4 nu HE HT Ha Ê . SERRE PRÉRRRS LES 6. goy? ww if fé Jen Ar : HAN" "EE “ho ul Le n4: " Le | 44 , 2 4 | hf U | L'ONU an à J HA fi Le 14 OUT ou 1 WA à de " ie 1 4 jé ‘ ' 4 il Va MÉMOIRES MATHÉMATIQUE DE PHYSIQUE, Préfentés à l'Académie Royale des Sciences, par divers Savans, & Is dans fes Affemblées. Tome JT: roifième. Ame À KR IS, DE LIMPRIMERIE ROYALE. A LT ss Ac EE Des Mémoires contenus dans ce Volume. XPÉRIENCES réitérées pour s'afurer fi les filtrations de l l'eau de la mer au travers des pores du verre font poffibles. Par M. DE CossiGnr. Page 1 Leure à M. Bernard de Juffieu, fur le Tripoli. Pax M. DE GARDEIL. 19 Mémoire concernant la recherche de l'erreur des Tables affrono- miques lunaires de M. Halley, le 26 Oélobre 17 $ 3 Par M. DE VAUSENVILLE. | AS Mémoire fur. la Cataraëte, Pwx M. TENON, principal Chi- rurgien de l'hôpital de la Salpêtrière. 29 Obfervations fur un Jule ou Millepied cylindrique, brun -noï- râtre, & deux raies ‘feuille-morte tout le long du dos, qui eff pourvi-de deux ceus jambes er c. Par M. DE GEER, Correfpondant de l'Académie, ua 6x Recherches fur les progrès dr li caufe de la Nicile. Pax M. AIMEN, Correfpendant de Académie. : 68 Réflexions fur l'Échipfe de Lune du 27 Mars 17 SS+ Par M. PINGRÉ, Correfpondant de l'Académie. 86 Extrait d'une Lettre écrite de Malte, le 8 Janvier 1749, à M. de Reéamur, fur 4e pallage des Oïfeaux. Par M. le Commandeur Gopen=u DE Rivicre, Correfpondant de l'Académie. 90 Obfervation du palage de Mercure fur le Soleil, faite à Breff le 6 Mai 1753. Par M. Borv, Lieutenant des Vaifleaux du Roi. 94 Obfervations affronomiques faites à Stockolm en 17 ÿ » avec l'ex- trait d'une Lettre de M. Wargeutis , adroffée à A: le Monnier. Par M. WarGENTIN, Correlpondant de l'Académie. .96 T ARBRES Mémoire for Er de 1 Chmeber le P.D D'INCARVILLE, Jéfuite, & Correfpondant de l'Académie. 117 Obfervations fur une lumière produite fpar l'eau de la Mer. Pax M. Le Roy, Doéteur en Médecine de la Faculté de Montpellier, 8 Correfpondant de J Académie. :- 543 Mémoire où l'on fe propofe de démoutrer que tout le Chyle qui pale des inteffins aux veines lafées, n'entre pas dans le canal thorachique, pour de là être introduit dans la foécla- vière gauche, comme on l'a penfé depuis Aféllius: & que fuivant la détonverte quo Je flatte d'avoir faite, wne partie du Chyle entre dans les veines lombaires 7 ‘agygos. Par M: MerTrupD, Démonftrateur d'Anatomie au Jardin royal des Plantes.) 7 44 à 155 Obfervations anatomiques , avec des Remarques. Par M. Bouicer le fils, Doéteur en Médecine de [a Faculté de Montpellier. 159 Nouvelle théorie du Pyrophore de ML. Homberg , où l'on fair voir par des expériences décifh ives, 1 que ce Pyrophore a les propriétés du foie de foufre; 2. où l'on donne des procédes Jürs pour compofer avec tous les fels qui contiennent: l'acide vitriolique , de nouveaux Pyrophores , le[quels ; outre: les pro- priétés de celui d'alun, en ont d'autres qui les caracérifent fingulièrement ; 3° où l'on donne une nouvelle explication de L'inflammation Jpontanée du Pyrophore à l'air libres Px M. DE Suvicny, Doéteur en Médecine. 180 Mémoire fur l'Éther vitriolique. Par M. BAUMÉ, Maître Apothicaire de Paris. 2,09 Sur le Tourbillon magnétique. Par M. Du Tour, Correfpon- dant de l'Académie. 233 Sur l'Éledricité en moins. Px M. pu Tour, Correfpondant de l'Académie. 244 Mémoire fur la Mer lumineufe. Par M. le Commandeur GoDEHEU DE Riviize, Correfpondant de l Académie. 2 69 Sur les mouvemens du Cerveau & de la Dure-mére. Premier TAAMELE FE. Mémoire. Par M. Lorry, Docteur en Médecine. 277 Démonffration d'un Théorème de Géométrie énoncé dans les Ades de Lépfck, année 1754. Par M. Abbé Bossur, Correfpondant de l'Académie. 314 Extrait d'une Lettre du P. Bofcovich, Jéfuite, Correfpondant de l'Académie, écrite à M. de Mairan. 321 Mémoire fur les Quantites différencielles , qui n'étant point in- tégrables par elles-mêmes, le deviennent néanmoins quand on leur joint des quantités de même forme qu'elles. Pax M. Bezour, Cenfeur royal, & Maître de Mathématiques. 3 26 Sur les mouvemens du Cerveau. Second Mémoire. Par M. Lorry, Docteur en Médecine. 344 Mémoire fur les Soufflets de certaines forges produits par la chüte de l'eau. Px M. BARTHES le père. 3738 Mémoire ur des Vers trouvés dans les fins frontaux, dans le ventricule, fur la furface extérieure des inteffins d'un cheval. Par M. BourGELAT, Correfpondant de l'Académie. 409 Olfervation de l'Éclipfe de Lune du 30 Juillet 1757, faite à Touloufe. Par M. Garipuy. 433 Observation de l'Eclipfe de Lune du 30 Juillet 1757, faite à Bégiers. Par M.° DE MANSE, RiBarT & BOUILLET, père & fils. 435 Obfervations fur la Confltution épidémique de l'année 17 5 6, dans le Cotentin. Par M. BARTHES le fils, Médecin ordinaire des Hôpitaux militaires. 438 Recherches de Dynamique. Pa M. Y Abbé Bossur, Cor- refpondant de l'Académie. 473 Extrait d’une Lettre de M. Marcorelle à M. de Fouchy. $0x Obfervation du paffage de Mercure fur le Soleil, faite à Tou- doufe, par M. GArrPUY, Correfpondant de l'Académie, le 6 Mai 17 $ 3, au matin, à calculée par M. PINGRÉ. 504 Mémoire fur une double veine ag ygos, Pax M. GUATTANI, Correfpondant de F Acadéinie. s12 ii TT, À 5 EE Difcuffion d'une queflion d'Optique. Pa M. pu Tour; Correfpondant de l’Académie. s14 Nouveau fyffeme de Cavalerie, où Traité du Manège réduit à Jes principes naturels. Premier Mémoire. Par M. Bour- GELAT, Correlpondant de l'Académie. S31 Vera delineatio Auroræ borealis que die 27 Oobris anni 1754 appartit inflar Arcs albi à fext& ad nonam vef- pertinan ; fa@la € obfervata Haga-comitis à PETRO Gage, J. U. D. sèr Mémoire fur le Fromage de Roquefort. Par M. Marco- RELLE, Correfpondant de l'Académie, 535 Nouvelle manière de démontrer les propriétés de la Cycloïde. Pax M. l'Abbé Bossur, Correfpondant de l'Académie. 60 3 Mémoire fur l'accouplement des Coufns. Par M. le Com- mandeur GopEHEU DE Rivilre, Correfpondant de l'Académie, 617 Suite d'Expériences nouvelles fur l'Encre fÿmpathique de M. Hiellot, qui peuvent fervir à l'analyfe du Cobolt; à Hifloire d'une liqueur fumante, tirée de l'Arfenic. Par M. CADET, Apothicaire-major de l'Hôtel Royal des Invalides. 623 Du Solide de la moindre refiflance. Px M. DE SAINT- JACQUES DE SILVABELLE. 638 Obfervation du paflage de la Lune par les Hyades, faite à Rouen le 11 Juillet 1757. Par M. Boum, Chanoine régulier de la Congrégation de France , Correfpondant de Académie. 650 Aire Ï LE JE ses re Fa 2 see En Le Se RE LTÉE ee — E fes Sue RAR CRE most RENE, j === Sn NÉ FdCE | *ACADÉMIE a rendu compte dans les volumes précédens, des motifs qui l’avoient engagée à publier ce Recucil. L’ardeur avec laquelle les Ma- thématiciens & les Phyficiens fe font portés à fe- conder fes vües, a été fi grande, que tous les bons Ouvrages qui lui ont été envoyés n’ont pû trouver place en ce troifième volume, & qu’il en eft refté de quoi former la plus g grande partie du quatrième, qui eft actuellement fous preffe. Celui-ci eft compofé de trente-fix Mémoires & de plufieurs obfervations d'Éclipfes, ou d’autres phés nomènes céleftes. De ces trente-fix Mémoires , treize appartiennent à l'Hiftoire Naturelle ou à la Phyfique générale, neuf à | Anatomie, trois à la Chymie, un à la Bota- nique, quatre à la Géométrie, deux à l’Aftronomie, un à la Dynamique, un à la Méchanique, & deux a l'Optique. Le premier de la partie Phyfique eft intitulé, Expériences rénrérées pour s'affurer fs les filrrations de l'eau de la mer au travers des pores du verre [ont pofibles. M. de Coffigny , Correfpondant de l’Aca- démie, qui en eft l’auteur, avoit été déterminé à tenter ces expériences .par quelques obfervations, page 1, P: 19: p. 61. ij PR EF -ANBLE: dans Icfquelles on prétendoit que des bouteilles bien bouchées , ayant été plongées vuides à une grande profondeur , en étoient revenues pleines en partie d’une eau douce, ou beaucoup moins falée que l’eau de la mer; & par un pied de verre à boire trouvé au fond d’un puits, dans la cavité duquel on voit de l'eau, fans qu'il paroïffe d'ouverture par où elle y ait pû entrer. Il réfulte des expériences de M. de Cof- figny , faites, tant avec des bouteilles fcellées herméti- quement, qu'avec d’autres qu'il avoit bouchées avec tout le foin poffible, qu’à quelque profondeur qu'il ait plongé fes bouteilles, même à celle où la plus grande partie n’ont pû foûtenir le poids de l’eau fans fe brifer, celles qui y ont réfifté n’ont pas admis la plus petite partie fenfible d’eau dans leur intérieur , & que celles qui, par le déplacement du bouchon, en ont laiflé entrer quelque peu , l'ont admife telle qu'elle eft dans la mer, avec toute fa falure & fon amertume, à laquelle feulement s’étoit joint le goût du goudron dont le bouchon avoit été enduit. Le fecond eft l’Extrait d’une lettre de M. de Gar- deil, Correfpondant de l’Académie, à M. de Juflieu, fur la nature du Tripoli qu'on trouve à Poligny en Bretagne, près de Pompeant. Les obfervations de M. de Gardeil lui ont évidemment démontré que le tripoli, qu’on avoit toûjours rangé jufqu’ici dans la claffe des pierres ou des craies, n’eft autre chofe que du bois foflile , altéré dans l’intérieur de la terre par une matière probablement gypfeufe, qui la pénètre à la longue, & par la calcination de quelques feux foûterrains. | Le troifième contient une Obfervation bien: fingulière PRÉFACE. iiÿ fingulière de M. de Geer, Correfpondant de l’A- cadémie , fur les Scolopendres où Mille-pieds. Tous les Naturaliftes, & M. de Geer lui-même, avoient cru jufqu'ici que cet infeéte ne fubifloit aucune mé- tamorphofe. M. de Geer a été convaincu du con- traire en examinant quelques -uns de ces animaux au fortir de l'œuf; ils n'avoient alors que fix jambes, ce qui eft bien éloigné de deux cens qu'ils doivent avoir. Au bout de quatre jours, il leur en étoit venu huit autres; mais lobfervation n’a pas été pouftée plus loin. M. de Geer ayant été obligé de s’abfenter quelques jours , trouva à fon retour fes petits infeétes morts; il en réfulte feulement que ces animaux fu- biffent un ou plufieurs changemens , dont on ne les croyoit pas fufceptibles. Le quatrième eft compofé des Obfervations de M. p: 90. le Commandeur Godeheu de Riville, fur les Oifeaux de pañlage qu'on obferve à Malte. II y à joint le récit de la manière dont on avoit guéri une tumeur venue au fond de l'oreille d’un efclave, en l’imbibant d’a- bord avec de l'huile verfée dans l'oreille, & fuçant enfuite avec la bouche l'huile & toute la matière contenue dans la tumeur ; méthode qui à très - bien réufli, mais qui eft à la fois très-douloureufe pour le malade & fi dégoütante pour l'opérateur, qu'il n’y a, felon la réflexion de M. Godeheu, qu’une extrême charité qui la puifle faire mettre en pratique. Le cinquième contient la manière dont on fait p. 117. à la Chine ces beaux Vernis qui excitent notre ad- miration. Le P. d’Incarville, Jéfuite, Miffionnaire à Pékin, & Correfpondant de l’Académie, s’eft ap- pliqué à rechercher avec le plus grand foin quelles Jay. érrang. Tome IL & b Le] iv PRÉFACE. étoient les matières qui entroient dans leur compo- fition, & la manière ufitée parmi les Chinois pour les employer. Ce Père comptoit continuer fes re- cherches fur ce fujet, il en avoit même pris dans fon Mémoire une efpèce d'engagement, que la mort, qui l'a enlevé, ne lui a pas laïffé le loifir de remplir. On ne peut que regretter la perte d’un homme qui favoit fi bien joindre au miniftère Apoftolique dont il étoit chargé , l’art de faire une infinité d’obfervations utiles & agréables, dont le Public fera deformais privé. On trouvera dans le fixième des Obfervations que M. le Roi, Médecin de la Faculté de Montpellier, & Correfpondant de: l’Académie, a faites fur la lu- mière que produifent les eaux de la mer lorfqu'elles . font agitées. Il en réfüulte que la lumière des eaux de Ja mer eft produite par une matière phofphorique, que l'air ou même d’autres liqueurs peuvent mettre en jeu; réfultat bien différent du fentiment de M.” Vianelli & Abbé Nollet, qui ont attribué la lu- mière des eaux de la mer à des infeétes lumineux. Mais cette contrariété apparente ne doit jeter aucun doute fur les obfervations, nous aurons bien-tôt lieu de faire voir que les unes & les autres peuvent fubfifter, & que les deux caufes, qui paroïffent fi différentes, contribuent peut-être toutes deux au même effet. Dans le feptième , M. du Tour, Correfpondant de l’Académie, fe propofe de prouver, contre l'opinion de feu M. Bazin, qu'on ne s’eft point trompé en attribuant au Tourbillon magnétique la forme qu’on lui donne communément, & que lorfque deux ai- mans ou deux lames aimantées font joints par leurs poles amis, les deux tourbillons n’en font plus qu'un, © rPR ÉEMICE L qui embraffe les deux poles extérieurs ; & comme l'arrangement de la limaille de fer fur le carreau de verre, ou le carton qui couvre ces pierres, où les lames, pourroit laiffer quelque ambiguité, il s’eft affuré de la direétion du fluide magnétique, par une petite bouffole qu'il a placée fucceflivement en tous les endroits où les filets de limaille pouvoient avoir une direction équivoque. Le huitième eft un Mémoire du même M. du Tour, fur l’Eteériciré en Moins. Tous les Phyficiens favent que M.* Franklin & Watfon ont imaginé qu'on pouvoit éleétrifer un corps de deux manières différentes, ou en y faifant entrer une quantité fur- abondante de matière électrique, qui tend alors à en fortir , ou en le privant en tout ou en partie de celle qu'il contenoit, ce qui lui fait comme abforber celle qui l’environne. La première manière d’éleétrifer eff, felon eux, en plus, & la feconde en moins. M. du Tour fait voir dans fon Mémoire, que la plufpart des faits fur lefquels ces célèbres Phyficiens ont fondé leur hypothefe, font équivoques , & que des corps qu'ils donnent pour avoir été entièrement dépouillés de matière éleétrique, ont donné des fignes bien marqués d'électricité pofitive. Mais pour ne pas tomber dans le défaut qu'il leur reproche, il fe contente de propofer fes doutes, & de rapporter les expériences fur lefquelles ils font fondés. Le neuvième contient des Obfervations de M. le Commandeur Godeheu, Correfpondant de lAca- démie , fur la mer lumineufe. Nous venons de dire, en parlant du Mémoire de M. le Roy, Médecin, fur la même matière, que l’hypothèfe des petits animaux ay P: 244. p- SOI. p- 581. È | vi PRÉFACE lumineux de la mer, & celle de la liqueur phofpho: rique qu'elle contient , pouvoient fubfifter enfemble. C’eft en effet ce qui réfulte des obfervations que M. le Commandeur Godeheu a faites dans fon voyage aux Indes orientales ; il a obfervé que la mer, dans les endroits où elle étoit la plus lumineufe , étoit par- femée d’une infinité de petits animaux vivans, non feulement lumineux , mais qui laifloient échapper de leur corps une liqueur huileufe, qui furnageoit l’eau de la mer, & qui répandoit une lumière vive & azurée. Ces animaux ne font vifibles qu’à une très- forte loupe, & la liqueur qu’ils répandent refte fur le filtre par lequel on pañle l’eau de la mer, qui demeure par -là privée de toute lumière. Il y joint la defcription d’un infeéte marin très-fingulier , auquel il a trouvé des plumes. Dansle dixième, M. Marcorelle, Correfpondant de Académie, rend compte de la découverte faite par M. Mouffel, Apothicaire à Carcaflonne , d’une efpèce de Manne , qui ne diffère point de celle de Calabre, & qui croit fur des faules & des frênes aux environs de cette ville. On fait que plufieurs efpèces d’arbres donnent une tranfpiration femblable à la manne, & qui, comme elle, s’épaiffit fur leurs feuilles; mais il faut pour cela des circonftances favorables, telles qu’une certaine chaleur & une féchereffe affez longue, pour que cette tranfpiration de l'arbre ne foit pas emportée par les pluies à mefure qu'elle fe forme. Ces deux circonflances avoient apparemment favorifé la produétion de la manne que trouva M. Mouffel fur les Saules du voifinage de Carcaffonne. L'onzième eft la Defcription d’une Aurore boréale, PRÉFACE. vÿ obfervée le 27 OGtobre 1754, à la Haye, par M. Gabry, Correfpondant de l’Académie. L'auteur n'a rien négligé de ce qui pouvoit contribuer à la précifion de fon obfervation ; il a même poufié l'exactitude jufqu'à donner dans une Table les noms de toutes les Étoiles des conftellations qu'occupoit le phénomène; moyen für d’en retrouver toüjours, quand on voudra , la pofition. Le douzième, du même M. Marcorelle dont nous venons de parler, contient tout le détail de la fa- brique des Fromages de Roquefort. Il y donne la manière d'élever & de nourrir les troupeaux qui four- niflent le lait dont on fait les fromages. Il pafle de-là à la façon des fromages, puis à la defcription des caves dans lefquelles on les prépare , & il termine cet Écrit par une idée du commerce que cet objet peut produire, & par la defcription de quelques caves voi- fines de Roquefort, dans lefquelles on fait aufli des fromages qu’on fait pafler pour être de Roquefort, quoiqu'ils leur foient inférieurs en bonté. Le treizième & dernier Mémoire de Phyfique & d'Hiftoire Naturelle eft encore de M. le Comman- deur Godeheu ; il contient la découverte de l’ac- couplement des Coufns, qui avoit échappé juf- que-là aux plus induftrieux Obfervateurs ; & il ne faut pas en être étonné, cette fcène fe pañle en Vair & en volant, & on ne fe feroit pas avifé de Îa: chercher là. Peut-être ces infeétes ne font-ils pas les feuls qui s’accouplent en fair, mais il eft bien certain qu'ils s’y accouplent, & que cet élément fait, comme la terre & les eaux, partie de l'empire de l Amour. a iÿ . 585$ Ge) P- 617: P- 155: P. 159 viij PRÉFACE. La partie ANATOMIQUE eft compofée de neuf Mémoires. Dans le premier, qui traite de la Cataraéte, M. Tenon, principal Chirurgien de lhôpital de la Salpé- trière, & depuis Chirurgien de Paris, établit que le fiége de cette maladie afteéte auffi, & même affez fouvent, la membrane ou capfüle qui fert d’enveloppe à la lentille cryflalline. Cette opinion eft appuyée par un grand nombre d'obfervations délicates, & M. Tenon applique cette théorie à plufieurs faits qui avoient embarraffé jufqu'ici les Oculiftes, & qui s'ex- pliquent très-naturellement par fon moyen. L’Auteur promet ici une fuite de ce travail: il a rempli depuis cet engagement dans un écrit imprimé en 1757 fous le titre, De Cararatta ; cette fuite d’ailleurs n'auroit pû paroître dans ce recueil, l’Académie ayant depuis admis M. Tenon au nombre de fes Membres. Le fecond, de M. Mertrud, Chirurgien de Paris, & Démonftrateur d’Anatomie au Jardin Royal, eft deftiné à faire voir que tout le Chyle que fourniffent les inteflins aux veines laétées, ne pañle pas dans la fouclavière gauche, mais qu'une partie eft portée à la veine azygos. L'auteur a fait voir fur des pièces pré- parées, plufieurs branches qui communiquoient du canal thorachique à la veine azygos ; il s'en eft encore afluré par des injeétions. Les nouvelles obfervations qu'il fe propofe de faire fur ce fujet acheveront de mettre cette découverte hors de doute, & de lui donner le rang de principe d’Anatomie, qu'elle peut cependant dès-à-préfent mériter. Le troifième contient deux Obfervations envoyées à PRÉFACE. ix V Académie par M. Bouillet fils, fon Correfpondant; la première faite par lui-même, d’une hernie fin- gulière de vefhie, furvenue à une fille à la fuite d’un cflort ; & la feconde, qui lui avoit été communiquée par M. Mazars de Cazelles, Doéteur en Médecine, fur une chûte de la matrice avec renverfement, ar- rivée après un accouchement dans lequel l’arrière-faix avoit été tiré avec violence; & fur la manière de traiter cette maladie, dont la cure a été fi heureufe , que Ja malade accoucha vingt-huit mois après fa gucrifon de deux enfans , fans aucun accident. Les quatrième & cinquième font de M. Lorry, Da 277 CE Docteur en Médecine de la Faculté de Paris : ils ont 34# pour objet les mouvemens naturels & contre nature des parties contenues dans la cavité du crâne, & les organes qui font le principe de leur aétion. Dans le premier Mémoire, il eft queftion des mouvemens du cerveau dans l’état naturel. Plufieurs Anatomiftes ont attribué à ce vifcère un mouvement relatif à celui du cœur; d’autres, au contraire, en niant l’exif tence de ce premier mouvement , lui en ont attribué un qui dépend, felon eux, de la refpiration. Les ex- périences de M. Lorry lui ont appris que l’un & l’autre exifltoient , les circonftances dans lefquelles ces mouvemens pouvoient être fenfbles, & ce qui avoit pû faire illufion à ceux qui avoient rejeté l’un ou l’autre. Tous les autres avoient été en deçà ou au de-là du vrai, il eft le premier qui ait gardé en cette matière le jufte milieu. Le fecond Mémoire traite des mouvemens du cer- veau dans l’état contre nature. M. Lorry y recherche d’abord quelle peut être la partie du cerveau qui fert P: 409: x PRÉFACE. d’organe au fentiment & au mouvement; &, ce qui eft très-fingulier, il n’en trouve aucune qui jouiffe de ce privilége. Il les a toutes comprimées , détruites , enlevées, fans avoir fait périr les animaux qui fer- voient à fes expériences , fans que le fentiment ait été anéanti, fans même avoir excité l’afloupiffement, que l’on regarde f1 généralement comme une fuite infaillible de la compreffion du cerveau. La feule compreffion du cervelet a produit cet affoupiffement ; mais ce qui prouve bien que ce n’eft pas encore l'organe cherché, c’eft qu'il la enlevé fans faire périr l'animal. Enfin, la feule partie qu’on puifle regarder comme le fénforium de l'ame, s'il y en a une qui le foit effectivement, eft la portion de la moëlle alongée , qui répond à la feconde vertebre du col, ou même tant foit peu au deflus. Celle-ci n’a jamais été enlevée fans caufer la mort à l’animal ; toutes les autres ont püû l'être impunément. M. Lorry finit ce Mémoire par des expériences qui détruifent abfolu- ment le mouvement contre nature, que M. Schlichting avoit cru remarquer dans ce vifcère. M. Lorry n'a jamais pû l’apercevoir , & n’y a remarqué que celui qui provient du jeu des artères. Ces Mémoires peuvent être regardés comme deux morceaux d’Anatomie très - intéreflans, & capables de jeter un grand jour fur une matière aufli intéreflante que celle de l’ufage des différentes parties du cerveau. Le fixième, de M. Bourgelat, Écuyer du Roi, Chef de fon Académie à Lyon, Correfpondant de l’Académie, contient l’Obfervation qu'il a faite de trois efpèces de vers dans un même cheval ma- laide ; les premiers habitoient les fiius frontaux ; les feconds, PRÉFACE. xj feconds, en aflez grand nombre , étoïent répandus dans la capacité du ventre, & hors de l'inteftin; & les derniers étoient logés dans le ventricule, dans la membrane interne duquel ils étoient aufli fermement cramponnés que ces infeétes qu'on nomme es où poux de bois, le font dans la peau des animaux qu'ils attaquent. M: Bourgelat propofe fes conjectures, tant fur la route que ces infeétes, ou les œufs qui les contenoient, ont dû prendre pour fe rendre où ils ont.été trouvés , que fur la manière de les détruire, Cette obfervation, curieufe par elle-même, à paru mériter d’autant mieux l'attention du Public, qu'elle peut donner des lumières fur les maladies des chevaux qui fe trouveroient dans le cas fingulier où étoit celui qui a fervi de fujet à ces expériences. Le feptième contient les Obfervations de M. p: 435 Barthès le fils, Médecin ordinaire des Hôpitaux mi- | litires, fur les maladies épidémiques qui ont régné en 1756 dans le Cotantin. Ces maladies, que M. Barthès regarde avec raifon comme des fuites de l’in- tempérie de fair, & de la fituation de cette partie de la Normandie, font de trois efpèces; les pre- mières ont été des péripneumonies caufées par une humeur éréfipélateufe , qui s’étoit jetée fur le poumon. Celles-ci ont prefque toutes cédé à la faignée faite dans les premiers jours, & füivie de l'application des véficatoires ; remède que certaines éruptions fpon- tanées & falutaires avoient fait regarder à M. Barthès comme une reflource indiquée par la Nature. La feconde efpèce confiftoit en des fièvres malignes ou putrides très - opiniâtres. L'auteur les a combattues avec fuccès par l’ufage du camphre. Enfin les dernières Say. étrang, Tome LIL xij R R E'FAICGE. ont été des angines ou efquinancies gangréneufes , des flux de ventre dyfentériques , des phtifies, auxquels il a eu le bonheur de remédier affez avantageufement. Le détail de toutes ces Obfervations , celles des autres Auteurs que M. Barthès y joint en grand nombre, & les différens points de vûe qu’il s’eft propofés dans le traitement de ces maladies, ont fait croire à |’ Aca-- démie que le Public verroit cet ouvrage avec plaïfir. p.512 Le huitième contient l’Obfervation d’une variété obfervée dans la veine azygos par M. Guattani, Pro- fefleur en Anatomie & en Chirurgie dans les hôpitaux de Rome, Correfpondant de | Académie. Cette veine s’eft trouvée double dans le fujet que difféquoit M. Guattani , non de la même manière que M. Winflow dit qu'on la trouve quelquefois fe diftribuant en deux rameaux qui vont, l’un à la foûclavière droite, & l'autre à la gauche, mais femblable à celle que Lancifi dit avoir quelquefois démontrée; comme la figure très -exacte qu'en donne M. Guattani n’avoit point encore été publiée , l’Académie a cru néceflaire de ka communiquer au Public. p.531. Le neuvième & dernier eft moins un Mémoire que le commencement d’un grand Ouvrage de M. Bourgelat fur l’art du Manége, qu'il tente de réduire à des principes phyfiques & naturels ; il y donne les notions des allures naturelles du cheval, qui font feules l’objet de ce premier Mémoire, & les fait précéder par une defcription anatomique de la char- pente offeufe des jambes du cheval, & des mufcles deftinés pour la mouvoir. Il en fait enfuite l'application aux différens mouvemens de l'animal, & en déduit des règles pour lui faire opérer ces mouvemens avec PRÉFACE. xii la plus grande füreté & la plus grande facilité poffible. H finit par la difcuflion d’une propolfition de Borelli, qu'il attaque & qu'il réfute. C’eft peut-être le premier ouvrage de cette efpèce, dans lequel on ait eflayé de ramener les préceptes de l’art du manége à des principes phyfiques & inconteftables. Sous là CHYMIE font rangés trois Mémoires. Dans le premier, M. de Suvigny, Doéteur en p. 180. Médecine, fe propofe de faire voir qu'on peut faire le Pyrophore de M. Homberg , non feulement avec J'alun & une matière qui fournifle le phlogiftique , fuivant le procédé de cet Académicien, mais encore avec tous les fels moyens qui ont pour acide l'acide” vitriolique , & même avec le foufre commun. Il rap- porte cinq procédés différens , par lefquels il a toû- jours obtenu le pyrophore en employant le foufre & les fels de cette efpèce. Quoiqu'on trouve dans les Acta medicorum Berolinenftum* un procédé pour obtenir + 44. med. le pyrophore avec les fels moyens qui ont pour acide 25,1% 4 l'acide vitriolique , cependant le Mémoire de M. de ;, 6, , Suvigny , qui contient un grand nombre d’autres ex- periences, a paru très - propre à jeter un très -grand - jour fur cette fingulière compolition. Le fecond, dont l’auteur eft M. Baumé, Apo- p. 209. thicaire à Paris, roule fur l’Éther vitriolique. L'auteur y donne d'abord un procédé pour obtenir cette liqueur en plus grande abondance & avec plus de facilité que par les méthodes communément ufitées : après ce préliminaire , il paffe au principal objet de fon Mémoire, qui eft l'examen de ce ‘qui refte dans -le vaiffeau après la diftillation de l’éther. Au moyen by p- 623. xiv PRÉFACE. de la filtration de cette liqueur à travers les pores d’un vaïfleau de grès, médiocrement cuit, il eft parvenu à en fcparer la matière grafle qui mafquoit, pour ainffr dire, tous les principes dont elle eft compofée, & qui y font en tres-grand nombre. Il y à reconnu entre autres un acide prefque analogue à l'acide végétal, & un acide vitriolique qui paroit tenir quelque chofe de la nature de l'acide du fel marin. Le grand nombre d'expériences bien fuivies dont cet ouvrage eft rempli, ne peut qu'en rendre la lecture intéreffante à tous ceux qui cultivent ou aiment la Chymie, Le troifième & dernier Mémoire chymique con- tient les recherches de M. Cadet, Apothicaire-major de l'Hôtel Royal des Invalides, fur l'Encre fympa- thique de M. Hellot, & la compofition d’une liqueur fumante , ürée de l’arfenic. L'auteur fait voir dans cet écrit que l'acide marin , employé par M. Hellot dans la compofition de fon encre, &. qu’on regardoit comme le feul diffolvant du cobolt, n’a à cet égard aucune préférence fur les autres acides minéraux, ni même fur l’acide végétal, & il donne les moyens de les employer avec fuccès au même ufage. Il y donne encore la compofition d’une encre fympathique fem- blable , mais dont le cuivre eft le principe colorant. Il recherche enfuite la nature du principe colorant fourni par le cobolt, il fait voir que c’eft une efpèce de demi - métal , formé probablement par l’arfenic même uni à une terre métallique, & termine cet ou- vrage par la liqueur fumante dont nous avons parlé, qu'il tre de la diftillation du mélange de larfenic avec la terre foliée du tartre. Cette liqueur, avec la. propriété de fumer lorfqu’elle eft expolée à l'air, PRÉFACE. xv en à encore beaucoup d’autres très-fingulières ; que M. Cadet promet d'examiner. Il:y a lieu de juger, par ce qu'il a déjà donné fur cette matière, que le Public lui faura gré de remplir cet engagement. La BOTANIQUE n’a fourni qu'un feul Mémoire. Dans cet ouvrage , M: Aimen, Correfpondant de p. 68. PAcadémie , examine la maladie des grains, qu’on nomme Melle ; il y fait voir le véritable caraétère de cette maladie, mal connue de plufieurs Auteurs, même très-renommés, qui l’ont confondue avec la rouille & le charbon : la nielle en difière en ce qu'elle attaque la fleur même de la plante, au lieu que la rouille & le charbon attaquent le grain tout formé. Elle confifte, felon M. Aimen, dans-un ul- cère malin qui attaque & détruit les organes deftinés à la fécondation. I recherche enfüite la caufe qui peut occafionner cette maladie; & les expériences qu’il rapporte , femblent infinuer que la caufe de la nielle eft la moififlure qui s attache au grain que l’on fème, foit avant, foit après qu'il eft femé, & qui at- tique apparemment dans le germe les organes def- tinés à former les grains, fans endommager le refte de la plante. Il ne donne cependant cette idée: que comme une conjecure , que les obfervations qu'il rapporte rendent vrai-femblable ; mais c’eft toüjours beaucoup que d’avoir reconnu la nature du mal & le fiége qu'il occupe dans la plante , & il eft à préfumer que la fuite des recherches de M. Aïimen lui en offrira le remède. Des quatre Mémoires qui appartiennent à fa GÉOMÉTRIE; U) i P: 314 p. 326. xvj PRÉFACE. Le prémier contient la démonftration d’un Théo- rème de Géométrie, fur la différence reifable de certains .arcs elliptiques, énoncé dans les Aétes de Léiptick. Cette démonftration à paru très-élégante ; M. l'Abbé Boflut, Profcfleur royal à l'Ecole du Génie de Méziéhes! & Correfpondant de l’Aca- démie, y ajoûte une méthode très - fimple & très- AP pour découvrir ce théorème à priori, & fans en favoir l'énoncé; cette méthode eft non feule- ment applicable à a ce théorème , mais encore a tous les problèmes du même genre. Le fecond , de M. Bezout, Cenfeur royal & pal feffeur de Mathématiques , a pour objet les Quantités différentielles , qui n'étant point intégrables par elles- mêmes, le deviennent quand on leur } joint des quan- tités de même forme qu’elles. La manière dont f’au- teur attaque ce problème eft fingulière ; il en prend d’abord l’inverfe, c’eft-a-dire qu'il fe propole une intégrale, & qu'après lavoir difiérentiée, il la fé- pare en deux autres différentielles de même forme, qu'il trouve le moyen, par des transformations très- adroites, de rendre non intégrables. Cette méthode, très - générale , appliquée à des cas particuliers, lui fait trouver dans l’ellipfe, dans l'hyperbole, & dans différentes efpèces de paraboles, des arcs dont là fomme ou la différence eft retifiable : il obferve même qu'elle feroit applicable à beaucoup d’autres courbes; mais ces applications, ft M. Bezout les fait, fe trouveront deformais dans les Mémoires de Ale, dont il eft depuis devenu Menibre. Le troifième, de M. l'Abbé Boffüt , a pour objet de réfoudre , par le calcul intégral, différens problèmes PRÉ'FAC'E. xvi fur l'aire de la Cycloïde & de fes parties, & fur les dimenfions & les centres de gravité des folides cy- cloïdaux & des furfaces de ces folides. La méthode de l’auteur a paru d’autant plus ingénieufe , qu’elle n’eft pas bornée aux feuls problèmes auxquels il lap- plique dans ce Mémoire, & qu'elle peut fervir en beaucoup d’autres occafions. Le quatrième & dernier Mémoire de Géométrie p. 638. a pour auteur M. de Saint- Jacques de Silvabelle; il s’y propofe de déterminer le Solide qui étant mû dans un fluide fuivant la direction de fon axe, y éprouvera la moindre réfiftance poflible. La méthode qu'il emploie, eft de chercher d’abord entre tous les folides formés par des arcs de cercle paflant par des points donnés , celui qui fouffrira la moindre ré- fifance. Il rend enfuite cet arc infiniment petit, & détermine par ce moyen l'équation générale du folide cherché. Il y ajoûte plufieurs remarques fur les cas où la réfiftance eft un maximum, & fur ceux où elle eft ün #nimum ; mais il fait voir auffi que cette dé- termination des maximum & des minimum ne convient qu'aux courbes continues, & qu'ainfi l’un & l’autre ne font que relatifs, & non abfolus. Quoiqu'il y ait déjà plufeurs folutions de ce problème, cependant les remarques de M. de Saint-Jacques ont paru mé- riter d’être données au Public, & l’Académie a cru qu'il verroit cet ouvrage avec plaifir. La partie ASTRONOMIQUE contient deux Mé- p.94:96, moires & plufieurs Obfervations d'éclipfes de Lune, 75% d’Étoiles & de Planètes par là Lune, de Satellites, du pañlage de Mercure fur le Soleil, &c. faites en divers temps & en divers lieux par M.° de Bory, : &viij PRÉFACE. Vargentin , Garipuy, de Manfe, Ribat, Bouillet & Bouin. Le premier Mémoire contient les recherches de . M.de Vaufenville, Correfpondant de l’Académie, fur l'erreur des Tables aftronomiques lunaires de M. Halley, dans l’éclipfe de Soleil du 26 Oétobre 1753. On fait que fuivant ce favant Aftronome les : différences entre le lieu de la Lune obfervé & celui que donne Îa théorie, reviennent! à peu près des mêmes au bout d’une période d’un peu plus de dix- huit ans. Lors donc qu'on a l'erreur des Tables, donnée par une obfervation faite à un femblable point d'une période précédente, on peut l'appliquer à celui pour lequel on calcule; & comme dans toutes les obfervations précédentes il ne s’en trouvoit point qui pût répondre à l'éclipfe du 26 Oétobre 1753, M. de: Vaufenville a pris la peine de calculer l'erreur ou la différence des Tables d'avec l’obfervation , qu'il trouve de 2" 17. C’eft un fervice qu’il rend aux Aflronomes: qui auront dans la fuite à calculer les lieux de la Lune dans les périodes fuivantes , & qui lui devront d'autant plus de reconnoiflance , que cette recherche a paru faite lavec toute l'attention &:toute l’exaétitude poflibles. Le fecond & dernier eft de M. Pingré,. Cha- noine régulier de la Congrégation de France, alors Correfpondant de l'Académié, & ‘dévenu depuis Membre de cette Compagnie: il y propofe fes Ré- : flexions fur l’éclipfe de Lune du 27 Mars 1755: L'obfervation de cette éclipfe femble, au : premier coup d'œil, s'éloigner dela; règie de M. Halley,, dont nous venons de:parler dans l'article précédent, Une PRÉFACE. xix Une difcuffion fine & délicate que fait M. Pingré, 1des obfervations qui avoient été faites au même point des périodes précédentes, ly ramène. L'art dé favoir examiner les faits , relätivement à toutes les circonf- ‘tances quipeuvent les accompagner, n’eft pas une des moindres parties de la Science aftronomique. Un feul Mémoire appartient à la DYNAMIQUE. I Contient la Solution de différens problèmes de p. 473, Dynamique par M. F Abbé Boflut. La plufpart des “problèmes réfolus dans ce: Mémoire f’avoient, à la vérité , déja été par’ plufieurs Géomètres; mais la méthode de M. f’Abbé Boflut à paru abfolument neuve. Il y emploie pour principe, que la quantité de mouvement d’un fyflème de’ corps n'eft point changée par l'action & la réaétion que ces corps exercent les uns fur les autres. Quoique ce principe foit connu depuis long temps , perfonne n’avoit en- core fongé à en faire la bafe d’un fyftème fuivi, pour la folution de ces fortes de problèmes. L'auteur l'a employé avec le plus grand fuccès, & a eu le plaifir de trouver prefque par -tout fous fes pas le fameux principe de la confervation des forces vives, qu'on ne démontre le plus fouvent que par des détours très - épineux & trés -indirects. La MÉCHANIQUE n’a donné qu’un feul Mémoire, M. Barthès le père , qui en ef l’auteur , y traite des Soufflets de certaines forges, dont le vent eft produit par la chûte dé l'eau, On fait depuis long temps que ces foufflets tirent leur vent de l'air qui fe dégage de l’eau , qu’on fait tomber par un tuyau vertical ; mais on ne s’étoit point encore avifé de rechercher les Jay. Etrang. Tome 111 c xx LRREFTAGE proportions les plus avantageufes du tuyau , de l’ou- verture , de la difpofition des trous qui y doivent introduire de l'air, & de ceux qui font deftinés à laiffer échapper l’eau par la caiffe qui eft au bas, ni la pofition d'une pierre qui reçoit la chûte de f'eau au fond de la cale, pour la faire rejaillir de tous côtés , afin de faciliter la féparation de l'air. Tous ces points font l'objet du Mémoire de M. Barthès : les expériences qu'il a faites fur cette matière, & qu'il rapporte dans fon ouvrage, ne peuvent que faire defirer qu'il veuille bien les continuer, pour fixer abfolument les idées qu’on doit avoir fur la perfeétion de cette machine. Sous L'OPTIQUE font rangés deux Mémoires. p.321. Il s’agit dans le premier du phénomène des deux Arcs-en-ciel que l’on aperçoit quelquefois en même temps. M. Newton fe {ert, pour expliquer ce phéno- mène, du principe des accès de facile tranfmiffion à de facile réflexion des rayons de lumière, qu’il établit au fecond livre de fon Optique, en fuppoñfant que les gouttes d’eau font exaétement fphériques. Le P. Bofcovich , Jéfuite, Profeffeur de Mathématique au Collége Romain, Correfpondant de l’Académie, & auteur de ce Mémoire , fait voir que le phénomène du double arc-en-ciel ne peut jamais avoir lieu tant que es gouttes font fphériques ; & qu'il y a au contraire tout lieu de penfer que lorfqu’on laperçoit, l’agita- tion de l'air, ou quelqu’autre caufe, a pü altérer leur fphéricité, & les rendre un peu oblongues. Il eft bien fingulier que dans une matière traitée depuis fi long temps, & par les plus habiles Mathématiciens , une erreur de cette efpèce ait pû échapper à leurs regards, PRÉ LL ANOÉES à 7 Le fecond & dernier Mémoire eft de M. du Tour, p. 514: Correfpondant de l’Académie. Lorfqu'on regarde un même objet avec les deux yeux, il eft évident qu'il y a dans chaque œil une partie de l’image qui tombe fur des fibres de la rétine, entièrement homogènes à celles de l’autre rétine fur laquelle tombe Ja fem- blable partie de l’autre image. On croyoit commu- nément que la raifon pour laquelle cette partie de l'objet ne paroïfloit pas double , étoit limpreffion fimultanée également faite fur les parties femblables des deux yeux. M. du Tour prouve au contraire que la raifon pour laquelle on voit cette partie de l'objet unique, eft que l'ame ne reçoit réellement que l'impreflion d’une feule image, &. qu'elle ne fait, pour ainfi dire, aucune attention à la feconde. II s’en eft afluré par plufieurs expériences, dont une, des plus ingénieufes ,.eft d’avoir revêtu deux objets égaux & femblables, dont les images devoient oc- - » 38 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE raifons pour croire que les autres couleurs que prend quelqué: fois, mais plus rarement, la cataracte, dépendent d’autres cir- conftances : c'eft une queftion afflez curieufe, & d'ailleurs affez intéreflante, pour ètre traitée féparément. Pour s'afiurer fi c'eft la capfule du criftallin qui, dans fa cataraéte, rend inutile le criftallin encore tranfparent, & fi c'eft en elle que réfide la couleur d'un bleu blancheätre ou de perle, qu'on remarque dans cette maladie, il fufhroit de détacher la capfule criflalline cataraétée de deflus le criftallin & de a retirer, laiffant cependant le criftallin dans l'œil ; il eft évident que fi en retirant la capfule on enlève en même temps la couleur de la cataracte, & que le malade aperçoive {a lumière après, on fera bien fondé à croire que la couleur de a ca- taracte réfide dans cette capfule, & que c'eft elle qui rend inutile le criftallin encore tranfparent. Je conviens que ce procédé eit délicat, cependant nous verrons dans un inftant qu'il n'eft pas impoffible; mais auparavant nous examinerons {1 on ne pourroit pas trouver fur le criftallin abattu, felon l'ancienne méthode, les reftes de fa capfule. H eft également conftant que fi fur un criftallin ainfr déprimé, on découvre une membrane, ou les débris d’une membrane teints de la même couleur que la cataracte, & que cependant le criftallin foit encore tranfparent & jaune, ce fera cette membrane qui l'aura privé de fa tranfparence, & que c'eft en elle que réfide la couleur cataractée; c'eft ce que nous allons trouver dans ce que M. Antoine appelle accompagnemens de Ia cataraéte, en rapportant fes propres termes. M. Antoine, page 107.& fuivantes de fon excellent ouvrage, rend compte de la diffeétion de deux yeux fur lefquels il avoit abattu a cataracte environ trois mois aupara- vant, & il dit n° 6: « examinant le criftallin, je reconnus qu'il étoit recouvert de deux fortes de fubftances; /2 première qui Je préfentoit étoit d'un blanc de perle, fort flexible & obéiffante, à environnoit inégalement le criflallin, ne le touchant que dans quelques endroits ; elle reflembloit aflez bien à des flocons de neige ou à des morceaux de gomme fondus à DES SCIENCES. 39 moitié dans l'eau, & attachés en manière d'appendices autour de quelques corps : j'appellerai dans Ja fuite de ce traité, cette première fubftance, accompagnemens de la cataraéte, parce que ces fortes d'appendices fe rencontrent todjours plus ou moins dans les cataradles vraies, quand elles font confirmées ou mûres. - 7. La feconde fubftance recouvroit tout le criflallin, fa fuperficie étoit un peu inégale & raboteufe, elle étoit blanche, plus folide que la première, reflemblant à un blanc d'œuf cuit & prefque dur, & me paroifloit être la propre #fubftance du criftallin, dont tout le volume fembloit être plus petit qu'il ne devoit, à proportion de la grandeur de l'œil, cette feconde fubflance comprife. . À mefure que cette feconde fubflance, femblable à un blanc d'œuf durci, approchoit du centre du criftallin, elle étoit plus dure & fon blanc tiroit un peu fur le jaune, & après avoir Ôté toute cette fubftance, Ze reffe du criflallin me parut plus jaune & plus folide, cependant il étoit un peu tranf. parent, en forte que le préfentant au grand jour, on pouvoit diflinguer les ombres des objets communs que lon mettoit au devant. Ayant fini d'examiner Vœil droit (dit un peu plus bas le même auteur) je pris l'œil gauche, & après avoir procédé comme à l'œil droit, je reconnus pareïllement que le criftallin n'étoit plus dans le lieu qu'il devoit occuper, qu'il étoit à la partie inférieure de l'uvée, un peu plus élevé que celui de l'œil droit, parce qu'il avoit remonté un peu après l'opération, comme je l'ai dit, en forte qu'on en découvroit une très- petite partie par le trou de l'uvée, & aufli des flocons ou accompagnemens dont je vais parler. Ce criftallin avoit beau- coup de cette première fubftance dont j'ai parlé à l'article 6 de l'obfervation précédente, qui n'avoit pas la même blan- cheur, elle étoit auffi plus folide à fibreufe, failant même _ reffort. Le criftallin avoit très-peu de la feconde fubftance, il étoit beaucoup plus jaune & plus dur, la fuperficie étoit. Les 40 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE » pareïillement un peu inégale & raboteufe; tout le refte du » criftallin étoit auffi plus dur, plus jaune & moins tranfparent » que celui de l'œil droit, ayant au refte même difpofition de fibres » ms : Rien ne quadre mieux avec mes expériences & mes ob fervations que celles que je viens de rapporter d'après M. Antoine Maitre-Jan : on y voit ‘1. que ces criflallins étoient jaunes & tranfparens , comme ceux de mes expériences ; 2.° qu'ils étoient couverts inégalement de flocons blancs couleur de perle, c'efl-à-dire, teints de la même couleur que la cataracte; 3.” que ces flocons adhérens au criflallin étoient la même chofe que ceux qu'on apercevoit dans l'œil après l'extraction du criflallin, puifque le criftallin ayant été peu dé- primé, M. Antoine les reconnut à travers la pupille; 4.° qu'ils {e rencontrent toüjours dans la cataracte vraie, quand elle eft confirmée ou müre; 5. que ces flocons étoient fibreux & élaftiques. Je demande préfentement ce que ce peut être qu'une fubftance couleur de perle, flexible, qui environne le criftallin, qui le touche dans quelques endroits, qui fe rencontre toû- jours dans la cataracte vraie & muüre, qui peut être folide, fibreufe & faifant reflort, finon une partie exiftante habi- tuellement dans l'œil, appliquée au criftallin, fibreufe de fa nature, déchirée & rendue inégale par l'aiguille ou de toute autre manière, puifque l'on fait que le criftallin n’eft ni fibreux, ni élaftique, mais au contraire que c'eft un corps qui cède à limprefion qu'on y fait étant mol, & qui sen va en écaille s’il eft defléché. If faut donc conclurré que ces flocons ne font autre chofe que les débris de la capfule criftalline : il faut en condlurre encore que ce font ces flocons fibreux & cataractés en qui réfide la couleur de la cataracte, & qui * Toute [a partie qui traïte de la | en Tambeaux. Je renvoie ceux qui cataracte dans l'ouvrage de M. An- | feroient curieux d’en voir un fs toine Maitre-Jan pourroïit me fournir | grand nombre, à cet ouvrage, & fur- beaucoup d’autres preuves que les | tout aux paragraphes 3, 4 & $ du accompagnemens ne font autre chofe | chapitre XIII. que la capfule du criflallin, réduite rendent | DUE ‘s à SCENIC 2€ 5: 4 rendent inutile le criftallin encore tranfparent, en intercep- tant la vifion, puifque, de l'aveu de M. Antoine, ces flocons avoient une couleur de perle, & que les criflallins étoient au contraire jaunes & encore tranfparens. En eflet, qu'on examine des yeux cataraétés, on trouvera tantôt des criftallins tranfparens, renfermés dans une capfule fpongieufe altérée, cependant entière, & tantôt des criftallins opaques, dont la capfule eft fi ruinée qu'il n’en refte plus ue de légers débris collés à fa furface. Ce dernier état de a capfule eft une fuite du premier, c’eft un degré de plus de la maladie; mais dans lun comme dans l'autre, la capfule eft malade. Pour ajoüter encore à la preuve de cette vérité, réfléchiflons un peu fur ce que nous faifons, & examinons attentivement ce qui fe paie dans l'œil, lorfque nous voulons extraire le criftallin. ? Tantôt la pratique nous offre des criftallins fortement aflujétis, que nous ne pouvons extraire qu'après avoir porté fur la capfule le tranchant d'un inftrument. Nous la voyons fe divifér, nous la voyons fe retirer fur les côtés, où, comme nous l'avons vü dans l'article précédent, on la trouve fouvent, après l'opération, de la couleur de la cataracte, D'autres fois e crifallin s'échappe de lui-même après fa fection de la cornée, fans qu'il foit néceffaire de la moindre compreflion & fans avoir incifé la capfule. Les ouvertures d'yeux cataractés m'ont appris qu'il eft des cas où le criftallin eft opaque, & où l'on ne trouve plus de capfule. Si on confidère fa furfaice antérieure, cette partie étant encore en place, on remarque feulement quelques dé- bris fibreux, blancs & élaftiques, qui y font collés par l'une de leurs extrémités & flottans par f'autre. Voilà pourquoi {a fecion de la capfule eft abfolument néceflaire dans la plufpart de nos opérations, & entièrement inutile dans d’autres; & pourquoi on a vû des cataractes fe détacher d'elles-mêmes & fe précipiter au bas de fœil fans qu'on ait eu recours à aücune opération. | L'abfence de la capfule criftalline dans ce dernier cas fuffit Say, érrang. Tome LIL F Cinquième obfervation, Sixième obférvation. Preuves tirées d’une opération fingulière, dans laquelle j'ai dé- taché la capfule ou membrane antérieure de deifus le criftal- In, & l'ai re- tirée de l'œil fans en avoir extrait Île crif- tallin, 42 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE pour qu'on foit en droit d'en conclurre fa deftruction, & ladhérence de fes flocons au criftallin eft, fr je ne me trompe, une forte préfomption que cette capfule s’eft ruinée par une inflammation; Fanalogie y eft entière. Les parties naturellement diftinétes ne fe joignent dans l'économie ani- male que par une inflammation, ou à la fuite de la fuppuration : la lisifon des doigts après quelques brûlures, le collement des boyaux dans les diarrhées & le flux de fang, l'adhérence du poumon à la plèvre & au diaphragme dans la pleuréfie & la péripneumonie, font aux doigts, aux boyaux, à la plèvre, ce qu'eft l'adhérence de la capfule au criftallin où à Yuvée. Concluons donc que les accompagnemens de M. Antoine he font rien autre chofe que les débris de la capfule criflalline, teints de la couleur de la cataracte. Faifons voir maintenant qu'en tirant de œil la capfule criftalline, on enlève en mème temps la couleur de a cataraéle. M. Martinet & Bordenave furent préfens le 2 3 Décembre dernier à une opération de la cataracte, que je fis à la nommée Maçon. La cataraéte étoit avant l'opération d’un bleu foible, mais blancheître, tiflue de plufieurs traits fibreux. Je n’eus pas pluftôt fait la feétion de la cornée, & Thumeur aqueufe ne fut pas pluftôt écoulée, que je vis diftinétement derrière là pupille un petit rideau blancheâtre foiblement nué de bleu. L'embarras étoit de faifir ce rideau & de le retirer en entier, fans entraîner avec lui le criftallin ni rompre le ligament &c les proceflus ciliaires. Je fentis alors la néceffté d'avoir des pinces aflez fines pour être portées dans ces parties: faute d'en avoir de convenables, je fus obligé de me fervir de nos pinces à anneaux; & pour que le criftallin, que je defirois laifler en place, fe dérangeñt le moins qu'il fût poffible, je coupai avec des cifeaux les foibles liaifons que cette membrane avoit avec lui. Le criftallin fuivit un peu; mais en retirant fa capfule, je vis difparoïtre la couleur de la cataracte: c'étoit un fpectacle fort agréable que de voir la D'ES :SAEMMIENN CT E 5. pupille claire & le fond de l'œil nettoyé de toutes les appa- rences de la cataracte. On ne fauroit difconvenir maintenant que ceci ne (oit Ja capfule où membrane antérieure du criftallin, puifque cette membrane a été détachée de deflus le criftallin méme. On ne fauroit difconvenir non plus que ce ne foit en elle que réfide la couleur, ou au moins les apparences de la couleur de la cataracte, puifqu'ayant enlevé cette membrane, Ja couleur cataraétée difparut : cependant la membrane que je retirai n'avoit plus cette légère nuance d’un bleu blanc, que je lui avois remarquée dans l'œil, elle étoit feulement blanche à l'air libre, fibreufe, épaiffe, fpongieule, ayant à fa circon- férence de petits filamens rompus, qu'on auroit pû prendre pour des fibres détachées de la membrane poftérieure *, J'avoue que quoique cette opération ne me liffàt plus aucun lieu de douter que ce ne fût la capfüle du criftallin en qui réfidât la couleur de Ja cataracte, & qui prive le criftallin, encore tranfparent, de fon ufage, je fus néanmoins fort fur- pris déêtne plus trouver à cette membrane la légère teinte de bleu qu'elle avoit dans l'œil; mais Fembarras où me jeta ce phénomène fut levé par une expérience fort fimple que voici. Je penfai que la couleur réfléchie-de luvée fur la capfüle criftalline avoit pû avoir quelque part à fa couleur que cette membrane avoit dans l'œil: fur cette conjeéture, je formai une efpèce d'œil artificiel. Je fufpendis cette pellicule au bout d'un fi & la mit dans une bouteille d’un verre bien tranfparent, épaifle d'un pouce & pleine d'efprit de vin: j'appliquai fur une des parois de la bouteille un morceau de drap brun clair, pour imiter la couleur de l'humeur vitrée & du criftallin, & fur l'autre une carte noircie d'encre d'un côté, appliquée à la bouteille & percée d'un petit trou, lé tout pour imiter la pupille & luvée. L’œil appliqué à la pupille de la carte apercevoit que cette membrane offroit les mêmes couleurs * Cette membrane, qui étoit molle, blanche, épaifle & fpongieufe lorfqu'elle fut mife dans l'efprit de vin, fe racornit & devint folide comme un parchemin dans cette liqueur. ; Fi Preuves fondées fur quelques faits MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE que celles qu'elle avoit eues étant encore en place. Je me crus donc autorifé à penfer que la couleur bleue de cette cataracte étoit une couleur réfléchie de luvée, jointe à la couleur blanche de la capfule criftalline épaiffie. On eft perfuadé en Chymie qu'on connoît la nature d'un mixte, lorfqu'avec des fubftances connues on peut venir à bout d'en former un femblable: ne pourroit-on pas, en Chirurgie, croire que nous connoiffons une maladie, quand par nos procédés nous venons à bout d'en raflembler les mêmes apparences ? La nommée Maçon, qui ne voyoit rien ayant cette capfule dans l'œil, vit le fix, le fept & 1: huitième jour après fon opération, une forte lumière, elle aperçut ombre des doigts, & il n'y a pas lieu de douter que fa vüe, qui diminua par la fuite, n'eût été plus parfaite, {1 le devant du criftallin n’eût pas été incifé & rendu inégal par la féparation de fa capfule Mais quand cette vüe ne feroit reflée qu'à ce degré de perfec- tion, il feroit toujours vrai de dire que l'obftacle à la vifion ne réfidoit pas dans le criflallin, puitque la malade vit aps que l'on eût Ôté la capfule, ce qu'elle ne faifoit pas auparavant. Je viens de tirer de l'œil la capfule antérieure du criftallin : il a été fufhfant d'enlever cette caplule pour faire difparoitre {a couleur de la cataracte. Quoique le criftallin foit refté dans l'œil, la malade a vû pendant plufieurs jours une grande lumière, & nous avons donné à la capfule criftalline les mêmes apparences qu'elle avoit dans l'œil. Nous fommes done autorifés à conclurre que ceft la capfule criftalline qui rend inutile le criftallin encore tranf- parent & que ceft en elle que réfide la couleur bleu-blan- cheître qu'on remarque dans les yeux cataraétés. C'et ce qui fera encore prouvé par quelques obfervations rapportées d'après des auteurs de la plus grande réputation, dans lefquelles la capfule criftalline s'eft trouvée altérée, L’Hifloire de l'Académie, année 1722, a confervé deux obfervations qui me font d’une très-grande autorité; lune pre s . SNCHAEMNACÉENS. 45 de M. Morand, où la caplule antérieure du criftallin étoit rapportés fa opaque & couvroit le criftallin ; l'autre de M. dé la Peyronie, ; où cette même capfule également opaque étoit féparée du criftallin & adhérente au cercle de l'iris. L’excellent auteur qui les a fournies ne manque pas d'obferver que ces cataraétes font différentes des cataractes membraneufes des Anciens, & des cataractes glaucomatiques des Modernes, en ce que ce font des tuniques de l'œil devenues opaques de tranfparentes qu'elles étoient; & il remarque en outre qu'il doit ètre rare ue lune ou l'autre de ces membranes devienne opaque fans que le criftallin le devienne aufli ; delà vient, dit le même auteur, qu'on ne voit prefque que des cataraétes glaucoma- tiques /a). ‘ Une femme dont parle Valfalva, à laquelle la cataracte fut rompue avec l'aiguille, fans l'avoir pü abattre, fournit encore un exemple inconteftable de altération de la capfule criftalline , puifque l'on trouva après la mort de cette perfonne le criftallin confumé, & la membrane attachée à l'humeur vitrée, & puifque cette membrane avoit la même couleur que la lentille criftalline de l'œil droit qui étoit cataracté. On trouve encore des exemples de altération de la cap- fule dans une obfervation de Bonet, où le criftallin fe dif fout ; dans une autre obfervation de Santorinus, qui a trouvé la fubftance intérieure du criflallin encore diaphane, & la membrane dont il étoit entouré opaque (2). des auteurs cé- ébres. Differtatio anatomica Î1. Sepulchrer: anar, (a) M. Lafaye fait ufage de ces ebfervations & de ces réflexions dans fes favantes notes fur Dionis.... « Les Praticiens penfent donc , dit- » il, prefque unanimement, que la > cataracte n’eft ordinairement que » lopacité du criftallin : je dis ordi- > nairement ( continue-t-il) car » il fe trouve, quoïque rarement, > des cataractes membraneufes. Ces > cataractes ne font pas des pellicules » qui fe forment dans_ l'humeur » aqueufe & qui bouchent le trou » de luvée, comme le croyoient les » Anciens; mais ce font des mem- » branes de l'œil qui deviennent > opaques de tranfparentes qu’elles » étoient, ce qui arrive rarement > fans que le criftallin perde auffi fa tranfparence. » page 5 54. (b) Morgag. Epift. XVIII. I y a encore dans cette E’pitre quel- ques exemples de cette altération, notamment celui qui eft rapporté d’après Walherius, dans lequel Je criftallin conferva toûjours fa tranf- parence fans la moindie tache & F ii Mémoires de l'Acad, royale des Sciences , année 1707. Inflitutiones Chirurg, edit, 1750. 46 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Et peut-être que cette membrane fameufe que M. Littre trouva unie à toute la circonférence interne du cercle de Viris, & qui divifa fi long - temps les Anatomifles de l'Académie touchant la nature de la cataracte, difière peu de celle dont il eft parlé dans les obfervations précédentes, Ce qui nous pourroit porter à le croire, c'eft que le criftallin de l'œil de cette perfonne avoit confervé fa tranfparence, comme ceux de nos obfervations /a). Je foupçonnerois encore que cette membrane qui fait lobjet d'une obfervation de M. Vifman, rapportée par M. Heiïfler, & cette autre membrane trouvée par M. Lancifi dans des yeux cataraétés, dont les criftallins n'étoient pas entièrement clairs, mais jaunâtres, feroient encore des altéra- tions de la capfule. J'avouerai cependant que M. Heïfter qui rapporte ces faits ne s'explique point à ce fujet, & qu'au contraire il ne regarde cette membrane que fuivant l'ancienne opinion, c'eft-à-dire, comme une pellicule ou un corps folide & étranger placé dans l'humeur aqueufe, mais qui doit fe rencontrer fort rarement. Nous ne pouvons difconvenir que les faits que nous venons de rapporter dans cet article, ne foient fort rares & regardés comme tels par les auteurs. La rareté de ces faits eft-elle feulement une exception dans la cataraéte, & dépend- elle de ce que faltération de la caplule eft rare, ou bien de ce qu'on Fa peu obfervée /4)? le moindre obfcurcifflement : il étoit à la vérité teint également par-tout d’une légère couleur de citron. Quant à la membrane, continue le même auteur, elle étoit d’une cou- leur de perle. (a) On pourroit peut-être en dire autant de toutes les cataractes membraneufes qu’on a trouvées de- puis la difpute entre M. Woolhoufe & M. Heiïfter; favoir, celle de Saint-Germain-en-Laie, dont il eft parlé dans la lettre du P. le Brun de l’Oratoire; trois de M. Winflow ; trois autres trouvées par M. Bou- quot, maître Chirurgien, dans des yeux d’animaux; trois de Lancifr, & fix de Gcifler, fans compter celle de M. Hovius Palfin, Anatomie Chirurg. édit. de Paris, 1752: tome IL, page 425. (b) Selon M. de Saint-lves, Traité des maladies des yeux, page 318, on rencontre très-rarement des cataractes membraneufes, & de cent qu'on abat, à peine en trouve-t-on D'É S' S'CIMENCE S 47 Cette queftion fera bien-tôt décidée, pour peu qu'on fafle attention que les criftallins que l'on croit cataraétés font fort fouvent jaunes & encore tranfparens, que les flocons que l'on aperçoit dans œil après l'opération ne font autre chofe que cette caplule altérée & détruite lors de Fopération ou par quelque accident, que les accompagnermens exiftent toüjours dans les cataractes vraies, felon le témoignage de M. Antoine, & que ces accompagnemens font la capfule criftalline cataraétée & ruinée, enfin que {a couleur de perle -& d’un bleu blancheître qu'on remarque à [a cataracte réfide dans cette caplule. Mais ce qui donne encore beaucoup de force à l'opinion que jai embraffée, ce font quelques accidens qui arrivent après certaines opérations de cataractes bien faites. Lorfque le fond de l'œil eft bon, que le criftallin a été retiré ou abattu en entiét, & l'opération bien faite, les perfonnes fur lefquelles on fait fopération de fa cataraéte ne devroient plus rien avoir à defirer pour bien diflinguer les objets, fi la cataracte confiftoit feulement dans Fopacité du criftallin. Cependant je trouve plufieurs cas dans lefquels l'extraction du criftallin ou fa dépreffion ne fuffifent pas pour rétablir la vifion, & ces cas fe réduifent aux fuivans. Voir impafaitement après l'opération (toüjours cenfée bien faite & l'œil bon }. deux où le criflallin ne foit pas altéré. On ne fera point furpris que cet auteur penfät ainfr touchant la ca- taraéte membraneufe , quand on fera réflexion qu'il préfumoit feulement que la capfüle antérieure du criftallin pouvoit devenir opaque. . . . « Pour » cequieft, dit-il, des cataractes > membraneufes, j’en remarque de » deux fortes; la première eft une » fuite de l’opacité de la membrane > qui revêt le chaton de Fhumeur » vitrée derrière le criftallin; Ja » feconde fuccède aux fluxions de » Ja choroïde, à l’occafion defquelles » il s’épanche dans l'humeur aqueufe » une matière femblable à du pus, » qui, en fedefléchant, prend corps » comme une membrane, » On pourroit penr-étre en préfumer » üne troïfième, qui dépendroit de » lopacité de la membrane qui re- » couvre antérieurement le criftallin ; » fr tant eft que l’altération de cette » membrane peut arriver fans celle » de lhumeur criftalline: ceft ce » que l’expérience ne m'a pas encore fait voir. » Voyez le méme ouvrage, page 240, Preuves dé- duites de quel- ques accidens QUES arrivent après certaines opérations de catarates bien faites, 48 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Voir pendant quelque temps après l'opération, & cefer de voir par la fuite. Enfin, ne point voir du tout. J'ai tiré le criftallin de l'œil gauche à la nommée Cha- brier, l'opération fut bien faite, l'œil étoit bon; cependant cette femme voyoit imparfaitement après l'opération. Les dépouilles du criftallin reftées dans l'œil étant encore unies enfemble & placées derrière fa pupille, faifoient obftacle à la lumière, qui ne pénétroit au fond de l'œil que par les foins que prenoit cette femme de chercher l'objet en inclinant fa tête de côté & d'autre, jufqu'à ce que les rayons vifuels euffent trouvé louverture pratiquée dans ces flocons. La perfection de la vifion ne dépend donc pas feulement de l'abfence du criftallin, mais auffr de {a deftruction de la capfule, qui foit telle que fes lambeaux rompus par le milieu puiffent fe retirer fur les côtés de Ia püpille derrière l'uvée. Mais on voit quelquefois pendant un certain temps après lopération, & puis on cefle de voir: ce phénomène eft encore produit par l'altération de la capfule criftalline, & je trouve qu'il peut arriver de trois manières différentes. Lorfque le petit trou reflé aux flocons dans une vüe femblable à la précédente, vient à être bouché par un flocon déplacé. Lorfque la capfule antérieure fe colle à la poférieure ; après que le criftallin s'eft échappé d'entre elles. Le criftallin ayant été abattu par la méthode ancienne, l'humeur aqueufe étant un peu diflipée & la capfule antérieure du criftallin un peu ouverte, l'humeur vitrée s'avance en devant & diftend encore l'ouverture faite à la capfule, ce qui fait qu'on voit; mais l'humeur aqueufe vient-elle à fe régénérer, elle éloigne l'humeur vitrée & applique la capfule antérieure du criftallin contre la membrane du chaton, d'où il arrive que cette membrane, diftendue d’abord par a gibbofité de l'humeur vitrée, fe reläche, s'aplatit & fe colle à la membrane pofté. rieure, comme dans f’obfervation déjà citée de Valfalva. Vient-on à examiner l'œil quelque temps après l'opération, lon DES :S2CHMEENC ES 49 Jon eft furpris d'y trouver à peu près les mêmes apparences qu'il avoit avant l'opération, & que le malade ne voie plus. On ne manque jamais d'attribuer ce phénomène à une ca- taracte remontée: faltération de la capfule criflalline fait voir combien cette erreur eft grande. On cefle encore de voir quelque temps après l'opération par une autre caufe; c’eft lorfque la capfule poftérieure vient à sobfcurcir après qu'on a abattu ou retiré le criftallin, & qu'on a détruit la capfule antérieure. La nommée Guillaume, femme âgée de foixante-dix-fept ans, perdit l'œil droit, il y a neuf aps, par une cataracte. M. Hilmer lui fit, il y a quatre ou cinq ans, Popération; elle recouvra la vüe & vit parfaitement bien pendant trois ans: au bout de ce temps elle ceffa de voir auffi bien, fa vûe diminua de jour en jour, fans qu'aucun accident fenfible ait paru ÿ donner occafion. L'on obferve aujourd'hui dans fon œil derrière la pupille, qui eft mobile, une cataraéte d'un bleu blancheître, tant foit peu enfoncée, à laquelle on ne remarque rien de particulier, fi ce n’eft que cette couleur blancheître n'eft pas exactement ronde, mais qu'à fa circonférence il y a quelques points encore légèrement tranfparens, dont elle tire un jour infuffant pour fe conduire. Cette obfervation eft encore une preuve inconteftable de Faltération de la capfule criflalline, & fur-tout de la portion _de cette capfule qui tapifle le chaton, puifque le recouvrement de la vüe dans ce cas n’eft fondé que fur ce que la membrane antérieure ayant été détruite & abaiïflée avec le criflallin, lors de l'opération, la capfule poftérieure fe trouva tranfparente, & qu'elle conferva cette tranfparence durant trois ans que cette perfonne vit, après quoi elle ceffa de voir peu à peu. Cela exclud toute idée de cataracte remontée, puifque fi la cataracte füt remontée, la vüe {e ferbit perdue fubitement, au lieu que cette cataracte a paflé par toutes les nuances d'une cataraéle qui commence, s'accroît &, pour tenir le Jangage ordinaire, fe meurit ; & ce qui eft éncore d'une grande importance à re- marquer, c'eft qu'elle s'eft revêtue des mêmes apparences que Say. étrang. Tome 111. G Septième obfervation: Huitième obfervation. 50 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Jes cataracles ordinaires, tellement qu'il feroit bien difficile de diftinguer cette maladie d’une autre cataraéte. D'où on feroit forcé de convenir, sil étoit encore befoin de le prouver, que puifque laltération de la caplule a les mêmes apparences que celles de fa cataracte où le criftallin n’eft pas encore déprimé, il faut que la couleur cataraétée, dans un cas comme dans l'autre, réfide dans cette capfule; mais c'eft une chofe qui a été prouvée ci-devant d’une manière à ne laifler aucun doute, J'ai encore un autre exemple de l'altération de la caplule criftalline poftérieure dans la perfonne de la nommée Michel Charié, à qui M. Saint-Y ves fit l'opération, il y a fix ans: élle a vü pendant trois ans, peu à peu elle a ceflé de voir; k vüe eft entièrement éteinte aujourd'hui. On trouve un exemple à peu près femblible à ceux que nous venons de rapporter, dans un homme de Dijon, dont il eft parlé dans le fecond volume des Mémoires de VAca- démie royale de Chirurgie, avec cette différence cependant, que cet homme ne vit clair que le jour de l'opération, & qu'il perdit la vüe le lendemain par une inflammation. M. Hoin, qui rapporte le fait, trouva, après la mort du malade arrivée trois femaines après l'opération, le criflallin, qui étoit opaque, jaunâtre, un peu petit & dur, fitué à la partie in- férieure de l'œil : il remarqua en outre une cataraéte mem- braneufe ou capfulaire, large comme une lentille, qui cou- : vroit l'endroit du corps vitré qui avoit fervi de chaton au criftallin. Toutes ces obfervations concourent à prouver, avec celles que j'ai rapportées ci-deffus, laltération de la capfule criftal- line dans la cataracte ; fait qu'il étoit bon de conflater & d'appuyer fur des obfervations irrécufables, comme fur des fondemens folides &’inébrantables. Non fulement les malades recouvrent quelquefois la vûe pour la reperdre après, mais ce qui eft pis encore, c'eft de ne fa recouvrer jamais, quoique l'opération foit bien faite: c'eft le troifième cas où l'extraction du criftallin ou fa dé: preflion ne fufhfent pas pour rétablir la vifiont DES | SMCHANBANQC:E S st Ce n'eft pas une chofe fort rare de voir une opération de la cataracte bien faite, le fond de l'œil étant bon, cepen- dant ne pas réufhr: sil y avoit quelque chofe de furprenant, ce feroit au contraire qu'elles réufliffent dans certaines cir- conftances. Les trois oblervations par lefquelles nous venons de prouver Yaltération de la capfule criftalline poftérieure dans fa cataraéte, font voir qu'on peut fort bien abattre ou retirer le criftallin fans rendre la vûe, fi, lorfqu'on opère, la caplule poftérieure eft déjà altérée. Combien d'opérations qui ne réuffifient pas par cette feule raïfon! & ce qui. eft encore pis, combien de fois les Oculiftes, faute de connoître cette circonftance, ne fe font-ils pas opiniätrés à abaifler cette membrane ! La méme chofe arrive auffi par rapport à la membrane capfulaire antérieure, lorfqu'elle eft trop adhérente par fes bords pour fe détacher : c'eft un accident qui entraine encore aflez conununément la perte de l'œil, parce que par tous les mouvemens qu'on eft obligé de donner à aiguille dans la vüe de terminer l'opération, lon rompt toutes les cellules de l'humeur vitrée, le ligament, les fillons, les proceflus ciliai- res, &c. Je ne trouverois, s'il étoit befoin de prouver ce que je viens d'avancer, que trop d'exemples de cette ficheufe vérité, dans la pratique des plus habiles gens; mais comme il eft plus équitable d'avouer fes fautes que de dévoiler celles des autres, & comme d'ailleurs il eft d’une grande impor- tance de bien connoître la caufe pour laquelle nous faifons quelquefois tous ces mouvemens, je rapporterai ici une de ces opérations malheureufes, qui. a le plus contribué à me détacher de l'opinion de Brifleau & de Maïtre-Jan, &-à me faire embraffer la nouvelle méthode d'opérer la cataraéte. L'aiguille portée dans l'œil droit de la nommée Dargent; à qui je failois l'opération de Îa cataracte felon l'ancienne méthode, ne produifit aucun changement à la couleur cata- ractée, quoique je fiffe tous les mouvemens convenables pour abattre le criftallin : ayant avancé Ja pointe de cétte aiguille en devant, à deffein d'en fuivre les mouvemens à travers la. Gi HNeuvième obfervatiom 2 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE pupille, j'obfervai qu'elle étoit au milieu de la couleur de perle, & qu'en la baiflant elle n'abattoit point la cataracte, mais qu'elle la divifoit par une incifion faite de haut en bas. Tous les autres Imouvemens que je fis ne fervirent qu'à attirer fur l'œil une grande inflammation qui s'accrût de jour en jour, & la fin de tout ceci fut la perte de l'organe, dont la malade ne fut dédommagée que par la vûe qu'elle recouvra de l'œil gauche opéré fuivant la nouvelle méthode. Ceux qui ont fuivi M. Hilmer dans toutes fes opérations qu'il fit à Paris, en ont vü, comme moi, beaucoup de cette elpèce. On ne manque jamais de rejeter le défaut de fuccès fur la mollefle du crifhilin, en quoi je trouve qron fe trompe beaucoup: ce n'eft pas qu'il n'arrive effectivement quelquefois que le criftallin ait perdu de fa confiftance; muis ceft une chofe moins commune qu’on ne le penfe, puifque je pourrois déjà compter plus de cent criftallins folides que j'ai vûs depuis qu'on en fait l'extraétion. Je reviens à mon opération. Ayant réfléchi fur la caufe de la difficulté que j'avois eue à abattre cette cataracte, je penfai, & je foûtiens encore au- jourd'huï, que ce que je voyois couper avec tant de facilité étoit la membrane criftalline antérieure fortement attachée par fes bords, qui cédoit au pañlage de l'aiguille, & je fuis d'autant mieux fondé à le croire, que l'aiguille pañoit au milieu de la couleur cataractée. Combien de fois n'a-t-on pas eru ‘ rencontrer une cataracte caféeule, qui n’étoit rien autre chofe qu'une femblable altération de fa caplule criftalline On a vû dans cet article 1.” que la capfüule criftalline, peu détruite par l'opération, empêche de voir parfaitement, quoi- que le criftallin foit retiré ou abattu, & on en à conclu que la perfection de l'opération de la cataracte confiftoit à ruiner la capfule. 2.° Que la capfule criftalline étoit caufe qu'on cefloit de voir après l'opération, foit que le trou pratiqué au milieu de la caplule fe bouche par un flocon, foit que la capfule antérieure s'applique contre la poftérieure, {oit enfin que la capfule criflalline poftérieure dévienne opaque après l'opération, DES SCcHENICESs. s3 3° Qu'on ne doit pas toùjours compter fur un heureux fuccès après une opération bien faite, puifque la capfule pof- térieure pouvant {e trouver opaque, priveroit de la lumière, quoique le criftallin foit extrait ou abattu. 4° Que l'opiniâtreté à vouloir abattre ceite cataracte en- traîne la perte de l'œil. 5.” Que l'on trouve quelquefois de la difficulté à abattre la capfule antérieure, & que la facilité avec laquelle l'aiguille traverfe cette capfule, fans l’abattre, en impofe & fait prendre cet état pour une cataracte caféeufe. I réfuite de toutes ces chofes, que [a capfüle criftalline joue un grand rôle dans la cataracte, foit pendant, foit après Yopération: c'étoit ce que je voulois établir dans cet article. I! me refle une dernière preuve; c'eft l'examen de ce qu'on remarque dans les yeux cataractés, avant l'opération, & je me flatte de n’y pas trouver moins d'avantage que dans les précédentes obfervations. La pratique fait voir des yeux dans lefquels fa cataracte eft fuperficielle & fituée près de la pupille; elle en fait voir d’autres au contraire qui font fort éloignées de Ja pupille & fort profondes. Ces deux efpèces de cataractes s'expliquent dans l'opinion de M. Antoine par le plus ou le moins d’ac- compagnemens; ce qu'il faut entendre préfentement par le plus ou le moins d'épaiffeur de la capfule antérieure: fr on - fait attention que fa chambre antérieure n’a que la huitième partie d’une ligne à la circonférence de la prunelle, & peu de chofe de plus à la grande circonférence de l'iris, & que c'eft dans ce petit efpace que joue la capfule antérieure plus ou moins épaifle, on comprendra difficilement comment il peut fe faire que quelques cataraétes paroiffent être à plufieurs lignes de profondeur, pendant qu’il y en a d’autres fi fuper- ficielles, & pourquoi il y a une fi grande différence entre la couleur des unes & des autres. Je vais examiner comment la chofe peut fe faire dans mes principes, & pour mettre plus d'ordre dans ce que j'aurai à dire, je parlerai féparément des cataractes fuperficielles où G iï Preuves fondées fur ce qu'on remar- que dans les yeux cataraétés avant J'opéra- tion, Des cataractes fuperficielles ou capfulaires antérieures. 54 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE capfulaires antérieures, & des cataraétes profondes ou caplu- laires poftérieures. Les cataractes capfulaires antérieures font fuperficielles, elles font fituées immédiatement derrière la pupille & derrière - l'uvée: il y en a de convexes, de plates & de pointues. Les couleurs qu’elles font voir réfident en elles, ou font réfléchies de l'uvée: {a couleur blanche, l'état fpongieux & beaucoup plus épais de cette caplule, font à peu près le caractère & le genre d’altération qu'a cette membrane dans la cataracte, quand elle eft encore entière, & la couleur bleuâtre paroït feulement empruntée de l'uvée. Effectivement, lorfque cette membrane n'eft plus difpofée de façon à recevoir les réflexions de l'uvée, elle eft tout-à-fait blanche. La cataracte caplulaire antérieure arrête les rayons devant le criftallin , la cataraéte capfulaire poftérieure les arrête feulement derrière le criftallin; celle-ci imite parfaitement l'eflet de a feuille que mettent les bijou- tiers fous les pierres tranfparentes. Les cataractes antérieures que j'ai appelées convexes, font celles dont Ja capfule antérieure eft également épaiffe à la circonférence & au centre, elle eft moulée fur le criftallin; c'eft la plus commune: cette cataracte eft unie, d'une belle couleur de perle, où d'un bleu blancheître, parce que la pupille ayant encore fon reflort, comme je le fuppofe dans tout ce que je dis ici, laifle entrer peu de jour dans l'œil, ce qui jette de l'ombre fur la cataracte, & parce que la capfule criftalline étant convexe & montée fur le criftallin, laiffe vis-à-vis fon bord & la grande cireonférence de l'uvée un efpace plein d'humeur aqueufe dans la chambre poftérieure, au moyen duquel efpace la couleur de l'uvée lui eft réfléchie, La cataracte plate eft celle dans laquelle fa capfule anté- rieure eft plus épaifle à la circonférence qu'au centre: les bords de cette capfule étant gonflés davantage que le milieu, s'élèvent au niveau du centre, & offrent par cette feule raifon une furface plate: cette cataracte eft un peu plus blanche & moins teinte de bleu que la précédente, parce que la chambre poftérieure étant plus remplie derrière l'uvée par Dies . SC RIEENC.E :S Y'accroiflement des bords de cette caplule, ne reçoit plus que peu de lumière pour la réflexion de la couleur de l'uvée. La cataracte pointue eft celle dans laquelle le centre de la capfule antérieure s'eft beaucoup plus développé que la circonférence; il s'élève en pointe, & déborde quelquefois de beaucoup la pupille, qui eft étroite & fort mobile. Sur foixante yeux cataraétés que j'ai examinés dans le courant du mois de Janvier 1755, il sen-eft trouvé trois de cette efpèce. Ces trois obfervations jettent tant de jour fur la ma- tière que je traite, & viennent f1 bien à l'appui de tout ce qui a déjà été dit, que je ne faurois me difpenfer d'en faire ufage ici. La nommée Ducancelle, fille âgée de vingt-cinq ans, aveugle dès l'enfance pour avoir regardé le Soleil, a la pupille de chaque œil d'une grandeur ordinaire & fort mobile : on aperçoit dans Jun & autre œil un corps membraneux, d'une forme pyramidale, dont la bafe, qui répond à l'ouver- ture de la prunelle, regarde le fond de l'œil & eft adhérente à la capfule antérieure: le fommet s'élève, & s'engage à tra- vers la pagile qu'il déborde. On croiroit voir une hernie de la caplule, produite par le défaut de réfiftance de la pu- pille, qui a permis à cette membrane de fe gonfler & qui lui a livré pañlage, pendant que le refle de cette capfule eft foûtenu & comprimé par-tout ailleurs. Une autre cir- conftance qui elt encore digne de beaucoup d'attention, c'elt que le fommet & lwpartie de ce corps pyramidal qui débordent la prunelle, ou qui font feulement engagés dans fon ouverture, font blancs, pendant que tout ce qui eft fous la pupille eft d’un bleu blancheâtre: ce qui confirme par- faitement ce que j'ai dit ci-devant de la couleur de la caplule criftalline & de la couleur réfléchie de luvée; c’eft encore ce que confirme l'obfervation fuivante. Marie Jofeph a une cataracte pointue à l'œil droit, qui diffère feulement des précédentes en ce que celle-ci a pour caufe da fuppreflion de la fuppuration d'un ulcère qu'elle avoit fous le bras. Le fommet de cette cataracte eft blanc comme Obfervations, Dixième êT onzième obfervationss Douzième obfervarion, Des cataractes profondes ou capfulaires pof- £crieures, Treizième obfervation, 56 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE celui des deux cataractes précédentes, parce qu'il ne reçoit plus les réflexions de l'uvée, qu'il débordoit; mais fa bafe encore fituée derrière l'uvée elt couleur de perle ou d'un bleu blancheître. Ces obfervations font encore des preuves’ inconteflables de l'altération de la capfule, & de ce que j'ai dit ci-devant de la couleur blanche de la cataracte & de la couleur réfléchie de l'uvée. Je pañle aux cataractes caplulaires poftérieures. La cataracte caplulaire poftérieure paroît fituée plus pro- fondément que la cataracte caplulaire antérieure; mais pour qu'on puifle juger que cette catarate exifte, il faut que Ia capfule antérieure ne foit pas altérée, & que le criftallin foit encore tran{parent, deux conditions qui rendent cette cata- racte fort rare, ou pluftôt qui la laiflent ignorer. Efectiye- ment, fur foixante yeux cataraétés que j'ai examinés avec beaucoup d'attention dans le courant de Janvier dernier, j'en ai trouvé cinquante-neuf dans lefquels fa cataracte étoit fort fuperficielle, & un feul où elle étoit fi profonde & fr différente des autres, qu'il n'étoit pas poffibie de Ja confondre avec elles. Voici les caractères que je lui remarquai. La pupille étoit médiocrement grande. La cataracte étoit profonde, farge, concave, d'un blanc fale à la circonférence, & légèrement teinte de jaune au centre, 1 Ne pourroit-on pas rendre raifon de ces diflérens carac- tères, en difant, 1.° que la cataracte étoit large, parce que les côtés de l'angle qui partent du bord de la pupille doivent, en s’éloignant l'un de d'autre, laïfler une bafe d'autant plus large que la cataracte eft plus profonde ? | 2.° Qu'elle étoit concave parce qu'elle étoit moulée fur la convexité poflérieure du criftallin. 3 Qu'elle étoit blanche & plus légèrement teinte de bleu à fa circonférence que les cataractes antérieures, parce qu'elle étoit plus éclairée, étant moins proche de l'uvée. 4" Que le centre étoit moins blanc & un peu plus teint de jaune que la circonférence, parce que le criftallin plus épais \ D Æ 5: S:CcHNE;N«C:EiS. M. 57 épais & plus teint de jaune au centre que vers fes bords, failoit paroître le milieu de Ja caplule fur lequel tomboient les points jaunes, moins blanc, comme :dans mes expériences. Je dois avertir que ces caraétères font-pris fur lil d'une per- fonne de foixante-fix ans, c'eft-à-dire, à un âge oùle criflallin eft jaune: c’eft vrai-fembläblement la raifon pourquoi cette catarace faifoit paroître une couleur jaune au centre; ainfi on ne doit compter fur ce figne, qu'en cas que perfonne foit âgée, ou dans le cas d'une aflection païticulière du criftallin; car dans une jeune perfonne dans laquelle le criftallin auroit confervé f1 couleur-naturelle, Ja cataracte capfulaire poftérieure ne; feroit pas jaune au centre, mais feulement. blanche: .c’eft en eflet ce qu'on découvre dans l'œil d'une fille de vingt-{ept ans, entrée depuis peu à Ki Salpétrière. I y a fix ans que cette fille a perdu l'œil gauche: fa cataracte eft profonde, . concave, large & blanche, fans doute parce que le criftallin eft blanc & diaphane, comme on le trouve à cet âge. . Je viens de décrire dans cet article des cataraétes fuper- ficielles & des cataraétes profondes, & j'ai fait voir qu'il n'eft pas pofñible de rendre raifon de ces cataractes dans lopinion de Maitre-Jan. | . \J’ai établi plufieurs efpèces de cataractes antérieures d'après beaucoup d'obfervations: j'en ai montré qui font des preuves bien convaincantes de l’altération de a capfule antérieure; & de ce que leur fommet, qui débordoit la pupille, étoit blanc, & que leur bafe fituée, derrière l'uvée étoit bleuâtre, j'en ai conclu en confirmation de ce qu'on a vû ci-devant, que la couleur blanche de Ja cataracte étoit a propre couleur de la: caplule, & la couleur de perle la couleur de l'uvée réfléchie fur la caplule. bio airs j J'ai décrit en outre les caractères d'une cataraéte capfulaire pofiérieure d'après une cataracte profonde: que nous, avons obfervée, & jai hafardé d'en donner une explication qui. 4 au, moins l'avantage 1de, rendre.raifon de plufieurs. phéno-. mènes inexplicables dans l'opinion de M. Antoine, Il réfulte destout,ce que j'ai dit, dans cet aride, qu'indépendamment H i7 Jay, étrang, Tome 111. * Voy. Mén. de l'Académie Roy. des Sciene. ane 1706. 58 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE des preuves de fait que j'ai rapportées de faltération de fa capfule criftalline, il faut encore néceflairement admettre l'altération de cette même capfule pour rendre raifon de la pofition & de la couleur de certaines cataraétes. Je terminerai enfin toutes ces preuves par une obfervation faite par M. Méry, au milieu de l'Académie, fur l'œil d'un homme à qui on avoit fait l'opération de la cataraéte environ un mois auparavant. On fait que M. Méry étoit encore lors de cette obfervation dans l'opinion, que la cataracte étoit une pellicule dans l'humeur aqueufe. Voici fes propres termes .…. « Je nai été détrompé que dans le moment même que j'ai ouvert l'œil de cet homme en préfence de l’Académie affem- blée : au lieu d'une cataracte membraneufe, que je m'attendois de lui faire voir, je fus fort furpris de ne trouver qu'un criftallin glaucomatique roux en couleur à lui montrer; il | avoit été rangé avec l'aiguille dans la partie inférieure du corps vitré, & confervoit encore une partie de fa tranfparence. » M. Méry ne put éviter de prendre le change ni de donner dans lillufion qu'a toüjours fait naître le déplacement du criftallin; cependant il avoit trop de fagacité pour ne pas tirer un autre avantage de fon obfervation. « Je laiffe (con- tinue-t-il quelques lignes plus bas) à ceux qui favent plus d'optique que moi à rendre raïfon pourquoi un criftallin glaucomatique paroïît dans l'humeur aqueufe, foit qu'il foit placé devant ou derrière iris, fous des caraétères différens de ceux qu'on y remarque quand il eft expofé à l'air. Cette recherche me paroït fort curieufe, & mérite bien qu'ils y penfent férieufement *. » Ce problème élevé & propolé par M. Méry, doit lui faire beaucoup d'honneur. Je me trouve fort heureux de n'être rencontré avec un auffi favant homme, & mon bonheur feroit grand fi Ÿ Académie adoptoit la folution que je compte en avoir donnée, Les avantages qu'on retirera de ce Mémoire font, 1.” que Yon connoîtra mieux la nature de la cataracte, | 2.° On fera inftruit que le criftallin eft fouvent tranfparent À DéE:s S: CAUEMNi CCE S; it 59 dans Ja cataracte, ce que j'ai prouvé contre l'opinion commune. 3-° Que fouvent il faut attribuer à l'altération de Ja caplule, ce que l'on attribuoit à l'opacité du criflallin. 4.” Que ceft la capfule altérée qui donne au criftallin tranfparent les apparences "qu'il a dans l'œil cataracté; qu'au furplus le criftallin a la même couleur dans l'œil qu'à l'air libre. .” Que Ja couleur blanche eft la propre couleur de Ia caplule affectée, & que la couleur bleue eft feulement ré- fléchie de l'uvée. 6.” Que lorfque le criftallin eft opaque, comme lorfqu'il eft tranfparent, c'eft la capfule criftalline qui eft Ja caufe de la couleur de perle qu'on y obferve, & qu'ainfi elle eft malade dans les deux. cas. | 7. Que quelquefois cette capfule eft révêtue de la couleur de la cataracte étant encore entière, & que d'autres fois elle a à peu près la même couleur, mais qu'elle eft réduite en lambeaux qui font adhérens au criftallin ou à l'uvée. 8. Que ce font ces deux différens états qui rendent né- ceflaire ou inutile la feétion qu'on fe propole de faire à cette capfule dans la nouvelle méthode, & l'iffue du criftallin plus ou moins facile, 9." Que le fuccès de l'ancienne méthode, comme de a nouvelle, n’eft pas feulement fondé fur labbaïfflement & lextration du criftallin, mais qu'il dépend encore de la deftruétion de la caplule, & que c'eft ce qu'on a fouvent fait dans l'ancienne méthode fans le favoir. 10. Que la deftruction dela capfule en a impofé pour une cataracte caféeufe. 1 1. Que l'altération de {a capfule peut en impofer pour une cataracte remontée. 1 2." Que les débris de la capfule reftés dans l'œil empêchent de voir parfaitement. 1 3. Que quelques accidens arrivés à a caplule à Ia fuite d'une opération qui a été faite avec fuccès, privent encore de la lumière. Hi 6o MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE 14:° Qu'il eft des cas où l'opération, quoique bien faite, doit être infruétueufe ; que par conféquent le défaut de fuccès en pareil cas ne fauroit être réputé une faute. | 15. Avec ces connoiffances on peut rendre raifon de Ja profondeur, de l'efpèce & de la couleur de certaines cata- races. : 1 6° Enfin, les connoiffances qu'on retire de ce Mémoire! porteroient à croire qu'il fuffroit pour rendre la vifion, dans tous les cas où le criftallin eft tran{parent, de le priver de fa caplule; mais la difficulté de favoir fi le criftallin eft opaque où tranfparent dans une cataracte caplulaire antérieure, celle qu'on trouveroit à détruire cette capfule fans intéreffer le criftallin & le’ déranger, & de plus la crainte qu'étant privé de fes membranes, il ne le füt aufli de fa nourriture &'ne perdit fa tranfparence ; toutes ces chofes, dis-je, doivent nous obliger à nous comporter toüjours comme fr le criftallin étoit opaque, & nous infpirer des précautions pour ruiner cette capfule. C’eft de quoi je parlerai dans un Mémoire, qui aura pour objet quelques attentions qu'on doit apporter dans l'opération de la cataracte faite felon la nouvelle méthode. { DRENS : SUCIISEMANN CEE! 5! 61 OBS VA TI ON S Sur un JULE où MILLEPIED cylindrique, brun- noirâtre, à deux raies feuille-morte rout le long du dos, à qui eff pourvi de deux cens jambes. Il vir ordinairement dans la rerre. C'effcelui que M. Linnœus appelle Scolopendra teres, pedibus utrinque cen- tum. Fauna Suecica, n.° 1260. Par M. DE GEER, Chambellan du Roi de Suède, & Correlpondant de l’Académie, E Millepied qui fera le fujet de ces obfervations, a été connu de Frifch, il en parle dans la zy,e partie, page 21 de fon Hifloire des infeétes en allemand, & il l'a repréfenté dans Ja Table 8, fig. 3, mais le deffein n’en eft pas aflez conforme à la Nature. IL eftaflez grand *, & des plus grands qu'on trouve dans ce pays; il eft long de feize lignes, & en a environ deux de diamètre. IL a la figure d’un petit ferpent, car fon corps eft parfaitement cylindrique : fa couleur dominante eft un brun- noirâtre; tout le long du dos il y a deux raies longitudinales feuille-morte, ou d’un roux clair ; les jambes font blancheâtres & tranfparentes. Quand on le touche, il contourne fon corps en fpirale *, à l'origine de laquelle la tête fe trouve: il refte fouvent très-long-temps dans cette pofure, & alors les jambes où embraffent la partie du corps qui leur eft oppofée, ou font au moins polées deffus. La tête * à un contour arrondi; le devant eft convexe ; en deflous elle eft garnie de deux dents ou mâchoires, placées entre deux efpèces de lèvres: elle porte deux antennes * qui font longues d'un peu plus d’une ligne, & qui font divifées chacune en fix articulations. Quand le Millepied marche, il remue ces antennes fans cefle; il tâte avec elles le plan fur H ï * Fig, * Fig. * Fig. * 44, 1, PA # Fig. 2, c, * Fio, 3,rr. * 1py ip 62 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE lequel il fe promène, comme s’il en vouloit reconnoitre Le terrein, La couleur des antennes eft brune. Le corps eft divilé en un grand nombre d’anneaux, j'y en ai compté cinquante-quatre: le premier anneau * a beaucoup plus de longueur qu'aucun dés autres; on pourroit le nommer un corcelet : les cinquante-deux anneaux fuivans font très- étroits: le dernier anneau * et à peu-près de la longueur du premier, & il eft terminé par une pointe dont le bout eft arrondi; en deflous on voit que cet anneau a deux convexités, entre lefquelles il y a une fente longitudinale, qui donne fans doute paflage aux excrémens, aux parties de la génération & aux œufs de la femelle. Notre Millepied eft pourvû de deux cens jambes; elles font placées en deffous du corps, en deux rangs dont chacun en contient cent: au milieu du deflous du corps on voit une ligne longitudinale *, à laquelle les jambes font attachées des deux côtés, de forte qu'il y a très-peu d'efpace entre origine des jambes d'un côté & celle des jambes de l'autre côté; ce qui eft affez remarquable. Les jambes font arrangées par paires, dont il y en a deux fur chaque anneau *, une de chaque côté, ce qui feroit en tout deux cens feize jambes ; mais le premier & les trois derniers anneaux n'en ont point, ainfi il n’y a que cinquante anneaux qui aient chacun quatre jambes; ce qui fait le nombre de deux cens: elles ne font longues que d'une ligne, c'eft vers leur origine qu'elles ont le plus de groffeur; de-là la jambe diminue enfuite infen- fiblement, de manière qu'elle fe termine en pointe: elles font divifées en fix articulations, & elles ont au bout un petit crochet aigu; on leur voit plufieurs petits poils courts. Quand l'infeéte marche, il agite les jambes & les meut avec beaucoup de facilité: on voit avec plaifr comment il fe fert de tant de jambes à la fois pour marcher; cependant cette marche eft fort lente, il femble gliffer fur le plan de pofition, à Ja manière des limaces & des limaçons. En faifant réflexion fur ce que chaque jambe doit néceffairement avoir fon mufcle particulier, par lequel l'infecte lui donne du mouvement, on L'4 DES SCIENCES. 63 eft frappé du grand attirail que cela fuppole, & qui fe trouve véritablement, dans le corps d'un fi petit animal. La peau dont le corps & la tête font couverts, eft dure & écailleufe; il femble que c'eft pour cela que la Nature lui a donné tant d'anneaux, afin que le corps eût une fouplefle néceflaire nonobflant la dureté de la peau; & c'eft ce qu'il a auffi en effet. Outre la pofition en fpirale qu'il prend fouvent, il peut donner au corps toutes fortes d’inflexions & de cour- bures, comme un ferpent. De chaque côté de la tête en deffus des antennes, on voit un des deux yeux, qui font grands, ovales & noirs; ils font à réfeau, comme ceux de tant d’autres infectes. Quand on manie ce Millepied ou qu'on le touche un peu rudement, il laiffe aux doigts une odeur forte & defagréable : au refte c'eft un animal pacifique, je n’ai jamais trouvé qu'il ait fait le moindre mal. Il vit ordinairement dans la terre; on le trouve fouvent fous les pierres qui ont refté fong-temps dans le même endroit fur la terre. Je crois qu'il mange le terreau même, car les excrémens que jetoit celui que j'ai confervé, me fembloient être compolés de grains de terre; mais ce n'eft pas fa feule nourriture : je lui ai vü ronger une nymphe de mouche, qui s’étoit trouvée par hafard auprès de lui, il en mangea une grande portion. Il eft donc auffi carnacier; mais s'il attrappe des vers vivans, c'eft ce qui m'’eft encore inconnu. Frifch dit qu'il l'a gardé long-temps vivant en lui donnant du fucre. Celui dont je viens de donner ici la defcription étoit une femelle; car elle pondit un grand nombre d'œufs d’un blanc fale, dans la terre, près du fond du poudrier, où elle les avoit placés en un tas les uns auprès des autres: ils font très-petits *, & de figure arrondie **. Je n'efpérois pas voir des petits fortir de ces œufs, car il étoit incertain fi la mère avoit été fécondée ou non; cependant après quelques jours, c'étoit le premier du mois d’Août de l’année 1746, de chaque œuf il fortit un petit Millepied blanc, qui n’avoit pas une ligne de longueur. J’examinai d’abord au microfcope " * Fig, 4. ** Fig, 5. * Fig. 6. *Fio, 7, rar, * Fig. 7 &S8. * Partie LV", page 22 de fon Hifloire fur les infecles en alle- gard, * Fie. 8, pp. 64 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE les coques d'œufs vuides, & je vis qu'elles s’étoient fendues en deux portions égales *, mais qui tenoient pourtant enfemble vers le bas. | Ces jeunes Millepieds ou Jules nouvellement éclos me firent voir une chofe à laquelle je ne m'attendois nullement. Je favois que les infetes de ce genre ne fubiffent point de métamorphole, qu'ils ne deviennent jamais des infeéles aïlés; ainfi j'étois comme afluré que les jeunes Millepieds devoient être femblables en figure, à la grandeur près, à leur mère, & par conféquent je croyois qu'ils étoient pourvüs d'autant de jambes qu'elle. Mais je vis toute autre chofe ; chacun d'eux n'avoit en tout que fix jambes *, qui compoloient trois paires, où dont il y avoit trois de chaque côté du corps: ils * avoient beaucoup de reflemblance avec des vers hexapodes, tels que ceux qui doivent fe transformer en infectes ailés. Si je n’avois vû que tous les œufs étoient vuides, & que ces petits in- fectes étoient placés tout autour des coques vuides, je n’aurois pas cru qu'ils étoient véritablement fortis de ces œufs; mais actuellement il eft clair qu'ils étoient les petits du grand Mille- pied, d'autant plus qu'aucun autre infecle n'avoit été auprès de lui dans le poudrier. Frifch dit pofitivement, que ce Millepied ne fubit point de métamorphole, mais que les petits font femblables à feur mère dès fa fortie de œuf *; ce qui prouve qu'il métoit pas parvenu à voir les petits de cet infecte, car autrement il auroit trouvé qu'ils n’ont que fix jambes lorfqu'ils font nouvellement fortis des œufs, & qu'ainfi ils ne font pas trop femblables à leur mère: il y a une grande différence entre n'avoir que fix jambes, ou en avoir deux cens. L'auteur n'a donc fait qu'une conjedure, & il s'eft trompé dans la fienne, mais fa faute eft très-excu- fable; car n'ayant pas vü les petits, il n'en a jugé que par analogie à d’autres infectes. J'ai été jufqu'ici dans la mème opinion, & j'y ferois encore, fi le hafard ne m'avoit procuré le bonheur de voir les petits de cet infeite. Le corps de ces jeunes Millepieds eft alongé & de figure cylindrique; mais il efl moins gros vers le bout poftérieur * que DES", SCUIMENNIC Es 65 que par-tout ailleurs; ce bout fe termine en forme arrondie, Il me fembloit que le corps étoit divifé en huit anneaux, dont trois des premiers font chargés de porter les fix jambes ; le dernier eft garni de plufieurs poils affez lonos * : quand on le regarde en deflous, on y voit une fente longitudinale * qui peut s'ouvrir & fe fermer ; en cela le petit eft femblable à la mère. La tête * tire fur a forme arrondie, elle eft garnie de deux petits yeux noirs, qui font fimples, je nai pü remarquer s'ils font à réfeau. Les deux antennes * font courtes & groffes, elles font compofées de quatre articulations & garnies de poils courts. Les jambes * font femiblables en figure à celles du grand Millepied, excepté que ces dernières font moins grofles à proportion de leur longueur: on voit de petits poils fur les jambes. Je Jaiflai mes jeunes Millepieds tranquilles dans 11 terre du poudrier jufqu'au $ du même mois d’Août, alors je les examinai de nouveau, & je fus frappé de ce que je voyois : dans l'efpace de quatre jours il leur étoit venu quatre nouvelles paires de jambes, de forte qu'ils avoient alors quatorze jambes *; ils étoient aufi beaucoup plus grands qu'auparavant. Je n'ai pas pü remarquer que cette augmen- tation de jambes fe füt faite par une mue: j'ai cherché les dépouilles qu'ils auroient dû avoir laiffées, mais je ne les ai point trouvées. Tous les changemens qui arrivent à la figure des infeftes fe font ordinairement par le moyen d'une mue; ceft ainfi qu'une chenille velue devient fouvent demi-velue & même ra, qu'une chenille devient crifalide, & la crifalide papillon : ce feroit donc un fait bien fingulier qu'un infecte acquit de nouveaux membres aufi effentiels que font les jambes, fans changer de peau. Oferai-je croire que les quatre nou- velles paires de jambes étoient venues de cette manière à mes jeunes Millepieds, qu'elles s’étoient développées ou qu'elles étoient forties du corps fans que l'infefte eût quitté fa vieille peau! Ja chofe eft trop nouvelle pour y pouvoir donner croyance entière, avant d'en avoir des preuves plus Say. étrang. Tome 111. 72 * Fig. 7; fe * Fio. $, re * aa, * Fig. 7, it Cs AFS 0; ti * Fig. 7 & 8. * Fig. 9, ide aa, * Fig. 8, aa, F*Fig. 9, pp # Fig, 9, & 66 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE convaincantes; car peut-être que les dépouilles qu’ils avoient lifées m'ont échappé par leur petiteffe. Nous favons que les jeunes araignées changent de peau peu de jours après qu'elles font {orties des œufs; peut-être qu'il en arrive de même aux Millepieds. Ce qu'il y a de certain, c'eft que ces jeunes Millepieds naiflent avec fix jambes feulement *, & qu’en quatre jours de temps il Jeur vient encore quatre paires de jambes, de forte qu'alors ils ont quatorze jambes, fept de chaque côté *. J'ai encore obfervé d'autres changemens fur ces Millepieds âgés d'environ quatre jours, qui font de même très-remar- quables, & qui femblent encore demander davantage d’être précédés d'un changement de peau. Les antennes * fe font beaucoup developpées, elles font devenues plus longues & moins grofles à proportion; & elles ont pris deux articula- tions de plus, elles en avoient fix, & d'abord elles n'en avoient eu que quatre *. La partie poftérieure ** du corps eft augmentée en anneaux, on y en voyoit alors plufieurs. Vis- à-vis environ la fixième paire de jambes de chaque côté du corps, fe trouvoit une grande tache ovale * d’un brun jaunâtre, dont il n’y avoit aucune marque auparavant. Voilà les chan- gemens qui fe font faits en quatre jours de temps fur ces petits infectes. Le huitième jour fuivant ils étoient encore dans le même état. Alors je fus obligé de partir de chez moi pour quelques jours, & à mon retour j'eus le déplaifir de trouver tous mes petits infectes morts; parce que la terre dans laquelle je les avois laifés, s’étoit defléchée ; ainfr voilà tout ce qu'ils m'ont fait voir jufqu'ici. EXPLICATION DES FIGURES. LES Figures 1 & 2 repréfentent le Millepied à deux cens jambes, dans fa grandeur naturelle. Dans là Figure 1 il eft roulé en fpirale, & la Figure 2 le fait voir étendu & en aétion de marcher; 44 les antennes; £ la tête; c legpremier anneau , qui a l'air d’un corcelet; p? l'anneau poftérieur, qui fe termine en pointe moufle. La Figure 3 fait voir deux anneaux du corps du Millepied en Ets SPCUMEENT CES. 6 deffous & groffis : on voit qu'ils ont chacun deux paires de jambes ip, ip, attachées au milieu du deflous du corps tout le long d'une ligne marquée rr. La Figure 4 repréfente quelques-uns des œufs pondus par le Millepied, dans leur grandeur naturelle. La Figure $, un des œufs précédens très - groffi. La Figure 6, la coque vuide d’un œuf tel que celui de Ja Figure ÿ , dont le jeune Millepied eft forti: on voit qu’elle s’eft fendue en deux portions. Les Figures 7 & 8 font deux jeunes Millepieds nouvellement _ fortis des œufs, tels que les précédens, & très-groffis : la Figure = Je montre en deflous, &la Figure 8 en deflus; z Ia tête; 24 les antennes compofées de quatre articulations chacune ; pp le bout poftérieur qui et garni de poils; /f) Fig. 7, fente qu'on voit en deflous du bout poftérieur & qui eft ouverture de l'anus. Il eft remarquable que dans cet état les Millepieds n’ont que fix jambes, marquées iii, iik La Figure p repréfente un jeune Millepied, tel que ceux des deux figures précédentes , inais qui a crû; il eft ici âgé de quatre jours. Il eft defliné vü avec Ia même lentille que les deux Figures 7 & 8. Un accroiffement fi fubit & fr confidérable n’eft pas moins remarquable que tout le refte : il eft très-remarquable fur- tout que les jambes fe font augmentées jufqu’au nombre de quatorze. Les fept d’un côté ii font les feules qui paroiflent ici. On voit encore que le bout poftérieur pp eft augmenté en anneaux. En 4 il ya une grande tache brune. Les antennes 44 ont deux arti- culations de plus qu'auparavant. 683 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ROUE CAT ESR CF SUR LES PER O:G.RIFASMMENT LL À. CHAMOPE D'E" L'AUNSI ELLE; Par M. A1MEN Correfpondant de l’Académie. Le Plantes nous offrent quelques phénomènes femblables à ceux que nous voyons dans les animaux : elles vivent, croiffent, fe multiplient, au moyen de certains organes, def- tinés chacun à des fonétions particulières. Les végétaux font fujets à bien des dérangemens, fouvent leurs organes font génés & léfés dans leur aétion, les liqueurs y font portées en plus grande ou en moindre quantité; la plante enfin eft fujète à être malade. Cet état contre nature fut d'abord obfervé où il étoit le plus frappant: les agriculteurs s'en aperçurent bientôt dans les arbres & dans les herbes qui nous font d'un ufage familier. Les curieux firent enfuite les mêmes obfer- vations fur quelques autres efpèces de végétaux; mais ces obfervations, fi l'on peut les nommer ainfi, ont été conftam- ment bornées à examiner certains vices des plantes. Je ne connois aucun Auteur qui ait pouflé fes recherches plus loin; & dans tous les ouvrages que j'ai lüs, j'ai trouvé très-peu de defcriptions exactes de ces fortes de maladies. Ce qui m'a furpris le plus, c’eft que je n'ai rien vü de clair & de vrai dans tout ce qu'on nous a laïflé fur les maladies auxquelles les blés font fr fujets: cette matière a été traitée cependant, ar les hommes les plus diftingués dans l'agriculture, dans l'Hiftoire Naturelle, & par des Phyficiens du premier rang. Sans doute que fatisfaits de connoître les effets du mal, ils ne f font point appliqués à en obferver les différens états, les progrès & les caufes. C’eft de quoi m'ont convaincu plufieurs recherches que j'ai eu occafion de faire fur les blés, aux Pas 68. PLI. fa. Hlrang Tim HT Pas.68 PLI, | | Fig. à AE | z Fig. 2 Fig.r | LR 17 PET (7) C DE 5 L S'IONMEMNICE:S 69 environs de Paris & dans la Guienne: ce font ces recherches que je me propofe de préfenter à l'Académie des Sciences. Je détaillerai aujourd’hui les découvertes que j'ai faites fur la nielle, & je tâcherai de décrire ce vice plus clairement qu'on n'a fait, & avec toute l'exactitude qu'un grand nombre d’ob- fervations répétées fouvent, avec l'attention la plus fcrupuieufe, produifent toûjours. J'examinerai sil fe trouve quelque vice femblable dans d'autres herbes, & je les comparerai enfemble. Je n'écrirai que ce que j'ai vü, & que tout le monde peut voir, parce que je crois que dans les recherches phyfiques il vaut mieux s'étendre fur les faits que fur les raifonnemens. Aucun des Auteurs que je connois n'a exactement déter- miné ce que c'étoit que sie/le. Les uns: ont cru que c'étoit une maladie peu différente du charbon ou de lergot ; les autres fous le nom de rielle ont décrit le charbon ou l'ergot, & les troifièmes enfin ont confondu les trois maladies enfemble. Pour nous, nous entendons par wielle ce vice qui réduit en une pouflière noire les fleurs des blés. y Cr Avant de faire connoître cette maladie, il eft à propos, je penfe, d'examiner l’épi des blés dans fon état naturel, afin qu'on puifle le comparer avec épi malade; & comme les parties qui compofent l'épi des différens blés font à très-peu de chofe près les mêmes, je donnerai feulement la defcription d'une efpèce aflez commune par-tout, comme eft l'orge, Je choïfis ce petit blé, parce qu'il eft celui qui de tous ef le plus fouvent niellé. L'pi de l'orge eft un aflemblage de plufieurs paquets de fleurs arrangés, vis-à-vis & au deflus les uns des autres, autour d'un axe commun, qu'on nomme l'ame de l'épi. Chaque paquet de fleurs eft attaché à une dent de lame, ceflü-dire, à une petite élévation de l'axe commun: cette petite élévation eft le fupport de la fleur. Le füpport a une petite houpe de poils blancs à chacun de fes deux côtés, & à fa partie poflérieure un petit enfoncement d'une ligne & demie de haut. Chaque paquet a trois fleurs, & chaque fleur a deux Li + Limaus, gen plant. gen. 80; 7 inde, 70 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE calices, le calice extérieur où commun qu'on à nommé la balle, & le calice propre de la fleur que quelques Botaniftes * prennent pour les pétales 2. Le calice extérieur eft compofé de deux pièces membra- Van Royen for. neufes, élevées, un peu concaves, larges d’une ligne à l'en- Lugd, pag. j 2. » Michel gen plant. pag. 35 © Anat. plant, a droit de leur infertion, & qui finiflent en pointe. Le calice de la fleur eft fait auffi de deux pièces mem- braneules, plus larges & plus longues que celles de l'enveloppe extérieure. La pièce extérieure, qui eft la plus confidérable, eft concave & finit en une longue arête garnie de petites dents; nos François Ja nomment barbe de lépi. La pièce intérieure eft pkue, moins large & moms fongue, mais d’un tif plus blanc & plus fin que là première : elle fe termine aufli en pointe. Aucune des parties dont je viens de parler, ne mérite le nom de pétales: les feuls organes auxquels on pourroit donner ce nom, font deux petites membranes blanches, minces, tranfparentes, arrondies en haut, plus larges dans la partie fupérieure que dans l'inférieure, rangées à la bafe de a fleur autour de l'embryon, reflemblant alors aux aîles d’une * mouche b; de petits poils bordent ces pétales, que Malpighi ! a vües le premier dans le blé de Turquie <. pag. ÿ2, tab. Les calices renferment les étamines & le piftille. Les éta- 35» %° 215: fines font au nombre de trois: elles font faites de deux parties, du filet & du fommet. Le filet eft une efpèce de pédicule blanc, droit, mince, capillaire, auquel le fommet eft attaché: les fommets font d’une figure oblongue & quadran- gulaire, chacun d'eux eft compolé de deux capfules adoffées l'une contre l'autre, & formées par une membrane élaftique qui contient une pouffière qu'elle chaffe dans un certain temps. On fait que les étamines font les organes mâles des fleurs. Le piftille occupe le centre de la fleur; il eft formé de trois organes diflérens, mais continus, & qui, quoiqu'ils ne faflent qu'un même corps, ont été diftingués en embryon, en ftyles & en fligmates. L'embryon n'eft autre chofe que les premiers rudimens de la femence ; il eft d'une figure conique: DES SCIENCES. » 7 les ftyles font deux petits filets divifés depuis l'embryon; ces filets font blancheîtres, ronds, courts, velus, & foûtiennent les deux ftigmates, qui font deux petits corps blancs, bordés de poils, ou mamelons remplis d'une liqueur : ces trois organes forment les parties femelles des fleurs. | Les fleurs dans lefquelles les étamines & le piftille ren- contrent font hermaphrodites ; celles dans lefquelles il n'y a que les étamines font des fleurs mâles: ces deux genres de fleurs fe rencontrent dans une efpèce d'orge & dans plufieurs autres graminées; les premières ont conftamment une femence, les fecondes font toûjours ftériles. Les plus remarquables des parties que nous venons de décrire, font les étamines & le piftille; ce font elles qui opèrent la fécondation & la multiplication des plantes. Je ne m'étendrai pas là-deflus; il eft aujourd’hui comme démontré que la fertilifation s'opère dans les plantes de la même manière qu'elle s'exécute dans les animaux. On eft convaincu que les étamines font les parties mâles, & que les piftilles font les organes femelles des plantes: on n'ignore pas que la pouflière que les fommets jettent, eft la farine fécondante. Voilà les différentes parties qui compofent l’épi de l'orge: examinons préfentement quel changement y produit la nielle, & quel eft l'organe qui en eft le premier attaqué. Le détail de mes obfervations eft, je penfe, le moyen le plus propre à en doriner une connoiflance exacte: je vais donc rapporter ici ce que j'ai obfervé pendant les années 1751, 1752 & VE) Les blés commençoient à peine à épier, que je fus au milieu des champs : là j'arrachaï plufieurs pieds d'orge; j'ouvris la gaine, qui eft faite de feuilles, pour voir fi épi étoit cor- rompu avant d'être expofé à fair. J'avouerai que dans mes premières tentatives, je brifai beaucoup d’épis fains; ce ne fut qu'à force d'en gâter que je parvins à diftinguer tout de fuite Vépi fain d'avec le malade. En voici les fignes: 1.° la gaine des épis fains eft plus groffe, plus renflée, fur-tout dans fon milieu: 2.° les épis viciés ont une odeur qu'on a # Rudolph. Jac. Camerarius,dif- Jert. deuflilagine pag. 3. D Entdechung der waren Ur- Jache, dc, cap. 4 S:16, \ 72 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'AÂCADÉMIE comparée à celle d'un harang fumé 2: 3.° lorfque les épis malades commencent à fortir de leur gaine, leur barbe, qui eft la première dehors, les fait connoïtre de loin; car elle eft blanche, au lieu que la barbe des épis fains eft verdâtre. La première fois que jobfervai ée dernier figne, j'ignorois encore qu'il eût été connu du célèbre M. Wolf ». J'examinai enfuite avec attention les pieds malades, avant que les épis fuffent épanouis. Les racines, les feuilles, la tige m'ont toüjours paru très-faines. Lorfque j'ai eu enlevé la gaine des épis les moins avancés, jai vû que les fleurs fupérieures étoient jaunâtres; celles de deflous avoient de petites taches, & les inférieures étoient blanchés. Trois jours après, ayant examiné de nouveaux épis, je vis que les fleurs inférieures étoient tachées & commen- çoient à devenir jaunâtres: alors la couleur des fleurs fupé- rieures tiroit vers le noir, & elles étoient entièrement de cette couleur vingt-quatre heures après, quoique même les épis eufient été féparés de leurs racines. Ces obfervations générales faites, j'examinai chaque partie de l'épi en particulier, & je vis que les balles étoient beaucoup plus pâles, plus minces, plus courtes que dans l'état naturel; que les barbes n'avoient guère que la douzième partie de la longueur & de la grofieur qu'elles ont ordinairement dans un épi fain, & qu'elies éioient courbées en plufieurs fens. Lorfqu'on a enlevé les balles de lun & l'autre calice, les pétles paroiffent à peine, tant elles font petites: les filets font plus cours & plus minces des deux tiers qu'ils ne font dans l'état naturel: les fommets ne contiennent aucune pouf- fière; leurs capfules font vuides, blanches & fétries. Les fligmätes font également petites & minces: on ne peut apercevoir, leurs mamelons, même avec la loupe. L'em- bryon paroît plus petit & plus rond: le fupport de l'embryon eft plus gros & plus renflé; on y aperçoit un petit point noir. Comme je voulois obferver à chaque inflant le progrès de cette maladie, je pris une douzaine d'épis, dont.les fleurs étoient dans l'état décrit, je les mis, dans un bocal qui contenoit de D E'S S'CYE NICE s. 73 de l'eau; ce qui fit que j'eus la commodité d'obferver que le point noir du fupport devenoit plus confidérable d'heure en heure. Le nombre des points noirs augmenta bientôt; {a tumeur du fupport augmenta auffi à proportion : elle me parut, douze heures après le premier examen, faire un corps glan- duleux, ou un parenchyme particulier. Enfin, peu après que le fapport de la fleur eft dans cet état, les taches noires s'ouvrent, & il en’fort une matière épaifle qui fe fige en petits corps ronds & noirs, à mefure que l'humidité s'évapore. L'ulcère & da tumeur s'étendent: les filets des étamines font, après le fupport, les parties de la fleur qui font viciées les premières. Nous les avons dit d'abord très-petits; mais à peine le vice commence à les atteindre, que leur bout inférieur devient faïllant, tuméfié & inégal : le vice fe pro- longe, il occupe bien-tôt une partie du filet, mais il n'en occupe jamais la portion fupérieure. Si lofque cet organe eft dans cet état, on l'examine avec une bonne loupe de quatre à cinq lignes de foyer , On aperçoit de petits points noirs qui pénètrent dans l'intérieur. Ces taches examinées deux jours après, ne paroiffent plus être les mêmes ; elles font plus grandes, & laiffent écoulér une matière tout-à-fait femblable à celle qu'on a và fortir du fupport. Les progrès des taches noires ou ulcères font alors fi rapides, que fi on kiffe pañer une feconde fois deux jours avant de les examiner, on trouve les filets rongés en entier; on ne voit à leur place que des filamens très-minces, couverts de-la pouffière en laquelle fe change la matière qui provient des ulcères. Des filets, la maladie paffe fucceflivement à l'embryon & aux ftyles; elle produit dans ces parties lesmêmes phénomènes, mais on n'aperçoit point quels progrès elle y fait: On ne connoît pas non plus quels progrès la nielle fait dans les pétales, dans Jes fligmates & dans les fommets, tant ces organes font maigres. Peu après qu'on a aperçu cette maladie dans les filets, on la reconnoît, dans les calices : quelques taches noires, fituées à l'extrémité inférieure des barbes la font diftinguer; ces taches font pénétrantes. :. . ÉD 2: Say, érang. Tome TI1, K MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE La maladie parvenue à cet état, il n'eft plus poffible de diftinguer autre chofe, fmon que les balles très-minces, noires, percées en quelques endroits, réfiftent encore à la diflention des matières qu'elles renferment : cette diftention augmente de moment en moment, puifque les ulcères fourniflent fans ceffe la liqueur dont j'ai parlé, ainfi fa quantité des pouffières devient . plus confidérable. Alors, fi après avoir enlevé avec la pointe d’une aiguille les balles très-faciles à être déchirées, l'on\examine la matière de la tumeur, on reconnoit tout de fuite qu'elle eft recouverte d’une petite pellicule très-fine, qu'elle n’eft com- pofée que de quelques fibres folides, de divers organes, & d'une quantité de pouffière noire; & comme ces pouflières, en fe féchant, fe font attachées aux furfices des filamens folides, ils font enfemble une mafle fpongieufe qui perfifte dans le même état jufqu'à ce que l'épi fe trouvant expofé aux rayons du Soleil, les balles foient déchirées en de petites parcelles, & laiflent échapper les poufières, qui, en fe féchant davantage, fe font fépaces des filamens folides & font devenues plus noires & plus fines; enfin, foit par la pluie, foit par le vent, les fibres flides & les pouffières noires font toutes enlevées, lame de Yépi demeure nue. Tels font les divers fjmptomes & les différens degrés de la maladie nommée par les Anciens uflilago, en un mot de la vraie nielle des blés. | Tous les épis niellés cependant ne font pas totalement dé- truits: j'en ai obfervé deux ou trois fois dont toutes les fleurs inférieures étoient réduites en pouflière, mais dont la plus. grande partie des fleurs fupérieures paroïfioient au premier coup d'œil êtreten très-bon état : en effet, les calices & les barbes. de ces fleurs ne font pas atteints du vice, les feuls organes de la génération font détruits; ce qui fans doute ne provient que d'un moindre degré de a maladie, Des organes de lxfleur, la nielle ne pafle point aux tuyaux ni aux feuilles, ni même à lame de l'épi; toutes ces parties font ordinairement dans un état fain: on voit bien quelquefois. des taches noires fur le chaume, mais ces taches font de 12 même nature que celles qu'on voit fur les chalumeaux des épis * DO ES : SAC NC CE :S. 7$ füns; ainfi la nielle n’eft pas un vice général de toutes les parties de la plante, mais feulement une maladie des diflérens organes de la fleur, Les fymptomes que je viens de décrire dans l'orge nielleux, font les mêmes dans les autres blés atteints de cette maladie. L'avoine, le froment, Fépautre font fujets à étre niellés, moins à la vérité que l'orge: le feigle l'eft aufir, quoique plus rarement. J'ai vü quelques efpèces de chiendent attaquées de cette maladie, entre autres celle qui eft nommée par les Bo- taniftes, gramen datlylon anguflifolium fpicis villofis. €. B. p. 8. Parmi les efpèces d'orge, l'efcourgeon eft le plus füjet à fa nielle. Je ne dois pas finir fans avoir fait remarquer qu'un obfervateur peut voir en mème temps, & dans le même épi, les différens états du mal : s'il examine les fleurs les plus bañles, il trouvera le vice dans fon commencement, & il en verra le progrès à mefure qu'il portera fon attention fur les fleurs fupérieures. . Les divers degrés de F'altération que nous venons de décrire dans la nielle des blés, feroient-ils particuliers aux graminées, & ne les rencontreroit-on pas dans d’autres plantes? C’eft ce .que Ja plufpart des Auteurs ont négligé d'examiner, où ont peu examiné; mais c'eft ce qu'un Obfervateur exact ne doit pas pafler fous fdence, dans un füujet où il traite des vices dont la connoïffance exaéte peut apporter beaucoup d'utilité : ainfi je ne crois pas qu'on m'accufe d’être forti de mon fujet, fi jexamine, en pañlant, quelques herbes dans lefquelles j'ai obfervé la nielle: je fuis même forcé à rapporter ce que j'ai vû, parce que quelques Auteurs ont remarqué que certaines plantes étoient fujettes à avoir leurs fleurs réduites en pouflières. J. Bauhin, Ray & quelques autres ont vû cette maladie dans une efpèce de fcorfonère +, & dans une efpèce de lychnisb, Mentzel"dans Ja perficaire, Morifon dans la barbe de bouc. En lifant ces obfervations, je foupçonnai que les fleurs de ces plantes ne pouvoient être réduites en pouffière que par un vice peu différent de la nielle: ma conjedture fe trouva jufte. Je vais décrire le vice que j'ai và dans les fleurs mâles de Ki s Seorçonerz palufris pulveri- fora. H. R. D Lychnis fil- vellris alba fim- plx. C LB. p. 204: 76 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE l'efpèce déjà nommée de chnis. Les curieux me pardonneront d’aûtant plus facilement cette digreflion, que la maladie du lychnis eft fa même que celle des blés, & que cette plante, qui eft très-commune dans nos campagnes, fleuriflant depuis les premiers jour$ du mois de Mai jufqu'à la fin d'Oftobre, fournit toutes les commodités pour, bien obferver: de plus, ‘ les fleurs de cette plante étant d'un certain volume, elles découvrent à l'œil ce qu'on ne peut bien voir dans les blés qu'avec la loupe. Les fleurs malades de ce Iychnis ne s'ouvrent jamais entière- ment ; leurs différentes parties font plus petites que celles des fleurs faines : à peine les premières commencent à être niellées, que la bafe de leur calice devient plus large & plus ronde, Les côtés augmentent à proportion, & fa furface externe devient inégale; cette inéoalité devient plus confidérable, à mefure que le calice fe renfle davantage, c'eft-à-dire, à mefure que la maladie fait du progrès. La nielle du [ychnis a fon principe dans le fupport de la fleur : il: fe forme dans cette partie une fubftance glanduleufe, qui eft marquée en plufieurs, endroits par de petits points bruns & relevés. . Ces taches deviennent bien vite de vrais ulcères, d'où il flue une liqueur épaifle qui fe change, en fe defléchant, en des pouffières purpurines. Les filets des étamines font enfuite attaqués, ils deviennent charnus; leur furface externe ne change point de couleur, pendant qu'ils font intérieurement remplis d'un parenchyme verd : fa bafe eft la première partie du filet qui foit ulcérée. L'ulcère fe prolonge, -& gagne enfuite une partie de cet organe ; car la parie fupérieure des filets ni les fommets ne n'ont jamais paru augmenter de grofleur. Des filets la nielle paffe aux pé tales, leur partie moyenne.devient bourfoufilée, a pellicule s'enlève & laifle à découvert un ulcère"dont les bords font calleux : il en arrive autant à la partie interne du calice, c'eft- à-dire que toutes les parties de la fleur font atteintes par des ulcères qui fourniflent des pouflières fémblables à celles qui découlent du fupport: enfin, de même que dans les blés, les ulcères rongent en entier ces parties, & fon n'aperçoit dans Dis, SGEN ETS. 27 Yintérieur du calice qu'une mafle compofée de-pouflières pur- purines & de quelques fibres folides. Les fleurs femelles de cette plante font fujettes. aufli à être niellées *: toutes les fleurs d'un même pied font conflamment vicices. Voilà l'ob- - fervation que je n'ai pas voulu paffer fous filence, parce qu'il eft certain que des faits étrangers, mais de même nature, donnent un certain jour, & peut-être un poids, aux vérités nouvellement connues. La nielle, qui dans les blés & le ychnis a fon principe dans le füpport, & qui dans cette dernière plante affecte les filets fans que les fommets foient attaqués, préfnte un phénomène diflérent dans les fleurs mäles du maïs, ou blé de Turquie. Dans cette plante, le vice a fon principe dans les fommets; il y a mème fon fiége, & il ne paroït pas changer en rien les filets; les pétales, ni les diflérentes pièces du calice n'en font point viciés. Les fommets, au contraire, de quadrangulaires qu'ils font dans l'état naturel, deviennent gros, renflés, d'une figure ronde, & traverfés d’une extrémité à l'autre par quatre petits filons qui diminuent à proportion que les fommets grofliflent davantage, & qui difparoilfent enfin. D'abord ces fommets font d'un jaune foncé, peu après on aperçoit à la loupe quelques petits points noirs qui sé- tendent à mefure que le mal fait du progrès; enfin les capfules fe féparent les unes des autres, & laiffent échapper des pouf- fières qui quelquefois font brunes, & qui d'autres fois font fort noires. Toutes les fleurs d'un panicule de maïs font niellées; mais il eft bon d'obferver que quoique fes organes mäles foient tota- lement perdus, les épis femelles, qui en font féparés, ne font viciés en rien; ils portent de très-bons grains, qui font vrai- femblablement fécondés par les étamines des pieds voifins; # M. Linnæus a mis dans fon | Botanifte a vü ces fleurs attaquées de Hort. Cliff. 170, une obfervation fur | la nielle ; il les a bien vûes couvertes cette plante , dans laquelle il dit | d’une pouflière purpurine, mais cette avoir vü les fleurs femelles toutes | pouflière n’eft pas celle qui féconde couvertes de la pouffière fécondante. | les germes végétaux. Je crois poftivement que ce grand K iÿ + Caryophyllus fi lveflris vulgaris latifolius, €. B. Pas. 209: b Alfine alif- fima nemcrum. €. B. p.250. Alfine pra- tenfs gramineo folio angufliore. 4nfl, R. H. © Lychnis fil- veflris quæ fa- “maria. vulgô. ll. R. H. À Mufcari ar- venfe latifolium purpurafeers. Ju. RH. € Sphondylium vulgare hirfutum 78 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE nouvelle preuve bien convaincante, que la nielle n'eft pas un vice général de toutes les parties de fa plante. Les fleurs d'œillet fauvage + font fujettes à la même efpèce de nielle: les fommets font la feule partie de la plante qui en foit attaquée; dans cet état, ils font d’une couleur pourpre. M. Bernard de Juffieu obferva le premier, en 1751, fa maladie de cette plante; il eut la bonté de n'en fire part le jour même. Nous obfervames enfembie fur un grand nombre de pieds de cetie plante, que toutes les fleurs d'un même pied étoient viciées. Depuis ce temps, j'ai vü & examiné avec foin dans plufieurs provinces cet œillet, dont toutes les fleurs étoient niellces de la même façon. J'ai vû la même maladie {ox deux efpèces de morgeline b, fur la favoniére <, fur un mufcari à : M. Bernard de Juffieu l'a obfervée fur une efpèce de berce © ; & M. Buttner, favant Botanifte Pruflien, m'a dit que dans les environs de Gottingue il avoit trouvé, avec le célèbre M. Hailer, les fleurs du phellandrium attaquées de ce vice. Je crois qu'on peut diftinguer ces efpèces de nielle par les parties qu’elles attaquent les premières ; ainfi cette maladie peut être nommée dans les blés la nielle du fupport, & dans le mais & l’œillet la nielie des fommets. J'ai vü dans le ffatic , vulgairement Therbe à fept tiges un vice qu? commençoit par les fommets; mais ce vice eft toute autre chofe que la nielle. Je ne rapporterai point ici ce que j'ai obfervé dans la nielle de ka fcorfonère : je dirai feulement que cette maladie ne me paroït pas être la même que celle des blés, & qu'elle mérite une différtation particulière. Il eft furprenant que tant de Naturalifles fi éclairés n'aient pas reconnu les progrès du mal que nous venons de décrire ; progrès qui font fi fimples, fi vifibles, & qui coûtent fi peu à obférver, qu'il femble qu'ils devoient être connus depuis long temps: néanmoins perfonne, que je fache, ne les a décrits. J'avoue que bien des fymptomes de ce vice feroient échappés à mes recherches, f1 M. Bernard de Juflieu, de l'Académie des Sciences, n'eût voulu fe donner la peine de DNB:sS : SAC TÉRANNE ES. revoir les obfervations que j'avois déjà faites , & d'en faire de nouvelles avec moi. Les caufes de la nielle n'ont pas été mieux connues que fes progrès : une partie des Auteurs fe font copiés , & la plufpart ont négligé d'examiner ce vice, avant que épi fût forti de fes enveloppes ; quelques-uns ont eu cette attention, tels font Tragus, Tabernæ-montanus, J. Bauhin, Ray, Are M. Wolf, & quelques autres. Les premiers n’ont prefque rien dit; M. Wolf a feulement vû avec le microfcope les petits points noirs & pénétrans des barbes de f'épi +. Il a cru que * Æwrdckung la tumeur nielleufe n'étoit autre chofe que la divition de l'em- Frise a bryon en trois parties, d'où if a conjeéturé que la caufe dela + 5.76. nielle étoit un état monftrueux de l'embryon; car, felon lui, le grain niellé eft un monflre à trois corps P. Le refpect que © Zac. ci. jai pour ce favant homme doit céder à la vérité; je ne puis f 27 m'empêcher de dire qu'il s'eft trompé dans ce point: il a bien vi trois corps nielleux fur chaque fupport; mais, nous l'avons déjà remarqué, chaque fupport foûtient trois fleurs : d'ailleurs, la Ce de la nielle n'exifte point dans l'état .monftrueux.de Yembryon, puifqu'il y a des fleurs qui font niellées, & qui cependant n'en ont point; telles font, pour la plus grande partie, les fleurs de l'efcourgeon : en effet, cette elpèce d'orge n'a qu'une fleur hermaphrodite au milieu de deux fleurs mâles, & toutes les trois cependant font également niellées. Théoprafte <, Pline d, & leurs copiftes ont cru que les ° Hf. plan. caufes de la nielle étoient les pluies abondantes, où ce que # ET les agriculteurs nomment os mellitus. Comment cela peut- HiNL te Hif. Nan être, puifque lépi’eft niellé dans fa gaine, gaine qui eft { 4h. xvrr, cap. exactement fermée, qu il eft impoffble à à la pluie ou à toute 22477 autre liqueur d'y pénétrer ? Cette même raifon prouve que tous ceux qui ont penfé que ce vice provenoit du foleil, fe font également trompés: fi le foleil brüloit l'épi encore contenu dans la gaine, ne brüleroit-il pas, ou du moins n'altéreroit-il pas les feuilles de cette gaine? Ce n'eft certainement pas par de petits vers que la nielle eft occafionnée, puifqu'on ne voit aucune ouverture, aucun: a AMifecl. nat. cur,. dec, X, pag. 324: B Acarus ter- rflris abdonine depreffo. Linn, Faun, Sue. ° 1200. 360 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE pañlage par où ils aient pu s'introduire : de plus, ne les aper- cevroit-on pas avec le microfcope, lorfqu'on diftingue par ce moyen les premiers points ulcérés, qui ne {ont pas plus gros que la pointe d'une aiguille. Sans doute que les Auteurs de ce {entiment avoient oblervé, comme nous, qu'il fe rencontre, fur certains épis niellés, de petits vers qui fe nourriflent de la pouffière noire; mais s'ils avoient pouflé plus loin leur attention, ils auroient connu que ces vers ne {e rencontrent que fur une petite quantité d’épis malades, & feulement lorfque la nielle eft à fon dernier decré; ils auroient connu aufÎr que ces mêmes vers fe rencontrent fur les épis fains. Wepfer vit de très-petits vers rouges aux racines des blés niellés+, d’où il crut qu'ils étoient la caufe de la nielle. Tout autre Phyficien fans doute ne le croira pas ainfi ; il fait trop bien qu'on voit & qu'on coupe fouvent des arbres dans Jefquels on n'a pas aperçu le moindre vice dans les fleurs, quoique non feulement les racines, mais encore le tronc foïent rongés par des infectes : on fait auffi que fi les infectes nuifent à un arbre, en détruifant les racines, les fleurs & les fruits ne font pas attaqués de quelque vice plus particulièrement que les feuilles, le tronc, &c. Nos Jardiniers coupent tous les jours une certaine quantité des racines des herbes qu'ils re- plantent ; ces herbes croiffent mieux que fi l'on ne leur coupoit aucune racine. Au refte, j'ai vü, tout comme Wepfer, de petits infeéles rouges aux racines des blés; mais je les ai vüs indifféremment attachés aux racines des blés fains & des blés niellés: on neles trouve pas cependant par-tout, on les ren- contre feulement dans les endroits fecs, dans lefquels fes mottes de terre n'ont pas été bien écrafées. J'ai trouvé aux racines des blés deux efpèces d’infectes, dont Fun eft une mite b, & l'autre un puceron *, \ Quelques Phyficiens ont foupçonné que la nielle pouvoit bien venir de la piqüre de quelque infeéte ; fans doute à caufe qu'ils n'avoient pas fait attention, 1.° que ces infeétes fe * Cet infeéte n'ayant point été décrit, je le nommerai aphis graminum, trouvent > DYE:S ” SICAIMEMNICEE 15; 81 trouvent également {ur les épis fains & fur les épis niellés; 2.° que ces infeétes nont aucun organe propre à piquer. Nous trouvons tous les jours dans les souffes des légumes, des femences qui fervent de loges à des infeétes fans qu'elles foient attaquées de ce vice. Une mouche pique les fruits du cerifier, du prunier, &c. fans qu'on reconnoifle d'autre vice dans le fruit que la préfence de l'infeéte. M. de Reaumur a trouvé de petites chenilles dans les grains d'orge qui n’étoient pas niellés *. D'ailleurs, comment cet infeéte pourroit-il piquer exaétement toutes les fleurs d'un épi qui eft contenu bien avant dans fes enveloppes? comment attaqueroit-il tous les épis d'un même pied? pourquoi n'attaqueroit-il jamais quelque fleur particulière? pourquoi les organes des fleurs niellées font-ils dix ou douze fois plus petits qu'ils ne font dans l'état naturel? ce qui eft très- contraire aux effets des piqüres des infectes. … J'ai trouvé très-fouvent une mouche qui piquoit les jeunes fruits de la garance, elle y dépofoit même fes œufs; mais je n'ai jamais obfervé que cette piqüre produifit quelque chofe de femblable à la nielle, j'ai vü feulement qu'elle occafionnoit la ftérilité du fruit. L'on ne peut point avancer que la nielle foit produite par la nature du champ trop fec, ou trop mouillé, &c. fi l'on veut faire attention que de deux pieds qui fe touchent, l'un eft fain & l'autre eft niellé. J'ai également vü cette maladie dans toute forte d'expofition de champ, dans les endroits élevés, dans ceux qui font bas, dans les champs expolés, dans ceux qui font à l'abri, dans les terres féches, maigres, & dans celles qui font grafles & humides. Enfin lon ne peut point dire que cette maladie tire fon principe d'un vice de la fève: l'état des chalumeaux & des feuilles prouve bien le contraire. La fève fournit le fuc propre à nourrir les différentes parties des blés: dès que ce fuc feroit vicié, pourquoi lépi feul sen reflentiroit-il? pourquoi les autres parties de {a plante n’en feroient-elles affectées en rien? Nous ne nous arrèterons pas davantage à detruire des idées hypothétiques : il eft temps que nous donnions la véritable Say, étrang, Tome IL. | 1E * Hifloire des Jn etes, » {Ome Mém. 12. {1 Âly _8> MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L' ACADÉMIE caufe de la nielle, telle qu'elle s'eft préfentée à nous après bien des recherches. J'ai dit dans la defcription de cette maladie, que fa caufe immédiate étoit un état contre nature du fupport, un vice local de cette partie, qui occafionne d'abord une tumeur & enfuite un ulcère malin qui ronge toutes les parties de la fer- . tilifation. I nous refte encore à examiner les caufes éloignées, c'eft-à-dire, les caufes qui produifent la tumeur. * Hifl. pla. Ray ?, Florinus b & Becher © avoient conjeéluré que a Eb. XXI1, cap. IL. nielle provenoit d’un vice de la femence: ce fentiment me » Œcon. pred. Parût vrai-femblable, je travaillai à le vérifier. Pour cet effet, id. 112, cp. je pris une poigñée de la même efpèce d'orge, j'en examinai XIII, $. 