—IBRAR ^ ■ af- O F <2: CT'? SMITHSOMIAH.'DEPOSII ' ^ ES3 MÉMOIRES DU MUSÉUM D’HISTOIRE NATURELLE. « # % MÉMOIRES DU "MUSÉUM D’HISTOIRE NATURELLE, PAR LES PROFESSEURS DE CET ÉTABLISSEMENT. OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. DÉDIÉ AU ROI. TOME SECOND. CHEZ G. DUFOUR, LIBRAIRE, RUE DE VAUGIRARD , JV®. 34, AU COIN DE LA RUE GARANCIÈRE, i8i5. NOMS DES PROFESSEURS. messieurs , Cuvier Desfontaines. . . . Faujas-Saint-Fond . Geoffhoy-St.-Hiiaire. Haüy A. L. Jussieu . . . Lacépède Lamarck. . . • . . Laugier PoRTAL A. Thouin Vauquelin Vanspaendonck. . . Deleuze, . . . . • Anatomie des animaux. Botanique au Muséum. Géologie , ou Histoire naturelle du globe. Zoologie. Mammifères et oiseaux. Minéralogie. cl Zoologie. Botanique à la campagne. Reptiles et poissons Insectes, coquilles, madrépores, etc. Chimie générale. Anatomie de l’homme. Culture et naturalisation des végétaux. Chimie des Arts. Iconographie , ou l’art de dessiner et de peindre les productions de la nature. Secrétaire de la Société des Annales. MÉMOIRES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. OBSERVATIONS Sur les Tourmalines s particulièrement sur celles qui se trouvent dans les États-Unis. PAR M. HAÜY. Ij a distinction des espèces minérales , ramenée à son véri- table point de vue, est fondée sur le principe que ce qu’elles ont de fixe et d’invariable réside uniquement dans la forme et dans la composition de leurs molécules intégrantes, dont chacune n’occupe qu’un point dans l’espace rempli par le corps auquel elle appartient. C’est vers ce point qu’a été dirigée l’action de l’affinité, qui a réuni les molécules élé- mentaires suivant le rapport assorti à la nature de la substance qui devoit naître de cette réunion. Tout le reste a été l’effet des circonstances locales dans lesquelles se trouvoient les molécules intégrantes , pendant la formation du corps qui en est fassemblage. Les qualités du fluide qui agissoit sur ces molécules, pour balancer en partie l’attraction qu’elles exer- çoient les unes sur les autres , ont influé sur les lois d’arran- gement qui ont déterminé la forme cristalline. Des molé- cules étrangères suspendues dans le même fluide se sont Mém. du Muséum, t. 2. i 2 O B S E R VA T I O N S introduites entre les molécules propres du corps qu’elles en- vironnoient, et ont amené les modifications dépendantes de la couleur, de la transparence, du poli et de tout ce qui constitue \e Jades. ^ De ce qui précède résulte un fait que tous ceux qui cul- tivent la minéralogie sont à portée d’observer, savoir que les cristaux d’une même espèce engagés dans une grande masse dont la composition géologique est uniforme, se ressemblent, en général, par les caractères qui parlent aux sens, en sorte que si d’autres cristaux diffèrent sensiblement de ceux-là sous le même rapport, cette différence en indiquera une dans les composans de la masse qui les renferme (i). Ainsi les cristaux de feld-spath connus sous le nom à'adulaire que l’on trouve au Saint-Gothard dans les fissures des roches de gneiss et de mîca schistoïde, et qui sont d’une couleur blanchâtre, jointe à une transparence plus ou moins nette, à un éclat très- vif et à des reflets nacrés , tranchent fortement par leur aspect à côté des cristaux de la même substance qui font partie des granités de Êaveno , et qui réunissent à une opacité parfaite une surface presque mate, dont la couleur est le rouge incarnat. Cette diversité de caractères extérieurs produite par l’in- fluence des circonstances locales , dans des corps de la même nature, a souvent été prise pour l’indice d’une distinction (i) Cela n’empêche pas qu’il n’existe dans des roches difierentes des cristaux qui présentent le même aspect. L’observation que j’ai principalement en vue dans cet article porte sur ce qu’il est rare qu’il y ait une diversité notable entre les cristaux d’une même espèce que l’on rencontre da ns un ten-ein constitué uni- formément. SUR LES Tourmalines. 3 spécifique, et telle a été la principale cause des défauts qui déparent les méthodes fondées sur les caractères dont il s’agit. La chaux carbonatée magnésifère ou dolomie du St.-Gothard n’a pas borné ses relations avec la trémohte à fournir les matériaux de la roche qui devoit lui servir de gangue^ elle lui a imprimé les caractères qui l’ont fait placer dans une espèce à part. La vue de ces aiguilles d’un blanc soyeux citées dans les descriptions de cette pierre comme la pre- mière de ses sous-espèces (i), écartoit toute idée d’un rap- prochement avec la hornblende d’un noir foncé , telle qu’on la rencontre dans une multitude d’endroits, et en particu- lier au cap de Gâte en Espagne , où ses cristaux sont engagés dans un feld-spath porphyrique altéré ( thon porphyr ). Ici la couleur qui parmi les caractères des minéraux est mise au premier rang, plaçoit les deux espèces aux deux extrémités de la série dont l’une offre tous les rayons réunis et l’autre leur absorption totale. Ces réflexions m’ont paru nécessaires pour préparer la des- cription que je donnerai bientôt d’un gissement de tourma- lines, d’où résulte un fait assez curieux en lui-même pour mériter d’être connu , et qui m’a paru d’autant plus intéres- sant que les conséquences qui s’en déduisent attaquent dans leur source les méprises qu’a occasionnées la corrélation entre les caractères extérieurs des cristaux et la diversité des tei- reins qui les renferment. Mais avant d’exposer ce fait, je vais reprendre en peu de mots l’histoire de la tourmaline consi- dérée sous le rapport de la classification. (i) Voyez le Traité élémentaire de Minéralogie , suivant les principes du pro- fesseur Werner, parM. Brochant, ingénieur en chef des mines, t. I,p. 5t4. 4 Observations La variété de cette pierre que l’on trouve à Ceylan , et qui paroît avoir été la plus anciennement connue, fut d’abord réunie avec la zéolithe par plusieurs minéralogistes. Romé de risle l’en sépara , pour l’associer, éous le nom de scfiorl, à diverses substances qui occupent aujourd’hui des places distinctes dans toutes les méthodes, telles que l’axinite, l’am- phibole, l’épidote, etc. (i). On ne connoissoit guère alors, outre la variété de Ceylan qui vient d’être citée, que les tourmalines vertes ou bleu-verdâtres du Brésil, et les tour- malines noires ou d’un noir-brunâtre, qui se trouvent à Madagascar, en Espagne et dans divers autres pays. M. Werner rassembla toutes ces variétés dans une même espèce à laquelle il conserva le nom de scliôrl, et qu’il partagea en deux sous-espèces, savoir : \q gerneiner schôrl ou le schorl commun, qui comprenoit les tourmalines noires, et Xelec- trischer schôrl ou le schorl électjHqiie , auquel apparte- noient les tourmalines colorées. Cette distinction subsiste en- core aujourd’hui dans la méthode de M. Werner, malgré les nombreuses expériences c]ui prouvent cjue le gemeiner schôrl xiQ'ÿi pas moins électrique tjue celui auc[uel la no- menclature semble attribuer exclusivement la propriété in- dicjuée par ce mot (2). (l) Crisiallographie , t. II , p. 344 et suiv. {g) Je suppose qu’il s’agit ici de l’électricité acquise par la chaleur, et non pas simplement de celle que fait naître le frottement, et qui disparort dans une grande partie des tourmalines noires, auxquelles les matières hétérogènes dont elles sont mélangées ont fait perdre leur propriété idioélectrique. La distinction considérée sous ce rapport deviendroit tout-à-fait insignifiante, puisqu’elle convient à toutes les espèces de pierres qui ont des variétés transparentes et d’autres opaques. SUR LES Tourmalines. 5 On découvrit plus récemment, dans les granités des monts Ourals, en Sibérie, une tourmaline violette dont on fit une espèce distincte, sous les noms de sibérite et àe daouT'ite. M. de Dandrada, célèbre minéralogiste portugais, décrivit une autre variété en aiguilles d’un bleu indigo , qu’il avoit observée à Utôn en Suède , dans une roche composée de feld-spath incarnat, de quarz gris et de talc lamelliforme, et cjn’il regarda aussi comme une espèce particulière à laquelle il donna le nom di' indicolithe (i). Dolomieu reçut de petits cristaux en prismes blanchâtres, trouvés au St.-Gothard, où ils sont engagés dans une dolomie, et que l’on associoit au schorlartiger beryll, que l’on sait aujourd’hui être une va- riété de la topaze (i). Mais il reconnut bientôt que ces cristaux appartenoient à la tourmaline , dont ils ofFroient la variété isogone (3). D’autres cristaux en prismes allongés d’une cou- leur violâtre et quelquefois verdâtre, que l’on découvrit en Moravie , où ils ont pour gangue , les uns le quarz , les autres la lépidolithe, furent réunis par M. Reuss avec le schorlarti- ger beryll, qui forme dans sa méthode une espèce à part, sous le nom de stangenstein. J’ai publié deux Mémoires, l’un sur l’indicolithe et l’autre sur la sibérite, pour prouver l’identité de ces deux subs- tances avec la tourmaline (4), et j’ai réuni à celle-ci le mi- (1) Joum. de Phys., t. LI, p. 243. (2) Annales du Muséum d’hist. nat.,t. XI, p. 58 ; Journal des Mines , t. xxiir, p.39. (3) V^ojez le Mémoire très - intéressant puLlié par ce savant minéralogiste, sur la couleur comme caractère des pierres, etc., Journ. de Phys. , t. III, janvier 1798 , p. 3o2 et suiv. • (4) Annales du Muséuni d’hist, ncrt., 1. 1, p. 25j et suiv. , et t. III , p. 233 et suiv. 6 Observations néral de Moravie, dans mon Tableau comparai^, qui offre l’ensemble de toutes les variétés connues de la même espèce de pierre (i). Cette classification a été adoptée par les auteurs des méthodes les plus récentes, dans lesquelles l’indicolithe et la sibéiTte ne sont plus distinguées que comme sous-espèces de la tourmaline. Mais pour apprécier ce qui me reste à dire, relativement au fait que présente le gissement des tourma- lines dans les Etats-Unis , il faut se reporter aux époques des découvertes qui ont été faites successivement des variétés que j’ai citées, parce que les principes qui ont suggéré les fausses opinions que l’on en a d’abord conçues sont encore ceux qui servent de guides à une grande partie des minéra- logistes , dans la classification des minéraux qui s’offrent pour la première fois à leurs yeux. Le gissement dont il s’agit existe dans le granité de la province de Massachuset. Mes observations ont été faites sur des fragmens de ce granité envoyés par MM. Bruce et Mit- chill, qui tiennent un rang distingué parmi les savans aux- cjuels le pays des Etats-Unis est redevable des progrès que la minéralogie et la chimie y ont faits depuis un certain nombre d’années, et dont les preuves sont consignées dans l’excellent journal américain rédigé par M. Bruce. Le granité qui renferme les tourmalines est composé de feld- spath en partie lamellaire et en partie granulaire, de quarz gris et de mica argentin. Parmi les tourmalines , les unes sont en prismes à neuf pans, d’un vert un peu obscur joint à la transparence dans les fi’agmens d’une médiocre épaisseur, en sorte qu’un (ï) Pag. 38 etSj:* SUR LES Tourmalines, 7 de ces fragmens placé entre la lumière et l’œil présente k peu près le même ton de couleur que la tourmaline verte dite émeraude du Brésil. D’autres cristaux sont eu prismes isolés ou en aiguilles groupées, dont la couleur est tantôt le bleu indigo et tantôt le bleu clair; ce sont les analogues de l’indicolithe; sur quoi je ne dois pas omettre que l’on trouve à Utôn une variété de cette dernière substance en niasses d’un bleu noirâtre, et que la tourmaline des Etats- Unis a, sous ce rapport, un nouveau trait de ressemblance avec elle. Dans certains morceaux , le bleu est remplacé par une couleur verdâtre , qui n’est pas non plus étrangère aux tourmalines des autres pays, Quelcjues cristaux de celle de Moravie en offrent une teinte sensible, et on la retrouve danj les tourmalines découvertes par M. Gamossy au Saint- Gothard, avec la différence que le vert y est d’un ton plus clair (i). Les mêmes fragmens de granité renferment des cristaux cylindroïdes d’une couleur violette, dont l’aspect rappelle la sibérite, et qui se rapprochent, par cette même couleur, de la substance de Moravie. D’antres cristaux enfin sont noirs comme la plupart des tourmalines engagées soit dans les granités ordinaires, soit dans le talc schistoïde, etc. Quelquefois des individus de deux ou trois couleurs dif- férentes sont associés sur un même fragment. L’un d’eux, qui est un cristal cylindroïde violet, est enveloppé en grande par- tie d’une couche épaisse composée de cylindres verts, et les joints naturels dont on aperçoit les indices dans une fracture (1) Les cristaux de celle-ci, qui sont d’une forme très-nette, appartiennent à une variété qui n’avoit pas encore été observée, et que j’ai décrite dans mon 'Tableau comparatif, p. 38. Observations 8 qu’a subie le cristal violet se prolongent dans la couche verte dont il est entouré. Il résulte des observations précédentes que , les cristaux qui en ont fourni le sujet présentent des diversités du même genre cpie celles qui ont fait placer la sibérite, l’indicolitlie et la substance de Moravie dans des espèces à part. La dif- férence des positions géologiques et celle des gangues, au moins relativement à leur aspect, étoit déjà une sorte d’in- vitation à les considérer comme étrangères les unes à l’égard des autres, pour des observateurs accoutumés à saisir tout ce qui se présentoit à leurs yeux soit dans la manière d’être des substances elles-mêmes, soit dans leurs alentours.' Mais le concours de leurs analogues resserrés dans un même es- pace , où il y a partout uniformité de composition , prend ici visiblement en défaut les caractères extérieurs, qui offrent des contrastes dans une des circonstances où en général ils sont le moins susceptibles de varier (i). Quoiqu’ aucun des cristaux dont il s’agit ne soit d’une forme (i) L’observation de ces contrastes dans des corps qui appartiennent évidem- ment à une même espèce, ainsi qu’on va le voir, peut encore servira prouver combien sont vicieux les noms spécifiques empruntés soit d’un simple accident de lumière, soit d’une forme quelconque , soit d’une circonstance locale, comme ceux Ci'indicolithe , de stangenstein et de sibérite. Si l’on adopte le premier, oui sera forcé de reconnoître des indicolilbes vertes; si l’on préfère le second , on aura des pierres en barres sous la forme d’un prisme à neuf pans, et l’admission du troisième placera des sibérites dans les Etats-unis. Je pourrois multiplier les exemples de ce genre. Mais ce que je viens de dire suffit, ce me semble, pour faire sentir la justesse du principe , que les noms tirés des couleurs et des modifi- cations de forme ne peuvent convenir qu’à des variétés, et que ceux qui ont rap- port aux pajs ne peuvent désigner que des individus. ( Traité de Minéralogie t. î,p. 175.) SUR LES Tourmalines. q assez prononcée pour être déterminable, la division méca- nique m’a fait reconnoître dans leur fracture des joints situés parallèlement aux faces d’un solide semblable au rhomboïde primitif de la tourmaline. De plus, le contour du piâsme à iieufpans, dont plusieurs présentent des indices très-marqués, est caractéristique relativement au même minéral ,^ainsi que le concevront aisément les cristallographes. D’une autre part, les mêmes cristaux, quelles que soient leurs couleurs, pos- sèdent tous la propriété de devenir électriques à l’aide de la chaleur. Ainsi, dans l’hypothèse même où ils se seroient montrés sous des dehors tout différens de ceux qu’on leur observe, et même de ceux de toutes les autres vaiâétés de tourmaline, les caractères dont je viens de parler eussent suffi pour les faire reconnoître, et pour déterminer sans re- tour leur réunion avec cette espèce de minéral. Meni. du Muséum, t., 2. 10 MÉMOIRE SUR LES ASCIDIES ET SUR LEUR ANATOMIE. PAR M. G. CUVIER. J E suis obligé , comi»e à mon ordinaire , de commencer mes recherches par un exposé historique des variations bi- zarres que la nomenclature de ces animaux a éprouvées. Les Ascidies sont du petit nombre des mollusques dont le nom ancienne laisse point de doute. Aristote les appelle thethyumj il les avoit parfaitement bien observées, et la description générique qu’il en donne (^Hist. An., lib. IV, cap. Vlj et de Part. An. , lib. VI, c. V) est aussi exacte que celles de nos auteurs modernes. Rondelet paroît les avoir bien reconnues , quoique sa figure et sa description {de Ins. et Zooph. , 127) ne puissent faire déterminer positivement l’espèce dont il a parlé. On distingue un peu mieux deux autres animaux dont il traite ensuite (p. 128 et 129) sous le nom de mentida niardna, et qui sont également deux espèces d’ascidies. En effet, les pêcheurs de la Méditerranée, gens peu réservés dans leur langage, donnent encore aujourd’hui aux ascidies, dans leurs divers jargons, des noms qui équivalent à celui-là. Gesner et Aldrovande commencèrent à embrouiller l’his- SUR LES Ascidies. 1 1 toire de ce genre en joignant aux téthyes de Rondelet celles de Bélon ( Aquat. , ^33 ) , qui ne sont que des alcjo nium. Linnæus, dans sa IV®. édition, plaça un tliethyuin dans son système en défigurant un peu son nom et en l’appelant thethys’ il indiqua même que l’animal des bivalves étoit un thethys , ce qui prouve qu’il n’ignoroit pas l’analogie des bivalves avèc les ascidies. Mais comme Redi ( Opusc. III, pl. XXII) avoit décrit une espèce d’ascidie, et l’avoit nom- mée microhosmus , à cause des petites coquilles et autres objets variés qui s’attachent à son enveloppe, Linnæus adopta aussi le genre inicrocosmus , et je ne sais par quelle incon- cevable confusion d’idées il donna ce petit mollusque pour identique avec le microcosmus de Bartholin , prétendu ani- mal de la mer du Nord assez grand pour paroître comme une île, et pour tromper les navigateurs. Dans la 6®. édition, il se fit, sous le genre Thetys, un mé- lange presque aussi singulier des caractères des ascidies et de ceux de la thethys d’aujourd’hui; il n’y eut même que celle-ci de figurée comme type du genre ; et toutefois l’ani- mal des bivalves porta encore le nom de thethys , qui ne lui convenoit plus du tout. Le microcosmus fabuleux, et celui qui reposoit sur un objet réel, disparurent également dans la dixième édition; s’il y fut question à’ ascidies , elles n’y furent indiquées que fort obscurément sous le genre priapus , et le nom de the~ thys fut appliqué à Yaplysia ou lièore de mer, qui y fut confondu avec le thethys d’aujourd’hui; néanmoins les bi- valves eurent toujours des thethys pour habitans. 12 SUE LES Ascidies. Cependant BoJiatsch {Ajiiin. mar. ^ pi. X), et Plancus ( Conch. min. , not. , pl. V et VII ) , décrivirent et repré- sentèrent avec assez d’exactitude plusieurs espèces auxquelles ils donnèrent leur véritable nom de thethyum^ Baster ( Opusc. subsec. , II^ X ^ 5 ) en observa une qu’il caracté- risa fort bien, et pour laquelle il imagina le nom di ascictium , dérivé à’àmov ( outre ) , parce qu’en effet cette espèce a cpel- que rapport de figure avec une outre. Ce naturaliste ajouta à sa description une remarque très-juste sur l’analogie de la structure intérieure de son ascidium avec celle de l’huître. Pallas i^Miscell. Zool., 74) proposa la réunion des the- thyuin et de \ ascidium, et Linnæus l’effectua dans sa Xlle. édition, sous le nom à’ascidia, joignant aux trois es- pèces de Bohatsch trois autres espèces observées dans la mer du Word par Kœnig , et donnant enfin aux bivalves, des ascidia pour habitans. C’est aussi seulement dans cette Xlle. édition qu’il fixa le nom de thethys exclusivement sur les animaux qui le portent aujourd’hui. Depuis ce temps-là Otton Frédéric Millier {^Zool. danici), Otton Fabricius {^Faun. Groëiil.), l’abbé Diquemare ( Journ. de Phys. ) , et Pallas ( dans ses Spicil. et dans les Mém. de Petersb. ) , ont décrit et représenté un assez grand nombre d’ascidies, que Bruguières et Gmelin ont rassem- blées dans leurs compilations à peu près comme ils les ont trouvées dans ces auteurs, et sans apporter beaucoup de critique dans la distinction des espèces. Il seroit, en effet, très-difficile de les caractériser d’après les documens que l’on possède. La forme extérieure des as- cidies étant sujette à beaucoup de variations , leur surface. SUR LES Ascidies. i3 offrant peu de différences, leur couleur ne se conservant pas après la mort, et différant probablement pendant la vie, selon l’àge et les lieux où elles ont pris leur croissance , il est malaisé de les distinguer sûrement, c[uand on n’a pas c[ué que d’une manière superficielle. A entendre la plupart des auteurs il n’y auroit qu’un in-= testin à deux issues, l’une qui admettroit l’eau, la seconde qui la rejetteroit. Les branchies et tous les autres organes ne sont annoncés que sous les noms vagues de tunic[ues, de membranes vasculaires, etc., et leurs vraies connexions ne sont jamais bien saisies. On peut juger de l’imperfection de nos connoissances sur les ascidies, et du peu de résultat qu’ont obtenu les recherches de Müllej' , de Plancus et des autres natui’alistes, par le résumé que l’on en trouve dans l’article sur ce genre, que Pruguières a rédigé pour l’En- cyclopédie méthodique. L’analogie même que Linnœus paroissoit avoir saisie, et qui a été plus explicitement indi- quée par Baster et par P allas, entre Y ascidie et Y huître , quoique réelle à plusieurs égards, est un renseignement in- suffisant parce qu’on ne dit point jusqu’où cette analogie va, ni à cjuel point elle s’arrête; et M. Poli qui sembloit naturellement appelé à traiter des ascidies, dans son bel ou- vrage sur les coquillages des deux Siciles, e^t qui, s’il s’en étoit occupé, ne nous auroit probablement rien laissé à dé- sirer sur leur organisation, les a cependant omises , parce cju’il n’a voulu traiter que des testacés proprement dits , c’est-à- dire, des animaux revêtus de véritables coquilles. Tout nou- vellement encore, M. le chevalier Bçerard Home, dans l4 s Ü R L E s As C I B lE s. ses belles Leçons d’ Anatomie cojnparée , I, p. 870, et II, pl. LXXIV, se borne à traiter des organes de la digestion, et ne parle 'des branchies que comme de tuniques qui en- velopp'eroient les viscères,, J’avois doue à compléter une lacune importante dans riiistoire des mollusques, et je me suis donné depuis long- temps beaucoup de peine pour rassembler diverses espèces d’ascidies, princijDalement de celles qui par leur grandeur pouv oient me faire espérer plus de succès. J’ai donné, il y a dix-huit ans, une courte Notice de mes premières observa- tions à ce sujet (^Bulletin des Sciences , avril 1797 ). J’ai inséré quelques détails de plus en divers endroits de mes Leçons d’ Anatomie comparée , nommément au 11^. vol., p. 3i2, et au IV®. , p. i25 et 4^85 mais je présenterai au- jourd’hui l’ensemble de ce que j’en ai observé, à diverses époques, et je l’accompagnerai de figures. Je regrette que mou travail soit encore aussi imparfait; mais les individus que j’ai eus à ma disposition n’ont pu me conduire plus loin; les naturalistes qui pourront en observer dans un état plus frais feront ce que je n’ai pu faire. L’ascidie est toujours fixée , par sa base, aux rochers ou dans le sable, ou sur des varecs, ou sur des coquilles sédem taires, telles que des huîti’es, des anomies, ou enfin sur d’autres ascidîgs, quelquefois d’espèces différentes. Assez généralement cependant les individus d’une même espèce sont rapprochés les uns des autres et forment des espèces de groupes ; lorsqu’ils s’attachent les uns sur les autres ils ont quelcjuefois l’air ramifié; mais cette ramification n’est qu’apparente et n’établit point d’union organique entre les SUR LES Ascidies. i5 individus, comme il en existe, par exemple, entre les branches d’un» même tronc de polype (i). On peut donc se borner à la considération des individus isolés. Chacun d’eux présente une masse, ou une sorte de sac, fixé par sa base ou par un de ses côtés, dont la forme varie à l’infini, selon les espèces, et dans chaque espèce se- lon les corps voisins qui en ont gêné le développement; tantôt ce sac est globuleux, tantôt ovale, ou conique, ou cylindrique; dans certaines espèces sa base s’allonge en un pédicule grêle; sa surface est tantôt égale, tantôt bosselée, ou mamnielonnée , ou ridée, ou plissée, ou tuberculeuse, ou même épineuse , ou enfin garnie d’excroissances bran- clîues; mais ce qui est constant, et ce qui fournit le carac- tère extérieur le plus essentiel du genre , ce sont deux ou- vertures, dont les bords forment un bourrelet que l’animal retire ou fait saillir, dilate ou rétrécit à volonté, et cjui est ordinairement sillonné en rayons lorsqu’il est rentré, et di- visé en festons lorsqu’il est épanoui. L’une de ces ouvertures, presque toujours placée au som- met du sac extérieur, reçoit l’eau de la mer et l’introduit dans la cavité des branchies; c’est aussi par elle que l’eau est rejetée quand l’animal veut en renouveller la provision. Lorsqu’on irrite une ascidie elle fait jaillir cette eau en un filet qui s’élève quelquefois à plusieurs pouces. (i) Cette observation n’est certaine que par rapport aux ascidies propi-ement dites; mais il paroit qu’il existe des animaux composés, ou au moins groupés d’une manière intime, qui ont beaucoup d’analogie avec les ascidies dans leur structure individuelle. M. Savigny vient d’en faire l’objet d’un Mémoire très- intéressant. ï6 SUR LES Ascidies. La seconde ouverture est d’ordinaire, placée un peu plus bas que la première, et si l’on s’en rappoi’toit aux aiÿ,eurs qui ont parlé de ces animaux, l’ascidie rejetteroit aussi par cet endi’oit l’eau de la mer j il y en a même qui ont écrit que cette eau entre par une ouverture et ressort par l’autre. L’anatomie ne confirme point ces idées; la seconde ou- verture, comme nous le verrons, ne reçoit que le rectum et l’organe de la génération , il n’existe aucune communication entre elle et la cavité branchiale; et si il est arrivé quelque- fois que l’eau de la mer ait été lancée par là, ce n’a pu être, à ce qu’il me semble , qu’à la suite de quelque ru^ure occa- sionnée par les efforts de l’animal. J’engage toutefois les per- sonnes qui observeront des ascidies vivantes , à s’assurer de ce c[u’il peut y avoir de réel à cet égard. On ne voit rien de plus au dehors de l’ascidie, et pour connoître le reste de sa structure il faut ouvrir le sac exté- rieur, ce qui est d’autant plus facile, qu’il est d’une subs- tance généralement cartilagineuse , se laissant aisément divi- ser, presque toujours demi-transparente, et d’une épaisseur variable, selon les espèces, depms plusieurs lignes jusqu’à des fractions assez petites de lignes. Cette substance est très -bien organisée; elle reçoit du corps proprement dit des troncs artériels et veineux, que sa substance demi-transparente, dans certaines Espèces, permet à l’œil de suivre jusqu’à leurs dernières ramifications, et qui forment un magnificjue réseau. Outre un épiderme extérieur plus ou moins visible, cette première enveloppe est toujours doublée étroitement à l’in- térieur par une membrane d’une autre nature. Le plus sou- surlesAscidies. 17 vent elle est très -mince et séreuse j dans quelques espèces elle prend de Tépaisseur et de là consistance et se rapproche de la nature du cartilage 5 elle est aussi généralement arro- sée de vaisseaux très-visibles. Le corps proprement dit de l’animal est suspendu dans la cavité du sac; il n’est jamais aussi volumineux que cette ca- vité, en sorte qu’il reste toujours entre le corps et le sac, un intervalle assez considérable et cpie je suppose rempli dans l’état de vie joar quelque liquide; mais je pense C[ue c’est un liquide sécrété ou transsudé au travers de la tunique propre du corps ou de la membrane interne du sac, car ce corps a deux productions qui s’unissent aux bords des deux ouvertures du sac, en sorte que l’eau extérieure ne me pa- roît pouvoir pénétrer que dans le corps même et spéciale- meiU dans la cavité des branchies. En effet, la membrane qui tapisse en dedans l’enveloppe extérieure de l’ascidie, se réfléchit sur son corps proprement dit, et le revêt en dehors, comme le péritoine après avoir tapissQ les parois de l’abdo- men se réfléchit sur l’intestin, ayec cette différence cepen- dant qu’il n’y a point de mésentère , et c[ue la connexion se fait seulement près des deux orifices. La veloutée et en général les membranes muqueuses se continuent de la même manière avec l’épiderme de cette enveloppe extérieure ; ce- pendant comme j’ai trouvé souvent leur continuité déchirée, dans les ascidies que j’ai examinées , il se pourroit qu’il y eut, dans l’état de vie, auprès des deux ouvertures quelques pores ou même quelques communications plus directes, et c’est encore un point que j’engage les observateurs à vérifier. Outre l’adhérence de ses deux productions aux bords des Mém. du Muséum, t. 2. 3 i8 SUR LES Ascidies. deux ouvertures, le corps proprement dit tient encore au sac par le double tronc de vaisseaux qu’il y envoie, et dont nous avons parlé ci-dessus. Dans tout le reste de leur étendue le corps et le sac n’ont point d’union directe. Le corps proprement dit a, comme je viens de le dire, une tunique propre qui l’enveloppe en entier; on peut y distinguer une lame extérieure séreuse, qui se continue avec la membrane interne de l’enveloppe extérieure, et un tissu musculaire, plus ou moins continu; l’on y voit aussi des ra- mifications nombreuses de nerfs et de vaisseaux. C’est à cette tunicjue qu’adhère le ganglion nerveux le plus considérable de l’ascidie. Lorsqu’on ouvre avec précaution la tunique propre du corps, on voit que celle de ses productions qui va à l’ouver- ture supérieure du sac, ne renferme que le col de la cavité branchiale, laquelle cavité s’enfonce plus ou moins, selon les espèces, dans Fintérieilr de la tunique propre , mais n’a d’autre ouverture da«s son fond que la bouche, et ne com- munique nullement avec la seconde production de cette même tunic|ue qui se rend à la seconde ouverture du sac, et qui ne contient jamais que l’extrémité du rectum et celle de l’organe génital. Le reste des viscères est enveloppé dans un péritoine par- ticulier elle cœur a en outre son péricarde; ainsi l’on peut considérer le corps proprement dit, comme divisé en trois cavités : celle des branchies cjui communique avec l’extérieur par l’ouverture supérieure du sac, et dans le fonds de la- quelle s’ouvre la bouche; celle, du péritoine cjui ne commu- nique point avec l’extérieur par elle-même, mais qui est SUR LES Ascidies. 19 traversée par le tube intestinal, lequel après avoir pris nais- sance dans la cavité branchiale communique au dehors par le rectum et la deuxième ouverture du sac^ enfin celle du péricarde, qui n’a point de communication médiate ni im- médiate avec l’extérieur. . ^ La cavité branchiale est un grand sac qui reçoit l’eau, en conduit une partie à la bouche avec les petits animaux ou autres molécules alimentaires qu’elle peut contenir^ et cjui rejette l’autre partie après qu’elle a servi à la respiration; on pourroit donc dire en cjuelque façon que les ascidies ont leurs organes respiratoires dans la bouche ou dans l’œso- phage, mais alors il faudroit nommer bouche l’ouverture supérieure du sac, et pharynx ou cardia, ce que nous avons appelé bouche; or, je crois cette dernière dénomination plus juste, pai’ce que c’est le seul nom c[ui puisse convenir dans les huîtres et autres bivalves à l’orifice analogue. Quoi qu’il en soit, cette cavité branchiale a un col, ou un tube d’introduction, plus étroit qu’elle-même, et dans lequel le tissu respiratoire ne s’étend point. Il est garni d’une rangée de filamens charnus, ou de tentacules très -fins, qui servent sans doute h l’animal pour l’avertir des objets nuisibles qui pourroientse présenter et qu’il doit l’epousser. Il n’est pas im- possible cju’en certaines occasions les ascidies renversent assez cet orifice de leurs branchies , pour que ces tentacules pa- roissent au dehors, et c’est ce c|ui les aura fait prendre pour des caractères jiarticuliers de certaines espèces; mais je les crois communs à toutes. Il y en a même qui en ont deux rangées. La cavité branchiale est un grand sac aplati par les côtés, 3 * 20 SUR LES Ascidies. et qui varie beaucoup pour l’étendue, pour la profondeur, et même pour la forme. Quelquefois, comme dans Yascidia clwata , elle n’occupe qu’une petite portion de la longueur du corps; plus souvent, comme dans Yascidia micro co sinus , elle occupe tQute la longueur et la largeur d’une des faces du corps, et le reste des viscères occupe l’autre face; alors sa forme estoblongue, ovale ou rectangulaire; c[uelc[uefois , comme dans Y ascidia ' je nomme inammillata , et dans le reclus marin de Diquemare que j’appelle ascidia mona- chus , après être descendue justjue dans le fonds de la tu- nique du corps, elle se recourbe, et son fônds à elle est au milieu de la longueur et regarde son entrée. C’est dans ce dernier cas c[ue ses parois ont le plus d’étendue. Le plus souvent les parois du sac branchial sont étendues et sans plis; niais dans quelques espèces , et à ce qu’il paroît dans toutes celles dont la tunique propre du corps est très-coriace, ces parois forment des plis profonds et réguliers , premiers indices des quatre feuillets branchiaux des bivalves. Quelle que soit au reste la forme et la disposition géné- rales de ce sac, le tissu de ses parois reste le même, et est fort remarquable; aussi plusieurs auteurs en ont-ils été frap- pés, sans en connoître l’objet. Il consiste en une infinité de petits vaisseaux cjui se croisent â angles droits et intercep- tent des mailles quadrangulaires ; au microscope on remarc[ue des vaisseaux plus petits qui subdivisent encore les mailles. Avec un peu d’attention, l’on aperçoit bientôt cjue les pe- tits vaisseaux verticaux viennent des vaisseaux transverses, et que ceux-ci tiennent par leurs deux extrémités à deux grands troncs, aussi verticaux , qui occupent chacun l’un des SURLEsAscIDIES. 2 1 côtés ou plutôt des arêtes du sac j ainsi il est naturel de croire que l’un de ces troncs est l’artère et l’autre la veine branchiale. L’un des deux aboutit au cœur, et quoicjue je n’aie pu bien distinguer les valvules, l’analogie des molluscjues gasté- ropodes et plus encore celle des bivalves ne me pei’met pas un instant de douter que le sang n’aille de ce tronc dans le cœur, ou en d’autres termes que ce tronc ne soit la veine branchiale. Le tronc opposé c[ui est souvent double, sera donc l’artère, et recevra les veines du corps; en effet, l’on voit beaucoup de filets vasculaires qui s’y rendent, soit de la tunique générale du corps soit des viscères. L’ascidie n’au- roit donc, comme les gastéropodes et les acéphales, c[u’un ventricule gauche ou aortique , et il n’y auroit point de ven- tricule sur la réunion de la veine cave et de l’artère pulmonaire. Ce ventricule, ou ce cœur aortic[ue, n’est pas toujours fa- cile k observer. Lorsque la branchie est simplement oblongue, il est situé vers son fond , et par conséquent lorsqu’elle est aussi longue que le corps il est vers le fond de la tunique propre ; et quand la branchie est plus courte que le corps il se trouve vers le milieu de cette même tunique. Lorsque la branchie est recourbée il se trouve dans sa courbure et alors il est toujours vers le milieu de la tunique propre ou du corps. En général, sa position paroît déterminée par celle de la bouche plutôt que par. celle du rectum, et le rectum ne le traverse jamais, comme dans le plus grand nombre des bi- valves. Sa forme est oblongue, amincie aux deux bouts; sa siib- :22 SUR LES Ascidies, stance est extrêmement mince et transparente, en sorte qu’on a souvent peine à le distinguer au milieu de son péricarde. Far une extrémité il reçoit le tronc des veines branchiales, et par l'autre il donne l’aorte qui distribue le sang à toutes les parties. Je dois cependant convenir que dans les espèces à bran- chies recourbées, il m’a été impossible d’apercevoir une di- latation assez marcjuée pour mériter proprement le nom de cœur; l’artère en fait-elle la fonction, ou n’ai-je pu découvrir le véritable organe? c’est ce que des observateurs plus heu- reux parviendront peut-être à déterminer. Nous avons vu que la bouche est dans le fond de la ca- vité branchiale ; ainsi quand cette cavité pénètre jusqu’au fond de la tunicjue propre , c’est aussi dans ce fond qu’est la bouche. Lorsque la cavité branchiale s'arrête au milieu du corps, ou lorsqu’elle y revient en se recourbant, la bouche se trouve aussi vers ce milieu. Tantôt la bouche est un simple trou rond, tantôt c’est une fente, ou même une ouverture divisée par plusieurs sillons , mais qui n’a ni lèvres ni tenta- cules particuliers. La position de la bouche détermine la position et la direction de l’œsophage et la position de l’es- tomac. L’œsophage est court, et plissé longitudinalement. L’esto- mac est simple, médiocrement dilaté, diversement ridé à l’intérieui’, selon les espèces, et a ses parois percées pour re- cevoir labile; le foie adhère d’une manière intime aux côtés de l’estomac , et y verse sa bile par plusieurs orifices, comme dans les bivalves; l’intestin est simple, sans cæcums, et n’a généralement qu’un ou deux replis. Ses parois sont % SUR LES Ascidies. épaissies par un tissu glanduleux qui y verse probablement aussi quelque liqueur. Il se termine par un rectum qui sort du péritoine pour faire flotter son extrémité dans la deuxième production de la tunique propre du corps, en sorte cjue les cxcrémens tombent dans cette production qui leur donne issue au travers de la deuxième ouverture de l’enveloppe extérieure. Les ascidies ne me paroissent devoir se nourrir que des molécules déliées qui pénètrent avec l’eau de la mer dans leur cavité branchiale. J’ai trouvé à la vérité assez sou- vent des petits crustacés et d’autres débris d’animaux dans cette cavité; mais comme ils doivent en blesser aisément le tissu délié, comme j’ai même observé de ces petits crustacés qui avoient déchiré ce tissu et avoient pénétré entr^ lui et la tunic[ue propre, je pense C[ue la déglutition de ces animaux est un accident fâcheux pour l’ascidie, et non pas son moyen naturel d’alimentation. On ne trouve dans l’estomac qu’un magma très-atténué ; les intestins renferment des* excrémens terreux moulés en petits filets courts comme dans beaucoup d’autres mollusc|ues. On ne peut guère considérer que comme appartenant à la génération, un organe glanduleux, blanchâtre, placé entre les replis de l’intestin avec le foie , mais dont le canal exté- rieur, souvent très-ondulé, suit le rectum et y débouche tout près de son extrémité. J’ai trouvé quelquefois de petits grains que je suis disposé à prendre pour des œufs, entre le sac branchial et la tunique propre. Cette position est assez analogue à celle que les œufs prennent dans l’épaisseur des branchies des bivalves. Comme le rectum débouche dans la deuxième production de la tunique propre, il ne seroit pas 24 SUR LES Ascidies. impossible que la liqueur séminale versée jjar le conduit ex- créteur dont j’ai parlé, allât féconder les œufs du même in- dividu placés comme je viens de le dire^ il seroit possible aussi quelle se répandît au dehors pour féconder ceux que d’autres individus auroient pondus dans le voisinage : cepen- dant comme les ascidies n’ont point de locomotion, je pense qu’elles doivent se suffire à elles-mêmes. La partie bien visible du système nerveux consiste en un ganglion oblong très-facile à reconnoître pour ce cju’il est, placé dans l’épaisseur de la tunique propre, entre la. pro- duction qui donne entrée aux branchies , et celle où répond l’anus. Il donne des branches que l’on suit aisément, parmi lesquelles on en distingue dans les grandes espèces deux cjui se rendent à l’œsophage et l’entourent d’un anneau. L’ana- logie ne permet pas de douter que cet anneau ne soit le cer- veau. Le ganglion répond à celui qu’on trouve dans les bi- valves, entre les branchies, et vers l’origine du tube qui amène l’eau. Telles sont les remarc[ues générales auxquelles donne lieu l’anatomie des ascidies dont j’ai pu disposer. Je vais mainte- nant passer aux obsèrvations relatives à chaque espèce eu particulier. Je commencerai par une espèce qui, bien que connue et décrite l’une des premières, ne figure point séparément dans Gmelin; c’est le microcosinus de {^Opusc. III), cjui me paroît le même cjue le rnentula rncirina informis de Plancus ( min., not. Ap. VII, et Comment, bon., V, II, 4“7 )j Vascidia sulcata de M. Coc[uebert ( Bullet. des Sc., avril , Ij i )• Gmelin ne cite point 9 SUR LES Ascidies. aS point du tout le premier de ces synonymes, et place le se- cond sous ascidia mentida , mais très-mal à propos comme nous le verrons. Bruguière le transporte sans meilleurs motifs à \ ascidia rustica. C’est une espèce très -distincte, remar- quable par sa grandeur, par la dureté tout-à-fait coriace, et par l’extrême rugosité de son sac extérieur. Ce sac est dif- ficile à entamer avec des ciseaux , ridé comme un vieux par- chemin qui auroit été mouillé et desséché. Sa couleur est en dehors d’un gris jaunâtre, en dedans d’un blanc opaque. La dureté de cette enveloppe la rend sans doute à peu près insensible, puiscju’il s’y établit des corallines, des sertulaires, des sabelles, des néréides, toutes sortes de polypes, des fu- cus, et jusqu’à de petites cocjuilles sans que l’animal prenne aucun soin pour s’en débarrasser; c’est l’accumulation de ces êtres divers, cjui avoit fait imaginer à Rédi, pour cet animal, l’épithète de mierocosjne ou de petit monde. La forme gé- nérale de ce sac varie. Tantôt conique et assez allongé, comme dans l’échantillon de M. Coquebert, tantôt ovale ou reniforme, comme dans celui de Plancus et dans le nôtre, il devient cpielquefois fourchu, comme dans celui de Rédi; mais les orifices sont toujours percés dans deux parties plus molles cjue le reste de l’enveloppe, comparables à deux mam- melons, susceptibles de saillir ou de rentrer, et toujours lé- gèrement striés en rayons. Leur position mutuelle diffère plus peut-être que dans les autres espèces. Dans mon échan- tillon, c’est l’orifice branchial qui est inférieur; dans celui de Plancus ils étoieut à peu près à la même hauteur , et l’animal l’étendoit transversalement; dans celui de Rédi, le sac extérieur étoit fourchu, et chaque orifice étoit au som- Méni. du Muséum, t. 2. 4 20 SUR LES Ascidies. met d’une branche. La plus grande dimension de cette es- pèce, varie de 3 à six pouces. Son sac intérieur ou son corps proprement dit, est remarquable par l’extrême épaisseur de sa lame musculaire, pl. I, fig. i \ chacune des deux produc- tions a ex b, qui se rendent aux orifices, est garnie de fibres longitudinales, bientôt croisées à leur base par des fibres an- nulaires qui se répétant concentriquement sur le corps même, viennent à se croiser encore obliquement avec les fibres annulaires de l’autre production. Il résulte de oet as- semblage une sorte d’outre qui par sa contraction doit pou- voir éjaculer l’eau des branchies avec beaucoup de force. Il n’est pas si aisé de voir comment cette eau est introduite , mais on peut croire que les fibres longitudinales du sac d, d, en se contractant lorsque les fibres annulaires se relâchent, ren- dent la capacité de ce sac plus considérable, et que la dureté du sac extérieur résistant au poids du fluide ambiant et de l’atmosphère, l’eau se précipite dans cette capacité ainsi' aug- mentée. Peut-être y a-t-il aussi une sorte de déglutition qui fait passer successivement l’eau du dehors dans le tube bran- chial, et de celui-ci dans le sac des branchies. C’est dans cette espèce que le système nerveux est le plus difficile à voir, le ganglion n’y paroît que comme un filet délié un peu grisâtre. Dans cette 'espèce et dans Yascidia papillosa , le sac bran- chial a aussi un caractère tout particulier dans les plis longi- tudinaux et saillans en dedans, qui régnent dans tout son pourtour. On en compte douze ou quinze , et ils sont main- tenus constans, quelles que soient d’ailleurs les dilatations du sac branchial , par des ligamens et des vaisseaux sanguins SUR LES Ascidies. 27 qui traversent sur leurs bases, et enveloppent tout ce sac, comme autant de cerceaux. Au fond du col des branchies {a, fig. 4) et à. l’entrée du sac bi’anchial se voient d’abord cinq petits replis saillans, qui pourroient passer pour autant de valvules, lorsque l’ascidie contracte ce détroit ce c[u’elle fait peut-être quand quelc[ue petit animal menace de péné- trer, mais qui doivent aussi pouvoir s’écarter assez pour ne point mettre obstacle à l’entrée et à la sortie de l’eau néces- saire pour la respiration. Immédiatement au-dessous de ces petites proéminences est uue membrane circulaire légèrement festonnée , et garnie sur son bord de petits lilamens, et encore au-dessous, à l’en- trée même de la cavité branchiale, est une rangée circulaire de tentacules courts et fourchus. La bouche (A, fig. 4? 5 et 6 ) est dans le fond de la cavité branchiale , très-près' de la place où le rectum finit hors de cette cavité^ l’ouverture en est assez grande, et plissée. La masse des intestins est située toute entière d’un côté du corps entre une des parois du sac branchial et la paroi correspondante de la tunique charnue. Le foie est composé de plusieurs lobes greuus, et enveloppe les côtés de l’esto- mac. Celui-ci est peu volumineux, et son intérieur est re- marquable par des trous irréguliers, percés dans leur fond d’autres trous, où aboutissent les vaisseaux biliaires. Cinq petites papilles coniques rétrécissent le pylore. L’intestin (o, O, O, fig. 5 et 6) se porte vers le côté de l’entrée des branchies, ne fait qu’un repli, revient près de la bouche, et là se recourbe pour se terminer à l’anus; celui - ci s’ouvre derrière le bord de la cavité des branchies, vis-à-vis la 4" aS SUR LES. Ascidies. deuxième production de la tunique musculaire. Deux larges valvules sémilunaires placées à la base de cette production et embrassant l’anus, empêchent que ce qui. est sorti du rec- tum ne puisse rétrograder et suntroduire entre la tunique et le sac branchial. Le reste de la production est tapissé par une membrane blanche et conduit les excrémens en dehors. Le cœur est à côté de l’estomac, très-mince, transparent, et en conséquence difficile à bien reconnoître. Il n’est pas non plus très-facile de suivre ses connexions avec les grands vais- seaux, mais ce que nous allons bientôt dire d’autres espèces suppléera à ce que celle-ci n’a pu nous offrir clairement. On observe dans cette espèce et dans Xascidia papillosa , un petit tubercule ( d, fîg. 4 et 5 ) situé à l’intérieur du sac branchial, non loin de son orifice, entre les deux veines branchiales que je n’ai pas revu dans les autres ascidies, et dont il m’est impossible d’assigner la nature (i). Ce que le inicrocosmus a de plus particulier, ce sont des lobes d’une substance gélatineuse sans organisation appa- rente {^ d, d, d, fig. 3 ) interposés entre la tunique charnue et le sac des branchies. Ils servent apparemment de provision nutritive, comme la graisse des autres animaux. JJ ascidia papillosa {^Bohatsch. , X, i ), depuis long-temps décrite par Bohatsch, diffère beaucoup à l’extérieur de la précédente, par son enveloppé régulière, et uniformément semée d’une petite scabrosité, comme si elle avoit été sablée 5 mais à l’intérieur elle est presque la même. La substance de son enveloppe est également dure et coriace; la tunique (i) On en retrouye l’analogue clans toutes les petites ascidies composées de M. Sayigny. 29 SUR LES Ascidies. pfopre de son corps est également munie de libres chaimues épaisses 5 ses branchies sont également plissées, et ont aussi le tubercule d’une nature inconnue dont j’ai parlé; mais on y voit bien plus distinctement le ganglion nerveux, placé entre les deux orifices; les tentacules sont disposés sur deux rangées autour de l’orifice branchial; la masse des intestins est plus concentrée vers le fond du sac, etc. Voyez les lig. r', 2 , 3 de la pl. IL L’espèce dont je parlerai maintenant sera le type de celles où le sac branchial, sans être plissé comme dans les précé- dentes, descend cependant de même jusqu’au fond de la tunique propre, mais sans s’y recourber. Je la représente (pl. I, lig. y), et je pense cjue c’est la même que Forskalil a représentée pl. XXVII, lig. D, E, et à laquelle son éditeur a apj^licpxé le nom ^ alcyoniimi -phusca. Il est bien vrai que \ alcjoniuin phusca de Forskahl est une ascidie, mais je doute que ce soit celle de la figure en question. Quoi qu’il en soit, l’espèce que j’examine se ca- ractérise par son sac extérieur mince, demi -transparent, élastique , légèrement cartilagineux , à surface lisse , par ses deux orifices saillans en forme de mammelons striés. Elle se fixe tantôt par une extrémité , tantôt par le côté , et il naît de la surface du sac de petites ramifications, qui aident à affermir son empâtement. Quelquefois la surface entière du sac extérieur produit de ces excroissances branehues qui res- remblent alors à autant de petits fucus qui y auroient pris naissance. Lorsqu’on ouvre ce sac et la membrane c[ui le tapisse à l’intérieur on est frappé ( fig. 8) du double tronc de vaisseaux 3o SUR LES Ascidies. qui s’y rend du corps proprement dit, ainsi que des belles ramifications qu’il y produit. La tunique propre du corps est beaucoup moins musculeuse et plus transparente que dans l’espèce précédente; on distingue très- bien au travers les contours de l’intestin. On peut l’ouvrir en ménageant le sac branchial, qui n’est point du tout plissé. Son col est garni d’une rangée circu- laire de tentacules très- longs et très- fins, qui dans l’état d’extension doivent pouvoir se montrer au dehors. La bouche est tout- à-fait dans le fond du sac, d’un côté, et le cœur est placé près d’elle, au-dessous du milieu de ce fond, en soi'te que c’est lui qui occupe le fond de la tunique propre. L’estomac est membraneux, peu plissé; l’intestin se replie une fois et se roule une fois en spirale avant de donner le rectum qui, vu la position de la deuxième production de la tunique propre, est plus éloigné de la bouche que dans l’es- pèce précédente. Je viens à présent aux ascidies où le sac branchial, après être descen du jusqu’au fond de la tunique propre , se re- courbe et remonte jusque vers le milieu du corps pour prendre plus d’extension. Nous en avons une belle et grande espèce de la Méditer- ranée que je crois proprement celle qui a servi de type au pudendum marinum altei"um de Rondelet, et qui en con- séquence seroit la véritable ascidia mentula de Linnæus, mais non pas celle que Müller et Gmelin ont confondue en- suite avec elle. L’espèce dont je parle a de 4 à 6 pouces de longueur sur 2 ou 3 de largeur; sa teinte est d’un javmâtre clair; sa 3i SUR LES Ascidies. surface est toute mammelonnée ou comme bosselée, par grosses inégalités arrondies, Sa substance est cartilagineuse et épaisse, en quelques endroits, de plus de 6 lignes. Pour ne point donner lieu à de nouvelles confusions de synonymie, je lui assigne le nom ài ascidie bosselée, ascidia mammillata. Le sac extérieur produit en dedans une arête saillante c[ui s’insinue entre la partie droite et la partie recourbée du corps proprement dit, pour maintenir Tune et l’autre en situation , et c’est vers le bas de cette arête qu’il reçoit les vaisseaux dont les ramifications pénètrent toute sa subs- tance et y produisent un très-bel effet en se montrant au travers de sa demi-transparence. La tunique propre est mince, ferme; son tissu est très- distinct et montre des fibres musculaires, des filets nerveux et des vaisseaux très-aisés à apercevoir. Le ganglion nerveux y est placé d’un côté et ne laisse aucun doute sur sa nature, tanta cause de sa couleur et de sa consistance que des rameaux qui en sortent. Le sac branchial peut aisément être dégagé de la tunique propre du corps, et se fait beaucoup remarquer par sa grande étendue et la régularité très-visible de son tissu vas- culaire. Le cœur est plus difficile à bien voir dans cette es- pèce que dans ‘les autres; je n’oserois même affirmer qu’il y existe autre chose qu’une réunidn des gros vaisseaux, ce qui est d’autant plus singulier que ceux-ci sont bien apparens et très-aisés à suivre. Dans cette espèce , l’estomac a ses parois sillonnées longitudinalement par de gros plis; et l’intestin ne fait que deux replis. Le canal de la génération est gros et se termine au même point que le rectum. 3:2 SUR LES Ascidies. L’espèce la plus voisine de celle-là, et que la plupart des auteurs ont confondue avec elle, est Yascidia méntula de Müller ( Zool. dan. VIII), le reclus marin de l’abbé Dique- mare {^Journ. de Phys., 1777, mai, pl. II,fig. i, 2,3); elle devient beaucoup moins grande , est d’une forme ovale , souvent aplatie, beaucoup moins bosselée, d’un brun fancé, ' quelquefois noirâtre; mais elle ressemble d’ailleurs à Yasci- dia mammillata , par l’épaisseur cartilagineuse de son sac, par son arête saillante à l’intérieur et par toute la disposition de ses viscères. Il suffit d’un coup d’œil sur la figure de Diquemare pour voir qu’elle ne peut être la même que Yascidia riistica de Müller ( Zool. dan. XV ) , comme le pense Bruguières. Je prendrai pour type des ascidies , où la cavité branchiale ne pénètre pas jusqu’au fond de la tunique propre, une espèce presque cylindricjue , à orifices rapprochés vei’s l’une des extrémités, à sac extérieur demi - transparent , mince, mou, et pi’escjue membraneux, souvent un peu ridé trans- versalement, décrite par Rédi {Opiisc., III, XXI, 6) et Plancus (^Conch. min., not. V, fig. 5). C’est à ce cjue je crois la même c{ue Yascidia canina de Müller [Zool. dan. XV) et de Gmelin, et je ne pense pas c[u’elle diffère à\isa.c animal Aq Dicjuemare ( de Phys, , février, pl. I, fig. i'-7 ), quoique Bruguières ait voulu faire de ce dernier une espèce particulière ( ascidia virescens ) , ni du ihethyum de Bohatsch, X, 4 5 ou du theythyuni sociabile de Gunner ( Mém. de Drontheim , III, 1 1 1 , 3) que Gmelin réunit sous le nom à' ascidia intestinalis . Peut-être même Yascidia patula Midi. LXV, et son ascidia corrugata , SUR LES Ascidies. 33 LXXIX , 2 , n’en sont-elles que de légères modifications. Le sac extérieur est très-mince, très -mou, très- transparent, légèrement rugueux et à surface un peu scabre. La mem- brane qui fe double est plus épaisse, plus consistante, souvent d’une transparence parfaite. La tunique propre est par elle- même entièrement transparente , et l’on voit les viscères au travers 5 mais elle est garnie de trousseaux de fibres muscu- laires qui descendent des deux orifices et se portent en se dilatant et s’amincissant jusque vers son fond. La figure de '^lixWev { Zool. da?i.,ljY ) donne une idée de ces deux ca- ractères. C’est du fond de la tunique propre que partent les vaisseaux qui unissent le corps au sac. Le ganglion ner- veux est dans l’angle c|ue font ensemble les conduits des deux orifices, assez gros, et bilobé. La cavité branchiale ne va que jusqu’au milieu du corps. Dans un angle de son fond est la bouche. Le cœur dans un large péricarde est derrière ce même fond. Il reçoit la veine branchiale, à ce qu’il m’a paru , du côté opposé à la bouche et donne de l’autre côté J’aorte cjuise divise en troisbranches principalespour distribuer le sang aux parties. L’estomac est membraneux, sans inégalités à l’intérieur. L’organe génital forme une masse bien séparée des viscères, logée dans un repli de l’intestin. Le conduit génital marche à côté du rectum et se porte plus avant que lui dans la deuxième production de la tunique propre. \Iascidia clwata de Bolteu {^Pall. Spic., fasc. X, pî. I, flg. i6 ) (i) appartient à la même tribu cjue Yascidia canina. (i] Que Ginelin a brouillé ses caractères et ses synonymes avec ceux de Vascidia pedunculata. Mém. du Muséum, t. 2. 5 34 SUR LES Ascidies. malgré sa forme très -allongée. Sa cavité branchiale est fort petite, son estomac peu ou point dilaté, son intestin tiré en longueur et ne faisant qu’un repli pour revenir sur lui-même, et atteindre l’orifice anal. Du reste, son organisation est la même que dans la précédente (i). Voilà ce c[ue les ascidies, pour la plupart macérées dans l’esprit-de-vin, dont j’ai pu disposer, m’ont permis d’observer relativement à leur anatomie. Mes remai’ques pourront être complétées et rectifiées par ceux qui en disséqueront de fraîches. Telles qu’elles sont, elles suffisent pour marcjuer aux ascidies une place parmi les mollusques, et plus près des acé- phales ou animaux des bivalves, que d’aucune autre classe de cet embranchement. En effet, comme beaucoup d’acéphales, elles sont dé- pourvues d’organes de locomotion j comme beaucoup d’autres elles sont renfermées dans un sac à deux tuyaux; comme tous, elles ont leur bouche dans le fond du sac, à l’opposite du tuyau par lequel l’eau de la mer pénètre, et de manière à ce que cette eau ne puisse y arriver qu’après avoir arrosé la surface des branchies; mais il y a cette différence essentielle que dans les acéphales ordinaires , les branchies représentent par leurs replis quatre lames ou feuilles parallèles, comme les feuillets d’un livre, tandis que dans les ascidies elles forment un sac ouvert seulement à l’orifice extérieur et à la bouche. Les caractères pris du sac, de la position de la bouche, et (i) C’est dans celte même subdivision, et spécialement dans le voisinage de V ascidia clavata , c^ne. viennent toutes ces ascidies aggrégées ensemble, sur les- quelles M. Savigny vient de communiquer à l’Institut des observations si cu- rieuses. 7b7/i 77.2. SUR LES Ascidies. 35 de la disposition des viscères, sont les mêmes dans les salpa- mais les salpa ne sont point fixées 5 elles nagent librement au moyen des contractions et des dilatations de leur sac j elles ont bien deux ouvertures, mais autrement faites et autrement situées : Tune, en forme de gueule et munie d’une valvule pour laisser entrer l’eau, est à l’opposite de la bouche \ l’autre, en forme de tube pour faire sortir l’eau et les excrémens, est placée derrière la bouche 5 enfin les branchies, au lieu de former un sac cjue l’eau rempliroit, représentent un ru- ban placé en écharpe dans la grande cavité du corps et que l’eau frappe en passant. Je dois dire à cette occasion qu’il est maintenant constaté que les dagjsa de Banks ne sont autre chose que des salpa, comme ou pouvoit déjà le soupçonner par le peu qui en est dit dans le premier voyage de Cook. M. Ei^erard Home vient de publier, dans ses Leçons d’ Anatomie compare'e , LXXI, LXXII, deux figures de ces dagg^sa, faites pendant ce voyage, et qui ne laissent aucun doute. La seconde est même extrêmement voisine de mon salpa tilesii. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. Fig. I. Ascidie microcosme a l’extérieur, couverte de divers corps marins. a. Trompe ou orifice qui conduit aux firancliles. — 6. Orifice des excrémens. Fig. 2. Son corps proprement dit, enveloppé dans sa tunique propre, ties-cliar- nue. — a. Première production qui conduit aux lirancliies. — 6. Deuxième production qui conduit les excrémens. — c. Ganglion nerveux. Fig. 3. La tunique charnue ouverte, en laissant intact le sac hrancliial. a. Le tube ou col branchial qui étoit enfermé dans la première production. — é 6. Le petit anneau charnu qui attachoit sa base à celle de la production. — 5 * 36 SUE LES Ascidies. cc. Les lamljeaux de la tunique charnue rejetés. — dd cl. Les lohes gélati- neux qui adhérent à la face interne de la tunique charnue. E,E. Le sac branchial vu à l’extérieur. — e e e. Les plis concaves qui indiquent les plis saillans en dedans. — f f. Les vaisseaux qui passent sur ces plis et lient ensemble la totalité du sac. — g g. Le grand vaisseau ou veine branchiale. La grande artère branchiale. — A. L’anus. — i. Partie non vasculaire répondant à l’œsophage. — h. Tube membraneux ta- pissant l’intérieur de la deuxième production, ouvert. — II. Anneau mus- culaire qui l’attachoit à la hase de cette production. — mm. Valvules de l’intérieur de ce tube. Fio. 4. Le sac branchial et son tube ouverts. — a. Le tube branchial. — h. Petites valvules de sa base. — c. Double rang de filamens. — rf. Tubercule membraneux placé entre les deux veines branchiales et dont l’usage est inconnu. — e e 6. Membrane propre des branchies et ses plis saillans en dedans. — f. Veines branchiales. — s- Artère branchiale. — h. Bouche. — i. Anus vu au travers de la membrane. — h. Place du cœur v ue au travers de la même membrane. Fig. 5. On a enlevé la plus grande partie de la membrane branchiale, pour montrer les viscères placés derrière elle. — a, h , c, d,e,f, g, h, i, comme dans la tig. 4. La bouche 7i conduit à l’œsophage, l — m. L’estomac. — n. Le foie. — O O O. L’intestin. — j>. Le cœur dans son péricarde. — y ÿ j. La tu- nique charnue. Fig. 6. L’œsophage, l’estomac et le commencement de l’intestin ouverts. — h, Z, m, n,o , comme fig. 5. — Le foie est coupé enn,n. — r r.Sont les ouvertures par où la bile entre dans l’estomac. — En s s sont des papilles charnues qui rétrécissent le pylore. Fig. 7. Ascidie phusca entière. — a. Orifice branchial. — b. Orifice de Tanus. Fig. 8. La même, dont on a ouvert le sac et laissé intacte la tunique propre. — a, h. Productions de la tunique aux deux orifices du sac. — c. Les troncs vas- culaires qui vont se distribuer au sac et à la membrane qui le double inté- rieurement. — d d. Les intestins paroissant au travers de la tunique. Fig. g. La même dont on a ouvert la tuniquepropre, rabaissé la masse des intestin» ÿ; et laissé intact le sac branchial situé derrière. — a, h. Les productions dé la tunique. Celle des branchies a, renferme encore le col des branchies. L’autre ù, contenoit le bout du rectum /i,quia été déplacé. — ç. Le sac branchial vu par sa face extérieure. — d. La veine branchiale. — e. L’artère branchiale. — yi Une des principales veines dù corps. — g. L’artère aorte. — h. Le péricarde et le cœur. — i. L’œsophage. — k. L’estomac. — II. L’in- ié . I / SUR LES Ascidies. 3^ ieslin. — 772. Le foie et l’organe génital. — 72. L’orifice séminal. — p. Le rectum. PLANCHE IL Fig. I. Ascidie papilleuse entière. — a. Orifice brancliial. — h. Orifice de l’anus. — cc. Productions palmées par lesquelles elle se fixe aux rochers. Fig. 2. Son corps proprement dit enveloppé de sa tunique charnue. ■ — a. Orifice hrancliial. — b. Orifice de l’anus. — c. Ganglion nerveux, et les branches qui en sortent. — d. Vaisseaux allant du corps à l’enveloppe extérieure. Fig. 3. La tunique charnue ouverte pour montrer le sac branchial et les intestins. — a a a. Lobes de la tunique charnue. — Orifice branchial ouvert. — ccc. Les deux rangs de tentacules qui le garnissent. — d d. Le sac branchial , plissé comme dans l’ascic/Ze microcosme, ouvert en e, e, pour laisser voir une partie de son intérieur et le tubercule f. — ff. Le cœur dans son péri- carde.— h/i. Partie de l’intestin. — h'. L’estomac. — ii. Rectum. — L Anus. — l. L’orifice de la tunique charnue où répond l’anus, ouvert. — -772 m. Organes de la génération. — nn. Reste d’une sorte de diaphragme charnu. Fig. 4. Ascidie intestinale entière. — a. Orifice des branchies. — h. Orifice de l’anus. Tous deux dans l’état de rétraction. — cc. La masse du corps pro- prement dit, paroissant au travers de l’enveloppe extérieure. Fig. 5. La même dont l’enveloppe extérieure est ouverte. — a a. Lame externe de cette enveloppe. — h h. Lame interne. — cc. Tunique charnue envelop- pant le corps proprement dit. — d. Orifice branchial. — e. Orifice de l’anus. — f. Vaisseaux allant du corps à l’enveloppe. — g. Le ganglion ner- veux. — h. Le cœur vu au travers de la tunique. Fig. 6. Le corps proprement dit de cette ascidie dont la tunique charnue est ouverte. — a. Orifice branchial fendu. On voit comment il se retire sur lui-même. — hb. Lamheaux de la tunique charnue. — c. Orifice de cette tunique où répondent l’anus et l’orifice de la génération. — d. Sac bran- chial ouvert seulement vers son orifice. — e. Le péricarde renfermant le cœur. — f. Masse des organes de la génération — g g. Portion d’intestin. h. Anus. — i. Canal excréteur de la génération. Fig. 7. La même, où le sac branchial et le péricarde sont Ouverts , et les intestin.? développés. — a a a. Tunique charnue. — h h. Sac brandi lal. — c. Son ori- fice. — (f. La bouche. — e. Le vaisseau qui reçoit les veines du corps et donne les artères branchiales. — g. Velue branchiale. — h. Le cœur, dont le double péricarde a été ouvert. — i. L’aorte. — L' L’estomac. — H. L’in- 38 SUR LES Ascidies. teslin. — m. La masse des organes de la génération — w. L’anus. — o. Le canal excréteur de la génération. — p. L’orifice de la tunique charnue où ce canal et l’anus répondent. Fia. 8. Individu de ./j/msca, remarquable par les nombreuses excrois- sances de son enveloppe extérieure. Fis. g. L’ascidie en massue i^ascidia clavata^ entière. — a. Orifice des branchies. — h. Orifice de l’anus. Fia. 10. La même ouverte. — a a. Enveloppe extérieure, — h. Sac branchial ou- vert. — ccc. Intestin. — d. Rectum ouvert et enveloppé d’une substance glanduleuse. PLANCHE III. Fia. 1. L’enveloppe extérieure de V ascidie mamnielonnée ouverte pour montrer l’épaisseur de ses parois, la lame saillante qu’elles envoient intérieurement et les nombreux vaisseaux qui les parcourent. — a. Orifice branchial. — b. Orifice de l’anus. — c. Lame saillante pour maintenir le repli du corps. — d. Tronc de vaisseaux allant du corps proprement dit à l’enveloppe extérieure et se distribuant dans toute celle-ci. Fig. 2. Le corps proprement dit revêtu de sa tunique fibreuse entière, et retiré de son enveloppe extérieure. Son repli est à la face opposée. — a. Orifice branchial. — ù. Orifice de l’anus. — c. Ganglion nerveux et distribution des filets qui en sortent. — d d d. Principaux faisceaux de fibres. Fig. 3. Le même corps dont la tunique charnue est en partie ouverte pour mon- trer l’anus, l’œsophage, et une partie des vaisseaux et du sac branchial en situation. — ■ a. Orifice bi’anchial. — b. Orifice où répond l’anus, ouvert. — c. Le ganglion nerveux. — dd. La veine branchiale. — ee. Vaisseaux qui paroissent des artères portant immédiatement dans le corps le sang de la veine branchiale. —y. L’œsophage. — g. L’anus. — /z. Vaisseaux excréteurs de la génération. — ii i. Face externe du sac branchial. — h h h. Lambeaux delà tunique charnue écartés. — l. Portion du sac branchial qui pénètre dans le repli du corps. Fig. 4. Le sac branchial ouvert dans toute son étendue. — a.-Orifice branchial ou- vert;— b. Rangée de tentacules qui le garnit intérieurement. — c c. Les deux vaisseaux qui remplissent la fonction d’artères branchiales. — d. Partie la plus profonde du sac branchial, qui pénètre dans le repli dyi corps. — e. La veine branchiale. — f. La bouche. 4SCIUŒS . PL .7/1. % Clavier i/s/. 9- SUR LES Ascidies. ^9 Fig. 5. Le canal iiilestinal délaclié, el laissé dans sa disposition naturelle. — a. La Louche. — b. L’œsophage. — c. L’estomac. — dd. L’intestin. — e. Le rectum et l’anus. Fig. 5'. La masse des intestins, détachée et un peu développée. — a. L’œsophage. — b. L’estomac. — c c. L’intestin. — dd. Parties glanduleuses hlanchâtres qui paroissent appartenir plus spécialement à l’organe de la génération. — e. L’anus. — f. Canaux excréteurs de la génération. Fig. 6. Les intestins ouverts. — a. L’œsophage. — b. L’intérieur de l’estomac et les sillons profonds qui le divisent. — c. Première partie de l’intestin mar- quée de sillons tranverses mais légers. — d d. Côte arrondie , saillant dans l’intérieur de l’intestin sur une partie de sa longueur. — eeee. Epaisseur glanduleuse des parois de l’estomac et de l’intestin. Fig. 7. Une partie de la tunique branchiale vue au microscope et montrant la disposition des vaisseaux. I 4o MEMOIRE Sur les Plantes auxquelles on attribue un Placenta central libre , et Reçue des Familles auxquelles ces plantes appartiennent. ( Voyez la Planche IV. ) PAR M. AUGUSTE SAINT-HILAIRE. Parmi les dicotylédones à fleurs complètes, il en ek un assez grand nombre dont le fruit uniloculaire, examiné après la fécondation , présente intérieurement un placenta plus ou moins globuleux, ou en forme de colonne, qui s’élevant du fond de la loge n’a d’ailleurs aucune communication avec le péricarpe. Une pareille organisation sembleroit justifier suffisamment l’épithète de libre par laquelle on a désigné cette sorte de placenta ; cependant comme cette même struc- ture n’a pas toujours été telle que je viens de la décrire, comme elle n’est que le résultat d’un commencement de destruction, je croirois qu’on n’est pas mieux fondé à attri- buer , sans aucune explication , un placenta central libre aux plantes dont il s’agit, qu’on ne le seroit , par exemple , à caractériser des anthères par la forme qu’elles ont après l’émission du pollen, ou des semences par celle cju’elles pren- nent lorsque la germination commencée a déjà modifié leur organisation. Placenta central libre. Famille des Primllacées. 4'^ § 1er. De la Famille des Primulacées. De toutes les familles de plantes monopétales, celle des Primulacées est la seule dont le fruit uniloculaire renferme un placenta central. Dans toutes les espèces qui appartien- nent réellement à cette famille, il s’élève du fond de l’ovaire un support court, mais assez épais, qui répond au pédoncule, et qui par conséquent occupe le centre de l’ovaire. Du som- met de ce support naît un placenta charnu, le plus souvent globuleux, mais quelquefois elliptique comme anagal- lis tenella L. , ou conique comme dans le cjclamen (i) et le dodecatheon. La substance du placenta s’épanchant infé- rieurement tout autour du support, emboîte le sommet de celui-ci, descend plus ou moins bas, et c[uelquefois semble naître immédiatement du fond de la loge, ainsi que l’on en peut voir des exemples dans les anagaïlis phœnicea et cœridea Lam. , et le cyclamen europœian L. De nombreux ovules couvrent le placenta : d’abord ils sont simplement at- tachés à la surface de ce corps j mais, en prenant de f accrois- sement, ils en compriment la substance, la repoussent peu à peu, et finissent par y être tout-à-fait incrustés. Si l’on observe, avant la fécondation, les placentas que je viens de décrire, on les trouvera surmontés d’un Jilet assez ferme, un peu transparent, d’un vert jaunâtre qui pénètre dans' l’intérieur du style ^ mais, après l’émission du pollen, les ovules prenant de l’accroissement, se pressent autour du Jilet il se brise, et c’est alors seulement que le placenta (i) C’est à tort que Gærtner fils a représenté comme globuleux le placenta du cyclamen europœum. Mém. du Muséum, t. i. 6 4^ Placenta centkal libre, devient véritablement libre. Les ovules, en continuant à gros- sir, couvrent la place cj[u’occupoit le Jilet , et bientôt on n’en découvre plus le moindre vestige. Il n’est pas même nécessaire de choisir toujours l’instant qui précède la fécondation , pour apercevoir le Jilet dont je viens de parler. Bans plusieurs primulacées le sommet du placenta reste absolument nu : alors les ovules , éloignés du Jilet, ne peuvent guères contribuer à sa destruction, et il subsiste encore long-temps après l’émission du pollen. Il est même des espèces, telles que la Ijsimaque numrnulaire , où l’espace nu, formant un cône particulier, rendroit abso- lument impossible les efforts des ovules contre le filet. Dans Yhottone aquatique dont le placenta est globuleux, le cône terminal, assez large à sa base, devient très -pointu à son sommet qui s’enfonce dans le style; long -temps après la chute de la corolle, le sommet du cône n’est pas encore brisé, et en fendant le style, j’ai vu qu’il s’y prolongeoit en un Jilet d’une roideur assez remarquable, si peu adhérent aux parois du style que je l’en ai détaché sans peine avec la pointe d’une épingle, et que je l’ai suivi de cette manière presc|ue jusqu’au stigmate. Le Jilet ne peut également être cju’intérieur dans V anagallis tenella L. et X androsaüe ma- xùna, où c’est l’extrémité même du placenta qui adhère à la partie du péricarpe correspondant intérieuremen^au style. Comme, en général, dans les familles où les placentas ne sont point pariétaux, les cordons pistlllaires communiquent directement du pédoncule au style, en passant par le milieu de l’ovaire; comme cela, entre autres, a bien certainement Heu dans les caryophjllées et les portulacées cjui présentent, Famille des Primulacées. 4-^ ainsi que les lysmiachies , un fruit à une seule loge traversé par un axe séuiinifère^ comme enfin la destruction du filet dont j’ai parlé plus haut suit toujours la fécondation, il étoit d’abord assez naturel de penser que ce filet étoit destiné à transmettre aux ovules Xaura semmalis. H’ayant pu décou- vrir, au milieu des cellules qui forment la masse du placenta, des vaisseaux qui vinssent aboutir à chacune des jeunes graines, je supposois que la fécondation s’opéroit par une sorte d’imbibition 5 de même cjue la sève pénètre dans les fibres radicales, quoique leur extrémité, suivant M. Link {^Ann. Mus., t. 19), ne présente qu’un tissu cellulaire. Ce- pendant voici des observations qui tendroient à faire naître d’autres idées sur la manière dont les ovules des primulacées parviennent à être fécondés. Le support qui soutient le pla- centa dans \ anagallis et le samolus est traversé par un épais faisceau de fibres vasculaires qui, parvenu dans ce même placenta, s’y répand en forme de gerbe, comme M. Mirbel l’a si bien exprimé ( Miéni. Inst. , 1808 ); et si je n’ai pu voir les ramifications de ce faisceau arriver jusqu’aux ovules, il est bien certain du moins que les extrémités de l’espèce de gerbe qui le termine, sont dirigées vers les jeunes semences. L’analogie pourroit également faire soupçonner l’existence d’une communication vasculaire qui s’étende jus- qu’aux ovules; car, dans le cobœa où les graines sont aussi portées sur des placentas charnus, quoique bien différens de celui des priinulacées , j’ai vu un rameau vasculaire, une espèce de cordon ombilical interne, partir du cordon pistil- \à\Ye axile , et se dirigeant de haiît en bas, parvenir jusqu’à chacun des ovules, en traversant le tissu cellulaire du pla- 6*^ 44 Placenta central libre:. ceiita : ce c[ui est absolument conforme h la belle figure qu^en a donnée M. Mirbel ( Mém. Inst., 1808 ). S’il est assez vrai- semblable que, dans les prùnulacées , il existe une commu- nication non interrompue des ovules aux vaisseaux qui par- tant du pédoncule traversent le support du placenta, il ne l’est guères moins peut-être que X aura semmalis arrive jusqu’aux jeunes semences en passant par des conducteurs placés dans l’épaisseur du péricarpe; car, dans une des nom- breuses couvres des ovaires de samolus et à’ajiagallis que j’ai examinées, j’ai vu un faisceau de fibres arriver du style par l’intérieur du péricarpe , pour venir se reposer sur la base du faisceau qui traverse le support du placenta. Au reste, cpielles que soient les conséquences que l’on veuille tirer de ces diverses observations ,. il est bien évident que l’organisation des ovaires de primulacées , étant particu- lière à cette famille, pourroit suffire pour en exclure les genres tozzia, nienjantJies , globiilaria dont le fruit bien connu présente une structure tout-à-fait différente. Je ne dirai rien du menyanthes dont on a fait deux genres reje- tés avec juste raison parmi les gentianées. Je ne m’étendrai pas davantage sur le tozzia, rangé par M. de Candolle non loin des rhinanthus et des melampyrimi , et qui me semble devoir conserver cette place avec d’autant plus de raison que dans l’origine son ovaire paroît être à deux loges (i). (i) D’après l’invitalion de M. de Jussieu, M. Desvaux et moi nous avons ou- vert plusieurs fruits de tozzia pris sur des échantillons secs, et dans l’un d’eux ^ M. Desvaux a trouvé deux loges. On doit sentir cependant fju’it sera nécessaire de répéter celte observation sur des individus vivons, et d’examiner en outre la position de l’emhryon dans la graine. Quoi q^u’ilen soit, sileiozzm reste, co.mTOa Famille des Primllacées. /p Quant globulaires , leur véritable place est infiniment plus difficile à déterminer. La présence d’une corolle ne per- met pas de les rapprocher des protéacées ou des tliyinelées avec lesquelles elles ont cependant plusieurs rapports , comme l’ont observé depuis long- temps MM. de Lamarck et de Jussieu (i). Quoique ce dernier eût déjà dit ( Gen. PL 97 ) qu’elles n’avoient cju’une ressemblance extérieure et aucune affinité réelle avec le statice , le savant auteur de la nouvelle Flore Française a cru devoir les placer entre les primula- ce'es et les dernières familles de plantes apétales à étamines bypogynes. Il y a quelque chose de séduisant dans l’idée de ranger immédiatement après celles-ci le seul genre de plantes monopétales qui, comme elles, présente avec l’insertion hypogyne, une semence unique dans un fruit uniloculaire qui n’est point succulent. Cependant cet arrangement force- roit à laisser toujours globulaires auprès àes primulacées , et elles n’ont de rapport avec celles-ci que par l’insertion de la corolle, rapport qu’elles ont aussi avec toutes les autres familles de la même classe : non-seulement leur ovaire est essentiellement différent de eelui des primulacées , mais encore leurs fleurs sont disposées autrement 5 leur corolle est irrégulière; leurs étamines en nombre différent de celui des divisions de la corolle ne sont point placées devant ces mêmes divisions, et enfin la structure de l’embryon dans la je n’en cloute pas, clans la famille des scrophularinées (Brown ), il est clair qu’il faudra le placer près des genres dont les ovules sont en nombre déterminé ( me- lampyracées Rich. ). (1) L’insertion hjpogyne clans \ei glohulaires et périgyne dans les protéacées fourniroit encore un motif pour ne pas les rapproclier. 