Baptiste Boisot, quelques semaines après la découverte ; le second, qui n’est guère qu’une paraphrase en langue fran- caise du premier, fut mis au jour quarante ans plus tard, par l'historien Dunod, lorsque le sarcophage était déjà mu- tilé. Ces deux dissertations n’ont aucune valeur quant aux solutions qu’elles proposent; mais elles présentent un mtérêt réel au point de vue de certaines constatations matérielles qui ne peuvent plus avoir lieu directement : aussi croyons- nous bien faire de mettre au jour, à la suite du présent tra- vail, ce que l'abbé Boisot écrivait au P. André de Saint- Nicolas sur le compte du sarcophage, au moment même où il en prenait possession. _ Essayant à notre tour d'expliquer l’épitaphe de ce sarco- phage disparu, nous appellerons à notre aide des inscriptions analogues pour en traduire fidèlement les termes. Ce texte débute par les mots CAESONIA DONATA, c’est- à-dire par le nom (gentilicium) et le surnom (cognomen) seconde édition du De cultu SS. ignotorum de MABILLON, qui apparte- nait à la bibliothèque de Saint-Vincent de Besançon et fait actuellement partie de la Bibliothèque municipale de cette ville. — Gravure accompa- gnant la page 209 du tome ler (première partie) de l'Histoire du Comté de Bourgogne de Dunop. — Dessin du sarcophage à moitié brisé, fait en 1811, pour l’ouvrage manuscrit de l'abbé BAYEREL, Inscriptions, ete., fol. 153. (1) Journal des sçavans pour l’année M. DC. XCIV. p. 464. — Léo- pold Prosr, Histoire de la cité impériale de Besançon : manuserit ori- ginal, fol. 45 vo; copie, p. 90 (à la Bibliothèque de cette ville). — MABIL- LON, De cultu SS. ignotorum, nov. edit., 1705, p. 89. — D. MARTIN, Re- ligion des Gaulois, t. Il, p. 237. — Dunop, ouvrage cité, p. 196. — Du- NAND, Notes sur l'histoire de la Franche-Comté, t. V, 1749, p. 843, ms. de la Biblioth. de Besançon. — MurarTori, Novus thesaurus, p. DXXXVI, 2. — GRIVAUD DE LA VINCELLE, Arts et métiers des anciens, pl. CXXX. — BAVEREL, Inscriptions, manuscrit cité, fol. 43 et 153. — Documents iné- dits, publiés par l’Académie de Besançon, t. I, p. 96, note. — 266 — d’une femme, celle dont le squelette fut retrouvé dans la caisse de plomb qui doublait le sarcophage. Le gentilice Cæ- sontius était porté par une famille assez illustre de Rome (1). Cette famille avait sans doute donné son nom à des affran- chis, et il est à présumer que notre Cæsonia descendait de l’un d’entre eux. Le surnom Donata, tout en appartenant au répertoire des désignations personnelles de l’époque romaine , se rencontre surtout dans les épitaphes chré- tiennes (2). Viennent ensuite les indications relatives à l’âge de la dé- funte : QUAE : VIXSIT : ANNIS : XXXXVII - M - [?.] D - XI - HORIS : III. Nous savons ainsi que Cæsonia Donata avait vécu 47 ans, plus un nombre de mois dont une écorchure de la pierre avait fait disparaître le chiffre, puis 11 jours et enfin 4 heures. Son mari n’a ni prénom, ni nom de famille; il n'a qu'un surnom individuel, CANDIDVYS : donc il était de £ - PE rca ro - sier blanc Belle ro - se au 2r0 - SIer blanc. Je l’ai cueilli feuille à feuille (bis) . J'lai mis’ dans mon tablier blanc Belle rose rose J'Vai mis dans mon tablier blanc Belle rose au rosier blanc. Je l’ai portée z-à mon père (bis) Entre Paris et Rouen Belle rose, etc. Je n’y ai trouvé personne (bis) Que le rossignol chantant. Belle rose, etc. Qui me dit en son langage (bis) — Marie-toi, car il est temps. Belle rose, etc. — Et comment me marierais-je (bis) Je suis servante à présent. Belle rose, etc. — 368 — — Combien gagnez-vous la belle ? (bis) — On me donn’ cent francs par an. Belle rose, etc. — Venez avec moi la belle, (bis) J'vous en donn’ le double autant. Belle rose, etc. Vous n’aurez rien à faire (bis) Qu'un petit ménag’ d'enfant. Belle rose, etc. Vous couch’rez avec ma mère, (bis) Avec moi le plus souvent. Belle rose, etc. — Je ne couche avec point d'homme (bis) Que mariée auparavant. Belle rose, etc. Tu remportes la victoire (bis) La couronne sur le front, Belle rose rose, La couronne sur le front, Belle ros’ de la saison. — 309 — Troisième air (Mêmes paroles, légère variante du refrain) (1), Allegretto. Ma - rie - toi donc bel - le Ro - se Ma = rie- bel - le Ro - se du prin = temps. (4) La ronde suivante, dont la dernière partie est presque semblable aux textes que nous venons de donner, est très répandue en Normandie: Quand j'étais chez mon père, jeune fille à quatorze ans. J’aiïme, j'aime les cotillons rouges, j'aime, j'aime les cotillons blancs. On m’envoyait garder les vaches et les moutons quant et quant. J’aime les cotillons rouges, etc. C’est par ce chemin que passe un cavalier tout en blanc. Combien gagnez-vous la belle, combien gagnez-vous par an ? Un écu par chaque année, d’o un petit cotillon blanc. Venez quant et moi la belle, et vous en gagnerez cent. Je ne vais point quant et les hommes, que je n’épouse auparavant. Face à face dans l’église, en présence de nos parents. La couronne sur la tête, les rubans en bas volant (ou bavolant). 24 — 310 — LA DEMANDE EN MARIAGE. Moderato:} (es Es) RARt At TR Ra ue va. Le long - temps J'ai fait u - ne mai- EE -se trois jours ya pas long - a pu =. . de voir di - man-che Lun - di sans plus at- En entrant dans sa chambre, Je fis mes compliments : Bonjour la compagnie, Sans oublier ma mie. - Je viens la demander, Serai-je refusé ? Le père à la fenêtre Entend ces compliments : Galant ma fille est riche De cinquant’ mille livres. Amant retirez-vous, Ma fill’ n’est pas pour vous. bis. — 311 — Marguerite ma mie Prête-moi tes ciseaux Pour couper lalliance Que nous avons ensemble, L'alliance d'amour, Adieu bell’ pour toujours. s bis. Marguerite ma mie, Prête-moi ton mouchoir Pour essuyer les larmes Qui coul’nt de mon visage, Les larmes de mes yeux, C’est pour te dire adieu. l + S'il aut que jé mirenure, Je me retirerai Dans un couvent d’'Ermites Pour l’amour d’une fille (1), Fill’ que j'ai tant aimée, Faudra donc la quitter. Sn bis. (1) Variante : Ermite dans les bois, Pour ne plus la revoir. — 372 — LA RECONNAISSANCE DU FILS ET DE LA MÈRE. Moderato. RE En ar - ri - vant dans mon pa sa - lu- ee vieux cons - cri - yez pi-tié de EI me répondit aussitôt : « Mon brave militaire » Nous somm’s logés étroit ment nn os » Dans cet appartement. » Nous n'avons que cette chaumière, » Je ne puis vous satisfaire, » Allez donc ailleurs, cher ami, » Pour avoir un logis. » — Madan’ si vous aviez un fils Qui soit dans l’indigence, N’auriez-vous pas un cœur pour lui Prêt à le secourir. — J'avais un fils, un fils chéri, Qui est mort en Algérie, Et c’est ce qui caus’ ma douleur Et fait couler mes pleurs. Lorsque je vois votre figure, Votre blonde chevelure, Vraiment j’eroirais en vous voyant Revoir mon cher enfant. Tee tone — Dans quel régiment votre enfant Etait-il donc madame ? Je puis vous dire en cet instant Qu'il est très bien portant. Je suis votre fils tant chéri Et je reviens d'Algérie. Dieu m’a préservé du trépas, Je reviens dans vos bras. — 314 — L'AMANT INTÉRESSÉ. Moderato. ue cher - chez - vous? — Je ne cherche rien la belle. Ah! de moi n’ayez pas peur, Car j'ai juré sur ma foi Que je n’aimerais que toi, Que je n’aimerais que toi. — Aimez-moi, ne m’aimez pas; Aimez-moi si vous voulez, J’ai Z'engagé mes amours À un officier de guerre, À un autre amant que vous. — Nous parlerions de mariage Si tu avais seul’ment. cinq cents francs, Mais comm’ tu n’as rien vaillant, Ca me cause un grand tourment, Ca me cause un grand tourment. — 315 — — Si c’est l'intérêt qui vous pousse, Monsieur, ne r’venez pas chez nous Me parler de mariage J'en ai z’entendu assez, Finissons de nous aimer. Oh ! que les filles sont donc folles De s'attacher à ces garçons, Aux garçons de ces montagnes, Qui s’en vont partout chantant L'amour n’est qu’un passe-temps. — 316 — LE MARIAGE DE ROSETTE. Moderato. 3) 3 a — Sd Par un beau jour Ro - set - te S'y ma-ri- EE ae e À - vec un vieil - lard de ; —À- ë : E ee — — ns de qua -tre- vingt-dix pe - ti - te Ro- cœur - tent? Lui prend la main, Lui prend la main, La conduit à l’église, La mène dans la danse. Ah ! ah! Rosette, Danse Rosette, Vois-tu tous tes parents — Danse ton petit pas. — Ma petite Rosette, Ma petite Rosette, As-tu le cœur content ? Ne te tracasse pas. Lui prend le bras, Lui prend la main, La conduit à la table, La conduit dans sa chambre — Ah! ah! Rosette, — Ah! ah! Rosette, Vois-tu ce beau repas, Vois-tu ce beau lit blanc, Ma petite Roseite, Ma petite Rosette, Ah! ne t’enivre pas. Nous coucherons dedans. Quand fut le jour, La belle se réveille. — Hélas ! dit-elle, Que j'ai donc bien dormi! Je ne m'attendais guère À dormir cette nuit. LA COUPEUSE DE JONCS. — a _— eu — Re === Re ee en le Jean - ne - ton . Sd fau = Cl = le Et s’en A = +: Re" —æ EE RE D nn Va cou - per. du. jonc. Et, quand \ Sa bot - te fut ess ee a D——s —{* — fai - te El - le s’en - dor-mit au long. Ma foi c’est se B; Nos: ee sos ln te = te sers | _æ- æ —|-S—3% —: + us Ï —{ œ DRE et 5 pm Re ee D nn ce \} bon tant pis pour ell C’est pas la fau-te du gar - çon. Et quand sa botte fut faite, Elle s’endormit au long, Et par là vinr’nt à passer Trois chevaliers de renom (1). Ma fois c’est bon, etc. (2). Et par là vinr’nt à passer Trois chevaliers de renom, Le premier qu'avait l’air sage (3), La regard d’un air fripon. Ma foi c’est bon, etc. (1) Variante : Trois beaux messieurs de Lyon. (2) Variante du refrain : Hélas pourquoi s’endormit-elle Cette petite Jeanneton. (3) Le premier fut fort honnête. Regarda son air mignon. 