Lu (A (] que Î À ma Æ ÉLLETES 2215 ns ETITE HE 2e LITE RCE, AN vor DOEON ji dt ir Llsobl : LR ROLE TRE des Ml es Pet LADITE OT } RONCARIQE i (4 CANCER OUR HR Î ) Ÿ nr k OT | ff Fi EE een uit L EPS À! (RAS AANONNETNE NPA oui } pH à fl \e } QU ir 5 QUO TRE RÉ EE pret UU wi (5 His se FH NME ( (| tant Ut à DER ANA TARN OCT ut n RHIN ; An SA 1) SET ne kye| pass Dane SMITHSONIAN. DEPOSIT MÉMOIRES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE. DNA ARS RENE NUE AAA 1 À SN He Ne es A de £ & En À { 4) SE 2 MÉMOIRES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, PAR LES PROFESSEURS DE CET ÉTABLISSEMENT. - OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. DÉDIÉ AU ROI. TOME HUITIÈME. LIN AS OR: fe LA A PARIS, CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DES MATHURINS S.-J., HÔTEL DE CLUNY. 1822. NOMS Messieurs ; A. THouix. PorTAL. DE Jussieu VANSPAENDONCK. LACÉPÈDE . DESFONTAINES. DE LAMARGK. GEorrroy-ST.-HILAIRE. Haÿüy. CUVIER. : VAUQUELIN. LAUGIER. CorDIER. DELEUZE. . e e DES PROFESSEURS. (PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ. ): Culture et naturalisation des végétaux. Anatomie de l’homme. Botanique à la campagne. Iconographie, ou l’art de dessiner et “ peindre les productions de la nature. . Reptiles et poissons. Zoologie, Botanique au Muséum. Insectes, coquilles, madrépores, etc. Zoologie. Mammifères et oiseaux. Minéralogie. Anatomie des animaux. Chimie des Arts. Chimie générale. Géologie, ou Histoire naturelle du globe. Secrétaire de la Société des Annales du Muséum, + MÉMOIRE S DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE. ANALYSE DU FRUIT DU BAOBAB ADANSONIA. PAR M. VAUQUELIN. L paroît que c’est Thevet qui le premier a parlé du baobab sous le nom de l'arbre du Cap-vert. Prosper Alpin en a fait mention dans les‘ plantes d'Égypte sous le nom de baobab. Jul. Cæs. Scaliger, de Subülitate, Hb. VI, le désigne sous le nom de guanabanus. L’Ecluse, de plantis exoticis, lib IL, en parle sous le nom d’abavo ou d’abovi. Les habitans du Sénégal appellent cet arbre goui et son fruit boui. Les Français du Sénégal le distinguent sous le nom de calebassier, et son fruit sous celui de poire de singe. Adanson qui a séjourné plusieurs années dans le Sénégal, et qui a été à même d'observer à loisir toutes les parties de cet arbre, est, sans contredit, celui qui en a donné la des- cription la plus complette et . plus exacte avec de bonnes Mer. du Muséum. t.8. I 2 BAaogAB ADANSONIA. figures. Il a même fait un historique fort intéressant de tout ce que l’on savoit dans le pays sur la durée, la grandeur et les usages de ce végétal et de ses parties (1). Il paroît que le baobab est de tous les arbres connus le plus gros et le plus branchu : quand on le regarde de près, dit Adanson, il ressemble plutôt à une forêt qu'à un seul arbre : il ÿ en a dont le tronc a jusqu’à soixante-dix-sept pieds de circonférence. Ses branches latérales en s’écartant de la verticale, ont au moins cent-cinquante pieds d’étendue d’une extrémité à l’autre. D'après une supputation d'Adanson, le baobab vivroit plusieurs milliers d’années; les fleurs, d’après le même bota- niste, sont plus grandes que celles du magnolia et ont une couleur blanche; elles ressemblent à celles des malvacées; ses feuilles ont quelque rapport à celles du maronnier d'Inde. | Le fruit de couleur brunâtre, de nature ligneuse, est un ovoide allongé d’environ un pied de long et de six à sept pouces de diamètre à son milieu. Il y a de ces fruits qui ont jusqu’à un pied et demi de long : à l’état frais, ils sont recou- verts d’un duvet fin de couleur verte. Il contient dans son intérieur un grand nombre de graines, dont chacune tient à un filament du placenta. Les vaisseaux du placenta vont se fixer à l’autre extrémité du fruit et se divisent en plusieurs faisceaux d’où naissent sur deux rangs une infinité de filamens qui s’implantent à (1) Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1761. Ë BAoBAB ADANSONIA. | 3 l'écorce, de manière à former des espèces de loges triangu- laires de la longueur du fruit et où sont renfermées les graines. Adanson à trouvé de dix à quatorze de ces cloisons dans ces fruits. Les graines sont entourées d’une matière blanche, grenue et brillante comme la fécule amylacée : cette matière a une saveur acide et légèrement sucrée. La graine dépouillée de cette substance présente la forme d’un rein, et est grosse comme un petit haricot. Indépendamment de la fécule, cette graine est encore recouverte d’une substance rougeitre, facile à détacher, et qui laisse voir la véritable enveloppe de la graine, laquelle est noirâtre, dure et renfermant une amande blanche et douce(x). Les graines environnées de leur parenchyme ayant été mises dans l’eau, et agitées de temps en temps, se sont dépouillées de leur fécule : une petite quantité de cette fécule s’est préci- pitée, mais la plus grande partie s’est dissoute, et a commu- niqué à l’eau beaucoup de viscosité et la propriété de mousser par l'agitation : l’eau avoit pris une légère saveur acide et sucrée. On a passé dans un linge ce liquide pour en séparer la portion de fécule insoluble, ce qui ne s’est pas fait sans peine à cause de la viscosité; la liqueur qui a pe n'étoit pas lim- pide, il lui restoit un aspect opalin, il n’a pas été possible de la filtrer au papier. (1) Quatre de ces graines ayant élé mises en terre au mois de juillet, ont germé au bout de trois semaines , et donné une petite plante qui s’est éleyée à la hauteur de quatre ou cinq pouces. A BoaBAB ADANSONIA. Alors on y a mêlé une certaine quantité d’alcool qui a pro- duit une coagulation abondante dont la matière paroissoit due à un mucilage. On à passé, en pressant, la liqueur alcoolique dans un linge, pour en séparer le coagulum : ensuite on a filtré le liquide à travers le papier, mais malgré l’alcool elle a passé difficilement et sans limpidité. On a repassé sur le coagulum une nouvelle quantité d’alcool pour le dégager de tout ce qu'il auroit pu conserver de soluble et on l’a pressé. Cette matière étoit blanche, demi transparente et occupoit un volume considérable qu’elle perdoit en grande partie en se desséchant; elle prenoit alors de la dureté, de la fragilité en conservant sa transparence. Cette matière desséchée pré- sentoit une cassure vitreuse et brillante comme la gomme sénégal, brüloit en se ramollissant et exhalant une odeur semblable à celle des gommes. Elle se dissout facilement dans l'eau , et sa dissolution aqueuse mêlée avec une certaine dose d'alcool, se prend en gelée blanche et parfaitement transpa- rente ; enfin traitée par l'acide nitrique , elle a fourni de l'acide oxalique et de l'acide mucique : cette gomme res- semble donc entièrement à la gomme d’Arabie. De l'acide et de la matière sucrée du fruit du baobab. La gomme ayant été séparée par l'alcool de la liqueur où elle étoit dissoute conjointement avec l'acide et le sucre, ces deux derniers devoient se retrouver seuls dans la liqueur alcoolique. Pour les obtenir on a d’abord séparé l'alcool par BAoBAB ADANSONIA. 5 la distillation, et ensuite on a évaporé une partie de l’humi- dité à une chaleur douce; enfin on a saturé l'acide par le carbonate de chaux ajouté par petites parties à la liqueur. Le précipité formé dans cette opération a été traité par l'acide sulfurique, dans l'intention de dégager l'acide végétal de sa combinaison avec la chaux : l’effervescence qui a eu lieu par l’addition de l’acide sulfurique annonce que le précipité contenoit une portion de carbonate : le sulfate de chaux ayant été lavé, on a fait évaporer les liqueurs réunies. On a obtenu un acide de couleur jaune, d’une saveur très- prononcée, mais malgré sa concentration , la liqueur où il étoit dissous n’a donné aucun signe de cristallisation ; elle avoit la forme d’une mélasse épaissie. Craignant que quel- ques portions de gomme que cet acide auroit pu retenir ne missent obstacle à la cristallisation, je l'ai redissous dans l'alcool, mais il n’est rien resté, et la solution évaporée de nouveau, n'a pas plus cristallisée que la première fois, quoique fort acide. Cet acide précipite l’acétate de plomb en flocons blancs qui se dissolvent dans un excès d'acide; ce précipité de plomb abandonné à lui-même ne prend point de forme cristalline comime le sorbate de plomb ; cependant cet acide paroît avoir plus d’analogie avec l’acide malique qu'avec tout autre. Nous avons fait sur une autre portion de suc de baobab, avec le carbonate de plomb, une opération semblable à celle que nous avons faite avec le carbonate de chaux; et nous avons obtenu un acide qui n’a pas cristallisé. On a également précipité par le sous-acétate de plomb une troi- 6 B4oBA8B ADANSONIA. sième portion de suc de baobab dont la gomme avoit été séparée : le précipité décomposé par l'hydrogène sulfuré, a donné un acide qui n’a pas non plus cristallisé. Du sucre du fruit du baobab. Après avoir séparé l'acide de la matière sucrée qui avoit été en même temps que lui dissous dans l’alcool, on a réduit la dissolution sous forme de sirop par une évaporation ména- gée. Dans cet état, il avoit une couleur jaune, une saveur sucrée, légèrement amère, soluble dans l'alcool, qui en pré- cipitoit une petite quantité de sel calcaire sous ns de pous- sière blanche. Ce sucre me paroït être du genre de ceux qui ne cristal- lisent pas, au moins la petite portion de celui-ci que j'ai pu me procurer, abandonnée pendant long-temps, n’a montré aucun signe de cristallisation, quoiqu’ayant été dissout plu- sieurs fois dans l'alcool qui auroit dû en séparer toute ma- tière gommeuse. De la matière parachymateuse insoluble du fruit du baobab. Cette matière est insoluble dans l’eau, sans saveur quand elle a été bien lavée: en séchant elle se colore en jaune, prend une demi-transparence , l’élasticité de la corne, et comme elle difficile à diviser. Si on la met dans l’eau, elle se ra- mollit et se gonfle, mais ne se dissout pas. Soumise à l’ac- tion du feu dans un appareil fermé, elle fournit un liquide BAoBAB ADANSONIA. 7 très-acide, une huile brune assez abondante : ce produit donne cependant des vapeurs ammoniacales par l'addition de la potasse. Cette matière a laissé vingt-deux et demi pour cent de charbon qui avoit conservé la forme de la matière employée; ce charbon a fourni une cendre composée de fer, de carbonate et de phosphate de chaux; elle contenoit aussi une petite quantité de potasse. Ar Ce parenchyme a, comme on voit, beaucoup d’analogie avec le corps ligneux qui seroit mêlé à une petite portion de gomme : il doit, en effet, contenir une portion de fibres provenant des pédoncules du fruit qui se rendoient aux graines : mais s'il contient une gomme, c’est assurément une gomme insoluble , car il avoit été amplement lavé. Il ren- ferme aussi de la féculeamylacée, puisque mis en contact avec une dissolution d’iode, il prend une belle couleur bleue; d’ailleurs traité par l'acide nitrique il a donné de l’acide oxa- lique, de l’acide mucique, de la cire et une matière jaune, amère : il reste une substance blanche, très-divisée , comme de la pâte de papier, insoluble dans l’acide nitrique, et que je regarde comme du ligneux pur. Fermentation du suc du fruit du baobab. Désirant savoir si la fécule du baobab seroit susceptible de fermenter, et de donner naissance à une boisson alcoo- lique, j'en ai délayé quelques onces dans un litre et demi d’eau, et l'ai agité de temps en temps. Lorsque cette fécule 8 BAorAB ADANSONIA. a été dissoute, on a passé la liqueur à traversun tamis grossier, afin qu’à l'exception des graines, toute la matière püt passer. Ensuite on a repassé cette même liqueur pour en séparer une espèce de parenchyme qui y étoit suspendu. La liqueur ainsi passée et abandonnée à elle-même : à une température de 14 à 150, a donné au bout de trente-six heures des signes de fermentation par un trouble plus marqué, par quelques bulles d'air qui se sont développées à sa surface, et par l’odeur et la saveur légèrement alcoo- lique qu’elle a contractées: mais cette liqueur ne s’est point éclaircie , sans doute à cause de la viscosité produite par la gomme. Bientôt après la saveur alcoolique a disparu, et l'acidité au contraire a augmenté; enfin elle a pris une odeur sem- blable à celle du vinaigre qui commence à se gâter. Les passages subits de la liqueur de l’état sucré à l’état alcoolique, et de ce dernier à l’état acide, ne doit point éton- ner, parce que ce fruit ne contient qu’une petite quantité de sucre , et il contient déjà de l’acide et beaucoup de mucilage qui déterminent plus promptement ces transitions. Il n’est pas douteux qu’il n’y ait aussi dans ce fruit une certaine quantité de matière végéto-animale qui excite les premiers mouvemens dans la matière sucrée : l’on a vu, en effet, par la décomposition du parenchyme dont nous avons parlé plus haut, que parmi les produits qu'il a donnés, il y avoit une petite quantité d’ammoniaque. Le suc du fruit du baobab contient en outre une matière colorante qui prend une belle couleur rouge de vin par les alcalis, et un sel calcaire qui est, sans doute, du malate de BAOBAB ADANSONIA. 9 chaux : cependant l’ammoniaque ne forme pas de précipité dans le suc qui contient ce sel. D’après les expériences rapportées dans cette note, l’on voit que la substance qui environne les graines du fruit du baobab, est principalement composée d’une gomme semblable à la gomme du Sénégal, d’une matière sucrée susceptible de fermentation, mais incristallisable, de fécule amylacée, d’un acide, qui me semble être de l’acide malique, enfin d’une matière fibreuse de nature ligneuse. La matière dont nous parlons infusée dans l’eau et passée donne une boisson que la réunion de la gomme, du sucre et de l’acide rend agréable; cependant quand la quantité d’eau est telle que la saveur sucrée et acide de la liqueur est agréable, la quantité de gomme est trop Ne et trop sensible à la bouche. Cette boisson abandonnée à elle-même subit en très-peu de temps la fermentation alcoolique, mais la quantité de sucre étant très-petite, la boisson qui en résulte est pauvre en alcool, par conséquent elle ne peut s’éclaicir ni se con- server long-temps : en effet, elle passe promptement à l'acide, en déposant une matière blanche. Si l’on ajoutoit à l’infusion de cette matière une certaine quantité de sucre, une once sur un litre, par exemple, l’on obtiendroit une boisson plus spiritueuse, dont une portion de la gomme séparée pendant la fermentation, laisseroit la liqueur plus agréable et d’une conservation plus durable. Mém. du Muséum. t. 8. 2 10 BaoëAr ADANSONIA. Usage des feuilles et du fruit du baobab. au Sénégal. Les. nègres du Sénégal font usage de la poudre des feuilles et de l’écorce du baobab. pour mêler à leurs. alimens : ils appellent cette poudre l’alo. C’est dans l'intention d’entre- tenir la transpiration et calmer l’ardeur du sang et des. urines. Adanson qui s’en est servi pour se préserver des fièvres ardentes qui moissonnent un grand nombre d'Euro- péens pendant les mois de septembre et d’octobre, époque où les pluies venant à cesser, le soleil dessèche la terre, assure qu’elles ont en effet ces propriétés ; il en faisoit une tisane dont il buvoit une chopine tous les matins et soirs pendant ces deux mois. Il croit que c’est l'usage qu'il en a fait qui l’a préservé pendant cinq ans au Sénégal des diarrhées, des fièvres ardentes; maladies très à craindre dans ce pays. Pour preuve de ce qu'il avance , il dit que dans le mois de sep- tembre 1751, où les fièvres ardentes furent plus répandues qu’on ne les avoit vues depuis long-temps au Sénégal, il con- tinua ses chasses et ses herborisations fatigantes avec autant d’ardeur qu'il auroit pu le faire en France, et qu’un de ses amis qui, à son exemple, usoit de la même tisane fut aussi exempt de maladie, tandis que tous les officiers français étoient malades. Le fruit du baobab n’a pas moins d'utilité que les feuilles, on mange la chair fongueuse qui entoure ses semences, dont le goût est agréable quand surtout le fruit est encore frais : il perd beaucoup en se desséchant, il fait cependant un objet de commerce en Egypte. Suivant Prosper Alpin les Maures BAoBAB ADANSONIA. 1: portent le fruit du baobab dans Îles pays voisins du royaume de Maroc, d’où il se répand dans toute l'Egypte. Les habitans du Caïre font un fréquent usage de la pulpe de ce fruit réduite en poudre, qu'ils appellent terre de Lemnos, pour chasser ou prévenir les fièvres pestilentielles, les crachemens de_sang, la lienterie , la dyssenterie, etc. © 12 LE Q RECHERCHES SUR L’ACCROISSEMENT ET LA REPRODUCTION DES VÉGÉTAUX; PAR M. H. DUTROCHET, Correspondant de l’Institut de France, de la Société philomatique, etc. SECTION II. De l'accroissement des végétaux en longueur. S I. L'accroissement des végétaux en longueur, se fait suivant les deux directions opposées des tiges et des racines. La cause à laquelle est due l’ascension des premières et le mou- vement descendant des secondes est entièrement inconnue ; toutefois, ce phénomène peut faire soupconner qu'il existe une certaine corrélation entre la cause de la pesanteur et celle de la vie végétale. J’ai fait plusieurs expériences pour tenter d’éclaircir ce curieux mystère de la nature; mais comme elles sont trop incomplettes pour pouvoir être exposées ici, je me bornerai à étudier la manière dont les racines naissent et s’accroissent en longueur. (ACCROISSEMENT DES VÉGÉTAUX. 13 S IL. De l'origine et de l'accroissément en longueur des racines. Ce: seroit probablement én vain qu'on chercheroit à voir Yorigine des racines chez les végétaux dicotylés. Ces végé- taux, doués d’une organisation dense, d’une texture serrée, laissent difficilement pénétrer l'observateur dans les mystères de leur organisation. Il n’en est pas de même de la plupart des végétaux monocotylés. Leur organisation permet d’ap- percevoir avec assez de facilité des phénomènes tout-à-fait inapercevables chez les premiers. Ainsi l'origine des racines m'a été dévoilée par plusieurs végétaux monocotylés, et entr’autres par le zyrphea lutea ei le sparganium erectum. La tige submergée du 2ymphea est couchée : les racines qui la fixent dans la vase naïssent à sa partie inférieure; sa péri- phérie est marquée par les nombreuses cicatrices produites par la chute des feuilles des années précédentes. Si l’on exa- mine l’intérieur de cette tige, on voit qu’elle est composée d’un système cortical fort mince’ et demi-transparent et d’un système central formé par un tissu cellulaire blanc. dans lequel existent des faisceaux de fibres irrégulièrement flexueuses. Ces faisceaux de fibres sont enveloppés chacun par une couche. d’une substance jaune et demi-transparente qui paroît être un cambium développé à la surface de ces faisceaux. Chacune des racines: du rymphea correspond constamment à l’un de ces faisceaux de fibres, lequel est HAE ACCROISSEMENT toujours bifurqué à l'origine de la racine, ainsi que cela se voit dans la figure 13 &. Ce faisceau de fibres, appartenant au système central de la tige, occupe dans toute sa longueur le _ centre ‘de la racine, dont il forme le système central. Autour de celui-ci existe le système cortical de la racine qui est com- posée d’une multitude de fibres longitudinales qui aboutissent inférieurement à un plateau qui les sépare du tissu cellulaire central de la tige. Les radicellés partent du système central de la racine et traversent, avant de se montrer en dehors» toute l'épaisseur du système cortical. Cherchons actuellement quelle est l’origine de cette racine. Pour ÿ parvenir, le meil- leur moyénest de faire une multitade de coupes transversales sur la tige, surtout aux éndroits où l’on aperçoit de petits tubercules. De cette manière on finit par rencontrér dés ra- cines naïssantes; l’on peut réconnoître ainsi le mode de leur origine et suivre le progrès de leur accroissement. Lies premiers rüdimens observables de la racine consistent en un faisceau de fibres du système central, faisceau qui se ploye et forme un coude daris le voisinage du système cor- tical; ainsi qu'on le voit dans la figure 10 4. Lorsque ce faisceau coudé approche du système cortical, il se manifeste dans ce dernier une production ronde, aplatie, formant une sorte de poche composée de deux parois, l’une infé- rieure formant une convexité en dessous, l’autre supérieure à peu près plane. On voit cette poche Hire en 6 (fig. 10); elle ‘est récouverte par l'écorce de la tige. En poursüi- vant ce genre de recherches, par le moyen que j'ai indiqué, on rencontre des racines naissantes qui offrent des degrés de développement plus avancés. Ainsi lon Voit que la paroi / DES VÉGÉTAUX. 19 plane qui occupe la partie supérieure de la poche en ques- tion, devient un peu convexe en dessus (fig. 11 2); le faisceau de, fibres coudées & touche à la poche, dans l’in- térieur. de laquelle on aperçoit des stries qui sont les ru- dimens des fibres corticales dont j'ai parlé plus haut. En continuant cette recherche, on voit que le faisceau de fibres coudées &, continuant à s’allonger, pénètre dans l’intérieur de la poche 6, en poussant devant lui, à ce qu'il paroit, la paroi supérieure, de cette poche qui lui sert pour ainsi dire de coiffe, (fig. 12). Alors la poche pointe en dehors; elle a rompu l’écorce qui la recouvroit. On voit d’une manière plus distincte les fibres corticales qui sont dans son intérieur. Cette racine naissante continüant. de s’accroître devient une racine parfaite. La figure 13 représente la coupe longitudi- nale d’une portion de cette racine; c système central de la tige; à système cortical; & faisceau coudé de fibres. qui forme le système central de la, racine; à fibres longitudinales dont Passemblage forme le.système cortical de la racine; f plateau où se fait l'insertion des. fibres corticales de la racine. Ainsi, la racine du #ymphea tre son origine d’un faisceau de fibres du système central de la tige ; faisceau qui s'étant ployé en coude dans le voisinage de l’écorce, y a déterminé par son approche la formation d’une” poche corticale subjacente à l'écorce de la tige et destinée à former le système cortical de la racine. Le faisceau coudé de fibres a pénétré dans l'in- térieur de cette poche corticale et en est devenu le système central. ; Cette observation nous apprend, 19. que les systèmes cen- tral et cortical de la racine sont primitivement isolés; ils. 16 À CCROISSEMENT existent tous les deux avant de former un tout organique par leur assemblage ; 20: que le système central pénètre dans l'intérieur du système cortical; 30. que le système cortical de la racine se forme au dessous de l'écorce de la tige, de sorte que la racine perce cette écorce pour se produire au dehors et se trouve ainsi col/éorhizée. Les tiges du z2y72phea n'ont qu'un petit nombre de ra- cines , et cependant la nature tend presque continuellement à en produire de nouvelles : mais ces racines naissantes avortent presque toujours. On trouve, à la partie inférieure de la tige couchée du zy7rnphea, une assez grande quantité de petits tubercules noirs; ce sont des racines mortes au moment de se produire au dehors et dont l’intérieur s’est -carbonisé. Il est à remarquer que chez le zymphea, il ny a que les racines dont l'origine a lieu immédiatement au- dessous des feuilles qui soient douées de la faculté de se développer. Ces racines, d’abord flottantes dans l’eau, ne tardent point à s’enraciner dans la vase et ne forment point un ordre particulier de racines, comme on l'a dit. J’ignore pourquoi les racines qui naissent sur les autres parties de la tige ne se développent point et meurent ; mais ces faits sont en harmonie avec ce que l’on observe dans l'embryon du 2ymphea lors de la germination. La radicule de cet em- bryon ne se développe pas; elle reste à l’état de simple mammelon radiculaire et meurt dans cet état; tandis que les racines adventives qui naissent au-dessous des pre- mières feuilles se développent et fixent la plantule au sol. Les racines qui naissent au-dessous de ces feuilles ont un “développement fort rapide et sont fort petites dans l’origine; DES VÉGÉTAUX. 17 celles qui naissent sur les autres parties de la tige et qui doi- vent rester à l’état de simples #2ammelons radicellaires se forment avec beaucoup plus de lenteur; elles prennent sous l'état de #2armmelon radicellaire plus de développement que les premières ; par conséquent les phénomènes dont je viens d'exposer la succession y sont bien plus visibles. Plusieurs autres végétaux monocotylés m'ont offert le même mécanisme dans la formation des racines. Je me bornerai à rapporter ce que j'ai observé sur le sparganium erectum. Cette plante aquatique possède des tiges rampantes dans la vase et garnies de feuilles alternes qui se détruisent promp- tement. Dans l’aisselle de chacune de ces feuilles il existe un bourgeon. Chacune de ces tiges à (fig. 0) est terminée par un renflement & qui porte les feuilles aériennes et la tige florifère qui émergent de l’eau. Il est, en effet, fort remar- quable que cette plante, comme beaucoup d’autres, possède deux sortes de tiges, l’une souterraine et l’autre aérienne, souvent différentes par leur organisation. Chez le sparganiumn erecturn , la üge aérienne nait toujours du bourgeon ter- minal & de la tigesouterraine à, dont les bourgeons latéraux c avortert la plupart du temps. Nous verrons tout à l'heure quelle est l’origine de cette tige souterraine. Cette tige ram- pante est composée d’un système central brunâtre dans lequel on remarque beaucoup de fibres flexueuses, et d’un système cortical de couleur blanche qui ne paroït composé que de üssu cellulaire ; l'épiderme est brun rougeâtre. Le renfle- ment & (fig. 9) produit des racines à sa partie inférieure et latérale. Les couleurs tranchées des deux systèmes cortical et central permettent d'en apercevoir l’origine. On voit d’abord Mémn. du Muséum. 1.8. 3 18 ACCROISSEMENT une pette flexuosité d de l’une des fibres du système central; elle correspond à une petite calotte dont la couleur rougetre tranche vivement avec la blancheur du système cortical dans lequel elle se trouve. Bientôt la caloite rougetre augmente de diamètre et elle s’approche de la surface extérieure de l’é- corce, suivie dans ce mouvement par la production du système central dont la pointe est enveloppée par la courbe qu’elle décrit : on voit en 2 et en g deux degrés différens du déve- loppement de cette racine. On ne tarde point à reconnoitre que la calotte rougeâtre qui recouvre et enveloppe sa pointe est l’épiderme de lécorce de la racine naissante. Dans un degré de développement plus avancé, on voit cette dernière percer l’épiderme de l’écorce et se produire au dehors comme on le voit en z. Nous trouvons dans cette observation une con- firmation de ce que nous avons vu dans le zymphea. Le sys- tème central et le système cortical de la racine sont isolés dans le principe et le premier pénètre dans l’intérieur du der- nier. La racine naissante est de mème coléorhizée, parce qu’elle naît pourvue de son écorce au dessous de l’écorce de la tige qu'elle perce pour se produire au dehors. La couleur rougeâtre de l’épiderme sert ici à le faire apercevoir dès l’origine. Chez les dicotylés on n’aperçoit point de même l'isolement primitif des deux systèmes cortical et central de la racine ; mais on voit que cette dernière naît au-dessous de l’écorce, de la même manière que cela a lieu chez ies monocotylés ; en sorte que toute racine naissante est nécessairement coléorhizée. On aperçoit clairement cette disposition dans les racines des plantes herbacées qui ont un système cortical épais. Lorsque, par exemple, on plante au printemps des racines de carotte (darcus DES VÉGÉTAUX. 19 carota) que l’on a ôtées de terre avant l'hiver, ces racines ne tardent point à produire des radicellés sur un grand nombre de points de leur pourtour. On voit, en coupant la racine, ces radicelles qui percent l’épais système cortical au-dessous duquel elles sont nées ; on voit qu’elles sont pourvues dès leur origine d’un système cortical particulier; en sorte que, pour se produire au dehors, elles percent de vive force toute l'épaisseur du système cortical de la racine mère. La gaine corticale qu’elles se forment dans ce trajet est leur coléorhize. Cette gaine corticale est quelquefois assez facile à apercevoir sur les boutures des végétaux ligneux. On la voit, par exemple, avec beaucoup de facilité sur le rubus fructicosus. On sait que ce végétal ligneux produit de longues tiges qui s’enraci- nent par leur extrémité, lorsque celle-ci vient à toucher la terre. On peut, à l’œil nu, voir les coléorhizes des racines qui naissent dans cet endroît. À l’aide de la dissection et de la loupe on voit les racines naissantes au-dessous de l'écorce de la tige qu’elles soulèvent avant de la rompre pour se produire au dehors. La coléorhize des racines naissantes est également très-facile à voir chez le phaseolus vulgaris, le pisum sa- ipumn , lericia faba, etc. Il résulte de ces faits que les racines, soit qu'elles partent de la tige, soit qu’elles émanent de plus grosses racines, sont toujours coléorhizées, c'est-à-dire, qu'elles percent de vive force l'écorce au-dessous de laquelle elles sont formées et qui leur sert de gaine. Le plus ordinai- rement elles contractent promptement adhérence avec cette gaine ou coléorhize : ce qui empêche souvent de l’apercevoir. C'est spécialement par leur pointe que les racines croissent en longueur , ainsi que le pensoit Duhamel; cependant une oi 20 ÂACCROISSEMENT racine dont la pointe est coupée s’accroit encore un peu, ainsi que je l'ai observé. Je reviendrai plus bas sur ce dernier phé- nomène en traitant de l’élongation considérée en général. Je me bornerai ici à étudier la manière dont les racines s’allon- gent par leur pointe. Lorsque la racine naissante a percé la coléorhize qui l’em- prisonnoit, elle s’allonge graduellement, semblable à un cône dont la pointe, en apparence toujours entière, seroit le siége d’un développement de totalité, en sorte que la pointe de la racine seroit toujours la même: elle seroit seulement sanscesse portée en avant par l’accroissement intérieur dont elle est le siége. La racine seroit en cela bien différente de la tige qui, comme on le sait, s’allonge en produisant successivement au dehors des parties qui sortent lesunes de l’intérieur des autres. Mais cette différence entre l’élongation des tiges et des racines n'est qu'apparente; elle s’évanouit par un examen plus at- tentif. La pointe des racines, observée à la loupe, offre une partie terminale qui est transparente ; c’est le système cortical qui enveloppe, en le dépassant, le système central de même ter- miné en pointe et reconnoissable à son opacité : si l’on observe avec assiduité l'accroissement de la pointe d’une racine, on s'aperçoit que la partie corticale transparente qui la termine n’est point toujours la même; elle se renouvelle de temps en temps par le mécanisme que je vais indiquer. Pour faire cette observation il faut faire développer des plantes dans de l’eau, en plaçant des graines germées sur un bocal dont le couvercle -de bois soit percé de trous pour recevoir les radicules qui se développeront et produiront des racines latérales dans l’eau DES VÉGÉTAUX. 21 dont le bocal sera rempli. Il arrive presque toujours que la racine pivotante meurt assez promptement à son extrémité : ainsi, c’est sur les racines latérales qu'il faut faire l'observation dont il s’agit. En observant ces racines au moyen d’uneloupe, on voit que bientôt leur pointe se dépouille d’une enveloppe corticale extrêmement mince et semblable à un épiderme. Ce dépouillement commence àse faire par la base du bourgeon , et les lambeaux de l'enveloppe ou coiffe corticale quirecouvroit ce dernier, se ploient en une spirale dont les tours s’avancent vers la pointe du bourgeon. Ces lambeaux, quelque temps ad- hérens à la racine, ne tardent point à s’en détacher. Il résulte delà quela racine possède une pointe corticale nouvelle quiest sortie de l’intérieur de l’ancienne au moyen delarupture etde la disparition de celle-ci. J’ai fait cette observation sur des racines de »zc1a faba, de phaseolus vulgaris ; de pisum satipum et de murabrlis jalappa. Chez cette dernière plante la rupture de la première coiffe corticale et l’émersion de la nouvelle pointe de la racine est même visible à l'œil nu, mais les ruptures subséquentes ont besoin, pour être vues, du secours du microscope où au moins d’une loupe d’un pouce de foyer. Il faut que la pointe de la racine, pour être ob- servée commodément , soit plongée dans l’eau; car ce n’est qu'au moyen de l'immersion des objets dans ce fluide qu’on peut faire des observations d’une grande délicatesse. J'ai vu le même phénomène, avec la plus grande évidence, dans les racines du sagr{tarta sagittifolia. Chez ce végétal la pointe - des racines se dépouille de petites coïffes corticales qui se détachent non par lambeaux , mais dans leur entier: et que l’on ne pense pas que je m’en sois laissé imposer en confon- (Se) 29 | AGCROISSEMENT dant les tiges souterraines et rampantes dans la vase que pos- sède ce végétal avec ses racines. En général, pour voir avec facilité la desquammation de la pointe du bourgeon de la racine, il faut observer des racines qui se soient développées dans l’eau ou dans la vase très-liquide ; car lorsque les racines se développent dans la terre, la coiffe corticale dont leur pointe se dépouille ñe peut être aperçue, parce qu'elle reste dans le sol lorsqu'on arrache la plante, ou parce qu’elle s'y décompose rapidement, à raison de son excessive ténuité. Au reste, il n'arrive pas toujours que la rupture des coïffes cor- ticales dont se dépouille le bourgeon de la racine s'opère à la base de ce dernier. La première coïffe de la racine du mi- rabilis jalappa, par exemple, se rompt à sa pointe, et je soup- conne que chez beaucoup de végétaux il n’y a point de dé- pouillement réel de la pointe de laracine, mais que la nouvelle pointe perce la coïffe qui la recouvre sans cesser de lui rester adhérente. Il résulte de ces observations que l’élongation de la pointe des racines s'opère au moyen de l’émersion successive de parties qui sortent les unes de l’intérieur des autres. Les coîffes successives dont se dépouille la pointe de la racine sont des coléorhizes successives qui diffèrent de la coléorhize primi- tive ou originaire dont nous avons fait mention plus haut, en cela que cette dernière est plutôt une dépendance de la racine mère que de er racine naissante qu'elle recouvre. DES VÉGÉTAUX. 53 S IIL De l'origine et de l'accroissement en longueur des tiges. La tige de tous les végétaux phanérogames et de beaucoup de cryptogames est pourvue de feuilles. Il n'existe, à cet égard, que des exceptions apparentes. C’est, par exemple, l’éxtrème petitesse de ces organes qui a fait croire que la cus- cute (cuscutaeuropæa) en étoit dépourvue, Cette plante pos- sède une feuille rudimentaire à la naissance de chacun de ses rameaux. L'origine de toutes les feuilles n’est point la même; quel- ques-unes doivent leur origine à une rupture du tissu végétal; d’autres sont les produits d’un développement végétatif par- ticulier: c’est ce que nous allons voir par l'étude du dévelop- pement des feuilles chez plusieurs végétaux. Le sparganium erectum , ainsi que nous l’avons dit plus haut, possède des tiges souterraines, munies latéralement de feuilles et de bourgeons alternes. Ces tiges se terminent par un renflement (a, fig. 9), lequel porte un bourgeon à feuilles et à tiges aériennes. Dans les aisselles des feuilles de ce bour- geon aérien , il se développe de chaque côté des bourgeons à tige souterraine, dont voici l’origine et le développement. On remarque d'abord une petite saillie z du système central, saillie qui correspond par sa pointe à une petite calotte hé- misphérique de couleur jaunâtre et composée de couches con- centriques 72 : elle occupe la partie la plus extérieure de l'écorce dont elle fait partie, et se trouve placée dans l’inter- 54 ÂCCROISSEMENT valle qui sépare deux des feuilles du bourgeon aérien. La. saillie du système central, d'abord séparée de cette calotte, s’en approche, s’en enveloppe, ou s’introduit dans son inté- rieur : elle la presse par son dévéloppement et la pousse contre la base de la feuille extérieure £, dont elle perce de vive force toute l'épaisseur : on voit alors que la calotte hémisphérique a pris une forme conique, et qu’elle compose le système cor- tical du bourgeon dont la saillie 7 forme le système central. Bientôt ce bourgeon souterrain prend un aécroissement assez considérable : il est de couleur rose, lisse et pointu par son éxtrémité : en le disséquant avec soin, on voit que les cou- ches concentriques dont son système cortical étoit primitive- ment composé, sont devenues de petites enveloppes coniques sans aucune ouverture, semblables à des éteignoirs contenus les uns dans les autres (0, fig. 9). M. Mirbel a donné le nom de prléole à une enveloppe pareille qu’il a observée recou- vrant la gemmule dans la graine des graminées et des cypé- racées. C’est sons ce même nom que je désignerai, dans le bourgeon, les petits éteignoirs dont il est ici question. Le bourgeon souterrain ayant acquis une tien d’en- viron deux centimètres, la piléole in plus extérieure s’ COTE par sa pointe, et bientôt après se fend longitudinalement f par l'effet de la préssion qu'exerce contre ses parois itérieures la seconde piléole qui tend à se produire au dehors : celle-ci, après son issue, forme à son tour l'extrémité de la tige sou- terraine naissante. La premiere ipiléole déchirée latéralement, mais non jusqu’ à sa bäse, devientune feuille engainante. Bien- tôt après la seconde piléolé se déchire à son tour, pressée par le dév eloppement| des'piléoles qu’ elle recouvre. La scissure DES VÉGÉTAUX. 25 jatérale de cette seconde piléole a lieu dans un sens diamé- iralement opposé à celui dans lequel s’est opérée la scissure de la première; elle devient de même une feuille engainante, alterne par sa position avec celle qui s’est formée avant elle. Les piléoles contenues les unes dans les autres continuent ainsi de se développer; elles sortent successivement de l’intérieur de celles qui les précèdent, et leur scissure latérale, dans des sens alternativement opposés, en fait des feuilles engainantes alternes. Le développement en longueur du système central p (fig. 9) est la cause de cette émersion successive des piléoles. C’est lui qui les pousse continuellement en avant; il envoie des prolongemens sous forme de fibres ou de vaisseaux dans l'intérieur de chacune des piléoles qui deviennent feuilles. Lorsque la tige a acquis une certaine longueur, on cesse d’apercevoir des piléoles dans son intérieur : on n'y voit que des feuilles toutes formées; mais la transition des piléoles aux feuilles rudimentaires toutes formées dans le bourgeon est perceptible pour l’œil de l'observateur. J'ai observé jusqu’à douze piléoles successives et parfaitement closes, dont la dé- chirure latérale a fait des feuilles alternes. Aux piléoles com- plétement fermées succèdent une ou deux piléoles incomplètes qui présentent à leur sommet une ouverture dirigée latérale- ment, et qui paroit s'être faite spontanément; car il est évi- dent qu’elle n’est point le résultat d’une déchirure opérée de vive force par le développement des piléoles subjacentes, comme cela avoit lieu pour les premières piléoles. À ces pi- léoles incomplètes succèdent des piléoles fendues spontané- ment dans toute leur longueur, c'est-à-dire, des feuilles toutes formées dans le bourgeon. Celles-ci sont destinées à se déve- Mérm. du Muséum. t.8. 4 26 ÂACGCROISSEMENT lopper dans l'atmosphère. Elles sont assises sur le renflement a (fig. 9), que forme à son extrémité la tige souterraine par- venue au terme de son accroissement. Ainsi, il n'existe véri- tablement aucune différence d’origine entre les feuilles sou- terraines et les feuilles aériennes du sparganium erectum ; les premières naissent de piléoles déchirées latéralement de vive force, les secondes naissent de piléoles fendues sponta- nément. Les feuilles souterraines ensevelies dans la vase ne tardent point à se pourrir, et les bourgeons situés dans leur aisselle restent à découvert ainsi qu’on le voit en c (fig. D). Le {ypha latifolia offre à l'observation des phénomènes exactement semblables à ceux que nous venons d'étudier dans le sparganium erectum. Les bourgeons aériens donnent de même. naissance , dans l’aisselle de leurs feuilles, à des bourgeons de tige souterraine. Ces bourgeonssont, dans l’ori- gine, beaucoup plus gros que ceux du sparganium erectum ; leur structure est très-facile à apercevoir. Le bourgeon paroît d’abord tel qu’on le voit en a (fig. 8). Une calotte corticale composée de couches concentriques paroît à la partie exté- rieure de lécorce dans l’intervalle de deux feuilles. Le sys- ième central 4 se courbe en bosse pour se porter vers cette calotte, dont il est séparé par le tissu cellulaire cortical qui est de couleur blanche. Bientôt le prolongement 0 arrive à la calotte corticale ; sa pointe touche le centre de cette dernière, comme on le voit en c; plus tard le prolongement D, sans cesse augmenté de longueur , s'introduit dans l’intérieur de la calotte d, dont les couches, de concentriques qu’elles étoient, deviennent coniques. C’est l’origine des piléoles, dent \ DES VÉGÉTAUX. 27 la scissure latérale formera des feuilles, de la même manière que cela a lieu dans le sparganium erectum. Lies bourgeons dont nous venons d’étudier le développe- ment naissent dans l'intervalle des feuilles de la même manière que les bourgeons des monocotylés bulbifères. Ces derniers se développent par un mouvement ascendant entre les feuilles dont l'intervalle leur a servi de lieu d’origine. Dans le spar- gantum erectum et le typha latifolia , ces bourgeons, au lieu de tendre à s'élever dans l'atmosphère, tendent à s’en- foncer dans la vase par un mouvement horizontal : pour y parvenir, ilspercent de vive force toute l’épaisseur des feuilles qui leur sont extérieures. C'est la position souterraine de ces tiges qui a porté les botanistes à les considérer comme des racines; mais il est évident que telle n’est point leur nature : premièrement, parce qu’elles sont pourvues de feuilles; se- condement, parce qu’elles naissent de bourgeons situés dans les aisselles des feuilles; troisièmement enfin, parce que les véritables racines existent avec elles, et qu’elles en diffèrent autant par leur organisation que par le mode de leur origine. Ces observations nous apprennent 10. que les systèmes cen- tral et cortical de la tige sont primitivement isolés ; ils existent tous les deux avant de former un tout organique par leur as- semblage; 20. que le système central pénètre dans l’intérieur du système cortical; 30. que le système cortical de la tige naissante est formé par la partie extérieure de l'écorce de la tige mère. En comparant ces résultats à ceux que nous avons obtenus par l'observation de l’origine des racines, nous voyons qu'ils sont exactement semblables, hormis dans un seul point. La là 28 ACCGROISSEMENT racine naissante prend son écorce au-dessous du système cor- ücal de la tige ou de la racine mère ; la tige naissante, au con- traire, emprünte son écorce à la partie extérieure du système cortical de la tige mère. Ces deux productions végétales se ressemblent en cela, que chez l’une comme chez l’autre, les deux systèmes cortical et central, primitivement isolés, se réunissent pour former la tige ou la racine naïssante; le sys- tème central pénètre dans l’intérieur du système cortical. Ainsi, il est prouvé par l'observation que la génération par bourgeons consiste dans la pénétration intime du système cor- tical préexistant par une production du système central. C’est le système cortical qui donne la forme extérieure au produit de cette génération. : Les racines et les tiges se ressemblent encore en cela que lélongation de leur pointe s'opère au moyen de la rupture successive de coiffes ou de piléoles corticales, en sorte que, chez les unes comme chez lesautres, la pointe nouvelle est le résultat d’une production médiane, et sort de l’intérieur des parties anciennes. Malgré l’analogie de développement quel’on observe dans les bourgeons des tiges et des racines, jamais ces deux organes ne se métamorphosent l’un dans l’autre, c’est-à-dire, que jamais un bourgeon de tige ne devient un bourgeon de racine, et que jamais un bourgeon de racine ne devient un bourgeon de tige. C’est ce que j'ai observé chez plusieurs végétaux. Lorsque, par exemple, les tiges du rubus fructicosus courbées vers la terre qu'elles atteignent par leur extrémité viennent à s’enraciner, c’est toujours au moyen de racines nées latéralement sur l'extrémité de cette tige dont le bourgeon terminal reste constamment bourgeon de tige et DES VÉGÉTAUX. 20 produit le jet nouveau qui s'élève. Cette observation peut servir à distinguer les tiges souterraines des véritables racines; celles-ci peuvent produire des tiges au moyen de bourgeons adventifs latéraux, mais elles n’en produisent jamais par leur hourgeon terminal, lequel reste constamment bourgeon de racine. De même les tiges souterraines se changent insensible- ment en tiges aériennes par la continuité du développement de leur bourgeon terminal , lequel ne se change jamais en bourgeon de racine. Les observations que nous avons ‘rapportées plus haut prou- vent que les feuilles sont produites par la scissure de piléoles successives, qui, dans le fait, ne sont que des couches suc- cessives d’écorce recouvrant la pointe du bourgeon. Cela est bien prouvé pour les feuilles des typhinées dont la base est Hs et qui sont composées de nervures longitudinales; cela n’est pas moins certain pour les végétaux qui appartien- nent aux familles des graminées et des cypéracées et qui pos- sèdent des feuilles à nervures longitudinales. Je m'en suis assuré par l’observation, et cet accord de faits m’autorise à considérer toutes les feuilles à nervures longitudinales comme devant leur origine à des piléoles fendues latéralement. Mais en est-il de même des feuilles dont les nervures, au lieu d’être longitudinales, sont opposées et inclinées sur un axe commun ? Prenons encore ici l'observation pour guide. Les tiges souterraines que nous avons observées chez les typhinées, les graminées et les cypéracées, n’existent pas seu- lement chez les monocotylés; on les rencontre assez fréquem- ment chez les dicotylés. Le solanum tuberosum , le tanace- tum vulgare, le gratiola officinalis, etc. , possèdent des tiges 30 ÀCCROISSEMENT souterraines. Les appendiceStque l’on nomme f/efs dans le fragaria vesca sont les analogues de ces tiges souterraines; mais ici ces tiges ne s’enfoncent point dans la terre; elles ram- pent à la surface du sol. Les tiges souterraines que l’on observe chez les-dicotylés sont pourvues de feuilles engainantes à ner- vures longitudinales, bien que les feuilles aériennes de ces mêmes plantes aient souvent une forme bien différente ; mais malgré cette différence de formes, il est facile à l'observateur de suivre la transition insensible qui existe entre ces feuilles. Choisissons pour cette observation le #anacetum vulgare dont les feuilles aériennes sont deux fois ailées. Les tiges souterraines du {anacetum pulgare sont pourvues de feuilles engainantes et à nervures longitudinales. Ces feuilles, qui sont étiolées et fort petites, naissent visiblement de la déchirure latérale d’étuis coniques ou de piléoles in- complètes et ouvertes à leur sommet; ces piléoles sont très- probablement complètes dans l’intérieur du bourgeon, mais leur extrême petitesse ne permet pas de s’en assurer de ma- nière à ne laisser aucun doute. Toutefois d’après les principes établis plus haut, il me suffit d’avoir observé que ces feuilles . sont engainantes, à nervures longitudinales, et qu’elles nais- sent de la déchirure d’un étui conique, pour décider qu'elles doivent leur origme à des piléoles successives. Il ne s’agit donc que de savoir s’il existe une transition insensible ‘entre ces feuilles sessiles à nervures longitudinales, et les feuilles aériennes qui sont pétiolées'et deux fois ailées, pour pouvoir décider si ces dernières doivent, comme les premières , leur origine à des piléoles. Lorsque la pointe d’une tigesouterraine de £anacetum vul- I C DES VÉGÉTAUX. gare arrive à la surface du sol, les feuilles sessiles et à ner- vures longitudinales que contient le bourgeon deviennent pétiolées etailées. Voici comment cettemétamorphose s'opère. Les nervures postérieures de la feuille souterraine, c'est-à- dire, celles qui sont opposées à la scissure , grossissent, s’allon- gent et se séparent les unes des autres à leur sommet. Ces nervures postérieures ainsi séparées les unes des autres déve- loppent sur leurs bords des filets latéraux qui sont des rudi- mens de folioles. Ainsi, la première des feuilles aériennes que produit la tige souterraine, est encore sessile, engainante et à nervures longitudinales; mais les nervures postérieures, plus longues que les nervureslatérales et isolées les unes des autres au sommet de la feuille, sont garnies de filets en forme de franges sur leurs bords. La feuille qui se développe immé- diatement après celle-ci possède un pétiole; il est dû à l’allon- sement et au développement des nervures postérieures de la feuille engaïnante. Les nervures longitudinales et latérales de celle-ci forment la base amplexicaule du pétiole. Les nervures postérieures, appelées seules à former la feuille aérienne, se divisent en deux ordres; les unes forment l’arête ou Faxe central de la feuille ; les autres se courbent à droite et à gauche de cet axe, pour former les folioles, qui elles-mêmes se sub- divisent de la même manière pour former les folioles secon- daires de la feuille deux fois ailée. Ainsi la feuïlle aérienne est une modification de la feuille souterraine ; son origine doit donc nécessairement être la même, c’est-à-dire , qu’elle doit naître d’une piléole; mais cette origine échappe à l’observa- tion, parce qu’elle a lieu dans l’infiniment peüt. Chez le sagittaria sagritifolia on aperçoit avec encore 32 À CCROISSEMENT plus de facilité, la transition de la piléole de la tige souter- raine à la feuille aérienne composée exclusivement de ner- vures longitudinales, ainsi que la transition de cette dernière à la feuille sagittée que cette plante ne possèdé que vers sa deuxième añnée. On peut observer des phénomènes analogues chez le fra- garia vesca. Cette plante possède deux sortes de tiges; les unes florifères et redressées, les autres rampantes, mais non souterraines. Ces tiges rampantes sont pourvues de feuilles engainantes et à nervures longitudinales. Des bour- geons naissent dans leur aisselle. Dans plusieurs espèces du fragaria vesca , la nervure postérieure de la feuille engai- nante, née sur la tige rampante, s’accroit en longueur et dé- veloppe les deux appendices latéraux qui constituent la feuille à nervures opposées sur un axe. Le reste de la feuille engai- nante primitive forme les deux stipules que l’on observe à la base du pétiole de cette feuille secondaire. Ainsi la feuille à nervures opposées sur un axe naït du dé- veloppement de quelques-unes des nervures longitudinales de la feuille primitive; et les stipules, ordinairement au nombre, de deux, naissent des deux portions latérales de cette même feuille primitive qui sont restées étrangères à la formation de la feuille secondaire. + Doit-on conclure de ces observations que toutes les feuilles en général naissent du développement des piléoles ? Non sans doute. L'observation prouveicile contraire et fait voiren même temps combien l’on doit:se tenir en garde contrede penchant que l’on a souvent à généraliser. Il y a des feuilles qui naissent d’un développement particulier des rameaux du végétal, ra- DES VÉGÉTAUX. 33 Meaux qui changent, pour ainsi dire, de nature et se méta- morphosent en feuilles. Ce phénomène , dont la première observation appartient à Ramathuel, a été depuis développé par M. Tristan (1). Ce dernier a prouvé que les organes cau- linaires des asparagus et des ruscus que l’on regarde ordinai- rement comme des feuilles, sont véritablement des rameaux qu'il considère comme aportés, et qu’il eût mieux fait, selon nous, de considérer comme des rameaux métamorphosés ou développés d’une manière particulière. Il donne à ces organes foliacés le nom de remules que nous adoptons. Les feuilles semblables à celles dont nous avons observé plus haut l’ori- gine, existent chez les asparagus et les ruscus, conjointement avec lessramules; elles enveloppent origiuairement la pointe du bourgeon. Ces feuilles se disposent le long de la tige et à l'origine des rameaux chez les asparagus ; elles restent tou- jours soûterraines chez les rwscus ; ainsi l'observation prouve qu'il y a deux espèces de feuilles : 1°. les feuilles qui tirent leur origine des piléoles qui enveloppent originairement la pointe du bourgeon ,'et que je nomme fezrlles piléolaires ; .20. les feuilles qui tirent leur origine de rameaux métamor- phosés et que je nomme feurlles ramules. Ces dernières n’en- - veloppent point originairement la pointe du bourgeon, ainsi que nous allons le voir tout à l'heure. L’Aydrocotile vulgaris possède des tiges rampantes dont le bourgeon terminal est composé de piléoles emboîtées les unes dans les autres. Le mode de cet emboïtement est le même que celui que nous avons exposé plus haut pour le (1) Bulletin des Sciences par la Société philomatique, juillet 1813. Méin. du Muséum. t. 8. 5 34 ACGROISSEMENT spañsantuun erectum, Ces piléoles sont de même parfaite- ment closes. C’est dans Vaisselle de ces piléoles que se déve- loppent les feuilles peltées que possède la plante, et voici le mécanisme de ce développement. Dans l’aisselle de la troi- sième piléole (en comptant la plus extérieure pour la première) on aperçoit un simple bourgeon arrondi; dans l’aisselle de la seconde piléole on trouve une feuille qui commence à se dé- velopper et qui est telle qu'on la voit dans la figure 44; a pé- tiole fort court et relativement fort gros ; 4 lobe antérieur ou primitif; ç c lobes latéraux nés postérieurement au lobe antérieur, comme on peut en juger à leur moindre dévelop- pement; d d bourgeons ou rudimens de nouveaux lobes latéraux. Dans l’aisselle de la première piléole on trouve une feuille plus avancée dans sa-formation et telle qu’elle est re- présentée par la figure 45. @ pétiole, c limbe de la feuille composée de neuf lobes disposés circulairement autour de l'extrémité du pétiole. Huit de ces lobes sont nés successive- ment par paires à droite et à gauche du lobe primitif 2. Ces lobes sont confluens à leur base, en sorte qu'ils correspondent tous à une petite portion du limbe qui est située au centre. C’est cette portion commune et centrale qui prend spéciale- ment de l'accroissement, et il en résulte la formation de la feuille peltée (fig. 46) dont les crénelures sont engendrées par les lobes que présente la feuille dans son état primitif. Il résulte de cette observation, 10. que les feuilles peltées de l’Aydrocotile vulgaris naissent de petits bourgeons situés dans les aisselles des: piléoles, et que par conséquent ces feuillesn’enveloppent point originairement la pointe du bour- geon qui termine la tige; 20. que les rameaux concentriques , DES VÉGÉTAUX. 35 dont se compose le Hmbe de ces feuillesnaissent les uns après les autres dé petits bourgeons particuliers et s’aceroissent par un développement végétatif. Par conséquent la feuille peltée dé l’Aydrocotile vulgaris est véritablement une feuzlle ra- rnule. Va feuille piléolaire de cette planté ne prend aucun ‘développement : ; ses rudimens disparoissent immédiatement après l’émersion de la fewille ramule qu'elle recouvre. Le potamogetum natans offre une organisation semblable; chez lui la feuille piléolaire, qui est amplexicaule et que les bo- tanistes désignent soùs le nom de sxpule caulinaire , prend un accroissement assez considérable ; mais elle ne vit pas aussi long-temps que la feuille ramule qui naît dans son aisselle ét qui est pétiolée. Cette suite d'observations nous donne le droit d'affirmer, en nous appuyant sur l’analogie, que la feuille des magnola et celle du Zrzodendrum télipifera sont des feuilles ramules, et que les pérules qui renferment com plétement ces feuilles dañs le principe; sont des piléoles qui se divisent en deux feuilles piléolaires considérées par les botanistés comme des stipules. On en pourtoit dire autant de beaucoup d’autres végétaux. © Dans la plupart des circonstancés il est fort difficile de dé- cider si la feuille d’un végétal est une fewille piléolaire où üne feuille ramule. Cependant il est Peu e données qui peuvent servir à décider cette question : par eo toutes les fois qu’une feuille est amplexicaule, où possède un pétiolé amplexicaule, on peut, je crois, aflirmiier que c’est ane feuille piléolaire , car cette formé révéle évidemment s6n origine : on en peut dire autant des feuilles dont le pétiole porte deux stipules latérales ; car nous avons vu, par l'observation du GE 36 AGCROISSEMENT fragaria vesca, que ces deux stipules sont des fragmens de la piléole primitive. Toutes les fois, au contraire, que la feuille est, dans l’origine, complétement renfermée dans une pérule formée par une ou par plusieurs stipules caulinaires , on peut affirmer que cette feuille est une feuille ramule ; car la pérule qui l'enveloppe n’est dans le fait qu’une modification de la piléole, | S IV. Coup-d'æil général sur le mécanisme de l’élongation des hges et des racines. ‘Lorsqu'on se contente de jeter un coup -d’œil superficiel sur le phénomène de l’élongation des tiges, on est tenté de croire que ce phénomène w’a point lieu de la même manière chez les monocotylés et chez les dicotylés: En effet, l’élon- gation des tiges des monocotylés paroît être le résultat du développement d’une suite de cônes ou de tubes emboîtés les uns dans les autres, de manière que les nouveaux sortent de l’intérieur des anciens; tandis que chez les dicotylés l’élon- gation des tiges semble provenir du développement d’une suite de cônes emboîtés les uns dans les autres, de sorte que les plus nouveaux sont à l'extérieur et les plus anciens au centre de la tige. Mais une semblable manière d'envisager le phénomène en question seroit évidemment erronée en cela que Jon confondroit le phénomène de l'accroissement en longueur avec celui de l'accroissement en diamètre. Le fait.est que l’élongation des tiges a lieu chez les dicotylés comme chez les monocotylés au moyen d’un développement successif de DES VÉGÉTAUX. 35 tubes ou dé cônes emboîtés les uns dans les autres, et dont les plus nouveaux sortent de l’intérieur des anciens. Les cônes ligneux qui se recouvrent en sens inverse , chez les dicotylés, sont les résultats de l'accroissement en diamètre ; ils n’opèrent point l’élongation des tiges. J’ai déjà exposé une partie de cette vérité en traitant de l'accroissement en diamètre chez les mo- nocotylés ; jy reviens ici avec plus de détail. Dans une tige: de dicotylé nouvellement sortie du bourgeon, le système central n'est composé que de la moëlle et de l’étui médullaire; ce dernier est formé par un assemblage de fibres et de vaisseaux parmi lesquels on compte beaucoup de trachées : ces fibres et ces vaisseaux se divisent!et/pénètrent dans les.pétioles des feuilles ; il n’y a point encore d’aubier. L'étui médullaire dela branche nouvelle prend son origine e dedans de l’étui mé- dullaire de la branche mère. C’est un fait dont je me suis:as- suré par desobservations multipliées. Les étuismédullaires des branches successives sont emboîtés les uns dans les autres , de telle manière que les plus nouveaux sortent de l’intérieur des plus anciens. Ainsi le phénomène de la production des fibres ascendantes du système central a lieu exactement de la même manière chez les dicotylés et les monocotylés. Chez les uns comme chez les autres, l’élongation du système central des tiges s'opère au moyen d’une production de fibres et de vaisseaux qui naissent au centre de ce système. Si j'ai comparé ces productions successives à des tubes qui sortent les uns de l'intérieur des autres, c’est pour rendre plus facile à comprendre ce fait qui dans le vrai ne se trouve point exposé d'une manière exacte par cette comparaison. L’étui médul- laire produit sans cesse, par sa surface intérieure, de nou- 38 ÂAGGROISSEMENT veaux faisceaux de fibres et de vaisseaux destinés à pénétrer dans les feuilles nouvelles, mais ces faisceaux successifs ne forment point de tubes successifs ; ‘c'est un réseau non interrompu depuis la base de la tige jusqu’à son sommet. A peine la branche de dicotylé est-elle sortie du bourgeon, par le mécanisme que nous venons de voir, que son étui médullaire tend , par une multiplication de ses fibres exté- rieures , x s’envelopper d’une couche d’aubier. Cette couche, d'abord molle ét presque fluide sous l’état de cambium, s’unit à la couche pareïlle de carnbium qui est produite dans le même temps à la surface de l’ancien aubier chez la branche mère. Il en résulte qué la couche là plus extérieure de l’aubier offre des fibres continues depuis lé sommet de la tige jusqu’à sa base et même jusqu’à l'extrémité des racines, ainsi que l’a affirmé avec juste raison M. Dupetit Thouars ; mais cette couche extérieure, observée sur la tige à des hauteurs di- vérses , appartient, par son ordre numérique , à des formations différentes qui se sont réunies en un seul corps. Aïnsi, la pre: mière couche d’aubier de la tige ou branche terminale est continue avec la seconde couche d’aubier de la tige ou branche mère, en sorte que leur ensemble forme une sorte d'étui co- nique qui recouvre complétement là première couche d’an- bier de la branche mère. Cet emboîtement de cônes d’aubiér a lieu, de cette manière, depuis le sommet du végétal jusqu’à sa base. Ces cônes appartiennent tous à l’accroissement en diamètre : ils ne jouent aucun rôle dans le phénomène de lélongation qui provient tout entier d’une production mé- diane de fibres opérée par la partie intérieure de létui mé- dullaire. Ainsi le phénomène de l’élongation du système DES VÉGÉTAUX. 49 central a lieu exactement de la même manière chez les mo- nocotylés et chez les dicotylés, c’est-à-dire, par une produc- tion centrale de fibres; maïs le phénomène subséquent de l'accroissement en diamètre est fort différent chez ces deux: classes de végétaux. L’élongation du système cortical s’opère, der les dicotylés comme chez les monocotylés, par la production successive des cônes emboités que nous avons désignés plus haut sous le nom de piléoles, et qui par leur rupture et leur dévelop- pement forment des feuilles. L’emboîtement de ces cônes est tel que les plus nouveaux sont les plus intérieurs. Leur for- mation est encore ici le résultat du phénomène général de la: production médiane. La formation de ces cônes ou couches successives d’écorce à la pointe du bourgeon, formation qui opère l’élongation du système cortical, n’a rien de commun avec la formation des couches successives de liber qui a lieu’ ensuite et seulement chez les dicotylés. Ces dernières couches n’opèrent que l’accroissement en diamètre du système cor ticai; elles sont étrangères à son élongation: Aus, chez les monocotylés comme chez les dicotylés, les deux systèmes s’allongent au moyen de productions médianes successives. À mesure que cet accroissement s'opère, les pro- ductions anciennes sont chassées vers l'extérieur par le déve- loppement des productions nouvelles. Dans le système cor- tical ces productions successives, par leur scissure ét par leur développementparticulier,forment dés feuilles; danslesystème central ces productions successives foiment l'étui médulläire qui est couronné par une voüte dans le bourgeon terminal, et qui offre latéralement, dans la longueur dé la jeune tige. 4o A GCROISSEMENT des faisceaux détachés qui pénètrent dans les pétioles des feuilles et dont la disposition est telle que les plus nouveaux sont plus voisins du centre de la tige que ne le sont les an- ciens. Il résulte de cette disposition que les deux systèmes s’allongent par un mécanisme semblable. Les feuilles piléolaires nouvelles sortent de l’intérieur des anciennes; les faisceaux pétiolaires nouveaux sortent de l’intérieur des anciens. Ce phénomène est général; il a lieu d’une manière exactement semblable chez les monocotylés et chez les dicotylés; seule- ment il est plus visible chez les premiers, à raison de la laxité de leur organisation. C’est donc uniquement par le mode de leur accroissement en diamètre que lestiges des NÉE pha- nérogames diffèrent les unes des autres. Les feuilles, ainsi que nous l’avons vu précédemment, sont intimement pénétrées par des faisceaux de fibres et par des vaisseaux issus de la partie intérieure de l’étui médullaire. Ainsi elles ont une connexion vasculaire avec la partie inté- rieure du système central. Lorsque l’étui médullaire produit la couche d’aubier, par la multiplication de ses fibres exté- rieures, les faisceaux pétiolaires qui tirent leur origine de cet étui opèrent, en petit, la mème multiplication par leur partie externe ; d’où il résulte que la feuille a des connexions vas- culaires, non-seulement avec l’étui médullaire, mais aussi avec la première couche d'aubier qui recouvre cet étui. Or, comme les fibres de cette couche d’aubier sont continues avec celles de la couche de même nature qui se forme en même temps à l'extérieur du système central dans toute l’é- tendue de da tige, il en résulte ce fait fort important, que la feuille a deux connexions vasculaires différentes; l’une avec DES VÉGÉTAUX. A la partie intérieure du système central, l’autre avec la partie extérieure de ce même système. Les expériences de Coulomb, de Cotta et de Link, prouvent que la sève monte par le centre de la tige; les phénomènes dont nous avons fait men- tion plus haut, touchant la formation des bourrelets chez les dicotylés, prouvent que la sève descend par les couches de nouvelle formation. La feuille, qui a des rapports vasculaires avec ces deux parties, possède donc deux ordres de vais- seaux; les uns adducteurs, issus de l’étui médullaire et qui conduisent la sève ascendante; les autres réducteurs, con- tinus avec la nouvelle couche d’aubier et qui conduisent par conséquent la sève descendante. Ce fait me paroit venir à l'appui de l'opinion de M. Kieser (1), quiconsidère les feuilles comme des organes en quelque sorte respiratoires , c’est-à- dire, destinés à soumettre le fluide nourricier à l’action d’un élément ou plutôt d’une cause extérieure. Dans l’ordre naturel les bourgeons naissent dans les ais- selles des feuilles, et comme celles-ci affectent constamment une disposition régulière dans leur disposition autour de la tige, il en résulte que les rameaux ou tiges secondaires qui naissent de ces bourgeons doivent affecter la même régularité dans leurs-positions respectives. La tige d’un végétal quel- conque, considérée dans son ensemble et abstraction faite des bourgeons adventifs , offriroit un aspect parfaitement régulier, si tous les bourgeons se développoient, si toutes les branches auxquelles ils donnent naissance prenoient un ac- croissement semblable ou proportionnel. Mais l'avortement (1)Mémoire sur l’organisation des plantes. Mém. du Muséum. 1.8. 6 42 ACGROISSEMENT d’un grand nombre de ces bourgeons, la différence de la nutrition, qui est active dans quelques branches et languis- sante dans quelques autres, amènent dans la tige du végétal une irrégularité qui n’étoit point originaire. Les racines, au contraire, paroissent être nécessairement irrégulières dans leur distribution et leurs positions respectives; on pourroit dire qu’elles naissent au hasard, si le mot de hasard n'étoit vide de sens. Cependant j’ai observé avec Bonnet (1) que les racines du phaseolus vulgaris offrent une sorte de régularité dans leur disposition. Celles qui naissent sur la racine pivo- tante sont toujours opposées et placées sur quatre lignes qui partagent la circonférence de cette racine en quatre parties égales. J'ai observé la même chose dans le vicia faba. Ce fait sembleroïit prouver que la production des racines est sou- mise à une sorte de régularité, comme l’est la production des branches; cependant dans le plus grand nombre des cas les racines n’offrent aucune régularité dans leur disposition. Jamais ellesnetirentleurorigine debourgeons s{ationnaires , comme cela a lieu presque toujours pour les tiges. Ces considérations peuvent, entre autres résultats, nous donner des notions certaines sur la nature de’ quelques-unes des productions souterraines que lon désigne sous le nom de #vbercules. Par exemple, on pense généralement que les tubercules du solantim tuberosum sont des racines modifiées; maïs une obéervation attentive prouve qu’il n’en estrien. Le tubercule du so/anuin tuberosum offre à sa surface un certain nombre de bourgeons, auxquels Tes cultivateurs don- (1) Recherches sur l’usage des feuilles. _ pes VéGéraux. 43 nent le nom d’yeux. Ces bourgeons produisent tous destiges souterraines pomgues à leur pointe de piléoles fort petites, qui, par leur scissure successive, forment des feuilles rudi- mentaires qui disparoissent fort psomptement, et que leur petitesse rend assez difficiles à apercevoir. C’est la pointe de ces tiges souterraines ou plutôt leur bourgeon terminal qui se renfle et se développe pour former le tubercule, qui souvent aussi est formé par le renflement des bourgeons latéraux de ces tiges rampantes. Les véritables racines , complétement étrangères à la production de ces tubercules, sont très-faciles à distinguer des tiges souterraines. Elles sont toujours beau- coup plus petites; elles naissent, soit des tiges souterraines, soit du tubercule lui-même ; mais ce ne sont point les yeux ou bourgeons de ce dernier qui leur donnent naissance; ils ne produisent que des tiges souterraines, et c’est seulement sur ces dernières que l’on observe les tubercules. Si les natu- ralistes eussent appliqué ici la connoissance de ce fait, que jamais les racines ne naissent de bourgeons stationnaires , ils eussent vu que les productions souterraines qui naissent des bourgeons stationnaires de la pomme de terre ne sont point des racines mais des tiges, et cela les eût éclairés sur la véritable nature des tubercules du so/anum tuberosum, qui sont véritablement des bourgeons renflés, et non pas des racines, comme on le croit généralement. Ë Nous avons vu, en traitant de l’origine des racines et des tiges, qu'elles sont engendrées par une courbure des fibres longitudinales du système central de la tige ou de la racine mère. Le coude que forment ces fibres ainsi courbées pénètre dans l’intérieur du système cortical préexistant, dont les fibres 6* 44 ÂCCROISSÈMENT se courbent de même pour lui former une coiffe. Ainsi la pointe de la racine et de la tige n’est point occupée par des fibres £erminées, mais bien par des fibres coudées. C’est par ce coude que ces fibres s’allongent au moyen d’un accroisse- sement intérieur ou production médiane qui a lieu dans le tissu même de ces fibres, et non au moyen d’une élongation terminale de ces fibres; puisqu'il est vrai qu’elles ne sont point erminées. I résulte de ce mécanisme que le tissu le plus jeune, et par conséquent le plus mou, se trouve toujours à la pointe. Aussi est-ce principalement par leur pointe que les racines et les tiges s’allongent. Cependant l’observation apprend que ce n’est pas uniquement dans cet endroit que s’opère leur élongation. J’ai vu des racines augmenter de lon- gueur quoique j'eusse coupé leur pointe. Mais cette élonga- tion n’est pas de longue durée et ses effets sont peu considé- rables. Dans les tiges l’élongation n’a point non plus son siége exclusif à la pointe, elle continue de s’opérer même lorsque l’on a enlevé le bourgeon terminal. Que l’on observe ; par exemple, une jeune tige de vigne (»r4es vinifera); on voit les articles dont elle est composée s’accroître en longueur, et leurs nœuds par conséquent s'éloigner les uns des autres, long-temps encore après l'évolution qui les a fait sortir du bourgeon. Ces faits prouvent que l’élongation des tiges et des racines se rapporte à deux phénomènes différens; le dévelop- pement du bourgeon produit lélongation gemmarre par la production des parties nouvelles qui sortent de l’intérieur des anciennes ; l’'élongation caulinaire résulte du développement en longueur de la tige ou de la racine après leur formation. F’élongation caulinaire a lieu dans tous les points de l’étendue COQUILLES FOSSILES. PL.T. Ce 1] tu (tn # ÿ Pr fr COQUILLES. FOSSZLES. PL. 11. Le LL COQUILLES FOSSILES. PL. HI. PILE TTL DESCRIPTION D'UNE VALVULE SPIRALE À l'ouverture cardiaque de l’Estomac du Cheval, Découverte à l'École vétérinaire de Berlin par M. le docteur Gurlt (1). Traduit de l'Allemand par M. HUZARD Fils. (Avec Figure.) Où sait que le cheval ne vomit que difficilement et seulement encore dans certains cas très-rares, comme quelquefois, par exemple , après la rupture de l’estomac. On a cru trouver la cause de ce phénomène dans la conformation du viscère, sur- tout dans la manière oblique dont l’œsophage s’y insère ; on l’a attribuée aussi à ce que les parois de l’œsophage, auprès de cette insertion, ont un tissu extrêmement musculeux dont les fibres forment une espèce de sphincter qui serre l’ouver- ture. Quelques personnes , aller par exemple, ont nié, dans des écrits, que cet obstacle provint de la présence d’une val- vule ; d’autres, au contraire, ont dit qu'une valvule existoit , mais ils ne l’ont poin, décrite. , (1) M. le docteur Gurlt professe l’anatomie à l'École vétérinaire de Berlin; la description qu’il a bien voulu me confier et le dessin qu’il m'a laissé prendre, n’ont encore été ni imprimée mi gravé nulle part. (Note du trauducteur.) 0 119 VALVULE SPIRALE. Je suis parvenu à pouvoir prouver que cette valvule se trouve constamment à l'ouverture cardiaque de l'estomac du cheval, et cela en insufilant l’estomac et la partie inférieure de l’œso- phage , et en les fesant sécher dans cet état. Je ferai observer que pour le succès de l’opération il faut lier l’œsophage trois pouces seulement avant son insertion à l'estomac: car si on conserve une plus grande longueur, l'air ne peut plus empé- cher les parois musculeuses de l’œsophage de se resserrer à l'ouverture cardiaque ; cette ouverture se ferme et dans cet état il n’y a plus de développement de la valvule. Elle commence dans l’œsophage du côté droit, un pouce environ avant l’ouverture dans l'estomac ; elle se dirige, en s’élargissant d’abord , en bas vers le côté gauche en d (voyez la figure), se tourne ensuite en haut et revient vers le côté droit eng; puis enfin se contourne encore une fois en bas et puis de droite à gauche, en c et 2, en se dirigeant vers le fond du sac gauche de l’estomac et en se rétrécissant succes- sivement. Elle forme ainsi une spirale d’un tour et demi. Elle est sans doute formée d’une duplicature de la mem- brane muqueuse qui de l’œsophage se continue dans l'estomac. Quand cette valvule se développe, son bord interne et libre e ne peut laisser qu'une onverture très-étroite par laquelle des substances solides ne doivent que difficilement repasser de l'estomac dans l’œsophage. Son développement , son épa- nouissement ne peut avoir lieu que lors d’un de ces mouve- mens antipéristaltiques de l'estomac qui repoussent les alimens vers l’œsophage, et alors il forme un obstacle au vomissement. Je ne prétends pas cependant que les autres causes déjà avan- cées ne concourent à ce mème effet, VALVULE SPIRALE, 113 L'entrée des alimens dans l’estomac ne peut aucunement être empêchée par cette valvule, parce que les alimens, en suivant sa direction spirale dañs l’'œsophage , l’écartent, la dilatent facilement et s'ouvrent une libre entrée dans l’es- tomac. Qu'on ne trouve pas cette valvule dans un estomac frais, telle qu'on la voit dans un estomac séché après avoir été soufflé de la manière que j’ai indiquée, cela dépend peut-être des fortes parois de l’œsophage qui ferment son ouverture dans l'estomac , disposent la membrane muqueuse em plis, et font disparoiïtre ainsi la valvule. En regardant à l'extérieur l’œsophage séché on trouve une dépression qui suit le contour intérieur de la valvule , jusqu'à l'endroit où elle arrive dans l'estomac (1). (1) On peut conférer pour et contre l’exislence de cette valvule: Lamorier, Mémoire où l’on donne les raïsons pourquoi les chevaux ne vomissent point. Mémoires de l’Académie royale des Sciences,"in-4°. , année 1733, p. 511. Bertin, Mémoire sur la structure de l’estomac du cheval, et sur les causes qui empéchent cet animal de vomir, ibid. , année 1746, p. 23. Bourgelat , Mémoire sur les vers trouvés dans .….…. le ventricule d’un cheval. Ibid. , Savans étrangers, 1760 , t. III, p. 416, 417. J’observerai, à l’occasion de ce Mémoire , que Haller, qui le cite dans sa grande Physiologie , a mis Soleysel au lieu de Bourgelat. — Recherches sur les causes de l'impossibilité dans laquelle les chevaux sont de vomir. Élémens de l’art vétérinaire; Précis anatomique du corps du cheval, 4°. édition, 1807, in-8°., t. IT, p. 387. Le Mémoire de Bourgelat remonte à 1771 , eta été imprimé dans le Journal d'Agriculture de mars 1778. Haller, Elementa Physiologiæ , 1764 , in-4°., t. VI, p. 291 et seq. Girard , Mémoire sur le vomissement contre nature dans les herbivores domes- tiques , lu à la Classe des Sciences physiques de L'Institut Le 5 février 1810. Traité d’Anatomie vétérinaire, seconde édition, 1819 , in-8°., en tête du I®. vol., p. 7. (Note du Traducteur.) Mém. du Muséum. 1. 8. 15 114 VALVULE SPIRALE. EXPLICATION DE LA FIGURE. Elle représente une valvule de grandeur naturelle vue de l’intérieur de l'estomac; c’est le dessin de la plus belle que le docteur Gurlt ait obtenue. aaaai. — Partie de la face interne de l’estomac. bb. — Bourrelet formé par les fibres musculeuses qui viennent de l’œsophage à l’estomac. cdgh.—Face dela valvule dans l’intérieur de l’estomac; — d partie de la valvule venant de l’œsophage et qu’on peut regarder comme la première partie; — c seconde partie dela valvule, dont la terminaison en pointe À est tournée vers le fond du sac gauche de l’estomac. e. — Bord interne libre de la valvule. J. — Cavité de l’œsophage. g. — Milieu à peu près de la valvule. h. — Terminaison de la valvule dans l’estomac. z. — Fond du sac gauche de l’estomac. PE. l'estomac dt cheval. laut de louvertire Tom. à. LT Ut ÿ di ei il 115 # -__ OBSERVATIONS SUR LE GENRE GYROSTEMON. Description d’une nouvelle Espèce qui lui ap= partent. PAR M DESFONTAINES. Lorsque je publiai dans le 6e tome des Mémoires du Muséum, le genre Gyrostemon , les fruits que j’avois observés n’étant point à maturité, je ne pus le rapporter à aucune des familles connues jusqu'à ce jour. M. Gaudichault, botaniste de l’ex- pédition de M. le capitaine Freicinet autour du monde. m’ayant communiqué des rameaux de la même plante et d’une seconde espèce , les uns et les autres garnis de fruits . murs, ilsm’ont offert des caractères qui serviront à completter la description du genre et à indiquer la place qu’il doit oc- cuper dans l’ordre naturel. Additions à la description du genre Gyrostemon, Mem. du Mus. tom. 6, pag. 16 : S{yli 20-40. Ovaria totidem , in gyrum conferia. -Capsulæ totidem,.compressæ, tenues, arcuatæ, membranaceæ, intis bivalves , uniloculares , monospermæ. Semen incurvum, transversim striatum , rugulosum, axi fructüs centrali liberc, superne annexum. Ermbryo incurvus , gracilis , dicotyledoneus , perispermo carnoso involutus. Cotyledones lineares, paralleli. Radicula inferior. 15° 116 GYROSTEMON. Genus singulare , cujus affinitas quædam cum Malvaceis pluribus, capsulis membranaceis, circa axim centralem dispositis , unilocula- ribus, monospermis, membranaceis, seminibus corrugatis, embryone incurvo , radiculà inferâ; sed distinctum floribus dioïcis , apetalis , staminibus in circulos plures concentricos confertis , antheris, recep- laculo communi nudo, impositis, sessilibns, truncatis, cuneiformibus, capsulis singulis , monostylis. GYROSTEMON COTINIFOLIUM. G. Fruticosum ; foliis alternis , ovato-rotundatis , glabris , petio- lalis , integerrimis. 3 ARBRISSEAU rameux de cinq à six pieds de hauteur. Feuirres alternes, glabres, lisses, entières, ovales-ren- versées ou ovales-arrondies, les unes obtuses, les autres un peu pointues, larges d’un à deux pouces sur une longueur à peu près égale, sensiblement rétrécies vers le pétiole , qui est gréleet trois ou quatre fois plus court que la feuille. Freurs dioiques : les fleurs mâles de cette espèce me sont inconnues. Freurs femelles nombreuses , disposées en grappes sur des rameaux grêles, qui naissent le long des tiges et forment dans leur ensemble une panicule. Chaque fleur est portée sur un pédicelle filiforme, solitaire , long de six à huit lignes. Carrce évasé, persistant , d’une seule pièce, divisé au som- met en six à huit lobes obtus. Corozze nulle. Frurr en forme de cône renversé, excavé au sommet, GYROSTEMON. 117 composé d’un grand nombre de petites capsules (environ 40) à une loge, membraneuses, très-comprimées, légèrement arquées et recourbées intérieurement au sommet , très-rap- prochées circulairement les unes des autres, marquées sur le bord externe d’un petit sillon longitudinal , s’ouvrant in- térieurement en deux valves et renfermant une petite graine reniforme , brune , chagrinée et sillonnée transversalement, attachées vers le sommet d’un axe ou placenta central, cylin- drique, persistant, évasé à sa partie supérieure. Un embryon grêle , arqué, entouré d’un périsperme charnu. Deux co- tylédons linéaires, étroits , parallèles et opposés, la radicule inférieure. Il me semble que d’après ces caractères, le genre gyrostemon doit être rapproché des Malvacées, dont un grand nombre ont le fruit également composé de plusieurs capsules minces, uniloculaires, monospermes et appliquées les unes contre les autres autour d’un axe central. J’avois cru d’abord qu’il avoit de l’affinité avec le sablier, Aura crepitans Lin., dont les fleurs sont unisexuelles monoïques, dont les anthères sont sessiles autour d’un axe commun, dont les capsules monos- permes , rapprochées en cercle , arquées et comprimées laté- rale ment, s'ouvrent ên deux valves par leur bord interne, et enfin dont l'embryon est entouré d’un périsperme charnu ; mais la radicule de l'embryon du Aura, de même que céllé des autres Euphorbiacées , est supérieure ; celle au contraire du gyrostemon est inférieure, comme dans la plupart des malvacées : ce caractère, qui est à mon avis d’une assez grande importance, joint à la structure et à la disposition des cap- sules, à la conformation des graines, me paroît rapprocher le gyrostemmon de cette dernière famille. 118 GYROSTEMON. L'espèce que je viens de décrire croit spontanément à la Nouvelle-Hollandesurles bords dé la baie des Chiens marins, où M. Gaudichault en a recueilli les individus qu’il m'a com- muniqués. EXPLICATION DE LA PLANCHE. A. Fruit mûr du gyrostemon ramulosum de grandeur naturelle et grossi,. ayec sa graine également grossie et de grandeur naturelle. Fic. r. Fruit du gyrostemon cotinifolium vu à la loupe. Fic. 2. Une moitié du même fruit partagé verticalement, où l’on voit le placenta central et deux graines latérales attachées à son sommet. Fig. 3. Une capsule séparée. Fre. 4 Le placenta central. Fic. 5. Une graine de grandeur naturelle. F1c. Fic. 6. Une graine grossie. Fe ë Fic. 8. Graine partagée verticalement ; on y voit l'embryon et le périsperme. : 9: Graine coupée transversalement. Tic. 9. L’embryon séparé. : ÉRAET : | Fic. 10. Deux autres embryons ; dans l’un les cotylédons sont contigus, et dans l’autre ils. sont écartés. WU °70, il D 27) \ > # 4 < | Z EX a = Ÿ VS À GTROSTEMON Coton . A. GC. ramulosum. —— = l } ê DESCRIPTION D'UN NOUVEAU GENRE, PAR M. DESFONTAINES. J Ar cru devoir publier ce genre, quoique les fleurs me soient inconnues, le fruit m’ayant offert des caractères très-remar- quablés et qui le distinguent de tous ceux de la famille des Apocinées, à laquelle il appartient. Ce genre est mdigène des forêts de la Guyane, où feu Joseph Martin, directeur du jardin de botanique et des pépinières royales de la colonie de Cayenne, en recueillit des rameaux garnis de fruits con- servés dans son herbier , qui appartient maintenant au Muséum. CONDYLOCARPON. Caux parvus, persistens, quinquepartitus. CoRoLLA, stamina, pistillum......…. Folliculi duo , longi, compressi, striati, evalves, articulati; lo- mentis duobus ad quatuor, elliptico-lanceolatis, ad juncturam maturo fructu secedentibus, unilocularibus , monospermis. SEMEN lineare , elongatum, subcompressum, hinc sulculo longitu- dinali exarafum , nudum , parieti medio pericarpii, membranulâ, longitudinaliter affixum. Embryo inversus, dicotyledoneus, peris- permo carnoso involutus. Cotyledones subulati, sibi invicem ap- positi , recti. Radicula filiformis, supera. : Genus ex Apocinearum ordine, folliculis articulatis ; planis , eval- 120 CoNDYLOcARrPON. vibus , lomentis unilocularibus , monospermis , secedentibus, dissepi- mento nullo, seminibus pappo destitutis, sulco exaratis, pericarpio medio, hinc longitudinaliter affixis, distinctissimum. CONDYLOCARPON GUYANENSE. C. Folis ternatis , lævibus, evato-lanceolatis, acuminatis. Triozs ligneuses. Rameaux flexibles, noueux à la nais- sance des feuilles, très-légèrement striés et parsemés de petits tubercules à peine visibles. Feurrreselliptiques-lancéolées, éntières, lisses, persistantes, d’une consistance ferme, opposées trois à trois, à bords repliés en dessous , longues de quatre à cinq pouces, sur un pouce à un pouce et demi de largeur , plus longues que les entre- nœuds, terminées par une pointe allongée, partagées par une nervure longitudinale, saillante en dessous, et d’où nais- sent d’autres nervures transversales peu apparentes. La sur- face inférieure est parsemée d'untrès-grand nombre de petites écailles rapprochées par groupes irréguliers de différentes grandeurs. Les pétioles sont grèles , longs de quatre à cinq lignes. Freurs disposées en corymbes lâches sur des pédoncules axillaires et terminaux. Frauir. Deux follicules, dont un avorte quelquefois, com- posés chacun de deux , trois ou quatre lobes oblongs, aplatis, un peu épais, articulés les uns à la suite des autres , rétrécis au point de jonction ; longs d’un pouce ou plus sur quatre à cinq lignes de largeur; ils ne s'ouvrent point, et se séparent à l’époque de la maturité; chacun de ces lobes renferme une AA Zom.. 6€. Pl 2. \\ l 1 \ \ \\\ À \ \ CONDYZLOCARPON Craçanense ConDyLocARPON. É21 graine grèle , brune, longue de six à huit lignes, un peu aplatie , chagrinée, sans aigrette, libre d’un côté, partagée dans sa longueur par un petit sillon et attachée à la partie moyenne du lobe par un petit prolongement longitudinal et membraneux, qui naît du sillon. Cette graine dont je dois l'analyse à M. Kuntb , renferme un embryon renversé, en- touré d’un périsperme allongé, charnu , deux cotylédons aigus, droits , en forme d’alène, appliqués l’un contre l’autre par leur face interne , une radicule filiforme, droite et supérieure. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fic. 1. Un lobe partagé verticalement, dans lequel on voit une graine. Fic. 2. Un autre lobe partagé en travers, renfermant une graine. Fic. 3. Un troisieme lobe partagé transversalement , où l’on voit une moitié supé- rieure de la graine du côté de son sillon. Fic. 4. Une graine vue du côté de son sillon. Fic. 5. Une moitié de graine coupée en travers. Fi6. 6. Une moitié de graine partagée verticalement , où l’on distingue l’émbryon et le périsperme qui l’entoure. Fic. 7. L’embryon séparé du périsperme. Nora. Tous ces objets ont été grossis à peu pres du double de leur grandeur naturelle. : Mérm. du Muséum. t. 8. 