Re PPRDES HÉRHSRONNT HHRETRIRRES fs ë el TIR NL (ST Pont 1 UE ns L Le PRET OS ) Fe 2 UE a. MÉMOIRES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE. $.931. A.38 L mm, PARIS, IMPRIMERIE DE À. BELIN, rue des Mathurins S. J. , n°, 14. MÉMOIRES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE, PAR LES PROFESSEURS DE CET ÉTABLISSEMENT. OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. DÉDIÉ AU ROI TOME DOUZIÈME. A PARIS, CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DES MATHURINS S.-J., HÔTEL DE CLUNY. 1825. NOMS Messieurs , PORTAL «+ « DE Jussieu LaACÉPÈDE . DESFONTAINES. DE LaAmaARCK. : DES PROFESSEURS. ( PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ. ) Anatomie de l'homme. Botanique à la campagne. Reptiles et poissons. Zoologie, Botanique au Muséum. Insectes, coquilles, madrépores, etc. Gzorrroy-St.-HILAIRE, Zoologie. Mammifères et oiseaux. CEVIER.-. .-ÉC VAUQUELIN. LAUGIER. EONDIER. Ci BRONGNIART. : Bosc. DELEUZE. .…..- - li Anatomie des animaux. Chimie des Arts. Chimie générale. Géologie, ou Histoire naturelle du sb Minéralogie. Culture et naturalisation des végétaux. Secrétaire de la Société des Annales du Muséum. MÉMOIRES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE. SUR M. A. THOUIN. | PRES du Muséum a perdu, le 27 octobre der- nier, M. Thouin (André), celui de ses membres qui étoit le plus anciennement attaché au Jardin du Roi. En attendant que nous ayons recueilli les matériaux nécessaires pour pré- senter, dans un Eloge historique, le tableau des services qu’il a rendus, nous croyons devoir payer à sa mémoire un premier tribut de reconnoissance en insérant ici les deux discours prononcés sur sa tombe par M, le baron Cuvier, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, au nom de cette com- pagnie, et par M. Cordier, directeur annuel du Muséum, au nom de ce dernier établissement. Nous y joindrons l'extrait d’une Notice que M. Geoffroy Saint-Hilaire a rédigée et qu'il a lue à l'assemblée de ses collègues. Discours de M. Currrr. C'est la modestie et la science alliées à la simplicité la plus aimable que nous perdons aujourd'hui, Messieurs, dans le bon vieillard dont cette tombe va couvrir les restes. Ce cer- Mém. du Muséum. t. 12. I 2 r, Sur M. A Tout cueil, entouré À la fois des membres d’un corps illustre et des humbles ouvriers d’un grand établissement, également arrosé de leurs larmes, est celui d’un homme qui apparte- noit à l’une et à l'autre famille, qui en étoit également chéri et vénéré. Né dans le Jardin du Roi, succédant à deux ou trois de ces générations patriarcales dont le travail, depuis près d’un siècle, embellissoit et faisoit prospérer ce magni- fique dépôt des richesses de la nature, M. Thouin y trouva en quelque sorte un domaine héréditaire ; il en fit sa patrie, il y plaça toute son existence. Parmi tant de changemens dans les hommes et dans les choses, lorsque aucune ambition né manquoit d'appât et qu'il y avoit des tentations pour toutes les foiblesses, rien ne put l’arracher à ce séjour pai- sible. Cette brillante végétation , que ses soins prolongés avoient en quelque sorte rendue son ouvrage, lui tint toujours lieu de gloire et de fortune; mais aussi qui a mieux prouvé que lui que le mérite peut faire un poste élevé de la place la plus humble? Il étoit nourri dans les travaux du jardin, mais il l’étoit sous les yeux des Buffon et des Jussieu ; chaque jour il les voyoit, il les entendoit; il se sentit né pour parfer aussi leur langage, et bientôt ce fut aux travaux de leur esprit qu'il se montra digne d’être associé. Ces hommes célèbres se crurent honorés de le voir s'asseoir à côté d’eux, et l'Europe savante ne l'en sépara plus dans ses hommages. Dès lors sa modeste carrière s'est agrandie, et peu d'hommes ont exercé une influence plus utile. Devenu le centre d’une correspon- dance qui s’étendoit dans toutes les parties du monde, il n’a cessé, pendant un demi-siècle, de provoquer entre les divers pays l'échange de leurs richesses végétales. Les produc- sur M. A. Tuourx. 3 tions des parties les plus reculées des Indes orientales, reçues, soignées, multipliées par lui, sont allées peupler et enrichir nos îles d'Amérique, L'Amérique, à son tour , a envoyé dans nos colonies des Indes ce qu’elle possédoit de plus précieux. Les conseils de M. Thouin suivoient au loin ces utiles présens : c’étoit d’après ses directions que travailloient les cultivateurs de Cayenne et de l'ile de Bourbon; c’étoit de ses dons que s’enrichissoient ceux de la France continentale. Tout ce qui nous venoit des pays étrangers qui füt susceptible de s’accli- mater chez nous, ornoit et diversifioit bientôt notre sol. Les forèts du Canada et des Etats-Unis payoïent leur tribut aux nôtres et offroient leurs bois à nos arts ; les parterres de la Chine et du Japon se dépouilloient pour nous de leurs fleurs ; la Nouvelle-Zélande nous envoyoit son lin ; la Nouvelle- Hollande ses arbustes. Combien de beaux arbres nous ombra; gent maintenant qui nous seroient demeurés inconnus sans l'infatigable activité qui l’animoit? Quel est aujourd’hui, je ne dis pas seulement en France, mais en Europe, mais dans les deux mondes, le parc ou le jardin qui ne s’enorgueillisse d’arbustes ou de fleurs dus à son zèle et à son obligeance ? Quelest le verger où il n'ait distribué quelques fruits savou- reux ? Le printemps s'est paré de couleurs plus nombreuses et plus vives; l'automne, par ces fleurs tardives venues de payslointains, a emprunté la parure du printemps! Si l'Amé- rique nous fit autrefois le présent inestimable de la pomme de terre, nous sommes allés chercher pour elle l'arbre à pain dans les iles les plus inaccessibles de la mer du Sud; et ce bienfait, qui équivaudra peut-être un jour au sien, c’est principalement aux avis, aux soins éclairés de M. Thouin * L 4 sur D. A. Tnourx. qu’elle en est redevable. C’est ainsi qu’un de ses ancètres avoit soigné le premier pied de café d’où sont venus tous ceux de nos îles. De pareils services, dans l'enfance d’un peuple, auroient fait rendre un culte à leurs auteurs; ils exci- teront du moins à coup sûr, et pour toujours, la reconnois- sance des amis de l'humanité qui savent qu’en multipliant une plante utile on multiplie les hommes, et qu’elle est, pour le pays qui la reçoit, un bien plus sûr et plus durable que les lois le plus habilement conçues : car les combinaisons des hommes sont passagères comme eux ; les dons de la na- ture, une fois acquis par un peuple, sont impérissables. Mais M. Thouin a aussi rendu à la science, considérée comme telle, à la recherche directe et désintéressée de la vérité, des services qui seront long-temps appréciés. Il lui a créé dans le Jardin du Roi un monument qui parlera de lui sans cesse et à tout le monde. Dès 1770 il en dessina, avec Buffon, toutes les parties alors nouvelles ; en 1780, il le distribua avec Jussieu d’après cette méthode naturelle qui dès lors a fait loi en botanique. Ces grandes serres où la zone torride tout entière semble renaître pour l'ami des plantes ; ces bosquets qu'habitent et que vivifient les animaux de tous les pays; ces riches collections d'arbres fruitiers, preuves admirables du pouvoir qui a été accordé à l’homme d'agir sur la nature, et de la perfectionner, au moins relativement aux besoins et aux jouissances de la société, c’est à M. Thouin que nous les devons. Il n’y a point dans le Jardin d’arbuste, point de gramen, qui n’ait été nourri, élevé par ses soins. Ses nombreuses expériences, les greffes singulières qu'il a pratiquées, les modifications qu'il est parvenu à faire subir sur M. A. Tuour«. 5 à tant d'arbres et de plantes, ont éclairé la physiologie végétale, non moins que l’art de la culture. Les hommes eux-mêmes dont les travaux le secondoient, et qui portoient en tant de lieux les résultats de ses découvertes, c’étoit lui qui les avoit formés ; et que dis-je? ils étoient plus que ses élèves, ils étoient ses amis, ses enfans. En effet, de si grands travaux ne s’exécutent point, si les hommes qui les entreprennent ne savent s'assurer du dévouement de leurs aides; et c’est une conquête que la science ‘et le talent ne feroient pas seuls. Mais personne, autant que M. Thouin, n’a su se donner ce genre d'autorité que l’amour et le respect prennent sur les cœurs. Ses signes étoient des ordres; nulle fatigue ne coûtoit pour répondre à ses désirs; ses subordonnés de tous les grades partageoïient cette ardeur et cette tendresse, et, vous le voyez; encore en ce moment lugubre ils ne se séparent point, dans leur douleur, de cette famille éplorée qui perd en lui son ornement et son appui. Qu'ils lui rendent , et rendons-lui avec eux les hommages qu'il apprécioit le plus, ceux de l’attachement et de l'estime; que ces fleurs qu’il a données à l’Europe décorent désormais sa tombe; que, soignées par les mains à qui il enseigna à les cultiver, elles apprennent à nos enfans les jouissances qu’il leur a ménagées et ce que la postérité lui devra de reconnois- sance. Heureux le mortel dont la mémoire aura de si éloquens interprètes ! Discours de M. CorDreEr. La perte douloureuse qui nous réunit en ce moment et qui nous inspire un sentiment commun si pénible et si profond, 6 sur M. A. Tour, est bien grande, bien digne de tous nos regrets. M. Thouin, malgré son äge avancé, pouvoit encore suffire long-temps aux nombreuses et utiles fonctions auxquelles il étoit voué; il eût été soutenu par celte constance inaltérable et par ce vif amour du bien qui ont assuré tous ses pas dans la longue et laborieuse carrière qu’il a parcourue. Fidèle au but important qu'une vocation naturelle lui avoit fait choisir, il a cherché à l’atteindre par toutes les voies qui lui étoient ouvertes et par toutes celles qu'il a pu créer. C’est sous sa direction que le Jardin du Roï a été agrandi au double de ce qu'il étoit en 1740. Il a présidé à la plantation de l'Ecole de Botanique , où l’on compte plus de six mille plantes vivantes. Il a joint une école de culture destinée à fournir des modèles en tous genres. Par ses soins, des expé- riences de naturalisation ont été suivies avec le plus grand succès, et elles ont enrichi et embelli la France d’une foule de plantes, d’arbustes et d'arbres venus de toutes les parties de la terre. Un grand nombre de mémoires ont été publiés dans la vue de répandre ses observations et de propager ses mé- thodes, Une immense correspondance a été établie et sou- tenue avec les hommes instruits de tous les pays, pour provoquer des échanges et transmettre jusque dans les co- lonies européennes les plus éloignées le tribut annuel des découvertes utiles à la théorie comme à la pratique; la culture envisagée sur toutes ses faces a été professée ; et ces lecons d’un genre si nouveau et qu'on auroit vainement cherché ailleurs qu’au Jardin du Roi, ont attiré le concours des nationaux et des’ étrangers ; elles ont contribué sans aucun doute à accélérer la tendance générale des esprits vers les sur M. A. Trouix, a entreprises rurales, vers la première des industries , celle qui constitue la base la plus solide de la prospérité des nations. Tels sont les principaux résultats des travaux de M. Thouin. Ajoutons qu’on recherchoit avec empressement les bons avis qu'il pouvoit donner en particulier, qu'il ne les refusoit à personue, et que les importunités auxquelles il étoit exposé n’ont jamais pu fatiguer son obligeance, ni troubler un seul instant l’aménité de son caractère. Celui qui pendant près d’un demi-siècle a exercé toute son influence pour améliorer notre agriculture , qui a participé à ses succès, qui nous a créé de nouvelles richesses forestières, et dont la sollicitude s’est étendue à toutes les améliorations du régime rural de nos colonies, a su vivre modestement avec les seules ressources dont il jouissoit au Muséum et à l'Institut; après les services qu'il avoit rendus, il auroit pu réclamer du gouvernement quelque bienfait qui lui eût donné plus d’aisance dans ses vieux jours, Il s’est cru assez payé par les témoignages de confiance et de considération que lui ont prodigués les personnages éminens qui se sont succédés au ministère de l’intérieur et au ministère de la marine. M. Thouin possédoit des biens plus précieux, plus nécessaires que ceux de la fortune : une conscience pure, la paix de l'âme, et l'estime publique. A dix-neuf ans, la mort prématurée de son père l’avoit laissé chef d’une famille nombreuse pour laquelle il s’étoit dévoué généreusement et sans retour; il a été constamment entouré de cette respectable famille, et il a trouvé dans son sein tout le bonheur que peuvent donner entre de bons parens la conformité des occupations , des goûts, des habi- 8 sur M. A. Trourix. tudes, et l'échange continuel des sentimens les plus sincères. La mémoire de M. Thouin sera chère à tous ses amis, disons mieux, à tous ceux qui ont eu des rapports avec lui. Elle vivra surtout au Jardin du Roi, où ses travaux laissent tant de monumens durables. Partout où son nom avoit pé- nétré, en France, en Europe et jusque dans les possessions les plus reculées des deux Indes, on n’apprendra pas sans regrets que ce digne homme n’existe plus; on n’hésitera pas de consacrer son souvenir et de l’unir pour toujours à celui du petit nombre d'hommes qui, de notre temps, ont bien mérité de la société tout entière. Extrait de la Notice nécrologique de M. Grorrror SAINT-HILArRr. M. Thouin (André), membre de l’Académie royale des Sciences , et professeur de culture au Muséum d'histoire naturelle, étoit né, vers la fin de 1747, au Jardin du Roi :il y obtint, en 1768, la place de jardinier en chef qu'avoit oc- cupée son père, mort quatre ans auparavant. Nommé membre de l’Académie royale des Sciences en 1786, il prit rang parmi les professeurs du Muséum d'histoire naturelle lors de la création de sa chaire en 1793. — Ses titres littéraires se com- posent d’écrits nombreux, tous relatifs aux principes ou à la pratique de l’agriculture : ils font partie des grands recueils du temps; savoir, les Mémoires de l’Académie royale des Sciences ; — de l’Institut ; — du Muséum d’lustoire na- turelle ; — de la Société d'agriculture. I a inséré dans les Annales du Muséum une description du jardin des semis, de sur M. A. Tuourx. 9 l'école de culture, de celle des arbres fruitiers, et des mé- moires sur les diverses espèces de greffe, sur les effets de la gelée, etc. Il étoit l’un des collaborateurs du Dictionnaire d'Histoire naturelle, publié par Déterville, et de l'édition nouvelle du Cours d'Agriculture de Rosier. Enfin , il a publié à part un ouvrage in-4°, sous le titre de Monographie des greffes (1820). Comme homme privé, M. Thouin est demeuré incompré- hensible à quiconque n’est susceptible ni de force d'âme, ni du désintéressement des pompes sociales. On peut estimer à leur valeur réelle tous les avantages du rang, tous les ho- chets des distinctions imaginés par la vanité, et cependant s’y soumettre par docilité de caractère. M. Thouin en jugea tou- jours autrement. Mais, s’il a renouvelé parmi nous les manières de ces hommes de bien de l’ancienne Grèce, qui poussoient jusqu’à l’exagération la pratique des vertus domestiques, ce fut du moins sans affectation, sans le dédommagement que procuroit à ceux-là le manteau de philosophe qui flattoit en secret une autre combinaison de vanité. — M. Thouin sépara toujours les devoirs des agrémens de la société, les distinguant non-seulement comme vues de l'esprit, mais dans l’application qu'il s’en faisoit à lui-même ; car il accepta, il voulut:-les pre- miers, quelquefois jusqu’à se laisser accabler sôus leur faix, et il resta constamment inaccessible à l'attrait des seconds. Il “ne $e Soumit jamais non plus au régime des visités ; ni à aucune de ces communications presérites par le codetsi fastüeusemént nommé de l'usage du monde. Aucune invitation à diner n’eutde “prise sur lui :il né parut aussi jamais aux séances solennelles Mém. du Muséum. t. 12. 2 10 sur M. A. Tuouix. des Académies ; enfin, il se vit à regret, et l’on pourroit ajouter avec une sorte de résignation, inscrit sur la liste des chevaliers de la Légion-d'Honneur, et il ne fut à ce sujet attentif qu’à une seule chose, à l’indulgence de ses amis, qui ne s’offensoient pas de ce qu'il ne portoit point habituelle- ment une décoration, sans objet, disoit-il, sur l’habit d’un jardinier, mais admirée par lui sur la poitrine du militaire, où il lui paroissoit qu’elle étoit le prix du dévouement et de services rendus à la patrie. — Qu'on taxe cela de singu- larités ; soit : mais l’on se tromperoit beaucoup si l’on croyoit y voir aussi de la misanthropie, de l'éloignement décidé pour les hommes. Nul n'étoit, au contraire, plus accessible, nul n'avoit dans le commerce intime plus de douceur et d'aménité; mais il falloit venir à lui, puisqu'il n’alloit lui-même chez personne. Il ne se complaisoit que dans une seule idée, celle d’être utile aux autres : aussi, n’avoit-il aucune force, comme il ne trouvoit aucun terme pour refuser : son temps, ses connoissances, sa science, ses végétaux, vous pouviez tout lui demander. Dirigeoit-l les travaux de culture, il prioit qu'on fit ceci, qu’on arrangeût cela; et c’étoit toujours avec des manières d’une dignité simple et d’une bonté touchante, qui plaçoient le dévouement dans l’obéissance. — Toujours calme, il ne s’'abandonnoiït à quelque exaltation, que si l’on exposoit devant lui le plan de nouvelles institutions ou de nouvelles constructions d’une grande utilité et d’une appli- cation générale et durable. Les délassemens qu'il s’accordoit et ses promenades avoient toujours pour but les travaux publics où il avoit remarqué ces caractères. M. Thouin ne se maria point; il devint cependant un chef sur M. À. Tour. II de famille dévoué et vénéré; et c’est peut-être cette dernière circonstance qui a donné lieu à cette austérité, à cette Apreté de mœurs que nous venons de signaler. En effet, orphelin à dix-sept ans, et l’ainé de six frères et sœurs dont les derniers nés étoient encore en bas âge, il s’arma d’un courage dont il trouva les élémens à la fois dans ses ressources et dans la trempe de son esprit : dans ses ressources , ai-je pu dire, attendu que les vertus patriarcales de ses parens avoient attiré l'intérêt sur l’affreux isolement de tant de pauvres enfans. Le jeune chefde famille avoit été jusque-là plus occupé des travaux du jardinage qu’assidu dans les écoles littéraires : n'importe; ce sont des difficultés de plus; mais elles n’effraient ni le jeune jardinier, ni l'appui tutélaire que la Providence tenoit comme en réserve pour conjurer l'orage. Bernard de Jussieu , si grand dans la science , heureusement pour M. Thouin, valoit mieux encore par l'excellence du cœur. Il voit Buffon à qui les droits de sa place donnoiïent la nomi- nation aux emplois. « Ces orphelins, lui dit-il, deviennent nos enfans; je veillerai aux affaires du jardinage; je m’empare de l'ainé; je l’instruirai moi-même soir et matin : le temps presse; je le bourrerai de connoiïssances. » Buffon partage un si tendre intérêt : l'emploi vacant resta en réserve. Buffon et Bernard de Jussieu, devenus, par l'impulsion de leur bonté naturelle, les instituteurs d’un jeune homme de dix-sept ans! quels hommes à satisfaire! Mais des dédommagemens leur sont réservés : la suite a fait connoître que l’élève étoit digne de répondre à d'aussi généreux soins. Je n’ai rapporté ces détails que pour expliquer comment le caractère de M. Thouin s’est trouvé müri avant l’âge, GX k2 sur M, À. Tuourx. L'élève qui, en peu de temps, devint l'ami et, dans le sein de l’Académie des Sciences, le confrère de maîtres pareils, pouvoit-il passer sa jeunesse dans les dissipations des hommes de son âge? Le pouvoit-il, celui qu’un destin sévère réser- voit, à l'égard de sa nombreuse famille, au rôle d’un appui tutélaire, à la condition laborieuse d’un père? M. Thouin vécut dès lors dans une retraite studieuse. Ainsi, il commença de bonne heure à ne connoître la vie que par le côté de de- voirs très-multipliés. Les habitudes fortifièrent dans la suite - ce qui fut d’abord un effet de sa position. Cette filiation des faits donnée, ces causes assignées, qui penseroit encore à insister sur des singularités d’une aussi honorable origine ? Qui ne voudra, tout au contraire, les comprendre au nombre de tant de qualités et de vertus qui recommandent à jamais la mémoire du bon vieillard dont la perte sera un sujet d’éternels regrets dans le Jardin du Roi? M. Thouin n’a pas eu la douceur d'apprendre avant sa mort, que, le 23 septembre dernier, ses services comme propagateur des végétaux utiles et comme bienfaiteur de l'humanité, avoient été l’objet d'un hommage public à New- York. De semblables honneurs, et au même titre, lui avoient aussi été plus anciennement décernés en Angleterre. . . . . . . . . . . a ® . . ° L . . . . 13 Sur quelques objections et remarques concernant l Aile operculaire ou auriculaire des Poissons. PAR M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. ARS terminé l'impression de mon dernier article, inséré dans le onzième et précédent volume, quand le tome cinquième et dernier des Recherches sur les Ossemens fossiles fut livré au public. Je viens d’y voir que M. le baron Cuvier rejette ouvertement mes déterminations de l’opercule. J’avois cru précédemment (Mémoires du Mus., tome 11, page 158) pouvoir m’autoriser de son suffrage, et j'avois, en effet, considérée une phrase de son analyse de 1817, comme ren- fermant son assentiment à mes vues. Je m’étois abusé, comme le prouve le pa- ragraphe suivant : « J’espere, dit M. Cuvier, que la simplification successive et la disparition finale de l'appareil auriculaire, ainsi que le développement graduel de l’appareil L2 hyoïde dans les batraciens, malgré la présence d’un larynx et d’un sternum, rameneront aux anciennes idées, à celles que j'ai toujours énoncées, que les os de l'oreille ne renaïssent pas dans les poissons osseux sous la forme d’opercules ; > que l’appareil branchial n’a pas besoin, pour y prendre la complication qu’il z montre, d'être complété par l’intercalation de pieces sternales , laryngiennes ou costales; enfin que l'appareil operculaire est un appareil spécial et propre aux espèces qui l’ont reçu. » Voyez Oss. foss., 1824, tome 5, partie 2, page 8. Je laisse, pour aujourd’hui, de côté tout ce qui concerne ma manière de con- sidérer les pièces sternales , hyoïdiennes et laryngiennes , et je me flatte d’y revenir une autre fois avec de nouvelles et de nombreuses recherches, avec la détermina- nation la plus satisfaisante des parties molles, et, en général, avec des moyens tout-à-fait victorieux. Je ne donnerai d’attention en ce moment qu’aux objections sur l’opercule. La question est grave. Me serois-je trompé ? je désire moi-même qu'on revienne aux anciennes idées. Mais aurai-je au contraire fait faire à la science un pas impérieusement réclamé par les besoins du moment? il faut encore que j’aide à le faire franchir. Que cette réplique soit foible , on sortira plutôt d’une fausse route ; salisfaisante et concluante, on cédera à un entraînement déja marqué; 14 DE L'AILE OPERCULAIRE malgré ce que jettent dans l’autre plateau de la balance le poids et l'autorité d'un nom comme celui de M. Cuvier. L'expression renaître, du texte précédent, pourroit frapper et entrainer cer- tains esprits : et, en effet, le vague de ce mot figuré favorise toutes les interpré- tations qu’on en voudroit faire; mais, reproduisons ce langage dans une autre phrase construite selon les données et la pensée de l’auteur, et voyons si cette expression contient un sens physiologique et explicatif. Peut-on dire, par exemple, que la main aux cinq doigts libres et mobiles de l'homme renaïsse ou ne renaisse pas dans la patte offensive et meurtrière du lion , dans la nageoïre aux doigts embarrassés de la loutre et du phoque ? Qu’ex- prime ce langage? des faits pour les résultats suivans : Les formes et les usages de ces parties différent, mais cependant chacune est la répétition d'elle-même : il n'y a nulle part interruption d’existence; conséquemment point de reproduc- tion nouvelle, point de seconde naissance. Des changemens de formes ont lieu, mais ce sont des changemens , qui portent uniquement sur le rapport des dimen- sions respectives des mêmes parties constituantes. Je n'ai dit dans aucun ouvrage que l'appareil auriculaire fût quelquefois anéanti pour d’auditif RENAÎTRE operculaire : il ne faudroit pas se servir avec habileté d'habitudes vicieuses qui tiennent à l’enfance de la science, pour s'étonner de n’en point apercevoir de traces dans mes écrits et pour m’opposer un pareil oubli. C’est précisément le but direct de mes recherches que de dégager de hautes et philoso- phiques considérations d’un pourtour d'observations spéciales et mal exprimées, qui empèchent de s'élever à celles-là. D'après M, Cuvier lui-même , « les parties essentielles de l’ouie consistent dans » une pulpe gélatineuse et enveloppée d’une membrane fine et élastique, en de- » dans de laquelle se résolvent les dernieres extrémités du nerf acoustique. » Leçons d’anat. comp. t.2, p. 450. L’oreille ainsi ramenée à ce qu’elle offre d’ab- solument nécessaire, ne varie plus : elle existe conformée de cette manière, tout aussi-bien chez les poissons que chez les autres animaux vertébrés. Maïs est-elle, suivant les familles, embarrassée ou enrichie par plusieurs parties, qui encombrent ou qui tapissent utilement le canal auditif? Vous ne voyez, pour entourer les parties essentielles, que des parties nécessairement secondaires : favorisant ou non l'audition, celles-ci ne perdent jamais leur caractère de sur-ajoutées. L'anatomisie des premières époques de la science, placé sous les préjugés d’une observation spéciale, n’a pu faire cette distinction : par qui ne yoit qu'un seul appareil, tous les composans sont jugés de la même valeur. Or s’il a plu à ce pre- mier observateur de caractériser absolument et de nommer plusieurs parties de l'entonnoir auditif os de l'oreille, et s'il est démontré aujourd’hui qu'il a agi de OU AURICULAIRE DES Poissons. 15 la sorte, sans avoir connu que ces prétendus os d’oreille avoient ailleurs une exis- tence plus considérable en volume et en fonctions, les anatomistes qui perpétuent la même école devront-ils être reçus à se prévaloir de cet état d’ignorance et à triompher de l’inconyenance d’appeler chez les poissons os de la respiration (os operculaires ) ce qui chez les animaux vivant dans le milieu athmosphérique étoit déjà nommé os de l'oreille. A cela j'ai sans doute le droit de répondre : qu’on s’accuse soi, non les autres ; on s’est trop pressé d'établir un nom. Vous le vouliez significatif ; il falloit d'abord rechercher comme étoit aussi la chose ailleurs. Que si au contraire l’on se fût servi d’un mot insignifiant, et que, par exemple, on eût appelé les parties de cet appareil osseux ABC, on n’eût jamais trouyé étrange , que me laissant guider par les indications suivies des faits, j’eusse donné les corollaires suivans : ABC est un appareil petit, rudimentaire et sans grande importance dans les oiseaux , par exemple, parce que chez ces animaux l'organe respiratoire, étendu des fosses nasales au diaphragme, semble comme passé et allongé à la filière: ABC profite alors de son extrême réduction, comme volume, pour se loger au fond de l’entonnoir des ouïes, où il prend du service : il y remplit des fonctions uni- quement auditives. Au contraire ce même appareil est vaste et puissant chez les poissons, parce que dans celte classe l’organe respiratoire est concentré et ra- massé sous le crâne : ainsi parvenu à ce point de grandeur, il recouvre le large sinus des ouïes. Sa présence est là signalée par des fonctions proportionnelles à son volume. ABC remplit alors des fonctions à la fois auditives et respiratoires ; et dans quelques espèces, des fonctions qui sont simplement respiratoires. Ainsi la contradiction qui n’étoit nullement dans la pensée, cesse d’exister dans les termes. L'appareil operculaire n'est-il enfin qu'un appareil spécial et propre aux es- pèces qui l'ont reçu ? Je ne vois là qu’une objection apparente, La question est déplacée : c’est quitter une considération générale pour la restreindre à des spécia- lités. Sans doute que porté à son maximum de volume et de puissance, l'appareil operculaire n’est nécessairement et ne peut être qu'ichtyologique ; tout comme la patte de la loutre et du phoque, en raison de ses doigts embarrassés par une mem- brane, n’est nécessairement et ne peut être qu’un instrument de natation: c’est dans ce sens que nous dirons aussi de celui-ci, que c’est là un appareil spécial et propre aux mammiferes qui l'ont reçu. Mais ces distinctions qui n’échappent point à la sagacité du naturaliste réservant son attention aux faits particuliers , n’em- pèchent pas que celui-ci, ramenésur les hauteurs de son sujet, n’embrasse tous ces appareils spéciaux dans la généralité et qu’il ne prenne enfin l’idée d’un seul et grand appareil, les réunissant tous, Il a vu partout mêmes matériaux constituans . mêmes lois de composition, même distribution des rameaux sanguins et nerveux, 16 DE L'AILE OPERCULAIRE En définitive, l’opercule , seule entre toutes les parties de l’animal vertébré, ne résiste point à l'empire des lois générales ; je vais plus loin ; il ne sauroit arriver qu’il puisse se soustraire au principe suprême qui sert de règle à l’organisation, L'UNITÉ DE COMPOSITION ; à Ce principe, dont de nouveaux ouvrages de médecine viennent de s'emparer et qu’ils proclament la pensée de tous les hommes éclairés. Voyez Manuel d’Anatomie, etc. par J. F. Meckel, traduction française : tome I, page 2. — 1825, chez Baillère. Bien loin d'imaginer qu'il y eût nécessité à produire la réplique précédente, j'avois cru au contraire qu’il ne me restoit de lutte sérieuse à engager que sur un point de priorité. Il est assez ordinaire, quand le cri de la conscience porte la rivalité à aban- donner aux convictions d’une opinion naissante le mérite d’une proposition de- meurée pour elle incontestable, qu’elle satisfasse’ à un autre acces d'humeur, c'est-à-dire, en répandant qu’un autre inventeur auroit déjà parcouru la même carrière. Seroit-ce dans cet esprit qu’on auroit tout récemment rappelé les opi- nions de M. Spix sur l’opercule et la date de sa Cephalogenesis publiée en 1815? Je vais prendre moi-même le soin de raconter les faits : dès que ce devient une question , il est sans doute à propos d’en présenter au public toutes les particu- larités. Je remonterai haut ; mais je ne saurois m'en dispenser, si je veux être compris. M. Spix, envoyé par la Bavière à Paris en 1809, y suivit le cours que je donnai cette année au Muséum d'Histoire naturelle : il désira et il lui fut loisible de s’ins- cire le premier sur le registre ouvert chaque année pour l'inscription des élèves. L'empressement qu'il mit alors éloit une démonstration d'estime ét de grâce obligeante pour le professeur. Les déterminations et les rapports philosophiques des pièces crâniennes avoient fait la matière des dix premieres leçons : ce que j’avois écrit sur cela déux ans auparavant n'étoit véritablement que le prélude de recherches que je poursuivois alors avec la plus vive ardeur. Ce fut comme un spectacle neuf et qui surprit beaucoup M. Spix : il dessina la plupart des pièces qui aVoient servi à mes démonstrations ; mais il paroît à l’ém- ploi qu'il fit, six ans plus tard, de ces matériaux, qu’il ne retira Cependant de nos cours du Jardin du Roi que justement assez de combinaisons , pour ne placer Sur sés dessins, hasardéusement quelquefois, qué des lettres se référant à une légende; aucune éxplication de ses décisions ne fut donnée. C’est ainsi qué Sans raisonnemens à l'appui, säns démonstration de ses actes , M. Spix attribua, én 1815, à cinq pièces ‘crâäniennes des poissons , les noms ‘des trois osselets de l'oreille. Les trois os que j'appelle Aypocotylal, tÿmpanal et OU AURICULAIRE DES Porssons. 17 malléal, sont désignés sur ses planches par le chiffre 9 : la pièce que je nomme stapéal, y prend le chiffre 9', et la cinquième qui est pour moi l’os incéal, le chiffre 9”. A la légende, on lit : o malleus; o! stapes; 9" incus. Voilà en son entier le travail de M. Spix. Sur aucun point nous ne sommes d'accord. Nous donnons les noms de stapes et d’incus à des pieces réciproquement différentes; et si nous nous rencontrons sur l’os malleus, c’est de la part de M. Spix pour ad- mettre que deux autres pièces en sont aussi des fragmens nécessaires. Ceci étoit publié en 1815, quand, en juin 1817, j'ai présenté à l’Académie royale des sciences un travail ex-professo sur la matière. Or, c’est un fait notoire ici que la Cephalogenesis publiée en Allemagne ne fut connue des naturalistes à Paris qu'après un voyage de M. Cuvier en Angleterre, sur la fin de 1818. Mon ouvrage avoit paru quelques mois auparavant. Je n'ai donc pu citer les travaux de M. Spix, et certes, je n’y eusse point manqué, si j’avois été informé à temps de leur existence. ‘ Maintenant que M. Spix ait été guidé par quelques communications, vers 1809, ou qu’il ait de propre inspiration et d’une manière générale aperçu, en 1815, le rapport des osselets de l'oreille avec les os de l’opercule, son travail n’est toutefois qu’une indication sommaire : c’est un heureux pressentiment, dont je lui fais avec plaisir honneur. Ces bonnes idées n’arrivent qu’à une certaine classe de penseurs. Mais pressentir ou démontrer une proposition, sont deux choses tout-à-fait différentes : je n’ai rien sur cela à apprendre aux maïîtres de la science. Il faut bien qu’on l'ait ainsi compris en Allemagne. Car arrivoit-il qu’on y attaquät les rapports des osselets de l’oreille avec les os de l’opercule? on m’adressoit l’argu- mentation. À la vérité, adoptoit-on ces rapports, on les attribuoit avec une partja lité décidée au naturaliste bavarois. Depuis, toute la défense de la question m'est restée en propre : et sans doute ce soin ne concernoit que moi seul, dès que dans mes écrits de 1607, j’avois déjà songé à la solution de cette question, et que, le premier, je l’avois en quelque sorte établie comme problème et mise en équation. Je ne veux point récriminer : car il me seroit aisé d'expliquer comment je figure sous deux apparitions différentes dans la Cephalogenests , pour mespremiers travaux zoologiques sous les noms d’Ettenne Geoffroy, et pour mes recherches sur le crâne sous les noms de Geoffroy Saint-Hilaire; et de plus, comment il s’est fait que des éloges ou des témoignages d’indifférence ajent caractérisé les annotations des premiers travaux, quand les derniers ont été accueillis par un blâme sec et pres- que injurieux. Une pareille méprise ne tenoit sans doute point à l'éloignement de nos résidences respectives ; j'étois personnellement connu de M. Spix. Mérm. du Muséum. 1. 12. 3 EL | EXTRAIT D'un Rapport fait à l'Administration du Muséum par une Commission composée de plusieurs de MM. les Professeurs, sur les résultats de la mission que M. Milbert a remplie aux États- Unis d'Amérique pendant sept ans (de 1817 à la fin de 1823). 7 mission de M. Milbert a eu pour objet de récolter et d’expédier au Muséum des produits des trois règnes. Elle a commencé sous les auspices de M. le baron Hyde de Neu- ville, qui étant, en 1817, ministre du Roi près du gouverne- ment des Etats-Unis, avoit été frappé de la grande quantité d'objets que le vaste territoire de ce pays pouvoit fournir à la France, sous le rapport de l’histoire naturelle et de l’agri- culture. Lors de la retraite de M. de Neuville, le ministère de l'intérieur s'est empressé de fournir annuellement à M. Milbert les secours que le ministère des affaires étran- gères ne pouvoit plus lui accorder. Vers le même temps l’ad- ministration du Muséum a cru devoir admettre ce voyageur naturaliste au nombre de ses correspondans; c’est de cette manière que sa mission s’est prolongée jusqu’en 1824. La résidence habituelle de M. Milbert étoità New-Yorck, station très-favorable pour recevoir et pour expédier les RAPPORT SUR UNEMISSION Aux ErATs-Unis. 19 objets. De là ce naturaliste a fait un grand nombre de voyages qu'il a étendus jusqu’au Canada, jusqu'aux lacs supérieurs et vers quelques parties de l'Ohio et du Mississipi. Son zèle lui a fait braver la fièvre jaune dont il a été atteint, et dont il a failli être la victime. Il ne s’est pas contenté de recueillir lui-même : à l’aide d’une correspondance active il est par- venu à obtenir en don une foule d’objets, et à acheter ceux qu'il n’auroit pu se procurer autrement. C’est par ce dernier moyen qu'il a pu nous envoyer un nombre considérable d'animaux vivans, qui font aujourd'hui le principal orne- ment de la ménagerie de Sa Majesté. Les soins et les dépenses que lui ont occasionés l’achat et le transport de ces animaux ont dû surpasser ceux qu'ont exigés les autres objets que nous devons à ses recherches; cependant ces autres objets ont fait la matière de cinquante-huit envois dont les cata- logues forment un volume in-4°., et qui ont introduit dans nos collections de grandes richesses en tout genre. Enfin M. Milbert a pris soin de nous adresser des dessins d’après nature ; pour suppléer à divers objets qu'il lui étoit impos- sible de nous expédier. Nous allons entrer dans quelques détails propres à justi- fier les témoignages que nous nous plaisons à rendre à ce naturaliste sur la manière distinguée dont il a rempli sa mis- sion , et sur les avantages qui en sont résultés pour l’histoire naturelle, pour l'agriculture, et pour les collections du Muséum. Règne animal. Les collections zoologiques de M. Milbert comprennent 3 # 20 RAPPORT SUR UNE MISSION des animaux de toutes les classes. La plupart de ces animaux n’étoient que très-inparfaitement connus : les autres sont entièrement nouveaux. Le nombre des mammifères qu’il nous a envoyés est de deux cents individus, appartenant à plus de cinquante genres. Parmi les animaux morts, ceux qui ont été le plus utiles pour le cabinet du Roï, sont : Le minck, espèce de martre, mal déterminé jusqu’à présent. La mouflette, qui n’étoit connue des naturalistes que par les rapports des voyageurs sur la fétidité de l’odeur qu’elle répand quand on l’attaque. Le pekan, espèce de martre dont la fourrure est très- estimée dans le commerce. : Un loup, intéressant parce qu'il offre la preuve de l’iden- tité de l'espèce américaine avec celle d'Europe. : Deux espèces de phoques, dont une n’étoit pas décrite, et l’autre (phoca mitrata ) n’étoit connue que par le crâne que M. Cuvier avoit vu et dessiné chez M. Camper. Le cougouar de l'Amérique du nord. Le linx roux, sous les différens pelages qu’il revêt suivant l’âge ou les saisons. Parmi les rongeurs nous citerons l’ondatra, la marmotte du Missouri, le souslick à bandes, et surtout le rat à bourse, animal indiqué plutôt que décrit par Shaw, qui en a donné une mauvaise figure que nous serons à même de rectifier. M. Milbert nous a fait connoître le wapiti des Améri- cains, espèce de cerf de près d’un tiers plus grand que notre cerf commun. Il a envoyé plusieurs mammifères conservés aux ETars-Unrs. or dans l’eau-de-vie. Ces sortes d’envois, qui donnent plus de peine et qui entraînent plus de frais pour le voyageur, sont beaucoup plus profitables, parce qu’ils offrent le moyen d’étudier l'anatomie de l'animal. Il nous a également envoyé plusieurs squelettes, tels que ceux de l’elk, du cerf de Vir- ginie et du bœuf sauvage, qu’on nomme bison. . Les mammifères vivans que nous avons reçus de M. Mil- bert sont au nombre de quarante-neuf individus. Les plus remarquables sont : Les didelphes opossum, mäles et femelles. Le cougouar de l'Amérique du nord. Plusieurs espèces de cerfs de la Louisiane et de Virginie. L’élan d'Amérique. Le wapiti et sa femelle. Le bison et sa femelle. Ce dernier animal, maintenant em- ployé avec un grand avantage dans la haute Louisiane pour l’agriculture et pour les charrois, pourroit l'être de même en France. Son éducation est facile à faire et sa force est plus considérable que celle du bœuf : il vit de toute sorte d’her- bages. Il est à désirer qu’à l’aide des deux individus que nous devons à M. Milbert, nous puissions naturaliser en France cette race précieuse. Le nombre des oiseaux peut s'élever à quatre cents es- pèces, et plus de deux mille individus. Cette collection nous a fait connoiître l'ornithologie américaine beaucoup mieux qu'elle ne l’eût été jusqu'à présent, parce que le grand nombre de doubles nous a donné dans chaque espèce le mâle et la femelle, et les différens plumages que l’une et l’autre pré- sentent, selon l’âge ou selon la saison. Ce changement de 22 RAPPORT SUR UNE MISSION plumage des oiseaux les rendant très-difficiles à reconnoitre, il est de la plus grande importance de rassembler beaucoup d'individus choisis avec soin pour déterminer exactement les caractères essentiels des espèces. M. Milbert a rempli cette tâche avec le plus grand succès. Il est un des voyageurs qui ont le plas contribué à nous mettre à même de rendre la collection du Muséum extrèmement précieuse par la réunion de toutes les variétés. Parmi les espèces que nous avons recues de M. Milbert, plus de cent manquoïent au Muséum; la plupart des autres avoient besoin d’être renouvelées. Nous citerons comme les plus remarquables : L’aigle à tète blanche, adulte et jeune. La buse à queue rousse, dont les jeunes et la femelle nous étoient inconnues. Un grand nombre de pie-grièches, de fauvettes et de gobe-mouches, Plusieurs troupiales, dont le mangeur de riz ( oriolus oryzivora ), qui ne nous étoient qu'imparfaitement connus. De très-beaux individus du dindon sauvage de la Virginie. Les tetras que Linné a nommés, /efrao togatus, t. cu- pido , t. phasianellus, qui étoient si mal connus qu’on les regardoit comme une seule et même espèce, publiée sous trois noms différens, Plusieurs pies, tels que les picus rrllosus et pubescens, qui nous étoient inconnus, Enfin M. Milbert nous a envoyé une collection d'oiseaux de rivage et d'oiseaux d’eau, qui nous a mis à même de bien connoître les espèces communes aux deux continens, et d’en aux Erars-U is. 23 observerun grand nombre de nouvelles : parmi ces dernières, les plus remarquables appartiennent aux genres carbo et anas. Nous avons reçu aussi un grand nombre d’oiseaux con- servés dans la liqueur, qui ont servi à compléter les collec- tions d'anatomie , au moyen des squelettes et autres produits des dissections que nous avons pu faire. Les oiseaux vivans, arrivés à notre ménagerie, sont au nombre de soixante-dix individus. On remarque parmi eux : Le vautour brun, de la Caroline du sud. L’aigle chasseur des monts Alleghanis; l'aigle à tête blanche des bords de l’'Hudson, le grand aigle de Terre-Neuve, et celui des montagnes de la Pensylvanie. Trois grands-ducs des montagnes qui bordent le fleuve Hudson. Plusieurs oiseaux de proie. Vingt-deux individus de la caille, appelée etras à fraise. Neuf individus de la gelinotte. Plusieurs oies et canards sauvages, etc. Les reptiles ont aussi fixé l'attention de M. Milbert, et le zèle qu’il a mis à s’en procurer a été couronné du plus grand succès. Près de cent cinquante espèces et six cents individus sont le produit de ses voyages : tous ont été envoyés dans l’eau-de-vie. Quatre espèces nouvelles de tortues, dont une de mer et trois des marais de l'Amérique, des lézards, des gecko, des agames, deux nouvelles espèces d’ophisaures, et surtout la sirène lacertine, sont les animaux les plus précieux de cette partie de ses collections. | 24 RAPPORT SUR UNE MISSION Plusieurs tortues ont été envoyées vivantes à la ménagerie, et y vivent encore. Comme l'alcool détruit les couleurs des animaux qu'on y plonge, les individus vivans sont très-utiles pour nous aider à donner des descriptions exactes, et en mème temps pour nous apprendre quelque chose de leurs mœurs. La classe des poissons, si peu étudiée par les voyageurs, avoit été particulièrement recommandée à M. Milbert. 11 a rempli l'attente de l'Administration au-delà de ce qu'on pou- voit espérer. Nous avons reçu de lui plus de douze cents individus ap- partenant à près de deux cents espèces, dont plus de la moitié nous étoient inconnues. Nous citerons dans ce nombre deux espèces nouvelles de requins; un squale très-voisin du squale nez, une raie de plus de sept pieds de large, qui par la singularité de ses dents doit formeÿ une genre à part; des esturgeons du Saint-Laurent, des lacs Ontario et Champlain, de plus de six pieds de longueur; des espèces nouvelles des genres gade, limande, saumon, brochet, et un très-grand nombre du genre cypris; des individus de trois pieds de long d’une espèce de sciène, que M. de Lacépède a décrite sous le nom de pogontias fasciatus, et qui manquoit au Cabinet; d’autres espèces imparfaitement décfites, et que M. Cuvier. a été obligé de séparer des genres connus, pour en faire le type de nouveaux genres. Le grand nombre des doubles a donné la facilité de dis- séquer beaucoup de ces poissons, et leurs squelettes ont en- richi la collection d'anatomie comparée. M. Milbert avoit encore envoyé des poissons vivans, bons aux Erars-Uxre. 25 à manger, pour être jetés dans la rade du Havre et dans la Seine; mais des gelées très-rudes les ont fait périr à leur arrivée. M. Milbert n’a point négligé de recueillir des coquilles, et il nous en a fait passer plus de cinq cents individus. Les coquilles d’eau douce ayant été peu étudiées jusques dans ces derniers temps, il s’est particulièrement attaché à s’en procurer, et nous lui devons plus de trente espèces nou- velles, très-importantes pour compléter nos collections. Ces coquilles appartiennent aux genres mulette etanodonte parmi les bivalves, et aux genres hélice, planorbe, lymnée, physe, paludine parmi les univalves. M. Milbert a fait trois envois de crustacés, d’arachnides et d'insectes de tous les ordres. Le nombre des espèces, dont plusieurs sont nouvelles, est d'environ quatre cents, celui des individus est de plus de mille. Ces envois nous ont été fort utiles, surtout en ce qu'ils nous ont procuré un grand nombre de lépidoptères de la Géorgie. Nous citerons les papillons £-album, punctum interrogationis; les sphinx abbotii et cacata; d’autres analogues à ceux d'Europe, ap- pelés Zgustri, convolpuli, lineata ; une nouvelle espèce du genre agariste; le bombix proserpina, la noctuelle amatrix, et parmi les coléoptères, le zecrophorus grandis, un calo- some, voisin de l’a/fernans, le prionus cylindricus, une nouvelle espèce du genre atype de la classe des arachnides, et une écrevisse gigantesque semblable à notre homard, al ? LA Règne végétal. M. Milbert nous a fait des envois très-considérables de Mém. du Muséum. 1. 12. 4 26 RAPRORT SUR UNE MISSION graines utiles, et il nous à fait parvenir des plantes vivantes destinées à ètre répandues en France. Ses vues ont été rem- plies : une très-grande quantité de ces graines et les jeunes arbres ont été envoyés dans les départemens, et la plupart ont réussi comme dans leur solnatal:il en estrésulté que des terrains auparavant incultes, parce que nos végétaux indi- gènes ne pouvoient y prospérer, sont maintenant couverts de la plus belle végétation. Les arbres que nous devons à M. Milbert sont, parmi ceux qui se dépouillent de leurs feuilles pendant l'hiver, des espèces nouvelles de chènes, d’ormes, d’érables, de peupliers, de sumacs, de noyers, de châtaigniers, d’épines. Les arbres résineux, toujours verts, qui croissent dans les-sols limoneux , dans les sables et jusque sur les montagnes dans les fentes des rochers, n’ont point été négligés par cet infatigable voyageur. Il nous a fait passer à plusieurs reprises des quantités de cônes de pins, de cèdre, de génevriers, d’épicéas, de mélèzes, de sapins, de cyprès, et de beaucoup d’autres espèces propres à l’ornement des jardins et des pares. Parmi ces derniers arbres, le cyprès chauve doit occuper un des premiers rangs. Il a l'avantage de croître dans les terrains tourbeux couverts d’eau pendant un quart de l’année, de les exhausser suecessivement par la chute de ses feuilles et par le détritus de ses racines. De plus il fournit un bois résineux et léger, qu’on emploie pour la menuiserie, pour la charpente et surtout pour la toiture des maisons. Si nous passons en revue les plantes herbacées dont M. Milbert nous a envoyé des graines, des plants ou des tu- bercules, nous y remarquerons principalement des espèces Aux Erars-Unrs. 27 d’apocins dont les aigrettes des semences fournissent de la ouatte; des orties wréica witlow, qui donnent un chanvre préférable à celui du commerce, et qui est communément employé aux Etats-Unis pour les basses manœuvres des vais- seaux ; l’herbe nommée red-op , dont la paille est employée dans l'Etat de Connecticut pour fabriquer des chapeaux qui rivalisent avec ceux de Livourne, ét qu'on vend jusqu’à 5oo francs la pièce; enfin une variété de patate de Pensylva- nie qui est déjà répandue dans nos jardins potagers, et dont la culture plus multipliée fournira dans quelques années une ressource de plus pour la classe indigente. Règne minéral. La minéralogie et la géologie des Etats-Unis ont égalément été l’objet des recherches de M. Milbert. Il nous a plusieurs fois adressé des échantillons des minéraux récemment dé- couverts par les savans de cette contrée. Parmi ces minéraux, les uns appartenoient à des espèces nouvelles, telles que la chondrodite et la magnésie hydratée; les autres offroient des variétés ou des modifications importantes d'espèces connues: telles que l'hyperstène, la tourmaline verte où rougeître, le pyroxène, l’antophillite et la magñésie carbonatée, espèces où variétés qui marnquoiént au Muséum. Le nombre des échantillons est de plus de deux cents. Les roches envoyées par M. Milbert ont offert un grand intérêt. Le Muséum ne possédoit aucun échantillon des ter- rains de cette partie du Nouveau-Monde; et nous en avons maintenant les principaux matériaux. Non-seuléement nous pouvons comparer la constitution du sol des Etats-Unis LA 28 RAPPORT SUR UNE MISSION avec celle des autres parties de l’ancien et du nouveau con- tinent qui nous sont connues, mais nous serons à portée de véri- fier, sur pièces pour ainsi dire, ce que les savans Anglo-Améri- cains pourront écrire sur leur pays. L'ensemble de ces roches offre plus de sept cents échantillons, la plupart d’un grand volume. On y voit principalement figurer les matériaux de la chaine des Alleghanis , ceux des plages orientales qui bordent l'Océan , ceux des bords du fleuve Saint-Laurent, de l’'Hudson et du Potomack, ceux des lacs Huron, Champlain, Erié, Ontario, Georges et Oneida, quelques échantillons de Ohio et du Mississipi, ainsi qu’un grand nombre de débris orga- niques fossiles recueillis à la surface de ces vieux terrains calcaires qui constituent une partie de l'immense plateau où l'Ohio, le Mississipi et le Saint-Laurent prennent naissance, et dont les rameaux s'étendent, à ce qu'il paroît, à de grandes distances dans le continent de l'Amérique septentrionale. Ces fossiles offrent beaucoup d’espèces rares ou nouvelles et dont l’étude sera très-profitable à la géologie. RÉSUMÉ. Il résulte de ce que nous venons d’exposer, que pendant les sept années qu'a duré sa mission, M. Milbert a procuré au Muséum une foule d'objets qui, pour la plupart, man- quoient en Europe, et parmi lesquels il s’en trouve beau- coup qui sont rares ou nouveaux, et dont la connoissance sera d’une grande utilité pour les diverses branches de l’his- toire naturelle, et que ses envois de graines et de plantes vi- vantes ont déjà rendu de grands services à l’agriculture. Le AUX ETATs-Uxis. 29 grand nombre de ces objets atteste son activité. En effet, ce nombre est de plus de sept mille cinq cents, savoir : Mammifères vivans, la plupart d’une grande taille.....,...... 49 QÉEAAXNIVANS. «0-22. sue shlneleisioele ec cjeelas cnssensese.e 70 Reptiles vivans.....,..... HA Shen AS OO de ne EEMR 26 Quadrupedes en peau ou dans la liqueur....... sesssosso.sss 200 Squelettes de grands quadrapèdes...,.....,,,.............. 4 Oiseaux ne taste iemeeliele aie décline 2000 IRepUledae an een ne eme dei sets JÉnenOURE Space .. Goo POISSONS er e8tas sf nlslela (nie she le» olerete tete deerhem aa ne scies se 11200 MoNusques SSL el 665 Insectesscutseléistnrelule ae DREAM Per L ee UI000 Graines, vingt-cinq caisses , contenant environ trois cents espèces. 300 ATDTES VIVANS ; GRVITON «2 01e afs/s sie silo ete 6 oo ee see see so saisie +. 