24. — 378 — Le premier qu'avait l’air sage, La regard’ d’un air fripon. Le second qu'était moins sage, Lui caresse le menton. Ma foi c’est bon, etc. Le second qu'était moins sage, Lui caresse le menton. Ce que lui fit le troisième N'est pas mis dans la chanson. Ma foi c’est bon, etc. Ce que lui fit lé troisième N'est pas mis dans la chanson. Si vous voulez l’savoir, mesdames, Vous irez couper du jonc. Ma foi, c’est bon, etc. (1). (4) Variante : Le troisièm’ mesdemoiselles, C'est à vous d’fair’ la question. Si vous le saviez mesdames, Vous iriez couper du jonc. CÉAE LELE ARR RES — 379 — Au chà - teau de Bel - fort Y a trois le SR REN ER COS EAN ER an |. | à. + je - lies fil - les. Il Yen a-t — u - ne ca = pi - tai -nes lui vont fai - re la cour. Le plus jeune des trois La prit par sa main blanche. — Montez la belle Sur mon cheval grison, À Paris je vous mène, Dedans ma garnison. Quand ell fut arrivée, L'hôtesse la regarde. — Dites, la belle. Dites-moi sans mentir, Et’ vous ici par force Ou pour votre plaisir ? bis. (1) Cette chanson est une des plus répandues et se rencontre avec des variantes de paroles et de musique dans presque toutes les provinces de France. — 380 — La belle lui répond : — Secourez-moi l’hôtesse, J'y suis par force Et non pour mon plaisir. Au château de mon père, Trois capitain’ m'ont pris. Quand il fut pour souper, L'hôtesse la regarde. — Soupez, la belle, Tout à votre appétit, Avec un capitaine Vous passerez la nuit. Quand elle entendit ça, La belle tomba morte. — Sonnez trompettes, Tambours du régiment, Voici ma mie qu'est morte, J’en ai le cœur dolent. Où l’enterrerons-nous ? Au jardin de son père, Sous des rosiers, Près de trois fleurs de lis, Nous prierons Dieu pour elle, Qu'elle aille en Paradis. . Quant ils fur’nt au jardin, La belle ressuscite. — Bonjour mon pèr Qui m'avez tant aimée, J'ai fait trois jours la morte, Pour mon honneur garder. bis. bis. | bis. bis. — 38 — LE CHATEAU D'AMOUR (1). (Ronde.) Allegretlo. pan or —# — louet-te tout le mon - de le sau = ra ViO- ESS. =. let - te dou-ble dou-ble = vio - let - te dou-ble - ra. Si je l’dis à l’alouette, Tout le monde le saura. Rossignol du vert bocage, Faites-moi ce plaisir là. La violette, etc. Rossignol du vert bocage, Faites-moi ce plaisir là. L’rossignol prend sa volée, Au château d'amour s’en va. La violette, etc. (4) Cette ronde se chante à peu près partout. 2 Se L’rossignol prend sa volée, Au château d'amour s’en va, Trouve la porte fermée, Par la fenêtre il entra. La violette, etc. Trouve la porte fermée, Par la fenêtre il entra. Les dames étaient assises Humblement les salua. La violette, etc. Les dames étaient assises, Humblement les salua. — Bonjour l’une, bonjour l’autre, Bonjour la bell’ que voilà. La violette, etc. Bonjour l’une, bonjour lautre, Bonjour la bell que voilà. Votre amant m'envoie vous dire Que vous ne l’oubliiez pas, La violette, etc. Votre amant m'envoie vous dire Que vous ne l’oubliiez pas. — J’en ai oublié bien d’autres, J’oublierai bien celui-là. La violette, etc. (1). (4) Variantes finales : S'il était venu lui-même, Il n’eût pas perdu ses peines. Tout amant qui craint sa peine Sera toujours logé là. = 58 — PROPOSITIONS REFUSÉES. Vif, b=S5 mars = ES +. | T'en sou-viens = tu bon - ne - ri - e a EE = SRE PE RU = a - E = 2 —e—# —® LEE e — | Quand nous é = tions dans la pra - ri-e a — Tu m'as pro - mis plus de cent fois US RE RER Sn) FAR RTE Ss— re, C EE Que jte met - trais la bague au doigt. Ne suis-je pas un garçon riche, Et ne suis-je pas sans malice, Ne suis-je pas doux, gracieux, La bell’ pour plaire à tes beaux yeux. — Bien que tu sois un garçon riche, Que tu te dises sans malice, Que tu sois doux et gracieux, Jamais tu n’auras mes beaux yeux. — Je t’'achèterai de bells robes Et de beaux chapeaux à la mode, Un beau caraco de velours, La bell’ pour avoir tes amours. — Je refuse tes belles robes Et tes beaux chapeaux à la mode, Et ton caraco de velours, Jamais tu n'auras mes amours. — 384 — — Je m'en irai de champs en ville, Pour y faire d’autres amies, Et si d’autres ne me veul’nt pas, Je m'en irai être soldat. © ————————————— ——"————— —— —“——————————— —————— ——— ——————————— —————————— —————————— ————— LEÉRA CTEX UE #4 ; ( à ANECDOTE FRANC-COMTOISE Séance du 13 avril 1889. Une gachotte (1) au cœur volage, Quittant sans regrets son village Et son vieux père en cheveux gris, Vint chercher fortune à Paris. En débarquant, place du Trône, Elle tomba chez un traiteur, Entre les mains d’une matrone Qui la pourvut d’un protecteur. Elle est au comble de la joie! Pour l’habiller du haut en bas, On lui donne robe de soie, Frais chapeau, fins souliers, beaux bas. « Dans le monde on va te produire; À bien parler il faut t’instruire, Adoucir l’accent de ta voix Et renoncer à ton patois », Lui dit-on. Et la campagnarde À pindariser se hasarde. Docile à toutes les lecons, Elle prend les belles façons, Met élégamment sa serviette, Sourit avec gràce aux chansons, Et tient comme 1l faut sa fourchette ; Si bien qu’on l’eût prise au Faubourg Pour une dame de la cour. À la distraire, on s’ingénie. (1) Jeune fille de village. — 386 — On la mène un jour à Meudon : Avec brillante compagnie, Sur l’herbe on danse un rigodon. Non loin de là, sur la pelouse Qui couronne un petit coteau, Le jardinier, avec sa blouse, Avait déposé son rateau. À cet aspect, notre comtoise, Oubliant qu’elle est villageoise, Dit : « À quoi sert donc cet outil? Qu'il est drôle! qu’il est gentil! » Pour le soulever, elle presse Du pied sur les dents du râteau; Le long manche, qui se redresse, Vient sur son nez, avec rudesse, Frapper comme un coup de marteau. Et la gachotte du village Crie alors, d’un ton révolté, . En patois de Montivernage (1) : Ouais, don ! lou diâle de râté (2)! À ses dépens elle fit rire, Et le jardinier de lui dire : I seus, mordienne! de Gueillon ; T'és beau fûre tai fietrounette, I te raivise prou, Tounette, T’és lai feuille de Josillon (3)! Ch. THURIET. Saint-Claude du Jura; mars 1889. (1) Village voisin de Baume-les-Dames. (2) Ouais, donc! le diable de râteau ! (3) Je suis, mordienne ! de Guillon (village voisin de Baume-les-Dames) ; Tu as beau faire ta mijaurette, Je te reconnais prou, Toinette, Tu es la fille de Josillon ! d FE — 387 — DONS FAITS À LA SOCIÉTÉ (4889-1890). Par le DÉPARTEMENT DU DOUBS ................ Hiase2 DUO Para VIÉEE DE DESANCON:.-:.2 15 2. lieues es 600 Par M. le MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE : Comité des travaux historiques et scientifiques. — Travaux scientifiques, t. VIII, 6-12; t. IX, 6-11. — Sciences économiques et sociales, 1889. — Bulletin archéologique, 1889, nos 1 et 2; 1890, n° 1. — Histoire et philologie, 1889, 1-4; 1890, 1. — Littérature latine et histoire du moyen-âge, par M. L. DELISLE. — L'Institut de France : lois, statuts et règlements, 1635 à 1889, par M. L. Aucoc, de l’Institut de France. — Enquête et documents rela- tifs à l’Enseignement supérieur, XXX-XXXIIT, XXXV, XXXVII et XXX VIII. Journal des savants, 1888-1889. Bibliothèque de l’Ecole des chartes, 1889 ; table des tomes XXX à XL (1870 à 1879); année 1889, t. LI, 1-2. Annales du Musée Guimet, t. XV-XVII. — Revue de l’histoire des religions, X° année, t. XIX, 1-3; et XI° année, 1-3. — Les moines égyptiens : Vie de Schoudi, par E. AMELINEAU. — His- toire des religions de l’Inde, par M. M. DE MiILLOUÉ. Journal de l’École polytechnique, 59 cahier. Par MM. VIVIEN DE SAINT-MARTIN, membre correspondant, 47e à 53e fase, de son Nouveau dictionnaire de Géographie universelle. Le PRÉFET DU Douss : Rapports et procès-verbaux des sessions d'août 1889 et avril 1890 du Gonseil général du Doubs. — 9388 — Par MM. LE DUC D’AUMALE, membre de l’Académie française, membre honoraire de la Société, le t. V de son Histoire des princes de Condé pendant le XVIe et le XVITe siècle. L'abbé GUILLAUME, Ses trois publications intitulées : Vita di san Pietro Salernitano, Vita di sant Alferio, Vita di san Costabile di Lucania. CHOFFAT (Paul), membre correspondant, son Etude géologique du tunel de Rocio; Lisbonne, 1889. BOYER (Georges), membre résidant, son Atlas orographique du Doubs composé de vingt feuilles en phototypie coloriées, avec notice sur l’Orographie des monts Tura. | BAUDIN (le docteur Léon), membre résidant, et l'ingénieur des eaux JEANNOT, leur travail en collaboration intitulé : Besan con en 1889. | . MAGNIN (le docteur Antoine), membre résidant, trois notices dont il est l’auteur : Notice sur G. Nicodemi et G&. Dejean, an- ciens directeurs du Jardin botanique de Lyon; — Note sur la castration androgène du Muscari comosum ; — Note sur la ré- partition de certains noms géographiques dans le département de l’Ain et de l’Est de la France. CHAPOY (le docteur Léon), membre résidant, sa notice intitulée : Besançon et son état sanitaire, esquisse d'hygiène locale. GARNIER (Noël), sa publication des Lettres inédites du président Jeannin. DREYFUS (le docteur Joseph), membre résidant, sa Défense d’une industrie nationale : la fabrique d’horlogerie de Besan- çon. GRUEY, directeur de l'Observatoire, membre résidant, 2e Bulle- tin chronométrique de l’Observatoire de Besançon. LOSSIER, directeur de l'Ecole d’'horlogerie de Besançon, son Etude sur la théorie du réglage des montres. SAHLER (Léon), son travail intitulé La Coopération au pays de Montbéliard. * DELGADO : Dixième session du congrès international d’anthro- pologie préhistorique. — 9389 — ENVOIS DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES (4889-1890) Mémoires et bulletins de la Société des antiquaires de France, De série, t. IX, 1888. Congrès archéologique de France , LIVe session à Soissons et à Laon en 1887. Revue des études grecques, t. IL et IT, 1889-1890. Association française pour l’avancement des sciences : compte- rendu de la 17e session à Oran en 1888. : Séances et mémoires de la Société de Biologie, 9 série, t. [, 1889. Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, 2e série, t. IT, 1889; t- IV, n°01. — Bulletin, t. XI, n° 4; t. XII, nos 1-4, 1889. Annales de la Société philotechnique de Paris, années 1888 et 1889. Société philomathique de Paris, 5e série, t. [, 1888-1889. Mémoires de la Société zoologique de France, t. If, pl. À à 5; t. LE, dre partie, 1889. — Bulletin, 5-10 (1889). Bulletin de la Société de botanique de France : comptes-rendus, t. XI, nos 2-7, 1889; t. XII, noS 1-2. — Revue bibliographique, B, C, D, 1889, et À, B, 1890. — Congrès de 1889, 1re partie. Société de secours des amis des sciences, séance du 17 octobre 1889. — Compte-rendu du 30e exercice, 1890. Société générale des prisons, année 1888-89. Séances de la Société de Physique de Paris, mai-décembre 1888, janvier-avril 4890. Annuaire géologique universel, revue de géologie et de paléon- tologie dirigée par MM. CARREZ et DOUVILLE. Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris, t. XIV (1887-1888). — Bulletin, 14° et 15e année, 1887 et 1888; Polyptyque de l’ab- baye de Saint-Germain-des-Prés, 2% partie, tables; — L’Hôtel- Dieu de Paris au moyen äge, histoire et documents, par E. COYECQUE, t. Il. — 00 Revue Africaine, organe de la Société historique algérienne, nos 191-198. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon, années 1887, 1888 et 1889. Bulletin de la Société archéologique et historique de Saône-et- Loire, t. VII, n° 4. Le Sillon, organe de la Société d'encouragement à l’agriculture à Vesoul, années 1889 et 1890. Annales de la Société d'Emulation de l’Ain, année 1889, 1er se- mestre 1890. Bulletin de la Société d’histoire naturelle d’Autun, 1889, no 2. Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l Yonne, 3e série, t. XIII, (1890). Bulletin de la Société philomathique Vosgienne, 15e année, 1889- 1890. Annales de la Socièté d'Emulation des Vosges, LXVe ann., 1889. Mémoires de la Société d'Emulation du Jura, 4 série, 4e vol., 1888. Bulletin de la Société d’horticulture et de viticulture d’Arbois, année 1889-90. Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny, 1888-1889. Bulletin de la Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire, disc Bulletin de La Société historique et archéologique de Langres, t. LI, nos 41-45. Bulletin de la Société archéologique du Chatillonais, 8° année, 1888, n° 8. Mémoires de l’Académie de Dijon, année 1888-1889. Bulletin de la Société des sciences de Nancy, t. IX, 1889, nes 8-6, 1890. Mémoires de la Société d’archéologie Lorraine, 3e série, t. XVII, 1889. Bulletin de la Société Dunoise, nos 81-85. Mémoires de la Société académique d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l’Aube, 3° série, t. XXV, 1888; t. XX VI, 1889. Mémoires de la Société Eduenne, nouvelle série, t. XVI. — 391 — Mémoires de la Société des antiquaires du Centre, 1888-1889. Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, 2É Série, © XV, 1890: Mémoires de la Société philomathique de Verdun. Société des sciences médicales de Gannat, 43° année, 1888-1889. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, 4e série, t.-[l 1889- Revue Savoisienne, organe de la Société florimontane d'Annecy, année 1888 et 1er sem. 1889. Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Savoie, année 1889. Bulletin de la Société archéologique et historique de t’Orléanais, t.….EK,- 1er sem. 1889: Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 4e série, 2e vol., 1887-1888 ; 3° vol., 1889. Société belfortaine d’'Emulation : La Terre du froid, par le doc- teur MUSTON, in-8°. — Supplément au Bulletin de 1889 : No- tice sur l’histoire militaire de Belfort, 8 pl. in-fol , par M. le commandant du Génie PAPUCHON; Bulletin no 9, 1888-1889. Revue Africaine, organe de la Société historique algérienne, n° 191. Publication de la Société Bourguignonne de géographie et d’his- toire : t. IIT, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capé- tienne, par M. Ernest PETIT ; t. V, 1889. : Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, 1888-1889. Revue de Saintonge et de l’Aunis, organe de la Société des ar- chives historiques, IXe vol. ; t. X, nos 1-4. — Tables. Bulletin archéologique et historique de la Charente, 5e série, Lex. Bulletin de la Société d'agriculture de la Sarthe, année 1889. Mémoires de la Société académique des sciences, arts, belles-lettres et industrie de Saint-Quentin, 1886-1887. Mémoires de l’Académie de Caen, année 1889. Mémoires de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, année 1888. Mémoires de la Société des sciences naturelles de Gherbourg, Je année, t. VI. Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et- Loire, année 1887-1888, 1er et 2 sem. — 392 — Revue historique et archéologique du Maine, t. XXV, 1889. Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, 3° sér., t. X, Bulletin, 1889, nos 1-4; 1890, n° 1, Documents ; t. XIT, Histoire de l’abbaye de Saint-Acheul-lez-Amiens, par J. Roux. Bulletin de la Société libre d’émulation du commerce et de l’in- dustrie de la Seine-Inférieure, année 1889-1890, 1re partie. Précis analytique des travaux de l’Académie de Rouen, 1887- 1888. Bulletin de la Société académique de Brest, année 1888-1889. Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest, t. X, ann. 1888; t. XI et XII, 1889. -— Bulletin, 1889, no 4. Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon ; classe des lettres, t. XXIV-XX VI, 1887-1889. Annales de la Société d'agriculture de Lyon, 5e série, t. X, 1887; Ge Série, t. Let II, 1888. — Classe des sciences, t. XXIX,, 1888. Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France ; no- vembre à mars 1889, 1er sem. 1890. — Mémoires, t. XIV, 3 li- vraison. Bulletin de la Société d'étude des Hautes-Alpes, 1889 ; 1890, 1-3. Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Bayonne, année 1889. Société archéologique de Bordeaux, t. XI, 2e fasc.; t. XIII, 2e et 3e fasc., 1888. Actes de la Société linnéenne de Bordeaux, 5e série, t. 1, 1887; t. IL, 1889. Mémoires de la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux, 3° série, t. IV; t. V ({rt partie). Commission météorologique de la Gironde : juin 1887 à mai 1889. Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales. Recucil de l’Académie de Tarn-et-Garonne, 2% série, t. V et VI, années 1888 et 1889. Recueil des travaux de la Société d'agriculture d'Agen, 2e série, CON 22 Mémoires de l’Académie de Nimes, 7e série, t. X, 1887; t. XI, ‘1888. Bulletin de la Société d'étude des sciences naturelles de Nimes, année 1889 et n° 1, 1890. Mémoires de l’Académie de Montpellier : lettres, t. VIIT, 3e fase. otre Bulletin de la Société des sciences physiques et naturelles de Tou- louse, t. VIIT, 1890. Répertoire de la Société de statistique de Marseille, t. LEe, 1-2, 1885-1888. Bulletin de la Société d'histoire ecclésiastique et d'archéologie des diocèses de Valence, etc., Romans, 9 année, 55e à 66e li- vraisons. Bulletin de la Société des sciences, agriculture et arts de la Basse- Alsace, année 1889-1890. Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Pau, 2e sér., t. X VIT et XVII. Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, 30e vol. 1889. Nouveaux mémoires de la Société helvétique des sciences natu- relles de Zurich, XXIIe vol., 1re livr. — Compte-rendu de là 70e session à Lugano, 1889. Société des antiquaires de Zurich, LIVe cahier. Société des sciences naturelles de Berne, n° 1195 à 1243 (1889- 1890). Société Vaudoise des sciences naturelles, Lausanne, n°100 et 101. Société des sciences naturelles de Büûle, t. VII, n° 8. Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Ge- nève. Mémoires de l’Institut national Genevois, t. XVII, 1886-1889 ; — Bulletin, t. XXIX. Société d'histoire et d'archéologie de Genève : Mémorial des ein- quante premières années, par M. le vice-président FAVRE, 1838-1888. Le Musée neuchätelois, publié par la Société d'histoire du canton de Neuchâtel. Annales de la Socièté d'histoire Suisse, 14e vol., 1889. Commission des travaux géologiques du Portugal : Communica- coës, t. IT, fase. 1, 1889. — Æchinides réguliers de La faune ju- rassique du Portugal, 1er fase,, par M. L. DE LORIoOL. Académie d'archéologie de Belgique, 4e série, t. IV; — Bulletin, XVI-XXI. Société géologique de Belgique, 1. XIV, 2e livr.; t. XV, Are livr. Bulletin de l’Académie royale de Belgique, t. XIIL et XIV, 1888: — 9394 — t. XV et XVI, 1889; — Mémoires couronnés et mémoires des savants étrangers, t. XLIX, 1888; — Mémoires couronnés et autres mémoires, t. XL à XLII, 1887-1889. Smithsonian report, 1886, 1-11; 1887, 1-r1. Memoirs of the philosophical Society of Manchester. Journal of Society of arts of London, n°S 1905 à 1970. Proceeding of the Boston Society of natural history, t. XXIV, 1-2, 1888-1889. United-States geological survey : Seventh annual report (1885- 1886). Académie des sciences de Berlin (Sitzungsberichte), 1-Litr, 1889; 1, 1890. Compte-rendu de la Société botanique de la province de Brande- bourg, 1889. Académie des sciences de Munich : Mathém., 1-11, 1889; Philo.- Hist., année 1889, et 1-2 1890. Société physico-économique de Kœnigsberg, 1888. Société d'histoire naturelle de Brême (Abhandlungen), Band XI, Heft 1-2, 1889. Société de thérapeutique de la Haute-Hesse, Giesen, 1889. Memorie della R. Accademia di scienze, littere et arti in Modena, série IE, vol. VI, 1888. Institut impérial et royal de géologie de l’empire d'Autriche : Yahrgang, XXXIX Band, 1889. — Verhandlungen, 4-18 1889, 1-5 1890, XL Band 1889, 1-2. Académie royale suédoise des sciences de Stockholm : Handlingar (Mémoires), in-40, t. 20-21, Atlas; — Bihang (Supplément aux Mémoires), in-80, 9-18; — Ofversight (Bulletin), in-80, 41-45, . 1884-1888 ; — Lefwadsteckningar (Biographies des membres), Band 2, Heft 3; — Forteckning (Table des matières), 1826- 1883. — 9395 — MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ Au 1: octobre 18390. Le millésime placé en regard du nom de chaque membre indique l’année de sa réception dans la Société. Les membres de la Société qui ont racheté leurs colisations annuelles sont désignés par un astérisque (*) placé devant leur nom, conformément à l’article 21 du règlement. Conseil d'administration pour 1890. PRÉSIDENT. ns cr ns MM. Droz (Edouard); Premier Vice-Président.. CHAPOY (Léon); Deuxième Vice-Président. . DE CHARDONNET (le cte Hilaire); Secrétaire décennal...... BESSON (Edouard) ; DRÉSONIER Se GUILLEMIN (Joseph); ACRIVISLE. 2... VAISSIER (Alfred). Secrétaires honoraires : MM. BaAvoux (Vital) et CASTAN (Aug). Trésorier honoraire : M. DURUPT (Alfred). Membres honoraires (23). MM. LE GÉNÉRAL commandant le 7e corps d'armée (M. le général François DE NÉGRIER). LE PREMIER PRÉSIDENT de la Cour d'appel de Besançon (M. FAYE). L'ARCHEVÊÈQUE DE BESANÇON (S. G. Mgr DUCELLIER). LE PRÉFET du département du Doubs (M. GRAUX). LE RECTEUR de l’Académie de Besançon (M. BRÉDIF). = 00 MM. LE PROCUREUR GÉNÉRAL près la Cour d'appel de Besançon (M. REGNAULT). LE MAIRE de la ville de Besançon (M. VUILLECARD). L'INSPECTEUR d’Académie à Besançon (M. BAILLART). Duc D’AUMALE (S. À. R. le Prince Henri D'ORLÉANS), membre de l’Institut (Académie française, Académie des Beaux-Arts et Académie des sciences morales et politiques), ancien com- mandant supérieur du 7 corps d'armée; Château de Chan- tilly (Oise). — 1886. BAYLE, Emile, professeur de paléontologie à l’Ecole des mines; Paris. — 1851. BLANCHARD, Em., membre de l’Institut (Académie des sciences), professeur au Muséum d'histoire naturelle; Paris. — 1867. DELISLE, Léopold, membre de l’Institut (Académie des inscrip- tions et belles-lettres), administrateur général de la Biblio- thèque nationale. — 1881. DEVOISINS, ancien sous-préfet; Paris, quai d'Orléans, 28.