46 Placenta central libre. graine n’est pas celle qu’on observe dans la semence des prwiulacées. D’un autre côté, si Tovaire est monosperme chez les globulaires comme chez les plimibagmées qui d’ailleurs ont une fleur régulière , les premières ont leur ovule attaché au sommet de la loge , tandis que dans les se- condes il est suspendu à un long cordon ombilical qui part du fond de l’ovaire; enfin dans les plumbaginées le péris- perme est farineux et il est charnu dans les globulaires (i). La différence seroit plus sensible encore si, comme l’a fait M. de Candolle, on terminoit la série des apétales par les njctaginées , puisque, dans celles-ci, l’embryon entoure le périsperme, tandis que chez les globulaires c’est le péris- perme qui entoure l’embryon. La situation de la corolle differente dans les dipsacées et leur double calice feront peut- être hésiter les botanistes à placer les globulaires auprès d’elles; cependant je ne crois pas qu’il existe une famille qui, malgré ces différences, ait plus de rapports avec le genre dont il s’agit. Chez les dipsacées , comme dans les espèces qui composent ce même genre, les fleurs sont disposées sur un réceptacle commun garni de paillettes et pourvu d’un involucre à sa base; la corolle également tubulée est le plus souvent irrégulière; les étamines sont aussi au nombre de cjùatre; l’ovule, comme l’a déjà observé M. Richard {Anal.' Fruit') (2), est également attaché au sommet de la loge; (1) M. Je Jussieu clemauJe {Ann. Mus., t. V , p. 247 ) si le périsperme observé par Gærlner dans le glohularia ne seroit point un tégument séminal. L’existence d’un véritable périsperme et sa nature y sont trop évidentes, pour qu’il y ait le moindre doute à cet égard. (q) Vpici comment s’exprime ce profond carpologiste : « Le renversement de Famille des Primulacées. 47 enfin on trouve chez les dipsacées , comme chez les globu- laires , un einbrjon droit situé dans l’axe d’un périspej-'ine charnu , à radicule tournée vers V ombilic. Quelc|nes au- teurs ont, il est vrai, refusé un périsperme aux dipsacées ^ mais Gærtner eu a trouvé un dans plusieurs espèces de cette famille; j’ai moi-même reconnu l’existence du périsperme dans quelc[ues autres,. et s’il n’y est pas très-épais, il ne sau- roit cependant être confondu avec aucun tégument séminal. L’ovaire àa globulaija est à la vérité parfaitement libre, et l’on a attribué aux dipsacées un ovaire adhérent; mais M. de Candolle dit positivement (^Fl. Fr, ,1. 4? p- 221 et 228), cjue l’ovaire est libre dans toute cette famille; et si ce carac- tère n’est pas vrai pour toutes les espèces, comme je m’en suis moi- même assuré; s’il en est parmi les scabieuses où l’ovaire est certainement adhérent, il s’en trouve aussi d’autres où il est libre, telles que les scabiosa banatica Walds. , colwnbaria L. , siciila L. , stellata L. Ce cjui a pu induire en erreur, c’est que le péricarpe exactement appliqué sur l’ovule semble au premier coup d’œil faire partie de ce der- nier, et comme, outre le premier calice, il ne reste plus ex- térieurement c[u’une enveloppe c|ui est le second calice, on l’aura prise pour celui-ci réuni au péricarpe. L’adhérence de l’ovaire dans ciuelques dipsacées ne pourroit donc empê- cher qu’on rapprochât d’elles les globulaires , puisque ce caractère varie dans le seul genre scabiosa. Si les genres tozzia, globularia , menyanthes doivent 31 la graine rapprocberoil l’ordre des globulaires de celui des dipsacées , si l’ovaire » ne s’y opposoil. » On verra bientôt que la position de l’ovaire ne sauroit établir aucune différence réelle entre ces deux groupes. 48 Placenta central libre. être éloignés des prùyiulacées , il n’en est pas de même da samolus. Il diffère à la vérité des plantes de cette famille par les appendices de sa corolle et son insertion, et par l’a- dhérence de l’ovaire (i) ; mais il s’en rapproche par des ca- ractères dont la réunion appartient exclusivement aux pri- mulacées , par sa corolle monopétale, ses étamines insérées devant les divisions de la corolle, son ovaire à une seule loge, et enfin par l’organisation du placenta. Comme chez les autres primiilacées , ce corps globuleux et charnu est soutenu dans le samolus par un support court et épais en- tièrement caché dans le placenta lui-même , et la surface de ce dernier est couverte d’un très-grand nombre d’ovules c[ui finissent par s’incruster dans sa substance. Au sommet du placenta est un très-petit espace nu, du milieu ducjuel s’élève également un Jilet qui passe dans le style j mais comme la partie supérieure libre et convexe du péricarpe s’applique sur le haut du placenta, il faut, pour voir le filet, soulever doucement cette partie supérieure. A la vérité, des auteurs célèbres ont indiqué entre les se- mences du samolus et celles des autres primulacées des différences sur lesquelles il est, je crois, essentiel de lever tous les doutes. Ainsi que l’a déjà observé M. de Jussieu ( Ann. Mus., t. V, p. 247 ), Gærtner a décrit d’une manière assez vague la position de l’embryon dans la semence des pj'imulacées. L’immortel auteur des ordres naturels avoit (i) SI je ne dis rien ici de ces écailles foliacées qui se trouvent sur les pédon- cules des fleurs, c’est qu’elles ne sont autre chose que des feuilles imparfaitement développées. Ce caractère qui me semble mériter à peine d’être remarqué se re-p iroiiye dans d’autres plantes de différentes familles. Famille des Primulacées. 49 soupçonné qne, dans toute cette famille, la radicule étoit dirigée vers l’ombilic {^Ann. M. 1. c. ), et plusieurs botanistes ont admis ce caractère comme un fait positif. Quant à moi, dans toutes les graines de primulacées que j’ai examinées jusqu’ici , j’ai trouvé un embryon droit , situé transcersa- lemejit dans un périsperme charnu, et parallèle à V om- bilic prolo72gé : caractères que R. Brown avoit déjà notés, et qui l’ont été également par M. Richard, c[uoique d’une manière un peu moins précise (i). Au contraire le samolus se trouve indiqué par Brown et par Gærtner, comme ayant une radicule tournée vers l’ombilic. Ces deux autorités réu- nies sont imposantes sans doute 5 cependant il seroit possible qu’ici Brown s’en fut simplement rapporté au carpologiste allemand, et l’on sait que les observations de ce dernier sur la direction de la radicule ont souvent besoin d’être vé- rifiées. M. Richard dit expressément que dans le samolus , comme chez les primulacées , ni l’une ni l’autre extrémité de l’embryon ne répond exactement soit à la base, soit au sommet de la graine {Anal. Fruit, p. 45'). On sent parfai- tement, il est vrai, que cela peut avoir fieu, comme, par exemple, dans les gj'arninées , sans cjue l’embryon soit pa- rallèle à l’ombilic; mais aussi l’embryon et l’ombilic ne sau- roient être parallèles, si la radicule ou les cotylédons abou- tissoient au point d’attache. Les semences du samolus sont. (1) Brown décrit ainsi l’embryon des primulacées : ernhryo inclusus umhilico parallelus ( Prod. Fl. N. IIol. ); et M. Richard [^Anal. Fruit') cite leur graine comme offrant un exemple de l’embryon liétérotrope , c’est-à-dirCj dont la radicule ni les cotylédons ne sont tournés vers l’ombilic. Mém. du Muséum, t. 2, 7 5o Placenta central libre, anguleuses avec la surface extérieure un peu convexe (i), et lorsqu’une semence incrustée dans un placenta charnu m’a offert cette forme, j’ai généralement trouvé l’embryon droit et parallèle à l’ombilic. C’est effectivement la position qu’offre celui du mouron d’eau dans le périsperme charnu qui l’en- toure, et par conséquent il faudra à l’avenir ajouter ce carac- tère à ceux de la famille des primulacées , et ne point faire d’exception pour le samoliis. Non loin de ce genre, M. de Jussieu place le conohea qu’Aublet avoit décrit et figuré ( , p. 689, tab. 258) comme ayant un placenta qui s’élèi^e du fond de la capsule et en occupe le centre. Si ce caractère étoit exact, il n’est pas douteux que, malgré sa corolle irrégulière et ses éta- mines didynames, la plante dont il s’agit ne dût être rangée près des primulacées , dont sa physionomie, assez analogue à celle des anagallis ^ sembleroit encore devoir la rappro- cher. Mais si Aublet eut examiné la capsule du conobea, avant qu’elle fût ouverte, il auroit vu qu’elle est véritable- ment à deux loges séparées par une cloison dont le milieu est occupé dans chaque loge par un placenta tellement large qu’il reste fort peu d’intervalle entre lui et le péricarpe. Lors de la déhiscence, les deux valves se détachent de la cloison qui répondoit à leurs bords, et comme les placentas sont très-grands et que la partie de la cloison qu’ils n’occu- pent pas est au contraire fort étroite , on pourroit alors croire aisément qu’il n’a jamais existé qu’un seul placenta (i) J’appelle ici surface extérieure celle qui sur le placenta regarde la paroi dit péricarpe et qui est opposée à l’ombilic. 5i Famille des Primulacées. central dans un fruit uniloculaire. On voit assez, d’après cette description, que le conobea doit être rejeté parmi les scro- phularmées (^^ro'wn') (i), parmi lesquelles l’appellent déjà sa corolle labiée et ses étamines didynames. Les deux valves de sa capsule cjui se divisent chacune en deux parties vis^à-vis le milieu des placentas, -et cette fente qui, suivant Aublet, se voit après la déhiscence au sommet de' la cloison (2), sont encore des caractères que l’on remarque parmi les scrophu- larinées • mais le rapprochement c|ue j’indique est encore ré- clamé par un caractère plus important. Les semences du co- nobea sont très-petites , rétrécies à leur base, et, comme l’a dit Aublet , oblongues et sillonnées : j’y ai trouvé un embryon droit, à radicule tournée vers V onibüic , occupant V axe d’im périspemie charnu.CeVie organisation n’est pas, comme on l’a vu, celle des Ijsimachies j mais elle se retrouve dans presque toutes les scrophularinées. Les caractères que je viens d’indiquer dans le conobea, et qui coïncident avec l’irrégularité de sa fleur, me donnent, je l’avouerai, bien des doutes sur la place du mecardonia R. et Pav. , dont la corolle est presque labiée , les étamines didy- names, la capsule à deux valves, et que M. Jaunie range parmi les prinudacées , parce qu’on lui attribue un placenta central dans une capsule uniloculaire ( Fam. nat. , t. i , (1) On verra Lientôt pourquoi je me sers de cette expression. (2) Ce caractère, qui peut être paroîtra peu important, lient cependant à l’orga- nisation intime des plantes où on l’observe. Chez elles, un cordon pistillaire di- visé en deux branches convergentes traverse le milieu de la cloison, et celle-ci , lors de la déhiscence, se partage au sommet entre les deux branches, parce qu’elle a naturellement là moins de solidité. 7 5a Placenta central libre, p. 224 ). En reconnoissant les pins grands rapports entre le mecardonia et leur caljtriplex ( Prod. Fl. Per. g5 et 96 ), Piuiz et Pavon font pressentir tout à la fois la véritable place du premier de ces deux genres et la structure de son fruit , puiscjue le second qui réunit à une corolle moins irrégulière une cajisule à deux loges, doit être rangé parmi les scrophida- rmées , ainsi que M. de Jussieu Fa déjà observé Musl). Parmi les genres dont ce botaniste célèbre a laissé la place incertaine, il en est un, Xeiipliia de Browne {Jam. 270), cjue l’on pourroit être tenté d’admettre dans la famille des priniulacées , à cause de sa corolle régulière et de son fruit décrit comme ayant une seule loge avec un placenta central. Cependant l’espèce de sillon que Browne indique des deux côtés du péricarpe, semble indicjuer la place d’une cloison qui aura échappé d’autant plus facilement à cet observateur que le fruit dont il s’agit est une baie. La forme que Browne attribue au placenta de \ eriphia {lanhilicaria columnaris') me semble encore annoncer plutôt un cordon pistillaire tra- versant une cloison qu’un placenta central analogue à celui des primulacées. Je crois donc qu’avec sa corolle régulière, ses anthères soudées ensemble et son fruit succulent, l’e/7- pliia doit être placé parmi les solanées. Si pourtant le peu de développement que prend une de ses cincj étamines paroissoit un caractère suffisant pour l’admettre dans le voisinage des scrophularinées , il est assez évident qu’il devrolt s’y ranger auprès du cyrtandra dont le fruit biloculaire est également pulpeux. Quoique, dans les^onopétales , Firrégnlarité de la fleur annonce assez généralement un fruit biloculaire ou tendant Famille des Peimulacées. 53 aie devenir (i), on trouve une exception remarquable à cette espèce de règle dans le genre utriculaire et dans le pùiguîcida. Tous les deux, dans leur ovaire à une seule loge, olFrent un placenta central, globuleux, charnu, cou- vert d’innombrables ovules, appuyé sur un petit support et terminé par un filet qui, traversant le péricarpe, pénètre dans le style. Cependant il l’aut beaucoup de précautions pour apercevoir ce filet, car il se rompt au moment même où la fécondation vient d’avoir lieu, et les ovules qui entourent sa base cachent aussitôt la place qu’il occupoit (2). Une telle organisation qui d’ailleurs appartient aux seules primulace'es , ne permet pas évidemment d’en éloigner les deux genres dont il s’agit; soit qu’on les laisse simplement à la suite de cette famille, soit qu’à l’exemple de MM. Richard et Brown , on en forme, sous le nom de lentibulariées , un groupe dis- tinct, bien caractérisé par l’irrégularité de la fleur, le nombre des étamines, la forme des stigmates, les singularités de l’embryon et l’absence du périspenne. Au milieu des primulacées , M. de Jussieu avoit placé avec doute le genre lùnosella que B. de Jussieu rangeoit précé- demment auprès des véroniques , Adanson parmi les person- nées , et cj[ue plusieurs auteurs modernes , entre autres V en- teriat et de Candolle, ont reporté dans cette dernière famille. C’est en elFet où l’appellent déjà quelques caractères exté- rieurs, tels que son calice irrégulier, sa corolle c[ui l’est éga- lement un peu, et ses étamines didynames : la structure de (1) Par exemple, clans les orohanchées. (2) J’ai fait ces observations sur le jiinguicula lusitanica L. et V utrîcularia vulgaris L. 54 Placenta centeal libre, l’ovaire décrit jusqu’à présent d’une manière vague ou in- complète achèvera, je l’espère, de lever tous les doutes. A l’extérieur, il est presque elliptique, légèrement bossu et un peu oblique. Intéjieurement il est divisé par uue cloi- son; mais elle ne s’étend que jusqu’à la moitié de la longueur du péricarpe, et, dans sa partie supérieure, l’ovaire est réel- lement uniloculaire. Un peu au-dessus de la base de la cloi- son commence, dans chaque demi- loge, un placenta très- large et charnu; et lorsque les deux placentas arrivent au sommet de la cloison, ils se confondent, et ne forment plus qu’une seule masse oblongue et principalement celluleuse qui s’élève jusqu’au sommet de la loge. Lors de la déhiscence, la capsule s’ouvre parallèlement aux placentas ; ses deux valves se séparent de la cloison qui aboutissoit à leurs bords, et, comme dans le conobea, l’on ne voit plus qu’une masse libre et couverte de semences nombreuses : ce c[ui a fait dire à tant d’auteurs que la limoselle avoit un placenta cen- ti’al dans une capsule uniloculaire. Si aux irrégularités de la fleur, à la manière dont s’ouvre le fruit, à l’existence d’une cloison et à celle d’un double placenta, on ajoute la forme étroite et oblongue de la semence et la position de l’em^ bryon qui dajis V axe d’un périsperme charnu dirige sa radicule vers l’ombilic, on n’hésitera plus à placer la limo- selle parmi les personnées , malgré les rapports qu’elle aura toujours avec les primulacées , comme nous le verrons bientôt. Robert Brown qui range cette plante vers la fin de sa fa- mille des scrophularinées {Prod. FL Noc. Holl. , p. 445)? dit en même temps que, dans une série naturelle, on devroit la placer près du pinguicula. {^In sérié naturali pinguiculœ « Famille des Primulacées. 55 accedit. ) Ce rapprochement non motivé m’avoit d’abord, je l’avoue , paru assez bizarre ; mais après cfuekjues réflexions , j’ai cru saisir la pensée du botaniste philosophe , et j’ai senti toute sa justesse. Pour bien comprendre l’idée de Brown , il est absolu- ment nécessaire de se placer au point d’où lui-même est parti. Sans doute il seroit impossible de ramener la Umoselle au- près de X utricidaire , si on laissoit les personnées fort loin des rhinanthées • mais on sait combien ces deux groupes se ressemblent par l’irrégularité de la fleur, par leurs étamines didynames, la présence d’un périsperme charnu, la situation de l’embryon dans la graine 5 et que les botanistes les ont éloignées, uniquement à cause des caractères de la déhis- cence. Cependant les différences c|u’elle fournit ne sauroient être ici d’une grande valeur 5 car, dans le seul genre veronica, Robert Brown a observé les deux modes de déhiscence sur lescjuels se trouve fondée la séparation des deux familles; et j’ai été plus loin encore, puisque j’ai vu ces deux -mêmes modes réunis dans les capsules de certaines espèces dont l’une se trouve au milieu des rhinanthées , et les autres parmi les personnées. Je crois, d’après cela , cjue l’on doit adopter la réunion des deux familles, réunion cpii, au reste, paroît avoir été approuvée par M. de Candolle (Voyez Théorie élém. , p. 217 ), et qui en quelcjue sorte avoit déjà été indic[uée par B. de Jussieu. En plaçant donc la fa- mille des scrophidarinées , nom que donne Brown aux deux familles confondues (i) , à la suite du pinguicida et de Xiitri- (1) On trouvera parmi les scrophularinées une section très-naturelle clans les genres à semences en nombre déterminé. Elle a déjà été indiquée en passant par le savant M. Richard sous le nom de mélampy racées. ( Anal. Fr. ) 56 Placenta central libre. culaire , il est évident qu’il faudra commencer la nouvelle famille par le genre lirnoselle. Toute autre scrophularmée se rapprocheroit sans doute des lentihulariées par l’irrégu- larité de sa fleur; mais la seule Ibnoselle offrant tout à la fois dans sa capsule les caractères des scrophularmées et ceux du pmguicula et de \ utriculaire , aide à former une chaîne non interrompue depuis les primulacées les plus régulières \vi'S,(p\ÿiWX scj'Ophidarinées. Cette capsule qui inférieurement est uniloculaire avec deux placentas, comme chez les espèces de cette dernière famille , et qui dans sa partie supérieure est, comme les pibniidacées , uniloculaire avec un seul placenta central, cette capsule, dis-je, présente aussi dans son organi- sation intime quelques traits appartenant aux deux mêmes familles. En effet, si je ne me trompe, de la base de la cloison il s’élève jusqu’à son- sommet un faisceau de fibres renflé vers le milieu, qui, s’il est simple comme dans les primulacées , ne m’a point paru se répandre en gerbe, mais traverser en diminuant de grosseur la masse des placentas réunis : d’un autre côté il naît du sommet de cette masse un filet fort court, mais assez épais, qui s’enfonce dans le style, se rompt, après la fécondation, au point où il touche le péricarpe, et c]ui bientôt après est recouvert par les ovules. Ne voulant négliger aucun des caractères qui placent la lirnoselle près des lentïbulariées , je dois dire encore que - leurs anthères sont également à une seule loge, et si on ne peut rappro- cher ces plantes sans confondre les personnées avec les j'hmanthées ^ par cela même, la nécessité de la réunion de çes deux familles achève d’être démontrée. ( La Suite dans les prochains Numéros. ) r» «• 4 Famille des Primulacées. 57 EXPLICATION DES FIGURES. Fi&. I. Coupe longitudinale de l’ovaire àeV Anagallis moneîli , tel qu’il est avant la féconda'cion. — a. Sljle. — b. Stigmate en tête. — c. Péricarpe. — d. Pla- centa globuleux et charnu. — e. Support ou pédicelle du placenta : il con- tient un faisceau de fibres qui, après l’avoir traversé, se répand en gerbe dans l’intérieur du placenta. — f. Ovules qui avant l’émission du pollen , sont simplement apjiliqués sur le placenta, mais qui ensuite finissent par s’y incruster. — g. Filet qui termine le placenta, s’enfonce dans le style, et ne se brise qu’après la fécondation. Fig. 2. Coupe longitudinale de V oy &\xe, à.\x Primula grandi jlora (figure empruntée à M. de Candolle ). Fig. 3. Coupe de l’ovaire du Samolus valerandi. — a. Placenta globuleux dans lequel sont incrustés les ovules. — h. Filet qui termine le placenta et s’en- fonce dans le style. — c. Support du placenta. Fig. 4. Coupe de la semence de V Anagallis latifolia. — a. Tégument propre. — ■ b. Ombilic. — c. Périsperme dans lequel l’embryon droit est placé transver- salement et parallèlement à l’ombilic. — d. Embiyon. — e. Cotylédons. — f. Radicule qui, conformément à l’observation de M. Richard, es tpi us rapprochée du tégument propre que les cotylédons. Cette figureest destinée à faire con- noître la position de l’embryon dans la graine des Primulacées. Fig. 5. Coupe de la semence du Samolus valerandi. — a. Tégument propre. b. Ombilic. — c. Périsperme. — d. Embryon. — e. Cotylédons. — f. Piadicule. En comparant cette figure avec la précdente, on voit que la position de l’embryon dans la graine est la même dans \e.'Samolus et les autres Primu- lacées. Fig. 6. Coupe longitudinale de l’ovaire du Lychnis dioica, tel qu’il est avant et un peu après la fécondation. — a. Les 5 styles qui du côté intérieur portent chacun un stigmate latéral. — b. Péricarpe uniloculaire traversé par un axe central seminifère non interrompu. — c. Filets blancs et extérieurs de l’axe central : au point où cesse la substance verte [A) interposée entre les filets, ceux-ci sont immédiatement appliqués les uns sur les autres; ils se réunissent ensuite en un seul tput pour passer dans le péricarpe, et ce tout se divise de nouveau en cinq branches dont chacune passe dans l’un des styles. — d. Substance verte interposée entre les filets. Elle ne s’élève pas jusqu’au som- met de l’axe; c’est elle qui porte les ovules; deux rangées de points indiquent Mém. du Muséum, t. i, 8 58 Placenta central libre. leur place, el l’on voit qu’ils naissent tous à côté des filets blancs et exté~ rieurs, Fio. 7. Coupe transversale de l’axe du Lychnis dioica. — a. Faisceaux de fibres (^conducteurs') formant à eux seuls presque toute la masse des cinq filets blancs et extérieurs. — b. Couche légère de tissu cellulaire qui revêt les cinq conducteurs. — c. Cinq triangles d’un tissu cellulaire de couleur verte sur lesquels les cinq conducteurs sont appuyés. — d. Cinq faisceaux de fibres (jiourriciers) également de couleur verte, alternes avec les triangles de tissu cellulaire et avec les conducteurs, et donnant naissance en se bifurquant à deux rangées d’ovules: ce sont ces cinq nourriciers qui avec les cinq triangles de tissu cellulaire forment la substance verte et centrale interposée entre les cinq filets blancs et extérieurs. — e. Ovules naissant sur deux rangs des vaisseaux nourriciers , et ayant en outre par leurs cordons ombilicaux une communication latérale avec les conducteurs , laquelle communication est assez difficile à apercevoir dans le dioica. — f. Faisceaux de fibres autour desquels sont disposés les c\n(\faisceaux nourriciers et les cinq triangles de tissu cellulaire, comme autant de rayonsautour d’un centre commun. Obs.I. Il existe des individus de la même espèce où l’on ne trouve qu’un faisceau central au lieu des trois qui sont représentés ici; comme il existe des espèces du même genre ( lychnis ) où les cinq faisceaux nourriciers , soudés ensemble au centre de l’axe, ne présentent qu’un seul faisceau à cinq rayons. Obs. II. On voit par cette figure qu’ici il y a autant de conducteurs que de nourriciers , de placentas et de styles; on voit en même temps que chaque pla- centa n’a point son conducteur particulier, mais que chaque conducteur ap- partient en commun aux deux placentas voisins. Fig. 8. Axe central de la capsule du DiantJius capitntus terminé par les deux styles. — a. Les deux filets blancs et extérieurs qui , au-dessus de la substance verte interposée entre eux (b), se réunissent en un .seul tout, lequel ensuite se divise de nouveau en deux branches dont chacune pénètre dans l’un des ■ deux styles. — b. Substance verte interposée entre les deux filets blancs et portant les ovules : par les points qui indiquent la place de ceux-ci, on voit qu’ils naissent immédiatement à côté des filets, et quoique, dans cette espèce, il existe plusieurs rangs d’ovules de chaque côté des filets, on voit cepen- dant que ces ovules partent tous d’une même ligne longitudinale. — c. Les deux styles stigmatiques du côté Intérieur et alternes avec les filets dont ils tirent leur origine. Fig. 9. Coupe transversale du Uianthus capitatus. ( Waldsî. et Kitt. ) — a. Faisceaux de fibres ( corat/Mctenrs ) formant presque la totalité des filets Famille des Pkimulacées. 5g hlancs et extérieurs. — b. Tissu cellulaire extérieur qui revêt les deux con- ducteurs. — c. Faisceau central et nourricier des quatre angles duquel nais- sent les ovules. — d. Tissu cellulaire sur lequel les deux conducteurs sont appuyés. — e. Tissu cellulaire alterne avec les conducteurs et qui revêt exté- rieurement deux des côtés du faisceau nourricier. — f. Ovules naissant de l’extrémité des quatre angles du faisceau nourricier, et ayant en outre, par leur cordons ombilicaux, une communication latérale avec \e.s conducteurs. Oes. On voit par cette figure que dans le D. capitatus , comme dans toutes les caryophyllées à deux styles, les placentas sont en nombre double de celui des styles, et qu’un conducteur sert à deux placentas, comme dans les autres caryophyllées , chaque conducteur sert à la moitié de chacun des deux pla- centas les plus voisins. Fig. lo. Coupe longitudinale de l’ovaire de M Agrostema githago. — a. Axe cen- tral non interrompu avant la fécondation et qui ne porte des ovules que dans une petite partie de sa longueur. Fig. h. Un des styles de V Agrostema githago : on voit qu’il est couvert de poils, caractère qui tend à confirmer la formation du genre githago établi par M. Desfontaines. — a. Stigmate latéral. Fig. 12. Coupe longitudinale d’une fleur de Donatia fascicularis. — a. Espèce de bractée portée sur la base du calice adhérent, et qu’on a pri.se mal à pro- pos pour une de ses divisions. — b. Une des deux divisions du calice. — c. Les trois étamines qui sont périgynes. — d. Les trois styles dont chacun porte un stigmate en tête. — e. Ovaire adhérent et à deux loges. — f. Pla- centas chargés d’ovules. Fig. i3. Coupe d’une semence de Drosophyllum. — a. Tégument propre. — b. Ombilic. — c. Périsperme. — d. Embryon dont l’extrémité coiylédonaire porte seule sur le périsperme. Fig. i4. Coupe de l’ovaire du Portulaca pilosa avant la fécondation. — a. Style unique divisé en cinq branches sligmaliques du côté intérieur. — b. Péri- carpe. — c. Les cinq filets séminifères qui se réunissent à leur sommet pour passer dans le style. Fig. i5. Coupe de l’ovaire du Claytonia peiybZiaïa. — a. Style unique divisé e.n trois branches stigmatique.s du côté intérieur. — b. Péricarpe. — c. Filets qui traversent l’ovaire, à la base desquels sont attachés les trois ovules, et qui s’oblitèrent après la fécondation. Obs. Cette figure est empruntée de M. de Candolle ; elle prouve que l’axe du claytonia est composé de trois filets comme celui du moiitia. On a pu voir 8-^ 6o Placenta central libre. dans ie cours du Mémoire que je n’en avois aperçu qu’un, et que l’analogie seule me faisoit soupçonner qu’il éloit composé de trois branches très- rap- prochées. Fig. i6. Coupe longitudinale de l’ovaire du Talinum anacampseros. Fig. 17. Semence du Zoasa contoyla revêtue de plis membraneux. Fig. 18. Coupe longitudinale de la même semence. — a. Tégument propre. — h. Ombilic. — c. Périsperme. — d. Embryon dont la radicule est tournée vers l’ombilic. Fig. ig. Ovaire du Tamarix gallica entouré des étamines. — a. Les étamines, au nombre de cinq ; elles sont réunies à leur base en une espèce de bourrelet périgyne, glanduleux et à cinq lobes; chaque lobe est échancré, et c’est du milieu de l’échancrure que part le filet proprement dit. — b. Les trois styles sligmatiques du côté intérieur, ou peut-être un seul style très-profondément tripartite. — c. Ovaire. Fig. 20. Coupe longitudinale de l’ovaire du Tamarix gallica. — a. Péricarpe. — b. Ovules naissant du fond de la loge. — d. Deux des trois conducteurs qui adhèrent à la paroi du péricarpe. Obs. Par cette figure et la précédente on peut se convaincre de la diffé- rence qui existe entre les T. gallica cX germanica. Fig. 21. Coupe longitudinale d’une fleur de Sclerantlius. — a. Le calice. — h. L’ovaire parfaitement libre uniloculaire et l-sperme. — c. Les deux styles distincts jusqu’à la base. — d. L’ovule. — e. Cordon ombilical qui partant du fond de la loge se rattache au point jf. — f. Ombilic. — g. Second point d’attache situé au sommet de la loge. Fig. 22. Ovule unique du Corrigiola, — a. L’ovule. — h. Cordon ombilical. — c. Fragment du filet court et terminal qui tient l’ovule attaché au sommet de la loge. — e. Base du péricarpe. Cette figure prouve que l’ovule est situé dans le corrigiola de la même manière que dans le scleranthus. Fig. 23. Coupe longitudinale du Ramex seutatus. — a. Base du style, lequel est très-profondément tripartite (1). — h. Péricarpe. — c. Ovule qui non-seule- (i) Dans cette plante les trois branches du style sont filiformes, réfléchies, appliquées sur les angles de l’ovaire et même un peu soudées avec eux à leur origine ; elles passent à leur extrémité entre les étamines, et vont porter le stigmate qui les termine contre les trois di- visions extérieures du calice. Les stigmates forment un plateau triangulaire et frangé qui se soude ordinairement par le milieu avec le calice , et de là vient que les branches du style se brisent aisément quand on sépare l’ovaire de l’enveloppe calicinale. Famille des Primulacées. 6i ment est attaché au fond de la loge, mais qui, avant la fécondation, tient encore à son sommet. Fig. 24. Coupe longitudinale d’une fleur de Polycarpon tetrapJiyllum. — a. Calice formant un urcéole à sa base. — b. Divisions du calice en forme de capuchon et terminées par une pointe comme dans le paronichya. — c. Pétales. — d. Etamines insérées ainsi que les pétales au sommet de l’urcéole du calice, et par conséquent périgynes. — e. Pédieelle qui élève l’ovaire au niveau du sommet de l’urcéole du calice. — f. Axe central : il est ici repré- senté tel qu’il est quelque temps après la fécondation; il a déjà été brisé; l’ovaire a pris de l’accroissement et l’on voit entre le sommet de l’axe et celui du péricarpe un intervalle assez considérable rempli par les ovules. — g- Style unique à trois branches stigmatiques du côté intérieur seulement. Fig. 2.5. Coupe longitudinale d’une üe,ar àe Larbrea aquatica. — a. Calice urcéolé dans sa partie inférieure. — b. Divisions du calice. M. Turpin a observé qu’il y en avoit quelques-unes de bifurquées à leur sommet. — c. Pétales. — d. Etamines insérées ainsi que les pétales au sommet de l’urcéole du calice et par conséquent périgynes. Fig. 26. Pistil du Cuphea viscosissima. — a. Ovaire. — b. Style latéral. — c. Stigmate à deux divisons inégales. Fig. 27. Coupe longitudinale de l’ovaire du Cuphea viscosissima. — a. Péricarpe. — b. Axe de l’ovaire placé du côté opposé à celui au-dessus duquel s’élève le style. — c. Ovules tous tournés du côté du style et portés par d’épais cordons ombilicaux. — d. Sommet parfaitement libre de l’axe terminé par un cordon ombilical. — e. Les deux filets qui mettent en communication l’axe avec le style. Fig. 28. Coupe transversale de l’axe du Cuphea. — a- Cordons ombilicaux. à. Tissu cellulaire. — c. Faisceau de fibres en forme de fer à cheval qui tra- verse l’axe. — d. Deux faisceaux de fibres ascendans qui tirent leur origine du faisceau en forme de fer à cheval qui traverse l’axe. — d. Deux faisceaux de fibres ascendans qui tirent leur origine du faisceau en forme de fer à cheval et sont destinés à passer dans autant de eordons ombilicaux. Fig. 29. Fleur du Glaux maritima dont on a enlevé une partie du calice pour montrer les étamines bypogynes. Elles alternent avec les divisions calicinales. Fig. 3q. Pistil coupé verticalement pour montrer le placenta dans lequel sont enchâssées les graines. Fig. Si. Une graine vue du côté hile a. Fig. 32. Une graine vue de côté. On aperçoit en a le hile. Fig. 33. Une graine coupée par la moitié pour faire voir l’embryon rectiligne, transver.se , logé dans le périsperme. — a . Hile. — b. Embryon. — c. Périsperme- 62 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES GRAMINÉES. PAR CHARLES KUNTH. Ijorsqu’on jette un coup d’œil général sur la structure des végétaux, on observe que les familles les plus naturelles sont celles dans lesquelles la fixation des genres et la distinction des espèces offrent le plus de difficultés. On conçoit, en effet, que plus est grande l’analogie que l’on reniarc[ue entre un certain nombre d’êtres organisés, moins ces êtres présente- ront des différences de structure propres à les caractériser. Aussi dans les familles éminemment naturelles ,. comme celles des Graminées, des Cypéracées, des Ombellifères, des Crucifères, etc., on ne trouve que très-peu de caractères dans l’organisation végétale, qui puissent servir à distinguer les genres, et le plus souvent ces caractères sont aussi vagues que minutieux. Quoique les familles naturelles aient déjà fixé l’attention particulière d’un grand nombre de botanistes, leurs genres ne sont encore fondés ni sur des bases assez solides, ni sur des rapports assez naturels. C’est cependant la découverte de ces rapports qui est le but principal que l’on doit se proposer aujourd’hui dans l’étude de la botanique. La philosophie de la science suppose non- seulement des SUR LES Graminées. 63 connoissauces générales, mais aussi cette connoissance pré- cise des espèces de chaque lamille, qui seule peut guider dans la révision des genres, déjà établis. Cette révision a la fois si nécessaire et si difficile supposeroit un botaniste qui embrasse l’ensemble des espèces et leurs déviations plus ou moins prononcées d’un type commun. PREMIÈRE PARTIE. ÎDe la Disùibutioii des gemmes des Graminées en gîr)upes. La famille des Graminées peut offrir un exemple frappant de ce que je viens d’avancer. Comme aucune autre n’a autant occupé les botanistes, on pourroit supposer que les carac- tères des espèces et des genres qui la composent sont connus depuis long-temps, que l’importance relative des caractères a été justement appréciée, que les genres déjà établis sont aussi naturels que la famille entière et qu’ils en sont par con- séquent les véritables divisions. Mais malgré les travaux modernes de tant d’excellens ob- servateurs il s’en faut de beaucoup que la classification des Graminées ait atteint ce degré de perfection. Les genres, ceux même qui sont formés des espèces les plus connues, laissent beaucoup à désirer, et surtout il n’existe point en- core une distribution naturelle des genres en tribus comme celle que l’on a faite avec succès dans d’autres familles de plantes. On ne sauroit cependant nier la possibilité de cette distribution, qni est l’objet principal de ce Mémoire. Ayant eu occasion d’examiner un grand nombre d’espèces de Gra- minées, tant vivantes que dans les riches herbiers de cette 64 SUR LES Graminées. capitale, je me suis convaincu de l’existence de plusieurs groupes dans lesquels les genres viennent, pour ainsi dire, se ranger d’eux-mêmes. Je m’étois d’abord proposé de dé- velopper cette idée dans un travail général, qui embrasse- roit tous les genres naturels des Graminées, découverts jus- qu^à ce jour : mais d’autres occupations m’ayant empêché de finir ce travail, je me suis décidé à mettre sous les yeux de la Classe le tableau des dix groupes que j’ai distingués dans la grande famille des Graminées-: 1. Panicées. 2. Stipacées. 3. Agrostidées. 4. Bromées. 5. Chloridées. 6. Hordéacées. 7. Saccharinées. 8. Oryzées. g. Olyrées. 10. Barabousiers. 11 est bien difficile de caractériser chacun de ces groupes- d’une manière précise. La nature se plaît trop souvent à dé- ranger nos distributions d’après lesquelles les genres se sui- vent comme des chaînons en ligne droite. Le nombre des styles, la disposition des locustes (spiciilce iVuct. ), le nombre des fleurs, la consistance relative des glumes {tegmen Pal. de Beauv. , lepicena Rich. , caljx Linn.) et paillettes ( stra- gulum Palis, de Beauv. , gluma Rich. , corolla Linn. ) , la structure particulière de la paillette supérieure, la présence de trois étamines ou d’un nombre plus grand , offrent pour- tant des caractères très-propres à distinguer les groupes. La présence ou l’absence de l’arête, l’avortemeht ou la diffor- mité d’une fleur, etc. , ne présentent que des caractères secon- daires et qui ne méritent notre attention qu’en les réunissant avec les véritables caractères diagnostiques. Les observations SUR LES Graminées. 65 précieuses sur l’embryon des Graminées , que M. Richard a consignées dans sonti’avail sur les Embryons endorhizes portent à croire que la structure de cet oi’gane est la même dans chacun de ces difFérens groupes j il nous manque ce- pendant encore un grand nombre de bonnes observations sur cet objet si important de l’anatomie végétale. J’ai tenté, dans le tableau annexé à ce Mémoire , de caractériser chacun des dix groupes d’une manière précise, et j’ai cité en même temps comme exemples les genres les plus connus, sans les adopter cependant tous. Je sens que mon travail est encore bien incomplet ; mais il ne serapas inutile, s’il engage quelque botaniste profondément instruit à s’occuper plus particulièrement d’un objet qui inté- resse la philosophie de la science. Quelques exemples pour prouver V utilité d’une telle dis- tribution en groupes. Lorsqu’on examine dans mon tableau des Graminées les genres qui se trouvent réunis dans un même groupe, on observe cpie plusieurs de nos genres actuels ne sont fondés que sur des différences d’inflorescence ou sur d’autres ca- ractères qui ne sont évidemment d’aucune valeur. On verra, par exemple , que le genre milium ne diffère du paspaluni que par la seule inflorescence, et on se hâtera demies réunir avec d’autant plus d’assurance que dans le genre panicum, qui est véritablement naturel, on a réuni des espèces, qui offrent la même différence d’inflorescence que l’on observe entre les genres milium et paspalum. Me'm. du Muséum, t. 2. 9 ' 66 SUR LES Graminées. D’après les mêmes principes, les genres digitaria , hjme- nacline , inojiachiie , paractœnum, etc. seront joints à celui de panicum , si l’on considère que tous les caractères, dont on s’est servi pour les distinguer, sont très-variables et qu’on trouve de nombreux passages d’un genre à l’autre. Je pourrois citer un grand nombre d’autres exemples, mais je me borné à nommer le genre echinochloa , qui doit être réuni avec celui 6’ oplismemis Flor. Owar. , qui est Yortho- pogon de Brown. Le panicum colonwn ( oplismenus colo- nus nob. ) prouve évidemment l’inconstance de l’arcte, seul caractère par lequel on a distingué des genres d’ailleurs si voisins du panicum. Avec non moins de justesse on réunira peut-être aussi les genres bromus elfostuca, dont la distinc- tion est souvent si difficile. On sait qu’elle ne repose que sur la situation de l’arête, qui termine la paillette inférieure, et cette situation varie tellement dans de certaines espèces qu’elles peuvent être placées indifféremment dans l’un ou l’autre de ces genres, comme en effet beaucoup de bota- nistes l’ont déjà tenté. SECONDE PARTIE. Ohseivations sur trois genres de Gt'ammées incomplète- ment connus. Je finirai ce Mémoire en consignant ici quelques observa- tions que j’ai eu occasion de faire sur des genres de Grami- nées très-incomplétement décrits. SUR LES Graminées. I. RE I MARI A.. 31. Flügge , dans son excellente 3Ionographie des paspa- lian , a établi un nouveau genre sous le nom de reimaria, qui comprend trois espèces de plantes provenant des collec- tions de M3I. de Humboldt et Bonpland. jX’ayant observé qu’une seule glume dans les fleurs de ces trois plantes^ il a pensé qu’elles différoient suffisamment par là du genre pas- palinn. D’après une analyse exacte et les dessins que j’ai faits de ces espèces, je me suis convaincu que les reimaria elegans et candida sont de vrais paspalwn. D’abord, elles ont le même port que les espèces de pas- connues depuis long-temps, et c’est déjà par ce port qu’elles diffèrent de la troisième espèce de reimaria , qui leur est associée. Dans le reimaria elegans , une des glumes ne manque que dans les fleurs très-développées, on la trouve constamment dans les jeunes épis dont les fleurs sont à deux glumes. Je n’ai pas observé la même organisation dans le reimaT'ia candida, la cause en est, sans doute, que je n’ai eu à ma disposition que des échantillons d’individus très- avancés en âge et dans lesquels la glume inférieure caduque étoit déjà tombée. D’un autre coté 31. Flügge a observé deux glumes dans le paspalwn repens, quoique dans les échantil- lons de cette plante que j’ai sous les yeux, on n’en trouve qu’une seule; cependant il est certain que la plante que j’ai désignée est la même que celle cjui a été examinée par M. Flügge. Je suis d’autant plus porté à croire que le rei- maria candida est un paspalwn , que certaines espèces de 9‘ 68 SUR LES Graminées. paspalurn inédites ressemblent tellement à cette plante, qu’il est difficile de les distinguer. Je conclus des considérations précédentes que les rehnaria elegans et candida de M. Flügge sont de vrais paspalurn. J’appellerai le premier paspalurn piilcliellwn , parce c[u’il existe déjà un elegans ■ je désignerai la seconde espèce sous le nom de paspalurn candiduni. 11 résulte de ces recherches que le genre reimaria ne comprend jusqu’ici qu’une seule espèce,' le r'ehnaria acuta, et cette espèce ne diffère pas des paspalurn uniquement par des fleurs qui n’ont qu’une seule glume (i), mais aussi par la X présence de deux étamines. Cette dernière circonstance très- importante n’a point été indiquée par M. Flügge. La glume du reimaria acuta ainsi que ses paillettes sont très-aiguës et membraneuses. C’est par la réunion de ces caractères que le nouveau genre est déterminé d’une manière très-précise. On peut joindre encore aces différences le port de la plante, qui n’est pas celui àespaspalum , mais plutôt celui des digitaria. La phrase suivante pourra être^^egardée comme caractéris- tique du genre reimaria : i?/2ac/zi5 spicata. Spiculœ unifloræ. Gluma nmca. paleœqyie duæ concavæ, membranaceæ , acuniinato-subulatæ. ôftemz/za duo. iSüg- mata peuicelliformia. Caryopsis libéra. M. Palisot de Beauvois, dans son Agrostographie, a dû adopter le genre reimaria tel qu’il a été établi par M. Flügge, parce qu’il ne connoissoit pas les plantes sur lesquelles ce (l) Celte glume est placée à l’extérieur du rhacliis ; s’il existoit une seconde glume, elle ne pourroit être qu’intérieure et dans ce cas elle ne seroit certainement pas caduque. SUR LES Graminées. \ 69 genre a été fondé. Aussi a-t-il observé fort sagement qu’il ne l’admettoit qu’avec doute, jusqu’à ce qu’on eut publié l’ana- lyse complète des espèces. 2. ELIONURU S. En examinant le genre elionunis établi par MM. Hum- Jjoldt et Bonpland, et publié par M. Willdenow dans son Species, vol. 4? p* 74^ (i)? j trouvé que la description de M. W illdenow ne donne aucunement une idée delà véritable structure de ce genre. Ce botaniste si laborieux parle d’un calice univalve etbiflore, mais ces caractères ne sont pas ceux de X elionunis. Ce genre a deux locustes ( spiculæ ) , dont l’une est sessile et hermaphrodite, l’autre pédicellée et mâle comme dans les andropogons avec lesquels X elionunis a beaucoup de rapport et dont le nouveau genre ne diffère essentiellement que par l’absence d’arête. Voici le caractère généric[ue de X elionunis : Rhachis spicata. Spiculæ geminæ, unifloræ; altéra hermaphro- difa, sessilis; altéra mascula, pe'dicellata. Spicula hermaphrodita : Glumœ duæ, coriaceæ. Paleæânæ, membraaaceæ, muticæ. Stigmata penicelliformia. Caryopsis. . . Spicula mascula : Glumœ et paleœ ut iu hermaphrodita. 3. DIECTOMIS. Le genre diectoinis de MM. de Humboldt et Bonpland est un des plus remarquables dans le groupe des saccharinées ( I ) M. Palisot de Beauvois n’ayant pas eu occasion d’examiner et de vérifier le caractère du genre, l’a adopté sans changement. 70 s IT E L E s G R A M I N É E s. par la structure particulière de la fleur neutre , dont les glumes sont tferminées par une arête comme dans la fleur her- maphrodite. M. Palisot de Beauvois est le premier qui nous en ait donné une description faite sur un échantillon tiré des herbiers de MM. de Humboldt et Bonpland. Mais cette description et le dessin qui l’accompagne sont si peu con- formes à la nature, qu’il faut supposer que le dessinateur ait confondu le diectoniis -avec le fragment de quelque autre graminée. Sans entrer dans les détails de la description donnée par M. de Beauvois, j’en consignerai ici une autre fondée sur une analyse exacte : Rhachis spicata. Spiculœ geminæ, unifloræ; altéra hermaphro- dita, sessilis; altéra neutra, pedicellata. Spicula liermaphrodifa : Glinnœ duæ,subcartilagineæj ioæquales; iaferior compresso-carinata, aristata; superior linearis, mutica. Paleœ duœ, tenuissiine membranaceæ , in- ferior aristata. Stigmata peuicelliformia. Caryopsis libéra. Spicula neutra : Glumœ duæ, inæquales, planiusculæ , aristatæ. Paleœ duæ, teuuissime inembranaceæ, muticæ. SUR LES Graminées. 71 GRAMINZJ M DISPOSITIO NAT ü RA LIS. I. GRAMINA PANI CE A. Rhachis spicata aut paniculafa. Spiculœ solitariæ , geininæ aut plures , uni- aut sæpius bifloræ , flore altero sterili aut uuisexuali. Glumæ sœpissime consis- teiitiâ tenuiore paleis. Paleœ plus minusve cartilagiueæ , in- ferior superiorem semiiuvolvens , mutica aut rarius aristata , utræaus non carinatæ. Slyli duo. 1. USIFIORA. Pasj)aluin\j. ( Ceresia Pers. ) Axonopus Beauv. Piptatlierüm Beauv. Milium L. MicrocJiloa Pi. Brown, "i Mibora k.AAUs.(^Knap- \ Agrosti- piaSm.) ) deisaffinior? Rcimaria FUigg. 2. Biflora. Pigitaria Fiait. Panicuin, nob. ( Paractœnum , Hy- menachne , Monachne , Melinis Beauv. Streptostachys Desv. ) Athenanthia Beauv. Isachne E.. Br. Setaria Beauv. Urochloa Beauv. Beauv. (Æc/jjreoc/rZofit Beauv. Orthopogon Brown. ) Penicellaria Sw. Gymnotrix Beauv. Pennisetum Pers. Cenchms L. Anthephora Sclireb. Trachys Retz. Tvipsacum L. 2/Tanisuris L. Peltophorus. Desv. Echinolœna Desv. Thuarea Pers. R. Brown. Tragus. Fiait. ( Lappago Sclireb. ) D U B I A. Lepturiis R. Brown, an Ilordeaceia affinior ? Neurachne R. Brown. II. GRAMINA STIPACEA. Rhachis paniculafa. tariæ, unifloræ. Glumæ membranaceæ. indurafo-coriacea , superiorem non aristata. Slyli duo. Aristida L. ( Curtopogon , Chœlaria Beauv. Arthralherum Beauv. Spiculœ soli- Palearmn inferior bicariuatam involvens , StreptacJme R. Brown. Stipa L. ( Jarava Ftor. Peruv. ) Oryzopsis Ricli. ( Stylus unicus ! ? > SUR LES GrABIINÉES 72 III. GRAMINA AGROSTIDEA. Rhachis paniculata , infer- dum spicatim coarctata. Spiculœ soWXanæ , unifloræ. Glumœ paleœ Uncinia , efe. IV. sclerinæ: , Flores déclinés. Nux niagis minusve ossea. Scleria, Diplacrum, Gahuia, etc. ï54 DESCRIPTION D’UN NOUVEAU GENRE DE LABIÉE. PAR M. DESFONTAINES. PoGosTEMON (étymologic : TrcoycùVj barbe, étaminej étamine barbue ). Caractère générique. Calice en tube à cinq dents égales, entouré de bractées. Corolle renversée; lèvre supérieure à trois lobes entiers, arrondis au sommet. Lèvre inférieure plus courte, entière, aplatie. Quatre étamines distinctes , didynames , plus longues que la corolle. Filets abaissés, barbus transversalement. Un style de la longueur des étamines. Deux stigmates. Quatre ovaires, autant de graines. « Le genre pogostejnon a de l’affinité avec Fhyssope. La corolle renversée , les trois lol3es de la lèvre supérieure en- tiers et arrondis au sommet, les filets des étamines abaissés et barbus, sont les principaux caractères qui le distinguent. Calix tuhulosus ^ hracteis ohi^allatus , quinque dentatus; dentibus suhœqualihus. Corolla resupinata, hilahiata. Labium superius trilobum’ lobis apice rotundatis , inte- gerrimis j inferiiis integrum , hrevius , planiusculum, Stamina quatuor did^nama, distincta, exserta , decU'^ /^O Cr OS 7 ’77A/ Û7V ^>A’<'i'r(r///7i>/(/ed' ■ i55 NOUVEAU GENRE DE LabIÉE. nafa, transçersim harbata. Stylus uniciis , longitudine staiiiinwn. Stigmata duo. Germina quatuor. Semina totidei7i. Genus hyssopo ajjîne , distmctuni corollâ resupinatâ j lobis labii superioris reaersi, integerrimis , apice rotun- datis ■Jjlainenüs staminuin transoerse barbatis , declinatis, POGOSTEMON P LECT RANTOI DE S. PL 6. P. siiffruticosimi • J'oUis ooatis , petiolatis , inœqiiali- ter dentatis , pubescentibus ^ spicis secundis, obtusis. Arbuste de deux à trois pieds. Pvameaux opposés, pubes- cens, redressés, presque cylindriques. Feuilles opposées, ovales, inégalement dentées, un peu aiguës, pubescentes, douces au toucher, légèrement ridées, rétrécies à la base, un peu prolongées sur chaque côté du pétiole, longues de deux à quatre pouces, sur un à deux de largeur, marquées de nervures obliques et saillantes sous la surface inférieure. Les pédoncules naissent dans les aisselles des feuilles su- périeures et au sommet des tiges et des rameaux. Fleurs sessiles, disposées sur chaque pédoncule en un épi serré, unilatéral, obtus, long d’un à trois pouces, réunies en petits faisceaux, accompagnées de bractées cilicées, les unes ovales, les autres lancéolées, plus longues que les calices. Calice cylindrique. Cinq dents aiguës à peu près égales. Corolle petite , blanche, renversée. Tube grêle, droit, plus long que le calice. Lèvre inférieure plane, entière, ovale, plus courte que la supérieure, celle-ci est divisée en trois l56 NOUVEAU GENRE Ï)E LabIÉE. lobes. entiers, arrondis au sommet j le moyen un peu plus étroit et un peu plus long que les latéraux. Quatre étamines didynames. Filets distincts, grêles, beau- coup plus longs que la corolle, abaissés vers la lèvre infé- rieure, garnis de soies violettes. Anthères petites, mobiles, biloculaires. Pollen jaune. Un style filiforme, de la longueur des étamines. Deux stigmates aigus. Quatre* ovaires. Autant de graines, brunes, courtes, ob- tuses, anguleuses d’un côté. Cet arbuste est cultivé depuis quelques années dans la serre chande , où il a fleuri dans le conrant du mois de mars. On ignore le pays où il croît spontanément, iS? SUITE DES POLYPIERS. CORTIGÏFERES» PAR M. DE LAMARCK. 20. Gorgone rose. Gorgonia rosea. G. Uichobomo-ramosa , in piano expansa ; ramis suhpinnatis ; raniuUs tereti- hus inœqualihus ascendentibus ; came rosea; poris subseriatis oblongis. An gorgonia ceratophyta. Lin. Pall. Zoopli., p. l85. Gorgonia miniacea? Esper 2, t. 3B. IVIon Cabinet. Habite la Méditerranée, l’Océan atlantique. Cette jolie gorgone paroit clifTé- rénte de la G. ceratophyta , Solaud. et EU., p. 8i, t. 12, f. 2, 3. Elle se ra- mifie en éventail , sans coalescence de ses rameaux. Ceux-ci sont cylindriques, assez grêles, courbés, inégaux, ascendans. Hauteur, 1 à 2 décimètres. 21. Gorgone à verges. Gorgonia virgulaia. G. Ramosa, laxissima ; ramis teretihus gracilibus subsùnplicib'us , virgatis ; osculis subseriatis. .Séba, Mus. 3, t. 107, ri°. 3 ? ■ An gorgonia ceratophyta. Esper 2, t. ig. Mus., n". Habite l’Océan atlantique américain. Mon C.abinet. Je crois que l’on doit dis- tinguer cette gorgone de la précédente. Elle est bien plus lâcbe, à rameaux plus longs, plus effilés, plus vagues et moins en éventail. Sa chair corticale est rouge, quelquefois jaune comme celle delà G. viminalis , Esper 2, t. XI, qui semble appartenir ànotre espèce. La G. sasappo , Esper 2, t. 9, est peut-être dans le même cas. Les oscules ne sont point hérissés de petits poils. 22. Gorgone sanguine. Gorgonia sanguinea. G. Ramosa ; ramis erectis gracilibus tereti-setaceis ; carne purpureâ ; osculis oblongis subseriatis. Mon Cabinet. Habite. . . Quelque rapport qu’il y ait entre cette gorgone et la précédente, elle en paroit véritablement distincte. Le poi’t et la couleur ne sont point les mêmes dans l’une et l’autre. Celle-ci est plus droite, plus effilée, plus fine, Mém. du Muséum, t. 2. 21 laS Polypiers corticifères. moins grande. Peut-être que la G. ceralophyta , Esper z, t. 19, peut se rap- porter à notre espèce ; mais elle ne présente pas le port de celle-ci . 23. Gorgone graminée. Corgonia graminea. G. Ramis erectis siibj’asciculatis gracilihus teretïbus , jiinceis ; carne alhida; paris oblongis sparsis. Mus., n“. /3. Var. siibtubercidosa. Gorgonia viminalis. Var. Esper Z, tab. XI, A. Mon Cabinet. Habile la Méditerranée. Cette gorgone s’élève à 3 ou 4 décimètres, et pré- sente des rameaux grêles, efblés, jonciformes, à écorce blanchâtre. Sa va- riété est presque tuberculeuse et pourroit être distinguée. Elle diffère par son port du gorgonia verrucosa. 24. Gorgone moniliforrae. Gorgonia moniliformis. G. Simplex, flliformis , erecta ; cellulis prominulis turbinaiis apice umbili- catis subsparsis ; carne albidâ membranaceâ. Mus., n“. Habite les mers de la Nouvelle - Hollande. Péron et Lesueur. Cette gorgone avoisine considérablement par ses rapports le gorgonia exserla, Soland. et Eli., p. 87, t. i5, f. I. Mais sa tige est simple, chargée de cellules alternes, éparses, turbinées et saillantes. Les cellules paroissent creuses et sont termi- nées chacune par un oscule qui les fait paroître ombiliquées. Hauteur, 20 à 25 centimètres. 25. Gorgone nodullfère. Gorgonia nodulifera. G. Ramoso-paniculata , planulata ; ramis ramulisque allernis noduliferis ; carne aurantia squamulosa ; nodulis alternis albis subspongiosis. Mus. , n°. Habite.... les mers de la Nouvelle- Hollande? Péron et Lesueur. ^ Espèce très-distincte de celles qui sont connues, d’un port agréable, à ramifications délicates comme celles de certaines mélites, et qui semble encore se rappro- cher àeXe gorgonia exserta. Les petits nœuds alternes, un peu distans, ar- rondis et comme spongieux, ne laissent point voir, dans leur état sec, l’ou- verture des cellules qu’ils constituent. Ils sont blancs et la chair corticale est d’un jaune orangé. Hauteur, i5 ou 16 centimètres. 26. Gorgone blonde. Gorgonia jlavida. ''' G. Ramosa , subpinnata , conferto-cespilosa ; ramulis teretïbus, nume rosis ; carne flaoida ; poris crebris sparsis. Mus., n°. Séba , Mus. 3 , tab. 107 , f. 8. Polypiers corticifères. 109 Habite l’Océan des Antilles. Blanger. Mon Cabinet. Cette espèce, bien dis- tincte des autres, ne s’élère guère au-delà de 2 décimètres. Elle est d’un jaune d’ocre , et a des rameaux cylindriques , un peu courts et nombreux. 27. Gorgone violette. Gorgonia violacea. G. In piano ramosa , pinnata, depressiuscula ; ramulis crebris cjlindraceis suhgranulatis ; carne violacea. Gorgonia violacea, Pall. Zooph., p. 176. Esper2, tab. 12. Mus. , n®. - Habite les mers d’Amérique. Mon Cabinet. Elle s’élève à environ 3 déci- mètres, et offre des branches plnnées, étalées en éventail, à rameaux grêles, nombreux, assez serrés, et presque granuleux. Les oscules sont plus épars que par rangées. 38. Gorgone penchée. Gorgonia homomalla. G. Ramosissima ; ramis teretihus , dichotomis , ascendentihus , et siibcernuis ; cortice crasso ; osculis sparsis. Gorgonia homomalla. Esper 2, t. 29. *> (a) Cortice fusco-nigrescente. 78 (2) Acide sulfurique 34 Barite 66 (3) Acide carbonique 4o Base 100 i8o Recherches chimiques de sulfate qui représentent oS‘'-,i682 (i) de base. De là il suit que le savon de strontiane est formé de Margarine 83, 1 8. . . . loo Strontiane 16,82. ... 20,23, Cette quantité de strontiane contient 2,94 d’oxigène, en admettant i4j3 d’oxigène dans loo parties de strontiane. ' § V. Du S won de Margarine et de Chaux. 4^- Je le préparai en mêlant deux solutions aqueuses bouillantes de muriate de chaux et de savon de margarine saturé de potasse. Le dépôt fut lavé à l’eau bouillante jus- qu’à ce que le lavage ne précipitât plus l’acide oxalique et le nitrate d’argent. Quand il fut parfaitement desséché on trouva que i gramme chauffé doucement laissa o8*'-,i7 de carbonate, lequel décomposé par une forte calcination laissa 0“‘^-,io de chaux. Cette chaux ayant été combinée à l’acide sulfurique , donna oS''-,24 de sulfate qui représentent O, §‘^•0996 (2) de chaux. Le savon de chaux est donc formé de Margarine. 9O5O4 100 Chaux QjQÔf .... 11,06 La chaux contient 3, 1 1 d’oxigène (3) , ce qui est conforme aux résultats précédons. (1) Acide sulfurique 42 Stroutiane 58 (2) Acide sulfurique ? 58,5 Chaux 4i,5 (3) Calcium 71)84- Oxigèue 28,16 SUR DES Corps gras. î8î § Vï- Des Swons de Margarine et de Protoxide de plomb. 43. Je fis bouillir de la margarine dans du sous-acétate de plomb avec les mêmes précautions que celles dont il a été question à l’article du savon de barite (3i); la combinaison étoit fluide dans l’eau bouillante. Après c[u’elle eût été épui- sée par ce liquide, elle fut traitée par l’alcool; le premier lavage étoit sensiblement acide. 11 déposa une cjuantité no- table de savon de plomb par le refroidissement. Le dernier lavage n’étoit presque pas acide, cependant il se troubla assez abondamment, ce cjui m’a fait penser qu’un excès de margarine n’étoit pas nécessaire pour dissoudre l’oxide de plomb dans l’alcool bouillant. Le savon de plomb traité par l’acide nitrique me donna la proportion de 100 de marga- rine à 73,41 d’oxide. Cette quantité de base n’étant pas en rapport avec celle des autres bases qui neutralisent la mar- garine, et n’étant pas un multiple de la quantité déterminée par le calcul, je soupçonnai que l’alcool avoit dérangé l’éco- nomie de la combinaison, ou que la margaiâne n’ avoit pas eu le temps de se saturer d’oxide; en conséquence je prépa- rai de nouveau savon de plomb par le même procédé cjue ci-dessus, mais je fis bouillir les matières pendant plus long- temps et je fis dessécher le savon au soleil, puis à la tempé- rature de loo», j’en décomposai iS‘-,70 par l’acide nitrique; j’obtins os’^gqfi de margarine qui laissa, après avoir été brû- lée , oe’’-,oo5 d’oxide de plomb et une quantité de nitrate qui donna d’oxide; si l’on suppose que l’excès de poids Mém. du Muséum, t. 2. 24 382 Recherches chimiques des produits de l’analyse est dû à de l’eau retenue par la margarine, on a la proportion de Margarine. . . . . loo Protoxide de plomb . . . 83,78 Or, 83,78 contenant 5,98 d’oxigène(i), on doit considérer la combinaison dont nous venons de parler, comme un sous- savon. 44- J’ai préparé un savon neutre d’oxide de plomb , en mêlant deux solutions aqueuses bouillantes de nitrate de plomb et de savon saturé de potasse. Le précipité lavé jus- qu’à ce que l’eau du lavage ne se colorât plus par l’hydro- gène sulfuré, fut ensuite exposé pendant douze heures à un soleil ardent. oS‘'-,9 de ce savon donnèrent oS'^-,635 de mar- garine sèche et oS'’',265 de litharge, ce qui donne la propor- tion suivante, Margarine jo,5S. ... 100 Oxide de plomb 29,45. . . . 4^j7^ Or la quantité d’oxide est sensiblement la moitié de celle contenue dans le sous-savon, cette analyse confirme donc celle de ce dernier, et la margarine neutralise un poids d’oxide de plomb qui contient 2,98 d’oxigène. 2®. Section. Des Savons de Graisse Jluide. 45. Les expériences que j’ai entreprises pour déterminer la capacité de saturation de la graisse fluide, quoique plus (i) Plomb 100 O^igène. . O 7,7 SUR DES Corps gras. i83 nombreuses que celles qui ont eu l’analyse des savons de margarine pour objet, ne sont pas aussi satisfaisantes dans leur ensemble; c’est pourquoi je décrirai les déterminations que j’ai faites avec des graisses fluides extraites à des époques différentes de deux échantillons de savon de graisse de porc. Je désignerai l’une des graisses fluides par la lettre A, et l’autre par la lettre B. 46. La graisse Jluide À n’avoit presque pas d’odeur, elle étoit légèrement colorée en roux; à 20 ^ elle étoit encore fluide. Sa pesanteur spécifique étoit de 0,899, l’^au pesant 1,000. La gj'aisse Jluide B, presque incolore, avoit une odeur rance , une pesanteur spécifique de 0,898 , elle se congeloit à 60. § I-’- Du Savon de Graisse Jlidde et de Barite. 47. Je mis dans trois décilitres d’eau bouillante plusieurs grammes de graisse Jluide A avec du carbonate de barite , et je fis concentrer presque à siccité; il y eut dégagement de gaz acide carbonique, union de la graisse avec la barite et dissolution d’un atome de matière jaune amère dans l’eau. Cette opération fut répétée plusieurs fois. Je traitai le résidu insoluble par l’alcool bouillant et je filtrai; par le refroidis- sement, il se déposa du savon de harite neutre , qui fut séché au soleil, et puis à 1000. i gramme de ce savon calciné dans un creuset de platine laissa de cendre, laquelle donna os*-324 de sulfate de barite qui représentent o,2i384 de base, donc 24-^ . 100 i84 Recherches chimiques 'Graisse fluide 78,616. . . Barite. . : . 21, 384- • • • 27,20 47 his. ie Yé^é\.sx\diïnQm.e Q^évsXionsiü^ la graisse Les phénomènes lurent les mêmes : o?*'',87 de savon donnè- rent 0,28 de sulfate qui représentent oS*‘,i848 de base, donc Graisse fluide. ....... oS‘-,6852. ... 100 Barite os*-,i848. . . . 26,97 48. On mit de la graisse fluide B dans de l’eau de barite bouillante. On tint les matières en contact pendant deux heures : après quoi on renouvela l’eau de barite et on fît bouillir de nouveau. Le savon qu’on obtint fut pressé entre des papiers, puis traité par l’alcool bouillant. Celui-ci dé- posa un peu de savon neutre en refroidissant, et retint un atome de graisse fluide. Le savon lavé à l’alcool et complè- tement desséché, a donné Graisse fluide 100 Barite 26,92 49. Des expériences antérieures à celles dont je viens de parler , m’ayant donné le même résultat que celle du n». 47 bis, j’en conclus que 100 de graisse fluide neutralisent une quan- tité de barite qui contient 2,83 d’oxigène. § IL Du Saison de Graisse Jluide et de Strontiane. 50. Je préparai ce savon avec de graisse Jluide A et du carbonate de strontiane, de la même manière que le savon de barite l’avoit été (47)- Les phénomènes furent les mêmes, SUR DES Corps gras. i85 oS‘-,4oo de ce savon donnèrent os^', 1 1 2 de sulfate de stron- tiane qni représentent 0,06496 de base, donc Graisse flnide 100 Strontiane iQjdS 51. On prépara dn savon de strontiane avec l’ean de cette base et la graisse Jliade B. Ce composé lavé avec vingt fois son poids d’alcool bouillant donna 100 de graisse fluide et 18^1 3 de strontiane; mais m’étant aperçu cjue l’alcool n’avoit pas dissous toute la graisse fluide en excès c[u’il contenoit, je le fis bouillir sept autres fois avec l’alcool : le dernier la- vage, au lieu d’être acide commé l’avant-dernier, étoit très- légèrement alcalin; o2‘-,5 de savon ainsi traité fournirent og‘’-,i4 de sulfate de strontiane cjui représentent 0,08124 de base, donc Graisse flnide. 100 Strontiane i9j38 Ce qui est le même résultat que celui du no. 5o. 52. 100 de graisse fluide neutralisent donc une quantité de strontiane c[ui contient 2,81 d’oxigène. § III. Du Saçon de Graisse Jluide et de Protoxide de -plomb. 53. Je le préparai en faisant bouillir pendant deux heures du sous-acétate de plomb avec de la graisse Jluide A. Le sa- von séché se ramollissoit quand on le pétrissoit entre les doigts ; chauffe avec précaution sur un bain de sable, il se fondoit parfaitement. Dans cet état il étoit transparent. En' l’inciné- rant dans une capsule de platine et reprenant le résidu par î86 Recherches chimiques l’acide nitrique pour oxider le métal c[ui pouvoit avoir été réduit, on le trouva composé de Graisse fluide loo Protoxide de plomb io4,o8 Pour savoir si ce savon avoit été saturé d’oxide , je fis bouillir ce qui m’en l’estoit avec du sous-acétate de plomb pendant une heure. Le savon décomposé par l’acide nitrique donna absolument le même résultat que le précédent. Or , si ' nous admettons que i oo parties de graisse fluide neutralisent une quantité de base qui contient 2,81 d’oxigène, 100 parties de. graisse fluide devront neutraliser 89,30 de protoxide de plomb. Or, en multipliant cette cjuantité par 2, 2,5 et 3, on a 78,6, 98,25 et 1 17,9 qui ne correspondent pas à l’analyse. 54. 3 grammes de graisse fluide B furent bouillis pendant six heures et à deux reprises dans un demi -litre de sous- acétate de plomb. Le savon qui en provint contenoit : Graisse fluide 100 Protoxide de plomb io3,33 Il fut bouilli pendant six heures avec du sous-acétate de plomb qu’on renouveloit de temps en temps. oS'’-,58 de sa- von traités par l’acide nitrique ont donné précisément 0,27 de graisse fluide et o§’'-,3i de protoxide de plomb, donc Graisse fluide 100 Protoxide de plomb ii4,8ï La quantité de base est assez rapprochée de 1 17,9 pour faire croire c[ue 100 de graisse fluide en réagissant pendant assez long - temps sur le sous-acétate de plomb peuvent en séparer une quantité de base qui contient trois fois autant d’ojigène que la quantité cjui est nécessaire pour les neutraliser. SUR UES Corps gras. § IV. Du Swon de Graisse Jluide et de Potasse. 55. Dans mon second Mémoire, j’ai fait voir que la graisse fluide s’unissoit à l’eau de potasse avec la plus grande facilité. Le savon qui en résulte est blanc et mou. Il attire l’humidité de l’air. Mis dans l’eau, il se gonfle, devient gélatineux, demi-transparent et finit par se dissoudre complètement si le lic[ulde est en quantité suffisante. Il est plus soluble dans l’alcool que dans l’eau. Il ne se dissout pas dans plusieurs dissolutions salines et dans l’eau de potasse concentrée. Il est décomposé parles eaux de chaux, de strontiane et de barite, et par tous les sels dont les bases forment avec la graisse fluide un savon insoluble. Il l’est par la plupart des acides, même le carbonique. Sa dissolution aqueuse peut se réduire en partie en sur-savon et en alcali : le sursavon qui se dé- pose sera l’objet d’un examen particulier (i). 56. La difficulté de déterminer directement par l’analyse la proportion des élémens du savon de potasse m’a engagé à suivre un procédé synthétique. En conséquence j’ai préparé (i) J’examinerai en même temps ces questions : i°. La graisse fluide telle que je l’ai obtenue étoit- elle aussi pure qu’il est possible de la préparer; ou une sub- stance grasse acide (q que j’en ai retirée, y existoit-elle toute formée ? Dans ce cas la graisse de porc se convertiroit par la saponifieation en trois substances grasses acides, et la détermination delà proportion des principes du savon de graisse fluide, que je donne dans ce Mémoire, se rapporteroit à la combinai- son delà graisse fluide avec une autre substance grasse acide. 2°. J’examinerai si la graisse fluide éprodve quelque changement de la part de l’air, et si elle peut se convertir en margarine. (*) Celte substance, cristallisable, étoit plus fusible que la margarine, et avoit moins de capacité de saturation que celte dernière substance. i88 PiE CHERCHES CHIMIQUES une solution de potasse à l’alcool qui ne contenoit que des atomes d’acide carbonique et muriatique et dont l’alcali réel m’étoit bien connu, j’ai fait bouillir cette solution avec de la graisse ffuide A jusqu’à saturation. loo parties dégraissé ont été dissoutes par i5,64 de potasse qui contiennent 2,65 d’oxigène. J’ai répété la même expérience avec la gi’aisse fluide B, et j’ai trouvé que loo de cette graisse se combi- noient à i6 de potasse pour former un savon soluble. Cette quantité d’alcali contient 2,72 d’oxigène (i); quoi qu’il en soit, j’ai tQut lieu de penser c[ue le véritable rapport des élémens de savon de graisse fluide et de potasse est celui de 100 de graisse à i6,58 de base. Celle-ci contient 2,82 d’oxigène. T^oyez la note qui se trouve à la suite de ce Mé- moire. § V. • ■ Du Saison de Graisse Jluide et de Soude. 57. Il est solide et dur; il ne m’a pas paru attirer l’humi- dité de l’air, au moins dans la circonstance où cela arrive au savon de potasse. Il est soluble dans l’alcool et dans l’eau. 58. 100 parties de graisse fluide A ont été dissoutes par ime solution de soude à l’alcool qui tenoit io,ii pai’ties d’alcali pur et des atomes d’acide carbonic[ue et muriatique. Or, 10, Il de soude contenant 2,5g d’oxigène, il s’ensuit que ce résultat s’accorde parfaitement avec l’expérience rap- portée au no. 56, dans laquelle 100 de graisse fluide A ont été dissous par i5,64 de potasse qui contiennent 2,65 d’oxigène. (1) Une expérience analogue faite il y a plus de deux ans m’avoit donné le rapport de ipo à i8,5, SURDESCOEPSGRAS. 189 Si Ton admet que loo de graisse fluide neutralisent une quantité de soude représentant 2,82 d’oxigène, on aura le rapport de 100 de graisse fluide à 10,98 de soude au lieu de celui de 100 à 10,1 1. § VI. De plusieurs autres Saisons. 5g. En mêlant une dissolution chaude de savon de graisse fluide A et de potasse , avec du muriate de chaux, du sulfate de magnésie, du sulfate de zinc, du sulfate de cuivre, du sulfate de cobalt, du sulfate potasse de nickel, du muriate de chrome, j’obtins des savons que je vais faire connoître. 60. Saron de chaux. 11 étoit blanc et pulvérulent quand il étoit sec. Il se fondit à une douce chaleur et devint demi- transparent. La cendre d’un gramme de savon traitée par l’acide sulfurique donna oS''-, 2 1 2 de sulfate qui représentent os%o8798 de chaux, donc *, Graisse fluide 91,202. . . 100 Chaux! 8,798. . . 9,64 Cette dernière quantité contient 2,71 d’oxigène. 61. Saçonde magnésie. Il se ramollissoit entre les doigts, il étoit en grumeaux un peu translucides, i gramme décom- posé par la chaleur donna oS''-,07 de base, donc Graisse fluide 98. ... 100 Magnésie. 7. . . . 7,^2 La dernière quantité contient 2,88 d’oxigène en admettant avec M. Hisinger que 100 de magnésie renferment 38,3 d’oxigène. 62. Saçon de zinc. Il étoit blanc, fusible à une tempé- Méï7i. du Muséum, t. 2. 2 5 igo Recherches chimiques rature inférieure à loo®. oS''-,929 de savon bien desséché charbonnés au bain de sable, puis incinérés, ont laissé un résidu qui a été repris par l’acide nitrique, et qui a donné oS''-,i20 d’oxide, donc Graisse fluide 100,00 Oxide de zinc • • . 4,83 qui contiennent 2,90 oxigène (i). 63. S won de cuwre. Il étoit d’un beau vert, la chaleur du soleil le faisoit couler. A loo® il étoit parfaitement fluide. Il fut séché au bain de sable jusqu’à ce qu’il présentât une fonte bien tranquille, dans laquelle on n’apercevoit pas’- de globules aqueux; ensuite on en prit oS‘'-,94, et on les exposa sur un bain de sable à une température graduée qui fut poussée jusqu’au rouge. Le savon dégagea d’abord de la vapeur d’eau et une pellicule rouge de protoxide ou de cuivre réduit apparut dans sa masse : il avoit alors une couleur vert bouteille. Enfin, il dex'int d’ui^ jaune brun et se charbonna. Le résidu fut chauffé au rouge, puis traité par l’acide ni- trique; le nitrate décomposé laissa oS'-,ii5 de peroxide, par conséquent le savon étoit formé de Graisse fluide 100 Peroxide de cuivre i3,93 Cette quantité d’oxide contient 2,78 d’oxigène (2). 64- Il est remarquable c[ue la graisse fluide ainsi que la margarine s’unissent à l’aide de la chaleur au peroxide de cuivre noir bien sec , et forment des combinaisons colorées (1) Zinc 100 Oxigène 24,4 (2) Cuivre 100 SUR DES Corps gras. 191 en vert. Ce résultat établit un nouveau rapport entre les acides huileuv et les corps oxigénés qui donnent avec la même base des composés colorés. 65. Saison de cobalt. 11 fut long -temps à se séparer du liquide où il s’étoit formé. Enfin, lorscjue ses molécules se réunirent, il parut d’abord d’un vert bleuâtre, et ensuite il passa au vert. J’ignore si la couleur jaune cjue la graisse fluide pouvoir avoir contractée par son exposition à l’air ne contri- buoit pas à lui donner cette couleur, car il ne seroit pas im- possible crue ce savon fût bleu dans sou état de pureté. 66. Saoon de nickel. Ainsi c[ue le précédent il fut long- temps à se séparer de la liqueur où il s’étoit formé j il étoit d’un vert jaune très-agréable. 67. Saooîi de chrome. Il étoit violet, il conserva une certaine mollesse jiendant quelques jours, il devint enfin tout-à-fait solide, par son exposition à l’air sec. Conséquences principales de cette 3e. Partie. 68. Si les expériences cjui ont pour objet de déterminer la proportion des principes des savons de graisse fluide, n’ont pas donné des résultats aussi précis c[ue ceux qui ont été déduits de l’analyse des savons de margarine, cependant ces expéi’iences sont suffisantes pour établir c[ue la marga- rine et la graisse fluide ont la plus parfaite analogie avec les acides, que, comme eux, elles ont des capacités de satura^ tion déterminées et que leurs combinaisons avec les bases salifiables doivent être considérées comme formant une classe distincte de sels. Une conséquence de cette manière de voir, c’est que l’art du savonnier consiste à convertir, au 25-^ 192 Recherches chimiques moyen des alcalis, des corps gras en acides huileux, et ces acides en composés qui sont assujétis à des proportions dé- finies. L’observation que j’ai faite sur la possibilité d’opérer cette, conversion avec la quantité d’alcali strictement néces- saire pour saturer les acides huileux qu’une quantité donnée de graisse est susceptible de produire, et la détermination des capacités de saturation de la margarine et de la graisse fluide, ainsi que l’analyse des savons ordinaires, me per- mettent d’établir les bases fondamentales de cet art. NOTE Sur la coimposition du Savon de graisse de porc et de potasse. I. Du savon de graisse de porc et de potasse fut soumis à la presse, jusqu’à ce qu’il parût ne plus rien céder d’humi- dité au papier Joseph. Ss^'-^o de ce savon décomposé par l’acide muriatique donnèrent 3s''-, 7 7 de graisse saponifiée, et iS'-,34 de mùriate de potasse qui représentent oS'-,8495 d’alcali, donc Graisse saponifiée 100 Potasse 22,53 Ce savon contenoit 18,95 d’eau pour 100. 