600 Minéraux aa ous les atome a MINE Rorhessshis minette dei saine taie D'ÉERPO NOR S TT RANTENRINELE MINT ER sosssrssesessse 20 | 7569 Cette récolte si nombreuse, si variée et si importante a été faite avec de bien foibles moyens, et M. Milbert n’est revenu en France qu'après avoir épuisé toutes ses ressources. À son arrivée une tempête l'ayant jeté sur les côtes de Normandie, où son vaisseau s’est brisé contre les rochers du cap la Hague, il a couru les plus grands dangers et fait des pertes considérables; en sorte qu’il n’est pas moins recommandable par les malheurs qu’il a éprouvés et par les sacrifices qu'il s’est imposés que par les recherches auxquelles il s’est livré avec tant de zèle et tant de fruit. MONOGRAPHIE DU GENRE EROTYLE (1). PAR M. P, À J. DUPONCHEL. GÉNÉRALITES. Les Erotyles, d’après la méthode de M. Latreille, sont des insectés de l’ordre dés Coléoptères, section des Tétra- mères, famille des Clavipalpes et ayant pour caractères, savoir : Pénultième article des tarses bilobé. Antennes terminées en massue perfoliée. Mächoires onguiculées au côté interne. Dernier article des palpes maxillaires très-grand, transver- sal, presque en forme de croissant ou de hache. Corps ovale ou hémisphérique, bombé. (x) J’ai entrepris cette Monographie d’après les encouragemens de M. Latreille , et c’est au compte avantageux qu’il a bien voulu en rendre à l'Administration du Muséum d'histoire naturelle, que j'en dois l'insertion dans ce recueil. Qu'il me soit permis de lui en témoigner ici ma reconnoïssance , ainsi qu'à M. le pro- fesseur Duméril, M. le comte Dejean, et M. Godart, qui ont bien voulu égale- ment m'aider non-seulement de leur bibliothèque et de leur collection, mais encore de leurs conseils et de leur expérience. Je dois ajouter que M. Godart, auteur de l’excellent ouvrage des Lépidopteres de France, a eu la complaisance de revoir avec moi loutes les phrases latines de mes descriptions. GENRE EROTYLE. 938 . Articles intermédiaires des antennes presque cylindriques; massue terminale oblongue. . Ces insectes sont en général remarquables par leur forme plus ou moins bombée, et par leurs couleurs vives et tran- chées. Ils ont la tête petite, ovale et cachée en partie par le corselet; les yeux ronds et peu saillans; les antennes composées de onze articles, dont le troisième beaucoup plus long que les autres, et les trois derniers plus larges, apla- tis et formant une massue oblongue et perfoliée; le corse- let plus étroit que les élytres, en forme de trapèze, déclive, plan échancré antérieurement, et sinueux postérieurement ; l’écusson petit et arrondi; les élytres embrassant entièrement l'abdomen, d’une consistance ferme, plus ou moins élevées dans leur milieu et formant un angle plus ou moins aigu, vues de profil, tantôt lisses, tantôt rugueuses, le plus souvent striées, et parsemées irrégulièrement de points enfoncés; les pattes simples et sans épines, plus ou moins longues dans les espèces à corps ovale, et plus ou moins courtes dans celles dont le corps est hémisphérique. Linné, qui n’avoit eu occasion de connoître qu'un petit nombre d’Erotyles , les avoit placés, d’après leur forme, tantôt parmi les Chrysomèles, tantôt parmi les Coccinelles; mais Fabricius ayant reconnu que ces insectes avoient une organisation particulière, en fit deux genres, l’un sous le nom d’Ærotylus, et l’autre sous celui d'Ægythus. En effet, les Erotyles diffèrent des Chrysomèles par leurs mâchoires armées d’une ou de deux dents cornées au côté interne, ainsi que par la forme particulière de leurs palpes et de leurs an- tennes, ce qui sert aussi à les distinguer des Coccinelles 32 GENRE ERrOTYLEr. avec lesquelles le nombre de leurs tarses empêche d’ailleurs de les confondre. Enfin la forme des articles intermédiaires de leurs antennes et l'allongement de la massue qui termine ces organes les séparent également des Tritomes et des Tr1- plax, avec lesquels ils ont, du reste, beaucoup d’analogie. Toutefois c’est à tort que Fabricius a séparé de ses Ero- tyles les espèces à corps hémisphérique pour en former son genre Ægythus, puisque d’après les caractères qu'il lui assigne, ce genre ne diffère de l’autre que par une modifica- tion à peine sensible dans la forme des palpes postérieurs. Aussi M. Latreille, en adoptant le genre Erotyle, dans son Genera Crustaceorum et Insectorum, at-il cru devoir y réunir les Ægythes. Cette réunion a été suivie depuis par Olivier dans son Entomologie, ainsi que par M. Duméril, dans sa Zoologie analytique et dans son dernier ouvrage entomologique, intitulé : Considérations générales sur les Insectes, Comparaison faite des Ærotyles et des Ægythes, sous le rapport de la forme des antennes et de l'appareil manduca- toire, nous avons reconnu, comme ces célèbres auteurs, qu'il n’y avoit pas de caractères suflisans pour les séparer; ainsi notre Monographie comprend toutes les espèces répar- ties entre les deux genres de Fabricius, plus celles qu’il n’a pas connues et qui se trouvent dans Olivier, et enfin celles qu'on a découvertes depuis et qui n’ont pas encore été décrites. Avant de passer à la description des espèces, nous vou- drions pouvoir entrer dans quelques détails sur les métamor- phoses de ces insectes, et leur manière de vivre dans l’état GENRE EROTYLE. 33 de larve; mais de même que presque tous les insectes exo- tiques ils ne sont connus que dans l’état parfait. Or, dans cet état, tous les voyageurs qui les ont observés, s'accordent à dire qu'ils vivent sur les fleurs et les feuilles; d’où Olivier conclut que leurs larves ne doivent pas beaucoup différer de celles des Chrysomèles; mais M. Latreille pense qu’elles doivent se rapprocher davantage de celles des 7'riplax et des Tritomes avec lesquels les Erotyles ont plus d’analogie par l'organisation de la bouche qu'avec tout autre genre. En effet, leurs mâchoires armées de dents, ce qui n'existe pas chez les Chrysomèles, sembleroient indiquer qu'ils se nour- rissent de substances plus dures que les feuilles des arbres et des plantes qui servent d’alimens à celles-ci. En attendant que l'observation des naturalistes voyageurs vienne confirmer l’une ou l’autre de ces opinions, il est un fait qui paroït constant, c’est que tous les vrais Erotyles connus jusqu'à présent nous viennent de l'Amérique; et tout porte à croire que c’est un genre propre à cette partie de notre globe, ainsi que beaucoup d’autres qu’on n’a pas encore trouvés ailleurs. A la vérité Fabricius en indique trois espèces comme venant des Indes orientales; mais il est arrivé souvent à cet auteur de se tromper sur l’habrfat; et d’ailleurs il a été reconnu depuis que de ces trois espèces deux n’appartiennent pas au genre Erotyle : l’une (le fascia- tus) est un Helops, et l’autre (le reticulatus) un Doriphore. Au reste, on remarquera que le plus grand nombre des espèces que nous avons décrites nous viennent du Brésrl, et qu’à l’exception d’une seule (4-punctatus), qu'Olivier an- nonce avoir été trouvée dans la Géorgie américaine, les autres Mém. du Muséum. 1. 12. 5 34 GENRE ErROTYLE. proviennent des deux Guyanes, du Pérou, de la Nouvelle- Espagne et des Antilles. Ainsi les contrées de l'Amérique situées entre les deux tropiques paroissent être la véritable patrie de ces insectes. Quoique les Erotyles aient une forme générale qui leur est propre, cependant il semble qu’à leur égard la nature se soit complu à se copier elle-même en les faisant ressem- bler plus ou moins, les uns à des Chrysomèles, les autres à des Coccinelles; ceux-ci à des Triplax ou à des Tritomes, ceux-là à des Helops, des Cistèles, des Cebrion, etc. Nous avions espéré pouvoir fonder sur ces ressemblances un certain nombre de coupes ou de sous-genres qui auroient abrégé les phrases descriptives, en évitant de répéter à chaque espèce ce qui est commun à plusieurs; mais en comparant attentivement les espèces entre elles, nous n’avons pas tardé à nous apercevoir qu’elles se confondoient les unes avec les autres par des nuances de forme insensibles, et nous avons reconnu dès lors l'impossibilité de limiter chaque groupe, et surtout d’en exprimer les caractères d’une manière claire et précise. Nous nous sommes donc borné à trois coupes seulement : la première renferme les Erotyles à corps ovale, et qui en général ont les pattes très-longues; dans la seconde viennent se ranger ceux dont la forme est plus ou moins hémisphérique et qui ont les pattes beaucoup plus courtes que les précédens; enfin la troisième se compose du petit nombre d’Erotyles à corps allongé, et dont le cor- selet est presque aussi large dans sa partie antérieure que dans sa partie postérieure. OnsEnvaTion. Comme une monographie doit comprendre, non-seulement les es- pèces vues par l’auteur, mais encore celles qu’il n’a pu voir et qui ont été décrites GENRE EROTYLE. 35 par ses prédécesseurs, j'ai rapporté à la suite des espèces que j'ai dessinées et décrites ex visu, le nom et la phrase spécifique de chacune de celles dont il est fait mention dans Fabricius et Olivier, et qui n’existént pas ou que je n’ai pu reconnoître dans les collections qui ont été mises à ma disposition. Ces collections sont celles de M. le comte Dejean, qui ne renferme que des Coléoptères, mais qui est sans doute la plus riche qui existe en Europe dans cet ordre d'insectes ; celle de M. Latreille, également riche dans tous les ordres; et enfin celle du Muséum d’histoire naturelle. Erotyl ovati, pedibus plus minusve elongatis. 1. EROTYLUS SPHACELATUS. ÆE. sphacelatus. Fabr, S. El. IT, p. 4, 6. Schœnnherr, Syn. ins. p. 325, 5. Dejean , Cat. page 128. (Long. 9 lignes; larg. 5 lignes. ) E. ovalis, ater; elytris acuto gibbis, flavescentibus punctis passim impressis, Jfascia media continua apiceque angusto nigris. La forme de cet insecte est des plus prononcée. Ses élytres sont tellement re- levées en pointe vers leur milieu, que vues de profil elles représentent une pyra- mide; vues de face, elles ne peuvent être mieux comparées pour la forme qu’à la coquille univalve vulgairement appelée bonnet chinois. Elles sont d’un jaune d’ocre pâle, parsemées irrégulierement d’un grand nombre de points noirs en- foncés, avec deux bandes noires transversales sur chacune d'elles, l’une petite à l'extrémité, et l’autre beaucoup plus grande au milieu. Celle-ci s'étend en s’élar- gissant depuis la pointe du milieu des élytres jusqu’au bord extérieur. Les antennes, la tête, le corselet, l’écusson , le dessous du corps et les pattes sont noirs. On remarque plusieurs points enfoncés sur le corselet qui est légère- ment rebordé. Cette espèce ne peut être rapportée qu’à celle que Fabricius a désignée sous le nom de sphacelatus. Cependant il est assez étonnant que dans sa description il ne parle pas de la forme pyramidale des élytres, tandis qu'il.en faitmention dans celle du gibbosus chez lequel cette forme est moins prononcée que dans le spha- celatus. Ce silence m’avoit fait croire d’abord que l’espèce dent il s’agit se rap- portait à son elevatus dont le nom indique en effet une espèce très-bombée. Mais, à l'exception de ces mots; e/ytra dorso.elevata, le reste de la description de cette espèce ne convient pas à notre érotyle. ; De la collection de M. le comte Dejean, qui l’a reçu du Brésil. 6 * 36 GENRE ÉROTYLE. 2. EROTYLUS GIBBOSUS. E. gibbosus. Fabr. S. El. II, p. 4, 7. Ent. S. I, 11, p. 36. 6. Mant. I, p. 91, 5. Sp. ins. 1, p. 157, 3. 5 Illig. Mag. V, p. 230-7. Var. a et b. Chrys. gibbosa. Linn. Amœn. Acad. VI, p. 393, 13. Cent. ins. p. 10, 13. Syst. nat.I, 11, p. 586,2. Ed. Gmel. I, IV, p. 1727, 195. Voet. Col. II (ed. Panz. IV), t. 44, f. 1. Chrysomela... Gron. Zooph. 606, t. 14, f. 5. E. gibbosus. Merbst. Col. VIII, p. 366, 8, t. 137, f. 5. Oliv. Ent. V, 469,t.1,f.4,a, b. Oliv. Enc. meth. VI, p. 432, 5. Chrys. gibbosa. Herbst. Arch. p. 51, 3, t. 23, f. 3. Æ. gibbosus. Dejean, Cat. p. 128. Schæœnnherr , Syn. ins. p. 326, 6. Duméril, Consid. gén. sur la classe des insectes, p. 20, fig. 13. ( Long. 9 lignes +; larg. 5 lignes.) E. ovalis, niger; elytris gibbis flavidis, punctis passim impressis , fascia media interrupta apiceque lato nigris. Cet érotyle ressemble au précédent ( sphacelatus ) ; maïs ses élytres sont moins élevées dans leur partie supérieure, et ne forment pas, vues de profil, une pyra- mide aussi réguliere. Elles sont jaunâtres et parsemées irrégulièrement d’un grand nombre de points noirs enfoncés , avec une bande au milieu, de la même couleur, interrompue, et toute l’extrémité également noire. Les antennes , la tête, le corselet, l’écusson, le dessous du corps et les pattes sont d’un noir luisant. e Le corselet légèrement rebordé, offre plusieurs dépressions et plusieurs points enfoncés. De la collection de M. le comte Dejean , qui l’a reçu de Cayenne. On le trouve aussi à Surinam et au Bresil. 3. EROTYLUS HISTRIO. E. histrio. Fabr. S. El. Il, p. 4, 4. Ent. S. 1, II, p. 36, 4. Mant. I, p. 91, 3. Herbst. Col. VIIL, p. 376 , 18. Schœnnherr , Syn. ins., p. 325, n°. 116, 3. Dejean, Catal. p- 128. Oliv. t. V, p. 468, pl. 2, fig. 12, A et B. Schœnnherr, Syn. ins. p. 325, 4. GENRE EROTYLE. 37 Long. 10 lignes +; larg. 5 lignes.) E. ovalis, niger ; elytris gibbis nigro flavoque fasciatis passim impressoque punctatis ; singulorum macula baseos apicisque coccinea: Les antennes, la tête, le corselet, l’écusson, le dessous du corps et les pattes sont d’un noir luisant. Les élytres sont un peu moins élevées que dans le gibbosus. Leur fond est noir avec plusieurs taches jaunes, irrégulières , dont quelques-unes sont isolées. Les autres se confondant ensemble forment trois bandes trans- versales. On remarque en outre sur chaque élytre deux taches d’un rouge vif, l’une à l'épaule et l’autre à l'extrémité, ainsi qu'un grand nombre de points en- foncés qui se détachent en noir sur les parties jaunes et rouges. De la collection de M. le comte Dejean, qui l’a reçu du Brésil. Se trouve aussi à Cayenne. 4. EROTYLUS HISTRIONICUS. (Long. 9+ lignes; larg. 5 lignes.) E. ovalis , ater; elytris gibbis atro luteoque fasciatis, obsolete punctato striatis, singulorum macula baseos apicisque coccinea. Cet érotyle a la même forme que l’histrio auquel il ressemble encore par la disposition des taches sur les élytres; mais il en diffère par les caractères suivans. 1°. Dans l’hisrio les points enfoncés sont très-marqués et disséminés irrégulie- rement sur les élytres. Dans l’histrionicus ces points sont à peine visibles à l'œil nu et forment des stries régulières. 2°. Le jaune de l'Aistrionicus est un peu terne et tire sur le fauve, tandis que celui de l’Astrio est pur et brillant. 3°. Dans l’histrio, les taches isolées, comme celles qui forment des bandes par leur réunion , sont irrégulières. Dans l’Aistrionicus ces taches sont toutes arrondies et de même grandeur. ; 4°. Enfin tout ce qui est d’un noir brillant dans l’hrstrio est d’un noir-mat dans l’hrstrionicus. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite. Elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée histrionicus. Elle se trouve au Brésil. 5. EROTYLUS GIGANTEUS. Æ. giganteus. Fabr. S. El. Il, p. 3, 1. Ent. S. Il, p. 35, 1, Mant. I. p.91, I. Sp. ins. I, p. 157. I. S. Ent. p. 123, I. Herbst. Col. VIT, p. 360, 3, t. 136, f. o. Illiger. Mag. V, p. 230, I. Rœm. Ins. p.43, 34,t.3,f. 8. 38 GEwre Eroryze. Chrys. gigantea. Linn. S. nat. I, II, p. 586, I. Ed. Gmel. I, IV, p. 1726, 191. Degur. Ins. V, p. 349, 1,t. 16, f. 8. Æ. giganteus. Oliv. Ent. V, 468, t. 3, f.6. Sulz. Gesch. cl. Ins. t. 3,f. 8. Voet. Col. IL. ed. Panz. IV ,t. 33, f. 4. Dejean , Cat. page 128. Schœnnherr, Syn. ins. p. 325. Dict. d’hist. nat. nouv. éd. de Déterville, t. X, p. 4rr. (Long. de 8 à 11 lignes ; larg. de5 à 72.) Æ. ovalis, niger ; elytris cordato convexis punctis fulvis numerosissimis. Moins allongé que les précédens , cet érotyle varie beaucoup pour la taille : cer- tains individus ont jusqu’à 11 lignes de longueur, tandis que d’autres n’en ont pas plus de sept. Les antennes, la tête, le corselet, l’écusson, le dessous du corps et les pattes sont d’un noir luisant. Les élytres sont cordiformes , tres-bombées, mais ue formant point une arête saillante à lear suture, comme dans les especes précé- dentes. Leur fond est d’un noir-brun avec un grand nombre de petites taches d’un rouge fauve, irrégulières , et dont quelques-unes ; par leur réunion, forment des bandes sinueuses interrompues. De la collection de M. le comte Dejean. Se trouve au Brésil et à Cayenne. 6. EROTYLUS VARIEGATUS. E. variegatus. Fabr. S, El. Il, p: 5, 13. Ent. S. I, Il, page 35, II. Mant. I, p-92;, 10. Sp. ins. I, p. 157, 6. Herbst. Col. VII, p. 365, 7, t. 137, f. 4. Oliv. Ent, V;,#470,t.I,f 9. E. pustulatus. Herbst, Col. VIIT, p. 364,6, t. 137, f. 3. Crypt. varius, Linn, S. nat. Gmel. I, IV, p. 1717, 200. E. sanguinolentus. Voet. ed, Panz. IV , 40, V,t. 33, f.5. E. variegatus. Schœnnherr, Syn. ins, p. 326, 11. Dejean , Cat. p. 128, Dict. d’hist. nat. nouv, éd. Déterville, t. X, p. 41r. (Long. 7 lignes; larg. 4 lignes +, ) E. ovalis, niger, nitidus ; thorace varioloso; elytris cordato convexis impresso= punctatis fasciis tribus sinuatis rubris, Il a la même forme, mais il est beaucoup plus petit que l’érotyle géant. Il est partout d’un noir luisant avec trois bandes d'un beau rouge qui traversent le milieu des élytres, et qui sont formées par la réunion de plusieurs petites taches disposées en zigzags. On remarque des enfoncemens très-pranoncés sur le core GENRE EROTYLE. 39 selet ainsi qu'à la base des élytres qui sont en outre marquées d’un grand nombre de points enfoncés, rangés en siries. De la collection de M. le comte Dejean. Se trouve à Cayenne et à Surinam. 7. EROTYLUS GEMMATUS. E. gemmatus. Fabr. S. El. I, p. 5, 15. Ent. S.I, II, p. 38, 12. Herbst. Col. VIII, p. 361, 4,t. 137, Ê. 1. Dejean, Cat. p. 128. Oliv. t. V, 471, pl. 2, fig. 14. Schœnnherr, Syn. ins. p. 327, 13. (Long. 6 lignes +; larg. 4 lignes +.) E. ovalis, niger, nitidus; thorace varioloso ; elytris acuto gibbis, impresso- punctatis, punctis sanguineis numérosissimus. Il ressemble, pour la forme, au variegatus ; mais il est plus petit, et ses élytres sont d’ailleurs plus élevées vers le milieu de la suture, où leur réunion forme une pointe mousse. Il est partout d’un noir luisant avec un grand nombre de petites taches rondes, d’un rouge vif sur les élytres, qui sont marquées, ainsi que le cor- selet, d’un grand nombre de points enfoncés. De la collection de M. le comte Dejean. Se trouve à Cayenne. 8. ÉROTYLUS PUSTULATUS. (Long. 6 lignes; larg. 3 lignes.) Æ. ovato-subgibbosus , niger ; elytrorum pustulis numerosis sanguineis. 11 ressemble beaucoup au gemmatus; maïs sa forme est plus allongée, et ses élytres ne sont pas aussi élevées dans leur milieu. Il est tout noir , avec un grand nombre de petites taches d’un rouge vif sur lés élytres. On remarque quelques points enfoncés sur le corselet et un plus grand nombre rangés en stries longitudi- nales sur les élytres. Cette espèce, qui n’avoit pas encore été décrite, appartient au Muséum d’his- toire naturelle. Elle a été rapportée du Brésil par M. de Saint-Hilaire. 9- EROTYLUS TÆNIATUS. E. tœniatus. Latr. (Long. 8 lignes ; larg. 5 lignes.) E. ovato-subgibbosus , niger ; elytrorum fasciis quinque transversis flexuosts , flavis , maculaque apicali coccinea. 4o GENRE EroTYyLe. Il ressemble un peu pour la forme au giganteus , maïs les élytres sont beaucoup moins élevées. La tête, les antennes, le corselet, le dessous du corps, l’écusson et les pattes sont entierement noirs. Le corselet a quelques enfoncemens peu marqués. Les élytres ont des points légèrement enfoncés , dont quelques-uns sont disposés en stries et les autres placés irrégulierement. Elles ont chacune cinq bandes jaunes étroites tres-sinuées. La quatrième et la cinquième se réunissent près de la suture. Elles ont en outre pres de l'extrémité une sixième bande ou tache irré- gulière d’un rouge vif. Cette espèce habite le Pérou. Elle fait partie de la collection de M. Latreille, qui l’a reçue de M. Humboldt, et qui l’a décrite et fait figurer sous le nom de tæntatus dans l'ouvrage de ce célèbre voyageur. 10. EROTYLUS NOTATUS. #Æ. notatus. Fabr. S. El. Il, p. #, 9. Ent. S. I, IT, p. 37, 7. Herbst. Col. VIT, p. 371, 13, t. 137, f. 10. Oliv. Ent. V,471,t.1,f. 11. Oliv. Encycl. méth. VI, p. 435, 18. E. tesselatus. Voet. Col. II (ed. Panz. IV, 40), t. 33, f, 6. E. notatus. Schœnnerr, Syn. ins. p. 326, 8. Dejean, Cat. p. 128. (Long. 7 lignes +; larg. 4 lignes.) E. ovalis, niger; elytris maculis quatuor baseos coccineis , fasciaque media flava nigro tesselata. Il est ovale. La tête, le corselet, le corps, les antennes et les pattes sont entie- rement noirs. Les élytres sont également noires avec deux taches d’un rouge écarlate près de l’écusson ; et leur milieu est traversé par une bande jaune com- posée de quatorze petites taches carrées et disposées en échiquier. Du Muséam d’histoire naturelle. Se trouve à Cayenne, 11. EROTYLUS HELOPIOÏDES. (Long. 7 lignes; larg. 3 lignes.) E. oblongus, niger; elytris sulphureïis, basi punctis plurimis fascia media crenata apiceque nigris. Cet érotyle a le port d’un hélops; mais il est principalement remarquable par la longueur de ses cuisses. Il est totalement noir, à l'exception des élytres qui sont d’un jaune soufre avec la base et un quart de leur extrémité noirs. Le reste GENRE EROTYLE. 41 est occupé par plusieurs points et taches également noirs de diverses grandeurs et _ de formes irrégulières. Cette espèce, qui appartient au Muséum d’histoire naturelle, n’avoit pas encore été décrite. Elle a été rapportée du Brésil par M. de Saint-Hilaire qui l’a trouvée au midi de la province des Mines. 12. EROTYLUS D-PUNCTATUS. Æ. quinquepunctatus. Fabr. S. El. Il, p. 5, II. Ent. S. I, II, p. 37,9. Mant. 1, p.91, 8. Sp. ins. I, p. 157, 4. S. Ent. p. 123, 2. Herbst. Col. VIT, p. 357, 1 , t. 136, f. 7. OMVENT OV VATO), tn MD Chrysomela 5-punctata. Linn. S. nat. I, II, pag. 586, 3. Gron. Zooph. p. 673, t. 16, f. 7. Petiv. Garoph. p.613, t. 16, f. 9. Æ. 5-punctatus. Schœnnherr, Syn. ins. p. 326, 9. Dejean, Cat. p. 128. Dict. d'histoire naturelle, nouv. édit. de Déterville , t. X, p. 411. (Long. 7 lignes; larg. 4 lignes £.) Æ. ovato oblongus, niger, nitidus ; elytrorum singulorum punctis quinque aureo Julvis. Il est ovale-oblong, convexe , d’un noir brillant avec cinq taches rondes d’une belle couleur orangée sur chacune des élytres qui sont finement pointllées. Les pattes sont tres-longues. De la collection de M. le comte Dejean. Se trouve à Cayenne. 13. EROTYLUS BIMACULATUS. (Long. 8 lignes; larg. { lignes.) ÆE. oblongus, niger ; elytris rubris, singulorum macula media nigra. Sa forme est oblongue. Les antennes, la tête, le corsélet , les pattes, l’écusson et le dessous du corps sont noirs, à l'exception des deux derniers anneaux de l'abdomen qui sont rouges, avec deux points noirs sur le pénultième. Les élytres sont rouges avec une grande tache noire au milieu de chacune d’elles. Se trouve au Brésil. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite : ellé appartient à la collection de M. le comte Dejean', qui l’a nommée bimatulatus: Mémm. du Muséum. t& 12. 6 42 GENRE ErROTYLE. 14. EROTYLUS CLAVICORNIS. Æ. clavicornis. Oliv. Ent. t. V, p. 479, pl. 2, fig. 28. Oliv. Encycl. ins. 6, p 435, n°. 21. Chrysomela clavicornis. Linn. Syst. nat. pag. 590, n°. 29. E. clavicornis. Dejean, Cat. p. 128. (Long. de 4 à 6 lignes ; larg. de 2 lignes £ à 3 lignes £.) Æ. ovalis , niger ; elytris abdomineque rubris immaculatis. Il est ovale ; les antennes, la tête, le corselet , l'écusson et la poitrine sont noirs. L'abdomen et les élytres sont rouges et sans aucune tache. On aperçoit à peine à l'œil nu, sur ces dernières, un grand nombre de stries formées par des points légerement enfoncés. Se trouve à Surinam. De la collection de M. le comte Dejean. 15. EROTYLUS ALTERNANS. E. alternans. Fab. S. El. IT, p. 7, 22. Ent. S. 1, II, p. 30, 15. Illig. Mag. V, p. 232, 22. Oliv. Ins_ 472, tab. 1, fig. 10, Dejean, Cat. 128. Schœnnerr, Syn. ins. 328, 20. (Long. de 5 à 7 lignes; larg. de 3 à 4 lignes.) E. ovato-oblongus , niger ; elytris fasciis duabus flavis : singulorum fascia ante- riore punclo nigro. Il est ovale, noir, lisse, avec deux larges bandes jaunes découpées sur chaque élytre qu’elles coupent transversalement. Sur la première bande qui s'étend de la base au tiers de l’élytre, on remarque deux petites taches noires, l’une placée sur l'épaule et l’autre contre la suture. Entre ces deux taches on voit en outre sur quelques individus depuis un jusqu’à trois points noirs. La suture et les bords des élytres sont également noirs. De la collection de M. le comte Dejean. Se trouve à Cayenne et à Surinam. 16. EROTYLUS TRICINCTUS. (Long. 5 lignes+; larg. 3 ligues. ) Æ. ovatus, niger, nitidus ; elytris fasciis tribus luteis , thorace lævi. . Il est de forme ovale tres-régulière. La tête et le corselet sont absolument lisses GENRE ErorTyter. 43 et d’un noir brillant. Le dessous du corps, les antennes et les pattes sont également noirs. Quant aux élytres il est aussi exact de dire qu’elles sont jaunes avec trois bandes noires , que noires avec trois bandes jaunes, attendu que ces deux couleurs occupent autant de place l’une que l’autre; seulement on observera que les bandes sont transversales et dentées, et que si l’on considère le fond comme étant jaune, il faudra alors ajouter pour compléter la description que les bords et la suture des élytres sont également noirs. Cette espèce , qui n’avoit pas encore été décrite, appartient àla collection de M. le comte Dejean , par qui elle a été nommée tricinctus. Elle se trouve à Cayenne. 17. EROTYLUS TRIFASCIATUS, E. trifasciatus, Oliv. Ent. t. V, p. 473, pl. 2, fig. 16. Encyclop. ins. 6, p. 433, n°. 10. E. trifasciatus. Dejean, Cat. p. 128. (Long. 6 lignes; larg. 3 lignes.) Æ. ovato-oblongus , lævis, ater ; antennis pedibus elytrorumque fascüis tribus flavescentibus. Sa forme est ovale et un peu plus rétrécie vers l'extrémité des élytres que dans le tricinctus , auquel il ressemble d’ailleurs par les trois bandes qui traversent ses élytres. La tête et le corselet sont lisses comme dans le tricinctus, mais d’un noir moins brillant. Les antennes sont ferrugineuses et les pattes d’un jaune fauve, à l'exception de l’origine des cuisses qui est noire. Les trois bandes qui traversent les élytres sont d’un jaune pâle , et ne sont pas dentées comme dans le tricinctus, Le desous du corps est noir avec le dernier anneau de l'abdomen jaune, De la collection de M. le comte Dejean. Se trouve au Brésil. 18. EROTYLUS FLAVOFASCIATUS. (Long. 5 lignes ; larg. 2 lignes 2.) ÆE. ovatus; thorace nigro maculis duabus ferrugineis notato; elytris nigris Jasciis duabus luteis, Il est ovale , peu convexe. La tête est ferrugineuse avec un point noir au milieu, Le corselet est noir , lisse avec deux taches ferrugineuses placées chacune au bord externe de sa partie antérieure. Les élytres sont également noires avec deux bandes jaunes étroites qui les traversent, l’une à la base et l’autre vers les deux tiers de leur longueur. Les pattes sont d’un jaune ferrugineux , avec l’origine des cuisses, les gemoux et les tarses d’un brun-noirâtre, Quant aux antennes, l'individu décrit 6* 44 GENRE EnoTyzr. les ayant-perdues, on présume que leur couleur étoit laÿ même que celle des pattes. . Cette espèce n’avoit pas encore été citée; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée flavofasciatus. Se trouve au Bresil. 19. EROTYLUS APDOMINALIS. E. abdominalis. Fabr. S. El. II, p. 5, 179. Ent. S. I, Il, p. 38, 14. Herbst, Col. VIII, p. 3:57, 20. Oliv. t. V, 474, pl. 2, fig. 18. Schœnnherr, Syn. ins. p. 327, 15. Dejean, Cat. p. 128. (Long. 5 lignes +; larg. 3 lignes.) E. oblongo-ovatus , niger excepto abdomine rufo; elytris fulvis fasciis tribus sinuatis puncto subpostico apiceque nigris. Il est ovale allongé et lisse. La tête, le corselet, la poitrine, les pattes et l’écus- son sont noirs. Les élytres sont jaunes avec trois bandes ondées et l'extrémité noires et un point de la même couleur entre la deuxième et la troisième bande, L'abdomen est rougeâtre, tantôt avec deux points noirs sur chacun des quatre derniers anneaux, tanlôt sans points : ce qui paroit tenir à la différence des sexes, car l’individu que nous ayons observé avec des points étant beaucoup plus petit que deux autres qui n’en ayoient pas, nous pensons que ce pourroit être un mâle. Se trouve au Brésil. De la collection de M. le comte Dejean. 20. EROTYLUS BICINCTUS. E. bicinctus. Oliv. Ent. t. V, p. 472, pl. 2, fig. 15. (Long 7 lignes; larg. 3 lignes. ) E. ovalis , nigro fuscus; elytris flavis, basi sutur& fascia media apiceque fusco- nigris. Il est ovale. La tête, le corselet, le corps, l’écusson, les antennes et les pattes sont de couleur marron. Les élytres sont jaunes ayec la suture et deux larges bandes tranversales également de couleur marron, dont l’une occupe le milieu et l’autre s'étend jusqu’à l'extrémité. On remarque en outre à la base une petite tache également de la même couleur qui recouvre l’écusson. On ignore quelle partie de l'Amérique il habite. Nota. On est porté à croire que tout ce qui est de couleur marron dans l'indi- GENRE EROTYLE. 45 vidu ci-dessus décrit étoit primitivement noir, c’est-à-dire que ce noir aura élé altéré par l’action prolongée de la lumière. En effet, l’insecte dont il s’agit fait partie de la collection exposée sous verre dans les galeries du Muséum d'histoire naturelle. 21. EROTYLUS ZEBRA. E. zebra. Fabr. S. El. IT, p. 6, 21. Ent. S. TI, II, p. 38,16. Mant. I, p. 92, 13. Herbst. Col. VIII, p. 378, 23. Linn. S. nat. Gmel. 1, IV, p. 1728, 203. Schœnnerr , Syn. ins. 327, 19: (Long. 4 lignes +; larg. 3 lignes.) ÆE. ovatus , ochreaceus ; capite, pedibus thoracis dimidio postico elytrorumque Jfasciis duabus et apice nigris. Il est de la forme et de la taille du #ricinctus ; la tête, les pattes, l’écusson, la moitié postérieure du corselet et les bords latéraux de la poitrine sont noirs. Le reste du corps, tant en dessus qu’en dessous, est jaune d’ocre, ainsi que les élytres qui sont traversées par trois bandes noires dont l’antérieure est semilunaire et n’atteint pas le bord externe ; la suivante s’élargit vers la suture, et la dernière s'étend jusqu’à l'extrémité. É Nota. L'individu décrit ayant perdu ses antennes, on ne peut en indiquer la couleur , qu’on présume être noire comme celle des pattes. De la collection de M. Latreille , qui l’a reçu du Pérou. Il habite aussi Cayenne, suivant Fabricius. 22. EROTYLUS DECEMNOTATUS. (Long. 5 lignes; larg. 2 lignes +.) E. ovalis; capite thorace corporeque ferrugineïs ; elytris ochreaceis, maculis decem fuliginosts. Il est ovale ; la tête, le corselet et le corps sont de couleur ferrugineuse ainsi que les deux premiers articles des antennes dont lereste est d’un noir obscur. Les cuisses sont également ferrugineuses avec l’extrémité noire. Les jambes et les tarses sont noirs ainsi que l’écusson. Les élytres sont d’un jaune d’ocre avec cinq grandes taches sur chacune d’elles , de couleur de suie, et oblongues, dont deux vers la base , deux au milieu et la cinquième vers l’extrémité. Se trouye au Brésil. Cette espèce , qui fait partie de la collection de M. Latreille, n’avoit pas encore été décrite; je l’ai nommée decemnotatus à cause des dix taches qu’elle porte sur ses élytres. 46 Genre EroTyLr. 23. EROTYLUS DECEMMACULATUS. (Long. 5 lignes ; larg. 3 lignes. ) Æ. ovatus , niger; elytris flavescentibus , maculis decem nigris. Il est ovale, large , peu convexe. La tête, le corselet, les antennes, les pattes, la poitrine et l’écusson sont noirs. Les élytres sont d’un jaune pâle, légèrement bordées de noir, avec cinq grandes taches de la même couleur sur chacune d’elles, dont quatre ovales et la dernière triangulaire et s'étendant jusqu'à l'extrémité de l'élytre. L’abdomen est d’un jaune ferrugineux. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite : elle appartient à la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée 10-maculatus. On la trouve au Brésil. 24. EROTYLUS HIEROGLYPHICUS, > (Long. 5 lignes; larg. 3 lignes.) Æ. ovato-convexus, suprà fusco niger ; thoracis punctis, elytrorum fasciis tribus e lineolis inter strias positis, corporeque subtus fulvis. Il est ovale et convexe. La tête est d’un jaune fauve avec un point brun dans le milieu. Le corselet et les élytres sont d’un noir tirant sur le brun avec neuf ou treize points jaunes sur le premier, et trois bandes transverses de la même couleur sur les secondes. Ces bandes sont formées par de petites taches oblongues placées en zigzags entre les stries de points enfoncés qui sont au nombre de huit sur chaque élytre, Le dessous est fauve avec les côtés de la poitrine et les anneaux de l’ab- domen bordés de brun, Les pattes sont brunes, à l'exception du milieu des cuisses qui est fauye. Les antennes sont brunes; l’écusson est fauve. M. le comte Dejean possede deux individus de cette espèce qui ne diffèrent entre eux que par la nuance du jaune qui est très-pâle dans l’un et très-vif dans l’autre, quoiqu’ils soient tous deux également frais, Se trouve au Brésil, Cet érotyle fait partie de la collection de M. le comte Dejean, qui l’a nommé hieroglyphicus, 25, EROTYLUS VARIABILIS. (Long. 3 lignes +; larg. 1 ligne .) Æ. ovato-oblongus, capite nigro ; thorace flava aut fulvo nigra 8-punctato; elytris nigris , strigisque duabus ramosis flavis aut fulvis, Il est ovale-oblong. La tète est noire, le corselet jaune avec huit points noirs, dont deux à la partie antérieure, deux au milieu et quatre à la base. Les élytres Genre EROTYLE. 47 sont noires bordées de jaune exlérieurement avec sept stries longitudinales de points enfoncés sur chacune d’elles. De la bordure extérieure jaune part vers le milieu de chaque élytre une bande transversale de la même couleur, profondément dentée, et qui ne s'étend pas jusqu’à la suture, et de cette même bordure naissent à l'extrémité de l’élytre deux raies toujours de la même couleur, dont une tres- courte parallèle à la suture, et l’autre beaucoup plus longue dans la même direc- tion, et se bifurquant à la moitié de sa longueur pour donner naissance à une troisième raie parallele à la bordure. Le dessous du corps est brun avec les bords du corselet et de l'abdomen fauves. Les pattes sont brunes avec les tarses ferru- gineux. Les antennes sont ferrugineuses avec l’extrémité brune. Cette espèce offre une variété dans laquelle la couleur jaune est remplacée par du fauve, et en outre les trois raies qui se trouvent à l’extrémité de chaque élytre dans l'individu décrit et figuré se confondent en une seule tache. Cet érotyle n’avoit pas encore été décrit; il fait partie de la collection de M, le comte Dejean, qui l’a nommé variabilis. Se trouve au Brésil. 26. EROTYLUS AFFINIS. (Long. 3 à 4 lignes; larg. 1 ligne ? à 1 ligne.) E. ovato-oblongus, flavidus ; thorace punctis octo; elytris fasctis duabus laci- niatis nIgris. : Cet érotyle ressemble beaucoup au vartabilis dont il n’est peut-être qu’une va- riété. La tête est noire avec une tache jaune au milieu. Le corselet est d’un jaune pâle et marqué de huit points noirs , dont quatre à la base , deux à la partie anté- rieure et deux au milieu. Les élytres sont également d’un jaune pâle avec deux bandes noires transversales dentées, l’une à la base et l’autre un peu plus bas que le milieu. Celle-ci s'étend longitudinalement sur la suture, de manière qu’elle forme une espèce de croix. Le dessous du corselet est brun avec les côtés jaunâtres. La poitrine est brune. L’abdomen est roussâtre. Les pattes, les genoux et les tarses sont d’un roux plus foncé. Les antennes sont noirâtres. Se trouve au Brésil. Cette espèce a beaucoup de ressemblance avec le seriptus d'Olivier, du moins avec la figure grossie qu’il en a donnée, pl.3, u°. 38, car sa description ne s’y rap- porte pas autant. Dans le doute, nous lui avons conservé le nom d’affinis que M. le comte Dejean lui a donné dans sa collection. 48 GENRE Enoryzr. 27. EROTYLUS INTERRUPTUS, (Long. 5 lignes; larg. 2 lignes £,) Æ. ovato-oblongus, fulvus ; capite, thoracis punctis novem;, elytrorum fasciis duabus dentatis nigris. Il est ovale-oblong. Il ressemble beaucoup à la variété du variabilis. Mais outre qu'il est beaucoup plus grand , il en diffère par d’autres caractères plus es- sentiels que sa description fera ressortir. La tête est noire. Le corselet est fauve avec neuf points noirs , dont trois gros à la base, deux également gros au milieu qui se touchent et reposent sur celui du centre de la base, et quatre petits, dont un de chaque côté du corselet et deux à sa partie antérieure. Les élytres sont d'un rouge fauve, traversées dans leur partie antérieure par une large bande noire dentée qui s'étend depuis leur base jusque vers le tiers de leur longueur sans tou cher aux deux bords extérieurs; et un peu plus bas par une autre bande égale- ment dentée , et qui diminuant de largeur par degrés se prolonge jusque vers leur extrémité. Le dessous du corps est d’un brun-noir, à l'exception de l'abdomen qui est ferrugineux avec le bord des anneaux plus foncé. Les pattes sont brunes avec les tarses ferrugineux. Les antennes sont ferrugineuses, avec l'extrémité brune. Cette espèce, qui n’avoit pas encore été décrite, fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée interruptus. Se trouve au Bresil, 28. EROTYLUS PICTUS. (Long. 4 lignes +; larg. 2 lignes. ) ÆE. ovato-subeonvèxus; thorace fusco , punctis duobus pallidioribus; elytris fut- vis maculis fasciaque lacintata media fuscis. à ? Il ést ovale et peu convexe. La tête est d’un jaune ferrugineux avec une tache noirâtre à la base. Les antennes sont brunes, à l'exception des deux premiers articles qui sont ferrugineux, ainsi que l’origine des cuisses. Le reste de celles-ci avec les jambes et les tarses est d’un noir-bleuâtre. Le corselet est d'un brun-fauve avec deux taches arrondies d’une couleur plus pâle vers la tête. Les élytres sont d’un jaune fauve avec plusieurs points et taches noïrâtres distribués ainsi qu'il suit sur cha- cune d'elles: 1°. deux points, dont un près de l’écusson et un plus gros sur l’angle de épaule; 2°. une bande fortement découpée et traversant d’un bord à l’autre de l’élytre (cette bande est d’un brun rougeâtre bordée de noir); 3°. deux tache, ovales d’égale grandeur ; et 4°. enfin, une petite tache en forme de V renversé, Espèce nouvelle rapportée du Brésil par M. de Saint-Hilaire, Du Muséum d'histoire naturelle, GENRE EROTYLE. 49 29: EROTYLUS INTERSECTUS. (Long. 4 lignes; larg. 2 lignes +.) E. ovato-subconvexus ; thorace nigro, punctis octo rubris; elytris rubris lineo- lis maculisque nigris. Il est ovale et peu convexe. La tête est d’un rouge terne avec une large tache noire transverse, étranglée dans son milieu. Les antennes sont brunes, à l’excep- tion des deux premiers articles qui sont rouges ainsi que l’origine des cuisses. Le reste de celles-ci avec les pattes et les tarses est d’un noir bleuâtre. Les élytres sont rouges avec plusieurs lignes et points noirs disposés symétriquement. Les lignes sont de diverses grandeurs et placées longitudinalement. Le dessous du cor- selet est noir avec les bords rouges. La poitrine est noire et l’abdomen rouge avec quatre rangées de points noirs. Espèce nouvelle rapportée du Brésil par M. de Saint-Hilaire. Du Muséum d’histoire naturelle. 30. EROTYLUS ERYTHKOCEPHALUS. Æ. erythrocephalus. Oliv. Ent. t. V, p. 475, pl. 2, fig. 19. (Long. 5 lignes; larg. 2 lignes +.) Æ, ovalis , fusco-castaneus ; elytris singulis fascits duabus arcuatis fulvis. Il est ovale. La tête est ferrugineuse. Le reste du corps est couleur marron, tant en dessus qu’en dessous, excepté les trois derniers anneaux de l’abdomen, qui sont d’un jaune rougeâtre. Les élytres, d’une couleur un peu moins foncée que le corselet, ont quatre bandes transversales étroites, et un peu arquées , dont deux à la base et atteignant les deux bords de chaque élytre, et les deux autres n’at- teignant que le bord externe. Celles-ci sont placées aux deux tiers des élytres. Les pattes et les antennes sont de la même couleur que le corselet. Ou ignore quelle partie de l'Amérique il habite, Du Muséum d’histoire naturelle. 31. EROTYLUS ORNATUS. ( Long. 3 lignes +; larg. 1 ligne +.) ÆE. ovato-oblongus, rubro fulvus; thoracis macula palmata punctisque ei elytrorum fasciis tribus repandis , nigris. Il estovale-oblong. La tête est d’un rouge fauve avec un point noir au milieu. Le corselet est également d’un rouge fauve, ayant au milieu la figure d’un trèfle surmonté d’une croix. Cette figure de couleur noire est accompagnée de quatre points de la même couleur , dont deux à la base du corselet et un de chaque côté Mém. du Muséum. 1. 12. 7 50 Genre Erorvze. du trèfle. Les élytres sont également d’un rouge fauve comme le corselet, avec une grande tache noire réniforme qui s'étend sur leur milieu. Entre cette tache et la base des élytres se trouvent six autres taches noires beaucoup plus petites, dont une à la base de chaque élytre et les quatre autres formant par leur réunion une bande sinueuse transversale. Le dessous du corps est fauve, à l'exception de la poîtrine qui est d’un bran foncé. Les pattes sont ferrugineuses ainsi que les an- “tennes dont les deux premiers articles sont fauves. Se trouve au Bresil. Cette espèce n'avoit pas encore été décrite. Elle fait partie de la collection de M. le comte Dejéan , qui l'a nommée ornatus. 32. EROTYTUS DECORATUS. ( Long. 4 lignes; larg. 1 ligne £.) Æ. ovato-oblongus , fulvus ; capitis puncto unico , thoracis quatuor et Liturd posticä , elytrorum fascüs tribus maculisque duabus , nigris. Il est ovale, fauve, tant en dessus qu’en dessous , y compris îes pattes et les an- tennes dont les quatre derniers articles seulement sont noirâtres. On remarque un point unique sur le milieu de la tête et quatre points rangés en arc sur le corse- let qui est marqué en outre à sa base d’une petite suture transversale. On voit sur chaque élytre trois bandes également transversales et n’atteignant pas le bord extérieur; plus üne grande tache irrégulière vers l'extrémité. La première bande “est petite etse confond avec l’écusson ; les deux autres beaucoup plus longues et flus larges sont posées à égale distance. Ces divers ports, taches et bandes sont d’un noir luisant, ainsi que l’écusson. Se trouve au Brésil. Cétte espèce , qui n’avoit pas encore été décrite, fait partie de la collection de M. Latreille. é Je l'ai nomrnée decoratus à cause de la disposition régulière de ses taches. 33. EROTyYLUS cORONATUS. (Long. 3 lignes + ; larg. 2 lignes. ) Æ. ovaio-oblongus, fulvus; thorace elytrorumque..dimidio anteriori mgro maculatis. Il est ovale. Le dessus est d’un jaune fauve y compris l’écusson. Le dessous est d’un jaune plus päle ainsi que les pattes. Les antennes sont brunes. On remarque plusieurs points et taches noirs; sayoir : un point sur le milieu de la tête; quatre points ettrois petites taches triangulaires sur le corselet (celles-ci pantent de la N10 GENRE ErROTYLE. Pr base); cinq points èt une tache.allongée transversale et un peu arquée sur chaque élytre. Ces points et taches n’occupent que la moitié supérieure des élytres, Espèce nouvelle , rapportée du Brésil par M: de Saint-Hilaire. Da Muséum d'histoire naturelle. 34. EnoryLus NIGRO-PUNCTATUS. ( Long. 4 lignes; larg. 2 lignes.) E. ovato-oblongus, ochreaceus ; thorace punctulis novem elytris singulis antice duobus nigris. Il est ovale-oblong , de couleur d’ocre jaune, tant en dessus qu’en dessous, à d'exception de la poitrine et des côtés du sternum qui sont bruns. On remarque plusieurs petits points noirs, dont un à peine marqué sur le milieu de la tête; neuf sur le corselet, dont trois à la base, quatre sur une même ligne transverse au milieu , et deux à la partie antérieure; deux sur chaque élytre, dont un à la base, et un un peu plus bas vers le bord extérieur ; et enfin un sur l’écusson qui est de la même couleur que le reste du corps. Les pattes sont également jaune d’ocre avec la base des cuisses noire. Quant aux antennes, l'individu décrit les ayant perdues, nous ne pouvons que présumer qu’elles étoient de la même couleur que les pattes. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite ; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée nigro-punctatus. Se trouve au Brésil, 35. EROTYLUS TIGRINUS. Æ. tigrinus. Oliv. Ent. t. V, p. 485, pl. 3, fig. 4o. Encyclop. Ins. 6, p. 437, n°. 33. E. multipunctatus. Dejean , Cat. p. 128, (Long. 3 lignes +; larg. 2 lignes.) Æ, ovato-oblongus, testaceus ; thorace et elytris nigro maltipunctatis. Ilest ovale-oblong, entierement d’un rouge de brique, avec un grand nombre de points noirs placés sans symétrie sur le corselet et sur lesélytres. On en remarque uniseul au milieu de la tête. Les antennes sont noirâtres , à l'exception des deux premiers articles , qui sont de la même couleur que le reste du corps. M. le comte Dejean , considérant cette espèce comme nouvelle, lui a imposé le nom de multipunctatus , dans son catalogue ; mais nous pensons que c’est une erreur. L’érotyle dont il s’agit ne nous paroît pas autre que le #igrinus d'Olivier, dontil ne differe que parce qu’il a sur la tête un point noïr qui manque à celui- ci. Or, celte légère différence ne suflit pas pour constituer une espèce. GE 52 GENRE EROTYLE. En conséquence, nous avons conservé le nom d'Olivier à l'espèce ci-dessus décrite. De la collection de M. le comte Dejean. Se trouve à Cayenne. “ 36. EroryLUs MAcuLosus. (Long. 3 lignes ? ; larg. 2 lignes. ) E. ovato-oblongus, rubro-fulvus ; thorace elytrorumque dimidio anteriort nigro maculatis. Cet érotyle, dont la forme est ovale-oblongue , ressemble beaucoup au coro- natus , dont il n’est peut être qu’une variété. Il est totalement d’un rouge fauve avec plusieurs points et taches noirs ; savoir : un seul point au milieu de la tête, et neuf sur le corselet, dont trois à la base , deux à la partie antérieure, et quatre sur une même ligne au milieu. La moitié supérieure de chaque élytre est occupée par trois points, dont un à la base, et deux un peu plus bas, et par une petite bande transverse, plus large du côté de la suture que du côté externe. Les antennes sont brunes avec les deux premiers articles fauves. Les pattes sont fauves avec le milieu des jambes et les tarses bruns. L’écusson est noir. Se trouve au Brésil. à Cette espèce n’avoit pas encore été décrite ; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée maculosus. 37. EROTYLUS GUTTATUS. (Long. 4 lignes +; larg. 2 lignes +.) E. ovato-oblongus , livido-testaceus ; elytrorum singulorum guttis septem flavis. Il ressemble beaucoup au 20-guttatus. Les antennes sont brunes, excepté les deux premiers articles qui sont de la même couleur que le reste du corps, c’est- à-dire testacé pâle. Les élytres ont chacune sept taches jaunes de diverse forme et grandeur , dont deux à la base , deux un peu plus bas , deux au milieu qui se joignent , et la septième vers l'extrémité. Ces trois dernières sont plus grandes que les quatre autres, et l’une d’elles, celle de l'extrémité, est trilobée. Toutes ces taches sont légerement bordées de brun. Avec la loupe on aperçoit sur chaque élytre sept stries de points enfoncés sur autant de lignes brunes. L’écusson est brun. Les pattes sont testacées avec les genoux, le dessus des jambes et les tarses bruns. Se trouve au Brésil. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui la nommée guttatus. GENRE EROTYLE. 53 38. EROTYLUS 12-GUTTATUS. (Long. 3 lignes ?; larg. 1 ligne =.) Æ. ovato-oblongus , rufus ; thorace nigro maculato ; elytris singulis punctis sex ocellaribus flavis. Il est ovale-oblong. Les antennes sont noirâtres, à l'exception des deux pre- miers articles qui sont de la même couleur que la tête. Celle-ci est rouge brun avec une petite ligne noire dans le milieu. Le corselet est également rouge brun , légerement bordé de noir, avec neuf petites taches de la même couleur, dont trois à la partie antérieure , deux à la partie postérieure, et quatre dans le milieu. Les élytres, dont le fond est de la même couleur que le corselet et l'extrémité fauve, ont sur chacune d’elles six gros points jaunes bordés de noir. Le dessous du corps et les pattes sont testacés. Se trouve au Brésil. - Cette espèce n’avoit pas encore été décrite ; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée 12-pguttatus. 39. EROTYLUS 16-GUTTATUS. Æ. 16-guttatus. Oliv. Ent. t. V, p. 477, pl. 2, fig. 23. Dejean, Cat. p. 128. (Long. 5 lignes ; larg. 2 re ) ÆE. ovato-oblongus ; thorace fulvo ; elytris nitide nigris, singulorum punctis octo flavescentibus. Il est ovale-oblong. Les antennes sont noirâtres, à l'exception des deux premiers articles qui sont de la même couleur que la tête. Celle-ci est fauve comme le corselet, et tout le dessous du corps, y compris les cuisses, les jambes et les tarses, est noirâtre. Les élytres sont d’un noir luisant ainsi que l’écusson, avec huit taches rondes d’un jaune pâle sur chacune d'elles. Olivier dit que les élytres sont lisses; mais c’est à l'œil nu qu’elles paroiïssent telles. En les examinant à la loupe, on y voit plusieurs stries de points légèrement enfoncés. Se trouve à Cayenne et à Surinam. De la collection de M. le comte Dejean. 4o. EROTYLUS 20-GUTTATUS. (Long. 5 lignes ; larg. 2 lignes. ) ÆE. ovato-oblongus , rufus ; elytris singulis punctis decem flavis. Il est oyvale-oblong. Les antennes sont noirâtres , à l'exception des deux premiers 54 Grxre ErRoTYLE. articles qui sont d'un brun rouge comme le reste du corps. On aperçoit quatre petits points bruns à peine marqués sur le corselet. Les élytres ont chacune dix points ou petites taches jaunes, dont deux à la base , trois au bord interne!, deux vers la suture, et trois vers l'extrémité. Avec la loupe on distingue sur chaque élytre sept stries de points enfoncés sur autant de lignes brunes. Les pattes sont de la même couleur que le corps, c'est à dire d’un brun rouge avee les hanches , l'extrémité des cuisses et le dessus des jambes noirâtres. Se: trouve au Brésil. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite ; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée 20-guttatus. + 4x. EROTYLUS MINUTUS. (Long. 2 lignes +; larg. 1 ligne.) Æ£. ovato-oblongus, ruber; pectore pedibus scutello', thoracisque punctis quatuor nigris. Il est ovale-oblong, lisse’et d’un rouge brun, avec quatre points noirs sur le corselet. La poitrine , les pattes et l’écusson sont noirs, ainsi que les antennes, dont les deux premiers articles seulement sont de la même couleur que le reste du corps. . Se trouve au Brésil. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite ; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée minutus. 42. EROTYLUS SANGUINEUS. (Long. 4 lignes; larg. 2 lignes.) E. ovato-oblongus , sanguineus ; antennis tarsisque fuscis. Il est entièrement d’un rouge sanguin , et comme vernissé en dessus. Il est moins luisant en dessous, et la poitrine tire um peu sur le brun. Les pattes sont dé la même couleur que le corps , à l'exception des tarses qui sont bruns ainsi que les antennes. Cette espèce n’ayoit pas encore été décrite; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée sanguirieus. Se trouve au Brésil, 43. Exorytus ruNcrIcorLrs. (Long. 4 lignes ; larg. 2 lignes.) E. ovato-oblongus, fulvus ; thorace antice , punctis quatuor nigris. Il est dé la même forme et de la inême taille que le nigro-punctatus. Il est Grxre ErnoTYyEt. 55 fauve, tant en dessus qu’en dessous, à l'exception de la poitrine et des côtés du sternum qui sont noirs. On voit un point noir sur le milieu de la tête , et quatre points de la même couleur, formant une courbe transversale , sur le corselet. Les élytres sont sans taches ni points. La loupe fait apercevoir sur chacune d’elles sept stries longitudinales de points serrés et légerement enfoncés. Les pattes sont noires ainsi que les antennes, à l’exception des deux premiers articles qui sont fauves. Cette espece n’avoit pas encore été décrite ; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée puncticollis. Se trouve au Brésil. 44. EROTYLUS TIBIALIS. ( Long. 5 lignes; larg. 2 lignes +.) Æ. ovatus, intensive testaceus ; antennis, tibits, tarsis scutelloque nigro fuscis ; elytris læviter striatis. Sa forme est ovale. Le corps est entièrement d’un rouge de brique, tant en dessus qu’en dessous, sans taches ni points, à l’exception de l’écusson qui est d’un brun-noir, ainsi que les jambes et les tarses. Les antennes sont également d’un brun-noir , excepté les deux premiers articles qui sont fauves. Les élytres sont légerement striées. Ces stries, au nombre de sept sur chacune d’elles , sont formées par des points serrés et peu enfoncés. Cette espece n’avoit pas encore été décrite; «elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée #ibialis. Se trouve au Brésil. 