5. € Jbid,pag. ? r. tous les grains les uns après les autres, j'y trouvai plufieurs variétés ; les uns étoient plus gros, & cédoïent à la preffion à laquelle d’autres de la mème grofieur réfiftoient ; les uns étoient de la groffeur ordinaire & réfiftoient aufli fous les doigts, lorfque des quatrièmes du même volume y prêtoient;. certains étoient d'une couleur plus foncée: quelques autres avoient l'enveloppe ou gercée en plufieurs endroits, ou flétrie, ridée & vuide de farine, & plufieurs autres avoient les deux extrémités de la même façon; quelques femences étoient les plus courtes, les moins “pefantes & les plus molles; d’autres étoient marquées de petites taches fituées de diverfes façons, ces taches étoient couvertes de moififlure; quelques-unes de ces femences enfin fervoient de loges à de petites chenilles de phalènes, ou de charanfon. Je féparai ces grains f1 diffé- remment conformés, je les mis chacun dans des papiers que je numérotai avec foin, je les femai tous féparément dans des endroits que je marquai, mais dans le même terrein. La plus grande partie des mes grains pouffèrent : il y en eut quelques-uns qui ne levèrent pas; tels furent ceux qui avoient les deux extrémités affectées, & ceux qui étoient & les plus maigres & les plus durs. La plufpart des femences que j'avois reconnu fervir de loges à des chenilles, levèrent, mais quelques-unes ne pouffèrent pas, par la raifon, fans doute, que ces infectes avoient rongé les germes. Les femences de s prévs, Siééeañie E:s 833 cæilte efpèce qui levèrent, ne produifirent pas des pieds auffi vigoureux que les autres, mais aufli feurs épis ne furent point niellés. Tous les grains moifis qui levèrent, eurent des épis niellés; ainfi j'eufle eu tout droit de conclurre que la moïfiffure des femences étoit la caufe première de Ja nielle, f1 parmi les autres grains que j'avois femés il ne s'en fût pas trouvé quelques- uns qui portérent des épis niellés. Je foupçonnai d'abord dans les femences un vice qui produifoit les mêmes effets que la moififlure; mais qu'eft-ce qu'un foupçon en Phyfique? J'avois examiné avec la loupe toutes les efpèces de grains que j'avois féparés les uns d'avec les autres, & je n’y avois rien aperçu: de plus, dans les endroits ou j'avois mis des femences par- faitement femblables, je trouvois des pieds fains & des pieds nielleux. Je crus alors que la moififlure pouvoit attaquer les grains, quoique couverts de terre, d'autant plus que la moi- fifure eft produite le plus fouvent par l'humidité. Je voulus vérifier cette idée; pour cet eflet, je choïfis plufieurs grains d'orge qui me parurent à la loupe n’avoir aucun vice externe, & qui au tact me parurent être de la même confiftance. Je les femai, ils levèrent le feptième jour; je les arrachai & les examinai tous féparément. Ces femences, pour la plus grande partie, ne me parurent pas avoir la moindre tache : j'en trouvai huit à neuf qui avoient leur enveloppe couverte en plufieurs endroits de petits filets blancs ; c'étoit une efpèce de moififfure. Je remis avec foin ces dernières femences en terre, elles ne produifirent que des épis niellés: j'ai répété pendant trois années cette expérience, & avec le même fuccès. Voilà une caufe de la nielle bien connue: il peut y en avoir d'autres que mes obfervations ne m'ont pas encore fait connoître. La moififlure des femences eft donc une des caufes de 1a nielle: comment peut-elle produire cette maladie, fi ce n’eft en changeant la difpofition interne de la femence? & ceft ce qui fait que toutes les fleurs d'un mème épi, & tous les épis d'un même pied font conftamment niellés. On m'ob- jectera peut-être que, dans l'ouvrage fur la multiplication d:5 Li ® Zoc, ci. S. 14, 84 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIÉ grains, M. Wolf dit avoir obfervé un pied d'avoine qui faifoit une toufle d'épis dont les uns étoient fains & les autres niellés *. Je crois que dans cette occafion M. Wolf a pris le charbon pour la nielle: fi cependant M. Wolf a parlé de Ja vraie nielle, je penfe, & j'ofe aflurer que dans ce cas fa touffe d’épis étoit formée de deux pieds au moins, c'eft-à-dire, d'un pied fain & d'un pied nielleux; ce qui m'eft arrivé quelquefois. J'ai v fouvent deux ou plufieurs pieds de blé qui avoient leurs racines tellement entrelacées, qu'on pouvoit les prendre pour un feul pied, & y voir alors des épis fains & des épis niellés; c’eft pourquoi il faut les arracher & les féparer avec attention les uns des autres, pour bien obferver. Mais pourquoi cette caufe n'infecte-t-elle pas les différentes parties des blés? Le vice général des parties de la fleur eft bien connu; çe qui occafionne que les fleurs font les feules par- ties qui foient attaquées, ne le fera peut-être jamais: il paroît dépendre d’une ftructure d'organes, qu'il eft impoffible«de dé- couvrir. On peut feulement, de l'obfervation de cette maladie, en inférer qu'il y a dans les plantes certains vices afledtés à des parties, & dont la caufe vient de la femence & continue à agir toutes les fois qu'il {e fait des développemens ou pro- ductions des mêmes parties. Une obfervation qui femble le prouver, c'eft que j'ai vü des pieds d’œillet fauvage ne pro- duire pendant trois années confécutives que des fleurs niellées. Ne pourroit-on pas dire que ce vice, qui vient de la femence, fe perpétue dans la production des fommets & des piftilles de toutes les fleurs? c'eft peut-être une fécrétion dépravée, d'où réfulte une liqueur fpermatique mal travaillée, privée de fes principes actifs, & changée totalement, quant à la quantité, à la forme & à la figure des globules, ou grains femblables à de la pouffière, qui doivent en réfulter, d’abord que l'hu- midité la plus ténue s'exhale. Comment fe forme, comment eft ulcérée la tumeur du fupport? J'avoue que je ne puis donner là-deffus que des. conjeclures : le mouvement du fuc féveux ne peut point être aperçu ; les vaifleaux de cette partie font fi petits, qu'il eft DES /SVCWPÆEN C Es. 8s impoffble de faire avec fuccès des recherches fur cette matière. Je vais hafarder, je le répète, une conjecture qui me paroît vrai-femblable. Le fupport des graminées, comme la plufpart des Botaniftes l'ont obfervé, fépare une liqueur douce, miellée, dont une portion s’extravafe autour de l'embryon, & dont la plus grande quantité fert de nourriture aux parties de la fleur: lorfque cette liqueur ne peut pas monté dans les organes de la fleur, elle doit féjourner dans le fupport, en déranger l'organifation, en diftendre les vaifleaux, & rendre par conféquent cette partie plus groffe qu'à l'ordinaire. La fève y féjournera & y croupira; elle sy corrompra donc, comme fe corrompent les autres liqueurs qui croupiflent, & fur-tout les liqueurs qui, comme celle-ci, s'aigriflent facilement. J'ai dit que cette conjecture étoit vrai-femblable, parce que la tige des blés étant dans fon état naturel, les vaifleaux de cette partie tranfmettent la même quantité de fuc féveux ; mais cette même quantité de fève ne paflera pas dans les différentes parties de la fleur, puifqu'elles font beaucoup plus petites que dans l’état naturel. Je donnerai dans un fecond Mémoire le détail des caufes de lergot & du charbon, & les moyens de prévenir ces maladies. J'y joindrai des obfervations particulières fur le charbon du maïs, & fur les caufes de la ftérilité des épis. des blés, 86 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE RUE MEMEÈLE À TO" NAS SUR BREVEDDEL PS) ES DFE. LU NES du 27 Mars 1755. Par M. PINGRÉ Correfpondant de l’Académie. 1 paroît par toutes les obfervations de cette Eclipfe, qui ont pû parvenir à ma connoiflance, que le milieu doit en étre fixé vers 12h 40’, méridien de Paris, c’eft-à-dire, minutes & demie environ plus tôt que je ne favois annoncé dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur de lire à l'Académie. J'avois fuppolé que les erreurs des tables Newto- niennes étoient abfolument {és mêmes après chaque révolution de 18 ans & 10 à 11 jours; en conféquence j'avois déter- miné l'erreur de ces Tables fur les obfervations d'une écliple correfpondante de Lune, obfervée dans plufieurs parties de l'Europe le 2 2 Février 170 1. L'événement n'a point répondu à mon annonce : eflt-ce erreur de ma part dans le calcul, ou faut-il renoncer aux avantages que nous avions lieu d'attendre du retour périodique des mêmes erreurs, confirmé par de nou- velles expériences? c'eft ce que j'entreprends d'examiner ici. Je voudrois que limperfection de mes calculs füt la caufe unique du défaut où ils viennent de fe trouver : je ferois plus attentif à l'avenir, & la dernière éclipfe donneroit un nouveau poids à une des plus belles, une des plus utiles théories que l'Aftronomie ait pû produire. Mais je fuis obligé de recon- noître que mes calculs font juftes ; je les crois hors de toute atteinte: ne refte-t-il plus donc d'autre parti que le defagré- ment de renoncer à la méthode fi fimple de corriger l'erreur des Tables par des comparaifons faites avec les obfervations précédentes? Je ne crois pas que nous en foyons réduits à cette extrémité. DES: SCENIC E ss 87 J'avois corrigé l'erreur des Tables, tant en latitude qu’en lon- gitude: la correétion en latitude s’eft trouvée affez jufte; les obfervations de Ja grandeur de l'éclipfe, faites par M. le Gentil, M. f Abbé Outhier, &c. en font autant de preuves. En effet, pouvois-je me tromper en cette partie? j'avois pour guides Mr: Caffini, Maraldi, de Chazelles & Couplet, qui avoient obfervé cette même éclipfe, en 1701, à Collioure. Mais ces M.'s n'avoient pü voir le commencement de l'éclipfe, les nuages y avoient mis obflacle: je n'ai donc point cru devoir employer leur obfervation pour corriser Ja longitude de la Lune, telle que la donnoient les Tables. Je demeurois pour lors à Rouen, je n’avois point à la main les Mémoires de l’Académie : un de mes amis y fuppléa, il me communiqua les principales obfervations de cette éclipfe: jen choïfis deux, qui non feulement s'accordoient affez en- femble, mais qui de plus étoient recommandables par le nom feul de ceux qui les avoient faites. L'une, datée de Berlin, avoit pour auteur le célèbre Godefroi Kirchius ; l'autre avoit été faite à Berlin par M. Eifenfchmid. Mais M. Eifenfchmid, en envoyant cette obfervation à M. de la Hire, répand lui-même un doute fur fon exaéitude. Le ciel, dit-il, quoique ferein, n'étoit pas pur; on avoit beaucoup de peine à diftinguer l'ombre véritable de la pé- nombre. Il ajoëte qu'il ne voudroit pas fe fervir de cette obfervation pour déterminer les Jongitudes des lieux. S'en fervira-t-on pour décider les erreurs des Tables, & leur ré- volution périodique ? J'avoue que je n'ai rien à objeéter contre l'obfervation de M. Kirch; elle paroît marquée au même coin que toutes les autres obfervations de cet Aftronome, c'eft-à-dire, à celui du plus grand foin & de la plus parfaite intelligence. Mais 1. je dois avertir ici que depuis que je fuis en pofféffion de Fexcellent tréfor des Mémoires de 1 Académie, j'ai remar- qué qu'il s'étoit gliffé une petite erreur dans la communication que j'avois prife de cette éclipfe: les temps de la pendule y étoient fubftitués aux temps vrais. J'avoue que Ja différence 88 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE eft fort petite; mais mon annonce auroit approché d'une demi-minute de plus du temps vrai de l'obfervation. 2.° Je foupçonne une faute d'impreflion dans l'heure de la fin de lécliple. La différence du temps vrai au temps de la pendule eft, aux obfervations précédentes & fuivantes, d’une minute ; elle n’eft que de 20 fecondes à l'heure de Ja fin de l'éclip{e. Si l'erreur fe trouve au temps de la pendule, l'erreur des Tables devient encore moindre de 20 fecondes de temps. 3.° Cette obfervation de M. Kirch fe trouve en quelque façon feule, & même combattue par d'autres que je rapporterai plus bas. Je dis qu'elle fe trouve feule ; car on me permettra, je penfe, de compter pour rien lobfervation faite à Toulon par le P. Siméon de Saint-Jean-Baptifle, Carme-déchauffé : non feulement ce Père ne marque point à M. de li Hire, en lui envoyant fon détail, de quels inftrumens il s’eft fervi, ni de quelle horloge, ni comment il Va réglée; mais de plus, fr j'euffe fait ufage de fon obfervation, l'erreur de mon annonce auroit été au moins triple de ce qu'elle a été réellement. Pour des raifons à peu près femblables, je ne parlerai pas de quelques autres obfervations faites par des perfonnes abfolu- ment fufpectes. D'un autre côté, M. Wurzelbaur obferva l'éclipfe à Nurem- berg : fi je me fufe réglé fur fon obfervation, j'aurois trouvé l'erreur des Tables telle à très-peu-près qu'on peut la conclurre de la dernière obfervation. Mais M. Kirch seft fait une réputation fupérieure à celle de M. Wurzelbaur: celui-ci d'ailleurs femble douter de4'inftant précis du commencement & de la fin de l'éclipe. Le P. Pallu, à Pau, obferva le milieu de l'éclipfe à 4 fecondes près au même inftant que M. Wurzelbaur l'obfervoit à Nu- remberg. On pourroit appuyer ces deux obfervations de celle qui fut faite à Madrid par les PP. de Ulloa & Caflani. Celle-ci donne, il eft vrai, une erreur faufle des Tables, mais en fens contraire à celle qui rélulte de l'obfervation de Kirch, de manière qu'on peut trouver en l'année 170 1 la même erreur des DYELS, SACHEREUN.CLE. S. 89 des Tables qu'en 1755, en prenant un jufte milieu entre les obfervations de Kirch, de Wurzelbaur, du P. Pallu, & des PP. de Ulloa & Caffani. Donc l'obfervation de Ia dernière éclipfe ne fournit- pas un motif abfolument décifif pour abandonner le fyftème du retour périodique des erreurs des Tables. Au moment du milieu de l’éclipfe dernière, l'erreur des Tables des Inftitutions ne montoit pas à une demi - minute en excès, quant à la longitude. La latitude que donnent tes Tables étoit, auffi-bien qu'en 1701, d'une minute & demie ou de 2 minutes environ trop forte, Sav. étrang. Tome 111 ( M 90 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE EC AXMTE ERA NE D'une Lettre écrite de Malte, le 8 Janvier 1 7495 à M. de Reaumur, fur le paflage des oifeaux. Par M. le Commandeur GODEHEU DE RIVILLE, Correfpondant de l’Académie. 1 le mois de Mars les Pigeons fauvages arrivent à Malte, y font leurs petits, & s'en vont au com- mencement de Juillet en Sicile & en Calabre manger du chenevis. Ces pigeons font leurs nids dans des grottes fur le bord de la mer: comme elles font fituées dans des endroits fort efcarpés, les Maltois ont une façon fingulière, mais dan- gereufe, d'enlever leurs petits. Hs attachent une corde au haut du rocher où eft la grotte, & après s'être ‘munis d’un bâton armé d'un croc de fer par le bout, ils fe laiffent glifier tout le iong de la corde jufqu'à ce qu'ils foient vis-à-vis l'entrée de la grotte. Alors ils s'afleyent dans une efpèce d'étrier qu'ils ont fait à la corde avant de la defcendre, & avec le fecours de leur bâton ils fe donnent des balancemens très-vifs jufqu’à ce qu'ils puiflent arriver dans la grotte. Le bâton leur fert pour s’accrocher à quelque morceau de rocher, & ils enlèvent les nids, qu'ils trouvent ordinairement en grande quantité. H y a quelque temps qu'un chafleur, occupé à en chercher, laïfla échapper fa corde; il étoit perdu fans reflource par a fituation du rocher, fans une idée qui lui vint fort à propos. Comme il n'étoit pas fort éloigné de l'entrée de la grotte, la corde qui étoit aflez longue, après s'être éloignée, rentra dans la grotte par le bout inférieur; & quoiqu'elle ne pût arriver au retour qu'à quelque diftance de l'endroit où ïil étoit, il fut affez heureux pour l'attrapper, en s’élançant avec force, dans le temps où la corde étoit précifément le plus proche de lui. Il y a encore une autre efpèce de Pigeons fauvages qui DHEis ) SCANNER .C LE 5. 91 paflent ici dans les, mois d'Octobre & de Novembre, mais ils ne s'y arrêtent pas: vous trouverez un de ceux-ci dans ka caïfle que je vous envoie. Au mois d'Awril, le fud-oueft nous amène les Bouchraies *, & à la Saint-George les cardinaux & les cailles paflent avec le vent de nord-oueft; cela dure tout le mois de Mai : dans le même mois, lorfqu’il fait du fud-eft, nous avons des tourterelles ; les coucous pañlent aufli dans le même mois. On trouve en Mai des bécafigues très-maigres, qui repaffent enfuite dans le mois de Septembre après les premières pluies, avec les vents de {ud-eft, d'eft & de nord-eft; pour lors ils font fort gras, & c'eft un manger délicieux. Il pañle ici dans l'été trois fortes de bécaffines, les bécaffines de roc, les noires, & une autre efpèce appelée pifpous ; c'eft le vent d’eft qui nous les amène. La première elpèce commence à la Saint-Jean, & elles fe fuccèdent les unes aux autres: les courlis pañlent aufli dans le-même temps avec le nord & le nord-oueft; ils reviennent en Septembre, & reflent jufqu'à l'arrivée des bécaffes. Les demi-bécafies viennent encore à la Saint-Jean, & on en trouve toûjours jufqu'à ce que la pafle des bécaffes foit en- tièrement finie. Les faucons, les bufes, & autres oïifeaux de proie, paflent en Avril avec le nord-eft, mais ils ne s'arrêtent point ; ils repaflent en Oétobre avec le fud, le fud-oueft & loueft, & c'eft dans ce temps-là qu'on les prend: le moment le plus favorable eft lorfqu'il y a du vent frais avec des grains de pluie. Nous avons d'excellente chafle en Odtobre & No- vembre; elle confifle en alouettes, grives, poules-d'eau, plu- viers dorés, bécafles, farcelles & canards fanvages. Les pluviers abondent avec le nord-eft, & les bécaffes avec le nord & le nord-nord-oueft. Il faut remarquer que le proverbe de France, àla Saint-Denys bécafle en tout pays, n'a pas lieu dans celui-ci. Il eft fort rare que nous ayons quelque bécafle en O&tobre, mais leur grande pañle eft depuis la Saint-Martin jufqu'à la fin de Novembre: En Provence, felon le rapport de plufieurs JRRES Bouchraies font des oifeaux terreftres, prefque noirs, de la groffeur d'un Pluvier doré ; ils ‘ont la tête affez groffe, le bec pointu , large & plat. M ij 2 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE perfonnes, elles ne paroiffent qu'à la fm d'Oétobre; ainfi la pafle retarde à proportion de la chaleur du pays. C'eft en Novembre que la neige commence à tomber en Sicile. J'ai remarqué que les bécafles ne peuvent point voler vent arrière comme les cailles, puifque le vent de nord, qui pourroit les faire paffer en Barbarie, jes oblige de féjourner à Malte, Voilà fans doute pourquoi on dit, #/ va le nez au vent comme la bécaffe. La caille, au contraire, pafle vent arrière d’un pays à un autre, puifqu'au moïf de Mai le fud-eft les fait pafler en France: elles n’abordent ici qu'avec le nord-oueft, qui leur eft contraire pour gagner {a Provence. Lorfqu'elles reviennent de France en Septembre, le fud-eft nous en amène beaucoup, parce qu'elles ne peuvent pas aborder en Barbarie avec ce vent-à. Les grives ne viennent point ici avec des vents dé- terminés ; le vent de nord-oueft nous en amène cependant quelquefois : fi dans un temps ferein le ciel fe charge avec apparence d'orage, la terre fe trouve alors couverte de grives. Un vent de fud ou de fud-oueft les fait aufit difparoïtre; car il eft arrivé à plufieurs de mes amis de partir le matin pour la chaffe avec un petit brouillard, temps favorable aux grives, & de n'en point trouver, quoiqu'on les eût avertis qu'il y en avoit beaucoup. On trouve quelquefois des alouettes pendant tout l'hiver, & le peu de chafle que nous avons en Mars nous fait voir qu'en général toute la chafle de Septembre, d'Odtobre & de Novembre, repafle ici dans ce temps-là: je crois cependant qu'il en faut excepter les bécafles. Voilà ce que j'ai pà recueillir jufqu’à préfent de plus exact fur le paffage des oifeaux. J'oubliois à vous dire que les geais de Barbarie, appelés geais de Strafbourg par les Natraliftes, paflent auf en Mai & Septembre. I paroït que ces oifeaux font leur nid dans la terre. Un chaffeur m'a afluré que dans le mois de Juin il avoit vû fortir un de ces oïfeaux d’une butte de terre où il y avoit un trou de la groffeur du poing : il creufa dans cet endroit en fuivant le fil du trou, qui alloit horizontalement, & il trouva après un pied de profondeur, ou environ, un nid fait de paille & de brouffailles, dans lequel il y avoit deux œufs. DES SCIENC:ÆS. M 93 La guérifon qui s'eft faite ici il y a environ trois femaines, d'un abcès dans l'oreille, mérite, Je crois, de vous être rap- rtée à caufe de fa fimplicité. , Un efclave de Conftantinople, tourmenté de douleurs très- violentes à caufe d'une efpèce de tumeur qui étoit venue dans le fond de l'oreille, n'ayant trouvé aucun foulagement dans les cataplafmes & injections des Chirurgiens, raconta fon mal à un autre efclave de Tripoli, qui le guérit fur. fe champ. I lui verfa de Fhuile dans oreille, & y laifla féjourner pendant un bon quart-d’heure, afin qu'apparemment toutes les parties de la tumeur euflent le temps de s'imbiber : après quoi il fe coucha fur le dos, & s’appliqua exactement l'oreille du malade contre la bouche, en lui ferrant la tête avec fes deux mains, tandis que deux autres perfonnes lui tenoient les mains & les pieds. La guérifon confifte dans une fuétion très-forte de toute la matière contenue dans l'abcès: il a ré- péta trois fois de fuite, & ne l'interrompoit que lorfque fa bouche ne pouvoit plus contenir de matière, qu’il crachoit enfuite. Le fang étant venu à la troifième fuétion, il jugea que le malade étoit guéri; & après lui avoir verfé encore un peu d'huile dans l'oreille, il la lui boucha avec du coton. L’efclave fe porte à merveille, & n'a reffenti depuis aucune douleur : il na dit qu'il avoit beaucoup fouffert dans le temps de Ja fuétion, & qu'il croyoit que fa cervelle fortiroit par l'oreille. La répugnance que l'on doit reffentir à faire une telle gué- rifon ne peut, ce me femble, être furmontée que par une grande charité. M ïÿ 94 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE | | pi ia 2 OBSERVATION D U PASSAGE DE.MERCURE SUR LE SOLEIL, M | faite à Bret le 6 Mai 1753. Par M. Bory, Lieutenant des Vaiffeaux du Roi. M Bory ‘nous apprend _par un Mémoire qu'il a 1ü à . l'Académie dé Marine, & dont il a fouhaité que l'Académie royale des Sciences eut communication , qu'il a obfervé environ cinquante paflages des bords du Soleil & de Mercure par chaque fil horizontal & vertical de la lunette dé fon fextant. M. Bory étoit établi fur le donjon du château de Breft: il vit le Soleil dès fon lever; le ciel étoit ferein: le vent ful, qui étoit de l'eft, & très-fort, nuïfoit aux obfer- vations. Celles des pañfages par les fils de la lunette furent terminées à 8 heures ?, l'Oblfervateur ayant la vüe trop fatiquée pour pouvoir les continuer plus long-temps : il ne fes à pas’inférées dans fon Mémoire, parce qu'il na pas encore eu le temps de les réduire; il attendit, en fe repofant, la fin du phénomène, afin de haïffer rétablir fes yeux. L'obftacle que formoit le vent en agitant là lmette dé 1$ pieds de longueur dont il f fervit alors, empécha de faifir linftant précis eù Mercure toucha en dedans le bord du Soleil; mais la fortie entière fut obfervée exactement. Mercure paroifloit encore un peu fur le Soleil à oh 52’ 40” de temps vrai, & on ne l'y voyoit plus à*9k $3' 10"+. Lorfque la petite planète étoit fur le Solcif, on lavoyoit ronde & bien ter- minée, fans anneau ni nébulofté, M. Bory étant attentif à la mettre dans le centre du champ de fa lunette. Il fuit de cette obfervation & de celles qu'on a faites à Paris, que la différence des méridiens entre ces deux villes eft un peu plus grande qu'on ne le penfoit. On failoit cette Des AS COMMEERNRE ENS 95" différence de-27'"23", ce qui donneroit 10h 20° 34" pour la fin du phénomène à Paris, ou environ 10h 20’ 26", fi lon à égard à la parallaxe; au lieu qu'on peut affurer qu'indépendamment de Ia. différente longueur des lunettes dont on s'eft fervi, & de la vûe plus ou-moins fatisuée des Obfervateurs, Mercure eft forti à Paris du difque du Soleil fenfiblement plus tard. Breft doit être plus avancé vers l'occi- dent d'environ quatre lieues; c'eft ce qu'il fera bon de vérifier, en employant quelque occultation d'étoile par la Lune: & nous fommes très-fürs que l'obfervation de Breft fera faite avec la plus grande précifion, fi le même Obfervateur confent à s'en charger, | 96, MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES FAITES A STOCKOLM EN 1751: Avec l'extrait d'une Letrre de M. WARGENTIN, adreffée à M. LE MONNIER. Par M. WaRGENTIN, Correfpondant de l Académie. Style Grég. 7 Avril. Le diamètre vertical de la Lune à fon pañage par le méridien IL, SELS ROME AUTEUR, 30° 18° À 9h 50’ 33" pañage du premier bord de la Lune par le fil vertical du micromètre. A 11h 22° 23" paflage de y de la Vierge par le même fil. S L'étoile étoit plus auftrale que le bord fupérieur de a Lune, de. ...... rss... 35: 24 Cette obfervation fut mon coup d'eflai avec le nouveau micromètre appliqué à une lunette de 9 pieds. M. Stromer avoit obfervé à Upfal, prefque au même moment, la diffé- rence de dédlinaifon entre cette étoile & le même bord de la Lune, od 40° 26". La différence entre mon obfervation & la fienne eff trop grande: il faut qu'il fe foit gliffé quelque faute dans l’une ou dans l'autre obfervation. Pour le diamètre de la Lune, il n’y avoit qu'une demi-feconde de différence entre nous. 8 & 10 Avril. Le diamètre vertical du Soleil au midi, par Îe milieu d'entre plufieurs déterminations, étoit 26 révolutions 12 parties du micromètre; ce qui, felon les Tables des valeurs des parties du micromètre , que j'avois conftruites fur de pareilles obfervations du diamètre du Soleil, fait CD MIAUIES Eee ee vole ane lele nn se FANS SE 10 Avril. Le diamètre vertical de Ia Lune, un peu après fon paffage par le méridien ......... 29. 24 14 Avril A 14h 16° 17" 9 du Scorpion pañloit le cercle horaire. A 15" 12" 12" le centre de la Lune pañoit par le même cercle (environ). 14 Aviil, 175% DES SCIENCES 97 “4 Avril. Différence de déclinaifon entre l'étoile & Je bord fapérieur de la Lune, dont l'étoile étoit plus boréale que ledit bord A ran tee dbinrecten 215 0 lg à À 4%, 9°" 8" Le diamètre vertical de la Lune, un peu après’ fon paflage +, 44. 2.40 0. 29. 14 Les obfervations me parurent fort bonnes: elles furent faites avec le même micromètre appliqué à une lunette de s pieds. J'avois déterminé la valeur des révolutions & des parties du micromètre appliqué à cette lunette, de la même manière que celles du précédent, favoir, par des obfervations du diamètre du Soleil, en fuppofant toûjours que les demi- diamètres du Soleil, marqués dans la Connoïffance des Temps, font juftes. Fr 15 Avril. Diamètre vertical. du Soleil, à midi, dans la petite lunette! 0 cils tons 4. D6E = 312 56" Les deux lunettes font mifes de concert, & donnent toüjours le même réfultat à une ou deux fecondes près. 8 Mai. Le diamètre vertical de la Lune, par la lunette de neuf pieds. 4... see. ce 24 TSI — 29420 An Le même diamètre par la petite lunette .......13. 982 — 29.28 9 Mai. A midi, diamètre vertical du Soleil, avec la grande ‘ , lunette asie pe 2.6) 2h = 31.48 H Au foir, diamètre. vertical, de la Lune, à fon pañfage par le méridien ..,5 ,...1..:. 29.23 À 111 30° 10" après midi, paflage du centre de la Lune par Ie cercle horaire. À 12h 40° 13" après midi, pañfage de 8 du Scorpion parle même cercle. La différence de déclinaifoncentre l'étoile & le bord fupérieur de la Lune.étoit . .... 6.54 dont la déclinaifon de l'étoile étoit plus auftrale que celle dudit bord de la Lune, Obfervation exacte à tous égards, * Say. étrang. Tome III, “NN 93 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂACADÉMIE av Mai, A 1231 1" après midi, paffage de $ du Scorpion par le cercle hossiti À 13931" après midi, pañage du centre de Ia Lune par le même fl. L'étoile étoit plus boréale que le bord fupéricur de 1a Lune, des @s ee 0: AA TETE .. 1SORBTE Ec demi-diamètre vertical de la Lune ..,.. 29.9 Bonne obervation, à ce qu'il me fembloit. 22 Mai. A12$ 29° 45" après midi, paflage de $ du Scorpion par le cercle horaire. A 14! 1" 33" après midi, paffage du centre de la Lune. L'étoile plus boréale que le bord \fupérieur de la Éimeteetsrits HN diet s ee 14719702 0e Le diamètre vertical de k Lune...... o. 29.12 6 Juin. Le diamètre vertical de 14 Lune à fon pañlage par le méridien . .... «isiiel 0.129008 8 Juin. Le même diamètre au méridien . . . .. s.. Ou 29. #7 Le diamètre horizontal de la Lune... .. 0. 29. 49 Les brouillards m'empéchèrent d'obferver l'éclipfe de 1 Lune, qui arrivoit vers Je matin. Le 19 Juin, l'incendie me délogea & interrompit mes obfervations jufqu'au mois d'Août, 3 Août. Le diamètre vertical du Soleil au méridien... 31° 39” Le diamètre vertical de la Lune vers fon Re EAP le méridien: . . . …. Ke PHP : 29. so* À ob 15" 31" après midi, paffage du‘premier bord -de Ja Lune par le fil vertical du mi- cromèttre: A 9% 16 35° après midi, pañage du centre “4 Ja Lune. A gb 51717" après midi, "page d'une belle étoile par le même: fl ou cércle horaire. Elle -étoit plus boréale que: si bord SEE de IEEE Me ne ë 52. 57 A 9% 58° 9” après midi, pe Poe autre brillante étoile par le même cercle horaire. Elle étoit plus boréale que le bord fupérieur. de Ja Eune, de... seoosseese 15. 4 > D'E:S. SCI EN:CE;S M 099 Je pris d'abord cette dernière étoïle pour 7 du Sagittaire, mais ayant depuis confidéré les circonftances, je fuis per- fuadé que la première étoile étoit £, & la feconde 0 du Sagittaire. Remarques fur les obfervations de cette nuit. Je n'avois aucune raifon de foupçonner quelque faute confidérable dans ces obfervations, car les deux étoiles fuivoient fort bien. le fil parallèle à l'équateur, après y être mifes. Perfonne ne touchoit {a lunette pendant l'obfervation, il ne failoit point de vent, en un mot, j'en étois fort fatisfait. Il faut cependant que la lunette ait été confidérablement remuée par quelque accident, dont je ne m'aperçus point; car au lieu de x du Sagittaire, qui, felon l'avis de M. de Ja Caille, devoit pañer à ob 57’, cétoit aflürément.o du Sagittaire qui pañla par ma lunette environ ce temps-là. En effet, M. Stromer a obfervé à Upfi, la même nuit, une étoile qui pafloit le cercle horaire 40" 28" de temps après la Lune, & qui étoit 36° 14 "plus boréale que le bord fupérieur de la Lune. M. Stromer a pris cétte étoile pour æ du Sagittaire; cependant j'ai quelque raifon de croire qu'il seft mépris, & que c'eft une faute typogra- phique dans l'avis de M. de la Caille, pour ce jour: au moins, je ne faurois deviner d’où pourroit être venue la grande erreur de mon obfervation. ÿ Août. Diamètre vertical de la Lune au méridien . ., 30° 30° 6 Août. Le même diamëtre. ....,....,.,.... 31. 7 1 Sept. Le diamètre de la Lune Leurs à l'équateur au méridien . ...., pdd. 30:21 7 Sept. Ait 24° 5$ 0" après midi, paffage de { Pegaf par le fil vertical. A 13651" 57" après midi, paffage du fecond bord de la Lune par le même fil ou cercle horaire, L'étoile étoit plus atftrale que le. bord re 1 rieur de la Lune de ........ sure 7 32 4 Le diamètre vertical de 14 Lune, au même temps, douteux ......,......... 32. 47 Ni oo MÉMOIYRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE A2 54 33" après midi, paffage de y Pega. 14. 48. 33 après midi, paffage du fecond bord de , 8 Sept. Ja Lune. Au moment du pañage de la Lune, fon bord fupérieur étoit plus boréal que l'étoile, de . ..,.. 34 93 “x Remarque. Les obfervations de ces deux j Jours derniers, font les ‘plus certaines de toutes celles que j'ai faites jufqu'à préfent, 3 Oclob. Le diamètre vertical du Soleil à midi. _5 Nov. A 15h 4 17" après midi, pañage du premier ‘ bord de la Lune. À" 11h 5/17", pañfage d'une petite étoile qui étoit plus boréale que Ic'bord boréal de la Leiden au 4 LEE AO A 14" 1° 36, paffage de y de [a Baleine par Je même cercle horaire. Cette étoile fut plus boréale gs le bord fu- périeur dela Lune de 4, ca. 26 .f. Le diamètre. vertical de la vol au méridien. A 1343" 16" pafage du centre de Ja Lune. Au3h sé 34", pañlage du fecond bord de Îa une. An 3h 52 25", ’, pañlage de € du EU E plus auftral que le bord MATIÈUE de Ix Late, de Aix 5’, pañage du fecond bord de la Lune par-le cercle horaire, . À 14012" 64, pañlage de l'étoile, plus auftrate que le.bord fupérieur de la Lune, de... Ai4h 17 18", pañagé du fecond' bord ‘de Ia Lune. A'ral 23 52", pañage de l'étoile qui fut plus - auftrale que le bord fupérieur de la Lune, de Au14" 337", pañlage du fecond Bord, de la À . Lune par 4 cercle horaire. : 4 À 14h 39° 15", pañage de l'étoile, plus UE trale que le bord fupérieur de la Lune, de 16. 18. 18. 18. 317 37 D'Ets' S C'IMENNCC'E S. TO $ Nov. Le diamètre vertical de la Lune, au méridien. 334308 À 17923" 33" * aprés midi, temps vrai, immerfion de l'étoile Ÿ du Taureau fous le bord éclairé de la Lune. A 18 23° 57", émerfion de la même étoile dy bord obfcur de la Lune. Remarque. Toutes les obfervations faites la nuit pañée, font auffi bonnes qu'il m'eft pofüble de les faire avec un micromètre. Î faut remarquer que ha fituation de là maifon où je demeure depuis le mois d'Oétobre, ne me permet pas de me fervir du micromètre après le paflage des étoiles par le méridien, n'ayant ni fenêue aflez haute, ni fupport allez ferme du côté de l'occident, 5 Nov. A1i7t22' 41", im.de{ & Riga Hà ARR È obfervée à Upfal, par M. Stromer. obfervée à Hernofand, par M. A17h 20° 12”, immerfon Schenmark. À 18.17.10, émerfion NB. La hauteur du pole à Hernofand eft environ 624 38 27 Déc. Le diamètre vertical de l1 Lune, au méridien, par Îes cornes MER AE AMC Mo 32° 42° A7" 32" 15" après midi, paflage du centre . de là Lune par fe cercle horaire. A 8" 6° 35”, pañagc de o du Bélier, plus boréale que le bord inférieur de la Lune... o. 24. 492 À 8" 13° 28”, paflage de o du Bélicr, plus boréale .que le même bord ...:.1}.. 0.12. 474 À 9h 41" 1", pañlage de y du Taureau, plus boréale que le même bord de Ja Eunet sidi eut san ers's 2millaee, 1, 10. 23 À 9% 48 1”, paflage dc 7 du Taureau, plus boréale que le même bord inférieur. 0.13. 5; Toutes ces obfervations font fort douteufes, par plufieurs raifons ; les paffages de o & o du Bélier, font les meiileures. 28 Déc. Le diamètre de la Lune par fes cornes, au HEURE NON PR ENT. © 337 20 * Le manufcrit donne auffi 17h 23/53”, mais d'yné main étrangère & in “onnue, comme ci- devant en deux autres articles. N ï 302 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE 29 Déc. Le diamètre vertical de la Lune, près du mé- HIER ele ete eronereve 4h be ct. 33 40° Le diamètre de Jupiter, mefuré avec grand en REP RC ER ICE En: ee 0. 462 A 8h 33 44" après midi, temps vrai, paf fage du PRDNE bord de la Lune. … À 81 37° 29”, pañlage du 3.m Satellite par le ne cerde horaire, À 8h 38° 8", pañlage du 2.me Satellite de Jupiter. À 8:38" 17"? pañlage de Jupiter par Île A 8. 38. 20 è même cercle. Le bord fupérieur de Ia Lune étoit plus boréal que le bord fupérieur de a planète, de... 20. 36 A 8 47° 29", fecond pañage du premier bord de Ja Lune par le cercle horaire. A 8" $1° 30"+, pafage du centre de Jupiter. Le bord inférieur de la Lune fut ou: auftral qe le bord boréal de Jupiter... 12. 6£ À 8h 55°43", troifiéme pañlage du premier bord de la Lune. À 8h58 36"L, 3.me Satellite, À 8. 59.13 , 2." Satellite. A 8. 59. 242, paflage du centre de Jupiter. À 8. 59. 35 , 1. Satellite. A 8. 59.59 , 4.° Satellite. Le bord fu- périeur de Jupiter étoit plus boréal que ° le bord inférieur de la Lune... .... « LI. 24 À 9 heures un épais brouillard furvint, à travers duquel je ne laiflois pas devoir Jupiter.& la Lunc, mais les Satellites n'étoient plus vifibles. À oh 19 46") je vis les Satellités pour un pêtit moment ; le 3.m° étoit déjà ft près de la Lune, ‘que j'eflimois qu'il en feroit: caché dans 8 ou 10 fecondes, tout au plus. Après 9" 19° 46" je n'étois plus capable de voir les Satellites, à caufe. du brouillard, pendant! toute. cette nuit; mais Jupiter paroifoit encoretaffez diflinétement, A 9" 38° 58" Jupiter commgençoit à toucher le bord obfcur de la Lune. DES SCIENCES. 103 29 Déc. À 9F 40° 41" il en étoit entièrement caché, à l'exception d'une foible lumière qui reftoit encore fur le bord. ob- fcur de la Lune, pendant 3 ou 4 fecondes, -À 10h 32° 40" Jupiter reparut fur le bord éclairé de à Lune, étant déjà forti d'environ la quatrième partic de fon diamètre. A io 33° 59" il cn étoit cntièrement dégagé. Les obfervations précédentes ont été faites avec tout la diligence poflible, par une excellente lunette de 9 pieds. Aw temps de Fémerfion le brotiltard étoit plus épais qu'au temps de limmerfion ; le froid étoit fort vif, la Lune ctoit enviromnée, an temps de l'émerfion, par plufieurs cercles concenuijues. de différentes couleurs ; pendant limmerfion de Jupiter je n'aperçus d'un phénomène qui me parut afez curieux. Jupiter, qui étoit lui-même fans couleur extraordi- maire, éclairoit le bord obfcur de la Lune, (qui après & avant Timmerfion étoit entièrement invifible, comme de coûtume près les pleines Lunes) de forte que Jupiter paroïfloit coupé par une petite fection d’un cercle concentrique à la Lune, à peu près comme il eft repréfenté dans cette figure, où le petit demi- cercle a J marque Jupiter à demi-caché; a,8,c 4 la putie éclairée de 11 Eune; e f la e fection du cercle lumineux, qui pa- D roifloit couper la planète, & qui s'é- £ tendoit environ à là diftance d’un dia- mètre de Jupiter ; des deux côtés, la fection ef s'élargit depuis le commencement de l'occultation jufqu'à ce que Jupiter fut à demi entré; depuis'il fe rétrécit &. difparut entièrement 3 ou 4 fecondes après Fimmerfion totale de: Ia planète. Ladite fection étoit fort mince, particu- lièrement vers fes extrémités, d'une lumière blancheître, unie & aflez vive, fans couleurs : il me fembloit même qu'une lu- mière où lueur foible entroit auffi un peu fur le difque obfcur. de la Lune, aux environs de Jupiter. C } 104 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Je ne fais que dire de ce phénomène; d'un côté je ne vois pas quelle faufle apparence pourra m'en avoir impolé pendant ce moment, & ni avant ni après limmerfion, particulièrement, puifque je ne m'attendois nullement à une telle apparence : d'un autre côté, je m'étonne que perfonne n'ait obfervé un pareil phénomène à de femblables immerfions ou émerfions des planètes de deffous le bord obfeur de la Lune, Mrs Stromer, Schenmark & Hellant, qui ont obfervé cette même immerfion à Upfal , Hernofand & Torneä, n'en ont rien remarqué, quoiqu'il m'ait frappé dès le premier attouchement des dk planètes. Je ne fais f1 c’eft le brouillard au travers du- quel je regardois Jupiter, ou quelque rofée fur le verre ob- jedif, qui m'a pû tromper; ou bien quelque caufe phyfique, dans l'atmofphère de la Lune ou de Jupiter, dans l'inflexion - ou la diflufion des rayons de la lumière, en pañlant le bord de la Lune, ou des inéoalités du même bord qui ont dû caufer ceite apparence: ce phénomène at-il quelque analogie avec les anneaux qu'on obferve autour de à Lune dans les éclipfes totales du Soleil? 29 Déc. A1ofk 3 52" comm. del'im. de #. 10. $. 19. immerfion totale, obfervée à Torncä, pat M. Hellant, avec une 11. 4. 32. commenc. de l'émerf. lunette de 20 pieds, 11. 5. 51. émerfon totale. A 9" 34 57" commenc. de l'im. 9: 36° 324 immerfon totale. À à Hernofand, par M. 10. 34 lon Schenmark, avecune lunette de 20 pieds, 10. 34. 19. % cftentièrem.forti. A 9! 54 53"3 im. du 2." Sat. fousla Lune à 2 = à Abo, ar 10. 0. SIT immerfion totale de Jupiter M. Godokne 10. 56. $2. émcrfion totale de Jupiter. À 0" 36° 55" commencement de l'immerf? & 9. 38. 38. immerfion totale de Jupiter. he s -- ee 30 Janvier 1752: DE s : SCI 1 EFNFCUE s. 105$: 30 Janv. A 11 52° 38" après midi, paflage de « de l'Ecrevife par le cercle horaire. A 126 1° 27", paflage du centre de la Lune. L'étoile plus boréale En le bord fupérieur dE ed ans sen ls coté à - 42° A 12" 6° 38", pallage É a de l'Etcreviffe pour la fÉtoade fois, par le cercle horaire. À 12615" $2", pañlage du centre de Ja Lune par le méme cercle. L'étoile plus boréale que Île bord boréal de s ÉNI ÉUIT (RAR Et mg-F PER OERLS ES EE 45 À 12h 21° 47", pañlage de la même Frs pour la troifième fois. À 12h Et 17", pañfage du premier bord de la L A12631 Pr , Paffage du centre de Ia Lune. L'étoile hs Horetiede ET CR A 12 37° 16”, paffage de la même étoile pour la quatrième fois. À 12h 46"16", pañfage du 1.‘ bord de la Lune. A,125y47t 26” le centre de la Lune. 51. L'étoile plus boréale que le bord boréal de 1Pane 3... …....... CRC Le diamètre vertical de la Lune aux environs du méridien. 0:27. cet. de chere Obfervations fur la planëre de MARS. 5 Sept. À 11* 58° 20", pañfage de Mars. A 12. o. 2, pafage de l'étoile marquée D dans le fcheme de M. Delifle. en 48, es A 53 L étoile plus boréale que le bord bor. de Mars. 21° 46” A12t 4 3" 7 L'étoile plus boréale que A 12. 5.45. * ( lemémebordde Mars. 21 AT2b24 25 d AUE2. 26:98: * A 12830" 16” L'étoile plus boréale .. 21. 49 49 Ca La . » È À 12. 31. 58. F Léo plus boréale ,, 21. 54 Say. étrang. Tome 11L re) 106 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE s Sept A 1233" 47" d ? La même étoile D des “RARE plus 1203530. boréale de : ...., 50" Des nuées m'empèchèrent de continuer mes 184 Le diamètre de Mars tout au plus de... o° 28" M. Strômer trouva à Upfl, cette même nuit, la diffé rence des déclinaifons de Mars & de ladite étoile, ASTON PA Tele later phslelleio late eue e 0 2) USE AA AES ANS eliae Late) oehatet cie see e ee 2 1.159 RO Te TAIOTONS PES EE ON SONT ED: 1435 MU NEÏNS 2 ele + loiete elite nou 225004 13. 17 la plus exaéle de toutes. .,. 21, 59 «8 Sept. Arihis" ox: (L'étoile plus méridionale que 1. 44 16. 6 le bord boréal dela Lune, 23, 25 A1ioh 1° 23", pañlage “qu L'étoile plus 12. 30. 41, le centre de &( méridionale 23, 18 LA L'é il Î Auot 11" 0", page de a =( mérid. que 11. 4.24, pañlagede a Ÿ le bord bor, de Mars... 12. 23 Ciel ferein, mais grand vent. ee ae RL ENTRE 0. 29 19 Sept. À 10° 3 8 42"X L'étoile phis méridionale que 11. 6.52. GS lebord boréal de Mas. 20, 2$ L'obfervation parut paffablement bonne, malgré le grand vert. 22,Sept A oh 10° 20", pañage de à du Verfeau. 9 53-17, paffage d’une petite étoile que je nom- merai deformais P du Verfeau. À 98 59 39°, Mars, fon bord fupérieur plus boréal que à du Verfeau. . 64, ap Sierre of: 080044 Le même bord'plus mérid. que P du Vexfeau, 1. 46 22 Sept. 25 Scpt. DYÉ.S 1 SIGMA INICLE 1.0 » LE 107 A1oh #16", paflage de à du Verfeau. 10.53.1134; paflage de l'étoile P du Verfeau. 10. $6. 31, pañfage du centre de Mars, fon bord fupérieur plus boréal que à du Verfeau:........ Le même bord de Mars plus méridional que P du Verfeau. Auitig 12" *P 5 ss M Me : L'étoile plus boréale que le bord 11. 20. 30% Auih 30° 23", P de Verfeau. 11. 36. 39, centre du Mars.( A 11h 40° 29”, l'étoile P de Verfeau. 11. 46. 44, paffage du centre de 3 (°* A 8h 52° 28", pañage de x du Verfeau. 9: 5. 1, pañlage de À du Verfeau, se méridionale que à du Verfeau........ de cc 8° 4" A 9" 16" 44", pañage de x du Verfeau, rs méridionale LE ad Merfeah géllat à ste ‘11.0 À 95 38° 49", paffage du centre le Mars, fon bord boréal plus méridional que x du Verfeau ....,... Le même bord plus boréal que x du Verfeau.,...... A9bt46" 4"+, palage de à du Verfeau. 9. 58. 38 , pañage de À du Verfeau, # étoit plus 3"£ méridionale que à du Verfeau . :...., 8° "2 À 10h 10° 22”, pañlage de x du Verfeau, , plus méridionale que à du Verfeau . :... ‘11. oo : A 1029" 2", paffage de l'étoile P du Verfeau, plus boréale ge a du Verfeau ..... ss: 85-30 À 10h 32° 23", paffage du centre de Mars, fon ‘bord boréal plus auftral que à du Verfeau. ,...:..,: Le même bord plus!boréal que x du Verfeau. . .,.,. Oï boréal de Mars... ..... : 1° 38" 1.48: 1. 5e 490$ EE 1, 53 3-46 7: 14 108$ MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE 25 Sept A1o 53° 47", paflage de à du Verfeau par le cercle horaire.’ A 118 6° 20", paffage de À du Verfeau, plus méridionale que à du ve Le TS 0) LE ES 8° 6" A rit 18" 4", pañlage de x du Verfeau, plus méridionile que x du Verfeau : .... 4. 11. 1+ A 11640" 2", pañage ducentrede Mars, fon bord boréal plus éd que à du Vcrfeau ....... Hour Le même bord plus boréal que x du Verfeau. ..... . Le diamètre vertical de Mars .....,... PORT Le diamètre vertical de Jupiter ........... CCM 30 Sept. À 9° 4° 55”, pañage de à du Verfeau par le cercle ‘ horaire. Agt17 29", pañlage de 4 du Verfeau, plus méridionale ne A du Vesfeau Rire tete 8° 2°: A 9" 29° 13", pañlage de x du Verfeau, plus 4 méridionale que à du Verfeau . ...... 10. 56 A9" 46" 56"? paflage de Mars, fon bord boréal plus 9. 46. 58 À méridional que à du Verfeau ..... 47. o , pañlage de l'étoile P du Verfeau, plus boréale que à du Verfeau .......... 3° 313 Le bord boréal de Mars plus boréal que y du Verfcau. A1o!21i" 27", pañlage de x du Verfeau. 10. 39. 10, pañfage du centre de Mars, fon bord boréal plus boréal que x du Verfeau . ........ A 10" 40° 8", paflage de P du Verfeau , plus boréale que X du Verfeau-s SU oIee 11° 26"; ou 11° 24" Le vent nuifit fort à l'exactitude des obfervations. A1ot 47 58", pañlagedu centre de & ? L'étoile ples bo- 10. 48. 55 , pañagede l'étoile P#( réaleque, &c.. A1ot;2 28", a L'étoite plus boréale que le bord 10. 53. 253, * P#( fupérieur de Mars. ,..,, £ h # g” 5 AU Ad 57 # À parie de Mars. -10..-57 -5.0 .10.,5.8. 48 , pañage de Pétoile, plus boxéale, &c, . . DT ES 10. 10, 10. SUN LIL DES SCTrTENCES. 109 3o Sept. Ari o’ Les de Mars. 11: 0.27 + 11. 1. 25, pañage de l'étoile P du Verfeau, qui étoit plus boréale que le bord bortal de Mars ... Asbuil10", 39" 11. 10. 41 11. 11. 39, l'étoile P du Verfeau plus boréale . .. Mars. Auris" $s", d AVE EAN. pe L'étoile plus boréale ...,.. A1"20" 52", & L'étoile plus boréale que le SRE SOS Pie bord boréal de Mars . . .. # Oûob. À 9t 19° 24"£, pañlage de à du Verfeau par le même cercle horaire. A0" 3157", pafflage de À du Verfeau, plus méridionale quende Vereans, ei us 2.1. 8°. 5": À 9" 43" 41", pañlage de x du Verfeau, plus méridionale que à du Verfcau. ...... KL Te A 10+ 0° 407 paffage de Mars, fon bord boréal plus 10. O0. 41+ méridional que À du Verfcau .... Le même bord plus boréal que %X du Verfeau ..,.. : A 10h10 Pt paffage de x du Verfeau. 10. 22. 361, pañlage de À du Verfcau, plus méri- dionale que à du Verfeau..,..,..... 8” 8” A 10h 34" 21", paflage de X du Verfcau, plus méridionale que à du Verfeau .... 11. 1 2 A:1oh 51” 18/7, paffage du centre de Mars, fon bord boréal plus méridional que à du Verfeau....... . Le même bord plus boréal que x du Verfeau...... Le diamètre de Mars... ...... sites dsdie . Le diamètre de Jupiter .. ...... LS PET 2 Les obfervations de cette nuit font décifives: le ciel beau, l'air tranquille. O ii LA 10° 13 10. 13 10, 11 10. 12 Oblferv. exacte, + 6. 325 4: 29 0. 28 ©. 42 110 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A E'ACADÉMIE “x 2 Octob. A pt 2° 41", pañlage de à du Verfeau. 9. 15. 15 , pañage de À du Verfcau, plus méridionale que à du Verfeau ........ RE à 8188 S Aob27 o", pañage de y du Verfeau, plus méridionale que à du Verfeau ....... 115 2% A 943" 17", pañfage du centre de Mars, fon bord boréal plus méridional que À du Verfeau.......... 2 . A 9" 46" 40", pañagc de l'étoile P du Verfeau, plus boréale que À du Verfeau.......... 3725" Le bord fupérieur de Mars plus boréal que x du Verfeau. À 10ù 14° 24", pañage de à du Verfcau. - 10. 38. 38 , pañlage de X du Verfeau, plus méri- dionale que à du Verfeau ........ ME A rot ÿ4 547 paffage de Mars, fon bord boréal plus A M méridional que x du Verfeau . . .. Le même bord plus boréal que x du Verfeau . ..... Ces obfervations font un peu douteufes, à caufe d'une ficheufe rofée qui sattachoit au verre objeétif ; d'ailleurs, le ciel fut extrémement beau. 3 Octob. À 8! 46 50", paffagc de à du Verfeau. 8. 59. 24", pañlage de À du Verfeau, plus méri- dionale que à du Verfeau.......... 8° 10 A ot 11° 6”, pañage de x du Verfeau, plus méridionale que à du Verfeau ....... LUS À 9"26 46" paffage de Mars, dont le bord boréal 9. 26. 48 étoit plus méridional que à du Verfeau. Le méme bord plus boréal que x du Verfeau,. .:.,. 4 Ao"46 o”, pañage de à du Verfeau.. 9- 58. 32, pañage de # du Verfeau, plus méridionale que à du Verfean....... CEabeuE) 2 BORD EE À 10" 10° 16”, paffage de x du Verfeau, plus méridionale que à du: Verfeauteal. 20. summentlsg A 10! 25’ 53", paffage du centre de Mars, dont le bord boréal plus méridional que à du Verfeau......... Son même bord fut plus boréal que x du Verfeau de .…. . La rofée fut encore plus abondante cette nuit que la pré- cédente, d SA Se 10 4. 58 DES: S cTE NCtE s FRE 6 Oétob. À 8" 9° 37", paffage de à du Verfeau par Îe cercle horaire. À 8" 22° 9", pañlage de À du Verfeau, plus méridionale que à du Verfeau aile Metud) sat sbelre ai A 8" 33° 53, pañfage de x du Verfeau, plus méridionale que à du Verfeau. ... 8". 47 10, $7> À 8 47° so", le centre de Mars, dont le bord boréal plus méridional que à du Verfeau . ,,... Le même bord pius boréal que x du Verfcau À 8° 57 à ; paffage de'a du Verfeau. ..... A 09" 35”, pañlage de À du biere plus méridionale que À du Verfeau...+. AE cer À 9" 21° 20", pañlage de x hi Verfeau, : plus méridionale que à du Verfeau . . .. 8’ 6° 10. 56 A9°35" 14" pañage de Mars, fon bord boréal plus 9-35-15> LS A ioïuu" 1", pañage de X du Verfcau. 10, 24. 55, pafflage du centre de Mars, boréal plus boréal que X du Verfeau . .. Cette nuit fut des plus belles. méridional que à du Verfeau .... Le même bord plus boréal que x du Verfeau ...... fon bord Le diamètre de Mars n'étoit que tout au plus de ., .. { DiFFÉRENCES de déclinaïfon| DIFFÉRENCES de dédlinaifon| DIFFÉRENCES de déclinaifon + | ER RE TER SA Le) entre À & > du Verfeau. -entre À & 4 du Verfeau. entre À & P du Verfeau. ESSOR RENE SR PER ERA D CRC RENE AA ESRI MERE 1 Obferg 143 ©" | 1. Obfervat, 8° 4"#| 1. Obfervat. 3° 30” Ds ete BEI O NI io men nl IN QE Ur : FAT CEE ; DU UE 1 sk 8 6 2 ss... 3: 27 RC PS ton RE RE ARLES 3-30 : me > 8 21 + FOR d'ie 3 Ars 23. g.me 31: CC OR CU HEURES BP TOR PEN RENTE DS 3:33 Has ve © ANA LEA LORE sion mu Butte PSM eee je 3- 263. RMS TRS PA = FE ù PA LME et ous "> 10e : 453-725 AR Te a el Le: 4 10.m€ DEEE 1 She rs FE. tes. 11. 4: Par le milieu 3. 28“ Lime One 47 DRE 210, 8. 14 12:m0. ,,.. 10. 56. d1ome.,.,,.. 8. 6. | NB, Les oférvations des étoile DE PET Me _ — us grandes s'accordent Par le milieu 11° O"?|Par lc milieu 8° 5" Muse. felon mon évaluation. d TT 112 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂACADÉMIE OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES Faites à Stockholm en 17 $ 2. 17 Avril. AB8r23" o”, diamètre de Ja Lune par les cornes ..… 33° 4 8. 29. 592, immerfion de l'étoile / du Taureau fous Û lc bord obfcur de la Lune. À 9 24° 0", l'étoile venoit de fortir de deflous la Lune. À 9" 30° 11”, l'étoile pañloit le fil vertical du micrométre. 9. 30.29, le premier bord de la Lune pafñoit le même fil. L'étoile plus baffe que Ic bord boréal de Ja Lune. ... 11.49 Aiot1i5' o”, le diamètre de la Lune par les cornes. 32. 54 18 Avril. 8. 45+ o, le diamètre de la Lune par les cornes. 33- 2 9: 13. 49, page du premier bord de la Lune par le cercle horaire. À 9" 16" 14", pañlage d'une petite étoile par Île même fl, prefque en méme temps que le fecond bord. L'étoile plus méridionale en déclinaifon que le bord boréal de aLanes ER MOT TRIER. . 9. ? À 9"20° 45", immerfion inftantanéc de l'étoile. 10. 3° 48", fon émerfion, environ; car j'avois bien de la pcine À la voir auprès du bord éclairé. L'étoile eft marquéc dans le zodiaque de Senex fous la longitude des Gémeaux, 284 30", avec une latitude méridionale de 34 40’. À oh 30° 45", paffage du centre de la Lune par un cercle horaire. 10. 31.43, pañlage d'une autre petite étoile. 10. 31.58, pañlage du fecond bord de la Lune. L'étoile plus méridionale que le bord boréal de la Lune, 38: 3$ A1o"48’ 5”, paflage du premier bord de la Lune. 10. 49.28, pañlage de la même étoile . ..... r 36.36 30. 57: 33, pañage du premier bord de la Lune. 10. 58. 32, l'étoile plus méridionale en déclinaifon / que le bord boréal de la Lune... ......... 35.48 A 11h 1” o”, le diamètre de la Lune par les cornes... 32 30+ 21 Avril. A 8% 41° 1”, pañlage de l'étoile « de l'Ecrevifle par le cercle horaire. ; 21 Avril — 21 Avril, DES SCIENCES. 113 À 8h46 11", ouenviron, paffage du centre de Ja Lune. L'étoile plus boréale que ie bord boréal de la Lune . . . À 8h 30° o", le diamètre de la Lune par les cornes... Les nuées m'empêchèrent de cominuer. les obfervations. 23 Avril, W 27 Avril 29 Avril. À 9" 2° 45", paflage du premier bord de la Lune. À 9. 8. 46 , pañlage de l'étoile z du Lion. L'étoile plus auftrale que le bord boréal de la Lune, À 9" 24° 52”, le 1.°° bord de la Lune au cercle horaire. À 9% 30° 20", l'écoife plus méridionale que le bord borcide la Lune 7e aie A 10h 8° o”, le diamètre de la Lune par les cornes. À 1oh $4" 16", létoile pius méridionale que le bord ÉTIENNE APS ONE EC ER RE A 115 33° 58", immerfon de l'étoile fous la Lune; clle entroit fort obliquement, & fembloit pendant quei- ques minutes comme rafer Îe bord boréal de la Lune. A 11h o oo”, le diamètre vertical de la Lune .. . . Aeir/eu9 3-5 pañage. du premier bord de la Lune par le vertical, A 11h 21° 40", le fecond bord. À 11. 22, 421, une petite étoile, marquée par Senex, Scorpion 14 40’, avec une latitude méridionale de 24 So”; elle paroifoit plus méridionale que le bord Poréallde a Lune de "Names mg | À 11° 28° 46”, pañfage du premier bord de la Lune. A 1: 30. 56, le 24 bord, qui n’eft pas tout à fait plein. A 11.31. 43, la même étoile plus méridionale que Ie bordéboréalide iEtne) 52e . ET CR 110$ A 124 12° 6", paflage de x de la Balance, plus méri- dionale que le bord boréal de la Lune ......... À 12h 29”, immerfion de la petite étoile, obfervée avec une lunette Grésorienne; clle eft douteufe de quelques fecondes, à caufe de la clarté de la Lune & de a petiteffe de l'étoile, É À 13" 20’ 0”, l'étoile yenoit de fortir de deffous la Lunc: J'avois bien de Îa peine à la voir. A u2h39" 53", le 1.5 bord de la Lune au cercle horaire. À 12h41" 28", à de la Balince plus boréale que Je bord boréal de 1a Lune . Say. étrang. Tome 111. p $2 32: ee 29. 28. 20, ACL O0. 19 - 27 114 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE 29 Avril. A2? 53 30”, B du Scorpion plus boréale que le bord c boréal ide aies CE 5e RARE “ett 47 28* A 12h58" o’,le diamètre vertical de la Lune. . 29. 46 A 13. 2.57, le premier bord de la Lune. A 13. 3.48, à de la Balance plus boréale que Île bord'boréah' dei Eine A Ru 4 nd 27e 30. 56 A 13h 5° 6”, le fecond bord de la Lune. A 13.15.49, B du Scorpion plus boréale de. .... 49. 1! A 13.17. 8, « du Scorpion plus méridionale que le bordtboréal. dela iune 244: 4. 2 lt NAIL. 21:56! Ces obfervations font fort exaéles. A 13639" 59", pal. de à de la Balance par le cercle horaire. À 13" 42° 13", pañlage du fecond bord de la Lune par le même cercle. A 13! 52° 0”, B du Scorpion plus boréale que le bord boréal de" Etnee D ICEENRENAREEESMEENT. 51. 24 A 13" 52", à de la Balance plus boréale que le même bord Et Fee SR Na DE Diese Le 23420 30 Avril. Le diamètre vertical de la Lune dans le méridien .... 29. 24 A 1365" 40", paf. de d du Scorpion par un cerclchoraire. A 13° 51" 33", pañage du centre de la Lune environ. L'étoile plus méridionale que le bord inférieur de la Évner Ets NES EAU Merde tete Jr vs 12-34 Obfervation douteufe. 25 Mai, À 11M 19 $9", pañlage du premier bord de Ia Lune. À 11.22. $2, pañlage de e du Lion, plus méridionale que le bord boréal de la Lune .......,.. 1002808077 Auiit27 7", le centre de la Lune au vertical. À 11. 28. 40, la même étoile plus méridionale que le bord'borealKde anne... 2 1 2.14 « - eee e 28. 3 A 11h 34° 42", le 1. bord de Ia Lune au cercle horaire. APRES ATIO NP EROIE Ne AIO ere ele tes celtes de 26. 20 A 11h 51" 37", limmerfion de l'étoile, ponctuellement. k Ge L'émerfion ne put être obfervée à caufe des vapeurs de l'horizon. À = S JO À 23 Mai. DES SCIENCES. 115$ A 843" 7", pañage du premier bord de a Lune par le cercle ee | A 9" 7 20", pañlage de « de la Vierge; plus méridionale que % bôrd'boreal dela} Lune. 4 a cut mt: . À 9h 10° 48", le 1. bord de la Lune au cercle horaire, A 9" 34° 18", l'épi de ja Vierge plus méridional de.. À 9. 39. o, le diamètre de la Lune par les cornes. Les obfervations de cette nuit font très-exactes. 24 Mai. A 93011", if du 1.% bord de la Lune par le vertical. À 116 13° 45", pañlage de y de la Balance, plus méri- dionale que le bord boréal de la Luné ......... Qbfervation un peu douteufe. 27 Mai. 28 Mai. 29 Mai. 30 Mai. Le diamètre vertical de la Lune au méridien ....... vertical. .... horizontal. .. Le diamètre vertical du Solcil au méridien . ..., SLA Le diamètre de la pleine Lune au méridien) À r11# 16" 6":, Par de ? du Scorpion parun cercle horaire, A 12h $7" 59':, paflage du premier bord de l'anneau de Saturne par le meme cercle. Le bord fupérieur de Saturne plus boréal que l'étoile de... À 126 36° 18", paf. du’1.:"bord de l'anneau de Saturne. À 12.37. 18, paffage de D du Serpentaire. L'étoile plus boréale que le bord:boréal, de Saturne. . . Le diamètre vertical de Saturne!. : ; suis. , «4... L'anneau étoit environ 3 fecondes de temps à Loi le fil vertical. 1 Juin. 4 Juin. A qe 35 2”, le premier bord de l'anneau de Saturne, A 12. 36. 404, l'étoile. D du Serpentaire plus boréale que le bord boréal de Saturne. ............. Anais 0" paffage de à du Scorpion. A 12.47. o+, le premier bord de l'anneau de Saturne. L'on 2 trouvé D du pepe plus boréale que À du SCOMIORE EE EAN LRU Uu à Yep lee ele pes nb e cpete A 12"49" 34”, d du Scorpion æ: méridionale que Îe … bord boréal de Se a ete dr EN A 18. 46 CNE . 22 116 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE 4 Juin. A 12h $4" 17", le premier bord de l'anneau de Saturne. A 12. 56. $0o+, D du Serpentaire plus boréale que le bord boréal de Saturne. ! : ............:.. ANR UN 81E Le diamètre: vertical de Saturne . ,......... sant 0. 26: Extrait de la lettre de M. WArGENTIN à M. LE MONNIER, datée de Stockholm le 2° Juin r 752: 21 D EPU1S ma dernière lettre du mois de Mars, je me fuis aperçü que je métois mépris dans l’obfervation de loccul- tation de Jupiter par la Lune, du 29 Décembre 1751, que j'avois l'honneur de vous communiquer dans cette lettre; car ce n'étoit pas le 3."e Satellite qui précédoit la planète au cercle horaire de 48 fecondes de temps, mais c’étoit une étoile fixe, © du Taureau. Le troifième Satellite doit avoir été {1 étroitement joint au deuxième, que je ne les pouvois pas diftinguer l'un de autre avec une lunette de 9 pieds, le ciel troublé comme il fut alors. En effet, il n'eft pas poffible que le troifième Satellite s'éloigne tant de Jupiter, que l'étoit alors cette étoile ; mais en l’examinant de plus près, je fus trompé par la fituation de cette étoile en ligne droite avec les Satellites. Je joins ceci à Ja fuite des obfervations que j'ai faites depuis le mois de Mars. H y en a dont j'ofe garantir l'exactitude. Je ferois charmé d'apprendre que vous en êtes fatisfait ; & fi vous y trouvez quelque défaut qui ait dépendu de moi, je vous prie de n'en avertir, afin que je puifle faire mieux deformais. Si vous avez quelques obfervations des oppofitions - de Saturne & de Jupiter au Soleil, depuis Fannée 1735, vous me ferez un grand plaifir de m'en faire part. \ DAS . SICOMPMMNICLE S 117 AE RE OT RE SUR LEMERNIS DE. :LA.CHINE. Par le P. D'INCARvILLE, Jéfuite, & Correfpondant de l’Académie. N fait maintenant en Europe que le Vernis de la Chine _neft point une compofition, mais une gomme ou réfine qui coule d'un arbre que les Chinois appellent '7f-chou, ou arbre du vernis, Cet arbre croît dans plufieurs provinces méridionales de lh Chine; il croit fans culture dans les montagnes: on en trouve dont le tronc a un pied & plus de diamètre. Ceux que lon cultive dans les plaines & fur quelques montagnes, ne viennent guère plus gros que la jambe: les Chinois les épuifent ; auffi ces arbres cultivés ne durent pas plus de dix ans. L'arbre du vernis reprend facilement de bouture : dans Pautomne, on remarque les branches dont on veut fe fervir pour tranfplanter, on les entoure de terre détrempée un peu ferme, à quelques pouces au deflus de l'endroit où l'on veut couper Ja branche; on forme de cette terre une boule groffe comune la tête ou environ, on l'enveloppe de filaffe ou de linge, pour contenir le tout jufqu'au temps des gelées; on arrofe de temps en temps la boule de terre, pour l'entretenir fraiche; la branche poule des racines: au printemps on fcie cette branche au deffous de la boule de terre, & on la tranfplante. Cet arbre vient également bien en pleine campagne comme fur les montagnes, & le vernis en eft tout auffr bon, pourvu que le terrein foit bien fitué. Les arbres qui n'ont pas une bonne expofition, ou qui font plus à l'ombre, donnent plus de vernis, mais moins bon. Cet arbre ne demande d'autre culture que de remuer un peu la terre au pied, & d'y raflembier des feuilles, qui, en pourriffant, lui fervent de fumier. P ïïj Figure 1. Figure 2 118 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Le vernis fe recueille en été: fi c’eft un arbre cultivé, châque année on en tire trois fois du vernis; celui de la première fois eit meilleur’que celui de la feconde, & celui de la féconde meilleur que celui de la troifième. Si ce {ont des arbres qui croiffent fans culture dans les montagnes, on nen tire qu'une fois par an; ou, fi on en tire trois fois dans une année, on les laifle repoler trois ans fans en tirer. Pour faire foitir le vernis, on fait avec un couteau trois entailles dans la peau de l'arbre jufqu'au vif, fans lever cette peau: ces trois entailles forment un triangle ; dans la bafe de ce triangle on infèie une petite coquille de moule de rivière, pour recevoir la liqueur qui découle des deux lignes collatérales du triangle ; c'eft-là ce qui fe pratique aux arbres cultivés. Quant aux arbres fauvages, on fait une entaille dans l'arbre avec la hache, comme on fait en Europe pour tirer la réfine du pin. On peut faire jufqu'à vingt entailles à ces gros arbres; mais aux arbres cultivés, on y place au plus trois ou quatre coquilles à la fois, & l'on fait de nouvelles entailles à chaque fois qu'on veut tirer du vernis. IL arrive quelquefois aux gros arbres fauvages, qu'après y avoir fait des entailles, le vernis ne coule pas: il faut alors humeéter un peu l'endroit par où doit couler le vernis. Pour cela, on fe précautionne de foies de cochon; l'on en prend quelques brins que l'on mouille, au défaut d'eau, avec la falive, & l'on paffe ces foies fur l'endroit, lequel, en s’humectant, ouvre les pores de labre dans cet endroit, & facilite le pañlage au vernis. Quand un arbre fauvage paroît épuifé, & qu'on n’efpère plus en tirer de vernis, on en entoure la cime d'une petite botte de paille; on y met le feu, & tout ce qui refte de vernis dans l'arbre fe précipite dans les entailles qu'on a faites en quantité au bas de cet arbre. Ceux qui vont recueillir le vernis partent avant le jour; au petit jour ils placent leurs coquilles. Chaque homme n’en place guère qu'un cent. On laïfe ces coquilles environ trois heures en place; après quoi on ramañle le vernis qu'on y DES, SELMNWCE S 11 trouve, commençant par les premières placées: fi on laïfloit ces coquilles plus long-temps en place, le vernis en vaudroit mieux, mais il diminueroit, le foleil évaporant l'aqueux qui sy trouve; ce ne feroit pas le profit du marchand. Ceux qui recueillent ce vernis portent, pendu à leur ceinture, un petit feau de Bambou, dans lequel ils font tomber lé vernis. Pour le faire tomber, ils humectent un doigt en le pafant fur la fangue, & en effuient la coquille : le doigt étant mouillé, le vernis ne s’y attache point. Il y en a qui fe fervent d'une petite fpatule de bois, qu'ils trempent dans l'eau, ou qu'ils paflent fur la langue, pour faire tomber le vernis des coquilles. Ce que chacun a ramaffé dans fon petit feau, il le porte chez les marchands, où on le renverfe dans des barils. Ces feaux & ces barils font foigneufement couverts d’une feuille de papier, comme les confituriers couvrent les pots de con- fitures d'une feuille coupée en rond, pour entrer jufte dans le pot. Ceux qui ramaffent le vernis ne fe donnent pas la peine de couper ainfi le papier, mais ils l'appliquent exacte- ment fur tous les bords ‘du vafe, pour que le vernis fe _conferve mieux, & qu'il n'y entre point d'ordures, Leur papier, qu'ils nomment Mau-theou-tchi, eft très-commode pour cel; il eft fait de chanvre: on en trouvera pumi les échantillons que j'enverrai dans la füite. Il faut prendre garde, en couvrant & découvrant les vafes qui contiennent le vernis, de s’expofer à fa vapeur: on tourne la tête pour l'éviter; fans cette attention l'on courroit rifque de gagner les clous de vernis: ils ont affez de rapport avec ceux que caufe l'herbe à puce en Canada, avec cette diffé rence que ceux du. vernis font beaucoup plus douloureux. . Ceux qui les ont, fentent une chaleur infupportable : on eft für que ce font des clous du vernis, quand les bourfes enflent, ce qui ne manque jamais: on en eft quitte pour foufrir, car on n'en meurt pas. Pour appaifer le grand feu de ces fortes de clous, avant qu'ils foient aboutis, on les lave avec de l'eau fraîche; mais quand ils font percés, on les frotte avec Je jaune qui fe trouve dans le corps des crables, ou à fon Vapeurs du vernis dange- reules, Trois fortes de vernis. 120 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE défaut, avec la chair des coquillages, qui, par fa grande frat- cheur, foulage beaucoup la douleur. Très-peu de ceux qui travaillent au vernis, font exempts d'être attaqués une fois de ces fortes de clous: ce qu'il y a de fingulier, c'eft que les gens vifs & colères les gagnent plus facilement que les phlegmatiques ; quelques-uns de ces derniers n'en ont jamais - été attaqués. Pour conferver le vernis, on place les vafes où il eff, dans des caves fraîches & non trop humides : étant bien couvert, il s'y conferve tant qu'on veut. Le vernis, quand il fort de l'arbre, reffemble à de la poix . liquide; expolé à Fair, fa furface prend d'abord une couleur roufle, & peu après il devient noir, mais d'un noir non brillant, à caufe de f'eau qu'il contient. Les Chinois diftinguent trois fortes de vernis, le Mien-1fr, Je Si-1fi & le Kouang-tfi. Les troïs mots, MNien, Si & Kouang, font trois noms de villes principales, d'où fe tirent les trois efpèces de vernis, favoir, Mien-tcheou-fou , Si-tcheou - jou & Kouang-tcheou-fou. Tcheou-fou fignifie ville principale où du premier ordre. Le Men-tfi & le Si-1f. font les deux efpèces de vernis qu'on emploie pour faire le vernis noir. Le Mien-1fi feul vaudroit mieux, mais il eft très-difhcile d'en trouver de pur; les marchands y mêlent du S-5fr. Le canton où fe recueille le Mien-1f, eft de peu d'é- . tendue ; aufii ne peut-il fufhre à tous les ouvrages de vernis qui fe font à la Chine. Le Mier-1f eft d'un noir plus brillant que le Si-1fi; il coûte à Péking environ cent fols la livre. Le Si-1f n'y coûte que trois livres. Le Æouang-1f tire fur le jaune ; il coûte à Péking neuf livres : il eft plus pur, ou contient moins d'eau que le Mien-1fi & le Si-1f. H a un autre avantage, ceft que pour l'employer on y mêle environ la moitié de Tong-yeou , qui eft un autre vernis, ou pluftôt une huile, très-commune en Chine, qui fur les lieux où elle fe recueille ne coûte que deux ou trois fols la livre. J'ai ouï dire qu'on la vend à Paris fous le nom de vernis de Ja Chine: Le DES SCIENCES. 129 Chine: elle reffemble à de Ia térébenthine. J'enverrai les fruits dont on tire cette huile. J'ai dit qu'on méle environ fa moitié de ceite huile dans le vernis nommé Xouang-1ff, cela dépend de Ja pureté du vernis; sil eft très-pur, on y en mêle plus de la moitié; s'il eft chargé d'eau, on y en met moins de la moitié: alors if revient à peu près au mème prix que le Mien-1fi. IL faut d'abord le dépouiller de ce qu'il contient d'aqueux, en le faifant évaporer au Soleil, fans quoi jamais ik ne deviendroit brillant. Voici de quelle manière es Chinois s'y prennent. Hs ont exprès de grands vafes plats, dont le rebord n'a Figure 3. pas plus d’un pouce ou d'un pouce & demi. de haut; ces vafes font des efpèces de corbeilles faites de jonc ou d'ofier clifié; ils enduifent cette corbeille d'une couche de compo- fition de terre ou de cendre, dont je parlerai en fon lieu dans un Mémoire ‘plus détaillé; par deflus cette couche ils appliquent une feule couche de vernis commun. Ces fortes de vafes font commodés pour faire évaporer le vernis & le ramafler enfuite facilement. Si le foleil eft un peu ardent, deux ou trois heures fuffifent pour enlever tout laqueux du vernis, dont on ne met au plus qu'un pouce d'épais dans le vale. Tandis qu'il s'évapore, on le remue avec une fpatule de bois, prefque fans difcontinuer , le tournant & le retournant : d'abord il fe forme ” des bulles blanches, qui peu à peu diminuent -& deviennent plus petites, enfin elles prennent une couleur violette; alors le vernis eft fufhfimment évaporé. Quand de ce vernis, que je fuppoe du Nien1f, DINAN Pour donne du Nien-1ff auquel on a ajoûté environ le quart de -N:Dix P.:R\O: GNÉ D'LÉ. Corrgofer le Pyrophore avec. le [el de Glauber non cryflallifé à une matière végétale. Prenez deux onces de {el marin qui foit un peu humide, mettez-les dans un vaifeau de terre fur le feu pour en faire évaporer toute l'humidité; verfez alors un peu d'eau de pluie fur votre fel, & la faites évaporer comme là première; re- pétez cette manœuvre cinq à fix fois, après quoi vous mettrez ce fel dans un creufet que vous fermerez de fon couvercle, Aa ij 188 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE & vous l'expolerez à un feu capable de le faire décrépiter; après la décrépitation, qui fera foible & bien-tôt achevée, vous trouverez le {el un peu pulvérifé; réduifezle en poudre encore plus fine, puis remettez-le dans le creufet pour le faire fécher de nouveau. Cela fait, mettez votre fel dans un vaiffeau de verre dont il ne rempliffe que la moitié; verfez deffus à plufieurs reprifes & à petites dofes, de l'huile de vitriol bien concentrée, en agitant le mélange avec une fpatule, & en prenant les pré- cautions néceffaires pour éviter les vapeurs de l'efprit de fel qui s'éleveront en abondance : quand, malgré la projection de l'acide, les phénomènes ordinaires ne paroîtront plus, verfez cependant encore un peu d'acide fur votre fel, couvrez en- fuite le vaiffeau qui le contient & le laïflez vingt-quatre heures en cet état; au bout de ce temps, prenez ce fl, que vous trouverez peut-être encore un peu fumant, & le mélez avec les trois quarts de fon poids de farine; faites calciner ce mé- lange à petit feu, & fuivez pour le refle de l'opération la règle que nous avons donnée dans le premier procédé. Le pyrophore que vous obtiendrez par ce procédé s'en- flamme très-bien à l'air libre: lorfqu'il eft embrafé, il a une couleur verte beaucoup plus belle que celle du pyrophore fait par le premier procédé, & fe conferve plus long-temps que celui d'alun. REMARQUES, La raifon pour laquelle nous avons prefcrit d'humedter & de faire fécher à plufieurs reprifes le fel marin, c'eft que l'évaporation de fon humidité favorife beaucoup la féparation de fon acide d'avec fa bafe; ainfi, quand on a répété plufieurs fois cette manœuvre, ce fel fe trouve à demi décompofé, ce qui met l'acide vitriolique plus en état d'achever cette dé- compofition fans le fecours du feu. Le fel neutre formé par cette méthode n'eft pas différent, quant au fond, de celui que nous avons employé dans la première opération; mais en comparant les qualités de ces DES .S,€} DENNICUE S 189 deux fels, on voit aifément lequel eft le plus propre à la compofition du pyrophore. Le fel de Glauber cryftallifé retient, comme on fait, beau- coup d’eau dans fa cryftallifation ; & comme l'acide vitriolique a beaucoup d’afhnité avec l’eau, il eft évident qu’elle ne peut s'évaporer pendant la calcination fans entrainer avec elle une certaine quantité d'acide, ce qui en diminue la proportion. 11 fuit de -là que ce qui en refte étant en moindre quantité & extrêmement adhérent à fa bafe, n’eft pas fi difpofé par ces deux raifons à fe combiner avec le phlogiftique du charbon. Au contraire, notre fecond fel contient un acide très-con- centré, qui n'a point encore contracté avec fa bafe une union bien intime, attendu que cette bafe eft encore un peu im- pregnée de fon acide naturel; d'où il fuit qu'il a les deux con- ditions néceffaires pour s'unir facilement avec le phlogiftique du charbon : ajoûtez à cela qu'il fe mêle plus facilement que Vautre avec la matière charbonneufe pendant la calcination , ce qui ne laifle pas d'être de conféquence pour {a réuflite de l'opération. On emploie la farine dans cette expérience, préférable- ment à toute autre matière végétale ou animale, parce qu'étant divifée en parties très-fines, elle eft très-propre à fe méler avec les fels; mais il faut oblerver que cette fubftance con- tenant fort peu de fleome, eft calcinée en fort peu de temps, & qu'alors l'acide vitriolique fe trouvant mélé avec du char- bon, devient fulfureux, ce qui rend la matière très-inflam- mable : c’eft pour cette raifon que nous avons prefcrit de faire la calcination à petit feu. S'il arrivoit, nonobftant cette pré- caution, qu'une partie de la matière s’'enflammät, il faudroit jeter hors de la poële la portion de matière qui auroit pris feu, parce que fon phlogiftique ayant été confumé par cet accident, elle feroit capable de faire manquer l'opération. La couleur verte du pyrophore embrafé ne peut être attri- buée qu'à l'alkali qu'il contient : on fait que ces fortes de fels ont la propriété de changer en verd toutes les couleurs bleues & violettes des fubflances avec lefquelles on les mêle; ainfi Aa ii 190 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE il n'eft point étonnant que la bafe du fef marin produife fe même effet fur la flamme du foufre. Cependant, comme le fel de Glauber cryflallifé ne donne pas une fi belle couleur verte au pyrophore qui en eft compolé, on feroit tenté de croire que dans celui-ci f'alkali du fel marin eft demeuré imprégné d'un peu de fon acide naturel, qui, en mêlant fon jaune orangé à fa couleur bleue de la flamme du foufre, contribue à former cette belle couleur verte. L'on a vü précédemment que la quantité de charbon ou de matière végétale qu'on mêle avec lalun pour compofer Je pyrophore, peut varier confidérablement: il n’en eft pas de même dans notre dernière expérience ; les dofes de farine ou autre matière qu'on peut employer avec le fel de Glauber, fe trouvent renfermées dans des bornes beaucoup plus étroites, L'expérience n'a fait connoître que fur deux parties de ce fel on ne peut mettre moins qu'une partie de farine; le Py- rophore qu’on obtient à cette dofe n'eft pas vif, il faut quel- quefois humeéter le papier fur lequel on le met, pour accé- lérer fon inflammation ; mais en revanche il conferve plus long-temps fon inflammabilité, fon feu eft d'un plus beau vert; & lorfque les grains de ce pyrophore font gros comme des pois, ce feu dure près d’une minute, & répand dans lobfcurité une lumière douce qui a beaucoup de reflemblance avec celle des vers luifans. Je me füis auffi affuré par l'expérience, qu'on ne peut mettre plus de trois parties de farine fur deux de ce fel, & que le pyrophore qu'on obtient à cette dofe ne donne qu'un feu morne, & fouvent même ne paroît pas s'enflammer, quoi- qu'il mette le feu au papier fur lequel on l'expole à l'air. J'ai omis, en parlant de Fopération préparatoire, de faire remarquer que comme fa matière devient très-fpongieufe pendant la calcination, l'on eff difpenfé de la pulvérifer, & qu’à fa faveur de cette grande porofité on peut avoir cette efpèce de pyrophore en grains de telle groffeur que l'on veut. DUÉ' 5 : SICHLENNG E & 191 T'ROISIEME PRO CÉ D'E: Compofer le Pyrophore avec le tartre vitriolé 7 une matière végétale. Prenez quatre gros de tartre vitriolé réduit en poudre, ajoütez-y cinq gros de farine, & mêlez le tout exactement; faites calciner ce mélange dans une poële de fer, fur un petit feu de charbons : après la calcination, vous apercevrez dans la matière charbonneufe de petits grains blancs, qui ne font autre chofe que votre fel qui ne seft mélé qu'impar- faitement avec elle. Broyez de nouveau cette matière, jufqu'à ce qu'on ny puille plus apercevoir aucun grain de fel avec la loupe; metiez-la alors dans un matras difpofé comme il a été expliqué précédemment, & fuivez, pour ladminiftra- tion du feu, la règle que nous avons donnée dans le premier procédé, Le pyrophore qu'on obtient par cette expérience s’en- flamme très-bien à l'air libre, mais fon feu n’a pas la couleur verte qu'on remarque dans celui qui eft compofé avec le {el de Glauber, REMARQUES. Le tartre vitriolé étant de très-difficile fufion pourroit paroître, par cette raifon, plus propre que le {el de Glauber à la compofiion du pyrophore; mais l'expérience, en ce point, ne s'accorde pas avec le railonnement, car l'on éprouve avec ces deux fels une difficulté qui vient précifément de la même caufe. En effet, lorfque le tartre vitriolé qu'on emploie à cette opération neft mélé qu'avec une petite quantité de matière charbonneule, il entre en fufion prefque auffi facilement que le fel de Glauber, ce qui fait manquer le pyrophore. C'eft pour éviter cet inconvénient qe l'on a pielcrit, dans le procédé, de le méier avec une grande quantité de farine: il faut aufli avoir aitention que le méange loit fait le plus exactement qu'il eft poflible; & comme Ton remarque que 192 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ce {el ne fe méle que très-imparfaitement avec les matières végétales qu'on calcine avec lui, on ne peut {e difpenier, après {a calcination, de pulvérifer de nouveau là matiere, & de la broyer jufqu'à ce qu'on n'y puitle plus apercevoir au- cun grain de fel avec la loupe. Cette feconde opération eft fi néceflaire, que s'il fe trouvoit feulement un grain de {el qui n'eût pas été pulvérilé, il ne manqueroit pas de fe fon- dre pendant l'opération & d'occafionner la fufion des autres parties fines, ce qui feroit ablolument manquer l'expérience, L'on voit qu'il en eft du pyrophore comme du phofphore d'urine, à cet égard. Pour compoler plus facilement & plus fûrement le pyro- phore avec le tartre vitriolé, il faut fuivre fa règle générale que nous avons donnée pour tous les fels neutres compolés de l'acide vitriolique & d'un alkali quelconque. L'application de cette règle confifte ici à combiner cet acide avec le fel de tartre, & à employer le {el qui rélulte de ceite combinaïfon fans le faire cryftallifer. L’alkali du nitre, ceux des plantes marines, faits par Ja combuftion, ceux des cendres leflivées, en un mot tous les alkalis falins & terreux, combinés de la même manière avec l'acide vitriolique concentré, forment des fels neutres qui m'ont tous très-bien réufli pour compofer le pyrophore par le même procédé. | Mais quoique le fl polycrefte foit compofé, comme on fait, de l'acide du foufre uni avec l'alkali du nitre, cepen- dant lorfqu'on l'emploie à cette opération, il n’y réuflit que très-difficilement. On peut donner plufieurs raifons de cette difficulté; la première qui fe préfente, c'eft que l'acide de ce {el étant un peu fulfureux, n'a point avec fa bafe une union bien forte, ce qui fait qu'il s'en diffipe une grande partie pendant la calcination: auffi s'aperçoit-on que la ma- tière fume beaucoup plus long-temps qu'elle ne devroit, & cette fumée extraordinaire ne peut provenir que de l'acide qui fe dégage de fa bafe & s'évapore en pure perte; de-là vient qu'il n'en refle que fort peu dans le mélange. Or, cette pette DES SCIENCES. 19 petite quantité rend déjà Fopération plus difficile: d'ailleurs, la qualité de cet acide fait naître une nouvelle difficulté : car quoique facide fulfureux paroifle en quelque forte 1m foufre commencé, cependant l'expérience n'a appris qu'il fe combine plus difficilement avec le phlogiftique, que celui qui eft abfolument pur & bien reétifié: c'eft par la même raifon que f'alun calciné dans des vaiffeaux ouverts, n'eft pas fi propre à compofer le pyrophore que celui qui eft calciné dans des vaiffeaux fermés, & que les vitriols n’y réuffiffent que très- difficilement, comme nous le verrons ci-après. Si tous les alkalis des fels neutres dont nous venons de parler, ne communiquent point au pyrophore enflammé “cette couleur verte qu'on remarque dans celui qui eft com- pofé avec le fel de Glauber, il ne faut pas penfer, que cela vienne de la différence qui eft entre ces alkalis; car on ob- ferve, en faifant des hépars avec l'une & l'autre elpèce, que la flamme du foufre fe change également en verd. Cette dif. férence vient pluflôt de ce que le pyrophore fait avec ces différentes efpèces de tartre vitriolé, ne contient qu'une très- petite quantité demfoufre, ce qui fait qu'il a dans fa défla- gration la. couleur d'un charbon embrafé, parce qu'effecti- vement la matière charbonneufe eft là plus abondante dans cette combinaifon: une preuve de cela, c'eft que fi l'on mêle un peu de foufre pulvérifé avec ce pyrophore, il donne un feu verd en brûlant, comme celui qui eft compolé avec le fel de Glauber. Si lon met gros comme une noifette de pyrophore für un morceau de papier plié en quatre, & qu'après qu'il fera bien allumé, on donne un petit coup de doigt par deflous le papier pour faire fauter en air la matière embrafe, elle produit un grand nombre d'étincelles vives & brillantes, & fait entendre un bruit femblible à celui d'un fel qui fufe fur les charbons ardens *. Pour trouver l'explication de ce phénomène, il faut faire attention que chaque grain de pyrophore contient une certaine quantité de charbon fulfureux, aétuellemerit embrafé, & qui Sav. étrang. Tome III, Bb * Lepyrophore d'atun n'a pas ces propriétés. 27 194 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE n'a befoin que du concours d'un air agité pour augmenter fon activité au point de mettre en fufion le fel avec lequel il eft mêlé: or ces grains embrafés éprouvent, en traverfant l'air, un frottement de la part de ce fluide, qui fait fur eux un effet équivalent à celui d'un foufflet; d'où il fuit qu'ils doivent fe fondre plus ou moins facilement, fuivant la nature des fels. -Si au lieu de faire fauter en fair le pyrophore embrafé, on fe contente de fouffler deflus, alors tous les grains allumés commencent à entrer en fufion, & s'uniflant les uns aux autres, ils forment de petits globes enflammés qui femblent avoir un mouvement de rotation, jettent des étincelles de tous côtés, & font entendre un bruit femblable à celui d'un : fl qui fufe fur les charbons ardens. Si lon cefie un inftant de fouffler, tous ces phénomènes cefflent; f: on continue, on les voit reparoître, & plus on fouffle fort, plus ils font marqués: enfin ces petits globuies, à force de jeter de tous côtés le charbon füulfuré dont ils font pénétrés, s’épuifent & fe réduifent à de petites molécules rondes, qui reftent rouges pendant quelques fecondes. Si dans le temps que ces boules de phggphore fondu font le plus enflammées & qu'elles ont le plus de volume, cn les _ laiffe tomber dans un vafe plein d’eau froide, elles y crèvent avec une explofion confidérable. À J'ai encore remarqué qu'il n'étoit pas néceffaire d'expofer le pyrophore allumé à l'impreffion d'un air agité, pour le mettre en fufion; il fuffit, lorfqu'il eft embrafé, d'en prendre un grain au bout d'un morceau de bois aiguifé, il s'y attache aifément; & comme il fe trouve alors environné d'air de tous côtés, il entre en fufion & prend la figure que doit prendre une matière fondue, plongée librement dans un fluide, c'eft-à-dire, la fphérique. Il paroît d'abord étonnant que ce grain de pyrophore fe fonde lorfqu'il eft ifolé, puifqu'il ne fe fond pas lorfqu'il fait partie d’un petit brafier de même matière; car il femble que dans ce dernier cas il doive éprouver une chaleur plus con- fidérable que danse premier. . — DÉS SIGTENCES. 195 Mais je crois que la raïfon qu'on en peut donner, ceit que le foufre qu'il contient, ne pouvant brûler qu'à l'air libre & étant de plus mêlé avec des alkalis qui lui font perdre un peu de fi combuftibilité, doit s'enflimmer plus facilement dans un grain de pyrophore environné d'air de tous côtés, que lorfque ce grain eft au milieu d'un brafier de même matière, où il n'éprouve le contact de fai: que par fa partie fupé- rieure. C'eft par la même raïfon que les grains de pyrophore, fur-tout de celui qui eft compofé avec le fel de Glauber, font fi Jong-temps à fe confumer, comme nous l'avons vû précé- demment, & que ia flamme du foufre qu'iis contiennent, perd fon activité naturelle, devient foible & rampante, & paroit moins un feu réel qu'une lumière douce & tranquille. On voit, par la fufibilité du pyrophore à l'air libre, que lorfqu'on le compole, il eft de conféquence pour la réuflite de l'opération, de choïfir un matras dont le col foit long, de le tenir toüjours bouché d'un bouchon de papier, & de mettre de bonne heure des charbons ardens autour du col du matras, afin de raréfier l'air qui y eft contenu; car fi ce Auide n'avoit pasfflêtte qualité, il ne manqueroit pas dé fa- vorifer la fufion de la matière ,-qui eft déjà follicitée à CR fondre par le degré de chaleur auquel elle eft expolce. On peut auf fe convaincre, par les expériences que nos avons rapportées fur ia compofition du pyrophore, d'une vérité dont il paroit qu'on n’eft pas bien perfuadé en Chymie; c'eft qu'il n'eft point néceffaire que les fels qui contiennent l'acide vitriolique , entrent en fufion , pour que cet acide fe combine avec le phlogiftique du charbon & forme de véritable foufre. Si l'on fait diffoudre dans l'eau les cendres du pyrophore, on en retire, par la cryftailifation, un peu de tartre vitriolé. QUATRIÈME PROCÉDÉ. Compofer le pyrophore avec un vitriol quelconque, un alkali à une matièrespégérale, combinés enfemble. Prenez du vitriol réduit en poudre & du fel de tartre Bb à 196 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'À CADÉMIE bien fec, auffi réduit en poudre, de chacun parties égales, ajoûtez-y la moitié de leur poids de farine, & mélez le tout exactement; faites calciner ce mélange dans une poële de fer, après la calcination réduifez la matière en poudre ou en grains, mettez-la dans un matras, & procédez, pour le refte de l'opération, comme nous l'avons expliqué précédemment, à l'exception qu’il faut augmenter l'activité du feu fur la fin avec un foufflet pendant un quart-d'heure. Si c'eft le vitriol verd ou le bleu que vous avez employé à cette expérience, le pyrophore que vous obtiendrez ne fera pas vif; il en faut quelquefois mettre jufqu'à un demi-gros fur le papier pour qu'il s'enflamme, encore eft-il fouvent né- ceffaire que le papier foit humecté; il ne conferve pas long- temps fon inflammabilité. Mais fi c'eft le vitriol blanc dont vous vous êtes fervi, le pyrophore fera aflez prompt à s’enflammer & fe confer- vera aflez long-temps. REMARQUES. Si lon eflaie de compofer le pyroph@re avec les vitriols © par les procédés que nous avons donnés pour les autres fels, on n'y réuflit pas; la raifon en eft peut-être que le foufre qui fe produit dans cette opération, ne trouvant pas dans ces chaux métalliques, encore impregnées d'acide, une matière propre à lui donner des entraves, fe diflipe à mefure qu'il fe forme, ou peut-être parce que acide vitriolique, qui s'eft emparé du phlogiftique des métaux, n’eft plus ft difpofé à fe combiner avec celui qu'on lui préfente, & qu'il faut, pour y parvenir, un degré de feu des plus violens. Ce qui donne de la vrai-femblance à cette dernière opinion, ceft que les fels neutres, formés de acide fulfureux & d'un alkali, oni befoin d’un feu plus fort pour réuflir dans cette opération, comme nous lavons obfervé à l'oceafion du fel polychrefte. Aufli, toutes les fois que j'ai tenté de compofer le pyrophore avec le vitriol veïd, mélé feulement avec la farine ou le miel, j'ai toûjours obfervé que là matière qui ir DéEis". S'CHTEMNVE LE < I étoit le réfultat de mes expériences, s’échaufloit davantage à l'air libre, orfque j'avois employé à mon opération un degré de feu plus fort; J'en ai même obtenu par: ce procédé, qui m'avoit befoin que d’être chauflée pour s'enflammer. J'ai auffi remarqué que ce pyrophore imparfait, lorfqu'il étoit embrafé & qu'on le jetoit en l'air, produifoit des étin- celles fort femblables à celles qui naïflent de la collifion d'un morceau d'acier & d'un caillou tranchant, lefquelles ont fait autrefois la matière d'un problème dont un Savant du premier ordre a donné une folution qui ne laïffe rien à defirer. Cette expérience eft encore une nouvelle preuve de fon fentiment, car ces étincelles ne font produites que par un fer révivifié, qui fe trouvant mélé avec du foufre enflammé, fe fond facilement, fur-tout lorfqu'il éprouve le concours de Fair. Si le pyrophore qu'on obtient par le quatrième procédé avec le vitriol de zink, eft plus prompt à s'enflammer que celui des autres vitriols, il y a tout lieu de croire que ce demi-métal, qui de fa nature eft très-combuftible, contribue beaucoup à lui donner cette qualité. On fent bien que l'addition de Falkali eft enccre plus néceflaire avec ce dernier vitriol qu'avec les deux autres; car fi on le traitoit fans cet intermède, le foufre, qui n'a pas la moindre affinité avec le zink, ne manqueroit pas de fe fubli- mer, ou même de fe brüler, à mefure qu'il fe formeroit, à moins que ce demi - méul ne füt allié avec une quantité de plomb aflez confidérable pour le retenir. On pourroit peut-être penfer que ’alkali qu'on ajoûte aux vitriols, dans cette opération, les décompole, & que le pyro- phore qu'on obtient, a été produit par un tartre vitriolé; car quoique l'acide vitriolique s'unifle au phlogiftique préférable- ment à l'alkali, on fait qu'il faut, pour que cette union de préférence fe fafle, que cet acide foit concentré jufqu'à un certain point, & qu'il éprouve un degré de chaleur confidé- rable: or ces deux conditions manquent abfolument dans 1e commencement de lopération ; ainfi l'acide eft alors plus difpofé à s'unir à l'alkali, & il y a tout lieu de croire qu'il s'y É Bb ii 198 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE joint en partie. Mais je dis que cette décompofition du vitriol n'eft pas complète, & que fr elle Fétoit, l'expérience manque- roit abfolument ; car j'ai obfervé plufieurs fois qu'en mélant enfemble à parties égales, deux fels, dont il n'y en avoit qu'un qui fût propre à compofer le pyrophore, l'opération ne réuf- fifloit jamais : par conféquent , fr dans notre expérience le vitriol étoit abfolument décompofé, comme il n’y auroit alors que a moitié de la matière qui füt propre à produire du pyrophore, il eft évident qu’on n'en obtiendroit point. Explication de l'inflammarion [pontanée du Pyrophore à l'air libre. Il eft certain d'abord que le pyrophore contient une quan- tité prodigieufe de particules ignées toutes prêtes à fe mettre en action. Voici une expérience qui rend cette vérité très- fenfible. Si Yon effaie de le tranfvafer, même plufieurs jours après qu'il a été compofé, quelque précaution qu'on prenne pour empêcher que l'air extérieur ne communique avec celui des vaiffeaux, il arrive toüjours , lorfque le pyrophore eft bien conditionné, qu'on le voit s'enflammer en defcendant le long du col du matras: fi l'on retourne les vaiffeaux pour le faire rentrer dans Je matras, le même phénomène reparoït, & fe répète fouvent jufqu'à trois fois. On trouve aifément la caufe de cette inflammation, en fai- fint attention au frottement que le pyrophore éprouve en traverfant la colonne d'air renfermée dans le col du matras : quelque peu confidérable que foit ce frottement, il eft fuffi- fant pour mettre:en liberté les particules ignées qu’il contient, lefquelles font d'autant plus difpofées à fe mettre en action, qu'elles font en grande quantité, que Îe corps qui les retient n'oppofe qu'une foible réfiflance à leur force expanfive, & qu'il eft très-propre à leur fervir d'aliment. : Mais comme le feu ne peut s'entretenir fans le concours de fair libre, il eft évident que cette déflagration qui fe fait dans des vaifléaux fermés, ne peut être qu'inftantanée : auffi DES SCIENCES. 199 le pyrophore que l'on foùmet à cette épreuve ne perd pas pour cela fon inflammabilité, on trouve feulement qu’elle a été un peu afoiblie. Comme on atiribue ordinairement au’ pyrophore la pro- pricté de luire, qu'il n'a cependant que lorfqu'il eft embrafé, on pourroit peut-être penfer que le phénomène dont nous venons de parler n'eft qu'une fuite de cette propriété; mais, pour être für du contraire, il fuffit d’avoir fait cette expérience ; car les vaiffeaux qui y fervent, contraétent une chaleur fi confi- dérable, qu'on ne peut plus douter que la matière qu’ils con- tiennent, n'ait éprouvé un commencement de combuftion. On peut aufii fuppofer comme un fait inconteftable, que l'humidité contribue beaucoup àf'infiammation du pyrophore, puifqu'on en peut compoler, comme on l'a vû & comme on le verra encore, qui ne s'enflamme jamais fur un papier fec, & qui ne laiffe pas de senflammer fur un papier hu- mide. Mais voici une expérience qui rend encore plus fenfible cette propriété qu'il a d'attirer l'humidité: Prenez une plaque de quelque métal, polie & brillante; refpirez deflus jufqu'à ce que les vapeurs de la refpiration en aient obfcurci tout le brillant ; fur cette furface ainfi préparée jetez quelques grains de pyrophore, à linftant vous verrez la rofée difparoïtre autour de chaque grain, il s'y formera un petit cercle où le brillant du métal reparoïtra, & ce cercle ira toüjours en augmentant jufqu'à ce que le pyrophore ait attiré toute l'humidité dont il eft fufceptible par cette voie. On peut auffr préfenter les grains de pyrophore au bout d'une épingle fans les faire toucher au métal, & le même eflet paroît. Après avoir établi par les deux expériences que nous ve- nons de rapporter, la vérité de ces deux propoftions, favoir, que le pyrophore contient une quantité prodigieufe de parti- cules du feu élémentaire, & qu'expoft à l'air il a la propriété d'en attirer l'humidité, on peut aifément découvrir la caufe de fon in ation. Mais il n'eft pas hors de propos d'examiner auparavant l'explication qu'on en donne ordinairement. 200 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE Conune on n'avoit pü compofer le pyrophore jufqu'à pré- fent qu'avec l'alun , tous les raifonnemens que l'on à faits pour expliquer fon inflammation, ne font applicables qu'à celui qui eft compolé avec ce fel : on fuppofe que la terre calçaire de falun fe change en chaux vive pendant l'opération , que cette chaux attire l'humidité de Fair & s'échauffe aflez pour occafionner l'inflammation du pyrophore, Pour favoir fi cette terre fe convertit réellement en une chaux aflez vive pour avoir les propriétés qu’on lui attribue, j'ai eu recours aux expériences fuivantes. J'ai mis dans un matras un précipité d'alun bien lavé, & je lui ai fait éprouver un degré de chaleur égal au moins à celui qui eft néceffaire pour la production du pyrophore, & lorfqu'il a été froid, je l'ai expolé à l'air fur du papier; mais il ne s’eft nullement échauffé. J'ai auffi fait brüler une once de pyrophore d'alun qui ne contenoit que fort peu de charbon, & après en avoir recueilli les cendres, je les ai mifes dans un matras, & leur ai fait éprouver la même calcination dont je viens de parler; je les ai enfuite expolées à l'air libre, & elles n'y ont contracté aucune chaleur fenfible. Enfin, j'ai combiné féparément ces deux chaux avec une dofe de farine égale à celle qu'on met pour compofer le py- rophore, & je leur ai fait éprouver le même degré de chaleur: ces matières expofées enluite à l'aire m'ont point paru s'y échauffer ; j'ai jeté un peu d’eau deflus, & alors elles fe font un peu échauflées, mais trop peu pour mériter attention. Cependant la terre de l'alun telle que je l'ai employée à ces expériences, étoit beaucoup plus calcinable qu'elle ne l'eft lorfqu'elle fait partie de l'alun qu'on emploie pour compofer lepyrophore; car, dans le dernier cas, elle eft unie dans le commencement de l'opération avec fon acide, qui ne la quitte que difficilement, ce qui l'empêche de fe calciner; & lorfque fon acide eft combiné avec le phlogiftique du chäfion, elle fe trouve alors unie avec du foufre, qui eft un fondant très-capable de faire obflatle à fa calcination. I eft donc évident que la terre DE S : S C 1,E N,C:E:5. 20or terre de l'alun ne fe change point, pendant l'opération, en une chaux aflez vive pour avoir la propriété qu’on lui attribue. Mais le pyrophore compolfé avec le {el de Glauber achève de mettre cette vérité dans tout fon jour; car il ne contient point de terre qui puifle fe convertir en chaux; l'alkali qui la remplace eft, comme on fait, d'une nature particulière, & Join d'avoir, comme les autres {els de {on efpèce, la propriété d'attirer l'humidité de fair, on fait que lorfqu'il y eft expolé, il devient comme farineux & tombe en efflorefcence. Ainfi , puilque des quatre principes que contient ce pyrophore, il y en a trois, favoir, l'alkali, le foufre & le charbon, qui n'ont pas la propriété d'attirer l'humidité de Fair, & de s'échauffer en conféquence, il eft évident qu'on ne peut attribuer cette double propriété qu'au quatrième, qui eft l'acide vitriolique, à qui d'ailleurs on ne fuppole rien en cela qui ne foit très- conforme à fa nature. On voit par-là qu'il fe trouve dans le pyrophore une cer- taine quantité d'acide vitriolique, laquelle n'étant pas aflez com- binée avec le phlogiftique pour former de véritable foufre, ne devient que fulfureufe, & dans cet état, étant très-concen- trée , attire fortement l'humidité de fair, & s'échaufle affez pour occafionner l'inflammation de cette matière, qui, comme on fa vü ci-deflus, eft difpofée à s'enflammer avec 1a plus grande facilité. On peut faire venir à l'appui de cette nouvelle explication plufieurs phénomènes finguliers qu'on remarque dans le pyro- *phore, & qui feroient inexplicables dans toute autre théorie que celle que je viens d'établir. I! arrive quelquefois, par exemple, que le pyrophore dans la compofition duquel on a fait entrer une grande quantité de matière charbonneufe, ne réuffit point, quoiqu'on ait pris toutes les précautions nécefaires pour ne pas manquer l'opé- ration: cette matière, qui ne s’enflammoit point d'abord à Fair, gardée dans le matras bien bouché, acquiert au bout de quelques jours cette propriété, Ce changement fingulier s'explique très-bien dans notre Say, étrang. Tome IIL Cc 202 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE théorie ; car lon comprend aifément qu'à caufe de la grande quantité de matière charbonneufe qui étoit dans le pyrophore dont il s'agit, il eft arrivé que tout f'acide vitriolique s'eft combiné pendant l'opération avec le phlogiflique, de façon à former du foufre, & qu'ainfr il n’en eft point refté fous Ja forme d'acide fulfureux qui püt attirer l'humidité de air. Mais comme il y a une partie de ce foufre artificiel qui n'eft pas parfaitement formée, le phlogiftique de ce foufre n'ayant pas avec l'acide une union bien intime, fe diflipe en partie au bout: d’un certain temps: l'acide alors fe trouvant réduit à la condition d'acide fulfureux , recouvre la propriété qu'il avoit d'attirer l'humidité de l'air & de s'échaufier en conféquence, ce qui rend au pyrophore fon inflammabilité. Ce raifonnement peut être encore confirmé par un autre phénoméne qui vient de la même caufe. On remarque que le pyrophore dans lequel on n'a mêlé qu'une petite quantité de matière charbonneufe, & qui à caufe de cela paroït jaune, perd cette couleur au bout d’un certain temps & devient gris. Or cette couleur jaune qu'il avoit d'a- bord ne venoit que de la quantité de foufre qu'il contenoit ; il eft donc évident qu'elle ne peut avoir difparu que par la dé- compofition de ce même foufre. Si cependant cette décompofi- tion d'un foufre imparfait avoit peine à gagner la confiance du Lecteur, voici un exemple qui fervira à la rendre plus fenfible, Qu'on mette dans un creufet deux gros de tartre vitriolé réduit en poudre & mêlé exaétement avec un dixième de fon poids de poudre de charbon; qu'on échaufle le creufet, fermé de fon couvercle, jufqu'à le faire rougir, & qu'après avoir entretenu une demi-heure en cet état, on le retire du feu & on le laifle refroidir; fi-tôt qu'on pourra le toucher fans fe brûler, qu'on examine la matière qu'il contient, elle paroîtra colorée de jaune, mais cette couleur ne fera pas de longue durée, car au bout de quelques minutes elle fera entierement diflipée. Cette expérience prouve, ce me femble, que cette couleur venoit d'un foufre à demi-formé, qui s’eft détruit à l'air par la diflipation de fon phlogiftique. p'E s: SPENIMENNIG:E: IS 203 Quoique les expériences que j'ai rapportées jufqu'ici, & les conféquences que j'en ai tirées, fufhfent pour établir la nou- velle théorie du pyrophore que j'ai expolée, cependant j'ai cru que pour la mettre dans le dernier degré d'évidence, il reftoit encore une expérience à faire, laquelle confiftoit à combiner un alkali avec une matière charbonneule, à lui faire éprouver une calcination égale à celle du pyrophore, & à lexpofer enfuite à Fair libre pour favoir s'il n’auroit pas 11 propriété de s'y échauffer. Lé tartre alkalifé dans des vaifleaux fermés , qui s'échaufle lorfqu'on l'humeéte, femble donner quelque vrai-femblance à cette conjecture. Après avoir employé à cette expérience plufieurs. efpèces d’alkalis combinés avec différentes efpèces & différentes dofes de charbon, je n'en ai trouvé aucun qui eût la propriété de s'échauffer à l'air libre. A la vérité, loifqu'on les humeétoit, ils s’échauffoient comme Falkali du tartre dont nous venons de parler; mais on auroit tort d'en conclurre qu'ils contri- buent à l'inflammation du pyrophore, puifque l'humidité de Yair, qui eft fufhfante pour enflammer ce dernier, n'éft pas capable de leur faire contracter la moindre chaleur fenfible. Aprés avoir répété plufieurs fois toutes les expériences que jai rapportées jufqu'ici, & avoir reconnu qu'elles s'accordent les unes avec les autres, & établiffent. de concert notre nouvelle théorie, je ne diflimulerai point que: j'en ai fait une dernière qui, quoiqu'aflez conforme à cé que j'ai dit des principes qui entrent dans la compofition du pyrophore, ne paroït pas d'abord saccorder fi bien avec l'explication que Jai donnée de {on inflammation: la voici. di CINQUIÈME PROCÉDÉ, Compofer le pyrophore avec un alkali, du foufre & une matière végétale combinés enfemble. Prenez telle quantité qu'il vous plaira d'alkali fixe bien fec réduit en poudre, ajoütez-y le quart de fon poids de foufre pulvérilé, & mêlez le tout exaétement; mettez ce mélange Cc ji 204 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE dans un creufet que vous expoferez pendant un quart-d’heure à un feu fufhfant pour faire fondre le foufre; lorfqu'il fera fondu & attaché à l’alkali, retirez alors le creufet du feu, & lorfque la matière fera refroïdie, pulvérilez-la de nouveau, ‘ mèlez-la enfuite avec un poids égal de farine, mettez ce mélange dans une poële de fer & le faites calciner à petit feu de peur qu'il ne senflamme. Pour éviter cet inconvé- nient, il eft à propos d'agiter fouvent la matière avec Îa fpatule, & de détacher celle qui s’attachera à la poële. Quand elle ne fumera plus fenfiblement, il faudra alors la réduire en poudre, en remplir la panfe d'un matras, & procéder pour ladminiftration du feu comme il a été expliqué dans le premier procédé. Au lieu de ne mêler d’abord que le foufre & T'alkali, on peut mêler les trois fubftances & calciner le tout enfemble: il eft vrai que par cette méthode il y a une plus grande quantité de foufre qui fe diffipe en pure perte, mais il en refte toûjours affez pour le fuccès de l'opération. On peut auffi faire fondre l'alkali & le foufre comme pour compofer un hépar. Enfin on peut calciner Falkali & 1a farine mêlés enfemble, & après avoir pulvérifé cette matière, y ajoûter la dofe de foufre convenable: ce dernier procédé abrège beaucoup Fo- pération, parce qu'on peut faire la ealcination t'ès-prompte- ment, fans craindre que la matière s’enflamme. On peut encore s'épargner tout le travail de cette opération préparatoire, en fubflituant à la farine la poudre de charbon; mais dans ce cas, il n'en faut mettre qu'un tiers de la dofe. Le pyrophore qu'on obtient par tous ces procédés, eft très-prompt à s’enflammer & conferve très-long-temps fon inflammabälité, REMARQUE S Quoique cette expérience ne paroifle pas d’abord s’'accorder avec l'explication que nous avons donnée de l'inflammation du pyrophore; je crois cependant qu'on peut faire voir qu'elle de DRE S J'EN fe: 5: 20$ y eft très-conforme, & que de même que les différentes efpèces de pyrophores dont nous avons parlé contiennent ua foufre à demi-formé, celui-ci en contient un à demi-décompotfé. Mais la difhculté eft de favoir ce qui peut avoir opéré la décompofition de ce minéral. Prétendre que 'alkali à cette propriété, ce feroit avancer en Chymie un paradoxe infoû- tenable. Mais c'eft fe conformer aux principes fondamentaux _ de cette Science, que de dire que F'alkali, en fe joignant au ‘foufre, a occafionné une diminution d’affinité entre les prin- cipes de ce minéral, ce qui a donné lieu au feu de l'attaquer plus efficacement & de lui faire éprouver un commencement de combuftion. Je fais bien qu’on peut objeéter que les alkalis fixes étant incombuftibles de leur nature, empêchent le foufre avec lequel ils font unis de fe brûler; mais il faut faire attention que ces fels font ici mélés avec une grande quantité de matière inflammable qui doit faire un eflet contraire, & qui d’ailleurs les empêche de contraéter avec ce minéral une union aflez intime pour le mettre à l'abri de toute altération: il faut auffi avoir égard à la quantité du foufre, qui n'entrant dans cette combinaifon que pour un huitième, y doit être conféquemment plus divilé & plus raréfié; d'où il fuit que fes parties étant extrêmement fines, offrent plus de furface à Faction du feu & font plus difpofées à fe décompoler que fi elles étoient plus rapprochées, Au refle, quoique le foufre pafle communément pour inaltérable par toute autre voie que par la combuftion, ce- pendant la Chymie nous fournit plus d'un exemple de 1 décompofition de ce minéral par d’autres moyens: on en peut citer un d'abord dans l'analyfe du baume térébenthiné, faite par M. Homberg; les principes du foufre s'y trouvent ma- nifeflement féparés, ce qui n'arrive vrai-femblablement que parce que l'union qu'il contraéte avec l'huile diminue la co- héfion de fon acide & de fon phlogiftique, ce qui occafionne fa décompofition. Il arrive à peu près la même chofe dans notre expérience : Le phlogiftique du foufre fe confond pendant l'opération avee Ce ii % = 206 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'AÂACADÉMIE celui du charbon, & ne forme plus avec lui qu'un tout ho- mogène; d'où il fuit que l'acide n'eft plus combiné avec le phlogiftique pur, & qu'il ne forme plus par conféquent de véritable foutre. J'ai obfervé plufieurs fois que le foufre réduit en poudre extrêmement fine, & expofé à l'air dans un lieu fermé, ne laifloit pas de contracter un peu d'humidité, ce qui lui faifoit perdre fenfiblement de fon inflammabilité, au point que pour {a lui rendre, on étoit obligé de le faire fécher. Cette expé- rience, dont je fuis für, prouve que la petiteffe de fes molé- cules lui donnoit cette propriété d'attirer humidité de l'air, puifqu'il ne Fa pas lorfqu'il eft en mafle, Si l'on combine ce minéral avec la bafe du fel marin, lhépar qui en réfulte attire fortement l'humidité de l'air: ce- pendant , des trois principes qui entrent dans cette combinai- fon, il ny en a qu'un, qui eft l'acide vitriolique, qui ait cette propriété; mois il lavoit abfolument perdue, en s'unif fant, par fuperfaturation, avec le phlogiftique. Comment la recouvre-t-il donc par Faddition d'un alkali qui n'a pas lui-même cette propriété? je crois que la meilleure raifon qu'on en puifle donner, ceft que comme les affinités des fubftances compolées font moindres que celles des: fubftances fimples, il arrive que l'alkali, en fe joignant au foufre, oc- cafionne une diminution d’afhnité entre les principes de ce minéral; d'où il fuit qu'à melure que la cohéfion de acide avec le phlogiftique ef diminuée, l'afhnité qu'il a avec l'eau doit augmenter, ce qui le met en état d'attirer l'humidité de Y'air. ; On voit, par ces exemples, qu'il n'eft point, néceflaire ue le foufre foit abfolument décompolé pour que fon acide ‘ puifle attirer Fhumidité de l'air, il fufit que l'union de fes deux principes foit confidérablement afloiblie par une caufe quelconque, & il y a tout lieu de croire que c'eft-là l'état où il f trouve dans notre dernière expérience. J'ajoûterai encore ici une remarque qui eft générale pour toutes les efpèces de pyrophores dont il a été queftion jufqu'ici, | © er 4 DAE! s SiCytiEI NN! E!s. 207 c'eft que lorfque la matière qu'on deftine à les compofer n'a point été calcinée, l'opération n'en réuflit pas moins: il eft vrai que le pyrophore qu'on obtient eft en mafle, & qu'il fut caffer le matras pour lavoir; mais fous cette forme il fe con- ferve plus long-temps, & lorfqu'on veut s'en fervir, il fafit de l'écrafer fur un papier humide, il s'enflamme à l'inftant: fans cette condition, il ne prendroit point feu, & pourroit refter pendant quelques heures expolé à l'air fans perdre la propriété qu'il a de senflammer; ce qui prouve que lorfqu'il eft fous cette forme, l'humidité ne Le pénètre pas facilement. Quant à la durée de l'opération, qui étoit autrefois de deux heures, fans y comprendre le temps de la calcination qui duroit bien autant, je l'ai réduite à une heure, mais on peut encore l'abréger ; car, par exemple, en prenant de 11 poudre de charbon, du foufre & un alkali, on peut faire le pyro- phore en moins d'une demi-heure: je l'ai fouvent compofé dans vingt minutes avec.un plein fuccès, Quoique quelques Phyficiens aient attribué au pyrophore la propriété de luire, je n'ai point trouvé, dans toutes les expériences que j'ai faites exprès à ce fujet, que cette lumière füt affez diftinguée de l'ignition pour pouvoir Ja confidérer à part : il eft vrai que lorfqu'il eft échauffé à certain point, les parties fulfureufes dilatées & raréfiées par la chaleur s'exhalent & s'enflamment, & commé cetté flamme participe en quelque forte de la fixité de l'alkali, elle devient rampante & forme une petite atmofphère lumineufe; maisalors, fi la matière n’eft pas totalement embrafce, elle l'eft en partie, & l'intervalle de temps qui {e trouve entre cette lueur & lembrafement n'eft point affez confidérable pour qu'on ait lieu d'aflurer qu'elle en foit indépendante. Je viens de faire deux nouvelles expériences, qui me pa- roiffent fort concluantes pour le fentiment que j'ai avancé fur l'inflammation du pyrophore, & que j'ai cru devoir rapporter ici, quoique ce ne foit pas leur place. Si l'on mêle exactement trois gros de poudre de charbon pur avec un gros de foufre pulvérifé, & qu'on calcine le "ee rt 208 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE tout dans un matras comme pour compoler du pyrophore; quoique le foufre s’exhale prefque tout pendant l'opération, cependant la matière refroidie a la propriété de s'échauffer lorfqu'on l'expole à l'air fur un papier humide, Cette expérience réuffit auffi en combinant de pareil char- bon avec acide vitriolique concentré. La conféquence qu'on peut tirer de ces expériences, c'eft que la chaleur de la matière en queftion a été produite par l'acide vitriolique, & que cet acide n'a pü provenir dans la première expérience que des débris du foufre, MEMOIRE DES SCIENCES. 209 MEMOTRE : MU RL ETES R VITRIOLIQUE. .Par M. BauMÉ, Maitre Apothicaire de Paris. VE ne prétenids pas donnér ici comme une nouveauté le ,; Jui procédé de l'Ether, je ne le donne que par occafion | 17554 mon but étant d'examiner le-réfidu de cette opération autre- ment qu'il ne Fa été. Il réfulte, comme on fait, une matière bitumineufe , dû mélange de la partie huileule de l'efprit de vin avec l'huile de‘vitriol; on fait encore que lorfque’ l'éther elt diftillé, cetté matière fe raréfie tellement, que peu de chaleur eft capable de faire monter un mélange de douze livres , comme je l'ai remarqué plufieurs’ fois, ce qui’ fait un'embarras 'confidérable pour lexaminer commo- dément. Puifque c'eft cé réfidu que je me propofe d'examiner & qui fait le principal ’objet de ce Mémoire, je crois’ devoir retidre éompte!'des principes dont il eft compolé. Les différens procédés qui ont été donnés pour faire l'éther, varient fur les dofes d'huile de vitriol & d’efprit de vin: füivant les uns, il faut parties égales en mefure ; fuivant d'autres, parties égales'en poids , & d’autres enfm font’ différer les dofes en poids : ces matières employées à des dofes différentes donnent, comme on fait, dés produits différens, la liqueur minérale d'Hoffinan en eft un exemple connu. J'ai par-dévers moi es variations de ces matières employées à des dofés différentes : maiscomme:M. Hellot les à don- nées à l’Académie dans un Mémoire imprimé avec ceux de cette même Académie en 1739, ül eff inutile que je les rapporte ici. Je. dirai. cependant -que l'huile de vitriol & Felprit de vin mélés à des dofés convenables & traités ar- tiftement, donneront ‘toûjours de Yéther, plus où moins, même quatre onces d'huile de vitriol bien concentrée fur une livre d'efprit de vin, maîs à la vérité’en très-petite quantité, * Sa. étrang. Tome 111, 210 MÉMOIRES PRÉSENTÉS. A L'ACADÉMIE & encore faut-il bien prendre garde de ne pas expofer trop. long-temps ces liqueurs à l'air, & plus il y aura d'acide vitriolique, plus‘on‘äura d'éther ; cependant cette quantité a fes limites, au-delà defquelles, fi l'on en ajoûte davantage, il” eft en} puré pêrte, & lon n'a pas pour cela une plus grandé quantité d'éther. . Ces dofes font parties égales en poids, ce font elles qui m'ont le plus fourni d’éther : huile de vitriol que j'emploie , pèfe deux onces, dans une bouteille qui tient une once d'eau pure, Les excellens Mémoires que M.': du Hamel & Groffeont. donnés à l Académie en 1734, m'ont paru laifler quelque: incertitudes. fur le parti qu'on doit prendre pour faire cette opé-! ration; ils rapportent des effais qu'ils ont faits fans fuccès, ce qui n'eft pas étonnant, vû que cette matière ctoit neuve alors, & que ceux qui font les premiers des recherches fur quelques. objets, ont toujours beaucoup de defavantage du. côté de la réuffite;_ s'ils n'ont: pas eu d’éther dans ces premiers effais;, cela vient de ce qu'ils ont été faits en trop petite dofe., Par exemple, ces Méflieurs ont mélé fix :onces d'huile de vitriol avec trois onces d'efprit de vin; certainement ils en-auroient eu à ces does, s'ils n’avoient pas été obligés de tâtonnér : à force. de déluter les vaiffeaux , de changer le produit de cette diflillation d’un vaiffeau ‘dans unautre,, J'éther qu'ils avoienti obtenu vrai-femblablement s'évaporoit dans toutes ces mani: pulations. À cette occafion,, j'obferverai quet l'on verfe une, once, d'éther d'un flacon de large ouverture dans un autre ;, & principalement quand ïl fait chaud, on trouve près de! deux gros, de perte qui fe font évaporés par cet échange: on. en fra d'autant plus für, fi l'on a fait la-tare des flacons aupa- rayant; ainfi il, n'eft pas étonnant que ces habiles Chy- mifles n'aient pas: retiré d'éther, quoique leur procédé fût fort bon & très-bien fait. Un, peu. plus bas, dans ce même Mémoire, on voit que lorfqu'ils ont mélé‘une livre d'huile de.vitriol & deux livres d’efprit de vin ; ils enont eu: fa quantité totale du premier mélange eût, été pareille à celle, des ce fecond, ils auroient.eu le double de liqueur éthérée. 2 L DES! SICAIEINTICEE SON TM sf M. Hellot, qui avoit-participé au travail dont je viens de parler , reprit feul cetie matière, comime ‘on fe’ voit dans les Mémoires de cette Académie ten ‘1739 les expériences variées & ingénieufes qu'il'a faites fur cette partie, font aflez voir le deflein “qu'il a eu de poufler ce travail à fa per- fection; le fuccès a répondu à fes efpérances, mais commé cés fujets : font en quelque forte inépuifablés , (j'éfpère: qu'on ne me faura pas mauvais gré de donner à cette illuftre Com- pagnie les rélultats de quatre années d'expérience , qui m'ont donné occafron de remarquer les différentes variations qui arrivent dans le cours de cette’ opération. Voïei 1e procédé qui m'a le mieux réuffi. ji Prenez fix livres d'efprit de vin'bien reétifié, mettez-les dans une corne de verre, verfez par-deflüs & de fuite, par le moyen d'un long tuyau , fix livres d'huïle de vitriol bien concentrée, remuez la cornue tout doucement & à diverfes reprifes , afin de méler les deux liqueurs enfemble ; ce mélange bouillon- nera & s’échauffera confidérablement ; il en fortira des vapeurs avec un fifHement affez fort, qui auront uné odéur très-aroma- tique , femblablé à celle de l'eau dé Rabel vieille, Ces vapeurs ne font que de l'efprit de vin & non point de l'éther, c'eft pourquoi il eft inutile de chercher à les recevoir, afin d'éviter Vembarras. Ce mélange ne prend qu'une petite couleur rouflé ambrée fr Fefprit de vin n'eft guère huileux. Laiffez un peu refroidir la cornue } pour la pouvoir manier plus ficilemént; placez-la dans un bain de fable, échauffé à peu près au même degré qu'elle; lutez à la cornue un balon percé d'un petit trou que vous déboucherez de temps en temps afin de faciliter Ja fortie de l'air & la condenfation des vapeurs trop raréfiées, & pour réconnoître auflr l'odeur des liqueurs qui paferont, diflillez ce mélange par un feu de charbon affez fort pour entre- tenir fa liqueur toûjours bouillante : ïl fortira d'abord environ fix onces d’efprit de vin très-aromatique, que M. Héllot appellé éfprit acide vineux, qu'ileft inutile de féparer ; enfuite viendra léther. Lorfqu'il y en a environ un tiers de diftillé, il fe forme à Ja voûte de là cornue une infinité de points qui femblent être Dd ij 212 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fixes -en forme de flries , & qui cependant, font autant de gouttes. d’éther qui roulent les’ unes fur lés autres & vien- nent diftiller..dans le--ballon : :ces petits points paroïffent & fe fuccèdent .jufqu'à la fin de l'opération: Continuez le feu : jufqu'à ceique vous aperceviez tout -à-coup. s'élever des vapeurs blanches qui remplifent la cornue & le récipient, & que ces vapeurs fentent lefprit volatil fulfureux ; car dans le, cours de l'opération il arrive aflez fouvent qu'en débou- chant le petit trou du balon, il, s'élève tout - à - coup des vapeurs blanches , comme l'a très-bien remarqué M. Hellot, qui difparoiflent également en rebouchant le petit trou; mais ce figne tout feul ne marque point que Fopération foit finie, il faut qu'il fait accompagné d'une odeur plus volatile, & même {1 pénétrante, que fi on refpire ces vapeurs un peu fort par ce petit trou , elles excitent à toufler; ces vapeurs font aufli plus épaifles & plus difficiles. à fe condenfer. Conti- nuez le feu encore pendant une demi-heure, parce qu'il pañlé toüjours de l’éther avec ces vapeurs aqueules, acides & ful- fureufes , quand on fait l'opération à ces dofes là; car fi la quantité eft beaucoup moindre, il eft certain qu'il ne monte plus du tout d’éther, dès que les vapeurs fulfureufes s'élèvent, ainfi que l'a obfervé M. Hellot. Délutez alors le ballon, & verfez ce qu'il contient dans un flacon de cryftal bien bouché, vous en aurez environ trois livres huit onces: relutez le ballon à la cornue, & par un feu plus modéré continuez la diftila- tion jufqu'à ce que le mélange foit prêt à monter, vous retirerez depuis dix jufqu'à feize onces d’efprit fulfureux très- volatil pénétrant , fur lequel furnagera depuis deux jufqu'à quatre gros d'huile que lon nomme Auile douce de vitriol ; faut la féparer par l'entonnoir. J'ai toüjours eu conftamment cette huile d'une très-belle couleur citrine tranfparente; elle retient encore avec elle un peu d’efprit fulfureux volatif, qui lui donne une mauvaife odeur ; il eft cependant facile de Ja lui ôter : j'en parlerai plus bas, afin de conferver l'ordre des reétifications. 11 refte dans la cornue une matière noire, épaitle, d'une odeur fulfureufe & bitumineufe, que lon peut DES S CIE NICE 5. 213 fi l'on veut, rachever de diftiller à ficcité, mais cette diftil- lation éft difficile, laborieufe & extraordinairement longue ; ceite matière fe bourfouffle & monte très-aifement : je crois quil faudroit plus de fix mois pour y parvenir, aux dofes que jai prefcrites ; d'ailleurs iout facide vitriolique qui en diftille eft fulfureux depuis le commencement jufqu'à la fin de l'opération. N'ayant rien obfervé de plus que ce qu'en a dit, dans fon Mémoire de 1739, M. Hellot, qui a fuivi cette matière avec beaucoup d'exactitude, il eft inutile d'en faire ici une répétition; je rendrai compte feulement dans la fuite, de ce que j'ai obfervé fur ce rétidu filtré & non filtré. Revenons à la première liqueur diftillée. Cette liqueur, comme on fait, neft pas de pur éther : elle contient 1.° un efprit de vin très-aromatique , milcible à l'eau, & qui communique à l'éther la propriété de s'y mêler aufli; 2.° l'éther; 3.° une portion d'huile douce qui monte toüjours avec l'éther fur la fin de l'opération; 4.° un peu d'elprit fulfureux. Pour fparer toutes ces liqueurs, il faut d'abord mettre dans le flacon qui les contient, un peu d'huile de tartre par défaillance, bien fecouer le tout, & dans l'inftant du mélange vous trouverez une différence fenfible ; lodeur fuifureufe & volatile que cette liqueur avoit aupa- ravant, deviendra fuave & fera celle de Féther pur, comme Va remarqué M. Hellot ; latkali fixe aura abforbé l'acide fulfureux. Verfez ce mélange dans une cornue de verre, placez-la fur le bain de fable d'un fourneau de lampe, ajuftez à la cornue un petit ballon , & par quelques lumignons faites cette diftillation. Dans cette retification , l’éther diftile à Ja moindre cha- leur: au commencement la voûte de la cornue n'eft point chaude, & l’éther qui diflille ne la mouille point en appa- rence, elle paroît aufli féche dans l’intérieur qu’à fon extérieur > tout le col de la cornue ne paroït point humide, à l'exception d'environ un pouce de l'extrémité du bec, où la diftillation eft apparente. Continuez l'opération jufqu'à ce que vous aperceviez des filets très-droits fe former autour de la voûte Dd ij 214 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE & du col de la cornue; éteignez alors la lampe &'ne fa ralumez qu'au bout d'un quart d'heure: lorfque vous verrez que les gouttes fe ralentiront confidérablement, & que lon pourra compter cent fecondes entre chaque goutte, féparez la ‘ liqueur qui {era diftillée, elle ef toute pur éther ; vous en aurez environ deux livres quatre onces. Si vous y ajoûtez de l'eau & que vous lagitiez pour la mêler avec l’éther, vous verrez fur le champ les liqueurs fe féparer & l’éther gagner le deffus. Relutez le ballon à la cornue, & par un feu‘un peu plus fort continuez a diflillation pour retirer encore huit ou dix onces d'une liqueur qui eft très-aromatique, & qui fait de très- bonne liqueur anodyne minérale d'Hoffman, elle eft chargée autant qu'elle doit l'être, de l'huile douce qui a diftillé fur la fin de la première opération : fi l'on en verfe quelques gouttes dans un verre d'eau, elle la blanchit un peu. Vous trouverez dans la cornue un peu d'huile qui furna- gera le phlesme acide fulfureux que l'huile de tartre a abforbé: on peut la féparer par l'entonnoir, elle fera d'une couleur pâle, un peu ambrée, grafle, & ayant uné odeur de phleuwme d'eau de vie. Revenons préfentement à lhuile douce, qui eft très-im- pregnée d'efprit fulfureux, & qui a diftillé avec lui fur la fin de la première opération : il eft très -aifé de lui ôter cette odeur en la lavant avéc un peu d'huile de tartre très afloiblie avec de l’eau, ou feulement en la laiffant expofée à l'air libre pendant quelques jours ; de couleur citrine & de fluide qu'elle étoit, elle deviendra pâle blancheatre, un peu épaifle & d'une odeur de phlegme d'eau de vie: vous en aurez depuis deux jufqu'à quatre gros, fuivant que l'efprit de vin fera plus ou moins huileux. Cette diftiflation dure ordinairement quinze à fize heures. R EVM A R-OVUNENS, Des expériences réitérées n'ont appris qu'il étoit inutile de verfer l'huile de vitriol par partie, elle pañle à travers l'efprit de vin & occupe le fond de la cornue: on remue à DES S CTENCES. 215$ diverfes repriles , afin de faciliter le mélange des deux liqueurs, qui s'échauffent fi confidérablement, que {1 on approche la main à un demi-pied de diflance de la cornue , on fent la chaleur comme fi on l’expoloit à cette mème diftance d'un brafier ardent; c'eft pourquoi j'ai prefcrit de laitier refroidir {a cornue jufqu'à ce qu'on à puifle prendre avec les mains fans être incommodé par fa chaleur. On entretient la liqueur toûjours bouillante fans danger, depuis le commencement jufqu'à la fin de l'opération: if eft inutile de féparer les différentes liqueurs à mefure qu'elles diftillent, parce que par cet échange de vaiffeaux on perd toûjours une quantité confidérable de liqueur éthérée. J'ai prefcrit de continuer le feu quoique l'on fente l'efprit fulfureux volatil, qui eft le figne certain, quand cette opéra- tion eft faite à petites dofes, que tout ce qu'il y a d'éther eft diftillé; mais je me fuis aperçû qu'il en pafiè toûjours une aflez bonne quantité fur la fin avec l'efprit fulfureux , lorfque l'on fait cette opération à ces dofes. Il eft abfolument inutile que ce mélange refte en digeftion plusoù moins long-temps avant la diftillation, l’on n’a pas pour cela une plus grande quantité d'éther ; cependant il n'en arrive point d'inconvéniens en le faifant digérer, il n'y a feulement que le temps de la digeftion de perdu. Lorfque j'ai dit de continuer le feu après que l'éther eft diftillé, pour retirer depuis dix jufqu'à feize onces d'efprit fulfureux, je ne prétends pas dire que l'on n'en puifle pas tirer d'avantage : on peut réduire la matière à ficcité, comme je lai dit, mais cette opération eft longue. La plus grande partie de lhuile douce vient avec cet efprit fulfureux ; car il en vient aufr avec l’éther, comme je lai dit plus haut; c'eft pourquoi, plus on rétirera de cet efprit fulfureux, plus on aura d'huile douce. Les différentes faifons, l'efprit de vin plus ou moins reétifié & plus où moins chargé d'huile, foit de la fienne propre, foit de quelque huileeffentielle qu'on lui a ajoûtée, & l'huile de vitriof plus ou moins concentrée, donnent des produits différens. 216 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE L’atmofphère en hiver étant moins chaude, diffipe une bien moindre quantité d’éther qu'en été : de ce mélange dans les temps froids j'ai retiré deux livres quatre onces d’éther tout rectifié, & ne contenant abfolument rien qui foit mifcible ‘ à l'eau; car il eft bon d'avertir que quelquefois l'éther ne paroït point mifcible avec l'eau, quoiqu'il le foit en partie, ce qui vient d’une portion d'acide vineux qu'il contient, qui donne à f'eau la propriété de difloudre une certaine quantité d'éther. Comme ce mélange d'eau, d'acide vineux & d’éther eft fpécifiquement plus pefant que l'éther, il occupe toû- jours le fond du vaifleau. Il eft aifé de fe convaincre de ce fait, fi on reclifie la liqueur qui fe trouve fous de pareil éther. En été au contraire, au mois de juillet, je n'ai pù retirer qu'une livre douze onces de pareil éther, de la même quan- tité de mélange, & les matières que j'ai employées étoient parfaitement femblables. 1 A l'égard de l'efprit fulfureux & de l'huile douce, les pro- duits font les mêmes dans toutes les faifons. J'ai fait une fois cette opération à ces mêmes dofes avec de l'efprit à la lavande bien redifié & bien chargé de cette huile effentielle ; dans 'inftant du mélange, les vapeurs qui s'en élevoient, avoient une odeur aromatique, femblable au mélange fait avec de l'efprit de vin pur, mais mélée de l'odeur de lavande, & en même-temps bitumineufe ; le mélange eft devenu très-trouble, d'une couleur brune foncée, épais, repréfentant des iris. L'éther qui en eft provenu, paroifloit d’abord auffi parfait que celui qui efl fait avec de bon efprit de vin pur; mais lorfqu'on s'en frottoit les mains, & que la liqueur éthérée étoit diffipée, il refloit une odeur de lavande très-forte. L’éther étoit fi chargé de cette huile, qu'il y en avoit environ une once dans le fond du ballon, qui n'étoit pas mêlée avec lui, parce que cette huile plus pefante que l'éther le traverloit rapidement, & que ce pañlage fübit ne donnoit pas le temps à l'éther de la difloudre entièrement; il n'y avoit que les furfaces qu'elle lui préfentoit, qui étoient diffoutes, DES SCrENCES: 217 difloutés, pendant que le refle fe précipitoit & fe confervoit au fond du ballon, faute d'être agité. J'ai féparé par incli- mation la liqueur éthérée d'avec cette huile; la partie hui- leufe a été mile dans un flacon avec huit onces d’eau filtrée, ce mélange s'eft troublé, eft devenu laiteux ; deux jours après il s'eft éclairci fans féparation, mais une feule rectification au feu de lampe nv'a fait recouvrer cette huile, qui avoit une odeur de lavande aflez foible & de phlegme d'eau de vie, La quantité d'huile effentielle que mon efprit de vin contenoit, a été caufe que j'ai trouvé dans la cornue, après la diftillation de l’éther, environ deux onces de bitume arti- ficiel tout formé, qui furnageoit en forme de pellicule, laquelle couvroit toute la liqueur. Je l'ai féparé & manié dans de l’eau de puits, pour en ôter le fuperflu de l'acide vitrio- lique : ce bitume, ainfi lavé & bien féché, n'a paru avoir toutes les propriétés de ceux qui proviennent de ces combi- naifons. A l'occafion de l'huile douce de vitriol, je rapporterai une obfervation que j'ai faite. J'ai eu de cette huile, qui a paffé tout l'hiver de 17 5 2 fur la fenêtre de mon laboratoire, dans une bouteille débouchée & comme négligée; il y en avoit environ deux gros qui n'avoient point été lavés, & qui furnageoient à peu près autant d'efprit fulfureux qui y étoit reflé : fon odeur volatile & defagréable s'eft perdue entièrement & s'eft changée en une odeur aflez douce , agréable & fort aromatique, à peu-près femblable à celle de l’efprit acide vineux qui diftille avant l'éther, méié de Yodeur de citron , tirant fur l'huile de pétréole rectifiée. Il s'eft formé dans la liqueur qui étoit deflous cette huile, de petits cryftaux qui n'avoient aucun mauvais goût : ces cryflaux exa- minés à la loupe, étoient rangés par couches écailleufes , ils fe fondoient difficilement dans la bouche, & paroifloient durs fous les dents comme le fel fédatif; ces écailles étoient minces & approchoient de la configuration de ce fel cryftallifé. La quantité de ces cryftaux étoit trop peu confidérable pour pour- voir être examinée plus amplement. Say, étrang, Tome 111. Ee 218 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE Cette huile provenoit d'une diflillation faite avec de l'huile de vitriol pure & de l'efprit de vin très-pur. J'ai quelquefois cherché les moyens d'augmenter fa quan- tité de cette huile douce, j'ai toüjours remarqué qu'il n'y avoit que les huiles effentielles qui fuflent propres à cela, mais auffi elles communiquent à l’éther & à l'huile douce l'odeur de l'huile eflentielle employée: elles forment auffi du bitume, qui furnage la liqueur de la cornue, fur la fin de la diftil- lation, en quantité proportionnée à celle de l'huile eflentiellé qui refle combinée avec l'acide vitriolique. Les huiles grafles, tirées par expreffion , employées en même quantité, forment fur la fin de l'opération beaucoup plus de ce bitume, parce qu'elles ne contiennent rien de volatil, & que ce bitume ne fe forme pas tout à coup, mais peu à peu; quand c'eft de l'huile effentielle qu'on emploie, une partie de cette huile eft attaquée, tandis que l'autre eft enlevée par la chaleur : au lieu que quand on fe fert d'huiles graffes qui n'ont rien de volatil, la chaleur qui n’eft pas immédiate, ne peut rien enlever deces huiles, elles reftent dans la cornue , & fe combinent avec l'acide vitrioli- que, à mefure qu'il fe concentre par la diftillation de l'éther, il forme du bitume, proportionnellement à la quantité d'huile grafle employée. De là on peut conclurre que fi l'acide vitrio- dique eflencifie les huiles grafes, c'eft après les avoir réduites en bitume, & les avoir mifes dans le cas de recevoir immé- diatement la chaleur du feu ; car j'ai quelquefois ajoûté quatre onces d'huile d'amande douce à douze livres de mélange, fans que pour cela j'aie eu plus d'huile douce. Après toutes ces expériences, il faut conclurre que cette huile douce ainfi augmentée doit avoir des propriétés diffé- rentes de celle qui eft provenue de l'efprit de vin pur, puifque celles qu'on ajoûte au mélange retiennent opiniätrement l'odeur de la plante qui les a produites, & que l'huile douce fimple conferve toûjours odeur qui lui eft particulière. IL eft encore aiïfé de conclurre de ces mêmes expériences, qu'un efprit de vin chargé de quelques huiles effentielles donne à l'éther des propriétés différentes, en ce qu'il retient DE, S SIGN EAUNAC.E IS. 219 odeur de l'huile effentielle, qu'il eft un peu plus gras, & qu'it eft un peu plus long-temps à fe féparer de l'eau; mais on ne peut guère remarquer ces différences de la féparation de l'eau, qu'en les comparant l’un avec l'autre, parce qu'elles ne font pas aflez fenfibles pour pouvoir être obfervées autrement, Du Réfidu. Revenons préfentement à la matière noire reftée dans fa cornue, que j'ai annoncée au commencement de ce Mémoire comme faifant fon principal objet. On fait que c'eft un compofé des débris de Ja décompofition de f'efprit de vin par l'acide vitriolique. Cette matière, comme je l'ai déjà dit, eft trèsfufceptible de raréfaétion, ce qui fait des difficultés pour lexaminer commodément: d’ailleurs, fi on pouffe par la diftillation ce réfidu à ficcité, tout facide vitriolique qui en provient eft volatil & fulfureux à raifon de cette matière grafle & huileufe de l’efprit de vin, qui le nourrit continuelle- ment de phlogiftique à mefure qu'il diftille, & le rend ful- fureux juiqu'à la fin de la diftillation. C'eft fur ces confidé- rations que j'ai entrepris de féparer, par voie de filtration, cette matière bitumineufe, tenue en diflolution par le fur- abondant de l'acide vitriolique, & qui forme une liqueur homogène, noire & épaifle. Je tentai d'abord de filtrer ce réfidu à travers le papier gris, après lavoir étendu dans beaucoup d'eau, à travers le verre pilé, le fable , le grès égrugé, dans des creufets de terre de Paris, dans des pots à calciner, que l'on nomme Camions, avec le fel de nitre qui clarifie parfaitement les huiles de vitriol ordinaires, & encore bien d'autres intermèdes qu'il feroit inutile de rapporter ici, puifque ces différentes tentatives ont toüjours été fans fuccès, la liqueur paffoit trouble & chargée de tous fes principes, au lieu d’être claire comme je le defirois ; mais ces expériences & les réflexions qui m'occupoient conti- nuellement , fur le foin que je prenois de garder ce réfidu dans des bouteilles de verre préférablement à celles de grès, me conduifirent infenfiblement au but que je me propolois. En Ee ji pre Liqueur. at Liqueur. 220 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE conféquence, j'en ai rempli une bouteille de grès, moins cuit qu'il ne l'eft ordinairement ; cette boutelle contenoit 6 à 8 pintes: je l'ai mile dans une terrine de grès, dont la cuiflon étoit parfaite ; j'ai ferrai le tout dans une armoire bien fermée, afin d'éviter la pouffière. Au bout de quinze jours, je vis avec phaifir un commencement de filtration, tel que je le fou- haitois: de cette façon j'ai retiré en dix-huit mois 4 livres 1 5 onces de liqueur extrêmement acide, très-claire, tran{pas rente, un peu ambrée, mais beaucoup moins colorée qu'elle ne l'étoit lorfque je lai employée. Je l'ai filtrée de nouveau à travers le papier gris, pour féparer quelques légères pouf fières qui font toûjours inévitables. Cette liqueur n'avoit une très-foible odeur d'en de Rabel, L'huile de vitriol que j'ai employée, peloit 2 onces dans une bouteille qui tenoit une once d'eau pure. Le réfidu non filtré pefoit 1 once 3 gros + dans la même bouteille, Le réfidu filtré à travers la bouteille de grès, pefoit ro gros dans la même bouteille; c'eft 1 gros + d'humidité de J'air qu'il a attiré en fe filtrant. J'ai mis ces 4 livres 1$ onces de liqueur ainfi filtrée, dans une cornue de verre pour la concentrer; en douze heures de diftillation, j'ai retiré 20 onces de phlegme ayant une très-légère odeur de vinaigre diftillé. Enfuite j'ai retiré encore 1 3 onces + de liqueur, qui ne différoit en rien de la première par le goût & par l'odeur. Je les ai mélées enfemble pour n’en former qu’une feule ; ce qui fait 33 onces +. Ces liqueurs mêlées peloient r once 6 graîns dans la même bouteille dont j'ai parlé ci-deflus. En continuant le feu, j'ai retiré encore 104 onces d’une liqueur qui n’eft point acide fur la kingue, mais d'une odeur de vinaigre diftillé, un peu plus forte que la précédente, & très - légèrement fulfureufe. Au bout de huit jours cette liqueur a acquis une odeur fétide acide, telle que celle qu'ont les fubftances végétales lorfqu'on les diftille par à cornue: elle pèle 1 once 12 grains dans la même bouteille. Re DES SctrEenNcCcEs. 