— 1842. DuruY, Victor, ancien ministre de l’Instruction publique, mem- bre de l’Institut (Académie française, Académie des inserip- tions et belles-lettres et Académie des sciences morales et politiques); Paris, rue de Médicis, 9. — 1869. GRENIER, Edouard, lauréat de l'Académie française, ancien se- crétaire d'ambassade ; Paris, boulevard Saint-Germain, 174, et 3aume-les-Dames (Doubs). — 1870. DE LESSEPS (le comte Ferdinand), membre de l’Institut (Aca- démie française et Académie des sciences); Paris, rue Saint- Florentin, 7. — 1882. MARCOU, Jules, géologue; Salins (Jura), et 42, Garden Street Cambridge, Massachusetts (Etats-Unis d'Amérique). — 1845. MARMIER (Xavier), membre de PInstitut (Académie française); Paris, rue de Babylone. — 1889. PASTEUR, Louis, membre de l’Institut (Académie française et secrétaire perpétuel honoraire de l'Académie des sciences); Paris, rue d'Ulm, 45. — 1882. RÉSAL, Henri, membre de l’Institut (Académie des sciences), ingénieur en chef des mines, professeur à l'Ecole polytecn- nique ; Paris, rue Saint-André-des-Arts, 58. — 1853. — 397 — MM. DE Rosst (le commandeur Jean-Baptiste), associé étranger de l’Institut de France (Académie des inscriptions et belles-let- tres); Rome, Piazza Araccœæli, 17. — 1889. WEIL (Henri), membre de l’Institut (Académie des inscriptions : et belles-lettres), doyen honoraire de la Faculté des Lettres de Besançon; Paris, rue de Madame, 64. — 1890. - Le général WOLFF, ancien commandant supérieur du 7€ corps d'armée ; château de Pontdevaux (Aïn). — 1882. Membres résidants (215) (1). MM. ANDRÉ, Charles, carrossier, rue Bersot, 26. — 1886. ARNAL, Alexis, ancien économe du Lycée, rue du Lycée, 3. — 1858. ARNAL, Amédée, sous-préfet de Lesparre (Gironde). — 1872. AUSCHER, Jacques, grand-rabbin, rue Charles Nodier, 6. — 1875. BADER, bijoutier, rue des Granges, 21. — 1870. : * BAILLY (labbé), chanoine honoraire, maître des cérémonies de la cathédrale. — 1865. BAS, Alphonse, professeur au Lycée, à Fontaine-Ecu (banlieue). -— 1890. BAUDIN, Emile, pharmacien de 1re classe, rue Saint-Pierre, 19. — 1887. BAUDIN, Léon, docteur en médecine, Grande-Rue, 97. — 1885. BARBAUD, Auguste, ancien premier adjoint au maire, directeur de la Caisse d'épargne, rue de la Préfecture, 15. — 1857. * Bavoux, Vital, receveur principal des douanes en retraite ; Fontaine-Ecu, banlieue de Besançon. — 1853. BEAUQUIER, Charles, archiviste-paléographe, député du Doubs; Montjoux, banlieue de Besançon. — 1879. BÉJANIN, Léon, propriétaire, Grande-Rue, 39. — 1885. (1) Dans cette catégorie figurent plusieurs membres dont le domicile habituel est hors de Besançon, mais qui ont demandé le titre de résidant afin de payer le maximum de la cotisation et de contribuer ainsi d’une manière plus large aux travaux de la Société. — 398 — MM. BELLAIR, médecin-vétérinaire, rue de la Bouteille, 7. — 1865. BELOT, père, essayeur du commerce, rue de l’Arsenal, 9. — 1865. BELOT, Edmond, essayeur du commerce, rue de l’Arsenal, 9. — 1878. | BELTZER, Emile, notaire, place Saint-Pierre, 7. — 1884. BERTIN, ancien négociant, rue de la Cassotte, aux Chaprais. — 1863. BESSON, Edouard, conseiller à la cour d'appel, rue Saint-Vin cent, 27. —- 1875. BÉTARD, Auguste, entrepreneur de serrurerie, rue du Por- teau, 4. — 1887. BEURET, François-Xavier, voyer de la ville, Grande-Rue, 131. — 1873. BoIssON, Joseph, pharmacien de {re classe, professeur à l’Ecole de médecine et de pharmacie, rue de la Préfecture, 12. — 1880. BONAME, Alfred, photographe, rue de la Préfecture, 10. — 1874. : BONNET, Charles, pharmacien, Grande-Rue, 39. — 1882. Bossy, Xavier, fabricant d’horlogerie, rue des Chambrettes, 6. 1867. BouUDoT, Emile, quai de Strasbourg, 13. — 1876. BouRrDY, Pierre, essayeur du commerce, rue de Glères, 21. — 1862. * BOUSSEY, professeur agrégé d'histoire au Lycée, rue Morand, 11. — 1883. BOUTTERIN, François-Marcel, architecte, professeur à l'Ecole municipale des beaux-arts, Grande-Rue, 3. — 1874. BOUTTEY, Paul, fabricant d’horlogerie, membre de la Chambre de commerce, rue Gambetta, 5. — 1859. BOoUvARD, Louis, avocat, bâtonnier de l’ordre, conseiller mu- nicipal, rue Morand, 16. — 1868. * Bover, Alfred, ancien président de la Société d’'Emulation de Montbéliard, à Valentigney (Doubs). — 1888. BOYER, Georges, percepteur des contributions directes, Grand” rue, 14. — 1884. BRETENET, capitaine d'artillerie, rue Saint-Pierre, 15. — 1885. BRETILLOT, Maurice, propriétaire, rue Charles Nodier, 9. — 1857. — 399 — MM. BRETILLOT, Paul, propriétaire, rue de la Préfecture, 21. — 1857. BRUCHON, professeur à l'Ecole de médecine, médecin des hos- pices, Grande-Rue, 84. — 1860. BRULARD, Désiré, greffier du trib. civil, rue Battant, 1. — 1873. BRUSSET, notaire, membre du conseil général de la Haute-Saône, Grande-Rue, 14. — 1870. : BURLET (l'abbé), curé de Saint-François-Xavier, chanoine hono- raire. — 1881. DE BUYER, Jules, inspecteur de la Société française d’archéo- logie, Grande-Rue, 123. — 1874. CARPENTIER, pharmacien, rue Morand, 7. — 1885. CARRY, Clément, propriétaire, membre du conseil municipal, rue Saint-Paul, 48. — 1878. CASTAN, Auguste, bibliothécaire de la ville de Besançon, cor- respondant de l’Institut, membre non résidant du Comité des travaux historiques et du Comité des sociétés des beaux-arts des départements, Grande-Rue, 86. — 1856. CAVAROZ, Narcisse, médecin-major de 1re classe en retraite, rue de la Lue, 6. — 1881. CHABOT, Charles, professeur de philosophie au Lycée, place Saint-Amour, 4. — 1886. CHAPOY, Léon, professeur à l’Ecole de médecine, rue des Gran- ges, 90. — 1875. DE CHARDONNET (le comte), ancien élève de l'Ecole polytech- nique, à Besançon, rue du Chateur, 20, et à Paris, rue Cam- bon, 43. — 1856. CHARLET, Alcide, avocat, rue des Granges, 74. — 1872. CHIPON, Maurice, avocat, ancien magistrat, rue de la Préfec- ture, 25. — 1878. * CHOTARD, professeur d'histoire et doyen de la Faculté des lettres de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). — 1866. COILLOT, pharmacien, rue Battant, 2, et quai Veil-Picard, 1. — 1884. COLSENET, Edmond, professeur de philosophie et doyen de la Faculté des lettres, rue de la Préfecture, 18. — 1882. CORDIER, Palmyre, agent principal d'assurances, rue des Gran- ges, 3. — 1885. DD — MM. CORNET, Joseph, docteur en médecine, aux Chaprais, rue du Chasnot, 6. — 1887. COssSox, Maurice, trésorier-payeur général du Doubs, rue Charles Nodier, 30. — 1886. COTTIGNIES, Paul, avocat-général, rue Proudhon, 3 bis. — 1886. COULAUD, Adolphe, fabricant d’horlogerie, rue du Chateur, 16. —_ 1019 Henri, avocat, ancien bâtonnier de l’ordre, rue de la ue, 7— 1856. en avoué, rue des Granges, 16. — 1873. COURTOT, Théodule, commis-greffier à la Cour d'appel; à la Croix-d’Arènes (banlieue). — 1866. COUTENOT, Francis, professeur à l’Ecole de médecine, médecin en chef des hospices, Grande-Rue, 44. — 1852. COUTENOT, Régis, docteur en médecine, Grande-Rue, 44. — 1887. CRETIN, Jules, professeur de chant, Grande-Rue, 49. — 1885. CUENIN, Edmond, pharmacien, rue des Granges, 31. — 1863. DARÇOT, ancien juge de paix, rue Charles Nodier, 8. — 1880. DELACROIX, Frédéric, conseiller à la Cour d'appel de Besançon, place Saint-Amour, 3 bis. — 1884. DELAGRANGE , Charles , entomologiste , rue Saint-Paul , 57. — 1872. DELEULE, Constant, professeur à libre, rue Saint-Jean, 2. — 1863. DEMOLOMBE, Maurice, agent général de la Compagnie d’assu- rances le Phénix, rue de la Préfecture, 14. —- 1886. DEMONGEOT, inspecteur honoraire des écoles communales , rue Charles Nodier, 24 bis. — 1872. DÉTREY, Just, propriétaire, rue Saint-Vincent, 27. — 1857. DIETRICH, Bernard, ancien négociant, Grande-Rue, 71 et Beau- regard (banlieue). — 1859. Dopivers, Joseph, imprimeur, Grande-Rue, 87. — 1875. DORNIER, Alfred, négociant, place Labourey, 18. — 1880. * Dreyrus, Victor-Marcel, docteur en médecine, rue d'Anvers, 4. — 1889. DREYFUS, Joseph, négociant, Grande-Rue, 66. — 1880. l'Ecole primaire supérieure NN — MM. DROUHARD, Paul, conservateur des hypothèques, rue Saint- Vincent, 18. — 1879. DROUHARD (l'abbé), aumônier du Lycée. —-- 1883. DRoz, Edouard, professeur à la Faculté des lettres, rue Mon- CE, TR ARyre DuBosr, Jules, maître de forges, rue Sainte-Anne, 2. — 1840. DucarT, Alfred, architecte de l'Etat, conservateur du Musée des antiquités de la ville, rue Saint-Pierre, 3. — 1853. DUNOD DE CHARNAGE, avocat, rue des Chambrettes, 8. — 1863. DURET, géomètre, rue Charles Nodier, 28. — 1858. * DURUPT, ancien notaire, rue du Mont-Sainte-Marie, 5. — 1875. Erxis, Edmond, propriétaire, Grande-Rue, 91. — 1860. FADY, représentant du comptoir Lyon-Allemand, rue de Glères, 6. — 1871. FAUCOMPRÉ, Philippe, professeur d'agriculture du département du Doubs, Grande-Rue, 86. — 1868. FAUQUIGNON, Charles, receveur des postes et des télégraphes, rue de la Liberté, aux Chaprais. — 1885. FÉLIXx, Julien, fabricant d’horlogerie, membre du conseil muni- cipal, rue Ronchaux, 12. — 1884. 4 FERNIER, Gustave, fabricant d’horlogerie, membre du conseil A noiCi pal. rue du Clos, 31. — 1879. FiTrscH, Léon, entrepreneur de maçonnerie, président du con- seil des prud'hommes, aux Chaprais. — 1865. FLAGEY, Henri, négociant, Grande-Rue, 45. — 1883. FoIN, agent principal d'assurances, Grande-Rue, 111. — 1865. FRANCEY, Edmond, avocat, ancien adjoint au maire, rue Mon- cey, 1. -— 1884. * GALLOTTI, Léon, ancien professeur à l'Ecole d'état-major; Ba- zas (Gironde) et Versailles, avenue de Paris, 62. — 1860. DE GASSOWSKI, artiste peintre, au Moulin de Tarragnoz. — 1875. GAUDERON, Eugène, professeur à l’Ecole de médecine, Grande- Rue, 129. — 1886. * GAUTHIER, Jules, archiviste du département du Doubs, corres- pondant du Ministère de l’Instruction publique et des Beaux- Arts, rue Charles Nodier, 8. — 1866. 