45. EROTYLUS PRÆUSTUS. (Long. 5 lignes ; larg: 3 lignes.) ÆE. ovalis , flavus ; capite thorace elytrisque a basi ultra medium nigro maculatis; elytrorum apice fulvo immaculatoque. l'est ovale: La tête est fauve avec un noint noir au milieu. Le corselet est de la même couleur que la tête, légerement bordé de noir et avec six points également noïrs. Les élytres sont d’un jaune plus pâle que le corselet, légerement bordées de noir avec cinq taches longitudinales de la même couleur sur chacune d’elles, dont trois linéaires vers la base et deux beaucoup plus larges vers le milieu. Vient en- suite une bande sinueuse, qui, noire sur son bord antérieur, se fond en brun jus- qu’à l’extrémité des élytres. Le dessous, y compris les pattes, est entierement fauve avec deux points noirs à la base du corselet près de l'attache des premieres 56 GENRE EROTYLE. pattes. L'écusson est petitet noir. Quant aux antennes, on ne peut en parler, l'individu décrit les ayant perdues. Se trouve à Cayenne. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée præustus. 46. EROTYLUS RAMOSUs. E. ramosus. Oliv. Ent. t. V, p. 480, pl. 2, fig. 30. Dejean, Cat. p. 128. (Long. 6 lignes; larg. 3 lignes +. ) E. ovato-subconvexus , niger, nitidus ; elytris fasciüis duabus, altera ramosa , altera sinuata, coccineis. Il est ovale, peu convexe; la tête et le corselet sont lisses et d’un noir luisant. La poitrine et les pattes sont noires. Quant aux élytres elles sont ou rouges avec des taches noires, ou noires avec des taches rouges. Dans le premier cas leur extrémité est noire et leur milieu est occupé par une tache rameuse de la même couleur. Dans le second cas, on voit se détacher sur un fond noir deux bandes rouges, l’une profondément découpée et s'étendant depuis la base des élytres jusque vers leur milieu , et l’autre plus étroite et dentée, placée vers les deux tiers de leur longueur. Se trouve à Cayenne. De la collection de M. le comte Dejean. A7. EROTYLUS ADUSTUS. (Long. 5 lignes +; larg. 2 lignes =.) ÆE. ovato-subconvexus, niger, nitidus; elytris virescentibus, fascia ramosa suturali apiceque nigris. Sa forme est la même que celle du ramosus. Il est entierement lisse et d’un beau noir luisant, tant en dessus qu’en dessous, à l’exception des élytres dont les trois quarts, à partir de la base, sont d’un jaune verdâtre avec la suture , les bords et plusieurs taches et points noirs. Ces taches et points sont placés sur chaque élytre ainsi qu’il suit : trois taches au bord externe à égale distance, dont une sur l'épaule ou angle de la base; trois autres en regard de celles-là et partant de la suture, la première près de l’écusson , et les deux autres formant avec leurs corres- pondantes, de l’autre élytre, une croix à deux branches ; enfin cinq points dans l'intervalle laissé libre par ces six taches. Se trouve au Brésil. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite; elle appartient à la collection de M. le comte Dejean, qui lui a donné le nom d’adustus. GENRE EROTYLE. 57 48. EROTYLUS CONSPERSUS. (Long. 5 lignes; larg. 3 lignes.) Æ. ovato—convexus, ochreaceus nigro supra variegatus; antennis pedibus- que ferruginers. Sa forme est ovale-convexe. Il est entièrement d’un jaune d’ocre, à l'exception des pattes et des antennes qui sont ferrugineuses ; on remarque sur les premières une tache d’un noir bleuätre qui occupe le milieu du fémur et du tibia de chacune d’elles. Le corselet et les élytres sont marqués d’un grand nombre de petits points noirs dont la plupart se confondent et forment par leur réunion plusieurs taches qui se correspondent symétriquement sur chaque élytre. Espèce nouvelle rapportée du Brésil par M. de Saint-Hilaire. Du Muséum d'histoire naturelle. 49. EROTYLUS FLAVO-SIGNATUS. (Long. 4 lignes +; larg. 2 lignes +.) ÆE. ovalis, pallido-testaceus ; thorace nigro punctato; elÿtris singulis maculis, duabus difformibus flavis et nigro marginatis. Il est ovale. La tête, le corselet et les élytres sont testacé pâle. On compte six petits points noirs sur le corselet. Les élytres ont chacune deux grandes taches profondément sinuées d’un jaune-clair bordé de noir, une à la base et l’autre vers les deux tiers de leur longueur. Celle de la base est marquée de deux points noirs. Les pattes sont testacées ainsi que les cinq premiers articles des antennes dont le reste est noirâtre. Le dessous du corps, y compris les pates, est testacé avec deux points noirs sur le corselet près de l’attache des deux premieres pattes. Se trouve au Brésil. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite. Elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée f/avo-signatus. 5o. EROTYLUS FUSCO-MACULATUS. (Long. 4 lignes; larg. 2 lignes +.) E. ovalis, flavescens ; thorace immaculato; elytris striatis virescentibus Jlavo- fuscoque maculatis. Il ressemble beaucoup au flavo-signatus. La tête et le corselet sont d’un jaune tirant sur le fauve dans le milieu, et sans taches. Les élytres sont d’un vert jau- nâtre, et ont chacune sept stries de points enfoncés avec une large bande à la base et une grande tache vers le milieu d’un jaune plus clair, Sur cette tache jaune Mém. du Muséum. À. 12. 8 58 GENRE ERnoryLr. on en voit une irrégulière d’un brun fonce, et enfin sur la bande de la base on remarque quatre petits points également d’un brun foncé , dont un isolé pres de la suture, et les trois autres formant par leur réunion une raie en zigzags qui fait triangle avec la base et le bord externe de l’élytre. Le dessous du corps est d’un jaune tirant sur le fauve avec les pattes entièrement d’un brun luisant. Quant aux antennes, l'individu décrit les ayant perdues, on est obligé de les passer sous silence. Se trouve au Brésil. Cette espece n’avoit pas encore été décrite. Elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée fusco-maculatus. 51, EnOTYLUS LINEELLUS. (Long. 4 lignes ; larg. 2 lignes +.) ÆE..ovalis, pallido-testaceus ; thorace immaculato; elytris singulis lineis septem longitudinalibus fuscis , maculisque duabus flavis. Il ressemble beaucoup au flavo-signatus. La tête, le corselet et le dessous du corps sont testacés. Les élytres sont de la même couleur, avec sept lignes brunes longitudinales recouvrant pareil nombre de stries de pointstenfoncés sur chacune d’elles. Elles ont chacune deux grandes taches irrégulières d’un jaune-clair, l’une à la base et l’autre un peu plus bas que le milieu; entre ces deux taches on en remarque deux autres tres-petites, l’une au bord externe et l’autre contiguë à la suture. Enfin on en aperçoit encore une plus petite vers l'extrémité de l’élytre. Les pattes sont testacées comme le corps, avec les genoux et l’origine des jambes bruns. Les antennes sont aussi testacées avec l'extrémité brune. Se trouve au Brésil. Cette espece n’avoit pas encore été décrite. Elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean, qui l’a nommée lineellus. 52. EROTYLUS 4-MACULATUS. (Long. 4 lignes; larg. 2 lignes £.) E. ovalis, fulvus ; elytris pallidioribus singulorum maculis duabus fusco-nigris. Il est.ovale. La tête, le corselet l’écusson et le dessous du corps sont fauves, y compris les pattes. Les élytres sont jaunäâtres avec deux taches d’un brun-noir, arrondies sur chacune d’elles, une vers la base et pres de la suture, et l’autre au milieu vers le bord externe. Les antennes sont brunes. Se trouve au Brésil. Cette espece n’avoit pas encore été décrite. Elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean, qui l’a nommée 4-maculatus. : GENRE EROTYLE. 59 53. EROTYLUS RUBIDUS. (Long. 5 lignes; larg. 2 lignes +.) E. ovalis, suprà ruberrimus, subtus pallidior ; tibiis tarsisque nigricantibus. Il est de la même forme et de la même taille que le f/avo-vittatus. Le dessus est d’un rouge vif, et le dessous d’un rouge plus pâle, ainsi que les‘cuisses. Les jambes et les tarses sont noirâtres; les yeux noirs et lés palpes jaunâtres. Quant aux antennes on est obligé de les passer sous silence, l'individu décrit les ayant perdues. Se trouve au Brésil. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean, qui l’a nommée rubidus. 54. EROTYLUS DORSALIS. Æ. dorsalis. Oliv. Ent.t. V, p. 475, pl. 2, fig. 20. Encycl. Ins.6, p. 436, n°. 24. (Long. 5 lignes; larg. 2 lignes À. ) Æ. ovalis, niger; elytris rubris, basi punctorum strigis quatuor apiceque nIgTIS. : Il est ovale, peu convexe. Le corselet , aussi large que les élytres, est uni et d’un noir brillant ainsi que le dessous du corps. La tête et les pattes sont également noires, à l'exception des tarses qui sont bleuâtres, ainsi que les antennes. Les élytres sont rouges, avec le tiers de leur extrémité noir. Le reste est occupé par quatre rangées transversales de points également noirs et disposés d’une maniere onduleuse. Du Muséum d'histoire naturelle. Il se trouve à Surinam. 55. EROTYLUS FLAVO-VITTATUS, (Long. 5 lignes ; larg. 3 lignes.) E. ovalis, coccineus ; elytris singulis vitta longitudinali flava nigro mar- ginata. Il est ovale. Le dessus est d’un rouge carmin avec une bande longitudinale jaunâtre et légèrement bordée de noir sur chaque élytre: Cette bande, placée près du bord interne de l’élytre, s'étend depuis l'épaule jusqu’à l'extrémité qu’elle w’atteint cependant pas toul-à-fait. Elle se rétrécit et se termine en pointe à ses deux bouts. Le dessous est d’un rouge moins vif que le dessus, ainsi que les cuisses Se 60 GENRE EnorTyze. dont les deux extrémités seulement sont noires. Les jambes et les tarses sont noi- râtres. Les yeux sont noirs et les palpes d’un rouge pale. Quant aux antennes on est obligé de les passer sous silence, l'individu décrit les ayant perdues. Se trouve au Brésil. Cet érotyle n’avoit pas encore été décrit. Il fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommé fZavo-vittatus. 56. EnOTYLUS GYANEUS. (Long. 3 lignes; larg. 1 ligne À.) Æ. ovato subconvexus, totus cyaneus ; antennis, tibiis tarsisque citrinis. Ce joli érotyle, dont la forme est ovale, peu convexe, est entièrement d’un beau bleu-lapis, à l’exception des antennes , des jambes et des tarses qui sont d’un beau jaune-citron. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite. Elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée cyaneus. 57. EROTYLUS CASTANEUS, (Long. 2 lignes +, larg. 1 ligne Z.) ÆE. ovatus, minutus, totus fusco-castaneus. Cette espèce, la plus petite de toutes celles qui sont décrites dans cette Mono- graphie, est entierement d’un brun luisant; seulement les pattes et les bords des élytres et du corselet paraissent un peu plus clairs. Les derniers articles des antennes sont tres-larges et d’une couleur plus foncée que les autres. Enfin avec la loupe on aperçoit sur les élytres plusieurs stries de points enfoncés. Espèce nouvelle rapportée du Brésil par M. de Saint-Hilaire. Du Muséum d'histoire naturelle. 58. EROTYLUS TESTACEUS. E. testaceus. Fabr. S. El. I, p. 4, 5. Ent. S.I, Il, p. 36, 5. Mant. I, p. 91, 4. Sp. ins. I, p. 157, 2.8. Ent. app. p. 822, 1-2. Herbst. Col. VII, p. 337, 21. Crypt. lugubris. Linn. S. nat. Gmel. I, IV, p. 1727, 194. E. testaceus. Dejean, Cat. p. 128. E. immaculatus. Oliv. t. V, p. 178, pl. 2, fig. 27. E. testaceus. Schœnnerr, Syn. ins. 325, 4. { Long. 6 lignes +; larg. 4 lignes.) E. ovalis , subgibbosus , testaceus ; antennis , tibiis scutelloque fus conigris. La forme de cet érotyle est ovale et assez bombée. Son corselet est étroit et ses Tom. 12 Duponchel delt Zab.1. CENRE £LROTYLEÆ DU + #5 À À 58 79 F? 42 42 D n i Le 0 45 44 46 \ , DS S N À à @ F fl ' DU 21 Ù ù “ _ \ # 46 49 20 91 ÿ2 7 Ve Ni Er ES + / 704 à à Ge J # + 5). s # ÿ ô ÿ Ge ; 56 £ FN LA y 4 Ÿ \a/ & ô a te ( ) L A Duponchel del Tab... CENRE LROTYLA. DL en 114 uS ne ; h k L GENRE EROTYLE. 61 elytres sont cordiformes et déprimées dans leurs parties inférieures. Il est entie- rement d’une couleur testacée, plus pâle dans certains endroits que dans d’autres, avec les antennes, les yeux, l’écusson , les jambes et les tarses d’un brun-noir. Les élytres sont finement chagrinées ; le corselet ne l’est que sur les bords. Les antennes sont épaisses et plus longues que le corselet. Cette espèce paroït être la même que l’immaculatus d'Olivier. Se trouve au Brésil. De la collection de M. le comte Dejean. ( Nous donnerons la suite de ce Mémoire. ) 62 EXAMEN CHIMIQUE De deux Echantillons du sol de la caverne de Kuyloch. PAR M. CHEVREUL. M. Buckland na fait remettre par M. Underwood deux échantillons du sol de la caverne de Kuyloch pris à différentes profondeurs, pour que j'en fisse l'analyse. Cette caverne renferme un grand nombre d’ossemens fossiles qui ont ap- partenu à des carnassiers et à des herbivores. M. Buckland pense que ces ossemens n'ont point été transportés par les eaux dans le lieu où nous les voyons aujourd'hui; suivant lui, la caverne de Kuyloch servoit de repaire à des animaux carpassiers qui y sont morts naturellement, et aujourd’hui leurs ossemens s’y trouvent confondus avec ceux des ani- maux qui leur servoient de pâture. Je désignerai par la lettre À un échantillon du sol pris à deux pieds de profondeur, et par la lettre B un échantillon du même sol pris à six pieds de profondeur. Ces deux échantillons sont, en grande partie, à l’état pul- vérulent; on y trouve de petites masses qui s’écrasent faci- lement. Ils ont une couleur brune-orangée, assez semblable à celle des mines de fer hydratées limeneuses ; la couleur ANALYSE DU s04 DE Kuyrocx. 63 réside surtout dans les parties les plus tenues : on peut s’en convaincre en agitant chacun des échantillons avec l’eau, et en décantant ce liquide encore troublé; les parties pulvéru- lentes restent en suspension, tandis qu'il s'est déposé des matières grenues, sablonneuses, d’un gris jaunâtre. Lorsque l’eau qui a été décantée encore trouble de dessus ces matières a déposé, on voit qu’elle est colorée en un beau jaune orangé. L’échantillon A contient une proportion moins grande de parties pulvérulentes que l'échantillon B, aussi est-il moins coloré. Des essais m’ayant appris que la matière soluble dans l’eau étoit en partie altérable par l’action de la chaleur à la ma- nière des substances organiques, j'ai soumis chacun des deux échantillons à deux séries d'expériences : celles de la pre- mière ont eu pour objet de déterminer la nature de la ma- tière fixe au feu, et celles de la seconde série ont eu pour objet de déterminer la nature de la matière qui est altérable par l’action de la chaleur. 64 ANALYSE S I. Série d'expériences pour déterminer la nature de la matière fixe au feu des échantillons A et B. Expériences sur l'échantillon A. (1) 2 grammes exposés à la tempéra- ture de 100 à 120% ont perdu 0ë,185 d’eau. (2) La matière (1) a été chauffée dans une pelite capsule de platine, elle a exhalé une odeur ammoniacale hui- leuse et hydrocyanique, puis elle s’est embrâsée comme un pyrophore à une température à peine rouge. À cette époque elle a exhalé de l'acide sulfureux, puis elle est devenue tout-à-fait obs- cure; dans cette opération elle a perdu o8r-,165. (3) La matière calcinée pesoit 15,650 ; traitée par l'acide nitrique foible, elle s’y est dissoute en partie avec effervescence ; le résidu pesoit o®-,228. Il étoit sablon- neux et coloré. Il a été séparé par la filtration de la dissolution. I. RÉsIDU SABLONNEUX. (4) 1 a été chauffé avec la potasse dans un creuset d'argent. La matière fondue n’étoit point verte; elle a été dissoute par l’eau et l'acide hydrochlo- rique. On a séparé de la solution, par l'évaporation et l’eau , 0,159 de silice. (5) La liqueur d’où la silice avoit été séparée, traitée par l’'ammoniaque, a donné un précipité que la potasse a ré- Expériences sur l'échantillon B. (1!) 2 grammes ont perdu à la même température 0%"-,210 d’eau. (2!) Mèmes phénomènes que les pré- cédens (2); la perte a été de 05,200. (3) Mêmes phénomènes ; le résidu sablonneux pesoit o8",237. I. RÉsipu SABLONNEUX. (4) Mèmes phénomènes. La silice pesoit oër-,185. (5°) Mèmes phénomènes. L’alumine pesoit oë-,o{o , et le péroxide de fer off-,01 3. pu 5s0L DE Kuyxzoc. 65 duit en alumine, pesant oë,026, et en péroxide de fer, pesant 08,013. (6) La liqueur ammoniacale , mêlée à l'acide oxalique, a donné une quan- tité d’oxalate de chaux représentant o8r.,00) de base. IT. DissoLUTION NITRIQUE. (7) Elle a été précipitée par l’'ammo- niaque. Le précipité a été lavé à l’eau tiède, jeté sur un filtre, puis calciné. Il a exhalé une légère odeur sulfureuse. Il pesoit 08",505. Il étoit d’un jaune rougeûtre. a) PRÉCIPITÉ (7). (8) 08,200 de ce précipité ont été fondus avec la potasse pour savoir s’il contenoit de l’oxide de manganèse. Il ne s’est pas développé de couleur verte. Le résidu, dissous par l'acide nitrique et traité ensuite par l’eau de potasse, n’a point abandonné d’alumine à cet alcali. (9) 05,225 du même précipité ont été traités par l'acide sulfurique , puis par l’alcool; on a obtenu un résidu et une solution alcoolique. (10) Résidu. ie de chaux.. 0,275 Il étoit formé de } sulfate de magnésie 0,010 (11) Solution alcoolique. Elle a été mêlée à l’eau et concentrée doucement, le résidu a été étendu d’eau, puis pré- cipité par l’'ammoniaque et filtré. Liqueur filtrée. Evaporée à siccité elle a laissé de l’acide phosphorique qu'on a reconnue au moyen de l’oxide d'argent et de l’oxide de plomb. Mém. du Muséum. t 12. (6) Mêmes phénomènes. La chaux pesoit oër:,002. Il, DissoLUTION NITRIQUE. (7°) Mèmes phénomènes. Le précipité pesoit oër-,635. a!) PRÉCIPITÉ (7/). (8!) 08,335 de ce précipité ont donné avec Ja potasse, une quantité sensible d’oxide de manganèse. S'ils contenoient de l’alumine, c’étoit une quantité ex- trêmement petite. (9') Même traitement sur 08,300 du précipité (7/). (10!) Résidu. I étoit entierement formé desulfate dechaux;celui-cipesoito",325, (11!) Solution alcoolique. Mème trai- tement. Liqueur filtrée. Mèmes résultats. 66 Précipité bien séché à l'air. N pe soit of,100. Exposé à 100%, il dégageoit de l'eau et de l'ammoniaque. Il a été calciné et dissous complétement parl'a- cide sulfurique foible. Cette solulion, traitée par le sous-carbonate de potasse bouillant en excès, a abandonné des flo- cons de imagnésie et de péroxide de fer. La liqueur alcaline contenoit probable- ment de l'acide phosphorique, l'ayant neutralisée par l'acide nitrique; évapo- rée à siccilé et ayant repris le résidu par l’eau, il est resté une trace de ma- tière d’un rose lilas. On peut conclure de ces expériences que le précipité (4) étoit forme de phos- phates de chaux et de magnésie, et de péroxide de fer uni probablement à de ” acide phosphorique. b) Socuriox (3) n’où LE PRÉCIPITÉ (7) AYOIT ÉTÉ SÉPARÉ. (12) L’acide oxalique en a séparé une quantité de chaux représentée par o%-,872 de sulfate, c'est-à-dire, 0%,362. Ce sulfate de chaux dissout dans l’acide hydrochlorique , n’a pas élé troublé par l'ammoniaque, mais la solution est de- venue d’un rose violet. (13) La liqueur qui avoit été préci- pitée par l'acide oxalique a été évaporée à siccité, apres avoir été mélée à du sous-carbonate de potasse : le résidu a été repris par l’eau, on a obtenu du sous-carbonate de magnésie représen- tant o8r-,130 de magnésie seche; celle- ci contenoit une trace de silice. (14) La liqueur d’où la magnésie ANALYSE Précipité bien séché à l'air. D pesoit 05,075. Exposé à 100%, il dégageoit de l’eau et de l’'ammoniaque. Le sous-car- bonate de potasse lui a enlevé de l’acide phosphorique et a laissé un résidu formé de magnésie,de péroxide de fer etd’oxide de manganèse. On peut conclure de ces expériences que le précipité (7!) étoit formé de pAos- phates de chaux et de magnésie, et d’oxides de fer et de manganèse unis probablement äde l'acide phosphorique. b') Sozuriox (7!) D'où LE PRÉCIPITÉ (7') AVOIT ÉTÉ SÉPARÉ. (12!) L’acide oxalique en a précipité 05,270 de chaux. La chaux unie à l'acide sulfurique, et dissoute ensuite dans l’acide nitrique, n’a pas donné de couleur rose par l’ammoniaque. (13!) La liqueur qui avoit été préci- pitée par l’acide oxalique, a donné 05,060 de magnésie et 0,020 de silice. (14') La liqueur d’où la magnésie et pu 50L DE KuyxLocu. 67 avoitété séparée retenoit oër:,014 d'acide sulfurique qu’on en a précipité par le nitrate de baryte. Elle ne contenoit point d’acide phosphorique. (15) IL est bien vraisemblable que dans l'échantillon A calciné, 1°. les 05,014 d'acide sulfurique étoient unis à oër,o1o de chaux; 2°. les 08,362 de chaux précipitée par l’acideoxalique(r2), moins o8-,o10, et les oë":,130 de ma- gnésie étoient à l’état de sous-carbonates. D'après les expériences précédentes, l'échantillon À a donné, Eau et matiere volatile à 1204.. 5.185 Matiere volatilisée par la com- bustion et la chaleur rouge.. 0,165 SUICE Re eiiehere 2e ON 00) Résidu alumine........ 0,026 sablonneux |péroxide de fer.. 0,013 Ghanxe +1. 10,000 chaux. Plosphate de 4 magnésie....... 0,505 fer ? Sous-carbonate de chaux...... 0,624 ——— magnésie..... 0,208 Sulfate de chaux............. 0,024 1,974 Perte. .,.:..... 1400008020 2,000 la silice avoient été séparées, contenoit o%,o16 d'acide sulfurique, sans acide phosphorique. (15! Il est bien vraisemblable que dans l'échantillon B, calciné, 1°. les 08,016 d’acide sulfurique saturoient o8-,o1r de chaux; 2°: qué 08,270 de chaux, moins o%*,o11, et 08,060 de magnésie,. éloient à l’état de sous-car- bonates, D'après les expériences précédentes, l'échantillon B a donne, gr. Eau et matière volatile, à 1204. 0,215 Matière volatilisée par la com- busion et la chaleur rouge... 0,200 shiceélismeten ternoir85 Résidu sablonneux alumine.... ...10,040 péroxide de fer.. 0,013 chaux......... 0,002 chaux. MAGNÉSIE, « ss.» 0035 Phosphate de ë fer. manganèse. Sous-carbonate de, chaux...4., 0,459, ——————— magnésie...., 0,124. Sulfate/de chaux. te O0 SINCO CEE MAC AR AUS ef be al0 20) 1,020 REC NO ER ee 03000 2,000 (16) La perte doit être un peu plus grande dans la réalité qu’elle n’est indiquée dans les tableaux précédens, par la raison que dans la calcination les sous-carbo- nates de chaux et de magnésie ont dû perdre une partie de leur acide carbonique ; mais l’effervescence produite pendant la dissolution des matières calcinées, dans l'acide nitrique (3) et (3), prouve que tout l'acide carbonique n’avoit pas été volatilisé par la calcination. J'ajouterai que j'ai vainement recherché dans le sol de Kuyloch l'acide fluorique. * 9 68 ANALYSE SIL. Série d'expériences pour déterminer la nature de la matière altérable par le feu, des échantillons A et B. Expériences sur l'échantillon A. (17) Dix parties de l’échantillon A ont été traitées vingt fois au moins par 100 parties d’eau chaque fois. Les premiers lavages ont été faits à une température de 60 à 80! ; les derniers à une tempé- rature de 100%. Les lavages réunis et évaporés ont laissé un résidu orangé pesant 0,66 parties. La matière indis- soute dans l’eau bouillante sera examinée article II. Expériences sur l'échantillon B. (17°) Dix parties de l'échantillon B, traitées de la même manière, ont donné un résidu pesant 1,33 partie qui ne dif- féroit du précédent qu’en ce qu’il étoit d’un orangé un peu plus rouge et qu’il contenoïit un peu plus d’une matière déliquescente. La matière indissoute dans l’eau bouillante sera examinée ar- zicle IT. (18) L’analogie apparente des deux résidus des échantillons A et B, et surtout la petite quantité de matière que j’avois à ma disposition, m’ont déterminé à les réunir, Je vais rapporter les expériences que j'ai faites sur ces résidus que je dési- gnerai par l'expression de matière soluble du sol de la caverne de Kuyloch. (19) La matière soluble a été traitée quatre fois par dix fois son poids d’eau froide chaque fois. Les lavages ont été évaporés à siccité et le résidu a été repris par l'alcool. Enfin l'extrait alcoolique a été évaporé et le résidu a été repris par l'alcool froid. Par ce moyen on a divisé la matiere soluble en extrait alcoolique et en résidu indissous par l'alcool qui a été réuni à la matière indissoute par l’eau froide dans les quatre lavages dont j'ai parlé ci-dessus. (20) Je vais examiner successivement Article I. Matière du sol soluble dans l’eau bouillante réduite en... .......... { 1°. Extrait alcoolique. 2°. En résidu indissous par l'alcool. Article II. Matière du sol indissoute dans l'eau bouillante. pu SOL DE KuyLocx. 69 ARTICLE I. Examen de la matière du sol de Kuyloch soluble dans l’eau bourllante. 1. Extrait alcoolique. (21) Il contenoit un principe organique de couleur rouge orangé, un sel ammo- niacal acide , et des traces de phosphate de magnésie, de chlorure de potassium et d’un sel de potasse dont l’acide étoit de nature organique. Cet extrait étoit déli- quescent, il donnoit à la distillation un produit tres-acide et dont l’odeur tres-forte avoit quelque chose de l’acide hydrocyanique. N'ayant eu que off,03 d’extrait al- coolique je n’ai pu multiplier mes essais. 2. Matière indissoute par l'alcool. (22) Je l’ai soumise à l’action de l’eau froide d’après la méthode que j'ai décrite dans mes Considérations sur l'analyse organique et sur ses applications, page 110. Les premières dissolutions étoient colorées en orangé, et les dernières en jaune. On a obtenu de ces dissolutions 1°. des cristaux lamelleux transparens; 2°. des cristaux plus petits que ceux-ci, en aiguilles fines d’une couleur jaune de paille. Cristaux lamelleux transparens. (23) Ils étoient légèrement colorés , mais la couleur y étoit inégalement répandue; il n’est pas douteux que si on les eût obtenus à l’état de pureté ils auroient été sans couleur. Ils n’éprouvoient aucune altération de la part de l’acide sulfurique con- centré ; la potasse en dégageoit beaucoup d’ammoniaque ; ils précipitoient le nitrate de baryte en sulfate; ils rougissoient tres-légerement le papier de tournesol. Le précipité qu’ils donnoient ayec l’acétate de plomb essayé au chalumeau ne donnoit pas de phosphate. Enfin la solution de ces cristaux ne précipitoit ni l’oxalate d’am- moniaque ni le nitrate d’argent acide. (24) Exposés à une douce chaleur dans un tube de verre ils décrépitoient, s’ef- fleurissoient en perdant de l’eau et de l’ammoniaque. À une température plus élevée , ils dégageoient de l’ammoniaque mélée d’une odeur hydrocyanique, un peu d'acide hydrosulfurique et de soufre et une proportion très-forte de sulfite d’ammoniaque qui cristallisoit par le refroidissement en longues aiguilles ; ce sel a été reconnu à sa saveur, au gaz sulfureux qu’il a dégagé par l'acide hydrochlorique, enfin au précipité jaune qu’il a donné avec le sulfate de cuivre. Le résidu de la 70 ANALYSE distillation étoit blanc, entierement soluble dans l’eau; cette solution concentrée étoit légèrement acide , mais le résidu calciné fortement devenoit légèrement alca- lin; cependant il ne faisoit pas d’effervescence en se dissolvant dans l'acide nitrique: cette solution précipitoit le platine en sel double de potasse et le nitrate de baryte en sulfate. Je conclus de ces expériences que les cristaux lamelleux transparens étoient du sulfate amoniaco-de-potasse , sel double que M. Link décrivit le pre- mier en 1706. Cristaux en aiguilles fines d'une couleur jaune de paille. (25) Regardés à la loupe, ils paroïssoient formés de plusieurs espèces de sub- stances, malheureusement j'en avois trop peu pour essayer de les séparer. (26) Ces cristaux mis en excès à la température de 12% dans l’eau distillée, don noient une solution d’un jaune pâle, formée de { ee DAS US ANSE es cristaux.............4 1 Cette solution se troubloit légerement par la chaleur, précipitoit abondamment par le nitrate de baryte et l’oxalate d’ammoniaque , du sulfate de baryte et de l’oxalate de chaux. Elle ne précipitoit pas le nitrate d'argent en chlorure. Enfin les cristaux n’étoient point altérés par l'acide sulfurique et dégageoient de l’ammo- niaque par la potasse. (27) 08,137 de cristaux ont donné à la distillation, 1°. de l’eau ammoniacale, ayant une odeur hydrocyanique; 2°. du soufre ; 3°, du sulfite d’ammoniaque ; 4°. un résidu noir qui ayant été incinéré, pesoit o8-,122 : celte cendre étoit dis- soute par l’acide nitrique sans effervescence , excepté quelques flocons de silice, l’'ammoniaque en précipiloit 0%-,007 d’une malière qui m'a paru un mélange de phosphates de chaux, de magnésie, de fer et de manganèse; il restoit en dissolution o8-,112 de sulfate de chaux. (28) Il est évident que les cristaux en aiguilles fines d’une couleur jaune de paille contenoient une forte proportion de sulfate de chaux et un peu de principe colorant jaune ; mais le sulfate étoit-il simplement mélangé avec du sulfate am- moniaco de polasse, ou étoit-il lui-même uni avec du sulfate d’ammoniaque, ou encore étoit-il mêlé de phosphate ammoniaco-magnésien, c’est ce que je ne puis résoudre. (29) Quant à la partie de la matière indissoute par l'alcool, qui n’avoit pas été dissoute par l’eau froide (22) , elle étoit formée de sulfate de chaux, de phosphates de chaux et de magnésie, de silice et de principe colorant jaune. (30) Il ne seroît pas impossible qu'il y eût d’autres substances que celles que j’ai mentionnées dans la matière du sol de Kuyloch soluble dans l’eau bouillante, mais la petite quantité de matière que j'ai eue ne m'a pas permis de les reconnoïtre, si elles y existent réellement. | pu soL DE KuyLrocux. 71 ArTicze II. Examen de la matière du sol de K uyloch indissoute dans l'eau bouillante. (31) Les matières des échantillons A et B, indissoutes dans l’eau bouillante, ont été chacune partagées au moyen de la lévigation en 7natitre pulvérulente et en matière sablonneuse. (32) La matière pulvérulente de l'échantillon du sol À différoit de celle de l’é- chantillon du sol B par une teinte moins foncée : les deux matières pulvéru- lentes avoient une couleur de terre d'ombre. On les a réunies. (33) Les matières sablonneuses des deux échantillons étant identiques par leurs propriétés physiques ont été à plus forte raison réunies. 1. Matière pulvérulente. (34) Elle ne coloroit pas sensiblement l’eau froide, elle coloroit légèrement l’eau bouillante en jaune. Elle a été traitée par l'alcool bouillant à plusieurs reprises. Lavage alcoolique. (35) Les premiers lavages filtrés encore bouillans laissoient déposer des flocons par le refroidissement. Tous les lavages réunis ont été évaporés presque äsiccité. On a obtenu une matière en partie fusible, presque incolore. Elle a été traitée par l’eau de potasse chaude; et ce liquide a ensuite été filtré. (36) Solution alcaline. Elle a été neutralisée par l'acide hydrochlorique encore chaude. On a obtenu quelques gouttes d’une matière grasse qui s’est figée par le refroïdissement. Cette matière m’a paru être de l'acide stéarique ou marga- rique, car elle a été dissoute par l’eau de potasse chaude, et la solution mêlée à l’eau froide a déposé une matière nacrée. (37) Résidu indissous dans la potasse (35). L'alcool chaud, appliqué à ce résidu, en a séparé des flocons de matière azotée, et a dissous une matière grasse qui se fondoit en gouttes parfaitement limpides et incolores , qui se figeoient à la manière de la cire d’abeilles. Cette matière bouillie avec l’eau de potasse formoit une émul- sion plutôt qu’une dissolution. Il est probable qu’elle consistoit en matière grasse saponifiable ou saponifiée, et en matière non saponifiable. Matière pulvérulente lavée à l'alcool. (88) Elle a produit avec l’acide hydrochlorique foible et chaud une effervescence assez vive. La liqueur refroidie a été filtrée, el la matière restée sur le filtre a été 72 ANALYSE lavée jusqu’à ce que l’eau n’enlevât plus d'acide hydrochlorique sensible au nitrate d'argent. La liqueur filtrée avoit la couleur du chlorure de platine : ceux des la- vages qui contenoient un excès d'acide notable, étoient foiblement colorés , tandis que les derniers qui n’en contenoient pas l’étoient fortement : cela prouve que la matière organique colorante à l’état libre est plus soluble dans l’eau pure que dans l’eau acidulée. (39) Solution hydrochlorique. Elle a déposé, par l'addition d’un peu d’eau, une poudre cristalline d’un rouge semblable à celui du deutoxide de manganèse. On a filtré et lavé la poudre rouge. Poudre rouge. Elle donnoit à la distillation une eau acide, ensuite de l’'ammo- niaque huileuse, un produit sulfuré et un charbon abondant qui ne laissoit qu’une trace de cendre non effervescente, ferrugineuse , et peut-être alumineuse. Cette poudre chauffée avec le contact de l’air, brüloit en lançant des étincelles comme le charbon qu’on embrase par l'acide nitro-sulfurique. Solution hydrochlorique filtrée. Elle a été mélée avec de l'hydrochlorate de baryte ; après vingt-quatre heures, il n’y avoit pas eu de précipité sensible : cepen- dant j'ai filtré la liqueur deux fois , et je l’ai fait évaporer ensuite à siccité. Le re- sidu distillé a donné un produit sulfuré, et quand on le calcinoit avec du nitrate de baryte, et qu’on reprenoit le tout par l'acide nitrique , on séparoit du sulfate de baryte. Le sol de Kuyloch contient donc du soufre qui est dans un autre état que celui de l’acide sulfurique. Est-il à l’état d’hypo-sulfate ? ou bien d’acide hypo- sulfurique combiné à une matière organique, ou bien encore uni à une matière organique sans être à l’état acide? C’est ce que je ne puis décider. = (40) La matière indissoute par l'acide hydrochlorique (38) après avoir été séchée, a été traitée par l'alcool bouillant. Celui-ci a été filtre. (41) Solution alcoolique (40). Elle ne contenoit pas sensiblement de matière grasse , car le résidu de l’évaporation étoit entièrement soluble dans l’eau froide. Ce résidu donnoit à la distillation une eau acide, une trace de produit sulfuré, une huile épaisse brune, du sous-carbonate d’ammoniaque et du charbon. {{2) Résidu indissous par l'alcool (40). H étoit formé de silice , d’alumine , de ma- gnésie , de péroxide de fer, d’une trace d’oxide de manganèse (*), de principe co- (*) Ayant incinéré ce résidu, j'ai obtenu une cendre qui a été dissoute en partie et sans effervescence, par l’acide nitrique. La solution a été précipitée par l’am- moniaque. Le précipité étoit formé d’alumine et de péroxide de fer. La liqueur filtrée étoit d’un rose violet, comme la solution du sulfate de chaux provenant de l'analyse de l'échantillon A. Foyez (12). D'abord j'ai attribué cette couleur à du pu SOL DE KuyLocu. 73 lorant jaune, de l'extrait alcoolique (21) et d’une matitre organique azotée. Quand on traitoit le résidu par la potasse il se dégageoit une petite quantié d’am- moniaque qui étoit vraisemblablement de nouvelle formation, et l’eau de potasse se coloroit en rouge-orangé en dissolvant le principe colorantet la matière orga- nique azotée, probablement altérée. J'ai tout lieu de croire que ces deux der- nières substances formoient une sorte de Zacque avec l’alumine et le péroxide de fer. Le résidu chauffé avec le contact de l’air s’embrasoit comme un pyrophore , et la cendre qu’il laissoit étoit beaucoup moins colorée que! lui. A la distillation il donnoit une eau légèrement acide, de l’huile , de l’acide hydrosulfurique!, sans sulfite d’ammoniaque , du carbonate d’ammoniaque , un produit ayant l’odeur de l'acide hydrocyanique , mais avec lequel on n’a pu produire de bleu de prusse, enfin un résidu noir volumineux. >. Matière sablonneuse. (43) La matière sablonneuse étoit analogue par sa nature à la matiere pulvéru- lente, avec cette différence qu’elle contenoit une proportion plus forte de phos- phates et une proportion moindre de matière organique jaune et d’alumine et d’oxide de fer; elle s’embrasoit quand on la chaufloit avec le contact de l'air, mais moins bien que la matiere pulvérulente. Elle donnoit à la distillation de l’eau am- mouiacale , de l'acide bydrosulfurique, du carbonate d’ammoniaque et un résidu noir pyrophorique quand il étoit chaud. L’odeur forte du produit y a fait cher- cher l'acide hydrocyanique, mais on n’y en a pas trouvée; la petite quantité de matière n’a pas permis d’y chercher le Cyanogëne, CONCLUSION. : L La matière organique destructble par le feu du sol-de Kuyloch est formée 1°. d'un acide gras qui s'est comporté, dans mes essais, comme l'acide stéarique ou margarique ; 20. d’une matière grasse non acide ; 50, d'un acide organique manganèse : pour m'en assurer j'ai-fait évaporer Ja liqueur à siccité, J’ai obtenu une poudre noire mêlée de nitrate de magnésie. Celui-ci a été dissous par l’eau, la poudre noire ne l’a pas été. La poudre noire contenoit du fer et uné trace de manganèse ; mais Je peu de caméléon qu’on a obtenu en chauffant la poudre noire avec la potasse m'a fait penser qu'il y avoit une autre matière qui n’est échappée. Mém. du Muséum. t, 12. 10 74 ANALYSE. soluble dans l'eau; 4°. d'un principe colorant jaune; 5o. d'une matière azotée brune. Une portion du principe colorant jaune et de la matière azotée est certainement unie à de l’alumine et à du péroxide de fer. Il est probable qu’une autre portion des matières or- ganiques est unie à des sous-phosphates et à des sous- carbonates de chaux et de magnésie : il est probable encore que dans cette seconde portion il y a proportionnellement plus de matière azotée que dans la première. Il y a plus de matière organique et plus de matière pul- vérulente dans l’échantillon pris à six pieds de profondeur que dans l’échantillon pris à deux pieds. ET. I y a dans le sol de Kuyloch dx chlorure de potassium et du sulfate ammoniaco-de-potasse. Conséquemment le chlorure de potassium ; et le sulfate de potasse provenant de la décomposition par le feu du sulfate ammoniaco-de-potasse, qui n’ont pu être recueillis par le procédé suivi pour analy- ser le sol de Kuyloch incinéré, ont dü contribuer à la perte qu’on a eue dans l'analyse (16). IT. Les proportions du sulfate de chaux indiquées ( 15 et 15’) dans les cendres du sol de Kuyloch sont plus foibles que celles qui existent réellement dans ce sol, par la raison que dans la calcination du sol il ÿ à une portion d’acide sul- furique qui se décompose. IV. Il est probable qu’une portion du phosphate de ma- gnésie du sol de Kuyloch est unie à du phosphate d’ammo- niaque. 75 TABLEAU MONOGRAPHIQUE Des Plantes de la Flore du Brésil méridional appartenant au groupe (classe Br. ) qui com- prend les Droséracées, les Violacées, les Cis- tées et les Frankéniées. PAR M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE. (Ce Mémoire a été commencé dans le volume précédent.) CISTEÆ. HELIANTHEMUM. Tourn. Juss. Cisti sp. Lin. Cazvx 5-partitus, divisuris æqualibus; vel 5-partitus, divisuris duplici ordine dispositis, exterioribus sæpiùs minoribus. Perara 5, hypogyna , æqualia. Sramma indefinita, hypogyna : filamenta filifor- mia : antheræ immobiles, anticæ vel xarissimè posticæ, 2-loculares, longitrorsùm dehiscentes. Sryrus 1, terminalis, quandoquè sub- nullus. SriGma capitatum. Oyariün liberum , sessile, 5-gonum , 1-loc. vel sub3-loc. aut manifestè 3-loculare, polyspermum. Ovura nu- merosa, in ovariis 5-locularibus angulo interno, in 1-loculari- bus placentis 3 aflixa parietalibus centram versüs plus minüsve pro- ductis. Carsuza 3-valvis. Deniscenria loculicida. Semrva par va ; angu- lata. Ixrecumenrux duplex; exterius mollius. Umsruicus latiusculus : chalaza vix manifesta. PertsPermum farinaceum vel carnoso-corneum. Ewsrvo intra perispermum spiralis aut yariè curvatus; radicula umbilico contraria cotyledonumque apex. L3 10 76 CisrTées. Hervx, suffrutices vel frutices. Forra opposita vel alterna, exsti- pulata velstipulata, integra.FLones sæpiüs racemosi aut subracemosi, quandoquè umbellati vel corymbosi aut paniculati. Penicecur quan- doquè extraaxillares. Onservarioxs.— 6 I. Nombre; Géographie. — Une seule espèce d’Helianthemum avoit élé indiquée daus l'Amérique méridionale ; c’est elle que jai trouvée, et je n’en. ai découvert aucune autre. Elle s'étend depuis le Rio de la Plata, jusque dans la province de S. Paul ; mais elle ne croît pas entre les tropiques sous lesquels il paroïît qu'’on-n’a découvert aucune espèce de ce genre, $ IL. Semence.—Une radicule tournée en sens contraire de l’ombilic, et des coty- lédons dont l'extrémité est dirigée de la méme manière, forment un caractère très-remarquable. Je l’ai observé dans tous les Helianthemum que j'ai disséqués; mais je dois avertir ceux qui voudroient analyser des semences appartenant à ce genre, qu'ils doivent faire bien attention de ne pas se méprendre sur la position de l'ombilic , car présentant souvent une aréole foncée et orbiculaire et étant plus large que la chalaze, il peut aisément être pris pour elle. Ce qu'il y a de plus sûr pour ne pas se tromper, c'est de n’étudier que des graines pourvues du cor- don ombilical, ou de bien faire attention au petit trou arrondi qui se trouve au milieu de l’aréole. 1. HELIANTHEMUM BRASILIENSE. : H. caule suffruticoso, subsimplici, apice hirsuto, foliis exstipu- latis ,sessilibus, ovato-oblongove-ellipticis, acutis, breviter mucro- nulatis, hirsutis; pedunculissolitariis, unifloris calycibusque hirsuto- canescentibus; calycinis lacinirs interioribus ovatis, acuminatis. Cistus Brasiliensis. Zam. Dict. IT, p. 22. Cistus alternifolius. al. Symb. T, p. 38. Helianthemum Brasiliense. Pers. Syn. IT, p. 22. Dun. in DC. Prod. T, pag. 269. Ranrx gracilis ; fusca. Caues suffruticosi, plures, rariüs solitarii, 5-7 pol. longi , rard ampliüs, vix ramosi, subflexuosi, teretes, apice hirsuti, basi plus minüsve glabrati. Forr4 alterna , exstipulata, ses- silia, ovato-oblongove-elliptica, acuta, breviter mucronulata, integer- ot til Cisrées. 77 rima, pilosa vel hirsuta, nervo medio subtüs proeminente ; superiora gradatim minora; floralia oblongo-linearia vel linearia angusta. Peoux- cui in apice Caulium vix racemosi, extraaxillares, pauci, solitarii, 1-flori, folio longiores vel breviores, molliter hirsuti, canescentes. Carvx 5-partitus; laciniis molliter hirsutis, canescentibus ; exterio- ribus 2 linearibus, angustis, acutis ; interioribus 5 ovatis, acumi- natis, margine hinc membranaceis, exterioribus plüs minüsve lon- gioribus, cum iisdem quandoquè basi coalitis. Peraza 5, hypogyna , ovata, integerrima vel denticulata, glaberrima, omninè lutea vel basi maculà atropurpureà notata. Sramma indefinita, glabra : filamenta filiformia : antheræ immobiles, anticæ, 2-loculares, longitudinaliter internè dehiscentes. Sryrus brevis, glaber. Sriema crassum, capitato- 5-lobum. Ovarium globoso-ovatum, 3-lobum, glabrum , 1-loc. polys- permum. Ovura numerosa, funiculis longissimis capillaribus af- fixa placentis 3 parietalibus linearibus semi-cylindricis non pro- ductis. Carsura vestita calyce staminibusque persistentibus , 3-4 1. longa , obtusa, 3-valvis; valvulis medio seminiferis. Sema parva, diametro vix 1 1. , angulata, ad umbilicum latiora, apice attenuata, fusca. Uumicus orbicularis, nigrescens ; chalaza opposita, vix mani- festa. Irecumenrum duplex, exterius mollius. PerisPermum farina- ceum. Ewsrxo in perispermo spiraliter convolutus : cotyledones pla- niusculæ, lineares, angustæ, radiculà longiores, centrum spiræ occupantes , apice ad chalazam spectantes : radicula teres , gracilis, acutiuscula, umbilico contraria. FRANKENIACEZÆ. SAUVAGESIA. Lin. Juss. Aug. de S.-Hil. LAVRADIA. Vel. Vand. Aug. de S.-Hil. Mart. Osservarions. — I. Rapports des Frankéniées confirmés par M. de Candolle. — M. de Candolle a confirmé, dans son Prodromus, les aflinités que j'ai attri- buces aux genres Lavradia et Sauvagesia. À la vérité, ces genres! se trouvent, 78 FRANKRÉNIÉES. dans son livre, séparés des Frankéniées par deux autres familles ; mais il faut se rappeler que les /’iolacées et les Frankénïées ont été, dans cet ouvrage, travaillées par deux mains différentes. M. de Gingins, de son côté, a tres-bien reconnu les aflinités des Z’rolacées avec le Sauvagesia et le Lavradia, et d’un autre côté, M. de Candolle a sanctionné les affinités du Luremburgia avec les Frankéniées, ét de celles-ci avec les Caryophyllées ; or, il n’est pas de genres qui se rapprochent plus que le Sauvagesià, le Laävradia et le Luxemburgia; donc les V'iolacées se rattachent aux Frankéniées comme celles-ci aux Caryophyllées, et c'est précisé- ment la série que j'ai proposée. SIL. Rapports des Frankéniées confirmés par M. Martius ; dissertation sur l'embryon des Caryèphyllées ; comparaison de l'ovaire uniloculatre à placentas pariétaux avec l'ovaire à placenta central. —M. Martius qui, d’abord , avoit écrit que les genres Sauvagesia et Lavradia devoient être rapportés aux Droséracées , reconnoit aujourd'hui ( Nov. Gen. p. 38) ayec cette candeur qui caractérise le vrai savant qu’ils ont beaucoup plus de rapports avec les Z’iolacées (1). Il confirme ainsi ce que j'ai démontré dans ma Monographie. ( V. Plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguay, 1 p. 30 et suiv.) Le même savant aura vu dans cette Mo- nographie , quelles raïsons forcent de placer les deux genres dont il s’agit auprès du Frankenia, et si, lorsqu'il a écrit, il n’a pas été frappé de la nécessité de cerap- prochement, c’est certainement parce que dans le seul travail sur cette matière, dont il paroït avoir eu connaissance quand il a composé son livre (Observations sur le Sauvagesia erecta, Mém. Mus., vol. IT), j'avais commis la faute très-grave de placer le Sarothra parmi les Frankéniées , erreur que j'ai relevée dans ma Mo- nographie (1. c.). D'ailleurs, M. Martius confirme encore très-bien les rapports que j'ai indiqués entre les Frankéniees et les Caryophyllées. Or, puisque le Sau- vagesta et le Lavradia font partie des Frankéniées, que ces mêmes genres, suivant M. Martius, sont voisins des /’iolacées, et que d’un autre côté, toujours selon le même auteur, les Frankéniées sont également voisines des Caryophyllées, il est clair qu’on ne peut faire sentir ces doubles rapports sans mettre les Frankéniées 2 (1) M. Martius demande même si les filets stériles des Sauvagesta pourroïient être autre chose que les poils du dos de lanthère du Conohoria qui, changeant de place, de nature, de forme et”de couleur, se seroient pour ainsi dire ennoblies. Eu se livrant à de telles considérations , l'observateur se repose de ses trayaux, et ne cesse point de goûter le plaisir d'offrir à son imagination les objets de ses études favorites ; mais on sent que dans la réalité un tel délassement sort entierement du domaine de læ botanique, FRANRÉNIÉES. 79 à la place qui leur a été, ce me semble, assignée par la nature, c’est-à-dire, sauf l'intermédiaire des Cistées, entre les J’iolacées et les Caryophyllées. Après avoir dit avec tant de raison que les Frankéniées ne doivent point être éloignées des Caryophyllées, M. Martius exprime des doutes sur celles des plantes de cette dernière famille avec lesquelles les Frankéniées auroient le plus de rap- ports. Comme je me suis beaucoup occupé des Caryophyllées ( V. mon Mémoire sur le Placenta central ), on me permettra, j'espere, d’essayer de lever ces doutes: ce sera pour moi une occasion de traiter des points de botanique qui ne sont pas sans intérêt , et de citer quelques faits nouveaux. M. Martius seroit porté à soupçonner que les Frankéniées se rattachent princi- palement à celles des Caryophyllées qui, dit-il, ont l'embryon intratre ; et il cite l’Ortegia et le Lechea, comme des exemples de Caryophyllées où l'embryon est placé dans le périsperme. Parmi un très-grand nombre de Caryophyllées dont j'ai analysé les graines, je n’ai trouvé que deux espèces où l’embryon fût réellement dans ce cas, l’Holosteum umbellatum et le Dianthus prolifer. Le premier offre un embryon placé dans l'axe d'un périsperme charnu et replié longitudinalement sur lui-même, de manière que la radicule et les cotylédons sont tournés vers Le point d'attache, etne comprennent entre eux qu'une légère portion de périsperme : la ra- dicule répond à une côte qui se trouve à la face de la graine déprimée ( Rich. ) et les cotylédons à un sillon qu'on voit au dos. ( Cotyl. dorsales Gært.) Quant au Dianthus prolifer, ÿ'y ai vu un embryon droit et placé dans l'axe d'un périsperme charnu; maïs dont la radicule ni les cotylédons ne sont tournés vers l’ombilic. Voilà sans doute des anomalies extrêmement remarquables ; mais quand nous voudrions négliger les rapports les mieux établis , et oublier que l’Æolosteum um- bellatum ne doit pas être beaucoup éloigné des Stellaires, ni le D. prolifer des autres Dianthus ; quand nous ne voudrions avoir égard absolument qu’à l’em- bryon, nous ne pourrions pas encore former une section de ces deux plantes, puis- que dans l’une l'embryon est replié, et a ses deux extrémités dirigées vers l’om- bilic, tandis que dans l’autre il est droit et n’aboutit à l’ombilic ni par l’une ni par l’autre extrémité. Il est très-vrai que l'embryon des Caryophyllées ne fait pas toujours le tour du périsperme, et quelquefois même, quand la graine est allongée, il reste appliqué d’un seul côté de l’albumen, ainsi que cela a lieu dans les Dianthus cités par Gærtner, et dans l’Ortegia donné par le savant M. Martius comme un exemple de l'embryon intraire chez les Caryophyllées( Embryo Ogtegiæ dorsalis ; albumen farinosum , unilaterale. Gært. Frut., II, 224); mais un embryon dorsal n’est pas un embryon intraire; et par conséquent il n’y a aucurie analogie entre la graine de l’Or- tegia et celle du Frankenia où l'embryon est axile dans un périsperme charnu, 80 FRANKÉNIÉES. et si ce dernier genre a, comme l’observe parfaitement M. Martius, des affinités avec les Caryophyllées, ce n’est cependant point par sa semence qui l’assimile aux Violacées , mais par ses feuilles, son calice et ses pétales. (V. Histoire des Plantes les plus remarquables , I, p. 36.) En proposant le Lechea pour second exemple de l'embryon intraire dans les Ca- ryophyllées, M. Martius suit M. de Jussieu qui plaçoit le genre dont il s’agit à la fin de cette même famille. Je l'ai cru un instant voisin des Linées, mais il paroît que j'ai eu entièrement tort. M. Dunal l’a réuni aux Cistées (in DC. Prod. ), et M. Brown a confirmé ce rapprochement en trouvant dans l'embryon une organisa- tion analogue à celle des autres Cistées, organisation que j'ai signalée dans l'His- toire des plantes, elc., etc., et que l’illustre Anglois a reconnue de son côté sans que nous nous fussions entendus. Il est bien évident, d’après tout ceci, qu’il n'existe pas de groupe naturel de Caryophy llées à embryon intraïre où l’on puisse faire entrer le Frankenfa ; mais supposons un instant que ce genre n’ait point de rapport avec les J’iolacées , et voyons si, dans ce cas-la, comme le demande M. Martius, il pourroit former le passage des Caryophyllées aux Portulacées. Le savant Bayaroïs a parfaitement rai- son d’admettre les rapports de ces dernières familles ( V. le Mémoire sur le pla- centa central libre ); mais il est entre elles un intermédiaire (1. c.) qui a été re- connu par Jussieu (Mém. Mus.), Desfontaines (Nov. cat.), Mirbel (Elem.), de Candolle (Theor. Elem.), Kunth (Nov. gen.), la famille des Paronychiées, laquelle se nuance parfaitement avec celle des Caryophyllées et celle des Portulacées. Cet intermédiaire viendroit encore repousser le Frankenia qui , d’ailleurs, ne se rattache nullement aux Portulacées par la nature du périsperme, l'embryon et encore moins l’organisation de son ovaire. M. Martius fait tres-bien observer que le Montia et le Claytonia ont un ovaire uniloculaire comme le Frankenia ; mais un oyaire uniloculaire à placenta central a infiniment plus de rapports ayec un ovaire où il existe plusieurs loges et des placentas axiles, qu’il n’en a avéc un ovaire uniloculaire à placentas pariétaux; je crois avoir démontré cette vérité il y a déjà long-temps, par l’anatomie du placenta central des Primulacées, des Caryophyl- lées , des Portulacées et des Salicariées , et elle l’est encore par un fait incontes- table ; c’est que jusqu'ici aucun genre à placentas pariétaux n’est entré dans ces fa- milles, et qu’au contraire les trois dernières admettent indifféremment des plantes où le placenta est central dans un ovaire uniloculaire, et d’autres où il existe plu sieurs loges et des placentas axiles tout à Ja fois ( V. le Mémoire sur le placenta central libre. ) $ IL. Synonymie. Ayant déjà publié la description la plus étendue des espèces FRANKÉNIÉES. Si de Sauvagesia et de Lavradia qui me sont connues, jy renverrai les botanistes, et je me contenterai de donner ici, pour leur commodité, la concordance des noms de mes plantes avec ceux qu’elles ont reçus dans divers écrits depuis que je les ai fait connoître à l’Académie des Sciences, au mois d'octobre 1823, dans les Mé- moires du Muséum, les Annales d'Histoire naturelle et l'Histoire des Plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguay. 1. SauvAGEsIA RAGEMmOSA. Aug. de S.-Hil. Hist. rem. Bres. Par. 1, p. 59, tab. r. Sauvagesia ovata. Mart. et Zucc. Nov. gen. pl. 36, tab. xx1r. 2. Sauvacesia Srrexcezu. Hist. rem. Bres. Par. 1, p. 61 , tab. 11, 4. Sauvagesia serpillifolia. Mart. et Zucc Nov. gen. p. 37, tab. XX (1). 5. SAUVAGESIA RUBIGINOSA. Aug. de S.-Hil. Hist. rem. Bres. Paf:tr,1p: 62; tab.\r,/5: Sauvagesia laxa. Mart. et Zucc. Nov. gen. 38 (2). 4. SauvacesiA ERECTA. L. — Aug. de S.