224 Pendant h diftillation de cette liqueur, celle de fa cornue a commencé à fe colorer peu à peu en noir, fans que pour cela elle fe troublât. En continuant le feu, j'ai retiré encore 8 onces 1 gros de liqueur très-acide, légèrement fulfureufe, claire, tranfpa- rente, pelant 1 once 48 grains dans la même bouteille. Cette liqueur a parfaitement l'odeur de l'acide marin, fi on ne flaire que le bouchon du flacon de cryftal dans lequel elle eft contenue, A melure que la liqueur fe concentroit, elle dépofoit au fond de la cornue une matière feuilletée. J'ai ceffé fa diftil- lation pour la féparer ; elle étoit eryflalline, brillante, & entiè- rement femblable au fel fédatif cryftallifé. Ces cryftaux étoient falis par un peu de bleu de Pruffe qui étoit interpolé entre eux. Jeles aï lavés avec une fufhfante quantité d’eau pour en enlever le fuperflu de l'acide vitriolique, ils ont pelé 2 gros bien fecs. Plus bas on verra que ce n’eft que du vitriol de mars, dont forigine doit être attribuée à l'acide vitriolique qui eft toüjours chargé de fer. L'huile de vitriol, féparée de ce dépôt, étoit très-colorée, épaifle, pefant 1 livre 9 onces<. Je l'ai remife en diftillation pour k concentrer, elle eft devenue peu à peu blanche, tranfparente ; une partie de la fubftance qui la coloroit, sélevoit en fuliginofité léoère , formée en petits flocons très-déliés, de difiérentes figures, tout à fait femblables à ceux qui s'élèvent d'une chandelle allumée lorfque la flamme eft retenue d'un peu de haut; elles étoient emportées dans te ballon par la vapeur, & donnoient une très-légère couleur de lilas à celle qui diftilloit. Ne pourroit- on pas conjecturer d'après cette obfervation , que c'eft par une caufe à peu-près femblable que les huiles de vitriol s’éclairciflent pendant leur concentration? mais on ne s'en aperçoit pas, parce que la matière colorante ne s’y trouve que très-rarement en aufli grande quantité; elle s'y détruit de la même façon que le refte de celle-ci Va été. Pen h concentration de cette huile, elle a dépofé aw Ee iij 3.° Liqueur. 1er Dépôt, 2322 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fond de la cornue une fubftance blanche, pareille’ au pré- cédent dépôt. 427 L'acide nitreux & la feflive des favonniers ne donnent Dixième. point de fécule, l'acide marin ne fait plus rien reparoître dans cette expérience : il paroît qu'on peut avec raifon foupçonner que c'eft l'acide nitreux qui a détruit la couleur & la fécule bleue. Le réfidu de l'éther, filtré de la manière que je l'ai indi- qué, mêlé foit avec de l'huile de tartre très-pure, foit avec la lefive des favonniers, foit enfin avec une folution de potale, m'a toûjours fourni du bleu de Prufle. Si à chacun de ces mélanges on. ajoûte un peu d'efprit de fel, la fécule preud une plus belle couleur bleue, L'infufon de noix de salle ne fait rien fur ce réfidu filtré. Ce réfidu étant filtré mélé avec de l'efprit volatil de fel ammonic, il s'en précipite une matière jaune : fi on ajoûte de la leflive des favonniers, le tout devient d'un beau noir: fi on y rajoûte enfin de ce réfidu filtré, la fécule bleue paroît, & elle fe précipite. Dans cette expérience, l'alkali volatil qui avoit d'abord détruit la couleur, n'empêche cependant point la formation du bleu de Pruffe par l'addition d'une nouvelle quantité de ce réfidu. I eft bon d'avertir qu'en faïfant ces effais il faut toûjours faire en forte de ne les point faturer entièrement d'alkali & de les tenir fort acides, car le point de faturation fait difpa- roitre entièrement la couleur bleue ; mais il eft facile d'y remédier en y ajoûtant un peu d'acide. Tous ces bleus de Prufle font de nuances différentes, fuivant qu'ils participent plus ou moins de quelqu'une des matières qu'on emploie. J'aurois fuivi cette matière plus particulièrement , fi elle n'eût pas été traitée par tant de perfonnes & avec tant, de fagacité, qu'ils n'ont rien laiffé à defirer fur la beauté de cette couleur : il me fuffit feulement d'avoir ajoûté une preuve de plus à leurs fentimens, qui eft que cette couleur ne provient que du fer, & d'avoir rempli l'objet que je mtois propofé en examinant d'ù provenoit cette couleur bleue que j'ai conftam- ment remarquée en mêlant cet acide, filtré ou non filtré, avec des alkalis fixes quelconques, comme on le verra de nouveau 1 "ETS Expériences fur le réfidu de l'éther flltré. 228 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE en faifant le tartre vitriolé avec ce réfidu non filtré : je donne même ces obfervations comme un principe général pour recon- noître l'exiftence du fer dans toutes les liqueurs, & particuliè- rement dans les eaux minérales, en convertiflent en bleu de Pruffe le fer qu'elles peuvent contenir. Tartre vitriolé fait avec ce réfidu non filtré. Je pafferai fous filence les réfultats de cette opération faite avec la potaffe ; je dirai feulement que la grance quantité de fel marin que j'en ai retirée, m'a fait foupçonner que ce fel y exiftoit auparavant, ce qui m'a obligé de recommencer cette opération avec du fel de tartre très- pur , afin de reconnoître par la nature des cryflaux fi une partie de cet acide vitriolique n'auroit pas changé de nature. J'ai faturé dans des terrines de grès la folution filtrée de trois livres de fel de tartre très-pur, & fait fans addition quelconque, avec fuffifante quantité de ce réfidu non filtré. Dans l'inftant du mélange il s'eft fait une vive effervefcence qui faifoit élever une mouffe blanche, parfemée en diflérens endroits d'une couleur jaune très-foncée qui pañloit rapidement à une très- belle couleur bleue foncée qui difparoifloit très-promptement : cette effervefcence étoit fuivie de la précipitation de la matière bitumineufe compolée de l'acide vitrielique & des principes huileux de l'efprit de vin, en forme de flocons très-égers, blancheâtres, paroiffant très-gras & vifqueux. Ces liqueurs répandoïient un mélange d'odeurs très-diftinétes d'éther, de vinaigre diftilé, d’efprit fulfureux très -léger, d'hepar fulfuris, de fcordium très-fort tirant fur l'ail : cette dernière odeur a refté jufqu'à la fin de l'opération. Le mélange s'eft éclairci au point de faturation : je l'ai mis dans une marmite de fer pour le faire évaporer au point de cryftallifition; j'ai filtré cette liqueur , elle a paflé très-vite, claire, légèrement ambrée; 1a matière bitumineufe a refté fur le filtre: j'y aï paflé beaucoup d'eau bouillante deffus, pour en enlever tout le fel quipouvoit y être refté ; je l'ai laifié fécher, il a pefé deux onces. Plus bas j'en rendrai compte. Les quatre premières levées de cryflaux DAELS / SLUONERENINAGUE 5 22 étoïent parfaitement bien configurées , & tout-à-fait fembla- bles au tartre vitriolé ordinaire. La cinquième levée n'a fourni un fel bien différent ; il étoit en petites aiguilles argentines, brillantes , roides, & fort approchantes des belles fleurs argentines du régule d'antimoine faites fans addition. Si on verle fur ces cryftaux de l'huile de vitriol, il fe fait une très-légère effervefcenfe qui fait élever quelques vapeurs blanches qui ont l'odeur de l'efprit de fel, La fixième levée de cryftaux étoit un diminutif pour la configuration; ces aiguilles étoient beaucoup plus fines, & pas fi bien rangées: l'huile de vitriol ne faifoit rien fur ces cryftaux. La liqueur évaporée de nouveau s'eft mife en une efpèce de glace rouffe tranfparente, d’une forte odeur d'ail ou d'arfenic: cette glace étoit compofée de cryftaux écailleux reffemblans au fel fédatif cryflallifé, rangés en forme de cellules, lefquelles renfermoient une liqueur d’une odeur qu'il n'eft guère poffible de définir. Ces cryftaux font d'abord froids fur la langue, & laiffent dans la bouche un goût de terre foliée de tartre ; ils fe bour- foufHent au feu avec quelques petites décrépitations ; ils fe diflolvent dans l'acide vitriolique affoibli avec une légère efer- vefcence, & renvoient des vapeurs d'ail & de vinaigre diftillé, J'ai refait évaporer la liqueur jufqu'à ficcité, elle a continué de répandre une forte odeur d'ail, d'arfenic, ou d'affa fætida, qu'il 'étoit guère poffible de définir : la mafle faline qui en a réfulté étoit feuilletée comme la terre foliée, mais elle en différoit entièrement ; car la terre foliée ordinaire communique à l'efprit de vitriol la faculté de difloudre l'argent , au lieu que cette matière rouffit l'acide vitriolique, & ne lui communique point cette qualité. Les autres expériences que j'en ai faites m'ont afluré que cette matière en approchoit, mais qu'elle n’en étoit pas. Vrai-femblablement , l’efpèce d'acide végétal que j'ai retiré par la diflillation de ce réfidu filtré, & qui n'a fourni une ma- tière faline qui approchoit davantage de la terre foliée, fe fera, dans cette opération, diffipé ou combiné différemment pendant les différentes ébullitions & évaporations que ce fel a fouffertes pour en avoir les cryflaux. 230 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE De la marière birumineufe précipirée au point de aturation , en faifant le rartre vitriolé avec ce réfidu non filtré, àr reflé für le fire. Cette matière encore humide eff graffe, vifqueufe, à raifon de la grande quantité d’eau qu'elle retient, de couleur de café au lait : étant bien féchée, elle reffemble à une terre d’un blanc fale , parfemée d’une infinité de petits points d'un gris cendré : en la calcinant à demi, elle devient d’un très-beau blanc luifant & difficile à fe délayer dans la bouche : fi on continue de la calciner, elle fe fond, & devient un émail de couleur de marron Juifant, & qui fait feu contre l'acier. On doit confidérer que cette matière contient une portion de la terre de fel alkali, qui s'en fépare toujours lorfqu'on le fature avec des acides. Si l'on met diffoudre de cette terre feulement féchée & fans être calcinée dans de l'acide vitriolique, elie lui communique le même état qu'a le réfidu de l'éther non filtré. Comme j'ai répété plufieurs fois l'opération de ce tartre vitriolé avec du fel de tartre très-pur , je me fuis trouvé avoir fuffamment de cette matière bitumineufe pour pouvoir faire plufieurs expériences. J'en ai mis deux onces en diftillation dans une cornue de verre au bain de fable ; il a pañlé d'abord un peu de liqueur chaire, qui avoit une très-légère odeur de vinaigre diftillé, enfuite un peu d'huile fluide légèrement colorée, qui peu à peu eft devenue d’un rouge foncé & fort épaifle : le total de ces deux liqueurs étoit de deux gros , dont environ un gros & demi en efprit, & le refte en huile. Ces liqueurs avoient l'odeur qu'ont les matières animales foùmifes à la cornue, & refflembloient plus particulièrement à a corne de cerf ; & outre l'odeur , elles en avoient toutes les propriétés , car cet efprit verdit le firop violat, & fait efferveffence avec les acides. Toutes ces preuves non équivoques font aflez voir que c'eft de l'alkali volatil. J'ai féparé de la cornue une once fix gros de terre noire friable & vitrefcible ; de même que celle qui n'a point fouflert de difillation. Mes Nat MARGE E 231 RÉCAPITULATION. I! eft aifé de condlurre de toutes ces expériences, que la théo- rie de l’éther, qu'a donnée M. Macquer dans fes Elémens de Chymie-pratique, eft abfolument conforme à l'expérience, lorf- qu'il dit, « l'éther eft un commencement de décompofition de l'efprit de vin par le moyen de l'acide vitriolique ; que cet acide agit tout à la fois fur le principe huileux & fur le principe aqueux de l'efprit de vin; qu'il Sen empare avec avidité, & que léther fe rapproche autant de la nature des huiles, qu'il s'éloigne par-là de celle de l'efprit de vin, en ce que cette liqueur n’eft plus mifcible à l'eau, &c. que cet acide vitriolique eft noyé & ablorbé dans les débris de Ja décompofition de l'efprit de vin, &c. » L'analyfe de ce réfidu filtré prouve encore d'une manière fatisfaifante, que cet acide a fouflert une prodigieufe altération, & démontre chirement l'infuffifance du procédé de quelqu'un qui enfeigne comme une découverte, d'employer ce réfidu tel qu'il eft à une nouvelle opération, puifque la quantité de phlegme qu'il contient l'éloigne confidérablement de la con- centration qui lui eft néceffaire pour qu’il puifle reflervir en cet état à faire de nouvel éther avec profit. Il eft encore prouvé, comme je l'ai dit en plufieurs endroits de ce Mémoire, que ce qu'il y a de nouveau dans le procédé de l'éther que je viens de donner, n'eft que dans la manipula- tion, que j'ai rendue par l'ufage plus facile, plus certaine & plus courte, puifque M.rs Duhamel, Grofle & Hellot ont donné à cette Compagnie le moyen de le faire. Il eft encore prouvé que les huiles grafles ne font pas eflen- ciflées par l'acide vitriolique, à moins qu'elles ne foïent ré- duites en bitume, qu’elles ne foient fans humidité, & qu'elles ne touchent le fond du vaiffeau pour recevoir immédiatement la chaleur du feu. Il eft encore prouvé que ceux qui ajoûtent des huiles cffentielles à 'efprit de vin pour augmenter la quantité de F'huile 232 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE douce, peuvent s'en difpenfer, puifqu'elles retiennent opiniä- trément Jeur odeur , & qu'elles la communiquent auffi à l'éther : il fuffit donc d'en ajoûter après , fi l'on veut. Il eft encore démontré que fi on a employé un efprit de vin , bien pur, il ne fournit prefque pas de bitume nageant tout formé immédiatement après la diftillation de léther ; que le contraire arrive fi on l'emploie chargé de quelque huile effen- tielle; & qu'il s'en formera encore davantage, fi c'eft une huile graffe qu'on a ajoûtée au mélange. left encore démontré que la difficulté que l'on a eue à examiner ce réfidu d’une manière fatisfaifante, vient de ce que la matière graffe de l'efprit de vin y eft tellement en diflolution, qu'aucun moyen , que je fache, hors celui que j'ai indiqué, n'eft capable de la féparer. Que ce moyen n'a mis à portée d'obferver, par la première & la feconde liqueur, qu'une partie de l'acide vitriolique eft tellement alterée, qu’elle fe rapproche beaucoup de la nature des acides végétaux. Par l'odeur de la troifième liqueur, & par fes effets fur la diffolution d'argent, différens de ceux de Facide vitriolique pur, & par la cinquième levée des cryflaux aiguillés du tartre vitriolé, qu'une partie de cet acide aproche de la nature de l'acide marin. Que les couleurs bleues que j'ai toûjours remarquées en faturant ces liqueurs, n'ont conduit d’une manière fatisfaifante à voir que cette fécule bleue n'eft que du véritable fer converti en bleu de Prufle. Il ne me refte plus qu'à faire obferver aux Chymiftes &' aux Phyficiens, qu'il doit paroître bien furprenant que des combinaifons auffi fimples que le font celles-ci, fourniffent des produits fi diflérens. Je ne prétends cependant qu'avoir effleuré cette matière, je fuis trop éloigné de penfer lavoir épuifée: je fuis fatisfait d’avoir feulement tracé le chemin à ceux qui feront meilleurs obfervateurs que moi. CN SUR DE S SG@GiENcCE s 233 JUR LE TOURBILLON MAGNETIQUE. Par M. pu Tour Correfpondant de l’Académie. vo N multiplie, que l'on combine, qu'on varie tant qu'on voudra les expériences fur l'Aimant , on peut, ce femble, s'atiéndre d'avance que les réfultats fe concilieront toûjours avec la fuppofition du T'ourbillon magnétique, tel qu'on le conçoit communément ; c'eft du moins ce que j'augure de l'applic tion toûjours naturelle que j'ai eu occafion de faire de cette fuppoft- tion dans divers Mémoires. Je continuerai à en fournir de nouvelles preuves dans celui-ci, où l'objet que j'ai direétement en vûe eft d'établir que dans les anciennes obfervations, que l'Auteur de la Defription des Courans magnétiques déclare fuf- pectes, rien n'eft hiétice, & qu'elles ont été fidèlement rendues ; décifion contre laquelle je ne réclame néanmoins qu'en rendant en même temps juftice à cet habile Phyficien , qu'en applaudif- fant au choix de la méthode qu'il emploie pour développer le méchanifme de l'aimant, & qu'en convenant qu'il l'a embellie; que l'élégance eft jointe à la variété dans les tableaux où il nous trace les routes du fluide magnétique, & qu’on peut les confulter avec confiance. Pourquoi faut-il qu’une défiance pouffée trop loin fur des obfervations qui ne différoient des fiennes qu'en apparence, ne lui ait pas permis de mettre en doute que d'autres yeux aient pü voir ce qui ne s'offroit pas alors aux fiens! On avoit expolé & admis commeun fait, que lorfque deux aimans fe touchent par leurs poles amis, le tourbillon devient commun en partie, & que des écoulemens de matière magné- tique» & les filets de limaille qui en repréfentent le courant, forment comme des arcs de cercle continus, qui embraffent les deux poles extérieurs. M. Bazin a trouvé que fes lames d'acier aimantées ne lui rendoient pas dans des circonftances équivalentes les chofes de cette façon, & il n’a pas héfité à en éonclurre qu'on n'avoit qu'une faufle idée du courant de ce Say, étrang. Tome IL, Gg 234 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'AÂCADÉMIE fluide autour d'un aimant , & qu'elle n'étoit étayce que fur des fictions. Comment n’a-t-il pas fufpendu cet arrér de profcription jufqu'à ce qu'il fe fût afluré par des épreuves convenables s'il étoit équitable ? Entrons dans l'examen qu'il a négligé. Difpofons dans le plan du méridien magnétique bout à bout & felon leur direction naturelle, deux lames d'acier aimantées de 6 pouces de longueur & au deflus un grand carreau de verre * ; femons-y de la limaille de fer, & confidérons l'arran- gement qu'elle prend. A l'endroit correfpondant à la jondion des deux lames, & fur une longueur de $ à 6 lignes, on aperçoit un aflemblage de traînées de limaille parallèles à l'axe des aimans: de part & d'autre, & fur la mème longueur, ce font des courbes Voyez la figure Qui s'enveloppent les unes les autres, & dont les dernières ne Ra s'étendent qu'à quelques lignes de diftance de la portion dés: &7 qui devienr né. Yames fur laquelle elles s'appuient. Tout joignant cette efpèce pra de tourbillon P, qui occupe le centre du tableau, on en voit La figure 2 de la deux autres À, B, qu’il fépare, formés de même de demi-cereles ns 7 din concentriques, mais beaucoup moins refferrés. Les portions des petite partie de Vames aimantées qui leur fervent de cordes, ont bien 3 pouces: &e phéromère, e longueur, & leurs limites ne s'étendent guère moins qu'à 1 + pouce de diftance. Des points compris depuis l'extrémité: de chacune de ces cordes, jufqu'au bout de la lame de côté & d'autre, partent des lignes dont la longueur eft de 15 à 18 lignes, toutes configurées à peu-près de même, & qui femblent montées, pour ainfi dire, fur une portion des demi-cercles extérieurs des deux tourbillons À & Z. Les lignes qui partent des poles N, S, font prefque droites, mais divergentes entr'elles. Si l'on compare toutes ces lignes tronquées qui font.aux environs de l'un des poles A, avec celles qui font vers le pole oppofé #, la courbure & finclinaifon qui font affeétées à certaines d'entr'elles, & la divergence des autres, l'idée la plus naturelle qui fe préfente, c'eft que celles de ces lignes qui Page 17. * Je préfère un carreau de verre à un carton , parce que la furf ce du verre eft plus unie & plus de niveau dans toute fon étendue. J’étends fous le carreau de verre une feuille de papier blanc, pour rendre les traces de la limaille plug, diftinétes, DES S-CANE NN CE S 235$ coxrefpondent de part & d'autre, font des portions d'une même courbe , dont la partie intermédiaire n'efb pas tracée. En effet, fi l'on avoit lié les points correfpondans des poles extérieurs M, S des deux lames réunies, & les points aufft correfpondans des parties voifines de ces poles, par des arcs de cercle qui s'em- braflaffent les uns les autres, & qu'enfuite on retranchàt {x partie intermédiaire de chacun de ces arcs, les apparences qui refleroient, feroient précifément celles qui font dépeintes dans la figure. Il y a donc tout lieu de conjecturer que les filets de matière magnétique à qui ces traînées de limaille ainfr tronquées doivent leur arrangement, & qu'on doit conféquemment fuppofer fe diriger dans le même fens, paflent aufli par portion intermédiaire de ces courbes, qui n'eft pas tracée Mais s'ils y pañlent, me dira-t-on , pourquoi n'y laiffent-ils pas comme ailleurs des vefliges de leur paflage! Je réponds, que quand les fimes aimantées ont une certaine longueur , ces filets qui ont un efpace confidérable à franchir pour fe rendre d'un pole à l'autre, ceffent de fe tenir réunis & adoflés les uns aux autres ; que féparés ils en ont moins de force, & que leur ation fur la limaille y eft en cet état fans efhicacité. Voici cependant de plus des preuves réelles de leur cours fur l'efpace qui fépare les portions de ces courbes, qui aboutiffent de part & d'autre aux lames aimantées, & qui font deffinées par {a limaille, Qu'on faffe promener une bouflole le Iong de Ja ligne CC tracée à 6 ou.7 pouces de diftance de ces lames , ou fur la ligne DD qui en eft plus rapprochée, ou indifféremment fur toute autre ligne intermédiaire entre ces lignes CC & DD, ïilarri- vera que lorfque la bouflole fera en Æ à peu-près * vis-à-vis * Ce point où laiguille devient parallèle à l'axe des lames aimantées, n'eft pas toûjours précifément en Æ wis-a-vis le point de jonétion des deux James: cela n'arrive ainfi que lorfque a vertu des deux lameseft égale ; car quand leur vertu eft inégale , le point où le parallélifme de l'aiguille à lieu ‘fe trouve hors du point Æ, du côté fçorrelpondant à Ja lame qui à le plus de force, & d’autant plus éloigné du point Æ, que cet aimant fupérieur.en force left à un plus haut decré: Oh connoit aifément fr les lames qu’on aflocie font ézales en force, en éprou- vant à quelle diftance elles agiffent für une bouflole, Il faut, dans cette ex- périence, préférer celles dont Ja vertu eft fenfiblement la même, pour ne pas trop compliquer lés'eflérs, ** Ggi 236 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE la ligne de jonétion des deux lames, l'aiguille dirigée à contre- {ens de fa pofition naturelle fe maintiendra parallèle à l'axe des lames VP, PS, & que par-tout ailleurs elle fortira du parallélifme, s'inclinant vers la lime aimantée par celle de fes ‘ extrémités qui eft de différent nom que celui des deux poles extérieurs V, S, qui en eft le plus voifin, & toûjours d'autant plus que le poids de la ligne qu'elle décrit, eft plus proche de ce pole. Tout l'elpace € D DC eft donc balayé par un courant de matière magnétique, & les différentes pofitions que prend fucoeflivement l'aiguille de la bouflole à qui on le fait par- courir, aufli-bien que la direétion de fes poles relative aux poles extérieurs A, S', des lames aimantées, indiquent que ce courant part de l'un de ces poles pour aller fe rendre à Faute: ce courant, qui doit envelopper l'aimant de toutes parts, ren- ferme les trois touibillons À, P, B. On me demandera peut-être comment ils font formés, & c’eft ce que je vais expliquer. Il faut concevoir tout aimant partagé par le plan de fon équateur en deux moitiés à peu-près égales, & que le fluide magnétique fort par tous les pores répandus fur la furface de Fune de ces moitiés, & rentre par les pores répandus fur la furface de l'autre moitié, en obfervant cependant que les pores qui compofent les poles font ceux où il pafle en plus grande afluence. Dans l'obfervation préfente, où les deux lames aimantées font miles bout à bout, & fe touchent par les poles amis, la même difpotition a lieu : tout te changement qu'ony remarque, confifte en ce que l'équateur de chacune de ces lames fe déplace ; il occupoit le milieu de la lame, & alors il fe rappro- che des extrémités qui le touchent, dans l’une en À, dans l'autre en B; en forte que dans lune de ces lames PS il y a plus de pores par où la matière magnétique y entre, qu'il n’y en a par où elle en fort, tandis que dans l'autre NP il y a plus de pores par où elle s’épanche en dehors, qu'il n’y en a par où elle y revient, H n’eft pas de mon objet de chercher les caufes de ce chan- gement accidentel ; il me fuffit de faire obferver qu'il a lieu en ces circonftances , & que les lignes À & B qui paflent par le centre des deux tourbillons 4, Z, perpendiculairement à lang DES SCIENCES. 237 des fames aimantces, font celles avec lefquelles co-incide le plan de l'équateur de chacune des deux lames, c'eft-à-dire, les lignes qui partagent chacune de ces lames en deux parties inégales, dont l'une reçoit & l'autre laifle écouler la matière magnétique qui y circule. Suivons-en le cours, & prenons-la d'abord au débouché du pole , qui eft celui qui fe dirige naturellement au nord, ce qui eft un pole de fortie: de ce point le courant qui fait une efpèce de circuit rebroufle chemin conjointement avec tous les filets du même fluide, qui fe font échappés par les pores répandus {ur la furface de la longueur À N'; une partie de ces filets fe dirige vers la même lame, & formant le tourbillon À, ils y rentrent par les pores ouverts fur la longueur À P, & y prennent la direction PN pour en fortir de nouveau par les iffues qu'ils avoient déjà franchies. Le refte du courant qui part du pole N & des parties voifines, fe dirige, par des courbes dont, comme nous l'avons précédemment remarqué, la limaille ne trace que les extrémités, fe dirige, dis-je, vers le pole S de Fautre lame PS, & vers les parties voifines du pole S'; il fe précipite par les pores qui y font percés en dedans de la lame PS, il y fuit la direction SP; & après avoir paffé au delà de l'équateur 2 , une portion de ce courant s'échappe en dehors par les pores diftribués fur a longueur BP, à la fortie defquels elle f replie; & après avoir formé les arcs concentriques du tourbillon 2, elle enfile les pores répandus fur la longueur BS, revient fur fes pas, & tournoie ainfi fans cefle. L'autre portion du courant, qui avoit parcouru la lame PS, paffe par la ligne de jonétion commune direétement dans l’autre lame IV P, à Fexception de quelques filets qui, fe détachant encore du gros de ce courant, fortent par les pores de la lame PS les plus voifins de l'extrémité P, décrivent les petits demi-cercles concentriques qui forment le tourbillon intermédiaire P quon voit en cet endroit, pour rentrer prefqu'auffi-tôt par les premiers pores de la lame PN, où rejoignant le gros du courant qu'ils venoient d'abandonner, ils le fuivent dans fa route qu'il continue felon la même diredtion SPN, & ce courant débouche par le pole N, où wwns Favions pris. Au refle, ce qui achève d'établir " | Gg ii Voy. Journ. des Savans, 17535 P- 231 6, Vol, J, Décembre. 538 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE que les chofes fe paffent ici comme je l'expofe, c'eft qu'ayant préfenté la bouffole fur les endroits où j'ai marqué de petites flèches, l'aiguille fe dirigea dans le fens des flèches par lequel j'ai exprimé les diverfes direétions du courant du fluide magnétique. * Il eft évident par ce que je viens d'expoler, que dans cette expérience la tranfpofition de l'équateur où du centre du tourbillon de l'une & l'autre lame aimantée ne fait que changer tout au plus un peu la configuration de leurs tourbillons, mais qu'elle ne les détruit ni ne les altère effentiellement ; on ne fauroit trouver par conféquent dans cet eflet aucune raifon de douter de a réalité du tourbillon magnétique. On peut dire la même chofe des lames où l'on multiplie les tourbillons, à qui, par exemple, on en procure deux; on en vient à bout par un certain procédé qu'on emploie pour les aimanter, & qui eft tel que d'une feule lame on en fait deux aimans diflinéts qui tiennent enfemble: alors les deux poles des extrémités font de mêmes noms, & attirent la même pointe de l'aiguille de Ia bouflole, & fa pointe oppofée eft attirée par le point du milieu de la lame, qui réunit deux poles oppofés & paroît être un pole commun. I! faut donc confidérer une pareille lime comme on confidéreroit deux lames différentes aimantées à Yordinaire, qui mifes bout-à-bout l'une de l'autre fe touche- roient par les poles de mêmes noms, & on doit attendre de la première les mêmes phénomènes que les deux autres produi- roient dans ces circonftances. Il faut donc qu'on y diftingue deux équateurs , que la limaille qu'on jette autour forme deux tourbillons, & que dans l'endroit qui fépare dans cette lame l'un des aimans de l'autre, la matière magnétique qui appar- tient à l'une, repoufle celle qui appartient à l'autre, comme M. Bazin la repréfenté dans la fg. 2 de la p/. Z7, qu'il faut comparer avec la fig. 2 de la p/. VI. H fuit de là qu'une lame qu'on aimantera de façon à la féparer en trois aïmans différens, aura trois tourbillons, & que la multiplicité de ces tourbillons, loin de fournir des objeétions folides contre le fyflème ordi- _naire, le favorile & le confirme. Dans cette même expérience que je viens de rapporter, & où DES SCIENCES 239 j'ai fait ufage de longues lames d'acier, & telles que celles que M. Bazin avoit employées, le courant de la portion du tourbillon, qui, flon l'opinion comnmme, embrafie les poles extérieurs des deux aimans, eft indiqué, comme nous l'avons vü, en partie par les arcs de limaille qui partent des extrémités extérieures des deux lames, & dans le reftant, c'eft-à-dire, dans l'intervalle qui fépare ces arcs, parla pofition qu'y prendune aiguille de boufiole; mais on eft le maître encore de le faire tracer en entier & par- tout par la limaille : au lieu de James d'acier de 6 à 7 pouces de longueur, qu'on en prenne de plus courtes, de 1 + pouce, par exemple, de longueur; & fi elles font bonnes d’ailleurs, on verra que ces arcs de limaille qui partent des extrémités exté- rieures des deux lames réunies par les poles amis, ne feront plus interrompus, & qu'ils formeront des courbes continues qui d'une extrémité s'étendront jufqu’à l'autre, conformément aux anciennes obfervations que M. Bazin refufe d'admettre; & cela parce que les filets du fluide magnétique qui d'un des poles extérieurs fe rendent à l'autre, n'ayant alors à parcourir en dehors qu'un intervalle beaucoup moins étendu que quand les lames ont chacune 6 pouces de longueur, fe defuniffent moins les uns des autres dans la traverfée, & en agiffent avec plus d'efficacité fur la limaille, qui eft forcée de prendre l’arran gement qu'ils tendent à lui donner. Voici un autre fait encore par rapport auquel M. Bazin, fondé fur fes obfervations, veut décréditer l'autorité des anciens Obfervateurs. Ils nous avoient dit que de la limaille de fer répandue autour d’un aimant s'arrange en forme de demi-cercles concentriques dont les derniers s'étendent d'un pole à l'autre, & en avoient conclu que les écoulemens magnétiques doivent paffer de même d'un pole de l'aimant à un pole oppolé, & l'envelopper tout entier. Selon M. Bazin il n'en ef rien, & ce tableau eft celui que leur a diété leur imagination. Remarquons que M. Bazin n’a fait ufage dans fes obfervations que de lames: d'acier d'une certaine longueur : il eût, je penfe, été plus dans larrègle qu'avant de fe décider fur celles qu'il attaque, il eût em- ployé des aimans femblables à ceux que ces Oblervateurs ont Pege sea 240 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE employés, & qui aflurément différoient beaucoup de fes fames a:mantées par rapport à la longueur. J'ai aétuellement devant les yeux un carton garni de limiille de fer , au deflous duquel eft une pierre d'aimant; j'y vois des courbes continues & bien diftinétes qui embraflent les points correfpondans aux deux poles de la pierre, & en dedans de ces grandes courbes, d'autres de plus petites en plus petites, concentriques à peu-près aux premières, & qui aboutiflent chacune à deux points également éloignés de l'équateur de la pierre. Voilà le tourbillon précifé- ment comme on le conçoit & comme on le define ordinaire- ment. Ce deffein eft différent de ceux que nous donne M. Bazin; mais il n'en eft pas moins exaét : c'elt l'ouvrage du fluide qui tourbillonne autour de ma pierre; il n'y a point à y retoucher. Quelqu'un qui le confulteroit , & qui ne feroit pas à même de faire l'expérience avec une lame d'acier d'une certaine longueur, & pareille à celles que M. Bazin a choifies , feroit-il en droit maintenant d'avancer, fans autre examen, que M. Bazin nous en a impofé? Je fuis bien éloigné de le penfer ; les defcriptions que cet habile Phyficien nous préfente de fes obfervations, font fidèles. I eft réel que les lignes de limaille qui aboutiffent aux extrémités d’une lame d'acier longue de 7 à 8 pouces, quoique divergentes entr’elles, s'écartent peu de la ligne prolongée qui co-incide avec fon axe ; que vers le milieu de la lame, & fur une longueur qui n’égale pas à beaucoup près celle de la lame, les traînées de limaille forment de part & d'autre comme des demi-cercles concentriques qui fe terminent à chaque côté de la lame , & enfin que depuis le plus grand de ces demi- cercles jufqu'aux lignes qui partent des extrémités de la lame, on voit d’autres lignes affez courtes qui s'étendent perpendi- culairement à fon axe. Quoique ces obfervations, les anciennes & les nouvelles, paroiflent au premier coup d'œil ne pouvoir pas quadrer enfemble, ni les unes ni les autres ne doivent être rejettées, ne défefpérons pas même de les concilier ; la marche du fluide magnétique n’y peut être que la même, malgré la diverfité des apparences : tächonsde la démêler, Je DE s à Slcrbrlwiche 241 Je reprends donc l'obfervation de M. Bazin. Il eft certain que vers le milieu de la lame fe tourbillon eft marqué, & fi les demi- cercles qu'on y aperçoit de côté & d'autre étoient enveloppés par d’autres demi- cercles femblables difpofés de proche en proche jufqu'aux- extrémités de la lame, les appa- rences feroient les mêmes abfolument dans celle-ci & dans l'ancienne; car on a toüjours dit que le fluide magnétique n'entre & ne fort pas tout par les feuls poles de l'aimant , mais qu'il en circule une certaine quantité à travers les pores répandus fur toute fa furface; & ce font ces filets détachés, pour ainfi dire, du gros du courant, qui, dans le grand aimant qui forme le noyau de la Terre, contribuent aux phénomènes de l'inclinaifon. Fout ce qui a donc pù déterminer M. Bazin à douter de la réalité de l'ancienne obfervation , fe réduit à ce que dans a fienne les traces de limaille qui aboutiflent aux autres points latéraux voifins des extrémités de la lame, & à ces extrémités, ne s'étendent pas fort loin, & forment des lignes prefque droites, & médiocrement inclinées vers l'équateur de l'aimant. Là-deffus J'ai à lui faire obferver que les différences de fon obfervation & de celle qu'il préfume douteufe, peuvent dépendre des lon- gueurs inégales des aimans refpeétifs. La lame aimantée qu'il emploie a 7 à 8 pouces de longueur, & la longueur de ma pierre d'aimant n'excède pas 2 pouces. C'eft en confquence de celle de fa lame aimantée que dans fon expérience les trainées de limaille qui aboutiffent aux points voifins des extrémités font tronquées. En effet, ceux des filets magnétiques qui les deffinent ont un grand trajet à parcourir pour arriver du point d'où ils partent à celui où ils ont à fe rendre. Plus ils font éloignés de ces points, plus ils font écartés les uns des autres. À une certaine diflance cette matière magnétique, devenue trop rare, manque de force pour émouvoir la limaille; le courant n’eft donc ainfi qu'afoibli, il n’en exifle pas moins. Quelqu'un qui adopteroit les principes de M. Bazin feroit-il fondé à nrobjeéter que mon imagination feule en trace lew cours? 1° Je lui répondrois que puifque dans mon obfervation la trace de Ja limaille indique manifeftement que le çourant Sav. étrang. Tome 111. Hh 242 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L ACADÉMIE magnétique circule en dehors d’un pole à l'autre ( ce qui gît en fait, & peut être aifément vérifié) on en peut conclure que la même chofe arrive dans l’obfervation de M. Bazin; la pré- fomption eft ici toute naturelle, & fi on perfiftoit à n’en pas convenir, tout ce qu'on pourroit prétendre, c'eft que le fait qu'il allègue s'écarte de la règle générale, & on auroit alors à rendre raifon pourquoi on fuppofe qu'il s'en écarte. 2° Je confens de plus à établir pofitivement Funiformité qui règne à cet égard entre les deux expériences. J'ai trouvé des indices réels du courant magnétique qui embrafle les deux poles de la lame aimantée de M. Bazin, il ne m'a fallu qu'avoir recours à un corps plus mobile que ne l'eft la limaille. J'ai difpofé dans le plan du méridien magnétique une lame d'acier aimantée, longue de 6 pouces, de façon que fes poles euffent leur direétion naturelle : j'ai couvert cette lame d'un carton garni de limaille, & j'en ai confidéré l'arrangentent pour connoftre toute l'étendue des traces fenfibles du courant magné- tique. Les plus extérieurs des arcs de cercle concentriques qui fe font formés de part & d’autre vis-à-vis le milieu de la lame, s'avançoient à environ 2 + pouces de diflance de {a lame; & Ja portion de cette lame qui leur fervoit de corde, en avoit 4 de longueur. Aux autres points latéraux plus voifins des extré- mités, aboutifloient des lignes longues de 2 pouces, à peu-près perpendiculaires à fon axe; je dis à peu-près, parce qu'elles étoient un peu inclinées vers l'équateur de la lame : celles qui aboutifloient aux extrémités avoient à peu-près la même longueur, & étoient divergentes. J'ai placé fur divers points D,EËE,E, G de la ligne DG', qui co-incide avec le plan de Yéquateur de la lame, une bouflole dont l'aiguille a 1 2 lignes de longueur. Tant que la diflance entre le pivot de l'aiguille & le point le plus prochain de la lame n’a pas excédé $ pouces, l'aiguille s’eft maintenue dans une pofition parallèle à l'axe de la fame, mais à contre-fens de fa pofition naturelle, c'eft-à-dire que celui de fes poles qui fe dirige au nord, étoit dirigé vers le fud; mais lorfque le pivot étoit à plus de $ pouces de diftance de la lame au delà des points G & D, l'aiguille fe retournoit D/E 15 : SÉOGMSBÈN QCYE :S. 5 243 bout pour bout, & reprenoit fa fituation ordinaire. J'ai piacé enfuite la même bouflole fur divers points 4, 4, À, &c. des lignes GN, DN, GS, DS, & j'ai remarqué que dans chacun de ces points l'aiguille fe dirigeoit vers le pole de là lame le plus prochain, dans le fens que les flèches repréfentées dans la figure l'indiquent. Je demande à préfent ce qui pouvoit donner à aiguille ces diverfes fituations déterminées. Ce n'a pû être aflurément lgmatière du tourbillon général qui tourne autour de la Terre; car aux points D & G la direétion de l'aiguille étoit diamétralement oppole, & aux points 4, À, À, &c. elle étoit du moius bien différente de celle que lui donne le tourbillon général : elle n’a donc pü la tenir que des filets du fluide magné- tique qui forme le tourbillon paiticulier de la lame; il pañe donc de ces filets par tous les points D, G, À, À, A, &c. où la fimaille trop difficile à ébranler ne pouvoit en indiquer la route, & où en conféquence M. Bazin refufe de la reconnoitre. Joignons tous ces points, & ceux qui les avoifinent, par des courbes, & on verra que ces courbes vont d'une extrémité de J'aimant à l'extrémité oppolée. C'eft-là l'ancien fyftème, ou pluftôt c'eft-là ce que les anciennes obfervations ont établi, & ce que les nouvelles confirment lorfqu’on leur donne toute l'extenfion dont elles font fufceptibles. J'aurois encore bien des réflexions à ajoûter fur la diversence des lignes de limaille qui partent des extrémités de la lame, & ce fur l'inclinaifon de celles qui partent des points latéraux voifins, & qui, quoique tronquées , indiquent que les filets magnétiques à qui elles doivent leur formation fe dirigent dans le fens des demi - cercles qui font vis-à-vis le milieu de la lame; mais ces réflexions fe préfenteront d'elles-mêmes à ceux qui voudront répéter ces obfervations, & il me fuffit d’avoir fait faire atten- tion que les anciennes étoient exactes & à l'abri de toute critique. CO 244 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE SUR'PELECTRICITE EN MOINS. Par M. pu Tour, Correfpondant de l'Académie. I. ri eee & repouffer des corps légers qui font à une diftance convenable, faire fentir fier la peau une impreflion femblable à peu-près à celle d’une toile d'araignée qu'on rencontreroit flottante en l'air, répandre une odeur qu'on peut comparer à celle du phofphore ou de l'ail, lancer des aigrettes d'une matière enflammée , étinceler avec éclat, piquer très-fenfiblement le doigt qu'on préfente de près, enfin com- muniquer à d’autres corps la faculté de produire ces mêmes effets pendant un certain temps, tels font, felon les termes d'un habile & judicieux Obfervateur , les phénomènes ordinaires de l'Eleétricité ; tels font par conféquent fes caraétères diftinétifs, & c'eft à ces marques qu'on peut reconnoître qu'un corps eft électrifé. La plufpart des Phyficiens fe font accordés à les attri- buer à l'ation d’un fluide fubtil & élaftique, qui forme à un corps en cet état une efpèce d'atmofphère qu'on y accumule à l'aide de certains procédés connus, & qui, en vertu de fon élafticité, fe diflipe enfuite tantôt tout-à-coup & avec explo- fion, tantôt peu-à- peu, infenfiblement & fans bruit, felon la diverfité des circonftances. II. On a confidéré depuis, que ce fluide également diftribué dans tous {æ), ou dans la plufpart /4) des corps dont notre globe eft compofé, ne pouvoit guère être accumulé fur les corps éleétrifés qu'aux dépens de quelques autres corps, qui devoient perdre d'autant de leur contingent de matière électrique; & en (a) C'eft le fentiment de M. | very fubril and elaflic flrid, diffufed Franklin: And) now fufpect it (the | throught all bodies in conta? wirh electric matter) to be pretty equally | the rerraqueous globe , thofe fubftan- diffufed in all the matter of this ter- | ces hithertho rermed eleéries, per fe, raqueous globe. Pag. 95. probably excepted. Some further in- (b) C'eft le fentiment de M. | quiries, &e. N.° 4. Watfon: Ekériciry is the effeét of a Le, oh du Eten té 3 e EE Le D LC ‘ S É += . : Des Œ. DiE's/ SGHIEINTCE 5 245 conféquence on a fuppolé que certains corps étoient également fujets, & à en recevoir au delà de ce qu'ils en ont naturelle- ment, & à en ètre dépouillés, & peut-être épuifés. C’eft une idée qui a du moins un grand air de probabilité. M." Franklin & Watfon, qui l'ont adoptée, en ont conclu qu'il falloit dittin- guer deux elpèces d'éleétricité. Partant tous deux de certaines obfervations analogues qu'ils ont faites, lun à Philadelphie avec le tube de verre, l'autre à Londres avec le globe, ils prétendent qu'un corps qui efluie ce déchet de matière électrique eft élec- trifé négativement ou en moins, relativement à celui fur lequel la matière électrique eft accumulée, de qui ils difent qu'il eit éleétrifé pofitivement ou en plus. III. Il fe préfente fur ce point deux queftions à examiner; 1° quels font les phénomènes que doit opérer un corps auquel on auroit effectivement enlevé le tout, ou partie de fon contin- gent de matière éleétrique , & qui, felon Mrs Franklin & Waifon, eft réputé avoir alors une életricité négative; 2. sil eft des faits dans {efquels cet épuifement ou ce déchet de matière électrique fe manifefte, IV. A l'égard de la première queftion , il faut néceffairement admettre que dans le cas où un corps feroit dépouillé en tout ou en partie de fi portion de matière éleétrique, l'air ambiant & les corps non électriques voifims & contigus lui en fourni- roient, puifque leur matière électrique fe trouvant en ce moment plus denfe que celle qui refte au premier, elle doit, en confé- quence de fa tendance à l'équilibre, s'y diriger de toutes parts. Or, pendant tout le temps qui s’écoulera jufqu'au parfait rétabli£ fement de l'équilibre, les corps légers qui fe rencontreront fur fa route pourront paroître attirés par le corps où elle fe rend, fi elle a affez de prife fur eux pour les entraîner. JI pourra arriver auffi que fi elle s'y précipite en afHuence, fes filets ra- mafés enfemble formeront un trait de feu qui éclatera avec plus où moins de bruit. Mais ces corps légers qui fe feront piêtés au courant des écoulemens électriques que ce corps abforbe, feront-ils repouffés enfuite, comme ils le font toûjours en pareil cas par les corps véritablement éleétrifés ? IL eft Hh iij 246 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'AGADÉMIE évident que cet effet ne fauroit avoir lieu ici ; car l'air ambiant ou les corps non électriques defquels il tire de la matière élec- trique n'en ayant, {elon la fuppofition, que leur contingent ordinaire , ne doivent lui en donner tout au plus que ce qu'il - en a perdu, & rien au delà. Ajoûtons que fi mème, par quelque caufe que ce foit, il venoit à en acquerir une quantité qui excédât ce qu'il en a naturellement , dès ce moment il chan- geroit d'état, & deviendroit ce que M.'s Franklin & Watfon appellent éleéfrifé en plus ; car, felon leur fyftème, il eft de lellence du corps éleétrifé en moins d'avoir moins de matière électrique que: dans l'état naturel. La matière électrique ne pouvant donc jamais être cenfée accumulée fur celui-ci, ilne fera jamais dans le cas d'en lancer autour de lui, ce qui féroit ncceffaire pour opérer la répulfion des corps légers qu'il a paru atirer. Par la même raifon l'on ne fentira aucune impreffion fur le revers de la.main qu'on préfentera à ce corps, il n'aura pas d’aicrettes divergentes, & il ne pourra communiquer à aucun autre corps la faculté de produire des effets de cette efpèce: il Jui manque donc la plus grande partie des caraélères qui con- ftituent l'électricité Or je demande à préfent fi ce n'eft pas improprement qu'on qualifie d'éleétrifés des corps qui ne fauroient produire les effets ordinaires de l'électricité. Il eft vrai qu'on les diflingue de ceux qui en font fufceptibles, en appelant les premiers é/ectrifés en moins : mais au refte il eft fans doute moins important ici d'apprécier la jufte valeur des termes, que de fixer fidée qui doit en réfulter en les admettant ; & tout fe réduit à convenir que les corps éleétrifés en moins ne peuvent avoir, de toutes les propriétés dépendantes de l'électricité, que celle d'attirer les corps légers, ou tout au plus encore celle d'occafionner quelques étincelles, & à en inférer que tout corps qui fera capable de repoufler les corps légers, d'affecter la peau par une impreffion femblable à celle d'une toile d'araignée ou d'un vent frais, de donner des aigrettes, & de communiquer à d'autres corps la vertu d’en faire autant, ne peut paffer pour être électrifé en moins. Cette obférvation nous doit fervir de règle dans la fuite pour déméler le genre d'électricité d’un corps, DIRE LS 4. SRCHAIENNRGËE, 5 247 fi tant eft que la diflinétion des deux électricités, négauive & pofuive, {oit réelle: fi elle l'eft, comme nous trouverons toüjours dans les corps élekrifés en plus des indices de deux courans fimu'ianés de matière électrique efluente & affluente, nous Ne pourrons trouver au contraire dans tout corps électrilé en moins que des indices d'un feul courant, qui des corps qui l'entourent s'y dirige pour occuper la place vuide. V. Je paie à la feconde queltion. Je conimencerai par obferver que les faits qui nous indiquent que les écoulemens électriques fe tranfmetient d'un corps à un autre, qu'ils s'accu- mulent fur ceux qui font éledtrifés, & que certains corps en fourniffent plus abondamment , ou Îes tranfinettent plus facile- ment que d'autres , donnent lieu de conje@urer avec affez de fondement qu'il eft des cas où un corps peut étre dépouillé de la matière électrique. Un corps quon éleétrife femble ne fe former une atmofphère de la matière électrique qui s'y accu- mule, qu'aux dépens de la perfonne qui froue je globe, ou des corps voifins. En eflet, fi cette matière Cleétrique eft répardue par-tout également dans l'état ordinaire, comment un corps pourra-t-il en avoir davantage, fi aucun autre ne perd de la fienne? IL eft vrai auffi d'un autre côté qu'à mefure qu'un corps fournit de la matière éleétrique à un corps qu'on éledlrite, il tire des autres corps non électriques , Contigus où voifins, de quoi remplacer ce qu'il perd : au défaut de ces corps non éle“h iques, Yair ambiant doit lui en donner. Mais fi les corps à l'aide def quels il eft alors à même de réparer fes pertes , font de nature (ainfi qu'on peut le fuppofer de l'air, par exemple) à ne lui pas rendre de la matière dectrique en aufli grande quantité ou aufli vite que le corps qu'on éledrife abforbe la fienne, il fe paflera néceffairement un temps quelconque avant que léqui- libre foit rétabli dans ce corps, & pendant tout ce temps il fe trouvera n'avoir. qu'une dofe de matière électrique moindre que celle qu'il a naturellement. I refte à favoir à préfent fi les choles fe paffent réellement ainfi: quelque vrai-femblables que foient des conjedures, elles ont toûjours befoin d'être appuyées fur des faits ; en trouvera-t-on de concluans, & où le déchet de Première ebfervation. Some further érquirics | ŸCe AVe 2. Seconde obfervation. tbid, Troifième sbfervation. Ibid. Ne ÿ. Quatrième obfervation. Ibid, 248 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE mutière électrique foit fenfible! Ne pourroit-il pas même fe faire que quoique les corps électrifés ne puffent fe former une atmofphère que de la matière électrique enlevée aux corps voifins, il fût impofhble de s’apercevoir de la perte que ceux- ci auroient efluyée, parce qu'étant peut-être répartie fur un très-grand nombre de corps, elle devient comme nulle, & tout-à-fait infenfible? Mais nous ne faurions diffimuler que Ms Franklin & Watfon ne fe font décidés que fur des faits; & ce font ces faits qu'ils allèguent, que je me propole d'exa- miner. VI. Celui de ces faits fur lequel ils infiftent principalement, eft une expérience qui leur a oflert diverfes obfervations im- portantes, dont on a tiré les mêmes conféquences en Europe & en Amérique, quoique ces deux Phyficiens l'aient exécutée avec des appareils différens. La voici telle que la rapporte M. Watlon {c). Deux perfonnes ifolées, dont lune frotte le globe, auffr ifolé, & dont l’autre le touche du bout du doigt, paroiffent éleGrifées à une troifième perfonne placée fur le plancher, qui tirera toûjours une étincelle de celle des deux à qui elle préfentera le doigt. La perfonne qui frotte le globe cefle d'être électrifée, quand celle qui le touchoit du bout du doigt fe retire. Si ces deux perfonnes , dans leur première pofition, fe pré- fentent le doigt mutuellement , létincelle qui éclate alors eft plus forte que celles qu'on obferve, lorfque l'une ouWf’autre de ces perfonnes préfente le doigt à celle qui eft fur le plancher, Quand les deux perfonnes ifolées fe touchent & communi- quent enfemble, la troifième n'en peut tirer aucune étincelle. VIT, Selon l'explication de M.'s Watfon & Franklin, dans le premier cas le globe enlève à la perfonne qui le frotte, fa matière électrique, & fa tranfporte à celle qui le touche du bout du doigt, laquelle eft électrifée en plus, tandis que l'autre l'eft en moins. (c) M. Watfon nous apprend qu'il la tenoit du docteur Bevis, qui lavoic fai imprimer. j Dans \ DES SCHAENCE S. 249 Dans le fecond cas, le globe ne trouvant plus aucun corps non électrique à portée pour lui communiquer ia matière élec- trique qu'il a enlevée à la perfonne qui le frotte, la lui reftitue d'une révolution à d'autre, au moyen de quoi elle fe trouve toûjours dans l’état ordinaire. Dans le troifième cas, l’étincelle ef plus forte, parce que les denfités refpectives de la matière électrique des deux per- fonnes ilolées différent plus-entr'elles que la denfité de la matière électrique de l'une ou de l'autre ne diflère de la den- fité de la matière électrique de celle qui eft fur le plancher. Enfin, dans le quatrième cas, le: feu électrique ne fait que circuler , & chacune des deux perfonnes n'en a en aucun moment ni plus, ni moins-qu'à l'ordinaire. V HIT. Cette explication, qui porte fur la fuppofition que la perfonne qui frotte le globe eft expofée à être dépouillée de fa matière électrique, eft très-ingénieufe, & elle femble s'appliquer affez naturellement aux diverfes circonftances de l'expérience ; cependant j'y trouve quelques difficultés qui me font préférer au fentiment que M. Watfon expole fur ce point, un autre déduit des principes que le même M. Wat{on a admis & établis ailleurs, & que les nouvelles obfervations dont il eft queftion lui ont fait abandonner: le parti qu'on en peut tirer pour rendre raifon de ces obfervations, fufhra, je penfe, pour lui faire reconnoître-le prix & les avantages de ces premiers principes. Mais pour en venir à l'explication qu'il a ajuflée à ceux de M. Franklin, j'ofe dire que je ne conçois pas d'où peut dériver la diftinétion que le globe femble faire dans le premier cas entre les deux perfonnes ifolées. Par quelle préfé- . rence Ôte-t-iltout à lune, & donne-t-il tout à l'autre? toutes deux font ifolées, toutes deux: font'en contaét'avec Je globe; ainfi tout eft à peu-près égal ici. Dira-t-on que l'une y a les deux mains appliquées, tandis que l’autre n'y touche que du bout du doigt? Je conviens que voilà de l'inégalité par rapport à l'étendue du contaét; mais fi en conféquence de cette inégalité l'action du globe fur ces deux perfonnes ne peut être la même, peut-elle différèr autrement que du plus au moins! & en eft-ce Sav. étrang. Tome LIL. LE 250 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE afiez pour leur procurer des traitemens fi oppof&s? I y a peutètre lieu d'en préfumer que le globe enlève plus de matière éleétrique à la première perfonne qu'à la feconde | & qu'il en rend à lune moins qu'à l'autre ; mais il me paroîtroit - bien fingulier que cette inégalité dans l'étendue du contaét rendit le fort de ces deux perfonnes fi différent, que l'une ne fit que fournir de la matière éleétrique au globe fans en rece- : voir de lui, & que l'autre au contraire eût le privilége d'en tirer toûjours du globe fans en rendre en échange. Ne nous arrêtons pas cependant à ces raifonnemens, & tâchons de connoître, s'il eft poflible, fi la perfonne qui froue le globe a une électricité différente de celle du conduéteur, dans le fens que le fuppofe M. Franklin. IX: Dans cette vüe, je me fuis mis en devoir de répéter l'expérience en queftion : j'ai ifolé la machine à éleétricité, la perfonne qui tourne la roue, & celle qui frotte le globe, fur des gâteaux de réfine de 1 0 pouces d'épaifleur ; j'ai fufpendu avec des cordons de foie une barre de fer de laquelle partoit une bande de galon d'or dont l'autre extrémité touchoit au globe, J'appelleraï cette barre de fer la barre À, ou le conducteur: une autre barre de fer, que j'appellerai la barre 2, étoit difpofée au deflous de la première, & attachée à la partie inférieure de Ja machine , “en forte que la perfonne qui frottoit le globe appuyoit le pied deflus; & afin que la communication de la perfonne à la barre 2 füt plus entière & plus libre (le cuir des fouliers étant peut-être propre à l'intercepter ) une autre bande de galon d'or qui partoit de cette barre B étoit entortillée à a jambe de la perfonne deftinée à frotter le globe , au moyen de quoi cette perfonne & la barre Z ne formoient qu'un feui corps non électrique, c'eftà-dire que leur état, relativement à l'électricité, étoit commun. us Le globe étant en mouvement, j'éprouvai qu'en approchant le doigt de la barre 2, laquelle, felon la fuppofition de M. Franklin & Watfon, devoit être électrifée en moins, j'excitois de foibles étincelles ; qu'elle attiroit une feuille d'or fufpendue au bout d’un fil de foie, qu'elle la repoufloirenfuite, & quela Des. SrcHRæÆEUM.CÉE 1 251 feuille d'or en étoit électrifée. (Les deux derniers phénomènes décident nettement du genre d'électricité de la barre de fer 2, & nous apprennent que cette barre & la perfonne qui frotte le globe ne font point éleétrifées en moins, puifqu'il en {ort des jets de matière effluente capables de repoufler la feuille d'or & de lui procurer une atmofphère de la même efpèce : un état d'épuifement, dans le fens de M. Franklin, ne s’accor- déroit pas avec ces émiflions. Cette preuve eft pofitive, & ne laifle affurément aucun lieu de foupçonner que l'éleétricité de la barre 8 & dela perfonne qui communique avec elle, foit différente: de celle de la barre À, l'état de ces deux barres eft le même ; elles font chacune le noyau, pour ainfi dire, d'une atmofphère de jets éleétriques qui en émanent de tous côtés, & fi elles diffèrent à cet égard, ce ne peut être que du plus au moins. C'eft en effet ce qu'on obfervoit dans mon expérience; car l'éleétricité de la barre Z étoit foible & languiffante, & celle de la barre À très-vive & très-animée. Les étincelles qu'on excitoit en approchant le doigt de celle-ci, étoient bril- lantes & piquantes; en l’approchant de l’autre, on n'excitoit que des étincelles mornes & peu fenfibles. Dans ces cir- conftances, la barre À & la perfonne qui frottoit le globe qui tiroit de tous deux de la matière électrique, ne lui en four- nifloient pas des contingens également forts ou également rapides , & les retours que le conduéteur À & la perfonne recevoient du globe, différoient auf à cet égard ; fur quoi il y a quelques obfervations importantes à faire. X. Il eft certain que fi en faifant communiquer une de ces deux barres À & B, (n'importe laquelle) avec le plancher, elle puifle ainfi fournir plus de matière électrique au globe, l'électricité de l'autre augmente aufl-tôt d'autant; ce qui prouve que les écoulemens de l’une pañlent à l'autre. XT. IL eft certain auffi que toutes chofes égales d’ailleurs, l'électricité du conduéteur eft d'autant plus animée, que le corps frottantia plus de volume, & réciproquement que l'électricité de celui-ci eft d'autant plus marquée, que le volume du conduéteur eft plus étendu ; ce qui indique que li i Mémoire [ur la diftriburion èr la direclien des courans électri- ques excités fur le globe. Hidem. A feguel, Nes ES 252 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE le slobe tire en effet de la matière éleétrique tout à À fois du conduéteur & du corps frottant, & qu'il leur en donne auf d'autre en échange à tous deux en même-temps. J'établis ailleurs fur des faits décififs, qu'il ne donne au conducteur que ce qu'il enlève au corps frottant, & qu'il ne rend à celui-ci que ce qu'il tire du conduéteur. XIL Enfin on a obfervé que même dans le cas où de volume du conduéteur eft beaucoup plus confidérable que celui du corps frottant, électricité du premier de ces deux corps ne laifle pas de l'emporter fur celle du fecond ; ce qui provient de ce que les écoulemens que le globe tire du corps frottant font plus rapides que ceux qu'il tire du conduéteur: au moyen de quoi , relativement à l'énoncé du N.° précédent, le conduéteur qui reçoit du globe les écoulemens émanés du corps frottant,-fe trouve bien mieux partagé à cet égard que le corps frottant , à qui le globe ne tranfmet que ceux qu'il reçoit du conduéteur. XIII, M. Watfon, à la fagacité duquel la première obfer- vation eft dûe, en avoit inféré l’exiftence d'un commerce réciproque de matière électrique entre le conducteur & la per- fonne qui frotte le globe; conféquence qui répand le plus grand jour fur les myftères de l'électricité: il a cru depuis devoir facrifier cette conféquence à la difficulté qu'il éprouvoit à la concilier avec l'expérience que nous difcutons, dans le fyftème de M. Franklin, felon lequel l'air ne peut fournir de matière électrique, ni en tranfmettre. Mais nous venons de voir que mes épreuves peu favorables aux réfultats de la fuppofition que ce fyftème lui a dictée, le rappellent à fa première opinion. Selon ces épreuves, il demeure pour conftant que la perfonne qui frottoit le globe, conféquemment à la règle que nous avons fpécifiée ci-devant (N° IV), n’eft point électrifée en moins, & qu'il sen élance au contraire des jets électriques en tous fens dans l'air ambiant. XIV. Prévenons en paflant une objection que pourroit me faire M. Franklin. Si le corps qui frotte & le conducteur, me dira-t-il, font tous deux électrifés en plus, où eft la fource D'ÆE:S\ SICHREIN CE ShiM 283 intariflable de la matièretéleétrique qui de ces corps fe répand en tous fens au dehors? A cela je réponds: que le plancher & les corps non éleétriques qui font dans le voifmage ; quoique non contigus à l'appareil d'électricité, qui eft ifolé, peuvent en fournir, & que air ambiant la tranfmet & en donne auffi de fon propre fonds. Au refte, fuppofé qu'il y-eût ici de la difficulté à établir d’où proviennent ces émiffions, elle nous feroit commune à tous deux, dès qu'il efb clairement attefké par les effets qu’opère la barre B, que ces émiffions ont lieu tant {ur la barre 2 que fur la barre 4, & qu'ainfi aucune des deux n'eft éleétrifée en moins. L'électricité de a première eft à la vérité de beaucoup inférieure à celle de la feconde:; mais cette différence dans l'intenfité n'empêche pas qu'il'ne faille néceffairement admettre qu'il eft venu du globe à la barre Z, en échange de ce qu'elle lui a fourni, affez de matière électrique pour former à cette barre une atmofphère de jets divergens, & qu'en même temps celle que le globe a enlevée à la barre 4; a été également rem- placée: fur celle-ci par ce qu'elleen a reçu à fon tour. Tout ce qu'on peut dire, c'eft que la barre À a été traitée plus favorablement à cet égard que ne Fa été la barre Z, ce qui doit arriver ordinairement felon le réfultat des obfervations des N.o XI & XII, c'eft-à-dire, parce que le corps frottant fournit au globe des écoulemens plus rapides que ne le*font ceux que lui fournit le conducteur, & que le globe tranfmet à chacun ceux qu'il reçoit de l'autre. XV. A l'égard des étincelles qui éclatent quand une per- fonne non ifolée approche de doigt de l’une ou l'autre barre, jai cru qu'elles partoient toüjours du doiÿt de la perfonne non ifolce, quoique l'électricité des deux barres füt inégale, comme je viens de le dire ; & fur cette obfervation, je ne m’ac- corde point avec M.rs Watfon & Franklin, qui diffèrent auffi entreux: car, felon l'obfervateur de Philadelphie, la perfonne placée fur le plancher, qui préfente alternativement fon doigt aux deux perfonnes ifolées’, reçoit une étincelle de celle qui a Je doigt appliqué au globe, & en donne une à celle qui le Ji ii 254 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'À CADÉMIE frotte /e); &, felon M. Watfon, d'étincelle qu'excite la per- fonne placée fur le plancher, én préfentant le doigt à chacune des deux autres, part toüjours également de la perfonne ifo- lée ff). La vitéfle avec laquelle ce trait de feu s’'élance, eft fi prodigieufe , qu'il n'eft peut-être pas étonnant que l'œil ébloui prenne le change fur fa direction. XVI. En pourfuivant l'expérience que je répétois d’après M. Wat{on, j'airemarqué comme lui, que lorfque le conduc- teur étoit Ôté, la perfonne qui frottoit le globe, & la barre 2, ne contractoient aucune électricité fenfible /g). La raifon que M. Watfon donne de ce phénomène, à favoir, que le globe qui tire de la matière électrique de la perfonne qui le frotte, ne peut la rendre qu'à elle, & que la lui rendant toute d'une révolution à l'autre, il ne change rien à fon état ; a pü paroître fpécieufe. Cependant, fr, comme M. Watfon le fuppole , le globe tire alors de la matière électrique de la perfonne qui le frotte, cette matière répandue fur le globe ne tendra-t-elle pas à s'en écarter en tout fens? attendra-t-elle, pour s'échapper de chaque point du globe , que ce point fe retrouve en tour- nant fous la main qui frotte? il eft bien plus vrai- femblable que s’élançant en même temps de tous les points du globe, elle fe diflipe en partie dans l'air ambiant. Si, dans le cas pré- fent, la perfonne ifolée qui frotte le globe ne contracte pas d'électricité fenfible, cela vient de ce que, felon l'énoncé du N.° XI, le corps frottant ne reçoit du globe que la matière électrique que le globe reçoit du conduéteur. Il n'y-a-pas de re. (e) For le, having only the mid- dle guantity of electrical fire , receives a {park upon approaching B, wlo has an over quantity but give out to À, w/oias'an under quantity. Let. ôn Electr. (f) 1f then either the man who rubbed the globe, or he wlo only held his finger near che Equator thereof, were tonched by any perfon flanding upon Che floor, a fnapping from ei- her of them , j faÿs wasiperceptible pon that touch. Further inquiries, $ 240 (8) On peut inférer de ce que j'oblerverai ci-après, que quand au lieu d'une perfonne on ‘emploie, pour frotter le globe, un fimple couf- fin bien ifolé, il ne laifle pas de s'é- leétrifer, malgré la füppreffion du conduéteur; on en peut inférer; dis- je, que la perfonne et auffi. électri- fée, mais trop foiblement pour qu’elle le, paroiffe. pos AS 'c't6R ENCRES. 0 %: à $ $: conducteur ici: le:globe ne peut donc: fournir à fx perfonne: quille frotte, de quoi lui former une atmofphère-de jets dives:, ens.. La matière éleétrique qu'il dui enlève fe répand dans l'air ambiant, fair lui en donne en échange ; mais celle qu'il lui fournit, & que le globe doit tranfmettre à la perfonne qui le frotte, eft en trop petite quantité pour produire une électricité fenfible dans cetie-perfonne qui a trop de volume. En effet, fi au lieude la perfonne on employoit un fimple couffin bien: ifolé,-il feroitéleétrilé par ces feuls filets de matière électrique que le globe tire de Fair. XVII. Cette expérience fournit une obfervation à la- quelle M: Franklin ni M. Watfon ne me. paroïflent ‘pas s'être arrètés , à favoir, que l'éleétricité quecontracte le globe, quand il n’y a pas de conduéteur ,:efl très.-médiocre; ce que j'attribuerois volontiers à ce qu'il ne lui arrive-alors prefque qu'un feul courant de matière éleétrique & peut-être faut-il deux courans oppofés, & tous deux fufhfamment fournis, pour exciter une électricité marquée: lei le globe m'en peut récevoir en cértaineafHuence que de la perfonne qui lé frotte; ce:que l'air en fournit d'un autre côté peut étre compté pour peu de chofe, ou n'eft pas du moins fufhfant pour produire un effet confidérable. IL eft avéré, au refte, que l'électricité con- fifte dans le concours funultané de deux courans oppofés. On a de plus éprouvé que Féleétricité, dans la bouteille deftinée pour l'expérience de Leyde, fufpendue au éonduéteur, devient plus énergique quandile courant-provenant de la perfonne qui frotte le globe, fubfiftant le même, on fait groff le courant qui lui vient du côté de l'enveloppe, en faifant communiquer cette enveloppe avec le plancher: Enfin on a vérifié qué fa vertuieft plus permanente, quand on entretient ce dernier! courant de matière électrique affluente en Ja mettant fur une! table; audieu de F'ifoler. En s'en tenant fimplement & immé- diatement à cés réfultats, n'y a:t-il pas lieu de préfumer que ce qui fait l'eflence de l'éle&ricité, & ce qui eft néceflaire pour enaugmenter-l'intenfité & en perpétuer la durée’, eft pareille- e10rES - ) : 256 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ment néceflaire pour l'exciter;, &c: que fans l'intervention de deux courans oppofés &:{uflifamment fournis, le globe ne fauroit s'éleétrifer à un certain point: J'ai recueilli ailleurs-bien des faits qui peuvent favorifer non opinion. 5. XVIIE Quand j'en fuis' venu-à vérifier la troifièm: obfervation de M. Waifon;; j'ai pris les précautions qui n'ont paru les plus convenables pour me procurer des réfultats uniformes dans chaque cas, & comparables entr'eux. Jeime. fuis férvi, pour exciter les étincelles, de deux clefs tout-à-fait femblables; j'en tenois une dans ma main, & je la préfentois par l'anneau fucceflivement aux deux barres À & 2, difpolées comime elles l'avoient été en premier lieu : l'autre clef étoit attachée à un fil d'archal qui partoit de la barre 2, (je l'ap- pellerai la clef 8) & la conduifant à l'aide d'un tube de verre, pour ne la pas toucher, je la préfemtois de même par l'anneau à la barre À. , Les étincelles qui éclatèrent quand je préfentai à la barre 4 la clef que je tenois à la main, furent beaucoup plus brillantes que celles que j'excitai en préfentant cette clef à la barre Z, ainfr que je m'y étois attendu, puifque, conféquemment aux réfultats de l'oblervation du N.° XII, l'éleétricité de là barre À devoit être très-fupérieure à celle de la barre 2, qui en efet étoit très-foible, De même les étincelles qui éclatèrent quand la clef 2, attachée à la barre 2, étoit amenée près de la barre À, étoient beaucoup plus fortes que celles ‘que j'excitois à la barre Z avec {a clef que je tenois à la main, ce quisconfir- moit ce que je favois déjà que la barre 2 n'étoit que foible- ment éleétrifée par rapport à l'autre. XIX. Irefloit à comparer les étincelles excitées à 1a barre À par la clef Z, avec celles que j'excitois à la même barre avec la clef que je tenois. Je ne démélois fouvent entre les premières & les fecondes aucune différence marquée: cependant il m'eft arrivé plufieurs fois auffi de reconnoître fenfiblement dans les premières un degré de vivacité fupé- rieure à celle des fecondes; ce qui étoit conforme aux réfultats: annoncés DES SCIENCES. 257 annoncés par M." Franklin & Watfon. Pour rendre raïfon de ces réfultats, je remarquerai que la barre À & la perfonne qui frotte le globe, conformément à ce que j'ai obfervé au N.° XIT, reçoivent du globe des écoulemens moins rapides que ne le font ceux que le globe fait pañler au conduéteur. Les jets de matière électrique, qui de la barre B s'élancent dans l'air am- biant, le font donc moins aufli que les jets électriques qui s'élancent de même hors du conduéteur. Or il eft conftant, ainfi que je le fais voir ailleurs, que tandis que les émiffions éleétriques qui ont une égale rapidité, fe repouffent, celles qui font inégalement rapides ne {e font aucun obftacle , & fe pénètrent mutuellement. Par conféquent les jets ou émiffions électriques de la clef Z & du conduéteur étant dans le cas de fe pénétrer, celles qui partent de la clef Z peuvent fe préci- piter librement dans le conducteur ; & de ce qu'elle eft actuellement traverfée par un courant formé de matière éle&ri- que, l'affluence de celles qui {e précipitent dans le conducteur doit être d'autant plus confidérable , & le trait de feu qu'elles forment en éclater avec d'autant plus de vivacité, XX. A l'égard de la quatrième obfervation de M. Watfon, felon laquelle l'éleétricité ne peut être excitée fur aucune des barres À & B, fi elles communiquent enfemble par un fil d'ar- chal, ou tout autre corps non électrique /4), il eft aifé de concevoir que la perfonne qui frotte le globe lui fournit, comme en tout autre cas, des écoulemens éleétriques qu’il trafffmet au conducteur, d'où ils reviennent par le fil d'archal à la perfonne dont ils étoient émanés, laquelle reçoit en même temps du globe les écoulemens qu'il tire du conducteur, & qu'elle laïffe retourner par le même fil d’archal au conduc- Mémoires fur quelques variétés dont l'inégalité d'intenfité dans l'électricité rend les effets fufcep= ibles, = 2 SE (h) L'expérience ne réuflit ainfr que quand le corps frottant & le conduéteur ont beaucoup de volu- me, comme quand on y emploie deux peronnes, ainfi que l’a fait M. Wation. Si on n’employoit pour frotter qu’un fimple couflin, & pour conducteur qu’une barre de fér , ils Say. étrang, Tome IL. donneroient des fignes d’éleétricité malgré leur communication par le fil d’archal , parce qu’en conféquence de leur peu de volume, le peu de ma- tière électrique que l'air fournit toù- jours, fuffiroit pour produire des efiets fenfibles, Kk 258 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE teur, Au moyen de cette circulation intérieure, tout eft tran- quille à l'extérieur, & paroit être de même que fi le globe étoit immobile. Cette explication du phénomène eft aflez femblable à celle de M. Watfon; elle en diffère feulement en ce que M. Watfon n'admet dans ces circonflances qu'un feul courant de matière électrique qui fe dirige de la perfonne au globe, du globe au conduéteur, & du conduéteur, par le fil d'archal, à la perfonne; au lieu que j'admets deux courans qui fe croifent, dont l’un fe dirige dans le fens que M. Wat{on l'entend, & dont l'autre fe dirige dans le fens oppolé, c'eft-à- dire, du globe à la perfonne, de la perfonne, par le fil d’archal, au conduéteur, du conduéteur au globe, &c. Cette double circulation fait rentrer le phénomène dans la claffe des autres, & le rappelle au méchanifme reconnu dans les obfervations des N° X & XI; & je ne vois pas en effet qu'il y ait aucune raifon d'y fuppoler ici une exception. X XI. Je me fuis un peu étendu fur l'expérience de M." Franklin & Watfon. J'aurois peut-être dû me borner ici à mon objet principal, qui étoit d'examiner fi cette expérience fournifloit réellement des preuves d'une électricité négative; mais après m'être afluré, par les épreuves que j'ai tentes, que la perfonne qui frottoit le globe ne laïtloit pas dans ces cir- conftinces de lancer en tout fens autour d'elle des jets de matière électrique, ce qui eft abfolument oppofé à ce que M. Franklin entend par l'état d'électricité négative , j'ai cru devoir appliquer aux mêmes phénomènes d’autres principes mieux conftatés: les phénomènes méritoi ntune explication, & celle que ces principes m'ont fournie n'a paru aflez naturelle pour ne pas craindre de la hafarder. XXII. I eft quettion à préfent de pañler en revüe les autres expériences que lon allègue comme des exemples de cette efpèce d'éleétricité que l'on fait confifter dans un déchet ou épuifement de matière clecliique. Je dis pafer en revüe, parce qu’il fufhra prefque de les expofer pour faire fentir quelles font les conféquences naturelles qu'on doit en tirer. M. Watfon seft borné à joindre à l'expérience que je viens de difcuter DES : Sictagün ct Êts: 25 une feule autre expérience, où la machine à élericité & les perfonnes qui la fervent étant ifolées , celle qui tourne la roue s'électrife quand le conducteur communique avec le plancher. C'eit en moins, dit-il, qu'elle s’'électrife alors. Mais il n'ya qu'à lire le détail de cette expérience tel que le rapporte le même M. Watfon dans un autre de fes ouvrages , pour qu'il ne refte aucun lieu de douter que l'électricité de cette perfonne ne loit pofitive; car, de fon aveu, elle jette du feu en abon- dance, & elle repouffe des corps légers, X XIII. Les mêmes phénomènes font produits pareïlle- ment par une perfonne ifolée qui tient dans fa main la bouteille électrique, au crochet de laquelle une autre perfonne placée fur le plancher excite des étincelles. Quoique M. Franklin là regarde alors comme éleétrifée en moins, fuppofant que fon contingent de matière électrique eft abforbé par fa bouteille à mefure que l'autre tire des étinicelles, M. l'Abbé Nollet a éprouvé que fi dans ces circonftances la première préfente le doigt à la main étendue d’une perfonne fortement électrifée, on y voit des franges & des aigrettes lumineules dont le fouffle eft fenfible. Ce feu éleétrique qui émane du doigt, eft bien éloigné d'être le caractère d'une éleétricité en moins. XXIV. Cette efpèce d'éléétricité eft auffi, {lon l'obfer- vateur de Philadelphie, le partage de la furface extérieure dela bouteille électrique, & il s'appuie à cet égard für les faits fuivans. 1." Une boule de liége fufpendue au bout d'un fil de foie, & qui eft éleétrifée en touchant le crochet de 1a bouteille, qui Ja repoufle alors, fera attirée par a panfe de a bouteille, 2." Une boule de fiége paréillement fufpendue eft balotée continuellement entre le'crochèt & un autre fil de métal qui s'élève du bas de la bouteille par dehors. , 3+ Un fil d'archal coudé, appliqué par un bout à l'enveloppe extérieure de la bouteille, & préfenté par l'autre au crochet, ou réciproquement appliqué au crochet, & préfenté à l'enve- loppe, occafionnera des étincelles. | [ 4° Deux corps ifolés, électrifés l'un avée le crochet de la KE ji Some further énguiries, N° 7 À Jeguel, Nuit. Lettres Ji L'Eleétricité, 260 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE bouteille , l’autre avec l'enveloppe, fe renvoient continuelle. ment de l’un à l'autre une boule de liége fufpendue entr'eux. XX V. Mais ces faits prouvent feulement que l'électricité de l'eau contenue dans la bouteille, & du crochet qui y trempe, eft de beaucoup fupérieure à l'électricité de a furface extérieure & de l'enveloppe de la bouteille, & non que a farface extérieure de la bouteille, non plus que fon enveloppe, ni que les corps qui y communiquent, ou qui en ont reçu leur électricité, foient deétrifés à raifon de l'éruption de leur matière cleétrique. Pour fe convaincre du contraire, il n’y a qu'à préfenter à la furface extérieure de la bouteille & à ces diflérens corps, des corps légers convenablement fufpendus, qui feront attiés, éledrifés & repouflés tout de fuite. M. f Abbé Nollet, dans fes Lettres fur lÉleétricité, s’eft attaché à difcu- ter ces faits & quelques autres que M. Franklin avoit ailégués pour établir fon fentiment; & après cette difcuffion, aufft lumineufe que fatisfaifinte, on ne fauroit difconvenir que l'électricité de la furface extérieure de la bouteille ne foit, du moins dans l'état ordinaire, une éleétricité pofitive, qui ne diffère de celle du crochet & de l'eau que par le decré d’in- tenfité. X XVI. Le feul des faits rapportés par M. Franklin qui me fafle héfier à généralifer tout -à- fait cette aflértion , eft celui où un fil de lin fufpendu à un corps non électrique, vis-à vis la panfe de la bouteille, eft attiré à chaque fois qu'on excite une étincelle au crochet. Ce phénomène femble indi- quer que dans ce moment la matière éleétrique abforbée par le corps qu'on approche du crochet, occafionne un vuide que les écoulemens qui de l'air ambiant & des corps voifins arrivent à la bouteille, répaent auffi-1ôt. Mais cela prouveroit, non que la furface exicrieure de la bouteille feroit habituellement dépouillée d’une partie de fa matière élefhique , mais feule- ment qu'elle efluyeroït ce déchet dans le moment où l'étincelle éclate, lequel déchet par conféquent ne feroit qu'inftantané, puifque le fil de lin eft repouflé de nouveau auffi-tôt après. ÆEncoie pourroit-on même attribuer cet effet à ce que la matière DES SCIENCES. 26r effluente qui tend à s'échapper de la bouteille, fe portant par préférence vers le corps non éleétrique qu'on approche du crochet , fait en ce moment moins d'obftacle par-tout ailleurs à la matière affluente qui arrive à la bouteille; car alors celle-ci doit fe porter en plus grande affuence à la panfe de la bouteille, & cette affluence augmentée paroît aflez propre à pouffer le fl de lin vers la bouteille. Nous verrons en effet ci-après, (n° xxx111) que deux feuilles d'or font dans le même temps l'une attirée, & l'autre repouflée par une même barre defer, & cela parce que les courans de matière électrique qui rencontrent ces feuilles d’or en fe rendant à la barre, font inégalement abondans. XXVII En rapportant ici les faits que les deux illuftres Phyficiens Anglois ont allégués pour appuyer leur opinion au fujet d'une nouvelle elpèce d’életricité dépendante d’un épuifement de matière électrique, qu'ils fuppofent être fenfible en certaines circonftances, & en y joignant mes réflexions, j'ai prétendu, non décider une queftion qui me paroît encore avoir bien des diffcultés, mais feulement faire envifager ces diff- cultés aux Phyficiens qui voudront l'approfondir, & les en- gager à les développer pour prononcer enfuite. C'eft dans a même vüe que je me permets de joindre ici le détail de quel- ques obfervations relatives au fujet que jetraite, en ce que les unes paroiffent au premier coup d'œil favorifer le fentiment de M. Franklin, quoique lorfqu'on les compare avec les autres, on n'y trouve rien de concluant fur la queftion préfente. L'envie de mettre les unes & les auties dans tout leur jour, m'oblige de reprendre les chofes d'un peu loin. XXVIII On a éprouvé que même dans des temps favorables à l'électricité on n'excioit pas à volonté & coup fur coup ces trais de feu foudroyans qui liflent des traces de Jeur paflage fur le carton qu'ils traverfent. L'appareil de cette expérience confifte, comme on fait, à difpoler un carreau de verre doré à la manière de M. Bevis, entre deux plaques de métal dont l'inférieure ifolée fur un guéridon de verre fait partie du conduéteur d'électricité: c'eft fur l'autre plaque qu’on KKk ii Lettres [ww l'Elétricié, 262 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE place le carton. Un fil d'archal coudé, qu'on appuie par un bout fur le carton, & qu'on prélente par l'autre au conduéteur, produit une étincelle qui étonne par l'éclat de fa lumière & le bruit qui l'accompagne , & le carton fe trouve percé de part en part d'un trou dont les bords noircis annoncent qu'ils ont été brülés. Ii arrive communément que lorfqu’après l'explo- fion l'on amène de nouveau & tout de fuite le fil d’archai vers le conduéteur , l'étincelle qu'on excite à cette feconde reprife n'eft point une étincelle foudroyante, & que le carton n'eft point entamé. Une troifième étincelle feroit encore moins vive; & quelquefois même on eft très-long-temps & on a beaucoup de peine à ranimer la vertu du conducteur, qui en même-temps devient extrêmement languiflante. D'où peut provenir cette altération fubite dans l'électricité de tout l'appareil ? | XXIX. L'état d'électricité confifte dans le concours fimul- tané de la matière effluente & de la matière affluente, & Yintenfité de l'électricité d’un corps dépend fans doute de l'abondance & de la rapidité de ces deux courans oppolés, & peut - être auffr de la violence de leur choc mutuel. Dans le cas préfent , il part du plancher deux différens courans de matière électrique qui fe dirigent à Fappareil, fun par la per- fonne qui frotte le globe, & l'autre par celle qui tient le fi d'archal appliqué fur le carton. Ces courans, qui le parcourent felon des directions oppolées entr’elles, s'y rencontrent, fe heurtent, & fe croifent. Il femble qu'il y ait lieu de préfumer que fi chacun d'eux étoit toûjours également fourni & égale- lement rapide, l'électricité de l'appareil fe foûtiendroit toûjours dans le même degré, & qu'on n’apercevroit aucune diminu- tion de vivacité dans les effets qui en dépendent ; ainfr, de ce qu'on en aperçoit, on peut foupçonner que lun des deux courans a ceflé d'être auffi abondant ou auffi rapide qu’il l'étoit auparavant: telle a été du moins mon idée à cet égard. J'ai foupçonné d'abord que celui des deux courans à qui il y avoit à s'en prendre ici du déchet d'éle&tricité, étoit celui qui arrive à l'appareil par la perfonne qui tient le fil d'archal appliqué fx DES SCIENCES. 263 Je carton. Ce qui me le faifoit juger ainfr, c'eft qu'on a éprouvé, comme un procédé propre à compléter l'électricité de l'appa- reil, de tenir la main appuyée pendant quelques momens fur Ja plaque de métal fupérieure, ceft-à-dire, fur celle qui ne communique pas avec le conduéteur : il eft für que par-là on Jui procure une furabondance de matière affluente. En confé- quence, & dans la vüe de perpétuer ce renfort de matière affluente, j'ai attaché au lambris une chaîne de fer dont le bout venoit aboutir fur la plaque de métal fupérieure. Cette chaîne étoit un canal qui ne pouvoit manquer d'entretenir fans difcontinuation un courant de matière affuente, plus abondant de beaucoup que celui que l'air pouvoit fournir : auffr m'atten- dois-je que dans ces circonflances Yafloibliffement des étin- celles-foudroyantes, que j'ai dit arriver lorfqu'on veut les exciter coup fur coup, n'auroit plus lieu; mon attente fut trompée quand j'en vins à l'épreuve. La première étincelle éclata avec violence, & le carton fut percé; mais dans a feconde & les fuivantes la dégradation ordinaire de vivacité fe manifefta fenfiblement , & j'éprouvai encore la même difh- culté à rétablir la vertu de l'appareil. Des tentatives réitérées & fuivies du même fuccès achevèrent de me convaincre de Y'infuffifance de mon procédé à cet égard, & me firent fentir que je n'étois mépris dans mon premier foupçon. Ce fut dans ces circonflances .que je faifis les obfervations que je vais annoncer, & elles parurent me mettre plus heureufement fur la voie. XX X. Je m'aperçus que lorfque, incontinent après avoir excité une étincelle foudroyante, la perfonne qui frottoit le globe retiroit fes mains pendant quelques inflans, l'étincelle qu'on tiroit après qu'elle s'étoit remile à fiotter le globe, ou étoit encore foudroyante, ou ne différoit guère du moins de la première. Cette obfervation me conduifit à une autre: Jéprouvai de plus qu'on réuffifloit encore plus .fürement à avoir Ja feconde explofion pareille à 11 première, quand après celle- ci on faifoit frotter le globe par une autre perfonne que celle qui le frottoit en premier lieu , & qu'il fufhfoit, pour avoir 264 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE une fuite d'étincelles foudroyantes, de renouveler à chaqué fois les perfonnes employées à frouer le globe. Ces deux obfervations me parurent importantes à bien des égards, Quant à l'objet préfent, en m'apprenant que les variations - des réfultats de l'expérience pouvoient dépendre de la perfonne qui frotte le globe, elles m'indiquoient que c'étoit fur-tout au courant de matière électrique qui fe dirigeoit à l'appareil par la même perfonne, qu'il falloit imputer le déchet d'électricité, dans le cas où les étincelles excitées coup fur coup perdent à un certain point & de plus en plus de leur vivacité. XXXI. I] s'agit maintenant de confidérer fr ce courant; dans ces circonftances, peut effectivement devenir infufffant pour entretenir l'éleétricité primitive du conducteur. Toutes les fois qu'on excite une étincelle en approchant, par exemple, le doigt du conduéteur électrifé, on lui enlève, ou totalement, ou en grande partie, fon atmofphère électrique actuelle. On en a une première preuve en ce qu'après l'explofion a perfonne qui a tiré l’étincelle fe trouve être électrifée elle-même, fr elle a eu la précaution de s'ifoler; & on en a une feconde preuve en ce que dans le cas où le conduéteur n'a qu'une électricité une fois donnée, il en refte dépouillé après l'explofion. Dans le temps que le conducteur reçoit les émiflions du globe qu'on tourne fans interruption, on ne lui enlève pas moins, en excitant l'étincelle, l'atmofphère électrique qu'il a en ce moment ; mais comme il eft fubitement renouvelé par les émiflions continuelles du globe, il n'y paroiît guère ordi- nairement. Cependant fi les émiffions du globe n'étoient pas affez abondantes pour réparer en entier dans le moment les pertes qu'a efluyées le conducteur lors de l'explofion, & qu'if fallût un certain temps pour que ces émiflions s’'accumulaffent fur le conduéteur au point où elles l’étoient avant l'explofion, il eft évident que pendant tout ce temps l'éledricité du conduéteur feroit moins forte qu'elle ne l'étoit avant l'explo- fion. Seroit-ce là le cas du conducteur dans les expériences dont il ef ici queftion? Lorfqu'on excite l'étincelle foudroyante, on le dépouille d’une grande partie de fon atmofphère aétuelle; les DE-s : S'CiiE Nic'Els 26$ les émanations du globe qu’on frotte fans interruption, viennent la rétablir ; mais il paroît par les effets, qu'elles ne la rétabliffent pas aflez vite, ou comme il faut: c'eft pour cela que fi, avant qu'elle fe retrouve dans fon premier état, on vient à exciter de nouvelles étincelles, ces étincelles fe reflentent de la dégras dation prélente de latmofphère électrique, laquelle continuant par-ià de s’altérer de plus en plus, n'en peut fournir après que de plus foibles encore. XX XII. Mais les émiffions électriques qui contribuent à l'électricité du conduéteur, proviennent de la perfonne qui frotte le globe par lequel elles font tranfmifes au conducteur. If paroït donc que la perfonne qui, dans les premiers momens qu'elle le frotte, peut fournir au conduéteur des écoulemens électriques tels, que les étincelles qu'on y excité foient fulmi- nantes, ceffe, en continuant de frotter fans interruption, de lui en fournir au bout d’un certain temps avec la même abon- dance, ou qui foient affeétés de la même rapidité, On pour- roit peut-être foupçonner, conformément au fyflème de M. Franklin, qu'elle s'en épuife à force d'en fournir, & que les étincelles qu'on excite au conduéteur le dépouillant de fon atmofphère électrique , contribuent de plus à la dépouiller de fon propre fonds. Mais, d'un autre côté, cetie perfonne n'étant pas ifolée, ne doit-elle pas tirer du plancher tout autant de matière électrique qu'elle en donne au globe? Eh comment peut-on concevoir qu'avec cette reflource elle puiffe jamais en avoir moins dans un temps que dans un autre? Confultons Yexpérience là-deflus. XXXIIT Ayant ifolé & difpofé l'appareil d'éledtricité & les barres À & B, comme je l'ai fpécifié ci-devant /$. 1x), j'ai ifolé de plus un carreau de verre doré à la manière du Doëeur Bevis, dont la furface métallique inférieure commur- niquoit par un fil d'archal avec le conduéteur À ; & à côté de Ja barre de fer B, pendoient librement deux feuilles d’or, lune au bout d'un fil de foie, l’autre au bout d'un fil de lin mouillé, attachés fun & autre à un fupport de bois non ifolé. Le globe étant en mouvement, j'ai remarqué, après avoir Say, éfrang. Tome 1/1. LI 266 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE excité plufieurs étincelles au conducteur À, avec un fil d’archaf coudé dont l’un des bouts étoit appuyé fur la furface fupérieure du carreau de verre, & dans le temps qu'on n'en pouvoit plus produire que d'extrémement foibles, j'ai remarqué, dis-je, que la feuille d’or fufpendue au fl de foie étoit repouffée à une certaine diflance de la barre de fer B, tandis que la feuille d’or fufpendue par le fil de lin paroifloit au contraire être attirée par la même barre; elle s'y tenoit appliquée par la tranche, & r'étoit agitée que d’un mouvement d'ondulation affez vif. J'ai obfervé de plus, que les étincelles qu'on excitoit au conducteur À, n’occafionnoient aux feuilles d’or aucun chan- gement de pofition , Niaucun mouvement. XXXIV. Il réfulte de la première de ces obfervations, que dans le temps même où l’on auroit pü croire que la barre de fer 2 & la perfonne * qui frotte le globe, font épuifées de matière électrique, parce qu'elles ceffent d’en fournir autant qu'auparavant au conduéteur À, elles en lancent cependant au dehors , puifque la barre À ne cefle point de repoufler & de tenir écartée Ja feuille d’or fufpendue au fil de foie. La diverfité des pofitions refpectives des deux feuilles d'or provient de ce que le courant électrique qui de l'air ambiant fe dirige à la barre 2, n'eft pas aflez fourni &aflez fort pour l'emporter fur l'action des émiffions éleétriques de la barre, qui entraînent au loin la feuille d’or attachée au fil de foie, au lieu que le cou- rant élefrique qui vient par le fupport de bois & le fil de lin à la barre 2, y arrivant en affluence, agit avec plus d'avantage fur la feuille d'or attachée à ce fil de lin, la pouffe fur la barre où il fe rend, & l'y retient malgré les émiflions de la barre qui ne peuvent que l'agiter un peu en paflant autour d'elle, On a de plus ici des indices fenfibles du concours des deux courans fimultanés de matière effluente & affluente qui forment une atmofphère à la barre. XX X V. Il réfulte de la feconde ebfervation, que quelle * On fe rappellera que cette perfonne a le pied appuyé fur Ja barre B, & que ces deux coips communiquent enfémble, & ont un état d’éleéricité cemmun, Des: SYCHIENNEC: 2 1% 267 que foit la quantité de matière éleétrique que la perfonne qui frotte le globe lui fournifie, les étincelles qu'on excite au conduéteur ne font ni augmenter ni diminuer celle qui forme l'atmofphère éleétrique de cette perfonne ifolce, & qu'à cet égard l'état de cette perfonne & celui du conduéteur font in- dépendans l'un defautre; ce qui eft différent de ce que nous avons remarqué à l'égard de l'enveloppe métallique de la bou- teille & du fil d'archal ; car à chaque fois qu’on tire une étincelle du fil d'archal, un fil de lin fufpendu vis-à-vis l'enveloppe, s'approche d'elle & vient y toucher. XXXVI. Ces deux obfervations qui conftatent, l'une que la perfonne ifolée qui frotte le globe a une atmofphère de jets électriques qui en émanent & fe répandent däns l'air am- biant, & l'autre que cette atmofphère n'eft pas altérée par les étincelles qu'on excite au conducteur, confirment donc Îles induétions qu'on doit naturellement tirer de la poftion de cetie perfonne lorfqu'elle n'eft pas ifolée, & qu'elle peut recevoir abondamment de la matière électrique du plancher. Ainfi on ne fauroit attribuer la diminution que fon remarque dans la quantité de matière éleétrique qu'elle tranfmet par fe globe au conduéteur dans le cas dont il et queftion, à ce qu'elle en manque, & cet eflet doit néceflairement dépendre d'une autre caufe. Il n’eft pas de mon objet de la déméler ; mais s’il eft permis de fe livrer ici à des conjedures , ne pourroit-on pas imaginer qu'un frottement continu où quelques autres cir- conftances peuvent affecter la peau de Ja main, l'enduire de cette matière vifqueufe qui s'attache fouvent au globe, la ren- dre trop lifle ou en reflerrer les pores & les obftruer , en forte qu'elle perde par -là la vertu de frotter le globe avec une cer- taine efficacité, ou que la matière électrique foit arrétée & ne puifle pañler de la main au globe en quantité fuffifante? Et en ce cas il faudra dire que lorfqu'on difcontinue de frotter le globe pendant quelques momens , le reflort des parties de la main ceffant d'être contraint, fe rétablit dans l'état ordinaire, qu'elles reprennent leur rudeffe naturelle & que les pores en font de nouveau dilatés, ce qui rend le frottement auffi efficace Li i 268 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE qu'il l'étoit en premier lieu, & fert à expliquer la première obfervation du 4. X XX. D'autres obfervations décideront de la valeur de mes conjeëtures; mais, quoi qu'il en foit, les faits auxquels je les applique fufhfent par eux - mêmes pour établir, indépendamment de toute explication, que la perfonne ifolée qui frotte le globe conferve, dans le temps qu'elle tranf- met le moins de matière électrique au globe & au conduéteur, tous les caractères de l'éledricité ordinaire & politive, & qu'il s'en élance en tout fens & de toutes parts des jets de matière effluente dans l'air qui l'environne : c'efl tout ce que j'avois en vüûe d'examiner. XXX VII. Telles font les recherches que j'ai faites fur l'état d’épuifement de matière électrique, & J'en conclus, non que cet état d’épuifement ne puifle avoir lieu, mais feulement que la queftion eft encore indécife. On vient de voir ce qu'il convient de penfer à cet égard des faits rapportés par Mrs Watfon & Franklin; d'un autre côté, je n'en fais aucun qui foit propre à démontrer limpoffibilité d'un pareil épuifement : c'eft du temps & d'une fuite de recherches conduites avec fagacité qu'il faut attendre des éclairciflemens plus fatisfaifans, De ma part, je croirai avoir toüjours fait quelque chofe en dépouillant des preuves équivoques d'une apparence de vrai- femblance qui a pü en impoler, DLE !S . SICAILEËNAGCI E: & 269 MISE M ONT'R E SUR LA MER LUMINEUSE. Par M. le Commandeur GODEHEU DE RIVILLE, Correfpondant de l’Académie. À il MOUR des Sciences & le grand nombre d’Académies répandues en Europe, ont occafionné depuis peu dans la Phyfique des progrès immenfes fur toutes fortes de matières, Nouvelles découvertes, expériences füres, machines per- fectionnées , rien n'échappe aux Savans du fiècle éclairé dans lequel nous vivons: mais par quelle fatalité aime-t-on mieux depuis quelque temps forger des fyflèmes qui n'ont fouvent ‘d'autre mérite que la nouveauté, que de revenir quelquefois fur fes pas pour tâcher d'expliquer certains phénomènes qui font tous les jours fous nos yeux? Parmi ceux dont Ja caufe nous eft inconnue, les étincelles brillantes qu'on aperçoit dans l'eau de mer lorfqu'elle eft un peu agitée, me paroiflent mériter l'attention de ceux qui ont du goût pour la Phyfique; mais je p'ai encore rien là de fatisfaifant fur cette matière, & on s'eft contenté jufqu'à préfent de hafarder beaucoup de raifonnemens & de conjeélures fans faire les expériences néceffaises pour connoitre l'origine de ce phofphore naturel. Le voyage que je fais aux Indes Orientales avec mon frère me met à portée de donner à l'Académie quelques éclaircifle- mens fur cette partie de l'Hifloire naturelle, & de rendre raifon du plus ou du moins d'éclat que l'on aperçoit de temps en temps dans l'eau de mer fur les différentes côtes de l'Inde. Inftruit par quelques relations, & comptant fur le témoi- gnage de plufieurs Marins qui m'afluroient que la mer eft beaucoup plus lumineufe aux environs des ifles Maldives & de la côte de Malabar que dans tout autre endroit de l'Océan, j'atendois avec impatience ce qu'on me promettoit depuis fi LI ii 270 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE long temps, lorfque le 1 4 Juillet.1754, à oh du foir, étant par 84 47° de latitude feptentrionale, & 734 de longitude orientale du méridien de Paris, on vint m'avertir que la mer paroifloit toute en feu. Je me tranfportai fur la galerie du vaifleau, & malgré tout ce que je n'en étois figuré d'avance, je ne diffimulerai pas ici la furprife que me caufa un pareil fpeétacle. La mer, dont la furface étoit foiblement agitée, paroifloit couverte de petites étoiles ; chaque lime qui fe brifoit autour de nous répandoit une lumière très-vive, & femblable pour fa couleur à celle d'une étoffe d'argent électrifée dans l’obfcurité: les vagues, qui paroifloient fe confondre à proportion de l'éloi- gnement où nous les voyions, formoient à l'horizon une plaine couverte de neige; & le fillage de notre vaifeau, dont la clarté fe confervoit très-long-temps, étoit d’un blanc vif & lumineux, parfemé de points brillans & azurés. Attentifà confidérer un fpeétacle aufli nouveau pour moi que fatisfaifant, je fus frappé de la lumière que répandoient certains petits corps qui reftoient fouvent attachés au gouvernaif Jorfque la mer fe retiroit; & fans n'arrêter à tout ce que j'en- tendois dire fur la caufe prétendue de ce phénomène, je fis tirer de l'eau qu'on laïffa filtrer dans un vafe au travers d’un linge très-fin. Après cette opération, je remarquai que l'eau filtrée n'étoit prelque plus lumineufe, mais que le mouchoir étoit couvert de points brillans qui s'y étoient attachés. J'en enlevai avec le bout du doigt quelques-uns qui avoient de la confiftance, ils perdirent infenfiblement leur éclat; & comme ils refflembloient à des œufs de poiflon pour la forme & la groffeur, je me rendis alors à ce qu'on avoit déjà voulu me perfuader, & je crus que c'en étoit effeétivement. Curieux d'en examiner un à la lumière avec une forte loupe, je fus bien étonné d'y apercevoir un mouvement fenfible dans l'intérieur : doutant encore de ce que je voyois, je le re- tournai de plufieurs façons pour n'en aflurer, en le plaçant fur mon ongle au milieu d'une goutte d'eau. Mais quelle fut ma furprile, lorfqu'en l'examinant avec attention je le vis entouré DE:s, SLeuRE Nr Es 271 d'une liqueur brillante que tous ceux qui étoient dans fa chambre aperçurent aufli-bien que moi! Il n'en fallut pas davantage pour m'engager à fuivre cette oblervation ; & après avoir tiré une plus grande quantité d'eau , qui fut filtrée comme la première, je trempai le mouchoir dans un vale qui en avoit déjà été rempli: j'y aperçus dans l'inflant un nombre confidérable de petits infectes qui nageoient avec beaucoup de viteffle, & qui au premier coup d'œil me parurent reffembler à ceux qu'on appelle communément en France des Puces d'eau. Malgré leur agilité, je vins à bout d'en arrêter un en le fixant avec un pinceau contre les parois du gobelet: cette prefion, quoique légère, fut apparemment trop forte pour un infeéte auffi délicat ; il en foufrit, & malgré la lumière de deux bou- gies qui nous éclairoient, nous vimes fortir de fon corps une liqueur bleuâtre & lumineufe , dont la trace s'étendit dans l'eau à deux ou trois lignes de diftance. Cet accident ne me fit point lâcher prife, je l'enlevai au bout du pinceau, & à peine fut -il placé fous le microfcope, qu'il rendit encore une grande quantité de cette même liqueur azurée. Je craignoiïs qu'une f: grande perte ne l’eût extrêmement affoibli; mais j'eus la fatisfaction de le voir encore plein de vie & fe remuer avec beaucoup de vivacité. Ce n'eft point après l'examen d'un feul de ces infedtes que j'ai hafardé d'en donner ici la figure fous plufieurs pofitions: Jabondance où j'étois m'a permis d'en facrifier beaucoup pour êure bien affuré de toutes les parties dont il eft compol; j'en gardai même plufieurs que je trouvai le lendemain un peu languiffans, mais le changement d'eau les ranima. La liqueur brillante, dont ils ont un ample réfervoir, n'en fut pas même altérée; car ayant laiffé quelque temps au bout du pinceau un de ceux qui étoient deftinés à fubir l'examen du microfcope, il répandit un éclat qui dura 7 ou 8”, & qui en plein jour fut aperçu de plufieurs perfonnes à 2 ou 3 pieds de diftance. Il me refloit encore un doute fur la nature de ces animaux, & j'étois bien aile de favoir le temps qu'ils auroient pû vivre dans l'eau douce: j'en pris quelques -uns des plus vifs, que je 272 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE mis dans un vafe rempli d'eau très- chaire & qui n'avoit aucuné faveur defagréable ; ils n'y vécurent pas 6 fécondes , & fe préci- pitèrent au fond du gobelet en s'agitant avec violence fans pouvoir nager; plufieurs rendirent en mourant beaucoup de - liqueur lumineufe. Cete expérience prouve que l'eau de mer n'eft pas abfo- lument néceflaire pour faire briller ce pholphore qui eft réellement contenu dans le corps de l'animal: il fiut cepen- dant obferver que je n'en ai vû aucun briller à fec, & que ceux que jai écrafés n'ont produit aucune lumière vifible, même dans l’obfcurité; ainft on peut croire qu'il faut un peu d'humidité pour que cette liqueur rende une clarté vive & brillante. Ceux que j'avois laiflés dans l'eau de mer périrent les uns après les autres : l’eau dans laquelle ils avoient féjourné répandoit un éclat très-vif lorfqu'elle étoit agitée, mais l'odeur fétide qu'elle répandit au bout de quelques jours n'obligea de la jeter. Une bouteille remplie de cette mème eau & fermée très -exa@tement, a produit un phofphore très-brillant forfqu'on la remuoit; mais trois jours ont fuffi pour lui faire perdre fon éclat. Si on confulte les figures *, on verra que le corps de l'animal eft renfermé dans une petite écaïlle tranfparente, femblable pour la forme à une amande fendue d’un côté, & un peu échancrée dans la partie fupérieure. Voyez la figure 4 à l'explication. La figure première le repréfente de côté & dans un état de repos. On voit en À tout le corps raffemblé en grouppe, & en À plufieurs globules qui en font détachés & forment une efpèce de grappe mobile. J'ai tout lieu de croire qu'ils renfer- ment da liqueur azurée dont ces animaux ont une fi grande provifion ; car forfqu'ils {e portent bien, ces grains paroiflent au microfcope d'un verd bieuñtre, qui jaunit & devient terne à mefure que 'infecte approche de fa fin. # On peut compter fur l’exaéti- | jeune homme rempli de talens & d’in- tude & la régularité des deffeins qui | tellisence, qui a bien voulu examiner accompagnent ce Mémoire ; ils font | ces infeétes avec attention, & les def= tous de M. de Noirefoffe, Officier des | finer dans les différentes poñtions où troupes de la Compagnie des Indes, À nous les avons vûs l’un & l’autre, La DE s : SC ILÉ N°C ES, "M 2 La deuxième figure repréfente encore l'animal de côté, mais il ef ici en agitation : on voit à {a partie fapérieure quatre cornes mobiles €, C, C, C, formées de plufieurs articula- tions & terminées par des houpes de poils très-fins. La tête D, armée de quelques petits crochets, eft placée au milieu de ces quatre cornes deftinées fans doute à faifir ce qui doit fervir de pêture à l'animal. Au deffous de Ja tête on voit deux pattes armées de crochets ££, qui font apparemment les armes de combat; & plus bas en /” eft une grofie patte armée d’une grifle dentelée qui reffemble beaucoup à celle des puces d'eau, elle paroît deftinée aux mêmes ufages : c'eft une efpèce de gouvernail dont notre infecte fe fert pour aller & venir avec vitefle. Chaque mouvement de cette patte lui fait faire des fauts très-prompts & très-vifs. La lettre G indique le corps formé d’une elpèce de fac qui renferme les inteftins : if en fort de petits filets auxquels font attachés les globules Z dont Jai parlé plus haut. * La troifième figure repréfente l'animal {ur le ventre: f forme eft plus oblongue, & on aperçoit quatre cornes dont deux font alongées & les deux autres font rapprochées du corps avec les pointes de fes deux petits crochets. La découverte de ces animaux dans un endroit où la mer eft extraordinairement brillante, dénote fenfiblement ce qui lui donne le plus ou moins d'éclat, & femble indiquer ce qui la rend toûjours un peu lumineufe. Cette liqueur azurée paroît avoir les mêmes qualités que l'huile ou la graifle, puifqu'elle ne fe méle pas intimement avec l'eau, & qu'elle s'y forme en petites bulles. C'eft ce que j'ai eu occafion de remarquer avec le fecours du microfcope, & en filtrant l'eau à travers d'un linge qui refloit toûjours parfemé de petites taches brillantes, quoique les infeétes en fuffent enlevés : l'agitation violente qu'ils avoient éprouvée dans le tourbillon d’eau qu'on laiffoit tomber pour la filtrer, leur faifoit rendre apparemment beaucoup de liqueur , dont une partie reftoit attachée au linge en forme circulaire, & qui perdoit fon éclat à mefure que le mouchoir perdoit fon humidité ; d'ailleurs tous les points brillans qu'on Say, étrang. Tome IL, Mm 274 MÉMOIRES PRÉ$SENTÉS À L'ÂCADÉMIE aperçoit nager fur Peau font ronds, & reffemblent parfaitement à une petite goutte d'huile répandue fur ce liquide. Tout ce que je venois de remarquer me fit croire que la mer devoit être beaucoup plus huileufe dans ce parage que par-tout ailleurs, & il n'étoit pas difhcile de s'en affurer. Ayant laiffé repofer dans une cuvette de l'eau de mer non filtrée, elle fut quelque temps après couverte d’une huile femblable à celle qu'on aperçoit nager fur une taffe de bon calé. On peut donc, fans trop hafarder, attribuer l'éclat de la mer aux graifles & aux huiles dont elle eft fürement impregnée; mais toutes ces huiles paroiflent avoir des propriétés diflé- rentes ; les unes, comme celles que répandent la plus grande quantité des poiflons, ont peut-être beloin de l’aétion des fels & du bitume de la mer pour répandre leur éclat; les autres au contraire ont la propriété de briller par elles-mêmes comme celle des animaux qui font le fujet de cette diflertation, puif- qu'elle répand de la lumière mème dans l’eau douce : toutes cependant ont une qualité commune, c'eft qu'elles ont befoin d'agitation pour paroître lumineufes, La bonite, efpèce de poiflon qui reffemble au ton, femble fournir aufli une huile qui brille par elle-même, puifqu'en Fouvrant lorfqu'elle eft encore en vie, on lui trouve dans diflérentes parties du corps une huile qui jette beaucoup d'éclat: nous connoiflons beaucoup d'autres efpèces de poifions qui ont cette propriété. La nature de ces différentes huiles n’eft pas facile à con- noître par la difficulté qu'il y a d’en ramaffer une affez grande quantité pour en faire l’analyfe ; mais ne peut-on pas la tenter par comparaifon? Je compte dans la fuite faire quelques épreu- ves à cé fujet en mêlant plufieurs efpèces d'huiles dans l'eau de mer qui aura été filtrée plufieurs fois pour lui faire perdre fon éclat. Ces expériences ne feront peut-être pas tout-à- fait inutiles, & on peut croire que la grande difficulté qu'on a rencontrée jufqu'à préfent pour rendre l'eau de la mer potable, provient fans doute de n’avoir jpas aflez étudié les différentes matières dont elle eft impregnée, DES SCrENCESs 27 Les découvertes que nous faifons dans l'Hifloire Naturelle doivent toüjouis être rapportées, autant qu'il eft poffible, à l'utilité du genre humain; trop heureux f1 celle que j'ai faite dans ce voyage pouvoit engager les Chymiftes à travailler fur l'eau de mer avec zèle & une application fuivie. ANIMAL curieux trouvé dans les mers de Ceylan. Parmi les infeétes extraordinaires que j'ai trouvés dans l'eau de mer, celui dont je donne ici la figure, mérite par fà fingu- larité d'être connu des Naturaliftes. Outre la forme de fon corps qui n'eft pas commune, il a deux yeux placés prefque au deflus de la tête : fes nageoires font extrémement délicates, & les deux cornes qu’il a au bout du mufeau font terminées par quelques nervures très-déliées ; mais le panache dont fa queue eft ornée mérite une attention particulière : on voit dans la figure ÿ que l'extrémité de fon corps fe termine par une fourche dont chaque branche a un bourlet auquel font attachées quatre véritables plumes couleur de rofe qui produifent un contrafte admirable avec la couleur verdätre de fon corps, qui eft un peu tranfparent & tacheté de raies brunes arrangées avec art, Tous ceux qui ont vü cette efpèce de paon de mer au micro- fcope, ont été frappés de fa fingularité. Quelles découvertes ne doit-on pas efpérer de faire delormais dans l'Hiftoire Natu- relle, puifqu'on trouve des poiflons avec des plumes? EXPLICATION DES FIGURES, Figure 1O% voit en À tout le corps de l'animal raffemblé en grouppe dans la partie fupérieure de l'écaille. La lettre Z indique pluficurs globules qui ne paroïffent tenir au corps que par de'petits filets, Ils forment une efpèce de grappe mobile. Figure 2. L'animal eft ici en agitation. C CCC, quatre cornes mobiles attachées autour de Ja tête, & formées de plufeurs articula- tions: il eft rare de les voir toutes quatre enfemble ; & pour ne pas rendre le deflein trop confus, on les à repréfentées plus écartées qu'elles ne le font ordinairement. 11 y en a deux qui dépañfent un peu l'ouverture de Y'écaille. D, tête de l'animal, EE, deux pattes armées M m ji Voyez la figure 5. 276 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de crochets. F, groffe patte armée d’une griffe dentelée. G, corps de Fanimal. B, globules qui contiennent la liqueur azurée. Figure 3. Je n'ai vü qu’une feule fois l'animal dans cette poñtion; il paroifloit fur le ventre : deux de fes cornes H H, étoicent fort avancées, & les deux autres 77 fe rapprochoient du corps. KK, pointes des deux petits crochets défignés par les lettres EE dans la feconde figure. Figure 4. Les quatres lettres L, M, N, O, indiquent la figure & le contour de lécaille feule dans laquelle eft contenu le corps de l'animal: elle eft tranfparente & reffemble pour la forme à une amande fendue du côté Z, O, N, & un peu échancrée à la partie fupérieure Z. C'eit de cette ouverture que fortent toutes les parties de l'animal lorfqu'il eft en agitation. : Figure $. Cette figure groffie au microfcope repréfente au naturel celle de l'animal que j'appelle Paon de mer. PP, fes deux yeux placés prefque au-deffus de la tête. XX, deux cornes extrêmement longues. RRRR, quatre nageoires très-délicates. 77, efpèce de fourche qui termine la partie poftérieure de fon corps. WF, huit plumes couleur de rofe de différentes grandeurs, qui forment un panache très-régulier. Figure 6. Cette figure repréfente un infecte fingulier trouvé dans la mer à deux lieues au large de Ceylan, & nn peu au fud de la pointe de Batacalo. AA, fes deux antennes. BB, deux efpèces de crochets velus placés au deffus de la mâchoire fupéricure. €, fa bouche garnie de petites dents très-aigues. DD, deux pattes armées chacune d’une griffe. EE, deux pattes beaucoup plus gxoffes. FF FF, quatre autres petites pattes placées à [a partie poftérieure de fon corps. G, fa queue armée aufi d’un crochet. Deux particularités peuvent rendre cet animal remarquable aux yeux d'un Naturalifte. Premièrement , la difpofition des deux crochets BB. Prefque tous les infcctes ont deux efpèces de cornes dont on ne connoît pas bien l’ufage; mais je n’en ai encore vü aucun qui, outre fes deux antennes, eût deux crochets au deffus de a tête, & placés comme ceux de notre infecte. En fecond licu, les deux grofes pattes E Æ£ devroient, dans l'ordre naturel, être placées à la partie poftérieure, & les quatre autres plus petites FFFF, fe trouver entre la tête & la queuc: mais on voit que c’eft ici le contraire. Il faut donc dire avec un Poëte Italien : Per troppo variar, natura à bella. IL. Z 27621. ea 7 ——— Ke Sa. Etrano. Tom Ur DES SCIENCES. 277 | SUR LES MOUVEMENS DU CERVEAU ET DE LA DURE-MERE. PREMIER MÉMOIRE, Sur le mouvement des parties contenues dans le crâne, confidérées dans leur état naturel. Par M. LorrY, Docteur en Médecine. E jeu des organes du corps animé, varie fuivant tant de circonftances, que fi lon n'examine pas avec l'attention la plus fcrupuleufe chacune de ces circonftances en particulier, l'obfervation même devient une fource d'erreurs. C'eft fans doute ce qui a produit la différence des fentimens qui règnent encore aujourd'hui fur les mouvemens de la dure-mère, & fur ceux du Cerveau. Galien paroït le premier parmi Îes anciens qui ait parlé diflinétement du mouvement de ces parties. Hippocrate a fuppofé dans quelques endroits de fes ouvrages, que la mafle du cerveau eft capable de s’ébranler, mais il n'a rien laiffé de bien pofitif fur cet ébranlement. Quelques Auteurs Grecs poftérieurs, comme Oribaze, ont admis un mouvement particulier dans la duremère, & Rufus d'Éphèfe a regardé cette membrane comme feule capable de mouvement: Quæ movetur immoto cerebro. Dans le temps du renouvellement de l' Anatomie, Fallope, Bauhin, & d'autres Auteuis contemporains qui avoient fait quelques obfervations fur ce mouvement, crurent aufi que la dure-mère avoit un mouvement particulier. Riolan, après avoir examiné avec beaucoup d'exaétitude cette queflion dans différens endroits de fes ouvrages, n'ofa Mn ii 273 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE prononcer fur ce mouvement. Credit Hoffnamus , nous dit, nondüm vidi, nec aufin Hoffinannum refellere. Depuis ce temps-là on a fait beaucoup d'expériences (ur cette matière; beaucoup d'Auteurs ont prétendu démontrer dans le cerveau un mouvement propre à fa fubftance, quoiqu'ils fe foient divifés fur la nature & fur l'efpèce de ce mouvement, Plufieurs ont regardé au contraire les membranes du cerveau comme l'origine de tous les mouvemens des parties contenues dans le crâne; & parmi ceux-ci, les uns ont eu recours à des caules cachées, & ont attribué à ces membranes des propriétés extraordinaires; les autres n'ont regardé ce mouvement que comme l'effet du battement des artères. On propole de part & d'autre tant d'expériences, & des argumens f1 {pécieux, que M. Walther, dans un programme qu'il a publié en 1745 fur le cours du fang dans le cerveau, & fur le mouvement de toutes fes parties, croit devoir s’ab- ftenir de prononcer fur une matière fr remplie de difficultés ; & M. Haller n'entreprend de traiter cette queftion qu'avec peine, & en l'appelant avec raifon diffiillimam. Pour moi j'ai penfé que cette diverfité d'opinions dépendoit en grande partie de la variété des circonftances & du différent état des füjets fur lefquels tous ces Auteurs ont fait leurs expé- riences, & qu'en faifant attention à tous ces cas, à toutes ces circonftances, non feulement je pourrois parvenir à découvrir quelles font les parties capables de mouvement dans l'intérieur du crâne, mais encore quelle eft la différence de leurs mou- vemens, & reconnoître enfin la fource des erreurs qui fe font répandues fur cette matière. J'ai cru devoir en premier lieu diftmguer dans ces parties deux genres de mouvemens, qu’il eft eflentiel de ne pas con- fondre. Le premier, eft celui que ces parties peuvent avoir dans leur état naturel, mouvement qui ayant un exercice continuel, concourt à la produétion des fonctions animales, Le fecond genre de mouvement eft celui qui peut agiter ces parties dans un état contre nature. A ces recherches fe trouvent naturellement liés les effets du dérangement de l'ation du BE:sS | SG dEAINNOURES 279 cerveau , eflets prodigieux par leur nombre & par leur fingu- larité. Je ne parlerai dans ce Mémoire que du. mouvement naturel des parties renfermées dans le crâne: je traiterai dans un fecond du mouvement contre nature de ces parties. Quand on a enlevé le deflus du crâne d'un animal, Ia mafie du cerveau fe préfente aux yeux enveloppée de fes membranes ; il occupe fi exactement tout l'efpace de cette boîte offeule, qu'il paroît fe développer comme d'un lieu trop étroit pour fa mafle. On fait cette obfervation dans les fujets humains, même après la mort; & la même chofe arrive dans prefque tous les quadrupèdes vivans, car la mañle du cerveau eft toujours plus confidérable dans les. animaux vivans. Le fang qui gonfle les artères augmente fon volume. Ce dévelop- pement eft d'autant plus fenfible, que l'animal vivant eft plus jeune. Le cerveau a généralement un volume d'autant plus confidérable que l'animal ef plus proche de fon origine. De ces membranes {a feule qui nous intéreffe, eft Ja dure- mère. Des parties contenues dans le crâne, le cerveau & la dure-mère font les feules qu'on ait crues capables d'avoir un mouvement propre & particulier. On leur a fait jouer tour-à -tour le rôle principal, Il s’agit donc de favoir, 1. fi la dure-mère a un mouvement, & un mouvement indépendant du cerveau ; 2.° fi le cerveau de fon côté a auffi un mouvement dépendant ou non de la dure mère: ceft ce qui fera le fujet des deux parties de ce Mémoire. Dans la première, nous examinerons toutes les queftions qui appartiennent aux mouvemens de la dure mère, à fes caufes & à fes effets. La feconde roulera uniquement fur les mouvemens du cerveau. PREMIÈRE PARTIE. Du mouvement de la dure-mère. Nous ne retrouvons chez les Auteurs Grecs qui ont précédé Galien aucune idée du mouvement de la dure mère. Galien, le premier de tous, dans le Livre de refpirationis ufu, dit, que l'ait admis dans la poitrine va gonfler le diaphragme, la 280 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE membrane de la moëlle de l'épine, & enfin celle du cerveaue Nous avons déjà dit que Rufus d'Éphèle étoit le premier qui eût admis dans cetie membrane un mouvement propre & particulier : au refte les Grecs en général n'ont pas attribué de _ grandes prérogatives à la dure-mère. Les Arabes font les premiers qui aient imaginé que les membranes du cerveau donnoient naïffance à toutes les autres membranes du corps humain ; ce font eux qui leur ont donné le nom de mère. Mais je n'y trouve rien qui ait rapport au mouvement de l’une ou de l’autre de ces membranes. Les premiers Auteurs qui, depuis le renouvellement de Anatomie, m'aient paru reconnoître dans la dure-mère un mouvement indépendant de celui du cerveau, font Fallope, Veñile, & Gafpar Bauhin. Le premier & le dernier reconnoif fent dans la dure-mère un mouvement produit par le battement de fes propres artères. Vefile rapportoit ce mouvement aux battemens des artères de la pie-mère. Des Auteurs qui les ont fuivis, les uns ont donné dans leur fentiment, les autres ont nié abfolument le mouvement de la dure- mère. Willis & Mayow ont été les premiers qui aient cru décou- vrir des fibres motrices dans la dure-mère. Ils jugèrent non feulement que cette membrane étoit naturellement en mou- vement, mais encore qu'elle en communiquoit un au cerveau. Cependant Baglivi eft celui qui a le plus fait valoir cette idée, Cet Auteur illuftre dans la Médecine, renouvelant l'idée des Arabes qui reconnoiffoient une continuité de fubftance entre la dure-mère & toutes les autres membranes du corps, imagina une correfpondance de fentiment & de mouvement entre ces membranes, dont il mit le principe dans la dure-mère, Les principes fur lefquels il fe fondoit, fe déduifent du fen- timent exquis qu’on accordoit de fon temps à prefque toutes les parties membraneufes du corps humain. Les membranes qui enveloppent les vifcères font plus fenfibles que la fubflance même des vifcères. La fenfibilité extraordinaire des tendons dépend, nous dit-il, en partie de la gaine membraneufe qui les enveloppe. Baglivi paroïit avoir avoir donné lieu à un fentiment DLE, S,: S CLR MNC.E s. 28r fentiment qui a acquis depuis une grande vogue; car beau- coup d'Auteurs imbus de fes idées, ont penfé que la propa- gation du fentiment fe fait par les membranes qui enveloppent les fibres nerveufes, & qui ne font que des prolongemens de celles qui couvrent le cerveau, quoique lui-même ait admis le cours des efprits dans les tuyaux nerveux. … Telles font les raïfons qui afluroient Baglivi dans fon hypothèle, mais il prétend que l'infpection anatomique con- frmoit fes conjedures ; les recherches qu'il fit avec Pacchioni lui démontrèrent, à ce qu'il prétendit, dans la dure - mère, deux plans réguliers de fibres mufculeufes. Nous examinerons en temps & lieu ce que c’eft que ces fibres. Je ne fuivrai pas Baglivi & encore moins Pacchioni, dans tous les détails où ils font entrés. Je me contenterai de faire oblerver que le premier attribue à la dure-mère un mouve- ment de fyflole ou d'abaiflement caufé par la contraétion des fibres charnues dent il la croit compolce, & un mouvement de diaftole ou d'élévation produit par le reflort ou le rétabli fement des filamens qui l'attachent au crâne, Pacchioni avoit imaginé un jeu bien plus fingulier dans ces organes; mais il feroit inutile de le rapporter, puilqu'il eft totalement tombé, après avoir été réfuté par Fanton & par plufieurs autres Auteurs. Enfin Pacchioni lui-même nous a affez fait entendre combien peu on devoit ajoûter de foi à {es expériences, puifqu'il convient dans fes derniers ouvrages, qu'il étoit fort difficile d'apercevoir un mouvement qu'il avoit d'abord annoncé comme très- fenfible. Aurefle les raifons & lesexpériences de ces Auteurs n’ont pas peu fervi à établir l'idée qu'on avoit déjà du mouvement de la dure-mère; mais on n'a pas moins été partagé fur la nature & fur la caufe de ce mouvement. Les uns, tels queVieuffens, Bourdon & plufieurs autres, ont continué dans l'idée reçue jufqu'à leur temps,& ont attribué ce mouvement aux artères de fadure-mère. Les autres, tels que Fréderic Hoffinann, Santorini, & pref que tous les Médecins de l'École de Stahll, qui attribuent l'origine de la plufpart des fonctions & des afféétions du corps Jar, étrang. Tome 1JL, Nan 582 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE humain à la fenfibilité augmentée, ont fuivi, du moins en partie, Willis, Baglivi & Pacchioni, en attribuant ce mouve- ment à la force de la dure-mère & à l'action de fes fibres. Une troifième claffe d’Auteurs a cru ne pas devoir exa- miner cette queftion. Ils ont cru avoir démontré qu'il étoit impofñfible qu'il y eût aucun mouvement dans la dure- mère, en démontrant qu'elle étoit exactement adhérente au crâne. Berenger de Carpi prononça déjà hardiment de fon temps, qu'elle étoit totalement adhérente non feulement aux futures du crâne, mais à toutes les parties intérieures de cette voûte. Elle y adhère en eflet par une infinité de vaiffeaux fanguins &c de filamens fibreux qui lui donnent toutes les propriétés d’un périofte intérieur. Ces filamens ne font que la continuation des fibres de la dure-mère, & fuivént la direétion de ces fibres; ils font fi courts qu'ils ne peuvent paroïtre que quand on enlève la duremère, & ne refflemblent en rien à ces fila- mens élaftiques qu'avoit imaginés Baglivi, dont il fe fervoit fi avantageufement pour expliquer le battement de la dure- mère, & que beaucoup de Médecins fameux admettent en- core aujourd'hui. Cependant j'ai fait une expérience qui fuffhit pour démontrer évidemment cette adhérence : je trépanai un aflez grand chien pour avoir un crâne plus épais; ayant enlevé ce que la couronne du trépan avoit féparé du crâne, j'ai verfé de l'eau tiède fur Ja dure-mère, qui étoit à nu, il ne s'infi- nuoit pas une feule goutte d’eau entre cette membrane & le crâne pendant l’efpace de $ à 6 minutes. Müis il refte toûjours à favoir fi la dure-mère n’a pas en élle - même un principe d’aétion, ou une tendance au mouve- ment qui fe développe, lorfque cette membrane vient à jouir de fa liberté, lorfque le crâne n’eft pas encore offifié ou par- faitement offifié, comme dans les fœtus, ou dans les enfans du premier âge, lorfqu'une pièce du crâne a été enlevée, où même détruite par la carie, comme on a vû quelquefois, où enfin lorfque la perte d’une pièce offeufe n'a été réparée que par une fubftance flexible & capable decéder, ce qui arrive fouvent après de grands délabremens , où après Fopération du DES SCIENCES. 28 trépan : d'ailleurs la dure-mère eft naturellement libre dans plufieurs endroits, les procflus où prolonsemens de cette membrane, la grande faux, la petite faux, les tentes du cervelet, la portion qui enveloppe la moëlle de l'épine, celle qui ter- mine les finus du côté du cerveau, n'ont aucune adhérence capable de gêner ou d'arrêter le mouvement. Les principales obfervations fur lefquelles on a fondé le fyfème dont nous parlons, font le battement de la fontanelle dans les enfans, & celui qu'on dit avoir aperçu dans les bleflures du crane. Mais en fuppofant les faits tels qu'on les fapporte, & que nous nous réfervons d'examiner dans la feconde partie de ce Mémoire, on n’en pourra nullement conclurre que li dure-mère ait'un mouvement qui lui foit propre, il reftera toüjours à favoir s'il n'eft pas emprunté du cerveau, & fi fon action n’eft pas abfolument pafive. Voilà ce qu'il s'agit d'examiner ici. Les obfervations que nous venons de rapporter ne peuvent pas décider la queftion. Les expériences fur lefquelles on fe fonde ne font pas plus concluantes. * En premier lieu, ceux qui foûtiennent que la dure-mère aun battement qui lui ef particulier , maïs qui dépend uniquement des artères, peuvent s'appuyer fur une expérience de Boerhaave rapportée par Haller, dans laquelle ce grand homme ayant enlevé le crâne, aperçut dans la dure - mère une pulfation qui dépendoit évidemment des artères. H enleva fa dure-mère, & le cerveau n'avoit aucun mouvement. J'ai répété cette expérience fur un chien; c'étoit fur un chien que Boerhaave l'avoit tenté, & même cétte expérience eft préalable à toutes celles que j'ai faites ;' car pour examiner la dure-mère, il faut toûjours enlever le deflus du crâne ou en tout; ou en partie, & Je nai jamais pû apercevoir dans la dure-mèré ce mouvement que l'on ne voit pas dans le cerveau. D'ailleurs cette expérience ne nous a jamais été tranfmife par Boerhaave lui-même, & il paroït même n'en avoir pas cru de- voir tirer de grandes conféquences, puifqu'il n’a pas parlé de ce mouvément de fa dure-mère dans les Inftitutions de Médecine: Nni 284 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIF De plus, comment pouvons-nous concevoir que les artères de la dure-mère impriment un mouvement à cette membrane? les membranes de l’eftoinac, des inteftins, de la véficule du fiel, de la vefie de l'urine, ne font ni moins fournies d’artères, ni moins propres à fuivre leurs impulfions que la dure mère: mais a-t-on jamais cru, peut-on croire même que ces artères. leur donnent un mouvement femblable à celui dont nous parlons, qu'elles les obligent à fe gonfler , à s'étendre & à fe rétrécir alternativement? La dilatation de ces vaifleaux ne tend pas moins à les porter en dedans qu'en dehors, & il eft évident que ces membranes confidérées dans leur totalité, ne fuivront pas plus une détermination que Fautre, & par conféquent refteront immobiles. Il faudroit, fans aucun fondement, fup- pofer un point d'appui qui les arrêtât dans un fens où dans un autre; & même dans cette fuppofition, la dure-mère ne pourroit jamais être portée du dedans au dehors, parce que fes artères ne font point faillie en dedans, & que toutes les diftributions confidérables ne paroiflent relevées qu'à la furface extérieure de cette membrane. Nous n'en dirons pas davantage fur une opinion que les expériences les plus aifées contredifent, & que les raifonne- mens les plus fimples détruifent; il ne nous refle plus à confi- dérer que le mouvement qu'on attribue à la dure-mère par a propriété qu'ont fes fibres d'entrer en contraction. On ne s’eft fondé, & on ne peut être fondé que fur la flruéture de cétte membrane, ou fur les phénomènes qui fe préfentent dans les différentes expériences qu'on peut faire à cette occafion. Quant à la nature de la dure-mère, on fait qu'elle eft com- pofée de deux plans de lames fibreufes, les unes extérieures, les autres intérieures ; chaque lame eff elle-même formée de fibres à peu-près parallèles entr'elles, coupant obliquement les fibres de l'autre plan, comme on voit principalement après une légère ébullition. Ce font ces fibres que Pacchioni & d’autres ont pri- fes pour des fibres charnues; mais plus on s’attachera à les exa- miner, plus on s'éloignera de ce fentiment. Nous connoiflons deux fortes de fibres charnues , les unes rouges, comme celles DES SCIENCES. 28 des mufcles qu'on trouve dans prefque toute l'habitude du corps, les autres päles ou blancheîtres, comme celles de l’efto- mac, des inteftins, du pylore: mais toutes ces fibres ont cela de commun, qu'elles paroïffent affez flexibles, mollaffes, comme poreufes, elles joignent à cela une élafticité aflez médiocre; au lieu que les fibres tendineufes paroifient plus déliées, plus élaftiques, d'un tiflu plus ferme & plus ferré, avec une furface plus unie, & un blanc, pour ainfi dire, argentin. L'infpection anatomique fait encore mieux fentir que ce que je pourrois dire, la différence qui {e trouve entre les unes & les autres ; on les diftingue fürement du premier coup d'œil : ce font précifément ces caraétères que je trouve dans la dure- mère & dans les fibres qui la compolfent ; je n'en vois aucun qui convienne aux fibres charnues. La dure-mère, en un mot, eft de même nature que le périoftedes os & que tant d’autres membranes. L’infpeétion parle donc hautement contre 1e principe fondamental de ceux qui ont penfé comme Baglivi, qui femble d'ailleurs fe contredire lui-même en admettant dans la dure-mère la fource & Forigine de toutes les propriétés des membranes, & en la retranchant cependant elle-même du nombre des membranes pour en faire un organe mufculeux. La dure-mère eft de même nature que le périofte des os, & elle a les mêmes ufages. Au refle, ces Auteurs ne fe fondent pas uniquement fur Ja nature de la dure- mère; ils prétendent avoir des phénomènes qui démontrent ce battement : ces phénomènes font déduits de l'extrême fenfibilité de cette membrane, car fon irritation excitant, difent-ils, des mouvemens fi extraordinaires dans toutes les parties du corps, ils ne concevoient pas comment on pouvoit pendant ce temps fuppofer la dure-mère dans un état de tranquillité. Cependant il faut remarquer qu'il n’y a nulle proportion entre la fenfbilité & la mobilité d'une partie. On ne peut attribuer aux tendons aucune fonétion aétive dans le mouve- ment mufculaire, & cependant leur irritation eft accompagnée de fymptomes fi violens que la mort y furvient promptement, Nn ii 286 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Mais d’ailleurs a fenfibilité de la dure-mère n'eft pas à beiucoup près auff confidérable que ces Auteurs fe le font imaginés, & c'elt un point que j'ai cru devoir examiner ici dans un plus grand détail, parce que les eflets de lirrñation de cette membrane font felon eux fi extraordinaires qu'il eft difficile, ft on les adopte, de ne pas fuppofer quelques pro- priétés fingulières à cette membrane. La fenfibilité eft proportionnelle à fa tenfion , il eft aifé de démontrer par tous les phénomènes de l'économie animale, ue les parties enflammées ne font plus fenfibles que parce qu'elles font plus tendues; la tenfion eft toûjours en même raifon que la force de la rétraction des parties qu'on fépare. Ce n'elt donc pas, comme on le penfe communément, la quantité des nerfs qui abordent à une partie, qui en fait la fenfibilité, il faut des nerfs fans doute; ils font l'inftrument de h fenfation, mais la tenfion en règle le degré. J'ai donc cru, avant que d'aller plus loin, devoir comparer Ja tenfion, la force de la rétraétion & de l’écartement des fibres de la dure-mère ; quand on la coupe, avec celle de quelqu’autre partie qui foit connue d'ailleurs pour avoir une tenfion confi- dérable. On fait que la tenfion eft toûjours beaucoup plus grande dans un fujet vivant que dans un cadavre; car outre les caufes naturelles de tenfion, il en eft encore une qui dé- pend de l'aétion de la vie. Cependant en comparant dans un cadavie la tenfion de la dure-mère avec celle des aponévrfes, la rétracfion des fibres de l'aponévrofe du biceps, quand on fa coupe par fa moitié, eft beaucoup plus grande que celle des. fibres de cette membrane, malgré l'efloit que fait le cerveau pour écartér davantage les fibres de la dure-mère. 1 Jai fait la même expérience fur un chien vivant, d'une moyenne grandeur, & dont les mufcles avoient beaucoup de force. Dans cet animal la rétraétion des fibres de l'iponévrofe étoit beaucoup plus confidérable, ce qui eft uné marque cer: taine que les fibres font beaucoup plus tendues. ‘Jai éru devoir auffi comparer la tenfron des fibres de la plèvreavec celle de la dure-mère; ear Baglivi a beaucoup infifté VACDIE $ ASE MNOC ES 287 avec raifon fur les rapports qu'on obferve dans plufeurs cas conte nature entre ces deux membranes, & réellement ces rapports font fr prodigieux & fi ordinaires, que Je ne: fais pas comment il n'a pas attribué à la plèvre les mêmes propriétés, ou comment il en a attribué à la dure-mère de différentes: auffi y a-t-il réellement une égalité allez marquée dans la rétraétion de ces deux membranes coupées, mais la plèvre a cependant plus de tenfion. Enfin pour m'aflurer davantage du decré de fenfbilité de la dure-mère, j'ai produit toutes les irritations poffibles. Les expériences que j'ai tentées font de deux fortes, les unes ont été excitées par des inftrumens irritans, & les autres dépendent de l'action des liqueurs caufliques les plus violentes, que j'ai employées à différens degrés d'activité pour le mêémeufage. Je vais rapporter le réfultat de ces expériences fans entrer dans le détail de chaque fait particulier. 