26 — 402 — MM. GIRARDOT, Albert, docteur en médecine, rue Saint-Vincent, 15. — 1876. GIRARDOT, Georges, artiste peintre, rue Saint-Vincent, 15. — 1882. GIROD, Achille, propriétaire, Saint-Claude (banlieue). — 1856. GIROD, Victor, ancien adjoint au Maire, Grande-Rue, 66. — 1859. GRESSET, Félix, général de division du cadre de réserve, aux Tilleroyes près Besançon, et à Paris, 8, rue de l’Alma. — 1866. GROSJEAN, Alexandre, avocat, membre du conseil général du Doubs et du conseil municipal de Besançon, quai Veiïl-Picard, 99. — 1876. GROSJEAN, Francis, ancien bijoutier, rue du Mont-Sainte-Marie, 8. — 1859. GROSRICHARD, pharmacien, place de l'Abondance, 17. — 1870. GRUEY, professeur d'astronomie à la Faculté des sciences, direc- teur de l'Observatoire de Besançon. — 1882. * GRUTER, médecin-dentiste, rue Moncey, 12. — 1880. GUENOT, Auguste, ancien négociant, rue du Chateur, 17. — 1872. GUICHARD, Albert, négociant, ancien président du tribunal de commerce, rue d'Anvers, 3. — 1853. GUICHARD, Paul, négociant, rue des Chambrettes, 13. — 1884. GUILLEMIN, Victor, artiste peintre, rue de la Préfecture, 18. — 1884. * GUILLEMIN, Joseph, caissier de la maison de banque A. Jac- quard, square Saint-Amour, 5. — 1879. GUILLIN, libraire, ancien membre du conseil municipal, rue Battant, 3. — 1870. HaLpyY, Alexandre, fabricant d’horlogerie, rue Saint-Jean, 3. — 1859. HaLDpy, Léon-Emile, fabricant d’horlogerie, rue Saint-Jean, 3-5. — 1879: HATTENBERG, Victor, fabricant d’horlogerie, rue Proudhon, 16. — 1879. Hgtirz (le docteur), Grande-Rue, 45. — 1888. HENRY, Jean, docteur ès sciences, professeur de physique à l'Ecole de médecine, place Saint-Amour, 12. — 1857. 0 MM. | Lee HENRY (le baron Edouard), littérateur, rue de la Préfecture, 29, — 1876. HÉZARD, Albert, négociant, rue Neuve-Saint-Pierre, 23. — 1876. D'HOTELANS, Octave, bibliophile à Besançon, rue des Cham- brettes, 12. — 1890. JEANNIN (Pabbé), prélat romain, chanoine honoraire, curé de la paroisse Notre-Dame. — 1884. JÉGO, Désiré, maître entretenu de la marine en retraite, Chemin. du Polygone, 7. — 1872. DE JOUFFROY (le comte Joseph), député et membre du conseil général du Doubs ; au château d’Abbans-Dessous, et à Besan- çon, rue du opte 1. — 1853. * KOLLER, propriétaire; au Perron-Chaprais. — 1856. LALLEMAND, Paul, conseiller à la Cour d'appel, quai Veil- Picard, 47. — 1886. LAMBERT, Maurice, avocat, ancien magistrat, quai de Stras- bourg, 13. — 1879. *-DE LAUBESPIN (le comte Léonel MOUCHET DE BATTEFORT), Sé- nateur ; Paris, rue de l’Université, 78. — 1887. LARMET, Jules, médecin-vétérinaire, adjoint au Maire de la ville, rue de Glères, 6. — 1884. : : D administrateur de la compagnie des Forges Fe Fran- che-Comté, place Saint-Amour, 2 bis. — 1872. LEpoux, Emile, docteur en médecine, quai de Strasbourg, 13. — 1875. LESBROS, Ferdinand, fabricant d’horlogerie, rue des Cham- brettes, 6. — 1876. LIEFFROY, Aimé, propriétaire, administrateur des forges de Franche-Comté, rue Charles Nodier, 11. — 1864. LIME, Claude-François, négociant, quai Veil-Picard, 15. — 1883. LoOuvoT, Emmanuel, notaire, Grande-Rue, 14. — 1885. Louvor (l'abbé Fernand), aumônier du Refuge. — 1876. MAIRE, Alfred, président du tribunal de {re instance, rue du Chateur, 12. — 1870. MaïIRE, Célestin, avoué, rue des Granges, 14. — 1884. MAES, Alexandre, serrurier-mécanicien, rue du Mont-Sainte- Marie, 10. — 1879. — 404 — MM. MAGNIN, Antoine, professeur de botanique à la Faculté des sciences et à l'Ecole de médecine, adjoint au maire de la ville, rue du Chasnot. — 1885. MaAïIROT, Félix, banquier, président de la Chambre de commerce, rue de la Préfecture, 17, — 1857. MaAïIROT, Henri, président du tribunal de commerce, rue de la Préfecture, 17. — 1881. MAISONNET, Auguste, négociant, aux Cras-Chaprais. — 1869. MALDINEY, Jules, préparateur de physique à la Faculté des sciences, rue Mairet, 3. — 1889. MANDEREAU, médecin-vétérinaire, inspecteur de lPAbattoir ; à l’Abattoir. — 1883. MARCHAND, Albert, ingénieur, administrateur délégué des sa- lines de Miserey. — 1888. * MARTIN, Jules, manufacturier, rue Sainte-Anne, 8. — 1870. MASsoN, Valery, avocat, rue de la Préfecture, 10. — 1878. MATHEY-DORET, ancien professeur à l'Ecole d’horlogerie, rue Saint-Pierre, 13. — 1883. MATILE, fabricant d’'horlogerie, rue Saint-Pierre, 7. — 1884. MERCIER, Adolphe, docteur en médecine; aux Chaprais (ban- lieue). — 1881. MÉTIN, Georges, agent-voyer d'arrondissement ; à Canot (mai- son Jobard). — 1868. MICcHEL-BRICE, Henri, architecte-paysagiste, professeur à l’Ecole des Beaux-Arts; Fontaine-Ecu (banlieue). — 1886. Mipoz, Charles, électricien, rue Gambetta, 8. — 1885. MINARY, Emmanuel, ingénieur, rue Battant, 37. — 1879. MioT, Camille, négociant, membre de la Chambre de commerce, Grande-Rue, 104. — 1872. MONNIER, Paul, correcteur d'imprimerie, rue de Glères, 14. — 1860. MUSSELIN, comptable, rue des Granges, 3. — 1872. NARGAUD, Arthur, docteur en médecine, quai Veil-Picard, 17. — 1875. NASSoY, général de brigade, adjoint au gouverneur de Belfort. — 1885: NICKLÈS, pharmacien de 1re classe, Grande-Rue, 128. — 1887. — 405 — MM. * ORDINAIRE, Olivier, consul de France, à Tarragone (Espagne). — 1876. D’ORIVAL, Léon, propriétaire, rue du Clos, 22, — 1854. D'ORIVAL, Paul, président honoraire à la Cour d’appel, place Saint-Jean, 6. — 1852. OUTHENIN-CHALANDRE, Joseph, membre de la Chambre de com- merce, rue de la Préfecture, 16. — 1858. PARGUEZ (le baron), docteur en médecine, ancien adjoint au maire, Grande-Rue, 68. — 1857. PERRUCHE DE VELNA, conseiller à la Cour d'appel, rue du Per- ron, 26. — 1870. PETITCUENOT, Paul, ancien avoué près la Cour d'appel, Grande- Rue, 107. — 1869. PIGUET, Emmanuel, fabricant d’'horlogerie, place Saint-Pierre, 9. — 1856. * PINGAUD , Léonce, professeur d'histoire moderne à la Faculté des lettres, rue Saint-Vincent, 17. — 1874. PROUDHON, Camille, conseiller honoraire à la Cour d'appel, rue des Granges, 23. — 1856. RÉMOND, Jules, notaire, Grande-Rue, 31. — 1881. * RENAUD, Alphonse, docteur en droit, sous-chef à la direction générale de l’enregistrement; Paris, rue Scheffer, 25. — 1869. RENAUD, Ernest, fabricant d’'horlogerie, rue Rivotte, 8. — 1885. RETROUVEY, Charles, boulanger, rue de Chartres, 1. — 1877. RICHARD, Louis, médecin major, rue Saint-Pierre , 26. — 1878. RICHARD, Henri, ingénieur, directeur de la Vinaigrerie, rue de la Mouillère (banlieue de Besançon). — 1887. RICKLIN, notaire, Grande-Rue, 99. — 1879, RIGNY (Pabbé), chanoine honoraire, curé de Saint-Pierre. — 1886. RrppPs, Paul, architecte, Grande-Rue, 27. — 1873. ROBARDET, commissaire -priseur, ancien membre du conseil d'arrondissement de Besançon, rue des Granges, 34. — 1879. ROBERT, Edmond, fabricant d’aiguilles de montres, rue de Lor- raine. — 1886. SAILLARD, Albin, directeur de l'Ecole de médecine et chirurgien en chef des hospices, membre du conseil général du Doubs, Grande-Rue, 136. — 1866. 106 7 MM. . SAILLARD, Léon, négociant, rue des Granges, 59. — 1877. SAILLARD, Eugène, ancien directeur des postes du département du Doubs ; Beauregard (banlieue de Besançon). — 1879. DE SAINTE-AGATHE, (le comte Joseph), avocat, archiviste-paléo- graphe, rue d'Anvers, 1. — 1880. SANCEY, Alfred, négociant, Grande-Rue, 9. — 1818. * SANCEY, Louis, comptable, à Casamène (banlieue). — 1855. SANDOZ, Charles, négociant en fournitures d’horlogerie, ancien adjoint au maire, place Saint-Amour, 4. — 1880. - SANDOZ, Léon, négociant en fournitures d’horlogerie, à la Viotte. — 1879. : SAVOUREY, Charles-Arthur, propriétaire, rue des Martelots, 7. — 1874. _ SCHLUMBERGER, Emile, rue des Chaprais, 24. — 1884. SENDER, Xavier, négociant, rue Battant, 29-31. — 1885. SERRÈS, Achille, pharmacien, place Saint-Pierre, 6. — 1883. SIRE, Georges, docteur ès-sciences, essayeur de la garantie ; aux Chaprais. — 1847. SONGEON, fabricant d’horlogerie, rue Saint-Pierre, 26. — 1884. SURLEAU, directeur de la succursale de la Banque de France, rue de la Préfecture, 19. — 1886. THOUVENIN, François-Maurice, professeur à l'Ecole de médecine et de pharmacie. — 1890. THURIET, Maurice, substitut du procureur de la République. — 1885. VAISSIER, Alfred, conservateur-adjoint du Musée des antiquités, Grande-Rue, 109. — 1876. VERNIER, Léon, professeur à la Faculté des Lettres, rue Sainte- Anne, 12. —' 1883. DE VEZET (le comte Edouard), ancien lieutenant-colonel de l’armée territoriale, rue Charles Nodier, 17 ter. — 1870. VÉZIAN, Alexandre, doyen de la Faculté des sciences ; Villas bisontines. — 1860. VIEILLE, Gustave, architecte, commandant du bataillon de sa- peurs pompiers, rue de Lorraine, 3. — 1882. * VUILLEMOT, Albert, licencié en droit, ancien avoué, rue Saint- Vincent, 43. — 1876. | — A407 — MM. VUILLERMOZ, avocat, ancien magistrat, rue de la Préfecture, 17. — 1878. ZorN, Auguste, préparateur de chimie à la Faculté des sciences, rue d'Alsace, 3 bis. — 1877. Membres correspondants (171). MM. ALMAND, Victor, capitaine du génie; Batna (Algérie). ANDRÉ, Ernest, notaire; Gray, rue des Promenades, 17 (Haute- Saône). — 1877. * D'ARNEVILLE, Henri, chimiste ; Besançon. — 1878. BAILLE, Charles, président honoraire de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny (Jura). — 1877. BAILLY, inspecteur d'académie en retraite, ancien président du _ conseil général de la Haute-Saône; Vesoul. — 1875. * BARDET, ancien notaire; Brienne-la-Vieille, gare de Brienne- le-Château (Aube). — 1886. BENNETT (sir John), membre du conseil municipal et du conseil supérieur d'éducation de Londres. — 1886. * BERTHAUD, professeur de physique au lycée de Mâcon (Saône- et-Loire). — 1880. * BESSON, ingénieur de la Compagnie des forges de Franche- Comté; Courchapon (Doubs). — 1859. BETTEND , Abel, imprim.-lithogr.; Lure (Haute-Saône). — 1862. BERDELLÉ, ancien garde général des forêts; Rioz (Haute- Saône). — 1880. BEURNIER, ancien inspecteur général des forêts ; Montbéliard (Doubs), place Saint-Martin, 8. — 1874. BEY-ROZET, Charles, propriétaire à Marnay. — 1890. Bixio, Maurice, agronome, membre du conseil municipal de Paris ; Paris, quai Voltaire, 17. — 1866. Bizos, Gaston, professeur de littérature française et doyen de la Faculté des lettres d'Aix. — 1874. BLANCHOT, Hippolyte, docteur en médecine, membre du conseil général de la Haute-Saône; Granvelle (Haute-Saône). — 1881. BoBiLLier, Edouard, maire de la ville et suppléant du juge de paix, Clerval (Doubs). — 1875. — 408 — MM. BoISsELET, Joseph, avocat; Vesoul (Haute-Saône). — 1866. BÔLE, Camille , professeur de mathématiques au lycée de Chà- teauroux (Indre). — 1885. * BoUILLET, Apollon; rue des Bois, 23, Paris. — 1860. BOUTHENOT-PEUGEOT, vice-président de la Société d’Emulation de Montbéliard, Sous la Citadelle, à Montbéliard. — 1869. * BREDIN, professeur ; Paris, rue Vauquelin, 15. — 1857. * BRIoT, docteur en médecine, membre du conseil général du Jura; Chaussin (Jura). — 1869. BRUAND, Léon, inspecteur des forêts; Paris, rue de la Planche, 11 bis. — 1881. BURIN DU BUISSON, préfet honoraire ; Cramans (Jura.) — 1878. * BUCHET, Alexandre, propriétaire; Gray (Haute-Saône).