2. Une portion du savon fut soumise de nouveau à la presse, et cela à plusieurs reprises. 1 gr. de savon ainsi pressé donna os''-,724 de graisse saponifiée, et oS‘'-,25 de muriate de potasse cjui représentent oS’'-,i585 de base, donc Graisse saponifiée 100 Potasse 21,89 Ce savon ne contenoit que 11,75 d’eau pour 100. SUR UES Corps gras. 193 3. Il me paroît résulter de ces analyses que le savon de graisse de porc et de potasse, contient une quantité d’alcali qui excède la quantité nécessaire pour neutraliser la marga- rine et la graisse fluide qui constituent la graisse saponifiée, car la margarine dont la capacité de saturation est plus grande que celle de la graisse fluide ne neutralise par 100 que 17,77 potasse au plus. 4. J’ai cherché à connoître par la synthèse la composi- tion du savon. En conséquence J’ai préparé deux solutions aqueuses de potasse dont la quantité d’alcali pur avoit été soigneusement déterminée. Dans une expérience, 100 parties de graisse saponifiée ont été dissoutes à chaud par i5,6 de potasse; et dans l’autre, 100 de graisse saponifiée l’ont été par i5,4- Or, si nous comparons ces résultats avec la capacité de saturation de la graisse fluide déduite de l’expérience (no. 56), nous verrons que la graisse saponifiée, quoique contenant de la margarine , a une capacité moins grande que la graisse fluide. De là il nous paroît suivre que la potasse peut dissoudre une plus grande quantité de graisse saponu- flée que celle nécessaire pour la neutraliser, que par consé- quent les savons neutres de margarine et de graisse fluide peuvent dissoudre de la margarine et de la graisse fluide ou des sursavons de ces acides (i). Il est vraisemblable que la potasse, dans l’expérience rapportée no, 56, a dissous un excès de graisse fluide. Je suis porté d’après cela à penser que la détermination de la capacité de saturation de la graisse fluide (l) Cela explicjue comment il arrive que quand on a mêlé une solution al- coolique de sursavon de graisse fluide et de potasse avec du tournesol , l’addition de l’eau fait passer au bleu la couleur rouge du mélange, sans précipiter de sur- savon, au moins sur-le-cbamp. Voyez mon 2'. Mémoire, n”. 28. 194 Recherches chimiques sur des Corps gras. conclue de l’analyse des savons de barite et de strontiane, est préférable à celle conclue de la solubilité de la graisse fluide dans la potasse, conséquemment il est très-probable que 100 de graisse fluide neutralisent 1 6,58 de potasse. 5. Puisque la potasse peut dissoudre au moins autant de graisse saponifiée que de graisse fluide pure, il faut en con- clure, ainsi que je l’avois soupçonné dans mon second Mé- moire , qu’il existe une affinité réelle entre certains savons de différens acides huileux. 6. J’ai trouvé dans une expérience que loo de graisse de porc saponifiée étoient dissous à chaud par 10,29 de soude qui tenoit un peu d’acide muriatique. 7. Si la jii’oportion de la mai’garine et de la graisse fluide dans la graisse saponifiée étoit connue, rien- ne seroit plus facile h déterminer que le rapport où cette dernière se trouve unie à l’alcali dans le savon de graisse de porc parfaitement neutre. Mais faute de cette connoissance, et d’après les ré- sultats mentionnés dans cette note, nous sommes obligés d’avouer que nous ignorons ce rapport 5 cependant on peut conclure qu’il ne doit guère différer de celui de roo à 17. J’avois pensé qu’en lavant le savon de potasse avec une eau saturée de muriate de potasse, on pourroit en séparer l’excès d’alcali ; mais il s’est présenté dans le cours de l’expérience plusieurs difficultés qui m’ont^ obligé d’ajourner ce travail. Nota. De» espérieiices faites quatre mois après la lecture de ce Mémoire à l’Ins- titut, sur la proportion du savon de graisse fluide et de barite, m’ont donné des résultats très-différens de ceux qui sont exposés dans ce Mémoire : j’ai-trouvé ec savon composé de lOO de graisse fluide et de 3o à 33 de barite, au lieu de 26,97 de barite, trouvé précédemment. J’ignore absolument la cause de cette différence. SUITE DU MÉMOIRE Sur les Plantes auxquelles on attribue un Placenta central libre , et Reçue des Familles auxquelles ces plantes appartiennent. ( Voyez la Planclie IV. ) PAR M. AUGUSTE DE S A-INT-HIL AIRE. § II 1. De la Famille des Portu lac ée s. Je vais à présent, passer aux Portulacées , la première fa- mille, qui dans l’ordre naturel, se présente après les carjo- phjllées , avec un axe central dans une capsule uniloculaire. Dans le portidaca, un style unique se divise jusqu’à moitié, ou au-delà, en cinq branches stigmatiques du côté qui regarde le centre de la fleur (i). Olva^^Jilets s’élèvent du fond de l’ovaire qui est à une seule loge, et le traversent dans toute sa longueur (a). Aucune substance ne se trouve inter- posée entre ces Jîlets j ils ne sont nullement soudés; mais, quoique ordinairement appliqués les uns sur les autres, ils (1) Dans le poriulaca pilosa L. les divisions du style ne sont d’al)ord stigma- tiques que sur les côtés; mais ensuite les deux rangées marginales de glandes se rapprochent vers le sommet des divisions, et là toute la surface intérieure est stigmatique. [2) Dans les pourpiers où le style n’auroit que trois ou quatre divisions stigma- tiques, il est évident que l’axe ne seroit composé que de trois ou quatre filets. 19^5 Placenta central libre. restent parfaitement distincts. Cependant un peu avant-d’en- trer dans le style, ils se confondent en un seul faisceau vas- culaire qui bientôt se partage, dans le style même, en cinq nouvelles branches, et chacune pénètre dans l’une des divi- sions stigmatiques (i). A peu près jusqu’aux deux tiers, ou^ au-delà, les Jîlets donnent naissance à de nombreux ovules, mais ils restent nus dans leur partie supérieure. Après la fé- condation, l’ovaire prend un accroissement sensible; le% filets se rompent à leur extrémité; les cordons ombilicaux s’allongent; la partie des filets cj[ui ne portoit point d’ovules, disparoît, et les semences semblent portées par cinq pla- centas lib res (2). Les auteurs ont attribué au montia trois semences atta- chées au fond de la capsule ; mais comme on va le voir, l’or- ganisation de l’ovaire ne diffère pas essentiellement de celle que l’on observe dans le jeune fruit du portulaca. D’abord le montia n’a point trois styles comme on l’a dit , mais un style unique, caduc, très- court, partagé à peu près jusqu’à moitié en trois branches stigmatiques du côté intérieur. L’ovaire est glabre, trilobé, obtus au sommet, un peu ré- tréci à la base, uniloculaire, et porte sur sa paroi intérieure le rudiment de trois cloisons dont on ne voit plus guères que la place quand la capsule est mûre. Cet ovaire est entiè- (1) Outre ces cinq rameaux vasculaires , j’ai cru voir dans Je style cinq autres faisceaux plus extérieurs que je serois porté à regarder comme nourriciers. (2) Les filets n’étant plus retenus par leur sommet, s’écartent les uns des autres , et s’inclinent contre les parois, du péricarpe. C’est dans cet état que Gærtner a décrit et figuré la capsule du portulaca pilosa L. {Fruct, p. 312, tab. 128. ) Famille des Portulacées. 197 remeiit traversé par un axe filiforme composé de lYoisJilets , et tout-à-fait à sa iSase, qui est uii peu épaissie, sont attachés trois ovules. Immédiatement après L’émission du pollen, l’axe se rompt un peu au-dessus du milieu 5 il s’oblitère; lors de la maturité par laite , il n’en existe plus aucune trace, et alors les semences paroissent simplement attachées au fond de la loge. Tout en décrivant la capsule- du clajtonia comme trilo- culaire, M. de Jussieu avoit cependant senti les rapports de cette plante avec le inontia ÇGen. PI., p. 3i3). Cette af- finité a déjà été confirmée par des descriptions plus récentes qui avec raison donnent au clajtonia un fruit à .une seule loge; mais bientôt on verra mieux encore combien sont réels les rapports de ces deux genres. Le clajtonia perfoliata Wild. ( cubensis Bonpl. ) m’a offert, comme la niontie des fontaines , un style unique divisé jusqu’à moitié en trois branches stigmatiques du côté intérieur seulement. L’ovaire glabre, globuleux et à une seule loge est traversé par qui passe dans, le style et qui, suivant tonte analogie, est composé de trois branches soudées ensemble. TQijt-à-fait à son origine, cet axe central est renflé et charnu, et à la base de la partie renflée sont attachés trois ovules qui rempKssent toute la logu, et dirigent leur sommet vers celui du péricarpe. ( Qc. ascendaïis Piich. ) Le telepliiuin imperatiG. m’a présenté un style unique, continu avec la capsule et .divisé presque juaqu’à la base en trois branches stigmatiques du côté seulement qui regarde le centre de la fleur. L’ovaire à trois faces est traversé par un axe central composé de trois filets blancs et diaphanes. Me'ni. du Muséum, t. 2. 26 19^ Placetîta central libre. Depuis ia base de l’ovaire, jusqu’au tiers de sa longueur, il ])art, de la partie moyenne des faces du péricarpe, trois cloisons c[ui s’épaississent d’une manière très- sensible en approchant du centre, et dont chacune tombe sur le milieu d’un àesjîlets de l’axe. De cette manière, l’ovaire se trouve être inférieurement à trois loges, et c’est dans leur angle interne seulement que sont attachés les ovules. Les filets , depuis leur base jusqu’au sommet des cloisons, sont réunis par une- substance verte interposée entre eux 5 cette sub- stance s’arrête au même point c[ue les cloisons ; les Jîlets sont ensuite intimement rapprochés, mais ils n’ont aucune adhé- rence (i). On voit par cette description que le telephiuni forme un passage entre les portulacées à capsule unilocu- laire et celles dont le fruit est à plusieurs loges, passage déjà ébauché par les rudimens de cloison qu’on observe dans l’ovaire du montia. Les portulacées que je viens dé passer en revue ont toutes un axe central composé d’autant de filets qu’il y a de divisions dans le style. J’ai trouvé dans le seul talinwn (2) une exception remarquable à cette espèce de règle. En effet avec un style unique comme celui des autres portulacées , mais également divisé en trois branches stigmaticjues, ce genre m’a offert un axe tout entouré d’ovules, parfaitement simple , cylindrique et en forme de colonne. On peut dire, en général, qu’un des caractères des portu-^ lacées à Jruit 'uniloculaire est d’avoir, comme les caryo- (1) Les cloisons du quoiqu’iniparfaites, sé retrouvent encore dans sa capsule mûre ; mais les proportions des diÉFérentes parties ne sont plus les mêmes. (2) Talinum punicitlatum. Famille DES Portul acées. 199 phyllées, un axe central auquel les ovules sont attachés , qui, avant la j'écondation , travei'se le péricai'pe dans toute sa longueur et qui se brise après V émission du pollen. Cependant, -d’après les descriptions que j’ai données plus haut, il est évident que cet axe n’est point organisé, du moins dans tous les genres , coinmo celui des caryophyllées ; il est évident encore que sa structure intérieure doit varier, suivant les genres. Dans \es portulaca où cinq filets, distincts portent les ovules, chacun d’eux doit nécessairement réunir tout à la fois des vaisseaux conducteurs et nouri'iciers (1)5 et en effet, il m’a semblé apercevoir deux faisceaux qui s’élèvent concurremment dans chaque du moins jusqu’au point où le filet cesse de porter des ovules. \jes conducteurs et les nburriciers . doivent être bien intimement unis dans l’axe du talinum, car je n’al pu y découvrir qu’un seul faisceau entouré de tissu cellulaire, et ce n’est qu après avoir tra- versé le péricarpe, après avoir pénétré dans. le style, que ce faisceau m’a paru se diviser en trois rameaux dont chacun passe dans l’une des divisions stigmatiques. Le -renflement que j’ai dit exister tout- à-fait à la base de l’axe central du -montia et du clajtonia me paroît annoncer suffisamment la présence des noiindciers unis aux conducteurs : il est à re- marquer que ce renflement cesse au-dessus du point où sont attachés les trois ovules; plus haut les nourriciers seroient inutiles, et les Jîlets parfaitement uniformes dans le reste de (1) Il est éviJent qu’il doit eu être de même du gypsophila muralis L. qui , comme je l’ai dit plus haut, présente une exception remarquable parmi les-c^z- ryophyllées et dont l’axe est simplement composé de deux filets seminifères ap- pliqués l’un sur l’autre sans aucune substance interposée. 26* 200 Placenta central libre. leur longueur, ne sont plus formés sans doiite que par la suite du faisceau conducteur (i). Le telephium doit néces- sairement présenter une structure plus analogue à celle des caryophyllées : en effet, on a vu qun ses ovules étoient attachés sur les côtés àes filets dans l’angle intérieur des loges imparfaites, et que, tant qu’il y avoit des ovules, il y avoit aussi une substance verte interposée entre \e^ filets. ^ cette substance vej'te est bien certainement traversée par des vaisseaux; ils ne peuvent être que nourriciers , puisqu’ils ne s’élèvent cjue jusqu’au tiers de l’axe; voilà donc tout à la fois des ovules placés comme dans les caryoplijllées , et , comme chez elles, deux ordres de vaisseaux laien distincts. Si l’organisation intime de l’axe des portulacées n’est point parfaitement uniforme, et ne peut être toujours op- posée à celle de l’axe des caryophyllées , on trouve du moins une dift’érence constante dans les styles de ces deux familles. Dans la dernière, comme on l’a vu, les styles sont parfaitement distincts, et au contraire chez les portula- ce'es, il y a. toujours un style unique divisé plus ou moins profondément en un certain nombre de branches stigma- tiques (2). Cette différence tient à ce que, dans les caryo- (1) hehuffohia, doiit j’al parlé en traitant des cary ophy liées , a son axe organisé comme celui du inontia, et c’est de la même manière qu’on doit en expliquer la structure. (2) Tantôt toute la surface intérieure des divisions du style est couverte, sans interriipiion , de glandes sligmatiques depuis la Lise de ces mêmes divisions, et alors il n’y a réellement qu’un seul stigmate tri-quadri ou quinquepartile , ce qu’on peut observer dans \eportulaca oleracea\i.-, tantôt au contraire les glandes, comme dans le P.pilosa L., ne commencent qu’au-dessus de la base des branches du style, et il est évident qu’alors il y a autant de stigmates que de branches. 201 Famille des Portulacees. phjllées , les conducteurs après avoir été réunis en un seul tout^ se partagent de nouveau au sortir même du péricarpe, tandis que chez les portulacees la séparation n’a lieu que dans le style (i). Les caractères que j’ai indiqués dans cette dernlère.famille vont me servir de pierre de touche pour l’examen de quel- cjues genres qui doivent en être éloignés ou rapprochés. Un port bien différent de celui des portulacées et c[ui rappelle la gratiole officinale avoit déjà inspiré c]uelc[ues doutesàM. de Jussieu sur la ^téritable place du genre bacopa' Aubh; et l’on sait combien de fois les conjectures de cet illustre botaniste ont devancé les résultats de l’observation. En décrivant \e. bacopa (Aubl. Guy., tab. 49, p- 12S), Aublet n’ avoit rien dit de l’intérieur de l’ovaire. Dans plusieurs échantillons secs, je l’ai trouvé divisé en deux loges par une cloison qui dans chaque loge porte un large placenta chargé d’ovules très -nombreux. Cette orgai^sation est celle des scrophularinées qui réclament encore le genre dont il s’agit à cause de sa physionomie, de son calice irrégulier, de sa corolle monopétale, enfin de son stigmate bien différent de celui des portulacées. A la vérité la base de l’ovaire a été indiquée comme adhérente au calice; mais cette différence est (1) Je ne parle ici que des portulacées à fruit uniloculaire ; car je sais bien què, dans la seconde section de cette famille, on trouve des styles parfaitcnient dis- tincts et autant de stigmates latéraux. Mais il y a infiniment plus de différence entre cette section et la première qu’entre les caryophyllées à capsule unilocu- laire et celles dont le fruit est à plusieurs loges. Au reste, je crois qu'il faudra revoir cette seconde section, et en particulier le Irlctnlhema dont toutes les es- pèces pourroient bien ne pas être biloculaires. 203 Placenta central libre. extrêmement peu de chose, comme on peut s’en convaincre même par la figure d’Aublet; et quand on la trouvei’oit plus sensible, le bacopa seroit parmi les scrophidarinées ce qu’est le samolus dans la famille des lysiinacJiies. Les se- Tiiences sont extrêmement petites, oblongues, très-étroites, ordinairement un peu arquées 5 je n’ai pu y voir la place de l’embryon , mais leur forme , qui est celle de la plupart des graines de scrophidarinées, n’admet certainement point, comme chez les portidacées, un embryon courbé circulai- ' rement autour du périsperme.» Tout en admettant le turnera dans cette dernière famille, M. de Jussieu avoit déjà élevé des doutes sur la place de ce genre. Il s’éloigne entièrement des portidacées par le dé- faut d’axe central, et comme Ventenat l’a ti’ès-bien observé ( Tab. veg. , t. 4? P- 26 ), il en diffère encore par sa physio- nomie , par les trois valves seminifères de sa capsule à une seule loge, et par le }:jprisperme charnu-succulent qui entoure un embryon dont la radicule est tournée vers l’ombilic (i). Si les turnera avoient des étamines hypogynes, il est bien évident qu’il faudroit les ranger parmi les violacées^ mais tous les auteurs, quelque méthode qu’ils aient suivie, s’ac- cordent à dire que les étamines sont insérées sur le calice, et j’ai moi-même observé ce caractère dans les ticriiera piani- lea L. , cistoides L. .et idniifolicC\i. (2). C’est donc dans la (1) Gærtner ( t. i , p. 3G6, tab. 76) indique ces caractères clans le T. ulmifotia L. , et je les ai retrouvés dans une autre espèce ^ le T. sidoides L. J’y ai observé également l’arille ligulé dont le carpologiste allemand fait mention, et des semences ponctuées. (2) Il est évident tpie l’on a eu tort de proposer la réunion du piriqueia Aubl, Famille des Portulacées. 2o3 quatorzième classe des ordres naturels cju’il faut chercher la véritable place du turnera. Le chrysospleniwn (i) parmi les saxifi'agées J le 7'ibes et même plusieurs Jicoïdes présentent aussi des semences attachées aux parois de l’ovaire ; mais dans le ribes le fruit est plein de sucs, et les placentas seu- lement au nombre de deux ; dans le chrysosplenium , il n’y a non plus que deux placentas dans ùn ovaire inférieur, et la capsule terminée par deux becs, présente une déhiscence essentiellement différente de celle du turnera et pour ainsi dire particulière aux saxifragées • enfin ceux Jicoïdes dont les semences sont portées sur les parois de la capsule n’en ont pas moins un fruit à plusieurs loges (2). La nature du périsperme dans le idbes et chez les Jicoïdes, et la posi- tion de l’embryon dans la graine suffisent d’ailleurs pour écarter toute idée de rapprochement entre ces plantes et le turnej'a. Il existe encore une famille de polypétales à éta- mines périgynes où l’on trouve des placentas pariétaux, celle des Ibasées (Jus. Jinn. Mus., t. 5), et c’est elle aussi qui présente les rapports les plus réels avec le tui'nera. Il eu diffère sans doute par ses étamines en nombre déterminé, par ses trois styles et par son ovaire libre , au moins dans plusieurs espèces 5 mais d’un autre côté combien ne s’en rap- au turnera , puisque le premier de ces deux genres a des étamines insérées sous l’ovaire. M. de Jussieu s’étoit contenté d’indiquer quelque resseinblauce entre ces plantes. (1) Les auteurs attribuent au cJirysosplenimn'âss semences attachées au fond de la capsule, mais ce caractère n’est pas exact. (2) Jédois à M. Dutour de Salvert cette observation que j’ai vérifiée sur plu- sieurs espèces. Je pourrai en donner les détails dans une revue de la famille des ficoïdes. 2o4 Placenta central libre. proche-t-il pas par son frnit capsulaire, par les trois valves qui composent ce fruit et par ses trois placentas pariétaux ! Jusqu’à présent on n’a fait aucune mention de la’ semence des loasées ■ mais il devenoit essentiel d’en connoître l’or- ganisation pour la comparer à celle bien connue des graines de tiœnera. J’ai donc disséqué la semence du loasa conforta^ et voici les caractères que j’y ai observés. Peu anguleuse et couverte extérieurement de replis membraneux (i), elle m’a offert à l’intérieur un périspenne charnu-succideiit dont Taxe est occupé par un embryon linéaire-oblong à radi- cule tournée vers V ombilic. La graine du rnentzelia hispida Lam., différente au dehors, m’a fait voir dans son amande Rich. des caractères semblables. Ce sont absolument ceux des tiaiiera, et cette ressemblance parfaite achève de démontrer la nécessité de rapprocher ces plantes. La difterence de la situation de l’ovaire est même un peu infirmée par une observation remarquable d’Adanson. « Ae calice, dit -il, B ( fam. 1 1 , p. 238 ) est posé plus ou moins haut sur V oV aire avec lequel il fait cojps dans le turnera quon regarde communément comme ayan t la fleur au-dessous de V ovaire', mais je me suis assuré par nombre d’ expériences , que le calice est attaché à la troisième ou à la quatrième partie de l’ovaire avec lequel il j^ait coips. » J’ai trouvé le calice tout-à-fàit libre dans les T. ulmifolia , cistoides et piimilea L. ; mais comme il est difficile de supposer qu’un botaniste tel qu’Adanson ait pu se tromper sur le caractère dont il (i) Ces repïis membraaeux n’auroient - ils pas quelque analogie avec l’arjlls lisulé et aussi membraneux du turnera, D • Famille des Portulacées. ao5 s’agit, il faut croire que quelques espèces de turnera ont le calice adhérent dans sa par e inférieure (i). B. de Jussieu avoit déjà placé le turjiera à côté du mentzelia dans la fa- mille onagr aires , et quand j’ai communiqué mes obser- vations h M. A. L. de Jussieu, il a bien voulu me montrer, une note écrite il y a déjà long-temps, et extraite dans le Généra , où il demande si le turnera ne doit pas être réuni aux loasées. Sur un point où l’on est assez heureux pour se rencontrer avec de tels hommes, pourroit-ou se permettre de douter de la justesse de ses idées et de ses observations? Le tamarix appartient encore moins que le turnera à la famille des 'portulacées , car non -seulement ses capsules n’ont point d’axe central, et son port est tout-à-fait différent, mais encore ses graines couronnées par une aigrette renfer- ment un embryon droit entièrement dépourvu de périsperme. Ce genre est destiné sans doute à former dans la suite une fa- mille distincte , car ses diverses espèces présentent des diffé- rences peut-être plus importantes que bien des caractères sur lesquels on a établi un grand nombre de genres. La comparai- son des T. gallica et gernianica L, va nous en fournir une preuve. Dans la dernière de ces espèces, dix étamines sont réunies dans les deux tiers de-leur longueur, et forment autour derovaireune couronne qui, à son origine, est de consistance glanduleuse : au contraire le T. gallica n’a que cinq étamines (i) Au reste , quand même l’observation d’Adanson ne seroit pas exacte, quand même l’ovaire du turnera seroit constamment libre, ce ne seroit point encore une raison pour ne pas le rapprocher des Loasées , car on sait que plusieurs familles voisines, les Saxifragées , les Melastomées , les Ficoïdes admettent tout à la fois des plantes à ovaire libre, et d’autres à ovaire adhérent. Mém. du Muséum, t. 2. 27 2o6 Placènta central libre, dont les filets sont uniquement soudés tout-à-fait à leur base. Le T. germanica n’a véritablement point de style (i) et offre un seul stigmate en tête : le gallica présente un style continu avec l’ovaire, très-profondément tripartite ou peut-être trois styles, et il a autant de stigmates placés obliquement à l’ex- trémité des divisions du style. A la vérité dans les deux es- pèces, l’ovaire est glabre, allongé, triangulaire -pyriforme, uniloculaire, polysperme, et la capsule s’ouvre en trois valves J mais il s’en faut que les ovules soient attachés de la même manière. L’ovaire du T. germanica renferme trois filets assez gros qui partent du fond de la loge, sont simple- ment a'Jipliqués contre le milieu des valves, et contractent à peine quelque adhérence avec le sommet du péricarpe; tout- à-fait à sa base, chaque filet qui n’est qu’une des trois branches d’un cordon pistillaire, chaque filet, dis-je, s’épais- sit, devient charnu, et cette partie plus épaisse et convexe forme un placenta où sont attachés de très-nombreux ovules dont le sommet se dirige, vers celui de la loge ( on. as- cendans Rich. ) (2). Les trois filets se retrouvent dans le T. gallica, mais ils sont moins gros et adhèrent au péricarpe dans toute leur longueur; leur base ne s’épaissit point, ils ne portent pas les ovules , et ces derniers sont attachés tout- (1) C’est à tort que l’on a attribué trois styles spécialement à cette espèce. (2) L’épaississement de la base des branches du cordon pistillaire me paroît in- diquer la présence des vaisseaux nourriciers s’arrêtent toujours au même point que les ovules. I.e reste du filet appartiendroit uniquement au faisceau conducteur. Voici comment Gtertner a décrit le cordon pistillaire du T. germa- nica L. ; Recept. linea elevata niedio valvarum parieti interno inscripta versu basin desinens in laminam spongiosam cui semina undique affixa ( Fruct. t, lab. 61 , p.291 ). Famille des Porïulacées. 207 à-fait au fond de la loge ; les ovules sont par conséquent dressés ( Rich. ) au lieu d’étre ascendans , et ne forment qu’un seul groupe, ou placenta, tandis que ceux du T. ger- manica doivent nécessairement en former trois parfaitement distincts. Malgré ces différences extrêmement remarquables, le genre tamarix n’est pas encore assez nombreux , et présente jusqu’à présent Un port trop uniforme pour être divisé (i). Contentons-nous pour le moment de chercher quelles sont les familles dont il s’éloigne le moins. Un botaniste célèbre ( De C. Fl. Fr., t. IV, p. dqg) dit, d’après Linné et W’illde- now, que ce genre u’a de rapport qu’avec le reaumuria, et que tous les deux doivent probablement être placés dans la famille des hjpéricées. Ce n’est point ici le lieu de faire conuoître la structure remarquable de l’ovaire du reaumu- lia (2), structure qui l’éloigne beaucoup des millepertuis , mais il est certain que d’ailleurs il a des affinités avec eux par ses styles, sés stigmates, et surtout par ses étamines en nombre indéterminé bien manifestement hypogynes et for- mant cinq groupes principaux. Ces derniers caractères écar- tent nécessairement le tamarix, dont les étamines sont périgynes , du reaumuria qui en outre a des semences velues, mais sans aigr'ette, et un embryon droit entouré jusqu à la radicule par un périsperme farineux (3). C’est évidemment parmi les familles de poljpétales à éta- (1) On en trouve cependant en R.ussie une espèce dont les feuilles beaucoup plus grandes qu’elles ne sont ordinairement , rappellent un peu celles de Vif. (2) I.a description de cet ovaire fera nécessairement partie de la revue des ficoïdes j’ai déjà annoncée. (3) .l’ai observé ces caractères donsle 72. vermiculalal-t. ao8 Placenta central libre. 7nines périgjnes à einhyon dépoinvu de périspenne qu’il faut chercher la place du tainarix. Il diffère de toutes par l’intérieur de son ovaire, mais je n’en vois aucune dont il s’éloigne moins d’ailleurs que des salicariées • et peut-être les caractères tirés de la structure du fruit n’ont-ils pas au- tant d’importance dans ce genre que dans beaucoup d’autres, puisque cette sti’ucture n’est pas exactement la même daD.s toutes les espèces. Si le taniarix n’a point un calice tubulé, il a du moins, comme les salicariées ^ des pétales et des éta- mines en nombre déterminé, un seul ovaire libre, souvent un seul style et un seul stigmate en tête, et ses tiges sont ar- borescentes ainsi que celles du grislea, du ginoria, du pem- phis , etc. D’un autre côté l’aigrette qui termine ses graines lui donne aussi des rapports avec le genre epilobium (i) qui, comme les dxxlxts onagraires , n’a pas non plusdepérisperme, et ces rapports sont encore confirmés par la forme et par la position des graines qui, dans les deux genres, dirigent éga- lement leur sommet vers celui du péricarpe (a). Le taniarix tendroit donc à rapprocher les onagraires des salicariées ^ familles dont M. de Jussieu a déjà indiqué l’affinité (3). (1) L’aigretle est simple dans les epilobium, mais rameuse dans le tamarix. (2) Gærtner a indiqué les semences de V epilobium comme étant pendantes ( Fruct. 1 , p. 167 ). Ce qui a induit en erreur ce célèbre carpologiste , c’est que la semence est encore retenue contre l’axe du fruit par la simple application de son aigrette, lors même qu’elle en est déjà détacliée à son véritable ombilic. (3) Si l’on divise jamais le genre tamarix, et que l’on forme une famille de tamaricinées, e’est entre les onagraires et les salicariées qu’elle devra être placée. Une monographie de ce genre ne seroit pas sans utilité : je souhaiterois que les circonstances me permissent de l’entreprendre. ( La suite au prochain Numéro. ) !2 09 MÉMOIRE SUR LES RHÎZOCTONES, Nouveau genre de Champignons qui attaque les racines des plantes , et en particulier celle de la Luzerne cultivée. PAR M. DE CANDOLLE. 'ÉTUDE des champignons qui semble au premiei’ coup d’œil de peu d’intérêt et de peu d’utilité, a pris de nos jours un degré d’importance assez étendu : non-seulement la distinc- tion exacte de leurs espèces tend à diminuer les dangers c[ue ces végétaux offrent dans leur emploi comme comestibles, mais encore les connoissances cju’on a acquises sur les mœurs des plus petites espèces de cette vaste famille, et en particu- lier sur les espèces parasites, ont éclairé d’un jour tout nou- veau la pathologie végétale et l’agriculture elle-même; l’his- toire des genres œcidiian , puccinia et uredo a fait connoître avec plus de précision les maladies désignées vulgairement sous les noms de rouille , charbon , carie, etc.; celle dn genre erysiphe a fait distinguer l’une des affections confon- dues avec beaucoup d’autres sous le nom de blanc ■ je me propose dans ce Mémoire de faire connoître un nouveau genre de champignons que je nomme rhizoctone (rhizoc- 2 10 SUR LES RhIZOCTONES. tonia) ou mort des racines (i) , parce qu’il attaque et tue assez rapidement les racines des végétaux phanérogames. Avant d’entrer dans l’histoire de la rhizoctone de la luzerne qui fait l’objet spécial de ce Mémoire , il est nécessaire de dire quelcjues mots sur la classification des rhizoctones en général. Linné avoit confondu sous le nom de Ijcoperdon à peu près tous les champignons à spores renfermées dans le peri- dium. M. Persoon dont les recherches ont, comme on sait, singulièrement avancé la classification des champignons, a fait du genre Ijcoperdon de Linné une tribu, sous le nom de champignons angiocarpes, et l’a divisée en un grand nom- bre de genres, la plupart très -bien caractérisés, tels que les tiichia , les œcidiwn^ les nredo ^ les piiccinia, les Ijcoper- don et les triiffes,- puis il rejeta dans le genre sclerotium un grand nombre de fongosités un peu semblables aux truffes en ce qu’elles sont charnues à l’intérieur, mais qui en diffè- rent en ce que leur substance interne n’est point marquée de ces veines si remarquables dans les vraies truffes , et. qui les rendent comme marbrées. Quoique cette classification fut fort supérieure aux précédentes , il étoit facile de s’aper- cevoir que le genre sclerotium renfermoit encore des -es- pèces fort hétérogènes; déjà Hedwig fils en a séparé avec raison le genre érjsiphe que j’ai décrit dans la 3^. édition de la Flore française, et qui renferme un nombre assez considérable d’espèces toutes parasites sur la superficie des feuilles vivantes. (i) raciae, et x.lcivà,je tue. 21 ï SUR LES xiHIZOCTONES. Meme après cette élimination des érysiphes , le genre scle- Totiwn restoit encore composé de deux groupes bien dis- tincts 5 les vrais sclerotiurn , les seuls auxquels pour l’avenir je conserverai ce nom, sont des fongosités de forme arrondie peu régulière , de consistance charnue , dont la substance est dépourvue des veines qu’on observe dans les trulfes, et qui n’émettent par aucun point de leur surface aucune sorte de filament ni de racines. Ces champignons ne sont pas essen- tiellement parasites et ont une manière de vivre fort ana- logue à celle des sphœria; on en trouve dans le fumier, dans la terre, dans le tan, dans les tiges des herbes mourantes, et sur les feuilles prêtes à mourir : probablement dans ces deux derniers cas ils accélèrent la mort des plantes qu’ils attaquent 5 mais comme ils ne se développent que rarement sur les plantes en état de santé, ils ne deviennent cause im- médiate d’aucune maladie et sont beaucoup moins importans à connoître que les suivans. Les rhizoctones sont des champignons composés de tuber- cules arrondis, irréguliers, charnus., dont la substance interne ne présente aucunes veines visibles, mais qui diffèrent des précédens en ce que leur surface émet çà et là des filamens byssoïdes simples ou très-rameux; ces champignons vivent sur les racines des plantes, les attaquent par l’extérieur et les épuisent en absorbant leur nourriture; ils se multiplient avec une rapidité prodigieuse par le moyen de ces filamens qui se prolongent indéfiniment, se propagent d’une plante à l’autre et forment ainsi des maladies contagieuses dont plu- sieurs de nos plantes cnltivées souffrent beaucoup. Je dé- peindrai les- rhizoctones en deux mots , en disant que ces Z 212 SUR LES RhIZOCTONES. champignons ont les filamens des byssus joints aux tubéro- sités des sclej'otiwn. La seule espèce de ce genre jusqu’ici bien connue des na- turalistes est la rhizoctone des safrans (/?. crocorum) dési- gnée par Bulliard sous le nom de tuber parasiticum , et par Persoon sous celui de sclerotium crocorum. C’est elle qui produit là maladie trop célèbre en Gatinois, sous le nom de moi't des safrans, et si bien décrite par Duhamel; elle est trop connue pour faire autre chose que la mentionner ici afin de la rapporter au genre. Je dirai seulement qu’elle est de couleur roux-fauve, et que ses tubercules sont proportion- nellement plus gros que dans les espèces suivantes. La seconde espèce de rhizoctone est celle que j’ai eu occasion d’observer de plus près : je la nomme rhizoctone de la lu- zerne (i?. medicaginis') du nom de la plante sur laquelle elle exerce ses ravages. Elle offre des tubercides de forme irrégu- lière qui émettent de côté et d’autre des filamens byssoides : les tubercules sont blanchâtres à l’intérieur lorsqu’ils sont jaunes, puis deviennent en dedans et en dehors d’un pourpre tirant sur la couleur du vin et finissent par devenir noirâtres. Leur consistance est charnue, fragile : les filets byssoides sont d’un beau pourpre tirant sur la couleur de lacque; ou les voit tantôt courir d’une racine à l’autre, tantôt recouvrir l’écorce entière des racines et se présenter au premier aspect comme un tissu impalpable et coloré ; ces filets ne s’épanouissent pas à leur extrémité sur la racine comme dans la R. des safrans , mais ils l’embrassent étroitement ; quelquefois on trouve des racines de luzerne entièrement couvertes de ces filets bys-r soldes sans aucuns tubercules, soit que ceux-ci ne saient pa:s SüR LES E.HÎZOCTONES. 2l3 encore développés, soit qu’ils soient profondément enfouis; les tubercules lorscju’ils existent sont ordinairement placés sous les bifurcations des grosses branches de la racine, aussi trouve-t-on beaucoup plus fréquemment des tubercules dans les luzernes plantées que dans les luzernes semées, parce que par l’effet même de la transplantation leur racine se ramifie davantage. Cette plus grande ramification des ra- cines de luzernes plantées fait cjue la rhizoctone s’y propage d’une plante à l’autre par les radicules latérales , plus facile - ment que dans les luzernes semées dont les racines sont presque pivotantes. J’ai di\ la première connoissance de cette maladie à M. Auguste Cambon , agriculteur habile des envi- rons de Montpellier, c[ui ayant des luzernes plantées a été plus à même d’observer la cause de leur dépérissement. Les luzernes commencent ordinairement à être attaquées de la rhizoctone au commencement de jnillet, et il m’a paru que les ravages cessoient à l’entrée de l’hiver. Les pieds qui en sont attaqués se fanent, puis jaunissent et meurent assez rapidement; les filets byssoïdes partent en tous sens de chacun des pieds attaqués et vont en rayonnant attaquer les pieds voisins qu’ils tuent de la même manière ; de cette, marche excentrique résulte dans les luzernières des espaces arrondis, quelquefois rigoureusement circulaires, dont tous les pieds de luzerne sont détruits et où ceux du bord ont l’air languissant. C’est à cause de cette disposition qu’on a donné à cette maladie le nom de luzeime couronnée. Elle est malheureusement assez commune dans toute la France; c’est aux environs de Montpellier que j’ai observé en détail le champignon qui en est la cause; mais la similitude des Méin. du Muséum, t. 2. 28 2i4 sue les Khizoctones. phénomènes extérieurs de celte maladie m’autorise à penser qu’on retrouvera ce champiguon dans toutes les parties de la France (i). Cette maladie est plus fréquente dans les lieux bas et où l’humidité peut séjourner; lorsqu’elle commence dans une prairie, c’est généralement dans quelque point ou le ter- rein est un peu déprimé; probablement l’humidité stag- nante favorise le développement de la rhizoctone , comme les brouillards ou les pluies continues favorisent les champi- gnons qui produisent la rouille ou le charbon. Le seul moyen certain d’arrêter les progrès des rhizoctones est de cerner les pieds attaqués par un fossé circulaire assez profond pour empêcher le prolongement des filets byssoïdes et de rejeter la terre du fossé sur le centre du cercle, afin qu’elle n’aille pas porter au dehors les germes de la conta- gion. Cette opération se pratique habituellement et avec succès dans les safranières du Gatinois, mais la profondeur des racines de la luzerne rendra toujours cette opération difficile : il sera d’autant plus essentiel de donner des soins pour préserver les luzernes de la maladie; à cet effet, on devra, ce me semble, i®. établir dans les luzernières mena- cées des rigoles pour l’écoulement des eaux; 2®. niveller le terrein aussi exactement qu’on le pourra, afin qu’aucune place ne conserve d’eau stagnante; 3®. éviter d’avoir des luzernes plantées dans des lieux trop humides et préférer dans ces terreins les luzernes semées; 4°- détruire sur-le- (i] Depuis la lecture de ce Mémoire, qui a eu lieu à la première classe de l’Ins- tiiul en septembre i8i3, M. Vaucher a découvert la Rhizoctone de la luzerne dans les environs de Genève, et a aussi observé son influence funeste sur les luzernes. Sur les Rhizoctones. 21^ champ et complètement les pieds de luzerne qu’on voit faner sans cause extérieure; 5®. enfin placer les pieds de luzerne à une distance plus grande qu’on rua coutume de le faire gé- néralement, car ce même M. Cambon, qui a le premier appelé mon attention sur cette maladie, a vu par son expérience que les luzernières dont les plants sont écartés de un , deux et même trois pieds rapportent plus que celles dont les plants sont plus ra])prochés : ainsi par cet écartement on obtient et une plus grande récolte et uneprobabilité d’éviter la rhizoctone. Outre les deux rhizoctones que je viens d’indicjuer, on peut encore soupçonner l’existence de quekjües autres. Ainsi M. Bosc a vu le premier, dans la pépinière du Luxembourg, et je l’ai vu de même à Montpellier, des filets blancs et byssoides attaquer les racines des jeunes pommiers et se propager des uns aux autres; je présume que c’est une rhi- zoctone, quoique je n’aie pu encore en découvrir les tuber- cules. Je ne doute point que la plupart des bissus souterreins indiqués dans quelques auteurs ne rentrent dans notre nou- veau genre : je soupçonne que les champignons analogues à la R. du safran et observés par Duhamel sur les racines de l’hieble et de l’asperge seront, lorscju’on les aura étudiés, reconnus pour de nouvelles espèces de rhizoctones. J’ai cru devoir faire connoître mes observations actuelles sur ces vé- gétaux, soit parce qu’elles font connoître une maladie grave de l’une des plantes que nous cultivons le plus généralement, soit parce qu’elles pourront mettre les observateurs sur la voie pour en découvrir d’autres espèces. Je termine ce Mé- moire en présentant les caractères du genre et des espèces dans la forme adoptée par les botanistes. 28 * SUR LES RhIZOCTONES. 2i6 N RHIZOCTONIA. Sclerofii sp. Pars. — Tuberis sp. Bull. Car. Tubercula ovoidea aut irregulariter rotundata, undique fila gracilia byssoideaque emitteiitia , intus carnosa , venis destituta , super radices planfarum vivarum incumbentia et eas enecantia. 1. Rhizoctonia crocorum. R. rufa , filis parcis apice super bulbos in discum expansis. Mort du safran. Duh. Mem. acad. /720. — Foug. Mem. acad. Tuber parasiticum. Bull. Champ, p. 81, i. 456. Sclerotium crocorum. Fers. Syn. Pr., ed.5,voI. 2,p. 277^ Tuber croci. Dubois Fl. Orl. p. l5o. Rhizoctonia crocorum. DC. Fl. Fr. ed. 3, vol. 5, p. iii. Hab. in bulbis croci sativi circa Aureliam. 2. Rhizoctonia medicaginis. Tab. i.* R. purpuro-violacea J filamentis tenuissimis super radices arctè incumbentibus. Rhizoctonia medicaginis. DC. Fl. Fr. , ed. 3, vol. 5, p. ni. Hab. in radicibus medicaginis sativæ circa Monspelium, Gene- vam et verosimiliter in Gallia et Europa tota. 3 ? Rhizoctonia mali. R. ? alha ^ filis tenuissimis super radices arctè incumbentibus. Hab. in radicibus raali sativi junioris j Parisiis j Monspelii, etc. Tubercula ignota. RH I Z OC T'ÛJVICL me^ficmjfmu' ■ P/. ■ «>' rv i r-ç'--/- ' '■ ■■'. 1^.%^ .f- . '\ "r> ff'f #. I:?'^ I- _ ép'i- ' ■; : 'f i-K .-M. ^ ' ■ ; . ,. - >v. , . -, ''f 4'm:^ '<- . . ■ ■ = , 1 . •■’ .' ' -, '*■ . i*' •■ ■ < 1 ^ ., •• > ..: - , ! ■' ■• ■ -- '-rr '‘j sEff ^ .» ■' ■ !( . • - X. - ■■ .V • ■ •; » ■ If :44: -''c/ifl ■' ‘ 440^: :¥400é0^ >■ ; ;-. .. . ■ ■■' i . ■ , •'• ■ >' -V-. -■' .', à44 'f î’f - ' - . ‘^. . ■: ,;.v,. $ 'm:;m „■ J-',;.;- Ÿ, r;rf^' 4tP4/‘f04l- '>ü4 ’ '■•. ■ : ■' • !■ vx - r '•■4' 5!'^'? ^ - ■•!'. --vr ;■ i; SH^‘r .' . -ï . ■■■If ' 4y'ii¥-^040'‘'' 1 ; « . . • # .^ rî-f.v-f :• 1- 4. < ;,, ' ■ ■ ■X»- - ■: ,ï , ; . ,. • -.JJ. ••■■'■ ' *5,-» '-. :-j OBSERVATIONS Sur la préparation de F Acide acétique retiré du Bois. PAR M. VAUQUELIN. Lorsqu’en 1800 (i), nous fîmes connoître, M. Fourcroy eE moi, que l’acide que Fou tire par le feu des bois et des gommes, et qui étoient auparavant désignés par les noms d’acides pyroligneux et pyromuqueux, étoient de l’acide acétique combiné avec de l’huile pyrogénée dont on pouvoit le séparer par sa combinaison avec la potasse et la décom-* position du sel résultant, par l’acide sulfurique , nous ne pré- voyons pas alors que cette découverte donneroit bientôt après naissance à de nombreux établissemens utiles. Mais ceux qui se sont occupés avant nous de ces acides ^ paroissent avoir ignoré que Glauber avoit dit cpie l’acide obtenu des bois par la distillation est de la même nature c[ue le vinaigre de vin, et que même on peut l’avoir beaucoup plus fort. ]N ous ne faisons point de reproches de cette omission aux chimistes qui ont suivi Glauber j nous-mêmes nous ignorions, c[uand nous publiâmes notre Mémoire , ce qu’en avoit dit ce chimiste. (i) Annales de Chimie , tome 35, p. iGi-, 2i8 Acide acétique. Ce qu’il y a de remarquable, c’est que Glauber avoit ima- giné un four qu’il appelle presse , pour avoir en même temps le charbon, l’acide et le goudron du bois, et qui est fort analogue à ceux dont on se sert aujourd’hui au même usage (i). Il ajoute que si l’on vouloit se servir de cet acide comme du vinaigre ordinaire, on seroit obligé de lui faire subir des rectifications longues et dispendieuses, mais il ne dit point quels moyens il faudroit employer (2). Au sujet de l’acide du bois, Glauber rappelle l’ancienne opinion de quelques historiens qui croyoient qu’Annibal avoit ouvert à son armée un passage à travers les Alpes en ramollissant les rochers avec du vinaigre ; et il dit que si ce capitaine avoit eu à sa disposition de l’acide du bois , il seroit venu plus promptement à bout de cette entreprise; cela prouve que l’on peut être grand chimiste et très-crédule (3). Je ne parlerai point ici de la manière de distiller les bois (1) De figura, usu et utiUtate prœli, sive torcularis cujus adjumento ex lignis sine magno labore, copiosè exprimitur succus idoneiis , ex quo salpetrœ paratur. Miraculi mundi continualio, pag. i6. (2) Acelum ex viridibus lignis quotidie centum mensuras , unà cum oleo ligni preparare sine sumptu ; verùm si eo quis instar alterius aceti uti velit , requirit rectificationem quœ non nihil temporis et suinptuum posait. Glauberi Apologia , pagina 26, arliculus ig. (3) Nemitii verà velim hoc absurdum et absonum videri , quod lignorum aceto tantas vires adscribam. Vulgare acetum idem facit et durissimos cautes ac rupes emollit ; cur hoc lignorum succus non fiaceret , qui vulgari illo viribus etacrimoriia longe superior est ? jAemoriœ proditum est Hannibalem sibi et exercitui suo per Alpes transitum aceti scopulas emollientes bénéficia aperuisse , quale acetum fuerit historiée tacent , fiorsan vini acetum fuit. Si lignorum acetum habuisset ,fortassis citiùs voti compas fiactusfuisset, Mu'acaVi aiundi continualio, pag. 42. Acide acétique. 219 en grand , cette partie ne m’est pas assez familière pour que je puisse y faire quelques remarques utiles; l’objet que je me suis principalement proposé est i ». d’indiquer aux fabri- cans le mode le plus convenable pour saturer l’acide dubois par le carbonate de chaux; 2». de donner un moyen simple de doser le sulfate de soude pour décomposer l’acétate de chaux; 3o. de faire quelques observations sur la fusion de l’acétate de soude, et sur sa dissolution et cristallisation; 4°. cle faire conuoître le moyen de doser l’acide sulfurique pour décomposer l’acétate de soude; 5o. enfin de présenter quelques observations sur la distillation du vinaigre et sur ses qualités. § 1. De la saturation de V acide empyreinnatique. Le carbonate de chaux ne sature complètement cet acide qu’à l’aide de la chaleur; à froid une portion de l’acide reste constamment libre dans la liqueur , quoiqu’on laisse les ma- tières long-temps en contact et qu’on les agite souvent. Cela tient à la foiblesse de l’acide, et à sa combinaison avec l’huile qui diminuent son action chimique. A mesure que la combinaison s’opère entre la chaux et l’acide, une portion de l’huile se sépare, mais il en reste en- core beaucoup en dissolution avec l’acétate; l’effervescence qui a lieu pendant cette opération est très-écume use, à cause de l’huile et d’une matière visqueuse c[ui se trouve dans le carbonate de chaux ou blanc d’Espagne ordinaire. 19 litres d’acide empyreumatique marquant cinq degrés ont exigé i425 grammes de carbonate de chaux pour être saturés. Ce peu de carbonate qui a suffi pour saturer une 220 Acide acétique. aussi grande quantité d’acide , prouve que la plus grande partie de sa densité est due à l’huile qu’il contient, car de l’acide acétique pur qui auroit le même degré, satureroit une beaucoup plus grande quantité de carbonate de chaux. Il est aisé, d’après cette quantité de carbonate absorbé, de trouver la quantité de sulfate de soude qu’il faut employer pour dé- composer l’acétate de chaux. Il suffit de connoître la quan- tité de chaux contenue dans le carbonate, la c|uantité d’acide sulfurique dans le sulfate de soude, enfin les rapports de la chaux et de l’acide sulfurique pour former le sulfate de chaux. Ainsi le carbonate de chaux contenant 55 centièmes de base , le sulfate de soude cristallisé 27 d’acide , et le sulfate de chaux 46 d’acide et 82 de base , j’ai employé 4166 grammes de sulfate de soude pour décomposer l’acétate de chaux formé avec les 1428 grammes de craie, et j’ai reconnu que cette quantité étoit convenable, car je n’ai point trouvé par la suite de l’opération d’excès de l’un ni de l’autre de ces sels. Il faut faire cette décomposition à l’aide de la chaleur et avec une liqueur suffisamment concentrée pour que la ma- jeure partie du sulfate de chaux soit précipité. Par une ébul- lition prolongée pendant quelcjrue temps, la décomposition s’opère plus promptement, plus complètement, le sulfate de chaux se dépose plus facilement et occupe moins de volume. Lorsque la liqueur est éclaircie, on la décante; on laisse égoiiter le dépôt dans des paniers doublés d’une toile gros- sière, enfin on le lave avec une certaine quantité d’eau froide qu’on met à part pour une opération subséquente, 22 1 Acide acétique. Le sulfate de chaux, quoique bien lavé, retient une assez grande quantité de matière huileuse. Il faut ensuite faire concentrer la liqueur jusqu’au So^, degré chaud, et laisser refroidir pour qu’elle cristallise. Le sel obtenu est coloré, mais beaucoup moins que celui de la deuxième et de la troisième cristallisation des eaux- mères; il arrive même une époque où l’eau -mère prend une telle viscosité qu’elle ne peut plus cristalliser, parce c[ue l’huile reste en plus grande quantité dans la liqueur que dans le sel. Calcination. Lorsque les différentes levées de sel ont été bien égoiitées , on les fait sécher dans une chaudière de fonte un peu pro- fonde et enfoncée dans un fourneau jusqu’au bord. Ap rès s’être fondu, l’acétate de soude se concrète de nou- veau; alors il faut le remuer continuellement avec une spatule de fer proportionnée à la masse du sel, qui ne doit guère excé- der un quintal, autrement on courroit le risque d’en brûler C[uelques parties. Quand il est sec et que la chaleur est suf- fisante, il se fond à la partie inférieure de la chaudière; on se contente alors d’enfoncer avec la spatule, les couches su- périeures, afin que la portion fondue ne se chauffe pas trop; le tout étant en fonte liquide il faut agiter pour mêler les différentes couches, et continuer ainsi jusqu’à ce qu’il ne se dégage plus d’odeur empyreumaticjue , ce cjui se passe dans un demi- cj[uart- d’heure, ou un quart - d’heure , suivant la quantité de sel; il faut seulement avoir l’attention pendant ce temps de ne pas augmenter la chaleur, mais la restreindre Méin. du Muséum, t. 2. 29 222 Acide acétique. seulement à ce qu’il en faut pour entretenir la fusion. On puise la liqueur avec des cuillers en fer, on la coule dans des chaudières de cuivre plates, sur la surface desquelles on l’étend pour qu’elle se fige en couches minces qui s’en dé- tachent d’elles-mêmes , et qui cassées par morceaux sont en- suite faciles à dissoudre. Ce sel ainsi fondu a ordinairement une couleur gris de perle. L’on peut faire subir la même opération à l’eau-mère des sels dont nous venons de parler, mais il est difficile , et peut- être même impossible de détruire toute l’huile qu’elle con- tient sans décomposer une quantité assez considérable de sel. D’après cela je pense qu’il est plus avantageux aux ma- nu facturiers de consacrer ces eaux-mères à la fabrication du carbonate de soude. Dissolution du Sel dans Veau. Pour avoir l’acide acétique le plus fort possible, il ne faut employer que la quantité d’eau froide nécessaire à la^ disso- lution du sel. Heureusement qu’étant très -soluble deux parties suffisent. On laisse reposer pour que la partie bitu- mineuse se précipite, et que la liqueur s’éclaircisse j si l’opé- ration a été bien faite, celle-ci sera sans couleur, ou n’aura qu’une légère teinte j.aunâtre. On décante ensuite, et on met le marc sur' un filtre pour le faire égoùter : les tissus de laine conviennent parfaite- ment pour cela ; mais il ne faut pas laver le marc avec de l’eau chaude surtout, car la plus grande partie du bi- tume se dissoudroit et donneroit une liqueur très -colorée, chose qui est assez remarc|uable. Si l’on veut avoir l’acide Acide acétique. 228 acétique le plus concentré possible, comme le vinaigre ra- dical, par exemple, il faut réduire la dissolution du sel au tiers de son volume primitif avant d’y mêler l’acide sulfu- rique. Décomposition de V Acétate de soude par V Acide sulfurique. Pour pouvoir obtenir l’acide acétique pur, il faut le faire sortir de la comliinaison où il est engagé par un acide plus puissant : l’acide sulfurique étant un des plus fixes et des moins chers, convient parfaitement pour remplir cet objet. La quantité de cet acide nécessaire pour l’opération se détermine d’après la quantité de sulfate de soude employé et dont la base a passé dans l’acide acétique, seulement il faut en ajom ter un quart en sus à cause de l’eau contenue dans l’acide sulfurique à 660. Mais dans le cas où l’on conserveroit les eaux-mères pour les réduire en sel de soude, on pourra employer avec suc- cès le moyen suivant. Evaporez à siccité une partie aliquote de la liqueur à décomposer, calcinez le résultat pendant quelques minutes à une chaleur rouge, et cherchez la quantité d’acide sulfurique nécessaire pour le saturer; vous multiplierez ensuite cette quantité d’acide par le nombre de fois que se trouve dans votre liqueur la portion que vous en avez pris pour l’épreuve : bien entendu qu’il faut étendre dans cinq à six parties d’eau l’acide sulfurique pour l’employer. Connoissant la quantité d’acide sulfurique à 66° qu’il faut pour décomposer l’acétate de soude en liqueur, on met celle- ci dans des cruches de grès, et on y verse peu à peu l’acide en remuant la liqueur pour que le mélange se fasse mieux 224 Acide acétique. et que la chaleur dégagée se distribue également partout^ alors on bouche les vases, on les laisse refroidir pendant quelques jours pour c[u’ une partie du sulfate de soude cris- tallise. On tire la liqueur de dessus les cristaux, an laisse égou- ter ceux-ci pendant plusieurs jours, on met cette liqueuT dans des cornues de verre ou de grès placées dans des four- neaux appropriés, et après y avoir adopté convenablement des alonges, et des récipiens à bec, on distille et an reçoiüt le vinaigre dans des flocans plangés dans l’eau. On ne peut pas pousser dès la première fois la distillation jusqu’à la fin , parce que quand la liqueur a acquis un cer- tain degré de densité, une portion de sulfate de soude se dépose et occasionne ou le saut de la liqueur, ou la rupture de vase : cet effet n’arrive heureusement qu’aux cinq sixièmes de l’opération ; ainsi quand les soubresauts de la liqueur se font entendre il faut diminuer le feu et laisser refroidir l’ap- pareil. Pendant ce temps le sel cristallise ; on sépare ensuite la liqueur au milieu de laquelle il se trouve et on la soumet de nouveau à la distillation. Il ne faut pas conduire l’opération jusqu’à siccité, afin d’éviter la volatilisation de l’acide sulfuricjue au cas qu’il y en eut un excès, ou d’éviter la décomposition d’un peu de bitume qui pourroit s’y trouver : on peut laisser le vingtième de toute la liqueur mis en distillation. S’il étoit resté quelques portions de bitume dans l’acétate de soude, les premières et les dernières portions de vinaigre qu’on obtiendroit en auroient plus ou moins l’odeur^ c’est pourquoi, dans ce cas, il est bon de mettre à part les pre- Acide acétique. 22S mières portions, et de ne pas distiller à siccité. L’acide acé- tic[iie que j’ai obtenu dans mon opération étoit parfaitement blanc, transparent, ayant une odeur vive et pénétrante- J’avois fractionné le produit en trois portions, pour savoir s’il y auroit quelque différence dans la force; mais il n’en a point offert, elles avoient toutes sept degrés, ce qui prouve cju’on ne peut concentrer au-delà d’un certain degré l’acide acéticjue par la simple distillation. La it^^, portion avoit une légère odeur d’emjDyreume, la ae. n’en avoit point du tout, la 3e. en avoit une même plus forte que la ire. parce que j’avois distillé à siccité. Mais cette légère odeur est facilement masquée par les aromates végétaux, tels que l’ail, l’estragon, le sureau et autres qui plaisent au goût, soit séparément, soit ensemble; auxquels on peut ajouter une cuillerée d’alcool par litre. li peut servir à tous les usages auxquels le vinaigre ordinaire est employé. Dans cet état de concentration qu’on peut élever beaucoup plus haut, l’acide acéticjue peut se conserver, pour ainsi dire, éternellement sans altération ; il ne craint ni la chaleur ni le froid des différens climats , et doit par là rendre de grands services aux équipages dans les voyages de long cours. La personne cjui, à ma connoissance, a le mieux réussi dans la préparation de ces vinaigres en grand, est M. Le Mercier, dont le magasin est situé rue du Colombier, no. aS, àParis.- F abricatiojz du Carbonate de soude. J’ai dit dans le cours de ce Mémoire qu’il valoit mieux employer les eaux-mères de l’acétate de soude à la fabrica- 220 Acide acétique. ^ « tion du sel de soude, qu’à celle du vinaigre; le moyen pour y parvenir est très-simple ; il consiste à dessécher ces eaux- mères et à les calciner à une chaleur rouge dans des chau- dières de fonte larges et peu profondes ou dans un four à réverbère garni d’une plaque de fonte, jusqu’à ce qu’il ne se dégage plus du tout de fumées. On a une matière d’un gris noirâtre qui, lessivée à l’eau tiède, fournit par l’évaporation et des cristallisations successives de très -beau carbonate de soude. Les eaux- mères de ce sel contiennent quelquefois un peu- de sulfite de soude. Telles sont les observations que j’ai eu occasion de faire en travaillant sur divers objets. ^ SUITE ET FIN DES POLYPIERS GORTICIFERES. PAR M. DE LAMARCK. CORALLINE. CORALLINA. PoLTPiER fixé, phytoïcle„ très-rameiix, composé d’un axe central , et d’un encroiltement interrompu d’espace en espace. Axe filiforme, inarticulé, plein, cartilagineux ou corné, un peu cassant dans l’état sec. Encroûtement calcaire, dense, uni à sa surface, sans cel- lules apparentes, interrompu et comme articulé dans sa lon- gueur. Polypes inconnus. Polypariiirn fiximi , phjtoideuni, ramosissimum , axe ceyitrali cntstâque passiin interruptâ composition. Axis Jiliformis , inarticulatiis , solidus , cartilagineus ont corneus , exsiccatione suhfragilis. Cnista corticalis calcarea, densa, superficie îceçigata, articulathn inteiTupta ’ cellidis subinconspicuis. Poljpi ignoti. OBSERVATIONS. Les corallines fornlent un genre bien singulier , c|ui a dû toujours embarrasser les naturalistes dans la détermination de leur rang parmi les autres polypiers. 228 Polypiers corticifêre s. Comme la plupart constituent des polypiers frêles, délicats et assez finement ramifiés, en forme de très-petites plantes; on les a cru voisines des polypiers vaginiformes , comme les sertuîaires , les tubulaires , etc. Leurs tiges et leurs branches ne sont cependant point fis- tuleuses, quoiqu’Æ'Z/w leur attribue ce caractère; du moins celles que j’ai examinées m’ont toujours offert un axe corné, sans cavité distincte. Ainsi ce sont probablement des polypiers corticifères , qui ont un axe plein, recouvert d’un encroûte- ment polypifère, interrompu en articulations. J’aurois donc découvert le véritable rang des corallines parmi les polypiers , en les plaçant à la fin des corticifères , si Solander , les éloignant des sertuîaires, tubulaires, etc. n’avoitdéjà eu le sentiment de leurs rapports; car il les range, dans son ouvi’age ( avec les corticifères ) dans l’ordre suivant : gorgone, antipate, isis , coralline , et en forme une transi-- tion aux millépoj'es et madrépores. Quoique Solander ait convenablement rapproché les co- rallmes Aes autres corticifères, je ne connois point ses mo- tifs pour ce rapprochement et son ordre est différent du mien. J’ai motivé le rang que j’assigne aux corallines , en montrant d’une part que la transition naturelle aux millé- pores se fait par les polypiers à réseau, et de l’autre pai’t, que les corallines , comme véritables corticifères, terminent cette section, et forment une transition évidente, aux po- lypiers empâtés, par les pinceaux et les Jlahellaires. La nature c]ui, dans la diversité de ses opérations n’a procédé cpie par des degrés presque insensibles, n’a com-> mencé à effectuer les fibres multiples des polypiers empâtés Polypiers corticifères. 22g que clans les pinceaux et les JJabellaires. Pour y parvenir, 1 lui a donc fallu réduire à une grande ténuité l’axe entier des gorgones et des antipates, ce quelle a exécuté dans les corallmes • et dès-lors en multipliant cet axe, c’est-à-dire en le transformant en fibres multiples, d’abord simplement pa- rallèles ou fasciculées, ensuite mêlées, croisées et même feu- trées , elle a amené les polypiers empâtés qui eux-mêmes eu- traîneut l’anéantissement du polypier. Ainsi , l’axe des coj'allmes , quoique filiforme et très-fin , est encore entier, plein, continue, comme celui des gorgones, et ne présente pas des fibres nombreuses et distinctes comme dans les polypiers empâtés 5 mais il est sur le point de se di- viser ou de se composer, ce qui a lieu dans les pinceaux et les Jïahellaires qui avoisinent évidemment les corallines par leurs rapports. L’encroûtement de l’axe délicat des corallines est inter- rompu et comme articulé. Il est assez dense, dans l’état sec, paroît lisse à sa surface, et n’y offre point, à l’œil nu, les cel- lules des polypes comme celui des gorgones. On prétend cependant c{ue dans certaines espèces de co- rallines, leur encroûtement plus lâche, laisse voir des pores épars' sur toute la surface des articulations; on dit même que l’on aperçoit ces pores sur toutes les corallines vues dans l’état frais. Cela est d’autant plus vraisemblable que les po- lypes ne pouvant habiter l’axe de ces polypiers , doivent se trouver dans son encroûtement, et conséquemment y avoir leurs cellules. Dans les polypiers empâtés, les polypes se trouvent aussi dans la chair enveloppante, et non dans les fibres. Méin. du Muséum, t. 2. 3o 23o Polypiers coeticifères. Les coraümes forment en général de jolies touffes ou de petits buissons assez finement ramifiés, souvent corymbi- formes, et qui ressemblent beaucoup à des plantes. On vient de voir néanmoins que ce sont réellement des polypiers; c[ue leurs tiges et leurs ramifications ont un axe filiforme, plein, subcartilagineux ; que cet axe est enveloppé d’un encroûte- ment calcaire, divisé ou interrompu de distance en distance, ce qui le rend éminemment articulé, et augmente la flexi- bilité des tiges et des ramifications. Quelques espèces même en paroissent toutes noueuses, ce qui fut cause c[\x Imperati leur donna le nom de nodulaires ( nodulariœ ). Les cellules des polypes aperçues dans la croûte cortici- forme de certaines espèces , s’amincissant dans leur partie postérieure , ont paru être des fibres tubuleuses qui partent latéralement de l’axe (Voyez Soland. etEll. , tab. 21, fig. H); mais je suis persuadé qu’elles n’y pénètrent point. Les corallines étant des polypiers corticifères considéra- blement réduits, l’on conçoit que leurs polypes doivent être d’une petitesse extrême; et quoiqu’il soit probable que ces polypes aient dans leur organisation de l’analogie avec ceux des autres polypiers corticifères, on ne pourra sans doute le constater. M. Lamouroux dit avoir vudans la mer des fibrilles saillantes hors de l’encroûtement, et y rentrer subitement, à la moindre agitation de beau. Elles paroissent analogues à celles que Donati a vues dans l’acétabule. Ces fibrilles sont capilla- cées et d’une tenuité exti’aordinaii’e. On peut présumer que ce sont des tentacules très-atténués, et ici proportionnellement plus allongés qu’ ailleurs; c[ue leur emploi est seulement de faire arriver l’eau à la bouche du petit polype qui les soutient. Polypiers corticifères. 23i Les corallines sont très-nombreuses en espèces; nos mers et probablement celles des climats chauds en contiennent abondamment. Leurs touffes, quoique petites en général, sont élégantes, très- diversifiées, variées en coloration, et font roruemeut de nos collections de polypiers. Je ne cite- rai que les espèces que j’ai pu voir. Je divise les corallines en trois sections, dont M. Lainou- 70UX forme trois genres. ESPÈCES. * Polypier dicJiotome j à articulations courtes , dilatées et souvent comprimées supérieurement. * î. Corallirie officinale. Cerallina ojjicinalis. C. Tricholoma , subviridis ; ramis pinnatis ; pinnulis distichiS cylindrico-clava- iis : ultimis subcapitatis ; articulis stirpium et ramoruin cuneifonnihus com- pressiusculis. Corallina ojficinaUs. Lin. Soland. et Eli., p. liS, t. 23 , f. l4, i5. Ellis, Corail, tab. 24, n". 2 , fig. a, A, A I, A 2, B, B I , B 2. Esper, Suppl. 2, t. Z. figura mata. Mus. , u°. /3. Var. minor et tenuior, subfastigiata. Habile l’Océan européen, la Méditerranée. Ma collection. Elle présente de pe- tites touffes verdâtres, quelquefois rougeâtres, rarement blanches , longues de 4 à 6 oentimètres. Ses liges, menues et en général trichotoraes , ont leurs branches pinnées; à pinnules distiques, assez serrées, cylindracées ; et les su- périeures, un peu en massue, sont la plupart terminées par un globule blan- châtre. Les articulations des tiges et des rameaux sont un peu comprimées et cunéiformes. La variété /3. se trouve dans la Méditerranée, et dans l’Océan près de Ténérif. 2. Coralline lâche. Corallina laxa. C. Tricliotomo-ramosa , elongata, laxa, suhrufa; ramis siipernè pinnatis ; pin- nulis hrevihus remotiusculis cylindricis ; articulis stirpium et ramorum obtongis , tereti-compressis, .3ü^ Polypiers corticifères. 232 Mus., 11°. Habite rOcéan européen, la Manche, sur les côtes de France. Ma collection. Elle est d’un rouge livide, plus allongée et plus lâche que la C. officinale,, Ses articulations ne sont presque point comprimées. Longueur, lo centimètres. 3. Coralline longue-tige. Corallina longicaidis, C. Suhtrichotoma ; surculis prœlongis, apice ramisque pinnatis ; articidis cre- berrimis : stirpium et ramonnn tereti-compre&sia : ramidorum cylindrieis, Conf, czim C. elongatâ et cuin C. loricatâ. Ma Collection. Habite les mers d’Europe, la Méditerranée. Quoique celte espèce soit bien dis- tincte, et probablement ne soit pas nouvelle, je me trouve obligé de l’indi- quer sous un nouveau nom. Elle est remarquable par la longueur de ses jets, et par sa couleur blanchâtre. Ses jets sont nus inférieurement, pinnés en- suite, ainsi que les rameaux. La base de ces jets est presque moniliforme. Au- dessus de cette base les articulations des jets et des rameaux sont un peu comprimées. Celles des pinnules ne le sont point ou presque point. Sur plu- sieurs de ces pinnules, on voU des grains terminaux et plus souvent laté- raux. Longueur, 12 centimètres. 4. Coralline écailleuse. Corallina squamata. C. Suhtrichotoma ; rainia pinnatis apice dilatatis ; ramulis angustis depressius- culis ; articulis stirpium et ramorum cuneiformihus compressis z ultimis com- planatis , margine acutis, Corallina squamata. Soland. et Eli., p. 1-17. Ellis Corail. , tab. 24, n“. 4, fig. C C. Ma Collection. Habite l'Océan européen, les côtes d’Angleterre. Cette espèce est assez difficile à reconnoître, ses caractères variant un peu dans leur Intensité. Elle forme de petites touffes assez élégantes , d’un vert blanchâtre , souvent teint de pourpre ou de rose. Les articulations des rameaux sont cunéiformes , compri- mées , dilatées et tronquées au sommet : les dernières sont aplaties et à bord un peu tranchant. Ses jets pinnés , s’élargissent en ramifications vers leur sommet. Longueur, 5 ou 6 centimètres. 5. Coralline sapinette. Corallina abietina. C. Rubra , bipinnata 7 pinnis pinnulisque confèrtis penniformibus ; articulés stirpium et pinnarummajusculis turbinatis suhcompressis. An Corallina squamata ? Esper, Suppl. 2, tab. 4. Mus. , n“. Habite. . . Espèce petite, fort jolie, d’ue rouge sombre ou pourpré , et dont les Polypiers corticifèees. 233 jels et les pinnules ressemblent à de petites plumes à barbes serrées. Les pîn- iiuIes_gont étroites; leurs dernières articulations sont les plus aplaties. Hau- teur, 4 à 5 centimètres. Ma Collection. 6. Coralline pectinée. Corallina pectinaia. C, Surculis fasciculatis J erectis, supernè peclinatis , hasi nudis ; pinnulis tereti - subulatis ; articulis cylindricis. Mus. , n°. Habite... les mers d’Amérique? Ses jets nombreux et serrés, forment des touffes fasciculées et blanches. Ils sont nus inférieurement, pectinés ou pen- nacés dans leur partie supérieure. Les pinnules sont très-menues, subulées, ascendantes. Hauteur, 4 centimètres. Ses rapports la rapprochent delà C. rosarium. 7. Coralline mille-graine. Corallina millegrana. C. Surculis gracilibus , supernè ramosis,' subfasti glatis ; ramis erectis pinnatis j pinnulis tereti-subulatis : ferlïlibus graniferis. Mus., n°. Habite l’Océan atlantique, sur les côtes de Ténérif. Le Dru. Elle avoisine , par ses rapports, la variété /3. de la coralline officinale, et en est cependant bien distincte. Elle forme de petites touffes rougeâtres, composées de tiges fascicu- lées, la plupart nues inférieurement, très-grêles, hautes de 4à 5 centimètres. Leurs articulations sont cylindriques- turbinées , à peine un peu déprimées. Les pinnules sont très-menues : sur les pieds fertiles, elles sont presquê toutes terminées par un grain; en sorte que les rameaux ressemblent à de petites grappes, 8. Coralline gi-anifère. Corallina granifera. C. Trichotomo-ramosa , tenuissima ; ramis subbipinnatis , lanceolatis ; pinnulis subsetaceis : fertilibus apice , velin ultimâ divisurâ , graniferis. Corallina granifera? Soland. et Eli., p. 120, t. 21, fig. C , C. Mus. , n“. Habite l’Océan atlantique, la Méditerranée. Celle-ci est très-fine, distincte de la suivante par ses pinnules beaucoup plus courtes et par son port, et 3 un aspect particulier dont la figure citée de Solander ne donne pas une bonne idée. Les grains tantôt terminent les pinnules latérales et tantôt se trouvent dans l’aisselle d’une bifurcation qui est à leur extrémité. Elle forme des touffes étalées en rosette, verdâtres et pourprées, quelquefois blanchâtres, dont les- jets ont 4 à 6 centimètres de longueur. 9. Coralline en cyprès. Corallina cupressina^ 234 Polypiers corticiflres. C. Humilis , trichotoma , suLhipinnata ; ramuUs pennaceis , superne dilalalîs compressis ; pinnis pinnulisque confertis , distichis. Chrallina cupi-essina. Esper, Suppl. 2, taL. 7. /3. Eadem alhida, surculis rainisque basi denudatis. Mus., n”. Habite l’Océan atlantique, près de Ténérif. Le Dru. Ma Collection. Cette es- pèce a beaucoup de rapports avec la coralline sapinette; mais elle est plus petite, moins régulière, verdâtre avec les sommités blanchâtres. Les articu- lations de ses tiges et de ses rameaux 'so>nt courtes, cunéiformes, dilatées, tronquées et presque échancrées au sommet, avec les bords latéraux un peu tranchans. Hauteur, 3 ou 4 centimètres. La variété /3. est blanchâtre, assez remarquable, et n’a ses tiges et ses rameaux pinnéset pennacéss que dans leur partie supérieure. 10. Coralline chapelet. Corallina rosariwn. C. Elongata , dicJiotomo -ramosa ; surculis ramisque moniliformihus ; articulis inferioribus cylindricis ; superiorihus subcompressis. Corallina rosarium. Soland. et EU., p. 11 1 , t. 21 , Gg. h. Corallina. . . . Sloan. Jam. Hist. l , tab. 20, f. 3. Habite l’Océan des Antilles. Ma Collection. Espèce bien distincte, et qui a des jets grêles, fort allongés, rameux, filiformes et moniliforraes, et qui se ra- mifie plus dans sa partie supérieure que vers sa base. Elle est très-blanche , et a ses articulations inférieures cylindracées, courtes, quelquefois distantes. Longueur, 8 à 10 centimètres. 11. Coralline filleule. Corallina fdicula. C. Humilis , subtrichotoma compressa cristata ; ramis ramulisque superne dilatatis complanatis ; articulis compressis cuneif ormibus angulato-lobatis : ullimis subpalmatis. Mus.,n‘’. Habite l’Océan américain. Ma Collection. Jolie espèce dont les tiges nom- breuses et fasciculées, présentent de petites touffes blanchâtres très-garnies. Elle a des rapports avec \a. corallina palmata de Solander et Eli. , n°. 20. Ses tiges, longues d’environ 3 centimètres , sont divisées en deux ou trois ra- meaux, aplatis, comme écailleux, et dilatés vers leur sommet qui est en crête ou quelquefois palmé. 13. Coralline en corymbe. Corallina corymbnsa. C. Dichotomo-ramosa , corymbosa ; articulis inferioribus hrevibus cylindraceis ; sîiperioribus cuneiformibus comprèssiusculis ; ultiniis subdigitatis. ^ Ma Collection, Polypiers corticifères. sSo An corallina palmata. Solancl. et Eli., p. Ii8 , taL. 21 , fig. a, A. Habile les mers d’Amérique. Celte espèce est un peu plus élevée, plus divisée, et moins aplatie que la précédente. Elle vient en touffes blanchâtres , com- posées de jets nombreux, dicbotomes et tricbotomes qui se terminent en corymbe. Ses jets ont quatre à cinq centimètres de hauteur. Leurs ramifica- tions supérieures sont courtes, nombreuses, à dernières articulations élar- gies, subdigitées. i3. Coralllue livide. Corallina livida. C. Triclwtomo-ramosa , superne pinnato-paniculata ; articulis ramorumcunealis compressis convexiusculis , ad angulos lohiferis. Ma Collection. Habite. . . les mers d’Amérique? Elle a encore quelques rapports avec la corallina pahnala de Solander; mais ses sommités ne sont point en corymbe, ni sensiblement digitées. Elle est d’un vert olivacé ou rougeâtre et livide. Longueur, 6 centimètres. î4. Coralline plumeuse. Corallina plumosa. C. SurcuUs subramosis bipinnatis pennaceis ; articulis vix compressis ; pin- nulis brevïbus tenuissimis. Mus., n°. Habite les mers Australes. Pérou et Pesusur. Ses jets res.semblent à de petites plumes allongées, assez étroites, les unes simples, les autres ayant un ou deux rameaux pareillement pennacés. Les articulations des jets et des ra- meaux sont courtes, fréquentes, un peu en coin, à peine comprimées supé- rieurement. Les pinnules sont très-fines, aiguës, aciculées, rapprochées. Couleur, blanchâtre; longueur, 4 à 6 centimètres. l5. Coralline rose. Corallina rosea. ^ C. Ramosissima , purpureo-ros'ea ; ramis subbipinnalis ; pirlnis pennaceis ; pinnulis ciliiformibus ; articulis ramorum brevibus creberrimis. Mus. , n”. . /3. Var. Crispa, ramis distortis. Mus., n°. Habite les mers Australes. Pérou et Lesueur. Ma Collection. Cette coralline est une des plus jolies et des plus élégantes de ce genre. Elle est d’un rouge ou d’un rose très-agréable, tantôt vif et pourpré, tantôt plus clair, presque blanchâtre. Ses rameaux nombreux, allongés et filiformes, ont leurs articulations raoniliformes, et sont divisés en ramifications pinuées et élégamment plumeu.ses. Les pinnules sont courtes, fines, serrées, cilii- formes, et souvent divisées elles-mêmes. 236 Polypiers corticifères. La variété ji. est si remarquable , qu’on pourvoit la distinguer séparément comme une espèce. Elle est crépue, difforme, à rameaux tortueux, plus courts, plus roides, plus couverts de piunules ciliiformes. Sa couleur est * d’un rouge plus pourpré; ce n’est malgré cela qu’une variété de cette espèce. Langueur, 6 à g centimètres. 