11 me fufhra de faire obférver que je les ai tentées fur trois différens genres d'ani- maux, les chats, les chiens & les Japins ; que de ces épreuves, les unes ont été faites fur des animaux qui étoient dans la première jeunefle, les autres fur des animaux adultes &c qui avoient atteint la vigueur de eur âge. Dans toutes ces expériences j'ai toüjours trouvé à la vérité la dure-mère très - fenfible, mais comme on_ne peut juger du degré de fenfibilité que par comparaifon, j'ai d'abord comparé la fenfibilité de la dure-mère avec celle de là membrane apo- névrotique qui recouvre le crâne. Toutes les fois que j'ai coupé cette dernière membrane dans des animaux, it jeunes, foit adultes, fui-tout vers endroit où ef l'infertion des mufcles erotaphites, (car je dois avertir que je ne l’aï jamais trouvée fi fenfible vers fe fommet de la tête que dans {es parties latérales &c vers la région des ternpes) j'ai excité dans les membres des animaux qui étoient le fujet de ces expériences, des treffaille- mens bien plus violens que tous ceux que j'aie jamais obfervés quand. j'ai piqué ou irrité la dure-mère. C'eft fans doute pour certe raïon que les bleflures de cette partie étoient regardées comme fi eflrayantes chez les anciens, & qu'ils prononcent 588 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE que les convulfions furviennent ordinairement aux bleflures des tempes. Quant aux effets violens qui, fuivant Baglivi, font la fuite des bleflures de la dure-mère, & qui prouvent invincible- ment, à ce qu'il penfe, que cette membrane doit être regardée comme un agent d'une grande efhcacité dans l'économie ani- male, je puis aflurer politivement qu'on n'aperçoit rien de femblable. J'ai piqué, j'ai pincé fa fubftance, & pour y exciter une irritation plus vive, j'y ai fait des déchiremens irréguliers, & je n'y ai rien vü que ce qui arrive dans f'irritation de toutes les pnties fenfibles. Au refle, je puis réduire le réfultat de toutes les expériences que j'ai faites fur l'irritation de la dure- mère à trois cas différens. Le premier & le plus ordinaire eft celui où l'animal ne fait aucun mouvement & ne paroïit pas fentir l'irritation qu'on produit fur cette membrane pendant qu'on la pique, qu'on la déchire, quoique pendant ce temps animal paroiffe avoir toute fa vigueur & ne donne nul figne d'afloupiffement. Le fecond cas eft celui où l'animal jette quelques cris, expreffion ordinaire d'une douleur vive, ou lorfqu'il fait de fimples efforts pour crier , comine il arrive lorfque le mufeau eft lié ou ferré. Le troifième enfin. eft le cas où l’on voit des treffaillemens sexciter dans les membres, & fe joindre aux efforts pour crier. Le premier de ces cas s'étoit préfenté à Drelincourt, qui, dans une expérience toute pareille, remarque que l'animal n'avoit pas donné le moindre fione de douleur: /mmorum quievit animal, nous dit-il. Ce cas eft le plus ordinaire, & fur tout, 1.” dans les jeunes animaux dans lefquels la dure-mère eft moins tendue; 2.° quand on irrite la dure-mère immédia- tement après l'ouverture du crâne. Dans ce cas la douleur qui a füivi l'ouverture du péricrane eft encore fi récente, & occupe fi vivement l'animal, qu'il ne paroît pas même fentir l'ouverture de la dure-mère. Si on a Jaiflé repofer l'animal un peu de temps, alors le fecond. cas fe préfente. Dans celui-ci, fi-tôt qu'on ouvre la dure-mère , l'animal exprime le fentiment de douleur qu'il plE:s,, Sicn£er ac ris 289 qu'il éprouve par les efforts qu'il fait pour crier ; ces eflorts accompagnent aufli d'ordinaire les tiraillemens, des! déchire- mens de la dure-mère: au refte, l'animal fent d'autant plus vivement & fait des efforts pour exprimer fa douleur, d'autant plus vifs que la dure-mère eft plus tendue : elle left moins dans les jeunes animaux , nous l'avons déjà dit; auffi à peine peut-on parvenir à les faire crier par l'incifion de la dure-mère, à moins que les tiraillemens ne foient extraordinaires. Ce fait me paroît fingulier & mériter d'être remarqué en cequé dans toutes les autres expériences les jeunes animaux ont tous les mouvemens qui dépendent du fyflème nerveux bien plus prompts, bien plus vifs: ils entrent bien plus facilement en convulfion, & cette facilité d'entrer en convulfion doit être regardée comme une fuite de la fenfibilité. | Le troifième cas enfin arrive dans les animaux vifs & d'ail- leurs affez robuftes, qui font tous leurs efforts pour fe délivrer des liens qui les reflerrent, ce qui détermine beaucoup de fang vers la tête, & par conféquent augmente la tenfion de la dure- mère & fa fenfibilité. Quand on tiraille & qu'on déchire leur dure - mère, il arrive quelquefois qu’ils redoublent leurs mou- vemens, pour tâcher de fe délivrer; mais ces mouvemens ne doivent point être regardés comme convulfifs: ce font, poux ainfi dire, des mouvemens raifonnés, & qui tendent toûjours à fe délivrer de Ja gêne dans laquelle ils font, & de la douleur qu'ils reffentent. De plus, dans la contraétion de ces mufcles, on ne fent point la roideur exceflive qui accompagne ordi: nairement les fortes convulfions, telles que. celles qui. font fuivies de mouvemens mufculaires {1 violens. D'ailleurs on fe trouve très-fouvent dans le cas de faire des ouvértures à la dure-mère après l'opération du trépan : ces ouverturés n'ontété fuivies d'aucun de ces fymptomes extraordinaires qui auroient néceflairement procuré la mort fi les expériences de, Baglivi avoient eu quelque réalité. ui Quant à la feconde efpèce d'irritation que Baglivi,a em- ployée, & fur laquelle j'ai-fait-de nouvelles expériences, elle dépend de l'aétion des corps capables d'irriter. J'en ai-employé Say, érang. Tome 111. | Oo 290 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE de plufieurs :efpèces ; j'ai commencé par les plus foibles; comme la poudre de tabac, & j'ai continué par les plus vio- lens ; tels font les acides minéraux & les liqueurs compofées de ces acides, dans lefquels on fait difloudre des parties métalli- ques qui les rendent plus corrofifs; tels font les cryftaux de lune, le beurre d’antimoine que j'ai employé diffous dans un. peu d'eau. Ayant couvert de tabac toute la dure-mière, le chien fur lequel j J'ai fait cette expérience na pas paru avoir la moindre fenfation de douleur, ni même apercevoir faction de ce corps étranger. Je ne prétends pourtant pas conclurre que le tabac & les irritans d'une moindre force, ne puiflent avoir dans aucun cas une action bien marquée fur les membranes. Ce qu'il y a de certain, c'eft que ces poifons ont un effet évident fur quelques membranes du.corps animal. J'ai même reconnu quelques-uns de ces effets dans différentes expériences que J'ai faites avec ces irritans, mais qui font trop éloignées de mon fujet pour les rapporter ici. Mais dans ce cas-ci l'animal qui éprouve d'ailleurs de très- vives douleurs, a par cette raifon & fuivant l’ancienne remarque d'Hippocrate, la perception de toute autre douleur d'autant moins vive que la première l'oc- cupe plus violemment. Par rapport aux liqueurs cauftiques, leur effet a été très-difiérent, fuivant les différens degrés de leur activité, Æn général, les eflers de l'irritation font toûjours d'ex- citer dans l'animal des eflorts pour s'échapper; mais il paroît bien qu'ils ne font pas convulfifs en ce que fi l'on ferre forte- ment d'animal & qu'on l'empêche de fe mouvoir, vous ne fentez aucun effort dans les mufcles. I ne m'eft arrivé qu une {eule fois d'exciter des mouvemens vraiment convulfifs; c'étoit dans un: chien fur la dure-mère duquel j'avois jeté du beurre d'antimoine & enfuite quelques gouttes d'eau, qui, comme on fait, rend fon a@tion plus prompte & plus vive. I ne faut pas être furpris-de l'effet produit par ce puiffant corrofif. La dure: mère fut cautérifée prefque fur Le champ, & la fubftance corti- cale dit cerveau dans cet endroit, defféchée, retirée & HE en ün oorps conmne graveleux.. | ü DE. S : SICUIPE ONCE: 56 291 Mais quand les effets de l'irritation auroient été les mémes dans tous les autres cas, que pourroit-on en condlurre en faveur du mouvement de la dure-mère? Dans l'application des liqueurs cauftiques on aperçoit bien un léger reflérrement qui paroït dans toutes les parties qui ont fouflert l'application d’un cauflique à quelque diflance de-là ; mais ce reflerrement, ou pluftôt cette conftriétion, arrive à toutes les parties fenfibles, quoiqu'incapables d'aucun mouvement femblable à celui des mufcles, ou à celui qu'on a attribué à la dure-mère, On voit précifément la même rétraétion dans les fibres de la plèvre quand on les irrite par un cauftique : d'ailleurs prefque tous ceux dont je me fuis fervi font des acides minéraux; ils por- tent avec eux un caraétère d’aflriétion qui reflerre méchani- quement les parties des fibres les unes contre les autres, même dans les cadavres. Enfin, pour avoir au jufte la diflérence des eflets de l'irritation fur les parties membraneufes telles que la dure-mère & les parties mufculeufes les plus fenfibles, j'ai découvert une partie des inteftins grèles, & jetant deflus de l'eau forte délayée dans beaucoup d'eau, j'ai excité non-feu- lement une douleur très-fenfible & des efforts très-violens dans tout le corps, mais auffi une crifpation f1 violente dans la partie même, qu'elle paroïfloit oblitérer toute la cavité intérieure de f'inteftin; au lieu que dans la dure-mère & les parties qui n'ont point de fibres charnues, on n'aperçoit qu'un reflerrement très- médiocre. Baglivi nous cite, entre les ex- périences qui prouvent la fenfibilité de la dure-mère, une obfervation qui marque une accélération évidente du fang dans toutes les irritations de cette membrane. II eft vrai, & c'eft une expérience que j'ai répétée plufieurs fois, que toutes les fois qu'on irrite cette membrane dans un animal d'une certainetaille, on fent le pouls fe durcir & battre plus fréquem- ment. Mais cette obfervation ne peut rien nous indiquer par - rapport à la dure-mère. J'ai conftamment éprouvé la même chofe toutes les fois que j'ai tiraillé ou irrité la plèvre; & ce reflerrement du pouls accompagne même dans l'état naturel les douleurs de toutes les parties qu'on appelle membraneufes | Oo ij 292 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE & aponévrotiques. C'’eft un fait reconnu de tous les Médecins. Enfin, pour m'aflurer de nouveau fr je pourrois fentir la moindre efpèce de contraction dans la dure-mère au moment même des plus fortes irritations, j'ai ouvert cette membrane, je l'ai foulevée de façon à laiffer un intervalle entr'elle & le cerveau. Alors j'ai examiné fi en irritant violemment fa fub- ftince je fentiroïs quelque preflion , je n'en ai éprouvé aucune; je l'ai irritée avec les corps dont j'ai parlé plus haut, & malgré toutes ces irritations, il m'a été impoffhible d'apercevoir le moindre mouvement contraétif, à l'exception de la crifpation que les cauftiques excitent fur toutes les parties en général. H paroïît d'abord fort étonnant que tant d'auteurs illuftres aient fuppoé des phénomènes fi contraires à la vérité; mais je dois avertir qu'ils ont été féduits par quelques obfervations fin- gulières , & dont il eft en effet très-diffcile de rendre raïfon. Baglivi a fait fes principales expériences fur la membrane de fa moëlle de l'épine. Cette membrane eft évidemment un pro- longement de la dure-mère ; elle paroît en avoir les propriétés. Cependant a moindre irritation de cette membrane dans le canal de la moëlle de l'épine, excite un fentiment vif & dou- loureux dans tout le corps de l'animal, & ce mouvement efk prefque toûjours fuivi de convulfions. C’eft une expérience que J'ai répétée plufieurs fois toûjours avec le même fuccès, & avec d'autant plus de plaifir que j'ai remarqué dans les ouvra- ges de Baglivi que prelque toutes les expériences de cet Auteur roulent fur l’extrème fenfbilité de la membrane de la moëlle de l'épine. Mais quoique la membrane de là moëlle de lépine foit réellement un prolongement de la dure-mère, elle eft cepen- dant dans un cas tout différent de celle qui recouvre le cerveau; elle n’eft point collée aux parois du canal, comme elle l'eft à toute la concavité du crâne : elle eft rendue plus denfe par le concours de quelques filets ligamenteux qui s’y infinuent & qui viennent sy rendre des vertèbres, & elle eft plus tendue par les attaches qu'elle a contractées avec ces ligamens qui la fixent dans tout {on cours. De plus, elle eft immédiatement Dre. s ASAGÉMENE #18: 2 couchée fur Ja fubftance médullaire, qui dans toute la moëlle de l'épine occupe l'extérieur. Quand je rendrai compte des eflets de l'irritation fur la moëlle de l'épine dans mon fecond Mémoire, nous apercevrons peut-être encore de nouvelles raifons de cette différence, mais il n’eft pas temps d'en parler. Au refle, quelle que foit la raifon de la fenfibilité que j'ai re- marquée dans cette membrane, & qui a certainement induit Baglivi en erreur, je crois qu'on en peut tirer un argument contre fes fectateurs; car cette inégalité de fenfibilité qui fe trouve dans la même membrane fuivant différentes circon- flances , prouve fuffifamment que de fa fenfibilité on ne peut déduire aucune de fes propriétés générales ; d'ailleurs cétté fen- fibilité même n'a fourni de nouvelles preuves de l’immobilité de cette membrane: car à la vérité les irritations que l'on fait fur la membrane de a moëlle de l'épine, excitent des mou- vemens confidérables dans les différentes parties du corps; mais on n’aperçoit aucune marque de mouvement dans cette mem- brane fi fenfible. A plus forte raifon ne devons-nous pas le chercher, ni efpérer de le trouver dans la dure- mère, qui ne nous offre pas les phénomènes de la même fenfibilité. De tous ces faits & de toutes ces expériences, il s'enfuit évi- demment que la dure-mère n'a certainement aucun mouve- ment & ne peut même en avoir aucun dans l’état, naturel, quelle ne peut recevoir aucun mouvement d’abaiffement ni d’élévation par les artères, que fes fibres font incapables d'aucun mouvement qui approche de celui des mufcles, que fi l'on y à aperçu quelque reflerrement, quelque conftriétion, ce ne peut être que celle que lon voit dans toutes les parties fenfibles & qu'on reconnoit pluftôt par fes effets que par l'infpeétion. La dure- mère eft donc par elle-même incapable d'avoir aucun mouvement, fes artères ne peuvent pas lui en commu- niquer, fes fibres ne font pas des fibres motrices. Mais quelques Auteurs ont admis dans le cerveau un mouvement qu'il ne communique pas, difent-ils, à la dure-mère.' Nous exami- nerons dans la feconde partie de ce Mémoire les queftions qui appartiennent au mouvement du cerveau; ainfi la queftion de Oo ii] 294 MÉMOIRES PKÉSENTÉS A L'ACADÉMIE favoir fi ce vifcère en mouvement doit en donner un à [æ dure- mère, doit fe réduire à favoir fi la dure- mère eft abfo- lument contigue au cerveau, & {1 l'adhérence de la dure-mère au crâne étant Ôtée, comme dans les plaies de la 1ère, avec déperdition de la fubflance dans l'os, cette membrane doit participer aux mouvemens du cerveau. L'on peut apporter pour raifon de douter, l'expreflion de la plufpart des Anatomiftes, qui difent que li dure- mère en- vironne le cerveau, laxo ambitu, pour me fervir de l'expreffion de Blafius, de Veflingius, de Diemerbroek. Cette expreflion peut avoir plus d'un fens, mais on en peut douter davantage d'après les obfervations chirurgicales d'un grand nombre d’Au- teurs, qui ne nous parlent que d'épanchement entre le cerveau & la dure- mère, épanchement qui, s'il y a contiguité entre ce vifcère & cette membrane, devroit être fuivi des fympto- mes qui accompagnent cette compreflion, & dont je parlerai dans mon fecond Mémoire, mais qui ne caufe cependant aucun de ces fymptomes. Enfin, M. Schlichting, Auteur d'un Mémoire très-connu fur cette matière, & dont j'aurai occa- fion d'examiner les expériences dans ma feconde partie, affure pofitivement qu'il y a un efpace bien marqué entre le cerveau & la dure- mère, efpace affez grand pour qu'il puiffe s'épancher beaucoup de fans entre la dure- mère & le cerveau, fans que cet épanchement produife des fymptomes confidérables. Ce- pendant je ne conçois pas comment cet Auteur a pü énoncer cette propofition d’une manière générale. La chofe eft telle dans quelques poiffons; mais dans la plufpart des autres ani- maux, le cerveau eft fi contigu à la dure-mère, qu'il fort hors de cette membrane fi-tôt qu'on y fait la moindre ouver- ture. Cette obfervation eft prefque générale; mais je ne l'ai jamais vû plus marquée que dans les oifeaux : dans ces ani- aux le cerveau fort de la caifle de la dure - mère en une quan- tité confidérable; nous voyons ce vifcère forcer la dure-mère dans certaines hernies du cerveau qui furviennent à la carie des os du crâne, Dans les plaies de la tête, fouvent quand ôn ouvre la dure-mère, on a vû fortir des parties de cerveau DRE s4 SACARENNTC EC 2 que d'habiles Chirurgiens ont retranchées hardiment. On voit de cerveau fortir de la dure-mère pour peu qu'elle foit ouverte, mème dans les cadavres, & quand on a enlevé la partie {u- périeure des os du crâne, Ja mafle du cerveau occupe un efpace qu'on auroit de la peine à recouvrir avec la portion qu'on enaÔté, à caufe de la dilatation qu'a acquife cette partie. Je ne crois donc pas qu'on puifle faire une queftion de cette con- tiguité de la dure- mère au cerveau, & par conféquent nier que cette membrane puifle participer aux mouvemens de ce vilcère, fur lequel nous allons porter aétuellement nos expé- riences, qui font & plus nombreufes & plus curieufes que celles dont nous avons parlé jufqu'à préfent. SE co wDE PARTIE Des mouvemens du Cerveau. N oUS avons démontré que Îa dure-mère na aucun mou- vement par elle-même; fi on y a remarqué quelqu'efpèce d'ébranlement, il venoit néceflairement du cerveau : mais la queftion qui appartient au mouvement du cerveau, eft toute auffi épineufe & auffi remplie de difficultés que celle qui roule fur les mouvemens de la dure-mère. Le cerveau eft-il capable de s’ébranler? Le mouvement du cerveau eft-il continuel, & le trouve-t-on dans l'état naturel? Enfin, de quelle efpèce eft ce mouvement ? ce font tout autant de points controverfés qu'il faut examiner avec l'attention la plus fcrupuleufe. L'hifloire des opinions qui ont partagé jufqu'à ce jour les Auteurs fur cette queflion , en prouve évidemment l’obfcurité, Le premier de ceux qui ont écrit fur l'Anatomie, Hippo- crate, ne parle point du mouvement du cerveau, fi ce n'eft dans un de fes Livres chirurgicaux, où il recommande qu'on affure bien les bandages que l'on fait à la tête, à caufe des pulfations & du danger que court cette partie dans Ja toux & dans l'éternument. Pour Galien, quoique Riolan prononce que le fentiment de cet Auteur eft douteux, il admet bien évidemment un mouvement continuel dans cette partie. 296 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Oribaze, Aëtius & les autres Grecs plus modernes, ont été du fentiment de Galien, à l'exception de Rufus d'Éphèfe, qui, comme nous d'avons dit, a Ôté le mouvement au cerveau, pour l'attribuer à la dure-mère. Les Arabes n'ont porté au- cune nouvelle lumière fur cette queftion; peu verfés dans l'Anatomie, ils fe font contentés de répéter ce qu'avoient dit les Grecs: mais depuis le renouvellement de l'étude de F'A- natomie, Fallope & Vefale ont nié poftivément qu'il y eût aucun mouvement dans la mafle du cerveau, & que fr Jon a cru quelquefois y en apercevoir, on a été trompé par le battement des artères, qu'on a pris pour celui de ce vifcère, Colombus, au contraire, & Piccolomini prétendent qu'il ya dans le cerveau un mouvement continuel, mouvement qui s'aperçoit univerfellement dans toutes les bleflures de la tête où les os font emportés. Volcherus- Coïter, d'après les diffenfions de ces Auteurs; a tenté de nouvelles expériences fur les animaux pour décou- vrir a vérité: mais dans ces expériences, qui roulent princi- palement fur des agneaux, des chevreaux & des chiens, if n'a pû découvrir aucun mouvement; d'où il a conclu que le cerveau n’en avoit réellement aucun, & que le mouvement qu'on avoit. fenti dans les bleffures du cerveau, ne pouvoit venir que des artères. Ces autorités n'ont pas empêché Du- Jaurens de taxer d'ignorance ceux qui n'ont pas voulu admet- tre un pareil mouvement. Enfin Riolan dit avoir aperçu ce mouvement dans les moutons, en emportant une grande partie de leur crâne; il Fa fenti diftintement, dit-il, dans des cerveaux d'hommes vivans, dans lefquels le crâne avoit été rongé & carié par le virus vénérien, principalement du côté des tempes. : La même divifion règne encore aujourd'hui; plufeurs des Auteurs de ces derniers temps fuppofent ce mouvement fans nous en apporter de nouvelles preuves : on en trouve quel- ques-unes rapportées par M. Littre dans les Mémoires de l'Académie, année 1707. D'autres Auteurs nient pofitive- ent l'exiflence de ce mouvement, On peut citer entre ces derniers “bons : SSÉEMENNNE ES 297 derniers la grande autorité de M. Boerhaave; mais la piuf part de ceux qui écrivent aujourd'hui {ur l'économie animale, n'en font aucune mention. Toutes les queftions ne font pas encore terminées, quand cet article eft décidé : ceux mêmes qui reconñoiflent un mou- vement font partagés fur la nature, les caufes, le temps où il doit paroïtre ; les uns prétendent qu'il eft fynchronique avec celui des artères ; les autres croient avec Galien & les Anciens, qu'il répond à celui de l'expiration & de l'infpiration. Les Anciens admettoient une ouverture des narines au cerveau: Tair pénétroit par cette ouverture, & portoit au cerveau Îles particules odorantes dont il étoit chargé; car ils n'attribuoient pas aux nerfs olfaétifs l'emploi ordinaire des nerfs. Ce fenti- ment a été celui de toute f'antiquité: Oribaze même, qui _attribue à la dure- mère un mouvement de pulfation répon- dant à celui des artères, reconnoït ce mouvement d'expira- tion & d'infpiration du côté des ventricules du cerveau. Ce {entiment étoit prefque oublié, quand en dernier lieu M. Schlich- ting a adreffé à Académie un Mémoire fort curieux fur les mouvemens du cerveau, dans lequel il foutient le fentiment des Anciens, & où il prétend que dans toute expiration, fans diftinétion, le cerveau fe gonfle, & qu'au contraire le cer- veau s’abaifle & fe dégonfle dans l'infpiration, reétifiant en cette partie le fentiment des Anciens, qui penfoient que le cerveau fuivoit les mêmes phénomènes que la poitrine, fe gonfloit dans l'infpiration , fe dégonfloit dans l'expiration. Le grand nombre d'animaux fur lefquels cet Auteur dit avoir vérifié fon obfervation, femble le mettre en droit de dé- duire une conclufion générale, & l'on feroit fort tenté d'y foufcrire, f1 l'autorité feule devoit faire une décifion dans ces matières. | 5 Mais pour fe décider, il faut examiner par foi- même les phénomènes dans toutes leurs circonftances , tant fur les hom- mes que fur les autres animaux. Peu d'occafions peuvent fournir des lumières fur ce qui fe pafle dans le corps humain confidéré pendant la vie;. mais on peut aifément multiplier Say, étrang. Tome 111. Pp 298 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE les expériences fur les animaux. Je vais donc commencer par l'examen de ce que j'ai obfervé fur les animaux. Je pris un chien d'une grofleur médiocre, mais qui pa- roifloit avoir acquis la jufle grandeur de fon corps; je le liaï fur le ventre, lui tenant d’ailleurs le mufeau bien garotté, Dans cette fituation, je lui emportai une grande partie de la potion fupérieure du crane. Le cerveau parut enveloppé de fes membranes, & rempliffant exactement la caiffe offeufe; mais quelque attention que j'aie apportée pour découvrir ce qui fe pañoit dans le cerveau, je ne pus y apercevoir aucun mouvement; & quand je 1enois la tête de l'animal fixée, tout étoit dans un repos parfait. Après m'être bien afuré qu'il étoit impoffible d'y découvrir aucun mouvement, je crus qu'en irritant la dure-mère, je pourrois exciter quelque mouvement dans la mafle du ceiveau, mais ce fut fans aucun fuccès. Je déchirai fa dure-mère; je portai l'irritation fur ce vifcère même, que je couvris de tabac & que j'irritai avec la pointe du fcalpel, muis je ne pus parvenir à y exciter aucun mou- vement. Je tâchai, à force de flernutatoires & de légères irri- tations faites avec des plumes fur la membrane pituiuaire, de lui exciter quelques étérnumens ; mais quels que fuflent fes mouvemens, je ne pus exciter aucune efpèce d'ébranlement dans le cerveau. Je pouffai même mes recherches plus loin: voulant effayer fi quelque partie n’avoit pas une correfpondancé marquée de mouvemens ou d’irritaition avec ce vifcère, je gênai a refpiration de cet animal, je portai l'irritation fur le cœur, je pouffai la pointe du fcalpel vers le centre nerveux du diaphragme, partie dont l'irritation à des effets fr violens dans les bleflures ordinaires, effets qui dépendent e plus généralement de l'aétion des nerfs & de l'afleétion du cerveau: Dans chacune de ces tentatives, il eft arrivé divers accidens rélatifs à d’autres matières dont il n'eft point ici queftion; mais dans trois chiens de Ja nrême groffeur ou à peu -près, jé ne pus en aucune façon exciter de mouvement dans de cer- veiu. Craignant que fa foibleffe de ces animaux n'eût empé- ché ces expériences d'avoir autant de fuccès qu’elles auroïent DES , S\CAE N.C ES. 299 pü en avoir fi l'animal eût été plus vigoureux, je les ai recomt- mencées dans un ordre tout oppofé, commençant par celles que j'avois faites les dernières, mais avec aufli peu de fuccès. Je foupçonnai que les mouvemens du cerveau pourroient être obfcurs, & que s'ils ne fe faifoient pas apercevoir par eux- mêmes, ils fe rendroient {enfibles par leurs effets, ainfi que plufieurs autres efpèces de mouvemens. Ainfi on voit dans les bleflures des inteflins la portion qui eft fortie s'augmenter petit à petit, jufqu'à ce que prefque tout leur volume foit lorti par la même ouverture. J'ai donc ouvert la dure- mère, le cerveau fortoit par l'ouverture; mais s’il y eût eu un mouvement d'expanfion dans ce vifcère, une portion de la mafle feroit fortie à plufeurs reprifes, & quoique- ce mouvement füt invifible, le cerveau feroit infenfiblement forti de plus en plus, ce qui n'arriva pas pendant un affez long efpace de temps. If arrivoit dans le cerveau de ces ani- maux vivans ce qui arrive dans les inteflins des cadavres quand on ouvre leur bas-ventre, une certaine portion fortoit, & le refte demeuroit dans fa place, On pourroit préfumer que les opérations qu'on eft obligé de faire pour parvenir à Ja dure-mère, leur auroient fait perdre une partie de leurs forces, & par conféquent diminué le mouvement de leurs vifcères ; mais ces animaux confervent tant de force, qu'un de ces chiens, s'étant démufelé, s'occupa à manger avec avidité la plus grande partie du fang qu'il avoit verfé. De plus, il ya pluftôt dans ces parties un engorgement fubit, & par confé- quent une augmentation de mouvement produite par Ja douleur ; car Ja cornée de ces chiens eft toute rougie & ‘toute gorgée de fang. | | Après ces premieres recherches fur les chiens, j'ai porté mes expériences fur le mouton, mais je n'ai pas été plus heureux que Volcherus Coïter; cependant je n'ai pas cru que cette tentative dût me décourager. Il eft fort difficile de fixer commodément cet animal, & l'appareil qu'on eft obligé d'employer, eft fort embarraffant ; d'aileurs la cherté de ces PP i 300 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE animaux fait qu'on eft obligé de ménager toutes les parties qui peuvent fervir à la nourriture. Les chats me parurent préférables, par plus d'une raïfon dont je rendrai compte en temps & lieu, mais fur-tout parce qu'ils ont le genre nerveux fort irritable; car dans toutes les expériences que j'ai tentées fur les mouvemens contre nature du cerveau, ces animaux font les premiers qui entrent en convulfion : ajoûtez à cela qu'ils ont le corps plus fouple, & les efforts qu'ils font pour fe délivrer font beaucoup plus violens. Je pris un chat adulte, & l'ayant lié comme les animaux que j'avois employés jufque-R, je répétai Ja pluf part des expériences que j'avois faites jufqu'à ce temps. Le cerveau n'avoit aucun mouvement régulier; mais dans les violens efforts que failoit cet animal, je vis le cerveau fe gonfler confidérablement & fortir de l'ouverture qui étoit faite à la dure-mère, & fe rabaifler & rentrer dans fon premier volume, quand animal fatigué de la force qu'il avoit employée pour rompre fes liens, refloit immobile. Ce gonflement du cerveau à plufieurs reprifes eft fa feule chofe que j'aie aperçu dans les oïfeaux. Dans trois pigeons que j'ai difléqués vivans, toutes les fois que l'animal fe débat- toit vivement, il fortoit une portion confidérable de fon cerveau, qui refloit en cet état jufqu'à ce que de nouveaux mouvemens en fiffent fortir une nouvelle portion; mais dans ces oifeaux le cerveau ne s’eft jamais rabaïllé pour ren- trer dans fon premier volume. Je dois avertir, au refte, que dans ces gonflemens la fubftance du cerveau ne m'a jamais paru plus dure qu'à fon ordinaire; elle fe gonfloit, mais fans durcir. Je n'avois rien découvert par cette expérience, finon que le cerveau eft capable de céder aux impreffions des caules qui font effort pour lui communiquer un mou- vement, & je fus pleinement convaincu que c'étoit la feule variété des circonftances qui: étoit la caufe de la diffention des Auteurs {ur cette queftion; il ne s'agifloit plus que de DAETS ASP ETMANNE te 5 30€ trouver ces circonftances. En premier lieu, je crus devoir déterminer vers un feu point tout l'effort du cerveau ; car le crâne étant abfolument plein, & a réfiftince étant ôtée dans une petite partie, le mouvement devoit devenir plus fenfible dans cette petite partie. Je trépanai donc un jeune chien, & aufli-tôt que l'ouverture fut faite & la dure- mère à nu, je portai mon doigt pour examiner sil y avoit un mouvement réel dans la mafle du cerveau, mouvement qui fût diftiné& de celui des artères: je n'y ai rien trouvé de pareil. J'ai fait plus , j'ai verfé de l'eau tiède fur cette partie, pour examiner {1 l'eau auroit la moindre efpèce de frémiflement : cette eau, comme je l'ai déjà dit, ne peut en aucune façon s'infinuer entre le crâne & la dure-mère; ainfi pofée exaétement fur le cerveau , eïle ne donna aucun figne de mouvement. En fecond lieu, je commençai à me fervir, pour mes expériences, d'animaux plus jeunes, ceux qui venoient de naître me paroiffant préférables à tous les autres en tout ce qui concerne le genie nerveux. | Je commençai par un jeune chien qui avoit à peine ac- quis la moitié du volume qu'il devoit avoir; mais je n'y vis rien de régulier ni de conftant, ce qui me dégoüta de tenter jamais de nouvelles expériences fur le cerveau de ces animaux. Je fus plus heureux en employant des lapins; car ayant mis à nu le cerveau d'un jeune lapin par une opéra- tion qui fut fort courte à caufe de l'extrême molleffe des os, dans les premiers momens je n'aperçus aucun mouvement: je procurai un peu de liberté aux membres de Fanimal, jé lui déliai le mufeau pour lui donner la liberté de crier ; alors il fit quelques efforts pour fe fauver, & il cria de toute fà force. Dans cet animal, pour la première fois j'aperçus un mouvement évident de pulfation répondant à celle du cœur, mais dans un ordre inverfe, la dilatation du cerveau étant fynchronique à la contraétion du cœur & à la dilata: tion des artères; mais ce mouvement n’avoit aucune pro- rtion avec le fort battement que nous a décrit Bagliviz H étoit tuès-léger, muis égal, uniforme, & sapercevoit Ppii 302 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE aifément. Après avoir vû ceite régularité, il falloit effayer fi quelque chole étoit capable de l'augmenter ou de le changer: je fis diverles tentatives pour faire vomir l'animal, je lui in- finuai une plume dans le pharynx; mais je n'en pus jamais venir à bout, quoiqu'il fit de violens efforts, qui étoient la feule chole que j'exigeois. Je n'aperçus, pendant ces efforts, dans le cerveau, que quelques gonflemens irréguliers qui dérangèrent l'ordre des pulfations. Cette tentative n'ayant pas réufli, je voulus à quelque prix que ce füt exciter de violens mouvemens dans la refpiration; dans cette vüe, je couvris de tabac toute l'é- tendue des narines de cet animal, & quoique je ne pro- -duififfe aucun éternument, je parvins cependant à gêner tellement la refpiration, que je vis enfin le mouvement du cerveau abfolument changé, & alors il fuivit exactement les périodes de la refpiration, du moins pendant le temps que le tabac eut quelque action fur fes narines ; car ce mou- vement ceflant bien-tôt, le cerveau parut reprendre fa première tranquillité, & ce ne fut qu'en produifant les irri- tations les plus violentes, & par conféquent en augmentant les efforts de Fanimal, qu'il reparut quelques pulfations qui répondoient à celles du cœur. Le mouvement qui dans le cerveau de cet animal répondoit au mouvement de la ref piration, étoit très- foible & très-lent, tant dans fon gon- lement que dans fon dégonflement, & il falloit une grande attention pour le découvrir. Telle a été la première obfervation dans laquelle j'ai pu découvrir quelque chofe de régulier fur le battement du cerveau. Une: feconde tentativé fur ces mêmes animaux fut encore plus heureufe; car ayant pris un lapin tout nouveau né, j'ouvris avec promptitude, & prefque d’un feul coup, fon crâne mol & très-mince. Dans les premiers mouvemens de l'ouverture, dans cet animal, comme dans les autres, on n'aperçoit aucun mouvement, & l'animal lui-même comme en ftupeur ne jette aucun cri; mais bien-tôt j'aperçus un mouvement qui répondoit à celui du cœur, & peu de temps DES SCIENCES. 303 après, cet animal s'étant mis à poufler des cris violens, aprés plufieurs cris fucceflifs, le mouvement du cerveau changea & cominença à répondre au mouvement d'infpiration & d'expiration. Ce mouvement dura long-temps, & cominua même quand d'animal eut ceflé de jeer des cris, qu'il re- nouvelloit à la moindre irritation: L'animal s'étant épuilé, & le mouvement de la relpiration diminuant, ce: mouvement diminua aufli, quoiqu'on ne l'aperçüt déjà plus bien avant que la refpiration füt notablement diminuée. Après les lapins, j'examinai le mouvement du cerveau fur les chats; mais n'étant fervi d’un jeune chat qui n'avoit pas plus de quinze jours, je fus fort furpris de ne rien aperce- voir du tout que le gonflement que j'avois déjà aperçu dans un chat plus avancé en âge, malgré les différentes irritations que je portai fur les parties du corps les plus nérveufes. Je ne parle ici de ce peu de fuccès dans un fujet dans lequel j'avois tout lieu d'efpérer que je pourrois voir ce que j'avois aperçu dans les lapins, que pour faire remarquer combien if eft aïfé, dans les expériences qu'ont tenté fur ‘cette matière plufieurs hommes illufires, non feulement ‘qu'ils n'aient pas aperçu les mêmes phénomènes, mais qu'ils fe foient cru en droit de déduire des conclufions tout oppofées. En effet, j'eus un meilleur fuccès en prenant cinq jeunes chats nés environ depuis douze heures’; j'énlevai fans ‘aucun appareil les tégumens & la partie offeufe d’un feul coup, & je mis le cerveau à nu. Ces petits animaux crioient très-fort dans le moment qué je les faifis, auffi j'aperçus tout auffi-tôt très-diftinétement, & fucceflivement dans toute l'étendue dés deux grands lobes ‘du cerveau , un mouvement qui ré- pondoit par l'élévation & par l'abaiffement du cerveiu, au mouvement d'infpiration & d'expiration qui fe faifoit dans leur poitrine. Plus les cris que jetoit cet animal dans le premier inflant de la plaie étoient aigus & perçans, plus le cerveau s'abaifloit & fe relevoit aufli en mème proportion: ce mouvement continudit autam détemps que d'animal avoit: quelque force, & diminuoit de même avec la-vigüeur de cet: 304 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE animal. J'ai répété de fuite cette expérience fur ces cinq ani- maux, & toutes les cinq fois je l'ai vüe auffi diftinétement. Après ces premières recherches, il me refloit à examiner fi tout le cerveau avoit uniformément ce mouvement dans | toutes fes parties, ou s'il étoit feulement particulier à celle qui eft la plus molle, la plus étendue, & qui conflitue fes grands lobes : je lai cherché inutilement dans fes différentes parties; il ne fe fait bien apercevoir ni dans fa partie anté- rieure, ni dans fa partie poftérieure, mais il faut examiner fa partie fupérieure, celle qui eft la plus convexe, & qui conftitue la partie moyenne des grands lobes. J'ai retranché les premières couches du cerveau dans un de ces chats, & en enlevant par tranches les parties fupérieures, je fuis parvenu jufqu'au corps calleux : l'animal étoit très-vivant, mais je n'y aperçus aucune impreflion de dilatation ou de contraétion, quoique néceflairement il y participe infenfblement. Le cervelet ne paroït en aucune façon participer à cette impul- fon, non plus que la moëlle alongée ou celle de l'épine. Telles font les expériences qui m'ont démontré dans le cerveau un mouvement réel, & par fefquelles j'ai vérifié d'un côté la réalité des pulfations que l’on remarque dans la fubftance de ce vifcère, de l'autre le fentiment de Galien, prouvé & rectifié par les obfervations de M. Schlichting. Les Anciens fuivoient leurs préjugés, quand ils penfoient que le cerveau fe gonfloit dans le temps de l'infpiration: M. Schlichting eft réellement appuyé fur l'oblervation, quand il prétend que c'eft dans le temps de l'expiration. Mais de ces expérienees je crois que je fuis en droit de déduire qu'il n'y a peut-être pas de matière dans toute la Phyfique, dans laquelle la diflention ait été plus excufable que dans celle-ci; car en premier lieu ceux qui ont penfé que le cerveau n'avoit aucun mouvement, ont été en droit de le conclurre d’un nombre infini d'expériences, puifqu'il paroît par ce que j'ai éprouvé moi-même, que c'eft le cas le plus ordinaire; & je fuis obligé de contredire abfolument gn cette partie M. Schlichting, qui prétend avoir oblervé généralement "il DES SCIENCES. 305$ généralement ce gonflement & ce dégonflement faccefifs : auffr je crois que dans l'état naturel & dans le cours paifible des fonctions il n'y a aucun ‘ébranlement dans le cerveau. Ceux qui ont cru de même trouver dans le cerveau une pulfation répondante au mouvement du cœur, ont eu des obfervations qui le {eur ont prouvé évidemment. Enfin, le fentiment des Anciens eft vrai aufli en plufieurs cas, & cha- cun des Auteurs qui ont foûtenu ces fentimens, ne seft trompé qu'en en faifant une loi générale & inaltérable par les circonftances. Les circonftances capables de démontrer un mouvement dans le cerveau dépendent, ou de la nature du fujet, ou des efforts violens qu'il fait. Les circonftances qui rendent le fujet plus propre à recevoir un mouvement, font la mol- lefle. & la flexibilité du cerveau, le volume de la tête par rapport aux autres parties, peut-être aufli la briéveté du col & la capacité des artères qui fe portent à la tête. Les jeunes animaux ont été les feuls fur lefquels. nos expériences aient réuffr, à caufe de la molleffe & de la flexibilité du cerveau, de la liberté de crier qu'on leur lifle, du peu de danger qu'on a à efluyer de leurs dents & de leurs griffes, & de la facilité qu'on a pour les contenir. Mais quelles font les caufes de ces mouvemeñs? car M. Schlichting en particulier les regarde comme impéné- trables: je crois pourtant qu'on peut les déduire d’une théorie allez fimple.. Le cerveau par lui-même n'eft fufceptible d'aucun mou- vement, sil ne lui eft imprimé par une caufe étrangère à lui-même; fon extrême molleffe qui le rend incapable de réfiftance, le défaut d'inftrumens qui puiffent être les caufes de ce mouvement, font autant de démonftrations de la pro- pofition que je viens d'avancer. Son mouvement vient donc d’une caufe étrangère ; tâchons à préfent de la découvrir. Nous avons obfervé deux mouvemens dans le cerveau; Yun répond à celui du cœur, l'autre à celui de la refpiration : les mouvemens du cœur & de la refpiration font donc les Say. étrang. Tome 117 Qq 306 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE agens qui les produifent. Voyons les effets méchaniques de ces mouvemens fur le cerveau. Les artères font toüjours pleines de fang; on ne fauroit donc augmenter la quantité de ce fluide dans ces vaifleaux, fans rendre leur diamètre plus confidérable. Quand le cœur fe contracte, il poufle le fang dans les artères; ce liquide agit avec plus de force fur leurs parois, & produit en elles une dilatation : cette dilatation eft générale, & fe fait remarquer au moment de fa contraction du cœur jufque dans les moindres: artères. La capacité de toutes les diflributions artérielles ré- pandues dans une partie & prifes enfemble, deviennent donc plus confidérables. Pendant fa dilatation du cœur, les fibres des artères qui avoient été portées à un certain point de diftenfion, reviennent par leur reflort : en un mot, les artères auparavant dilatées fe contractent & foûtiennent en partie le mouvement que le cœur avoit imprimé au fang ; ainfi Ja capacité de toutes les artères répandues & prifes enfemble, diminue pendant la dilatation du cœur, au lieu qu'elle avoit augmenté par ka contraétion de ce mufcle. On comprend par-là que fi le cœur vient à pouffer à chaque contraction une quantité de fang plus confidérable, ou fi celui qui remplit les extrémités artérielles trouve plus de difficulté à couler dans les veines, la grandeur de la dilata- tion de ces diflributions prifes enfemble deviendra plus confidérable. Il fuit de ce-principe, que dans le temps de la contraction du cœur, la force dilatante des artères tend à faire gonfler & à dilater, pour ainfi dire, tous les organes dans lefquels le fang eft porté, & plus encore ceux qui par leur molleffe & leur flexibilité font moins en état de réfifter à la force impul- five du fang. Cependant cet eflet ne fe fait pas remarquer fenfiblement dans la plufpart des parties du corps, foit à caufe de l'éloi- gnement, foit à camfe de la petiteffe ou du petit nombre des artères qui y abondent, foit à caufe de la fermeté du tiflu dont ces parties font formées, DES SGIENCES. 307 H n'en eft pas tout-à-fait de même du cerveau: le voi- finage du cœur, le calibre des artères carotides internes & vertébrales, le nombre & la groffeur de leurs diftributions, doivent rendre la force dilatante, la force qui tend à gonfler le cerveau, plus confidérable que dans aucune partie du corps, fans que nous prétendions pour cela adopter l’idée de plufieurs favans Anatomiftes & Phyficiens, qui prétendent, avec Mal- pighi, que la quantité du fang qui aborde au cerveau eft le tiers de celle que le cœur fournit, D'un autre côté, le défaut de confiftance moindre dans le cerveau que dans les autres parties du corps, fe rend plus capable d'obéir à f'effort du fang & à la dilatation des artères, De-là vient que le cerveau eft ie feul vifcère où l'on puifle remarquer un mouvement fynchronique avec la contraction du cœur : ce mouvement ne s'offre pas même fenfiblement dans toutes les circonftances ni dans tous Îles animaux (car nous nous fommes réfervé de parler enfuite de l'homme). J'ai fait obferver que la fermeté, la confiftance du cerveau, en font la caufe: de-là vient que je n'ai trouvé aucun mouvement fenfible dans les chats, les chiens, les lapins & les moutons adultes dont le cerveau a une fermeté confidérable; car je ne parle pas ici de certaines fecoufles ou impulfions que le cerveau faifoit voir dans certains mo- mens où fanimal s'agitoit violemment, & qui ne répon- doient ni aux mouvemens du cœur, ni à ceux de la refpi- ration. Îl n'en eft pas de même des jeunes animaux; fa quantité du fang qui y aborde, eft plus confidérable à pro- portion que dans les adultes, & la confiftance du cerveau bien moindre. Il n’eft donc pas furprenant que le battement s'y faffle remarquer fenfiblement, comme je l'ai oblervé fur les petits lapins & fur les jeunes chats. Ce mouvement peut donc être appelé le mouvement propre du cerveau, celui auquel ce vilcère eft déterminé par une caufe qui agit continuellement. Voyons préfentement quelle eft la caufe du mouvement Q q ï 308 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE du cerveau répondant à celui de la refpiration. La refpiration, comme on fait, renferme deux mouvemens, celui d’infpi- ration, & celui d'expiration. Dans l'infpiration, le poumon; le cœur, l'artère aorte, la veine-cave, en un mot toutes les paties contenues dans fa poitrine, font moins preffées & plus au large qu'auparavant ; if n’y a donc rien qui tende à chafler plus abondamment le fang ni vers la tête, ni vers les autres parties. Il n’en eft pas de même du mouvement d'expiration; la force contraétive de la poitrine ferre, prefle le poumon, fe cœur, les vaiffeaux de la poitrine: cet effort tend néceffairement à faire porter les parois de ces vaifleaux de la circonférenée vers l'axe, & par conféquent à exprimer le fang vers toutes les parties. Mais on conçoit que dans une refpiration ordinaire & tranquille, la quantité dont le vo- lume du fang augmente dans les différentes artères, doit être regardée comme infenfible : auffi ne voit-on pas ordinai- _rement que le battement des artères devienne plus confidé- rable dans cet inftant, & je n'ai jamais pü obierver dans ces circonftances, non pas même dans les jeunes animaux, aucun mouvement fynchronique avec celui de la refpiration. _- Il n'en eft pas de même de ce qu'on appelle effort expira- toire, sixus expiratorius, que les animaux font quand ils jettent de grands eris, quand ils font des efforts pour fe débarrafler, pour rendre les excrémens, pour éternugr, pour chafler ce qui embarraffe les narines. H fe fait alors-deux' changemens remarquables, l'un dans la glotte qui fe’ ferme ou fe rétrécit confidérablement, pour empêcher ou diminuer la fortie de Yair, & l'autre dans les mufcles de l'abdomen & dans les autres mufcles expirateurs qui fe contraétent avec beaucoup de force: par-là les troncs des vaiffeaux qui font dans la poi- trine reçoivent une forte compreflion eapable d'exprimer impétueufement le fang des troncs artériels vers les branches qui fortent de la poitrine, & d'empêcher le retour du fang qui revient des différentes parties & qui fe préfente dans la veine cave. Voilà une caufe fuffifante pour augmenter fen: fiblerfent le volume du fang dans le cerveau, & celui du DES /SCIENTCES. 30 cerveau lui-même. Ce n’eft pas tout; les vifcères, les vaifleaux du bas- ventre & le tronc de l'aorte defcendante, lui-même, placé fur les vertèbres des lombes, fouffrent la même compref fion par f'aétion des mufcles abdominaux & la réfiflance qu'oppofe le diaphragme, qui ne peut céder dans un mo> ment où la glotte ne permet pas à fair de fortir, ni au pou- mon de fe désonfler: ainfi le fang fe porte vers le cerveau en une quantité d'autant plus confidérable, qu'il trouve plus de difficulté à fuivre la route de f'artère aorte defcendante. M. Homberg nous a tranfmis lobfervation. fingulière & cutieufe: d'une Dame qui, dans des: étouffémens. qu'elle éprouvoit.au moindre mouvement, & qui étoient caufés par des polypes; faifoit de fi violéns eflorts expiratoires, qu'on apercevoit un battement évident dans les veines du col & même dans celles des bras; mais il ne nous exprime pas fi ce battement répondoit au mouvement du cœur ou à celui dela refpiration. | b Gette théorie eft néceffairement vraie; mais j'ai cru devoir encore la démontrer par l'expérience, ce-que j'ai fait dé deux façons, tantôt en empéchant le retour du fang du cerveau par des veines, & tantôt en empéchant l'expulfion de air par k poitrine. | | CORNE. 22 J'ai pris un jeuné lapin, dans Le cerveau duquel: je-voyois les’alternatives d’un mouvement infpiratoire :& expiratoire: dans le temps auquel ce vifcère fe gonfloit, qui étoit, comme je l'ai dit, le temps de l'expiration, lui ayant paflé une corde autour du col, je faifis le moment de ceigonflement, : & je ferraï fortement la corde, empêchant par ce:moyÿen de fang defe dégorger. En:effet, le cerveau refta moñ feulèment gonflé, mais même il fe gonfla-de plus enplus:-je Ipuis même allures qu'il n'yà-point de cerveau, quelque dénfité qu'il ait, quinne fe gonfle évidemment, fi lon arrête le cours du fang dans des vaiffeuix quiteviennent dela tête, fur-touit fi'en portant la compreffion. fur les: veines, on: a: foin de ne -pas diminuerdladiberté du fang ‘dns les artères. Mais cette “expérience eft généralement vraie -pour toûtes, les ‘parties; É UT SEE) 310 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ainf, pour.nraffurer de la liaifon immédiate de l'aétion du poumon avec celle du cerveau, j'ai féparé exactement Ja trachée artère de tous les vaifleaux qui l'environnent; je l'ai ferrée exactement de façon à ne laifer qu'un pañfage très- étroit à l'air, ce qui augmentoit d’un côté les efforts de l'a- nimal, & de l'autre forçoit l'air à gonfler fortement les pou- mons que les mufcles expiratoires tendoïent à contracter, en forte que dans cette expérience j'avois produit un effort expiratoire artificiel. En effet, aufli-tôt le cerveau fe gonfla notablement, & fe dégonfla tout auffi-tôt que j'eus relâché la trachée artère & procuré la liberté du poumon; & par ce moyen je püs produire dans le cerveau une alternative de mouvemens expiratoires & infpiratoires parells à ceux que j'avois vûs dans les expériences dont j'ai parlé. Je regarde donc comme une chofe prouvée, l'effort que fait le fang pour ébranler le cerveau; & les mouvemens de gonflement & de dégonflement qu'on y remarque quelquefois, ne dé- pendent évidemment que de la différence de f'impulfion du fang dans ces diflérens momens. Cette ation réciproque du cerveau fur le poumon & du poumon fur le cerveau, eft d'autant plus importante dans la théorie de la Médecine, qu'elle peut jeter une grande lumière fur {es correfpondances des affections de la tête avec celles de la poitrine. J'efpère démontrer en temps & lieu, que l'action de certaines vapeurs qu'on a cru déterminées vers la tête à caufe des fymptomes qu'on obfervoit dans Ja difiection de la tête, du gonflement qui paroifloit dans le cerveau , & du fang extravalé qu'on y trouvoit, ne dépend que de faction de ces vapeurs fur l'air, & par conféquent fur le poumon. ir | 1 Mais cette impulfion du fang eft- elle Ia même dans l'homme que dans les animaux? La tendance au mouvement doit- certainement être la même, & avoir plus où moins d'effet fuivant les. différentes circonftances. Ce font ces diffé- ré capables de produire un effet plus ou moins fenfible, qui ont fait nier à quelques Auteurs qu'on découvrit un DES SCIENCES. 311 battement dans les plaies de la tête, & qui en ont engagé d'autres à foûtenir vivement le contraire. Le feul moyen que nous ayons pour examiner dans Thomme la mafle même du cerveau dans fon état naturel, eft uniquement d'examiner le battement de Ja fontanelle dans les enfans. La différence que nous avons établie entre les animaux adultes & les animaux dans leur enfance, fubfifte encore entre Îes hommes ‘parvenus à Ja maturité & les hommes dans leur première enfance. J'ai examiné ce battement fi fameux, qui a lui {eut paru un motif de décifion à beaucoup d'Auteurs. J'ai porté lé- gèrement le doigt fur le cerveau d'un enfant qui avoit huit jours, à l'endroit de la fontanelle, j'y ai fenti une pulfition douce & légère: quand l'enfant erioit fortement, j'ai fenti des variations obfcuxes dans ce mouvement: dans les Jongs cris aigus que ces enfans jettent, @n fent un gonflement frrégulier, quelquefois un frémiffement.obfcur, & dont om ne peut trop énoncer da caufe. On ne fent prefque point cette pulfation quand l'enfant eft plus âgé:'on la fent un peu augmenter dans la fièvre, mais elle eft toûjours fort différente de cette forte pulfation dont nous parle Baglivi, & qu'il attribué à la dure-mère. Cependant quoique ce battement foit conftant dans l'enfant, il ne s'enfuit pas qu'il le foit dans Yadulte : nous avons rapporté les raifons de cette différence. Les cas contre nature partagent les. Auteurs en deux clafies; il eft très-poñfible que les-uns & les autres aient également raïon : il y a néceflairement tendance au mouvement dans le cerveau, fi la réfiftance diminue du côté du crâne, & que le mouvement augmente du côté du fang, comme ilarrive dans tous les cas où les animaux fentent de la douleur dans quelque partie. On fentira pourquoi Riolan à p voir ice battement dans des gens dont les os du crâne étoient cariés & rongés par le virus vénérien. Les hernies du cerveau, les fungus qui fortent de la fubflance de ce vifeère, & qui s’aug- mentent tous les jours, font une preuve des efforts qu'il fait pour fe gonfler: mais peut-on fuppoler que dans un adulte 312 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ce mouvement ait un _eflet continuel, ou qu'il n'arrive que dans les cas dont nous'avons parlé? Cette queflion eft dé: cidée par l'exaéte plénitude du crâne, que nous avons prouvée aflez au long à la fin de: notre-premier Mémoire. Le cerveau rempliflant {1 exactement la boîte ‘offeufe deflinée à le con- tenir, il eft impoñlible que: cette tendance au mouvement. ait aucun eflet, fi ce n'eft ducôté des ventricules du cerveau, où il y a dans l'état naturel un efpace, ‘8&c-par conféquent une liberté pour le mouvement: Peut-être ce mouvement concentré dans ces parties a-t-il des ufages que nous ne fommes pas à portée de connoître : au :refte, Boerhaave: prétend qu'un pareil battement ne peut fubfifter fans un: dérangement total des fonétions de Ja tête. En effet, forfque l'effort des artères qui portent le fang à la tête eft augmenté, nous fentons une pulfation‘incommode, telle: que nous l'é- prouvons dans la fièvre, oumème après le repas, quand le: bas-ventre chargé d’alimens laïffe néceffairement un moindre efpace au fang : nous fentons de même dans les maux de tête la détermination du fang au cerveau, & les douleurs de tête augmentent confidérablement quand nous nous mouchons, où quand nous éternuons. Or ces actions ne font autre chofe que de violens efforts expiratoires : ce n'eft que par-là même qu'après Fopération du trépan, un violent effort expiratoire procure liflue des matières étrangères qui pourroient être contenues dans le crâne. Cependant, quoique les efforts du fang fur le cerveau puiflent rarement produire un mouvement dans les parties contenues fous le crâne, tant que la caiffe ofleufe eft entière, il eft certainement des cas où l'effort du fang vers la tête étant confidérablement augmenté, je fuis perfuadé qu'il peut fe produire dans la tête un mouvement, puifque le cerveau eft capable de compreflion. Par exemple, le fang étant chaflé avec plus de vivacité & de force, le mouvement des artères peut, en ébranlant toute la mafle du cerveau, produire un pareil mouvement dans les finus, & occafionner au fang un retour prompt & impétueux dans les veines, mais inégal. C'eft DES SCIENCES 313 C'eft fans doute pour cette raifon que le Créateur a mis des deux côtés des veines jugulaires, quand elles fortent du cer- veau, deux efpèces de golfes qui reçoivent l'excès du fang & qui font capables de fe dilater : c’eft fans doute aufii pour cette railon que de toutes les veines celles qui éprouvent le plus ordinairement un battement, font les veines jugulaires, battement qui s’obferve dans certaines affections de la tête, où le fang eft déterminé avec plus de force vers cette parue, dont Hippocrate lui-même a fait mention, & fur lequa beaucoup d’Auteurs l'ont taxé légèrement de s'être trompé. Dans un fecond Mémoire, j'examinerai les mouvemens du cerveau dans l'état contre nature, & les phénomènes de la compreflion & de firritation de fes différentes parties. Sa. étrang, Tome III, Rr 314 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE DÉMONSTRATION D'UN THÉOREME DE GÉOMÉTRIE Énoncé dans les a@tes de Léipfick. Année 1754. Far M. l'Abbé Bossu Tr, Correfpondant de Académie. THÉORÈME T dans l'ellipfe AF nr do AB@GFE VZ à font les axes, à C le centre, S on mène les deux diamètres conjugués quelconques ZM, SANS B YX, à qu'ayant fait CV pe égal au demi-axe CA, on « abaifle fur ce méme axe la E perpendiculaire V P qui 1 ren- contre l'ellipfe en S, je dis que la différence des arcs YF ZS, SAX fera redi jfable. D É MO. N.S TNRANT I ON. Des points F, Z, X foient menées à l'axe AB, les ordonnées FR, ZH, XN, & fuppofons le demi grand axe AC — a, le demi petit axe CF = b, aa — bb =cc, CZ —n, AR =x%, AN= 7, AP—=u; Yéément de l'arc 4ASY dxv(aabb + 2accx—ccxx) fera repréfenté par , celui de l'arc a V(z2ax — xx) dy vV{aabb + — AX par + gere — seu & celui de l'arc AS a V(zaz — 2) du V(aabb + 2accu — ccu) par élémens en fonétions de la même variable, & choiliffons pour cette variable la leure # qu'un certain inftinét indique . Tâchons d'exprimer ces trois a V{zau — uu) DES SCIENCES. 315$ d'abord, & qu'on préfère d'autant plus volontiers à toute autre, qu'étant multipliée par a, le produit fe trouve égal au radical du numérateur de l'élément de l'arc ASF. On aura par la propriété de f'ellipfe (CF)* + (CZ)' — (CA) + (CFE)'; d'où lon tire (CF) — ae + dE — nn. La propriété de fellipe & le triangle rectangle CR F, donneront encore aa + 6b —— nx 2abbx — bhxx + aaxx — 2 8x + at » par conféquent aa X— a + SV 9 ; d'où il fuit que l'élément de — n° dn V(aa— nn). v{nn —bb) L'arc À X’étant égal à l'arc BY fupplément de l'arc ASY, n° dn V(aa — nn).v(un — 55) ‘ Enfin les triangles femblables CZ H, CV P, donnent CZ CV (ah: CH: CP TE Farc ASF aura pour transformée fon élément aura pour expreffion : mais par Îa a V{nn — bb) ; donc CP ET & AP (4) = à = EH): oc — à L° dn Maintenant, fi le théorème eft vrai, il faut que le premier élément moins la. fomme faite du fecond & du propriété de l'ellipfe, CH — l'élément de Farc AS aura pour valeur — 274 dn + 24° b'dn n° V(aa— na) . V{nn— bb) , foit une différencielle exac- double du troifième, c'eft-à-dire, — 1 dn+2a End» tement intégrable. Suppofons donc que cette quantité ait pour intégrale pr! V{aa — nn). {nn — bb), p & q étant deux indéterminées; en différenciant cette expreflion, l'on trouvera ou A + 2p)nf 3 dn + (aapq + bbpg + aap + bbp)nf*" dn — à pgnt— "an (P4 P E 7 19 4 V{aa — x) . V{nu — bb) | Rr i 316 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE comparons cette différencielle avec 11 propolée — an" dn+2 a bn dn Vlea — nn). vV(nn — bb) des deux premiers termes pq + 2P=2, +3 —=2; ce qui donne p — 2,9 — — 1. Mettant ces valeurs dans les deux autres termes du numérateur de fa première différencielle, le fecond s'évanouit, & le troïfième devient 2 a* b*n7* dn, qui eft précifément le dernier terme du nu- mérateur de li feconde diflérencielle; d'où je conclus que — an" dn+ 2a* bn? dn (t 2V {aa — nn). V {nn —bh) V{aa— nn) .V(mn— t4b) 5 7 Je n'ajoûte point de conftante, parce que l'intégrale s'évanouit lorfque # — a où 4, ainfi que cela doit arriver. €. @. F. D. , & nous trouverons par la comparaifon l'intégrale de CoROLLAIRE I. Si de l'extrémité Æ# du diamètre FX, on abaifle fur le demi-diamètre CZ la perpendiculaire XQ, la différence des arcs YF ZS, SAX, fera égale à 2 CQ: car on a, par la a propridté de l'ellipfe, XQ — <= ; donc CQ — v/(CX)* # Dr VIS 2 aabb NORME UCI ER Es V{aaun + bbnn — nf — aabb) sur V{aa— nn). V (an — bb) RS AN EEE A 1 Et Pre CN MT a * CoROLLAIRE II. Nous venons de trouver FYFZS — SAX — 2CQ, & comme il eft vifible qu'on a auf FFZS + SAX — 2AZF, il senfuit que YFZS—AZF + CQ & SAX — AZF — CQ: ainfi l'arc FFZS furpatie le quart d'ellipfe À Z F de la quantité algébrique CQ, & l'arc SAX eft furpafié par le quart d'elliple de l1 mème quantité CQ; ce qui eft une propriété très - remarquable. Cette propriété peut fe démontrer d'une manière direfle; car l'élément de l'arc YFZS étant égal à la différence des élémens des deux arcs ASF, AY, il fera repréfenté par DES SCIENCES. 317% —# ‘dn + a °b x ‘da seat V(aa—nn).V{nr —5à) 2 per pere JON IRIÉETAIE EE "7 —- C. Pour déterminer a conftante C, il faut obferver que lorfque CZ devient CA où CF, Fxc FYFZS devient un quart d'elliple que je défigne par À. Or l'hypothèle de 7 — a ou de 7 — b, anéantit le pre- mier terme de l'intégrale; donc C — 4, donc l'arc indéterminé YFZS furpafle le quart d'ellipfe À de la quantité ont dar el ere Le es ES de CQ. On prouveroit de même que l'arc SAX eft furpaflé par À V(aa— un). vV(nn — se de la même quantité n 11 n'eff pas befoin d'avertir qu'au lieu de déduire ce corollaire du théorème, on auroit pé au contraire déduire le théorème de 6e même. corollaire. RUES) A RG DE Quoique je me fois borné dans cet Écrit à fa fimple démontftration du théorème en queftion, il eft aifé d'en découvrir la vérité à priori: pour cela, je me propofe de réfoudre directement ce problème; déterminer deux arcs d'el- Bipfe dont la différence foit retlfable. Suppolons pour un moment que le premier de ces arcs foit ASF, le fecond AS; ayant mené les ordonnées FR, SP, foient, comme ci-deflus, CA— a, CF —4b,aa— kb — cc, 17 d vlc bb + = AR = x, AP — u, l'élément ee AV(LAX — xX% Ë — nu ‘dr 5 de arc ASF fe change en ——— —— en faifant V{aa — nn).v{nn —bb) V{aabb + 2accx — cexx) — ax, & tirant de x— 4 4 Ta 2 >. "à . . RD, Orlarméthoded intégration dont je me Rr ii 318 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fuis fervi dans la démonflration précédente, m'apprend que #4 + À RTE GP Ole V(aa—nn).vV(nn — bi) V{aa— nn). vV(nn—56b)" (aa — nn) .V{nn —6b) ñ De V la fomme aura pour intégrale , abftrac-" tion faite de la conftante dont nous parlerons tout à l'heure; a°b°n 7 ‘dn V(aa — nn) . V(an — bb} repréfente l'élément d'un arc d'ellipfe. Pour s’affurer aifément ainft il faut d'abord que la quantité fi Ja chofe eft telle, fuppofons # —= # ; nous aurons Îa 4 — s°ds . LA 4 transformée be above Car: eft en effet l'élé- ment d'un arc d'ellipfe dont Fabfcifle # feroit telle que V{aabb +- 2accu — ccuu) — as, & qu'on tirät de là av{aa — 55) e S Dit PE. Mais fi au lieu de prendre # — V4 — v _ a V(aa ss) sien prend ! “s a V{aa ss) c Van — bb «a - bn 4 ne ND férencielle 6 PORTER cu V(aa — nn).vV{un — bb) fera l'élément d'un arc d'ellipfe correfpondant à l'abfciffe à — aa V(nn — bb) — n°dn + a°b'nT ?dn er V(aa = n2) .V{nr 6 mera l'élément de la différence de deux ares d’ellipfe; ainft la différence de ces deux mêmes arcs feroit rectifiable, V{aa — nn). V{un — bb) : par conféquent expri- fi l'intégrale étoit complète. Mais comment s'affurér fi cette intégrale eft complète? Si lon fuppofe que le premier arc devienne un quart d'ellipfe, ou que x — 4, on aura aufli # — 4, & par conféquent la k E on) Vfie— 08 é quañtité de & le fecond arc dont labf-  aa V{nn —bl » . MT : cie eft a — Eh s'évanouiront ; d'où il fuit que la conftante qu'on détermineroit par cette condition, feroit DE s : S'CAE NN 'C'E 319 un quart d'ellipfe *, Il n'y a point d'autre condition qui puifle rendre la conftante algébrique; ainfi la différence des deux arcs propolés n'eft pas rectifiable. Mais ayant vû que Jorfque x — a, & par conféquent aufli n— 4, l'intégrale propolée & le fecond arc s'évanouiffent, rien n’eft plus naturel que de fonger à cet expédient, qui va nous fournir deux arcs dont la différence fera reétifiable, Je multiplie —n "dun + a°b°n 7 °dn V{aa—nx).v(ru— bb ? — 27 du + 24h 7» UE = peut étre regardée comme la q V(aa na) . (ua — 41) 6 différence des élémens des deux arcs ASF, YB, fup- plémens l'un de l'autre, & 2a *b °n 7 da ae V(aa — nn).v{un—bl}) A eft le double de la diffé- rencielle de l'arc AS qu'on retranche de ce qui la pré- cède ; d'où il eft très-facile Erere = rer repréfente une diffé- rencielle compofée de L’excès de l'élément de lac YF VA fur les élémens des deux arcs BY & AS Donc l'intégrale V{aa— nn) . V{nn—bt) LE DO TAEEN pie LL arc AS; & comme cette intégrale eft complète, puifqu'’elle par 2 le numérateur de la différencielle ce qui me donne . Alors j'obferve — 29 ‘dn de conclurre que * Sans aller plus loin, voilà le 11. corollaire découvert à priori; in + EE nes fn ss car VWaa—nn) .vVinn — bb) eft EUCE demment la différencielle de l’arc YFZS: donc puifque la conftante qu’il faut ajoûter à l'intégrale de cette diérencielle, elt un quart d’elliple, il s'enfüuit que l’arc indéterminé YF ZS furpaffe le quart d’ellip@ de la quan- tité Vaa— nn), Vin — bb) Ainfi je . n pourrois tout de fuite établir le théo- rème, comme je l’ai déjà remarqué ; mais cette méthode ne feroit peut- être pas aflez directe. 320 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE s'évanouit lorfque # — a, il s'enfuit que excès de f'arc YFZS fur la fomme des deux arcs BY & AS, ou, ce qui revient au même, fur le feul arc SAX, eft rectifiable, Ce qu'il falloit trouver. Quant à la manière dont l’Auteur du théorème sy eft pris pour déterminer l'abfcifle AP correlpondante à Farc A, il eft clair que ce n’eft qu'une conftruction affez facile, mais à la vérité très-élégante, du lieu géométrique 4 = a aa V{nn — bb) cx Au refle, la méthode gre j'ai employée dans cet exemple pourroit fervir à affigner dans d'autres courbes des arcs dont la différence füt relifiable ; mais c'eff une recherche que mes occupations actuelles ne me permettent pas de pouffer plus loin: je dois d'ailleurs m'en abflenir avec d'autant plus de raifon, que j'ai appris que M. Bezout, favant Maître de Mathématiques, en a fait la matière d'un beau Mémoire. Je ne done cet effai que parce que fon travail w'efl pas encore public & qu'il w'eft pas venu à ma connoiffance, EXTRAIT DES SCIENCES. 321 Rae pd «un lee: due ppéte D'une Lettre du P. BOSCOVICH, Jéfüuite, Correfpondant de l'Académie, écrite à M. DE MAIRAN. UONIAM valetudinis curandæ gratià fuperioribus diebus huc, Viterbium nimirum, me contuli, ut flium quo- rundam eruptionem moleftiffimam harum aquarum falubri- tate curarem , hinc autem hoc ipfo mane Gallicus tabellarius ex urbe ad vos properans tranfit, occafionem omittendans non cenfui te conveniendi per litteras, quibus &. de méi valetudine ipfà; & de mirà horum focorum conftitutione certiorem te facerem, ac aliquid, quod ad litterarium com- mercium pertineret, adjungerem. Et quidem quod ad me pertinet, ïita in dies fingulos mapgis proficio, ut illud fperare poffim, brevi quidquid ha- bebam incommodi amotum iri penitus, & omnem hanc failium effervefcentiam comprimendam abftersendamque. 1pfa me in eà confirmant fpe aquarum falubritas, atque exempla quamplurima; multi enim cum alio morborum genere, tum hoc in primis vehementer pene oppreffi, brevi convaluerunt penitus, atque in dies convalefcunt, fine ullo novo valetu- dinis detrimento, quod fæpe repentinas ejufmodi & pene violentas curationes confequitur. Porro mira eft profecto hujus conflitutio loci, cùm exiguo fane intervallo plurimi erumpant aquarum falubrium fontes, inter fe admodum diverfi; funt enim alie admodum frigidæ, tepidæ alie, aliæ ita calidæ ut ebulliant, aliæ acidulæ, aliæ fulphureæ atque vitriolicæ, ac in ipfis üis ædibus in quibus & balnea funt (quæquidem ædes minus quam unä leucà 2b hac urbe diftant) in binorum admodum proximorum conclavium folo bini enafcantur fontes, quorum altérius, & quidem calidiffimi ac pene ferventis, fedimentum eft rubeum, Say, étrang. Tome'1I1. Sf 322 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE album alterius, utérque autem fro vaärlo Morborum genere eft ommino: faluberrimus. Primus quidem, quo ego utor, _miras utrâqué vià purgationes, & fre fubitas gignit, & cm ingentés fane 16 cyathi fefquihoræ fpatio ebibantur, ante ejus ipfius temporis finem evacuationes incipiunt, quarum numerus et fepe adrnodum ingêns, flomacho intéréi non modo non debilitato, fed etiam plurimum corroborato; ac fineullo, ne leviflimo quidem, incommodo. Ex ipfis ædibus, magnifice fane extruétis, tu pluiium Jabefactatis, ac ut- cumqué reflitutis, fatis conftat maÿham olim hujufce loci celebritatén & aquaruih éxiflimationem extitifle, qu& qui- dem deiñde feré prorfus concidérat. Vérum ab: aliquot annis & æftimari & celebrari copérint itérum, ac nunc quidem ex Anglià in primis ab harum tantuinodo aquarumi filu- britate allecti huc advenéerunt e prinarià nobilitaté complures. Ego quidém per alios quindéeim diés hic commotabor, & Nucerinam, quam meditabar, proféctionem omittam, certam adeptus valétudinis fie ullo detriménto recuperandæ fpém, tum aliorum exemplo, uti monui, tüm etiain méo. Haud ità procul ab hac urbe vifitur elegantifima atque magnificen- tiflima villa, Bagnajam Vocant, quæ quidèm nunc pertinet ad Cardinalem Lante, quam duobus abhinc feculis extruxit celeberrimus ille Cardinalis de Gambara, quæ nulli fine é Tufculanis magnificentiflimis atque aäméniffimis eoncedit 1bi poft aliquot diés habebimus binos veftri Regis Lepatos, alterum apud Roôïmanuri Pontificém, nimiruit Ducem Nïi- vernenfium, alterum apud Neapolitanum Regei, videlicet Marchionem Hofbitalium, quém ex Gallià reduce ex- pectamus prope diem. Eos ego cohvéniam, & à poftériore, cujus familiæ nomen in Mathématicis faftis ætérnamn celebri- tatem habebit fempér, de te etiain fortaffealiquid éoëniofcamn. Interea ut aliquid, quod ad noftra pértinét fludia, adji- ciam, tibi contnunicabo animadvérfionéem quatidärn ream in particulamn quamdam Neéïvtoniane Optice, ex quà diff- cultas oritur fane nôn contémnénda, pertinéns ad fécundarié bidis ortum. Neÿionus in fecundo Optice fuæ Hbro fufé DES. SCIENCES. 323 agit de iis, quas vocat vices facilioris reflexionis & facilioris tranfnnfiüs, quarum vicium leges determinat, ac mirà fine felicitate complicatiora quæque phænomena explicat, & earum ipfarum operationem reddit, cur alia corpora aliud reddant coloratorum radiorum genus, alia aliud, quod quidem 2b harum vicium intervallis, & a tenuitate lamellarum quibus corpora ipfa contexuntur, deducit, fucceflu fane ita felici, ut ego quidem nihil ufpiam in univerfà Phyficà invenerim, quod majorem admirationem excitare poflit. Has inter le- ges habetur ea, quæ pertinet ad intervalla poft reflexionem. Eft autem hujufmodi, in quovis radio poft reflexionem ha- beri illud idem intervallum vicium, quod haberetur, fi ex alio medio ingreflus effet in ilud per quod progreditur, in eo iplo angulo in quo a refleétente fuperficie difcedit. Quidquid de ei lege fit, quæ partis tertiæ eft poftrema, & quam is confirmat phænomenis annulorum fucidorum alter- patim & obfcurorum , quos craffæe laminæ vitrorum conca- vorum gignunt pêr reflexionem , quæ quidem phænomena exponit parte Opticæ quartà, illud videtur rationi ipf om- nino confentaneum, ubi radius a fuperficie quadam in eodem angulo reflectitur, in quo incidit (nam plures radii difper- guntur in angulis quibufcumque, qui quidem illos iplos 1a- minarum craffarum annulos gignunt) ac in eo eodem angulo in id medium primo ingreflus eft, debere haberi eadem in- tervalla vicium poft reflexionem, quæ habebantur ante, quod quidem ex ipfà etiam generaliore Newtoni lese deducitur. His pofitis, fit BCD gutta fphærica, in quam incidat radius AB, & parte ejus reflexà, pars alia ingrediatur per BC, tum hujus pars reilec- tatur per CD. Ut fecundaria habeatur iris, A NB debet ejus pars refleéti per DE & prodire._ E per £F,uti in ipfis etiam Phyficæ elementis paflim proponitur. Jam vero illi radii, qui 8 in B guttam ingrefi funt, erant quidem in vice facili. ris tranfmiffüs, ac in ©, in vice facilioris reflexionis. Qi re cüm angulus chordæe CD cum fuperficie pe fit: qu.lis Sfÿ 334 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE angulo chordæ BC cum eidem tam in € quam in P, intervalla quoqtie vicium æqualia erünt in utrâque chordà ; eïmque idcirco étiam chorda CD xquetur chorde CP, erit in hac idem intervallorum numerus qui in illà, adeoque ut in hac faciliori tranfmiffui habito in 2 fucceflit facilior refléxio in €, ita in ifà faciliori reflexioni in € debet fuc- cedere facilior tranfmiflus in D. Quare nullus, vel fere nullus, ex ejufmodi radiis debebit in D iterum refle&i, fed ommes vel fere omnes prodibunt ad primariam iridem exhibendam. Tdcirco autem adjeci illud fee, quod ipfe non nominet ab- folute vices tranfmiflus & reflexionis, fed addat illud faci- lioris. Verum uti in quartà ejus parte ob rationem omnino fimilem annuli obfcuri oriuntur ( quod nimirum e radiis qui, ex pofleriore vitri craflioris fuperficie reflexi, ‘erant omnes in vice facilioris reflexionis, eorum autem qui in certis angulis calculo definitis ad anteriorem fuperficiem re- deunt, vicem mutare debent, qui vero in aliis, eamdem habere iterum, ac illi quidem tranfmitti & lucidos exhibere annulos, hi vero refleéti &oblcuris locum præbere) ita hic nullus Paberi deberet radius reflexus DE ïta vividus, ut fenfum commoveré poflet, & vifum excitare. Ego quidem diu hanc'animo difficultatem pervolvens, nibif aliud video quod reponi poffit, præter illud, guttam non efle perfeéte fphæricam ; fatis autem effe difcrimen a perfectà rotunditaté perquam exiouum, ut unum vel alterum intervallum accedat inter vices oppofitas. Si chorda CD tanto brevior tantummodo fit, quam chorda CB, quantum requirit unicum intervallum inter vices oppofitas, jam par- ticulæ radii, quæ in D debuiflent omnes habere vicem fa- cilioris tran{mifiüs, poft vicem facilioris reflexionis in ©, tranfmifiûs. in À, erunt contra in vice facilioris reflexionis, & prodibunt. Intervallum autem unñicunr inter vices 6ppo- fitas ita exiguum eft, ac ita exiguum difcrimen requirit a perfefà guttæ roténditate, ut nihil ad fenfum tüurbare debeat angulos in © & D, adeoque ‘angulus minimus qui pro primarjà, & maximus qui pro fecundarià iride requiritur, DE ss! SCT EN CE Ss 325$ manebit ad fenfum idem quem calculus perfeæ rotunditati iunixus requirit. Ceterum ex Newtoni prin- cipiis ilud videtur evidentifimum, ipfam perfectam rotunditatem quæ paffim à Phy- A \B ficis adhibetur ad explicandam & calculo E C definiendam in ipfà Newtonianà theorià fe- cundariam iridem, eamdem iridem fecunda- D riam prorfus evertere atque impedire. Fortafle id ipfum in caufà eft cur tam raro fecundaria iris appareat, faltem fatis vivida, & continuata. Si guttæ ita phæricæ funt, ut chorda CD non contineat integrum in- tervallum plus, vel minus, quam chorda BC, iris fecundaria eflormari non poterit. Si a leviflimä etiam aëris agitatione inducitur figuræ mutatio ita exigua, habebuntur radii qui refletantur per D£ magno numero; & fi iidem in DE, habebitur numerus intervallorum impar, utin BC; ïidem tranfmittentur in Æ, ac prodibunt, & fecundaria iris appa- rebit in eo ad fenfum angulo, quem calculus exhibet perfect fphæricitati innixus. Si agitatio fuerit ita vehemens, ut figuræ perturbatio evadat nimis ingens & inæqualis, turbabuntur anguli, nec ulli erunt colorati, radii efficaces disjunéti. Hanc ego difficultatem folutionemque uno abhinc mienfe communicavi cum P. Jacquier, ab eo exquirens illad, num “eam alibi offenderit, qui quidem nec apud alios inventam a fe ejufmodi difficultatem efle refpondit, & eam fibi quidem “videri folidam , ac folutionem ipfius a me exhibitam unicam ibidem efle, quæ haberi poffe videretur. fllud te etiam atque etiam rogo, ut ad me perfcribas, an ufpiam alibi tute ipfe Ipropofitam ejufmodi videris difficultatem, & quid de ei videatur tibi, quam etiam, ubi dignam cenfueris, cum. Aca- demià , vel faltem cum amicis communices. Salutem plurimam .dices meo nomine dodiffimis viris Montigni, Sainte-Palaÿe, de lle, Nollet. Vale. © Sf ïï 326 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE MÉMOIRE SUR LES QUANTITÉS DIFFÉRENCIELLES, Qui n'étant point intégrables par elles - mêmes, le deviennent néanmoins quand on leur joint des quantités de même forme qu’elles. Par M. BezouT, Cenfeur royal, & Maitre de Mathématiques. L_° volume des Actes de Léipfck de 1754,m'a offert un objet de travail qui a été l'occafion de ce Mémoire. On y demande {a démontftration d'un théorème fur des arcs d'ellipfe rectifiables. Tout le monde fait combien cette cowbe a jufqu'ici donné peu de prife au calcul intégral; aufli ce n'a été d'a- bord qu'avec beaucoup de méfiance de moi-même que je me fuis eflayé fur cette matière. Quoique je n'imagine point que la même méthode qui donneroit des arcs de parabole rectifiables, puifle conduire à trouver des arcs d'ellip{e reéti- fiables, avant néanmoins d'entreprendre ce dernier problème, Ja fimilitude de Vobjet & un autre motif de curiofité dont je vais rendre compte m'ont d’abord arrêté fur le premier. M. Jean Bernoulli, qui le premier a réfolu Je problème des arcs de parabole comparables, s'exprime ainfi en parlant de la méthode qu'il a employée... Qu& tamen vid, Algebrä duce fol& (hic enim methodus différentialis aliave infinitefimalis nihil omnind preflat ) redditus fuerim voti compos , ut offendam, calculi quem inivi capita principaliora indicabo. Soit que M. Bernoulli, par ces mots #ihil omninô præflat, ait entendu que le calcul différenciel ou toute autre méthode infinitéfimale ne pût s'appliquer à ce problème, foit qu'il ait DE 51 SUCIHELN CE 6 327 entendu que les folutions qu'on en pouvoit attendre fuflent moins élégantes que celle que lui a donnée l'Algèbre feule, j'ai été bien aife de m'inftruire fur la différence des réfultats de l'une & de l'autre méthode, J'ai trouvé, comme lui, que Ja folution ne dépend que d'une équation du quatrième decré fe réduifant au fecond; mais outre que ma folution n'exige point la defcription de l'hyperbole, la méthode que j'ai - employée réfout avec une égale facilité le cas où beaucoup plus généralement on demanderoit : w» arc de parabole étant donné, affigner dans une autre parabole un autre arc tel que l'arc donné, plus ou moins, tant de fois qu'on voudra, l'arc cherché foit une fonon donnée des coordonnées des deux courbes, Au refte, ce problème, tout général qu'il eft, n'eft devenu qu'un cas très-particulier du problème qui eft au commencement de ce Mémoire. J'ai pañié énfüuite à la démonftration du théorème des arcs d'elliple , & m'étant propolé, pour y parvenir, de trouver des arcs d’ellipfe reétifiables, je fuis tombé fur le théorème même, & par occafion fur d'autres théorèmes aflez généraux , qui uvent fervir à trouver une infinité d'efpaces quarrables où d'arcs rectifiables dans des courbes dont la quadrature ou rectification ne dépend ni de Ja quadrature du cercle où de Thyperbole, ni de la rectification des fections coniques. J'en ai fait l'application, tant aux arcs d'ellipf rectifiables, qu'à ceux de l'hyperbole & de paraboles de différens genres. PROBLEM E. Trouver dans tes courbes dont la (5) dépend de la quadrature du cerck ou de l'hyperbole, des {"%%°) dont l'ex- Dréfion Joit une fonction algébrique quelconque de leurs coor- données @7 de conflantes appartenant à ces courbes, en Juppofant que la parte de l'élément de leur (Te) qui dépend de de guadrature du cercle ou de l'hyperboke , puifle fe réduire eu ration rationelle, 328 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE SP LEU T INO Ne On fait que toute quantité différencielle rationelle dépen- dante de la quadrature de l'hyperbole, peut toüjours fe réduire _ dx cdx . 7 z * 1 a LAS en quantités de cette forme Ne Fr ET + &c. d X étant la différencielle d'une fonétion algébrique dex;a,b, c, &c. des conftantes; & que lorfqu'elle dépend de la quadrature du cercle, elle peut toüjours fe réduire en adx cdx — + &c LES TT ce+ xx quantités de cette forme, 4 + Dans le premier cas, l'intégrale eft +— (D + cx) + UP + x) — bem) — EU f + im) = M MAS MMIEE) 4 (HE) * &c m étant b+ cm une conftante telle que lorfque x —= " l'intégrale foit zéro, & M ce que devient # lorfque x — #1. Dans le fecond cas, fi on fait dx V— 1 —7 & 7— — : HV EN EEE IT its ne : [DNS ex V—i= 7 & g—-;, on trouve que l'intégrale eft i DH xv— E— mvV— X—M+ fret L b— 3 —1 B+mv—i N 26V—4x, qui ait démontré que toute fraction | fe réduire à la forme A+ BV—1, rationelle différencielle dépend, pour ! 4 & B étant des quantités réelles, fon intégration , de la quadrature du | M. d’Alembert adémontré le premier cercle ou de l’hyperbole; mais fa dé- | ces deux propofitions, & a par ce monftration fuppofoit que tout mul- | moyen donné, tant à la démonftration tinome réel püt fe décompofer au | de M. Bernoulli qu'à celle de plu- moins en facteurs trinomes réels. Les | fieurs théorèmes d’Alvèbre, le degré preuves qu’on donnoit alors de cette | d’évidence qu’on a droit d’exiger en dernière propofition étoient appuyées | Mathématique. C’eft ce qu’on peut fur une autre fuppofition qu'il n’étoit | voir dans les Mémoires de l’Aca- pas moins difficile de prouver, favoir, | démie de Berlin de 1746. que toute quantité imaginaire, de * M. Jean Bernoulli eft le premier | quelque degré qu’elle füt, pût toüjours MECS cd DES SCIENCES. 323 per, CS Éd 5 e— xV(—1) + MmV—i1 € [== Le b—myV—: éd 4 = ss =) Ma &c: b— xy—1 b+ my—s E— x V—i e + mÿ—i Donc pour un autre efpace ou un autre arc terminé par les ordonnées répondantes aux abfcifles ds n, on auroit dans le premier cas 7° — N + en eme & dans le fecond, 7 — N + L a 1 Dr V—s | pr ses ARE Bar En Er À & —— XX a —— FEES Re E—tY—i Env 3 Go Donc fi pour plus de généralité on veut dans les deux cas que la première intégrale plus ou moins r fois la feconde, foit une fonction algébrique de 2, e, 1, x, m, &c. on aura dans a e _—. : + hs nr le premier cas X — A1 ne + x Part ) x &c. TN er EE)" Es DA de — +4 px,t,m,n, &c.); @(x,t,m, n, &c.) marquant une fonc- tion algébrique quelconque de x,1,m,#, & de conftantes, Dans le fecond cas on aura X — 41 a L Er, bn Y— En M CORTE NE Ke ou x V—s die TE Ce = #1 e —_—__— ET —th— Er my —i fA = vh = 26 v—i ÉLS ALERT 2 2CW—I RENE 1 n ut) et V—i LÉ n V- =) x &ce b—rV—1 épars et: EE V—1 COL, (Ce Donc fr on fuppofe dans le premier cas a e Le Le ar er becs | eu ñ M AE LE LANTERNE (=) ; + Am ; x &c. — E F rh x &c. Sav. étrang. Tome LIL et 30 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE il eft vifible que x & m étant prifes à volonté, on aura une équation algébrique entre » & +, laquelle combinée avec l'é- quation reftante À — MT TN (x, t,m,n, &c.) fera connoître 7 & t. Dans le fecond cas, fi on fuppofe e — CÈE * Éd x (EE * em V— 1 de &c. ’ b— x Y—a Dm V—s —# V—1 em Y—5 er = 518 5 Mr DH tv b— n Y—1 es E—nV—3 Jslgré | b—ry—i Dnvs ei 7 f on fait que dans une ne équation les imaginairés difpa- roîtront toüjours; ainfi on aura encore, en prenant x & "1 à volonté, une équation algébrique entre : & », laquelle, combinée avec l'équation reftante X — MH 7rTZrN @ (x,t,m, n, &c.) fera connoître & r ; donc, &c. Application du Problème précédent aux arcs de la parabole ordinaire. ÿy = px étant l'équation de la parabole, on aura d 2 ) p 117 . . EP si 146] Er ) pour l'élément de fa Ab ele & faifant 674 NÉS ee Le. 4PT Donc fi a Le une autre ordonnée, & qu'on fafle y/{a* + M) a +- A, on aura pour l'arc compris entre les deux or- E vo Dee ni —=} +7, on aura pour intégrale "€ pl—iégt pt—r6At Rs: G4pT 64pA° Soit maintenant une autre parabole ordinaire dont le para- mètre foit g, foient de plus dans cette parabole deux ordonnées 1&b; en faifant Vi) tt, & VOb+É) = + B, on aura pour Farc terminé par les deux ordonnées données y & a, DES SCIENCES. 331 £& — 1 6ut gt —:16Bt BAE À t&b, PE re + (=) . De-fà on peut réfoudre le problème fuivant, plus général que celui de M. Jean Bernoulli, tome 1, page 242 : Deux paraboles différentes étant données, àT un arc dans l'une, trouver un arc dans l'autre, tel que l'arc donné = n fois l'arc cherché foit une fonction algébrique quelconque des coordonnées de ces deux paraboles ; car il fufht, pour fatisfaire à ce problème, ayant poé l'équation P p*—:67t 4 —316A* 4. ,* gt — 16ut 3 = MA VC + (—) D eue = —+- 4Pt 4? T 48% #—16B+ = : RTS 64gB* En Le Fete u, À, B,&t.) il fuit, dis-je, de fippokr < — = = he , ce qui, À & 7 étant donnés, fournit une équation en # & B, laquelle combinée avec l’équation reftante fera connoître # & B. THÉOREME. La différencielle de la quantité ax”. ( a) peut fe partager en deux différencielles de la forme Kx°—" dx (2 ) mr e+ fx" n fi=— m DÉMONSTRATION. . , « bx" La différencielle de gx” ( SES .)r eft e+ fx Rae idx + ne bamtoids Enafxmtni dr Le nf" Ve mr ebamtn=idx — mrafxrt+n—ids | ses EEE — (e+ fx" } ë e+fx que la fuppofition de r — _ réduit à la quantité fuivante, ecrmam—idx + 2bemremtm—ids + bfmrx2m+mm—igs CENTS laquelle, mife fous la forme qui fuit, e+fx Ttij a : 57: 332 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE me x (5 ee) pmmide eexrm—idz + afermtms dx + ffx2m FAT (4 1[ gx" ( L mre Fo a+ br GE pr (e+ fs fe partage en ces deux parties, (af— be) .xrm-rrdr D ÉTRÉRE JAT mrb rm y 4 gl EE EU ER a+-bx" (e+fe) e+fr" ui e+ fs" dont Îa dernière'a déjà la forme annoncée. Pour y ramener la première, je remarque qu'elle eft la même que mre (af—be).xm-m+midz abs Or serre rm — ou que f (e+fx")} XB( rs) 4 q ES ,rm—m a+ bx" a+bx ñ Eh d Moit. donc = —= rie ÿ (Ga mn)": # e+fx" Pt ( étant un coëfficient propre à rendre la valeur de x” en z" de même forme que celle de 7” en x”), on aura x” Lu PT —2 ne PH MELLE TE a+bg" = je Où (en faifantep—— à) x TES (oi == + à & par conféquent — ed HAT AS TR rà Pre Fra fera LCI ET RES a+ ir Pr ré dz.g. (eo) donc Jo mrb a—bx" ,7—x a+-b7" = y nn le Dr : LT er 5 “de He) fir——. nm REMARQUE. 11 eft bon d'obferver à l'égard de l'équation "=, NE: que la transformation que nous venons d'employer, quoique généralement propre à rendre l'une des deux diférencielles de même fogme que Fin devient néanmoins inutile lorfque m étant par, © eft une quantité pofitive dans laquelle se Fa = b & e font æ même figne, ou lorfque #1 étant toûjours CR LA ARR Pair, eft une quantité négative dans laquelle 2 & e font de différens fignes. D'E S/ SCT EI No Is M 333 Application du Théorème précédent à la queffion propolte dans les AGes de Léipfick pour l'année LAN TX D;x: le volume des Actes de Léipfck pour année ‘1754, on lit une invitation aux Géomètres pour la dé- monftration du Théorème fuivant. THÉOREME. Soient Aa, Bb, les deux axes d’une ellipfe, dont C eff le centre ; Gg un diamètre, dont le conjugué eff Hh: fi on pro- longe CH jufqu'en FE, de manière que CE = CA, & qu'on tire fur CA la perpendiculaire EFO, coupant 1 ‘ellipfe en F, la différence gbHF —— GAF des deux arcs compris entre le point FE .&7 les-extrémités du diametre. G g = 2CR, GR étant une perpendiculaire abaifée de l'origine G de ce diamètre Jur fon conjugué, DÉMONSTRATION. Soit prolongée la perpendiculaire £O jufqu'à ce qu'elle rencontre l'ellip{e en f, on aura g& HF — GAF — gb + LF— GA—AF= BG + Bf—GA—Af—2BG + 2Bf — 2AB. 11 faut donc démontrer que BG + Bf—AB—CR, où que d/BG) + d{Bf) = d{CR); c'eft-à-dire qu'il s'agit, 1.” de trouver deux différencielles elliptiques dont fa fomme foit intégrable algébriquement ; 2." de faire voir que les arcs auxquels elles appartiennent, étant comptés depuis le point 3 jufques en G & en 1; différence de leur fomme au quart d'ellipfe a pour expreffion celle de CR. Soit l'axe Aa— 2m", fon paramètre —p, C/ = x, la dif. mm —(1— 2) xx férencielle de l'arc BG fera 7x 14 PUS J:com- parant cette quantité avec. l'une des deux différencielles du T't il 324 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE théorème précédent , par exemple, avec MT ym—i as ee Ares fiat: — «3 ke L(—— di 2 — 1 — F'* d. Cm ») »1H—I—=O, ou 2r —1, c'eft-à-dire, r —+, ce qui change cette dernière dom ends V( es mAc donce=mn, f=— (1-2 L bg mm, DU NÉE a — 1. Si donc, fuivant le même théorème, on prend’ une autre abfcifle CO = 7 —= nm sx Tr » M V] —— © —— ], la différence de l'arc correfpondant US mnt = 2) a Bf, qui et * dz v/ RÉPRDEN ], fera telle que : mn (i— 2) sx dx V, MATTER J+&vI mm — 7 1] = ta Gi—+) d(xV] ee — J, & par conféquent mm —(1= 2 )as FLE PE DR Le gere 7 en EE idees RE à ! ] + A. Pour déter- mm — rx mm—( 1 ) x miner la conftante À, je remarque que lorfque x = o, Ia quantité variable du fecond membre devient zéro, ainfi que la première quantité, fous le figne /; & que comme alors z—=m!, la feconde-quantité, fous le figne /, devient le quart d’ellipfe AZ ; donc 4 — AB, nu BG+Bf— mm — xx AB (1 ntm ds ne ho) erale Ine s'agit donc plus que de faire voir que la ligne CO que nous avons prife # L’équation de 7 en x, dk, nous | contraire à dx : mais d’unautre côté, » » . 1 4185 Î venons de fuppoler, eft telle, que | lac G croiffant, l'arc Bf diminue; x croiflant , z diminue; d’où ilfuit | donc les deux différencielles doivent qu’on devroit prendre d g, de figné | refter de même figne, DE s Se TE NC Es 335 = 7, eft la même que la ligne CO de l'énoncé du théorème, m'm— xx &quCR= (12 )x SL 'ÈTR % We 1 — Es VW Or, 1° fi de l'extrémité 7 du conjngué H, on mène fa perpendiculaire 17 par la propriété de l'ellipfe CK = nm! SKA £ xx; doncCH=— V{m'm—(i— LE Jax]e es triangles femblables C7, CEO, donnent CO — mm — x4 mVT ="; ‘donc, '&c. EEE 2] * Par la propriété de F'elliple CH x GR — AC x CB; donc GR =] — "©" 7, 0; CG — Vin (1 2 a] Vlipn + (ie) xx]; donc CR= (1-1) # 74 mm — xx ]; ue Fe mn (si) xx THÉOREME. La différencielle de toute quantité de la Jorme gx" ( . " e+ fr rer =) peut étre partagée en deux différencielles de la Jorme Kx°T* a + bx" n (sfr. DÉMONSTRATION. La différencielle de gx"(— == ft gx" "dx ET fe He AE: foit = He ns ==?" on aura d (= — = MEpote de et 2 = HT) L , Ou à caufe que (hp) Era =), où fafant ep — 336 Mémoires Ébtéaciphier A L'ACADÉMIE axé ef *({uivant Fhyp.) # au te de rm dans MAÉ TI on aura x Ces ri NTM Tdi E A": donc, &c. )'; donc en mettant, —d, gx —=g. Application du Théorème précédent aux arcs d'hyperbole rechifiables. S o1T 2 le premier axe d’une hyperbole, p fon para- mètre, & x une abfcifle prife du centre; on fait que la difié- ne) xx — mm rencielle de l'arc correfpondant eft dx 7/ TR ET à #': A « = a+ bx" comparant cette différencielle avec 2gx"7 "dx(—— ET * à onar—1l, m=2,n—1=0; donc —1—rm: de plus, b—1 + a=—1e= mn, fx, &ng —1—=8g; donc fi on prend une autre abfcifie z 2e (i+——) xx — mn = m me ? Vf —_"———— ], la fomme xx — nn (a Te mr) £ )xx— mm Co + Éd me eme pa À | Lt — mn — des différencielles des arcs répondans aux abicifes x & 7, fera (x = ds VI nn ré +) xx mn es) sx — mm ]; done la fomme de ces arcs CR premier arc eft nul & le fecond infini, puifqu'alors z ef infinie: a quantité algébrique du fecond membre devient auffi infinie; donc À ne peut être déterminé. Donc il eft impofhble par la méthode préfente d'affigner deux arcs d'hyperbole pris depuis le fommet, dont la fomme foit ]—-A. Mais lorfque x = », le DIE SA SL ENTCES: 37 foit redifiable; mais fi & z repréfentent deux nouvelles abf- cifles qui aient entr'elles la même relation que x & 7, la fomme + jun — mu ar! des arcs répondans à 4 & à : fera — td Zu — mm —+ À; donc la différence de la fomme des deux premiers (i+ 2) xx arcs à la fomme des deux derniers fera x / — (a +7 }uu — mm /, ce que je conftruis de [1 ma- ÉCMUT su — nr nière fuivante. Soit AMN l'hyperbole en queftion, CA fon demi premier axe, CY, CZ les afymptotes, CM, C M! deux demi- dia- mètres dont les conjugués foient CS, CT; ayant tiré du fommet À la perpendiculaire AG fur Fafymptote CZ, & porté CG fur CS & CT de C'en R & R', foient élevées des points À & R', les perpendiculaires RÆ, R'K' fur CS & CT, lefquelles rencontrent l'axe prolongé en Æ & Æ’; & enfin foient menées les ordonnées MP, MP, NK, N'K!. Je dis, 1.” que CP’ étant x, & CP u, CK' fera z & CK'1,en forte que AM'+ AN — AM — AN, ceft- è-dire, M'N — M N' fera égal à la quantité algébrique ci - deffus. 2. Que fi on prolonge PA jufqu'à a rencontre de CS en O, & P'M' julqu'à la rencontre de CT' en F, CV — CO fera la valeur dé cette quantité algébrique, en forte qu'on aura MN— MN = CV — CO. Car la propriété de l'hyperbole & les triangles fem- blables CAB, CAG, donnent CB : CA :: CA: CG — CA’ l ; = — ; donc CR & CR' font égaux chacun va + Æ ) : L'4 à a / F7 ms re) Say, étrang. Tome IL. Va Figure 2. 338 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Des points R' & T foient menées fur l'axe les perpendi- P PErP eulaires R'D, TE; par la propriété de 'hyperbole CE — V{xx — mu), CT = V{(i +) xx — mm]; donc, à caufe des triangles femblables CET, CR'K, on a ; 4 +) xx — mm a (Ie vera de la même manière que CK eft u; & les triangles femblables CET, C P'V, donnent CE: CT::CP:CV—= G+J xx — mm xW/ MR A0; ]. Enfin on prouvera de même que (1 + Juu—nint co = uv] uu — mu 1. Donc, &c. T'ÉVÉ OR EME. La différencielle de la quantité gx". (a+-bx")" x (e + fx)" peut fe partager en deux autres de la Jorme Kx°Z'dx (a+ bx") x (e+ fx"), fn —=— rm. DÉMONSTRATION. La différencielle de gx” {a+ bx")" x (e + fx”), eft (nax" TT" dx + nbx" "dx + rmbx" TT 'dx) xg (a+ box (e + fx) +rmfx TT dx .g(a+ x") x (e + fx"), que la fuppofition de — — rm réduit à — rmgax""—" dx (a + bx") ef") + gnf dx (a+ x) (+ fx)", dont la première a Îa forme annoncée. Pour y réduire la sf ae ER m RAS feconde, je fais x” = mr? d'où je tire grmfx”" "2 dx DES SCIENCES. 339 (a il 7" x (e Ep MO — —gK" 2 él dy. (ag + bK). (e2 + fK)"T", ou (en fuppolant Ki) = — mmpae TT du (a + EN x (e+- fg")" de mème forme que la première. Donc, &c. THÉOREM_E. La diférencielle de gx". (a + bx")"x (e + fx°)" peut fe T—1 partager en deux autres de la forme de Kx°— dx (a+ BRJNE x (efx")—", fn——rm. DÉMONSTRATION. La différencielle de gx" (a + bx")" x (e+ fx)" eft races dx + nebe "de na fr de + nb fat dx M VV M Ti A A tt) (ef lp + mrebx dx + mrafs" +" de + amrbfe" "dx TH que h fuppoñition de » = — rm réduit à — rmaex dxg (a = bx”) re (e fx) Pi bre 2. 1) Camus dxg (a+ bx")" "x (e+fx7)"7", dont fa première a la forme annoncée. de Tr ce qui, toute fubflitution & réduction faite, change cette feconde partie en — rmaez""—"'dz. (a+ bg) T'x(e +) de même forme que la première; donc, &c. Pour y réduire la feconde, je fais x” AR = SICHIOTE-T E: Par le premier Problème nous avons trouvé une infmité d'efpaces quarrables ou d'arcs reéifiables, dans les courbes, dont la qüadrature ou la rectification dépend de la quadrature du cercle ou de l’hyperbole, en fuppofant que l'élément de leur quadrature ou reétification puifle fe réduire en fraction rationelle, quant à la partie qui dépend du cércle ou de l'hyperbole. Les Théorèmes que nous venons de démontrer Vuï 340 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE en fournifient aufi une infinité, dans un nombre infini de courbes dont la quadrature ou reéification ne dépend ni de la quadrature du cercle ou de l'hyperbole, ni de la rectification des fections coniques, ou du moins n'y peuvent être réduites par les méthodes jufqu'ici connues. Nous avons fait l'appli- cation des deux premiers à l'ellipfe & à l'hyperbole ; le troi- fième peut auffi s'appliquer à l'hyperbole rapportée à fon fecond axe: nous allons voir maintenant quelques applications du dernier aux arcs reétifiables de paraboles de différens genres. Applications du dernier Théorème. P our donner une idée de l'étendue des formules que nous venons de voir, je prendrai un cas fort fimple & qui renferme néanmoins une infinité de courbes, dans lefquelles on peut géométriquement déterminer une infmité d'arcs rectifiables. Suppofons, 1° r — 1—;%,eb + af —= 0; ce. qui rendra les deux diférencielles précédentes de la forme Laits £ Kx 2" "dx V(1+-hx°"), en forte que, fuivant le Théo- 37 rème précédent, on aura JKx TE dx V(1+ hx°”) + JKz=S"%s dV(l+ kg") =Ax TE" (1 + hxt")* —+ Q, Q étant une conflante. Cr on fait que lorfque 2m +1 eft un multiple de 27m, l'intégrale de x ?"—'dx {14 x") eft compofée d'une fonétion algébrique de x & d’une quantité de la forme Hdx V{1+ hx°7); donc dans cette hypothè'e on aura généralement [Hdx VIH x") + Sd V(l+ hi") =X +0, ÆX marquant une fonction de x. Pour trouver maintenant les courbes dans lefquelles cette équation donne des arcs intégrables, fuppofons donc — +" — 1 — 27m, Étant un nombre entier, on aura 4 —= DE s |JSCREUN cris 341 — 1 — #+3 ; ceft pourquoi fuppofant dx {1 x 41+3 ) — EF, V{(dx° + dy), on aura dy — dx Vlr + x 41 + 3 ). Mais lorfque /— 1, cette dernière équation eft intégrable At+ f & donne y = Mx #°+ 3, {M marquant le coëfficient de x après l'intégration) ; donc il fera toüjours poffible de déter- miner des arcs reclifiables dans toutes les paraboles repréfentées 4t+ 1 par l'équation y — Mx 41+3 , 4 étant un nombre entier, pofitif ou négatif. 2.° Suppofant toûjours 64 + af — o, foit TE Ce qui rend les deux différencielles du Théorème de a forme ) Has a "Ja VIE; ON aura donc, en faifant les mêmes raifonnemens + 4x Le Le Kx727T'ds K7 T2 dy que ci-deffus, re == AYTE VIE hx°7) + Q; & puifque Jorfque? #1 +. r . Kx= 2" dx PÉTREAS eft un multiple de 2m, fe peut réduire à une fonction algébrique de x & à une quantité de la forme H Hdx ds Hdz a A FETES , M) rie = À Q à Hd» OR im Mois re Hdx V(1+-hx — = d(x V(I + 3°"); donc fdx V1 4h") Talk") = X + Q',/ X" marquant une nouvelle fonélion de +; donc en fuivant la même route que ci-deffus, on verra qu'on peut déterminer des arcs rectifiables dans toutes les paraboles dont l'équation eft comprife fous celle-ci, Ch ET J—= Mx#1 #1, 2 étant un nombre entier, pofitif ou négatif. Vuii 342 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE PREMIÈRE REMARQUE. Si on fait en général r —= L, p étant un nombre impair pofitif, on trouvera par un raïfonnement femblable, que l'on - peut déterminer des arcs rectifiables dans toutes les paraboles DU) Le à dont l'équation eft y — Mx + 4+7 . Mais avec un peu d'attention lon verra que cette équation n'eft pas plus générale que les deux que nous avons données ci-deffus; car p étant un nombre impair, E 41 + p left auffi: or, quelle que foit la valeur de = 4t + p, il y aura toüjours un nombre entier à fubftituer à 7, ou dans E 41 + 1, ou dans = 41 + 3, lequel produira le nombre fuppolé repréfenté par E 41 + p. DEUXIÈME REMARQUE. On peut encore parvenir par une autre voie à trouver des quantités différencielles qui n’étant point intégrables par elles- mêmes, le foient néanmoins avec des quantités de même forme 72 2 = cx°” ki qu'elles. Par exemple, foit gx" dx (a + bx $ K a Tr fon fait" — — & K — +, ON aura une difléren- cielle de même funé toutes les fois que # fera —— mp—1, avec cette feule différence qu'elle fera négative ; donc toutes les fois que = — mp —1,0ona Lex dx (a + dx" + 0x D er di(a + br" + cf") — À, (4 étant une conftante). Mais nous avons vü dans le dernier Théorème que p étant = 7—1, la fomme de deux pareilles quantités étoit intégrable, fi l'expofant de x hors du figne étoit — rm—1, Ceft-à-dire — 1p — m——1; donc gx" dx (a + bx" + cx°”)? eff intégrable avec une quantité de même forme, lorfque = — mp — 1, & lorfque # = — MD —— M 1 DE S4 SIC EN CE & 343 TROISIÈME REMARQUE. Enfin la même transformation réuflira encore dans toutes les difiérencielles telles que GX dx (a + EXT + Cr TE PRET rap, . L4 ul toutes les fois que 1 Étant = — 1 — — & Jun nombre entier, on aura a— r, & les coëfficiens pris à diftances égales de a & de rx" égaux entreux. 1 n’y aura pour lors qu'à faire fimplement x — Se : AVERTISSEMENT. Je dois reconnoître ici que les ares d'ellipfe, d'hyperbole & de paraboles de différens genres que j'ai employés pour appl- cations des premier , fecond à quatrième Théorèmes , avoient déja été trouvés par I. le Marquis de Fagnani, par une méthode différente de la mienne. 1 344 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE « SUR LES MOUVEMENS DU CERVEAU. SECOND MÉMOIRE. Sur les mouvemens contre nature de ce vifcère, à fur les organes qui font le principe de [on ation. Par M. LorryY, Docteur en Médecine. E crois avoir démontré dans mon premier Mémoire, que la maffe du Cerveau eft, dans l'état naturel, incapable de mouvement fenfible, & que celui qu'on y a remarqué dans plufieurs circonflances dépend uniquement de l'impul- fion du fang, Cependant c'eft dans ce vifcère qu’eft l'origine de tous les mouvemens du corps; & fans le concours au moins de quel- ques-unes des parties qui le compofent, il eft impofñlible qu'un corps animal exécute pendant quelque temps aucune efpèce de fonctions. La prodigieufe variété des efforts des mufcles, le concours de ces efforts dans toutes les attitudes du corps, tant que l'a- nimal n'eft pas afloupi, les grands obftacles que ces agens font capables de furmonter , dépendent dans leur principe d'une action du cerveau. Mais quoique la force & la vigueur de l'action naturelle des fibres mufculeufes foit affez furprenante par elle-même, celle qui furvient dans les mufcles, contre l'état ordinaire de la Nature, quand le cerveau irrité augmente fon action indé- pendamment de l'impreflion des objets extérieurs, eft plus confidérable & plus incompréhenfible. On a vû fouvent des malades affoiblis par des évacuations réitérées, éprouver des convulfions fi violentes, que la force de plufieurs hommes robuftes ne pouvoit les arrêter, & qu'ils brifoient des liens dont pre s 4 S10 HSE NCE"SO 345 dont tout autre homme qui eût fait des mouvemens raifonnés n'auroit jamais pû fe débarrafler. Dans de violens mouvemens convulfifs, on a vû fouvent la tête portée avec violence em arrière jufqu'au bas des lombes, fans qu'aucun effort humain pôt rétablir l'état de la Nature; on a vü des os fortir hors de leur cavité, malgré la force des ligamens qui les y retenoient, Le cerveau ne peut produire ces mouvemens, fans avoir lui- mème aucune efpèce de mouvement. Un corps ne peut agir fur un autre corps, fans mouvement. D'un autre côté, les impreflions promptes & vives que produifent fur le cerveau les objets extérieurs, & les mou- vemens précipités qui fuivent leurs impreflions, fuppofent auffi un ébranlement dans quelques fibres du cerveau. La différence qui eft f marquée entre la fenfation qu'excite l'action légère d'un corps doux & poli, &.la vive douleur qui fuit l'action d’un corps irritant & perçant, capable de tirer du plus profond afloupifiement, fuppofe aufi=néceffairement une différence entre ces ébranlemens. Mes En voilà certainement affez pour nous engager à recher- cher fi dans les plus vives douleurs, fi dans les mouvemens les plus forts, on peut apercevoir au moins quelque trace du mou- vement qui s'excite alors néceflairement dans le cerveau. Mais, pour ne pas faire des recherches infruétueufes, il- faut avant tout faire attention que toutle cerveau n'eft pas également lorgane du fentiment & du mouvement. Des parties qui le compofent, plufieurs n'ont qu'un emploi fubal- terne, & concourent à l'aétion des autres en les mettant en état de recevoir les impreflions extérieures & de tranfinettre les mouvemens. | | De plus, ces mouvemens ne:font pas d'une feule éfpèce, les Auteurs les ont diftingués à raifon de leurs ufages : c'eft une diftinétion reçûe avec raifon dans les écoles; mais, dans le plan que nous nous propofons iei, nous en remarquerons principalement deux efpèces.. Les uns conflituent le principe eflentiel de laivie; & font par conféquent d'une néceflité - indifpenfable; tels font les mouvemens:du cœur & celui de Jav, érang. Tome 111. X x 346 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE h refpiration: les autres ne font produits dans l'animal que ax Ja préfence d’une caufe qui peut {e trouver, ou qui peut être abfente, fans la deftruction de la vie; télleeft, ou la volonté, où l'action d'un ffmulus étranger. Ces mouvemens’ confii- tuent les fonctions animales & naturelles. : Le cerveau lui-même peut être divifé en trois parties prin- cipales ;/la- plus confidérable conflitue Jes grands lobes du cerveau; une partie plus ferme, plus denfe, mais compofée de même en partie de fubftance corticale, en partie de fub- flance médullaire, & fituée inférieurement & poftérieurement, conftitue ce que les Anciens ont appelé petit cerveau, & ce que nous appelons cerveler. | : Sous ces deux parties, & même formé de leur fubftance, eft un corps médullaire dans lequel on aperçoit à peine quelques ftries corticales , qui paroît en être comme le réfultat, &ciqu'on appelle moëlle alongée : cette partie eft chargée de différentes éminences & de cavités que laiffent entrelles ces éminences, & qui peuvent avoir des ufages myftérieux, mais fur lefquels la Nature a étendu un voile épais que les yeux dés hommes n'ont pû percer jufqu’à préfent. Nous n’entrerons pas dans Pexamen de ces diflérentes parties. La moëlle alongée, tant .qu'elleeft daris le cerveau, n'a pas de fubftance corticale régulièrement: arrangée ; à l'intérieur de cette même moëlle, quan elle entre dans le canal des vertèbres, la fubftance. corticale fe reproduit &' l'accompagne jufqu'à la fin des ver- ièbres des ombes, 1 Les Auteurs ont attribué des ufages tout diflérens à cestrois parties : le cervéau&c le cervelet Jeur ont paru, avec raifon, être l'origine de la moëlle de Fépine; mais le cervelet ; plus dur, plus denfe, défendu pr la Nature avec plus d'appareil de l'impreffion des caufes extérieures, leur a paru plus propre à être l'origine des fonctions vitales, moins fujettes aux varia- tions, & dont les variations feroient d’une conféquence plus dingéreufe. 10 ani ele: y Pour le cerveau, dont I mañle plus volumineufe eft par conféquent plus expofée dans toute {à grandeur, dont le tiflu \ : « D'E s: S CASE NrcuEvS. 347 eft moins ferme & moins capable de réfiftance, on Ta regardé, ou en tout, ou en partie, comme l'origine des fonctions animales, dont les dérangemens font plus variés & plus ordi- naires. Les organes des fonétions naturelles fe rapportent, dit-on, les uns aux fonétions vitales, les autres aux animales ; ils ont des nerfs qui viennent, & du cervelet, & du cerveau. Dans ce fyflème, le cervelet ne peut produire, quand il eft fé, qu'une mort fubite; c'eft à la léfion du cerveau que doivent fe rapporter tous ces effets prodigieux, tous ces phé- nomènes inexplicables , qui accompagnent le dérangement des fonctions animales. * On peut fe difpenfer de rapporter les autorités qui éta- bliflent ce fentiment; il eft univerfel, & il femble qu'il y ait une efpèce de témérité à vouloir examiner les fondemens fur lefquels il eft appuyé. Cependant les Anciens avoient des idées moins fubtiles; ils croyoient en général que la fubftance du cervelet ayant plus de denfité & de dureté, produifoit feulement des nerfs plus durs & plus folides, & Galien à dit uniquement qu'il lui paroifloit que les nerfs les plus mous étoient ceux qui étoient plus propres au fentiment, & que ceux qui étoient plus durs étoient plus en état d'être les organes du mouvement. Au refte, fur la nature des efprits animaux, il doutoit s'ils étoient corporels, ou s'ils ne l’étoient pas, & il paroït même avoir puifé ce doute dans les Ecrits d'Hippocrate, qui affecte à toute occafion de diftinguer les efprits des humeurs & des folides. H eft inutile de rapporter ici les différentes gradations par lefquelles on eft parvenu à admettre la diftinétion des ufages du cerveau & du cervelet. Le premier qui en ait parlé diftinétement eft Guillaume de Salicet, Auteur qui vivoit dans le treizième fiècle: ceft lui qui le premier a diftingué les nerfs, en nerfs qui fervent aux ufages de la volonté, & nerfs qui fergent aux mouvemens vitaux & fpontanés : il a fait partir ces derniers du cervelet; les premiers, fuivant lui, viennent du cerveau. Au refte, Willis eft parmi les modernes celui qui a renouvelé ce fyflème; ceft l'idée de cet Auteur Xx i , 348 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE qui a été généralement recüe par rapport aux ufages du cer- veau & du cervelet; cependant les Anatomifles n'en font pas moins convenus entreux de la véritable origine des nerfs. Riolan avoit déjà prononcé, avant que Willis parût, qu'ils tiroient tous, ou médiatement, ou immédiatement, leur origine de la moëlle alongée; aufli l'opinion de Willis n'avoit-elle pas d’abord obtenu l'unanimité de fuffrage qu'elle a eue depuis: Bartholin la combattue dans fa naïflance, & il regarde le cerveau & le cervelet ranguam œmoquats medullæ oblongate. Un témoignage plus refpe‘table s'eft réuni pour la faire recevoir, c'eft celui de l'expérience. Perrault, Vieuflens, dont Yautorité doit être d'un grand poids dans ces matières, Bohnius, Bergerus & Boerhaave nous aflurent que fi fon détruit les fonétions du cerveau, il ne s'enfuit qu'une efpèce d’aflou- piffement & d’inaétion dans-toutes les parties dont le mou- vement eft volontaire; la moindre léfion du cervelet produit au contraire une mort fubite. Mais, quelque caractère de vrai-femblance que porte avec elle cette opinion reçüe des Anatomiftes aujourd'hui, jai cru, ayant intention de fonder [a fource des mouvemens contre nature de ces parties, pouvoir la foûmettre à de nou- velles obfervations: ces obfervations font même néceffai- rement préalables à tout ce que l'on peut faire de recherches fur les mouvemens contre nature du cerveau. Je vais donc rapporter ce que j'ai vü fur les animaux vivans, & chercher dans leur cerveau la fource du fentiment & du mouvement. Au refte, les léfions évidentes du fentiment & du mouvement peuvent fe rapporter à l'afloupiflement, qui n’eft autre chofe que la ceflation du fentiment & du mouvement volontaire; à la mort fubite, qui eft la ceflation prompte & totale des mouvemens vitaux, qui entraine avec elle par une néceffité méchanique la ceffation de toute autre fonction; aux convul- fions, qui ne font autre chofe qu'un mouvement defordonné dépendant de Firritation du principe-du mouvement dans le cerveau; au délire enfin, qui ne dépend, à ce que je penfe, D'E SV SYSME N CE 349 que de fenfations contre nature, occafionnées par le chan- gement qui fe fait dans le cerveau, changement pareil à celui: qu'y éxciteroit l'action régulière des objets extérieurs; mais ce dernier dérangement ne peut fe reconnoître dans les brutes par aucun figne extérieur, ainfr nous ne pouvons pas l'exciter fenfiblement. Pour parvenir donc à connoître la fource du fentiment & du mouvement, nous allons examiner par ordre quelles font les caufes capñbles d’exciter un affou- piflement contre nature, quelles font celles qui peuvent produire une mort fubite, & enfin quel eft l'organe dans le cerveau capable de produire cette prodigieufe variété de mouvemens convulfifs. L'afloupiflement n’eft autre chofe que fa ceflation totale des fonctions animales, & Île fommeil qui arrive aux ani- maux par des caufes violentes & contre nature, ne difière du fommeil tranquille & paifible qu'en ce qu'il eft produit par une caufe contre nature. Prefque tous les Auteurs ont unanimement attribué ce fommeil à la compreffion du cer- veu: on a trouvé fouvent un épanchement de fang, de pus, d’autres matières, accompagné d’afloupiffement ; on s'eft hâté d'en conclure que c'étoit la compreffion que ces matières occafionnoient qui produifoit le fommeil des apo- plectiques : on a été plusloin, on à imaginé une compref. fion périodique & naturelle, qui revenant tous les jours à une’ heure marquée, forçoit les hommes à dormir après un temps déterminé de veilles. Mais quand on examine de près cette théorie fi univerfellement recüe, & qu'on 11 compare avec les faits qui fuivent, qui accompagnent ou qui précèdent le fommeil, il eft impoflible de la faire quadrer avec tous ces phénomènes, ou de trouver des caufes réelles qui puiffent déterminer cette compreffion. M. Schlichting, dont j'ai déjà parlé dans mon premier Mémoire, eft, je crois, le premier qui ait ofé prononcer que la compreflion du cerveau ne produit pas d'afloupiffement fubit: il ne a dit qu'en conféquence-d'un efpace qu'il ad- mettoit entre le cerveau & la dure-mère; mais cet efpace ‘ X x iij 350 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L’'ACADÉMIE n'exifte ni dans l'homme, ni dans les quadrupèdes, ni dans les oifeaux, il ne fe trouve tout au plus que dans quelques efpèces de poiflons: fa réflexion tombe donc d'elle-même, fr l'expérience la plus conftante ne fert à la vérifier; c'eft ce que j'ai fait avec toute l'exactitude dont je fuis capable, & dans le plus de circonflances que j'ai pü. J'ai pris un chien adulte, d'une groffeur médiocre, & ayant ouvert fon crâne dans'une portion aflez peu étendue vers l'endroit où fe termine los frontal dass ces animaux, j'ai comprimé-le cerveau vers fa partie antérieure; une preflion légère n’excitoit aucun fymptome dans cet animal ; une pref fion plus forte lui excitoit un fentiment de douleur très-vif, qu'il exprimoit par des efforts pour crier & pour rompre les liens qui le tenoient attaché. J'ai continué pendant quelque temps la preflion, augmentant petit-à-petit la force que j'employois pour comprimer le cerveau. Pendant-tout le temps que la preflion continua, le chien pouffa continuel- lement des cris douloureux & fit de nouveaux eflorts pour fe fauver ; il s'en faut de beaucoup qu'il parût la moindre marque d'afloupifiement. Je portai la compreflion fur les parties latérales du cerveau, efpérant par ce moyen exciter, non pas un afloupiffement complet, mais du moins la para- lyfie d'un côté, qui eft, pour ainfi dire, un afloupiffement particulier à la partie qui répond à la portion du cerveau qui eft comprimée : cependant cette compreflion particulière excita de même un fentiment qui fembloit fe rapporter à Ia douleur, qui faifoit crier l'animal ; mais quoique le cerveau füt bien exactement comprimé, les membres de lun & de fautre côté du corps fentoient également les üritations que Jy portois avec la pointe du fcalpel. Je ne pus pas mieux réuffir à exciter l'afloupiffement, en preffant la partie fupé- rieure du cerveau recouvert de la dure - mère, à l'endroit où eft placé le corps calleux ; quelque forte preffion que j'ex- citafle à cet endroit, je produifois toüjours le méme phé- nomène, des eflorts pour crier & pour fe délivrer, ce qui eft fort éloigné de laffoupiffement. Enfin j'éprouvai là même : DES SCIENCES. 351 chofe fur les parties poftérieures du cerveau, & jamais je n'eus autre fymptome dans cet animal que ceux que je viens de rapporter. J'ai répété la même expérience fur des animaux dans tous les âges, fur des chiens, des chats, des lapins & des pigeons, mais toûjours avec aufr peu de fuccès pour produire laffou- * piflement, & n'excitant dans ces animaux que des cris dou- loureux.& des efforts pour fe débarraffer des mains ou des liens qui les retenoient. Je ne puis pas rendre compte de ce qui { pañloit dans les fens intérieurs de ces brutes pendant le temps de ces expériences, mais Je vais rapporter ce que j'ai obfervé évidemment dans chacun d'eux. Leurs yeux étoient fort ouverts, & ils les ouvroient encore davantage dans le temps qu'ils faifoient des efforts pour crier & qu'on leur comprimoit le cerveau. C'eft un fymptome ordinaire d'une vive douleur, mais il n’y avoit rien de con- vulfif dans ce mouvement; ils les fermoient à approche de quelque objet, preuve fenfible que le fentiment des yeux n'étoit pas altéré. y Le premier fymptome de la compreffion étoit un treflail- lement général de tout le corps: on ne doit pas regarder ce treffaillement comme convulfif, il accompagne toutes les fortes douleurs; il ne duroit qu'un moment, & ïl étoit bien-1ôt fuivi de mouvemens qui fe rapportoient à l'état aétuel de l'animal. Soit qu'en comprimant da partie droite du cerveau j'irritaffe les membres du côté droit, foit que je les irritafle du côté gauche, ils étoient également fenfibles ; preuve qu'il n’y avoit ni afloupiflement, ni paralyfie dans aucune partie. Outre cela, j'ai toujours remarqué que les eflorts que les animaux faifoient pour crier, oules cris qu'ils jetoient efle&i- vement, étoient beaucoup moins vifs, quelqu'effort qu'on fit pour comprimer la partié antérieure des lobes du cerveau, que quand on portoit la preflion ou fur la partie poftérieure, ou même furda partie fupérieure; la partie poftérieure eft fur- tout extrémement fenfible, & l'animal jette de grands cris toutes les fois qu'on la comprime, 352 MÉMOIRES PRÉSENTÉS AL'ACADÉMIE Ces fymptomes douloureux doivent paroître d'autant plus finguliers, que la fubflance du cerveau même eft abfolument in{enfible : j'ai fait fouvent différentes tentatives pour irriter, & fa fubftance corticale, & fa fubftance méduilaire, foit avec des liqueurs iritantes, foit avec des inftrumens tranchans ou contondans, mais inutilement. M. Geoflroi, de l'Académie des Sciences, qui m'a fait l'honneur de vouloir bien contri-* buer à mes expériences, a vü comme moi de l'eau feconde mile fur le cerveau d'un pigeon, changer & la couleur du fang & la fubftance du cerveau fans y exciter la moindre im- preflion de douleur, fans même que l'animal parût en avoir la moindre fenfation. Cependant je ne crus pas avoir atteint les bornes de mes recherches; je m'imaginai que fans doute une compreflion partielle pouvoit ne pas produire les mêmes eflets que la compreffion univerfelle des lobes du cerveau. Je découvris donc dans un chat nouveau né toute l'étendue des lobes du cerveau, cé qui m'eût été très-difhcile dans un animal plus âgé à caufe du fang qui fe perd abondamment dans ces grandes ouvertures ; & quand j'eus étanché le fang autant que je pus, je comprimai le cerveau dans toute fon étendue; mais je fus aufli peu content du fuccès de cette expérience par rapport à l'afloupiflement, que je l'avois été jufque-là : l'animal dont je comprimois le cerveau fit des eflorts pour fe débarrafièr & pour crier; mais quoique je continuafle {a preffion, bien loin de montrer quelque proclivité au fommeil, il fembloit que la fenfation vive qu’il éprouvoit tendoit au contraire à le réveiller davantage que les douleurs qu’il avoit éprouvées juf- qu'à ce moment. J'augmentai la compreffion générale, & je Y'augmentai en particulier en comprimant fucceffivement avec mes doigts toutes les parties de ces lobes les unes après les autres, de forte que, outre la compreffion totale, j'en failois encore fentir une particulière & fucceflive : les douleurs qui étoient plus confidérables excitoient dans l'animal de nouveaux ais, mais il ne parut jamais afloupi. Après des tentatives fi diverfifiées, j'étois prefque en droit de DES SCIENCES: 353 de conclurre que quelque compreflion qu'on excite fur les lobes du cerveau, on ne peut jamais produire d'afloupiffement, Cependant, ayant réfléchi fur le nombre prefqu'infini des oblervations que l'on retrouve dans les Auteurs, de ces efpèces d'afloupiffemens caufés, à ce qu'il paroiïfoit à l'ouverture des cadavres, par la compreflion du fang ou des liqueurs épan- chées fur ces lobes, je réfolus d'éprouver fi la compreffion que produit un liquide exciteroit quelqu'effet différent. En effet, cette compreflion eft néceflairement, & plus exacte, & plus égale que celle que j'avois pû produire, foit avec mes doigts, foit avec d’autres inftrumens: & de tous les liquides l'eau étant le plus ténu & le plus propre à pénétrer bien avant, ce fut l'eau que jemployai pour cette expérience, Je pris donc un chat adulte, & ayant fait une ouverture très- étroite au crâne, ayant aufli percé la dure- mère, j'infinuai un tuyau propre à injecter entre la dure-mère & le cerveau, je luttai exactement les bords du tuyau fur fa partie exté- - rieure du crâne, & je foufai fur cette partie une très-grande quantité d'eau tiède. L'eau eut d'abord bien de la peine à pénétrer, mais à la fin j'en infinuai une afiez grande quan- tité. L'effet de cette comprefion fut le même que j'avois vû dans toutes les autres expériences : je remarquai cependant quelque chofe de nouveau, ce fut une fréquence-extraordi- naire dans la refpiration ; le cœur battoit de même très -vio- lemment, en forte que ce chat paroifloit'avoir une fièvre confidérable; & alors, quoique cet animal fût adulte & parût même âgé, j'aperçus vifiblement dans l'eau qui furnageoit fon cerveau, le mouvement infpiratoire & expiratoire, que je n'avois jamais vû dans les animaux adultes, & que je fis remarquer à M.° Geoffroi, l'un fils & l'autre neveu de M. Geoffroi, de l'Académie royale des Sciences, qui me faifoient l'honneur d'aflifter à ces expériences : j'ai répété cette expé- rience fur des lapins & fur d’autres efpèces d'animaux avec le même fuccès. J'ofe donc conclurre que la compreffion du cer- veau feul, produite par l'action d’un liquide extravafé, quelque forte qu'on la fuppofe, ne produira jannis F'affoupiffement, Jar. étrang. Tome 111. *Yy 354 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE tant que ces liquides extravafés n'agiront que fur le cerveau feul, & que leur action ne pénétrera pas plus avant. L'expé- rience même a prouvé plus d’une fois, que des liquides extravafés à l'abri de l’action de l'air néceflaire pour la patré- faction, peuvent fe reforber petit-à-petit, fur - tout dans une chaleur modérée telle qu'eft celle du cerveau, & ainfi la compreflion devroit diminuer de plus en plus. Au refte, je n'ai pas intention d’accufer, ou d’ignorance, ou de mauvaile foi, les Auteurs qui ont cru remarquer des affoupiffemens produits par les extravafations de liquides fur le cerveau : il eft difficile de ne pas fe laiffer féduire; les obfervations qu'on en rapporte font en trop grand nombre pour qu'on puifle y porter la moindre atteinte. Mais il faut obferver en général, que la plufpart des conclufions qu'on déduit d'après les cas contre nature, & fur-tout d'après l'ouverture des cadavres, doivent être regardées comme fufpectes d'erreurs ; car il n'eft pas poflible de voir au jufle quelles ont été les bornes da dérangement des fonétions qui a produit les fymptomes qui ont précédé la mort, & certainement cette erreur eft plus excufable dans tous les cas qui appartiennent au cerveau. En effet la Nature a répandu une obfcurité fi profonde {ur les fonctions de ce vifcère important, qu'il eft difficile que dans les expériences mêmes qu'on fait ex profeffo fur des animaux fains & vivans, dans la feule vûe de découvrir la vérité, il ne fe glifle quelqu'erreur, même avec Fattention la plus fcrupuleule. Avant que de prononcer en général que le fommeil ne dépend point de laétion des deux grands Jobes du cerveau, me refloit encore quelques expériences à faire. Je voulus m'aflurer fi un épanchement de fang excité dans Ja fubftanée du cerveau, produifant un intervalle entre fes fibres, peut procurer l'afloupiflement par la compreffion qu'il occafionne. Pour m'en convaincre, J'ai percé fucceflivement avec une longue aiguille le cerveau de plufieurs pigeons forts & vigou- reux ; mais tant que je n'ai percé que la fubftance même du cerveau, quoique je le perçafle de part en part, quoique D'E sd SUC'E NL ele EM TE $ j'occafionnaffe des épanchemens évidens dans fa fubftance, & que je les retrouvaffe bien diftinétement dans {a diffedtion que je faifois de leurs têtes, les animaux ne s'en apercevoient que par la douleur évidente que leur caufe Ia piqûre de Ja dure-mère, & par celle qu'elle feur caufe eneore quand f'ai- guille pénètre jufqu'à la bafe du crâne. Au fürplus, j'ai vû plufieurs de ces animaux dans fefquels j'avois produit des épanchemens dans le cerveau même, donner toutes les mar- ques d'une fanté parfaite, voler fortement, entraîner des obftacles auxquels je les tenois attachés, en un mot pendant plus de trois quarts d'heure ne donner aucune marque d'af- foupiflement. - Enfn, la théorie du fommeil reçüe dans les écoles fup- pofant une augmentation. de calibre dans les vaifleaux , aug- mentation périodique & capable, par fa compreffion qu'elle occafionne, de produire l'afloupiffement, je voulus en dernier Jieu foûmettre cette opinion à l'expérience, quoiqu'elle ne mérite d'ailleurs prefque d'attention que parce qu'elle a été admife généralement, & qu'aucun Anatomifte ne s’eft élevé contr'elle. Il eft vrai, qu'après de grands repas, quand le bas- ventre fort gonflé détermine plus de fang à la tête, on fent un plus grand penchant à l'afloupiflement, on le fent aufir dans le cas de pléthore; mais bien d'autres phénomènes s’op- polent à ce qu'on ne l'attribue au gonflement du cerveau. En un mot, pour éprouver fi cette compreflion contribuoit au fommeil, j'ai fait deux expériences : le fujet de la première fut un chien adulte, je lui faifis les veines jugulaires & je les pinçai avec le doigt, mais au lieu d'affoupiflement je lui pro- curai une foibleffe qui alloit bien - tôt Je conduire à la mort après que fes yeux eurent été fort rougis & fa refpiration fort génée, ce qui me força à le détacher & à ne pas füivre plus loin cette expérience. La feconde que je tentai, tendoit à examiner les effets du fommeil dans un animal afloupi, ou du moins qui approchoit de lafloupiflement. Nous primes un chien d'une taille aflez petite, mais qui paroïfloit fort âgé, nous lui fimes avaler à différentes fois la Yyi 356 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Yaleur d'une trentaine de grains d'opium; nous l'attachames avec une corde aflez longue. Peu de temps après, il nous parut d'abord moins gai & moins vif, ayant des efpèces de trem- blemens, cherchant par- tout une fituation commode . &c n'en trouvant point, ce qui conftitue un fymptome que les Médecins appellent anxiété. Bien-tôt les tremblemens augmen- tèrent , il avoit les yeux chargés & appéfantis, les oreilles bafies & la queue ferrée entre les jambes ; il baifoit de temps en temps les paupières, vacilloit, & le train de derrière pa- roifloit fur-tout comme engourdi; fà tête tomboit, mais il fa relevoit promptement , enfin il fe hifioit tomber de temps en temps: quand on f'agaçoit, fon afloupiflement paroifloit fe diffiper. Enfin, quand il fut tombé plufieurs fois comme prèt à s'afloupir, nous le primes pour lui diféquer la tête en cet état. Un fymptome plus fingulier dont il fat atteint depuis le commencement de la prodivité qu'il avoit au fommeil jufqu'au temps où nous le difléquames, ce fat une quantité prodisieufe d’écume vifqueufe & tenace qui pendoit de fa gueule & qui fe renouveloit continuellement, à quelque caufe qu'on veuille attribuer cet écoulement, dont nous ne parlons ici qu'en pañlant : nous le liames fur le ventre, & quoiqu'il eût fait affez d'efforts pour fe dégager, il ne tomba pas moins dans un afloupiffement parfait au milieu des douleurs de l'ou- verture du crâne. Alors ma première attention fut d'examiner l'état où fe trouvoit la tête, & de chercher les traces de la compreflion qu'on prétendoit capable de caufer ce fommeil ; mais nous n'en pumes découvrir aucune. Si les vaifleaux étoient gonflés, c'étoit très - infenfiblement, & de façon qu'on peut fuppofer de pareils gonflemens infenfibles dans l'état naturel, fans que pour cela on doive y admettre le fommeil. Aurefte, cet animal n'étoit pas moins en état qu'un autre d’avoir des convulfions, de fentir même très - vivement la compreffion du cerveau, & d'éprouver en un mot tous les autres fymptomes que les animaux ont efluyés dans mes expériences, dont je rendrai compte chacune dans leur ordre. De la tête je paflai à l'eflomac du chien, pour examiner - DES SCIE N CES. + quelle étoit l'impreffion vifible de l'opium fur les membranes de Teffomac ; mais quoique nous trouvaflions encore de lopium flottant dans l'eflomac de cet animal, mêlé avec des alimens à demi digérés, je ne vis rien de gonflé ni d'irrité dans ce vifcère, pas plus de relchement qu'à l'ordinaire, pas moins de fenfibilité apparente; en un mot, tout étoit dans l'état ordinaire, à l'exception du penchant à l'affoupiffément, qui étoit bien remarquable. Cette oblervation peut {ervir à confirmer la vérité du fentiment de ceux qui prétendent qu'on ne doit pas chercher la caufe de l'aétion de l'opium, ni dans fon action évidente {ur les folides, ni dans fon opéra- tion fur les Auides, mais qu'il agit uniquement fur da partie fenfible du corps animal, c'eft-à-dire, fur les nerfs; mais je rélerve à d'autres temps les expériences que j'ai faites fur cet article. Tous les faits que je viens de rapporter tendent à nous faire conclurre que c'eft en vain qu'on cherchera dans les grands lobes du cerveau la caufe de l'affoupiffement, & en effet on conviendra qu'on ne peut l'y trouver, fur-tout quand on aura répété l'expérience de Vieuflens, & qu'on l'aura trouvée plu- fieurs fois fans réuffite: cette expérience confifte à enlever par tranches les grands lobes du cerveau, alors, dit cet Auteur, l'animal tombe en afloupifiement. Je puis afurer pofitivement le contraire ; j'ai répété plufeurs fois cette même expérience {ur différentes. efpèces d'animaux, & jamais il ne s'en .eft fuivi dans l'animal aucuns autres fymptomes que ceux qui dépendoient, & du fang qu'ils avoient perdu, & des douleurs qu'ils avoient éprouvées. J'ai réduit dans plufieurs animaux ces lobes du cerveau en une pure bouillie, détruifant par. - là toute organifation dans cette maïle, & jamais je n'ai pü ob- tenir aucun autre eflet. J'ai fait cette même expérience für un pigeon; ces animaux perdent moins de fang, parce que le crane ne contient que deux lames offeufes très-minces & un diploé très-fin, & que le volume de {a tête eft très-petit par rapport au refle du corps; après plus d'une demi-heure, l'animal marçhoit, senvoloit & paroifloit affez fain. La feule Y y ii \ 353 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE conclufion que je prétends déduire de toutes ces expériences, c'eft qu'il et impoffible de retrouver la caufe du fommeil dans aucune des parties contenues dans l'étendue des deux grands lobes du cerveau. Le corps calleux ne m'a pas paru plus propre qu'aucune autre partie du cerveau à produire l'afloupiflement; je V'aï détruit & je l'ai emporté en particulier & avec les'autres parties du cerveau, quand j'ai emporté ce qui conititue les deux grands lobes, fans éprouver aucun pareil fymptome: d’ailleurs , le corps calleux n'exifte pas dans les pigeons ni dans es oifeaux, dans lefquels les fonétions animales paroiflent fuivre les mêmes loix que dans les autres animaux. Quelle eft donc la fource de Fafloupiflement? quelle ef dans le cerveau la partie qui, fi-tôt que fon ation cefle, fait cefler l'exercice du mouvement volontaire & du fentiment. Je vais rapporter fimplement ce que j'ai obfervé, fans ofer ce- pendant déduire des conclufions générales dans une matière fi délicate & qui exige fans doute plus de lumières que je n'en äi. Je preflois un jour latéralement & aflez fort le cervelet d'un chien gros & adulte, le hafard me fit voir tout d'un coup ce chien tomber & ronfler très-fort & très-notablement : dans mon étonnement, je lui lâchai ce vifcère, il fut réveillé au mème inftant & fit des efforts pour crier. Je repris le cervelet de la même manière, il fe rendormit: je recom- mençai cette expérience plufieurs fois, jufqu'à ce que tout d'un coup une compréffion encore plus forte lui excita des convulfions. Je repris un autre chien pour réitérer la même expérience, mais ayant voulu fcier le crâne à l'endroit du cervelet même, je fus inondé du fang qui venoit des mufcles accipitaux, & plus encore par la rupture d'un des gros finus latéraux: auffr, bien loin de pouvoir procurer lafloupiflement, je ne pro- duifis que des convulfions par l'épanchement du fang dans la moëlle de l'épine. Il faut donc bien prendre garde com- ment on arrive au cervelet, car en général J'ai trouvé dans DES SCIENCES. | 359 les animaux que j'ai foûmis à l'examen anatomique, que lés forces qui produifent des convulfions font. beaucoup .plüs actives que celles qui produifent lafloupiffement: quelque foibleffe qu'ait un fujet, on peut toüjours lui exciter des convulfions les plus vives ; mais quand l'animal eft parvenu à une certaine foiblefle, on ne peut plus fui procurer un afloupiffement complet, ce qu'il eft aifé de remarquer fur les animaux que nous foûmettons à nos expériences, & ce que la Médecine obferve auffi dans les hommes épuifés par des évacuations réitérées, qui ne peuvent plus dormir. La facilité qu'on peut avoir pour parvenir au cervelet des jeunes ani- maux, & la grofieur de tout ce qui appartient à leur cerveau, donne plus ,de commodité à tenter ces expériences. J'ai donc pris un jeune chat, & ouvrant le crâne un peu au deflus du cervelet, je lui ai procuré un aMoupiflement fubit qui le ren- verfa fur fe côté & qui lui occafionna un ronflement très- marqué; mais voulant augmenter trop fert la compreffion, je le réveillai avec convulfion. Une troifième fois je pris un chat, & ayant procuré entre la première veitèbre & locciput un paflage à un tuyau re- courbé, de façon que la partie convexe du tuyau fût tournée du côté des os du crâne; je comprimai le cervelet, l'animal fut afloupi; je tournai mon tuyau de façon que la pointe portât fur Ja moëlle de l'épine, l'animal fe réveilla avec convulfion ; je le pouflai de nouveau vers le cervelet, il fe rendormit & ronfla de nouveau: je procurai plufieurs fois de fuite cette alternative, & après avoir fini cette expérience, je remarquai quel'animal étoit encore prefque afloupi, qu'il ne fentoit pas les irritations légères, mais-que quand elles étoient plus fortes, il retiroit évidemment le membre irrité ; fà ref- piration étoit à peu- près naturelle, ,&-quoiqu'il parût affaiffé, il étoit fufceptible des plus violentes convulfions. Je ne parlerai pas ici en détail d'une très-grande quantité d'expériences infruétueufes que j'ai faites fur cet article, jé crois pourtant devoir en avertir, pour qu'on ne fe méprenne pas quand on voudra tenter: des expériences femblables, Toutes 360 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE les fois qué j'ai trop endommagé les parties voifines & que Jai produit trop de foibleffe, je n'ai pas pü réuflir; d’ailleurs le cervelet eft plus petit dans certains animaux que dans d’autres ,& quand on ne le voit pas, on croit quelquefois être: fur le cervelet, & l'on n'eft que fur la partie poftérieure du cerveau. Aux difficultés naturelles de parvenir jufqu’au cer- vélet, il s’en joint encore une autre dans les chiens; le cervelet de ces animaux eft recouvert dans prefque toute fa largeur d’une longue épine offeufe: Enfin, dans les expériences on trouve fouvent des animaux qui meurent prefque fubitement, d'autres qui réfiftent aux expériences les plus meurtrières, foit que cette différence vienne de l'adminiftration anato- mique, foit qu'elle vienne de la conflitution naturelle de F'ani- mal même. Mais l'efpèce d'animaux fur laquelle les expé- riencés m'ont le mieux réuffr, ce font les pigeons; il eft plus aifé de parvenir au cervelét, & il fort davantage de la caiffe offeufe du crâne. J'ai produit de même, en comprimant le cervelet de plufieurs pigeons, un afloupiflement paflager: il eft vrai que par les piqüres & la coupure du cervelet je mai jamais pû produire d'afloupiffemens, mais j'ai produit des paralyfies de fa moitié du corps, accompagnées à la vérité de différens fymptomes qui me font différer d'en rendre compte actuellement. Enfin, ayant pris un pigeon, j'ai comprimé le cervelet, & ayant infinué deffus un petit globe de papier, je le laiflai attaché par la patte & je fortis. J'avois laifé le pigeon couché & comme apoplectique; pendant que j'étois abfent, le papier étant échappé, je retrouvai l'animal levé, mais comme en ftupeur ; & malgré le bruit que nous fimes, M. Geoffroi le Médecin & moi, en ouvrant une porte, ïl ne faifoit aucun effort pour s'échapper. Ê Ces expériences doivent certainement jeter beaucoup de lumières fur la théorie du fommeil & fur celle de l'affou- piflement, mais jufqu'ici je n'en déduirai aucune condlufion, car j'ai encore quelques ‘expériences à propoler, qui fourniront de nouvelles lumières fur cette matière; je remarquerai feu- . ement que l'on doit déjà exclurre la maffe du cerveau d'entre les DES ScrIrNcESs 361 les organes du fommeil & de l'affoupiffement. M. Boerhaave, qui a toûjours cherché à fonder fa théorie uniquement fur l'expérience , a fait valoir, pour expliquer la caufe méchanique du fommeil, une obfervation rapportée dans les Mémoires de l'Académie. Un homme qui avoit une petite partie du crâne emportée, laïfloit toucher fon cerveau pour de l'argent : fi-tôt qu'on le comprimoit, dit l'Hiflorien de l'Académie, il fe plaignoit qu'on lui faïloit voir mille chandelles. M. Boerhaave rapporte ce fymptome à la vertigo tenebricofa, qui, fuivant lui, eft un commencement d'apoplexie, & il conclut qu'en ap- puyant davantage on eût produit le fommeil. Cependant je crois qu'il eft impoffible de comprimer le cerveau fans preffer en quelques points & fans déranger tant foit peu l'origine des nerfs: or, files nerfs font un peu dérangés dans leur origine, il doit s’enfuivre quelques fymptomes extraordinaires. Je ferois fort porté à croire que c’eft par ce mouvement qu'on donne _aux nerfs, qu'on fait crier les animaux dont on comprime le cerveau, car fa fubftance eft par elle - même tout - à- fait in- fenfble ; d'ailleurs 1e moindre mouvement qu'on donne aux nerfs optiques eft fort capable de produire de pareils feux qui paroiffent fortir des yeux; bien des gens y font fujets quand ils éternuent. Malpighi, qui avoit remarqué ce fait fur lui- même & qui l'avoit vû arriver dans les battemens fréquens de cœur auxquels il étoit fujet, l'attribuoit à la feule fecoufle que produifoit dans le cerveau l'inégalité du battement des artères, & au dérangement pañfager qui fuivoit de-là natu- rellement dans les nerfs optiques. Ainfi je ne crois pas qu'on puiffe abfolument déduire du fait dont je viens de parler, es mêmes conclufions que M. Boerhaave: ajoûtons à cela qu'un relächement périodique de fibres, toüjours par elles-mêmes extrêmement fouples & flexibles, ne peut guère procurer un abord plus confidérable du fang au cerveau, & produire par-fà un renouvellement d'efprits capable de faire fuccéder la veille au fommeil. | Ces expériences fur le cervelet. m'ont acheminé naturel- lement à la feconde queftion que j'avois à examiner dans ce Say. étrang, Tome LIL ; 08 362 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Mémoire : Quelle eff, dans la caiffe offeufe du cerveau, l'organe propre à produire une mort fubite ! Cette queftion eft natu- rellement liée avec la première, puifqu'il ne s’agit dans l'une & dans l'autre que d'une ceflation de mouvement. L’opi. nion reçüe des Auteurs fur cet article eft, qu'aucun animal ne peut fublifter un feul moment en vie fans l'action du cer: velét, qué par conféquent toutes bleflures du cervelet font mortelles. De-là { déduifent tout naturellement les précau- tions exceffives que la Nature femble avoir priles pour mettre le cervelet à fabri des injures extérieures, la denfité de la fubftance, la force des os du crâne en cet endroit, la tente du cervelet ; le rebord ofleux qui femble le défendre dans les chiens & dans d’autres animaux, le commencement des muf- cles du col qui en recouvre la plus grande partie, les cheveux qui {e reportent en grande quantité dans les hommes en cet endroit Mais quoiqu'il foit naturel de conclurre de toutes ces précautions de la Nature, que le cervélet joue un grand rôle dans l'économie animale, on ne doit pas en conclurre gé- néralement qu'il foit néceffairement lorgane de la vie, & que fon abfence ou fon inaction foit caufe d'une mort fubite. Il feroit même aifé de retrouver dans les Auteurs plufieurs exemples de bleffures de cervelet qui n'ont point été fuivies de mort fubite: M. de la Peyronie en à cité une dans fon Mémoire, mais il eft plus für de s'appuyer fur les lumières des expériences faites exprès & dans la vüe de chercher la vérité. Par ce que j'ai expofé jufqu'ici fur la compreffion du cer- velet, on voit que cette compreffion n’excite pas de mort fubite. J'ai vû fouvent le cervelet flétri par plufieurs compref- fions réitérées, fans que l'animal füt mort pour cela. J'ai vû dans des pigeons le cervelet enlevé fans que l'animal mourût par cette expérience, au moins fubitement; mais je crus devoir faire fur cet article des expériences plus pofitives. Ayant pris un chien adulte & lui ayant ouvert le crâne, je pouflai vers le cervelet un tuyau recourbé, & étant.bien für que ÿétois polé fur ce: vifcère, j'arrachai violemment avec ‘mon tuyau une partie du cerveler. L'animal eut quelques DES SCIENCES 36 convulfions afiez violentes; mais après cette expérience, da. refpiration & le pouls étoient, à ce qu'il paroifloit, dans leur première intégritéz jobfervai quelques foubrefauts dans Les tendons de diffentes parties L'animal avoit perdu beau- coup de fang; ils'afloïblit petit-à-petit & mourut après avoir eu plus d'un quart -d'heure de wie régulière & conftante, J'ü percé avec une longue aiguille Le cervelet à un pi- geon, évitant avec grand foin de percer la moëlle alongée; après œæite- piqûre, il parut vaciller & avoir un côté plus foible que l'autre, mais l'ayant diffé tranquille pendant un affez long efpace de temps, il s’étoit raffermi, il tiroit très- #ort le lien par dequel il étoit attaché, ke détacha, s'enfuit & s'envola Voyant après plus d'une demi-heure qu'il étoit bien loin de s’affoiblir, je lui coupai la tête & je da difléquai: il y avoit une trace évidente de da piqüre dans la fubfiance du cervelet, mais on n’y trouvoit aucun épanchement, & même -il n'eft guère poffible d'en produire de notable ; car dans le oervelet de ces animaux on ne retrouve aucun vaiffeau fanguin qui {oit fenfible. | | J'introduifis dans un chat adulte un tuyau recourbé entre Yocciput & la première vertèbre, dans l'introduction j'excitai des convulfions. Ayant ouvert la partie poftérieure du crâne, je foûlevai le cervelet jufqu'à cette ouverture, &. je le coupai prefqu'entièrement : l'animal vécut fort peu de temps, mais fa vie étoit une wie régulière, dans daquelle Le pouls. &- fa ref piation continuoient exaétement &. nétoient interrompus :que lorfque l'animal approchoït de fa fin, Au refte, l'animal me wéout guère qu'un .demi- quart d'heure; mais on ne doit zienconclurre de œ peu de durée de la vie, fimon que, quel- -ques parties voifines qu'onait endommagées, :les bleffures du cervelet ne font pas capables de produire de mort fubite. Cette condlufion déduite id'après Fexpérience & des ob- fervations que j'ai expofées ci-deflus fur les. deux grands Jobes du cerveau, m'engagèrent à faire l'expérience fuivante: je pris un jeune chat de deux ou trois jours, & aprèsdui avoir enlevé Aa partie fupérieure des os du crâne, ce qui fait une opération Zz ij 364 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE fort prompte & fort courte, parce qu'on peut-enlever les os pièce à pièce avec le fcalpel feul fans fcie, je lui enfevai non feulement le cerveau, mais aufli le-cervélet & la moëlle alongée, ne fui laiffant dans l'intérieur du crâne que la partie offeufe , l'origine de chaque nerf & le commencement de la moëlle de l'épine: cependant cet animal fur lequel j'avois fait avant différentes expériences, auquel j'avois comprimé .le cervelet, auquel j'avois excité de violentes convulfions -en enfonçant le fcalpel jufque dans la moëlle de Fépine, non feulement vivoit encore, mais avoit une vie régulière & conf- tante, faifoit des efforts pour marcher, efforts impuiflans à la vérité; mais il fentoit, il retiroit fa patte quand on l'irritoit, tant les pattes de devant & de derrière, que la queue & le refte du corps; il ouvroit fa gueule pour crier, fans le pou- voir; le pouls battoit aflez fort & il refpiroit afey librement, quoique le pouls & Ja refpiration fuffent fort fréquens. Je fus uniquement occupé à cette expérience pendant un bon quart- d'heure; à h fin, voyant que la vie ne saffoiblifioit pas affez fenfiblement, je difféquai, fans prendre garde à lui, un autre chat de même âge & un chien: après l'efpace d'une heure & demie, cet animal fentoit moins vivement, mais il fentoit encore, & il ne mourut que dans quelques expériences que je voulus tenter fur la moëlle de l'épine. J'ai répété une autre fois cette expérience fur un chat de même âge, &'avec le même fuccès; car il faut avouer que lorfque Yon prend des animaux plus âgés, il eft impoflible que ces expériences réufhfient. Dans les expériences pareilles que j'ai tentées fur des pigeons adultes, ces animaux m'ont paru avoir quelque flupeur , qui n'étoit pas fi remarquable dans les jeunes chats fur lefquels j'ai tenté mes expériences. Au furplus, tous ces faits rendent plus concevables certains cas qui font expolés dans les. Obfervateurs, & qui jufqu'ici ont détruit tous les - raïfonnemens qu'on avoit faits fur le cerveau. Tel étoit le cas du bœuf dont M:Duverney apporta le cerveau à l'Académie, qui, quoiquegétrifié dans toute fa fubftance jufqu'à égaler la ‘dureté d'un flou ; à F'exception d'un peu de fubftance molle DE 5; SIC{ILE Nu Cr ES. 365$ & fpongieufe à la bafe du crâne, avoit pourtant fervi à ce bœuf pour l'exécution de fes fonctions, de façon que, felon les termes de l'obfervation, ce bœuf fe portoit bien, étoit plein d'embonpoint, & s'étoit fouftrait quatre fois aux coups des bouchers. Un feul exemple de cette efpèce fufifoit pour faire écrouler toute une théorie, & eft d'autant plus fingulier, que Bartholin qui avoit déjà fait mention d'un cerveau pétrifé, obferve que Fanimal dans lequel on l'avoit trouvé étoit maigre _& languiffant. À la fuite de la même obfervation, M. Duverney nous en propole une autre dans laquelle le hafard avoit fait à peu près ce que nous avons exécuté dans nos expériences. M. le Chevalier Colbert reçut une bleflure à l'œï, qui lui ouvrit le cerveau. M. Duverney, en préfence de trois célèbres Chirurgiens, trouva le cerveau tout changé en bouillie par la fonte de fa fubftance après fept jours de “maladie, dans 1e£ uels il n’avoit pas perdu un moment aucune de fes fondions, ni fon bon fens, ni fa mémoire. .