-Hil. Hist. rem. Bres. Par.1, p. 63, tab. ur, À (3). Sauvagesia erecta et nutans. Gin. in DC. Prod. p. 515 et 316. — S. erecta. Mart. et Zucc. Nov. gen. p. 37. @) M. Martius indique la synonymie de son S. serpillifolia de la manière sui- vante : Sauvagesia erecta Spreng. et S. Sprengelir St. Hil. Cette façon de s’ex- primer tendroit à faire croire que l’erecta et le Sprengelit ont été considérés jusqu’à présent comme deux espèces distinctes ; mais il y a certainement ici une faute d'impression. J’aidit ( Hist. rem. Par. I, p. 21 et22) que l’erecta de Sprengel, qui n’étoit pas celui de Linne, devoit porter le nom de Sprengelit, et par conse- quent j'ai toujours regardé les deux noms comme appartenant à la même espèce. (2) M. Martius n'indique cette plante que par une phrase tres-courte, et, en pa- reil cas, la synonymie ne peut jamais être établie avec une entière certitude ; ce- pendantäl y a ici, comme l’a pensé le savant Bavaroïs , toute la vraisemblance que peut établir une description de quelques mots. (3) Le savant M. Martius n’avoit probablement pas sous les yeux mon ancien Mérn. du Museum. 1. 12. 11 82 FRANKRÉNIÉES. 5. SAUVAGESIA TENELLA. Aug. de S.-Hil. Hist. rem. Bres. Par. 1, p. 66, tab. nr, 8. S. tenella. Gin. in DC. Prod. T, p. 316. mémoire sur le Sauvagesia erecta (Mém. Mus., ILE, p. 215), quand il a écrit (Nov. Gen. p. 34) que j'avois avancé que les anthères de ce Sauvagesia s'ou- vroient par le dos. Je ne connois pas une seule anthère, dans tout le règne végétal , qui s'ouvre de cette maniere , et j'ai dit tout simplement que celles du Sauvagesia erecta avoïent leur dos tourné du côté de l'ovaire (antheræ posticæ Br.), ce que Brown a écrit des Jridées, de plusieurs Colchicacées, etc., et certainement il n’entendoit pas par là que dans ces plantes la déhiscence des anthères s’opéroit par leur dos. Je m'explique, au reste, très-facilement la petite méprise de M. Mar- tius. Il existe réellement une erreur très-grave dans le mémoire dont il est ici question. J’y disois que les pétales intérieurs du $. erecta sont alternes avec les extérieurs, et ils sont opposés, comme je lai reconnu depuis dans cette même espèce et toutes celles que j'ai observées postérieurement ( V. Plantes les plus remarqua- bles, p. 7). Quoique M. Martius ne parle nulle part de la position relative des deux corolles, il aura sans doute reconnu mon erreur, et wayant pas devant lui les Mémoires du Muséum quand il a composé son bel ouvrage, il aura appliqué aux étamines l’idée d’une erreur qui concernoit les pétales. Cela est d'autant plus vrai- semblable que le même sayant a parfaitement reconnu que les étamines du Sau- vagesia (Nov. Gen., p.34) étoient alternes avec les pétales intérieurs, et de là il aura pu conclure qu’il devoit y avoir opposition entre les deux rangs de pétales. I] est vrai qu’il dit ensuite que les étamines sont opposées dans le Lavradia. Mais comme la corolle est ici monopétale, qu’elle a de tres-petites dents , et qu’elle se déchire après la floraison en lames irrégulières ( V. Nov. Gen., p. 32), il est assez vraisem- blable que le même savant n’a entendu ici, par l'opposition des étamines, que celles qu’elles ont avec ces petites concavités qu’il a observées sur les corolles internes et auxquelles ces mêmes étamines donnent lieu: Quant à l’expresion de cinq écailles soudées employée par le même savant pour désigner la corolle interne du Lavradia , ce n’est qu’une heureuse supposition imaginée pour mieux faire sentir la singulière aflinité des genres Sauvagesia et Lavradia : on distingue. si peu ces cinq écailles que la corolle est souvent à dix petites dents , et, comme le dit tres-bien M. Mar- tius , elle se déchire irréguliérement. Au reste , cette aflinité qu’il fait remarquer avec raison entre le Sauvages'a et le Lavradia doit naturellement faire supposer que, s’il étoit possible que dans ce dernier les pétales se séparassent en cinq écailles distinctes, les étamines seroient alternes avec elles comme dans le Sauvagesia. FRANKÉNIÉES. 83 6. SauvacesiA LINEARIFOLIA Aug. de S.-Hil. Hist. rem. Bres. Par. 1, p. 67, tab. 1v, 4. Sauvagesia pusilla. Hart. et Zucc. Nov. gen. p. 35, tab.xx1r (1). 7. Lavrapra veLzLozi. À. de S.-Hil. Hist. Bres. Par. I, p. 22. Lavradia Velloziana. Gin. in Dec. Prod. T, p: 514 (2). 8. Lavrapra cLanpuLosa. Var. B. Aug. de S.-Hil. Hist. rem. Bres. Par. [, p. 34. Lavradia montana. Mart. et Zucc. Nov. gen. p.36, 1. xxr11 (3). LUXEMBURGIA. Aug. de S.-Hilaire (4). \ Plectanthera Mart. et Zucc. (5). Cazvx 5-phyllus, inæqualis , deciduus. Peraza 5, hypogyna, sub- @) M. Martius dit à la vérité que sa plante n’a point de filets stériles entre la co- role extérieure et la corolle intérieure, et j'en vois cinq dans mes échantillons; mais le S. tenella m'a prouvé que, dans les petites espèces, ce caractère étoit variable. Je dois avertir ici que le dessinateur qui a figuré (1. c.) le S. Znearifolia a trop fait sentir les dents des feuilles ; on ne les voit tres-bien qu’à la loupe, et elles n’existent, comme lobserve parfaitement M. M., qu’à l’extrémité des mêmes feuilles. (2) M. Martius a cru que le Lavradia de Vandelli ( in Script. Lus. p. 88, t. VI) devoit se rapporter au glandulosa J. 8; et en effet la phrase de Vandelli peut, comme tant d’autres, s'appliquer à plusieurs espèces ; mais les manuscrits de Vel- lozo prouvent évidemment que c’est le L. J’ellozit qui a été désigné dans l'ouvrage de Vandelli. Ce point de synonymie n’a pas au reste l'importance la plus légère. (3) Je ne connaïs point les Sauvagesia ericoïdes , fruticosa et salicifolia qui sont indiqués comme croissant au Brésil ; mais dont les caractères n’ont été , jusqu’ici, tracés que d’une manière extrêmement abrégée. Je ne connoïs pas davantage l’es- pèce charmante décrite par M. Martius sous le nom de Lavradia alpestris. (4) La description de ce genre a paru dans les Mémoires du Muséum ( vol. IX, année 1828) ; jy ajoute quelques traits que j'emprunte aux Z. spectosa et coryÿm- bosa qui n’étoïent pas sous mes yeux quand j'ai fait ma première description. (5) IL faut bien se donner de garde de croire, d’après ce nom, que les an- Ta 84 FRANRÉNIÉES. : inæqualia, decidua. Axrserx gynophoro brevissimo cum pistillo in- sertæ , subsessiles, definitæ sæpiüsve indefinitæ, lineares, 4-gonæ, 2-loculares , posticæ, apice poris 2 dehiscentes, in massulam se- cundam ovarium sæpè amplectentem adglutinatæ, deciduæ : fila- mentorum rudimenta persistentia. Pisrurzum declinatum. Sryrus pyramidato-subulatus. Sricma simplex vel rariùs tripartitum. Ova- rIUM sessile vel pedicellatum , oblongum, 3-angulare , 1 -loculare vel subuniloculare, polyspermum. Carsura 1-loc., polysperma, 3- valvis; valvularum marginibus plüs minüsve introflexis, seminiferis. Sema numerosa , oblonga, membranà cincta apice latiore. IxTEGu- MENTUM duplex ; utrumque membranaceum. Uwsrcicus ad extremi- tatem seminis angustiorem. PERISPERMUM carnosum, parvum. Eusryo axillis, rectus , oblongus : radicula umbilicum ferè attingens. Frurices elegantes, ramosi , glaberrimi. Four alterna , dentata, mucronata, oblonga, eleganter lineato-nervosa. Srrpucx laterales, ge- minæ , caducæ vel persistentes. FLores terminales, pulchrè racemosi vel corymbosi , lutei. Peouxcurr paul supra basin articulati, ad arti- culationem 2-bracteati. Prærcorario subquincuncialis ; petalum ex- terius 1, semi exteriora 1-2, dorso nudum r, exteriora 1-2. Osservarioss. $ I. Nombre; Géographie. —Le genre Luxemburgia est entière- ment nouveau, et les quatre espèces qui le composent appartiennent lexclusive- ment au Brésil. Toutes croissent sur cette chaîne de montagnes qui divise les pays de bois vierges des pays découverts; et ce qu’il y a de remarquable, c’est que cette chaine qui fait la limite de deux Flores si différentes, offre une végéta- tion qui se distingue également de l’une et de l’autre. 1 S II. Rapports. — Les étamines du Luxemburgia s'ouvrent au sommet comme celles du Polygala; elles rappellent par la forme celle des Tetratheca et plus encore celles des Cassia ou surtout des Gomphia ; mais ces légères ressemblances thères soient pliées. M. Martius les a décrites avec détail ; il ne fait pas plus que moi mention de cecaractère (Nov. Gen., p. 39 et 40), et tout le monde sait qu’on ne doit attacher aucune importance au sens d’un nom générique. ns FRANRÉNIÉES. 85 n’établissent aucune aflinité réelle (1): C’est avec les Sauvagesta etles Lavradia que les Zuvemburgia ont les rapports les plus intimes ; je l’ai démontré ailleurs, et tous les botanistes qui ont vu ces plantes l’ont senti comme moi; Cependant je ne crois pas inutile de rapprocher dans un même cadrelles traits qui unissent ces quatre genres. Les Luxembungia ont des tiges ligneuses comme la plupart des Sau- vagesia et des Lavradia; leurs feuilles sont également alternes ; les dents qui bor- dent ces feuilles sontsouvent calleuses; celles de plusieurs Lavradiael Sauvagesia ont des veines parallèles moins prononcées qué dans les Luvémburgia, mais qui pour- tant indiquent un rapport; enfin une pointe aiguë termine la feuille du Lavradia glandulosa , comme celle du Luxémburgia. Deux stipules latérales et ciliées exis- tent dans toutes ces plantes. Le pédoncule des Luxemburgia est articulé comme dans la plupart des Jzolacées si voisines des Frankéniées, et muni de deux bractées comme dans les fola, Lonidium , etc. , caractère qui confirme les affinités de ces différens groupes. La corolle des Luxemburgia , Sauvagesia et Lavradia est insérée sous un gynophore qui porte les organes sexuels; leurs anthères ont le dos tourné du côté du jeune fruit, elles sont immobiles , et celles du Sauvagesia s'ouvrent presque comme dans le Zuxemburgia; le style est unique; l’ovaire est polysperme ; le fruit capsulaire s’ouvre en troïs valves dont les bords rentrent en dedans, et dans les trois genres les bords rentrans offrent des modifications à peu près analogues. Les semences sont également pelites et nombreuses ;, le péri- sperme est charnu; l’ombilic terminal; l'embryon est droit et axile, et la radi- cule aboutit presque à l'ombilic. Enfin les graines du Luxemburgia sont bor- dées d’une membrane, comme le sont celles de l’Anchietea , genre d’un groupe voisin. S IT. De divers caractères génériques. — 1°. ANrnÈres. Je n’indique point comme générale la concavité de la masse des anthères embrassant le pistil, parce que ce ca- ractère, déjà un peu moins sensible dans le L. polyandra que dans l’octandra , dis- paroît entièrement dans le corymbosa. 2°. Ovare. On ne doit pas être surpris de ce que M. Martius qui n’a vu que l’o- vaire du L. octandra V'ait décrit comme triloculaire , puisque les bords rentrans , (1) C’est incontestablement cette forme des anthères qui a engagé le savant M. Martius à rapprocher le Zuxemburgia des T'ermandrées. Mais le doute qu’il émet lui-même (Nov. Gen.) prouve qu’il a parfaitement senti combien ce rap- prochement est peu fondé et qu'il n’y attache absolument aucune importance ; aussi seroit-il superflu, de le discuter. 86 FRANKÉNIÉES. toujours prolongés jusqu’au centre , y contractent quelquefois un peu d’adhérence; mais il n'y a jamais d’axe central, et déjà dans les Z. polyandra et corymbosa , ces mêmes bords ne s'avancent plus tout-à-fait jusqu’au centre; enfin dans le co- rymbosa , ils n’atteignent chacun que le quart du diamètre de la loge. Donc l'ovaire du ZLuxemburgia doit être décrit comme uniloculaire. 3°. PÉnisPeRmE. Un examen réitéré me l’a montré charnu dans les Luxemburgia pob'andra et octandra, et ce n’est certainement que par une erreur de plume qu'il a été indiqué comme farineux dans le bel ouvrage de MM. Martius et Zuccarini. 1. LuxemBurGrA sPEcI0sA. f Tab. III. Foliis subsessilibus, oblongis, obtusis, basi attenuatis ; floribus racemosis, magnis; staminibus numerosis. Surrrurex 3-4-pedalis, erectus, ramosus , glaberrimus ; ramis obscurè rubescentibus ; cortice subrimoso. Forra sparsa, conferta , subimbricata, stipulata, brevissimè petiolata, circiter 12-18 1. longa, 6-8 1. lata, oblonga, obtusa, basi attenuata, serrata, mucronata, coriacea , glabra , nitida; serraturis sphacelatis , inferioribus distan- tibus vix manifestis ; mucrone subulato, setaceo, circiter 1-12 |. longo; nervo medio rubescente, suprà proeminente , subtùs ru- bro ; nervis lateralibus numerosis, parallelis; venis intermediis tenuissimè reticulatis, per lentem manifestis. STPuLx geminæ, la- terales, 2 1. longæ, laciniato-ciliatæ, obscurè ferrugineæ. Racemr terminales, sessiles, simplices. Fcores diametro circiter 16 1. , so- litarii, approximati, pedunculati, basi bracteati : bracteæ cauli- nares, lineares, acutæ, ciliatæ, ferrugineæ , hinc et indè stipulä stipatæ laciniatà, ciliatä. Peouxcurx circiter 8-14 1. longi, 4-goni, ad tertiam partem inferiorem 2-bracteati, infra bracteas crassiores; bracteis oppositis, caulinaribus suprà descriptis consimilibus. Cauyx 5-phyllus ,inæqualis, caducus ; foliolis ovato-rotundis , obtusissimis, subirregularibus, apice quandoquè subfissis, concavis , coriaceis, imargine membranaceis ; vix ciliatis ; interioribus 3 majoribus. P- Tata 5, hypogyna, amplitudine subinæqualia , obovata , obtusissima, aurea. Axtueræ cum pistillo gynophoro brevi hemisphærico obliquo FRANKRÉNIÉES. 87 insertæ, subsessiles, indefinitæ , circiter 4 1. longæ , lineares, an- gustæ, subinæquales, posticæ, apice poris 2 dehiscentes, in massulam secundam crassam obovatam obtusam albidam adglutinatæ exteriüs convexam internè concavam ovariumque amplectentem. Filamen- torum rudimenta persistentia. Pisrizzum declinatum. Sryrus brevis, subpyramidalis, 3-angularis, ovario continuus. Sricma terminale Lo 3-partitum, ovario continuum. Ovarium subsessile , oblongum, 5-angulare, apice acutum, 1-loc. , polyspermum : placentæ 3 (val- vularum margines introflexæ) è lateralibus ovarii enatæ , usquè ad quartam loculamenti partem productæ, primüm breviter lamellatæ, deindè 2-fidæ; divisuris patentibus , divergentibus, figuram T refe- rentibus. Ovuranumerosa , marginibus placentæ divisurarum liberis aflixa ; placentis aliubi nudis. Carsura pedicellata, 8-1. longa , ovata, acutiuscula , exactè 3-quetra , glabra, nigrescens , usquè ad medium 3-valvis ; valvulis carinatis, marginibus introflexis, ad extremitatem seminiferis; parte extremàä seminiferà demüm solutà. Semina non vidi. Inveni in montibus propè Milhoverde, 5 1. à vico Tejuco ada- mantium ; alt. circiter 3700. Florebat Octobre. 2. LuxEmMeurRGIA corymBosa. + Tab. IV. L. foliis breviter petiolatis, oblongis , angustis , acutiusculis, basi attenuato-cuneatis; floribus paucis, corymbosis, magnis; staminibus numerosis. . SurrruTex 5-6-pedalis, ramosus, glaberrimus. Fozra sparsa, con- ferta, breviter petiolata, 1:-2: pol. longa , 4-61. lata, oblonga, an- gusta , acutiuscula , basi attenuato-cuneata , serrata , mucronata, ni- tida ; serraturis uncinatis, sphacelatis ; mucrone brevissimo, setaceo ; nervo medio supra subtüsque proeminente ; lateralibus numerosis , parallelis, Snurx geminæ, laterales, lineares, angustæ , acutissimæ, carinatæ , tenuiter ciliatæ nec laciniatæ, persistentes ; ciliis crispis, plüs minùs deciduis. Frores magni , terminales, circiter 3-4, corym- 88 FRANRÉNIÉES. bosi (racemi valdè abbreviati), bracteis intermixti, pedunculati. Bracrex caulinares, circrter 2-3 1. longæ , lineari-lanceolatæ , acu- minatæ, sæpius ciliatæ, stipulatæ ; stipulis multipartito-ciliatis. Peouxcuu circiter 8 1. longi , 4-goni, pauld supra basin 2-hracteati et articulati : bracteæ oppositæ , caulinaribus consimiles. Carvx 5- phyllus , inæqualis, caducus; foliolis latè ovatis, acutis, margi- ginibus subglanduloso-serratis. Perara 5, hypogyna, inæqualia, obovata , aurea , caduca ; interiora 3 minora, subcuspidata. Sramixa cum pistillo gynophoro brevi hemisphærico inserta : filamenta bre- vissima, vix manifesta, persistentia : antheræ numerosæ, circiter 4 |. longæ , lineares , angustæ , subinæquales, posticæ , in massulam se- cundam obtusam nec concavam adglutinatæ ; interiores quædam liberæ. Pisrzun declinatum. Sryzus figuram S referens , subulatus. Sricma simplex, truncatum. Ovarruw sessile, oblongum, 3-angulare, 1 loc., polysp. : ovula placentis 3 aflixa è lateribus ovarii enatis nec usquè ad centrum productis, primüm breviter lamellatis, deindè 2-fidis ; divisuris patentibus, divergentibus, fig. T subreferentibus. Inveni ad rivulos in jugis altioribus montium dictorum Serra da Caragça ; alt. circiter 6000 ped. Florebat Februario. 3. LuxempurGrA POLyYANDRA (1) f. L. foliis petiolatis, oblongo-ellipticis , basi subcuneatis ; floribus racemosis, mediocribus ; staminibus numerosis (2). (1) Les noms spécifiques de polyandra et d’octandra que j'ai donnés avant que toutes mes plantes fussent réunies, sont réellement très-mauvais, puisque les Luxemburgia corymbosa et speciosa ont beaucoup d’étamines comme le polyan- dra, et que l’octandra w’en a pas constamment huit. Je ne crois pas cependant de- voir changer ces noms, par respect pour l’antériorité, loi dont l'observation est tellement utile, qu'il ne doit pas être plus permis à un botaniste , comme l’a très- bien dit M. de Candolle, de la violer pour ses propres plantes que pour celles des autres auteurs. ( V. Theor. Elem. ) (2) Je décrirai cette plante ailleurs avec détail. FRANKÉNIÉES. 89 Luxemburgia polyandra. Aug. de S.-Hil. Mem. Mus. vol. 1X, p. 351. — DC. Prod. T, p. 350. N. W.Congoha do campo; Mate do campo. Osservarion. La description que M. Martius donne de son Plectanthera, ciliosa est malheureusement peu étendue et n'indique point les caractères de la fleur; cependant elle me paroît suffisante pour établir que cet arbrisseau n’est pas iden- tique avec le Z. polyandra , quoiqu'il paroisse réellement y avoir entre eux de grands rapports. Celui-ci a, comme le céliosa, les feuilles pétiolées et terminées par une pointe sétacée de deux à quatre lignes de long ; mais ces feuilles ont, avec des dimensions plus grandes et surtout plus de largeur , presque la même forme que celles du Lux. octandra (1) ; c’est-à-dire qu’elles sont moins étroites en haut qu’en bas; et M. Martius, au contraire, indique son ciliosa comme ayant les siennes ovales, ou , si l’on veut, comme plus larges en bas qu’en haut. Sans être tout-à-fail aussi obtuses que celles du Z. octandra , les feuilles du polyandra ne sont point aiguës, comme M. Martius dit que le sont celles du ciliosa ; enfin dans ma plante les feuilles n’ont pas de longs cils, mais des dents absolument sem- blables à celles que M. Martius décrit avec beaucoup d’art dans le Z. octandra, et seulement plus longues. La capsule de ma plante n’est point triquètre comme M. M. dit que l’est celle du ciliosa, mais elle est presque semblable, avec d’autres dimensions, à celle de l’octandra. 4. LUXEMBURGIA OCTANDRA. L. foliis subsessilibus, oblongo-ellipticis, angustis, basi sub- cuneatis; floribus racemosis, parvis ; foliolis calycinis ciliatis ; sta- minibus definitis (7-12). (x) J'ai rendu la forme de ces feuilles le mieux qu’il m’a été possible; mais je ne sais si j'aurai réussi. En général il est une foule de cas où la même feuille décrite par plusieurs auteurs est représentée par des termes entierement différens , parce que malheureusement il n’y a aucune uniformité dans les terminologies ; et elles sont même tellement vagues que souvent on est tenté d'indiquer par un mot une forme que dans un autre moment on a représenté par un mot différent. Qu'on ne trouve donc point extraordinaire que M. Martius applique dans sa phrase aux feuilles du Luxemburgia octandra V’épithete d’elliptica, et dans sa description celle d’oblanceolata. Ceux qui n’ont jamais décrit de plantes, sont quelquefois sur- pris de ces espèces de.contradictions; mais aussitôt qu’ils décrivent eux-mêmes, ils apprennent à les excuser. Mém. du Muséum. à. 12. 12 90 FRANRÉNIÉES. Luxemburgia octandra. Aug. de S.-Hil. Mem. Mus. vol. IX, p- 351. — DC. Prod. TI, p. 350. : Plectanthera floribunda. Mart. et Zucc. Nov. gen. p. 40 ,t. 26 (1). Frurex 2-6-pedalis , glaberriraus, valdè ramosus ; ramis subfasti- giatis ; cortice cinereo vel subferrugineo , rugosiusculo. Forra sparsa , subsessilia, confertissima , stipulata, 1:2-pol. longa , 4-61. lata, rard majora , oblongo - linearia , obtusa vel acutiuscula, basi subcuneata, in petiolum brevissimum attenuata, serrata, mucronata; serraturis sphacelatis, introrshm uncinatis ; mucrone subulato, brevi, è nervo medio exserto ; nervo medio proeminente; nervulis lateralibus nu- merosis, parallelis ; venis intermediis reticulatis, per lentem mani- festis. Srrurx basi 3-quetræ, subulato-setaceæ , parum ciliatæ , per- sistentes. Racer terminales , sessiles, multiflori, 5-7 pol. longi. Pepuxcuui solitarii, approximati, circiter 2-5 1. longi, 4-goni, basi stipati bracteà caulinari et insuper pauld infra basin 2-bracteati et articulati : braetea caulinaris , linearis , angusta, acutissima, ci- liata, stipulata, caduca : pedunculares caulinaribus conformes. Cazyx 5-phyllus, inæqualis, caducus ; foliolis oblongo-linearibus, obtu- siusculis, ciliatis, lutescentibus; ciliis apice sphacælatis. Perara 5, subinæqualia, oblongo-elliptica, obtusa , intégerrima , lutea. Sra- Mina 7-15, Cum ovario gynophoro brevi inserta : filamenta brevissima, persistentia : antheræ circiter 2: |. longæ , 4-gonæ, linéares, an- gustæ, subinæquales, posticæ, apice poris 2 dehiscentes , in massu- (1) Je ne suis point étonné que M. Martins ( V. Noy. Gen.) ait eu de la peine à reconnoître dans les Mémoires du Muséum ( 1823), l'identité de son Plectan- thera floribunda avec le Luxemburgia octandra. J’avois eu le tort très-grave de me désigner ces plantes que par des phrases beaucoup trop courtes, et, au point où est la science, de telles phrases ne sont réellement que des énigmes. Aussi ai-je vu des botanistes exprimer de vifs regrets de ce que M. Martius ait indiqué tant d'espèces par de simples phrases dans un ouvrage aussi important que son Nova genera. C'est en effet priver le lecteur de ces descriptions détaillées qu'il saît si bien tracer, etex- poser ceux qui traiteront les plantes du Brésil à faire de doubles emplois. Zom . 12. \# SEX 7 Eric / 7, (X CA Are A. UV à Te \ F/2AN \ EL SN: us (7 4 SSS NS ISP£CIOSA. LUXEMBURGIA Zom .12. ; PR LUXEMBURCGIA CORYMBOSA. FRANKRÉNIÉES. g1 lam secundam obtusam adglutinatæ externè convexam intüs con- cavam ovariumque ante perfectam floris explicationem amplecten- tem deciduam. Sryzus brevis, subulatus. Srrema simplex. Ovarrun pedicellatum , oblongum, 3-quetrum, subuniloculare, polyspermum : placentæ 3 è medio facierum ovarii enatæ (valvulæ margine intro- flexæ), usque ad centrum productæ , quandoquè subadhærentes , extremilate 2-lobæ , lobis divergentibus retroflexis seminiferæ. Ca- rsuza circiter 5 L. longa, pedicellata , oblonga , 3-loba , r-loc., polys- perma , trivalvis ; valyvularum marginibus introflexis, ferè usquè ad centrum productis, seminiferis. Sema minuta , oblonga, utrinquè obtusa, quandoque subangulosa , membranä cincta angustissimä apice paulo latiore, obscurè ferruginea. Inrecumexrum duplex; utrum- que membranaceum. Uuwsrricus ad extremitatem seminis angustio- rem. PERISPERMUM Carnosum, manifestum. Eurryo axilis, oblongus : cotyledones semiellipticæ, obtusæ : radicula umbilicum ferè at- tingens. Crescit in campis altis provinciæ Minas Geraes, præcipuè propè Ibitipoca, 8. Joaô del Rey , Villa Rica, in montibus dictis Serra da Caraça, etc. EXPLICATION DES PLANCHES. Tab. III. ZuxEzmMBURGIA SPECI0s4. Tab. IV. Luxrmrunrci4s coRyMB0s4. Fic. 1. Stipule grossie : les cils qui les bordent tombent bientôt en tout ou en partie. Fic. 2. Bractée grossie. Fic. 3. Etamines et pistil grossis. Fic. 4. Sommet d’une étamine plus grossie. APPENDICE. Lorsque j’achève de corriger les épreuves de cette Monographie , je reçois encore le numéro du Botanische Zeitung (21 janvier 1825), où M. Zuccarini a parlé, d’une manière beaucoup trop flatteuse, des deux premières livraisons de l’Æistoire des Plantes les plus remar- quables, etc. Un auteur , livré, comme M. Zuccarini, à d'importans travaux, attache ordinairement peu d'importance à un article qui échappe à sa plume, et qu’il fait insérer dans une feuille hebdoma- daire ; cependant comme il est convenu que le monographe ne doit rien omettre de ce qui se rapporte aux objets dont il s'occupe, je dirai quelques mots de l’article dont il s’agit. Il n’y à pas du tout lieu de s'étonner que les caractères du Zuxem- burgia , tracés d’un côté par MM. Martius et Zuccarini, et d’un autre côté par moi , ne soient pas identiques , puisque ces messieurs n’ont vu qu'une espèce en fleurs , et que j’en ai analysé quatre dans l’état de floraison. Ainsi que j'ai déjà eu occasion de le dire (voyez plus haut , p. 86), si, comme ces sayans, je n’avois eu sous les yeux que le Zuxemburgia octandra, j'aurois probablement décrit le génre Luxemburgia de la même manière qu’eux. Je dois regretter de n'être exprimé comme j’ai fait dans ma Ho- nographie, sur les anthères des genres Sauvagesia et Lavradia, puisque je n’ai pas été assez heureux pour me faire comprendre de M. Zuccarini. Une courte explication me rendra, j'espère, plus intelligible, et contribuera peut-être à répandre quelque lumière sur la position de l’anthère relativement aux autres parties de la fleur. Sans parler du bord , l’anthère présente généralement deux surfaces différentes et faciles à distinguer , surtout avant l'émission du pollen. Les loges se portent davantage à l’une des deux surfaces ; elles y sont ÂAPPENDICE. 93 plus saillantes, plus sensibles , et elles y recouvrent plus ou moins le connectif : l’autre surface, au contraire, est plus aplatie, et le connectif y est plus visible. Comme la première des deux surfaces est le plus souvent tournée vers le pistil, on l'a appelée face , et par opposition on a donné à la seconde le nom de dos. Cependant la diffé- rence des deux surfaces est tellement indépendante de la position qu’elles occupent par rapport à la corolle et au pistil, qu'avec la plus légère habitude on reconnoîtra sans peine, dans une anthère détachée de sa fleur, quelle est sa face et quel est son dos. IL y a plus ; cette surface où les loges sont plus saillantes n’est pas toujours tournée vers le pistil, elle l’est quelquefois vers la fleur ; mais on la distingue toujours malgré ce changement de position, et analogie exige qu'on lui conserve encore le nom de face. L’anthère, selon Richard , doit être considérée dans son aspect relctivement au centre de la fleur; elle est introrse quand elle regarde le pistil,, et extrorse quand elle regarde la corolle. À ces mots peu harmonieux , Brown a substitué ceux d’ antheræ anticæ etposticæ , que je lui ai empruntés pour m'en servir dans ma Monographie du Sauvagesia et du La- vradia, et M. de Candlle a clairement expliqué le sens des mots antheræ posticæ, quand il a dit: Z?anthère est quelquefois dirigée en dehors ou dirigée du côté postérieur comme celle des Tris. Le plus souvent c’est à la. face , comme l’a dit Mirbel, que se fait la déhis- cence ; mais lors même qu’elle s'opère, soit par le sommet, soit transversalement, soit exactement dans le bord, il y a toujours un côté où Les loges sont manifestement plus saillantes , et alors ce côté peut vaïier par rapport au pistil , comme dans le cas où la déhis- cence s’opère longitudinalement vers le milieu d’une des deux sur- faces larges. Ainsi les anthères du Cissampelos, qui s'ouvrent en travers, doivent être dites posticæ , et celles du Gomphia , qui s’ou- vrent au sommet par deux pores, sont évidemment anticæ. Obligé de ne rien omettre dans ma Monographie, Yai dû déterminer la position des anthères par rapport au pistil, et j'ai dit : Leur face 94 APPENDICE. est tournée vers la corolle , antheræ posticæ ( Hist.rem.; 1, p. 7): j'ai dû de plus indiquer que la déhiscence ne s'opère ni transversa- lement ni par le milieu de la face, et j'ai ajouté qu’elle se faisoit latéralement , soit dans toute leur longueur, comme dans les Lavra- dia , soit en s’arrétant plus ou moins loin du sommet, comme dans les Sauvagesia (1. c.). Si M. Zuccarini s’étoit occupé de la position de l’anthère par rapport au pistil, il l’auroit certainement vue de la même manière que moi; et quant à la déhiscence , les caractères qu'il indique sont absolument ceux que j'ai signalés moi-même en d’autres termes. Voici en effet comment il s'exprime: Æntheræ 2-locu- lares ; loculis à poro in vertice latere longitudinaliter dehiscentibus. Les expressions oculis & poro in vertice dehiscentibus et latere lon- gitudinaliter dehiscentibus paroitront sans doute contradictoires à ceux qui ne conncissent pas les genres Sauvagesia et Lavradia ; mais dans la réalité ils rendent avec concision ce que j’ai dit moi- même : loculis latere longitudinaliter dehiscentes, l’anthère s’ouvre latéralement ; À poro in vertice dehiscentes, mais les fentes qui se prolongent jusqu’à la base dans le Lavradia, s’arrétent dans le Sauvagesia plus ou moins près de l’extrémilé supérieure. M. Zuccarini donne dans son article un petit extrait de ce qu’il a dit dans son Nova genera , sur les rapports qu’il soupçonne entre les F'rankéniées , \e Lechea , VOrtegia et les Portulacées. Ayant déjà tâché de lever ses doutes par des observations (voyez plus haut , p- 80), je crois inutile de revenir sur ce point. Avec une candeur beaucoup plus estimable que le savoir, M. Zuc- carini reconnoît aujourd’hui qu’il n’y a aucune aflinité entrele genre Luxemburgia et les Termandrées, et il propose de rapprocher ce genre des Guttifères, et en particulier du Godoya. L'auteur, resserré dans un cadre trop rétréci, n’appuie cette idée d’aucune observation ; mais je vais prouver qu’elle est infiniment plus heureuse que la pre- mière. Le Luxemburgia, comme le Godoy a et les Guttifères, a les nervures de ses feuilles nombreuses et parallèles ; et quand on com- APPENDICE. 95 pare surtout les calices des Z. speciosa et corymbosa avec ceux du Godoya, on est frappé de la ressemblance de la disposition de leurs nervures. L'aspect de la fleur de cès mêmes espèces et du Godoya présente aussi une ressemblance frappante. Les étamines du Godoya et celles du Zuxemburgia sont tantôt définies, tantôt indéfinies , et dans les deux genres, les anthères, tournées vers la corolle ( posticæ), s'ouvrent également au sommet; enfin, dit-on, les semences :sont ailées dans le Godoya et dans le Luxemburgia. Mais il est à obser- ver que beaucoup d’autres plantes que les Guttifères ont des feuilles à nervures parallèles, et que l’aspect de la fleur du Zuxemburgia sé retrouve aussi bien dans les Dilleniacées, les Ochnacées, les Cistées, que dans le Godoya ; il est à observer encore que le calice du Godoya est embriqué (DC. Theor.) et non quinconcial; que les Guttifères ont des feuilles sans stipules, tandis que celles du Luxemburgia en sont pourvues ; enfin que ceux-ci présentent un périsperme , et qu'il n’en existe point chez les Guttifères. ( Voyez Jussieu , de Candolle, Choisy, Kunth. ) Cependant, tout en laissant le Luxemburgia non loin du Sauvagesia, du Lavradia et des Fran- kéniées (1), qui conservent toujours avec lui les mêmes rapports, nous nous empresserons de reconnoître ; avec M. Zuccarini, que (1) M. Zuccarini dit, dans son article, que le Luxemburgia s'éloigne extrême- ment du Sauvagesia et du Lavradia , par le nombre indéfini des étamines, par la structure du fruit et la complicité de la corolle. Il a parfaitement raison d'indiquer ces différences , et je les ai également signalées ; aussi ne s’agit-il pas de faire en- trer le Luxemburgia dans les Violacées, mais dans un groupe voisin. J’ai déjà montré à combien peu de chose se réduiroit la différence du fruit. Celle des éta- mines définies ou indéfinies n’empêche point de mettre les Cistées et les V’iolacées à côté les unes des autres , et l’illustre Jussieu n’a pas même hésité de les placer dans le même groupe. Quant à la différence d’une corolle simple ou double, M. Zuccarini n’y attache pas réellement plus d'importance que moi, puisqu'il joint les Sauvagesia aux Violacées, qui n’ont, comme le Luxemburgta , qu’une corolle. 96 APPENDICE. les Luxemburgia ont plusieurs caractères communs avec le Godoya, genre qui, formant une sorte de centre, a encore, selon Choisy, des points de contact avec beaucoup d’autres, tels que les Gomphia, et même des genres de Légumineuses à fleurs régulières (1). (1) Je ne dis rien ici de la partie de l’article de M. Zuccarini, que je regarde comme étrangère à la science. Je protesterai seulement que quand j'ai écrit ma Monographie des genres Sauvagesia et Lavradia , je n’avois aucune connoïssance de l’ouvrage où ce jeune savant et M. Martius ont écrit quelque chose sur les mêmes genres. L'homme honnête ne sait rien usurper; et ce droit puéril, que quelques naturalistes appellent la priorité, ne vaut pas même la peine qu’on l'usurpe. EEE ERRATUM. Page 78, ligne 1°*. Par deux autres familles, lisez par quatre autres familles. )] RECHERCHES SUR L'ORGANISATION DES GAVIALS ; Sur leurs affinités naturelles, desquelles résulte la nécessité d’une autre distribution générique , Ga- vialis, Teleosaurus ef Steneosaurus; et sur cette question, si les Gavials (Gavialis), aujourd’hui répandus dans les parties orientales de l'Asie, descendent, par voie non interrompue de généra- tion , des Gavials antidiluviens, soit des Gavials fossiles, dits Crocodiles de Caen (Teleosaurus) , soit des Gavials fossiles du Havre et de Honfleur (Steneosaurus ). PAR M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. Ds le travail étendu que j'ai donné sur la tête osseuse des Crocodiles et que j'ai inséré dans les Annales des Sciences naturelles (1), j'ai insisté avec plus de détails, et je puis, sans doute , me permettre d'ajouter, avec plus de profondeur qu'on ne lavoit fait jusqu'ici, sur les aflinités naturelles, sur (1) Nouveau Recueil, publié à Paris depuis janvier 1824 ; t. 3, p. 245. Mérn. du Muséum. 1. 12. 13 98 ORGANISATION la spécialité et sur la vraie nature de ce genre très-singulier de reptile. J’ai aperçu une des parties du crâne acquérant dans ce système organique une dimension considérable, pas- sant à la condition d’une ordonnée générale, assujétissant à elle toutes les autres pièces, étendant ses usages à des or- ganes du premier rang, facilitant la respiration et jouant en- fin un rôle aussi remarquable par ses caractères inattendus que par la toute puissance de son intervention. Cette pièce cränienne ( voy. pl. 6, fig. 11, lett. w, w') est l’hérisséal, ou l'os qui est représenté chez l'homme par l’apophyse ptéry- goïde interne. L’hérisséal sous cette nouvelle forme est ainsi le trait dominant des Crocodiles : il fourmit en effet une base aussi certaÿne que solide aux distinctions zoologiques des Caïmans, Crocodiles et Gavials. Ayant saisi cet aperçu, j'ai désiré savoir comment l’héris- séal qui, dans les Crocodiles, soumet à lui la plupart des pièces cräniennes, descendroit de cette prédominance de vo- lume et de fonctions; comment s’opérerait cette dégradation. Car si ce retour à la simplicité des formes habituelles de- voit avoir lieu brusquement , le groupe des Crocodiles en resteroit mieux et parfaitement circonscrit, ou s'il arri- voit au contraire qu'il fût acquis d’une manière insensible, la famille des Crocodiles pourroit admettre quelques autres parens, c’est-à-dire, pourroit s’accroître d’un ou de plusieurs genres. C’est ainsi que mon attention fut appelée sur quelques es- pèces devenues célèbres de nos jours, et qu’elle se fixa en particulier sur le Crocodile fossile de Caën, et sur les Ga- vials de Honfleur. DES GrAVIALS. 99 Mais avant d'entrer dans quelques détails concernant ces anciens habitans du globe, j'examinerai les animaux vivans dont les espèces fossiles se rapprochent le plus. ARTICLE [I Des GaAviAzs DU GANGE. L’appréciation des véritables aflinités naturelles est le but principal des travaux zoologiques. Il est d'ordinaire que de premiers efforts s'appliquent d’abord à un très-petit nombre d'animaux, et qu’on en rassemble alors d’assez différens dans de grands genres, smma genera. Diviser ces premiers grou- pes est aujourd’hui l’une des principales occupations des na- turalistes. Cette marche de l'esprit est en effet de plus en plus justifiée par le succès. Car, les comparaisons embrassant un plus grand nombre de considérations, chaque animal, mieux étudié; prend comme de lui-même sa place dans un ordre philosophique. Par conséquent, diviser sous cette raison, c'est arriver à connoître , à savoir davantage. Toutefois ces tra- vaux ont deux tendances différentes. On subdivise les ani- maux composant un groupe naturel, quand ils sont trop nombreux, afin d'y introduire un élément de distribution méthodique qui soulage la mémoire, ou bien l’on tient à part même un seul animal, pour en mieux exposer le degré de parenté, à l’égard des moins distans de lui par les faits d’or- ganisation. Je rappelle ces règles pour l'appréciation des degrés orga- niques, me proposant d'en faire aujourd'hui une nouvelle application aux Gavials. De grandes, de fort importantes re- 19” 100 ORGANISATION cherches sur la famille des Crocodiles, par M. Cuvier, m'ont ouvert la voie; par conséquent, en étendant quelques-unes de ses propositions, je ne ferai qu’approfondir un sillon tracé par lui, avec autant de fermeté que de bonheur. Les Gavials forment-ils un genre particulier? Y a-t-il, en effet, distance organique suflisante , pour que leur séparation d'avec les Crocodiles soit réclamée par les besoins de la scien- ce? Telle est la question que j'élève et que je vais discuter. Or, je ferai remarquer que ce n’est pas seulement par un bec étroit et d’une longueur démesurée et par plus d’éten- due des fosses temporales que les Gavials diffèrent des Cro- codiles, mais que quatre considérations organiques, qu’on ne retrouve chez aucun autre animal, viennent ajouter à ces premières et puissantes indications, pour isoler les Gavials, génériquement parlant; chacune étant elle-même de nature à décider cette question. STE . Organisation des Gavials. Premièrement. Je citerai l’envahissement inusité des maxillaires des dents moyennes (addentaux), lett. LL, pl. 5, fig. 5, à la face supérieure du museau : ils se con- duisent en ce lieu comme sur le palais, s’avançant l’un vers l’autre, jusqu'à se rencontrer et s’articuler sur la ligne mé- diane. Partout ailleurs les maxillaires sont au contraire rete- nus à une certaine distance par l’intercallation des os du nez ( os nasaux ). L’interposition habituelle de ceux-ci pro- vient de ce qu'ils se développent toujours à partir des fron- taux, et qu'ils se prolongent jusqu’à ce qu’ils aient atteint les DES GAVIALS. IOI adnasaux où intermaxillaires. Cest cette dernière connexion qui n’a plus lieu dans les Gavials : les nasaux (TT, fig. 5) n’y conservent d’articulation qu'avec le frontal, l’ethmophy- sal, le lacrymal et laddental (U, 2, M, L), parce qu'ils sont restés d'autant plus petits que les maxillaires sont de- venus plus considérables. Les nasaux n'ayant pu parvenir au même degré de développement, les addentaux, ou maxil- laires des dents moyennes, ont profité de leur absence dans une partie de l'étendue de la ligne médiane, pour intervenir à leur place, pour s’y réunir l’un à l’autre, et pour y pro- duire une suture insolite , et par conséquent très-surpre- nante. Cependant ils n’en ont pas seuls profité : les adnasaux S, S (voyez-en les sutures, pl. 5, fig. 5)se sont accrus dans une même raison, s'étendant en deçà comme au-delà des ouvertures nasales, et les bordant par conséquent de toutes parts; autre singularité sur laquelle je crois aussi devoir insister. L’organe olfactif, proprement dit, se trouve alors reculé beaucoup en arrière, aussi bien que des os de ce système, les vomers. Ceux-ci, soudés en dedans avec les palatins qu’ils wexcédent point en longueur, sont d’ailleurs dans le sens vertical trop petits et trop peu élevés pour atteindre le pla- fond du canal nasal. Par conséquent , il n’est plus de dia- phragme osseux pour séparer par moitié le long tube nasal : un très-fort cartilage y pourvoit dans toute la traversée. Secondement. L'hérisséal (1) profite à son tour de la plus mt (1) N'ayant traité que des Crocodiles dans ma dissertation précitée , j'ai rappelé un fait de leur histoire particulière , quand j'ai annoncé que le travers de leur crâne étoit occupé par un seul hérisséal ; c’est-à-dire, par une seule pièce, le produit 102 ORGANISATION grande largeur du crâne, et par suite du plus grand espace de la fosse orbitaire pour s'étendre en ce lieu d’une manière tout-à-fait extraordinaire. Car , indépendamment d’une cel- lule fort étendue , développée de chaque côté des arrières- narines , il y est encore ajouté, comme par un effet de bour- souflement du tissu osseux, au point que chez les mâles les parties latérales de chaque hérisséal sont doublement creu- sées, savoir, antérieurement ( 2", fig. 10 et 11 ) sous le relief d’une boule très-grosse et exactement sphéroïdale, et en ar- rière (2') sous celui d’une saillie ovoide. La masse principale est située derrière l'œil et articulée avec les palatins, dont les flancs la recouvrent inférieurement. Les deux cavités ne sont séparées que par un diaphragme incomplet : mais d’ailleurs, ce sont autant de dépendances du canal nasal; car une très- petite ouverture sur le devant et en dedans de la principale cavité, établit la communication de tous ces intérieurs (1). Voilà donc une notable addition à l’étendue du canal cranio- respiratoire ( canal nasal), et conséquemment à sa capacité pour tenir en réserve un plus grand volume d’air, en dedans des voies respiratoires. J'ai déjà fait connoitre en détail les conséquences physiologiques de cette organisation, et j”y ren- voie. Voyez Annales des sciences naturelles, t.3, p. 283. Chez les femelles , au lieu de la boule volumineuse que je de deux composans primitifs. Chez les Gavials , ces deux composans v vne sont pas soudés éur la ligne médiane, maïs seulement réunis par engrénage. Foy. pl. 5, fig. 11. __{i) L'hérisséal est visible, pl. 5, entièrement par la face palatine, fig. 11, et réduit à une coupe transversale , fig. 10. Les deux cavités, le repli intérieur qui les sépare,et leur trou de communication (n°. 2) avec le canal nasal (n°. 3) occupent là gauche: à droite est tout le relief de la portion sphéroïdale. DES GAVIALS. 103 viens de décrire, on trouve un seul et simple renflement latéral, qui, étendu dans le sens longitudinal, paroît ovoide. Les choses sont encore plus différentes dans les jeunes in- dividus. Leur boîte cérébrale est proportionnellement beau- coup plus grande que dans les adultes : c’est au point qu'in- férieurement elle forme une très-forte saillie. Les ptéréaux qui servent de lit à une partie de la masse du cerveau, don- ïent lieu par plus d’ampleur et de convexité à cet excès de volume : les hérisséaux sont alors sans relief sur les côtés. Mais l’âge introduit un développement inverse. La saillie des héris- séaux se montre, et celle de la boite cérébrale décroit dans la même raison. Comme si la cavité orbitaire n’étoit susceptible vers son fond que d'accueillir un seul de ces résultats, elle y suffit, parce qu'ils interviennent successivement. Ainsi, pen- dant que les facultés cérébrales perdent de leur aptitude pour de nouveaux exercices, croissent, surtout chez les males, des conditions de vitalité, d’une énergie proportion- nellement plus grande. Le canal cranio-respiratoire, en avant des arrières-narines, se dilate dans une étendue qu’on peut dire prodigieuse. Là donc s’établissent de vastes magasins d'air, dont, sans doute, le moindre des résultats est d’aug- menter la prudence des mâles, au fur et à mesure qu'ils avancent en âge : car alors, ils sont dispensés de venir aussi souvent à la surface des eaux humer de l'air, pouvant en lo- ger un plus grand volume dans ces magasins, dont la capacité s'accroît avec l’âge. Une habileté correspondante chez ces grands reptiles compense tous les inconvéniens du volume de leur corps, volume qui ne manqueroit pas de les désigner de très-loin aux recherches et aux attaques dirigées contre eux. 104 ORGANISATION Troisièmement. Vies ouvertures nasales antérieures pré- sentent comme les postérieures un sujet très-neuf de considé- rations. Leur arrangement est en harmonie avec celui des ar- rières-narines, soit par l'inégalité de leur développement se- lon l’âge et le sexe, soit par la faculté d'arriver aussi chez les vieux mâles à un excès très-surprenant de grandeur et de puis- sance. Ainsi il y a coïncidence, relation et convenance dans une raison directe, entre chaque extrémité du canal cranio- respiratoire. Ces relations et convenances s’observent dans un accord mutuel de l’état des arrières-narines et des orifices extérieurs. A l’occlusion habituelle des narines, se rapportent les allures des Gavials comme animaux plongeurs. Car, débarrassés de soins à l'égard de leurs chambres olfactives, les Gavials ne conservent de soucis que pour cacher leur corps immense. Ils le tiennent le plus qu'ils peuvent sous l’eau, où seule- ment là, confians dans des habitudes qui leur sont familières, dans une facilité d'évolution plus grande par l'exercice, ils peuvent donner toute leur attention à la poursuite de leur proie. Connus comme les plus cruels dévastateurs (1) des lacs et des rivières qu’ils fréquentent, ils ont à se défendre contre la terreur qu'ils inspirent; et c’est alors qu'il leur faut ma- nœuvrer avec habileté, pour que leur proie, composée de petits poissons, ne soit point avertie et ne se mette pas hors de portée. Cependant une partie de leurs besoins se trouve seule sa- (1) /nexorabili aique imrhisericordi voragine voracissimi sunt, a dit Élien , liv. 12, chap. 38 DES GAVIALS. 10 üsfaite par l’ocelusion habituelle des narines, dès que les Ga- vials sont assujétis, sous le rapport de la respiration , au régime des animaux aériens. D’après ce qui a été dit plus haut de l'or- ganisation des arrières-narines, c’est-à-dire, du boursouflement des hérisséaux , une provision d’air a pu être faite; mais cet air des réservoirs finit par se vicier et doit être renouvelé. Nous allons dire comment il y est pourvu par des actes volon- taires. Un fait extraordinaire, c’est que le mécanisme qui sy applique diffère de sexe à sexe, et que, dans l’un et l’autre cas, c’est de même par un mode très-curieux. En premier lieu chez les femelles. De mème que les ca- vités cranio-respiratoires ont une capacité moindre chez les femelles, les ouvertures nasales y sont hérissées de parties moins compliquées et moins saillantes. Elles aboutissent dans l'ouverture unique, large et circulaire, par laquelle le tube de l'appareil crânien se termine en dedans des adnasaux. C’est du milieu de ce tube que provient un cartilage lamelleux et vertical (figuré par une ligne ponctuée), lequel s'élève en bosse et vient extérieurement s'épanouir en un bourrelet transversal. On remarque, en avant de ce bourrelet (lett. 4, fig. 6 et7) et les os, une dépression parallèle, une sorte de sillon aussi transversal. En arrière est un cartilage opercu- laire (lett. p), à bord droit du côté du bourrelet, demi-ellip- tique et recouvrant entièrement le reste de l'ouverture décrite plus haut : quatre sillons longitudinaux témoignent de la sus- ceptibilité de renflement et de rétraction de cet opercule : l'entrée des narines ( lett. o) est entre celui-ci et le bourre- let; elle apparoït comme une fente transversale ou comme deux lèvres dont les bords sont naturellement fermés, On Mém. du Muséum. 1. 12. 14 106 ORGANISATION sent que c’est là une sorte de soupape, que des efforts pro- duits intérieurement parviennent à soulever. Chez les Cro- codiles, c’est un froncis général de la peau plus élevé, plus saillant et montrant de doubles ouvertures, le plus souvent obliquement situées. L'appareil des Gavials se compose donc de deux parties très-distinetement différentes en avant et en arrière. En second lieu chez les mâles. C’est ce même fond d’or- ganisation qui est chez ceux-ci amplifié d’une manière très- extraordinaire et, l’on peut ajouter, éloignée de toutes choses connues. Nous sommes redevables des matériaux que nous allons employer au naturaliste du roi, M. Alfred Duvaucel. Parmi les précieux objets dont il vient de faire un dernier en- voi, existoient plusieurs Gavials en peau et en squelette, entre autres deux mâles de seize pieds de long. Pourquoi la satisfaction que nous procuroient un zèle aussi éclairé, un dé- vouement aussi recommandable, et les sentimens que nous avions voués à cet excellent jeune homme, beau-fils de M. Cuvier, se sont-ils tout-à-coup transformés en d’éternels et douloureux regrets! Nous nous occupions d'ouvrir ses caisses, quand on nous apprit que M. Duvaucel avoit succombé sous le faix et par l’excès de ses utiles et mémorables travaux. La protubérance nasale (1) des Gavials mâles consiste en un développement très-considérable du bourrelet transversal (4), dont nous avons parlé en traitant tout à l’heure du même ap- pareil chez les femelles. D’abord on trouve, avant le bour- (1) On l’a représentée, pl. 5, savoir : vue de profil, fig, 2; de face, fig. 3; et puis encore, fig. 4, au moyen d’une coupe longitudinale, qui en montre très-dis- tinctement les sinus intérieurs. DES, GAVIALS. 107 relet , le même sillon en travers, mais déjà avec une circons- tancenouvelle, non pas chez les jeunes sujets, où rien encore n'est prononcé , mais de plus en plus manifeste chez les mâles, au fur et à mesure qu’ils avancent en âge: le sillon n'est plus seulement en bordure, mais il est incrusté dans les os eux-mêmes. Un second effet, également progressif suivant l’âge, est le développement du bourrelet transversal , le- quel s’allonge, retenu par sa bride intérieure et médiane, et revient sur lui-même tant à droite qu’à gauche; d’oùil arrive que ce développement excessif apparoît extérieurement en se bosselant à la manière des nasaux d’un mammifère, et finit par acquérir en dedans des excavations aussi diverses que profondes. Tous ces sinus qui sont doubles en avant et très- spacieux par derrière, tant à droite qu'à gauche, aboutissent à une seule ouverture (#2, fig. 4), sur le centre, au-dessous de l'appareil, et correspondant face à face à l'entrée des na- rines; celles-ci étant pour le surplus comme: nous: l’avons exposé au sujet des femelles. De pareilles bosselures doubles et fortes à leur naissance, qui se rétrécissent peu à peu, qui se contournent, ouqui se prolongent sur elles-mêmes pour encadrer les points d’origine , ne simulent qu’accidentelle- ment les conques nasales et le muflle d’ün quadrupède, puisqu'il n'y a aucune orifice par devant. Quoi qu'il en soit, ce développement. extraordinaire .des:cartilages. intérieurs procure au dehors deux bourses appuyées l’uné sur l'autre, et.qui. sont remarquables tant par un relief inusité que ‘par le lieu de leur.unique communication avec les ; entrées, des tubes respiratoires... :: [denoeiro M. Cuvier, dépositaire des Gialss a autorisé qu'on dis- # 1/4 108 ORGANISATION séquât ces parties, pour qu’on pt s'assurer si elles étoient ou non servies dans leur jeu par un appareil musculaire : on n°y a point trouvé de muscles proprement dits. Cette dissection, à laquelle M. Cuvier a pris part lui-même, a fourni une coupe qui est représentée pl. 5, fig. 4. Mais c’est moins la grande capacité des sinus, leurs grandeur et arrangement respectifs, leurs coïncidence et arrivée en un seul orifice, que nous avons désiré mettre sous les yeux du lecteur; c’est une cir- constance bien plus importante : je veux parler de l'épais- seur et de la structure du tissu de ces bourses. La tranche du tissu semble celle d’une peau d’éléphant quant à l’épais- seur; mais de plus, sa structure rappelle la composition des corps caverneux. Ce sont des fibres de diverse nature qui se croisent eu plusieurs sens et qui laissent entre elles des mailles plus ou moins larges. En plusieurs endroits le tissu est plus compacte; il varie dans sa structure, comme la peau et la trame ‘celluleuse subjacente varient suivant les divers lieux et les divers animaux où on les observe. En définitive, tout ce üssu m'a paru formé de fibres aponévrotiques, cartilagineuses et ligamenteuses, entre-croisées, tantôt serrées, et tantôt espacées et avec caractère spongieux; le tout animé et nourri par un lacis de filets nerveux et vasculaires. Telle est, en effet, la structure des corps caverneux. Mais lon est fixé sur la nature de leur tissu; car chacun sait que c’est là où l’on prend son principal exemple du #ssw érec-+ tile. Lies bourses nasales seroient donc entièrement formées dé: ce tissu prétendu distinct. Mais au fond ces bourses ne sont que du derme, ensemble sa trame celluleuse subjacente épaissis , que de la peau élevée par le plus riche développe- DES GAVIALS. 