16 "1292 DE L'ORGANE MUSICAL DES CRIQUETS ET DES TRUXALES, Et-sa comparaison avec celui des mäles des Cigales. PAR M. LATREILLE, de l’Académie Royale des Sciences , etc. Lu à cette Académie le 22 octobre 1821. Les mâles des cigales , insectes de l'ordre des hémiptères , ceux des sauterelles , des grillons, les individus des deux sexes, dans les criquets et les truxales, insectes appartenant tous à l’ordre des orthoptères, font entendre un son bruyant, monotone et souvent importun, que l’on a généralement désigné sous le nom de cri-cri. Le peuple les éomprend parmi les animaux chanteurs, qualification très-impropre et que divers naturalistes ont remplacée par celle de stridulans. L'observation nous a appris que ce prétendu chant est simplement le produit d’un frottement de quelques parties du corps de ces insectes. Réaumur à décrit, avec un grand détail, le mécanisme de l'instrument musical des mâles des cigales. Son digne émule, de Géer, nous a donné sur celui de plusieurs autres insectes précités des notions non moins exactes et que j'ai généralisées. Maïs je ne sache pas que ORGANE MUSICAL DES CRIQUETS ET DES TAUXALES. 123 d’autres naturalistes aïent ajouté depuis des faits nouveaux et importans à ceux que ces deux grands maîtres de la science avoient recueillis. Le second, dans sa description du criquet de passage, acrydium migratorium, fait mention d’an organe, qui selon ses présomptions doït augmenter ou fortifier l'énergie du son que cet insecte produit , en frottant alternativement , à diverses reprises et avec beaucoup de célérité , la face interne de ses cuisses postérieures contre la surface supérieure des élytres. Cedoute méritoit d’être éclairei ; et cependant, quoique l’on se livre fortement aujourd’hui à des recherches anatomiques sur les insectes, que les orthop- ières même en aient été spécialement l’objet, la difficulté subsiste toujours. Je m’étois contenté jusqu'ici d'étudier cet organe sur le sec, ce quine m’avoit guère plus instruit. Mais ayant habité momentanément la campagne, et dans une saison où les orthoptères sont très-communs, j’ai eu la facilité de les observer et le moyen de pouvoir éclaircir ce point litigieux. Le Réaumur suédois ayant borné son examen au criquet de passage , il étoit d’ailleurs nécessaire de l’étendre à d’autres espèces de ce genre. Suppléer aux observations de ce naturaliste relativement à l'organe musical des criquets, tel est donc le but que je me propose. Je terminerai ce mé- moire par la comparaison de cet organe avec l'instrument analogue des cigales, qui, malgré le travail de Réaumur sur cet objet, n’étoit pas encore intégralement connu. Il à donné à la pièce principale de l’organe du chant de ces insectes le nom de timbale. Celui de tambour me paroit convenir avec autant de justesse, si ce n’est pas avec plus de rigueur, à l'organe dont il s’agit ici, puisqu'il se compose 16 * 124 ORGANE MUSICAL d’une caisse remplie d’air et fermée aux deux bouts par une membrane. Tous les criquets , ainsi que les truxales, et sans distinction de sexes, ont cet organe double. Il est situé presque immé- diatement au-dessus des hanches des deux pieds postérieurs, plus en arrière qu’en avant , et sur les côtés du segment qui unit l'abdomen au thorax, segment qui dans beaucoup d’in- sectes semble dépendre de cette dernière partie ; c’est celui que j'ai nommé médiaire (1). Une cavité, que l’on prendroit, au premier coup d’œil, pour un grand stigmate, de figure presque semi-lunaire ou demi-ovale, et fermée un peu au-dessous de son ouverture par une lame transverse ou une sorte de volet, fait recon- noître de suite la place et la portion extérieure de cetambour. Ses bords sont en partie relevés et leur courbure regarde l’ex- trémité postérieure du corps, mais en se rapprochant un peu du dos. Au côté interne du bord antérieur ou diamétral, presque à fleur d'ouverture, est adossée une petite pièce , de forme presque triangulaire , un peu inégale, de la consistance des tégumens ou assez solide, percée vers son milieu d’un trou, donnant dans une cavité à parois membraneuses, in- fundibuliforme et servant de conduit au fluide aérien. De Géer, néanmoins, qui avoit bien remarqué cette ouverture, ne la met point au nombre des stigmates ou des bouches des trachées. Croyant que dans les insectes hexapodes, cette (1) Feu Jurine, dans son mémoire intitulé : Observations sur les ailes des hymé- noptères , est le premier qui nous ait bien fait connoitre . du moins quant à ces iasectes, la composition du thorax, S DES CRIQUETS ET DES TRUXALES. 125 quantité ne s’élevoit jamais au-delà de dix-huit, et ayant trouvé ce compte dans le criquet de passage, indépendam- ment des deux ouvertures propres aux petites pièces dont je viens de parler , c’est pour ce motif, je soupçonne, qu'il ne les a pas comprises avec les stigmates. Si je traitois des organes respiratoires des insectes, je montrerois que dans les sauterelles , le nombre de ces stigmates , en comptant les deux précédens , est de vingt-deux. Ce nouvel excédant sur la quantité ordinaire provient de l’existence de deux autres stigmates qu'on n’avoit pas encore distingués, attendu qu'ils sont très-petits, d’abord peu visibles, et qu’on n’étudie pas assez les insectes sur le vivant. Ils sont situés près du bord antérieur des deux premiers, ceux de l'extrémité postérieure du prothorax et les plus grands de tous. Ces deux petits stigmates ont une forme particulière , étant munis d’un oper- cule à charnière, s’ouvrant et se fermant par derrière, agissant ainsi en manière de soupape et presque continuelle- ment, d’après mes observations, sur les sauterelles appelées par Fabricius vridissima et epphipiger. Is servent peut- être à l’évacuation de la portion surabondante du fluide aérien , qui, à raison de la grandeur de l'entrée des deux stigmates voisins, doit s’y introduire avec plus de facilité et plus abondamment que dans les autres. Les deux petites pièces latérales du segment médiaire , portant ses deux stigmates, représentent deux de ces parties écailleuses ou cornées des côtés du corps de la plupart des larves, de ceux de l'abdomen de l’insecte parfait, accom- pagnant les ouvertures extérieures des trachées et leur ser- vant desoutien. Cesont de simples épaississemens des portions 6 ORGANE MUSICAL de la peau comprises, de chaque côté, entre les demi-seg- mens. Telle est aussi l’origine de ces pièces latérales du thorax que M. Audouin nomme érzmères (1), et que M. Knoch avoit désignées antérieurement , dans les coléop- tères, sous la dénomination d’épaules et de parapleures. La forme cuirassée du thorax, sa solidité, l’appui que ces pièces fournissent aux organes locomoteurs et particulière- nent aux ailes, voilà les causes des modifications principales que les épimères ont éprouvées. Avec le bord postérieur de chacune des deux, dont il s'agit ici, s'articule la lame ou le volet qui ferme la cavité du tambour, et qui, étant adaptée à son ouverture , a con- séquemment la figure d'un demi- ovale. Elle est formée d’une pellicule mince, élastique, tendue, généralement unie, d’un blanc nacré, vue sous l’aspect qui la rend propre à ré- fléchir la lumière ; mais après la mort de l’animal cette couleur se change en une teinte grisätre ou cendrée, avec une bordure d'un noir bleuâtre. De son articulation au bord opposé ou postérieur ; la lame fait obliquement, de sorte qu’elle laisse entre elle et le bord un intervalle très-sensible. Un rebord où bourrelet marginal écailleux et noïrâtre , s’élargissant de ce côté, la fixe à la membrane qui revêt le pourtour exté- rieur de la caisse. J'ai aperçu près de son extrémité posté- ieure et inférieure une petite ouverture, et les observations sur les cigales que je rapporterai plus bas confirment son RTS (1) Pour éviter toute équivoque , je désigne ainsi les deux pièces du thorax des coléoptères qui sont situées sur les côtés de la poitrine , Au-dessous des élytres et des ailes, et leur servant d'appui. £ DES CRIQUETS ET DES TRUXALES. 127 existence. Vers son bord antérieur , la lame paroît être d'une consistance un peu plus ferme et d’une teinte plus foncée ou jaunâtre, On y distingue deux éminences, l’une plus inté- rieure en forme de très-petit point, et l’autre transverse et linéaire. En examinant le dessous de la lame , on voit qu’elles sont des points d’attache pour de petits filets, qui d’abord épanouis ou divergens, se rapprochent et se réunissent en- suite et constituent un ligament , pénétrant dans la cavité et se joignant à une membrane fort mince, très-blanche, com- posant le fond de la caisse ou son plancher inférieur. Cette membrane se lie par un pédicule très-court avec la trachée vésiculaire, venant immédiatement après, et dont la pellicule est, par sa contexture et sa couleur, identique avec la précédente. Cette trachée vésiculaire et sa correspondante appartiennent au second segment de l’abdomen. Vu de profil, le segment médiaire offre deux transparens presque ovales et qui sont le résultat du vide intérieur et de la diaphanéité des cloisons des tambours. La portion dorsale du segment étant d’ailleurs presque membraneuse, son intérieur en est plus éclairé. Dans le criquet de passage etune autre espèce de notre pays dont les antennes se terminent en massue (rwfus, Lin.) , le bord antérieur de la cavité extérieure de chaque tambour se dilate en arrière, et s'avance sur la lame operculaire en guise de lobe ou de pièce assez grande et triangulaire. L'espace nu de la lame présente alors la figure d’un croissant. Ce carac- tère ne dépend point de la grandeur de l’animal; car l’espèce nommée par Fabricius Zneola , et qui habite l’Europe mé- ridionale ainsi que la Barbarie, où elle est comestible et 128 ORGANE MUSICAL - mercantüle, n'offre point cette particularité et ressemble, à cet égard, à la plupart de nos espèces indigènes, quoique cependant elle les surpasse de beaucoup par la taille. Ainsi la description de ces organes , faite par de Géer sur le cri- quet de passage , ne peut s'appliquer entièrement à la géné- ralité des autres espèces de criquets. Au- dessous des deux trachées vésiculeuses mentionnées ci-dessus, commencent à se montrer ces pièces singulières, découvertes par M. Mar- cel de Serres, et qu'il compare à des sortes d’arceaux ou de côtes, dont l’usage est de soutenir, au moyen des muscles qui y prennent naissance , les poches pneumatiques abdo- minales. Leur nombre étant en rapport avec celui de ces trachées et des stigmates encore , les deux premiers non comptés, doit s'élever à quatorze. Elles sont distribuées sur deux rangs longitudinaux , en proportions égales , sept de chaque côté; mais les deux ou quatre dernières étant plus petites , sont moins apparentes ; le criquet à ailes bleues, acrydium cærulescens, semble n’en avoir que dix. Ces fausses côtes (1) sont des appendices internes, cartilagineux (x) Elles semblent représenter en quelque sorte ces osselets sous-tégumentaires et détachés de la colonne vertébrale qui , dans divers poissons , aident à soutenir les nageoires ventrales et dorsales. Ces appendices natatoires ne faisant point partie du squelette ne sont point de véritables pieds, et, quoique autrement composés que les pieds des insectes, n’en sont pas moins leurs analogues sous le rapport de la locomotion. Si on rapproche ces données de celles que je présen- terai dans un mémoire supplémentaire relativement aux parties essentielles de la bouche des crustadés, des arachnides et des insectes, à la situation des quatre derniers pieds-mâchoires, ainsi qu’à celle des quatre premières branchies des crustacés, les rapprochemens que j’ai faits de ces animaux et des poissons ne paroïtront peut-être pas imaginaires et devoir être repoussés. DES CriQuers ET DES TRUXxALES. 129 où presque cornés, des côtés des demi-segmens inférieurs de l'abdomen qui leur sont propres. Ils ont la forme d’un triangle irrégulier , ayant ses angles inégalement prolongés, s’éten- dant dans le sens de la longueur du corps , mais avec le pro- longement le plus long et le plus aigu dirigé transversale- ment et présentant plus spécialement, lorsqu'il s'élève, l'apparence d’un arceau ou d’une fausse côte. M. Marcel de Serres n’étant entré dans aucun détail sur la structure de ces parties, aucun autre naturaliste n’en ayant parlé, j'ai pensé que ces observations seroient utiles et que je pouvois les rattacher , comme accessoires , à mon sujet. Telle est la forme de l'organe que je me suis proposé de faire connoître et que je considère comme une poche paeu- matique, en partie extérieure, communiquant directement A l'air, et formant ainsi un instrument d’'acoustique. Des Veux plus exercés que les miens aux observations anatomiques et moins fatigués y découvriront probablement de nouveaux faits (1). Occupons-nous maintenant de la recherche de ses fonctions et comparons-le avec l’organe musical des cigales. On ne peut douter que les orthoptères, soumis à notre examen, ne soient de tous les insectes , les plus éminemment aériens. Les belles observations anatomiques de M. Marcel de Serres nous prouvent qu'il n’en est point où l'appareil respiratoire soit aussi développé et aussi compliqué. Il fau- dra, je-présume, leur associer d’autres orthoptères voisins, les pneumores, particuliers à la colonie du cap de Bonne- (1) Une connoïssance tres-approfondie de cet organe exigeroit d'autres obser- vations anatomiques , et auxquelles je n’ai pu me livrer. Méin. du Muséum. t. 8. : 17 130 ORGANE MUSICAL Espérance, et dont on n’a pas encore étudié l’organisation intérieure, car leur abdomen volumineux est entièrement vésiculeux et presque transparent ; mais il est dépourvu de tambour. Cet organe étant susceptible de se remplir &air et de se dilater, peut, ainsi que les trachées vésiculaires, coo- pérer à l'action du vol. Les services qu’il peut rendre dans lFexercice de cette fonction semblent même être indiqués par des caractères propres au plus grand nombre de ces insectes, comme le grand essor et la rapidité de ce vol et sa longue durée. Mais en accordant à cet organe de telles propriétés, nous pensons, avec de Géer, qu'il est plus spécialement destiné à favoriser la stridulation que produisent ces animaux. La lame élastique du tambour étant immédiatement située au-dessous des *élyires, qui font alors, comme on l’avoit déjà remarqué, l'office de cordes de violon, tandis que les cuisses postérieures servent d’archet, devient une sorte de tympan. Les élytres, lorsque l’insecte les fait résonner, con- servant lear position habituelle, ou étantinclinés etimmobiles, le jeu du tambour se soustrait à nos regards et la difficulté peut plutôt se résoudre par des inductions et des analogies que par des expériences directes. Les mâles des cigales nous fournissent l’une de ces analo- gies qui peuvent jetter quelques lumières sur notre sujet. L'organe du chant est de même, placé sur les côtés du seg- ment médiaire ou le premier de l'abdomen, qui est pareille- ment sessile. La timbale , abstraction faite de sa disposition en voûte , de ses plis et de ses nervures ou côtes, différences appropriées à la cause excitative du son, se compare par sa position, sa consistance , la manière dont elle semble se dé- En DES CRIQUETS ET DES TRUXALES. 13t tacher du sesment pour former un corps particulier, ainsi qu'à raison de sa coupe curviligne, à la lame operculaire du tambour. Là encore, ou dans les cigales, au-dessous du volet ou de la pièce écailleuse recouvrant l'organe du chant, près de sa base extérieure et en avant de la timbale , est située une pièce triangulaire, sur laquelle on découvre un stigmate bilabié , inaperçu par Réaumur ou qu'il a passé sous silence (1). Le thorax de ces hémiptères offre immédiatement au des- sous d’un autre volet, mais beaucoup plus petit et situé près de l'insertion des pattes intermédiaires, en tirant vers les deux postérieures, un autre stigmate dont on n’a point parlé. Il est , avec son correspondant, l’analogue des deux que de Géer avoit observés, aux mêmes points, sur le thorax du criquet de passage, et que M. Marcel de Serres, prenant en considération leur forme particulière , nomme éremaères, mais qu'il eût été plus simple d’appeller sligmaz tes à volets. Les timbales des cigales ont postérieurement un trou bien distinct et qui a pareillement échappé aux inves- tigations de Réaumur. C’est par là que l'air doit, je présume , sortir, et non, comMie il l'avance, par les fentes ou vides des côtés inférieurs du second segment abdominal, où les timbales s’emboîtent et avec lequel elles sont tellement sou- dées qu'il est impossible que ce fluide se fraie un passage aux points indiqués par ce naturaliste (2). Le ligament qui (x) M. Chabrier en a parlé le premier dans son mémoire sur le Vol des Insectes. {Journ. de Physiq.) (2) M. Chabrier ( mémoire précité), qui a donné de nouveaux détails sur l’or- gane du chant des cigales , dit que l’air s'échappe par les deux stigmates situés à la base des opercules. Il me semble que ces ouvertures sont plus naturellement destinées à l’entrée de ce fluide. | *# 7) 132 .ORGANE MUSICAL DES CniQueTs ET DES TRUXALES. dans les criquets réunit la lame operculaire avec la mem- brane du fond du tambour , se retrouve dans les cigales ; mais 1l se présente ici sous des proportions et avec une puis- sance musculaire , beaucoup plus grandes , telles que le com- mandoit le jeu des timbales. Sous ces ligamens et qui s’at- tachent inférieurement à une arête médiane, en forme de sternum, est de chaque côté une pièce membraneuse et blanche , celle que Réaumur nomme la membrane plissée. Fixées aussi l’une et l’autre sur cette arête, mais dans la longueur de leur côté interne, servant à fermer par dessous Vorgane musical , elles figurent les membranes inférieures des tambours. On peut encore les regarder comme le com- plément du segment médiaire. Il est évident que par leurs consistances , leurs formes et leurs couleurs, elles ne diffèrent point des membranes composantles trachées vésiculaires. Ces organes forment, de chaque côté, dans la cavité abdominale, une rangée de diaphragmes transversaux , qui adhèrent à des rebords annulaires des parois internes des segmens. Au nombre de ces trachées vésiculaires , nous rangerorns les piè- ces auxquelles Réaumur a donné le nom de 7z1ro1rs. Ces. trachées ainsi désignées , sont celles du second anneau de Fabdomen. Nous ajouterons , en finissant ce parallèle, que toutes les pièces de l'organe du chant des mâles des cigales, se retrouvent dans leurs femelles, mais sous des dimensions plus exigués et avec des dissemblances qui sont une suite de l'inaptitude de ces parties à rendre des sons ou à y coopérer: L] ÉCLAIRCISSEMENS Relati 7 a l’opinion de M. Huber fils, sur l’origine et l'issue e extér ieure de la Cire. * PAR M. LATREIL LE , de l’Académie royale des Sciences, etc. Lu à cette Académie le 20 août 1821. P ami les découvertes modernes dont notre abeille domes- üque a été l’objet, celles de la formation de la cire et de son excrétion ne sont, tant pour la physiologie que pour l’écono- mie rurale et lesarts, ni les moins curieuses ni les moins dignes … d'intérêt. Chose remarquable, c’est qu’une famille de Genève, alliée à celle d’un des premiers botanistes de l’Europe, M. De- candolle, la famille des Huber, semble avoir recu dela nature, pour l’époque actuelle , le privilége d’historiographe de ce merveilleux insecte. Ne pouvant, comme ces célèbres obser- vateurs , être habituellement le témoin de la vie domestique de l'abeille et répéter leurs expériences à l’égard de l’origine _ et de l'emploi de la cire, j'ai étudié cet animal sous un autre point de vue, les rapports de son organisation avec les faits relatifs à cette substance. L’anatomie confirme l’opinion de M. Huber fils, au sujet: de l’origine de la cire ; elle nous apprend encore que la na+- 134 ORIGINE ture, par une légère modification de quelques uns des demi- segmens inférieurs de l’abdomen de l'abeille , les a rendus propres à recevoir le fluide cireux et à le transmettre au de- hors sous la forme d’écailles; voilà deux propositions que je vais développer en peu de mots, et fondées l’une et l’autre sur des faits d'organisation, dont on n’avoit point senti l’im- portance ou qu’on n’avôit pas envisagés sous ce point de vue. Jusques à ces derniers temps, on avoit généralement cru, avec Réaumur, que le pollen des fleurs, regardé comme la cire brute, se transformoit, à l’aide de la digestion, ‘en cire vierge, et que cette substance sortoit par la bouche de l’a- beille. M. Huber fils, connoissant déjà le véritable emploi qu’elle fait de la poussière des étamines, est revenu sur cette opinion et a conclu d’un grandnombre d'expériences positives, que dans le miel ou le sucre résident exclusivement les prin- cipes élémentaires de la cire. Des chimistes modernes , ayant - extrait de divers végétaux une substance qui d’après l’analyse ne leur paroïssoit point différer de la précédente , ont sim- plifié la question, en supposant que l’insecte se bornoit à recueillir cette cire végétale, déjà toute préparée. Ce senti- ment et le premier, ou le plus universel, DÉRRRE se concilier avec nos connoissances PASSER c'est ce que _je suis éloigné de croire. Or sait d’abord que des abeilles détenues en captivité par M. Huber fils, et auxquelles il n’avoit fourni pour nourriture que du pollen et des fruits, ont prouvé par leur inaction qu’elles étoient dépourvues de matériaux de construction ou de la cire. Mais comme dans l'opinion commune sur la for- mation de cette matière , on n’exclue point de la cire bruté DE LA CIRE. 195 une certaine quantité de miel, je pense que ce naturaliste auroit pu donner à ces abeïlles prisonnières du pollen et du iiel , dans des proportions déterminées ; car sile pollen n’est destiné qu’à la nourriture des larves, il n’auroit été employé qu’en dernier lieu. J'opine encore qu'il auroit dû soumettre à une analyse chimique les gâteaux de cire qu'il a obtenus, en n’approwsionnant ces insectes que de sucre-candi ou de cassonnade. Ses expériences eussent été plus rigoureuses et plus complettes. Il est prouvé que le pollen des fleurs, mêlé d’un peu de miel, est l'aliment des larves, des bourdons et des abeilles solitaires ; dès lors les loïs de l’analogie nous autorisent à penser que les larves de l’abeïlle domestique se nourrissent de la même substance. Cet usage du pollen une fois reconnu, il faudroiït montrer qu'il a une autre destination , celle qu’on lui a ässignée. Si on avoit fait attention à la nature et à la dis- position constante des matières contenues dans les diverses parties du tube intestinal, on auroit écarté une telle ‘hy- pothèse. De tous les matériaux employés par l'abeille, la cire est le principal. Sans elle, point de vases pour recevoir les pro- visions ; point d'habitations pour les petits. Ses molécules constitutives doivent donc occuper le plus souvent la capa- cité extérieure du canal alimentaire, ou de cette partie de estomac qui vient immédiatement après l'œsophage. Nous y trouverons donc habituellement du pollen ou de la cire vé- gétale, si ce sont là les principes élémentaires de la cire vierge: mais il n’en est pas ainsi. Les observations anatomiques de Swammerdam et de 136 ORIGINE Réaumur sur l'abeille domestique , celles de Rhamdorr sur les bourdons, nous ont appris que le ventricule de ces insectes est divisé, par un étranglement, en deux estomacs, dont l’antérieur , en forme de vessie, représente le jabot, et dont le suivant beaucoup plus grand et plus musculeux forme le gésier. Une valvule pylorique, située à la jonction des deux ou dans l’étranglement, établit encore cette distinc- tion que fortifient d’autres caractères. Ces savans, ainsi que tous ceux qui ont traité depuis le même sujet, n’ont jamais vu dans le premier estomac que du miel ou une liqueur ana- logue. Réaumur le dit de la manière la plus formelle. La si- tuation de ce réservoir est tellement invariable que les enfans ne s'y méprennent point à l’égard des bourdons qu'ils éven- trent, afin de pouvoir sucer le miel dont leur estomac est dépositaire. Etant obligés de faire à chaque tournée deux cueillettes, celle du pollen et du miel, ces insectes pourroient sans doute revenir à leur domicile, se débarrasser d’abord de leur fardeau , et remplir ensuite leur jabot de pollen. Mais outre qu'ils se nourrissent de miel, 1l seroit bien étonnant que parmi tant d'observations , on ne püût en citer une seule qui appuyàt cette hypothèse. Au reste, si, comme l’avance M. Huber fils, certaines abeilles, les cirières , sont unique- ment chargées des travaux intérieurs, s’il est encore vrai qu’elles ne quittent jamais ou presque pas leurs foyers, l’exa- men suivi de l'organe digestif de ces individus, nous per- mettra de prononcer ; mais à parler avec franchise, les chan- cés d’un jugement défavorable, vu les autres considérations qui appuient mon sentiment, ne m inquiètent g suêre. DE LA CIRE. 137 Le second estomac, et quelquefois aussi une partie des intestins , renferme exclusivement , selon les mêmes obser- vateurs, une espèce de bouillie ou de pâte, que l’on prend pour de la cire imparfaite. . Je conçois très-bien, avec Réaumur , que le premier es- tomac peut, en se contractant de bas en haut, se vider ou dégorger le miel quil contient. Maïs lorsque cet auteur fait évacuer la cire par la même issue ou le pharynx , il me vient en idée qu il n’a point assez réfléchi sur les obstacles qu'oppo- seroient à cet écoulement l’étranglement et la valvule sépa- rant les deux estomacs, dans le cas même que le premier fût entièrement libre. Aussi éprouvant trop de répugnance à admettre une semblable rumination et n’observant pas d’ail- leursde vaisseaux salivaires dans l'abeille en état parfait, avois-je d’abord présumé que la cire étoit une déjection, analogue à celle de l’ambre gris et à quelques autres matières excré- mentielles, huileuses ou grasses de cétacés, et dont l’analyse a été faite dernièrement par deux très-bons élèves de M. Vau- quelin, MM. Chevalier et Lassaigne. Maïs personne n’ayant vu la cire s’écouler par le rectum , l’abeïlle , dans l’état sain , ne laissant aucune trace bien sensible de ses déjections et res- semblant, sous ce rapport, aux mouches et à d’autres insectes suceurs , M. Huber fils ayant publié depuis ses intéressantes recherches sur les organes ciriers , lesayant moi-même consta- tées, j'ai dû abandonner cette opinion et embrasser la sienne. Je viens de dire que l'abeille adulte n’offroit point de vaisseaux salivaires (1), dénomination que je donne générale- 1) Selon la remarque de M. Léon Dufour, l’existence de ces vaisseaux paroït q 2 P Mém. du Muséum. t. 8. 18 138 ORIGINE ment à tous les vaisseaux libres , situés de chaque côté de l'estomac, débouchant à l'entrée de l’œsophage , et parmi les- quels je comprends dès lors les vaisseaux soyeux. La larve de l'abeille est pourvue de ceux-ci, fait qui me semble dé- pendre de la qualité différente des alimens , et appuyer le sentiment de M. Huber fils, au sujet de l’usage que fait l'abeille du pollen. Les insectes de cette famille et les lépi- doptères , nous présentent sous ce point de vue une affinité remarquable. Leurs larves ont des vaisseaux soyeux et se nourrissent en général de parties végétales solides, peu ou point altérées. Des sécrétions liquides ou molles de végétaux , celles , spécialement , des nectaires des fleurs, sont , après la dernière métamorphose de ces animaux, leur unique nourriture. Si le premier estomac de l'abeille ne contient que du miel, mes raisonnemens s'appliquent tout autant à la cire végétale qu’au pollen. Cét insecte recueilleroit-il avec quelques-uns | de ses appendices extérieurs , les pieds notamment , cette cire végétale, comme il le fait à l'égard de la poussière des éta- mines (1)? Qu'on veuille nous faire connoître les instrumens propre aux insectes suceurs. D’autres observations me prouvent en effet que ces animaux composent une branche parallèle à celle des insectes broyeurs. (x) M. Baunier, auteur d’un Traité pratique sur l’éducation des Abeilles, ouvrage couronné en 1801 par la Société d'Agriculture de Paris, a observé que ces insectes se seryoient des mêmes organes pour transporter la propolis. Je connois peu de personnes qui aient si bien étudié leurs habitudes, et qui possèdent autant de connoissances accessoires propres à nous éclairer dans ce genre de recherches. Je: placerai ici une note de M. Labillardiere, mon confrère à l’Académie des Sciences , offrant des observations neuves et curieuses sur la propolis. Note sur la propolis par M. Labillardière. La production de la cire par les abeilles avoit fait conjecturer qu’il pouyoit ex DE LA CIRE. 139 dont il se sert pour cette récolte. Cette poussière et la pro- polis, voilà jusqu'ici les seules provisions qu’on lui a vues porter à la ruche. Dira-t-on que les écailles cireuses placées entre les demi-segmens intermédiaires du ventre sont pré- cisément cette cire végétale ; mais d’abord on ne les trouve que sur des individus qui ne s’éloignent pas habituellement de l’intérieur de la ruche ; sur quels végétaux a-t-on ensuite découvert des corps semblables? Comment l’animal peut-il les insinuer si avant entre les anneaux de son abdomen ? Que fera-t-on de ces organes excréteurs dont nous allons parler et qui nous dévoilent si bien la marche simple de la nature? Ainsi donc le premier estomac de l'abeille n’offrant point de pollen ni de cire végétale , ces substances sont étrangères à la formation de la cire proprement dite; et si cette sécrétion a lieu ou du moins se prépare dans l'organe digestif, le nec- tar des fleurs, converti ensuite en miel, doit en être la ma- être de même pour la propolis , substance résineuse au moyen de laquelle elles empêchent l’infiltration des eaux dans leur demeure. Depuis on a assuré qu’elles prenoient cette sorte de mastic sur les fleurs des plantes chicoracées ; en effet, je les ai vues maintefois se frotter par.une sorte de mouvement de rotation et rapi- dement sur le disque de ces fleurs; mais elles y enlevent beaucoup de pollen qui s'attache facilement à leurs poils, et peut-être les foibles parcelles résineuses qui ezxsudent de ces plantes, dont elles sayent tirer parti pour boucher leurs ruches. Sans doute elles trouvent cette matière toute formée sur un grand nombre de plantes, et la difficulté de les observer dans le moment qu’elles la récoltent, tient à ce qu’il en faut peu pour mettre leur habitation en sûreté. Quoi qu’il en soit des plantes diverses qui la leur fournissent, le nombre en doit être considérable, puisque beaucoup ont leurs bourgeons garnis d’une substance résineuse tres- propre à cet effet. J'ai vu, au temps de l’essaimage (époque à laquelle les abeilles ramassent la propolis), je les ai vues , dis-je , venir la prendre et l’enlever ayec leurs mâchoires sur les jeunes bourgeons des peupliers où ils la trouvent formée de toutes pièces. TO 140 ORIGINE tière première. Les chimistes ont bien soumis à l'analyse ces substances; mais, si je ne me trompe, ils ne se sont pas assez occupés de leurs élémens primitifs , comme des matières renfermées dans le canal intestinal des insectes, dans leurs vaisseaux biliaires , le vaisseau dorsal (1), et comme surtout du corps graisseux , si abondant dans ces animaux, envelop- pant tous les viscères à la manière d’une sorte de mésentère, en général, si nécessaire à l'entretien de leur vie, au dévelop- pement de leurs organes, lorsqu'ils sont en état de larve, et qui à raison des vésicules huileuses , comparables, par leur nature, à l’un des principes constituans de la graisse, l'élaine , dont le corps graisseux est composé, doit exercer une grande influence chimique sur les sécrétions. Il est remarquable que cette graisse ne commence à se montrer, dans la série des animaux inarticulés et en partant de ceux dont l’organisation est le plus simple , que dans les ascidies, et aux autres animaux analogues (2), où les nerfs, les mus- cles et les organes respiratoires sont assez développés pour former des systèmes spéciaux. J'ajouterai à ces observations que dans les abeilles et les bourdons le nombre des vaisseaux biliaires (3) est beaucoup (1) M. Marcel de Serres, dans un excellent memoire sur le vaisseau dorsal des insectes, mémoire faisant partie du recueil de ceux du Muséum d'Histoire natu- relle , a fait, au sujet de l’humeur contenue dans le vaisseau, quelques essais chimiques, et d’où il résulteroit qu’elle est une sécrétion du corps adipeux et s’o- pérant par voie d'absorption. (a) C’est, je présume, ce que M. Savigny nomme yésicules gélatineuses. (3) Une observation fournie par Lyonet , et à laquelle on ne paroît avoir donné assez d'attention dans les dissections anatomiques postérieures des insectes , est que Fabdomen de la chenille du saule présente de chaque côté du canal intestinal DE LA CIRE. IAS plus considérable que celui de la plupart des autres hymé- noptères. Des larves de grands scarabées, de grands capri- cornes, celles des bruches et des calandres qui vivent dans les fruits des palmiers et qui par l'abondance et la belle qualité de leur substance adipeuse sont un mets recherché, enfin les abeilles que la plupart des cultivateurs, esclaves d’une routine cruelle et trompant leur intérêt, font périr , lorsqu'ils châtrent leurs ruches , pourroient servir à ces analyses chi- miques. Il s’agit maintenant d'expliquer comment se fait l’exsuda- deux masses de corps grenus et particuliers, tres-distincts par leur nature de l’épiploon et du corps graisseux. Ce ne sont point les germes des organes repro- ducteurs; car ceux-ci, d’après les observations d’'Hérold , et comme Lyonet lui- même l’avoit soupconné, se retrouvent dans les parties que le dernier nomme corps reniformes. Ces masses grenues représenteroient-elles les plandes conglo- mérées ? c’est ce que je ne puis dire; mais si elles existent dans l’abeille, il est probable qu’elles cooperent à la formation de la cire. 11 me semble au surplus que nos connoiïssances sur l’origine et la nature du foie, n'ayant pas été prises d'assez loin ou à partir des animaux les plus simples, sont encore ires-imparfaites. Si l’on compare le foie des scorpions et de quelques autres arachnides avec le corps graisseux des insectes, on trouvera entre ces parties de tels rapports de compositions, de volumes et de situations , qu’on sera tenté de présumer que dans ces derniers animaux le corps graisseux tient lieu du foie , et que dans les échinodermes il forme le mésentère, auquel est attaché le canal intestinal (Cuvier, Tableau du règne animal). La nature opérant souvent par des transitions et des modifications graduelles , et le foie dans les scorpions, animaux si voisins des insectes, étant fort considérable, il est difficile de croire qu’il disparoiïsse subitement ou qu’il ne soit pas remplacé par un organe analogue. Les vaisseaux , soit hépatiques , soit salivaires , absorbant et décomposant une portion du fluide du corps adipeux, le yaisseau dorsal étant lui-même dans ce cas, mais influant davantage, par sa centralisation, son étendue et ses mouvemens, sur les fonctions vitales, le canal alimentaire coopérant encore à ces sécrétions, il s’établitentre ces corps une relation générale, base du sys ième nutritif de ces animaux. ; 142 ORIGINE tion du fluide cireux, et de suppléer aux observations de M. Huber fils, relatives aux organes filtrant cette substance. Le principe de cette explication repose sur la connoiïssance déjà établie de la structure de la peau ou des tégumens des insectes, connoissance dont l’application n’a pas été suivie et qui auroit dû , à mon avis, faire exclure des animaux à co- quille les cirrhipèdes , les ascidies , les biphores et autres ani- maux de la classe des tuniciers de M. de Lamarck, considérés par divers auteurs comme tels, et cependant ne différant point essentiellement à cet égard, nonobstant quelques de- horstrompeurs, des crustacés, des insectes et de divers autres animaux invertébrés. La peau des segmens du corps des in- sectes est composée de deux membranes ; l’une extérieure, plus épaisse, plus solide et colorée forme l’épiderme; l’autre ou l’inférieure consiste en une pellicule très-mince, plus ou moins diaphane , et compose le derme. Celle-ci, conjointe- ment avec les membranes musculaires qui garnissent les intervalles des anneaux et les unissent les uns aux autres , re- couvre immédiatement les parties intérieures de l’animal , à commencer par le corps graisseux , formant comme on le sait une espèce d’étui. Une sorte de tissu muqueux, produit d’une sécrétion interne , se loge, par infiltration, entre les deux membranes de la peau et revêt le dessous de l’épiderme, selon des proportions d’autant plus grandes, que les parties sont plus nues ou moins protégées dans l’état de repos et que l’insecte occupe, dans la série ordinale, un rang plus élevé. Telle est aussi la composition des élytres des insectes ; mais souvent ici le tissu muqueux est composé de plusieurs couches. DE LA CIRE. 143 On voit, d’après une lettre de Willelmi à Bonnet, datée de 1768 et rapportée par M. Huber fils , dans la seconde édition de l'ouvrage sur les abeiïlles de son père, qu’un na- turaliste allemand , mais dont le nom est ignoré, s’étoit aperçu que la cire effluoit par les segmens abdominaux de ces insectes. John Hunter découvrit les réservoirs de cette substance, et en fit le sujet d’un mémoire, inséré dansles Transactions philosophiques, année 1792. M. Huber fils trouva, presque en même temps, et à la même place, des lames, en forme d'écailles, qui lui offrirent les caractères essentiels de la cire. De nouvelles recherches, et toujours faites avec cette sagacité qui inspire une entière confiance , ont confirmé ces premiers renseignemens et nous ont valu ces détails curieux d’organi- sation, qu'il a exposés et accompagnés de figures, dans le livre précité. Un médecin des plus instruits et ami de M. Duméril notre confrère , M. Bretonneau, a vérifié ces faits. M. Lasseré , possesseur du beau rucher que l’on voit au jar- din des plantes, m'a donné quelques-unes des lames cireuses qu'il avoit ramassées , en grand nombre, au bas de plusieurs ruches, habitées par de nouveaux essaims, et dont les abeilles s’étoient probablementdébarrassées, parce que n'ayant pu les employer àtemps opportun, ellesétoient devenues trop sèches. Un autre de nos confrères, cultivant aussi avec soin les abeil- les, M. Labillardière , déjà cité, n’a dit avoir vusur plusieurs de ces insectes les mêmes corps (1). On ne peut donc élever le moindre doute sur l’exactitude des observations de M. Hu- (1) M. Dumeéril a retiré ces écailles des anneaux de l’abdomen. C’est un fait qu’il m'a cominuniqué au moment où j’allois lire ce mémoire à l’Académie. 144 ORIGINE ber fils. Mais quoiqu'il ait parfaitement décrit les segmens ciriers , il les considère d’une manière trop isolée , qui nous laisse ignorer leurs relations avec les autres segmens et les voies que la nature a prises, pour transformer ces parties en organes excréteurs , sans dévier de son plan général. En re- montant , ainsi que je l’ai fait, aux premières notions sur la composition tégumentaire du corps des insectes, l’origine des poches à cire de l'abeille et la transmission extérieure de cette manière, en état fluide , ne présentent plusdedifficultés. Communément, le corps muqueux est répandu sur toute la face interne ou inférieurede l’épiderme et cette membrane est presque entièrement cornée. Aucune circonstance préméditée n’exige de variation dans la nature du tégument , tel qu'il s'estmontré , lorsque l’insecte a reçu le dernier complément de son existence. D'ailleurs si l’on en excepte les abeïlles et quelques autres insectes vivant en société, les animaux de cette classe périssent bientôt après, et de telles dispositions organiques étoient inutiles. Dans l'abeille , l’épiderme des demi-segmens ciriers n'est corné ettapissé de tissu muqueux qu’au limbe postérieur; tout le reste, hormis les bords et une ligne médiane, en forme d’arète longitudinale, est membra- neux , sans mucosité, de manière que lorsque l’exsudation n’a point lieu, il y a, de chaque côté de l’arête du milieu, entre l’épiderme et le derme , un vide, dont le contour estovale ou en lozange. Ces vides , avecles portions des deux mem- . branes entre lesquels ils sont compris, forment les poches à cire. Le second estomac, celui qui est rempli d’une substance dont la nature paroît avoir les plus grands rapports avec celle de la cire, s'étend , immédiatement au-dessus du cordon mé- DE LA CIRE. 145 dullaire, dans la longueur de cette partie inférieure de l’ab- domen, qui correspond aux demi-segmens où les poches sont situées. Ainsi le derme se composant d’une pellicule à réseau hexagonal, l’épiderme étané lui-mème très-membra- neux et perméable , le fluide cireux traverse les deux pelli- - cules, se moule sur la supérieure d’aprèsla forme de l'espace, où il s’est frayé un passage, y est arrêté et comprimé par la portion épaisse et cornée qui termine postérieurement le demi-anneau précédent , et y prend la forme d’une écaille et de la solidité. Lie limbe postérieur de ce demi-anneau recou- vre entotalité, par son avancement, l’espacede l’autre demi- anneau , ou du suivant, où sont situés les poches cirières. La membrane fibreuse qui unit les deux demi-sèégmens est an- nexée, d’une part avec le bord antérieur de celui-ci, et de l’autre avec cette portion de la face interne du demi-seg- ment précédent où se terminent les poches, ou un peu avant le limbe postérieur ; c’est ainsi que ce demi-segment, d’ail- leurs, ainsi que les autres, proportionnellement plus allongé que les demi-anneaux correspondans des autres hyménop- tères, recouvre l’espace cirier du demi-segment suivant ou celui auquel il est réuni, au moyen de la membrane pré- citée. Cette disposition se prolongeant dans la longueur de l'abdomen, il en résulte une imbrication. Vues sur l’insecte vivant et à leur face extérieure, celle de l’'épiderme , les poches à cire offrent à leur intérieur, non- seulement des ramifications de trachées , ainsi que l’avoit ob- servé M. Huber fils, mais encore des vaisseaux jaunâtres et contournés , obéissant à un mouvement péristaltique. La con- texture des deux membranes de ces poches semble annoncer Mém. du Muséum. €. 8. 19 146 ORIGINE qu’elles ne sont propres qu'à transpirer ou tamiser le fluide cireux , et que son élaboration se fait à l’intérieur. Le corps de divers insectes, celui particulièrement de plusieurs puce- rons; de psylles, de gallinsectes , etc. , nous présente des secré- tions qui s'effectuent par des moyens analogues. L'analyse a même fait découvrir dans la gomme laque une portion assez considérable de cire. Dans l'abeille, les places secré- toires sont plus bornées et les matières exsudées sont d’une nature particulière. Nouspouvons, en un mot, assimiler cette exsudation à celle de plusieurs sérosités de notre peau. Il est, comme on le voit, nécessaire que la cire soit dans un état de fluidité. Mais puisqu'elle n’entre en fusion qu’au cinquan- tième degré, au-dessus de la glace, du thermomètre de Réau- mur, et que la température la plus élevée de l’intérieur d’une ruche bien peuplée, est très-mférieure , cette liquidité tient à quelque cause particulière. L’action immédiate de l'air sur le fluide cireux en volatilise probablement une partie. Aussi peut-être est-ce tant pour maintenir cette fluidité que pour prolonger l’activité des abeilles que la température intérieure d’une ruche prospère se soutient constamment à vingt et quelques dégrés du mème thermomètre , quoique celle de l'air extérieur soit de plusieurs degrés au-dessous de zéro. Les abeilles chargées de la récolte n’ont point ordinaire- ment de part, selon M. Huber fils, à la construction des al- véoles et des gâteaux. D’autres individus, les abeilles cirières, sont seules chargées de ces travaux. J'e dis ordinairement parce qu’il a remarqué que lespremiersindividus , ceux qu'il nomme petites abeilles, produisent aussi quelquefois de la cire, mais toujours en quantité très-inférieure à celle que DE LA CrRer. 147 les abeilles cirières peuvent élaborer. Sans vouloir prononcer sur cette nouvelle distinction de castes , établie par ce pro- fond observateur, toujours ést-il vrai que toutes les abeilles ouvrières que J'aisaisies sur les fleurs, m’ont offert des po- ches à cire et parfaitement semblables à celles des abeilles qu'il appelle cirières et dont l'abdomen est plus volumineux. S'il estvrai qu'il n'ait pas aperçu entre ces derniersindividus et les précédens d’autres différences organiques, la naturé, dans la supposition que les fonctions de ces abeïlles-soiemt réelle- ment et constamment distinctes, s’écarteroit ici de sa route ordinaire , puisque des changemens de fonctionssonttoujours indiqués par des modifications organiques et que ces insectes même nous en fournissent une preuve à l’égard des seg- mens ciriers de l'abeille reine ou femelle. Il est possible que pour l'avantage de la communauté, ces insectes guidés par l'instinct se divisent les travaux, et que les uns et les autres soient également propres à les exécuter tous, lorsque les circonstances lexigent. Je regrette que M. Huber fils ne nous ait pas appris de quelle manière se sont comportés les individus qu’il avoit renfermés , dans ses expériences sur la transformation du miel ou du principe sucré en cire ; il eût été curieux de savoir si tous ou plusieurs seulement y coopé- raient. Dans les bourdons la portion des segmens transsudant la cire est beaucoup plus étroite que dans l'abeille domestique, surtout au milieu, et l'on n’y distingue point de poche, at- tendu que chaque membrane est homogène et continue, et que cette partie des segmens ciriers n’est elle-même qu’une poche occupant toute son étendue. J’ai vu dans son intérieur 19° 148 ORIGINE DE LA CIRE. une matière de consistance syrupeuse et jaunâtre , mais qui paroissoit avoir gagné , peut-être accidentellement , l’autre partie de ces anneaux. Je n’ai point aperçu entre eux de lames de cire, etl’épiderme de leur extrémité antérieure, celle qui est et doit être la plus foible, m’a paru plus solide etmoins propre à la filtration, que l’aire correspondante des segmens ciriers de l'abeille. Je préviens cependant que je n’ai pas poussé plus loin cet examen comparatif. M. Huber fils n’a pas lui-même publié le résultat de ses observations sur ce sujet. Considérés dans les abeilles solitaires , les mêmes de- mi-segmens ne présentent plus ce prolongement antérieur qui sert de receptacle à la cire. Deux lobes latéraux et arron- dis, aveclesquels les demi-segmens supérieurs et opposés s’ar- ticulent, enretracent seuls l'existence. Les modifications que les segmens abdominaux des bourdons, comparativement aux abeilles , ont déjà subis, nous amènent à ce dernier ordre de. choses , le plus général de tous, et dont notre mémoire avoit pour: objet d'expliquer l’une de ses plus singulières aberrations. | PRÉCIS D'UN VOYAGE AU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE, Fait par ordre du Gouvernement. PAR M. DELALANDE. Msenurs à De nombreuses lacunes qui existoient dans nos collections , le besoin d'individus qui devoient lier entre eux des genres séparés par de grandes distances , et plus encore , le désir de hâter les progrès de la science et d'éclairer sa marche, don- nèrent à MM. les Administrateurs du Muséum d'Histoire na- turelle , l’idée d’un voyage qui auroit pour butdelui procurer plusieurs espèces qui manquoïent, entre autres l’hippopotame et le rhinocéros bicorne , qu'on savoit exister en Afrique. Je fus désigné pour cette mission. Elevé dans le Muséum d'Histoire naturelle, formé à l’école des savans professeurs de cet établissement , et préparé à cette expédition par trois voyages : le premier en Espagne et en Portugal , où j'accom- pagnai M. Geoffroy Saint-Hilaire, aux soins et aux bontés duquel je. suis redevable d’une partie de mes connoissances . dans les sciences naturelles; le second sur les côtes de la 150 VoyAGE Méditerranée, et de troisième au Brésil où j accompagnai S. E. Monseigneur le duc de Luxembourg, ambassadeur ex- traordinaire ; je sentis touté importance de la mission qui im’étoit confiée , et le zèle dont j'étois animé me fit espérer que je pourrois*la remplir avec quelque succès. Je partis de Paris, en avril 1818, et je débarquai à Fals- Baie, à dix lieues du cap de Bonne-Espérance, le 8 août, accompagné de mon neveu , le jeune Verreau ; âgé de 12 ans ; cet enfant a été le compagnon de mes travaux, il a cons- tamment montré beaucoup’ de courage, et ne m’a pas quitté pendant tout le cours de mon expédition. Je ne vous peindrai pas, MM. la foule de sensations qui vinrent s'emparer de moi, en touchant la rive d'Afrique, et surtout lorsque dela mon- *tagne la plus voisine du lieu du débarquement, je pus pro- mener mes regards sur icétte vaste contrée que j'allois par- courir après Kolbes Sparmann ; Paterson , Le Vaillant, Barrow ; Daniel, et tant d’autres; je n'ai point à vous faire l'histoire des impressions que j'ai ressentiés, mais bien celle des faits'que j'ai recueillis. Je ne m'arrêterai pas non plus à vous décrire le Cap et ses environs, je me contenterai de jeter un coup d’œil rapide sur l’histoire naturelle du pays; et sur les phénomènes qu'il présente. | Sete b au} 2k * Les yeux sont d’abord frappés de l'aspect imposant et ter- rible des montagnes de la Table, du Lion et du Diable dont la hauteuret l’âpreté contrastent avecl’aspect riant dela ville, et des habitations qui l’environnent ; là seulement on trouve quelques arbres qu'on'élève avec peine ; partout ailleurs on ne voit que des buissons qui ne font que végéter , ne pou- au Car De Bonne-EsPÉRANCE. 151 vant s'élever à une certaine hauteur , sans être bientôt dé- truits par les vents du nord-ouest ou du sud-est qui sout- flent toujours dans ces contrées avec une violence dont nous n'avons pas d'idée dans nos climats tempérés. À des jours d’une chaleur excessive , pendant lesquelsle thermomètre va- rie quelquefois de 15 à 30 degrès, succèdent des nuits d’une très-grande fraicheur. Ily pleut rarement, excepté durant les mois de juin, de juillet et d'août, qui sont les mois d'hiver, et pendant lesquels les tempêtes tourmentent ces parages ; de là le nom de cap des Tempêtes. Le mois de septembre ramène le printemps. La terre rafraichie par les pluies se cou- vre de verdure ; des collines entières semblent de vastes parterres de fleurs diversement colorées et distribuées par grandes masses; alors les environs du Cap offrent une foule de belles plantes, surtout des liliacées, des bruvères, des protées parmi lesquelles on remarque le profeæargentea àses feuilles soyeuses et d’un éclat argenté. On-jouit pendant deux mois de ce spectacle ; alors les vents soufflent avec moins de violence; mais bientôt la couronne de fleurs de la nature se flétrit, et la terre reprend cet aspect triste et monotone qu’elle conserve le reste de l’année. : C’est pendant les mois de septembre et d'octobre que j'ai recueilli une foule de plantes dont j’ai enrichi mon herbier. Après avoir fait mes préparatifs de voyage et m'être muni de lettres de recommandation pour les différens landdrosts, et surtout d’une permission de chasse aux hippopotames (permission que le gouverneur lord Sommerset voulut bien m'accorder, malgré la loi qui défend cette chasse, sous peine d’une amende de 1000 rixdalers) , je partis accompagné VoyAcE bot (x: W de mon neveu et de 3 hottentots; un chariot et 22 bœufs formoient notre équipage ; on ne connoît pas d’autre manière de voyager dans cette partie de l'Afrique. Il est difficile, MM. de se figurer quelles innombrables dif- ficultés se présentent au voyageur qui veut parcourir cette contrée ; tantôt il n’a devant lui qu’un vaste désert brûlé par lesoleil, et d'immenses plaines de sable où l’on trouve à peine quelques habitations séparées par plusieurs journées de mar- che ; tantôt ce sont des forêts impénétrables; d’autres fois des chaînes de montagnes du pied desquelles coulent des rivières qui gonflées tout - à - coup par les pluies deviennent des torrens impétueux , et quelque temps après n’offrent plus que la trace de leurs ravages, ou des mares dont l’eau est fétide et bourbeuse. Pendant le jour , un soleil brülant joint à un vent continuel qui soulève des tourbillons de sable rend la marche pénible et quelquefois impossible, des serpens venimeux menacent de la mort à chaque pas ; la nuit les panthères, les hyènes , les chakals, cherchent leur proie. Tels sont les obstacles contre lesquels le voyageur a continuellement à lutter; mais le dé- sir de connoïître un monde nouveau, d'agrandir le domaine des sciences , fait disparoître le dangér et ne laisse voir que le bonheur d’être utile. : | Je ne vous fauguerai pas, MM., de l'itinéraire des trois voyages quej'entrepris, le premier à l’est , le second au nord et le troisième aussi à l’est du Cap. Lepremierne vous offriroit que le récit d’une suite noninter- rompue de peineset de dégoüûts. Jenetrouvai que peu d'objets dignes d’être recueillis, etje fus àla veille de les perdre, ayant Au Cap DE BoNNE-EsPÉRANCE. 153 été contraint de rétrograder à marche forcée , par une séche- resse extraordinaire même dans ces climats; j’avois de plus à craindre de tomber entre les mains des Cafres, qui, irrités de l'approche des Anglais, s’étoient réunis au nombre d’en- viron 10,000 combattans, et s’avancoient sur la colonie en répandant partout la dévastation et la mort. Ils se croyoient tellement sûrs de la victoire qu'ils avoient cassé le bois de leurs sagaies pour s’en servir comme de poignards; mais deux cents anglais, qu'ils avoient surpris et enveloppés, suflirent pour les disperser , par le feu de la mousquetterie qui eut bientôt porté la terreur dans leurs rangs. ‘ Le pays queje parcourus dans ce premier voyage est borné au midi par lamer, au nord par une chaîne de hautes mon- tagnes de grès ou de granit qui (d’après la carte d’Arrows- mith , qui m’a paru lamoins inexacte) s'étend de l’est à l’ouest sur une largeur moyenne de 20 à 25 lieues, depuis le 180, 270, 5o de longitude de Grenwith jusqu'au 260 7, et se trouve comprise entre le 33 et 34e. degré de la- ütude australe. Il est habité par des colons et des hottentots. C’est à environ cent lieues du Cap qu’on commence à ren- contrer ces forêts impénétrables qui paroïssent aussi anciennes que la terre , et se prolongent d'espace en espace jusque dans la Cafrerie. C'est au retour de mon 1er. voyage que je trouvai une baleine échouée sur lé sable. Cet animal long de 75 pieds avoit été jeté à la côte par le vent de nord-ouest. Je n’hé- sitai pas à m'en emparer, et pendant deux mois , sous le so- leil le plusardent, et malgré la puanteur la plus infecte , jene cessai d'y travailler, jusqu’à ce que je l’eusse entièrement dé- Mém. du Muséum. t. 58. 20 154 VoyAGE pecée. J'en ai par un bonheur inoui conservé; tousiles os et surtout ces fanons dont la mâchoire supérieure est ornée. On avait bien quelques descriptions decelaétacée ; mais plus ou moins incomplètes , et les squelettes qu'onen possédoit étant composés d'os empruntés à vingt individus différens, on y cherchoit vainement les caractères les plus distinetifs, J'ai ajouté par la suite, deux autres squelettes de baleine à ma collection. Tie rer, cest celui de la baleine à ventre plissé, et le second s'est trouvé un trèsjeune individu appartenant, comme le plus grand, à Ia baleine franche. J'enavois encore préparé deux autres; mais lorsqu'ils étoient presque terminés, le vent les jeta à \l mer. Mon second voyage futplus heureux que le premier; je me dirigeai au nord en suivant laoûte, et je parvins jusqu'à la rivière des Eléphans quise jette dans l'Océan à environ 20 39! du cap de Bonne-Espérance. Ce pays le plus eultivé et le plus fertile de la-aolonie.est bas et siblonneux, il oflre de béaux pâturages, et dans plusieurs endroits on y cultive le bled. Vers le Berg-River je trouvai l'ibis sacré d'Egypte, et beaucoup de beaux oiseaux, ainsi que plusieurs espèces d'antilopes nouvelles où mal déerites; j'y ramassai aussi une grande quantité d'insectes ; enfin, après six semaines de re- cherches inutiles dans les marais qui bordent le Berg-River, au moment où je me disposois à partir, désespéré de n'avoir pu me procurer l'hippopotame dont la recherèhe étoit un des principaux mous de mon voyage, un-de mes hottentots que j'avois envoyé à la découverte vint m'annoncer qu'il en avoit entendu orier dans le voisinage des jones qui bordent le fleuve. Cette nouvelle me transporta de joie; il n'y avoit { pe js Au Car DE BoyvEe-EsrérAnxcr. 155 pas un, moment. à perdre; mesgens, mon nevéuiet moi nous nous ATHAMES ; j'ÉtOis prévenu, que le moindre bruit averti- roit,. ce animaux vigilaus de,motre présence; nons. en étions à un quart, de, line jil fallut nous, courber , et ce fut presque en.rampant quefnous fimes le chemin qui nous séparoit d'eux. À quelque distance, nous nous séparâmes > après, être con- venus de tirer, sur le plus gros de la troupe. Mon coup de fusil et ceux de mes hottentots l’atteignirent, je le vis tomber et.je poussai un. cri de joie 3 les autres hippopotames se pré- cipitèrent dans le fleuve avec un bruit. épouvantable, le blessé se, releva et. vint fondre sur moi. (ne sachant sans doute oùlil alloit,;,etje dois m’estimer heureux qu'il n'ait pas été se jeter dans le fleuve qui l’eût porté à la mer ); un second coup de fusil l’étendit mort à mes pieds. J’en ai rapporté la peau et le squelette; l’un et l’autre serviront à prouver combien sont inexactes les descriptions qu’on a faites de cet animal (1). 1 - De retour de mon second voyage , je fis aussitôt mes pré- paratifs pour un troisième, et profitant des offres obligeantes de M. le secrétaire colonial Bird , je partis sur un vaisseau anglais quiime débarqua à Algoa Bay. De là, je me dirigeai au nord-est, jusqu'à la rivière de Keiskama qui coule du (1) Des crânes d’hippopotame existoient dans beaucoup de cabinets, maïs c’est tout ce qu’on connoissoit du squelette de ce grand quadrupéde, à l'exception ce- pendant des précieux détails ostéologiques que M. Cuvier, ayant pu disposer d’un fœtus conservé dans l'alcool , avoit déja. donnés dans le tome quatrieme des Annales du Muséum. Le squelette que j'ai rapporté, dont il vient d’être pris un dessin tres-exact, va remplir une lacune importante dans le grand et bel ouvrage sur les ossemens, fossiles dont M. Cuvier publie en ce moment une seconde édition. 20* 156 VoyAGE nord au midi, et qui a son embouchure dans la mer, vers le 280 7' de longitude et le 336 11’ de latitude ; ce pays a été en grande partie habité par ‘les Cafres, soit l'espace compris entre Groote-Vis rivière et le Keiskama; mais de- puis un an ces peuples ont été rejetés au! delà de cette der- nièrerivière, par les Anglais qui y ont transporté une popu- lation prise dans la HAN POUF lui assurer cette belle colonie. Le pays qui s'étend d’Algoa Bay au Keïskama m'a paru très-susceptible de culture, on y retrouve ces forêts qui comme nous l’avons dit ne sont que la continuation d’autres plus grandes situées à l’ouest. De belles rivières l’arrosent en tous sens , mais leur embouchure est tellement obstruée par de bas fonds et des.bances de sable qui se prolongent le long de la côte, qu'il est impossible même aux plus petits vais- seaux d'y pénétrer. C’est là que ma collection s’est enrichie d’un grand nombre d'insectes rares, d'oiseaux et de quadru- pèdes inconnus ou mal décrits, entr’autres d’ichneumons, d’hélamys, de plusieurs espèces d’antilopes, enfin du rhino- céros bicorne qui faillit me eoûter la vie. J’avois entièrement dépouillé ce rhinocéros et j’étois allé à mon camp chercher du monde et un chariot pour l'enlever, craignant avec juste raison qu'il ne füt dérobé par les Cafres ou dévoré par les bêtes féroces. Je revenois de cette course lorsque mon che- val, qui jusque-là avoit été très-docile, irrité par l'odeur du rhinocéros , S'emporta avec une telle violence que je n’en fus plus maitre; il me renversa, et dans ma chüte, je me meurtris la tête et me cassai l'épaule. Enfin, après huit mois de séjour dans le pays des Cafres, Au Cap DE Bonne-EsPéRANcE. 157 que je parcourus daus tous les sens, je repris la route du Cap, avec la douleur de n’avoir pu pénétrer plus avant et cependant avec l'espoir de m’avancer dans les terres dans un quatrième voyage. Déjà j'avois recueilli des renseignemens sur ces contrées ; on m’avoit dit qu'il existoit au delà et à deux mois de marche de la rivière d'Orange, des contrées plus fertiles , et des villes populeuses que je brülois de con- noître ; mais les nouvelles que je recus d'Europe, l’arrivée d’un vaisseau, la crainte d'abandonner ma précieuse collec- tion à la conduite de genssans expérience, me forcèrent à re- noncer à ce projet; et c’est après deux ans de séjour en Afri- que, que j'en partis le rer. septembre 1820. Jamais exilé n'éprouva plus de regret en quittant le sol natal, que je n’en éprouvai lorsqu'il fallut me résoudre à m’éloigner de cette terre au moment mème où je me proposois de visiter des contrées tout-à-fait ignorées, et lorsque les succès que je ve- nois d'obtenir, me donnoïent l'espoir d'appliquer à de nou- velles découvertes des connoïssances déjà acquises sur les objets si variés et si intéressans que le règne gnimal présente dans cette partie du globe. Quoique mes espérances aient été déçues, quoiqu'il ne m’ait pas été permis d'explorer cette terre, objet de mes vœux, je me console en pensant que mes travaux auront contribué à détruire quelques erreurs et à éclairer quelques points de la science ; et sous ces rapports, messieurs, j'aurois une multitude de faits à vous présenter ; mais je n’abuserai pas de votre indulgence, et je me con- tenterai de vous en exquisser les principaux traits. Parmi les voyageurs qui sont allés étudier l’histoire natu- relle dans des contrées éloignées , les uns ont apporté à cette 126 | 145 HVOYAGE étude un système établi, d'avance et auquel ils ont rattaché tous les faits qu'ils ont recueillis au lieu de rassembler d'abord une multitude de faits, et de les coordonner pour tirer de leur réunion des lois Perles d’autres , et c’est le plus grand nombre , ont décrit tout ce qu'ils ont vu, et rassemblé sans ordre une foule de matériaux, plus Re à ce quil semble, de beaucoup voir, que de bien voir; ainsi ils ont moins avancé qu'embarrassé la science, puisque ceux qui les ont suivis, aulieu de n'avoir qu'à énoncer des faits, ont été de plus obligés de renverser l'ouvrage de leurs pré- décesseurs; et après tant de voyages, après une foule de relations, on en est le plus souvent réduit à douter des choses sur lesquelles il semble qu'il ne devroit exister qu’une seule opinion. Grâce à la méthode philosophique introduite dans l'étude: des sciences naturelles, on sent maintenant que pour arriver à des connoissances exactes et précises, il faut les appuyer sur des faits bien observés, que pour cela il faut pénétrer jusque dans l’organisation intime des individus, les considérer squs les différens aspects qu'ils présentent, dé- terminer les rapports qui les lient à d’autres individus ou qui les en éloignent, et en conclure la place qu'ils doivent occuper dans l'échelle des êtres. Guidé par ces principes, je me suis fait une loi de recueillir tous les caractères des ani- maux que j'ai trouvés en Âfrique; la plupart d’entre eux et toutes les espèces nouvelles sont accompagnés de leurs sque- lettes. Je n’ai surtout épargné aucune peine, aucune recher- che pour me procurer des cränes et même des squelettes d'hommes , et considérée sous le rapport de la science, cette partie de ma collection n’en sera pas la moins intéressante. “ Au Car pe Bonne-EsPÉRANCE. 159 En effet, vous trouverez depuis l’Asiatique jusqu'au Makoia, une suite non interrompue de dégradations. T’angle facial augmente progressivement du Makoïa au Boschisman; vient ensuite le Hottentot, et enfin le Namaquoïs qui nous conduit au Cafre, dont toute l'anatomie porte l'empreinte de la force et de l'énergie physique, poussées à l’extrème , en mème tems que la masse encephalique a pris un plus grand développe- mentsurtout au-dessus des arcades orbitaires. D’autres espèces de l’intérieur montreront des orbites plus rapprochées, des fosses nazales moins développées. Parmiles races croisées on trouvera le Malais, métis du Malais pur et du Makiava, et le Namaquois que je crois provenir de l’al- liance du Cafre et du Hottentot. À côté du Namaquois nous placerons l'habitant de Madagascar à cheveux frisés; vien- dront ensuite les races asiatiques qui ont les cheveux plats et longs : le Malais pur, le Chinois , le. Bengali et le Malabar. Il est aussi difficile, je crois , de rendre compte de la réunion de tant d'espèces d'hommes sur un petit point à l'extrémité de l'Afrique (et ici je ne parle point des espèces qui n’en sont pas originaires et qui sont comprises dans ma collection, mais bien de celles qu'on trouve si différentes et si nombreuses dans la seule colonie du Cap), que d'expliquer pourquoi toutes les femmes du Cap blanches ou noires sans distinction y sont d’une taille svelte dans leur jeunesse, et deviennent d’une grosseur qui va toujours croissant lorsqu'elles sont parvenues à un certain âge. Ge qu'il y a de probable cepen- dant, c’est que toutes ces différences si tranchées aujour- d'hui diminueront progressivement et se confondront avec le temps dans un seul type par le mélange de toutes les 160 VoyAGE races, ainsi que dans notre Europe on a vu disparoître des différences très-sensibles autrefois entre les peuples qui l'ha- bitoient. L’angle facial si aigu chez les Makoiïa, et augmen- tant progressivement jusqu'au Cafre , est une juste indication du degré des facultés intellectuelles de ces différens peuples. Et ici, messieurs, si de l'homme physique nous voulons re- monter à l’homme moral , combien nous aurons à regretter qu’on ait si mal étudié l’homme, si intéressant surtout dans l'enfance de la société. M. Levaillant, à qui l’on n’a peut-être pas rendu assez de justice , a vengé depuis long-temps les Hottentots des calomnies de Kolbe, qui les peint comme des peuples livrés aux superstitions les plus folles et les plus exagérées. Sans doute il existe chez eux des préjugés produits par l’igno- rance, et, comme partout ailleurs, le plus adroit trouve quel- quefois le moyen d’en imposer à des hommes simples et cré- dules; mais s'ils sont simples et ignorans , ils ne sont pas dégradés , et l’on trouve chez eux des vertus qu'on cherche- roit vainement chez des peuples plus civilisés. Leurs mœurs d’ailleurs ne ressemblent en rien aux nôtres. Ainsi l’activité semble être le partage des peuples civilisés : la passion do- minante des peuples que nous appelons sauvages, celle à laquelle ils sacrifient tout, est l'amour du repos: ils semblent se contenter du seul plaisir d'exister. Combien de fois je les ai vus, tout étonnés de me voir recueillir des insectes qu'ils fouloient aux pieds, se demander entre eux : Pourquoi venir de si loin chercher des choses si méprisables ? Ils ne sèment ni ne cultivent , ils chassent et nourrissent des troupeaux dont ils boivent le lait. Ils ne sont point, comme on l’a dit tant Au Car DE BONNE-EsPÉRANCGE. 161 de fois, dans un état de guerre continuel avec les animaux féroces. Habitans de la même terre , ils la partagent et vivent en paix, chacun de leur côté, jusqu’à ce que quelques causes viennent troubler l'harmonie : alors le Kral prend les armes, on éloigne ou l’on tue l’animal agresseur, et tout rentre dans Lordre accoutumé. . Les peuples qui habitent la colonie du Cap, parmi lesquels je ne comprends pas les Cafres qui ont été rejetés au-delà , sont doux, bons, hospitaliers, maïs foibles ,indolens , enervés parun climat brülant. Leurs proportions physiques indiquent assez cette défaveur de la nature, et chez eux l'intelligence ne vient pas suppléer aux forces qui leur manquent. Les animaux, au contraire , y sont d’une vigueur, d’un courage, et d’une férocité extrêmes. Il semble que la nature ait pris plaisir à les former aux dépens des autres habitans de cette terre, Eh bien! malgré toutes les circonstances défavorables, dans lesquelles l’homme se trouve placé , il est probable que dans un temps qui ne paroït pas éloigné ( à en juger du moins par l’état gé- néral d’accroissement de l'espèce humaine ), il est probable, dis-je, que la plupart des grands animaux auront disparu et cédé la terre à l’homme, qui ne conserve des animaux que ceux qui lui sont utiles et qu'il soumet ou associe à son empire. Ceux-ci multiplient alors d’une manière pro- digieuse ; tant est grande la puissance que l’homme exerce sur toute la nature! Déjà même les lions et les éléphans, si communs il y a quarante ans , sont très-rares dans toute la colome; et cela tient à la nature des choses : l’homme en se multipliant fait quelques progrès vers la civilisation, ses moyens de conquête deviennent plus puissans , tandis - Mém. du Muséum. À. 8. 21 162 VoyAcE que les animaux, toujours réduits à l'instinct, ne savent. que se précipiter sur leur proie, et la dévorer. À la tête desgrands quadrupèdes de lacolonie du cu sont les éléphans, le rhinocéros, l’hippopotame, l’antilope, dit lélan du Cap. J’ai tué un individu de cette dernière espèce plus grand qu’un bœuf, mais les bêtes féroces l’ont dévoré dans une nuit ; le zèbre et le coagga sont très- communs à l'embouchure du Groote-vis, rivière oùils vivent àlamanière des chevaux sauvages. Parmi les carnassiers sont : les lions, les panthères, les chakals et de prétendus chiens sauvages qui à l’inspection de leursdents m'ont paru être de vraies hyènes. Ces animaux sont d’une subtilité telle, qu’il est difficile de s’en procurer malgré leur grand nombre. Répandus sur toute la surface-de la colonie , vivant en grande troupe, ils y eau- sent beaucoup de ravages, et attaquent les troupeaux avec une fureur inconcevable. . Ce pays si fécond en espèces sauvages, ne produit en animaux domestiques que la chèvre , le mouton et le bœuf dont quelques races sont remarquables par leur taille, Au nombre des espèces nouvelles que j'ai rapportées, je citerai la civette à crinière, le renard aux longues oreilles, le mangouste de Cafrerie, le ree-bock laineux du paysdes Hot- tentots , et le ree-bock rouge de Cafrerie. Qui ne connoit les charmans oïseaux que produisent les co- lonies du Cap! Les coucous dorés, les couroucous, les pics, les sucriers , les martins pêcheurs, les guêpiers et tant d’au- tres, qui ornent nos collections ou qui viendront les embellir. L’aigle à poitrine noire, l'indicateur à gorge noire , le merle à deux raies, le fourmilier jaune , la fauvette des mimoses, Au Car DE Bonnr-EspéRANCE. 165 l’outarde àtaches rousses et l’outarde à cravate noire , et une foule d’autres. Les reptiles très-communs dans cette partie y sont aussi trés-venimeux , surtout la capelle, les vipères à queue courte et à croissant , et la vipére à cravate noire, de la morsure de laquelle j'ai vu mourir en 12 heures un jeune homme fort et bien constitué. Les tortues sont très-recherchées par les Hottentots; com- bien de fois moi-même w’ai-je pas été heureux d’en trouver dans le désert qu’elles seules et les serpens peuvent habiter, et qui semblent placées là pour prouver qu'il n’est aucun lieu où la nature n’ait exercé son pouvoir de reproduction. À six espèces connues , jen ai ajouté cinq autres. On ne trouve qu'une petite espèce de poisson dans quel- qques ruisseaux; les rivières en marquent absolument; ce qui tient sans doute à ce que, lorsquelles sont grossies par des pluies subites, elles coulent avec une telle impétuosité que des poissons ne pourroient résister au courant. À l'embouchure des fleuves et des baïes, on trouve une quantité innombrable de squales » et de raies dont j'ai vu des individus de ro pieds d'envergure; les silures, les labres, les blénnies y abondent. Parmiles mollusques, j'ai trouvé destétries, animaux dont les uns vivent isolés et d’autres réunis en famille : ceux-ci ad- hèrent à un noyau charnu, alimenté par la vie commune et à la surface duquel vient s'ouvrir la bouche étoilée de chacun des individus qui composent la famille, organisation admirable découverte et étudiée avec tant de sagacité par M. Savigny, mais sur des individus de proportion bien inférieure à ceux que je me suis procurés. 21” 164 Voyace Je ne vous arrêterai pas, MM. , sur chacune des grandes classes du règne animal, je craindrois de surcharger cet aperçu de détails fastidieux. . Jene puis cependant passer sous silence les insectes : quoi- que j'en aie rapporté plus de dix mille individus, j'aurois pu encore ajouter à ce nombre, mais je me suis attaché sur- tout aux espèces négligées par les voyageurs, et à celles qui nous étoient inconnues, ou qui, soit par leur petitesse, soit par leur peu d'éclat, avoient échappé aux yeux des natura- listes. 4 L’entomologie du Cap est en rapport avec son climät brü- lant, avec son sol sablonneux et aride, etavec ses productions végétales; aussi les insectes qui se nourrissent d'herbes et de fleurs, ou qui à l’état de larves habitent les grands arbres, et qui sont si communs dans l'Amérique méridionale , tels que les coléoptères, tétramères et lépidoptères, sont-ils très rares dans cette contrée, et manquent même le plus souvent; ceux au contraire qui vivent àterre ou dans les sables, ceux qui se nourrissent de racines, de substances cadavéreuses ou excrémentielles, ceux qui habitent les arbres peu ligneux, y abondent, surtout les Zenzebrio, les meloe de Linnœæus, les anthia, les copris, les brachycerus, truxals', et grillus de Fabricius, différentes espèces de Zarnies à corps bombé ou presque cylindrique , les termites, les mutilles et les pangonies; quelques genres, tels que les manticores, euricho- res et pneumores, appartiennent exelusivement à cette partie du monde. M. Latreille, qui a eu la bonté d'examiner ma collection d'insectes, ya trouvé plusde trois cents espèces nou- velles dont les plus remarquables appartiennent aux genres AU Cap DE Bonne-EsPÉRANCE. 165 cétoine, ibis, lamie, brachicère, charanson, pneumore, etc. J’ai aussi recueilli plusieurs espèces d’arachnides et de crustacés inconnus. La zoologie n’a point été seule l’objet de mes travaux. J’ai également recueilli et desséché avec soin les plantes que j'ai trouvées en fleur, dans l’espoir d’en rapporter qui auroient échappé aux recherches de Sparmann et des autres botanistes qui ontparcouru les mêmes contrées. Je n’ai point été trompé dans mes espérances; mon herbier, composé de huit neuf cents plantes, a offert beaucoup d’espèces qui ont enrichi la collection du Muséum, et dans ce nombre il s’en trouve qui n’étoient pas encore connues. J’ai aussi rapporté des. bulbes de liliacées et 230 espèces de graines. J'avois, de plus, rassemblé un grand nombre de plantes vivantes, dont la plupart sont inconnues dans nos jardins; mais j'ai été contraint de les abandonner; le vaisseau qui est venu chercher ma collection , ayant préféré le mouillage de Fals-Baye à celui de la baie de la Table qui est en vue du Cap, il a fallu faire traverser dix lieues du pays le plus âpre à ma collection; rude assaut auquel elle a résisté , mais que n’eus- sent pas supporté des plantes vivantes , quelques soins qu’on eùût apportés à leur transport. : Trois cents échantillons de minéralogie pris en différens lieux n'offriront rien de remarquable , ni de précieux pour nos collections ; mais le géologue trouvera dans leur examen des renseignemens sur la composition du sol et des monta- gnes, qui ne se trouvent pas dans les nombreux ouvrages pu- bliés sur la colonie du Cap. Voilà, messieurs , quels sont les résultats d’un voyage de 166 VoyacGeE deux ans ; et quoiqu'ils ne soient:pas tont-à-fait stériles sous le rapport de la géologie et du règne végétal, vous vous êtes facilement aperçus que la zoologie avoit été plus spéciale- ment l’objet de mes travaux. Ainsi la comparaison des sque- lettes de l’hippopotame «et. du rhinocéros bicorne, avec les os fossiles des mêmes animaux, servira à déterminer d’une manière précise les différences ou les rapports qui existent entre les.espèces d'Afrique ét celles des anciens, et peut-être cettecomparaison pourra conduire à quelques inductions sur la marche des bouleversemens du globe. Legrand nombredecrànes humains que j’ai pu me procurer, parmi lesquels vous trouverez des différences si grandes, des dégradations si marquées, contribuera, je l’espère, à fournir à la science qui s’occupe des variétés de Ho humaine des matériaux du plus grand intérêt. Dirigé dans mes recherches par les principes qui heureu- sement prévalent dans l’étude des sciences naturelles, l’ob- servation des rapports qui, existant entre Îles différens êtres, les lient, les rapprochent ou les éloignent , l'examen intime des parties , examen qui ne peut être fait que le scalpel à la main, et en allant fouiller jusques dans les replis les plus ca- _chés de l’organisation, je me suis appliqué à disséquer une foule d'animaux, surtout les espèces inconnues. Ni le dégoût attaché aux travaux anatomiques sous un soleil brülant, ni la multitude et la variété des objets dont j’étois environné , n’ont pu me faire perdre devue ce but philosophique de la science; je lui ai consacré une grande partie de mes soins, et les ré- sultats sont 122 squelettes , dont quelques-uns sont des plus grandes dimensions. Au CAP DE Bonnr-EspérANcE. 167 Enfin, messieurs , pour résumer, le seul règne animal vous présentera 13,405 individus appartenant à 1620 espè- ces, SAVOIT: : # M 4 Individus. Espèces. Mammiferes, sors sessese BE 08 Poo0b nono DEC OISEAUX... steiels oo à ele se oise lue, A 22000 elolalole sie ste 200 RÉDUIES 22 das comes ei 00 dec een CC TOUS Poissons ii elles Ut 469 © so DÉBIT. HERO 70 Insectes eeneeet delete LO0DoN eee cc ODD Mollusques..............,.... 307 iereeseetiele TO Mais, messieurs, si j'ai obtenu quelques succès , jene suis pas le seul à qui l’on doive les attribuer; le consul de France au Cap, monsieur le comte des Ecotais , le gouverneur lord Sommerset et le secrétaire colonial M. Bird, auxquels je suis heureux de pouvoir exprimer toute ma reconnaissance de- vant cette auguste assemblée, ont puissamment contribué à la réussite de mes efforts, par leurs bons offices, et par l’em- pressement qu'ils ont mis à me procurer par eux-mêmes ou par leurs ordres, toutes les facilités qui pouvoient favoriser l'exécution de mes projets. C’est ainsi que sur toute la terre, les savans et les amis de l'humanité ne forment qu’une seule famille , exempte des rivalités qui divisent les nations ; ils ne savent que se réunir, quand il s’agit de faire le bien et d'éclairer les hommes. Quant à moi, messieurs, si Vous jugez que mes travaux méritent quelque attention , votre bienveillance et votre ap- probation seront ma plus douce récompense ; heureux si pour completter ce que j'ai commencé , je puis, en publiant le ré- sultat de mes observations, et les faits nombreux que j'ai recueillis , ajouter quelque chose au domaine de l’histoire 168 Voyacr Au Cap DE Bonne-EspéRANcE. naturelle! J'ai déjà arrêté le plan de ce travail , et disposé quelques matériaux, avec le secours d’un ami, M. Bénit , qui s’est associé à moi pour cette entreprise; mais je Vois avec douleur que je serai forcé d’y renoncer, à moins que le gou- vernement, fixé par l'opinion de l’Académie sur l'intérêt de cette publication, ne veuille bien me continuer sa bienveil- lance, et contribuer au succès, en m’accordant les moyens matériels qui me manquent. OBSERVATIONS NOUVELLES Sur lorganisation extérieure et générale des ani- maux articulés et à pieds articulés, et applica- tion de ces connoissances à la nomenclature des principales parties des mêmes animaux. ” PAR M. LATREILLE , de l’Académie royale des Sciences. Es communiquant à l'Académie des Sciences le fruit de ._mes observations sur l'organe musical des criquets et des truxales, j’avois annoncé que je termineroïis mon Mémoire par l'exposition de quelques vues générales et nouvelles, ayant aussi pour objet des parties extérieures et peu connues de divers animaux de la classe des insectes de Linnæus. Ayant interrompu la lecture de ce Mémoire, et m’étant livré depuis à de nouvelles recherches sur ce dernier sujet, l’étendue des matériaux que jai réunis me force aujourd’hui d'isoler cette seconde partie de mon travail et de la présenter sous la forme d’un Mémoire spécial, qui servira de supplément à ceux que j'ai publiés relativement à divers points de l’orga- nisation extérieure de ces animaux. La classe des insectes étant maintenant beaucoup plus restreinte qu’elle ne l’étoit dans la méthode de Linnæus, on désigne collectivement tous les animaux qu’il nommoit ainsi Méin. du Muséum. 8. 22 170 : ORGANISATION EXTÉRIEURE au moyen d’une phrase descriptive, amtmaux articulés, à pieds articulés. X\ m'a paru que pour simplifier le discours, il seroit avantageux de la remplacer par un terme univoque, se rapprochant, autant que possible, dans son étymologie, du sens de la définition précédente. Celui de condylope , formé de deux mots grecs 2œud, pied, m'ayant paru remplir ces conditions, désignera :ce groupe considérable d'animaux invertébrés, qui se partage en trois classes, les z2sectes, les arachnides et les crustacés. Les appendices extérieurs de leur corps étant des produc- tions de ses tégumens, quelques observations générales sur la formation de cette enveloppe précéderont celles que j'ai recueillies sur ces appendices et en faciliteront l'intelligence. Elles me semblent d’ailleurs éclairer une discussion très-im- portante, celle qui a pour objet le partage du règne animal en deux grandes sections, les vertébrés et les invertébrés. Comme parmi ceux-ci il n’en est point où les segmens du corps soient plus prononcés et mieux garantis que les condy- lopes, il n’est pas étonnant qu’on ait regardé une telle réunion de parties solides comme une sorte de squelette, ou que, sans attacher à cette expression le sens’qu’elle comporte na- turellement, on l'ait employée faute d'en trouver une autre plus sensible et pareillement à la portée du vulgaire. Mais cet ensemble de pièces n’est pas plus un squelette que ne l’est le test d’un tatou; elles ne composent réellement qu’une simple armure extérieure ou une cuirasse. Le derme ou la membrane inférieure de la peau qui le représente est toujours continu et indivis. C’est l’épiderme seul qui s’épaissit et se solidifie par place, en manière de plaques, de lames, de tubes, et qui DES ÎNsEGTEs. 171 contraste ici avec les parties membraneuses de la peau, oc- cupant les intervalles. Le pédicule de la tête et celui de l’ab- domen ne sont que des étranglemens ou des portions très- resserrées de cette peau, et si le corps présente à l'extérieur des appendices articulés à leur base et mobiles, on en voit aussi dans les animaux vertébrés et qui naissent pareillement des couches tégumentaires. Pour bien connoître l’origine de ces parties solides et des articulations, il faut les étudier et suivre leur composition graduelle dans les larves des insectes, dans les arachnides, les annelides (1), etc. On les voit s’effacer peu à peu, de telle manière qu’à la fin la peau, maintenant tout-à-fait membrageuse, n'offre plus que des plis ou des rides transverses, et qu'il est bien difficile ou presque impos- sible de déterminer, par des caractères purement extérieurs, les points où finit la série des animaux articulés. Les moyens aussi simples qu’'ingénieux imaginés par la nature pour la production des mouvemens de ces animaux, non-seulement ne supposent point, mais repoussent comme inconciliable avec les plans d'organisation qu’elle a adoptés et la pesanteur relative du corps, l'existence d’une charpente osseuse. Les divers systèmes de cette organisation se dévelop- pant successivement, à mesure que l’ôn s'élève graduellement dans l'échelle animale, le système osseux ne peut arriver qu’à son tour, c’est-à-dire lorsque les fonctions animales néces- sitent de tels leviers. Aussi dans la série des condylopes si les tégumens du corps ayant acquis sous le même volume (1) Les pagures sont évidemment analogues aux écrevisses et autres crustacés décapodes macroures ; leur abdomen cependant n'offre point de tablettes, ses tégumens étant formés d’une peau molle et continue. - 22 * 172 ORGANISATION EXTÉRIEURE une plus grande proportion de carbonate calcaire, ont aug- menté en densité, la puissance musculaire n’étant plus en harmonie avec le poids du corps, les ailes disparoissent, et le milieu d'habitation change le plus souvent. C’est ce qui a lieu en passant des insectes aux crustacés. Enfin, si parmi les animaux vertébrés même, les conditions relatives à l’exer- cice de la faculté loco-motrice se reproduisent accidentelle - ment avec les mêmes circonstances, ces animaux deviennent alors des invertébrés (1). Les batraciens nous en fournissent un exemple frappant. Car, selon les expériences de M. le doc- teur Serres, l’ossification ne commence dans leurs larves que le vingt-sixième ou vingt-septième joursaprès leur naissance, et cependant, abstraction faite du pouvoir de se reproduire, ces larves exécutent toutes les fonctions d’une animalité, comparable dans ses caractères les plus importans à celle des animaux vertébrés supérieurs. Leur système nerveux, d’après les recherches du profond zootomiste que je viens de citer , est semblable à celüi des insectes, et cette identité, selon les observations de Swammerdam, s’étendroit encore au sys- tème digestif. Dans ces reptiles cetordre de chosesn’est qu'un passage à un autre plus élevé; dans les animaux invertébrés précitésil est constant, parce qu'étant inférieurs aux précédens dans l'échelle zoologique, ils ne peuvent acquérir un système osseux. Mais les uns et les autres n’en sont pas moins distin- gués des autres animaux par une sorte de double fœtation, l’une ordinaire, précédant leur naissance, cachée et passive; (r) Des monstres de fœtus humains sont encore distingués par l’absence d’un squelette, et vivent cependant jusqu’à une certaine époque. q Û P jusqi e€poq DES INSECTES. 173 l'autre extérieure, active et représentant l’enfance des ani- maux supérieurs. Aussi lorsque les larves sont peu suscep- tibles d’un mouvement de translation, il est nécessaire pour leur existence, que les substances alimentaires soient placées auprès d'elles, et les lieux qui les ont vues naître, les voient encore se développer. Rapprochement digne d’attention, c’est que les ophidiens, qui précèdent immédiatement les batraciens, ne sont sujets qu’à de simples mues, de même que les crustacés et les arachnides, antérieurs aussi classique- ment aux insectes. Sous le même point de vue, les reptiles des deux premiers ordres, les chéloniens et les sauriens, sont, à l'égard de ceux des deux derniers, ce que sont les poissons aux animaux condylopes. De ces observations générales passons à celles qui font le sujet spécial de notre Mémoire. Je traiterai d’abord des ap- pendices de$ parties du corps compris entre la tête et lextrémité opposée, ou la région uropygienne, appendices propres au mouvement detranslation, ou du moinsayant avec lui des relations. Je ne reviendrai sur les objets dont j’ai parlé dans d’autres mémoires,qu'autant que l’exigeroit le besoin d’ex- poser de nouveaux faits ou de rectifier ceux que j'ai présentés. L'examen attentif des appendices propres au thorax de plusieurs condylopes, mais distincts des pieds, l'étude encore des appendices et autres organes extérieurs du premier seg- ment abdominal ou médiaire , soit qu’ils accompagnent les précédens, soit qu'ils soient solitaires, m'ont conduit à ce principe général , que ces parties sont pour les agens ordinai- res de la loco-motion ou les pieds, des moyens auxiliaires em- pruntés des tégumens et des organes respiratoires. Tantôt, en 174 ORGANISATION EXTÉRIEURE effet, elles sont des appendices de ces derniers organes; tantôt elles leur sont substituées dans quelques portions de leur étendue, et toujours, dans l’un et l’autre cas, sous la forme d’une vessie ou d’un sacmembraneux, et appropriées à la naturé du fluide où vivent ces animaux. Les branchies des larves de batraciens qui disparoissent lorsque par le dévelop- pement des pieds elles deviennent inutiles au mouvement, cette alternative de corps vésiculaires et de branchies que notre confrère, M. Savigny, a observée dans plusieurs annelides du genre rereis de Linnœus, d’autres moyens analogues employés, au défaut de pieds, par des animaux inférieurs, tels que des échinodermes, les acaléphes hydrostatiques de M. Cuvier, paroïssent déjà nous faire pressentir la vérité de nôtre proposition. Une grande portion de la capacité inté- rieure de la plupart des condylopes étant occupée par une multitude de vaisseaux aériens, on voit que ce système de mouvement repose sur une disposition éminemment aérosta- tique. Lorsqu'on se borne à considérer les ailes des insectes dans leurs usages, on peut bien, au premfer aperçu, les comparer soit à des ailes d’oiseaux, soit à des pieds dilatés sous une forme semblable ou en manière de nageoire. Mais l'étude de leur organisation écarte bientôt ces analogies apparentes, et fait rentrer ces parties dans la série de celles que je viens d’énoncer. Si nous voulons bien connoître la composition des ailes des insectes, nous les envisagerons, non telles qu’elles se présentent lorsqu'elles sont le plus développées, c’est-à- dire avec ces nervures et ces veines trachéennes qu’on y voit ordinairement, mais dans leur simplicité originaire ou primi- DES ÎNSEGTES. 