16. Coralline mucronée. Corallina inueronata. C. Hamosa, suhdichotoma ; surculis ramisque pinnatis , infeme subnudis / pinnulis hrevibus exilibus acutîs ; articulis stirpiuin cuneatis. Ma Collection, Habite l’Océan d’Europe. J’ai pris d’abord cette espèce pour la C. corniculata de Linné, d’après la figure grossie donnée par Ellis (Corail., t. 24, n°. 6 , fis- D ) ; mais elle est moins fine, et son port est différent. Elle paroît avoir plus de rapport avec la C. squamata , dont elle est néanmoins très-distincte. Les articulations inférieures des tiges sont un peu noduleuses; quelques-unes sont Licornes, les autres sont nues. 17. Coralline corniculée. Corallina corniculata. C. Subcapillaris , dichotoma : ramis pinnatis ; articulis stirpium hicornibus : ramulorum terctibus. Corallina co^-niculata. Lin. Soland. et Eli., p. 12t. Ellis, Corail., tab. 24, 11°. 6, c?, D. Habite les mers d’Europe. Ma Collection. Celte espèce offre des touffes met nues, presque capillacées , et au premier aspect peut se confondre avec la C.rubens. Ses jets néanmoins sont plus forts, un peu plus longs, à articu- lations supérieures cjlindriques ainsi que celles des rameaux. Les articula- tions inférieures des jets sont dilatées en coin, et la plupart bicornes. * * Polypier capillacé , subdichotome ; d articulations xylindriqi^es. 1 8. Coralline porte-graine. Corallina spermophoros. C. Dichotoma , capillaris , muscosa , albida; ramuUs jiliforinïbus ; articulis cylindricis ; dioisuris ultimis ad axillas granÿ^eris. Corallina spermophoros. Lin. Soland. et Eli., p. 122. Ellis Corail. , tab. 24 , n°. 8 , fig. g, G. Esper, Suppl. 2, tab. lo. Habite l’Océan européen. Ma Collection. Celte coralline n’est point pinnée comme les précédentes, mais seulement dichotorae, à ramuscules allongés filiformes presque capillaires. Elle offre des touffes blanches, quelquefois teintes de rose, très-fines, musciformes. Elle se rapproche de la suivante par ses rapports. Polypiers corticifères. 237 Ï9. Corajline flocconeuse. C'orallina Jloccosa. C. Pumiia, tennis sima , dichotomo-ramosissima , nivea ; ramis ramulîsque cylindricis subpulvereis. Mus., n“. Habite. . . . Elle est plus petite et plus fine encore que la C. rougeâtre qui vient après. Ses ramifications paroissent chargées d’aspérités extrêmement petites, qui ressemblent à des poussières. Elle vient autour des' plantes ma- rines, par floccons qui imitent des toulfes de moisissure. Cette coralline est très-blanche, et semble avoisiner la C. spermoplioros. Hauteur , 3 centimètres. 20. Coralline rougeâtre. Cjrallina rubens. C. Dichotoma , capiLlaris , muscosa; ramulis jlliformïbus ; articulis cylin- dricis : ultimis suhclavatis , interduin bilobis. Corallina rubens. Lin. Soland. et Eli., p. i23. Eli. Corail. Tah. 24, n". 5, fig. e, E. Mus., n°. jS. Eadeni corymboso-fastigiata. Habite l’Océan européen, la Méditerranée, etc. Ma collection. Espèce très-; fine, presque capillaire, et remarquable par les variations de sa couleur, tantôt ronge, tantôt d’un rose très-agréable , tantôt blanche, et quelquefois verte. Elle est dichotome sans être piunée, et forme de jolies touffes confer- voïdes. La variété,/3, nivelée en cime corjmhiforme, se rapproche de l’espèca suivante. 21. Coralline à crêtes. Corallina cristata. C. Dichotoma, ramosissima , capillaris ; ramulis fasciculatis , fitstigiato- * cymosis , cristatis ; articulis minimis teretibus. Corallina cristata. Lin. Soland. et Eli., p. 121, Eli. Corail., tah. 24, n". 7, fig./", E; Mus. , 11°. Habile la Méditerranée et l’Océan d’Europe. Ma Collection. Elle est très- fine dans toutes ses parties, n’est nullement pinnée, et vient en touffes assez épaisses, blanchâtres aux sommités, verdâtres et quelquefois rougeâtres in- férieurement, et nivellées en cime à leur sommet. Elles ne paroissent eu crêtes que par la pression dans les herbiers. Hauteur, 3 ou 4 centimètres. 22. Coralline pourprée. Corallina purpurata. C. Cespitosa , subpurpurea , capillaris, subfastigiata ; ramis pinnatis ; arti- eulis 'teretibus ; ramulis ultimis clavatis subbilobis. Mus. , n“. Habite l’Océan atlantique, près de Ténérif. Le Dru. On peut la prendre au Mém. du Muséum, t. 2. 3i 238 Polypiers corticifêres. premier aspect pour la C. ruhens ; mais ses rameaux sont pinnés, et c’est avec la C. millegrana que ses rapports lul^clonnent le plus de ressemblance. Elle en paroît néanmoins bien distincte. Ses graines tantôt terminent des pinnules latérales, tantôt se trouvent dans leur bifurcation terminale. Ma Collection. Longueur, 3 centimètres. *** Polypier rameux , dichotome ou verticillé ; à articulations al- longées, séparées, et lcdssant l’axe corné à découvert. 23. Corail! ne gladiée. Corallma anceps. C. Dichotoina, ramosissima ; articulis inferioribus teretïbus : superiorihus elongatis , ancipitibus , supernè dilatatis. Mus., n“. Habite les mers Australes ou de la Nouvelle-Hollande. Pérou et Lesueur. Espèce remarquable et très - distincte , qui se ramifie en un petit buisson blanchâtre, rougeâtre à ses sommités. Ses jets sont dicbolomes, à articula- tions allongées, aplaties, gladiées, celles de la base étant les seules qui * soient cylindriques. Longueur des jets , 6 ou 7 centimètres. 24. Coralline épbédrée. Corallina ephedrœa. C. DicJiotomo-ramosissima , taxa; articulis dongis gracilibus suh teretïbus z ultimis ancipitibus. Mus., n”. Habile les mers Australes ou de la Nouvelle-Hollande. Pérou et Lesueur, Belle espèce, blanchâtre, et qui a en quelque sorte le port d’un ephedra. Ses jets, très-rameux et dichotomes , sont lâches, grêles, foibles , presque pendans, et ont des articulations allongées, subcjlindriques, les dernières seulement étant aplaties. Longueur, environ 8 centimètres. 25. Coralline cylindrique. Corallina cylindrica. C. Dichotoma , ramosissima , debilis , alba ; articulis cylindricis subœquali- bus ; ramulis apîce furcatis. Corallina cylindrica. Soland. et Eli., p. ii4, t. 22, f. 4. Habite les mers d’Amérique. Ma Collection. Elle est blanche, un peu fine, à ramifications dichotomes, nombreuses , foibles, couchées, entremêlées. Longueur, 5 à 6 centimètres. 26. Coralline cuspklée. Corallina cuspidata. C. Subtetrachotoma , alba ', articulis cylindricis ; geniculis tendinaceis ; ramu- lis ultimis acutis. Corallina cuspidata, Soland. et EU., p. i24, tab. 21, fig./i Polypiers coRTiciFÈEES. 289 Habite les mers d’Amérique. Ma Collection. Elle est blanche, à articulations allongées, grêles et cylindriques, qui naissent troisou quatre en semble à chaque géniculation. Hauteur, 3 à 5 centimètres. 27. Coralline cliaussetrape. Corallina tribulus. C. Supentachotoma , ramosissima diffusa, indurata , muricaia ; ramulis ad genicula siellatis divaricaîis ÿ articulis ifferioribus ancipitibus : superioribus cylindricis. Corallina tribulus. Soland. et EH., p. iq4, tab. 21, ’fig. C. Habile les mers d’Amérique. Ma collection. Cette espèce est un peu plus grande, plus roide et plus dure que celle qui précède. Elle est blanche, très-rameuse, diffuse, et offre des touffes épaisses, hémisphériques, hérissées de pointes. Son axe corné et jaunâtre, m’a paru plein et non fistuleux. 28. Coralline interrompue. Corallina interi-upta. C. Tenais , ramosissima , diffusa; ramulis ad genicula binis vel ternis ; ar- ticulis interdum remotis , cylindricis , in pluribus gibbosulis. Mus., n“. Habite l’Océan atlantique. Ma Collection. Espèce très-rameuse, diffuse, étalée, d’un vert blanchâtre, et très-menue dans toutes ses parties. Ses rami— fications grêles portent deux ou trois ramuscules aux géniculations. Ses ar- ticulations sont cylindriques, souvent renflées aux deux extrémités, et se trouvent plus ou moins écartées vers la hase des jets. Longueur, 4 à 6 centi- mètres. 29. Coralline stellifère. Corallina stellifera. C. Subpentachotoma , ramosissima; ramis elongatis Iaxis jubatis ; ramulis aciculatis ad genicula stellatis. Mus. , n”. /3. Var. Intemodiis subcrinitis. Habite les mers Australes ou de la Nouvelle-Hollande. Péron et Lesueur. Es- pèce bien distincte, et qui a en quelque sorte le port d’un petit cliara, comme celles qui suivent. Elle est blanche, à jets qui soutiennent quatre à six ra- meaux partant d’un point commun. Ces rameaux sont allongés, lâches, tor- tueux, divisés en quelques autres. Ils sont munis de ramuscules très-fins, presque aciculés, verticillés aux géuiculations et quelques-uns situés au- dessous. Les articulations sont cylindriques : celles des jets et des rameaux sont souvent interrompues et renflées aux extrémités; celles des ramuscules portent la plupart des gibbosités verruqueuses. Longueur, 8 à 12 centimètres. 30. Coralline gallioïde. Corallina gallioides. 24o Polypiers corticifères. C. Suhpentachotoma, ramosa, candida, fragilisshna; articulis cylindricis ; ramulis inœqualibus verrucosis ad genicula verticillatis, Mus.,n°, Habite les mers Australes ou de la Nouvelle-Hollande. Pérou et Lesueur. Celle-ci est très-blanche^ très-fragile, et ressemble à un caille-lait {^gallium ), ou à un petit chara. Ses articulations supérieures et ses ramuscules en étoile sont chargés de verrues latérales et nombreuses. Ce n’est peut-être qu’une variété de la corallina chara. 3i. Coralllne rayonnée. Corallina radiata. C, Polychotoma? albo-purpurescens ,lœvigata , verticillaris ; ramulis ad ge- nicula radiatis , erecfis , suhlcevibus. Mus., n“. • Habite les mers de la Nouvelle-Hollande. Pérou et Lesueur. Cette coralline se rapproche de la suivante; mais elle en paroît très-distincte. Le Muséum n’en possède qu’un rameau. Tl est d’un blanc teint de pourpre ou de rose, lisse, et n’a presque point de verrues. A chaque géniculation , un verticille de ramuscules nombreux, droits et inégaux, forment une étoile rayonnante.- Sa. Coralllne charagne. Corallina chara. C. Polychotoma ; ramis ramulisque ad genicula verticillatis , ascendentibus } articulis cylindricis uno latere verrucosis. Mus., n°. g. Eadem , ramis graciliorïbus , ad genicula fractis , parcius verrucosis. Mus. , n°. y, Eadem, ramis filiformibus , fractis ; articulis prœlongis^ Mus. ,n°.' Habite.... les mers delà Nouvelle-Hollande? Pérora et Lesueur. Ma Collec- tion. Celle-ci est d’un blanc-pâle ou roussâtre, très-verruqueuse, et a ses rameaux et ses ramuscules verticillés comme dans les chara. Partout les arti- culations sont cylindriques, chargées de verrues principalement sur un de leurs côtés. Les deux variétés sont très- remarquables par leurs ramifications plus grêles, et la plupart coudées aux géniculations; la 3°. surtout se distingue par ses articulations longues, coudées et fort grêles. RELATION Des Découvertes faites dans la Nouvelle-Hol-^ lande, à V ouest des Montagnes -Bleues, PUBLIÉE PAR LE GOUVERNEMENT ANGLAIS A SYDNEY-COVE, LE 10 JUIN l8l5i^ I-iE Gouverneur désire que le Public soif instruit du résultat du voyage qu’il vient de faire au-delà des Montagnes bleues, et qu’il a entrepris à l’effet de connoître par lui-même et d’apprécier l’impor- tance de ce pays, qui a déjà été exploré vers la fin de l’année i8i3, et au commencement de 18143 par M. George William Evans, député arpenteur. Ceux qui savent quelle petite portion de pays la colonie de la Nouvelle-Galles a occupé jusqu’à présent sur la côte orientale, au Nord et au Sud du port Jackson, étendue qui n’est que de 80 milles vers le Nord et de 40 au pied de cette chaîne de montagnes qui lui servent de limites à l’Ouest, doivent singulièrement regretter et être étonnés que parmi la population qui depuis vingt-cinq ans est définitivement fixée dans ce pays, il ne se soif pas trouvé une seule personne ayant assez d’énergie pour tenter le passage de ces montagnes. Mais lorsque l’on considère d’une part que , même pendant la majeure partie de ce temps, cette étroite portion de pays fournissoit au-delà de la consom- mation de ses habitans, et que d’un autre côté l’espace qui les sépare des montagnes est occupé par une forêt immense et presque impé- nétrable, leur surprise doit considérablement diminuer en envisa- geant la nature des difficultés qu’il faUoit vaincre pour y parvenir. ECOUVERTES 24^ D Les annales de la colonie n’offrent que deux exemples de cette entreprise hardie pour découviûr le pays situé de l’autre côté des Montagnes-Bleües, l’un par M. Bass, et le second par M. Caley: tous les deux furent trompés dans leur attente, ce qui ne doit nulle- ment étonner ceux qui les ont récemment traversées. MM. Grégoire Blaxland et William Wentworth, écuyer, et le lieutenant Lavs^son de la compagnie royale des vétérans, ont eu le mérite d’avoir les premiers, avec une patience et aprèg des fatigues extraordinaires , découvert un passage sur la partie la plus hérissée et la plus diffîcultueuse des Montagnes-Bleues. Le Gouverneur, pénétré de l’importance de cet objet , a voit, aussi- tôt après son arrivée dans cette colonie , formé la résolution d’encou- rager toute tentative de ce genre , et il profita volontiers des facilités que lui présentoient les découvertes de ces messieurs. En consé- quence, le 20 novembre i8i3, il confia l’accomplissement de ce dessein à M. G. W. Evans, arpenteur du gouvernement, et le public eut connoissance du résultat de ce voyage par la relatiçm qui en fut publiée dans la gazette de Sydney, le 12 février 1814. La description favorable que fît M, Evans du pays qu’il avoit dé- couvert, engagea le Gouverneur à ordonner qu’il fût construit un chemin pour faciliter le passage et le transport des bestiaux et des provisions qu’on auroit à faire conduire dans l’intérieur. On choisit pour l’exécution de ce pénible ouvrage, parmi les déportés qui s’of- frirent volontairement , ceux dont le caractère présentoit plus de ga- rantie, à la charge d’être nourris et vêtus pendant la durée de leurs travaux, et d’obtenir leur émancipation comme récompense finale. La direction et la surintendance de ces travaux fut confiée à M, William Cox, écuyer, premier magistrat-de Windsor j et au grand étonnement de ceux qui savent combien il devoit éprouver de difficultés, et comment il les a surmontées, il les effectua sans la perte d’un seul homme et sans aucun accident fâcheux en six mois de temps. Le Gouverneur ne sait comment il pourra récompenser DANS LA Nouvelle-Hollande. ^43 les services que M. Cox a rendus à la colonie par l’exécuiion d’un ouvrage aussi pénible et qui promet d’être d’une si grande utilité publique , en ouvrant une nouvelle source de richesses à l’indus- trie et au commerce. Lorsque l’on considère que M. Cox a aban- donné volontairement les douceurs de la vie privée, et qu’il s’est person- nellement exposé aux fatigues et à l’intempérie de la saison, n’ayant ■par fois pour abri qu’une hutte d’écorce d’arbre , il est difficile d’exprimer tous les sentimens de recouuoissance qu’excitent des services et des privations semblables. M. Cox ayant annoncé que la route étoit terminée depuis le 21 janvier, le Gouverneur et lui, accompagnés de madame Macquarie, partirent le 25 avril dernier pour traverser les Montagnes -Bleues; M. Jamieson les joignit au Nepean, et ne les quitta point pendant tout le voyage. La suite du Gouverneur se composoit de MM. Camp- bell, secrétaire; capitaine Antill, major de brigade; Ip lieutenant Watts, aide-de-camp ; M. Redfern , aide-chirurgien; MM. Oxley et Meehan, géographes en chef; M. Lewin, peintre -naturaliste , et M. G. W. Evans , arpenteur , qui étoient partis d’avance pour faire de nouvelles découvertes et qui rejoignirent le Gouverneur le jour de son arrivée dans les plaines de Bathurst. En commençant à monter, depuis la plaine à' Emu jusqu’au premier dépôt, et de là jusqu’à un lieu de repos, maintenant nommé Spring-Wood, à la distance de i2 milles de Emu -Ford, la route passe à travers une forêt de haute-futaie, et est infiniment plus praticable et facile qu’on ne devoit le croire. On a été surpris de la douceur de la pente pendant toute cette distance, et certes elle ne donne pas au voyageur une juste idée des difficultés qu’il doit rencontrer bientôt après. Effectivement, 4 milles plus loin on aperçoit un changement subit dans le bois qui est grêle et d’une mauvaise venue, et dans la qualité du sol qui est stérile, rocail- leux et inégal; et l’on peut dire qu’ici commencent les fatigues du voyage. 244 Découvertes L’aspect du pays est tout- à -fait montagneux et extrêmement inégal; au mille (il faut observer que les distances ne sont indiquées qu’à partir du Emu-Ford ) on aperçut une pile de pierres placée dans la direction et tout près du chemin sur une élé^ vation isolée, où l’on suppose qu’elles ont été placées par M. Caley, pour indiquer le point le plus éloigné de son voyage. Le Gou- vei’ueur nomma cette partie de la montagne Caley’ s - Repuise parce qu’il lui avoit fallu un courage • extraordinaire pour être parvenu aussi loin. De là jusqu’au 26°, mille on ne rencontre que des collines arides, dont quelques-unes ont leurs bords si pei’pen- diculaires qu’il semble inutile d’y tenter un passage. On arrive ensuite à une plaine d’une étendue considérable et qui couronne le sommet des montagnes de l’Ouest. De cet endroit l’aspect le plus magnifique et le plus étendu s’offre à la vue de tous côtés. On découvre distinctement la ville de Windsor , la rivière d’Haw- kesbury, le Prospect-liill et beaucoup d’autres points encoi-e, si- tués de ce côté de la colonie. L’imposante magnificence de ce lieu réunie à la variété de ses points de vue ont engagé le Gouverneur à lui donner le nom de the King’s table Land, Au Sud-Ouest de King’s-table-Land la montagne se termine tout à coup en un précipice d’une immense profondeur au fond duquel on aperçoit un vallon d’une beauté aussi romantique qu’il est possible de l’imaginer, ayant pour limites opposées des montagnes d’une grandeur étonnante, qui sont également coupées à pic, et toutes couvertes d’un bois touffu. Cette étendue pittoresque de pays, qui est d’environ 24 milles, fut nommée par le Gouverneur, le vallon du Prince-Régent. En continuant jusqu’au 35', mille sur le sommet d’une colline, on trouve une gorge sur le côté sud- ouest du vallon du Prince -Régent, d’où l’on a un point de vue superbe et imposant : des montagnes s’élevant derrière d’autres montagnes , garnies à leur base de masses énormes de rochers , frappent ici la vue de surprise et d’admiration. La disposition, DxiKS LA Nouvelle-Hollande. 24^ cîi’culaire de cet eusemble étonnant engagea le Gouverneur à donner le nom d’aniphitéâtre de Pitt, en l’honneur de William Pitt, à cette continuation de la vallée du Prince-Régent. Le chemin continue ensuite pendant 17 milles sur les bords es- carpés de la montagne c{ui ferme un des côtés du vallon du Prince de Galles, et se termine tout à coup en un précipice pres- que perpendiculaire d’une profondeur mesurée de 676 pieds. M. Gox a fait preuve de beaucoup de génie en pratiquant sur cet escarpement effrayant un chemin en spirale de plus de trois quarts de mille de longueur, extrêmement solide et durable. Ceux qui ont vu ce lieu peuvent seuls se former une idée du travail qu’il a fallu employer pour surmonter les difEcultés. Afin de perpétuer la mémoire de services aussi importuns et pour payer un juste tribut à M. Cox, le Gouverneur a nommé ce passage extraordinaire Cox’s pass. Lorsqu’on est descendu dans la vallée, au bas de ce chemin, et qu’on jette un regard en arrière, l’œil ne peut mesurer sans effroi ces masses imposantes de rochei's qui semblent suspen- dues sur la vallée. Ce passage est jusqu’à présent le seul point qu’il y ait pour des- cendre j et quoique la montagne sur laquelle il est pratiqué soit beaucoup plus haute qu’aucune de celles qui l’environnent et d’où on la distingue aisément, cependant elle n’est qu’un des bords es- carpés d’une montagne bien plus élevée encore que l’on découvre très-bien à mesure qu’on avance dans l’intérieur. Cet escarpement reçut du Gouverneur le nom de Mount-Yorck. Le Gouverneur aperçut avec beaucoup déplaisir, pour la pre- raièi-e fois depuis le commencement de son voyage, en descendant Cox^spass, de belles prairies et un sol convenable à la culture. Il nomma la vallée au pied de Mount-Yorck , Clwjcl , à cause de sa parfaite res.semblance avec celle de ce nom dans North-W^ales. Le pâturage y est d’une bonne qualité, très- abondant, et traversé par Mém. du Muséum, t. 2. 82 246 Découvertes un ruisseau dont les eaux sont belles, et qui partant de l’Est se jette à l’Ouest dans un autre ruisseau, dont les eaux sont plus abon- dantes. La jonction de ces deux ruisseaux forme une rivière assez grande qui reçut le nom de Cox^s river, qui prend sa source, comme on vient de le voir, dans le vallon du Prince-Régent et se décharge dans la rivière Nepean; et on présume, d’après la nature du pays qu’elle parcourt, qu’elle doit être une des causes princi- pales des inondations accidentelles qu’on éprouve dans la partie basse du pays que traverse la rivière Hawkesbury qui reçoit les eaux du Nepean, La vallée de CKvyd a 6 railles d’étendue à partir de la base de la montagne d’York jusqu’à la rivière de Cox; à l’Ouest de cette rivière le pays devient encore montueux , mais il est assez généralement boisé et offre de bons pâturages. MM. Blaxland, Wentworth et Lawson avoient terminé leur voyage à 5 milles à l’Ouest de la vallée de Clwyd. On est frappé d’ad- miration et de surprise en considérant ce qu’il leur a fallu de per- sévérance et de travail pour ouvrir, à travers un bois touffu et épineux, un chemin pour eux et leurs chevaux, et avec cjuelle patience ils ont enduré des fatigues cfui ont sérieusement attaqué leur santé. C’est pour en perpétuer la mémoire qu’on a donné aux trois belles montagnes qui sont réunies à ce terme de leur voyage, les noms de Mount- Blaxland , TF'enlworlh sugar-loaf et hawson sugar - loaf. Une chaîne de monts élevés et des yallées étroites com- posent tout le pays à l6 milles à la ronde, depuis la rivière de Cox jusqu’à Fish'River, et la station entre ces rivières est consé- quemment très-pénible pour les bestiaux. Cette chaîne est nommée Clarence Jiilly - range. A quelque peu de distance à partir de Fish -River, on aperçoit une belle et singulière montagne dont le sommet semble couronné par nn rocher d’nne forme extraordinaire et prescjue circulaire, ce qui lui donne l’apparence d’une montagne fortifiée, comme on en voit fréquemment dans l’Inde. M. Evans, premier voyageur européen DANS LA Nouvelle-Hollande. 247 qui l’ait vue, lui a donné son nom. De l’autre côté de Mount- Evans le pays est encore montagneux , mais présente des pâturages qui croissent toujours en qualité jusqu’à la vallée de Sidmouth, qui est distante de 8 milles du passage de Fish-River. Ici le sol est plus uni et moins boisé qu’aucun autre observé jusqu’alors. La vallée n’est pas considérable, mais elle produit une grande quantité de plantes qui probablement seroient bien intéressantes pour un bota- niste, Cette belle petite vallée prend sa direction du N.-O. au S.-E. , entre des montagnes d’un accès facile et qui sont peu couvertes de bois. En quittant la vallée de Sidmouth, le pays offre encore un aspect montueux et ressemble sous beaucoup d’autres rapports, pendant quelques milles , à celui qui est à l’Est de la vallée. Etant arrivé à la rivière de Campbell , éloignée de i3 milles de la vallée de Sidmouth, le Gouverneur considéra avec un vif intérêt l’en- semble du pays, qui offre sur un sol légèrement élevé des plaines fertiles et plus ouvertes. Ou a jugé que d’après la hauteur de ses bords et sa largeur moyenne , la rivière Campbell devoit être quel- quefois fort considérable. Mais les grandes sécheresses qui vraisem- blablement ( pendant ces trois dernières années ) ont eu lieu à l’Ouest des montagnes, de même que dans la colonie, l’ont tellement épuisée qu’elle ressemble plutôt à une chaîne d’étangs qu’à une rivière. C’est dans ces espèces d’étangs ou mares que se trouve en grand nombre l’animal singulier, nommé paradoxal ou taupe d’eau. Le sol , sur les deux rives , est extrêmement fertile et l’herbe y est excel- lente. A deux milles au Sud du chemin qui traverse la rivière Camp- bell on aperçoit deux grandes plaines de terres basses et très-fertiles , qu’on a nommées Mitchell-Plains ^ le chanvre y croît en grande abondance. A la jonction des rivières Fish et Campbell on a également reconnu deux superbes plaines situées à quelques milles au Nord du chemin et du pont sur la Campbell ; l’une d’elles porte 32* D ÉCOUVERTES le nom d’O’ConnelI j l’aufre de Macquarie : loufes les deux sont d’une étendue considérable et paroissent devoir fournir abondam- ment à tous les besoins de la vie. A sept milles au-delà du pont de la rivière Campbell on entre sur les plaines de Bathurst : elles offrent une surface de ii milles d’un pays riche et uni, bordée des deux côtés par de jolies collines légèrement boisées et d’une pente très-douce. La rivière Macquarie qui est formée par la jonction des rivières Fish et Campbell, par- court ces plaines en serpentant ; et lorsqu’on est placé sur un point élevé, on eu suit facilement le cours indiqué par la verdure plus foncée des arbres qui la bordent et qui sont les seuls dans toute cette plaine. Le nivellement des terres .et leur surface unie feroient croire au pi’emier aspect qu’elles ont été cultivées. On ne peut voir un aussi beéiu spectacle -sans être pénétré d’uu sentiment d’admii'ation et de surprise; mais le silence et la solitude qui régnent sur cet espace d’une étendue et d’une beauté telles que la nature semble l’avoir destiné pour être occupé par l’homme, et lui fournir tout ce qui rend la vie agréable , impriment à l’âme une sorte de mélancolie , qu’il est plus facile d’imaginer que de décrire. Le Gouverneur et sa suite arrivèrent dans ces plaines le mardi 4 mai, et ils campèrent sur la rive gauche ou du Sud de la rivière Macquarie. Cette station fut préférée à cause de son élévation , d’où l’on découvre un rayon de pays de six milles environ. On y resta huit jours qui furent employés à parcourir le pays adjacent dans difîerentes directions des deux côtés de la rivière. Le dimanche 7 mai , le Gouverneur détermina le lieu convenable pour bâtir une ville à une époque à venir, et il donna à ce lieu le nom de Bathurst, en l’honneur du secrétaire d’Etat actuel pour les colonies. Cette position est suffisamment élevée pour n’avoir rien à redouter des inondations qui pouiToient avoir lieu, et en même temps elle est assez rapprochée de la rivière sur sa rive méridionale pour retirer toute sorte d’avantages de ses eaux limpides. Les ouvi’iers et les cultivateurs qui par la suite obtiendront des concessions et se fixeront dans ce lieu retireront de très -grands avantages de la fertilité du sol et de la belle rivière qui l’arrose. Toutefois le Gouverneur doit annoncer ici que les espérances que l’on avoit conçues sur ce que cette rivière pouvoit être navigable jusqu’à la mer de l’Ouest n’ont pas été réalisées. Pendant la semaine que le Gouverneur passa à Batburst il fit plu- sieurs excursions sur divers points; une d’elles fut poussée jusqu’à 22 milles dans la direction du S. -O., et dans celle-ci, comme dans toutes les autres, il a constamment observé que le pays étoit alter- nativement composé de plaines et de vallées que formoient des chaînes de petites montagnes. Le sol lui en parut généralement fertile et bien convenable au labour et aux prairies; et il annonce avec beaucoup de plaisir que les rapports favorables qui lui avoient été faits sur la beauté du pays , à l’Ouest des INIontagnes-Bleues , ne sont nullement exagérés. Les difficultés du trajet sont sans doute grandes et inévitables; mais on sera rarement dans le cas de les surmonter; car il est probable que les personnes qui se seront une fois établies dans la nouvelle colonie n’auront pas besoin de visiter fréquemment la colonie actuelle. On trouve dans les montagnes l’eau et l’berbc en assez grande quantité pour la nourriture des bestiaux qu’on y couditiroit. Le sol fertile et les riches pâturages de ce nouveau pays sont d’une si grande étendue, qu’ils suffiront amplement à l’existence de la population, quel qu’en soit l’accroissement. A environ lo milles du site de Batburst il n’y a pas moins de 5o,ooo acres de terres sans bois dont on estime que la moitié au moins peut être mise très-avantageusement en culture. Il est à re- gretter que la qualité du bois ne soit qu’en raison inverse de celle du sol ; et on a fait la remarque qu’il eÿ effectivement d’une gz’os- aSo Découvertes seur et d’uue qualité bien inférieure à l’Ouest des montagnes. Ce- pendant il en existe, dans le voisinage de Batliurst, une quantité suffisante pour fournir à la construction des habitations et des fermes qu’on y établiroit. Le Gouverneur regrette également qu’on n’ait pas découvert d’indices de mines de charbon de terre ni de pierre à chaux dans les pays de l’Ouest. Ces articles sont en eux- mêmes d’une grande importance et la privation en sera vivement sentie lorsque le pays sera occupé. • Après avoir fait la description de l’aspect général du pays et de ses traits principaux, le Gouverneur doit dire un mot de ses productions vivantes. Les plaines de Bathurst abondent en gibier de toute espèce, et les deux principales rivières produisent une grande quantité de poissons, mais tous d’une seule espèce, ayant beaucoup de rapport avec la perche, d’une chair fine et délicate à peu près comme la morue de rocher. Ce poisson parvient à une grosseur assez considérable et est très- vorace. On en a pris plu- sieurs pendant le séjour du Gouverneur à Bathurst et sur la Fish- River; un d’eux pesoit 17 livres et un autre 25. Le gibier consiste en kanguroos, émus (ou casoards), des ciguës noirs, des oies sauvages, des dindes sauvages, diverses espèces de canards , des cailles , des bronzes ( lumachelle ) , et autres sortes de pigeons, etc., etc.; la taupe d’eau, ou le paradoxal .(ornithorin- cus ) abonde aussi dans toutes les rivières et les étangs. Le site choisi pour l’emplacement de la ville de Bathurst, d’après les observations astronomiques prises du mât de Pavillon qu’on y planta le jour où ce nom lui fut donné, est situé, latitude 33° 24' 3o'' Sud, et longitude 149° dy' ^5" Est de Greenwhich, étant 2'i milles I Nord et 944 à l’Ouest de l’hôtel-de-ville de Sydney, dans la direction Ouest; 20° 5o\Nord 83 milles géographiques ou 954 DANS LA Nouvelle-Hollande. i5i milles itinéraires. La distance mesurée du chemin de Sidney à Bathurst est de 140 milles anglais. La route, construite sous la direction de M. Cox, commence à Emuford, sur la rive gauche du Nepean, et est continuée pendant loi Ÿ milles jusqu’au mât de pavillon de Bathurst. Le chemin a été soigneusement mesuré et les milles ou distances régulièrement mar- quées sur les arbres vivans à la gauche du chemin en allant à Bathurst. Le Gouverneur a été principalement dirigé dans le choix qu’il a fait des stations suivantes par la considération des bons pâturages et l’abondance des eaux pour l’existence des bestiaux. 1*^'. Station. Spring-Woocl à 12 milles d’Emuforcl 12 milles iliné’'". 2'. Vallée de JamlesUn , ou 2°. dépôt , ic? 28 3°. Black-Heatli. id '. 4i 4'- Cox’s-River id 55 5°. Fish-River id 72 6®. SidmoLitli-Valley id 80 7'. Campbell-River id 91 8'. Bathurst id 101 f Dans toutes ces stations le voyageur est certain de trouver beau- coup de pâturages et de l’eau en abondance. Le jeudi ii mai, le Gouverneur et sa suite reprirent le chemin de Sydney, où ils arrivèrent le vendredi suivant ig mai. Le Gouverneur croit qu’il est nécessaire de prévenir le Public qu’il n’a pas l’intention de concéder des terres au-delà des Montagnes- Bleues avant d’en avoir reçu l’agrément des Ministres de S. M. en réponse au rapport qu’il leur a adressé à ce sujet. En attendant, les personnes libres qui voudraient visiter ce pays en recevront la permission sur la demande par écrit au Gouverneur qui leur fera délivrer des permis, et il est en même temps stricte- ment défendu d’entreprendre ce voyage sans une permission écrite. La garde militaire stationnée aux différens dépôts recevra les ordres aSa Découvertes dans la Nouvelle -Hollande, pour arrêter et faire rétrograder toutes les personnes qui n’en se- roient pas munies. Les motifs d’une telle sévérité sont assez évidens pour qu’il soit inutile de les expliquer ici, et qu’en y réfléchissaut, on veuille bien s’y soumettre. Le Gouverneur ne sauroit terminer cette relation de son voyage sans témoigner toute sa reconnoissance à M. Cox, écuyer, pour l’im- portant service qu’il a rendu à la colonie en aussi peu de temps, en ouvrant une communication avec le pays nouvellement découvert; il l’assure du plaisir qu’il aura à attirer favorablement l’attention de S. M. sur ses grands et utiles services. '4 253 DESCRIPTION DE LA GREFFE JUGE, NOUVELLE SORTE, OU jMÉMOIRE sur la coïncidence des ECORCES DANS LA RÉUSSITE DES GREFFES. PAR A. THOUIN. T^ous ceux qui se sont occupés, soit eu théorie, soit en pratique, de la multiplication des arbres par le moyen des greffes, ont été constamment dans l’opinion que, pour faire réussir cette opération, il falloit cpie l’écorce de la greffe fut recouverte par celle du sujet, ou du moins que l’une et l’autre fussent tellement rapprochées qu’il ne restât entre elles aucun intervalle. Un cultivateur distingué, M. Juge de St. -Martin, a pré- tendu prouver p.ar des expériences que cette coïncidence des écorces, non -seulement n’étoit pas indispensable, mais même, qu’elle n’étoit pas nécessaire. Voulant connoître jusqu’à quel point cette assertion étoit fondée, nous avons cru devoir répéter les expériences an- noncées et en tenter de nouvelles. Ce sont ces expériences Méni. du Muséum, t. 2. 33 254 Greffe Juge. et les résultats qu’elles nous ont donnés qui feront le sujet de ce Mémoire. Choix des sujets. Au mois d’avril 1812, nous avons con- sacré dans l’Ecole d’ Agriculture pratique du Muséum, six sujets à cette utile expérience et nous les avons choisis parmi des arbres de diverses familles, tant indigènes cju’étrangers et de nature de bois fort différente. Tous étoient de jeunes individus venus de semences, de l’âge de deux jusqu’à cinq ans, plantés depuis un an révolu , sains de tiges et de racines, bien portans et la plupart vigoureux. Nous en présenterons la liste ci-après. Epoques des greffes. Les sujets ont été greffés depuis 1812 jusqu’en 1814, par gemma ou en écusson, en espèces congénères, et à deux époques différentes, savoir: lors de la première ascension de la sève , au printemps , et à œil poussant, et à la seconde sève, vers le mois d’août, et à œil dormant. Opération des sujets. Pour être assuré que les écorces des sujets et des écussons ne se toucheroient pas, on prit la précaution de faire aux premiers, des plaies régulières de la forme d’un carré long, depuis la largeur d’un jusqu’à 3 cen- timètres, sur une hauteur de 20 à 3o millimètres, suivant la grosseur et la force des sujets, ainsi que la nature des greffes 5 ces plaques d’écorce coupées furent enlevées jusqu’à l’aubier quelles laissèrent à découvert dans ces parties. ( Voy. fig. i , let. a. ) Lei^ée des écussons. Ils furent choisis sur des espèces de même genre que les sujets et qui av oient le plus de rapports Greffe Juge. aSS avec eux par leur nature et leurs habitudes. Ou les tailla dans la même forme que les plaques d’écorce enlevées sur les sujets, mais de 4 millimètres moins hauts et moins larges. On ne laissa sous l’écorce ni aubier ni bois, et on s’assura soigneusement que le corculum des gemma ou des yeux placés au milieu des plaques d’écorce, étoit entier et que les écussons n’étoient point éborgnés , puisqu’ils étoient mu- nis du point vital qui renferme l’élément des nouveaux bour- geons. ( Fig. I , let. b , c.) Pose des Greffes. Les écussons furent posés exactement au milieu des plaies faites sur les sujets, de manière qu’ils fussent isolés des bords de l’écorce de ces derniers d’environ 2 millimètres sur les quatre côtés, et que par ce moyen il n’y eût pas de coïncidence entre l’écorce des greffes et celle des sujets. Cette opération eut lieu peu de minutes après que les plaies des jeunes arbres eurent été établies et im- médiatement après que les écussons eurent été levés sur leurs rameaux. ( Fig. i , let. d. ) Résultats. Pour les rendre plus saillans et les faire appré- cier d’un coup d’œil , nous les présenterons tous en un seul et même tableau. 33 * 256 Greffe Juge. Noms des Sujefs. des Greffes. Rhamnus catharticus L.< Quercus rohur, L. Morus alha, L. . . Mespilus oxyacantha, L. Cratœgus racemosa , Link. Pyrus py r aster ) L Totaux 6 Esp.de sujets. Infectorius , L. Sp. PI. . . . Hybridus , L’Hérlt Alpinus , E Pumilus , L Alnifolius , L’Hérit Cerris , L . . . . Ruhra, L . Constantinopolitana , Mus Parisi Nigra, L Cratœgus aria , L Cydonia sinensis , Th. (i) Pyrus sinàica , Th. (a).. • Cratœgus sorbifolia Ainelancliier , L Pyrus domestica . i5 Espèces de Greffes. H O K « « » S U O ‘H Z 2 2 2 2 2 2 2 2 4 3 2 2 2 2 35 Nombre des Greffes faites 17 18 Mode des ap.pa- reils des greffes 17 I I I 1 r 1 I 1 2 2 1 1 I I 18 RESULTATS, II On voit d’après ce tableau, que depuis le mois d’avril 1812 jusqu’à celui d’août i8i4, il a été placé sur six sujets diffé- rens, quinze espèces de greffes au nombre de 35 écussons 5 que dix-sept ont été posés au printemps pour faire pousser (1) Voyez les Annales du Muséum, tora. 19, pl. 8 et 9, pag. i44-i55. (2) Voyez les Mém. du Muséum d’histoire naturelle, t. i'*'., pl. g, pag. 169-182. Greffe Juge. 237 leurs gemma sur-le-champ et cjue les dix -huit autres Font été à la sève d’automne à fin de faire dormir leurs yeux pendant le reste de la belle saison, et qu’ils ne se missent en mouvement qu’au printemps suivant; que 17 de ces mêmes greffes n’ont été maintenues à leur place qu’avec du fil de laine, et que les i3 autres ont été couvertes de feuilles vertes, de papier ou d’écorce fraîche; enfin que 24 de ces mêmes écussons sont morts sans avoir poussé et qu’il n’y en a eu que 1 1 qui aient donné des bourgeons plus ou moins vigoureux, comme on le verra ci-après. En général, les greffes qui ont repris sont plus particulièrement celles dont les écussons ont été couverts de papier et de feuilles de mûrier. Cependant quelcjues-unes des autres qui n’ont été abritées de l’air extérieur cjue par la ligature de laine ont bien végété. Telle est surtout celle du quercus cerris placée sur le chêne rouvre. QuoiqVelle n’ait été effectuée qu’en juillet i8i3, sa pousse a dans ce moment ( ler. juin 18 1 5), près de 3 mètres de longueur, et offre onze branches et rameaux bien constitués. Parmi les 24 écussons qui n’ont pas poussé, il en est cjuatre qui semblent encore verts et qui peut-être donneront des signes de vie au retour de la sève; ainsi il reste encore quelque espérance. Quant aux greffes en végétation, les par- ties des plaies qui se trouvent entre l’écorce des sujets et celle des écussons sont remplies actuellement, soit par une nouvelle écorce semblable à celle du sujet, soit par un tissu cellulaire mamelonné à la surface et qui unit les bords des écussons avec ceux des plaies des sujets. Les placjues d’écorce qui n’ont point poussé leurs bourgeons ont séché à la place a58 Greffe Juge. où elles ont été posées; elles se sont amincies et il ne s’est pas formé de nouvelle écorce dans leur circonférence. Critique. Il est facile d’apprécier, d’après le résultat ci- dessus présenté, le mérite de cette nouvelle sorte de greffe. Il est, comme on voit, très -inférieur à celui de beaucoup d’autres de la même section, pratiquées depuis long-temps, puisque sur 35 écussons nous n’avons obtenu que onze greffes certaines, ce qui ne fait qu’un tiers à peu près; tan- dis que par les procédés des greffes Jouette et Vitri, em- ployés dans toutes les pépinières des environs de Paris, on réussit presque toujours, à faire reprendre plus des 9 dixièmes des écussons. Ajoutez à cela que ceux qu’on obtient par cette nouvelle méthode, occasionnent des nodosités, des bourrelets et des cicatrices sur les tiges des sujets, lesquels sont plusieurs années à disparoitre, et qu’enfirtles bourgeons de ces greffes sont plus susceptibles d’être rompus par les vents que ceux de la sorte la plus oi’dinaire, Obseivations. Cependant cette nouvelle greffe confirme un fait connu des physiologistes et de beaucoup de cultiva- teurs; c’est que la sève montante se répartit du centre à la circonférence des arbres par les rayons médullaires , et qu’ils suffisent quelquefois pour conduire ce fluide aux gemma qui se trouvent dans leur voisinage , les développer et nour- rir leurs bourgeons. Mais il n’en est pas moins certain que les couches de liber et de parenchyme, surtout ce dernier qui est formé d’une grande quantité d’utricules , percés d’une multitude de pores, lesquels reçoivent la séve de tous les côtés et la répandent de la même manière, contribuent Greffe Juge. 2% puissamment à la réussite des greffes lorsque l’écorce de celles-ci coïncide avec celle des sujets. Ces expériences, en confirmant uii fait déjà connu,* ne font donc que modifier le principe admis. Ainsi, au lieu de dire avec Olivier de Serres, Miller, Duhamel, Cabanis et autres cultivateurs, que la coïncidence entre les écorces des sujets et celles des greffes est indispensable à la réussite de ces dernières, on doit se restreindre à dire qu’elle, est nécessaire. Rectifier un axiome considéré comme urj principe élémentaire démontré, est une chose utile aux progrès des sciences et des arts; et tel est le motif qui nous a déterminé à publier cette description. Classification. Cette nouvelle sorte appartient à la 3^. section de la classe des greffes ou à celle des greffes par gemma. Elle fait partie de la première série ou de celle en écusson et doit être placée immédiatement après la greffe Mustel, sous le n». IX. Rappo?'ts. Celle-ci a beaucoup de ressemblance avec la greffe Mustel pour la forme et les dimensions, mais elle s’en distingue en ce qu’elle est placée à cjuelque distance des parois de l’écorce du sujet qui la reçoit. D finition. Greffe (Juge) en écusson au moyen d’une plaque d’écorce en carré long, munie d’un œil et placée dans une entaille isolément de ses bords. Dédicace. Nous donnons à cette greffe le nom de son inventeur, M. Juge de Saint-Martin, agronome distingué, correspondant de la Société d’ Agriculture de Paris, auteur des Notices sur les Arbres et Arbustes c[ui croissent natu- rellement ou cpii peuvent être élevés en pleine terre dans le 200 Greffe Juge. Limosin (i), ainsi que de plusieurs Mémoires iutéressans sur l’économie rurale; propriétaire d’une pépinière d’arbres étrangers et indigènes et qui a naturalisé dans sou départe- ment plusieurs végétaux exotiques utiles aux progrès de son agriculture. . , , EXPLICATION DES FIGURES REPRÉSENTANT LA GREFFE JUGE. Fi&. 1. Sujet sur lequel on a réuni des exemples de la greffe Juge dans différens états et à diverses époques de leur confection. a. Plaie faite au sujet pour recevoir l’écusson. b. Ecusson levé prêt à être mis en place, et vu du côté du gemma. c. Le même, vu en dessous, pour faire distinguer le corculum, ou point vital du gemma. d. Ecusson posé et prêt à être ligaturé. e. Greffe posée depuis un an , dont l’œil a poussé son bourgeon, et les fissures de la plaie couvertes d’une nouvelle écorce lisse. f. Ecusson posé depuis dix-huit mois, dont les fissures sont remplies d’ua tissu vasculaire mamelonné. g g. Cicatrices de branches coupées alternativement à l’époque de l’opération de la greffe’. h. Coupe de la tête du sujet pour faire pousser la greffe. Figures de grandeur presque naturelle. Ei&. 1. Greffe Risso, dont il sera traité dans un prochain Mémoire. (i) Ouvrage in-8°. , dog pag. Limoges, Jacques Farne, 1790. . O/ŒFFjÙJ Ji/FSO .. a/l F F F F aaaF . 'V:;':::'.--:"-iV' <'• • ■'. 'i. ■ ■•'V ■• ,r>,' ■:^ ■ ■ ■ - -■-■ ■ ■i ' r \./ ;*■>'•/• :->3; f •- • -^ 'v- SUITE DU MÉMOIRE Sur les Plantes auxquelles on attribue un Placenta central libre , et Pœpue des Familles auxcquelles ces plantes appartiennent. ( Voyez la Planche IV. ) PAR M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE. § IV. De la F ainille des Paronyciiiées : DigressioJi sur le double poiut d’attache des ocules et sur Ve micropyle. Si le tainarix et le fumera doivent être éloignés des por- iulace'es ,i\ n’en est pas de même du scleranthus. Les plantes qni forment ce genre (i) offrant dans leur graine nn embryon roulé circulairement autour d’un périsperme farineux, ne sauroient être réunies aux thyrnelées (2). M. Brown a rangé le scleranthus à la suitç des chenopodées avec lesquels il a effectivement des rapports; mais quand il n’en différerok pas essentiellement par ses feuilles connées et ses étamines pla- cées au sommet du calice (3), la structure de l’ovaire prou- • - * (1) Les scleranthus annuus , perennis et polycàrpos L. sont-ils bien des espèces distinctes? (2) V. Jus. Gen. PL pl. 314. (3) Brown lui-même fait sentir les différences qui résultent de la position des feuilles et de celle des étamines. Méin. du Muséum, t. 1, 34 202 Placenta central libre. veroit encore que M. de Jussieu a découvert à peu près la véritable .place de ce genre , puisque cette même structure se retrouve dans le corrigiola Utioralis L. , plante que per- sonne n’a été tenté de séparer des portulacées. L’ovaire de la corrigiole est uniloculaire et monosperme. L’ovule remplit tout l’ovaire; il a la forme d’une virgule peu arquée et son bout étroit tourné vers le sommet du péri- carpe est moitié moins long que le gros bout qui regarde le fond de la loge. Un long cordon ombilical déjà signalé par Gærtner {Fruct. i ,p.'358, tab. yS ),naît du fond de l’ovaire, va se rattacher vers les deux tiers du grand diamètre de l’ovule au point intermédiaire entre son gros bout et son bout étroit, et ce dernier tient en outre au sommet de la loge. D’accord avec les plus habiles observateurs, Gærtner a déjà fait voir (^Fruct. 2, p. 196) que Linné avoit eu tort •d’attribuer deux semences à chaque fruit du scleranthus j mais jusqu’ici l’on n’a point indiqué la position de l’ovule dans le jeune fruit. Elle est absolument la même que dans la corrigiole , et par conséquent ces plantes, qui en outre ont une semence semblable, ne peuvent rester fort éloignées l’une de l’autre. Quoiqu’on eût attribué au mniarum ( ditoca Gært. ) un ovaire adhérent, il suffisoit de jeter un coup d’œil sur la figure de Forster, et de comparer la description de cette plante et celle du scleranthus dans l’ouvrage de Gærtner, pour se convaincre que te fruit du mniarum n’est point in- férieur (i). Mais actuellement on ne sauroit avoir le moindre (i) Le corps libre que Forster ( Gen, i. ) décrit comme étant l’ovule, est bien Famille des Paronychiées. 263 * doute sur ce point, car R. Brown dit positivement ( Prod. , p. 4i2 ) que l’ovaire est parfaitement libre*. Comme l’a très- bien observé le même auteur, le genre dont il s’agit diffère très-peu du scleranthus , son étamine est également placée au sommet du tube calicinal, il a aussi des feuilles connées iinéaires-subulées , sa physionomie est absolument la même, et Brown n’a pas hésité à les ranger l’un à côté de l’autre. M. de Jussieu, qui d’abord avoit laissé le niniarum parmi les genres dont la place est incertaine , a fait dans son herbier le même rapprochement que Brown. A la vérité celui-ci ne dit point que le mnianim ait un long cordon ombilical naissant de la base de la loge; mais il ne parle pas non plus de ce caractère en décrivant le sclerantlius , et il attribue à tous les deux une semence renversée, position que la graine paroît véritablement avoir dans le scleranthus lorsqu’on ne fait pas attention au cordon ombilical (i). Si cet organe a échappé à Brown dans le scleranthus , il aura dû lui échap- per aussi dans le mnia7'uni • mais deux ovaires décrits de même doivent être organisés d’une manière semblable, et le ■mniantin viendra nécessairement se ranger â côté du scle~ ranthus dans le voisinage des portulacées. C’est aussi près de ces genres qu’il faudra placer le queria , certainement le fruit tout entier ^ puisque, suivant le même auteur, ce cor])s porte les styles, et l’on sait que jamais ceux-ci ne sont appuyés immédiatement sur la semence. On peut tirer les mêmes conclusions des descriptions et des figutes de Gærtner ( Fruct. 2, p. 196, tab. 126 ). (ij Une semence remplissant tout l’intérieur du péricarpe et suspendue à un cordon ombilical qui naît du fond de la loge, doit nécessairement paroître ren- versée (Ricb. ), lorsque le cordon ou l’axe auquel elle tenoit se trouve oblitéré; puisqu’alors l’ombilic répond au sommet de la loge. 34* * 264 Placenta central libre. rangé jusqu’ici parmi les carjophjllées. Non-seulement sa physionomie est absolument celle du imiiarwn et du scle- ranthus • non-seulement il a, comme eux, des tiges étalées, des feuilles connées linéaires-subulées, des fleurs sessilesj mais encore il n’a point de corolle ; ses dix étamines, quoique insérées très-bas sur le calice, sont bien certainement péri- gynes. (i), et sa capsule uniloculaire contient un seul ovule attaché à un long filet qui naît du fond de la loge. La différence la plus sensible est que dans \q niniarum scier anthus , le fruit est un utricule, tandis que celui du queria est une capsule à trois valves. Le niinuartia , placé dans le livre des ordres naturels au- près du queria, présente nonrseulement une capsule à trois valves, mais encore plusieurs semences dans le fruit. Quoique les auteurs lui aient refusé une corolle, il en a certainement une composée de dix pétales extrêmement petits, alternes, avec- autant d’étamines à anthères très-caducs (2). Par ces caractères, la pluralité de semences et la présence d’une co- rolle, le minuartia diffère du scieranthus un peu plus en- core que le queria. Cependant il ne peut non plus rester (1) .Te sais que l’on a attribué trois étamines seulement au queria; mais dans les fleurs quei’ai examinées, j’en ai trouvé dix inégales et à filets grêles, dans cmq desquelles les anthères étoient imparfaitement développées. Il est inutile de dire que je ne veux point parler ici du Ç. canadensis L. rejeté dans le genre anychia. (2) Ou voit que l’on s’est aussi trompé en n’accordant que trois étamines au minuartia. Quelques botanistes lui ont déjà donné une corolle composée de trois à cinq pétales. Les dix que j’ai vus étoient très-minces, comme membra- neux, fort courts, linéaires-oblongs, obtus au sommet. Il n’est pas étonnant que leur, petitesse les ait souvent dérobés à la vue; mais s’il étoit vrai qu’ils man- quassent quelquefois , le auroit un rapport de plus avec le ÿnejfa. Famille des Paronychiées. ' aôS parmi les caryophyllées , puisque ses étamines sont certaine- ment péxigynesj et pour être rapproché du queria et du mniarinn, il a, comme eux encore, des feuilles connées linéaires-subulées , des fleurs sessiles, enfin wn fades abso- lument semblable, ainsi que M. de Jussieu l’a déjà observé en deux endroits différons du Généra Plantanmi (G en., p. 3oo et p. 44i )* Le lœflingia réunit à l’existence d’une corolle, une cap- sule uniloculaire renfermant plusieurs semences attachées à un axe central. Ces caractères, des étamines et des pétales insérés un peu au-dessus de la base du calice et toujours la même physionomie placent naturellement Le loeflingia au- près du ininuartia. Voilà donc cincf genres c]ui présentent pour caractère commun des tiges étalées, des feuilles connées linéaires-su- bulées, des fleurs sessiles et peu remarquables, des étamines perigynes (i) en nombre déterminé, un ovaire libre, et enfin nn embryon roulé circulairemeiit ou demi- circulai rement autour d’un périspei’me farineux (2). Ce groupe dont le fruit (1) Je ne prétends parler ici, comme dans tout le cours de ce Mémoire, que de l’insertion extérieure et apparente qui, par nue singularité fort remarquable, coïncide mieux avec les rapports vraiment naturels que l’insertion réelle et phy- siologique ; il suffit pour s’en convaincre de lire la belle anatomie de la fleur pai; i\I. Mirbel ( Mém. Inst. , 1808 ). C’est àpeu près ainsi que la coléorrliize désira- minées et celle du tropœolum et des racines secondaires chez’les dicotylédones présentent les mêmes caractères extérieurs, quoiqu’elles soient dans le fait d’une nature totalement différente. (2) J’ai trouvé dans le lœflingia hispanica L. un embryon courbé demi-circu~ lairement autour d’un périsperme transparent et dont la radicule aboutit à l’om- bilic : ce qui s’accorde avec la description de Gærtner. unilatérale farinosuni, Emb. dorsalis arcuatus ( Fr uct. 2, p, 122, tab. 126)- 206 Placenta central libre. et la semence sont également ceux des carjrophyllées et des portulacées , qui se rapproche des premiers par son fobcies et ses feuilles connées, et des secondes par l’insertion des étamines, ce groupe, dis-je, peut se diviser en deux sections très-naturelles. L’une composée du lœflingia et du niinuar- tia offre une corolle et des fruits polyspermes. L’autre qui comprend le qiîeria , le scleranthus et le mniancm , a des fleurs incomplètes et une semence unique. La première de ces deux sections, ne différant des caryophyllées que par ses étamines et sa corolle périgynes, vient naturellement se placer à la suite de cette famille. Le queria^ par son fruit capsulaire et ses étamines insérées fort bas sur le calice , lie la première section avec la seconde, et celle-ci se rattache aux portulacées par la structure de son ovaire qui lui est commune avec la corrigiole. Ce groupe auquel je propose de donner le nom de scleranthées , me sembleroit prouver par ses rapports la nécessité de laisser la i4®. classe de Jus- sieu à la suite de la i3e. (i), et en même temps celle de rapprocher les portulacées des caryophyllees , ainsi que Ventenat l’a déjà proposé. Les styles et les stigmates des scléranthées contribuent encore à nuancer entre elles les deux familles que je viens • de nommer. Le lœflingia (2) qui, placé dans la première section de notre nouveau groupe, se trouve par-là plus rap- (i) Cela ne m’empèclie point de reconnoître combien est méthodique l’idée de faire suivre la 12®. classe par la i3°. Si l’on tenoit absolument à ce dernier rap- prochement, peut-«tre le feroit-on cadrer avec l’arrangement que je propose, en prenant celui-ci en sens inverse. (a) C’est à tort que les auteurs lui ont attribué un style et un stigmate uniques. Famille des Paronychiées^ 267 proche des carjophjllées , présente;, comme les portulacées , un seul style divisé jusqu’au tiers en trois branches stigma- tiques du côté intérieur seulement, tandis que les quatre autres genres de scleranthées offrent, comme les caiyo- phy liées , plusieurs styles bien distincts et autant de stigmates latéraux (i). Malgré tout, on ne sauroit s’empêcher de con- venir que la physionomie des scleranthées leur donne plus de rapports avec cette dernière famille qu’avec lés portula- cées, mais bientôt on verra l’intervalle comblé par un autre groupe également naturel. Cependant, avant de le former, je crois nécessaire de revenir sur un caractère que je n’ai fait qu’indiquer légèrement, en parlant de la coj'rigiole et du scleranthus. J’ai dit plus haut que leur ovule en forme de virgule étoit attaché à un long cordon ombilical partant du fond de l’ovaire , et qu’en outre il tenoit par l’extrémité de son bout étroit au sommet de la loge. On sdupçonneroit^peut-ètre, d’après cette description, que l’ovaire est entièrement tra- versé par un axe semblable à celui des caryophyïlées ou des portulacées , et que l’ovule est suspendu latéralement au sommet de cet axe *, mais il n’en est pas ainsi. Le cordon qui naît du fond de l’ovaire s’attache aux deux tiers du diamètre de l’ovule, et ne va pas plus loin. L’extrémité du bout étroit de l’ovule est attachée au sommet du péricarpe par un très-petit filet qui n’a rien de commun avec le long cordon et qui sub- siste encore quelque temps après la fécondation. L’ovtile a (i) Browu dit à la vérité (P/oc?. FL N. HoU. , p. 4i2 ) que le mniaruni et le scleranthus n’out qu’un style bipartite. Mais Gærtner leur en donne deux, et c’est Véritablement ce que j’ai observé dans le scleranthus. 208 Placenta central libre. clone véritablement ici un double point d’attache si cette assertion causoit quelque étonnement, on va bientôt voir que rien n’est plus commun, lorsqu’un ovule naît du fond d’un péricarpe uniloculaire et monosperme. Pour le démontrer, je suis obligé de m’éloigner un peu de mon sujet; mais cette di- gression ne sera peut-être pas absolument dépourvue d’intérêt. L’ovule des poljgonées est attaché au fond de sa loge, quelquefois sessile comme dans \ atr'aphaxis spinosa L. et \e?> pofygonwn tataricimi et fagopyrum\j. (i); plus souvent rétréci en manière de pédicelle, comme dans les ^P. alpinwn Ml. , hellai'-di KW. , maritùnitm lÂn. , et très-^ rarement soutenu par . un cordon ombilical distinct, mais très -court comme dans le P. persicaria L. Cet ovule est généralement oblong; outre son point d’attache inférieur, avant et même un peu apx’ès la_ fécondation, il tient encore par son sommet à celui de la loge, et il y forme un axe non interrdmpn. J’ai observé ces deux points d’attache dans les polygonum marithnian L. , bellardi Ail. , alpiniiin Ail. , persicaria L. , V atraphaxis spinosa L, , les rinnex pidcher, ohtiisifolius sanguineus , dans les urtica L. , etc. Pour se convaincre de la réalité de ce caractère,- on peut retrancher la base de l’ovàire ; alors le point d’attache inté- rieur se trouvera rompu, et l’on verra que l’ovule reste sus- pendu au sommet de la loge^ On s’en convaincra mieux en- core , en coupant verticalement et par la moitié l’ovaire et; l’ovuln : de cette manière on découvrira sans peine que ce dernier tient dans le péricarpe au point qui correspond au (i) Il clair que dans ce cas les vaisseaux ombilicaux doivent être internes'. Famille des Paronychiées, 269 style, et qu’il a une communication non interrompue avec l’intérieur de celui-ci. Enfin, lors même que l’attache supé- rieure est rompue, on en découvre aisément la trace par la troncature du sommet de l’ovule et par la surface beaucoup moins lisse de cette troncature qui indique un brisement et une interruption de l’épiderme. B. de Jussieu [Act. Par. 1742 ) avoit décrit la capsule du littorella lacustris L. comme étant monosperme. L’ovaire à une seule loge ne renferme également qu’un ovule sessile au fond du péricarpe^ et qui, comme chez les pofygonées y m’a paru, mais beaucoup moins évidemment, tenir au som- met de la loge (i). Le second point d’attache antérieur à la fécondation varie plus ou moins, suivant les genres, dans les chenopodées , et lors même qu’il ne varie pas, on trouve dans les détails de la structure intérieure de l’ovaire, des différences inté- ressantes à suivre. L’ovule du spinacia oleracea L. , sessile au fond de l’ovaire, tient au sommet du péricarpe par le moyen d’un filet terminal très-court, assez épais, qui s’enfonce dans le style; et comme cet ovule devient, aussitôt api’ès la fécon- dation, adhèrent au péricarpe, il ne paroît pas que X attache supérieure vienne jamais à se rompre. * Les ovaires plus ou moins déprimés des chenopodiimi bonus -hem'icus , murale, vul^raria , poljspermurn L. m’ont offert une structure tout-à-fait différente de celle du (1) C’est par inadvertance sans doute que dans un ouvrage justement estimé, on attribue à cette plante quatre semences nues au fond du calice. Mém. du Muséum, t. i. 35 64 Placenta central libre. spmacia. L’ovule présente, dans sa loge qu’il est loin de rem- plir, la forme d’une cornue couchée horizontalement et dont le becseroit très-court. L’extrémité du gros bout de l’ovule est attaché à un cordon ombilical qui part du fond de la loge , et le petit bout qui est extrêmement rapproché de l’autre tient latéralement à la base du péricarpe. Pour ne pas être trop long, je ne décrirai point ici l’orga- nisation des jeunes fruits du rwinia huniilis ^ àx\.corispermimi hyssopifoliwn L. , de plusieurs atriplex, du poljcneinum arvense L. , du salsola etc. (i). Je me contenterai de dire qu’avec plus ou moins de précaution (2), j’ai retrouvé le second point d’attache dans toutes ces plantes, et que parmi elles, on l’observe le plus souvent à la paroi latérale du liéricarpe. C’est là qu’il existe aussi dans le heta vulgaris L. ; mais je citerai cette plante en particulier, parce c{ue la se- conde attache y subsiste plus long-temps que dans d’autres espèces, et qu’on l’y voit plus aisément à cause de la gros- seur des différentes parties. * L’ovule de celle des amaranthacées que j’ai pu observer, m’a présenté d’autres caractères. Celui du gomphrena glo- bosa L. est à peu près ovoïde. Du fond de l’ovaire , il part un long cordon ombilical qui suit d’un côté la paroi du pé- ricarpe* se courbe au sommet, et tient l’ovule attaché laté- (1) Dans les plumhaginées , le second point d’altache présente des parlîcnlarités assez singulières; j’en pourrai donner le détail ailleurs. Je ferai connoître égale- ment les caractères remarquables du double point d’attache des labiées^ et sur- tout de la pariétaire. (2) Il en faut beaucoup pour ne pas rompre la seconde attache dans quelques espèces, par exemple, le salsola hali L. Famille des Paronychiées- 271 râlement par son gros bout, de manière que le petit bout se trouve ramené vers le cordon ombilical en formant une sorte de crosse. Je n’avois pu découvrir aucune adhérence entre l’ovaire et la jeune semence, et cependant un petit trou que j’apercevois à l’extrémité du petit bout de l’ovule, m’avertissoit assez de l’existence à’nnsecond point cC attache. En effet, en ouvrant l’ovaire avec beaucoup de précaution, j’ai reconnu que le petit bout de l’ovule qui, comme je l’ai dit, retombe sur le cordon ombilical, y adhéroit de même que le gros bout, et qu’entre les deux points d’attache, il restoit encore assez d’intervalle pour passer la pointe d’une aiguille fine. Avant même de m’être assuré de ce fait, j’avois déjà soup- çonné que dans les amaranthus blitumlj, eX. sjlpestris Desf. où l’ovule n’adhére au péricarpe en aucun point, où il est or- biculaire, comprimé avec un petit bec à côté de l’ombilic, et attaché latéralement par son boi'd (Rich. ) à un cordon om- bilical qui naît du fond de la loge, j’avois déjà soupçonné, dis-je, qu’avant la fécondation, le petit bec de l’ovule étoit fixé sur le cordon ombilical lui-même tout auprès du véri- table ombilic. Je crois qu’il en est de même dans les cinq ovules qui partent du fond de l’ovaire du celosia cristata L. , attachés à de petits cordons ombilicaux. Je ne sais si dans toutes les amaranthacées , le second point d’attache antérieur à la fécondation se trouve au- près du premier sur le cordon ombilical ; ce qu’il y a de bien certain , c’est que ce caractère est loin de leur être par- ticulier. Dans le basella alba L. , par exemple, dont la jeune semence a la forme d’une virgule, et est attaché au cordon 35* 372 Placenta central libre. ombilical entre le gros bout et le bout étroit, celui-ci se reporte sur le cordon à côté du véritable ombilic, et les deux points d’attache se touchent , en permettant néanmoins de découvrir leurs limites. Dans le blitinn virgatwn L., où l’ovule est sessile au fond de la loge, les deux points d’attache se con- fondent, mais de manière à se laisser encore soupçonner, lorsqu’on a fait des observations qui en démontrent la réalité dans d’autres espèces. Il ne faut pas s’imaginer que la seconde attache dont je viens de parler soit un reste de cette adhérence qu’on observe entre le péricarpe et la surface entière de l’ovule qui com- mence à se former. Cette dernière adhérence est loin d’of- frir le genre de continuité qui existe entre des parties un peu solides j elle n’est point immédiate, mais elle a lieu par l’intermédiaire de cette substance glaireuse et transparente considérée par M. Mirbel comme la première ébauche d’un tissu cellulaire. Ala vérité , la seconde attache qcie j’ai signalée se détruit aisément, mais elle ne peut cesser d’exister sans un véritable brisement dont la trace se découvre constamment sur fovule. Dans les mêmes espèces, dans les mêmes genres, et quelquefois dans une même famille , telle que les poljgo- 7iées , elle a toujours lieu de la même manière et au même point. On l’observe long-temps après c]ue la matière glai- reuse a disparu, lorsque les parties du jeune fruit sont dis- tinctes et déjà solides, et que le cordon ombilical et l’ovule sont entièrement formés 5 alors leur surface est très -lisse, alors la jeune semence dans plusieui's espèces n’occupe rj^u’une partie de la loge qui d’ailleurs reste vide, et souvent enfin cette même attache se retrouve encore c[uelque temps après la fécondation. Famille des Paronychiées. 273 Ce qu’on voit généralement dans la nature ne permet pas de soupçonner qne la seconde attache de l’ovule soit abso- lument sans destination. Ce n’est point par elle que les sucs nourriciers parviennent à l’ovule, puisque celui-ci continue k se développer bien long-temps après que la seconde attache est rompue. La destruction qni suit immédiatement l’émission du pollen, ou qui du moins a lieu très-peu de temps après, ne doit-elle pas naturellement porter à croire qne cette même attache a des rapports avec la fécondation ? M. Turpin a très-bien prouvé {^Ann. Mus., t. 7, p. 219 et suiv. ) qu’outre l’ombilic, il existoit dans les graines une autre cicatrice très -vraisemblablement destinée au passage des vaisseaux spermatiques. Si ces derniers et les vaisseaux nourriciers doivent aboutir à deux diflférens points de la se- mence, pourquoi seroit-il indispensable que ces deux points lussent toujours rapprochés ? Dans les pofygonées où le second point d’ attache et le véritable ombilic sont aux deux extrémités opposées d’une semence oblongue, dans les polygonées , dis -je, je n’ai pu apercevoir le micropyle de M. Turpin vers la cicatrice de l’om- bilic. Si le micropyle se trouve sur toutes les graines, et s’il n’existe véritablement pas à l’ombilic des semences de poly- gonées, il est clair qu’il faut le chercher ailleurs. Or il est certain qu’on n’y découvre plus d’autre cicatrice que celle de l’extrémité opposée à l’ombilic : cette cicatrice, résultat de la seconde attache, se voit aisément, tant que la semence n’est pas encore mûre j et très-souvent elle se montre encore avec l’apparence d’un point noir ou roussâtre visible à l’œil nu, lorsque la graiiie est déjà parvenue à sa maturité. D’après 2^4 Placenta central libre. tout ceci, il me paroît difficile de ne pas considérer le second point d’attache comme l’origine du micropyle, et comme destiné par conséquent au passage de Vaura seminalis , tandis que le véritable ombilic serviroit seulement à celui des sucs nourriciers (i). Dans les plantes où j’ai dit que l’ovule étoit en forme de virgule ou de cornue, la plupart des chenopodées et des ama~ ranthacées , cette figure change par l’effet des développe- mens successifs de l’ovaire 5 le bout étroit de l’ovule se courbe sur le gros bout; la semence, en mûrissant, devient orbicu- laire ou réniforme, et le micropyle se trouve tout auprès de l’ombilic. Mais il est à observer que le point où est placé le micropyle n’est autre chose que cette extrémité tronquée du bout étroit de fovule où répondoit dans l’origine le second point d’attache , et par conséquent il est bien évident encore que ce point n’est autre chose que l’origine du micropyle. On a vu d’ailleurs ce second point d attache suivre toutes les nuances dans sa position par rapport au point d’attache principal. Si l’un est à une des extrémités de la graine dans \es poljg07iées , tandis que l’autre est à l’extrémité opposée; dans plusieurs chenopodées où le second point d attache con- serve sa position terminale, l’ombilic ne répond plus qu’au milieu du grand diamètre de la semence. Dans le celosia cristata L. et le paronychia hispanica’Y^zm.^ ils sont en- core distincts, mais extrêmement rapprochés , et enfin, dans d’autres espèces, ils semblent se confondre. 11 est encore une observation qui vient à l’appui de mon (1) Ceci rappelle naturellement le double système vasculaire de Taxe central des caryopliyllées. Famille des Paronychiées. 275 opinion sur le second point d’attache. M. Turpin avance que la radicule est toujours toui’née vers le micropyle. Je ne dirai rien de la manière dont il explicjue les exceptions appa- rentes que présente cette règle. Mais les polygonées , le genre iirtica, etc., en offroient une remarquable, puisque leurs cotylédons regardent l’ombilic, tandis que la radicule est tournée vers le point opposé. C’est là qu’existe la seconde attache - par conséc]uent, si le principe de M. Turpin est vrai, seconde attache doit être l’origine du micropyle, et les polygonées cessent de présenter une exception au principe de cet observateur. De ce qui vient d’ètre dit, il est clair que l’on peut déduire une loi carpologique utile dans une foule de circonstances : lorsque le second point d’attache dans V ovaire, ou le my- cropile sur la semence sont opposés à ï ombilic , l’ embiyon doit être dirigé en sens contraire de la graine et vice versa. Ainsi il suffira de connoître le second point d’ attache , pour connoître aussi la direction de la radicule dans la semence , ce qui sera fort avantageux pour déterminer les rapports des plantes dont les graines ne mûrissent point dans nos climats. Quelle que soit, au reste , l’idée que l’on se forme du second point d’attache, j’ai prouvé suffisamment qu’il existoit dans une foule d’autres plantes que la corrigiole et le scleranthus. Je puis assurer en outre que dans aL\iQ,\xne'chenopodée , je n’ai trouvé le jeune fruit- exactement organisé comme celui du scleranthus , ce qui tend à prouver encore c|ue ce même genre ne doit point être rapproché de la famille des cheno- podées. J’ai annoncé plus haut qu’il existoit un groupe destiné à 27^ Placenta central libre. comblei' le léger intervalle qui se trouve entre les scïéran-= thées et les portulacées. C’est ici le lieu d’en parler et je passerai ensuite à l’examen des salicariées qui doit terminer ce Mémoire. Les auteurs ont rangé parmi les caryophyllées une plante qui n’a point la physionomie de la plupart d’entre elles et dont les étamines sont bien certainement périgynes, c’est le poljcarpon. Dans ce genre , le calice est un peu urcéolé à sa base, et les pétales ainsi que les étamines sont insérées au sommet de l’urcéole; mais celui-ci, étant continu avec le pédoncule, aura pu se prendre facilement pour la partie su- périeure du pédoncule lui-même. Si l’ovaire eût été attaché immédiatement au fond du calice, la position des étamines eût été très-facile à observer; mais comme le jeune fruit est élevé par un petit pédicelle à la hauteur de l’urcéole qui embrasse sa base , on a cru que les étamines naissoient sur le réceptacle au-dessous de l’ovaire. Le genre hagea de Ventenat {polycarpœa Lam., mollia Wild. ) ,'pDcé avec tant de raison auprès du poljcarpon àont il diffère très-peu (i), a, comme lui, un calice un peu urcéolé, un ovaire porté par un pédicelle, enfin une corolle et des étamines que j’ai trouvé périgynes dans toutes les espèces, savoir les teiîeijff'œl^diïn., indica Lam. (^achjranthes corjmhosa Wild. ) et latifolia N. {mollia lat^olia Wild. ). Ce caractère doit faire sortir également Y hagea de la famille {i)La principale difierence de ces deux genres se trouve dans la forme des divisions du calice, simplement concaves dans Vhagea, et point en capuchon ni terminées par une pointe comme dans le polycarpon. Le nombre des étamines^ comme on sait, n’est pas non plus le même. ! Famille des ParonychiéeS. 277 des caryophyllées, dont il s’éloigne d’ailleurs beaucoup plus encore par sonjacies que le genre 'poljcarpon. Ce Jades est celui de plusieurs amarantliacées où l’on trouve comme dans le poljcarpon , et principalement dans Yhagea^ des calices membraneux sur les bords, des fleurs d’un aspect argenté, des bractées scarieuses, et qui ont aussi un ovaire à une seule logé. Mais c’est surtout avec la dernière section des amarajitliacées (i) que la ressemblance est frap- pante, puisque dans cette section aussi bien que cliez les genres dont il s’agit , les feuilles sont opposées et munies de stipules scarieuses. Le poljcarpon en particulier présente un rapport de plus avec cette même section, car il a, comme le paronjchia , Xanjchia, Yheiniaria, les divisions du calice en capuchon à leur sommet, et terminées par une pointe, de même que celles de l’enveloppe florale du paronjchia et de Y anjchia. Mais il est à observer que les plantes dont je parle ici ne peuvent elles-mêmes rester parmi les amarantliacées , car si dans les deux premières sections de cette famille les éta- mines sont bien décidément hypogynes (2) , il est certain que dans la dernière les filamens sont insérés sur le calice. Brown (1) Aux deux genres que renfermoit cettesection dans le Généra , M. de Jussieu en a depuis ajouté trois autres (^An. Mus., t. 2, p. l33). U anychia , l’un de ces genres, fera partie, comme Vherniaria et le paronichya , du groupe des parony- cliiêes que je vais Lientôt avoir formé. Les deux autres, le litophila et le polychroa demandent à être examinés de nouveau, avant qu’on puisse fixer leur place avec une entière certitude. (2) Brown dit, à la vérité, que dans les deux premières sections des amaran- thacées l’insertion est douteuse. Je ne l’ai trouvée telle dans aucune des espèces que j’ai examinées. Mém. du Muséum, t. 2. 36 278 Placenta central libre. le dit d’une manière positive {^Prod. N. Hol. , p, 4o^)? 6t j’ai moi-même trouvé ce caractère dans les espèces que j’ai pu examiner. Le paronjchia hrasiliana Poir., le parony- chia hispanica Lam. ( illecehrwn paronychia L. ) et Xher- niaria hirsuta L. ont les étamines évidemment périgynes. QeWes àuparojty chia capitata Lam. {^illecebnan capitation L. ) , de YJierniaria polygonoides Gav. ( III. suffruticosum L.) de X ajiychid dichotoma Midi, {^qiieria canadensis L. ) sont insérées au tiers de la longueur du calice qui est urcéolé de- puis sa base jusqu’au point d’insertion; enfin ce n’est qu’à la moitié du calice que cette insertion a lieu àa^ùsXhemiaria alpina Vill., etc. La position des étamines achève donc de faire de la troi- sième section des amaranthacées , jointe au polycaipon et à Yhagea, un groupe extrêmement naturel qui, outre les ca- ractères tirés de la physionomie, de la position des feuilles, de la présence des stipules, présentera encore un embryon roulé circnlairement ou demi-circulairement autour d’un périsperme farineux. C’est dans ce groupe qu’il faudra placer un genre , rangé jusqu’à présent parmi les portidacées , le gymnocarpus Forsk. , qui offre des feuilles opposées et non connées, mu- nies de stipules scarieuses, dont la capsule est uniloculaire et monosperme ; dont le calice , comme celui du paronychia, a ses divisions en forme de capuchon avec une petite pointe terminale et qui, comme le même genre et Yherniara, pré- sente cinq étamines alternes avec autant de filamens stériles. Ces rapports sont tellement sensibles que Forskael, sans s’être occupé de la méthode naturelle, n’a pu s’empêcher de les Famille des Paronychiées. 