… Deux obfervations pareilles, produites en même-temps par le même homme, doivent nous faire foupçonner que ces cas font plus ordinaires qu'on ne le penfe, & auroient dû arrêter tout court ceux qui croient pouvoir fonder une opinion fur des vrai-femblances. L'année fuivante, M. Méry parle d'un enfant venu à terme fans cerveau ni cervelet. Wepfer a écrit Thifloire d’une femme acéphale, fans m’embarraffer ici de tant de différentes hiftoires d'hydrocéphales, qui renverfent au moins les théories reçües. J'efpérai, enaflommant promptement un chien & ouvrant fa tête tout auffi-tôt, découvrir ce qui l'auroit fait périr. J'en aflommai un d'un grand coup fx la tête, l'animal tomba mort, & l'ayant ouvert au même inflant, je ne vis rien de- remarquable dans fon cerveau qu'une légère dépreflion des fibres des deux grands lobes, qui occupaient moins d’efpace & qui s'étoient comme concentrés fur eux-mêmes. M. Littre rapporte une obfervation femblable, mais bien plus frappante, d'un. criminel qui voulant éviter le fupplicesuquel il étoit condamné. fauta contre un mur & produifit de même un Zz üj 366 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE affaiflement dans fon cerveau; mais on ne peut tirer aucune lumière de Fune ni de l'autre de ces eblervations. I! eft cependant bien conftant, & une expérience malhenreufe ne l'apprend que trop tous les jours, que les fonctions vitales fuppofent, comme les animales, le commerce de quelqu'une des parties du cerveau par l'intermède des nerfs, & qu'il eft dans le cerveau une partie dont Finaction caufe une mort fubite.. Pour découvrir enfin quelle étoit cette partie, je me fuis fervi d'une obfervation conftante & que j'ai moi-même réitérée plañeurs fois; c'eft que quand on coupe tranfverfalement da moëlle de l’épine, les parties inférieures deviennent paraly- tiques, cc'eft un fait certain. Quand on coupe la moëlle de l'é- pine vers fon extrémité & dans la partie inférieure des lombes, où qu'on fa ferre avec un fil, la paralyfie fuit prefque fur Je champ & fans qu'il s'excite aucun autre fymptome dans l'a- nimal. La paralyfe eft d’abord moins complète, il s'excite quelques frémiffemens, & l'animal fent plus long-temps quand la partie de la moëlle qu'on coupe eft plus élevée. Enfin, quand on fait cette féparation vers les dernières vertèbres du col, alors l'animal eft plus long-temps à f défendre contre la paralyfie, qui fe découvre plus tard. Il étoit donc naturel que le cerveau & le cervelet ne pouvant pas fuffre pour pro- duire la mort fubite, j'inféraffe que la moëlle alongée dans Le cerveau, 1e feul organe qui me reftoit à examiner, étant le principe de la moëlle de Fépine, qui a réellement la propriété d’exciter des paralyfies, pouvoit produire comme la moëlle de Y'épine non feulement la paralyfie des mouvemens animaux, mais auffi celle des mouvemens vitaux. Aïnfi, coupant tranf- verfalement la moëlle de l'épine en plufieurs endroits, je produifois fucceflivement différens degrés de paralyfies. Quand je fus parvenu au col, je fus fort étonné de voir que la piqûre de la moëlle ne préduifoit aucune convulfion dans les parties auxquelles ‘elle envoyoït des nerfs; qu'en plongeant, ou un fbilet, ou la pointe d’un fcalpel fous l'occiput, j'excitois des convulfions, & qu'entre la feconde & la troifième vertèbre, loin de produire la même chofe, l'animal mouroit prefque de DES SCIENCES. 367 fur le champ, qu'il s'excitoit un frémiflement par-tout le corps, que ie pouls & la relpiration ceffoient abfolument, & qu'il y avoit paralyfie parfaite des fonctions vitales, c'eft-à-dire, mort complète, quoique la mème chofe n'arrivât ni plus haut, ni plus bas, mais feulemnent dans les petits animaux entre la feconde & troifième, troifième & quatrième vertèbre; entre la première & feconde vertèbre du col, & entre la feconde & troifième pour les animaux d'un volume plus confidérable. Il n'étoit pas naturel de s’en tenir à une feule expérience fur cet article ; j'en ai tenté plufieurs, toûjours avec le même fuccès, & j'ai toüjours vü que la féparation ou la compreflion de la moëlle de l'épine aux endroits que je viens de fpécifier, produiloit, ou la mort fubite, ou une mort très-prompie & qui ne tardoit pas deux minutes après l'expérience, & je ne connois aucune autre partie dans le ceiveau qui ait cette propriété, en forte qu'il me femble que la moëlle de l'épine concourt néceflairement à l'origine des fonctions vitales. Mais la moëlle de l'épine produifant des paralyfies, & étant capable de priver de fentiment & de mouvement les parties auxquelles elle envoie des nerfs, la moëlle alongée qui jouit des mêmes propriétés extérieures que la moëlle de l'épine, & de laquelle partent beaucoup de nerfs, peut fans doute de même produire des paralyfies; or comme c'eft une loi. établie dans toute la moëlle de l'épine, qué la compreffion ou la divifion de la partie fupérieure de la moëlle produit une paralyfie dans toutes les parties inférieures, il paroit que la moëlle alongée, comprimée ou privée de fon aétion dans fon commencement, doit produire des paralyfies univerfelles, Cependant il s'en faut de beaucoup que l'expérience confirme tout-à- fait un railonnement qui paroit fi plaufible. En premier lieu, fur plufieurs pigeons fur lefquels j'ai fait ces expériences pour produire la paralyfie par la compreffion & la léfion de la moëlle alongée, je n'ai jamais pü produire de paralyfié parfaite, mais feulement une foiblefle qui failoi qu'ils fe foütenoient moins fur un eûté que fur l'autre, qu'ils 368 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE-+ fentoient moins de ce même côté que de l'autre, fans perdre cependant pour cela abfolument, ni fentiment, ni mouvement, dans aucune partie du corps. En fecond lieu, la compreffion faite fur la moëlle alongée n'excite point, dans le moment qu'on la fait, la paralyfie, mais élle eft accompagnée d’un fentiment douloureux & de mou- vemens convulfifs: Quand cette compreffion a été affez forte pour détruire lorganifation de la moëlle, l'animal refte comme en ftupeur ; mais on peut le réveiller de cette ftupeur, en lui excitant des convulfions. | Voïlà à peu près tout ce que j'ai pû recueillir d'un nombre confidérable d'expériences que j'ai tentées fur l'afloupiffement, la paralyfie & la mort fubite occafionnées par l'affection du cerveau. Ces phénomènes conviennent entreux, car ils ne font ni les uns ni les autres qu'une ceffation de fentiment & de mouvement, & la mort ne diffère de la paralyfie que par la néceflité indifpenfable des mouvemens des organes paralyfés, qui, quand ils ont une fois ceffé pendant quelque temps, ne peuvent plus reprendre leur ordre conflant & régulier. Müis fi de ces expériences nous ne pouvons pas conclurre au jufte quel eft l'organe de chacun de ces mouvemens, au moins voyons-nous bien clairement qu'il ne faut point cher- cher l'origine des uns ni des autres dans aucune autre partie -que dans fa moëlle alongée & dans les commencemens de la moëlle de l'épine, qui jouent certainement un rôle plus important qu'on ne fe l'étoit imaginé jufqu'à préfent. La divi- fion & la compreffion de la moëlle de l'épine dans un endroit déterminé, produit la mort fubite ; inférieurement à cet en- droit cette même moëlle coupée produit la paralyfie, elle la produit de même fupérieurement: nous pouvons donc con- . dlurre, fans crainte d’être dans l'erreur, que c’eft dans la moëlle alongée qu'il faut chercher le fiége de l'affoupiflement. Car quoique dans nos expériences la compreflion du cervelet opérât Jafloupiflement, ce métoit certainement que par fon action fur la moëlle alongée, quoique cette action foit peut-être ‘difficile à comprendre; mais je crois être en droit de la déduire par 1 - D LÉLSA. ÉSNICARGE IN CE TS | 369 «par plufieurs railons. En premier lieu , quelque léfion que ion put fire à ce vifcère, il ne füivoit aucun fymptome; l'animal re paroifloit pas s’en apercevoir. En fecond lieu, fa firucture même auroit dû affez indiquer qu'il ef fait pour Ja moëlle alongce; on voit évidemment naître de fa fubftance corticale une infinité de rameaux médullaires, d'abord d’une peiiteffe au deflus de toute imagination, on voit ces rameaux croitre petit-à-petit & faire à la fin un tronc qui {e perd dans la moëlle alongée : outre cela, il ne part de la fubftance du. cervelet même aucune efpèce de nerf, comme Willis la prétendu ; il eft donc fait pour la moëlle alongée, de laquelle partent les nerfs: mais quel eft l'ufage auquel il lui fert? :c'eft ce que nous ignorons jufqu'à préfent. Au refte, les Auteurs qui ont donné de fimples expofitions anatomiques, ont mieux fenti que ceux qui ont voulu raifonner fur ces matières, la vérité de.ce que j'avance; & entre ceux-ci, perfonne ne l'a _ mieux fenti que l'illuftre M. Winflow, quand il dit, «qu'on a raifon de regarder la moëlle alongée comme une troifième partie de toute la mafle du cerveau en général, une produc- tion commune & un alongement réuni de toute la fubftance médullaire du grand &r du petit cerveau. » M. Boerhaave a auffi énoncé cette mème idée très-clairement, & je fuis d'autant plus furpris qu'il ait foûtenu lopinion commune, que: j'a- vouerai avec fmcérité, que :c'eft d'après fon expofition de la moëlle alongée qu'il s'eft élevé dans mon efprit des doutes fur les opinions rèçües, & que j'ai.eu les premières idées de cs nouvelles expériences. Par rapport aux précautions que la Nature a prifes pour garantir le cervelet,: elles ne font cer- tainement point en pure perte, mais elles font faites pour la moëlle alongée, qui en cet endroit.eft la partie la plus inté- reflante du corps. , “ I nous refle enfin une troifième queftion à examiner: quelle eft dans le cerveau la partie dont l'aétion dérangée ou augmentée produit ces convulfions énormes & effrayantes qui ébranlent quelquefois toute la machine animale? On fent aflez qu'on ne doit pas chercher cette cœfe au delà de l'origine. Say, étrang. Tome 111, Aaa ‘ An An A (4 € (4 370 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE ordinaire du fentiment & du mouvement, & qu'ainfi la moëlle alongée doit être le feul organe de ces mouvemens defordonnés ; & en effet, la chofe eft ainfi. Je vais rapporter les expériences qui établiffent cette vérité. Je ne ferai pas un long détail des obfervations qui n'ont pas réuffi, ou qui n'ont fervi qu'à me faire voir que les parties fur lefquelles je les ai tentées n'étoient pas capables d’exciter des convulfions. Il fufht de dire que c'eft une opinion commune, que la Iéfion ou l’irritation de-toutes les parties du cerveau produit la convulfion. Quelques Auteurs ont pluftôr fenti qu'ils n'ont fait apercevoir le contraire; je m'en fuis convaincu par les expériences que j'ai déjà rappor- tées: le corps calleux lui-même n'a pas plus cette propriété que les autres parties du cerveau, je fai emporté & irrité plufieurs fois impunément, & tout le monde eft à portée de répéter cette expérience. En un mot, la feule partie entré celles qui font contenues dans le cerveau qui nYait paru capablé uniformément & univerfellement d’exciter des convulfions; c'eft Ja moëlle alongée; c'ef elle qui les produit à l'exclufion de toutes les autres parties. J'eus occafion de n'apercevoir-de cette propriété pour 1a première fois dans le cerveau découvert d’un gros chien ; javois beau enfoncer le fcalpel vers le milieu du cerveau & entre les deux lobes, je ne.pouvois exciter aucune eonvulfion ; quand je l’eus enfoncé poftérieurement , l'animal n'eut d'abord aueunr fentiment, mais quand il fut parvenu aflez profondément pour toucher la moëlle alongée, Fanimal tomba en convulfion violente, releva fa tête & tout fon corps de deflus la table fur laquelle il étoit attaché, ayant en même temps les ÿeux fixes & étincelans, & la queue agitée de mouvemens précipités ; mais fi-tôt que j'eus retiré le fealpel, tous ces mouvemens ceflèrent & l'animal fut paifible. Je m'aperçus une feconde fois, & je me convainquis même davantage, que cette propriété appartenoit en propre à la moëlle alongée; car recherchant les propriétés de la dure- mère au commencement de l'épine, je fus étonné de voir que pour peu qu'on ébranlät la fur de la moëlle alongée & le DES SCtENCESs. 37T commencement de la moëlle de l'épine, on excitoit dans Janimal des convulfions univerfelles. Le hafard m’avoit, pour - ainfi dire,offert ces expériences; mais pour confirmer ce qu'elles m'avoient démontré, j'en ai tenté après cela plufieurs autres qui toutes m'ont toüjours donné les mêmes réfultats. J'ai prisun chien adulte, & après lui avoir ouvert le crâne, j'ai enfoncé un fcalpel vers la partie fupérieuré du cerveau, un peu En arrière: tant que j'ai été dans le cerveau, l'animal n'a donné aucune marque extérieure de fentiment ; mais quand jé fuis parvenu à la moëlle alongée, ce que j'ai reconnu par Je peu d'épaifleur de ce qui me reftoit à percer, l'animal a fait un foubrefaut, & bien-tôt après les convulfions des plus vives ont fuivi cette irritation. J'ai coupé dans un pigeon tout le cervelet & une partie de la moëlle alongée, infinuant un fcalpel tranchant des deux côtés à travers lés os du crâne, la dure -mère & le cervelet; quand je fus à la dure:mère, f'a- . nimal eut un léger fentiment de douleur, le fcalpel pañfa à travérs le cervelet fans que ce pigeon parût s'en apercevoir ; mais quand j'eus atteint la moëlle alongée , la rète fe reporta violemment en arrière, tout le corps s'arrondit , a queue fe pôrta vers la tète, les aîles battoient continuellement, & l'a- nimal roula ainft, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, pendant plus d'une demi-heure; alors cet animal ne paroiflant point Safloiblir, je lui ouvris la tête & je trouvai que fa éétion que Javois faite Sétendoit jufque vers la moitié de la fubflance de la moëlle alongée. J'ai fait la même expérience fur un autre pigeon en piquant avec une aiguille de parten part cette partie, & toûjours avec les mêmes fÿmptomes. Jai pris auffi des liqueurs irritantes & j'en ai jeté fur le cétvéau d'un chien, fans autre effét évident: fi on en touche feulerment le moins du monde Ja moëlle alongée, il s'excite des frémiffemens dans tout le cotps, & ces frémifiemens font bien -tôt fuivis des convulfions les plus effroyables. Au fefle, cette propriété fubfifte dans la moëlle alongce tänt qué l'on trouvé dans l'animal un réfte de vie; &.même, tant que la moëlle alongée -eft dans le eerveau, on a beau Aa ij 372 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE retrancher les parties fupérieures de cette moëlle, les -infé- rieures confervent toujours l1 même propriété. Aafie après avoir réduit les commencemens de la moëlle alongée en bouillie, ou les avoir même emportés, f1 on enfonce un ftilet dans la fubftance de la moëlle de Fépine, par le trou occi- pital, on excite les plus vives convulfions; mais, comme j'en ai déjà averti, la mème propriété ne fubfifte plus un peu au deflous ni dans tout le cours de la moëlle de lépine; car fi-tôt que les parties inférieures font féparées des fupérieures, il s'enfuit une paralyfie totale. Ce n'eft donc qu'au comménce- ment de la moëlle de l'épine qu'appartient le droit d'exciter des convulfions univerfelles ; mais aufli, de toutes les parties de la moëlle alongée, c'eft cette partie qui les occafionne, & les plus fortes, & Es plus conftantes. Bidloo rapporte que quand on a pibéuié des convulfions par l'irritation de là moëlle de l'épine & de la moëlle alon- gée, on peut les faire ceffer en verfant de huile de téré- benthine fur a partie afletée. J'ai répété cette expérience, & elle réufftt en effet comme il ledit; cependant il faut remar- quer que l'irritation fimple de a moëlle de fépine ne produit pas des convulfions conflantes & permanentes, mais, feu- lement paflagères; mais qu'elles continuent autant de temps que l'animal eft en vie quand il y a léfion de la fubftance de la moëlle, & qu'en ce cas l'huile de térébenthine paroït les appailer un moment, mais qu'elles recommencent promp- tement. La moëlle alongég eft donc le feul principe du mouvement ; car dans les deux premières queftions que nous avons exa- minées, nous avons vû que la ceflation de fon action failoit cefler toute efpèce de mouvemens, & nous voyons ici évi- demment que eette action léfée & dérangée produit un dé- rangement général dans toutes les fonétions des mufcles, * À l'égard-des fenfations defordonnées & du délire, nous n'en pouvonsrien dire dans les brutes. Tout ce que je puis aflurer, c’elt que la moëlle alongée a un fentiment bien ex- quis, & poux le moins pareil à celui des nerfs; çar, indépen- DE S :S ©c:r7E N(C:E:5. 73 dament des convulfions qui prouveroient de la fenfibilité. dans une Partie qui ne feroit pas l'origine des mouvemens, toutes les fois qu'on touche ou qu'on chatouille légèrement cette partie, l'animal commence par faire des eflorts pour crier &;pour s'échapper, ce qui ne peut être confondu avec la convulfion. Au refte, cette propriété appartient à Ja feule moëlle alongée dans le cerveau. J'ole me flatter qu'il eft décidé par ces expériences, que c'eft la moëlle alongée qui eft le feul organe actif du cerveau, que c'eft dans la moëlle alongée que l'on peut trouver la fource du mouvement & du fentiment. Mais quelles font les Joix par lefquelles. ces mouvemens sexécutent & le fentifnent.fe pro- page dans toutes les parties? c'eft une. matière que j'efpère examiner avec le temps. Cependant il y a une de ces loix que l'on doit trouver dans la ftruéture de la moëlle alongée même, cx' toutes les piqures de cet organe! ne produifent pas indiffé- remment Jes mêmes efpèces de convulfions dans. toutes les parties du corps, & c'eft l'expérience fur la, moëlle alongée qui doit décider quelle partie de cet organe peut mettre en convulfion ou afloupir telle ou telle-partie du corps. … Hippoerate a prononcé en, général, que l'affection, foit paralytique, foit convulfive, étoit toûjours dans le côté oppolé à la bleflure ou à l'afieétion du. cerveau, quelle qu'elle füt ; mais de nos jours on a fait une queftion de ce qu'Hippocrate avoit obfervé: En dernier lieu , M. Chirac, Baglivi, Valfalva, Lancifi &, M. Morgagni ont tous décidé, comme Hippo- crate, que l'affeétion. étoit toûjours-dans le côté, du cerveau oppolé à celui.du. corps dans lequel étoient les fymptomes: Santorini a! mème obfervé que les fibres de la moëlle alongée s’'entrecroiloient vers la protubérance annulaire, &,M. Peiit Je Médecin a vû un entrelacement croilé de petites cordes mé- dullaires qui {e trouvent dans les rainures que lailent entr'eux Jes deux eylindres.qui compofent le corps de Ja moëlle alongée. Je crois -que;lon pourra avoir ençore quelque’ autre lumière fur l'arrangement des fibres du cerveau, en faifant endurcir ce vifcère dans moitié eau, & moitié eau fuite ;, car) fans rien prrcér Aaa ii 74 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE déranger de fà ftruture, on lui donne, après uné macération de vingt-quatre heures, une confiflance capable de foûtenir les plus fortés épreuves anatomiques. Je ne parlerai pas de ce que je crois y avoir obfervé, & je ne fais part de cette obférvation que pour que quelqu'un plus habile que mot puiffe en faire un ufage plus utile. M. Heifter propole de faire endurcir le cerveau dans l’efprit de vin, pour les ufages anato- miqués ; il s’y endurcit en eflet, maïs moins que dans {a liqueur acide que je propofe, & l'endurciffement ne pénètre pas auffr avant. Au furplus, quelque chofe que la difleétion démontre fur cet article, les-expériences en font indépendantes. Pour examiner donc la vérité de ce que ces Auteurs nous ont tranfinis, j'ai piqué la moëlle alongée à gauchie dans un jeune chien, & voilà ce que j'ai oblervé; il s'excita des frémiflemens convulfifs dans tout le col, la tête fe porta davantage du côté de la piqûre, & les convulfions qui fuivirent, quoiqu'univer- felles, fürent cependant plus fortes da côté piqué. Peu de temps après, aperçus une foibléfie de fentimens & de mou- vemens dañs le côté du corps oppofé au côté piqué de la moëlle, mais jamais paralyfie complète. Pour m'aflurér davantage de l'effét des piqürés dans les parties droités de 11 moëlle alongée de l'animal, & de celles qui fe font dans les parties gauches, je pris trois pigeons; je piquai le premier à dix ou douzé endroits, toüjours à droite, le fecond de méine toûjours à gauche, ayant bien foin que les piqûres ne paffaffent point de l'un à l'autre côté, J'en- fonçai enfin au troifième un fcalpel trarichant vers la partie moyerihie de à moëlle alongée, & Îes ayant attachés par la patte à un endroit d'où je pufle contempler leurs môu- vemnens, J'obfervai ce qui fuit. … Célui dans lequel toutés les piqûres étoient à droité, tourna la tête un peu poftérieurement & de côté, la renverfant fur le dos vers la droite; bièn-tôt 1l tomba fur le côté gauche ‘& quand on lüi fifoitpeur , il marchoit für les deux pattes éga- lement, mais un peu panché fur la gauche: lés convulfions 1e prirent à différentes reprifes, mais beaucoup plus fort dans Paile DES SCIENCES. 375 droite que dans l'aile gauche. Après l'avoir v& une demi-heure dans cet état, je lespris & lui irritai avec le fcalpel la cuiffe gauche; l'animal la retira aflez brufquement, moins vite ce- pendant que la droite, qui étoit du eôté de la piqüre. Enfin, toutes les convulfions fe portèrent à droite, & il paroifoit fe former un commencement de paralyfie du côté gauche. J'obfervai les mêmes fymptomes, dans un ordre précifément inverf, dans celui dont j'avois fait les piqüres à gauche, en forte qu'après avoir répété les mêmes expériences plufieurs fois , j'ai toûjours vû un commencement de paralyfie fe former du côté oppolé à celui où étoit la bleffure, & des convulfions du côté qu'on avoit irrité. | * J'ai rapporté ces créfionges Mc d'autant plus de plaïfir, que les réfultats qu’elles m’offrent font précifément conformes à ce que plufieurs cas contre nature ont déniontré aux Oblfer: vateurs les plus exacts. M. Van Swieten nous a rapporté uné infinité de ces cas dans Jefquels la paralyfie eft jointe avec ha convulfion; cé que je n’avois jamais pü produire, quand le crâne étoit enlevé. Le troifième enfin, auquel j'avois coupé tranfverfalement Ja moëlle alongée, fut faifi au même inflant d'un violent opif thotons , fa têté fut portée fur le dos directenient, if éprouyæ des battémens d'ailes furieux fahs aucune marque de paralyfie. Je retronvai de lévers épanchemens de fang fur 4 moëlle äongée du .côté oppolé à celui que j'avois Po, mais je fie fais fi l'on doit attribuer à Fépanchement la foibleflé para- tique que l'on remarque dans ces cas-là, où sil n'y à pas une liaifon plus cachée éñtre la paralyfie & la éonvulfion; car quand jé faifois une ouverture qui ne portât d'atieun côté, mais qui fût diréétément tranfverle, il ne s'excitoit aucune -paralÿlie, mais feulement des convulfions univerfelles. Jelé jugeai d'autant plus, que dans le temps que je faifois ces ex: périences ; il m'arriva d'obferver dans un malade un fait aflez fingulier : ce inalade étoit tombé tout-à-coup paralytique d'un des côtés di corps , cette paralyfie étoit complète: l'antre côté du corps étoit fort fain, mais quand on lui préfeméit quelque 376 Mémoires PRÉSENTÉS A £' ACADÉMIE chofe à avaier, il étoitufaif de convulfions trèsviolentes dans ce côté fain: quoiqu'il ne fnûit en aucupe façon du bras pa- ralytique, & qu'il ne püt le mouvoir, toutes les fois que J'ir- ritois le membre paralÿytique, il s'excitoit des convulfions violentes: dans le côté qui paroïfloit fain. J'ai peut - être réitéré cette .obfervation plus de vingt fois jufqu'à fa mort, mais. il ne m'a pas été permis de l'ouvrir. Quoi qu'il en foit, j'ai cru qu'il étoit de mon devoir d'indiquer la liaifon qui me paroit le trouver entre la paralyfie & les convulfions , quelque im- poffible qu'il foit de l'expliquer. Au furplus, je ne déter- mine pas d'après ces faits fi l'origine des nerfs qui portent le fentiment dans un côté du cerps, {e trouve dans le côté oppofé du cerveau ;,car à da vérité paralyfie ft toûjours oppofée au côté piqué, mais la convulfion répond conftamment au côté piqué, & il eft plus aifé de concevoir comment ces piqûres-produifent la convulfion, que d'entendre le mécha- nifme par lequel elles .occafionnent Ja paralyfie. Mais en tout ças ces faits ne s'en rapportent pas mioins à l'aétion de la moëlle alongée , dont j'avois entrepris de détailler les propriétés qui la rendent la feule partie active du cerveau. J'ofe affurer que les conféquences qu'on en tirera quadreront toüjours à mer- veille avec tous les phénomènes. des cas contre, Nature, & fur:tout, avec les remarques nfédicinales d'Hippocrate: telle eft la remarque qu'il fait fur toutes les nualadies convulfives, dans lefquéêfles les convulfons font toûjours annoncées par des douleurs dé col , les malades font maya oduridves : peut-être même en peut-on déduire de nouvelles conféquences utiles au genre humain: & à l'art important de guérir. A . Hne: nous réfte plus qu'une queftion à examiner, &.même cette queftion n'en a jamais fait une jufqu'à M. Schlichting. Le cerveau, capable de produire tant de mouvemens convul- fifs, peut-il lui-même entrer en convulfion? peut-il avoir un mouvement fenfible & évident? On n’avoit jamais rien. imaginé de pareil jufqu'à cet Auteur; mais le mérite des re- cherches de M. Schiichting fait qu'on doit ne rien prononcer qui s'écarte de ce qu'il a dit, fans un examen particulier. I] dit que . DES 4S2EN MEN EE à 377 que l'on fent évidemment un endurciflement dans le cerveau, qui ferre le doigt quand on irrite ce vifcère. Pour moi, dans toutes les expériences dont j'ai rapporté les réfultats, j'ai été plufieurs fois à portée de rechercher fi lon pouvoit trouver un pareil endurciflement, & j'avouerai que je ne l'ai jamais fenti tel que M. Schlichting nous l'a défigné. J'ai bien aperçu quelquefois un endurcifiement dans les violens efforts de l'a- nimal, mais cet endürciffement ne vient point de la fubftance même du cerveau : l'efpace qu'occupe le doigt en écartant les fibres, rend déjà les parties contenues dans le crâne, plus pref- fées, plus ferrées, & par conféquent plus dures ; fi alors le fang fait un nouvel effort pour gonfler le cerveau , il eft néceffaire que le nombre des parties contenues dans le crâne augmen- tant, il fe produife une efpèce d’endurciflement ; & ces efforts font fi réels, tant dans l'état contre nature que dans l'état naturel, que M. Van Swieten nous rapporte avoir vû une cicatrice faite aux os du crâne fe rouvrir par les efforts qu'occafionnoit une toux convulfive; mais j'ai fait difparoïtre cet endurciffement en ouvrant au cerveau un autre endroit du crâne, par lequel il püt s'échapper. Ce qui me fait croire que tel eft le cas des expériences de M. Schiichting, c'eft qu'il fait mention d'une pulfition qu'il a fentie, pendant fon expérience, dans le cer- veau: or je me flatte d'avoir démontré que cette pulfation ne pouvoit venir que de limpulfion du fang; ainfi je crois que l'endurciffement que cet Auteur a aperçu dans le cerveau, ne peut pas appartenir en propre à ce vifcère; d'ailleurs il eft inoui qu'un vifcère infenfible puifle être capable de mou- vemens convulfifs, & tel eft le cas des parties contenues dans le cerveau , à l'exception de la moëlie alongcée, Sav. étrang. Tome 111 Bbb * Voyez l'Hif. de l'Acaaëmie des Scienees , année 1742), pagt 132, Üc. Figure 1. LL 378 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE M ÉMOIRE SUR LES SOUFFLETS DE CERTAINES FORGES PRODUITS PAR LA CHUTE DE L'EAU. Par M. BARTHÉS le père. INVENTION dont on fe fert en Languedoc & aux Pyrénées pour fouffler le feu des forges *, me parut fr utile & fi curieufe, que je me propofai de l'examiner. Le hafard fut mon premier guide dans ces recherches, comme il fut apparemment celui de l'inventeur. Je remarquai, en verfant de l'eau dans un verre, qu'il paroifloit, tant à la furface qu'au deffous, des bulles d'air tout le temps que je verlois: je fus conduit par cette obfervation à l'expérience fuivante. APROT LC Es le Soit CD E un entonnoir dont la hauteur EF'eftde 9 pouces, Youverture en Æ de 6 lignes de diamètre, arrêté ferme & rempli d'eau, fermé en Æ avec la main jufqu'à ce que l'eau y refte tranquille. Si on laiffe vuider enfuite cet entonnoir, il arrivera, toutes les fois qu'on le répétera, que l'eau parvenant à $ pieds environ au deflous, ou à toute autre diftance, dans celle du vafe 44 N où elle s'enfoncera, il arrivera, dis-je, qu'elle fera fuivie au premier inftant de quelques bulles d'air qui re- viendront d’abord à la furface 42G : V'entonnoir continuant de fe vuider, on ne verra plus d'autres bulles jufqu’à ce que les dernières parties de l'eau foient parvenues dans le vafe; if paroïtra alors de nouvelles bulles d'air. Mais fi l’on donne à l'eau un mouvement en rond, au lieu de la tenir tranquille dans l'entonnoir, on verra paroître des bulles d'air à la furface 4/G tout le temps que l'entonnoir fe vuidera, Quelle eft a caufe de ces deux effets? la voici. Dans D'E Ss 1SUeLRE UN CR "SE 379 le premier cas, l'eau tombe comme une colonne de solace qui va en fe rétréciflant : on peut remarquer cette contraction après M. Bernoulli, qui en parle dans fon Hydrodynamique, page 61 ; ainfi l'air ne fauroit fe fourrer dans l'eau de cette colonne ni s'infinuer avec elle dans celle du vafe. Et parce que l'eau ne peut tomber qu'en deux manières, ou comme une colonne, ou en fe defuniffant, il faut néceffairement qu'elle fe divife & fe mette en gouttes toutes les fois qu'on voit des bulles d'air au vafe où elle s'enfonce. En effet, on - voit l'eau fe réduire en gouttes lorfqu’elle tourne en rond dans l'entonnoir; les premières, parvenues à la furface de l'eau du vale, écartent par leur choc de tous côtés les parties qu'elles rencontrent de cette furface, & continuant de s’enfoncer, elles écartent les nouvelles parties qui s'oppolent à leur def- cente, & ainfi de fuite; ce qui forme des creux où f'air entre, & d'où il eft chaffé vers le fond du vafe par les gouttes qui . fe fuccèdent. Ces creux fervent à expliquer comment, dans la première expérience, l’eau de l'entonnoir, qui s'enfonce dans le vafe, eft fuivie de quelques bulles d'air au premier & dernier inftant feulement; car les premières gouttes, en entrant dans l'eau de ce vafe, en écartent, avons-nous dit, les parties de la fur- face, & forment ainfi un vuide en forme de ceinture autour de la colonne, vuide qui donne entrée à Fair dans l'eau du vale, d'où il difparoït après que les parties écartées font re- venues fur elles pour s'unir à celles de la colonne, jufqu'à ce que les dernières parties tombant foient enfoncées. Il fe forme en ce dernier inftant un creux pareil au premier, où Y'air fe fourre, d’où il eft exclus par l'eau du vafe déplacée qui vient reprendre fa place. Les gouttes d’eau produifent encore du vent d'une autre manière : il en eft de leur chûte comme de celle de tout autre corps qui fe meut avec vitefle à travers l'air libre; il pouffe devant lui Fair qui lui réfifte, & continuant fa route, Vair reflue vers les côtés. Or, dans nos foufflets, les gouttes en tombant pouflent aufli en avant l'air qu'elles rencontrent; Bbb ij Voyez la fn du quatorçième Journal, Figure 2, » » »” »” Ë 380 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE & ne pouvant refluer vers le haut, parce qu'elles font fuivies d’autres gouttes qui en chaflent à leur tour, ni par les côtés, parce qu'elles font comme enfermées dans de grands tuyaux par où l'un & l'autre fluide paffent en même temps avant que l'air fouffle le feu, Fair pafle de là par l'unique ouverture qu'on lui ménage, On peut donc aflurer qu’il faut, dans ces foufflets, que l’eau fe réduife en gouttes & qu'elle chaffe l'air devant elle. Nous acheverons d'en connoître la caufe au moyen des defcrip- tions que nous allons donner de ceux dont la connoiflance eft parvenue jufqu'à nous, & par les réflexions qui les fui- vront. Commençons par celle du foufflet de Tivoli, proche de Rome, extraite du Recueil des Journaux des Savans de lan 1666. « Je veux vous faire part d’une invention nouvelle dont on fe fert dans les forges de cuivre de Tivoli, proche de Rome. C’eft l'eau qui foufile le feu, non pas en faifant mouvoir les foufHets comme on fait ordinairement, mais en faifant du vent. Voyez la figure 2, où À eft la rivière, B Ja chüte de Veau, € eft la cuve dans laquelle elle tombe, LG un tuyau, G orifice du tuyau ou le nez du fouffet, GX latre, £ un trou dans le tuyau, Æ’un bouchon pour boucher ce trou-là, D un lieu fous terre par où l’eau s'écoule. Quand on bouche le trou £, il fort fans cefle un grand vent par G ; & quand le trou G eft bouché, le vent fort avec telle violence par £, que je crois qu'il feroit fauter une balle comme celle de Frefcati. » M. Belidor a donné, dans fon Architeéture hydraulique, une manière de fouffler le feu aflez approchante de la précé- dente, dont la defcription eft plus détaillée, & qu'on met en ufage, dit-il, le long de la rivière de l'Ifère entre Romans & Grenoble. « Ce foufflet eft compofé d'une cuvette H/ren- verfée, faite en ovale, de 7 pieds de longueur fur 3 ou 4 pieds de largeur, reprélentée par les figures > &r 4 ; fes bords font enterrés de $ à 6 pouces, pour que l'air.extérieur n'y puifle entrer: fur le fond de cette cuve font attachés deux tuyaux de bois 2, C, de ro ou 1 2 pieds de hauteur, dans le milieu DB :S ; SENMENNIC:E,S 381 defquels on arrête auffi fur la cuve une efpèce de pyramide G, faite de planches, ayant vers fon fommet un troiième tuyau D, qui conduit le vent à la forge. Toutes ces pièces font bien emboitées & calfatées avec la cuve, de manière que l'air n'ait aucun paflage par les joints. Un petit canal d’un pied de largeur fur 7 à 8 pouces de profondeur, & qui fe partage en deux branches Æ, F, conduit l'eau dans les tuyaux 2, C, en plus ou moins grande quantité, felon que l'on veut augmenter ou dimi- nuer lation du vent, ce que les forgeurs règlent par le moyen d'une petite vanne placée à l'entrée du canal. Comme les tuyaux B, C, font percés, vers le fommet, de plufieurs trous inclinés au dedans, par lefquels l'air s'introduit, il arrive que l'eau en tombant en entraine avec elle dans la cuve une grande quantité, qui {e trouvant comprimé, cherche à fe dilater; & nayant d'autre iffue que par le tuyau D qui va en diminuant vers le bout , il en fort avec impétuofité & va foufler le feu de la forge avec tant de force, qu'on eît obligé quelquefois d'en laifler échapper une partie par un petit trou pratiqué au fommet de la pyramide G, ne le laiflant agir pleinement que lorfqu'on a de groffes pièces à forger. On place dans la cuve fous chacun des tuyaux 2, C, une efpèce de petite fellette Æ, pour que l'eau venant jaillir deffus, Yair puifle s'en féparer plus aifément, après quoi l’eau en fort par une rigole qui. eft toujours bouchée, afin que l'air ne puifle s'échapper que par l'ouverture qu'on a été obligé de faire à Ja cuve. » Ce que dit M. Mariotte dans fon Traité du Mouvement des Eaux, fur cette efpèce de foufflets, ef pratiqué, felon le rapport de M. Belidor, près de Salan fur le fac de Guarde, & proche de Rome dans la montagne de Tiburtine. « On fe fert d'un tuyaü de bois ou de fer-blanc, de 14 ou 1 $ pieds de hauteur .& d’un pied de diamètre, qui eft foudé dans une médiocre cuve renverfée dont le bas eft pofé fur un terrein, en forte que pour peu d'eau qui y tombe, elle ferme les ouvertures, & ‘Tair ne peut plus y pafler; on laiffe au haut du tuyau une ouverture de 3 ou 4 pieds de diamètre, dans | Bbb ijj | A # Figure ç. uk » » » » 2 » » “ p] L21 » L22 » » » w > 382 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE laquelle on met un entonnoir dont le goulet eft de méme grofleur, & on y fait tomber de 1$, 20 où 30 pieds de hauteur, l’eau de quelque fontaine, dont la largeur en tombant entraine avec elle beaucoup d'air qui la fuit jufques au deffous de l'entonnoir, à caufe de feau qui continue de tomber, & de la vitefle de fon mouvement. On met à côté de la cuvé un tuyau qui va en fe rétréciflant jufqu'au trou du fond du fourneau où le charbon doit être foufflé, & l'air preffé & enfermé dans la cuve ne pouvant fortir par en haut à caufe de [a chûte impétueufe de l'eau, ni par en bas à caufe de l’eau qui sy amafle & qui s'élève d'un pied ou de deux par deffus les fentes qui reflent entre la terre du fond & les douves de la cuve, il eft contraint de fortir avec une très-grande force par le bout du canal, de manière qu'il fait le même effet pour fouffler le charbon, que les plus grands foufflets de cuir dont on fe fert ailleurs. » Ce foufflet eft de l'efpèce de ceux où il faut que l'eau en tombant s'enfonce dans celle qui s'amaffe dans l'entonnoir, afin que l'air, en fuivant les gouttes qui la fendent, parvienne dans le tuyau, d'où il ne peut fortir que par le bout du canal, parce que les gouttes fe fuccèdent les unes aux autres en tombant dans les mêmes creux que les premières ont formés, & bouchent ainfi les paffages par où l'air remonteroit. Une bien moindre hauteur que celle de 14 ou 15 pieds qu'ont les tuyaux de ces forges, fufhroit pour produire le mème eflet. De pareilles defcriptions ne pourroient guère inftruire ceux qui voudroient conftruire des foufflets de ces efpèces, les Auteurs célèbres à qui nous Îes devons n'ont voulu qu'en donner une idée générale. Pour nous, qui cherchons à éclairer la théorie de ces foufflets & à les perfectionner, nous devons entrer dans un plus grand détail. La defcrip- tion exacte du foufflet de la forge de Saint Pierre, village du Languedoc dans le diocèfe de Narbonne, fur la rivière d'Orbiou , nous aidera beaucoup dans toutes nos recherches: la voici. DE S SCENIC YENS 383 B eft un réfervoir appelé Bouraffet, ayant 4 pieds 3 pouces de hauteur. O, O, tuyaux pyramidaux appelés 7rompils, qui deux à deux donnent paflage à l'air extérieur dans chacun des arbres creux ou tuyaux par où l’eau tombe dans la cuve QS avec laquelle ils s'emboñtent: ces trompils font arrêtés fixes fur deux côtés oppolés de chaque tuyau, en formant avec eux, à 9 pouces au deflous du fond du réfervoir, une efpèce de trémie où s'engouffre l’eau qu'on dépenfe pour ce fouffet, P, P, deux ouvertures horizontales rectangulaires par où l'eau s'engoufire dans les deux trémies; chacune à 8 pouces de longueur fur $ pouces 9 lignes de largeur, mefurée au niveau du fond du boutaffer, réduite à 8 pouces de longueur fur 4 pouces 9 lignes de largeur à l'extrémité des trompils, où finit auffi la trémie. FR eft Jun des tuyaux pofés à plomb, qui, avec la hau- teur 7 /, ont 9 pieds $ pouces de hauteur & 7 pouces 6 lignes de côté par le bout d'en bas, emboîté avec le fond du réfervoir par un bout, & avec ki cuve QS par Fautre. Q5, cuve appelée Zrompe, ayant 3 pieds 6 pouces vers Q & 2 pieds vers S, fur 7 pieds de longueur & $ pieds de hauteur; les joints des planches dont il eft formé font calfatés ; il renferme une efpèce de petit plancher defliné uniquement à porter des pierres unies & parallélépipèdes, placées à 4 pouces 6 lignes chacune fous l'extrémité de chaque tuyau ouvert par trois de fes côtés, le quatrième étant fermé par celui de la trompe contre lequel il étoit appliqué; enfin, l'eau qui rejaillifloit des pierres dans la trompe pafloit par une ouverture de 20 pouces depuis À jufqu'en 2, de 1 pied de C en D, de 4 pouces de À en Æ, & de 1 6 pouces felon CE. d, efpèce de bouchon appelé Piflon , dont la groffeur, qui va en diminuant vers les deux bouts, peut fermer chaque ouverture P; chacun eft fufpendu à l'extrémité d’un levier par une verge de fer, & tous deux s'élèvent à la fois ou s'abaïfient au moyen d'une corde qu'on tire ou qu'on läche plus ou moins felon le degré de force qu'on veut donner au: 8, 9& 10. 384 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE vent pour fouffler le feu du fourneau, ou même quand on veut commencer ou cefler de le fouffler, R, canon adapté à lextrémité tronquée d'une ‘pyra- mide, ayant 1 6 lignes de diamètre au petit bout; il eft logé librement dans un femblable appelé Zhuére, aboutiffant au fourneau : on Ôte cette pyramide pourientrer dans la trompe. T, trou qu'on ouvre quelquefois pour reconnoître ( comme parlent les ouvriers) fi la trompe perd d'air; ils en jugent en promenant la main fur le jet d'air qui en fort. Y, F, deux ouvertures verticales reétangulaires, de 9 pouces de largeur fur 6 pouces de hauteur chacune, par où s'écoule l'eau qui tombe dans la trompe. Le réfervoir B étant plein & les piftons élevés, l'eau tombe dans les tuyaux, après avoir paffé par les deux côtés oppofés les plus étroits de chaque ouverture, au fond du réfervoir, & delà dans la trémie; l'eau continuant de tomber, fe préci- pite fur les pierres & rejaillit de À avec impétuofité accom- pagnée de 'air qu'elle chañle, dans celle qui s'élève dans fa trompe par une direction horizontale vers le côté«S, où fe trouve le canon du foufflet, On obferve de faire élever l'eau dans la trompe au -deflus des ouvertures Ÿ, Ÿ, afin de contraindre Fair qui sy amañe au déffus & s'y comprime à mefure qu'il en vient de nouveau, de {ortir par la thuère, qui eff la feule iflue qu’on lui ménage. Il en efl de même dans toutes les forges des Pyrénées & du Languedoc, Il faut donc, comme nous l'avons dit, que l'eau fe réduife en gouttes pour produire ces foufHets. En effet, je l'obfervai à travers un trou vers le haut des tuyaux, étant prévenu que l'eau paffant par chaque ouverture P faifoit comme deux jets obliques qui fe choquent en fe croïfant. Voulant-cependant me dégager tout-à-fait des foupçons que cette matière me laiffoit malgré moi, je fis cette autre expérience. Je perçai au milieu du fond d'un vafe de fer-blanc de 9 pouces en carré fur 7 pouces de hauteur, une: ouverture rectangulaire de 1 4 lignes de fongueur fur 10 lignes de largeur; je foudai fur DES SCIE NicE ss 8 fur les deux longs côtés deux lames -de fer-blanc inclinées June à l'autre, & traverfées par une troifième, qui enfemble repréfentoient l'ouverture des tuyaux accompagnés des #rom- pils, lorfque les piflons étoient élevés; après quoi je bouchai cetie ouverture, & Je remplis d'eau le vale: je trouvai, foit que je le laiffafle vuide, foit que je l'entretinfle plein, que l'eau fortoit en fe croifant, & qu'elle fe réduifoit en gouttes après s'être gonflée. Quoique les chütes d'eau foient ménagées différemment dans les foufflets de Tivoli & des forges fur l'Ifère, il eft pourtant certain que l'eau ne produit ces foufflets qu'après sêtre divifée par fon choc horizontal contre les parois des tuyaux où elle fe précipite; & l'on doit croire qu'elle fe brife & fe met dans le même état, quand on fe fert de l'invention dont parle M Mariotie. Nous remarquerons en paflant, au fujet de ces derniers, que fa première chûte fufht pour produire le même foufflet, & qu'on fait par conféquent un mauvais ufage de la feconde en a deftinant uniquement à empêcher que l'air parvenu à la cuve ne fe difipe & ne pañfe par ailleurs que par le canon: on verra cette vérité dans un plus grand jour à la fin de ce Mémoire. Nous avons dit que l’eau doit s'élever dans nos trompes au deflus des ouvertures Y, F, & nous ajoütons qu’elle doit s'élever pluftôt en £F, qui rafe prefque les pierres, qu'en GA, afin que quand l'eau rejaillit de ces pierres-elle puiffe moins s’enfoncer dans celle de la trompe, & afin que l'air qui l’accom- pagne, defcendant moins bas par cet expédient, ne parvienne pas à ces ouvertures Ÿ, Ÿ, par où il s'échapperoit en partie. I faudroit, pour fe mieux garantir de ce danger, mettre ces ouvertures pluftôt en qu'ailleurs, c'eft-à-dire, au côté oppolé à celui où fe dirige l'eau qui pafle des pierres vers le côté où va l'air qui fouffle le feu ; de cette façon, l'air qui s’en- fonceroit dans l’eau de la trompe auroit le temps de remonter avant quil parvint en X. Enfin, au lieu de placer à cet en- droit deux grandes ouvertures, comme F, F, il froit beaucoup dieux d'y en fubftituer plufieurs beaucoup plus petites & Say. étrang. Tome LIL. Cec Fig. 7,8 & 9. 86 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE {oit bafles, fufifantes pour laitler écouier l'eau de {a trompe. Mais pour fe garantir plus fürement de cette perte d'air, je voudrois que la trompe fut partagée comme en deux étages, par un plancher placé entre deux eaux, ayant une ouverture à l'endroit le plus éloigné de celui où l'eau tombe dans la trompe, afin que la nape qui y rejaillit en enfonçant fes eaux, fût arrêtée par ce plancher ; alors Lair qui les y auroit accompagnées feroit arrêté aufli & remonteroit dans le vuide de la trompe, pendant que ces eaux iroient s'écouler d'un mouvement lent & horizontal par l'ouverture pratiquée à ce plancher, dans l'étage inférieur, & de là hors de li trompe par les ouvertures }’, F. Outre ces changemens, je voudrois encore diriger au- trement le vent qui va fouffler ie feu, fondé fur une obfer- vation que j'ai faite à l'occafion d’une expérience que je rapporterai. J'ai vû que cet air fortant de Ja trompe eft fort humide, & qu'il y flotte fenfiblement des gouttelettes d'eau; d'où j'ai conclu que cet air eft plus chargé dans la couche qui touche l'eau de la trompe, qu'au deflus. Ne pourroit-on pas, pour diminuer cette humidité, qui certainement nuit à l'action du feu & augmente inutilement la confommation du chaibon en prolongeant la durée de la fufion de la mine, faire pafler par une efpèce de fiphon vertical tout l'air de la trompe jufqu’à une caifle féparée qui portät le canon par où l'air doit darder le feu, & où on fufpendroit quelques éponges expofées au choc de l'air qui viendroit par ce fiphon! Il nous paroît que ces éponges fuceroient l'humidité-de l'air, qui, après qu'elles en feroient bien imbües, découleroit enfuite au fond de cette caille, où il faudroit placer un robinet pour la vuider quand on voudroit. Pour entretenir facilement l’eau dans les trompes à la hauteur que l'on veut, les Forgeurs ont accoûtumé d'introduire le bout d’un foliveau dans l’une des ouvertures F, plus ou moins avant. Je voudrois mettre à la place une vanne à coulifle, qu'on puiffe hauffer ou baiffér commodément felon le befoin: on pourroit marquer le long des montans tous les points néceflaires pour "PMR DE 5. S'GHENTIE"S 387 faire tenir élevée cette eau de la trompe à tel point qu'on vou- droit, & tâtonner par fon moyen ce point d’élévation, pour que le foufflet conter vât tout l'air quiferoit porté à la trompe Enfin, les joints des planches s'enwouvrent & laiflent fouvent, même d'abord après avoir été calfatés, diffiper Fair de la trompe en partie par ces iflues. On parcourra, pour le reconnoitre, fréquemment de la main, ou avec une bougie allumée, les endroits qu'on pourra foupçonner perdre de l'air : fi l'on s'aperçoit de quelque fouflle, on: calfatera les endroits qui lui donnent paflage; recherche qu'on doit répéter fou- vent, comme auffi la vifite de toutes les ouvertures qui fervent à ces foufflets, afin d'en Ôter les embarra$ qui y font portés quelquefois par les eaux , ou jetés imprudemment ou à deflein. Ces revües que j'exige font très-néceflaires, fans elles on rifque de perdre quelquefeis ce que les Forgeurs appellent mafé, qui eft la mine réduite en male. On rifqueroit moins _ ces évènemens en mettant autour des ouvertures des réfervoirs, des barreaux de près en près, ou autres obflacles capables d'arrêter ce que les eaux charrient: on préviendra ainfi fa reflource qu'ont les ouvriers, quand ils font de la mauvaife befogne, de fe décharger de leur faute fur la foiblefle du foufflet. On pourra achever de les convaincre de leur faux prétexte, après avoir fait ces revües en leur préfence, & en leur faifant voir que la force du vent eft dors auffi grande, ou peut-être davantage, qu'elle n'étoit lorfqu'is étoient contens de la trompe. On n'aura qu'à éprouver devant eux, en ces deux temps, la force du choc de l'air que fait le foufflet, par Yexpérience faite ainft que nous l'expliquerons dans l'article troifième. La facilité que trouve l'air à s'échapper par les joints des planches des trompes, nous fait croire qu'il feroit bien plus für de faire ces trompes en maçonnerie aveë pierre de taille proprement taillée, & bâtie avec un bon ciment dans fes lits & fes joints. Une pareille conftruction conviendroit auffi aux réfervoirs, pour éviter la perte inévitable de Peau qui fe fait à travers les joints des planches dont ils font conftruits, & Cccij 388 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE « fon. feroit bien de rendre ces réfervoirs de lune & l'autré conftruction aufii petits qu'on le pourra. Il feroit encore mieux*de s'en paffer, & de conduire les eaux, foit aux tuyaux, foit aux marteaux des forges, par des canaux de bois, depuis le canal de conduite ou depuis la rivière qui touchent ces emplacemens. Enfin,.des #rompils n'ayant d'autre ufage que celui de donner entrée à l'air extérieur dans les tuyaux, on peut les fupprimer, pourvû qu'on fafle à leur place plufieurs trous au haut & autour de ces tuyaux, qui donneront de Fair, ainfr qu'ils Je font aux forges fur FIfére. On Gtera par ce chan- gement (du moiñs en Languedoc & aux Pyrénées) les pré- textes des Forgeurs, qui sen prennent à tout pour excufer leurs mal - façons, & qui par cette raifon font réparer à grands frais & mal-à-propos ces #rompils ; ouvrage qui fait partie du myftère des Conftruéteurs des forges, & qui eft l'un de leurs plus fürs revenus, au préjudice des propriétaires. IL nous’ refte encore d'autres remarques & obfervations importantes à ajoûter pour la perfection de ces foufflets, fur - tout pour les calibres des tuyaux & pour les ouvertures qu'on ménage avec beaucoup de myftère dans les trompes entre ces tuyaux & les pierres. Comme elles dépendent des expériences & des calculs qui font le fondement de ce que nous avons à dire “pour établir des règles propres à ces fouf- flets, nous n’en parlerons qu'à mefure qu'elles nous paroîtront en naître. +» Et parce que ces expériences ne peuvent être mifes en uface, & que les calculs ne peuvent être faits qu'au préalable on ne connoifle comment fe fait la dépenfe de l'eau en paflant du réfervoir dans les tuyaux, nous expliquerons. dans l'article fuivant de quelle façon il faut mefurer les Eaux. . DES. SÉLENCE 389 ARTUIPE LE DE De la mefure des Eaux deflinées aux Soufflers. N ous avons déjà dit que l'eau du réfervoir s'engouffroit dans une efpèce de trémie formée à l'endroit où les trompils entrent & s'emboîtent dans les tuyaux, & repréfentée par les figures 8 & 9. Nous allons faire voir que la dépenfe des eaux qui fe fait par de telles ouvertures, doit fe melurer différemment, & tantôt felon la bafe en C D au fond du réfervoir /fg. 1 0) tantôt felon celle en ZX prife horizontalement à l'extrémité des trompils, & d’autres fois indifféremment par l'une ou l'autre, Suppofons d’abord que 4», que je nomme x, foit la hau- teur de l'eau dans le réfervoir, & que XN, hauteur de ja trémie, foit c, on aura MX = x +- € pour la hauteur de l'eau au deflus de l'ouverture au fond de la trémie. Soit a cette ouverture en ZX, & à celle en CD, il s'enfuivra, dans la fuppoñition de la dépenfe complète par l'une & l'autre, queb:a:: V{(x+c): vx, &quebVx = ay{x +c), ac ou bien que x = -— ; ce qui nous donnee point auquel Feau doit s'élever dans le réfervoir, pour réfoudre le dernier dé nos trois cas. En decçà ou au delà de ce point, ôn ne doit plus prendre indifféremment l'une ou l'autre de ces ouvertures avec leurs hauteurs correfpondantes pour calculer la dépenfe; car il faudroit, pour le faire ainfi, que les vitefles de l'eau paflant par ces deux ouvertures fuflent toutes proportionnelles entrelles, ce qui n'eft pas; & pour le faire voir, confidérons que quand l'eau s'élève en A7 plus haut que }, on peut dire que An: AK::hn: AK, au lieu qu'en ajoûtant à l’une ou à Yautre raifon a ligne 414, les quatre lignes 4n, 4X°& An + 4M = Mn, hK = Mh= MK, ne feront plus en proportion, puifqu'il faudroit, afin que ces. deux rapports fuflent égaux, que les parties 2A7, AM, égales & ajoûtées, fuflent en même raïfon .que celles auxquelles on les ajoûte, Ccci Figure 10. 390 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂACADÉMIE ce qui n'augmente pas aflez le quatrième terme & rend le dernier rapport plus petit que fautre; donc le rapport de V{hn), V(hK) eft plus grand que celui de {Mu}, V(MK) & (MK) eft trop petite; donc le produit de louver- ture par Ÿ/ Mn), eft plus grand que celui de la bafe a par V{(MXK); donc l'ouvérture en /Æ a ne fauroit dépenfer autant d'eau que celle en C D en, pourroit fournir. De-1à vient qu'il faut calculer fa dépenfe de ces ouvertures par la bale en ZX (a) x V{MKXK,), lorfque le niveau de l'eau fur- pafle le point h x Figure 1. Lorfque l'eau ne s'élevera dans le réfervoir qu’en #1 au deffous de #, on verra par le même raifonnement, que 41, 4K, mn & Km ne font pas en proportion, & que le quatrième terme n'eft pas affez diminué, & par conféquent que V{mX) eft trop grande; donc le produit de Ja bafe & par /mn) eft plus peiit que celui de la bafe a par {x K) ; donc cette dernière ouverture ne dépenfera pas pleinement, tandis que la dépenfe de celle en CD fera complète. Nous apprenons de là qu'il faut calculer la dépenfe en ce cas, au moyen de l'ouverture en CD & de la V{mn). C'eft en fuivant cette règle qu'on ascalculé Les différentes dépenfes d'eau des réfervoirs de la forge de Saint-Pierre & de celle de Queille, pour fervir aux expériences que j'ai faites dans lune & l'autre. Ces ouvertures n'étoient pas accompagnées alors de cette ièce de bois qui y eft ordinairement fufpendue, & qu'on appelle pifton, dont on fe fert pour arrêter ou varier le jeu de ces foufflets, de forte que leur différente pofition varie auf & augmente ou diminue la dépenfe de l'eau dans le réfervoir. Voyons comment il caufe ces changemens. On fait que fi une ouverture horizontale & rectangulaire ABM N eit égale à la verticale À BCD, T'eau s’'entretenant à la hauteur À D, il ne doit fortir par celle-ci que les deux tiers de l’eau qui fortiroit en même temps par l'horizontale. Mais l'eau s'entretenant au deflus du point €, cette règle DES SCIENCES. 391 ne peut plus fervir, & lon a accoûtumé de mefurer la dé- penfe en employant la viteffle moyenne déterminée par Îa moitié de la fomme des hauteurs D £, AE, (on fuppofe eau s'élève en Æ) , ce qui approche d'autant plus du vrai, ouverture verticale a moins de hauteur, & que la hauteur de l’eau au déffus eft grande; elle s'en écarte au contraire à mefure que la hauteur de Feau diminue, & que fa hauteur de l'ouverture augmente; on ne connoît donc pas la vitefle moyenne que nous allons déterminer. En confidérant, 1.° le côté ABEG ouvert & l'eau rafant £G, 11 fomme des viteffes de l'eau dans tous les points de la hauteur AE peut être exprimée par la fomme de toutes les ordonnées de la demi- parabole AE PQ; 2.° la fomme des viteffes dans tous les points de la hauteur D Æ, peut être exprimée par la portion DEP dela même parabole, de forte que la différence AQDP fera la fomme des vitefles du liquide paflant par la hauteur AD de Fouverture. Il eft évident que cette hauteur divi- fant la furface parabolique A QD P, donnera la viteffe moyenne qu'on cherche; & nommant # la hauteur AEÆ, 4 celle DE, k— d = AD, on aura V4 —= AQ, & hvV4 — AE »x AQ; par la mème raifon dd = DE x DP. On fait que l'une des propriétés de la parabole donne 3 : 2 BAVh EE Vi = fufce AEPQ, & que 3 dvd = celle ED P. Soit y la vitefle moyenne qu'on cherche; donc + 4 Vh — + dvd = hy — dy = DAPQ, & __ 24 VA — 24 vd is 34 — 34 8 Mais fans recourir à cette vitefle moyenne, nous pouvons déterminer le point où fe doivent tenir élevés ces piftons en tous les cas: car nommant a le côté AB — ab, & cle côté a À, la dépenfe par les deux verticales qui fourniffent ER : ou 4h Vh 4ad va eau à la trémie peut être exprimée par —— — ——, 3 pourvû que AE = k, DE — d, & acVh exprimera 392 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE la dépenfe, dans le même inflant, par l'horizontale; done FT RE HS Eee ac VA, d'où l'on tire d= (BP + Lék 3h), & DA=E - = 4 — Y(B +2 CRE ch), formule qui nous donne le moyen de trouver à quel point doivent refter élevés les piftons au deffus du fond du réfervoir, quand la dépenfe de l'eau fe fait par l'ouverture au fond du réfervoir: cela change lorfqu'elle fe fait par l'ouverture prife au fond de la trémie ou des srompils, puifque alors l'un des côtés fe trouve plus petit: je l'appelle p ; donc ap fera cette ouverture au fond de fa trémie. Soit 7 l'enfoncement des #rompils dans les tuyaux, 4 + # fera la hauteur de l'eau au deflus du fond de la trémie; donc ap {h + t) en fera la dépenfe, D & alors 4 es — —= apV(h + 1); donc ALP — Lip VE +) + hp ph donc — d = h— ÿTR 3 4p (4 ht) 4% (hp + p't)] doñnera à connoître à quelle hauteur on doit élever les piftons au deffus du fond du réfervoir, quand la dépenfe des eaux devra être mefurée par l'ouverture au fond des #rompils, c’eft- à- dire, lorfque l'eau fe tiendra élevée dans Le réfervoir à toit point au deflous de celui 4, fg 10, D'où il fuit que ces deux dépenfes ne changeront pas en chaque cas, à quelque point au deffus de chacun des deux points que détermine chaque formule qu'on élève {es piftons; mais elles ne, feront plus les mêmes, & elles feront moindres, fi les pifons defcendoient plus bas; ce qu'il feroit aifé de déter- miner pour chaque point, & que nous trouvons inutile de éfoudre. | ARTICLE DrÉ 5 À SICHSEiN:CEErS: 393 ARTICLE! 2 PL De la quantité d'air que les eaux de ces fouffers chaffent en 1ombant. En fe rappelant que l'eau qui fe réduit en gouttes, chañle Y'air dans celle où elle fe précipite, nous conclurrons que plus une goutte defcend vite, plus elle chaffe vite l'air qu'elle rencontre; de forte que fi elle defcend avec une viteffe double de celle d'une autre goutte qui lui eft égale, elle chaffera une quantité d'air double dans un temps égal. Pour faire ufage de ce principe, nous avons befoin de Vaccompagner de quelques demandes. 1.” On demande qu'il foit permis de fuppofer que toute Veau qui tombe du réfervoir dans les tuyaux {e met en filets égaux en grofleur, & que chacun d'eux fe réduit engouttes toutes égales entr'elles ; ou bien que ceite même eau fe réduit en filets de différentes groffeurs, & que les gouttes de chaque filet font égales entr'elles feulement. 24° On demande qu'il foit permis de fuppofer auffi que les gouttes de même grofieur reflent un temps égal à fe former, en quelque point de la chûte! que l'eau commence à {e ré- duire en gouttes. L 3° On. demande encore que les gouttes de différentes grofleurs reftent à fe former des efpaces de temps qui font entreux comme les rayons ou les diamètres de ces gouttes. Confidérons enfuite que quand da première goutte de l'un des filets qui fe forment fous le rélervoir, fe détache, il sen forme, immédiatement après , une autre à fa place, qui ne ren- contrera plus la première; car pendant que la feconde fe forme, l& première defcend', en forte que ces deux gouttes laifleront entr'elles dans tous les points deleurs chütes un imervalle, de façon que l'une parvenant en 2, l'autfe n'arrive qu'en G dans le même inftant, & l'intervalle BG fera l'efpace par- couru par la goutte tout le temps qu'elle chafle Y'air dans Ia trompe, Il en eft de même pour les gouttes de tous les autres filetside la dépenfe du réfervoir.… um Say. étrang. Tome II], .Ddd 34:9 394 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE D'où il fuit, & de la feconde; demandé, que ces efpaces feront égaux, en quelque point ( la hauteur de la chûte reftant la même) de Felpace AB que la goutte À puiïffe fe former, pourvû qu'elle foit fuivie de celle qui fe forme à fa place immédiatement après : c'eft pourquoi l'eau que dépenfera un réfervoir fera à la quantité d'air qu'elle chaflera, comme f4 groffeur de l'une des gouttes à la quantité d'air qu'elle chafle pendant le temps qu'elle refte à fe former, ou, ce qui revient au même, pendant que G parcourt l'intervalle GA. Cette proportion eft évidente dans le premier cas de la première demande; démontrons qu'elleeft vraie aufli dans le fecond. On peut concevoir la quantité d'air chaflé par une goutte d'eau, groffe ou petite, exprimée par le produit de la furface de cette goutte ou de celle de fon grand cercle, de la viteffe de cette goutte & du temps qu'elle met à fe former ou à remplacer celle qui la précède immédiatement, de forte qu'en nommant À & a, deux gouttes de différens diamètres, S &s leurs furfaces; F la vitefie de l'une & de l'autre goutte, qui eft la même, à des hauteurs égales de chüûte, .& 777 le temps que chacune met à fe former ou à remplacer fon égale, il eft certain que les quantités d'air chaflé feront entr'elles comme S7Y, f1V, ou comme ST, ft. Or T eft à 5 comme D, diamètre de la goutte À, eft à 4 diamètre de la goutte a ; donc ces quantités d'air feront entr'elles comme SD, {d. Orles grof- feurs.de ces gouttes font aufli en même proportion; & parce que cette proportion peut s'étendre, dans ce cas comme dans l'autre, fur autant de termes qu'on voudra, on peut aflurer que {a fomme desantécedens, c'eft-à-dire, la fomme de toutes les gouttes qui compofent la dépenfe du réfervoir, eft à la fomme des conféquens, c'eft-à-dire, à tout l'air que ces gouttes chaflent, comme la groffeur de l'une de ces gouttes à l'air qu'elle chafle. HUE D'où l'on tire cette règle: lorfque deux réfervoirs dépenfenit différens volumes d'eau, ou bien quand un même réfervoir dépenfe différens volumes d’eau par des hauteurs égales de chüte , les quantités d'air chaflé font entr'elles comme, les DES: S'éTE NICE S. ” 239$ volumes d'eau qui les chaffent, de forte que Q & g expri- mant ces quantités d'air, & D & d les dépenfes de l'eau des réfervoirs, on aura Q : D'::9:d, où dQ — D. Mais parce que nous devons être prévenus que les quan-" tités d'air.chaflé augmentent en raifon des vitefles de l'eau, if faut que la quantité d'air chaflé par l'eau que dépenfe un réfervoir au moyen d'une chûte, foit à la quantité d'air que cette eau chafferoit à toute autre hauteur de chûte, en raifon des racines quarrées de ces chûtes, en forte que 4 & #, étant ces hauteurs, on aura Q :7:: VH: V4, & Q V4 = 9 VH. De ces deux règles on tire, favoir, de la première, Je » & de la feconde, /Æeft à ÿ# comme € =. eft à la quantité que j'appelle x — Le , où bien Dx y H — dQ V#, pour une règle qui embraffe tous les cas. H faut connoître, pour en faire ufage, par des expériences faites avec fcrupule & par des mefures prifes avec attention, cinq des fix grandeurs qu'elle renferme, afin de trouver la fixième. On verra bien-tôt de quelle façon l'on s'y eft pris à la forge de Saint - Pierre pour fe procurer ces fecours indifpen{ables. On y avoit trouvé que le choc de l'air avoit élevé un poids plus fort que celui que donne l'expérience fuivante, quoique le volume d’eau & tout le refte fût le même, & on n'auroit pas penfé que ce poids püt changer, fi je ne me fuffe aperçu quelque temps après, en faifant des expériences pendant plu- fieurs jours du choc de l'air fortant d'un foufflet d'orgue, que le poids élevé varioit felon que le mercure d'un thermomètre montoit ou defcendoit. Cette obfervation me détermina à retourner à la forge de Saint-Pierre, muni de*ce thermomètre, pour y répéter, en oblervant cet inftrument, mes expériences & en augmenter le nombre; on en verra le détail dans les tables fuivantes: voici, en attendant, ce qu'on a fait pour | Ddd à 396 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE connoître la quantité d'air, ou, ce qui revient au même, Île poids élevé par le choc de Fair qui fortoit de la trompe pen- dant que le réfervoir dépenfoit la plus grande quantité d'eau ‘qui lui étoit deftinée. Je bouchai exactement le bout du canon logé dans la thuère, & clouai fur: le trou Tun tuyau 7 G D, coudé, & de fer-blanc, au moyen d’un colet qui y étoit foudé. & enduit d'une compofition de cire & de poix, percé au bout D d'une ouverture de 1 6 lignes de diamètre qu'avoient, le bout de la thuère & le trou 7’; je difpofai enfuite un. tourniquet À B ÆE, en forte que AE étant horizontal & balançant fur le point d'appui À placé à deflein, l'autre bras CB vertical avoit fon extrémité B éloignée du bout D autant qu'il le falloit pour le plus grand eflet; ce qu'on trouva en tâtonnant. Lorfque Fair choquoit ce bras, da diftance du centre C de l'axe au point 2, où répondoit le centre de l'ouverture D, étoit égale à celle du point € au centre de gravité du poids polé vers Æ; ce qui étoit facile à faire, les poids dont on { fervoit étant des cones tronqués & creux avec lefquels on pèfe les métaux les plus précieux: dans cette difpofition de la machine, & les piftons étant déplacés, je trouvai que le choc de air fortant de la trompe élevoit le poids de :25 onces 2, ce qui fut vérifié plufieurs fois. Cette expérience, faite en préfence des Forgeurs, fert à les convaincre que leurs mal-façons ne dépendent pas ordi- nairement des foufflets: c'eft de la même manière qu'on a fait les autres, qu'on trouvera rapportées dans les tables fuivantes. Dans la première table, la première colonne renferme les noms des deux forges où nous avons fait nos principales recherches; la feconde contient les hauteurs des chütes com- prifes depuis le niveau de l'eau dans les réfervoirs jufqu'à a furface des pierres des trompes; la troifième, les hauteurs de l'eau dans cés réfervoirs, lorfqu’on donnoit à nos foufflets tout le volume qui leur étoit deftiné; la quatrième marque Jun des côtés des ouvertures prifes à l'extrémité des trom- pils, d'autre côté étant de 8 pouces dans nos deux forges: ’ ” Lo DÉE:SA Sh Cu Eù Ne © En So w 3h 397 Ja cinquième colonne montre les poids élevés par le choc de l'air, & la fixième ceux qui auroïent dû être élevés en conféquence de nos règles. EG SRE ET ET CoTÉ ÉTROIT | NOMS |HAUTEURS LA AE GLD:s Er O1DS DES DES mis oùvertures que donnent ans les au fond ÉLEVÉS. des reel FORGES. CH UTES. | péfervoirs. | des trompils. CArBIeS pieds. pouces. _| pieds. ! ‘pouges. : On doit remarquer, 1.” que les enfoncemens des trompils font de 9 poucesidans ces deux forges; 2.°.que les dépenfes de leurs réfervoirs fe faifant conformément à ce que l’on a vû dans l'article 111, il faut employer la hauteur de l’eau dans ces réfervoirs en y. ajoûtant celle de 9 pouces qu'ont les enfon- cemens des trompils, toutes les fois que la hauteur:de l'eau ex- cédera 1 pied 7 pouces 4 lignes dans la forge de Saint- Pierre, & celle de 9 pouces dans celle de Queille;. 3.° nous prenons pour bafe de nos calculs la forge de Saint-Pierre pluftôt que l'autre, parce quêé l'on venoit de la réparer en notre préfence avec attention, & parce que j'y ai trouvé toutes les facilités à defirer pour y faire avec exactitude toutes mes recherches, outre, comme on Je verra, que c'eft celle dont les inftrumens concourent le nrieux à produire le plus grand effet. Or. la hauteur de chüûte étant appelée À, & étant de 13 pieds. $ pouces, VA — Vi3% Si — 1 de pied, On trouvera la valeur de Den confidérant que les dépenfes des réfervoirs font entr'elles comme les produits de leurs ouvertures par les racines des hauteurs de. l'eau .dans ces réfervoirs; donc l'ouverture de 8 pouces fur 4 pouces 9 lignes, multipliée par la racine de la hauteur, 4 pieds 9 pouces, de dd ii 2 398 MémoirEs PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE l'eau au deffüs — 25272 de pied =D: Nous avons trouvé par l'expérience, que Q — 25 onces +; voilà donc trois grandeurs connues & fixes pour tous les cas. En cherchant par Ja mefure aétuelle ou par l'expérience deux des trois reftans de notre dernière règle, ‘en toute autre forge, on trouvera fa ” fixième: ’c'eft pourquoi on.a trouvé que Je poids g, que l'ait du foufflet dé la forge de Queille devoit élever par fon choc, eft de 25 onces +, la hauteur de la chüte étant de 17 pieds ‘1 pouce, & V{17 pieds 1 pouce) = de pied = #, & d — #7 de pied: or ce poids 9 = 23 onces+; ‘felo l'expérience. On verra bien-tôt que ce font les calibres des tuyaux qui caufent la différence de ces deux poids, parce qu'ils ont en ces deux forges chacun 7 pouces 6 ligries cle côté, -quoiqu'il pafle. moins d'eau dans ceux de(jueille que dans ceux de Saint-Pierre. © Les deux tables füivantes nous ferviront à découvrir les caufes de ces différencés; la première, dreflée fur ce qu'on à fait à la forge de Saint-Pierre, nous montre, par exemple, dans la troifième ligne, que quand la hauteur de li chûte- étoit de 12 pieds T pouce, renfermée dans la prémière co- Jonne, Ja haüteir de l'eau dans le réfervoir étoit de 2 pieds 8 pouces rénfermée dans fa feconde colonne, & le’ poids élevé par l'expérience de 19 onces eft renfermé dans fa troi- fième colonne; la quatrième renferme le poids de 20 onces 40 grains, calculé felon nos règles ; la cmquième fait voir que le poids qui auroit dû être élevé en faïfant la correction qu'exigent les calibres des tuyaux, eft de 17 onces =, & la fixième montre les amplitudes des jets d'eau & d'air mélés fortant par un trou que je perçai avec un foret fur une face de l'un des tuyaux, à 1 pied 3 pouces au deffus d'un plan horizontal placé à 2 pieds 6 pouces au deffus de la furface des pierres dans la'trompe ; & pendant toutes ces ‘expériences, le mercure du thermomètre de M. de Reaumur montoit tantôt à 1 6, tantôt à 17 degrés. Tant d'opérations réunies ne pouvoient guère être exécu- tées préfque toutes à la fois par une feule perfonne, quoique Ni ADE: sk Si TARTEUNI GE: :S | 399 je me fois fervi uès-à-propos de la vanne d'un épanchoir voifin de chacune de ces deux forges, que j'ouvrois autant & fr peu que'je voulois; afin-que Veau ne s'élevät dans-les référvoirs qu'aux points, dueje jugéois à propos : aüffr avois-je drefé un homme à m'aider dans tout ce détail, afin dé n'être : pas trop partagé dans l'inflant du choc de fair contre le tourniquet. | © TABLE: pour. le Forgt de Saint Pierre. QuTEURS HAUTEURS POIDS sl POIDS PL: Et KA DE L'EAU ÉLEVES A ÉLEVER | # ÉLEVER, j DES dans par le choc CHUTES, | le réfervoir. de Wair. pisds. pouce: fign. | pieds. pouc. lign. | ba » y LJ LES $ [7 4 v, Ù LS z al, a 3 2 0. < 224 + 12, 10. © 3 $ _ 23 8 pieds. pouces. LL 2, #, ur 2. 8. 0. . 3 2 e SU TA 5 11. 9: 6|. 2: 4: 4 S, ” = = 11», ÿe 6] 2. 0. YÆ, # 3 Li Li 0, 0! 1. 7: We + £ : 10, 9: 8 Le 4 = Æ 3 3 10. 6. 6 Le 1. & NE: C'eft par la même voie par laquelle cette. table, vient . 'être dreflée, qu'on a dreflé auffi la fuivanté.. Nous devons cependant remarquer que les poids de la quatrième colonne & - ceux de la cinquième ont été calculés en. prenant pour bafe ce qui a été fait à fa forge de Saint - Pierre; parce que, comme on le-verra, des -calibres de celle-ci &:1a dépenfe de leau qui y paffe font dans une proportion plus avantageufe qu'en celle de Queille. Du * 400 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE * TABLE pour la Forge de Queille. a RCI CEE RT 4.7 da SEE THAT LETTRE . n RSS HAUT EURS|HAUT EURS}, POIDS | POIDS | POIDS mn LEUR ÉLEVÉS | A ÉLEVER | A ÉLEVER D'ESY, cb DEL FLE pat le choc: sfelon. 14 eu égard, CHUTES. [dans le VE de l'air. …les règles. | aux calibres. pieds. pouces, pieds. pouces. onces. . onces. 7 IN Q 3+ 10. 0 23 L aise UE 22. À 16. NI] 3e, is das. AA 28: X To 18. 2 D ESP 1 M PO PEU M EURE ce DE ERA 13: 114 0 1, 0.4 8.0 7: 3 CD 1127 1200 0. 1078 | La hauteur du mercure .dans le thermomètre montoit , _ re à T3, tantôt à-r4" degrés"J'oubliai depercer-un-troù ahx arbres-creux:, ou tuyaux, pour.y imefurer, les amplitudes des jets; mais je-m’en dédommagedi aux forges de Sainte. Colombe, dans le diocèfe de Mirepoix ; & de l'Efpan£ dans le Conferans, que nies tournées pour la levée de ja Carte de Languedoc me donnèrent occalion dé voir. Je perçaï fur l'un des tuyaux de celle de Sainte-Colombe un'trou à 8 pièds 4 pouces fous le niveau de l'eau dans fe réfervoir , (ou À°6 pièds environ au deflus des pierres, par où fe faifoit un jet d’eau _&.d'air de 7.pouces d'amplitude fur r pied 3 pouces de hauteur. Je perçai auffi à l'un des tuyaux de la forge de l'Ef parté un ttou à 15 pieds 3 pouces fous:le niveau de l'eau de fon réfervoir; ou ‘à: deux pieds & demi au deflus dés pierres, & je trouvai que l'amplitude du jet étoit de :$ pieds pour les’ parties qui: s'écartoient le plus, la hauteur dé l'am- plitude étant de r'pied 6 pouces. Enfin, jÿ perçai un-fecond trou à/!1 r pieds 3 poûces, fous cette même furface-de l'eau duréfervoir, &c: je trouvai l'amplitudedu jet de: 1. pied,9 pouces, dont fa hauteur étoit auffi de 1 pied 9 poñces!. |, Toutes ces amplitudes m'avoient fait croire que l'eau s'é- levoit dans les tuyaux au deflus des pierres; mais quand j'eus mefuré ouverture par laquelle l'eau rejaillifloit dans les trompes, je trouvai qu'elle fuffifoit pour empêcher que l'eau ne s'élevât DES! SICTE N CES 407 s'élevât en effet au deflus de ces ouvertures jufqu'à les couvrir, indépendamment de la force du choc de l'eau qui fe précipite fans-cefle fur les pierres. J'achevai de me décider que cela ne devoit pas être, par ces amplitudes mêmes qui mavoient d'abord féduit, pui qu'il fe faifoit à Ja forge de Saint- Pierre un jet de 7 pouces d'amplitude par le trou dont nous avons parlé, quoique le poids élevé alors par le choc de Faire ne fe trouvit que de 8 onces à, & que la dépenfe de d'eau du réfervoir ne fût que d'erviron la moitié de celle qu'il dépenloit, quand le choc de l'air élevoir 1e poids de 2; onces 2. Enfin, fi ces jeis étoient caufés par l'élévation de l'eau au deffus des pierres, nous pourrions conclurre des amplitudes de ceux des forges de Sainte - Colombe & de l'Efparté, que cette élévation parviendroit jufqu'aux environs du réferveir, de manière à ne faire prefquesqu'une malle d'eau tontinue depuis le haut du réfervoir jufqu'aux pierres, & à ne pas produire le foufflet. Il ÿ a donc une autre caufe de ces jets; elle vient de cerque l'eau, en tombant à travers l'air libre, imprime à celui qui lui réfifle une viteffe qui fe communique à l'air qui eft à côté, ainfi dans nos expériences les gouttes d’eau de nos foufflets fe précipitant dans les tuyaux, poufloient Fair en avant ; celui-ci prefié, faifoit effort contre l'air des côtés, & en même temps contre les parois de ces tuyaux, où trou- vant à s'échapper par le trou que nous y avions percé, il fe formoit un courant d'air qui YBoufioi en mème temps les gouttes d'eau qu'il rencontroit, & faifoit le jet tel que nous Yavons vü & entendu fiffler. H fuit de ces obfervations, 1.° que pour conferver l'air qui paffle aux trompes, il faut être attentif à bien calfater les trous, les fentes & les joints des planches des tuyaux, principalement vers l'extrémité par où ils s’emboîtent avec les trompes. 2.° Que c'eft mal-à-propos que les conftruéteurs des forges portent tant d'attention à placer, comme ils le difent, les pierres, puifque nous venons de voir qu'en ces ouvertures qu'elles forment, l'eau ne s'élève pas au deflus d'elles, & Say, étrang. Tome 111, Ece 402 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE que cela étant vrai, l'effet feroit égal, quand même ces ouvertures feroient plus grandes. Nous verrons cette vérité confirmée dans ce qui nous refle à dire. G En jetant les yeux fur les troifième & quatrième colonnes de nos deux dernières tables, on aperçoit d'abord des diffé- rences bien confidérables entre ces deux manières de recon- noître les poids donnés par l'expérience, & ceux qui viennent du calcul fondé fur les règles quemnous avons établies. Je remarquai, en cherchant la caufe, que ces diférences alloient én croiffant à mefure que la dépenfe du réfervoir diminuoit, Je cherchai enfüite pourquoi l'expérience s'accordoit fi mal avec le calcul, & je compris que cela venoit des tuyaux, dont les calibres étoient de la grandeur convenable toutes les fois que le réfervoir de Saint-Pierre dépenfoit l'eau qui chafloit l'air, dont le choc élevoit le poids de 2$ ences 7; mais ce calibre ne convenoit. plus à mefure que la dépenfe de cette eau diminuoit, de mème que le poids élevé par le choc de l'air, & il fe trouvoit trop grand, puifque fon ca- libre étoit ainfi moins plein, d’où s’enfuivoit fans doute que l'air fe diffipoit en partie par le vuide en remontant vers les trompils. Enfin, j'inférai qu'il falloit néceflairement que le calibre des tuyaux de la forge Saint-Pierre füt au calibre de ceux de toute autre forge, en raifon de la dépenfe de l'eau du foufflet de celle-là à la dépenfe de Feau du foufflet de l'autre, de forte qu'en nos expériences rapportées dans nos deux dernières tables, l'effet devoit étrele même, commefi en chacune d'elles c’étoit une forge diftinéte & féparée dont les calibres des tuyaux fe trouveroient conformes à cette analogie, Nous fommes donc fondés à aflurer que les tuyaux de ces forges auroient dû être différens en chacune de nos expériences, afin que tout l'air chaffé fe confervät pour le foufflet. Voyons maintenant ce qu'il a dû arriver de ce que rien n'a changé de la part des inftrumens qui compofent ces foufflets. Les tuyaux reftant les mêmes, l'air chaffé en chaque expérience s'eft répandu felon toute la grandeur des calibres!, &. il n’y a eu que la partie occupée fans cefle par l'eau tom DES!SCIE NC'E.s. 403 bante qui a confervé l'air du foufflet; le refle s'eft diffix en remontant vers le haut, felon la partie de la bafe non occu- pée par cette eau: c'eft pourquoi, en nommant À, a les ouvertures par où fe font Îes dépenfes d'eau; 1, 4, les hau- teurs de l'eau au deflus de ces ouvertures A & A répondant à ce qui fe pañloit à la forge Saint-Pierre lorfque le poids élevé étoit de 25 onces +, 4 y H & a Vh pourront expri- mer ces dépenfes. Soient À & & les calibres des tuyaux, on B vh n aura, 1. AVH, avh::B, Le 2.° en nom- mant Q la quantité d'air qui auroit dû être chaffée felon nos règles, & 4 celle qui s'eft confervée pour le foufflet, on aBvh Ra ANT AVYH eu AYH confervée pour fournir au fouffet, ou bien celle qui choquoit le bras du tourniquet pendant nos expériences ; formule à fuivre quand les ouvertures font différentes, mais quand aura B:b — pour la quantité d'air Aa, die fe réduit à celle-ci, € T ee 4 C'eft fur elle qu'on a calculé la cinquième colonne de cha- cune de nos deux dernières tables, ayant eu attention dans June & l’autre de fe fervir à propos, tantôt de l'ouverture au fond des réfervoirs, tantôt de celle que l'extrémité des trom- pils détermine, ainfi que nous l'avons expliqué dans l'article IT. Arrétons-nous maintenant fur le moyen de tirer, par le fecours des tuyaux, la plus grande quantité d'air poffible d’un volume d'eau qui s'y précipite, & jetons les yeux, 1° fur a table pour la forge de Saint-Pierre. Nous remarquerons dans la feconde ligne, que le poids qui auroit dû être élevé par le choc de Fair, en conféquence de nos règles, eft de 23 onces 48 grains, marqué dans la quatrième colonne, & qu'il ne devoit être que de 22 onces +, eu égard à Ja correétion des calibres que la cinquième colonne renferme, & que l'expérience la donné de 22 onces, qu'on trouve dans la troïfième colonne. Paflons à la troifième ligne, nous y verrons auffi des différences, & que le poids de 19 onces de l'expérience furpafle celui de 17 onces + de la cor- Eee ji; 404 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE rection des calibres; & continuant de même dans les autres lignes de la table, on verra que les différences entre les poids de l'expérience & ceux que donne le calcul en confé- quence des calibres, font à peu-près égales entrelles, à compter depuis la troifième ligne. Cela nous conduit à dire que quand les poids de l'expérience font plus forts que les poids correfpondans de la cinquième colonne, il doit arriver quelque changement à l'eau qui tombe dans les tuyaux, &c qu’elle y conferve mieux les effets de fa réduction en gouttes, puifqu’alors elle donne plus de vent. Voici comme je l'ex- plique. I arrivoit, l'air élevant par fon choc un poids de 25 onces +, que toute eau ne fe divifoit pas, & que les calibres des tuyaux n'avoient pas aflez de grandeur pour que l'eau qui s’'enfloit de Ja façon que nous l'avons dit ci-defus, n'atteignit pas en partie les parois des tuyaux, où étant parvenue, elle découloit tout le long jufqu'aux pierres fans fe divifer & fans y chafler par conféquent d'air; effet bien reprélenté par ce qu'on voit dans une bouteille qu'on remplit en y verfant obliquement quelque liquide : cette quantité d'eau dérivée diminuoit fans contredit à mefure que la dépenfe du réfervoir diminuoit aufli, puifqu'un moindre volume d'eau trouvoit les mêmes calibres à parcourir. On ne s'a- perçoit pas, dans la feconde ligne de la table, que l'eau ceffe de fe dériver le long des parois, puifque le poids de l'expé- rience eft approchant le même que fon correfpondant corrigé, eu égard aux calibres, Fun & Fautre étant moindre que celui de la quatrième colonne; maison voit dans la troifième ligne que l'eau ne doit pas y atteindre, puifque le poids de l'expérience furpafle celui que donne la correétion des calibres ; & puifque cela fe foûtient de même dans les autres lignes. Veau prend donc, dès cette troifième ligne, toute fon exten- fion, fans qu'il en parvienne aux parois : c’eft donc là que fe fait le maximum, afin que toute l'eau concoure à former le foufflet. C’eft donc lorfque le poids de l'expérience a été trouvé de 19, onces, que les calibres de la forge étoient de’ k grandeur convenable, & ïls étoient trop petits lorfqu'it DES SCIENCE s. 405, y pafloit toute l'eau qui produiloit le foufflet de 2 $ onces À, D'où il fuit qu'on ne pouvoit pas fe promettre un plus grand poids en rendant ces calibres plus petits, puifque Veau y wouvant alors un moindre calibre à occuper, pourroit moins séendre, &une plus grande partie iroit découler en pure perte le long des parois. D'un autre côté ce poids de.1 9 onces que donne l'expé- rience, & marqué dans la troifième colonne, étant plus grand en vertu des calibres qu'avoient les tuyaux, que celui de 1 7 onces +, correfpondant que donneroient les tuyaux, leurs calibres étant corrigés, il eft vifible, en prenant ce maximum pour bale de nouveaux cälculs, que le poids de 25 onces 1 de la première expérience fe trouveroit moindre en employant les mêmes règles que nous avons données, quoiqu'on fubitituât aux tuyaux de cette forge de plus grands, dont les calibres Qv#h A. — Ce qui réfulte des expériences faites à la forge de Queille, nous aidera à connoître que le maximum vrai ne fe trouve pas lorfque le poids de l'expérience étoit de 19 onces, mais qu'il eft en effet lorfque le poids élevé étoit de 2 $ onces 1; Car, felon nos règles, le plus grand poids à élever par le choc de l'air à cette forge de Queille, a ététrouvé de 25 onces 1, au lieu de 23 onces 2 que l'expérience a données: or les dépenfes de l'eau des réérvoirs de ces deux forges, felon les dimenfions que nous en avons rapportées , font entrelles * 72 X Go à 72 x 35, Celt-à-dire, approchant :: 8: 7. Il eût été néceflaire que les calibres de leurs tuyaux euffent été dans Ja même proportion pour produire le poids de 25 onces +, en fe conformant à la formule ci-deflus:. mais étant égaux, il a dû fe diffiper de l'air par ceux de la forge de Queille, dans la raïfon de 7 à 8, & ne s'en conferver que les Z, c'eft-à-dire, 22 onces à pour le foufflet, au lieu de 23 onces qu'a données l'expérience. On voit que les autres poids de cette dernière table, pris dans le méme ordre que nous venons de le faire pour la feconde table, dorment des | Ecesiij 0 feroient agrandis felon da formule ci-defus 406 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE différences femblables, & montrent aufli que fi les calibres de Queille font tels qu'ils contribuent à augmenter la quantité d'air, parce que l'eau n'atteint pas les parois des tuyaux, ils en font pérdre en même temps une plus grande quantité, & plus encore en cette forge-ci qu'en celle de Saint-Pierre; à caufe des trop grands calibres qu'ils ont. On peut done, avec beaucoup d'apparence, établir que les calibres des tuyaux de la forge de Saint - Pierre étoient de la grandeur qu'il falloit pour le” vrai maximum, lorfque le choc de Fair élevoit le poids de 25 onces +, en vertu du volume d'eau correfpon: dant. Nous fommes d'autant plus portés à le croire, que Ia pratique conflante du Languedoc & des Pyrénées eft de donner à tous-les tuyaux de leurs forges un égal calibre, en variant à volonté les ouvertures des réfervoirs & des trémies par où l'eau s'y précipite, eu égard aux hauteurs de chûte, afin de produire à peu près en toutes un fouffet d'égale force. La pratique feule ne pouvoit guère aller au delà: quand même elle auroit été affez ingénieufe pour déterminer avec précifion tous les inftrumens du foufflet d'une forge fur lequel elle auroit été exercée, ce modèle ne pouvoit plus, ou très rarement, être répété, foit à caufe des hauteurs des chütes différentes dans toutes les forges, foit à caufe des différentes quantités d'eau qu’on pouvoit ou qu'on devoit y employer. I a fallu fe contenter, dans ces changemens inévitables, de conferver conftamment en tous les foufflets de cette elpèce les mêmes dimenfions aux inftrumens dont on n’a pas bien connu les ufages, & on a varié ceux qu'on a cru bien con- noître : un tel jeu du hafard a produit fans doute quelques- uns de ces foufflets où toutes les pièces concourent au plus grand'effet, & nous ne pouvons pas douter que la perfection de celui de Saint-Pierre ne lui foit düe. Quoique nous ayons ajoûté des découvertes utiles à ces fouffets, nous ne nous flattons pas de les avoir mis dans-leur dernier état de perfeétion ; j'avouerai au contraire fans peine, qu'à travers toutes nos expériences & nos calculs il règne dans cet ouvrage des différences propres à jeter quelque D E‘S, SIGUHSEN-C:E,S.. M 407 incertitude fur nos règles; mais outre qu'en général il eft rare que les expériences foient d'accord précifément avec la théorie, notre matière eft d'ailleurs plus fufceptible que bien d'autres de cette difficulté, parce que ces règles font abftraction, 1." des différentes conftitutions de l'air, qui, comme on fait, changent fouvent & de temps à autre très-fenfiblement ; 2.°des erreurs qui fuivent prefque toüjours la complication des élémens qu'il faut-employer dans les calculs; 3.° elles font abftraétion auffi de l'humidité plus ou moins grande qui flotte dans l'air de.nos trompes, felonsqu'il eft plus ou moins dilaté, humidité que j'ai aperçue en faifant l'expérience du choc de Yair contre Je bras du tourniquet dont je me fervois, le long duquel je, vis à la forge de Saint-Pierre fe former un fillon humide de quelques pouces de longueur; 4° enfin, on ne peut tenir compte des pertes de l'air qui fe font, ou par les joints des tuyaux, ou par ceux des planches des trompes, ou par les ouvertures qui en Jaiffent écouler l’eau. Malgré cela, il nous paroit qu'on peut employer nos règles utilement, fondés fur ce que d'illuftres Auteurs en ont établi d’autres fur le mou- vement de l'air, fans aucune modification, quoiqu'elles foient fujettes à des variations; telle eft entre autres celle qui nous apprend que le poids élevé par le choc de l'air fortant par le canon d’un foufflet, eft au poids qui agit fur le panneau comme Touverture du canon eft à la furface du panneau ; règle qui n'eft vraie que quand la confitution de l'air fe retrouve préci- ‘fément la même qu'il avoit au moment où l'expérience l'a fixée. Nous avons pü remarquer dans ce qui a été dit à l'oc- cafion du plus grand effet, qu'il ne doit pas fe faire du vuide dans les tuyaux vers leur extrémité emboîtée dans les trompes, parce que c'efHà où l'eau & l'air doivent occuper en plein-les calibres. C'eft donc en vain. que la force de l'air parven à Ja trompe, où il fouffre une efpèce de compreflion, fait effort contre celui qui vient fans ceffe des tuyaux pour le faire re- monter & pour remonter lui-même; il eft entièrement repouffé en même temps par la chûte continuelle des gouttes d'eau, & contraint de foufHler le feu: Auffi- eft-il inutile de ménager 408 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE les ouvertures fur les pierres ou fur les Iélleties avec tout le myftère & l'appareil qu'y portent nos conftruéteurs, favorifés par l'obfcurté de l'efpèce de cachot où cela fe paflé: on ne doit y être occupé que du moyen de faire 1ejaïllir l'eau dans {a trompe, de manière que l'air qui y eft chaflé paffe fcülement par la thuèré, fans craindre de rendre ces ouvertures trop grandes, ou de trop éloigner des tuyaux les pieries ou les fellettes. I'ett donc très-nuifib e, pour tirer tout le parti poffibie d'une chûte d'eau qu'on deftine au foufflet d’une forve, de la par- tager en deux parties, dont lune eft employée à donner fair au foufflet, & l'autre à le conferver, ainfi que ce a eft pratiqué dans les forges dont nous avons parlé ci- deffus, puifque cette dernière chûte n'eft pas mife à profit, & qu'ilreft très -rare qu'elle ne doive être indifpenfablement employée à ménager l'eau. qui fouvent manque aux forges les mieux entendues, & pour tirer parti de certains emplacemens qu'on feroit forcé d'abandonner fans cela, ou encore pour faire de nouvelles forges, qui ne fauroient être établies fans cette économie. Cela eft fenfible par le calcul appliqué à la defcription des foufflets de M. Mariotte. On emploie la hauteur de 30 pieds pour avoir ce foufflet, & celle de 1 5 pieds pour le tuyau de bois ou de fer blanc deftiné uniquement à conferver air: voilà ces 1 $ pieds en pure perte, puifque ces tuyaux ne fervent qu'à faire la fonction de nos trompes. On peut donc aflurer que la quantité d'air porté au foufflet par ces inftrumens, eft à li quantité d'air, en employant ceux du Languedoc, des Pyré- nées, & vrai-femblablement ceux du Dauphiné, comme V30 pieds eft à ÿ45 pieds, ou approchant, comme 4 eftà s. Un tel avantage mérite bien qu'on y ait égard; on doit méine croire qu'il feroit: augmenté par d'autres économies attachées à la pratique du Languedoc, des Pyrénées & du Dauphiné, foit par la façon dont l’eau fe divife & chaffe air, foit du côté des trompes, où l’eau ne fe précipite pas au fond, conune cela fe pratique aux cuves des autres forges. > # 4 oij Î F ” n > Ex KO J } ! MÉMOIRE Pag. 408. PI XII Planche Z. Pas. goë. PL XIL L'lnche dan Etrang Tom D D ÉiS: SIGIVEIN CE & 409 MÉMOIRE Sur des Vers trouvés dans les finus frontaux, dans le ventricule, à7 fur la furface extérieure. des inteflins d'un Cheval. Par M. BourGELAT, Correfpondant de l'Académie. L2 : bu Auteurs qui ont traité de l'Hippiatrie, & en par- j ticulier des Vers qui tourmentent les Chevaux, ne reconnoiflent que ceux qui en habitent ordinairement les inteftins ou l'eftomac : ceux qui féjournent dans le ventricule, font, felon Caracciolo, Ruini, Liberati, Francini, Soleyfel & M. de Garfault, courts, rougeîtres, velus & entrecoupés de plufieurs anneaux. Ce dernier a prononcé décifivement que ces infeétes ne font point dangereux : tous les Auteurs qui l'ont précédé foûtiennent d'un commun accord qu'ils rongent & percent enfin les tuniques du vifcère dans lequel ils fe tiennent. Je n'ai pas été témoin de ces funeftes effets, mais ce n'en eft pas affez pour me donner le droit de porter un jugement contraire. Les vers inteftinaux ont été rangés fous trois efpèces ; Soleyfel en a admis une quatrième, dont il n’eft fait mention nulle part, & que je n'ai jamais vüe. Privé du talent de bien décrire les objets, il auroit au moins dû nous en tracer la repréfentation. La première efpèce comprend des vers blancs, très-unis, d’un diamètre bien moindre à chacune de leurs extrémités qu'au milieu de leur corps, & quelquefois de la longuieur.d'un demi-pied. M. de Garfault nous les: préfente comme des animaux redoutables, tandis que Soleyfel ne les déclare pas tels. À La feconde efpèce diffère peu de ceux qui: font nichés dans l'eflomac; la figure en eft la même, ïls font feulement plus petits, & n'ont d'ailleurs point de-trompes: -ce:font Sav. étrang. Tome IL. Ff£ 41o MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE précifément ceux que nous appelons #oraines, Les mouches à deux aîles dont ils tirent leur origine, & qui cherchent, ainfi qu'il a été obfervé, à dépofer leurs œufs dans les inteftins de l'animal, les jettent, felon les apparences, en une énorme quantité fur lherbe dont on alimente les chevaux ; car tous ceux que lon retire du verd y font extrêmement fujets. La dernière forte de vers, confidérés dans les inteftins, eft d'autant plus à craindre, que je puis certifier qu'ils en per- cent quelquefois les membranes, & paflent hors du canal par les ouvertures qu'ils y ont faites. Dans un cheval épilep- tique, qui tomboit toûjours dans les premiers momens du travail, & qui demi-heure après fa chûte fe relevoit & cheminoit comme s'il n’eût point eu d'accès, j'en ai trouvé fept ou huit qui s'étoient fait jour au travers des tuniques; ils étoient tels qu'on les dépeint, ceft-à-dire, blancs, extré- mement déliés, & reflemblans à de grofés aiguilles. Loëincifen, Écrivain Allemand, aflez diflus par lui-même, & qui navoit pas befoin des augmentations ftériles dont Trichter a cru orner fon ouvrage, divife les vers des chevaux en vers intérieurs & en vers extérieurs. * Il attribue aux premiers, c'eft-à-dire, aux vers intérieurs qui font logés dans le ventricule dont ils corrodent les mem- branes, une forme que je n'ai point aperçue; c'eft celle des hannetons & des infeétes qui naïffent dans les bourfes char- nues du cerf. Il appelle en général ceux des inteftins Wermes equitantes : il prétend qu'il en eft de femblables à ceux que produit la chair putréfiée; que d'autres, qui font engendrés par le flegme, font comme des vers de pluie; & qu’enfin ceux ‘du reum, nés de la fiente corrompue, font infiniment plus courts: celui qu'il nomme vers tranquille, net ni aflez précifément défini, ni aflez bien décrit, pour qu’on puiffe en imaginer feulement l'exiftence. A l'égard des vers extérieurs qu'il défigne par les noms de Vermis equitans, de Ver volant _de Ver perçcant, de Ver reuge, de Ver noir, de Ver fanguin, favoue que je n’auroïs jamais eu l'idée qu'il nous en donne. Comment adopter en effet pour la caufe & pour le principe € DES SCIENCES. ATL des vers qui font fitués entre cuir & chair, un froid exceffif, un exercice trop violent, un refroidiffement occafionné ou par un long féjour dans un lieu humide , ou par une boiffon trop froide? Comment concevoir encore qu'une maladie de cette forte foit incurable, & de plus, contagieufe, puifqu'elle fe communique par la refpiration, par l'habitation, comme par f'attouchement immédiat? Quoi qu'il en foit, la defcription qu'il en fait ne paroît avoir aucun rapport avec ces fortes de gales fingulières, inf- niment plus rares dans les chevaux que dans les vaches, & fort communes dans la province d'Effex, où les vermifleaux qu'elles contiennent font dénommés Wornils. Le petit nœud, la légère élévation que l'on aperçoit d'abord à la peau de ces animaux, dans l'endroit où elle a été percée par la mouche qui a dépofé fon œuf dans la chair, groffit infenfiblement; elle devient ronde, la fuperficie en eft inégale, & elle ren- ferme un ver que l'on trouve couché au milieu d’une matière purulente, & qui quelquefois acquiert un volume pareil à celui du bout du doigt. Ces tumeurs multipliées fur un cheval qui ne reffentoit d'autre incommodité que celle d’une demangeaifon violente, trompèrent, il y a peu de temps, des Maréchaux & de prétendus connoifleurs, qui les regardoient comme autant de boutons de farcin. L'expérience eft plus frappante, & étoit plus à leur portée que le raifonnement; auf ne cherchai-je à leur démontrer leur erreur qu’en con- duifant animal à une guérifon entière, à l'aide de quelques remèdes extérieurs, & qui auroient été aflurément infuffifans pour détraire le virus qu'ils accufoient. Ce n’eft pas que je ne convienne que les tumeurs qu'il fufcité foient fouvent far- cies de vers; mais outre qu'il a des caractères diftinés qui le manifeftent, & des fymptomes auxquels on ne fauroit fe méprendre, ces infeétes ne font point folitaires, & font au contraire en nombre confidérable dans le même bouton, comme les elcophages du corps humain, dont ils diffèrent peu, & auxquels on pourroit pluftôt dire qu'ils font femblables. Les Anglois, & principalement Gibfon & Bracken, | Fff ï 412 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE gardent un filence profond fur toutes les fortes de vers dont les autres Auteurs ont fait une peinture plus où moins exacte; ils affignent à des animalcules courts, très- petits, pourvus d'une petite queue blanche & d’une tête rouge & aflez grofle, une place dans le redlum, & ils farciflent les autres inteflins d'une autre efpèce de vers courts, épais, & qui ont une tête dure & noire. Les premiers font appelés Bots, & les feconds Truncheons : ces infectes font les feuls qu'ils ont remarqués dans les chevaux. Partifans outrés du fyftème de la digeftion par la trituration & par le broiement, tous les deux foû- tiennent qu'il eft auffi difficile à un ver de naître & de fub- fifler dans l'eflomac, qu'à un rat de vivre fous une meule de moulin pendant qu’elle eft en mouvement. Marckam eft d'un fentiment entièrement oppolé; il avance même qu'il n'a jamais ouvert de ventricule qu'il n'y ait trouvé nombre de ces vers que Gibfon & Bracken exilent & relèguent impi- toyablement dans le reéfum : ainfr voilà des Ecrivains d’une même nation en contradiction fur un point qui fera bientôt éclairci, fi pour en juger nous en appelons nous-mêmes à des faits qui dans le corps de fhomme & dans celui de animal ont mille fois fixé notre attention. Je n'ai garde de reclamer ici ceux dont Ia réalité feroit conteftée avec raifon par les efprits même les plus crédules, I faut renoncer à ce merveilleux, que la Nature même defavoue, pour ne s'attacher qu'à des poffhbilités dont une fuite d'obfervations conftantes & répétées nous a démontré l'évidence; elles font telles, ces obfervations, que le nombre en rend le choix difficile. Parlerai-je de celles d'Hellwig, auxquelles Seroëk a ajoûté des fcholies? le texte & le com- mentaire nous fourniflent des preuves abondantes de la géné- ration des grenouilles, des chenilles, & des infectes de toute efpèce dans le ventricule. Recourrai-je à celles d'Oligerus Jacobæus, de Ruland, de Paullini, d'Horft, de Beccher, de Minderer & de Scheack ? elles confirmeront irrévocablement les premières, & ne laifferont pas le moindre prétexte au doute, Je ne dois pas néanmoins déguifer que la préfence de DE s : S:CMEIN CE s 413 ces infectes n'a pû entièrement fubjuguer ceux qui parmi les Médecins ont penfé que l'eftomac n’eft point un lieu favo- rable au développement des œufs vermineux: {a tranfini- gration des vers, pluflôt remontés des inteftins qu'éclos dans ce vifcère, a été pour eux une reffource dont Gibfon & Bracken ont profité. Craft, dans une de fes Lettres à Hildan 3 n'a eu d'autre objet que de la leur enlever. Hildan lui-même fe flattant de renchérir fur les raifons de Craft, a allégué lamértume de la bile & l'horreur que ces infetes ont pour tout ce qui eft amer; d'où il a conclu que cette voie ne peut être libre pour eux que dans des fujets dont le canal cholidoque eft obftrué. Mais il y a des vers dans la véficule du fil même; il en eft qui non feulement fe nourrifent, mais qui éclofent dans des matières d’une amertume infigne: ainft la foiblefle de cette objection ne pouvoit rien contre celle de l'opinion qu'il cherchoit à combattre. I] auroit attaqué cette erreur jufque dans fa fource & dans fon principe, 1° s'il eût afluimé que le ventricule de certains animaux, fains ou malades, n’eft prefque jamais dépourvû de vers ; tel eft celui des ânes & des chevaux, il en eft toûjours farci, foit à raifon de leur nourriture ordinaire, foit à raifon de leur digeftion : 2.° fi, en remontant à la conformation de cet organe & à la difpofition des alimens qui s'y diflolvent, if eût fait voir que la wituration , dans fon acception véritable, ne peut point fignifier un contact, un broiement rude & fort, dont une enveloppe mince & flexible ne peut être capable, mais une fimple aétion organique qui confifte dans les contractions réitérées de cette poche membraneufe, & qui péuiflant où malaxant les alimens pluflôt qu'elle ne les brile ou ne les mout, ne furoit s'oppofer ni au dévelop- pement, ni au féjour des infeétes, qui trouvent dans ce fac & la chaleur néceflaire pour réveiller les parties impercep- tibles de l'embryon dans l'œuf, & les fubftances alimenteules convenables à ceux qui en font fortis. Cette vérité recevra encore un nouveau jour & un nouvel appui dans ce Mémoire, dont le fujet nva paru d'autant plus FFF ii 414 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIF intéreffant , que relativement aux connoiffances répandues dans tous les traités d'Hippiatrique, il préfente des phéno- mènes conflimment ignorés, foit que l'on confidère l'efpèce de vers qui en font l'objet, foit que l’on envifase les lieux dans lefquels les infectes dont il s'agit étoient contenus, Un cheval, malade depuis un temps infini, avoit épuifé fa fcience de trois Maréchaux, qui d'un commun accord en avoient entrepris la guérifon, & qui avoient tenté des remèdes de tous les genres, dans l’efpérance de rencontrer celui que V'art leur auroit indiqué, fi le mal leur avoit été connu. Ce cheval mangeoït confidérablement, & fe trouvoit néanmoins dans’ une grande exténuation; fouvent, lorfqu'il paroïfloit faifir la nourriture avec le plus d'ardeur, il étoit obligé de l’aban- donner pour fe livrer à l'agitation la plus violente, & ce figne de quelques douleurs exceffives étoit joint à une efpèce de fureur avec laquelle il s’ébrouoit après avoir donné de la tte contre tout ce qui fe préfentoit à lui. Les accidens n’étoient pas continuels, mais les paroxyfmes ni les intermif- fions n'étoient fujets à aucune période réglée ; tantôt l'animal jouifloit pendant quelques jours d'une forte de tranquillité, tantôt les accès furvenoient plufieurs fois dans la même - journée. Avant & après cet accès, c'eft-à-dire, hors des temps où il fouffroit, il étoit dans un affaiflement extrême, fes yeux devenoient ternes & larmoyans, il portoit la tête baïle, fes oreilles étoient froides, & il mangeoit avec précipitation; de plus, fes urines étoient très-chargées, fes excrémens rarement maronnés étoient tels que lorfqu'un cheval eft atteint d’un flux de ventre; il étoit enfin fingulièrement altéré, & lorf- qu'il avoit bû abondamment, il paroifloit foulagé, du moins quant aux tranchées, que dénotoit l'attention avec laquelle il confidéroit auparavant fes flancs. Confulté fur une maladie dont les fymptomes étoient auffi particuliers, & ne m'attachant d'abord qu'aux principaux accidens, je préfumai qu'il y avoit un vice dans la tête; mas je ne pouvois rien ftatuer de précis & de certain, ni fur l'ef- pèce du vice, ni fur le local: l'ébrouement fréquent me fit D: E 5.41 SAGMAEÈNiC. Es. 415 néanmoins foupçonner que le nez, & notamment les finus, pouvoient en être le fiége. Je n'apercevois, il eft vrai, aucun écoulement qui püt me déterminer à penfer qu'il s'agifloit d’une tumeur ou de quelques ulcérations, je pouvois cepen- dant croire qu'il y avoit quelque engorgement, & que a matière étoit trop épaiflie pour avoir une iflue libre à travers toutes les anfraétuofités que l'on obferve dans les foffes nafales ; mais cet engorgement & cette humeur arrêtée n'auroient que très- difficilement opéré tous les effets dont j'étois témoin; auffi n'en cherchai- je la véritable caufe que dans la préfence & dans l'action de quelques vers tels que ceux que Verheyen remarqua dans les finus frontaux des bœufs lors de cette ma- ladie qui défola la Flandre, & que les habitans du pays appeloient deuficheyt. Quel que dût être le principe du nul, je ne rifquois rien à mettre en ufage des fternutatoires , puifqu’ils ne pouvoient, en fufcitant des ébrouemens plus fréquens & plus forts, que délivrer les cavités des nafeaux, ou de l'humeur retenue, ou des infeétes que j'y fuppolois : j'y fis donc fouffler parties égales de tabac & de bétoine; cette poudre agit avec une efficacité merveilleufe, & répondit fi parfaitement à mon attente, que Tanimal en s'ébrouant, & après un nombre d'efforts, jeta au loin par le nafeau du côté droit, deux petits vers dont 1a fortie juftifia mes conjectures. Ces vers étoient longs, l’un de quatre lignes, & l'autre de trois; leur diamètre étoit pro- portionné à leur longueur; ils étoient tous les deux d’un blanc tirant fur le jaune, également velus & entrecoupés d'anneaux très-bien marqués; ils n'avoient point de pieds, & ils étoient pourvüs de deux efpèces de trompes mouvantes, & qui me parurent réellement caves, confidérées avec le microfcope; elles étoient placées chacune à côté d'une ou- verture imperceptible, que je regardai comme la bouche, & dans laquelle ces trompes me femblèrent aboutir; au deflus de cette ouverture étoient deux petits points noirs encore moins fenfibles, & que j'envifageai comme les yeux de ces animalcules. 416 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Encouragé par ce premier fuccès, qui, en me garantiffant là nature de la maladie, me permettoit d'en efpérer de nou- veaux, j'employai le même genre de médicamens pendant plufieurs jours ; le cheval rendit encore deux de ces vers, & le calme fuccédant aux vives agitations, je fubflituai à la poudre une injeétion anthelmintique faite avec un mélange de vin d'abfynthe & de fuc de pourpier. La tranquillité n'étoit pas néanmoins rétablie par- tout; la fiente de l'animal étoit toüjours peu liée; fon infatiable avidité , l'action de regarder fréquemment fon flanc, tous ces fymptomes, en un mot, que j'ai déjà décrits, fubfiftoient encore, & la lumière qui venoit de m'éclairer fembloit m'indiquer un même vice à combattre dans les premières voies. Il s’agifloit de déterminer d'abord fi je débuteroïs par folliciter une évacuation, où par adminiftrer des vermifuges : le dévoiement conftant, qui pouvoit être un effet des levains contenus dans leflomac & des mauvailes digeftions, fixa mon jugement; je vis dans l'animal aflez de force pour foûtenir un léger breuvage purgatif, qui auroit été fürement précédé d’un vomitif également convenable dans le cas où les fucs auroient été pernicieux , & dans celui où des infectes auroient affecté le ventricule, fi la Nature ne nous avoit interdit dans les chevaux cette forte de remède*. J'y fis * Dans la recherche des raifons pour. lefquelles il eft impoffible à ces animaux de vomir, je n’ai pü décou- vrir Ja valvule que M. Lamorier, Chirurgien de Montpellier, prétend avoir vüe à l’orifice fupérieur de leur eftomac. Le favant Commentateur des Aphorifmes de Boerhaave, M. van SWieten, ne l’a admife fans doute ‘que: fur fon rapport écrit dans les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences. J’ai appris que M. Bertin, Médecin-Anatomifte de cette célèbre Société, auf curieux que M. Verdier de vérifier cette obfeivation, n’en a point aperçu, & que M. Sue, preflé d'examiner la queftion par un Amateur ** de tous les arts, non moins fait pour les cul- tiver que pour les aimer, a vainement tenté de la trouver. Cette prétendue valvule va, felon M. Lamorier, de devant en arrière, & couvre près des deux tiers du diamètre de lori- fice; elle lui à paru avoir la forme d’un croiffant dans plufieurs eitomacs qu'il a fait foufHer & qu’il a fait f- cher, & il Ja compare à un des pan- neaux de la valvule du colon dans Fhomme. Toutes les circonftances relevées dans cette defcription prou- vent au moins que {1 M. Lamorier #+ M, Poulletier de la Sale, Maître des Requêtes, entrer DES SCIENCES. 417 éntrér l'aloës fuccotrin & le mercure doux ; il opéra de manière à me fatisfaire, quoique les déjeétions ne: fuffent fuivies & accompagnées d'aucuns vers. Je prefcrivis enfuite léthiops minéral, donné feulement à la dofe de quarante grains chaque matin dans une poignée de fon, fauf à aug- menter cette dole s'il en étoit befoin. A peine l'animal en fut-il à la fixième prile, que jentrevis un commencement de difficulté dans la déglutition, une chaleur au deflus du degré naturel dans la bouche , & dans l'arrière -bouche une légère inflammation. Cet événément, auquel m'avoit déjà préparé un exemple que jen avois eu en traitant deux autres chevaux, ne m'alarma pas: il fufht, pour n'en pas être étonné, de favoir que, parmi ces animaux, comme parmi les hommes, il en eft qui font plus fufceptibles les uns que les autres de l'impreflion du mercure, & de connoître d’ailleurs la difpofition du voile ou de Ja cloifon qui divife la cavité de leur bouche en deux portions. Non feulement _ce ceintre flottant diffère du voile humain par l'abfence de la production cylindrique perpendiculairement fufpendue au milieu du bord libre de l'arcade poftérieure, mais par fon rapprochement de la bafe de la langue, précifément au devant de l'épiglotte, rapprochement qui eft fi intime, qu'à peine aperçoit - on l'intervalle qui eft entre ces parties. Cette cloifon, n'a pas vü, il a cru voir; mais fä bonne foi ne fauroit m'ôter le droit d’afurer , fur-tout à l’ombre des ga- rans que j'ai cités, que cette valvule n’exifte non plus que les panneaux de celle qui eft deftinée à empêcher Jes matières de pafler du cæcum & du colon dans l'iléon, & qu'il n’a apparemment envifagée que d’après des préparations fèches & toüjours éloignées de l’état naturel. II devoit en confidérer la conformation dans des fujets frais, & il fe feroit con- vaincu qu’à proprement parler elle n’a point de panneaux, puifqu’elle eft une forte de fphinéter formé par Les fibres orbiculaires de l'iléon, & Sav, étrang. Tome 111. qui fert à fermer l’extrémité de cet inteftin. Au furplus, je ne tran{crirai point ici tous les détails auxquels je me fuis livré dans le quatrième vo- lume de mon Hippiatrique, pour expliquer clairement la ftruéture & la pofition de ce vifcère dans le cheval. Cette même ftruéture m’a dé- montré fenfiblement l’obftacle & Ja barrière invincible qui ont échappé aux reoards de M. Lamorier; mais les difcuffions dans lefquelles je ferois obligé d'entrer, feroïent la matière d'un ample Mémoire , & m'atti- reroient le reproche que mérite une digreflion qui fait perdre de vüe l’objet principal qu’on fe propofe. Ggg 18 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE par lobliquité de fa pofition, intercepte aufli tout paffagé de dedaris en dehors, & elle s'ouvre comme une efpèce de valvule de dehors en dedans: or le moindre gonflement à la bafe ou à la racine de la langue rétrécit encore cette ouverture, & pour peu que cette partie foit enflammée, les alimens ne peuvent être portés dans le pharynx en une auffi grande quantité, -& fans caufer de vives douleurs à Fanimal. Les révulfions qu'auroit pü produire une évacuation copieufe, ne me parurent pas néceffaires ; des tempérans & quelques lavemens émolliens appaiferent ces delordres, aux- quels je n'aurois même pû remédier différemment, vû fa foibleffe dans laquelle étoit alors le cheval. Je lui fis prendre des pilules vermifuges compofées avec les poudres de vipères, de petite centaurée, de rue & de coq de jardin, incor- porées dans fufhfante quantité d'extrait de genièvre ; mais tous mes eflorts furent fuperflus, l'animal tomba dans un marafme total, & périt enfin malgré mes foins & le defir que j'avois de vaincre une maladie qui attiroit les regards d'une foule de curieux plus jaloux des fuccès des autres, qu'occupés des progrès de leur art. Dans des circonftances de cette efpèce, il eft difficile de fe refufer la fatisfaétion d’un examen qui peut nous dévoiler la nature de la caufe morbifique & le fiége où elle s'eft fixée; Jy procédai donc, & je débutai par l'ouverture de là tête, Les parties renfermées dans le crâne étant dans une parfaite intégrité, je pañlai à celles qui confituent les nafeaux & qui en dépendent; je ne vis rien d'aflecté ni dans les finus zygomatiques, ni dans les finus maxillaires, ni dans les cornets, mais je trouvai trois petits vers dans les finus fron- taux, deux dans le côté droit, & un dans le côté gauche: ils avoient la même forme que ceux que le cheval avoit expulfés par l'ébrouement; ils étoient plus déliés, moins velus, & comme fixés & attachés à la membrane qui tapifle ces cavités. Cette tunique, qui naturellement y eft diaphane, très- unie, & Î1 ténue qu'elle mériteroit le nom d'arachnoïde, po É'S 2 Scan Nec ES 419 étoit au contraire épaifle, rougeätre , légèrement corrodée, & couverte d’une matière purulente & tenace, qui pou- voit à peine en être détachée. Tel eft à peu près fon état dans les chevaux morveux, avec cette différence quel'épaif- fiflement de la membrane eft plus confidérable, que les exulcérations font plus multipliées, que la matière eft plus fluide & plus abondante, puifqu'elle s'écoule fans cefle par les nafeaux, & que dans le fujet dont il s'agit, jamais il n'y a eu le moindre flux, ni aucun des autres fignes caraétéril- tiques de la morve. Je tournai enfuite mes recherches fur l'abdomen; j'en fis l'ouverture par une incifion doublement cruciale, au moyen de laquelle je mis à découvert tout le paquet inteftinal. Je tirai de côté, & hors du ventre, la mafle énorme des gros inteflins, pour fouiller & dans l’eftomac, & dans les inteftins grêles. Sur le champ j'aperçus fur a furface extérieure de ceux-ci une multitude de vers, dont le plus grand nombre étoient en vie, & dont les autres étoient morts ou fans vigueur; ils n'avoient aucune reflemblance ni avec les rinaires, ni avec les vers à aiguilles, qui, dans le cheval épileptique dont j'ai parlé, étoient parvenus hors du canal par les voies qu'ils s'étoient frayées au travers des tuniques ; ils étoient longs d'environ quatre ou cinq pouces, auffi déliés que des fils, & fans anneaux ; la couleur en étoit blanche, ils avoient aflez de fermeté, l'œil ne pouvoit pas s'affurer dans laquelle des extrémités étoit placée la tête. Je ne fais fi ce ne feroit point cette efpèce de vers que Caracciolo a appelés Scorferi où Filandre, & qu'il dit naître entre les côtes. Quoi qu'il en foit, il étoit important de favoir le chemin que ces infeétes avoient pris pour fe répandre ainfi du dedans au dehors : je fuivis à cet eflet, avec la plus fcrupuleufe exac- titude, toute l'étendue des inteftins, & j'eus la précaution de me munir d’une excellente loupe, pour difcerner ou les ouvertures pratiquées, ou les cicatrices qui pouvoient en marquer au moins les vefliges. Je n'en reconnus jamais la plus foible trace, les tuniques n'avoient fouffert aucune \ Gegi 420 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L’'ACADÉMIE atteinte; & ce qu'il y.eut de fingulier, c’eft que l'intérieur du canal ne contenoit aucun de ces animaux : du refte, hors de ce même canal & dans la. capacité de l'abdomen, il n'y avoit nulle poche, nul kifle, nul abcès, nul ulcère, nuf endroit particulier, en un mot, où J'on püt foupçonner qu'ils euflent pris naiflance, & d’où ils euflent pû fortir. Ce phénomène ne fut pas le feul qui me frappa. Je ne crus pas qu'on dût imputer uniquement à ces vers toutes les douleurs dont l'animal avoit paru tourmenté; je jugeai donc à propos d'ouvrir le ventricule, &. je trouvai dans ce fac, dont la tunique intérieure étoit plus épaifle & en même- temps plus molle & plus fpongieufe qu'elle ne doit l'être, des infectes d'un genre qui n'étoit abfolument inconnu. Ils ont la forme d’un œuf alongé; leur longueur eft d'en- viron cinq lignes, & leur plus grand diamètre eft à peu rès le quart de cette longueur. On diftingue trois anneaux ou filets de poils longs de demi - ligne, & s’élevant perpendiculairement autour de leur corps; le premier eft comme un collier qui annon- ceroit où fe termine la tête, laquelle auroit en ce cas environ la fixième partie de la longueur totale : elle, eft un peu plus grofle que l'extrémité oppofée. Le fecond eft comme une ceinture qui divife la Ion- gueur du corps en deux parties égales ; le troifième envi- ronne la partie poftérieure à un fixième près de fon ex- trémité. Les parties du corps entre le collier & fa ceinture, & entre la ceinture & Îe dernier anneau, font formées en côtes de melon, par des cannelures longitudinales termi- nées par les anneaux extrêmes. Dans chacune de ces cannelures & dans différens points de leur longueur très - près les uns des autres, font articu- lées des jambes, qui réunies deux à deux dans leur emman- chement avec le corps, fe féparent immédiatement après, June à droite, l'autre à gauche. Ces jambes, à la première vüe, ne reffemblent qu'à des poils plus longs que ceux des D Es Shcht EL Ne C ExS 42% ‘anneaux; mais, par un plus long examen, on y découvre une articulation dans Jeur milieu, & deux griffes aux extré- mités. De plus, ces cannelures étant fort multipliées, & chacune d'elles portant nombre de couples de ces jambes, on diftingue à peine le corps au milieu de ce hérifion. La tête & l'extrémité poflérieure font aufi garnies de poils, mais ces poils font très-courts. La première de ces parties eft munie de quatre armes; deux d'entrelles, qui fortent des deux angles de la Bouche, font des crochets plats, oppofés par leurs plans, lévèrement courbés en dehors & refendus à leurs extrémités en deux pointes aigues; dans leurs mouvemens, les deux pointes de Jun viennent s’adofler aux deux pointes de l'autre, & s’en écartent avec force. | Entre ces deux crochets on aperçoit deux efpèces de trompes qui fortenc des lèvres, ou peut-être deux crochets à peu près femblables aux deux premiers. Il y a un petit point noir à chaque côté de la naïfflance de l'un d'eux. Quant à la partie poftérieure, elle eft pareillement armée de deux crochets, qui ne diflèrent point des autres par leur figure. Ces vers ne fe portent d'un lieu à un autre que très- lentement, & qu'en fe roulant de gauche à droite & de droite à gauche, car ils n’ont aucun mouvement verimi- culaire ou d'ondulation : ils ont toüjours une multitude de jambes difpofées dans fune de ces directions, & prêtes à opérer leur marche, tandis qu'un nombre égal de celles qui font dans la direction oppolée, & qui détruiroit autrement en partie l'eflet des premières, fe couchent autour de leur corps comme des membres inutiles; Jes autres agiffant alors librement, accrochent avec les griffes les parties qu'elles peu- vent atteindre, fe raccourcifient en fe pliant, & amènent celles qui les fuivent au point de saccrocher à leur tour & de faire la même action au gré de ces animaux. Si leur ftruure, fi leurs armes font effrayantes, la ma- nière dont nous les vimes infinués dans la tunique interne Ces il 422 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE du ventricule ne l'eft pas moins. Ils étoient nichés par leur tête, plus ou moins avant, non dans la portion dure & féche qui eft une fuite de la tunique interne de l'œfophage, & qui garnit une partie du ventricule du côté de l'orifice fupérieur, mais dans la portion mamelonnée & veloutée, qu'ils n’avoient néanmoins pas ulcérée; ils s'y étoient fait de petites loges en en écartant les fibres, qui étoient elles- mêmes difpofées autour de quelques - uns comme les premiers linéamens qui forment les cocons des vers à foie; & ils y étoient tellement retenus par leurs crochets & par leurs grifles, qu'il fallut ufer de force pour les en tirer, J'imagine que toüjours fixés dans le même lieu, & poftés à l'orifice des vaifleaux 1ymphatiques, ils fe nourrifloient du fuc gaftrique que ces mêmes vaifleaux déchargent en abondance dans leftomac. I paroît cependant incroyable que ces infectes, tels que je les aï dépeints, puiflent péné- trer dans des pores auflr ténus : peut-être qu'ils s'y étoient introduits avant d'acquerir le volume qu'ils avoient; d'ail- leurs, celui de leur tête étoit très-petit, & une expérience n'apprit encore la fagacité avec laquelle ils pouvoient fur- monter les obftacles que leur préfentoit l'étroiteffe des em- bouchures de ces tuyaux exigus. J'en liflai quelques-uns fur une feuille de papier, après les avoir attentivement exa- minés; l’obfcurité de leur mouvement progreffif, ou de rotation, les mettoit hors d'état de cheminer & de s'étendre au delà de cette feuille : le lendemain je les y trouvai vivans, mais deux d’entr'eux, qui avoient percé le papier & qui l'a- voient très- diftinétement divifé & féparé en plufieurs lames, avoient la tête nichée dans les écartemens qu'ils avoient faits; ainfi des ouvriers auffi adroits & auffi fubtils pouvoient fans peine entrouvrir les orifices des canaux dans lefquels je les ai vus engagés. Pour expliquer les routes qu'ont pü prendre les trois diffé- rentes efpèces de vers dont il eft queftion, je dirai que les œufs des premiers ont été portés avec l'air infpiré dans les finus, ou qu'ils y ont été chariés avec la matière qui fe filtre DES LONGUE N :C ES 423 dans ces parties. Le premier de ces moyens paroït d’abord le plus abrégé & le plus vrai-femblable; l'air peut avoir inconteftablement laiflé, lors de fon entrée & de fon paflage dans ces cavités, des œufs ou des animalcules impercep- tibles dont il s'eft trouvé chargé, foit que la mucofité y eût acquis une certaine vifcofité capable de les retenir, foit que linflammation & la corrofion de la membrane pituitaire euffent précédé leur arrivée, & que la matière purulente & tenace qui couvroit les érofions, en eût occafionné l'arrêt, Il eft poffible auffi que ces œufs, d'une petiteffe infinie, conduits avec les alimens ou avec Fair dans les premières voies, & mélés enfuite avec le chyle, aient gagné le torrent, & qu'entrainés avec l'humeur qui tranfude par les dernières féries des vaifleaux artériels, & qui eft deftinée à abreuver & à humeéter la tunique muqueufe à laquelle ces vaiffeaux aboutiflent, ils y aient été dépofés dans ces petites fofes. Je n'ignore pas que dans une brochure intitulée, Traité fur de véritable Jiége de la Morve, on a avancé qu'attendu la délicatefle de la membrane dans les finus, il ne s'y opère aucune filtration ; mais fi, vü fa grande ténuité, on ne peut y apercevoir ni même y fuppofer des cryptes ou des follicules glanduleux , dont une fécrétion abondante foit l'ouvrage, cette railon ne difpenfe pas de convenir de l'évaporation conti- nuelle qui s'y fait, & dont la néceffité eft même évidente. En effet, fans elle cette tunique feroit totalement dépourvûe & dénuée de Ja rofée qui doit la garantir du defféchement, de la corrugation & de l’inflammation, effets ordinaires & communs des impreflions & du contaét de l'air auquel elle eft expofée ; d'ailleurs la perfpiration eft amplement prouvée, non feulement par la préfence de la matière épaifle que j'ai remarquée, & qui dans d’autres circonftances maladives rem- plit les finus, mais encore par la correfpondance & par la communication de ces cavités avec les grandes foffes dans lefquelles elles fe dégorgent; communication qui fans doute auroit inutilement été permile, fi toute filtration y avoit été réellement interdite. 