109 ment au maximum de composition. N'est-ce pas ce qu'ont déjà à peu près trouvé et exposé MM. Dupuytren et Cru- veilher, le premier dans un écrit inédit sur la ligature d’ar- ières dilatées, et qu'il a lu à lEnstitut en 1815, et le second, dans son Æssar sur l'anatomie pathologique, qui a paru en 1816. Tous deux ont vu là un tissu nouveau, qui avoit été omis par Bichat, et que font plus exactement connoître les forma- tions de l'anatomie pathologique, dites humeurs fongeuses, variqueuses, sanguines, fivrgus hematodes, etc. Puisque je m'engage ici dans cette discussion, je ne la ter- minerai pas sans faire remarquer qu’il y a à ce sujet dans la science un double emploi, bien qu’il soit très-facile de le faire disparoître, en prenant du fait en lui-même , sans distinction de lieux ou d'animaux, où on l’observe, l’idée très-simple que le tissu érectile doit porter à l'esprit. En effet, Béclard, dans ses Elémens d'Anatomie générale, traite des mêmes faits, des deux tissus, chap. Let chap. XI, sans en avoir compris la liaison, sans en avoir reconnu l’analogie. Or, il est de toute évidence pour moi que ces faits, que ces deux tissus n'expriment qu’une seule circonstance, un cas identique de l’organisation. La peau, ou les trames celluleuses des parties internes qui ont une même tendance d'arrangement, deviennent tissu érectile, ou bien se transforment en tissu érectile , par une organisation plus riche. Mais, dira-t-on, faudra-t-il d’après cela admettre que les corps caverneux seroient comme deux tronçons de peau (1) richement développés, aux- (1) Ea peau a plusieurs autres manikeres de ressentir le maximum de composition, suivant celui de ses élémens qui prédomine sur les autres. Lorsqu'elle entoure et protège certains méats extérieurs, c’est ordinairement sa partie cartilagineuse qui 110 ORGANISATION quels il suflit, pour composer le pénis, d'être accolés l’un à l’autre? Je ne vois pas ce qui pourroit me priver d'accepter cette déduction; et au contraire, j'ajouterai que, par la mème raison, les bouts des mamelles ne sont du tissu érectile, que parce que ces parties sont de la peau épaissie plus sanguine , plus celluleuse, plus susceptible de se gonfler, et généralement élevé à un certain maximum de développement, Cette généralité trouvée, on auroit donc assigné au tissu érectile plus que sa propre valeur. Et en effet, les termes de tissu accidentel, de tissu transformé renferment une qua- lification explicative qu'il faudroit encore plus nettement exprimer. La marche et l'étendue des moyens de la nature ne portent jamais à supposer qu'un système d'organisation puisse apparoitre seulement de loin en loin, et qu'il sur- vienne, pour ainsi dire, à titre de cas fortuit : l’on ne trouve nulle part de telles créations improvisées. Et de plus, il faut s'entendre sur la valeur du terme /ransformation : car quel- ques métamorphoses sont bien possibles; mais elles ne sau- roient avoir lieu que par des altérations insensibles ou que par des additions assez peu considérables, parce qu'il n’ar- rive jamais à tout ou partie d’un système organique, de quitter la ligne de ses formations ordinaires, que cela ne se borne à être retenu en decà ou porté au delà de ce qui en constitue l’état normal. Dans les conditions ordinaires de la vie, on surprend la abonde. Il est sans doute fort remarquable qu'une telle organisation caractérise les corps caverneux des raies : ceux-ci sont à tous égards, formés comme les conques auriculaires des lievres. Consultez sur ces rapports une longue note de ma Philo- sophie anatomique ; t. 2, p.363. .,,;) DES GAVIALS. III peau subissant en de certaines places et par intervalles de pareilles transformations. Effectivement, qu'un afflux sanguin et nerveux la mette momentanément en émoi, c’est-à-dire, qu’il en écarte les mailles, qu'il en remplisse les cellules, la peau, tant que dure le phénomène , passe à l'état de tissu érectile; ce qui devient sensible, moins encore par un cer- tain degré d’inflammation qui la caractérise alors, que par une faculté nouvelle et toute puissante de rétraction qu'elle acquiert. De tout cela, que conclure ? C’est que le tissu érectile n'est point une partie organique swz generts, qu'il faille classer extraordinairement et nommer à part : c’est unique- ment,.je crois, le tissu même de la peau et celui des lames fibreuses subjacentes rendus plus celluleux , plus sanguins, plus travaillés dans leur structure et plus exaltés dans leur fonction. S IT. Usages des bourses nasales des Gavials mâles. Ayant donné tous les faits anatomiques qui concernent ces bourses, j'en rechercherai les fonctions. Chacun est à l’a- vance prévenu que je vais parler de choses dont je n’ai pu juger l’action et le jeu sur le vivant; d’où j'engage moi- même à se prémunir contre mes jugemens. Cependant, s’il n y a jamais d'actions organiques qu’elles ne soient l'effet de leurs conditions de structure et de forme, ce que j'ai vu de la conformation des bourses porte si clairement sur la connoissance de leur emploi, que j'ai cru pouvoir présenter les explications suivantes. 112 ORGANISATION Les bourses nasales des Gavials mâles sont visiblement dans le cas de se renfler et de se contracter. On peut juger à un repli de l’épiderme, qu’on aperçoit au côté intérieur de la bosselure latérale, jusqu'où s'étendent les fortes contrac- tions de l'organe; car ce repli est évidemment le produit de ces contractions, en même temps qu'il signale une limite qui n'est jamais dépassée. Cependant les dilatations et con- tractions alternatives des bourses, sont-elles provoquées par le ressort d’une partie d'air introduite, ou seroient-elles pla- cées directement ou consécutivement sous l'influence de la volonté? Je l’ignore et je laisse ce point indécis. J'ajouterai ici une circonstance organique, dont je n'ai point encore fait mention, c’est qu'auprès et en dedans de la première dent, et de la troisième, sont deux enfonce- mens dans le palais; quatre pour les deux côtés: le tissu osseux y est excavé circulairement, et à chacun de ces trous correspondent autant d’issues dans les tégumens. La peau flasque et étendue se conduit au devant et extérieurement comme autant de bourses valvulaires, dont les méats se rap- prochent et se ferment, quand les fluides ambians en pres- sent les pourtours : dans le cas contraire, ces bourses se gonflent et s'ouvrent sous le ressort de fluides d’une marche opposée et qui pourroient y arriver de l’intérieur du canal cranio-respiratoire. 10. Je vais supposer le cas où l'animal ayant pourvu ses réservoirs d’air, vogue au sein des eaux, pour y demeurer, un temps quelconque, occupé de la recherche de sa proie. Ou à cet effet il s'enfonce dans la vase, ou il la poursuit à ou- trance. Que le poumon, tant par le refoulement des viscères DES (GAVIALS. 113 abdominaux que par un subit abaissement des côtes, se vide d’une partie de l'air qui le distendoit, ce produit de linspi- ration repasse par la trachée-artère, par le canal cranio-res- piratoire; et si, d'ailleurs, il est mis empêchement à ce qu'il s'écoule par les quatre trous ou les quatre valvules du pa- lais, l'air en retour est poussé dans les bourses nasales, que cette intervention dilate par conséquent. Préalablement, il se sera plus ou moins mêlé avec celui des réservoirs. C’est donc une portion d'air mélangé d’une grande partie d’air pur et d'une très-petite partie d’air vicié qui va se répandre dans les bourses nasales. C’en est assez, sans doute, pour donner lieu à une vive excitation de celles-ci : elles répliquent par une forte contraction qui renvoie l’air dans le canal cranio- respiratoire. Tant que l'animal est sous l’eau, les bouches de ce canal et celles des bourses qui se correspondent face à face restent collées l’une à l’autre. Ainsi il s'établit un ve et vient de l'air contenu dans les réservoirs, savoir : des pou- mons aux bourses nasales, et des bourses nasales aux pou- mons : ces poches opposées agissent donc à la manière des ventricules du cœur; ce sont comme deux corps de soufflet, qui, parvenant à se remplir et à se vider successivement, versent alternativement l’un dans l’autre; actions alternatives qui doivent durer un temps quelconque et jusqu’à ce que l'air des voies respiratoires, étant devenu tout-à-fait vicié, soit décidément impropre à la respiration. 20, J'admets présentement ce dernier résultat, c’est-à-dire, le cas de l'air vicié. Le Gavial quitte ses retraites profondes et le sein des eaux : il redevient animal terrestre quant à son mode de respiration. Il sempresse alors de vider ses Mérm. du Muséum. 1. 12. 15 114 ORGANISATION poumons, ses réservoirs et tout le canal cranio-respiratoire. Que les bourses nasales se soulèvent et puisent de l'air dans le milieu atmosphérique; qu'ensuite elles-s’abaissent sur l’en- trée ouverte des tubes respiratoires et qu’elles se contractent ; enfin qu’à cet effort réponde simultanément l'action expiratrice des poumons, une portion de l'air des voies respiratoires sera sollicitée à s’échapper par les seules issues libres alors, c'est-à- dire, par les quatre trous ou valvules du palais; que ce mé- canisme soit répété et souvent et vivement, tout l'air vicié de l'intérieur des voies respiratoires ne tardera pas à être remplacé par un air nouveau, dans la qualité de celui de l'atmosphère. | 30. Je concois encore un autre usage. Voilà les voies aé- riennes purgées; et de cette manière, l'animal est établi dans l’état hygiénique qui lui convient, pour gouverner ses fonc- tions respiratoires dans le milieu atmosphérique. Mais sa taille gigantesque et la nécessité de recourir à des ruses, lui font un besoin de demeurer long-temps au fond des eaux. Il lui faudra recourir à des provisions de voyage. Et, en effet, puisqu'il a à sa disposition de grands espaces celluleux en dedans de son crane, dont il peut faire d’utiles magasins d’air, il ne man- quéra pas, à cette indication, aux sollicitations de son ins- tinct, à toutes les excitations de ses besoins. Etant dans le milieu atmosphérique , il y puise continuellement et active- ment de l'air; pour cela, il répète souvent, vivement et for- tement les mouvemens de dilatation et de contraction alter- natives, propres aux bourses nasales , ainsi que nous venons de l’exposer au paragraphe précédent : il faut alors que les poumons restent calmes et que les valvules du‘palais setiennent DES GAVIALS. 115 fermées. Le résultat de ces efforts sera de l'air extérieur, in- troduit dans les voies respiratoires : la quantité en sera d’au- tant plus considérable, que la soupape des ouvertures nasales, ouverte à l’accès de l'air, s’opposera plus vivement à son re- tour par la même issue. L'effet acquis sera de l’air comprimé, beaucoup d’air aceumulé rassemblé sous un très-petit vo- lume ; enfin , une ample provision de voyage. Les bourses nasales agissent comme à coup de piston , et finalement comme fait la pompe foulante de la culasse d’un fusil à vent ; ce qui est d’autant plus facilement praticable , que tout ce méca- nisme peut mettre à profit l'indépendance des deux tubes cranio-respiratoires pour les charger l’un après l’autre. 4°. Et enfin, j'ai examiné si les parois des bourses nasales n’étoient point tapissées par une membrane muqueuse olfac- tive : le mauvais état de la préparation m'a laissé sur cela de l'incertitude. S LL De l'unique rocher des Gavials. La grandeur des fosses temporales, chez les Gavials, me permet de revenir sur une condition générale des êtres, que l'étroitesse de ces fosses n’avoit dissimulée, quand je m’oc- cupai du crâne des Crocodiles.-J’ai dit alors que les rochers étoient réunis en une seule pièce, que cet unique rocher occu- poit une position tout-à-fait postérieure, qu'enfermé entre les occipitaux ; cet os unique avoit, été pris principalement, à cause de sa situation sur la ligne médiane, pour l’un de ceux- ci, pour loccipital supérieur, et qu'il ne fournissoit d’ailleurs TO 116 ORGANISATION aucune ramification en dedans des fosses temporales. Quant à cette dernière circonstance , il en est autrement chez les Gavials. Avec plus d’étendue des fosses temporales , revien- nent lesconditions caractéristiques de la région auriculaire, et surtout certains prolongemens latéraux des rochers; mais ce retour aux formes usitées n’a lieu, cependant, qu'avec un ar- rangement qu'on ne retrouve nulle autre part que chez les Gavials. Ce que je viens de découvrir en ce point, peut, au besoin, fournir un nouvel argument en faveur de ma détermination de cette unique pièce, au-dessus des occipitaux ; véritable ro- cher , où l’on n’avoit vu qu'un occipital supérieur. Car les ailes latérales de cet os unique et médian (Q', pl. 5, fig. 10) se conduisent comme de véritables rochers séparés, lorsqu'il leur arrive de se répandre, et puisqu'elles s’encastrent dans les cavités tubulaires des os carrés ou des énostéaux. J'ai vu cela très-distinctement dans les Gavials, en raison de la gran- deur de leur fosse temporale. En effet, une portion du ro- cher y intervient sous l'apparence d’une partie rubannée, étroite et circonscrite; savoir, les longs bords, par l’énostéal en bas et par le temporal supérieurement, et les bouts, d’un côté, par le pariétal en dedans; et d’autre côté par la languette ou le biseau venant de la grande aile ou du ptéréal (1). Dans Pete nee LA NUS 23h prb IN à Pt RAS OR SRE RE (x) Ce qui de cet os (le ptéréal) est alors apparent au dehors (voyez pl. 5, fig, 10, lett. X),.se réduit à un point dans le fond de la fosse temporale quant aux Crocodiles. Mais c’en est assez pour que les connexions soient satisfaites , c'est a-dire, pour faire connoître qu’elles ne sont point interverties par la jonction inso- lite de l’énostéal H' H" avec l'ingrassial V. Je n'ignore point qu’en ce moment peu de personnes prennent intérêt aux prin= DES GAVIALS. 117 l'angle externe est un large trou donnant issue à quelques filets nerveux et vasculaires. J’ai donné une figure exprimant toutes ces circonstances, difliciles à rendre par le langage. C'est la coupe transversale, fig. 10, pl. 5, employée plus haut pour lexplication des réservoirs aériens, et dont le seg- ment supérieur montre en effet toute l'aile temporale du rocher Q, et au delà une très-petite facette du ptéréal X. cipes des déterminations zootomiques , et que la difficulté de la question actuelle ne sera que dans quelque temps aperçue des naturalistes. En allant au-devant de cette difficulté, j'agis dans des idées d’avenir, müû par ce sentiment , que l’es- prit humain ne recule jamais devant une voie de recherches, quand il en attend de grandes et importantes découvertes. Prévoyant que ce qui actuellement est ac- cueilli avec une sorte d’indifférence occupera vivement un jour , je désire offrir dès ce moment quelques facilités de plus aux hommes doués d’assez de pénétration et de force d’esprit, pour ne pas craindre dans la suite de s’engager dans les nou- velles routes, qui, je crois, peuvent seules nous introduire dans la véritable science des lois de l’organisation. É L’énostéal et le ptéréal présentent dans les Crocodiles un développement in- verse : le premier est d’une grandeur démesurée, et le second, X, fig. 10, d’une petitesse extrême : dans ce cas, le ptéréal, nécessairement assujéti à la condition de volume du cerveau dont il forme une des cloisons latérales, se montre dans les Cro- codiles, chez lesquels le cerveau est presque rudimentaire, tout ce qu’il peut être comme dimension. Ceci donne lieu à un état de choses dont l’énostéal profite aus- sitôt, soit pour entourer le ptéréal par dehors X’, soit pour le doubler en quelque sorte X/, et pour l’articuler avec la petite aile V ou l’ingrassial. Cette jonction insolite, qu'explique l’inégale grandeur des pièces conjointes, n'empêche pas que dans la boîte cérébrale vue par le dedans , l’ingrassial et le ptéréal ne soient aussi articulés l’un avec l’autre. Enfin, ce qui vient porter là le cachet de l'immutabilité de nos règles, c'est que tant de contradictions dans le volume et dans l’arrangement de ces pieces, ne prévalent point sur le principe des connexions, qui appelait, pour une partie du moins et dans une place déterminée, le ptéréal en dehors du crâne et dans la fosse temporale. C’est cela que nous avons voulu faire concevoir , en insistant sur la facette du ptéréal, laquelle en effet n’est apparente au fond de cette fosse que comme un point ou un biseau aigu dans les Crocodiles et les Gavials. 118 ORGANISATION Toutes ces parties ainsi réduites sont là circonscrites par des coupes sur le temporal P, sur le pariétal Y, et sur l'énos- téal, portion extérieure en H' et portion inférieure en : à S IV. Des espèces de Gavials. Ce sujet a été traité par M. Cuvier dans ses Crocodiles fos- siles, page 59. Bien que j'aie aujourd’hui sous les yeux, grâces au dernier envoi de M. Alfred Duvaucel, un plus grand nombre d'individus, je ne connois, comme M. Cuvier, que deux espèces de Gavials, la grande espèce, €. gangeticus , et la petite, C. £enuirostris. Je ne reviendrai point sur ce qui est si bien établi par mon célèbre et très-savant confrère, c’est-à-dire sur l'historique des publications successives, comme sur les faits qu'Edwards, Merk, M. le comte de La- cépède, Faujas, Tiédemann, etc. , avoient déjà fait connoître. Un seul point mérite attention, et je vais le discuter. Faujas , dans son Histoire de la montagne de Saint-Pierre près Maës- tricht, donne la figure des deux espèces, dont il n’attribue les dissemblances qu’à une différence d’âge. M. Cuvier, en fon- dant l'espèce du petit Gavial, ©. £enurostris , conserve en- core quelques doutes. Ne seroit-ce point en eflet, ajoute- t-il, un jeune du plus grand des deux? Un certain nombre de sujets que je viens d'étudier me fait croire qu'il y a réelle- ment pour le moins deux espèces bien distinctes. Le museau varie de grandeur, suivant l’âge, non-seule- ment chez les Gavials, mais en outre aussi chez les Croco- diles; or c’est particulièrement sur une différence de cet DES GAVIALS. 119 ordre que se fondent les distinctions des deux Gavials: il faut donc expliquer d’où proviennent ces variations, qui en ont jusqu'ici plus ou moins imposé aux naturalistes. Les jeunes Gavials ont le crâne sensiblement plus long que large, quand c’est tout le contraire chez les adultes. Ce changement provient de l’état successif du cerveau, qui en effet règle les conditions de ses enveloppes osseuses. Etant d’abord d’une grosseur moyenne, il finit avec l’âge par être réduit à fort peu de chose. Pendant que la boîte crânienne passe ainsi à d’autres proportions, le museau grandit d’une manière régulière; d’où il résulte que celui-ci devient avec le temps respectivement plus grand : toutes circonstances que l'œil, si dispos à les saisir, ne manque pas d’apercevoir. J'ai rendu cette comparaison très-facile, en faisant repré- senter la tête d’un jeune âge, de grandeur naturelle, pl. 5, fig: 7, et le crâne d’un autre sujet de même espèce, qui étoit sept fois plus long que notre dessin, fig. 5. Les parties cen- trales du crâne, Y U, lesquelles recouvrent le cerveau, se développent. fort peu et les ailes davantage. Des rapports in- verses frappent la vue : la tête, fig. 7, est d'autant plus longue qu’elle est plus étroite, et le crâne, fig. 5, est au contraire d'autant plus court qu'il s'étend davantage par derrière. M. Cuvier a essayé de diverses mesures comparatives , sans en avoir trouvé de bien caractéristiques : j'ai eu aussi recours à quelques autres, qui ne m'ont pas mieux réussi, sauf cependant la longueur de l'œil, qui m'a paru conserver dans les âges une dimension proportionnelle avec les parties antérieures ou le bec. Celui-ci est à l’œil, quant à sa longueur, d'un angle à l’autre, savoir dans le Gapialis gangeticus , 120 ORGANISATION 1:6,et dans le Gayiaks tenuirostris :: 1 : 9. Si je viens ensuite à employer cette unité de mesure pour connoître la longueur du crâne durant les âges, je trouve des proportions qui varient régulièrement ; c'est pour un Gavial sortant de l'œuf, comme 1 est à 3, plus tard comme 1 est à 2, et enfin comme l'unité est à elle-mème. J’ai fait ce relevé d’après les têtes de dix-sept sujets, conservés les uns entiers dans la liqueur et les autres en squelettes. J'avois pris beaucoup d’autres mesures, qui combinées avec les dimensions abso- lues des individus, offroient assez de dissemblances. Je m’en suis tenu à donner ici les têtes, sous le même module, des deux espèces : le Gayralis tenurrostris, fig. 6, étoit d’un tiers plus grand que le Gavialis gangeticus, fig. 3. Quelques-unes des différences rapportées plus haut se- roient-elles caractéristiques des sexes? Il m'a du moins paru que les jeunes mäles ressemblent beaucoup aux fe- melles. En effet l'organe respiratoire acquiert à ses dernières limites chez ceux-là un développement qui reste stationnaire chez celles-ci : le bourrelet transversal des narines grandit chez les mâles, au point d’y devenir une double bourse re- pliée plusieurs fois sur elle-même et dans un état de très- grande complication, et l’hérisséal qui s’accroit foiblement chez les femelles, est porté chez les mäles à une très-grande dimension. J'ai compté 27, 28 et 29 dents à la mâchoire d’en haut et deux de moins à celle d'en bas, sans que cette différence füt caractéristique d’une espèce en particulier. Cette dernière observation est applicable aussi au nombre des rangées d’é- cailles : sous tous les autres rapports, point ou presque DES GAVIALS. 121 point de différence. En définitive, les deux espèces, à l’iné- galité près de leur bec, sont semblables. M. le comte de Lacépède, en traitant dans son Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares, p. 238, a très-heureu- sement attribué au Gavial un passage d'Elien (1), s'appliquant à une race de Crocodiles du Gange, lesquels ont we espèce de corne au bout du museau. Les bourses nasales des mâles présentent d’autant mieux cette apparence, qu’elles sont évi- demment susceptibles d’érection : nous ignorerions encore un fait aussi singulier sans le dernier envoi de M. Duvaucel. 4 S V. Sur les Crocodiles. Je terminerai ce premier Anrricce par quelques réflexions sur les Crocodiles et les Caïmans. Ainsi que nous venons de: le remarquer à l’égard des deux espèces de Gavials, il n’y a de différence entre les espèces, qu’un peu plus ou un peu moins de longueur de museau. Le Crocodile n’est autre qu'un Caïman à museau étroit et allongé , et le Caiman qu'un Crocodile à museau plus court et plus large. De telles diffé- rences ne peuvent être de ressource que dans des travaux de subdivision et pour le cas d’un trop grand nombre d’es- pèces, à l'égard desquelles il convienne de soulager la mé- moire, en les distribuant méthodiquement. Mais d’ailleurs leurs différences ne sauroient constituer un caractère de fa- (1) In eorum summo rostro quiddam tanquam corn eminet. ExteN , liv. 12, chap. 38. Mém. du Muséum. À. 12. 16 122 ORGANISATION mille. Cest, au surplus, l'opinion qu’on s’en est faite, dès qu'on n'attache, à la subdivision généralement adoptée, point d'autre idée que celle qu'ont fixée les naturalistes au mot de sous-genre; et en effet s’il vous arrive de ranger les Crocodiles et les Caïmans dans l’ordre de la plus grande largeur de leur museau, vous ne manquerez pas de rencontrer, vers le centre de la série, quelques espèces qui, intermédiaires entre les deux parties de la ligne, n’appar- tiendront, ni à une section, ni à l’autre. Je viens de l’éprou- ver, en examinant un Crocodile nouveau du dernier envoi de notre infatigable et malheureux voyageur M. Duvaucel : je veux parler d’une espèce que j'ai mentionnée provisoi- rement sur mon registre de notes sous le nom de Crocodilus dubius. On avoit cependant indiqué, pour distinguer les Caïmans, un caractère net et précis, l'apparition sur le palais d’une partie des vomers; mais j'ai reconnu que cette considé- ration n’a point la généralité qu'on lui avoit attribuée, pas même dans tous les âges de la seule espèce, le Caïman à lunettes, Crocodilus sclerops, remarquable par cette singu- larité : les jeunes sujets sont à cet âge dans la condition commune. ( Voyez sur cela la note ci-après, p. 126.) M. Bory-de-Saint-Vincent (article Crocodile, dans le Dic- tionvaire classique d'histoire naturelle ) a adopté les dénomi- nations consacrées dans l'ouvrage des Ossemens fossiles ; les noms de Crocodili, Alligatores et Longirostres pour les trois sous-genres Crocodiles proprement dits, Caïmans et Gavials. Ce n’est point la même idée que j'ai eu l’intention de reproduire dans cet article; mon but a été de donner DES (AVIALS. 123 une appréciation plus précise du rapport de ces êtres. Cepen- dant, si goûtant ce travail d’aflinité naturelle, l’on adopte mon nouveau genre Gavial, je crois devoir prier les naturalistes de s’en tenir subséquemment au nom de Gapralis. On n’imaginera pas sans doute que je suis müû en cela par un petit intérêt de vanité : voici sur quoi seulement repose cette recomimanda- tion. Je pense qu’un nom de pays, généralement répandu, doux à l'oreille, qui a le précieux avantage de ne signifier rien, et qui est déjà casé dans la mémoire des naturalistes, forme comme une bonne fortune qu’il ne faut pas repous- ser: il y a tout profit au contraire à se permettre de lui ajouter une terminaison latine. Ainsi j'avois fort anciennement pro- posé le nom de Xangurus pour les Kanguroos de la Nou- velle-Hollande : je ne connois que MM. de Lacépède, Des- marets, Quoy et Gaimard qui aient accueilli cette innova- tion. Des naturalistes qui mettent toute leur gloire à émietter les genres, et qui n'emploient les forces de leur esprit qu’à fabriquer et qu’à leur appliquer des noms grecs, n’ont pas manqué de repousser ce qu'ils ont déclaré être une alliance monstrueuse. Îls ont cru sans doute qu’ils nous enrichissoient beaucoup par un luxe indéfini de termes, par les mots »1a- cropus , halmaturus (longs pieds, sauts exécutés par la queue), oubliant dans leur préoccupation que ces dénomi- nations et considérations conviennent également à deux de leurs genres. C’est ainsi qu'on augmente le vocabulaire, je ne dis pas inutilement, mais véritablement d’une manière fà- cheuse, puisque c’est surcharger la mémoire de termes qui, impliquant contradiction, sont plus propres à produire le doute et l'erreur qu'à exciter la paresse de l'esprit. 16 * 124 ORGANISATION ART. IT. Composrrion pu PaLais cHez LES REPTILES. SE De la région palatine dans l'ordre des sauriens. Je n’ai donné ces éclaircissemens sur la famille des Gavials, que pour en venir à apprécier avec plus de soins les réelles affinités du Crocodile fossile de Caen. On a découvert, de cet ancien habitant du globe, des parties de crâne si parfaitement conservées que j'ai pu sans difficulté les embrasser dans ces études d’aflinités. M. Lamou- roux, célèbre professeur à Caen, dont les sciences déplorent la perte prématurée (1), un ingénieur des ponts-et-chaussées, membre de l'Académie du Calvados, et principalement M. Cuvier, ont fait connoître ces restes précieux d’un ancien ordre de choses. On doit surtout aux ingénieux procédés de mon célèbre et très-savant confrère et à la fouille d’un bloc qu'il a fait exécuter sous ses yeux une moitié de tête dans un état presque complet d’intégrité. Faire sortir d’une pierre brute des parties aussi bien carac- téristiques, c’est presque opérer une résurrection. Cette demi-tète, décrite dans le dernier volume, deuxième partie du cinquième tome des Ossemens fossiles, et figurée sous plusieurs faces dans les planches de ce grand ouvrage, (1) Annales générales des Sciences physiques , publiées à Bruxelles , t. 3, p- 160. | DES GAVIALS. 125 a principalement servi de type à l'établissement de l'espèce dite Crocodile fossile de Caen.Je me propose d’en examiner attentivement les parties crâniennes. Pour rendre plus exac- tement et pour faire mieux ressortir les observations dont elles peuvent être le sujet, j'en donnerai, pl 6, fig. x, 2, 3, 4, de nouvelles figures. Sous quelle forme y distingue-t-on l’hérisséal ? Je fus frappé au premier aperçu de ne plus apercevoir là un hérisséal de Crocodile : ce point, principal objet de ma recherche, exige une exposition de quelque étendue. (Voy. cet os, pl 6, fig. 3, lett. 0.) Les hérisséaux des Gavials, », », fig. 10, pl. 5, terminent la voûte palatine fort en arrière du crâne et à très-petite dis- tance du condyle occipital : or, comme la longueur des palatins égale celle des arcades maxillaires, il suit que tout le reste de la tête se concentre dans le plancher supérieur, etse trouve, pour ainsi dire, relégué et comme logé entreles branches des mâchoires. Un si grand accroissement des parties maxillaires et palatines détermine et porte à un degré extrême la glou- tonnerie de l’animal : car il en résulte une amplitude de bouche et en général une puissance d'exécution répondant à un instinct non moins décidé de voracité. Cependant cette organisation ne caractérise pas uniquement les Gavials et les Crocodiles. On observe chez la plupart des reptiles une grandeur sem- blable des arcades maxillaires et de même une pareille éten- due en longueur des hérisséaux : quelque chose même de plus considérable à cet égard se voit chez les Monitors et plus particulièremeut chez les Serpens. 126 ORGANISATION Toutefois cette grandeur de la surface palatine provient chez ces derniers d’une autre distribution et d’une différente complication des parties. Les addentaux ou maxillaires des dents moyennes ne prolongent plus leur bord interne jus- qu'à leur mutuelle rencontre sur la ligne médiane (x). Le vide, procuré par le défaut d’étendue de ces bords, est dans ce cas occupé par les deux os s, s, pl. 5, fig. 5, de la couche supérieure. On voit déjà quelque chose de cela dans un Crocodile à très-large museau, le Sc/erops de Schneider, ou le Caïman à lanettes (2). (:) Voyez pl. 6, fig: 5. A gauche, les bords de l’addental 7-8 auroient rencon- tré ceux de la droite 7—8', si leur ossification n’avoit été laissée en retard de dé- veloppement. C'est alors que les vomers, s s, interviennent au palais et qu'ils se confondent avec ses propres élémens. Quelques monstruosités humaines , dites becs-de-lièvre, présentent un semblable arrangement. (3) Mi Cuvier ( Crocodilés fossiles, p. 105) a le premier donné cette intéres- sante observation , remarquable de plus par une autre singularité ; c’est de ne ca- ractériser que l’animal adulte. Chez les jeunes sujets, la voûte palatine n’est nulle- ment différente de ce qu’elle est chez tous les autres crocodiles. Des différences , propres seulement au sclerops adulte, w'établissent que mieux, que c’est là une circonstance fort éventuelle , un fait transitoire et que nous citerons avec prédi- lection comme contenant une sorte d'explication de l’arrangement caractéristique des lézards. Voilà ce qui me porte à revenir sur cette, curieuse particularité et à en présenter toutes les circonstances. Les vomers du Cäiman à lunettés sont indépendans l’un de l’autre : cela devient manifeste par l’un des deux représentés, pl. 5, fig. 9. D'ailleurs ils sont adossés et se soutiennent réciproquement. Chacun de ces os est composé d'une portion anté- rieure trés=robüste et d'une plus lôngue branche en arrière , laquelle consiste en une lame mince , dont uneltranche est coudée presque à angle droit. Toute la pre- miere partie que nous avons dite épaisse et forte s’est développée après coup: car chez les jeunes sclerops il n’y a encore d’existant que les lames. du surplus; les- quelles occupent toujours la surface supérieure des palatins, s'étendant même sur les hérisséaux. Ce n’est guère quimiquart des vomers, qui intervient à la suite des DES GAVIALS. 127 Mais, chez les Lézards, les vomers, s, s, arrivent intégra- lement sur le palais. Un intervalle plus ou moins large les sé- pare des addentaux LL; étendus en longueur, ils forcent les palatins à reculer en arrière, d'autant mieux que leur extrémité postérieure s'articule avec la tète de ceux-ci. Ainsi les vomers profitent de leur isolement sur les côtés pour gagner de la force et de la longueur; mais alors, et de proche en proche, les hérisséaux, p, #, qui suivent les palatins, sont également repoussés en arrière, et c’est au point qu'ils sont rejetés vers l'extrémité da cräne. Enfin, une autre singularité que commande encore cette même disposition, c’est le déploiement de l’arcade palatine; et en effet celle-ci, ordinairement parallèle à l’arcade maxil- laire, profite, en cédant à l'entrainement qui la repousse en arrière, de tout l’espace qui est libre, pour contourner l’arcade maxillaire, et pour se prolonger par delà, eomme si elle en formoit la continuation. Cet autre et nouvel arrange- ment, dans lequel notre ignorance de ces faits seroit tentée d’apercevoir une complication par trop exagérée et presque de la confusion, est obtenue (chez les Monitors, pl. 6, fig. 5, et chez les Geckos , fig. 7), au moyen de ce que la plupart intermaxillaires et en avant des palatins. Pour cela faire, il faut que ces os ne prolongent plus de même leurs bords en regard, et qu’ils laissent enfin par un défaut de développement un vide entre leurs extrémités articulaires, dont une portion des vomers profite. Il est donc évident que rien n’a changé de place, et que si une intercallation est suryenue plus tard , il n’y a point eu pour cela métas- tase. Ainsi il y a ou non recouyrement des vomers, suivant que des lames de superposition proyenant des addentaux se prolongent ou ne se prolongent. pas sur le centre. ' 128 ORGANISATION des os cräniens ont pris une forme longitudinale, c’est-à- dire, de ce qu’ils existent sous une apparence linéaire. L'hérisséal (v, fig. 5) est plus particulièrement dans ce cas; grèle et lamelliforme, il s'enfonce en arrière comme une sorte de longue apophyse : ses usages différent beau- coup de ceux de cette pièce chez le Crocodile; ear ils ont pour effet de communiquer au crâne des Monitors et des vrais Lézards une solidité parfaite, en allant se poser sur les flancs de l'hyposphénal, ou corps postérieur du sphénoïde, en faisant intervenir cette quille de l'édifice à la partie exté- rieure et inférieure ; où finalement l’hérisséal sert d’épaule- ment à un contrefort qui descend en ce lieu du plancher supérieur. . Ce contrefort se compose d’un os long ( lett. æ, fig. 5 et 7), filiforme, se rendant verticalement des rochers sur les hérisséaux : c’est la pièce que j'ai nommée cotyléal. Si, en raison de sa très-singulière métamorphose , on pouvoit à la rigueur supposer qu'il n’est rien de semblable chez les mam- mifères , comment n’a-t-elle pas été reconnue pour l’ana- logue de los temporal écailleax du crocodile ? M. Cuvier l'a considérée comme une nouvelle existence dans les rep- tiles, et il vient tout récemment ( volume cité, pag. 259) de l'appeler columelle (1). On trouve dans le même ouvrage, (1) J'ai fait représenter à part et de côté, pl. 6, fig. 5, le cotyléal x du Moni- tor du Nil, et fig. 6, celui du Crocodile. Ces deux os se ressemblent par leur ac- croïssément longitudinal, mais different, l’un comme filiforme et l’autre comme lamelleux. La condition du prémier est celle de presque tous les autres os'crâniens, et en particulier de ladorbital!o ;''chezlles vrais lézards, Il en est autrement cliez les Crocodiles; aussi chez ces derniers, l’adorbital et le cotyléal sont pourvus DES GAVIALS. 129 un peu plus haut, pag. 80, employé aussi sous le carac- tère d’un os nouveau et sous le nom d'os éransperse, une pièce que j'ai de même eu le bonheur de reconnoître et de ramener à sa partie analogue; laquelle ne manque ici non plus, soit chez les mammifères, soit ailleurs. Tel est l’adgus- tal, portion palatine du maxillaire, et sur laquelle j'ai écrit un article ex professo dans le troisième volume des Ærnales des Sciences naturelles, p. 49%. De la composition filiforme des parties, il suit que le sys- tème ostéologique des Monitors et des Lézards est comme produit à claire-voie. Un vide elliptique existe entre les pala- tins et les branches maxillaires, et de plus un autre intervalle semblable et correspondant est par devant entre ces branches et les vomers. Enfin, chose sans doute bien digne de re- marque, cette dernière ouverture donne issue au canal nasal ou cranio-respiratoire, parce que, dès l’entrée de la narine, sont deux routes, l’une directe, qui se rend dans une bourse renfermant l'organe olfactif, et l’autre qui descend et qui s’en vient traverser le crâne tout aussitôt et derrière l’adna- sal ou l'intermaxillaire. En voyant par devant ce qui existe ailleurs par derrière, d’apophyses qui se croisent et qui servent à leur commune articulation. De l’état ‘ filiforme de ces pieces chez les Lézards , il suit qu’elles sont lisses et se terminent sans crochet d’articulation , qu’elles restent par conséquent dans une indépendance parfaite, et qu’elles s’écartent l’une l’autre dans le point qui seroit devenu leur ligne de jonction; savoir: l’adorbital, pour continuer ses bons offices à l’œil qu’il contourne et qu'il soutient inférieurement; et le cotyléal pour rester fidèle à l'appareil auriculaire qu’il précède, et auquel il se rend utile de diverses manières, suivant les familles et à la facon des os rudimentaires. Mém. du Muséum. t. 12. 17 130 ORGANISATION c'est-à-dire ramené en deçà des palatins, ce que, pour être conséquent , il faudroit continuer à nommer owertures d'arrière-narines , on doit croire à une sorte de métastase. Mais un tel changement, comme destructeur du principe des connexions, est trop manifestement repoussé par la théorie, pour que je ne me hâte pas de rechercher les causes de ce fait exceptionnel, et que je ne m’empresse point de le faire rentrer dans la loi commune. Il ne sauroit y avoir là qu’une apparence ou peut-être un effet secondaire, dont la cause réelle n'est que dissimulée. Effectivement je viens de m’en convaincre, et je vais dire ce qui en est dans l'exposition suivante. Un point dont je me suis d’abord assuré, c’est que les vomers, en quelque lieu qu’ils soient visibles, ont une fonc- tion constante. Chacune de leur surface supérieure et in- férieure est vouée à une destination propre. Par dessous, ils favorisent l'écoulement du fluide respiratoire, et par dessus, ils soutiennent les tégumens de la bourse olfactive. Qu'ils soient renfermés dans le canal nasal, ils y font l’oflice d’un diaphragme transversal, dont les parties latérales ne se pro- longent cependant point assez pour couper ce canal en deux tuyaux distincts. Qu'ils interviennent au contraire dans le palais, comme nous venons de leur voir faire chez les Lé- zards, rien ne change en fonction : au-dessus d’eux est l’or- gane olfactif, et au-dessous, c’est-à-dire de suite sur le palais, sont des percées dans le plancher palatin, que tra- versent les fluides respiratoires. Comme s’il falloit, pour fa- voriser l'écoulement de ces fluides, une disposition secou- rable, chaque vomer a une gorge, un sinus oblique, une DES GAVIALS. 131 sorte de demi-canal se répandant de dedans en dehors et se poursuivant ainsi en arrière. Jusque-là, grande différence oculaire, puisque les vomers se montrent comme partie in- tégrante de la surface palatine, mais d’ailleurs point de mé- tastase, point de contr'enchevêtrement des parties. L'esprit s’accoutumant à ce nouvel ordre de choses perd peu à peu sa prévention d’une étonnante anomalie, 11 devient manifeste qu'un seul fait commande ou produit tant d’irrégularités apparentes , et ce fait consiste en la chose la plus simple. Les portions palatines des addentaux ne se sont point prolongées sur la ligne médiane : c’est un voile existant ailleurs, mais qui ne s’est point là étendu au-devant des vomers : ceux-ci paroissent au dehors, parce qu’ils cessent d’être emboîtés inférieurement. Pourquoi cela? la chose est tellement simple qu’une explication en peut être donnée. Les addentaux ou maxillaires des dents moyennes sont excessivement allongés : ils n’acquièrent ce volume dans un sens qu’en perdant de : leur substance dans le sens de la largeur. Voilà pourquoi ils ne peuvent produire à leur bord interne une lame assez pro- longée sur le palais. Ma loi du balarcement des organes donne la clé de toutes ces différences. Enfin, pour compléter cette exposition, je remarquerai que les deux moitiés du museau, principalement les adden- taux, étant ainsi privés de se prolonger et d’aller respective- ment se réunir sur la ligne médiane, préparent, comme parun arrangement intermédiaire, à un écartement encore plus dé- cidé, à l'entière séparation du palais chez les poissons. 7 132 ORGANISATION S II. De la région palatine dans les Crocodiles et dans les Gavials. Ces faits, toutes ces singularités, par leur caractère d’op- position relativement à ce qui est dans d’autres genres , sont comme autant de jets de lumière qui vont mettre en plus grande manifestation les aflinités naturelles du Crocodile, Cet animal m’apparoit comme un amalgame de Saurien et de Mammifère. Il est en effet ramené vers les Mammifères par une composition analogue du canal cranio-respiratoire. Les premiers et seconds maxillaires, ou les adnasaux et les ad- dentaux s'étendent indéfiniment à la voûte palatine et jusqu'à leur rencontre mutuelle. Les deux vomers, comme repris par dessous et soulevés, sont contraints de prendre position dans le canal nasal, où dans ce que nous avons déjà nommé et préférons de nommer le canal cranio-respiratotre. A les voir dans cette situation, on diroit qu'ils naissent de la suture médiane, Emboités comme ils le sont par le recouvrement des lames palatines des maxillaires, ils partagent en deux espaces le canal cranio-respiratoire, pour l'appliquer à ses deux différens oflices. L’organe olfactif est confiné à la partie supérieure et l’autre portion sert de tuyau d'écoulement à l'air, pénétrant ou ayant pénétré dans le poumon. Cette or- ganisation est à tous égards commune aux Crocodiles et aux Mammifères. N'oublions pas, pour comprendre toute l’im- portance de ces rapports, les faits précédemment exposés, et principalement cette circonstance, chez des animaux aussi DES GAVIALS. 133 voisins des Crocodiles que le sont les Lézards, cette circons- tance, dis-je, que les vomers interviennent au palais : n’ou- blions pas non plus cette autre circonstance également re- marquable, laquelle nous montre, dès l'ouverture des narines, une double route pour chaque appareil; l’une allant à la bourse olfactive, quand l’autre, ou le canal cranio-respira- toire, est entièrement dévolue à la circulation du fluide am- biant et pulmonaire. On peut même trouver chez les Mammifères un plus proche parent aux Gavials, du moins quant au rapport de longueur du canal cranio-respiratoire. Tel est le Tamanoir, mÿrmecophaga jubata. La tète de ce myrmécophage est si allongée et le museau si eflilé, que lesprit est tout naturel- lement ramené à l’idée d’une semblable organisation. La der- nière issue du canal cranio-respiratoire qu'on auroit, d’après ce que nous en avons dit plus haut, si improprement désignée sous le nom d’arrière-narines, ou cette ‘issue laryngienne, est reculée jusqu’au devant de l'os basilaire. De ce rapport, qui doit être remarqué , nous passerons à la considération des différences, dans lesquelles nous apercevons les caractères propres, essentiels et distinctifs des Crocodiles et des Gavials. Les hérisséaux des autres reptiles sont des filets lamelleux , singulièrement prolongés, mais surtout écartés l’un de l’autre, jusqu'à servir de bordure à la base du crâne. Ceux des Cro- codiles sont au contraire ramenés sur eux-mêmes et telle- ment concentrés, que la suture médiane en demeure effacée. Ils naissent de la partie inférieure de l'hyposphénal ( corps sphénoïdal postérieur ) : leur accroissement à lieu en pre- nant sur les flancs plus ou moins d'extension, ce qui varie 154 ORGANISATION beaucoup suivant les espèces. Ils suivent les palatins dont ils semblent une continuation, et se terminent en une table éva- sée, légèrement concave et coupée carrément en arrière. Une considération non moins importante, c’est l’étroitesse des ouvertures dites arrtère-narines : j'ai rappelé plus haut que ces ouvertures étoient à très-petite distance du condyle occipital. Ainsi, condition nouvelle et essentielle de ces hé- risséaux; en même temps qu'ils prolongent fort en arrière la région palatine, ils sont amples et caverneux. Ils viennent par conséquent au secours de l'organe respiratoire dont ils corrigent les imperfections; ils lui ménagent les ressources d’un réservoir d’une assez grande capacité : ils complettént les moyens d’un animal aquatique, en lui permettant d’em- porter sous l’eau une certaine provision d'air, et de fournir une plus longue navigation comme plongeon; ils sont enfin le mobile principal des déterminations du Gavial, du Croco- dile, soit que le Crocodile veuille attaquer ou se défendre, soit qu'il veuille se livrer à de joyeux ébats dans le milieu aquatique, agir de ruse ou fuir, puisqu'ils donnent une di- rection nécessaire à tous les actes de sa volonté. Les autres Lézards conservent aussi momentanément de J’air en avant de la trachée-artère, et rendent cet effort apparent au dehors, en laissant voir là comme une sorte de goître; mais cet effet est produit par une accumulation de l'air dans]la cavité pharyngienne, tandis que cette accumulation est acquise au Crocodile d’une toute autre manière, plus en avant, en dedans du crâne et en decà des arrière-narines. Chaque extrémité du canal cranio-respiratoire est à la vo- lonté de l'animal exactement fermée : le voile du palais DES GAVIALS, 135 "existe de toute l'étendue des hérisséaux, et il s’en vient cou- vrir au besoin et clorre les arrière-narines, avec d’autant plus d’eflicacité que celles-ci sont très-étroites. Par la comparaison qui précède, on voit dans quelle me- sure les Crocodiles et les Gavials quittent , quant à la tête, les formes générales des Lézards, pour en revêtir de propres et de tout-à-fait exclusives. Nous pouvons présentement faire arriver sur ce terrain ainsi préparé tous les faits concernant la tête du Crocodile fossile de Caen. Ces préliminaires pou- voient seuls nous faire apprécier, avec quelque profondeur comme avec toute certitude, les réelles aflinités de cet ancien habitant de la terre. ART. III. Du Croconire rossize DE CAEN (T'Err0SAURUS). Le museau et l’arrière-cräne de ce fossile ont les plus grands rapports avec ce qu’en montrent les Gavials : les maxil- laires, comme dans ceux-ci et dans les Tortues, étendent leurs bords intérieurs et en prolongent les lames jusqu’à leur mutuelle rencontre, de manière à réaliser, de même que chez les Mammifères, une voûte palatine pleine et complète, et au-dessus de ce plancher, un canal cranio-respiratoire parfaitement circonscrit. Les occipitaux présentent le même genre d’anomalie, leurs parties supérieures et latérales étant soudées ensemble, comme pour aider les deux rochers à ar: river sur la ligne médiane.et à venir s’y confondre en une seule et unique pièce. Mais là cessent ces rapports : car entre les parties extrêmes 136 ORGANISATION de la tête, vers la région post-orbitaire, interviennent des différences considérables. Or, nous avons vu plus haut que : c'est précisément en dedans des limites de cette ceinture osseuse que résident les traits génériques et distinctifs des Crocodiles et des Gavials. C’est donc, en ce point, faire con- noître une organisation nouvelle, une physionomie à part, des traits évidemment caractéristiques , des formés enfin pour une famille inaperçués jusqu'ici. Je déduis cette proposition de chacune des considérations suivantes, 19, Le canal cranio-respiratoire ne se prolonge pas autant enarrière dans le fossile de Caen : terminé comme distance, Jà où finit la fosse oculaire, il s’en faut de beaucoup que son extrémité vienne recouvrir l'os basilaire : les choses sont au contraire comme dans la plupart des Mammifères, chez lesquels on voit ce canal s'arrêter vers la moitié, plus ou moins, de la base du crâne. 2°, Cette circonstance est due à un mécanisme, dans le- quel l'hérisséal joue un rôle principal et tout-à-fait digne de remarque : au lieu de former en ligne directe la continua- tion de la région palatine, chaque hérisséal est renversé de côté : sa configuration est celle d’un x dont les branches sont inégales et plus allongées en arrière. Par son arc interne, le plus étendu des deux, l'hérisséal contourne les ouvertures terminales du canal cranio-respiratoire; d’ailleurs ce renver- sement des choses a lieu sous l’action persévérante du prin- cipe des connexions. Aussi cet arc par un de ses bouts naît du palatin, et va finir et s’articuler sur le bord interne de l'hyposphénal. L’arc opposé a aussi ses deux branches, savoir, l'antérieure, qui s’unit à l’adgustal, et la postérieure, qui DES CrAVIALS. 137 s’avance et forme une apophyse libre dans la fosse temporale. De plus, les lames qui vers la partie supérieure viennent s'étendre et se fixer sur l’hyposphénal, se prolongent jusque sur la ligne médiane, point où les deux hérisséaux ont un bord en contact et s’articulent l’un avec l’autre. Que de différences, par conséquent, entre les hérisséaux des Crocodiles et ceux du fossile de Caen ou du 7'eleosaurus, nom que je me propose de donner à cet ancien reptile. Les hérisséaux sont doublement appuyés l’un sur l’autre et même confondus par soudure dans le Crocodile, ils sont entr'ou- verts au contraire et considérablement écartés à leur plancher inférieur dans le Teleosaurus ; leur ampleur les caractérise principalement chez ceux-là, quand la maigreur du corps médian contraste chez celui-ci avec le volume des branches apophysaires; de plus, leur forme tubulaire chez les Croco- diles en fait un moyen supplémentaire de l’organe pulmo- naire, quand ils sont en table amincie chez le T'eleosaurus ; enfin, c’est tout à leur extrémité que s'ouvrent les arrière- uarines chez les Crocodiles, et elles se montrent au contraire chez le T'eleosaurus, immédiatement après les palatins, et en dedans des hérisséaux, dont les branches internes s'étendent autour de ces ouvertures, comme pourroient faire les jambes d’un compas courbe, autour du vide laissé entre elles. | 30, La grandeur des arrière-narines chez le T'eleosaurus n'est pas seulement remarquable pour l’opposer, comme fait caractéristique, à leur petitesse chez le Crocodile : nous insisterons en outre sur cette circonstance, sous le point de vue de l'influence qu’elle a dû exercer. Bien différemment Mém. du Muséum. 1, 12. 18 138 ORGANISATION que dans le Crocodile, bien différemment , dis-je, ont dû ètre, à l'égard du crâne et entr’eux, les rapports de l'hyoiïde, de la langue, du larynx et de toutes les dépendances de l'organe respiratoire. Le devoir de notre position nous pres- crit sans doute d'être extrèmement réservé sur ce que nous pouvons concevoir de cet ancien état des choses : toutefois nos règles zootomiques nenous restreignent pointuniquement à de simples pressentimens , elles nous portent sur des conditions manifestes qui révèlent avec toute certitude l'existence en ce lieu de différences notables. 4°. Nul reptile n’a plus que le T'eleosaurus le jugal ramené versles formes et la position respectivede ces os chez les Mam- mifères; c’estàs’étonner qu'aperçu dans cette situation, il ait en- coreconservé lenom de frontal postérieur. Fort petitailleurs, le jugal (x) occupe alors l'angle postérieur et supérieur de l’or- bite: ilserelève mème dans le Crocodile, au point que sa face, libre sous les tégamens communs et visible au dehors, y fait partie du plancher supérieur. Dans le T'e/eosaurus au con- raire, le jugal est tout-à-fait descendu : sa partie externe est latérale et gagne l’arcade maxillaire; plus considérable en étendue, il accompagne et contourne l'orbite dans un grand tiers de son pourtour en arrière, mais surtout inférieurement. Sa forme est triangulaire : un des côtés de l'angle s’abaisse etanticipe sur une partie de l’adorbital. Les angles constituent trois apophyses, l’une grosse et courte qui s'élève sur le fron- tal, une autre qui se porte en devant vers le maxillaire des dents moyennes et qui rencontre auparavant une petite por- (1) Fayez fig. 1 et 2, lettre ©. DES GAVIALS. 139 üon du maxillaire orbitaire ou de l’adorbital, et la troisième est la plus longue de ces apophyses; celle-ci se rend, en arrière sur le temporal, vers une longue apophyse, à laquelle elle présente un long sinus pour s’y articuler, 50. L’adorbital se distingue aussi génériquement : comme la fosse temporale est chez le T'eleosaurus plus latérale, plus grande et surtout plus allongée que chez le Crocodile, et que cependant le cotyléal est resté dans les deux genres en même place et d'aussi petit volume, l’adorbital a supporté tous les effets occasionés par les modifications des os ses voisins. Il étoit déjà chez le Crocodile d’une longueur remarquable, toutefois sans manquer à une certaine largeur; puis, en ar- rière de l'orbite, on le voyoit fournir une éminence et au moyen d’une forte apophyse aller vers le haut gagner le jugal. Chez le T'eleosaurus ÿYadorbital est presque du double en longueur, mais il est grèle dans une même raison : ce n’est plus lui qui va sur le jugal, mais le jugal qui vient le joindre (1) et qui le recouvre à tous ses points de contact ; (1) Le jugal des reptiles est dans une anomalie singulière, quand il quitte sa position post-orbitaire pour en descendre , comme dans le T'eleosaurus, et pour y venir former inférieurement le cloisonnement de l’œil ; de même etcomme par ma- nière de compensation , cet os est frappé d’une anomalie aussi étrange , quand il n'occupe plus chez les mammiferes une position toute contraire. Or, c’est là ce que montrent les cabiais et les cochons d'inde. L’adorbital des mammiferes, ren- fermé dans des limites tres-exiguës, y laisse ordinairement, au jugal qu’il précède toujours, les moyens d'occuper une position mi-partie en avant et mi-partie en des- sous de l'œil. Acquérant extraordinairement au contraire un accroissement consi- dérable chez les cabiais et les cochons d'inde, l’adorbital par cette grandeur change les anciens rapports : son volume réagit sur le jugal, qu’il repousse en arrière et au-dessous de l'œil. Aïnsi les deux anomalies, provenant d’actions contraires, donnent le même fait , sous le rapport de la situation sous-orbitaire du jugal. 