27g indiquer 5 et ils l’ont été également par M. de Jussieu qui sans doute n’eut pas hésité à rapprocher la plante dont il s’agit du paronychia , s’il avoit cru que ce dernier genre eut des étamines périgynes (i). C’est encore dans le même groupe que Ton doit faire entrer le pollichia d’Aiton ( neckeria Lin. ed. Gm. — merburgia. Mœnch ) : en effet, ainsi que l’a dit Mœnch, son port rap- pelle fort bien certains hemiaria - ses feuilles munies de stipules scdrieuses sont opposées et, comme celles du pofy- carpon et de Yhagea, elles paroissent verticillées par l’avor- tement- des bourgeons axillaires y enfin ses fleurs fort petites sont dépourvues de corolle et portent une étamine évidem- ment périgyne , et son ovaire libre ne renferme qu’une se- mence comme dans Xhsrniaria, etc. Pendant que je formois le groupe qui nous occupe et que j’y rapportois le pollichia, M. de Gandolle qui de son côté étudioit à Montpellier les rapports naturels de ce genre, M. de Candolle, dis-je, avoit reconnu également C|ue son étamine étoit périgyne , et quoi- qu’il n’eut pas examiné l’insertion des étamines dans \es pa- ronychia , hemiaria, etc. , il avoit cependant placé dans son herbier le pollichia près de ces plantes. L’autorité de cet observateur habile a trop de poids pour que je ne cherche pas à m’en appuyer. ' Le savant Brown annonce, en passant, cju’il sera nécessaire de former de la dernière section des arnaranthacées une fa- mille particulière disfinguée par des stipules et par des étamines (i)Walil avoit à tort réuni le gj/renocar/ias au Depuis long-tenaps M. Desfontaines et M. de Jussieu ont reconnu qu’il devoit faire un genre distinct. 36^ 280 Placenta central libre. évidemment périgynes {manifeste perigyna\^ mais il ne dit point qu’il faille y réunir les genres poljcarpon et hagea, et il ne parle pas davantage de la place de cette famille nouvelle. D’un côté la présence des stipules, et de l’autre la structure de la graine lui donnent quelques légers rapports avec les polygonées et les chenopodées dont les étamines sont aussi insérées sur le calice ; mais on sait que les classes d’apétales n’admettent point au milieu d’elles des familles où se trouvent des plantes à fleurs complètes. Rien n’est si com- mun au contraire que des genres sans corolle au milieu des polypétales à étamines périgynes; c’est donc parmi celles-ci qu’il faudra ranger le groupe dont il s’agit; d’ailleurs, comme l’a déjà fait observer M. de Jussieu ( Gen. PL , p. 89 ), ce qu’on nomme écailles ou filamens stériles dans les genres paronychia , herniaria, gymnocarpus pourroit être consi- déré à juste titre comme une véritable corolle : remarque dont la justesse achève d’être prouvée par l’analogie de ces genres avec \hagea et le polycarpon{\), L’illustreR. Brown donne par occasion le nom S.illécéhrêes à la dernière section des amaj"a7ithace'esiM.a\s comme je ne pour- rois adopter ce nompour le groupe que je viens de former, sans introduire beaucoup de confusion dans la nomenclature (2), (i) On pourroit tirer de ceci une preuve de l’opinion de M. de Candolle es d’autres savans sur les pétales et les étamines. (p) \] illecehrum de Linné se trouve" actuellement divisé en quatre genres, Vœrua et Villecebrum de Jussieu, o\x althernantera dfe Forskael, qui resteront parmi les amaranr/iocées, le paronychia cpn , comme on l’a vu, fera partie des paronychiées , et un autre genre formé des lU. verticillatum (et cymosum ex-Br.) qui, ayant les étamines périgynes, doit être placé dans cette même famille. Brown ( Prod, FL N, HolL , p. 4i6 ) se borne à dire en deux mots qu’il sera né- Famille des Paronychiées. aSt je proposerai, d’après le conseil de MM. les professeurs du Muséum , d’indiquer les plantes de ce nouveau groupe sous la dénomination de 'paronychiées , qui rappellera le genre le plus connu et le plus nombreux en espèces. Sa place au milieu des polypétales est bien suffisamment indiquée entre les scléranthées et les portidacées. Les pa- ronychiées ont, comme ces deux groupes, des étamines pé- rigynes en nombre déterminé 5 un ovaire unique et unilocu- laire, tantôt polysperme, tantôt à une seule semence; un périsperme farineux , et enfin un embryon loulé autour du périsperme. D’un autre côté, elles se distinguent bien d» l’un et l’autre groupe, par des feuilles constamment pour- vues de stipules; par des bractées scarieuses, des calices membraneux sur les bords dont les divisions sont le plus souvent en forme de capuchon, et surtout par une physio- nomie tout-à-fait différente. Elles se distinguent en particu- cessaire de former ce dernier genre; il ajoute que c’est à lui qu’il faudra con- server le nom A^illecebrum, et cela paroît d’autant plus naturel que le nom à'ille~ cehrum a été donné pour la première fois à VILI. verticillatum par Ruppius. Alors le genre auquel Jussieu laissoit le nom A' illecehmm , et qui plus anciennement avoil déjà été formé par Forskael sous celui A' alternanthera , reprendra tout na- turellement ce dernier nom que lui conservent déjà MM. Brown et de Candolle, On voit, d’après cela, que l’on auroit pu rigoureusement appeler illécébrées les plantes que j’ai nommées -paronychiées , puisque, parmi elles, il se trouvera un genre illecebrum. Mais ce dernier nom ayant été porté par des plantes qui dévoient être divisées en quatre genres appartenant à deux familles distinctes , ayant ensuite été long-temps affecté J dans un ouvrage classique, à un genre AU amaranthacées , et enfin se trouvant aujourd’hui appliqué à un nouveau genre fort éloigné d’elles dans la série linéaire, on ne pourroit l’emprunter pour le donnera une famille sans courir les risques d’occasionner des confusions et des erreurs. La dénomination de paronychiées ne présente pas de tels inconvéniens ,■ puisqu’elle est prise d’un nom qui , pour ainsi dire, est encore vierge. 282 Placenta central libre. lier des scléranthées , parce que leurs feuilles ne sont point connées ni linéaires subulées, mais simplement opposées (i), pétiolées et assez souvent spathulées. En rnême temps elles se nuancent avec cette même famille par rintermediaire du lo^ingia, dont les feuilles sont munies à leur base d’appen- dices pointues c]ui ont l’apparence de stipules j et avec les portulacées par le moyen de la corrigiole qui , à des feuilles stipulées, réunit des fleurs d’un aspect un peu argenté et un ovaire monosperme. La seconde section des portiilacées (2) qui aura besoin d’êtj^e revue, qui peut-être diffère assez de la première pour former un groupe distinct, mais qui, dans aucun cas , ne me paroît devoir être éloignée des véritables portulacées , la seconde section de cette famille, dis- je, établit de nouveaux rapports entre elle et les paronychiées ; en effet, le trianthema n’offre, comme plusieurs parony- chiées ^ que des fleurs incomplètes, et les divisions de son calice sont également en capuchon avec une petite pointe. Enfin les feuilles charnues du gymnocarpiis formeront un lien de plus entre les denx familles. Qu’il me soit permis d’appuyer les observations cpie je viens de présenter et les changemens qu’elles nécessitent d’une des autorités les plus respectables, celles du fondateur des ordres naturels (3). A peu près comme son illustre neveu, —Il I ' " ■ ■ - ■ - i I ■ ■ 1 I ...■■■■ ■ I . — I , . , (1) M. de Lamarck a observé que les feuilles de Vhagea n’étoient pas veriicillées comme elles le paroissent, et que leurs verlicilles apparens n’étoient dus qu’à des pousses axillaires qui ne se développent point. On peut dire la même chose avec autant de vérité des feuilles du polycarpon. (2) Voy. Ge7^. , p. 3i4. (3) Les ébauches imparfaites de quelques botanistes antérieurs à B. de Jussieu ne sauroient, )e crois, leur mériter ce titre. 283 Famille des Paronychiées. B. de Jussieu avoit placé les véritables am'aranthacées , le gonipJirena^ \ achjranthes , le celosia, Viresine, Yama- ranthus , parmi des genres à étamines bypogynes , auprès du plantago et du mirabilis ^ mais au contraire il rejetoit Yher- niaria et Yillecebrwn Lin. assez loin de là dans sa famille des poljgonées où l’on ne trouve plus que des plantes à étamines insérées sur le calice. Il est à remarquer encore qu’il rangeoit Yherniaria presque à côté du corrigiola et du telephiwn , et que Y illecebrum L. étoit suivi du scleranthus après lequel venoit le triantheina , et, dans un autre groupe, les principaux genres qui composent aujourd’hui la première section des portulacées. Il est bien clair, d’après cet arrange- ment, que ce botaniste célèbre avoit aperçu la plupart des rapports que je viens de faire sentir. Si les styles et les stigmates peuvent contribuer à carac- tériser les carjophyllées et les portulacées à fruit unilocu- laire, il n’en est pas de même de ces organes chez les paro- nychiées. Les genres paronychia et herniaria^ présentent deux styles" et autant de stigmates latéraux 5 le polycarpon n’en a qu’un divisé jusqu’au tiers en trois branches stigma- tiques; enfin le genre hagea offre tout à la fois un style simple , et un stigmate en tête dans Y H. latifolia N. , et dans YM. teneriffoe un style terminé par trois branches très-courtes, stigmatiques du côté intérieur (i). • Le .groupe des paronychiées se xlivise naturellement^ en deux sections fondées sur les mêmes principes que celles du (1) Si des auteurs ont attribué un style et un stigmate simples à VH. teneriffœ , cela tient, sans doute, non-seulement à ce que les divisions du style sont courtes, mais encore à ce qu’elles sont rapprochées. a84 Placenta central libre. groupe des scléranthées. L’une qui comprend les genres polycarpon et hagea sera caractérisée par un ovaire ren- J^eiinant des ovules en nombre indéterminé attachés à un axe central qui se brise au sommet après la ^fécondation. L’autre section qui embrasse celle qui terminoit la famille des amaranthacées , et de plus le gymnocarpus , et le pollichia se distinguera par W7^ ovairemonosperme oüV ovule est attaché à un cordon ombilical plus ou moins long, par- tant du fond de la loge. Si l’on ne trouve pas que les scléranthées et les parony- chiées soient distinguées par des caractères assez tranchés pour former deux familles distinctes, on peut les réunir sous la dénomination commune de paronychiées. Alors la famille des paronychiées comprendra deux groupes principaux , celui à-Q?, scléranthées et celui Ae.?, paronychiées proprement dites, caractérisés principalement l’un par le défaut et l’autre par la présence des stipules (i). Les divisions que j’ai déjà indi- quées dans chaque groupe pourront rester les mêmes, et alors la famille des paronichyées se trouveroii divisée eu quatre sections , deux pour les scléranthées et deux pour les paronichyées proprement dites (2). (1) Le défaut de stipules trouve en apparence une sorte d’exception dans la lœflingia. (2) M. de Jussieu, qui a fait à l’Institut un rapport détaillé sur ce Mémoire , après avoir vérifié la plupart dé mes observations, approuve la formatron de la nouvelle famille des paronychiées ; et il en a sur-le-champ rédigé les caractères en latin pour les insérer dans la nouvelle édition de son Généra. Sur ma demande il m’a permis de placer son travail par anticipation à la suite <îe mon Mémoire. Puisse l’auteur publier bientôt le précieux ouvrage dont ce fragment est tiré, et eombler ainsi les vœux des botanistes ! Famille des Paronychiées. aSS Outre la série extrêmement naturelle que produira la fa- mille des paronychiées , sa formation contribuera à mieux circonscrire plusieurs autres familles. On ne trouvera plus de stipules dans toute la septième classe de M. de Jussieu. Les amaranthacées conserveront toujours des rapports très-sensibles avec les caryophyllées (i); mais les genres qui par leurs feuilles stipulées ont le plus d’analogie avec cette dernière famille s’en trouveront à l’avenir rapprochés davan- tage. On ne verra plus de feuilles connées dans les portula- cées à fruit uniloculaire. Désormais les caryophyllées n’of- friront point de plantes à ovaire monosperme, car je crois que la capsule du drypis , qui certainement doit rester dans cette famille, n’est monosperme que par avortement (2). En- fin les et les caryophyllées n.c. xQXiÎQxm%xQ\Vi plus plus de genres à étamines périgynes. Il est de mon devoir cependant de signaler ici une excep- tion que cette dernière famille présentera encore pour ce qui regarde l’insertion des étamines , exception d’autant plus feinarquable qu’elle sera peut-être unique; car j’ai trouvé d’ailleurs les étamines constamment hypogynes dans toutes les véritables caryophyllées que j’ai pu examiner, et j’en ai observé un très-grand nombre avec l’attention la plus scru- puleuse. Il existe dans cette famille une plante que l’on a (1) Je n’ai pas besoin de dire que les amaranthacées et les paronichyées auront aussi toujours les plus grands rapports; mais on sent qu’on ne pourroit les rap- procher dans une série linéaire sans ronjpre beaucoup d’autres rapports encore plus intimes. (2) J’ai cru reconnoître plusieurs ovules dans un ovaire sec du drypis, et Adanson a également soupçonné que cette plante n’étoit pas monosperme. ( fam. CCCXVni. ) Mém. du Muséum, t. 2. Sy 286 Placenta central libre. rangée parmi les stellaires , et qui véritablement leur res- semble beaucoup 5 néanmoins son calice n’est point divisé jusqu’à la base comme celui des autres stellaria - il est ur- céolé presque jusqu’au tiers de sa longueur, et les étamines ainsi que les pétales sont insérées au sommet de l’urcéole. Cette plante a d’ailleurs, comme les carjophjllées , des styles distincts et autant de stigmates latéraux j elle a aussi, comme eux^ un axe central cjui présente deux systèmes vas- culaires bien distincts, ou si l’on veut, un axe composé de trois filets blancs ( conducteurs ) et d’une substance verte interposée entre èux (i). Doit-on cependant, à cause de l’in- sertion des étamines et de la corolle, rapprocher des por- tulacées l’espèce dont il s’agit, et la ranger près du rnontia avec lequel on la trouve presque toujours mêlée, qui lui ressemble un peu, et qui d’ailleurs a également des feuilles opposées.? Ne doit-on pas au contraire avoir plus d’égard à la ressemblance beaucoup plus frappante (i) encore qu’a cette même espèce avec les caiyophyllées surtout avec le stellaria media Sm. {^alsme media L. ), aux caractères.des styles et des stigmates, à l’organisation de l’axe, et recon- noître ainsi que la méthode naturelle admet tous les genres d’exceptions. Je ne me permettrai pas de décider une ques- tion pareille; mais quelque sentiment que l’on adopte, je (1) Comme je l’ai déjà dit en traitant des caryophyllées, la substance verte dans le stellaria aquatica Lam., et par conséquent les ovules, n’atteignent pas le milieu de l’axe. (2) Quelque place qu’on assigne au stellaria aquatica , cette plante confirme les rapports intimes des caryophyllées avec les familles de la 14°. classe de Jussieu, et achève de nuancer cette classe avec la iS”. crois qu’il faudra faire du stellaria aquatica Lam. un genre particulier, absolument nécessaire, si l’on admet cette plante au milieu des portulacées , et peut-être également nécessaire pour signaler une exception singulière, si on laisse cette même planté- parmi les caryophjllées. Je propose de dédier le nouveau genre, sous le nom de larhrea^ au respectable abbé de Larbre, qui, à l’àge de 8o ans, publia la Flore d’Auvergne , une des plus savantes de l’intérieur de la France. Je caractériserois ce geime comme il suit: Larbre A. Calix ^yfidus y basi urceolatus. Peiala quin- que bipartita perigyna. Staniina decem perigyna. Oi^a- j'iiaiL uniloculaiB polysperiniiin. Ouula axi centrali qffixa. Capsula apice sexvali^is. Species. Larbrea aquatica N. — Stellaria aquatica Lam. — S. alsine Wild. — -S. idiginosa Vill. J’ai déjà dit qu’à la suite des caiyophyllées , il faudroit ranger la section des sclérantliées à fleurs polypétales (i). Api’èsla seconde section de ce dernier groupe, distinguée par des ovaires monospermes, viendront celle àesparonychiées proprement dites, cjui présentent le même caractère; et enfin les paronychiées dont l’ovaire est polysperme , viendront se nuancer avec les portidacées (2). Les différens genres de la famille des 'paronychiées se suivront par conséquent de la ■ ! « (1) Je n’ai point parlé dans le cours de ce Mémoire de Vortegia j)lacé dans le Généra immédiatement avant le lœflingia. Les caractères de ce genre auront besoin d’être revus sur des écliantillons vivans. (2) Il seroit possible qu’après un examen attentif de la seconde section des^07-- tulacées, on trouvât qu’elle a encore plus de rapports que la première avec les paronychiées. nécessilerolt peut-être un léger changement dans l’arrange- ment que je propose. 208 Placenta central libre. manière suivante-: lelo^ingia, \eminuartia,\Q queria, le scleranthus^ le mniarum,\e gyninocarpus, \epollichia,V ille- cebnmi, X hemiaria , X anjchia , le paronychia , le polycar- pon et Xhagea, auxquels il faudra vraisemblablement joindre ( entre Xanychia et X illecehnim') le litliophilei que Jussieu avoit placé parmi les amaranthacées {^Ann. MùsX), qui a des feuilles opposées et stipulées, aucjuel Swartz attribue le fades du niinuartia et du polycarpon , mais où l’insertion des éta- mines est encore douteuse. Je ne crois pas que, dans tout le i’ègi}e végétal, il existe une série beaucoup plus naturelle (i). S’il m’étoit permis de la continuer, après les portulacées , je placerois les crassulées cjui à la vérité offrent plusieurs ovaires 5 mais où ces ovaires sont libres, comme dans la plu- part des portulacées ^ et où les étamines sont aussi en nombre déterminé (2). Un embryon le plus souvent appliqué contre un périsperme toujours farineux, indique assez qu’il ne faut pas beaucoup éloigner les ficoides des portulacées , et je les jangerois après les crassulées , où le sempeivwuin^ par ses nombreux pétales, indique des rapports avec les inesem- hryantlieinuin. Ici finit la série des familles dont le périsperme estfarineux (3). Je placerois à leur suite les saxifragées qui, de même que les Jicoïdes , ont l’ovaire tantôt libre, tantôt (1) On aiiroit pu foncier les divisions premières de la famille des paronychiées snr la considération de l’ovaire monosperme ou poljsperme; mais cet arrange- ment, t|uoicjue plus méthodique , me paroîtroit beaucoup moins naturel que celui qui se trouve établi sur un ensemble de caractères desquels résulte Yhabilus de ces plantes. (2) 11 y a , i’en conviens, une grande distance entre les portulacées et les cras- sulées ; mais ces dernières ne meparoissentpas pouvoir être mieux placées ailleurs. (3) M. de Jussieu attribue aux crassulées un embryon roulé autour d’un péris- Famille des Paronychiées. 289 adhérent, ou semi-adhérent, et qui, comme eux, ont plus d’un style. Tous les Jicoïdes ont un fruit à plusieurs loges; mais, parmi eux, il est des espèces où les ovules sont atta- chés dans l’angle interne des loges, et d’autres où, malgré l’existence des cloisons, ils sont portés sur la paroi du péri- carpe. Celles-ci formeront le passage des premières avec les saxifragées par le moyen du cinysospleniwn dont les ovules sont également attachés sur le péricarpe lui -même. Le donatia qu’il faudra mettre à la tête des saxifragées , formera mieux encore le passage des ficoïdes à cette famille , car il a plus de deux styles et des pétales assez nombreux. Malgré leur périsperme un peu différent par sa nature de celui des saxifragées , les groseillers doivent les suivre à cause de leurs étamines et de leurs pétales en nombre dé- terminé, de leurs stigmates au nombre de deux, et de leur ovaire inférieur qui en outre est uniloculaire avec deux pla- centas pariétaux, comme dans le chrjsospleniian. Si, comme les arrangemens systématiques, la méthode naturelle s’atta- choit à un seul caractère, au lieu de les peser et de les com- parer tous, il faudroit placer \GS,loasées et \es cercodéenïies (Juss. ined. ) après les groseillers , et de cette manière on auroit une suite non interrompue de familles pourvues de périsperme.. Mais l’absence de ce corps dans les nopalées ( cacti) ne sauroit balancer les rapports bien connus qui rap- prochent ces dernières des groseillej's , et c’est assez de for- mer de ces plantes deux familles distinctes. M. de Jussieu a perme farineux. Ce caractère établiroit des rapports de plus entre cette famille, les portulacées e.l\e& ficoïdes ; mais s’il existe dans quelques crassulées , il ne se trouve certainement pas chez d’autres où le périsperme est charnu. ago Placenta central libre. trop bien fait sentir les affinités des loasées avec les nopa- lées {Ann. Mus., t. p. 22 ) pour qu’il soit nécessaire d’y revenir (i). La première de ces deux familles suivra les no- palées, et ici finira la série des. familles dans l’ovaire des- quelles on. trouve plusieurs placentas pariétaux. Quoique dépourvues de péiisperme^ les myrtées se rattacheront aux loasées par leurs nombreuses étamines, leur style unique, leur ovaire adhérent 5 et les tiges frutescentes du tiirnera établiront encore un nouveau rapport entre les deux familles. Ap rès les myrtées arrivent naturellement les mélasiomées , et à celles-ci se lient les onagraires qui ont, comme elles, des étamines en nombre déterminé double de celui des pé- tales, un style unique, un ovaire inférieur. Il est clair que pour mieux nuancer ces deux familles, il faudra mettre à la tète des onagraires celle de leur section dont le fruit est succulent. La section des genres à fruit capsulaire terminée par les epilohiuin me paroît pouvoir se nuancer avec les. salicariées par l’intermédiaire du tamarix , et ces deux fa- milles, les onagraires et les salicariées, dont M. de Jussieu a déjà fait sentir les rapports, ne se trouveront plus séparées. Le groupe des cercodéennes ( Juss. ined. ) ( hygrobiées Riclî. ) vient un peu troubler cette série par la présence de son péi’isperme et la pluralité de ses styles ; cependant il me paroît avoir trop de rapports avec les onagaires pour qu’on doive l’en éloigner, et d’un autre côté on ne peut guères le placer entre les inélastomées et les onagraires. Ne devroit- (l) La plante intere.ssante indiquée par M. de Jussieu, sous le nom de pereskia, dans son excellent Mémoire sur les Loasées, n’est point celle que l’on cultive sous le même nom au jardin des Plantes de Paris. Famille des Paronychiées. 291 il pas l’être plutôt entre la section des onagi'aires à fruits succulens et celles à fruits capsulaires, et indiqueroit-il ainsi la nécessité de séparer ces deux sections en autant de familles distinctes, ou plutôt ne feroit-on pas mieux de continuer à regarder les cercodéennes comme une simple section des onagraires (i) ? Je n’ai pu résister au plaisir de soumettre ces rapproche- mens à ceux qui s’occupent des affinités botaniques 3 mais je sens très-bien que les rapports dont j’ai indiqué l’enchaî- nement n’en détruisent pas une multitude d’autres^ et si une série linéaire est indispensable à nos moyens d’étude, « il n’en existera jamais qui ne présente des inconvéniens , tant sont liées-entre elles toutes les parties du règne végétal ! ,(i) Je ne puis m’accoutumer à l’idée de voir lacérer la famille si naturelle des onagraires; mais on peut provisoirement y trouver quatre sections bien dis- tinctes, et auxquelles on donnera, si l’on veut, des dénominations différentes. Celle des fuchsiées dont le fruit succulent renferme un axe central et des graines attachées à l’angle interne des loges, suivra les melastomées. I^es combrétacées [ Brown), déjà bien caractérisées jadis par Adanson, mais dont il ne faisoit aussi qu’unesectiondes onagraires , les combrétacées , dis-je, se nuanceront avec \esfuch- siées par leurs espèces arborescentes et par leur physionomie. La section des cerco- déennes suivra celle des combrétacées et se rapproche d’elle par le mode d’adnexion des ovules , car on sait que chez les combrétacées les semences sont attachées au sommet d’un péricarpe uniloculaire, ct\emyriophyllum , genre Ae cercodéennes , a, malgré ses cloisons, des ovules bien certainement attachés comme ceux des com- èrétocées. Enfin la quatrième section , celle des onagraires proprement dites ou à fruit capsulaire se rattache aux cercodéennes par ses tiges le plus souvent her- bacées, et par les cloisons du péricarpe. (C’est parce que les cloisons avortent dans le gaura que son fruit devient uniloculaire. ) ( La suite au Numéro prochain, ) MÉMOIRE SUR QUELQUES ESPÈCES D’OROBES DES PYRÉNÉES. Par M. le Baron PICOT DE LAPEYROUSE. (c U N ne rend pas un moindre service à la zoologie en )) débrouillant l’histoire des espèces imparfaitement connues, » c[uen faisant conuoître des espèces nouvelles; peut-être )) même sommes-nous venus à une époque où il seroit né- » cessaire de suspendre pendant cjuelque temps la recherche )) de ces aquisitions stériles, pour éclaircir Iç chaos des sy- )) nonymies, entassées sans critique, et pour fixer par des )) observations immédiates et détaillées la véritable place y) des espèces que l’on regarde comme connues. Autrement )) on s’expose à rendre les labyrinthes du Systema naturoB )) tellement inextricables, qu’il sera plus facile de recom- » mencer l’édifice à nouveaux frais, que de le répai’er. » Cuv* Mém. sur l’Aigle de Mer. Mém. du Mus. d’hist. nat. , t. i , pag- I- Tels sont les conseils et les indications que donne à ceux qui cultivent l’histoire naturelle, un des plus puissans pro- moteurs de cette aimable et inépuisable science. Tout ce qu’il dit de la direction qu’il importe de suivre pour en hâter SUR QUELQUES ESPECES d’OrOBES. 2^3 les progrès , et les asseoir sur des fondemens inébranlables , doit autant s’appliquer à la botanique qu’à la zoologie. Plus qu’aucune autre partie de l’histoire naturelle, celle des vé- gétaux est embarrassée par le nombre et l’incertitude des synonymes. On ne parviendra jamais à les débrouiller par le seul secours de la critique. L’étude des herbiers des pères de la science , des observations immédiates et détaillées , comme l’a dit l’illustre auteur que j’ai déjà cité, peuvent seules fixer d’une manière invariable la connoissance des es- pèces, et la place qu’elles doivent occuper. C’est sur ces principes que j’ai établi la discussion que je vais entreprendre sur quelques espèces d’orobes. (c Dans » l’état actuel de l’histoire naturelle, il y a plus d’utilité et » plus de difficulté, et par conséquent plus d’honneur à dé- » brouiller des espèces anciennes qu’à publier des espèces B nouvelles. » Cuvier, Mém. du Muséum, t. i, pag. 227. Tous les auteurs systématiques ont relaté les deux premières espèces d’orobes dont je vaisparler , elles ont confondues sous une dénomination unique. Tournefort seul en a connu une. L’autre, quoique figurée, n’a encore été vue par aucun des modernes. Je. tâcherai de. dissiper tous les doutes qui enve- loppent fleur existence, et de les constater d’une manière positive à l’aide de leur description et d’une bonne figure. Tournefort, dans ses voyages aux Pyrénées, au mois de septembre i685, découvrit au Pic de Lhieris, proche Ba- gnères de Bigorre, une belle espèce d’orobe inconnue avant lui. Il lui donna le nom èi orobus pyj'enaicus latifoUus folüs nervosis. Ces faits sont constatés par sa topographie bota- nique, manuscrit précieux, dont je suis possesseur depuis la Mém. du Muséum, t. 38 294 SUR QUELQUES ESPECES d’OrOBES. mort de M. Lemonier. Tournefort dut en porter des se- mences ou des racines au Jardin du Roi à Paris; car il l’y démontra, pendant plusieurs années, dans les cours publics qu’il y donnok. Le titre et la préface du schola hotanicay ne laissent aucun doute à cet égard. Cet ouvrage attribué à Samuel Wharton, mais dont il est plus probable que le doc- teur Williams Slierard est l’auteur, fut publié à Amsterdam en 1688. Cet orobe y est désigné, pag. 242, sous la déno- mination de orobiis pjrenaicus latifolius neivosus. Un célèbre botaniste anglais, L. Pluknet, avoit recueilli un nombre considérable de dessins de plantes, il les fit gra- ver, il eu forma un gros volume in-40. Il en publia la pre- mière partie à Londres, en 1691. Il lui donna pour titre ; Phytographia , swe stirpium illustriamm et minus cogni- tarum Icônes. Ces figures extrêmement réduites dans leurs jiroportions , ne sont expliquées que par une simple phrase spécifique , telle qu’on les faisoit alors. Il a fait graver (pl. ccx, fig. 2 ) une orobe qu’il désigna par la dénomination de orobus pjrenaicus neroosus , empruntée du schola botanica , pag. 242 , qu’il cite. Tournefort publia, en 1700, ses Institutiones Rei her- bariœ. Il classa parmi les orobes, pag, 3g3, l’espçce qu’il avoit apportée des Pyrénées, il lui donna pour nom celui d’orobus pjrenaicus neroosus. - Après la réforme générale de la botanique, Linnæus donna au public le premier, et encore l’unique Species plantarum qui sert de guide et de manuel aux botanistes. Il plaça dans le genre orobe une espèce à laquelle il donna le nom spé- cifique de pyrénéen, orobus pjrenaicus. II. lui rapporta pour SUR QUELQUES ESPECES d’OrOBES. agS synonymes, et la phrase de Tournefort, J. R. fi. et la figure de Pluknet avec la dénomination tirée du schola hotanica. Willdenow, dans la dernière édition qu’il a donnée du Species , a copié littéralement tout ce que Linnæus a écrit sur Yorohus pjrenaiciis. Moi-même, me confiant aux caractères assignés à cette espèce par Linnæus, et à la figure de Pluknet qui lui a servi de type, j’ai donné pour l’orobe des Pyrénées de Tourne- fort ahi'ég. des Plantes des Pjréiiées , pag. 4i'^) celui qui a été classé par les illustres botanistes qui sont venus après lui. Tournefort est donc incontestablement le premier, et jusqu’ici le seul, qui a trouvé et indiqué cette espèce. Est- ce bien celle de ce grand homme que les botanistes systéma- tiques ont désignée? J’ose affirmer le contraire, et j’espère le démontrer. Linnæus a décrit l’espèce gravée par Pluknet, nul doute à cet égard. Mais Pluknet n’a pas figuré celle de Tournefort, et c’est à tort qu’il a rapporté à sa figure le sy- nonyme tiré du schola botanica. En d’autres ternies, aucun auteur n’a encore connu l’orobe des Pyrénées de Tournefort; celui cjue Linnæus a classé, et que Pluknet avoit figuré, est une toute autre espèce. La solution de cette controverse seroit facile , s’il existoit des descriptions et des figures de ces deux plantes; malheureusement nous n’en avons pas; et j’ai rapporté chronologiquement, tout ce qui a été écrit à ce sujet. L’herbier de Tournefort et de ses contemporains pouvoient seuls nous aider à dissiper les ténèbres qui enveloppent ces deux plantes. Durant l’été de i8i4j me trouvant à Paris, je 38^ SgÔ SÜR QUELQUES ESPECES U’OEOEES. me suis occupé de compléter mes recherches dans les anciens herbiers. Quelle a été ma surprise lorsque j’ai vu dans celui de Tournefort, de magnifiques individus de son orobe des Pyrénées, et que je les ai trouvés si peu semblables à celui que Pluknet a figuré, et que Linnæus a classé! Pas un seul des caractères assignés à l’orobe des Pyrénées, par l’illustre réformateur de la botanique, ne peut s’adapter à l’orobe de l’herbier de Tournefort. Je l’ai retrouvé sous la même dénomination, dans ceux de Vaillant et de Jussieu. Ce n’est que dans ces anticjues monumens de la science qu’on peut acquérir la connoissance positive des anciennes espèces, et les preuves nécessaires pour détruire des erreurs déjà trop accréditées, et appuyées sur l’autorité d’un grand nom. Personne que je sache, depuis Tournefort, n’a rencontré aux Pyrénées cette espèce remarquable. J’ai herborisé plu- sieurs fois au Pic de Lhieris, où il la cueillit. Cette montagne est habituellement visitée par les voyageurs , à cause de la richesse et du luxe de sa végétation; il n’est pas venu à ma connoissance qu’aucim botaniste l’y ait rencontrée. Ce n’est pas tout, et je dois aller encore plus loin. L’espèce d’orobe gravée par Pluknet, et faussement prise pour celle de Tournefort, existe réellement aux Pyrénées. Je Tai trou- vée au Pic de Gard, près de St.-Béat. La ligure de Pluknet est dépourvue de fleurs et de fruits, elle exprime assez cor- rectement le port, la tige, les feuilles, les stipules de cette espèce. 11 n’en existe aucune description. Il est d’autant plus important de la donner, cju’en la comparant, ainsi que la figure, avec l’orobe de Tournefort, nous verrons la vérité jaillir de cette opposition de caractères et nous obtiendrons SUR QUELQUES ESPECES d’OrOBES. 897 la connoissance positive de deux espèces. La confusion qui les cache aux yeux les plus pénétrans sera dissipée, les doutes et les hésitations des botanistes auront enfin un terme. En me résumant, je dois prouver, 10, Que V orobus jpjrenaicus Jiervosus deTournefort est resté inconnu depuis lui, et cju’il existe dans son herbier, et dans celui de ses contemporains. 20. Que l’orobe gravé par Pluknet n’est pas celui de Tour- nefort. 3o, Que l’orobe de Pluknet n’est pas une espèce idéale, qu’elle existe aussi aux Pyrénées, et qu’elle abonde en notes spécifiques , qui lui assignent un rang assuré dans ce genre. 4®. Que Linnæus, et ceux cjui l’ont suivi, n’ont connu ni l’une ni l’autre, qu’ils les ont confondues et amalgamées sous une même dénomination. La description de ces deux espèces d’orobe, doit néces- sairement précéder cette discussion. C’est le seul moyen d’obtenir la lumière qui doit l’éclairer, et la vérité que nous cherchons. Nous observerons aussi que ces deux espèces d’orobe étant particulières aux Pyrénées, on ne peut conserver ni à l’une ni à l’autre le surnom de i)yrénéenne ^ il auroit le grave inconvénient , de perpétuer la confusion et l’erreur. Mes études dans les anciens herbiers ont eu principale- ment pour but d’acquérir de nouvelles connoissances, pour perfectionner, et corriger l’histoire des plantes des Pyrénées. Ainsi tout ce que j’ai dit de Xorohus pjrenaicus Lin. , p. 4r3, doit être effacé, et remplacé par les notions positives que ce Mémoire présente. 298 SUR quelques -KSPècEs d’Ouobes. Orobus Tournefortii. Lapey. Tab. 10. Orobus Gaule simplici quadrangulo ; foliis 5-5 jugis , foliolis altérais lanceolatis, parallelo - nervosis ; stipulis amplis, rotundatis, undu- latis, amplexicaulibus. rjp. Orobus sylvaticus latifolius nervosus Pyreüaicus.Tournef. Herbier. Orobus Pyrenaicus , latifolius foliis nervosis! Tournef. Topog. pag. 173. Orobus Pyrenaicus latifolius nervosus. Sch. Botah. 242. Orobus Pyrenaicus, foliis nervosis. J. R. H. 3g5. Port: élancé , touEFu ; masse bien, beau feuillage, entremêlé de fleurs élégantes nombreuses. Racine t ligneuse, horizontale, raffermie par de longues fibres. Tige : droite, flexueuse, simple, à quatre angles fortement prononcés. 8 à lo décimètres de hauteur. Feuilles : grandes, pennées sans impaire, 3-5 paires; folioles grandes, lancéolées, entières, alternes, un peu glauques en dessous, portant d’un bout à l’autre trois nervures simples parallèles en relief, celle du milieu formant arête à la pointe. Stipules : très-amples, entières, ondulées, arrondies , embrassantes , horizontales. Pédoncules : nomhrm^, axillaires, simples, nus, érigés, une fois plus longs que les feuilles. Fleurs : eu grappes lâches, 6-8 , assez grandes, penchées. — Pédicelles , courts. — Calice persistant, allongé , à cinq divisions linéaires, les deux supérieures plus courtes , toutes ciliées. — Corolle, étendard relevé, pourpre; ailes plus longues que la carène obtuse, panachées de pourpre sur un fond blanc. — Etamines , dix , diadelphes. — Stjle, aplati , coudé dans le haut et velu. Fruit: légume, long, linéaire aplati, brun. — Semences, sphériques, menues, nombreuses. Mœurs : aime l’ombre, habite les grands bois des montagnes. Etymologie : du nom de celui qui l’a découverte. Cette espèce vient se placer entre Xorohus luteus et le vemus Lin. Elle se rapproche du premier par son port et son feuillage , et du second par ses feuilles et ses fleurs. Elle n- . 2 P/. JO. OROBUS TOURNEFOR'rn .‘I V ^4. ‘ V., ;ÿvf,-y:.:i^^:'r.:H ri':.- - f I .:ll i. ■'•V: ’t '^. ‘j ^,'^i:'>i^- •'i-'f,.- ;':'îA;^;;''„''Sj<^i'îfe ;■■ v'-JviV ;>,,~;V: ,.;;;:> i, ' . ■ ii^^U . ■■■■■ «■ife#fiiïT;.r«ii:' >c,-) HS- ■; .fi. ■-■■ f ■■..’■ -;;t:V:* « -■■••■ 'S-- r ■;,) '■ .',.5 M fc;j. ■^■’ :.f^..-' .;. <:JÏ,f.t*. V ; V. .'.... • ■■■ •.. . -; 1 'a f. -y;.’^‘",'~< • • ■ ■• - x- ; :-■' I -Â^T - \ ■; ,...■ •î;-^v?t:--’-'i*y--î.i -,rl.-"ÿ.'''-f:\' ■■J'X’'’ Js ' A • ■ ' . .- ■ .. . i-.., . r:*. .: .''',ÿi^ f* ’ ■-Sff.v- ^ r. ■ ■ I':- <-■■.■■ r:m. ê m m: ï^-y . SUR QUELQUES ESPECES d’OrOBES. 299 diffère de l’une et de l’autre par sa stature élevée , par sa tige carrée, par les nervures parallèles de ses folioles, et surtout par ses amples stipules. Orobus Pluknetii. Lapeyr. Orobus, caule simplici tereti; foliis bi etfrijugis, foliolis ovatis, nervosis; stipulis sublinearibus , utrinque aristatis. 1p. Pluknet. Phytog. tab. ccx, fig. 2, absque Synon. Tournefortii. Orobus (Pyrenaicus) caule ramoso ; foliis bijugis lauceolatis ner- vosis ; stipulis subspinosis. Lin. Sp. 102g, excluso Synonymo Tour- neforlii. Sur les rochers à Pomhre, au Pic de Gard, près de St. -Beat dans les Pyrénées. Port : plante basse , grêle, feuillage lâche. Racine : simple, avec quelques petites fibres. ; simple, cylindrique , légèrement striée , flexueuse, érigée. Environ deux décimètres de hauteur. Peuilles : pennées abruptes ; folioles , une , deux paires , horizontales , opposées , elliptiques, entières, à trois nervures ramifiées, terminées par une arête courte , glauques en dessous : celles du bas caduques. Stipules : entières, presque linéaires, petites, aiguës, terminées à l’insertion par une oreillette pointue , et par une arête spinuliforme aux deux bouts. Pédoncule •. terminal , grêle, droit. Fleurs : une à deux. — Calice court, coloré,à cinq divisions, larges, triangulaires, l’inférieure est la plus longue. — Corolle médiocre, étendard ample , ar- rondi, relevé; carène très-courte, ailes larges et longues, toute la corolle est pourpre clair; la base blanche.' — Etamines, 10, diadelphes. — Style aplati. Fruit : légume. Mœurs : cherche l’ombre et les rocbers élevés. Etymologie ; du nom de celui qui seul en a publié la figure. Cette espèce vient se ranger dans la série des orobes, im- médiatement avant Y orobus tuherosus Lin. Il sera facile maintenant de comparer les espèces l’une 3oO SUR QUELQUES ESPÈCES u’OrOBES, avec l’autre, du moins dans leurs parties les plus importantes. Nous obtiendrons par ce procédé la somme des rapports et des différences, nous les apprécierons , la diversité spécifique résultera nécessairement de cet examen. OROBE DE TOURWEFORT. Stature : haute, droite Feuillage : large, épais Tige : quadrangiilaire, forte Pédoncules : axillaires, allongés Fleurs : grandes, nombreuses Folioles : 3-5 paires alternes lancéolées à trois nervures parallèles simples. Stipules: amples, arrondies, ondulées, horizontales, embrassantes. OROBE DE PLUKNET. Basse, grêle. Lâche, clair. Cylindrique, faible. Un seul, terminal. Médiocres, une à deux. Une à deux. Elliptiques , opposées, nervures ramifiées. Etroites, allongées, aiguës, perpendi- culaires , terminées à chaque bout par une arête spinullforme. Ce parallèle démontre que ces deux espèces n’ont de commun que les traits de famille, et les notes génériques, et qu elles diffèrent essentiellement dans les caractères spé- cifiques les plus importans. Nous devons donc tenir pour certain que la figure donnée par Plukneî ne peut s’adapter à l’orobe de Tournefortj que cette espèce en est absolument distincte ; qu’elle étoit restée médite dans son herbier, quoique par son élégance et la beauté de ses caractères elle méritât de figurer honorable- ment dans le genre de Vorobe. Mais la figure de Pluknet n’est point idéale, elle repré- sente assez fidèlement une autre espèce , qui est aussi par- ticulière aux Pyrénées, et je viens la proposer aux botanistes. Linnæus n’a conîiu que la figure de Pluknet, et par con- séquent l’espèce quelle représente. Il lui assigne pour ca- SUR QUELQUES ESPECES d’OrOBES. 3oi ractères distinctifs , des feuilles à deux paires , et des stipules presque épineuses. Telle est en effet Fespèce de Plukuet; mais ces notes ne conviennent en aucune manière à Forobe de Tournefort; ses stipules amples, arrondies et sans arêtes suffiroient pour la distinguer de ses congénères. Ce qui doit achever de nous convaincre que Liunæus n’a pas connu la plante de Tournefort, c’est qu’il ne se contente pas de citer la figuré de Pluknet qui lui a servi de typej il lui accole le synonyme des J. R. H. Ce grand homme étoit doué d’un tact trop admirable pour confondre deux espèces aussi dis- parates, s’il les eût connues l’une et l’autre, surtout celle de Tournefort, et pour cumuler deux synonymes aussi opposés. Il n’eût pas commis une erreur aussi grave et d’autant plus dangereuse, qu’il est difficile de ne pas céder à une autorité si imposante. Mais dès qu’aucune des notes spécifiques qu’il a employées pour caractériser son orobus pyrenaicus ne concorde avec Forobe de Tournefort, on est forcé de con- clure qu’il ne Fa pas connu. En dernier résultat, Forobe de Tournefort constitue une espèce fortement caractérisée ; celui de Pluknet en est une autre qui ne l’est pas moins. On Favoit prise, sans aucun fondement, pour celle de Tournefort. \] orobus pyrenaicus de Linnæus doit être effacé de la série des espèces et rem- placé par les deux que je viens de décrire. C’est pour dé- velopper ces vérités que j’ai entrepris cette discussion. Ma tâche seroit remplie imparfaitement, si je n’ajoutois à ces deux espèces la oonnoissance d’une troisième que plu- sieurs botanistes très-expérimentés ont pris aussi pour Forobe des Pyrénées de Linnæus. J’ai moi -même commis cette Mém. du. Muséum, t. 2, 3g 3o2 sur quelques especes d’Orobes. erreur. Lorsque je suis revenu à l’étude analytique de ce genre , cette espèce m’a frappé par la singularité de ses ca- ractères. J’ai fait des recherches dans lés ouvrages, où je devois espérer de trouver des lumières j il m’a paru qu’aucun auteur n’en a fait mention. Ici par conséquent la critique est hors de place. Il suffit d’en donner une description et une figure qui assurent son existence et ses droits. Orobus divARicatus, Lapey. tab. ii. Orobus, caule ramoso divaricato, iu medio aîato; folüs uni et bijugis, foliolis elongatis obtusis; stipulis inferioribus acufis integris, superioribus basi argutè et profuiidè dentatis. Tp. Je l'ai trouvée dans le bois de Castelviel à la montée du port de Benasque près de Bagnères de Luchon , et dans celui de Barrèges. Por# ; diffus, lâche, sombre. Racine : grêle, tortueuse, avec quelques fibres. y/ÿe ; foible, rameaux du bas delà plante écartés , penchés, nue aux deux ex- trémités, ailée dans son milieu, aà 3 décimètres de hauteur. Feuilles : conjuguées, ou pennées abruptes, 1-2 paires; folioles décurrentes sur la pétiole, allongées, obtuses, sensiblement nerveuses, comme dans tous les orobes. Stipules : étroites, aiguës, lancéolées; entières dans le bas de la plante, larges, allongées, à dents profondes et aiguës dans le haut; ciliées, vues à la loupe ainsi que les pétioles. Fleurs : 3-5, petites au sommet du pédoncule. — Calice à cinq divisions trian- gulaires, larges, courtes, les deux supérieures émoussées. — Corolle, éten- dard presque arrondi, peu relevé, enveloppant les ailes et la carène, pourpre-foncé. — Carène courte, ailes amples arrondies, soudées avec la carène, ayant en arrière un long filet pour les rattacher au calice, celui de la carène, large, aplati refendu à sa base seulement. — 10 étamines dia- delphes. — Pistil aplati, coudé, velu dans le haut. Fruit : légume ; long , large , aplati , brun. — Semences orbiculaîres menues. Mœurs ; habite les bols frais sous alpins. Ftjmologie : Son nom est déduit de la disposition de ses rameaux, /3, Rotundifolius. Foliis conjugatis majoribus subrotundis. Au Pic de Gard. ORonus n/VARTCA ru-sza.^^yr. OROJ}T/S RNSIFOLIUS Za^^i SUR QUELQUES ESPECES d’OrOBES. 3o3 Il me reste encore une erreur à réparer et une nouvelle espèce d’orobe à faire cônnoître. Les légères différences extérieui’es qui distinguent l’orobe dont j’ai à parler de Yorohus atropurpureus Desf. Atl. 157 , ne m’avoient pas paru suffisantes pour constituer une espèce. J’hésitai cependant , parce qu’il me paroissoit difficile qu’une plànte des régions chaudes de l’Afrique pût se plaire sur les cimes glacées des Pyrénées. Je désirois beaucoup de comparer notre plante avec celle de Barbarie. J’en ai saisi l’occasion durant l’été de i8i4' M. Desfontaines a eu la complaisance de me donner des individus de la sienne : un examen très-réfléchi , une analyse exacte m’ont convaincu, que malgré les traits nombreux de ressemblance qui rap- prochent ces deux espèces, elles différoient trop fortement dans leurs parties les plus essentielles, pour qu’il fût possible de les réunir en une ‘seule. Cette vérité sera mise hors de doute par la description fidèle de la plante des Pyrénées. Il sera facile de la comparer ensuite avec celle d’Afrique. Orobus ensifolius. Lapey. tab. 12. Orobus, caule terefi, recto, striato ; foliis , i-3 jugis; foliolis ensi- formibus, erecfis, nervosis; stipulis acutis semi-sagitfatis; floribus racemosis, alis et carina coadunatis. Tp. Araci, vel Apios leguminosæ species Tossano Carolo. J. Bauh. ii, p. 526, fig. I. Elle exprime le port; et la description s’applique très-bien. jS. Minor, angustifolius. Orobus filiformis. Lmk. Fl. franc. 2, p. 568. D’après son herbier et l’assertion de M. De Candolle ; mais sans les synonymes. , Le long des haies dans la rivière de Vieille, vallée d’Aran, et à la 39-^ 3o4 SUR QUELQUES ESPECES d’OrOBES. luontague des Médassoles, à droite de la cabane en montant, derrière Bagnère de Luchon. Port : élancé, svelte. Tige : simple, glabre, striée, droite, penchée dans le haut. Feuilles : pennées, et abruptes. — Folioles i-3 paires, droites, allongées, ensi- forines, nerveuses. Stipules ; étroites, aiguës, en demi-fer de flèche. Pédoncules ; axillaires, solitaires , grêles , striés , nus , une fois- plus longs que les feuilles , multiflores, penchés. — Pédicelles très-courts. Fleurs : en grappe lâche 6-8, assez grandes. — Calice persistant, légèrement co- loré, à cinq divisions, triangulaires, larges, aiguës, l’inférieure est la plus longue. — Corolle à deux pétales; étendard ample, relevé, arrondi, échancré dans le haut, ayant un étranglement dans le milieu , entier à sa hase. — Ca- rène concave terminée en arrière, ainsi que les ailes, par deux longs onglets filiformes. — Ailes larges, obtuses, d’une seule pièce avec la carène, colo- rées, sauf les quatre onglets d’un bleu très-foncé. — Etamines lo, diadelphes. — Style aplati, coudé et velu dans le haut, fortement coloré. Fruit : légume, aplati, aigu, glabre. — Semences arrondies, menues. Mœurs : aime l’ombre , et les régions froides et élevées. ' Etymologie : prise de la configuration de ses feuilles. Rapprochons maintenant notre plante de celle de Barbarie, opposons-les l’une àl’autre, et nous saisirons d’un coup-d’œil, leurs dilFérences les plus essentielles. Dans la plante de Barbarie, le calice n’a que de simples dents courtes 5 dans celle des Pyrénées , les cinq divisions sont larges et longues. Les fleurs dans la première sont unilaté- rales, et très-nombreuses; l’étendard est étroit, couché sur les autres parties de la corolle , refendu à sa base. Dans la seconde , les fleurs sont disposées en grappe lâche, l’éten- dard est très-relevé , large , entier , arrondi des deux bouts , étranglé vers le milieu. La carène, dans la plante d’Afrique, ^t composée de deux pièces séparées, les ailes sont libres; dans celle d’Europe la structure de celte portion de la co- 3o5 SUR QUELQUES ESPECES d’OrOBES. rolle est toute singulière, et s’éloigne absolument du type commun. Ici la carène est d’une seule pièce, les ailes sont larges et obtuses, et quoique chacune d’elles soit teniiinée par des onglets propres , elles ne forment qu’un seul pétale avec la carène , parce cju’elles sont soudées avec elle par leur limbe. Ce caractère important observé dans quelques treffles, n’avoit pas encore été vu dans les orobes; non-seulement il sépare cette espèce de X orobus atropurpureus de Desfon- taines, et de toutes les autres congénères connues, mais il suffiroit peut-être pour constituer un nouveau genre, dans une famille aussi naturelle. Dans ce cas, il faudroit lui ad- joindre Yorobe dwariqué, c[ue je viens de décrire, et dont la corolle présente la même conformation. La variété /3 est beaucoup plus petite dans toutes ses par- ties. Elle vient dans les régions chaudes de la France. On la trouve dans les Pyrénées orientales à la M. dY ainbouilla vers T^illefr anche. Est-elle une espèce, ou seulement une variété.^ Sa corolle seule peut décider cette question; et je n’ai pas eu l’occasion de l’observer. Si ses ailes et sa carène sont d’une seule pièce, ce n’est qu’une variété; si au contraire ses ailes sont libres ^ c’est très - certainement une espèce. 11 faut être très -réservé dans l’application de ses synonymes, parce qu’il est indubitable que plusieurs doivent être rappor- tés à Y orobus varius. Curtis. Botanical magazine, tab. 6^5. 11 faut donc effacer de mon Histoire des Plantes des Pyrénées , tout ce que j’ai dit, pag. 4^3, de l’orobe de Des- fontaines, et mettre à sa place Yorobe ensifoi'me avec les détails qui lui appartiennent. La corolle de plusieurs espèces d’orobe a été le sujet de 3o6 SUR QUELQUES ESPECES d’OrOBES. mes observations. L’étendard, les ailes, la carène peuvent fournir des notes utiles. Dans un petit nombre^j la carène est en deux pièces 5 les deux espèces que j’ai décrites ont seules les ailes et la carène soudées ensemble. En général, les ailes sont libres, comme dans la majeure partie des lé- gumineuses ; mais presque toutes sont plus ou moins articu- lées avec la carène; ce qu’on observé aussi dans un grand nombre d’autres papilionacées. Cette sorte d’insertion pré- sente quelquefois des caractères dont on pourroit tirer parti, par exemple dans Vorobus tuherosus Lin. les ailes portent dans leur milieu une gibbosité contournée qui s’enfonce dans un creux correspondant de la carène, qui semble lui avoir servi de moule, et qui rattache fortement ces troia parties entre elles, quoique réellement elles soient libres, et qu’il n’existe pas de soudure. Une marche aussi sûre doit donc nous donner l’espoir de perfectionner peu à peu la connoissance des espèces; dernier et véritable terme de la botanique. Le genre orobe est peu nombreux. Il ne renferme que quatorze espèces, en comptant Y orobus variegatus , que j’y ai ajouté. De nou- veaux travaux, de nouvelles recherches dans les herbiers des anciens, l’analyse rigoureuse de plusieurs m’ont procuré l’avantage d’en signaler trois, qui ont le mérite de la nou- veauté, et d’en débrouiller un quatrième, inconnu aux modernes, confondu sans motifs, et par erreur, avec une autre espèce, que personne n’avoit encore vue et que le rapport inexact des synonymes et de la figure, avoit plongé dans une confusion presque inextricable. Si donc au lieu d’accumuler des synonymes trop souvent SUR QUELQUES ESPECES d’OrOBES. OO'] incertains , au lieu d’assigner des caractères spécifiques sur la foi des auteurs, à des plantes que souvent on n’a point vues, on reprend sous-œuvre leur description, si on les étudie le scalpel et la loupe en main , on est fondé à croire qu’on parviendra enfin à trouver des notes suffisantes pour les dis- tinguer les unes des autres, et pour reconnoître les véri- tables limites dans lesquelles la nature lés a circonscrites. Alors nous arriverons, d’une manière lente, il est vrai, mais certaine et immuable, à la corinoissance' parfaite des espèces, et à celle de la place cju’elles doivent occuper dans le sys- tème général , et nous laisserons aux siècles à venir le soin d’achever le grand et vaste édifice dont nous aurons posé le premier fondement , sur les plans qu’en a tracé l’habile et savant architecte, dont la France se glorifie. 3o8 RECHERCHES CHIMIQUES Suî' les Corps gras , et particulièrement sur leurs combinaisons açec les Alcalis, CINQUIÈME MÉMOIRE. Des Corps quon a appelés adipocire , c’est-à-dire , de la Substance cristallisée des calculs biliaires humains , du Spernia-ceti et de la Substance grasse des cadarres. Présenté à la i". Classe de l’Institut , le ig septembre 1814, PAR M. CHEVREÜL. i.r OURCROY a dit que la matière grasse en laquelle se convertissent les corps, des animaux enfouis dans la terre étoit une espèce de savon ammoniacal dont on pOuvoit sépa- rer, au moyen des acides, une substance qu’il a appelée adi- pocire, parce qu’elle lui sembloit tenir le milieu entre la cire et la graisse, sans être cependant ni l’une ni l’autre. Four- croy a donné ensuite le même nom à la substance cristal- lisée des calculs biliaires humains et au spermaceti; et quoi- qu’il eût observé que ces corps avoient une fusibilité différente et qu’ils n’étoient pas également solubles dans l’alcool, ce- pendant il les a regardés comme de simples variétés d’une SUR DES Corps gras. 3o9 aiême matière. Mes expéi’iences prouvent que la substance des calculs et le spermaceti ne peuvent être confondus dans une mêûie espèce, et qu’ils diffèrent tous deux extrêmement de l’adipocire. Elles prouvent de plus que ce dernier est un corps composé. PREMIÈRE PARTIE. De la Substance cristallisée des calculs biliaires humains. 2. Cette substance purifiée par l’alcool est sous la forme d’écailles blanches brillantes qui n’ont ni odeur ni saveur. Elle paroît se fondre à la température de iSyo. Elle se cristallise, par le refroidissement, en lames rayonnées. 3. 2 grammes de substance des calculs ont été distillés. Ils se sont fondus en dégageant un peu de vapeur aqueuse, La matière est entrée en ébullition 5 elle s’est d’abord colorée en jaune, puis en brun; elle n’a laissé qu’un atome de char- bon. Presque tout le produit de la distillation étoit liquide et huileux; ce cpû me surprit, c’est qu’il ne rougissoit pas le papier de tournesol, et cependant il ne contenoit pas d’am- moniaque. La portion qui avoit distillé la première étoit in- colore; la dernière portion étoit colorée en jaune-roux. Je serois porté à croire que dans ce produit il y avoit une partie de la substance non dénaturée qui étoit unie à une huile empyreumatique. Il est vraisemblable que tous les corps gras ne se décomposent qu’en partie par la distillation. 4. 100 grammes d’alcool k 0,816 bouillant en ont dissous 18 de substance des calculs. 100 grammes d’alcool à 0,840 Mém. du Muséum, t. 2. 4o 3io Recherches chimiques' n’en pnt dissous que 11,24; solution n’avoit aucune action sur le tournesol et rhématine. 5. I gramme de substance fut mis dans 3o grammes d’eau tenant i gramme de potasse à l’alcool. On fit bouillir pen- dant 24 heures dans un matras de deux litres de capacité, en ayant soin de remplacer l’eau qui se vaporîsoit ; la liqueur moussoit beaucoup par l’agitation, quelques flocons jaunes s’en étoient séparés par le repos, mais presque toute la ma- tière avoit conservé sa forme cristalline. On ajouta 4 grammes de potasse et on continua de faire bouillir pendant quinze jours, au moins 6 à 7 heures chaque jour. Après ce temps il y avoit un dépôt en partie gélatineux. On étendit d’eau et on filtra; la liqueur filtrée fut évaporée; ayant été con- centrée elle se prit en gelée par le refroidissement. Je crus d’abord que cette gelée étoit un savon; mais l’ayant édul- corée, puis traitée par l’acide muriatique et la potasse, je la reconnus pour être une combinaison de potasse et de silice. Le lavage de cette gelée contenoit la même combinai- son dissoute dans un excès d’alcali. La liqueur d’où cette gelée s’ étoit séparée ayant été concentrée à plusieurs re- prises, en donna de nouvelle , par le refroidissement. Enfin quand elle eut cessé d’en déposer , elle fut neutralisée par l’acide muriatique ; elle se troubla très-légèrement et ne dé- posa que quelques centigrammes de silice légèrement colorée en jaune, la liqueur filtrée fut évaporée à siccité, le résidu céda à l’alcool des traces d’une matière jaune soluble dans l’eau et d’une matière huileuse orangée ; et il resta du mu- riate de potasse pur. 5 bis. Le dépôt en partie gélatineux qui ne s’étoit pas STTRDESCORPSGRAS. 3ll dissous dans la potasse (5) fut lavé à l’eau bouillante , puis séché 5 il avoit dans quelques parties une couleur un peu rosée, une portion étoit en lamelles brillantes, on en lit bouillir og'*,5o dans l’alcool; il y en eut o8''-,38 de dissous, et oS''-,ri d’un résidu formé de silice et d’un atome de fer. La liqueur alcoolique ne rougissoit pas la teinture de tour- nesol et ne changeoit pas la couleur de l’hématine. Suffisam- ment concentrée , elle déposoit par le refroidissement des écailles brillantes semblables au calcul biliaire non altéré. Ces cristaux ne se fondoient pas dans l’eau bouillante. Ils ont exigé pour leur fusion autant de chaleur que ce der- nier et n’ont pas laissé plus de cendre. D’après les essais qu’il m’a été permis de faire, je n’ai pu reconnoître aucune différence entre ces corps. .Te conclus donc de là que dans les circonstances où j’ai opéré, la substance cristallisée des calculs bihaires n’est pas susceptible de se saponifier (i) : ce résultat est conforme à celui de M. Powel, et contraire à ceux de Fourcroy et de M. Bostock. SECONDE PARTIE. Du Sperma-ceti. § I- ; 6. Le sperma-ceti est sous la forme de lames brillantes; il a peu d’odeur. Il se fond à 44° 68 centig. 7. 5 grammes de sperma-ceti distillés se sont fondus et ont (i) Je me propose d’examiner si la saponifieation peut avoir lieu dans le di- gesteur dîstillatoire, et si l’alcool de potasse n’auroit pas plus d’action que la aolutiou aqueuse de cet alcali. 40-^ 3i2 Recherches chimiqüES exhalé une vapeur qui s’est condensée en liquide jaunâtre dans le ballon adapté à la cornue; ce liquide s’est figé, après la distillation, en cristaux lamelleux quipesoient (i); il a passé ensuite une matière brune qui ne dilFéroit de la pré- cédente que par sa couleur; elle pesoit oS'^^-,2. Il s’est produit de plus une eau acide, et une huile empyreumatique. Le charbon pesoit os^ofi. 8. 100 grammes d’alcool bouillant d’une pesanteur de 0,8 1 6 ont dissous 3s'^-,65 de sperma-ceti dans une expérience, et dans une autre, antérieure à celle-ci, loo grammes en avoient dissous 6^*^, g. Cette solution se troubla abondam- ment par le refroidissement, et déposa des lames brillantes. Elle n’avoit aucune action sur la teinture de tournesol , ce qui distingue le sperma-ceti de la margarine avec laquelle il a d’ailleurs quelques rapports physiques. § II. Saponification du Sperma-ceti. g. 3o grammes de sperma-ceti furent mis dans un ballon avec 120 grammes d’eau et i8 grammes de potasse à l’al- cool. Par la chaleur le sperma-ceti se fondit et gagna la sur- face de l’eau. On fit digérer pendant huit heures à une tem- pérature de go à g8o, et on eut soin d’agiter les matières de temps en temps, afin d’en faciliter la réaction. On les aban- donna sur lîn bain de sable chaud. Après quinze heures, la (i) M. Thouvenel a regardé ce produit comme du sperma-ceti non altéré, et cela est vraisemblable ; cependant je ferai observer qu’il en diffère par plus de fusibilité , car il se fond à 23,5. 3i3 SUR DES Corps gras. liqueur étoit recouverte d’une couche de sperma-ceti^, et elle tenoit en suspension une matière blanche qui la faisoit ressembler à une émulsion. Cela m’ayant fait croire que la saponification n’étoit pas complète, je fis digérer les matières pendant cinq jours. Je finis par obtenir une masse visqueuse demi-transparente qui exhaloit une odeur aromatique ana- logue à celles de certains fromages ou beurres forts. Par le refroidissement cette masse devint opaque , accjuit plus de soUdité et se sépara d’une eau-mère colorée en jaune, § IIP Examen de V Eau-mère du saron de Sperma-cetL 10. Elle fut saturée par l’acide tartarique : elle laissa dé- poser des flocons que je pris d’abord pour une matière grasse; mais les ayant examinés, je les trouvai en grande partie formés de silice , laquelle provenoit du vaisseau dans lequel on avoit opéré. La silice ne tenoit cju’un atome de matière grasse. La liqueur filtrée fut distillée; elle donna une très-petite quantité ^ acide acétique , et un résidu re- couvert de quelques gouttelettes d’une huile jaune que je séparai du tartrate acide de potasse au moyen de l’alcool. Ce liquide, filtré et évaporé, ne laissa qu’une trace de matière huileuse rousse amère que je n’ai pu examiner faute d’une quantité suffisante, § IV. Analyse du Sai>on de Sperma-ceti. 11. Le savon fut délayé dans trois litres d’eau et exposé 3i4 Recherches chimiques à la température de loo®. Il ne fut pas dissous, mais la liqueur en se refroidissant déposa beaucoup de flocons opaques, ce qui prouve qu’une partie de la matière avoit été dissoute ou extrêmement divisée. La matière qui était en suspension était brillante et aaoit un aspect nacré. On la recueillit sur plusieurs grands filtres, parce qu’on avoit ob- servé que la liqueur passoit très- difficilement au travers du papier. La filtration dura quatre mois. Article premier. Examen de la matière brillante séparée du sapon de Sperma-ceti. 12. Rassemblée sur les filtres et encore humide, elle étoit sensiblement nacrée 5 mais ayant été mise sécher dans des capsules, elle devint jaune et acquit la demi-transparence de la corne. Dans cet état elle ne ressembloit plus au sursavon de margarine que j’ai appelé matière nacrée : elle fut traitée à plusieurs reprises par l’alcool bouillant, il ne resta qu’un léger résidu brun; ce qui fut dissous étoit le savon àe sperjna- ceti et de potasse. Il se déposa en partie de l’alcool par le refroidissement , sous la forme d’aiguilles qui se réunirent en étoiles. Le résidu étoit formé de sapons de sperma-ceti à bases de chaux et d’oxide de for , et de plus de carbonate de chaux, d’alumine , de silice et de potasse. 13. Lorsqu’on eut retiré par la concentration et le refroi- dissement de l’alcool, la plua grande partie du savon qu’il contenoit, on purifia celui-ci en le faisant redissoudre dans l’alcool bouillant; ce qui se déposa par le refroidissement fut égoutté et pressé entre des papiers. 3i5 SUR DES Corps gras. 14. 5 grammes de savon furent décomposés par l’acide muriatique. On obtint o6'-,54 de muriate de potasse conte- nant oS’'-,3424 d’alcali, et un corps gras que j’appelerai sper- ma-ceti saponifié , pesant 4^'^‘j20. Si la perte de o§’-,45Î7G est due à l’eau, le savon est formé de Sperma-ceti saponifié 92,462. ... 100 Potasse. 7,538. ... 8,1 5 15. Le savon de sperma-ceti est blanc, il n’a pas de saveur alcaline bien sensible. 16. L’alcool qui en a été saturé à la température de l’ébul- lition, se prend en raasffe parle refroidissement. Cette solu- tion rougit légèrement l’hématine et n’a aucune action sur le tournesol; en cela elfe diffère beaucoup de la solution de sui’savon de margarine. 17. Lorsqu’on met i décig. de savon dans 5oo grammes d’eau froide, il se gonfle et devient demi- transparent, Loi’S- qu’on fait bouillir' pendant plusieurs heures, une partie du savon reste en suspension , et une autre partie se fond et se rassemble à la surface de l’eau. Si l’on filtre la liqueur re- froidie et si onia fait évaporer, on obtient un résidu pesant 2 centigrammes; c’est du sous-carbonate de potasse ne rete- nant pas ou qu’inlîniment peu de matière grasse. Il suit de là que le swon de spernia-ceti est insoluble dans Veau , et quil cède à ce liquide bouillant une quantité notable d’alcali. Pour savoir jusqu’à quel point cette décomposi- tion s’étendoit, je fis bouillir tout le savon qui me restoit dans l’eau; je n’obtins pas proportionnellement autant de matière fondue que dans l’expérience précédente , pai’ce que vraisemblablement l’eau n’étoit pas en aussi grande quantité.. 3i6 Recherches chimiques Presque tout le savon fut changé en matière gélatineuse, ressemblant à de l’alumine : celle-ci dissoute dans l’alcool rougissoit légèrement le tournesol, elle ne changeoit pas la teinture d’hématinej mais par l’addition d’eau la couleur pas- soit au poui’pre. Trois analyses de cette matière m’ont donné pour résultat moyen, Sperma-ceti saponifié loo Potasse. 5,48 Quant à la matière qui s’étoit fondue, j’ai observé quelle devenoit gélatineuse quand on la laissoit refroidir dans l’eau où elle avoit bouilli, qu’elle contenoit moins d’alcali que la précédente. Une analyse faite sur une très -petite quantité qui étoit gélatineuse m’a donné la proportion de Sperma-ceti saponifié 100 Potasse 4 Examen du Spenna-ceti saponifié. iS. Il est insipide et inodore 5 il m’a paru se fondre entre le 44 sperma-ceti pur, ce qui est re- marquable, car c’est peut-être la seule propriété commune que ces deux corps possèdent. Quand il se refroidit, il ne cristallise pas en lames brillantes comme le fait le sperma- ceti. 19. Il est insoluble dans l’eau. L’alcool bouillant en dis- sout plus c[ue son poids. En se refroidissant, il dépose des cristaux lamelleux brillants, et ensuite il se prend en masse: cette solution rougit la teinture de tournesol, mais moins fortement que la margarine. La grande solubilité de cette substance dans l’alcool, et son action sur le tournesol la SUR DES Corps gras. 3i7 distinguent du sperma-ceti et la font congénère de la mar- • garine. 20. Pour savoir si le sperma-ceti saponifié pouvoit se com- biner à une plus grande quantité de potasse que celle dé- terminée dans l’expérience du n®. i4, j’en mis 4 grammes dans 1 6 grammes d’eau, tenant 2 de. potasse à l’alcool; je fis chauffer jusqu’à l’ébullition. La combinaison se fit avec la plus grande facilité, et la matière devint gélatineuse et demi-transparente; mais elle refusa de se dissoudre. Par le refroidissement elle devint opaque et blanche; après qu’elle eut été pressée entre des papiers, elle pesoit L’eau- mère d’où elle avoit été séparée , ne contenoit pas de sper- ma-ceti saponifié. Le savon fut dissous dans l’alcool bouillant, et ce qui se déposa fut mis sur un filtre et lavé à plusieurs reprises avec l’alcool froid, et ensuite soumis à la presse. de savon ainsi préparé, décomposé par l’acide muria- tique, donna o§‘'-,i85 de muriate de potasse représentant d’alcali et iS‘’,4io de sperma-ceti saponifié, c’est-à- dire , Sperma-ceti saponifié 92,33. . . loo Potasse 7,67. . , . 8,29 Ce résultat est sensiblement le même que celui du no. 14, et l’on doit observer que la perte est à très-peu près la même dans les deux analyses, car dans la première on a 9,1 5 pour 100, et dans la seconde 10,17. Ce rapport semble prouver que le savon de sperma-ceti contient environ i dixième de son poids d’eau. 41 Mém. du Muséum, t. 2. 3i8 Recherches chimiques ArticleII. Examen de la liqueur aqueuse , d’oii la matière hrillanté s’ était séparée (ï i)- 21. Cette liqueur filtrée fut concentrée et décomposée par l’acide tartarique. On versa le tout sur un filtre et on y passa de l’eau froide à plusieurs reprises. Les liquides qu’on obtint donnèrent à la distillation un produit un peâ odorant qui étoit recouvert d’une pellicule graisseuse. Le résidu étoit légèrement coloré. Il fut concentré dans une capsule et traité par l’alcool. Celui-ci se colora en jaune, et ne se troubloit pas quand on le mêloit avec l’eau; il ne laissa que quelques centigrammes de résidu après qu’il eut été évaporé. L’alcool appliqué à ce résidu en sépara une matière brune et a dissous une combinaison de principe co^ lorant jaune , de matière grasse de potasse et d’acide tartarique. Quand cette combinaison étoit en dissolution dans l’eau, et qu’on y appliquoit l’acide muriatique , on en séparoit de la matière grasse et on trouvoit du muriate de potasse dans la liqueur. L’alcool ne contenoit pas de prin- cipe doux des huiles, et comme on n’en a pas trouvé dans l’eau-mère du savon (lo), il faut en conclure que ce principe n’est pas produit dans la réaction de l’alcali sur le sperma-ceti. 22. La matière qui étoit restée sur le filtre n». 21 , et qui avoit été lavée à plusieurs reprises avec de l’eau froide, fut mise dans l’alcool; on sépara le tartrate qui n’ avoit pas été dissous par l’eau. On fit concentrer l’alcool, on le mêla en- suite avec de l’eau, et on fit chauffer; une matière fluide huileuse vint nager sur la liqueur; cette matière se figea en SUR DES Corps gras. 819 refroidissant et la liqueur qui étoit demi- transparente devint tout-à-fait opaque et comme gélatineuse; elle fut filtrée et évaporée. Le résidu qu’elle laissa pesoit o8''-,i. Il étoit alcalin au papier de tournesol rougi par un acide , et sembloit en partie cristallisé. 11 avoit.une couleur jaune, une odeur forte désagréable et une saveur âcre. Il étoit soluble dans l’eau, et plus encore dans l’alcool. L’acide muriatique démontra qu’il étoit formé d’une huile fluide à la température ordi- naire et de potasse. J’ignore comment ce savon avoit échappé à l’action de l’acide tartarique dans l’expérience du no. 21. 23. Ce qui, étoit resté sur le filtre dans l’opération pré- cédente, cousistoit en matière huileuse concrète et en une substance blanche gélatineuse. La première pesoit iS'-2, la seconde oS''-,o4 après avoir été séchée. Celle-ci m’a paru de nature savonneuse et se rapprocher du savon qui avoit été dissous dans l’eau (22); mais j’en ai eu trop peu pour m’en assurer par l’expérience. Quant à la matière huileuse concrète , elle avoit une couleur bleuâtre, elle se fondoit à 320 environ en une huile jaune , elle étoit composée de deux substances, ainsi que le prouvent les observations suivantes; 10. Elle fut facilement dissoute par l’alcool chaud; la solu- tion devint brune par la concentration; et en refroidissant, elle déposa des cristaux brillants qu’on fit égoutter sur un filtre. Je mis à part la liqueur qui passa, ensuite je lavai les cristaux avec de l’alcool froid : ceux-ci ayant été fondus, se figèrent à 35° environ, tandis que la substance retirée de la liqueur où ils s’étoient formés ne se figeoit qu’à 29c ; elle cristallisoit en petites lames brillantes et rougissoit le tourne- 41" 3^0 Rêcherches chimiques sol. 20. Cette substance fut complètement dissoute par beau de potasse et la solution étendue d’eau ne se troubla pas ou que très -peu, même après un refroidissement de trois heures ; les cristaux fusibles à 35° furent au contraire impar- faitement dissous par la potasse, et une portion de ce qui l’avoit été se déposa par le refroidissement. La petite quan- tité de matière huileuse conci'ète que j’ai eu ne m’a pas permis d’obtenir ses deux principes constituans à l’état de pureté, mais j’ai tout lieu de penser que la substance la plus fusible étoit en grande partie formée d’un corps gras soluble dans l’eau de potasse, probablement semblable à l’huile Jluide à la température ordinaire dont j’ai parlé no. 22 , tandis que la substance la moins fusible etoit en grande partie formée de sperma-ceti saponifié. RÉSUMÉ. 24. Le sperma-ceti se saponifie très-difficilement. Par cette opération on obtient une eau -mère qui contient une trace de matière rousse amère , et une masse savonneuse qui est formée, de sperma-ceti saponifié i^.dune huile Jluide à la température ordinaire; 3®. d’une substance huileuse concrète ; 4°- d’une matière jaune ; 5®. d’une huile volatile. De ces cinq corpsjene croisavoir obtenu que le premier à l’état de pureté, parce que les autres étoient en trop petite quantité pour avoir pu être l’obj et d’un examen approfondi. Je suis porté à croire que la troisième substance est mie combinaison des deux premières, et que c’est à la seconde particulièrement quelle doit sa propriété d’être soluble dans la potasse. Il ne SUR DES Corps gras. 321 seroit pas impossible que l’air eut exercé quelque action sur plusieurs de ces matières et notamment sur la quatrième et la cinquième. Car les expériences que nous avons décrites ont exigé plus de six mois, pendant lesquels les matières ont presque toujours été plus ou moins exposées au contact de l’air. 25. Le sperma-ceti saponifié est le produit le plus abon- dant et le plus remarquable de cette opération. Il est con- génère de la margarine, mais il est impossible de le confondre avec elle, et encore moins avec le sperma-ceti qui n’a pas été saponifié. Le sperma-ceti saponifié se fond entre le 44 le 4fi® j la margarine à 56,56. Le sperma-ceti saponifié paroît être , comme la margarine, susceptible de se dissoudre en toutes proportions dans l’al- cool bouillant j le sperma-ceti naturel n’y est pas très-soluble, puisque loo d’alcool bouillant n’en dissolvent que 6,9. La solution des deux premiers corps rougit le tournesol, celle du sperma-ceti naturel ne le rougit pas. 100 de sperma-ceti saponifié exigent pour être saturés 8,29 de potasse ( 100 de margarine en exigent 17,77). La pre- mière combinaison est insoluble dans l’eau bouillante et s’y décompose en partie en cédant à ce liquide la moitié environ de son alcali. La seconde s^y dissout très-bien, quoique par le tefroidissement une partie s’en sépare à l’état de sursavon. TROISIÈME PARTIE. Du Gras des cadavres. 26. Nous diviserons ce que nous avons à dire du gras en 322 Recherches chimiques deux sections : dans la première nous chercherons à déter- miner la nature des corps qui sont unis à la matière grasse; dans la seconde nous donnerons l’analyse de matière grasse elle-même. PREMIÈRE SECTION. Examen chimique du^ Gras des cadavres. 27. Après avoir détaché un morceau de gras de dessus un tibia, je le réduisis en i^oudre dans un mortier de verre et je le tamisai. J’en mis 5o grammes dans un matras avec 7 décilitres d’alcool à 36o. Je fis digérer les matières à une température de 60 à 70®, et ensuite je les jetai sur un filtre. Il se déposa par le refroidissement beaucoup de petits cris- taux en aiguilles qui se groupèrent sous la forme de choux- fleurs. Je continuai de laver le gras avec l’alcool. J’obtins un résidu qui pesoit Le second lavage alcoolique ne déposa que très-peu de matières en se refroidissant. Les der- niers ne se troublèrent pas. On filtra le premier et on passa sur le filtre tous les lavages , chacun dans l’ordre où il avoit été fait. § 1er. Examen du résidu insoluble dans l’alcool, 28. Il fut épuisé par l’eau bouillante, de tout ce qu’il con- tenoit de soluble. Il fut réduit par ce traitement à 3s''-, 88. L’eau avoit donc dissous os‘'-,97. Elle étoit colorée en jaune et sensiblement acide. Elle fut concentrée en sirop, puis mêlée à l’alcool, elle fut coagulée. L’alcool filtré étoit jaune. 11 laissa un résidu acide, qui tenoit un peu de potasse et un SUR DES Corps gras. 323 atome de chaux. Le coagulé fut délayé dans l’eau, il déposa un peu de matière azotée retenant de la chaux; la dissolution contenoit un sel calcaire neutre, une matièi’e colorante jaune, et une matière azotée qui donna à la distillation beaucoup de carbonate et de prussiate d’ammoniaque. Le sel calcaire étoit formé d’un acide ternaire, car il fut réduit par l’inciné- ration en carbonate de chaux pur. J’ai tout lieu de penser que c’étoit du lactate, et que l’acide libre qtd avoit été dis- sous par l’alcool étoit le lactique. " 29. Il suit de là que l’eau avoit enlevé au résidu insoluble dans l’alcool, de l’acide lactique^ du lactate de chaux , un peu de lactate de potasse, une matière colorante jaune et une matière azotée. 30. Les 3ê'’-,88 de résidu (28) qui avoient été épuisés par l’eau, furent mis dans l’acide muriatique, où on les laissa pendant plusieurs jours; on fit chauffer, on étendit d’eau et on filtra. La liqueur fut saturée par l’ammoniaque, il se dé- posa du phosphate de chaux, de l’oxide de fer et de la ma- gnésie qui étoit vraisemblablement à l’état de phosphate. La liqueur filtrée donna du carbonate de chaux par l’addition du carbonate d’ammoniaque ; il ne resta en dissolution qu’un atome de matière colorante jaune. 