199 tive, celle qui a lieu dans le plus grand nombre des insectes pupivores, les rhipiptères et quelques diptères. Deux feuillets très-minces, transparens, appliqués et collés l’un sur l’autre, entièrement où presque entièrement unis, fixés au thorax par un très-petit pédicule mobile, voilà quels sont les élé- mens essentiels de leur composition. Supposez, ainsi que cela arrive quelquefois, que le fluide aérien se frayant un passage, pénètre en masse ou confusément entre les deux pellicules, ces ailes formeront alors de véritables vessies. Rétablissez-les dans leur état habituel, elles ne différeront que par leur aplatissement de celui où nous venons de les voir. Mais les pieds de ces animaux ont un tout autre mode de structure; c'est une suite d'articles tubulaires, formés, ainsi que les tégumens du cerps, de deux membranes, et renfermant des muscles. Ainsi, en allant du centre à la circonférence exté- rieure, on traverse toujours ces deux membranes et une partie des muscles. Les ailes, dès lors, sont l'unique produit de la duplicature ou de l'expansion extérieure de l’une d'elles, l'épiderme probablement. En admettant, pour leur formation, le concours des deux, elles ne représenteroient jamais qu’une portion superficielle des tégamens, détachée en manière d’écaille et dilatée. On les compareroit aux épau- Jettes mobiles des lépidoptères, aux balanciers des rhipi- ptères et autres pièces analogues, nommées épsmères par M. Audouin. Rien de surprenant que des trachées s’y répan- dent, puisque cette diffusion s'opère aussi dans d’autres appendices. Mais il ne faut pas en déduire , ainsi qu’on l’a fait, que les ailes sont des trachées renversées. Cette opinion sup- poseroit d’ailleurs dans le syStème respiratoire un boulever- 176 ORGANISATION EXTÉRIEURE sement dont on ne conçoit point la nécessité et dont aucune étude comparative n’a fait découvrir les traces. La composi- tion des appendices imitant des sortes de branchies et particu- lières à quelques larves aquatiques, celles des ailerons des diptères et des rudimens des ailes inférieures que l’on retrouve dans l’hippobosque du cheval, éclairciront et confirmeront ces idées sur l’origine des ailes des insectes. Les élytres des co- léoptères suivies dans les transitions graduelles de leur com- position, ou comparées à celles des orthoptères et des hémi- pières, ne paroitront que des ailes modifiées. Au même type se rapportera, malgré des différences dans les points d’inser- tion, le test bivalve de plusieurs crustacés branchiopodes, tel que celui des cypris, des cythérées, etc. Les branchies des crustacés décapodes ne sont cles mêmes qu'une réunion de poches membraneuses, mais à figure pyramidale, et hérissées, en manière de barbes de plume ou de petites lames demi-circulaires et empilées, de petits corps absorbans. De nouvelles observations sur les ba- lanciers des diptères ont confirmé lopinion que j'avois émise à cet égard, savoir, que ces organes sont de petites vessies pédiculées et mobiles, destinées à recevoir le trop- plein du fluide aérien des trachées voisines, lorsque leurs bouches extérieures sont fermées ; etqu'ils concourent avec les ailes au transport de l’animal, puisque ces corps se meuvent avec une grande célérité, et que leur grandeur est en raison inverse de celle de ces dernières parties et de leur énergie. Dans la tipule confaminata de Linnœus, ces balanciers ont à leur base deuxsaillies en forme de dents, ce qui les rappro- che en quelque sorte, sous ée rapport, de deux autres DES INSECTES. £ ; LT appendices, dont je vais parler, les peignes des scorpions. Les parties molles et rétractiles que l'historien des insectes des environs de Paris a nommées cocardes, et qui sont pro- pres aux malachies, étant placées près des stigmates corres- pondans aux mêmes parties du corps, doivent probablement leur origine à la même cause. Les pergnes des scorpions dé- pendent, ainsi que les balanciers, du segment médiaire, et au-dessous d’eux viennent immédiatement les deux séries de poches branchiales. Or, comme on arrive presque insensi- blement à ce genre par ceux de mygale, de phryne et de thélyphone, et comme dans toutes ces arachnides on voit deux poches branchiales à la place des peignes, il est à pré- sumer que ces appendices ont été formés aux dépens de l’or- gane respiratoire , et contribuent, ainsi que l’avoit déjà soup- conné M. Marcel de Serres, à la loco-motion. Les petites écailles papyracées et pédicellées ‘que l’on voit sur les han- ches des pattes postérieures des galéodes leur servent peut- être à agiter l’air, ce qui favoriseroit leur marche, qui, comme on le sait, est très-rapide, Je n’ai point observé ces animaux sur le vivant. - Les squilles, les chevrettes, les phronymes, etc., compa- rées encore sous le même rapport, c’est-à-dire le système respiratoire, avec les crustacés décapodes, nous présentent des transformations analogues. Car dans ces derniers crus- tacés lon observe à la naissance extérieure des pieds thora- ciques et des quatre derniers pieds-mâchoires des branchies, tandis que dans les crustacés précédens, ces derniers organes sont situés sous le ventre, et que ceux du mouvement, ou du moins plusieurs d’entre eux, offrent à leur base extérieure Mém. du Muséum. t. 8. ue: 178 ORGANISATION EXTÉRIEURE ÿ] des corps vésiculaires, dilatables et mobiles, dans lesquels M. Cuvier, à en juger d’après ses observations sur les squilles, m'a dit n’avoir aperçu aucun vaisseau sanguin. Je remarque- rai au sujet de ces derniers crustacés que leurs deux vésicules postérieures sont placées sur un segment correspondant à celui qui dans les insectes tétraptères.porte les deux dernières les ou les inférieures. Ces corps ovoides et pulpeux que l'on voit près de la naissance des pattes des apus et de divers autres branchiopodes me semblent représenter les pièces vésiculaires$ précédentes. Mais ici ils accompagnent des bran- chies, de même que les balanciers des diptères avoisinent des trachées. Nous pourrions retrouver les analogues de ces vésicules dans les espèces de lanières, faisant partie de lappa- reil branchial des crustacés décapodes, puisque ce sont des espèces de sacs membraneux, situés de même, mais très- longs et comprimés. Elles paroissent être remplacées dans les quatre branchies supérieures, celles des quatre derniers pieds- mâchoires et qui diffèrent un peu des suivantes, par l’une de leurs deux pièces inférieures. Les cirrhes, en forme de fouet, qui sont particuliers à ces branchies, semblent tenir lieu de l’une des trois pièces supérieures des branchies tho- raciques. Si à partir des derniers branchiopodes, l’on par- court, dans une ligne ascendante, cette classe d'animaux, on voit que leurs organes respiratoires d’abord situés sur les appendices abdominaux, les abandonnent peu à peu pour gagner successivement et en divergeant les pieds thoraciques, de manière que les appendices précédens, ayant perdu leur propriété branchiale, ne servent qu’à la natation, et qu'après avoir été communs aux deux sexes, ils finissent par être DES INSECTES, 179 exclusivement propres aux femelles et n’être plus que de simples filets, portant les œufs et en moindre nombre que dans le principe. J’observerai, par occasion, et pour ne pas revenir sur ce sujet, lorsque je traiterai des appendices pos- térieures du corps, que les deux nageoires latérales du bout de l’arrière-abdomen de divers crustacés macroures ne sont que deux de ces appendices ou pieds-abdominaux, modifiés de la sorte. Enfin les côtés inférieurs du corps des thysanoures nous offrent d’autres appendices mobiles, comparables, par leur situation, aux corps vésiculeux, dont j'ai parlé. Les antérieurs, dans les machiles, étant situés à la naissance ex- térieure des pieds, il est évident que ceux de l’abdomen ne sont point des rudimens de ces organes loco-moteurs. Aussi, dans mon opinion, les insectes de cet ordre me sem- blent-ils devoir venir dans une même ligne, immédiatement après les derniers branchiopodes maxillaires. Les trachées vésiculaires, dans les insectes hexapodes qui en sont pourvus, ne recoivent l'air qu'au moyen de trachées élastiques ou tubulaires. Mais dans les scutigères, animaux qui se rapprochent le plus des derniers crustacés isopodes, ces trachées, selon M. Marcel de Serres, s’abouchent direc- tement avec ce fluide. Un tel changement nous porteroit à croire que dans un système d'organisation plus avancé, ces trachées vésiculairesseroïient devenues des pochesbranchiales. Ici se terminent les observations que j'ai recueillies à l’égard des appendices thoraciques. Je traiterai maintenant de ceux des deux extrémités du corps, et nullement aérostatiques ou hydrauliques, comme les précédens. Les uns sont destinés à l’acte de la nutrition, et tels sont 23 * 180 ORGANISATION EXTÉRIEURE les organes masticateurs. D’autres, ou les copulateurs, aident à perpétuer l’espèce; enfin les derniers, ainsi que les antennes pour la tête, les nageoires latérales et terminales, les filières, les soies, les pinces, etc., pour l’extrémité opposée du corps, ont des fonctions secondaires et variées, mais qui me semblent subordonnées à.trois principes susceptibles chacun de prédominer , celui des sensations , celui du mouvement et celui des sécrétions. Les organes copulateurs masculins ne sont que des lo- bes des derniers segmens du corps, convertis en instru- mens d’appréhension, et ceux de l’autre sexe sont pareillement formés par les derniers segmens, mais devenus un oviducte extérieur, diversifié dans ses formes et ses usages, et quel- quefois encore changé en une arme offensive, un aïguillon. La composition des autres appendices est foncièrement la même que celle des pieds, mais sous des formes et avec des propriétés généralement différentes et très-variées. C’est pour avoir méconnu cette diversité d'emplois, et pour s'être obstiné à ne découvrir dans les antennes qu’une seule fonc- tion, que l’on dispute depuis si long-temps et si vainement à leur sujet. Elles peuvent, selon les circonstances, servir de pieds, de rames, de pinces, d’organe de tact, etc. , et lors- qu'elles se développent beaucoup sur les côtés, en manière . d’éventail, de peignes, etc. , elles sont alors propres, à raison de l’étendue de leur surface et de leurs appendices, à absor- ber une quantité plus ou moins considérable d’émanations odorantes et à les transmettre à un centre commun de rapports de sensations. Les observations de Swammerdam, de Lyonet, et celles de M. Straus sur le hanneton nous DES INSECTES. 187 montrent que plusieurs insectes ont, en avant du double ganglion cérébriforme, un petit système nerveux etganglionné spécial. Ayant découvert que dans plusieurs animaux de cette classe, l'oreille est située de même que dans les crustacés décapodes, à la base des antennes (1), je pense que ce sys- tème nerveux est propre aux sens de l’ouïe et de l’odorat. Si l’on veut bien connoïître la composition croissante des antennes, c’est ici, et particulièrement dans les diptères et les hyménoptères, qu'il faut les étudier. Aïnsi, par exemple, celles des diptères les plus imparfaits n’ont que deux à trois articles; le dernier se divise et se subdivise. ensuite graduellement, à mesure que l’on remonte dans la série des coupes génériques de cet ordre. Exception faite des cas où leur composition s'élève au maximum, l’on trouvera que les quantités les plus constantes de leurs articles sont, 3, 6, 9, 11,12 et 13. Celles des articles despieds varient ordinairement de 6 à9; la dernière suppose que le tarse est pentamère. Mais si le nombre de ses divisions augmente , ainsi que cela a lieu dans plusieurs arachnides pédipalpes, les faucheurs, etc., ou bien si ces pieds, comme les antérieurs de ceux de plusieurs _caliges, se simplifient , ce nombre d’articulations pourra être supérieur où inférieur aux précédens, et sera plus en rapport avec d’autres nombres articulaires des antennes. On peut diviser ces organes en deux portions, lepédoncule, qui se com- posera des trois premiers articles, et la tige qui comprendra les autres. Cette distinction est indiquée dans plusieurs insectes (x) Les latérales, lorsqu'il y en a quatre. Je parle dans le sens de l'opinion généralement admise ; car je n’ai, à cet égard , aucune donnée particuliere. 102 ORGANISATION EXTÉRIEURE par un changement de direction ou un coude; souvent aussi, à partir de ce point, la forme des articles change. Les deux premiers représenteront les hanches; le troisième, et fré- quemment plus long, répondra à la cuisse, et le suivant à la jambe. La comparaison de ces organes avec les deux pieds antérieurs des phrynes , des thélyphones, des apus, et avec les appendices postérieurs des scolopendres et des thysanoures, fortifiera ces rapprochemens. Nous avons dit précédemment que les deux appendices natatoires que l’on voit à l'extrémité postérieure de l'abdomen d’un grand nombre de crustacés, ne différoïent point orga- niquement des autres ippendises dont le ventre de ces ani- maux est muni, et que ces parties étoient des espèces de pieds. Ces nageoires sont attachées à l’avant-dernier segment. Il en est de même des appendices postérieurs et articulés des autres condylopes. Ces rapports de situation nous indiquent aussi identité d’origine ou de composition. Aïnsi les deux extrémités du corps sont pourvues de pièces souvent analo- gues, et toujours propres, sous diverses formes et par des voies différentes, à la conservation et à la défense de l'animal. Les belles et curieuses observations de M. Savigny sur la bouche des animaux condylopes, et celles que j'ai faites depuis leur publication, afin de vérifier et remplir quelques lacunes, me permettent d'avancer que les organes masticateurs sont aussi et plus visiblement des sortes de pieds, mais destinés, indépendamment de la faculté de pouvoir saisir et couper, s’il est question d’animaux broyeurs, à un transport spécial, celui des substances alimentaires. Quelquefois les pieds anté- rieurs eux-mêmes ne concourent point à la loco-motion et DES INSECTES. 183 servent à d’autres usages. Je me suis livré de nouveau, ainsi que je viens de le dire, à un examen approfondi et très-dé- taillé de ces instrumens de la manducation; je les ai suivis, et sans interruption, dans toute la série croissante de ces ani- maux, et jusques dans les larves. De telles études compara- tives m'ont fourni le moyen de réduire à quelques points capitaux les combinaisons variées que produisent ces organes, et de rattacher les insectes et les arachnides aux crustacés, mais en distribuant tous ces animaux dans deux lignes pa- rallèles, l’une composée des insectes et des crustacés moins les limules , et l'autre formée de ces derniers crustacés et des ara- chnides, animaux remarquables par leur tête confondue avec le thorax et par la concentration de leurs organes et leur ten- dance au rayonnement (r). L'exposition détaillée de cette (1) MM. de Lamarck et Savigny avoient aperçu ces rapports, mais ils ne les ayoient point assujétis à des caracteres généraux ; le second même avoit émis une apinion qui éloignoit beaucoup ces animaux des autres condylopes et les présentoit comme des êtres discordans. J’ai fait remarquer le premier que les parties des arachnides, regardées jusqu'ici comme des mandibules, non-seulement ne l’é- toient point , ainsi que M. Savigny l’avoit observé, mais qu’elles représentoient les antennes intermédiaires des crustacés, et non les seconds pieds-mäâchoires, _ ainsi qu’il l’avoit cru. En admettant avec lui que les palpes des mêmes arachnides étoient des pieds-mächoires , j’avois dit qu'ils répondoïent à ceux de la seconde paire , et j'avois supposé que les deux supérieures n’existoient point. Mais je pense aujourd’hui que c’est une erreur, et je reviens à mon premier sentiment. Voici les caractères généraux qui signalent cette seconde branche des condylopes : Sysième nerveux composé, les ganglions cérébriformes non compris, de deux à sept ganglions , maïs le plus souvent de-deux à trois ; le premier embrassant , avee ceux du cerveau , tout le thorax; mandibules et mâchotres propres nulles ; thorax: formé, à la manière de celui des insectes hexapodes, de trois segmens, maïs raccourci en arrière , pour l'agrandissement des pieds-mächotres et l'allongement de l'estomac; deux antennes répondant aux deux intermédiaires des crustacés, 164 ORGANISATION EXTÉRIEURE théorie générale nécessitant une rédaction étendue et des figures, je ne puis donner ici qu’une idée très-sugcincte des principes sur lesquels elle repose. En commençant par les condylopes qu’on a désignés par la qualification de broyeurs, nous prendrons pour type la bouche la plus complette et la plus développée, celle d’un crustacé décapode. Elle se compose, 1°. de pièces propres à protéger et à fermer par devant le pharynx; 20. de pièces destinées à saisir, à préparer et à conduire les sucs alimen- - taires. Les premières n’ont aucun rapport avec les pieds et sont au nombre de deux : le /abre ou lèvre supérieure, for- mant dans les arachnides ce que M. Savigny nomme langue- sternale; et le sous-labre, sorte de membrane palatine, en forme de lèvre ou de languette. Lorsque les mandibules sont fixées par leur face postérieure et qu’elles ne peuvent guère s'écarter l’une de l’autre, ainsi que cela a lieu dans la plupart des crustacés, cette pièce est en dehors des précédentes où postérieure à elles , et a été prise alors pour une languette; mais si les mandibules, à raison de l'éloignement respectif de leurs points d’insertion, s’écartent beaucoup entre elles et ont bien plus de jeu, cette pièce est maintenant entière- ment située sous le chaperon et le labre, soit qu’elle soit appliquée contre ces pièces, comme dans les coléoptères, soit qu’elle en soit détachée en majeure partie, et sous une et faisant partie des organes de la manducation ; stigmates en petit nombre et circonscrits. En suivant cette série d’animaux jusqu'aux plus imparfaits, on voit que la tête et le thorax diminuent de plus en plus, en raison inyerse de l'abdomen. DES INSECTES: 135 forme triangulaire et plus allongée, comme dans plusieurs hyménéptères. M. Savigny l’a distinguée dans ce dernier état P 5 5 sous le nom d’épiglosse ou d’épipharynzx ; mais elle est généralement commune à tous les insectes. Je considère comme un support ou un appendice inférieur de cette partie, la pièce que cet auteur appelle Zangue ou Aypopharynx. Les pièces de la seconde division ou les maxillaires. sont au nombre de six paires et distribuées latéralement sur deux rangées longitudinales. Celles des trois paires supérieures me paroissent être des pieds-mâchoires raccourcis, plus ou moins dilatéset divisés à leur base interne, en manière d’appendices maxilliformes. Si le premier segment du corps ou celui qui forme la boîte de la tête, et qui porte simplement les yeux; les antennesetles pièces précédentes, est rappetissé ou moins développé à sa partie inférieure (1), ces pièces, à l'exception des supérieures au plus, et qui sont même alors rudimentai- Es Hi . (1) Dans les aranéides, la situation et la disposition des yeux et des antennes (mandibules ou griffes des auteurs), ont fait descendre le chaperon ou la partie antérieure et inférieure de la tête, que je désigne sous le nom de sur-bouche (epistomis). Le segment antérieur ou la tête proprement dite est presque réduite à l’écaille frontale, comme dansles néreïdes, et n’ayant, ainsi que certains branchio- podes, qu’un seul œil, mais divisé en six petits yeux lisses, et accompagné par derrière de deux autres organes semblables, L’autre portion de la tête est confon- due ayec le thorax. Ces changemens ont opéré la suppression des mandibules et des mâchoires proprement dites. Le corps de ces animaux ressemble d’ailleurs, quant à l'étendue du thorax et de l’abdomen, à celui des insectes. Plusieurs crustacés maxillaires n’ont que six pieds ; ainsi les arachnides peuvent leur res- sembler sous ce rapporte sans qu’il soit nécessaire de supposer qu’elles sont privées de pieds-mächoires supérieurs. Ces. modificationssdans la forme et l'étendue de la tête se montrent aussi dans les hémiptères et les diptères. La tête des nyctéribies est même tres-petite et.ne forme presque qu’une simple capsule. Mém. du Muséum. 1.8. 24, 186 ORGANISATION EXTÉRIEURE res ( galéodes), disparoïssent ou se confondent avec les suivantes; nous en voyons un exemple dans les arachnides. Mandibules , premières mâchotres et secondes méchotres, telles sont successivement, et en commençant par le haut, les dénominations de ces trois paires de parties. Les autres, ou les trois paires inférieures, sont des pieds-mächoires pro- pres, et'presque entièrement semblables par leurs formes et le nombre de leurs articles à des pieds, mais plus petits, appliqués sur les pièces précédentes, et plus propres à la préhension ou à la mastication qu’à des mouvemens de trans- lation. Ce sont , en un mot, pour la bouche, des espèces de bras et de mains. Les deux paires inférieures sont annexées à autant de segmens. La supérieure même semble quelquefois, comme dans les myriapodes chilognathes, dépendre d’un demi-segment particulier et distinct de la tête ou du premier. Elle forme en général dans les crustacés maxillaires, et spé- cialement dans ceux de l’ordre des amphipodes eÿde celui des isopodes, une sorte de lèvre inférieure et gulaire, Ici les anneaux qui portent la seconde et troisième paires de pieds- mâchoires, sont bien évidemment les deux premiers segmens du tronc. Supposons que l’antérieur deyienne très-pelit, se soude ou se confonde avec la tête; les premières et secondes mächoires pourront, par suite de cette nouvelle combinaison et du refoulement qu’elle produit, perdre leurs rangs respec- tifs, se trouver entre les quatre premiers pieds-mâchoires supérieurs, et se réunir même avec leur côté interne. Cette supposition n’est point : arbitraire, , puisque | la bouche des sco- lopendres nous montre je ‘exemple. d’un tel changement. Nous voyons aussi que le prothorax de plusieurs hyménéptères, \ 2 DES INSECTES. 187 des lépidoptères et d’un grand nombre de diptères, segment qui répond au second du tronc des crustacés précédens, est très-petit comparativement au prothorax des coléoptères, etc., ou n'est même que rudimentaire. Il résulte de ces rapproche- mens, 1°. que les palpes des mâchoires des insectes représen- tent les deux pieds-mâchoires supérieurs, mais soudés avec les premières mâächoires des crustacés, formant maintenant des lobes maxillaires (1), ou plutôt la mâchoire proprement dite (7rala), et que l’on sépare aisément des pièces précé- dentes, surtout dans les coléoptères carnassiers; 20, que-les secondes mâchoires, maintenant les paraglosses ou para- langues, combinées avec les seconds pieds-mâchoires, mais réunis à leur base comme dans les myriapodes, composent la lèvre inférieure des insectes. Les deux articles inférieurs de ces pieds-mächoires confondus transversalement, forment, pour les autres, un support commun, ordinairement fort grand, tantôt en forme de petit bouclier, et tantôt en demi- tube (2). Un prolongement membraneux, analogue aux A lient que nous observons dans pente crustacés au côté interne de l’un des articles inférieurs de leurs pieds-mâchoires, cou- ronne le menton, sert desupport aux autres articles, et a recu la dénomination de /anguette. Ce prolongement forme avec le menton, l’article sur lequel il repose et le segment rudimen- (x) L’extérieur prend , dans plusieurs , la forme d’un palpe. (2) Dans les hyménopteres, et ceux plus particulierement dont les mâchoires et la lèvre inférieure sont tres-prolongées , le menton a la forme d’un demi-tube ; il est mobile , de même que le premier article de ces pieds-mâchoires et le segment rudimentaire dont ils dépendent, ce segment devient ici un ligament. 24" ! 188 ORGANISATION EXTÉRIEURE taire, fermant en bas la cavité buccale, la gaine du sucçoir des hémiptères et des diptères. Ces articles ont acquis en longueur ce qu'ils ont perdu en largeur, et se sont recourbés longitudinalement sur leurs bords. Dans plusieurs arachnides une portion de l’entre-deux des pieds se dilate et se pro- longe en avant, en manière de lèvre inférieure (r). Le pharynx est toujours situé, ou du moins commence à s'ouvrir, au-devant des premiers pieds-mächoires et près de l’origine inférieure. des mandibules lorsqu'elles existent. Ce point de départ sert à fixer la correspondance des parties de la bouche, notamment dans les arachnides qui avaient paru différer à cet égard des crustacés et des insectes. Voyons maintenant de quelle manière ces organes masti- cateurs peuvent arriver à cet état où ils sont uniquement propres à puiser des liquides; examinors-les, veux-je dire, dans ceux de ces animaux que l’on a désignés sous ce rapport par la dénomination de suceurs. Les exemples des passages graduels de ces transformations sont rares; il en existe cepen- dant , ainsi que l’on peuts’en convaincre en étudiant la bouche des insectes parasites, tels que les z1cz2s, les poux, celle des acarus et même celle des corises, comparativement à celle des ‘autres hémiptères; car dans ce dernier genre les pièces du suçoir sont beaucoup plus courtes que dans les autres ‘hémiptères, et celles qui sont analogues aux mandibules res- semblent presque par leur forme à des mandibules allon- gées et dentelées d'insectes broyeurs. Remarquons d’abord que les pieds sont insérés, tantôt sur les côtés du corps, (1) GLossoïine ou fausse langue , glossoides, DES ÎNSEGTES. 189 tantôt près de sa ligne médiane; qu'ici le premier article des hanches est mobile; que là, comme dans les coléoptères car- nassiers, il est fixe ; en un mot que le pointinitial de leur mo- bilité peut varier transversalement dans une portion inférieure . et plus ou moins étendue de la longueur de ces organes. La même variation a lieu relativement aux pieds-mächoires et même aux mandibules. Celles des crustacés comparées sous ce rapport avec celles des insectes nous en fournissent la preuve. Ces organes, ainsi que les deux pieds-mächoires su- périeurs, sont écartés et mobiles dès leur base dans les insectes broyeurs, tandis que dansles suceurs ces parties, ou du moins les deux pieds-mächoires, sont fixes inférieurement et ne de- viennent mobiles que près du pharynx. Toutes les parties agissantes de la bouche sont ici rapprochées autour de lui, en manière de faisceau tubulaire. Aïnsi, relativement aux mà- choires, leur lobe terminal, à partir de l'insertion des palpes, est la seule portion qui se meuve et coopère à l’ascension du liquide nourricier. Allongez et rétrécissez les lobes, ainsi que les extrémités des mandibules, pour leur donner la forme de lancettes ou de soies; solidifiez ces lobes maxillaires ; faites éprouver*les mèmes changemens au labre ou au sous-labre, aux paraglosses, et vous.aurez transformé ces parties en un suçoir complet, tel quon l’observe dans les hémiptères et plusieurs diptères. Si voussupprimez quelques-unesde ses piè- ces et leur gaine, vous réduirez la bouche d’un insecte suceur à sa composition la plus simple connue, celle, par exemple, qui caractérise les hippobosques. Car cétte bouche ne consiste ici qu'en un tubercule portant deux soies, deux très-petites palpes d’un seul article, et recouvert par la membrane de la 190 ORGANISATION EXTÉRIEURE cavité buccale. Il est évident que ce suçoir, et mieux encore celui d’un grand nombre de larves de divers autres diptères, à une grande affinité avec le suçoir de plusieurs vers intestinaux. Ces rapports sont aussi très-prononcés dans plusieurs acarus qui.terminent cette série particulière que je forme avec quel-» ques crustacés et les arachnides. Ici les organes représentant les antennes intermédiaires des crustacés deviennent, à lasuite de diverses modifications, deslames desucoir. Dans leszxodes, par exemple, arachnides très - imparfaites et qui, par leur mode de gurgitation, semblent imiter des sangsues, ont leurs palpes réunis à leur base; leurs appendices maxillaires et les parties précédentes composent un suçoir, protégé latéralement ou comme engainé par les palpes, c’est-à-dire les pieds-mà- choires supérieurs; le tout compose une sorte d'article en ma- nière de tête. J’ai exposé, dans mon Mémoire sur les animaux articulés, les principales combinaisons formées par les organes masticateurs de ces animaux. Plusieurs de ces organes néan- moins, tels que les quatre derniers pieds-mâchoires, ne sont souvent qu'auxiliaires ; de sorte que les deux premiers, et les autres parties supérieures de la bouche, sont les seules parties rigoureusement nécessaires à la manducation. Alots les deux premiers pieds-mâchoires forment une lèvre et tiennent liew de mâchoire inférieure. Les pièces que M. Savigny nomme, dans les crustacés, premières et secondes mâchoires, repré- sentent le palais et la langue; les autres organes, situés au- dessus, composent, lesuns la mâchoire supérieure, et les autres d’autres parties de la tête. Ainsi les quatre derniers pieds-mà- choires sont des espèces de pieds jugulaires ou dépendant du col, que la nature emploie, modifie et combine au besoin DES ÎNSECTES: O1 de diverses manières. Beaucoup de crustacés, d’arachnides, les myriapodes, les rhipiptères et les lépidoptères fourniroient des exemples venant à l'appui de mon sentiment. Il est évident que dans les insectes de ce dernier ordre, les mâchoires, pro- longées et réunies en manière de langue roulée sur _elle- même, sont presque les seules parties de Ja bouche dont ces animaux fassent usage. Les deux pieds antérieurs, qui repré- sentent les derniers pieds-mächoires, sont encore plus inutiles à la manducation que les parties inactives de leür bouche, et c’est peut-être à raison de cela (r) que ces organes loco-mo- teurs sont si petits dans un grand nombre de lépidoptères diurnes, | Vu la distance qui sépare les animaux vertébrés des con- dylopes et les différences majeures de leur système d’orga- nisation, quelques personnes jugeront peut-être que les rapports que je viens de présenter n’existent point ou sont du moins très-arbitraires. Je suis loin de vouloir établir ici un parallèle d’une exactitude rigoureuse, et mon unique but est de montrer par ces rapprochemens que la nature se copie et que dans des classes d'animaux séparés par d’assez grands intervalles, elle donne à des matières hétérogènes lés mêmes - formes et les mêmes destinations. Ainsi, comme nous l'avons vu, les organes loco-moteurs des condylopes në sont nulle- ment comparables, quant à leur composition, à ceux des ani- maux vertébrés, et cependant par leurs formes et leurs usages , ils semblent s'identifier avec eux; de semblables analogies peuvent avoir lieu relativement à d’autres organes. :yt (1) Il-faut encore ajouter à cette explication les habitudes propres à ces espèces. 192 ORGANISATION EXTÉRIEURÉ Ce sujet me fournit un autre rapprochement digne de re- marque, et venant à l'appui des précédens. J’aï dit plus haut que les condylopes me paroissoient se partager naturellement en deux séries, l’une formée des insectes et des crustacés, en retranchant les limules ; et l’autre composée de ces derniers animaux et des arachnides. La classe des: poissons se. divise aussi en deux coupes principales, les cartilagineux et les osseux; mais fait singulier, c’est que de part et d’autre cette distinction 'est fondée sur une certaine similitude de carac- tères extérieurs ; car d’après M. Cuvier, l’un des caractères essentiels des poissons cartilagineux est labsence des os maxillaires et intermaxillaires ; des os analogues aux palatins et quelquefois le vomer y suppléent. Or, dans les crustacés précités, ainsi que dans les arachnides, les représentans des os maxillaires, c’est-à-dire les mandibules, manquent ; le labre en forme de languetteet l’analogue du vomer, et les antennes entre lesquels il est situé, remplissent encore cette lacune. Le corps de ces condylopes agnathes ou sans mâchoires est aussi proportionnellement moins protégé ou plus foiblement cui- rassé que celui des autres condylopes (1). Les derniers animaux de cette sériesont les plusimparfaits de tousles condylopes et souvent remarquables par le prolonge- ment tubuleux de la partie antérieure de leur tête. C’est aussi dans les chondroptérygiens que nous observons les poissons © (1) Je citerai plus particulièrement les arachnides trachéennes , qui composent l’ordre le plus nombreux de cette classe d’animaux, et sur lesquelles M. le Clerc de Laval prépare un travail dont l'exactitude nous est garantie par celle des obser- vations qu’il a déjà publiées. w DES INSECTES. 193 dont lorganisationnous paroit être la plus simple et la plus rap- prochée de celle des animaux invertébrés; tels sont ceux dela famille des cyclostomes. J’avois considéré cette division na- turelle des poissons comme formant une série détachée et parallèle à celle qui se compose des autres animaux de la même classe. La distinction que je viens d'établir à l'égard des condylopes semble confirmer cette idée. E’ordonnance bien connue d’üne classe peut nous éclairer sur le plan qu'a suivi la nature dans la distribution des animaux d’une classe voisine. ke J'ai dit plus haut que les deux pieds antérieurs des insectes hexapodes représentoient les deux derniers pieds-mâchoires des crustacés. C’est en effet une conséquence nécessaire des principes que j'ai exposés relativement aux modifications gra- duelles des organes masticateurs de ces animaux, et dont il résulte que dans les insectes le premier segment du tronc, beaucoup plus petit que dans les crustacés ou simplement ru- dimentaire, est incorporé avec la tête, et qu'il y forme avec les seconds pieds-mâchoires la lèvre inférieure. Dès lors le prothorax des mêmes animaux ne répond plus qu’au second seoment du tronc des précédens, celui qui porte la troisième et dernière paire de pieds-mâchoires, et si l’on considère ces parties comme auxiliaires de la bouche, les insectes et les arachnides (1) n'auront plus que quatre pieds thoraciques. A l'égard mème des crustacés et des myriapodes, si l’on déter- mine d’après la situation de l’un des organes sexuels, le point où finissent les mêmes pieds et où commencent ceux que l’on (1) Les microphthires n’en auroient que deux. Mémm. du Muséum. 1. 8. 2 25 194 ORGANISATION EXTÉRIEURE appelle surnuméraires, ces animaux -deviendroient aussi des tétrapodes. Mais ces rapprochemens sont purement numéri- ques et nullement susceptibles d'application aux animaux vertébrés tétrapodes, puisque les pieds des condylopes ne sont que des appendices cutanés, que les deux derniers ne sont même pas en rapport de situation avec les mêmes des vertébrés, et qu’on pourroit les comparer tout au plus aux nageoires pectorales de certains poissons. Tel est l’apercu des nouvelles récherches où m'a entrainé le désir d'approfondir l’organisation extérieure des animaux condylopes, et d'assurer, avec le secours de l’anatomie inté- rieure, que parmi nous, MM. Cuvier, Marcel de Serres, Léon Dufour et Straus, ont si avancée, les fondemens de la philosophie de l’entomologie; car l'ouvrage auquel Fabricius à donné ce titre, est très en arrière des progrès de la science et très-défectueux quant aux principes généraux. En cher- chant, autant que possible, à éviter des innovations dans lorismologie, ou le langage scientifique, je me suis néanmoins vu forcé d’y faire quelques changemens, dont je présente ici Pexposition. Ces études m'ont encore beaucoup servi à per= fectionner la méthode naturelle et m'ont confirmé dans l'opinion que cette grande série d'animaux 6e distribue en plusieurs branches (1). re Énvisageant mon sujet sous toutes ses faces, j'ai mis à profit de nouveaux moyens, fournis par la considération des mues. Voulant quitter ce champ d'observations générales, pour (1) Elles se terminent souvent en cul-de-sac ; souvent encore sont-elles isolées ou sans connexion évidente. DES [INSEGTES. 199 rentrer dans le cerele de mesoccupations journalières, lexpo- sition des genres et des espèces, je vais présenter, en finissant, ces vues sur les condylopes considérés dans leur enfance, ou sous le rapport des changemens qu’ils éprouvent, ayant que de pouvoir se régénérer. Tous ces animaux, et les seuls, ainsi que je l'ai dit plus haut, parmi les invertébrés, sont sujets à des mues com- plettes, et comme les mutations de formes qu "elles produi- sent varient graduellement, l’on peut considérer d’une manière générale les métamor do comme desmues, portées au plus haut degré ou extraordinaires. La méthode exigeant néanmoins cette distinction nominale, j'appellerai méta- morphose toute mue qui développe une sorte, au moïns, d'organes loco-moteurs. Mais on remarquera que parmi les condylopes sujets à des métamorphoses, il en est qui avant que d'acquérir ce nouvel organe se dépouillent plusieurs fois de leur peau ou n'éprouvent que de simples mues, tandis qu'il en est d’autres qui restent absolument dans leur état pri- mitif jusqu'au moment où ils passent à l’état de nymphe, celui où commencent à se montrer soit les pattes ou les ailes, soit les unes et les autres. J'ai fait usage de ce caractère relative- ment aux hyménoptères et aux diptères. À l'égard des mues proprement dites, j'en distingue trois espèces. La première est simple, ne change rien au nombre et à la forme des parties qui existoient auparavant. La seconde que j'appelle sur-ajoutante, sans influer sur la composition du corps ou son type essentiel, modifie sa surface, ses organes loco-moteurs, et en augmente quelquefois le nombre, mais en petite quantité; certains branchiopodes et quelques arachnides sont dans ce cas, Enfin SNS À 196 ORGANISATION EXTÉRIEURE la dernière sorte de mue, la prolongeante , accroît successi- vement de devant en arrière le nombre des anneaux et des pieds : elle’est propre aux myriapodes, qui semblables aux insectes par le système respiratoire, s’en éloignent cependant soit à raison du nombre considérable des pieds, soit parce que leurs seconds pieds-mächoires ne différant presque pas des organes précédens, sont portés sur un segment distinct de la tête; et que les mächoires et les paragiosses sont réunies ‘en manière de lèvre, parderrière les premiers pieds-mâchoires, immédiatement au dessous des mandibules. Aussi le docteur Leach a-t-il séparé classiquement ces animaux; mais si dans Vétablissement de ces premières grandes coupes on ne prend point uniquement pour base des différences importantes dans es intérieure , il est bien à craindre que l'arbitraire ne s'empare de nos méthodes et qu’on ne multiplie sans né- cessité et sans bornes le nombre des classes. : D’après la situation du cœur ou du vaisseau dorsal, de la moëlle nerveuse, des branchies ou des trachées, le corps d’un ‘condylope peut être divisé en huit portions longitudinales : ‘deux médianes, quatre latérales et deux marginales : celles-ci ‘pourroient même se subdiviser en deux, selon que chaque ‘moitié seroit, ainsi que les lignes Déébétenest supérieure ‘ou inférieure. » } Au mot chaperon , employé souvent d’une manière très- «arbitraire, je substituerai celui de sur-Boucue, epis{omis. La trompe des crustacés et des arachnides suceurs, ainsi ‘que celle des insectes parasites du genre pou, portera exclu- ‘sivement la dénomination de sinon, sphunculus. Les deux mâchoires supérieures des crustacés maxillaires DES ÎINsEcTEs. 107 seront distinguées par celle de nu-macnome, 72ala. La quali- fication de coxale, coxalis, distinguera les’ mâchoires des arachnides des mächoires précédentes et de celles desinsectes. Les secondes mâchoires des mêmes crustacés étant les analo- gues des PARA-GLOSSES, paraglossæ , seront aussi distinguées de même. j CRE La langue sternale des arachnides, par la même raïson, de- viendra le Lasre, labrum. La pièce nommée épiglosse ou épipharinx par M. Savigny, sera le sous-LABRE, épipharynx ; celle que dans les arachnides j’avois appelée lèvre sternale, recevra la dénomination de FAUSSE LANGUETTE, glossoides. Les deux pieds-mâchoires supérieurs des crustacés , ‘des arachnides et desmyriapodes ressemblant ordinairement à des palpes accompagnés de pièces maxilliformes et faisant toujours partie de la bouche que souvent elles ferment inférieurement en manière de lèvre, seront des PALPES-MAGuOmES, z2@xtllo- palpi. Les mâchoires des insectes hexapodes ont de grands rapports avec eux , et la dénomination de #2a/0-palpi leur conviendroit très-bien, puisqu'elles se composent de: ces mêmes pieds-mâchoires et des pièces appelées ci-dessus ‘nu- mâchoires, zzala. Les quatre derniers pieds-mâchoires des crustacés décapodes prennent dès la fin de cet ordre la forme de véritables pieds. Ainsi, à commencer aux stomapodes et “en continuant jusqu’à la fin de la classe, suivant ensuite la ‘même analogie dans les ärachnides et les myriapodes, je ‘considérerai ces quatre pieds-mächoires comme des pieds collaires ou jugulaires; mais afin d'établir une correspondance “exacte dans la nomenclature relative au thorax, le premier segment du tronc des crustacés, celui qui‘dans; les insectes 195 : ORGANISATION EXTÉRIEURE est soudé avec la tête et forme avec les pieds-mächoires leur lèvre inférieure, sera censé être une dépendance de la tête et sera appelé segment sous-ceRvicar, sub-cervicale; ses pieds- mâchoires deviendront des pieds sous-cérvicaux. Dès-lors le segment suivant sera de part et d'autre le PnérmorAx , pro/ho- rax, et ses pieds-mâchoires recevront une dénomination adjective analogue, ou seront, quant aux insectes hexapodes, des AvANT-PtEDS, propedes. Mais on n’oubliera point que ce préthorax est véritablement une sorte de segment collaire, ou du moins intermédiaire entre la tête et le thorax, de même que le premier segment de l'abdomen l’est aussi relativement à ces deux dernières parties du corps. Les dénominations de por- TRINE,pecéus, el de STERNUM, SÉET FUI, SeTONL uniquement COn- sacrées à la partie inférieure du mésothorax et du métathorax. Je dirai donc pottrine antérieure, poitrine postérieure, ster- num antérieur et sternur postérieur. Le tronc des crusta- cés, à l’exception de celui de plusieurs branchiopodes, ne peut être comparé à celui des insectes hexapodes, puisque le segment sous-cervical non compté, il est de six segmens, et que celui des derniers n’en offre que trois. Il faut donc dis- tinguer le premier par un nom spécial; j’adopte celui de rno- RAGIDE ( Buste }, /koracida. Si ce tronc n’est formé que de trois segmens, ou bien de quatre , en considérant le premier de l'abdomen comme réuni au métathorax, ce tronc, ou plutôt ce tronçon, #runculus, conservera exclusivement la dénomination de rHonax, #4orax. Dans l’un et l’autre cas, le dessus sera le nos, dorsum, tandis que la partie supérieure de l’abdomen sera nommée le TERGUM, terguin. Quoiqu'à la rigueur on puisse distinguer d’après un changement dans l’al- DES INSECTES. 195 ternation des stigmates, la {koracide (jule , 4e et 5e deini- segmens ; les 6e, 7e, 8e, 9e, doubles ), ou le Zkorax ( scolo- pendre, 2e et 3e, 4e et 5e, Ge et 7e demi-segmens ), dans les myriapodes (1), ces parties néanmoins pourront être regar- dées comme se confondant avec l'abdomen; leur corps peut être comparé au f#£ d’une colonne, scapus. Le préthorax est tantôtnotablement plus grand (coléoptères ) que les segmens suivans , tantôt beaucoup plus petit ou tout au plus de la gran- deur des autres ou de l’un d’eux (Ayrnénoptères, lépidop- tères, ete. ). Dans le premier cas, je le distinguerai par le nom de coRSELET ou d'HÉmIrHORAx, et dans le second, sous celui de corrier, collare. Je ne crois pas que dans les des- criptions ordinaires, il soit nécessaire de faire usage de plu sieurs termes introduits par MM. Audouin, Brongniart fils, et Odiér, dans leur beau travail sur le thorax des insectes; outre que plusieurs de ces parties avoient déjà été distinguées et désignées sous d’autres noms par Knoch, M. Kirby et d’autres, et maintenant recus, je pense qu'un semblable travail, pour acquérir une plus grande certitude et la sanction générale, devroit embrasser les arachnides et les crustacés et marcher d'accord avec l'étude de l'anatomie interne : e’estce qui n’a pas été entrepris par ces habiles naturalistes. SiM. Au- douin, par exemple, avoit connu les fonctions des épimères, s'il avoit observé les segmens thoraciques des cyrmothoa, des dotées, etc., il n’eut pas regardé l’écaille dorsale ou le test du thorax des arachnides, comme un envahissement produit (1) Je compte les segmens à partir du premier qui viént immédialement après les pieds“mâchôires. ; 209 GRGANISATION EXTÉRIEURE par les épimères; il n’auroit point vu de telles parties dans les divisions des prolongemens latéraux des segmens des tri- lobites. Déja Knoch avoit distingué les épimères du mésotho- rax et du métathorax par les dénominations de scapulæ et de parapleuræ ; elles me paroissent plus expressives et plus exactes que la précédente. Il me semble encore plus conve- nable et plus simple de dire, demi-segment dorsal qu’écu (scutumn), et demi-segmentinférieur, qu'episternum. Le miot præscutum ne s'applique qu’à une portion de la membrane conjonctive des segmens du thorax. Je suis persuadé, au surplus, que les auteurs de ce travail ne le livreront point à l'impression sans avoir comparé leurs recherches avec celles qu’on avoit faites avant eux sur Je même sujet, et qu'ils sacri- fieront, s'il est nécessaire, quelques-unes de leurs dénomi- nations au désir de réformer des abus ou des imperfections, soutenus par une sorte de prescription. L'abdomen des insectes hexapodes et celui des autres. condylopes, dont le tronc n’est composé que de trois-seg- mens, n’est pas en rapport avec l'abdomen des crustacés où ce tronc en offre davantage. Il est donc nécessaire de faire ici ce que nous avons fait relativement au thorax, Je ne me servirai donc du mot ABDOMEN , ahdomen , que dans la pre- mière de ces conditions. Je le diviserai en trois portions, le PRÉABDOMEN, pro-abdo- men, qui comprendra les trois segmens antérieurs; le mepr- ABDOMEN, 72edi-abdomen, qui se composera des cinq: sui- vans: et le Posr-ABDOMEN, post-abdomen ( trivialement la croupe ou le croupion ), qui sera formé des deux derniers anneaux , transformés en organes sexuels extérieurs. Si l’on DES ÉNSEGTES.. . - 201 joint la première partie du thorax, on, aura le tronc ou.la thoracide de la plupart des crustacés maxillaires. Lies limites postérieures du médi-abdomen indiqueront celles des organes respiratoires et du dernier ganglion nerveux. C’est bien à tort qu’on désigne. communément l'abdomen de ces crustacés sous le nom de queue, puisqu'il contient une grande portion des viscères. Mais on peut lui en donner un qui se prête à cette idée, sans manquer à l'exactitude; tel est celui d’uroGAsrRE, ou d’abdomen-queue, urogaster. On le divisera en deux parties, l'antérieure ou branchiale, compo- sée des cinq premiers anneaux et répondant au médi-abdo- men; et la postérieure ou anale, formée par les deux derniers, lorsque cette partie du corps est au complet, et répondant encore au post-abdomen, mais non sous des con- sidérations sexuelles. La thoracide sera également partagée en deux parties, l'HéParIQuE ( ou la gasérique ), hepatica , les trois segmens antérieurs réunis et abstraction faite du sous- | cervical; et la CARDIAQUE, cardiaca, ou la postérieure, et. composée de trois autres segmens. La première est l’ana- logue du thorax des insectes et l'autre répond à leur préab- domen. Lorsque la nature a voulu produire des mouvemens de reptation ou ondulatoires, elle a divisé les segmens en deux et a pourvu chaque demi-segment d’une paire de pieds, or- dinairement très-courts; c’est ce qui a lieu dans lesmyriapodes et divers crustacés branchiopodes. Les segmens.de cette sorte seront considérés comme des demi-segmens doubles ou ge- minés (gemini.) Je remplacerailadénomination impropre de stigmate, par celle de bouches-d'air, spiracula. Enfin, ces - Mém. du Muséum. 1. 8. 26 202 ORGANISATION EXTÉRIEURE DES INSECTES. espèces d’ailerons ou d’acromions que l’on voit au devant des ailes des lépidoptères, et qui vont se coucher sur le méso- thorax, recevront le nom de PTÉRYGODE, péerygodes ( épaule en forme d'ailes }; et deux pièces analogues propres aux rhipiptères , celui de PRÉBALANCIERS, præhalteres. 203 SUR LA CLASSIFICATION ET LA DISTRIBUTION DES VÉGÉTAUX FOSSILES EN GÉNÉRAL, Et sur ceux des terrains de sédiment supérieur en particulier ; PAR M. ADOLPHE BRONGNIART. INTRODUCTION. Lure des animaux fossiles sous le. double rapport de examen de leur organisation et des terrains dans lesquels on les trouve en nous faisant connoître les êtres qui ont ha- bité notre globe à diverses époques plus ou moins éloignées, a fourni aux savans qui se sont occupés spécialement de cet objet des résultats d’un grand intérêt. La botanique unie à la géologie auroit pu dans beaucoup de cas conduire à des observations également intéressantes et confirmer plusieurs des règles qu’on a remarquées dans la distribution des animaux fossiles, mais on doit l'avouer, cette partie de l’histoire naturelle, quoiqu’elle ait été l’objet de plusieurs travaux importans, laisse encore beaucoup à désirer soit sous le rapport de la connoissance botanique de ces vé- gétaux et de leur position dans le règne végétal, soit sous le 26* 204 VÉGÉTAUX FOSSILES. point de vue géologique de leur distribution dans les divers terrains. Ces deux manières d'étudier ces fossiles sont si étroitement liées entre elles, qu’on peut attribuer au défaut de déterminations botaniques l'absence des considérations géologiques qu’on auroït pu déduire de l’examen de ces plan- tes. En effet, pour que le géologue puisse employer les végé- taux fossiles comme caractère accessoire à la détermination des différens terrains, il faut qu'il puisse les désigner facile- ment Par des noms linnéens tels que ceux dont on s’est servi jusqu'à ce jour dans le reste de l’histoire naturelle. Il arrivera déjà par là à des généralités intéressantes en voyant que tels ou tels débris de végétaux ne se trouvent que dans certains terrains et manquent entièrement dans des terrains différens. Mais si l'étude botanique de ces fossiles parvient à faire connoître les plantes auxquelles ces débris ont dü appartenir, ces résultats deviendront d’un intérèt bien plus grand en nous indiquant la différence de la végétation qui a couvert la sur- face de la terre aux one époques auxquelles ces terrains se sont formés. re Si les végétaux fossiles pouvoient se rapporter à des gen- res connus ou former des genres évidemment distincts de ceux qui ont été établis parmi les plantes actuellement exis- tantes, la marche à suivre dans l'étude et la classification de ces fossiles seroit parfaitement déterminée , eton se trouveroit dans le cas des zoologistes qui peuvent presque toujours dire avec certitude à quel genre appartient une portion même peu étendue d’un animal fossile. Parmi les végétaux au contraire ce cas est extrêmement rare , car la fleur et le fruit sont les seules parties qui puissent, VÉGÉTAUX FOSSILES. 205 comme on le salt, Servir à déterminer les genres, et ces orga- nes ne se présentent presque jamais à l’état fossile) où sont tellement changés par la compression et la pétrification, qu'il est presque impossible de les reconnoitre; tandis que les feuil- les, les tiges et les autres organes de la végétation qui s'offrent plus souvent à l’état fossile et qui sont ordinairement mieux conservés, ne suffisent pas en général pour déterminer les genres dont ces fossiles ont fait partie. ) S'en Toutes ces circonstances s’opposant dans la plupart ie cas à ce que nous puissions rapporter les plantes fossiles à des genres connus, et suivre par conséquent dans leur description l’ordre établi parmi les plantes vivantes, ne permettant pas même souvent de les ranger avec certitude dans les familles naturelles, il falloit, après avoir mis de côté le petit nombre d'espèces qu'on peut placer dans des genres connus, adopter pour les autres une classification artificielle fondée unique- ment sur les caractères que nous présentent les fossiles, et qui nous permit de les subdiviser en classes et en genres bien caractérisés, de manière à pouvoir indiquer facilement les espèces et à donner aux géologues le moyen de détermi- ner exactement les plantes que chaque terrain renferme. C’est le but que nous nous sommes proposé dans la elassi- fication que nous avons adoptée et que nous allons exposer. Mais il nous paroît utile de dire quelques mots auparavant des ouvrages les plus importans publiés sur cé sujet, sans avoir pourtant l'intention de remonter à tous les anciens ou- vrages qui ont traité des plantes fossiles, et dont l'examen ne peut intéresser que sous le rapport de l’histoire de la:science. = Les ouvrages de Scheuzer et de Knorr, les plus impor- 206 VÉGÉTAUX FOSSILES. tans parmi ceux de cette époque à cause de leur étendue et de l’exécution plus parfaite des figures, ne contiennent que peu ou point de descriptions, et les objets y sont présentés sans aucun ordre. Les comparaisons qu’ils établissent avec les plantes connues alors se ressentent aussi de l'imperfection des connoïssances botaniques dans ce temps et sont ou évi- demment fausses ou au moins très-hasardées.. Ces ouvrages, néanmoins, à cause de leurs figures assez exactes et des lo- calités nombreuses qu'ils citent peuvent présenter quelque utilité à consulter. M. Schlotheim, en 1804; a fait faire de nouveaux progrès à cette partie de la botanique géologique, en décrivant et figu- rant-dans un ouvrage intitulé, Flora der Vorwelt, ouFlore de l’ancien monde, un assez grand nombre de plantes fossiles; mais l’absence de toute classification, soit botanique soit géo- logique, sa méthode de description, sa manière même de figurer les végétaux fossiles, et le but qu’il se proposoit étant en tout différent du nôtre, ce travail loin de nous détourner du pli que nous nous étions tracé, nous a plutôt aidé et encouragé à le suivre. Le premier ouvrage à ma connoissance dans lequelon trouve une division des plantes fossiles en genres et en espèces, est un mémoire de M. Steinhauer, inséré dans les Transactions de la société philosophique d'Amérique , tom. rer. Quoiqu’on ne puisse regarder cette classification que comme une ébauche encore imparfaite, on doit cependant reconnoître que M. Stein- hauer est le premier qui ait donné des noms d'espèces aux différens fossiles qu'il a décrits et figurés. Depuis cette époque, en 1820 il a paru deux ouvrages sur VÉGÉTAUX FOSSILES. 207 ce mème sujet, l’un de M. Schlotheim, l’autre de M. Stern- berg. Leur plan se rapproche beaucoup plus de celui que nous avions adopté et auroit pu nous détourner de poursuivre notre travail, mais nous avons espéré rendre encore quelques services à l’histoire naturelle par la manière dont'nous avions envisagé notre sujet, et pouvoir donner sur cetobjet quelque chose de plus parfait à l’aide des secours dont nous sommes entourés, des collections quenous avons pu consulter, et en pro- fitant des observations renfermées dans ces mêmes ouvrages. Le nouveau travail de M. Schlotheim, intitulé, Histoire des Pétrifications (1), réunissant l’ensemble de tous les corps orga- nisés fossiles, l’auteur n’a pas pu, dans un ouvrage aussi étendu, donner aux végétaux tous les soins qu’exigeoit une partie encore entièrement nouvelle sous le rapport de la classifiea- tion; aussi plusieurs des divisions qu'il a établies nous ont paru fondées sur des caractères moitié botaniques et moitié géo- logiques que nous n’avons pas cru devoir admettre, ou suf des analogies avec des plantes vivantes qui dans plusieurs cas nous ont paru trop incertaines pour. fonder nos genres. sur ces ressemblances seules. L'ouvrage de M. Sternberg est inti- tulé, Essai botanique et géognostique sur la Flore de l’ancien monde (2). Le cahier qui a paru ne contient que l'histoire d’une petite partie des végétaux fossiles, des tiges du terrain (1) Die Petrefactenkunde auf ihrem jetzigen Stadtpunkte, von E. F. Baron von Schlotheim. Gotha 1820. ; (2) Versuch einer geognostisch-botanischen Darstellung der Flora der Vor- welt, von Grafen Gasp. Sternberg. Leipzig 1820. Je viens d'apprendre que depuis M. Sternberg a publié deux autres cahiers de cet ouvrage, mais je n’ai pas encore pu me les procurer. - 208 VÉGÉTAUX FOSSILES. houillier ; mais dans cette division, les genres que M. Sternberg à établis nous paroissent fondés la plupart sur des caractères parfaitement tranchés, et les espèces sont figurées et décrites avec soin; nous espérons pourtant pouvoir ajouter quelques observations nouvelles et un assez grand nombre d'espèces à celles qu'il a décrites, et étendre ce même travail aux autres végétaux fossiles. Depuis la publication de ces ouvrages il a encore paru en Allemagne deux dissertations, l’une de M. Rhode (1), l'autre dé M. Nau (2), sur quelques fossiles du terrain houillier; nous aurons occasion de discuter quel- ques-unes des opinions qu’elles renferment dans le courant de ce mémoire. Tels sont les seuls ouvrages importans que je connoïsse sur les végétaux fossiles, les autres sont ou des mémoires spéciaux sur quelque fossile en particulier ou des résumés d'observations répandus dans divers auteurs, mais toujours présentés sans aucune classification botanique. Je vais actuellement faire connoître la classification et le plan que je compte suivre dans la description de ces plantes, travail dans lequel j’ai été beaucoup aidé par les conseils de M. Decandolle pour la botanique et de mon père pour la géologie. J’indiquerai en même temps les rapports et les différences qu’il y a entre cette classification et celles de MM. Schlotheim et Sternberg, et les raisons qui m’ont con- duit à adopter quelquefois des divisions et des noms de genres autres que ceux qui ont été proposés par ces savans naturalistes. (1) Raove, Beytrage zur Pflanzenkunde der Vorwelt , 1°". fasc. fol. Breslau. (2) Nau, Pflanzenabdrucke und Versteinerungen aus dem Kohlenwerke zu St.-Ingbert , 4°. Munich. He VÉGÉTAUX FOSSILES. 209 Cuarrrre I. Classification des végétaux fossiles. TABLEAU des Classes et des Genres de plantes fossiles. TI. Casse 1°. Tiges dont l’organisation interne est reconnotssable. 1. Exocenires. Bois formé de couches concentriques régulières. 2. EnpoGenites. Bois composé de faisceaux de vaisseaux isolés plus nombreux à la circonférence qu’au centre. IT. Casse 2°. Tiges dont l’organisation interne n'est plus distincte , maïs quisont caractérisées par leur forme extérieure. 3. Cuzxures. Tiges articulées lisses, impression unique à chaque articulation. (PI. I, fig. 1.) 4. CALAMITES. STERNB. SCHLOTH. Tiges articulées striées Pen crenent | impres- sions arrondies, petites, nombreuses, formant un anneau autour de chaque articulation , ou quelquefois nulles. (PI. I, fig. 2.) 5. SyriNGODENDRON. Srerws. Tiges cannelées, non articulées , impressions punc- tiformes ou linéaires disposées en quinconce. ( PI. I, fig. 3.) 6. Srcirrarra. (Lepidodendron , S1 1, STERNB.) Tiges cannelées , non articulées, impressions en forme de disques disposées en quinconce. ( PI. I, fig. 4.) 7. CLATHRARIA. Tiges ni cannelées, ni articulées , impressions en forme de disques arrondis disposées en quinconce. (PI: TI, fig. 5.) S. SAGEnaRIA, (Lepidodendron , x , STERNE.) Tiges sans articulations ni canne- lures, couvertes de tubercules rhomboïdaux, coniques , disposés en quin- conce , portant à leur sommet une impression en forme de disque. (PI.I, fig. 6.) : à 9. STIGMARIA. ( J’ariolaria, Srerne.) Tiges sans Panticulations ni cannelures, impressions arrondies, espacées , disposées en quinconce. (PI. I , fig. 7.) IT. Grasse 3°. Tiges et feuilles réunies, ou feurlles isolées. 10. Lyacopopites, ( Zycopodiolithes , Scnrotu.) Feuilles linéaires ou setacées sans nervures, ou traversées par une seule neryure insérées tout autour de la tige ou sur deux rangs. ( PI. II, fig. 1.) 11. Finicires. Sca#or. Fronde disposée dans un même plan, symétrique, ner- vures secondaires simples, dichotomes ou rarement anastomosées. ( PI. II, fig. 2, 3,4, 5,6.) } 12. SPHoENOPayLLITES. Feuilles verticillées,, cunéiformes, tronquées, à nervures rayonnantes , dichotomes. (PI. IT, fig. 8.) Mém. du Muséum. t. 8. 27 210 VÉGÉTAUX FOSSILES. 13. ASTEROPHYLLITES. ( Casuarinites , ScHLOTH.) Feuilles verticillées, à une seule . nervure. (PI. Il, fig. 7.) | 14. Fucoives. Fronde non symétrique , souvent disposée dans un même plan, à neryures , nulles.ou mal limitées. (PI. IT, fig. 3.) 15. Payriires. ( Bibliolithes , Scuroru.) Feuilles à nervures bien limitées, plusieurs fois divisées ou anastomosées. (PI. III, fig. 4.) 16. PoaciTes. Scncotu. Feuilles linéaires ,. à nervures paralleles. (PI. IT, fig. 2.) 17. PALMAGITES. (Palmacitum spec. , ScuroTa.) Feuilles flabelliformes. (PL.IIT, f. 1.) CLassE 4°. Organes de la fructification. ORDRE I. CarroLiTREs. ScHLor. Fruits ou semences. PI. III, fig. 5, 6.) Orp2»e Il. Antuoutes. .Scurotu. Fleurs. (PI. HI, fig. 7.) Après. avoir exposé dans le tableau ci-joint l’ensemble de la classification des plantes fossiles et le caractère des genres que j'ai pu observer jusqu’à ce jour, en exceptant toutefois quelques espèces -qui ne rentrent pas exactement dans les genres que j'ai indiqués mais que je ne connois pas assez parfaitement pour oser les en séparer et en faire de nouveaux genres, je vais revenir sur quelques-uns d’entre eux, soit pour donner plus de détail sur leurs caractères et leur structure, soit pour discuter leur analogie avec les végétaux vivans. Les ExoGENITES sont faciles à reconnoître aux couches concentriques dont ils sont composés et qui prouvent d’une manière évidente qu’ils ont appartenus à des arbres dicoty- lédons; mais jusqu’à présent les différences spécifiques nous ont paru difliciles à établir, les caractères sur lesquels on pourroit les fonder ayant été en général.peu étudiés dans les arbres vivans -et l'importance qu’on doit leur attribuer dans la distinction des espèces n'étant pas bien déterminée. Les ENDOGENITES qui composent le genre suivant sont aisés à distinguer à leurs vaisseaux réunis en faisceaux plus serrés vers la circonférence qu’au centre et ne formant pas de cou- VÉGÉTAUX FOSSILES. 211 ches concentriques. La forme, la grandeur, et la disposition de ces faisceaux paroît donner de bons caractères pour dis- tinguer les espèces, maïs ces caractères n'ayant pas non plus été étudiés sur les végétaux vivans, et les arbres auxquels ces fossiles paroissent appartenir étant presque tous exotiques, les comparaisons spécifiques sont peut-être encore plus diffi- ciles à établir que dans le genre précédent. L'organisation de ces tiges étant un des caractères essentiels des végétaux monocotylédons et les monocotylédons arbo- rescens appartenant la plupart à la famille des Palmiers, ces fossiles ont généralement été indiqués comme des bois de Palmiers, quoiqu'ils puissent également avoir fait partie de troncs de Dracena, de Yucca, de Pandanus ou d’autres arbres moenocotylédons, car jusqu’à présent je ne sache pas qu'on ait trouvé dans l’organisation des tiges des caractères propres à distinguer les arbres de ces différentes familles. Deux sortes de corps fossiles assez remarquables, mais sur les analogies desquels on n’avoit je crois avancé aucune opinion, nous pa- roissent pouvoir être rapportés à ce genre : ce sont des fibres distinctes cylindriques, simples et plus ou moins contournées, disposées parallèlement les unes aux autres, observées à Liblar près Cologne, et à Horgen sur le bord du lac de Zurich. Nous les désignerons sous le nom d'Erdogenite bactllaire. Celles de Liblar forment des masses assez considérables ; ces sortes de baguettes ondulées sont distinctes les unes des autres, et leur intervalle est rempli par du lignite terreux: ‘Celles d'Horgen paroissent former un enduit sur des masses de lignite compacte, mais leur examenattentif démontre que cette partie compacte est elle-même composée de ces fibres 27 212 VÉGÉTAUX FOSSILES. dont l'organisation par une cause inconnue a presque entière- ment disparu; car ces fibres parfaitement distinctes et fa- ciles à séparer à la surface des morceaux deviennent de plus en plus semblables à la partie compacte du lignite, de sorte qu’on finit par ne plus les apercevoir. + Billes différent de celles de Liblar par leur grosseur un peu moins considérable et surtout parce qu’elles sont beaucoup plus rapprochées les unes des autres; ces fibres dans les échantillons de Liblar et d'Horgen m'ont toujours paru simples. Ces corps fossiles qui sont évidemment des débris organi- ques végétaux, nous paroissent avoir beaucoup d’analogie avec les fibres centrales du tronc de plusieurs espèces de Pal- miers, qui presqu’entièrement libres au milieu d’un tissu celluleux ou médullaire très-lâche, sont, comme dans ces. fossiles, contournéeset ondulées, mais toujours à peu près pa- rallèles entre elles. L'existence de troncs de Palmiers bien caractérisés dans le lignite de Liblar donne encore plus de probabilité à notre opinion, et quoiqu'on n’ait pas encore observé de restes de Palmiers à Horgen, l’analogie des deux fossiles est trop évidente pour qu’on puisse les séparer. Presque tous les fossiles qui font partie de notre seconde classe ou des tiges à organisation interne inconnue avoient été réunis par M. Steinhauer sous le nom de Phytolithes et par M. Schlotheïm soys celui de Palmacites. M. Schlotheimavoitenoütre placé dans le genre Palmacites, sous le nom de P. flabellatus , une véritable feuille de Pal- mir ; ; c'est à ces fossiles seuls que le nom de Palmacites nous paroit. convenir, et nous Je leur conserverons. VÉGÉTAUX FOSSILES. 213 M. Sternberg le premier a employé pour diviser ce groupe de vrais caractères botaniques, et nous avons vu avec . plaisir que la plupart (des genres que nous avions adoptés étoient les mêmes que ceux qu il'avoit établis ; nous avons cependant quelques observations à ajpRie sur les caractères et les analogies de ces végétaux, sujet qu'aucun auteur n’a, je crois, discuté jusqu’à présent avec l’aitention qu'il mérite. Au lieu de quatre genres seulement établis par M. Stern- berg, nous avons cru devoir en distinguer sept, et l’impor- tance des caractères joint au nombre des espèces que nous avons à y placer, nous paroissent autoriser ce plus grand nombre de divisions. Nous avons été obligé à regret de chan- ger quelques-uns des noms de genre donnés par M. de Stern- berg; mais le nom, de Ÿariolaria étant, déjà employé en botanique , nous n'avons pas cru devoir l’appliquer à un autre objet. Deux causes nous ont aussi engagé à changer Île nom de Zepidodendron. 1°. Il embrassoit également nos deux genres Sagenaria et Sigillaria, sans correspondre exaC- tement à aucun.des deux. 20. Le nom de Liepidodendron en- trainoit l'idée que les tubercules rhomboïdaux que présen- tent ces tiges étoient produits par des écailles, tandis que ce sont des pr rHRFTAnEes de la tige servant t de base aux pétioles des feuilles. ÉMENRe | Nous ne précéder la a des analogies de ces. diverses tiges fossiles de quelques considérations sur des plantes eng général avec lesquelles on peut les comparer, afin de limiter: autant que possible le vaste champ dans lequel nous dev ons. chercher leurs, analogues, et, d'éviter, de Tépéter,, à chaque. genre des choses qui s ‘appliquent à à Lops. : sil Aus Paroit évi-r 214 VÉGÉTAUX FOSSILES. dent pour touté personne qui a étudié comparativement l’organisation des végétaux monocotylédons"et dicotylé- dons, que les genres de végétaux fossiles que nous rangeons dans notre seconde classe doivent appartenir la plupart à des végétaux de la première de ces grandes divisions du règne végétal; nous ne parlons pas en effet des acotylédons, parmi lesquels on ne rencontre aucun végétal arborescént compa- rable aux fossiles qui nous occupent. -— Le caractère de tous les fossiles de cette classe est d’avoir une tige présentant à sa surface des impressions disposées ré- gulièrement; ces impressions, quelle que soit leur cause, ne peuvent conserver leur régularité qu’autant que la tige qui les offre ne changera pas de diamètre; tout le monde sait en effet que les empreintes laissées par les feuilles après leur chute sur les rameaux de nos arbres dicotylédons, disparoissent bientôt par la formation successive de l’écorce et l’augmentation du diamètre, de sorte qu'il n’en existe plus aucune trace sur les troncs de ces arbres. Cette observation s'applique à tous les arbres dicotylédons. La plupart des tiges fossiles qui présen- tent ces empreintes ayant un diamètre qui ne permet pas de penser que ce soient des pousses d’une année, on doit admettre qué ces tiges ne changéoient pas de grosseur en avançant en âge; or cette manière de-se développer est un des caractères propres aux monocotylédons, et nous comprenons ici sous le nom de monocotylédons, les Fougères, les Lycopodes et les Equisetum, dont le mode général de développement et d’ac- croissement est le même que celui des monocotylédons phané- rogamés ; nous regardons aussi commé appartenans à cette division la famille des Cycadées, que toute son organisation À \ \ VÉGÉTAUX FOSSILES. 215 nous paroit rapprocher beaucoup plus des plantes monoco- tylédones que des dicotylédones. Quelques végétaux dicotylédons très-peu nombreux, il est vrai, peuvent pourtant atteindre une taille assez considé- rable, sans que les cicatrices laissées par la base des feuilles ou des épines sur leurs tiges disparoissent entièrement ou perdent leur position symétrique ; ces exemples se présen- tent parmi les plantes à tiges charnues, tels que les cactus ou les euphorbes arborescentes qui atteignent en peu de temps un diamètre assez considérable , et dont le tissu mou et charnu peut se développer sans se déformer, et sans dé- truire par conséquent la disposition symétrique des bases des feuilles ou des épines; mais ces cas sont très-peu nombreux, et ces tiges ne peuvent même pas atteindre un très-grand dia- mètre, sans que ces impressions disparoissent. Après avoir ainsi limité les objets avec lesquels nous pou- vons comparer ces tiges fossiles, nous allons examiner suc- cessivement chacun des genres que nous y avons établis, et chercher à déterminer la famille ou les genres dont ils se rapprochent le plus. Le genre Cuzuire n’avoit encore été indiqué par aucun auteur, les espèces qui s’y rapportent appartiennent toutes au terrain de sédiment supérieur, et ont été trouvées aux environs de Paris. Il se rapproche par ses articulations du genre suivant ; mais il s’en distingue par sa tige toujours lisse, ou du moins sans stries régulières et présentant une large impression unilatérale à chaque articulation (1). . (1) Culmites nodosus, pl. I, fig. x. 216 VÉGÉTAUX FOSSILES. Ces impressions sont aisrèhes , C'est-à-dire que celle de l'articulation, placée immédiatement au-dessus, est sur le côté de Ia tige opposé à celui de l'impression inférieure. Lorsque ces impressions manquent, on en voit ordinai- rement plusieurs placées dans l'intervalle d’un nœud à l’autre et disposées sans ordre. Ces fossiles me paroiïssent se rappro- cher davantage des plantes de la famille des Graminées que de toute autre plante monocotylédone, sans qu'on puisse pourtant affirmer qu'ils lui appartiennent, puisque quelques autres familles présentent également des tiges articulées, et des rameaux axillaires distiches pouvant donner lieu aux Het placées au-dessus de ces articulations. C'est ce qu’on peut observer dans les tiges dé calamus, et de plusieurs plantes de la famille des cannées. ; Celles de ces tiges qui ne présentent pas d'impression uni- latérale à l'articulation, mais plusieurs cicatrices sur la sur- face mème de la üge, ressemblent beaucoup aux tiges ram- pantes et souterraines de plusieurs graminées, et surtout des espèces qui croissent dans les terrains humides ou dans les sables; ces cicatrices sont alors HE par la chute des radicules qui naïssoient de la tige. Lenom de CALAMITE ayant déjà été donné par MM. Schlot- heim et Sternberg à ce genre, quoique ce nom nous paroisse indiquer une analogie fausse entre ces fossiles et les Calamus ou Rotang, nous n'avons pas cru devoir le changer. Cé genre est caractérisé par ses tiges articulées , régulièrement striées, n’offrant jamais d’impressions unilatérales, mais présentant souvent tout autour de larticulation une série de points sail- lans qui correspondent à l'extrémité de chaque étrie, chacune VÉGÉTAUX. FOSSILES. 21% de ces stries alternent avec.celles qui sont au-dessus de l’articu- lation (1 1). Ces végétaux onbété comparés, -hon-seulement à des Calamus, à des Bambous, etc.;mais même. x des tiges-de Pal- miers ; il suflit d’un examen. un peu attentif pour:voircom= bien ces tiges différent de celles de toutes ces plantes. Dans les Calamus, les Rotangs, les Bambous et toutes les Graminées, les tiges sont il est. vrai articulées, mais elles, présentent toujours à l’aisselle de la feuille qui s’inséroit à l’articulation, ou un bourgeon qui en tombant. laisse une-cicatrice arrondie qu’on remarque sur beaucoup de Bambous, où si le bour- geon ne s’est pas développé, ce qui est le cas,de beaucoup de graminées, on voit presque toujours une, sorte, de sillon ou de gouttière plus ou. moins profonde qui, haine le point où 1l auroit dü être placé. : Lorsque ce sillon manque ,; comme on l je LL quelques graminées , et particulièrement dans celles qui comme le blé, le seigle, etc., nese ramifient jamais à la partie supérieure, on remarque que l'articulation forme toujours un nœud saillant, que la tige est plus mince au-dessus qu’au- dessous, et qu'elle n’est jamais régulièrement striée; enfin on n'y voit jamais ces impressions arrondies et nombreuses qui. SRYTon Rens l'articulation de nos 4 4 fossiles. Les ne sont pas eo SHliculéess : elles Désenieut ul des lignes transversales, produites par la base amplexicaule des feuilles qui ne font jamais entièrement le tour de la tige. Ces lignes sont en général plus larges au point qui correspon- doit au milieu du-pétiole et, s'amincissent à leurs deux extré- (1) Calamites decoratus (an. C. decoratus ? SGHLOTH. Petr. > P: 401). Méimn. du Muséum. t. 8. 28 218 VÉGÉTAUX FOSSILES. mités ; on n’y remarque pas non plus cette hgne de points qui entoure les articulations des Calamites; ces différences sont, je crois, assez importantes pour prouver que les tiges fossiles °qui nous occupent :ne peuvént PÉAUR à aucune de ‘ces plantes. : Le genre Equisetum me paroit présenter beaucoup plus d’analogie avec ces fossiles: je dois la première idée de ce rapprocheinent à M; Decandolle, l'examen comparatif que j'ai fait depuis des tiges de ces végétaux et de celles de nos plantes fossiles ne me Jaisse: presqué aucun doute sur sa jus- |tesse, et je pense que si les Calamites n’appartenoient pas au genre Equisetum lui-même, ils devoient se rapprocher par | leur structure plus dé ce genre ‘que d'aucun! autre connu. = La grande différence de taille entreles Equisetuin de notre climat et ces fossiles n’est pas une objection suflisante ; car les fougères.en arbrei, qui manquent entièremeut a les régions tempérées , sont assez nombreuses dans la zône équi- noxiale, et paroisseñt avoir été encore plus fréquentes aux époques les pie reculées de l'existence des végétaux sur la terre, époque à à laquelle les terrains houilliers se sont formés, et à laquelle appartiennent les Calamites. D’ailleurs l’exis- tencetihquisenuiée d’une taille très-supérieure à celle de nos climats dans la zône torride est déjà ls Plumier en a décritiune espèce qui est mal cônriüe jusqu'à présent il est, vrai, et dont oncne: possède que des portions incomplètes dans lés collections. M: de Humboldten à rapporté une autre, qui He aussi connue “a du ct ii est pe one es ce genre On. en. nn does chaude OQ & Êe 07.) VSTU NS \ VÉGÉTAUX FOSSILES. 219 de l'Amérique qui, comme les Æquisetun giganteum et Caracasanum(i), surpasseront de beaucoup la taille des es- pèces d'Europe. Ainsi, sans nous arrêter à cette différence de taille, nous devons comparer la structure de nos Equisetum avec celles des Calamites, et nous pouvons prendre pour exemple lÆquz- setum linosum, une des espèces les plus grandes. de nos climats. ( PI IV, hé 5.) Cet Equisetum présente une tige cylindrique, d’un diamètre presque égale depuis la base jusqu’au sommet, articulée de distance en distance et régulièrement striée; la surface de plu- sieurs espèces est tuberculeuse; une espèce de Calamite pré- sente ce même caractère; enfin si on arrache soigneusement la gaine qui entoure chaque articulation,on verraque lesstries qui sont au-dessus de l'articulation alternent avec celles qui sont au-dessous, et que ces dernières se terminent chacune par une cicatrice arrondie , formée par le faisceau de vaisseaux qui se portoit dans la gaîne et qui coïncide avec chacune des dents de cette gaïîne. Cette structure est exactement celle des Calamites. Il suffit donc de supposer que les gaines qui entouroient les articula- tions des Calamites ontété détruites; ce qui est très-probable: \ sices gaines étoient membraneuses, comme celles denosEqui- setum, et si, comme tont nous porte à le penser, ces végé- taux étoient vivaces comme le sont les tiges souterraines des. Equisetum. -J’ajouterai à toutes ces preuves que dans un (1) Cette espece, désignée-par, Willdenow.et par. M. de Humboldt sous lenom, de ramosissimum:; n’est ;pas la même que:celle que M. Desfontaine ayoit-nommée ainsi. C’est ce qui a engagé M. Decandolle ( f{. fe vol. VT, pag. 244.) à Ares son nomen Caracasanum. °8* 220 VÉGÉTAUX FOSSILES, échantillon fossile représenté tab. IV, fig. 4, je crois avoir retrouvé là gaine d’un de ces Equisetum; mais la portion de tige à laquelle elle doit s’insérer n'étant pas visible , quoique tout me porte à penser qu'elle appartient à ce genre, je n’oserois pas l’assurer (1). = On pourroit enfin regarder comme analogue à l’épi des Equisetumun fossile figuré par M. Steinhauer dans les Tran- sactions de la Société philosophique d'Amérique , vol. I, tab. 5, fig. 1, 2, sous le.nom de Phytolithus sulcatus, mais l'échantillon: n'étant pas complet, ét ne pouvant en parler que; d’après la figure, je n’avance cette idée que comme un doute à vérifier (2). , Legenre (3) de M. Sternberg est un de ceux dont les analogues nous paroissent les plus difficiles à déter- miner, il diffère’ de tous les monocotylédones phanérogames (1) M. Decandolle m’écrit de Genève qu’ils possèdent , dans le Muséum d’His- toire Naturelle de cette ville, un échantillon de ce genre , qui présente d’une ma- niére assez distincte, des rameaux verticillés, comme ceux des Equisetum. M. Vau- cher , qui s'occupe d’un travail sur le genre Equisetum, partage la même opinion et pense que l’absence des gaines n’est pas un caractère très-important: ces parties étant caduques dans plusieurs espèces viyantes. à -(2) L’analogie extérieure des ne rameaux des Casuarina et des Equisetum pourroit induire: quelques personnes à penser que nos Calamites pourroient être analogues. aux, iges de ces grands arbres ; mais le mode d’accroissement des Casua- rina produit, comme nous l'avons déjà fait remar quer ; la destruction des arti- cülations ét desstries qu’on voit sur leurs rameaux, et sur les troncs on n’observe phislaucun ! iridice mi, d’articulation nitde gaine, ns écorce devient semblable à celle dessautres, arbres, dicotylédons.. Le Cette. même. brervilonannlique Aux Ébira Sa dont. les jeunes ra- . méâux°présentent: quelque’ analogie avec les tiges dexos Sagenaires; ces apparences disparoissentpromptement, etilen’en reste plus de trace sur. des ess . same adingsaasé (:ùbe en UK ous AN) allobmet M Bgestss tu (3) DIR ENAERMEOR pas du I, fig. 3. oc VÉGÉTAUX FOSSILES. 221 dont nous avons eu occasion d'examiner des troncs, et le nombre des arbres de cette grande division est assez limité pour qu’on puisse facilement les passer en revue. La plupart ayant des feuilles à base large et amplexicaule ‘offrent sur leurs tiges des impressions transversales linéairés ou rhom- boïdales, mais toujours plus larges que hautes ; tels sont les Palmiers, lés Dracœna, les Yucca, l’Aletris fragrans, les Aloës, les Pandanus, etc. Les Aroïdes à tige arborescente , et les Cycadées sont presque les seules plantes monocotylé- dones phanérogames à tiges arborescentes, et à pétioles non- . embrassants ; maïs ces pétioles sont néanmoins plus larges que hauts. Enfin on doit remarquer qu’aucuns n’ont la tige canne- lée régulièrement comme les plantes fossiles de ce genre. Les fougères en arbres, : qui présentent des pétioles souvent plus hauts que larges, laissent sur leur tige des impressions d’une forme très-différente, comme on le verra plus loin. La forme arrondie ou allongée de haut en bas des cica- trices que portent ces tiges, leur disposition souvent géminée paroit distinguer ces plantes degtous les végétaux que nous connoissons, et nous porteroit à présumer que leurs analogues n’existent plus ou du moins n’ont pas encore été observés. Quelques auteurs, et particulièrement MM. Rhode et | Nau, ont rapporté ces tiges à des Cactus voisins du C. Pe- | ruyianus ; ÿ avoue que cette opinion ne me paroit pas pro- bable. 10. Les Cactus sont toujours rameux, et jamais on n’a | vu d'échantillons rameux de ces tiges ; 20. dans les Cactus, la tige est cannelée avec des crêtes saillantes qui portent des épines, tandis que dans les Syringodendron elle présente des côtes convexes portant des impressions et séparées par des 229 VÉGÉTAUX FOSSILES. sillons profonds; 30. le nombre de ces côtes est beaucoup plus considérable dans ces tiges que dans aucun Cactus; enfin, les Syringodendron sont souvent finement striés , ce qui ne s’observe jamais dans les plantes grasses, telles que les Cactus, êt ils ne sont jamais déformés par la compres- sion comme cela auroit lieu dans une plante charnue. Nous ferons remarquer en outre que les parties inférieures des Cactus, qui seules pourroient passer à l’état fossile sans se déformer, parce qu’elles ont pris une consistance plus so- lide, ne conservent plus dans leur forme la régularité qu’on remarque dans les jeunes pousses de ces plantes et dans le genre fossile, tandis que les jeunes pousses dont la forme est très-régulière, ne seroient pas susceptibles de devenir fossiles sans se déformer entièrement à cause de leur structure molle et charnue. -— Les deux genres suivans, les Srcirrarmes (1) et les Cra- THRAIRES (2) ne différant que par un caractère secondaire, la forme générale de la tige, mais se ressemblant par la forme des impressions laissées par la base des pétioles, ce que nous dirons de l’un s’appliquera également à l’autre; la seule dif- férence consiste en effet dans la disposition des impressions des bases des pétioles , qui, dans les premiers, sont portées sur des côtes saillantes et longitudinales, tandis que dans les Clathraires elles sont placées sur le sommet de tubercules saillants séparés par des sillons en réseaux. Ces impressions sont en forme de disques, rarement ar- rondies, souvent allongées ou pyriformes, quelquefois presque (x) Sigillaria scutellata , pl. Le fig. 4. an (2) Clathraria Brardiü , pl. 1, fig. 5 VÉGÉTAUX FOSSILES. 223 rhomboïdales, généralement plus longues que larges dans les Sigillaires, plus larges au contraire que longues dans les Cla- thraires, assez souvent échancrées au sommet dans ces der- nières; vers le milieu de cé disque on voit où un tuberculé saillant, ou un cercle, ou plus souvent trois portions de cercles disposées de sorte que celle du milieu a la concavité tournée en haut et est embrassée par Îles deux latérales. L’analogie de ces tiges avec celles des Fougères en arbre (1) est frappante. Dans ces plantes on observe en effet que les bases des péuoles laissent après leur chute sur la tige des disques de forme très-régulière disposés en quinconce, étsou- vent placés sur des côtes plus saillantes. Ces disques sont plus hauts que larges, quelquefois échanérés àleur bord supérieur, ce qui dépend de la forme des pétioles des Fougères et du sillon qui parcourt souvent leur surface supérieure. Enfin les vaisseaux qui traversent les pétiolés sont disposés en faisceaux irès-réguliers peu nombreux , et toujours placés symétrique- ment par paires ou sur la ligne médiane (2). Ces vaisseaux, après la chute du pétiole, laissent sur les disques des points saillans disposés dans le même ordre qu'eux. Ce caractère dis- tingue les pétioles de ces plantes de ceux des Palmiers, dans lesquelles les vaisseaux sont réunis en petits faisceaux peu distincts et placés sans régularité. Les Palmiers en diffèrent {) Voyez la fg. 6, PL. IV, qui représente une partie de l'écorce du Cyathea excelsa. Willd,, rapportée par M. Bory de Saint-Vincent. (2) Nous avons figuré, PI. IV, fig. 7à 12, la coupe de plusieurs pétioles de fou- gères des environs dé Paris ; pour montrer celte disposition des vaisseaux et ses diverses modifications : fig. 7, Osmunda regalis ; fig. 8, Athyrium filix-fœrmina ; fig. 9, Polypodium vulgare; fig. 10, Aspidium dilatatum ; fig. 11, Aspidium filix-mas ; fig. 12 RER Adianhon-NEree. ES Le) 24 VÉGÉTAUX FOSSILES. en outre par la base amplexicaule de'leurs feuilles qui ne produit jamais d’impressions:en forme de disque sur: la tige. Dans les Cycas on retrouve déjà la forme et la symétrie des pétioles des Fougères, mais les faisceaux de fibre sont beau- coup moins.limités, et les feuilles en tombant ne laissent pas d'empreintes aussi nettes sur la tige; sur les troncs de Cycas que j'ai eu occasion d'observer dans les serres, j’ai aussi re- marqué. que les pétioles n’étoient pas d’une grosseur aussi égale, et disposée aussi régulièrement que sur les tiges de Fou-. gères en: arbre que j'ai pu- voir dans les collections. On peut enfin remarquer que les pétioles des Cycas et des Zamia sont toujours plus larges que hauts, ce qui ne s’observe que dans quelques espèces de Clathraires, et que leur forme est or- dinairement rhomboïdale, ce qui n’a lieu dans aucune de ces plantes fossiles. Toutes ces raisons nous semblent prou- ver évidemment l’analogie de ces tiges avec celles des Fougères en arbre, et éloigner au contraire ces fossiles des Palmiers avec lesquels on les a très-souvent comparés. On doit cependant observer que la plupart des espèces vivantes de Fougères en arbre, autant du moins que je puis en juger d’après les troncs de quatre à cinq espèces que j’ai vus, pré- sentent un moins grand nombre de feuilles autour de leur ge que les plantes fossiles , et que les bases de ces feuilles ont un volume beaucoup plus grand que celui d'aucune des espèces fossiles. j Les Sacenarres (1), qui comprennent la première section des Lepidodendron de M. Sternberg, forment un genre très- (1) Sagenaria cœlata , pl. I, fig. 6. VÉGÉTAUX FOSSILES.' 