18 * 140 ORGANISATION plus d’apophyse par conséquent. Un petit filet d’adorbital o' s’interpose, en avant du jugal, entre celui-ci (1) et le maxil- laire des dentsmoyennes ou l’addental L, comme pour satis- faire aux connexions obligées; mais d’ailleurs l’adorbital se dégage promptement du jugal pour fournir une ample car- rière postérieurement, pour devenir cette partie longue , droite et robuste, o, allant sur le cotyléal x et l’énos- téal H, et figurant là tout à la fois, tant comme limite de la fosse temporale, que comme continuation de l’arcade maxillaire. Go. Le temporal, aussi-bien que le jugal, n’a pas pris rang parmi les os de la surface externe et supérieure du crâne : c’est une pièce latérale et recouverte par des muscles. Sa por- tion principale est plus exiguë , et sa partie apophysaire se rendant sur le jugal beaucoup plus longue au contraire et plus grèle ; toutes considérations qui se déduisent des données précédentes. Sur tous les autres points au-delà et en-decà de la cein- ture temporale , nous nous retrouvons comme dans le Cro- codile ; c’est le même arrangement, la même disposition et le même emploi des pièces. Il nous suflira donc de les in- diquer dans l’énumération suivante. Le museau, qui n’est point complet, se compose, dans l’état présent des choses, de l’addental L, du nasal T, de l’ethmophysal 7, du lacry- mal M et du palatin £. J'ai fait répéter en points la seconde (1) Le jugal descend sur l’adorbital dans le T'eleosaurus, au point de le couvrir dans les parties où il vient l’atteindre : c’est cette circonstance qu’il faut bien com- prendre pour ne point s'étonner de rencontrer la tête de cet os en 0" au devant et le reste en arriere du jugal, lett. @. DES (GAVIALS. 141 moitié qui manque à la pièce, afin de rendre mieux visuel et plus sensible pour l'esprit son ensemble, d'indiquer exacte- ment ce qu’elle avoit perdu vers la ligne médiane, et de donner en outre l’idée précise de la réelle largeur du crâne. Il n'y a de mème chez le T'eleosaurus qu'un seul fron- tal U étroit, et qu'un seul pariétal Y tout-à-fait reculé pos- térieurement; l'unique différence à l'égard du Crocodile, c'est qu'ils inclinent davantage leurs apophyses articulaires pour atteindre plus bas, savoir, le jugal Q, et en second lieu le temporal P. Il n’y a aussi de différences à remarquer à la face occipi- tale ( voy. fig. 4) que quelques légers changemens résultant de la plus grande largeur de la tête et des modifications de forme du temporal. La partie de celui-ci qui gagne la région supérieure se réduit à une crète aiguë, au lieu de se ré- pandre là en une large surface; la fosse temporale en est plus dégagée et plus ouverte; d’où, en ce point, le Z'eleo- saurus se rapproche beaucoup du Gavial. Le cotyléal æ est resté rudimentaire , même davantage que dans les Crocodiles : existant sous la forme d’un V, il prolonge l’une de ses bran- ches sur l’adorbital o et la postérieure sur l’énostéal H, qu'on à successivement nommé Os carré, Caisse et Os {YMparique. L’énostéal est aussi sans différence sensible : il fournit son large condyle en H, et s'étendant en dessous, il reparoît en partie, fig. 1, dans la fosse temporale vers H'. Le sous-occipital et son condyle sont dans le même cas de ressemblance que ces parties chez le Crocodile; mais il n’en est pas tout-à-fait ainsi de la large pièce latérale que je crois le produit du sur- occipital en Z et de l’ex-occipital en R (voy. fig. 4). Le T'eleo- 142 ORGANISATION saurus montre bien distinctement, non pas, il est vrai, une véritable suture, mais une indication et comme le point de partage des deux os. Deux enfoncemens très-profonds dont il y a à peine quelques vestiges dans les Crocodiles et moins encore dans les Gavials, existent chez le Z'eleosaurus ; Yun supérieur entre les crètes du temporal P et du sur-occi- pital Z, et l’autre entre une seconde crète de ce dernier moins large, mais beaucoup plus saillante, et l'aile très- profonde et très-surbaissée de l’ex-occipital ( voyez R et KE). La petite aile ou l’ingrassial V se voit au côté interne et antérieur de la fosse temporale : c’est de même dans les Crocodiles, et, de même encore que dans les Crocodiles, se montre le rocher Q, avec la pareille circonstance qu'il est unique et qu'il occupe un espace peu étendu sur la ligne mé- diane. Cependantilse prolonge aussi de côté sous le temporal, tellement, comme nous l'avons vu précédemment en traitant de l’organisation des Gavials, tellement, dis-je, qu'ilen re- paroït une partie dans la fosse temporale en Q'. Voy. pl. 6, fig. x (x). Notre planche 6 montre très-distinctement tous ces arran- gemens, principalement la large fissure donnant issue à la branche nerveuse auriculaire qui constitue le nerf facial. On trouve chez les Crocodiles proprement dits, mais difficilement (1) On n’a pu rendre visibles , fig. 1, tous les détails qui le sont, fig. 4. Il n’ap- paroît dans celle-là qu’une facette des occipitaux latéraux, R; voilà ce que cette lettre doit exprimer, Mais par une faute de l'écrivain , cette lettre est posée dans le centre de J’énostéal , dont elle paroît d’autant mieux le signe, que l’énostéal H est transversalement coupé par un trait ayant pour objet d'indiquer le relief d’un pli ou d’un coude de cette pièce. DES (AVIALS. 143 visible, une disposition semblable : la fosse temporale y est rendue plus étroite, moins encore par un resserrement des parties que par l'extension du bord interne du temporal. Cette saillie déjà réduite à peu de chose dans les Gavials, est nulle dans le T'e/eosaurus par la raison qu'aucun point du temporal n’y arrive extérieurement et ne s’y dispose en table pour contribuer à devenir une partie du plancher externe de la face. Ce qui se prolonge sous la peau et vient y fournir un flanc pour attache , se réduit, comme nous l’avons vu plus haut, à un bord en biseau aigu. Les ailes Q' du rocher longent le pariétal; et la portion d’énostéal H', qui arrive d’au-des- sous et qui intervient dans la fosse temporale, est plus laté- rale. Il ne manque non plus aussi le trou du nerf facial : cette ouverture consiste en une fente transversale, qui se voit entre la jonction des ailes du rocher (Q') avec l'extrémité interne du temporal (P). Une dernière circonstance touchant l'appareil osseux auri- culaire est la présence de l'os analogue à l’étrier : M Cuvier a fait remarquer qu'il étoit resté en place, et dans un état parfait d’intégrité : voy. lett. 7, fig. 1, 2 et 4. Il est cylin- drique et beaucoup plus gros à proportion que dans aucun Crocodile ni autre reptile, M. Cuvier a fait cette remarque, que je rapporte après lui et même en la lui empruntant tex- tuellement. Voyez le volume déjà cité des Ossemens fos- siles, pag. 134. Tant de rapports avant et après la ceinture temporale, au moyen desquels le 7'eleosaurus forme comme une répétition du Crocodile, nous indiquent avec certitude que nôtre nou- veau genre est très-voisin de celui des Gavials. Nous ne pou- 144 ORGANISATION vons cependant l'y réunir; et cette dernière conséquence résulte amplement des six considérations exposées précédem- ment. Toute la région temporale, pariétale et palatine, pré- sente une organisation différente et réellement très-singulière. Là sont en effet des formes propres, certaines dispositions et une réunion des parties plus en rapport à ce qui est chez les mammifères. Aussi, considérer le T'eleosaurus comme s’il étoit un produit mixte de Mammifère et de Crocodile est vé- ritablement en concevoir les essentielles et vraies aflinités. Cette circonstance, qui nous montre le T'eleosaurus sur la limite des reptiles et des animaux supérieurs, m'a fourni.les élémens de son nom, par lesquels j'exprime les conditions d’un saurten, étant en rapport avec des êtres beaucoup plus parfaits. Nous avons vu plus haut, comment ayant acquis chez les Crocodiles et les Gavials une forme tubulaire, comment de- venu plus ou moins caverneux et porté à un #2ax/mum de volume et de fonction, l'hérisséal formoit une ordonnée toute- puissante, et comment il régloit là le sort des pièces voisines. L'hérisséal du T'eleosaurus exerce un tout pareil empire : renversé sur les côtés, il admet entre lui et son congénère de larges espaces pour le jeu des fonctions respiratoires : il occa- sione un plus grand écartement de la région temporale, et il propage enfin de proche en proche son influence sur les ju- gaux, les adorbitaux et les temporaux; influence qui devient plus foible en s'étendant, et qui est presque amortie vers les parties extérieures du frontal et du pariétal. Ainsi l'héris- séal devient également le trait et le caractère prédominant du genre nouveau 7'eleosaurus. DES GAVIALS. 145 Les os du derme, recouverts par des écailles, ont aussi un caractère de plus grande solidité et présentent un aspect assez différent. Il en est de même des dents plus longues, plus nom- breuses, plus grèles et plus semblables aux dents filiformes et pointues du dauphin du Gange : voyez, pour ces renseigne- mens, la planche VIE, fig. 10, du tome 5 et dernier des Ossemens fossiles. M. Cuvier, ayant combiné les renseignemens des divers échantillons qu'il a eus à sa disposition, a présenté (Oss. foss., pl. VL fig. 16) une restitution du crâne entier. A juger sur cette figure de la longueur du museau, et en prenant pour unité de mesure l'intervalle d’un bord orbitaire à l’autre, la longueur des becs, prise de la suture pariéto-frontale jus- qu'à l’extrémité, est de #rors parties dans le grand Gavial, de quatre dans la petite espèce, et de czig dans le Teleo- SauTUs. ; Enfin, M. Lamouroux a déjà proposé ( 4nnales des Sciences physiques, tom. 3, pag. 163. — Bruxelles, 1820 ) la dénomination de cadomensis, pour qualifier et nommer l'espèce perdue, qui a été retrouvée fossile aux environs de Caen (1). Maintenant on désirera savoir s’il n’y a encore de reconnu qu'un seul T'eleosaurus, que le T'eleosaurus cadomensis, dont le crâne est représenté dans la planche jointe à ce Mémoire. (1) Au sud de cette ville, dans les bancs calcaires longeant la droite de l'Orne, à une heure de chemin de Caen, et au lieu dit le Village d'Allemagne ; on y a trouvé d’assez nombreux fragmens , qu’on croit avoir appartenus à dix individus. Mémm. du Muséun. 1. 12. 19 146 ORGANISATION ARTY. SUR D'AUTRES ESPÈCES OBSERVÉES DANS L'ÉTAT FOSSILE, ET RAP= PORTÉES AU GENRE DES CROCODILES ; STENEOSAURUS. En isolant le reptile fossile de Caen et en le séparant comme genre du groupe des Crocodiles, j'élève nécessaire- ment la question de savoir s’il convient de placer les autres animaux perdus analogues séparément ou avec les Crocodiles. L'ouvrage classique sur cette matière en porte le nombre à cinq, trois rapportés au genre des Gavials, et deux autres à celui des Caïmans : parmi les premiers sont le crocodilus pris- cus de M. Smmering, et deux espèces trouvées aux environs de Honfleur distinctes, l’une à l'égard de l’autre, par une assez grande différence dans la longueur proportionnelle de leur bec : les seconds sont les Caïmans fossiles de Montmartre et d’Argenton. Cependant ce ne devient une question dans ma position , que si je la vois susceptible de solution avec les seuls moyens que je puisse y appliquer; car il faut distinguer l’objet de ce Mémoire de celui d’un ouvrage général sur les ossemens fossiles : on veut principalement dans ce dernier présenter une complète énumération de toutes les richesses que les fouilles peuvent avoir procurées; mais, dans mon point de vue, je puis et je dois me restreindre à des mor- ceaux parfaitement caractérisés; car je me propose seule- ment de donner un travail approfondi sur les aflinités natu- reltes des êtres. Dans cet état des choses, je ne me suis rendu attentif qu'aux morceaux exprimant neltement les caractères des | : DES GAVIALS. 147 espèces précédemment nommées, et que j'ai été à même d’ob- server : et je dois le dire, je n'ai pas pu assez bien distin- guer les parties sur lesquelles j’eusse plus volontiers porté ma discussion et mes remarques. Les naturalistes, en pareil cas, gardent le souvenir des animaux incomplétement connus, en les rangeant dans un appendice et sous le titre de spectres incertæ sedis : c’est donc à regret qu'adoptant leur réserve, je les imite dans cette occasion. Toutefois, l’un des reptiles des carrières d'Honfleur , ros- tro-major (1), doit aux travaux ardens et persévérans de M. Cuvier une restitution presque entière. Il manque peu de chose à son crâne; mais comme ce sont les hérisséaux et toutes les parties sous-orbitaires et sous-temporales, je ne puis aujourd'hui comprendre utilement ce précieux morceau dans les précédentes comparaisons. Cependant je crois fermement que quand ce travail de comparaison pourra être complété, il donnera pour résultat que les reptiles à long bec de Honfleur non-seulement ne se rapportent pas au Z'eleosaurus, mais qu'ils doivent être clas- sés séparément et assez loin en arrière des Crocodiles. Leurs longs museaux (2) ont beaucoup contribué à les faire prendre pour des Gavials; mais ce n’est point de tout ce qu'indiquent (x) Ce qu’on possède en parties crâäniennes des gavials de Honfleur , est repré- senté avec le plus grand soin et d’une manière très-satisfaisante dans les planches de la deuxième partie du cinquième volume des Ossemens fossiles, savoir : les pieces de l’espèce aux plus longues mâchoires, pl. X, et celles de l’autre espèce, pl. VIII. (2) C'est en effet sur la longueur et principalement sur l’amaigrissement excessif du museau que les reptiles fossiles ont été, à une première vue, rapportés aux gavials: 19° 148 ORGANISATION les autres parties de la tête, L’œil a dû être d’une grandeur démesurée et de plus se trouver placé, non sur le haut du crâne , mais, comme dans les lézards proprement dits, tout-à- faitsur les côtés. L’are, dont le jugal fait partie, est singulière- ment descendu et rentrant, Un autre trait que je considère aussi comme éminemment caractéristique, est l’amincisse- ment, vers les flancs, de la région temporale et par suite de la boite cérébrale : ce rétrécissement se termine vers le haut par une crête aiguë, comme dans les Serpens, et se montre vers le bas également coupé en biseau à la manière d’un coin. De cette dernière disposition, il suit que les hérisséaux ne peuvent dans cet exemple s'asseoir et s'adapter sur le sphénoïde, ainsi que nous l'avons exposé plus haut au sujet du T'eleosaurus et des Crocodiles. Les ailes occipitales sont plus relevées : puis, ce qui surprendra sans doute dans un animal dont toute la tête semble comme tirallée en longueur et faite en fuseau, le frontal est d’une certaine largeur et présente en ce point une opposition de forme très-distinc- tive par rapport à ce qui est chez les Crocodiles et le T'eleo- saurus ; considération dont il nous paroit qu'il faille tenir compte. mais des recherches ultérieures ont fait connoitre d’autres reptiles fossiles , d’ailleurs fort différens, qui présentoient aussi ce même caractère. On doit conclure de là que ce caractère entroit comme une des principales données des formations organi- ques dans les conditions d’existence des animaux de l’ancien monde. En effet, que la température du sang soit plus élevée, les molécules, dont il se compose , seront plus mobiles et lancées plus loin. C’est ainsi que chez les oiseaux, elles ne profitent à la formation et à l’entretien des parties céphaliques qu’à une assez grande dis- tance du tronc et de l’organe d’où elles proviennent. DES GAVIALS. 149 En général, pour montrer tous ces animaux en série natu- relle, nous dirons des reptiles de Honfleur, qu'ils doivent suivre le genre Crocodile à quelque distance, et du 7'e/eo- saurus, qu'il devra immédiatement précéder ce genre. De l’étroitesse singulièrement remarquable et décidément caractéristique du cräne entre les fosses temporales, on dé- duira sans doute un jour la principale considération , et le nom générique des fossiles trouvés à Honfleur. Cependant les naturalistes voudroient-ils accueillir dès ce moment les dénominations suivantes ? STENEOSAURUS, pour les reptiles fossiles connus jusqu’à ce jour sous le nom de Gaytrals de Honfleur. Première espèce , STENEOSAURUS ROSTRO-MAJOR. Deuxième espèce , STENEOSAURUS ROSTRO-MINOR. ART. V. Du DEGRÉ DE PROBABILITÉ QUE LES Ÿ'ELEOSAURUS ET LES STz- NEOSAURUS, ANIMAUX DES AGES ANTIDILUVIENS , SONT LA SOUCHE DES Crocoprres RÉPANDUS AUJOURD HUI DANS LES CLI- MATS CHAUDS DES DEUX CONTINENS. Les recherches précédentes ont principalement porté sur la composition du cräne. L'une de leurs conséquences bien remarquable, c’est que dans nos deux nouveaux genres, comme dans celui des Gavials, l’avant et l'arrière partie de la tête retenoient exactement le même arrangement , et qu'il ny avoit de varié que la ceinture crânienne com- 150 ORGANISATION prise entre les pièces avancées de l'orbite et celles de l'occiput. ; Or, si nous venons à réfléchir sur l’objet et les usages des pièces modifiées, comme sur ceux des parties qu’elles recou- vrent et dont elles sont à leur tour recouvertes, nous recon- noitrons que bien que cet ensemble appartienne à des sys- tèmes organiques élevés, les matériaux qui les composent n'en sont pas moins susceptibles d’être atteints par d’assez fortes variations. Tels sont les élémens des organes mis les premiers en jeu dans les phénomènes de la respiration et de la digestion : tels sont encore les organes de l'excitation ner- veuse. En effet, les voies respiratoires obtiennent plus ou moins de perfection du rapport variable et respectif des ar- rière-narines et des ouvertures laryngiennes; et de même les appareils de la nutrition, pour être mis en action avec plus ou moins d'efficacité, réclament plus ou moins d'éner- gie des parties maxillaires, c’est-à-dire plus ou moins de briè- veté de ces leviers, combinée avec le plus ou le moins de moyens musculaires qui en disposent. Ceci établi, envisageons la question sous un autre point de vue. Les physiciens et les géologues ne doutent aucunement que de grands changemens n’aient été successivement introduits danslesconditions physiques et matérielles du globe, que ces changemens n’en aient fortement modifié la constitution primi- tive; principalement autrefois, aux époques signalées comme diluviennes. Or, ces changemens sont de nature à avoir agi sur les organes dont je viens de parler , et de l'avoir fait pré- cisément dans la mesure des deux lois posées par M. de 4 DES GAVIALS. 1ÔI Lamarck dans sa Philosophie zoologique (1). Nier l'influence de pareilles circonstances sur l’organisation, c’est se placer sous la charge bien diflicile de démontrer que de telles va- riations sont impossibles. Il n'y a rien de fixe dans la nature; axiome général, qui est plus particulièrement applicable aux productions organisées-vivantes, dont l’essence repose effec- tivement sur la transmutation et la métamorphose des parties. Que les décompositions animales, les reformations et les à (1) Nous rappellerons l'esprit de ces deux lois. (Voyez Philosophie zoologique, t.1, p.235; Paris 1809 , chez l’auteur au Jardin du Roi.) PREMIÈRE LOI. Dans tout animal qui n'a point dépassé le terme de ses développe- mens, l'emploi plus fréquent ou différent et soutenu d’un organe quelconque , forti- Jie peu à peu cet organe , le développe, l'aggrandit et lui donne une puissance pro- portionnée à l'intérét de cette action, etc. Deuxième Lor. Tout ce que la nature a fait acquérir ou perdre aux individus par l'influence des circonstances où leur race se trouve depuis long-temps exposée, se perpétue par voie de génération, etc. On ne peut trop recommander à la méditation des jeunes gens, la lecture de l'exposé philosophique (17 pages) qui précède ces conclusions. L'auteur a pris ses vues dans un ordre de faits et de conséquences nécessaires, mais non dans les ap- plications qui suivent immédiatement. Toutes les variations décrites après la page 235 et suivies d'explications, me paroissent bien plutôt dépendre de faits prinn- tifs tres-différens , savoir : de changemens survenus dans la distribution des artères ; changemens qui à leur tour dépendent d’autres causes, dont je crois ayoir assigné quelques-unes dans mon ouvrage sur les Monstruosités humaines. J’aperçois de certaines explications découlant de faits enchatnés et nécessaires , de la même maniere que Newton, lorsqu'il attribuoit à l'effet du choix la mer- veilleuse uniformité du système planétaire , et qu’il ajoutoit, à titre de développe- ment de cette pensée tout à la fois philosophique et religieuse , que « tout l’artifice « d’une pareille uniformité, comme de l’uniformité de composition animale, ne « pouvoit être que l'effet de la sagesse et de l'intelligence d’un Agent puissant, « qui, par cela même qu'il est présent partout , n’est que plus capable de mouvoir « par sa volonté les corps dans son Sensorium uniforme et infini, » Voyez Zraité d'Optique, édilion in-/°. et traduction de Coste; pag. 597. 152 ORGANISATION nouvelles compositions se passent dans un même milieu et sous l’action des mêmes agens physiques et chimiques, les mutations se reproduisent de la même manière; d’où, à chaque métamorphose, c’est-à-dire dans chaque àge, les êtres placés sous ces influences restent des répétitions exactes les uns des autres. Mais que, tout au contraire, il en soit autre- ment : de nouvelles ordonnées, si elles interviennent sans rompre l'action vitale, font varier nécessairement les êtres qui en ressentent les effets; chaque fois, c'en est une consé- quence toute naturelle, dans le degré de leur puissance mo- dificatrice. Ce qui, dans les grandes opérations de la nature, exige un temps quelconque considérable, est toutefois ac- cessible à nos sens et se trouve produit en petit et sous nos yeux dans le spectacle des monstruosités, soit accidentelles , soit volontairement provoquées. Car il existe de ces der- nières, même dans l'espèce humaine. J'ai acquis tout récem- ment cette connoissance ; ce que J'ai cru devoir signaler dans divers écrits, et en dernier lieu dans un Mémoire présenté à l’Académie royale des Sciences (1). Ainsi, des êtres qui seroient différens de leurs ascendans, pourroient, à l'instar des mons truosités par rapport à leurs tiges maternelles, provenir de ces souches anciennes : d’où , en pressant les conséquences de ces faits véritablement in- contestables, je puis avancer qu'il ne répugne point à la raison, c’est-à-dire aux principes physiologiques, que les (1) Voyez ce Mémoire (Annales des Sciences naturelles, tom. 4, pag. 450) ; ayant pour titre : Considératious générales sur la monstruosité, et Description d'un genre nouveau observé dans l'espèce humaine , et nommé ASPALOSOME. DES GAVIALS. 153 Crocodiles de l’époque actuelle ne puissent descendre par une succession non interrompue des espèces antidiluviennes, retrouvées aujourd'hui à l’état fossile sur notre territoire. Leurs différences, assez grandes pour pouvoir être rangées selon nos règles dans la classe des distinctions génériques, v'indiquent qu'un plus grand degré dans l’action modifica- trice intervenante et dans la variation ressentie. Car, enfin, nous avons vu plus haut que les caractères par lesquels le crâne des Z'eleosaurus se distingue de celui des Crocodiles, tout importans qu'ils sont dans l'échelle organique, sont de tous cependant les plus susceptibles de ressentir les effets de l'influence pathologique (si je puis employer ce terme en écartant de son acception toute idée de douleur et de mala- die), et de ressentir par conséquent toutes les modifications possibles des agens physiques et chimiques. Mais avant de donner définitivement les conséquences de la présente discussion, nous préférerons n’y arriver que par degrés. Notre voyage en Egypte forme une circonstance heureuse qui nous en donne les moyens, C’est sans doute une question du plus grand intérêt que celle de savoir si les animaux, qui vivoient il y a deux ou trois mille ans dans la vallée arrosée par le Nil et dont les dépouilles conservées dans des grottes sépulcrales sont parvenues jusqu’à nous , existoient alors identiquement semblables aux animaux qui peuplent aujourd'hui le cours de cette même vallée. L'idée de cette recherche et l'espoir d'y réussir m’avoient conduit en Egypte. Aussi ai-je profité d’un assez long séjour que j'ai fait dans les villages et au milieu des ruines magnifiques de la Thèbes aux cent-portes, pour former une collection aussi Mém. du Muséum. t. 12. 20 154 ORGANISATION complète que possible des animaux de l'antique Egypte; dieux autrefois, alors qu'ils vivoient les contemporains des premiers âges du monde, et, dans leur état de mort éternisée par lart des embaumemens, restés encore et devenus aussi les con- temporains des hommes de notre âge. De retour en Europe, je n’ai pu d’abord considérer ces matériaux que comme des parties d'attente : et en effet, n'ayant pu réunir assez de sujets de comparaison, j'ai tardé à donner les résultats phi- losophiques de mes richesses scientifiques; richesses bien péniblement acquises. Sur ces entrefaites, on annonça qu'un principal résultat de leurs faits observés étoit l'identité rigoureuse des espèces ayant vécu il y a trois mille ans et des animaux d’aujour- d’hui. Ainsi on s'étoit trop häté d'annoncer que des crânes d’éléphans enfouis dans les profondeurs de la terre, étoient une répétition exacte de ceux, de nos éléphans vivant ac- tuellement. Je reviens aujourd’hui, en ce qui concerne le Crocodile, discuter l'idée trop légèrement «accueillie, je crois, que plu- sieurs milliers d'années, qui se sont écoulées depuis que notre globe a pris sa forme actuelle, ne comprennent pas un laps de temps sufisimment considérable, pour avoir intro- duit des variations importantes et permanentes dans l’orga- nisation des êtres. J'ai rapporté un crâne parfaitement entier de Crocodile, que j'ai retiré d’une momie sur le terrain même de Thèbes. Ce qui a principalement attiré mon attention sur cet objet, c'est que) les points de:variation que je crois ÿ avoir saisis se rapportent au système organique, sur lequel portent les dif- Tom.12. — 2) Hig. 8. ‘à | “a à: SG) Si Ÿ \ \ \ ) \ \ h (: ) ( l & | ( S) | ||} | | Il } | { | M | 1118) pen RE | { \ | { \j1e) 1 ) | ( le PA) | Et 0 “Æn Briet del FA Ex TA da ÿ F Borroméesouh? GAVIALS GAVIZALIS. 6.srx. Fig.1.2.5.4 Narines des gavials. y. 7. Ca. gangelicus, très jeune. Fig. &. Crane du mème adulte, reduit a 7. Fig. 6 Cev.- Li ce D « (T Le Le 4 « Lrurostrie. Fig.10. Coupes sur le crane du N°5. Fig .n Face palaine du meme. 172 etg. Vomers fo.s's / du Goe.JSebrops. Tome 12. 4 Eg: 7. { Sa" À 4 Ë End - É A FA LÉ J'tete - 133 = La TELEOSAURUS CADOMENSIS . 6.57 Împ. Litho. de M#Fermentine DES GAVIALS. 155 férences du Zeleosaurus à l'égard des Crocodiles, se rap- portent en effet. à l’entrée plus exigué des arrière-narines. Une plus grande intensité dans les causes de ces variations les auroit sans doute rendues plus considérables ; mais tou- tefois ces différences sont si nettement prononcées, que je regarde l'examen de ce crâne de l'antique Egypte comme pouvant fournir une considération d’un grand intérêt pour la philosophie. Je compte revenir sur tous les points de cet Article dans un Mémoire, où je traiterai d’eux séparément et avec toute l'étendue que comporte ce sujet. 20 MONOGRAPHIE DU GENRE ÉROTYLE. PAR M. P. A J. DUPONCHEL. Erotyl hemisphærici pedibus plus minusve breribus. 59. EroTYLUS SURINAMENSIS. E. Surinamensis. Fabr. Ent. S. I, II, p. 39, 18. Herbst. Col. VIT, p. 375, 15,t. 137, f. 12. Oliv. Ent. V, 480, t. 1, fig. o. ÆEgithus Surinamensis. Fabr. S. El. II, p. 9, 1. E. Surinamensis. Iig. Mag. II, p. 160, et V, p. 232, 1. Cocc. Surinamensis. Fabr. Ent. S. I, p. 266, 4. Mant. I, p. 53, 4. Sp. ins. 1, p. 93, 2. S. Ent. p. 79, 2. Linn. Amœn. Acad. VI, p. 293, 12. Syst. nat. I, II, p. 570, 2. Ed. Gmel. I, IV, p. 1645, 2. Chrys. clavicornis. Linn. S. nat. 1, II, p. 5go, 29. Ed. Gmel. I, IV, p. 1678, 20. Degeer. Ins. V, p. 351, 4, t. 16, f. 2. Olivier. Enc. méth. V, p. 718, 127. Æ. Surinamensis. Schonnherr , Syn. ins. 328, 30. Dejean, Cat. 128. Dict. d'Hist. nat. nouv. éd. Deterville, 411. (Long. de 4 à 5 lignes; larg. de 3 à quatre lignes.) E. hemisphærico-convexus, niger ; elytris fusco rubris immaculatis. Sa forme ressemble à celle d’une coccinelle. Il est entièrement lisse. Les antennes la tête , le corselet, l’écusson , les pattes et la poitrine sont noirs. Les élytres sont d'un rouge terne sans aucune tache; le dessous de l’abdomen est de la même couleur. Se trouve à Surinam et à Cayenne. De la collection de M. le comte Dejean. GENRE EROTYLE. 157 Go. EROTYLUS GINCTIPENNIS. (Long. 5 lignes +; larg. 4 lignes.) ÆE. hemisphærico-convexus, ater ; elytrorum margine omni flavescente. Il est de la même forme et un peu plus grand que le surinamensis, d’un noi terne, lisse, avec tout le pourtour des élytres d’un jaune pâle. ” Se trouve à. . . . . De la collection de M. Latreille. Cette espèce n’ayoit pas encore été décrite, je l’ai nommée cinctipennis. Gr. EROTYLUS PUNCTATISSIMUS. E. punctatissimus. Fabr. S. El. Il, p. 5, 12. Ent. S. I, Il, p. 37, 10. Mant. I, p- 91, 9: Sp. Ins. I, p. 157, 5. S. Ent. p. 123, 3. Herbst. Col. VIII, p. 367, 9, t. 137, f. 6. Linn. S. nat. Gmel. I, IV, p. 1727, 199. Coccinella 100-punctata. Herbst. Arch. p. 45, 17,t. 22, f. 13. Linn. S. nat. Gmel. I, IV, p. 1558, 118. E. punctatissimus. Oliv. t. V, 469, pl. 2, fig. 13. E. punctatissimus. Schonnherr , Syn. insect., p. 326, ro. E. hemisphærico-convexus, niger ; elytris rubris nigro-punctatissimis. Il est de la même forme, mais un peu plus grand que le Surinamensis. Il est entièrement noir, à l’exception des élytres qui sont d’un rouge terne et parsemées irrégulièrement d’un grand nombre de points noirs et enfoncés. Habite l'Amérique méridionale. Du Muséum d’histoire naturelle. 62. EROTYLUS GHASYBEUS. (Long. 5 lignes, larg. 6 lignes. ) E. hemisphærico-convexus , totus atro chalybeus. Il est de la même taille et de la même forme que le punctatissimus; mais il est to- talement d’un noir bleuâtre ou couleur d'acier. On remarque deux dépressions tres-marquées sur son corselet. Se trouve à . . . . . Cette espèce n’avait pas encore été décrite; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean. 63. EROTYLUS COGCINELLOÏDES. (Long. 3 lignes ; larg. 2 lignes.) E. hemisphærico-gibbus , livido flavus , coriaceus ; thorace fusco maculato. Il est hémisphérique avec le milieu des élytres tres-élevé, et la partie posté 158 Genre EroryLe. rieure très-déprimée ; sa couleur est d’un jaune livide. Une petite bande brune se remarque à la partie supérieure du corselet. Celui-ci est marqué dans son milieu d’une grande tache brune presque triangulaire qui part de la base et qui est ac- compagnée vers le haut de deux points, dont un de chaque côté. Les élytres sont finement chagrinées et sans aucune tache. L’écusson est brun ; les pattes et les an- tennes sont brunes. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean, qui l’a nommée coccinelloïdes à cause de sa forme. Sa patrie n’est pas connue. 64. EROTYLUS MACULICOLLIS. (Long. 4 lignes; larg. 3 lignes.) E. hemisphærico-convexus , ferrugineo-testaceus; scutello , thoracis septem punctis capulis unico nISTIS. Il est de la même forme, mais un peu plus petit que le Surinamensis. Le dessus est lisse, de couleur de brique ou testacée avec l’écusson noir. On remarque un point noir sur la tête , et sept points également noirs sur le corselet dont le dessous est de la même couleur que le dessus. La poitrine, les pattes et les antennes sont d’un brun noirâtre. L’abdomen est rougeâtre avec deux points noirs sur chaque anneau. Se trouve au Brésil. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée maculicollis. 65. EROTYLUS NIGRIPES. (Long. 4 lignes +; larg. 2 lignes.) E. hemisphæricus, coccineus ; pedibus, antennisque nigris. Sa forme est hémisphérique, avec le corselet déprimé , et les élytres gibbeuses ; on aperçoit un enfoncement assez prononcé vers l’angle interne de la base de cha- cune d’elles, partie que j'appelle épaule. Cet érotyle est entièrement d’un beau rouge écarlate luisant, avec les pattes et les antennes noires. Se trouve au Brésil. ñ Cette espèce n’avoit pas eucore été décrite; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean, qui l'a nommée nigripes. ps GENRE EROTYLE, 159 66. EROTYLUS SIGNATICOLLIS. - (Long. 5 lignes +; larg. 3 lignes À.) E. ovato-subhemisphæricus , testaceo-ferrugineus ; scutello thoracis punctis de- cer; capitis unico , pedibusque nigris. Sa forme est à peu près la même que celle du,testaceus, mais plus courte. Le dessus est entièrement d’un brun rouge avec l’écusson noir. On remarque un point noir sur la tête et dix points également noirs sur le corselet, dont deux à peine marqués. Le dessous est de la même couleur que le dessus, à l'exception de la poitrine et des pattes qui sont noires. Chaque anneau de l'abdomen est marqué de deux taches noires , une de chaque côté, Les antennes sont noirâtres,, à Pexcep- tion des deux premiers articles qui sont d’un rouge brun, comme la tête. Cette espèce a été rapportée du Brésil par M. de Saint-Hilaire; elle n’avoit pas encore été décrite. Du Muséum d'histoire naturelle. 67. EROTYLUS SIGNATUS. (Long. 3 lig.; larg. 2 lignes.) Æ. subhemisphæricus , fulvus; thorace elytrisque nigro maculatis, antennis Juscis. k Il est ovale, presque hémisphérique. La tête est d’un jaune fauve sans taches. Le corselet est de la même couleur avec quatre taches noires, dont trois contigues à la base et une isolée à la partie supérieure. Celle qui part du milieu de la base est beaucoup plus large que les deux autres. Les élytres sont d’nn fauve plus clair que le corselet, avec plusieurs taches noires, dont voici la distribution sur chacune d'elles. On en remarque d’abord trois petites à la base ; dont une à l'épaule, une au milieu et une près de l’écusson.. Vient ensuite une large bande dentée qui oc- cupe tout le milieu de l’élytre sans toucher ses deux bords; et enfin, vers l’extré- mité, se trouvent deux laches qui se confondent , l’une du côté externe, de forme ovale, et l’autre allongée et presque linéaire, se réunissant à la suture. Le dessous du corps est fauve comme le dessus , à l'exception de la poitrine et de la base de l’ab- domen qui sont d’un brun foncé. Les pattes sont également fauves ayec le dessus des jambes noirâtre. Les antennes sont d’un brun noir. Se trouve au Brésil. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean, qui l’a nommée signatus. 160 GENRE EROTYLE. 68. EnOTYLUS BREVICORNIS. Æ. brevicornis (Dejean ). (Long. 5 hgnes; larg. 3 lignes +.) E. subhemisphæricus , totus testaceus ; antennis brevibus. Il est presque hémisphérique, lisse et entièrement d’un rouge brique, à l'ex ception des antennes, des jambes et des tarses qui sont noirâtres. Les antennes sont tres-courtes. Il habite le Brésil. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite ; elle fait partie de la Collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée avec raison brevicornis. Gg. EROTYLUS FUSCIPES. (Long. 3 lignes; larg. 2 lignes.) Æ. ovato-subhemisphæricus , ochreaceus, politus; scutello pedibusque nigro Juscis. Il est ovale presque hémisphérique, entièrement lisse et d’un jaune d’ochre lui- sant avec l’écusson et les pattes d’un brun noir; on aperçoit trois points bruns à peine marqués sur le corselet, dont un au milieu du bord antérieur et un de cha- que côté un peu plus bas. L’individu décrit ayant perdu ses antennes, on est obli- gé de les passer sous silence. Se trouve au Brésil. Gette espèce n’avoit pas encore été décrite ; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée fuscipes. 70. EROTYLUS MELANOPHTALMUS. (Long. 3 lignes; larg. 2 lignes.) Æ. ovato-subhemisphæricus , totus nitide fulvus ; oculis nigris antennarumque clavä nigro fuscä. Il est entièrement fauve , tres-luisant , sans aucune tache. Les yeux sont noirs et lestrois derniers articles formant la masse des antennes noirâtres. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite ; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée melanophtalmus. Se trouve au Brésil. 71. EROTYLUS TRIPUNCTATUS. ( Long. 4 lignes+; larg. 3 ligues.) E. subhemisphæricus ; livido flavus; eltrorum limbo pallidiore thorace punctis tribus fusco nigris. GENRE EROTYLE. 161 Ilest presque hémisphérique. Le dessus est entièrement lisse et d’un jaune livide avec l’écusson noirâtre et trois points de la même couleur sur le corselet; celui-ci est d’une couleur moins livide que les élytres, dont la suture et les bords sont plus clairs que le reste. Le dessous du corps et les pattes sont de la même couleur que le corselet. Les antennes sont noirâtres avec les trois derniers articles plus grands et plus déprimés que dans les autres espèces. Se trouve à Cayenne. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée tripunctatus à cause des trois points qu’elle a sur le corselet. 72. EROTYLUS uNICOLOR. Æ. unicolor. Oliv. Entom. tome V, page 481, pl. 3, fig. 32. E. unicolor. Humboldt. (Long. 3 lignes +; larg. 2 lignes.) E. subhemisphæricus , testaceo-ferrugineus , immaculatus ; antennis pedibusque nIgTIS. . Sa forme est presque sphérique. La tête, le corselet et les élytres sont d’un rouge brique ; le reste du corps et les pattes sont noirs, ainsi que les antennes dont la couleur toutefois est moins foncée. Se trouve à la Nouvelle Espagne. De la collection de M. Latreille, qui l’a reçu de M. Humboldt et le regarde comme une variété de l’unicolor d'Olivier , aussi l’a-t-il fait figurer sous ce nom dans la partie entomologique de l’ouvrage du célebre voyageur précité. | 73. EROTYLUS OGULATUS, (Long. 2 lignes +; larg. 2 lignes.) Æ. subhemisphæricus, flavidus ; elytrorum sexguttis pallidioribus nigro cinctis. Sa forme est presque sphérique. La tête et le corselet sont lisses et jaunâtres. Les élytres sont de la même couleur avec trois taches rondes d’un jaune pâle bordé de noir sur chacune d’elles, deux à la base et une vers l'extrémité. Il est à remarquer que le cercle noir de chaque tache n’est pas entierement fermé. Le dessous, y compris les pattes, est de la même couleur que le dessus. Les cinq premiers articles des antennes sont fauves et les autres noirs. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite, Elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean, qui l’a nommée oculatus. De Cayenne. Mém. du Muséum. t 12. 21 162 GENRE EROTYLE. 74. EROTYLUS 10-PUNCTATUS. (Long. 4 lignes + ; larg. 2 lignes £.) E. subhemisphærico-convexus, rubido-fulvus ; elytris nigro decem punctatis. Cette espèce a quelque ressemblance avec la coccinelle onze points, mais elle est moins hémisphérique. Elle est d’un rouge tirant sur.le jaune, tant en dessus qu’en dessous , à l’exception des bords latéraux de la poitrine qui sont noirs. Les pattes et les antennes sont également noires. On remarque sur chaque élytre cinq points noirs, bordés d’une couleur un peu plus pâle que celle du fond des élytres. Espèce nouvelle rapportée du Brésil par M. de Saint-Hilaire. Du Muséum d'histoire naturelle. 75. EROTYLUS DISCOÏDEUS. ÆEgithus discoideus. Fabr. S. El. IT, p. 10, 4. E. cinctus. Herbst. Col. t: 137, £. 11. E. discoideus. Olivier, Ent. V, p. 482, pl. 1, fig. 8. Schonnherr, 328, 32. Dejean, Cat. 128. (Long. 5 lignes; larg. 2 lignes £.) £. subhemisphæricus ; thorace: ferrugineo, elytris flavis disco latissimo lunulis- que duabus apicalibus atris. Il est ovale peu convexe. La tête et le dessous du corps sont testacés. Le corse- let est de la même couleur avec les bords plus pâles et deux taches brunes à la base. Les élytres, finement pointillées, sont d’un noir fuligineux avec la base, les bords et l'extrémité d’un jaune pâle. Sur le jaune de l'extrémité on remarque deux petites bandes en forme de segment de cercle. Les cuisses sont testacées et les jambes et les tarses d’un brun noir, L’individu décrit ayant perdu ses antennes, nous ne pouvons en indiquer la couleur que d’après Fabricius , dont la description porte qu’elles sont ferrugineuses avec la masse noire. Se trouve à la Guyane française. De la collection de M. le comte Dejean. 76. EroryLus GUADELOUPENSIS. AEgithus Guadeloupensis. Fabr. S. EL IT, p. 10, 5. E. marginatus. Oliv.t. V, p. 482, pl. 1 , fig. 8. Dict. d’hist. nat., nouv. éd. de Déterville, t. 10, 411. E. Guadeloupensis. Schonnherr. Syn. ins. 328, 33. EN Re Ce L2 GENRE EROTYLE. 163 (Long. 3 dignes +; larg. 2 lignes £.) E. subhemisphæricus ; capite thorace pectoreque nigris abdomine fulvo ; elrtris Juscis paleaceo marginatis. é Sa forme est plus allongée que celle du Surinamensis. La tête, les antennes, le corselet, la poitrine, les pattes et l’écusson sont noirs. L’abdomen est fauve: Les élytres sont d’un brun livide , entièrement bordées de jaunâtre. Cette couleur jan. nâtre, en s’éloignant des bords, se fond avec le brun. La loupe fait apercevoir sur chaque élytre trois doubles stries de points légerement enfoncés , indépendamment de celle qui est simple près de la suture. Se trouve à Cayenne. De la collection de M. le comte Dejean. 77- EROTYLUS FPHIPPIUM. (Long. 5 lignes ; larg. 2 lignes 1.) ÆE. subhemisphæricus , fulvus ; capitis thoracisque punctis, elytrorum fasciaque media lata nigris. Il est de la même forme et un peu plus grand que le marginatus. Le dessus est fauve avec un point noir sur la tête, six points également noirs, dont un très-petit sur le corselet, et une large bande de la même couleur sur les élytres qu’elle cou- vre en garde partie, de manière à ne laisser apercevoir le fauve qu’à la base sur les bords et à l'extrémité. Cette bande est fortement dentée dans sa partie supé- rieure , et s’allonge dans sa partie inférieure du côté de la suture, dont les'bords légerement fauves la partagent en deux. Le dessous est fauve avec la base du cor- selet et la poitrine noires. I/écusson est également noir. Les cuisses sont fauves avec la base noire. Les jambes et les tarses sont bruns ainsi que les antennes. Se trouve à Cayenne. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite ; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean , qui l’a nommée ephippium, Erotyli elongati, thorace subæquali. 78; EROTYLUS SEX-PUNCTATUS. (Long. 6 lignes ; larg. 2 lignes +.) E. oblongus, ruber; elytris singulis nigro tripunctatis. Il est oblong, entièrement rouge , à l’exception de l’extrémité des cuisses qui est * 21 164 Genre EroryLe. noire ainsi que les jambes et les tarses. Trois points également noirs sont placés en triangle sur le milieu de chaque élytre. Nota. L'individu décrit ayant perdu ses antennes, on ne peut en indiquer la couleur. Cette espèce, qui fait partie de la collection de M. Latreille ; n'ayant pas en- core été décrite, je l’ai nommée sex-punctatus. 79- EROTYLUS BALTEATUS. (Long. 7 lignes +; larg. 3 lignes £.) E. elongatus , niger ; elytris sanguineis impresso, punctatis maculis apiceque nigris. Sa forme a quelques rapports avec celle d’un taupin ou d’un ténébrion. Le corse- let est presque aussi large à sa partie antérieure qu’à sa base. Les élytres sont d’un rouge sanguin jusqu'aux deux tiers de leur longueur à partir de la base. Sur cette partie rouge on remarque de chaque côté sept taches noires, dont une à l’e- paule et les autres rangées sur deux lignes transversales. Enfin , on compte sept stries de points enfoncés sur chaque élytre. Le reste de l’insecte est entièrement noir. Se trouve au Brésil. Cet érotyle n’avoit pas encore été décrit ; il fait partie de la collection de M. le comte Dejean, qui l’a nommé balteatus. 80 et8r. EROTYLUS OBLONGUS. Triplax undata. Olivier, t. V, p. 490, n°. 3, pl. 1, fig. 3. E. oblongus. Dejean, Cat. , p. 128: (Long. 9 lignes; larg. 4 lignes.) E. elongatus, ater ; elytris impresso-punctatis, lineolis, sanguineis per fasctas transversas disjectis. Sa forme est la même que celle du balteatus, mais il est plus grand. Il est noir, avec sept stries de points enfonces sur chaque élytre, entrelesquelles sontplacées,sur trois bandes transversales, de petites taches carrées oblongues, d’un rouge san- guin, disposées en échiquier. Les bords latéraux des élytres et la suture, à partir de la troisième bande, sont également d’un rouge sanguin. Cette espèce offre une variété dans laquelle le rouge domine sur les élytres, de manière que c’est le noir qui se dessine en forme de bandes dentées sur le rouge. L'érotyle dont il s’agit a été rangé mal à propos par Olivier parmi les triplax , sous le nom d’undata. En le restituant à son véritable genre , M. le comte Dejeau n’a pu lui conserver le nom spécifique d'Olivier, attendu qu’une autre espèce d’é- GENRE EROTYLE. 165 rotyle décrite par le même auteur, porte le nom d’undatus. En conséquence, M. le comte Dejean lui a donné le nom d’oblongus dans son catalogue. Se trouve au Brésil et à Cayenne. 82. EROTYLUS MODESTUS. Æ. modestus. Oliv. Ent. t. V , p. 483, pl. 3, fig. 35. ÆE. modestus. Dejean , Cat. p. 128. (Long. 3 lignes; larg. 2 lignes +.) Æ. elongatus, niger ; elytris singulis fasciis duabus undatis rufis. Il est plus allongé que les précédens. La tête et le corselet sont lisses et d’un noir luisant. Les élytres sont également d’un noir luisant avec de légères stries de points enfoncés et deux bandes d’un rouge fauve, l’une à la base et l’autre vers l’extré- mité. Le dessous est noirâtre, avec les trois derniers anneaux de l’abdomen et les farses fauves. Les antennes sont noires avec le dernier article roussâtre. # De la collection de M. le comte Dejean. Se trouve à Saint-Domingue. 83. EROTYLUS CIRCUMSCRIPTUS. (Long. 6 lignes ; larg. 2 lignes :.) E. elongatus, ater; abdomine elÿtrorumque margine omni rufescentibus. Sa forme est très-allongée. Le dessus est lisse, d’un noir fuligineux avec le pour- tour des élytres roussätre. Le dessous est noir avec une partie de la poitrine et tout l'abdomen de couleur testacée. Les pattes et les antennes sont noires. Se trouve au Brésil. Cette espèce n’avoit pas encore été décrite ; elle fait partie de la collection de M. le comte Dejean, qui l’a nommée céreumscriptus. 84. EROTYLUS LIMBATUS. E. limbatus. Fabr. S. El. I, p. 7, 2. Ent. S. I, IT, p. 39, 20. Herbst. Col. VIIT, p. 379, 25. Oliv. Enc. Met. VI, p. 437, 30. Ins. t. V, p. 477, tab. 2, fig. 25. Schænnerr , Syn. ins. 326, 22. (Long. 5 lignes; larg. 2 lignes.) E. elongatus, nigro-fuliginosus ; thoracis margine exteriore elytrorumque ci cuitu \fulvis: Il est ovale allonge. La tête est fauve , avec le milieu fuligineux. Le corselet est d’un noir fuligineux avec les bords fauves. Les élytres sont d’un noir fuligineux avec leur pourtour jaunâtre, ou plutôt jaunâtre avec une grande tache fuligineuse 166 GENRE EROTYLE, oblongue sur chacune d'elles. Le dessous du corps est noir ainsi que les pattes et les antennes. Se trouve à Cayenne. De la collection de M. le comte Dejean. 85. EROTYLUS BI-LINEATUS. (Long. 4 lignes; larg. 2 lignes.) E. oblongus, niger; elytris subflavis, limbo, sutura, singulorumque vitta longi- tudinali nigris. Il est oblong, tout noir, à l'exception des élytres qui sont jaunâtres, avec une tache noire linéaire placée longitudinalement sur le milieu de chacune d’elles , et entourée d’un jaune pâle. La suture et les bords des élytres sont également noirs. tte espèce , rapportée du Brésil par M. de Saint-Hilaire, est nouvelle. Les 1 taches linéaires de ses élytres m'ont déterminé à la nommer bi-lineatus. Du Muséum d'histoire naturelle. 86. EROTYLUS 4-SIGNATUS. (Long. 6 lignes; larg. 3 lignes.) ÆE. oblongus ; capite, antennis pedibusque nigris ; thorace testaceo macula, di- dyma nigra; elytris Jlavescentibus , limbo , sutura singulorumque maculis duabus oblongis nigris. Il est oblong. La tête, les antennes, les pattes et l’écusson sont noirs, de même que la poitrine et les deux premiers anneaux de l'abdomen , dont les trois derniers sont rougeâtres, avec un point noir sur le quatrième et le cinquième. Le corselet, tant en dessus qu'en dessous, est couleur de brique, avec une large tache noire étranglée dans son milieu. Les élytres:, d’un jaune pale , ont les bords et la suture noirs; et sur le milieu de chacunes d’elles on remarque deux taches également noires , très-allongées , longitudinales et entourées d’un jaune plus pâle. Celle qui est placée du côté de la suture est plus large que l'autre. Cette espèce, qui a été rapportée du Brésil par M. de Saint-Hilaire, est nou- velle; je l'ai nommée {-signatus à cause des deux taches qu’elle a sur chaque élytre. Du Muséum d'histoire naturelle. Explication des caractères génériques figurés sur la 1'°. planche. a, antennes. —b , lèvre supérieure ou labre. —c, mandibules. — 4, mâchoires. — e, lèvre inférieure ou simplement lèvre. — f, palpes antérieurs ou maxillaires.— g, palpes postérieurs ou labiaux. — h; pattes de devant. — 5, Érotyle vu de profil, | | Jom #72; | 4 fui A Ply. 68 L 6g 70 JE 72 à SE < 4 2 à 70 & 74 79 Z \ { = s DE. # 85 & #5 O2 \ Je | s | l' ù Diponchel del Tab... GENRE EROTYLEÆ. GENRE EROTYLE. 167 Nota. Cette Monographie étoit en grande partie imprimée et les trois planches en- tièrement gravées , lorsque M. le comte Dejean nous a communiqué les quatre espèces décrites ci-après; nous n’avons pu par conséquent les faire figurer ni les ranger à leur ordre, et nous les donnons ici par supplément. 87. EROTYLUS ELEVATUS. E. elevatus Fab. S. El. IT, p. 4, 8. Schœnnerr., Syn. ins. p. 325, n°. 116, 7. (Long. 5 lignes +; larg. 3 lignes +.) . E. ovato-gibbosus, ater; elytris fulvo-ochreaceis maculis nigris confluentibus impresso punctatis. Il a la même forme que le gibbosus; mais il est plus petit, Il est totalement noir, à l'exception des élytres qui sont d’une couleur d’ocre tirant sur le fauve avec des taches noires irrégulieres, se réunissant pour la plupart et parsemées de points en- foncés. Le corselet est inégalement déprime. Cette espèce habite le Brésil. De la collection de M. le comte Dejean. 88. EROTYLUS LINEATICOLLIS. ( Long. 4 lignes +; larg. 2 lignes +.) E. ovatus , livido-testaceus ; thoractis lineolis tribus oculis scutelloque nigris. Il ressemble beaucoup au festaceus ; mais il est plus petit. Le dessus est d’une - couleur de brique livide. Les yeux et l’écusson sont noirs. On remarque sur le corselet trois lignes longitudinales également noires et dont les deux latérales n’at- teignent ni sa partie antérieure ni sa partie postérieure, et l'intermédiaire se prolonge un peu sur la tête sans descendre jusqu’à l’écusson. Les élytres sont finement chagrinées avec la suture et le rebord d’une teinte plus pâle que le reste. Le dessous du corps est testacé avec deux taches brunes sur chaque anneau du ventre. Les cuisses sont également testacées ainsi que les deux premiers et le dernier article des antennes; tous les autres articlessont noirâtres, de mêmeque les jambes et les tarses. Espèce non encore décrite de la collection de M. le comte Dejean, qui l’a nommée Uneaticollrs. Se trouve au Brésil. 89. EROTYLUS NITIDULUS. E. nitidulus. Oliv. LV, p. 459, pl. 3, fig. 39. (Long. 4 lignes ?; larg. 2 lignes.) ? 168 GENRE EROTYLE. E. ovatus , ferrugineus ; elrtris intensive castaneis nitidis, strigis duabus un- datis fulvrs. Il a la même forme que le bicinctus , mais il est plus petit. Le dessus de la tête et du corselet ainsi que les élytres sont de couleur marron foncé , et tres-luisant, avec les bords latéraux ferrugineux. Les élytres sont traversées dans leur largeur par deux bandes ondées d’un jaune-fauve; l’une située à leur base, et l’autre vers les deux tiers de leur longueur. La première est interrompue par l’écusson , et la se- conden’atteint pas la suture. Le dessous du corps, les pattes et les palpes sont ferru - gineux ainsi que les deux premiers articles des antennes, dont le reste est brun. Les élytres, vues à l'œil nu, paroïssent lisses; mais on y aperçoit plusieurs stries de points légèrement enfoncés lorsqu'on les examine à la loupe. Cette espèce habite la Guyane française. De la collection de M. le comte Dejean. 