31. La matière insoluble dans l’acide muriatique (3o) fut traitée par l’alcool bouillant, il n’y eut que os*-,8 de résidu, lequel consistoit en matière azotée qui provenoit vraisem-r blablement de l’altération des inuscles, en petits morceaux de toile qui étoient des débris des linges qm avoient servi à ensevelir les cadavres. La solution alcoolique déposa en se refroidissant 2 grammes d’une matière grasse cristallisée, 324 Recherches chimïqües semblable à celle qui s’étoit précipitée spontanément de l’al- cool avec lequel on avoit traité le gras (27). Si dans ce trai- tement cette matière n’avoit pas été dissoute, celatenoit à ce qu’elle étoit combinée à la chaux, tandis que celle qui l’avoit été étoit combinée à la potasse et à l’ammoniaque. La solu- tion alcoolique refroidie et filtrée , fut mêlée à l’eau. Ou obtint oS‘'-,4 d’une matière dont une partie ne diflféroit de la précédente que par plus de fusibilité, et dont l’autre partie étoit sous la forme de flocons blancs que je n’ai pu examiner à cause de leur petite quantité. L’eau qui avoit servi à pré- cipiter ces matières ne retenoit qu’un peu delactate de chaux. § IL Examen du dépôt qui s'’ étoit précipité des laçages alcooliques (27). 32. Il étoit peu coloré, il se fondoit à 79^5. En prolon- geant la fusion., il dégageoit de l’ammoniaque , et il devenoit en même temps plus fusible. 10 grammes de ce dépôt furent décomposés par l’acide muriatique. On obtint de ma- tière grasse légèrement colorée en jaune qui se fondoit à 54°; la lessive muriatique évapoi’ée, laissa os*'-73 de muriates secs, lesquels consistoient en oS'^,60 de muriate d’ammoniaque, os%i2 de muriate de potasse et oS'-,oi de muriate de chaux; d’où il suit que ce dépôt étoit formé d’une matière grasse que nous examinerons particulièrement dans la suite, et d’ammoniaque de potasse et d’un atome de chaux qui lui étoient unis. I 3^5 SUR DES Corps gras. § III. Examen des laçages alcooliques d’où le dépôt s’étoit précipité. 33. Ils furent concentrés à deux reprises, et à cliaque fois ils déposèrent, en se refroidissant, une assez grande quantité de matière. Je vais successivement examiner ces deux dé- pots sous la désignation de et 3e. 34. Le 2e. dépôt ayant été fondu, commença à se trou- bler à 600, mais la plus grande partie ne se figea qu’à 54. 100 parties traitées par l’acide muriatique donnèrent 99,48 de matière grasse semblable à celle du ler. clépôt. Elle se fondoit de 53 à 54. L’acide muriatique évaporé laissa 0,76 de muriates secs. 35. Le 3®. dépôt fondu, se figeoit entre le 5i et le 52®. Mais avant ce terme une partie s’étoit figée. On obtint , de 100 parties traitées par l’acide muriatique, 2,4 de muriates secs, et une matière grasse qui se fondoit complètement entre le 5i et le 52». 36. La liqueur d’où le dépôt 3®. avoit été séparée fut mêlée à l’eau et chaulfée à 60®. Il se sépara une matière gi'osse rouge cjui se fondoit à 43*^ et qui pesoit 2 grammes , et une matière Jlocomieuse blanche du poids de os*-,2. 36 bis. La licjueur d’où les matières précédentes avoient été séparées par la filtration , fut évaporée en consistance de sirop épais. Dans cet état, elle pesoit os*-,67. Cette matière étoit rougeâtre et acide; une portion fut incinérée, elle dé- gagea beaucoup d’ammoniaque et laissa une cendre formée de potasse, d’oxide de fer, de carbonate de chaux et d’un Méni. du Muséum, t. 2. 4^ 320 Recherches chimiques atome de silice 5 l’autre portion fut traitée par l’eau ^ presque tout fut dissous. La solution filtrée laissa un résidu dont l’alcool sépara du lactate de chaux et de la matière azotée. Ce qui avoit été dissous par l’alcool étoit de la matière co- lorante jaune, du lactate acide d’ammoniaque et du lactate de potasse ; ce dernier n’ étoit qu’en très-petite quantité. La liqueur dont je viens de parler avoit beaucoup de ressem- blance avec le lavage aqueux du résidu du gras insoluble dans l’alcool (28). Voici les expériences qui m’ont paru dé- montrer c[ue l’acide de ces liqueurs étoit le lactique. Cet acide a refusé de cristalliser, il étoit fixe. Il ne précipitoit pas les sels de plomb, il formoit même avec le protoxide de ce métal un sel soluble dans l’eau et falcool, ses combinai- sons avec les alcalis étoient déliquescentes, et il m’a semblé former avec l’oxide de zinc une combinaison insoluble ou peu soluble dans l’eau. 37. D’après mes expériences, le gras des cadavres consi- déré dans son état de simplicité (c’est-à-dire abstraction faite de l’acide lactique et des lactates, de la matière azotée, etc.), n’est point un simple savon ammoniacal, ainsi que Fourcroy l’a dit, mais la combinaison de plusieurs corps gras avec l’ammoniaque, la potasse et la chaux : car les matières grasses séparées de l’alcool dans diverses circonstances avoient des propriétés différentes, celles du i^i'. et 2^. dépôt par exemple se fondoient h 54°, celle du 3e. à 520, et enfin celle de l’eau- mère à Ces matières différoient également par leur cou- leur, etc. Il suit encore de mes expériences que la matière la moins fusible paroissoit avoir plus d’afïïnité pour les bases cpie les matières plus fusibles, puisque le premier dépôt SUR UES Corps gras. 827 contenoit beaucoup plus de base que les autres, et que le savon calcaire insoluble étoit encore formé de la matière la moins fusible : il me paroît certain que la combinaison des bases avec cette matière a été une des causes de sa sépara- tion d’avec les matières plus fusibles, car en soumettant au même traitement que le gras naturel, du gras auquel j’avois enlevé les bases par l’acide muriatique, je n’ai pu obtenir de ce dernier des matières qui dilféroient autant entre elles en fusibilité que celles séparées du gras naturel. 38. Puisque le gras est un savon, il étoit vraisemblable que je trouverois^ à l’adipocire c[ui le forme, les caractères d’une graisse saponifiée. Si nous nous rappelons les faits ex- posés dans mon troisième Mémoire ( 1 1 et suivans), nous verrons cjue ce qui distingue en général une graisse qui a été saponifiée, c’est de se dissoudre en très-grande quantité dans l’alcool bouillant, c’est de rougir la teinture de tourne- sol, et c’est enfin de s’unir à la potasse avec la plus grande facilité et cela sans perdre* de son poids et aucune de ses propriétés. Que l’on examine l’adipocire sous ces trois rap- ports, et l’on observera, 1°. cju’il est dissous en toutes pro- portions par l’alcool bouillant; 2°. que cette solution rougit le tournesol, et je dois faire observer que les matières grasses qui constituent l’adipocire sont dans le gras à l’état de sur- savon , puisqu’elles rougissent le tournesol sans qu’elles aient été préalablement traitées par l’acide muriatique; 3». cjue l’adipocire s’unit facilement k la potasse, non-seulement sans perdre de son poids, mais encore sans que sa fusibilité et ses autres propriétés soient changées. C’est ce dont je me suis convaincu en saponifiant 10 grammes d’adipocire fusible à 42 * 328 Kecherches chimiques 5 1,5 par 6 grammes de potasse à l’alcool. En décomposant le savon par l’acide muriatique, j’ai obtenu 9S‘',9 d’adipocire fusible à 5i,5. 2®. Section. Ajialjse de V Adipocù'e. 3g. J’ai dit plus haut que Fourcroy avoit regardé le gras comme un composé d’ammoniaque et d’une substance grasse qu’il avoit appelée adipocire • mais les différences cjue j’avois observées entre les dépôts qui s’étoient séparés de l’alcool dans mon analyse du gras m’ayant démontré que ces dépôts n’étoient pas formés d’une matière homogène, j’ai fait les tentatives que je %ais rapporter pour reconnoître quelles étoient les matières constituantes de l’adipocire. 4o. J’ essayai d’abord d’analyser l’adipocire par l’alcool. Celui que j’employai se fondoit à 47?ï8- J® le traitai par l’alcool bouillant, comme la graisse de porc saponifiée. Voyez troisième Mémoire (20). Les matières c[ue je séparai étoient toujours colorées : la moins fusible se fondoit à /^.g^'jS-, la plus fusible à 4ïj^4- Tous les essais que je fis pour décolorer ces matières par des dissolutions répétées dans l’alcool, furent sans succès. J’eus alors recours à la potasse , j’étois assuré que cet alcali ne feroit pas éprouver d’altération à l’adipocire , puisque les expériences rapportées dans le troi- sième Mémoire (i3) démontrent qu’une graisse a éprouvé dans une seule saponification tous les changemens qu’elle est susceptible de recevoir de la part d’un alcali, et d’un autre côté les expériences rapportées (38) de ce Mémoire prouvent que l’adipocire est une matière saponifiée. SUR DES Corps gras. V 329 § 1er. Saponification de V adipocire Jiisïble à 43o, 41. Je saponifiai 60 grammes d’ adipocire par 3o grammes de potasse dissous dans 4^0 grammes d’eau; le savon étoit mou, opaque; il fut séparé d’une eau-mère orangée qui sera examinée plus bas. 42. Le savon fut délayé dans l’eau froide; on retira de diverses opérations 4o grammes de matière nacrée. Le savon qui restoit en dissolution fut décomposé par l’acide tarta- rique, on obtint 16 grammes environ d’une matière rou-- geâtre , et d’une matière Jloconneuse blanche qui se fondit dans l’eau bouillante en une graisse en partie orangée et en partie blanche. La partie blanche m’a paru analogue à la matière dont j’ai parlé (36). Elle étoit en trop petite quan- tité pour que j’aie pu l’examiner. Les matières grasses furent réunies et saponifiée.s par 6^'^-, 5 de potasse. Le savon étendu de beaucoup d’eau laissa déposer 9§*’-,9 de matière nacrée. Le savon c|ui restoit en dissolution fut décomposé par l’acide tar- tarique. Il donna 5g'‘- d’une graisse fusible à 28. On combina celle-ci à une petite c[uantité de potasse, afin de l’épuiser de toute la matière nacrée cju’elle étoit susceptible de donner, et l’on finit par obtenir un saison jaune très- soluble dans l’eau , que nous n’examinerons qu’après avoir parlé de l’eau- mère du savon d’adipocire. Je réunis à cette eau-mère tous les liquides acjueux provenant des savons décomposés par l’acide tartarique. L’excès d’acide qu’ils contenoient fut plus que suffisant pour en neutraliser l’alcali. 33o Recherches chimiques § IL Examen de ï eau - mère et. des liquides aqueux proç^enant de la décomposition du saison. 43. Ce liquide fut distillé. Le produit qu’il donna avoit l’odeur de l’adipocire. Il contenoit de V ammoniaque {i) et une matière huileuse , car les parois du ballon dans lequel il s’étoit condensé, ne se mouilloient pas. Le résidu de la distillation étoit jaune orangé, il fut concenti’é dans une cap- sule; il se déposa d’abord un peu d’huile orangée qui fut redissoute ensuite par la concentration; comme ce résidu contenoit un excès d’acide tartarique , il fut neutralisé par le carbonate de potasse, évaporé à siccité, puis traité par l’al- cool à 4o°- Ce cjui fut dissous fut traité plusieurs fois de la même manière , afin de séparer le plus possible de tartrate et de carbonate de potasse. On évapora la dernière liqueur alcoolique et on reprit le résidu par f eau. 44- La solution aqueuse fut mêlée au muriate de barite, il se fit un précipité que je lavai avec beaucoup d’eau. Ce précipité contenoit des atomes de tartrate et de carbonate de barite qui provenoient cfun peu de tartrate et de carbo- nate de potasse restés dans fextrait alcoolique et une com- binaison de barite et d’une huile orangée. On sépara celle- ci de la barite par l’acide tartarique, et en appliquant l’alcool au résultat de l’opération, on l’obtint dissoute dans l’alcool. La solution mêlée à l’eau donna une huile qui formoit avec la potasse un savon dont la saveur étoit amère et qui étoit (1) Une partie de cette ammoniaque m’a semblé être à- l’état d’acétate. SURDEsCoRPSGEASo 33 î très-soluble dans l’eau; je pense que cette huile étoit colorée par un principe étranger. 45. La liqueur (44) qui avoit été précipitée par le muriate de barite, et ensuite filtrée, fut évaporée. On traita le résidu par l’alcool à 32°. La matière non-dissoute étoit une combi- naison d’huile orangée et de barite j elle m’a paru analogue à la précédente , seulement elle étoit un peu soluble dans l’eau, et moins colorée. J’ignore si ces différences étoient dues à la proportion de ses principes, ou à quelques corps étrangers. 46. L’alcool à 320 employé dans l’expérience décrite (45) étoit coloré en jaune. Il fut évaporé à siccité, le résidu re- dissous dans l’eau fut chauffé avec du sulfate de potasse, afin de décomposer le muriate de barite c[u’il retenoit. La liqueur fut évaporée à siccité et le résidu fut repris par l’alcool. On sépara du sulfate de barite , du muriate de potasse et du sul- fate de potasse; ce qui fut dissous par l’alcool m’a paru for- mé d’une matière jaune amère soluble dans l’eau, d’un atome d’huile orangée et d’une trace de pj'incipe doux. Il est vraisemblable que l’huile devoit sa couleur au principe jaune soluble dans l’eau. l^'j. Il suit des expériences cpie nous venons de rapporter, que l’eau-mère du savon d’adipocire réunie aux lavages aqueux provenant de la décomposition de ce dernier, con- tenoit i®. de l’ammoniaque - 2®. un principe odorant ^ 3®. une huile orangée - 4°- une matière jaune amère , c[ue j’ai soupçonné contenir le même principe colorant que l’huile; 5®. des traces de principe doux presque imperceptibles. 332 Recherches chimiques § lïL Examen du savon jaune dont il a été 'parlé no; Ipi. 48. Ce savon, très-soluble dans Feau, étoit formé d’une huile orangée qui ne différoit pas sensiblement de celle ob- servée dans Feau-mère du savon (44)- Cette huile étoit en- core fluide à 70. Elle rougissoit fortement la teinture de tournesol, et se dissolvoit en toutes proportions dans l’alcool. Elle m’a paru se comporter avec le carbonate de barite comme la graisse fluide du savon de graisse de porc et de potasse. Voyez 2®. Mémoire, no. i et suivans. § IV. Analyse de la matière nacrée du savon d’adipocire, 49. Elle avoit le même aspect que la matière nacrée ob- tenue du savon de graisse dé porc ; elle fut purifiée de la. même manière, c’est-à-dire , traitée d’abord par Feau chaude, puis dissoute dans Falcool bouillant. Le léger résidu qu’elle laissa étoit une combinaison de substance grasse et de chaux , et ce qui fut dissous une combinaison de la même substance avec la potasse. 50. 3 grammes de matière nacrée purifiée furent décom- posés par l’acide muriatique, on obtint 2S*'-,7g de substance grasse et OgT’,382 de muriate de potasse cjui représentent oS'’-,2422 d’alcali; d’où il suit que si l’on attribue l’augmen- tation de poids des résultats de l’analyse à de Feau retenue par la substance grasse , on a pour la composition de la matière naci’ée du gras, 333 SUR DES Corps gras. Substance grasse 9I593. • . 100 Potasse 8,07. . . 8,78 51. La substance grasse, dont je parlerai dans le para- graphe 6, ayant les plus grands rapports avec la margarine et en différant cependant à certains égards, je lui donnerai le nom de margarine du gras. 52. D’après ce qui précède, on doit considérer l’adipocire fusible h 45° comme étant essentiellement formé i». de margarine • a», d’une graisse Jlidde à 70,- 3o. d’un prin- cipe colorant jaune j 4°- d’un principe odorant. % V. Saponification de V adipocire fusible à 54°. 53. Cet adipocire traité par la potasse, comme le précé- dent, adonné les mêmes résultats ; il faut remarquer seule- ment que les corps qu’on en a séparés étoient dans une proportion différente de celle où ils se trouvent dans l’adi- pocire fusible à 45°. 54. 10 grammes d’adipocire fusible à 54° ont donné, après avoir été saponifiés par 4 grammes de potasse à l’alcool, 10 grammes ûf'e matièi'e izacrée (f), et oS‘-,07 d’ huile fluide colorée en jaune, c[ui retenoit principe odorant. Quoi- que l’analyse de l’adipocire fusible à 45°, n’ait pas été faite avec le même soin que celle-ci, je n’hésite pas à conclure (1) agr.jOO de cette matière nacrée ont donné igr.,88 de margarine, et ogr.,25 de muriale de potasse qui représentent o,i585 de base, donc Margarine 02,0/5 loo Potasse 7;925 8,608 Mém. du Muséum, t. 2. 43 334 Recherches chimiques que ce dernier ne diffère de Fadipocire fusible à 54°, qu’en ce qu’il contient moins de margarine. § VL De la Margarine du gras. 55. Avant d’exposer les différences qui distinguent la margarine du gras de celle du savon de graisse de porc, examinons les propriétés qui leur sont communes. 56. Les deux sont solubles en toutes proportions dans l’alcool bouillant. Les solutions manifestent les mêmes pro- priétés : elles rougissent fortement la teinture de tournesol y et le mélange des liqueurs devient bleu par l’addition d’eau ÿ elles se troublent abondamment en se refroidissant et dé- posent des cristaux tx'ès-brillans. 56 his. Elles se comportent absolument de la même ma- nière, lorsqu’on les somnet à Faction décomposante de la chaleur. 57. Elles se combinent à la potasse dans les mêmes pro- portions, car deux analyses de sursavon de margarine du gras ont donné le rapport de 100 de margarine à 8,78 de potasse, et une analyse du savon de la même substance celui de 100 de margarine à 18,24 (i)* 58. Les savons des deux margarines sont sensiblement les mêmes, si ce n’est que celui de la margarine du gras ne pa- (i) Voici Fanalyse : 3 grammes ont donné 2gr.,59 de margarine et ogr.//5 de murlate de potasse qui représentent 0,46282 d’alcali. Donc Margarine. 84,573..... 100 Potasse.,.. 15,427 18,24 Les savons de margarine de la graisse de porc sont formés ^ Margarine 100 100 Potasse 8,80 i7j77 SUR DES Corps gras. 335 rok pas former avec l’eau froide un mélange aussi épais que celui de l’autre margarine , mais il falloit faire une expérience comparative pour apercevoir une différence qui n’étoit d’ail- leurs que très-légère. 59. Les plus grandes différences que j’ai observées entre les xleux margarines sont dans leur fusibilité respective, et dans la forme qu’elles affectent, lorsqu’elles passent de l’état liquide à l’état solide. La margarine de la graisse de porc se fond à 56o,56, et en se refroidissant elle se prend en aiguilles brillantes 5 celle du gras se fond entre le 55 et 56, et lors- qu’elle se solidifie, elle se prend en aiguilles extrêmement fines, qui se rassemblent de manière à former des dessins ondés. Quoique ces différences ne soient pas très-grandes, eu égard aux nombreuses analogies des deux margarines, j’ai fait des observations qui les rendent encore moins impor- tantes qu’elles ne le paroissent au premier coup-d’œil. 10. J’ai obtenu de la graisse de porc, et particulièrement de la graisse fluide, une margarine semblable par sa forme et sa fusibilité à celle du gras; 20. j’ai eu des margarines du gras dont la fusibilité varioit de 54 à 56; 3o. j’ai saponifié par 5 grammes de potasse iiS‘^-,5 de mai’garine du gras fusible à 55,5, et 1 is*-,5 de margarine du savon de graisse de porc, la- quelle étoit fusible à 55 et ne se cristallisoit pas en aiguilles bien prononcées. J’ai converti les deux savons en sursavons en les étendant de 4 litres d’eau : j’ai filtré la liqueur; les sursavons desséchés ont été dissous, chacun séparément, dans la même quantité d’alcool bouillant ; le dépôt qui s’étoit formé dans chaque solution, au bout de quatre heures, a été séparé; les liqueurs filtrées abandonnées de nouveau à elles- 43 336 Recherches chimiques mêmes pendant 24 heures, ont donné un second dépôt; eu- ün les eaux-mères qui prirent par la concentration une cou- leur bleuâtre, donnèrent un troisième dépôt. Dépôts du sursavon de margarine du gras. Le premier, décomposé par l’acide muriatique, donna une margarine dont l’aspect étoit le même que celle qui n’a éprouvé qu’une seule saponification; elle étoit fusible entre 540,5'et 55o. Le second dépôt fournit une margarine qui cristallisoit en aiguilles prononcées comme la margarine de graisse de jiorc. Enfin celle rju’on retira du 3^. dépôt avoit une couleur verdâtre (i), et étoit semblable d’ailleurs par sa forme à celle du second dépôt : elle se foudoit à 54°- Dépôts du siŒsavon de margarine de graisse de porc. La margarine du premier dépôt étoit fusible à 54,8. Elle cristallisoit en aiguilles très-prononcées. Celle du second dé- pôt cristallisoit en aiguilles fines. Celle du troisième cristalli- soit en aiguilles qui étoient colorées en verdâtre. La mar- garine de ces deux- dépôts ressembloit à celle qu’on avoit retirée des deux derniers dépôt' du sursavon de margarine du gras. Les observations précédentes, sans décider absolu- ment la raison pour laquelle la margarine du gras diffère de celle obtenue avec la graisse de porc, conduisent à penser que la différence tient vraisemblablement à ce que la pre- mière est combinée à un corps étranger, qui cependant ne (1) Je me suis assuré que la couleur verdâtre étoit due à un corps particulier. Il est vraisemltlable , d’apiès cela, que la couleur bleu - verdâtre des lavages alcooliques de plusieurs substances grasses animales est due à un principe coloré par lui-même , et non à un accident de lumière, ainsi que je l’ai dit dans un Mémoire sur le cartilage de squale. SUR DES Corps gras. 337 doit s’y trouver qu’en très-petite quantité, vu les nombreux rapports existant entre les deux substances. § VII. Conséquences de V analyse du gras. 6o. Nous avons démontré, dans notre troisième Mémoire, que la graisse de porc dans son état naturel n’avoit pas la propriété de se combiner aux alcalis, C[u’elle ne racc[uéroit qu’en éprouvant un changement dans la proportion de ses élémens : ce changement étant le produit de l’action de l’alcali, il en résulte que les corps de nouvelle formation doivent avoir une affinité prononcée pour l’espèce de corps qui l’a détenniné. Si nous applic[uons cette base de la théorie de la saponification au changement en gras des cadavres en- fouis dans la terre, nous verrons qu’elle en explique la cause de la manière la plus heureuse. En effet , le gras est la com- binaison de deux substances grasses avec l’ammoniaque, la chaux et la potasse ; l’une de ces substances a sensiblement les mêmes propriétés que la margarine obtenue du savon de graisse de porc; l’autre, llmile orangée , abstraction faite de sa couleur, paroît avoir beaucoup d’analogie avec la graisse fluide. Il est donc infiniment probable que la cause qui' dé- termine la conversion de la graisse , en margarine, en graisse fluide , etc. , a déterminé la formation du gras. Cette forma- tion ne me paroît donc qu’une véritable saponification opé- rée par l’ammoniaque qui provient de la décomposition du muscle et autres matières azotées , et par la potasse et la chaux qui proviennent de la décomposition de quelques sels. Telle est la conséquence immédiate de mes travaux sur la saponification de la graisse de porc et sur le gras des ca- 338 Recherches chimiques davres ; elle est si naturelle , qu’on auroit lieu de s’étonner si je lavois passée sous silence; mais comme je n’ai pas suivi moi-même la conversion des cadavres en gras, je ne propose la théorie que j’en donne qu’avec circonspection, parce que, quelle cp’en soit la vraisemblance , je sens que pour l’établir positivement il me manque plusieurs faits, et quelle peut pa- roître en contradiction avec des observations regardées géné- ralement comme bien faites (i). RÉSUMÉ GÉNÉRAL DE CE MÉMOIRE. 61. Résumons en peu de mots les différences que pré- sentent les trois corps que l’on a appelés adipocire. 62. Le calcul biliaire et le sperma-ceti peuvent être consi- dérés actuellement comme des principes immédiats simples, puisque jusqu’ici on n’a pu en séparer ‘plusieurs sortes de corps sans les dénaturer. Il n’en est pas de même de l’adi- pocire proprement dit , qui résulte certainement de la com- binaison de deux corps gras, dont l’un a la plus grande ana- logie avec la margarine et l’autre paroit se rapprocher beau- coup de la graisse fluide; il est vraisemblable que l’odeur et la couleur de cette combinaison sont dues à deux prin- cipes paiticuliers , dont la proportion est très-petite relative- ment à celle des deux premiers. 63. I^a fusion du calcul biliaire exige une température de (i)Ne semble-t-il pas résulter de nia théorie, 1®. que la graisse est la seule ma- tière animale susceptible de se changer en gras? tandis que les auteurs qui ont parlé de ee dernier ont prétendu quele muscle étoit sujet au même changement j 2". que les alcalis seuls peuvent changer les corps en gras ? tandis qu’on a pré- tendu que l’adipocire étoit un des produits de l’action de l’acide nitrique sur le muscle. Les réponses à ces questions feront l’objet d’un Mémoire particulier. SUR DES Corps gras. SSq 1870, tandis que le sperma-ceti se fond à 44)^8. Quant à la fusion de fadipoeire des cadavres , elle varie de 44 ^ ^4°, suivant les proportions des substances grasses qui le consti- tuent. 64. 100 parties d’alcool bouillant en dissolvent 18 de cal- cul biliaire, et 6,9 de sperma-ceti; fadipoeire paroît s’y ' dissoudre en toutes proportions. 65. La potasse bouillie pendant quinze Jours avec le calcul biliaire, dans le rapport de 5 à i , ne l’a pas saponifié. Le même alcali bouilli avec le sperma-ceti pendant cinq jours, dans le rapport de 18 à 3o, en a opéré complètement la sa- ponification. Il s’est produit alors une substance congénère de la margarine, mais cjui en diffère par des propriétés si tranchantes, qu’on ne peut les confondre dans une seule es- pèce. Le sperma-ceti saponifié, la margarine et la graisse fluide composent donc dans ce moment le nouveau genre des acides gras et inflammables que j’ai établi dans mes précédons Mémoires. 66. Si la non saponification du calcul biliaire ne dépend pas entièrement de sa force de cohésion, si, par exemple, l’on démontre quelque jour l’impossibilité de l’opérer, en exposant dans le digesteur distillatoire le calcul biliaire à faction de la potasse, à une température de 140°, il faudra conclure que la proportion des élémens du calcul n’est pas telle qu’il puisse se réduire en des corps doués d’une grande affinité pour les alcalis. La difficulté que le sperma-ceti pré- sente pour se saponifier, indique que les élémens n’en sont pas dans le même rapport que ceux de la graisse, et ce c[ui le prouve d’ailleurs, c’est qu’il ne produit pas de principe doux des huiles , comme cette dernière substance. 34o Extrait d’une Note manuscrite communiquée par M. Palacio à M. de Candolle. ( Londres février i8i6. ) « Dom Eloy Valenzuela, curé de Bucamara, département de Giron, province )> de Pampelune à la Nouvelle-Grenadè , élève de Mutis, a trouvé en 1809 une J) nouvelle espèce de pomme de terre sur les bords du Malavé, dans le chemin )) del Cura , à une hauteur où le thermomètre est à 5°, une heure avant le lever » du soleil. Il r a woMxmêe. Solanum Papa; mais comme le nom de Papa est com- » mun à toutes les pommes de terre, peut-être conviendroil-il de l’appeler Sol. 3) valenzuelœ. Sa racine est facile à cuire j blanche, de très - bon goût , aussi 1) utile que l’ancienne. » SoLAifVM F AP A radice tuherosa foliis pinnatis fructu glaberrimo ohlongo. 3) Racines: jets longs, auxquels adhèrent des tubercules à peu près globuleux » et aplatis. Tige couchée très-rameuse. Feuilles géminées, ailées; folioles ovales, 3» un peu aiguës, au nombre de cinq paires, pétiolulées et entremêlées d’autres 3) folioles sessiles. Fleurs en grappes de trois à quatre fleurs alternes; pédicelles 5) articulés au milieu. Calice semi-5-fide, avec les extrémités velues. Corolle 3) ayant les cinq sinus roulés eu dehors. Anthères biperforées au sommet. Stig- 3) male en tête comprimée et légèrement fendue. Baie oblongue, compritnée, 3) de deux à trois pouces. Graines orbiculaires avec un rebord muni d’une 33 dent. 33 D’après l’indication du thermomètre et la latitude du lieu, on peut supposer que celte nouvelle espèce de pomme de terre végète à 1600 toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer. Le Tableau météorologique des Andes, publié par M. de Humboldt, dans ses Proiegomena de Distributione plantarum secun- dum cceZî /e77ry3eri£3ra (i) , fait connoîlre l’élévation du sol, étant donnée l’indi- / cation du thermomètre le jour ou la nuit. (1) Humh. et Bonpl. Nova Généra et species plant, œquinoctialum , U p. xxxviii. HISTOIRE NATURELLE De diverses Substances minérales siliceuses et por~ phyritiques passées à V état de Pechsteins , ou Pierres de poix y par V action des feux souter-^ rains. PAR M. FAUJAS-DE-SAINT-FOND. INTRODUCTION. CyEux qui ne se lassent jamais d’observer la nature dans ses vastes laboratoires, et qu’une longue expérience a familiarisés avec les divers gisemens des substances minérales , auront tou- 'fours une sorte d’éloignement pour les classifications artifi- cielles et systématiques, faites de pièces et de morceaux par des hommes à qui la nature sembleroit devoir être étrangère, puisque croyant pouvoir la connoître sans la consulter, ils n’aiment à la suivre que dans le vague des collections qu’ils ont acquises par pièces isolées à prix d’argent, ou qui leur ont été données sans l’indication exacte des lieux , et partant de ces fausses données ils cherchent par mille modes différens à faire ployer la nature à ce qu’ils appellent leurs méthodiques dis- tributions. Des collections ordonnées de cette manière, quelque ré- putation passagère qu’elles aient pu procurer à leurs auteurs, sont presque toujours en sens inverse de ce qui estj elles Mém. du Muséum, t. 2. 44 342 Pechsteins. sont incohérentes, sans liaisons, sujettes à de perpétuels cliangemens, et retardent considérablement les progrès de la véritable science, en l’éloignant trop du but qu’elle doit se proposer , celui de se rapprocher le plus qu'il est possible de la méthode naturelle , la seule qui puisse , avec le temps , conduire à la connoissance de la vérité, c’est-à-dire, à la philosophie, dans le sens réel et favorable que comporte l’acception d’un mot, qu’on a si injustement outragé. Pour prouver ce c[ue nous avançons ici, choisissons un exemple pris dans le sujet même c[ui va faire l’objet de ce Mémoire. Les méthodistes ont presque tous circonscrit dans un même cercle les substances minérales dans lesquelles la terre cjuartzeuse , ou siliceuse, forme le principe dominant, telles c[ue les agates, les calcédoines, les opales, les silex com- muns, les silex pierres à fusils, les quartz opaques ou lim- pides, les jaspes de toutes les couleurs, les cocjuilles et autres Corps marins noyés dans une pâte siliceuse, les bois passés à l’état de silex, d’agates on de pechsteins ^ ainsi que d’autres corps organisés qui ont éprouvé des infiltrations de la même nature. Mais en prenant pour type de ce système de formation, la terre principale qui y domine , abstraction faite des autres substances, et des rudimens encore existans qui annoncent dans plusieurs, des caractères incontestables de leur ancienne organisation, ils n’ont pas fait attention que ce point de dé- part étoit fautif, qu’il intervertissoit l’ordre des temps, jetoit la plus obscure confusion sur la marche de la nature, et qu’il rentroit plutôt dans le domaine de la chimie que dans celui qui tient à la connoissance exacte des minéraux; car Introduction. 343 quiconque sait apprécier le but et le mérite réel de la mi- néralogie, ne doit pas ignorer qu’elle ne consiste pas à accu- muler stérilement beaucoup d’objets, pour les forcer à se prêter à telle ou telle classification , mais qu’il faut savoir auparavant comment la nature les a disposés dans ses diverses époques de formation, et tâcher de démêler autant qu’il est possible, les causes qui ont concouru à la réunion, au mélange, et aux combinaisons qui ont donné naissance à tant de substances variées , dans lesquelles il est vrai telles ou telles terres peuvent prédominer, mais qui ont été sus- ceptibles en même temps d’éprouver une multitude de mo- difications, soit par une foible addition ou une surabondance de chaux ou d’oxides métalliques, soit par un mélange d’autres matières que le règne organique seul est capable de produire, soit enfin par le plus ou le moins d’eau, entrée comme principe dans ces divers corps, ou par l’absence to- tale de ce fluide. L’alternative des couches, leurs dispositions, leur étendue, leur assiette horizontale, inclinée, verticale ou remarquable par des solutions de continuité ou par de profondes disruptions, sont aussi des caractères indicatifs que l’examen des lieux peut seul faire counoître, et qui sont très- propres à instruire, sur des phénomènes, dont celui qui n’a pas été à portée de les considérer ne sauroit se former une idée juste. ^insi lorsqu’on volt en place et au milieu des matières de transports, des accumulations de bois passés à l’état de quartz ou plutôt infil rés de ce sel pierreux, dont le dissolvant gé- néral est une des énigmes de la nature, et qu’on reconnoît parfaitement dans ceux-ci les caractères des palmiers, dont 44" 344 Pechsteins. l’organisation est particulière, peut-on raisonnablemeut , parce cjue le quartz y domine, et a pris la place des l’éseaux ligneux, les établir sur la même échelle que les quartz d’une forma- tion cent fois plus ancienne, qui traversent en filon ou coupent en grandes zones les plus hautes montagnes granitiques, et s’y déploient quelquefois en grandes voûtes tapissées .du cristal le plus limpide et le plus brillant 5 peut- on, aussi sans outrager l’antiquité et la majesté de la nature, dire, lorsqu’on trouve dans les déserts sablonneux de l’Afrique des dents de rhinocéros, des défenses d’éléphans ou d’hip- popotames, pénétrées de substance siliceuse, mais conser- vant encore leurs formes caractéristiques , que de sem- blables productions doivent être irrévocablement fixées dans la classe des quartz , en les distinguant , seulement par la dénomination plus que bizarre , de quartz pseudo- inoiphique ^ xyloïde , modelé en palmier , si c’est un bois siliceux qui ait du rapport à cet arbre, ou de quartz pseii- domojphique modelé en dent de rhinocéros , ou en défejise d'éléphant , et d'hippopotame , si ce sont des ossemens de ces animaux trouvés dans un état semblable. Où est donc la ligne de démarcation entre un produit pu- rement chimique et des restes si instructifs de végétaux et de grands quadrupèdes, qui auroient pu être infiltrés tout aussi bien de substance calcaire que de matière siliceuse ? Cepen- dant ces dépouilles de corps organisés n’offroient-elles pas une preuve évidente qu’à l’époque où ces êtres jouissoient de la vie , il y avoit nécessairement alors des parties de la terre dé- couvertes et peuplées de végétaux et de grands quadrupèdes; qu’il existoit par conséquent des îles ou des continens, au- Introduction. 343 dessus des eaux de la mer : c’étoit sous ce point de vue im- portant qu’il falloit considérer ces grands faits, et non les con- fondre avec une simple substance matérielle , brute et isolée qui n’est qu’un accessoire secondaii’e, étranger en quelque sorte à l’objet principal. Ainsi les minéralogues exclusivement systématiques, en passant sous silence ce cjui est si propre à ennoblir leurs travaux et à lier la minéralogie à la géologie, n’ont pas même daigné dire un mot des causes cjui dans certaines cir- constances particulières ont fait passer leur quartz pseudo- morphe ligneux, ainsi que les autres substances du règne organique c[ui se trouvent pénétrées de la même substance minérale, à l’état de pechstein. J’ai si bien senti la nécessité de remplir ce vide , dans un sujet qui n’est pas même ébauché, et qui cependant tient à des faits qui méritent d’être éclaircis, c[ue j’ai osé essayer de traiter cette matière difficile et confuse, dans l’intention, s’il étoit possible, d’y répandre quelque clarté , et d’en simplifier l’étude, en me tenant constamment sur la ligne des faits, et en suivant pas à pas la marche de la nature , autant du moins que mes foibles lumières ont pu le permettre. Quoique le titre de cette monographie particulière des pechsteins annonce que mon but est de n’y traiter que des matières siliceuses , passées à cet état par l’action plus ou moins lente , plus ou moins soutenue des incendies souter- - rains, ce que j’appuierai par beaucoup de faits, je dois prévenir ici C[ue je ne prétends pas donner l’exclusion aux autres moyens que peut employer la nature pour faire passer dans certaines circonstances particulières, par la voie hu- Pechsteins. 346 mide ou par Faction de quelques émanations gazeuses, cer- taines substances siliceuses à l’état de pechstein. Les pierres de ce genre qu’on trouve à Mussinet, à Grantola, et en plusieurs autres lieux , nous fournissent des exemples péremp- toires à ce sujet. Mais ceux-ci ont constamment un Caractère particulier qui les distingue, et c[ui exige qu’on les sépare des autres , leur mode de formation en pechstein étant diffé- rent, et tenant à d’autres principes. Ces derniers sont, en général, plus sains, plus homogènes, et n’ont ni l’étonnement, ni les espèces de fêlures filamenteuses, ni la tendance à se diviser en éclat au premier coup de mar- teau c|u’ont les autres, c’est-à-dire ceux qui vont faire le sujet de ce Mémoire. CHAPITRE PREMIER. DIVISION DES PECHSTEINS. Les trois divisions suivantes que j’ai cru devoir établir résultent de la nature des faits. « ire. division. Pechsteins ligneux ^ on'Bois précédemment siliceux passé à l’état de pechstein. 2e. DIVISION. Pechsteins siliceux , simples , de la nature des pierres à fusils com- munes, mais qui peuvent dériver aussi de matières siliceuses d’une pâte beaucoup plus fine, telles qu’agates, calcédoines^ etc. PeCHSTEINS ligneux. 347 3e. DIVISION. Pechsteins porphyres , ou Roches porphyri tiques modifiées en pechsteinsj sans avôir perdu leurs caractèrelî Les pechsteins compris dans les deux premières sections sont infusibles au chalumeau. Ceux qui composent la troisième ayant pour base principale le feld-spaih , fondent facilement au chalumeau en un verre légè- rement blanc 5 spongieux, translucide; quelquefois en un émail un peu verdâtre, lorsqu’une petite partie de chrome est entré dans le principe colorant de quelques poi'phyres un peu stéatiteux. Je dois répéter ici cjue pour éviter toute confusion et me restreindre dans les bornes c|ue je me suis prescrites, je n’ai point voulu établir une quatrième division, dans lacjuelle j’aurois pu placer les pechsteins d’une origine différente ; mais comme ces derniers appartiennent à un autre système de formation, j’ai dû m’abstenir de les réunir dans le même cadre, sauf à les traiter à part et à en faire le sujet d’un se- cond Mémoire qui pourroit faire suite à celui-ci, lorsque j’aurai le loisir de m’occuper de ce nouveau travail. CHAPITRE IL Des Pechsteins ligneux. OBSERVATIONS. Les pechsteins ligneux, avant d’avoir éprouvé les modi- fications qui leur ont imprimé ce caractère singulier, ont dù nécessairement avoir appartenu à des bois de divers genres 348 Pechsteins ligneux. pétrifiés en agate, en silex jaspoïdes, calcédonieux , ou en silex communs de la nature des pierres à feu. Telle est du moins la tnanière dont une longue étude de ces substances en place m’a mis dans le cas de les considérer. L’infiltration siliceuse en remplissant les parties cellulaires du bois, loin d’effacer entièrement le réseau ligneux, en a conservé presque toujours le dessin par une teinte différente Cj^Lii en fait ressortir les linéamens, et ces bois pénétrés du suc quartzeux ont acquis une dureté et une solidité qui les a rendu en quelque sorte indestructibles. Réduits en cet état et dispersés sur les places où de grandes révolutions les ont entraînés, que des incendies souterrains aient eu lieu , ainsi que cela est arrivé , dans les mêmes em- pîacemens où gissoient ces bois siliceux, que l’action du feu soit entrée en concours avec celle de l’eau, et que l’un et l’autre, élevés aux plus hautes températures , aient donné lieu à des productions de laves boueuses qui auroient enve- loppé ces bois, n’a-t-il pas dû résulter de cette double cause une action particulière qui jointe à celle des émanations ga- zeuses, a produit sur ces bois la modification particulière qui leur a donné cet aspect résiniforme, ce poli gras, et ces sortes de tressaillures qui caractérisent les pechsteins trouvés au milieu des tuffas volcaniques. Cet aperçu rapide , ne sort certainement pas de l’exactitude des faits, pour les géologues et les minéralogistes les plus familiarisés avec les productions nombreuses et variées des volcans; or ces bois ainsi passés à l’état de pechstein, ne nous rappellent-ils pas encore des faits antécédens dont ils portent les caractères, et qui sont dignes des méditations de celui PeCHSTEINS ligneux. 349 qui ne veut pas restreindre ses recherches à des objets muets en ne considérant les produits de la nature que sous un point de vue purement matériel. Car peut - on se refuser d’y reconnoître lo. l’ouvrage de la puissance et de la force organique végétale , ayant donné naissance à ces bois, à une époque qui n’est certainement pas nouvelle , et à des arbres dont plusieurs , tels que les palmiers , •ne peuvent vivre et se multiplier que sous les latitudes équa- toriales, ou sous celles qui les avoisinent; 20. une grande et antique cause de déplacement qui a transporté et disjDersé ces bois à des distances éloignées , et les a le plus souvent ensevelis dans ces vastes accumulations de sables quartzeux, analogues à ceux que les mers agitent, transportent et re- jettent au loin sur leurs rivages; 3o. l’état de pétrification si- liceuse dans lequel existent ces bois, résultat d’une infiltra- tion extrêmement lente , qui a du consommer beaucoup de temps : si l’on veut au contraire qu’une dissolution quart- zeuse les ait pénétrés promptement, il faudroit recourir à un dissolvant général inconnu, étranger à l’ordre actuel des choses, et qui obligeroit de se porter à d’autres époques, ce qui reculeroit bien davantage les limites du temps ; 4®- la modification postérieure de ces bois en pechstein par les in- cendies souterrains , ce qui suppose que ces antiques débris du règne organique végétal , sont d’une origine antérieure à celle des volcans, non-seulement en les considérant comme bois dans leur état naturel , mais même comme bois pétrifiés. Le tableau raisonné des pechsteins ligneux que nous allons faire connoître servira de développement et d’appui à ce qui vient d’être dit. Tous les objets décrits sont de ma collection. Mém. du Muséum, t. 2. 4^ 55o Pechsteins ligneux. 1. Pedistein ligneux de couleur de sucein foncé, d’aspect résineux, luisant » translucide sur les bords, remarquable par la belle, conservation de sa con- texture ligneuse, ayant un de ses nœuds bien prononcé, quoique passé à l’état de pechstein. Cet échantillon poli sur une de ses faces a cinq pouces de longueur, deux et demi de largeur, et un pouce et demi d’épaisseur. Il vient de DeutscMttau en Hongrie. N”. 2. Pechstein ligneux dont on reconnoît encore une grande partie des couches concentriques annuelles dubois, morceau capital, donlonvoit la contexture et l’organisation Intérieure, par l’effet de la plus heureuse cassure. Ce mor- ceau a cinq pouces de longueur, quatre et demi de largeur et deux pouces d’épaisseur; il est d’une si grande fraîcheur, d’un éclat si brillant et si pur, et nuancé de couleurs si variées et si vives, qu’il est difficile, on peut le dire, d’en trouver beaucoup de cette belle conservation ; la croûte extérieure qui semble servir d’enveloppe au morceau et qui a six lignes d’épaisseur, est d’un blanc qui ressemble à l’ivoire fossile la plus pure, non-seulement par la couleur, mais par la texture: l’on voit que c’est un résultat de la longue ac- tion oxigénantede l’air qui a produit cette altération particulière dans cette partie qui est tendre, mais néanmoins assez consistante pour partir en petits éclats, lorsqu’on la frappe avec précaution, et les morceaux qu’on en dé- tache deviennent hydropbanes dans l’eau sans s’y dissoudre. A celte première couche en succède immédiatement une seconde qui lui est adhérente, qui a cinq lignes d’épaisseur , d’un pechstein qui a la trans- parence de la plus belle cire et son aspect onctueux, d’un jaune de miel d’un éclat très-pur : celle-ci est si dure qu’elle donne des étincelles avec l’acier. La troisième couche qui suit la précédente, a le tou , la couleur et la cassure analogues à la plus belle gomme copal et sa transparence un peu nébu- leuse; on y distingué les linéamens plus colorés d’un bois dont les fibres très-rapprochées sont d’une grande finesse : cette couche varie un peu d’épaisseur, depuis quatre jusqu’à cinq lignes. La quatrième faisant corps avec la précédente est d’un gris bleuâtre, imi- tant le marbre turquin, mais d’une couleur plus franche et plus vive, et brillante comme si un vernis léger en avoit relevé le ton ; son épaisseur varie depuis six lignes jusqu’à un pouce dans quelques parties. Elle est beau- coup moins transparente que les deux précédentes, et n’est translucide que sur les bords; les fibres ligneuses y sont de la même finesse, très-rapprochées, et ont la même disposition longitudinale. Enfin tout le restant de la face intérieure du morceau qui est la plus Pechsteins ligneux. 35l considérable, est dans toute son étendue, en longueur et en largeur, de la plus belle couleur de cbair, non de cette couleur d’un rose pâle et telle qu’on la désigne dans les arts, mais d’une couleur de véritable chair fraîche et vive, telle que seroit celle nouvellement coupée d’un boeuf très-sain , dont on auroit mis à découvert les muscles : illusion d’autant plus forte, qu’elle est soutenue par la disposition des fibres longitudinales du bols qui se trou- vant très-rapprocbées et du même ton de couleur, complètent l’illusion. J’avois déjà désigné ce rare morceau sans en donner une description aussi détaillée, dans ma nouvelle classification des produits volcaniques ( 1809), pag. igg, et j’avois dit qu’il seroit unique, si à mon retour de Styrie et de Carintbie je n’avois eu l’avantage et le plaisir, à Milan, de partager l’échan- tillon double que j’en avmis avec le prince Eugène , qui aimoil les sciences , et avoit beaucoup fait pour elles en Italie, et qui se proposoit de former un cabinet d’histoire naturelle. Ce rare morceau, qui n’en formoit qu’un auparavant , vient des morais Carpaths dans la haute Hongrie. N". 3. Pechstein ligneux d’un aspect de cire, traversé dans toute sa longueur par des fibres longitudinales, de couleur jaune de succin qui tranchent vive- ment sur un fond blanc ; ce qui rend agréable à l’œil cet échantillon scié et poli sur une de ses faces. En observant la disposition des fibres de ce bois, sa contexture, sa demi- transparence , sou ton de couleur et une sorte de poli onctueux, quoique vif, qui le distingue, on croiroit que ce pechstein provient d’un arbre résineux de la famille des pins ; mais il fautêtre si réservé sur la détermination des diffé- rentes espèces de bois passés à l’état de pétrification, qu’on nepeut prononcer avec une sorte de certitude que sur ceux qui ont une organisation qui leur est propre et qui les distingue des autres : telle est celle des palmiers ou des fougères en arbres; encore n’a-t-on d’assurance que sur les genres, et très- rarement sur les espèces. Ce pechstein ligneux vient de Telkobanya dans la haute Hongrie. N". 4. Pechstein ligneux analogue au précédent, mais ayant quelques différences caractéristiques. Cet échantillon a cinq pouces de longueur, trois pouces six lignes de largeur, et son épaisseur est d’un pouce; il est parfaitement poli sur une de ses faces, et scié sur l’autre. Le côté poli se distingue par son fond d’un blanc d’ivoire , avec quelques teintes légères couleur de miel dis- posées par places. La face sciée est en partie d’un jaune de succin, et en partie de couleur de poix noire, et les fibres longitudinales ligneuses sont 45- 352 Pechsteins ligneux. parfaitement prononcées. L’oppo.sitlon de la partie colorée en noir ^ qui est d’un luisant de poix, avec le fond jaune de succin qui l’avoisine, rappelle fortement l’idée d’un bois résineux de la famille des pins. L’un des deux côtés de la tranche de ce bel échantillon , offre dans toute sa longueur, sur un fond blanc lavé d’une légère nuance de jaune, des faisceaux de fibres d’un jaune vif et foncé. 11 est difficile de se procurer un morceau d’un aussi beau choix. Celui-ci vient aussi de Telhobanya dans la haute Hongrie. N". 5. Pechstein ligneux, de huit pouces de longueur, cinq de largeur et un pouce d’épaisseur moyenne; ce morceau a été si heureusement séparé d’une pièce plus considérable, par un coup de marteau adroitement dirigé, que ses deux faces ont conservé la plus grande fraîcheur, et que leur contexture lamelleuse est parfaitement à découvert, sans qu’il soit resté la plus légère trace du coup. Tout le fond de la couleur, ainsi que la demi-transparence, sont ana- logues à un bois jaunâtre résineux, rapproché du sapin; cette ressemblance, probablement illusoire, semble être confirmée par une longue haude de deux pouces et demi de largeur, d’une substance d’un noir foncé, d’un as- pect gras et luisant, quoique très-dure, imitant véritablement de la poix noire qui auroit suinté par les pores du bois , et auroit coulé par ondulation en recouvrant le tissu ligneux et en s’insinuant dans les moindres fissures; au surplus cette matière noire est si dure qu’elle donne des étincelles avec l’acier. Ce rare morceau vient de Kamîniz Aans la haute Hongrie. N”. 6. Pechstein ligneux en rapport exact avec le précédent, relativement à la substance noire, luisante, onctueuse, dure et onduleuse qui imite la poix noire. Mais dans cet échantillon ,1a partie ligneuse est d’un gris blanchâtre, entièrement opaque, très-fibreuse, et moins dure que la partie noire. On y voit deux nœuds bien conservés et qui forment une sorte de relief sur le morceau; plusieurs veines du noir le plus foncé et d’un aspect résineux, gras et luisant, disposées dans le sens longitudinal des fibres, imitent au parfait des veines de poix noire qui auroient coulées dans des fissures de ce bois. Cette substance noire est aussi dure que celle du n”. précédent; la localité en est cependant bien différente, car ce morceau me fut envoyé il y a plusieurs années, de la Guadeloupe, par M. Lherminier, très-bon miné- ralogiste, établi dans cette île; il venoit de le recevoir d’un de ses amis qui l’avoit trouvé avec d’autres morceaux semblables, sur les bords de l’Oré- noque, ainsi que le porte l’étiquette écrite de sa main. N®. 7. Pechstein ligneux, demi - transparent , d’un éclat vif mais onctueux. Pechsteins ligneux. 353 couleur de colle forte' blonde , dite de Flandre , sur une de ses faces, de cou- leur gris clair sur l’autre, avec quelques taches d’un blanc jaunâtre dis- persées par places; l’ensemble du morceau , qui est d’un assez gros volume , ne présente qu’une réunion de fibres longitudinales disposées en faisceaux sans la moindre apparence de couches annuelles , et ayant le fades le plus parfait d’un bois de la famille des palmiers, présentant dans sa coupure cette multitude de petits tubes infiltrés de substance siliceuse, placés à côté les uns des autres d’une manière assez régulière, ayant en un mot tous les caractères d’un bois de palmier siliceux, modifié en pechstein, sans qu’on puisse néanmoins en déterminer l’espèce. A été Irowy èk K aminiz en Hongrie. Nota. J’ai décrit pag. 187, section 7 de ma nouvelle classification des pro- duits volcaniques, un tronçon de bois de palmier, non pétrifié, mais carbo- nisé, de la plus belle conservation. Trouvé par moi à plus de quarante pieds de profondeur, dans un escarpement entièrement formé d’un tuffa volca- nique ,^gompo.sé d’un mélange de laves poreuses, de laves graveleuses, de fragmens de laves compactes basaltiques, de coquilles marines comprimées, et quelquefois entières , de portions d’écorces de fougères arborescentes , le tout agglutiné par une pâte terreuse provenue de laves décomposées, qui a acquis une sorte de solidité par des infiltrations spalbiques calcaires. Si ce bois de palmier eût été auparavant pétrifié en silex, il eûtété converti enpecli- stein; mais ayant été enveloppé par l’éruption volcanique boueuse dans son état naturel, il est passé seulement à l’état de charbon en conservant toute son organisation, parce qu’il n’a pas pu y avoir combustion, par défaut d’air. Ce morceau, qui est dans mon cabinet, est d’autant plus remarquable, qu’une partie étoit recouverte de cristaux de chaux carbonatée inverse, très-régu- liers, brillans, quoique colorés intérieurement en noir par les élémens de la substance charboneuse ; ces cristaux sont moulés sur la substance même du bois. Ce rare morceau, que je ne cite ici que comme objet de comparaison, a été tiré des luffas volcaniques Ae Montechiomajore dans le Vicentin. N°. 8. Pechstein ligneux, couleur de poix-résine d’un brun un peu rougeâtre, d’un aspect luisant et onctueux, translucide sur les bords. Cet échantillon qui est poli sur une de ses faces, a cinq pouces de longueur, trois de largeur et un d’épaisseur; on le prendrait au premier abord, plutôt pour un pecli- stein siliceux, c’est-à-dire qui doit son origine première à un simple silex, qu’à un pechstein ligneux ; mais en l’observant avec attention , on distingue très-bien, particulièrement sur la face qui n’est pas polie, et qui offre une cassure vive, des parties ligneuses dont les unes sont disposées en réseaux , 354 Pechsteins ligneux. et d’autres qui ont une contiguralion tibi’euse,et paroissent comme autant de petits éclats de bois dont l’organisation n’a pas entièrement disparu. J’ai recueilli moi-même une suite choisie et très-instructive de cette variété de pechstein, au milieu d’un tulfa volcanique, à une lieue de Francfort-sur- le-Mein , dans le quartier à’ Jlfferstein. Je n’eus pas à regretter le temps que j’employai à faire fouiller dans une excavation conique déjà ouverte , sur les bords de laquelle je reconnus dés fragmens de ce pechstein ; j’y en trouvai , à mesure qu’on approfondissoit l’ouverture, de gros morceaux dispersés çà et là; comme je pus m’en procurer une grande quantité, je ne les inénageois pas et j’en brisai à coups de marteau plus de deux cents livres pesant, afin de bien étudier leur contexture, et me procurer des échantillons de choix, dans l’intention d’en donner à mes amis. Ce travail manuel fut utile à mon instruction , et me procura les moyens de suivre toutes les modilications qu’avoient éprouvées ces pechsteins, depuis celles où les traces d’organisa- tion végétale avoient été conservées, jusqu’à celles où elles ont été en- tièrement elîacées; car si l’on m’avoit présenté dans un cabine?^ertains de ces morceaux isolés, et que je n’eusse pas été à portée de suivre ces nuances graduelles, il est à croire que j’aurois prononcé que ces pechsteins dérivoient de simples silex, de silex communs, et non de bols siliceux, et j’aurois com- mis une grande erreur, ce qui arrive assez fréquemment à ceux qui n’ont pas eu le grand avantage d’étudier la nature en place. K”. 9. Pechstein ligneux , d’un brun-foncé, résiniforrae, translucide sur les bords sur une de ses faces; ligneux, terne, jaunâtre et opaque sur l’autre face. jy ylfferstein -ÿr'es de Francfort, pour faire suite au précédent. K". 10. Autre échantillon de pechstein ligneux du même lieu, de couleur de résine un peu brune, ayant la forme d’un rondin de bois de trois pouces six lignes de diamètre , poli sur un de ses bouts, sur lequel on distingue une partie des cercles concentriques annuels. La face opposée, c’est-à-dire l’autre extrémité du morceau est d’une pâte très -fine, luisante, homogène et d’une couleur d’un brun-jaunâtre un peu plus foncée, sans offrir la moindre apparence d’organisation végétale; ce contraste de caractère dans le même morceau n’est pas sans exemple dans les bols siliceux qui n’ont pas passé à l’état de pechstein, tels, par exemple, que ceux qu’on trouvée dans les environs de Maestricht, et dont plusiem’s ont été percés avant leur état de pétrification, par des tarets et autres vers marins; on voit des mor- ceaux de ce bols d’un volume considérable, dont une partie a conservé les caractères ligneux les plus prononcés, malgré leur étal siliceux, tandis que 355 Pechsteins ligneux. le restant n’ofiFre que les apparences d’un silex ordinaire commun , sans le moindre vestige de bois. C’est en raison de ces rapprochemens toujours instructifs et qu’il est nécessaire de bien connoître, que j’ai cru devoir entrer dans d’aussi minutieux détails sur les pecbsteins des environs de Francfort qui ont appartenu à des bois. N®. 11. Peclistein ligneux du même Heu et de la même couleur, de cinq pouces de longueur, quatre de largeur, et un et demi d’épaisseur, poli sur une de ses faces. Cette partie qui a beaucoup d’éclat et de fraîcheur, mais dont l’as- pect est très-résineux, ne présente pas la plus légère apparence de bois, non plus que les autres faces du morceau, soit que les caractères en aient disparu à l’époque de son passage à l’état siliceux , ou à celui de pechstein. J’ai cru devoir placer cet échantillon dans ma collection et le rappeler ici, comme le terme de la disparution absolue des caractères organiques végétaux; et comme j’ai suivi avec soin sur les lieux toute la série des passages, je ne saurais révoquer en doute que cet échantillon n’ait eu la même origine li- gneuse que les autres des environs de Francfort, quoiqu’on ne puisse plus y reconnoître les moindres traces de son origine première. De semblables morceaux trouvés isolés et éloignés d’autres morceaux qui pourroient mettre sur la voie de reconnoître les premiers, embarrasseroient certaine- ment un minéralogiste instruit; mais l’erreur, s’il en commettoit une, ne tirerolt pas à conséquence pour un fait isolé, en plaçant dans ce cas un échantillon de cette espèce dans la section des pecbsteins purement sili- ceux, au lieu de le ranger dans celle des pecbsteins ligneux. K°. 12. Pechstein ligneux d’un jaune de succin sur une de ses grandes faces, tandis qu’il est d’un blanc laiteux , demi-transparent sur la face opposée ; mais toutes ses parties sont d’un luisant gras et onctueux, il n’offre que de légères marques qui prouvent qu’il tire son origine première d’un bois siliceux, mais celles-ci sont suffisantes. Je l’ai recueilli moi-même avec quel- ques semblables, dans un sol volcanique, à une demi-lieue de Hanau, à trois lieues environ de Francfort. Pechsteins siliceux. CHAPITRE IIL ae. DIVISION. Peclisteins siliceux. OBSERVATIONS. Les silex communs, les silex pierre à fusil, quelle que soit leur couleur, leur transparence ou leur opacité, tels, par exemple, que ceux qu’on trouve quelquefois en si grande abondance, en noyaux isolés, en tubercules, ou en petites stratifications, dans les masses de craie, dans certains bancs de pierre calcaire compacte et même de pierre calcaire co- quillère , sont ceux qui ayant été modifiés en pechstein par l’action des feux souterrains, lorsque ces silex se sont ren- contrés dans le voisinage des volcans, méiitent particulière- ment le nom de peclisteins siliceux. Leur pâte est souvent homogène et sans corps étrangers, mais on en trouve aussi qui renferment des coquilles marines univalves et bivalves , quelquefois même des coquilles flu- viatiles et terrestres , ou qui du moins en portent tous les caractères. On fait un grand emploi de ces silex communs dans la fa- brication de la faïence, qui porte le nom de Jaïence an- glaise, parce qu’un anglais, M. Wedgowd, en fit usage le premier avec un grand succès , et donna une extension con- sidérable à cette branche de commerce; on obtient de ces cailloux une terre aussi blanche que réfractère, qui étant PeCHSTEINS siliceux. 357 mêlée clans des proportions convenables avec de Targile blanche, devient ductile et acquiert cette ténacité, qui la rend ju’opre a être tournée, ou à être moulée. C’est en ex- posant dans des fours, à une forte chaleur, ces silex, qu’on parvient à détruire leur couleur et leur extrême dureté, et cju’on les rend propres à être broyés facilement sous des meules et à être réduits par là en une terre à laquelle on donne le degré de finesse convenable. Ce procédé très-simple^n’est point étranger à l’objet c[ui fait le sujet de ce chapitré, et quoicjue dans cette sorte de grillage ou de calcination, le feu agisse trop brusquement et trop à nu sur ces pierres, il en résulte néanmoins certains rap- prochemens qui peuvent nous mettre sur la voie de recon- noltre cjue les feux souterrains se comportent d’une manière assez analogue, mais plus parfaite et bien moins destructive, parce que ceux-ci exercent plus graduellement, et plus lon- guement leur action, au milieu même des corps intermé- diaires qui en amortissent les effets. Dans les fours destinés à calciner les silex pour la faïence, l’action prompte du feu en fait décrépiter un grand nombre qui partent bientôt en éclat avec bruit; mais ceux qui par leur position ou par les autres silex qui les environnent sont abri- tés de la foi’te chaleur et souffrent moins, blanchissent d’abord, éprouvent des gerçures et des fêlures sans éclater, et on les voit prendre un aspect luisant un peu nacré, et d’un blanc onctueux, assez semblable à celui des pechsteins de cette même couleur; mais ensuite trop long-temps exposés à l’ar- deur du feu ils perdent de plus en plus leur éclat, et leur couleur devient d’un blanc plus mat et entièrement terne. Mem. du Muséum, t. 2. 4^ 358 Pechsteins siliceux. Nous allons voir que les pechsteins siliceux volcanisés du Cantal ont éprouvé quelcjuefois des modifications absolu- ment semblables dans des morceaux où l’action trop brusque dufeules a blanchis et a produit un grand nombre de fissures sur une partie de ces morceaux, tandis que le restant, préservé par quelque circonstance particulière, a été modifié en pech- stein jaune de succin, d’un aspect résineux très-brillant. K". 1. Peclistein siliceux, de couleur de succia foncé, luisant, résiniforine, trans- lucide sur une partie du morceau qui a en total quatre pouces de longueur, trois pouces six lignes de largeur, et un pouce et demi d’épaisseur moyenne; le restant de l’échantillon est opaque, d’un blanc mat, gercé et plein de petites fentes transversales. Du Cantal en Auvergne. Cette différence de contexture et de ton de couleur, ces parties vives, brillantes et bien colorées, à côté d’autres parties blanches, opaques, ternes et comme surcalcinées dans le même morceau, forment une opposition très- remarquable et très-instructive; la partie qui a été exposée à l’action d’un feu trop brusque qui l’a réduite dans l’état où onia voit, ressemble parfaitement aux silex préparés au'four pour la faïence anglaise, dont j’ai fait mention ci- dessus , et cette similitude annonce un même mode d’agir; ainsi, dans cette circonstance, l’art nous trace en quelque sorte la marche de la nature. Je tiens ce rare et bel échantillon, ainsi que les trois suivans, des bontés de M. Grasset, qui l’a recueilli lui- même sur les lieux, et qui en a des échantillons semblables dans sa collection. E“. 2. Pecbstein siliceux d’un noir si foncé qu’on le prendroit pour une obsi- dienne, sans son aspect gras et doux au toucher, sans ses parties anguleuses qui ne sont point tranchantes; son opacité est absolue. Le morceau est en outre traversé par une bande de huit lignes de largeur sur deux pouces et demi de longueur, qui a conservé la couleur fauve de la pierre à fusil, sans passer au noir; cette partie s’étant trouvée garantie par quelque circonstance particulière de l’action du feu, qui a porté sa principale action sur le restant du silex modifié en véritable pecbstein d’un beau noir, dans toute l’épais- seur de la pierre , à l’exception de ce qui est demeuré intact et porte la couleur et le caractère primitif du silex, ce qui prouve évidemment que le feu a exercé une double action sur la'pierre; la première en la faisant passer Pechstein silicettx. 35g à i’état de pechstein, la seconde en lui imprimant la couleur noire la plus ineffaçable. Cet échantillon, très-instructif, a trois pouces six lignes de longueur, deux pouces si.x ligues de largeur, sur un pouce et demi d’épaisseur moyenne. Il a été trouvé en Auvergne, dans le vallon de Fontange , avec d’autres sem- blables, mais presque, tous entièrement noirs, au milieu d’un tuffa composé de débris de différentes substances volcaniques plus ou moins altérées, dont le mélange et l’agglomération paroissent être le résultat d’une éruption volcanique boueuse. N”. 3. Pechstein siliceux noir dans toute son épaisseur , d’un luisant onctueux, tres-brillant. Sa cassure est concoïde. Les angles en sont vifs, mais nullement tranchans ni translucides. Ce morceau est d’autant plus remarquable, qu’il porte -les caractères démonstratifs de son origine première, puisqu’on y distingue très-bien les empreiutes de très-petites coquilles du genre hélix , dont le test a disparu, mais dont les moules ou empreintes en creux se distinguent parfaitement dans la pâte noire et résiniforme du pechstein. Des tuffas volcaniques du vallon de Fontange en Auvei'gne. rf*. 4. Peehstein siliceux noir de la même espèce et du même éclat que le précédent, mais plus abondant en petites coquilles. Cet échantillon a été si heureusement cassé par le milieu , en voulant le façonner, que la fracture a mis à découvert plusieurs empreintes bien distinctes de deux espèces de petites coquilles terrestres, dont l’une appartient au genre Aé/ix, l’autre à celui des pupa de Draparnaud et de Daudebard de Férussac, sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude les espèces, parce qu’il ne reste que les empreintes en creux (i). Ce pechstein vient du même lieu que les pré- cédens, c’est-à-dire, du vallon de Fontange en Auvergne, et a été trouvé dans les mêmes tuffas volcaniques. (i) On trouve à l’entrée du vallon de Vaucluse , lieu si justement renommé par les chants de Pétrarque, dans des bancs d’uu calcaire compacte , qui bordent le chemin à gauche de cette entrée, des silex pierre à fusil, en noyaux isolés et d’autres en petites couches ; ces silex renferment dans leur pâte des buUmasel quelques autres espèces de petites coquilles terrestres rapprochées des cyclostomes , mais dont les parties intérieures sont entièrement remplies de substance siliceuse , ce qui ne permet pas de déterminer avec certitude les espèces, parce que les bouches ont éprouvé des altérations. J’ai visité plusieurs fois ce vallon charmant , qui indépendamment des souvenirs qu’il rappelle, n’est pas sans intérêt pour l’histoire naturelle. M. de Saussure, qui fit, en 1776, le voyage de Vaucluse, observa 36o Pechsteins siliceux. W°. 5. Pechstein siliceux d’un noir foncé, scié et poli sur une de ses faces, avec uiie cassure fraîche et brillante sur l’autre, ayant de grands rapports pour le ton de couleur, pour l’aspect résiniforme de sa pâte avec les précédens , mais d’une localité bien différente ; car celui-ci a été apporté de YHe volcanique de Saniorin. On voit sur un de ses bords extérieurs des stries contournées, régulières et saillantes, rapprochées les unes des autres et comme groupées, qui ressemblent à des [empreintes de petites coquilles; mais elles sont trop déformées pour qu’on puisse rien préjuger à ce sujet. Tf°. 6. Pechstein siliceux du même ton de couleur et du même aspect que le précédent, mais d’une pâte homogène et sans la moindre apparence de co- quilles. Tiel’Ue de Jffylo , où M. de Combis, ancien officier de la marine royale, l’avoit recueilli, et eut la complaisance d’en enrichir ma collection. N°. 7. Pechstein siliceux, de couleur de bois d’acajou, avivée par une teinte où le rouge domine, translucide sur les bords où la couleur paroît encore plus vive, à cassure concoïde et se divisant en grandes écailles lorsqu’on l’attaque avec le marteau ; son aspect est résineux et luisant. Des volcans éteints des environs Aw. Puy - en - Velay : on en trouve une variété semblable à celle-ci, en Bohême, dans un sol analogue. N°. S. Pechstein siliceux à fond jaunâtre avec des veines transversales de couleur de miel, d’un aspect beaucoup plus résineux que le restant de la pierre; des environ Ae Roche-Sauve dans le Coueron , département de l’Ardèche, dans un terrein volcanique. W". g. Pechstein siliceux en rapport avec le précédent, tant pour la couleur que pour les veines, mais d’un œil plus onctueux et un peu plus brillant, de la montagne A’ Andance , une des montagnes qui sont situées sur le flanc du Coueron, département de l’Ardèche, dans un tufià volcanique. N”. 10. Pechstein siliceux d’un hlanc légèrement nuancé de jaune un peu ver- dâtre, du Mont-Pendicé dans les monts Euganéens, où jè l’ai recueilli moi- même; ce morceau a moins d’éclat que le précédent, mais il est remarquable en ce qu’il fait voir l’action graduelle du feu sur les silex soumisà son action : on peut considérer celui -cl comme un pechstein, pour ainsi dire commencé, mais non encore terminé. les mêmes silex coquilllers , et il en a parlé dans les paragraphes i546 et iSij , tome 5 de l’édition in-4°. desessavans voyages. Ces silex sont delà même nature que ceux du vallon de Fontange en Auvergne, avant que l’action des feux souterrains eût fait passer ces derniers à l’état de pechstein. Pechsteins siliceux. 36î îf°. II. Pechslein siliceux, d’une belle couleur de succin clair, d’un jaune d’huile , éclat brillant mais doux, et transparent , ce qui le rend très-agréable à l’œil. Ce rare échantillon d’un beau volume, vient de Poinoch, près de Schemnitz en Hongrie, tiré d’un sol volcanisé. CHAPITRE IV. 3e. Division. Pechsteins porphyres, OBSERVATIONS. 11 existe une ligne de séparation bien distincte entre les pechsteins siliceux et les pechsteins porphyres, soit que la silice ait été infiltrée dans des bois fossiles, ou c[u’elle se soit consolidée en silex communs. Vainement voudroit-on les confondre en ne les considérant que sous le point de vue relatif à l’éclat onctueux et gras c[ui les constitue pech- steins; les élémens de composition c[ui ont donné naissance aux porphyres et aux roches porphyritiques , sont si diffé- rons, que tout s’oppose à admettre une réunion de sub- stances minérales si disparates et si opposées par leurs ca- ractères chimiques, puisque les pechsteins des deux premières divisions sont infusibles , et appartiennent à des systèmes de formation , qui datent d’une époque où la terre devoit être nécessairement peuplée de végétaux et d’animaux , puisqu’on retrouve les traces organiques des premiers dans les pechs- teins ligneux, et celles des seconds dans des silex communs, de la nature des pierres à fusil, qui ont des coquilles dans leur pâte. Les porphyres, au contraire , qui ont été modifiés en pechsteins, ont une origine d’autant plus reculée que leur Pechsteins porphyres. 302 formation est contemporaine à celle des granits^ et qu on n’a jamais trouvé dans l’une et l’autre de ces roches le moindre vestige de corps organisé ; on est donc autorisé à croire qu’à l’époque de cet antique système de formation il n’existoit aucun être vivant sur la surface de la terre, ou que s’il y en avoit eu plus anciennement, toutes les traces en avoient été entièrement effacées par l’action du fluide quelconque, soit igné, soit aqueux, qui avoit tenu en dissolution toutes les substances minérales existantes pour les cristalliser en granits, ou les combiner eu porpliyhres. Je dois ranger dans la classe des pechsteins porphyres ceux auxc[uels on a donné le nom impropre àe pétrosiliceux ^ et qu’il paroît beaucoup plus convenable d’appeler pechsteins feld^spathiques, puiscjue le feld-spath , soit en couches , soit en stratifications irrégulières , forme la base de ces pechsteins j et ces feld-spath doivent être considérés par les géologues qui ont été à portée d’en obsei’ver les divers gisemens, plutôt comme le pi’oduit d’une sorte de surabondance, je dirais presque de transsudation de la matière feld-spathique qui est entrée en si grande proportion dans la composition des por- phyres, que comme le résultat d’une formation particulière qui leur seroit étrangère. Je ne doute pas non plus que ^a plus grande partie des ti'apps , qu’il faut bien se garder de confondre , dans aucun cas, avec les laves compactes basaltic[ues, et qui ne sont qu’une dépendance des véritables roches porphyritiques , masquées par la couleur noire cj[ui ne permet pas à l’œil nu de voir les très-petits cristaux de feld-spath engagés dans leur pâte feld-spathique, ne puisse donner naissance, lorsque Pechsteiks porphyres. 363 les circonstances sont favorables , à des pechsteins noirs ou de différentes couleurs, eu raison des divers degrés d’oxidation qu a éprouvé le fer qui entre dans leur composition; de manière qu’il peut arriver souvent que réduits à l’état de pechstein, il seroit facile de les confondre avec de véritables pechsteins porphyres, tandis qu’ils ne provieudroient que d’un trapp ; au surplus peu import eroit, car les élémens sont les mêmes. Mais c]uel est, dira-t-on, le mode que la nature emploie pour faire passer quelquefois les porphyres et les roches qui leur sont analogues à cet état singulier de pechstein? Il est hors de doute que les porphyres devant leùr fusibi- lité à la potasse qu’ils contiennent , seroient facilement ré- duits en verre de la nature des obsichennes , ou des j^ierres ponces, si un feu trop actif les pénétroit, particulièrement dans les circonstances où l’action des forces compressives viendroit à perdre son ressort, et cesseroit de s’opposer au développement des gaz , ainsi c{ue nous en avons des exem- ples remarquables dans les produits des volcans de l’Ecla, deVulcano, de Stromboli, de Lipari, de Ténériffe et de tant d’autres lieux qu’il seroit facile de citer. Mais les modifications particulières et locales qui font passer les porphyres au simple état de pechsteins, semblent devoir être considérées comme les résultats d’une impression moins forte, d’une distribution de calorique plus graduelle, plus égale, plus lente , et ayant lieu dans des positions locales suffisamment éloignées des foyers les plus actifs de l’embra- sement souterrain. Il est possible aussi que dans cette circonstance le calo- ric[ue agissant d’une manière lente, mais constante, soit en- Pecssteins porphyres^. 304 tré lui-même en combinaison avec les principes constitutifs des substances minérales susceptibles d’être modifiées en pechsteins. Il ne seroit même pas hors de vraisemblance , peut-être, que la potasse des porphyres unie ou en contact avec le fer qui entre si souvent comme un des principes constituans dans la composition de cette roche, n’eût passée à l’état de potassium , et que dans cette circonstance un nou- veau mode de combinaison ou d’action n’eût lieu d’une ma- nière qui nous seroit encore inconnue, et n’eût concouru à la formation des pechsteins porphyres; mais je ne hasarde cette opinion que comme une simple conjecture. Nous savons d’un autre côté, et ceci rentre plus directe- ment dans la véritable cjuestion, que la chaleur modérée, lente, mais très-longuement soutenue, qui s’émane des mines de charbon embrasées, n’agit, pour ainsi dii’e, qu’insensi- blement. On sait que le feu, dans quelques-unes de ces mines, s’y est prolongé pendant l’espace de plus d’un demi-siècle, sans y avoir produit d’autres accidens que d’exercer sur les schistes argileux, ou sur les autres substances pierreuses qui les recouvrent, une sorte de calcination lente qui oxide le fer des unes , modifie les autres en tripoli , et imprime à quel- ques-unes un caractère assez analogue à celui des pechsteins, en les rendant dures , luisantes et d’ùn aspect onctueux et gras; c’est à celle-ci que les Allemands ont donné fort impropre- ment le nom de porzellan-jaspis et les iiomenclateurs fran- çais celui de tliermantide jaspoïde , qui n’est pas meilleur. On connoît en France plusieurs mines de charbons embrasées qui donnent lieu à de semblables productions ; telles sont celles de la Ricamari, dans l’arrondissement de St.-Etienne Pechsteins porphyres. 