525 naturel et qui nous offre plus de moyens propres à recon- noître ses analogues qu'aucun des genres précédens. On à été assez heureux, en effet, pour trouver des échan- tillons de ce genre encore couverts de leurs feuilles, et pour en découvrir des individus d’une grande étendue qui ont montré la manière de se ramifier de ces plantes. C’est à M. Sternberg que nous devons en grande partie les connois- sances que nous possédons sur ce genre intéressant. Tous les genres que nous avons déjà étudiés paroissent ne renfermer que des tiges simples. M. Leman m’a assuré avoir observé des rameaux naissans de l'articulation des Calamites verticales de Saint-Etienne. Mais ce cas paroït néanmoins être fort rare, M. Sternbereg, au contraire, a figuré la tige longue de plus de huit pieds d’une espèce de Sagenaire qu’il nomme Lepidoden- dron dichotomum , quiest jusqu’à cinq ou six fois dichotome. J'ai eu occasion d'observer cette dichotomie sur un petit échan- tillon qui appartient peut-être à la même espèce, et dans quel- ques autres échantillons la tige paroïtroit émettre des rameaux latéraux, de manière à sembler pinnée. Cette tige est couverte sur toute la surface de mamelons rhomboïdaux séparés par des lignes en réseau, qui vers l'extrémité des rameaux donnent insertion à des feuilles linéaires ou setacées. Si on examine la manière dont les feuilles s’insèrent sur la tige, on voit que chacune est placée sur le sommet et vers la partie supérieure d’un mamelon ousorte de tubercule rhom- boïdal qui est séparé des tubercules voisins par un sillon en réseau. L’impression laissée par la base de la feuille lors- qu’elle est tombée, est un disque plat de forme demi-cireu- laire présentant vers son centre un ou trois points! creux. Mérm. du Muséum. t. 8. 29 226 VÉGÉTAUX FOSSILES. Lorsqu'on a la tige complète, on voit que ces disques et par conséquent les feuilles sont placées en spirales autour de la tige. Fa Le mode de division de ces tiges, la forme et l'insertion des feuilles paroissent établir un rapprochement remarquable entre ces fossiles et les végétaux de la famille des Lycopodes; en effet un grand nombre de Lycopodes sont régulièrement dichotomes; d’autres espèces sont à rameaux pinnés; et nous ferons observer ici que la division dichotome sans rameaux intermédiaires est très-rare dans le règne végétal, et que ce caractère qui se présente dans les Lycopodes et dans le genre fossile qui nons occupe, est déjà une forte présomption en faveur de leur analogie. La forme des feuilles des Lycopodes, et surtout de ceux de la section des PAlegmaria et des Selago , a la plus grande ressemblance avec celle de ces plantes fossiles; elles sont de même linéaires ou setacées, et leur base au lieu d’être plane:est:assez souvent triangulaire. Enfin,. par rapport à la disposition de ces feuilles sur la tige, on remarque dans les Lycopodes vivans deux disposi- tions qui passent de l’une à l’autre par des nuances insensibles presque dans la même espèce , et qui nous expliquent leur mode d'insertion dans les plantes fossiles. | Dans plusieurs espèces de Lÿcopodes, tels que les Lyco- podium Phlegmaria ; Linifolium, ete., la tige est cannelée longitudinalement, et chacune de ces cannelures porte une série de feuilles qui alternent avec celles des cannélures voi- sines , de sorte que ces feuilles sont disposées en .quinconce; mais si la grosseur de la tige etle nombre des cannelures ou des rangs de feuilles restant lermême, la largeur des bases de VÉGÉTAUX FOSSILES. 237 ces feuilles augmente, chaque cannelure ou côte se trouvera dilatée au point où elle porte une feuille et resserrée dans l'espace intermédiaire par la dilatation des deux cannelures voisines ; c’est ce qu’on observe dans plusieurs espèces de Lycopodes, ces cannelures ainsi rétrécies de distance en dis- tance, forment alors des tubercules ou mamelons presque rhomboïdaux qui portent les feuilles à leur partie moyenne et ressemblent parfaitement à ceux des Sagenaires (r). La petitesse des feuilles de nos Lycopodes, ne m’a pas permis de m’assurer si on voyoit dans leur base trois fais- ceaux de vaisseaux ; mais j'en ai souvent distingué un moyen, et je soupçonne que dans quelques espèces il ÿ en a trois comme dans plusieurs des espèces fossiles. On peut ajouter à ces diverses preuves que quelques échantillons, figurés par Parkinson (2) et par d’autres au- teurs, paroiïssent avoir une grande analogie avec les épis composés d’écailles imbriquées des Lycopodes vivans, et en diffèrent seulement par leur taille beaucoup plus considérable. N'ayant pu jusqu’à présent observer que des échantillons très- incomplets de ces épis, je n’oserois rien aflirmer à ce sujet, quoique ce fait me paroisse donner un nouveau poids au rapprochement que nous venons d'indiquer. La plus grande différence entre nos fossiles et les Lycopodes réside donc dans la taille; mais cette grandeur ne peut être regardée que (1) La fig. 1 de la pl. IV représente une espèce de sagenaire ( Sagenaria Ophiu- rus) encore couverte en partie de ses feuilles. La fig. 2 montre la disposition des feuilles dans le Lycopodium Phlegmaria. La fig. 3 fait voir le mode d'insertion de ces feuilles dans le Zycopodium verticillatum, une des espèces qui présente le plus d’analogie avec les espèces fossiles. (2) Organic. remains, t. I, pl. IX, fig. r. 29 * 228 VÉGÉTAUX FOSSILES, comme un caractère spécifique, ou tout au plus générique, et de même que dans la famille des fougères, nous voyons des plantes telles que les Hymenophyllum, etc., qui n’ont que quelques pouces de hauteur, et les Cyathea, les Dickso- nia, etc., qui s'élèvent jusqu'à plusieurs toises, de même nous pouvons concevoir que la famille des Lycopodes a renfermé des plantes arborescentes, appartenant peut-être à des genres différens de nos Lycopodes actuels, mais dont l’organisation devoit néanmoins avoir avec eux les plus grands rapports. Le dernier genre de cette classe qui nous reste à examiner, est celui que nous désignons sous le nom de Sricmaria. M. Sternberg l’avoit nommé Variolaria, maïs ce nom étant déjà donné à un genre de Lichens, nousn’avons pas cru devoir le conserver; il est caractérisé par une tige unie présentant des cicatrices rondes ou elliptiques disposées en quinconce et dis- tantes les unes des autres. Chacune de ces cicatrices est dépri- mée, et présente en général à son centre un petit tubercule saillant (1). — M. Sternberg a figuré une espèce de ce genre dont il a vu les feuilles encore insérées à ces cicatrices, et je les ai aussi observées sur deux échantillons; elles sont linéaires, assez larges et sans nervure médiane. Parmi les plantes monocotylédones, il en est très-peu dont les tiges offrent une structure semblable , les feuilles de ces végétaux étant en général amplexicaules. Quelques plantes pourtant de la famille des Aroïdes, dont les feuilles sont portées sur un pétiole arrondi, tels que les Dracontium, quelques Po- thos, etc., ont des tiges assez semblables à celles des plantes (1) Stigmaria ficoïdes, pl. I, fig. 7. ( J’ariolaria ficoides , StERN8. ) VÉGÉTAUX FOSSILES. 229 fossiles de ce genre. Mais, les individus que j'ai eu occasion de voir dans les serres de Paris, n’avoient pas atteint une taille assez considérable pour que j'aie pu n'assurer st leur diamètre augmentoit sensiblement, et si les cicatrices pro- duites par la chute des feuilles ne se détruisoient pas. On doit aussi observer que la plupart des végétaux de cette famille diffèrent de presque toutes les monocotylédones par leurs feuilles à limbe dilaté, à nervures souvent anastomosées et par leur pétiole arrondi , tandis que les fossiles paroïssent avoir des feuilles planes et linéaires (1). Il existe parmi les dicotylédones un genre qui, par la forme de ses tiges et deses feuilles, a beaucoup d’analogie avec nos Stigmaires, ce sont les Euphorbes arborescentes; leurs feuilles sont très-souvent linéaires planes et laissent une cicatrice elliptique transver- sale semblable à celle de quelques espèces de Stigmaires. La forme ên général irrrégulière et comme bosselée des tiges des Stigmaires est aussi assez semblable à celle des tiges grasses de ces Euphorbes : cette analogie me paroït pourtant très-douteuse; 1°. parce que les tiges des Stigmaires se sont toujours présentées simples, tandis que celles des Euphorbes arborescentes sont en général très-rameuses. -20. Parce que lorsque les tiges des Euphorbes atteignent un diamètre égal à celui que présentent les Stigmaires, les cicatrices des bases des feuilles sont effacées. M. Nau, dans le mémoire déjà cité, rapporte que (1) Il se trouve parmi des impressions de plantes du terrain houillier de Za- nesville, État de l'Ohio, que j'ai reçues de M. Silliman, des portions de feuilles à limbe tresgrand , arrondi, déchiré sur son bord, à nervures rayonnantes simples, qui pourroient peut-être provenir de plantes de la famille des Aroïdes. 330 VÉGÉTAUX FOSSILES, M. Martius, qui a vu les figures de M. Sternberg, pense qué les plantes de ce genre peuvent appartenir à la famille des Palmiers. J’avoue que , malgré tout le poids que l'opinion d’un naturalisté qui arrive d’un pays aussi riche que le Brésil en plantes de cétte famille peut avoir à mes yeux, j’ai de la peine à me ranger de son avis ; car d’après ce que nous éon- noissons des plantes de cette famille , toutes les espèces ont des feuilles amplexicaules produisant sur la tige des impres- sions linéaires transversales, tandis que les feuilles des Stig- maires sont rétrécies et arrondies à la base, ce dont il n’existe je crois aucun exémple dans la famille des Palmiers. I/ana- logie de ces fossiles avec quelques plantes monocotylédones de la famille des Aroïdes me paroît donc plus probable; mais nous ne possédons pas encore, soit dans les ouvragés, soit dans les collections, de matériaux propres à établir une com- paraison rigoureuse entre ces végétaux et nos fossiles. Les genres qui composent notre troisième classe, peuvent la plupart être considérés comme des familles quelquefois très-naturelles, mais dont les espèces peuvent rarement être groupées en sections fondées sur des caractères semblables à ceux employés dans les plantes vivantes pour distinguer les genres de ces familles, tels sont particulièrement les Fi- licites et les Fucoïdes. Nous avons donné le nom de Lycopoprres au premier genre de cette classe, afin de nous éloigner le moins possible du nom de Lycopodiolithe que M. Schlotheim leur avoit donné et que nous n’avons fait qu'abréger, sans prétendre établir par là une affinité entre ces végétaux et les Lycopodes, affinité qui nous paroit très-douteuse pour beaucoup d’entre VÉGÉTAUX FOSSILES. 231 eux , et qui nous eût fait préférer un nom moins significatif. Nous ferons en effet observer que ce genre, tel que nous l'avons caractérisé, renferme des végétaux qui paroissent avoir appartenu à des genres très-différens, et que des échantillons plus parfaits engageront peut-être un jour à séparer, On peat y établir quatre sections assez distinctes : 1°. ceux dont les feuilles sont étroites, lancéolées, insérées régulièrement tout autour de la üge, et qui par la forme de leur tige appartien- droient probablement au genre Sagenaria, comme onpeuts’en assurer sur plusieurs espèces qui réunissent la tige des Sage- naria aux feuilles de ces Lycopodites (1); 20. ceux dont les feuilles sont setacées, disposées sur deux rangs et ne paroïs- sent pas laisser d’impressions réticulées ; tel est le Zycopo- diolithes piniformis de Schlotheïm (2) et quelques autres espèces non figurées. Tel est encore le Zycopodites Taxi- formis (Pl IL, fig. 1) (3); c'est à ce groupe que nous pen- sons qu'on doi réserver particulièrement ce nom de Lyco- podites ; 30. ceux dont les feuilles assez larges, sans nervure apparente, sont éparses et insérées sans ordre tout autour de la tige. Toutës les espèces que je connois de cette section se trouvent dans les schistes bitumineux de Mansfeld, élles paroissent différer beaucoup des autres espèces de ce genre par la disposition irrégulière des feuilles, caractère qui les éloigne des Lycopodes. Enfin, dans une quatrième section, nous placerons le Zycopodites squamatus, décrit dans la (1) Voyez le Sagenaria Ophiurus, pl. IV, fig. 1. (2) Petrefactenkunde, tab. XXIIT, fig. 1, . (3) M. Schlotheim réunit cette plante, qu'il a figurée tab. XXII, fig. 1, a, fig. 2, au Lycopodites piniformis ; mais il nous en semble distinct par ses feuilles plus longues setacées et par sa tige tonione plus forte. 232 VÉGÉTAUX FOSSILES. seconde partie de ce mémoire et qui diffère des autres es- pèces par ses feuilles obtuses, courtes, exactement appli- quées contre la tige. | Telles sont les divisions qu’on peut jusqu’à présent établir dans ce genre, et qu’on regardera probablement par la suite comme des genres distincts; mais pour le moment nous n'avons pas vu d'échantillons assez bien conservés de la plupart des espèces pour oser les séparer. Le mot de Firraire avoit aussi été employé déjà par M. Schlotheim, et l’analogie qu’il indique entre les plantes de ce genre et les Fougères est si évidente, que nous Pavions déjà adopté long-temps avant la publication de l’ouvrage de ce naturaliste. F Ce genre, quoique extrêmement naturel, peut pourtant être divisé en cinq sections ou sous-genres fondés sur la dis- position des nervures et la forme des pinnules; mais ces caractères, dans les fougères vivantes, n'étant pas dans un rapport constant avec les caractères tirés des organes de la fructification , nous n'avons pas cru devoir regarder ces de visions comme des genres. La première section que nous nommerons Glossopteris (1), a la fronde simple, entière, traversée par une seule nervure médiane sans nervures secondaires distinctes. Nous n’en con- noissons qu’une espèce dont la feuille a quelque analogie avec les feuilles des Ophioglossum , c’est ce qui nous a fait rap- pos ce fossile au genre Filicite dont il diffère beaucoup par la forme de la fronde et surtout pie l’absence des nervures secondaires. (1) Finicires (Glossopteris) dubius , pl. Il, fig. pe VÉGÉTAUX FOSSILES. 233 La seconde section à les pinnules cunéiformes, arrondies ou lobées à l'extrémité, et les nervures palmées ou rayon- nantes de la base de la pinnule. Nous lui donnerons le nom de Sphcnopteris(1). La forme des feuilles de ces fougères est analogue à celles de beaucoup d’espèces des genres Asple- nium, Davallia, Dicksonia, EHESS, Cheilanthes, ete., sans que nous ayons pu jusquà présent les. du à au- cune des espèces connues. La troisième section a les pinnules arrondies, ; jamais Sie non adhérentes au rachis, par lêur base; les nervures s’épa- nouissent du point d'insertion de la pinnule , et sont en général très-distinctes et dichotomes : nous nommerons cette section Vevpropteris (2). La quatrième section, à laquelle nous donneronsle nom de Pecopteris(3), comprend les espèces dontlafronde est pinna- tifide à pinnules adhérentes par leur base au rachis, traversée par une nervure médiane et à nervures secondaires pénnées. Cette division est la plus nombreuse en espèces, et celle dans laquelle les caractères distinctifs sont les plus difficiles à établir; c’est aussi dans cette division qu’on trouve quelques plantes dont les caractères se rapprochent beaucoup de ceux d'espèces vivantes ; maïs comme ces plantes ont des formes qui se représentent souvent dans plusieurs fougères de genres différens ; et que les caractères des genres ne sont pas vi- sibles , il est difficilé et même presque impossible d’affirmer si y a une identité parfaite. À nn die ut RER 1 (x) Fixraes ( Sphenopteris) elegans , ‘pl. Il, fig. 2. (2) Furcrres (Neyropteris) heterophyllus, pl. I, fe. 6 6. (3) Fizrrtes ( Pecopteris) pennæformis , pl. IT, fig. 3 Méin. du Muséum. 1. 8. 30 234 VÉGÉTAUX FOSSILES. Nous nommerons la cinquième section Odontoptertis (1), elle renferme quelques plantes dont les pinnules sont ad- hérentes au rachis par toute leur base sans nervure médiane, et dont les nervures secondaires pe toutes perpendieu- lairement de ce rachis. La fronde de ces espèces est très-mincé, et sa structure très- délicate-ressemble un peu à celle des Hymenophyllum, etc. dont elle diffère pourtant beaucoup par sa forme. Ilest probable que de nouvelles découvertes, et surtout des fossiles de pays étrangéfs nous fourniront de nouvelles subdivisions, car plusieurs formes assez répandues dans les fougères vivantes ne se trouvent pas classées dans ces cinq sections. Le genre SPHENOPHYLLITES (2) est un dés genres de plantes fossiles fondé sur les caractères les plus tranchés, et dont aucun analogue: générique ne paroïit exister actuellement sur la terre: La forme de ses feuilles et la disposition des nervures, le rapprochent évidemment des fougères, et sur- tout du Marsilea, comme M. Sternberg l’a déjà indiqué (3); mais ses feuilles réunies six par six et verticilléés, le distin- guent de toutes les espèces de Marsilea dont les feuilles sont quaternées ä l'extrémité d’un long pétiole, Cette différence , considérable:‘dans la végétation , entrafnoit probablement ii ic 1) Funicrres {Ogontopteris), Brardii, pl. Hi, fig. 5. Le. sente odontopteris de érnhardr est le même que le genre Roue de Swartz, Ugena de Cavanilles ou Hydroglossum de Willdenow. Ce genre ‘étant généralement adoplé sous l’un AO EAN red ué à appiquer celur A à ces plantes fossiles. ù ten (2) Sphenophyllites eétaréindtus j ne 1 he: 8 149 Ext (3) Mém. er V; p168.. LOL E 2 CLS NÉGÉTAUX FOSSILES. 235 des différences aussi grandes dans la fructification , de sorte qu'il est très-vraisemblable que les Sphènophyllites formoient un genre voisin ; mais bien distinct des Marsilea; et composé de ‘plusieurs-espèces parfaitement caractérisées. M, Schlo- theim avoit indiqué une de ces: espèces sous le nom de Pal mnacites verticillatus , quoique ces plantesine nous paroissent pas avoir la moindre analogie avec les Palmiers (1). On verra que cette distinction’:est de quelque importance pour la détermination exacte des-pläntes propres à chaque terrain; car, pour le dire. en!{passaut;, les Sphènophyllites se trouvent exclusivement danscle terrain houillier, tandis qu'il paroït que les Palmiers Jui sont étrangers. ‘Le genre auqnelnousavons $ donnée. nom. (’ASTÉROPHYLLITES a, comme le précédent, les feuilles. verticillées, mais ces feuilles sont linéaires, où lancéolées, traversées “par une seule nervure médiane (2). M. Schlotheim l’avoit désigné par le nom de Casuartrutes , (1) On pourroït encore rapprocher ce genre des Ceratophyllum qui, comme on sait, présentent des feuilles verticillées ét profondément divisées en lobes dichotomes ; en supposant seulement que ces lobes, qui indiquent le mode de division des nervures , ont été réunis en un seul limbe , ce qui auroit lieu proba- blement pour les Ceratophyllum sils croissoient hors de leau, comme on le remarque pour es Renoncules aquatiqués! dont les feuilles submergées sont divisées en lobes, capillaires, tandis que celles qui sont hors de l’eau sont à peine divisées. On peut seulement objecter à cette supposition , 1°. que dans les Cera- tophyllum les feuilles sont au nombre de 8 ou 10 au moins par verticilles; 2°. qu'ayant trouvé dans/le terrain houillier les analogues des Fougères, des Lycopodes, des Equisetum , il ést plus probable que ces fossiles appartiennent à une famille voisine qu’à une plante gicotyledone dont on a RES aucune trace dans ce terrain. (2) Asterophyllites radiatus ; pl TE , fig: 7. à 30 236 VÉGÉTAUX FOSSILES. mais Je rapprochement que ce nom indique nous paroiït si peu probable que nous n'avons pas pu le conserver. Les plantes qui appartiennent à ce genre ne nous paroïssent pas pouvoir se rapporter exactement à aucun des genres : connus. Les anciens auteurs, tels que Walch, Scheuzer, ete., ont rapproché ces plantes des Galium et autres Rubiacées à feuilles verticillées, mais quoiïqu’elles aient quelques analogies avec ces végétaux par la forme de leurs feuilles et lemode de ramification de leurs tiges, elles diffèrent de toutes les es- pèces connues de cette famille par leurs feuilles réunies en nombre beaucoup plus considérable de dix-huit à vingt à chaque verticille; elles diffèrent, aussi évidemment des Hip- puris connus, et des Equisetum auxquels quelques auteurs les ont rapportés; des premiers par leur tige toujours réguliè- rement rameuse , et par leurs feuilles plus aiguës et plus nom- breuses à chaque verticille; des seconds par la présence de vraies feuilles , tandis. que les Equisetum n’ont pas de véri- tables feuilles, mais seulement des rameaux articulés réunis en verticilles. Toutes les autres plantes à feuilles verticillées qu'on connoit présentent aussi un nombre de feuilles beau- coup moins considérable à chaque verticille. IL paroït donc que ces plantes appartenoient à un genre qui n'existe plus maintenant, où si la structure deses fleurs et de $es fruits permettoit de le rapporter à un génré connu, ce que nous ignorons, il est du moins certain que toutes les espèces alors existantes étoient différentes de celles qu’on connoît actuellement à la surface de la terre. Toutes les ec- pèces de ce genre se trouvent dans les terrains houilliers , à l'exception d’une seule que. nous décrirons dans Ja seconde: __ VÉGÉTAUX FOSSILES. 237 partie de ce mémoire sous le nom d’Æsterophyllites F'auja- sù, qui a été trouvée par M. Faujas à Rochesauve dans le Vivarais et qui présente beaucoup d’analogie avec les plantes du genre Ceratophy than. Aucuns des auteurs qui ont écrit sur les plantes fossiles n'a, je crois, parlé des Fucus fossiles auxquels nous donnons le nom de Fucoipes (1); il n'y a pourtant pas le moindre doute sur l’analogie de la plupart de ces plantes avec celles de la famille des Algues ; c'est cette analogie si évidente quinous a déterminé à réunir dans un même genre tous les fossiles qui paroïssent avoir appartenu à la famille des Algues non articulées, quoique les formes très-variées que présentent les plantes de cet ordre rendent le caractère du genre fossile-dif- ficile à établir. L'ensemble de ces caractères donne pourtant à ces végétaux un aspeet assez particulier pour empècher de les confondre avec aucune autre plante fossile. Le genre que nous nommons Puyrzrres (2) avoit étéindiqué par M. Schlotheim sous le nom de Brbliolithe , mais ce nom n'ayant été regardé par M. Schlotheim lui-même que comme le titre d’une section du genre ou plutôt de la classe qu'il nomme Dendrolithe , cet auteur n’ayant décrit aucune espèce ‘ense servant de ce nom comme nom de genre, nousne nous sommes pas crus obligés de l’adopter. La plupart des feuilles de ce genre doivent avoir fait partie de végétaux dicotylédons. On peut pourtant en excepter Q) Fucoïdes strictus ; AcarDr, INED., pl: TT, fig. 3. Ce fossile a été trouvé dans les couches de lignite découvertes à l’île d'Aix près La Rochelle, par M. Fleuriau. de Bellevue. 1 fait partie d’un travail que M. Agardh a bien Gen entreprendre avec moi sur les plantes fossiles de la famille des Algues. (2) Phyllites popülinä > pl. IE, fig. 4, trouvé à OEningen. 1597 VÉGÉTAUX FOSSILES. quelques espèces à plusieurs nervures confluentes, tel que le Phyllites multinervis décrit. dans la seconde partie de ce Mémoire, qui pourroient avoir appartenu à des plantes de la famille des Aroïdes, des Fluviales, des Piperacées, des Dioscorées, etc., mais ces cas sont peu nombreux, s'ils se présentoient plus fréquemment ils pourroïent engager à for- mer de ces espèces un genre intermédiaire aux Phylltes et aux Poacites. Les Poacrres (1), quoique appartenant évidemment à des plantes monocotylédones , peuvent provenir de: plantes de familles très-différentes. Les caractères qu’ils offrent nous ont paru jusqu'à présent trop peu tranchés pour que nous puissions fixer plus éxactement leur position dans le règre végétal: les ParmAcrres (2) au contraire ont évidemment appartenu à des plantes de la famille des Palmiers, du moins nous ne connoissons la forme de feuilles qui les caractérise que parmi les végétaux de cette famille. Les deux derniers genres qui terminent la série des plantes fossiles, les Carrorrræes et les Axrnorirues doivent plutôt être considérés comme des ordres, à cause des différences consi- dérables ettrès-importantes que présentent les espèces qu'ils renferment ; aussi lorsque deux où plusieurs espèces offriront plusieurs caractères communs ét nous paroitront avoir entre elles une analogie bien marquée , nous les réunirons sous un même nom de genré, et nous ne laisserons le nom gé- nérique de Carpolithes. qu'aux sRpèces jusque? à présent. aolées parmi les fossiles. —— a 1 At M th (1) Poacites carinata, pl. IT, fig. 2,se trouve dans le terrain houillier. ds (2) Palmacites Lamanonis , pl. I, fig. 1. Voyez la description dans la seconde partie de ce Mémoire. Fic. Fic. "Pie. — Fi. 7 FIc:. Fic. Fic. DI OO + © R YOUR © D « a + © D mn VÉGÉTAUX FOSSILES. _ —r39— EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. . Culmites nodosus. An. Br. . Calamites decoratus. SeLotx. ? Petref. , p. 4o1. . Syringodendron striatum. Ab. Br. . Sigillaria scutellata. An. Br. . . Clathraria Brardu. Ao. Br. . Sagenaria cœlata, An. Br. . Stigmaria ficoïdes. An. Br. * Variolaria ficoïdes ? Sternb., p. 24, tab. XII, fig. 1. PLANCHE Il. . Lycopodites taxiformis. An. Br. . Filicites (Sphenopteris) elegans. An. Br. . Filicites ( Pecopteris ) pinnæformis. Ab. Br. . Filicites ( Glossopteris) dubius: Ab. Br. . Filicites ( Odontopteris) Brardu. An. Br. . Filicites (Nevropterts) heterophyllus. An. Br. . Asterophyllites radiatus. An. Br. . Sphenophyllites emarginatus. An. Br. Palmacites verticillatus ? Schloth. , Petref. , p. 306, Flora der Vorwelt, tab. IT, fig. 24. PLANCHE III. . Palmacites Lamanonis. Ab. Br. . Poacites carinata. Ap. Br. . Fucoïdes strictus. AcarDpH-et AD. Br. rss. . Phyllites populina. An. Br. . Carpolithes thalictroïdes Parisiensis. An. Br. . Carpolithes thalictroïdes Websteri. An. BR. * . Antholithes liliacea. An. Br. 240 VÉGÉTAUX FOSSILES. Fi. Fi. Fic. Fic. Fic. FrG. Fi. Fic. Fire. Fre. Fire. Fre. PLANCHE IV. ou r. a Sagenaria Ophiurus. An. Br. b une portion du même grossi pour montrer le mode d'insertion des feuilles. 2. Portion de tige dépouillée de feuilles du Zycopodium Phlegmaria. L. grossie. 3. a Portion de tige du Lycopodium verticillatum. Wir. de grandeur naturelle. b La même grossie. 4. Empreinte de plante analogue aux gaînes des D AR , et BPRATEEE probablement à une Calamite. 5. a Tige de l’Equisetum limosum. L. du double de la grandeur naturelle, montrant la disposition des stries et des cicatrices laissées par les gaînes lors- qu'on les a arrachées. b Coupe d’une partie de la tige pour faire voir les fetes et les cloisons qui produisent les stries et les sillons des tiges des Equisetum. 6. Portion de la tige du Cyathea excelsa. Wiruo. 7. Coupe du pétiole de l’'Osmunda regalis. L. près de sa base. 8. Coupe du pétiole de l'Athyrium filix-fœmina: Rotë. b Détail de la structure de cette tige. 9. Coupe du pétiole du Polypodium vulgare. L. près de sa base. 10. Coupe du pétiole de l’Æspidium dilatatum. Wivuo. 11. a Coupe du pétiole de l’AÆspridium filix-mas. Win. b Détail de la structure de cette tige. 12. Coupe du pétiole de l’4splenium adianthum-nigrum. L. D WBonullomier F7 PET ?2 79 (@ D ubrriles 9 a PU LES 3 proie endoon 4 DC 7 = € 6. e lgenatee 3 LAC Z. 4 24772 74. 1 T8. PLI9, Zi de C Cnstans à Sevres PLI. 7 sa 2222 22 tt T 7 Z (724 (G ? 7 gINATCA. (@7 € 9, regodenaren DA € 2 lycra Fe 7 pd 74 É alarrulis 3 Ca ? 7 9 7 Perse | Lara * fig. 5. Boullemier FI 7 A la 7 ee ANS EEE NANNNN \ & F nn Eu MMM TU £ 1/1} fl} il SE AN) UT, 1 LI AA LL man ay NT ÿ | . 7) Pig. 1. 7 un PLIL ? 20 leg. 6. Phanefhyllites — z 7? iles PAIN billes. C cofodhles. Lig 2 OR Lith. de C. Constansa Senres. A4) LES ent ts F RS æ NT TAUES PAT Eure x VAI Lit. de € Constans à Sevres. D se 7 ae DLL Lg. 1 DRE Fig. 2. Toacites Fig. 5 Pacotdes Fig 4 oh élites D. Fig, 5.6! CRT Lig. 7 C holilhes. LL Zith de € Constans à Sevres [170 4 21 Thglites U 2 Fig. 1 CIRE Fig. 2. . expats TA Oe + TRE kg 56 Cphollhel Byz e FE LES RATS | : | LE Botlenier F $ d LA IV ‘ 7 Crnpatairen de pic 772222 ET Cri cl , Tran. RECHERCHES SUR L’ACCROISSEMENT ET LA l REPRODUCTION DES VÉGÉTAUX; PAR M. H. DUTROCHET, Correspondant de l’Institut de France, de la Société philomatique, etc. SECTION IV. Du développement des ovules et des embryons séminaux dans les ovaires. S I pe recherches que lés naturalistes ont faites sur les grai- nes des végétaux ont eu pour objet, tantôt de remonter par l'observation aux premiers momens de l'existence des em- bryons, tantôt de déterminer le nombre et la nature des or- ganes qui appartiennent à la graine elle-même , et qui servent d’enveloppes à l'embryon ou sont destinés à le nourrir. Des noms justement célèbres brillent dans cette double car- rière d'observation. Duhamel s’est conterité d’effleurer ce sujet dans sa physique des arbres ; Spallanzani (1) s'est spé- (1) Mémoire sur la génération de diverses plantes. Mém. du Muséum. 1. 8. 31 545 | A GCGROISSEMENT cialement attaché x Pobservation de embryon, et le prinei- pal résultat de ses recherches a, été de nous apprendre que l'embryon végétal né $e-voit jamais avant la floraison. L’ana- tomie spéciale de. la graine a occupé. presque toute la vie du célèbre Gærtner dont la carpologie sera toujours un livre classique. Dans le même temps Jussieu faisoit paroitre de savantes recherches sur le même sujet dans son Genera plan- tarumr. Postérieurement, M: Michard, dans son Analyse du fruit et dans.son mémoire sur les embryons monocoty- lédonés (1), a donné de nouveaux développemens à cette par- tie de la science. Ces trois derniers naturalistes n’ont étudié la graine que vers l’époque de-sa maturité; ils n’ont point cherché, comme Spallanzani, à découvrir l’origine de l’em- bryon. Cette recherche importante a été reprise il y a peu d'années par M: Mirbel, ilen. a: consigné les: résultats. dans son mémoire intitulé Développement des ovules dans les ovaires des plantes phanérogames (2); et il les a reproduits dans sesElémens de physiologie végétale et de botanique. Il s’exprime ainsi. dans;ce dernier ouvrage (pag. 314). « Des linéamens vasculaires, premier indice non. équivo- » que. de lexistence de, l'embryon. se. développent. dans ».. le üssu de. chaque. ovule. Les:cellules qui avoishrent les », linéamens vasculaires se remplissent d’une, substance opa- ».que. blanchâtre-ou.vendâtre, Cette. substance, aussi bien ».que les, vaisseaux, gagne decproche en: proche; tantôt de »..la.cinconférence.au.centré, tantôt du centre: à: la.circonfé- (1) Annales du Muséum d'Histoire naturelle, EXVIT (2) Bulletin des Sciences par‘là Société-philomatique , janvier 1813! DES VÉGÉTAUX. 243 » rence. Le tissu qu’elle pénètre et qu’elle colore est en quel- » de façon un canevas organisé sur lequel la nature travaille » à lébauche du végétal. La croissance de l'embryon est » comparable à celle des os” ‘dés animaux : ces os sont d’a- ». bord cartilagineux, des centres d'ossification y paroïssent, » ils envoyent des rayons dans tous les sens et' donnent peu » à peu aux différentes parties du squelette cette solidité et » cette opacité qui caractérisent les os parfaits. Si tout de » tissu de l’ovule entre dans, la structure de l ‘embryon, l’em » bryon à lui seul constitue toute la gr ame et:par conséquent » il n'y a point de périsperme, point de tegmen, point de » lorique; la paroï de l’ovaire devient. V enveloppe. séminale » immédiate. » Ainsi, selon M. Mirbel, les À Helabtie Ste, le pé- risperme et l’embryon, consisteroient dans l’origine en une seule masse organique continue dans toutes ses parties; leur formation résulteroit d’une modification spécifique qu'au- roient subi, chacune enleur particulier, les diverses parties de cette masse primitivement homogène. Ge seroït apparemment la différence de ces modifications qui auroït amené l'isolement plus ou moins complet de ces artiés, tel qu’on l’observe par la suite, J’éprouve ici. .le regret d’avoir: émettre une opinion toute différente de celle d’un savant célèbre dont le témoignage semble devoir faire autorité. Mais, dans cette:circonstance, ce sont les faits qui parlent: ils s ’élévent contre.sa théorie et l’infirment dans tous ses points. C’est ce dont pourront se convaincre ceux qui seront à même de répéter et de vérifier les observations que je vais exposer. 31 * 244 ACCROISSEMENT S IL. Observations sur la graine de l'Amygdalus communis ( fa- mille des Rosacées ). Si l’on ouvre l'ovaire de la fleur de l’arzygdalus communis avant qu’elle soit épanouie, on y trouve deux ovules fixés par leur pointe à la paroi supérieure et interne de Povaire. Ces ovules ( fig. 14 ) présentent à l'extérieur une enveloppe membraneuse ; leur intérieur offre un corps parenchymateux assez dense. Si on les coupe transversalement près de leur base et qu’ensuite on les presse latéralement, on fait sortir le petit corps parenchymateux de l’intérieur de l'enveloppe qui le recouvre. Ce petit corps est, comme nous allons le voir bientôt, ce que la plupart des botanistes appellent avec Jussieu le périsperme (albumen de Gærtner, endosperme de Richard ). Des deux.ovules que l’on observe dans l'ovaire de Fa- mygdalus comrunis avant la floraison, il en avorte presque toujours un. L’ovule restant prend de laccroissement sans qu’on observe rien de nouveau dans son intérieur pendant près d’un mois et demi, si ce n’est que le périsperme est devenu plus mou et plus diaphane. A cette époque on com- mence à apercevoir à la pointe de l’ovule un corps nouveau qui, d’abord fort petit, grossit peu à peu et se présente bientôt sous la forme que l’on voit en a (fig. 15). Ce corps parenchymateux et transparent porte à sa suite trois corps de même nature , auxquels je donne le nom d’Aypostates (1) f (1) Mot dérivé de ro claros, qui est situé au-dessous... DES VÉGÉTAUX. 245 ‘à cause de leur position à la partie inférieure du corps & qui, comme nous allons le voir tout à l'heure, est l'enveloppe immédiate de l'embryon. Les trois hypostates sont suivies par un prolongement c qui aboutit à la base de l’ovule. En examinant au microscope le prolongement c on voit qu'illest composé de cellules placées à la suite les unes des autres. C’est un véritable vaisseau moniliforme. Les hypostates 4 sont des cellules dont les parois sont développées et épaissies. Le corps parenchymateux & est la dernière des cellules dece vaisseau; c’est aussi la: plus développée. A cette époque on s'aperçoit que le périsperme 4 est un: sac dont les parois fort épaisses sont contigués à l’intérieur. Ce sac est composé d’un épiderme extérieur en contactavec l'enveloppe membraneuse qui revêt extérieurement l’ovuie, d’un tissu cellulaire-paren- chymateux et d’un épiderme intérieur d’une extrême ténuité. Si l’on presse ce sac entre les doigts dans la direction. ff, c’est-à-dire dans le sens opposé à celui de son aplatissement, les parois contigués s’éloignent et la cavité du-sac se manifeste. On voit alors que le vaisseau moniliforme & bc est contenu dans cette cavité qui est close de toutes parts. Lie point g au- quel il aboutit inférieurement est l’unique endroit d’adhé- rence organique qui existe entre le périsperme creux dd et l'enveloppe extérieure de l’'ovule. ff. Cette adhérence s'opère au moyen d’un plateau articulaire semblable à celui qui:umit un gland à sa cupule. C’est dans cet endroit. qu'aboutit un vaisseau. qui part du point qui est le hile, et: qui-däns son irajet est contenu dans Pépaisseur de l'enveloppe extérieure ff Ce vaisseau est une râphe quise-termine en formant le second hile, ou hile interne, au point g. Le corps parenchymateux & 46 A:GG RO DSSÉ MENT se prolonge :en pointe dais de petit cône creux que forme l'enveloppe extérieure de Dovule à son sommet0C'est dans l'intérieur dece corps & et: dans l'endroit qu’occupera dans la suite la radicule:que naitl'embryon. On laperçoit d’abord à Ja doupe comme -une molécule blancher:etisphérique vo: Bientôt-ce petit:globe se divise en deux parties qui forment les cotylédons, conime :on le voit ‘en o, fig. «6. Cette figure représente. seulement le périsperme immédiat & contenant l'embryôn ketsuivi-de ses trois hypostates. Jai fait cette ob- servation:extrèmement déhcate verse cinquante-cinquième jour après da floraison ; ainsi le corps parenchymateux @ lest un nouveau périsperme creux comme le premier, dans l’inté- rieur duquel il est contenu. Ge nouveau périsperme contient Pembryondontilest l'enveloppe immédiate. Je le désignerai | provisoirement sous le nom-de périsperme immédiat, pour le distinguer du périsperme rrédiat dd. Environ huit jours après l'embryon se présente sous un nouvel aspect; ses coty- lédons, d'abord arrondis et concaves en dedans, deviennent concaves en dehors eticonvexes'en dedans , ‘comte on le voit dans la fig: 18. Les cotylédons sont unis à leur base par un mammelon #, lequel est arrondi à son sommet. C'est du mi- lieu de-ce mammelon que sort la radicule:s, qui n’étoit pas encore sortie lors de lobservation dont da figure FEES le snétisp. à Esldatpe sxinluouss osoislr at Cependant ce di isolé et placé aumilieu du périsperme immédiat continue de s’accroître ; ce dernier s’accroit encore plus rapidement. Son: accroïssément s'opère aux dépens des sues qui goriflent le “isst cellulaire ‘du Périsperire médiat dans l’intérieuv'duquel il’est contenu. Gé dernier ‘se trouve DES VÉGÉTAUX. 247 bientôt réduit à n’occuper qu'une place de peu d'étendue à la base de l’ovule. La fig. 17 représente l’état de l'amande quatre-vingts jours après la floraison; ff ‘est l'enveloppe: ex- térieure dans l’épaisseur de laquelle est la râphe 2g; lé pér- sperine Inédiat dd occupe encore.un petit espace à la base de l’ovule, dont la cavité presque entière est envahie par le périsperme immédiat & et par les hypostates 4 qui se sont groupées irrégulièrement à sa base. On voit alors que le pé- risperme immédiat & est composé, 10. d’un épiderme exté- rieur em contact avec l’épiderme intérieur du périsperme médiat; 20. d’un tissu cellulaire parenchymateux; 30. d’un épiderme intérieur extrêmement fin, Ainsi il ne diffère point, quant à son organisation, du périsperme médiat dans l'inté- rieur duquel il est contenu. L’embryon à n’oecupe encore qu'un petit espace au sommet de l’ovule et dans l’intérieur du périsperme immédiat qui l'enveloppe de toutes parts, Les co- tylédons devenus aplatis sont appliqués l’un contre l’autre. Vers le quatre-vingt-dixième jour après la floraison la ca- vité entière de l'enveloppe extérieure est occupée par le pé- risperme immédiat et par ses hypostates; le périsperme mé- diat a disparu complétement; ses deux épidermes intérieur et: extérieur sont devenus adhérens par la disparition du tissu cellulaire rempli de sucs qui les séparoït, et dans cet état ils se sont confondus par adhérence avec la paroi interne de l’en- veloppe extérieure de l’ovule. Cependant les cotylédons prennent un accroissement: progressif. Cet accroissement s'o- père aux dépens-des sucs contenus dans le tissu cellulaire du périsperme immédiat, Vers le centième jour'après la floraison l'embryon remplit la cavité toute entière de l'enveloppe exté- 248 ACCGROISSEMENT rieure de l’ovule. Le périsperme immédiat a disparu ainsi que ses hypostates ; réduit à ses deux épidermes intérieur et exté- rieur par l'absorption des sucs qui remplissoient son üssu cellulaire, il est confondu par adhérence avec la membrane extérieure de l’ovule, ou plutôt avec le périsperme médiat dont les débris doubloient déjà la paroi interne de cette en- veloppe extérieure. Ainsi l'enveloppe qui revêt immédiate ment l’amande parvenue à sa maturité est l’assemblage de trois enveloppes devenues intimement adhérentes. Ces enve- loppes sont, en les comptant de l’intérieur à l’extérieur : 10. Le périsperme immédiat ; 20, Le périsperme médiat préexistant visiblement à la flo- ralsOn ; 30. L’enveloppe extérieure de l’ovule. : D’après cet exposé il est facile de voir que les deux péri- spermes de l’amande sont de véritables enveloppes séminales dont les parois sont épaisses et parenchymateuses, et, à ce sujet , il est une observation fort importante à faire ; c’est que les enveloppes séminales ne sont pas de simples membranes ; ce sont des corps qui, même lorsqu'ils sont membraniformes, sont toujours composés d’un tissu cellulaire compris entre deux membranes épidermiques, l’une intérieure et l’autre exté- rieure. Lorsque le tissu cellulaire de ces enveloppes prend un accroissement plus ou moins considérable et devient paren- chymateux, l’enveloppe ainsi modifiée et devenue nutritive pour l'embryon forme un périsperme. Alors il seroit possible de prendre pour ‘une enveloppe particulière la membrane épidermique qui revêt extérieurement cette enpeloppe péri- spérmique. C'est effectivement ce qui est souvent arrivé. DES VÉGÉTAUX. 249 L’enveloppe qui revêt immédiatement les cotylédons dans l'amande parvenue à sa maturité , est généralement considé- rée comme la tunique propre de l'embryon : elle a reçu de Gærtner le nom de tégument propre ( integumentum pro- prium ), M. Richard la désigne sous le nom d’épisperme, M. Mirbel lui donne le nom de tegmen : mais d’après les observations que je viens de rapporter, il est évident que cette enveloppe est formée par la réunion de trois envelop- pes confondues en une seule par adhérence intime de leurs parois. Il est donc indispensable de modifier ici la nomen- clature des enveloppes de l'embryon végétal. D’après les principes posés par M. Mirbel, lorsque la graine possède trois enveloppes, la première doit porter le nom de fegmen, la seconde celui de Zorique et la troisième celui d’arile. Je ferai voir incessamment que l’arille n'est qu’une enveloppe accidentelle qui n’entoure point originairement l’ovule. Ainsi ce nom ne peut être donné à la troisième enveloppe de l’em- bryon de l’amnygdalus. Désirant conserver, autant que pos- sible , les noms adoptés par le savant botaniste que je viens de citer, je conserverai le nom de /egmen à l'enveloppe im- médiate de l'embryon, enveloppe qui est ici le périsperme zmmédiat. Je désignerai sous le nom de lorique l’enveloppe extérieure de l’ovule. Il me reste par conséquent à donner un nom à l'enveloppe comprise entre les deux précédentes, enveloppe qui est celle que j’ai désignée provisoirement sous le nom de périsperme-médiat. Je propose de donner à cette dernière le nom d’énéilême (1).Je me trouve par conséquent 2 1) Dérivé de éysfamue, enveloppe. É 12 PP Mém. du Muséum. +. 8. $ 32 250 AGGROISSEMENT ici dans la nécessité de supprimer le nom de périsperme qui est devenuinutile. Pour leremplacer je désignerai les envelop- pes séminales ou leurs annexes dont le parenchyme contien- dra la substance destinée à nourrir l'embryon par l’épithète embryotrophe (1). Cela posé, et d’après les observations que nous venons de rapporter, nous reconnoîtrons trois enveloppes à l'embryon de l’amygdalus, abstraction faite du péricarpe, lequel est composé, comme onSait, d’un noyau osseux, d’une enveloppe pärenchymateuse et d’unemembraneépidermique(endocarpe, sarcocarpe et épicarpe de M. Richard). Les trois enveloppes qui äppartiennent à l’ovule, sont, en les comptant de l’inté- rieur à l'extérieur : 10. Le tegmen embryÿotrophe accompagné | ce qui forme dé trois hypostates! à 0,004 4 (UN SHOT HSE pÉNSper- 20, T’énéilême embryotrophe. . . . er 30. La lorique membraniforme. Peut-être auroit-il été plus philosophique de ne distinguer les enveloppes séminales que par des noms numériques, car les noms propres que je leur impose semblent attester qu’elles possèdent des caractères spécifiques et qu’il existe entre elles des différences génériques et fondamentales. Il me semble, en effet, que toutes les enveloppes séminales, l’arille excepté, ne diffèrent entre elles que par des caractères accidentels et que leur nature est essentiellement la même. Aussi en em- ployant pour les désigner les noms de tegmen , d’énéilème et dé lorique, cela équivaut pour moi aux expressions de 1re, (1) Dérivée de £uGpôs rpogn, nourriture de l'embryon. DES VÉGÉTAUX. 251 2e et 3€ enveloppe séminale; je n’y attache point d’autre signification. Les amandes de toutes les espèces du genre prunus ont offert, quant au nombre et à la nature des enve- loppes de l'embryon, une organisation semblable à celle que je viens d'exposer pour l’'emygdalus communis dont l'amnyg- dalus persica ne diffère point non plus à cet égard. Chez tous ces végétaux les deux principaux périspermes ne sont autre chose que des enveloppes séminales devenues épaisses et suc- culentes. Chez eux cependant l'embryon paroit extérieur au périsperme lorsqu'on n’y regarde pas avec beaucoup d’atten- tion, lorsque surtout on n’observe pas l'embryon dèsles pre- miers momens où il commence à se manifester: cela provient de l'extrême minceur des enveloppes embryotrophes au som- met de la graine et de la prompte disparition de cette portion des enveloppes par son adhérence aux parties superposées. Cette observation doit mettre en garde contre les apparences qui, dans beaucoup de circonstances, portent à décider que l'embryon est extérieur au périsperme. La position de l'embryon par rapport au végétal qui le porte est fort digne de remarque. La radicule de l'embryon de l'ernrygdalus est véritablement ascendante ; elle est par conséquent perse. On dit que la radicule d’un embryon est inverse lorsque sa pointe est dirigée vers le point de la graine diamétralement opposé au hile. Dans l’ovule de l’errygdalus la radicule présente le côté au hile extérieur, ce qui l’a fait considérer par les botanistes comme étant /aféralement ad- verse. Mais la direction de la radicule vers le hile extérieur ne mérite aucune attention; la seule chose qu'il soit impor- tant de considérer dans cette circonstance, c’est la position 32 * 2592 ACGCROISSEMENT »« de l'embryon par rapport à la direction du funicule ; tar ce dernier étant véritablement la continuation de la tige du vé- gétal, ses rapports de position avec l'embryon détermineront d’une manière exacte la position de l'embryon par rapport au végétal qui le porte. Dans l’ovule de l’enygdalus, on peut suivre les vaisseaux du funicule depuis le pointz (fig. 17) qui est le point de suspension de l’ovule du péricarpe, jus- qu’au point g. Le funicule forme une räphe dans l'épaisseur des parois de la lorique. Le vaisseau moniliforme c offre la continuation du funicule dont les hypostates sont la dernière extrémité. Par conséquent l'embryon est véritablement ren- versé ; il oppose sa tige à celle du végétal qui lé porte : la ra- dicule de l'embryon est par conséquent zrverse. Ilest un fait qui mérite une attention particulière, c’est que la radicule ne paroît point chez l'embryon dans les premiers temps de l’apparition de ce dernier; on n’aperçoiït qu’un mam- melon que la radicule perce peu de temps après. On voit ce mammelon en z ( fig. 16 ), on levoitpercé par laradicule én n (fig. 18). Ainsi cette radicule est probablement coléorhi- zée; là manière dont elle naît l'indique, mais l'extrême peti- tesse des objets ne permet pas d’apercevoir la coléorhize. Au reste nous verrons plus bas un exemple manifeste d’une radicule qui perce'sa coléorhize dans l'ovaire. Nous avons vu que le vaisseau moniliforme e (fig. r5) est composé d’une série de cellules dont les quatre dernières forment , par leur développement les trois hypostates d et le tegmen embryotrophe a. Ce fait prouve que les cellules en se développant sont susceptibles de devenir des organes parenchymateux pourvus d’une cavité centrale et composés DES VÉGÉTAUX. 253 d’un tissu cellulaire compris entre deux membranes épider- miques. Cependant je dois faire observer que je n’ai pas tou- jours trouvé le vaisseau moniliforme c composé d’une série de cellules, bien que les trois hypostates existent toujours. Quelquefois ce vaisseau moniliforme s'est présenté à mon observation comme un tube dont la cavité n’étoit interrom- pue par aucune cloison. Ce fait semble prouver que les tubes tirent leur origine de séries longitudinales de cellules dont les cloisons transversales ont disparu. S III. * Observations sur la graine du Pisumsativum ( farnille des Légumineuses). Les ovules du Prisum satipum sont apercevables dans l'ovaire avant la floraison. Après la fécondation, ces ovules se développent; une petite cavité remplie d’eau se manifeste dans leur centre. Ce n’est que lorsque ces ovules ont acquis environ deux millimètres de longueur que l’on commence à apercevoir l'embryon. IL apparoît à la paroi intérieure de la graine, dans sa partie diamétralement opposée au hile, et il se présente sous la forme d’un globule parfaitement sphérique, comme on le voit en à dans la figure 27, qui représente seulement la portion de l’ovule dans laquelle naït l'embryon. Ce dernier, qui est de couleur verte, est uni par un pédicule à un autre globule à demi-transparent; ce dernier est de même uni par un pédicule à un corps'oblong c demi-trans- parent comme lui, E’embryon et les deux corps qui le sui- 254 ACCROISSEMENT vent sont plongés dans le tissu diaphane extrêmement déli- cat d, qui double intérieurement la cavité de l’ovule. Si on examine l’embryon au microscope, on'voit de la manière la plus évidente qu’il ne présente aucune divisions c’est uw corps parfaitement sphérique chez lequel on ne distingue vi radicule ni cotylédons. Peu de temps après l'embryon sort du tissu diaphane dans lequel il étoit plongé, et se montre dans la cavité de l’ovale. Bientôt il cesse d’être complète- ment sphérique; sa partie opposée à celle qui regarde le globule à s'ouvre spontanément en deux demi-calottes, qui sont les rudimens des deux cotylédons (a, fig. 28); dans leur intervalle on voit la pointe de la plumule 4. Le globule demi-transparent 4 pareit uni par un pédicule, avec la partie de l'embryon où doit naître la radicule; car on n’aperçoit encore aucun vestige de cette dernière. Ce globule, ainsi que le corps allongé c qui le suit, sont devenus plus gros; plus tard la radicule commence à se manifester par l'apparition d’un mammelon arrondi à la partie opposée à la plumule. Ce n’est que lorsque l'embryon remplit à peu près le tiers de la cavité de l’ovule, qu’il est possible de distinguer toutes ses enveloppes. On voit, à l’époque en question, qu'il possède un tegmen d’une minceur extrême, et qui est si exactement collé sur les cotylédons, qu'il paroït être con- fondu avec eux. Ce tegmen est fort difficile à apercevoir ; cependant je l'ai vu de la manière la plus distincte : il paroît qu'il a été rompu lorsque l'embryon a commencé à déve- lopper ses cotylédons, et que ses débris sont restés collés sur ces derniers. La figure 29 représente l’ovule du pésum sativum à l'époque dont je parle; & est l'embryon dont le Be DES VÉGÉTAUX. 255 tegmen n’est point indiqué dans la figure, parce qu'il est exactement appliqué sur l’embryon auquel il adñère par agglutination : il est évidemment continu avec le globale 4, qui est une véritable hypostate, de mème que le corps ob- long c. Ce dernier est organiquement uni avec l'extrémité d’une râphe ou prostype funiculaire qui est situé dans l’é- paisseur des. parois de l’ovule. Ces parois offrent à l’intérieur une couche d’un tissu diaphane et délicat 4 qui me paroit devoir être considérée comme une enveloppe distincte de celle qui forme la paroi extérieure de l’ovule, quoiqu'il n’y ait entre ces deux parties aucun indice de séparation. I résulte de ces observations que l'embryon du pesumn sativurn possède ün tegmen d’une excessive minceur, lequel est suivi par deux hypostates fort petites. Si l’on considère avec moi les parois de l’ovule comme formées par l’assem- blage de deux enveloppes superposées, il en résultera que l'intérieure sera un énéilème embryotrophe, et l’extérieure une lorique membraniforme et solide. L’embryon du prsumn satioum se présente dans l’origine sous la forme d’une pe- tite sphère sur laquelle les plus forts microscopes ne font apercevoir aucune trace de division. Ce globule sphérique s'ouvre en deux parties par une scissure spontanée pour for- mer les deux cotylédons : la partie de cette sphère opposée à la scissure se gonfle en un mammelon, lequel donne nais- sance à la radicule. Les mêmes raisons qui m'ont porté à penser que la radicule est coléorhizée chez l'embryon de l'ammygdalus communis me font croire qu’elle l'est égale- ment chez le pisum satioum : chez l’un comme chez l’autre on aperçoit d’abord un mammelon arrondi au milieu duquel 6 à ÂCGROISSEMENT nait la radicale pointue qui semble le percer. La scissure du globule sphérique, pour former les cotylédons, est un fait sur lequel il m’a été possible d'acquérir une certitude com- plète. L’embryon du pisum sativum est, il est vrai, enve- loppé par son tegmen lorsqu'on l’observe ; mais ce tegmen, exactement appliqué sur lui, est d’une telle ténuité et d’une telle transparence, qu’il n’oppose aucun obstacle à l’obser- vation : d’ailleurs la couleur verte de l'embryon permet de ne pas confondre les dispositions qui lui sont particulières avec celles qui n’appartiendroïent qu’au tegmen diaphane qui le recouvre. Il est donc démontré que les doubles coty- lédons naissent de la scissure spontanée, en deux parties égales, d’une calotte sphérique ou prléole qui recouvre com- plètement la plumule. : Si l’on examine la situation de la radicule par rapport à la direction du funicule, on voit qu’elle est adperse ; en effet, la radicule est tournée vers l’hypostate qui suit le tegmen, et qui est la dernière extrémité du funicule. Si l’on vouloit dé- terminer ici la position de l'embryon par rapport au hile, on verroit que, dans le principe , la radicule est z2verse; car elle est dirigée vers le sommet de la graine : ensuite, l’em- bryon prenant une position oblique, la radicule est tournée vers l’un des côtés de la graine; elle est /aféralement ad- verse ; plus tard la radicule fait un crochet qui dirige sa pointe vers le hile; elle devient adverse. Ces observations prouvent de plus en plus que ce n’est point par rapport au hile qu'il faut déterminer la position de l'embryon, mais bien par rapport à la direction du funicule; ou, d’une manière plus simple, par rapport au point d'insertion du tegmen : . DES VÉGÉTAUX. 207 c’est la seule chose qui ne varie point. C’est par cette seule considération que l’on peut déterminer la position de l'em- bryon, non-seulement par rapport à la graine, mais aussi par rapport au végétal générateur; car, dans cette observa- tion comme dans celle de l'ovule de l’anygdalus, nous voyons que l'embryon naît dans l’intérieur du dernier ar- ticle du funicule qui forme la dernière extrémité de la tige reployée dans l’intérieur de la graine. Spallanzani (1), qui a observé lé développement de l'em- bryon chez le vicia faba, le cicer arietinum, et chez d’au- tres légumineuses, prétend que chez ces végétaux l'embryon est uni organiquement avec la graine, et il en conclut qu'il préexiste à la fécondation. Il est évident que Spallanzani s’est Jaissé induire en erreur sur cet objet. C’est par le moyen de scn tegmen que l'embryon est attaché aux parois de l’ovule; or comme ce tegmen, d’une extrême ténuité, est collé sur l'embryon, il a cru que c’étoit l'embryon lui-même qui étoit uni organiquement avec la graine. Au reste, cette agglutina- tion du tegmen à l'embryon, qui a trompé Spallanzani , rexiste point chez plusieurs IÉUnNHEUSER et notamment dans le genre esse S EY. . <: Observation sur la graine du Fagus castanea lé “famille des Amentacées.) Ce n'est que plus d’un mois après la floraison du. fagus castanea que l’on commence à apercevoir les ovules. Ils (1) Mémoire sur la génération de diverses plantes. Mém. du Muséum. t.S8. 33 aus ‘7 ACCROISSEMENT sont situés près de la base des styles, et au sommet d’un placentaire central; ils sont enveloppés par de nombreuses productions semblables: à des poils qui remplissent la cavité de la carcérule (Mirbel,) membraneuse et coriace qui forme la tunique extérieure. du gland, tunique qui n’est point une envelope séminale proprement dite, mais bien un véritable péricarpe, puisqu'elle porte les res Les ovules nombreux.que contient chaque eland du fagus castanea avortent pour la plupart; il n’y en a ordinairement qu’un, et quelquefois deux seulement, qui se développent. Si l’on observe.ces ovules environ deux mois après la florai- son, on les trouve composés d’une enveloppe extérieure & (fig. 20) qui recoit l’insertion du funicule 3. Dans l’intérieur de cette enveloppe se trouve, un périsperme extrêmement délicat c, lequel offre une.cavité z dans son intérieur. L’em- bryon d est complètement. extérieur à ce périsperme, dont la pointe conique est embrassée de chaque côté parles deux cotylédons courbés en gouttière l’un vers l’autre. En enle- vant l'embryon, on met à découvert cette pointe conique du périsperme que l’on trouve;recouverte par une mem- brane épidermique.. En continuant de se développer, les cotylédons se glissent entre l'enveloppe extérieure & et le périsperme creux c; de membraneux qu'ils étoient dans le principe, ils-deviennent épais.et farineux. Bientôt le péris- perme étant complètement absorbé, l'embryon remplit à lui seul la cavité de l’ovule; il n’est recouvert que par la seule enveloppe extérieure a. Plus tard l’ovule, par son dévelop- pement, remplit la cavité de la carcérule. Cette observation offre manifestement un embryon exté- DES VÉGÉTAUX. 259 rieur au périspérme. Gelüi-ci n'est point une simple couche ‘uqueuse inorganique , comme on pourroit le croire au pre- mier coup d'œil, c’est une partie organisée, composée d’un tissu cellulaire extrêmement délicat, compris entre deux membranes épidermiqués, luné extérieure et l'autre inté- rieure : celle-ci tapisse la cavité que forme le périsperme. Quel est donc cet organe embryotrophe qui constitue ici le périspérme et auquel l'embryon est extérieur? Des observa- tions plus rapprochées de l'époque de la floraison que celle que je viens de rapporter m'ont dévoilé ce mystère. L’embrÿon du fagus castanea, comime celui de l'eryg- dalus communis, montre sés prémiers rudimens sous l’appa- rence d’un point blanchâtré dans la petite cavité conique que forme à son sommet l’énveloppe éxtérièure de l’ovule; cavité qui, dans la suite, logera la radicule. Sa première apparition a lieu lorsque l’ovule offre à peine deux millimètres de lon- gueur. Pour l’apercevoir il faut disséquer l’ovule à la loupe et dans l’eau; car cette observation est des plus délicates. De cette manière on voit que, dans l’origine, l’embryon 4 est renfermé dans une enveloppe particulière £ ( fig. 19); cette enveloppe se prolonge comme un boyau dans l'intérieur de la cavité conique À, dans laquelle elle est ordinairement ployée irrégulièrement. Cëtte enveloppe membraneuse pri- mitive est le tegmen; il est continu avecle périsperme creux c qui lui est subjacent. Ce périsperme creux est par conséquent une hypostate embryÿotrophe. Son éntière analogie avec l’hy- postate embryotrophe qi ést située à la partie inférieure du tegmen, dans l’ovülé de l'amygdalus communs; est ÉVi- dente. Cette dernière est dé même un organe creux. Il 33* - 260 __ AGCROISSEMENT suffit de jeter les yeux sur la figüre 15 pour se convaincre de l'analogie. On voit dans cette figure le tegmen & con- tenant l'embryon; ce tegmen présente à sa partie inférieure une hypostate embryotrophe à suivie de deux autres. Les seules différences qui se présentent ici sont, 1°. que chez l’'emygdalus 1 y a trois hypostates à Ja suite les unes des autres, tandis que chez le fagus castanea il n’y en a qu'une seule; 20. que chez le premier, le tegmen embryotrophe est plus développé que l’hypostate également embryotrophe qui est située à sa partie inférieure, tandis que chez le second le tegmen membraniforme est de beaucoup inférieur en déve- loppement à l’hypostate embryotrophe. Le tegmen membraniforme de-l’embryon du fagus cas- tanea est rompu de très-bonne heure par le développement des cotylédons, qui, comme je l’ai dits se glissent entre l’en- , veloppe extérieure de lovule etle périsperme : ce tegmenmi- croscopique ne tarde point à disparoitre après sa rupture; de sorte que l'enveloppe extérieure de l’ovule devient l'enve- loppe immédiate de l'embryon. D’après ces observations, nous voyons que l'embryon du fagus castanea possède les enveloppes suivantes : 10, Un tegmen membraniforme ayant pour annexe une hypostate embryotrophe qui. forme le périsperme. : 20, Un énéilême membraniforme qui est la tunique exté- rieure de l’ovule. - Gette observation nous prouve que pour connoître d’une manière! exacte le nombre et lanature desenveloppes de l’em- bryon, il faut les observer dans l’ovule, et à une époque rap- prochée de la fécondation autant que cela se peut: faire. On DES VÉGÉTAUX. 261 ne peut acquérir que des notions fausses ou incomplètes sur cet objet, lorsqu'on se borne à étudier les graines parvenues à leur maturité. Ainsi l’on ignoroit, avant mes observations, que l'embryon du fagus castanea eût un périsperme. Dans la famille des antentacées, à laquelle ce végétal appartient, la graine passe pour en être dépourvue. On ne connoissoit que l’enveloppe extérieure de l’ovule que l’on considéroit comme un tegmen, tandis que dans le fait c’est une seconde tunique, ou un énéilème. Le véritable tegmen n’a qu’une existence de peu de durée, de sorte que lors de la maturité de la graine l'embryon est immédiatement subjacent à l’énéi- 1ème 2 = L’ovule du yuglans regia offre, comme celui du fagus castanea , un embryon extérieur à un périsperme creux dont le tissu est d’une extrème délicatesse. Je pense que cette dis- position provient d’une organisation pareille à celle que nous venons d'observer. Sa Vio..18 Of oes sur la graine de Galium aparine ( famille des Rubiacées ). Le fruit du galium aparine est une diérésile ( Mirbel) composée de deux coques indéhiscentes qui contiennent cha- cune un embryon. Ces coques hérissées de poils en dehors, sont les péricarpes des graines; au dessous se trouve le péris- perme d'apparence cornée, représentant un sac convexe d’un côté et concave de l’autre. L’embryon est situé dans la cavité de ce périsperme qui.est une véritable enveloppe séminale dont le parenchyme a pris une certaine consistance. Cest un 262 AGCROISSEMENT tegmen embryotrophe, lequel est ployé autour d’un placen- taire sphérique et de couleur verte. Lie tegmen embryotrophe u’adhère que par un seul point à ce placentaire; c’est son point d’insertion. La figure 22 représente cette graine com- plétement développée et coupée verticalement; & péricarpe hérissé de poils; #6 tegmen embryotrophe ou périsperme ; cplacentaire de couleur verte ; d hile ou point d’insertion du teemen embryotrophe ou placentaire; f embryon contenu däns la cavité du tegmen embryotrophe et dont la radicule est inverse, puisqu'elle est tournée vers le point diamétrale- ment opposé au point d'insertion du tegmen. Si l’on observe cette graine peu de temps après la floraison on voit que le tegmen embryotrophe n’enveloppe point encore compléte- ment le placéntaire. La figure 21 représente cette disposition. Dans cette figure et dans la figure 22 les mêmes lettres indi- quent les mêmes objets. Ainsi l’enveloppement du placen- taire par le périsperme n’est point originaire; il s’opère sous les yeux de l'observateur, et c’est dans cette circonstance qu’il est facile de voir que ce périsperme est une enveloppe sémi- nale à parois épaisses; en un mot un véritable tegmen em- bryotrophe. Dans les premiers temps il n'existe aucune adhé- reniée entre le tegmen embryotrophe et le placentaire, si ce n'est au: point d qui est le hile; mais lors de la maturité de la graine il s’établit entre ces deux parties une adhérence com- plète, il n’est plus possible de les séparer. La même adhérence s'établit entre le tegmen embryotrophe et le péricarpe. Ces observations vont nous servir: à expliquer quelques points obscurs de l'organisation de la graine des atriplicées et des nyctaginées.: JM DES VÉGÉTAUX. . G 263 S VI. Observations sur la graine du Spinacia oleracea ( famvlle des Atriplicées. ) La graine du spinacia oleracea est renfermée dans une induvie formée par le calice endurci. Au-dessous se trouve le péricarpe membraneux auquel aboutissent les styles. L’em- bryon filiforme est ployé en cercle autour d’un périsperme discoïde central et de nature farineuse. L’embryon est ma- nifestement extérieur au périsperme. Voilà tout ce que l’on voit sur la graine parvenue à sa maturité. Si l’on veut acquérir des notions plus étendues et plus certaines sur son organisation, il faut l’'étudier à une époque rapprochée de celle de la floraison. L’embryon du spiracia oleracea n’entoure point origi- nairement le périsperme, on le voit paroître comme une mo- lécule blanchâtre dans l'endroit qu’occupe l'extrémité de la radicule dans la graine parvenue à sa maturité. Cet embryon possède un tegmen tubuleux qui préexiste à son développe- ment et qui est ployé en cercle autour du périsperme. L’em- bryon contraint de se développer dans ce tegmen annulaire ; prend lui-même cette forme qu’il ne possédoit point dans le principe. La figure 23 représente la coupe de la graine en question, pratiquée dans le sens de sa largeur, et de manière à diviser dans toute sa longueur le tegmen annulaire de l’em- bryon. La figure 24 représente la coupe de cette même graine pratiquée: dans le sens de son épaisseur, et de manière à di- viser transversalement le tegmen et l’embryon'qu'il contient. 2 264 A ACGCROISSEMENT Daus cette dernière figure, on voit en a l’induvie ouverte à son sommet pour livrer passage aux styles; on voit en b le péricarpe membraneux au sommet duquel les styles sont in- sérés ; d'est le périsperme; c est la cavité du tegmen. Cette enveloppe séminale n’est pas très-facile à apercevoir, parce qu’elle est intimement adhérente d’une part au périsperme, et de l’autre part au péricarpe. Ce n’est que dans l'endroit où le tegmen se réfléchit du périsperme sur le péricarpe que l’on peut constater son existence indépendante. On voit de cette manière qu'il forme une cavité en forme de tube dont les parois sont parfaitement distinctes de la paroi externe du périsperme et de la paroi interne du péricarpe. Revenons ac- tuellement à la figure 23, qui représente la coupe de la graine dans le sens de sa largeur. Nous y voyons en a l’induvie; en b le péricarpe membraneux et fort mince intimement con- fondu avec le tegmen; en © la’ paroi externe du périsperme intimement confondue avec le tegmen; en g l'embryon fili- forme qui n’occupe encore qu'une partie de la cavité de son tegmen annulaire ; en d le périsperme. Les vaisseaux qui arri- vent du pédoncule pénètrent en partie dansle périsperme et en partie dans le tegmen au point f, de sorte que ce point fest véritablement le point d'insertion du tegmen, ou le hile, le- quel se trouve ainsi situé à la base du périsperme; ce dernier, par conséquent, est un placentaire parfaitement semblable quant à sa forme et à sa position au placentaire du galium apartre. \ suflit en effet de jeter les yeux sur la figure 22 qui représente la coupe verticale de la graine du galüun apärine et de comparer le placentaire c de cette graine avec le péris- perme d ( fig. 23) de la graine du spénacia oleracea , pour DES VÉGÉTAUX. 265 se convaincre de l'identité de ces deux organes. Leur forme et leur disposition sont les mêmes: tous les deux recoivent l'in sertion du tegmen, et ce point d'insertion, qui est le hile , est situé exactement de la même manière dans ces deux graines, chez lesquelles le tegmen est de même ployé circulairement autour de l’organe dont il s’agit. On ne peut donc se refuser à reconnoiître l’analogie qui existe entre leplacentaire du galium aparine et le périsperme du spiracia oleracea. C'est évidémment le même organe qui, chez les deux végétaux en question, diffère en cela seul, que chez le galium aparine il consiste dans un parenchyme de couleur verte , tan- dis que chez le spiracia oleracea il est composé d’un pa- renchyme farineux. Ainsi le périsperme du spznacta oleracea est véritablement un placentaire embryotrophe. Chez le ga- liurn aparine le placentaire est simplement parenchymateux et le tegmen est embryotrophe ; chez le spznactia oleracea le placentaire est embryotrophe et le tegmen simplement mem- braniforme; à cela près, l’organisation de ces deux graines est exactement la même. Au reste j'ai observé que chez le spinacia oleracea, comme chez le galium apartine , la radi- cule est inverse; sa pointe est dirigée vers le point du tegmen diamétralement opposé à celui de son insertion qui est le hile; ce fait est en contradiction avec l’assertion émise par M. Mir- bel que chez les Atriplicées la radicule'est adverse. Ném. du Muséum. oi 34 266 ACCROISSEMENT $S VIL. Observations sur la graine du Mirabilis jalappa ( ae à des N' 7'ctaginées . La graine du 7#érabilis jalappa offre un embryon péri- phérique, c’est-à-dire, qui enveloppe le Do auquel il est complétement extérieur. Cet embryon n’a point d’en- veloppes séminales propres; il est immédiatement recouvert par les parois de Vovaire , lequel est renfermé dans une in- duvie formée par la base endurcie de la corolle. Voilà ce qu’on observe dans la graine mûre ou voisine de sa maturité ; mais’ si l’on remonte, par l'observation, aux premiers mo- mens où l'embryon commmence à se montrer, les choses ne sont plus les mêmes. On voit alors que l embryon n’est point originairement périphérique, et qu'il possède dans le principe un tegmen recouvert par un péricarpe très-facile à observer. Pour être témoin de ces faits, il faut prendre un ovule ‘qui ait à peine deux millimètres de longueur. Cette observation, qui est fort délicate, doit être faite au moyen de la dissec- tion dans Peau et avec une bonne loupe. L'ovaire du z1rabr- “Lis jalappa ne remplit point dans l’origine toute la cavité que : forme l'induvie a (fig. 25). Cet ovaire, extrêmement petit, est composé d’un péricarpe carcérulaire à qui porte le stile et que l’on enlève avec facilité de dessus le tegmen d, auquel il n’est point adhérent. Cette carcérule (Mirbel) présente , sur deux de ses côtés diamétralement opposés, une ligne qui s'étend de sa base à son sommet et qui semble la partager en DES VÉGÉrAuUx. 267 deux. Cette division cependant n’existe point dans l’intérieur de lagraine, mais la ligne dont il s'agit est l'indice de la di- rection d'un canal courbé dans lequel l'embryon est contenu dans le principe. Si-donc on. veut voir l'embryon. lors de sa première apparition, il: faut fendre l'ovaire avec précaution selon la ‘direction de la ligne que je viens d'indiquer; de cette manière :on met à découvert et l'embryon et le canal circulaire à la partie inférieure duquel il est logé. On voit que ce canal tubuleux, dans une portion de son étendue, offre une disposition à peu près semblable à.celle que nous avons observée dans le tegmen del’embryon du spinacia oleracea. Il entoure de même le périsperme qui occupe le centre de la graine; mais ici l’existence isolée du tegmen est plus facile à constater, parce que cette enveloppe n’est point, dans l’ori- gine , confondue par adhérence avec le péricarpe, comme cela a lieu chez lespinacia oleracea , bien qu’ellesoit ,comme chez cedernier, confondue par-adhérence avec le périsperme. Chez Île 7nirabilis jglappa , le tegmen n’est disposé en forme de tube que dans sa partie qui s'étend depuis Le point g, où naît l'embryon, jusqu’au sommet de l’ovule; dans lle reste de son étendue il-s’évase, et ses parois correspondent à la surface toute entière du périsperme. La figure 25 repré- sente la coupe verticale de la graïne du rrabilis jalappa , coupe pratiquée suivant la direction de la ligne qu’offre exté- rieurement la carcérule. On voit en a, l’induvie; en 6 la car- cérule que surmonte le style; en cle périsperme central; en d la cavité du tegmen, lequel est confondu par adhérence intime avec le périsperme, mais qui est isolé de la carcérule qui le recouvre; l’embrvon g, représenté considérablement 34” 268 AÂAGCROISSEMENT grossi dans la figure 26, naït dans la portion tubuleuse du tegmen qui se prolonge un peu au-dessous de l’origine du périsperme. Il suflit de comparer cette figure à la figure 23 pour se convaincre de l’analogie qui existe entre l’organisation de la graine du 7urabrlis jalappa et celle de la graine du spi: nacta oleracea; par conséquent, chez l’une comme chez l’au- tre, nous devons reconnoître , que le périspermecentral n’est autré chose qu’un placentaire farineux. Dans la graine du spinacia oleracea ; Vembryon filiforme se développe dans l'intérieur de son tegmen tubuleux et circulaire; dans la graine durirabilis jalappa , l'embryon de forme allongée tant qu’il est contenu dans la portion tubuleuse de son tegmen, déve- loppe de larges cotylédons lorsqu'il atteint la portion élargie de ce même tegmen. Ces cotylédons envahissent toute la pé- riphérie du périsperme, ou plutôt du placentaire embryotro- phe , restant toujours subjacent à la paroi supérieure du teg- men, et séparés indubitablement du placentaire embryotro- phe par la paroi inférieure de ce mêmegtegmen. Cette paroi inférieure ne jouit point, il est vrai, d’une existence isolée; elle est intimement adhérente au placentaire embryotrophe dont on pourroit croire qu'elle est l'enveloppe propre. Ge n’est . que dans sa portion tubuleuse que le tegmen laisse voir avec facilité la continuité de la paroi supérieure avec sa paroi infé- rieure ; il suflit de l’apercevoir dans cet endroit pour con- clure qu'elle existe dans le reste de son étendue et pour pou- voir affirmer, ‘sans crainte d’erreur, que la membrane extré- mement délicate qui revêt extérieurement le placentaire em- bryotrophe est là paroi ou la portion inférieure du tegmen de l'embryon. Lorsque l'embryon est complétement développé DES VÉGÉTAUX. 26a 9 dans l’intérieur de la graine, la portion tubuleuse du tegmen qui, dans le principe, contenoit l'embryon tout entier, se trouve entièrement occupée par la radicule. Ainsi il est prouvé par l’observation que le périsperme cen- tral de la graine des Nyctaginées est un pla centaire embryo- trophe semblable à celui de la graine des Atriplicées et analo- gue au placentaire central mais non embryotrophe (1) de la graine des Rubiacées. Il est également prouvé que l'embryon du 7érabilis jalappa possède une enveloppe séminale pro- pre, et qu'il n’est point immédiatement recouvert par les pa- rois de l’ovaire , ainsi que l’a dit M. Mirbel. Ce savant bota- niste a prétendu de même que l'embryon de lAvicennrA étoit dépourvu d’enveloppe séminale propre. M. Auguste de Saint-Hilaire , qui a été à mème d’étudier le développement de l'embryon de l'avicennia dans l'ovaire, a vu que cet em- bryon possède, dans l’origine, un tégument propre qui est rompu de:bonne heure par le développement des cotylé- dons (2). Ces faits prouvent combien sont incomplètes les ob- servations des carpologistes qui, comme Gærtner, se sont bornés à étudier les graines vers l’époque de leur maturité. C’est probablement la position périphérique de l'embryon . du »urabilis jalappa qui a contribué, avec d’autres faits du (1) On trouvera peut-être extraordinaire que je dise qu’un placentaire n’est pas embryotrophe; ce qui semble signifier qu’il ne seroit pas destiné à transmettre la nourriture à l'embryon: cela seroit effectivement absurde; mais on ne doit pas perdre de vue que je désigne par l’adjectif embryotrophe l’état farineux, mu cilagineux , corné, etc. que prennent certains organes de la graine pour former ce que l’on appelle généralement le périsperme. (2) Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle , t. IV. 270 ACCROISSEM ENT mème genre, à faire croire à M. Mirbel que le péfisperme pouvoit s'organiser, pour la formation de l'embryon, en:com- mençant quelquefois par la circonférence. L'observation que je viens de rapporter prouve suffisamment combien cette hy- pothèse est dépourvue de fondement. L’embryon apparoît tout formé sous l'apparence d’une molécule blanchâtre, et cette première äpparition à lieu dans l’endroitqu’occupera dans la suite la pointe de la radicule. C’est par le fait de son déve- loppement qu’il envahit toute la périphérie du périsperme ou plutôt du placentaire embryotrophe. S VII. Observations sur la graine de l'Evonymus Europæus ( farmille des Rhamnées ). Les ovules de l’'evorymus Europæus ne sont point aper- cevables dans l'ovaire avant la floraison. C’est quelque temps après cette époque qu'on commence à les voir. La graine de cet arbrisseau est arillée, comme on sait. C’est principale- ment pour voir l’origine de cette membrane que j'ai fait les observations suivantes. L’arille n’enveloppe point originairement la graine de l’e- ponymus Europæœus. Ce n’est que près de deux mois après la floraison, lorsque la graine a déjà acquis un certain déve- loppement, que l’arille commence à se manifester. On le voit naître au pourtour de l'insertion de l’ovule au péricarpe , sous la forme d’une expansion circulaire et de couleur verte. Cette expansion membraniforme tend, par son accroissement pro- DES VÉGÉTAUX. 27 gressif, à couvrir toute la périphérie de l’ovule qu’elle enve- loppe. Arrivée au sommet de ce dernier, les bords de l’ex- pansion membraneuse deviennent contigus, mais sans con- tracter d’adhérence, en sorte que l’arille n’est point fermé au sommet de l’ovule; mais ses bords sont juxtaposés et plissés comme ceux de l’ouverture d’une bourse. À une époque plus voisine de la maturité de la graine, l’arille prend une couleur orangée : alors il est facile de voir que ce n’est point une membrane simple , l'est composé de deux membranes juxta- posées et lâchement unies par du tissu cellulaire. Lamembrane extérieure se réfléchit au sommet de lovule, à l'endroit de l'ouverture de l’arille ; et là elle se continue avec la membrane intérieure. L’ovule se trouve ainsi couvert d’une double coiffe dans laquelle il n’est point hermétiquement renfermé et qu'il ne possédoit point dans l’origine. L’enveloppe séminale que recouvre immédiatement l’arille est blanche dans le principe; elle acquiert une couleur rouge lors de la maturité du fruit. Une râphe est située dans l’épais- seur de ses parois: cette râphe aboutit à un hile interne, le- quel transmet l'extrémité du funicule à l’enveloppe immédiate de l'embryon, c’est-à-dire au tegmen embryotrophe qui est le périsperme. Ce tegmen embryotrophe est composé d’un parenchyme amylacé compris entre deux épidermes d’une extrême ténuité. L’embryon est vert dès son origine; sa ra- dicule est inverse : elle est tournée vers le point diamétrale- ment opposé à celui de l'insertion du tegmen embryotrophe; point qui est celui auquel aboutit la dernière extrémité du funicule. D’après ces observations, l'embryon de levorymus Europœus possède originairement deux enveloppes sémina- 353 i ACCROISSEMENT les auxquelles se joint en dehors une troisième enveloppe accidentelle; savoir : 10. un tegmen embryotrophe; 2°. un énéilêème membraniforme ; 30. un arille. Le tegmen embryo- trophe et l’énéilême contractent une adhérence intime à une époque voisine de la maturité du fruit. Pour voir ces mem- branes bien distinctes il faut les observer vers le milieu du mois d'août. La figure 30 représente cette graine observée à cette époque : & embryon ; à tegmen embryotrophe ou péris- perme; c énéilême. On voit la râphe située dans l’épaisseur de ses parois. Cette râphe commence au hile externe e et abou- ut au hile interne d. L’arille foffre en g l'ouverture de son sommet où l’on voit la continuation de sa membrane externe avec sa membrane interne. On a fait ici abstraction du péri- carpe. D’après cette observation, on peut reconnoître à l’a- rille, pour caractère propreet spécifique, d’être une expansion qui envahit en tout ou en partie la périphérie de la graine, à une époque plus ou moins éloignée de celle de la première apparition de l’ovule. Par conséquent, toute membrane qui enveloppe originairement la graine n’est point un arille. Linné a donné pour caractère à cette enveloppe d’être une tunique extérieure qui se détache spontanément de la graine, #wica propria exterior seminis sponte secedens (1), mais ce carac- tère peut ne point appartenir exclusivement à l'enveloppe dont il s'agit. En effet, une enveloppe/séminale qui se rompt et qui se retire de dessus la surface de la graine, parce qu’elle ne-peutsuivre cette dernière dans son développement, n’est point pour cela un arille; il faudroit pourémettre uneopinion "1 E ï £ (1) Bbilosophia bétanica. h2rre ie ui ais o 5h: + . i DES VÉGÉTAUX. 273 certaine à cet égard, remonter à l’origine de cette membrane et voir si elle enveloppoit originairement la graine, ou bien si elle en a envahi la périphérie; on voit, d’après cela, qu'il y a encore beaucoup à faire pour la détermination exacte des graines qui possèdent véritablement un arille ; car les botanis- tes en ont jusqu'ici admis l'existence sur des caractères vagues et incertains. | Quel est l'organe dont le développement forme l’arille? Quelques botanistes pensent que cette enveloppe est due au développement d’une caroncule; d’autres pensent qu’elle provient d’un développement du funicule, ce qui est à peu près la mème chose. Moi-même, j'ai émis il Y a quelques années, l'opinion que l'arille est une extension de l’enve- Jloppe séminale qui lui est immédiatement subjacente (1). L'opinion qui me paroît aujourd’hui le plus conforme à l'ob- servation est que l’arille est une extension de la partie exté- rieure ou de l'enveloppe corticale du funicule. S IX. Observations sur la graine du Nymphea lutea ( famille des - Nymphéacées). Les ovules du 7ymphea lutea sont apercevables dans l’o- vaire avant la floraison. Ce n’est que lorsqu'ils ont acquis un certain développement qu'il est possible de voir les parties dont ils sont composés. L'ovule du zyrnphea ( fig. 31) offre à l'extérieur une en- veloppe lisse et fort dure f, dans les parois de laquelle ilexiste 1) Journal de Physique, t. XC, Fi 207. Mém. du Muséum. t. 8. 35 274 AGGROISSEMENT une râphe ou prolongement de funiculeg, qui aboutit au sommet dde l’ovule, Au dessous de cette enveloppe extérieure se trouve une seconde enveloppe membraniforme c, laquelle renferme à la fois l'embryon &z et le périsperme 6. L’embryon paroît extérieur au périsperme. Ce dernier a la forme d’un sac aplati dont les parois intérieures À sont en contact. Sa cavité est ouverte du côté qui correspond à l'embryon. Cette disposition , qui est entièrement semblable à celle qu’affecte dans le principe le tegmen embryotrophe de l'embryon de l'arnygdalus , ne permet point de douter que le périsperme du 2ymphea ne soit de même un tegmen embryotrophe dont la partie supérieure a disparu, et dont la cavité entière n'a point été envahie par l'embryon, Ce dernier n’a point non plus absorbé, pour sa nutrition, toute la substance nutritive de ce tegmen embryotrophé. Parvenu à la maturité, l'embryon du 72ymphea en est resté, à cet égard, au même degré où se trouve l'embryon de l’ariygdalus dans le commencement de son développement. C’est ici l’un de ces cas où l'embryon paroît extérieur au périsperme, parce que ce dernier est la portion embryotrophe d’un tegmen dont la portion membra- _niforme a disparu. Ainsi, l'enveloppe membraneuse qui re- couvre ce tegmen embryotrophe est un énéilême ; et l’enve- loppe osseuse quirevêt extérieurement l’ovule est une lorique. Outre les enveloppes.que nous venons de passer en revue, l'embryon du #ymphea lutea semble en posséder une autre qui le revêt immédiatement. Cette enveloppe que lon voit en.@ (fig. 31 ) recouvre immédiatement et renferme herméti- quement deux feuilles rudimentaires d’inégale grandeur z. M. Decandolle (1) considère ces deux feuilles rudimentaires pes VÉGÉTAUX. 275 comme deux cotylédons. Selon lui l'organe & qui les recou- vreestune ezveloppepropre. Gærtner, au contraire, regarde cet organe comme un cotylédon unique. M. Mirbel, dans l'exposition qu'il fait de l'organisation de la graine du z7ym- phea (2), donne le nom d’appendice radiculaire sacel- lLiforme à l'organe que Gærtner considère comme un co- tylédon et M. Decandolle comme une enveloppe propre. Ce conflit d'opinions prouve que le fait en question a be- soin de nouvelles observations pour être complétement éclairci. Cela m'a engagé à étudier , avec beaucoup de soin, l'embryon du #ymphea. J'ai vu que l'organe a ( fig. 3r } est lié organiquement avec le collet de la plantule qu’il recouvre. Cet organe n’est donc point une enveloppe séminale, comme le prétend M. Decandolle. C’est un véritable cotylédon pi- léolaire. Le nom d’'appendice radiculaire sacelliforme que lui donne M. Mirbel, d’après la théorie ‘de MM. Correa de Serra et Richard, ne peut lui convenir; car cet organe n’a rien de commun avec la radicule. Celle-ci, pendant son dé- veloppement dans l’ovaire, perce une coléorhize dont la ca- vité ne communique point avec celle du cotylédon. La figure 32 représente l'embryon du zymphea dans son entier;:on voit en @ la radicule qui est coléorhizée. Le cotylédon 6 est parfaitement clos de toutes parts, et sa cavité, je le répète, ne communique point avec celle.de la coléorhize. Les deux cotylédons prétendus z ( fig. 31 ): sont les deux premières feuilles de la: plumule. Ce cotylédon pé/éolarre est déchiré, V'ESN EROR EN ESS NES ES Co {1} Bulletin des Sciences par la Société philomatique, t. III, n°. 53. (2) Élémens de Physiologie végétale et'de Botanique. 30 276 ACCROISSEMENT lors de la germination, par le développement de la plumule qui produit à la base de ses premières feuilles les racines ad- ventives qui fixent la plante au sol, car la radicule est zzerte ; elle meurt à l’état de simple mammelon radiculaire, ainsi que nous avons déjà eu occasion de le noter plus haut, en traitant de l’origine des racines du zymphea lutea. Ces ob- servations fixent définitivement dans la classe des monocotylés le zymphea; que l’organisation de sa tige ne-permet point d’ailleurs de placer hors de cette classe. Cette observation nous offre la confirmation de deux faits déjà observés plus haut; savoir: 1°. que la radicule perce quelquefois sa coléorhize pendant le développement de l’em- bryon dans l'ovaire; 20, que les cotylédons naissent, comme certaines feuilles, de la scissure d’une piléole. Ici, en effet, la feuille cotylédonaire est dans le principe une piléole qui recouvre et renferme complétement la plumule. M. Dupetit Thouars a déjà fait connoître un fait semblable (1); il a vu que l'embryon du rhyzophora mangle possède un corps cotylédonaire semblable à un bonnet phrygien dans lequel la plumule est complétement renfermée. On pourroit croire que cette disposition provient de ce que les cotylédons isolés dans le principe se seroïent entregreffés, comme cela a lieu par exemple chez l'embryon du #ropæolum majus ; maisil est à observer que, chez ce dernier, les cotylédons, en se soudant par leurs faces contiguës, ne forment point par leur réunion une piléole dans laquelle la plumule soit renfermée, comme elle l’est dans le corps cotylédonaire du r*yzophora (1) Journal de Botanique, t. II, p. 27. DES VÉGÉTAUX. A LU mangle. 1] me paroït donc indubitable que l'embryon de ce végétal possède un cotylédon piléolaire, comme l'embryon du zymphea lutea et même comme celui du pisum satipur. En effet, nous avons observé plus haut que les deux cotylé- dons de l'embryon du prsum sativum naissent de la scissure en deux parties d’une calotte ou piléole dans laquelle la plu- mule se trouve contenue. Ces faits prouvent que les cotylé- dons sont, dans le principe, des piléoles qui sont divisées par aue seule scissure latérale chez les monocotylés , d’où résulte une feuille cotylédonaire unique, et qui, chez les dicotylés, sont partagées par deux scissures opposées en deux feuilles cotylédonaires. L'observation que nous venons de faire nous a prouvé que, chez le zymphea, Vorgane appelé appendice radiculaire sacelliforme par M. Mirbel, est véritablement le corps co- tylédonaire lui-même; plusieurs autres observations m’auto- risent à penser que l'embryon végétal ne possède jamais, dans le principe, d’autres appendices que ses cotylédons, d’autres parties principales que sa plumule et sa radicule. Ainsi les appendices radiculaires sont tantôt des corps coty- lédonaires méconnus pour tels, tantôt des appendices d’en- xeloppe séminale. Par exemple, dans l'observation rapportée plus haut sur la graine du pisum sativum , on prendroit in- dubitablement l’hypostate à (fig. 27 et 28) pour un appen- dice de la radicule, si une observation fort attentive ne faisoit apercevoir le tegmen presque invisible qui est appliqué et collé sur l'embryon; tegmen dont cette hypostate est un appendice. Il en est très-probablement de même de l’appen- dice radiculaire attribué à l'embryon du cycas par M. Mirbel. 