424 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE L'admiffion des vers qui rampoient hors du canal intef- tinal, ne peut être rapportée qu'au cours de leurs œufs dans les routes circulaires & qu'à leur fortie par les pores d'où fuinte Ja liqueur qui arrole & qui lubréfie toutes les parties contenues dans l'abdomen. Une multitude de canaux, qui font les extrémités des petites artérioles, & qui conftituent les vaiffeaux exhalans ou vaporifères, s'ouvrent à leur fur- face ainfi qu'à celle du péritoine qui leur fert d'enveloppe; ils y verfent, proportionnément à l'exilité & au diamètre de leurs orifices, une humeur qui forme la férofité dont elles font vifiblement mouillées: or les œufs nageant dans le fluide, auront fans doute enfilé ces tuyaux exigus avec cette même humeur, & auront été ainfi portés hors de la cir- culation. Je fais que dans Pétat naturel certe liqueur eft toù- jours en une égale quantité; que s'il eft des pores artériels exhalans, il eft des pores veineux abforbans, par le moyen defquels elle revient dans la mañle, à raifon de celle qui afflue par les artérioles; mais fa réfolution ne pouvoit que très-difficilement opérer la rentrée de tous les œufs, qui répandus au dehors & épars çà & là fur la furface externe des parties, y ont demeuré fixés, & n’auroient dû qu'à une forte de hafard leur retour par les voies qui repompent l'hu- meur & qui la reprennent. Quant aux infectes particuliers qui occupoient le ven- tricule, leur introduétion n'a été, felon les apparences, ni auffi compliquée, ni auffi laborieufe : je ne dirai point qu'ils ont fait partie de la fécrétion de l'humeur gaftrique, ce tranf- port feroit encore plus aifé que celui des œufs par la filtration de celle qui enduit le péritoine: mais la poflibilité d’un fait n'en garantit pas la certitude, & je croisqu'il eft plus fimple de préfumer qu'ils font parvenus dans leflomac avec les alimens. J’ajoüterai que la lenteur & la difficulté de leur progreffion & de leur marche, ainfi que la manière dont ils étoient engagés dans les tuniques, font une preuve du féjour & de lexiftence ‘conflante de ces animaux dans ce vifcère, à laquelle on oppoferoit en vain cette prétendue | tranfmigration DES, SIGHYEUNGCLE: SE 429 tranfmigration dont ont excipé ceux qui n'ont entrevü dans la digeftion qu'une force qui broie, qui divife, qui mout & qui détruit tout ce qui fe préfente à l'action de cet organe. Au furplus, qu'on ne me demande’ pas fr cette efpèce de vers eft uniquement propre au cheval; ce qu'il y a de cer- tain, ceft que depuis l'époque de cette découverte, je n’en ai pas vü de femblables. J'ai néanmoins acheté plufieurs chevaux malades, qui avoient été nourris dans les mêmes pâturages que celui dont il s'agit; j'ai ouvert les uns morts, les autres vivans, & parmi les infectes que j'ai rencontrés, aucun ne m'a paru feulement en approcher. En fuppofant même que leurs œufs n'étoient pas contenus dans le fourrage, mais qu'ils voltigeoient dans l'air, & avoient été portés dans le ventricule avec les particules aériennes qui y pañent au moment de la déglutition, je ne pourrois point encore afurer qu'introduits de cette manière dans le corps humain, ou dans celui de quelques autres animaux, ils auroient pü sy développer. L'expérience’ nous apprend qu'il eft des vers qu'on ne trouve & qui ne s’engendrent que fur une efpèce d'animal ; qu'il n’eft des infetes d’une certaine nature que fur une forte de plantes; qu'il eft même des graines de végé- taux qui ne germent que dans certaines terres ; mais les raifons pofitives de ces diverfes appropriations ne nous font que très-imparfaitement connues, & pour décider fainement la queftion propofée, il faudroit avoir ou des exemples de ce développement dans le ventricule de homme & de quel- ques autres brutes, ou du moins des lumières plus vives & plus füres que celles qui réfultent de l'art dangereux des conjectures. | En général, nous favons fimplement que la chaleur eft néceflaire au développement; par elle les fluides raréfiés diflendent les folides dans lefquels ils font contenus; ces folides dilatés, & doués d’une élafticité naturelle, réagiffent fur les mêmes fluides, & les unes & les autres de ces par- ties organifées, dans un équilibre convenable & dans une Sav. étrang. Tome L11. - Hhh 426 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂACADÉMIE difpofition propre à la continuation de cette action mutuelle & de ce jeu réciproque, reçoivent, au moyen de cette cir- culation commencée, un degré d'accroiflement ; ce degré augmente à raifon de ce mouvement, & à proportion des fucs dont l'infeéte fe nourrit par intuflufception tandis qu'il eft dans fon enveloppe, & immédiatement & par une voie plus courte lorfqu'il en eft forti. Telles font les conditions fans lefquelles toute évolution & tout accroiflement font im- poffibles. Du refte, quelle eft la latitude des degrés de cette chaleur qui peut mettre en jeu les premiers finéamens des organes? c'eft un fait qu'on ne pourroit éclaircir que par le’ voie des expériences. I eft conftant que les uns ont befoin d'une chaleur plus vive & plus long -temps appliquée; que les autres en exigent une plus douce & de moindre ‘durée, & que par conféquent il y a une inégalité dans ces degrés, qui ne permet pas de les fixer, ou arbitrairement, ou par comparaifon. Nous avons un modèle de cette variation dans les divers degrés de feu que {a Nature emploie pour perfec- tionner l'ouvrage de la végétation. Cette puiflance extérieure, cet agent qui anime l'infette, & qui lui donne la force de fe développer, contribue certainement à l'accroiffement des végétaux, puifque c'eft lui qui meut dans leur intérieur cette fève dont une portion doit s'unir à leurs parties. Néan- moins dans combien de différens degrés cette multitude de plantes ne donne-t-elle pas des marques de vie! Ne voit-on pas le fapin, le genévrier, la melèfe orientale, le cèdre; l'arbre de vie, conferver leur verdure au plus grand froid? lhépatique, le perce-neige, le tue-loup d'hiver, l'ellébore bâtard, poufler des branches, des fleurs & des fruits dans Ja faifon la plus rigoureufe, & d’autres plantes concevoir & multiplier, en un mot, pendant les plus rudes hivers, tandis que d'autres attendent à cet effet la chaleur d'un printemps même avancé ? Quelle eft encore la qualité des liqueurs qui facilitent Yévolution de ces animaux, & qui les alimentent? La D ES LSHEALIENN CLE.S 427 chercherons - nous dans un acide embarraffé dans des parties fulfureufes & terreftres, & qui ne peut qu'exciter un Héger mouvement fermentatif? M. Andri l'a du moins ainfi pro- noncé , eu égard aux vers du corps humain ; cependant inter- rogé fur les raifons de la différence des infeétes dans tels ou tels corps, & dans telles & telles parties, il a été contraint d'admettre dans telle & telle humeur une propriété qu'il n'a néanmoins pü définir, & qu'il a fuppofée relative feulement au développement d’une forte d'infeftes, & nuHement au développement des autres. Peu fatisfaits de ces principes, qui n’expriment rien; approchons au moins du vrai, s’il ne nous eft pas permis de le faifir. Ce n'eft, comme je l'ai dit, ni dans des hommes, ni dans des animaux fains, fermes, robuftes, & exercés par le travail, que nous rencontrerons des vers: ils ont, en premier lieu, beaucoup plus de chaleur que les autres, vû la forte application de leurs parties folides fur leurs fluides ‘condenfés par cette compreflion; fecondement, en eux les organes digeftifs détruifent les œufs des infeétes, anéantiffent les infeéles mêmes, & préparent avec une merveilleufe faga- cité les fucs qui doivent fuppléer aux déperditions. Dans les corps malades, au contraire, dans les tempéramens lâches, mous, foibles & parefleux, toutes les parties fouffrent moins de frottement; elles acquièrent par leur relichement de plus larges furfaces, & la condenfation étant moindre, il ya beaucoup moins de chaleur. En fecond lieu, 1a digeftion eft en eux prefque toûjours imparfaite; l'élaboration des fub- ftances alimentaires n'eft donc point telle qu'elle doit être pour extraire & pour fournir des fucs louables, outre que le défaut d’une exacte dépuration par les voies excrétoires eft encore une nouvelle caufe de l'altération des liqueurs. Or fi les vers n'attaquent que de pareils fujets, il faut conclurre que des fucs plus où moins viciés, & une chaleur plus ou moins modérée, concourent à l'évolution de leurs œufs & à leur accroifiement. : Hhh ji) 428 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE Il me refte à rapporter en peu de mots les expériences que j'ai faites, dans l'intention de connoître & de découvrir, non infailliblement néanmoins, {es remèdes qui auroïent pù opérer la deftruétion des trois fortes d'infeêtes qui ont porté au cheval dont il s'eft agi dans ce Mémoire, une atteinte mortelle. ; Ceux qui ont oppolé le plus de réfiflance à toutes mes tentatives, font les vers du ventricule; j'en ai jeté dans l’eau fimple, dans du vin, dans du vinaigre, dans de l'eau-de-vie, dans du jus de limon, dans la difiolution d'aloës, dans de l'eau diftillée des feuilles d'orangers, dans de l'huile de noix, dans de l'huile d'olive; äls y ont vécu, non fix femaines comine dans l’eau commune, mais quinze jours, ou environ : expolés à l'air & laiflés à fec fur du papier, ils périrent au bout de deux jours. Ceux que je mis enfin dans une décoc- tion de gratiole, dans laquelle je fis difloudre une once de {ef de Sedlitz, y moururent en moins d'une heure. Pourrois-je néanmoins partir de cette épreuve pour foû- tenir qu'ils auroïent fubi le même fort ,-fi ce remède avoit été adminiftré intérieurement ? c’eft ce dont je ne crois pas devoir répondre , foit parce que ces vers placés plus où moins avant dans la tunique interne de l'eflomac, n'auroient affurément point été aufli foûmis & auffi expofés à l'aétion & à l'impref- fion des particules de ce {el amer, que lorfqu'ils nageoiïent dans la décoétion où il a été diflous, foit encore parce que jai vû par moi-même dans nombre de circonftances, que telle liqueur qui dans le corps opéroit la deftruétion des infedes, n'avoit pas la même efficacité lorfque, verfée dans un vafe, jy faifois baigner des vers de la mème efpèce & du même genre de ceux dont, dans animal malade, elle avoit provoqué la mort. - Il femble d'ailleurs que dans un cas tel que celui-ci, où d’une part les vers du ventricule étoient arrêtés aux orifices des vaiffeaux lymphatiques, & où d'un autre côté ceux qui étoient hors des inteftins ne pouvoient fe nourrir que DOUÉ S ACTE INC F6, 42 de cette humeur tranfudante dans laquelle ils étoient éclos, le moyen le plus für de les attaquer avec fuccès eft de mettre en ufage le mercure, qui de tous les vermifuges eft le moins infidèle & le plus puiffant, & dont Les molécules divifées à l'infini, paffent, s'introduifent & pénètrent dans les couloirs les plus exigus & les plus éloignés. Il eft vrai qu'eu égard à l'état déplorable du cheval qui n'étoit préfenté, & relativement à {a difpofition au ptyalifme, cette voie étoit im- praticable, puifque quarante grains d'éthiops minéral avoient déjà occafionné, & une-difhculté dans la déglutition, & une inflammation fégère ; mais, quelle que foit la proximité de la cloifon du palais & de la bafe de la langue dans les chevaux, ils ne font pas tous auffi fufceptibles des effets de cette fubftance fluide & métallique. Je fais un ufage fréquent & heureux d’une poudre mercurielle propre à combattre non feulement toutes les maladies vermineufes, mais encore le virus pforique ou farcineux, & même le virus morveux, Jorfque celui-ci cependant n'eft pas parvenu à fon dernier degré, qu'il n’a pas acquis toute fa force, & qu'il n'eft point affez multiplié pour porter le defordre & le trouble dans prefque toutes Les arties. . Prenez chaux vive & foude d’Alicante, de chacune deux livres, mélez-les lune & l'autre en poudre oroflière, & les mettez dans un bacquet dont le fond foit percé par un trou, que vous boucherez avec fufffante quantité de paille; verfez dans ce même bacquet de l'eau commune, qui filtrera au travers de la paille à mefure qu'elle fe chargera des fels de la chaux & de la foude; repaflez plufieurs fois la même eau fur ces matières, le goût feul vous affurera de a force des fels, & vous apprendra quand elle en fera fufffamment chargce. Prenez enfuite deux onces d'aguila alba , que vous mettrez enfuite dans un vale de terre, & fur lefquelles vous verferez cette leflive alkaline jufqu'à ce qu'elle furnage de deux travers de doigt ; remuez cette poudre, que vous laïferez ainfi trois ou quatre jours & fans feu , avec un petit bâton, deux ou trois Hbh ii 430 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE fois dans la journée ; après quoi placez - a fur un papier à filtrer ; le papier étant dans un entonnoir de verre, & avez - la ainfr en verfant par deffus de l’eau froide jufqu'à ce que l’eau ne foit nullement falée ; féchez la poudre, & brülez par deflus de l'efprit de vin très-rectifié, en la remuant en même -temps ; réitérez deux ou trois fois, & gardez pour sen fervir au befoin, à la dofe de $ grains jufqu'à 12 pour les hommes, & de 12 grains pour les chevaux, en l'augmentant toüjours infenfiblement jufqu'à celle de 20, 2 $, & même 30, plus ou moins, & proportionnément à l’état de la bouche de ceux - ci, & à fes effets. Je ne doute point que cette préparation, que j'aurois pré- férée à l'éthiops minéral, fi j'en avois eu, n’eût pü détruire les vers des inteftins, qui ne réfiftèrent au furplus qu'aux huiles douces dans lefquelles je les jetai, & non aux huiles amères & aux autres infufions de ce caractère. Cette con- jeéture eft même fondée fur ce que je pourrois attribuer fa mort de plufieurs d'entreux à l'efficacité de l'éthiops, dont la dofe ne put être néanmoins ni aflez forte, ni auffr répétée que je l'aurois defiré. Mais il eft encore une queflion à réfoudre. Ces vers anéantis par Îles remèdes, & ne pouvant être enfuite évacués, n’auroient-ils pas, par leur corruption, produit des accidens encore plus ficheux & plus funeftes que leur préfence? Il eft conflant que la putréfaétion d'un corps étranger dans une cavité du corps de l'animal, peut & doit fe communiquer d’abord aux parties qui F'avoifinent, fur-tout dès que cette putréfaétion eft à un certain degré; mais ici elle n'auroit jamais été affez confidérable, 1.° parce que ces vers, quoiqu'en aflez grande quantité, étoient fort menus & épars aflez au loin les uns des autres dans tout l'abdomen ; 2.° parce qu'ils n'étoient point expofés au contact de l'air extérieur, qui doit néceffairement folliciter les mou- vemens de pourriture & les déterminer par fon action; 3. enfin, parce qu'il eft à préfumer que la férofité & la chaleur de l'1bdomen les auroient réduits en une efpèce de DES SCIENCES. 431 pâte qui auroit enduit la furface de quelque partie, fans fufciter aucune indifpofition, à peu près comme fa chaleur du fumier opère cette diflolution dans les vers que Pachecus avoit enfermés dans des bouteilles. A l'égard des rinaires, ou de ceux qui étoient dans les finus, je n'en avois que trois qui étoient très-languiffans, auffi ne me fut-il pas poflible de multiplier fur eux les expériences ; ils moururent en dix minutes dans la mème injection anthelmintique que j'avois fubftituée aux fternuta- toires. Il eft à craindre que, vü la modicité des dofes & le peu d'abondance de Fhumeur qui fe filtre dans ces petites cavités, les particules mercurielles dont cette même humeur fera impreonée, ne foient pas fuffifantes pour agir fur ces infectes, D'un autre côté, les errhines n’excitant qu'une titil- lation & un fentiment qui invite l'animal à s'ébrouer, n’en faciliteront l'expulfion qu'autant que ces animaux ne feront pas nichés dans quelques-unes des anfraétuofités de ces fofles, ou qu'autant que leurs communications avec les plus grandes ne fe feroient pas par des détours capables de retenir ces animalcules, ou du moins de s'oppofer à la liberté de leur fortie. On comprend encore que ces mêmes détours font un obftacle au paffage des injections que l'on voudroit fupprimer & porter jufqu'au fiége du mal, ainfi, en fuppofant des fignes univoques qui démontreroient d’une manière fûre & déterminée l'exiflence des vers dans cette portion des foffes nafales, on pourroit, pour dernière reflource, & par la voie du trépan fur les finus, frayer une iflue à ces infectes, & s'ouvrir une route pour l'application immédiate des médi- camens propres, non feulement à leur deftruction & à celle des œufs qui ne feroient pas encore éclos, mais à parer à linflammation de la membrane, & à en modifier les exul- cérations. Si nous nous rappelons cependant un axiome chirurgical qui profcrit cette opération fur les hommes, fous le prétexte que la phie peut refler fiftuleufe, nous ferons temtés de Obférvation LV11. 432 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A LV'ACADÉMIE renoncer à ce projet : cependant l'extrême facilité de la régé- nération des chairs dans les chevaux, facilité qui eft telle, que dans le traitement des plaies nous ne fommes occupés qu'à modérer la trop grande promptitude des reproduétions, doit, de concert avec l'expérience, raflurer fur ce point; & je penfe que dans le cas dont il s’agit, l'opération feroit d'autant plus avantageufe que le mal eft véritablement un vice local, & qu'en y ayant recours, on rempliroit pluftôt toutes les indications curatives , que s’il étoit queftion d’une maladie purement dépendante d'un vice dans la mafle, & dont l'aflec- tion des nafeaux & de la tunique muqueufe ne feroit réel- lement qu'un fymptome. is OBSERVATION D '£:S, Si€/HE: N,C'E.6 433 OBS EMA AT I O N De l'Éclipfe de Lune du 30 Juillet LAS FAITE. A TOULOUSE Par M. GARIPUY. M l'Abbé de Sapte fe fervoit d’un télefcope à réflexion, e d'environ feize pouces. M. Garipuy fe fervoit d’une lunette à deux verres con- vexes, de fept pieds & demi, garnie d'un micromètre. Il a réglé la pendule par de bonnes hauteurs correfpondantes du Soleil, prifes le jour & le lendemain de l'éclipfe. À 10% 3° 40" Commencement de la pénombre. 10. 6. 40 Commencement de l'ombre. 40. 10. 27 L'ombre à Schikard. 10.13.27 au premier bord de la mer des Humeurs. 10. 14. 27 au premier bord de Grimaldi. 10. 16. 17 _ au dernier bord de Grimaldi. 10. 17. 27 à Gaffendi. JO, 21.12 au premier bord de Ticho. NOÉ 2 2n EE au dernier bord de Ticho, 10,023: 22 à Galilée. “ 10. 35. 47 au premier bord de Copernic. 10. 38. 2 au dernier bord de Copernic. 10. 38. 42 à Ariflarque. 10. 48. 12 a Denys. no: $0. 32 à Manile. TON: 7 au promontoire aïgu. 10. 55:12 à Ménélas. TON ASS. 2 à Pline. 10, 58. 32 à Héraclide. 11e 2 42 au promontoire du fonge, TIGE 22 au premier bord de Ia mer des Crifes. Sav. étrang. Tome IL. lii 434 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE A Tin 8° 21" Une étoile du 4 d'environ la feptième grandeur, TS NA 17.378 21.) 43 dont la longitude eft à peu prés de & 74 50’, & la latitude boréale de of 24”, a été cachée par la partie obfcure de la Lune près de Grimaldi. Dernier bord'de la mer des Crifes. Eudoxe & premier bord de Platon. Dernier bord de Platon. Premier bord d’Ariftote. Dernier bord d’Ariftote. Mefale. Premier bord d'Hermès, Dernier bord, d'Hermès.. EE MERS'TONSs. Hélicon reparoît. Héraclide. Premier bord de Platon. Ariflarque. Dernier bord de Platon. Galilée. Premier bord de Grimaldi. Âriflote. . Dernier bord de Grimaldi. Eudoxe. Émerfion de l'étoile du % de a partie obfcure de la Lune à l’oppoñite d’Ariftarque. Copernic reparoît. - D'épais nuages ont caché la Lune tout le refte de Ia nuit. La partie éclairée de la Lune, dans le temps de la plus grande éclipfe, avoit 140 parties de mon micromètre, qui valent 1° 33". Le 21 Juin:757, à 8 28’ 8" du foir, émerfion de Regulus de la partie claire de la Lune au deflus de la mer des Criles. La trop grande clarté du jour avoit empêché de voir l'im- merfion ,. maïs l'émerfion a été bien obfervée. LA TO DhErS 38044 Ne JET 435 OBSERVATION DE. L'É CiLAI PS E>DELU N E Du 30 Juillet 1757, HA LINE A 08 LÉ, ZALE RS Par M. DE MANSE, RIBART & BOUILLET, Père & Fils. ous avions pris toutes les précautions poflibles pour faire cette obfervation avec exactitude; nous avions calculé nous-mêmes le commencement, le milieu, la fin & la grandeur de cette Édiple, fur les Tables de M. de {a Hire, & nous nous étions rencontrés dans la minute avec M. Maraldi, qui a calculé fa Connoïiffance des Temps; nous en avions déterminé la grandeur de 1 1 doigts 35 minutes, le commencement à Paris à 10h x 8 46" du foir, le milieu à 1° s1 ÿ4", & la fin à 1h 25° 2" après minuit; à quoi ajoûtant 3 30° ‘ à caufe que Béziers eft plus oriental que Paris de 52° 35 "de degré, nous avions pour Béziers le commen- cement à 10h 22° 16", le milieu à 11" 55" 24", & la fin 40,28 32° ayant trouvé le lieu vrai qu Soleil pour Paris à rap 47° dufoïr, temps apparent , à 74 49° 5 ès, du Lion, & le lieu vrai de la Lune réduit à l'écliptique à 74 49° 5 3" du Verfeau, pourle même temps, on pour le moment de a pleine Lune: … Nous n'avions auffi rien négligé pour nous aflurer de l'état de notre pendule, qui eft placée chez M. Bouillet dans {a falle où nous tenons les affemblées de l Académie, & au niveau de laquelle il y a une-terrafle, d'où l'on voit toute la partie méridionale du Ciel, & où nous avions réfolu d’ob- {erver l'éclipe. Après avoir exaétement réglé la pendule fur fe mouvement Tii ï 6 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE moyen du Soleil par le paflage des étoiles, pris plas d'un mois d'avance, & pendant. plufeurs jours de fuite, nous primes le jour de l'écliple & le lendemain quatre hauteurs du Soleil correfpondantes, & nous fimes autant de -fois les. calculs nécèffaires pour troûver la différenceidu temps marqué par la pendule, d'avec le temps vrai, afin d'y avoir égard’ lors de l'obfervation. Le jour de l'éclipfe nous plaçames-au bout de fa terrafle dont on vient de parler, une Juneite de 21 pieds montée fur deux appuis, une de 7 pieds montée fur une machine parallaétique, & un quaït-de-cercle fait à Paris par Langlois, & auquel eft attachée une lunette de 3 + pieds ; mais "pour Yobfervation des phafes, nous ne nous fervimes que de la lunette de 7 pieds, qui étoit fur la machine parallaétique. Le bruit s'étant répandu dans la ville que nous devions obferver léclipfe de Lune, M.° les Officiers du régiment de Cambis, qui font ici en quartier depuis environ un an, nous firent l'honneur de venir en grand nombre à notre terraffe, & d'y refter jufqu'après minuit, ayant à leur tête M. de Cambis leur Colonel; il y vint auffi beaucoup de Meflieurs de la ville, tant éccléfiaftiques que laïques, ce qui fit que celui qui étoit dans la falle auprès de la pendule ne prit pas toûjours le moment précis de plufieurs phafes à caufe du bruit qu'on faifoit dans la terrafle, au bout de laquelle étoient Les Obfervateurs: 1 Mais ce ne fut pas cette raïifon' qui nous empécha de déterminer au jufte le commencement de léclipfe; d'un côté nous ne l’attendions pas fi-tôt, & de l’autre l'ombre étoit fi claire, que nous la primes pour la pénombre pen- dant quelques minutes: cependant ayant bien-tôt remarqué que la pénombre ne devançoit que de fort peu 1a véritable ombre, &’ayant obfervé le commencement de la pénombre vers les ro" 11', nous jugeames que l'éclipfe avoit com- imencé peu de fecondes avant roh 12°, & qu'on pouvoit la fixer à environ 10P 11° $$", temps vrai. Enfuite nous obfervamés l'immerfion des taches comme il fuit : DES SCIENCES. 437 A 10h 20° 40" Temps vrai, l'ombre à mare humorum. 10. 28. 28 L'ombre au bord de Ticho. 10. 29. 57 Tout Ticho dans l'ombre. 10. 32. 2 Képler dans l'ombre. 10. 46. o Copernic dans l'ombre. Nous fupprimons beaucoup d'autres phafes que nous jugeons un peu fufpectes, pour en venir aux émerfions qui furent marquées plus exaétement, tous les curieux s'étant alors retirés. Nous nous bornerons aux fuivantes : A ot 8° $” Émerfion d'Eudoxe. 0. 9. 56 Platon hors de l'ombre. 0. 30. 20 Copernic hors de l'ombre. 0. 35. 5 Képler hors de l'ombre. 0. $3- 10 Ticho hors de l'ombre. 1. 8: o Mare neGtaris hoïs de l'ombre. 1. 17. 12 Fin de l'éclipfe. … Pendant cette éclipfe, on vit toûjours les principales taches à travers ombre, dont la couleur approchoit de celle du cuivre rouge. Parmi les phafes qu'on vient de rapporter, il y en a de fort exactes; mais la plus exacte de toutes, c'eft la fin de Téclipfe. Or fi de 1° 17° 12° on Ôte 3° 30", diflérence des Méridiens entre Paris & Béziers, il viendra 1° 14’ 42", à peu près, pour le temps vrai de la fin de l'éclipfe à Paris; ce qui donne 10° 20” de différence entre le calcul & l'ob- fervation. Nous en avons été d'autant plus furpris, que dans bien d'autres éclipfes que nous avions calculées für les Tables de M. de la Hire, nous n'avions jamais trouvé plus de 3 à 4 de différence entre lobfervation & le calcul. Mais comme cette différence s'eft aufli trouvée entre l'obfervation & le calcul de fa Connoïffance des Temps, fait fuivant les Tables de M. Caffini, on a lieu d'efpérer que l'Académie Royale des Sciences nous en apprendra la raifon. CT" Tii i 438 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMI® OBSERVA'T'I0'NS Sur la Conflitution épidémique de l'année 1756, dans le Corentin. Par M. Bar TuËès le Fils, Médecin ordinaire des Hôpitaux militaires. ANS le mois de Mars de l'année dernière 1756, le Miniftre me fit l'honneur de me nommer Médecin d'hôpital militaire en Normandie. Je fus d'abord envoyé à Carentan, où je fis peu de féjour, &.je paffai bien-tôt après à Coutances, où j'ai vü tous les malades du camp de Gran- ville. Cette occafion étant trop favorable pour ne pas faire des oblervations fuivies & en grand nombre, je crus devoir les mettre par écrit avec le plus grand détail; & me rappelant ce que j'avois Iù dans les Anciens & dans les Modernes, je me fis une étude de comparer ce que Joblervois avec ce qu'ils rapportent des mêmes maladies. Il eft peu de fyftèmes aufli généralement reçûs er Méde- cine que celui du rapport entre les fucceffions des maladies épidémiques & les variations de l'air. Hippocrate a établi ce rapport dans prefque tous fes écrits, par des aphorifmes ou règles générales qui ont fervi de bafe à plufieurs excellens ouvrages, où l'on a développé & étendu fes principes. Le célèbre Baillou paroît être le premier qui ait formé une hiftoire des maladies qu'il a vües, fuivant l'ordre des années & des faifons mêmes où elles ont régné. Cette hif toire, pleine d’inftruétions folides, porte le nom d’Æpidémies & Ephe mérides ; elle me femble bien digne de l’eflime fin- M. de S++* gulière qu'en fait un excellent Juge. M. Clifion Winteringham n'a pas connu po doute ce Prolegomen. Livre fi utile, puifqu' il aflure que depuis Hippocrate jufqu'au Comment, Jologici, 110- temps où il écrit, Sydenham feul a connu la correfpondance D'É S 2 SC TE Nfc:E's 439 des -diverfes conflitutions de l'air avec les changemens des maladies épidémiques. Je trouve que Sydenham /a) & Ramazzini regardent les qualités ordinaires de Fair comme infufhfantes pour la pro- duction des maladies épidémiques: Sydenham a recours aux minéraux qui fermentent dans le fein de la terre, & dont les exhalaifons infeétent l'air de parties nuifibles. Ramazzini, avec plus de vrai-femblance, admet ces exhalaïfons foûterraines feulement dans le cas de leur éruption caufée par des tremblemens de terre; il a été fuivi par Gagliardi, Richard Mead , & plufieurs autres. Je crois, à ce propos, pouvoir faire mention d'un fait qui m'a été certifié par plufieurs témoins dignes de foi. Le premier de Novembre 1755; dans la paroïffe de Montchaton, à une lieue de Coutances, entre 9 & 1 0 heures du matin, temps où commença le fameux tremblement de Lifbonne, l'air étant fort calme, plufieurs habitans du lieu, fur le point d'entrer dans l'Églife pour entendre la Mefe, virent les eaux d'un étang voifin fe foülever tout à coup & fe déborder, fans qu'on aperçût aucune caufe de ce phéno- mène extraordinaire. On m'a cité quelques autres exemples d'eux émûes le même jour & à la même heure dans les environs, mais je ne fuis bien für que de celui que je viens de rapporter. ; On 2 remarqué dans tout le Cotentin, que les faifons de Vannée 1756, ne reffembloient point aux faifons des années précédentes, fr ce n'eft par les pluies continuelles qui rendent cette contrée très - malfaine & très-fertile. Il eft naturel d’at- tribuer cette humidité exceffive aux côteaux dont le pays eft coupé, qui arrêtant les vapeurs que le voifinage de la mer reproduit fans cefle, les rapprochent & les font retomber en pluie. L'hiver de 1756 y a été extrêmement doux, & ïl n'y a gelé qu'un ou deux jours. Ne pourroit-on pas conjecturer que la fecouffe du tremblement de Lifbonne à retenti jufqu’à (a) Voyez page 301 de l'édition Angloife de 1753, & la Note de M, Swan fur cet endroit. Difert. III, de Conflit. Mu- tinenft. Part, 9 TEA Page 222, même édition, Differt. I, de Conflitur, Muri- nenf. Part. 27. Epidem. Pa: 57. De locis affect, Liv. c, 8. 40 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ces bords de l'Océan, y a étonné la fürface de la terre, & peut-être ouvert de nouveaux paflages à des émanations du feu central, ou du moins à des vapeurs chaudes qui ont privé Vair pendant un temps de fon élafticité ? Le printemps a été fort inégal; les vents de nord & de fud ont régné alternativement, & on les a vü fe fuccéder plufieurs fois dans le même jour avec une efpèce de bizar- rerie ; les baromètres haufloient & baifloient quelquefois tout-à-coup : une intempérie aufii dangereule, après un hiver chaud & pluvieux, a d'abord attaqué les poumons, & pro- duit quelques inflammations obfcures de ce vifcère, du genre de celles que Sydenham a bien décrites fous le nom de Péripueumonies bätardes. Dans ces faufles péripneumonies du printemps, les faignées brufques & répétées ont très-bien réufi; mais dans celles d'automne, on peut douter qu'elles {oient également avantageufes. J'ai obfervé que la faignée du pied étoit très - utile dans le vertige & dans les violentes dou- leurs de tête /4) qui accompagnent la toux de ces péripneu- moniés. J'ai vû auffi dans ce temps des rougeoles de cette efpèce bénigne qui approche de la nature de l'éréfipèle, comme Baillou a remarqué. Si on négligeoit de purger les malades au déclin de l'éruption, ils étoient bien-tôt après faifis d’une toux fâcheufe avec un penchant à la phthifie, qu'on arrétoit par de légers émétiques. Tels furent les avant-coureurs d'une péripneumonie funefie ; qui a fait de grands ravages parmi les habitans de Coutances, Périers, Carentan, &c. & les Soldats qui étoient en garnifon dans ces quartiers. Cette péripneumonie étoit d’une efpèce qu'on voit rarement épidémique ; elle préfentoit tous les fymptomes de l'éréfipèle du poumon, maladie qu'Hippo- crate a très- bien connue. Galien a penfé que l’éréfipèle doit _ être diftinguée des autres inflammations du poumon, parce qu'elle -excite une ardeur infupportable, & qu'elle produit bien moins d'étouffement & d'oppreffion de poitrine; mais (b) Sydenham'a le premier remarqué ces fymptomes dans fa defcription de cette maladie, Seé7. VI. ch, 4. n cette DES : SCT NC E.S 441 cette diftinétion, quoique fondée jufqu'à un certain point, one prife trop généralement, eft contraire aux obfervations d'Hip- 45, % mat pocrate : je les ai vérifiées dans des malades attaqués d'éré- Fr Vander- fipèles du poumon bien caraétérifées, qui fentoient un poids NGE accablant fur la poitrine, & qui avoient la refpiration très- pénible , fréquente, & comme eraffée, felon lexprefion a vma d'Hippocrate: je l'ai vû fi génée dans quelques-uns, qu'ils «3er. écartoient les narines & tiroient la langue, pour recevoir une plus grande quantité d'air ; femblables à ces animaux qui halètent dans les chaleurs de l'été, après de longues courles. La Nature a peu changé depuis Hippocrate. Profper Martianus veut que la péripneumonie occupe les Hippocrates vaifleaux du poumon, & l'éréfipèle leur fubflance, ce qui de eft caufe, dit-il, que la crife des éréfipèles ne fe fait jamais 80, 181. par les crachats. J'ai obfervé au contraire que c'eft la crife la plus générale, & il feroit aifé de prouver la même chofe par divers Auteurs : il en faut pourtant excepter cette éréfi- pèle qui eft combinée avec des vomiffemens & d’autres vices de la première digeftion. Hippocrate, parlant de cette dernière, E Dr dit que les crachats n'y font point fanglans, & c'eft fans "7 doute ce qui a trompé Martianus; mais, dans une autre elpèce, Hippocrate dit que les malades expeétorent (c) des crachats teints de fang ou rouillés. Je ne diftingue pas avec Martianus ibid.) trois maladies différentes dans les defcrip- tions qu'Hippocrate à faites de l'éréfipèle du poumon ; je crois néanmoins après Jui, qu'il faut féparer celle qui eft compliquée avec des affeétions du bas-ventre, de celle qui neW'eft pas: cette divifion, quoique ignorée des autres Commentateurs, étant très -utile dans la pratique. | Lommius regarde après Hippocrate /1.de Morbis, N° r 3) Oùfe. Met les fréquentes défaillances comme le figne le plus certain porn d'une éréfipèle du poumon, lorfqu'elles font jointes aux autres "27" marques de l'inflammation de ce vifcère. On a remarqué ces (c) Quoique tous les Interprètes | fignifie ici dam nimr. Voyez l’Éco- aïent traduit, Lib, 1, de Morbis, N° | nomie d'Hippocrate par Foëfius, au 23, vomunt , il eft clair que éuévar, | mot éuéew. Sav. étrang. Tome 111. KKkk Epidem, à Ephem, p. 3 2. 442 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE . fyncopes répétées dans ceux que cette maladie réduifoit à l'extrémité; mais on ne l'a jamais vûüe commencer par ce funefte fymptome, J'ai toûjours cru que le figne pathognomonique de l'éré- fipèle du poumon confifte en ce que la douleur, qui dans les autres péripneumonies attaque indifféremment toutes les parties de la poitrine, fe fait fentir plus vivement dans clle-ci vers le flernum & vers l'épine du dos. Le fiége de la dou- leur eft encore ici fort inconftant, & il ne faut pas fuivre le pronoftic de M. Triller /d), qui prétend que ces chan- gemens font toûjours avantageux ; mais ils font tantôt falu- taires, & tantôt pernicieux. On a vü des malades expirer avec une parfaite connoiflance, quoique la douleur de côté parût cefler. Baillou a bien connu le danger de ces douleurs vagues caufces par une férofité âcre qui fe creufe de nouvelles routes, & qui excite des éréfipèles plus communément que des phleg- mons. En effet, la diffection n'a fait découvrir des clapiers dans les poumons de ceux qui font morts de notre péripneu- monie épidémique ; ces abcès étoïent fouvent à côté de taches gangréneufes qui occupoient quelquefois des lobes entiers du poumon: la plèvre étoit toüjours enflammée, & intimement adhérente aux poumons dans prefque toute fon étendue. Il me feroit aifé de rapporter aux vices de la bile toutes les maladies de la conftitution épidémique que je décris, en prenant pour modèles Guidetti & fon Commentateur M. Bianchi. Woyez l'Hifloire du Foie de ce dernier, Tome L. Galien attribue la produétion des éréfipèles à l’orgafme de la bile, & il a été fuivi par tous les anciens Médecins : fans vouloir renouveler leurs opinions (ce qui donne peu de nouvelles lumières, quoique trop ordinaire aux Auteurs de ce fiècle) je ne puis m'empêcher de dire qu'ils fe feroient confirmés dans leur fyftème par les faits fuivans. Plufieurs de nos péripneumoniques, lorfque la maladie (d) De Pleuritide paffim. Voyez | tique eft foulagée par ce changement. auffi M. van Swieten , qui la füivi | P.26, Tom, LE, Conun, in Aphor, dans les cas où la douleur pleuré- | Boerhaavü. D £ 5 , SIGAYE! NiCyENS 443 étoit portée au plus grand danger, tomboient dans une jau- nifle univerfelle (4) ; les hypocondres étoient douloureux, tendus, & fouvent ils fouffroient tous les fympiomes d'une inflammation du foie. Dans prefque tous les cadavres qu'on a ouverts, on a trouvé Ja vélicule du fiel beaucoup plus pleine que dans l'état naturel, des pierres dans cette véficule, la bile por- racée, le foie comme bouffi, abcédé même, & gangrené dans quelques fujets. M. Bianchi a obfervé que le premier eflet de Ia tranfpi- ration fupprimée eft d'altérer le mouvement & les qualités de Ja bile: or on ne peut douter que la tranfpiration de ceux qui ont été attaqués de la péripneumonie épidémique, n'ait été fupprimée par ces viciffitudes imprévües dans la chaleur ou le froid d'une atmofphère humide, viciffitudes par lefquelles a commencé le printemps de conflitution ,. dont nous avons. parlé. Il eft vrai-femblable que la quantité de la bile aitaugmenté, & qu'elle ait été plus difpofée à former des concrétions, d'un côté par labondance du mucilage que fournit le cidre dont nos Soldats /e) ont bû avec excès, & de l'autre par les fels que la tranfpiration interceptée a fait regorger dans le fang. L'obfervation néceffaire de la loi de continuité eft plus aifée à démontrer en Médecine qu'en Géométrie: des mem- bres gelés qu'on réchaufle tout à coup, fe gangrènent ; un paflage brufque du chaud au froid dans une partie quel- conque, y produit un phlegmon; donc plufeurs alternatives foudaines qui fe fuccèdent dans la température de air, don- nent aux parties qu'elles affectent, une difpofition inflimma- toire & gangreneule, qui s'étend à mefure que ces alternatives font plus répétées. Si l'on réfléchit fur cette théorie, on verra pourquoi les (d) Quelques-uns avoient la langue (e) C'eft parmi les Soldats, & + d’un verd de limon. Je crois que telle | particulièrement ceux de recrue, que eft, fuivant Hippocrate, la couleur | cette péripneumonie a été Le plus de cette langue, qu'il appelle xawpn, | funefte. & qu'il dit être teinte par la bile, KKK ÿ Hifloria Hepe- tica, p. 673: 444 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ailes falutaires, dans nos éréfipèles du poumon , ont été fi diverfifiées ; car indépendamment de la voie des crachats, la Nature a guéri beaucoup de ces péripneumonies par des érup- tions éréfipélateufes à la peau, par des fueurs abondantes, par des abcès vers les clavicules, & des hémorragies du nez. J'ai vû auffr, au déclin de ces péripneumonies, des aphthes d’abord très- cruelles & gangreneufes, qui ont pris par degrés une nature plus bénigne: quelquefois ces péripneumonies fe terminoient par des parotides fymptomatiques, par des convulfions mortelles de la langue & de tout le corps, par un empyème incurable, Un homme à Carentan avoit un ulcère à la jambe, qui fut confolidé fans avoir fait précéder les remèdes internes néceflaires ; il fut bientôt après attaqué de la péripneumonie épidémique /f), qui commençant alors à fe déclarer, étoit d'une nature très - maligne : des convulfions légères faifirent Je malade, & firent différer une faignée décifive qui avoit été ordonnée. Le Chirurgien ne favoit pas combien elle eft utilé . V. Sdmham, dans ce cas même. Il y a lieu de croire qu'elle auroit pré- Schedula moni- 2 4 er : De \ px mia, p.55y. venu les douleurs rhumatifantes , qui ne tardèrent pas à fe füire fentir dans les bras & dans les jambes: ces extrémités devin- rent immobiles, un délire conftant füuivit l'extinction des Signe mel, Forces. Le malade pafla environ deux jours dans cet état; pen- D Ces Ô dant ce temps parurent des éruptions /g) fur toutes les parties an, ‘ de fon corps: ces éruptions dégénérèrent en phlyétènes pleines d’une fanie putride, & la mort fut précédée d’une gangrène prefque univerfelle. Je penfai dès -lors que ces phlyétènes ou puftules icho- reufes indiquoient l'ufage des véficatoires dans la péripneu-- monie épidémique ; j'ai trouvé depuis que M. Huxham avoit Il eft parlé d'une pleuréfie | Hildanus, Centur. III, Obferv. 39, Pr Ad de Gina & de g) Hippocrate, Coaque 4 pus; qui fuccéda à un ulcère de la ! parle d’élevures qui rougiffent la jambe féché imprudemment, dans | peau lorfque des crachats falés font les Éphémérides des curieux de la | fupprimés, & qu'une toux habi- Nature, Decad. III, arr. 5 d7 6, | tuelle s'arrête; élevures qui forment page 640, Voyez aufli Fabrice | des puftules avant la mort, À D Ets". 586 A BEN C'HEt,81 445 eu la même idée. Je fus confirmé dans mon opinion par ces De 4e & convulfions lévères & ces douleurs rhumatifantes dans les pen es lombes & les extrémités, qui s'emparoient tôt ou tard de A gE6 nos péripneumoniques. Plufieurs autres raifons m'ont enhardi à appliquer les véfi- catoïres fur la partie même affectée. 1.” Dans les pleuréfies & péripneumonies dont la crife ne fe fait point par l'expeétoration, le danger eft très- grand fi les urines ne coulent en abondance: ce pronoftic, que Baglivi a viré d'Hippocrate, eft confirmé par plufieurs obfervations. pe Dizra acur, Or les cantharides font un diurétique puiffant, & j'ai vü leur 9° 77; “de application dans nos péripneumoniques toûjours fuivie d’une HE excrétion copieufe & critique d’urines rougeitres. 2.° Outre que l'évacuation des férofités produite par les véficatoires ne peut être inutile ici, ils rappellent l'expecto- ration arrêtée, comme l'ont fouvent éprouvé Baglivi & Thriller : leur opération eft douloureufe, mais cette douleur éft falutaire, fi je ne me trompe, puifqu'elle eft caufée par ces déchiremens de fibres /4) qu'Hippocrate dit être avan- tageux dans les pleuréfies, ce que Duret explique des pleu- Commentaire réfies fèches dans lefquelles il e fait des tiraillemens violens fr #* Crau, des parties mufculeufes externes. Ag Ps 3.° Il ne faut qu'être médiocrement verfé dans la leéture d'Hippocrate, pour favoir combien il infifte fur l'avantage général du tranfport des éréfipèles à l'extérieur du corps. Il dit 1. r, de Mors, auffi de léréfipèle du poumon, que le malade eft le plus Ÿ°15- fouvent en füreté quand Fhumeur qui forme cette éréfipèle fe porte au dehors dès les premiers jours; il confeille les Z. 17. ikid. ventoufes pour cette maladie, & même dans les jeunes gens Ÿ* 53: après les avoir évacués , Tinuftion de la poitrine & du dos. » De Aer à Hippocrate avoit donc eu recours aux ventoufes dans À cp 728—37 cette efpèce de fluxions de poitrine avant Celfe & Aretée, ;/6;. cités par M. Huxham*. Galien? & Cilius Aurelianus * ordon- ads A: endi, L, 11, & nent encore les ventoufes dans l'inflammation des poumons. {fn du Ch 17. SP.r20€ (h) Je traduis ainfi le mot axtque, dont fe fert Hippocrate, d’après Galien, 141. Ed. AL qui en deux endroits en fait le fynonyme de f;ua. meley. KKK iïïj Praxeos Mayer- hianæ, Synt, Le F 170. Hif. Hepar, pezjr. id, LP: 709. Exempla obfer- vationum memo- ralilium,c. XXI, 2.380 39. 446 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Mayerne eft le premier qui dans un point de côté ait fait appliquer avec fuccès un ample véficatoire fur la partie affedtée, pratique qu'ont adoptée Freind, Berkley, le Févre, M." Helvetius, Huxham & Pringle. J'ofai tenter pour la première fois ce remède trop négligé fur le nommé Baubon, compagnie de Braufler, régiment d'Eu, qui vint à l'hôpital militaire de Coutances crachant le | fang, & ayant tous les fymptomes de la péripneumonie épidémique. Après qu'il eut été faigné deux fois, je lui fs appliquer un véficatoire entre les épaules à l'endroit où la douleur fe faifoit fentir; dans fort peu de temps ce véficatoire diminua la douleur, & rendit l'expectoration plus facile. J'en fis appliquer un fous le mamelon gauche pour un point de côté fort douloureux qu'y fentoit le nommé /a Jeunefle , compagnie de Lafargue , régiment de Royal- Vaifleaux , qui ne crachoit point de fing. H réuflit fort bien, de même qu'un autre qui fut placé à l'endroit du dos où répondoit la douleur, dans une inflammation du médiaftin qu'avoit le nommé François, compagtie de Bielle - Caftel, régiment d'Auvergne. Je fuis furpris que M. Bianchi, qui range les éréfipèles du poumon dans la claffe des pleuréfies bilieufes, condamne fans reftriétion les véficatoires dans toutes les inflammations vraies, & caufées par l'effervefcence de la bile. Avant que d'employer les véficatoires, je n'avois de reffource que dans des faignées fréquentes & abondantes dès le premier jour de la maladie, & j'étois quelquefois aflez heureux pour pouvoir placer le kermès minéral le troifième ou quatrième jour, ce qui amenoïit.un rétabliffement prefque fubit. J'ai toûjours vü que la perte du premier & du fecond jour pour les faignées, étoit irréparable ; ce qui s'accorde très-bien avec ce que Dodonée a obfervé dans les péri- pneumonies épidémiques des années 1557, 1565, qui reflembloient beaucoup à la nôtre; j'ai vü, comime Jui, la faignée prefque inutile au delà du cinquième jour ; ; mais les éclegmes qu il trouva fi Wils,. ne m'ont pas été d'un grand ni n° E s ASE EUN ME tabs! 447 fecours, quoique choifis, fuivant l'indication, parmi les incraffans, les légers incififs, & les réfolutifs les plus appropriés. Je terminois toûjours le traitement en prefcrivant des pur- gations répétées felon le befoin, inftruit par les faits dont j'ai parlé plus haut, du concours de la bile pour la produétion de ces péripneumonies épidémiques. Quoique la diflolution du fang fût en général d'un mau- vais augure, il y a eu des cas où il n'étoit pas couenneux, & cependant où la répétition de la faignée étoit évidemment néceffaire ; le malade fupportoit très- bien cette évacuation. Baglivi & Lancifi, qui regardent l'abfence de cette couenne dans les maladies inflammatoires de la poitrine comme toüjours funefle, en font juftement repris par M. Triller, De Phuriride; qui tombe dans cet autre excès de regarder cette abfence ? *# comme toüjours avantageule. p.26, ibid. La Fortune, compagnie de la Boulvene , régiment de Rohan, crachoit prefque le fang pur ; il reflentoit une dou- leur vive vers les clavicules & le haut du fternum. Après une faignée du bras, je le fis faigner du pied très-amplement, ce qui le foulagea beaucoup ; un-véficatoire appliqué à la nuque acheva fa guérifon. Les grands Praticiens reconnoiffent prefque tous que dans les pleuréfies fupérieures la faignée du pied eft d'un plus grand fecours que celle du bras. On ne balincera jamais entre l'expérience de tous les fiècles, & les difputes qui fe font élevées depuis peu fur la manière dont fe fait la révulfion, ou les doutes que lon a formés fur fon efficacité. J'ai vû à Coutances une Dame de condition, âgée, d'un tempérament ufé, & fujette à des accès de goutie anomale, dans le fort d’une fluxion de poitrine, pour laquelle elle avoit été faignée quatie fois ; le pouls étoit très- irrégulier & très-foible, la tête & la poitrine fort embarraflées avec des crachats rouillés : des finapifmes: âcres dont je fis couvrir la plante des pieds, excitérent des douleurs vagues dans cette partie, dés pico- tenens très-incommodes, & enfin des veflies pleines d'une 448 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE férofité qui fortoit par jets. Cette Dame füt bien -tôt hors de danger. Liv. c.p.#6. M. Triller fait dire à Alexandre Trallien, que les narco- tiques font mortels dans la pleuréfie: je trouve néanmoins Liv. vrr. CA que Trallien permet de s'en fervir lorfque la douleur eft trop du traitement de forte & que les veilles font opiniâtres. Je les ai ordonnés, la pleuréfie. Worcis of & ils ont facilité l'expecloration dans un de nos péripneu- moniques (i) d'un corps grêle, d'un efprit inquiet & tour- menté par les veilles. Boyle parle d’un pleurétique, fetateur de van Helmont, Boyle,ed. in-fel. qui ne voulant pas fe faire faigner, fe guérit par l'ufage du Lord, 1744 T.Lp. 545. * laudanum opiatum , & qui guérit par le même remède, fans faignée, plufieurs perfonnes attaquées du même mal. On fent combien il feroit dangereux d'imiter cet exemple. C'eft ici le lieu de parler des vomifiemens & des naufées dont plufieurs de nos péripneumoniques étoient fatigués ; leurs joues fe couvroient d’un rouge qui difparoifloit aifément ; ils étoient fort agités, fentoient une chaleur brülante dans le bas - ventre; fouvent même l'inflammation des inteftins fe compliquoit avec la fluxion de poitrine: ils échappoient rarement quand Ja maladie étoit parvenue à ce dernier point; mais lorfqu'elle étoit plus modérée, je n'ai rien trouvé de plus für pour la combattre & en emporter la caufe, que l'é- métique. Après une ou deux faignées, qui évacuoient alors un fang fleuri plus fouvent que couenneux, j'ai donné l'ipéca- cuanha aiguifé d'un vomitif plus fort (4), & toüjours avec un fuccès fmgulier. M. Triller ne permet les émétiques que dans la pleuréfie ftomachique, & comme il penfe qu'il faut une fagacité peu ordinaire pour difcerner cette efpèce de pleuréfies, il croit qu'il eft plus für de rejeter dans toutes les pleuréfies lufage (i) AN. B. Quoique la fièvre ne fût point pañlée, ce qui eft contre l’avis de M. Prinole. Maladies des Armées, Tome I, p.226— 7. (4) Suivant la manière de M. Pringle, Liv, cité, Tome L, p.218, qu'il peut avoir empruntée des AéZa Phyfico- Medica Naturæ Curiofor. Tom, X, p. 41, où on loue ce re- mêde pour certaines pleuréfies & péripneumonies. des DES SCIENCES: 449 des émétiques; ce qui eft contraire aux obfervations de DePhwriie, M." Bianchi, Default, &c. Pa£. 47: M. Triller aime mieux, avec Arétée, purger doucement fes malades dans les cas où la purgation eft indifpenfable. Lancifi de mème n'admet point dans la pleuréfie de 1axatifs Zifor. Ram. plus forts que l'huile d'amandes douces & le firop de violettes, 7-7. #7: Notre pratique s'accorde mieux avec celle d'Hippocrate, qui fait vomir & qui purge vigoureufement dans les éréfipèles du poumon, combinées avec le vice des premières digef tions , efpèce d'éréfipèle que nous avons diftinguée au com- mencement de ce Mémoire. La complication de Finflammation des poumons & des inteftins a fur-tout été funefle à ceux dont la poitrine étoit affeétée depuis long -temps. J'ai vû dans ce cas un Soldat du régiment d'Eu, dont le mal n'eut point d'intermiffion ; il avoit dès le premier jour ces crachats mélés de fang , ‘de pus & de bile, qu'Hippocrate a défignés par zarmiuy unes (l). Notre péripneumonique mourut le quatrième jour; il avoit le côté droit du poumon rempli de tubercules fuppurés, &c dans le côté gauche un abcès fr confidérable, qu'on jugeoit bien que l'inflammation plus forte de ce côté, où Je malade foufiroit davantage, avoit fondu & réuni plufieurs petits abcès déjà formés. Les inteflins, principalement l'iléon, étoient gangrénés avec cette fingularité, qu'on y obfervoit alterna- tivement, & par intervalles à peu - près égaux, des portions faines & des portions gangréneules. . On fait que la fuppuration qui termine les. inflammations Porc Heiftor. éréfipélateufes eft du plus mauvais genre. Je n'ai vû nulle 7,47 27%. part le remède dont il eft parlé dans l'obfervation fuivante, r”si. & qui m'a réufli dans plufieurs autres cas. La: Couture, compagnie de Barbazan, régiment d'Eu, ayant été attaqué de la péripneumonie épidémique, tomba enfuite dans le dernier degré de phthifie ; il étoit fort jaune, avoit les pieds enflés, des fueurs noéturnes, un cours de (1) C'eft ainfi que Duret a très-bien corrigé, im Coacas, de Pleu- ritide , initio, Sav. étrang. Tome III. LI} ? Epidemior. TRES b De locis in homine, N° 1 8. ) Hippocrate, Liv. VII des | des maladies aigues. Say, etrang. Tome 111, Mmm A Ta Phyfica- Medica Naturæ curiofor. T. IL, Lg. 104. Deoperationibus medicamentorunt, Pag. 69. Mead, de vene- nis tentamine 1, P- 31, édit, de M. Lorry, 458 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L’ACADÉMIE trés - peu éloignée d'une parfaite intermiflion ; il avoit rendu dans fa nuit des urines très-épaifles, d'un rouge de brique foncé, & fans fédiment. L'accès, qui revint à l'heure ordinaire, le jeta dans une léthargie fans reffource; la refpiration devint très - difficile & fonore; il mourut à cinq heures du foire Voilà un fupplément à faire au Tiäité de Mufgrave, de Arthritide anomalé , où il ne parle point de goutte voilée {ous Yapparence d'une fièvre intermittente; mais au contraire * Cominnao Cockburn à vü une fièvre intermittenté imiter les fym- p- pe + ptomes de la goutte. En réfléchiflant fur la nature des fièvres Obferr. 19. en général, & en particulier de la fièvre intermittente, il : femble qu'on n'y voit rien de plus univerfel & de moins contefté que la fuppreffion de {a tranfpiration infenfible, &c une tenfion fpafmodique des” membranes, & à l'extérieur du corps; tenfion qui précède da fièvre proprement dite. On en peut voir les preuves dans Sanéorius, et. 1, Aphor. 9 5, & Bellini, de Febribus, propof. 1 8. ; If fuit de-lx qu'un remède qui réunit à un &vré confi- dérable les vertus diaphorétiques & antifpafmodiques, doit être un puiflant fébrifuge. Tout le monde ‘reconnoit ces vertus dans le camphre, mais je ne trouve point d'obferva- tion détaillée fur fon efficacité dans les fièvres-intermittentes, + Gmofra quoiqu'on en trouve quelques mots échappés dans Herman, des Frs Huxham 7), Pringle (a), qui paroiffent avoir rifqué cette C8. conjecture, ou du moins qui ne difent rien d'aflez précis pour un fait de pratique que j'ai répété plus de vingt fois, tous les effiis que j'ai faits n'ayant confirmé dans mon opinion. L'ufage extérieur du ,camphre dans les fièvres intermit- tentes, fur lequel on peut confülter Eémery /4) & les Pucad. 111, Éphémérides des Curieux de Ia Nature, eft un, préjugé o F 10; favorable à l’ufage interne que nous propofons. © (x) De Aëre dr Morbis épi- | cité, Tome II, page 197, qu'on %e dem, 1728 — 77. Il le donne | trouve utile, en remarquant qu'il avec le quinquina, Ja myrrhe & | eft très-antifeptique. le cinabre. - | (b) Diétionnaire des Drogues; (a) H dit, vaguement, Lire | Article Cnphora, DE,S, SCIENCES. 459 Après avoir fait précéder, s'il eft néceffaire, les remèdes généraux, il faut donner dans l'intermiflion de quatre en uatre heures, trois grains de camphre avec huit grains de nitre, laiffant repofer le malade la nuit, à moins que la fièvre ne revienne tous les jours. Il faut faire tomber une de ces prifes à l'heure où commence le friflon, & reprendre"après que la fièvre a ceflé, obfervant de ne diminuer les dofes de ce remède, ou leur nombre, que quelque temps après que les accès ont difparu. On ne doit point craindre que le camphre ainfi corrigé par le nitre, produife une difpofition inflammatoire ; car c'eft par- que les remèdes qu’on ordonne communément dans le friflon, peuvent étre dangereux, felon Boerhaave. J'ai vû au contraire Je camphre ainfi corrigé, diffiper le friflon, & empêcher que la fièvre ne fuccédit, dans le nommé Saint- Antoine, compagnie de Saint-Viétor, régiment d'Auvergne. Joli-cœæur, compagnie, de Defpan, régiment d'Auvergne, avoit des accès de fièvre tierce, qui fe terminoient par des fueurs abondantes. Je tentai inutilement de chaffer la fièvre par le quinquina, d'abord feul, enfuite combiné avec les diaphorétiques ; elle céda fort vite au camphre donné füuivant la méthode précédente. J'ai guéri de la même manière Limoufin, compagnie de Majoralle, régiment d'Auvergne, d'une fièvre quarte qui avoit réfifté au quinquina. [ne s’eft pas aperçu que ce remède eût d'autre eflet que de lui faire rendre chaque jour deux ou trois felles claires, produites peut-être par la matière de Îa tranfpiration augmentée, & qui retenue trop aifément dans un hôpital, fe dérivoit vers les inteflins. La Joie, compagnie de Regnery, régiment d'Auvergne, a été guéri par le même remède d'une fièvre -quotidienne & d'une rechûte dans cette fièvre ; il fentoit, après Favoir pris, une douce chaleur à la région de leftomac, qui fe diftribuoit à toute Fhabitude du corps. J'ai guéri de même d’une fièvre tierce, que ne pouvoient détruire les apozèmes fébrifuges ordinaires, le nommé Mmm ji ” Aphor. 624. Élémens de Chyrie- Pra- tique, p. 204 du Tome 1]. Notes [ur les œuvres de Bar- beste,pagez 21. De vidlu acwtôr, N° 48. Operum p. 5 €. did. p. 57. 460 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Volonté, compagnie de Taulignan , régiment de Rohan, & plufieurs autres Soldats attaqués de fièvres intermittente dont jai négligé d'écrire les obfervations. Dans la plufpart des fièvres continues, jai retiré de grands avantages du camphre; je lai même vû procurer, dans quelques cas, un fommeïl falutaire. Je ne puis m’em- pêcher de le regarder comme le fpécifique de la fièvre en général, & je ne vois rien de plus propre à rendre raifon de fes effets furprenans, que cette queltion ingénieufe de M. Macquer, qui doute fi le camphre ne feroit point une matière analogue à léther, une efpèce d'éther folide, & fous la forme concrète. Va-de-bon-cœur, compagnie du Chevalier de la Tour- du-Pin, régiment de Royal- Vaifleaux, avoit une fièvre fynoque fimple, caratérifée par une laffitude fenfible, fa démangeaifon dans le nez & fa moiïteur de la peau, trois fignes pathognomoniques bien établis par Waldfchmidt: notre pratique fut très - conforme à celle de cet Auteur; la faignée & le petit lait avec les tamarins füffrent pour a cure. J'ai vû dans une autre fièvre continue le tremblement des mains précéder une hémorragie du nez, ce qui s'accorde avec le pronoftic d'Hippocrate. Le Roi, compagnie de Mannefie, régiment de Royal- Vaifleaux, avoit une fièvre quotidienne fous-intrante, qui dégénéra en continue lipyrie. On fait que dans cette fièvre les parties externes font froides, tandis que l'intérieur brüle, Galien /c) rapporte ce phénomène à une inflammation ou éréfipèle d’une partie interne. Baglivi a eu raïfon de dire après Duret, que cette fièvre eft accompagnée de trifteffe & d’anxiété ; il recommande Ja faignée, qui nous a paru indifpenfable; mais nous n’avons point cru devoir attendre au feptième jour pour purger, comme il avoit coûtume de faire dans cette maladie, nous avons purgé dès le fecond jour, (c) Comrnentar, in Aphorifm. Hippoc. 4, 48. Je remarquerai par occafion, qu’il interprète mal cet aphonfine, qui excepte les friflons des fièvres d'accès, . DES SCIENCES. 461 & le foulagement apporté par les premières évacuations a été fenfible; celui qu'ont procuré les fuivantes, a été toüjours en augmentant. Duret eft favorable à notre pratique ; il veut qu'on écoute feulement limpulfion de la nature, la mobilité des humeurs qu’on veut évacuer, & la difpofition des conduits excrétoires. I femble que dans a lipyrie il faille fe hâter lentement. Un Soldat Allemand fut attaqué d'une fièvre ardente & maligne, affez femblable à la fièvre de Hongrie; il fut faigné cinq fois dans un temps aflez court, cependant le bas- ventre fe météorifa, il y fentit une douleur fixe du côté gauche; il avoit le pouls très-dur, & tous les fignes d'une inflammation des inteftins. On lui appliqua, fuivant le confeil de M. Pringle (4) un véficatoire fur la partie affedée, & celui-là ne paroiffant pas avoir bien pris, on en appliqua un fecond entre les épaules. L’heureux fuccès des véficatoires dans les inflammations de poitrine dont nous avons parlé, & les expériences de M. Pringle, qui dit n'en avoir jamais remarqué des fuites funeftes dans les inflamma- tions du bas-ventre, nous faifoient elpérer une prompte uérifon dans ce cas-ci; mais nous fumes bien trompés, le malade tomba dans la phrénéfie, & mourut, après avoir fouffert deux jours de fuite des convulfions très- fortes. Hi faut remarquer que dans l'emplâtre appliquée fur le bas- ventre, on n'avoit mis qu'une cinquième partie d'emplätre véficatoire, & qu'on avoit fait boire à ce malade beaucoup de tifane de guimauve avec la graine de lin, & beaucoup de petit-lait nitré. A l'ouverture du cadavre, je trouvai les inteftins enflammés en plufieurs endroits, du fang épanché dans le baflinet du rein gauche; la furface de ce rein, & même du droit, avoit {ufieurs taches noirâtres, fous lefquelles étoient des cellules _ pleines de férofité & d'air élaflique. La membrane interne (d) Tome I, p.229 &7 230 de la trad. des Obfervat. fur les maladies des Armées, &c, M mm ii Sur Li 120." Coaque. 462 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE des uretères & de la veflie étoit extrêmement enflammée: je trouvai une portion d'inteftin qui rentroit dans une autre, le Invagitatio, maladé n'avoit point eu de fymptome de pafion iliaque; a furface poftérieure des poumons préfentoit plufieurs taches gangréneues, & différens pointé d'un gris cendré, tirant fur le verd. Ce vifcère paroifloit comme foufflé, & on y ob- fervoit des infiltrations, de même que dans les reins. Les vaiffeaux de la pie-mère étoient variqueux, & féparés auffr par un tiflu filtré. Quoique cet événement ne foit pas "à mon avantage, je ne fais aucune difficulté de le rapporter, puifque mon aveu peut fournir des réflexions qui le rendront utile. On voit, 1.” qu'il faut compter médiocrement en Mé- decine, fur analogie & fur autorité. Je ne prétends point cependant attaquer perfonnellement M. Pringle, que je re- garde comme un grand Médecin. 2.° Il faut être bien ré- fervé fur l'ufage des véficatoires dans les fièvres ardentes, ft Per on ne les rejette tout à fait dans ces fièvres » avec Baglivi, contre l'opinion de Freind. 3.° Ce feul fait doit rendre fuf peéte l'application des véficatoires fur le bas-ventre , & il eft très-remarquable que l'application ayant été faite ici du côté gauche , les voies urinaires du même côté étoient beaucoup plus affectées. ” , Dumoulin, compagnie d’Épine, régiment d'Auvergne, avoit une fièvre continue putride; il tomba dans le délire, le bas-ventre fe météorifa en même temps, la tenfion n’étoit pas fort douloureufe, & les autres fignes d'inflammation ne s'y trouvoient pas. Je le fis faigner du pied, regardant cet engorgement du bas-ventre comme caufé par l'embarras des vaifleaux de la tête; cette faignée produifit un fort boneflet, … & je vis clairement combien eft fage l'exception que M. Hel- Le Le HE vetius fait dans ce cas aux règles générales, g.116,117. Al eft remarquable que les fièvres putrides vermineufes n'ont paru à Coutances que vers la Saint-Jean , feul temps” où les chaleurs aïént été fortes. Le nommé Pharamond, compagnie de Buflevent, régiment de Royal-Vaifleaux, dans D" LS. SCCHHENGCr En Si 463 le déclin d’une de ces fièvres , reffentit une vive douleur dans les gencives & à Ja racine des dents. Un fait très-fingulier que j'avois vû cité dans les /nfhtutiones medicæ ex novo Me- dicinæ confpeéu (e) , me donna lieu de foupçonner que cette douleur étoit produite par une caufe qui irritoit l'éfophage, ou orifice fupérieur de l'eflomac. Je lui donnai l'émétique, il rendit des glaires fort amères , & la douleur ceffa fur le champ (f). Sans -chagrin , compagnie de Mouniard, régiment d'Au- vergne, avoit une fièvre putride bilieufe, dont Baglivi a V:/f# ewrs, traité fous le nom de méfentérique ; il étoit fort jaune, & 777 GE br Yon voyoit bien en lui cet orgafme de la bile dont les Anciens ont parlé; il fut émétifé le premier jour qu'il entra à l'HÔ- pital, & prit le fecond jour une purgation douce ( g) qui fut répétée de deux jours l'un, jufqu'à ce que la fièvre ceffàt ; on lui donnoit des lavemens les jours d'intervalle, & fa tifane étoit toüjours aiguifée avec du fel de Seignette : un ufage modéré des fiomachiques le rétablit parfaitement. Baglivi a bien écrit touchant cette douleur des lombes, qui eft produite par la réplétion du méfentère, à caufe de l'attache de cette membrane avec les vertèbres des lombes, attache qu'Hippocrate a connue, pour le dire en païfant. J'ai Ævidm. VE vû la réplétion du méfentère compliquée avec des douleurs Fr de rhumatifme dans les lombes. J'ai vû auffi dans plufieurs fujets cette douleur des lombes que Sydenham appelle Jmbago rheumatica , que Baglivi (e) Page 147 7 fuiv. Ce Livre tilage xiphoïde , & empéchoit toute me rappelle une obfervation rare , expeétoration. - favorable au fyftème de fon Auteur, & qui n’eit pas étrangère au fujet de ce Mémoire. J'ai vü dans le nommé René Pleffis , compagnie de Mon- taut, régiment d'Eu, une grande fuppuraüon du poumom#, furvenue à une fièvre lente , qui fut mafquée par une douleur très- vive qui occu- poit un efpace circonfcrit fous le car- (f) Voy. dans les A@a phyf. med. tom, 2. App, p. 167. une obferva- tion d’une douleur infupportable aux dents, guérie dans un inilant par un vomiffement qui furvint. (g) Hippocrate a voulu feule- ment exclurre les purgatifs violens, quand il a interdit les cholagogues dans la jauniffe, De lecis in homine , n. 40. Hippocrates wotat. explic. p. 398, Jub fin. Hiflor. hepatic. AFELIES TE Lurido colore. SA, 6. apho- rifn. 40. V. la Coaque #52: Liv, 3, Fen. 14. Traité 4, ch. 15. Colleg. cafual. af. 62. 464 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE enfeigne à diftinguer d'après Chefneau, qu'il me cite point. La décoction de bétoine y a toûjours été fort utile. Un Grenadier du régiment d'Auvergne fentit tout d'un coup dans la région épigaitrique, un peu vers lhypochondre, droit , une douleur violente, & fixe antérieurement, que je: jugeai par cette raifon occuper le foie, & non l'eftomac, dia- gnoftic que donne auffi Profper Martien. Cette douleur, qui occupoit fans difficulté le petit lobe du foie, préfentoit tous les fignes de celle que M. Bianchi a décrite fous le nom de douleur fpafmodique du foie; mais notre malade avoit de plus le vifage comme livide, ce qui fembloit indiquer un peu d'embarras dans le foie, & fon tempérament paroiffoit d'une extrême irritabilité. Je le fis faigner fans délai, le jour fuivant il eut de grand matin un friflon, & enfuite un accès de fièvre, que j'efpérai lui devoir être falutaire, fondé fur l'apho- rifme d'Hippocrate , qui dit que la fièvre, lorfqu'elle furvient à des douleurs des hypochondres fans inflammation, réfout ces douleurs. En eflet, dans notre malade, la douleur & la fièvre difparurent le Iendemain. J'ai vû dans un autre Soldat un tympanite, qu'avoient précédé des douleurs des lombes, & des tranchées à la région ombilicale ; la peau étoit fort fèche & d’une chaleur brülante, il étoit conftipé, & tout annonçoit une contraction fpafmo- dique des inteftins. Je lui prefcrivis des fomentations émol- lientes & carminatives, des lavemens du même genre , & enfin des purgatifs qui lui firent rendre beaucoup de vers, & qui établirent un cours de ventre que je pris foin d'entretenir. Cette diarrhée traîna en fongueur & ne diminua point l'enflure du bas-ventre, les douleurs vers le nombril fubfifloient encore : je ne doutai point que l'atonie ayant fuccédé au fpafme, ne perpétuât le tympanite, & je donnai fréquemment au malade de l'élixir de propriété dans une infufion de camomille, ce qui diffipa la tumeur & rétablit le ton du canahinteftinal. Avicenne confeille une infufion de camomille pour boiflon dans le tym-- panite, ex malitiä complexionis calide. Stahl recommande l'aloès & la myrrhe pour un tympanite commençant dans une fille fujette aux vers. Un | D'E S SG I:EN C-E,&; 465 - Un Soldat mourut le 22 Août à l'Hôpital militaire de Coutances, d'une hydropifie de poitrine que j'avois pronof- tiquée, quoique ce Soldat eût dit qu'il avoiticraché le pus, & qu'un de mes amis foupçonnät un. empyème : ce que j'obfervai eft parfaitement conforme à la defcription qu'Hip- pocrate a faite de cette maladie; l'ædème des extrémités des jambes étoit peu fenfible, mais il avoit cette bouffflure de ha paupière inférieure, que Salius Diverfus eft peut-être le feul qui aitdiftinguéedans l'hydropifie de poitrine; ä eut la langue froide peu d'heures avant famort. Voyez fur ce fignefunefte, M. Rega, methodus medendi, p. 2 $ 4. Nous vimes à l'ouverture du ca- davre un épanchement confidérable dansle péricarde, dans les deux cavités de la poitrine, dans l'abdomen, pas la moindre fuppuration dans le, poumon ; les tuniques de la véficule du fiel avoient une épaifieur extraordinaire; le tiffu cellulaire qui les féparoit, étoit fort engorgé : je trouvai un petit os très-inégal, & hérifié de plufieurs pointes, fous la dure-mère, vers la future lambdoïde, à côté de la faux. Rappelant alors les obfervations anatomiques que j'avois lües dans l’Hiftoire de l'Académie, je m'informai fi cet homme avoit été fujet à des maux de tête: mais fes camarades aflurèrent qu'il ne s'en étoit jamais plaint. Si l'on peut compter fur ce rapport, voilà une nouvelle preuve de l'infenfibilité de la pie- mère dans certains fujets; ce qui favoriferoit les expériences de M. de Haller. Saint-Germain, compagnie de Gachier, régiment de Royal - Vaiffeaux , avoit une phthifie fèche qui l’avoit réduit deux fois à l'extrémité, après avoir eflayé inutilement divers remèdes : comme il étoit fort amaigri, & qu'il fe plaignoit d'une douleur opiniâtre au deflous des gras des jambes, je lui demandai s'il n’avoit point d’embarras dans le bas- ventre: il mapprit alors qu'il fentoit depuis vingt ans une douleur à l'endroit de la rate, qui revenoit par intervalles, quoiqu'il ne parût point de tumeur à l'extérieur; il fouffroit, quand on lui prefloit Fhypochondre gauche; il avoit de plus une fièvre lente, quoique peu confidérable. J'ai eu occafion d'obferver Sav. étrang. Tome LIL. , . Nnn Liv, 2. de morb. n. So. De affééibus particularibus , P: 221. Améery1t, P. 27 Ÿ 29. Armée 1713. P. 21 Ÿ 22. Mémbres fur la nature fenfièle Ÿ' irritable des Parties du corps animal, tome 1, 2. 19$-6. P.44, liv.r2 à fuiv. édition 466 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE dans un autre fujet la même fympathie entre a rate & les jambes /h). Arétée a connu cette confomption qui fuccède à Barhaae, * aunetumeur dela raté, peu étendue, indolente, dure, rénitente & qui réfifte aux remèdes. Je fis appliquer à ce malade fur la région de la rate, une emplâtre de Vigo cum mercurio, & je lui fis prendre cinq à fix ‘jours de fuite, foir & matin, une poudre, avec un fcrupule de mars, autant de cloportées, & autant de tartre vitriolé; je fis recommencer Je même remède pendant quelques jours ; après une femaine d'intervalle, les forces revinrent avec l'ap- V. Jon Traïé pétit , les douleurs &'la chaleur heétique ceffèrent. Cette pra- Jr la phuhifie. Édition de #7$0, f: 260. tique eft de M. Defñult; je la croirois pernicieufe dans d’autres phthifies, La conflitution de l'air, au commencement de l'automne, différoit peu de celle des faifons précédentes , le temps fat feulemient plus froid, & les vents de nord -oueft fouffloient plus conftamment; les maladies les plus générales furent les flux dyfentériques, & ces maladies qui doivent leur origine à des congeflions féreufes, pour me fervir de lexpreffion des Anciens. La Joye, compagnie d’Apignac, régiment d'Auvergne, fat émétifé avec lipécacuanha, pendant les trois premiers jours d'une forte dyfenterie; il but beaucoup de petit-lait, & prit enfuite quelques dofes de rhubarbe ; il ne fit point d'autre remède, & fortit de l'Hôpital peu de temps après parfai- tement guéri. J'ai éprouvé dans d'autres dyfenteries , qu'il eft très-avantageux de répéter les émétiques, même antimonjaux, les premiers jours du traitement. Hippocrate dit en plufieurs endroits, que le vomiffement qui furvient à une diarrhée forte & invétérée, eft d’un bon augure ; & Celfe veut qu'on en commence la cure par faire (h) Hippocrate parle en plufieurs endroits. d’ulcères aux jambes, qui accompagnent certaines maladies de la rate; & Baillou parle de varices aux jambes , qui furviennent dans ces mêmes maladies. Æpidem, 7 Eplhemer, P: 3. AE ë DÉS 1 Siam iR NACLE 4, 467 vomir; mais Hippocrate aflure que le vomiffement bilieux eft funefle au commencement des dyfenteries, ce qu'on doit entendre fans doute du vomiflement fpontané dans les dy- fenteries très-malignes, ainfi que l'ont penfé Baglivi & Hoft- Difértat. de mann. On trouve dans ce dernier un recueil de témoignages Ar fÈ des plus excellens Praticiens, fur l'utilité des émétiques dans oriorum fa. la dylemterie. Boerhaave iafife prefque uniquement fur 1a répétition des émétiques, ou des forts purgatifs, pendant les trois premiers jours, dans fa confultation fur une dyfentérie ie fàla épidémique qui ravageoit l'armée de Empereur. Cette pra- mr Ra Dr tique ne réufhroit pas également bien dans les dyfenteries sex. ordinaires. Après l'opération du vomitif, nous avons donné du vin aux dyfentériques : c'étoit la pratique de Boerhaave (dans l'en- droit sp & celle de Thémifon qui en ordonnoit dans cette maladie , fuivant ce que nous apprenons de Coœlius Aurelianus, £dir. Aimebv, Je ne dirai rien des vertus du petit-lait, fur lefquelles on EU peut confulter Baglivi & Degner ; mais je crois avoir obfervé 7f. medic. dy après ce dernier, que la rhubarbe reconnue comme fpécifique f He dans ces maladies, l'étoit encore plus dans es diarrhées & les m. 104-5. dyfenteries des Soldats, AL ‘ La Réjouifance , compagnie de Chomouroux, régiment d'Auvergne, avoit une fièvre maligne, avec un flux dyfen- térique, & tous les fignes d'une inflammation commençante dans le bas-ventre; je le fis faigner, le bas- ventre fe météorifa : je fis appliquer deffus une veflie pleine de lait, dans lequel - on avoit fait bouillir de la camomille : comme il étoit fort tour- menté du ténefme, je luis fis donner des lavemens avec le lait & la thériaque, que j'ai toûjours employés avec füuccès dans ces épreintes, fondé {ur l'autorité de plufieurs excellens Praticiens. Il eut dans le fort de fa maladie un mal de gorge * fort dangereux, fur le déclin il parut un furoncle très-dou- loureux à la cuifle gauche, terminaifon critique de la dyfen- , terie, qu'Hippocrate a connue. ; d. S Je regarde comme des fignes équivoques, mais dangéteux,, di. Vando Lis nn i " Op.p. 190. Aphor. 21. * Liv. 4. V. le commentaire de . M. de Gorter fur cet aphorifme. \ 468 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIF les difficultés d'avaler, & ces douleurs légères ique j'ai vû quelques malades reffentir au gofier & vers la racine de la langue, après des flux dyfentériques, ou des diarrhées qui ont duré long-temps. Baglivi juge ces fignes mortels dans la dyfenterie. - Je fus appelé à Coutances pour voir un jeune Eccléfiaftique qui, après avoir rendu pendant plufieurs jours des felles mêlées d'un fang noir, à la fuite d’une fièvre putride, étoit réduit à l'extrémité, ayant des fueurs froides & un pouls extrème- ment foible : je lui prefcrivis une potion cordiale avec la thé- riaque , &'une dofe aflez forte d'élixir de propriété ; il prenoit de temps en temps dans de l’eau d'orge quelques gouttes de fuc de limon, & alternativement d'une teinture fpiritueufe avec fangélique, la ferpentaire de Virginie & le quinquina ; je lui, fis appliquer fur le bas- ventre des linges trempés dans lefprit de vin camphré; je lui donnaï pendant trois jours de fuite des bols altérans, compolés de deux grains d’ipécacuanha & d'un demi -fcrupule de diafcordium , qu'on répétoit quatre fois par jour; il fut bientôt hors de danger, une décoétion de fimarouba acheva fa guérifon ; mais-en commençant à fe rétablir, il n'alloit à la garde-robe qu'après avoir pris des lavemens. Hippocrate & tous fes Interprètes ont prononcé que cette dyfenterie indolente eft mortelle; mais on fait que ce pronoftic dans Hippocrate fouffre fouvent des reftriétions , & notre obférvation n'eft pas la feule qui y foit contraire, on en peut voir de femblables dans Hagendorn, Wedelius, &c. La Liberté , compagnie de Malherbe, réoiment d’Au- vergne, ne paroifloit avoir, quand il entra à l'Hôpital, qu'une fièvre continue & un flux dyfentérique; il faifoit quelques efforts pour touffer, mais fans qu'aucune expeétoration fuivit. I étoit dans un extrême abattement qui fe changea en léthargie, les déjettions qu'il rendoit involontairement étoient de couleur de rouille, & il avoit de violens foubrefauts de tendons. Quand j'aperçus ces mouvemens convulfifs, je craignis qu'ils ne VONT | DES SCIENCES. 469 finiffent bien-tôt par fa mort: cette crainte n'étoit pas vaine, j'en citerai une preuve que je tiens de M. Poiflonnier des Perrières. Ce Médecin éclairé, à qui j'ai des obligations eflentielles que je fuis flatté d’avouer ici, m'a appris que les . foubrelauts des tendons précèdent immédiatement le coma funefte qui termine les fièvres malignes endémiques de l'Île Saint-Domingue. Je me déterminai à faire appliquer un large véficatoire entre les épaules, à la vüe de ces convulfions quienauroïent vrai-femblablementdétourné Baglivi, M. Bian- De féére mak- chi & Triller. Cependant François Moreau voyant dans le 7 isa gs à fort d'une fièvre maligne, un accès d'épilepfie qui réfiftoit “AY aux fudorifiques , ordonna deux véficatoires aux bras, qui réuffirent fort bien. Le fuccès dans notre malade paffa mon attente , il recouvra lufage des fens, fon flux s'arrêta par l'effet du véficatoire & d’autres remèdes convenables; fa foiblefle feule fembloit devoir inquiéter , lorfqu'il expeétora dans une nuit une quantité étonnante de pus verdâtre. Je prefcrivis le looch myrrhifatum de Fuller, je fis ajoûter du fafran à la potion cordiale qu'on lui donnoit auparavant, & il ufa enfüite d'une infufion de véronique & de lierre terreftre ; enfin il prit pendant quinze jours le lait coupé avec Veau feconde de chaux , dans laquelle on faifoit infufer de la rhubarbe à froid, remède dont nous avons parlé plus haut : la vomique fut ainfi vuidée exactement, le malade reprit de l'appétit & des forces, & foytit bientôt après parfaitement guéri. Voilà cette pulmonie rare qu'Hippocrate a décrite fous le nom de léthargie, qui a été fouvent méconnue par les Mé- decins modernes. Baillou nous donne des exemples de cette Confiliorum me méprife. Cette dénomination de léthargie a donné occafion nes à Salius Diverfus d'accufer Hippocrate d’ignorance ; mais Profper Martien a vengé Hippocrate. Dans les Coaques il eft parlé d'une douleur à la nuque qu'ont ces léthargiques quand ils fe réveillent; le notre la fentit de même dans fa première & faufle convalefcence , il fut depuis exempt de fièvre, ce N nn ii e Coaque 139» 470 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE . P. 38. F. qu'Arétée dit être avantageux dans l'excrétion des abcès du re poumon. C’eft une obfervation-curieufe de Galien, que toutes les péripneumonies ont quelque chofe de comateux; mais je s ne veux point épuifer ce fujet, & je crois qu'il eft inutile ns cor de propofer' une méthode générale de curation pour les. pul- fuum, lib. 4. a, 12, fun. MOnies léthargiques, méthode que les détails de l’obfervation précédente indiquent affez. La fin du mois de Septembre préfenta le feul beau temps fixe dont on ait joui dans le Cotentin, durant le cours de Tannée 1756; cela ne contribua pas peu à rendre Îles ma- ladies plus rares parmi les Soldats, fur la fin du camp de Granville ; mais la faifon redevint bien-tôt après froide & pluvieufe : les coqueluches étoient fréquentes alors. Les bons Praiciens regardent ces efpèces de toux comme produites par la fympahie du diaphragme & de l'eftomac. Rien ne fut plus efficace pour atténuer la vifcofité des crachats, que l'oxymel {ciilitique donné comme altérant pendant cinq.ou fix matins de fuite. J'ai vû dans une toux femblable, le fieur Duboucher, Sergent du régiment de Royal-Vaifleaux, rendre des crachats qui paroifloient pleins de pus, & les mêmes que ceux des phthifiques confommés ; les pectoraux furent inutiles, il guérit par des laxatifs réitérés. L'ipécacuanha même eft fouvent néceflaire alors, fur-tout dans les enfans qui abondent en pituite glaireufe, & qui foûtiennent mieux le vomiffement. La Fleur, compagnie de Buffevent, fut attaqué vers ce temps d’une angine , dans laquelle j'employai les remèdes dont j'ai déjà parlé, & je lui fis appliquer un véficatoire à la nuque avec un fuccès fingulier. La Franc, compagnie de Lafargue , répiment de Royal- Vaifleaux, avoit une fièvre péripneumonique, dans laquelle il fut extrêmement foulagé par un véficatoire qu'on lui appliqua entre les épaules, & qu'on entretint long-temps. Tout ceci eft conforme à la pratique de Sydenham ; qui a recours très-fouvent aux véficatoires dans les fièvres | DES SGIENCES, 4TI péripneumoniques, dans langine , dans les toux épidémiques & dans plufieurs autres maladies, en forte que je fuis furpris de voir Freind lui reprocher de n'avoir employé les véficatoires que dans les frèvres des années 1674, 1675,1679, 1685. M. Swan, dans fes notes angloiles fur les endroits où Sydenham. recommande les véficatoires, femble craindre au contraire, qu’il n'ait pas affez apporté de précaution dans les cas où il les ordonne. Je puis aflurer contre fon opinion, qu'une feule faignée fufht fouvent pour ‘préparer leur appli- cation , fur-tout dans les fièvres inflammatoires d'automne. L'automne a été auffi fâcheufe aux pulmoniques , qu'elle a coûtume de l'être ; j'ai éprouvé que lopium & la myrrhe féparément font d’excellens palliatifs dans cette maladie. Cette vertu eft reconnue pour lopium ; je remarquerai à l'égard dela myrrhe, que M. Van-Swieten, après Boerhaave, la fait entrer dans des pillules balfamiques pour la phthifie. On peut auffi confulter Polifius fur l'ufage de Ja myrrhe dans Thémoptyfie & dans la phthifie. J'ai obfervé dans un phthifique, nommé Sans-quartier, du régiment de Condé, des redoublemens de chaleur & de fièvre, qui revenoient de deux jours lun, fans qu'il fentit aucun friflon. Voilà une fièvre lente qu'il faut rapporter à la tritéophye, & non à l'hémitritée qu'Hippocrate a obfervée dans la confomption du dërnier période des maladies chro- niques. Blondin, compagnie du Chevalier de Lorac, régiment de Royal-Vaifleaux , après avoir été miné pendant quelque temps par une diarrhée opiniâtre, tomba dans une-fièvre ma- ligne : le cours de ventre continuant toüjours, & les forces étant extrémement abattues, je lui fis appliquer un véficatoire entre les épaules, & j'ordonnai une potion cordiale avec des eaux alexitères, le diafcordium & le camphre ; on lui donnoit pour boiffon la décoétion blanche, coupée avec une infufion de chacril ; peu de temps après l'application du véficatoire, on aperçut fur les jambes & les cuifles une éruption d'élevures Comment, tome 11, pp. 121 & 685. De myrrholo. gia in cphemer, £érmanic. decur. 2. pofl apperd, ad an, 6 , pp. 209, 212€ Jeq. Epidem. lv, I, St. 3. Pages 333 Ÿ 334. Voyez auffi le Traité des réficatoires qu'il a joint à celui-là, 72 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂGADÉMIE femblables à des piquûres de puces; j'ordonnai deux autres véficatoires aux jambes qui fuppurèrent très-abondamment, & mirent bientôt ce malade en füreté. Cependant le bas- ventre étoit légèrement enflé; je l'évacuai doucement par des minoratifs donnés dans le petit-lait, ayant foin.qu'il prit les foirs un julep cordial ; il fe rétablit peu à peu, & recouvra une fanté parfaite. L'ufage des véficatoires dans les fièvres malignes eft uni- verfel ; on peut confulter fur leur utilité dans les fièvres. pé- ticulaires, en particulier Oétavien Roboreti dans fon Traité fur la fièvre péticulaire qui regna à Trente en 1591. RECHERCHES . D.r-S:' SLCMME NC É:s 473 R ECHLE RC ES DE. D YN A M IŒUEF. Par M. l'Abbé BossuT, Correfpondant de l'Académie. Ï L y a plus de quarante ans que la Dynamique eft devenue prefque lunique objet des recherches des plus grands Géomètres : ils en ont fait, à l’aide du calcul des infiniment petits, une Science toute nouvelle, d'où l'on a vü éclorre les problèmes les plus curieux & les plus utiles pour la pratique des Arts. M. Huyghens avoit pofé les fondemens de l'édifice dans fes immortelles recherches fur les centres d’ofcillation, & M.° Jean Bernoulli, Daniel Bernoulli, Euler, Clairaut, d’'Alembert, &c. l'ont élevé au comble: ils ont enrichi de leurs méditations les Journaux & les Mémoires des Académies de l'Europe. Le feul M. d’Alembert a publié fur cette matière un Traité exprès, dans lequel on trouve un principe très- fimple, très-lumineux & très-direct pour la folution de ces fortes de problèmes. Oferai-je, après ces grands hommes, hafarder quelques pas dans la même carrière? j'efpère qu'on excufera, que peut-être même on approuvera mon entreprife, fi lon confidère que la Science dont il s'agit eft inépuifable dans les détails, & que d’ailleurs les mêmes objets peuvent être envifagés avec plaifir fous différens points de vüe. M. Newton établit dans fon livre des Principes, que la quantité de mouvement d'un fyflème de corps n'eft point changée par l'action & la réaction que ces corps exercent les uns fur les autres. Cette propofition, dont la vérité eft une fuite évidente de l’'inertie de la matière, peut être d'un ufage univerfel dans la Dynamique: je me propole d'en donner différentes applications dans ce Mémoire; mais pour le faire avec fuccès, commençons par fixer fon vrai {ens, & voyons les conféquences qui en réfultent. Say. étrang, Tome 11. Ooo 474 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE On doit entendre ici par quantité de mouvement, non la fomme abfolue de tous les mouvemens particuliers des corps qui compofent le {yftème, mais leur différence dans un même fens, c'eft-à-dire la quantité qui refte après avoir retranché des mouvemens dirigés vers un côté, les mouvemens dirigés vers le côté oppofé. Sur ce principe, il eft clair que fi le fyftème eft libre, qu'aucun obflacle fixe ne trouble l'action & la réaction mutuelles que ces corps exercent les uns fur les autres, les mouvemens perdus par quelques-uns d’entre eux, feront gagnés par les autres. Ainfi lorfqu'on aura un problème de cette clafle à réfoudre, il faudra établir, d'après ces conditions, une équation entre les mouvemens perdus &c les mouvemens acquis : on trouve très-aifément, par ce moyen, les loix du choc des corps, foit direct, foit indireét, &c. Mais fi le fyflème n'eft pas libre, que fon mouvement foit altéré par quelque obftacle fixe, il n'y aura plus égalité entre le mouvement perdu, d’une part, & le mouvement acquis de Yautre, parce qu'une partie du mouvement eft détruite par la réfiftance de lobflacle. En ce cas, il faut décompofer les mouvemens en deux autres efpèces de mouvemens, dont les uns foient dirigés vers l'obflacle, & dont les autres foient en ligne droite: ces derniers fourniront l'équation dont nous avons parlé, & c'eft d'eux que doit s'entendre alors la propofition de M. Newton; car, à proprement parler, ils font les feuls par lefquels les corps agifient les uns fur les autres. Du refte, cette propofition fubfifte encore alors dans toute fon étendue mé- taphyfique, car à la place des obftacles fixes, on peut fubftituer des corps libres de mafles infinies: nous ne confidérons les obftacles comme abfolument fixes, que pour abréger les rai- fonnemens & le calcul. Ajoütons, à peu près dans les mêmes vüûes, que lorfqu'on emploiera la force des leviers, il y aura équation entre le moment du mouvement perdu & le mo- ment du mouvement acquis, &c. Voilà uneexpofition générale du principe qui fera développé dans la fuite: cette introduc- tion n'eft pas fufceptible d'un détail plus précis. Ici l'équité demande que nous reconnoiflions que de grands Géomètres DES SCIENCES. 475. lont déjà employé en plufieurs occafions particulières. M. Bouguer, qui s'en étoit fervi en 1728 pour déterminer fa vitefle d'un corps qui en va choquer plufieurs autres à la fois, a continué d'en faire un ufage avantageux dans les Ou- vrages qu'il a publiés depuis. Je ne prétends que Vétendre davantage, & en montrer des applications d'un genre nou- veau: je me fuis attaché pour cela à ne donner que des pro- blèmes choifist j'avoue que la plufpart ont déjà été réfolus ; mais comme mes folutions n’ont rien de commun avec celles des Auteurs qui m'ont précédé, & que de plus, elles me paroiffent auffr fimples qu'on puifle le defirer, j'ai cru qu'on me pardonneroit de les publier, Quant àl'ordre de ce Mémoire, je n’en ai point fuivi d'autre que celui qui n'a paru naître du plus ou moins de facilité.des queftions que je traite: leur indépendance mutuelle n'exige pas qu'on s'aflujétifle à un arrangement trop méthodique. Il y en a quelques-unes fur lefquelles je paffe légèrement; il en eft d'autres que j'examine avec plus de foin: le lecteur en verra aifément la raifon, I eft temps d'entrer en matière, PREMIÈRE PROPOSITION. PROBLÉM E. L. Soient deux corps N & M attachés aux deux extrémités d'un fiN M, & mobiles dans la rainure reétangulaire K AR, pofée fixement fur un plan horizontal : on fuppofe qu'on donne au corps N une impulfion quelconque, à l'on demande les vitef[es des deux corps à chaque iuflant. SOLUTION. | Suppofons que les corps ÆV & 44 euflent parcouru en un inflant, s'ils avoient été libres, les droites infiniment petites NT, MV, mais qu'à caufe de l'action & de la réaétion qu'ils exercent Fun fur l'autre, le corps parcourt NA, infiniment peu différente de NT, & le corps M parcourt AP, infini- ment peu différente de 44W, il eft clair que AT fera la Oooï Fig. 1. + 476 MÉMOIRES PRÉSENTÉS-A L'ACADÉMIE . vitefle perdue par AN, & VP la vitefle gagnée par M. Les branches de la rainure détruifant une partie du mouvement , celui qui eft perdu par AN, ne fe tranfmet pas tout entier à A1. Pour déterminer la quantité effective de mouvementique ce dernier reçoit, je décomnpofe le mouvement # T'en deux autres AY, HS, dont l'un ef dirigé fuivant le fil, & ‘dont Yautre eft perpendiculaire à là rainure. Ce dernier étant dé- truit, il faut que l'autre communique feul fon action au corps M. Je prends PZ — HY, & je conftruis fur PZ un pa- rallélogramme PXZO, dont le côté PX foit perpendicu- laire à la rainure, & dont le côté OP foit dirigé fuivant cette même rainure: il. eft vifible que OP fera la vitefle par laquelle le corps AV agit fur le corps 47; aïnfi on aura, par le principe expolé ci-deflus Nx O P — MxV P. Mais les triangles femblables POZ, MAN donnent AN : AM :: OZ ou HT :PQ = Er donc PE = AMAVE AT nd Van 8 0 0 ee 0 Se VS ANR ai lee te ge ss be + Mels La verge donnée MN = a = V{xx + yy). L'élément du temps. . . .. . : . —4dA Suppofons J'avertis une fois pour toutes, que je me fervirai toujours de cette dernière dénomination pour l'élément du temps, & que je fuppoferai cette différentielle conftante. z . Fer $ 5 Nxrdd L'équation précédente fe traduira ainf, = — M ddx, » . x d ou bien en mettant pour © fa valeur —, — Ndyddy » dx — Mdxddx,ou Ndyddy + Mdxddx — 0, dont l'intégrale ft Ndyÿ° + Mdx° — Adi, À étant une conftante qui dépend de la vitefle initiale des deux mobiles. Cette équation eft, comme on voit, celle que donneroit le principe de la confervation des forces vives : ainfi, pour le dire en paflant, notre méthode démontre la vérité de ce principe dans le cas du problème propolé. D'E.S: SVEMUENC'E"S 77 Qu'on mette dans l'équation précédente à la place de /x° Fig: r. LL LIENS aa — y & l'on aura ces deux autres équations, [Nasa UN — M) 73] dy° ER 277 EMaa + [N— M} xx] dx° ENS, C7 CU NES dy VINaa — (N— M)yy] dtVA = PA . Ainfi fa relation dx V[Maa + (N — M)xx] a Vaa — xx) dé # à y & à x fera connue par le moyen des quadratures. Soient & u les vitefles des deux corps N & AZ, on aura : *xdx & à la place de dy° fa valeur =" à AG —— XX 9 fa valeur — Adi’, ou bien pr dt Sue VA . V{aa — y) Cd UT aa —{N — Mjysl LA dx VA . V(aa — xx) à 7 TE TE V[Maa + (N — M) xx] rc COROLLA A MMRIE: IT. Suppofons que le corps NW {oit placé en À, & le corps M en Æ au commencement du mouvement, & foit gla vitefle Rue? D, AS" , E 7 initiale de AV, on aura g = y =; inf À fera déterminée, En examinant les expreflions des vitefles des deux mobiles, on voit qu'à mefure que le corps M avancera vers À, fa vitefle diminuera, & qu'elle deviendra zéro en À, où lon a AR OU y — 4; quau contraire, la vitefle de 44 augmentera jufqu'en À, où elle fera g La : par conféquent fi on fuppofe la rainure compolée de quatre branches AK, AR, AE, AD, Fig. 2e de manière que RA, AD ne faffènt qu'une même ligne droite, de même que XA, AE, il eft clair que le corps 7 conti- nuera de fe mouvoir fuivant AE; fa vitefle deviendra zéro au point Æ, où lon a AE — 4, comme on le voit, en faifant x négative dans l'expreffion générale de 1. Le corps /V reviendra de R en À, où il aura la même vitefle que lorqu'il O ooiij 478 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Fig.2. s'y eft trouvé pour la première fois, & il continuera de fe mouvoir jufqu'à ce qu'on ait AD = AR = a; alors le corps 1 revenu en À, continuera de fe mouvoir füuivant AK, égre. Ainfi les. deux corps parcourront fans cefle les diamètres RD, KE. : M. Clairaut dans un excellent Mémoire. i imprimé Darnié ceux de l'Académie (année 1742) a donné la génération de ces mouvemens finguliers, mais fans en ajoûter la démonflration. DEUXIÈME PROPOSITION. PROBLÉME. TITI. Soient deux corps N & M attachés en N & M aux deux fs CN, OM, arrêtés aux clous C, O, à joints par un troifième fil NM ; on fuppofe qu'on ait nee une impulfion quelconque au corps N, à l'on demande les ofcillations des deux corps N, M, e fyflême étant placé fur un plan horizontal, SOLUTION. Soient Me, MQ les efpaces que les corps N & A, arri- vés en V & 7, euflent parcouru en un inftant s'ils avoient été libres, & fuppofons.qu'à caufe de leur mouvement forcé, NN parcourt Nr, & M parcourt AS, on voit que #g fera la vitefle perdue par M, & QS la vitelle gagnée par 47; mais la viteffe perdue n'eft pas employée toute entière à produire la vitefle gagnée, parce que la réfiflance des fils en abforbe une partie. Pour déterminer la partie qui réagit fur le corps M, je conftruis fur 1g le parallélogramme nkgh, dont le côté nh eft dans la direction du fl Cr, & le côté 4 eft dans la direction du fil 25, Je prends Sx = 14, & fur Sx, comme diagonale, je conflruis un nouveau parallélogramme Suxt, dont le côté Su eft dans la direction du fl SO, & le côté Sz dans la direction de l'arc AS. Cela pofé, il eft vifible que le mouvement de AN par Sr doit être égal au mouvement de 47 par QS, c'eft-à-dire qu'on aura MxS# — MxQS Des points N & S, foient abaifées les DES. S CANEMNAIC ES. 479 perpendiculaires NF, SR fur les droites 25, N M, on aura nF = MR; les triangles femblables FN, ngk donneront Nnxng Nnxng 8F MR blables ARS, Srx donneront Sr PE cn ee = : ainfi l'équation N x Sr — MxQS deviendra te, — MxQS. Soit menée la ligne des centres CO, & fup- pofons d'arc AN — 5, l'arc B M — 7, l'équation précé- dente pourra fe traduire ainfi — = — Mddz ou Ndsdds + Mdzddyz — 0, dont l'intégrale eft Nds + Mdfÿ = Adr. I nesagit plus que de trou- ver une feconde équation entre les arcs 5 & 7,ou entre leurs lignes homologues; c'eft ce qui eft très-aifé. Soïent mences les ordonnées NX, MH, & foit tirée A7L perpen- diculaire {ur VX: fuppolons enfuite CA = a, OB = 5, DCE CMN —=h, OH = x, CK = y, pn am Naady* Mbbdx aa—»y bb AE, ML N donnera 4h — (c— x — y)" + [aa — y}) — {bb — xx)]”. ILeft clair qu'à l'aide de ces deux équa- tions, on trouvera, comme dans le problème précédent, les viefles des deux corps V & M, & les circonftances de Jeurs ofcillations. C. Q. F. 7. AÉVOU OX —= , & les triangles fem- — Adr, & le triangle retangle TROISIÈME PROPOSITION. LEMM _E. TV. Soit une verge AK mobile autour de l'une de fes ex- trémités À qui eff fixe, à fuppofons que cette verge foit chargée Jucceffivement de deux mafles M à N; je dis que fi ces deux malfes font entr'elles en raifon inverfe des quarrés de leurs bras de levier AM, AN, elles oppoferont chacune en particulier, la même réfiffance au mouvement angulaire de la verge. Soient Mm, Nn les vitefles que prendroient les mafies Fig. 3, Fig. 4 Fig 4. Fig. s. . 480 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE propolées pendant le mouvement arigulaire infiniment petit KAR de la verge, & nommons f & @ les efforts qu'une puif- fance appliquée en un point donné de la verge, confumeroit à mouvoir les mafles 47 & AN, fuivant Mm & Nn. Notre principe d'égalité entre le moment du mouvement perdu & le moment du mouvement acquis, donnera f — M *A M x Mm, @ = Nx Nux AN; mais puifque 42: N :: (AN)* : (AM 1), & que de plus les arcs Am, Nn font femblables, on aura À — ii & MxNn = Nx Mm; donc x (AMP x N D — PE — Mx AMxMm = f. c.Q.F. D. Como x L'AUTRE T. V. Donc à la place d'une mafle donnée 47, appliquée en un point donné d'une verge, on pourra en fubftituer une autre ÀV en un point quelconque V, pourvü que lon ait __ Mx(AW} N= CoROLLAIRE IT. VI. Si l'on a un fyflème quelconque de corps liés en- femble par des verges AB, BM, BN, où d'une autre manière quelconque, & que tout le fyflème foit obligé de tourner autour du point À, on pourra fubftituer en 2, à da placé Mx(AM)® | (ABF & à la place de la maffe N une autre mafle qui foit égale à = a — ; car il eff vifible que fes mafles 47 & AN, placées en M & N, oppofent la même réfiflance au mouvement angulaire du fyftème, que fi elles étoient placées fur la verge même AR aux points O & Æ, où l'on a AO — AM & AK = AN. M. Jean Bernoulli a donné le lemme précédent & [es deux corol- Jaires dans un excellent Mémoire qui a pour titre: Propofitiones variæ de la mafle #1, une autre maffe qui foit évale à An D'E S 2 SG MEN! CES 0 MON 48 variæ Mechanico-dynamicæ, &7 il s'en eff fervi pour déterminer pre. 5. 2 avec la plus grande élégance le centre d'ofcillation d'un pen- dule compofe. Comme ils peuvent étre utiles en une infinité d'occa- Jions, qu'ils vont nous fournir en particulier une folution extrémement fmple du probléme fuivant, à que de plus ils dérivent, quant au fond, da principe de M. Newton, j'ai cru devoir les rappeler ici à ma manicre. QUATRIÈME PROPOSITION. PROBLÉME. VIL Soit un corps pefant BFG, de figure quelconque , dont C foit le centre de gravite, à qui ait pour axe le cylindre HAL, fur lequel Je roule un fl E ALH, arrété fixement par Jon extrémité E, à une pièce de fupport ED : on fuppofe que ce corps defcende par Ja pefanteur, ce qu'il ne peut faire fans tourner fur fon centre de gravité, à fans que le fil fe développe Jüuivant l'ordre des lettres HL A ; à l'on demande les hauteurs verticales D'C où E À, parcourues par le centre C. SoLUTION. IL eft démontré, & Ja raifon en eft affez évidente, que fi le centre de gravité d'un corps eft animé d'une force quel- conque, & qu'en même temps le corps foit obligé de tour- ner fur ce point, {a direction de la force de rotation fera parallèle à celle de la première: or, la pefanteur du corps BFC, réunie à fon centre de gravité, tend à le faire def- cendre fuivant la verticale DC ; donc le fil qui le force à tourner fera vertical, & par conféquent auffi la force accé- lératrice qui agjra fur le centre C fera verticale. Pour trouver Texpreflion de cette dernière force, on remarquera qu'à caufe de R réfiflance du fil en À qui oblige le corps à tourner fur le point C, toutes les parties 47 de ce corps ont à chaque inftant autour du point À un petit mouvement angulaire MAm, en forte que ce point À peut être regardé comme. l'appui d'une infinité de leviers 42, aux extrémités A4 Jar. étrang. Tome LL P pp Fiy, Voy. Joh. Bern. ep. tome 111, pagt 127: 482 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE + defquels agiflent toutes les parties 47 du corps, fuivant des directions qui leur font perpendiculaires. Qu'on fubftitue à la q pErpe AM} place de la mafle BG une mañle f __— au point €, le mouvement angulaire dont il s’agit fubfiftera toüjours de £ 8 J même par le lemme précédent & fes corollaires, & la queftion fe réduira à déterminer la force accélératrice qui agit {ur ff M(AMP. (AC nouvelle mafe f- concentrée en €, Le point € étant le centre de gravité du cor ps BFG, fi ce corps defcendoit librement, il réfuheroit de fà pefanteur naturelle p, une force motrice au point €, laquelle feroit repréfentée par p x BFG ; mais dans lhypothèle du problème, cetté force déploie toute fon action fur la mafle f — & l'oblige à chaque inflant de décrire le petit angle CAc. D'où il fuit so a se divife px BFG par FH ORES le quotient - fera la force accélératrice qui produit x B a PAL IMAGES le mouvement angulaire CAc & qui anime le centre C7 dans fa chüûte. Donc ce ‘centre défcendra: d'un mouvement uniformément accéléré, & on trouvera fa viefle par les méthodes ordinaires. €. @ F. T. Ce réfultat s'accorde, quant au fond, avec ci que M. Jean Bernoulli a donné fans démonflration. COROËLTIALRE.L VIII Donc la tenfion abfolue du fi EA — BFG BEG x x / Pp — FILE ) ; er fi le corps BFG defcen- si (AC? - doit librement en vertu de fa pefanteur naturelle p, il acquer- toit à chaque inflant une nouvelle vitefle p: mais à caule de fon mouvement forcé, ii n'acquiert qu'une vitelle exprimée: D) Æ 154 SICYD EN! CENTS: 433 BFG x 'BEG à par une d donc p — Fee, eft la viteffe Fig. 6. Jar 1 (ACR que ce corps perd à chaque inflant. Or le mouvement perdu ne peut être employé qu'à tendre le fil; donc la tenfion de ce fif fera égale à BFG x u Tam) ATEN ce qui eft conforme à ce qu'a trouvé M. Bernoulli par une méthode fort différente. CHORTO, LOA ICO R UE DIE IX. On fait, fans cependant en avoir une démonftration générale, que les forces vives fe confervent dans les fyflèmes de corps pefans qui agiflent les uns für les autres par le moyen de fils ou de verges: cette loi peut fe démontrer dans le cas de notre problème, d'une manière fort fimple. / BFG Suppolons pour abréger, BFG = R, me dr ag # étant un nombré; &.foient Ja verticale DC — 5, la viteffe du centre C — V, la vielle de rotation du point À — u. La force accélératrice du centre C étant »p, & celle de rotation du point À étant p — 1p comme il eft évident; de plus, les efpaces que ces forces font parcourir étant évidemment égaux, on aura par les formules ordinaires, RVV = 2 Rups, Ruu — (2 Rp — 2 Rups); donc RVV + Ruu — 2 Rps; ce qui eft l'équation de la confervation des forces vives. : CINQUIÈME PROPOSITION. PROBLÉME. X. Tout étant d'ailleurs le même que dans le problème Fig: 7: Précédent , fuppofons que le fl EA au lieu d'être arrété em E, ge Pppi 434 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE . palle [ur une poulie KE, à même, s'il efl néceflaire, fur une pale, Î feconde poulie N de renvoi, 7 qu'un poids Q attaché à fon extrémité Q, defcende avec l'exces de fon” poids fur celui qui feroit Jimplement requis pour faire équilibre à la force perdue par Le corps BFG: on demande les forces accélératrices des deux corps Q à BFG. SOI LU T TNOUN. Gardant ici les mêmes dénominations que ci-deflus, & nommant de plus f la force accélératrice qui anime la mañle Q dans fa chûte, on remarquera que fi le fil étoit arrêté fixement en £, la force accélératrice du centre € feroit #p- comme on la vû, mais qu'à caufe que le corps Q imprime au fil une vitefle f, contraire à la vitefle p, la force accé- lératrice du centre C’ doit être dans le cas préfent 2p — f; car dans inftant que la force p.1end à abaifler le centre C de la quantité 2p autour du point d'appui À, le même point d'appui, & par conféquent auffi le centre €, font élevés. de fa quantité f par la force f. Donc p — np + f fera la viteffe-acquife par le corps BFG ou À dans le fens ver- tical; & comme p — f eft évidemment la vitefle perdue par Q dans le même fens, il s'enfuit qu'on aura Q /p — f) p-(Q+1R—R) mr Ainfi le mouvement de Q fera uniformément accéléré; celui de R de fera auf, & fa force accélératrice qui eft 4p — f piR+1Q —@) = R (p — np + f); d'où lon tire f— deviendra = ; cquant à la forcé abfolue de tenfion du fil, elle fera À x (p — np +- f) Te, CLONEME COROLLA MIRE XI. Soient la verticale DC parcourue par le corps R — 5, la verticale NQ parcourue en même temps par le corps Q = x, la vitefle du centre € = F, la vitefle de rotation 2 DES S€&erENCE Ss _ 48 du point À — v, la viteffe du corps Q — v. On aura 2PR.(R+nQ—Q).5 Fe RATE Late RVV — R+Q 71e RÉITAU Ruu — CPR Re AE ; donc RVV + Ruu R+Q + Quu = 2phRs + 2pQx, équation de L'coner- vation des forces vives. STIXIÈME PROPOSITION. PROBLÉME. XII Soi AB une corde fans pefanteur, fixée par les bouts aux points À © B, à" tendue par une force qui foit égale à un poids donné P. Suppofons enfuite que deux corps m 'n attachés à la corde foient tirés hors-de leur polition naturelle jujqu'en m à n,en forte cependant que les diflances mP, nQ à l'axe AB puiflent toijours étre cenfees infiniment petites, or que de ces points on les laiffe partir au méme inflant : on demande les forces auélératrices dont ces corps feront animés. Mon principal objiet.en donnant ce problème, eft de faci- liter à quelques perfonnes la feéture de deux excellens Mé- moires de M. Daniel Bernoulli, imprimés dans le volume de l'Académie de Berlin pour fannée 1753. L’Auteur y établit une théorié entièrement neuve fur les vibrations des cordes tendues, des corps fonores & des corps lumineux : il fait voir que ces fortes de vibrations, quelque irrégulières qu'elles puiflent être, ne font jamais qu'un mélange de vibrations - fimples, ifochrones & coexiftantes dans un même fyftème; découverte admirable & de la plus grande importance, tant dans la Méchanique que dans la Phyfique. M." d’Alembert & Euler ont auffi donné fur le même fujet des recherches dignes de leur profond génie & de leur vafte connoiffance. SO TURN LL O IN Soi La pefanteur naturelle , . . . . . É pe PQ La mañle du poids P . .. «Rs Pppii jh Fig. 7. Fig. 8. Voy. Men. dé Berlin , annés 17471748, 1753 486 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIF La force accélératrice de [a mafle #1. . . — “À La force accélératrice de la mafle » . .. — @ La longueur entière AB de la corde... — L. Lapatie AP asie «= 4 RE Expat BOL ES ee LT RE Et par conféquent PQ... = L—1—x, re rer A TRE CORSA —© Ladrote Qu sh Rs: . ENT Soit prie mr pour repréfenter la pefanteur qui agit fur la mafle 47, & fur mr comme diagonale ; foit conftruit le pa- rallélogramme #15 rg, dont le côté ms foit dirigé fuivant #m, & le côté my fuivant wP, la pefanteur fe décompoféra en deux forces repréfentées par #15 & par #g. Qu'on prenne nx == ms, & qu'on conftruife un fecond parallélogramme nyxz, dont le côté n7 foit dirigé fuivant Bn, & le côté ny fuivant 7Q, il eft clair que de la pefanteur entière perdue par le corps AZ, il n'y aura que les forces exprimées par mg & ny qui pouflent les corps m1 & # fuivant mP & nQ. Soient Or, la première de ces forces eft égale à px TJ, & la feconde (à caufe que #x peut être cenfée égale à mr) eft égale \ ny n 3 . . mg à p x —=: ainfi on aura, par notre principe, 1 x 4 RE EE »E principe, PIRE 2Y Mxp mg — 1%; donc fr = MTS Mxpx= ?; fr a: P ni P # : £ — — x L,&e — = x “=, ou bien puifque les mt ar LA mr angles rm, xyn, peuvent être regardés comme droits, = — , : 1,Q—= — x fin. ang. . == x fin. ang. s#r, @® = g ZUX Soit menée par le point #7 la droite Am C parallèle à Taxe AB, Yangle smr fera la différence des angles Am À ou m AP & nmC: or l'angle m AP — }" un C C —ix P æ C— a —— “donc f——. ere ne amC—= el SA TEST = Dis 1 Sc abeiWro: Ehs: 487 AL en à As se L'angle z#x au contraire Fig — a . 1 + LSESTESX $ Le) T me 2 eft ne à la fomme des angles 7 BQ, nmC; donc LA LE +). cerr #5 LL dE fe réfoudroit avec Ia même facilité, sil y avoit un plus grand nombre de corps attachés à la corde. COR ONE AURTRUES XIIT. Suppofons que les deux corps » & # doivent arriver en même temps à l'axe AB, & qu'il s'agifle de trouver la longueur d’un pendule cycloïdal, dont les ofeillitions foient ifochrones à celles de ces corps. On fait * qu'en ce cas les forces accélératrices des deux corps doivent être et Sn aux diftances &, 6 ; ainfi on P a CA 6 — « aura = (+ + 2 > res CS es É A + mil — naù — mLi sir: tE où bien © = znla | jte — 2 + VI been nr ai p 2% =]: Repréfentons znlA le fecond membre de cette équation par la fimple lettre 7, & nommons = le rapport de la circonférence au dià- 1 7 à mètre, lexpreflion du temps employé à parcourir & ou 6, IT Il Z va = Vi. (L—I—x)].ve fera E æ aæa—€ Y[P (La — na — 16)] s Ep Tee) 1 PNR A 2 Em. (L Gay À Jo 7 FPE que HE Enfin foit Æ la longueur du pen- dule cherché, la durée d'une demi-ofcillation de ce pendule * Je ne donne pas ici la démonftration des propofirions que je cire dans cet article, parce que le détail m'auroit mené trop loin : les lecteurs le trouveront aifément d'eux-mêmes, 8. n . fera VE; on aura donc 2 458 Mémorres À trahit À L'ACADÉMIE un He [LIN Nr ne SU: VIP.(L—n— gl] 2 MIT IA) P.(L—2— 4!) avec le réfultat que M. Bernoulli a donné fans démonfira- - tion. Ce grand Géomètre, après avoir ainfi déterminé les vibrations des deux corps pouf le cas où ils doivent arriver tous deux en même temps à l'axe AB, démontre que quelque rapport qu'il puifle y avoir entre les diflances mP, nQ, les vibrations des deux corps feront toüjours un mélange de vibrations fimples de la première efpèce, & il réfoud par conféquent le problème dans toute fa généralité: on prend par-là une idée très-claire & très-précife des mouvemens dont il s'agit, &c. ou bien £ — , ce qui s'accorde parfaitement SEPTIÈME PROPOSITION. PROBLÉME. XIV. Deux corps N à M étant attachés aux deux ex- trémités d'une verge NM Jans inertie, on fuppole que le M N Joit obligé de _fuivre la rainure horizontale B A, à que le corps M ait reçä une impulfion quelconque, à l'on demande la courbe Mm décrite par ce corps M, le fyflême etant placé [ur un plan horizontal. SOLUTION. Soient Am, NQ les efpaces parcourus pendant un inflant par les deux corps A1, N. Si ces corps arrivés en m & Q étoient abandonnés à eux-mêmes, en un inftant égal au précédent, le corps A7 parcourroit mn égale à Am, & placée fur fon prolongement, & le corps A parcourroit Q S égale à NQ; mis à caufe de l'action réciproque qu'ils exercent lun fur l'autre & de l'inextenfibilité de la verge, 42 parcourt YarcmR, & NN parcourt Q X; de manière que les points #, R, À font en ligne droite: ainf, fi lon achève le parallélogramme = DES SCrTENCESs. 489 parallélogramme "1 41R, on verra que Rn eft la vitefe per- Fig. 9. due par A7: on voit aufli que SX eft la vitefle acquile par AN. Mais comme le mouvement perdu n'eft pas employé tout entier à produire le mouvement acquis, je prends 4x = Run, & je conftruis le parallélogramme X1x, dont 1x eft perpendiculaire à la rainure, tandis que le côté vx lui eft parallèle. Alors il eft évident qu'on aura A1 x Xt — NxS +, à » 2 MxRnxPN ou bien, en menant l'ordonnée 44P, y — = NxSX. AB où NM, ou Qm,ou XR..., — y. PT ER RTC ONE En ER Soient Messie sr = y RES déaraienare Gite ete) TUE BIN".: IA — x — V{aa — y). l'équation précédente deviendra d'abord ee NOT Nddz. Des points Q, M, R, foient abaifites les perpendicu- laires QF, MZ, Ro fur les droites NAZ, Qu, mn ref: pectivement, il eft clair que 3Z — NF. Or à caufe des triangles femblables NFQ, NPM, NF — te nn donc auffi WA SeMes as) Les triangles femblables mMZ, noR donnent mZ [ee 277 : Mm (ds) adsdds de Subftituant :: 10 (— dds) : Rn — — Zi Tee Ms da cette valeur de Ra dans l'équation 2 SUR = Näddz, on aura — FE — Nddy, & par con- t féquent Mds° + Ndz — Adé, équation de {a con- fervation des forces vives. * Soit menée vers XR la droite AV parallèle à AB, dans È | | PM le triangle AV, on aura fn. ang. MVn — — Say. étrang. Tome IL, Qqq 490 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE m d É ÿ M TZ, fin. ang. FM = en T; par conféquent : dx + dg V{aa — 3 fin. ang VaM = 4 24608 Fa 6E ed) Sas ads R sig, | Rn== —— , & fi lon nomme À le rayon de la in. ang. Vn ds dyddx — dxddy LT, SE RE AR ne Re Ch 1 développée, Ro = a = ; donc Ba a x (dyddx — dxddy) TT ydx + dy vV{aa — yy) valeurs de À ;on aura . Comparant enfemble les deux dr V(aa — 35) TT pds + dy V(aa — 35) , x , . d d'où l'on tire, en mettant pour 47 fa valeur — dx + A 2e V{aa —y} & réduifant, yddx + ddy V{aa — yy) = 0, on : Jp bien en mettant pour ÿ{aa — yy) fa valeur FES à dxddx + dz;ddx + dyddy — 0, ou enfin dsdds = — d;ddx. Subftituons cette valeur de dsdds dans d'équation Mdsdds' + Ndzddy — 0, elle de- viendra — Mdz;ddx + Ndzddz — o, ou bien Mddx —— Nddzy — 0, dont l'intégrale et Mdx — Ndy — Bat Ainfi on aura (UE + Ris Mds + Ndg bu dr y4y #1 Mds® + Mdÿ + N[— dx + Vaa —,37) : 3 ; équation de la courbe cherchée, & dont les indéterminées fe féparent par la méthode de M. Bernoulli pour les équations dans lef- quelles manque lune des deux variables. c. @. F. 7. CoOROLLAIRE X V. Suppofons qu'au commencement du mouvement le corps #1 foit placé en À, & qu'il foit frappé perpendicu- lirement à fa rainure, on aura à finftant de la percuflion — adsdds AE (dy ddx — dxddy], spin U DES -SCTENGE s | 497 Mdx = 0, Ndy — 0; donc, à caufe de l'équation Fig. 9: Mdx — Ndz — Bdt, la conftante 2 fera égale à zéro; paï conféquent la courbe décrite par le corps 47 fera telle que Mdx — Ndz, dont l'intégrale et x — Nz. Je n’ajoûte point de conftante, parce que.x — o doit donner z —= 0. Mettons pour 7 fa valeur à — x — y{aa — yy), N?* 2Nax ENT men XF & nous trouvérons Fig. tion à l'ellip{e: ainfi le corps 4 décrira une ellipfe AHJK, - dont le centre € eft le centre de gravité des deux corps 44 & AN; le petit axe #17 eft le double de Ia diftance du corps Â4 à ce centre, & le grand axe XA eft le double de la verge. Le corps /V pendant ce mouvement fera obligé, pour fuivre le corps 47, de parcourir éternellement fa droite BD double de BC. M. Clairaut a trouvé le même rélultat, mais il en a fupprimé l'analyfe. On peut remarquer aufli que le centre de gravité fe pro- - menera fur l'axe À H, & parcourra pendant une demi-révo- lution du corps 7, la partie RO = 2 BC; car fi l'on fuppole les corps A7 & N arrivés en Æ & G, & qu'ayant mené l'ordonnée £Q, on tire auffi fa droite GE, qui rencontre KH en L, on aura, en vertu de l'équation Mx — AN, M: N:: BG:AQ. Mais puifque le point € eft le centre de gravité des deux corps Â:N:: BC: AC; donc BG :AQ:: BC'AC, & BC: AC: BC — BC, où CG : AC — AQ, ou CQ :: GL : EL; doncauf M: N::GL : EL; d'où l'on voit que le point L eft le centre de gravité des deux corps. Lorfque le corps ÆZ arrivera en H, CL PAP où il fuit que lorfque ce corps M+N° fera parvenu en Z, le centre de gravité aura parcouru deux fois Mx>AB M+ N deviendra égale à ,; Tune en allant, l'autre en venant: donc, &c. CUO'RO LELAIRE [LL XVI. Le corps 47 étant toûjours placé en À aû Qaqq i 492 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Fig. 10. commencement du mouvement, fi ce corps étoit frappé obliquement à la rainure, il faudroit décompofer fon mou- vement en deux autres, dont l'un fût dirigé fuivant la rainure, & dont l'autre fût perpendiculaire à cette même rainure. En vertu du premier, les deux corps feroient emportés fur un plan dans lefpace abfolu; & en vertu du fecond, le corps Mdécriroit fur ce plan mobile lt même elliple qu’il décrivoit ci-deflus dans l’efpace abfolu. Il n'eft pas inutile de faire obferver que cette décompo- fition du mouvement initial de 47 donne une idée beaucoup plus nette du chemin que-ce corps parcourra dans l'efpace ablolu, que ne pourroit faire la confidération de l'équation générale de la courbe. C'or0OELAITRE IITL X VIT. Si lon fuppole toujours que le corps 47 décrive Yellipfe dont on a parlé dans les deux corollaires précédens, foit fur un plan fixe, foit fur un plan mobile, ïl fera facile de trouver les vitefles des deux corps #1 & AN fur ce plan. Pour cela, foient #7 & uw ces vitefles, & prenons, pour / 2Na abréger le alcul, == 26, aa — bb — cc, on aura + N dix VWaabb — 2bccx + ccxx) ds = = — PE CIRE ; & comme dr —= : . ds ), il senfuit qu'on aura V = —— ds Îl Mas + Ndg 144 AE DRE VA. Vaabb — 2becx + ccxx) Ou YIM . (aabl æ 1bccx + ccxx) + . (2bx — xx)] VA . ViB7 — bb) dE MÊME 4 = —— "°°° —————— V[AT. (aabb — lus er) + Nbb.(2b—7)] La conftante À fe détermine par a condition que la vitefle V foit donnée au commencement du mouvement, ceft-à- dire lorfque x = o: foit donc alors } — g, on aura = Mes CT D'E SN SICHÏEINACE:S. 493 CO RIONENL A TIR E: LV. XVIIL Il n’eft pas moins facile de trouver la longueur Fig. 10. du pendule dont les ofcillations feront ifochrones à une demi- révolution du corps 47 dans fon ellip{e, au mouvement de N fur BD, & à une excurfion du centre de gravité du fyftème fur l'axe KA ; car on aura is dx VINaabb — (2 Nbcc — 2MB)x + (Nec — Mbb}rx], 1= TE MNT M et Dturiu Suppofant que l'intégrale du fecond membre foit A lorfque 6 IT : z x devient 2 d, & nommant —- le rapport de la circonférence 1 EE ; H° au diamètre, la longueur du pendule cherché fera 42 » A P étant la pelanteur. COROLLAIÏRE V. XIX. Qu'il sagifle enfin de déterminer les différentes forces d’extenfion que foufirira la verge, cette queftion fe réfoudra fans peine. Soient Æla force accélératrice qui anime le corps D, T'lextenfion cherchée de la verge; il eft vifible STE HEAR ERETE a FA Vaa — ») a V{aa — 5) preflion qu'il eft facile de traduire en fonétions de 7 ou de x par le moyen des corollaires précédens. qu'on aura 7° — HuUITIÈME PROPOSITION. PRO B L.É.M E. X X. La rainure AB étant horigontale, mais le plan AMmB éfant Juppofé vertical, il s'agit de déterminer la courbe Mm, décrite par le corps M dans lesrmémes crconflances que dans le problème précédent. MO EU TT O N. Suppofons, comme dans la folution du problème précédent, Q qq ï Hg, 11. 494 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Fig. 11. que Mm & NQ foient les efpaces parcourus en un inflant par les deux corps 41 & N: foit prolongée Am d'une quantité mn égale à elle-même: foit prife auflt QS — NQ ; fi le corps 44 arrivéen m étoit livré à lui-même, il tendroit à parcourir pendant l'inflant fuivant, en vertu de la vitefle qu'il a en m, l'efpace mn, & en vertu de fa pefanteur, la” petite droite verticale 2 #, d'où réfulteroit la vitefle compo- fée mK; mais à caufe de fa réation du corps À, il par- courra l'arc mR: de même le corps Æ, qui auroit parcouru QS = NQ, parcourra Q@X, en forte que les points #, À, #, feront en ligne droite. D'où l'on voit que SX eft la viteffe acquile par V; & fi l'on achève le parallélogramme m4ÆR, : RK {era la vitefle perdue par AZ Soit prife Xx = RK, & foit conflruit le parallélogramme Xxu : cela polé, AB ou NM, où QM, où XR. = a, AP Eee see deal te als DR Pen male see Nés ete ee Soient 4 BN..=7—a— x— v{aa — yy). Mint state à 26e PE A pélameur 5 + SRE CREER Et par conféquent #Æ. . . ..... — pdr, En raifonnant comme ci-deflus, on trouvera l'équation M x Wa — MED) , RK — Nddz On aura de même a dy aa — UWR== ETS CE be 227, a … Des points À & Æ° foient abaiflées les perpendiculaires Rg, Kf, fur les droites m À, mn prolongées s'il elt nécef- faire; les triangles femblables #17 M, nfK, donneront 1m (ds) : mg (dy) aK ALIEN E— es ; donc dÿ dt? .mX où mf = mn + nf = ds + LT FE $s gE£=mEK—mR—= (ds +) — (ds + dds) = 7 TS ré. … tir dt stattels DES SCIENCES. 495 _— pdd — dsdds ik ds être regardés comme femblables, donnent #1 Z (2) D — dsdd 4 d d. 2. $ # MM (ds) ak (PL) à RK = IE EE à dy Vaa — y») Subftituons cette valeur de RK dans l'équation = Ee x RK=— Nddz, & nous aurons Mpdydr — Mdsdds = Ndzddy où Mdsdds +- Ndzddz = Mpdydf, dont l'intégrale eft Mds5° + Ndÿ = 2Mpydt + Adr’, équation de fa confervation des forces vives. - Rg On a dans le triangle reétingle RgK, RK — RES 1 mais Rg —= Ro + og — Ro +- fK, & fi l'on nomme . ds? rayon de la dé £ I AUFA M UO = — — R le rayo éveloppée, on aura À a dyddx — dx ddy = ; de plus, les triangles femblables #17 44, n fK, dxdr dyddx — dx ddy + pdxd® rotsane fÆ == : donc Rg— —_—_—_ "7 5 L'angle mXR peut être que égal à l'angle Jr; mais dans le triangle A/rŸ, on aura, comme dans la folution précé- dx + dyv{aa — dente , fin. ang. MIT — 2% Da — SIT. donc enfin ads RK 2: a.(dyddx — dx ddy + pdxdr) 3dx + dyV{aa — yy) les deux valeurs de RK, on aura dyddx — dxddy + pdxdr 7 pds + das 3) + ddyV{ac — 33) — pdf v{aa — PAS — 0, ou » dxddx + dyddx + dyddy — pdydr = 0, & dsdds = pdydf — dyddx. Subfiituons cette valeur de ds 7ds dans l'équation Mdsdds + Ndzddz = Mpdydr, . Comparant enfemble pdydr — dsdds dv(aa — y) DE ,» d'où Ton tire fans peine yd4x en mettant pour V{aa — yy) fa valeur — . Les triangles XgR, mZ M, qui peuvent Fig, 11. 496 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Fig. 11. nous aurons, en réduifant, Mddx — Nddz = 0, dont l'intégrale eft Mdx — Ndy — Bdt. On aura donc enfin Mis + N{is — sa A] MES 2 MS + N (42) vV{aa —yy) Eat VWaa— y) B 2 Mpy + À : équation de la courbe cherchée. €. @. F.r. … On peut remarquer que fi le corps 47 étoit d'abord placé en À, il décriroit la même ellipfe que dans les corollaires du problème précédent, mais fa viteffe feroit différente, NEUVIÈME PROPOSITION. PROBLÉME. Fig. 12 XXI Suppofons qu'une verge inflexible C MN, mobile autour de fon extrémité C, à fituée fur un plan horizontal, Joit chargée de deux corps N & M, dont le premier foit arrêté fixement, © dont l'autre ait la liberté de glifer par le moyen d'un anneau; on demande la courbe décrite par. le corps M lorfqu'on donne une impulfion quelconque au corps N. S/0 L'UTT ON: Ayant fuppofé, comme à l'ordinaire, que NQ, Mm re- préfentent les efpaces parcourus en un inflant par les deux mobiles N & M, & ayant pris QS égale à NQ, & mn égale à M m; fi les corps N & M arrivent à la fin de l'inflant fuivant en & R, & qu'on tire Ry, il eft clair que XS fera la viteffe perdue par Â, & Ru la viteffe gagnée par 42. Mais puifque le fyftème eft obligé de tourner fur le point C, il y aura équation entre le moment du mouvement perdu par V & le moment du mouvement acquis par AZ Cette condition, qui exige néceflairement que À foit perpendi- culaire fur la verge CR, donnera Nx XSxCN—= MxRu x CM. É de Soient de de eM 2. F2 Rial er el», ne, Le ;e.e ° ie I Il NQ Con 8 1. 0 PL ION ni] eines U DES SCrYENCESs 497 EM ES Re ete les MN nee SE pi Fio. 12: d. DORA Se. ae calin = dé ee GE rh MM RE VE ET AN x pu sels uit à + HE ROME + ETC »yds Er LA HR Du point RÀ foit abaiflée Ro fur mn prolongée, il eft évident que les deux triangles rectangles Am M, RTn font femblables: mais le triangle RT» eft femblable au triangle oRy; donc les deux triangles HmM, oRn font aufi fem- blables, + nb on aura /ZM en “) : m M (ds) :: no (dds) :Rn = ; par conféquent l'équation N x XS x CN = M * Re x CM fe traduira ainft — Naddz — Maydidts qui devient Ndzddz + Mdsdds — 0, dont J4 Tintégrale et Nd7* + Mds — Adr. Les mêmes triangles AmM, oRn donneront encore Am (dy) : ME dS) |: aie (+) : Ra = —ÉE — Rdy Lé rayon de la développée en M— R — dx + ydyddx + dxdy* — ydxdd =: CR NT D. Gi Von compare enfemble dy les deux valeurs de Ar, on aura adsdds de + ydyddx + dxdÿ* — ydxddy dsdds a "| OU J'd7 ydy dx dx + ydyddx + dxdy* — ydxd4 £ ÿ = HO VE d'où l'on tire facilement JdË #ldÿ Ærdhio ; par conféquent équation Ndzddz + Mdsdds — o, pourra fe changer en 2 Mydydz + Myyddz aa EL. celle-ci, Nddy + = o, dont lin- tégrale et Ndz + —— Bdt. On aura donc Naa + Myy Ndÿ + Mds ET) dé dz == A Say, étrang. Tome 117, Rrr Fig, 2 ——_" "———— V(Naa + Myy) .V[ A. (Naa + Myy) — aaBB] 13 498 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE a , équation de {a courbe cherchée. €. Q@. F, T. REMARQUE. XXII. Nous avons fuppolé la verge chargée d'un feul corps fixe; mais s'il s'en trouvoit plufieurs, on les réuniroit tous àu même point par fe moyen de Ia troifième Propo- fition, & le problème reviendroit au précédent. Si la verge que nous avons fuppofée droite avoit une courbure donnée, & qu'il fallût même avoir égard à fon inertie, le problème n'auroit guère plus de difhiculté du côté de la méchanique. DIXIÈME PROPOSITION. P'IRIO'B'E É ME: XXIIT On fuppole maintenant què la verge [e meuve Jur un-plan vertical, &r l'on demande la courbe décrite par le corps M, tout étant d'ailleurs le même que dans le problème précédent. | SOLUTION. Si fes petites droites NQ, mM font les efpaces par- courus en un inftant par les deux corps NV & M, & qu'ayant pris QS — NQ;, mn —= Mm, on fuppofe que la pefan- teur eût ramené, à fa fin du fecond inflant, le corps NV en V, & le corps M en K, il eft clair que QF & mK feroient les efpaces que parcourroïent fes deux corps durant ce même inflant, fans l’action réciproque qu'ils exercent lun fur l'autre. Ainf, fi la verge fe trouve alors dans la pofition CR, XV fera la vitefle que perd le corps V, & qui eft em- ployée à faire gagner au corps #7 la viteñle ÆR perpendi- culaire à la verge CRX: on aura donc N x XV x CN — M x RK x CM. Soit menée l'horizontale CO, & foient abaiffées Îes verticales 17 P, mp, & qu'on mène Mg parallèle à CO; des DE Su SCIE NiC>E S. 499 points R & K foient tirées Îles perpendiculaires Rg, Kf {ur Fig. 13. les droites »K, mn prolongées s'il eft néceflaire ; énËh foient menés le rayon CW & la petite verticale Sr. GE: = ssl Pi #7 = À à OM. Lun 250 0t D TES? ENNODSIpO Rue Set RAMLE ee, =sidg APE EN Se ns OT F —— MEN rsvuob. Are Eee els = ie Suppo-£ Mm . ......... .... ie DIRE EPP |. TE ER, y fin.Z Re Sre-r ES en er = y cof. 7 LADEARIEUL dl mé CA de © 3 ee RATES Et par conféquent nK = St... = pdt. y ds Le rayon de la dévelop. R = di + pdydde + did — y éxdiy. Les triangles femblables #19 M, nfK donnent #17 (ds) : mg (d [y fn2]) ::4K pdr) : nf — pdf ie 2) . : Tr fin. - ie apnée Top eme Cp s & par conféquent fo où Kg = mg — mK — mR : : pdr d (yfn. 7) —nmK = (ds, + dds) — (ds — 52) 2 dsdds + pat d (y fn. 7) Van ds mHM, qui peuvent être regardés comme femblables , HM (€) : m M (ds) :: EE (ÉD ds a [dsdds + pdr d/{yfn. x :RK— a . On aura encore à caufe > d7 des triangles femblables PAZC, VrS, CM (y) : CP (y cof. 7) :: Sr (pdf) : SV = col. 7 x pdt’; donc XV = XS — VS = — ddzy — col. zpdt. Subfituons ces valeurs de RK & Re LE NxXV x CN—=M Rrri . Mais à caufe des triangles R£K, Fig. 13. 500 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE x RKxCM, & nous aurons Va { — ddz — cof. pdf) May [dsdds + pdr d (y fin. 7)] RE NEX + Mdsdds = — Ndgcof.z. pdf — Mpdr d{yfn.z), dont l'intégrale eft Ndz + Mds = Adf — 2N fin.z-.pdf — 2 My fin.7. pdt”, équation de la coner- vation des forces vives. 3 — qui fe change en Ndzddy Les triangles #9 M, nfK donnent fX TE o ds donc Rg = Ro + og = Ro + fK = He pdd (yet) _ dé + ydyddx + dx dy — ydxddy +ypdrd(ycetz), TES pds Les triangles RgKX, mHM donneront encore #1 (dy) de + ydydde + didy® — ydxddy + ypdr d(y cof 7) PNR EU eisrnaen core ire in de : yds ds3 = ydyddx + dxdy* — ydxddy + ypdr® d (y cof TARA a Comparant dsdds + pdf 4 (yfn.7). les deux valeurs de RX, on aura 2 dl a dt 4 == dx dx3 + ydyddsx + dxdy* — ydxddy + ypdrfd/y cof. rues me dy* — ydxddy + ypdfdf{y co 2 d'où Tor s dy tire fans beaucoup de peine, y ddy + y fin. zpdf — dx° = o, ou ddy + fin. 7. pdf — ydÿ = 0. Si lon combine cette équation avec celle du principe de la confer- vation des forces vives, on trouvera une équation qui ef celle de la courbe. Cette équation, qu'il eft inutile d'écrire, me paroît fort difficile à intégrer: je ne me livrerai point ici aux recherches qu'une telle opération demanderoit, il me fuffit d'avoir réduit le problème à une affaire de calcul. té ne. du es Tr, Pag. 500 PL XV = ] Planche 29 J'av Lirang Tom Pgo: Son PLAT CT ELU lag. 5e. PL XI" ns . EE IT | : Û : Pag. 500. PLAVL | av. Etrang. Tom. UT DES" SCIENCES: so EE NE AURAI OT D'une Lettre de M. MARCORELLE à M. DE FOUCHY. Mousse, Apothicaire de Carcaffonne, n'a envoyé . le peu de Manne que j'ai l'honneur de vous préfenter. Dans un court Mémoire qui l'accompagnoit , il a marqué qu'elle failoit partie de celle qu'il cueillit le 25 Septembre 1754, fur des faules plantés le long de la rivière de Frefquet, au lieu de Pennautier, à trois quarts de lieue de Carcaffonne. Cette efpèce de concrétion découloit, dit-il, de ces arbres; elle fondoit f.-tôt que le foleil paroïffoit, tomboit en manière de petite pluie, fe durcifloit enfuite & devenoit blancheître. Des enfans de la contrée furent les premiers qui la découvrirent; ils la qualifioient de fucre, & ils étoient fort aflidus à l'aller ramafler chaque jour: cela donna lieu à l'Apothicaire de l’exa- miner; il reconnut, par le goût & par les expériences qu'il fit, que cette manne ne différoit point de celle de Calabre, & qu'on pourroit l’'employer utilement dans la Médecine. M. Mouffel ajoûte dans fon Mémoire, que les frênes plantés dans le même terrein de Pennautier, avoient auffi donné de la manne, mais en moindre quantité que les faules. On doit obferver que l'été de 17 54, pendant lequel cette manne a été trouvée, fut affez chaud & fort fec: la liqueur du thermomètre à mercure, dont l’efpace entre le terme de Veau bouillante & celui de la congélation eft divifé en cent parties égales, fut à Touloufe, où règne à peu près la même température d'air qu'à Carcaflonne, pendant plufieurs jours des mois d’Août & de Septembre, au 30‘, 3 1°, 32° degré au deffus de la glace, & il ne tomba de pluie, pendant ces deux mois, que 11 Z de ligne d'eau, favoir 9 - de ligne en Août, & 2 # de ligne en Septembre. Les vives chaleurs sefsèrent en Octobre: le mercure du même thermomètre fut R rr ii} 592 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE pendant quelques jours feulement, & vers les deux heures du foir, qui eft le temps le plus chaud de la journée, au 20°" degré; il ne fut pas fi élevé les autres jours, & le matin il ne parvint qu'au 5°, 6,7", 8,9 , 10" & 11° degré au deflus de la glace. Les pluies pendant ce mois furent aboñdantes; il en tomba 18 les frênes & les faules de Pennautier ne donnèrent point de manne en Oétobre, & n’en ont point donné depuis. Ces obfervations femblent appuyer le fentiment de M. Guettard: ce célèbre Académicien rapporte dans fon neu- vième Mémoire fur les glandes des plantes, inféré dans le volume des Mémoires de l’Académie des Sciences pour l'année 1751, que fi les frênes ne donnent point de manne dans ce pays, on ne doit l'attribuer qu'au peu de chaleur & aux pluies fréquentes qui diffolvent les petits grains qui tranfpirent des glandes de ces arbres. | Il refte à favoir fi la manne que l'Apothicaire de Carcaf- fonne a cueillie fur les faules, eft véritablement le fuc propre de ces arbres extravafé & confolidé par la fécherefle & la chaleur de l'été. Une obfervation inférée dans le Traité de la matière médicale de M. Geoflroi, femble ne pas favorifer cette opinion: on lit dans ce Traité, que Bodæus, Coïn- mentateur de l'Hifloire.des plantes de T'héophrafle, rapporte qu'on s'aperçüt que des gros moucherons venoient en fort grand nombre &épofer fur les feuilles des faules une manne très-blanche-& auffr douce que ie fucre, en telle quantité, au'à confidérer les gouttes qui tomboient fur les pierres & fur la terre au deflous des faules, on eût dit que c’étoit une rofée. On ajoûte qu'il étoit d'autant plus probable que ces infectes l'avoient recueillie fur d’autres plantes, que l'on re- marquoit certaines parties de leur corps qui fortoient plus en dehors que les autres, où l'on voyoit de petits trous par où découloient en abondance de petites gouttes très-blanches. Mais la manne trouvée fur les faules de Pennautier y auroit: elle été portée par des infeétes qui l'auroient fucée & cueillie fur les {rênes voifins? if feroit difficile de le croire, quoiqu'il 9 RRIe : 2- de ligne : aufl Dh DES SCIENCES. 503) y eût für ces faules un effain de moucherons. Il n'eft point rare de trouver des liqueurs fucrées qui ne différent guère de la manne, fur différentes plantes & fur différens arbres: perfonne n'ignore qu'on en a trouvé fur le melèfe, la mélianthe, le thamaris, les fycomores, les tilleuls, &c. M. Homberg aflure même que dans les pays chauds; les feuilles des faules font fouvent couvertes, en été, d'un fucre candi très- agréable, k 504 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE 0 OBS R F DÜ PASSAGE DE: MER Faite à Touloufe, par M. GARIPUY, Correfpondant de lAcadé | Heure HEURE HEURE HEURE ANGLE Vraie 2 du du pañige du u du haut, de Mercure, S |pañige d'un bord |du re) inférieur| paf. de Mercure | paf. de Mercure| vertical de Mercure dégayée © du Soleil du Soleil par par avec le méridien, de © par le f vertical. | par le fil horizont. le fil horizontal, |du côté du Nord Ja parallaxe. os Lau re | 7. RE 1] 5.28. 50 | s.28.54+| 5.27: 31 72. 241 20+%| $. 36.28 2| SUCRE Se 2d:07 pr 2x 73; IP SSI O Eve 7 3| 5:36. 4 | 5:36. © | 5.34. 42 73:36. 281| 6.51. 22 4| 5:38: 362] 5. 38.41 | 5:37: 12% 74 1:45 | 7-17:35 LS 5e MOT SET 5e 5 9 4 74: 7:43: 30 6] 55-43-49 SEA AZ SENS TS JA NS ÉCRIS, Se 47822 |. 5:45 47% 8! 5.50. 8 | s#%50. 44212 5.48. 382 9] 5° 53e 72) 5-632/4) 551.37 to 5:56.362) 5,56. o | 5.55: 4% 11/6: o. 11 (5-50. 249|05.558 30 r2| 06: 4.18 |N6-M3- 4046 h2- are 13106. 10: LI | 6-00 RSR 2 14| 6.13. 24 | 16. 12:44 N6ur- 45e 15! 6.17:12 | 6.16: 35x 6.15:30z LÉNO 20 S2RINÉ 291 0M INC: 20 2 171 6.34 542] 6.33. 51 | 6.33. 5 18] 6.43. 41 | 6.42. 344] 6. 41.47 19] 6. 50. 0%] 6.48.452| 6.48. 4x 20| 6.53-28 ! 6.5$5.34 | 6-54 51 F 7. OP EI" 6 MONS 6.58. o+ 2217 SE 7 AGE 77 AE 23/7 9.43%] 7111.22) | 7. nr. 0 24] 712.31 | 7.14.174| 7-13: 473 2 NAMSCISRE|L 7-417-42) _7: 17: 7È 26| 7: 1921 7.124010 7: 20. 343 27] 7:22: 572] 724.374] 7-24 92 28726 47007 27- 4107-20 67 29| 7.28. 494| 7. 30. 48 | 7. 20. $8L 3910732175 7233" 49 11738203 | | . ' D ‘Er SA: ISTCAREELNT CE S ATION RE Sole Eco nO ne EE LL, 505 mie, le 6 Mai 1753, au matin, à calculée par M. PINGRÉ. DÉcLiKAISON | DÉCLINAISON | Différence ANGLE ANGLE de du de horaire horaire Mercure. Soleil. dédliaaifon de Mercure. du Soleil, l0 Sp o'N 34 8: 24.15 Phsr 2 239. pp 1039 3407 5° #5 32: 5 6: 13. 56 33253 20, 49 23: 47 197 CEST FENTE - 33-39 + 33253 7:26. AT: - 58:49 223.16 HAS 39242 345 32:57 58:56 | + 32. 462 T7: LS » 32-417 29. $2+ 13222 12. 72 : 32 18 15+ © ‘32.24 33 I 200 . 36. : 3 4 32.14 |16.36. $:213. 51:169.49. 3 |69.5$1.19 sq2 03 |16.36.080 13.55 |68. 55. 1u|68.57.372 .32. 4 |16.36%10' |4 6 |68, 12.52 |68. 16. 45 Dr sha 16.36.12 |4 151167. 27. 231]67. 30. 221 -31: 592116. 36.1 AL bé 66. 38. 311166, 41. 45 KZ Ms S 34-252 LR 34- 242 157-115 CE | -23 . 19: 39 34: 137 SAR 5 6 34 105 © [95: 4-45 Différence ên: d'Afcenfion cgrés droite. ; "M SA à 4..38 | 4 26 4.18 | ‘4 17 AT 2 CAS TR 355 6%] 3:46 262 BE De, er 35 39 D'ahhbl 372$ 3+ 20 3: HI > 3m" | --2-r 02 2°, 52.)-2: 442 2. 49 2.41 218]. 2. 122 2« 43] 1: $9 1. 52 1. 47 1.39 | 1-342 0. 58 | o. 55 O. 42:| O. 40 O.—2 | 0,—2 O8 + O.-F7 ©. $32| oO. Sr GB 0.55 1. 28 1.12 1.53%) 1. 481 1. 56 | 1. 50 SROCN EE 2.016060] "2-tro 2. 36+| 2.129 2. $3 | 2.457 24 $9 |.2: $1= 3-.133l 3° 52 ff 3 5 - 506 MÉMOIRES PRÉ MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE EEE ns EE | Z AE HEURE HEURE PRE ANGLE Vraie a du pañge du du haut, de Mercure, “ | pañage d'un bord|du bord intérieur] paf. de Mercure paf. a Mercure vertical dé Mercure dégagée © du Soleil du Soleil par avec le méridien , de À a par le fl vertical. | par le fil horizont, le fl vertical. le fil RTC RT du côté du Nord, la parallaxe nm GE ZAR MERE PEUT UM S |A M MS OM à 31| 7. 50.36 SI sue 7e 50. LÉ 7. 0:272|5 127.20 32 LA . 8. 6. 107 Sal 10 134. 5-48 33| 8. 8, 100.25$e 5 |3439-14 34| 8. dE Se 101.23.21 |35. 31. 38 35| 8. 8.16: 221018 305 S 87 56 8. 8.43. 12 |107. 31:29 |40.41e. 21% 37| 8. 8. 49.24 |108.49.26 |4r. 4r. 30 381 8. 8, 52 42. 20 36 39| 8. 8.59. 43° 30. 53 Ho PUS 44e. Ve 4 SEE eriye 44° 36. 9 EEE JEMOLS ÿ + 45+ 4S< 13. 31 23 0. 9. 13. 48 32 45. 44 38 a: 9 167 Moss cs AD ANNEE A ETEER 46.19. 1 | 22100) LUCE 46. 38. 56 | 46| 9: PO 2 47: 21. 14 47| 9- ACER 47: 57: 56 48| 9. n°3 48.43.53 |" 49| 9: 9: 39 49:49:33 [M 591 9: 942 50. 19: 32 [M 2x NE DL7 50. 54 30 L: 52] 9. 9.50 51-26. 2 ]N 53! 9. 9: 53: 51.59.45 [M 5+109; 9- 58. 52.45.20 Ju \DSAERSE 10. 2. s3- 15.21 | 10, 6. 10.12.11 |10. 9.46 |10. ro. 10.15.29 |10.13. 8 |10.13. $ 4e 47: 592 10,19. 32+[10.16.47:|10. 17. $$- 17. 232, CÉRA RSR RE LA RER AE EE 2 M LR RE BR E D is er 53: 47 22 $4+ 20. 26% DES SCIENCES. $07 EEE Différence ANGLE ANGLE Différence La même de horaire horaire en afcenfion| €n see dédinaifon.} * de Mercure. du Soleil, droite, - de du Mercure. Soleil. e grand cerde, l0 S2P o'N | DÉcLINAISON | DÉCLINAISON 31 . 45-102. 1.34 4. 252 . 14 92 14158. 20. 21 9 - 56 33 $7- 33- 10 35 21 34 + 382156. 19.16 S1+ 37 35 32/55-41.55 S77 43 36 57 9 36 He 12337 'E: 35 + 32° 107 . 48. 24 0 VO \O NO 9 0 | oo Co SJ] M] la La a a ET BE Lie OT SES EN LS ©] C2) 1= 9 © W co | coco N Nu da mi + #p À ——_—_—_——__— | | | —— ——— | 9: 58 10.15 10, 41 raciic IFANA3Z 11. 20 Ir::43} 11. 45 12. 20 12. 21+ éli6%204 4 lr6. 38. 12/8. 572128: 20.45 12. 30 12, 46 LE HE Sffi 508 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE P.‘'attouchement des bords du Soleil & de Mercure à 10t 14 4" Dernier attouchement ou émerfion totale ......à 10.17. 48. Donc, émerlonkdu® centre. es aie saflable sole LOIS. 510: Les angles & pofitions marqués dans la fixième colonne & dans les fuivantes, font calculés pour les temps vrais marqués dans la quatrième colonne, c'eft-à-dire, pour les inftans. du paflage de Mercure par le fil vertical. J'ai pris les déclinaifons du Soleïl dans les Tables ou dans fes: Éphémérides: quand il y auroit quelque erreur dans cette co- lonne, elle ne tireroit point à conféquence, parce que m'étant fervi de cette déclinaifon du Soleil pour calculer la hauteur & la déclinaïfon de Mercure, s’il y a erreur dans une déclinaifon, il y en aura une pareille dans l'autre, & par conféquent la différence des déclinaifons reftera toûjours la même. Pour conclurre maintenant de ces calculs les élémens des mouvemens de Mercure, j'ai dreffé une carte ou figure, fur laquelle jai phicé, le plus exactement qu'il m'a été poffble, les Obfervations de M. Garipuy; j'ai donné à Mercure un diamètre d'environ 1$ fecondes. Une ligne tirée de la pre- mière obfervation, un peu au nord du centre de la cinquante- huitième, coupoit environ cinquante fois le difque de Mercure, Entre les huit ou neuf obfervations qui fe trouvent déplacées, ilen eft quelques-unes qui font manifeftement fautives; mais peut-être leur erreur ne vient-elle que du Copifte qui les a tranfcrites : jai corrigé une de ces fautes à la feizième obfer- vation; le paflage de Mercure au vertical étoit marqué à 6h 28" 14", cette obfervation étoit la plus déplacée; j'ai mis 4"+ au lieu de 14"2, l'oblervation s’eft trouvée une des plus juftes. J'ai combiné les huit premières obfervations avec l1 cin- quante -unième & les fuivantes, en excluant cependant. la cinquante-troifième, qui eft manifeftement fautive: ces combinailons, au nombre de feize, m'ont fait d’abord déter- miner l'angle de l'orbite de Mercure avec le parallèle à l'Équa- teur paflant par le centre du Soleil. Prenant un milieu exact entre les feize déterminations, cet angle fe trouve de 274 nu En DES:SCIENCES. s09 27 26": fi on en Ôte l'angle de l'écliptique avec ce parallèle, qui, au moment de la conjonction de Mercure, étoit de 16% 50’ 40”, on aura l'inclinaïfon apparente de l'orbite de Mercure à l’écliptique de 104 36° 46”, Par un nombre égal de combinaifons, j'ai trouvé que Mercure, ayant même afcenfion droite que le centre du Soleil, étoit diflant de ce centre de 2° 3 9" k 3 5 ; que fon mouvement horaire fur fon orbite étoit de 4 1,2; enfin que l'heure de fa conjonétion en afcenfion droite à Touloufe eft 6h 42" 4". De ces déterminations, on peut condurre ainfi tous les élé- mens du paflage de Mercure. Soit CT écliptique, OR Ia route vraie de Mercure Ar) Fig. 1. V'efpace d’une heure, à commencer, fi l'on veut, depuis l'inftant de fa conjonction écliptique; tirez O Æ, qui fera par confé- quent perpendiculaire fur EC; tirez pareïllement CR perpen- diculaire, & © P parallèle à l'écliptique ; que le centre du Soleil: durant l'efpace d'une heure ait parcouru la partie de Yécliptique ET ; tirez TM perpendiculaire aux deux parallèles ÆC, OP, le point M repréfentera la conjonétion écliptique de Mercure, AZR fera fon mouvement horaire apparent fur fon orbite: nous l'avons trouvé de 4° 1",2. L'ange PAR fera linclinäifon apparente de l'orbite de Mercure fur l'éclip- tique: cet angle eft de 104 36° 46”; donc eonnoiffant les angles du triangle reétangle APR, & fon hypoténufe MR, on trouvera le mouvement horaire apparent de Mercure flon Fécliptique, où AP, de 3° 57",1. En fuppofant les diftances de Mercure au Soleil & à fa Terre ‘dans le-rapport que donnent les Tables de Hilley, . le mouvement horaire héliocentrique de Mercure fur fon ae eft de 4 5 63: réduit à l'écliptique, il n'eft que e l'age, La Fay EC eftl'écliptique, /ÆQ Ie parallèle à l'Équateur qui paffe par le centre du Soleil #, 27 Lorbite apparente ‘de Mercure, 83 le lieu du nœud de Mercure, D T'interfec- tion de fon orbite avec le parallèle. Du point S centre du Soleil, tirez SA per bendiali {ux le parallèle AREAS S{f üj Fig. Fige Je $10 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE So perpendiculaire fur l'écliptique, & SA perpendiculaire fur l'orbite: SA mefure la diftance de Mercure au centre au moment de fa conjonction en afcenfion droite; cette diftance a été trouvée de 2°°39",3 5: So fera la latitude de Mercure au moment de fa conjonétion écliptique: S AZ enfin repré- fentera la moindre diftance des centres du Soleil & de Mer- le cure. Ces trois lignes étant perpendiculaires fur lécliptique, parallèle & l'orbite, feront entr'elles refpectivement des angles égaux à ceux de l'écliptique, du parallèle & de l'orbite. Ceci pofé, dans le triangle SAZA, rectangle en 47, outre les angles, on connoît l’hypoténufe SA: on trouvera S 44, moindre diftance des centres, de 2° 21",4; héliocentrique, 2° 53",7; & réduifant //A en temps, on le trouvera de 18° 17”, qu'il faudra fouftraire de 6" 42° 4", heure de la conjonction en afcenfion droite. Mercure a été au milieu de fon paflage à 6h 23° 47". Dans le triangle 75% reétangle en 7, on connoït Îes angles & le côté SAT: en calculant, on trouvera S'+, latitude de Mercure en fa conjonction, de 2° 23,9; héliocentrique, 2° 56",7; & Mo, réduit en temps, de 6" 3 5" +. Ajoütant 6” 35" + à l'heure du pañlage de Mercure au point 47, on trouve l'heure vraie de {a conjonction écliptique de Mercure à 6h 30" 22" Enfin dans le triangle SR, rectangle en S, on connoît, outre les angles, le côté So : on trouvera l'autre côté SR de 12° 47,8, ou vû du Soleil 15” 43",1. De cette déter- mination, l'on peut ainfi conclurre le lieu du nœud. Soit OP 'écliptique, LP le lieu de la Terre, & 2 le lieu de Mercure en conjonction, O le vrai lieu du nœud de Mercure, Me lieu apparent de ce nœud, le tout vû du Soleil ; il eff clair que tout ceci ne peut être, qu'autant que OZ, diflance entre le nœud vrai & le nœud apparent, fera égale au mouvement vrai de Ja Terre dans l'efpace de temps qui fe fera écoulé entre l'heure du paffage de Mercure par fon nœud ©, & celui de fa conjonction édliptique À. Nous venons de voir que la diffance apparente entre ces deux points, réduite à l’écliptique, AATUDÉE::S SCIENCES. six où PM vüe du Soleil, étoit de 1 5’ 43° ,1. Si Mercure . 