365 en Forest, celles de Cransac dans le Rouergue, et tant d’antres en Allemagne et ailleurs, qu’il seroit trop long de rappeler ici. Mais il est nécessaire c[ue nous revenions encore sur les porphyres, puisque leur état de peclistein est dû à des em- braseinens souterrains d’une nature bien différente de ceux qui se manifestent dans les mines de charbons incendiées. En effet, les feux des volcans agissent d’une manière, pour ainsi dire opposée, car tout est grand, tout est prompt, tout est terrible dans leurs explosions; et comme c’est à des pro- fondeurs considérables, et le plus souvent dans des gisemens porphyritiques que se trouvent les principaux foyers de ces inconcevables embrasemens, il est utile de remonter par la pensée, à la disposition première de ces roches d’ancienne formation , avant cjue les feux volcaniques y eussent mis en action les grands effets de leur puissance, ce c[ui servira à répandre quelques lumières sur le sujet c[ui nous occupe, et nous fournira des exemples dont on pourra faire d’utiles ap- plications. Il est naturel de croire que, dans leur état primitif, les diverses substances minérales qui ont concouru à la forma- tion de cette roche composée ont dû nécessairement éprouver dans leur union, dans leurs combinaisons chimiques, quelle que fut la cause c[ui mît en jeu leur action, des modifica- tions et des effets physiques de plus d’un genre ; car la chi- mie nous apprend que des différences dans les proportions, que la présence ou l’absence de telle ou telle matière, sa surabondance, sa plus ou moins grande affinité avec telle autre , peuvent opérer de nombreuses variations. Mé?n. du Muséum, t. 2. 4? 366 Pechsteins porphyres. D’un autre côté le fer, ce métal en quelque sorte univer- sel et qu’on retrouve dans les porphyres, y a parcouru, pour ainsi dire, tous les degrés de l’échelle d’oxidation pour com- poser cette diversité de couleurs dont les phi^ belles espèces de porphyres portent les nombreuses et brillantes livrées. Quelquefois aussi ce protée métallique restant inaltérable et immobile au milieu de tant de combinaisons , a conservé sa propriété magnétique, et souvent son extrême division en molécules impalpables, a coloré en noir la pâte de plusieurs porphyres. Peut-on douter aussi que dans certains gisemens le feld- spath étant surabondant, s’est séparé pour former des strati- fications particulières; que sa pâte plus fine , plus épurée s’est modelée en cristaux limpides, avec d’agréables effets de lu- mière; tandis que dans d’autres places, perdant sa force .de cohésion et devenant opaque et pulvérulent, il s’est méta- morphosé en petunsé ou en kaolin , dont l’art a su s’emparer pour la fabrication de la porcelaine. On ne sauroit douter enfin, que dans d’autres circons- tances relatives à la formation première des roches porphy- ritiques, une surabondance de chaux, ou un excès de matière siliceuse ou de toute autre substance minérale , ayant troublé l’ordre et la marche des combinaisons , ces matières terreuses, mises en action par les lois d’affinités qui leur sont propres, ne se soient réunies en globules plus ou moins réguliers, et n’aient donné naissance à ces amrg- daloïdes à noyaux calcaires, à noyaux siliceux , à ces mandelsteins des Allemands, à ce tood-stone des Anglais, que le géologue cpi a beaucoup- vu la nature en place ne PSCHSTEINS PORPHYRES. 867 se peiraetti’a jamais de séparer du grand système de forma- tion des roches porphyritiques, malgré toutes les fausses désignations et les noms plus mauvais encore qu’ont pu leur donner ceux qui les ont indiqués sous celui de wache , et de tant d’autres noms souvent en contradiction les uns avec les autres ; tandis que la pâte que renferme cette multitude de globules, de nœuds ou de géodes de tant d’espèces, porte souvent les caractères les plus évidens des porphyres, ou que si ces caractères y sont masqués par quelques circonstances particulières, l’analyse nous force d’y reconnoître les mêmes élémens constitutifs des porphyres. Voyez au surplus ce que j’ai dit à ce sujet d’une manière beaucoup plus étendue, mais constamment appuyée d’exemples, dans mes Essais de Géologie, chap. V, pag. 21 3, tom. II: Des Porphyres et des Roches porphyroïdes ■ et chap. VI, pag. 264 du même tome : Des Trapps et des Roches trappéennes. Cette esquisse rapide du tableau que la nature offre jour- nellement au minéralogiste géologue dans le gisement et la disposition des roches porphyritiques et de celles qui se lient à ce système général de composition, m’a paru nécessaire, comme devant servir de point de comparaison à des roches du même genre , au milieu desquelles des volcans se seroient fait jour 5 car c’est particulièrement dans des foi'mations de cette nature qu’ont existé le plus souvent les grands foyers de ces terribles embrasemens , dont la plupart ont été sous- marins. Or, comme les feux qui s’en émanoient se propa- geoient au loin, il arrivoit quelquefois que leur activité n’étoit pas assez forte pour faire couler en laves les porphyres trop éloignés de l’incendie; mais l’accumulation lente et soutenue kl* 368 Pechsteins POREHYRES; du calorique les modifioit en pechsteins, et c’est ce qui établit un rapport d’analogie entre les volcans et les pechsteins por- phyres qui sont leur ouvrage, et que l’on retrouve au milieu de leurs immenses décombres. Mais pour terminer ce c[ue j’ai à dire des roches porphy- ritiques qui ont été exposées à l’action des feux souterrains, je vais choisir pour exemple les monts Euganéens, qui ont été dans ce cas, et qui ont attiré principalement l’atten- tion de Strange, de Fords, de Dolomieu, de Fleuriau de Bellevue, de Spallanzani, du P. Terzi, de Marzzari et de plusieurs autres naturalistes distingués. J’ai visité ces monts fameux et je les ai parcouru avec toute l’attention que corn— portoit des lieux aussi propres à répandre des lumières sur les différens modes d’agir des volcans, lorsqu’ils se sont fait jour au milieu de ces ;vastes accumulations de tant de roches poqdiyritiques de tous les genres et de toutes les espèces. Si nous voulons nous former une idée approximaüve de ces grands faits, il faut les considérer par la pensée, au mo- ment où ces roches encore intactes, je dirois presque encore vierges, et recouvertes des eaux de l’antique Océan, devin- rent la proie des feux souterrains qui n’ont pu prendre naissance, ainsi que l’a observé avec raison Dolomieu, qu’à de grandes profondeurs dans le sein de la terre , bien au- dessous même de la région des granités , d’après le sentiment du même auteur. Il est hors de doute que de telles conflagrations, toujours relatives aux puissans moyens que la nature y emploie , n’ont pu produire que des phénomènes du plus grand ordre, parti- culièrement sur les points divers où le feu portoit sa princi- PeCHSTEINS porphyres. 3G9 ■pale action. Les grandes éruptions de l’Etna, nous oftrent des rapprocheniens analogues à ceux c[u’une cause semblable a du produire sur la zone porphyriticjue des monts Euganéens. En effet, combien de phénomènes physiques et chimiques doivent se développer et se reproduire lorsque des embra- semens aussi terribles se manil’estent dans les profondeurs de la terre, et que les foudres et les explosions volcaniques ou- vrant de toute part des issues à des flammes ardentes, rani- ment encore l’incendie par leur contact avec fair extérieur; le combat du feu et de l’eau met en action toutes les puissances gazeuses; et si le fluide aqueux se décompose, rien n’égale la violence et l’activité d’un pareil feu, cjui brûle, fond, vi- trifie , et calcine tout ce cju’il environne , fait couler les rochers en laves J les brise et les élance dans les airs en pluie presque continue de pierres ardentes ou en nuages de poussières et de cendres , qui s’accumulent dans le fond de la mer, ou sur des parties de terre hors de l’eau, et y forment ces stratifications de tuffas qui accompagnent ordinairement les grands incendies souterrains; de si terribles détonations renversent des mon- tagnes, en élèvent d’autres, creusent des abîmes et offrent de toute part l’image du bouleversement et de la destruction. Dans d’autres places moins exposées mais situées à des profondeurs plus considérables, le caloricpie s’y accumulant par communication sans flamme et s’y trouvant retenu et pour ainsi dire fixé par la compression de masses supérieures, nul gaz n’ayant le pouvoir de se dégager, les roches de porphyres plongées dans un bain de feu sourd n’éprouvoient d’autre action que celle qui dilatoit leur partie, et relàchoit le ressort de leur agrégation , sans les altérer autrement, et 370 Pechsteins porphyres. leurs cristaux seuls éprouvoient quelquefois un commence- ment de frite qui les rendoit un peu fibreux. C’est avec ce même caractère que se montrent à présent les grandes carrières en exploitation qui entourent la ville de Monselice ^ ainsi que plusieurs autres carrières du même genre ouvertes dans les monts Euganéens (i). Telles sont aussi les roches porphyritiquesvolcanisées-d.’/Yc/zzÆ^ des îles de Lipari, du Vivarais, du Velay de l’Auvergne , et de tant d’autres contrées où les mêmes phénomènes ont eu lieu. Enfin il anâve aussi que des ruisseaux de laves fondues, coulant au loin, peuvent se juxtaposer et s’accumuler sur des porphyres que les feux volcaniques auroient respectés par quelques circonstances particulières ; dès-lors des masses aussi épaisses de matières en fusion se trouvant en contact avec les roches qu’ elles recouvrent, leur communiquent len- tement, et par degré, une chaleur d’autant plus soutenue et d’autant plus concentrée, qu’elle est plus durable, car il faut plusieui’s années à d’aussi grandes accumulations de laves pour se refroidir entièrement; et dans ce cas ces porphyres (1) Les cristaux de feld-spath des porphyres des monts Euganéens sont, en gé- néral, striés, fibreux et un peu spongieux, comme s’ils s’étoient acheminés vers la véritable pierre ponce. L’œil le moins exercé s’aperçoit facilement qu’ils ne sont pas dans leur état naturel; la pâte même dans laquelle ils sont renfermés en grande abondance, a éprouvé par le feu une sorte de gonflement et de dilata- tion qui a diminué la force de cohésion. Aussi taille-l-on avec facilité ces por- phyres pour les employer à des pavés, on en forme des dalles, et autres ouvrages pour les constructions des villes, et le grand canal de Monselice k Padoue sert à les transporter : on en fait aussi un grand usage à Venise; ces pierres arrivent par le Batiglione , à Vicence, cette ville la patrie de Palladio, si riche en grands monumens d’architecture. PeCHSTEINS porphyres. 37 I qui n’out pas éprouvé un feu assez fort pour les faire entrer en fusion, ni même pour déranger en rien leurs dispositions primitives, n’ont reçu d’autre modification que celle c[ui leur a donné cet aspect gras, ontueux et luisant qui caracté- rise les pechsteins; c’est ici le cas de faire l’application de ce qui vient d’être dit, aux beaux pechstems porphyres des environs du village des Chazes en Auvergne (i). Il ne faut pas perdre de vue que cette manière de trans- mettre, pendant un long espace de temps, à des corps piei’-” (1) Cepechsteln fut découvert en 1801 ,non loin du village des Chazes en Auver- gne, mais en morceaux isolés, par M. Mossier père; ce même minéralogiste en re- connut le véritable gisement en i8o4 avec M. Grasset , au milieu d’un courant de laves. En i8o4 , M. Grasset trouva deux antres nouveaux giseraens d’un pechstein analogue, mais moins riche en cristaux de feld-spath , et il les considéra comme le produit de deux coulées, l’une à l’ouest du Cantal , l’autre au pied de la même montagne. M. Lacoste de Plaisance, à qui l’histoire naturelle des volcans de l’Auvergne a beaucoup d’obligation, a fait mention des mêmes pechsteins por- phyres , dans ses Lettres minéralogiques et géologiques sur les volcans de l’Auvergne , édition de i8o5, pag. 254, lettre XXXII , entièrement consa- crées à la description et à l’examen géologique de ces peebsteins, observés par lui avec beaucoup de soin, et qu’il a considérés comme de véritables laves pechstinites. Mais il faut rendre toute justice à ce laborieux et zélé naturaliste, l’aspect de ces peebsteins si différens des autres laves le jetoit dans quelqu’em- barras , relativement au système de leur formation. Sa bonne foi à ce sujet est très-estimable} sa grande expérience lui présentoit des difficultés, on voit qu’il étoit près du but j et si malgré sa bonne volonté, il ne l’a pas atteint, c’est que accoutumé à voir en grand les productions volcaniques dans une contrée qui en est si amplement pourvue, et trouvant de vastes et nombreux courans de laves, incontestablement le résultat de la fusion, en contact immédiat avec les peebsteins, ce minéralogiste instruit s’est laissé entraîner à l’Idée que les uns et les autx’es tenoient directement à un seul et même système de formation; opinion qui auroit été différente, si M. Lacoste de Plaisance evit été à portée d’observer dans d’autres pays des gisemens analogues, mais où la nature avoit moins caché le secret de ses opérations. 372 Pechsteihs porphyres. peux, une chaleur lente, graduelle et constante, que la na- ture emploie dans quelques circonstances, est en rapport avec ce qui a lieu dans les mines de charbon embrasées dont nous avons parlé précédemment^ et si les produits n’en sont pas rigoureusement les mêmes, ils en sont néanmoins si rap- prochés, qu’ils sont propres à servir d’objets de comparaison utile. Mais si la chaleur communiquée par des volcans en acti- vité, agissoit en plus grande masse dans les profondeurs de la terre et portoit par communication son action très-long- temps soutenue sur des porphyres ou sur des roches feld- spathiques qui passeroient à l’état de pechsteins, il pourroit en résulter cjue le fer qui seroit entré dans les élémens de leur composition, se revivifiât, devint attirable à l’aimant, et colorant en noir ces roches, leur donnât une apparence de véritables laves, cjuoique ces pechsteins n’eussent jamais éprouvé de fusion, en raison de leur trop grande distance des foyers en activité. Or, dans ces circonstances, si ces roches étoient mises à découvert par c[uelque accident de la nature, ou soulevées par l’action même des volcans, leur origine pourroit devenir problématique et embarrassante pour celui qui n’apporteroit pas une scrupuleuse attention dans leur exa- men. Les monts Euganéens présentent un grand fait de cette nature, cjui occasiona de l’étonuement et même de l’incer- titude à Dolomieu, lorsque portant son oeil observateur sur les collines de Cataïo^ dans le voisinage du beau château diObizy , il considéra pour la première fois la principale et la plus étendue de ces collines, adossées contre des masses énormes de véritables laves, et au milieu d’une contrée vol- Pechsteins porphyres. 3^3 canisée, celle-ci lui présentant des pierres noires d’une pâte fine et homogène, sans augite, sans hornblende , sans peri-^ dot granuleux , sans prismes , des pierres noires, d’un aspect onctueux et luisant, hiisant mouvoir le barreau aimanté, et fondant au chalumeau eu un émail blanc, il se décida à les considérer comme des productions volcaniques auxcjuelles il donna le nom de lapes feld-spathiques résmites , noires luisantes, de Cataïo dans les monts Eugane'ens. C’est soirs cette dénomination qu’il m’en adressa un bel échantillon; mais l’ayant examiné , aussitôt cpie je l’eus reçu, son esv. Journ. bot. 1809, vol. 2,p. 3i3. Hab. inter muscos supra rupes Pictaviæ superioris. ( Desv. ) Lon- gitudo interdum pollicaris ; diameter semi-pollicaris. ( Desv. ) 12. Sclerotium compactum. Fig. i. SUR LE GENRE ScLEROTIüM. l{.lS S. ovalum aut reiiculafim connexum, forma- varium, crassum compacfum nigrescens sub rugulosum iiitus album. S. compactum. D C. FL Fr. , ed. o, vol. 5, p. 112. a. Helianthi. Fig. 1 , h , c , d. /3. Cucurbifæ. Fig i , a. Var. a habitat intra peduuculos, super receptacula et semina Heliauthi annui, nunc ovata uunc conflueus et seminum angulis impressa. Vai’. /S intra cucurbitas maturas autumno. 10. Sclerotium varium. S. subrotundum oblongumve sublobatum vai'ium rugOsum e co- lore albido dein fuscescente nigrum. S. varium. Fers. Syn. 122. D C. Fl. Fr., ed. ’h, vol. 3, p. I12. Alh. et Schw. Nisk. , p. yS. a. Brassicœ. — Alb. et Schw. 1. c. Elvela bi'assicæ. Hoffm. Feg. crypt. 2, p. iS, f. 5, f. 2. Excl. Syn. nonnul. ex Fers. /3. Pyrinum. Alb. et Schw. Var.*a reperitur passim ad caules et nervos Brassicæ oleraceæ hieme defossæ ( Pers. ) et æstate in radicibus caulibusque Brassicæ siccis. ( Alb. et Schw. ) ( v. s. ) Var. /3in fructibus pyrinis putridis bieme parasitica, varie lobata, cortice duro nigro, subsfantia molliuscula pallida.. Forsan, distincta species. (Alb. et Schw. ) • 14. Sclerotium durum. Fig. 3. S. ovatum elongatumve durum tenax substi'iatum nigrum intus album. S. durum. Pers. Ann. bot. ust. st. il, p. 3i. Per.i. Syn.fung. 121. D C. Fl. Fr. J ed. 5, vol. 2, p. 277. Syn. p. 58. Alh. et Schw. Nisk. p. 78. • ■ Hab. autumno et bieme inter corticem et lignum herbarum majorum. Frequens verbi gratia in geutiana lutea, etc. (v. s. ) 53* 4l6 ' SUR LE GENRE SCLEROTIUM- 15. Sclerotium clavus. Fig. 8. S. coi’uiforme cylindraceum sulco loiigitudinali interdum notatum , infus album, extus purpuro-nigrum. S. clavùs. D C. Fl. Fr. , ed. 3, vol. 5, p. Ii5. Clavi siliginis. Lonic. ex. C. B. Clavus. Bihl. Banks. 3, p. 42g. Secale luxurians. C. Bauh. pin. zù, n. iv. J. BauJi. hist. 2, p. 4^ y. Secale cornutum. Baldinger Diss. Jenœ 1771- Nebel Diss. duœ ; Giessœ ij’jï et 1772. Secalis matei'. Thaï. herc. p. 47- Graiia secalis degeuerati. Brunner in Ephem. cur. nat. dec. 3 , ann. 2, p. 348. Seigle ergoté. Dod.Man.acad. scienc. la, p. 56l. Salerne ,Mem. sav. etrang. ac. Paris 3 , p. i55. Foug. de Bond. Mem. acad. sc. Par. 1783, p. lOi. Bull, herb., t. III. Ergot. Tissot, in phil. trans. 55, p. 106. Rozier, Journ. Phys. 43 p. 41 • Parmentier , Journ. Phys. 4^ P- ^44- Tessier Mem. Soc. roy. niedec. 1776, p. 4^7 5 ^717 3 P- 587. Mal. des grains*, p. 21 ad 188 J f. 1-5; p. i8g, f. 1-6. Bosc. Noue. Dict. agric. 5, p. 261. Plenck. Pathol, trad. i85. Grauosprone. Re malat. dette plante , p. 58g. Muttercorn. Schleger, Diss. Cassel l'i’jo. FJermes inneu. Schrif. Berlin, ges. naturf. fr. i , band. p. 244- Crescit æstate intra glumas gramiuura fere omnium et iraprimis secalis cerealis, loco ovarii et extra florem cornu ad instar exsui'gens. 16. Sclerotium bullatum. Fig. 5. S. orbiculatum ovatumve confluéns convexum duruni, intus al- bidum corneum , extus atrum granulatum. S. bullatum. D C. Fl. Fr. ed 3, vol. 5, p. ii3. Hab. supra corticem cucurbitæ lagenariæ. ( v. s.) { SUR LE GENRE ScLEROTIUM. l^l'] 17. Sclerotium brassicæ. S. oblongum depressum nigruui , intus primo album deiii nigro punc latum demum nigrum. S. brassicæ. PeTs. disp., p. i5. Syn. p. 122. Alh. et Schw. Nish. p. yS, n. 2o5. Provenit bieme intra folia pufrescentia brassicæ oleraceæ in cellis asservatæ ( Pers. ) nec alibi. ( Alb. et Schw. ) 2-3 Lin. latum applanatum tenue. ( Pers. ) 18. Sclerotium pustula. Fig. 7. S. hypophyllum sparsum subhemisphæricum convexum læve sordide pallidum demum nigrescens intus corueum. S. pustula. DC. Fl. Fr. ed. 3, vol. 5, p. ii3. CL. Roborls. — S. quercinum. Pers. Disp. i5. Syn. 124. Icon. pict. 3j p. 42, t. 17, f. 2. Alb. et Schw. Nisk. p. 76, n. 20g. /S. Carpini. y. Castaneœ. Hab. vere et æsfate ad superficiem inferam foliorum arentium. et. Quercus roboris. |3. Carpiiii betuli. y. Castaneæ vescæ , et juxta aufores fungorum agri Riskiensis in foliis fagi sylvaticæ et Pyri syl- vèstris. ( V. V. ) jg. Sglerotium semen. S.sphæricum nigrescente spadiceum , demum corrugatum , sinapis semini simillimum. S. semen. Tode Mehl. p. 4? t- 1 5 f 6. Pers. Syn. 123. Alb. et Schw. Nisk. p. 75. D C. Fl. Fr. ed. 3, vol. 5, p. Ii3. Sphæria brassicæ. Dichs. crypt. 23. Boit. fung. , t. iig, f. i ? ex Pers. Hab. autumno et bieme supra caules. raortuos et semiputridos solani tuberosi aliarumque herbarum ( Tod. ) et vere inter folia be- tnlina aliave in humidis cougesta. (Alb. et Schw.) (v. v. ) 4l8 SUR LE GENRE ScLEROTIUBI, 20. Sclerbtium globulare. S. globulosum nigrum nifidum subdui'um , carne gelatinosa flavida intus farctum. S. globulare. D C. Fl. ed. o, vol. 2, p. 278. Syn. 58. Hab. circa Parisios in ligiio pufrido ad diraidium usque immersum. (v.v.) 21. Scier ofium l’adicafum S. spbæricum ovatuinve, basi producta radicatum, sparsum nigrum. S. l’adicatum. Tode Mehl. i, p. 5, t. i, f. 8. Fers. Syn. 122. Provenit loco humido umbroso, mense septembri, radice fibrosa terræ adfixum, basi immersum, a medio exsertum.(Tode.) Pellicula lævis, centro demum dehiscens (Tode). 22. Sclerofium lacunosum. S. rotundiusculum lacunosum nigrum. S. lacunosum. Fers. Disp. i5, t. 0, f. 7. Syn. 121. Agarico racemoso basi radicis adhærenlem autumno invenit cl. Persoonius. Maguitudine Pisi minoris est ( Pers. ) 23. Sclerolium sculellatum. S. orbiculare horizontale depresso concaviusculum substipitatum fuscum, demum rugulosum nigrum. S. scutellatum. Alb. et Scliw., p. 74, u. 204 jf. 3, f. 6. In petiolis nervisque foliorum putrido-siccorum fraxini locis du- mosis agri Riskiensis maio crescit. (Alb. et Schw. ) Forma Pezizam fere refert^ cortex pube aut pruina cinerascente . ( an semiuali ? ) obductus. ( Alb. et Scliw. ) 24. Sclerotium? sphœrioides. S.? gregarium parvum erumpens subrotiindum aut elongato- angulatum planiusculum nigrum. SUR LE GEXRE S C LE R O T lU BI. 4^9 S. spliæroldes. Pers. Syn. 12,5. Alh. et Schw. 76, n. 212. Hab. in ramis junioribiis Populi fremulæ. ( Pers. ) 4 ad Ÿ liiieam magnum, intus albidum, farctum subcarnosum, corticis epidermide rapta ciuctnm, spbæriam simulans, disco rugu- loso. (Pers. ) 25. Sclerotium? fragopogi. S.? parvnm semiimmersum subglobosum, disco collapso pezi-^ zoideum nigrum. S.? tragopogi. Alh. et Schw. Nisl\ p. 77. Hab. novemb. in caulibiis aridis tragopogi porrifolii. (Alb. et Schw. ) An sphæria ? sed massa alba dui’a carnosa intus farctum. ( Alb. et Schw.) 26. Sclerotium? acerinum. S.? sessile applauatum disciforrne sordidè nigrum. S. ? acerinum. Alb. et Schw. Nish. , p. 77. Provenit aprili in pagina inferiore folii aceris pseudoplatani , nunc totam paginam occupaus, nunc rarissime sparsum. ( Alb. et Schw. ) * * * Colore extus purpureo incarnato aut rufo. 27. Sclerotium purpureurn. S. ovale erectum perpendiculare glaberrimum minimum sparsum purpureurn durum. S. purpureurn Tode Meckl. î, p. 2, t. ijf. 2. Pers. Syn. 125. Ranios querneos rarius incolit; initio martii Cl. Tode observavif. Oculo armato tantum conspicuum (Tode). 28. Sclerotium cyparissiæ. Fig. 2. S. hypophyllum erumpens subglobosum carnosum durum , extus violaceum, intus nigrescens. S. cyparissiæ. D C. Fl. Fr. ed. 3, vol. 5 , p. 114. Hab. ad paginam aversam foliorum vivorum et inde dilatatorum ovalium vix pinguium Euphorbiæ cyparissiæ. ( v. v. ) 4^0 SUR LE GENRE ScLEROTIUM. 2g. Sclerotium populueum. S. hypo et epiphyllum congestum incarnafo rufum , demum rufo- subnigrescens subrotundum aut angulato-confluens. S. populaeuni. l’ers. Obs. myc. 2, ,p. 25. Syn.j p. 125. ^Ib. et Schw. Nish. p. 76. D C. Fl. Fr. ed. 3, vol. 5,p. 114. Vulgare in ufraque pagina foliorum semivivorum siccorumve Populi nigræ, P. tremulæ, P. fastigiatæ, etc., hieme et vere. (v.v. ) Forsan hoc et sec]uens potins ad xyloma amandanda? 5o. Sclerotium salicinum. Fig. 6. S. epiphyllum sparsum incarnato- rufum suborbiculatum planum læve vix subconfluens. S. populnei varietas. Alb. et Schw. Nish. p. 76, n. 211. S. salicinum. Fers, m Moug. et Restl. crypt. vog. n. 386. D C, FL Fr. ed. 3, vol. 2, p. 114. Hab. vere ad superficiem supei’am foliorum salicis capreæ. ( v. s. ) EXPLICATION DE LA PLANCHE. 3. Sclerotium compacium. 1 a. Variété croissant sur les courges m ûres. i*>. Va- riété croissant sur l’hélianthe annuel et offrant les impressions des graines, le. Variété de l’hélianthe croissant sur les réceptacles dénudés de graines ou dans les cavités du pédoncule, La même plus petite. 2. Sclerotium cyparissiœ. Z, Sclerotium durum. 3**. Le champignon sur la tige qui le porte. 3^. Le même isolé vu par-dessous. 3«. Le même vu par-dessus. 4. Sclerotium stercorarïum. 4». Le champignon entier, Le même coupé eu travers. 5. Sclerotium hullatum. 5^. Le champignon sur l’écorce de courge. 5I>. Ledit isolé, vu par-dessus. 5', Vu par-dessous. 6. Sclerotium salicinum. Sur la feuille du marceau. ^ 7. Sclerotium pustula. Sur la feuille du chêne. 8; Sclerotium clavus. 8^. L’ergot sur l’épi du seigle, 8^. L’ergot isolé et entier. Ss Le même, coupé longitudinalement. CL, ER O T/UM . F. / S . co/?Y>cu;in//i . F- 2 S . F 5 F. (/unem ■ F. J, F- j'^erorariwn ■ F. /i S. 6/{//t,/„/,> . F- F F. .ra/fr/n/m, . F-ÿ' S . . F'- F ,S' . c/tw,M ■ i.); ■ ^'■■^ ' tÎ V " 421 MÉMOIRE SUR LA GREFFE RISSO. PAR A. THOUIN. Cette sorte de grefFe, d’après les cultivateurs qui eu ont parlé^ consiste à établir des écussons composés de demi-gemina d’arbres fruitiers de diverses espèce'S^ ou variétés. Suivant eux, elle a la faculté de faire produire aux arbres sur les- quels on l’exécute, des fruits c[ui participent de plusieurs espèces sans qu’ils appartiennent proprement à aucune ; sou- vent même ces fruits sont de figure bizarre, de saveur et de propriétés différentes. Voulant connoître si quelque chose avoit pu donner lieu à une assertion aussi extraordinaire , nous nous sommes dé- terminés à nous en assurer de la manière la plus concluante; par des expériences. Nous avons en conséquence établi dans l’Ecole d’ Agriculture pratic[ue du Muséum, un groupe de sujets propres à les suivre, et ce sont les procédés que nous avons employés, les résultats que nous avons obtenus qui font le sujet de ce Mémoire. Choix des sujets. Nous avons choisi pour recevoir les greffes destinées à ces expériences des sujets de quatre es- pèces différentes, parmi les arbres à fruits à noyaux, à fruits Me'm. du Muséum, t. i. 54 4-22 GkEFFE RiSSO. à pépins et à fruits à osselets , dans les genres du prunier, du pommier, de Tépine et de l’azerolier. Nous avons pré- féré à d'antres arbres de même espèce des individus venus de semences, âgés de trois à six ans, bien constitués, vi- goureux et transplantés depuis deux à trois ans. Peu de jours avant de les opérer, on a supprimé de leurs tiges lesbranclies, rameaux et ramilles trop vigoureux qui, en attirant toute la sève des individus en eussent privé les greffes qu’on de- voit y placer et les auroient laissées sans nourriture. Opération sur les sujets. Le 28 juillet i8x3, les sujets se trouvant en pleine sève, on a enlevé sur chacun d’eux et à deux places différentes, des plaques d’écorce, depuis I jusqu’à 2 centimètres de large sur i5 à 25 millimètres de hauteur. On s’est servi pour cette opération d’un greffoir à lame très -mince et affilée parfaitement. Les coupes de l’é- eorce n’ont pas été faites à angle droit, dans le milieu de leur épaisseur, mais en biaisant vers les parties réservées sur les sujets, afin que les bords de la greffe ou les écussons pussent être exactement retenus comme dans une rainure et que la coïncidence des parties fût plus complète. Levée des écussons. Ils ont été choisis sur des rameaux de l’avant-dernière sève et de préférence parmi ceux dont les yeux étoient les mieux conformés et les plus gros. Chacun d’eux a été taillé de la même dimension que les écorcemens pratiqués sur les sujets, et les bords de leur écorce, sur les quatre côtés, ont été coupés en bizeau de manière à ce qu’ils pussent être introduits sous l’écorce des plaies. Ensuite cha- cun de ces écussons a été partagé dans le milieu de sa Ion- Greffe Risso. 4^3 gueur, en sorte que le gemma placé au centre fut divisé en deux parties égales, et on n’a laissé sous l’œil qu’une très- légère lame de liber. Pose des greffes. Après avoir appareillé deux-à-deux les demi-écussons d’espèces congénères, les avoir rapprochés au point que les deux demi-gemma n’en composassent qu’un seul dont on distinguât avec peine la suture, on les ajusta le plus exactement possible dans les plaies disposées sur les sujets pour les recevoir. On introduisit les bords de l’écorce des greffes sous celles des sujets pour y être retenues et mettre en contact les parenchymes des deux parties unies. Il seroit inutile d’ajouter qu’on plaça les espèces de greffes sur des sujets du même genre et qui réussissent habituellement l’un sur l’autre. Cette partie de l’opération qui exige la plus grande exac- titude dans les élémens qui composent les greffes, est l’une des plus minutieuses à effectuer. Pour l’exécuter plus sûre- ment, il est bon, lorsqu’on a fait sur le sujet, la plaie qui doit recevoir l’écusson, de la couvrir d’un morceau de papier fort, que l’on çoupe de la même forme, et qui sert ensuite de patron pour tailler l’écorce de l’écusson. Par ce moyen on évite des tâtonnemens, on arrive plus sûrement à l’exac- titude requise, et l’on économise surtout, un temps d’autant plus précieux que la réussite de l’opération ne permet pas d’y employer plus d’une à deux minutes, tant pour l’écor- cement du sujet que pour la levée et la pose de l’écusson. Appareil. 11 est simple. On peut couvrir de cire molle les Hssures que laissent entre elles les écorces des sujets et 54”^ 424 Greffe Risso. des demi-greffes , y appliquer une feuille de vigne liée à tours très-rapprochés les uns des autres avec un fil de laine , pour empêcher l’eau des rosées, les insectes et l’air de pénétrer par les interstices dans les plaies. Conduite des greffes. Cette greffe qui s’effectue au prin- temps et à l’automne, comme la plupart de celles de la série des écussons, exige un traitement un peu différent, en raison de ce qu’on l’exécute dans l’une ou dans l’autre de ces saisons. Les sujets greffés an printemps doivent être soigneu- sement ébourgeonnés dans toute la hauteur de la tige qui se trouve au-dessous de la greffe, et l’on ne doit laisser au- dessus qu’un ou deux bourgeons pour faire monter la sève dans le sujet et cicatriser les plaies. Lorsque l’écusson a commencé à pousser, il est à propos de supprimer tous les bourgeons du sujet, tant ceux de sa tige que ceux qui pour- Toient croître sur ses racines, afin que sa sève se tourne sans partage au profit de la greffe. Si celle-ci ne reprend pas, alors on pourra choisir parmi les jeunes pousses que produira le sujet, celle qui annonce devoir être la plus vigoureuse et la plus propre à remplacer la tige principale , mutilée par l’opé- ration qui a manqué son but, et retenir cette jeune pousse dans une direction verticale. Par ce moyen on conserve un Individu qui peut être regreffé au mois d’août suivant. Si ces greffes sont faites à la seconde sève , ou ce qu’on appelle à œil dormant, ce qui en général est le plus sûr, il convient de laisser croître les bourgeons pendant le reste de la belle saison. Au printemps suivant, si les yeux de la greffe sont vivans et se déterminent à pousser, il est indispensable Greffe Risso. 4^5 de supprimer toutes les branches, rameaux et bourgeons qui se trouvent au-dessous de l’écusson et de couper la tête du sujet à deux ou trois millimètres au-dessus de la greffe pour accélérer la croissance de son bourgeon. La ligature de la greffe qui a dù être desserrée cjuinze jours ou trois semaines après qu’elle a été faite, doit être supprimée à cette époque, lors des premiers inouvemens de la sève montante. Ensuite les bourgeons de l’écusson s’étant allongés de quelques décimètres, il est prudent de placer un tuteur pour les soutenir et les empêcher d’être rompus par les vents. Les autres soins de conservation, de culture et de taille étant les mêmes c[ue ceux qu’on admi- nistre à toutes les autres sortes de greffes en écusson, nous ne nous arrêterons pas à les détailler ici. Résultats. Pour les rendre plus faciles à saisir , nous allons les présenter dans le tableau suivant. 4^6 Greffe Risso. NOMS NOMBRE DES DEMI -GREFFES faites N DIS SUJETS, Des demi-greffes accolées. au printeiDS. à l’automne. qui sont mortes. qui dorment. qui végètent. (Prunier de monsieur (e). . . /Abricotier-pêche {f) 1 CCerisierdeMontmorenci(^). P A MM P A M Prunier sauvage (a). . P A M 1 /Cerisier de Prusse (4) (Amandier-pêche (t) ^Pêcher téton-de-Vénus (/). P V tCormier domestique (/t). . P A D 1 (Sorbier d’Amérique ( Z).. . P A V Aube-épine [b). ...< \ VCoiRuassierdePortugal (ot). P. V (Coignassier de la Chine (n). P D J r Reinette de Canada (ol. .. . Pommier sauvage^t) ) V J ! Poirier catillacfnj P A D Âzerolier de Canada {d) f Poirier beurré (ç). ...... P. 4 ' Poirier doyenné (r) P A D 4 Espèces de Sujets. 1 4 Greffes de 2 deoil-gemma. l4autl°. ^ mortes. 5 dorm. 5 végét. (a) Prunus insititia , L. (b) Crafœgus oxyacantha , L. (c) Malus sylvestris , M. P. (d) Cratœgus coccinea , h. (e) Prunus fructuinagno , globoso , pulchre -uiolaceo , Duli. Trait, des Arbr. fr. , tom. 2,pag. 78,pl. 7, 11°. XV. (f) Prunus armeniaca macrocarpa , 'SI. ï' . {^) Prunus cernsus ruberrima ,yi. V. (li) Prunus cerasus macrophylla, M. P. (i) Mmygdalo-persica , Bah. Truit. des Arb. fr. ,tom. l,pag. 127, pl. 4, n°. IX. (j) Persica flore parvo, fructu vix globoso , dilate rubente, papillato , carne gratissima, Duli. Trait, des Arb.fr., lom. 2, pag. 34, pl. 25, n“. XXXII. (k) Sorbus domestica , L. (1) Sorbus aucuparia , americana , I>I. P. ( m ) Pyrus cydonia , lusitanica, M. P. ( n ) Cydonia sinensis , Tli. An. du Mus. , lom. ig , pag. l44-i55 , pl. 8 et g. (o) Malus prasomilla ^ canadensis yhl. P. (p) Pyrus flructu maximo , plerumque pyriformi , obtuso j partim buxeo, partim obscure virenti, serotino , Duli. Trait, des Arbr. fr. ,tom. 2 , pag. 233 , n". 102, pl. 58 , fig. 4. (q) Pyrus communis, liquescens , M. P. ( r) Pyrus fructu magno , oblongo , citrino , autumnali , Duli. Trait, des Arb. fr. , tom. 2 , pag. 2o5 , 11°. 81 , pl. 43. Greffe Risso. 4^7 On voit par ce tableau que sur quatre sujets d’arbres à fruits à noyaux, à fruits à pépins, et à fruits à osselets, on a opéré sept écussons , composés chacun de deux demi-gemina , appartenant à quatorze espèces, variétés au sous -variétés dilférentes. Que cinq de ces demi-écussons sont encore vi- vans, mais n’ont point poussé leurs bougeons, et qu’ils dorment, en terme de cultivateurs. Que trois autres écus- sons n’ont pas repris, se sont desséchés et sont entièrement morts. Et enfin que cinc[ autres demi -greffes ont développé leurs bourgeons et végètent plus ou moins vigoureusement. Ces bourgeons sont en tout semblables à ceux des écus- sons opérés avec des yeux entiers pratiqués à la manière or- dinaire , soit que les demi-gemma qfii les ont produits aient poussé seuls et que les autres dorment ou soient morts, soit c[ue les deux aient poussé en même temps. Les cerisiers de Montmorenci et de Prusse en sont un exemple. Le premier a fourni une ramille d’à peu près trois décimètres, et celle du second n’a que dix millimètres de longueur. -- Les demi-gemma qui ont poussé seuls ont fourni des vé- gétations de différente force. La pousse du pêcher téton-de- Vénus est d’un décimètre, celle du sorbier d’Amérique de treize centimètres de long. Le bourgeon du pommier de reinette de Canada s’est étendu à peu près de quatre dé- cimètres de longueur. Enfin il est sorti du demi-gemma du coignassier de Portugal, deux bourgeons très-bien constitués , de plus d’un mètre de longueur chacun. D’après ces expériences il est bien constaté, 1°. que des demi-gemma d’arbres à yeux enveloppés d’écailles , placés de la même manière que les greffes en écussons et avec les Greffe Rîsso. 4^8 précautions requises reprennent et sont susceptibles de pro- pager leurs espèces. Ce fait est déjà connu, puisqu’il est con- signé dans notre Monographie, à l’article greffe sennebier(i)5 1°. et enfin que chacun de ces demi- gemma pousse sans s’unir à celui auquel il est réuni, le bourgeon qui lui est propre. Ainsi cette greffe manque son but principal , comme on le verra ci-après. Critique. Il résulte de ces expéiâences et de plusieurs autres qui ont beaucoup de rapports avec elles et qui sont déjà consignées dans les Annales du Muséum (2), c[ue les bour- geons produits par les demi-gemma de ces greffes ne se réu- nissant pas pour n’en former qu’un seul, ne peuvent produire des fruits bizarres qu* partagent les propriétés des espèces auxquelles ils ont appartenu 5 que de plus les fruits de ces bourgeons isolés doivent être semblables à ceux des espèces d’où ont été tirés les demi-gemma , et être tels que s’ils eussent été écussonnés seuls , comme dans la greffe sennebier citée plus haut. Ainsi on ne doit pas croire aveuglément et sans défiance ce qu’on a dit et cju’on répète sur les propriétés de cette sorte d’écusson exécuté sur des arbres à gemma écailleux. Observations. Cependant M. Risso, naturaliste distingué, dit dans son Mémoire sur les Orangers , imprimé dans les Annales du Muséum (3) : (c On fait usage du procédé que (1) V^oyez les Annales du, Muséum d’histoire naturelle, fom. 17, pag. 34, suite de la description des greffes par gemma, article n°. XVIII. (2) Voyez le tom. 12 des Annales , 4to et suivantes, du Mémoire sur la greffe du Muséum, et sa figure, pl. 36. (3) Voyez la suite de son Mémoire sur l’histoire naturelle des orangers, biga- radiers, limettiers, cédratiers, limoniers et citroniers, cultivés dans le départe- ment des Alpes-Maritimes, tom. 20, pag. 4o4 de l’ouvrage indiqué. Greffe Risso. 4^9 )) voici quand on veut se procurer des arbres dont les fruits )) participent de plusieurs espèces, sans appartenir propre- » ment à aucune. Il consiste à couper en deux parties, par )) le milieu de l’œil, chacun des écussons pris dans les dilFé- « rentes espèces ou variétés d’orangers que l’on désire amal- )) gamer. On joint la moitié de l’un avec la moitié de l’autre avec beaucoup de soin, et on greffe suivant l’usage. Cette )) opération exige beaucoup d’attention, car elle réussit ra-. i) rement. Plusieurs de nos jardiniers (de Nice) qui l’ont )) mise en pi’atique m’eu ont assuré le succès. » M. Risso ne paroît pas avoir effectué lui- même cette greffe, au moins il ne le dit pas, et c’est sur la foi des cultivateurs de son pays qu’il le rapporte comme un fait certain. D’après cette annonce, nous avons fait plusieurs greffes avec des demi- gemma accouplés d’espèces et de variétés différentes du genre de l’oranger, Quoicjue nous ayons suivi exactement le procédé ci-dessus iudicjué, et, de plus, que nous ayons pris la précaution d’employer la chaleur des couches et des vitraux pour avoir une température à peu près semblable à celle du climat de Nice, nous n’avons pu réussir à faire re- prendre cette greffe. Les yeux des espèces d’orangers n’étant pas écailleux, ainsi C[ue presc|ue tous ceux des arbres des tropiques et de la zone torride, ont encore l’inconvénient d’être beaucoup plus petits que ceux de nos arbres estivaux dont les gemma sont couverts d’écailles. Il en résulte qu’il est plus difficile de les partager exactement en deux parties égales, et qu’ensuite ces petites parties de germes de bour- geons se dessèchent très-promptement à l’air, malgré la cé- lérité qu’on peut employer à effectuer l’opération de cetté Mém, du Muséum, t. 2. 55 33o Greffe Risso. greffe. Ce sont ces raisons qui nous ont déterminé à nous servir de gemma écailleux , choisis parmi ceux de nos arbres fruitiers où ils sont les plus volumineux. On a vu par les ré- sultats que nous avons obtenus, et dont nous venons de rendre compte, ce que l’on peut espérer de ce procédé pour obtenir des fruits remarquables par la singularité de leur forme et la diversité de leur saveur.. Cependant, comme beaucoup de preuves négatives ne peuvent détruire un fait donné comme positif, puisque les expériences ne sont pas tout-à-fait identiques, il convient de les pratiquer sur les mêmes arbres, c’est-à-dire sur les ai’bres à gemma nus, ou dépourvus d’écailles, et jusque-là de suspendre son jugement sur l’avantage et les effets de ce procédé, et c’est ce que nous croyons devoir faire ici. Lorsque nous aurons multiplié cette greffe sur les orangers, nous rendrons compte du ré- sultat de nos expériences. Classification. Cette sorte de greffe entre dans la 3®. sec- tion/ c’est-à-dire dans celle des greffes par gemma; elle fait partie de la i re, série qui réunit les greffes en écussons. Son mode d’exécution doit la placer immédiatement après la greffe Sennebier et sous le n®. XIX. Rappoj'ts et différences. Elle' se rapproche de la greffe Sennebier en ce quelle s’effectue avec des parties de gemma; mais elle s’en distingue en ce cjue ces parties appartiennent à des gemma caulinaires, tandis que les écussons de la première sont pris sur des gemma terminaux , et qu’ enfin dans celle-ci ces demi-gemma sont réunis deux à deux ou accouplés. Greffe Rrss O. 4^1 D^nition. Greffe (Risso) par gemma, en demi -yeux caulinaires et accouplés. Dédicace. Nous donnons à celte greffe le nom deM. Risso, savant naturaliste qui l’a indiquée dans un bon mémoire qu’il a publié sur l’histoire naturelle de l’oranger, et qui se livre avec succès aux soins de naturaliser, sous le fertile climat de Nice, sa patrie, les végétaux étrangers qui peuvent augmen- ter les ressources agricoles de ses concitoyens. EXPLICATION DES FIGURES QUI REPRÉSENTENT LES DÉVELOPPEMENS DE LA GREFFE RISSO, Planche IX, volume 2. Fig. 2, dans laquelle on a réuni les résultats obtenus du procédé de la grefTe Risso, a. Plaie préparée pour recevoir l’écusson composé de deux demi-gemma. h. Demi-gemma du cerisier de Montmorency. c. Demi-gemma du cerisier de Prusse. d. Les deux demi-gemma de cerisiers placés et ayant poussé chacun leur bour- geon. e. Demi-gemma du poirier catill.ac, dormant. f. Demi-gemma du pommier de reinette de Canada .ayant poussé son bourgeon. ' g. Demi-gemma du sorbier d’Amérique ayant fourni son bourgeon. h. Demi-gemma du cornier domestique desséché et mort. i. Demi-gemma du coignassier de Portugal, ayant poussé deux bourgeons du même point. h. Place où a été posé le demi-gemma du coignassier de la Chine qui a été annulé par son voisin. l. Coupe de la tète du sujet. mm. Cicatrices des branches supprimées. Figures de grandeur presque naturelles pour les greffes et de moitié plus petites environ pour les bourgeons et le sujet. 55* 432 ANALYSE D’UNE MATIÈRE COLORANTE VÉGÉTALE. PAR M. VAUQUELIN. .Vï» Thouili m’a invité à faire l’examen analytique -d’une nouvelle espèce de laque qui lui a été remise par M. Morenas. Cette substance, dit M. Morenas , provient des ruches construites par de petits insectes, aux extrémités de différens arbres, qui en étant entièrement revêtus, ne tardent pas à périr. M. Roxburgh dit avoir observé des milliers d’animaux excessivement petits rampant sur cette laque, et sur les branches auxquelles elle est attachée, et le plus grand nombre sortant par les petits trous qui sont à la surface des cellules. Ces insectes courent assez vite , mais ils sont si nombreux qu’ils se trouvent entassés les uns sur les autres. La matière qui forme ces cellules a l’apparence de l’ambre transparent : on aperçoit dans chaque cellule une petite poche remplie d’une liqueur épaisse rouge semblable à une eelée ; l’autre moitié de la cellule contient une . matière O blanche. Les Indous ont donné le nom de lackscha à ces ruches , à cause de l’innombrable quantité de petits insectes quelles renfermentj lack signifie loo mille. Matière colorante végétale. 4^3 Ce n’est que depuis peu que l’on a cherché à extraire la partie colorante de la laque; mais juscju’à présent on ne l’a fait que d’une manière très-imparfaite. Cette laque a une couleur rouge pourpre tirant sur le violet ; elle n’a point de saveur , mais elle a une odeur d’ambre semblable à celle des fourmis. Elle n’est soluble ni dans l’eau, ni dans l’alcool; cependant celui-ci, à l’aide de la chaleur, en tire une très-légèi’e teinte violette. Les acides, et surtout l’acide sulfurique et muriatique étendus d’eau, la dissolvent très - facilement et très-abon- damment, et ils font tourner sa couleur au rouge écarlate. Pendant la dissolution de cette matière dans les acides , il se produit une effervescence due à une petite cjuantité de car- bonate de chaux qui y est contenue. L’on peut ensuite pré- cipiter cette laque de ses dissolutions acides, au moyen des alcalis, pourvu qu’on n’en mette que la quantité suffisante pour saturer exactement l’acide. Cependant la liqueur con- serve, après cette précipitation , une légère couleur rougeâtre. Les carbonates alcalins dissolvent encore plus prompte- ment et facilement cette matière colorante; la couleur cjue présente la dissolution dans ces menstrues, est d’un beau violet ; de même que les alcalis précipitent cette matière des acides, ceux-ci la précipitent des alcalis. La laine, la soie, le coton plongés dans les dissolutions de cette laque, soit dans les acides, soit dans les alcalis, ne prennent aucune couleur; mais si ces matières ont été disposées par des mor- dans convenables, alors elles se teignent. J’ai teint de la laine en très-beau rouge approchant de 434 Matière colorante végétale. l’écarlate, en la plongeant dans la solution alcaline de laque, après lui avoir donné un mordant avec une solution de muriate d’étain chaude, et en versant peu à peu dans le mélange de l’acide muriatique, ou tout autre, étendu d’eau. J’ai teint par le même procédé de la soie, mais la couleur n’étoit pas aussi riche, elle étoit rose hortensia. J’ai ensuite éprouvé la qualité de la couleur appliquée ainsi sur la laine , et sur la soie , soit avec le savon, soit avec les acides légers, et j’ai remarqué qu’elle ne se détachoit pas; seulement les acides la faisoient passer à un rouge plus vif et plus ressemblant à l’écarlate, et le savon, au contraire, la faisoit virer au violet. La laine et la soie teintes avec cette substance conservent, même après la dessiccation, l’odeur d’ambre que répand la La solution de la matière colorante dans les carbonates alcalins, est précipitée par les solutions d’étain ou d’alun en belles lacfues qui sont ou rouges, ou violettes, suivant que la liqueur reste acide ou alcaline après la précipitation; ces laques m’ont paru bien solides. Je ne doute pas, d’après ce peu d’essais, c[ue la matière co- lorante dont il est question, ne puisse être employée avec succès pour la teinture, et pour la peinture. Au surplus, il seroit intéressant d’en faire venir une certaine quantité pour en faire des*épi’euves plus en grand, et plus variées que celles que la petite quantité que j’ai eue ne me l’a permis. Comme le carbonate de potasse (potasse ordinaire) la dissout avec la plus grande facilité, et que cet alcali se Matière colorante végétale. 4'^-^ trouve partout à peu de frais, je pense que c’est ce qu’oii peut employer de meilleur pour l’extraire des ruches où elle est contenue. Il faudroit dissoudre la potasse dans trois ou quatre parties d’eau, et faire bouillir les ruches dedans; lorsque la disso- lution seroit opérée, on la passeroit à travers des toiles avec expression. On dessécheroit ensuite cette dissolution à l’aide d’une douce chaleur, afin de ne pas brûler la matière colorante, et on la mettroit enSuite dans des tonneaux pour la trans- porter. Lorsqu’on voudroit s’en servir, il suffiroit de dissoudre cette combinaison dans l’eau. _ 436 DOUZIÈME MÉMOIRE Sur les Caractères généraux des Familles tirés des graines, AurantiacÉes — ThbacÉes, PAR M. A.-L. DE JUSSIEU. J3ans le recueil des Ann. du Muséum d’histoire naturelle, ouvrage borué à vingt volumes, nous avons présenté une suite de Mémoires sur les conséquences à tirer de l’examen des’ fruits et graines par Gærtner pour compléter les carac- tères généraux des familles de plantes. Nous nous proposons de continuer ce travail dans le nouveau recueil des Mémoires du Muséum , faisant suite au précédent , et de le reprendre à l’article des Aurantiacées qui tiennent à la grande classe des polypétales à étamines hypogynes ou insérées sous l’ovaire. Trois sections, dans le Généra Plantanim , composoient d’abord la famille des Orangers 5 mais elles étoient annoncées comme pouvant dans la suite constituer trois familles : triplex sectio distinctissima , triplicis Jiituri ordinis exordium. Cette indication a été suivie d’abord par M. Correa, Ann, Mus. nat. 6, pag. 376-, qui, se bornant à l’examen des Aurantiacées vraies réunies dans la seconde section, en a constitué une famille distincte caractérisée avec soin. Il y Aurantiacjées — Théacées. 4'^7 retrouve, comme nous, un embryon sans périsperme observé de même par Gærtner dans le limonia et le citrus • et aux genres déjà réunis dans ce groupe, il ajoute i®. le triphasia de Loureiro qui faisoit déjà partie du même ordre, sous le nom de citrus trifoliatus' 2°. le clausena de Burmann qu’il rapporte au murraya , en y joignant aussi le bergera et le chalcas, dont nous avions déjà soupçonné l’identité en at- tendant un nouvel examen avant de les réunir définitive- ment; 3o. Yœgle, \efo?~onia, \e glycosmis ei V atalajitia , quatre nouveaux genres établis par lui-même et dont les deux derniers sont détachés du limonia. Ce travail de M. Correa est adopté par M. Mirbel dans ses notes pour servir à l’histoire de la famille des Orangers, qu’il a consignées dans \e Bulletin de la Soc. Philomatique, i8i3^ n. yS. Il amplifie le caractère général maintenant plus complet, surtout celui tiré de la radicule ascendante et rentrante entre les lobes , des graines pendantes insérées à l’angle central des loges , de leur tégument intérieur sur lequel on aperçoit une raphe ou ligne saillante prolongée depuis l’ombilic supérieur jusqu’à une aréole inférieure colorée que Gærtner nomme chalaze. M. Mirbel laisse encore subsister les genres clausena et bergera séparés du murraya, et restitue à la famille le cookia que M. Correa en avoit écarté, parce qu’il n’avoit pas eu occasion de bien voir le fruit. La réunion complète des filets d’étamines en un tube dans Yatalantia sembleroit devoir faire repousser ce genre dans les Meliacées qui sui- vent; mais l’ensemble de tous les autres caractères, et sur- tout l’absence du périsperme, ne permettent pas de le dé- tacher des Aurantiacées. On seroit au contraire tenté de Méin. du Muséum, t. 2. 56 438 Auranti Agées — Théacées. ramener ici le jamholifera , figuré par Vahl, Sjinb. t. 6r, qui a quelques caractères de cette série; mais on reconnoît . bientôt qu’il a une plus grande affinité avec le calodendnim congénère ou voisin du dictamnus , et que conséquemment il se rapporte mieux aux Rutacées. Il a encore cfuelques rapports de floraison avec le xiine7iia cité plus bas; mais ces rapports sont moindres. Le même auteur examine aussi les deux autres sections anciennes jointes aux Orangers et il y trouve avec raison les élémens de nouvelles familles. La première qui contenoit le ximenia, \e heùieria et le fissïlia , s’éloigne des Aurantiacées, surtout par un embryon très-petit, occupant une cavité pratiquée au sommet d’un grand périsperme qui remplit toute la graine et que M. Du- petit-Thouars a observé le premier. Une ligne colorée tracée sur la surface de ce périsperme dans X^Jissilia nous l’avoit fait prendre pour un embryon divisé en deux grands lobes. Dans ce petit groupe la corolle Insérée sous l’ovaire paroît d’abord monopétale et porte même les étamines comme les autres corolles ainsi conformées; mais ses divisions ou au moins quelques-unes d’elles se séparent ensuite jusqu’à la base et paroissent alors des pétales distincts continuant ce- pendant de porter les étamines qui sont en nombre défini et dont plusieurs avortent quelquefois. Ces genres se rap- prochent donc des Monopétales à corolle hypogyne et à embryon périspermé , et ils paroissent devoir se placer à la suite des Sapotées et des Ardisiacées avec lesquelles ils ont quelques cai'actères communs , et près de Xolax qui y avoit déjà été rapporté. Déjà M. de Lamarck {Dict. 4? p- ^3i ) AüEANTIACÉES ThÉACÉES. 439- avoit entrevu l’affinité de ce genre avec lefissilia, affinité que des descriptions incomplètes nous avoient fait regarder dans le temps {^Ann. Mus. 5, p. 264) comme n’existant pas. Elle est confirmée par M. R, Brown ( Prod. 35^ ) qui con- fond les deux genres sous le nom ^olax. Son rapprochement est bien naturel, surtout si le caractère qu’il en donne est bien celui de Yolax de Linné 5 mais on se prête plus diffici- lement à l’idée de placer ce genre ainsi composé à la suite de sa famille des Santalacées qui est à peu près la même que celle des Osyridées, une des Apétales à étamines périgynes et à ovaire infère ou adhérent. Il paroît y avoir été déter- miné par une conformité de port entre son olax aphylla et plusieurs genres des Santalacées; mais pour se prêter à cette disposition, il faudroit transformer en calice intérieur la corolle de Yolax et de plus ne tenir aucun compte de la situation de son ovaire qui est supère ou libre, et cjui de plus contient trois ovules au heu d’un seul caractérisant les Santalacées. et le Jissilia, soit distincts, soit réunis en un seul, paroissent donc devoir rester parmi les Monopé- tales, en entraînant à leur suite le heisteria et le ximenia avec lesquels ils formeront la famille à laquelle M. Mirbel donne le nom d’Olacinées et que nous aurions nommé plus volontiers les Fissiliées à cause de cette disposition de la corolle à se fendre en plusieurs parties. Nous observerons avec cet auteur que le ximenia offre quelques différences tirées de son calice qui reste court et ne se prolonge pas sur le fruit mûr, de ses pétales simple- plement rapprochés, mais non réunis et ne portant pas les étamines, des filets de celles-ci capillaires et non aplatis, des 56 44o Aurantîacées — Théacées. anthères plus allongées, de son ovaire qui a quatre loges monospermes au lieu de trois. On ajoutera que Xheymassoli d'Aublet ( Plantes de la Guiane , t. laS) doit rester congé- nère du ximenia auquel il convient encore de joindre le gela de Loureiro différent seulement dans des points peu impor- tans. Il faut au contraire séparer Vagihalid de Prosper Alpin dont M. Delile a récemment formé son genre balanites , lecjuel n’appartient pas même à la famille des Olacinées, et dont la véritable affinité n’est pas encore déterminée. Si le caractère du pseudaleia de M. Dupetit - Thouars, observé par lui à Madagascar, est vrai, ce genre qu’il assi- mile à Yolax dont il a un peu le port, et c|u’il soupçonne seulement voisin du fîssilia , doit en effet être réuni aux Olacinées plutôt qu’aux Guttifères, parmi lesquelles il l’a placé. On hésitera dès-lors à lui attribuer avec l’auteur un embryon sans périsperme; et s’il indique une seule graine dans le fruit, on croira que cette unité est, comme dans les autres Olacinées, le résultat d’un avortement. • Le même auteur indique son pseudaleioides comme ayant beaucoup d’affinité avec le précédent elf conséqueni- mejît avec la nouvelle famille 5 mais pour admettre cette affi- nité , il faut mieux connoître le caractère de ce genre qui n’est pas assez détaillé. D’une autre part le sperrnaxjrwn de M. La Billardière ( Noiw. Holl. , t. 233 ), que celui-ci rapproche des Euphor- biacées et qui a en effet tout le port d’un phjrllanthus à feuilles ai’rondies, est regardé par M. R. Brown comme con- génère de Yolax, et probablement il l’a observé vivant. Son opinion doit dès-lors être ici d’un grand poids, d’autant plus Aurantiacées ThÉACÉES. 44^ que, suivant M. La Biîlardière , cette plante n’a pas, comme les Euphorbiacées , le -fruit à plusieurs loges ni l’embryon à lobes élargis et aplatis^ mais s’il est polygame ainsi que l’an- nonce ce dernier, s’il est vrai que ses étamines ne sont point portées sur ce qu’on nomme les pétales , mais cju’elles sont réunies sur un pivot central observé dans d’autres Euphox- biacées , aloi’S l’opinion qui leur associe le spermaxjrurn pouiToit prévaloir. On ajoutera néanmoins que Yolax stricta de M. Brown, c[ui a le port d’un phyllanthus à feuilles al- longées, pi’ésente tous les caractères principaux de notre fissilia ou de Yolax de cet auteur : ce qui doit faire sus- pendre toute décision sur les affinités du spermaxjrum jusqu’après un nouvel examen de la plante sur un échantillon en bon état. Cette difficulté ne peut influer sur la question relative au placement des Olacinées qui doivent être hxissées au même lieu qu’occuppoit primitivement Yolax, c’est-à-dire, à la suite des Sapotées et des Ardlsiacées, à la fin de fa classe des Monopétales à corolle hypogyne et non loin des pre- mières familles de la classe suivante des Monopétales à co- rolle périgyne, dont - quelques-unes présentent également des genres prescjue polyp'étales. De ce nombre est le sjin- plocos , dans lequel on en a refondu plusieurs autres anté- rieurement laissés avec lui dans une seconde section des Plaqueminiex’s ou Ebenacées, mais qui paroît devoir êti’e le type d’une nouvelle famille des Symplocées devant pré- céder les Ebenacées dans la même classe. On y retrouve, comme dans les Olacinées, non-seulement un périsperme et line corolle mixte, mais encore un ovaire d’abord nmltilo- 442 Aurantiacées — Théacées. culaire et dégagé en partie du calice , ensuite recouvert par lui dans sa maturité , et devenu uniloculaire par avortement. Ces deux familles établiront une transition assez naturelle d’une classe à l’autre. Nous avions dit que la troisième section des Orangers de- voit former dans la suite une famille séparée. M. Mirbel y trouve avec raison les élémens de deux familles distinctes. L’une est celle des Théacées qui ne comprend que le thea et le camellia. Elle paroît très-naturelle ^ et l’absence d’un périsperme la rapproche des vraies Aurantiacées, dont elle diffère cependant par ses feuilles non pointillées, son calice accompagné d’écailleSj.son fruit capsulaire et ses graines re- couvertes, non par une enveloppe coriace, mais par une coque cassante. Elle n’est composée que de quatre ou cinq espèces réparties dans les deux genres : ce qui nous avoit empêché dans le temps de les' séparer. L’autre famille est également peu nombreuse, soit en genres qui sont réduits à deux, soit en espèces qui ne s’é- lèvent pas à plus de douze. Ces genres sont le ternstromia auquel le tonabea est maintenant réuni, et \ejreziera , au- paravant nommé erotewn. Cette famille prend le nom du ternstromia qui est le premier ccfnnu. Elle a quelque rap- port avec les Théacées par les deux écailles qui accompa- gnent son calice; mais le périsperme, que M. Mirbel a décou- vert dans plusieui’s espèces des deux genres , établit une différence marquée. Les pétales à base élargie , insérés autour d’un disque qui occupe le fond du calice sous f ovaire , sont tantôt distincts comme dans lefreziera, tantôt réunis en une corolle vraiment monopétale cjui alors porte les étamines AurANTIAcÉES ThÉACÉES. 44'^ comme on le voit dans le teTiistromia. Ce dernier carac- tère se retrouve dans quelques Aurantiacées et dans quel- ques Théacéesj mais il est plus marqué dans les Symplocées et les Ebenacées entre lesquelles on pourroit placer les Terns- tromiées , en regardant leur disque comme appartenant plus au calice qu’à l’ovaire , et en déterminant alors pour la corolle une insertion périgyne. Si au contraire elle étoit jugée hy- pogyne , cette famille se repoi’teroit près des Ardisiacées et des Olacinées. La même structure de la corolle dans le tern- stromia et ledibspyros, genre des Ebenacées, et la confor- mité du port entre ce dernier genre et \e freziera feront probablement admettre de préférence la première de ces insertions et le rapprochement qui en est la conséquence. 444 NOUVELLE NOTICE • SUR DES PLANTES FOSSILES, Renfermées dans un Schiste marneux des environs de Chaumerac et de Roche ^S auv e , Départe^ ment de V Ardèche, PAR M. FAUJAS-DE-SAINT-FOND. On trouve dans le tome 1 1 , pag. 339 Annales du Muséum d’histoire naturelle, une première Notice que je publiai en i8o3, au sujet d’une suite nombreuse de plantes fossiles dont je fis la découvèrte en 1802, dans le départe- ment de Y Ardèche, entre le bourg de Chaumerac et le château de Roche-^Saiwe , à la distance de deux lieues de la rive droite du Rhône, Les feuilles et les nervures de ces végétaux fossiles sont, en général, d’une belle conservation; leur couleur est noire, car leur substance est à l’état charbonneux : on en trouve cependant c[uelques-unes d’un brun foncé. Toutes ces feuilles sont disposées à plat et étendues horizontalement, mais fortement comprimées; on en juge par des fruits du pinus picea, et par d’autres cônes d’arbres résineux, plus diffi- ciles à déterminer, qu’on y trouve aussi, et qui ont éprouï^é Plantes fossiles. 44^ une telle compression que leur volume en épaisseur est diminué de près des deux tiers; ceux-ci sont avec les plantes et mélanges de fragmens de bois carbonisés très-aplatis. Tous ces restes de végétaux sont étroitement renfermés dans diverses couches fissiles d’un schiste marneux blanc qui a l’aspect d’un tripoli d’une grande finesse , et aussi propre àpolir et à aviver l’or que la meilleure terre, dite terre pourrie d’Angleterre, dont les orfèvres et les bijoutiers font usage. Cette marne du département de l’Ardèche renfer- mant des plantes, s’enlève facilement par feuillets, quoi- qu’elle ait une certaine consistance, due à la ténuité de ses molécules, et à la force de cohésion, ainsi qu’à celle de compression , qu’elle a éprouvée. _ Mais elle est si légère, particulièrement celle qui est la plus blanche, que j’en fis faire dans le temps des briques qui surnagent au-dessus de l’eau lorsqu’elles sont cuites, et qui ont le plus grand rapport avec celles dont Pline et Yitruve ont fait mention avec tant d’éloge ; elles sont abso- lument analogues , aussi quant à la légèreté , avec celles que M. Fabroni, ancien directeur des galeries d’histoire naturelle de FloTence , fit faire avec une terre que ce savant découvrit sur le mont Amiata , dans le grand- duché de Toscane, et qui excitèrent vivement la cuiiosité de ceux qui virent pour la première fois des briques cuiies qui n’enfonçoient pas dans l’eau. Mais nos troubles poli- tiques, qui s’étendirent sur l’Italie, y empêchèrent ainsi qu’en France de s’occuper de l’utile propriété de ces bri- ques légères , qui auroient pu être employées avec succès dans la marine pour le doublage de la soute aux poudres, Mém. du Muséum, t. 2. Ay 446 Plantes Fossiles. ces briques étant très-mauvais conducteurs de la chaleur en cas d’incendie 5 la paix générale, il faut l’espérer, permettra de s’occuper des expériences qu’on pourrait tenter à ce su- jet , à peu de frais. Considérons, en. attendant, sous un autre rapport, ce dépôt de diverses substances végétales, disséminées entre des couches d’une sorte de marne fine , légère , cjui se pro- longe au moins à une lieue d’étendue en longueur, parais- sant par place et disparaissant alternativement, en s’enfon- çant tantôt dans des tuff'as incontestablement volcaniques, et ne laissant apercevoir alors que de simples indications de son existence, tandis que d’autres fois les couches se mon- trant à nu, forment de grands escarpemens où la marne a vingt, trente, et jusqu’à cinquante pieds d’épaisseur, et se trouve au milieu des ti^as qui la traversent à leur tour; c’est alors que ce mélange estpresque toujours couronné de diverses coulées de laves compactes noires, quelquefois piismatiques, surperposées les unes au-dessus des autres , renfermant des 'pei'idots granuleux ^ et des cristaux noirs et luisans àlaugite ou de gyroxeiie , et cjuelques noyaux irréguliers d’une sorte de granit porphyritique à fond blanc tacheté de noir, formé de feld-spath blanc en grain, quelc[uefois en cristaux imparfaits, avec une multitude de points hornblende noire cjui le pénètrent de toute part; ce granit n’a pu être arraché qu’à une grande profondeur, pour être enveloppé ainsi dans la lave compacte, dans un pays où tout est cal- caire et volcanique, et où le système granitiqne n’est en évidence et en place, c[u’à six lieues de distance parla ligne la plus courte, c’est-à-dire du côté de Vais et àl Entraigues. On ne sauroit attribuer sans doute, lorsqu’on a été à Plantes Fossiles. 447 portée d’observer les lieux, à une révolution partielle et accidentelle, ce transport et ce mélange de terre siliceuse, de terre argileuse, et de terre calcaire qui a donné naissance à la formation de cet immense dépôt de substance marneuse qui porte avec lui tous les caractères d’une grande alluvion , puisqu’on y trouve des restes de végétaux, des fruits d’arbres résineux, et quelques insectes; j’y ai même trouvé des pois- sons fluviatiles. J’en ai fait figurer un du genre ide^ dans mes Essais de Géologie^ tome i, pag. i34, planche VIÏ; mais jusqu’à présent ces poissons y sont fort rares; il est vrai que peu de naturalistes se sont encore transportés sur les lieux, et que moi-même je n’y ai fait faire que des fouilles peu profondes et en petit nombre; je me suis procuré néan- moins, dans quatre voyages que j’y ai fait, plus de cinquante espèces de plantes différentes, parmi lesquelles plusieurs sont inconnues jusqu’à présent. Ce gisement est d’autant plus remarquable , que la vallée ouverte entre le village de Roche-Sauve et le château du même nom situé sur l’escarpement opposé qui borde cette vallée, est entourée de toute part de montagnes volcaniques, élevées, composées de tujfas, de laves poreuses de toute es- pèce, et de laves compactes en coulées, en masse, ou en primes , et qu’on voit évidemment cjue la cause violente c]ui a ouvert cette vallée en manière de golfe ( ce qui ne peut être que l’ouvrage des eaux de la mer) , laisse voir de droite et de gauche dans les parties escarpées les mêmes bancs de marne blanche, ce qui ne permet pas de douter qu’ils n’aient été préexistans à l’époque où cette vallée longitudinale et terminée en cul-de-sac fut ouverte ; il en a été de même ^1* 448 Plantes Fossiles. de cette immense quantité de produits volcaniques qui s’élèvent à plus de deux cents toises, et qui recouvroient alors, comme à présent, le grand atterrissement marneux renfermant des plantes, puisque dans la vaste tranchée ou- verte en vallée , on voit très-bien que les coupures, tant dans la lave que dans la marne blanche, se correspondent, et se trouvent sur l’une et l’autre face , mais à des hauteurs différentes , ce cjui est le résultat de l’action et du dérange- ment volcanique. Qn ne sauroit s’empêcher, d’après l’examen des lieux, de considérer le grand dépôt marneux, comme antérieur à la formation des amas immenses de laves de toute espèce , qui l’ont recouvert. Ce qui donne une grande anticjuité à ces plantes malgré leur belle conservation, antiquité qu’on ne manc[ueroit pas de leur contester, si on les examînoit sur des échantillons isolés dans les cabinets, abstraction faite de leur gisement et de leur position géologique. Car les laves de tant d’espèces qui les recouvrent, comme d’immenses toits, et qui se sont fait jour quelquefois au milieu de ces mêmes marnes, leur sont certainement pos- térieures, et n’ont pu arriver c[u’ après elles; si l’on vouloit supposer cependant que ces volcans éteints , dont on ne sau- roit nier l’existence, eussent manifesté leurs actions immé- diatement après le grand atterrissement marneux, le fait ne changei’oit pas de nature, et l’on n’abrégeroit guère le temps ; car aucune tradition , même fabule use, n’a conservé le moindre souvenir des époques reculées auxquelles ces grands incendies souterrains ont eu lieu ; on sait d’ailleurs que ces volcans se rattachent à ceux de X Auvergne, du Vêlai, et des autres Plantes Fossiles. 449 parties du département de Y Ardèche^ ainsi qu’à ceux de Y Hérault^ et qu’ils s’étendent jusqu’à la mer^ du côté dYAgde et du fort Brescou. S’il étoit vrai que tous les volcans éteints, ainsi c[ue l’ont soutenu quelques naturalistes, eussent pris naissance au mi- lieu des eaux de la mer, il en résuiteroit que ceux dont on voit tant de restes dans le département de l’Ardèche et ailleurs, tiendroient à une époque beaucoup plus reculée encore, puisqu’il faudroit admettre que ceux-ci n’ont cessé de brider que lorsque la mer les a abandonnés , ce qui eii- traîneroit un laps de temps d’un plus grand éloignement encore^ mais cette hypothèse n’est pas, à beaucoup près, en- core prouvée ; cependant le fait précédent qui est incontestable est plus que suffisant pour démontrer la haute anticjuité de nos plantes fossiles, et faire voir c[u’à cette époque, toute reculée quelle puisse être, il existoit des îles ou des conti- nens au-dessus des eaux de la mer , qui produisoient des plantes et même des arbres résineux , ce cpii ne sauroit être révoqué en doute, et ce cjui confirme en même temps ce que j’ai dit tant de fois, cju’on ne peut se former des idées justes et exactes des corps organisés fossiles, si l’on n’étudie pas attentivement le système de leur gisement en place, et si on ne décrit pas avec un grand soin les substances miné- rales qui les accompagnent ou les recouvrent. Mais une chose extrêmement difficile, et des plus em- barrassantes, est la détermination exacte des plantes aux- quelles ces feuilles ont appartenus, quoiqu’en les voyant jiour la première fois on ait l’idée trompeuse de pouvoir les reconnoître, par les rapprochemens qu’elles paroisseut pré- Plajvtes Fossiles. 45o senter avec des feuilles qu’on croit avoir vues, soit dans les jardins de botanique, soit dans les herbiers ; mais en y re- gardant de plus près, on éprouve à chaque instant des con- trariétés dans les rapports. L’on sait d’ailleurs combien les feuilles sont sujettes à des variations , soit en raison du climat, soit relativement au plus ou au moins de fécondité du sol où, croissent ces plantes; d’ailleurs, malgré les étonnans pro- grès que la botanique de nos jours doit aux divers voyages de long cours, faits par de courageux naturalistes, il nous reste encore tant de plantes à découvrir, ou à mieux con- noître, que, quoique nous ayions un grand fonds de richesses en ce genre , nous n’avons certainement pas toutes les don- nées suffisantes pour reconnoître la véritable et rigoureuse identité de telles ou telles feuilles fossiles, avec leurs véritables analogues, particulièrement si ceux-ci sont de tel ou tel climat, ou sont sujets à éju’ouver des variations dans leurs feuilles, ainsi que nous en avons des exemples dans plusieurs plantes. Cette difficulté peut être en effet très-grande, mais il n’est rien que l’intérêt de la science ne puisse faire sur- monter, lorsqu’on est véritablement animé du désir de lui voir faire des progrès. ♦ Un des obstacles principaux qui dégoûte les botanistes de se livrer à ce genre de recherches tient à la facilité ac- coutumée qu’ils ont d’obtenir des données certaines sur la connoissance des plantes, par la méthode de Tournefort, par celle de Linné, ou par les familles naturelles de Jussieu, ce qui les rend, avec une ceitaine raison, très-difficiles sur les autresmoyens ; mais lorsqu’il s’ agit de faire une application aussi importante et eu même temps aussi curieuse de la botanique Plantes Fossiles. à la géologie, il semble que ceux cjui s'appliquent à cette étude et la cultivent sous les points de vues philosophiques et élevés qu’elle est dans le cas de présenter, ne doivent pas se refuser de consacrer c|uelques instans à des recherches qui ne présentent peut-être pas autant d’obstacles qu’ils peuvent le croire; car si l’on considère jusqu’à quel point de perfection le talent et la grande habitude av oient forti- fié le tact et la sagacité de Bernard de Jussieu, on se rap- pellera qu’il étoit parvenu à reconnoître une multitude de plantes à la seule inspection d’une de leurs feuilles, ce qui occasionna un sentiment d’admiration et de surprise à Linné qui fut à portée d’en juger par lui-même. A présent que les objets de comparaison se sont extrêmement multipliés par la découverte de tant de belles et nombreuses plantes, il sera possible, je le répète, de déterminer avec certitude beaucoup de celles que des révolutions ont ensevelies dans le sein de la terre, en ne s’attachant exclusivement qu’aux plantes qui sont d’une parfaite conservation, les seules digues d’être figurées et qui méritent la peine d’être étudiées. Il faut si peu désespérer de remplir ce but, cjue nie 'trouvant placé dans une position à pouvoir user sans indiscrétion des lumières que sont si bien en état de me communiquer à ce sujet des collègues spécialement attachés à la bota- nique et qui jouissent d’une juste célébrité, dans un des plus beaux établissement scientifiques de l’Europe, le Jardin du Roi, je n’ai pas craint, depuis bien des années, de recueillir, dans mes voyages, de nombreuses collections de plantes fossiles, en les disposant par localités, et en n’y admettant que celles cpi sont les plus correctes et les plus parfaites. 45a Plantes Fossiles, Ce que je possède de plus remarquable en ce genre et de plus digne d’étre publié un jour, est la collection des plantes fossiles des environs du château de Roche-Saiwe et de Chaimierac dans le département de FArdèche, où Fon trouve ces plantes recouvertes par d’antiques coulées de laves compactes et de ti^as volcaniques de diverses es- pèces 5 c’est sur les lieux que j’ai formé moi- même cette collection, que j’augmente tous les jours, J’en ai formé une seconde non moins intéressante, celle de Monte-Rolca, dans le Yéronais, et de Vestejia-Noça^ dans le Vicentin , dont la montagne est une dépendance de celle de Monte - Boîca. Ici , comme dans le gisement du château de Roche-Sauve et de Ghaumerac, des laves com- pactes basakic[ues recouvrent non -seulement le sommet de îa montagne conique de Monte-Rolca , couronnée par une chaussée de laves prismatiques, et par des poudingues et des tuffas volcaniques ; mais des laves compactes basaltiques provenues du même foyer, se sont fait jour au milieu du calcaire compacte le plus dur, en ont soulevé et dérangé les bancs ,1 du côté de Vestena - Noça , ce que Fon volt avec autant de surprise cjue d’admiration en suivant l’escar- pement rapide et pi’ofond qui règne depuis la naissance de cette montagne jusqu’à celle de Monte- Bolca. C’est dans Fune et l’autre de ces deux montagnes si renommées par les recherches de Séguier et par celles de Scipion Malfey, que Fon trouve le plus vaste cimetière de poissons fossiles de toute espèce et de toute grandeur, quelquefois dans un état de conservation si parfaite que Fon est étonné d’en trouver quel- ques-uns qui ont encore une partie de leurs couleurs. C’est Plantes Fossiles. 4^^ dans une marne dure un peu bitumineuse qu’on trouve les poissons de Monte-Bolca , avec des fragmens de bois char- bonneux, et des feuilles déplantés terrestres, confondues avec des fucus de diverses espèces, quelques fruits quiparoissent avoir appartenu à des noix de palmier, et des morceaux de véritable sùccin ou karabé , renfermés dans le centre de la pierre même. La pierre de Vestena-Nova, dans laquelle on trouve également des poissons , des plantes et du succin , est plus dure et moins marneuse que celle de Monte-Bolca; d’énormes bancs d’une pierre calcaire blanche et dure, entièrement composée de petites ninnulites pétrifiées très- distinctes, recouvrent les pierres feuilletées qui renferment les poissons fossiles. Je ne connois rien de plus intéressant, ni de plus curieux que ce lieu remarquable, que j’ai parcouru dans tous les sens, le marteau à la main, avec des ouvriers du pays qui m’accompagnoient et qui connoissent parfaite- ment les parties de ces deux montagnes les plus riches en poissons et en plantes (i). Ce fut sur la place même que je formai rna première collection de plantes fossiles de Monte- (i) Les galeries géologiques du Muséum cl’histoire naturelle du Jardiudu Roi, renferinent la plus nombreuse et la plus riclie collection de ces poissons. J’en connois une seconde moins considérable, sans doute, mais bien nombreuse, et dont les poissons fossiles sont du plus beau cboix et d’une conservation qui ne laisse rien à désirer. J’ai eu le plaisir de voir cette belle suite d’ichthyolithes à Castel Gomberto dans le Vicentin , cliez M. Castelini , qui l’a formée et ne cesse de l’augmenter chaque jour; ce naturaliste estimable, qui est très-communicatif, recueille en outre tous les autres corps organiques fossiles du Vicentin et du Véronais, et rend par -là un grand service à la science. Le àoclear Scortigagna de Lonigo , et le comte Mazzari Penccati de Vicence, ont formé de leur côté de nombreuses et très-instructives collections des mêmes fossiles. Mém. dit Muséum, t, 2. 