278 ACCROISSEMENT 77,1] x. Observations sur la graine du seigle (Secale cereale, fa- mille des Graminées.) MM. Richard et Decandolle donnent au fruit des Grami- nées le nom de cartopse; M. Mirbel lui donne celui de cé- rion. Tous regardent comme un des caractères de ce fruit de posséder un péricarpe fortement adhérent aux tégumens propres de la graine. Les observations que nous allons rap- porter infirment cette assertion; elles nous feront voir que la graine des Graminées est renfermée dans un péricarpe qui diparoit de bonne heure, et que l'enveloppe indéhiscente qui recouvre immédiatement cette graine lors de sa maturité, et qui est ordinairement colorée, n'est point un péricarpe, comme on le pense généralement, mais bien une enveloppe séminale propre. L’ovaire du seigle, cinq jours après la floraison, offre à’ l'observation un péricarpe composé d’un parenchyme blanc et surmonté par les deux styles. Dans son intérieur on aper- coit déjà les rudimens de l’ovule. La figure 33 représente la coupe verticale de cetovaire, pratiquée dans le sens du: sillon longitudinal qu'il possède. & péricarpe parenchymateux por- tant les styles dont on ne voit ici qu'un seul; # ovule dont l’enveloppeest de couleur verte; c repli longitudinal de cette enveloppe verte; d cavité située au centre de l’ovule. Dix jours après la floraison, on commence à apercevoir le périsperme, qui offre une cavité dans son centre. La figure 34 représente la coupe longitudinale de l'ovaire à DES VÉGÉTAUX. 279 cette époque. a péricarpe parenchymateux ; à enveloppe ex- térieure de l’ovule, laquelle est de couleur verte; c repli de cette enveloppe; f périsperme qui paroît tapisser l'intérieur de cette enveloppe; d cavité située au centre du périsperme. Vers le vingtième jour après la floraison, le péricarpe paren- chymateux se trouve réduit à ne plus être qu'une enveloppe membraniforme transparente et d’une extrême minceur ; alors la cavité intérieure du périsperme a complétement dis- paru, et l’on découvre que l'embryon est situé dans une pe- tite cavité particulière située vers la base du périsperme. La fig. 35 représente l’ovaire du seigle coupé dans le sens de son sillon longitudinal; pour plus de clarté, on a enlevé le repli e (fig. 34) que forment les enveloppes séminales en s’enfon- çant dans le sillon longitudinal de la graine. Dans la fig. 35, on voit en a le péricarpe devenu membraniforme; en à l’en- veloppe extérieure de l’ovule, laquelle est de couleur verte ; en c une seconde enveloppe extrêmement mince et diaphane; en d le périsperme , qui n'offre plus de cavité dans son centre; en z l'embryon contenu dans une cavité particulière et recouvert immédiatement par une enveloppe f qui est le tegmen. L’embryon est situé dans le voisinage du point d'insertion de la graine; il correspond à une petite saillie en forme de pointe dont on a beaucoup éxagéré la grosseur proportionnelle dans la fig. 35, afin de mieux faire aperce- voir la position respective des parties. Il résulte de ces observations que l’embryon du seigle est recouvert par trois enveloppes séminales et par un péricarpe. L’enveloppe immédiate de l'embryon est un tegmen; celle qui recouvre immédiatement le tegmien et le périsperme est 280 ACCROISSEMENT un énéilême ; l'enveloppe de couleur verte qui revêt ce der- nier est une lorique; c’est l'enveloppe séminale la plus exté- rieure ; elle ne tarde pas à perdre sa couleur verte et à de- venir jaunâtre et enfin brune. Le péricarpe membraniforme qui recouvre la graine s’exfolie lors de la maturité. Il reste à déterminer quelle est la nature du périsperme. Cet organe, auquel l'embryon est extérieur, est creux dans le principe, et il fait suite au tegmen. Ces caractères sont les caractères distinctifs de l’organe que j’ai nommé *ypostate ; ainsi le périsperme de la graine des Graminées est une /)- postate embryotrophe semblable à celle qui constitue le périsperme du fagus castanea (fig. 19). Après le vingt-cinquième jour qui suit la floraison, le teg- men disparoit par l’adhérence qu'il contracte avec l’énéilème. Ce dernier ne tarde point non plus à devenir adhérent d’une part à l’hypostate embryotrophe et de l’autre à la lorique. : Après avoir déterminé le nombre des enveloppes séminales et la nature du périsperme dans la graine du seigle, il nous reste à suivre l'embryon dans les diverses phases de son déve- loppement. T’embryon du seigle commence à paroître vers le trei- zième jour après la floraison. À cette époque il est pyriforme, comme on le voit figure 36; sa pointe tournée en bas estévi- demment adhérente au point du tegmen auquel elle corres- pond. Vers le quinzième jour l'embryon se présente sous la forme représentée par la figure 37; il n’est plus exactement pyriforme. Un de ses côtés à est plus bombé que le côté opposé sur lequel on remarque une fente longitudinale a. Il est adhérent au tegmen par sa pointe qui n’est point la radi- DES VÉGÉTAUX. 287 eule, comme on pourroiït le penser au premier abord. Les -jours suivans l'ouverture & s'agrandit et donne issue à.la plu- mule qui se trouvoit renfermée complétement dans l'intérieur du corps ?, lequel est une véritable piléole qui par sa scissure latérale et son développement devient une véritable feuille cotylédonaire engainante, comme on le voit dans la figure 38. a plumule; à feuille cotylédonaire vue obliquement par derrière ; elle se termine inférieurement parune protubérance arrondie 0. On voit alors que la pointe d'par laquelle l’em- bryon est adhérent au tegmen n’est point celle de la radi- cule. Comme le corps conique qu’elle termine-est transparent on voit dans son intérieur,une cloison transversale g. Ce corps conique transparent fait suite, à la radicule qui est opaque et dont la pointe fort obtuse se voit en 6. Ainsi l'embryon se trouve organiquement uni avec le tegmen au moyen d’un corps qui est continu avec la radicule, Cet état de l'embryon peut s’observer du vingtième au trentième jour après la flo- raison. Vers le quarantième jour la forme de l'embryon est telle qu’elle est représentée par la figure 39. La feuille coty- lédonaire est devenue scutelliforme par le développement particulier de la protubérance arrondie o ( fig. 38: ) qu’elle possédoit à sa base. à plumule; à cotylédon pourvu:sur sa face antérieure d’un repli saillant ; c radicule; 4 corps co- nique continu avec la radicule. La figure 19 IepESSpnte ce même embryon vu latéralement. Vers le quarante-cinquième jour après la floraison le scu- telle a pris un développement plus considérable par sa base qui se termine en pointe o ( fig. 41 ). On commence dans le même temps à apercevoir à la base et à la partie antérieure Mém. du Muséum. À. 8. 36 1982 A CCROISSE MENT de là plamule a ;unpetit corps cblong et arrondi: Ge corps est considéré:par MM. Poiteau et Turpin (1) comme un se- cond'cotylédon. Je penche assez vers cette opinion, tout en convenant cependant que le:mode d’origine de ce second cotylédon est loin d'être semblable à celui que présente le cotylédon seutelliforme, qui est dans le principe une feuille ‘engäînante et piléolaire. On peut considérer ce second coty- Jédon comme la seconde feuille de l'embryon qui seroit avor- -tée et à l’état rudimentaire. La feuille piléolaire qui recouvre la gemmule seroit la troisième feuille, ce qui expliqueroit pourquoi elle‘est tournée du même côté que le cotylédon scutelliforme. Au reste la naissance de ce second cotylédon est de beaucoup postérieure à la naissance: du premier dans l'intérieur duquel il'étoit renfermé avec/la plumule dans le principe. Ainsi l'embryon ‘est originairèement monocotylé. C'est par le progrès de sa végétation dans l’ovule qu’il déve- loppe l’organe que l’on peut considérer comme une seconde feuille cotylédonaire. A l’époque qui nous occupe le corps conique d qui fait suite à la radicule c est devenu extrêmement petit; on ne voit plus l’adhérence de sa pointe au tegmen. Vers lecinquante-cinquième jour après la floraison la graine du seigle se troûve voisine de sa maturité. Alors le corps-co- “nique qui faisoit suite à la radicule a disparu et l'embryon a la forme représentée par la figure 42. à plumulé; Zcotylédon scutelliforme ; à second cotylédon; c radicule masquée par sa coléorhize. | 1 résulte de ces observations : (1) Mémoireisur l'inflorescence-des Graminées. _ Des. Vécéraux. 283: ro. Que la-graine des:Graminées-est un ovule développé et dépouillé-detson, péricarpe, et que par conséquent: cette graine, n’est 'point-un. fruit auquel! on puisse donner lesinoms, de cariopse.ou de cérion d'après-le sens: rattaché) àices déno=: mipations:pat.leurs-auteursi 424 érunl 0 éexodbs fi: 20. Que le scutelle de; ne dés FREE est, comme!l’a. dit M: de Jussieu un wéritablé; cotylédon.et:qu'il. n'est point par-conséquent un-copsradiculaire, comme l’a pensé M. Richard, ni un; organe particulier aux, Graminées, ainsi, que le prétend.M. Gassini;(1) qui-regarde: le: seutellé| comme un gonflement.de, la; tige-et qui a cru devoir en con- séquence lui donner lenom de carnode. j 30. Enfin ‘que lembryon!.est, uni organiquement. avec le tegmen:et par-conséquent avec l'ovaire au moyen:d’uni corps: particulier qui, fait suite, à la radieule et qui s’en détache à: l'approche de la maturité. En me livrant à l'étude de la graine du seigle j'ai di jeter un coup d'œil surüne production dé la même plante, produc-. tion qui porte le nom d’ergos.et. qui est: trop connue. par. les effets délétères qu'elle. produit sur l’homme. Lies naturalistes sont divisés d'opinion sur la nature de:cette production qui, suivant l'opinion la plusgénérale; seroitidue à un développe- ment morbifique de Ja .graine :icependant M. Decandolle a prétendn que cette production:est un champignon du genre sclerotiumn, et. il.lui a. donné de nom de sclerotiumclarus. L'observation m'a prouvé que-lopinionide M; Decandolle est entièrement dépourvue de fondement. (1) Journal de Physique, novembre 1820. 36° 284 ACGCGROISSEMENT L’ergot représenté de grandeur naturelle dans la figure 43, est composé de deux parties différentes! par leur nature. Le corps de l’ergot à est dur, de couleur violacée à l'extérieur; il offre à l'intérieur une substance blanchätre d'apparence fa- rineuse ; il adhère à la plante par la partie inférieure c; son’ sommet est surmonté par une production molle et jaunâtre & dont l'odeur est fétide, et qui en se desséchant se — spontanément du corps de lergot. Si‘je me fasse borné à tude de l’ergot parvenu à sa matürité j'aurois été porté je l'avoue, à prendre cette partie & pour une sortè de champi- gnon: Je ne suis parvenu à des notions certaines sur sa nature, ainsi que sur celle du corps à de l'ergot, qu'en observant cette production avant que son développement l'ait fait sor- tir de l’intérieur des bales florales. C'est de cette manière que j'ai vu que lecorps à de l’ergotiest véritablement la gräine elle! même soumise à un développement morbifique: ét que la par- tie & qui récouvrele sommet du corps de l’ergot est engendrée par le développement morbifique de lapartie’ à (fig) B3iet 34) dü'péricarpe parenchÿmäteux qui enveloppe P ovulé dans le principe: Aussi trouvé-t-on ordinairement lés deux st ylési im- plantés au sommet de la partié a de l’ergot lorsqu’ il est en- core! rénfermé: dans l'intérieur des bales floralés: À cette épo- que Tergot possède encore la foriiie propré à la graine du sigle’, ibla perd plas tard et’ne consérÿe mêrné lé plus sou- vent'aucune trace du sillon longitudinal pr opré à kR LES étqu’il'offroit dans lé: PRE RAR RENE HELLO! OÙ SN VTTOUSP FCOCLSHOLIETE .os6 tordimoyon , oupieqiT sb fers DES VÉGÉTAUX. 285 SECTION V. Conclusion et réflexions. Les observations contenues dans ce mémoire peuvent con- duire à plusieurs résultats généraux qui sont, à mon avis, d’une grande importance pour la théorie de Ë vie; ellesjete- ront une lumière nouvelle sur les phénomènes de l’accroisse- ment et de la reproduction des végétaux. Nous avons Vu que les végétaux sont formés par l’associa- tion de deux systèmes; le système cortical et le système cen- tral. Cës deux systèmes sont composés de parties analogues, mais disposés en sens inverse; ils offrent l’un et l’autre une association divérsément combinée de fibres, de vaisseaux et de tissu céllulaire parenchymateux. J’ai donné à ce dernier le nom général de #1édulle. Aïnsi le parenchyme cortical est pour moi la médulle corticale, la moëlle devient la médulle centrale. La différence caractéristique qui existe entre la tige des môonocotylés et celle des dicotylés consisté en cela que chez les dicotylés la tige offre une rayonnance horizontale qui est totalement étrangère aux monocotylés. C’est de l'existence des rayons médullaires que paroït dériver l'accroïssement par: couches concentriques propres aux seuls dicotylés. L’accrois- sement chez tous les végétaux s’opère par la production de parties nouvelles qui prennent naissance au milieu des parties hisser développées. J’ai désigné ce phénomène gé- néral sous le nom de production médiane. Tel est en effet le résultat le plus général des observations qui ‘viennent d'être / 266. ACCROISSEMENT, exposées; toute espèce d'accroissement , soit du végétal con- sidéré dans son entier, soit des’ organes’extérieurs qu’il pos- sède, soit’enfin des organes élémentaires qui entrent dans sa composition, toute espèce d’accroissement, dis-je, s'opère dans des parties moyennes ou r1édianes.. Ainsi, la.distinction des végétaux en endogénes et en exogénesn existe point dans la nature; tous sont. essentiellement ezdogénes. Si, les dico: tylés ont été.considérés comme exogénes, c’est. qu'on n’avoit. pas suffisamment observé le mode de leur accroissement tant, en longueur qu’en diamètre, Ces végétaux sont indubitable- ment ezdogénes par le mode. de leur :élongation;, ils le sont: également par le mode de leur accroissement en diamètre. Chez eux l’accroissement du:système central est distinct de celui du système cortical; il se: forme simultanément : une couche: de liber et:une couche d’aubier. Cette formation a lieu par-une extension du tissu de chaque système ; extension qui s'opère par un développement: qui. a ‘son siége dans les parties moyennes des organes, par une véritable production médiane. Ainsi cet accroissement: ne.dépend, ni.de: l’épan- chement d’une substance organisatrice entre le bois et l’é-. corce, comme l'ont pensé Grew et Duhamel; ni d’une des- cente defibres émanées des bourgeons, comme le pense M. Du- petit Thouars. Les couches d’ aubier sont séparées les unes des autres par des couches de. médulle centrale pareilles. a, la. moëlle qui occupe le centre de la tige:et accompagnées cha- cune par un étui médullaire analogue à celui qui existe au pourtour dela moëlle.: Les couches de liber sont, séparées les unes des. autres par des couches de médulle corticale: pa- reilles à à Ra couche la plus extérieure de l’écorce qui porte le DES VÉGÉTAUX. 287 nom de parenchyme. Ainsi chaque production simultanée de liber et d’aubier est véritablement un végétal complet et nouveau, qui naît dans l'intervalle des deux systèmes corti- cal et central du végétal générateur, et résultat d’une vérita- ble production médiane. Au reste, j'ai fait voir que l’accrois- sement en diamètre par couches successives, lequel n’appar- tient qu'aux seuls dicotylés, ne devoit: point. être considéré comme .un phénomène inverse de celui de la production cen- trale de fibres qui a lieu d’une. manière. si évidente chez les monocotylés. Cette production centrale: ou z2édiane , étran- gère à l'accroissement en diamètre, n’opère que l’élongation de la tige et le phénomène à cet égard est exactement le «même chez les dicotylés; seulement il y est moins apparent. Ces végétaux comme les monocotylés opèrent l’élongation de leur tige par une production centrale ou médiane de fibres. Les tiges.et les racines n’offrent point à leur naissance des phénomènes exactement semblables. Ces productions diffé- rentes dans leur direction le sont également dans le mode de leur origine. La tige naissante émprunte.son système corti- cal à la partie extérieure de l’écorce de la tige mère. La ra- cine naissante prend son système cortical au-dessous de l'écorce de la tige ou-de:la racine-mère. De là vient quetoute racine est nécessairement coléorhizée. Si la coléorhize n’est pas toujours apercevable c’est qu’elle se soude de très-bonne heure avec l'écorce de la racine nais- -sante.-L’élongation terminale. ou gerrmaire.de.la racine s’o- père aumoyén dela rupture de:coléorhizes successives, en sorte que dans-le-bourgeon terminal des racines comme dans celui qui termine les tiges, les parties nouvelles sortent de 288 À CCROISSEMENT l'intérieur des anciennes. Ainsi il n’y a point de végétaux exorhizes. Toute racine est, sous le point de vue de son ori- gine comme sous celui du mode de son élongation, le résul- tat d’une production r2édiane et par conséquent #2térieure. Si la radicule de beaucoup d’embryons paroît dépourvue de coléorhize lors de la germination, il paroît que cela provient de ce que la radicule a percé sa première coléorhize pendant le développement de l'embryon dans la graine, et que cette coléorhize s’est confondue par adhérence avec la radicule. J'ai prouvé que les feuilles ont deux modes différens d’o- rigine ; tantôt elles naissent du développement des piléoles successives qui recouvrent la pointe du bourgeon, tantôt elles sont engendrées par un développement particulier d’un bourgeon situé dans l’aisselle des piléoles. Elles sont alors des rameaux métamorphosés. Cette observation a donné lieu à la distinction que j'ai faite des fewrlles piléolatres et des ‘feuilles ramules. L'élongation dans les tiges et dans les ra- cines s'opère suivant deux modes différens : l’élongation que j'ainommée gemnmaire consiste dans l'émersion successive des parties qui sortent les unes de l'intérieur des autres à la pointe du bourgeon ; l’élongation que j'ai nommée caulinaire consiste dans une production médiane de parties qui s’inter- posent aux anciennés et qui en les éloignant lés unes des au- ‘tres dans le sens de l’axe du végétal augmente ainsi sa lon- réseau plob opens Lip ado uess * En général chez les végétaux la nutrition est un accroisse- ment opéré dans l’intérieur des parties précédemment déve- loppées. Il n’y a point chez eux ce remplacement des’ mo- lécules anciennes par des molécules nouvelles, tel qu’on sup- DES VÉGÉTAUX. 289 pose qu'il existe chez les animaux. Le terme de l’accroisse- ment paroit être constamment le terme de la vie végétale. Crottre et vivre sont pourles végétaux deux mots synonymes. Cependant l'accroissement éprouve chez eux une suspension momentanée pendant le froid de l'hiver, sans que pour cela la mort proprement dite ait lieu; mais alors il ÿ a, pour ainsi dire , une mort temporaire ; le mouvement de la vie est sim- plement suspendu; il se renouvelle lors du retour des cir- constances favorables à son existence. Le végétal s'accroît sans cesse, soit par des productions extérieures,, soit dans Île tissu intime de ses parties. Le terme de l'accroissement en hauteur est fixé par le maximum de la distance qui peut exis- ter entre les bourgeons et les racines, d’après l’organisation propre à chaque végétal. Aussi est-ce par leur cime que les arbres commencent à mourir : dès que les bourgeons termi- naux cessent de pouvoir croître, les branches qui les portent meurent; car ce sont les bourgeons croissants qui y attirent les fluides. Aussi toutes les productions végétales qui sont dépourvues de bourgeons ou d’embryons en développement meurent assez promptement. Les vrilles ou mains de la vigne meurent lorsqu'elles sont parvenues au terme de l’accroisse- mentqu’ellessont susceptibles d'acquérir; la chüte des feuilles est déterminée par léur mort, et celle-ci paroît coïncider avec le terme de leur accroissement. Aussi voit-on beaucoup de feuilles tomber au milieu de l'été, et lorsqu'elles tombent presque toutes en automne, c’est moins le froid qui déter- mine leur chute que la cessation naturelle de la vie dont elles ont atteint le terme. Les feuilles des arbres résineux qui ré- sistent à l'influence de la saison rigoureuse ne tombent qu’au Mém. du Muséum. 1.8. 37 290 ACCROISSEMENT terme naturel de leur vie, qui est, je pense, le même que celui de leur accroissement. Au reste ce dernier, rapide dans le principe, devient ensuite d'une lenteur telle qu'il n’est plus possible d’en constater l'existence; mais je ne doute point qu'il ne continue d’avoir lieu jusqu’à la mort de la feuille. On sait que les ovaires meurent lorsqu'ils ne sont pas fécondés. C’est l'accroissement des embryons qui seul y attire lesfluides. - Les ovaires cessent encore de vivre et se détachent de la plante lorsque les embryons parvenus au terme de l’accrois- sement qu'ils sont susceptibles. de prendre dans la graine ont, par cela même, cessé de croître. Ces embryons cependant ne sont pasmorts, dans le sens ordinaire de ce:mot, mais chez eux le: mouvement vital est suspendu. La vie n'existe plus chez eux à proprement parler, car la vie n’existe point sans mouvement, mais leur disposition est telle que la vie peut renaître quand ils sont rendus. aux circonstances favorables à son existence. Cette suspension de la vie, chez les embryons séminaux, peut durer quelquefois un grand nombre d'années. Ce phénomène et celui de leur résurrection, peuvent, je crois, être comparés, avec justesse à ceux de la mort et de la résur- rection du rotifère et de certains autres animaux microsco- piques: On sait que la, vie chez les animaux se compose d’une, sé- rie non interrompue.de compositions et, de décompositions, qui. ont lieu: dans le tissu intime des: organes. C’est ce qui a fait penser aux. physiologistes que les molécules. anciennes étoient remplacées par des, molécules nouvelles ; phénomène. alternatif de soustraction et: d’addition dont l'assemblage forme la fonction de la nutrition. On se feroit, je crois, une DES VÉGÉTAUX. 201 idée bien fausse du mécanismé de cette fonction si l’on pen- soit que les molécules enlevées sont immédiatement rempla- cées par les molécules nouvelles, comme une pierre ôtée d’un édifice est remplacée par une autre pierre. Fa manière dont la nutrition s’opère chez les Végétaux nous fournit des- idées bien plus saines sur le mécanisme général de la nutri- tion. Chez les végétaux la nutrition est un accroissement opéré dans l'intérieur des parties élémentaires. On ne peut douter qu'il n’en soit de même chez les animaux. (C’est ici l’un de ces cas où une bonne philosophie permet de généraliser. Je pense donc que chez les animaux, comme chez les végétaux, la nutrition est un accroissement qui s'opère dans l’inté- rieur des parties élémentaires; chez les végétaux les parties élémentaires une fois formées restent constamment à leur place, elles ne sont point enlevées par l’absorption et portées au dehors; chez les animaux au contraire, les parties élé- mentaires qui se sont renouvelées par un accroissement opéré dans leur intérieur sont énlevées par l'absorption. Telle est, je pense, l’idée que l’on doit se faire de la nutrition chez les animaux. Vivre et croitre sont deux mots dont les idées me paroissent inséparables; cette assertion doit être vraie pour les animaux , comme elle l’est pour les végétaux. Aïnsi la vieillesse seroit la diminution de l’activité de cet accroissement qui à lieu dans le tissu intime des parties élémentaires et qui constitue la nutrition; la mort sénile seroit le terme naturel de cet accroïssement. Il résulte de mes observations sur les ovules des végétaux qu'il s’en faut beaucoup que ce l’on appelle le périsperme soit un organe partout le mème. J’ai prouvé que lorsque l’em- Sn 202 AGCROISSEMENT bryon est situé au milieu du périsperme, ce dernier est une véritable enveloppe séminale dont les parois sont devenues parenchymateuses et embryotrophes, c’est-à-dire, nutritives pour l'embryon. Lorsque l'embryon est extérieur au péris- perme, ce dernier est tantôt une hypostate embryotrophe, comme cela a lieu chez les graminées, tantôt un placentaire embryotrophe, comme-cela s’observe chez les atriplicées -et les nyctaginées. L’embryon peut encore paroïtre extérieur au périsperme lorsque ce dernier est formé par un tegmen em- bryotrophe dont les parois ont disparu d’un côté. C’est par exemple ce qui m'a paru avoir lieu chez le 2ymphea. Ainsi le périsperme n’est point un organe partout indentique; il est probable qu’une étude dirigée sur un plus grand nombre d'espèces végétales fera voir que le périsperme peut encore être formé par d’autres organes que ceux que j'ai fait counoiïtre. Il résulte de là que le nom de périsperme disparoïtra de la science lorsqu'on aura déterminé quel.est dans chaque fa- mille des végétaux, l’organe embryotrophe qui accompagne l'embryon dans la graine et qui est destiné à le nourrir soit pendant son développement dans l'ovaire soit pendant: la germination. Nous avons vu que, dans l’origine, les cotylédons du prsurn salivum ne sont point isolés l’un de l’autre; ils naissent de la scissure en deux parties égales d’une sorte de vésicule ou de piléole; le cotylédon unique du 2ymphea nait de même de lascissure latérale d’une vésicule ou piléole parfaitement close dans l’origine. Iken est de même du cotylédon des graminées. Ces observations nous apprennent que les feuilles cotylédo- naires n’existent point dans le principe; il n’existe qu’une vé- DES VÉGÉTAUX. 203 sicule close de toutes parts qui par le moyen d’une ou de deux scissures latérales donne naissance à une ou à deux feuilles cotylédonaires. Ainsi les feuilles cotylédonaires naissent de la scissure d’une vésicule ou piléole close de toutes parts, ce sont par conséquent des feuilles piléolaires. Cette vésicule de laquelle naissent les feuilles piléolaires des végétaux phané- rogames est-bien évidemment l’analogue du volva des cham- pignons; ce volva qui est rompu par le développement du champignon qu'il renferme, offre presque toujours une scis- sure irrégulière ; souvent même il reste en grande partie ad- hérent à la surface supérieure du champignon; quelquefois cependant il affecte un mode constant de division. Le volva du /ycoperdum stellatum, par exemple, se divise en cinq ou en dix portions égales dont on ne peut se dispenser de recon- noitre la parfaite analogie avec les feuilles piléolaires des vé- gétaux phanérogames. Ainsi les champignons ne sont point des végétaux dépourvus de feuilles, comme on le pense gé- néralement. Les botanistes ont reconnu pour l'embryon séminal deux situations principales relativement au végétal qui le porte; tantôt la radicule est adverse, c’est-à-dire dirigée vers lehile ; tantôt elle est inverse, c’est-à-dire dirigée vers le point dia- métralement opposé au hile. C’est effectivement ainsi que la chose se présente à l’observateur superficiel. Mais un examen attentif m'a prouvé que pour déterminer d’une manière exacte la position de l'embryon dans la graine il falloit cher- cher quelle, est la direction de la radicule par rapport à la direction du funicule, ou ce qui revient au même, par rap- port au point d'insertion du tegmen. La direction: de la radi- 5 AGGROISSEMENT cule par rapport au hile extérieur où ombilic de la graine ne mérite aucune attention lorsque l'embryon possèdeiplas d’une enveloppe séminale. En effet il arrive souvent que le funicule, qui n’est autre chose que la dernière extrémité de la tige, se réploie dans l'intérieur del’ovule. Lie tegmen est la dernière extrémité de cette tige rudimentaire et reployée. Si donc l’on veut déterminer d’une manière exacte la positionde l'embryon pär rapport au végétal qui le porte, il faut chercher quelle est la direction qu’affecte sa radicule par rapport à la direction du funicule. Cette observation apportera de nombreux chan- gemens dans les déterminations que l’on a faites jusqu’à ce jour de la position adverse ou inverse de la radicule des em- bryons séminaux. Au reste la position de la radicule par rap- port à l'insertion du tegmen mériteroit elle-même peu d'at- tention si, comme je suis porté à le penser, il étoit de fait que tous les embryons séminaux sont dans l’origine organiquement unis avec leur tegmen au moyen d’un appendice de leur ra- dicule ; toutes les radicules seroient alors véritablement &d- verses et l'embryon seroit la continuation de la tige du végétal. ‘Ce fait de la continuité originaire de l'embryon avec le teg- men m'a été dévoilé par l'observation du secale cereale de manière à ne pouvoir me refuser à l'évidence, t ce fait, fort important en physiologie , prouve incontestablement la pré- existence de l’embryon à la fécondation chez les (végétaux. Ce nouvel être est véritablement un rameau détaché de l'or- gane femelle, rameau probablement incomplet dans son or- ganisation qui ést complettée par l'accession du fluide fécon- dant. Cette théorie de la génération sexuelle nous est suggé- rée par l'observation de ce qui passe dans la génération par DES VÉGÉTAUX. 20 bourgeons dont le mystère est dévoilé par les observations que nous avons rapportées sur l’origine des tiges et des raci- nes. Nous avons vu que les deux systèmes cortical et central de la tige ou dela racine naissante sont primitivement séparés. La génération consiste dans la réunion ou l'association de ces deux systèmes. Le système central pénètre dans l’intérieur du système cortical, auquel est due la forme extérieure du végétal. Le germe préexiste tout formé dans le système cor- tical à la pénétration intime qu'il subit ensuite de la part du système central. Dans la génération sexuelle il y a, comme dansla génération parbourgeons, nécessité de l’action de deux parties. Ces deux parties sont ici l'organe mâle et l’organe fe- melle. Le germe préexiste chez ce dernier à l’action du pre- mier, action qui consiste dans l'émission d’un fluide. Il est infiniment probable que l’action du fluide du mûle sur le germe préexistant dans la femelle est une pénétration intime de ce germe, de la même manière que cela a lieu dans la gé- nération par bourgeons. Ainsi, la fécondation consisteroit dans l'addition d’un système intérieurou central à un système extérieur préexistant dans l’organe femelle. La génération sexuelle consisteroitcomme la génération par bourgeons dans Passociation de deux systèmes originairement séparés; le fluide fécondant seroit le véhicule du système central s’il n’en est pas la matière:même. Dans la génération: par bour- geons la nature associe les productions des deux systèmes d’un même être vivant; systèmes que l’on peut appeler ge- nérateurs ;. dans la génération sexuelle la nature: associe les productions des systèmes générateurs qui appartiennent à deux êtres séparés. Ce sont deux modifications de la même 296 ÂACCROISSEMENT DES VÉGÉTAUX. fonction. Les physiologistes qui sont pénétrés de cette vérité que la nature vivante réunit à l’unité des lois fondamentales la variété des modifications et la diversité des moyens, ne douteront point que la solution du problème de la génération par bourgeons ne soit également la solution du problème de la génération sexuelle, problème pour l'explication duquel on semble avoir épuisé toutes les hypothèses sans avoir rencon- tré la vérité. La préexistence de l’embryon à la fécondation est appuyée sur des preuves irréfragables chez les animaux. Les observations de Spallanzani sur l’œuf des batraciens, observations que j’aisoigneusement vérifiées, ne laissentaucun doute à cet égard. Les observations de Haller sur le jaune de l’œuf du poulet ne sont pas également concluantes. La pré- existence de la matière du jaune à la fécondation ne prouve point du tout la préexistence de l'intestin du poulet, ainsi que je lai fait voir dans mes recherches sur les enveloppes du fœtus. J’avois conçu des doutes sur la préexistence des tétards à la fécondation, je les appuyois ces doutes sur observation de l’œuf du crapaud accoucheur chez lequel l'embryon sem- bloit ne pas préexister à la fécondation. Une étude plus atten- tive de cet œuf m’a prouvé que l’embryon y préexiste comme dans l’œuf des autres batraciens. Aïnsi il ne me reste plus de doute sur la réalité de ce phénomène, tant dans le règne animal que dans le règne végétal. Spallanzani avoit déjà cru aper- cevoir chez plusieurs légumineuses le lien organique de lembryon avec l'ovaire; mais ses observations sont loin d’être concluantes sur cet objet, ainsi que je l'ai fait voir dans le cours de cet ouvrage. SUR LA CLASSIFICATION ET LA DISTRIBUTION DES VÉGÉTAUX FOSSILES EN GÉNÉRAL, Et sur ceux des terrains de sédiment supérieur en particulier. PAR M. ADOLPHE BRONGNIART. CHAPITRE IT. Sur quelques végétaux fossiles du terrain de sédiment | Supérieur. N ous allons actuellement appliquer à la détermination des végétaux fossiles du terrain de sédiment supérieur, la classifi- cation que nous venons d'établir, et faire voir un desesbutsen présentant l’énumération des genres et de quelques-unes des espèces de végétaux fossiles de ce terrain, en décrivant parti- culièrement celles qui nous paroitront les plus intéressanteset en indiquant quelques-uns des résultats généraux auxquels paroît conduire la comparaison des végétaux propres à cha- cune des grandes formations admises par les géologues. On sait que d’après les limites établies par les géologues et spécialement par M. Buckland et-par mon père, les terrains de sédiment supérieur, connus aussi sous le nom de terrains Méin. du Muséum. 1. 8. 38 208 VÉGÉTAUX FOSSILES. tertiaires, s'étendent depuis l'argile plastique et les lignites qui recouvrent la craie jusqu à la surface de la terre ou aux terrains de la formation la plus récente; on reconnoît dans les roches qui composent ces terrains deux origines différentes, les unes sont marines, les autres lacustres ou d’eau douce. Ces terrains, que l’on a regardés long-temps comme des formations locales, qui avoient d’abord été observés aux envi- rons de Paris, ont été reconnus parles auteurs que nous avons déjà cités, et par MM. Webster, Brocchi, Beudant, Prévost, La Jonkaire, etc., dans l'Angleterre, l'Italie, l'Autriche, la Hongrie, la Suisse, diverses parties de l'Allemagne et de la France, et c’est d’après l'autorité de ces célèbres géologues que nous regardons comme appartenant à ces terrains les loca- lités que nous aurons occasion de citer dans ce mémoire. Peut-être lorsqu'on aura déterminé plus exactement dans chacune de ces localités quelle est la formation du terrain de sédiment supérieur dont elle fait partie, pourra-t-on encore établir quelques différences entre les végétaux qui se trouvent dans ces diverses formations ; maispourlemoment ces divisions secondaires ont été reconnues dans trop peu d’endroits, et les végétaux fossiles ne s’y présentent pas en assez grand nombre pour qu’on puisse rien établir de certain à cet égard; nous allons par cette raison examiner en général les végétaux fossi- les du terrain de sédiment supérieur, en passant en revue les genres dans l’ordre que nous avonsadopté dans leur exposition. Exocénrres.— Les Exogénites ou bois dicotylédonsse trou- vent en quantité considérable dans la plupart des formations de ce terrain, et l’on peut dire que c’est leur gisement princi- pal; mais les différences spécifiques ne pouvant être fondées VÉGÉTAUX FOSSILES. 209 que sur la disposition des couches concentriques, et sur quelques autres caractères également difficiles à étudier et dont l’importance n’est pas bien déterminée, l'examen de ces espèces ne paroissant pas offrir jusqu’à présent des résultats d’un intérêt général, nous n’entrerons pas dans leur détail. Les véritables bois fossiles exogénites se trouvent de deux manières différentes. Fantôt à l’état siliceux, tantôt à l’état de lignite, ou même à peine altérés; dans ce dernier cas, ilsse trouvent en grandes masses dans les couches inférieures au calcaire grossier et su- périeures à la craie. C’est ainsi qu’on les observe à Auteuil près de Paris, dans la molasse de Suisse sur les bords des lacs de Zurich et de Genève, au Meissner en Hesse, à Liblar près Cologne, etc. M. Beudant rapporte les lignites de Schemnitz en Hongrie, à la même formation que ceux de Suisse, et il croit que ceux de Menat, également en Hongrie, et de Billing en Bohème, appartiennent aussi à un terrain analogue aux couches infé- rieures au calcaire grossier. Les boiïs siliceux, résinites, ou .o/z-opals qui se trouvent dans beaucoup de points de la Hongrie, sont aussi, d’après ce que M. Beudant a bien voulu me communiquer, dans un terrain de conglomérats ponceux ou de detritus du terrain de trachyte placé immédiatement au-dessous de ces lignites et souvent mélangés avec eux. Il croit qu’on peut rapporter à des terrains analogues, les bois fossiles des conglomérats ponceux des bords du Rhin, de l'Auvergne, etc. Les bois que renferme le terrain gypseux sont également à l'état siliceux. 38* 300 VÉGÉTAUX FOSSILES. Dans les collines sub-Appennines de la Lombardie, qui, d’a- près les observations de M. Prévost, paroiïssent être analo- gues au terrain marin supérieur des environs de Paris, on a aussi trouvé des Exogénites changés en charbon, mais épars et non pas réunis en bancs considérables comme au-dessous du calcaire grossier. M. Prévost en a observé dans un terrain analogue à ces derniers , aux environs de Vienne. Enfin dans les terrains regardés comme les plus récens , dans le terrain d’eau douce supérieur des environs de Paris, et spécialement à Lonjumeau, on a également rencontré des troncs considéra- bles de bois dicotylédons siliceux. Il seroit facile d'étendre beaucoup l’énumération des diver- ses localités où ces fossiles se sont présentés dans les terrains de sédiment supérieur, mais ces exemples suflisent pour prouver que ces débris de végétaux se trouvent depuis les terrains inférieurs au calcaire grossier jusqu'aux terrains d’eau douce supérieurs, et par conséquent dans toutes les diverses formations du terrain ‘tertiaire. Enpocénires.— Les Endogénites, quoique moinsnombreu- ses et se présentant en masses moins grandes que les Exo- génités, sont peut-être plus intéressantes en ce qu’elles ne peuvent se rapporter qu'à un nombre beaucoup moins con- sidérable de végétaux; la plupart d’une famille remarquable par son port et par les climats qu’elle habite exclusivement. En effet les Endogénites ne pouvant, comme leur nom l’in- dique, avoir appartenu qu’à des arbres erdogènes ou mono- cotylédons, et la famille des Palmiers renfermant à elle seule presque tous les genres de plantes monocotylédones à tiges arborescentes, il est très-probable que ces troncs appar- VÉGÉTAUX FOSSILES. 301 tenoient à des plantes de cette famille ou à quelques espèces de Dracœna, de Yucca, de Pandanus, etc. , tous végétaux qui ne croissent actuellement que dans la zone équinoxiale." Ces fossiles, dont on peut distinguer plusieurs espèces d'a près la grosseur; la forme et la dispositiontdes faisceaux «dé vaisseaux de leur tige, présentent aussi quelquefois à leur sur- face la base des pétioles des feuilles, qui dans ces végétaux persistent long-temps , en couvrant le tronc de sortesd’écailles dont là disposition et là forme peuvent fournir des cardctères plus importans pour établir l’analogie de cés plantes avec celles qui existent actuellement; c’est le cas d’un tronc d'arbre trouvé dans les couches inférieures du calcaire grossier à Vailly près Soissons, et auquel je donnerai le nom d'Æ£7do- genites echinatus (x). trait Les bases des feuilles sont très-dilatées, un peu ne mais deviennent planes à quelque distance de leurinsertion; elles forment des espèces d’écailles qui sont redressées dans la partie supérieure du tronc, et ouvertesou presque rabattues dans la partie inférieure. Les plus supérieures paroissent avoir été rompues et ne pas s’être détruites lentement sur l'individu vivant. Ces diverses circonstances me portent à: regarder l'échantillon qui est déposé au Muséum d'histoire naturelle, comme la partie supérieure du tronc immédiatement au- dessous de la naissance des feuilles. : La forme des bases des feuilles, leur tissu évidemment li gneux dans lequel on distingue des faisceaux de fibres comme dans les tiges mêmes, me font penser que ce tronc doit avoir appartenu à un arbre dont les feuilles sont portées sur un (1) PI. V, fig. 2, réduite au tiers. 3e2 VÉGÉTAUX FOSSILES. péuole distinct, tel que les Palmiers, plutôt qu’à un arbre à feuilles simples commeles Yucca, les Dracoœna et la plupart des autres arbres monocotylédons (1). Cette opinion nous pa- roit d'autant plus probable que l’existence des Palmiers dans des terrains analogues a été prouvée d’une manière évidente. Tousles fossiles du genre Endogénite se sont présentés dans les mêmes circonstances que les Exogénites, mais en moins grande abondance et très-rarement réunis en grandes masses. On les a trouvés à l'état de lignite, à Liblar près Cologne, où ils sont rapprochés en grande quantité dans une position verticale, mais dans un état d’altération qui les rend indéter- minables. Nous avons déjà dit que les fibres cylindriques contournées du lignite de Cologne, et de Horgen sur le bord du lae de Zurich, nous paroissoient appartenir à ce même genre et in- diquéer par conséquent la présence des Palmiers danslelignite de la molasse de Suisse. Mais c’est surtout à état siliceux qu’on trouve les Endo- génites , en Hongrie avec les Exogénites, aux environs de Paris dans le calcaire grossier, et dans la formation gypseuse. Dans cette même formation à Aix en Provence, d’où M. Mé- nard-la-Groye en a rapporté des échantillons parfaitement caractérisés, qu'il a bien voulu me communiquer; M. Cortes les indique également dans le terrain marin des collines sub- Appennines du Plaisantin; enfin on les a observées dans beau- coup d’autres localités, en Afrique, dans l'Inde, etc. , où leur (x) La disposition des feuilles à quelque analogie avec celles des Cycas; mais dans les plantes de ce genre les pétioles sont beaucoup moins dilatés que dans l’espèce fossile, et aucun Cycas n’a des feuilles aussi grandes et aussi larges que. l'indique la largeur du pétiole de la plante fossile. VÉGÉTAUX FOSSiLES. 303 gisément n’a pas encore été bien étudié, inais paroît pourtant analogue à celui qu’elles présentent en Europe. On voit que ces fossiles se trouvent dans les mêmes posi- uons que les Exogénites, depuis les lignites qui couvrent la craie jusqu’au calcaire marin supérieur, car je ne sache pas qu'on en ait trouvé jusqu’à présent dans le terrain d’eau douce supérieur. Curmrres. — Les tiges articulées que nous avons désignées sous le nom de Culmites, appartiennent également au terrain de sédiment supérieur, et les espèces que je connoiïs ont toutes été trouvées aux environs de Paris dans le calcaire grossier; elles avoient déjà été figurées dans l’Essai sur la géographie minéralogique des environs de Paris. Nous nommerons l’une Cumites nodosus (1). (Minéra- logie géogr. des env. de Paris, pl: IE, fig. r, F. ) C’est cette espèce que nous regardons comme type du genre. L'autre qui s’en éloigne par quelques caractères portera le nom de Culinites ainbiguus. (Minéralogie géogr. des env. de Paris, pl. EE, fig. 6.) Mon père, dans un mémoire sur les terrains d’eau douce inséré dans les Annales du Muséum, tom. 15, pag. 357, a figuré et décrit, pag. 382, pl. X XIIT, fig. 15 ,unetige que nous croyons devoir rapporter à ce genre quoiqu’elle en diffère un peu; nous lui donnerons le nom de Culrnites anomalus. Quant aux six genres suivans, les Calamites , les Syringoden- ce les Soie les Clathraires, les rie et les Stig- G) PL. I, bg. 1. Nous avons donné la deb de ces diverses espèces de Culmitésdasola nouvelle édition de la Description géologique du bassin de Paris, par MM. Cuvyier et Alex. Brongniart. 304 VÉGÉTAUX FOSSILES. maires, aucun n’a été trouvé, à ma connoissance, dans des ter- rains qu'on puisse rapporter aux terrains de sédiment supé- rieur, tous au contraire appartiennent exclusivement à des for- mations d'une époque beaucoup plus reculée, car ils n’ont été observés jusqu’à présent que dans les terrains de houille et d’anthracite, et ils paroïssent depuis ou avoir disparu de la surface de la terre ou ne s’être plus trouvé dans des cir- cônstances semblables à celles qui dans ces terrains les ont fait passer à l'état fossile. Dans la troisième classe que nous avons établie parmi les végétaux fossiles , les premiers genres ne nous présentent dans Je terrain de sédiment supérieur que peu d’espèces, encore ces espèces sont-elles mal caractérisées, et ce n’est qu'avec doute que nous les rapportons à ces genres. — Lycoronites. — On peut ranger dans ce genre des tiges re- couvertes d’écailles imbriquées, très-régulières, obtuses, presque de forme rhomboïdale, qui ont déjà été figurées dans le Mémoire sur les terrains d’eau douce cité ci-dessus, pl. XXIIT, fig. 16. Mais cette plante diffère beaucoup, comme nous l'avons déjà observé, des espèces qu’on trouve dans des terrains plus anciens et que nous regardons comme types de ce genre; dans ces dernières, en effet, les feuilles sont longues aiguës, souvent étalées etnon pas exactement imbriquées comme dans l'espèce des environs de Paris; aussi sa position dans ce genre est-elle encore douteuse, et des échantillons plus exacts nous oblige- ront peut-être à l’en séparer. Nous proposerons néanmoins de lui donner le nom de Lycopodites squamatus (x). (1) PL IV, fig. 1: a de grandeur naturelle ; à vue à la loupe. VÉGÉTAUX FOSSILES. 305 "Ce fossile a été trouvé dans le terrain d’eau douce supé- rieur, à Lonjumeau., et paroît, par la disposition de ses tiges et de ses feuilles, se rapprocher de quelques espèces de mousses aquatiques, quoi u'il me semble différer de toutes les espèces connues par la forme obtuse et rhomboïdale de ses feuilles et par la manière dont elles sont régulièrement imbriquées. Le genre suivant est aussi remarquable par son abon- dance dans les terrains anciens que par sa rareté dans les ter- rains modernes, simême on l’y a jamais observé; ce sont les Filicites ou Fougères fossiles : tout le monde sait combien le terrain houillier est riche en espèces de ce genre, leur exis- tence dans ce terrain , leur analogie avec les plantes de cette famille avoit déjà été remarquée il y a plus d’un siècle par Antoine de Jussieu. Les caractères que présentent toutes les parties de ces plantes sont trop tranchés pour qu'on puisse jamais les confondre avec des plantes d’autres familles; néan- “moins sur la quantité fort considérable d'échantillons de fos- siles du terrain de sédiment supérieur que j'ai eu occasion d'examiner, soit des environs de Paris, d'OEningen, de Monte- Bolca, de Roche-Sauve, etc., soit des lignites de Suisse, de Hongrie, de Cologne et % France, tant dans les collections de Paris que dans celles de M. Gazola x*Vérone, et dans celles de M. Lavater à Zurich; je n’ai vu qu’un seul indice de Fongère, encore si incomplet que ce n’est qu'avec doute que je le rapporte à cette famille : il avoit été trouvé à Ro- “chesauve par M. Faujas. oi Ja petitesse de l'échantillon, Timpossibilité de distinguer les nervures, ne permettent pas, je crois; de DECRE il appar- tient à cette famille. CA Méin. du Muséurn. t.8. 39 306 VÉGÉTAUX FOSSILES. Je reviendrai à la fin de ce mémoire sur l'absence dans les terrains modernes de végétaux si abondants à uné époque antérieure, et encore répandus en si.grande quantité dans la pature, et sur les causes auxquelles on peut attribuer cette différence. Pour le moment il me suflit de prouver , autant du moins qu’on peut prouver une vérité négative, que si les végétaux de la famille des Fougères existent dans les terrains de sédiment supérieur, ils doivent s’y présenter très-rärement, puisque parmi les: nombreuses collections que j'ai pu visiter à Paris, en Italie-et en Suisse, je n’en ai vu aucun exemple certain. ; Le genre Sphenophyllite manque entièrement dans les terrains de sédiment supérieur, et la seule espèce que nous - rapportions au genre Astérophyllite, quoique présentant une partie des caractères de ce genre, diffère assez des Astéro- phyllites des terrains anciens, pour que nous puissions peut- être un jour l'en séparer; elle présente même dans son port et.dans quelques-uns de ses caractères une si grande analogie avecun genre de plante ‘vivante, le genre Ceratophyllum, que nous aurions peut-être pu , si les échantillons étoient plus nets, la ranger parmi les plantes de genres connus; mais jusqu'à ce que de nouveaux échantillons mieux caractérisés nous-permettent de la déterminer plus exactement, nous la laisserons dans le genre Astérophyllites, sous le nom d’As- terophyllites Faujasu. | Cette espèce a été rapportée par M. Faujas de Roche- | Sauve dans le Vivarais, et figurée dans les Annales. du Mu- | séum, &113,pe 844, pl. 59, fig, ÿ. 50 LME Faujas, dans ce mémoire, l'indique comme appartenant VÉGÉTAUX FOSSILES. 307 au genre Chara; nous ne combattrons pas cette opinion, parce que M. Faujas lui-même , dans une note sur les fossiles de ce même endroit (Æ7n. du Muséum, 1.11 ;p. 456) Ya abandonnée d’après les avis de MM. de Jussieu et Desfon- taines, pour rapprocher aussi cette plante des Ceratophyllum. La plante fossile ne présente en effet aucun des caractères des Chara. Tandis que quelques-unes de ses feuilles m’ont paru se diviser à la manière des feuilles des Ceratophyllum, échantillon n’est pourtant pas assez net pour qu’on puisse assurer que cette apparence ne soit pas produite par des feuilles croisées, mais si des échantillons plus parfaits pré- sentoient cette forme de feuille d’une manière plus évidente, il n y auroit je pense plus de doute sur le rapprochement que nous indiquons; car le genre Ceratophyllum est, je crois, le seul qui offre en même temps cette forme et cette disposition de feuilles. | Un autre caractère qui me paroït rapprocher: cette plante des Ceratophyllum et éloigner des Chara, c’est l'indication peu nette il est vrai d’un fruit ovoïderplacé à l’aisselle des feuilles d’un des verticilles, tr analogue: à celle des Ceratophyllums Fucoïpes. — Je n’entreraï pas ici Bis le détail Fe espèces de Fucoïdesdu terrain de sédimentisupérieur, jen ferai Fobjet d'un travail particuher, où je comprendrai tous les Fucoïdes des divérs terrains; travail danslequel M. Agardh a bien voulu maider de ses conseils, ét auquel les-connoissances profondes ‘que ce célèbre botaniste a des plantes deicette famille NU donner un plus: grand: degré d’exacutude: eseuysrditot Je me conténterai de dire ici, que les espèces peu nom- 39 * 308 VÉGÉTAUX FOSSILES. breuses encore observées dans le terrain de sédiment supérieur, paroïssent pouvoir se rapporter avec assez.de cértitude aux genres établis dans cette famille, et que quel- ques espèces même $emblent très-voisines d’éspèces encore existantes. : 14 C'est principalement à Monte-Bolea près Vérone, que ces fossiles-ont été trouvés jusqu’à présent. sPuavrures. — Les Phyllites forment un genre immense par la: quantité des espèces qu’il renferme.et dont l’examen offre à lui seul un travail considérable; je me bornerai pour. le moment à présenter quelques résultats généraux ou quel- ques faits particuliers ; La je crois plus remarquables. et peu ‘connus. : 10. Presque toutés les Phyllites, pettnétre même toutes, setrouvent dans le terrain de sédiment supérieur, nous n’en connoissons aucunes de bien caractérisées dans des terrains évidemment plus anciens; elles se présentent dans ce terrain dans la plupart des localités où nous avons indiqué les Fnagé nites, depuis les lignites inférieurs au calcaire grossier jusqu’au terrain d’eau douce supérieur. 11523 ii] .20, On peut avancer presque avec Con nn que tous les végétaux qui font partie dece genre, appartiennent à desplantes dicotylédones; on ne doit en excepter que quelques espèces dervures {conflüentes au. sommet qui-parmi les Mmonocety- lédones pourroient se rapporter à des plantes de la famille des Aroïdes ;; des: Pipéracées ;| des Alismacées, des. Hydrocha- ridées, etc: Peut-être un jour, si ces espècesidevenoient plus nombreuses, pourroit-on: les séparer! eten-faire.un: genre intermédiaire’ entre les Phyllites et les Poacites, 4 1 Oo, VÉGÉTAUX :FOSSILES. 309 Un échantillon malheureusement peu caractérisé, trouvé aux environs de. Paris par M. Prévost, dans le terrain d’eau douce inférieur au calcaire grossier , dans la plaine de Mont-Rouge, seroit peut-être dans cecas, et ce n’est qu'avec doute que je le rapporte. au genre Phyllite; car sa forme oblongue ou arrondie, à nervures nombreuses simples, toutes confluentes, à nervures secondaires à peine distinctes, formant de petites stries transversales d’une nervure à l’autre, rap- proche beaucoup cette feuille. -de, celles des Potamogeton analogues au Pofamogeton. natans, et la placeroït par conséquent parmi les plantes monocotylédones. Nous l’appellerons Phylites multinervis (1) , en obiess -vant toutefois qu'elle est. placée, pour ainsi dire, en appen- dice.àlla suite de;ce genre dont.elle diffère essentiellement par la disposition de,ses nervures. its + 30., Parmi les espèces appartenant sans aucun doute au lb Phyllite et aux plantes dicotylédones, on peutobserver qu'une grande partie ne peut se rappoïter à aucun ides végé- taux, qui croisséntactuellement en Europe, on peut aussi ajou- ter que la plupart paroïtroient avoir appartenu: à des arbres ou à des arbrisseaux plutôt, qu'à dés‘plantes herbacées, enfin que; presque; aucunes de ces feuilles ne-sont amplexicaules, soit par ne. soit par da base de. leurpétiole. 1: Poacrres.— Les Poacités paroissent se trouver dans toutes L parties du terrain de sédiment supérieur comme Îles Phyl- lites, mais,elles y sont plus rares et moins caractéristiques, parcelque| des|espèces peu différentes se trouvent aussi dans les terrdins angiens! 1ifds1> 4 aongo1g 2nollümauos 250 own b VGA Ve. AOVIIIISERS. ME 310 VÉGÉTAUX FOSSILES. On en a observé dans les environs de Paris, à à Lonjameau, à Angers, à Rochesauve, à Monte-Bolca etc. ; ; quoique dans ce genre lés caractères sp écifiques soient très-diffiilés à établir, on peut pourtant affirmer presque- avec! éertirude "que les espèces he ces terrains sont HSE dé célles du terrain houillier: : 911 LR ar ‘Nous avons défà dit que ces végétaux! ne'ponvoient avoir. appartenw qu'à des plantes monocotylédones, mais il nous paroit difficile pour le‘omentide fixér à es genre et même, à quelle fañille onidoit\les" rapporter Parmacrres:=—1l n’en est pas de ab des Palmacites, la famille dont ils ont fait partié est parfaiterrient déterminée. Les Palmiers à feuilles flabeHiformes ‘sont éneffet les seules. plantes qui présentent cette forme de: feailes; mais il'est jé crois impossible de pousser lidétermination plus loin, car à moins d'observer une identité parfaite entre une ‘espèce fos- sie etcune espèce vivante! jibine paroît pasijusqu'à présent qu'on-phisse trouver dans la formede ces: feuilles des earac- tères enrapportiavec ceux rot servi à fixer les genrès de: cette” familles 1202 0: LOTO TIR} Quant” ràlidentité pétgéep dd ést diffivile à établir, et ilkest pourtant impossible jusqu'à présent de prouver qwil n'existe ‘plus desPalmièrs vivans parfaitement semblables aux espèces fossiles; 10. parée que les fossiles sont encorerrares et quon n’en possède la plupart du temps que dés fragmens incomplets; 20; parce: que l famille dés Paliniers est une-des moins connues ; été une dé celles däntil’est le plas dei d avoir des échantillons propres à établir laicomiparaison. © ” Je ne connois en Palmacites bien nd VÉGÉTAUX FOSSILES: 317 trouvée dans les carrières de plâtres d'Aix en Provence, dont je joins ici la figure et la description, et à laquelle nous donnerons le nom de Palnacites Lamanonis. (1); :en. la dédiant à un des premiers auteurs qui aient bien fait con- noître les fossiles de ce! terrain; son pétiole est long de plus de 3 décimètres, large de 25 à 30 millimètres, lisse sans épine ; l'extrémité qui donne insertion à la feuille est arrondie ou un peu allongée; les lobes de la feuille partent en divergeant du sommet, paroiïssent unis à leur base.et un peu plissés; ils se divisent à leur extrémité; leur largeur est alors d’un cen- timètre , et ils ne présentent aucune nervure sensible; leur longueur totale est. d'environ 7 décimètres. J'ai vu trois autres échantillons de Palmacites que je. rap porte, quoiqu’avec quelque doute, à cette espèce, mais qui rùe paroïissent bien certainement nées tous les trois, à une même espèce. Fo : Elle diffère de celle d'Aix, en ce que Au Le divisions. " . la feuille, au lieu d’être dans un même plan, sont fortement plissées comme un éventail à moitié ouvert. Cette différence doit elle être attribuée à un degré différent de compression ou être regardée comme un caractère en C est.ce qe je ne.saurois déterminer. Le pétiole est en outre un peu de at et le dan de la feuille, autant qu’on peut en juger d’après des échantillons incomplets, paroissent moins longues. L’échantillon le plus complet de ces fossiles appartient à M. Cordier; Mes été trouvé à VARIÉTÉ, à deux lieues.au S. ©. d'Amiens. À QG) PL IN, Se. 1. 312 VÉGÉTAUX FOSSILES. L'autre, trouvé près du Mans, existe dans la collection de cette ville; mais j’enaivuen plâtre très-net, chez M. Defrance; ; le troisième qui n’est qu’un fragment très - petit et qui vient des environs d'Angers, est aussi dans la collection’ de M. De- france. Cés trois échantillons sont dans un grès qui paroît appartenir aux couches supérieures du terrain de sédiment supérieur. ty} Une espèce que je n'hésite pas à arte! comme diffé- rente, a été trouvée dans le calcaire grossier à Saint-Nom près Versailles, et a été figurée dans l Essai sur la cie des environs de Paris, pl. IE, fig. 1, E. Mais l'échantillon est peu net et rend’ cette espèce difficile à caractériser. Nous lui donnerons le-nom de Palmacites Parisiensis (1),son pétiole étroit n’ayant qu’un centimètre de large est sans épine ; il s’élargit un peu à son extrémité supé- rieure et donne insertion à des feuilles linéaires étroites qui pärdissent| ‘libres jusqu’à la base. et. qui divergent 1 moins ci dans l'espèce précédente. Enfin, on a trouvé un échantillon de ce genre dans la molasse près de Lausanne (2), et M. Schlotheim, sous le nom de Palinucites flabellatus, en indiqueun autre dans le lignite de Hoœring en Tyrol. Nous avons par conséquent sept exemples au moins bien certains de feuilles de Palmiers flabelliformes , appartenant à plusieurs espèces différentes, tandis qu'aucun POLAR RARE EN Be M Mio Ce 2) Jeiprésumeroïs, d'après ce que M. de Candolle m'a dit de ‘cette espèce, qu’elle se rapproche plus de celle d’Aix que de celle de Paris; maïs n’en! ayant encore vu aucun échantillon, je ne pourrois assurgg qu ‘elle diffère spécifique- ment de la première. ait IH VÉGÉTAUX FOSSILES. > 313 auteur, à ce que je crois, n'indique de feuilles pinnées faisant partie des végétaux de la mème famille analogues, par exemple, aux feuilles des Dattiers, des Cocotiers, des Arecs, etc., et mal- gré les recherches que j'ai faites dans la plupart des collections de Paris, je n’ai vu aucun échantillon qui ait pu appartenir aux plantes de cette tribu, tandis que parmi les plantes vivantes le nombre des espèces à feuilles pinnées est deux fois plus considérable que celui des espèces à feuilles flabelliformes. Plusieurs personnes ont pu penser qu'on ne trouvoit que des feuilles flabelliformes, parce que le seul Palmier indigène d'Europe, le Chamærops hurmulis a des feuilles assez sem- blables par leur forme à celles de nos Palmacites, et ils ont pu croire que ces fossiles appartenoïent à la même espèce, qui à cette époque se seroit étendue seulement de quelques degrés plus au Nord; par cette raison on indique généra- lement ces feuilles comme des feuilles de Chamærops; mais il est facile de prouver non-seulement que ces feuilles ne peu- vent pas appartenir au Chamærops humilris, mais il paroîtroit même qu'elles diffèrent de toutes les espèces bien connues de l’ancien continent, et pour une telle comparaison, je ne regarde comme suflisamment connues, que celles dont les feuilles ont été figurées exactement. Les pétioles sans épines distinguent les deux espèces fossiles du Chamærops humilis, du Doum (Æyphæne-T'hebaica), et de beaucoup d’autres espèces, et la forme de ses feuilles ne permet pas de les confondre avec les espèces à pétiole sans épines, tels que le Rhaprs flabell Hormis , le Latania ru- bra, le Licuala spinosa , etc. Il est pourtant impossible d'établir, si ces débris de végé- Mém. du Muséum. à. 8. 4o ee” 314 VÉGÉTAUX FOSSILES. taux font partie de plantes qui n'existent plus actuellement à cause de la quantité considérable d’espèces de cette famille qui ne sont encore connues que très-imparfaitement, ou qui n’ont même été qu'indiquées par les voyageurs, et en second lieu, à cause du peu de caractères qu’on peut tirer unique- ment de feuilles isolées. Il me paroït par conséquent suffisant d'indiquer pour le moment la différence qui existe entre ces plantes et les Pal- miers, qui habitant sur les côtes de la Méditerranée, pour- roient étre regardés comme ayant donné naissance à ces fossiles; en voulant aller plus loin on risqueroit de déduire des résultats inexacts de connoissances encore tropimparfaites. Si nous examinons ensuite les fruits fossiles qui ont été trouvés dans les terrains qui nous occupent, nous verrons que plusieurs appartiennent évidemment à la même famille des Palmiers; mais un des faits peut-être les plus extraordi- naires, c’est qu'aucun de ces fruits ne paroît pouvoir provenir de Palmiers à feuilles flabelliformes, tous ceux au contraire qui sont figurés d’une manière exacte par les auteurs, ou que j'ai pu voir, semblent se rapporter à des genres à feuilles pinnées. 77> Dans Parkinson, qui a figuré beaucoup de fruits de l’ile de Sheppey, plusieurs paroïissent pouvoir être rapportés à la famille des Palmiers, et des échantillons que j'ai recusde cette même localité confirment cette analogie; ainsi la fig. 0, pl. VI de cet auteur, est certainement, comme Parkinson lui-même l'indique, une amande du genre Dattier ressemblant même beaucoup pour la proportion à l’amande du Dattier ordi- naire. La figure 4 appartient peut-être à une autre espèce du VÉGÉTAUX FOSSILES, 315 même genre. Les figures 1, 2,3, 4 et 5 de la planche VII, sont sans aucun doute du genre Cocos, et leur fruit les rapproche beaucoup du Cocos lapidea de Gærtner. Parmi les autres figures, plusieurs pourroient appartenir aux genres Pactris, Areca, ou Euterpe, tandis qu'aucune ne ressemble aux fruits des Borassus, des Lontarus, des Cha- mnærops, des Corypha, etc., et autres Palmiers à feuilles flabelliformes. M. Burdin, dans son oryetognosie des environs de Bruxelles, a figuré aussi deux fruits qu'il rapporte au genre Cocos et _qui en effet ont la plus grande analogie avec les fruits de ces Palmiers. Le fruit trouvé à Liblar, près Cologne, par M. Faujas, et figuré dans les Annales du Muséum, tom. I, pl. 29, à été rapporté, par les professeurs du Jardin du Roi, au genre Areca ; un auire échantillon qui venoit du même lieu, et se trouvoit dans la collection de M. deFaujas, me paroït différer de celui qu'il a figuré par la présence de trois trous à sa base, caractère qui le rapprocheroit du genre Cocos. Aucun des genres que nous venons d'indiquer n’a de feuilles flabelliformes, tous ont des feuilles penniformes, et jusqu’à présent on a observé, sans exception, que ces deux formes de feuilles ne se présentoient jamais dans le même genre. Ainsi , on trouve dans les terrains de sédiment supérieur des débris de végétaux, tiges, feuilles et fruits, qui ont bien certainement appartenu à des arbres de la famille des Pal- miers. Les tiges indiquent plusieurs espèces très-distinctes. Les feuilles appartiennent toutes à des Palmiers à feuilles 4o* 316 VÉGÉTAUX FOSSILES. flabelliformes, et malgré leur ressemblance avec celles du Chamærops humilis , elles en sont spécifiquement très-dif- férentes. On ne connoït pas de feuilles de Palmiers penni- formes, ni dans ces mêmes terrains, ni dans aucun autre. Il n’est pas encore venu à notre connoissance, que les fruits et les feuilles de Palmiers se soient trouvées dans la même localité, en sorte que si cette association si naturelle a lieu, elle doit être rare; enfin, les fruits appartiennent tous à des genres de Palmiers à feuilles penniformes, dont on n’a pas encore trouvé de feuilles. Les Palmiers à feuilles flabelliformes, qui à cette époque reculée couvroient l’Europe dans des régions où aucune espèce ne pourroit croitre actuellement, différoient-ils des Palmiers à feuilles flabelliformes , maintenant existant non- seulement spécifiquement mais encore génériquement, et présentoient-ils des fruits semblables à ceux des Palmiers à feuilles pinnées, ou, ce qui est plus probable, les fruits appar- tiennent-ils à des espèces dont les feuilles ne nous sont pas encore connues, tandis que nous n’avons pas trouvé les fruits des espèces dont nous connoissons les feuilles; c’est une question qui reste à résoudre et qui exigeroit des recherches attentives dans les lieux où on a trouvé des fruits ou des feuilles, pour tâcher de découvrir les autres parties de ces végétaux, et parvenir à réunir ainsi les divers débris d’une même espèce. | Plusieurs fruits d'espèce différente ont été trouvés dans la meulière qui fait partie du terrain d’eau douce supérieur des environs de Paris. { : L'un a été déjà figuré dans le Mémoire que mon père a VÉGÉTAUX FOSSILES. 319 publié sur les terrains d’eau douce ( {nn. du Mus. tom. XV, pl. XXIEL, fig. 17), et a été depuis retrouvé dansleterrain d’eau douce de l'ile de Wight. Aux environs de Paris, ces fruits n’ont laissé que leurs empreintes en creux, dans la meulière, et dans cette cavité on trouve quelquefoisla graine transformée égale- ment en silex. Dansceux de l’île de Wight, qui sont renfermés dans un terrain argileux, le péricarpe au contraire est un peu charbonné, mais s’est très-bien conservé, l’amande a été dé- truite et la cavité du péricarpe s’est remplie d'argile. Ces dérniers échantillons permettent d'examiner ce fruit d’une manière beaucoup plus exacte extérieurement et intérieu- rement; on voit alors, 1°. que c’est certainement un fruit et non une graine; 20. que ce fruit est monosperme et que la graine remplissoit entièrement sa cavité; 30. que le manque de symétrie autour de sonaxe, le léger renflement qu'il offre à sa base et l'isolement dans lequel on le trouve toujours du pédoncule, paroïssent indiquer qu’ils étoient réunis plu- sieurs sur un même réceptacle; 40. qu'ils étoient très-proba- blement indéhiscens; 50. que ces fruits se terminent par une petite pointe indiquant la base du style, qui prouve que c’étoient autant d’ovaires distincts et non les divisions d’un même ovaire : ces fruits sont allongés, un peu comprimés la- téralement, et présentent des stries longitudinales très-pro- fondes. FER Les familles qui offrent tous ces caractères de la manière la plus marquée sont, les Alismacées, les Rosacées, les Ma- gnoliacées , les Dilleniacées et les Ranunculacées. Parmi ces familles nos graines ne peuvent pas appartenir aux Alismacées, parce que dans les graines des plantes de 318 VÉGÉTAUX FOSSILES. cette famille, on voit très-facilement sur la face interne du péricarpe l'impression de la forme de l'embryon recourbée en fer à cheval; ce qu’on n’observe pas dans les graines fossiles. Dansles Rosacées à fruits aggrégés, telles que les vraies Rosa- cées et les Potentillées; dans les Dilleniacées etles Magnolia cées, les capsules sont presque toujours adhérentes, soit entre elles, soit au réceptacle, par le côté ou parune base allongée et linéaire. Les stries longitudinales si marquées dans le fruit fos- sile, ne se voient dans aucun genre de ces différentes familles. C’est donc parmi les Ranunculacées que nous devons chercher à placer notre fossile; en parcourant les différens genres de cette famille, on observera quele genre T'halictrum présente une structure analogue à celle du fruit fossile et offre surtout dans quelques espèces, tels que les T'hale- trum majus, sibiricum , eic., une forme presque identique. La graine est de même légèrement arquée en forme d’S, terminée par une petite pointe oblique, un peu comprimée , fortement sillonnée, et son point d’attache est arrondi et peu étendu. Cette analogie est surtout complète pour la graine de l'île de Wight; celle des environs de Paris diffère un peu par sa forme plus cylindrique et surtout par sa base renflée en: une sorte de bourrelet assez saillant. Tous ces caractères réunis me portent à penser que ces graines ont pu appartenir à quelque espèce de ce genre; je ne chercherai pas à déterminer si parmi les espèces actuelle- ment existantes et connues, il s’en trouve une qui présente une identité parfaite pour la forme et la grandeur avec notre fossile, et si ces mêmes caractères ne se représeptent pas VÉGÉTAUX FOSSILES 319 dans plusieurs espèces; il faudroit pour cela avoir pu examiner les fruits bien murs de toutes les espèces de ce genre. C’est ce que je n’ai pas pu faire pour les espèces étrangères; mais parmi celles de France, on peut avancer je crois, qu'aucune n’est identique et que le T'halictrum majus est l'espèce qui se rapproche le plus de l’espèce fossile. Nous proposerons à cause dé cette ressemblance entre les graines des 7’halictrum et notre fruit fossile, de le désigner sous le nom de Carpolithes Thalictroides; en réunissant sous cette dénomination la plante de Pile de Wight et celle des environs de Paris, dont nous ferons deux variétés, qu’on devroit peut-être regarder comme deux espèces. Nous don- nerons à l’une le nom de C. Thalictroides Webster. Elle est plus courte, com- primée, obtuse au sommet et à peine renflée à la base. Et à l’autre, celui de C. Thalictroides Parisiensis. Elle est loneée , tylin- drique, pointue au sommet et très-renflée à la base, en une sorte de bourrelet annulaire. Ce n’est Dr à présent que dans ces terrains de sédiment supérieur qu'on a trouvé les empreintes de fleurs que nous avons désignées sous le nom d’Æn#holithe, je ne sache même : pas qu'on en ait encore observé dans d’autres lieux qu’à Monte-Bolea, dans le Vicentin, mais dans cette localité elles ne sont pas extrémement rares ; il en existe deux dans le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, et j'en ai vu plusieurs à Vérone dans la collection de M. Gazola; maisces fossiles sont plus difficiles qu’on ne le croirait à rapporter à des genres connus, car ils ne présentent le plus souvent que la forme de 320 VÉGÉTAUX FOSSILES. la corolle ou du calice. On n’y voit plus ni étamines, ni pistil, ni aucun autre organe intérieur ; un de ceux de la collection du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris , que nous avons figuré, pl. INT, fig. 7, montre pourtant encore la forme de son ovaire et de son style; la forme de cet organe, la division de son péri- gone en six parties, donttrois sontinternes et trois externes, lui donnent quelque ressemblance avec la fleur de plusieurs | Hiliacées, ‘ce qui nous à déterminé à nommer cette espèce Ÿ Anthotithes Liliacea: A ces fossiles de genre inconnu, nous en ajouterons plu- sieurs autres que noùs croyons cie rapporter avec certi- tude à des genres connus. à Un de ces fossiles avoit été décrit d’ abord parM. deLamarck, et ensuité, avec plus de détail. par M. Desmarest, sous le nom de Gyrogonite, et a été reconnu par M. Leman pour des fruits de Chara. Il avoit été observé d’abord dans les meulières du terranf d’eau douce supérieur à Montmorency, Sanois, etc. Des recherches dans différents points de ce terrain, et dans le terrain d’eau douce inférieur, nous y ont fait découvrir trois espèces de ce genre; deux appartiennent au terrain d’eau douce supérieur, et une a été trouvée dans le terrain d’eau douce inférieur, à Saint-Ouen. Nous allons indiquer leurs principales aiféronces la première, que 1 M. de Lamarck à décrite sous le nom de Gyrogonites medicaginula(r), et à la- quelle nous conserverons le nom de Chara mnedicaginula (2), () Lamarck; ee Mus.,t. V, p.366, t.1X, pl. XVII, fig. 7 ; Desmarest, Journ. Mines, n°. 1OT, nov. 1912; Bullet. Scienc. ;t. I, pl. U, fig. 5 ; Bron- gniart , Ann. Mus., t. XY, pl. XXII, fig. 12. {2) PI. VI, fig. 5 : a vu de côté; db vu en dessus. (Ces figures sont dix fois plus VÉGÉTAUX FOSSILES. 321 estslobulense, chacune des cinq valves spirales fait un peu plus d’un tour de la circonférence, de sorte que de la base au sommet, on compte six tours de spire; chacune de ces valves est bordée d’une crête peu saillante, qui, réunie à celle de l’autre valve, forme dans leur intervalle une crête étroite sillonnée dans son milieu. Ce caractère déjà observé par M. Lamarck, se voit également sur les échantillons complets de la plaine de Trappes, et sur les cavités laissées par cette graine dans les meulières du plateau de Montmorency, de Sanois, etc. , et distingue parfaitement cette espèce des deux suivantes. La seconde espèce, également propre au terrain d’eau douce supérieur, a été trouvée à Pleurs, dans le département de Aisne. Nous lui donnerons le nom de Chara helicteres (1); elle est remarquable par son volume un peu plus con- sidérable que celui des autres espèces, et par son état par- fait de conservation qui permet d’en étudier l’organisation avec soin et de s'assurer de son analogie complète avec les graines des Chara;ses capsules sontovoides,composées, comme celles de tous les Chara, de cinq valves contournées en spi- rales et dont chacune fait un tour et demi de la circonférence, de sorte qu’on compte huit spires de la base au sommet. Ces valves sont lisses et presque planes ; on peut facilement _ les séparer les unes des autres et observer à peu de distance grosses que nature ; les autres figures de chara sont augmentées dans la même proportion.) c une portion grossie davantage pour faire voir les crêtes latérales des spires ; d moule creux des meulieres de Montmorency présentant le même caractere. (1) PL VE, fig. 3. à vu de côté; b vu en dessus; d vu en dessous ; c une des valves spirales isolées. Mém. du Muséum. 1. 8. 4x 322 VÉGÉTAUX: FOSSILES. de leur sommetun léger étranglement qui paroît correspondre au point d'insertion de ces cinq petits appendices qu’on avoit regardés dans les Chara comme des stigmates, mais dont les fonctions ne sont pas encore bien connues, et qui ne paroissent pas pouvoir être assimilés aux stigmates des plantes phanéro- games; ce rétrécissement des valves à leur partie supérieure s’observe également sur les capsules des Chara vivans. L'inté- rieur de ces capsules est entièrement vide, sans aucune trace de columelle ou de placenta. La troisième espèce, que nous nommerons Chara Le- mani (1), se trouve dans les silex cornés du terrain d’eau douce inférieur à Saint-Ouen; elle est ovale, presque cylindroïde, à six tours de spire comme la première, mais on l’en distingue facilement par sa forme générale et par l'absence des crêtes qui séparent les spires du Chara medicaginula. Tous les caractères que présentent ces divers fossiles, leur structure, leur position dans des terrains lacustres mêlés à des portions de tiges semblables à celles des Chara, tout confirme l'opinion de M. Leman; opinion qu'il a trop bien prouvée pour que nous entrions dans plus de détails à cet égard. Unautre fossile, déjà assez connu sous le nom de noix de Turin, a été trouvé dans les collines qui font partie du terrain de sédiment supérieur des environs de cette ville. Toute l’en- veloppe ligneuse a.été détruite, de sorte qu’on ne voit que l'impression de sa surface externe et l’amande qui, en conser- vant parfaitement sa forme, a été remplacée par du calcaire sableux. (1) PL VI, 6g. 4. a vu de côte; d vu en dessus. VÉGÉTAUX FOSSILES. 323 La forme de cette amande, sa division en lobes prouve d'une manière incontestable qu’elle appartient au genre Ju- glans. Si on cherche à déterminer les espèces de ce genre avec lesquelles elle a le plus de rapport, on voit que les Jx- glans rigra, cinerea etregia, sont les seuls qui aient les noix sillonnées ou rugeuses, et une forme analogue à celle delanoix fossile. Mais la disposition de ces sillons dans l'espèce fossile diffère de celle qu'ils présentent dans les trois espèces vivantes; ils sont moins nombreux et les parties saillantes sont plus étroites que dans les Juglans cinerea et rigra, ‘et ils sont beaucoup plus profonds que dans le J'uglans regia ou. la noix commune. La forme de l’amande est aussi assez différente de celle du Juglans nigra, en ce qu’elle est plus allongée, et queses lobes sont nes tandis que dans le Juglans nigra ces lobes sont très-écartés par l'épaisseur considérable des cloisons ligneuses qui les séparent; elle se distingue de celle du Juglans regia par ses lobes simples et non subdivisés en re ou mamelons secondaires. Ces considérations auxquelles on peut ajouter que les J. uglans rnigra et cinerea étant indigènes de l'Amérique, il n’est pas probable qu’une plante qui croissoit en Europe puisse appartenir à la même espèce, me portent à regarder cette noix fossile comme une espèce qui n'existe plus, mais qui par ces caractères est intermédiaire entre le Juglans regie et le Jug Hans rigra. Je la os parle nom de Jug clans nux-taurinensis (1). (1) JucLANS NUx-TAURINENSIS, nuce globosä, sulcata, rugosa, seminis lobis approximats simplicibus. Pl. VI, fig 6. a surface externe de la noix ; b l’amande. 41° 324 VÉGÉTAUX FOSSILES. Ce résultat est d'autant plus curieux que le noyer commun n'étant pas originaire d'Europe mais étant indigène dela Perse, aucune espèce sauvage de ce genre ne croit maintenant en Europe, et qu'il prouve qu’à une époque que tout annonce être antérieure à l'existence des hommes ou du moins aux temps historiques, une espèce de ce genre croissoit en Italie; à moins qu'on ne veuille admettre que ces fruits y ont été transportés d’un autre climat, ce qui ne me paroiït pas pro- bable, parce que dans ce cas ils se trouveroient dans plusieurs localités différentes et ne seroient pas ainsi limités à un seul endroit (1). Les trois autres fossiles dont je crois pouvoir déterminer le genre avec la même certitude appartiennent évidemment tous trois au genre Pinus. La forme des écailles qui composent leur cône ne permet pas je crois d’hésiter sur cette déter- mination. J'ai trouvé la première espèce dans le terrain coquillier marin du pied des Apennins près de Castel- Arquato dans le Plaisantin. Ce cône étoit dans les mêmes couches qui ren- ferment une quantitéconsidérable de coquilles marines, des os de cétacés, ainsi que des bois entièrement changés en charbon; lecône lui-même est également charbonné, très-friable et diffi- cile à conserver; il est très-allongé, presque cylindrique, à peine renflé vers son milieu, long de 15 cent. sur 4 à 5 de large. Les écailles imbriquées très-obliquement ont 3 cent. ! x\* ue (x) Une autre espèce de ce genre a été trouvée aux environs de Lons-le-Saulnier, mais les échantillons que j'en ai vus sont trop incomplets pour que je puisse les décrire; on peut seulement assurer que cetie espèce est diflérente de celle de Turin par son atiande à lobes mamelonés comme ceux de la noix commune. +» VécéTaux FOSSILES. 325 de long sur 1 cent. de large à leur extrémité, leur sommet forme une sorte d’écusson rhomboïdal relevé vers son milieu en une crête transversale peu saillante. Cette espèce paroit surtout se rapprocher du Pinus palus- tris d'Amérique par la forme allongée de son cône, mais elle me semble en différer par la forme plus rhomboïdale de l’ex- trémité de ses écailles ; elle a aussi quelque ressemblance avec le Pinus aleppensis de Lambert, mais la forme de ses écailles est moins arrondie et me paroiît le distinguer de toutes les espèces connues jusqu'à présent. Je proposerai de le nommer Pinus Cortesu(1),enle dédiant à M. Cortesi qui a publié une description très-détaillée de la partie des Apennins où ce fruit a été trouvé, ouvrage dans lequel il annonce que des troncs de conifères setronvent dans le terrain du pied des Apennins mêlés avec les coquilles ma- rines et les ossemens de cétacés. | La seconde espèce a été trouvée par M. Defrance dans le calcaire grossier à Arcueil près Paris ; ses caractères me pa- roissent différer également de ceux des deux autres espèces fossiles et de ceux des espèces vivantes que j'ai pu lui com- parer; au lieu d’avoir été changé enlignitecomme cel uid'ftalie, ce cône a été entièrement détruit, et n’a laissé dans la roche qui le renfermoit que l'empreinte en creux de sa face externe, ce qui rend sa description plus difficile. Je vais néanmoins sapposer cemoule rempli etdécrire l'échantillontel qu'il devoit se présenter avant d’être pétrifié. : : (1) Pinus! ConTEsit, iconis oblongis fusiformibus , A re Sie sub- rhomboïdalibus transverse carinatis. PI. VI, fig. 7.0 21 417 Uleiisoin 326 VÉGÉTAUX FOSSILES. Comme dans l’espèce précédente le cône est très-allongé, il est même plus étroit, sa longueur étant de 18 cent. sur 3 environ de largeur. Il est recourbé à sa partie moyenne, et Je ne sais si cette courbure qui n’a certainement pas été produite par la compression !est un accident propre à cet échantillon, ou si comme dans quelques espèces vivantes c’est un caractère spécifique. Mais c’est surtout par la forme de ses ue qu'il diffère de l'espèce précédente; ces écailles, au lieu d'être rhomboï- dales comme dans le P. Cortesii, sont arrondies à leur extré- mité libre, et limitées inférieurement par les arcs des deux écailles placées au-dessous. Enfin, le disque de ces écailles, au lieu d’être relevé en'erête:à sa partie moyenne, est forte- ment recourbé’à son extrémité libre et presque unciné. La formetrès-allongée desoncônerapproche ce Pin de l’autre espèce fossile, mais le distingue de-la plupart des espèces vi- vantes, tandis que la forme deses écailles le distingue de l'espèce fossile d'Italie et des espèces vivantes dont il se rapproche par la forme de son cône: ces caractères me paroïssent assez certains pour permettre d'en faire une espèce particulière sous le nom de Pinus Defrancü (r). La troisième espèce que je rapporte au genre Pin a été trouvée par M. de Faujas à Rochesauve dans le département de l'Ardèche; et dans les mémoires qu'il a publiés sur les fossiles de ce terrain, il annonce en effet, que parmi les végé- taux qui y abondent on remarque le Pinus pinea , maisil ne (x) Pinus DEFRANGIL, conis cylindraceis elongatis squamis dilatatis apiceincuryis laxe imbricatis. PL. VI, fig. 8. : ra Le tente biodun vf | VÉGÉTAUX. FOSSILES. 327 dit pas d’après quelle partie de la plante il à pu déterminer cette analogie; il est pourtant probable que c’est d’après la la portion de cône que je vais décrire, qui vient de sa collec- tion, et qui présente en effet plus d’analogie avec le Pinus pinea qu'avec toute autre espèce. ‘échantillon n’offre que l’empreinte d’une petite portion de la face externe de ce cône, mais d’après son peu-de cour- bure on doit lui supposer un très-grand volume. La forme et la grandeur des disques des écaillés est abso- lument la même que dans le pin pignon dont l’espèce fossile ne paroîtroit différer que par le plus grand volume qu'iidique | la forme de l’échantillon. : En attendant que des échantillons plus complets permettent de décider la question d'identité des deux espèces, je le dé- signerai sous le nom de-Pinus Faujasu (1). M. Faujas, dans son Mémoire sur Rochesauve ( Ann. du Mus., tom If, pl. LVIT, fig. 10. ), a figuré une écaille déta- chée de Pin vue par sa face interne, qui par sa grandeur et sa forme me paroït appartenir à cetté même espèce. Aux fruits fossiles du terrain de sédiment supérieur que je viens-de décrire et qui m’ont paru présenter des caractères assez tranchés pour qu’on püt les rapporter avec certitude à des genres connus, et en même temps les distinguer de toutes les espèces maintenant existantes, nous devrions ajouter ceux de l’ile de Sheppey, à l'embouchure de la Tamise, qui appar- tiennent, comme mon père l’a fait voir (2), au terrain d'argile. (x) Pinus Fausastt, squamarum apicibus disciformibus sub hexagonis pyrami- datis, obtusis, truncatis. (2) Minéralogie géographique desenyirons de Paris, éd. 2°. p. rit. 328 VÉGÉTAUX FOSSILES. plastique; ces fruits déjà indiqués par Parson (1), et mieux figurés depuis par Parkinson (2), sont remarquables par leur nombre, leur variété et l'état parfait de conservation de plu- sieurs d’entre eux ; nous devons à l’obligeance de M. Crow, un nombre assez considérable d'échantillons de cet endroit, et nous tenterions ici d'en faire connoiïtre quelques-uns si nous n’espérions en avoir par la suite une plus grande quantité et pouvoir en faire l’objet d’un travail spécial. Aucun des fruits fossiles que nous avons décrits dans ce mémoire, et qui appartiennent tous aux terrains de sédiment supérieur, ne paroît offrir des caractères propres à le distinguer génériquement des plantes que nous connoiïssons; ce résultat qui peut se démontrer d’une manière presque certaine lors- qu’on cherche à déterminer des fruits fossiles, devient beau- coup plus difficile lorsque ce sont des feuilles ou des tiges qu'on veut comparer avec des plantes vivantes; leur détermination est presque impossible, à moins que ces feuilles ou ces tigesne présentent un caractère qui n'appartienne qu’à un petit nombre de végétaux. bien connus. Nous avons été assez heureux pour trouver dans le calcaire grossier des environs de Paris un fossile qui est dans ce cas, c’est une très-petite portion d’un rameau qui nous paroit appartenir évidemment au genre Equisetum. Les caractères qu’il présente ne se trouvent en effet que dans les plantes de ce genre et dans les Casuarina, mais me paroissent le rapprocher encore davantage du premier de ces (x) Parson, Trans. phil. , t. I, p. 306. (2) Parkinson , Org. remains, vol. IE, p. 447. VÉGÉTAUX FOSSILES. 329 deux genres. Les seuls échantillons que je possède de ce fos- sile ont été trouvés avec d’autres empreintes de feuilles dans le calcaire grossier de Montrouge près Paris, ce sont deux petits rameaux de deux centimètres environ de long, compo- sés de 4 à 5 articles terminés par des gaines qui s’évasent et embrassent l'article supérieur. Le bord de ces gaines est divisé en 4 ou 5 dent courtes, obtuses, mais non arrondies au sommet. Cette forme évasée des gaines distingue ce fossile des plantes du genre Casuarina dans lequel les gaines sont à peine dilatées et sont terminées par des dents appliquées exactement contre la tige. Il diffère en outre de toutes les Equisetum connus par les dents de ses gainestrès-courtes et obtuses, tandis que dans toutes les espèces vivantes de ce genre les dentssont longues et aiguës. Ce dernier caractère m'engage à le regarder comme une espèce distincte et à lui donner le nom d’Eguisetum brachyodon (1). Il est trés-rare de pouvoir parvenwr, d’après un échantillon aussi petit, à établir un rapprochement spécifique ou même générique. Parmi tous les genres de plantes le genre Equise- tum étoit peut-être le plus favorable à cette sorte de détermi- nation, puisque la forme de ses gaines est en même temps un caractère propre à ce genre et dont les modifications servent à distinguer les espèces; mais dans la plupart des cas, les or- ganes seuls de la végétation ne peuvent que très-difficilement conduire à la détermination du genre des plantes fossiles. Cette difficulté provient pour les feuilles de ce que ces or- (1) Equiserum Bracuyonon , vaginis apice dilatatis 4-5 dentatis, dentibus bre- vibus triangularibus. PI. V, fig. 3 k Mém. du Muséum. 8. 42. 330 VÉGÉTAUX FOSSILES. ganes, au milieu des modifications infinies qu'ils offrent, se représentent avec des caractères ou tout-à-fait semblables ou à peine différens dans des genres très-éloïgnés, tandis que dans un même genre ils présentent souvent les formes les plus variées. Pour les tiges, à cette même difficulté s’ajoute l'ignorance où l’on est de la forme de cette partie dans la plupart des plan- tes exotiques et même dans plusieurs plantes indigènes où elle est cachée à nos yeux, soit sous la terre, soit sous l’eau. Je vais en donner un exemple en faisant connoître un fos- sile également du terrain de Paris, trouvé dans les meulières de Lonjumeau, et que je crois pouvoir rapporter à la tige rampante et submergée des plantes du genre Nymphea. Ce fossile peu remarquable au premier aspect, n’auroit peut- être pas attiré mon attention, si peu de temps auparavant, dans une course faite au mois de mars, je n’avois recueilli une tige de Nymphea alba (1), en partie décomposée et dont les pétioles et les radicules avoient laissé des impressions, qui par leur disposition assez régulière en quinconces, m'avoient frappé comme pouvant donner quelques notions sur l’orga- uisation de fossiles très-différens de celui dont je veux parler, et par leur nature et par le terrain auquel ils appartiennent. Le fossile de Lonjumeau que je trouvai quelques mois après me rappela aussitôt la structure particulière de cette tige, et la ressemblance est en effet aussi complète qu’on puisse la désirer, du moins pour un rapprochement générique, et en faisant attention aux différences dues à la compression que le - fossile a nécessairement éprouvée. (r) PL VI, fig. 10. VÉGÉTAUX FOSSILES. 