90. EROTYLUS DISTINCTUS. (Long. 5 lignes ; larg. 3 lignes +.) E. ovatus, subconvexus, niger, nitidus; elytris ochreaceis, macula media lobata, duodecim punctis apiceque nigris. Il a quelques rapports avec l’alternans. Il est totalement d’un noir luisant, à l'exception des élytres, dont les deux tiers antérieurs sont de couleur d’ocre , avec une grande tache noire bilobée de chaque côté et placée vers le milieu. Autour de cette tache on remarque douze points de diverses grandeurs également noirs, dont six sur chaque élytre, savoir : deux à la base, deux au bord externe et deux entre la tache et la partie noire des élytres qui est dentée antérieurement. La tête et le corselet sont lisses. On aperçoit avec la loupe quelques stries de points légèrement enfoncés sur les élytres. Espèce non encore décrite; de la collection de M. le comte Dejean, qui l’a nom- mée distinctus. Érotyles décrits par Fabricius et Olivier, que je n'ai pu reconnattre parmi les espèces que j'ai vues. 1. EROTYLUS RETICULATUS. Fabr. S. EL. Il, p. 3, 2. Ent. S. I, II, p. 36, 2. Mant. I, p. 91, 2. Chrysomela reticulata. Wlig. Mag. V , p. 230, 2. Crypt. cancellatus. Linn. S. N. Gmel. I, LV, p. 1927, 192. Doryphora reticulata. Dejean , Cat. p. 121. Chrysomele reticulata. Schœnvberr , Syn. ins., p.237, n°. 106, 1. GENRE EROTYLE. 169 Æ. ater; elytris flavis, nigro reticulatis (Fabr.) Habit. in Brasilia, Mus. D. Hunter. Nota. Nous ne mentionnons ici cette espèce que pour ordre : elle appartient au genre Doriphora, créé par Illiger , et adopté par MM. Olivier , Latreille et Dejean. 2. ÉROTYLUS FASCIATUS. E. fasciatus. Fabr. S. El. IT, p. 6, 19. Ent. S. Il, p: 38, 15. Mant. I, p. 92, 12. Sp. ins. I, p. 158, 7. Ilig. Mag. V, p. 231, 19. Herbst. Col. VIII, p. 358, 22. Linn. S. nat. Gmel. 1, IV, p. 1728, 202. Helops fasciatus. Olivier, Encycl. méth. VII, p. 46, 9. ( Var B.) E. bi-fasciatus. Herbst. Col. VIII, p. 370, 12,t. 137, f.0. Chrys. indica. Herbst! Arch., p. 52, 5,t. 23, £. 5. Linn. S. N. Gmel., p. 1685 , n°. 155. £. alternans. Oliv. Ent. V, 89, t. 1, f. 10. (Var. G.) Herbst. Col. VIIT, p. 369, 11,t. 137, f. 8. Illig. Mag. V, p. 232, 22, et IIL, p. 160, 22. Chrys. Gronovii. Herbst. Arch., p. 52, 4, t. 23, f. 4. Linn. S. nat. Gmel. 1, IV, p. 1685, 154. E. fasciatus. Schœnnherr, Syn. ins., p. 327, 17. Helops fasciatus. Dejean, Cat. p. vo. E. ater ; elytris fasciis tribus flavescentibus. (Fabr. ) Habitat in America. D. Drury. Os maxillis palpisque. Labrum elongatum, corneum truncatum. Palpé quatuor inæquales, anteriores longiores, malliformes, quadriarticulati : articulo primo , brevissimo, secundo, longiori, obconico, tertio brevi, rotundato, quarto maximo, ovato, transverso, concavo, in medio articuli tertii inserto, adhærentes, maxillæ dorso, posteriores breviores, filiformes triarticulati : articulo primo brevissimo, secundo longiori, incurvo, cylindrico, tertio, æquali, vix crassiori, adnati ligu- læ ante apicem. Mandibula brevis, cornea , incurva, apice bifida. Maxilla bre- vis, membranacea, cylindrica, obtusissima, integra. Ligula porrecta, membra- nacea, apice cylindrica, integra, obtusa ante apicem palpigera. Labium breve transversum, corneum, tridentatum. ( Fabr. ) Nota. Nous ne mentionnons ici cetle espèce que pour mémoire, attendu que ce n’est pas un érotyle mais un helops, puisqu'il a cinq articles aux quatre tarses antérieurs. Mém. du Muséum. 1 12. 22 170 Genre EroTYLEz. 3. EROTYLUS CONCATENATUS. E. concatenatus. Fabr. S. El. IL, p. 5, 10. Ent. Syst. 2, 37, 8. Chrys. concatenatus. Schænnherr, Syn. ins. p. 237, n°. 106, 3. Illig. Mag. V , p. 231, 10. Herbst. Coleopt. VII, p. 359, 2, t. 136, f. 8. Linn. S. Nat. Gmel. I, IV, p. 1727, 197. E. sternicornis. Frolieg. Natur. f. XX VI, p. 126, 52. Voet. Col. II. (Ed. Paz. IV.) t. 31, f. 20. E. ater ; elytris flavo nigroque reticulatis, fasciis duabus atris. (Fabr.) Nota. Nous ne mentionnons ici cette espèce que pour ordre : elle appartient au genre Doriphora, créé par Illiger et adopté par Olivier et M. Latreille. (Fabr.) 4. EROTYLUS OCTO-MACULATUS. E. 8-maculatus. Fabr. S. El. IT, p. 5, 14. Oliv. t. V, p. 476, pl. 2, fig. 12. Schœnnherr, Syn. ins. p. 327, n°. 116, 12. E. flavus; elytris lœvibus testaceis : maculis quatuor nigris. (Fabr. ) Hab. Mus. D. Lund. Paullo minor, E. unifasciato. Antennæ parum compressæ , nigræ , basi apice- que albæ, caput nigrum, ore flavo. Thorace planus, flavus, immaculatus. Elÿtra lævia, testacea, maculis quatuor nigris : prima humerali, tertia transversa. Cor- pus flavescens. (Fabr.) E. flavus ; capite nigro ; elytris maculis octo nigris.( Oliv.) Il a environ cinq lignes de longueur. Les antennes et la tête sont noires. Le cor- selet est d’un jaune fauve sans taches. Les élytres sont jaunes , avec quatre taches noires sur chaque, placées sur une ligne longitudinale; la première est plus petite, et placée à l'angle intérieur de la base. Le dessous du corps est jaune. Les pattes sont noirätres, avec les cuisses jaunes. (Oliv.) Il se trouve à Surinam. Du Cabinet de M. Vanlennep. 5. EROTYLUS UNIFASCIATUS. E. unifasciatus, Fabr. S. El. 11, p. 6, 18. Suppl. p. 107, 13. Herbst. Col. VIIT, p. 383, 33. Schæœnnerr, Syn. ins. p. 327, 16. E. ater; elrtris flavis : fascia media lata, atra, (Fabr.) Habitat... Mus. D. Lund. ns + GENRE EROTYLE. 171 6. EROTYLUS PALLIDUS. E. pallidus. Oliv. Ent. t. V, p. 478, pl. 2, f. 26. Encyclop. Ins. 6, 436, n°. 29. Æ. obscure testaceus; thorace maculis tribus nigris ; elytris flavo - margina- tés. (Olv.) Il est ovale-oblong. Les antennes sont légèrement en masses, noires, avec les deux premiers articles fauves. La tête est testacée obscure. Le corselet est testacé obscur, avec uneraie au milieu, etun pointoblongdechaquecôté, noirs. Les élytres sont finement chagrinées, testacées, avec les jambes et les tarses obscurs. (Oliv.) Il se trouve à Surinam. Du cabinet de M. Raie. 7: ErorTyLus sEx- FASCIATUS. Fab. S. EL IT, 3, 3. Ent. S. Il, p. 36, 3. Herbst. Col. VIIT, p. 375, 17. Schonnherr, Syn. ins. p. 325, n°. 116, 2. E. ater ; elytris fasciis sex-undatis, fulvis : anteriore interrupta. (Fabr. ) Habitat in America meridionali. 8. EROTYLUS CINCTUS. Æ. cinctus. Fabr. S. El. IT, p. 10, 3. Æ. cinctus. Schonnherr, 328, 31. E. ater ; elytrorum limbo fasciaque media ferruginets. Habitat in America meridionali. D. Smidt. Mus. D. de Schestedt. Statura rotundata et magnitudo præcedentium. ( Surinamensis et marginatus. ) Antennæ nigræ, clava parva, compressa. Caput et thorax nigra. Elytra subpunc- tata nigra, margine omni ternis fasciaque media rufis. Corpus nigrum, pedibus obscure rufis. (Fabr.) 9- EROTYLUS UNDATUS. À ÆE. undatus. Fabr. S. EL. IT, p. 8, 29. Schœnnherr, Syn. ins. 328, 27. Oliv. t. 5, p. 475, t. 2, fig. 21. E. ferrugineus ; elytris nigris, strigis duabus undatis, parique punctorum pos- ticorum ferrugineis. ( Fabr.) Habitat in America meridionali. D, Smidt. Mus. D. Lund. 22 172 GENRE EROTYLE. Antenvæ nigræ. Caput et thorax declivia ferruginea , thorace maculis quatuor nigris. Elytra stricta, nigra , basi dentata : strigis duabus undatis, punctorum pari apiceque rufs. Corpus ferrugineum. (Fabr. ) E. ferrugineus; elytris nigris, basi strigis duabus.undatis maculisque versus apicem ferrugineis. (Oliv.) Il est ovale-oblong, de grandeur moyenne. Les antennes sont noires. La tête est ferrugineuse avec les yeux noirs. Le corselet est lisse, ferrugineux ; avec quatre taches noires. L’écusson est noir. Les élytres ont deux points peu marqués , ran- gés en stries; elles sont noires, avec une bande dentée, ferrugineuse à la base, deux autres ondées, deux points distincts vers l'extrémité , et l'extrémité elle- même , de la même couleur ferrugineuse pâle. Le dessous du corps est ferrugineux avec le haut des jambes obscur. (Oliv.) Se trouve à Cayenne. Du cabinet de M. Richard. 10. EROTYLUS LONGIMANUS. E. longimanus. Fabr. S. El. II, p.5, 16. Ent. S.I, Il, p. 38, 13. Mant.I, p: 92; 11. Herbst. Col. VIII, p. 376, 19. Crypt. macrocheïros. Linn. S. nat. Gmel. I, IV, p. 1728, 201. E. longimanus. Schœnnherr, Syn. ins. p. 327, n°. 116, 14. E. ater ; elytris fasciis atris flavisque alternis , pedibus anticis elongatis. (Fabr.) Habitat in India. D. Daldorff. Nota. Nous sommes portés à croire, d’après l'habitat, que cette espèce n'est pas un érotyle. 11. EROTYLUS TRICOLOR: E. ferrugineus. Fabr. S. El. I, p. 8, 25. Schœnnherr, 328, 26. Oliv. Ent. V, p. 482, pl. 3, fig. 24. E. ferrugineus ; elytris flavescentibus : disco obscuriore. ( Fabr.) Habitat in America meridionali. D. Smidt. Mus. D. de Schestedt. Statura omnino E. brunnei , at paullo minor. Caput et thorax declivia, nune obseure ferruginea, nunc magis flavescentia. Scutellum nigrum. Elÿtra punctato- striala, flavescentia , sutura, margineque parvum nigricantibus et disco fusco. Corpus ferrugineum. ( Fabr. ) E. ovatus, testaceus ; antennis nigris thorace postice sinuato. (Oliv.) Genre EroTYLE. 173 Il est ovale, tres-convexe, lisse. Les antennes sont noires, avec la base fauve. Tout le dessus du corps est d’un brun testacé. Le corselet est un peu päle sur les bords latéraux, et le milieu de la partie postérieure est un peu lobé. Le dessous du corps et les pattes sont testacés. ( Oliv.) * Il se trouve à Surinam. Du cabinet de M. Juliaans. 12. EROTYLUS RUFIPENNIS. E. rufipennis. Fabr. S. El. II, p. 8, 27. Schœnnherr, Syn. ins. 328, 25. Æ. ater, nitidus ; elytris rufis. (Fabr.) Habitat in America meridionali. D. Smidt. Mus. D. Lund. Statura et magnitudo præcedentium. (Brunneus et atratus. ) Antennæ nigræ. Ca- put et thorax declivia, lævia, atra, immaculata. Scutellum nigrum. Elytra subti- lissime punctato-striata obscure rufa. Corpus atrum. (Fabr.) 13. EROTYLUS 4-PUSTULATUS. E. pustulatus. Fabr. S. El. IT, p. 6, 20. Schœnnherr, Syn. ins. p. 327, 19. ÆE. ater; elytris maculis duabus fulvis. (Er) Habitat in Sumatra. D. Daldorff. Statura et magnitudo E. zebræ. Antennæ nigræ. Clava compressa : articulis magnis approximatis. Caput et thorax atra, immaculata. Elytra lævia, atra, ma- culis duabus magnis ferrugineis. Corpus atrum. ( Fabr.) Nota. Nous n’avons pas vu cette espèce; mais si, comme l’annonce Fabricius, elle habite Sumatra, nous sommes portés à croire qu’elle n'appartient pas an genre érotyle qui, jusqu'à présent, paroît être particulier aux contrées chaudes de l'Amérique. 14. EROTYLUS DENTATUS. E. dentatus. Fabr. S. EI. II, p. 7, 23. Schœnnherr, Syn. ins. p. 328, 21. E. obscurus ; elytris punctatis æneo-nitudilis : strigis tribus dentatis ferrugi- nets. (Fabr. ) Habitat in America meridionali. D. Smidt. Mus. D. de Schestedt. Magnitudo E. zebræ. Antennæ nigræ. Caput et thorax declivia, obscura , thora- cis margine ferrugineo. Elytra punctata, viridi ænea, margine strigisque tribus 174 GENRE EROTYLE. valdè dentatis, rufis. Interdum strigæ per dentes coeunt et maculas nigro æneas in elytris rufis formant. Corpus obseurum ; pedibus ferrugineis. (Fabr.) 15. EROTYLUS BRUNNEUS. E. brie: Fabr. S. El. IT, p. 7, 25. Web. Ins. 59, 1. Schonnherr, p. 328, 23. Æ. brunneus ; antennis scutello pectoreque nigris. (Fabr.) Habitat in America meridionali. D. Smidt. Mus. D. Lund. Minor E. alternante. Antennæ nigræ basi ferrugineæ. Caput thorax brunnea , fere immaculato, interdum linea dorsali fusca. Scutellam nigrum. Elytra sublæ- via, brunnea margine vix pallidiore. Corpus brunneum, pectore tibïsque nigris. (Fabr. ) Variat. corpore pallidiore. 16. EROTYLUS ATRATUS. E. atratus. Fabr.S. El. If, p. 8, 26. Schænnherr , Syn. ins. 328, 24. E. supra ater: subtus pedibusque brunneïs. Habitat in America meridionali. D. Smidt. Mus. D. de Schestedt. Statura omnino precedentis (brunneus) at paullo major. Antennæ nigræ, arti- eubis ultimis tribus parum crassioribus , compressis. Thorax declivi planea, lævis, niger , obscurus. Elytra vix striata, atra, immaculata. Corpus cum pedibus brun- neum. (Fabr.) 17. EROTYLUS THORACICUS. E. thoracicus. Oliv. t. V, p. 486, pl. 3, fig. 41. (Long. larg. ) E. ovatus, ferrugineus ; thorace fusco lateribus flavis. Il est petit, ovale. Les antennes sont ferrugineuses avec la masse noire. La tête est d’un brun ferrugineux. Le corselet est brun, un peu pointillé, avec les côtes jaunes. L’écusson est brun. Les élytres ont des stries de points peu marqués et sont d’un brun ferrugineux sans taches. Le dessous du corps est ferrugineux. (Oliv.) Il se trouve à la Guyane française. Du cabinet de M. Richard. ES GENRE ErROTYLE. 175 18. EROTYLUS INDICUS. E. indicus. Oliv. t. V, p. 474, pl. 2, fig. 19. Encyclop. Ins. 6, p. 435, n°. 20. Æ. niger, nitidus ; elytris fasciis duabus dentatis maculisque duabus flavis. Il est ovale-oblong , luisant noir, comme le précédent (le trifasciatus). Les élytres ont des taches à la base et ensuite deux bandes peu dentées, jaunes. Le rebord des élytres est entierement noir. (Oliv.) Il se trouve à Surinam. Du cabinet de M. Juliaans. 19. ÉROTYLUS OCTO-GUTTATUS. E, 8-guttatus. Oliv. t. V, p. 485, pl. 3, f. 30. ÆE. fusco-rufus ; elytris lævibus maculis quatuor flavis nigro eireumdatrs. 1l est ovale, peu convexe , d’un brun testacé en dessus et testacé en dessous. Les antennes ont leur masse noire. Les élytres sont lisses, luisantes ; maïs vues à la loupe, elles laissent apercevoir des points enfoncés, peu marqués, rangés en stries, et on y remarque trois taches jaunes à la base, et une autre vers l’extré- mité , entourées de noir. (Oliv.) Il se trouve à la Guyane française. 20. EROTYLUS SCRIPTUS. E: scriptus. Oliv. t. V, p. 484, pl. 3, fig. 38. E. oblongus ; thorace flavo punctis sex dorsalibus fuscis ; elytris fuscis faseia dentata apiceque flavis. Il ressemble au précédent ({-punctatus). Les antennes sont noires avec la base fauve. La tête est jaune avec les yeux noirs. Le corselet est jaune avec six points bruns au milieu , disposés en cercle, et un point sur le bord latéral de la même couleur. L’écusson est noirâtre. Les élytres ont des points en stries , peu marqués, et sont d’un brun foncé, avecune bande dentée jaune un peu au devant du milieu, qui s'étend le long du bord jusqu’à la base, et une grande tache trilobée à l’extré- mité, quiremonte un peu. Le dessous du corps est ferrugineux. Les pattes sont pâles avec les genoux obscurs. (Oliv.) Il se trouve à la Guyane française. Du cabinet de M. Richard. Nota. La figure grossie qu'Olivier donne de cette espèce , sous le n°. 38, pl. 3, a beaucoup de rapport avec notre afJinis. 21. EROTYLUS 4-PUNCTATUS. E. f-punctatus. Oliv. t. V, p: 484, pl. 3, f. 37. Oliv. Encyclop. Ins. t. 6, p. 437, n°. 34. 176 Genre EroTYLE. E. oblongus, niger ; thorace flavo punctis quatuor nigris ; elytris fasciis duabus dentatis flavis. Il est oblong , un peu plus petit que le précédent ( maculatus ). Les antennes, la tête et tout le dessous du corps sont noirs. Le corselet est jaune et marqué de quatre petites taches noires, placées sur une ligne transversale. L’écusson est noir. Les élytres ont des stries de points pen marquées; elles sont noires avec deux bandes dentées jaunes, l’uneun peu au devant du milieu, et l’autre vers l'extrémité. Il se trouve dans la Géorgie américaine. (Oliv.) Du cabinet de M. Francillon. 22. EROTYLUS DIMIDIATUS. - | E. dimidiatus. Oliv. t. V, p. 481, pl. 3, fig. 31. | Oliv. Encycl. Ins. 6, p. 435, n°. 23. | E. niger; elytris dimidiato rufis. Il est ovale, noir luisant. Les élytres sont fauves depuis la base jusqu’au mi- | lieu, ayec un point noirâtre sur chaque , et le bord extérieur noir. (Olix.) Se trouve à Surinam. Du cabinet de M. Juliaans. É 23, EROTYLUS MACULATUS. E. maculatus. Oliv.t. V, p. 483, pl. 3, fig. 56. Oliv. Encycl. Ins. 6, p. 436, n°. 25. E. rufus; thorace punctis sex elytris maculis quinque nigris. Il est oblong. Les antennes sont fauves à leur base, noires à leur extrémité. La tête est fauve avec un point noir ou fauve sans taches. Le corselet est fauve avec cinq points ét une tache postérieure , noirs. L’écusson est noir. Les élytres sont fauves, avec deux taches sur chaque , et une cinquième commune. La pre- miere tache est carrée , et l’autre est irrégulière. Le dessous du corps et les pattes sont fauves. (Oliv.) Se trouve à Surinam. Du cabinet de M. Rey. 24. EROTYLUS MARGINATUS. ÆEgithus marginatus. Fabr. S. El. IT, p. 10, 2. Nilio marginatus. Dej. Cat. pag. A. flavescens; elytris nigris : margine omni flavescente. (Fabr.) Habitat in Cayenna. D. Richard. Nota. Nous ne mentionnons ici cette espèce que pour ordre. Elle appartient au genre nilio, qui fait partie de la section des Hétéromères. a — + LAS > EXAMEN CHIMIQUE DE TROIS MINÉRAUX PROVENANT DE L’ISLE DE CEYLAN ET DE LA COTE DE COROMANDEL. PAR M. LAUGIER. Dis le nombre assez considérable de minéraux que M. Les- chenault de La Tour a rapportés de son voyage à Ceylan et - à la côte de Coromandel, et qui font partie de la collection d’objets d'histoire naturelle sur laquelle M. de Jussieu a fait un rapport favorable à l'Académie, trois surtout ont paru mériter l'attention des minéralogistes. Ces minéraux n'ayant pas des caractères extérieurs assez prononcés pour qu on puisse décider sur leur aspect à quelles espèces ils appartiennent, on a pensé qu'il seroit utile d’en rechercher la composition. L'administration du Muséum d'histoire naturelle, dans le cabinet duquel ces minéraux ont été déposés, m’a chargé d’en faire l’analyse. Je crois remplir ses intentions, en met- tant sous les yeux de l’Académie des sciences les résultats de mon travail, Le premier, d’une couleur gris-d'ardoise foncé, et d’ap- parence schisteuse, se trouve aux environs de Bombay; le Mém. du Muséum. +, 12. 23 178 ExAMEN CHIMIQUE second, qui a quelques rapports extérieurs avec la tourma- line, se rencontre dans le district de Candi, ile de Ceylan; le troisième, provenant de la côte de Coromandel, a une couleur noire, une cassure conchoïde, un aspect brillant, et ressemble par l’apparence, soit à certains titanites de fer, soit à la gadolinite. Je vais rendre compte de l'examen que j'ai fait de ces trois substances dans l’ordre où je les ai énoncées. Examen de la pierre de Bombay sur la côte de Coromandel. , Cette pierre est semblable par sa couleur et par son aspect à celle qui est connue sous les noms de pierre de Lydie, de Cornéenne - Lydienne, ou de pierre de touche. Elle se brise assez facilement et se divise en fragmens conchoïdes dont le grain est très-uni et très-fin. Ces fragmens opaques, lors même qu'ils sont minces, se réduisent diflicilement en poudre impalpable d’un gris bleuûtre. 100 parties de cette poudre exposées pendant une demi- heure à une chaleur rouge, au lieu de perdre de leur poids, ont augmenté d'environ un centième. Les acides n’ont que très-peu d'action sur cette pierre pulvérisée, ils ne peuvent donc être employés pour en faire l'analyse, mais ils fournissent au moins par leur action in- complète des données propres à guider dans l'examen chi- mique de ce minéral. L’acide hydrochlorique étendu d’eau, au premier moment de son action en dégage une odeur très-sensible d'acide DE TROIS MINÉRAUX. 179 hydrosulfurique qui décèle la présence d’une petite quantité de soufre. Si l’on continue à faire agir de nouvelles portions d'acide, on parvient à diminuer la poudre du quart de son poids, en lui enlevant une partie de l’alumine, du fer et du manganèse qu’elle contient. Le résidu a une couleur noire plus foncée qu'avant l’action de l’acide; en l’agitant avec de l’eau il a l'aspect du charbon, mais il n’en a point la légèreté. L’acide nitrique foible aidé d’une douce chaleur laisse dégager des vapeurs rouges, qui indiquent la présence de corps combustibles; il est probable qu'une portion du fer à l’état métallique, ou au moins à celui de protoxide, agit de concert avec le soufre pour décomposer l'acide nitrique. Quoique cette pierre renferme une certaine quantité de char- bon, je ne pense pas que ce corps, à cause de l’état où il paroît être dans la pierre et dont je parlerai plus bas, puisse joindre son action à celle des autres combustibles que je viens de citer pour opérer la décomposition de l'acide. M. Vauquelin est le premier qui ait fait une analyse exacte de cette espèce de roche nommée pierre de touche. Son Mémoire, inséré dans le 21e volume des Annales de chimie et de physique, y signale la présence du soufre et du charbon. La pierre bleuätre de Bombay, qui ressemble par son aspect à la pierre de Lydie, renferme comme celle-ci du soufre et du charbon à peu près dans les mêmes propor- tions. Ce rapprochement donne déjà lieu de penser qu’elle est d’une nature analogue; il reste à prouver que par la na- ture des autres élémens ces deux pierres sont identiques. J'ai fait fondre avec trois fois leur poids d’hydrate de po- tasse 100 parties de la pierre de Bombay. Il en est résulté Ye 180 EXAMEN CHIMIQUE une fonte liquide, et par le refroidissement une masse verte qui a donné à l’eau la même couleur. Le mélange s’est dissous en totalité dans l'acide hydrochlorique qui a changé la couleur verte en rose, preuve de la présence du man- ganèse. La dissolution évaporée à siccité a laissé 5o parties de silice pure, qui s’est dissoute entièrement dans la potasse liquide à l’aide d’une douce chaleur. Après la séparation de la silice, la dissolution rendue acide a été sursaturée par l’ammoniaque. Le précipité que celle-ci a formé a été chauffé jusqu’à l’ébullition avec une solution de potasse caustique, la potasse a dissous 10 parties 5 dixièmes d’alumine, que j'ai converties en alun; ce qui ne s’est point dissous dans la potasse pesoit 24 parties; c’étoit du peroxide de fer mélé d’un peu de manganèse. L'oxalate d’ammo- niaque ajouté à la dissolution a formé un précipité d’oxalate de chaux dont la quantité représentoit 8 parties 5 dixièmes de chaux. L’excès d'acide que contenoit la dissolution avant l'addition de l’'ammoniaque avoit retenu 3 parties 5 dixièmes de ma- gnésie que la potasse en a séparées. Cette substance dissoute dans l’acide sulfurique et calcinée pour en enlever l'excès d'acide a fourni du sulfate de magnésie en petits cristaux aiguillés, brillans, d’une saveur amère. M. Vauquelin, dans son analyse de la pierre de touche, élève la question de savoir en quel état se trouve le char- bon dans ces pierres, sil est seulement mêlé au fer, ou s’il est combiné à ce métal. Pa Sans prétendre résoudre une question qu'un anssi grand DE TROIS MINÉRAU x. 181 maitre a laissée indécise, j'ai seulement entrepris quelques expériences dans l'espérance de contribuer à l’éclaircir. J'ai fait bouillir à plusieurs reprises 5oo parties de la pierre avec de l'acide nitrique. Chaque fois il s’en est séparé une matière noire moins pesante que le résidu non attaqué. Cette différence de pesanteur m'a permis d'isoler par lagitation et la décantation la matière noire du résidu. Je n'ai cessé de faire bouillir avec de nouvel acide que lorsqu'il ne s’est plus formé de matière noire. J'ai soumis cette matière noire réunie et lavée aux essais propres à reconnoitre les caractères indiqués par Pelletier dans son beau travail sur la plombagine. 10. l'acide nitrique concentré n’a fait éprouver aucun changement à la matière noire pendant une longue ébullition. 20, Une chaleur rouge ordinaire long-temps continuée a laissé la matière noire dans le même état où elle étoit auparavant. 30. La matière noire calcinée fortement pendant une heure à une chaleur blanche dans un fourneau à réverbère surmonté d’un tuyau s'est en grande partie détruite, et n’a laissé qu’un peu plus d’une partie d’oxide de fer sur 10 parties de la matière employée à cette expérience. À Si l’on ne croit pas pouvoir aflirmativement conclure de ces expériences que la matière noire est de la plombagine, au moins est-il certain que comme elle cette matière est inattaquable par les acides les plus puissans, et résiste à une chaleur rouge ordinaire; qu’elle est destructible par un feu violent; qu’elle contient une quantité de fer dans une pro- portion à peu près semblable à celle de ce métal dans la 182 ExAMEN CHIMIQUE plombagine ; qu'enfin elle se comporte sous plus d’un rapport commé ce carbure naturel. Quelle que soit la conclusion que lon tire de ce rappro- chement, l'acide nitrique, en agissant sur la pierre, avoit converti la petite quantité de soufre en acide sulfurique, que le muriate de baryte en a séparé. Le sulfate obtenu ne pesoit que deux parties qui ne représentent que 0, 3 dixièmes de soufre. Dans le cas où l’on admettroit l'existence d’une certaine _ quantité de fer combinée à du charbon dans la pierre de Bombay, il faudroit y admettre aussi la présence de deux portions de fer distinctes , l’une libre à l’état de fer mé- tallique ou plutôt de protoxide facilement attaquable par les acides, l’autre à l’état de carbure, et résistant à leur action ainsi qu'à celle d’une chaleur rouge ordinaire. Il résulte des expériences ci-dessus décrites que sur 100 parties de la pierre de Bombay, il y en a 5o de silice. 25 d’oxide de fer mêle d’un peu d’oxide de manganese, 10,5 d’alumine. 3,5 de magnésie. 3,» de charbon. 0,3 de soufre. LH 8,5 de chaux. 100,5 Il faut attribuer l’excédant que l’on remarque ici à l'oxigène absorbé par le protoxide de fer pour passer à l’état de per- oxide, Cette absorption qui est de 5 parties 6 dixièmes pour la quantité de fer trouvée, compense en outre la perte indispen- sable dans les analyses compliquées mème les plus exactes. DE TROIS MINÉRAUXx. 183 En comparant les résultats de cette analyse avec ceux des analyses de pierres de touche, par M. Vauquelin, on voit qu’ils concordent par la nature des élémens qui s’y rencon- trent. Ils ne diffèrent que par la proportion de ces élémens et surtout par celle de la silice et du fer; mais cette diffé- rence est presque aussi forte entre les deux analyses de M. Vau- quelin : dans l’une, la silice s'élève à 83 centièmes, et le fer à un centième et demi seulement; dans l’autre, la silice n’est que dans la proportion de 68 centièmes, et le fer s'élève jusqu’à 14 centièmes. D'un autre côté, ces sortes de pierres de nature schisteuse ne paroiïssent être autre chose que des mélanges dont les élémens peuvent varier à l'infini, selon les localités et la na- ture du terrain où elles sont formées. M. le comte de Bournon, dans ses intéressantes observa- üonssur plusieurs des minéraux rapportés par M. Leschenault, a donné à la pierre de Bombay le nom de Bombite, en at- tendant, comme le dit lui-même M. de Bournon, que l’ana- lyse eût fait connoître les principes qu’elle renferme. Si les minéralogistes, parmi lesquels M. le comte de Bournon tient un rang distingué, pensent que cette pierre doit être réunie aux pierres Lydiennes auxquelles elle res- semble beaucoup aussi par quelques-uns de ses caractères extérieurs et physiques, la nouvelle dénomination de Bom- bite ne seroit point nécessaire. Examen du Minéral de Candi, district de Ceylan. . Ce minéral est assez fragile, mais difficile à réduire en 184 ExAMEN CHIMIQUE poudre très-fine. Cette réduction est pourtant indispensable, à cause de la difficulté que l’on éprouve à l’attaquer par les moyens qui sont à la disposition des chimistes. La potasse caustique dans les proportions ordinaires, le carbonate de soude, le nitrate de baryte ne l’attaquent qu’en partie. Il a fallu plus de 1200 parties de potasse, employées en trois ou quatre traitemens successifs, pour diviser et fondre complé- tement 100 parties de cette pierre subtilement pulvérisées. Je n’en ai jamais rencontrée d’aussi réfractaire à l’action de la potasse. Sa poudre exposée seule à une chaleur rouge, poussée jusqu’au blanc, n’a rien perdu de son poids. 100 parties fondues à trois reprises avec de nouvelles quan- tités de potasse et successivement traitées par l'acide hydro- chlorique ont été entièrement dissoutes. La dissolution éva- porée à siccité n’a laissé que deux parties de silice. Un fort excès d’acide ajouté à la dissolution, dans la vue d'y retenir la magnésie, dans le cas où la pierre en contien- droit, n’a point empèché que la totalité des substances n'ait été précipitée par un excès d’ammoniaque, à l'exception d’un peu de chaux que l'acide oxalique a démontrée dans la liqueur. Le précipité très-abondant que l’ammoniaque avoit formé étoit de couleur rougeûtre et d’un aspect gélatineux. Après l'avoir lavé avec soin, je l’ai fait bouillir encore humide avec une dissolution de potasse caustique, qui en a dissous environ Îles trois quarts ; le sel ammoniac a précipité de la dis- salution alcaline 69 parties d’une substance blanche qui avoit les caractères de l’alumine, mais dont quatre parties ont re- DE TROIS MINÉRAUX. 185 fusé de se dissoudre de nouveau, même à chaud, dans la po- tasse liquide, et ont offert toutes les propriétés de la magnésie; les 65 autres parties ont été converties en alun. I étoit donc évident, 10. que, malgré l'excès d’acide de la dissolution, de la magnésie avoit été précipitée par lammo- niaque avec l’alumine; 20. que malgré l’insolubilité de la ma- gnésie dans la potasse caustique, une partie de cet oxide avoit été dissoute dans cet alcali à la faveur de l’alumine. Il étoit présumable qu’une autre portion de la magnésie étoit restée avec le fer, et l'aspect du mélange appuyoit cette présomption. Il n’avoit point la couleur rouge foncée qu'on reconnoit au peroxide de fer pur ou mélé seulement à de l’oxide de manganèse; au lieu d’être grenu comme l’oxide de fer, il affectoit la forme gélatineuse ; enfin ce mélange n'adhéroit point au papier et ne le coloroit point fortement comme le fait l’oxide de fer. J’enlevai du filtre le mélange et le fis chauffer avec de l'acide oxalique; il s’y dissolvit, à l'exception d’un atôme d’oxa- late de chaux. J'e sursaturai la dissolution par de l’'ammoniaque, le précipité qu'elle forma avoit moins de volume qu'avant d’être dissous; et en effet, quelques gouttes de potasse ver- sées dans le liquide surnageant et filtré, déterminèrent un précipité gélatineux reconnoiïssable pour de la magnésie. Je traitai deux autres fois mon précipité qui étoit encore gélati- neux de la même maniere, j'en séparai de nouvelles-portions de magnésie; mais une quatrième fois j'en obtins à peine, et Voxide de fer n’étoit plus gélatineux. Il est vraisemblable que si j'avois ajouté d’abord une quantité d'acide oxalique suffisante pour tout convertir en un sel double ammoniaco- Méin. du Muséum. À. 12. 24 186 ExAMEN CHIMIQUE magnésien, la séparation de la magnésie auroit été complète dès la première opération. Les diverses quantités de magnésie réunies représentoient 13 parties, l’oxide de fer 16 parties et demie; ainsi 100 par- ties du minéral de Candi sont composées: oxigène. d'AIUMMES RS serre lens etes te esse MON see eee OD, 30 oxide deder-s ten caten ess emene co se 10 Deco HI TOIUT de magñeésie............. Son age 13. ses ee MIO desiicei...s#hisacs dthtiéie doi RME 1,00 à CR ECTS RSR RER 2e trot exo 0) 06) 95,90 10,00 Traces de manganèse. PÉlen eme race eT rITIDO bé 109,00 La nature des élémens de cette pierre, leurs proportions respectives où l’alumine abonde, rappellent la composition de l'espèce nommée spinelle, auquel le célèbre Haüy a réuni la ceylanite analysée il ÿ a plus de vingt ans par Collet Des- cotils. Curieux de lire les détails de son analyse insérée dans le Journal des Mines, je vis avec plaisir qu'il avoit éprouvé, dans le traitement de cette pierre, absolument les mêmes difficultés que moi, soit pour l’attaquer, soit pour isoler les élémens qui la composoient. Quant aux résultats, ils sont à très-peu près les mêmes que ceux que j'ai obtenus; car, selon cet habile chimiste, 100 par- ties de ceylanite sont formées de 68 parties d’alumine, de 16 d’oxide de fer, de 12 de magnésie et de 2 parties de silice. I n'indique point de chaux, mais cet oxide s’y trouve en si DE TROIS MiINÉRAUX. 187 petite quantité qu’on pourroit le regarder comme accidentel. Ce qui ajoute encore à ce rapprochement, c’est que dans le mémoire de Collet Descotils, les caractères physiques de la ceylanite ne diffèrent presque en rien de ceux que pré- sente le minéral de Candi; la seule différence consiste en ce que la ceylanite est en grains isolés de la grosseur d’un pois, et que le minéral de Candi est en masses amorphes à texture granulaire. Ces deux minéraux ont la même pesanteur spécifique, 3, 7; tous deux raient le quartz, ne sont point électriques par la chaleur et le frottement, sont infusibles au chalumeau ; leurs fragmens minces sont transparens d’un vert foncé ou d’un bleu tirant sur le vert; en masse tous deux paroissent noirs, et leur poussière est d’un gris verditre. D’après cette concordance dans les caractères physiques de ces deux minéraux, que l’on retrouve encore dans les ré- sultats fournis par leur analyse comparée, il ne semble plus possible de douter que le minéral dont il s’agit n’appartienne à l'espèce spinelle ou alumine magnésiée de Haüy. M. le comte de Bournon, savant minéralogiste, dont les travaux et le zèle pour le progrès des sciences sont si géné- ralement connus, avoit présumé que ce minéral pouvoit être une espèce nouvelle, et avoit proposé de lui donner provi- soirement le nom de Candite, tiré du lieu où il a été rencon- tré; mais cette conjecture ne se trouve point réalisée par l'analyse. Si d’après la loi des proportions définies, on cherche les rapports qui existent entre les composans du spinelle, on voit que l’alumine remplit la place d’un acide et joue dans cette 3h" 185 ExAMEN CHIMIQUE combinaison le rôle que l’on attribue à la silice dans les sili- cates. On trouve par le calcul, que la quantité d’alumine qui existe dans ce composé, contient trois fois autant d’oxigène qu'il s'en trouve dans les quantités de fer, de magnésie, de chaux et de silice qui y sont combinées. Car la quantité d'oxigène de l'alumine est 30,3, et celle des bases qui lui sont unies dans le spinelle, n’est que de 10. Il en résulte que l'on peut considérer le spinelle comme un trialuminiate de magnésie, de fer, de chaux et de silice, et que sa composition pourroit être exprimée par la formule suivante : FA3 + MA3-+CA5-+ ASS. Nota. J'avois depuis long-temp$ déjà rédigé ce mémoire, lorsqu'il a été inséré dans le numéro de février des Annales de Chimie et de Physique l'extrait d’un mémoire du doc- teur Gmélin, contenant l'analyse d’un minéral noir de Candi, ile de Ceylan, qui, à en juger par la nature des élémens dont il est formé, paroît être la même substance que celle dont je donne l'analyse. Les élémens sont bien ceux que j'y ai indi- qués, à l'exception de la chaux dont il ne parle point; mais ils diffèrent sensiblement par leurs proportions. Selon M. Gmélin, 100 parties du minéral de Candi sont composées de 57 d’alumine, de 20,5 d’oxide de fer, de 18 de magnésie et de 3 parties de silice; il admet donc beaucoup moins d’alumine et beaucoup plus d’oxide de fer et de ma- gnésie, que M. Descotils et moi n’en avons trouvés dans nos analyses de ce minéral et de la ceylanite. Au reste, M. Gmélin considère aussi ce minéral comme DE TROIS Minéraux. 189 un spinelle, et il conclut de son analyse, attendu la différence des proportions qu’elle lui a fournies, que c’est un bialuini- niate de fer et de magnésie, tandis qu'il résulte de la mienne, que c’est un trialuminiate de fer, de magnésie, de chaux et de silice, ce qui résulteroit à peu près aussi de l'analyse de la ceylanite. Examen du minéral noir de la côte de Coromandel. De toutes les substances rapportées par M. Leschenault de La Tour, un minéral semblable en apparence à certains titanites de fer ou à la gadolinite, est celui qui semble mé- riter le plus d'intérêt, soit par la présence d’un métal assez rare qui forme plus du tiers de son poids, soit par la réunion de deux métaux que les minéralogistes n’ont point encore trouvés ensemble. M. Cordier, à qui j'ai communiqué mes résultats, a bien voulu me donner de cette substance la description suivante: « Ce minéral, dit ce savant, n’est point en cristaux, mais » en masse irrégulièrement aggrégée, d’un brun noir; sa » poussière est de couleur terre d'Égypte; il en est de » même des éclats minces vus par transparence; sa cassure » est conchoïde inégale, sans indices de lames; son éclat » est assez vif et vitreux; il raie le verre, mais il est for- » tement rayé par le feld-spath. Il n’est point attirable au » barreau aimanté; sa dureté est à peu près égale à celle de » la gadolinite noire, avec laquelle il a de grands rapports » par ses caractères extérieurs et par sa pesanteur. Il en » diffère essentiellement par sa manière de fondre au cha- 190 ExAMEN CHIMIQUE » lumeau. Il se boursouflle au premier coup de feu, se tour- » mente et double de volume au moins. Cet effet a lieu » sur des fragmens très-grands et avec une facilité aussi » grande que dans les obsidiennes (rétinites), qui contien- » nent beaucoup d’eau. La scorie ainsi obtenue est d’un » vert brunätre assez clair; par un feu prolongé, elle s’af- » faisse et donne un verre noir terne et un peu poteux. » Exposé à la chaleur rouge pendant une demi-heure , ce minéral pulvérisé perd un centième et un quart de son poids; mais comme les protoxides qu'il contient, à en juger par sa couleur primitive, passent à l’état de peroxides, ainsi que l’'attestent la couleur rouge de la poudre calcinée et le chlore que dégage de cette poudre le contact de l'acide hydrochlo- rique, on doit porter à 11 parties 05 centièmes la quantité d’eau que remplace l’oxigène absorbé pendant la calcination par la quantité des oxides contenus dans la pierre. Le minéral de Coromandel peut être indifféremment traité par les acides ou par l'hydrate de potasse. Traitement par les alcalis. J'en ai fait fondre 100 parties avec 300 parties d’hydrate de potasse ; la masse, un peu pâteuse, est devenue verte à sa sur- face en se refroidissant; elle a coloré l’eau en vert foncé qui a passé au rose par l'addition de quelques gouttes d'acide hy- drochlorique. La dissolution alcaline filtrée a déposé du soir au lendemain une partie d’oxide brun de manganèse. La liqueur décantée et la masse insoluble dans l'alcali ont été sursaturées par l'acide hydrochlorique; mais malgré Fex- cès d’acide et la chaleur de l'ébullition, il s’est déposé de DE TROIS MINÉRAUX. 191 la liqueur une poudre de couleur rosée qui pesoit 10 parties et que j'ai recueillie sur un filtre dans l'intention de l’exa- miner séparément. Il est à remarquer que de quelque manière que l’on traite le minéral dont il s’agit, il se dépose constamment par l’éva- poration des dissolutions acides, une quantité plus ou moins grande de cette poudre rosée qui quelquefois s'élève au quart de la dose du minéral employée pour l'analyse. La dissolution hydrochlorique séparée de la poudre rose a été évaporée à siccité, Le résidu lavé avec de l’eau aiguisée d'acide et chauffé s’y est dissous, à l'exception de 17 parties de silice qui étoit parfaitement blanche après la calcination et d’une grande mobilité. Evaporée de nouveau, après la séparation de la silice, la dissolution s’est troublée, la quantité des flocons qui na- geoient dans le liquide a augmenté à mesure que l’évapo- ration $’avancoit ; lorsqu'elle a été terminée, et que le résidu a été réduit en poudre fine, j'ai ajouté de l’eau, de l’acide, j'ai fait chauffer et j'ai fitré la liqueur ; il est resté sur le filtre une matière blanche, fine, pulvérulente, qui m’a semblé différer de la silice. Pour m’assurer de sa nature, je l'ai tri- turée avec de la potasse caustique et un peu d’eau, et j'ai chauffé le mélange; la matière blanche s’est dissoute; mais la dissolution étant restée louche malgré plusieurs filtra- tions et sa sursaturation par l'acide hydrochlorique, j'ai présumé qu’elle pouvoit contenir du titane, je l'ai divisée en trois portions : de l'hydrocyanate de potasse a formé dans la première un précipité jaune un peu verdâtre, et la teinture de noix de galle versée dans la seconde, un précipité abon- 192 ExAMEN CHIMIQUE dant de couleur orangée foncée; de l’ammoniaque mêlée à la troisième portion, a donné un précipité blanc très-flo- conneux qui, chauffé dans un creuset, prenoit une couleur jaunètre qu'il perdoit par le refroidissement. Cette matière étoit donc du titane presque pur ou mêlé de très-peu de fer, elle pesoit 3 parties. Cet oxide de titane vraisemblablement précipité avec la silice dans la première évaporation, aura été repris par l’ex- cès d'acide et sollicité à s’y redissoudre par l’affinité très- forte qu'il a pour le fer ou pour les autres substances con- tenues Gans le minéral et qu’il nous reste à faire connoître. * Soumise à une troisième évaporation, la dissolution hy- drochlorique ne s’est plus troublée, et le résidu qu’elle a fourni s’est entièrement redissous dans l’eau acidulée. J'ai versé dans la dissolution un excès d’ammoniaque qui ÿ a formé un précipité abondant, floconneux, blanc rou- geätre, dans lequel on voyoit bien que l’oxide de fer ne dominoit point. Il étoit présumable que de l’alumine étoit mêlée à l’oxide de fer, mais une dissolution de potasse caus- tique chauffée avec le précipité n’a pu lui enlever que 6 parties d'oxide d'aluminium, et le précipité après cette sé- paration n’étoit pas sensiblement plus coloré qu'auparavant. Espérant que cette substance, qui n’étoit pas de l’alumine, pourroit être isolée du fer par Pacide oxalique qui dissout si bien ce métal, j'ai sanpoudré de petits cristaux d'acide oxa- lique le précipité bien lavé et encore humide, et il s'est opéré une séparation que l'addition d’une suflisante quantité d’eau aidée de l’action de la chaleur a bientôt rendue complète. Par le refroidissement il s’est déposé une poudre blanche, cr SO Mt DE TROIS MinNÉRAUXx. 193 abondante, un oxalate; ce sel lavé et calciné a fourni 35 par- ties d’un oxide rouge, qui a présenté tous les caractères de l'oxide de cérium ; il se dissolvoit entièrement dans l’acide hydrochlorique foible en exhalant jusqu’à la fin une forte odeur de chlore. Sa dissolution, d’une saveur âpre et sucrée, précipitoit abondamment par l’oxalate d’ammoniaque et l'acide oxalique. Le précipité blanc que lammoniaque for- moit encore dans cette dissolution prenoit, en se desséchant à l'air, une couleur jaunâtre qui se fonçoit en rouge par la chaleur, et conservoit cette couleur après son refroidissement. L'acide oxalique n’avoit dissous que de l’oxide de fer et un peu d'oxide de manganèse que j’ai séparés en les pré- cipitant d’abord par la potasse, en les redissolvant dans lacide hydrochlorique auquel j’ai ajouté du carbonate d’am- moniaque, de manière à y laisser un léger excès d’acide. Le carbonate de fer s’est déposé après quelques heures de repos, et lescarbonate de manganèse est resté en dissolution : j'ai séparé ce dernier par la potasse. L’oxide de fer au maximum pesoit 19,80, et l’oxide de manganèse un peu moins d’une partie. L’ammoniaque dont je m'étois servi pour séparer les oxides de cérium, de fer et de manganèse, n’avoit pu préci- . piter la chaux; par conséquent si le minéral en contenoit, je devois la retrouver dans la dissolution. L’oxalate d’ammo- niaque y à formé un précipité qui, long-temps desséché à la chaleur d’un bain de sable, pesoit 18 parties et re- présentoit à peu près 8 parties ou plus exactement 7 par- ties 9 dixièmes de chaux. Il ne me restoit plus qu’à rechercher la nature de cette Méin. du Muséum. t. 12. 25 194 EXxAMEN CHIMIQUE poudre rose qui en premier lieu et avant l’évaporation s’é- toit déposée de la dissolution, quoique celle-ci contint un grand excès d'acide hydrochlorique. Son poids représentoit la 10° partie du minéral soumis à l'analyse. Je la fis fondre dans un creuset de platine avec six fois son poids de carbonate de potasse saturé. La masse fondue avoit une couleur blanche verdätre; je versai immédiatement dessus de l'acide hydrochlorique foible qui la dissolvit à l’ex- ception de deux parties que je reconnus pour de la silice. La dissolution filtrée étoit louche et les réactifs me firent con- noître que l’oxide de titane y dominoit; il formoit à lui seul la moitié de la poudre rose; il s'y trouvoit avec une partie et demie d’oxide de cérium; le reste étoit un mélange de fer, de manganèse et de chaux. Ainsi cette poudre rose étoit formée de presque tous les élémens de la pierre, et vraisem- blablement l’oxide de titane, bien plusabondant queles autres, avoit été la cause de leur précipitation, et de la résistance qu'ils avoient opposée à l’action des acides. Il résulte des expériences que je viens d'exposer que le minéral noir de Coromandel renferme sur 100 parties, oxigène. 36,5 d’oxide de cérium. 19,8 d’oxide de fer. # 19 desilice, 8 de chaux. 6 d'alumine. 11,0) d’eau. 1,20 d’oxide de manganèse. 8 d’oxide de titane. 109,38 On voit qu’au lieu d’une perte, comme il arrive ordinaire- DE TROIS MINÉRAUX. 195 ment dans les expériences analytiques, il se trouve un grand excédant, qu'il est facile d'expliquer, en considérant que la couleur du minéral indique que les métaux s’y trouvent à l'état de protoxides, et qu'ils ont nécessairement augmenté de poids, en passant à l’état de peroxides. Or, cette augmen- tation de poids, pour la quantité des oxides de cérium et de fer, équivalant à 9 parties 8 dixièmes, cette quantité défal- quée du produit de l'analyse, le réduit à 09,25 ; et par con- séquent réduit aussi la quantité de protoxide de cérium à 31,1, et celle du protoxide de fer à 15 parties 4 dixièmes. M. Berzelius ayant constaté dans ses belles expériences sur les gadolinites que le cérium y est accompagné d’yttria, j'ai fait usage de son procédé, qui consiste à précipiter le cérium à l’état de sel triple au moyen du sulfate de potasse ; mais je me suis assuré qu'après la précipitation totale de cette subs- tance, la dissolution ne retenoit aucune matière précipitable par l’ammoniaque, ce qui prouve que le cérium n’étoit mêlé d'aucune portion d’yttria. Le minéral de Coromandel est facilement attaqué à chaud par les acides, soit nitrique, soit hydrochlorique, qui peu- vent en enlever près des quatre cinquièmes; mais comme il reste avec la silice quelques atômes de matières qui exigent sa fusion avec la potasse, il semble plus simple et plus ex- péditif d'employer immédiatement le traitement par les alcalis. Au premier contact de l’acide hydochlorique , il s’étoit dégagé une légère odeur d'acide hydrosulfurique qui annon- ceroit la présence d’un peu de sulfure; mais la quantité en est inappréciable. ù 25. 196 EXAMEN CHIMIQUE La composition chimique de ce minéral est si compliquée, qu'il ne paroît guère possible de la déterminer d’après la théorie des proportions définies. A la vérité l’oxigène de la silice, qui est 9,55, correspond assez bien à l’oxigène que contiennent ensemble les protoxides de cérium, de calcium et d'aluminium, dont la quantité est de 9,80; mais en ad- mettant cette combinaison , que deviendront les oxides de fer et de titane, qui sont loin d’être en proportion convena- ble pour former un titanite de fer, que l’on pourroit suppo- ser accompagner les. silicates de cérium, de chaux et d’alu- mine ? | On pourroit aussi admettre comme hypothèse peut-être plus vraisemblable qu'il est formé : 0, D'un silicate de protoxide de cérium et de fer, atten- du que les 9,55 d’oxigène de la silice s'accordent assez exac- tement avec les 8,92 d’oxigène des protoxides énoncés; 20, D'un aluminiate de chaux, dont les deux composans renferment des quantités à peu près semblables d’oxigène, savoir : l’alumine 2,20 de ce principe, et la chaux 2,80. Mais dans cette dernière supposition, que faire de l'oxide de titane ? : Quoi qu'il en soit, le minéral de Coromandel a une ana- logie marquée avec les substances que MM. Berzelius et Hi- singer ont désignées sous les dénominations d’Orthite , d’Al- lanite et de Cérine; ce rapprochement avec l’Orthite surtout résulte également des be ci-dessus indiqués par M. Cor- dier, mais il en diffère essentiellement par la présence de Voxide de titane, quine s'est encore rencontré dans aucun des analogues cités. s DE TROIS MinÉr AUX. 197 Cette différence pourra paroître, aux minéralogistes, digne de quelque attention, et les déterminer à considérer comme une espèce ou au moins comme une variété nouvelle un mi- néral qui, pour la première fois, présente la réunion du cé- rium et du titane. 198 EE TT ANALYSE DE L'ÉCORCE DU SOLANUM PSEUDOQUINA. PAR M. VAUQUELIN. Mircné les travaux multipliés des chimistes sur l'analyse des végétaux, il faut avouer que cette partie de la science est encore bien peu avancée, au moins en ce qui concerne la détermination des quantités respectives des matières qu'ils contiennent. Cependant l’on conviendra qu'il n’est peut-être pas de point dans la chimie qui intéresse plus directement l'art de guérir : en effet, le médecin ignore souvent à quel principe de la plante il doit attribuer les effets qul observe, et presque jamais il ne sait en quelle dose il l'administre. Cette ignorance est due à l'imperfection des moyens chi- . miques qui n’ont pas-encore permis de séparer exactement les principes immédiats des êtres organisés, et de les offrir à l’état de pureté aux hommes de l’art de guérir. Sans doute la chimie aura fait un grand pas lorsqu'elle aura atteint ce degré de perfection si désirable, et dont les résultats rejailliront sur la thérapeutique, unique but où doivent tendre tous les efforts du vrai médecin. En attendant ce moment heureux , mais qui est peut-être Econce Du SOLANUM PSEUDOQUINA. 199 encore très-éloigné, je vais présenter l’esquisse de l'analyse d’une écorce rapportée du Brésil par M. Auguste de Saint- Hilaire, et que l’on a nommée solanum pseudoquina. Ce travail est bien loin, sans doute, d’avoir la précision que je désire : je puis cependant assurer que j'y ai apporté toute l'attention dont je suis capable, et que j’y ai employé beau- coup de temps. J'espère néanmoins avoir reconnu et carac- térisé tous les élémens contenus dans cette écorce ; mais je ne peux pas également me flatter d’avoir exactement déter- miné leurs rapports. Ceux qui l’analyseront après moi seront peut-être plus heureux ; je serai toutefois amplement récom- pensé si j’ai pu leur tracer une bonne route. S I. Solanum pseudoquina et alcohol. Cent grammes de cette écorce en poudre furent mis en macération à froid, pendant quatre jours, dans un demi litre d’alcohol à 380. Ce liquide, qui avoit pris une couleur brune, fut , après avoir été décanté, remplacé par trois décilitres de nouvel alcohol qu’on laissa agir le même nombre de jours. On le réunit au premier, et l’on soumit le tout à la distilla- tion pour en séparer l’alcohol, et obtenir à part les matières qu'il tenoit en dissolution. Le liquide, réduit au volume d'environ une once, avoit une couleur brune foncée, une sa- veur très-amère, et présentoit à sa surface quelques gouttes d’une huile jaunâtre qui sera examinée plus bas. Cette liqueur ou extrait alcoholique se trouble beaucoup par l’addition de l’eau; il s y forme des grumeaux qui se ras- semblent et se précipitent en masse au fond du fluide. Quand 200 Ecorce Du SOLANUM PSEUDOQUINA. on fait chaufter le mélange, la matière dont je parle se fond, et ne cesse pas d'occuper la partie inférieure du vase. L'eau dis- sout le principe amer; mais il paroît que, malgré des lavages réitérés , il en reste un peu avec la partie insoluble; à moins que celle-ci n'ait par elle-même une saveur amère. Le prin- cipe amer retient toujours de la résine, surtout quand il est concentré; il faut l’étendre de beaucoup d’eau pour l’en dé- barrasser complétement. Alors les parties résineuses restant long-temps suspendues dans le liquide, ne permettent que difficilement à ce dernier de filtrer : il est nécessaire de le faire bouillir pour l'obtenir clair. La dissolution de la matière amère, séparée autant que possible des parties résineuses, fut évaporée et desséchée à une température peu élevée, mais long-temps continuée : car l'humidité ne s’en sépare que difficilement à cause d’une membrane épaisse qui se forme à sa surface. Enfin, avec le temps, elle forme sur les parois du vase une couche luisante comme un vernis, de couleur fauve, qui se détache en écail- les comme l'extrait sec de quinquina, mais qui n'attire pas aussi promptement l'humidité. Cette matière a une saveur ex- trémement amère, est soluble dans l’eau et l'alcohol: les cent grammes d’écorce m'en ont fourni huit grammes vingt centièmes. Un gramme de cette matière brülée dans un creuset de platine , n’a pas laissé de résidu sensible à la vue : cependant un peu d'eau passée dans le creuset, a présenté un caractère alcalin très-marqué : c'étoit un peu de potasse. Le principe amer doit être redissout dans l’eau froide, et filtré pour devenir pur : alors sa dissolution est d’un jaune päle; Econce pu SOLANUM PSEUDOQUINA. 