4 “LA 92 par heure, pour faire 15° 43",1, il emploiera FS 14 1! 9 & ‘aura par conféquent paflé l'écliptique à 3h NT 16° 2° +. Maisen 3h 14° 109", la Terre parcourt 7' Sa de tédibéque, à à raifon d'un mouvement horaire de 2” 24",9; ; donc OM eft de 7° 53"2+; donc PM + OM ef de 23! 36"+; donc à heure de ha conjonction de Mercure, la vraie diflance de la Terre au lieu du nœud de Mercure étoit de 23° 36"2. Deien ja Connoiffance des Temps, la Terre étoit alors en m 154 47 45" 2: le lieu du nœud defcendant de Mercure étoit donc en mn. 1 51 24 9", & celui du nœud afcendant en # 154 24’ Enfin, en réfolvant le ringle POR , rettangle en P, dont on connoît les deux côtés OP, PR, on trouve angle POR, eu l'inclinaifon vraie de l'orbite de Mercure, de 74234" 512 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A'L'ACADÉMIE M É M O.I1RE SUR UNE DOUBLE VEINE AZYGOS. Par M. GuATTAN:, Correfpondant de l’Académie. É o ü T le monde fait que la Veine azygos fort poftérieu rement dela veine-cave fupérieure: je l'ai trouvé double dans un cadavre que j'ai difféqué, Si Fon-confulte les Auteurs fur cette fingularité, on verra qu'elle eft différente de celle que décrit M. Winflow dans fon P.399,ù4° Éxpoñtion anatomique, lorfqu'il dit « qu'il y a quelquefois » du côté gauche une feconde azygos entière qui vient de l'arcade » de lazygos ordinaire, &{e diftribue à gauche, comme l'autre à droite; » mais je conviens qu'elle eft femblable à celles que Lancifi a rencontrées comme moi, & qu'il décrit dans fa Difler- pie tation de ven& fine pari, adreflée à M. Morgagni: il y eft dit 78e à 82. bien précifément que la droite fe jette dans la veine-cave fupérieure, & la gauche dans la foûclavière gauche. Le texte même de Lancifi fera ma defcription; mais comme perfonne n'en a donné la‘figure, j'ai’cru qu'elle feroit agréable à J Académie. x &) Page 8e. Lancifi, apyès avoir dit, Que verd inchominibus finiftra ali- quand invenitur, in lefam fubclaviai fefe exonerat , ajoûte: Page 82. feduld tamen hic quoque, animadvertendum duco , Naturam variis modis in divaricandis venis, que fanguinem ab intercoffalibus mufculis referunt, ludere confueviffe; ita ut fæpius quäm vulgus Anatomicorun: hucufque putavit, finiffro in latere alia vena de- prehendatur, que azyge officium praæflat : ipfe enim in frequentibus cadaverum feétionibus jam decies aut etiam ampliuis illam (fæpius - tamen in fæminis præfertim quæ thorace longiorigaudebant, quam in viris) obfervavi e& lege diflributam, ut non cum ven& cavä, fed cum fubclaviä copularetur, atque à quinque aut [ex tantüm fu- perioribus intercoflalibus fpatiis per confpicuos ramos fanguinem reduceret,ulrimumque ejus furculum fub aort& defcendere in dexteram azygant | ns RME Te | Po, 612 PLAVIT. : À _Jgure 2. av Ætrang Toma" Pa PLATIT. EN + finure 2e D EUS SAC E IN: CIECS $13 agygam tranfverfo itinere protenderet , atque interim ab inferioribus lævarum coflarum mufculis venofæ propagines pro confueto naturæ more in dextram venam fine pari mitterentur. Quare in finiffro latere cum etiam invenitur , nonnifi hemiazyga dici poteff. EXPLICATION DE LA FIGURE. A À, veine cave fupérieurc. B B, veine foûclavière droite. C C, veine fouclavièére gauche, DE, les jugulaires. F, l'endroit où la veine azygos prend ordinairement naïffance. G, le principe de la veine azygos double. aaa, les veines intercoftales du côté droit, partant de l'azygos ordinaire. Bbb, les veines intercoftales du côté gauche, partant de l'azygos double, ' ce, anaftomofe de ces deux veines. — Say. étrang. Tome 111. 11 14 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L ACADÉMIE 514 DOSSLCU.S SE O IN, D'UNÆENQUE STION, D'OPTIQUÉE Par M. pu Tour Correfpondant de l’Académie. I. N objet fur lequel nous arrêtons les yeux, fe peint fur June & l’autre rétine; limage de l'objet eft double, & l'objet nous paroït double effeélivement toutes les fois que les deux images tombent fur des portions des rétines fituées en fens contraire à l'égard des axes optiques, ou inégalement éloignées des points où ces axes aboutiflent, ou enfin non correfpondantes entrelles. Mais f1 les deux images fe peignent fur les rétines, foit précilément aux extrémités des axes optiques, foit à d'égales diflances de ces points fur des parties correfpondantes, ob; »jet paroît unique, quoique l'image foit double. Dans ce dernier cas, lame reçoit-eile limpreffion des deux images à la fois, ou bien n'y en at-il qu'une des deux de Ja part de qui elle foit afledtée fenfiblement? II. J'ai fait les expériences fuivantes dans la vüe de dé- mêler ce qui en efi. J'ai collé fur l'une des faces d’une feuille de carton un cercle de 1affetas bleu d'un pouce de diamètre, & fur la face oppofée un äutre cercle de pareille grandeur de tafletas jaune, de forte que les deux cercles fe trouvoient exalement adoffés l'un à l’autre fans fe déborder aucunement. J'ai difpolé ce carton tout contre mon nez dans un plan ver- tical, & perpendiculaire à mon vifage; de mon œil droit je voyois feulement la tache bléue & non la jaune, & c'étoit celle-ci qui s'offroit à mon œil gauche exclufivement à Ia bleue; ainfr chacune de ces taches fe peignoit féparément, la bleue dans mon œil droit, la jaune dans mon œil gauche. Cependant je ne difcernois en tout qu'une feule tache; des deux images, il ne réfultoit dans mon ame que la perception d'un objet unique. Si cette perception eût été le produit combiné des impreflions fimultanées des deux images, la :PLYX VTT. Leg. Ê14 N La X Ÿ à à Jon Etrang Tom]. DAS SSI EUL IEINL CG. IELS S15 tache n'auroit-elle pas dû me paroïtre verte? or je n'ai pû y démiéler aucune teinte de verd. Cette tache unique que ‘J'apercevois, me paroifloit tantôt bleue, tantôt jaune, felon apparemment que les rayons de lumière réfléchis par l'un où l'autre des deux cercles frappoient avec plus d'énergie l'un ou l'autre de mes yeux: quelquefois aufir la tache me paroi. foit mi-partie de bleu & de jaune; ce que j'attribue encore à ce que certaine portion du cercle bleu s’ofroit plus avan- tageufement à ma vüe que les endroits correfpondans du cercle jaune, tandis que réciproquement tout le refte du cercle bleu affectoit plus foiblement ma vüe que la partie correfpondante du cercle jaune. N'y a-t-il pas lieu de conclurre de-à, qu'en un même inflant mon ame ne reflentoit l'impreffion que de la moitié de la fomme des rayons de lumière réfléchis par les deux cercles, & qu'elle ne fauroit être afle@tée à la fois par deux points correfpondans des deux images? car fi cela étoit, ces deux points, qui dans Ja perception de l'objet fe -trouveroient appliqués Fun fur l'autre, ne feroient repréfentés que par un feul qui feroit coloré tout à la fois en bleu & en jaune, & par conféquent devroit paroître verd. III. Au refte, trouveroit-on beaucoup de difficulté à fuppofer que de deux telles impreflions fimultanées qui s’e- xercent {ur les filets nerveux de l'un & de l'autre œil, & qui vont vrai-femblablement coincider toutes deux au même point de la partie où ces filets font réunjs, il n’y en ait qu'une feule qui foit, fenfible par préférence & exclufivement à l'autre? II fufhroit pour cela que ces deux impreffions ne fuffent pas abfolument égales : dès qu'il y en aura une des deux qui agira fur l'organe plus foiblement que fa correfjondante, il n’eft pas étonnant que l'ame, émue par celle-ci *, ne foit point affectée par la première, ou n'y fafle pas attention. Or, combien n'eft-il pas de circonflances dépendantes, foit de l'objet, foit de l'organe, foit de la lumière, qui peuvent contribuer à rendre inégales ces impreffions fimultanées! & de combien de com- binaifons ces circonftances ne font-elles pas fufceptibles! Peut- être mème le cas d'une égalité d’attion entre deux impreffions Tttij + Voy, Œuvres deMariotte pag. 317, Ÿ' Eflaë de Ph yfique de Mufch. pes 82. Fig. 3. 516 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE correfpondantes eft-il infiniment rare, ou prefque impoflible, IV. Si on regarde des deux yeux le point À, foppofé à quatre ou cinq pouces de diflance, & qu'on place fur les axes optiques £ A, GA, en decà du point À de leur inter- fection, deux petits morceaux de taffetas, l'un bleu en D, l'autre jaune en C, on ne verra qu'une feule tache ou bleue, ou jaune, ou mi-partie de ces deux couleurs, & jamais verte, & on la jugera fituée fur la ligne À À, qui coupe en deux parties égales Yangle D AC. V. Cette expérience eft analogue à la précédente, les effets font les mêmes, ils réfultent des mêmes caufes, & on doit en tirer les mêmes conféquences : elle diffère de la première, en ce que dans celle-ci les objets colorés fe rencontrent en- femble précifément au point d’interfection des axes optiques, au lieu que dans la fconde les objets colorés font difpofés féparément fur les axes optiques entre ce point d'interfection & les yeux. Il y auroit une troifième façon de les difpofer fur les axes optiques, favoir, au delà du point À de leur interfeétion, en P & en A, par exemple, & les apparences feront encore les mêmes alors, tant qu'on ne pourra difcerner chacun de ces deux objets qu'avec un œil. Pour obferver cette condition, il faut placer entre les yeux & les objets un carton À, percé d'un trou, où l'on fera rencontrer le point À d'interfeétion des axes optiques £ NW, GP: par ce moyen on ne verra qu'une feule tache, où bleue, ou jaune, fi lon a attention de tourner les yeux de façon que les deux morceaux de taffetas MN, P foient précifément chacun dans ka direction d'un des axes optiques. VI. Je me fuis mis à la diftance d'environ douze pieds, & en face d'un tableau qui en avoit huit de largeur, & j'ai placé entre mes yeux, dont les axes optiques PO, GO fe croi- foient vers le milieu © du tableau AT, une feuille de carton KL, la foûtenant entre mes yeux dans une pofition verticale & perpendiculaire au plan du tableau. Alors clignant alter- nativement l'œil droit & le gauche, je n'apercevois avec l'œil ouvert, dont je ne changeoïs aucunement là première diretion, DES SCIENCES. S17 qu'une portion du tableau AC ou RAT; & à la place de fa partie reflante du tableau CT ou AR, que le carton me déroboit, je voyois la face du carton tournée vers l'œil ouvert: je les ouvrois enfuite tous deux enfemble, les con- tenant toüjours dans la même direction; je diftinguois alors le tableau en entier, mais je ne diflinguois que le tableau & non le carton, que je continuois à tenir entre mes yeux, & qui fembloit cependant avoir difparu. Dans cette dernière circonftance, la furface S du carton KL étoit peinte fur la rétine de mon œil droit en 2 A, tandis que la portion AR du tableau étoit uniquement peinte dans mon œil gauche (le carton dérobant cette portion du tableau à mon œil droit) en DE fur la partie de la rétine correfpondante à BA, relati- vement aux axes optiques PO, GO. Donc, puifque je dif- cernois cette partie À À du tableau, & nullement la furface S du carton Æ L, il faut néceffairement que des deux impreffions fimultanées que ces deux différens objets tendoient à produire conjointement fur la même portion du cerveau, il n'y eût que l'impreflion faite par l'image DE de la portion AR du tableau qui füt efficace & dont mon ame füt affectée. Elle aura éclipfé & rendu nulle l'impreffren de l’image correfpondante BH du cordon, & cela fans doute parce que la première image DE eft plus marquée que ne l'eft l'autre À Æ. En effet, conféquemment à la difpofition des circonftances, le faifceau des rayons de lumière qui partent de chaque point de l'objet AR, doit fe réunir précilément fur la rétine, au lieu que le faifceau des rayons qui partent de chaque point du carton ÆL, trop rapproché des yeux, ne {e réunit qu'au delà de la rétine. VII. Si les faits que je viens de rapporter concourent à établir, que de deux objets qui fe peignent dans les yeux il n'y en a qu'un feul qui affecte l'ame quand leurs images tombent, ou aux points des rétines où les axes optiques abou- tiflent, ou fur des points correfpondans entreux, à plus forte raifon ferons-nous fondés à admettre qu'un même objet ne peut produire en pareil cas qu'une feule impreflion efficace Tttiü Fig. 8. $18 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE fur lame, quoiqu'il fe peigne en même temps dans lun & l'autre œil. J'ai cru cependant qu'il étoit à propos, pour ache- ver d'échircir la queflion autant qu'il m'eft poflible, de dif cuter ici un autre fait qui y a rapport, & für lequel les Phyfi- ciens ne s'accordent point: le voici. Si on regarde avec un feul œil 2 lobjet , il paroît fitué en B: fi clignant à fon - tour l'œil D, on le regarde avec l'œil G, celt en C qu'on fe le repréfente. Qu'on ouvre enfuite les deux yeux enfemble Efaite Phf. fux le même objet €, M. Muflchenbroek * dit qu'alors on #./ 1229. jugera l'objet placé en Æ' à égale diftance des points 3 & C; v Cap. 95, & cependant M. Leclerc, au rapport de M. Polinière P, page jo 6: prétendoit qu'on ne le verroit qu'en B ou qu'en C, dans lune des deux places qu'il paroifloit occuper lorfqu'on ne le re- gardoit qu'avec un feul œil. Rien ne femble plus oppofé que ces deux obfervations; ainfr, perfuadé qu'on ne pouvoit - admettre l’une fans exclure l'autre, je me fuis mis en devoir, pour conflater à laquelle des deux il falloit s'en tenir préfé- rablement à l'autre, de vérifier le fait contefté, & je vais rendre compte de ce que jai fait à cet égard, après avoir remarqué en pañlant, qu'il réfulte du fait tel que M. Muffchenbroek lexpole, que lorfque lon confidère l'objet des deux yeux, lame porte un jugement différent fur la pofition de cet objet S, de celui qu'elle en porte quand il ne fe peint que dans un feul œil, puifque l'endroit où elle rapporte l'objet n'eft plus le même. Cette différence ne peut, ce femble, être mife que fur le compte de l'aétion combinée des deux images; ce qui conduit à foupçonner que l'ame reçoit en même temps les impreflions correfpondantes de lune & de l'autre: aufir, en cherchant à vérifier le fait en queftion, cherchois-je à connoitre la valeur d’une objection faite d'avance contre une hypothèfe qui d'ailleurs me paroïfloit très-probable. VIII. Je difpofai horizontalement & bout à bout trois morceaux de rubans d'environ deux pieds de Iongueur chacun, . Jun rouge AB, l'autre verd 2C, & le troifième jaune CD ; je me plaçaï vis-à-vis & à une diftance d'environ douze pieds : une baguette, fituée verticalement, sélevoit par le point DES, SLEUEN CES. s19 d'interfe&tion S, où lesaxes optiques de mes yeux fe croifoient, en fe dirigeant, le droit au point B, le gauche au point €, & j'avois mis à chaque extrémité du ruban verd, c'eft-à-dire à chacun des points B &-C, un petit cercle de papier blanc, Lorfque je ne tenois ouvert qu'un feul œil, qui étoit dirigé vers l’objet S, je jugeois les trois rubans & les cercles de papier difpofés comme ils l'étoient en eflet, & l'objet $ me paroifloit placé fur le point Z ou fur le point €, felon que Jemployois l'œil droit ou le gauche. IX. Ayant enfuite fixé les deux yeux à Ia fois fur l'objet S, je le jugeai en Fprécifément vis-à-vis de moi & au milieu du ruban verd. Derrière cet objet S, je voyois deux cercles de papier; j'en voyois un troifième à gauche, & un quatrième à droite, & ces deux derniers terminoient de part & d'autre le ruban verd qui me paroifloit avoir doublé en longueur, fans cefler d'être renfermé entre les deux autres rubans rouge & jaune ; en forte qu'alors l'apparence étoit telle que fr, y ayant eu deux rubans verds appliqués lun fur l'autre, & tous deux terminés par des cercles de papier , ils fe fuffent détachés de concert, en s'avançant l'un vers la droite, l'autre vers la gauche, jufqu'à ce qu'ils ne fe touchaffent plus que par deux de leurs extrémités, & que les deux cercles de papier attachés à celles-ci fe rencontraffent précifément derrière l'objet S. X. Je me réferve à donner ci-après l'explication de ce phénomène, & de nouvelles preuves de fa réalité: en atten- dant, arrêtons-nous ici à confidérer qu'il tranche abfolument la dificulté que l'obfervation de M. Muffchénbroek pourroit fournir contre mon hypothèfe, & qu'il en réfulte que la di- vérfité des jugemens que porte notre ame dans les deux cas fpécifiés fur la pofition de objet $ en 2, en C ou en F, ne fauroit être alléguée comme un indice que l'ame peut être afieétée par les impreffions fimultanées de deux images formées fur des portions correfpondantes des deux rétines. XI. Je commence par convenir que, conformément à Tobfervation de M. Muffchenbrock, l'ame forme, dans les deux cas fpécifiés, des jugemens différens; puis j'ajoûterai $20 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE en même temps que les impreflions qu'elle reçoit & qui les occafionnent, ne font pas les mêmes, & qu'ainfi il n'y a pas lieu d'attribuer ici la diverfité de fes jugemens à cela préci- fément que l'image eft peinte dans un feul œil, ou fimple dans le premier cas, & imprimée dans les deux yeux, ou double dans le fecond cas. Si dans les deux cas les objets repréfentés dans les yeux ne produifent pas les mêmes impreflions fur ame, il n’eft pas étonnant qu’il y ait de la différence entre les jugemens qu'elle porte à l'égard de ces objets, la caufe sen préfente d'elle-même dans la variété des impreflions: pourquoi la cher: cheroit-on ailleurs! On n'eft donc aucunement aftreint à la faire confifter en ce que l’image eft fimple ou double; & dès-lors 11 conféquence qu'on voudroit tirer de cette dernière raifon, en faveur de l'efficacité des impreffions fimultanées de deux images correfpondantes entr'elles, porte à faux. XII. Il ne s’agit donc plus que de montrer que quand on regarde l'objet S'avec un feul œil, Fimpreffion que l'image qui sy peint produit dans Fame eft bien différente de Fim- preffion dont elle eft affectée par les images qui fe forment dans les deux yeux fixés enfemble fur le même objet ifolé S. Dans le premier cas, limpreflion que lame reçoit eft celle de l'image abgm, ou de l’image #pcd, qui ne diffèrent lune de l'autre qu'en ce que l'objet S paroît dans une fitué entre le ruban rouge & le verd, & dans l'autre entre le ruban verd & le jaune : mais dans le fecond cas, & quand les deux yeux font fixés enfemble fur l'objet S, l'impreffion dont l'ame ft affectée, eft celle de image »p —gm, où le ruban verd a plus d’étendue que dans les deux premières, & où lobjet S paroït occuper le milieu du ruban verd, devenu double en apparence. XIII. Dès que l'expérience nous inftruit que lame reffent des impreffions différentes dans les deux cas en queftion, il eft naturel aflurément de faire dériver de cette diverfité d’im- preflions la diverfité des jugemens qu'elle porte fur la fituation dé LS de. do SE RE D, RE à SICRRAE AN € Æ fs S2I de l'objet S'; elle en doit juger par comparaifon à Ja pofi- Fig. 6. tion apparente des points 8 & € qui fe rencontrent dans la direction des axes optiques. Quand on regarde l'objet S avec un feul œil, le point 2, ou le point C, paroit fitué comme il left naturellement, à gauché ou à droite, relative- ment à l'œil; & l'objet S, que l'ame juge toûjours fur un de ces points des axes optiques, doit paroïtre auffi par conféquent à gauche ou à droite à l'égard de notre œil, & ceft-là que nous le voyons. Mais regarde-t-on l'objet S des deux yeux! alors, comme nous f'avons remarqué ci-devant d'après l'expérience, l'efpace BC, compris entre les deux axes optiques, devient double, & if exifte comme deux efpaces apparens ZC, difpolés bout à bout Jun de Fautre, & dont les bouts qui fe touchent, & les cercles de papier qu'on y a attachés, coincident dans un même point; ce qui indique que les points B & €, fur lefquels ces cercles de papier ont été attachés, y coincident auffr enfemble: 1à- deflus l'ame peut fuppofer que pour {e rapprocher ainfi lun de l'autre, ils fe font avancés également & à frais com- muns; au moyen de quoi, le point de réunion des points 2 & C fera jugé être placé directement vis-à-vis & en face de TObfervateur, & l'objet S paroïtra auffi placé au même point, parce que la pofition apparente des points Z & C ne peut manquer de décider de celle de l'objet S. XIV. Il réfulte que l'obfervation de M. Mufichenbroeck & celle de M. Leclerc diffèrent moins l'une de l'autre que je ne l'avois penfé d'abord. Ces.deux Auteurs phyficiens ont con- fidéré les chofes fous différens points de vüe, & on peut prefque les concilier. En effet, il eft certain que lorfqu'on regarde un objet ifolé S, des deux yeux, & que les points Z & C font dans la direction des axes optiques, on ne fauroit jamais Fig. 9. voir, ainfi que l'avance M. Leclerc, l'objet S placé autre part que fur les points Z ou €, ou, plus exaétement, que fur tous les deux à la fois, puifque ces deux points 2 & € font mobiles & fe réuniffent en apparence derrière l'objet S, ou, ce qui eft Ja même chofe, puifque les deux axes optiques paroiffent Sav. étrang, Tome 111. V uu 522 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE toüjours avoir une direction commune. De plus, il eft éga- Jement vrai que, fuivant l'obfervation de M. Mufchenbroeck, l'axe optique qu'on jugeoit dirigé obliquement à la ligne BC, quand on ne regardoit l'objet S' qu'avec un feul œil, paroït dirigé perpendiculairement à la même ligne 2C, quand on vient à fixer les deux yeux à la fois fur l'objet S, M. Muf- _ fchenbroeck avoit préfumé que ce phénomène étoit contraire à celui que M. Leclerc rapportoit; mais l'expérience, en nous apprenant que les points À & © font alors mobiles en apparence, nous laïfle concevoir comment ces deux phénomènes peuvent fublifter enfemble. X V. Pour s'aflurer d’une façon encore plus convaincante de la mobilité des points Z & €, il n'y a qu'à faire l'expé- rience la nuit, & mettre une bougie allumée en l'un des points où lon rapporte l'objet S regardé avec un feul des deux yeux alternativement, en 2, par exemple; & lorfqu'on fixera les deux yeux fur Fobjet S, on croira voir deux lu- mières, une au même point À, & l'autre au point Æ, où Yon juge alors l'objet S. Ainfi la lumière, ou, ce qui eft la même chole, le point fur lequel l'œil droit voyoit l'objet S appliqué, fe tranfporte en apparence du point B au point Æ, XVI. Je reviens fur mes pas, & je vais rendre raifon du phénomène que j'ai rapporté au n.° IX, ceft-à-dire, de lalongement apparent du ruban verd BC, dans le cas où les axes optiques qui tombent fur les points Z & €, fe croifent en S'dans l'intervalle qui fépare le ruban des yeux. Confultons à ce fujet la gg. C, on y voit comment chacun des trois rubans fe peint dans chacun des yeux: dans l'œil gauche, les images de, cp, pa repréfentent de gauche à droïte les rubans jaune CD, verd BC, & rouge À B ; & dans l'œil droit, les images mg, gb, ba repréfentent encore de même de gauche à droite ces trois rubans, le jaune CD, le verd 2€, le rouge AB. Les images cp, ba font correflpondantes entr'elles *, * Dans les fig, 4 & 6, j'ai diftingué les portions des rétines qui font correfpondantes entrelles, en les défignant par des chiffres femblables. Les arcs de cercle pontués indiquent les portions des images dont l'impreffion eft efficace, L DE S1 Shore hwaceBiis 52} Les images dc, gb le font pareillement. Partant fi, felon l’hypothèfe que j'ai expolée, oh veut admettre que de deux images qui tombent fur des portions correfpondantes des rétines, il n'y en a qu'une qui affecte Jame fenfiblement, celle de l'autre étant inefficace à cet égard, on en conclura que dans chacune de ces deux paires d'images, favoir, d'une part cp & ba, & de l'autre de & gb, il doit y en avoir une qui devienne vifible, & l'autre non. Les réfüultats des obfervations nous apprennent que celles de ces images dont limpreflion fe communique, à l'ame efficacement, font les images cp & gb, & que l'impreffion des correfpondantes ba, dc eft nulle. En effet, fi l'impreflion des images ba, dc affectoient lame comme le font les deux autres, il fuit, dé ce que ces deux images ba, de font correfpondantes aux images çp & gb, relativement aux axes optiques, que l'ame devroit juger les deux images de, cp appliquées fur les deux images 44, ge, c'eft-à-dire, voir du jaune & du verd appliqué fur du verd & du rouge; mais nous ne voyons-1là que deux bandes vertes fans aucun mélange de rouge & de jaune, ce qui indique que les images ba, dc n'afleétent pas l'ame fenfiblement. IL eft pourtant réel qu'à gauche de la bande verte on dif tingue une bande rouge, & à droite une bande jaune; mais c'eft qu'indépendamment de ces images ba, de, que les rubans rouge AB, & jaune CD, produilent dans nos yeux, & dont les impreffions font inefficaces, les mêmes rubans jaune & rouge s'y peignent encore ailleurs, favoir, le ruban jaune dans l'œil droit en #g, & le ruban rouge dans l'œil gauche en pr, & c'eft en vertu de Fimpreflion de ces images mg & pn que les rubans jaune & rouge deviennent apparens. Ainfi il faut confidérer que dans ces circonflances l'ame reçoit les impreflions des images cp de l'œil gauche, & mgb de Yœiïl droit. cp xepréfente le ruban verd. pn repréfente le ruban rouge. mg xepréfente le ruban jaune. gb repréfente le ruban verd. Vuuij 524 MÉMOIRES PRÉSENTÉS 4 L'ÂCADÉMIE Le verd paroït donc deux fois, il eft double. Ces deux images cp, gb du ruban verd font raflemblées & fe fuivent dans la perception de l'ame, parce que le bout « de l'une de ces images & le bout 4 de l'autre fe rencontrent fur les axes optiques: L'image cpn étant peinte à droite de l'axe optique, doit, - felon les loix ordinaires de l'optique, être jugée à gauche, & eft effectivement jugée à gauche; au contraire, l'image ngb dt peinte à gauche de l'axe optique BD, & doit, felon les mêmgs loix, être cenfée, & eft cenfée à droite. Il fuit de-là, que la perception de lame doit être alors ,. € x celle de l'image #p--gm, conforme à celle’ que donne l'obfervation, & qui eftcompolce de deux parties, dont l'une ape-efk peinte dans l'ocil gauche, & l'autre 4gm eit peinte dans l'œil droit. j XVII. Je remarquerai cependant fur le point de l'alonge- ment de la bande vertesque je voyois entre la bande:rouge & la jaune, que je n'ai pas toûjours jugé les apparences auffr conformes à la théorie qu'il me fembloit qu'elles devoient l'être: je ne voyois pas diflinétement à la bande verte une étendue double de la réalité; mais cela ne viendroit-il pas de ce que les yeux étant arrêtés fur le point S, qui eft,à une difance confidérable des rubans, les images de ces ru- bans ne font jamais abfolument nettes? ils ne s'offrent que confufément à fa vüe, ce qui pourroit bien influer fur le jugement que l'ame porte à l'égard de leurs étendues ref pectives. Au refte, quelques légers changemens faits au pro- cédé de mon expérience m'ont procuré, dans de nouveaux réfultats, des preuves complettes qu'alors l'apparence du ruban verd doit être double de Ja réalité. XVIIE. 1° J'ai attaché fur le ruban verd un cercle de papier blanc, d’un pouce de diamètre; & lorfque j'ai dirigé mes yeux fur l'objet S, de façon que leurs axes optiques croifés aboutiflent aux points B & ©, le cercle de papier m'a paru double ; d'où il réfulte que le ruban verdi le devenoit D {E.S4. SIC ENNE G ei s: 525 de même, car il en devoit être de toutes les parties du ruban verd comme de celle où le cercle de papier étoit attaché. XIX. 2.° Au lieu de faire tomber les axes optiques qui fe croifent en $ fur les points 2 & C, qui féparent le ruban verd d'avec le rouge & le jaune, je me fuis pofté de façon qu'ils aboutifloient, Fun fur le ruban rouge, l'autre fur le ruban jaune, en P & en À, à trois ou quatre pouces de dif- tance des points relpectifs Z & C. Les apparences que j'obtins font rendues dans la fig. r 1... L'objet S me paroifloit, comme à l'ordinaire, placé en face: à droite & tout contre l'objet S je voyois une tache rouge, à côté de laquelle s’étendoit une bande verte, & à la fuite de celle-ci une bande jaune: à gauche de l’objet S s’ofroit une autre tache, mais jaune, d’où partoit une bande verte, fuivie d'une bande rouge. Il eft évident que les deux taches rouge & jaune rendoient les deux portions des rubans de ces couleurs PZ & CH; & puifqu'on diftin- guoit une bande verte à gauche de la bande jaune, & une feconde bande verte à droite de Ja tache rouge, n'eft-ce pas une . marque que le ruban verd qui fe peint dans l'un & l'autre œil, fait impreffion fur l'ame par chacune de fes deux images qui tombent fur des portions de rétines non correfpondantes entre elles? ce qui doit le faire paroître double. XX. 3.7 Ayant placé des bougies allumées aux points B & C, où interviennent les axes optiques croifés en $, & une autre entre les deux premières vers £, j'ai vû, en tenant' les yeux dirigés fur l'objet ifolé S, cinq lumières. Les trois bougies étoient peintes dans l'œil droit, favoir, une au point de la rétine où tombe l'axe optique, & les deux autres à gauche; & l’étant auffi dans l'œil gauche, favoir, une au point de la rétine où intervient l'axe optique, & les deux autres à droite, on auroit dû, ce femble, voir fix lumières; mais les deux qui tombent fur {es points des rétines où aboutiffent les axes optiques, n'en peuvent produire qu'une feule dans la perception de l'ame, puifque ces points des rétines font cor- refpondans entre eux. | XXI Et en eflet, ayant placé les trois bougies allumées s Vuu ii Fig. 10. Fig. 8. 526 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'AGADÉMIE fur trois points de la ligne BC, autres que les points 2 & C, de façon que l'image d'aucune des bougies ne pouvoit tomber aux points des rétines où aboutiflent les axes optiques, je diftinguai fix lumières. Ces obfervations achèvent de confirmer que lefpace compris entre les deux axes optiques, dans les circonftances mentionnées ci-devant, eft vü double, & rap- - porté par lame à deux endroits différens & difpofés bout à bout l’un de l'autre. XXII. I me paroît réfulter du détail dans lequel je viens d'entrer, que l'explication que je propofe, & qui eft fondée fur la non efficacité de l'impreflion d’une des deux images correfpondantes, formées fur la rétine, s'applique générale- ment & naturellement à toutes les circonftances de l’obfer- vation énoncée au n.° IX. Au refte, les apparences de cette obfervation faite avec les attentions que j'ai fpécifiées, font conftantes & fe repréfentent toujours les mêmes; & il en - réfulte évidemment qu’il eft des cas où un efpace BC, com- pris entre les points À & C, où aboutiflent les axes optiques croifés, & auxquels on rapporteroit la fituation de l'objet S, doit paroître double; mais en revanche il eft d'autres cas où le même efpace BC s'anéantit, pour ainfï dire, & difparoît à l'égard de lObfervateur, dont les yeux font cependant encore dirigés comme ils l'étoient dans la première obfervation. Un léger changement dans le procédé de mon expérience me procura ce nouveau phénomène, qui eft précifément l'oppolé du premier. XXII. Les difpofitions faites pour ma première expé- riences continuant d’être les mêmes, j'ajoûtai feulement deux . bandes de carton ÏV, M, la première en blanc, la feconde colorée en brun, que je plaçaï entre les rubans & mes yeux, de façon que la tranche intérieure de chacune de ces bandes de carton étoit rafée par un des axes optiques, & qu'elles marquoient, favoir la bande AN à mon œil gauche de ruban rouge & le verd, & la bande #7 à mon œil droit le ruban verd & le jaune. Je ne pouvois donc voir avec le premier que le ruban jaune, & avec le fecond que le ruban rouge. vtàè er DE JS à SNGTÉEN NN CL EL Sà à 527 Ayant ainfi les deux yeux fixés fur l'objet S, je le jugeois en F, auquel point les deux rubans rouge & jaune me paroif- foient réunis, je ne difcernois entr'eux ni le ruban verd ni aucun autre objet qui les féparät. Le bout du ruban rouge étoit, en apparence, immédiatement appliqué au bout du ruban jaune: à droite de celui-ci s’étendoit le carton 1, & à gauche du ruban rouge s’étendoit le carton N. Voyez la fg 5, qui rend cette perception de l'ame: elle n'étoit con- forme à aucune des deux images formées dans mes yeux. IL fuit de ces réfuluts, que dans ces circonftances tout lefpace BC qu'occupe le ruban verd, & qui eft compris entre les points où tombent les axes optiques 2 4, Cr, eft fupprimé à l'égard de l'Obiervateur, puifque l'extrémité Z du ruban rouge coincide avec l'extrémité € du ruban jaune. Il eft vrai que, felon la difpofition des choles, le ruban verd eft caché à Jun & à l'autre œil par les cartons V, 7; mais puifque dans cette feconde expérience l'image du ruban verd eft rem- placée dans chaque œil par celles des cartons V, A1, qui tombent fur les mêmes portions des rétines bg, cp, où le ruban verd fe peignoit dans la première expérience, & que dans celle-ci le ruban verd étoit cenfé interpofé entre le ruban rouge & le jaune, on devroit, ce femble, dans la feconde voir les cartons V & M interpolés de même entre le ruban rouge & le jaune: il eft cependant tout autrement, & nous allons examiner d'où dérive cette diverfité d'apparence. XXIV. Dans l'œil droit, le carton 7, le ruban rouge AB & le carton AN font peints de gauche à droite, & dans ce même ordre, fur les portions contigues gb, ba, an de la rétine. l Dans l'œil gauche, le carton 47, le ruban jaune CD & le carton A font peints auffi de gauche à droite, & dans cet ordre, fur les portions contigues m4, de, cpu de Ja rétine. - : Si, conformément à l'hypothèfe que j'ai adoptée, on conçoit que de deux images imprimées fur des portions correfpon- dantes de la rétine, il n'y en a qu'une qui affete lime Fig. 5. 523 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE fenfiblement, il fera aifé d'expliquer comment l'apparence faifie par l'ame dans ces circonftances diflere des images deffinées dans les yeux, en difant que de chacune des quatre paires de portions d'images correfpondantes, md, mg, de, gb, cp, ba, pr, an, il n'y a que les portions #4, dc, ba, an, dont lame reflente limpreflion, & que celle des portions correfpon- dantes mg, gb, cb, cp, pn eft nulle. Ainfi l'impreflion dont lame eft aflectée dans ces circonftances eft formée de deux impreflions partiales & fimultanées, favoir, de celle de fimage m de de Yœil gauche, & de celle de l'image an de l'œil droit. md, repréfente le carton 4. dc, repréfente le ruban jaune CD. ba, repréfente le ruban rouge 42. au, repréfente le carton A. Les points & c des images qui rendent les points 8 & C -des rubans, font joints dans la perception de l'ame qui eft b 7 x ,. x , , na — dm, parc qu'ils fe rencontrent lun & autre fur les [A axés optiques. L'image cm qui repréfente Ie ruban jaune & le carton 7, eft peinte à gauche de l'axe optique Ce, & eft vüe à droite conformément à la réalité, & felon les loix connues de l'optique : de même l'image ban qui repréfente le ruban rouge & le carton À, eft peinte à croite de l'axe optique B b, & efl jugée à gauche, conformément aux mêmes loix de l'optique. XX V. Ona, dans ma première & ma feconde expérience, deux procédés dont les eflets font bien contraires ; l'un double en apparence l'étendue comprife entre deux rayons vifuels, & l'autre DES SCIENCES. s29 & l'autre Ja fait totalement difparoître, quoique ces rayons vifuels forment le même angle B SC dans lun & l'autre cas: Ce n'eft pas, au refte, en ce feul point queles deux obfervations différent : on a pu remarquer que dans l'une l'ame n’eft frappée que par les objets peints fur les moitiés cn, bm des rétines qui, relativement aux axes optiques qui les partagent, font tournées du côté du nez, & que les images qui tombent fur les moitiés oppofées cdh, ban, y tombent en pure perte & ne l'affetent pas ; au lieu que dans l'autre de ces obfervations les objets peints fur les moitiés des deux rétines cpu, bgm, fituées en dedans, ou les plus voifmes du nez, ne font à leur tour aucune impreflion fenfible fur lame, qui ne reffent que celle des images qui fe rencontrent fur les moitiés cbn, ban, fituées en dehors. Qu'il me foit permis, en terminant ce Mémoire, de faire valoir en faveur de mon hypothè{e fur la non efficacité d’une des deux impreffions excitées par des images peintes fur des portions correfpondantes des deux rétines, les avantages que j'en ai tirés pour rendre raifon, d’une façon plaufible & fans aucune fuppofition forcée, de ces deux phénomènes, dont les contrariétés apparentes fembloient annoncer beaucoup de difhculté à les concilier. Je remarquerai qu'il y a quelque efpèce de rapport entre cette hypothèfe & celle de quelques Phyficiens qui ont prétendu que nous ne voyons jamais que d'un œil, & que lors même qu'ils font tous deux ouverts, il y en a un des deux qui eft fans aétion & comme en repos *. Mais quoique je préfume que de deux images complètes qu'un objet produit dans nos yeux, il n’y en a ordinairement que la moitié dont Fimpreffion foit efficace, je n'en admets pas moins que les deux yeux peuvent contribuer enfemble à la vifion , & que l'ame peut être affectée dans le même inftant * Dum axis oculi unius intenditur, \ intenditur, altero interim otiante , axis alterius relaxatur, ficque unus | 27 confufe folum atque adeo quafi agit altero feriante . . , alter oculo- | perfunélorie negligenterque confpi- rum intenditur femper, laboremque | ciente. Gaflendi, Phyf. fe&t, I 11 , vifionis fuflinet præcipuum, hoc ef? | Gb, 7, cap. V11. ad aliquid diftinéle confpiciendum Say. étrang. Tome 111. Xxx 530 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE par des images peintes dans Fun & l'autre œil, pourvû néan- moins qu'elles ne le foient pas fur des portions de rétines correfpondantes entr’elles. Par exemple, au fujet de l'obfervation du n° XXII, j'ai fait voir, & Jj'ofe prefque dire démontré, que la perception de l'ame en cette occafion étoit le produit = des impreffons fimultanées de l'image #4c de œil gauche Fig. 4 & de l'image ban de l'œil droit. Sr tranglomlit. ; > LD)592 PLATE D'ENS AS EE EN: (CE 531 NOUVEAU SYSTÉME DE CAVALERIE, OU TRAITÉ DU MANÉGE RÉDUIT A SES PRINCIPES NATURELS PREMIER MÉMOIRE, Sur les mouvemens du Cheval à7 fur la fucceffion harmonique de l’action de fes jambes dans fa marche èT dans fes allures naturelles, Par M. BourGELAT, Correfpondant de l'Académie, à fcience du Manège, confidérée dans toute fon étendue, n'eft autre chofe que la fcience du rapport précis qui doit être entre les aétions du cavalier & les aétions du che- val; elle fuppofe conféquemment une connoiffance entière & parfaite, non feulement de fa néceffité & des effets des mouvemens de fun, mais de l'ordre fucceflif & naturel des mouvemens de l'autre: c'eft fur ces deux points effentiels que doit porter tout l'édifice de notre Art; ils en renferment tous les principes, ils en embraffent toute la théorie, Jufques ici des faits vagues & généraux, dévoilés par {a fimple pratique, en ont été les uniques fondemens. Quelle que foit l'autorité de l'expérience, if faut convenir néanmoins e fon flambeau n’éclaire véritablement que ceux qui favent réfléchir. Dès que nous nous en tenons aux foibles notions qu'elle nous donne, & que notre efprit ne tente pas d’aller au delà des objets qui frappent nos yeux, nous ne pouvons que chanceler, nous marchons toüjours à pas lents: Îe prix réel des premières vérités qu’elle confacre, confifte dans la valeur de celles auxquelles elles conduifent. + S'il sagifloit de reconnoître les limites dans lefquelles X xx ij 532 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE nous fommes reflerrés, il fufhroit de confulter d'une part les Ouvrages qui nous ont été tranfmis, & de l'autre les préceptes ftériles dont retentiflent les Ecoles; mais je ne pré- tends point marquer les bornes qui afferviffent également & le Praticien & l’Auteur: il feroit fans doute moins avanta- geux de sattacher à les déterminer, que de chercher à les étendre. Je ne me propole que des travaux utiles; mon but eft de trouver & de faifir le fil qui doit nous guider dans un labyrinthe dont une vaine habitude n'a pû nous montrer les détours, & dans lequel nous errons depuis plufieurs fiècles. Je me contenterai donc de raflembler ici des principes évidens ; jen tirerai, dans les Mémoires fuivans, & quand il en fera temps, des conféquences capables d’affurer inconteftablement des progrès qui dépendent moins des fecours de la routine, que du concours mutuel de l'expérience & de la raïfon. Telle doit être la marche de l'efprit humain dans la carrière des Sciences, qu'il faut, après s'être fait une idée jufte, précife & générale de celle qu'on ambitionne d'acquerir, defcendre dans tous les détails particuliers qu'elle offre, en obfervant de débuter toüjours par l'examen & par l'étude des différentes branches qui en conflituent la bale : fans cette précaution , if eft également impoflible de parvenir à la découverte des vérités qu'on ignore, & à la démonftration de ces mêmes vérités lorfqu'on les a connues. Les aides de la main, des jambes & du corps du cavalier, de même que les effets qu'elles produifent, ne doivent donc point encore fixer notre attention. Elles feroient le premier objet qu'il nous importeroit d’en- vifager, fi le fond de l'Art confiftoit uniquement dans des opérations capables de folliciter indiftinétement la progreffion de l'animal; mais il n’eft pas fimplement queftion de l'inviter à des mouvemens, l'homme & le cheval ne doivent former enfemble qu'un feul & même corps & un tout exactement harmonique : or l'harmonie ne peut naître que de Funion; dela linifon & du parfait accord des parties qui font mou- voir & des parties qui doivent être mües, & la perfection de cet accord dépendant de l'art avec lequel celui qui exerce D ENS MS /GC'ITEUNUC Es 52 fait profiter de la fituation, de la difpofition aétuelle & pré- fente des membres de l'animal pour le conduire à telie action, qui n’eft poffible qu'attendu cette difpoition aétuelle, rélulte par conféquent de la fcience & du fentiment exaét de tous les mouvemens du cheval dans toutes les différentes actions dont il eft fufceptible. Il me paroïît donc indifpenfable de rechercher d'abord quels peuvent être ces mouvemens, & quelle en eft la fucceflion méchaniquement ordonnée. Mes efforts fe borneront, quant à préfent, à en développer la poffibilité & l’ordre, relativement aux allures qui lui font naturelles, c'eft-à-dire, relativement au pas, au trot, à l'amble & au galop: à l'égard de ce que nous entendons par allures artificielles, nous n’entrerons dans toutes les difcuffions qu’elles exigent que lorfque nous aurons aplani, dans ce Mémoire, toutes les difficultés que préfentent la confidération & l'étude des premières. Si l'Art ne tend qu'à imiter & qu'à perfec- tionner la Nature, la connoïffance des loix qu'elle fuit & qu'elle s’eft prefcrites doit néceflairement précéder les prin- cipes; car ceux-ci ne peuvent tirer leur certitude & leur force que de leur connexion & de leur rapport avec ces mêmes loix. Sans l'action des parties qui foûtiennent le faix & le poids du corps du cheval, & qui en forment les extrémités anté- rieure & poftérieure , le mouvement local ne pourroit être effectué: le tranfport de la maffe univerfelle de ce corps ne fauroit en eflet être opéré, qu'autant qu'elles font preflées, portées & follicitées aux mouvemens qui leur font poflibles. Confidérons-les ces parties comme quatre colonnes offeufes qui fervent de bafe à cette machine mouvante & animée: elles font formées & compofées chacune de plufieurs pièces unies & aflemblées dans une direction & dans une conve- nance d'où dépendent la poflibilité, la facilité & Ia liberté de leur jeu. Cette union, cet affemblage, que nous nommons pro- prement articulation, diffère felon la figure & l'ufage de chaque pièce, Xxx ii} 534 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Les connexions de celles-ci font telles, que devant être toutes mobiles, il n'en réfulte que des déarticulations : or il nous fuffit de comprendre que dans la diarthrofe ou Y'arti- culation mobile, tantôt les os font joints planiformément ; tantôt ils font reçûs par leur extrémité arrondie dans les extrémités plus ou moins profondément caves des os auxquels ils s'adaptent ; fouvent auffi ou ils font munis de deux émi- nences & d’une cavité, tandis que les os auxquels ils s’insèrent & {€ rapportent font pourvüs de deux cavités & d'une émi- nence, ou une extrémité de l'os eft reçüe par un os qui reçoit d'une autre part fon extrémité oppofée, telles font les ver- tèbres ; d’autres fois enfin, un os confidérable tourne fur une pointe, comme la première vertèbre cervicale fur l'apophyfe odontoïde de la feconde. Nous pouvons encore placer au rang des articulations féparées celles qui participant & de la mobilité des unes &c de limmobilité des autres, ont été diftinguées par le nom d'amphiarthrofe; dès-lors les os ainfr articulés n'ont qu'une fimple action de reflort & de flexibilité, proportionnée à ’étendue & au volume du cartilage qui les raflemble. Les différences obfervées dans l'union des os deftinés à être müûs font relatives aux mouvemens qui doivent leur être imprimés. S'entretouchent-ils réciproquement par une furface plus où moins aplatie ; ils glifleront les uns fur les autres; & feront conféquemment doués de celui de couliffe; la première vertèbre fur la feconde, par les apophyfes articulaires, & les autres vertèbres par leurs apophyfes obliques, nous en offrent un exemple. Roulent-ils dans une cavité plus ou moins confidérable ; il en naît une articulation par genou, exprimée autrement par le mot de diarthrofe orbiculaire, & ils font fufceptibles de mouvemens en tous fens, c’eft-à-dire d'élévation, d'abaiffement, de rotation, & d'un tranfport en avant , en arrière, à droite & à gauche; ainfr fe meuvent la cuifle fur les hanches & le bras fur l'épaule. Leurs cavités & leurs éminences font-elles à raifon les unes des autres, & difpofées de manière à donner lieu à des admiflions réciproques, ou D'Eis 1) SUGWLEE INC: ESS: 525 les réceptions font-elles fimplement des éminences d'un os dans les cavités d'un autre; nous aurons une articulation par charnière , bornée à la flexion & à l'extenfion, & que M. Winflow a appelée ginghyme angulaire, parce que dans ce mouvement les parties font angle; telle eft celle de Favant- bras fur le bras & du canon fur avant-bras. Tournent-t-ils enfin fur une pointe ; il en réfulte une articulation par pivot, à laquelle ce célèbre Anatomifle a donné le nom de ginghyme latéral. Toutes les articulations mobiles peuvent donc fe rapporter à ces quatre efpèces de mouvemens ; mais fi toute articulation n'eft autre chofe qu'une conjonction naturelle des os, il n’im- porte pas moins de favoir comment leur connexion eft main- tenue & affermie, que de connoître les reffources employées pour parer aux accidens fréquens que devoit inconteflable- ment occafionner une collifion violente entre des corps durs qui fe meuvent les uns fur les autres. Des ligamens extrêmement forts en affurent la ftabilité & la liaifon.- Je ne parlerai pas ici de leur fubftance, de leur figure, de leur fituation, & de leurs ufages particuliers ; on peut à cet égard confulter Heifter, Salzmann, Walter, Petit, M. Winflow, la Chirurgie raifonnée de Platner, & princi- palement la Syndefmologie de Weitbrecht : je dirai feule- ment qu'en général, femblables à des cordons plus ou moins aplatis & plus ou moins larges , ils font prefque tous placés en dehors des articulations, quoique quelques-uns d’entr'eux foient en dedans, comme, par exemple, le ligament rond qui attache la tête du femur dans la cavité des os des îles, ainfi que celui qui attache le tibia avec l'extrémité inférieure du femur. Ces cordons que on remarque toûjours dans les articulations ginglymoïdes ou par charnière , font extérieurs aux ligamens larges qui enveloppent l'articulation en s’attachant aux deux os qui la forment, & ces toiles ligamenteufes peuvent non feulement, de même que les ligamens latéraux en prévenir & en empêcher le déplacement, mais elles s'op- pofent encore, par l'exaélitude avec laquelle elles entourent s36 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE l'article, à la perte & à l'écoulement de la liqueur mucilagineufe qui le lubrifie & qui lenduit intérieurement ; de-là leur dénomination de ligamens caplulaires, Je dis qu'elles s'oppofent à l'épanchement de Ja liqueur qui lubrifie les articles. T'out le monde fait en effet qu'il n'en eft aucun qui ne foit continuellement humeété par un mucilage limpide, dépolé fans cefle par des glandes, & en partie par les pores de {a furface interne des ligamens capfulaires. Ce mucilage, que nous nommons /ÿnovie, répandu entre les pièces articulées & dont le contaét n’eft point d'ailleurs immédiat { car l'extrémité des os à l'endroit des jonétions mobiles eft encroûtée & revêtue par des cartilages polis, lifles & glifans } en facilite le jeu & les défend du froiflement ; fans cette pré- voyance, les cartilages s'uféroient & fe defsècheroient in- failliblement, comme fans les cartilages le frottement conftant & répété des os en auroit bien-tôt opéré la deftruétion. Je ne connois qu'un feul Auteur qui ait affecté de mécon- noître l'empire & l'ufage des mufcles, & qui ait ofé dire & penfer que l'action des parties n’a lieu qu'autant qu'elles font attirées par un mouvement tonique. Ce fyflème, non moins inintelligible pour celui qui l'a enfanté que pour ceux qu'il s'eft efforcé d'inftruire & de perfuader, n'a pu faire perdre de vûe les vérités réfultantes des épreuves qui conftamment ont été réitérées fur les animaux vivans & fur les cadavres humains. Les expériences les plus fimples nous ont appris que quoique les articulations foient felon toutes les conditions requifes pour lexécution du mouvement local, leur action eft néan- moins purement paflive; les pièces offeufes n'en ont point par elles-mêmes, elles ne fe meuvent point, & elles ne font müûes que par les inftrumens organiques auxquels elles fervent d'attaches. IL faut avouer cependant que les moyens par lefquels ces mêmes inftrumens s'acquittent des opérations qui leur ont été confiées, ne nous ont point été révelés ; des recherches capables d’épuifer les forces de l'efprit humain n’ont pû nous £n dévoiler le myfière, & la multitude des hypothèfes qui cn DES SCTENCE'S s37 en ont été le fruit, ne fert qu'à nous mieux prouver que ce point eft un de ceux qui forment & qui complettent le cercle étroit que la Nature a tracé, & au-delà duquel elle ne permet pas que notre génie foible & borné puiffe s'étendre. Comment efpérer d'expliquer tous les phénomènes de Jaétion mufculaire, tandis que fa ftruéture intime des mufcles nous eft cachée, & que nos yeux, aidés de tous les fecours de l'Art, n'en aperçoivent ni les petits vaifleaux, ni les parties mobiles ? Vainement imaginera-t-on des véficules, & entrepren- dra-t-on de démontrer que tout le changement produit & obfervé confifte dans la contraction d'efpaces rhomboïdes, flon Borelli, e/hptico - fpheroïdes , fuivant l'Allemant, ou admettra-t-on à cet effet les feymens égaux de cercles de Bernoulli : ces fuppofitions nous conduiront tout au plus à des pofhbilités, & l'illufion ceffera dès que nous tenterons de remonter à la caufe de cette contraction & de réfoudre toutes les queftions qu'on peut élever, relativement à l'abord, au retour, à la marche en un mot du fluide prétendu qui Toccafionne & fur la nature duquel rien encore n’a pû nous éclairer. Les vaines tentatives des Phyficiens & des Géomètres qui fe font propolé d'évaluer 11 mefure évidente du raccour- ciffement, la force abfolue, l'efficacité véritable du mufcle contracté, nous prouveroient encore que nous ne pouvons, à cet égard, apprécier que notre ignorance: l'appareil géo- métrique, l'enfemble des calculs qui fert de bafe à leur opinion, en impofent d'autant moins, qu’il n’eft pas difficile de juger de Fimpofhbilité de déterminer le degré de force d’une ma- chine auflt inconnue que le mobile auquel elle doit fon action. Ne nous attachons donc ici qu'à ce que l'expérience nous préfente; n'envifageons que les effets de ces inflrumens moteurs, & ne donnons notre confentement qu'à l'évidence qui naît des loix méchaniques & fenfibles, felon lefquelles chaque mufcle, attaché à des parties folides, peut en opérer le mouvement. Sav. étrang. Tome LIL NYyY 38 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE action de ces parties eft inconteftablement une fuite de celle des mufcles; le principal effort de ceux-ci confifte dans le raccourcifflement de leur portion charnue, & ce raccourciffe- ment eft fufcité par cette contraétion vitale, qu’on ne doit pas confondre avec la contraction qui n'a fa fource que dans la force élaftique, plus ou moins confidérable, dont toutes les fibres du corps font douées. Or, repréfentons-nous des mufcles attachés par leurs extrémités à des parties dures & mobiles, nous concevrons bien-tôt que dès l'inftant de leur contrac- tion les deux points qui les attachent feront infailliblement rapprochés, puifque la portion charnue raccourcie tirera né- cefairement les parties folides auxquelles ils s’insèrent. Nous comprendrons de plus, que fi lun de ces points, confé- quemment au plus où moins de ftabilité de l'os auquel il Le trouve fixé, à la pofition de ce même os, à la difpofition qu'il a au mouvement, à l'action des mufcles qui opèrent directement & de ceux qui coopèrent, oppofe moins de réfiflance, il {era inconteftablement emporté; & c'eft ainfr que toute partie n’eft mûe que par l'obligation dans laquelle elle eft de céder à celle dont la force furpafle fa réfiftance. Ces vérités géné- rales répandent un grand jour fur la manière dont les mufcles provoquent, accomplifient & effectuent le mouvement. L'immobilité naturelle des folides aboutis qui forment les colonnes offeufes, eft aufli conftante que la poflbilité de Jeur flexion dans le point de leur contact, lorfqu'il eft des agens qui la déterminent. Soit en effet une des forces inftru- mentales, ou un des mobiles dont il s’agit, appliqué par l'une de fes extrémités au bord antérieur de la cavité glénoïde de lomoplate, & par l'autre à la partie antérieure & fupérieure du cubitus; le mobile contracté, c’eft-à-dire, la portion charnue étant raccourcie, les portions tendineufes, fans néanmoins. fubir aucun alongement (car la nature denfe & compacte du tendon, relativement au corps du mufcle, ne permet pas de croire qu'il puifle obéir à Ja traction particulière des fibres mufculeufes } feront tirées par la maffe entière de ces mêmes fibres, ou pluftôt les fuivront dans leur raccourciflement ; D'£ ss: SUcnr E N° C'E'S & le point fixe, ou la réfiftance, étant à l'omoplate, & l'appui de l'extrémité fupérieure du cubitus à l'extrémité inférieure de l'humérus, qui foûtiendra le mouvement en arrière de cétte même extrémité fupérieure, l'avant-bras fe trouvera féchi en avant. Si rien ne rappeloit cette partie à fa première pofi- tion, il s’enfuivroit qu'elle demeureroit toûjours & conftam- ment fléchie, d'autant plus que les élémens des fibres faifant fans ceffe effort pour fe rapprocher, elles ne ceffent point de réfifter à l'extenfion; de-là, la néceflité d'un mobile qui agiffe dans un fens oppoté. Soit donc encore un autre mufcle attaché fixement d’une part à la partie poftérieure de l’omoplate, & fe terminant de l'autre au deffous du coude ou de l'olécrane ; il eft évident, après ce que nous avons dit, que lors de la contraction de celui-ci, lavant-bras fubira une extenfion, par le moyen de laquelle il fera ramené à fon premier état. Le mufcle qui la produit eft, relativement à fa fonétion, placé au rang des mufcles extenfeurs, & nous voyons que fon opération eft direétement contraire à celle dont $eft acquitté le mobile qui a fufcité la flexion, & qui, par cette raifon, eft mis dans la cathé- gorie des mulcles fléchiffeurs; auffi font-ils un & l'autre réciproquement & alternativement antagoniftes. J'ajoûterai que comme tels, non feulement le réfultat de leur contraction eft diamètralement oppofé, mais leur aétion eft tour à tour & mutuellement contre-balancée; ainfr, au moment où le flé- chiffeur l'emporte, l'extenfeur ne cédant qu'infenfiblement, peu à peu & jufques à un certain point, modère l'effort & l'effet qu’il ne peut vaincre, & vice verfä le féchiffeur, lorfque la puiffance de fon antagonifte devient fupérieure à la fienne. avant-bras, rétabli dans fa fituation ordinaire, y perfé- vérera, & fera indifférent à tout mouvement jufqu'à ce qu'il y foit porté de nouveau par le fléchifieur dont j'ai déterminé les attaches, ainfi que par les autres mufcles dont je n'ai pas parlé, mais qui, concourant avec lui à la production de cette même ation de flexion, font réputés & dits congé- nères. Dans cet état, la volonté de l'animal n'étant incitée Yyyi - 540 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE par aucune caufe impulfive, invite à fe mouvoir ni les uns ni les autres de ces agens qui lui font foûmis; tous leurs vaif- feaux font également & proportionnément pleins & mûs par les fluides différens qui s’y diftribuent, & l'aétion compofée de ces mobiles ne tend alors qu'à former & qu’à conferver l'équi- libre qui conflitue le repos; mais dès que la quantité en augmen- tera dans les uns ou en diminuera dans les autres, leurs efforts naturels ne feront plus balancés: l'addition, l'influx plus copieux, occafionnera le raccourciffement du mufcle, dans lequel les fluides abonderont, ou au défaut de cet influx, la fouftraction opérée dans celui qui lui eft antagonifle donnera lieu à cette même contraction, & la partie fe trouvera müûe dans le fens ou du côté où le mufcle contraété peut l1 conduire & la tirer. D'où nous devons conclurre que le mouvement ne peut méchaniquement être produit fans l'inégalité alternative des forces contraires des antagoniftes, & d'où, par une fe- conde conféquence auffi infaillible que la première, on doit penfer que fi ces forces contraires font égales & en même degré de contraction, le membre à mouvoir, participant de la roideur & de la tenfion des mobiles, & conféquemment fixé entre tous les mouvemens dont il eft fufceptible, fera dans cet état abfolu d'inflexibilité qui caraétérife ce que nous entendons par mouvement tonique. Les mouvemens combinés réfervés aux articulations par genou (car les gynglimes ou les charnières, aftreintes feule- ment à la flexion & à l’extenfion, en font incapables ) demandent encore des obfervations particulières. Ces mou- vemens fe font en tous fens, ils font donc néceffairement compolés de tous les autres mouvemens poflibles; & sils renferment tous ces mouvemens, il s'enfuit que la partie à mouvoir ne peut fucceflivement parcourir tous les degrés d'action qui lui font propres , qu'autant que tous les mufcies par lefquels elle doit être mûe entreront fucceflivement en con- traction. Choififlons une partie très-mobile dans l'animal; envifageons, par exemple, faction du bras fur l’omoplate, en fuppofant que l'extrémité antérieure droite ait à chevaler , . D E.5 2 SET IE NI EC CSS $4r ceft-à-dire, à décrire un arc de cercle pour enjamber ou croifer fur l'extrémité antérieure gauche, nous ferons ‘bientôt convaincus de la néceflité de la contraétion fucceffive des neuf mufcles prépofés à l'exécution de tous les mouvemens qui lui font permis. Cet arc de cercle ne peut être en effet décrit que le bras ne foit porté, 1.” en dehors, 2.° en avant, 3.° en dedans, 4.° en arrière ou à terre: or, l’ordre abfolu & indifpenfable de tous ces mouvemens indireéts qui opéreront le mouvement déterminé, indique l'ordre de la contraction des agens. Le premier effort fera fait de la part de l'abduéteur, & fera fuivi de celui des mufcles antépineux, omobrachial, grand peétoral & commun: à celui-ci fuccédera immédiate- ment faction de J'abduéteur & du fous-fcapulaire, & cette action fera enfin & fur le champ accompagnée de celle du poftépineux & du grand dorfa. Tous ces mulcles divers coopèrent, non feulement dans les mouvemens combinés, mais dans les mouvemens directs. Soit la même partie portée feulement en avant, les prin- cipaux moteurs feront le commun, lomobrachial; & au même inftant le poflépineux & le grand dorfal, antagoniftes de ceux-ci, modéreront par leur réfiftance, ainfi que nous l'avons remarqué en parlant des fléchifieurs & des extenfeurs de Yavant-bras, l'action imprimée , de manière qu'elle s’exécutera avec diflérens degrés de force & de vitefe, tandis que les mufcles latéraux, appelés, attendu leurs ufages effentiels, ad- duéteurs & abduéteurs, dirigeront le mouvement. ‘L'elle eft donc union, l'accord & l'intelligence qui règnent entre tous les mobiles, qui fe gouvernent, fe régifient, augmentent & modifient toüjours réciproquement leur aétion ; & l'importance des fecours adminiftrés par les forces latérales confpirantes eft d'autant plus évidente, que par l'application que la Nature en a faite, elle nous développe elle-même fes vües. En ne les accordant en effet qu'aux articulations par genou, & en les refufant à celles qui, privées de la liberté d'être müûes de côté, ne connoiffent de direction poflible qu'en avant & en arrière, élle nous apprend que fon deffein Y yy ii 2 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE a été, non feulement de fournir aux. parties qui peuvent êtré miües eh tous fens, des agens capables de les tirer latérale- ment , mais encore de les affermir & de parer à {eur vacil- lation dans les cas fimples de flexion & d'extenfion. . Au furplus, la pluralité, la longueur, la dureté, l'élafticité, la direction des filets charnus qui entrent dans la compofition de ces diverfes puiflances, en règlent les forces dans l'animal ainfi que dans fhomme; auflr, quoique nous trouvions dans lun & dans l'autre, relativement aux infertions & aux angles interceptés, des preuves d'une égale attention à les diriger & à des produire, elles l'emportent dans le cheval, & leur fupériorité peut être encore attribuée à la communication intime, à l’entrelacement fréquent de fes mulcles, ainfi qu'aux gaines membraneufes & aponévrotiques qui y font infiniment plus multipliées, & qui reflerrant, pour ainfi dire, les fibres, rendent ces mobiles plus compaéts & plus ferrés. En nous étayant fur les uns & les autres de ces principes, qu'il auroit été fuperflu d'étendre plus loin, nous bâtirons fur des fondemens inébranlables. La fcience des mouvemens, d'une part, & ce qui concerne leur poflbilité, ne pouvoit être dévoilée que par la fcience de la conjonétion naturelle des os; de autre, & en ce qui concerne leur exécution, que par la connoiflance des effets méchaniques des mufcles; & cette connoiffance eft d’ailleurs d'autant plus intéreflante, que les combinaifons obfervées à l'égard de l'action de ces agens me fuggéreront dans la fuite, & lorfque je traiterai des aides, les moyens de développer fenfiblement & par de juftes comparaifons celles des forces, tantôt antagoniftes, tantôt congénères, tantôt confpirantes, du cavalier fur le cheval: mais revenons à nos colonnes. Elles font principalement compofées, quant à l'extrémité antérieure, de l'omoplate, de l’humerus ou du bras, du cubitus ou de l'avant-bras, du canon, des os du paturon, de la couronne. & du petit pied; & quant à l'extrémité poftérieure, du femur ou de la cuifle, du tibia ou de la jambe, du canon & des: trois mêmes os qui terminent chaque membre de devants DES. SCIE NCE:s 543 IL y a par conféquent à chacune de ces extrémités fix articulations, une fphéroïde, qui eft la fupérieure, & cin gynglimoïdes : la fphéroïde à la jonction du bras avec l'é- paule, par la portion fupérieure de fhumerus qui eft reçûe dans la cavité glénoïde de Yomoplate; & dela cuifle avec le baflin, par le femur, dont la tête arrondie entre & roule dans la cavité cotyloïde des os des hanches. Si je confidère la direction & la fituation de toutes ces pièces offeufes dépouillées de leurs mufcles, & foütenant dans le repos le poids de la machine horizontale qui les domine, je vois, en commençant par l'examen des colonnes prépofées pour en fupporter le devant, que la, partie inférieure de lomoplate eft au milieu de fon inclinaifon poffible, foit en avant, foit en arrière: j'en obferve néanmoins une légère en-avant dans la pofition naturelle de cet os, qui ne peut jamais, & dans aucun cas de mouvement & de repos, être dans une pofition verticale. Le bras qui fe fléchit en arrière, & que je fuppofe pou- voir, ainfi que l'omoplate, parcourir dans toute fa flexion environ quarante degrés, fe trouve alors dans le medium de fon chemin. L'avant-bras qui, dans fa flexion en avant, peut auffr parcourir un arc de près du double, eft en arrière prefqu’à l'extrémité de fon chemin poffible, & dans une pofition qui n'eft pas exactement perpendiculaire, puifque la ligne qu'il trace eft lésèrement portée en arrière. tk ct Le canon; qui fe fléchit en fens oppolé, eft dans la même ligne que l'avant-bras & à l'extrémité poffible de fa flexion en avant. sf Le boulet fe fléchit én.arrière & en avant, & ne fauroit décrire un auffi grand arc de cercle; il eft, comme le canon, à peu près à l'extrémité de fa flexion en avant, & confé- quemment aufli diflait en avant de la’ perpendiculaire, que le canon & d'avant-bras le font en arrièe. Les autres articulations font capables des mêmes! mouve- mens, mais l'arc, queellés décrivent éft à peine de quelques MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE degrés: celle du paturon avec Île boulet eft alors dans l'extré- mité de fon jeu en avant, tandis que l'articulation avec Ja couronne eft dans le medium defon mouvement; la partie contenue entre l'une & l'autre eft encore plus portée que le boulet en avant de la ligne perpendiculaire ; le fabot enfin repofe horizontalement fur la fole. Quant aux colonnes poflérieures, ] ’obferve que dela fituation & de la direction des pièces fupérieures réfultent des angles alternes rétrécis & rendus plus aigus par leur action. Ces pièces font le femur, qui eft dans le milieu de fa flexion en avant, le tibia qui eft au commencement de fa flexion en arrière, & le canon qui eft au commencement de fa flexion en avant: les autres parties font dans la même pofition que celles qui terminent les colonnes chargées par l'avant-main. La raïfon de la pofition des os qui compofent l'extrémité antérieure, pofition plus ou moins diftante d'une ligne droite, ou Îa néceflité de leurs différentes flexions, foit en avant, {oit en arrière, même dans le répos, me paroît fenfible. Il n'eft pas douteux que fi les articulations euffent été dans fa même ligne que la longueur des folides qui forment le membre entier, tous ces folides aboutis n’euflent fait qu'un feul & même corps roide, qui auroit porté dans la machine tout l'effet de la réaction dans les cas où la chûte de cette machine feroit arrivée dans la même direétion. Pour obvier à cet inconvénient, la Nature, en fixant dans Vanimal la fituation des omoplates fur les faces latérales du thorax, les a écartées de la perpendiculaire en deux fens, c'eftà-dire, en les couchant d’une part contre les vertèbres dorfales, & de l'autre en dirigeant leurs extrémités inférieures en avant. De plus, elle a placé en fens oppofé & en arrière l'extrémité inférieure de lhumerus; elle a donné au genou une facilité merveilleufe pour fe plier en avant: le boulet ne fuit point encore la ligne décrite par le bras & par F'avant- bras; le paturon s'écarte de cette même ligne, & par ce moyen le talon fe trouve éloigné de cette direction. Or, ces différentes pofitions de divers folides qui doivent enfemble : ne PSS STORE N GES à 545 ne faire qu'une feule & même colonne & qu'un feul & même appui, étoient abfolument indifpenfables pour empêcher la réaction de fe tranfmettre à l'extrémité fupérieure de cette colonne avec une force capable, non feulement d'ébranler {a machine entière, mais de détruire les ligamens qui tiennent les omoplates liées aux vertèbres dorfales ; ligamens qui, en fervant d’unique attache à ces os, les féparent en quelque façon de cette même machine, & la fauvent des ébranlemens & des fecouffes que, malgré toutes les autres précautions prifes, elle auroit inconteftablement éprouvés f1 ces os euffent été continus où emboîtés dans les vertèbres. Les vües & l’induftrie de la Nature n'éclatent pas moins dans l’ordre des directions particulières & variées de chacune de ces pièces offeufes. L'omoplate attachée par le fommet n’auroit pû fe mouvoir en arrière fans froifler les côtes du cheval, fans en gêner la refpiration & fans rencontrer elle-même un obftacle à {on jeu. 1 importoit donc qu'elle fe mût en avant; &, par une fuite néceflaire, le bras a dû fe mouvoir en arrière, l'avant-bras en avant, & le canon dans le fens du bras, car ces flexions fucceflivement contraires favorifent le mouvement progreffif de animal. L'omoplate étant levée, toutes les autres parties ‘qui conflituent le refte du membre, forment en eflet divers angles qui en raccourciffent la longueur, & dès-lors il peut être porté en avant fans aucun obflacle, outre qu'au moment de la chûte de ce membre fur le fol, la percuffion qu'il effectue tient de la différente direction de chacune de ces parties qui toutes tendent par leur jeu du devant à l'arrière. I! eft vrai que les articulations des autres os qui le terminent ne font point, felon cette fucceflion, conflantes dans les portions fupérieures, puifque le fens de leur flexion eft prin- cipalement conforme au fens de la flexion du canon; mais cette uniformité de mouvemens dans cet os & dans ceux qui lui font inférieurs, a été fpécialement ordonnée pour la facilité de l'action progreffive fur un terrein égal & uni, & pour la poffibilité de cette aétion dans des lieux déclives & montagneux. Say. étrang. Tome I 11. Zzz 546 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE On comprend fans peine que ce n’eft qu'à l’aide de la flexion en arrière du canon & des pièces attenantes inférieurement à ce folide, que le mouvement local eft exécuté avec tant de célérité, d’aifance & de füreté: fans de pareils articles qui rendent poffibles, ainfr que je viens de le remarquer, l'abréviation ou le raccourciffement du membre, la jambe n'auroit jamais pà parvenir au decré d'élévation néceffaire pour outre-pafer certains corps dont la mafñle & la hauteur exigent fouvent un eflort de la part de la partie müe; l'animal obligé de faucher en cheminant, fa marche eût toûjours été tardive & laborieufe, même fur une fuperficie plane, & abfolument impraticable dans tout autre lieu; & fi les flexions euflent été dans l'ordre obfervé par rapport à l'extrémité fupérieure de la colonne, c’eft-à-dire à contre-fens les unes des autres, l'action progreflive auroit été d'autant plus périlleufe & d'autant plus chancelante, que le pied porté en avant heurtant in- failliblement contre les moindres corps, la chûte du cheval eût été fans cefle provoquée; au lieu que, vü leurs déter- minations en arrière, ces parties, en s’élevant, glifient fur tous les obftacles préfentés & les franchiffent, L'inflexibilité fuppofée dans le membre, il eft encore certain que le cheval n’eût pà ni fe coucher, ni fe relever après fa chûte; & cette erreur de la part de la Nature n'auroit pü fe concilier avec fa fagefe, & avec la prévoyance infinie qui eft le garant de fa follicitude pour la confervation de tous les animaux. La conftruétion des colonnes fur lefquelles eft établie l'arrière: main de celui-ci, nous en offre de nouvelles preuves. Le femur engagé dans la cavité cotyloïde, il fembleroit au pre- mier coup d'œil que la nature pourroit être accufée d'avoir omis les conditions au moyen defquelles elle a paré, quant à a retombée de favant-main, aux inconvéniens de Îa réaction, puifque, par cet emboîtement, l'extrémité poñtérieure paroît faire corps avec la machine, qui, conféquemment & felon ce que j'ai avancé, devroit fe reffentir de la chûte de l'arrière- main, dans les eas où cette chüûte fur le terrein eft confidérable D' ESA SIGUPENNIC A 547 & violente; mais l'intelligence qui brille dans tous fes ouvrages lüi ouvre une multitude de routes qui la conduifent au même but. Elle a donc fuppléé au défaut du ligament qui, dans Yavant-main, attache & fufpend l'omoplate, par la flexibilité des vertèbres lombaires & par la longueur du levier formé par les os des iles. Ce levier répond en quelque façon à l'omoplate, le femur au bras, le tibia à l'avant-bras, le canon & les autres parties aux mêmes parties du devant, ce qui complète l'égalité du nombre des pièces dans les colonnes oppofées ; autrement , les antérieures feroient compoftes de cinq principales parties, en comptant les dernières pour une feule, tandis que les pof- térieures n'en préfenteroient que quatre. L'objet des flexions de celles-ci eft le même, pour la per- cuffion, que celui des flexions des autres: j'aperçois néanmoins que le femur fléchit à contre-fens du bras , le tibia à contre- fens de l’avant-bras, le canon de derrière à contre-fens du canon de devant: or je ne peux me déguifer ni les motifs de cette diférence, ni les raifons de la diverfité des directions de ces extrémités. 1. Il eût été difficile d'accorder l'amplitude du thorax avec l'emmanchement que je remarque ici, & avec une ftruc- ture femblable à celle du derrière. 2. Pour que l'animal püt éviter ou furmonter une multi- tude d’obftacles qu'il pouvoit rencontrer dans fa progreffion, & qui l'auroient obligé à des fauts répétés, les jambes de devant devoient être fufceptibles d’une plus grande flexion. 3. Les parties offeufes dont l'extrémité antérieure eft formée, étant les unes dans la même ligne & les autres peu diflartes de cette même ligne, les mufcles ont beaucoup moins d'efforts à faire pour foûtenir le poids de l'avant-main, lequel eft incomparablement plus confidérable que celui qui a été confié aux jambes de derrière. 4 Enfin celles-ci, dégagées d’un fardeau qui eût peut-être demandé des directions fur une même ligne, ont été tournées du côté qui pouvoit né la progrefion de l'animal, la Z zzij 549 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE , célérité de fa marche, & la force dont il avoit befoin pour tirer des faix lourds & pour percuter de manière à chafler, à élever toute la maffe du corps, & à faire quitter terre au devant, qui porte le fardeau pluftôt qu'il ne le tranfporte, | Contemplons en effet dans cette idée un cheval qui chemine: l'extrémité inférieure du femur fera portée en avant; le tibia fléchi , Vangle qu'il formoit dans ie repos fera rétréci; le canon rendra auffi langle alterne du premier plus aigu ; & les parties inférieures portées en avant, en fuivant l'extré- mité du canon, Aéchiront toutes en arrière, en forte que la fole, d'horizontale qu'elle étoit, deviendra prefque perpendi- culaire. La totalité de la longueur du membre fera dès-lors beaucoup moindre : dans ce moment, la direction perpendi- culaire de l'articulation du femur avec lifchion, qui, dans le repos, traverfoit le fabot, ne tombe que fur la pointe du jarret de cette même jambe, qui percutera lorfque l'autre s'élevera & aura porté cette même perpendiculaire en avant, ce qui arrivera dès que les angles conrmenceront à fe rela- cher pour opérer la percuflion, qui ne s'eflectue que dans l'inftant que la perpendiculaire, déterminée encore: plus loin, pañle par le bot percutant. Alors le femur ne peut plus achever fon arc fans poufler le tibia dans la direction la plus favorable au tranfport de la machine, c'eft-à-dire, en arrière; & lextenfion de cet os & du canon ne peut être terminée qu'il en réfute un appui dans a partie du jarret, à moins que le pied pofé à terre ne gliffät fur le fol, à quoi s’oppofe le poids de l'animal. Revètiffons à préfent de leurs mufcles ceux des os auxquels nous rapportérons immédiatement la progreffion. Par les détails dans lefquels j'ai déjà cru devoir entrer, on a fans doute compris que quoique lomoplate ferve de bafe & de foutien aux mouvemens du bras, élle n'a elle-même aucun appui folide, puifqu'elle eft fimplement retenue dans fa fituation par le liga- ment particulier qui l’'attache aux apophyfes épineufes des pre- mières vertèbres dorfales, & par nombre de mufcles très-forts,, & qu'elle n'et point d'ailleurs bornée dansl'animal comme dans DES SCIENCES. 549 Fhomme, ni en haut, ni en avant, ni en arrière, par les clavicules. Cette partie complète toutes les actions dont elle eft capable, à l'aide de cinq mufcles : elle eft portée en avant & en haut par le rhomboïde, par le releveur propre & par la portion moyenne & antérieure du trapèze; en bas, par la portion moyenne du grand dentelé & par le petit peétoral, l'un tendant à tirer l'épaule en bas & à l'approcher des côtes, & l'autre ne produifant que ce dernier eflet. Ceux-ci font donc, à cet égard, les antagoniftes des trois premiers. Elle eft müe en dedans & dans le fens propre au cheval par le petit pectoral, le mufcle releveur confpirant en la portant en avant, & le grand dentelé étant congénère au premier par fa partie moyenne & au fecond par fa partie antérieure. Son mouvement en dehors eft infiniment plus obfcur; il eft même f: borné, qu'il s'exécute pluftôt par fon élévation que par fon éloignement du corps, & il eft effectué par le rhomboïde & par le trapèze. Enfin, la portion poftérieure de ce dernier mufcle & les digitations les plus bafles du grand denielé déterminent la partie en arrière, Toutes ces actions direétement relatives à l'épaule, com- mandent & follicitent celles du bras: quoique, vû fon articula- tion fphéroïde, il ait la liberté de fe mouvoir en tout fens & qu'il foit à cet effet pourvû de mufcles particuliers, il eft abfolument aftreint à en fuivre tous les mouvemens. J'ai déjà décrit les ufages de ces mufcles, en expliquant le méchanifme des mouvemens combinés; je renvoie donc au détail que j'en ai fait, & je dirai feulement, pour donner une preuve de la relation intime de ces deux parties, que les attaches mobiles de quelques-uns de ces mêmes mufcles tiennent à l'une & à l'autre; telles font celles du mufcle commun & du grand dorfal, fans parler de l'abduétion de l'humerus, qui facilite encore cette action difficile de la part de l'omoplate, Les mouvemens de lavant-bras, du canon & des autres pièces offeufes, confiflant dans de fimples flexions & dans de fimples extenfions , fe paflent entièrement fur eux-mêmes, Z zziij 550 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE & ne demandent pas conléquenument i ici des recherches {ur les mufcles qui les opèrent. A l'égard de l'extrémité poflérieure, je ne ferai, par Îa même raifon, attention qu'à ceux qui meuvent le femur: il eft porté en avant par les mufcles pfoas, iliaque & pectineüs, en arrière par le petit & le grand feflier, en dedans par le triceps & lobturateur externe, en dehors par le fafcia lata, le long vafle, l'obturateur interne , les jumeaux & le pirifor me; d'où il eft aifé de déterminer quels font les mufcles qui agiffent Jorfque l'animal chevale. Quand cet os fe meut fur lui-même en tournant en manière de pivot, ce mouvement eft accompli au moyen de l'action fucceflive des deux obturateurs, des jumeaux & du piriforme; & celui de rotation, qui eft infiniment plus borné dans cette partie que dans le bras, attendu la profondeur de la cavité dans laquelle fa tête eft reçüe & engagée, s'exécute par le concours fucceflif de tous les mufcles, ainfi que dans tous les mouvemens combinés. Les uns & les autres de ces agens, dont les effets s'exercent tant fur l'extrémité antérieure que fur l'extrémité poftérieure, trouvent un point fixe dans le tronc: ceux qui meuvent le devant fe rencontrent au thorax, & ceux qui meuvent le derrière, dans le baffin; mais aufli ces extrémités fervent à leur tour de point fixe pour opérer fur le tronc même, H ne fufhroit pas, par exemple, que l'épaule fût müe en avant, pour que le tronc y fût porté : dans l'inftant de la po- fition & de l'appui de la jambe antérieure, les mufcles qui font en arrière de cette même jambe, le point fixe changeant & prenant la place du point mobile, invitent le tronc à fe prêter aux mouvemens de épaule & à Ia fuivre, & ceft ainfr que le grand dorfal, la jambe étant dans l'état de flation, follicite obfcurément le tranfport du corps en ce fens, vü fes attaches aux côtes & aux vertèbres. Il en eft de même, eu égard à l'arrière-main & à l'action du reculer. Le tronc ne fuivroit point exaflement le port des jambes en arrière, fi, lorfqu'elles y font parvenues & D. BAS SAGEM NS CL Eu S SE pofées, les pfoas, les iliaques & les pectineüs, le point fixe étant alors au femur, ne l'y attiroient à l'aide de leurs attaches au baffin & aux vertèbres des lombes. Cette légère idée de la réciprocité des actions des extrémités & du tronc, ne nous inflruit pas encore de tous les moyens des mouvemens de cette mafle, trop confidérable pour être mie par des mufcles auffi fimples & auffi peu nombreux, Les abdominaux & les lombaires, dont les attaches font à des parties également fufceptibles d'une mobilité & d'une immobilité mutuelles, en opèrent principalement le tranfport, & leurs effets font en raïfon de ceux des mufcles des co- lonnes, dans une précifion admirable. La machine entière eft-elle déterminée en avant, le thorax fert de point fixe aux mulcles de l'abdomen, qui, tirant le baffin en ce fens, y meuvent le train de derrière, conjointement avec les lombaires fixés aux côtes & aux vertèbres dorfales, & dont le point mobile eft pour lors aux vertèbres des lombes & au baffin. Dans l'action du reculer, au contraire, ce même baflin & ces mêmes vertèbres lombaires fervent de point fixe à ces mufcles & ramènent le thorax en arrière. Celle de tourner & de plier le corps eft dûe aux mufcles latéraux de l’encolure, à ceux du dos & à ceux des lombes: ceux fur lefquels fe pañie cette ation ont alors leurs attaches fixes du côté poftérieur, tandis que le point fixe de ceux qui aident à mouvoir le derrière dans le fens oppolé à celui où eft mü le devant, eft à leurs attaches antérieures. Dans le même temps les mufcles des colonnes agiffent & les meuvent con- formément au port & au mouvement qu'elles doivent fuggérer au tronc; ainfi les extrémités antérieures font portées du côté du ployer, & les extrémités poftérieures du côté oppolé. Quant aux mouvemens de l'épine, ils font prefqu'entiè- rement renfermés dans les vertèbres lombaires; elles feules en effet font véritablement douées de mobilité. 1.° Le thorax ne fauroit fe mouvoir fur lui-même, parce que non feulement les articulations des vertèbres dorfales font très-ferrées, elles font de plus contraintes & gênées latéralement par les côtes 552 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE & fupérieurement par leurs apophyfes épineufes qui font cou- chées les unes fur les autres. 2.” Lebaflin, qui conftitue propre- ment les hanches, eft encore moins fufceptible de mouvement, puifqu'on ne peut l'envifager que comme un compofé de plufieurs os unis par fymphyfe, & qui ne fe permettent mu- tuellement aucun jeu : or le thorax n'eft mü fur le baflin & le baffin fur le thorax, que conféquemment à la flexibilité des lombes, leurs vertèbres tenant toute leur liberté de leur propre configuration , en ce que leurs apophyfes épineufes font plus droites, plus relevées, plus éloignées les unes des autres; & de la manière de leur jonétion, en ce que leurs parties latérales ne font point bornées par les côtes. C'eft donc tomber dans l'erreur la plus groffière, c'eft méconnoître & ignorer totalement la difpofition méchanique des parties, que d'attribuer aux hanches la faculté inhérente de fe mouvoir; & le terme de les faire plier & baifler au cheval, n'eft qu'une expreffion très-impropre, quoique ufitée dans les manéges, qui, réduite à fa jufle fignification, ne doit préfenter à l'efprit que l'idée de la flexion des Iombes. Quoi qu'il en foit, l'enfemble de toutes ces actions, & peut-être d'une multitude d’autres mouvemens cachés dans a machine & dont l'animal, par un principe automatique, réferve l'emploi pour de certains befoins, étoit abfolument requis pour la tranflation de Ia totalité de Ia mafle: la contraction des mufcles importoit à la flexion & à l'extenfion des parties, la flexion & lextenfion à leur tranfport & à leur appui, leur appui & leur tranfport au mouvement local qu'elles effectuent. Ariftote & Galien en bornèrent l'action à la fimple flexion, fous le prétexte que de quelque côté qu'elles foient mües, elles ne peuvent l'être qu'en fléchiffant, & qu'eu égard aux mouvemens, l'extenfion femble n'être faite que pour la répé- tition de la flexion; mais cette matière, qui par elle-même eft aflez abftraite, ne doit point être embarraflée & obfcurcie par de vaines fubtilités. H eft certain que l'accompliffement fucceffif de ces deux actions DES SCIENCES s 53 ‘aétions oppofes eft indifpenfable, & doit être envifigé principalement ici comme une condition fans laquelle la pro- greffion n’auroit pas lieu. De l'extenfion, animal pafe à Ja flexion, & de la flexion à l’extenfion; or, dans l'un & dans l'autre cas, il eft vifible qu'il agit également: le pouvoir d'étendre n’eft pas en eflet une moindre démonftration de la faculté active dont il eft doué, que le pouvoir de fléchir; & fr, fans l'extenfion, la flexion eft impoflble, il faut convenir auffi que fans la flexion , l'extenfion feroit impraticable, Ces deux mouvemens s’opèrent l'un par lautre, la flexion con- féquemment à l'extenfion, f'extenfion conféquemment à la flexion; & leur répétition, fuivie & obfervée dans un certain ordre par chaque membre, eft le moyen général à la faveur duquel s'exécute la tranflation, en quelque degré de viteñe & d’élévation qu'elle fe fafle. Je dirai plus, la flexion & lextenfion complètes d'un feul membre ne fufliroient point à cet eflet: le cheval, appuyé fur la colonne antérieure droite, fléchira & étendra vaine- ment jufques aux termes déterminés les pièces différentes de la colonne antérieure gauche, fi le derrière ne percute & ne chafle lui-même lavant-main, en pouflant en avant la colonne fléchie: la mafle demeurera fixée dans le même lieu, & le pied élevé retombera lors de l’extenfion environ à la même place qu'il occupoit précédemment à la flexion, à peu près comme nous le voyons dans l'animal qui bat & frappe du pied pour fe délivrer des mouches qui lincom- modent, Or, nulle percuffion fans l'aflermiffement du membre qui doit percuter, & fans un effort de fa part contre le fol; nul effort encore que par l’extenfion de ce même membre; d’où il fuit que d'une part lation de fléchir, & de Fautre Yaction d'étendre, font enfemble d’une néceffité abfolue pour la progreffion. Mais toutes les flexions aperçües dans Ja même colonne font-elles en même degré d'utilité, & lanimal ne chemine- xoit-il pas fans le concours de tous ces angles? If faut fe rappeler ici les réfultats des articulations fphéroïdes & des articulations Say. étrang. Tome 111. . A aa ‘554 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE par ginglyme: les pièces unies par genou font celles dans lefquelles réfide la caufe immédiate & prochaine du tranfport ; celles dont là jonétion fe fait par charnière font des pièces purement auxiliaires, elles y confpirent fimplement. L’omoplate & lhumerus font donc, dans les colonnes de l'avant-main, & lefemur, dans les colonnes de l'arrière-main, les uniques agens d'où dépend réellement la tranflation d'un lieu à ur autre: par eux la machine eft principalement dirigée tantôt fur une ligne droite, tantôt fur des lignes obliques & dé- tournées, felon le chemin qu'elle doit parcourir & décrire; & de leurs actions dérivent celles du membre entier, tout mouvement fait dans le principe d'une partie ne pouvant que fe communiquer & s'étendre jufques à fon extrémité. Ainfr, foit que la tranflation ait lieu en avant, obliquement ou de côté, il eft évident qu'elle n'eft que l'effet des mouvemens de la cuifle, de l'épaule & du bras, fur-tout fi fon fait atten- tion aux pieds de Fanimal, qui au moment de la foulée ou de lappui n'outrepañlent jamais dans aucuns genres de pro- greflon les articulations dont il s’agit, & tombent toüjours, malgré la flexion ou l'extenfion, même forcée, des autres portions offeufes, fur une ligne exactement perpendiculaire à celle où ont été portés le graflet & la pointe de l'épaule, Au furplus, les bornes impolées aux mouvemens de ces autres. portions mettent encore fous nos yeux la fimplicité & la folidité des voies par lefquelles la Nature agit : non moins merveilleufe par fon économie que par fa fécondité, elle ne va jamais au-delà du befoin. Les pièces inférieures devant participer des différentes actions de celles dont elles font une dépen- - dance & une fuite, il auroit été fuperflu de les douer de tous mouvemens; elle ne leur a conféquemment départi qu'une liberté telle qu'elle leur étoit néceflaire pour fe mou- voir fur elles-mêmes: & en les renfermant dans la f{eule poflbilité de la flexion & de l'extenfion, non feulement elle a évité la profufion des mufcles, dont des actions en tous fens auroient infailliblement demandé la multiplication , mais elle a travaillé à aflurer la flabilité & la fermeté de leurs Denis SAGE AN CE 8 555 æticulations, moins fujettes aux dérangemens dès que leurs mouvemens font ainfi limités, que celles qu'elle a chargées d'en accomplir un plus grand nombre, Ce n'eft point affez d'avoir recherché les moyens admirables que fa main habile a mis en ufage pour faire jouir l'animal des avantages précieux qu'il tire, & que nous retirons nous- mêmes, du pouvoir qu'il a de fe tranfporter d'un dieu à un autre felon fa volonté & fes defirs; l'ordre fuivant lequel chaque colonne fe meut ne nous intérefle pas moins. J'ob- ferverai d'abord que la fucceflion harmonique de leurs mouve- mens change & varie relativement à fadiverfité dés allures; elle ne fauroit £tre.en effet la même lors du pas, du trot, de l'amble & du galop; & ces différentes manières de progreflion plus tardives ou plus vites, plus près de terre ou -plus felevées, { diftinguent fpécialement, non feulement à leur célérité où à leur lenteur, mais aux temps & à l'arrangement particulier & différent des jambes dans les unes & dans les autres. IL eft fingulier que le célèbre duc de Newkaftle, convaincu de la néceflitéde connoître les mouvemens du cheval dans toutes fesallures naturelles, & de l'impuiffance entière dans laquelle tout homme non inftruit à fond de toutes fes actions générales & particulières feroit de dreffer parfaitement l'animal, ait négligé lui-même d'approfondir ce point qu'il envifage, avec raifon, comme da bafe de l'Art, & s'en foit rapporté uniquement au té- moignage équivoque de fes fens: fes yeux ne lui ont rien appris que ce que l'infpection démontre à tout le monde. Perfonne n'ignoroit avant lui que dans l’action du pas & du trot les jambes paroiffent alternativement traverfées & müûes en fe répondant diagonalement, tandis qu'à l'amble les deux jambes du même côté agiflent:en même temps, font levées ou baifiées enfemble, & qu’au galop uni la jambe de devant eft toüjours fuivie de la jambe de derrière du même côté, comme au contraire au galop defuni le mouvement eft égal dans les jambes oppolées. Il eft vrai qu'il s'eft un peu plus étendu für cette dernière action que fur les premières; il a du moins compté les foulées de l'animal & diftingué les quatre temps A aaa ij Page 157; édit. de Londres, chez Milbrun, 1671 , petit in -fot. Page 40, édir. d'Anmus, cg Van - Meurs, 1658, gratd in - fol. $ Page 108, édit. de Paris, chez Cloufier, 1677 in-g 56 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L’'ACADÉMIE qu'ellés font entendre, en commençant par celui que marque li jambe gauche de devant lorfque le cheval galope uniment à droite, & en fixant l’ordre des trois autres qui fuivent & qui ont lieu par la chüte de Ja jambe droite de devant, par la retombée de la jambe gauche de derrière, & par la pofition enfin de la jambe droite de derrière fur le terrein; mais étoit-ce affez d'un détail aufi fuperficiel pour pénétrer dans le fecret de tous les mouvemens aduels, poffibles, généraux à particuliers de l'animal? Puifque la révélation & la découverte de ces mouvemens devoient abfolument être le fondement de la fcience du Manége, felon le duc de Newkaflle même, comment a-t-il pü croire que des notions fimples & triviales étoient des matériaux fufhfans pour conftruire? Auffi ne trouve- t-on dans fon Ouvrage aucune maxime fur l'accord & fur l'harmonie des aétions réunies du cavalier & du cheval, nulle leçon qui en fixe les temps & les mefures, nuls principes qui puiflent ouvrir des chemins fürs pour arriver à la finefle & à la précifion de l'exécution; ce ne font que faits entaffés, mélés, confondus, dont faflemblage ne fauroit former un fyftème, parce qu'ils n'ont ni fuite ni liaifon, & dont il eût reconnu l'infuffilance pour la perfeétion de l'Art, fr 'expé- rience éclairant fa raifon & la raifon éclairant fon expérience, il ne fe füt pas contenté d'avoir entrevû la vérité qui s'étoit, pour ainfi dire, offerte d'elle-même à lui, & sil n'eût pas dédaigné de la fuivre. Après la fincérité de laveu de M. de a Guérinière fur les lumières qu'il a puifées dans le fonds des autres, on ne doit pas être furpris de voir qu'il ne foit pas allé plus Join, & qu’à l'exemple de ceux dont il a fcrupuleufement tranfcrit & étudié la méthode, il ait imaginé qu'une pratique non raifonnée pouvoit tenir lieu de théorie. « La plufpart de ceux qui montent à cheval, dit-il, m'ont » qu'une idée confufe des mouvemens des jambes de cet animal » dans fes différentes allures; cependant, fans une connoiffance » auf eflentielle à un cavalier, il eft impoflible qu'il puiffe faire agir des reflorts dont il ne connoît pas la méchanique. » D/et su SUCHR'ElNT CES s57 On pourroit répondre d’abord à M. de Ja Guérinière que la connoiffance du mouvement des jambes de l'animal n'eft point la connoiffance du méchanifme de fes reflorts, elle n'eft que celle du réfultat de ce méchanifme, qui ne peut être dévoilé que. par la route que j'ai prife pour rechercher la poffibilité des mouvemens qui lui font permis. On peut en fecond lieu examiner les reflorts, quoique la méchanique en foit inconnue; car il ne faut pas être inftruit du jeu des mufcles, de leurs attaches, de leurs infertions & des diffé- rentes articulations des pièces offeufes pour faire mouvoir un cheval, il fuffit à cet effet de fufciter fa volonté, en lui imprimant certains defirs, certaine crainte, & en irritant fa fenfibilité par des movens quelconques. Si, pour jouir dans un befoin de tous les animaux qui nous environnent, nous étions obligés d'en connoître le véritable état, les facultés primitives & les attributs cachés, notre ignorance augmenteroit notre extrême mifère & le malheur de notre condition, puifqu'elle nous en interdiroit l'ufage. IL paroït donc que lorfque M, de la Guérinière a parlé de la néceflité de pénétrer dans le méchanifme des reflorts que le cavalier veut faire mouvoir, fon idée a été la même que celle du duc de Newkaflle, & qu'il ne seft expliqué ainfi que relativement au fond & à l'exercice de l'Art; mais fe feroit-il férieufement flatté, en péignant à nos yeux, dans une planche où brillent les talens de l’illuftre Parrocel, plufieurs chevaux dans différentes allures, & en rappelant à notre efprit les mêmes leçons que nous offre fur ce point le livre du duc de Newkaftle, d'avoir rempli cet important objet & d’avoir tiré le voile qui nous dérobe tous ces myflères? On peut dire de l'un & de fautre que faute d'avoir fenti l'étendue du vrai principe d'où ils de- voient, & d'où il fembloit qu'ils alloient partir, ils ont fondé fur un terrein fans confiftance & nous ont donné le fantome d'un édifice pour un ouvrage utile, folide & durable. La Science du méchanifme de l'animal étoit eflentielle ; elle feule peut nous éclairer fur les mouvemens poffibles, elle nous en montre la fource, elle en affigne le terme & À aaa iij 558 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE nous apprend à régler & à mefurer fur ce que peut l'animal ce que nous pouvons & ce que nous devons nous - mêmes lui demander & en attendre; mais on ne l'acquiert point en s'arrétant à la fuperficie, elle eft le prix dés plus profondes méditations & d'un travail opiniâtre & réfléchi. D'une autre pat, la connoiflance de la fucceffion harmonique de ces mêmes mouvemens m’étoit pas moins néceflaire. Par lobfer- vation de l'arrangement des membres tel qu'il a été ordonné dans fes différentes allures, le cavalier fait diftinguer l’action naturelle de l'action faufle & forcée, & le véritable point d'équilibre dans lequel le cheval eft alors maintenu, de cet état pénible & chancelant où il fe trouve lorfqu'en cheminant ou en agiffant il intervertit l'ordre prefcrit, & enfraint des loix qui n'ont eu d'autre objet que de l'affermir dans fa progref- fon & de faciliter fa marche. De plus, ce n'eft que par une attention exacte fur l'action particulière propre à chaque colonne & complétée par la flexion & par l'extenfion, que nous pouvons parvenir encore à la diftinétion des temps & des contre-temps, c'eflt-à-dire, à la divifion des inftans où les aides adminiftrées feront efficaces, & des inftans où elles ne fauroient l'être. Que l'intention du cavalier foit, par exemple, de tourner fon cheval à gauche, l'animal ne peut être müû franchement en ce fens qu'autant que la colonne antérieure droite paflera & croifera fur la colonne gauche fa voifine; car s'il n'effectuoit le tour qu'en écartant celle-ci, outre l'effort auquel la première feroit contrainte de fe livrer pour revenir fur la ligne perpendiculaire où elle doit être, il eft certain qu'il s'entrouvriroit en quelque façon, & que d'un autre côté il 'entableroit infailliblement, Mais quel fera le jufte moment où la jambe droite fera fufceptible de limpreflion qui doit la déterminer ainfi obliquement ? Ce moment unique fera celui où cette mème jambe fera en L'air & dans fon foûtien, & non celui où elle fe polera ou fera dans fon appui. Or, dès que les vrais temps que le cavalier doit faifir pour placer tui- même le membre où il veut & pour en changer à fon gré la direction, font ceux où ce même membre fe trouve fléchi DAS 1 BINCLE LS 559 & levé, il eft évident qu'il ne fufhfoit pas, de Ja part des Auteurs que j'ai cités, de faire mention des feules foulées & de l'ordre dans lequel elles s'exécutent, puifqu'en comptant ainfi, non feulement ils n'ont pas conftaté & différencié tous les temps qui compolent faction entière de chaque jambe, mais ils n’ont préfenté au cavalier que ceux où le cheval eft hors d’état de répondre aux efforts faits & aux aides données pour folliciter fon obéiflance. Nous ne pouvons efpérer de débrouiller cette matière, en quelque façon inextricable lorfqu'on ne confulte que fs oreilles & fes yeux, qu'au moyen de cette précifion par laquelle tous les objets, pour ainfi dire, circonfcrits fe montrent dans un Jour où aucune condition ne nous échappe, Pour cet effet, nous confidérerons dans le mouvement des jambes de l'animal au pas ; 1. L'inflant où elles fe détachent de terre, le temps qu'elles demeurent en l'air, linftant où elles fe pofent à terre & le temps qu'elles y font fixées, ce qui en forme le lever, le foûtien, le poler & l'appui; mais le lever & le poler fe faifant dans des inflans qui fuient avec trop de rapidité pour être commenfurables, nous ne les envifagerons que comme les commencemens des deux temps, que je nomme l'appui & le foûtien, & auxquels je borne & je réduis l’aétion entière de chaque colonne en particulier. 2.7 En ne prenant que celles de l'avant-main & en nous figurant dès-lors que l'animal eft un bipède, nous ferons bien- tôt aflurés de la durée de l'un & de l'autre de ces temps. IH eft inconteftable que l'inflant du lever du pied droit eft toû- jours l'inftant du poler du pied gauche: orles temps du foûtien & de l'appui fucceffif & marqué de chacune de ces jambes, ne peuvent donc ètre que parfaitement égaux entr'eux dans leur durée ; car autrement il faudroit que les deux pieds reftaffent quelque temps à terre ou en l'air enfemble, ce qui n’eft point & ne fauroit être dans l'allure dont il s'agit. 3 Les mêmes vérités s'offriront à nous avec la même évidence, {: nous portons nos regards fur le bipède réfultant 560 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE des colonnes poftérieures : chacune d'elles demeurera détachée de terre autant de temps qu'elle y a été appuyée, & confé- quemment légalité du temps de l'appui renfermé dans les inftans de fa foulée, de la relevée & du temps du foûtien, commençant à l'inflant de la relevée & finiflant au moment du nouvel appui, fera aufli exaéte que fenfible. 4° Quoiqu'il foit indubitable que les temps du foûtien & de l'appui font toûjours, relativement à chaque jambe & relativement encore à chaque bipède en particulier, en même raifon d'intervalle, fi nous regardons l'animal fous un autre point de vûe, & que nous faflions des jambes antérieures & poftérieures gauches un bipède, & des jambes antérieures & poftérieures droites un autre bipède, nous obferverons une différence remarquable, en ce que l'inflant du lever d'une jambe n'eft point dans Fun & dans l'autre de ces bipèdes latéraux l'inflant du pofer de l'autre. Au pas, les foulées font intercalaires, s'il m’eft permis de me fervir de cette expreffion, c'eft-à-dire que dans le cas où une jambe de devant fait entendre fa foulée en fe pofant, la jambe de derrière du côté oppolé doit immédiatement après faire entendre la fienne; l'autre jambe de devant effectue enfuite fa battue, & celle-ci eft fuivie de la battue de la feconde jambe de derrière. Or, dès que les foulées des bipèdes, antérieures & poftérieures , font ainfi mutuellement interrom- pues & diagonalement entre-coupées les unes par fes autres, - il n’eft pas poflible que la retombée de a jambe antérieure & la relevée de a jambe poftérieure des bipèdes latéraux foient exécutées en même temps. Fixons la durée de l'action entière de chaque jambe, dont les-battues & les foulées font & ne peuvent être qu'efpacées par des intervalles de temps égaux, à deux fecondes : divifons cette action entière en deux temps, dont l'un fera celui du foûtien, & l'autre celui de l'appui; ces deux temps étant, ainfr que je l'ai prouvé, dans une égalité parfaite, feront chacun d'une feconde. Que rélulterat-il de cette fuppofñition? Fappui de la première jambe de devant mife à terre fera d'une feconde; la D'EMSNNSÈGALEL NI CES: s6t la foulée de l'autre jambe de devant, à laquelle je dois accorder un même efpace de temps pour fon foûtien, ne fe fera que lorfque la feconde fera écoulée; mais cette foulée devant être intercalairement précédée, comme on ne peut le nier, de celle de la jambe de derrière diagonalement oppolée à celle qui la première a marqué fa battue, & ainfi fucceflivement, chaque foulée intercalaire, féparée par des temps égaux, qui ne font autre chofe que les quatre temps que l'on entend dif- tinétement lors du pas, doit être à une moitié de feconde l'une de l'autre. Si chaque foulée intercalire doit être à une moitié de feconde l’une de l'autre, la première jambe de devant tombée, eft à la moitié de fon appui, & la feconde jambe de devant, mie, à la moitié de fon foûtien , lorfque la jambe de derrière, diagonalement oppolée à celle de devant qui a frappé la première, fe pofe fur le fol : or les jambes du bipède antérieur n'ont donc plus, pour la termination du temps qu'elles ont commencé, c'eft-à-dire, l'une pour fon appui & l'autre pour fon foûtien, qu'une demi-feconde, tandis que la per- cuffion diagonale de celle de derrière doit être encore d'une feconde entière, d'où il fuit que la première jambe tombée fe levera, & la feconde jambe élevée fe pofera à la moitié de cette feconde entière, c'eft-à-dire, à la moitié de l'appui de la jambe de derrière qui percute. Si donc l'une fe lève & l'autre fe pofe à la moitié de cet appui, nous fommes néceflités de conclurre que, eu égard aux bipèdes Jatéraux, Y'inflant du pofer d'une jambe n’eft point l'inftant du fever de l'autre, l'élévation de Ia jambe antérieure précédant d'un quart de temps entier l'élévation de la jambe poflérieure, &c fon appui devançant d'un femblable quart de temps celui de cette même jambe poftérieure, & l’une & l'autre fe trouvant conféquemment un quart de temps enfemble à terre & un quart de temps enfemble en l'air. Mais développons ces différentes propofitions d'une ma- nière plus intelligible encore, au moyen d'un plan figuratif ou d'une forte d'échelle qui expofera aux yeux même les Sav, étrang. Tome 11, Bbbb 562 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE moins clair-voyans la vérité & l'évidence de ces temps & de ces actions. . Soit nommée fa droite de devant À, la gauche Z, la droite de derrière C, la gauche fa voifine 2. | Sur la certitude que les foulées font efpacées par des temps égaux, que les durées des appuis & des foûtiens fucceflifs font égales, & qu'en ce qui concerne les bipèdes antérieurs & poflérieurs, l’inftant de la foulée d'une jambe eft celui de la relevée de fa paire, foit tirée horizontalement la ligne 4 A, divifée en plufieurs parties égales aux points ff, alternative- ment pleines & ponétuées : les parties pleines repréfenteront l'appui de la jambe À droite de devant, & les parties ponétuées repréfenteront le foûtien de la même jambe A. La longueur de ces parties entr'elles marquera la durée de chacune de ces actions, une feconde de temps, par exemple, felon la fuppofition que nous avons déjà faite. Soient élevées des perpendiculaires fg fur chacune de ees divifions, & tirée la ligne 8 2, repréfentant la jambe Z gauche de devant. Puifque cette jambe fe détache de terre dans l'inf- tant que fa paire s'y appuie, & qu'elle s'y appuie dans l'inftant que fa paire fe lève, & que ces temps d'appui & de foûtien font égaux entr'eux, il faut que les parties pleines de cette ligne BB foient renfermées entre les mêmes perpendiculaires fg qui renferment les parties ponéluées de 4 À, ces mouvemens oppolés fe faifant dans le mème intervalle de temps défigné par l'efpace horizontal qui eft borné par ces deux perpendiculaires. Mais comme une des jambes du bipède poflérieur fait entendre fa foulée entre celle de 4 & celle de BP, & qu'elle partage l'intervalle de temps qui les fépare en deux également, il faut divifer chacune des parties de la ligne À À, auffi en deux également aux points ee, & élever de nouvelles per- pendiculaires fur ces divifions: ces perpendiculaires diviferont chaque efpace de temps d’une feconde propre à chaque action d'appui ou de foûtien de chaque jambe, en deux également d'une demi-feconde chacun, qui eft l'intervalle de temps qui fépare chaque foulée, Or la foulée qui fe fera entendre entre RSR nn , —… D'É/51 S'ETEIN CE 563 celles des pieds À & B, fera celle de D sauche de derrière; il faut conféquemment placer ha ligne D D entre la ligne AA & la ligne BB, & la tracer de manière que le com- mencement des parties pleines réponde au milieu des parties plemes de AA, puilque chacun des mouvemens fucceflifs de cette jambe commence une demi-feconde de temps après les mêmes mouvemens de la jambe 4, & précède toûjours d'une demi-feconde ceux de la jambe 2, Enfin le pied C fera entendre fa foulée après celle du pied B & dans l'inftant que D abandonnera le terrein ; tirons donc une ligne CC au deflus de la ligne BZ B, de manière que fes parties pleines répondent aux parties ponétuées de la ligne D D, & les ponétuées de CC aux pleines de D D. Les commencemens de chacune de fes parties répondront aux milieux de celles de Z B, comme les commencemens de celles de D D répondent aux milieux de celles de À À. Ces opérations faites, il eft certain qu'aucune des actions générales & particulières du cheval ne peuvent échapper ; tous les temps en font véritablement diftinéts & exactement mefurés, & tandis que fes mouvemens offufquent quiconque les contemple dans l'animal qui agit, la fucceflion harmonique en eft ici f1 clairement dévoilée, qu'il n’eft, pour ainfi dire, plus poffible d'errer: chaque objet eft tellement arrêté & foûmis aux yeux qui l'envifagent, que tout homme peut fe convaincre fürement & à jamais que le cheval cheminant au pas eft alternativement porté, 1.” par la jambe À & par la jambe C, bipède latéral, pendant un quart de temps que chaque jambe met à compléter fon action, ou, ce qui revient au même, fon appui & fon foûtien pris enfemble, c’eft-à-dire durant une demi-feconde, puifque la durée de cet appui & de ce foûtien pris enfemble eft fuppofée de deux fecondes ; 2. dans le fecond quart de temps par la jambe D & par la jambe À, l'une gauche de derrière, l'autre droite de devant, ces deux jambes fe répondant diagonalement; 3° dans le troifième quart de temps par la jambe Z qui arrive à terre & par ka jambe D qui eft prête à la quitter, Fune & l'autre Bbbb i 564 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE compofant un autre bipède latéral; 4.” & enfin dans le qua- trième quart de temps par la jambe © qui fe pofe fur le fol & la jambe 2 qui y eft encore, ces deux jambes étant diagonales. Ainfi s'achève & fe termine l'action du pas, pendant laquelle onentend une, deux, trois, quatre battues efpacées également d'une demi-feconde, fi chaque jambe emploie deux fecondes à compléter fon action entière ou fon pas particulier. - Examinons à préfent le cheval au trot; traçons des lignes femblables à celles de la figure 2; celles qui feront pleines marqueront encore la durée de l'appui, & celles qui feront ponétuées défigneront celles du foûtien. Soit donc tirée a ligne AA, divifée en parties égales à 1, 1, 2, & foient élevées des perpendiculaires fur ces divifions: mais l’aétion des jambes au trot diffère de faétion des jambes au pas ; 1.” en ce que lorfque cette allure eft déterminée & foûtenue, l'action complette des quatre colonnes eft marquée par deux foulées feulement, un pied de chacun des bipèdes antérieur & poftérieur frappant toüjours en même temps; 2.° en ce que chaque jambe de chacun de ces bipèdes n'attend pas que fa paire foit tombée pour fe détacher de terre, car il eft entre ces deux actions un inftant très-rapide, pendant lequel la mafle s’'élançant en avant; n'eft étayée fur le fol par aucune partie; d’où il fuit que la durée du temps de l'appui eft un peu plus abrégée que la durée du temps du foûtien. Nous ne tirerons donc pas les parties pleines de la ligne À À de manière à en remplir en entier l'efpace à 1, ou 2, 1: le furplus de cet efpace ponétué dénotera le court moment &c le léger intervalle où toute la machine eft en l'air: de plus, la foulée de À ne fe faifant jamais entendre qu'avec celle de D, nous tracerons la ligne D D de façon que fes parties pleines répondent aux parties pleines de 4 À & foient com- prifes dans les mêmes perpendiculaires, & ainfi des lignes CC & BB relativement l'une à l'autre. , La feule infpe‘tion de cette figure ne permet à aucun temps des jambes, quelque prompte qu'en foit lation, de f dérober à nous; elle nous marque toutes les circonftances PET. - DES SCIENCES. 565 de la durée du foûtien & de l'appui, & il eft évident qu'à cette allure, plus diligente & plus relevée que celle du pas, chaque jambe du bipède antérieur agit toüjours diagonalement avec celle du bipède poftérieur, l'animal, à l'exception du moment prefqu'infenfible de fon élancement, n'eflectuant fa progreffion que par {a tranflation de deux jambes ainfi mûes & de deux jambes ainfr pofées, & les foulées des jambes qui tombent s'exécutant dans un fi grand enfemble, que des quatre battues on n'en entend jamais que deux. Il faut néanmoins obferver que cette précifion des foulées digonales n’eft point telle dans le cheval foible, abandonné & qui trotte mollement. Le fon provenant de l'appui des deux jambes qui tombent, n'eft point un fon net, c’eft un fon traîné réfultant de leur chûte difcordante & non exacte- ment fimultanée, femblable à peu près à celui qui frappe notre oreille lors de la prononciation des deux confonnes #r pré- cédant la voyelle 4, à laquelle elles fe trouvent unies, tra. Pour exprimer cette différence, prolongeons donc la ponétuée de DD au delà de la perpendiculaire qui borne la feconde di- vifion de notre figure, & arrêtons à la méme perpendiculaire la ponctuée de À À, en forte que la partie pleine de cette même ligne À À occupe tout l’efpace de la troifième divifion: par ce moyen nous fixerons en quelque façon l'intervalle qui fépare la tombée des jambes 4 & D, la jambe À attei- gnant le fol la première & devançant à cet égard la jambe D d'un inftant, dont la durée ne peut être parfaitement définie; mais fi, vü la plus grande lenteur ou le moins de célérité de la foulée de cette jambe, la ponétuée de D D entime la troifième divifion, la durée de fon foûtien ne pouvant être . qu'à raïfon de celle de fon appui, la ligne pleine qui défigne ce dernier temps doit néceffairement prendre fur la quatrième divifion ce qui lui a été enlevé par la ponétuée dans la troifième. Or, les foulées € & B ne s’exécutant point enfemble dans cette quatrième divilion, puifque la chûte de la jambe C y eft précédée par celle de la jambe 2, par la même raifon qui, dans la troifième divifion, nous a engagés à marquer la chûte B bb ii 566 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE de la jambe À avant celle de la jambe D, il eft vifible que D & B, bipède latéral, feront à terre en même temps pendant un intervalle égal à celui qui fépare les foulées diagonales. C'eft auffi ce qui pofitivement arrive dans le trot de F'a- nimal ruiné ou fans vigueur, & dont le derrière n’a ni affez de force ni aflez d'activité pour chafler le devant qu'à peine il peut fuivre: le cheval fe berce fans cefle, fon derrière eft flottant ; il ne fe meut que par fecoufle, fans néanmoins que la mafle abandonne jamais entièrement le fol & que le pied du bipède poftérieur puiffe atteindre la pifle de celui du bipède antérieur qui, conjointement avec lui, forme un bipède latéral. Cette allure, en un mot, peu diftante de terre, approche pluftôt d’un pas preffé, & dans lequel l'animal eft fur les épaules, que de ce véritable trot où la machine eft un inftant incommenfurable en l'air, d'autant plus qu'ici, & pendant ce même inftant, le cheval eft pofté fur deux jambes du même côté, ainfr qu'au pas, le furplus de fa durée de l'appui de Ia jambe Z, la jambe D ayant quitté terre, étant accompagné de celui de la jambe €, & l'animal étant par conféquent alors appuyé fur les deux jambes diagonales. I! eft encore une forte de trot bien plus uni que celui-ci, mais moins relevé & moins déterminé que le premier. Prolongez les lignes pleines À & D jufqu'à la perpendiculaire qui borne la cinquième divifion, & les lignes pleines BC jufqu'à la perpendiculaire qui fert de limite à la figure, vous aurez les juftes mefures de l'aétion des jambes à cette dernière allure. 1.” Les temps de l'appui & du foûtien de chacune d'elles font toûjours parfaitement égaux: 2.” À D étant dans leur appui, CB font exactement dans leur foûtien: 3.” au même moment où CB tomberont, À D fe leveront inconteftablement; d'où il réfulte qu'au trot dont il s'agit, non feulement l'inf- tant de la levée d’une jambe du bipède poftérieur eft l'inftant de fa pofée de l'autre, comme f'inftant de la pofée d’une jambe du bipède antérieur eft linftant de la levée de fa voifine, mais linftant de la levée d’une jambe du bipède latéral eft encore l'inftant de la pofée de l'autre jambe du e— D, ES SUCYL Er Nr Cr E:6; 56 mème bipède; en forte que les levées & les foulées étant exactement fimultanées de toutes parts, les deux jambes qui tombent, &'fur lefquelles la male eft toüjours diagonalement étayée, ne font jamais entendre qu'une feule battue, L'amble a été de tout temps, & avec raïfon, regardé comime un train défectueux, pluftôt propre, fuivant le té- moignage de l'expérience, à de jeunes poulains qui n'ont pas encore acquis leur force, à des chevaux naturellement foibles de reins, ou à des chevaux ufés & ruinés par le travail, qu'à Janimal qui a du nerf & de la vigueur. Cette allure, la plus bafle de toutes & la moins détachée de terre, a été totalement bannie des manéges: outre qu'elle eft fort alongée, & que chaque membre a par conféquent un terrein confidérable à décrire, l'ordre dans lequel ils agiflent & font fucceflivement dans le repos eft tel, que la machine n’eft jamais alternative- ment portée que par un des côtés, l'autre n'ayant abfolument aucun appui: or ce défaut d'équilibre, cette fituation chan- celante, qui contraint l'animal à un balancement continuel & fans lequel fa chute feroit inévitable, joints à l'étendue du chemin que chaque colonne doit parcourir, demandent une diligenceextréme & une grande promptitude demouvemens, & c'efl précifément cette vitefle & cette célérité, néceffaires pour l'exécution d'une marche incertaine, brouillée, & dans laquelle la mafle n'eft jamais affermie, qui excluent de nos Écoles tout cheval qui va l’amble. En eflet, obligé dès-lors de rafer conti- nuellement le tapis, parce que fi les colonnes mûes & agiflantes étoient conduites à une certaine hauteur, il tomberoit infail- liblement fur le côté, & que d’ailleurs elles perdroient confi- dérablement fur la longueur du chemin qu'elles ont à embrafier, ÿ ne peut jamais faire montre par leur élévation & par leur foûtien de la liberté de fes reflorts; liberté dont il eft ordi- nairement privé, vû fa foibleffe, mais qui feroit néceffairement étouflée par la précipitation avec laquelle if doit fe mouvoir, quand même on l'en fuppoferoit doué. Ainfi cette aétion ne pouvant ètre mefurée, foùtenue, fonore & cadencée, ne fauroit être foümile & rappelée à ce point de juflefle, de 568 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE précifion & d'harmonie, qui eft une fuite & un efet de l'art, & ne peut en aucune manière étre envifagée par les Maîtres comme un objet férieux d'étude & de réflexion. Soient, conformément à nos premiers procédés, tirées les lignes AA, CC, BB, DD, toûjours &également pleines pour marquer la durée de l'appui des colonnes qu'elles repré- fentent, & ponétuées pour établir celle de leur foûtien. Dès qu’à Jamble l'animal eft alternativement porté par un bipède latéral, l'autre étant dans fon foûtien, dès que l'inftant de la tombée d'un de ces bipèdes eft l'inftant de la levée de l'autre, dès qu'enfin chaque jambe du bipède qui a quitté le fol y retombe {1 précifément enfemble qu'on n'entend qu'une feule foulée pour les deux, je me contenterai, pour défigner les unes & les autres de ces conditions, de tracer mes lignes de façon que les pleines D B répondent conftamment aux ponétuées CA, & que les pleines C À répondent aux ponctuées BD. Il eft vrai que cette figure ne peindra point aux yeux les circonftances qui caraétérifent & qui diftinguent l'amble parfait de famble le plus ordinaire, mais elles ne naiflent que du plus ou moïns de chemin que fait l'animal, conféquemment à l'action alternativement plus où moins avancée des jambes qui forment le bipède poftérieur. En effet, la perfection de cette allure dépend de la flexion confidérable des vertèbres lombaires: dès-lors le derrière étant extrêmement baifié, la jambe D & la jambe Coutre-paflent de près d'un pied à chaque temps alternatif la dernière pifte tracée par les jambes antérieures qui quittent terre avec elles, au lieu qu'à l'amble ordinaire, le derrière étant moins fléchi, plus roïde & plus élevé, ces mêmes colonnes € & D n'atteignent le fol que environ à l'endroit de la pifte marquée par la foulée qui pré- cède la levée des colonnes avec lefquelles elles cheminent. Or, mon échelle n'étant point une échelle odométrique deftinée à mefurer les diflances & à compafler l'étendue du terrein que chaque membre parcourt, if ne m'auroit pas été poffible de repréfenter ici ces différences; auffi n'ai-je pré- tendu qu'à l'avantage de faire difcerner clairement l'ordre des mouvemens TS — Ex Tiv0ts ns dà DAPNSMMSNEUTIEUNN CES 569 mouvemens & de fixer les temps & les durées auxquels elles n'apportent aucun changement. I n'en eft pas ainfr de Fallure qui conftitue ce que nous appelons lamble rompu ; cet ordre, ces temps fe trouvent alors intervertis ; l'ordre, en ce que l'animal n'eft pas toujours porté fur un bipède latéral, car il eft un moment, à la vérité très-court, & qui eft à peine fenfible, pendant lequel il eft äppuyé fur deux jambes diagonales ; les temps, en ce que ceux du même bipède ne font point parfaitement fimultanés, les jambes ne foulant point & ne s’'élevant point exactement enfemble, de façon que l'on entend fa pofée de chacune d'elles, & que l'oreille diftingue les quatre battues, les deux foulées de chaque bipède latéral fe fuccédant & fe faifant très-près l'une de l'autre. Il ne me fera pas difficile de le démontrer. : Abrégeons a ponétuée B dans la quatrième divifion; {a ligne pleine que nous lui fubflituerons jufqu’à la perpendiculaire qui bôrne cette même divifion, dénotera l'intervalle qui fépare fa foulée de celle de la jambe D, bipède fatéral: fi la jambe B a précédé par fa chüûte le même temps de Ha colonne D, il eft certain qu'elle ne peut aufii qu'en devancer le foûtien. Reftittions-ui donc dans la cinquième divifion ce que nous lui en avons retranché dans la quatrième; le même intervalle qui a féparé la pofée de ces deux jambes en féparera la levée, - Mais dans le même inftant où Z quitte terre, À eft néceffaire- ment forcé d’y tomber : or D ne l'ayant point encore abandon- née, il eff conftant que le cheval, pendant ce moment incom- menfüurable , eft étayé fur deux colonnes diagonales. C’eft ce que je n''étois propofé de prouver pour donner une véritable idée de l'aétion & des temps des jambes à cette allure, connue encore fous les noms d'entrepas & de traquenard, & dans laquelle Yanimal n'avance jamais autant que dans l'amble parfait & dans lamble ordinaire, d'autant plus qu'il perd du chemin qu'il auroit fait, tout ce dont la mafle eût été portée en avant pendant ce léger inftant qui a partagé les tombées de a première & de la feconde jambe du même bipède, & Say. étrang. Tome 111 C cec 570 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE dans lequel la machine a été étayée diagonalement. Quelque prompte que foit l'action des membres au galop, l'œil faifit trop aifément leur arrangement & l'ordre dans lequel ils font müs pour que l'on puifle former des doutes à cet égard. Il doit être tel, qu'un des bipèdes latéraux devance toûjours l'autre, de forte que lorfque l'animal galope à droite, les jambes droites de devant & de derrière outre - paflent conftamment les jambes gauches dans leur marche & dans leur foulée, figure 1, comme lorfque l'animal galope à gauche, les jambes gauches outre-paffent les jambes droites. Dans cet état le galop eft réputé jufte & uni, la jufteffe dépendant de la jambe de devant qui outre-paffe ou qui mène ou en- tame; car l'allure eft falfifiée fi à droite la jambe gauche, & fi à gauche la jambe droite devancent; & Funion ne naiflant que de l'accord des membres du derrière & du devant, celui de derrière étant néceffairement aftreint à fuivre le mouve- ment de la jambe avec laquelle il forme un bipède latéral, en forte que l'une de devant entamant, celle de derrière du même côté doit entamer aufli, fans cette condition, l'action du cheval eft defunie, & d’ailleurs chancelante & peu füre. Confidérons l'animal galopant à droite & dans fa courfe naturelle, foulant trois fois feulement le fol à chaque pas com- plet du galop; la jambe D effe‘tue la première battue, CB enfemble la feconde, & la jambe À la troifième : voilà des temps marqués & qui ne fe dérobent point aux fens; mais la vûe la plus perçante s'égare bien-tôt lorfque, pour fixer la durée des appuis & pour s’affurer de celle des foûtiens, elle court, pour ainfi dire, de jambe en jambe, cherchant à déméler tous les temps de l'action de l'une féparément , de deux ou de toutes enfemble. La rapidité de leur mou- vement emportant fur la vivacité de l'organe, nous voudrions en vain difcerner & faifir l'étendue ou les intervalles , les comparer & les divifer par parties; nos efforts ne fervent qu'à augmenter le trouble, & chaque objet ne pouvant être diftinétement envifagé, ne fait fur nous qu'une impreffion obfcure, confufe, & d’ailleurs trop foible pour afleoir fur elle D'E SOS CIRE N'C'E' S S7I quelque chofe de certain. Le ul moyen qui s'offre à nous pour diffiper, ou pluflôt pour diminuer les ténèbres d'une telle nuit, eft donc de combiner & d'unir les faits les plus apparens dont nos fens dépolent, avec les idées qui réfultent du méchanifme connu de l'animal, & d’en compofer un corps dont {a lumière réfléchie puiffe au moins guider & fatisfaire notre raifon. IL n'eft pas douteux, & tout le monde convient, que le galop eft une forte de faut en avant; l’élancement de toute la machine dans cette action en eft d’ailleurs une preuve, Or, nul élancement poffible aux quadrupèdes qu'enfüite du rejet du devant fur le derrière, car c'eft ainfi qu'ils entament leur courfe, & qu'enfuite du port fubit des pieds de derrière près du centre de gravité , car c'eft ainfr qu'ils la continuent; & flon que ces mêmes pieds feront plus où moins près de ce centre, que les flexions & les détentes des colonnes chargées de a mafle feront plus ou moins grandes & plus où moins obliques, Fanimal s'alongera plus ou moins en embraffant plus de terrein à chaque pas complet du galop où fon ation, plus ou moins raccourcie, fera auffi plus foûtenue & plus détachée de terre. Ces principes & ces vérités, que je dois me difpenfer de détailler & d'approfondir ici, fuffifent pour nous conduire à la connoïffance des raïfons de la diverfité des degrés de vitefle & d'élévation, & conféquemment à la diflinétion exacte des différens genres de galop dont le cheval eft capable. Si les colonnes poftérieures prennent leur appui moins près de la direétion du centre de gravité, elles feront moins fléchies, Ja détente s'en fera dans une direétion plus oblique de F'arrière à l'avant, & fon effet fera conféquemment tel que la machine moins élevée ne pourra parcourir que plus de terrein en avant. : D'une autre part, le bipède antérieur, dont l'appui étoit d’autant plus près de la direétion de ce centre que celui du bipède poitérieur en étoit plus éloigné, ne foûlevera jamais par Ja fienne confidérablement l'avant-main: fa percuffion étant dans le même degré d'obliquité que celle du derrière, favorifera Ccccij Fig. 5 572 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE pluflôt encore le port de a mafle dans le fens auquel elle eft déterminée par l'effort du bipède poftérieur, & c'eft ce qui caractérife le galop le plus ordinaire & le plus naturel, c'eft-à-dire, celui dans lequel nous n'entendons que trois foulées, exécutées par les jambes D /C'B) À, dans l'ordre que nous avons remarqué. Nous avons vü d’abord, & il eft certain, que la mafle eft premièrement rejetée fur la jambe de derrière oppofée à celle qui entame, Dans ce même moment les jambes antérieures étant en l'air, celle-ci, occupée de la plus grande partie du poids, fuccomberoit infailliblement fans l'action prompte & fubite qu'elle fait pour s’en délivrer. Cette action, qui tend d'un côté à porter le centre de gravité en avant, & de l'autre à rejeter le poids fur le membre qui poftérieurement l'avoifine, & fur celui de devant qui compofe avec elle un bipède latéral, follicite la chûte de ces deux jambes qui reçoivent la mafle dans fa tombée, & qui, par leur percuffion oblique, la portent encore plus en avant en Ja relevant médiocrement: alors, & à l'inftant même de leur relevée, la jambe de devant qui entame, ajoute par fa percuffion , d'où dérive la troifième battue, un nouveau degré de vitefle à ces mouvemens com- binés, mais plus particulièrement à celui de l'élévation de Yavant-main; & cette troifième battue, qui eft toüjours la plus fenfible , étant effectuée, la machine eft en l'air jufqu'à ce que la jambe de derrière, qui la première s'eft fait entendre, atteigne le fol & foit chargée de nouveau. Recourons à la voie qui nous a paru jufqw'ici la plus propre à manifefler nos idées. Soient tirées les parallèles À B C D, divifées par des perpendiculaires formant entr'elles trois efpaces égaux, puifqu'il sagit d’un galop dans lequel on n'entend que trois foulées, & les points für lefquels ces perpendiculaires font placées étant efpacés également, puifque loreille nous apprend auffi que ces foulées font elles - mêmes efpacées par des intervalles de temps égaux, dont Pun fépare ia battue D de la double CB, & l'autre la battue CB de celle de À. Ajoûtons à ces trois efpaces un autre efpace quelconque borné par une au DES SCIENCES. … 573 perpendiculaire, celui-ci repréfentant le temps où les quatre colonnes font détachées du fol, ce temps ou cet intervalle étant fenfiblement plus long que les deux autres, & fa durée étant d'ailleurs proportionnée à la hauteur, à l'alongement de l'action du galop, & à la force de l'élancement de l'animal. La jambe D devant être la première chargée, remplira, par fon appui, le premier efpace, les ponétuées CB À dénotant que les trois autres jambes font en l'air; & comme il paroit que l'inftant de la levée de D eft le même que celui de Ja pofée de fa voifine C (car fi lonpouvoit dire que ces inftans ne font pas parfaitement fimultanés, l'efpace de temps où ces jambes feroient à terre enfemble feroit fi court, qu'il ne méri- teroit pas qu'on s'y arrêtât }, la pleine C remplira le fecond : mais B, vü le peu de hauteur à laquelle l'avant-main ef portée dans cette aétion, fe pole conftamment à terre avec {a dia- gonale €, favoir, € près de la direétion actuelle du centre de gravité, & 2 prefque perpendiculairement, mais un peu en avant, de manière que lune & l'autre colonne réuniffent leurs efforts pour percuter du devant à l'arrière: la pleine 2 occupera donc aufli le même intervalle, tandis que nous placerons dans le troifième la pleine de À, cette jambe, dont la battue eft plus forte & plus marquée que celle des autres, attendu fa plus grande élévation & fa direétion plus perpen- diculaire lors de {a percuflion, qui foùlève pluftôt l'avant-main uelle ne le porte en avant, commençant fon appui dans fhaltant que CP finiffent le leur. Enfin, ayant obfervé que chaque pas, complété par l'action fucceffive de D, de CB enfemble & de À,1, 1,2, eft diftinét & féparé par un intervalle de temps fenfible qui s'écoule entre la dernière foulée de À & Ja répétition de celle de D, ayant ajoûté par cette raifon un efpace quelconque, & cet efpace quelconque devant défigner f'inftant où la machine eft abfolument en fair, il fera rempli par les ponétuées de toutes les précédentes. A fafpect de ce plan, contenu dans la première & dans la feconde divifion de la figure 5, & qui nous préfente une multitude de chofes fur lefquelles l’objet auquel je me borne ccc ii # s74 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE dans ce Mémoire ne me permet pas de m'étendre, l'arran- gement & l’ordre des jambes dans leur mouvement & dans leur appui font évidens. L'animal eft d'abord porté par une jambe, enfuite par deux, & enfin par une, ce qui ne paroît pas poflible, à moins que l'on ne faffe attention à la direc- tion, ainfi qu'à la rapidité & à la céicrité de l'action des membres qui, tour à tour & fucceflivement, viennent au fecours de la machine, s’oppofent à fa chûte, la foûlèvent, la chaflent & l'étaient. Les foulées font également efpacées, & c'eft ce dont tout homme attentif au bruit ou au fon réfultant du heurt des colonnes fur le fol, fera inévitablement convaincu. Ces foulées font féparées entr’elles par deux in- tervalles, mais ils ne peuvent entrer en proportion avec celui qui fépare chaque pas complet, fr nous nous en rapportons encore à la dépofition du même organe. Enfin l'appui de chaque colonne eft moins du tiers du temps qu'elles mettent à compléter leur action ; & leur foûtien, vü la véhémente per- cuffion, qui ne peut être effectuée & porter le corps en avant que par l'excès de la vitefle du membre percutant fur celle du corps müû, fera environ à l'appui, comme 2, plus le temps que a machine eft en fair, eft à 1. Suppofons à préfent que la flexion des vertèbres lombaires occafionnant l'abaiflement du derrière, & les angles des co- lonnes poftérieures étant plus rétrécis & plus aigus, ces mêmes colonnes prennent leur appui plus près de la direétion du centre de gravité ; dès-lors la plus grande portion du corps de l'animal fe trouvera rejetée fur elles. Les colonnes du bipède antérieur, débarraffées & déchargées, pourront donc , aidées d’ailleurs par le jeu des lombes & des autres agens dont j'ai parlé, foûlever, au moyen de la plus lévère percuffion , l'avant- main à une hauteur confidérable: & leur détente fe faïfant, ainfi que celle du bipède poftérieur, dans une direction moins oblique de farrière à avant qu’à l'allure que nous venons de figurer, la maffe entière fera plus élevée que chaflée: de-là ces actions détachées de terre & moins alongées, Je veux dire ces différens genres de galop, plus ou moins foûtenus D ESS Gi NC E Se & plus ou moins cadencés, felon le plus ou fe moins d'obli- quité des membres percutans, dans lefquels quatre battues très- diftinétes frappent toûjours notre oreille, & qui ne font véritablement qu'un eflet de l'art, parce qu'ils exigent de a part de l'animal un enfemble qu'il fuiroit & dont il feroit incapable fans une force, une agilité & une foupleffe qui n'ont pà être développées que par des leçons fages , mefurées & difpenfées fivamment. Nous en avons une image dans les paraïlèles coupées de Ja 3°, 4°, 5° & 6° divifion de la même figure : la 3° & 4° de ces divifions expriment les temps d’un galop moins vite, mais plus relevé que le précédent, & les autres renferment & fixent ceux d'un galop encore moins alongé, plus foûtenu que celui-ci, & infiniment plus cadencé & plus harmonieux, s'il m'eft permis de me fervir de cette expreffion. Dans l'un & dans l'autre, à en juger par limpreflion que les foulées font fur le fens de l'ouïe, elles font efpacées également, & ce fens eft encore affecté de quatre battues très-fonores, la pofée de C'B n'étant & ne pouvant être ici fimultanée, ainfi qu'au galop à trois temps entendus, vü que la plus grande élévation de l'avant-main favorife la féparation de la chûte de ces jambes diagonales; mais l'inftant de l’élancement, c’eft-à- dire, linftant où la machine eft totalement détachée du fol, eft dans la première de ces actions entre la pofée des deux jambes de devant & la pofée de celles de derrière, tandis qu’il eft dans la feconde entre la foulée des colonnes poftérieures & celle du bipède antérieur, & cette différence eft clairement marquée par le lieu où j'ai placé l'intervalle ajoûté pour défigner cet inftant. Du refte, les foûtiens feront, ceme femble, aux appuis environ, ou à peu de chofe près, comme 3, plus linter- valleajoûté, eft à r : cependant le derrière étant toüjours plus bas, plus fléchi & moins élevé que le devant, il eft néceflaire que l'appui de DC foit plus long que celui de BA; car ce mème derrière, dont font chargés D C, ayant moins de chemin à parcourir de haut en bas, D C n'auroient jamais le temps de compléter leur action en revenant à leur appui, 576 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Ainfi, pour parler avec plus de précifion, les foûtiens du devant feront à leur appui comme nous l'avons dit, & les foûtiens des colonnes poftérieures, dont la diligence eft ex- trême, feront plus courts, en raifon des appuis, à proportion du plus long intervalle de temps que ces colonnes feront à terre, cet intervalle ne pouvant être pris qu'aux dépens de la durée des foûtiens, puifque les quatre foulées font toûjours efpacées également. J'ajoûterai que ce dernier genre de galop, qui diffère des deux premiers en ce que l'intervalle dans lequel la machine eft entièrement en l'air fe rencontre immédiatement après la foulée du bipède poftérieur, eft par cette raifon plus véritablement comparable au faut que les deux autres. Imaginons, par exemple, figure $, 7. & 8 divifion, que d'une part les colonnes poftérieures prenant enfemble, & fans Soutre-pafler, leur appui près de la direction du centre de gravité, l'animal ufe de toute fa force dans le moment de leur détente fimultanée, & percute continuellement avec cette même force, en leur faifant parcourir un plus grand arc, à l'extrémité duquel elles feront dans une direétion plus oblique ; que d'un autre côté les colonnes antérieures agif- fant auffi enfemble, & ne foülevant que médiocrement Yavant-main , prennent leur appui plus avant & parcourent auffi ün arc plus confidérable ; il en réfultera une action de la dernière célérité. Or, dans cette action, qui dérive unique- ment de {a fucceflion de plufieurs fauts précipitamment répétés, & qui ne nous fait entendre que deux foulées , une feule partant de chaque bipède, il eft certain que le moment où l'on aperçoit les quatre fers de l'animal, fuit toûjours celui de la chüte fubite des colonnes poftérieures qui tombent aufli-ôt que les antérieures qui ont frappé le fol fe relèvent, & ce moment étant précifément le même au galop dont il s'agit, il s'enfuit que ce galop, quoique plus raccourci que les précédens, tient néanmoins pluftôt qu'eux de ce mouvement “prompt & violent par le moyen duquel les animaux fautent & s'élancent, 21,8 Il LR À nes don tt DES SICILE N CE s77 IF me refle à examiner en peu de mots la Théorie du célèbre Borelli fur la matière qui fait mon objet. Ce fameux Mathématicien s’eft propofé dans fon Traité de Motu aninalium, de fapper jufque dans fes fondemens une vérité reconnue & adoptée de tout temps, mais qu'il fe croit en droit d'envifager comme une erreur groflière, dont le crédit n'eft fondé que fur l'aveugle crédulité du commun des hommes , & même d'une foule de Philofophes & d’Anatomiftes illuftres. Après avoir invinciblement démontré que nul quadrupède ne peut fe tenir debout & à une même place, qu'il ny foit affermi fur trois ou fur quatre jambes enfemble, il entre- prend de prouver par les mêmes principes qu'il a établis, que la progreflion demande néceflairement aufli l'appui de trois jambes en même temps, en forte que le mouvement local , eu égard à ce genre d'animaux, ne fauroit être efledtué, ainfi qu'on la penfé jufqu'ici, au moyen de la tranflation & de l'appui fucceffif des colonnes, deux d'entrelles étant en l'air & les deux autres étant à terre, Appliquant enfuite au cheval les maximes fur lefquelles il étaie le fait de la certitude duquel il voudroit nous con- vaincre, il fait paffer cet animal, de la pofition immobile , ferme & aflurée dans laquelle il eft lorfque fa machine oblon- gue eft en repos fur quatre points, à l'aétion du pas, en foûmettant les membres müûs, non aux loix que leur a impofées la Nature, mais à celles qu'il paroît leur avoir invio- lablement prelcrites, (figure 2, 6° divifion € fuivantes.) On a de la peine à concevoir d'abord comment Borelli qui s'élève avec tant de force contre tous les Artifles, tant anciens que modernes , & qui leur reproche une ignorance dont leurs propres ouvrages inftruiront la Poflérité, ne s'eft pas exempté de commettre Ja faute qu'il leur impute. En effet, s'ils n'ont pas dû, dans leurs flatues de fonte & de marbre, repréfenter les chevaux deux jambes en l'air diago- nalement oppofées, par la feule raifon que l'animal ne peut fe foûtenir dans fa marche qu'autant qu'il eft conftamment appuyé fur trois jambes, pourquoi les Planches ou Tables Sav. étrang. Tome 111, D ddd Chap. 18, Prop. 151 & JE Chap. 20 à Prop. 1 65. Prop. 1 66% Fio. 3 G 2. 