331 Dans l'un et dans l’autre on observe des empreintes cireu- laires en forme de disque, disposées assez régulièrement en quinconce et dont la surface offre vers son centre 5 à 6 im- pressions circulaires ou ovales, et vers sa circonférence une série de petits points enfoncés; dans la plante vivante ces dé- pressions m'ont paru produites par l'insertion des faisceaux vasculaires du pétiole. | Au-dessous de chacune des grandes empreintes circulaires, on voit également dans la plante vivante et fossile 5, 6ou 3 au- tres dépressions circulaires, mais de grandeurs inégales, les plus petites près de la base du pétiole, les plus grandes au-dessous, elles présentent toutes dans leur centre un petite tubercule. Ces impressions sont produites par les radicules qui naissent le long de la tige du Nymphea à la base de chacun des pétioles, du moins de la partie inférieure de cettetige, car vers l’extré- mité qui donne naissance aux pédoncules, on ne voit plus que les impressions des pétioles, etces radicules manquent même quelquefois à la base de quelques pétioles, comme on peut l’observer sur la plante vivante et sur la plante fossile. La grandeur seule de ces deux végétaux diffère, le fossile étant près du double de l'espèce vivante; mais n'ayant observé qu’une seule fois la tige de ce Nymphea, je ne puis pas aflir- mer qu’elle ne prenne pas un plus grand développement dans quelques circonstances. Cette identité parfaite me paroïit suflisante pour ranger notre plante fossile dans le genre Nymphea; et sans assurer que ce soit la même espèce que le Nymphea alba, je crois pouvoir la regarder comme très-voisine. En effet, ayant eu depuis occasion d'examiner la tige du 42° 332 VÉGÉTAUX FOSSILES. Nymphea lutea (1), tout en y retrouvant la même disposi- tion générale on y remarque des différences notables dans la forme de la base des pétioles qui, au lieu d’être circulaire, est aplatie, presque rhomboïdale, aiguë aux deux extré- mités. D OU ti N’osant pourtant pas, d’après la seule conformité des tiges, regarder la plante fossile comme la même espèce que le Nymphea alba, je crois pouvoir lui donner le nom de Vysn- phea Arethusæ (2). On sent d’après cet exemple combien de fossiles dont les genres analogues ne nous paroissent plus exister, pourroïent peut-être appartenir à des parties de végétaux que leur po- sition souterraine ou submergée, leur masse, la difficulté de les recueillir , et enfin les régions qu’elles habitent, ont jusqu'à présent soustraites à l’observation des voyageurs. On ne sauroit donc trop appeler, je crois, l’attention des naturalistes voyageurs sur ces parties des végétaux qui, ne pou- vant être mises en herbier, ont été le plus souvent négligées, et qui pourroit conduire à des résultats très-intéressans non- seulement pour l'étude des végétaux fossiles, mais aussi pour l'avancement de l'anatomie végétale et peut-être même par la suite pour le perfectionnement de la méthode naturelle. @) PI. VI, fig. sr. (2) NYMPHEA ARETHUSÆ. Impressiones petiolis deciduis effectæ , depressionibus sex majoribus notatæ , minoribus punctiformibus interjectis ; radiculæ 5-7 infra petiolorum basim positæ vel raro nullæ , inferioribus majoribus , omnes circulares. tuberculo centrali notatæ. Tab. VI, fig. 9. VÉGÉTAUX FOSSILES. 333 CHAPITRE IIT. Comparaison des végétaux fossiles des divers terrains. Dans le chapitre précédent nous avons fait connoître une partie des végétaux qu'on a trouvés jusqu’à présent dans les terrains de sédiment supérieur; on a vu qu'ils se rapportoient aux genres Exogénites, Endogénites, Culmites, Lycopodites, Palmacites, Fucôïdes, Phyllites, Poacites, et aux ordres des Carpolithes et des Antholithes; nous avons décrit en outre neuf espèces de plantes qui nous paroïissent appartenir d’une manière certaine à des genres connus, mais qui présentent cependant des caractères propres à les distinguer de toutes les espèces du même genre, et qui semblent indiquer que si à cette époque la-végétation ne différoit pas essentiellement de la végétation actuelle, si des plantes analogues génériquement à celles qui croissent maintenant à la surface de la terre exis- toient déjà, cependant les mêmes espèces n’habitoient pas la terre à ces deux époques, résultat qui se trouve d’accord avec ceux que fournit l’étude des animaux fossiles. Ces formations sont les seules dans lesquelles nous ayons pu jusqu'à présent retrouver ces analogies génériques; on peut aussi regarder comme un de leurs principaux caractères les diverses parties de Palmiers, troncs, feuilles et fruits, qui y ont été observées dans pe de points, et qu'on n'a De encore trouvé dans les terrains plus anciens. IT nous reste actuellement à indiquer les principales diffé- rences entre les végétaux de ces terrains et ceux des-forma- 33/4 VÉGÉTAUX FOSSILES. tions plus anciennes. Pour établir cette comparaison, nous di- viserons ( sous le point de vue seulement des végétaux qu’elles renferment ) toutes ces formations en deux groupes princi- paux : l’un renfermera les terrains désignés par mon père sous le nom de terrain de sédiment moyen et inférieur, savoir, la craie, le calcaire du Jura, le calcaire alpin et les terrains qui leur sont subordonnés; l’autre comprendra les formations de houille et d’anthracite. Nous sommes obligés de réunir dans la première série des terrains très-différens par leur position, parles animaux qu’ils renferment et par l’époque de leur formation, à cause du peu de débris végétaux que nous possédons de ces divers terrains et à cause du doute dans lequel nous sommes quelquefois pour déterminer à laquelle de ces formations appartiennent les végétaux fossiles que nous possédons. Jusqu'à présent la craie etle calcaire du Jura n’ont présenté aucun fossile végétal déterminable. Parmi des fossiles de la craie envoyés d'Angleterre par M. G. Mantell, il se trouve un fragment de bois fossile tout-à-fait indéterminable, c’est le seul débris végétal de ce terrain que je connoisse. Le calcaire des environs d'Oxford, que M. Buckland rapporte à la formation oolithique ou de calcaire du Jura, renferme aussi des portions de végétaux fossiles ; le seul échantillon de cette localité que j'ai vu et que je dois à M. Buckland, se rapporte à notre genre Lycopodite (r); la disposition de ses feuilles a beaucoup d’ana- (1) Nous lui donnerons le nom de Zycopodites Bucklandi. Sa tige est tripinnée à rameauxalternes. La tige principale et les rameaux du premier ordre ne portent pas de feuilles, les autres présentent des feuilles obtuses , rhomboïdales, disposées sur quatre rangs, et opposées par paires. Les latérales paroissent plus grandes et VÉGÉTAUX FOSSILES. 335 logie avec celle des Lycopodium alpinum et complanatum , mais il en diffère extrêmement par le mode de division de sa tige qui est trois foispinnée et non pas dichotome comme celle deces espèces; ce mode de division a beaucoup plus de res- semblance avec celui de la tige du ZLycopodium flabel- latum. Les seuls végétaux fossiles trouvés dans le calcaire alpin sont des bois dicotylédons changés en lignites et qui sont abondans dans les couches argileuses de ce terrain. Nous devons encore indiquer comme appartenant à la pé- riode étendue quenous embrassons dans ce paragraphe, 10, Les lignites de l’ile d’Aix près la Rochelle, dans lesquels M. Fleuriau de Bellevue a trouvé, outre de grandes masses de bois dicotylédons charbonnés, des Fucoïdes ou Fucus fos- siles. Nous en avons distingué 4 à à espèces différentes très- curieuses et bien caractérisées; on y a trouvé aussi quelques feuilles à plusieurs nervures parallèles qui ne sont pas assez entières pour que nous puissions espérer de les rapprocher d'aucune plante vivante. 20, Des Fucus fossiles d'espèces différentes de ceux dont nous venons de parler et qui se sont présentés avec des carac- tères parfaitement semblables et dans des terrains qui parois- sent avoir la plus grande analogie entre eux : 1°. à Bidache près Bayonne; 20. aux environs de Ventemiglia sur la côte occidentale de Gênes ; 30. à Sarzane près le golfe de la Spezia; 4°. à Vernasque près de Gastel-Arquato dans le Plaisantin ; placées dans le même plan; les autres sont plus courtes et appliquées contre la tige, comme dans le Zycopodium alpinum. 336 VÉGÉTAUX FOSSILES. 5o, au N.C. de Vienne en Autriche : deux ou trois espèces se retrouvent dans ces diverses localités et diffèrent entièrement des Fucus de Pile d'Aix etencore plusde ceux de Monte-Bolca. _ 3%. Les fossiles trouvés dans les schistes bitumineux de Mansfeld appartenant au terrain de sédiment inférieur : ces fossiles, que nous avons rapportés au genre Lycopodite et qui forment dans ce genre une section bien caractérisée par leurs feuilles disposées sans régularité, paroissent s'éloigner beau- coup du genre Lycopode; mais en général les échantillons de ces fossiles sont si peu nets qu’il est difficile de se former une opinion exacte sur leur analogie avec les plantes vivantes. Fels sont les seuls végétaux fossiles que nous connoissions dans les terrains de sediment inférieur ; nous voyons qu'ils ne se rapportent qu'aux trois genres Exogénites, Fucoïdes et Lycopodites; les genres Endogénites, Culmites, Phyllites, Poacites, Palmacites, Carpolithes et Antholithes que nous avons observés dans les terrains de sédiment supérieur, ne se sont pas présentés dans les premiers de ces terrains, soit que les végétaux dont ils faisoient partie n’existassent pas encore à cette époque, soit que quelque cause se fût opposée à leur conservation. Nous feronsremarquer qu’à l'exception des Poacites et des Carpolithes, aucun de ces genres ne s’est offert dans des ter- rains plus anciens, ce qui pourroit nous porter à présumer qu'ils n’existoient pas antérieurement à l’époque de la for- mation des terrains de sédiment supérieur; au contraire, les genres Calamites, Syringodendron, Sigillaria, Clathraria, Sag- naria, Stigmaria, Filicites, Sphenophyllites, Asterophyllites et les vrais Lycopodites qui se trouvent très-abondamment VÉGÉTAUX FOSSILES. 337 dans des terrains plus anciens, paroîtroient avoir déjà cessé d'exister à l’époque de la formation des terrains de sédiment inférieur, puisqu'ils ne se représentent dans aucun des terrains ie nouveaux. Ces genres appartiennent exclusivement aux terrains ol liers et aux terrains d’anthracites ou aux formations analogues. Parmi ces formations analogues aux terrains houilliers, et qui renferment les mêmes fossiles qu'eux, nous citerons lesmines de cuivre d'Ékaterimbourg en Russie, qui sont placées dans un psammite semblable à celui qui renferme la houille et qui contiennent aussi des Calamites et des Stigmaires semblables à celles du terrain houillier; Les échantillons très-curieux de ces tiges fossiles encore entourées de cuivre carbonaté existent dans la collectiox de l'Ecole des mines. Sous le point de vue botanique:nous avons aussi dù réunir les terrains d’anthracite et ceux de houille, car les végétaux qu'ils renferment ne paroïssent pas présenter de: différence bien marquée, du moins on retrouve dans les premiers pres- que tous-les genres qui existent dans les seconds; ainsi les Calamites, les Filicites, les Asterophyllites, les Sphenophyl- lites et les Poacites sont assez fréquens dans les terrains d’an- thracite, et si nous n’avons pas encore eu occasion d’y obser- ver les autres genres, il est probable qu'on doit l’attribuer à ce que ces terrains sont moins répandus que les terrains houil- liers, qu'ils ne sont l’objet que de peu d'exploitation et que les végétaux y sont en général moins nombreux. Peut-être si de nouvelles observations prouvent que les cinq genres que nous venons de nommer y existent seuls, sera-t-il per- mis d'admettre que les Syringodendron, les Sigillaires, les Mém. du Muséum. 8. 43 338 VÉGÉTAUX FOSSILES. Clathraires, les Sagenaires et les Stigmairesn’ont commencé à exister que postérieurement à la formation de ce terrain, et qu’à cette époque, la végétation ne consistoit presque qu’en plantes herbacées et ne présentoit aucune des plantes à tiges arbores- centes analogues aux Fougères en arbres, aux grands Eyco- podes etaux autres plantes auxquelles nous avons comparé les divers genres de tiges du terrain houillier. Dans ce dernier terrain on retrouve au contraire tous les genres:du terrain-d’anthracite, et de plus beaucoup de fossiles qu’on n’a pas encore observés dans ceux-ci; ce sont tous les différens genres qui forment notre seconde classe, excepté les les Culmites, plusieurs espèces de sd dope et quelques graines fossiles. Si nous cherchons d’après ces fossiles à nous former une idée du genre de végétation qui existoit à cette époque, si ce n’est surtoute la surface de la terre, du moins dans les par- ties qui ont produit les terrains de houille, nous verrons d’a- près les divers rapprochemens que nous avons cherché à établir dans le premier chapitre de ce mémoire, que presque tous les végétaux du terrain houillier paroissent appartenir à la grande division des plantes monocotylédones, et que la plupart feroient partie des monocotylédonescryptogames; ainsi nous y voyons les Lycopodes représentés par les Eycopodites et les Sagenaires, les Fougères par les Filicites; et les espèces arborescentes de cette famille par les Sigillaires et les Cla- traires, les Marsiliacées par les An ire et les ie . seracées par les Calamites. Les: quatre familles de ce groupe actuellement connues existoient donc déjà, quoique sous des formes assez différen- : VéGéraux FOSSIPÉS. 339 tes; toutes paroissoient renfermer à cette époque des espèces arborescentes dont il ne nous reste plus d'exemple sie parmi les Fougères. La présence des monocotylédones phanérogames semble roit aussi prouvée par l’analogie des Stigmaires avec quelques plantes de la famille des Aroïdes, et par celle des Poacites avec les feuilles de la plupart des plantes monocotylédones; enfin le genre Syringodendron, que nous n'avons pu rappro- cher d'aucune plante connue, doit aussi appartenir aux végé- taux monocotylédons sans que nous puissions dire si on doit le ranger parmi les monocotylédones cryptogames ou phané- rogames; mais, ainsi que nous avons cherché à le prouver, aucun de ces fossiles ne peut avoir fait partie dés plantes de la ” famille des Palmiers : ce fait est d'autant plus important à bien établir que la plupart des auteurs indiquentlestiges de la for- mation houillière comme appartenant à desplantes de cette fa- mille, tandis qu’il nous paroït prouvé qu'aucun des fossiles que nous connoissons jusqu’à présent dans ce terrain ne peut provenir de ces végétaux. . Nous ne trouvons comme exemple probable de plantes di- cotylédones que les Asterophyllites, qui, quoique différentes de toutes les plantes connues, ont assez d’analogie avec quel- ques Rubiacées pour nous faire présumer que ces plantes de- voient appartenir à une famille dicotylédone. Les graines peu nombreuses jusqu’à présent qu’on a trouvées dans ce terrain sont une preuve de plus de l'existence des plantes phanérogames; mais celles que nous avons vues sont trop difficiles à déterminer pour que nous osions chercher à les rapprocher des plantes vivantes. Parmi les plantes de ce 43° 340 VÉGÉTAUX FOSSILES. terrain dont nous connoissons les tiges ou les feuilles, les Stigmaires et les Asterophyllites sont les seules qui, paroïs- sant appartenir à des plantes phanérogames, pourroient les avoir produites; mais nous n’avons pu trouver aucune analogie entre ces graines et celles des végétaux dont les deux genres que nous venons de nommer semblent se rap- procher. . En comparant le nombredes espèces de chacun de ces grou- pes avec celui des espèces actuellement existantes, on obser- vera que les végétaux acotylédons (1) qui forment mainte- nant environ la huitième partie des plantes connues, n’auroient pas existé à cette époque, du moins il n’en reste aucune trace. Les monocotylédones cryptogames qui composent à peine la trentième partie des espèces actuellement existantes (1) Nous adoptons dans cette comparaison les divisions établies par MM. de Can- dolle et Rob. Brown; aïnsi nous ne donnons lé nom d’Acotylédones qu’aux cryp- togames celluleuses renfermant les algues, les champignons, les lichens , les hépathiques et les mousses. Sous le nom de Monocotylédones cry ptogames nous comprenons, ainsi que ces auteurs, les fougères, les lycopodiacces, les marsi- liacées , les équisetacées et les characées. Les nombres que nous avons indiqués sont tirés des ouvrages de MM. de. Humboldt, Rob. Brown et de Candolle sur la géographie botanique, et de notes manuscrites que ce dernier a eu la bonté de nous communiquer, qui donnent, pour le rapport numérique et approximatif des principaux groupes de plantes sur la surface actuelle de la terre, les nombres suivans : Acotylédones........ SA SEA LHGCIUE ses. 01116000 : Monocotylédones cryplogames............ rence ee 1000 —————- phanérogames..................... 7000 Dicotylédones............... EE À LACOSTE RE D ee Toraz des plantes connues, enyiron....1......: 47000 VÉGÉTAUX FOSSILES. 34x devoient former alors plus des neuf dixièmes des plantes qui nous sont parvenues, etles monocotylédones phanérogames en formoient à peine la trentième partie, tandis qu’elles com- posent maintenant près de la sixième partie.de la végétation. Enfin les plantes dicotylédones qui font presque les trois quarts des plantes vivantes n’entroient que pour un vingtième envi- ron dans la végétation de cette époque. On voit combien cette végétation est différente de celle des terrains plus récents et surtout de celle qui couvre actuel- lementla surface dela terre. Doit-on conclure de là quela terre à cette époque reculée ne présentoit pas d’autres végétaux que ceux que, ces terrains renferment, ou que ces plantes n’appartenoient. qu'à certaines localités qui ont donné nais- sance aux terrains de houille, comme on voit encore les tourbières présenter une végétation très-particulière et beaucoup moins variée que celle du reste de la surface de la terre; c'est ce que nous ne chercherons pas à discuier, l’une et l'autre opinion a (déjà été défendue par des natu- ralistes célèbres sans qu’on puisse cependant décider entre elles deux. | me La seule chose que nous ferons remarquer, c'est que lopi- nion, de quelques auteurs qui pensent que,ces végétaux peu- vent avoir été transportés, de climats éloignés. fes les lieux où ils sont actuellement déposés, paroit, contraire, à tous .les faits observés jusqu'à ce jour et n'avoir pour elle aucune rai- son bien fondée. En e En effet, la disposition des végétaux fe dans les mines de houille, la conservation parfaite de feuilles extrêmement minces, telles que celles des fougères dé nôtre, section des 1FTYS ,£ 34% VÉGÉTAUX FOSSILES. Odontopterts, Vintégrité deces frondes Souventtrès-grane des} et plus que tout cela la présence dans beaucoup detces mines de troncs verticaux traversant les diverses couches de \ roches qui les LeñferrHent G 1), S 'opBoseR à ce qu on puisse admettre cette opinion. | Dobyiostheosaslqesl ta On doit observer en outre que cétté supposition ne rend pas plus facile à expliquer la différence entre les végétaux de ces terrains et ceux qui habitent actuellementinos climats, car il existe presque ‘autant dé différence entre les fossiles dé la for- mation houillière et les plantes de lazone équinoxiale qu'entre ces fossiles et les plantes des régions tempérées; et en Suppo- sant qu'ils ont été transportés des régions équatoriales en Eu- rope, il n’en faudroit pas moins admettre que les végétaux qui croissoient autrefois sur- la terre différoient spécifique. ment et quelquefois génétiquement de ceux qui: l’habitent” actuellement. -- Il nous paroït donc bien prouvé qu’à une époque dont on ne peut pas fixer l'éloignement! l'Europe, si ce n’est en tota- lité, du moins dans beaucoup de points, étoit couverte de végétaux entièrement différens de ceux qui croissent mainte- “nant sur la terre et que ces végétaux se représentoient avec de légères différences dis seulement sur plusieurs au- tres points du globe; c’est ce dont on ne sauroit douter pour l'Amérique septentrionale dont j j ai vu un nombre assez con- sidérable d'empreintes de plantes du terrain houillier; et quelques échantillons des mines de houille de l'Inde, etmême ii LIEU 909 Î 42 fo OCT (1). Voyez.le Mémoire de mon:pèere sur 1 tiges CAS du terrain houillier, Annales des Mines, avril 1821. VÉGÉTAUX FOSSILES. 343 de-celles du:port Jackson à la Nouvelle Hollande, paroissent encore confirmer cette curieuse-analogie entre les végétaux | de tous les terrains houilliers, quelle que soit leur distance sur la surface de laiterre ; ce qui, sembleroit indiquer à cette épo- que sur tout le globe, .uneuniformité de végétaon qui n'existe plus maiutenant ou du moiïns qui ne se trouve que parmi les plantes des familles les plus simples, telles que les algues , les champignons, les lichens , les mousses, ete: , dont les genres et même souvent les'espèces se retrouvent sur des points très-éloignés, dans les deux Re et sous des latitudes très-différentes. Un des faits les plus thmatiiaables qui éciieuroil de cette comparaison des végétaux des différens terrains, c'est qué des plantes, telles que les fougères, les lycopodes qui existoient dès les premières époques de la végétation et qui croissent encore sur la terre, ne se sont pas retrouvées dans lesterrains plus nouveaux, tels que les terrains de sédiment supérieur dont les fossiles ont pourtant la plus grande analogie avec les plantes actuellement existantes. Cette absence des fougères dans les terrains nouveaux nous a semblé un fait si extraor- dinaire que nous avons cherché à l’ Papi par les obser- vations suivantes. Tous les terrains de sédiment supérieur se sont formés sous la mer ou sous les eaux douces, ce qui a fait distinguer parmi ces terrains des formations marines et des formations d’eau douce. En examinant les plantes fossiles de chacune de ces formations, on voit: que les unes ont dû croître dans le milieu même danét lequel lé terrain's’est déposé: tels sont dans les formations marines les plantes de la famille des Algues, et 243 VÉGÉTAUX FOSSILES. dans-la formation d’eau! douce les graines de Chara, les tiges de Nymphea, les feuilles de Potamogeton, les Poacites qui paroissent avoir une grande analogie avec beaucoup-:de feuil- les de plantes aquatiques, telles que les Graminées, les Spar- ganium , les Typha, les Cyperacées, etc. D’autres fossiles proviennent évidemment de végétaux qui ont erû hors de l’eau; ces végétaux ont été par conséquent transportés des lieux. où ils croïssoient dans le liquide où se déposoit le terrain qui lés renferme;:.et peuvent se trouver également dans les formations marines et dans les formations d’eau douce. C’est ce qu’on observe en effet pour les Exogé- nites, lés Endogénites, les Phyllites, les Flabellites et les Car- polithes : tous ces: fossiles sont communs aux terrains marins et aux terrains d’eau douce. Pour qu'un végétal puisse se rencontrer à l’état fossile dans une des formations du terrain de sédiment supérieur, il faut donc ou qu’il croissedansla mer cudans les eaux douces, oubien qu'ilsoit susceptible d’y être facilement porté par les vents ou les courans. Les fougères ne remplissent ni l’une ni l’autre de ces conditions, aucune n’habite la mer ni les eaux douces, et la structüre de leur fronde continue dans toutes ses parties, sans articulations, souvent même persistante sur la souche qui la porte, rend difficilé la séparation de leurs parties et leur transport dans les lieux où elles auroient pu être déposées.et passer à l’état fosssile, Les mêmes .causes.sè sont, opposées:aux transports des mousses, des lycopodes dont toutes.les parties sont également continues, à celui des feuilles amplexicaules, des fleurs , etc., qui adhèrent aussi fortement à la tige qui les supporte: Aussi VÉGÉTAUX FOSSILES. 345 ces fossiles sont-ils très-rares ou même n’existent-ils pas du tout dans ces formations. : | Les causes que nous venons d'exposer et qui ont pu s’op- poser à la conservation des fougères, des lycopodes et de quelques autres végétaux dans les terrains de sédiment su- périeur, moyen, et inférieur, n’ont pas eu la même influence sur leur dépôt dans les terrains de houille; tout semble en effet prouver que ces derniers, quoique entièrement composés de végétaux terrestres, ont été déposés dans le lieu même où ces végétaux croissoient; la présence d’arbrés encore dans leur position verticale en est la preuve la plus évidente. Si on admet cette opinion, toutes les plantes qui habitoient l’en- droit qui a donné naissance au dépôt houillier ont dû S'y trouver renfermées, quelle que fût l’adhérence deleurs parties . entre elles et celle de leur tige au sol sur lequel elles crois- soient. 1 Cette différence dans le mode de formation des terrains houilliers et des terrains plus nouveaux nous paroït donc donner une explication assez satisfaisante de l'absence de certains végétaux dans ces derniers. On pourroït pourtant ob- jeéter que quelques dépôts de lignite, tel que celui de Liblar près de Cologne, paroïssent formés dans des circonstances assez semblables à celles qui ont présidé à la formation des terrains de houille, et pourroïent renfermer lesmêmes végé- taux que ces terrains; mais les seules plantes fossiles trouvées jusqu’à présent dans cet endroit, quoique appartenant à des troncs et à des fruits de palmiers, sont dans un tel état de dé- composition, qu'il est. probable que toutes les parties plus dé- licates , telles que les feuilles, les fleurs, etc. , ont été détruites ; Mém. du Museum. 1.8. 4h 346 VÉGÉTAUX FOSSILES. on ne peut donc pas regarder l’absence des fougères dans ces terrains comme une objection suffisante contre l'hypothèse que nous avons avancée (r). (1) Durant l’impression des dernières feuilles de ce Mémoire nous ayons recu le second cahier de l’ouvrage de M. Sternberg ; n'ayant pas pu profiter dans notre travail des obsérvations intéressantes que cet ouvrage renferme y nous croyons utile d’en donner ici une courte analyse, pour établir au moins la syno- nymie entre les nouveaux genres que M. Sternbèrg a établis et ceux que nous avons indiqués dans ce mémoire. M: Sternberg a distingué sous le nom de Rhytidolepis le genre que nous avons nommé Srigillaria, et qu’il avoit d’abord laissé réuni à son genre Lepidodendron. Son genre Flabellaria est le même que celui auquel nous avions conservé le nom de Palmacites donné par M. Schlotheim. Ses genres Schlotheimia et Annularia forment notre genre Asterophrilites, et J’avoue que le caractère sur lequel M. Sternberg fonde leur distinction, et que j'ai cherché à vérifier sur plusieurs échantillons bien conservés, ne me paroît pas encore suffisant pour faire admettre cette distinction; de plus, le nom de Schlo- theimia étant déjà appliqué à un genre de mousses , nous ne croyons pas qu’on puisse le donner à d’autres végétaux. Le genre Rotularia est le même que celui que nous avons nommé Sphenophyllites. Le GERME Nœggerathiæ nous semble parfaitement ronvieta par ses feuilles pinnées à folioles traversées par des nervures simples et parallèles. M. Sternberg ne rapproche ce fossile d’aucune plante vivante ; ne seroit-il pas analogue à quelques Zamia où à quelques Palmiers à feuilles pinnées, tels que les Carjota, quoique essentiellement différent du. Caryota urens. La localité de ce fossile n’est pas connue d’une manière exacte; cependant M. Sternberg présume, d’après la nature de la roche qui le renferme , qu’il provient du terrain houillier. M. Sternberg a décrit et figuré dans ce cahiér quelques Fougères qu’il a rap- portées aux genres Osmnunda, Asplenium et Pteris; il nôus paroît tres-diflicile d'adopter ces divisions génériques, les espèces fossiles ne présentant aucun des caractères propres à reconnoître les genres de cette famille, et une étude parti- culière de ces plantes nous ayant prouvé qu’à l'exception de quelques genres on ne pouvoit pas reconnoitre les genres d’après la forme de la fronde. Nous doutons même si deux des espèces qu’il a figurées appartiennent réellement à la famille des Fougeres. Ainsi nous ne connoissons aucune plante de cette famille dont les pinaules-présentent trois nervures parallèles et irrégulièrement divisées comme Une 7 Ÿ, Boullemier Ft - Ji. 10: 5 É : VL/214 Lite 0 Costansé a C schodtes dguanmnalas #4 RTE: 2 Capote 5 nue A Les A CRTC ON 42) , éd 10. ____u0a UC j Via Hltsies É A 2, Tes Ÿ Dérud Cordes 7 74 É A PLPRR D Aanais lu let : Jonres. Tea PAT UE DRE HENRI ( A “a TEE Z th de CCenstaus & VÉGÉTAUX FOSSILES. 347 celles de l’Asplenium difforme de M. Sternberg. Ce caractere rapproche beau- coup plus ce fossile des feuilles du Comptonia asplenifolia. La plante dont ce na- turaliste a donné la figure , tab. X XIV, fig. 2, et qu’il regarde comme un Pteris, nous paroit être la même que celle que nous avons figurée dans la seconde édition de la Description géologique des Environs de Paris, sous le nom de Phyllites abietina, et qui differe essentiellement de toutes les Fougères par ses feuilles insérées tout autour de la tige et articulées par leur base sur cette.tige. Cette observation est importante en ce qu’elle a pour objet de faire voir que ces deux plantes, que M. Sternberg cite comme provenant du terrain de lignite, ne sont pas des Fougères, et qu’elles n’apportent par conséquent aucune exception à ce que nous ayons dit sur l’absence de cette famille de végétaux dans les terrains de sédiment supérieur. Hot EXPLICATION DES PLANCHES. ._ PLANCHE V. Fic. 1.| Palmacites Parisiensis. Fic. 2. Endogenites echinatus. Fic. 3. [Equisetum brachyodon. | alb de grandeur naturelle; AB grossi. -Fic. 4. Fhyllites multinervis. PLANCHE VI. FiG. 1. Lycopodites squamatus. | Fic. 2. Carpolithes ovulum, a de grandeur naturelle ; b grossi. a de grandeur naturelle; bigrossi , vu en dessous ; c grossi, vu de côté.” Fie.)3. Chara helicteres. (Dix fois plus gros que nature.) Î a vu de côté; b vu en dessous ; d vu en dessus ; c une des valves séparée. # . . LI Fic. 4. Chara Lemani. (Dix fois plus gros que nature.) a vu de côté; b vu en dessous. 44" PT. IG. IS ? L Je it, de C! Const PL.V. Æ Boullemier p? CA PTE oger les nn. nas . ? le «linetrri #, 7 7 (2 Ag.2. 7 7.4 N \ SR Ÿ Ÿ RÈ < À SN KÀ L ? Lg? 07 ne Cgrateturn / lig.3. 348 VÉGÉTAUX FOSSILES. Fic. 5. Chara medicaginula. ( Dix fois plus gros que nature. ) a vu de profil; à vu en dessous ; c une portion de la capsule, grossie davan- tage pour faire. voir les crêtes qui séparent les valves; 4 portion de la cavité laissée dans les meulières de Montmorency par la même espèce. Fic. 6. Juglans nux-taurinensis. a portion de la face externe de la noix ; à amande. Fic. 7. Pinus Cortes. a une écaille vue de profil; b idem vue en dessus. Fig. 8. Pinus Defrancii. | a b détail des écailles. FiG: 9. Nymphea Arethusæ (tige fossile ). en Fic. 10. Portion de la tige du Nymphea alba. Fi. 11. Portion dela tige du Nymphea lutea. ESSAI SUR LE VOL DES INSECTES (1); Par J. CHABRIER, ancien officier supérieur. ; CHAPITRE V. Des Criquets ( pl: 13, fig. 1 de) Lis deux segmens alaires des criquets de passage acrydiumn migratorium, ne sont susceptibles d’être séparés que dans leurs portions dorsales; leurs portions pectorales étant unies intimement; chacun de ces segmens contient lés muscles propres aux ailes qui lui appartiennent ; lesquels muscles sont disposés , à quelque chose près, comme ceux du métathorax, des coléoptères. tif à Les rapprochemens les plus fr appans qu'il soit Ha de faire entre le tronc alifère de ces insectes et celui des coléop- tères sont que, dans l’un et dans l’autre, le principal segment alaire estle postérieur, etque les muscles dorsaux ne s’insèrent . point aux voûtes desdorsum, mais seulement aux demi-cloisons transversales qui séparent en deux parties le haut de Pinté- rieur du tronc alifère. La même disposition a lieu chez les fourmilions et chez Les ascalaphes. (Il est bon de se FABRESS (1) Voyez, pour les chapitres préc Ê VE, p. 41; 1. VIH, p. 207, et se VAT; 7: 550 Vor pes Insectes. à cette occasion que, chez les coléoptères, il nya qu’un seul système de muscles du vol pour lesaïles et les élytres. ) Mais les criquets sont de tous les insectes que j’ai examinés, ayant pour chaque paire d’ailes des muscles particuliers du vol, les seuls où le segment alaire antérieur, soit d’un tiers . au moins plus petit que le postérieur. Du reste, la forme des organes intérieurs du vol est la même dans l’un et dans l’autre segment. Le prothorazx est fort grand ; antérieurement il recoit la tête, laquelle y est attachée par une membrane ligamenteuse très-lâche; et une bonne portion du mésothorax est admise et fixée par une semblable membrane dans son ouverture postérieure. Je présume que cette emboîture de la tête et du tronc alifère dans le prothorax, empêchant ces insectes de se tourner facilement, ji que leur vol est presque tou jours direct. . Les tégumens du tronc ali ifère sont assez fermes; de plus : ils sont soutenus par une charpente intérieure composée de . nervures dont les principales servent en même temps d’ap- puis aux ailes et aux élytres ; entre celles-ci, il en existe une” autre placée sur la suture unissant d’une manière intime les portions pectorales du mésothorax et du métathorax. Les bords de la congue pole sont aussi fortifiés par des nervures; en arrière , les parties latérales de cette conque, unies intimement au costal, sont contenues par lui. Dans quelques sauterelles les portions pectorales des deux segmens alaires ne sont unies entre elles que par une forte membrane ligamenteuse, assez lâche, laquelle est tendue: quand, dans l'élévation des ailes, les deux segmens s'éloignent Vor DES Ixsecres. 351 Yun del'autre; elle fait un pli considérable en dedans HER S au contraire, ces segmens se rapprochent. . Les appuis des ailes consistent en quatre nervures inté- rieures inclinées en avant et marquées en dehors par un sil- lon peu profond. En haut, ces appuis se receurbent un peu en dedans et se terminent par une tête oblongue et longitu- dinale s’élevant au-dessus des parois de la éonque et s’articu- lant avec la base des ailes. Ils sont liés entre eux par les tégu- mens, et de plus, ilsle sont en haut par les nervures longitu- dinales des bords supérieurs de la conque et, en bas; par celles qui bordent les ouvertures rondes par où les jambes s’articulent au tronc. Chaque tige de ces appuis s’épaissit en descendant et porte en bas une énorme apophyse transverse era peu près horizontale, laissant un espace vide entre elle et l’ouverture articulaire de la hanche correspondante, ou- verture qu'elle coupe en travers.'Cette apophyse s'articule en biseau et s’unit fortement par des ligamens serrés avec les branches aussi transverses d’un osselet bifurqué, qu'ailleurs et sous d’autres formes nous avons appelé l’erfosternum , dont la tige peu élevée est plantée sur le milieu de la paroi sternale , entre les deux appuis correspondans. Plusieurs mus- cles, entre autres ceux des pattes, s’attachent soit aux côtés des tiges saïllantes des appuis, soit aux branches de l’ento- sternum, soit enfin aux tésumens intermédiaires. À Les dorsum des deux segmens alaires et les bras de leurs appendices basculaires ( ou les bras de leurs post-dorsum res- pectifs ) s’articulent latéralement par l'intermède de deux larges osselets radicaux, ou Awméraux, se repliant sur eux- mêmes lorsque l'aile est en repos, avec les bases des ailes cor- E 359 Voz Des INSECTES. respondantes à peu près comme chez les” papillons et chez plusieurs autres insectés. Le rebord antérieur du dorsum mésothorachique tient aussi par des ligamens aux côtés de fa conque péctorale par l'intermédiaire d’une apophyse mon+ tante de cettegconque (1) s’élevant au-dessus de son bord supérieur et faisant suite à la nervure marginale de son bord antérieur. Au m@yen de cette union, lors de la contraction des muscles dorsaux, les côtés de la conque peuvent être écartés et poussés en arrière avec les appuis des ailes et en même temps que le dorsum. La partie antérieure et laté® rale du dorsur métathorachique est également fixée au bord supérieur de la conque par des membranes lisamenteuses. Ces dorsum sont intimement liés en arrière avec leur ap- pendice basculaire dont le -post-dorsum fait partie ; da sütffre d'union est marquée en dessus par une dépression transver- sale et en dedans par une nervure correspondante à laquelle s'attache une membrane allant joindre le bord postérieur du post-dorsum qui se recourbe en dessous en forme d’ourlet. Le même bord donne attache, en outre, à la membrane liga- menteuse et lâche qui l’unit au dé du métathorax. Le bord postérieur de l’appendice basculaire du dorsum méta- thorachique se recourbe aussi en dessous, où il se joint étroi- tement à la partie antérieure et écailleuse du costal. Ces deux appendices tiennent latéralement par le moyen de ligamens très-làches , aux derniers osselets radicaux des bases des ailes. Pour recevoir les muscles dorsaux des deux segmens alaires, (x): La conque pectorale des à, DONS et des Yépidoptères porte aussi en devant des pièces qui s’articulent'avec les parties antérieures des côtés du dorsum. Vo pes INSEGTEs. 353 l'intérieur de la-région supérieure du tronc alifère est divisé en deux loges par #roës demi-cloisons transversales, deux extrèmes et une intermédiaire, toutes trois bilobées et ser- vant à l'insertion de ces musêles dorsaux. La première ést formée par le rebord antérieur du dorsum mésothora- chique:; l'intermédiaire, descendant verticalement très-bas dans l'intérieur du tronc, appartient au rebord antérieur du second dorsum, elle sert d'attache commune, par ses deux faces an- térieure et postérieure, aux muscles dorsaux des deux seg- mens, et enfin la troisième fait partie du costal. Celui-ci est d’unestructure toute particulière, vu qu'il.est uni intime- mént à l’appendice basculaire du dorsum métathorachique et aux parties latérales de la conque pectorale. Il est composé de trois portions principales, la première estintérieure, c’est la demi-cloison transversale postérieure, laquelle est inclinée de manière que son bord supérieur est en avant et son bord libre reculé en arrière ; elle est aussi courbe, sa face convexe regarde l’abdomen et sa face concave donne attache aux muscles dorsaux du métathorax; enfin elle est épaisse et s’u- nit intimement, par ses extrémités, à des arêtes des parois latérales de la conque pectorale, lesquelles correspondent à l'espèce d'étranglement extérieur qui sépare le tronc de l'abdomen; elle-même correspond, par son bord supérieur, à la pare dorsale de cet étranglement formée par la dispo- sition des deux autres parties du costal. L’une de celles-ci partant du bord supérieur de la cloison, va en avant et,en montant au rebord en forme de ressort du post-dorsum méta- thorachique, et la dernière portion, ou l'appendice postérieur du costal, commençant aussi au bord: supérieur de la cloison, _Mém. du Muséum. 1. 8. 45. 354 Voz Des Insectes. s'étend en arrière en s’élevant et forme l’arceau supérieur du premier anneau du ventre (1). Par ce moyen, l'abdomen qui est pesant se trouve soutenu, et, dans le vol, lesmouvemens imprimés au costal peuvent lüi être communiqués. Etant pour ainsi dire suspendu au costal, il étoit nécessaire que celui-ci füt solidement arrêté, ce qui a lieu en vertu de son union intime avec le dorsum postérieur et avec les parois latérales de la conque.: : : C’est dans cet appendice du costal, ou segment médiaire, que sont pratiquées les cavités latérales et ovales que l’on croit être en partie l'organe du chant (2). En avant de cha- cune de ces cavités, on voit aussi un stigmate où aboutissént plusieurs grosses trachées aériennes. Il seroit intéressant de vérifier sur des insectes grands et bien frais de cet ordre si le: muscle qui meut la cuisse dans la stridulation , ne ressère pas en même temps la caisse du tambour afin d’en chasser l'air G) Cét arceau tenant: à une portion. du métathorax fait partie.du segment médiaire de M. Latreille. (2) M. Latreille donne à ces cavités le nom de tambour (voy. le mémoiretres- curieux de ce savant sur l’organe musical des criquets et des truxales, Mém. du Muséum , t. VIIT). Mon mémoire sur le vol des criquets faisoit partie de l’ouvrage que j'ai présenté à l’Académie des Sciences le 28 février 1820; maïs des circonstances, en ayant retardé l'impression dans les Mémoires du Mu jai eu par là l’heureuse occa- sion de parler des recherches nouvelles de M. Latreille , et surtout de me convaincre que le frottement des cuisses contre les élytres contribuoit au chant des insectes précités ; en conséquence je crois que la stridulation du criquet est le produit de- - cé frottement , et de plus( ainsi que je lai déjà avancé dans mon premier cha- pitre) leproduit de l’air intérieur qui, en s’échappant par l’ouverture pratiquée. dans la membrane du tambour, fait vibrer les bor ds de cette ouverture et toute Ja membrane : car il est à présumer que le bruit occasionné par le seul frotte ment des élytres est foible et ne doit servir que de modification au son. Vor Des Insecres. 355 . par la petite ouverture ovale pratiquée dans la membrane de ce tambour et faire ainsi vibrer les bords de cette ouverture. L’ailedes criquets de passage est des plus belles que j'aie vu; elle est glabre, admirablement réticulée et plissée longitudi- nalement en facon d'éventail. Cependant, les plis de l’éven- tail ne donnent qu'une idée imparfaite de ceux de cette aile; on peut en juger par la coupe transversale que j'ai faite de cette aile (pl. 13, fig. 4). Sa partie membraneuse est trans- parente et sans couleur, ses nervures sont fortes quoique dé- liées, leur surface est Jisse-et nette, les plus grosses sont à l'intersection des plis supérieurs. Elles s’articulent avec l’hu- mérus qui de son côté se lie avec les osselets radicaux. : Les élytres sont convexes en dessus et concaves en dessous afin de retenir l'air; elles contribuent, sans aucun doute, di- rectement au vol, pouvant se mouvoir d’une manière indé- pendante des ailes et aussi bien qu’elles; à la vérité, les muscles du mésothorax qui produisent ce mouvement pro- gressif, sont moins longs que ceux qui meuvent les ailes vé- ritables ; mais aussi la surface des élytres est plus petite que celle de ces ailes. ù Dans le vol, la base de l’élytre joint en arrière celle de aile par le moyen d’une membrane épaisse. Cette base de l'aile s’étend à son tour en arrière par une semblable mem- brane dont-le bord postérieur est soutenu par la nervure ré- tractive ; cette dernière partdu bord postérieur du post-dor- sum et se dirige du côté de l'abdomen. Nous avons déjà vu que d’autres insectes offrent de semblables appendices aux bases de leurs ailes et de leurs élytres.J'e dois faire remarquer que les osselets des bases des ailes et des élytres sont liés’ entre eux 45° 356 Voz DES name (comme chez tous les autres insectes) par deux membranes , dont l’une est supérieure et l’autre inférieure, et entre les- quelles les fluides intérieurs ont accès (1). Les muscles du vol ne remplissent pas entièrement linté- rieur du tronc alifère ; dans quelques espèces qui volent peu, le vide qu'ils laissent au milieu dela portion pectorale ou in- férieure de ce tronc, et qui est en partie occupé par l’esto- mac, est très-considérable. À Les muscles dorsaux abaisseurs des ailes sont au nombre de deux dans chaque segment et disposés comme chez les coléoptères; la direction de leurs fibres est longitudinale et à peu près parallèle au plan de la ligne moyenne du dos, je dis àpeu près, car les muscles dorsaux des ailes sont horizontaux, tandis que ceux des élytres s’insèrent en montant au rebord antérieur du dorsum mésothorachique, rebord qui descend peu dans l’intérieur du tronc..Ges derniers muscles, quoique puissans, sont beaucoup plus courts que ceux des ailes. Dans quelques espèces de sauterelles , ils sont foibles et composés de plusieurs faisceaux. Je n'ai point découvert chez les criquets les muscles cos- tali-dorsaux proprement dits que l’on remarque dans beau- coup d’autres insectes, entre autres dans les coléoptères. | Les releveurs des ailes (sternali-dorsaux) sont inclinés en avant, mais non en dehors, et composés de quatre ou cinq faisceaux, séparés en bas où ils s’attachent à la paroi sternale, (1) Chez beaucoup de coléopteres les élytres sont doublées intérieurement par une pellicule susceptible de se détacher facilement ; je soupçonne que des fluides intérieurs peuvent pénétrer entre quelques parties’ de cette pellicule et l'élytre proprement dite: Voz Des Insectes. 357 mais se réunissant en haut à leur insertion aux parties latérales des dorsum de chaque côté des muscles dorsaux. On trouve parmi eux quelques muscles des pattes. Les muscles du vol dans les deux segmens alaires ont pour auxiliaires d’autres muscles presque verticaux situés en dehors de tout le système musculaire du vol près des parois latérales de la conque pectorale, ne tenant qu’à cette partie et éon- tribuant à dilater le tronc, à étendre et à replier les ailes, à les abaisser et à les relever (zzwscles pectorali-axillaires antérieurs et postérieurs ); les uns et les autres s’attachent au bas, à la poitrine et aux hanches des pattes mitoyennes et postérieures, de chaque côté des apophyses transverses des appuis des ailes. Ée pectorali-axillaire antérieur est très-fort, s'insère en haut à une écaille axillaire fixée par des ligamens sur le bord supérieur de la conque au-devant de la base des ailes etengagée par toutes ses autres parties dans les membra- nes axillaires ; sa principale fonction paroit être ide tirer l'aile en avant dans son élévation et delarapprocher du tronc (x). Le pectorali-axillaire postérieur, un peu plus foible, s’insère aussi aux membranes axillaires de la partie postérieure dela: racine de l'aile, par l'intermédiaire d’une petite cupule écailleuse etintérieure. H doit, ce me semble, rapprocher l'aile dutrone lors de son abaïissement et contribuer; àxila fermer. On: voit encore d’autres petits muscles près des pectorali-axillaires qui, je pense, sont les congénères deices derniers. 122: 41: 7 { nat | v' x L £ fi ; (x) Un examen approfondi melfat regarder je Rte pectoraliaxillaire ak hannetôn commé!dèftiné! principalement là porter rapidement: l’aîle ‘en FRoË dans son élévation. (Voy. le chap. IT.) 2 HA TI: 4 PERD 358 . Vor nes ÎNsEcTEs. Dansla contraction desmuscles dorsaux les deux dorsum sont élevés et poussés en arrière , en sorte que l’antérieur monte un peu sur celui du métathorax; les côtés de la conque pec- torale sont aussi poussés dans le même sens par l'intermède des apophyses qui les lient avec les côtés du rebord antérieur du dorsum, de manière que les appuis des ailes s’écartent et reculent un peu ; les sommets des voûtes des dorsum qui sont libres, vu que les muscles dorsaux ne s’insèrent qu'à leurs rebords antérieurs et au costal, en étant légèrement courbés d'avant en arrière, leurs extrémités se rapprochent, leur centre monte et leurs parties latérales s'élèvent aussi et s’écartent. En outre, le costal étant tiré en avant et sa convexité dimi- nuant, il s'ensuit que les côtés de la conque pectorale sont éloignés l’un de l’autre et que la portion supérieure et anté- rieure du costal s'élève et hausse en même temps le post- dorsum et l’éxtrémité postérieure du dorsum métathorachi- que; par toutes ces causes le tronc alifère est dilaté, les par- ties internes des osselets radicaux sont élevées et les parties externes abaissées avec les ailes. Le contraire a lieu quand les sternali-dorsaux se contractent à leur tour. + Cette anatomie du tronc alifère des criquets, pour ce qui a:rapport au vol, est loin d’être complète, vu qu’il ne m’a pas été possible de me procurer d’individu vivant de la grande espèce: voyageuse; mais je la crois suffisante pour bien enten- dre la mécanique de leurs mouvemens progressifs dans Pair, étant éclairé d’ailleurs par l'anatomie du thorax du hanneton, du bourdon en de, la libellule déjà, publiée. avec détail. Le tronc alifère des wuxales est, mue comme. celui des criquets. ï: ÿ toits le x Vor pes INSECTES. 359 CHAPITRE VI Des Hémiptères (pl. 13, fig. 5,6, 7 et 8 ). J'ai examiné dans cet ordre des cigales , des reduves , des pentatomes tels que l’edessa rugripes etle cimexrufipes, etc. Dans tous ceux que j'ai vu, l’angle formé en arrière et en haut, à la réunion de la portion dorsale des tégumens du tronc ali- fère avec les parties latérales de la conque pectorale est plus ou moins aigu, tandis que ( excepté quelques libellules) chez les insectes des autres ordres cet angle est obtus. Leurs té- gumens sont très-élastiques. Leur costal se porte en avant par son extrémité inférieure , laquelle est en outre recourbée dans le même sens, de manière à s’articuler librementet à se mou- voir sur la facette concave dedeux apophyses, ou branches furculairestenant àlaparoïsternale etappropriéesà cette fonc- tion. Ce costal s'articule intimement par ses branches aux parties latérales de la poitrine , peut subir, sans inconvénient, un certain degré de flexion et reprendre ensuite: par sa force de ressort, unie à sa force vitale , sa position naturelle. Il est échancré profondément dans son milieu, en sorte que le tube alimentaire et les vaisseaux aériens ayant la liberté de parcou- rir cette échancrure ne peuvent être blessés. | Les cigales ont les tégumens du tronc assez durs quoique élastiques; ils sont soutenus intérieurement par des nervures dont les principales servent en même, temps d’appuis aux ailes. : F3 Ja Lestégumens des pentatomes sont d’une écaille proportion- 360 Vox Des INSEcTEs. nellement plus mince et plus élastique. Leur prothorax est grand et très-large; dans les cigales, ill recouvre seulement la partie antérieure du dorsum et deux grands stigmates situés au devant de ce dorsum; mais chez les pentatomes il cache non-seulement les stigmates antérieurs, mais encore tout le dorsum. - -Chèéz ces derniers, eLsurtout chez l'edessa nigripes, le ven- tre S’appuie, sans gêner les hanches, contre le sternum du dernier segment alaire au moyen d’une pointe aiguë que sa face inférieure porte en avant et qui entre dans un enfonce- ment correspondant de la partie sternale du métathorax où elle s'appuie, permettant par là aux hanches postérieures qui touchent aux membranes inférieures articulaires de l’ab- domen de se mouvoir librement dans la marche. L’écaille su- périeure de l'abdomen de l'edessa nigripes m’a paru d’une consistance presque comparable à celle des autres tégumens; les anneaux de cètte partie ne sont point mobiles, à l'exception des deux premiers arceaux supérieurs; le second arceau est uni au troisième par une large membrane donnant à l’abdo= men la faculté de se dilater et de se rétrécir, et lui permettant un assez grand mouvement de bas en haut. Il n’en est pas de même dans les cigales où tous les anneaux de Väbdomen sont mobiles et'unis par des membranés lâches. L’arceau supérieur du premier de ces anneaux couvrant en dessus l’appareil du chant, est très-grand et fortifié intérieu- rement par des nervures; il est fixé par une membrane liga- menteuse ‘au sommet très-mince d’une espèce d’arc transver- sal terminant en arrière le métathorax, et qui est fixé étroite- ment à la saillie postérieure et supérieure du costal. C’est au- Voz Des InsEcTes. 361 dessous du sommet de cet arc que s'attachent aussi au costal. les muscles releveurs de l'abdomen. L'organisation du tronc alifère a quelques rapports avec celle de la même partie dans beaucoup d'insectes. Ce tronc diffère de celui des coléoptères sur plusieurs points importans; 10. chez ceux-ci le plus grand segment alaire est le postérieur, etil est le premier chez ceux-là; 20. le dorsum des hémi- ptères que j'ai vu'ne porte point de cou ou de rétrécissement antérieur; les muscles dorsaux s’attachent à sa voûte en avant et en haut, ce qui n’a pas lieu chez les coléoptères où ils s insèrent seulement à une demi-cloison antérieure trans- versale, fermant le cou du dorsum, et enfin les élytres des coléoptères ne prennent que très-peu de, part au vol, tandis que celles des cigales, des pentatomes, des réduves, ete, sont essentielles à ce mouvement progressif. Les deux portions pectorales des deux segmens alaires de la cigale, du pentatome, etc., tiennent intimement l’une à l’autre. Le bord. postérieur de la portion antérieure fait en haut de chaque côté une saillie en arrière recouvrant un stig- mate. | Le mésothorax étant presque rempli par les principaux muscles du vol communs aux deux paires d’ailes, pénètre dans le métathorax de manière à le diviser en deux parties qui se trouvent placées sur les faces externes latérales et pos- térieures du costal, ayant chacune la forme d’un prisme triangulaire irrégulier, recouvert «en dessus par une écaille mince, aussi triangulaire. faisant avec sa semblable l'office de dorsum des ailes inférieures ; car c’est à ces écailles que s'insèrent en haut. les muscles releveurs de ces aïles. Ces Mém. du Muséum. 1. 8. 46 . 365. Vox pes INspcres portions de segment renferment en outre d’autres muscles propres à étendre et à fermer les ailes et plusieurs muscles des pattes postérieures. ISALS s Dans les cigales, Ze conque pectorale est fortifiée par des nervures marginales auxquelles s’attachent les membranes ligamenteuses des articulations; ses paroïs sont en outre affer- mies intérieurement, en bas par une plaque sternale faisant l'office d’ento-sternum et latéralement par des nervures très- fortes; la nervure ‘antérieure sert d'appui aux élytres, celle qui vient après se lie intimement en avant'et en descendant . avec ces appuis des élytres, et en arrière avec les branches du - costal; la troisième descend verticalement, passe derrière l'ouverture des hanches mitoyennes ‘qu’elle fortifie et sous la plaque sternale où elle joint sa semblable du côté opposé; une quatrième enfin descend vers louverture servant à l'articulation des hariches postérieures dont elle soutient les bords et où elle présente uae apophyse articulaire s’avançant transversalement sur cette ouverture pour fournir des points d'attache soit aux ligamens, soit aux muscles. E’appui de l'élytre porte en bas une semblable apophyse pour l’arti- culation de la hanche mitoyenne. L'aile inférieure s'articule en haut, entre la quatrième nervuretetcelle du bord postés rieur de la conque dont il sera fait mention plus bas en\par- lanv de l'arc transversal postérieur. ° -Chez les pentatomes, la conque pectorale, outre ses ner- vures marginales ; est surtout fortifiée par une double nervure inclinée en:avant;située à la réunion intimié des deux Segmens! alaives ; joignant en basla portion transversale de l’ento-ster nüm et envoyant dés rameaux- potir renforcer les alentours Où A @ MT NS LES EN, AU HS Voz pes InsecrTEes, :363 de l'articulation des ailes et les ouvertures artieulaires des hanches. Le costal s’unit fortement par ses branches avec le haut de la nervuïe antérieure, et l’aile inférieure s'articule entre la seconde nervure et celle qui renforce le bord pos- térieur de la conque. Dans les cigales, le bord postérieur de laconque pectorale est fortifié en dedans et en bas par üne forte plaque trans- versale placée sur la suture qui unit la portion sternale de la conque aux opercules ou écailles couvrant en dessouslorgane de la stridulation. Des extrémités de cette plaque et de la suture s'élève un arc écailleux, vertical et transversal, très- fort à sa base, mais s’amincissant beaucoup dans son milieu ou sommet, par où il s’attache , au moyen de ligamens serrés, à la partie postérieure, supérieure et saillante du costal. La flexibilité de son milieu est' nécessaire pour ne point gêner l'office du costal et pouvoir faire ressort lui-même. C’est à cet arc que s’attachent, par des membranes ligamenteuses lâches,, l'abdomen participantparlà aux mouvemensimprimés au costal, et une grosse nervure rétractive transversale, communiquant avec les bords postérieurs des ailes inférieures et contribuant à les fermer ou à les retirer.en arrière. Les _vides que cet are laisse en dessus et de chaque côté entre lui et les bras basculaires sont occupés par les portions de dor- sum des ailes inférieures, ou.écailles triangulaires et convexef en dessus dont nous avons déjà parlé; ces écailles sont sou- tenues en arrière par l’arc transversal et du côté interne par les bras basculaires; en dehors elles s’articulent avec les osse- lets radicaux des ailes inférieures, et enfin ellesdonnent inser- tion par leurs faces concaves aux releveurs de ces ailes. Ces 46* :364. -Vor pes INsréTes. écailles ont beaucoup’ de rapports avec ne palettes de la demi-ceinture des hyménoptères. 107 SD ei Dans les pentatomes, les bords ur. de la conque sont aussi soutenus par une arête solide, des extrémités su- périeures de laquelle part une barre transversale, presque horizontale, très-forte d’abord , et diminuant d'épaisseur vers son milieu au point d’être flexible et élastique dans la partie qui s'attache ‘au/wostal. Du reste’, remplissant les mêmes fonctions que l'arc transversal des cigales. Les pentatomes ne m’ont offert pour ento-sternum que là portion des nervures intérieures coupant transversalement la paroi sternale de la poitrine et sur laquelle s'élève, de chaque côté de la ligne médiane, une apophyse bifurquée présentant en haut une facette concave longitudinale où s'attache un petit muscle ou ligament élastique, s’insérant ensuite à l’extrémité inférieure du lobe correspondant du costal. Ge’ muscle est destiné à maintenir fixe le plus possible la (partie inférieure du costal dans la contractiontdes museles dorsaux , et à retirer ce même costal en arrière et en bas quand il a été poussé trop avant, ou trop rapproché: de la voûte du dorsum. En avant de la nervure transversale est une petite crête sternale des deux côtés de laquelle s’attachent en bas les muscles sternali-dor- Saux iYTO 69! ‘Chez les cigales l’ento-sternum est composé d’une plaque étroite et longitudinale, divisée dans sa ligne médiane en deux parües égales et semblables par une fosseite; elle forme la “paroi linférieuré :du:canal par où passe le tube intestinal. -L'extrémité antérieure de cette plaque. s'élève en forme de -deux‘apophyses latérales auxquelles s’attachent, en dessus, les Vor pes INSECTES. 365 muscles ou ligamens élastiques qui s’insèrent aux extrémités inférieures des lobes du costal, et en dessous, quelques mus- cles des pattes mitoyennes. “ Le dorsum du mésothorax servant à l’attache antéro-su- périeure des principaux muscles du vol est très-bombé, sur- tout dans les cigales; il-est fortifié en dedans par plusieurs pe- ütes. nervures longitudinales; son bord antérieur (rebord cervical) se recourbe en bas pour l'insertion des muscles dorsaux;ses parties latérales portent les apophyses humérales s’articulant avec les osselets radicaux des bases des élytres. Antérieurementsont deux espèces d’apophyses (oz dejambes) écailleuses et élastiques très-fortes dans les cigales, lesquelles descendent sur le devant de la conque pectorale qu’elles - joignent en se recourbant un peu en arrière et où elles sont fortement attachées par des ligamens serrés; elles tiennent, de plus, aux côtés antérieurs du dorsum par de fortes mem- branes, occupant le vide qui est entre la partie scapulaire du dorsum et ces apophyses, au moyen de quoi ces dernières peuvent, en se redressant, éléver la partie antérieure du dor- sum , et en même temps, faire fléchir d'avant en arrière les paroïs convexes de la conque pectorale. Leur oflice me paroït aussi avoir quelques rapports’ avec celui de la fourchette des oiseaux. C’est à elle que s’attachent les deux grands stigmates que le prothorax recouvre et qui peut-être sont des organes de bourdonnement. nine ont En arrière le dorsum des cigales est uni intimement à son appendice basculaire dont le post-dorsum se recourbe en dessous pour se lier au costal par une membrane ligamen- teuse lâche. 366 Vor pes Insectes. Le dorsum despentatomes, des réduves,etc., entre entière- ment dans le prothorax et se distingue surtout par son appen- dice basculaire dont le post-dorsum couvre non-seulement le métathorax, mais encore l’abdomen en partie chez les uns et en entier chez d’autres. Ce post-dorsum est doublé en dessous d’une écaille mince et souple formant une poche où peuvent s’'introduire de l'air intérieur et du liquide (r), et au bord antérieur de laquelle s’attachent la membrane ligamenteuse qui l’unit au costal. Latéralement, l’appendice basculaire s’articule par sesbras avec les derniers osselets radicaux des bases des ailes. Le costal des cigales descend jusque près de Ja paroi ster- nale de la poitrine, où il s’unit aux apophyses de l’ento-steraum par l’intermédiaire de deux muscles, ou ligamens élastiques épais et très-courts dont nous avons déjà parlé; il est divisé en deux lobes par une échancrure étroite et profonde et in- clinée de manière que son bord supérieur est fort en arrière et que les extrémités inférieures de ses lobes qui se recourbent en avant viennent jusqu'au milieu de la paroi inférieure de la poitrine. Ses branches très-fortes s'unissent intimement en avant avec des nervures de la conque pectorale; la partie pos- térieure de son bord supérieur est libre , tenant seulement à lappendice basculaire par une membrane ligamenteuse forte et lâche; le milieu de son bord inférieur est libre aussi. Sa face antérieure et concave, regardant en haut et en avant, (1) J’ai eu occasion de reconnoître que chez les coléopteres l’air intérieur ou ua liquide pénétroient aussi dans la duplicature de la piece qu’on nomme l’écus- son, et qui n’est autre chose, comme nous l’avons déjà dit: que le post-dorsum ou la portion dorsale de l’appendice basculaire mésothorachique. da Voz pes Insectes. 367 sert d'attache aux muscles dorsaux, sa face postérieure est convéxe; plusieurs muscles des jambes-postérieures s’y insè- rent, ce que je n’ai vu dans nul autre insecte. Il est vrai aussi que je n'ai vu que dans les hémiptères le costal articulé en bas avec des apophyses entosternales. Cette: face postérieure du costal porte deux saillies en arrière, une de chaque côté de l’échancrure médiaire; les faces concaves ou: antérieures de ces saïllies servent pour lattache inférieure des muscles costali-dorsaux. Dans la contraction des muscles dorsaux, cette pièce doit être redressée en tournant dans son articulation avec les apo- physes entosternales. | ‘Le costal des pentatomes est à LE près une comme celui que nous verons de décrire. Les élytres des cigales, des eines de réduves, etc., étant mues par les mêmés muscles que des ailes, étant plus grandes que ces dernières, .s’accrochant à elles dans le vol, ayant: la plus grande part à ce mouvement, progressif, et étant dans les cigales de même nature que les-ailes, doivent être considérées ou comme la portion antérieure de-cesailes, ou comme des ailes supérieures semblables à celles desthymé- noptères; car, ainsi que celles-ci, elles appartiennent au pre- mier:et principal segment alaire renfermant les muscles du voblcommurs aux deux paires d “Et elles sont articulées immédiatement avecsondorsum. : 5@ XH9 91H Les-ailes inférieures ne Ééhle:di moins à leur bord antérieur -quiest-en partie relevé ‘en haut, et ne: paroissent être)quele. complément des: aîles antérieures dont \elles élargissent : 1x! base: RC 368 Voz nes Insectes. Les crochets ou agrafes, au moyen desquels les ailes supé- rieuresetinférieuresdes cigales, des pentatomes, etc., s’unissent dans le vol sont très-forts ; chaque aïle n’a qu’une seule agrafe très-large; celle de laile supérieure est à son bord postérieur et elle est recourbée en bas et en dessous; et celle de l'aile inférieure se trouve à son bord antérieur regardant en haut et en arrière. Chez les cigalés et chez plusieurs autres insectes du même ordre, les ailes sont glabres’et de nature écailleuse ; dans les cigales, leurs plis restent au même état, que les ailes soient étendues ou fermées. Les bases des ailes des cigales ont quelques rapports avec celles des aïles des lépidoptères et des diptères; elles se com- posent d’une pièce susceptible d’être séparée (l’humérus), s'articulant du côté externe avec les nervures des ailes qui y jouissent des mouvemens d’abduction et d'adduction, et du côté interne avec les deux principaux 'osselets radicaux. : L'osselet antérieur, ou hwrnéral, s'articule par l’extrémité inférieure de sa partie interne avec le côté correspondant du dorsum ; il est: fort large, de même que le postérieur où ongulatre ; celui-ci qui s'articule avec les bras de l’appendice basculaire est aussi uni aw dorsum par une membrane fort lâche pouvant se rider et .s’étendre tour à tour, et sous laquelle je soupçonne l’existence d’un ligament. élastique propre à retirer l'aile en arrière et à la fermer. Ces osselets sont unis entre eux par deux membranes, dont l’une:estien dessus et l’autre:en dessous. C’est par lintermède des osselets radicaux! que ‘les!élytres: et les ailes s’articulent avec leurs appuis et leurs dorsum respectifs. La base de l'aile antérieure s’unit par une membrane épaisse bordée:en arrière d’une Vor pes Ixsecres. 369 nervure rétractivé, à celle de l’aile inférieure. La base de “celle-ci s'étend aussi fort en arrière au moyen d’une sem- blable membrane, +s’attachant à l’appendice baseulaire et soutenue par la nervure rétractive de cette aile. La disposition des muscles du vol dans cet ordre est à peu près la même que dans les papillons et les diptères; car, les mêmes muscles qui servent spécialement à dilater et à comprimer le tronc alifère tour à tour, meuvent en même temps les deux paires d’ailes : cependant les ailes postérieures ont des réleveurs particuliers. Dans les cigales et dans quelques pentatomes, les muscles dorsaux, ou dilatateurs du tronc, sont très-forts; ils s’insèrent au rebord cervical et à la partie supérieure de la portion médiane et longitudinale du dorsum ; en arrière ils s’attachent au tiers mitoyen du costal, Les autres portions des dorsaux , ou dilatateurs ( /es costali- dorsaux), sont en arrière, ayant leur insertion supérieure aux parties latérales du dorsum, derrière celle des sternali- dorsaux, et l’inférieure aux deux tiers latéraux du costal. Chez les cigales, les constricteurs du tronc, ou les releveurs des ailes (s/ernali-dorsaux ), sont composés de plusieurs faisceaux inclinés en avant; les faisceaux antérieurs, les plus forts de tous, sont en outre légèrement inclinés en dehors. Is s’insèrent en haut aux parties latérales antérieures du dor- sum correspondantes aux apophyses humérales et de chaque côté des dilatateurs, et s’attachent en bas aux parties latérales de la paroi Red de la poitrine de chaque côté de la plaque ento-sternale. Dans les pentatomes les mêmes muscles se touchent en bas, ou à peu près. Au nombre des releveurs il faut compter deux muscles des Mém. du Muséum. 1. 8. k 47 370 Vor pes InsecTEs. pattes mitoyennes larges et ininces du côté du dorsum où ils s’insérent, et Se terminant en bas par un long tendon. Ils doi- vent contribuer à labaissement du dorsum et à relever les ailes en prenant leurs points fixes aux hanches. En haut et du côté interne de l’appui de l’élytre est une apophyse horizontale en forme de palette sous laquelle s’at- tache un petit muscle cylindrique ( ou ligament élastique), très-court, que je n’ai vu avec cette forme que dans cet ordre ; il est remarquable surtout chez les pentatomes, les réduves, et porte en bas une cupule écailleuse ronde du sommet inférieur de laquelle descend un tendon écailleux long etdélié, s'insérant à l'extrémité de l’apophyse ento-ster- nale correspondante, au-devant du lobe du costal. Il doit retirer en dedans le haut de l’appui. Les muscles du vol ont pour auxiliaires de petits muscles pectorali-axillaires situés tout-à-fait sur les côtés du tronc, s’insérant en haut soit à des écailles mobiles sous-axillaires, soit aux appuis des ailes, et en bas à la poitrine ou aux hanches. Ils contribuent -à étendre et à replier les aïles-et à les rapprocher du tronc dans leur élévation comme dans leur abaissement. Du vol, — Dans les pentatomes, lorsque les muscles dor- saux se contractent , le post-dorsum ou la portion dorsale de l’'appendice basculaire, laquelle est unie intimement au dor- sum et couvre presque tout le dessus de l’abdomen, est évidemment bandée comme un arc l’est par sa corde (la corde est ici représentée par la duplicature écailleuse du post-dor- sum et par la membrane ligamenteuse qui l’unit au costal). Dans ce cas, le milieu du costal qui est libre étant tiré en Vo pes Insectes. 351 LEA … par l'intermédiaire de sa membrane articulaire; le post-dorsum de son côté pousse le dorsum en avant, pendant que celui-ci tend au contraire à repousser ce post-dorsum en arrière : mais comme ces deux pièces ne peuvent aller à la fois par deux chemins opposés, leurs parties extrêmes se rapprochent et celles qui sont en contact s'élèvent. Ce mouvement ascen- sionnel est secondé d’abord par le costal qui se redresse et s’aplatit en se mouvant dans son articulation avec les apo- physes de l’ento-sternum et dont la convexité ne peut dimi- nuer qu’en écartant ses parties latérales, en redressant et en haussant à la fois la partie postérieure de son bord supérieur, ce qui élargit le tronc et élève le dorsum de ce côté. Le re- bord cervical du-dorsum étant tiré en arrière par les muscles dorsaux en même temps que ces muscles agissent sur le costal, la convexité de*ce rebord en est diminuée; alors ses apophyses descendantes se redressant font hausser le devant du dorsum; elles tendent aussi à faire fléchir d'avant en ar- rière le devant de la conque pectorale, et par là à écarter les flancs de cette conque : le tout favorisé par la contraction simultanée des muscles costali-dorsaux et par la dilatation de l'air intérieur qui a lieu au même instant que celle du thorax. che En même temps les extrémités des bras de l’appendice bas- culaire se. haussant avec le dorsum, élèvent et poussent en avant les parties internes des osselets radicaux des bases des ailes avec lesquels ils s’articulent, d’où s’ensuit l’abaissement de ces ailes et leur mouvement simultané d’avant en arrière. Le mouvement de l’abdomen en haut dans cette circons- 47" avant entraine avec lui l’extrémité postérieure du post-dorsum 372 Voz DES ÎINsecTEs. tance me semble confirmé en partie par l'impression pro- fonde que, chez quelques pentatomes (ledessanigripes, par exemple), la pointe du post-dorsum laisse, par son contact, sur la face supérieure de l'abdomen. Cette impression est aussi la suite du refoulement de l'air, ou d’un liquide, dans le sac du post-dôrsum: Les apophyses descendantes du rebord antérieur du dor- sum ; ainsi que le costal, les tégumens et les ligamens qui at- - tachent toutes les pièces entre elles, sont alors tendus, et doiveñt, en partie d'eux-mêmes, et par leur force de ressort, reprendre leur position d'équilibre que même ils dépassent, aidés par la contraction des muscles sternali-dorsaux, lesquels, comme on sait, élèvent les ailes en abaissant le dorsum et en. resserrant le tronc. CHAPITRE VII Des Lépidoptères (pl#3, fig. 9, 1oet 11). Parmi les insectes que j'ai examinés, les lépidoptères sont les seuls où les bases des ailes supérieures et la partie scapu- laire du tronc alifère soient protégées par deux écailles con- sidérables en forme d’épaulettes. Chaque écaille porte dans sa moitié postérieure, et du côté externe, une vaste échancrure -pour recevoir la base de l'aile corr pole qu’elle couvre en dessus dé manière à ne point gêner les mouvemens de l'aile; elle couvre aussi les membranes axillaires situées au- devant de la base de l'aile. Les bords supérieurs et antérieurs de cette écaille sont libres ainsi Wan la saillie qu'elle fait en arrière sur-la racine de l'aile. : a QE: Voz pes InsEcTEs. 373 L'écaille est doublée en dessous par une membrane trans- parente et semi-écailleuse, de manière à former une poche dans laquelle l'air intérieur ou quelque liquide doivent avoir accès : cette membrane porte en dessous de la partie anté- rieure de l’écaille et près du bord inférieur de cette partie, une longue fente par laquelle elle se lie aux membranes axil- laires et par où la poche dont nous venons de parler com- munique avec l'intérieur du thorax. L’épaulette couvre en- core, en partie, la face externe d’une espèce de clavicule très-forte (bras claviculaires ) intimement unie à la conque pectorale et à la nervure fulcrale, et qui s'articule en avant avec les parties latérales du devant du dorsum. Ainsi, l’épau- leïte ne tenant point immédiatement à des parties dures n’est point articulée, mais fixée seulement à des membranes ; de plus elle ne tient point, à proprement parler, à la base de l'aile; en cela elle diffère de la valve radicale placée sur la racine de l’aile dans les hÿménoptères, mais elle a avec celle- ci les rapports suivans, savoir, de couvrir les parties articu- laires de la base de l'aile qui sans elle seroïent nues, et de posséder une poche interne. Les tégumens du tronc alifère de plusieurs sphinx présen- tent assez de consistance; ceux de l'abdomen du sphinx éper- vier (sphinx stellatarum ) sont d’une écaille plus forte à proportion et plus élastique que chez les autres espèces. Dans les papillons, les tégumens sont proportionnellement plus foibles. Û ü | Le sphinx épervier dont le vol est prodigieusement rapide, dépouillé de son poil et ayant dans le repos ses ailes infé- rieures cachées sous les supérieures, l’abdomen aplati, plus SU TA Vor DES ÎNSEGTEs. large que le tronc alifère, offre l’aspect d’une grosse mouche; les longs poils barbus de l’extrémité et des côtés de l’ab- domen, joints au grand nombre de vésicules aériennes qui remplissent cette partie, doiventcontribuer à soutenir le tronc de l’insecte dans l’élévation des ailes. Le prothorax ne prend qu’une part indirecte au vol; dans les papillons et les sphinx, il porte en dessus deux grosses vessies semi-écailleuses couvertes de poils qui m’ont paru pleines de liquide et d’air, et susceptibles de s’affaisser et de s’enfler alter- nativement. La membrane ligamenteuse et très-lâche qui unit le prothorax au tronc alifère porte , au-dessus des hanches de la première paire de jambes, en avant des bases des ailes su- périeures et de chaque côté, un long stigmate vertical bordé de cils frisés; peut-être est-ce l'organe du bourdonnement auquel les deux vessies mentionnées ci-dessus serviroient d'accessoires ; mais je crois que ces vessies se vident et se remplissent alternativement de liquide plutôt que d’air. Je pense que le siége d’un autre bruit que le sphinx atropos fait entendre est dans deux ouvertures rondes et nues situées une de chaque côté du tronc, au-devantdes bases des ailes postérieures et dans le haut des membranes qui unis- sent les deux segmens alaires ; ouvertures que je n’ai point découvertes chez les autres espèces du même ordre, et que j'ai vu là distinctement s'ouvrir et se fermer, au moyen d'une membrane semblable à une paupière, pendant que l’insecte que j'avois entre les mains faisoit entendre son cri. Ma pré- somption est d'autant plus probable que dans le lieu de l'existence de ces ouvertures, les membranes vibrantes peu- vent être très-bien appuyées par les rebords écailleux des Voz Des Insectes. 375 segmens : de plus, il y a en dessous deux forts muscles lon- gitudinaux et presque horizontaux (7zuscles sternaux ) , allant en descendant légèrement des branches de l’ento- sternum antérieur aux branches correspondantes de l’ento- sternum postérieur, destinés d’abord à rapprocher les seg- mens par en bas ( car ils se trouvent aussi dans les papillons), et peut-être à faire affluer l’air intérieur vers les bouches de ces appareils aériens. _ L’abdomen fixé par une membrane ligamenteuse en haut à l'arc écailleux formant la partie supérieure et postérieure du métathorax, a ses muscles releveurs courts et épais, surtout dans les papillons ; s’attachant en haut et en avant à l’arc écailleux dont nous venons de parler et en arrière à une demi-cloison transversale bilobée , tenant au bord postérieur de l’arceau supérieur du premier anneau de l'abdomen. Ces muscles doivent relever l'abdomen avec force et lui donner dans le vol, et lors de l’abaissement des ailes et de l’éléva- tion du tronc, une force centrifuge ascendante, très-utile pour diminuerle poids ducorps dans cette circonstance.Les muscles abaisseurs de cette partie sont beaucoup plus foibles (1). Les deux segmens alaires sont très-distincts et ne sont unis entre eux que par des membranes; ce qui se voit aussi dans les fourmilions, les ascalaphes, les friganes, chez quelques orthoptères, et chez les hyménoptères dont l’abdomen est sessile. (:) Schwammerdam a observé la vésicule aérienne située à l’origine de l’abdo- men, tenant au canal alimentaire et faisant partie de l'estomac dont nous ayons déjà parlé. | 356 Voz pes [nsecres. Le segment antérieur est terminé en arriere, dans sa partie supérieure comme dans l'inférieure, par un rebord écailleux et élastique rentrant : le segment postérieur en porte un sem- blable en avant : ces rebords formant dans l’intérieur des arêtes considérables et servant de renforts aux segmens, four- nissent aussi des attaches aux muscles. C’est par eux et par l'intermédiaire d’une membrane ligamenteuse, lâche surtout dans la partie inférieure, que sont unis les deux segmens, ce qui permet à ces segmens de se rapprocher au moyen de plusieurs muscles et de s'éloigner en partie spontanément en vertu du ressort de leurs rebords écailleux. Le rnésothorax, contenant les muscles du vol communs aux deux paires d'ailes (ou plutôt les muscles dilatateurs et constricteurs du tronc communs aux deux segmens ), est très- grand ; il entre dans le métathorax, occupe une grande partie de sa capacité et le partage en deux portions égales et assez petites, renfermant les muscles releveurs et autres des ailes inférieures et les muscles de la dernière paire de jambes. La conque pectorale est fortifiée en dedans par les arêtes ou rebords qui servent de moyen d'union aux deux segmens alaires et par de grosses nervures marquées en dehors par des traits creux, dont les principales servent d’appuis aux ailes. | L’ento-sterrum du mésothorax consiste en une crête ver- ticale et longitudinale à laquelle s’insèrent des deux côtés une parüe des extrémités inférieures des muscles sternali-dorsaux. Cette crête est surmontée d’une plaque furculaire triangu- laire, semi-écailleuse et très-mince, formant la paroi infé- rieure du canal traversant longitudinalement le tronc. La tige Voz ves Ixsecres. 377 qui soutient cet appareilen arrière est bifurquée;:ses branches fort longues ss’étendent jusqu'à la partie supérieure des re- bords postérieurs de la portion pectorale de ce segment; s’y unissent intimement et les maintiennent dans la position con- venable ; elles s’unissent aussi de la même manière à l’'appen- dice basculaire. L’ezto-sternum du dernier segment consiste aussi en une tige bifurquée dont les branches se lient au rebord postérieur de la portion pectorale de ce segment, et à la demi-cloison transversale qui s'élève en forme d’are der- rière ce segment et le termine en haut. Les tiges et les branches de’ ces deux ento-sternum four- nissent des attaches à un grand nombre de muscles des:pattes et de quelques autres parties. Nous avons déjà fait connoître les muscles sternanx qui s’y attachent. Les muscles abaisseurs de l'abdomen S'insèrent aux branches furculaires du méta- thorax. Les appuis des ailes sont fortifiés en dedans par plusieurs grosses nervures : du milieu de la face antérieure des appuis de la première paire d’ailes, partent les deux 67es clapicu- laïres ,très-forts, qui vont én avant et en montant, s’articuler par de larges facettes avec les côtés de la partie antérieure du dorsum, et avec les branches de la piècé que j'appelle fourchette, dontil sera parlé plus bas (ai). Lorsque le dorsum est retiré en arrière, ces bras doivent l'être aussi; leurs extré- mités articulaires s lèvent et leurs extrémités fixes doivent (1) Les criquets et les hyménoptères que j'ai vus présentent aussi des pieces s'articulant avectles côtés de/là partie antérieure du dorsum et dont lPusage est le même que) celui des bras claviculaires. Mém. du Muséum. 1.8. 48 375 Voz DES INSECTES. s tendre àrepousser en arrière les appuis des ailes, à les écarter l’un de l’autre, et, par ce moyen, à élargir la conque pectorale. C’est sur leurs faces externes que se trouve la partie anté- rieure des épaulettes couvrant et protégeant la base des ailes et l'articulation des bras claviculaires avec le dorsum. De petits muscles qui s'attachent aux tiges fulcrales paroïssent contribuer au rétrécissement du tronc dans l'élévation des ailes ; secondés en cela par d’autres muscles plus puissans dont nous ferons mention. Dans le sphinx et les papillons, le dorsum du mésothorax est fort grand et fortifié intérieurement par des nervures marginales considérables. La moitié antérieure de ses bords latéraux fait de chaque côté une saillie en dehors, renforcée en-dessous par deux arêtes longitudinales, disposées de manière à former une fossette où s’insèrent en haut des muscles cons- tricteurs releveurs des ailes; en arrière cette saillie se termine par une apophyse dirigée parallèlement aux bords latéraux, S’articulant par un ligament très-lâche avec le devant de la base de l’aile; une autre apophyse postérieure, allant au- devant de la première, s'articule par des ligamens serrés avec le principal osselet radical, lequel, par son extrémité supé- rieure, paroît tenir intimement à l’humérus. La partie libre de ces apophyses est liée par des ligamens au bord latéral du dorsum. Je pense que leur office est de faire ressort et de rendre les mouvemens plus doux. Nous avons vu quelque chose de semblable chez les coléoptères. Le rebord antérieur, ou cervical, du dorsum auquel s'insè= rent en avant les muscles pin (muscles dorsaux), descend verticalement assez bas; et, ce que je n’ai vu que t Vor Des INSECTES. 379 dans cet ordre d'insectes, il est formé d’une pièce séparée ( la fourchette ) articulée seulement par son sommet avec la partie supérieure du bord antérieur de la voüte du dorsum; . ses bords latéraux sont libres, ne tenant au dorsum que par des membranes un peu làches. Des extrémités de son bord inférieur bilobé partent, en s’écartant l’une de l’autre, deux apophyses ou branches descendantes s’articulant avec les parties inférieures de la tête des bras claviculaires; n'étant ainsi appuyéé que par ses extrémités, cette pièce peut jouir d’un ressort et d’un mouvement considérables. Par ses branches, ses articulations, son ressort et ses fonctions, elle a quelques rapports avec la fourchette des oiseaux. La mem- brane qui unit le tronc alifère au prothorax, et les muscles qui relèvent cette dernière partie, s’attachent au-devant de la portion inférieure de la fourchette. Lorsque la partie antérieure du dorsum et la fourchette sont ürées en arrière, les bras claviculaires étant aussi en- trainés dans le même sens et un peu écartés l’un de l’antre, ainsi que les branches dela fourchette, forcent cette partie du dorsum de se hausser, de rebrousser, et ses côtés de s’écarter avec la conque pectorale, d’où s'ensuit la dilatation du tronc ; par ce moyen, les parties internes des osselets radicaux sont aussi élevées, et leurs parties externes (.ou qui sont en dehors des appuis), sont abaissées avec les ailes. Toutes ces pièces doivent ensuite reprendre leur première position en vertu de leur élasticité, secondées d’ailleurs par les muscles constricteurs ou releveurs des aïles. La moitié postérieure du dorsum est unie intimement à l’appendice basculaire, ou post-dorsum, la partie supérieure 48" ‘380 Vor nes Insecreé. de la suture de jonction, formant un angle sallant en avant, est marquée en dessus par un: sillon et en dessous par une grosse nervure. Le bord postérieur.du post-dorsum se re- courbe en bas et en dessous en:forme d’ourlet où s’attache la membrane qui l’unit au costal. Les parties latérales de l’ap- pendice, ou les bras basculaires ; $ avancent jusqu'aux ais- selles où elles s’articulent avec les osselets radicaux posté- rieurs des bases des ailes supérieures; elles se joignent aussi intimement avec le rebord postérieur de la portion pectorale du segment alaire antérieur, par l'intermédiaire de l'extrémité des branches furculaires, et le dessous de leur bord externe s'articule avec les branches du costal: Ces mèmes parties laté- rales portent en dessous, du côté externe, un rebord des- cendant assez bas ; à l’extrémité inférieure de ce rebord est une apophyse aussi descendante se recourbant un peu en dedans, sur la face interne et concave de laquelle s'attache un muscle de moyenne force qui s'insère aux parties latérales et postérieures du dorsum:;, paroïissant propre à relever les bras basculaires dans quelques circonstances ; et enfin, le dessus du bord externe de ces parties latérales donne nais- sance à deux nervures rétractives assez fortes allant joindre les bords postérieurs des) deux ailes supérieures. + Le costal descend fort bas en allant d'avant en arrière et entre tout entier dans le métathorax. Vers le haut de sa face postérieure et convexe, près de son bord supérieur, est un petit cordon:transversal auquel: s'attache! la membrane liga- menteuse forteet un)peu‘lâche qui l’uñit'au rebordiposté- eur dupost-dorsums Lipartie postérieure de: son bord su- périeur est libre se recourbe sous le post-dorsum: et donne > ” Vor pes INsecTes. 361 insertion à deux petits muscles, ou ligamens élastiques, allant s'attacher en haut et en avant à la nervure transversale et courbe, placée sous la suture qui unit en haut le post- dorsum au dorsum proprement dit. Dans les sphinx atropos, les extrémités des branches du costal se divisent en deux rameaux, formant ensemble une espèce de gorge dans laquelle entre l'extrémité postérieure du rebord descendant des bras basculaires; le rameau exté- rieur formé d’une écaille mince et élastique, s’unit à la face externe du rebord; le rameau interne épais, et fort, passe en dedans du rebord, se termine en avant par une face oblon- gue et arrondie, et va en montant s’articuler avec une autre faceite un peu concave située en dessous des bras basculaires, pouvant ainsi pousser ces bras en haut et les écarter, lors de la contraction des muscles dorsaux. Chez les papillons, les branches du costal s’attachent aussi aux bras basculaires; mais le rameau intérne qui se termine en pointe, s'étend jusque vis-à-vis la base des ailes, où il s'articule avec des osselets intérieurs appartenant à cette base, à peu près comme dans les hyménoptères. De mème que chez ces derniers insectes, les muscles dor- saux seuls s’attachent à la face antérieure et concave du costal. Deux autres muscles, ou ligamens élastiques, très- courts, que nous ferons bientôt connoître, s’insèrent sur sa face convexe. Comme chez les hémiptères et les hyménoptères, le dor- sum du métathorax consiste seulement en deux écailles dor- sales et latérales, s’articulant avec les. osselets radicaux des bases des ailes inférieures!'et donnant insertion aux muscles 382 Voz DES INSECTES. releveurs particuliers de ces ailés. Ces portions tiennent en avant à l’appendice basculaire, par l’intermède de la mem- brane qui unit les deux segmens alaires; et en arrière, elles sont jointes intimement à la demi-cloison en forme d’arc ter- minant en haut le segment postérieur. Du sommet de cet arc naissent les nervures rétractives allant joindre les bords pos- térieurs des deux ailes inférieures. C'est en haut, sur la face postérieure et convexe de l’arc, que l'abdomen est fixé ainsi que les muscles qui le relèvent. Sur la face antérieure de ce mème arc s’attachent deux muscles, ou ligamens élastiques, courts et épais, qui vont en montant et en s’écartant l’un de l’autre s’insérer en avant sur la face convexe du costal. Leurs fonctions étant, je pense, de ramener le costal en arrière après qu'il a été tiré en avant dans la contraction des muscies dorsaux. Des ailes.