— 1850. CANOZ, Francis, inspecteur d'assurances à Dole (Jura) ; rue Ber- nard, 6. — 1889. CARDOT DE LA BURTHE, bibliophile; Paris, avenue de Villiers, 92. — 1873. CARME, ancien conducteur de travaux au P. L. M.; Dole, à la Bedugue, 2. — 1856. CASTAN, Francis, colonel d'artillerie, directeur de la poudrerie du Bouchet; Vert-le-Petit (Seine-et-Oise). — 1860. ‘ CHAMPIN, ancien sous-préfet ; Baume-les-Dames. — 1865. CHAPOY, Henri, avocat à la Cour d'appel; Paris, rue des Saints-Pères, 13. — 1875. CHAPuIS, Louis, pharmacien ; Chaussin (Jura). — 1869. * CHOFFAT, Paul, attaché à la direction des travaux géologiques du Portugal; Lisbonne, rua de Arco a Jesu, 113. — 1869. CIZEL (l'abbé), professeur au collège libre de la Chapelle-sous- Rougemont (territoire de Belfort). — 1884. * CLOZ, Louis, professeur de dessin à Bourgoin (Isère). — 1863. CONTET, Charles, professeur agrégé de mathématiques au Lycée de Saint-Quentin. — 1884. * CONTEJEAN, Charles, professeur à la Faculté des sciences de Poitiers (Vienne), rue de l'Est, 9. — 1851. CORDIER , Jules-Joseph, contrôleur des douanes; Saint-Nazaire (Loire-Inférieure). — 1862. CORNUTY, contrôleur de la garantie; Pontarlier. — 1883. MM. CosTE, Louis, docteur en médecine et pharmacien de 1re classe bibliothécaire de la ville de Salins (Jura). — 1866. * COTTEAU, Gustave, ancien magistrat, correspondant de l’Ins- : titut, Auxerre (Yonne) et à Avanne (Yonne). — 1860. COURBET, Ernest, receveur municipal, trésorier de la ville de Paris; Paris, rue de Lille; 1.-— 1874. * CRÉBELY, Justin, employé aux forges de Franche-Comté; Moulin-Rouge, près Rochefort (Jura). — 1865. DAUBIAN-DELISLE, Henri, directeur des contributions directes, ancien président de la Société; Montpellier. — 1874. DÉPIERRES, Auguste, avocat; Luxeuil (Haute-Saône). — 1880. * DEROSNE, Charles, maître de forges; à Oilans, par Cendrey. — 1880. * DESSERTINE, Edmond, directeur de forges ; Longchamp, par Clairvaux (Aube). — 1866. * DEULLIN, Eugène, banquier ; Epernay (Marne). — 1860. DEVARENNE, Ulysse, vice-amiral ; Paris, rue Boissière, 57. — 1867. * DEVAUX, ancien pharmacien, juge de paix; Gy (Haute-Saône). — 1800. * DORNIER, pharmacien ; Morteau (Doubs). — 1873. DRAPEYRON , Ludovic, docteur ès-lettres, professeur d'histoire au Lycée Charlemagne, directeur de la Revue de Géographie ; Paris, rue Claude-Bernard, 55. — 1866. * Duray, Jules, notaire; Salins (Jura). — 1875. * Durour, Max, docteur en imédecine; Lausanne, rue du Midi. — 1886. FEUVRIER (l'abbé), chanoine honoraire, curé de Montbéliard (Doubs). — 1856. FLAGEY, Camille, ingénieur, ancien membre du conseil général du Doubs; Constantine, Dar-el-Bey. — 1877. FRANÇOIS, Camille, proviseur du Lycée de Caen. — 1873. * DE FROMENTEL, docteur en médecine; Gray (Haute-Saône). — 1857. GALMICHE, Roger, avocat, ancien président de la Société d’agri- 2 culture, sciences et arts de la Haute-Saône, à Franchevelle, par Citers (Haute-Saône). — 1885. — 10 — * GARNIER, Georges, avocat; Bayeux (Calvados), rue Genas-Du- homme. — 1867. GASCON, Edouard, agent voyer principal, conducteur des ponts el chaussées, président du comice agricole du canton de Fontaine-Française (Côte-d'Or). — 1868. GASCON, Louis, professeur au collège de Baume-les-Dames. — 1889. | GAUTHIER, docteur en médecine; Luxeuil (Haute-Saône). — 1868. GEVREY, Alfred, président du tribunal de Montélimar (Drôme). — 1860. * GIRARDIER, agent voyer d'arrondissement; Pontarlier (Doubs). — 1856. GIROD , Paul, professeur à la Faculté des sciences et à l’Ecole de médicine de Clermont-Ferrand. — 1882. GOUSSET (l'abbé), curé-doyen de Marnay (Haute-Saône). — 1884. GREMAUD (l’abbé), bibliothécaire cantonal de Fribourg (Suisse). — 1 * GUILLEMOT, Antoine, archiviste de la ville de Thiers (Puy-de- Dôme). — 1854. HENRICOLAS , directeur des contributions directes à Nimes (Gard). — 1878. IIUART, Arthur, ancien avocat-général; Paris, rue de Sfax, 8. — 1870. HUGUET, docteur en médecine; Vanne, par Lavoncourt (Haute- Saône). —- 1884. * JACCARD, Auguste, professeur de géologie à l'Académie de Neuchâtel (Suisse); au Locle. — 1860. JANET, Albert, négociant; Saint-Vit (Doubs). — 1872. JEANNOLLE, Charles, pharmacien; Saint-Loup (Haute-Saône). — 1870. JOBEZ, Théodore, propriétaire; Chaussin (Jura). — 1877. JOBIN, Alphonse, avocat; Lons-le-Saunier (Jura). — 1872. JOLIET, Gaston, préfet de l'Ain; Bourg — 1877. JUNG, Théodore, général de brigade, gouverneur de Dunkerque (Nord). — 1872. * JURGENSEN,, Jules, littérateur, consul de Danemark; au Locle (Suisse). — 1872. —. ANT — MM. * KŒCHLIN, Oscar, chimiste; Dornach (Alsace), rue de la Bras- serie, 2. — 1858. KOHLER, Xavier, président honoraire de la Société jurassienne d'Emulation ; Porrentruy (Suisse). — 1864. KURTZ, juge suppléant au tribunal de Saint-Claude. — 1888. * LAMOTTE, directeur de hauts fourneaux; Paris, rue des Filies du Calvaire. — 1859. LAURENS, Camille, ingénieur civil ; Paris, rue Taitbout, 82. — 1881. * LAURENT, Ch., ingénieur civil, Paris, rue de Chabrol, 35.—1860. LEBAULT, Armand, docteur en médecine; Saint-Vit (Doubs). — 1876. LECHEVALIER, Emile, libraire; Paris, quai des Grands-Augus- tins, 39. — 1888. LE MIRE, Paul-Noël, avocat; Mirevent, près Pont-de-Poitte (Jura). — 1876. LE MONNIER, professeur à la Faculté des sciences de Nancy (Meurthe-et-Moselle), rue de Serre, 3. — 1875. * LERAS, inspecteur honoraire d'Académie ; Paris, rue de Bou- lainvilliers, 57. — 1857. LHOMME, botaniste, employé à l'hôtel de ville de Vesoul (Haute- Saône), rue de l’Aigle-Noir, 30. — 1875. * LiGiEr, Arthur, pharmacien, membre du conseil général du Jura; Salins (Jura). — 1863. MACHARD, Jules, peintre d'histoire, ancien pensionnaire de l'Académie de France à Rome; Paris, rue Ampère, 87. — 1866. MapioT, Victor-François, pharmacien ; Jussey (Haute-Saône). — 1880. * MAILLARD, docteur en médecine, Dijon (Côte-d'Or). — 1855. MAIRE-SEBILLE (l'abbé), curé de Vuillecin (Doubs). — 1880. MAÎTRE, ingénieur-voyer de la ville de Limoges, faubourg Mont- maillar. — 1887. MAIREY (l'abbé), supérieur du séminaire de Marnay. —- 1874. MARGAINE, ancien directeur des douanes; Sainte-Ménéhould (Marne). — 1883. DE MARMIER (le duc), membre du conseil général de la Haute- Saône ; château de Ray-sur-Saôdne. — 1867. 10 MM. *MARQUISET, Léon, avocat, ancien magistrat; château d’Apre- mont (Haute-Saône). — 1874. MARTIN, docteur en médecine, Aumessas, par Arre (Gard). — 1855. : MARTIN, Abel, capitaine adjudant major au 29 régiment d’in- fanterie ; Dijon. — 1881. | * MATHEY, Charles, pharmacien ; Ornans (Doubs). — 1856. DE MENTHON (le comte René), botaniste; Menthon-Saint-Bernard (Haute-Savoie), et château de Saint-Loup-lez-Gray, par Gray. — 1854. MEYNIER, Joseph, médecin-major de 1re classe à lhôpital mili- taire de Versailles. — 1876. MIGNARD, Prosper, correspondant du Ministère de l’Instruction publique; Dijon (Côte-d'Or), rue Franklin, 1. — 1868. MILLIARD, Alfred; Fédry, par Lavoncourt (Haute-Saône). — 1886. * MONNIER, Eugène, architecte du gouvernement; Paris, rue des Vosges, 16. — 1866. * DE MONTET, Albert ; Chardonne-sur-Vevey (Suisse). — 1882. MORÉTIN, docteur en médecine; Paris, rue de Rivoli, 68 —. 1897; MOUCHET, Léon, professeur à la Faculté de droit de Dijon (Côte- d'Or), ancien membre du Conseil général du Doubs. — 1879. MourEeY (l'abbé); Montmartin (Doubs). — 1886. DE MOUSTIER (le marquis), député et membre du Conseil géné- ral du Doubs; château Bournel, par Rougemont (Doubs), et Paris, rue de l'Université, 82. — 1874. MUGNIER, Henri- Auguste, ingénieur-architecte; Paris, rue Martel, 14. — 1868. MUSELIER, notaire honoraire; Ornans (Doubs). — 1881. DE NERVAUX, Edmond, ancien directeur au Ministère de l’Inté- rieur; Paris, rue d’Astorg, 27. — 1856. PAILLOT, Justin, pharmacien ; Rougemont (Doubs). — 1857. * PARANDIER, inspecteur général de première classe des ponts et chaussées en retraite, président de la Société de viticulture d'Arbois (Jura); Paris, rue des Ecuries d'Artois, 38, et aux Tourillons à Arbois. — 1832. à — A3 — MM. Paris, docteur en médecine ; Luxeuil (Haute-Saône). — 1866. DE PERPIGNA, Charles-Antoine, propriétaire; rue d’Edimbourg, Paris. — 1888. PERRON, Charles, docteur en médecine; route de Baume (ban- lieue). — 1877. PEbrr Jean, statuaire, Paris, rue Denfert-Rochereau, 89. — 1866. PETITCLERC, Paul, géologue; Vesoul (Haute-Saône), — 1881. PINAIRE, Jules, juge de paix; Clerval (Doubs). — 1868. PIQUARD, Léon, docteur en médecine à Chalèze (Doubs). — 1890. DE POMARET, H.