58 4^4 Plantes Fossiles. Boica et de Vestena-Nova; je l’augmentai ensuite par des acquisitions en ce genre que je fis à Vicence ainsi qu’à Vérone, où le sieur Somma-Gampagna , concierge du Cirq, et qui fait le commerce des productions d’histoire naturelle du Véronais et du Vicentin, m’en procura plusieurs d’une belle conservation; j’ai fait dessiner également avec un très- grand soin les plus remarquables de celles que possède le Muséum d’histoire naturelle du Jardin du Pvoi, et qui font suite aux poissons fossiles du Véronais; j’ai même fait graver déjà un grand nombre de ces dernières; celles des environs de Pioche-Sauve et de Chaumerac, dans le dépar- tement de l’Ardèche, sont prêtes depuis long7temps. J’at~ tendois pour publier ces deux singulières Flores , éloignées de plus de deux cents lieues de distance l’une de l’autre, mais qui ont un certain rapport par les productions volca- niques qui les accompagnent, j’attendois, dis-je, les lumières des botanistes habiles que je me fais un devoir de consulter; ce fut pour remplir ce but que je hasardai de publier dans les Annales du Muséum d’histoire naturelle^ tom. 2, pag. 339, une Notice succincte sur les plantes fossiles de Roche- Sauve; je les accompagnai de 10 figures l’éunies sur deux planches, avec l’opinion de MM. de Jussieu, Desfontaines, de Lamarck et Thouin, sur la détermination de quelques- unes de ces plantes; je fis connoître l’opinion de ces savans botanistes. Les Annales duMuséiun d’histoire naturelle qui circulent dans les diverses parties savantes de l’Europe , ayant réveillé l’attention de plusieurs naturalistes éclairés, je reçus de leur part des renseignemens très-instructifs relativement aux plantes il 'font .2. /^LA^f TE s / A' A' / /. K A' yy ^ ; I i!|!iwl!!!!i;"'"7 ■ ÏN I ,î§ '//i/>rfr/it’ r/iZ" Z' ■ ~ Zn/irruZ ijrroj-^t. ■ ZF Z . Z u/-trf/A< , Mun/ajfn ■ LuCERN AIRE C AMPANULÉE. 461 Gmelin et les auteurs modernes out copié Müller et Fa- bricius: ils n’ont pu citer une figure et une bonne descrip- tion de la L. auricule publiées par C. Müller, dans le 4®- fas- cicule de la Zoologie du Danneinarck , un aniinal du même genre, mal figuré et mal décrit par M, Montagu, dans les Transactions LinnéemiesiX)^ laplus grande de toutes les Lucernaires , bien décrite et passablement figurée par M. Fle- ming, dans les Mémoires de la Société fVevney'ienne (2). Ces ouvrages ont paru depuis ceux de MM. Bosc, Lamarck et Cuvier. Nos connoissances sur les Lucernaires se bornent donc à -ce qu’ont dit Fabricius, les deux Müller et M. Fleming; car M. Montagu n’a donné qu’une descz’iption très- incom- plète de l’espèce cju’il confond avec la L. auricule. Dans une de mes dernières courses sur les côtes du Cal- vados, où m’avoit accompagné mon ami M.-Gaillon, ama- teur distingué des sciences naturelles, j’ai été assez heureux pour trouver une Lucernaire, c[ue je crois nouvelle, puis- qu’elle n’offre point les caractères des espèces mentionnées par les auteurs; j’ai copié les figures cju’ils en ont données et j’ai l’honneur de les mettre sous les yeux de la Classe pour qu’elle puisse les comparer (3). (t) Transactions de la Société Linnéenne de Londres. {^Mémoires de la Société TV ernerienne de Londres; Contributions to the British fauna , by the Rev. John Fleming, tom. II, part. i,p. 248, lab. i8, fig. 1,2. (3) Notre usage étant de ne donner que des figures nouvelles, nous avons supprimé celles que l’auteur avoit copiées, et dont on trouve l’indication dans son Mémoire. Nous avons conservé cependant la figure 8 , qui est nécessaire pour l'intelligence du texte. {Note des Rédacteurs,") Mém. du Muséum, t. 2. 5g Lucernâire campanulée. La Lucemaire des côtes du Calvados, que je nomme cam- panulée à cause de sa forme, ressemble à une petite cloche, ou mieux encore à une fleur de belle-de-nuit, dont le limbe, au lieu d’être entier, est divisé en huit rayons , placés à une égale distance les uns des autres, longs d’environ 4 milli- mètres, avec l’extrémité ornée de trente tentacules pistilli- formes , à sommet plane ou ombiliqué. Le tube, ordinairement d’un centimètre à un centimètre et demi de longueur, est parfaitement cylindrique; sa base plane, membrano-cartilagineuse, sert à l’animal pour s’atta- cher aux plantes marines. La surface supérieure du corps est parfaitement unie ; on n’y trouve ni tubercules, ni rides, ni plis. La partie inférieure est un peu concave ; elle offre au centre un tube diaphane, long d’environ 2 millimètres, dont le bord est divisé en quatre parties lancéolées, ondulées et aiguës; ce tube renferme dans son épaisseur quatre corps jaunâtres ; il m’a été impossible d’en apprécier la forme et la nature à cause de la molesse des parties. Au fond de ce tube est une ouverture ronde, pratiquée dans la membrane inférieure du corps de l’animal, et contre laquelle vient s’appliquer la bouche, formée de plusieurs corps presque opaques et discoïdes, liés ensemble par une substance membraneuse irritable; de sorte que cet animal peut à volonté ouvrir ou fermer sa bouche , et écraser les animalcules dont il fait sa nourriture au moyen de parties solides qui l’entourent. La longueur totale de cette espèce varie de 3 à 4 centi- LuCERNAIRE CAMPANULÉE. 4^3 mètres; lorsque les rayons sont ouverts, son diamètre ne dépasse jamais 3 centimètres. Les tentacules placés à l’extrémité des rayons ont environ 2 millimètres de longueur; la partie supérieure demi-sphé- rique, d’un rouge vif et foncé, est portée sur un pédicelle grêle, cylindrique, blanchâtre et diaphane. La couleur de la L. campanulée est un rose pâle et terreux avec des points rougeâtres, relevé par le rouge vif et foncé de huit corps intérieurs intestiniformes, partant de deux en deux de la base du tube, et se dirigeant chacun vers un des huit rayons. Lorscpi’on renverse l’animal on voit ces corps encore plus distinctement; ils paroissent fixés à huit bandelettes qui semblent prendre leur origine à la bouche même de la Lucernaire, toujours par paires, placés à droite et à gauche, et se dirigeant ensuite vers chaque rayon; leurs ondulations fout saillie sur la membrane de la surface inférieure, beau- coup plus mince que celle de la surface supérieure. Sur les bords du limbe et sur cette surface inférieure, on observe une grande cjuantité de points ronds ou ovales, d’une couleur blanche avec des reflets métalliques. La base par laquelle les Lucernaires s’attachent aux corps, paroît formée d’une membrane particulière; on y distingue facilement des fibres concentriques. Elles se fixent indifféremment sur toutes les thalassiophy tes; j’en ai trouvé sur des plantes des ^emesjïiciis , uha et con~ fen>a de linné. Les unes étoient pendantes, d’autres dans une situation verticale, il y en avoit même d’horizontales; ^9" 464 Lucernaire campanulée. dans le vase où je les ai conservées plnsieurs jours, elles m’ont présenté cette variété dans leur position. La lumière u’alFecte pas les Lucernaires d’une manière sensible 5 exposées au soleil , ou portées dans le lieu le plus reculé de l’appartement, ellesne changeoient pas de situation. Ayant voulu étudier les mouvemens de ces radiaires, j’ai observé que du sable jeté dans l’eau dans lacjuelle elles vivoient, et sur la surface de leur corps, n’excitoieut pi;esque point l’irritabilité de ces êtres singuliers; ayant touché les tentacules avec un poinçon , ces organes ne rentroient point dans le corps de l’animal, mais se couchoient sur la partie inférieure du rayon; si j’aügmentois ou si je prolongeois l’ir- ritation, le rayon attaqué se replioit vers la bouche, les autres restoient étalés. Lorsque je portois le poinçon sur le bord du limbe, au centre de la courbure qui existe entre deux rayons, ceux-ci se replioient latéralement pour embrasser et saisir ce corps étranger; enfin si je continuois trop long-temps mes expériences, tous les rayons se replioient à la fois, et la Lucernaire offroit alors la forme d’une poire portée sur un gros pédoncule , ainsi qu’on le voit dans la figure 2. Ces animaux exposés à l’air, n’étalent jamais leurs rayons, et perdent leur forme, h cause du peu de consistance des parties qui entrent dans leur composition. J’avois la précaution de changer l’eau de mes Lucernaires deux fois par jour; dans un vase cjui ne contenoit cp’un de ces animaux, ce dernier exécuta des mouvemens cpime pa- rurent extraordinaires dans un être d’une consistance aussi molle, immédiatement après cpe j’y eus mis de l’eau nou- velle; avec la loupe je m’aperçus que ces mouvemeus étoient LuCERNAIRE CAMPANITLÉE. 4^5 Causés par la présence d’un animalcule c[ue la -Lucernaire Sembloit poursuivre en se portant à droite et à gairche, pour tacher de le saisir 5 toutes les fois qu’il s’éloignoit à la distance d’environ un pouce, la Lucernaire cessoit tout mou- vement; s’il se rapprochoit, la chasse recommençoit de suite, et les mouvemens étoient vifs et prompts : l’animalcule fut enfin saisi par, les tentacules d’un des rayons, qui à l’instant se replia vers la bouche; les autres restèrent toujours étalés; ce rayon reprit peu à peu sa position ordinaire. M’étant procuré d’autres animalcules , je les donnai à mes Lucernaires, et j’eus le plaisir de voir leurs mouvemens se répéter avec les mêmes circonstances. L’intérieur de cet animal devoit être intéressant à con- noître, j’essayai de le disséquer; mais n’ayant pas une assez grande habitude de ces travaux délicats et difficiles, cette partie de mon Mémoire sera très-incomplète, je me borne- rai à décrire ce que j’ai vu. Ayant ouvert le corps d’une Lucernaire longitudinalement, j’ai trouvé un sac oblong, cjui, partant de la bouche, se prolongeoit dans le tube presque jusqu’au disque par où l’animal s’attache. Ce sac, que je considère comme l’estomac, étoit plus étroit inférieurement que dans la partie supérieure; la membrane dont il étoit formé paroissoit mince, diaphane, parsemée d’un grand nombre de fîlamens, se dirigeant dans tous les sens et que l’on regardera sans doute comme des vaisseaux. De la surface de cet estomac partoient les huit corps en forme d’intestins que l’on apercevoit à travers la peau extérieure, et qui se fixoient presque de suite sur un même nombre de bandelettes, larges d’environ un demi- 466 Lucernaire campanulée. millimètre, et d’une substance membrano-flbreuse; ces ban- delettes réunies par paires, sembloient attachées près de la bouche, se relevoieut ensuite vers la partie supérieure du corps, et se terminoient à l’extrémité des rayons. De la membrane extérieure du corps ou de la peau, et de ces bandelettes, part une membrane très- mince qui envi- ronne et renferme dans une sorte de poche le corps intes- tiniformej ce dernier n’ayant point d’ouverture à l’extrémité doit être considéré comme un cæcum; la bandelette à la- quelle il est attaché feroit les fonctions de mésentère, et le sac remplaceroit les épiploons : la forme et l’organisation de ces parties sont subordonnées à celle de l’animal et à sa ma- nière de vivre. J’ai coupé ce sac avec la pointe d’une lancette, j’ai déta- ché le cæcum de sa bandelette et sa longueur a presque doublé. Ces organes, dans les Lucernaires vivantes, présentent quel- quefois des mouvemens singuliers ; dans certains momens les pelotonnemens disparoissent dans la partie inférieure et aug- mentent dans la partie supérieure ; d’autres fois le contraire arrive; rarement observe-t-on ces mouvemens dans deux cæcums à la fois. Ayant ouvert un de ces corps, je Fai trouvé rempli d’une matière d’un rouge vif, d’une consis- tance grenue; les grains, vus au microscope, n’affectoient aucune forme particulière et n’olfroient aucune trace d’or- ganisation. Dans l’intervalle des poches qui renferment les cæcums, entre la membrane supérieure et l’inférieure, s’observent des vides assez grands, très -faciles à voir, et dans lesquels on LuCERNAIRE CAMPANULÉE. 467 trouve quelquefois des corps étrangers; j’ignore par où ces corps ont pu pénétrer : y auroit-il irn intervalle entre la bouche et l’ouyerture de la membrane inférieure : cela pour- roit être, et ce seroit analogue à ce que l’on observe dans d’autres animaux; la bouche se retireroit alors dans l’inté- rieur du corps , ou se porteroit vers l’ouverture de la sur- face inférieure, au gré de l’animal ; dans le premier cas il y auroit un vide entre la bouche et l’ouverture de la mem- brane inférieure par où auroient pu pénétrer les corps étrangers et les animalcules que l’on trouve dans les vides qui existent entre les cæcums. La peau ou membrane extérieure du tube est poiarvue d’une certaine quantité de vaisseaux c[ui se ramifient et di- vergent vers les extrémités. Sur le bord du limbe on remarque une bandelette fibreuse, dont les filamens parallèles à la direction des courbures , sont plus apparens près des rayons qu’au centre ; à l’extrémité de ces derniers un voit également des fibres , qui semblent se perdre dans le corps de l’animal. D’après la direction de ces fibres, on peut expliquer les mou- vemens qu’exercent les Lucernaires ainsi que ceux de leurs tentacules. M. de Lamarck a classé les Lucernaires dans la première section des Radiaires molasses; je crois qu’on doit les placer dans la seconde , puisqu’elles sont régulières dans leur forme et qu’ elles ne contiennent point de corps qui persiste après leur destmction. Les organes de la digestion n’ont cju’une seule ouverture. Lesmouvemèns des Lucernaires semblent dépendre d’elles- mêmes, puisqu’elles peuvent se transporter d’un lieu à un 468 Lucernaire campanulée. autre, et poursuivre leur proie à distance; ces mouvemens ne sont ni mesurés ni constans , mais plus ou moins rapides et variables. Leur peau paroît dans certaines parties mobile et irritable; leur corps est allongé, cyliudracé et contractile. Les organes spéciaux intérieurs sont libres et distincts, dans une cavité qui leur est propre ; tous ces caractères rapprochent les Lucernaires des Actinies, ainsi que l’avoit indiqué Ch. Müller dans la description de la L. auricule, sans dire cependant les raisons de ce rappi’ocliement. Ces deux genres d’animaux ont une bouche centrale; ils s’attachent à volonté et adhèrent avec plus ou moins de force. Les uns, comme la L. auricule, laissent une marque sur la plante à lacjuelle elles étoient fixées; les autres, comme la L. campanulée , s’en détachent par le poids de leur corps : cette adhérence s’opère-t-elle par succion, ou par une hu- meur particulière c[ui suinte du corps? L’abbé Dicrjuemare, qui a si long-temps observé les Actinies , pense que ces ani- maux adhérant même après leur mort, ne peuvent le faire par succion ; en est-il de même des Lucernaires ? D’après l’ana- logie c[ui existe entre ces animaux, on seroit jîorté à le croire; mais n’ayant jamais vu de substance intermédiaire entre la base des Actinies et le corps aucjuel elles sont fixées, ayant observé avec attention l’organisation de cette base, je ne crois pas devoir adopter l’opinion de l’abbé Dicquemare, et je pense qu’il faut attribuer l’adhérence des Actinies ainsi que celle des Lucernaires , à une cause mécanique et non à une substance intermédiaire; si cette substance existoit, l’animal se détacheroit difficilement lorsqu’il veut se trans- Lucerkaire CAMPASULÉE. 4^9 porter d^un lieu à un autre; il est vrai qu’il adhère encore lorsqu’il est privé de la vie, mais cette adhérence ne dure qu’un certain temps; on peut l’attribuer à l’organisation par- ticulière de la base du corps des Lucernaires et des Actinies, et à l’humeur mucilagineuse qui recouvre tous les animaux marins de quelque genre qu’ils soient; cette sorte de muci- lage empêche l’eau et l’air de pénétrer entre la base et le corps sur lequel l’animal est fixé, et l’adhérence persiste tant que cette humeur existe. Les Lucernaires et les Actinies perçoivent-elles la lumière? D’après Bruguière les Actinies ont l’oi’gane de la vue placé au sommet des tentacules, et^’ai vu les Luceimaires poursuivre à distance les animalcules dont elles font leur nouniture ; mal- gré ce fait, malgré l’opinion du zoologiste français, je ne crois pas cjue ces animaux jouissent de la faculté de voir, j’attribue leurs mouvemens à l’irritabilité excessive des ten- tacules et non à une autre cause. Dans les Lucernaires, les mouvemens des tentacules sont indépendans les uns des autres; ils ne rentrent point dans l’intérieur du corps , ils se replient sur la surface inférieure du rayon, et ce dernier vient se placer autour de la bouche; il en est de même dans les Actinies. Dans les uns et dans les autres, le corps se porte de fous les côtés, au gré de l’animal. Dans les Radiaires, le canal intestinal, quoique très-impar- fait, puisqu’il n’y a le plus souvent qu’une seule ouverture, est néanmoins compliqué d’appendices rayonnaus, vasculi- formes, nombreux et souvent ramifiés. Les Actinies et les Lucernaires nous en offrent des exemples : les premières Mém. du Muséum, t. 2. 60 470 Lucernaire campanülée. paroissent avoir les intestins d’une grosseur toujours égale et filiformes; les secondes ont un estomac duquel partent huit cæcums ou appendices intestinaux, très-volumineux eu égard à la grosseur de l’animal, et présentant les circonvo- lutions, les pelotonnemens qui caractérisent les véritables intestins. Ainsi les Lucernaires, d’après leur forme, leuE organisation, leur manière d’exister, doivent être réunies aux Actinies et former avec elles un groupe particulier dans la section des Radiaires molasses régulières. Je termine ce Mémoire par la monographie du genre Liicemaria. Genre LUCERNARIA. LUCERNAIRE. Corps campaniforme , gélatineux et fugace; tube cylindrique; limbe évasé, divisé en buit rayons rapprochés par paires, ou à une égale distance les uns des autres; tentacules nombreux et pistilli- forraes situés à l’extrémité des rayons. Bouche centrale-, tube intestinal à une seule ouverture avec huit ap- pendices rayounans intestiniformes; des fibres musculaires et des nerfs pour les sensations et les raouvemens. Espèce. Lucernaire fasciculaire. Tube long, foible, cylindrique, à surface unie; rayons réunis deux à deux; bandelette inférieure très-apparente, se divisant aux trois quarts de sa longueur; plus de cent tentacules à chaque rayon. L. fascieularis. J. Fleming, Mém. Soc. Wern. tom. II, part, i, pag. 248, tab. i8, fig. 1-2. (Ojîs.) Celte espèce, la plus grande de toutes, est remarquable parla lon- gueur du tube, la largeur des bandelettes intérieures auxquelles les coeeums ou Lucernaire CAMPANULÉE. 4?^ appendices intestinaux sont attachés, la forme du corps presque quadrattgulaire, le nombre des tentacules ; elle est ordinairement pendante , la longueur du tube et le peu de cpnsistance de cette partie l’empêchant de se tenir redressée. Elle a plus de rapport avec la L. quadricorne qu’avec les autres espèces; elle en diffère par le nombre de ses tentacules, la grandeur générale et le faciès, caractères faciles à observer même d’après les figures que Muller et M. Fleming ont données de ces animaux, et qui ne permettent pas de les confondre ensemble. I, a Lucernaire fasciculaire se trouve sur les côtes d’Angleterre, attachée aux feuilles des Laminaires digitée et comestible {fuc. digifatus , esculentus ,ÏÀn:). Elle est commune en Zélande. 2,*. Esp. Luc. QUADRICORNE. Tube ridé transversalement; rayons rapprochés par paires et divisés seulement à l’extrémité; tentacules au nombre de quarante. L. quadricomis. Mull. Prodr. Zool. dan. ayS-i. — Rav. i,p. 102. — Zool. dan., tom. I, p. lôy , n. 72 , tab. 3g, fig. 1-6. ■ — Lesk. Naturg. 1 , p. 5o^, tab. 10, fig. 5. Gmel. Syst. nat., p. 3i5r. — Bosc, Vers , vol. II, p. i5i , plan. 18, fig. 3. de LamL Syst. des Anim. s. vert. p. 354. — Encyc. métb. pl. 89, fig. i3-i6. (Obs. ) Cette espèce, la première de ce geni’e qui ait été connue, se trouve sur les thalassiopbytes des côtes de Norvège ; elle diffère de la L. fasciculaire par la grandeur, le nombre des tentacules, et les rides que l’on observe sur le tube; il est probable que les figures qu’a données Müller ont été dessinées d’après un Individu dégradé , car le tube contourné que l’on donne à cet anima! ne peut exister dans l’état naturel; l’analogie, les fonctions de cette partie, l’organisation même, tout semble s’y opposer; cependant tous les auteurs ont copié ces figures, faute sans doute d’en avoir de meilleures. 3'. Esp. L. AURICULE. Tube lisse; rayons uniformément espacés; limbe non réfléchi; soixante tentacules à l’extrémité de chaque rayon. £. auricula. Ot. Fabricius, Faun. Groenl. p. 34i. Holoturia lagenam referens, etc. Müll. Prod. 2812. 60* 4-72 Lucernaire campanülée. X. auricula. Ginel. Syst. nat. , p. 3i5i. .. c. Müll. Zool. dan. lom. IV, p. 35 , tab. i52, fig. 1-3. Bosc, Vers, vol. 2, p. i52. (Obs. ) La L. auricule originaire des côtes du Groenland et de Norvège a été bien décrite par O. Fabricius et C. Muller et bien figurée parce dernier; elle diffère des' deux premières espèces par la forme générale du corps et par les rayons uniformément espacés, et des suivantes, par le limbe non réfléchi et le nombre des tentacules. Entre chaque rayon, au centre de la courbure, on observe de petites vésicules ovales réfléchies, qui paroi.ssent à certaines époques et disparoissent ensuite ; M. Montagu les a vues sur l’espèce qu’il a décrite; celle qui fait l’objet princi- pal de ce Mémoire en étoit dépourvue; d’après ce que les auteurs ont dit de ces corps vésiculaires, je crois qu’on doit les regarder comme des ovaires. 4'. Esp. L. CAMPANÜLÉE. Rayons uniformément espacés; limbe réfléchi; trente tentacules au plus à l’extrémité de chaque rayon. — Fig. i-8. L. auricula. Montagu, Trans. Linn. vol. IX, p. ii3, tab. 7, fig. 5, variété à 7 rayons, figure mauvaise. ( Obs. ) Je regarde cette espèce comme nouvelle, quoique je ne doute point qu’elle ne soit la même que celle de M. Montagu; je crois être fondé à la re- garder comme telle d’après la mauvaise figure qu’il en a donnée et dont je donne la copie et le vague de sa description; il se borne à dire qu’elle est pellucide, verte, brune, pourpre ou jaune, avec un pédoncule court, cylindrique ou sub- angulaire, des bras ordinairement au nombre de huit, entourant la bouche, réunis presque jusqu’au sommet par une membrane mince; que de l’extrémité de chaque bras partent de nombreux appendices courts et en forme de clou ; qu’entre chaque bras sur le bord du limbe est une petite vésicule ovale ré- fléchie; que la longueur et la largeur sont de trois quarts de pouce; que les bras de ces animaux sont dans un mouvement continuel pour saisir leur proie, et la porter à la bouche; enfin qu’il la regarde comme la L. auricule de Fabricius. D’après cette description, d’après la figure, il est facile de voir que la Lucernaire de l’auteur anglais diffère de celle de Fabricius, et qu’elle a plus de rapport avec la L. campanülée. 11 est vrai qu’il existe quelque différence entre ces deux ani- maux ; d’abord la grandeur, caractère peu essentiel; ensuite la forme du tube sub-angulairedansl’unet cylindrique dans l’autre, erreur qui provientpeut-être LuCERNAîRE CAMPANULÉE. 4;^ la manière d’observer , ou de îa contraction momentanée de celle partie du corps ; enfin les petites vésicules ovales réfléchies qu’il a trouvées entre chaque rayon. Ot. Müller et M. Feming ne parlent point de ces vésicules, je ne les ai point vues sur les individus que j’ai observés, et Ch. Müller dit qu’elles sont accidentelles, qu’on ne les trouve qu’à certaines époques. La figure diffère encore plus que la description; le tube y paroît articulé, sans doute par la faute du dessinateur; les rayons sont au nombre de sept; l’auteur anglais se sert de ce caractère pour constituer une variété, je crois devoir ajouter accidentelle, car la symétrie des parties dans ces animaux, sy- métrie que l’on peut observer dans toutes les espèces, s’oppose à ce que l’on re- garde comme devant caractériser une variété constante, le nombre impair des rayons. Malgré ces différences, il est probable que M. Montagu a observé un animal semblable à celui des côtes du Calvados; mais ne trouvant pas dans ce qu’il a dit de quoi constituer une espèce, et la sienne étant évidemment différente de la L. auricule , je me borne à le citer à l’article de la L. campanulée. 5*. Esp. L. PHRYGIENNE. Corps allongé, mammeloné; rayons nombreux ef globiferes, se courbant en hémisphère; hase fixée. L. phrygia. Ot. Fabricius Faun. Groenî. p. 343. Gmel. Syst. nat. p. 3i5i. . — — Bosc, Vers, vol. II, p. lôa. ( Obs. ) O. Fabricius est le seul auteur qui fasse mention de cette espèce; il l’a trouvée sur les ibalassiopbytes on plantes marines du Groenland. D’après la description qu’il en a donnée je serois tenté de la regarder comme appartenant à un autre genre; mais aucun naturaliste n’ayant observé cet animal, et ne le connoissant que par le peu de mots qu’en dit Fabricius, je crois devoir me borner à indiquer mes doutes afin de fixer sur cette Lucernaire l’attention des voyageurs que l’amour des sciences attirera dans ces contrées lointaines et dis- graciées de la nature. 474 NOTE SUR LA DIFFLUGIE, NOUVEAU GENRE DE POLYPE AMORPHE. « PAR M. LECLERC. Présentée à l’Académie Royale des Sciences. Dans son excellent ouvrage sur les animalcules infusoires, l’illustre Müller revient souvent sur la dilEculté des obser- vations microscopiques. Que de fois ( à l’article d’un de ces animaux qui avoient plus particulièrement exercé sa pa- tience), que de fois, s’écrie-t-il, n’ai- je pas consumé de longues heures à des observations sans résultat ! Les travaux de ce grand naturaliste ont merveilleusement aplani une route presc[ue sans issue avant lui; et cependant qui n’a répété mille fois son exclamation en s’efforçant de suivre de loin ses glorieuses traces. Buffon exige avec raison que pour ^ ‘ bien décrire un objet l’on puisse successivement le considé- rer sous toutes ses faces. L’on n’a point cette ressom’ce au microscope ; il faut se contenter de voir la partie que l’ani- mal veut bien nous présenter; et trop souvent lorsqu’on tente de le placer dans une position plus favorable, ce zèle indiscret est-il puni par la disparition de l’objet que vous vous efforcez: vainement ensuite de retrouver dans le champ du microscope. Au moment de vous présenter la descriptioq I Difflugie. 47^ d’un animal ( je ne dirai pas seulement sur le genre, mais sur la classe même duquel je suis indécis), ces réflexions préliminaires ne vous paroîtront peut-être pas déplacées, puisqu’elles seront l’apologie de l’imperfection de mes re- cherches, que je suis le premier à recounoître. Je me hâte d’ajouter, dans le même but, que l’animal dont il s’agit n’at- teint jamais plus d’un dixième de ligne, et que rarement même il offre une aussi grande dimension à l’observateur. Cet animal ou plutôt donc cet animalcule, se rencontre fréquemment dans les eaux pures peuplées de plantes aqua- tiques, entre lesquelles il se meut avec une extrême lenteur. 11 s’y est présenté à moi dans deux états très-difïérens , tous deux exprimés dans les figures jointes à cette note. Dans le premier, on aperçoit un petit têt assez analogue en appa- rence à celui de quelques mollusques. Dans le second, et il est le plus commun, surtout lorsque l’animal a atteint toute sa grandeur, ce têt qui sans doute exsude une matière glu- tineuse ne présente plus que l’apparence d’une espèce de cône tronqué recouvert le plus souvent d’un très- grand nombre de très-petits grains de sable, et plus rarement de quelques fragmens de végétaux. Dans les deux états on voit sortir par l’ouverture du têt ou la troncature du cône de longs bras d’un beau blanc de lait dont la grosseur, le nombre et la disposition varient à chaque minute. Quelque- fois même l’animal les retire tout-à-fait dans ce que j’hésite à appeler sa coquille , et alors aucun œil si pénétrant qu’il fût ne pourroit soupçonner son animalité. Mais bientôt on en voit de nouveau s’échapper une masse blanche qui tantôt s’allonge en un seul bras , fig. 2 , et tantôt en un beaucoup 476 Difflugîe. plus grand nombre, fig. 2', que j’ai même vu s’élever jusqu’à dix 5 mais leur plus grande multiplication se compense tou- jours par leur moindre longueur. Ces bras partent ordinai- rement d’une espèce de collet assez peu sensible, qu’on voit rarement dépasser l’ouverture du têt, mais quelquefois aussi ils se ramifient eux-mêmes, fig. 2 (a), fig. i' (a). Ce sont les seuls organes que m’ait présentés notre petit animal, et leur blancheur, qui se rapproche beaucoup de celle du lait , les rend fort difficiles à apercevoir. Au premier moment je crus voir se développer les -tentacules d’un petit mollusque; j’y cherchai même, mais bien inutilement, les yeux que je sup- posois devoir les couronner. DejDuis, tous mes efforts pour y apercevoir des cils analogues à ceux des autres animalcules n’ont pas été moins infructueux. Je dirai la même chose de mes tentatives pour découvrir sa composition intérieure, composition qui m’auroit éclairé sur la place que je devois lui attribuer. Cet animal m’a passé mille fois sous les yeux, et cependant je suis donc encore dans une ignorance com- plète sur tous ses organes essentiels, et je ne saurois même dire de quoi et comment il se nourrit. Dans cette obscurité j’ai donc dû m’arrêter au caractère le plus saillant qu’il me présentoit; je veux pai’ler de la merveilleuse difflaenoe de ses bras, diffluence qui n’a aucun rapport avec le dévelop- pement et la rentrée successive des tentacules des mollus- ques qui présentent une régularité fort étrangère à l’animal que je décris. Je crois donc, jusqu’à plus ï^mple examen, et sans attacher aucune espèce de prix à mon opinion, qu’on pourra le faire servir à l’établissement d’un nouveau genre, dans la classe des infusoires, voisin des protées et que j’ap- Difflugie. 477 pellerai difflugie, difflugia, de la singulière propriété de l’animal qui sort sous toutes les formes de son test, comme du lait versé plus ou moins lentement du vase qui le contient. Long, 4^ lin. Têt imitant quelquefois celui des mollusques , plus souvent entièrement recouvert de petits grains de sable. Organes extérieurs : bras d’un blanc de lait, présentant un changement perpétuel dans leur longueur, leur disposition et leur nombre, qui quelquefois s’élève jusqu’à dix. ^ Je n’ai rien pu apercevoir sur sa composition intérieure. Son mouvement est très-lent. Il y a long-temps que j’ai observé cet animal pour la pre- mière fois 5 mais le trop imparfait résultat de mes observa- tions m’ôtoit le courage de les publier. Enhardi toutefois par les conseils de M. Bosc, sous l’égide duquel je suis bien aise de mevréfugier, enhardi, dis-je, par les avis d’un naturaliste aussi distingué, qui pense que les observations imparfaites, mais où l’on ne dit que ce qu’on a vu, ne sont pas sans fruit pour la science, je me suis enfin décidé à vous présenter cette Note. Au reste, je suis loin de croire ma tâche finie, et pour avoir appelé l’attention des naturalistes sur ce singulier animal qui, sans doute, a passé bien des fois inaperçu sous la lentille de l’observateur, je ne me crois pas dispensé de lui consacrer de nouveau la mienne, et je vais m’efforcer d’arriver enfin à quelques résultats plus satisfaisans que ceux que je suis réduit à vous présenter aujourd’hui. Mém. du Muséum, t. 2= 6i Difflugie. 478 EXPLICATION DES FIGURES. Fi&. 1. bijflugie. Je n’ai pu suivre ce que je suppose la spire de la coquille plus loin que ne l’exprime ma figure. L’animal avoit ses bras retirés, mais on apercevoit dans l’intérieur du têt une masse grisâtre que j’ai représentée en {a). Fig. 2'. La même coquille en partie recouverte de petits grains de sable, et en partie de fragmens confus, dont ilétoit difficile de distinguer la nature. Fig. 2 et 5. Le même entièrement recouvert de petits grains de sable. Dans la figure on n’aperçoit qu’un seul bras fort allongé. Dans la seconde, le nombre des bras devenus plus courts et plus effilés s’est multiplié. On re- marquera en [à) un bras ramifié lui-même. Fig. 4. Cette figure représente deux Dijflugies accolés comme il m’est plusieurs fois arrivé d’en rencontrer. Dans cet état, j’ai en vain. tenté de les séparer avec la pointe d’une aiguille. L’on peut donc supposer que c’est un accou- plement, mais il est triste d’en être toujours réduit aux suppositions avec ces infinimens petits. FigI 5. Parmi les Difflugies précédens, j’en ai rencontré quelques autres dont la forme est constamment plus allongée ( fig. 4, A, B, C ), et dont la partie obtuse du cône (arrondie dans les figures 2 et 2') se termine toujours par wne éminence pointue. B. Est-ce une seconde espèce, une variété, ou tout simplement un autre aspect sous lequel se présente l’animal ? Quoi qu’il en soit tous ceux que j’ai observés m’ont paru très-recouverts de petits grains de sable. Mais la constance dans le plus grand allongement du têt et dans la forme de la pointe supérieure m’empêche de croire que cette apparence puisse être le simple effet du hasard dans l’agglutination de ces grains. J)IFFZ17GIE . 479 NOUVELLE RELATION » DesDécoupertes faites dans la Nouçelle-HoUande^ à F Ouest des Montagnes 'Bleues y en açril et mai i8i5. N ous avons traduit;, page 241 de ce volume^ la Relation publiée à Sydney -Cove des découvertes faites au Sud des Montagnes-Bleues. M. Royer, employé au Muséum, s’étant procuré depuis une Relation manuscrite du même voyage, écrite en anglais par un de ceux qui faisoient partie de l’ex- pédition, il a bien voulu la traduire et nous la communi- quer. Nous y avons trouvé des particularités intéressantes dont il n’est pas question dans la relation officielle. C’est ce qui nous détermine à la placer ici. Le Gouverneur et les personnes qui l’accompagnoient s’étoient réunis à Regent’ s-ville, habitation située sur la rive droite du Népéan, à 4o milles à l’Ouest de Sydney. Cet en- droit avoit été choisi pour le point de départ. Dès la veille on avoit fait passer la rivière aux charriots et voitures ; les chevaux et tout l’attirail de campagne se trouvoient ainsi disposés sur l’autre rive. 61 48o Découvertes A II heures, le Gouverneur et sa suite traversèrent dans deux embarcations et l’on se mit en route. Arrivés à l’arbre qui indiquoit le 3®. mille, nous commen- çâmes à monter. La pente nous parut assez douce, le chemin étoit très-beau. Les trois premiers plateaux ofFroîent d’assez bons pâturages, eu égard à l’aspect brûlé que présentoient presque partout les herbes et les arbrisseaux qu’une séche- resse extraordinaire faisoit dépérir. Nous ne vîmes de l’eau nulle part. Les arbres nous parurent semblables à ceux qui croissent entre Sydney et South-Head. Le sol, maigre et peu profond, est mêlé de grès et de pierres ferrugineuses. Nous arrivâmes à la première station à midi et demi. Nous y trouvâmes un sergent de vétérans qui fit sortir sa petite troupe pour recevoir le Gouverneur. Nous vîmes avec plaisir sa jolie maison, près de lac{uelle est un jardin, dans lequel il cultive les plantes les plus agréables du pays. Au-delà du lo®. mille le sol et le pâturage sont d’une meilleure cjualité, jusqu’au i^i®. mille, à partir duNépéan. Nous trouvâmes ici le grand eucalyptus et le casuarina d’une hauteur prodigieuse; nous découvrîmes aussi en cet endroit une ti'ès-belle source dont les eaux nous semblèrent légèrement ferrugineuses. Ce lieu fut nommé Spring-TVood par le Gouverneur, qui y fit dresser sa tente. Le thermomètre ( de Farenheit ) étoit à 56. Le baromètre à 29. Le 27 avril de grand matin, nous fîmes partir le trou- peau de bœufs et de moutons qui devoir nous servir de nourriture pendant le voyage. Nous avions aussi deux vaches laitières. I DANS LA Nouvelle-Hollande. 4^i A 9 heures, cinq charriots tirés par des taureaux et rem- plis de vivres partirent suivis de sept autres charriots con- tenant le bagage. Ces espèces de voitures étoient disposées de manière qu’ elles pouvoient nous servir d’abri en cas de mauvais temps pendant le jour, et que nous y trouvions un très-bon coucher pendant la nuit. A II heures, le Gouverneur et madame Macquarie par- tirent dans leur voiture attelée de quatre chevaux et précé- dée par les cavaliers. La montagne présenta ici le même aspect qu’à jusqu’au 17e. niilleoù nous eûmes à parcourir une descente assez rapide qui nous conduisit au-delà du premier pont cpii fut nommé de suite Blitff-Bridge. Le chemin jusqu’au 26e. mille est montueux et pierreux. Il est pratiqué sur la crête d’une montagne dont, en plusieurs endroits, la largeur n’excède pas deux fois celle de la route, ayant de chaque côté des précipices effrayans. C’est au i8e. mille environ que nous trouvâmes la pile de pierre , que le Gouverneur appela Calej’s-Repulse , parce qu’elle marque le point où ce hardi voyageur fut obligé de s’arrêter. Arrivés au 26e. mille, nous découvrîmes une belle plaine, qui nous offrit le point de vue tout à la fois le plus étendu et le plus sauvage qu’il soit possible d’avoir. Le lien où nous étions fut nommé the Rings table land. Nos ingénieurs calculèrent que la vallée sur laquelle il dominoit pouvoit être à 2000 pieds au-dessaus de nous. Elle avoit une étendue de 28 milles sur 5, à partir des Natie-mountams jusqu’au passage par où nous descendîmes dans ce nouveau pays. La majeure partie du sol nous parut être un pâturage boisé 48a Découvertes assez inégal, et nous pouvions distinctement apercevoir qu’il étoit traversé par une rivière assez considérable. La descente des deux côtés de cette surprenante vallée étoit prescjue perpendiculaire. Le côté par où nous allions descendre étoit boisé dans l’ordre le plus admirable. De chacune des assises du rocher jaillissoit, pour ainsi dire, une zône d’arbres qui dilFéroient de nature et de dimension, suivant l’élévation qu’ils occu- poient, et formoient autant de lignes d’une riche verdure qu’il y avoit de ces assises ou couches de rochers, jusqu’à environ 2 0 2:)ieds du sommet. Le Gouverneur donna à ce vallon le nom de Regenfs-Glen. Nouscontinuàmesnotre route etnous arrivâmes à la station du 28*5. mille. Nous y trouvâmes une caserne, un magasin du Gouvernement et une compagnie de vétérans. Cette supei’be vallée produit d’assez bons pâturages; elle est coupée par un grand nombre de ruisseaux d’eau vive. Nous en sui- vîmes le cours jusqu’à leur réunion en un seul courant, le plus rapide que nous eussions encore vu dans le pays. Guidés par son cours, nous arrivâmes jusque sur le bord du vallon dans lequel il se précipite. Nos ingénieurs évaluèrent à 1000 pieds la première chute : il est probable qu’elle n’est pas aussi considérable. Cepen- dant cette vaste nappe d’eau n’étoit plus qu’une vapeur avant d’avoir traversé ce premier espace. En repassant sur la montagne qui domine cette vallée, nous reconnrimes quelle étoit entièrement incrustée d’une espèce de cjuartz demi-cristallisé réuni en masses solides de différentes formes , auxquelles adhéroient fortement des cail- DANS LA Nouvelle-Hollande. 4^3 loux roulés ^ ces masses étoient en quelques endroits fracturées d’une manière bizarre , en pièces qui avoient 9 pouces de large sur une profondeur qui variait depuis 2 pouces juscfu’à ce qu’il fût impossible de la mesurer. Enfin l’aspect entier de cette montagne ne nous permit pas de douter que le Regejîf s-Glen ne soit d’origine volcanique. A notre retour, nous dînâmes dans le magasin du Gou- vez’uement, et nous nous disposâmes à y passer la nuit. L’importance de cette station détermina le Gouverneur à la choisir pour l’emplacement d’un village, et il lui donna le nom de J amieson s valley. Le lendemain 28 avril, nous nous mîmes eii route à neuf heures du matin. Arrivés au 23®. mille, nous fûmes frappés de la nouveauté et de la beauté du tableau c]ue nous pré- senta une montagne isolée, placée précisément au milieu du vallon, et qui s’élevoit au .même niveau que les montagnes d’alentour. La position singulière de cette montagne relati- vement à celles qui l’environnent, offrit à notre imagination une sorte d’analogie avec la situation où s’étoit trouvé le célèbre Pitt, et nous donnâmes à cette chaîne circulaire le nom de Pitfs amiihitheatre. Jusqu’au 4i®- mille, où nous nous arrêtâmes pour coucher, les montagues nous parurent formées de masses de granit couvertes de petits arbres, tous extrêmement atteints par le hâle. L’herbe y étoit d’une mauvaise qualité, et depuis c[ue nous avions dépassé le som- met de la montagne , les pierres ferrugineuses étoient rem- placées par des couches de granit. Le 29 avril, à 9 heures du matin, nous continuâmes notre route. Nous observions avec plaisir, à mesure cpie nous avau- 484 Découvertes cions, une nouvelle espèce eucalyptus de 20 à 8o pieds de hauteur, d’une forme très -élégante, dégagé de branches presque jusqu’au faîte, et dont le tronc lisse et droit s’amin- cissoit vers le haut. Ces arbres croissoient extrêmement serrés,' et comme ils s’étoient nouvellement dépouillés de leur pre- mière écorce, ils avoient un aspect blanchâtre qui ajoutoit à la délicatesse de leur forme : leur feuillage parfumoit l’at- mosphère. A l’exception d’un corbeau, de quelques ground garrots (perruche ingambe), et d’un ?,Q\IS.hellrbird ^ nous n’avions, de- puis notre départ de Spring-Wood, rencontré aucun oiseau ni aucun quadrupède propres aux montagnes. La superbe plante indigène que les naturels nomment le warratow, embothriinn speciosissmium , parvient ici à la hauteur de g pieds. Le 49®- mille nous conduisit sur le sommet de Mount^ Pass. Cette partie de la montagne fut nommée Mount- York. Nous mîmes pied à terre et nous conduisîmes nos chevaux par la bride pour descendre le Cox’s pass, ainsi nommé en l’honneur de M. Cox qui en avoit dirigé la construction. Ce chemin est d’environ un mille de long, et quelc[ues-uns des précipices qui le bordent sont si eflfrayans et si rapides, que l’on conçoit à peine comment on a pu parvenir à y pratiquer une route, qu’il a fallu tailler jusqu’à ï 4 pieds de profondeur, tantôt dans le roc vif, tantôt dans une pierre argileuse. Plusieurs morceaux de cette pierre exposés à l’air libre sem- bloient prendre une teinte d’un rouge oxidé. Cependant les eaux environnantes ne contenoient point de fer en dissolu- tion , et ces pierres n’étoient point attirables à l’aimant. V DANS LA Nouvelle-Hollande. 4^5 Nous arrivâmes sans accident au pied de ce passage et nous admirâmes le nouveau pays. Le sol y est léger et sablonneux, l’herbe y est abondante, haute et serrée, quoic[ue par touffes, ce qui paroît pro- venir de la quantité de petits morceaux de quartz parfaite- ment ronds et unis qui se trouvent généralement répandus sur la surface. Néanmoins en creusant la terre on ne s’aper- çoit pas que ces cailloux y soient en grande quantité ; d’où l’on peut augurer qu’un premier labour, en nivelant la sur- face du terrain , faciliteroit étonnamment le développement uniforme de l’herbe. ** Les productions fossiles sont ici bien différentes de celles à l’Est du Népéan. Les roches y sont presque toutes de granit, d’autres tiennent un peu du porphyre mélangé de quartz , d’autres enfin sont composées de cristaux et de grès. Les arbres, à très-peu d’exceptions près, sont des euca- lyptus, d’une espèce nouvelle, qui ne s’élèvent pas très- haut et desquels découle abondamment une gomme pourpre. Ils étoient clair-semés dans la vallée nommée Clwyd’s valley, qrd est d’à peu près 1 0,000 arpeus, et que pai’court un ruisseau d’eau très-saine. Le banksia a ici des caractères bien diffé- rens ; enfin presque toutes les plantes y sont nouvelles. Mais la saison n’est pas favorable pour herboriser, et il paroît que ce pays a autant souffert des grandes sécheresses queda partie qui est à fEst des montagnes. Arrivés à cinq milles du pied de la montagne , nous dres- sâmes nos tentes, et nous nous disposâmes à passer la nuit sur le bord d’une rivière considérable, à laquelle on donna Me'in, du Muséum, t. 2, 62 4 486 _ Découvertes le nom de M. Cox, qui l’avoit découverte et y avoit cons- truit un très-beau pont. C’est cette rivière que nous avions aperçue du Hegent’s-Glen. On doit peut-être attribuer les débordemens du Népéan à ce qu elle y verse ses eaux à en- viron un mille à l’Est de la JVarragwnba^ ou rivière de l’Ouest. Le 3o avril étant un dimanche, nous restâmes dans le même lieu. Le i^r. mai, à 9 heures du matin, nous parcourûmes le pays qui jusqu’au 8^. mille ne présenta rien de remarquable, et nous n’avions point encore aperçu d’habitans. Le pays commença à devenir ici plus montueux , nos chaiTiots et nos voitures y rouloient avec difficulté; enfin arrivés sur le soir au 2ie. mille, nous fîmes halte pour passer la nuit sûr les bords de Fish-Rwer. Quoique le pays que nous venions de parcourir fût très -montueux, il étoit cependant assez bien boisé et arrosé par de nombreux ruisseaux qui se rendoient tous dans la rivière de Cox. Une belle vallée, au i3e. mille, traversée par un de ces ruisseaux fut nommée Jainîeson s resting place, et la chaîne de montagnes qui la borde reçut le nom de Clarence. Nous prîmes dans Fish-River quelques gros poissons de l’espèce de la bass-perche. A 8 heures du matin , le 2 mai , nous traversâmes la mon- tagne de Fish-Rwer , qui a environ un mille et demi de long, et nous descendîmes dans un pays plat, légèrement boisé, qui avoit beaucoup de ressemblance avec la vallée de Clwyd. Le sol nous parut y être très -fertile, mais le quartz et le graviur y faisoient croître l’herbe par toufïés. DANS LA Nouvelle-Hollande. 4^7 Nous nous remîmes en route le 3 mai, vers les 9 heures du matin. Arrivés au 34®. mille , les cavaliers tournèrent à l’Est. Ils découvrirent les plaines à’O’Connell. En continuant notre route sur les bords de Fish-River, nous arrivâmes aux plaines de Macquarie. Elles présentent une étendue de' 20,000 arpens de terres labourables, les plus belles que nous eussions encore vues, et à l’abri des inondations. Cette belle pièce de terre est contiguë aux plaines de Bathurst. Nous suivîmes le cours de Fish-Rwer jusqu’à sa jonction avec Campbell-Rwer. Ces deux rivières forment ensemble la Macquarie. Nous fîmes halte au 41®. mille, sur le bord de la Campbell; où nous prîmes beaucoup de poisson. Nous aperçûmes des troupeaux de kanguroos, quelques émus ou casoards, et un nombre prodigieux de canards noirs, d’une chair excel- lente. Nous tuâmes quelques ornithorinques qui sont nom- breux dans cette rivière. Nous tirâmes aussi quelques oiseaux nouveaux : l’un d’éux étoit un cacatoès en miniature; il avoit quelque ressemblance avec le perroquet gris de la côte de Guinée, et sa tête étoit ornée d’une huppe rouge. On aperçut sur le bord de la rivière, au moment où ma- dame Macquarie arrivoit dans sa voiture, deux naturels, dont l’un étoit beaucoup plus jeune que l’autz’e. Notre ajjproche les alarma tellement qu’ils grimpèrent sur uu arbre pour nous éviter. Ils revinrent peu à peu de leur frayeur , descendirent et reçurent quelquesprésens queleur offritmadame Macquarie. Le sol sur les bords de cette rivière est excellent, et l’herbe y est extrêmement abondante , quoiqu’elle paroisse avoir beaucoup souffert par les sécheresses. 62* 488 Découvertes Le 4 mai, nous continuâmes notre route sur les bords de la rivière vers le Sud, et nous vîmes à la distance de deux milles les plaines de IMitchell , situées sur l’une et l’autre rive, et d’environ 4000 arpens. Nous trouvâmes dans cette plaine une grande quantité de kanguroos et de casoards ; les bords de la rivière four- millent d’ornithorinques. Nous arrivâmes' vers une heure de l’après-midi siM’ les plaines de Bathurst quisout au Si®, mille. La garde postée dans cet endroit sortit pour nous rece- voir. Elle avoit placé dans ses rangs sept naturels de différens âges. Les gens de notre suite, et les personnes cjui depuis quelque temps y étoient établies formoient le dernier rang. Nous nous rapprochâmes sur une seule ligne et reçûmes les acclamations de la troupe qui fit en même temps trois dé- charges d’armes à feu. Les pauvres naturels furent extrê- mement effrayés. Cependant ils revinrent bientôt de leur terreur 5 ils se mirent à rire , grimpèrent dans nos charriots et sur nos chevaux, prirent et mangèrent tout ce que nous leur offrîmes et nous parurent avoir une parfaite confiance en nous. Ces naturels ontune exacte ressemblance avec ceux de Syd- ney, mais ils étoient vêtus avec la peau d’une petite espèce de kanguroo, artistement cousue avec des lanières de peau de casoard. Us avoient dessiné des emblèmes sur le cuir de leur manteau ( car c’est de cette manière qu’ils portoient ce vêtement ) , et nous remarquâmes sur l’un de ces manteaux plusieurs croix très-bien faites. Ils étoient suivis de chiens qui Vraisemblablement leur servent à chasser les kanguroos et les ct\soards. Plusieurs de ces naturels, hommes et femmes, ) DANS LA Nouvelle-Hollande. 4^9 étoient borgnes. Nous ne pûmes savoir ( nos naturels de Sydney ne comprenant pas leur langage ) le motif d’une si étrange privation : elle étoit trop générale pour être acci- dentelle. Ils nous parurent être peu curieux , mais d’un caractère plus doux que celui des naturels de Sydney. Ils portoient une lance longue et lourde, comme les habitans de la Nou- velle-Zéelande. Ils avoient aussi une petite hache de jaspe qui leur servoit à monter sur les arbres. Peu de jours avant notre arrivée à Bathurst, il avoient amené et offert à nos soldats quelques-unes de leurs jeunes filles, en leur indiquant le lieu où ils dévoient se retirer avec elles. Mais cenx-ci les refusèrent, ce qui parut vivement of- fenser les vieux chefs, c[ui depuis n’ont pas renouvelé leur offre. Quek[ues-uns des nôtres allant un jour visiter les naturels, ils s’aperçurent qu’ils cachoient leurs femmes dans les bois. Nos soldats nous dirent que ces femmes étoient modestes, vives, et quelles paroissoient avoir de la coquetterie. No? gens en surprirent trois dans les bois, qui se cachèrent la tête dans l’herbe en les apercevant. Le 5 mai, nous partîmes de bonne heure à cheval pour visiter les plaines de Bathurst. Nous les parcourûmes sur une éten- due de seize milles. Partout l’herbe y étoit extrêmement abondante, de 2 à 4 pieds de haut, sans un arbre, sans un rocher ni même une pierre qui puisse arrêter la charrue. La rivière Macquarie passe au centre de ces vastes plaines que, nous avons estimées contenir 40^000 arpens, dont moins d’un huitième est exposé aux débordeméns de la rivière. Dé COUVERTES 490 Au Nord de ces plaines est un très -beau pâturage boisé, bien arrosé , et dont la terre végétale a plusieurs pieds de profondeur. Nous avions avec nous plusieurs beaux chiens courans, au moyen desquels nous chassâmes aux chiens sauvages qui se trouvent ici en très-grand nombre , ainsi que les casoards et les kanguroos. Le plus fort des kanguroos que nous ayions tué pesoit 164 livres; un casoard, quoique maigre, 86; des cygnes noirs, J 7 ; l’oie grise, semblable à celle du détroit de Baas, i45 une outarde mâle, i5. Le plus gros poisson de l’espèce de perche de Bass, que nous prîmes, pesoit aS livres. Nous vîmes beaucoup de canards et de cailles. L’ornithorinque est ici plus gros que sur le Népéan. Tels sont les avantages que présente ce pays pour l’édu- cation des bestiaux, la culture des terres, la pêche et la chasse. Nous y rencontrâmes souvent, en un seul jour, de sept à neuf troupeaux de cinq et douze kanguroos. Le casoard court extrêmement vite, il faut un bon cheval pour l’atteindre; les chiens ne l’attaquent qu’avec répu- gnance, parce qu’il les blesse dangereusement par un revers de sa patte. Nous en vîmes un troupeau de quarante. Nous séjournâmes huit jours sur ces plaines et nous les parcourûmes dans plusieurs directions. Dans une de ces excursions, M. Evans poussa jusqu’à 35 milles en descendant la rivière Macquarie ; mais il ne put aller plus loin, ayant été arrêté par des montagnes inabor- dables. Le courant de la rivière devint si rapide qu’il n’osa pas s’y aventurer dans un canot. Nous ne pouvons déterminer DANS LA NoUVELLE-HoLL-ANDE. 49^ le point où cette rivière aboutit; niais quelque part que ce puisse être, il n’est que trop certain qu’elle n’offrira aucun avantage pour la navigation intérieure. Le peu de hauteur des arbres, les cailloux roulés et ar- rondis qui se trouvent sur les plus hautes montagnes, des masses de rochers de 3o à 4o milliers pesant, arrondis sur toutes leurs faces, et qui sont posés en équilibre comme des œufs sur leur base la plus étroite, laissent un champ bien vaste aux conjectures. Cette portion du pays semble être nouvellement sortie d’un lac d’eau douce. On n’y voit ni pétrifications marines, ni pierres à chaux, mais seulement quelcjues silex, une espèce de cristal de roche et des pierres ponces. Le 9 mai , nous dirigeâmes notre ronte au Sud-Ouest et nous poussâmes jusqu’à 21 milles sur la crête de montagnes d’une moyenne élévation et d’un aspect très-pittoresque; de chaque côté nous apercevions une suite d’étangs, et nous avions constamment en vue des troupeaux de kanguroos ; des casoards; des troupes d’oies, de canards, de cygnes ; des compagnies d’outardes, de perruches ingambes, et de plu- viers armés. Nous donnâmes le nom de la Princesse-Charlotte à la vallée à notre droite, et celui de la Reine - Charlotte à celle que nous avions à gauche. Nous trouvâmes à 1^ fin de notre course des arbres à écorce fibreuse d’une grosseur considérable. Ceux qui par la suite s’établiront dans ces plaines favo- rables à la culture, éprouvei’ont beaucoup de difficultés pour se procurer le bois de charpente et de chauffage que les habitans des parties élevées auront avec profusion. On 492 Découvertes dans la Nouvelle-Hollande, pourra fabriquer d’excellentes briques avec l’argile, et la terre franche remplacera le mortier. Une plante propre à remplacer le chanvre croît très^abon- damment dans tout le pays. Le seul désagrément que l’on ait à éprouver dans ce pays est causé par la sécheresse qui y a lieu de même que de l’autre côté des, montagnes. Lorsque la colonie de Sydney fut formée, on avoit éprouvé une sécheresse de 5 à 6 ans, cjui fut suivie de 12 à i4 années de pluies et de débordemens des rivières, renouvelés tous les deux ou trois ans. Nous venons encore d’éprouver le retour des sécheresses, au point que l’année dernière un quart des animaux domes- tiques et sauvages périrent de ses effets, et nous sommes malheureusement menacés du même fléau cette année. Nous nous rendîmes à Bathurst, où un dîner splendide nous attendoit, à la suite duquel nous donnâmes le nom de Bathurst a la nouvelle ville. Les cyprès et les pins croissent en grande quantité sur une montagne qui fut nommée Fine hill. Cependant ces arbres n’y sont pas d’une belle venue. Nous trouvâmes cj[ue le swanip-oak , ou chêne de marais, acquiert de plus ■grandes dimensions sur les bords de la rivière, qu’à l’Est des montagnes. Le 22 mai, nous étions de retour à Sydney, sans autre accident que la perte de quatre chevaux égarés dans les bois. TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES Contenus dans ce deuxième Volume. M. G. CUVIER. ]\^ ÉMOI RE sur les Ascidies et sur leur Anatomie, i o — Sg Mémoire sur les Animaux des Anatifes et des Balanes Lam. ( Lep^s Liii. ) et sur leur Anatomie. 85 — lOI M. DESFONTAINES. Description d’un nouveau genre de Labiée, i54 — 156 M. FAUJAS-DE-SAINT-FOND, Histoire naturelle de diverses Substances minérales sili- ceuses et poiphyritiques passées à V état ^fePECHSTEiNS, ou Pierres de poix^ par l’action des feuy souterrains. ' 341 — 376 Nouvelle Notice sur des Plantes Jbssiles , renfermées dans un Schiste marneux des environs de Chaumerac et de Roche- Sauve , département de l’Ardèche. 444-45^9 M. HAÜY. Observations sur les Tourmalines, particulièrement sur celles qui se trouvent dans les Etats-Unis. i — 9 Mém. du Muséum, t. 2, 63 ^94 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. M. A.-L. DE JUSSIEU. Sur la Nouvelle Famille des Paronychiées. 383> — 3g2 Douzième Mémoire sur les Caractères généraux des Familles tirés des graines. Aurantiacées — Théacées. 436—443 M. DE LAMARCK. Suite des Polypiers corticifères , genre Gorgone.. 76 — 84 ■ — Suite du genre Gorgone. iSy — 164 Suite et fin des Polypiers corticifères , genre Coralline. 227 — 240 M. A. THOUÏN. Description de la Greffe Sainclair , nouvelle sorte. 1 65 — 174 Description de la Gr^e Juge^ nouvelle sorte ^ ou Mé- moire sur la Coïncidence des Écorces dans la réussite des Greffes. 253 — 260 Mémoire sur la Grfff'e Risso. M. VAUQUELIN. Observations sur la Préparation de V Acide acétique retiré du bois. 217 — 226 Analyse d’une Matière colorante végétale. — 435 M. CHEVREUL. Recherches chimiques sur plusieurs Coips gras , et par- ticulièrement sur leurs combinaisons avec les Alcalis. Quatrième Mémoire. 127 — 146 — Suite du quatrième Mémoire. 175 — 194 — Cinquième Mémoire. 3o8 — 339 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. 495 M. DE CANDOLLE. 3Iémoù^e sur les VxmzocroTs'ES , now eau genre de Cham-^ pignons qui attaque les racines des Plantes , et en, particulier celle de la Luzerne cultivée. 209 — 216 Mémoire sur le genre Sclerotium^ et en particulier sur V Ergot des Céréales. 4^^ — MM. DUTOUR DE SALVERT ET AUGUSTE DE St.-HILAIRE. Observations sur le genre Glaux. SgS — SgS M. CHARLES KUNTH. Considérations générales sur les Graminées, 62 — ^5 Considérations générales sur la famille des Cypéracées. 147 — i53 M. LAMOUROUX. Mémoire sur la Lucernaire campanulée, 4^0 — 47'^ M. LECLERC. Note sur la Difflugie , nouveau genre de Polype amorphe. 474—478 M. PICOT DE LAPEYROUSE. Mémoire sur quelques espèces d’Orobes des Pyrénées. 292 — 307 M. L.-C. RICHARD. Plantæ novum aiit adhùc obscurum Geiius constituentis Illustratio. 396 — 4°^ 63 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. 496 M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE. Mémoire sur les Plantes auxquelles on attribue un Placenta central libre , et Repue des Familles aux- , quelles ces plantes appartiennent. Famille des Pri- mulacées. 40 — — Famille des Garyophyllées. 102 — 126 — Famille des Portul âgées. ig5 — 208 — Famille des Paronychiées. Digression sim le double point d’attache des opules et sur le micropyle. 261 — 291 ■ — Famille des Salicariées. 3^7 — 382 CORRESPONDANCE. Relation des Décoiwertes faites dans la Noiipelle- Hollande , à l’Ouest des Montagnes-Bleues. 241 — 2^2 — ISoupelle Relation du même poyage. 479 — 49^ Extrait d’une Note manuscrite communiquée par M. Palacio à M. De Candolle. 34o INDICATION DES PLANCHES DU IL. VOLUME. ♦ Planche I. Ascidies. Pag. 35 IL Ascidies. III. Ascidies. 38 IV. Anatomie végétale. Sj V. Anatijes. loo VI. PoGosTEMoN plectranthoides. i55 VII. Greff'e Sainclair. 174 YIII. liiîii^uCTONr^ medicaginis . " 2l6 IX. fîg. I. Gj'gffe Juge. — fig. 2. Gr<^e Risso. 260 X. Orobus Toiaviefortii. 298 XI. Orobus dioaricatus. 3o2 Xn. Orobus ensifolius. 3o3 XIII. Aspicarpa hirtella. Bg6 XIV. ScLEROTiuM. 420 XV. Plantes et insecte fossiles , du département de V Ardèche. 4^5 XVI. Lucernaire campamdée. IJoo XVIL Difflugie,^ 4^8 TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES Contenus dans ce Volume. ''3cturv///eJ A. ciDE acétique retiré du bois. Ob- servations sur la préparation de cet acide, et sur les moyens de l’obtenir aussi pur et aussi fort qu’il est possible , 217 et suiv. jicide du bois j connu de Glauber, 21*7. Voy. Acide acétique. Acide empyreumatique. De sa satura- tion, 219. Voy. Acide acétique. Actinies. Voy. Lucernaires. Adipocire. Examen chimique des trois substances, auxquelles on a donné ce nom , et du savon qu’on en forme, 328 et suiv. Voy. Gras des cadavres. Calculs biliaires, Spenna~ceti. Alcalis. Recherches chimiques sur leur combinaison avec plusieurs corps gras, 127 et suiv.; — 176 et s. — 3o8 et s. Voy. Graisse. Anatifes. Mémoire sur les Anatifeset les Balanes, et sur leur anatomie, 85 et suiv. Anatomie végétale. Voy. Placenta cen- tral. Caractère de ce genre, SSg. V oy. Paronychiées, Ascidies. Mémoire sur ce genre de Mollusques , et sur l’anatomie des espèces qui le composent, 10 et s. Observation sur les variations que la nomenclature de ces animaux a éprouvée, ib. Description anato- mique des Ascidies en général, i4 et suiv. Description jet anatomie de plusieurs espèces, 24 et suiv. Quelle place les Ascidies occupent dans l’ordre des Mollusques, 34. Aspicarpa. Description de ce nouveau genre, et son caractère distinctif, 3g6. Description de V aspicarpa hirtella, ^99. Aurantiacées. Circonscription de cette famille, avec l’indication des genres qui la composent et des observations sur les caractères que fournissent les graines pour la réunion de ces genres, 436. B. Bacopa, Raisons de réunir ce genre aux Scrophularinées, 2or. Balanes. Mémoire sur ces animaux, sur leur anatomie, et snr leur rapport avec les Anatifes, 97 et s. Briques flottantes, Voy. Marne, TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES. 499 Cypéracées. Considérations sur cette famille, et distribution en quatre Calculs hiliaires humains. Examen chimique de la substance cristal- lisée qu’ils contiennent, 3og. Carpologie. Examen du fruit des plantes auxquelles on attribue un placenta central libre. Voj. Placenta cen- tral. Cary ophy liées. Description du fruit des Carjopliyllées èxami'né avant et après la fécondation , et parti- culièrement de l’axe ou placenta central de ce fruit, 102 et suiv. Revue des genres qui composent cette famille, avec l’indication de ceux qui doivent en être éloignas, 1 1 9 et suiv. Voy. Placenta central. Champignons parasites. \oj. Rhizoc- tone ; Sclerotium. Conobea. Observations sur ce genre de plantes, qui doit être placé dans la famlllè des Scropbulari- nées , 5o et suiv. Coralline. Observations sur ce genre de polypiers corticifères, et des- cription de 3a espèces, 227 et suiv. Corps gras. Recherches chimiques sur plusieurs de ces corps et sur leur combinaison avec les alcalis, 127 et suiv. ; — 175 et s. ; — 3o'6 et s. Voy. Graisse. Corrigiola. Caractères de ce genre, 3go. Voy. P arony chiées. Cuphea. Examen du fruit de celte plante, 379. Ce fruit établit une afSnité entre les Salicariées et les Pvosacées, 38 1. groupes des genres qui la com- posent, 147 et suiv. ■ D.. Difflu'gie.Ohse,v\a\XovLS sur cet animal- cule qui est un nouveau genre de polype amorphe, 474 et suiv. Donatia. Examen de la fructification de ce genre, et motifs de l’éloigner des Caryo [thy liées , 11g. Vrosera. Olrservatious sur ce genre, et sur la place qu’il doit occuper dans l’ordre naturel. Le Drosera lusitanica doit faire un genre à P^rt, . ; j2i. ■ ^ E. ■ Ergot des céréales , est un champignon , parasite du genre Sclerotium. Son histoire, 4oi et suiv. Voy. Scle- rotium. Eriphia. Observations sur ce genre de plantes, et sur sa place dans l’ordre naturel, 62. Especes minérales. Exposé des prin- cipes sur lesquels doit être éta- blie leur distinction, 1 et suiv. Les caractères apparens varient dans les mêmes espèces selon les localités, ïb. — • Remarques sur le choix des noms employés pour désigner les espèces, 8. F. Familles naturelles des plantes. Revue des familles qui comprennent les DOO TABLE AL! plantes auxquelles on attribue un placenta central libre, 4o. Exa- 1 meii de la famille des Primulacées et des genres qui la composent, 4i ; — des Caryophy liées, 102 et suiv.; — des Portulacées, igo^ — des Paronyelilées , 26 1 et s.; Sgo et suiv. Considérations sur les Graminées et les Cypéracées, et distribution des genres qui com- posent ces deux familles , 66 et s. ; 14/ et suiv. Circonscription de la famille des Aurantiacées avec l’é- tablissement de trois familles nou- velles qui en ont été détachées sons le nom d’Olacinées, de Théa- cées et de Ternstromiacées, 456. Mémoire sur les caractères des familles tirés des graines, ibid, Fissilia. Observations sur ce genre, 53g. Voy. Olacinées. Franhenia. Oliservations sur ce genre et sur la place qu’il doit occuper dans l’ordre naturel. Son affinité avec les Yiolacées, 122. G. Géologie. De l’étude de cette science et de sa nomenclature , 34i et suiv. Voy. Pechstems. — Considérations sur les preuves que le gisement de certains végétaux fossiles donne de l’antiquité de la végétation terrestre sur le globe, 444 et suiv. Voy. Plantes fossiles. Glaux. Observations sur ce genre, et sur son affinité avec les Primula- cées, 3g3. Son caractère, 3g5. HABf TIQUE Globulaire. De la place que ce genre de plantes doit occuper dans l’ordre naturel ; il paroît avoir plus d’affi- nité a»’ec les Dipsacées qu’avec toute autre famille, 45 et suiv. Gorgone, Observations sur ce genre de Polypiers corticifères, 76. Ca- ractère de 48 espèces , yg et suiv. ; 15/ et suiv. Graines. Voy. Ovules. Graisse. De l’action de quelques bases salifiables sur la graisse de porc , 127 et suiv. De la quantité de graisse qu’un poids donné de po- tasse peut saponifier, i42 et suiv. Des capacités de saturation de la margarine, et des savons qu’elle fait avec diverses bases salifiables, iy5 et suiv. Des capacités de sa- turation de la graisse fluide, et des savons faits avec cette graisse et diverses bases salifiables, i85 et suiv, Note sur la composition du savon de graisse de porc et de potasse, iga. Graminées. Considérations générales sur cette famille, 62, et suiv. Eta- blissement de dix sections ou groupes dans cette famille, 63. Observations sur le Reimaria, Y Elionurus , et le Diectomis , trois genres de Graminées imparfaite- ment connus, 66. Disposition na- turelle de toutes les Graminées, partagées en dix groupes princi- paux, 71. Gras des cadavres. Examen cliimique de cette substance, 322 et suiv* DES ARTICLES. 5oi Examen chimique de l’adipocire contenu dans le gi’as , du savon qu’on en forme, et de la matière nacrée de ce savon, 328 et suiv. Examen de la margarine du gras, 334 et suiv. Conséquences de l’a- nalyse du gras , 33/. Greffe Sainclair. Description de cette nouvelle sorte de Greffe, et des avantages qu’elle présente , i65 et suiv. De l’utilifé de la coïnci- dence des écorces pour la réussite des greffes, 253. Description de la Greffe Juge , qui sert à prouver cette utilité, 256. Greffe Risso. Sa description. Elle consiste à réunir deux deml-gemma de différentes espèces pour greffer le sujet, et obtenir des variétés intermédiaires. On n’en a pas obtenu les résultats qui avoient été annoncés ,421 et s. Gymnocarpus. Caractère de ce genre , 388. Voj. Paronychiées, H. Uagea. Caractère de ce genre , 690. "Soj. Paronychiées. Herniaria. Caractère de ce genre, 389. Voy. Paronychiées. I. Illecehrum, Caractère de ce genre, 388. Voy. Paronychiées. L. Laque. Description d’une nouvelle es- pèce de Laque, son analyse chi- Méin. du Muséum, t. 3, mique, avec l’Indication des pro- cédés pour en obtenir une belle teinture, 432 et suiv. Larhrea. Voy. Stellaria aquatica. iî'moseZ/a. Observations sur cetteplaute et sur sa place dans l’ordre naturel , 53. Lœflingia. Caractère de ce genre, S8G. Voy. Scléranthées et Paronychiées. Lucernaires. Histoire de ces animaux qui doivent avec les Actinies for- mer un groupe dans la section des Radiaires, 46o et suiv. M. margarine. Analyse chimique des sa- vons faits avec là margarine et diverses bases salifiables , 176 et s. Examen de la margarine du gras et des savons qu’on en fait, 334 et suiv. 3IarneAa département de l’Ardèche, dont on fait des briques qui flot- tent sur l’eau, 445, 3Iicropyle. Observations sur cet or- gane, 267 et suiv. Voy. Ovule. Minéralogie, y oj. Espèces minérales — Tourmaline. Pechsteins. M inuartia. Caractère de ce genre, 386. Voy. Scléranthées o.\. Paronychiées. Mniaritm. Caractère de ce genre, 387. Voy. Scléranthées et Paronychiées. Mollusques. V. Ascidies. Anatifes. Mort du safran. V oy. Rhizoctone. W. 'Nouvelle - Hollande. Relation du voyage fait en i8i3 dans l’inté- 5o2 TAVELE ALPHABÉTIQUE rieur de ce pays, à l’ouest des Montagnes - Bleues , par ordre du gouYcrnement anglais., avec la description de ce pays inconnu jusqu’à présent, 24i et suiv. — Autre relation du même voyage, 479 et suiv. O. Olacinées. Nouvelle famille formée d’une section des Aurantiacées ; indication des genres qui la com- posent; et delà place qu’elle doit occuper ; examen des caractères qui déterminent la réunion de ces genres , 438. Olax. Observations sur ce genre, 489. Orangers. Voy. Aurantiacées. Orohes. Mémoire sur quelques orobes des Pyrénées , avec la description de quatre espèces, 292 et suiv. Ovules. Observations sur le double point d’attache des ovules dans les péricarpes , et sur le micropyle, 261 et suiv. Changement de forme des ovules après la fécondation, 274. P. Paronychia. Caractères de ce genre, 389. Paronycliiées. Motifs pour établir sous ce nom une nouvelle famille ; ob- servations sur le fruit des genres qui doivent la composer, et sur la place qu’elle doit occuper dans l’ordre naturel, 276 et suiv. Eta- blissement de cette famille et ca- ractères des genres dont elle est formée , 386 et suiv. Les genres Corrigiola et Telepliium ont de l’affinité avec les Paronycbiées, 390. Peclisteins. Histoire des substances si- liceuses et porpbyritiques passées à l’état Ae peclisteins ou pierres de poix par l’action des feux sou- terrains, 34 1 et suiv. Considéra- tions générales sur l’étude de ces minéraux, «ur le but qu’on doit se proposer en étudiant la géo- logie, et sur la nomenclature des fossiles , ib. Division des pecb- ■stelns , 346. Histoire de peclisteins ligneux, 347 et suiv. ; — des pecli- sleins siliceux , 300 ci suiv. Obser- vations générales sur les pecbsteins porphyres, 36i et suiv. Descrip- tion des diverses variétés de ces peclisteins , 374, Personnées et Rhinanthées. Observa- valions sur lesaffinitésde ces deux familles de plantes, 55. Pierre de poix. Voy. Peclisteins. Pinguicidaria, doit ^être placé avec l’utriculaire parmi les Primula- cées , 53. Placenta central libre. Revue des plantes auxquelles on attribue un tel pl acen ta ,parlaquelleonprouve que ce placenta communiquoit d’abord avec le style, qu’il ne s’en sépare qu’après la fécondation ^ et qu’il n’est devenu libre que par la rupture des vaisseaux ou filets par lesquels il adhéroit au style, 4o et suiv.; — 102 et s.; — 196 et DES ARTICLES. 5o3 suiv.; — 261 et s.; — 377ets.Esamen du placenta central dans les Primu- lacées, 4i ; — dans les Caryoptyl- lées , 1 02 ; — dans les Portul acées > ig5; — dans les Paronychiées , 261 ; — dans les Salicariées , 377, Plantes fossiles ( Notice sur des ) ren- fermées dans un schiste marneux , au milieu d’un pays volcanique, 444 et suiv. Conséquences géolo- giques qu’on doit tirer de leur gisement , ibid. Pogostenion, Description de ce nou- veau genre de plantes, i54. Pollichia. Caractère de ce genre, 388. Voy. P arony chiées. Polycarpon. Caractère de ce genre, 3go. Voy. P arony chiées. Polype amorphe. Voy. Pijflugie. Polypiers corticiféres, Voy. Gorgone; Coralline. Pomme de terre ( nouvelle espèce de ) trouvée sur les bords du Malavé, et nommée Solanum papa. Sa description, 34o. Portulacées. Examen particulier du fruit des Portulacées ; revue de cette famille , et indieation des genres qui doivent en être éloi- gnés et de ceux qui doivent en être rapproehés, ig5 et suiv. Primulacées. Examen des plantes de cette famille considérées princi- palement sous le rapport du fruit et du placenta central de ce fruit , 4o et suiv. Observations sur les réformes qui paroissent devoir être faites dans cette famille, ib. Q- Queria. Caraelère de ce genre, 387. Voy. P arony chiées, P. Radiaires. Voy. Lucernaires. Rhinanthées et Personnées. Observa- tions sur les alEuités de ces deux familles de plantes, 55. Rhizoctone. Champignon parasite des racines. Histoire de ce genre et description de trois espèces, 20g et suiv. S. Salicariées. Observations sur cette fa- mille, et particulièrement sur le fruit des plantes qui la composent, 377 et suiv. Sarnolus. Raisons de placer ce genre de plantes parmi les Primulacées, 47 et suiv. Saponification des corps gras. Voyez Graisse , 3'Iargarine , Sperma-ceti , Adipocire. Sarothra. Observations sur ce genre qui doit être éloigné des Caryo- phyllées, et qui paroît avoir de l’affinité avec les Violacées, 120. Savon. Analyse chimique des savons faits avec la margarine et diverses bases salifiables, 175 et suiv.; — de ceux faits avec la graisse fluide, 182 et suiv.; — de la composition du savon de graisse de porc et de potasse, ig2et suiv. Voy. Graisse. Analyse du savon de spcrina-celi , T, TABLE ALPHABÉTIQUE 5o4 3i2 et suir. ; — de celui d’adipo- cire, 329 et suiy. Sclémnthées. Motifs d’établir sous ce nom un groupe de plantes, com- posé des genres Lœjlingia, Mi- nuartia, Queria , Scleranthus et Mniarum, pour en faire une section de la nouvelle famille des Paro- nycliiées, 261 et suiv. Voy. Paro- nychiées. Scleranthus. Observations sur ce genre, 2G1 et suiv. Son caractère, 38/. Sclerotium. Mémoire sur ce genre de champignons parasites, avec la description des espèces, et des observations particulières sur l’er- got des céréales «jui est uue espèce de Sclerotium , 4oi et suiv. Solanum papa. Voy. Pomme de terre. iSfper/na-ceiEi. Examen chimique de celte substance, et du savon qu’on en forme, 3ii et suiv. Stellaria aquatica Lmk. Raisons pour en faire un genre sous le nom de Larbrea, 287. Tamarix. Observations sur ce genre , qui doit être écarté de la famille des Portulacées, 2o5. Telephium. Caractères de ce genre, 390. Voy. Paronychiées. Ternstromiacées , nouvelle famille dé- tachée de celle des Orangers , 442. Théacées , nouvelle famille détachée de celle des Orangers et qui ne comprend que le Thea et le Ca~ mellia, 442. Tourmalines ( Observations sur les ) , particulièrement sur celles qui se trouvent aux Etats-Unis, i et suiv. Turnera. Observations sur la fructifi- cation de ce genre et sur la place qu’il doit occuper dans l’ordre na- turel , 202. U. TJ triculaire. Observations sur la place que cette plante doit occuper dans l’ordre naturel, 53, ERRATA INDISPENSABLE POUR P ISTBLLIGRTSCE DES FIGURES DE DA PLANCHE IK. Fig. I. La lettre e y a été répétée deux fois par erreur. Au lieu d’e, entre d et f, il devoit y avoir la lettre c qui indique le péricarpe. Les points placés devant e, destinés à marquer le pédicelle du placenta, devroient s’avancer jusqu’aux fibres représentées dans l’axe de la figure. Fig. 7. Iæs points de la lettre a, placés au-dessous du ebiffre qui marque le numéro de la figure, ne doivent pas s’étendre aussi loin ; ils doivent s’arrêter où s’arrêtent ceux de l’autre lettre a placée au bas de la figure. — Les points de la lettre y doivent s’avancer jusqu’aux faisceaux de fibres situés au centre de la figure. Fig. 18, Les points de la lettre c qui ne vont que jusques sur le péricarpe, doivent s’avancer plus loin, puisqu’ils indiquent le périsperme placé sous le péricarpe. Fig. 25. Ija Iciiio iuaii.^uc . viu pcui la replacer aisément puisqu’elle indique simplement le calice. Fig. 27. Les points de la lettre d vont que jusqu’au péricarpe ; ils doivent s’avancer jusqu’à l’axe qu’ils sont destinés à indiquer. Fig. 22. Sur la figure, la lettre d doit être placée en c et la lettre c en d. Dans le texte, on a omis l’explication de la lettre c?, qui, transposée où elle doit être, indique l’ombilic. Fig. 28. L’explication de la lettre d a été répétée deux fois dans le texte : ne conserver de la seconde que ces mots : et sont destinés à passer dans autant de cordons ombilicaux. Fig. 3i. Ajouter du dans le texte entre ces mots cote et hile. Fig. 32. Entre ces mots de côté et on aperçoit ^ ajouter : du dos. « K: ' .A ■'■-"-.A''.. ■<-^ ' \- ' . ïrm^ " !f-^. 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