— Dans tous les insectes de l’ordre des lépidop- ières que j'ai vus, les ailes; au-dessous des petites folioles qui les couvrent, sont de la nature de l’écaille ; leur surface, surtout celle de l’aile supérieure, ne change guère, qu’elles soient en repos ou en mouvement. [’aile inférieure, même dans le vol, reste fort avant sous l’aile supérieure ; le bord postérieur de celle-ci s’abaisse et regarde en bas, et le bord externe des ailes postérieures se relève et regarde en haut: cette circonstance , jointe aux observations anatomiques qui montrent que les muscles abaïsseurs sont les mêmes pour les deux paires d’ailes, porte à conclure que les ailes du même côté doivent en volant s'unir un peu, se mouvoir simultanément et de la même manière. L’aile inférieure du sphinx épervier s'accroche évidemment dans le vol, mais légèrement, non au Vor DES INSECTES. 383 bord postérieur de l’aile supérieure, mais aux nervures très- saillantes en dessous de cette aile, particulièrement à la qua- trième. Chez ces derniers et chez les phalènes, l'aile inférieure porte à l’origine de son bord externe une sorte de pomte ou d’épine fort longue, quelquefois double, comme dans les phalènes', qui est reçue en tout temps par un crochet écail- leux ( chez les sphinx), ou formé d’une touffe de poils roides roulés en spirale, située sous l’aile supérieure, au-devant de la nervure cubitale, non loin de sa racine. Gette pointe, qui semble articulée, a la faculté de s'écarter dans le vol ; néan- moins, comme elle est longue, elle ne quitte point son crochet pour cela : elle me paroïît destinée à soutenir, dans le vol; la saillie antérieure que fait en commençant le bord externe de l’aile inférieure, et à tenir lieu, jusqu'à un certain point, des crochets qui, dans le vol, servent à unir les ailes des hyménoptères et des hémiptères. Les sphinx atropos ont au même point de l'aile inférieure , au lieu d’une épine unique, un faisceau de crins plats, courts et roides, terminés en pointe, qui sans doute ont la faculté de se retenir à l’aile supérieure; mais je n’ai pu découvrir de crochet correspondant à cette dernière aile, quoique je l’aie cherché dans plusieurs sphinx de cette espèce. Les ailes antérieures des sphinx que j'ai vus sont considé- rablement plus longues que les inférieures; chez les papillons, ces dernières, quoique moins fortes que les supérieures, sont souvent plus amples. i La tige de l'aile, ox sa base, est une pièce à part que l’on peut considérer comme un humérus: elle s'articule en dessous avec l’appui de l'aile ; du côté externe avec les principales 384 Voz pes Insecres. nervures de cette aile qui y jouissent des mouvemens d’ad- duction et d’abduction ; et du côté interne avec le dorsum et la conque pectorale par l'intermédiaire de plusieurs ligamens et de plusieurs osselets radicaux ; ainsi, elle tient au tronc alifère en avant par des membranes ligamenteuses, lâches et très-fortes ; au milieu par un osselet considérable avec lequel elle paroît intimement unie, la partie descendante de ce der- nier osselet porte en bas un crochet par lequel elle s'articule sous l’apophyse postérieure du côté correspondant du dor- sum;et enfin, en arrière, la base tient au tronc par d’autres membranes et par l’orgulaire. Celui-ci est un osselet en forme d’équerre ; à sa branche supérieure et externe qui est large et horizontale s’articulent les nervures de la portion postérieure de l’aile ; son autre branche qui est interne des- cend verticalement et s'articule en bas avec un second osselet allongé tenant par son extrémité interne au bras basculaire correspondant. On sent que, lorsque celui-ci s’élève, il doit, par le moyen de losselet intermédiaire, élever l'extrémité in- férieure de l'ongulaire qui tournant alors dans son artieula- tion avec la conque pectorale, abaisse sa partie supérieure avec l'aile; l’élévation de celle-ci s'opère par le mouvement opposé. C’est à la partie supérieure de la branche descendante de l’ongulaire, près de son coude, que s’insère le muscle oblique ou ligament élastique qui ae l'aile, en tirant ce coude contre 1e tronc. La partie desce sie qui sort du thorax pou s'attacher à l’engulaire est couverte par une membrane épaisse, ridée transversalement, et que je crois ré- tractive. Cette partie de l’organisation de la base de l'aile est analogue à celle de la cigale. Vo DES INSECTES. 385 Des muscles. — Dans les papillons et dans les sphinx, les muscles du vol sont énormes et le mésothorax qui les contient en est rempli au point que l’ouverture pratiquée au travers du thorax pour le passage du tube alimentaire en est extrè- mement rétrécie ; leurs fibres ( dans les sphinx ) sont remar- quables par leur tenacité. Les dilatateurs, ou abaisseurs com- muns des deux paires d'ailes ( z2wscles dorsaux ), sont très- puissans, descendent jusque près du sternum, couvrent Îa plus grande partie de la face interne des muscles constricteurs ; sont formés au moins de cinq gros faisceaux contigus, ho- rizontaux, placés les uns au-dessus des autres, s’attachent en arrière au costal et s’insèrent en haut et en avant aux deux tiers antérieurs du milieu de la voüte du dorsum et à la face postérieure de la fourchette. Les sternali-dorsaux constricteurs du tronc alifère et re- leveurs des ailes antérieures sont situéssur les côtés du tronc, et composés de quatre gros faisceaux de fibres très-distincts dont les plus forts sont en avant : leurs forces sont compa- rables à celles des dorsaux ; ils sont légèrement inclinés en avant, et les faisceaux antérieurs le sont, en outre, beaucoup en dehors; de manière que se touchant en bas, ils s’écartent en haut pour faire place aux muscles dorsaux. Je pense que la disposition en forme de V des sternali-dorsaux est néces- saire pour que ces muscles remplissent mieux leurs fonctions de constricteurs. Ces faisceaux antérieurs s’attachent en bas à la poitrine de chaque côté de la crête sternale et s’insèrent en haut aux parties latérales antérieures du dorsum, de chaque côté des dorsaux et en face des bases des ailes. Le quatrième faisceau est aussi un muscle des jambes mitoyennes. Mém. du Muséum. t. 8. 49 ‘386 Vor pes INsEcTEs. En arrière de cette première couche de releveurs se trouve le muscle, ou ligament élastique, de moyenne force, isolé, s’attachant en bas sur la face concave de l’apophyse, tenant au rebord latéral et descendant de l’appendice basculaire et s’insérant en haut au dorsum. Ce muscle et son semblable du côté opposé doivent relever les bras basculaires quand ils ont été trop abaissés. En dehors des sternali-dorsaux proprement dits, on voit une seconde couche de muscles constricteurs plus foible que la première, également composée de plusieurs faisceaux dont les plus forts sont encore en avant, et dont l'insertion supé- rieure est dans les sinus formés par les arêtes qui se trouvent sous les saillies latérales du dorsum. Plusieurs muscles pectoraux auxiliaires des muscles du vol, ayant l'office d'étendre les ailes, de les porter vivement en avant ou en arrière et de les fermer, sont situés près des té- gumens latéraux de la conque pectorale, en dehors de tous les releveurs et au-dessous de l’aisselle ; le premier est en avant de l’aile et sert à l'étendre ; il est fort et peut être comparé au pectorali-axillaire des coléoptères ; il s’attache en bas à la conque près de l’origine de la hanche mitoyenne, et s’insère en haut à une écaille élastique, située au-devant de l'appui de l’aile et en dehors du bras claviculaire; une partie de cette écaille appartient aux tégumens de la conque et donne en haut attache aux membranes basilaires ; l’autre por- tion estinterne; sur celle-ci s'attache un petit muscle qui va s'insérer en avant à Ja branche correspondante de la four- chette. Le deuxième est le pectorali-sous-axillaire, placé im- médiatement sous l'aile; il est puissant, s’insère en haut à un Vor nes Ivsecres. 387 tendon écalleux très-large, dont une partie se montre en dehors sous l’aisselle donnant attache aux membranes sous- axillaires; mais la portion la plus considérable de ce tendon est en dedans. Ce muscle+doit participer immédiatement à l’abaissement de laile. Entre ces deux muscles pectoraux se trouve celui qui ferme l'aile dont nous avons déjà parlé, allant obliquement d'avant en arrière et de bas en haut s’insérer à la branche montante de longulaire près de son articulation avec l'aile. Ce dernier muscle me semble propre aussi à rétrécir le thorax dans l'élé- vation des ailes. : Les ailes inférieures ont leurs muscles releveurs parti culiers assez forts; beaucoup moins cependant que ceux des ailes supérieures, dont ils ne sont au fond que les auxiliaires ; car le tronc en se resserrant et le dorsum en s’abaissant con- tribuent à l’élévation de ces ailes inférieures. Ces muscles sont attachés en bas à la portion pectorale du métathorax et en haut à ses portions de dorsum. D’autres muscles sont situés dans les parties latérales de ce segment, au-dessous de l’ais- selle ; les antérieurs étendent l'aile, et les postérieurs la replient. Tels’sont tous les principaux muscles du vol dans les papil- lons et dans les sphinx. À l'égard du mécanisme de ce mou- vement progressif, il est le même, à peu de chose près, que dans les ordres où nous l’avons expliqué. D’ailleurs, la des- cription anatomique que nous venons de faire de leur thorax indique suffisamment les différences. 49 * 388 Vozr Des INSECTES. CHAPITRE VIII. Des Diptères ( PI 13, fig. 12,13, 14, 15, 16, 17 ). Nous avons vu dans cet ordre des asiles, des taons, des syrphes, des tipules, des mouches, ete., tous du climat de Paris. Leur 4ronc alifère est à peu près rond et les muscles du vol en occupent presque toute la capacité. Leurs tégu- mens, d’ailleurs très-élastiques et soutenus intérieurement par des nervures et des arêtes transversales, ont générale- ment peu de fermeté, et leurs différentes parties semblent unies intimement; circonstances qui rendent la dissection de ces diptères assez difficile. Ce sont les seuls insectes qui aient sur les côtés du méta- thorax des balanciers consistant en deux petits filets terminés par un bouton ; comme chez la plupart des insectes, le seg- ment alaire antérieur est, dans sa partie inférieure, intime- ment uni au métathorax et presque confondu avec lui. Toute la partie supérieure du tronc est couverte par le dorsum du mésothorax, par son appendice basculaire et quelquefois, comme chez les tipules, par la partie supérieure du costal. On peut dire que chez ces insectes, le segment alaire unique qui est le mésothorax, a usurpé toute la moitié supérieure du tronc et une grande partie de l’inférieure. Le prothorax consiste d’abord en une portion supérieure plus ou moins saillante en avant selon les genres et intimement unie au dorsum; figurant, jusqu’à un certain point, dans les asiles et les tipules, le collier des hyménoptères, et en rem- Voz Des INSECTES. 589 plissant les fonctions; et ayant dans d’autres espèces la forme d’un simple ourlet : elle borde le haut et les côtés de l’ouver- ture antérieure du tronc, les renforce et donne attache à la membrane ligamenteuse qui lie la tête au tronc et aux muscles qui meuvent cette tête; ses extrémités inférieures paroïissent s'unir aussi intimement à la conque pectorale, en sorte que lorsque le dorsum est repoussé en arrière, le prothorax et le devant de la conque pectorale sont entrainés dans le même mouvement. La portion sternale, ou le plastron, a quelques rapports avec la partie semblable des hyménoptères; elle est située non-seulement au dessous de la première, mais encore au-dessous de la partie antérieure du tronc alifère et au de- vant de la conque pectorale, à laquelle elle est unie par un pédicule écailleux et par des membranes ligamenteuses; les hanches de la première paire de jambes s’y articulent et les muscles qui lesmeuvent ÿ sont renfermés. Ses parties latérales sont maintenues en position dans l'intérieur, par des bran- ches furculaires donnant insertion aux muscles des jambes. Enfin la partie antérieure et latérale du plastron est formée de deux écailles séparées qui remontent sur les côtés du cou et les protégent. Dans les diptères, il n’y a, si l’on peut s'exprimer ainsi, qu'une ébauche légère de segment métathorachique formant néanmoins un anneau. En bas, sont les hanches des jambes postérieures et leurs muscles, la plupart attachés aussi à des branches furculaires intimement unies par leurs extrémités avec les bords latéraux postérieurs de la conque : sur les côtés s’élèvent deux petites gaines verticales, cellées sur les parties latérales du costal, tenant en haut l’une à l’autre par l'inter- “ “So, Voz pes Insecres. _mêde'd’ün simple cordon écailleuxtransversal aussi fixé sur la partie postérieure du costaltet terminant l'anneau. Ces gaines situées en arrière de l'étranglement qui sépare les par- ties thorachiques et abdominales du corps de l’insecte et don- nant attache à l'abdomen semblent faire partie de celui-ci, ou plutôt du segment médiaire. Elles portent les balanciers et renferment les petits muscles particuliers qui les meuvent en haut. Quoique très-exigus, ces muscles étant appuyés par les parois solides des gaines et tirant quelques forces de cette circonstance, sont suflisans pour mouvoir d'aussi petites pièces que les balanciers, lesquels reçoivent d’ailleurs une certaine impulsion des muscles propres du vol par lintermède du costal. Leur mouvement et celui des ailes, quoique pouvant être indépendant jusqu’à un certain point; doiventètre con- comitans dans le vol; c’est-à-dire; que ces parties doivent s'élever et s’abaisser ensemble; vu l'influence qu'ont sur elles la dilatation et le resserrement alternatifs du tronc. Par la dissection, on trouve en petit dans ces gaînes:les mêmes élémens que dans les portions latérales du métathorax des cigales, des pentatomes, des bourdons et des papillons; c’est-à-dire, des espèces de portions latérales de dorsum et des muscles releveurs particuliers qui s’y insérent etc: ; les rapports sont frappans, d’où il faut conclure avec plusieurs auteurs que les balanciers ne.sont autre chose que des rudi- mens d'ailes composés d’une partie de la substance des ner- vures seulement, l’autre partie et les membranes paroiïssant avoir eu pour-destination de formeriles cuillerons; rudimens utiles cependant même dans leur état d’imperfection ;soiten: ‘ favorisant la respiration dans le thorax et J'impulsion‘ascen- Voz pes INsSEcTEs. 391 dante produite par la dilatation du tronc, soit en engendrant dans leur élévation une force centrifuge assez considérable. La conque pectorale fortifiée par des nervures et main- tenue en position par les branches furculaires est divisée en cinq loges ou fosses; les quatre antérieures, deux de chaque côté, sont séparées entre elles par l’ento-sternum . et ses branches; elles reçoivent les extrémités inférieures des muscles sternali-dorsaux; la cinquième, située en arrière et la plus grande de toutes, est occupée par l'extrémité postérieure des muscles dorsaux. Cette conque a beaucoup de profondeur chez les asiles; tonte sa partie inférieure est occupée par les muscles des jambes et par les osseletsauxquels ils s’attachent. Ces insectes ayant de fortes jambes ont en conséquence l’ento-sternum très-élevé en dessus de la paroi inférieure de la poitrine; par là les muscles des jambes qui s’y attachent ont une longueur suflisante, Cet ento-sternum est divisé en trois portions, une pour chaque segment; les branches des portions extrêmes adhèrentintimement aux tégumens latéraux des segmens correspondans et les maintiennent en position, en même temps qu'elles se trouvent par là suflisamment ap- puyées pour servir d’attaches aux muscles. Mais les branches de la portion intermédiaire sont libres etse terminent chacune par une large facette où s’attache un muscle ou ligament élastique allant s’insérer à l’arête fulcrale correspondante, pouvant par là seconder le rapprochementides parois latérales du tronc alifère, Une semblable disposition permet à la poi- trine de se dilater et de se resserrer; ce qui n’auroïit pu se faire si les branches furculaires en question avoient adhéré intimement aux parois latérales de la conque pectorale. 392 Vor DES INSECTES. L’ento-sternum est moins considérable et moins élevé dans les diptères dont les pattes sont peu robustes. Les appuis des ailes forüfiés en dedans chacun par une arête large, surtout en bas ( aréfe fulcrale), se terminent en haut par une petite tête oblorigue qui s'articule avec le dessous de l’humérus. Chaque arête fulcrale donne attache en bas, par sa partie la plus large, à un muscle ou ligament élastique qui s’insère ensuite à la branche correspondante de l’ento-sternum. La première paire des grands stigmates ds tronc alifère se trouve sur les côtés de la portion antérieure de la conque pectorale, 4 à côté et quelquefois au-dessous d’un mamelon; la paire postérieure est un peu au-dessous et en dehors des balanciers ; chaque stigmate est là presque caché sous un autre mamelon. Je présume que ces éminences arrondies, où s’in- sèrent en dedans de petits muscles; sont susceptibles de com- pression et de resonnance et peuvent avoir quelque office relatif à la respiration et au bourdonnement. Ces stigmates n'ont point de direction fixe; tantôt ils sont verticaux, tantôt inclinés en dehors ou en dedans suivant les genres; des tra- chées intérieures très-grosses y aboutissent : on découvre même aux stigmates postérieurs des écailles et des mem- branes qui peuvent être vibrantes; mais je ne puis décider s'il faut attribuer le bourdonnement aux deux paires de stig- mates thorachiques ou à une seule paire. Le dorsum qui est fort grand, couvre, conjointement avec son post-dorsum, toute la partie supérieure du tronc; en plu- sieurs endroits, il paroït tenir intimement à la conque pec- torale ; il porte de chaque côté, vis-à-vis de la base des ailes, Vor DES INsEGTEs. 393 des apophyses par le moyen desquelles il s'articule avec les osselets radicaux de cette base. En dedans il est fortifié par des arêtes régnant le long de ses bords latéraux, et par une nervure transversale unique en forme d’arceau, allant d’une .apophyse humérale à l’autre et marquée en dessus par un léger enfoncement. Chez les taons où ces arêtes sont très- fories, on voit er outre, deux autres nervures longitudinales partageant en tiers la voüte du dorsum. En dedans et aux deux extrémités de la nervure transversale, à leur jonction avec lesnervures marginales, descend une apophyse à laquelle s’insère un petit muscle, allant en dehors, et suivant une di- rection transversale et presque horizontale, s'attacher aux tégumens au dessous de ia partie antérieure de l'aile. Le de- vant du dorsum, dans lequel est pratiqué le haut de l’ouver- turé antérieure du tronc et qui se joint intimement, ainsi que nousJ’avons déjà dit, à l’ourlet tenant lieu de la portion su- périeure du prothorax; ce devant dis-je, se recourbe en bas et même un peu en arrière. Le milieu de la partie recourbée porte en dedans deux petits lobes, descendant plus bas que le haut de l'ouverture du tronc et que l’on aperçoit entre le . rebord cervical proprement dit et son ourlet; en arrière une partie des muscles dorsaux s'attache à ces lobes, et sur leurs faces antérieures s’insèrent quelques muscles de la tête. L’appendice basculaire tient intimement au dorsum, à l'exception des extrémités de ses bras qui ne lui sont unies que par des membranes. Sa partie postérieure et saillante, ou le post-dorsum, recourbée en dessous, se joint, par son rebord et au moyen d’une forte membrane ligamenteuse un peu lâche , avec la partie postérieure et libre du bord supérieur Méin. du Muséurn.1. 8. à bo us 394 Voz pes Insecres. du costal; c’est aux extrémités de ce rebord et à la jonction du costal avec la conque pectorale, que se trouve Particula- üon en ginglyme des bras basculaires avec le bord supérieur de cette conque, articulation autour de laquelle a lieu leur mouvement de bascule. En dehors, les extrémités des bras s’articulent avec les principaux osselets radicaux des bases des ailes; et un petit muscle qui s’insère à l'extrémité interne de chaque bras tend à l’abaïsser et à le faire rentrer én dedans. Chacun de ces bras ayant son bord inférieur libre en dedans, et formant un pli longitudinal saïllant en dehors, un autre rentrant dans sa jonction avec le rebord latéral du dorsum, et ces plis étant susceptibles de s'ouvrir et de se fermer plus ou moins, peut, par leur moyen, descendre et monter alterna- tivement, mouvoir les osselets radicaux et les ailes avec eux. Entre le bord inférieur de chaque bras et le bord supérieur correspondant de la conque pectorale est nne longue «apo- physe ou arête élastique, liée à ces deux bords par des mem- branes lâches (apophyse styloide) dont je n’ai vu l’analogue _que dans quelques coléoptères; elle prend son origine au bas de la face extérieure et latérale du post-dorsum, et s'articule par son extrémité antérieure avec l’ongulaire, immédiatement ou par l'intermédiaire d’un osselet: libre dans la plus grande partie de son étendue, elle peut s’abaisser, se hausser, se porter en dehors ou en dedans, et communiquer tous ces mouvemens à l’ongulaire; en dedans un petit musele s’'insère à son extrémité, et en dehors s’attachent la nervure rétractive et le cuilleron inférieur. On seroit tenté de regarder tout cet appareil particulier aux diptères comme une transposition de aile inférieure. Vo Des INSECTES. 395 Le costal ferme une grande partie de l'ouverture posté- rieure du mésothorax, sa forme est hémisphérique et sa con- vexité regarde en arrière; en général sa substance est souple et élastique; ses côtés se joignent intimement avec les parois latérales de la conque pectorale au point de larticulation de celle-ci avec l’appendice basculaire; son extrémité inférieure descendant assez bas est libre ainsi que la partie contigué des : bords latéraux, et dans plusieurs espèces cette extrémité inférieure se recourbe en avant; en haut, la portion posté- rieure de son bord supérieur est libre aussi, et s’unit au rebord postérieur du post-dorsum par l'intermédiaire d’une forte membrane ligamenteuse, ainsi qu'il a déjà été dit. Dans les taons ce bord supérieur porte deux petits muscles allant en avant s’insérer au dorsum. C’est sur les parties latérales de sa face postérieure que sont collées les gaines des balanciers, entre les extrémités supérieures desquelles se trouve le cordon intermédiaire auquel s'attache le haut du ventre; par là, les mouvemens imprimés au costal peuvent se communiquer à l'abdomen. Chez les taons le costal est couvert presque en entier par l'abdomen; dans les asiles, les syrphes, les mou- ches de la viande, sa partie supérieure est découverte; enfin chez les tipules que j'ai vus, cette partie supérieure qui est aussi découverte, se porte considérablement en arrière et l'abdomen s’y attache fort bas. Les muscles réleveurs de cette dernière partie y sont aussi fixés. Des ailes. — Dans quelques diptères qui n’ont point d’ai- lerons ou chez qui ces parties sont peu développées, l'abdomen est grêle et les ailes sont placées plus en arrière que chez les autres espèces, et de manière à établir dans le vol l’équilibre 5o* 396 Voz pes [nsecres. entre la partie antérieure du corps et la postérieure. Chez tous les insectes de cet ordre que j’ai examinés la partie anté- rieure de l'aile ne change pas, les plis restant toujours fixes; quelques poils se voient à la surface de cette aile, qui, en outre, est quelquefois bordée de petits cils. La structure de la base de l'aile diffère peu de celle de la partie analogue dans les lépidoptères ; l’hwmnérus, qui paroit être un appendice de la zervure cubitale, lui étant attaché par une languette écailleuse susceptible de se fléchir et de s'étendre légèrement, s'articule en dessous avec l'appui de l'aile, et du côté interne avec -un osselet radical très-fort, descendant entre l'appui et le rebord latéral du dorsum, pour s’articuler d’une manière serrée, en bas et en avant, avec l’'apophyse humérale de ce rebord latéral, et en arrière avec lextrémité du bras de lappendice basculaire. C’est principa- lement dans l'articulation de l’humérus avee l’osselet radical, et par le moyen de la flexion légère que peut subir la languette ou le pédicule de la nervure cubitale, qu'ont lieu les mouve- mens d’abduction et d’adduction par lesquels les ailes s’ou- vrent et se ferment. La nervure radiale tient en avant par des membranes à une portion assez mobile des tégumens de la conque pecto- rale ( écarlle aagéllaire ), située au devant de la base de l'aile, mais plus bas; cette écaille porte, du côté interne et flottant dans l’intérieur du tronc au devant de l’appui de l'aile, une apophyse ou tendon écailleux assez long ; en forme de stylet, auquel s’attachent plusieurs petits muscles qui tirent l'aile en avant par l'intermédiaire de l’écaille axillaire et des mem- branes basilaires. Vo pes Ixsecres. 397 L’ongulaire ayant la forme d’une équerre est tout-à-fait semblable à celui des lépidoptères; sa branche supérieure et externe est large, et s’articule avec la principale nervure de la partie postérieure de l'aile; sa branche descendante! et in= terne s’unit dans les syrphes avec l’apophyse styloïide; mais dans les taons et les asiles elle ne tient à cette apophyse que par un osselet intermédiaire assez fort (osselet de l’ongulaire), un petit muscle dont l'office estide fermer l’aile en appliquant l'ongalaire contre le dorsum, s'insère immédiatement à la branche descendante de cet osselet. C’est au côté postérieur de cette branche qu’adhère le cuilleron ou aileron supérieur; le cuilleron inférieur plus fixe, tenant ou à l’apophyse sty- loïde, ou à l’osselet intermédiaire entre cette apophyse et longulaire. Ainsi les ailerons suivent les mouvemens de lon- gulaire et de son osselet; le supérieur s’écarte de l’inférieur ou se replie sur lui selon que l’ongulaire s'éloigne ou se rap- proche du tronc. Les arlerons appartiennent surtout aux diptères dont l’ab- domen est volumineux ; ils sont bordés par la nervure rétrac- tive, laquelle a son origine le long du bord inférieur de l’apo- physe styloïde et aboutit à la dernière nervure de l'aile; cette nervure rétractive est elle-même bordée de petits cils. Dans les asiles l’aileron antérieur existe, quoique peu développé; le postérieur est presque nul; l’un et l’autre sont bordés en arrière par la nervure rétractive. Les tipules ont aussi une petite partie membraneuse adhérente à l’ongulaire et bordée par lanervurerétractive. L'usage des ailerons est, selon moi, d’aggrandir la surface que l’aile présente à l'air en s’abaïssant, de retenir une grande quantité de ce fluide ,de soutenir parce moyen, dans le vol, la partie postérieure du tronc et l’abdo- 305 Voz Des InsEecres. men, et enfin de contribuer à fermer l'aile à l’aide de la ner- vure rétractive et d’une certaine force de ressort qui se ma- feste dans le pli de jonction des deux ailerons (voy. la fig. 15 de la pl. 13). On voit sous l’aisselle une aréte grèle, tenant au côté pos- térieur de l’appui de l'aile et allant en arrière parallèlement au bord axillaire de la conque pectorale, joindre l’ongulaire ou son osselet quand il existe; en dedans il sy insère un muscle auxiliaire de ceux du vol. Dans les syrphes vides (syrphus inanis) cette arête est couverte extérieurement d’un duvet très-fin, et, à son extrémité postérieure s’attache une espèce de queue flottante garnie de poils assez longs dont l’usage m'est inconnu, à moins que ce ne soit une sorte d’adminicule propre à faciliter le vol, ayant quelques rapports avec les plumes latérales flottantes des oiseaux de paradis. Les deux muscles dorsaux sont très-forts et très-longs à proportion; ils s’attachent en arrière à la partie mitoyenne du costal, en haut au deux tiers antérieurs du sommet de la voûte du dorsum, et en avant à son rebord cervical. On sait que ces muscles dilatent le tronc et abaissent les ailes entirant en avant le milieu du costal, diminuant par là sa convexité; en diminuant aussi la convexité de l'extrémité antérieure du dorsum et la rapprochant en même temps de l'extrémité pos- térieure; en élevant le milieu de la voûte du dorsum et en écartant ses parties latérales, d’où s’ensuit aussi l’écartement des côtés de la conque pectorale, projetant par ces moyens tout le corps en haut, secondés par la dilatation simultanée de l'air intérieur. Les deux costali-dorsaux s’attachent en bas sur les parties latérales avancées du costal et en haut sur les côtés du dorsum, Vor Des INSECTES. 399 derrière les sternali-dorsaux dont nous allons parler bientôt; cotoyant toujours les dorsaux leurs congénères, ils ne sont point et ne peuvent être inclinés en dehors. Les constricteurs du tronc (sterral-dorsaux) ou releveurs des ailes sont au nombre de quatre, deux de chaque côté, séparés par l’ento-sternum et ses branches transversales, et reçus dans les fosses latérales de la poitrine à la paroi sternale de laquelle ils s’attachent. Les deux faisceaux antérieurs sont les plus forts. Chaque muscle est légèrement incliné en avant, touche en bas son semblable situé en face de lui de l’autre côté du thorax, et s’en écarte en haut pour s’insérer au dor- sum de chaque côté des muscles dorsaux. Ces muscles relè- vent les ailes en abaissant le dorsum et rapprochant les parties latérales du tronc alifère. Fout-à-fait en avant est un muscle des jambes antérieures, lequel est très-fort dans les asiles; il s’attache en haut sous le rebord antérieur du dorsum et s’insère en bas à la hanche. Un muscle des pattes mitoyennes, composé dans les mouches de la viande de plusieurs faisceaux de fibres et situé en dehors des sternali-dorsaux entre le premier et le second, s’attache aussi en haut au dorsum près de l’apophyse humérale et en bas à la hanche. Dans le vol ces derniers muscles prenant leurs points fixes en bas doivent contribuer à l’abaissement du dorsum ; ils sont alors auxiliaires des releveurs des ailes proprement dits. Enfin en dehors de tous ces muscles sont ceux générale- ment petits, servant la plupart d’auxiliaires aux muscles du vol, à étendre les ailes et à les plier. Nous en avons déjà cité plusieurs dont les plus considérables s’attachent à l’apophyse 2 400 Voz Des Insecres. intérieure située au devant de l’appui de l'aile et que nous avons aussi mentionnée. Ces muscles étendent l'aile en la tirant vivement en avant; l’un d’eux s'insère dans le mamelon qui est près du stigmate antérieur du tronc. Du vol, — Lors de la contraction des muscles dorsaux, le dorsum étant tiré en.arrière et la convexité de son rebord cervical diminuant par là, il s'ensuit que sa moitié antérieure se hausse et que ses côtés s’éloignent; les côtés de la conque pectorale s’écartent aussi et reculent en se recourbant légè- rement; en même temps le devant du post-dorsum est poussé dans lé même sens que le dorsum, tandis que la partie pos- térieure du coftal éét tirée en'‘avant, entraînant avec elle le rebord postérieur et inférieur du post-dorsum auquel elle est attachée ; par conséquent la partie antérieure de ce post-dor- sum décrit un arc ascendant en tournant-autour de son arti- culation inférieure, élevant par là l’autre 7207416 du dorsum. Le costal dont la convexité diminue en même temps s'étend en tous sens, contribue à élever la partie postérieure et supé- rieure du tronc et écarte de son côté les parois latérales de la eonque pectorale. Les bras de lappendice basculaire et les extrémités de ses apophyses styloïdes sont aussi haussés, et avec eux lesextrémités internes desosselets radicaux des bases des ailes, d’où s'ensuivent l’abaissement de leurs extrémités externes et celui des ailes : par là le tronc alifère est dilaté, projeté en haut, etles ailes s’abaissent ainsi que les balanciers. Dans cette circonstance l'abdomen vibrant du côté d’en haut ne peut gêner l'ascension du tronc: Quand ensuite lés muscles dorsaux se relâchent, les parties des tégumens et des ligamens ‘qui ont été tendues dans le @[l! |: as es ’Œ | "4 VER EE (‘4 72 cor AT ” (NL x 2/72 di) 7. Il Vor pes INSECTES. hot mouvement précédent se débandent et sont portées, par leur force de restitution et par les muscles constricteurs dont les points fixes sont alors à la paroi sternale, vers leur. état de repos, ‘que même elles dépassent pour être bandées de nou- veau en sens contraire de leur première tension : en consé- quence au même instant les côtés de la conque pectorale se rapprochent, le devant de la même conque se porte en avant avec le dorsum , celui-ci ét les bras de l'appendice' Basculaire descendent et le milieu du costal recule, Le dorsum et les bras basculaires en s ’abaissant entrainent avec eux les parties internes des osselets radicaux, ce qui en fait hausser les parties externes avec les ailes, C’est alors que l'abdomen en descendant se dilate et admet de nouvel air dans son intérieur, diminuant par là les effets de sa chute (1). EXPLICATION DES FIGURES DE LA PLANCHE XIII. {Les chiffres 4 et 2 entre parenthèses indiquent que les figures ont été quadruplées ou doublées. ) Presque toutes les figures de cette planche représentent des cotipes longitudi- nales et verticales , partageant en deux parties égales le tronc alifère de plusieurs insectes d'ordres différéns , de manière à laisser voir la disposition de leurs mus- cles du vol. f Fiç. 1 et 2. Intérieur de la moitié latérale du tronc alifere d’un criquet voyageur ; : les muscles du vol qui appartiennent à cette moitié sont vus par leur face interne; C portion du prothorax; #72m" membranes lâches qui unissent le prothorax au tronc alifère; D dorsum du mésothorax ; Cc son rebord anté- . rieur auquel s’attachent les muséles dorsaux MD ; ab son appendice bascu- HET (1) N'ayant pu établir, pour toutes les parties düres du’ thorax des insectes - parfaits , la synonymie de mes noms avec ceux de M. Audouin, nous nous pro— -posons lui et moid’y suppléer très-prochainement: Mém. du Muséum. 1. 8. 5x ko Voz Des INsEecTEs. faire ‘ou post-dorsum.; D p -dorsum,du métathorax; ci son rebord antérieur sur les deux faces duquel s’attachent les muscles dorsaux des deux segmens; a b' son post-dorsum ; C o le costal divisé en deux lobes par une échancrure profonde ; médiane‘et verticale , servant d’aitache postérieure aux musclés dorsaux du métathorax; M D müsclesdorsaux du mésothorax ;: M D’ muscles dorsaux-du métathorax; SD muscles sternali-dorsaux du mésothorax, le faisceau antérieur est le plus fort ; S D’ sternali-dorsaux du métathorax (ces derniers muscles ne sont point prolongés jusqu’à leurs attaches infé- rieurés) ; a appuis des ailes portant en bas uüe longue apophyse transverse s’articulant en biseau avec. les branches b $ de'l’ento-sternum ; d est une apo- physe furculaire isolée (voy- la fig. 2); B organe musical où le tambour; . ov petite ouverture ovale pratiquée dans la membrane tendue du tambour ; s £ stigmate thorachique. Fire. 3'et 4. La premicre réprésente la coupe de l’élytre et'la seconde celle de l'aile d’un criquet voyageur ; Da est le bord antérieur. . Fic. 5-et 6 montrent l’intérieur de la moitié latérale du‘tronc alifère d'une cigale ; c le prothorax et la membrane lâche qui l’unit au tronc alifere; Ab arceau supérieur du premier anneau de l'abdomen ; D dorsum à la partie antérieure et supérieure duquel s’inserent les-muscles dorsaux ; ab son post-dorsum se recourbant en dessous en forme de ressort pour s’unir au costal par l’inter- mèede d’une membrane; co le costal , tenant intimement aux parois latérales de la conique pectorale , s’articulant en ‘bas, où il'se porte fort avant, avec les apophyses sternales, et servant à l’attache postérieure des muscles dorsaux et des muscles costali-dorsaux ; M D muscles dorsaux; SD (fig. 6) muscles sternali-dorsaux ; C D muscles costali dorsaux. LE Fic. 7 représente l’intérieur de-la moitié latérale du tronc'alifère de l’edéssa NIZT = pes; G le corselet on prothorax; À à abdomen; D dorsum ; a b:son :post- dorsum sous lequel est une duplicature écailleuse donnant attache à la mem- brane qui l’unit au costal; Co le costal dont l'extrémité inférieure se porte en ayant pour s’articuler avec les apophyses sternales ; M D muscles dorsaux ; S D muscles sternali-dorsaux. Fic. 8. Coupe des ailes d’ihe cigale, montrant les crochets’ au moyen desquels elles s’unissent dans le vol; à a bord antérieur fort épais de l’aile supérieure. Fic..g. Le sphinx épervier vu par dessus ; cprothorax ; 12 petites vésicules tenant à la partie supérieure du prothorax et près desquelles sont de grands istig- mates ; D dorsum; a b son-appendice-basculaire ;!e. écailles en forme d’épau- Vor pes INSECTES. 403 lettes, couvrant la partie-scapulaire du tronc et la base des ailes; AA les ailes pres de leurs bases ; a a écailles dorsales de l’arriere-poitrine ; A°2 ab- domen. Fic. 10. Intérieur de la moitié latérale du tronc alifere du sphinx atropos ; T'tête; c prothorax; D dorsum ; e rebord cervical formant une piece séparée ( /a fourchette); a db post-dorsum ; Co costal; MD muscles dorsaux attachés en haut et en ayant au dorsum et au rebord Genre et en arriere au costal; S D sternali-dorsaux. 1 Î À ÿ Fie. 11. Coupe des ailes d’un papillon ; d a leurs bords antérieurs. Fic. 12 et 13. Intérieur de la moilié latérale du tronc alifere du syrphe vide (inanis); T tégumens d’une portion de la têle; D dorsum; c# partie en forme de bourrelet intimement unie au dorsum, tenant lieu de la partie supérieure du prothorax; elle borde et renferme le haut et les côtés de l’ou- verture antérieure du tronc; ab post-dorsum; co le costal; À à portion de l'abdomen ; SS branches de l’ento-sternum ; M D muscles dorsaux; SD, SD' sternali-dorsaux; C D costali-dorsaux. Fre. 14. Coupe transversale et verticale de la portion supérieure du tronc alifèere d’un syrphe, montrant les plis à à des bras basculaires susceptibles de s'ouvrir et de se fermer; a a bords inférieurs, intérieurs et libres de ces bras; M D partie antérieure des deux muscles dorsaux ; S D partie supérieure des stèr- nali-dorsaux. Fire. 15, 16 et 7. Aïle droite d’une mouche bleue de la viande ; plusieurs coupes de ces mêmes ailes; b a leurs bords antérieurs. Fic. 18. Coupe de l’aile d’un oiseau, montrant la disposition des plumes dans le ol; da bord antérieur. Fig. 19. Coupe d’une plume : T est Ja tiges ba le bord antérieur. Les figures suivantes montrent la forme et la disposition des barbes et des barbules. Fic. 20. Barbes et barbules d’une plume de l'aile d’un aigle. Fic. 21. Id. d’un cigne Fic. 22. Id. d’un jabiru. MÉMOIRE SUR UNE NOUVELLE FAMILLE DE PLANTES : LES BALANOPHORÉES ; PAR M. LOUIS CLAUDE RICHARD (1). INTRODUCTION. J. Reinold Forster découvrit, en 1774, dans les forêts de Tanna et de la Nouvelle-Calédonie, une plante qu'il nomma Balanophora fungosa. W en publia le caractère générique dans un ouvrage ayant pour titre Caracteres generurn plan- tarum, etc., imprimé à Londres en 1776. Un Catalogus systematicus Floræ australis, faisant partie de ses manus- erits conservés au Muséum d'Histoire naturelle, prouve qu'il a pressenti l’aflinité de cette plante avec le Cyr#omorium ; (1) Ce mémoire est le dernier auquel mon père ait travaillé. Il ne l’avoit point encore terminé quand la mort est venue l’enlever aux sciences et à sa famille. Je me suis fait un devoir sacré d’y mettre la dernière main afin de le livrer à l'impression. En songeant à l'extrême petitesse des organes des Balanopho- rées, et à l’exactitude et la perfection avec lesquelles ces organes sont repro- duits dans les dessins et les descriptions, on verra que l’âge et les infirmités n’avoient encore rien fait perdre de son habileté à celui que l’on peut à juste titre regarder comme un des botanistes les plus profonds de ce siecle. Mon père n’a publié que peu d’ouyrages ; mais le petit nombre de ceux qu’il a publiés sont BALANOPHORÉES. 4o5 il l'a classée dans la Monœæcie monandrie. Comme la plupart des systématistes linnéens, s'occupant moins de la connois- -sance réelle des végétaux que de leur distinction systématique, il n’a donné de son Balanophora qu’un caractère si impar- fait qu'il nécessite une nouvelle autopsie. Mais ce genre pa- roissant devoir être conservé, j'en ai tiré la dénomination de la nouvelle famille, comme étant le premier connu de ceux qui s’y rapportent avec certitude. Un botaniste bavarois, M. Martius, a recueilli dans son voyage au Brésil, d’où il est récemment de retour une plante très-voisine de la précédente. Il l’a désignée parle nom géné- rique de Langsdor/fjia, en honneur de M. G. de Langsdorff, consul général de Russie au Brésil, qui l’a découvert le pre- mier aux environs de Rio-Janeiro, et de qui j'en ai obtenu quelques exemplaires secs. Un journal allemand, Escawecr, marqués au coin du génie de l’observation. Possesseur de son herbier et des riches matériaux qu'il a amassés pendant sa laborieuse carrière , j’ai contracté devant le monde savant l’obligation de faire successivement connoître le résultat de ses immenses travaux; obligation sacrée dans laquelle mon cœur trouvera l’occasion de payer un juste tribut d’hommages à celui à qui je dois tout ce que je suis ! Le mémoire sur les Conifères, auquel mon père a travaillé pendant près de dix ans, sera le premier que je compte terminer et mettre en ordre. Le grand nombre des figures analytiques qui l’accompagnent rendront ce travail d’une haute importance. : Nous devons prévenir ici que dans le mémoire des Balanophorées que nous publions aujourd’hui, les deux premiers paragraphes seuls sont de mon pere, tandis que c’est nous qui ayons entièrement rédigé la description générale de la famille , les caractères de la famille , des genres et des espèces , et enfin les con- sidéralions sur la place que les Balanophorées doivent occuper dans la série des ordres naturels. Nous ne faisons cette observation qu’afin qu’on n’attribue qu’à nous les erreurs qui auroïent pu se glisser dans cette dernière partie du mémoire. ACHILLE RICHARD. 406 BALANOPHORÉES. Jovenaz von BRASILIEN , renferme les observations de M. Mar: tius sur ce nouveau Végétal. C’est dans le se. cahier, imprimé à Weimar en 1818, p. 179 et suiv., que ce botaniste en a tracé d’abord le caractère générique en latin, et énsuité tne description détaillée, dont l'examen microseopique du tissu des divers organes forme la majeure partie. Je doïs à mon officieux ami, le professeur Nestler de Strasbourg , l'envoi de ce livre et la traduction de la description allemande ci-dessus mentionnée. Celle-ci offre les imperfections ordinairement attachées Xcelles qu'on trace à la hâté dans le cours même d’un long et pénible voyage; et la planche qui l'accompagne est également loin de satisfaire le botaniste.par l’exactitude des figures. Espérons que de nouvelles observations faites dans des circonstances plus favorables, auront mis l’auteur à portée de nous faire connoitre la structure de l'ovaire et du fruit. î Olaus Swartz, Suédois, F2. Id. Occid., tom. I, p. 17, publiée en 1797, a décrit un Cynomiorium J'amaicense dont Patrik Browne avoit déjà fait mention dans son histoire de la Jamaïque, imprimée à Londres en 1756. La description incomplète de Swartz donne seulement lieu de soupçonner que cette plante pourroit peut-être former un genre intermé- diaire entre le Langsdorffia et V Helosis. Le »ort, les stipes écailleux , les deux sexes séparéssur des capitules différens, etc. indiquent de l’aflinité avec le premier; le calice triparti, le synème tubulé et la déhiscence interne des anthères le rap- prochent du second. Les fleurs femelles et les fruits en sont inconnus. > erisb On lit encore, p. 13 de la même Flore, une ébauche de BALANOPHORÉES. 407 description d’un Cyromortum Cayennense qui, malgré l’as- sertion contraire de l’auteur, est extrêmement distincte du Cynomorium. L'auteur étoit cependant tout près de recon- noître un des principaux signes de cette distinction, en disant anthera.trivalyis (quasi tres connatæ ). M est probable que Swartz.a décrit cette plante à Londres d'après quelques échantillons conservés dans une liqueur, que je donnai à Julius von Rokr qui me les demanda à Cayenne pour être envoyés au célèbre Banks. Sans attacher aucun prix à une priorité de découverte qui n'intéresse nullement la science, je dirai, comme historien, que j'ai présenté et lu à l'Académie des Sciences, en 1790, le dessin et la description de cette plante, qui fait partie du présent mémoire sous le nom de lelosis Guyannensis. Paul Boccone indiqua le premier aux botanistes l'existence du .Cynornorium coccineum ; d’abord dans ses Zcones et descriptiones plantarum , etc. , publiés en 1674; et ensuite dans son Museo di Fisica, etc., impriméen 1607. Il le dé- signe par la phrase Fungus typhoides coccineus melitensis ; en donne dans le premier ouvrage une figure grossière qu'il retraça plus réduite dans le second, en y ajoutant une racine chargée des tubercules primordiaux de ce prétendu Fungus. Il traça une longue histoire médicale et une très-courte des- cripuon de ce végétal dont il paroït avoir vu les fruits, qu'il compare à,des grains de millet et qu'il, dit être d’une belle couleur écarlate. :Tournefort venoit de tirer du. chaos la science des plantes, par'un ouvrage qui mérite encore la plus grande estime des botanistes. Imbu des principes de ce: grand homme; à qui il 408 BALANOPHORÉES. ne manqua que la connoissance ou l'adoption des sexes, Mi- cheli, Italien, publia en 1729 un livre extrêmement remar- quable , ayant pour titre Vova plantarum genera, etc. Il y décrit p. 17 et y figure pl. XII la plante de Boccone; jusqu’a- lors presque inconnue : elle s’y trouve pour la première fois érigée en genre nouveau sous le nom de Cynomorion. Sem- blable aux caractères génériques de Tournefort, celui que Micheli donne de cette plante recoit un utile appui des figures qui y sont intercitées. En sorte que, en transcrivant seule- ment les caractères génériques de ces deux auteurs, on ne transmet qu'incomplétement leurs idées et on atténue les ser- vices qu'ils ont rendus à la science. Micheli, versé dans l'examen des plus petits végétaux et profitant du jour que certains écrits venoient de jeter sur les organes sexuels, reconnut bientôt des fleurs mâles et des fleurs femelles dans le capitule écailleux de son Cÿ#07n0- rion. Sa description et ses figures sont insuflisantes pour qu'on puisse en déduire un bon caractère générique. Mais en se reportant au temps où cet auteur enrichissoit la science d'une foule d'observations qui n’ont pas été sans avantage pour elle, on l’excuse facilement des imperfections que les progrès des sciences nécessairement successifs y ont ensuite signalées. | L'ingénieux fondateur de la nomenclature botanique, l'im- mortel Linné, construisit, dans les premières éditions de son Genera, le caractère du Cynomortum d’après Micheli. Mais la cinquième édition, Stockholm 1754, présente quelques additions qui paroïssent annoncer la première autopsie de la plite depuïs le botaniste italien. L'écaille stamminifère y de- BALANOPHORÉES. . 409 vient la foliole inférieure d’un périanthe tétraphylle; celui des fleurs femelles prend aussi quatre folioles, et pour la pre- mière fois l’ovaire est placé sous le périanthe. L'auteur ajoute une observation où il dit avoir vu des fleurs hermaphrodites monandres mêlées aux autres. J'ai cherché vainement ces fleurs sur divers individus, désirant beaucoup en trouver au moins une qui me fit connoitre l'insertion relative de l’éta- mine. Un botaniste allemand, plus fameux que profond, qui a si injustement dépouillé quelques voyageurs d’un droit sacré, là plus douce et souvent la seule récompense de leurs péril- leuses recherches, Schreber, Gerera, pl. 1394 , a copié le caractère du Cyzomorium donné par Linnée, en répétant l'observation précitée. Une des nombreuses négligences qu'on peut reprocher à cet auteur de quelques bonnes observations agrostologiques, c’est de n'avoir pas cherché, dans la des- cription et la figure du Balanophora de Forster, les indices faciles à saisir de la distinction de ce genre; il s’est contenté de l’adjoindre avec doute au Cyr2omorturn. M. de Jussieu, Gencra, etc., 445, ouvrage qui a imprimé à la science une direction philosophique, conservant judi- cieusement le Ba/anophoraetle Cynomortum comme genres distincts, n'a rien ajouté à leurs caractères donnés par ses pré- décesseurs. Il les a placés parmi ceux qui étoient trop impar- faitement connus pour être rangés en famille. A la manière assez ordinaire des recueils bibliopoliques sur les sciencesnaturelles, l'Ærcyclopédie méthodique n’offre aucune amélioration dans ces deux genres; on y trouve seu- lement, pl. 742, deux mauvaises copies des figures de Forster Mém. du Muséum. à. 8. 52 “To. BALANOPHORÉES. et de Micheli. Le botaniste instruit verra toujours avec regret tant de frais de gravure si mal employés pour la science qu'il chérit! Willdenow, Spec. pl., VII, 177, a réunisans aucun doute toutes les plantes mentionnées ci-dessus dans le même genre, ce qui lui a fourni quatre espèces de Cynomorium; savoir : €. coccineurn , jamaicense , balanophora et cajennense. Son caractère générique ne convient à aucune de ces espèces, pas même à la primitive. Le Syropsis de M. Persoon, recueil utile et A çà et jà quelques applications louables des affinités, reproduit, vol. IT, p. 529, les erreurs de Wildenow sur les plantes dont il est ici question. Enfin en 181ole célèbre botanisteJ. C. Mutis de Santa-Fé de Bogota a publié (Sernenario del nuovo R. de Grenada) un nouveau genre qu'il nomme Caldasia, et qu’il dit avoir le port du Cyzomorium et du Balanophora. N y rapporte quatre espèces dont une est dioïque. Autant que nous avons pu en juger par le caractère donné par cet auteur, lé genre Caldasia est le même que celui que nous désignons dans ce mémoire sous lenom d’Æelosis. Nous n'avons point adopté le - nom de Mutis, parce que ce nom avoit déjà été donné par Willdenow à une plante tout-à-fait différente et qui appar- tient à une autre famille. Quant aux quatre espèces mention- nées par le botaniste espagnol, il n’a fait que les indiquer sans en donner aucune description. Ce qui fait voir que la famille dont nous traitons ici devra s’enrichir de plusieurs espèces qui viendront probablement se ranger dans quelqu'un des genres que nous avons établis. BALANOPHORÉES. Ati Le précis historique qui précède rend évidente la nécessité de soumettre les Balanophorées à un nouvel examen, par lequel elles puissent sortir de cette obscurité qui rend encore tant de genres nuls pour la science. En effet, les progrès réels d’une science ne doivent pas être mesurés sur l’étendue du catalogue des objets dont elle s’occupe, mais bien sur ceux de sa philosophie. Si la nomenclature avance seule, sa marche devient de plus en plus embarrassée, parce que l’addition nominative d'objets nouveaux, ouvrant une route plus facile et plus courte à la réputation , éteint ou ralentit le désir de revoir les anciens, pour répandre une clarté égale sur l’en- semble. La botanique plie déjà sous le faix de ce qu’on appelle ses richesses, parce que la philosophie, qui devroit l’étayer, manque des moyens qui lui sont nécessaires pour cela. Ces moyens consistent: primitivement, dans des analyses qui ex- posent avec exactitude la structure et les relations de tous les organes caractéristiques des végétaux; secondairement, dans la solidité et la liaison des principes généraux que quel- . ques hommes de génie pourroiïent déduire un jour d’un grand nombre de ces analyses comparées entre elles et puisées dans les diverses familles. Dans un temps où les plantes nouvelles abondent de toutes parts, cette petite digression paroïîtra peut-être excusable, comme pouvant avoir quelque influence sur les grands travaux botaniques qui se préparent. Sans doute il est des plantes, surtout exotiques, dont l'ex- cessive rareté s'oppose à.un nouvel examen du caractère que leurs détecteurs ou leurs éditeurs leur ont attribué. Mais depuis Michelile Cyromoriumcoccineum a été trouvé bien des fois; il est fréquent dans les collections : on doit donc être 52 * h12 BALANOPHORÉES. surpris qu'aucun autre botaniste, pas même parmi ceux qui ont eu à en parler, ne l’ait observé de nouveau et plus con- venablement:décrit. La petitesse des parties est un prétexte que la science ne sauroit admettre, surtout depuis qu’elle a été si heureusement vaincue par les cryptogamistes. Pourquoi de jeunes botanistes, animés d’un zèle mieux éclairé sur le véritable intérêt de la science , ne chercheroïent- ils pas, dans la revue soignée d’une foule de genres impar- faitement établis, la gloire de l’enrichir de nombreuses dé- couvertes, plus urgentes et non moins utiles que celles qu’on va recueillir bien loin? C’est pour leur donner une des mille preuves que je pourrois alléguer à l'appui de cet avis que j'ai cru devoir publier ce mémoire. Je désire qu'il puisse les guider dans la manière de faire et de rédiger leurs observations. J'e n’ai pas la vaine prétention de leur présenter un travail par- fait, mais seulement un meilleur que celui de mes prédéces- seurs sur les mêmes objets. L'histoire des sciences ne nous appreud-elle pas que nos successeurs feront mieux que nous! I. DESCRIPTIONES. LANGSDORFFIA JANEIRENSIS. TaAguLA I. Rapix et CAULIS. Caulis a, 1 subterraneus ( Rhizoma ? ), oblique protractus; circiter pollicem crassus ;cylindraceus, extuberantiis irre- gularibus variè deformis; vix visibili pube indutus ; parvulas tenues ramosasque rariter emittens radices; perquas, referentibus DD.Langs- dorffio etMartio, radicibus vicinarum plantarum adhæret. . Ex illo passimoriuntur cauliculi nonmulli, extra humum assur- Pl. Zom. à. D \ | À ls : NN pl 1] | } }}) ) | 4 1 li) | \ \ \ \| N\ \ \ \\ \l NA NL ha tY à À ORALE Plee Jeu « LR ra p. Jan CITCNSIS. _LANGSDOREE BALANOPHORÉES. 413 gentes ; ferè ipsius crassitie ; sabquadriunciales ; plerümque ex toto a, 2, 5,interdum solummodo ad summitatem &, 4‘imbricato-squa- mosi ; ali a, 2, masculi flori, ali a 5, 4 feminiflori. Prætereà , in caule et cauliculis infernè alepidotis, passim progignuntur extuberationes nonnullæ, primum veluti gibbi 4, 5 convexo-prominentes, dein in longum augescentes à, 6,7 ; quæ sunt cauliculoram novorum initia. Focrorum loco; squamæ cauliculorum in symetricè imbricatæ ; in- fimæ subrotundæ aut ovales ; pleræque lanceolatæ ; sammæ lon- giores, intimis sæpius linearibus, incurvo-ascendentes et capitulum floridum involucrantes ; omnes rigidulo-coriaceæ, ad margines vil- loso-fimbriatæ bb; persistentes. Ex illis basilares sunt abbreviato- rotundatæ et in seriem circularem connatæ : harum vicinæ nonnun- quäm etiam inter se connectuntur. Flores mares. CAPITULUM 4 , 8, subconoïideo - ovalum ; minoris Ovi gallinacei magnitudine ; infra summas cauliculi squamas, involucrum simu- lantes, partim immersum et sessile b 510% — Flores numerosi;calycibus nondüm apertis pressim densati, per series obliquas dispositi; magnitudine z7uscari racemosum æmulantes: omnes abrupiè tenuiusque pedicellati ; pedicellis Lu rectis, dein, expanso calyce b, 4, variè recurvis. — Phoranthium D, 2 cylindraceo-oblongum , ferè crassitie cau- hculi b, r. Tota illius net ce obsita est paleis C ;.1 brevibus, car- nosis, in totidem processus C,2 clavatos et ipsis multo Done abruptè desinentibus ; ita infer se in modum favi connexis, ut intrà singulos alveolos, ex pluribus paleis structos, insiti sint se pedi- celliG,53,4. Cazyx C, 6: D, 2 icone C, 5. D, r subtriplo brevior; pro- fundissime tripartitus: patentissimus: laciniæ ovales , ad apicem trun- cato-obtusum incrassatæ ; introrsüm D, 2 concavæ et lineâ promi- hi4 | BALANOPHORÉES. uulà medio longitudinaliter percursæ ( quæ linea in sulco loculos antheræ cujusque distinguente.erat applicita)); rigidulo-crassiusculæ , marginibus truncatis, Marcescendo patens persistit. — Præfloratio valvativa : Calyx C, 8 cylindraceo- -ovoideus; arctè stamina complectens; laciniis mutud per margines applicitis, horum truncaturâ applicationem efficiente aptiorem. SramiNA C, 7 tria; monadelpha et synantherica ; ferè longitudine calycis, cujus in fundo et veluti summo pedicello inserta sunt. Fila- menfa D ,:5 brevissima ; ex toto coalita in Syremate antheris multà abruptèque tenuius, intüs solidum. Antheræ D, 4 lacinïis calycinis oppositæ ; connatæ sunt in Synantherium cylindraceo-ovoideum, undique impervium , intüs G ad axim angustè cavum, cavifate neu- tram extremitatem assequenti. ‘ Antheræ cujusque separatim a facie extrorsä conspectæ E , forma obtusè cordata : loculi duo E, 1,2 sulco citrà summitatem finito distincti ;. notati suturâ margini exteriori viciniore , et ad ipsum an- theræ apicem concursivâ. Ex alterâ aufem parte conspecta anthera exhibet duo latera F, 2,3, plana, supernè coeuntia; per quæ an- theræ tres ità connectuntur G, ut angusta tantum infrorsæ ipsarum faciei regio F, 1 ( cujus major pars est connectivum prominulum), in connexu omitfatur : unde fit supradicta Synantherii cavitas axilis. Transversà compaginis antherarum, s. Synantherüi, sectione G'; non tantm modus connexionis earum manifestatur ; sed etiam com- péritur loculos G, 1,2: singularum esse bilocellatos , mediantibus septulis a connectivo postico ad utramque suturam antrorsüm ductis. Hé&æc verd septula, perindè ac septum loculos dirimens, ibï desinunt ubi cessat sulcus E, 5 his intermedius; ità ut Joculi locellique superné coeant , etided summä parte uniloculares sint antheræ. Post dehiscentes per suturam concursivam loculos HE, 1, 2, etiam et emisso polline, äntheræ in connexu suo persistunt. Quo erant ad suturam adnexa. septula, haë dehiscente, soluta fiunt margine. Pol- lis particulæ globulosæ sunt et pellucidæ. BALANOPHORÉES. k15 Flores fenunæi. CAPITULUM 4 ;, 9 maximâ parte squamis involucrantibus obvolu - tum ; subglobosum ; diametro‘unciali, aut ferè sesquiunciali. — Phoranthium À, 2 brevi-ovoideum; nudum,, Scilicet nullis inter flores vestitum paleis : basilaris tantum illius regio, floribus orbata, _obsita est parvulis squamarum.rudimentis 1.0 4 obsoletè prismaticis, variè ob mufuum pressum angulatis et deformibus, apice truncatis : cætero floribus tectum. — Flores 1, 1 ad plura millia numerosissimi ; in superficie .pho- ranthii efficientes stratum duabus cum dimidià lineis crassum, veluti ex materie Jlongitudinaliter fibrillosâ compactum. Resectä ex capitulo particulà floriferä K ; comperitur flores K, x esse tenuitate capillari ; aded ut horum structura nudo oculo nequeat explorari. Aucti vero idem videntur K, 1 ità préésim juxtà longitudiném densafi et passim conglutinati, ut obscurè distinsuantur, nisi per bases K, 2 attenuatas discretasque, etiam et per stylos K, 3 exertos, qui superficiem capi- tuli 4 9.1, 1 quasi yelutinam reddunt. Cazvx L, 1 longissimè peditellatus; oblongus; ob cellulas sui con- textüs bullatas veluti verruculosus ; ad apicem subtrüncatus, inæqua- liter breviterque incisüs et propter verruculas marginales quasi eroso- crenulatus ; snpernâ medietate M, 2 tubulosus, infernâ M, 5 solidus. Pedicellus subquadruplà calycis longitudine; infra hunc pauld tenuior L,2, ad medium crassior L, 5, ad imam pariem atte- nuatus L, 4. Ë ï. PistiLLUM : Oyarium ex inferiore solidâque calyÿcis parte M3 fac- tum et ided inferum : intrà quod tamen neque cavitatem -neque ovulum (in sicco) detegere potui, Siylus L,5 calyce-longior, fili- formi-capillaris, erectus rectusque;, profondè inirà: tubulatam ilbus partem immissus M, 1 : sfigma, samma pars, L, 6 styli subclavata, breviusculè aut Rues interdüum ad usqué ipsius medium tuber- culis subrotundo-bullæformibus ( an elandularibus) obsifa. Fe 416 BALANOPHORÉES, Faucrus nuhi ignotus. Os. Nescio quid imperfecti in omnibus trium capitulorum a me dissectorum floribus feminis deprehendens ; ad suspicandum alia existere >capitula perfectio- ribus onusta floribus moyeor: Dubium solvant autoptæ. : Habitat in Brasilià , circà Rio-Janeiro , ubi primus detexit Clar. de Langsdorff. i HzErosrs GUYANNENSIS. TaApBuLaA Il. HERBA aphylla, quodämmodo fangiformis. Rapix à. à, ferè ad superficiem humi discurrens ; ramosissima, tortuosè implexa, capillamento \destituta; vix. sesquilineam crassa; dura rigidaque; sordidè exalbida. Hinc solito successivä innovatione perennans, indè destruifur : interdùm tota perit. GEMMATIO. Super radicem passim et solifarié extuberant gem- mé 4, E, subrotundo-conoideæ, fulcro suffuliæ brevissimo; cons- tantes ex involucro tenui-membranaceo, rufidulo, idnehten Capi- tuli, futuri volvæ instar includente. Involucro in tres, rard plures, lacinias subovales dehiscente a, 2, 2; conspicitur intus globulus ses- silis, luteus; qui, brevi in formam ovatam 4, 3 augescens, janius capitulum prodit se. Cauzis. Gemmarum singularum fulerum à, 5, genitrice radice multo crassins, marcescentibus involucri laciuiis à, 6 coronatum , vix tres quatuorve metitur lineas ; dùm ad altitudinem trium sexve uncia- rum erigitur caulis scapiformis 4 ; 4, duas tresve linéas crassus. Is subfusiformi-cylindraceus, plerumque varié curvus, pallens infernè, supernè fuscescens; totus est nudus ; glaber, carnosus; carne sum- uæ illins partis solito intüs violacea. : : ‘ELones. Caules singulos! terminat ‘capitulum oviforme, novem ad vigenti lineas longum , sex- -duodecim crassum, ad basim pro. in- L. C. Richard à À OR CRDI ET TER HELOSIS Guyannensi S BALANOPHOREÉES. 417 sertione caulis C, 1 cavatum; promiscuis floribus utriusque sexûs monoicum. — Capitulum obtectum primum totum est 4, 7, 8 numerosis squa- mulis, pressim contiguis, subhexagonis, crassis, convexiusculis car- nosis, peltatis D, parvulorum clavorum formâ, Phoranthio aflixis. Elapsis illis omnibus peltis ; capitulum à , 9, aliquandiù remanen- tibus harum vestigiis veluti serobiculatum, videtur totum hirtum filamentulis albis ; quæ agnoscas esse stylos F, 3 florum femina- rum F, 1, inordinatè extra Paleolas F, 5 Phoranthii exertos. Hi mar- cescentes maturè deciduunt; tincque , densatis paleolis , superficies capituli 4, 10 æquabilis fit et rufidula s. flavicans. Pauld post, cläm turgescentibus F, 6 interpaleolas floribus maribus, capitulum a, 11 gibbosulam suscipit superficiem : mox emergunt illi G,'1, dis- tinctis sedibus solitarii; et explicatis suprà paleolas G,2 caly- cibus G, 3, protractisque staminibus G, 4, pulchellè capitulum à, 12 exornant. _ Intereà, florum feminarumF, 1, prius exerforum 4,9, ovariaG,7, 8. paleolis G, 2 immersa , depromptà ex alieno capitulo fæcundationis operâ, grandescunt; et ifà ut, cùm mares cohabitantes G, 1 , nubilia feminis domo semotis stamina porrigunt , dimidiam circiter fructuum nacta sint molem. Ex suprà memoratis liquet , fæcundationem capitulorum esse reci- procam ! Scilicet, flores feminas F,1 capituli cujusque , comitibus maribus F, 6 multù præcocicres, non nisi a masculis alterius posse fœæcundari. Præter flores mares perfectam adeptos evolutionem à, 12. G, 1; numerosa eorumdem cohors, negatâ crescendi facultate, intrà pa- leolas perpetud obruta G, 9 perit inutilis. — Phoranthium. Dissecti juxtà longitudinem capituli Phoran- tbium C, 2 (demptis hic floribus) ovatum; caule C, 1 multoties crassius ; carnosum ; albido - lutescens : densissimis undique tegitur paleolis C, 3, nudo oculo piliformibus, sesquilineam longis. Micros- Mém. du Muséum. 1. 8. 53 418 BALANOPHORÉES. copio conspectæ E, in speciem gracillimæ clavulæ sursum tantisper crassescunt ; sed variè leviterque compressæ : contextæ sunt ex mem- branâ cellulosä ; cellulis inferioribus elongatis ; sammis multô bre- vioribus, subbiseriatis : terminantur binis tuberculis opacis, subro- tundis, scabriusculis ; modd contiguis aut etiam connatis; modo sejunctis et apicem emarginatum fingentibus; rariüs , akero deficienie, üunico. Flores mares. CaLyx mouosepalus, regularis : tubus G, 1 tepuis, rectus, deor- sam paulisper angustatus; paleolas G, 2 Phoranthii longitudine vix superans ; albidus : limbus profundè tripartitus ; lacinüis G, 5 longi- tudine tubi, eo mulioties latioribus, stellatim ad vel pauld supra superficie capituli 4, 12 patenibus ; ovalibus, concavulis, ad sunt- mitatem obtusam utroque margine inflexo angustatis ibique paulo crassioribus ; infernè exalbidis, supernè solit dilutè purpurascen- tibus. Pauld post anthesim , unà cum staminibus marcidis, decidit totus. STAMINA tria, monadelpha et synantherica. — Synema : ex tubi calycis fauce oritur filamentum G, 4 album, reetù porrectum, filiformi-tu bulosum ; laciniis illius, demüm-longius ; surmmä parte fissum in fria filamentula G, 5, conjunctim synantherium suffulcientia. — Synantherium : Antheræ G, 6 tres ; luteæ ; cordatæ, obtusæ ; introræ; paulo suprà basim dorsi, extrorshm versi, filamentulis singulatim affixæ ; laciniis calycinis respondentes. Per latera in- ierioremque faciem tofæ $Sunt connatæ; et ità ut simulent uni- cam G,6, ovoideam; transversä sectione sexlocularem ; septis ex axi communi radiatin ad peripheriam ductis. Per imos loculos, quâ tantüm parte non concrescunt, introrum dehiscunt ; per Synantherii basim emittuut Pollen, album ; particulis sphæricis pellucidisque. LA BALANOPHORÉES. 419 Flores femincæt. CaLyx ab ovario vix et nisi apice paulum coarctato et iruncato distinctus. PisTILLUM. Ovarium F, 1 inferum ; inter paleolas F, 5 ipso lon- giores occultatum ; stipitatum F , 2; oblongum , cylindraceum, utrin- que tantisper attenuatur : ad apicem coronatur marginulo brevissimo, limbum calycis constituente, annulari , indiviso quidem, sed, propter inæqualem marginalium sui coniextüs cellularum exertionem, veluti minutissimé et irregulariter denticulato. Styli duo F, 3; ovariéduplo longiores ; filiformes, pellucidi ; erecti, basibus contigui, cæterd ar- cuatione Îlevi ex adverso divergentes : terminantur singuli stig- mafe F, 4 subrotundè capitato, minutim glanduloso. Rarissime vidi stylos basibus breviter coalitos. Pistilli longitudinaliter dissecti, ovarium H, 2 unico fœtum ovulo, angusiè oblongo (cujus adnexionem haud clarè perspexi) : styli H, 2 intra levem marginuli calycini cavitatem insert. FrucTus, 1. I : Caryopsis inter paleolas Phoranthü recondita ; abrupte stipitata ; stipite I, r candore teneritateque materiei suæ dis- tinctissimo; subelliptico-ovatal, 2, teres K, ad apicem marginulo calycino T, 3 eroso-denticulato coronatum paulisper attenuata ; rufa demumque fusca. . PERICARPIUM parüm crassum K , 1. L, 1 ; epicarpio albo-pellucido, a stipite producto, indutum ; intüs duriusculo-testaceum, fragile, rufum , adhæsè includens nucleum. Nucreus K, 2. L, 2 elliptico-ovatus; albidus; materie subgru- moso-cellulosà ; quem pro endospermio ex contextu habendum ju- dicavi. — Embryonem non vidi. Hab. In umbrosis sylvarum Guyannæ, etiam et insulæ Cayennæ : lætius viget 53* L 4bo BALANOPHORÉES. sedibus humosis, foliis putrescentibus constratis. Diversis anni temporibus florens mihi occurrit , imprimis verd februario et martio , junio et julio. Hujus plantæ radices radicibus vicinorum vegetabilium implexas interdum vidi, nunquam autem veré parasiticas. CrNomorium COCCINEUM. TaguLaA III. Orico et HAgrrus. Singularis hujus vegetabilis primordia sunt tubera quædam deformi-globata, radicibus diversarum plantarum innata.et irradicato-adhærentia ; ex quibus grandescentibus prove- jiäntMlantee totidem simplices, caruosæ ; in juvenili statu undique subimbricato -squamosæ ; adultæ, clavato-subfungiformes , ad altitu- dinem 4-g-uncialem (et altius ) caulescentes. Îma caulis pars con- tiguis A, 3 obtecta esl squamis ; quæ in superiore ejusdem regione magis ac magis removentur. Hæc autem regio, veluti pedunculi vicem explens, præter squamas illas rariter in ipsà dispersas, dense, vestitæ est paleolis multiformibus. Squamæ omnes carnosæ, planiusculo- discoideæ , transversè subo- vales , obsoletè polygonæ ; in imâ eaulis parte a, 3 iles adnatæ , margine solum modô s. ambitu angustè liberæ ; in superiore a, 2, gradatim ipsis succrescente stipite, magis ac magis peltatim elevantuür : ità utsummæ fiant similes iis, quæ per capitulum floriferum à , 1 spar- guntur. Inferiores , ejusdem partis 4, 2, paleolæ lamellarum carno- sarum instar breviter prominent; superiores, gradatim, pariter ac squamæ , in longitudinem augescentes, sensim in similitudinem cum paleolis ipsius capituli transeunt ; et is est transitus, ut nulla inter hoc et regionem pedunculiformem manifestetur distinctio. Undè, rectius forsan, regio ista habenda est pro imâ capituli parte, floribus destitutà ; in quâ tantummodod prælusoriam inflorescentiæ incohatio- nem exhibet natura. Nonnullos enim flores, inter summas pseudo- pedunculi paieolas, vidi masculos. FLiores. Capitulum @, 1 oblongo-cylindraceum, one 1y- 277 ë 2 Jlee Z.C. Pichard del. CYNOMORIUM coccineum. BALANOPHORÉES. 421 phoideum, componitur ex innumeris minutisque paleolis et flo- ribus D, 2, nonnullisque majoribus squamis b, 5, 4,55 Phoran- tbium D , x undique tegentibus; et ità pressim permixtèque densatis ut per summitates suas in communem capituli superficiem adæ- quentur: LE SEE 2 — Phoranthium b, 1 octo-decem Hoi crassum, cylindraceum , carnosum, Squammosum et paleosum. — Squamcæ b, 5,4, 5 per totum capitulum à, 1 rariter sparsæ ; carnosæ ; excentraliter peltatæ; stipite C, 1, 1 laminatim per facies compresso, sursüm crassescente, paleolarum, C, 4 longitudine ; disco GC, 2,2, transverse subovali, ad ambitum obscurè anguloso, Inargine stone C,3,.35 quam posteriore latiore : persistunt marees- . centes, paritèr ac cæteræ ejusdem plantæ. — Paleolæ bi-sesquibilineares b, 2; proportione figurâque ns in modum ludentes D, 4 , 5; omnes angusto-longæ , inferne longius et graciliter attenuatæ, modo sublineares, modd et sæpius ad apicem plüs nmuinus abruptè dilatatum spathulatæ ; crassiusculæ, minutim bulloso-cellulosæ et veluti granulosæ : aliæ ex ipso Phoranthio,aliæ numerosiores ex singulis florum stipitibus enatæ : persistunt. — Flores, mares D, r et feminæ D, 2,5 indefinito numero et absque symetri per totum capitulum permisti et paleolis immersi C, 4 : priores stamen solum extrà paleolas breviter exerunt D, 1 : postferiores vero styli longitudinem vix adæquant paleolis, quibus ut plurimüum persistit brevior. — Flores utriusque sexüûs, in qualicunque Phoranthii resione, non una simül ineunt anthesim; sed successivis vicibus augescunt et per- ficiuntur, [lorum tamen non pauci pereunt imperfecti, a paleolis et increscentibus post anthesim cæterorum partibus velut suffocati. Flores mares. Cazycis in vicem subjicitur palea quædam E, 1 ; magnitudine et crassitie varians D, 2. E, 1. F, 1. G,1; oblongè obconico-subelavata , 422 BALANOPHORÉES. apice transversim truncata, areâ truncaturæ planiusculä et ambitu subrepandâ; hinc E; 1. F, 1 ab apice ad tertiam dimidiamve longitu- dinis suæ partem foveata in canaliculum angustum, crassitiei mi fila- menti aptatum. — Bracteolæ : ex imâ paleæ illius parte, in speciem stipitis atte- auatà, enascuntur paleolæ plures D, 4. E, 2, numero 2-6 situ que variis ; ill duplo s. triplo rones plerumque spathulaiæ (suprà descriptæ ). F Peractâ anthesi, palea E, 1 staminifera adeo insigniter in molen longitudinemque augetur [,1; ut demum, pariter ac stipantes pa- leolæ E, 2, superficiei capituli æquetur. Intrà illius canaliculum , con- niventibusistius marginibus detenta, persistit filamenti partiuncula I, 3. SramEN unicum;filamentumD,6.E, 5.F, 2.G, 2 filiforme, ad apicem attenuatum ; rectà ex paleâ porrectum; longissimum, scilicet duplâ iriplâ ve istius longitudine : imo paleæ E, 1. F, 1 canaliculo, intrà quem iniruditur, ità est insertum, utnon tecta ipsius pars cum subjectë paleæ regione sit continua. Anthera G, 5 subrotunda, paulum oblonga, obtusa, infernè sub semifissa ; ratione canaliculi paleæ extrorsa, 1. e. ad hujus dorsum con- versa ; medio dorso E, 4. F, 5 affixa, erecta ; loculis G, 5 duobus appositis, oblongo- -ovoideis, utrinque obtusis , til an eXaratis sulco; per quem dehiscunt D, 7 concavo-patentes, antherâ iünc cir- cumscriptione orbiculatâ E, 4 et veluti emarginatâ. Ejusdem non- dümdehiscentis et transversim sectæ loculi H, 1, 2 bilocellati; sepiulo demüm obliterato. Flores femuncætr. Cazyx et Pisrizum. Ovarium D, 8.K, r brevi-ovatum , teres ; attenuatum in stipitem, modù brevem D, 2 aut brevissimum, modo longum D, 5, plus minus crassum, uti in marium paleâ bracteoli- ferum :terminatar lacinüs calyeinis ; plerumque duabus D, 9, inter- dum tribus M, 2 aut etiam quatuor K, 2; subincurvo-erectis ; ipso BALANOPHORKÉES. 425 solito longioribus, rard brevioribus ; sublinearibus, deorsunr magis angustatis; paleaceis, i. e. naturâ.omnind paleolarum s. bracteolarum flores stipantium. Stylus D , 10. K , 4 longissimus, erectus recfusque, sursum paulispèr crassescens : stigma D, 11. K; 4 capitatum, VIX stylo crassius , glanduloso-scabriusculum. Ovarii longitudinaliter dissecti L, 1, ovulum L, 2 ovalum, inver- sum, sessile; maguitudine-loculi. Anxor. Supradictæ laciniæ calycinæ D, 9. K, 2 , non solito more coeuntibus basibus basim styli -undique /circumdant; sed contrà a se invicem spatio vario distant, et sæpè sæpius unum summi ovarü latus occupant ; ita ut, ex altero latere, basis styli superficie materieque cum ovario sit continua. Situs tamen laciniarum in summo ovario hoc declarat inferum; qui insolitus inferitatis modus notatu meretur ! Frucrus im. M, uti ovarium abruptè stipitatus ; globosus M, primüum laciniis calycinis M, 2 etstylo M,5 marcidis terminalus ; : il müm eorumdem vetusfate detritorum reliquias tauium retinens N,2, aut etiam calvus O, 5. PericarPiuM N ,1.0, 1 crassissimum ; subfungosum ; uniloculare ; monospermunm. SE SEMEN. Épispermium ab endocarpio non distinctum : undè fructus ad caryopsim referendus. — Nucleus N, 3. O, 2 leviter endocarpio adhærens ; globosus, solito tantillim et obliquè compressus , nempè ad regionem embryo- niferam P, 2 et ad ei oppositam P , 5 nonnihil depressus. — Endospermium , ferè totum nucleum constituens ; colore uatu- râque suboryzaceis; binc notatus vix visibili umbilico O,3; qui, sedem Embryonis indicans , neque fuleros s. stipiti O, 4 fructüs , neque hu- jusce apici O , 5 respondet ; sed lateralis est tamenque a priore minus distans. fe — Embryo P, 2, ratione endospermü P, 1 minutissimus; globosus; exalbidus ; ferè superfcialis, sed verè inclusus ; superficie nullibi in- terruptâ porsus indivisus, idéoque endorhizus s. monocctyledoneus. 24 BALANOPHORÉES. Crescit in arvis sabulosis, ad ostia Nili,-infra oppidum Rosettam et in insula Melita. ( Delile) in Hispania? Nora. Quod floridum delineavi specimen, id i in n Æeypto on et mihi dede amicus Delile. Michelii figura videtur indigitare varietatem , squamis apiculatis ! é BALONOPHORA FUNGOSA: PLANTA carnosa, fungoidea, albida; radicibus alienis parasitica ; basi sæpè confluente in corpus: carnosum, suprà fuberculosum , in- forme, interdum ad magnitudinem pugni crescens, : CauLes vel solitarii parasitici, vel plures ex corpore carnoso orti, teretes, crassitie et longitudine ( varià ) circiter digiti, squamosi, fruc- tificatione terminali clavati, flavescentes. té — Squamcæ caulinæ parabolico- subrotundæ (in tenuioribus caulibus oblonsæ), subcarnosæ, intus concavæ , sessiles, imbricatæ, glabræ, integerrimæ, pollicares, erectiusculæ. CAPITULUM oblongum, terminale, pollicare, caule crassius, ante anthesiu squamis caulinis confertioribussemi-involutum,androgynum, brunneum. FLORES MASCULI pauciores, remotiores, magui, ad basim capituli, duplici circiter ordine positi, pedicellati. — Pedicelli cylindrici, glabri, lineam longi, crassiusculi. CAL. nullus. LS Cor. Petala quatuor (sæpè tria, rarius 6,7, 8 ), lanceolata, cras- siuscula , pedicello fere longiora, patentia. SrAm. Filamentum unicum, cylindricum, longitudine pedicelli, erectum. Anthera ovato- FN, erecta : effta Dés plurimis canaliculata. RTE a à NE 21 FLORES FEMINÆI numerosissimi, minutissimi, partem superiorem X BALANOPHORÉES. 425 capituli occupantes, confertissirai, non nisi oculo armato distinguendi, receptaculis minimis numerosissimis impositi. — Receptacula minufa , diaphana, ovata, apice plerumque flori- fera, confertim receptaculo communi UL insidentia, flosculis plu- ribus tecta. ; CAL. nullus. Cor. nulla. PisT. Germen? minutissimum, subglobosum, diaphanum, monos- ermum ? Stylus capillaris, parvus. Stigma. ..… P B > P PEric. non vidimus. SEM. Habitat in sylvis Tannæ et Caledoniæ novæ; ex ligno putrido vel solo dædaleo ( ex vegetalibus deletis constante ) propullans. Nora. Descriptio ex manuscriptis ipsius J. Reinoldi Forster { vol. IT, p. 6r1)in Musæo Parisino Historiæ naturalis servatis. Après avoir donné la description détaillée des différens végétaux qui composent la famille des Balanophorées, nous allons résumer les caractères généraux qui distinguent ce groupe. Description générale des Balanophorées. En comparant attentivement les descriptions détaillées que nous venons de donner des différens végétaux qui composent la nouvelle famille des Balanophorées , il est facile de saisir la grande analogie qui existe entre elles et le lien naturel qui les réunit en une même famille. C'est ce qui résultera d’une manière encore plus évidente de l'examen comparatif de ces différens végétaux. Les Balanophorées sont ordinairement des plantes parasites Mém. du Muséum. t. 8. 54 26 BALANOPHORÉES. d’un aspect tout-à-fait particulier, qui a quelque rapport avec celui des Orobanches et des Clandestines. Elles s'élèvent peu au-dessus du sol. Leurs racines ordinairement rameuses s'é- tendent horizontalement et s’enlacent à celles des plantes voisines, où même s’y implantent entièrement, comme on le remarque dans le Cynomorium. De ces racines qui sont épaisses et charnues s'élèvent des espèces de tiges d’un à six pouces de hauteur, qui sont terminées à leur sommet par un capitule de fleurs dont la forme et la longueur varient dans les différens genres; tantôt ces pédoncules ou tiges sont nus (Æelosis Guyannensis), tantôt ils sont couverts d’é- cailles dont la figure et la forme présentent de grandes diffé- rences ( Langsdorffia, Cynomorium). Ces écailles recou- vrent toujours le capitule en totalité avant son entier déve- loppement. Il n'existe point dans aucune de ces plantes de feuilles pro- prement dites, à moins qu'on ne veuille donner ce nom aux écailles dont les pédoncules radicaux sont recouverts dans quelques espèces. Les fleurs sont constamment unisexuées , monoïques, très- serrées les unes contre les autres, et disposées en capitules globuleux ou plus ou moins ovoïdes et allongés. Le plus sou- vent les fleurs mâles et les fleurs femelles naissent indistinc- tement mélangées sur le même capitule ( Æelosis, Cynomo- rium ): d'autrefois les capitules sont entièrement formés de fleurs mâles ou de fleurs femelles (Largsdorffia); ou enfin les fleurs femelles occupent la partie supérieure du capitule, tandis que les mâles sont placées à sa base, comme dans le Balanophora de Forster.Le phoranthe ou réceptaclecommun BALANOPHORÉES. 427 des fleurs présente des soïes ou de petites écailles entremèélées avec les fleurs: dans le Cyrzomortum et l Helosis on trouve en outre un assez grand nombre d’écailles peltées, épaisses et charnues, qui étoient d’abord contigués avant l’entier dé- veloppement du capitule (pl. IE, fig. «&, 8), et qui se sont ensuite écartées à mesure que le capitule s’est allongé. Les fleurs mâles sont ordinairement pédicellées ; elles offrent un calice très-profondément triparti (dans le Cyz0omoruun coc- cineum le calice est remplacé par une écaille charnue obco- nique tronquée, sur la partie inférieure de laquelle sont atta- chées trois ou quatre squamules spathulées plus longues qu'elles); si l’on en excepte le genre Cyzomorüun, dans lequel il n’y a manifestement qu’une seule étamine insérée latéralement à l’écaille qui tient lieu de calice, on trouve dans tous les autres genres, trois étamines qui sont à la fois mona- delphes et synanthères. Le tube anthérifère ou synème est tantôt très-court, comme dans le Langsdorffia ; tantôt il est jong, cylindrique, trifurqué à son sommet, comme on l’ob- serve dans l’Aelosrs. Les anthères sont toutes à deux loges, et chaque loge est elle-même divisée parune cloison médiane et longitudinale, en sorte que l’anthère paroît comme quadri- loculaire; elles s'ouvrent dans toute leur longueur parle sillon longitudinal qui règne sur chacune d'elles; tantôt cette déhis- cence a lieu par leur surface externe , c’est-à-dire qu'elles sont extorses ( Larngsdorffia); tantôt au contraire elle se fait par le côté interne, et les anthères sont alors intorses comme dans l'Æelosis. Le pollen est en petits grains pulvérulens et disüncts, jaunes ou blancs. Les fleurs femelles, tantôt sessiles, tantôt pédicellées, 54* 428 BALANOPHORÉES. présentent constamment un ovaire infère. Cet ovaire, presque globuleux dans les genres Cyromorium et Helosis, est fili- forme et très-allongé dans le Langsdorffia et le Balano- phora. Cependant cette dernière conformation n’est peut-être due qu'à l’état d’imperfection des fleurs femelles que nous avons pu examiner; aussi ne connoit-on pas encore le fruit de ces deux genres. L’ovaire est uniloculaire et renferme un ovule attaché au sommet de la loge et renversé. Le limbe du calice forme un rebord inégal et légèrement sinueux dans les genres Balanophora, Helosis et Langsdorffia ; dans le Cy- nomoruar Vovaire est couronné par deux, trois ou bien quatre lanières minces, souvent inégales, plus longues que l’ovaire, quelquefois placées d’un seul côté; un seul style part du sommet de l'ovaire dans les Cyzomorium , Langs- dorffia et Balanophora : il y en a deux au contraire dans l'Helosis. Le stigmate est simple et capitulé dans tous les genres, excepté dans le Largsdorffia, où il est allongé, glanduleux et peu distinct du style. Le fruit est une cariopse couronnée par le limbe du calice; son péricarpe est sec et assez épais : la grasne remplit exacte- ment toute la cavité intérieure du péricarpe avec lequel elle est soudée. Elle est presque entièrement formée d'un endo- sperme épais et charnu, quelquefois celluleux, et d’un em- bryon très-petit presque imperceptible, qui n’offrant aucune trace de division doit être considéré comme endorhize ou monocotylédon. Cet embryon est situé dans une petite fos- sette sur l’un des côtés de la surface externe de l’endosperme. BALANOPHORÉES. : 429 BALANOPHOREZÆ. Character naturalis ordinis et generurm. FLORES monoïci in capitulis densis confertissimi : capitulis ovoïdeo- subglobosis. s. oblongis, sæpius androgynis, rarius sexu distinctis, phoranthio squamulis aut setis formä variis, et passim squamis crassis peltatis onusto, rarius nudo. — Flor. masc. pedicellati; calyx profundè tripartitus, æqualis pa- tens, laciniüs subconcavis (in Cynomorio squamäâ crassâ truncato- obconicâ staminiferà calycis vice). Stamina 1-5 ( rarius ultra ) epigyna symphysandra, id est mona- delphia atque simul synantherea : synemate brevi aut longiusculo et apice {rifido ; antheris 5 (in Cynomorio unicâ ) connatis bilocula- ribus loculis bilocellatis, modo introrsis, modo extrorsis, sulco lon- gitudinali dehiscentibus. — Flor. femincæi : ovarium inferum , uniloculare, monospermum, ovulo inverso , limbo calycis modo marginali sub integro, modo foliolis 2-4 inæqualibus coronato. Stylus unicus rarius duo filiformes subieretes ; stigma terminale simplex sub convexum. — Fructus: caryopsis subglobosa vestigtis limbi calycini coronata. Pericarpium crassiusculum semen includens et cum illo cohœærens se- minis erdospermiun globosum celluloso-carnosum, albidum, maxi- mum. Æmbryo ratione endospermii minutissimus , subglobosus exal- bidus foveâ superficiali endospermii inclusus, vere indivisus et inde endorhizus. s. monocotyledoneus. Herbæ fangoïdeæ , in radicibus alienis parasiticæ ; radices carnosæ, horizontales , ramosæ; eaulis (pedunculus radicalis) crassus nudus aut squamis imbricatis vestitus. 430 BALANOPHORÉES. SECTIO PPIMA. Stamina tria symphysandra. S TL. Æntheris introrsis. HELOSIS. FLORES in eodem capitulo congregatim monoïci, phoranthium ovoïdeum setis apice inerassatis, truncato-biglandulosis numerosis- simis et squamis peltatis carnosis obsitum. Flores masculi pedicellati : calyx profundè tripartitus patens, Jaciniis obovalibus apice abruptè acuminatis ; stamina 5 symphy- sandra , synemate cylindrico, lacinüis calycinis longiori, apice tri- fido, antheris erectis, cordatis cohærentibus, introrsis. Flores feminæi brevius pedicellati : ovarium inferum ovoïdeo- oblongum, a lateribus compressiusculum, apice limbo calycis mar- ginato brevissimo coronatum : styli duo teretes, ovario duplô Ion- giores; stismate terminali globoso. Fructus : caryopsis ovoïdea, levis, subpedicellata, inter phoran- thüsetulas recondita. Herbæ radicibus ramosis ; caulibus aphyllis aut squamatis, capitulo ovoïdeo terminatis. S IT. Æntheris: extrorsis. LANGSDORFFIA. FLORES in capitulis dictinctis monoïci ; Flor. masc. : phoranthium ovoïdeo-conicum, paleis carnosis onus- tum; flores pedicellati, pedicello paleis longiore, calyx profunde tri- partitus, patens; lacinïis ovalibus truncatis, subconcavis : stamina tria symphysandra; synemate brevissimo integro ; antheris coalitis ex- trorsis. Flor. feminæi : phoranthium globosum nudum : flores pedicellati, BALANOPHORÉES. 437 confertissimi, quasi setiformes;ovarium inferum gracile subfusiforme ; limbo calycis marginato; stylus simplex, ovario dimidid brevior, su- premäâ parte slandulis stigmaticis obsitus. Fructus.. ue. Herba radicibus crassis, caule brevi, squamis coriaceis lanceolatis dense imbricatis. BALANOPHOR A. Flores monoïci : capitulum singulum oblongo-ovatum, ad basin squamis summis caulis involucratum; imâ parte masculi florum, ceæ- tero feminiflorum. Flor. mascul. pauciores, pedicellati laxi: calyx patens; laciniis 3-4 (interdum usque 8) ohovalibus. Stamina tot quot lacmiæ one. symphysandra : antheris exirorsum dehiscentibus. Flor. feminæti confertissimi, nudo oculo piliformes, stylus unicus. Cætera incerta aut ignota.. .... (Garacter ex Forster ). Osserv. À. Langsdorfhä, cui valde affinis capitulo monoïco imprimis differt. SECTIO SECUNDA. S£amen uriCUurn. CYNOMORIUM. FLORES in eodem capitulo mares cum feminæis commixti : phoran- thium oblongum, squamulis membranaceis numerosis subspathulatis et squamis crassis coriaceis peltatis distantibus onustum. Flor. masc. Stamen unicum squamæ icrassæ obconico-truncateæ lateraliter insidens : filamentum oblongum; anthera subrotundo di- dyma ( squamulæ 3-4 membranaceæ oblongo-spathulatæ, calycis ins- tar, basi squamæ staminiferæ insertæ.) Flor. feminæi. Ovarium subpedicellatum globosum, squamulis 2-4 lanceolatis coronatum; stylus cylindrieus, ovario- triplè longior: stigma terminale hemisphericum. ÿ Fructus : caryopsis globosa, lacinüs calycinis coronata. 432 BALANOPHORÉES. CONSPECTUS GENERUM ET SPECIERUM. SECTIO PRIMA. Stamina tria symphysandra. $ I. Æntheris introrsis. HELOSIS. Cynomorii species. Swartz. Caldasia. Mutis (non Willdenow ). FLores in eodem capitulo promiscuë monoïci : phoranthio setis apice biglandulosis et squamis peltatis deciduis obsito. Flor. #. Calyx profunde 3- oo patens; stam. 3symphysandra, antheris introrsis. Flor. &.Ovarium ovoïdeo compressum , apice limbo calycis mar- ginatum ; styli duo filiformes ; stigmata capitata. 1. HeLosis Guyannensis, tab. 2. Cynomorium Cayennense. Swartz flor. Ind. Occident. 1, pag. 13. H. Stipite nudo; capitulo suboloboso, squamis subrotundis pel- tatis. Crescit in umbrosis Cayennæ. (Richard.) 2. HELOSIS Jamaïcensis. Cynomorium Jamaïcense. Swartz. I. c. pag. 11. Cynomorium. Browne. Jamaïc. 334. 1 H. Stipite squamoso; capitulo elongato, squamis imbricatis dimidiatis rhomboïdeis. C. Tu Jamaïcæsylvis montosis vetustis. Parasitica radicum.(Swartz.) S IL. Æntheris extrorsis. :LANGSDORFFIA. Lande fa. Morin Eschwege journal fon Brostar FLores in diversis capitulis monoïci : BALANOPHORÉES. 