-R., ingénieur en chef des ponts et chaussées en retraite; Vialas (Lozère). — 1887. DE PRINSACG (le baron), ancien membre du conseil d’adminis- tration de la Société; château de Sadeillan, par Miélan (Gers). — 1873. Prosr, Bernard, sous-chef du bureau des archives départemen- tales au Ministère de l’Instruction publique et des Beaux- Arts; Paris, avenue Rapp, 3. — 1857. * QUÉLET, Lucien, docteur en médecine ; Hérimoncourt (Doubs). _ — 1862. RAMBAUD, Alfred, professeur à la Faculté des lettres de Paris, membre du Conseil général du Doubs. — 1881. * RECEVEUR, Jules, notaire ; Cuse, près Rougemont (Doubs). — 1874. * RENAUD, Edouard, chef de bataillon d'infanterie; Pau. — 1868. RENAULD, Ferdinand, botaniste, commandant du palais de Mo- naco. — 1875. REVILLOUT, Eugène, conservateur-adjoint des antiquités égyp- tiennes et professeur d'Egyptologie au Musée du Louvre; Pa- ris. — 1888. * REVON, Pierre, banquier; Dampierre-sur-Salon (Haute-Saône). — 1858. RICHARD, Charles, docteur en médecine ; Autrey-lez-Gray (Haute-Saône). — 1861. RICHARD, Auguste, pharmacien; Nice, rue de Paris, 16, et Autet (Haute-Saône). — 1876. — 14 — MM. Rrpps (lPabbé), curé d’Arc-lez-Gray (Haute-Saône). — 1882. ROBINET (l'abbé), Mélitin, vicaire à Sirod (Jura). — 1889. ROUTHIER, Joseph-Prosper, attaché à la Préfecture de la Seine; Paris, rue Flatters, 10. — 1886. ROUZET, Louis, ancien ingénieur-voyer ; Dole (Jura). — 1874. Roy, Jules, professeur à l'Ecole des Chartes; Paris, rue des Saints-Pères, 12. — 1867 - Roy, banquier ; L’Isle-sur-le-Doubs. — 1887. * ROSSIGNOT (l'abbé), Auguste, curé d’Argillières, par Fouvent- le-Haut (Haute-Saône). — 1885. " SAILLARD, Armand, négociant; Villars-lez-Blamont (Doubs). — 1877. * SENTUPÉRY, Charles; château de la Folie, Arc-lez-Gray (Haute- Saône). — 1879. * DE SAUSSURE, Henri, naturaliste ; à Genève, Cité 24, et-à Vvoire (Haute-Savoie). — 1834. TAILLARD, docteur en médecine, membre du conseil d’arrondis- sement ; Maîche (Doubs). — 1877. THURIET, Ch., président du tribunal civil de Saint-Claude (Jura). — 1869. TOUBIN, Charles, ancien professeur au Lycée d'Alger; Salins (Jura). — 1856. * TOURNIER, Ed., maître de conférences à l’Ecole normale, sous- directeur à l’école des hautes études; Paris, rue de Tournon, 16. — 1854. TRAVELET, Nicolas, propriétaire, maire de Bourguignon-lez- Morey (Haute-Saône). — 1857. * TRAVERS, Emile, ancien archiviste du Doubs, ancien conseil- ler de préfecture; Caen (Calvados), rue des Chanoines, 18. — 1869. TRIDON, Mathieu, censeur honoraire du Lycée de Besançon; Buthiers (Haute-Saône). — 1878. * TRIPPLIN, Julien, représentant de l'horlogerie bisontine et vice-président de l’Institut des horlogers; Londres : Bartlett’s Buildings, 5 (Holborn Circus), E. C., et Belle-Vue (Heathfield Gardens Chiswick, W). Tuerey, Alexandre, sous-chef de la section législative et judi- — A5 — MM. claire aux Archives nationales; Paris, rue de Poissy, 31. — 1863. VALFREY, Jules, ministre plénipotentiaire, ancien sous-directeur à la direction politique du Ministère des Affaires étrangères ; Paris, rue du Faubourg Saint-Honoré, 140. — 1869. VAISSIER, Jules, fabricant de papiers; Marnay, par Azay-le- Rideau (Indre-et-Loire). — 1877. VARAIGNE, ancien directeur des contributions indirectes ; Limoges (Haute-Vienne). — 1856. VENDRELY, pharmacien ; Champagney (Haute-Saône). — 1865. VERNEREY, notaire, Amancey (Doubs). — 1880. VIELLARD, Léon, propriétaire et maître de forges; Morvillars (Haut-Rhin). — 1872. ‘ VIENNET (l'abbé), curé à Bonnevaux (Doubs). — 1881. * DE VIGNAUD, Eugène, littérateur ; Paris. — 1875. VOISIN-DELACROIX, Alphonse, statuaire; Montrapon (banlieue). — 1878. * WALLON, Henri, agrégé de l’Université, manufacturier; Rouen, Val d'Eauplet, 48. — 1868. * WILLERME, colonel des sapeurs-pompiers de Paris en retraite; Paris, rue de Sèvres, 4. — 1869. ZELLER, Jean, recteur de l’Académie de Chambéry. —- 1871. — M6 — SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES (450) Le millésime indique l’année dans laquelle ont commencé les relations, FRANCE. Comité des travaux historiques et scientifiques près le Ministère de l’Instruction publique /Cinq exemplaires des Mémoires). . Ain. Société d'Emulation de l'Ain ; Bourg. Aisne. Société académique des sciences, arts, belles-lettres, agri- culture et industrie de Saint-Quentin . Allier. Société des sciences médicales de l’arrondissement de Gannat . A Dr on Société d'Emulation du département de l'Allier; Mou- lins. Alpes-Maritimes Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes ; Nice Alpes (Hautes-). Société d'étude des Hautes-Alpes, Gap. Ardèche. Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et lettres de l’Ardèche ; Privas. 1856 . 1868 1862 1851 1860 1867 1884 1863 — IT — Aube. Société académique de l'Aube ; Troyes . . . Aveyron. Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron; Rodez. Bouches-du-Rhône. Société de statistique de Marseille. . . . . . . . Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marseille, Galvados. Société Linnéenne de Normandie ; Caen. Académie de Caen. Charente. Société historique et archéologique de la Charente; Angoulême . Charente-Inférieure. Société des archives historiques de la Saintonge et de lAunis ; Saintes ,. Gher. Société des antiquaires du Centre ; Bourges. Côte-d'Or. Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon . Commission des antiquités du département de la Côte- d'Or; Dijon . A a de me ue Société d'archéologie, d'histoire et de littérature de BÉAUne hr ue, Un amie Men Société des sciences historiques et D aturclles de nu Société bourguignonne de géographie et d'histoire. Doubs. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besan- GO 0 LP RTE RTE EE RE RE re Société d'agriculture, sciences naturelles et arts du dé- _ partement du Doubs ; Besançon. . . ARE 27 1867 1876 1867 1867 1857 1868 1877 1883 1876 — M8 — Société d’'Emulation de Montbéliard. Société de médecine de Besançon. . Société de lecture de Besançon. . . . . . . . . . Club alpin de Besançon . Drôme. Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'archéologie reli- gieuse des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Vi- viers; Romans (Drôme) . . ; Eure-et-Loir. Société Dunoise, Châteaudun . . . . - . . . . . Re Finistère. Société académique de Brest. . . . . . . .. Académie de Nimes . . . . . . . .. : à Société d’études qe sciences turciee de Nimes. Garonne (Haute). Société archéologique du Midi de la France; Toulouse. . Société des sciences physiques et naturelles de Tou- Lo0Se Gironde. Société des sciences physiques et naturelles de Bor- DÉAUX 2 à Société d'archéologie de Bordeaux A Société Linnéenne de Bordeaux . . . . .. ... . ... . . Hérault. Aeadémie de Montpellier. : 0... 4, 0. ue Société archéologique de Montpellier . . . . . . . . . . Isère. Cbacte de eeaue et d’ dou arte au | députés ment ded'ISère: Grenoble 76 net 1854 1861 1865 1875 1880 1867 1875 1866 1883 1872 1875 — 1) — Jura. Société d’Emulation du département du Jura; Lons-le- Saunier . à Société criculire. sciences et arts de BOeny Société de viticulture et d’horticulture d’Arbois . Loire. Société d'agriculture, industrie, sciences, afts et belles- lettres du département de la Loire; Saint-Etienne. Loiret. Société archéologique de l’Orléanais ; Orléans . Maine-et-Loire. Société industrielle d'Angers’ et du département de Maine- et-Loire; Angers. : Société académique de Maine et- Le hace Manche. Société des sciences naturelles de Cherbourg . Marne. Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du dé- partement de la Marne; Châlons . Société d'agriculture, sciences et arts du dépañement . la Marne ; Reims. . Marne (Haute-). Société archéologique de Langres. Meurthe- et-Moselle. Société des sciences de Nancy (ancienne Société des sciences naturelles de Strasbourg) . Société d'archéologie lorraine, à Nancy. . Meuse. Société polymathique de Verdun ; 1844 1860 1377 1866 1851 1855 1857 1854 1856 1878 . 1874 — 420 — Morbihan. Société polymathique du Morbihan; Vannes. Oise. Société historique de CoOMpiésne. ee | Pyrénées (Basses-). Société des sciences antserlettres dePau 27 2 Société des sciences et arts de Bayonne. Pyrénées Orientales. Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées- Orientales; Perpignan. Rhin (Haut:-). Société Belfortaine d’'Emulation. , . Rhône. Société d'agriculture, d'histoire naturelle et arts utiles de Evon mr nes = Di Lac et Académie des sciences, belles ee et ie de Lyon . . Société littéraire, historique et archéologique de Lyon. Saône-et-Loire. Société Eduenne ; Autun. ; Société d’ noie naturelle d’ tué : : Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur- gare, : Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire ; Cha- lon -SUr-Saone ee a noter Saône (Haute-). Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône ; NesouLeRere . Société dénonce one à a Von Sarthe. Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe; Le Mans RER RER RAR SA Société historique et archéologique du Maine ; Le Maue : 1864 1886 1873 1884 1856 1872 1850 1860 1856 1846 1888 1857 1877 1861 1881 1869 1879 — A21 Savoie. Académie de Savoie ; Chambéry . Savoie (Haute-). Société Florimontane ; Annecy. Seine, Académie des sciences de l’Institut de France. . . . . , Société des antiquaires de France; Paris. , . : Société française de ee et d'archéologie Paris . LR SR RC Association française pour l’avancement des sciences . Société d'histoire de Paris et de l’Ile de France . : Association pour l’encouragement des études grecques en France; rue Soufflot, 22, Paris. ; Société énbrale des prisons; place du Marché Saint- Honoré, 20, Paris =. 2: Ne Société de botanique de de Lee rue de Grenelle, 24, Paris . ; Société d’anthr colate de be rue Anivine Dubois. . Société française de physique . . Musée Guimet; avenue du Trocadéro, 30 | Société de secours des amis des sciences. Société de biologie. ; : ; Société philomathique de La. rue Cu dou HAN ee Re ee ie ee Société cine ce Do se La direction de l’Annuaire géologique de Seine-Inférieure. Commission départementale des antiquités de la Seine- Inférieure; Rouen . He à me Académie dés sciences, bolles- ue é arts FE Rouen L Société libre d'Emulation de la Seine-[nférieure ; Rouen Seine-et-Oise. Société des sciences naturelles et médicales de Seine-et- Disc Nersallesnens 1869 1871 1872 1867 1878 1879 1884 1878 1879 1883 18383 1887 1880 1888 1888 1888 1888 1885 18069 1879 1880 1861 — 492 — Somme Société des antiquaires de Picardie; Amiens. . . . Vienne (Haute-). Société historique et archéologique - du Limousin; mo Vosges. Société d'Emulation du département des Vosges ; Epinal. Société philomathique vosgienne ; Saint-Dié. Yonne. Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne. ALSACE-LORRAINE Société d histoire naturelle de Colmar. : ne Société des sciences, agriculture et arts de ja Basse- Alsace ; Strasbourg . due de Metz. : : ie Commission de la carte 7 de ln = Lotus SLEAS HOUR et nyrer ras el ler ter Meter e sente. Tirer Te ALGÉRIE. Société historique algérienne; Alger . . ALLEMAGNE. Académie impériale et royale des sciences de Berlin. Société botanique de la HOUR de Brandebourg ; Berlin. a ne. Académie royale des sciences de à Munich (Kœænigl. Bayer. Akademie der Wissens Hoites Zu Munchen), représentée par M. Georg, libraire à Evone ne RE AE ere Re à 2 Société des sciences oo e de uote (Naturwissens- chaftlicher Verein zu Bremen) . ; É Société des sciences naturelles et nd. de . Fe Hesse (Oberhessische Gesellschaft für Natur und Heil- kunde)sGiessen ee PR ee re 1869 1852 1855 1876 1852 1860 1880 1885 1887 1870 1879 1877 1865 1866 1853 — 493 — Société royale physico-économique de Kœnigsberg (Kœæ- nigliche physikalich-ækonomische Gesellschaft zu Kcœæ- nigsberg) ; Prusse . à ee à AUTRICHE. Institut impérial et royal de géologie de l’empire d’Au- triche Eee Reichsanstalt) ; Vienne. =: A ue Muséum impérial et nl d intoire. naturelle de Vienne. AMÉRIQUE. Société d'histoire naturelle dé Boston ee 1. Institut Smithsonien de Washington . . . . . . dec Jnited states geological Survey. . . . . . . . . ie De ANGLETERRE. Société littéraire et philosophique de Manchester (Lite- rary and philosophical Society of Manchester). Société des arts de Londres (Journal of the Society ô DOS) D une SO D die BELGIQUE. Académie royale de Belgique; Bruxelles . . Société géologique de Belgique; Liège . Académie d'archéologie de Belgique; Anvers. Société des Bollandistes ; Bruxelles, rue des Ursulines, 14. PORTUGAL. Section des travaux géologiques du Portugal, de l’Aca- démie royale des sciences de Lisbonne, rua do Arco a ESS Re de Aa dome ne ee oc ITALIE. Académie des sciences, lettres et arts de Modène . R. Deputazione sovra gli Studi di Storia Patria; Torino. LUXEMBOURG. Société des sciences naturelles du grand duché de Luxem- Hour EUXEMhOUTE EMEA AMAR 0 Sens. o 1861 1855 1889 1865 1869 1883 1859 1886 1868 1876 1885 1888 1885 1879 1884 1854 et SUËDE ET NORVÈGE. Académie royale suédoise des sciences, Stockholm . . . 1869 Université royale de Christiania #5... 27 18 SUISSE. Société des sciences naturelles de Bâle. . . . . . . . . 1872 Société des sciences naturelles de Berne . . . . . . . . 18595 Société jurassienne d’'Emulation ; Porrentruy . . . . . . 1861 Société d'histoire et d'archéologie de Genève . . . . . . 1863 Institut nauonal de Générée ua AU Pope . . 1866 Société vaudoise des sciences naturelles - Lausanne . . . 1847 Société d'histoire de la Suisse romande; Lausanne . 1878 Société neuchâteloise des sciences ne du Nouchalell 1862 Société d'histoire et d'archéologie de Neuciatel A lee Société helvétique des sciences naturelles ; Zurich. . . . 1857 Société des antiquaires de Zurich. . . . . . ‘ 1864 Société générale d'histoire suisse (à la Eu nee . Bear sn nd Si el — 425 — ÉTABLISSEMENTS PUBLICS (28) Recevant les Mémoires. Bibliothèque de la ville de Besançon. Id. populaire de Besançon. Id. de l'Ecole d'artillerie de Besançon. Id. des Facultés et de lEcole de médecine de Be- sançon. Id. du Chapitre métropolitain de Besançon. Id. du Séminaire de Besançon. Id. de la ville de Montbéliard. Id. de la ville de Pontarlier. Id. de la ville de Baume-les-Dames. Id. de la ville de Vesoul. Id. de la ville de Gray. Id. de la ville de Lure. Id. de la ville de Luxeuil. Id. de la ville de Lons-le-Saunier. Id. de la ville de Dole. Id. de la ville de Poligny. Id. de la ville de Salins. Id. de la ville d’Arbois. Id. de la ville de Saint-Claude. Id. du Musée national de Saint-Germain-en-Laye. Id. Mazarine, à Paris. Id. de l'Ecole d'application de l'artillerie et du génie, à Fontainebleau. Id. du Musée ethnographique du Trocadéro, à Paris. Id. du British Museum, à Londres. (Librairie Dulau et Cie, Londres, Soho Square, 37.) Archives départementales de la Côte-d'Or. Id. du Doubs. Id. de la Haute-Saône. id. du Jura. TABLE DES MATIÈRES DU VOLUME. PROCÈS-VERBAUX. Présentation, par M. CASTAN, d’une traduction italienne des principaux traités de M. Georges SIRE sur les phénomènes DE AP TOAUONS ee LU 2eme. eos ds as DDAIXX Election de M. Xavier MARMIER, de l’Académie française, au bitresde membre NONOPAIrTE, 5,2: messe pp. XII-XIII, XVI-XVII Notice sur M. Ludovic CARRAU, professeur en Sorbonne, par M. Edouard BESSON.. 0 0 0 © » o 9 Do + 0 0 © + © 8 0 © eo + 0 © © © € 5 © « © 0 © » 0 PP. XIND-XIV Souscription de la Société pour un monument commémoratif de SŒUE Marthe, 2... ,.0, D EE A Te PP. XIV-XVII Présentation, par M. Edouard BESSON, du cinquième volume de l'Histoire des Princes de Condé, offert à la Société par M. le DUC DANITEN Don PR scie 2 eDe-XVIl Notice sur M. Charles Lory, géologue, par M. Albert GIRAR- DOT + es © 9 © # © © © 9 0 © 0 9 0 0 9 © 6 à © a © © © 8 © © + © © © © © © 0 © 0 90 + 0 8 8 0 0 + © 6 pp. XIX-XXI Notice sur M. Brice MICHEL, architecte-paysagiste, par M. Au- DUSTOHCASTAN en. neue ener eee DR ce ou ea cet DD: IX XI-X XI Rapport de M. ARNAL sur les comptes relatifs à l’année 1888. pp. XXII-XXV Présentation, par M. l'ingénieur SCHŒNDŒRFFER, de quelques- unes des pièces devant composer l’envoi de l'Ecole d’horlo- gerie à l'Exposition universelle, ...,,,..... Sears ue DD. XXVI-XXVII Annonce, par M. le docteur CHAPOY, de la mort de M. Paul LAURENS..... ae care da re de ce DD CA VII XX VIT Lecture faite par M. Auguste CASTAN à la Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements..,........... dunes. PP: XXNIII-XXIX Nominations de MM. Edouard DRozZ et Edouard Besson au grade d'oflicier de l'Instruction publique, et de M. Georges BOYER aureradesdoiicier d'ACadémie. 4/40, 0. DB OO 6 5 PXXX Budsetide 189000 rune Re acte et le D enaLeite De OUI Election de M. le commandeur J.-B. DE Rossr au titre de membre honoraire. 76 Sont nent cree ee int RASE LE ET D FXXIV Election du Conseil d'administration pour 1890.,,,,,.,.,.,.., p. XXXV Ds Séance publique du 19 décembre 1889. ..,...... ,..... PP. XXXVI-XXXVII Banquet de 1889 : toasts portés par M. le docteur CHAPOY, pré- sident annuel, et par M. le professeur DROZ, président élu DOUr DE Ne de a de tn PP. XXXVIH-XLIV MÉMOIRES. La Société d'Émulation du Doubs en 1889, par M. le docteur CHAPoY, président annuel...... .. pe. 1 Un électeur de 1838 à Besancon : pièce de vers, par M: Charles THURIET ec ee p. 14 Aristide Déy : notice biographique, par M. Auguste CASPAN LR LE Ce p.17 Eloge de M. Paul Laurens, par M. Edouard BESSON. p. 28 Le peintre france-comtois Ferdinand Perron : no- tice sur sa vie et ses ouvrages, par M. Victor CUILLEMIN 2 ee ee Re ne er p. 34 Essai historique sur Ornans, par M. le docteur d. NEVNTER : Premiere Dares dt Ne) Herbier de la Flore de Franche-Comté, publié par MM:7J. PAILLOTr et X. VENDRELY : n° VID, ..,. °p 10 Origine du surnom de CGhrysopolis donné à la ville de Besançon à partir du neuvième siècle, par MA ANEUSEe CASTAN 2 p 116 Description de la machine rotative à vapeur sys- tème Minary, par M. E. MiNaRY (1 planche) ... p. 151 Au Soudan Français : rapport de M. Edouard BES- Les premières installations de l’Académie de France & Rome, par M, Auguste CASTAN. 0: p. 153 — 4929 — L’inventeur Claude de Jouffroy et sa statue à Be- sançcon, par M. Edouard BESSON.... ...... La Terre du froid : rapport sur un ouvrage pos- thume du docteur MUSTON, par M. Albert GIRAR- DO Le dd... NN este tetes eee le tete eee, Lee Voltaire grammairien : rapport de M. Edouard BESSON sur la thèse de doctorat de M. Léon VER- Les Formes du lerrain : rapport sur un ouvrage de MM. DE LA NoE et Emman. DE MARGERIE, par D BOSS BOYER. ue eue ces. role Deux épitaphes romaines de femmes ayant fait partie de l’avenue sépulcrale de Vesontio, par M. Auguste CASTAN ...... dd ee non Rapport sur une séance publique de la Société ju- rassienne d'Emulation, par M. le docteur CHAPOY. L’'Oasis d'Ouargla, par M. Victor ALMAND. .... Opinion du commandeur J.-B. DE Rossi dans la question des Capitoles provinciaux, .... ...... Chansons populaires recueillies en Franche-Comté, par MCharlesS-BEAUOUIER.:... ne... Le Rateau : anecdote franc-comtoise, par M. Charles DURE. it. ou. Dons faits a la Société en-1888..,.., 124... ee Envois des Sociétés correspondantes, ,,...,,,.,...,.... nec Membres de la Société au 4er octobre 1889.,..,,....,.. OR D Sociétés correspondantes, ,,,.,,.,,, te sta le Peie dit elons s Etablissements publics recevant les Mémoires,,.,..,,,.,,..,.. BESANÇON, IMPRIMERIE DODIVERS. D 197 p 216 D 221 p. 229 p. 233 p 241 p. 280 p. 295 p. 311 p 319 p. 389 p. 387 p. 389 D: 599 p. 416 p. 425 re OUEN MAR Extraits à des statuts et du “rédlemont de là Société a a ve du Doubs, fondée à Hors 1 se juillet As = Décret nn 7. pa on 1863 « La Société d’Emulation. . Doubs, à Besancon, est reconnue comme, établissement d’utr publique... » - : Art. Ler des statuts : « Son but est de concourir M à aux. progrès des sciences et des arts, et, pour en faciliter le développe- be ment, de coopérer à la formation des collections pose (4 mo “ep - diter les travaux utiles de ses membres. D le à » Elle encourage “FR ACpaIeReR les études relatives à à la Francho- Comté. » 5 | Art. 13 des statuts At HR Sociêté pourvoit à ses dépenses au je | moyen : “ ù do =» 10 D'une cotisation annuelle Abe par chacun de ses membres résidants et par chacun de ses membres correspondants ; ee est f exigible dès l’année même de leur admission. RS) …. :» 20 De la somme de deux francs payable par les membres. rési- . - dants et correspondants au moment de la remise du diplôme. . ie Art. 17 du réglement : « La cotisation annuelle est fixée à dix Abe francs pour les membres Ne et a Six francs pour les membres. de correspondants.» Ê Art. 23 des . « Les oo. on “la latitude de : se libérer de leur cotisation annuelle en versant un Capital dans la caisse > de la Société. | ein » La somme exigée est de cent francs pour les en | rés x 0 dants et de soixante francs pour les correspondants. …. » Art. 15 des statuts : « Tout membre qui aura cessé de payer s cotisation pendant plus d’une année, pourra être considéne comme démissionnaire par le conseil d'administration. ». A NE Art. 6 du règlement : « Les séances ordinaires se tiennent le se= ” cond samedi de chaque mois... ». es | 2 AE Art. 9du règlement : « Là Société publie, chaque à année re ne bulletir de ses travaux, sous le titre de Mémoires. Ps Art. 13 du règlement : « Le bulletin est remis Èz » .….. À chacun des membres honoraires, résidants et. corres- de pondants de la Société se » M te ÉfPEN Adresse du Trésorier de la Société : M: le Pafsores de la Société ch d'Emulation du Doubs, Palais Granvelle, à Besançon. # er ÿ ARTE TNT AAA Hu SES Ke we AE MOTS bp: RE DST 4e eg « ex >: 2 ÉEl Gt ae NPA ns Sea LAURE +4 | A RE pr, De DT PEN tan, ke: à dl 0 ë x Mao gr AE à ee NE rc ne RS TT Er er PROS etre LEE He dy