578 MÉMOIRES PRÉSÉNTÉS A L'ACADÉMIE KI & XII de fon Traité, auxquelles il a certainement pré fidé, & qui font uniquement deflinées à donner plus de jour à fes idées, démentent-elles fes propofitions en n'offrant que des chevaux gravés dans cette attitude qu'il cenfure? L'évidence qui peut naître de cette contradiction, eft celle de la faufleté du principe avancé par un Auteur qui n'eft pas même parvenu à fe concilier avec lui-même. Je la porterois. à fon plus haut degré au moyen d'une fimple interverfion des lignes que j'ai tracées, & en accompagnant ces changemens de uelques réflexions, mais je facrifie volontiers cette difcuflion au defir d’abréger. Que l'animal fit foûtenu fur trois jambes, la ligne de direction tombera fur une bafe fort large, telle, par exemple, que celle qui eft renfermée dans le triangle AD, DC, CA; il fera par conféquent plus affuré fur le fol, que sil m'étoit porté que par deux colonnes diagonales ; car alors la bafe n'étant qu'une ligne du plan de laquelle la ligne de direction pourra très-aifément fortir, il feroit, pour ainfi dire, toûjours chancelant, &c fa chûte feroit inconteftablement plus prochaine. Voilà, j'en conviens , une des règles invariables & conftantes de la Méchanique. Cette règle eft-elle néanmoins indifpenfablement applicable ici, & devons-nous abfolument penfer que fans la première de ces conditions le mouvement progrefhf eft impoffible ? Telle a été la fource de l'égarement de Borelli; il ne s'eft arrêté qu'aux conditions du repos, & faute de connoiître celles de l'aétion , il n’a admis aucune différence entre la ftation & Ia marche. Relativement à la flation, l'on ne peut révoquer en doute la jufteffe des confé- quences qui dérivent des propofitions 1 $ 1 ©" 1 2, mais feur application à la marche eft une extenfion faufle & forcée. Je confidère la progreflion en général comme une action dépendante de la volonté ; mais je ne vois pas que les mou- vemens alternatifs & continus des membres dans cette action , en foient conftamment un aéle particulier. Nous marchons, ainfi que les animaux, fans qu'une volonté réitérée & fenfible détermine à chaque mouvement le cours des efprits : or ces s DES, $C LIEN CE S, 579 mouvemens qui, pour être opérés, nont befoin ni d'une volonté expreffe ni d'une attention réfléchie , font donc prefque toüjours des mouvemens automatiques ou machi- naux , tels que ceux auxquels nous fommes invités confé- quemment à de certaines perceptions. Le moyen le plus fimple d'en folliciter ici l'exécution , étoit de provoquer en quelque façon cette crainte naturelle dont eft tout-à- coup & machinalement faifi l'animal lorfqu'il chancelle ou qu'il eft voifin de fa chûte; mais ce fentiment, ou cette crainte, n'auroit pà être provoqué, dès qu'il auroit été aflermi dans fon mouvement progreflif comme il left dans le repos ; de-là, fins doute, l'obligation dans laquelle tout quadrupède cheminant fe trouve de mouvoir alternativement deux jambes enfemble, & de ne jamais repofer que fur deux points, & la néceflité, par conféquent, de cette fuite répétée de pofitions toutes non flables par fefquelles il pafle & entre lefquelles il flotte. D'une part cette inftabilité met fa volonté à l'abri des fatigues d'une contention continuelle, & qui feroit inévitable sil ne lui fufhfoit pas de confentir, & fi elle devoit fans ceffe ordonner; de l'autre, fes degrés font, pour ainfi dire, la melure de ceux de la vitefle de l'animal. Qu'un cheval foit aflujéti à une répétition d'efforts, à l'effet de vaincre la réfiftance que lui oppofe le poids confidérable qu'il tire ou qu'il porte, la force qu'il eft contraint d'employer exigeant qu'il Joit plus ferme & plus afluré fur le fol, il n'agira fuc- ceflivement que d'une jambe feule, les trois autres étant à terre, & fa marche fera toûjours très-lente & très-tardive. Supprimons le fardeau | & laiflons-le cheminer librement, nous nous convaincrons que la célérité de fa progreffion augmente en raïfon de fon inftabilité. Suppofons d'abord que la ligne de direétion réponde à une ligne droite dans le premier & dans le troifième quart de temps de fon action, & à une ligne diagonale dans le fecond & dans le quatrième, cette allure ne fera autre chofe que fe pas. Mais cetie faculté de changer & de faire fuccéder ainfi D dddi; 580 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE les points d'appui ne le conflitue pas dans une attitude affez incertaine. Renfermons, en quelque forte , fon centre de gravité dans la feule direction de deux points diagonalement oppofés, de manière que nous n'enteridions que deux foulées au lieu de quatre, cette aétion fera celle du trot, & elle fera plus vite que la précédente. Privons alternativement de tout appui les côtés de la mafle, un bipède latéral étant en Vair, tandis que l'autre bipède latéral fera chargé , l'animal fera porté à un mouvement encore plus prompt d'où dérivera Vamble; & s'il n'eft enfin fucceflivement étayé que fur un pied, preffé machinalement par l'évidence & par la proximité du danger qu'il court , il ne ceflera d'appeler fes membres au fecours les uns des autres, & de la rapidité avec laquelle ils fe fuccéderont , naîtra l'action diligente du galop. Les vües que Borelli a cru devoir prêter à la Nature, font donc infiniment au deflous de fes reflources & de fon pouvoir. Je ne fais fur quel fondement le Docteur Defaguliers s'eft emprefié d'embraffer fon opinion, & d’orner les notes inférées dans fon Cours de Phyfique expérimentale de la propofition que j'ai combattue. De quelque poids que puiffe être l'autorité réunie de ces deux grands hommes, j'ofe efpérer que bien loin de porter atteinte aux droits de la vérité, elle’ ne fervira qu'à faire encore plus éclater fon triomphe. % F Lag.580.PLYXX. _ ———— ALLURES NATURELLES Fig .1° ; B Fig.2° Me ee NON EME RL. se Btrang Tom HI ALLURES TATURELLES Figs.1° » Pye L& PAS rs : Sie de Borëllh 7, AMBLE 1 Course deviteuse, RES ee Bi D'IEMSMSECMTIEl IN CHE IS s8r PRE RUN MEL LE TN ELA, Le IQ ANONRIORIÆ BOREA'LIS Quæ die 27 OGobris anni 1754 apparuit inflar Arcus albi à fextä ad nonam vefpertinam ; FACTA ET OBSERVATA HAGÆ-COMITIS. À PETRO GABRryY, J. U. D. Nû ferè horâ poft Solis occafum, è plagä cœli boreali quædam nubes clara, tranflucida & alba, in formà arcüs, comparebat, cujus centrum infrà horizontem erat, extendens fe à feptentrione verfus Meridiem ad paucos gra- dus fuprà horizontem noftrum, & quidem ante & ultrà Lunam , quæ eo tempore prælucida confpiciebatur , cœlo Élico, & jam in phafi, nempe in orbem infmuatà vel incurvatà crefcente, verfabatur. Arcus hic lucidus adeo rarus erat, ut per eum non folum fielle fecunde & tertiæ, verum etiam quartæ ma- gnitudinis tranflucerent , emittens fimul placidum languidum- que lumen , ita ut potius fplendens effet , quam ardens : unde hanc nubem merito ad Auroras boreales retuli; & licet primo intuitu animo cogitabam, hoc meteoron effici com- muni nube, quæ à Lunà illuftrabatur, aliter evenifie intelli- gebam, quoniam ejufmodi nubes plerumque craffiores , atriores & opaciores fint Auroris borealibus. Neque talis nubes communis tribus continuis horis poflidebit eandem formam ac fatitudinem arcûs in aëre; dm è contrario hæc nubes noftra, que Auroræ borealis proles erat, multis horis immutata perftitit, nec altius afcendens fuprà horizontem , mec defcendens : nonnunquam tamen à feptentrione ad ertum vel ad occafum aliquantulüm movebatur. Arcus hic aliquando latitudinem duorum triumve graduum Ddddiij 582 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉNMIE habebat , fed ipfam reétè determinare non potui, quia lumen ejus fenfim evanelcebat. Clarius lucebat cœium fuprà lim- bum huius arcüs fupremum, quam alibi, æque ac fi arcus in fupremä fuà fuperficie ardebat. Sed hæc claritas continuo mutabatur, nunc auéta, nunc minuta. Cœluin eodem tempore äb omni parte ferenum & cœruleum erat, præterquam in Septentrione, ubi ipfa lux confpiciebatur. Præterea hoc meteoron apparebat vento ferè filente , aut modo primi impetüs, à plagà quadam aquilonari. Ex limbo arcüs fupremo jaclus interdüm copiofiores aut parciores excutiebantur, fibi vel propinqui, velaliquot gradibus diftantes: jaétus erat maximè lucidi fumidique ignis, quà parte ex limbo exibat, fed magis rarus, latior minufque ful- gens, quo ab origine plus recedebat: fulgidum hunc jaétum fequebatur ex eodem limbi loco materia minus lucens, nondum ardens, fed modo fumans, eamque iterùm fequebatur alia materia magis ardens. Aliquando ex hoc arcu, lucis fomite, rapidiflimè lucens materia & rariflmè explodebatur, ita ut nec ipfas flellas minimæ magnitudinis interciperet. Hæc autem materia nobis eo tempore venuflam jucundamque apparitionem dabat ; fiquidem ad intervalla æqualia nunc lucens, nunc extinéta, quafs undarum formà provehebatur, in defcenfu lucentium, verum in afcenfu opacarum. Hoc phænomenon in plagä fepientrionali inftar arcûs lucis frmæ obfervabatur, incipiens ab horizonte aquilonari horà fextà vefpertinà, percurrenfque cœlum direétione ferè fatis perpendiculari ad meridianum & cum declinatione aliquà occidentali, quæ non femper æque magna erat, nec etiam femper confpici poterat. Hic autem arcus, poftquam latitudinem fuam maximam fuprà hemifphæ- rium noftrum acceperat, coarétabat fe, defcribebatque fupremä fui parte plus quam dimidium magnæ ellipfeos. Hoc meteoron perrarum à me propter formam ejus fin- gularem fuit obfervatum defcriptumque. Altitudinem Lunæ centri horà 6À minut. 20, velpertinâ, menfuravi 24 grad. fuprà horizontem. Ut autem ejus delinçationem majori ppp D EYS À SIEULE N CES 583 : ERIC à = ? accuratione facerem, his adminiculis ufus fui. Nempe ex tabulis Caffinianis aflumfi præter locum Lunæ verum ad Meridianum Hagæ-comit. ............. )( 27 1° 8” Ejus latitudinem borealem......,..... star direz 0 £Et declinationem auftralem. , ....... EN O NI Tr e, Item angulum orbitæ Eunæ cum Meridiano . .. 70. 14. 44 Angulum Æquatoris cum Meridiano. . . .... +. 54 | 3.810 Angulum Eclipticæœ cum horizonte. ..... Te TÉMA2ENO Necnon angulum Ecliptici cum verticalis. .,.. 73.48. o His autem rit, fecundum Aflronomiæ præcepta repertis ; fuprà 24 gradus verticalis ponebatur Luna percurrere in orbità fuà, habens eodem tempore longitudinem 27%" 1’ 8“in x, cum latitudine boreali 1% 1° 30" & declinatione meri- dionali oË" 11° 2". Hæc Aurora borealis, quæ in formä arcûs albi fulgentif- que apparebat, oriebatur ab horizonte boreali, tranfcurrens præfertim per conftellationes Trianguli majoris, Arietis, Mufcæ paulo infra Perfeum, Andromedam & Pegafum, diredtè ultrà Lunam. Ipfum fimul arcum, cui fatitudo duorum graduum erat, defignavi punétis; quam delineationem ne indiftinétam vel confufam exhiberem , ftellas folummodo fecundæ , tertie, & interdüm nonnullas quartæ magnitudinis depinxi, que perfpicuè per phænomenon noftrum tranfpi- ciebantur. Pro ratione autem , quà Luna ad Meridianum affurgebat, hic quoque arcus fimul afcendebat ïta, ut ile poft oétavam jam longè fuprà Lunam confpiceretur; & quando Luna circa horam 0° 43° & 45", fub Meridianum perve- nerat, & longitudinem habebat 28% 45’ in x, obfervabatur hoc meteoron gradus aliquot altius fuprà ultrèque Lunam effe, quum apparebat languidius debiliufque, ita ut fatis eonfpici pofiet, illud gradatim incipere evanefcere. Si nunc hujus arcûs longitudinem, latitudinem & decli- nationem cuperet quis cognofcere, illud fatis inveniet, dum- modo infpicere velit adjunétam figuram ac annexam tabel- km, in quà habentur nomina, tm Confiellationum, tùm Stellarum fixarum, item earum characteres Bayeri, ordo, 584 MÉmoiREs PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE tüm Ptolenxei, tùm T'ychonis, magnitudo, longitudo, latitudo & declinatio, accurate fupputata ad diem horamque, quibus phænomenon obfervabatur; ita ut hæc omnia invicem com- parando, quaft unâ facie confpicienda fuerit longitudo , latitudo & declinatio phænomeni noflri in noftrà atmofphærä, quod ipfum poft aliquot tempus fenfim difparuit evanuitque. Q EORDOISTELLARUMIE L AT IT U DO | DECLINATIO SE 3|| peNominario 9] LONGITUDO. | BOREALIS. | BOREALIS. 25 Ë £ IN CONSTELLATIONE| : |. ; Ë A PEGAST. © | Sig. Gr. Min. Sec.| Gr. Min. Sec.| Gr, Min. Sec. es | — 7\ 114 Os 3.[28. 27. 38122. 7. 28| 8. 46. 1 3-[)C12. 42..12|17. 42. 15| 9. 37 4 1 4|17|C Marckab. 2.1)(20. 3. 19/19. 24. 49|13. 53.3 3118|D Scheat. 2.1)C25+ 56- 1931. O. 18126. 45. 49 2|19|E£ Algenib. 2. V5 43-9012. 35.124| 13.40. 33 FT TANDROMEDZ. | TT la Caput Andromedæ|2.|Y10. 52. 59 12|13/2 Mirach. 2.|y26. 56. 50 1$|16/)c Alamak. 2.[# 10. 49. 50 2]23|4 In fcapulà dextrà. |3.[Y 18. 22. 20 13[14le In Cingulo media.|3.|-y25. 42. 51 ARIETIS. QE CE 20 D | 14| 3e Lucida in vertice. 21 214 Secunda Arietis, 1| 1e Prima omnium. 20 |d In Mufcä lucida. 19|e In Mufcà fecunda. 21/|f In Mufcà tertia. AT ET D FRSTEUL, 2l12|7Alçol, cap. Medufz 2. 22. 44. 48 26|26|ADextripedisfequens|3.[#29. 41. Solr1, 18. B | EE a | | TRIANG. MAJ. —— B 7 +ær | Fs+os| Jos], . 20/28. 16. 46 1| 1/21n Apice. 4.18 3. 24. 57116. 48. 35128. 24. 57 2| 2|4In Bañ borealior. |4.[5 0. $3. 50120. 34. 29133. 50. 27 | 4] 4| {An Bafi (eq. inferior.|4.|ÿ 10. 4. 27] 18: 5622913 2453-09 MÉMOIRE en he ct St nd A À S ù | à | S Ÿ À, Pay. 688 PLITE À EN 2 DVEMS SICILE NNICUETS 585 MÉMOIRE SUR LE FROMAGE DE ROQUEFORT. Par M. MARCORELLE, Correfpondant de l’Académie. ] A perte de plufieurs Arts qui ont été autrefois en ufage, excite tous les jours nos regrets. On fe plaint du peu d'attention qu'ont eu nos anciens, de nous en tranfmettre la pratique par des defcriptions exactes & détaillées. Combien de nos Arts auroient le même fort, fi des Citoyens philo- fophes, attentifs au bien public, n’en immortalifoient en quelque forte la méthode dans leurs ouvrages! Celle dont on fe fert pour faire le fromage de Roquefort, n'a paru digne d'être confervée à nos defcendans. Je réduirai dans ce Mémoire, à quatre articles , les obfervations que j'ai faites fur cette matière. J'expoferai dans le premier, la manière d'élever & de nourrir les troupeaux qui fourniffent le lait dont on fait le fromage de Roquefort. Dans le fecond, je ferai la defcription du lieu de Roque- fort, & des caves dans lefquelles on prépare le fromage. On verra dans le troifième, la méthode qu'on emploie pour le faire. Dans le quatrième & dernier article, je donnerai une idée du commerce de ce fromage, & je parlerai de quelques autres caves qui font au voifinage de celles de Roquefort, & dans lefquelles on contrefait le fromage de ce nom. ARAITIMCULE Li. Manière d'élever à7 de nourrir les troupeaux qui four- miffent le lait dont on fair le fromage de Roquefort. De toutes les efpèces de fromages qui fe font en France, celui de Roquefort eft un des plus renommés. Bien des Say, érang. Tome 11. Eeee Lib, XI, cap. 42° * Crigorius Tu- ronenfis de glorià Confe{forum, sap.2, ** Mém. de PAcad. des Bellgs- Actes, tome XV 11, 586 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE raifons donnent lieu de croire que le fromage qui,'au témoi gnage de Pline, étoit fr eftimé à Rome lorfqu'il étoit frais, étoit le fromage de Roquefort /a). La méthode qu'on emploie pour le faire, eft au moins fi ancienne qu'on n'en trouve pas l'origine dans les fiécles pailés /b). Ce fromage le fait de lait de brebis; quelques particuliers y mêlent du lait de chèvre, & font un fromage plus délicat. Les brebis qui fourniffent le hit paifient fur le Larzac & dans quelques lieux voifins, comme font le canton de Cauflenègre dans le Gévaudan & quelques pâturages du diocèfe de Lodève. Cet efpace de. terrein d'environ huit lieues de longueur fur autant de largeur, eft fitué fur les frontières du Languedoc & du Rouergue, & fe trouve environné des diocèfes de Rhodez, Vabre, Alais, Lodève & Béziers. L'air qui règne fur le Larzac eft froid & fubtil; la terre eft douce, légère & allez fertile dans certains cantons pour donner plufieurs récoltes de fuite fans le fecours des engrais, quoiqu'on (a) La montagne de Lozère, où le Tarn prend fa fource & où Pline dit que fe faifoit le fromage dont il pale, eft très-proche du lieu de Roquefort: on donne à ce fromage les mêmes qualités propres à celui de Roquefort. Le premier venoit à Rome, du temps de Pline, de Nifmes, où lon envoie aufii le fromage de Roquefort, pour le tranf- porter de-là dans les autres viiles du Royaume, & même chez l'étranger. On porte encore aujourd’hui dans les caves de Roquefort le fromage qu’on fair à Cauflenègre dans le Gévaudan, prés la montagne de Lozère, afin qu'il s’y perfcétionne. Tous ces faits font prélumer que le fromage dont fait mention notre célèbre Natu- raliîte, étoit le fromage même de Roquefort. De pareilles conjeétures donnent lieu de croire auffi que le fromage jèté autrefois en forme d’offrande dans le lac du mont Helanus * par les pay fans du Gévaudan, alors idolätres, & celui qu'ils employoient dans les. repas fuperftitieux ** qu'ils faifoient à l’occafion de cette cérémonie, étoit du. fromage de Roquefort. Cette cérémonie toute payenne fut abolie vers lan 540 par Saint Hilaire, Évèêque de Mende, & changée en un culte léoitime. (b) On voit dans Les archives de Roquefort une charte de François L‘', par laquelle ce roi de France accorde aux habitans de Roquefort le droit de percevoir un fromage moyen fur chaque partie des fro- mages que les différens particuliers porteront dans les caves de ce lieu, comme & de la même manière, eft-il dit dans cette charte, qu’ils l’ont perçû- depuis un temps immémorial. Ce titre a été depuis autorifé par Charles IX, Louis XIV & Louis XV. Les habitans de Roquefort jouiffent pai- fiblement de ce droit. DES SCIENCES 587 ne trouve dans bien des endroits que des pierres à quelques pouces de profondeur. Après même qu'elle a produit plufieurs récoltes de différens grains, il y croït en abondance de l'herbe qui tient lieu de foin: les pluies, fur-tout des mois d'Avril, Mai & Juin, contribuent beaucoup à la fertilifer. Les produc- tions de ce pays font du blé froment, du feigle, de l'avoine, du blé farrazin, de l'orge, des veffes, toute forte de légames excellens, des mouflerons préférables à ceux des Pyrénées, & du gibier d'un fumet exquis; mais la plus grande richefle confifte dans le grand nombre de befliaux qu'on y nourrit : on compte tous les ans fur le Larzac & aux environs plus de cent cinquante mille bêtes à laine, parmi lefquelles il y a cinquante mille brebis. Les plantes que produifent les pâturages de ces cantons font excellentes pour la nourriture des beftiaux ; elles n'ont pas la méme vigueur que dans les terreins gras, humides & fablon- neux, mais elles ont plus de finefe & de faveur. Il eft cependant des quartiers dans ce pays, & fouvent dans la même paroifle, où les herbes font plus fuaves, plus odoriférantes , plus fucculentes ; auffi le lait des brebis eft-il meilleur, & les moutons font-ils d'un goût plus délicat dans ces endroits que par-tout ailleurs (a). (a) Quoïque les différentes efpèces | Ælykeryfun. Eracago fegetum. de gramen qui font fur la montagne | Æilago feu impia Geranium. du Larzac & aux environs, foient la Dodonai. Euphrafa. principale nourriture des bêtes à laine | Coniga. Ophris bifalia qu’on y élève, néanmoins , comme Apozynum. “A : q elles broutent quelques autres plantes ral Les qui y croilfent, on nommera ici quel- tauee Tubularia. ques-unes de celles qu’on y trouve, & Opulus. Lymodorum. on ne rapportera dans cette nomencla- | Viburmum. Ptarmica. ture que les genres tels qu'ils font | Chamacerafus. Par dans les Inftirutions de M. de Tour- | x} fun FRE nefort, fans defendre aux efpèces. ? ; : LU | Atriplex. Lilio - cfpodelus. Gallium. Anonis. Colchicum. Abfen. Camparula. Medicago. Colutea. Alchimilla. Afclepias. Affragalus. Coronilla. Carlina. Oxys feu allluia. Orchis. Dentaria. Deus canis. Trifolium. Ambrofia. es Echirophora. Hydrocatyle. Lotus. Centaurium + ue Grofful. filveft. alba Perafires. j Eeee ij 5883 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE On gouverne ces troupeaux avec une attention particulière ; Yhiver on ne les fait fortir que le jour, & mème quelque temps après le lever du foleil: la gelée, fi ces animaux en uouvoient fur herbe, leur donneroit un flux de ventre & les rendroit pefans : on les tient auffi renfermés pendant les neiges & les frimats; mais depuis le mois d'Avril jufqu'à la fin de Novembre, ils font expolés au grand air le jour & la nuit, excepté le temps de pluie. Le Berger alors, pour empé- cher qu'ils ne fe morfondent, les renferme dans des bergeries, où ils n'ont d'autre nourriture que de la paille: il donne un peu de foin aux agneaux feulement les moins avancés & les moins forts; il fait manger tous les quinze jours à ceux qui ne font fevrés que depuis peu de temps, du fel & du foufre mêlés par égales quantités, pour les dédommager de la privation du lait. Lorfqu'il mène aux champs ces différens troupeaux , il leur fait éviter les pâturages humides, capables de leur caufer des maladies mortelles. Comme le terrein du Larzac eft une plaine élevée au Scandix. Bella - dona. Chamadrys. Æuphrafa. Caucalis. Tormentilla, Bugyla, Pedicularis. Cachrys. Fragraria. Thlafpi. Serophularia, Clandeflina, Ulmaria. Calaminthe, Digitalis. Tamarifcus Ciflus. Lavendula. Arum. Dyprois anna, Glaucium. Faniculum. Pimpinella. Chamanerion. Geum. Clinopodium. Agrimonia. Aflerifeus. Androfæmum. Rofmarinus, Verbafcum. Jacobza. Ros - folis. Melifa. Veronica. ÆEryngium. Herba paris, Marrubium Lyfimachia, Sanicula. Serpillum, Syderitis. Goglofam. Sratice, Thymus. Pulelgum. Pulmonaria. Cucubalus. Satureïa, Mentha. Echium. Afphodelus. Tymbra. Pfeudo-dittamnus. Borrage. Limonium. Eruca. Cardiaca. Buglofum. Aphyllantes. Origanum, Lamium. Valeriana. Biflorta. Majorana. Brunella. Valerianella. Alchimilla. Juniperus, Sabia. Pfyliium. Thimelæa tricoccos, Betonica. ÆHorminum vulgare. Coronopus. Chamæmelum. Chamapyris. Horminum , felara. Pervinca, &r64 Téucriun. Polium. Phlomis. DE! SUCRE NE GENS 5 39 deffus des rivières voifines, il n’y coule point de fontaine, il n'y a point de ruifieau; & comme les eaux de pluie le pénètrent jufqu'à une grande profondeur, on n'y creufe point de puits; les habitans font forcés d'y bâtir des citernes pour leur boiffon & pour celle des beftiaux ; ils y mènent les troupeaux à laine une fois tous les jours pendant l'été, ou du moins de deux jours l'un, fi les eaux font éloignées. On a Jattention de ne pas laifler boire les agneaux, même pendant cette faifon. Durant l'hiver, & pendant que Îles troupeaux font ren- fermés dans les bergeries du Larzac, on leur donne du fel, mais rarement & peu; on leur en donne plus fouvent & . en plus grande quantité, lorfqu'ils demeurent continuellement expofés à l'air: il faut alors huit livres de fel par mois à un troupeau de cent agneaux, fix livres à un troupeau de cent brebis, & cinq livres à cent moutons. On ne laifle boire ces bêtes que cinq heures après qu'elles ont mangé le fel; on eft fur-tout fort attentif à leur en faire manger toutes les fois qu'il y a des brouillards. Ceux des mois de Juillet & d’Août leur font les plus nuifibles, ils ne craignent pas ceux de l'hiver. Le fel qu'on donne aux beftiaux qui font fur le Larzac, provient des falins de Peccais. Des troupeaux auxquels, par une économie mal entendue, quelques particuliers donnèrent du fel de verrerie, maigrirent confidérablement ; leur laine fut brûlée & de très-mauvaife qualité. L'expérience a appris que les bêtes à laine qui ufent de fel font plus belles, plus faines, plus vigoureufes , fe portent mieux, multiplient davantage, produifent plus de lait, plus de laine & d'une meilleure qualité; elle apprend encore qu'elles font moins fujettes à leurs maladies ordinaires, /a) (a) I eft des pays où l’on fait difloudre dans l’eau ou dans le vin du fel & du foufre, & on y a remarqué que ces drogues, ainfi dif- foutes, guérifloient des maladies épidémiques les beftiaux qui en étoient attaqués, & en garantifloient ceux qui n'en étoient pas ençore atteints, On lit dans la relation du voyage de la rivière des Amazones, par M. de la Condamine , qu’on emploie efficacement à Yameos le fel ou le fucre , pour préferver les animaux du poifon fait de Pextrait des fucs de diverfes plantes, dont le venin n’agit que lorfqu’il eft mêlé avec le fang. Eece iij $90o MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE qui font loppreffion ou la difficulté de relpirer, le pifflement ou le flux de fang, le gamer, l'étourdiffement, la fonte, l'enflure. /a) Auffi les bêtes à laine du Larzac ne meurent guère que de vieilleffe, tandis que celles des autres cantons du Rouergue & du Languedoc auxquelles on ne donne point de {el, ne vivent que deux ou trois ans & meurent prefque toutes de maladie. La quaniité de lait que donnent les brebis du Larzac varie tous les ans felon la rigueur des temps, les intempéries de Fair, & elle eft différente dans les différentes faifons. La traite de chacune, dans une année favorable, va commu- nément, depuis les premiers jours de Mai jufqu’à la mi- Juillet, à trois quarts de livre par jour; elle eft moindre pendant les autres mois : en général elle n’eft pas fi grande dans les années où les pluies ont été abondantes & les orages fré- quens, fur-tout fi les mois de Mai & de Juin ont été froids ; c'eft qu'alors les brebis ne prennent pas autant de nourriture ni d'aufh bonne. On a obfervé que la première traite qu'on leur fait après qu'elles ont mangé le fel eft de peu de produit, mais que les fuivantes, & fur-tout la feconde & la troifième, dédommagent avec avantage. On remarque encore qu'elles donnent beaucoup moins de lait après leur tonte, qui fe fait au mois de Juillet, qu'elles n'en donnoient auparavant, & fi on la retardoit pour fe procurer plus de lait & de profit, on rifqueroit de perdre les brebis; ces animaux n'ayant pas eu le temps de fe couvrir d'une nouvelle laine avant l'hiver, ne pourroient réfifter aux rigueurs de la faifon. (a) Ces différentes maladies font | dans les réfervoirs , & rendent les prefque toùüjours occafionnées par | fécrétions très-dificiles. L’ufage fré- une mauvaife nourriture, par des | quent du fel aide la diceftion, fouette, indigeitions, qui en font une fuite | brie, divife, purifie les globules néceflaire, par des obitruétions des | du fang & rend plus libre fa cir- vaifleaux qui empêchent les liqueurs | culation, de même que celle des de couler à l’ordinaire, les arrêtent | humeurs. DAE NS 1 SUGHVENNe Gr soi Ares" é LE FE Defcriprion du lieu de Roquefort, à7 des caves dans lefquelles on prépare le fromage. Le lieu de Roquefort eft fitué dans le Rouergue, & non dans le Languedoc, ainfi que quelques Auteurs l'ont avancé; il eft du diocèfe de Vabre, au ievant de la ville de ce nom & à deux lieues de diflance; il ne renferme dans fon enceinte guère plus de trente feux. Près du village & à fon midi eft un valon en cul-de-fac, entouré de toutes parts d’une mafle continue de rocher fort dur qui s'élève à plomb à la hauteur d'environ douze toiles, & dont le fommet forme en quelques endroits la naïflance d’une voûte par une fillie de plus d’une toife : le fol, qui a deux cens quatre-vingt-on7e pieds de longueur fur dix pieds de largeur, eft d'un roc rabo- teux de la mème nature que celui des côtés, & monte infen- fiblement du nord au midi; l'entrée du valon eft au nord, & peut être fermée par une porte. Immédiatement au delà du rocher qui termine le fond du valon, s'élève à une plus grande hauteur un fecond rocher d'une demi-lieue de circon- férence, couvert des pâturages propres à la nourriture des troupeaux, fur lequel on parvient par un chemin pratiqué du côté du midi. Le valon, dans cette pofition, ne peut être éclairé du Soleil que pendant quelques heures dans la faifon où cet aflre eft le plus élevé au detlus de l'horizon : le lieu mème de Roquefort ne jouit que très-peu de fa préfence. C'eft au dedans du rocher qui entoure le valon que font les caves dans lefquelles on prépare le fromage: elles ont été formées, ou du moins ébauchces, par la Nature; on les à agrandies pour les rendre plus commodes. Parmi ces caves, qui font aujourd'hui au nombre de vingt-fix, les unes font entièrement logées dans le rocher, & les autres n’y font qu'en partie. La faillie eft formée par des murs de maçonnerie & couverte d'un toit: le devant de toutes les caves eft pareillement conftruit en maçonnerie. Par là dif- 2 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE pofition du local, on voit que quelques caves ont leur ouverture au levant, d’autres au couchant, & d’autres au nord. Toutes ces caves font diftribuées prefque de la même ma- nière; leur hauteur eft partagée par des planchers en deux ou trois étages: le plus bas eft un foûterrein d'environ neuf pieds de profondeur, où fon defcend par une efpèce d'échelle à maiv. Le premier plancher eft de niveau avec le feuil de la porte; le fecond plancher eft à peu près 8 pieds au deffus, on y monte de mème par une échelle. Autour de chacun de ces étages il y a un ou deux rangs de planches difpofées en tablettes, d'environ 4 pieds de largeur & à 3 pieds de diftance l'une de l'autre : elles font foûtenues par des traverfes de bois, dont l'un des bouts eft arrêté dans des trous faits au rocher, & le bout extérieur eft porté par des piquets éloignés à peu près de quatre pieds lun de l'autre. Selon les mefures que j'ai prifes dans une des grandes caves, dont l'ouverture eft au nord, le foûterrein a 9 pieds 3 pouces de hauteur, 21 pieds 3 pouces de longueur & 17 pieds de largeur; la hauteur du rez-de-chauffée eft de 7 pieds 10 pouces, la longueur de 18 pieds $ pouces, & la largeur de 14 pieds 2 pouces; l'étage le plus élevé a 9 pieds 3 pouces de hauteur, 15 pieds 7 pouces de longueur & 12 pieds 9 pouces de largeur. Les dimenfions des autres caves font à peu près les mêmes. On voit en différens endroits du rocher où les caves font creufées, & fur-tout près du pavé, des fentes ou de petits trous irréguliers, d'où fort un vent froid & affez fort pour éteindre une chandelle qu'on approche de l'ouverture, mais qui perd fa force & fa rapidité à trois pieds de fa fortie. C'eft à fa froïdeur principalement qu'on attribue celle qui règne dans les caves & qui fe fait aufli fentir dans le valon. Les gens du pays, trompés par leurs fenfations /a), foûtiennent que (a) Les caves de Roquefort , | La raifon de cette contradiction ap- quoique chaudes en hiver & froides | parente , eft que les changemens en été par rapport à nous, font en | alternatifs du froid & du chaud ne effet plus froides en hiver qu’en été, | @nt, ni aufk prompts, ni aufli confi- dérables DES SCTENCES que feurs caves font chaudes en hiver & froides én été; ils y portent les viandes & les alimens, afin de pouvoir les conferver long-temps: le vin, difent-ils, y devient auffi frais que dans fa glace /a). Pour examiner la froideur des caves de Roquefort, qui peut dépendre des vents foûterrains qui y foufflent, des fels qu'on y emploie à faler les fromages, & plus particulièrement de la nature & de la pofition du terrein, j'expofai le 9 Oétobre 1753 à l'air libre & au nord un thermomètre à mercure, dont l'efpace entre le terme de l'eau bouillante & celui de la congélation étoit divifé en cent parties égales: a liqueur monta ce jour-là à dix heures du matin, par un vent de fud-eft & un temps humide, à 13 degrés au deffus du point de la congélation, Ce même thermomètre ayant été porté de fuite dans le foûterrain d’une cave, le mercure fe tint à s degrés + au deflus du même terme. Enfin, en vérifiant la froideur de quelques autres caves, je trouvai que la diffé- _rence de la plus froïde à la moins froide étoit de 2 degrés, le mercure étant monté dans la plus froide à $ degrés au deflus de la glace, & à fept & demi dans la moins froide, M. Sage, de Académie Royale des Sciences de Touloufe, avoit fait l'année précédente de femblables obfervations. Le 28 Septembre 1752, il expofa à l'air extérieur un ther- momètre à efprit de vin, gradué felon la méthode de M. dérables dans les creux de la terre que fur fa furface & dans l’atmofphère, comme on l’a obfervé dans les caves de l’Obfervatoire de Paris; & par conféquent les vents qui s’exhalent des creux foûterrains par les trous du rocher où font creufées les caves de Roquefort, font plus chauds en hiver & plus froids en été que l'air extérieur, mais ils font en effet plus froids en hiver qu’en été, s’il y a dans leur degré de chaleur quelque différence fenfible en ces deux faifons. Il eit prefque indubitable que ces” vents viennent des creux foüterrains Sav. étrang. Tome 111. qui, échauffés par la chaleur centrale de Ja terre, pouflent comme autant d’éolipyles les vapeurs dont ils font pleins, & chaflent avec force l'air qui fe trouvé à l’orifice. (a) Un particulier de Roquefort qui a fait bâtir une maifon à trois étages für Je bord du roc, dans lequel font creufées les caves, eft obligé, pour l’habiter, de boucher quelques trous du rocher : dans l'été, il ouvre plus ou moins de ces foûpiraux, felon le degré de fraîcheur qu’il veut donner à fes appartemens, F£ff 594 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE de Reaamur, La liqueur fe fixa à huit heures du matin au qua- torzième degré au deflus de la congélation : elle defcendit au feptième degré au deflus du même terme dans fept ou huit caves, & parvint au cinquième degré, toüjours au deflus de la glace, dans le foûterrain de deux caves feulement. Ces ré fultats diffèrent peu des premiers, mais ce n’eft que par un grand nombre de pareilles obfervations, faites en différens temps & en différentes faifons, qu'on peut connoître fi la froideur des caves de Roquefort eft toüjours la même, fr elle eft plus grande en été qu'en hiver, fi elle a un certain rapport avec celle qui règne dans l’atmofphère, & quel eft ce rapport. ARTHUR GUL EN lai Méthode qu'on emploie pour faire le fromage de Roquefort. Au commencement de Mai on sèvre les agneaux , & on en fait des troupeaux féparés. Depuis ce temps jufqu'à la fin de Septembre, on travaille au fromage. Des bergers & des bergères font la traite des brebis deux fois par jour, le matin vers les cinq heures, & le foir vers les deux heures; ils fe fervent, pour cet effet, de feaux de bois contenant environ vingt-cinq livres de lait chacun. Pendant que ces bergers continuent la traite, d'autres portent les feaux pleins de lait dans les granges du Larzac & dans les maifons des particuliers où fe fait le fromage; là on coule le lait à travers une étamine, on le reçoit dans une chaudière de cuivre rouge étamée en dedans, & on obferve fur-tout de ne jamais fe fervir une feconde fois des feaux, des couloirs & des chaudières fans les avoir bien lavées. Les opérations de la laiterie exigent une grande propreté jufque dans les menus détails, fans ce point rien ne réuffiroit. La traite étant faite & le lait coulé, on y jette une préfure qui {€ fait dela manière fuivante. On égorge des chevreaux avant qu'ils aient pris d'autre nourriture que le lait, & l'on tue de leur eflomac les caillettes où lon trouve des DES. PS2 CHTE NC 6e 59$ grumeaux de lait: on fale ces caillettes avec uné pincée de fel, & on les fufpend en l'air dans un endroit fec: lorfqu’elles font fufhfamment sèches & qu'on veut faire la prélure, on met dans une caffetière de terre, qui contient environ un quart de livre d'eau ou de petit lait, une partie d’une caillette qu'on y laifle vingt-quatre heures, afin que la liqueur puiffe bien s'impregner de fes fels: l'eau ou le petit lait dans cet état eft la préfure. On jette donc cette efpèce de levain dans le lait dont on veut faire le fromage; il caufe dans toute la muafle une efpèce de fermentation qui fépare l'humeur féreufe du lait des parties fromageufes, fans doute plus hérifées & plus branchues : celles-ci lottent bien-tôt dans une liqueur plus aqueufe que le lait pur, s’accrochent, fe lient & fe joignent par pelotons. C'eft-là le lait caillé dont on fait le fromage. La préfure, dont {a qualité influe fi fort fur la bonté du fromage, peut fe conferver un mois fans fe corrompre; on . la renouvelle cependant tous les quinze jours, crainte qu'elle ne devienne trop forte: la dofe doit être proportionnée à Ja quantité du Jait qui fe trouve dans la chaudière; le trop peu ne fuffroit pas pour defunir les parties groffières du lait des plus fubuiles ; le trop cauferoit dans les parties fromageufes du lait une agitation qui en empécheroit ou en troubleroit l'union. Pour cent livres de lait, il faut à peu près une petite cuillerée de préfure: dès qu'elle eft dans le ait, on brouille bien le tout enfemble par le moyen d’une écumoire à long manche; on laifle enfuite repofer le mélange, & dans moins de deux heures le lait eft entièrement caillé. Alors une femme fe fave les bras & les plonge dans le caillé, qu'elle tourne fans interruption en différens fens jufqu’à ce qu'il foit entièrement brouillé ; elle les met enfüite en croix & applique fes mains fur une portion de Ja furface du caillé, en le preflant un peu vers le fond de ia chaudière. Elle en fait fucceffivement de même fur tout le refte de la furface pendant lefpace de trois quarts d'heure, & le caillé fe trouve pris de nouveau : il forme une maffe de la figure d’un pain & fe précipite dans le fond de la chaudière, ji femmes E fff ïj 596 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE lèvent pour lors, afin de verfer avec adrefle dans un autre vafe le petit lait (a). L'une d'elles coupe enfuite le caillé par quartiers avec un coûteau de bois, & les tranfporte de fa chaudière dans une forme placée fur une efpèce de preffoir. La forme ou l'éclifle eft une cuvette de bois de chtne cylindrique, & dont la bafe eft percée de plufieurs trous d’une ou de deux lignes de diamètre: on fe fert de formes plus ou moins hautes & plus où moins larges, felon la grandeur qu'on veut donner au fromage. En mettant le fromage dans fa forme, la femme le brife & le paîtrit de nouveau avec fes mains; elle le prefle autant qu'il eft poffible & en remplit la forme jufqu'à ce qu'elle foit bien comble. On travaille alors à le faire égoüter: pour y parvenir, on le prefle fortement ; quelques-uns fe fervent d'un (æ De ce petit lait on fait aufli |-montée & qu’elle a acquis l’épaifleur des recuites, en pratiquant la méthode! | d’environ deux pouces, les recuites füivante. On pofe fur le feu la chau- | fe trouvent formées : alors une femme dière qui contient le petit lait; à | avec une écumoire un peu grande mefure qu'il s’échaufle, il s’élève au- | les tire de la chaudière qu’on a ôtée tour de la chaudière & fur fa furface | de deffus le feu, & on les met dans une écume blanche & quelques parties | des écuelles. Ces recuires, qui font du fromage qui pouvoient y être | d’un coût excellent, fervent à nourrir reftées: on les enlève avec une | pendant la faifon du lait,les habitans du écumoire & on les jette. Aprés que | Larzac & des environs. Comme elles ce petit lait a été ainfr nétoyé & | s’aigriflent en vingt-quatre heures, urifé, on y répand deux livres de | les particuliers vendent à ceux qui Lie. qu'on a eu foin de garder de la | n’en ont point, celles qu’ils ne peuvent traite. Pour que le petit lait puifle | confommer: le prix eft pour l’ordi- conferver la chaleur qu’il a acquife, | naire le même que celui du fromage on continue à faire du feu fous la | frais du pays. chaudiere, & on mefure fi bien le Après qu'on à tiré les recuites de degré de fon aétivité, qu’on empêche | la chaudière, on met dans la partie qu'il ne Je fafle bouillir. Quelques | aqueufe qui y refte , des morceaux ce momens après on s'aperçoit que le | pain; on y jette aufli deux ou trois petit lait fe coupe & fe partage en | recuites qu’on a eu foin de réferver; deux füubftances diférentes , dont | on fait un grand feu fous la chaudiére, June n’eit que de l’eau claire, & | qu'on entretient jufqu'à ce que le dont l'autre, qui eft épaifle, fert à | demi-lait bouille, Par ce moyen, H faire les recuites. La partie du petit | fe mêle mieux avec les recuires & lait purifé, qui fe change en caillé, | pénètre plus intimement les parties s’élève peu à peu & par petits mor- | du pain. Ce pain, bien confit, fait ceaux au defflus de la fubftance | la principale nourriture des domef- aqueufe, de façon qu’elle la couvre | tiques & des perfoanes les plus grof- entièrement. Des qu'elle eft toute | fières de Ja campagne. - D'Es\ S'eFE Nt CE! S prefloir ordinaire; la plufpart emploient des planches bien unies, dont ils couvrent le fromage qui eft dans ka forme, en le chargeant d'une pierre à peu près de cinquante livres. On laifle le fromage dans la forme environ douze heures: pendant, ce temps on le tourne, de façon que la partie fu- périeuré devient l'inférieure. On renouvelle ces changemens d'heure en heure, afin que le fromage puifle s'égoûter par- faitement. Lorfqu'il ne fort plus de petit lait par les ouvertures de la forme, on en tire le fromage, qu'on enveloppe d'un linge pour l'efluyer; on le porte enfuite dans la fromagerie. C'eft une chambre où lon fait fécher les fromages fur des planches bien expofées à l'air & rangées à diflérens étages le long des murs. Afin que les fromages ne fe gercent pas en fe féchant, on les entoure de fangles faites d'une grofle toile que lon ferre le plus fortement qu'il eft poflible; on les range enfuite à plat fur les planches à côté les uns des autres, & jamais l'un fur l'autre, de façon qu'ils ne fe touchent que par très-peu de points; ils ne font bien fecs qu'après quinze jours , encore même faut-il, durant ce temps, les tourner & retourner au moins deux fois par jour: on a aufli le foin de frotter, d’efluyer les planches, & fouvent de les tourner. Sans ces précautions, les fromages s'aigriroient, ne fe coloreroient pas dans les caves, s'attacheroient aux planches, & il feroit très-difficile de les em détacher fans les rompre /a). Dès que les fromages font fecs & qu’on en a fuffifamment pour en faire une charge, on les porte dans les caves de (a) On doit obferver ici que dans Ja dernière faifon, lorfque les brebis ne donnent pas dans un jour une quantité de lait fuffifante pour faire des fromages d’une certaine grandeur. on le garde pour le joindre à celui du jour füivant; mais alors on a le foin , afin d'empêcher que ce lait ne s’aigrifle, de le couler dans üne chau- dière, de l’approcher du feu & de le faire chauffer iufqu’à ce qu’il foit prêt à bouillir, Le lendemain , après avoir enlevé avec une écumoire de deffus fa furface les parties les plus grafles, qui. forment un beurre dont on fait la créme de Roquefort, qui eft d’un goût exquis, on mêle ce lait avec le lait nouveau tiré, on y jette la préfure, & on fait le fromage fuivant la méthode que nous venons d'expo- fer. Comme le fromage qui provient de ce mélange n’eft jamais aufli bon ni auffi délicat que l’autre, & qu'il fe brife même le plus fouvent, on né pratique cette méthode que le moins qu’on peut, Ffff ji 98 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Roquefort : les formes de chaque particulier font marquées d'une lettre ou de toute autre empreinte qui lui eft propre; par ce moyen chacun reconnoit les fiens, & on évite la con- fufon. La première & da principale préparation qu'on donne aux fromages dans les caves de Roquefort, eft de les faler: on emploie pour cette falaifon du fel de Peccais, broyé dans des moulins à blé: on a éprouvé que le fel de foude gâte le fromage. On jette d'abord du fel de Peccais, moulu & pulvérilé, fur une des faces plates de chaque fromage : vingt- quatre heures après on les tourne, & on jette fur l'autre face une même quantité de fel. Au bout de deux jours, on les frotte bien tout autour avec un torchon de groffe toile ou un morceau de drap, & le furlendemain on les racle forte- ment avec un couteau; de ces raclures on compofe une efpèce de fromage en forme de boule, qu'on nomme rhubarbe , & qui fe vend dans le pays trois ou quatre fols la livre. Après qu'on a fait ces opérations, on met les fromages en pile les uns fur les autres jufques au nombre de huit ou de douze; on les laiffe dans cet état l’efpace de quinze jours : au bout de ce temps, ou quelquefois plus tôt, on aperçoit fur la furface une efpèce de mouffe blanche fort épaifle, de la longueur d'un demi-pied, & une efHorefcence en grains qui reflemblent aflez, pour la couleur & la figure, à de petites perles. On racle de nouveau les fromages avec un couteau pour emporter ces matières, & on les range fur les tablettes qui font dans les caves. Ces procédés fe renouvellent tous les quinze jours, & même plus fouvent, dans l'efpace de deux mois: la moufle, pendant ce temps, paroït fucceflivement blanche, verdâtre, rougeâtre ; enfin les fromages acquièrent cette écorce rougeâtre que nous leur voyons. Ils font alors aflez mûrs pour être tranfportés aux lieux où ils fe débitent. Avant d'arriver à ce point de maturité, ils efluient dans les différentes opérations plufieurs déchets, de façon que cent livres de lait ne produifent ordinairement que vingt livres de fromage. Lorfqu'on le retire des caves, on paye aux propriétaires quarante fols par cent pefant pour les dédommager de leurs foins & du fel qu'ils ont employé. DAS SIG IIEAN CHE, S: 99 Les bonnes qualités du fromage de Roquefort font d'être frais , d'un goût agréable & doux, bien perfillé, c’eft -à-dire parfemé en dedans de veines bleuâtres : ils font tous plats & de figure ronde; leur épaifleur dépend de la hauteur de 1a forme dans laquelle ils ont été faits ; elle va d’un pouce à plus d’un piéd, & leur poids de deux à quarante livres. deg ot Dé rs al Le Idée du commerce du fromage de Roquefort, à defcription de quelques cavernes où l'on contrefait romage. Il fort tous les ans des caves de Roquefort environ fix mille quintaux de fromage, ce qui fait un objet à peu près de trois cens foixante mille livres: auf les habitans du Larzac & des lieux voifins trouvent-ils dans cette fabrique une reflource aflurée, & en font leur principale occupation. Ce genre de travail fufht pour occuper les familles entières & les faire fubfifter. Les propriétaires ou les fermiers des caves achètent ordi- nairement les fromages qu'on y porte à huit fols la livre, & les vendent à Jeux tour à des marchands _Épiciers de Touloufe, de Nifmes & de Montpellier, qui fe rendent tous les ans à la foire de: Roquefort au commencement d'Oétobre. Ceux-ci font porter les fromages à dos de mulet dans les trois villes que nous venons de nommer, qui fervent d’entrepôt pour ce commerce. La ville de Touloufe fait une grande confommation de ce fromage; elle en fournit au haut Languedoc, à la Gafcogne, au, Rouffillon, au pays de Foix; elle en envoie aufli une quantité aflez confidérable à Paris. De Nifmes & de Mont- pellier on en fait paffer à Lyon, dans le Dauphiné, la Provence, la Savoie, l'Italie. Au mois d'Oétobre , dès que les vives chaleurs font. finies, on envoie directement de ‘Roquefort à Paris environ fix cens quintaux de fromage, & deux cens quintaux, à Bordeaux: de ces deux dernicies villes, il,en 6oo MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE pañle une partie en Angleterre, en Hollande & dans les ifles françoifes. Outre les fromages que fourniffent les caves de Roquefort, on en tire auffr environ douze cens quintaux de celles de Cornus, de Fondamente, de Saint-Baulife, d'Alric & de Cotte-rouge. Toutes ces cavernes, fituées dans le Rouergue, à une, deux ou trois lieues de diflance de Roquefort, font creufées naturellement dans des rochers. La grotte de Cornus, fituée près du village de ce nom, & fur le penchant d’une montagne, a la figure d'une croix; le deflus eft voüté en berceau, & le fol eft formé par des rochers irréguliers & raboteux: on y entre par une porte conftruite en maçonnerie. Cette cave fournit chaque année à peu près cent cinquante quintaux de fromage. La caverne de Fondamente, ainfr appelée du village de ce nom, a fa figure d’une courbe; le deflus, le pavé, l'entrée ne diffèrent guère de celle de Cornus: on y fait par an cent quintaux de fromage. Les caves de Saint-Baulife & d'Alric, fituées près du village de Saint-Baulife, en donnent tous les ans deux cens quintaux chacune. La grotte de Cotte-rouge eft, de celles que nous venons de nommer, la plus grande & la plus digne d'admiration par la multiplicité, la variété & la beauté des objets qu'elle préfente : pour peu qu'on laifle agir l'imagination, lon y trouve des animaux, des arbres, des ftatues, des culs-de-lampe, des pyramides, des orgues, des colonnes. Ces différentes congélations qui acquièrent avec le temps une certaine dureté, font produites par l'eau qui coule à travers les fentes des rochers de la voûte: on y fait la falaifon des fromages fous un plancher qui les garantit des inconvéniens de l'eau. Cette grotte, fituée près de la Baflide, & prefque fur le fommet d’une montagne, fut découverte par un Berger en 1750. On y fait par an près de cinq cens quintaux de fromage: elle a remplacé les caves de Saint-Paul, détruites peu de temps auparavant par ges ravines d’eau. On a plufieurs fois tenté, fans fuccès, de préparer des # 1 fromages D Æ1S AS IC IE -C 1 Si 6o: fromages dans les cavernes de la montagne de Senones : la grande humidité qui y règne les a conftamment pourris. Ces grottes, s'il en faut croire la tradition du Pays, font l'ouvrage des Romains qui les ont creufées, tant pour l'exploitation que pour le travail des riches mines d'argent qu'on prétend quê la montagne de Senones renfermoit de leur temps dans {on ein. La plufpart de ces cavernes , dont quelques-unes font au deffus des auires, ont été creufées dans le rocher avec le marteau & le cifeau ; il paroît qu'elles n'ont été formées qu'à force de travaux & de dépenfes. L'entrée eft une ouverture irrégulière; & comme elle eft fort étroite, il faut, pour pafler, mettre ventre à terre: après avoir fait dix ou douze pas, on peut fe lever & on fe trouve au large. On defcend dans ces cavernes par un degré fait de main dhomme, & dont les marches taillées dans la pierre ne font pas encore entié- rement effacées: on trouve enfuite un corridor voûté er berceau, qui a, depuis l'entrée jufqu’à la fonderie, deux cens neuf pieds de longueur, quatre pieds trois pouces de largeur & quatorze pieds de hauteur. Le long de ce corridor & au côté droit, on a pratiqué dans la pierre un couloir qui conduit les eaux à la fonderie: à commence une carrière de cent vingt-un pieds de longueur, qui aboutit à un lac dont on n'a pü fonder ni la largeur ni la profondeur: au côté oppofé au lac, il y a une autre carrière de cent dix pieds de longueur, Les flambeaux de poing que j'avois pris pour m'éclairer dans ces antres ténébreux étant près de leur fin, je me vis avec peine forcé d'abandonner le deffein que j'avois formé de tout voir. Il y a plufieurs de ces cavernes dans 11 montagne de Senones : il falloit que les mines fuffent bien abondantes pour que le produit ait pü dédommager des frais immenfes qu'ont occafionné ces travaux ; mais foit que ces mines aient été épuifées, foit qu'on ait perdu l'art de les y trouver, on ne penfe plus à les chercher. Quoique les fromages alés & préparés dans les grottes dont nous avons parlé, fo,cnt de la même pâte, de la même forme, perfillés & faits de la même manière que ceux de Sas. étrange, Tome III. Gygg ‘602 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Roquefort, il eft certain que ces derniers ont la préférence für tous les autres. Les négocians qui-achètent de ces fromages rétendus de Roquefort, ont remarqué que leur peau étoit blancheâtre, qu'ils fe carioient facilement, & qu'ils étoient moins propres à être tranfportés & confervés long-temps. Ils ont obfervé auffi qu'ils diminuent à la longue d'environ huit livres par cent, tandis que ceux de Roquefort ne diminuent dans le même temps que de deux livres. Il eft à une certaine diftance de Touloufe, & ailleurs, des pays où le lait des troupeaux qu'on élève n'eft d'aucun rapport; ne feroit-il pas poffible d'en faire du fromage qui imitât en quelque forte celui de Roquefort, en pratiquant la méthode que nous avons détaillée? nos caves pourroient nous tenir lieu de celles de Roquefort; quelques habitans du Larzac fe fervent des leurs avec affez de fuccès. Pourquoi recueillir prefque à pure perte cette crème délicieufe qui prend tant de formes agréables? L'attention à faire valoir les préfens de la Nature fert à les doubler: D'autres pâturages que ceux: du Larzac donneront peut-être un lait moins exquis, & par conféquent un fromage moins délicat, mais enfin ce feroit une reflource de plus. Je me croirois heureux f1 ce Mémoire, en confervant la pratique d'un art affez précieux, contribuoit à augmenter parmi nous lé nombre de nos Arts utiles. ST DPÆENS APSICHIEINIC'EIS 603 NOUVELLE MANIÉRE D E DÉMONTRER LES PROPRIÉTÉS DELLA CYCLONUDE Par M. Abbé BossuT, Correfpondant de l'Académie. LS Cycloïde eft une courbe fi connue des Géomètres, elle a paflé par tant de mains habiles, qu'on fera fans doute étonné qu ‘elle puiffe fournir ici la matière d'un Mémoire; mais j'efpère qu'on reviendra un peu de cette furprife, lor qu on fe rappellera que les propriétés de cette fameufe courbe n'ayant été découvertes que fucceflivement & de loin à loin, elles ont été traitées chacune par une méthode particulière, & le plus fou- vent affez indireéte. I] m'a paru qu'il ne feroit peut - être pas inutile de donner un eflai du procédé qu’on pourroit fuivre pour les démontrer d’une manière tout à la fois directe & uniforme: d'ailleurs, on trouvera dans cet Ecrit quelques problèmes fur les folides de révolution de 11 Cycloïde, qu'on peut regarder comme nouveaux. [I eft vrai que M. Palcal en a réfolu de femblables dans l'Ouvrage qu'il publia en 1658, fous letitre de Traité de la Roulette, & fous le nom d'A. d’'Ettonville; mais les bornes de l'efprit humain n’ont pas permis à ce génie fublime de les élever, par la méthode fynthétique qu'il a employée, au degré de généralité dont le calcul les rend fufceptibles. Quoique les théorèmes dont je ferai ufage pour l'intégration de mes différentielles foient fort connus des Géomètres, le Leéteur ne trouvera peut-être pas mauvais que je les remette ici fous fes yeux. LoEM ME. T. Si 7 & u repréfentent deux arcs quelconques décrits du mème rayon 1, on aura, pa la Géométrie élémentaire, ces quatre théorèmes : Ggeggi 604 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE fin. /z + u) = cof. 7. fin. # + fin.7.cof.u. fin. (z — u) = fin. Z. cof. u — cof. z-finu. cof. té == u) = cof. 7. cof.u — fin. 7.fin.w. cof. {7 — u) = cof. 7. cof.u + fin. 7. fin. w. D'où l'on tire, par de fimples additions ou fouflraétions, ces trois autres théorèmes : fin. Æ fin. — LE lui M) te) £ fin. 7. cof. 4 —= MPEG CPS ERA 2 cof. — + cof. + cof. A cof. 1 =— AÉRtate A um ne) | LEMME IL Si l'on décrit du rayon CA/1) l'arc quelconque AM/3), on aura d/fin. 7) — dy cof. 7 & d (cof. t) = — dyfn.7: car en menant les ordonnées infiniment voifines 2 A, pm, abaiflant la perpendiculaire 47R fur pm, & tirant le rayon C M, les triangles femblables CP M, m R M donne- ront, 1. CM (1): CP(cof.z) :: Mm (dz) : Rm [ d ffin.z)] = AS ADMET CM (1) : PM (fin. z) :: Mm(dz) : MRT[d(cof.7)] — — dyfin.z. Je mets le figne moins au devant de cette différentielle, parce que Tarc 7 augmentant, fon cofinus diminue. : PROBLEM ENT. Quarrer le fegment AMP, compris entre l'arr AM de eycloïde, l'ordonnée P M 7 l'abfciffe correfpondante A P, prife fr le diamètre AB du cercle générateur. S O L UT;1:0 N. Soient le rayon CA du cercle générateur — 1, Farc AN = 7; on aura PN— fin. 7, AP — 1 — cof. 7, d(AP) = (em. 2) dyfin.7, & la propriété de la Cy- cloïde donnera PM = fin. 7 + 7; par conféquent le DES RSS OMR NU CES. 60 ne élémentaire P Amp du fegment À ALP fera exprimé par 47 (fin.z)° + 7d7fin.z, ou bien /lem. 1) par ë, : d7 cof. ré , EC, ER NAN ZaVdont l'intégrale et. 2 2 fin, 2 . A — T ycof.7 + fin. z. I ne faut point ajoûter de + » 7, . conftante, parce que l'intégrale sévanouit lorfque 7 — 0, comme cela doit être. €, Q. F. 7. CAO'R ONE ARE Si l'arc 7 devient une demi-circonférence, que j'exprimerai toûjours par Z, le fegment À A7 P deviendra la demi- cycloïce ABD, & Von aura fin Z = 0, fin 22/—0,coZ—— 1: Z par conféquent l'intégrale indéterminée fe changera en ; d'où il eft aifé de conclurre que l'aire de Ja Cydlide entière DBEA eit triple de l'aire de fon cercle générateur, CorRoLLAIRE IL Si l'on fuppofe l'abfcifle À P — +, onaura auffi cof. 7 — ainfi l'intégrale deviendra fin. 7 — o , b= , expreffion purement algébrique; d'où l'on voit que le fegment 4A4/P, qui répond à l'abfcifle +, eft abfolument quarrable. M. Huyghens a trouvé & démontré le premier cette propriété de la Cycloïde. CoROLLAIRE MINT: Suppofons que l'arc 7 devienne le quart de circonférence Z / ANQ (EX On aura fin. — — 1, fin. Z— 0, cof. 72 — o, 2 Z, & la formule fe changera en — VER 1: mais ee repréfente évidemment le quart de cercle ACR; donc 1 exprime l'efpace ANRZ, lequel eft par conféquent abfolument quarrable. Cet:e propofition eft démontrée, mais d'une manière bien différente, dans l'Analyfe des nfinimens petits de M. de T Hépital. G 8gg i Fig. 2 Voy. l'édit. du Louvre, 1 696, Pe8€ 94° 606 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Ch'OLRTOPTHAMPANENRMEMNITNN? Soit toûjours € le centre du cercle générateur; fi fon prend les abcifles AP, AQ, telles que l'on ait AP — QC, de manière cependant que la plus grande A Q ne firpafle jamais le rayon AC; qu'enfuite ayant mené les ordonnées corref- pondantes PM, Q N', on tire la corde A7 N'; je dis que l'efpace 47 N' O, compris entre l'arc 110 N' & Ja corde MN", fera abfolument quarrable. Suppofons, 1.” que les ordonnées PM, Q N° tombent de diflérens côtés du diamètre À B du cercle générateur, il eft clair que l’efpace M N'O = feg. APM + teg. AQN' + tri MPV — ui. N'QV. Mais, à caufe des triangles femblables MPV, N'QV,PM+ QN':PQ:: PM : PV = re & PM+QN':PQ::QN"! . Ds TE ARE __ PVxPM OP one: done MEN N EEE Er, PQOx (PMP SD Von gr Ip (Qu x: CINE. D RUE 0 NS EE à MOSREE PQ (ONF. Mgr EU RE) donc auf MPV NOV PQ . [CBM) — (QN)N » PQ.(PM=TON) . . ME. C0, HoobGuneNnst aura MN'O — APM + AQN' + CI EE : Cela pofé, fide rayon CA étant toûjours 1, on nomme 7 & w les arcs AN, AA, on aura, à caufe de QC — AP, PQ — 1 — 2 cof.u; par conféquent AN'O fera fin. 27 — 7 cof. 7 + fin.Z hs #4 2 fin. 24 (1 — 2 cu) a — — u cof. u + fin. u + # # (ông4g —finu—u) = Les giee 3 fin. fin. 24 fin. # . , T XDTrINIE AT exprimé par £ — 7 cof. 7 L a — Zcof.u — fin. 7. cof. p + fin su. cf. u; & comme la même hypothèle de D'E's Sc rE'NMe'E s 607 €Q — AP donne encore cof.7 + cof.u — 1, & par conféquent cof. 4 — 1 — cof. 7, il s'enfuit qu'en fubflituant cette valeur de cof. dans lexpreffion précédente, elle fe changera encelle ci, 22 2 28 2" ,, jf 2 4 4 2 + fin. Zcof. 7 — fin.u cof.z; quantité algébrique qu'on pourra exprimer, lorfqu'on.voudra, en fonétions d'une feule va- riable. L'expreffion ainfi réduite, eft 2 .2+ Si les deux ordonnées PM, Q N' tombent du même côté fur AB, on aura, en gardant toûüjours les mêmes dénominations, l'efpace MN'O — feg. AQN' — feg. APM — twp PON'M = AQN: — APM PQ.{(PM+QN! fin. 2n NE LR bee 21 A UIPORE COL AEETR PR 1 col 2 z = fin. 2 — 2 cof. fon Eye le a oh Mhnge- us 7 =: 4 2 fin. 2% fin: t = 2 = fin. 7. cof.7 —— fin. 1, cof. 7 x(fnz Hi +inu + u) —= TE — ge 4 ot a) co 7 -—2/r + cof. 7 ) fin. Fe . mn Rp EU EL LR Jaisdit quil ne 2 falloit pas que AQ füt jamais plus grand que AC; cette condition eft néceflaire pour que les terntes qui renférmient les arcs de cercle, fe détruifent mutuellement. M. Jean Bernoulli a donné le premier la quadrature de lefpace 47 N°O * : les réfultats que j'ai trouvés s'accordent, quant au fond, avec ceux de ce grand Géomètre; mais il faut avouer que ma méthode ne feroit guère propre à faire découvrir à priori la vérité de ce corollaire. Voyez, au fujet de toutes ces quadratures cycloïdales, un excellent Mémoire de M. Jacques Bernoulli, qui a pour ütre: De quadratura gonarum cycloïdalium. Je ne poufierai pas plus loin le détail de ces corollaires. 3 (2 — cf. 7) Vol 7 + fr + cof 7) fin.z Fis. 2. * Voy. Mém. de l’Acad, année 1699. Fig. 2, 603 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE PROBLÉME IL Trouver le centre de gravité du fegment A MP. SMOTLNUST PI OP Suppofons toûjours AC — 1, AN — 7; je confidère, 1.” le moment du trapèze élémentaire PAMmp , relativement à la droite AY, perpendiculaire à l'extrémité À du diamètre AB. Il eft clair que ce moment a pour expreffion {1 — cof.7). dycf27 [47 (iv 2) + zdz7 fin. 2]. — (En: 1) + 2 = d cof. d7 tof. ; d7 fin. 2 ae ALT ere ai Ro Lois PERRET = t, dont tan fin. 2 fin. l'intégrale col PL Re 2 fin. 37 AUEE4 fin. 27 AERL Se 3 << = — —— — — 5 in. 27 IA US 4 Sr 5 2 fin. cof. ": + ] SR 3 ordu( z 2 3 dy ef 24 decor 47 MA tn nm ar AE Doue - —. ,. 2 fin. 27 fin. 47 intégrale eft (+ 4 te ), dont l'intégra P me + RE o Ris 3447 fin.z rdv fin 37 2. prdz (fn) — p (= D APS : LA ER PTT 377 3 fn 7 tof 32 fin. 37 dont l'intégrale eft p (—22+ NU dE De). 2 d d7 cof. 3 prrdr (fn) = p (ES — LEE ), dont 3 fin. 2 cof. 2 fin. 2 l'intégrale eft (= — LE RP is F VE £ PES re 7: F TE 3 d7 fin. 4 L'intévrale de ER eft d (— g col 7 + 32cfnz + 67 cof. 7 — 6 fin. 7). Qu'on ajoûte enfemble toutes ces intégrales, & après avoir réformé la fomme, qu'on la divife par l'onglet cycloïdal, qui n'eft que la — partie du conoïde entier, trouvé par le problème VI, le quotient donnera la diftince R K du centre de gravité À de l'onglet à l'axe 4 2. Cette droite R X eft dans le plan À B A, comme nous l'avons déjà remarqué: 616 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂACADÉMIE on fixera la pofition du point Æ, en obfervant que ce point eft néceflairement le centre de gravité du conoïde emier. CCE Je borncrai ici la fuite de ces problèmes : on peut les varier & les multiplier à l'infini, mais ils fe réfondront tous à peu rés de la-même manière. J'ai faifi cette occafion de développer la méthode d'intégrer par les fus, les cofinus © les arcs com- Lines enfemble. Ce nouvel algorithme de calcul, dont l'illuffre M. Euler eff l'inventeur , étant aujourd'hui du plus grand ufage dans les recherches les plus fublimes , furtout dans celles qui regardent l’A |/fronomie phyfique, j'ai cru que les jeunes Géemitres me fauroient quelque gré d'en expliquer les principes avec plus d'étendue & de clarté qu'on n'a encore fait. Du refle, on n'aura pas manqué faus doute d'obferver qu'en exprimant nos diffé- rentielles en fonétions d'une même variable , elles pourroient s'intégrer à l'ordinaire , mais les opérations feroient d'une longueur & d'une féchereffe dégoütantes. Je n'ai pas parle de la cycloïde alongée ou raccourcie, parce qu'elle ne donne pas prile à la nouvelle methode, ou du moins aëx abréviations de calcul qui en dépendent. MÉMOIRE cs Pro. 616 PL XXI. Aro. Btrang Tom UL Pro GE PI XXI. DES SCIÉNCES. 617 M É MOIRE SUR L'ACCOUPLEMENT DES COUSINS, Par M. le Commandeur GODEHEU DE RIVILLE, Correfpondant de l'Académie. O° fait que des circonftances heureufes procurent fouvent à ceux qui s'y attendent le moins, l'avantage de faire des découvertes échappées aux Obfervateurs les plus exacts & les plus fcrupuleux. Lorfque j'eus la fatisfaétion, pendant le féjour que je faifois à Malte, de faire connoître une efpèce de chenille dont on ne foupçonnoit pas l'exiftence, mon amour propre fut alors extrêmement flatté d'avoir pà trouver dans la Nature quelque chofe qui füt inconnu; mais je ne me croyois nullement deftiné à procurer encore quelques éclaircifiemens fur l'accouplement des Coufins. Cette fcène amoureufe, dont plufieurs Naturaliftes ont effayé, en vain jufqu'à préfent, d'être les témoins, vient enfin de fe pafler fous mes yeux, & je me fais un vrai plaifir de rendre compte de tous les procédés que j'ai mis en ufage pour y réuffir. If y à long-temps que ce myflère auroit été découvert, fr ceux qui font le voyage des Indes s’étoient fervis des mêmes moyens que j'ai employés à mon retour de Pondichery. On va voir qu'il ne faut que de la patience & un peu d'attention, car les circonflances ne manqueront fürement pas à ceux qui voudront en profiter. L'eau qu'on embarque fur les vaiffeaux de la Compagnie fourmille ordinairement de vers & de nymphes de coufins: ceux qui font enfermés dans les barriques y périflent prefque tous à da vérité, mais il en refle encore beaucoup dans les jarres de terre vernifée dont l’État-major {e {ert ordinairement, parce que l'eau fe conferve toûjours en très-bon état: chaque fois qu'on ouvre ces jarres, il en fort une nuée de coufins qui prennent leur eflor, & cela dure quelquefois pendant les trois premières Say. étrang. Tome 111. liii 613 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE femaines du voyage. La quantité que nous en avions après notre départ de Pondichery, me fit naître l'idée de fuivre avec exactitude quelques-unes de leurs manœuvres fecrètes. J'avois fur-tout en vüe leur accouplement, & je me Hattai dès-lors que la chaleur du climat, jointe à la commodité qué javois de les obferver plufieurs mois de fuite fans qu’ils puffent s'éloigner, me procureroit la fatisfaétion de voir quelque chofe de nouveau avant d'arriver en France: j'avouerai même qu'une idée, peut - être moins Jufie que les précédentes, augmentoit encore mes efpérances; inais de quoi ne fe flatte-t-on pas lorfqu'on fouhaite ardemment ! Je m'étois imaginé qu'un aliment auffi fuccuient que le fang humain, dont les coufins {e nourriffent continuellernent fur un vaifleau, pouvoit produire fur ces petites machines les mêmes efets que nous voyons arriver chez d'autres animaux, lorfqu'ils prennent une nourriture plus ou moins échauffante, & qu'en. conféquence leur accouplement devenant peut-être un peu plus fréquent, les occafions favorables fe multiplieroient aufii pour l'Obfervateur. Quoique la durée de la vie des coufins, qui paient fouvent Fhiver attachés aux murailles d'un foûter- rain, puifle faire croire qu'ils saccouplent plus d'une fois depuis leur naïflance jufqu'au moment où ils ceffent de vivre, je ne prélente cependant cette idée que comine un badinage, fur lequel je prie de pafler légèrement. Je reviens au détail: que j'ai promis au commencement de c Mémoire. Ea petiteffe de ma chambre à coucher étant favorable pour lobfervation que je méditois, je m'appliquai d’abord à trou- ver l'heure du jour où les coufms me paroîtroient le plus en mouvement, & je me déterminai pour les irois heures après midi, après avoir obfervé que c’étoit l'inftant où j'en étois le plus incommodé lorfque je reftois tranquille. On juge bien que je pris toutes les mefures néceffaires pour n'être point inquiété pendant mon obférvation par les piqüres de tous les ennemis auxquels j'allois me livrer : mes jambes &c mes mains étoient bien garanties, & une plume que j'agitois légèrement autour de mon vifage les empêchoit de s'y fixer DES SCIENCES. 6r9 & de me piquer. C'eft avec de telles précautions que je pañlois tous les jours plus d’une heure dans ma chambre au milieu d'un eflain de coufins, que j'avois foin d'y attirer par une chaleur douce, en fermant les fenêtres expolées au vent, & enfuite la porte forfqu'il en étoit entré une quantité fuffifante, Quoiqu'il £ foit paflé bien du temps fans que j'aie pü rien découvrir qui eût rapport à leur accouplement, excepté les pourfuites du mâle, qui font à peu près les mêmes que celles du papillon, que M. de Reaumur a fi bien décrites dans fes Mémoires, je ne me laflois point de répéter mes obfervations, perfuadé qu'un inflant favorable couronneroit enfin ma pa- tience. Mes craintes augmentèrent cependant lorfque nous tombames dans les vents froids du cap de Bonne-efpérance: le nombre des coufins diminuoit avec 1à chaleur, & ils abandonnèrent bien-1ôt la partie fupérieure du vaiffeau pour fe rélugier dans l'entrepont & la Sainte- Barbe, où ils trou- voient un climat tempéré & du fang à fucer à difcrétion. À peine cependant eumes-nous doublé le Cap, que Îes ennemis de notre repos reparurent avec le beau temps: ils étoient tous bien nourris, & je n'en écrafois aucun qui ne füt rempli d'un fang noir & caillé. L'envie d’obferver me reprit encore, fur-tout après avoir trouvé des femelles, dont le ventre étoit rempli de petits corps blancs, que je reconnus pour des œufs avec le fecours d’une forte loupe. Ces fecondes obfervations me fournirent quelque chofe de plus décifif que les premières: je voyois diftinétement voler autour de moi plufieurs couples de coufins intimement liés & joints enfmble, mais dans un fens différent de toutes les autres mouches que nous connoiflons. Leur vol, qui fe ralentifloit par intervalle, me les faifloit apercevoir face à face, ayant les jambes entre- lacces les unes dans les autres: plufieurs couples, qui tom- boient de temps en temps fur mon burewu pour s'envoler enfuite, me confirmoient ce que j'avois encore beaucoup de peine à me perfuader: il y en avoit toûjours un renverf£ {ur le dos, tandis que l'autre étoit furui dans l'attitude d'un jeune chien qui fe met fur fon camarade, Rene celui-ci iii if Fig. 1, 620 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Fig. 2. fe couche pour jouer plus à fon aife. J'en écrafai plufieurs dans cette polition, dont les parties de la génération me paurent étroitement unies: je n'ofois cependant encore pro- noncer, parce que la forte preflion que ces corps délicats avoient foufferte, pouvoit très-bien m'en impofer. Croiroit-on que ce qui auroit peut-être dû m'encourager, fervit alors à me faire perdre l'efpérance de pénétrer plus avant dans ce myflère. Toutes les manœuvres que j'avois aperçües me firent penfer que la difculté qu'on avoit éprouvée jufqu'à préfent dans les différentes tentatives qui avoient été faites, prove: noit de ce que cet accouplement fe faifoit en l'air, & ne duroit pas, à beaucoup près, aufli long-temps que celui des fcarabés & autres mouches connues : je prévoyois d'ailleurs qu'on ne devoit jamais s'attendre à voir quelque chole de mieux , fi la pofition dans laquelle je les avois déjà vüs étoit réellement celle de leurs amours, parce qu'il leur étoit abfolument impoffible de fe fixer contre un mur tant que Vaétion auroit duré. Ces réflexions me déterminèrent prefque à ceffer des obfervations qui commençoient à devenir génantes, lorfque le 13 Mai, cinq ou fix jours avant de relâcher à lifle de Sainte-Hélène, un hafard heureux me fit apercevoir ce qui faioit le fujet de mes recherches depuis près de deux mois. Dans le temps que je me difpofois à écrafer deux coufins que je voyois unis depuis long temps & voltiger légèrement dans un rayon de foleil, comme les mouches communes qui sattroupent quelquefois lorfqu'il fait chaud , &c ne font, pour ainfi dire, que planer; dans le temps, dis-je, que je me difpolois à les furprendre, en rapprochant doucement les deux mains, pour mieux diftinguer ce que j'avois déjà cru entrevoir, je les vis pañler dans mon alcove; & après un vol affez irrégulier, ils fe fixèrent enfemble au ciel de mon lit, dont la couleur jonquille faifoit affez bien reflortir celle du corps de nos deux amans. L’occafion me parut favorable pour étudier leur véritable attitude; je m'en approchai dou- cement, après leur avoït donné le temps néceffaire pour sy établir, & j'avouerai que je fus bien payé dans ce feul inftant de DA iSL AS AG TI F1 NTE ES: G21 toutes les peines que j'avois prifes depuis le commencement de mon voyage. La femelle, que je reconnus à la longueur & à la roffeur de fon corps, étoit dans la pofition ordinaire des coufins, lorfqu'ils font fixés fur un corps folide ; elle fe tenoit à l'étofle avec fes quatre premières jambes, & les deux autres étoient relevées en demi-cercle par deflus les ailes: le mâle, au contraire, plus maigre & plus fluet que fa compagne, étoit dans une attitude bien différente; la petitefie de fon corps & la néceflité de fe trouver à l'uniflon deg femelle, qui paroifloit ne pas vouloir fe gêner, ne lui permettoient pas d'être fi à fon aife. Ses deux premières jambes, fort alongées , le retenoient uniquement au ciel du lit, & les quatre autres étoient pofées fur l’objet de fes amours, qu'il tenoit, pour ainfi dire, embraffé. Plufieurs balancemens non équi- voques me firent connoitre que nos amans n’avoient peut-être plus rien à defirer, & notre couple heureux me donna tout le temps de lever mes doutes & de fatisfaire ma curiofité: un mouvement involontaire, que n\'occafionna le roulis du vaifieau, leur fit cependant quitter la place plus tôt que je ne l'aurois fouhaité. Je les fuivis de l'œil autant qu'il me fut poffible, & ils fe tinrent toûjours embraffés comme ceux que j'avois vüs précédemment, fans chercher à {e fixer da- vantage : je foupçonne même qu'ils fe féparèrent peu de temps après, car tous ceux que je voyois voltiger étoient feuls; & quelques recherches que je püs faire dans tous les coins de mon petit obfervatoire, il me fut impoffñble de les retrouver. Voilà une heureufe découverte qui peut fervir d’inftruétion à ceux qui fe trouveront dans le cas de répéter ces mêmes obfervations : il faut même efpérer que nous en aurons d'autres -à l'avenir qui feront encore plus fatisfaifanies; maisen attendant -qu'elles nous parviennent, on peut ètre fondé à croire fur ce que j'ai vü: 1° Que l'accouplement des coufins ne dure pas, à beaucoup près, auffi long-temps que celui des autres mouches connues, & qu'il {€ fait très fouvent en l'air, du moins fuivant les apparences. 2.. Que la fuuation où ils f trouvent dans le temps de Jiii ül Fig. 622 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE leurs amours, ne leur permettant pas de fe fixer fur un plan vertical, on ne doit efpérer d'en trouver d'accouplés que dans les endroits où ils pourront fe placer horizontalement & de haut en bas. Cette pofition m'a cependant paru aflez génante pour me faire croire qu'ils ne s’y mettent que très- rarement, & peut-être dans le feul inftant où le point d'appui leur devient néceffaire: on penfera de même fans doute, pour peu qu'on veuille fe reffouvenir que je ne les ai vüs qu'une feule fois dans cetteattitude, tandis que j'en ai obfervé beaucoup d'autres accouplés qui ne cherchoient nullement à fe fixer, quoique rien ne les en empêchit; ce qui femble prouver que le moment critique les détermine uniquement à prendre cette pofition. J'ignore fi tout le monde me rendra également juftice fur les petits’ détails auxquels je me fuis livré dans ce Mémoire : il m'auroit été facile d'en fupprimer plufieurs, fi je n'avois écrit que pour des perfonnes qui fe contentent de favoir la vérité, fans s'embarraffer des moyens employés pour la dé- couvrir; mais j'ai cru devoir tenir une conduite toute oppofée, en réfléchiffant que je rendois compte ici de mes obfervations à un Tribunal compofé de Juges éclairés, qui ne fe contentent pas de fimples récits, & qui veulent, avec raifon, favoir comment ont vû ceux qui font quelques nouvelles découvertes dans les différentes parties de l'Hiftoire Naturelle. EXPLICATION DES, FIGURES, O N voit dans la Figure 1." deux coufins accouplés & voltigeans légèrement au folcil: c'eft ainfi que je les ai obfervés Iong-temps, fans qu'ils cherchaffent à fe fixer. La Figure 2 repréfente deux coufins unis enfemble, mais abattus fur un plan horizontal; ils n'y reflent ordinairement qu'un inflant & s'envolent enfuite : l’un d'eux eft fur le dos & l’autre a les ailes ouvertes. Il eft à préfumer que quelques mouvemens irréguliers leur occafonnent ces petites chûtcs lorfque la femeile fait encore quelque réfiftance. La Figure 3 fait voir deux coufins accouplés & fixés horizontale- ment de haut en bas: on voit que la femelle fe tient avec quatre jambes , & le mâle avec deux feulement ; il a les autres pofées fut le corps de (a compagne. AA Juv. Elrana. Tome UL. Page 622. 11.XXII £. Hansrard Seulp an Etruna Tome NL Loge dr2 TXXIU 7 Taurum dd. D ENS IP ONG ELINNIGCLE.S 623 SUITE D'EXPÉRIENCES NOUVEZLILES SUR L'ENCRE SYMPATHIQUE DE M HELLOT, 7 Qui peuvent fervir à l'analyfe du Cobott; à Hifhoire d'une liqueur fumante, tirée de l’Arfenic. Par M. CADET, Apothicaire-major de l'Hôtel Royal dés Invalides. ve v LE que j'ai eue de fuivre les expériences commencées fur l'analyfe du Cobolt, m'a engagé à faire des recherches fur ce que nos grands Maïtres en ont écrit: j'ai cru que je ne pouvois bien remplir mes vües, qu'en fuivant la route ue M. Hellot nous a frayée dans deux Mémoires qu'il a donnés à l'Académie en 1737. Les expériences que cet habile Chymifte nous indique pour tirer les différentes encres fym- pathiques du cobolt, m'ont paru tout-à-fait ingénieufes & dignes d'un auffi grand Artifte: je les ai répétées plufieurs fois avec un plaifir toûjours nouveau & un fuccès toûjours égal, Mais ayant remarqué que M. Hellot regardoit Facide nitreux comme le diflolvant principal du cobolt, j'ai hafardé quelques expériences qui m'ont donné la folubilité de ce minéral dans les autres acides minéraux , même dans l'acide végétal, les moyens d'en avoir l'encre fympathique, & qui mont prouvé que le cobolt n'étoit pas la feule fubflance qui fournifloit Tencre fympathique: ceft ce qui va faire le fujet de ce Mémoire. M. Hellot ayant donné, dans un Mémoire qu'il Hût à l'Académie en 1737, un procédé difficile pour avoir l'encre fympathique, a fimplifié depuis par un autre procédé, inféré à l'article du cobolt dans fa Docimafie ou fa traduction du 624 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Schlutter. Ainfi tout ce qui concerne l'aétion de ce diflofvant fur Je cobolt, appartient de droit à M. Hellot; & comme je n'ai rien à ajoûter à des expériences fi bien faites & fuivies avec tant de fagacité, j'abandonne les phénomènes de l'acide nitreux fur le cobolt, pour pafler à ceux que m'a fournis l'aeide vitriolique fur ce minéral. Encre [ÿmpathique par l'acide vuriolique. Ayant remarqué dans différentes expfriences {ur Ja diffo- lution du cobolt par l'acide nitreux, que le principe fulfureux arfénical ne faifoit aucune combinaifon avec le difiolvant, je crus que ce même principe, qui en enveloppe la partie colorante, pouvoit être-fa caufe du peu d'aétion de lacide vitriolique fur le cobolt; en conféquence j'effayai de l'en dé- pouiller par fa calcination. Je pris donc quatre onces de coboft mis en poudre groflière, dont j'étendis la furface en les difiribuant dans quatre teftes-plats : je plaçai ces teftes fous la moufle du fourneau de coupelle, & je procédai à a calcination. D'abord la matière étant échauffée, il s'en éleva une grande quantité de vapeurs blanches qui répandirent une odeur ful- fureufe; mais comme j'obfervai que les teftes qui étoient au fond de la moufle s'enflimmoient & donnoient une forte odeur d'ail, je pris le parti de les changer fucceffivement & de les expofer les uns après les autres à la grande chaleur du fond de la moufle, pour leur donner à peu près lé même degré de feu. Pour aider à la calcination , je remuai la matière avec un tube de verre: je pourfuivis mon travail jufqu'à ce que la matière ne donnant plus de vapeurs blanches fur Ja lame d'acier poli, ni d'efflorefcence jaune moufleufe fur fa fuperficie, je a vifle pañler à une couleur cendrée. Penfant alors qu'elle ‘étoit au point de la calcination que je defirois, je pris quatre gros de cette matière, fur laquelle je verfai une once d'huile de vitriol bien blanche : je vis prendre à f’huile de vitriol une couleur de rofe-päle, fans que j'aperçufle aucun mouvement fenfible dans le mélange. J'ajoûtai à ce mélange une once d'eau; je mis la liqueur en digeftion dans un DAS ES ICE EN CES 625$ un bain de fable très-chaud l’efpace de deux heures: Ia diffo- lution prit alors une belle couleur rouge. L'ayant décanté, après lavoir laiffé refroidir & repoler, je pris trois gros de cene liqueur , fur laquelle je verfai trois onces d’eau falée, dont la proportion eft d’une once de fel marin fur fix onces d'eau ; J'obtins par ce moyen une encre fympathique, femblable à celle de M. Hellot, avec cette différence cependant, que mife fur un papier préfenté au feu, elle donne une couleur qui tire plus fur le bleu que fur le verd céladon. Cette différence de couleur de l'encre fympathique par Yacide vitriolique, m'ayant fait réfléchir fur la caufe qui pouvoit la produire, je crus qu'on ne devoit l'attribuer qu'aux matières étrangères qui fe trouvent prefque toûjours dans la mine de cobolt, dont Facide nitreux diffout une plus grande quantité que ne le fait l'acide vitriolique; car pour peu que la mine contienne du cuivre & du fer, elle donnera évidemment une cou- leur verte plus ou moins foncée à l'encre fympathique, fuivant la quantité qu'elle contiendra de ces deux différentes fubftances. La proportion d'eau falée que je denne dans le procédé de cette encre fympathique, eft celle qui m'a le plus géné- ralement réufli : on eft maître de l’augmenter ou de la diminuer, fuivant l'intenfité de couleur que l'on veut donner à ces encres. J'obferve de plus, que s'il arrivoit à quelques-unes de ces encres d'altérer le papier, ce qui ne pourroit s'attribuer qu’à la furabondance de l'acide vitriolique qui ne feroit pas fufk- famment chargé du principe colorant, parce que le peu ée reffemblance qu'ont entrelles Les mines de cobolt fait qu'elles participent plus ou moins de ce principe colorant, on pourroit remédier à cet inconvénient en y ajoütant quelques grains de fl de tartre, avec la précaution de ne rien précipiter. Encre Jympathique par l'acide marin. La diffolution que M. Hellot a faite du cobolt par l'acide mrain, n'ayant pas répondu à fes vües, puifque, fuivant le rapport qu'il en a fait, l'action de cet acide eft lente & pénible ; que la liqueur demande à être échauffée ; qu'elle exhale Say. étrang. Tome 111. ; Kkkk 626 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE des vapeurs rouges & fort puantes; qu’elle prend une vilaine couleur, qui ne devient rougeàtre qu'après une longue di- geftion; que la couleur qu'elle donne fur le papier eft d'un verd fale & ne difparoît point au froid; qu’elle ne devient invifible qu'à faide du nitre, avec lequel elle donne, par Vévaporation , une mafle faline, congelée, verdâtre au milieu, & bleue fur les bords lorfqu'elle eft chaude, & qui, fi-tôt qu'elle eft refroidie, fe change en couleur de rofe; j'eflayai d'examiner fi ce même principe fulfureux & arfénical, qui fait tout le myflère de la diflolution du cobolt par l'acide vitriolique, n'étoit pas la caufe de tout ce travail pénible qu'exige la diflolution de l'acide marin, fuivant le procédé de M. Hellot. Je pris donc trois gros de mine de cobolt calcinée; je verfai deffus une once d’efprit de fel: l'action de cet acide fut vive & prompte; le mélange prit à froid une couleur orangée, fans qu'il fe paffàt aucun mou- vement remarquable d'eflervefcence ni de chaleur. Ce mélange, mis au bain de fable, a paflé du rouge orangé au rouge foncé, enfuite au verd d'émeraude, & n’a exhalé d'autre odeur defagréable que cette odeur fafranée que donnent les vapeurs de lefprit de fel. Ce qu'il y a de fin- gulier, ceft que cette liqueur, de verte qu’elle eft quand elle eft chaude, reprend la couleur rouge foncée quand on l’expofe au froid, & conferve toüjours la propriété de reprendre la couleur verte fi on la chauffe de nouveau. Les traces que l'on fait fur le papier avec cette diffolution, font rouges. Si on les laifle fécher d'elles - mêmes, elles deviennent bleues pâles: expofées à la chaleur du feu , elles fe changent en un très- beau bleu - verdâtre, & päliflent à mefure qu'elles refroidiffent, fans difparoïtre tout -à-fait, Voulant donner à cette liqueur la propriété d’une encre fym- pathique j'y fuis parvenu, en mêlant à un gros de ja dif folution deux onces d'eau nitrée. Ce mélange a produit une encre fympathique d’un très-beau bleu -verdâtre. Comme l'acidenitreux & l'acide marin, combinés enfemble, font une eau régale, & que dans le dernier procédé que je viens de décrire j'ai fait une elpèce d'encre fympathique régalifée, DE MUSCH EN CES 627 j'ai voulu voir ce que donneroit la mine de cobolt traitée par l'eau régale. Encre fymparhique par l’eau régale. J'ai verfé fur trois gros de mine de cobolt calcinée trois onces d'eau régale, faite avec l'acide du nitre & l'acide du fel commun. Cette eau régale a agi à froid fur la mine & a pris avec elle, à l'aide de la chaleur du bain de fable, une couleur rouge très-foncée, qu'elle perdit en fe refroïdiffant pour pañler à celle d'un vin paillet. Les traces de cette liqueur ont donné, fur le papier chauffé, une belle couleur violette, qui seft diflipée à l'air frais, pour paflér à un petit rouge incarnat qui ne s'eflace plus. Surpris de la fixité de cette dernière couleur, je penfai qu'elle n'étoit occafionnée que parce que les acides de l'eau régale dont je m'étois fervi, étoient purs, & que le nitre que j'avois fait entrer dans la préparation de l'encre fympa- thique par l'acide marin pouvoit être la caufe de Ja difparition de la couleur de cette encre. Pour m'en convaincre, j'ai ajoüté à cette impregnation de la mine de cobolt par l'eau régale, une diflolution de nitre, & j'ai eu l'encre fympathique, Je me fuis férvi de même de la difolution de fel marin, & j'ai eu la même encre. De ces expériences ne peut-on pas conclurre que le fel marin & le nitre font, pour ainfi dire, la véritable caufe de la difparition de la couleur de l'encre fympathique, puifque ce n'eft qu'à l'aide de ces fels que l'encre devient invifible? If paroît par les différens procédés dont je viens de faire l'énumération , que les combinaifons de l'acide nitreux avec le (el marin, de l'acide du fel avec le nitre, font abfolument néceffaires pour former l'encre fympathique de cobolt, ainfr que je viens de l'avancer. Je fuis cependant en état de prouver, par mes expériences, que chacun de ces deux acides fournit avec le cobolt une encre fympathique, pourvü qu'on leur rende une partie de leur bafe alkaline où une portion de leur fel neutre; car, en ajoûtant à la diflolution dela KKkKk ij 628 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE mine par l'acide nitreux, une diflolution de nitre ou uné jufle quantité d’alkali fixe, pour n’en pas précipiter la partie colorante, on obtiendra une encre fympathique qui colore en rouge le papier chauffé, & qui a la propriété de difparoître au frais: ce qui arrive aufli quand on traite la diffolution du cobolt par l'acide marin avec la diffolution de fon fel ou de fa bafe alkaline; elle fournit une encre bleue qui difpa- roît également. L'on doit donc revenir de l'idée qu'on a eue jufqu'à préfent, de Ia néceflité de régalifer fon diflolvant pour donner à lencre fympathique la propriété de difparoître, puifqu'il fufht de lui procurer une bafe faline qui puiffe re- cevoir le principe colorant de l'encre, l'étendre dans les pores de fes cryflaux pour le rendre invifiblé, & 1e faire reparoître par l'intenfité & le rapprochement que le feu donne aux molécules falines , en les privant de l'humidité qui les tenoit en diflolution. Ce fentiment eft d'autant plus probable, que ce font les fels qui ont le plus d'eau dans leur cryftallifation, qui donnent la plus belle encre fympathique; au lieu que ceux qui en ont peu & qui approchent de la nature dutartre vitriolé; donnent une encre femblable, mais qui ne difparoit pas totalement, parce que ces cryflaux, peu fufceptibles d'eau dans leur cryftallifation , ne reprennent pas affez d'humidité pour étendre la couleur & la faire difparoître. Comme perfonne n'a parlé du cobolt traité par Facide végétal, je vais rapporter les expériences que j'en ai faites avec l'acide du vinaigre. Encre fÿmpathique par le vinaigre. J'ai mis dans un matras, au bain de fable, deux onces de mine de cobolt parfaitement calcinée; j'ai verfé deffus huit onces de vinaigre diftillé Au bout d'une heure de di- geftion , la liqueur a pris une foible couleur de chair; je Faï décanté, & j'ai verfé de nouveau vinaigre fur la matière; j'ai procédé à la digeflion comme auparavant, ce que j'ai répété jufqu'à ce que le vinaigre ait ceffé de fe colorer. Ces différentes teintures, que j'avois filtrées & mêtes, D ESA SLCT EN CES 629 ayant été éprouvées fur le papier chauflé, fans avoir produit la moindre couleur, je pris le parti de les concentrer, &c alors elles donnèrent des marques d'un rouge foible, fur lefquelles je paflai un pinceau trempé dans l'efprit de {el, & ce foible “rouge devint au feu d'un beau bleu fenfible tirant fur le verd, qui ne difparoît pas totalement. Il femblera peut-être furprenant que je me fois fervi d'efprit de fel préférablement à la difo- lution du fel marin; mais comme la diffolution par le vinaigre contient une petite portion de principe colorant étendu dans un grand volume de liquide, & que la diffolution de fel marin augmente encore ce volume & rend prefque la couleur invi- fible, j'ai préféré l'efprit de fel, avec lequel j'obtiens facilement une belle couleur bleue verdâtre, qui caractérife bien l'encre fympathique , dont les traces cependant ne difparoiffent pas totalement , faute de cette bafe faline néceffaire aux phéno- mènes de la difparition. Comme j'ai avancé, dans le commencement de ce Mémoire, ue le cobolt n'eft pas la feule fubftance qui donne l'encre Dane , je vais en fournir la preuve par le procédé fuivant. Encre fympathique par le cuivre. Les différentes concentrations que M. Hellot a faites de fa liqueur lilas fur du vitriol bleu ayant excité ma curiofité, je répétai fon expérience, que je fimplifiai enfuite, en verfant d’une diffolution de vitriol bleu fur mon encre fympathique : ce fimple mélange me donna une encre jaune, femblable à celle de M. Hellor. Je fis paffer enfuite cette encre jaune à différentes nuances de verd, en y ajoûtant peu à peu de nouvelle encre fympathique. Surpris du phénomène de l'appa- rition & de la difparition du cuivre dans ce dernier procédé, j'effayai de traiter ce métal par les acides, comme j'avois fait à l'égard du cobolt: mes expériences me réuffirent, j'eus l'encre fympathique. Mais comme des trois acides minéraux, l'efprit de nitre eft celui qui réuflit le mieux, je ne parlerai que de la diffolution par fefprit de nitre. | KKKk iÿ 630 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE J'ai pris un gros de limuille de cuivre bien éprouvée, que j'ai fait diffoudre dans une once d'efprit de nitre; j'ai ajouté à un gros de cette diflolution fix onces de la diflolution de fel marin & j'ai eu une encre fympathique dont les traces, fur le papier préfenté au feu , deviennent jaunes, & qui ont fa propriété de difparoître au frais. Cette encre eft plus ou moins jaune, fuivant la quantité de diflolution de cuivre que l'on fait entrer dans fa compofition; mais il faut obferver de ne pas lui donner trop d'intenfité, car dans ce cas elle ne difparoît pas totalement, parce que l'humidité que reprennent les petites molécules falines en fe refroidiffant, eft infuffifante pour étendre les molécules cuivreufes au point de les rendre invifibles, Je crois que cette expérience ajoûte un nouveau poids à ce que j'ai avancé fur le phénomène de la difparition. Comme fencre fympathique faite par l'acide nitreux &c le nitre et rouge, que celle par l'acide marin & le fe! marin eft bleue, & celle du cuivre, que je viens de décrire, eft jaune, on peut, en les mélangeant, faire des encres de plufieurs couleurs dont les nuances peuvent varier à l'infini. Mais j'abandonne ici ce détail pour en faire l'objet d'un autre Mémoire, dans lequel je pourrai joindre l'examen des difiérens réfidus qu'ont donnés les diflolutions de la mine de cobolt, mifes au point de la cryftallifation. : - La diffolution du cobolt par l'acide nitreux, ainfi que celle par l'acide vitriolique, concentrées jufqu'à un certain point, ont fourni des cryftaux d'un beau verd foncé. La diffo- lution du cobolt par Facide du fel marin a fourni un fel de couleur rouge. Si on expofe ces différens fels à l'aétion d’un feu très-modéré, les deux premiers perdent leur couleur verte pour pafler à la couleur rouge; & le dernier, qui eft tiré par l'acide marin, quitte fa couleur rouge pour pafler au verd. Au refle, ces trois fels donnent tous à l'eau dans laquelle on les diffout, une même couleur lilas; mais les deux premiers laifent fur le papier préfenté au feu une belle couleur rouge, au lieu que l'impreflion qu'y fait le troifième eft d'un beau. bleu. Ces trois fels colorans dont je viens de parler, ont DES) ICI EN CLES, 631 Je goût vitriolique & préfentent les mêmes phénomènes que Yalun lorfqu'ils font expofés fur les charbons ardens: après avoir ceflé de s'y bourfouffler, ils y laiflent une fubftance fpongieufe, comme fait l'alun. Ces trois fels métalliques, diflous féparément dans l'eau, ont donné, avec l'alkali fixe & l'alkali volatil, des précipités de couleur à peu près femblable, defquels, au moyen d'un flux réductif, on obtient de petits boutons métalliques qui, mis en poudre groflière, fe font, à l'aide de a digeftion, parfaitement diflous dans les trois acides minéraux : leurs diffolutions, mélées avec de l'eau falée, ont donné de très- belles encres fympathiques. D'après ces expériences, il ne n'a plus été difficile de concevoir que le principe colorant des encres fympathiques par 1 mine du cobolt n'étoit dû qu'à cette partie métallique que l'on tire des précipités de ces fels. Mais craignant que cette partie métallique ne contint quelqu’autre fubftance, dont les acides pouvoient avoir fait Ja diflolution dans la mine de cobolt, j'ai cru que lazur, à raifon de fa couleur bleue, ne contenoit aucune de ces parties métalliques étrangères qui donnent des couleurs différentes dans la vitrification, & que cette fubftance étoit par conféquent la {eule qui püt contenir le principe colorant pur : c'eft pourquoi j'ai tenté diverfes ex- périences pour avoir ce principe colorant. | Décompoftion de l'émail par l'alun. J'ai pris fix gros d'émail le plus foncé, que j'ai mêlé avec deux onces d'alun en poudre: j'ai mis ce mélange dans un creufet, que j'ai placé dans un fourneau de fufion. Je nai d'abord donné qu'un feu doux, pour laiffer à Ja matière le temps de fe bourfouffler ; enfuite j'ai couvert le creufet; j'ai augmenté le feu jufqu'au plus haut decré, que j'ai entretenu pendant une heure. Au bout de ce temps, j'ai retiré le creufet du feu; la matière qu'il contenoit avoit perdu une partie de fa couleur & exhaloit une forte odeur fulfureufe volatile, que j'attribuai à une combinaïfon de l'acide vitriolique aves 632 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE le phlogiftique du principe colorant. Jugeant alors que l'alun contenoit une partie de ce principe phlogiftique colorant, je procédai comme il fuit. Pour l'en retirer, j'enlevai la matière toute chaude du creufet; je la mis par petites parties dans un -vaifleau de rencontre, dans lequel j'avois verfé quatre onces d’une foible diffolution de fel marin; je fis bouillir ce mélange au feu de fable pendant trois heures. La liqueur refroidie & filtrée prit une foible couleur rouge & donna, fur le papier chauflé, une encre bleue foible qui difparut au frais. À Le phénomène de cette opération ne doit être attribué uà lation de l'acide de Falun, dégagé de fa bafe par la violence du feu; lequel acide, en pénétrant les pores de émail, en diflout une portion de fa partie colorante. La preuve en eft, que ce mélange, traité enfuite avec le fel marin, fournit l'encre bleue fympathique , femblable à celle qui eft faite par l'huile de vitriol dont il a été queftion dans ce Mémoire: celle-ci diffère cependant de la première, en ce qu'elle fe fait par la voie sèche. Comme j'avois toûjours en vüe de dégager la partie bleue de Fazur, je traitai ce verre bleu avec les fels alkalis , fuivant {a méthode de Van-Helmont. Les réfultats de mes procédés ont été diflous dans de l'eau diftillée; ils m'ont fourni des précipités bleus plus ou moins foncés, fuivant les différentes proportions des fels alkalis que j'avois employés. Ces précipités, que je foupçonnois métalliques, me donnèrent l'idée d'en tenter la ré- duétion ; c’eft pourquoi j'en amaflai une certaine quantité, que je fis fécher: j'en pris la moitié, à laquelle j'ajoûtai deux parties de flux blanc; je mis le mélange dans un creufet à patte, que je plaçai au fourneau de fufion. La matière paroiffant fondue, je plongeai une verge de fer, que je retirai couverte d'une matière brune affez lifle; je recouvris le creufet, & je continuai la fonte. Au bout de quelque temps, un nouvel examen me fit apercevoir que la matière, en bouillonnant ; fe crevoit dans différens endroits & formoit de petits trous, d'où partoit une flamme bleue qui répandoit une très-forte odeur d'ail D LS ct ter DES SCrTENcCES 633 d'ail. Je rétirai alors le creufet, que je laiffai refroidir ; je fe eaffai, & j'aperçus que la furface & l'intérieur des trous étoient colorés en bleu, mais je ne trouvai au bas du creufet aucun veflige de réduction. Ce peu de fuccès ne me décourageant point, je conçus quelque efpérance, & je réfléchis qu'ayant employé trop peu de fondant rédu@tif, j'avois été dans le cas de faire un feu trop opiniâtre & trop long; ce qui pouvoit avoir occafionné lévafion de la partie métallique de mes précipités. La feconde partie de ces précipités me fourniflant de quoi faire de nouvelles.opérations, je la traitai avec le flux noir; & fi-tôt que la matière fut fondue, je la retirai du feu: je laiflai refroidir le creufet, je le caflai, & j'eus le plaiir de trouver à la pointe des fcories un petit bouton d'un vrai regule, Cette réuflite me fit tenter un procédé plus abrégé pour avoir ce régule. Pour cet effet, je pris huit onces d'émail que je mélai avec douze onces de flux noir & quatre onces de fel de tartre: lorfque la matière fut prète à fe fondre, je la couvris de deux onces de borax en poudre: le bourfoufflement du borax étant pañlé, je couvris le creulet ; je hâtai la fufion en augmentant le feu. La matière étant fondue, je la laïffai refroidir, & je trouvai au fond du creufet un petit bouton métallique. La réduétion du principe colorant de l'émail, dont je viens d'expofer le procédé, a cela de fingulier, qu'elle exige une certaine dofe de fondant rédu&if & un certain degré de feu, au delà defquels le régule fe volatilife ou ne fe réduit pas tout entier. Ces proportions ne peuvent fe déterraine:, vû 1a différence des émaux qui ne contiennent pas tous #1 mme quantité de régule ou Ja matière propre à le forme: : les plus = abondans n'en donnent guère qu'un gros & un fcruprle par livre. Ce régule eft aigre & fe pulvérife aifément; Îe grain de fa caflure eft très-ferré: la calcination lui énlève en peu de temps fon brillant métallique, & le réduit en une cheux que l'on peut reflufciter comme les autres chaux rétalliques; propriétés qui peuvent le faire caradériler femi-m‘tal. El à Say. étrang. Tome 111. Lil! 634 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'AÂCADÉMIE en outre la qualité de fe volatilifer entièrement, en répandant une odeur d'ail, lorfqu'on l'expole fur un charbon bien embrafé, il eft diffoluble par les trois acides minéraux ; & fi on ajoûte de l'eau falée à ces diflolutions, on obtient de très-belles encres fympathiques. L'acide du vinaigre, verfé fur ce régule, n'y agit pas, peut-être à caufe de la furabondance du phlogiftique dont if faudroit priver ce régule pour en faciliter la diffolution: je n'ai point tenté cette expérience, mais je crois pouvoir ha- farder cette conjecture. En raflemblant toutes ces expériences, il paroît conftant que la matière colorante du cobolt n'eft autre chofe que la partie métallique de ce minéral, puifque, de quelque façon qu'on la traite avec es acides, elle fournit la couleur à l'encre fympathique. Je crois aufii, d'après quelques faits particuliers, pouvoir regarder ce femi-métal comme l'arfenic même, combiné avec une terre métallique dont je ne puis encore défigner le ca- : radère, puifque ce régule fe volatilife, comme je l'ai déjà : dit, en répandant l'odeur d'ail par le contact des charbons ardens. Cette odeur d'ail que répand l'arfenic par le contact du phlogiftique, eft des plus fubtiles; je puis en démontrer aifément la grande volatilité dans une liqueur fumante dont : je vais faire la defcription. L'arfenic eft un mixte concret volatil très-pénétrant, pefant, à qui fon donne la forme réguline, en le combinant avec des matières graffes. Quoique l'arfenic foit très-volatil, il peut cependant fupporter un feu très-vif fans fe décompo- fer, pourvû qu'il n'ait pas le contact du phlogiftique. S'il eft retenu dans la bafe du nitre, il réfulte de ce compolé un fel neutre arfénical, fur lequel M. Macquer, en favant Chymifte, nous a donné des expériences très-curieufes, que nous nous étions propofés de fuivre conjointement. Comme nos occu- pations particulières ont nui à ce travail commun & nous ont empêché d'exécuter notre projet, j'ai cru devoir inférer dans ce Mémoire quelques expériences qui me font particulières. JI DES SCIENCES. 6 eft queftion, dans ce que je vais rapporter, du procédé d'une liqueur affez fingulière que j'ai trouvée, en faifant différentes combinaifons avec l'arfenic, & de quelques phénomènes que j'ai aperçüs dans cette opération. Liqueur fumante de l'arfenic. Je prends deux onces d’arfenic, je le mets en poudre très- fine dans un mortier de marbre, j'y ajoûte deux onces de terre foliée de tartre bien préparé, j'enferme auffi-tôt ce mé- Jange dans une cornue de verre lutée, que je place à nu dans un petit fourneau de réverbère. J'adapte à la cornue un récipient que je lutte, je a chauffe par degré, il en fort quelque temps après une liqueur un peu colorée, qui répand l'odeur . d'ail la plus pénétrante; il pañle enfuite une liqueur d’un rouge brun, qui remplit le balon d’un nuage épais. En continuant la diflillation, il fe fublime au col de là cornue une poudre noire, qui paroît être de la nature de celle que les Allemands appellent musken gifff; en françois, poifon des mouches : on y trouve auffi du régule d'arfenic, & une matière qui brûlecomme le foufre lorfqu'on la préfente à la amme d’une bougie. Indé- pendamment de tous ces produits, on retire encore du col de la cornue un peu d'arfenic en forme de petits cryflaux, & le réfidu de la diftillation eft une matière charbonneufe qui répand une odeur d'ail fur les charbons ardens. La première liqueur qui pañle dans {a diflillation fait une vive effervefcence avec l'alkali fixe; elle répand en même temps une fi forte odeur d'ail, qu'il eft impofñble de la fup- porter : le vinaigre, les odeurs les plus fortes, ne peuvent pas détruire celle qui refte aux vaiffeaux lorfqu'ils en ont été impregnés; elle ne fe diffipe qu’en la laïffant plufieurs mois à l'airlibre, La dernière liqueur, qui eft d'un rouge brun, dépofe au bout d'un certain temps une matière d’un beau jaune, que je foupçonne être une fubftance métallique qu'elle entraîne dans la diftillation, & qui, par fon propre poids, l’oblige dé fe précipiter au fond de la première liqueur. Ce qui m'autorife LIII ïj 636 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE à le croire, c'eft que quand elle a dépolé cette matière, que je nomme métallique, elle prend une couleur limpide & devient d'une fi grande légéreté, qu'elle furnage la première liqueur, comme feroit une huile eflentielle fur l'eau. Ces deux liqueurs ont une petite couleur ambrée, & font très-claires : agitées enemble, elles forment comme une efpèce de sutritum ; maïs fr on les laifle repofer, elles reprennent leur première limpidité: fr on les expofe au contaét de l'air, elles fument d'abord comme le phofphore, en répandant une très-forte odeur d'ail. Ces vapeurs ‘ne s’enflamment pas à Tapproche d'une bougie allumée; mais en verfant les deux liqueurs du récipient, elles ont enflammé avec une prom- ptitude fingulière le ut gras de ce premier vaifeau, ce qui me furprit beaucoup. IL eft vrai que ce lut s'étoit fi fort defféché par l'action du feu, que l'huile étoit devenue dans un état de réfine. Quelques gouttes de la liqueur furnageante, mifes dans un flacon rempli d’une once d'eau, ont paru $ difloudre en partie, & ont communiqué à l'eau la qualité de fumer continuellement lorfqu'elle éprouve lation de l'air. H réfulte de toutes les expériences que je viens de rapa porter, que l'acide nitreux n'eft pas le feul diflolvant de {a partie métallique du cobolt, puifque les autres acides miné- raux, & même l'acide végétal, la diflolvent également bien, & qu'avec toutes ces différentes diffolutions on peut préparer des encres fympathiques : Que le cobolt n'eft pas la feule fubflance métallique qui puifle donner l'encre fympathique, puifque la diflolution du cuivre, faite par l'acide nitreux, en fournit une qui préfente les mêmes phénomènes de l'apparition & de la difparition que celles qui ont été faites par le cobolt : Que l'on peut concevoir ces apparitions & difparitions fuccefives par l'humidité de l'air, qui, agiffant fur les parties falines de ces encres, tient les fels en diflolution, & par ce moyen en étend [a partie coloranie au point de l'empêcher de 1eparoître : Qu'au contraire la chaleur du feu, en privant ces mêmes : DES SCIENCES 637 fels de l'humidité qu'ils avoient contradée, rapproche la partie colorante & la concentre au point de la rendre fenfible: Que les diflolutions de la mine du cobolt par les acides minéraux donnent différens fels métalliques, qui font les fels colorans des encres fympathiques : Que la diflolution de ces {els par l'eau peut être précipitée par l'alkali fixe & par falkali volatil, & que des précipités qui en réfultent, on obtient des régules de cobolt: Que Ia partie colorante de azur, quoique intimement unie au verre, que l’on appelle émail des quatre feux, peut être attaquée par la violence du feu, en employant l'intermède de lalun : Que l'on peut retirer de Yazur un régule de cobolt pur & exempt de toute fubflance métallique étrangère, & que Yazur ne doit fa couleur bleue qu'à ce régule: Qu'enfin, par l'intermède de la terre foliée du tartre, on tire de l'arfenic une liqueur fumante très-fingulière, qui prouve bien la grande volatilité de cette fubftance minérale que nous fournit le cobolt. LIU üï ‘638 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE D U SOLIDE DE LA MOINDRE RÉSISTANCE. Par M. DE SAINT - JACQUES DE SILVABELLE. LUSIEURS difficultés fur la courbe de moindre réfiftance, P que je ne püs réfoudre par les folutions connues de ce problème, n'engagèrent à en chercher plufieurs folutions nouvelles, & je parvins en 1745 à une folution rigoureufe, qui eft celle que je donne dans ce Mémoire. Elle confifte à déterminer, parmi une infinité d’arcs poffibles qui s'appuient fur une corde donnée, celui qui doit former par fa révolution un folide de moindre réfiftance, & à trouver le centre de cet arc & fon rayon. Mais tout arc infiniment petit de {a courbe de moindre réfiftance pouvant être confidéré comme un arc de cercle qui a pour rayon celui de la développée de cette courbe, on connoîtra par le problème qu'on vient d'énoncer, le rayon de la développée, & par conféquent auffi l'équation de la courbe, Les principaux avantages de cette méthode, font; 1. Qu'on y voit, avec toute l'évidence poffible , les degrés par lefquels on pañfle du minimum au maximum, & comment le maximum & 1e minimum ne peuvent jamais fubfifter enfemble, mais que, fuivant les circonftances données, il ne . L D , . peut y avoir où qu'un minimum où qu'un maximum. 2. Que la détermination trouvée du minimum ou du maximum ne convient, d'une manière générale, qu'aux courbes continues, c'eft-à-dire, aux polygones d’une infinité de côtés, dont les angles ne diffèrent que par des degrés infiniment petits; mais qu'elle ne peut être appliquée généralement aux polvgones, dans le cas où la tangente de la courbe forme avec l'axe un angle plus grand que 45 degrés. 3.7 On donne une conftruction géométrique de la courbe de moindre réfiftance. Cette conflruction eft la plus fimple qu'on puifle trouver, & elle fournit le moyen de déterminer D ES, S)C,L EI NICIE,S. 639 Ja valeur de la grandeur conftante de l'équation de Ia courbe, conformément aux circonftances & aux conditions propofées, Du folide de la moindre réfiflance. LEMM_E. Étant donné un folide, formé par la révolution de l'arc de cercle AO O" autour de l'axe donné A P, trouver la réfiflance de ce folide mé dans un fluide, fuivant la direttion de fon axe A P. Soit C le centre de l'arc AO, foit menée la ligne CQ parallèle à l'axe AP, foient fuppofés les points O, O' infi- niment près lun de l'autre. Soient nommées les lignes OP, y; PQ, g; le rayon CO, r; O0", dv; OM, dx; O'M, dy; on aura O0 Q Soit le rapport de la circonférence au rayon —, ou Soit enfin la viteffe avec laquelle le folide fe meut fuivant fon axe, égale à l'unité, ou r: SOLUTION, L'impulfion du fluide fur a zone décrite par Farc O Ÿ, qui eft auffi la réfiftance éprouvée par cette zone, fera, par ; : dy % les méchaniques, = wydy x ee =, par la propriété («cer (CO} —(0@} du cercle, xydy x TCOF — (Coÿ aydy * Fig. 1. ef Dee 14), Dee A NE = aÿdyx (1 SE ) ; donc en intégrant ; on aura, pour Ja réfiftance de la furface du folide, formée par l'arc AO, + x (+y} tr à Ce qu'il Tr falloit trouver. C'ororarnrie L Soit O O" un arc quelconque fini du cercle donné R AR". st OP AO UU 640 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE La réfiftance de la furface décrite par farce OO", étant la différence des réfiftances des furfaces décrites par les arcs AO", AO, fera, par le lemme précédent, LAB JE —qR — 3gqhh mx —5ff\ + sf +5 + aff £ vr Ou bien, fi lon nomme g la line /1p) moyenne arithmé- tique entre OP & O" P',ou entre f& A; &nommant a la ligne (um), où fon égale 0" nr,on RUE a; h=g+a; d'où fon tire 44 — ff = 4ag, hi — f} = 6agg + 24; — ft —= Bag + 8ag. Nommant D z la ligne A on aura 7 = g+ 4 &X 7 — 7 —% Subftituant ces valeurs dans l'expreflion précédente de Ia réfiflance de la furface décrite par l'arc OO”, elle fe change en celle-ci: — 249 —2ag—+x(y— g)x(Cagg +2) —Eixfz— gJ'x4ags, PR (2 QG j; ou, en faifant les réductions, on aura, — Fig —+ay—1agyr a x(2ag —— —"— —" }). CoRrRoOLLAIRE IL Si l'arc O O' O0", au lieu d’être concave vers l'axe de ré- volution AP, étoit convexe, les points C & @ fe trouveroient placés dans la figure de l'autre côté, par rapport au point ©. Dans ce cas, il n’y a qu'à changer, dans la formule du 3 corollaire précédent, le figne du terme — 4, qui eft le feul où l'on trouve une puiffance impaire de 7, & la réfiftance —-29 39 — +4 fera x x (24ag EEE ), On peut également trouver cette expreffion, en faifant le calcul d’une manière femblable à celle du corollaire 1, en ayant égard aux changemens de figne qui fe trouvent alors dans les dénominations, £ÆorozLaiRe II, DES SCIENCES. Gat . CorRoOLLAIRE III Fig. 1e La réfiflance, dans le cas du corollaire IT, furpañle celle Ca du corollaire T de fa grandeur æ x £ —-, ainfi qu'on le voit en Ôtant l’une de l'autre. Cela fait voir que l'arc concave vers l'axe de révolution, trouve toüjours moins de réfiflance que l'arc égal convexe vers l'axe. PROBLÉME. Étant donnés les deux points O,O", déterminer l'arc de cœrcle OO'O", qui, par fa révolution , décrit une Jurface de moindre réf|) lance poffible. SOLUTION. Tous les arcs de cercle qui peuvent pañer par les points Fig. r. donnés O & 0", ont néceflairement leur centre placé fur la ligne indéfinie »C, perpendiculaire fur le milieu de la corde OnO", & il ny a qu'à déterminer le lieu du point €, qui fatisfafle à la condition propofée, Mais, par le corollaire I du femme, la réfiftance de 1a furface décrite par Farc O 0" O0", eft généralement, rx(2ag LE a Amis À 48 ), dont la différen- rr tielle, en faifant varier les grandeurs 7 & r, doit, dans le cas demandé du minimum , êwe égale à zéro. On aura donc, Lx(—#ade— agde) + mx x ra gt 1880) 0, & faïfant les réductions, rrd7 »x fl — à — 381) + rdrx(aag + 247 + 3g77) = 0. DE “os femblables Oum, ngc donnent (nC ) x (#4): Nommant donc On, c, & Om,6, me on aura {nC) — — x 7: le triangle rectangle O 7 C donne Say. étrang. Tome 112 Mmmm 642 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE £ Fig. 2 (OC) = (On) + GC}, ourr= cc + rte + À ec d'où lon tire rdr = + 747 Subflituant ces valeurs de rr & de rdr dans l'équation précédenie, on trouvera, après avoir fait les réduétions , bb iiipes 3 bügt) to Po) gt — gr —bb—0, D AE CRE GANT AC qui donne la valeur de z dans le cas cherché du minimum. Ce qu'il falloit trouver. Nota. Lorfque l'arc O 0'O", au lieu d'être concave vers l'axe AP, eft convexe, il faut, fuivant le corollaire II du lemme, changer le figne de 7, & l'on trouvera pour lors, 346 sa tt + gr —bb= 0. EL Gé ROUE A PRIENE Si lon fuppofe maintenant l'arc O O’ O" infiniment petit, les grandeurs ? & a feront infiniment petites, pendant que les autres grandeurs g & 7 demeurent finies, & l'équation 3 bb aa du problème 77 — gr — bb — o devient, en ar &t WE négligeant le terme — 28, & divifint par 7, z — = g = 0, d'où lon tire 7 = gx ee 1 )e == & Nota. Lorfque l'arc O O' O0” eft convexe vers l'axe, il faut , PEL 2338 changer le figne de 7, & l'on aura pour lorsz=8 x (1 —— ). Co RO LL A TR ENLE Les triangles femblables O'n,, Onm donnent /O'r) (On) y en (On) = : m) x (uv) =, par la propriété du cercle, TT Ts — (OZ, lorfque arc OO" eft infiniment petit; d’où ma zC) lon ‘tre (#9) = I Om — CE DES SCIENCES. 643 à b . "> — —, par le corollaire ], . 37 £ 2 2x —Z t 28% (5 ab donc 2 {nv) — CrT” : x(— — 1) aa CO RO IT ASTERE RATS Soit O O'O" un élément de la courbe de moindre réfif. Fig. tance, dont O O' ou O'O" foient dv, que nous fuppofons conftant, © P foit y, O' M foit dy, O M foit dx, on aura (OM') — (OM) = 2 (nr) = ddx —=, par le corollaire II, SERRE A, & mettant, au lieu des gran- 36b CE dev — 1) deurs g, a, b, les grandeurs Y, dy, dx qui les repréfentent, dy dx on aura ddx — — — 1) AE — ydyÿddx — dydx — o; mais, à caufe des dy conflans, on a dxddx — dyddy. Subftituant cette valeur de dxddx dans le premier terme de l'équation précédente, & multipliant tout par dy, on aura 3 ydxdy" ddy — ydy ddx — dfdx = 0. Donc, en intégrant & faifant attention que les y & les 4x vont en augmentant &. que les /y vont en diminuant , on trouve ydxdy3 — une grandeur conftante — Cd vf, C'eft l'équation de la courbe de moindre réfiftance, donnée par M. Newton. Nota. Si la courbe étoit convexe vers l'axe, l'équation différentielle feroit — 3 ydx dy" ddy + ydydx — dy* dx, dont l'intégrale eft également ydxdy* — Cdvf (en faifant attention qu'alors les y & les dy vont en augmentant & les dx en diminuant). CO RO LA TRE LIVE , d'où lon tire 3 ydx*ddx La valeur de 7, dont on s'eft fervi dans les corollaires précédens, n'eft exactement vraie que lorfque à & & font Mmmn ij Fm Fig. Le 1 X 2. 644 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Fig: 2 & 1. infiniment petits par rapport à lordonnée ! £g, mais elle ne Fig. 2 &1. peut pas avoir lieu fi g eft auffi infiniment ny I n’en eft pas de même de l'équation du problème zz— 3 12 gr —bb=0; +, L4t qui eft générale & peut convenir à un arc de cercle fini qui rencontre fon axe À P, en oblervant cependant que la for- mule du corollaire 1 du lémme, & qu'on a employée dans le problème , exige que l'arc OO" Loit compris dans l'are ROR' de 90 degrés, c'eft-à-dire, dans l'angle droit RCR'; d'où il fuit que z ne peut jamais être moindre que 4 ni 25 que —. CorRoLLATRE NV Lorfque Farc © OO" eft concave vers l'axe, on a, par 20e su 385 TE pra" : 2) Je corollaire 1, 7 = gx(= — 1); d'où il füit qu'il dk Bb. pie Ph 1 faut alors néceflairement que MO plus grand que l'unité, 44 ou bien que 344 foit plus grand que aa; car autrement z feroit négatif, c’eft-à-dire que l'arc O O'O" feroit convexe vers l'axe , ce qui eft contre la fuppofition. ” Lorfque Farc OO'O" eff convexe vers l'axe, on a q , bb 5 . . z î 2 fil ts rss ); d'où il fuit qu’il faut alors néceffairement aa bb +. : sarl ° . que À foit moindre que l'unité, ou bien que 3 44 foit aa moindre que aa; car autrement 7 feroit négatif, c'eft-à-dire qu'il faudroit prendre l'arc OO’ O0" concave au lieu de le prendre convexe, ce qui eft contre la fuppofition. CoROLEAIRE VI. Lorfque l'arc OO" O" eft convexe vers Faxe, la formule du problème donne un maximum au lieu d’un minimum ; car, par le corollaire IT du lemme, ft on prenoit un arc égal concave vers Taxe, il formeroit une furface de moindre DENIS VISAE NT ENINT CE Is 64 réfifance que l'arc convexe; d'où il fuit que fa réfiftance Fig. 2: va en augmentant à mefure qu'on pañle de l'arc concave à Farc convexe, & le point où la différentielle fe trouve égale à zéro eft alors un maximum. Co Rr o 1 z A 1 RE VITE Lorfque 326 eft plus grand que 44, l'arc 00'O" eft concave vers l'axe, par le corollaire V, & l'équation 3bb 515 = gx(—— — 1) donné le minimum. LE hs } Mais lorfque 3 4b eft moindre que #4, l'arc OO'O" eft convexe vers l'axe, par le même corollaire V, & l'équation 3 bb d : —— — — nn AX: , Lx ——) donne le maximum CorRoLLAIRE VIIL 58 Comme — a — ft toüjours ou plus grand que l'unité, ou moindre, mais ne peut pas être lun & l'autre en même temps, il fuit que, par deux points donnés, on ne peut jamais mener un arc qui donne le minimum & un arc qui donne le maximum, mais que, fuivant la pofition des deux points donnés, il ne peut jamais y avoir où qu'un #nimum , ; 4 ou qu'un #aximum. Coin oi A RE, EX Lorfque l'arc 20/0", convexe vers l'axe, eft tel, qu'on le détermine par la formule du problème, il eft celui qui forme le folide de plus grande réfiftance parmi tous les arcs de cercle poflbles, qui ont pour corde la droite donnée 00", mais il ne s’enfuit pas pour cela qu'il foit un maximum abfolu ; car il eft évident que la furface décrite par les deux droites ou, ox, où fimplement la zone décrite par la droite ou, eft celle du maximum abfolu , puifqu’elle reçoit en entier l'effort du fluide qui la choque perpendiculairement. D'où il fuit que la courbe 300", conftruite par l’équa-. tion du corollaire I1T, n'a jamais que la propriété du maximum Mmmm iij 646 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Fig. 2. parmi les courbes continues de ; en o", Mais non pas parmi tous les polygones finis & irréguliers ; ainfi cette courbe n'eft jamais un #aximum abfolu. COR ‘oO A TAMTOREEXE Lorfque l'arc O0 O'O", concavé vers l'axe, eft tel, qu'on le détermine par la formule du problème, il eft celui qui forme le folide de moindre réfiftince parmi tous les arcs de cercle poffbles, qui ont pour corde la droite O O0". Muis il eft aifé de démontrer, par à folution du cone tronqué de moindre réfiftance poflible, que fi la droite O"O forme, avec l’ordonnée O" P",un angle moindre que 45 degrés, le folide formé par les deux droites O"r, Or, c'elt-à-dire, par la tangente au point 0" & le prolongé de l'ordonnée O P; il eft, dis-je, aifé de démontrer dans ce cas, que la furface produite par ces deux droites O"r, Of, trouvera moins de réfiftance que la furface produite par l'arc O 0" O", tel qu’on Ja déterminé par le problème. D'où il fuit que la courbe /00", conftruite par l'équation du corollaire 111 du problème, n’a véritablement la propriété du minimum abfolu, qu'autant que l'angle formé par la tan- gente & l'ordonnée eft plus grand que 4$ degrés; & fi lon fuppofe que le point À foit celui où l'angle que forme la tangente avec l'ordonnée eft de 45 degrés, c'eft-à dire, où Von a dx = dy, il n'y aura que la partie À O O" qui jouiffe de la propriété du minimum ab{olu, pendant que la partie Z À ne jouit de la propriété du minimum que parmi les courbes continues de À en À, & n'eft qu'un minimum relatif. De la conffruttion de la courbe de moindre réfiflance. L'équation de la courbe de moindre réfiflance, par le corollaire III du problème, eft yd4xdy} = Cdt — Cx(dx + dy'}. Soit 1 x dx == udy, u étant une variable qui exprime , dx le rapport ER on aura donc 1 xx —= fu dy. , DÉS SCIENCES 647 Subflituant cette valeur de 4x dans l'équation de la courbe Fig. 2. de moindre réfifance, elle fe change en celle-ci, yudy* = Cdÿfx(i +), où yu = Ex(i + x), où C ÿ= —x({1 + au). u La conftruétion de cette équation eft extrêmement facile; car prenant Sæ pour une abcifle quelconque , dont l'origine eft à un point S, qu'on prend à volonté, on trouve aifément , >} . C el ordonnée w +, par l'équation y = x (1 + nu), La courbe 4wo" étant conftruite, on trouvera un point quelconque © de la courbe de moindre réfiflance, dont je fuppofe Forigine des abciffes au point 2 ; il n'y a qu'à prendre (OP) = (ox) & (BP) = [udy — Vaire awkK, & lon pourra, de la même manière, trouver tous les autres points de la courbe de moindre réfiftance. REMARQUE. Il faut obferver que dans l'équation y — = x (1 +uu)* de là courbe aww", il entre une grandeur conftante €, que nous n'avons point déterminée. Cette grandeur conftante & indéterminée fert à faire en forte que la courbe de moindre réfiftance pafle par deux points donnés, comme A & O, & il faut, dans la conftruétion de la courbe 4ww", prendre la grandeur conftante C, telle que faire a04K foit égale à 1x BP. Pour trouver géométriquement & par approximation la valeur de €’, il faut d'abord fuppofer € = 1, & conftruire la courbe y = — x (1 + uu)*. Par le moyen de cette courbe, il fera aifé de conftruire toute autre courbe dont l'équation ef y = © x (1 + un)”, puifque les ordonnée q NET sPAUq ces de la première font aux ordonnées de celle-ci en raifon conftante de 1 à C, & il faudra choïfir parmi ces courbes celles dont faire a@kX = 1 x (BP), en obfervant que Fig. 2. 648 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIF dans aire awk Æ, dont les points À & Æ font donnés, les points a, « varient fuivant qu'on change la grandeur conftante LW4 Li . € C de féquation de la courbe aoo", qui eft y = — # Kk(1 + vu)’. CoROLLAIRE L 1 QUE C La courbe a", dont l'équation eft y — x (3 + uu)”, a un #inimum de fes ordonnées au point , qui eft placé en forte queu = V+, auquel cas la valeur de l'ordonnée, qui r ) 7: 16 eft un minimum, eft y —= RE. C: DNS; Ù Car, en prenant les différences de l'équation de fa courbe, on aura ydu + u dy = Cx(4u3du + qudu) ; & lorfque dy — 0, où dans le cas du minimum, on aura D — / . CE x (qu? + 4u) —, par l'équation de la courbe, — x {1 up”, d'où l'on tire, en divifant par Cx fi + uu), au — . : x(i + uu) & zuu = 1,OUU — Vy. Subflituant cette valeur de # dans l'équation de Ia courbe C 2 C 1 )Z D —x (1 + uu)*, on any x (1 + +) i ft 9 . CoRoOLLAIRE IL. La branche de la courbe «ai, depuis i, en s’approchant à l'infini de fon afymptote SX, fert à conftruire la branche de la courbe /00" de plus grande réfiftance émproprement dite, puifque, par le corollaire IX du problème, on a vü que cette courbe n'étoit point un #aximum abfolu, CorozLLAIRE III. Lorfqu’on fuppole que la tangente de la courbe de moindre réfiftance fait, avec l’ordonnée, un angle de 45 degrés, on aura dx — dy; mais, par la conftruétion précédente, on a fait dx — udy, donc alors on aura # = 1. Soit DOÉ'S 1.9 CI LE NC DE Se 649 Soit done $8 —"#—1\r,, on-aura!, Pi l'équation Fig. PE _ x (1 + nu) dela courbe aww, aB = C x{i + 1) = 40C,& ligne AB — 4C et Tor- : donnée de la courbe de moindre réfiftance 40 O", qui fait, avec la tangente au point À, un angle de 45 degrés. Groir'o riz are AY. La partie ai de la courbe «ai peut bien fervir à conflruire une courbe / A7) de moindre réfiftance parmi les courbes continues de À en /, conformément au corollaire X du problème ; mais ce n’eft qu'une courbe de moindre réfiftance improprement dite, nétant quun minimum relatif, & non point un #inimum abfolu. CoROLLAIRE V. Puifque le rayon de Ia APRES O'C eft, fuivant le b = 1.); ce rayon au point À, ou — 4, ge ir MAO 7 = — x2g, ceft-à-dire qu'alors /pg) — (np), ou bien (mg) = 2x{np); & dans tous les autres points dé Ja courbe de moindre réfiflance AO ©, le rayon de la déve- loppée va toûjours en augmentant à melure qu'on s'éloigne du point À vers O, & (p9) eft toûjours plus grand que Fordonnée © P ou O'P, problème & fon corollaire I, —- = 7, ou + xgx( _ - es d Sav, étrang. Tome III. Nann 650 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE O'B'SE RV A T TON DU PASSAGE D EAN E PA R'EE NS CFA M'AND'E S, Faite à Rouen le 11 Juillet 17 F7 Par M. Bouin, Chanoine régulier de la Congrégation de France, Correfpondant de l’Académie. 1EN de plus propre que les occultations des Étoiles par la Lune, pour fixer les longitudes & pour régler Ja théorie de ce fatellite. L’inftantanéité, fi j'ofe le dire, de ces phénomènes ne laifle point l'Obfervateur en fufpens, comme les éclipfes des fatellites de Jupiter; il ne peut former aucun doute far heure à laquelle il a vü difparoître ou reparoître l'Etoile. J'obferve ces occultations autant qu'il m'eft poffible. Quoique celle d’Aldebaran ne fût point annoncée, j'avois vû dans VÉtat du ciel que cette Étoile pourroit bien être éclipfée par la Lune. M. Pingré, qui étoit venu à Rouen quelques jours auparavant, en calcula les élémens à Ja hâte, & trouva qu'elle le feroit effectivement aufli-bien que les deux 8. La Lune ne pouvoit être plus favorablement placée pour tirer avantage de cette occulution, puifqu'elle étoit précifément dans un oétant. D'ailleurs, depuis long temps je cherchois Toccultation d'une Etoile bien connue, pour confiater la différence affignée dans les livres d'Aftronomie entre les mé- ridiens de Paris & de Rouen. Nous obfervames, M. Pingré & moi, lui avec une lunetté de quatre pieds, & moi avec une de neuf: nous vimes, L'Immerfion du 16, Îa pendule Temps vrai. marquant... «ee Series 14h 52° 36”... 14h 31° 30" L'Immerfion du 29......... 115. O0. 324... 14. 39% FÉmerfonidu 28... 59 20 37.0 15 LS 21e bn. IT, Phg: 650.P1L XX1F: à Planche L fo Etrang. TT. Pa. 650. PL XXI à Po 660. PLEXT. l Planche 2 Pro 660. PLAXAT: Aro, Ltranur ]bm III . = Plinehe s 4 s DES SCIENCES. 6sr . Cette Emerfion peut étre arrivée quelques fecondes auparavant : la lunette s'étoit dérangée, Temps vrai. L'Émerfion du 18........4.. 15" 45" 51"E... 15h 2445" Mid: vrai fre 11, la pendule marquant. 0. 20. $5$ | le 12.,.....,..... ©. 21. 12. Les hauteurs correfpondantes donnèrent le même réfüultat que mes ficelles. Pour obferver loccultation d’Aldebaran plus à Paife, M. Pingré fe fervit d'un télefcope de feize pouces, de la façon du fieur Paris. Je continuai l'ufage de la lunette de neuf pieds; mais comme Îe difque de la Lune ne paroifloit pas tout entier dans le champ de cette lunette, je pris, pour obferver l’émer- fon, la lunette de quatre pieds. L'occultation fe fit, felon fa pendule, à 18h 53° 27"2 ou 18h 32° 19"+ temps vrai: l'Etoile nous parut, pendant 3 à 4 fecondes, entamer {a partie éclairée du difque de la Lune vis-à-vis de la pointe méridionale de Grimaldi, Un nouveau dérangement de la lunette n'ayant fait perdre la Lune, lorfque je l'eus raccommodée & repointée, J'aperçus l'Étoile déjà dehors à 19h $0o' 41" temps vrai. M. Pingré, de fon côté, obligé de fe fervir d'un inftrument dont le champ étoit plus petit que le difque, crut l'apercevoir dès 19h 46 2", aufli temps vrai, mais fans pouvoir l'aflurer. Je defirois pouvoir déterminer par ces obfervations, non feulement l'erreur des Tables aftronomiques, mais encore la vraie pofition du méridien de Rouen, fur laquelle je m'étois formé quelque doute, comme je l'ai dit plus haut: je ne pouvois le faire du’en comparant nos obfervations avec quelques correfpondantes faites à Paris ou fous quelqu'autre méridien bien connu. M. Pingré étoit à Rouen, je n'en avois pas à attendre de Paris; mais M. le Monnier daïgna lui envoyer fon obfervation de l'immerfion d’Aldebaran & du paflage, tant de cette Étoile que de la Lune, par le méridien, avec les dif tances refpetives de ces deux aftres au Zénith. Je me vis donc en état de travailler conjointement avec M. Dulague. Ayant deux phafes obfervées par M. le Monnier, le mou- Nann ji 652 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE vement vrai de la Lune, pris dans les Tables des Inflitutions, & converti en mouvement apparent par la méthode des paallaxes, & enfin l'inclinaifon apparente de Forbite, prife areillement dans les Tables, nous calculames la route obfervée de li Lune à l'égard d’Aldebaran. De ces élémens & de limmerfion de l'Étoile, obfervée par M. le Monnier, nous conclumes qu'à 6h 43°26"+, temps moyen de lobfervatoire de M. le Monnier, la différence entre Aldebaran & le centre de fa Lune étoit, en longitude, de 14’ 41”, dont l'étoile étoit plus orientale, & en latitude, de 3° 48”, dont elle étoit plus méridionale. Si donc on fuppole la longitude apparente d’Aldebaran en mm 6123" 38",& fa latitude ç4 28° 59" auftrale, Ja longi- tude apparente de la Lune fera en x 648" 57", & fa latitude dr Les Ayant calculé, partie fur les Tables des Tnflitutions, partie par la méthode des parallaxes, les mêmes élémens apparens, j'ai trouvé la lengitude de fa Lune en x (SES OÙ CAE À PT latitude 54 24’ 44"; donc ferreur des Tables eft en longi- tude +- 2° 39", & en latitude + 27" au nord. La longitude apparente de la Lune étoit donc de 664 8°. 57", & lenonagéfime 47%23 2. Dela diftance apparente de la Éune au nonagéfime, je conclus la parallaxe de longitude — 14! 34”, & celle de latitude — 34 0". Ainfr la longi- tude vraie de la Lune étoiten x 5% 54 23”, & fa latitude AË S1'nu Re Les mêmes élémens, calculés fur fes Tables des {nflitutions, font x $4 57° 1” & 4 5° 44"; donc les Tables des Inftitutions donnent la longitude vraie trop forte de 2° 38”, & la latitude trop boréale de 26", Après avoir ainfi connu & corrigé l'erreur des Tables; j'ai calculé fa diftance d’Aldebaran au centre de fa Lune pour fe méridien de mon obfervatoire dans deux fuppofitions, June que ce méridien étoit de 4 minutes, l'autre qu'il étoit de 6 minutes plus occidental que celui de M. le Monnier : jai trouvé ces diftances de 933" & 872"£. Or, flon mon DES SCIENCES 652 obfervation , la diftance devoit être égale au demi-diamètre de ka Lune, ou, felon les Tables, à 906,5. J'ai donc dit: comme 60 +, différence des deux réfultats, font à 2 6+., erreur du premier réultat, ainfr. 1 20 fecondes, différence des deux fappofitions, font à $ 24, erreur de la première fuppofition; d’où il fuit que la difiérence de longitude entre l'obfervatoire de M. le Monnier & le mien n'eft que de 4 $2°+, à quoi il faut ajoûter {a différence qui eft entre l'Obfervatoire royal & celui de M. le Monnier *,. pour avoir la différence de longitude entre l'Obfervatoire royal & Rouen. | La différence d'un très-petit nombre de fecondes qui fe trouvera alors entre mon réluitat & celui des Ouvrages aftro- nomiques, pourroit bien venir de la fuppofition qu'on eft forcé de faire dans ces fortes de calculs, que la route de à Lune eft rectiligne durant une heure ou deux ; ce qui n’eft pas exac- tement vrai, fur-tout fi cet aftre eft près du nonagéfime. Or, dans l'intervalle des deux obfervations de M. le Monnier, la Line traverfa réellement le nonagéfime. Pour confirmer la certitude des opérations précédentes, Jai calculé l'erreur des Tables au moment du paflage de Ja Lune au méridien, obfervé par M. le Monnier: j'ai eu égard à ce qu'Aldebaran étoit éloigné de 2'+ de temps de fon pañlage au méridien, lorfque M. le Monnier a obfervé fa hauteur. Des élémens de ce paflage , j'ai conclu à 9h 0’ 22°2, temps moyen, obfervatoire de M. le Monnier, la différence de longitude entre le centre de I Lune & l'Etoile, 36° 46"4, & celle de latitude 28’ 45"; donc la longitude vraie, déduite de lobfervation, étoit x 7% 5’ 16", & la latitude vraie 44 48" 40". Les Tables donnent x 74 7’ 49" de longitude, & 41 48" 14" de latitude; leur erreur eft donc + 2’ 33" en longitude, & elles font la latitude de 26 fecondes feu- lement plus boréale qu'elle ne l'étoit eflectivement. On voit * L’Obfervatoire de M. Ie Mon- | que, füivant Ja Connoiffance des nier eft à l'occident de l’Obfervatoire | Temps, la différence des méridiens royal de 360 toiles, qui font 35”, | doit être 4 57” entre Rouen & c'elt-à-dire 2°+ de temps, en forte | l'Obfervatoire de M. le Monnier, Nann ii 654 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE, &c. que. ces erreurs différent très-peu de celles que j'avois trouvées pour fe moment de l'immerfion. | Comme j'ai obfervé les immerfions & émerfions des deux 4, jaurois defiré de recevoir quelques obfervations correfpon- dantes de ces phénomènes, mais il ne m'en eft point encore parvenu. Les éclipfes des étoiles par la Lune étant plus propres qu'aucune autre pour déterminer fa différence des méridiens, je ne négligerai aucune occafron de les employer pour parvenir à fixer avec certitude la diftance de celui de Rouen à celui de l'Obfervatoire royal. J'ai réglé, à l'ordinaire, ma pendule fur une méridienne formée par deux ficelles tendues avec le plus de foin & le plus de précaution qu'il m'a été poffible dans le plan du méridien: c'eft le Soleil même qui me donne le fignal & qui me marque quand fon centre pafle par le plan des ficelles. M. Pingré seft afluré par lui-même de fa bonté & de fa prééminence fur tous les Gnomons. Nota. Depuis ce Mémoire achevé, nous avons obfervé le 2 r Juillet l'immerfion du 3% fatellite de Jupiter, M. Pingré avec une lunette de dix-fept pieds , à moi avec une de neuf. Le temps étoit clair ; je ceffai de le voir à 84 31" 4", temps vrai à Rouen ; M. Pingré commença à le perdre de vüe à 8 29° 58", & l'aperçat pour la dernière fois à 8h 31° 51". La difpojition de mon obfervatoire ne nous permit pas de voir l'émerfion. Fin du troïfième Volume. Lau r | ” L ui L il 1 1 fl M) f hr L : A UN ou UE ; TE