433 Flor. #. Calyx profonde 3-partitus; stamina 3. Symphysandra; antheris extrorsum dehiscentibus. Flor. $. Ovarium oblongo-lineare; stylus simplex apice granu- loso-verrucosum stigmatiforme. 1. Langsdorffia Janeirensis, tab. 1. Langsdorfiia Hypogæa. Martius. I. c. L. radice crasso-horizontali, ramoso ; stipite brevi, squamato , squa- mis lanceolatis dense imbricatis. C. In umbrosis sylvis circa Rio Janeiro. (Langsdorff. Martius.) BALANOPHORA. Balanophora. Forster genera, 99, t. 5o. Flores in eodem capitulo monoïci : feminæi numerosiores supre- mam capituli partem, masculi majores inferiorem occupantes: cætera utin Lanpsdorffia. Balanophora fungosa. Forster, |. c. C. In sylvis Tannæ et novæ Caledoniæ ( Forster). SECTIO SECUNDA. Starnen unicurmn. CYNOMORIUM. Cynomoriom. Boccone. Micheli. Cynomorim. Linn. gen. Jussieu gen. (Non Swartz. ) Cynomorium coccineum , tab. 3. C. In insulâ Melia, in arvis sabulosis Ægypti, in Hispanià ? _ (Boccone, Micheli, Delile.) Après avoir tracé les caractères de la famille des Balano- phorées et des différens genres qui la composent, nous devons, Mém. du Muséum. 1.8. 55 434 BALANOPHORÉES. pour achever l’histoire de cette famille, déterminer autant que possible la place qu’elle doit occuper dans la série des ordres naturels. Le petit nombre de genres dont cette famille se compose ont un port si remarquable et si extraordinaire _ qu'il ne sera point très-aisé d’assigner au juste la place où on doit la ranger. Nous allons cependant faire connoitre les dif- férens points de ressemblance et d’aflinité des Balanophorées avec les autres familles naturelles. ro. Les Balanophorées font partie du groupe des endorhizes a monocotylédons, ainsi que le prouve la structure de leur cinbryon ; structure que nous sommes cependant loin de connoître parfaitement, puisque nous n'avons pu l’observer que dans un seul genre, le Cynomorium. C'est donc dans la quatrième classe de la méthode de M. de J ussieu, c'est-à-dire parmi les monocotylédons à étamines épigynes que notre fa- mille doit être placée. . Celui de ces ordres avec lequel les Balanophorées ont le is de rapports est la famille des Hydrocharidées. Mais cependant nous sommes forcés d’avouer que ces rapports sont encore assez éloignés. En effet, les plantes de ces deux familles ont un habitus fort différent, et la structure de leurs organesprésente des dissemblances non moins notables. Ainsi dans les Hydrocharidées l’ovaire est ordinairement à plusieurs loges, et chaque loge contient plusieurs graines; tandis que dans les Balanophorées l’ovaire est constamment uniloculaire et uniovulé. Les graines sont dépourvues, d’endosperme dans la première de ces deux familles, tandis qu'il en existe un bien manifeste dans Les Balanophorées. 30, La famille des Aroïdées, pèr son port et ses caractères, BALANOPHORÉES. : 435 présente en général une plus grande affinité avec les Balano- phorées que les Hydrocharidées. On observe dans ces deux familles la même disposition des fleurs en chaton; les graines présentent également un endosperme charnu, et surtout les différens genres de ces deux familles ont un port qui les rap- proche singulièrement. Mais dans les Aroïdées l'ovaire est libre et supère, tandis qu’il est infère dans les Balanophorées. Enfin il est encore une autre famille de plantes qui, bien qu’appartenant aux exorhizes ou dicotylédons, offre cepen- dant quelques rapports avec les Balanophorées, je veux parler des Aristolochiées et particulièrement du genre Cytinus. Ainsi que ce dernier genre, qui deviendra probablement le type d’un nouvel ordre naturel, distinct des véritables Aristolo- ches, les Balanophorées sont des plantes écailleuses, dépour- vues de véritables feuilles et implantées en parasites sur la racine des autres arbres. La structure de leurs fleurs les en . rapproche également; d’autant plus que n’ayant pu observer la structure de l'embryon dans tous les genres, nous ne sau- rions aflirmer d’une manière tout-à-fait positive, si notre fa- mille doit faire partie des monocotylédons ou des dicotylé- dons. Aussi malgré l’affinité des Balanophorées et des Aroï- dées, pensons-nous que l’on doive placer cette première famille entre les Hydrocharidées qui terminent la série des monocotylédons, et les Aristolochiées qui commencent celle des dicotylédons. 55* 236 NOTICE SUR LE CANNELLIER DE L'ISLE DE CEYLAN, Sur sa culture et sur ses produits ; PAR M. LESCHENAULT DE LA TOUR, Naturaliste du Roi. Colombo, île de Ceylan, 16 août 1820. Le cannellier de Ceylan, laurus cinnamomum ; appartient à la famille des lauriers de Jussieu. L'espèce dont il se rapproche le plus est le /aurus cassia, nommé par plusieurs auteurs fausse cannelle ou cannelle sauvage. Cette espèce se trouve à Ceylan et dans d’autres parties de l’?nde; son écorce est amère et peu aromatique. Les indigènes s’en servent dans quelques préparations médi- cinales; mais elle n’est pas un objet de commerce. J'ai trouvé dans les montagnes de Nellygerry une autre espèce qui se rapproche aussi du laurus iRRaMOMU ; et dont l'écorce est légèrement aromatique. Il y a eu souvent dans les relations des voyageurs confusion de noms et d’espèces, soit parce que l’on a admis comme CANNELLIER. 437 caractères spécifiques quelques différences provenant de l’âge, du sol ou de la culture; soit parce que l’on s’en est rapporté à la nomenclature des indigènes qui donnent différens noms à la même espèce d’après la qualité de l’écorce. or Le nom général du cannellier, en langage cyngalors , est kourondou-gaha. Quoique les produits soient très-différens par leur qualité, on ne peut cependant admettre qu'une seule espèce. Les légères différences extérieures que l’on remarque proviennent de l’âge ou de la santé de l'arbre, de la nature du sol, ou de l'exposition où il croit. Le cannellier, lorsqu'il est isolé et dans un bon terrain, parvient à 25 ou 30 pieds de hauteur; son tronc est alors de 15 à 18 pouces de diamètre, mais l’écorce épaisse et rabo- teuse dont ii est couvert n'a presque aucune valeur. Les branches sont nombreuses et les plus basses sont ordinaire- ment inclinées; les jeunes feuilles rougeâtres d’abord, de- viennent ensuite d’un vert sombre et luisant ; elles sont oblon- gues, acuminées à leur sommet, et marquées de trois ner- vures longitudinales; leur longueur est de 6 à 8 pouces; et leur largeur d’environ 2 pouces et demi. Les fleurs sont en panicules, petites, d’un blanc jaunâtre, d’une odeur très-désagréable. Elles ont neuf étamines et un style. Le fruit est monosperme ; il a la bovine d’un petit gland; sa couleur est violet-verdâtre; il est enveloppé à sa base par le calice, qui est anguleux, DEP et ressemblant à une petite coupe. Quoique lon trouve pendant toute l’année quelques arbres en fleurs ou en fruits, on doit cependant dire que l’époque 438 CANNELLIER. plus particulière de la floraison est en janvier et février, et que les fruits sont mürs en juin, juillet et août. Les corbeaux et les pigeons sauvages sont très-friands de ces fruits; ils les avalent entiers et rendent ensuite avec leurs excrémens les amandes qui sont restées intactes et ont con- servé leur qualité germinative. , Les chèvres, les cerfs et les chevaux mangent avec avidité les feuilles du cannellier, ce qui a fait prendre au gouverne- ment de grandes précautions pour mettre ses jardins à l'abri de ces animaux. À Le cannellier n’est pas une plante délicate, il croît dans toutes sortes de terrains et n’exige presque aucun soin, mais les se- mences demandent à être mises promptement en terre. On netrouve guère cet arbre que dansles parties de Ceylan qui regardent le sud et l'occident, entre Mazura et Négombo ; au-delà de ces limites il ne fournit qu’une écorce RARE moins aromatique et peu estimée. L’atmosphère est généra- lement humide dans cette partie de l’île qui est sujette aux pluies pendant la mousson du sud-ouest, depuis le commen- cement de mai jusqu’à la fin d'octobre. Les cannelliers plantés dans un sol riche et humide croissent promptement et ont une très-belle apparence, mais leur écorce est épaisse, spongieuse et peu aromatique; ceux au contraire qui croissent dans un sol sablonneux et moinssubstantiel végè- tent plus lentement, mais leur écorce est fine, lisse, compacte et très-parfumée ; telle est celle que l’on récolte dans les jar- dins des environs de Colombo, dont le sol est un sable quar- zeux tout-à-fait blanc à sa surface. On à pu rémarquer la nature de ce terrain en examinant le sable qui enveloppoit CANNELLIER. 439 les graines et les jeunes plants que j'ai envoyés à Pordi- chéry. La cannelle a toujours été pour les gouvernemens européens de Ceylan un objet de monopole. Dans le principe on la re- cueilloit dans les forêts de l’intérieur. Les Hollandais avoient pour cela fait un traité avec le roi de Candy. La récolte ne s’élevoit alors qu'à 15 ou 1700 balles du poids d'environ un quintal chacune. Elle étoit souvent un sujet de discussions avec le gouvernement candien; les Européens pour s'assurer ce précieux produit formèrent de nombreux jardins de cannel- liers entre Matura et Chilaw; aujourd'hui ils sont concen- trés autour de Colombo, de Matura, de Pointe de-Galle et de Négombo : ils appartiennent au gouvernement. . Les seuls jardins que j'ai examinés sont ceux des environs de Colombo ; ils fournissent la meilleure cannelle; leur sol est de sable très-fin, qui est, comme je l’ai dit plus haut, quar- zeux et blanc à sa surface. : Le nom de jardin que l’on donne aux cultures de cannelliers présente une idée fausse, on devroit plutôt nommer ces.cul- tures bors de cannelliers. Elles ressemblent en effet à des taillis de quatre à cinq ans où il y a quelques routes assez mal en- tretenues. (Je ne parle ici que des jardins de Colombo, je n'ai pas vu les autres : on m'a dit qu'ils n’étoient pas mieux entre- tenus.) Les arbres ne-recoivent aucuns soins. Ils sont plantés sans ordre et mélangés avec d’autres arbres ou arbrisseaux ; c’est tout au plus si tous les quinze ou dix-huit mois on net- toie grossièrement. le, sol des herbages qui le couvre. Parmi les plantes qui croissent pêle-mêle avec les cannel- liers, j'ai remarqué les suivantes : 44o CANNELLIER. Anacardium occidentale. Pavetta indica. Connarus..…. deux espèces. Uvaria. Melastoma aspera. Melasioma malabathrica. Nerium...:. sous-arbrisseau. Ixora coccinea. US Nepenthes distillatoria. Burmannia disticha. Quand on destine une portion de terrain à être plantée on coupe les arbres et les grands arbustes, mais on laisse les petits arbrisseaux, parce que l’on a remarqué que les cannel- liers croissent mieux à l'ombre, quand elle n’est pas trop épaisse, que lorsqu'ils sont exposés aux rayons du soleil; le bois abattu est réuni en monceaux et brülé. On fait les semis dans le temps où les fruits sont mûrs, 5 \ Ê ere = A » c'est-à-dire en juin, juillet et août. On prépare pour cela avec : la pioche, à des distances de 6 à 7 pieds, des portions de ter- rain d'environ 1 pied en carré; on mêle avec la terre les cen- dres du bois brûlé, et l’on sème quatre à cinq fruits de cannel- liers que l’on recouvre de branchages pour les mettre à l'abri de tous accidens : la plante commence, à paroïtre quinze ou vingt jours après. | | Quelquefois on établit des pépinières, et on transplante alors les jeunes arbres en octobre ou*novembre, lorsque les grandes pluies ont cessé, 558 Chaque carré où l’on a semé quatre à cinq fruits donne; lorsque les plantations n’ont éprouvé aucun accident, autant de jets, qui atteignent en six ou sépt ans 7 à 8 pieds de hau- teur. Ordinairement alors deux ou trois de ces plants sont CANNELLIER. AA bons à couper et à être dépouillés de leur écorce; les rejets peuvent être coupés ensuite tous les deux, trois ou quatre - ans: il n’y a d'autre règle à cet égard que l’état de la plante. On ne la coupe que lorsqu'elle a au moins un demi pouce de diamètre et pas plus de deux pouces et demi. Il y a même des plants que l’on peut couper au bout de quinze mois. Cette récolte se fait depuis le commencement de mai jus- qu'en octobre. Les pluies de cette saison mettent en action la sève dont l'abondance facilite l'opération d’écorcer. Les ouvriers, écorceurs de cannelle, forment une caste particulière ; on les nomme challias. Le gouvernement leur accorde plusieurs priviléges; ils viennent dans la saison favo- rable pour récolter et préparer la cannelle. On ne fait pas de coupes blanches, c’est-à-dire que l’on ne dépouille pas entièrement le terrain; mais les ouvriers par- courent les jardins et examinent les cannelliers qui sont bons à être coupés, savoir ceux de l’âge et des dimensions ci-dessus indiqués dont l'écorce se détache facilement. Pour s’assurer de ce dernier point, qui est le plus essentiel, l’ouvrier fait avec sa serpe une petite entaille à l'arbre; si l'écorce n’est pas adhérente il le coupe, autrement il le laisse sur pied ; quelquefois ce même plant est bon à couper quelque temps après, ce dont on s'assure par une nouvelle entaille, car il. n’y a pas de caractères extérieurs qui l’indiquent. Il y a des cannelliers qui ne peuvent jamais être dépouillés, parce que leur écorce est toujours adhérente; je crois que Von peut expliquer ce phénomène en admettant que dans ce cas la sève, par vice d? SAUCE circule mal ou n’est pas assez abondante. Mérm. du Muséum. t.S8. 56 442 CANNELLIER. Le dépouillement des écorces se fait de la manière suivante: Lorsqu'une branche est coupée à quelques pouces au-dessus du sol, l’ouvrier, d’après la grosseur de cette branche, fait avec un petit couteau deux, trois ou quatre fentes longitudi- nales sur l’écorce, qu'il sépare ensuite avec le manche du petit couteau en bandes les plus longues qu'il lui est possible. Lorsqu'il a une certaine quantité d’écorces il les met en pa- quets bien serrés de 8 à 10 pouces de diamètre. On les laisse ainsi environ vingt-quatre heures, Pendant ce temps elles éprouvent une légère fermentation qui facilite l'extraction de la pellicule extérieure ou première peau. Pour cette opéra- tion on place sur une forte baguette les lanières d’écorce du côté de leur partie intérieure; l’ouvrier, assis à terre, a un des bouts de la baguette fixé entre ses pieds et l’autre bout appuyé contre sa poitrine, et avec un petit couteau recourbé il enlève avec soin l’épiderme et toute la partie verte de l’é- corce, qui, après cette opération, se roule sur elle-même, comme on la voit dans le commerce. Quelque temps après l’ouvrier ajuste les morceaux les uns dans les autres de facon à former des espèces de tubes d'environ 3 pieds de longueur. On place alors la cannelle sur des claies pour la faire sécher. Le premier jour à l'air, mais à l'ombre; et le second jour au soleil, ce qui achève la préparation. On fait ensuite des paquets d’une trentaine de livres que l’on porte dans les magasins du gouvernement. Le bois du cannellier dépouillé de son écorce se vend comme bois à brüler. La meilleure cannelle doit être d’une couleur orangé-clarr : plus la couleur se rembrunit plusila qualité est inférieure. * CANNELLIER. 443 C’est lorsque la cannelle est rendue dans les magasins du gouvernement que le triage commence. On en fait trois qua- lités: la rre. et la 2e., qui diffèrent très-peu, sont destinées pour l’Europe : la 3e. ne se vend que dans les pays situés à l'est du Cap de Bonne-Espérance. * La cannelle se met en balles du poids d’environ 8o livres. La récolte se monte année commune de 4 à 5,000 balles. Le gouvernement de Ceylan a un contrat avec la compa- gnie anglaise des Indes orientales, par lequel il s’est engagé de livrer les deux premières qualités au prix de 4 schellings et 5 pences la livre , ce qui lui donne un revenu de plus de 100,000 livres sterlings. La 3e. qualité ne se monte guère qu’à 400 balles, que le gouvernement livre par contrat à une maison de Calcutta (M. Palmer et compagnie) au prix d’une roupie sicca:et deux anas la livre. L’acquéreur a pris l'engagement de ne point exporter cette cannelle dans les pays situés à l’ouest du Cap de Bonne-Espérance, et de ne la point vendre aux bâtimens ayant cette destination ; la plus grande partie va à Manille et dans les établissemens espagnols de la côte ouest d'Amérique. Le docteur Farrell, inspecteur des hôpitaux de Ceylan, homme {ort instruit et auquel je dois quelques-uns des ren- seignemens que renferme cette notice, m'a assuré que les racines de cannelliers contenoient beaucoup de camphre; il pense que l’on pourroit le retirer avec avantage. C’est des débris qui restent après le triage delacannelle que l’on retire l’Awile de cannelle , si recherchée et si chère en Europe. L’exportation de la cannelle est sévèrement défendue à 56 * 444 CANNELLIER. Ceylan; on permet à chaque navire d'en prendre 10 livres, quantité présumée nécessaire pour ses besoins; mais il y a une amende de 3000 rixdollars et confiscation pour chaque livre de cannelle trouvée à bord excédant la quantité permise. Détails sur la distillation de la cannelle et des ue de cannelliers. Cette distillation se fait dans un des bätimens de l'hôpital. On y emploie deux alambics, l’un de 200 gallons (800 bou- teilles) , l’autre de 90 gallons (360 bouteilles ). L'eau desréfrigérans estrenouvelée sans cesse par celle que l'on verse du dehors à l’aide de tuyaux eu bambou, tandis que l’eau échauffée par les serpentins s'écoule. On distille les écorces trop épaisses pour être marchandes et les débris de cannelle qui proviennent du triage; ceux-ci sont toujours mélangés de beaucoup de-poussière et d’autres ma- tières hétérogènes. On les pulvérise en cet état; puis on les laisse tremper pendant vingt-quatre heures dans de l’eau de mer pour les ramollir et faciliter l'extraction des particules huileuses. Ë On met dans le grand alambic 230 livres anglaises de Horaire de cannelle, 125 gallons d’eau de mer et 30 livres de sel com- mun : on charge le petit alambic dans les mêmes proportions: L'eau en se distillant entraine avec elle les parties huileuses volatilisées. Le produit de la distillation est laiteux, à peu près comme de l’eau où l’onauroit versé quelques gouttes d’extrait-de sa- turne, On le met dans de grandes capsules de verre .eton:le laisse reposer. L'huile n’est séparée que le quatrième-ou le CANNELLIER. 445 cinquième jour. Elle est de deux sortes : l’Awzle légère et l’Aurle pesante. La première surnage et l’autre se précipite. On recueille avec de petites cuillers l’Azzle légère. On a voulu employer des éponges, mais la chaleur de l’huile les brüle et les rend friables. On retire l’hurle pesante au moyen d’un trou qui est au bas des capsules. Le grand alambic donne pour chaque distillation vingt à vingt-deux onces d'huile. Le docteur Farrell m'a dit avoir obtenu jusqu’à 10 onces de 80 livres de poudre de cannelle ; mais le produit ordinaire est tel que je viens de l'indiquer. L'eau qui reste après la séparation de l'huile est limpide, elle a une saveur forte et très-agréable de cannelle. On pourroit la conserver en bouteilles et la boire comme une bonne liqueur. Elle a été achetée il y a un an par spéculation au prix d’une roupie le gallon; on ne sait pas encore quel a été le succès de cette opération. : On se sert de cette eau dans l’établissement pour distiller d’autres écorces, en y ajoutant suffisamment de sel marin pour lassimiler à l’eau de mer, plus la quantité excédante par chaque charge d’alambic. Le gouvernement fabrique environ 400 bouteilles d'huile de cannelle par an, qui se vend de première main en Angle- terre 10 à 12 schellings l’once: elle s’est vendue le double il y à quelques années. Elle est ordinairement sophistiquée par les marchands qui la revendent. On distille aussi les feuilles de cannelliers. On les laisse tremper pendant vingt-quatre heures comme la poudre des écorces ; on les entasse au fond des alambics à la hauteur d’un demi-pied; on met pour le grand alambic 150 gallons d’eau 486 CANNELLIER. de mer; on retife pat chaque distillation environ 12 onces d'huile pesante. L'eau après la séparation de Thuile est lim- pide, mais presque sans saveur; elle ne peut être employée qu'à distillér d’autres feuilles, en la préparant comme je lai dit précédemment. hs L'huile retirée des feuilles dé cannelliers ressemble à celle de girofile ; elle ne se vend que #4 à 5 rue lonce en Angleterre. £ Du Sanglier à masque et des Phacochæres : PAR M. FRÉDÉRIC CUVIER. Lorsque je m’occupai des rapports qu'ont entre elles les espèces du genre cochon, travail que je fis connoître par extrait dans le Bulletin de la Société Philomatique, mais sans aucuns détails, on étoit déjà bien éloigné des temps où lon plaçoit encore les sangliers parmi les animaux à pieds _fourchus; et cependant les espèces que l’on réunissoit sous ce nom commun, quoique rapprochées naturellement à plusieurs égards, se divisoient en deux groupes principaux, surtout par la considération des dents molaires, et par con- séquent des appétits et du naturel. Le premier renfermoit le sanglier (sus scropha) et tous‘les cochons domestiques, le sanglier à masque (sxs Zarvatus), le babiroussa (sus ba- biroussa), le pécari ( dicotyles torquatus ) et le tajacu (dicotyles labiatus), Le second étoit formé des espèces à peu près confondues sous les noms de sanglier du Cap Vert et de sanglier d'Éthiopie, auxquelles je donnai le nom géné- rique de phacochæres. Plusieurs des faits contenus dans cet essai sont devenus familiers et n’ont aucunement besoin d’être publiés; mais il en est quelques autres qui peuvent encore avoir de l'intérêt et que nous ne croyons pas inutile de rappeler. Ce sont ceux qui se rapportent au sanglier à masque et aux phacochæres. LS LL Q0 SANGLIER À MASQUE Du Sanglier à masque (Sus larvatus), nob. Les élémens qui me portèrent à constituer l’espèce du sanglier à masque n’ont point encore été réunis, et l’on n’a pu juger de l'exactitude de leur rapprochement. Daubenton avoit décrit une tête de sanglier qu'il dit venir de Madagascar,danslet.XIV, p.390, n°.1385, de l'Histoire Naturelle de Buffon, et cette tête qui ne pouvoit encore être rapportée à aucun animal connu, avoit en quelque sorte été oubliée par les naturalistes. Depuis, Schreber fit représenter, pl. 327, une tête de sanglier recou- verte de sa peau desséchée, qui paroissoit avoir des caractères particuliers, mais à laquelle on ne donna que peu d'attention; et dans ces derniers temps, nous avons dù à M. Daniels la re- présentation d’un pachiderme du Cap de Bonne - Espérance qui ne ressemblait à aucune des espèces connues, et qu’il auroit peut-être été difficile, sur de simples apparences exté- rieures, de considérer plutôt comme un sanglier propre- ment dit que comme un phacochære et réciproquement. C’est en rapprochant la tête osseuse décrite par Daubenton de la figure donnée par Samuels que j’ai eu là pensée qu’elles “pouvoient l’un et l’autre, ainsi que la tête publiée par Schreber, se rapporter à la même espèce, d'où j'ai naturellement dû conclure que cette espèce étoit un véritable sanglier. On pourra juger jusqu’à quel point ce rapprochement est fondé par la figure de cette tête osseuse et celle de l'animal, que je donne pl. 22 (1): Cette tête, plus petite que celle du (1} Explication de cette planche : a sanglier à masque; b tête de ce sanglier vue de profil; c tête osseuse vue de profil; d même tête vue de face. Pl a Tom VU. Lik, de C de Lase luh. RE EAN CA ET PHACOGHOERES. 449 sanglier, mais qui en a toutes les dénts, a d’ailleurs les plus grands rapports avec elle. Ce qui l’en distingue surtout c’est le grand développement du bord externe de lalvéole de la canine supérieure. Dans le sanglier ce rebord n’excède pas un pouce de hauteur, et dans l'espèce de Madagascar il se pro- longe en une longue apophyse et se termine par un large bourrelet de mamelons osseux, qui correspond à des mame- lons semblables situés vis-à-vis, et à la hauteur de cette apo- physe, sur la partie moyenne des os dunez. Outre l’apophyse dont nous venons de parler, cette tête se caractérise encore par le grand arc que forment les os de la pomette et par la sur- face très-large à laquelle se rattachent les muscles du boutoir. En rapprochant ces détails de la tête du sanglier africain de Daniels on voit que ces apophyses, leur saillie, leur situa- tion correspondent exactement aux parties élevées et char- nues qu’on observe sur cette tête et qui lui forment comme un second museau.Cette première analogie reconnue, toutes les autres devenoient plus importantes. La tête de ce sanglier d'Afrique s'éloigne de celle des phacochæres par la position des yeux bien moins rapprochés de l’occiput, par des canines supérieures plus petites que les inférieures, et par sa partie moyenne bien moins large; caractères communs à tous les sangliers. Il y a plus, je soupconne que Daubenton devoit la tête qu'il a décrite à Commerson , et nous trouvons dans une note de ce voyageur, publiée par Buffon, « que l’on voit » à Madagascar des cochons sauvages dont la tête, depuis les Ÿ oreilles jusqu'aux yeux, est de la figure ordinaire; mais Ci qu’au-dessous des yeux est un renfort qui va en diminuant » jusqu'au bout du grouin, de manière qu’il semble que ce Mérn. du Museum. 1.8. 57 450 SANGLIER À MASQUE » soit deux têtes dont la moitié de l’une est enchässée dans » lautre; » ce qui est la description exacte du sanglier d’A- frique de Daniels, comme on peut le voir par la figure. C’est probablement aussi de la même espèce dont parle Flaccourt lorsqu'il dit que les sangliers qu'on trouve dans les bois à Madagascar, « et principalement les males ont deux » cornes à côté du nez qui font comme deux callosités. » Avant la figure publiée par Daniels ces diverses notes avoient dù être rapportées aux phacochæres ; c’est lui qui les à rendues intelligibles, et quoique ses travaux n’aient pas eu précisément l’histoire naturelle pour objet, nous lui devons des renseignemens qui ajoutent quelques notions à l’histoire de cette singulière espèce et qu’on sera peut-être bien aise de trouver ici, ses African Scenerys étant en Angleterre un ouvrage de luxe et conséquemment un ouvrage fort cher. «HI » n°y.a peut-être pas, dit-il, d'animal plus dégoûtant et plus » sauvage que ce sanglier d'Afrique. Il abohde comme l’élé- » phant, le buffle, le rhinocéros dansles forêts de.S tsikamma ; » il déchire avec ses longues dents aiguës qui sortert de sa » mâchoire inférieure. Ses yeux sont petits et placés très-hauts » sur le devant de la tête. Deux excroïissances remarquables, ». semblables à deux oreilles, sortent de ses joues, et la partie » inférieure de sa tête paroït comme enfermée dans un sac. » Le con, les épaules: et la poitrine sont couverts de longues » soles, etc., etc. » Re ; Des Phacochæres., nob. . Ces animaux ävoient été réunis aux sangliers à cause de lenr apparence extérieure, qui:en effet semble annoncer entré ET PHAcCOcHOERES. : h5r les uns et les autres les rapports les plus intimes et les plus nombreux ; mais si ces apparences sont quelquefois des guides fidèles, quelquefois aussi elles sont trompeuses, et les ani- maux qui nous occupent ici en font un exemple. Les sangliers proprement dits ont des dents dont les racines sont distinctes * de la couronne, laquelle renferme le bulbe dentaire à sa base; ellessontcouvertes de tuberculesmousses et cessent de croître dès que les racines sont formées. Les phacochæres au con- traire ontdes molaires, les dernièresdu moins, dont les racines ne sont point distinctes par leurs formes de la couronne, dont le bulbe dentaire reste constamment libre au fond de l’alvéole et qui croissent vraisemblablement durant toute la vie de . l'animal : les unes annoncent des animaux omnivores et des organes digestifs analogues; les autres, des animaux essentielle- ment herbivores, et des intestins conformes à la nourriture sur laquelle ils doivent agir; elles portent à induire de là des goûts, des penchans en rapport avec les appétits etconséquem- ment des natures très-différentes, sinon tout-à-fait opposées. Des observations exactes viendront sans doute confirmer des conjectures que les analogies les mieux fondées justifient. Je donne ici ie dessin, pl. 23, fig. x (a molaires supé- rieures, à molaires inférieures), des molaires de ces animaux, qui, pour les organes des sens, du mouvement et de la gé- nération, paroissent ressembler aux sangliers. IL est encore une question relative à ces animaux qui mérite denousarrêter un moment. Daubenton donna, danslet. XIV de Buffon, p. 409, la description d’une tète décharnée, sous le nom de tête de sanglier du Cap Vert. Cette tête, que pos- sède encore le cabinet d'anatomie du Muséum d'Histoire Na- : Gi 452 SANGLIER À MASQUE turelle, est pourvue de molaires etde canines de phacochæres, et elle présente en outre six incisives à la mâchoire inférieure, quatre moyennes à peu près d'égale grandeur et fortement couchées en avant, et deux latérales beaucoup plus courtes et inclinées contre les premières. La mâchoire supérieure n’a que deux incisives crochues et très-écartées l’une de l’autre; Pennant (Hist. of Quad., p. 132, no. G) observa une sem- blable tête dans le cabinet d'Aston Lewer; et plusieurs au- tres se trouvent encore dans ceux de notre établissement. Pallas, Vosmaer et Allamand décrivirent ensuite, sous le nom de sanglier d'Éthiopie, un pachiderme qui avoit été envoyé du Cap de Bonne-Espérance à la ménagerie de La Haye. Depuis il a été reconnu que cet animal avoit, comme le sanglier du Cap Vert, des molaires et des caninés de phaco- chœres, mais qu'il étoit entièrement privé d’insicives à l’une età l’autre mâchoire. Les différences caractéristiques de ces préten- dus sangliers d'Afrique furent remarquées, et pourtant on ne les admit point comme fondement des caractères spécifiques. Pennant et Gmelin, qui intrOduisirent ces animaux dans leurs catalogues méthodiques, sous des noms différens et comme les types d'espèces nouvelles, ne les caractérisèrent point essen- tiellement par l'absence ‘ou la présence des incisives, et au- jourd’hui encore on paroït disposé à regarder l’absenee de ces dents comme l'effet d’un simple accident. Le cabinet d’ana- tomie du Muséum d'Histoire Naturelle possède plusieurs têtes de phacochæres sansincisives; et l'examen que nous en avions fait nous avoit confirmé dans la pensée qu’elles appartenoiïent à‘une éspèce distincte de celle qui est pourvue de ces dents, et qué jamais ces organes n'y ont été développés. En effet, . er PHACOCHOERES. 453 l'intermaxillaire de ces têtes est si mince qu'il n’a jamais pu contenir aucune racine , et si l'extrémité antérieure des maxil- laires inférieures a pour cela une épaisseur suflisante,: on n'y trouve aucun alvéole ; seulement on y observe quatre dépres- sions à égale distance l’une de l’autre et à la place qu'auroient pu occuper les racines d’un nombre semblable d’incisives. Mais si de telles dents sont la cause de ces dépressions, elles ne pouvoient exister qu’en rudiment. Ces raisons, quelques plausibles qu’elles fussent , pouvoient cependant laisser des doutes. Dans des genres aussi naturels que celui des phaco- chœres, de semblables anomalies sont rares, et l’âge amène souvent la chute de certaines dents. Il falloit donc que le fait fût constaté sur un jeune individu, et c’est ce qui a eu lieu. Sir Everard Home a fait représenter dans ses leçons d’anato- mie comparée, t. Il, pl. 38, une jeune tête de phacochæres tout-à-fait dépourvue d’incisives; tête que j'ai vue moi-même au Musénm des chirurgiens de Londres et qui m'avoit déjà confirmé dans ma première pensée. | S’il se füt agi d’un animal appartenant à un autre ordre qu à celui des pachidermes, il auroit été difficile en effet d’admettre que deux espèces voisines différoient par des caractères aussi importans ; mais c’est dans le même ordre qu'on trouve les sangliers chez lesquels les incisives varient de nombre et les canines de direction; les rhinocéros, où les uns sont privés d’incisives tandis que les autres en sont pourvus; et les élé- phans dont les espèces se caractérisent par les différences de figures que présentent les rubans de leurs molaires, etc., etc. D'ailleurs il y a entre les formes de ces deux espèces de têtes de phacochæres des différences très-sensibles et qui pourront 454 | SANGLIER À MASQUE contribuer à mieux établir encore la distinctionspécifique des animaux auxquels elles appartiennent, c’est pourquoi nous les avons fait représenter. PI. 23 : les figures & et à repré- sentent la tête du phacochære sans incisives, et les figures © et d la tête du phacochære pourvue d’incisives. Ces deux espèces nous semblent donc aujourd’hui incon- testables, et les noms qui leur ont été donnés seront conservés sans doute. Le Phacochære d'Éthiopie sera le phnesihinre dépourvu de dents incisives aux deux mâchoires, et Le Phacochære d'Afrique , le phacochære pourvu de deux incisives à la mâchoire supérieure et de six à l’inférieure. Mais si ces animaux peuvent être facilement caractérisés aujourd'hui, leur synonymie est fort obscure. Nous ne pou- vons donner sur ce point qu’un petit nombre de citations. Ainsi le premier a été décrit et figuré par Vosmaer sousle nom de porc à large grouin, dans ses animaux de la ménage- rie du prince d'Orange; par Pallas sous celui de sus Æthic- picus dans ses Misc. Zool., 16, t: XI, et dans ses Spic.fas., 117, 1, tab. 1 ; par Allamand dans son édition de Buffon (1. XV, pl. 1), et ce que ces trois auteurs rapportent a eu pour sujet lemême individu. Pennant en parle aussisous ce nom d’Æthiopicus d'après un individu du cabinet de Lever, ‘et Blumenbach d’après une tête qu'il devoit à un M. Hésse, pasteur au Cap. Le second n’a été vu en entier que par Pennant qui de trouva dans le cabinet d’Aston Lever, lequel l'avoit reçu du Cap. Daubenton en avoit décrit la tête comme appar- tenant à un animal du Cap Vert, et sir Everard, Home en ET PHACOCHOERES. 455 a fait représenter une autre d’après tête un jeune individu. Du reste les voyageurs ont fréquemment parlé de ces animaux ; on les trouve indiqués, mais très-obscurément, dans Dapper, Merolla, Barbot, Adanson, etc., etc., et il paroït que l’un ou l’autre, et peut-être tous deux, portent le nom d’Emgalla dans la Guinée, le Congo, etc., etc. RS Qt en Des Habitudes de l'ARAIGNÉE AVICULAIRE de Linnœus. ste, PAR M. LATREILLE, de l'Académie Royale des Sciences, ete. (Mémoire lu à l’Acadëmie des Sciences, le 20 mai 1822.) Le contrées équatoriales, celles du nouveau continent sur- tout, sont l'habitation de plusieurs espèces d’aranéides, re- marquables par leur grandeur extraordinaire, et telles sont plus particulièrement celles que M. de Lamarck a séparées du genre mygale pour en former un nouveau, celui d’avicu- laire. L’araignée que Linnæus désigne ainsi spécifiquement est très-commune dans plusieurs îles des Antilles, à Cayenne, à Surinam, etc.; et comme la grandeur de son corps, les poils dont elle est hérissée, sa teinte d’un brun-noirâtre et uniforme atürent les regards, que sa morsure passe d’ailleurs pour être très-venimeuse, beaucoup de naturalistes et de voyageurs en ont parlé. Cependant ils ne nous ont donné aucun renseignement bien positifou suffisamment détaillé sur la manière de vivre de cette aranéide et des autres espèces analogues. Mademoiselle Mérian, qui l’a représentée, Znsectes de Surinam, pl. 18, fig. infér., et d’une manière très-fausse quant à l'extrémité des tarses (1), nous dit qu'elle sé loge (1) Ils s’y terminent , de même que les palpes des mâles, par un corps globu- leux, avec un crochet au bout. ARAIGNÉE AVICULAIRE. 457 ‘dans le cocon d’une grande chenille vivant sur le guaiava, et non dans des toiles allongées, ainsi que l’ont avancé quelques auteurs. Elle attrappe des fourmis et suce même le sang des colibris qu’elle peut surprendre dans leurs nids. D’autres na iMrietes, tels que Barrère et Marcgrave lui donnent pour séjour les fentes des rochers, le creux des arbres, etc. M. Mo- reau de Jonnés m’avoit communiqué sur son genre d’habita- tion et quelques-unes de ses habitudes des observations plus certaines, et que j'ai publiées dans la seconde édition du nouveau Dictionnaire d'Histoire Naturelle, à Particle M5-- gale. Un jeune naturaliste, ayant pu consacrer plus de temps à ces sortes de recherches, M. Goudot, négociant, a recueillisur cette espèce de mygale, et dans la colonie même dont M. Moreau de Jonnés nous a fait connoître les produc- tions et la statistique, de nouveaux faits, et m'a donné de la manière la plus généreuse toutes les pièces venant à leur appui et que je mets sous vos yeux. | La mygale aviculaire, ainsi que les aranéides tubicoles, établit son domicile dans les gercures des arbres, sous leur écorce, dans les interstices des masses de pierres ou sur l’une _des surfaces des feuilles de divers végétaux propres, par leur forme, leur expansion, la nature de leur épiderme et leurs proportions, à remplir son but. On la trouve non-seulement à la campagne et dans les lieux solitaires, mais encore dans ‘les habitations. La cellule qu’elle se construit et où elle se renferme a la forme d’un tube rétréci en pointe à son extré- mité postérieure. Elle se compose d’une soïe très-blanche, à tissu fort serré, très-fin etdemi-transparent, semblable, en un mot, par sa contexture, sa couleur et sa mollesse, à de la Mém. du Muséum. \. 8. 58 458 ARAIGNÉE AVICULAIRE. mousseline très-claire. La toile développée de l’une de ces loges, la plus grande de celles que j'aie reçues , est longue d'environ deux décimètres sur près de six centimètres de large, mesurée dans son plus grand diamètre transversal. Vue dans cet état, elle a la figuré d’un ovale allongé, tronqué antérieurement, et rétréci en manière de filet au bout op- posé. Le nid qui doit renfermer la progéniture de cet animal est de la forme et de la grandeur d’une grosse noix. Le plus 8 8 ] P grand de ceux que je possède a cinq centimètres de long sur près de trente-cinq millimètres de: diamètre. Ce nid n’est qu’une coque ou enveloppe épaisse d’un peu moins d’un mil- limèêtre, composée d’une soie semblable à celle qui forme l'habitation , mais disposée sur trois couches au moins , et dont l'intermédiaire plus mince. L’extérieure est lâche, un peu plissée ou ridée dans le cocon dont je viens de donner les. proportions. Le pros de la ponte occupe entièrement le vide intérieur. Je n’y ai point aperçu cette espèce de bourre soyeuse quy enveloppe intérieurement les œufs de diverses autres ee d’aranéides, ceux notamment des épéires. M. Goudot m'a dit avoir retiré de l’un de ces cocons une centaine de petits. Un autre cocon duquel quelques petits s’étoient déjà échappés, m'en a offert une soixantaine. Ïls avoient commencé à éclore au retour de ce naturaliste en France. Une petite ouverture circulaire, pratiquée à l’une des extrémités de la coque, indiquoit le lieu de leur sortie. Malgré l'examen le plus attentif, je n'ai pu découvrir dans l'intérieur du cocon aucunes parcelles des œufs de l'animal; mais jy ai trouvé, en grande abondance, les premières dé- pouilles des petits, et sous la forme de pellicules très-minces, ÀÂRAIGNÉE AVICULAIRE. 459 d’un roussâtre très-pâle. On sait que les scorpions sont ovo- v Mi les mygales en fourniroient-elles un autre exemple? c'est ce que l’on pourroit déduire du fait précédent. Le petits, à l'issue de cette première mue, sont longs de trois à quatre millimètres, noirs, mais avec un reflet bleuâtre ou verdâtre, produit par la couleur des poils les plus longs, ceux des pieds principalement. On y distingue très-bien les huit yeux, etles alentours dela bouche sont déjà rougeâtres comme dans les individus adultes. La femelle place son cocon près de sa demeure, et veille ainsi à sa sûreté. Vu sa forme et ses di- mensions, et d’après l’analogie encore, il n’est nullement probable, ainsi qu’on l’a avancé, qu’elle le transporte avec elle dans'ses courses. Une autre espèce d’aranéide, assez grande, et pareillement très-commune aux Antilles, où on la respecte parce qu'elle fait continuellement la guerre à des insectes très-nuisibles, les kakerlacks et les ravets, l’aranea venatoria de Linnæus, ayant l’habitude de porter son cocon entre ses pattes, à la manière des thomises, des lycoses, au- tres genres d’aranéides, on aura, par confusion, attribué cette même prévoyance à la mygale aviculaire. Maïs le cocon des aranéides précédentes est aplati et d’un tissu plus résistant, ce qui en facilité le transport et le garantit des accidens ordi- naires qu'il pourroit éprouver. J'ai vu sur une tapisserie chi- noise des dessins multipliés de plusieursinsectes, er notamment celui d’une aranéide très-voisine de l’aranea »enatoria. Je ne serois pas surpris que cette espèce rendant aux Chinois les _ mêmes services que celle-ci, n’eût obtenu d’eux la même vénération. M. Goudot n'a jamais trouvé près de l'habitation de la 58* A ARAIGNÉE AVICULAIRE. mygale aviculaire dés débris de corps d’insecte; sa toile est toujours propre: il faut donc qu’elle vive hors de sa demeure en allant à la chasse. Ses voyages, selon le même observateur, ont toujours lieu pendant l'absence du soleil sur l’horison. M. Moreau de Jonnés avoit fait la même remarque, et telle est aussi la manière de vivre des mygales maconnes ou arai- gnées mineuses d'Olivier. Ce dernier naturaliste, à son article mygale de l'Encyclopédie méthodique, avoit dit qu’il seroit convenable de détacher du genre les espèces précédentes. Cette opinion a été adoptée par M. de Lamarck dans son Histoire des animaux sans vertèbres. Si on compare, en effet, la manière dont les unes et les autres construisent leurs de- meures, et si l'on considère que les mygales maçonnes ont reçu de la nature un instrument particulier et approprié à leurs habitudes, une sorte de carde, l’on se rangera, avec raison, de l'avis de ces deux célèbres observateurs. Je tire de ces faits une autre conséquence : c’est que dans l’ordre naturel les aranéïdestubicoles viennent immédiatement après les théraphoses de M. Walckenaer, et qu'on ne doit point, ainsi qu’il l’a fait, passer de ces dernières aranéides aux lycoses, genre comprenant la fameuse araignée connue sous le nom de farentule. Un caractère très-important, propre aux thé- raphoses, et observé par M. Léon Dufour, consiste dans le nombre des pneumobranchies ou branchies aériennes; il est de quatre, tandis que toutes les autres aranéides n’en offrent que deux. 461 DE L'ORIGINE ET DES PROGRÈS DE L'ENTOMOLOGIE (1). "PAR M. LATREILLE, de l’Académie royale des Sciences. D: notre cours de l’année dernière, nous avons succes- sivement exposé l’histoire des animaux sans vertèbres, dési- gnés sous les noms d’fusotres, de polypes, de radiaires, de tuniciers, animaux formant autant de classes; et conti- nuant cette progression, nous avons terminé par les corzchi- fères de M. de Lamarck, ou les mollusques acéphales de M. Cuvier, ceux que l’on appelle plus communément animaux à coquilles bivalves. Nous devrions naturellement reprendre, à partir de ce point, la série des animaux sans vertèbres in- articulés, et faire connoître ceux qui ont une coquille uni- valve. C’est aussi ce que je m'étois proposé de faire, dans (x) Ce mémoire servi de discours d’entrée au cours que M. Latreille, sup- pléant M. de Lamarck dans ses fonctions de l’enseignement, a ouvert, le 6 mai de cette année , au Muséum d'Histoire Naturelle. Plusieurs personnes ayant témoigné le désir que ce discours fût imprimé, l’auteur s’est empressé de nous V'offrir. Il s’est proposé de donner une introduction à l’histoire de l’entomologie considérée sous des vues générales et philosophiques , et non un recensement des ouvrages qui ont paru sur cette science. Il n’a donc pu citer que les auteurs qui en ont jeté les fondemens , et ce seroit bien méconnoître ses sentimens que d’ac- cuser de partialité ou d’oubli le silence que, d’après son but, 1 a été obligé de garder envers d’autres naturalistes ainsi qu’enyers lui-même. FOR ORIGINE ET Procrës l'espérance que M. de Lamarck auroit, dans l'intervalle du. dernier cours à celui-ci, publié les derniers volumes de son important ouvrage sur les animaux invertébrés, volumes où il traite des mollusques dont j'avois à vous entretenir. Mais quoique l’impression en soit très-avancée, puisque la seconde partie du sixième est en vente, et que le septième et dernier paroîtra en août, nous ne jouissons cependant pas de ce tra- vail, et M. de Lamarck s’est trouvé, à raison de cette circon- stance, dans l’impossibilité de me confier les leconsmanuserites de cette partie de son cours. J’ai donc été contraint de changer de plan, et parini les animaux invertébrés articulés, j'ai fait choix des insectes comme les plus propres à fixer votre at- tention. Si l’on en excepte les arachnides et les crustacés, les autres articulés, ou les annelides et les vers, semblent d’ail- leurs peu se prêter à une démonstration publique, attendu qu'on en possède peu, et qu'on ne peut en faire bien com- prendre les caractères qu’au moyen de bonnes figures, secours qui dans bien des cas nous est refusé. En choisissant ainsi les insectes pour objet de mes leçons, je crois donc avoir consulté votre intérêt; et supposé qu'un penchant bien naturel vers une étudé à Banene j'ai consacré ma vie eût trop influé sur ma détermination, j'ose me flatter que je ne or pas en‘vain à cet égard votre indulgente amitié. - D’autres débuteroïent par vous faire sentir les avantages que vous pouvez retirer du fruit de ces études et à combattre les sophismes des personnes qui les traitent de futiles ou ne les considèrent que comme un simple amusement. Mais bien convaincu que de tels préjugés n’affectent heureusement qu'un très-petit nombre d'individus et qu’il seroit peut-être difficile ) DE L'ÉNTOMOLOGIE. 463 de convertir, respectant d’ailleurs mon siècle et cet auditoire, je repousserai comme superflue une discussion semblable, pour m'occuper d’un autre sujet, l'origine et les progrès de l’entomologie ou de la science des insectes. Lorsqu'on voit pour la première fois un grand monument ou un beau tableau, un sentiment de respect et de reconnoissance s'empare aus- sitôt de nous , et nous nous empressons de demander le nom de l'architecte ou du peintre auxquels l’on doit ces chefs- d'œuvre de l’art. Qu'il me soit donc permis d'offrir à votre mémoire les noms des hommes qui ont illustré la science aimable dont noustraiterons, de vous exposer leurs travaux et d’exciter envers eux votre religieuse gratitude. Vous le savez, l'espérance de trouver dans nos contemporains ou dans la postérité de justes appréciateurs de nos efforts litté- raires est souvent notre unique récompense et ‘notre plus douce consolation. Il en est de l’origine de l’entomologie comme de celle des autres branches de l'histoire naturelle. Dans un contact per- pétuel avec les productions du Créateur, l'homme dut d’a- bord se borner à distinguer les insectes qui lui paroïssoient _nuisibles, et ceux, mais en bien plus petit nombre, qu'il jugeoit utiles. Les ministres d’une religion très-ancienne, le sabéisme, crurent avoir trouvé dans les habitudes de cer- tains insectes très-communs et qui frappoient habituellement les regards de la multitude, des images propres à exprimer, au moyen defigures, quelques idées de leur culte; ces insectes devinrent dès-lors des sujets d’emblèmes ou d’allégories. Telle est, messieurs, l’origine de l’entomologie, l'intérêt et la supers- tition. Elle n’existoit pas encore comme science, puisqu'elle se St + AA OrIGINE ET PROGRÈS confondoit avec les autres connoissances populaires et usuelles, fruit des mêmes besoins et des mêmes circonstances. Nous partagerons l’histoire de l’entomologie en sept pé- riodes, embrassant ses divers âges, et toutes remarquables, à partir de la seconde, par une amélioration sensible et croissante de l’état de cette science. La première, celle dont nous venons de parler, comprendra les temps qui ont précédé Aristote, antérieur, d’environ trois siècles et demi, à l’ère chrétienne. La seconde s’étendra depuis cette époquejusqu'au commencement du 17%. siècle ou jusqu'à l’adolescence de la science. Cette période se terminera vers la fin du même siècle ; et la suivante ou la quatrième nous conduira à l’époque où Linnæus changea la face de l’histoire naturelle. Nous ver- rons l’un de ses plus célèbres disciples établir sur de nouvelles bases une tlassification des insectes, et fonder ainsi la sixième période. Enfin de l’époque à laquelle le plus grand zooto- miste de nos jours a commencé à faire l'application de l’ana- tomie comparée à cette branche de la zoologie, c’est-à-dire, de la fin du dix-huitième siècle datera la septième et dernière période. La première n’est en quelque sorte qu'un prélude, et, comme les premiers temps historiques, se cache sous d’é- paisses ténèbres. Si Aristote et Pline ont mis à profit, comme on n’en peut guère douter, des écrits antérieurs, ces écrits ne nous sont point parvenus, et l’on ne peut déméler dans ceux de ces auteurs quelles sont les observations qui leur sont propres. De pures indications nominales, et qui ont mis à la torture l'esprit des commentateurs et des interprètes, c’est tout ce que nous offrent, au sujet des insectes, les ouvra- DE L'ÉNTOMOLOGIF. 465 ges, et en très-petit nombre, antérieurs au siècle d’Aristote et d'Alexandre. Il paroitroit, d’après le texte hébreu d’un pas- sage du Lévitique, que ces animaux y sont désignés sous la dénomination collective de reptiles-oiseaux , reptile-volucris. De la défense d’en manger, qui avoit été prescrite aux Juifs par leur législateur, étoient exceptées les espèces qui, comme les locusta, les bruchus, les attacus, les ophiomachus , ont les pieds postérieurs plus longsetpropres pour le saut (Levi. chap. XT, vers. 2r et22). Ce passage ne convient qu’à des or- thoptères des genres criquet, sauterelle , grillon et truxale. En le comparant avec d’autres de l'Exode (cap. X, vers. 4 et suiv.) où il est parlé des locusta, il me paroït certain qu'il S’agiticide nos acrydiuimn ou criquets, insectes dont quelques espèces, émigrant par troupes innombrables, convertissent bientôt en déserts les lieux les plus r.ches en végétation où ils se fixent. Un profond critique, correspondant de l’Acadé- mie des Inscriptions et Belles-Léttres, M. Miot, a partagé et développé l'opinion où j'étois que ces mêmes insectes sont les serpens'ailés dont il est parlé dans Hérodote. J’expliquerai ce passage lorsque je traiterai spécialement de ces orthop- ières. Un autre insecté, pareillement signalé comme un fléau dans ce premier âge de la science, est celui qui est indiqué dans l’Exode (chap. VII) comme l’objet de l’une des plaies (la quatrième) dont Dieu, par le ministère de Moise, frappa l'Égypte: c’est le sczuphes de la Vulgate. Des traducteurs ont cru qu'il étoit ici question du pou ordinaire de l’homme. Mais la connoissance des lieux où se trouvoient alors les Hébreux et les Egyptiens auxquels ils étoient assujétis, les indnctions que l’on peut tirer d’un passage d’'Horus Apollo relatif à une Mém. du Muséum. 1.8. | 59 466 ORIGINE ET ProGrÈs figure hiéroglyphique désignant une grande abondance de diptères du genre culex ou cousin, nous autorisent à présu- mer que ces insectes ou les simulies, autre genre de la même famille, sont les sczriphes mentionnés dans ce passage. Parmi les insectes dont l’homme. sut, dès la plus haute antiquité, s'approprier les travaux, nous remarquerons le er à soie et l'abeille domestique. Selon les historiens de la Chine, la cul- ture du ver à soie auroit été introduite dans cet empire par Pun de ses premiers monarques, et s’éleveroit ainsi au-delà des temps anté-diluviens. Nous voyons encore que Moïse promet aux Hébreux de les conduire dans une terre où coule le lait et le miel. Mais si l’on veut compléter la réunion de ces foi- bles élémens de l’entoniologie primitive, c’est'à des monu- mens antiques échappés aux ravages du temps, tels qife des médailles, des pierres précieuses, des sculptures de temples, de colonnes, etc., qu’il faut recourir. L'un des animaux qui sous des rapports religieux jouissoit chez les Egyptiens de la plus haute faveur est le scarabée sacré de Linnæus. « Les habitudes de quelques-uns de ces insectes appelés cantharoi par les Grecs et scarabær par les Launs, fixèrent l'attention des Egyptiens. Messagers du prin- temps, annonçant par leur reproduction le renouvellement _de la nature, singuliers par cet instinct qui leur apprend à réunir les molécules de divers excrémens en manière de corps sphériques, et qui doivent renfermer les germes de leur race; ‘occupés sans cesse, comme le Sisyphe de la mythologie, à faire rouler ces corps; distingués des autres insectes par quel- ques formes particulières, ces animaux parurent offrir aux prêtres égyptiens l'emblème des travaux d’Osiris ou du soleil ; DE L'ENrTomoroutE. 467 leur effigie fut multipliée de mille manières. Il ne suflisoit pas à la superstition que cette effigie se trouvât dans tous les tem- ples, sur les bas-reliefs et les chapiteaux des colonnes, sur les obélisques, et qu'elle exercât le talent du statuaire; elle exi- geoit encore qu'elle fût gravée avec d’autres hiéroglyphes sur des pierres de diverses natures et faconnées en manière de médaillons, sur des cornalinestaillées en demi-perles, percées dans toute la longueur de leur axe et propres à composer des colliers , ainsi que des anneaux servant d° cachet. L'image de ce dieu tutélaire suivoit partout les Egyptiens, et descendoit même avec eux dans la tombe. » Voilà, MM., ce que j'ai dit de l’origine de ce culte dans mon mémoire sur les insectes sacrés des Egyptiens. D’après Horus Apollo ils donnoïent aux mêmes scarabées trente doigts. J’ai fait voir qu’en supposant la connoissance des articles des tarses, ce passage étoit facile à expliquer. Ne pouvant-ici m’étendre sur un tel sujet, je vous renverrai à ce mémoire et à quelques autres où j'ai con- signé des observations analogues. Cependant je vous citerai encore les faits suivans. Le crabe fluviatile de Belon, consacré à Minerve, étoit renommé par ses propriétés médicales, et on le voit représenté, et souvent avec une parfaite ressem- blance, sur un grand nombre de médailles grecques et sici- liennes. Je mentionneraï surtout l'abeille, dont l'effigie , mais très-grossière, est très-multipliée sur les monumens égyp- tiens. Elle étoit le symbole hiéroglyphique d’un roi, du peuple qu’il gouverne, et de sa prospérité ou de la fécondité, à en juger par une figure ( Descr. de l'Égypte, Antiq., tom. 3, pl. 87.) du dieu Apis, couvert d’un manteau dont la surface é * 59° 408 OrIGINE Er Progrès extérieure est entièrement divisée en cellules hexagonales, imitant le gâteau d’une ruche. S'il étoit vrai, ainsi que l’ont pensé quelques antiquaires d après la découverte du tombeau de l’un des premiers rois mérovingiens et l’examen des objets qu'il renfermoit, que l'abeille eût été pour les premiers souverains des Francs une sorte d’emblème héraldique ou un hiéroglyphe désignant la puissance, cet usage, ainsi que la langue et d’autres coutumes des peuples teutoniques, pourroient bien venir de l'Orient. Une autre figure hiéroglyphique, à laquelle on n’avoit rien compris, représentant, sous des proportions exactes, les quatre étamines et le pistil d’une fleur labiée, paroït avoir été le symbole du miel. Enfin chez les Egyptiens, comme dans les livres attribués à Salomon, la fourmi est l'emblème de#intel- ligence et de la Baie) ; Vous voyez par ce petit nombre d’ exemples que l'entomo- logie a aussi ses antiquités, et que, comme une bonne sœur, elle prête son secours à l'archéologie qui, jusqu'ici, avoit un peu trop négligé son appui. Elle peut éncore rendre quelques services à l'astronomie, au sujet de deux constellations zo- diacales : le cancer, tantôt exprimé par la figure d’un crustacé de divers ordres, tantôt par ne ou un scarabée; et le : SCOFPLON. .Je crois, MM. , qu'on auroit tort de regarder les recherches de cette nature comme superflués ou très-arbitraires dans leur résultat. Lorsque des naturalistes éclairés visiteront avec soin l'Italie méridionale, la Grèce et les pays orientaux; qu'ils y prendront des renseignemens exactssur les animaux indigènes, auxquels, d’après des traditions anciennes et qui s'y sont j 2 pe L'ENromoLoG1r. _ 460 maintenues , on attribue certaines propriétés, n'importe qu’elles soient réelles ou imaginaires; lorsqu'ils nous appor- teront ces animaux, avec leurs divers noms usuels et popu- laires, ces diflicultés de la zoologie primitive s’éclairciront probablement en majeure partie. Je passe à la seconde période. Les écrits d’Aristote nous montrent que, de son temps au moins, on avoit déjà étudié, et avec assez de détail, la composition extérieure des insectes et des crustacés; qu’on avoit même donné une certaine at- tention à leurs manières de vivre, et qu’on avoit ébauché une espèce de méthode. i Ces animaux faisoient partie de ceux que lon distinguoit sous le nom d’exsanguia, sans sang, aneine en grec On admettoit cependant l'existence d’une humeur ou d’une li- queur suppléant le sang dans ses propriétés ; on excluoit tou- tefois la présence de la graisse, du lard, matières qui,. dans l'opinion du temps, étoient exclusivement propres aux ani- maux pourvus de ce liquide. On sait que M. Cuvier désigna d’abord ces mêmes animaux par la dénomination d’aertnaux à sang blanc. Le caractère négatif tiré de l'absence de la colonne vertébrale n'avoit pas échappé aux premiers zoolo- gistes. Veque spinam habent ut pisces, dit Wotton, dans son ouvrage intitulé de Differentiis animalium, et uniquement composé d’après les matériaux quël’antiquité lui avoit fournis. Une substance particulière, tantôt extérieure, tantôt interne, étoit censée remplacer les os et garantir la chair. Malgré l’ab- sence d’un squelette, le mot de vertèbres est cependant em- ployé par cet auteur (pag. 175) à l’occasion des demi-segmens supérieurs du corps de certainsinsectes.On divisoit les animaux Lol 470 ORIGINE ET PROGRÈS sans sang en cinq coupes principales : les insectes, z2secfa ou _entoma en grec; les mollusques, #20/l1a ou malachia; les crustacés, crustacea ournalacostraca ; les testacés ou animaux à coquilles, les festacea des Latins, les osrachoderma des Grecs; et les zoophytes, zoophyta, ainsi nommés de leur. nature mitoyenne entre celle des animaux proprement dits et celle des végétaux. Si l’on en excepte les crustacés de notre ordre des décapodes et de celui des stomapodes, la division des insectes comprenoit tous les animaux sans vertèbres ar- ticulés. On leur refusoit, ainsi qu'aux autres animaux sans sang, tout organe de respiration et de circulation; mais une substance appelée rnufis , celle qui compose le foie dans les crustacés et le corps graisseux dans les insectes, étoit présumée tenir lieu du cœur. Alors, comme aujourd’hui, le corps de ces animaux étoit divisé en trois parties, répondant , la pre- mière à la tête, la seconde au thorax, et la troisième à l’ab- domen. On avoit cependant aperçu que les mille-pieds et quelques autres animaux sortoient de cette loi générale. L'absence ou la présence des antennes, des pieds, des ailes, et le nombre de ces organes avoient déjà, dès cette époque, fixé l'attention des naturalistes. On avoit observé que parmi les insectes munis d’ailes, il y en avoit où ces parties étoient re- couvertes par deux écailles servant d’étui,et cesinsectesavoient été nommés pour cette raisôn co/éoptères ou vagimipennes. Ceux dont les ailes sont à nu furent ensuite appelés par op- position anélytres. On avoit encore remarqué que ces organes étoient saupoudrés dans les lépidoptères d’une poussière qui leur donnoit un aspect farineux, et qu'ils différoient par leur nature des ailes des oiseaux. Déjà même les organes de la DE L ÉNTOMOLOGIE. 45e manducation avoient paru offrir, par leur diversité de formes, des caractères importans. Selon les anciens plusieurs insectes ont des dents, mais ne ressemblant nullement à celles des vertébrés. D’autres ont une espèce de langue, tantôt courte et retirée, tantôt allongée en manière de trompe. Si, sous cette forme, elle devient offensive, on la distingue sous un nom commun au dard de l’extrémité postérieure du corps des abeilles, des guêpes , etc., celui d’aiguillon. Les abeilles, les guëpes et d’autres insectes à quatre ailes nues, construisant des alvéoles disposés en manière de gâteaux ou de rayons, formoient une coupe particulière, z2secta fa- vicantia. La culture des abeilles entrainoit l'étude de leurs mœurs, et on leur donna une attention particulière, ainsi qu'on peut s’en convaincre par les détails de leur histoire que l'on trouve dans les écrits de l'antiquité. Mais pour suppléer à l'observation on n’eut que trop souvent recours à l’imagi- nation, et le régime politique de ces précieux insectes devint le sujet d’un roman historique. Les Réaumur, les Hubert, etc., nous ont fait voir que l’histoire de ces animaux dépouillée de ce merveilleux, pouvoit encore nous charmer. Aveccesinsectes architectes étoientcompris les Aa les syrènes, les bombyles, les bombyæx, etc.; or comme on ne peut douter que tous ces insectes ne soient de l’ordre des hyménoptères, les uns de la famille des abeïlles, et les autres de celles des guëpes et dessphex, on voit combien sont fausses les applications que les naturalistes modernes ont faites de plusieurs de ces dénominations anciennes. Il est bien évident, par exemple, que les bombyx d’Aristote ne sont ons des lépidoptères, mais des abeilles maçonnes, telles que l’aprs 472 OnRiGINE ET Procrs sicula de Rossi et la xylocopa muraria de Fabricius, qui sont pour moi des mégachiles. Des faits que je viens d’exposer on peut conclure qu'on avoit très-anciennement distingué les caractères de nos prin- cipales coupes ordinales. Mais on n’avoit pas senti que l’un des premiers signalemens qu'on employoit, et que l’on fon- doit sur la différence des milieux d'habitation, l'air et l’eau, contrarioit l’ordre naturel. T’usage de cette vicieuse distine- tion s’est prolongé jusqu'au temps de Linnæus. On elassoit les arachnides avec les insectes. Les larves et tous les animaux articulés privés d'ailes, et offrant par la mol- lesse, la forme et la couleur du corps, quelque ressemblance avec les vers, étoient désignés collectivement sous cette dé- nomination , ou celle de vermisseau qui n’en est qu’un dimi- nutif. path En Les observations ayant pour objet l'anatomie interne se réduisent à des idées très-vagues et très-générales sur le canal intestinal et les organes sexuels. On ne soupçonnoit mèêèmepas l'existence d’un système nerveux. On avoit simplement re- “marqué que les yeux des insectes n'étoient point accompa- gnés de paupières, et que ces animaux jouissoient du senti- ment de l'odorat. Les erreurs d’Aristote au sujet de leur BéReAOUEe erreurs qui n’ont été détruites que versla fin du dix-septième siècle,pro- viennent d’un manque d'examen et d’un défaut de réflexion. On avoit été témoin de l’accouplement de diverses espèces et de leur ponte. On avoit remarqué que des œufs de plusieurs sortoient des petits presque semblables à leurs: parens; que les œufs de divers autres donnoient naissance à des vermis- DE L'ENTOMOLOGTE. 453 seaux ou larves qui, après s'être transformés, soit en chrysa- lides ou aurélies, soit en nymphes, acquéroïent ensuite des ailes ou devenoient des insectes parfaits. Néanmoins, suivant Aristote, des landes que produisent les poux, les puces et les punaises après l’accouplement, il ne vient rien. Ces animaux, ainsi que tous ceux dont on n’avoit pas vu l'union sexuelle ou dont on n'avoit pas suivi les larves, étoient censés se former d'eux-mêmes de diverses manières, mais le plus souvent par la fermentation de diverses substances humides et dont plu- sieurs excrémentielles. On croyoit même que la plupart des chenilles naissoient de feuilles de plantes. Les lois de l’ana- logie, si on les eût consultées, auroïent écarté ces erreurs. Mais ‘il n’en est pasimoins certain que, du temps d’Aristote, on avoit déjà une idée des diverses sortes de métamorphoses des insectes, et qu'on n'admettoit la spontanée qu à. l'égard de ceux d’entre eux dont on n’avoit pas suivi tous les périodes de la vie ou de la croissance. Pline qui puisa partout, mais souvent sans discernement, embrouilla ces premières connoissances. Il classe, par exem- ple, les crustacés et les mollusques avec les poissons. La langue grecque étant beaucoup plus bornée que la latine, et ouvrage de cet écrivain sur l’histoire naturelle étant une espèce d’encyclopédie, plus utile dès-lors par son ensemble que le traité des animaux d'Aristote, l'autorité de l'historien romain prévalut, et sa eo des animaux fut long- temps suivie dans les écoles. La zoologie fut d’ailleurs négli- gée jusqu'au dix-septième siècle, ou si on s’en occupa, cé ne fut guère que sous des considérations médicales. Par de: événemens politiques et la régénération des lettres, le qui - Méin. du Museum. 1. 8. 60 "74 ORIGINE ET PROGRÈS zième siècle forme une époque remarquable : les Arabes ex- pulsés définitivement d'Espagne, dont néanmoins, quoique mahométans, ils avoient été les bienfaiteurs sous le rapport des sciences et des arts; le renversement de lempire grec, que les Etats de l'Occident auroient dû soutenir, ainsi que le montrent les circonstances actuelles; la terre des Miltiade, des Solon ,des Lycurgue, des Démosthène, etc. , souillée par la présence d’un peuple féroce, ennemi de toute instruction; les lumières fuyant leurs persécuteurs, et récompensant noble- ment l'Italie de l'hospitalité qu'elle leur donne et trouvant surtout dans l’immortel Laurent de Médicis un protecteur zélé et puissant; la fondation d’une trentaine d’universités dans les diverses parties de l'Europe; l'invention de l'impri- merie et la découverte du nouveau monde, voilà, MM., des faits mémorables qui caractérisent ce quinzième siècle. Si vous l’'opposez à ceux qui l’avoient immédiatement précédé et aux deux qui le suivirent, particulièrement au dix-septième,, si fécond en grands hommes de tous genres, vous le considé- rerez comme l'aurore du plus beau jour succédant à la nuit la plus ténébreuse. Ces réflexions ne sont point étrangères à mon sujet; car l’histoire naturelle se ressentit aussi de ce concours d'événemens politiques et littéraires, et notre France peut se glorifier d’avoir donné le jour à deux pères de la z00- logie moderne, Belon et Rondelet. Le goùt des voyages et de l'étude des productions de la nature se réveilla, devint plus dominant et plus universel. On conçut l'idée de recueillir et de rapporter dans sa patrie celles des pays étrangers quel'on visitoit. et qui paroissoient intéressantes. On commença à at- tacher, quelque jouissance à la possession et à: la conservation DE En ÉNTOMOLOGIE. 51e de ces sortes de conquêtes, et des musées furent établis. El “étoit nécessaire, soit pour éviter la confusion, soit pour faire connoître les richesses qu'ils renfermoient, de les disposer dans un certain ordre; et l’on ne pouvoit atteindre ce but que par l’étude des objets, que l’on vouloit classer. Un respect trop religieux pour l'autorité des premiers naturalistes avoit jusqu'alors retardé les progrès de la science. Il commença à s'affoiblir; l’on aima à vérifier, de ses propres yeux, les faits qu'ils avoient avancés, et l’on en découvrit de nouveaux. L'ouvrage de Rondelet sur les poissons le prouve : car on y trouve plusieurs observations curieuses sur la respiration de ces animaux. La typographie et la gravure facilitoient et ré- pandoient d’ailleurs la publication de ces recherches. Une autreinvention récente, et qui perfectionnée a eu une si grande influence sur la connoïssance des animaux, com- mençoit à aggrandir le champ de ces études. Je veux parler de l'usage de ces verres convexes qui rajeunissent, en quelque sorte, le plus précieux des organes de nos sens, celui de la vue, en étendant , par ce moyen artificiel , sa puissance au delà des limites que lui imposa la nature. Rondelet, Belon et Gesner que l’on appeloit de son temps le Pline de l'Allemagne, donnèrent bien sur divers crustacés des observations utiles, mais ne traitèrent point des insectes. Les écrits d’Aldrovande, mort en 1605, et le Théâtre des Insectes de Mouffet, publié en 1634, sont, en fait d'ouvrages généraux, pour les temps modernes, les seules sources aux- quelles l’on puisse recourir. Jusqu’alors on n’avoit guère porté son attention que sur un petit nombre d’espèces, géné- ralemert connues du vulgaire, et que, sous ce motif, l’on s’é- 60 476 ORIGINE pT PROGRÈS toit dispensé de décrire. Maintenant l'observation embrasse indistinctement toutes les espèces percepübles, et que l’on groupe sous des titres portant des dénominations anciennes ; on les décrit assez amplement, mais sans signalement particu- lier, et des figures gravées sur bois, quelquefois préféra- bles à quelques-unes de celles gravées au burin, qu’on a don- nées plus tard | accompagnent ces descriptions. Point d’ailleurs de nowveaux faits anatomiques et continuité de croyance aux générations spontanées, Mais si nous remontons un peu plus haut, vers 1660, com- mencement de notre quatrième période, l'entomologie s’épure et s'asseoit sur une base nouvelle et stable. Rédi et Swam- merdam ramènent, par des observations et des expériences positives, la génération de tous les insectes à une loi com- mune, celle d’une génération ovipare précédée, pour la fé- condation des germes, de l’union des deux sexes. Le second et Malpighi, commencent à nous dévoiler leur organisation intérieure, et souvent sommes-nous forcés de consulter en- core aujourd’hui Pouvrage, vraiment admirable pour le temps, le Biblia naturæ du naturaliste hollandais. C’est aussi à lui que nous devons des connoïssances précises sur les diverses sortes de changement ou de métamorphoses qu'éprouvent ces animaux et l’idée de les faire servir à leur classification naturelle, ainsi qu’à celle d’un ordre de reptiles, les batraciens. La méthode fondée sur des caractères extérieurs prend encore une nouvelle forme. Elle est simplifiée et réduite en tableaux analytiques. Lister et Leewenhoek, toujours armés du micros- cope, arrachent, ainsi que l’annonce Île titre de l'ouvrage de celui-ci, Ærcana naturæ detecta, de nouveaux secrets à la De L'ENromMorLocie.\ a) nature. Petiver introduit l'usage, déjà établi en botanique, de signaler en raccourci, ou au moyen d’une phrase, les es- pèces; mais sans le faire d’une manière rigoureuse, et en ad- mettant des comparaisons relatives de grandeurs qui doivent en être exclues, puisqu'il faut toujours supposer que l’on ne connoît point d'autre objet de comparaison. Willughby et Rai ( Hist. Insect., 1710) semblent déjà avoir presque épuisé l’entomologie de la Grande-Bretagne, tant leur catalogue, joint à celui de Lister sur les araignées, est nombreux. Des figures en taille-douce ontremplacé les figures gravéessur bois, propres à l'enfance de l’art. Enfin, vers les dernières années de cette quatrième période, l’Académie des Sciences de Paris accueille avec le plus vif intérêt les premiers mémoires d’un homme qui a illustré, de tant de manières, notre patrie ; qui, comme observateur, est un oracle que l’on consultera tou- jours, et dont les écrits ont formé les plus célèbres entomo- logistes venus après lui, Réaumur en un mot. Nous voilà parvenus aux trois dernières et plus brillantes _époques de la science, distinguées par autant d’écoles spéciales, portant chacune le nom de leur fondateur, Linnæus, Fabri- _cius et Cuvier. , Dans sa biographie de Linnæus, le savant zootomiste que je viens de citer a exposé , avec son talent ordinaire et si rare, les services éminens que le Pline du Nord a rendus à l’histoire naturelle. Que pourrois-je mauntenant vous dire de plus sur ce sujet, et quelles couleurs plus vraies et plus brillantes pour- rois-je emprunter ? Tout est renfermé dans ce peu de paroles : Linnæus a été le législateur de cette science, et tous ceux qui la cultivent ont élevé dans leur cœur un autel à ce grand homme. 478 ORIGINE ET PROGRÈS N'oubliez pas, MM., que ce discours n’est qu'un aperçu , général des progrès de l'entomologie, et que dès-lors vous ne devez pointattendre de moi une bibliographie de cette science. Mais il est un auteur que je ne puis passer sous silence, c’est de Géer. Elève de Réaumur et disciple de Linnæus, embras- saut, comme celui-ci, dans ses études, toute la classe des insectes , il a perfectionné sa méthode, déjà améliorée en quel- ques points parGeoflroy;il a décrit etfiguré d’une mamière très- détaillée et avec une fidélité étonnante ceux de ces animaux qu'il possédoit ; émulé de Réaumur, il a, comme lui, observé avec les mêmes soins et la même sagacité les mœurs des in- sectes. Son recueil de mémoires, composant 7 volumes in-0., est, sans contredit, le meilleur ouvrage qui ait été publié sur cette branche de l’histoire naturelle. Les organes de la manducation lui avoient paru, ainsi qu'à Réaumur, offrir des considérations intéressantes. Scopoli les avoit même employés pour caractériser les genres de l’ordre _desdiptères et de celui des hyménoptères. Mais il étoit réservé à un autre élève de Linnæus, Jean Chrétien Fabricius, de fonder sur ces parties un système général, et de compléter ainsi l'étude de l’organisation extérieure des insectes. S'il falloit juger cet auteur d’après la manière dont il a exécuté son plan, nous aurions bien des reproches à lui faire; mais les erreurs graves où il est tombé et les vices de son système peuvent bien déposer contre lui, mais non contre la solidité des principes qu'il a établis. Car, abstraction faite des difi- . cultés inhérentes à l'étude d’organes aussi petits et aussi déli- cats que ceux qui composent la bonche des insectes, il n’en est pas moins vrai que sans cet examen l’on ne pourra jamais 2 : : DE L'ÉNTOMOLOGTIE. no “orner de coupes bien naturelles ou en démontrer la certitude. Ilne suflisoit pas d’avoir établi sur des caractères extérieurs une méthode, il falloit encore en coordonner la distribution d’après des principes invariables , et quel pouvoit étre ici notre guide si ce n’est l'anatomie interne. Nous avons vu que depuis près d’un siècle et demi quelques savans naturalistes avoient dirigé de ce côté leurs recherches; mais, ainsi que tous les premiers efforts de l'esprit humain, dans tout ce qui dépend de l'exercice de nos sens, ces travaux étoient très-imparfaits et presque tous erronés , quant à la supposition de l'existence d'un organe de circulation. Cependant au milieu du dernier siècle parut un livre qui, par l’immensité des détails d’obser- .vations, leur application à toutes les parties du système gé- néral, celles même qui, à raison de leur finesse, pourroient échapper aux regards d’un anatomiste très-exercé, qui, par la beauté encore de l'exécution considérée tant sous le rapport _de la typographie que sous ceux du dessin et de la gravure, sembloit devoir épouvanter ceux qui désormais se livreroient à de semblables travaux, je veux parler du traité admirable de Lyonet, sur l'anatomie de la chenille du saule. Mais il n'étoit pas nécessaire, pour faire avancer lascience, de porter aussi loin l'observation ; et dans l’état où se trouvoit la zoolo- gie, il étoit plus avantageux pour ses progrès de consacrer son temps à l'étude de ses diverses parties, afin de découvrir les différences organiques propres à servir de base à l’établis- sement des coupes principales : c’est ce qu'a fait, vous le savez tous, M. Cuvier. Comparez sa distribation de la classe des insectes de l’un de ses premiers ouvrages, le Tableau éle- mentaire de l'Histoire Naturelle des Animaux , avec celles 480 ORIGINE ET ProGRÈs qui existaient alors, vous reconnoîtrez qu'il a essentiellement perfectionné la méthode, en reportant à la tête de la classe les crustacés, les arachnides et les myriapodes ou mille-pieds, que Von s’étoit obstiné jusqu'à lui, malgré l'évidence des alBnités naturelles, à placer dans un sens inverse. Sans doute il eût été plus convenable de ne pas réunir dans un mème groupe des animaux aussi disparates, et d’en former trois classes, ainsi que le fit M. de Lamarck, dont le nom se rat- tache si glorieusement à la même époque de l’histoire de la seiènce ; mais l'ordonnance générale n’en appartient pas moins à M. Cuvier. Sans parler de ses diverses recherches anatomiques parti- culières, n’a-t-il pas prouvé le premier que les insectes étoient dépourvus d’organe de circulation, et n’a-t-il pas constaté son existence dans les arachnides pulmonaires? il a imprimé à ce genre d'observations un tel mouvement, que l'anatomie des insectes, si long-temps négligée, exerce maintenant la patience et la sagacité d’un grand nombre de naturalistes, et qu’elle s’est déjà enrichie de plusieurs excellens mémoires, parmi lesquels je citerai ceux de MM. Ramdhor, Sprengel, Hérold, Téviranus, Marcel de Serres, Jurine, Blainville, Léon Dufour, Straus, Chabrier, Audouin, etc. La disposition des nervures des ailes a fourni à l’un de ces auteurs, feu Jurine, un nouveau moyeu de classification. Des faunes, des monographies, de bons ouvrages iconographiques (1), vien- nent accroître chaque jour le dépôt de nos connoiïssances dans (1) Je ne peux me dispenser de citer, comme un modèle en ce genre, l'Histoire Naturelle des Lépidoptères de France, de M. Godart, ouyrage dont il a déjà paru 28 cahiers. * pe L'ENromorocir. 481 cette branche de la zoologie et faciliter son étude. L’Amé- rique même, jusqu'ici étrangère à cette impulsion, peut au- jourd’hui opposer à l’Europe, les noms de quelques entomo- logistes célèbresMFelle a été, MM., la marche de lentomolo- gie et telles ont été les sources de sa prospérité. En me résu- . mant, onse borna d’abord à distinguer et à dénommer le petit nombre d'insectes que l’onjugea dignes d’intérèt en bien ou en mal. Puis on commenca à étudier leurs parties extérieures et à classer ces animaux. Beaucoup plus tard et à la première époque de l’histoire moderne des sciences naturelles, le goût de l'observation s’étendit à toutes les espèces; on commenca à les décrire avec détails et à en former des collections. Peu d'années après, fut établi sur des faits incontestables le prin- cipe général de la reproduction de ces animaux, et la mé- thode retira de grands avantages de l'étude approfondie et généralisée des métamorphoses. L’entomologie réclamoit une langue particulière, des moyens pour arriver le plus simple- ment possible à la détermination des objets et pour retenir facilement leurs noms; des lois pour éviter l'arbitraire , ainsi qu’une méthode fondée sur des caractères certains. Linnæus parut, et nos vœux à cet égard furent remplis. Enfin, de nos jours, Fabricius par l’établissement d’un système, ayant pour base les organes de la manducation, a ouvert à l'observateur une route nouvelle, et M. Cuvier nous a conduit à la méthode naturelle par l’anatomie interne. | Tant de travaux ne doivent point décourager ceux qui dé- sireroient entrer dans la même carrière. Que de découvertes à faire sur l’anatomie et la physiologie de ces animaux, sur leurs métamorphoses et leurs habitudes ? Combien d’espèces Mém. du Muséum. t. 8. 61 482 Onr1GINE ET Progrès DE L'ENnromMorocie. inconnues et que de difficultés restent encore à vaincre relati- vement à la classification ? encore quelques années et la plu- part des soutiens actuels de la science n’existeront plus qu'en souvenirs. C'est vous, dont les travaux etles années n'ont point affoibli les forces et qui héritez de tant de connois- sances, que la science appelle à son secours. Puissiez-vous répondre avec empressement à ses tendres invitations et vous rendre digne par un zèle persévérant de ses faveurs, ainsi que de la reconnoissance de la postérité ! TABLE DES MEMOIRES ET NOTICES Contenus daus ce huitième Volume. M. DESFONTAINES. OsszrrarTrons sur le genre Gyrostemon. Description dune nouvelle espèce qui lui appartient. 115—118 Description d'un nouveau Genre de plantes nommé Con- dylocarpon. 119—121 M VAUQUELIN. _ Analyse du fruit du B410B42 ADANSONT A. ir M. FRÉDÉRIC CU VIER. Du Sanglier à masque et des Phacochæres. 447—455 M. P. A LATREILLE. De l'organe musical des Criquets et des Truxales, et sa _ comparaison avec celur des mâles des Cigales. 122. — 132 L à : 4 * Ve ù Eclaircissemens relatifs à l'opinion de M. Huber fils, sur l’origine et l'issue extérieure de la Cire. 133—148 Observations nouvelles sur l'organisation extérieure et gé- nérale des animaux articulés et à pieds articulés, et application de ces connotssances à la nomenclature des principales parties des mêmes animaux.169—202 G1 * 484 + - TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. Des habitudes de l'ARAIGNÉE ATICULAIRE de Linnœus , 456—460 De l’origine bi des progrès de l’Entomologie. 461—482 M. ADOLPHE BRONGNIART. Sur la classification et la distribution des Végétaux fos- _ siles en général, et sur ceux des terrains de séiment | supérieur en particulier. 203—240 Suite de ce Mémoire. 207 —348 M. J. CHABRIER. Essai sur le Vol des Insectes. Chap. IV. 47—97 —. Chap. V, VI, VIT et VIIL. … 349—403 M. DE LALANDE. Fa Précis d’un V. oyage au Cap de Bonne-Espérance. 149 | —168 M. DUTROCHET. Recherches sur l'accroissement et la reproduction des Végétaux. Section IE. _ 12—46 — Sections IV et V. . 241—206 : M. HUZARD Frcs. Description d’une Valvule sptrale à l'ouverture cardiaque de l’estornac du cheval. . F11— 114 M. LESCHENAULT-DE-LA-TOUR. Notice sur le Cannellier de l'ile de Ceylan, sur sa culture _etsur ses produtis. . 436—416 .- TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. 485 M. C. D'ORBIGN Y. Notice sur quelques espèces nouvelles de Mollusques fos- siles du département de la Charente- Inférieure. 98—110 M. L. C RICHARD. Mémoire sur une nouvelle fanulle de plantes : les B4- LANOPHORÉES. ho4—/35 INDICATION DES PLANCHES DU Ville. VOLUME. Planche T1, IL Physiologie végétale. Pag. 46 IL. Tronc alifère du Bourdon. 93 LV. Idem. 95 N\: Idem. 06 VI, Vil, VIIL Cogulles fossiles. 110 IX. Valpule de l'ouverture cardiaque de l'es- tomac d'un Cheval. 114 X. Gyrostemon cotinifolium ef G. ramulosum. 118 XI Condylocarpon Guyanense. + M2 - XII, XHIT, XIV, XV. Végétaux fossiles. 238 XVI, XVIL Jégétaux fossiles. 347 XVII. Troncalifère des Criquets, des Hémi- ptères, des Lépidoptères et des Di- pières. or XIX. Langsdorfha Janeirensis. 413 _XX. Helosis Guyanensis. 416 XXI Cynomorium coccineum. h2o XXII. Sanglier à masqise. | 44S XXII. Phacochæres. 451 + TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES Contenus dans ce huitième Volume. A. A BEILL£S. Examen des organes par Jesquelsellesforment ettranssudent la cire , 133 et suiv. Comparaison des abeilles avec d’autres insectes sous le même point de vue, ibid. Adansonia. V. Baobab. Anatomie comparée: V. Bourdon. V. aussi Cheval, Cigales, Criquets , _Truxales, Abeilles, Condylopes. Antholythes, 210, 231 et 319. V. 7’é- gétaux fossiles. Arachnides. N. Condylopes, Entomo- loge. - Araïgnée aviculaire, ou Mygale avicu- laire. Notice sur les habitudes de cetteespèceetsur celles de quelques autres aranéides , 456 et suiv. Aranéides. V. Araignée aviculaire. Astérophyllites, 210 et s. V. Fégétaux fossiles. B. Balanaphora. Description de ce genre 424 et. 431. V. Balanaphorées. Balanaphorées. Établissement de cette nouvelle famille de plantes qui se compose des genres Helosis , Langsdorffia, Balanophora et Cy- nomortum , 404 et suiy. Histoire des travaux faits sur ces genres, tbid. Description des genres, 412 et suiv. Description générale des Balanophorées, 425. Caractère na- turel des ordres, des genres et des espèces, {29 et suiv. De la place que cette famille doit occuper dans l’ordre naturel , 433 et suiv. Baobab(Adansonia). Analyse chunique du fruit du Baobab et de ia subs- tance qui en entoure les graines, 1 et suiv. Description succincte de Varbre et du fruit, ibid. Note sur les usages des feuilles et du fruit du Baobab, 10. Bourdon. Anatomie du tronc alifere de cet insecte, 47 et suiv. CE Cafrerie. Notice surle voyage de M. De- lalande au Cap et dans la Cafrerie, et sur les objets d'histoire natu- relle qu’il en a rapportés au Mu- séum, 149 et suiy. Calamites, 209 et 216. V. F’égétaux fossiles. Came suborbiculaire. Description de cette coquille fossile, 100. Cannellier. Notice sur la culture et les produits du cannellier de Ceylan , 488 sur la maniere d’en recueillir l’é- corce, et sur les procédés employés pour en tirer l’huile essentielle, 436 et suiv. Caprine. Description de trois espèces fossiles de ce genre de coquilles. Carpolithes, 210, 238, 320 et suiv. V. Végétaux. fossiles. Carpologie. Examen de la graine de VAmandier, du Pois, du Chätai- gnier , du Caille-lait, de l’'Epinar, de la Belle de nuit, du Fusain, du Nymphæa jaune, du Seigle, 244 et suiv. V. Physiologie végétale. Cheval. Description d’une valvule qui se trouve constamment à l’ouverture cardiaque de l’estomac du cheval, 111 et Suiv. Cigales. Comparaison de l’organe mu- sical des mâles de ces insectes avec celui des Criquets et des Truxales, _ 122 etsuiv., 249 et suiv. Cire. Comment les abeilles recueillent, ‘ transsudent et préparent la cire :ou de l’origine et de l'issue de cette matiere , 133 et suiv. Clathraria , 209 et 222. V. Pégétaux fossiles. Collections du Muséum. Combien elles ont été augmentées par le voyage de M. Delalande au Cap, 164 ets. Condilocarpon. Caractère decenouveau genre de plantes de la famille des Apocinées , et description d’une espèce, I19 et suiv. Condylopes. Nom donné aux animaux articulés à pieds articulés. Ce groupe se partage en trois classes , les insectes , les arachnides , et les TABLE ALPHABÉTIQUE crustacés, 169 et suiv. V. Ento- mologie. Cônes de pin fossiles, 324 et suiv. V. Végétaux fossiles. Coquilles fossiles. NV. Mollusques fos- siles. Criquets et Truxales. Recherches sur l’organe musical de ces insectes, et sa comparaison avec celui des mâles des Cigales , 122 et suiv., 249 et suiv. Crustacés. N. Condylopes , Entomolo- gte. Culmiçes, 209 et 215. V. Végétaux fossiles. Cynomorium. Description de cette plante, {20 et 430. V. Balanopho- rées. E. Embryons séminaux. De leur dévelop- pement dans les ovaires, 241 et : suiv. V. Physiologie végétale. Endogénites. Bois fossiles d'arbres mo- nocotylédons, 20g et sui. V. ’e- gétaux fossiles. En quel état et dans quels lieux on les trouve, 300 et suiv. “ Entomologie. Observation sur lorgani- sation extérieure des animaux ar- ticulés à pieds articulés ou Condy- lopes ; et sur la nomenclature des principales parties de ces animaux, | 169 et suiv. : Étherie transverse. Description de cette coquille fossile, 101. Exogénites. Bois fossiles d’arbres dico- tylédons , 209 et suiv. A quel état et dans quels terrains onlestrouve, 298. V. J’égétaux fossiles. TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES. F. Filicies , 209et 305: V. J’égétaux fos- siles. à Fossiles. N. Végétaux fossiles. Fruits fossiles de monocotylédons et de dicotylédons , 314 etsuiv. V: Vé- gétaux fossiles. Fucoïdes , 210 et 307. V. J’égétaux fossiles. G. Géologie. V. Végétaux fossiles. Gyrogonites. Fruits fossiles de Chara, 320. V. Végétaux fossiles. H. Helosis. Description des deux espèces de cette plante, 416 et 430. V. Balanophorées. Hippopotame. Comment a été tué celui dont on a au Museum la peau et le squelette, 154. Hyménoptères. Description des organes qui servent au vol de ces insectes et Anatomie particulière du tronc alifère du bourdon, 47 et suiv. Z. Jnsectes. N. Condylopes, Entomologie. Isocarde. Description de sept espèces fossiles de cette coquille, 1o1 ets. L. Langsdorffia. Description de ce genre de plantes, 412et430. V. Balano- phorées. Lycopodites , 209,, 230 et 304. V. F’e- gétaux fossiles. M. Mollusques fossiles. Notice sur treize Mém. du Muséum. t.S. 489 espèces nouvelles appartenant aux genres Came, Éthérie, Isocardeet Caprine, 98 et sui. Mygale aviculaire. N. Araïgnée avicu- laire. N. Noix fossiles , 322. NV. Végétaux fos- siles. Nymphea. Tiges fossiles de ce genre de plantes, 330 et suiv. V. J’égétaur Jossiles. ©. Organe musical des insectes. V. Cri- quets. Ovules. De leur développement dans les ovaires des végétaux, 241 et suiy. P. Palrñacites , 210 et 310. V. F’égétaux fossiles. Phacochære. Observations sur les ani- maux decegenre, qui est voisin des sangliers, 450 et sui. Phyllites , 210, 237 et 308. V. V'ége- taux fossiles. Poacites, 210, 238 et309.V. J'égétaux fossiles. Physiologie végétale. Recherches sur Vaccroissement des végétaux, 12 et suiv. De l’accroissement en lon- gueur , 12. De l’origine et de l’ac-