201 elle est abondamment précipitée en flocons brunâtres par l'infusion de noix de galles; et, ce qu'il y a de remarquable ici, e’est que si l’on met une quantité convenable de gallin, pour précipiter complétement la matière, la liqueur surna- geante perd toute son amertume; elle prend au contraire une légère saveur sucrée particulière. Décomposé dans une tube de verre, ce principe a donné un produit aqueux très-acide, une huile extrêmement piquante et un charbon très-bour- soufflé, Il paroit donc que cette matière est de nature pure- ment végétale. à Il seroit de notre sujet de rechercher parmi les autres prin- cipes amers des végétaux, sinon une ressemblance parfaite avec celui dont il est question ici, au moins une analogie plus ou moins rapprochée. Celui qui se présente le premier à la pensée est la colocintine, dont j'ai donné les caractères dans le Journal de Pharmacie. En effet, c’est le même genre d’a- mertume, quoique moins fort dans celui du so/arum ; tous deux sont précipités par l'infusion de noix de galles : ni l’un ni l’autre n’est affecté par l’acétate de plomb , ni par le nitrate d'argent; enfin l’un et l’autre ont la faculté de favoriser la dissolution de la matière résineuse qui les accompagne dans la nature. Si, comme il n’y a pas lieu d’en douter, d’après le rapport de M. Auguste de Saint-Hilaire , l'écorce du solanum pseudo- quina possède des vertus fébrifuges éminentes, elles doivent résider principalement dans le principe amer, et peut-être aussi dans la résine qui participe à l'amertume, et qui, de plus, est légèrement aromatique : mais s’il y a, comme nous le croyons, de la ressemblance entre notre principe amer et Mém. du Muséum. 1. 12. 26 202 Ecorce pu SOLANUM PSEUDOQUINA. celui de la coloquinte, ce dernier devroit être fébrifuge à petites doses, et le solanum, à haute dose, devroit être purga- tif; mais c’est à l’expérience médicale à prononcer sur ce point. S IL. De la matière résineuse. Nous avons dit plus haut qu’en mélant de l’eau avec l’ex- trait alcoholique concentré de solanum pseudoquina, il s'en sépare qui à l'apparence d’une résine : c’est de ce principe que nous allons présenter les caractères. Il a une couleur brune analogue à celle du principe amer; il est solide, se fond à la température de l’eau bouillante, et répand, comme les résines, beaucoup de fumée en brülant. Elle est flexible sous la dent, et quand on la mâche pendant quelque temps, elle laisse une saveur amère, mais moins grande que celle du principe amer proprement dit. Elle est soluble dans l’alcohol froid , et en est précipitée par l’eau; se dissout très-aisément dans les alcalis dont il est séparé par les acides, sous forme de flocons fauves. Cette résine, telle que je viens de la signaler, contenoit encore, je crois, une petite quantité-de principe amer : car, en la faisant bouillir avec de l’eau, elle lui donnoit un aspect opalin, une saveur amère très-marquée , et la propriété de précipiter l’infusion de noix de galles : j'en ai obtenu deux grammes de cent grammes d’écorce. Quoique je lui donne le nom de résine , faute d’autre, il ne faut pas croire qu’elle ressemble aux résines ordinaires: seulement il faut entendre par cette expression qu’elle à D — x Ecorce pu SOLANUM PSEUDOQUINA, 203 quelque analogie avec ces sortes de corps. Elle en diffère en ces points que, réduite en poudre et arrosée d’eau, elle ab- sorbe ce fluide, se réunit en une seule masse ductile entre les doigts, mais devient cassante en desséchant à l'air. Elle diffère encore des autres résines en ce qu’elle se dissout dans une très-petite quantité d’alcali. S IT. De la matière grasse. Cette substance, qui s’est séparée spontanément pendant l’évaporation de l’infusion alcoholique et le refroidissement de son résidu, a une couleur jaune verdâtre, une con- sistance molle et visqueuse, une odeur aromatique particu- lière, se fond très-facilement, tache le papier et le rend transparent. Quand on la chauffe assez fortement pour la volatiliser , elle répand des vapeurs blanches qui ont, sur la fin , une odeur de graisse brûlée; glle ne laisse que très-peu de hrs Sa saveur âcre et ar omatique est un peu analo- gue à celle du baume de copahu ; elle a besoin pour se dis- soudre de beaucoup plus d’alcohol que le principe résineux : j'estime que l'écorce du solanum n’en contient pas au-delà d’un millième. $ IV. Action de l’eau sur l’écorce du Solanum déjà traitée par l’alcohol. Après avoir épuisé, autant qu'il fut possible, le solanum , au moyen de l’alcohol, je le traitai par l’eau dont j’élevai la température jusqu’au 4o°. degré de Réaumur, et je laïssai les matières en contact pendant plusieurs jours, au bout des- 26* 204 Eorce Du SOLANUM PSEUDOQUINA. quels je passai le liquide avec expression; enfin je lavai le marc avec de l’eau que je réunis à la partie principale. La li- queur filtrée avoit une couleur jaune fauve légère, et une saveur un peu amère, dépendante sans doute d’un reste de principe amer; elle n’étoit point acide ; elle paroissoit plutôt légèrement alcaline, moussoit beaucoup par l'agitation. L'infusion de noix de galles la précipitoit sur-le-champ en flocons fauves; le chlore et l’alcohol en flocons blanchatres : tout annoncoit donc que ce liquide contenoit une matière animale. En conséquence, on le fit évaporer à une tempéra- ture très-modérée pour ne pas décomposer la substance ani- male qu'il paroissoit renfermer. Lorsqu'il fut réduit en con- sistance syrupeuse, on y mêla rapidement sept à huit parties d’alcohol à 380, II se fit sur-le-champ une séparation de ma- tière visqueuse qu'on eut soin de malaxer pendant quelque temps au milieu de l’alcohol : enfin, lorsque celui-ci ne parut plus se colorer davantagegton le versa, et on le remplaça par de nouveau qui se colora à peine. La matière, lavée à l’alcohol, comme on vient de le voir, fut desséchée lentement. En cet état, elle étoit brune, demi- transparente, et n'étoit plus amère: ce qui prouve que l'alcohol lui avoit enlevé la plus grande partie du principe qui, auparavant, lui donnoit cette saveur : elle pesoit trois grammes seize centièmes. Soumise au feu dans une petite cornue, elle a donné, dès le commencement de sa décomposition, du carbonate d’am- moniaque, de l’huile brune extrèmement fétide; elle a laissé un charbon très-léger. Ainsi nul doute que ce ne soit une ma- tière animale des mieux caractérisées. Econce pu SOLANUM PSEUDOQUINA. 205 Par un second traitement avec de l’eau portée à l’ébullition, la même écorce donna encore un gramme neuf centièmes d'extrait qui n’étoit nullement amer. Cette décoction prenoit une couleur bleue par l'addition de la teinture diode; mais son extrait , redissout dansl’eau, n’avoit plus cette propriété : ce qui annonce que la petite quantité d'amidon qu’elle con- tenoit avoit changé de nature pendant l’évaporation de la liqueur. La dissolution de cette matière animale rétablit la couleur du tournesol rougie par un acide: ce qui semble indiquer qu’elle est combinée à quelque corps alcalin. Pour m'en assu- rer, j'en ai fait brüler un gramme dans un creuset de platine, et je me suis, en effet, convaincu, par la fonte pâteuse de son charbon, qu’elle contenoit un aleali. Le lavage de ce charbon a fourni onze centigrammes de sous-carbonate de potasse très-pur qui, combiné avec l'acide nitrique, a formé un sel ayant toutes les propriétés du nitrate de potasse. Après avoir été lavé, le charbon, exposé au feu, a brülé très-promp- tement, et n’a laissé que deux centigrammes d’une matière jaunâtre qui, mise avec de l'acide nitrique affoibli, a produit une légère effervescence, et lui a communiqué à l'instant une belle couleur rose : il est resté une petite quantité de poudre noire. La dissolution nitrique contenoit de la chaux, du fer et du manganèse. D’après les expériences ci-dessus, il paroït que la matière animale dont il s’agit forme une véritable combinaison avec la potasse et la chaux, ou au moins avec des sous-sels de ces bases, auxquels est joint de l'oxide de manganèse de fer. 1] m’a 206 Ecorce pu SOLANUM PSEUDOQUINA. semblé qu’une partie de l’alcalinité est détruite par la matière animale ou par un acide : car cet alcali , une fois mis à nu par la combustion, et étendu dans la même quantité d’eau que l'extrait qui l’a fourni, agit beaucoup plus fortement sur le papier de tournesol rougi. L’alcali contribue beaucoup à la solubilité de la matière animale : car un atôme d'acide, mis dans la solution aqueuse de cette substance, la coagule sur-le-champ , sans doute en s’emparant de l’alcali : à moins de supposer qu'ilse forme en- tre l'acide et la matière animale une combinaison insoluble. Ce qu'il y a de certain, c’est qu’en faisant évaporer lente- ment la solution naturelle de la matière animale, il se forme successivement, dans la liqueur , des flocons bruns, qui sont entièrement insolubles dans l’eau et que quelques atômes d'alcali dissolvent merveilleusement. Je crains bien d’après cela que les alcalis végétaux que l'on a signalés dans plusieurs espèces de plantes de la famille des solanées et auxquels on a donné déjà des noms partieu- liers, ne soient des combinaisons de matières organiques et d’alcali ou de sels avec excès de base. Pour savoir à quelle matière la ehaux qui se trouve dans la décoction de l'écorce, étoit combinée, on a fait les expé- riences suivantes : Cinquante grammes d’écorce de solanum pseudoquina , épuisées par l’alcohol, ont été traités par 1500 grammes d'eau employés en deux fois. Ces deux por- tions d’eau réunies ont été réduites sous un petit volume, par l’évaporation, sans qu’il soit survenu de trouble ni de dé- pôt dans le liquide, Cet extrait a été mis dans une cornue avec un gramme d’a- LA Ecorce pu SOLANUM PSEUDOQUINA. 207 cide oxalique : au moment du mélange de ces deux substan- ces, il s’est formé un précipité abondant dû à la présence de la chaux. On a ensuite distillé ce mélange presque à siccité. Le liquide obtenu étoit légèrement acide, mais la quantité de cet acide étoit infiniment petite, car 3 ou 4 gouttes d’eau de chaux ont sufli pour le saturer. L'opération dont nous parlons a été faite dans l'intention de savoir si la chaux qui existoit dans l’infusion aqueuse du pseudoquina , étoit combinée à l'acide acétique : ce qui, comme on voit, est fort douteux. Il est bon d’observer qu’a- vant le mélange avec l'acide oxalique, cette liqueur étoit al- caline, L'opération terminée sans le succès que nous atten- dions, nous avons étendu le résidu avec de l’eau et filtré pour avoir le résidu; celui-ci, lavé et seché, pesoit 33 cen- tigrammes. Il avoit une couleur fauve qu'il devoit à la ma- tière organique qui s’y étoit combinée. Calciné fortement , ce précipité a été réduit à 11 centigrammes; sa couleur étoit brune et sa saveur alcaline. Mis avec de l’acide nitrique très- affoibli, il a produit une légère effervescence et s’est dissout, moins une petite quantité de poudre brune que nous avons reconnu pour de l’oxide de manganèse très-pur, car fondu avec du borax il lui a communiqué une belle couleur amé- thyste. Le précipité formé dans la décoction du solanum pseu- doquina étoit donc composé d’oxalate de chaux et de man- ganèse, auxquels étoit jointe une matière animale. Le liquide d’où le précipité en question avoit été séparé, évaporé en consistance syrupeuse, a donné des cristaux d’a- cide oxalique qui ont été séparés du fluide ambiant et lavés 208 Ecorcx pu SOLANUM PSEUDOQUINA. avec quelques gouttes d’eau. Pour s'assurer si c'étoit de l’a- cide oxalique pur, on les a fait bouillir avec de l’alcohol; mais la plus grande partie ne s’étant pas dissoute, nous avons pensé qu'il étoit mêlé de quelqu’autre sel. En effet, calciné dans un creuset de platine, il s’est converti en sous-carbonate de potasse, dont le poids étoit de 22 centigrammes. La matière animale, séparée au moyen de l'alcool du li- quide qui avoit fourni les cristaux d’acide oxalique, a donné aussi, par l'incinération, une quantité de sous-carbonate de potasse, 178 milligrammes de salpètre, Espérant que l'acide que je soupconnois dans la décoction de l'écorce pourroit se trouver dissout dans l’alcohol dont je m'étois servi pour précipiter la matière animale, j'ai fait éva- porer cet alcohol, j'ai étendu le résidu avec de l’eau et l'ai sa- turé, à chaud, avec du carbonate calcaire. J’ai filtré, pour séparer l'oxalate de chaux formé dans cette opération, et j'ai concentré le fluide qui avoit une couleur brunâtre. En cet état de concentration, il étoit abondamment précipité par l’a- cide oxalique, ce qui prouve évidemment que la chaux et la potasse étoient unies à un acide dans la décoction de l'écorce. Au bout de 12 heures, ce même liquide avoit déposé quel- ques concrétions hémisphériques creuses, qui représentoient la forme d’une coupe. Il s'agit maintenant de rechercher quel est cet acide. Ce ne peut être ni l’acide tartarique, ni l'acide citrique, et encore moins l'acide oxalique: nous avons prouvé plus hout que ce n’est pas non plus l'acide acétique. Les concrétions dont nous venons de parler, dégagées du liquide visqueux qui les environnoit, ont été dissoutes dans l'eau : leur dissolution précipitoit abondamment l’acétate de Econce Du SOLANUM PSEUDOQUINA. 209 plomb en flocons gélatineux très-solubles dans l'acide acé- tique; elle précipitoit aussi très-fortement par l'acide oxa- lique. Il ne paroit donc pas douteux, d’après ces expériences, que les concrétions dont il s’agit ne soient formées de malate calcaire. Quant à la matière visqueuse qui accompagnoit ce sel, elle a été délayée dans l’eau et précipitée par l’acétate de plomb; mais la plus grande partie de la matière colorante s’est précipitée en même temps, et le liquide est devenu pres- que incolore. Le précipité, lavé et délayé dans l’eau, a été décomposé par un courant de gaz hydrogène sulfuré. Le liquide filtré et chauffé, pour en dégager l’excès d'acide hydrosulfurique, à présenté routes les propriétés de l'acide malique. Un troisième traitement de cette écorce à l’eau bouillante, contenant une quantité sensible d’amidon, a encore donné, par la combustion de son extrait, de la chaux et de la potasse qui, combinée à l'acide nitrique, a produit 70 milligrammes de salpètre. Ainsi, 5o grammes d’écorce de pseudoquina, ont donné une quantité de potasse capable de former 468 milli- grammes de nitrate de potasse, par conséquent, 100 en au- roient fourni 936. De là il est évident que toute la potasse du végétal ne s’est pas dissoute dans l’eau dont où à abondam- ment lavé la poudre, puisque, ainsi qu’on le verra plus bas, cent grammes dela même écorce, brûlés, fournissent 1,65 de sous-carbonate de potasse qui peut donner naissance à deux grammes de salpètre. S V. Traitement par l'acide murialique. Les 5o grammes d’écorce épuisés successivement par Fal- Mém. du Muséum. 1. 19. 27. 210 Ecorce pu SOLANUM PSEUDOQUINA. cohol et par l’eau, traités ensuite par l'acide muriatique affoi- bli, ont produit une sorte d’effervescence écumeuse, et la solution, précipitée par l’'ammoniaque, donne 33 centigram- mes d’oxalate de chaux blanc. Après avoir déposé cet oxalate de chaux, le liquide, tiré à clair, a encore déposé des flocons bruns, volumineux, qui sont devenus bruns en séchant, et qui ont offert tous les caractères de l’oxide de manganèse. La liqueur dont l’oxide de manganèse et l’oxalate de chaux avoient été séparés par l’ammoniaque, mélés ensuite avec l'acide oxalique, a donné 1 gramme 22 centièmes d'oxalate de chaux qui représentent à peu près 488 milligrammes de chaux. | Après avoir ainsi débarrassé le liquide do la chaux qu'il contenoit, on en a desséché la moitié et calciné le résidu dans un creuset de platine, jusqu'à ce qu'il ne répandit plus de fumée : on a obtenu une matière brune pesant environ un décigramme qu’on a reconnu pour du muriate de potasse, car sa dissolution formoit dans le nitrate d'argent un préci- pité blanc cailleboté, et dans le muriate de platine une pou- dre jaune, Ainsi, 22 grammes d’écorce ayant fourni un décigramme de muriate de potasse, cent grammes en auroïent donné qua- tre, et ce sel contenant plus de la moitié de son poids de po- tasse, il s'ensuit que cette écorce, malgré les trois lavages à l’eau bouillante qu’elle a éprouvés, retenoit encore deux décigrammes de cet alcali sur cent. La potasse étoit donc com- binée à quelque corps qui la rendoit insoluble. Un second traitement de l'écorce, fait de la même manière avec J’acide muriatique affoibli, a encore produit un gramme Ecorce pu SOLANUM PSEUDOQUINA. 211 et un centième d’oxalate de chaux, et la liqueur, après la sé- paration de ce dernier, mêlée avec de l'acide oxalique a four- ni une nouvelle quantité d'oxalate de chaux pesant 16 centi- grammes. Les 50 grammes d’écorce ayant subi toutes les opérations énoncées ci-dessus, ne pesoit plus que 25 grammes 89 cen- tièmes. Il est vrai que la poudre de cette écorce, telle que je l'ai employée, contient 15 pour cent d'humidité qu’il faut re- trancher de la perte, ce qui réduit la perte à 16 grammes 13 centièmes seulement, sur 50, et conséquemment à 32 pour cent. Ce résidu ne contenoit presque plus de cendre, car dix grammes ayant été brülés, n'ont donné que quatre centi- grammes de résidu jaunâtre, contenant encore de la chaux et de l’oxide de fer. On a vu plus haut que nous avons obtenu de 5o grammes d’écorce, traités par l’acide muriatique affoibli, un gramme 34 centièmes d’oxalate de chaux, et qu'il est resté dans la li- queur, après en avoir précipité ce sel par l’ammoniaque, une quantité de chaux capable de former un gramme 38 cen- tièmes d’oxalate. Cherchons maintenant à quoi cette chaux pouvoit être combinée dans l’écorce. Ce ne peut être avec un acide, au moins à un acide fixe, car elle formeroit néces- sairement un sel très-insoluble qui se précipiteroit quand on mêleroit de l’'ammoniaque dans sa dissolution par un acide. J'ai voulu savoir cependant si Foxalate de chaux n’éprouve- roit pas quelque décomposition lorsqu'on le dissout dans l’a- cide muriatique et qu’on le précipite ensuite par lammonia- que. J’en ai donc dissout deux grammes dans l’eau aiguisée 27 212 Ecorce pu SOLANUM PSEUPOQUINA. d'acide muriatique, et j'ai ensuite mêlé à cette dissolution de l’ammoniaque en excès. Après avoir filtré la liqueur j'y ai mis de l'acide oxalique qui y a produit un léger trouble, mais la quantité de matière qui s’est déposée , étoit à peine appréciable. H y a donc tout lieu de croire que cette chaux ne provient point de la décomposition de l’oxalate cal- caire. Me rappelant qu'il se produit une effervescence écumeuse, lorsqu'on met de l'acide muriatique sur la poudre de pseu- doquina, déjà épuisée par l’alcohol et par l’eau, j'ai soup- çconné que la chaux que l’on retrouve dans la solution après en avoir précipité l’oxalate de chaux, étoit combinée à l'acide carbonique. Je ne pouvois pas constater cette idée en me ser- vant de l'acide muriatique pour traiter l'écorce, parce que quand j’aurois voulu savoir si, au moyen de l’acétate de plomb, il y avoit quelque acide végétal capable de former, avec ce métal, une combinaison insoluble , l'acide muriati- que seroit venu compliquer le résultat. Ainsi, au lieu d’em- ployer l'acide muriatique, je me suis servi d'acide nitrique étendu d’eau, et après l'avoir laissé en contact avec l'écorce pendant le temps nécessaire pour épuiser son action, j'ai filtré le liquide, lavé le résidu qui étoit jaune, et précipité l’oxalate de chaux par l’ammoniaque en excès. J’ai filtré de nouveau, évaporé le liquide jusqu'à ce que l'excès d’ammoniaque fût dissipé. Alors l’acétate de plomb n’y produisit point de préci- pité, mais le sous-carbonate de potasse y en formoit un très- abondant, qui étoit du carbonate de chaux. Ainsi, il ne me paroit pas douteux qu’une partie de la chaux qui existe dans l'écorce du pseudoquina ne soit com- EcorcE pu SOLANUM PSEUDOQUINA. 213 binée à l'acide carbonique. Ce dont les chimistes, à ma con- noissance, n’ont jamais parlé. S VI Æcuon de l'acide muriatique sur l'écorce du Solanum pseudoquina. Cent grammes de cette matière, en poudre, furent mis, pendant quatre jours, en macération, avec un demi litre d’eau aiguisée d’acide muriatique. On passa le liquide avec expression, et l’on remit le marc dans une nouvelle quan- tité d’eau acide égale à la première. Dans les deux liqueurs réunies, l’on mit de l'ammoniaque, de manière à y laisser une légère acidité. Il se forma un précipité couleur chamois. Ge précipité, lavé à l’eau, jusqu’à ce que celle-ci ne prit plus d’amertume, et ensuite séché, pesoit 75 centigrammes. L'on mit une seconde fois de l’'ammoniaque dans la liqueur pour achever de saturer l'acide; il y eut un nouveau précipité d'un brun foncé très - volumineux qui, lavé à l’alcohol chaud et séché, pesoit 65 centigrammes. Ce dernier précipité, soumis à l’action du feu dans une cornue de verre, produisit de l’eau, de l'huile, du sous-car- bonate d’ammoniaque qui cristallisa sur les parois du vase, et répandit l'odeur des matières animales les mieux caractéri- sées. Le résidu charbonneux, chauffé dans un creuset, fournit une cendre brunätre, dans laquelle on reconnut la présence du carbonate de chaux , de l’oxide de manganèse et de l’oxide de fer. ” J'ai soumis jusqu'à trois fois les cent grammes d’écorce à l’action de l’eau aiguisée d'acide muriatique, en augmentant un peu la quantité de celui-ci, et j’ai obtenu, comme ci- 214 Ecorce pu SoLANUM PSEUDOQUINA. dessus, de ces 22fusum, au moyen de l'ammoniaque, des précipités semblables à ceux dont je viens de parler, mais en plus grande quantité. Ceux qui se formoient avant que la to- talité de l'acide ne füt saturé étoient blancs, et ceux qui avoient lieu après la saturation étoient bruns. Les premiers, ex- posés à une chaleur rouge, noircissoient légèrement, et se con- vertissoient entièrement en carbonate de chaux; les seconds noircissoient beaucoup plus, exhaloïent l’odeur des matières animales brüûlées, et laissoient un résidu charbonneux, dans lequel l’on trouvoit du carbonate de chaux, un peu de phos- phate de chaux, de l’oxide de fer, et surtout de l’oxide de manganèse. Les précipités blancs obtenus dans les trois opé- rations pesoient environ 5 grammes, et les précipités noirs à peu près un gramme. $S VIT. Æxamen de ces précipités. Quoique je n’eusse pas lieu de douter que ces matières ne fussent des combinaisons d'oxalate de chaux et de substance animale à diverses proportions, je voulus cependant m'en assurer par l'expérience. Pour cela j'en fis bouillir deux gram- mes du blanc avec quatre grammes de carbonate de potasse. Aussitôt que le mélange fut chaud, le liquide se colora en brun léger, et devint très-écumeux par ébullition. L'opération ayant duré environ trois quarts d'heure, je décantai le liquide clair, et lavai la poudre; je saturai- les liqueurs réunies par l'acide acétique dont je mis un excès, et j'évaporai le liquide , après l'avoir filtré, pour séparer quel- qués flocons bruns qui s’étoient formés pendant la satu- ration. Ecorce pu SOLANUM PSEUDOQUINA. 215 Le sel résultant de l’évaporation, traité par l’alcohol, laissa un résidu cristallin, pesant 1,50 grammes, et qu'il me fut aisé de reconnoitre pour de l’oxalate acidule de potasse. La pou- dre, de son côté, soumise à l’action de l'acide muriatique affoibli, fut dissoute avec effervescence : il en resta cepen- dant 26 centigrammes qui étoient encore de l’oxalate de chaux contenant un peu de phosphate. Il n’y a donc aucun doute que ces précipités ne soient for- més d’oxalate de chaux et de matière animale, en petite quantité dans les blancs, et très-abondante dans les bruns: ces derniers contiennent, en outre, des oxides de fer et de manganèse, et un peu de phosphate. Ge qu'il y a de remarquable à l'égard de cet oxalate de chaux, c’est qu'il se comporte absolument comme le calcul mural de la vessie. Il retient en combinaison une matière animale qui se colore en brun, qui produit cette spumes- cence dont nous avons parlé plus haut, et que je crois de la même nature que celle du calcul. Enfin la ressemblance est tellement parfaite, que si l’on donnoit à quelque chimiste cette matière à examiner, je ne doute pas qu'il ne la prit pour du calcul mural en poudre. $ VIT. Combustion de l'écorce du Solanurm pseudoquina. Vingt grammes de cette écorce brülés dans un vase de platine, jusqu'à ce qu'il ne restät plus de traces de matière charbonneuse, ont fourni deux grammes onze centièmes de cendre grise. Cette cendre lavée avec 90 grammes d’eau bouillante, a 216 Econce pu SOLANUM PSEUDOQUINA, communiqué à ce fluide une alcalinité très-marquée, mais point de couleur. La lessive, évaporée à siccité, a donné 33 centigrammes de sous-carbonate de potasse très-déliques- cent : car en peu de temps il s’est entièrement réduit en liqueur. Cet alcali, dissout dans l’eau et saturé par l'acide nitrique pur, a été partagé en deux portions égales. Dans l’une l’on mit du nitrate de barite , et dans l’autre du nitrate d'argent. La première fut légèrement troublée, et la seconde ne le fut, pour ainsi dire, pas. Cette cendre ne contenoit donc pas de muriate, et très-peu de sulfate, ce qui est extraordinaire. La cendre lavée s’est dissoute avec effervescence dans l'acide nitrique , moins une petite quantité de matière noire, dont le poids ne s’élevoit certainement pas au-dessus d'un milligramme. Dans la liqueur filtrée, de l’'ammoniaque mise en excès forma un précipité brun qui, recueilli sur un filtre et lavé, pesoit 6 centigrammes. Ce précipité , mis en poudre et traité par l'acide nitrique foible, fut en partie dissout: il resta une poudre noire pesant 6 milligrammes, qui étoit de l'oxide de manganèse très-pur. La portion de ce précipité dis- soute dans l'acide nitrique, étendue d’eau, et mêlée avec de l’oxalate d’ammoniaque, donna un précipité blanc pesant 7 centigrammes foibles, et qui étoit de l’oxalate de chaux. On fit ensuite évaporer la dissolution nitrique, et calciner son résidu pour décomposer le nitrate et l’oxalate d’ammo- niaque , et obtenir l'acide phosphorique qu’on y soupconnoit. ba matière décomposée laissa un résidu concret, d’une cou- leur rouge pourpre, mais qui devint gris-jaunâtre par une chaleur plus forte. Une petite portion de ce résidu, chauffée Ecorce pu SOLANUM PSEUDOQUINA. 217 au chalumeau, se fondit avec la plus grande facilité en un verre transparent légèrement jaune. Chauffé avec une petite quantité d’acide nitrique, il s’est dissout, à l'exception d’un atôme de matière brune que l'acide muriatique n’a pu atta- quer. La dissolution nitrique étendue d’eau, et mêlée avec de l’acétate de plomb, donna un précipité blanc floconneux, pesant 3 centigrammes, fusible au chalumeau en une perle transparente qui est devenue blanche et opaque par le re- froidissement ; mais elle n’a pas présenté à sa surface la cris- tallisation du phosphate de plomb. Après avoir précipité la dissolution nitrique de la cendre par l’ammoniaque, ainsi que nous l'avons dit plus haut, on y a mis de l’oxalate d’ammoniaque, et l'on a obtenu un gramme 90 centigrammes d’oxalate de chaux. La liqueur de laquelle l’on avoit précipité la chaux par l’oxalate de chaux pouvant contenir quelque autre élément soluble dans l'acide oxalique , on la fit évaporer à siccité : le résidu salin qu'elle fournit, calciné fortement dans un creu- set de platine, laissa une matière grise pesant-6 centigrammes, qui étoit principalement composée de magnésie mêlée d’un peu d’oxide de manganèse et de fer. L’écorce du solanum pseudoquina contient donc aussi une petite quantité de ma- gnésie. Aïnsi, la cendre du solanum contient, 1°. du sous-carbo- nate de potasse; 20, du carbonate de chaux; 30. de l’oxide de manganèse; 40. de l’oxide de fer; 50. du phosphate de chaux; 60. de la magnésie. Il est remarquable que cette écorce n’ait offert aucune trace sensible de silice : car il me Mém. du Muséum, 1. 12. 28 - 218 Ecorce pu SOLANUM PSEUDOQUINA. semble que jusqu'à présent on n’a pas trouvé de végétal où la présence de cette matière ait manqué. Cette analyse prouve évidemment que le solanum pseudo- quina a végété dans un terrain évidemment calcaire, mêlé de potasse, de fer et d’oxide de manganèse. L'on pourroit ainsi connoître, à de grandes distances, la nature de la surface du sol où les végétaux croissent, par l'analyse de leur cendre. C’est ainsi que j'ai observé, il y a long-temps , que les céréales semées dans les terres nouvelle- ment-marnées, contiennent beaucoup d’oxalate de chaux, parce que le carbonate de chaux passant dans les plantes à l’aide de l'acide provenant de la décomposition des fumiers, se trouve décomposé par l'acide oxalique qui se forme pen- dant la végétation, et tourne au bénéfice de la nutrition. La matière calcaire n’est donc pas, comme l’ont pensé quelques agronomes , un engrais simplement mécanique. En résumant ce que nous avons exposé dans le cours de cette analyse, nous trouvons que l’écorce de solanum pseu- doquina est composée : 10. D'un principe amer de nature purement végétale au- quel, sans doute, l’écorce doit sa vertu fébrifuge : il en fait environ les 8 centièmes. 29. D'une matière résineuse, un peu soluble dans l’eau, dont la saveur est amère aussi, 2 centièmes. 39, D'une petite quantité de matière grasse visqueuse, 4°. D'une substance animale très-aboudante qui est com- binée, à des sous-malates de potasse et de chaux, et qui, à cause de cela, présente des caractères alcalinis. 59, D'une petite quantité d’amidon, reconnu par la cou- Ecorce pu SoLANUM PSEUDOQUINA. 219 leur pourpre que produit la décoction.de l'écorce déjà épui- sée par l'alcohol et l’eau froide, par son mélange avec la tein- ture d’iode. Go. D’oxalate de chaux dont la quantité s’élève à 5 ou 6 centièmes. 7°. De malate de chaux en quantité inconnue. 80. De malate de potasse en quantité inconnue. 9°. De carbonate de chaux, dont la proportion est au moins de cinq centièmes. 10°. D'’oxide de manganèse en quantité notable, dont une partie est unie à l'acide malique, et l’autre probablement à l'acide oxalique. 110. D’oxide de fer combiné à l’acide malique. 120. D’une très-petite quantité de magnésie. 130, D'un atôme de phosphate calcaire. 140. De matière ligneuse qui fait environ les deux tiers de l'écorce. 28* 220 SUR DES FEMELLES DE FAISANS A PLUMAGE DE MALES. PAR M. ISIDORE GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. Les chasseurs. connoissent sous le nom de Faisans co- quards (1); des faisans qui ressemblent par leurs couleurs à des mäles, dont le plumage seroit terne et décoloré. On a cru long-temps, et l'inspection de leurs couleurs conduisoit naturellement à cette idée, que les faisans coquards sont des mâles malades ou en mauvais état de plumage : mais on sait déjà depuis un demi siècle environ, que ce sont au contraire des femelles, comme l'ont remarqué d'une part ceux qui, élevant ces oiseaux, ont pu suivre leur dévelop- pement, et de l’autre, comme l'anatomie l’a aussi à son tour reconnu et constaté par des dissections. Vicq-d'Azyr et Mau- duit s'étant en effet procuré de ces coquards ou coqs-faisans à plumage terne, ainsi qu'on les appeloit avant eux, l’ins- pection des organes sexuels leur révéla le véritable sexe de ces prétendus mâles. Mauduit, auteur de la partie ornithologique de l'Encyclo- pédie méthodique, est jusqu'ici le seul qui nous ait fourni (1) Le nom de coquards , et quelquefois de faisans coquards , est aussi donné, et même beaucoup plus généralement, aux produits métis de poule et de faisan ; il est important de ne pas confondre ces métis avec les véritables faisans dont il est ici question. RE FEMELLES DE FAISANS À PLUMAGE DE MALES. 2921 quelques documens sur ce fait intéressant : ils sont consignés dans cet ouvrage ( partie ornithologique, t. IL, pag. 3) au mot faisan. « Un fait de leur histoire, dit ce savant, connu des chas- seurs, et dont je ne sache pas que les naturalistes aient parlé, mérite cependant de n’être pas omis : les femelles qui vieil- lissent, et qui ont probablement atteint cinq à six ans, non- seulement cessent d’être fécondes, ou ne le sont que très- peu, ce qui est dans le cours ordinaire des choses, mais elles prennent un plumage qui tient de celui du mäle, et qui en approche d’autant plus qu’elles sont plus vieilles, en sorte qu’elles ressemblent à un mäle dont le plumage seroit terne et décoloré. » Il nous apprend ensuite qu'il a disséqué un coquard, vers 17970; que Vicq-d’Azyr en a depuis disséqué plusieurs, et que tous étoient des femelles, où presque toujours l'ovaire étoit, selon son expression, « si oblitéré qu’on n’a pu le décou- vrir. » Il ajoute qu'un inspecteur des chasses de la forêt de Saint-Germain a aussi reconnu que les vieilles poules fai- sanes qui ne pondoient plus, ou ne pondoient que très-peu, prenoient un plumage approchant de celui du mâle. « Ce fait, dit-il en terminant, a sans doute échappé dans les faisan- deries, parce qu'on n’y conserve que de jeunes femelles, et on l’a depuis vérifié par rapport à la femelle du faisan doré ‘de la Chine, parce qu’on conserve ces animaux rares tout le temps de leur vie. » Telles sont les observations de Mauduit qui s’est, comme on le voit, borné à noter et à constater le changement de plu- mage; et personne, depuis ce savant, n'a donné attention. 222 FEMELLES DE FAISANS à cet intéressant phénomène physiologique, qui même n'a été mentionné que dans un très-petit nombre d'ouvrages d’ornithologie (r). Aussi ne me paroît-il pas sans quelque in- térêt de faire connoître deux faits analogues que j'ai eu occa- sion de recueillir récemment, et qui sont beaucoup plus complets, en ce que mon observation s’est étendue à un plus grand nombre d'années; ce qui me permettra de donner, sur les circonstances du changement de plumage, des détails plus ou moins intéressans, et de faire voir que le passage, que Mauduit n’a jamais vu s’opérer que partiellement, peut aussi s'effectuer de la manière la plus complète. (1) Voyez l'Histoire naturelle des’ Gallinacés, de M. Temminck, et le Dic- tionnaire d'histoire naturelle, ouvrage où les articles d’ornithologie ont été-faits par notre savant compatriote, M. Vieillot. Voyez aussi la Philosophie anatomique de mon père. Je citerai même ici un paragraphe de ce dernier ouvrage qui ren- ferme , non-seulement l'indication , mais de plus l'exposé des causes et l'explication physiologique du phénomène qui fait le sujet de ce mémoire. « ……. Ces développemens donnent la clef de bien d’autres phénomènes. La diffé- rence entre les sexes est d'autant plus forte, que les femelles livrent une plus grande quantité de produits de génération. Et, en effet, la surabondance de la nourriture, pour me servir d’une expression de Buffon, qui reçoit ici une juste application, se répartit très-inégalement entre les sexes, surtout chez les oiseaux ; la richesse et les vives couleurs du plumage chez ces derniers sont des signes ex- térieurs qui témoignent de toute l'énergie vitale des mâles, comme l’abondance des pontes témoigne de la puissance génératrice des femelles; laquelle, pour se manifester, n'a pas même besoin des excitations de l’autre sexe. La tristesse du plumage chez les femelles d’oiseaux tient si manifestement à une prédominance partielle et locale de sang artériel, à celle du sang, dont les afllux énergiques sont réservés aux organes de la génération, que, lorsqu'elles cessent de pondre, et qu'il n’est plus en elles d’organe, sous ce rapport, privilégié , elles reprennent les formes et le plumage du mâle; non entièrement, il est vrai, mais tout autant que cela devient possible dans un âge qui touche à célui de la décrépitude. » APhil. Anat. tom.2, pag. 360.) = + a ll A PLUMAGE DE MALES. 223 - L’une des deux observations que je vais rapporter, a été faite sur un individu de l'espèce du faisan argenté, phasta- nus nycthemerus; et l'autre, sur un de notre espèce com- mune, phastanus colchicus. . Cette dernière femelle avoit été élevée dans la faisanderie du Muséum : elle cessa de pondre environ à l’âge de 5 ans, et le changement de plumage commença à devenir apparent vers la même époque. Il se mamifesta d'abord sur le ventre, qui prit une teinte plus jaune, et sur le col, qui se colora plus vivement, et bientôt tout le corps eut changé de couleur. L'année suivante, les teintes de ses plumes prirent encore beaucoup plus de l'éclat et de la vivacité de celles du mâle, et dès lors il fut possible de dire que la poule faisane étoit semblable à z7 rn&le dont le plumage seroit terne et décoloré. Enfin, l’année suivante, c’est-à-dire la troisième depuis que le changement de coloration avoit commencé à se manifester, son plumage ayant pris encore un nouvel éclat, il devint pres- que impossible de ne pas se méprendre sur son véritable sexe, d’après la seule inspection de ses couleurs, surtout lorsqu'on n'avoit pas en même temps qu'elle un faisan mäle sous les yeux: car la ressemblance étoit très-grande, mais non pas en- core entièrement parfaite. Tel étoit l’état du plumage de cette femelle, vers l’âge de huit ans : elle mangeoit bien, jouissoit d’une bonne santé; et tout pouvoit faire espérer de lui voir l’année suivante revêtir. le plumage parfait du mäle, lorsqu'un accident la fit périr inopinément. Elle avoit toujours vécu , comme les autres poules faisanes, avec des mâles; mais depuis que le change- ment de ptumage avoit apparu, elle n’étoit plus pour eux 224 FEMELLES DE FAISsANS qu’un objet indifférent : elle-:mème, depuis la même époque, ne les cherchoit ni ne les évitoit plus, se confondant ainsi avec eux sous plusieurs rapports, autant par ses manières que par son extérieur. . Lors de sa mort, son plumage ressembloit tellement à ce: lui d’un male que des personnes habituées à voir et même à soigner des faisans, furent trompées par ses couleurs, et crurent que c’étoit un màle qui venoit de périr. Néanmoins, la ressemblance n'étoit pas encore complète, comme nous allons la voir dans le second fait que j'ai maintenant à rap- porter. Celui-ci nous présentera beaucoup plus d'intérêt, parce que l'observation est beaucoup plus complète, ayant été continuée pendant quatre ans et demi; et, si j'ai fait con- noître le premier, c’est principalement afin de pouvoir ap- précier mieux et d'une manière plus générale Jes circons- tances que présente le changement de plumage, et deconnoître le laps de temps dont il a besoin pour s’opérer. J'ai déjà dit que ce second fait avoit été observé sur une femelle de l'espèce du faisan argenté : elle avoit été élevée en société avec un mâle, dans la maison de campagne d’un an- cien ami de ma famille, M. Montaud, notaire à Paris; mais dans sa vieillesse, elle fut donnée au Muséum. Celle-ci ne commença à passer au plumage du mâle qu’à l'âge de huitou dix ans; beaucoup plus tard, par conséquent, que l’autre poule faisane dont j'ai parlé. Une autre circons- vince remarquable, c’est qu’elle avoit déjà cessé de pondre depuis trois ou quatre ans, lorsque le changement commença x devenir apparent: pour l’autre poule faisane au contraire, NT a ne tanste nt mio es 1 A PLUMAGE DE MALES. 225 le commencement de ce phénomène et la cessation des pontes avoient coïncidé. Des plumes blanches qui se meélèrent aux plumes brunâtres de l’état normal, annoncèrent d’abord le passage aux couleurs du mâle. Ce passage se prononça da- vantage l’année suivante; mais ce ne fut véritablement que la troisième année qu’on put dire le changement opéré. La qua- trième année, la ressemblance devint complète, la huppe et la queue s’étant même allongées à l’égal de ce qui se voit chez les mäles, en même temps qu’elles se paroïent des plus vives couleurs : et cette circonstance doit être notée, puisque nous voyons changer, non plus seulement la coloration des plumes, mais même leurs proportions naturelles. La cinquième année, la ressemblance étoit identique, et la poule faisane représen- toit un mâle, orné de la plus brillante parure. Le mäle vivoit encore à l’époque où le changement avoit commencé à paroître: sans doute, à cause que cette poule faisane étoit son unique compagne, elle ne lui étoit pas encore devenue indifférente; celle-ci au contraire le fuyoit, parois- sant quelquefois importunée de sa présence. Cependant le mâle étant venu à mourir, elle parut ennuyée de son isole- ment; ce qui fut cause qu'on en fit bientôt don au Muséum, où elle vécut quelque temps. Mais bientôt les infirmités de la vieillesse firent regarder sa mort comme prochaine, et, dans le désir de conserver sa dépouille dans toute sa beauté, on se décida à la tuer, avant que l'éclat de ses plumes ne püt disparoître par l'effet de quelque maladie. Lors de sa mort, dont l’époque, comme on le voit, a même été avan- cée, elle avoit 13 ou 14 ans; et il y avoit 4 ans et 6 mois en- viron que le plumage avoit commencé à changer de couleur. Mém. du Muséurn. t. 12. 29 226 FEMELLES DE Faisans Elle ressembloit alors exactement au mäle dans son plus beau plumage, comme on peut s’en convaincre en examinant sa dépouille aujourd’hui placée dans les galeries de zoologie du Muséum. On à aussi eu le soin de conserver les organes sexuels: leur dissection a montré à côté de l'ovaire, oujours subsistant , deux petites languettes paroissant les vestiges des derniers ovules échappés du sac ovarien. L’ad-uterum (1), de forme ovoide, étoit très-distinct. La présence de l'ovaire est im- portante à noter, à cause des observations à ce sujet de Mauduit et de Vicq-d'Azyr. Les plumes tombées dans les années qui ont précédé la dernière mue, ont aussi été conservées par les soins des pos- sesseurs de l’oiseau ; et c’est à cette circonstance, ainsi qu'aux renseignemens qu'ils ont bien voulu me fournir, que je dois la connoissance d’une grande partie des détails que je viens de donner. On voit donc qu’une femelle de faisan peut , dans un cer- tain laps de temps, revêtir exactement le plumage du mâle; l'absence de l’ergot, et le peu de développement de la mem- brane rouge cireum-orbitaire, restant les seuls (2) irdices de son véritable sexe. (1) Mon père a nommé ad-uterum ce qu’on appelait avant lui cornes de la ma- trice. Voy. Phil. anat., tome 2, pag. 393. (2) En effet, la voix même d’une vieille femelle change aussi en même temps que les couleurs de son plumage, et devient alors, comme on l’a remarqué très- anciennement, semblable à celle du mäle. Ce fait est, du moins à l'égard des poules, tres-bien connu dans les campagnes , où même le changement de voix est regardé comme un signe malheureux ; opinion qui a sans doute son origine dans l'observation qu’on aura faite, que les poules qui prennent la voix du coq, devien- nent aussitôt stériles. sé. A PLUMAGE DE MALES. 227 Etici, je dois même remarquer, que l'absence ou la présence de l’ergot lui-même ne doivent sans doute pas être mises au nombre des caractères qui distingueront constamment un sexe de l’autre : car il n’est pas tellement le partage exclusif du mäle, qu'on ne le retrouve quelquefois chez la femelle, dans des espèces même où le premier est ordinairement seul éperonné, comme chez la poule , par exemple. Le faisan étant réduit en domesticité comme elle, et s’en rapprochant beau- coup par son organisation, n’est-il pas possible que ces dé- veloppemens anomaux aient pareïillement lieu chez lui? A la vérité, lorsqu'un ergot vient à se développer par anomalie chez une femelle, outre qu'il est le plus souvent de moindre volume que celui qui arme le tarse du mâle, il porte presque constamment les caractères d’un organe anomal et comme pathologique. Aïnsi, dans le plus grand nombre des cas, les deux ergots ont un développement fort inégal; et très-sou- vent même, tandis qu'une patte est très-fortement éperon- née, l’autre ne l’est pas du tout: et par là il arrive qu’on peut souvent distinguer, de son mâle, une femelle venant à lui ressembler par la formation anomale d’ergots, même en ne se fondant, pour arriver à cette distinction, que sur la considération de ces organes eux-mêmes. Quoi qu’il en soit, la possibilité de la mutation complète de plumage, fait important et qui n’avoit encore été ob- servé mi par Mauduit ni par aucun autre ornithologiste, étant bien constatée, devons-nous en conclure la possibilité d’une mutation complète de plumage, dans d’autres es- pèces, soit du genre phasianus, soit de tout autre genre ? Ce seroit, je crois, user d’une réserve bien exagérée que de * 29 228 FEMELLES DE Farsaws ne pas l’admettre pour les espèces du méme genre, où l’on a vu le changement s’opérer en partie, comme sont le faisan commun et le faisan doré, et même pour quelques autres espèces extrèmement voisines, comme est le faësan à collier (phasianus torquatus ). En prenant l’analogie pour guide, on seroit même tenté de donner à ces conclusions beaucoup plus de généralité, et il y a réellement plusieurs faits qui pourroient ici venir à l'appui de l’analogie. Ainsi, plusieurs voyageurs ont fait des récits qui ne s'expliquent bien que par la supposition qu’ils ont parlé de femelles à plamage de mäles plus ou moins complet. M. Dufresne, chef du labora- toire de zoologie , m’a assuré que les femelles de cotingas de- viennent, dans la vieillesse, semblables à leurs mâles. M. Flo- rent Prévost a vu le changement de plumage commencé chez plusieurs femelles de pinsons; et la même observation a été faite aussi à l'égard de la femelle du rouge-queue, et de celle de notre étourneau. Enfin, je pourrois faire remarquer que des faits analogues s’observent même dans des animaux d'organisation très-différente, et dans l’espèce humaine elle- mème. Ainsi chez beaucoup de femmes, après la cessation des règles, le menton et Ja lèvre supérieure se garnissent d’une véritable barbe : phénomène dont on ne peut nier le rapport avec le développement du plumage de nos poules faisanes. On auroit tortcependant, malgré ces analogies remarqua- bles, de faire de ce phénomène un fait général : car il y a des espèces d'oiseaux où il paroît ne s’observer jamais. Ainsi, quelque considérable que soit le nombre de paons qui ont fait partie de la ménagerie du Muséum , et quoiqu’on y laisse À PLUMAGE DE MALES. 220 toujours ces oiseaux périr de leur mort naturelle; quoique, par conséquent, beaucoup de femelles aient dû y mourir de vieillesse, on n’a jamais remarqué pour aucune le même phé- nomène observé assez fréquemment d’ane manière plus ou moins complète pour des poules faisanes; car, outre les deux exemples que j'ai rapportés, je pourrois en citer plusieurs autres, comme celui d’un autre individu de l'espèce commune, chez lequel le passage s’est opéré assez complétement au Mu- séum, il y a 12 ou 15 ans. J’ai même vu ce changement com- mencé chez plusieurs poules faisanes dorées. Il est à noter que le paon et les faisans, quoique différant beaucoup sous le point de vue qui nous occupe, sont cepen- dant tous deux des gallinacés, et même des gallinacés de gen- res très-Voisins : rapport qui rend notre exemple encore plus frappant. Remarquons encore que le jeune faisan mâle, et la poule faisane lorsqu'elle commence à vieillir, sont dans les mêmes conditions, quant au point qui nous occupe. Tous deux ont le même plumage; tous deux auront encore dans un temps plus ou moins éloigné le même plumage , celui du mâle adulte : le même changement doit donc s’opérer chez l’un et chez l’autre; et il étoit naturel de penser qu'il se feroit de la même manière, avec la seule différence de plus de promptitude dans un cas, et de moins dans l’autre; en sorte que le jeune mâle feroit en un certain nombre de mois le même progrès qui auroit besoin d’un certain nombre d’an- nées pour s'effectuer chez la femelle. C’est ce qui n’est pas; et il suflira de comparer les descriptions de jeunes mâles données par les ornithologistes avec les détails que j'ai indi- 230 FEMELLES DE FAISANS qués quant aux vieilles femelles, pour s’apercevoir que dans l’un et dans l’autre cas, le changement s’opère d’une manière différente; et en effet, il n’est jamais possible de dire d’une vieille poule faisane chez laquelle ce changement a com- mencé, qu'elle a le plumage d’un jeune faisan de tel ou de tel âge. C’est une chose très-remarquable que cette diversité de circonstances avec lesquelles le même effet peut se produire. Quoi qu'il en soit, les observations de Mauduit avoient déjà montré, que les poules faisanes ressemblent dans leur vieil- lesse à des mâles; que le changement de plumage s'opère peu à peu, se prononçant toujours de plus en plus à mesure que l'animal vieillit davantage; et que l'ovaire est si rudimentaire dans plusieurs de ces femelles à plumage de mäles, qu’on ne le retrouve plus. Il étoit présumable que celles dont lovaire a ainsi disparu, sont celles chez lesquelles le changement est le plus complet: ce qui n’est pas, puisque cet organe ne s’est pas trouvé chez des femelles qui ne ressembloient qu'incom- plétement aux mâles, tandis que je l'ai retrouvé chez celle où nous avons vu la ressemblance absolument complète. A ces résultats, les observations que j'ai rapportées ajou- tent ces faits, que le changement de plumage commence beau- coup plus tôt chez des femelles que chez d’autres; qu'il peut ne se manifester que plusieurs années après la cessation des pontes, quoiqu'il doive dépendre d’une manière plus ou moins directe de ce phénomène, avec lequel il peut aussi coincider; que c’est ordinairement dans la quatrième année que le changement se complète; qu'alors la femelle n’a pas seulement les couleur:, mais qu'elle a aussi l'éclat du mâle, auquel elle ressemble même par les divers ornemens de son — A PLUMAGE DE MALES. 231 plumage; que le passage des couleurs ternes au plumage brillant du mâle adulte, se fait d’une manière toute différente chez un jeune mâle et chez une vieille femelle, quoique fi- nalement, chez l’un comme chez l’autre, le résultat soit exac- tement le même ; enfin, que le changement de plumage des vieilles femelles, chez les oiseaux, n’est pas un fait absolument général, et qu’on n'est même pas certain, parce qu’on l’a observé dans un genre, de le retrouver dans les autres genres de la même famille, quoique d’un autre côté plusieurs grou- pes, même fort éloignés , paroissent offrir des exemples de ce phénomène remarquable. 232 SUR LES HABITUDES DES CASTORS. PAR M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. Ü: castor a vécu à la Ménagerie du Jardin du Roi il y a quelques années. Il provenoit de castors du Rhône, qui vivent isolément à la manière des rats d’eau. Cependant, d’après ce qui s’est passé sous mes yeux, il faut bien que, quand ils s’y voient contraints, lesicastors sachent recourir à des conditions natives, pour trouver des ressources qu’ils opposent à des contrariétés inattendues. Notre castor n’avoit pour se défendre des grands froids d’hiver qu’une litière alors un peu plus abondante : il arriva qu'une nuit le froid devint plus vif; les volets de la loge fermoient mal, et notre castor dut songer aux moyens de se sous- traire aux effets d’une température devenue très-rigoureuse. On avoit coutume , afin de l’occuper la nuit et de fournir un aliment à son goût pour ronger, de lui donner une certaine quantité de branches fraîches. Ce bois étoit trouvé écorcé le lendemain. Enfin on ne manquoit pas, avant de l’enfermer par l'abaissement de son volet fait en maniere d’auvent, de lui donner aussi le soir ses vivres, consis= tant en legumes et fruits. Il avoit neïgé, et de la neige s’étoit amassée dans un coin de sa loge. Tels furent autant de matériaux à la disposition du castor et dont il détourna l'usage en les employant, cette fois, à se former une muraille qui le défendit de l'air extérieur et du froid. Il se servit de ses branches d'arbre pour les entrelacer aux barreaux de sa loge. Ce travail répondoit parfaitement à celui des vanniers qui entrelacent leur paille à l’entour de principales tiges, allant de l’une à l'autre par des contours divers. Les branches ainsi entrelacées laissoient des intervalles : le castor y plaça tout ce qui lui restoit, ses carottes, ses pommes et sa litière : selon les vides laissés, chaque sorte étoit coupée de manière à remplir tous ces interstices. Enfin , comme si l'animal eût compris qu’il falloit revêtir le tout d’un ciment plus compact , il employa la neige à remplir les plus petits vides restés. La muraille fut faite dans les deux tiers de la baie : tout ce qui lui avoit été donné, c’est-à- dire , sa nourriture , dont il se passa, fut appliquée à cette construction. Il arriva le lendemain que la neige s'étant gelée entre les branches et le long des parois de l’auvent, celui-ci fut trouvé adhérent à la nouvelle muraille. On réussit cependant à débarrasser l’auvent, et l’on démasqua de cette manière la muraille construite par le castor. Le garçon de service fut si émerveillé de cette œuvre imprévue, qu'il vint m'en faire part avant de rien déranger. 233 SUR DE NOUVEAUX ANENCÉPHALES HUMAINS, Confirmant par l'autorité de leurs faits d’organi- sation la dernière théorie sur les monstres, et fournissant quelques élémens caractéristiques de plus et de nouvelles espèces au genre Anex- CÉPHALE. PAR M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. J'x décrit, page 125 du second volume de ma Pzxlosophie anatomique, un Anencéphale humain, qui, caractérisé par le manque absolu de substance médullaire spinale et céré- brale, est ainsi devenu letype de mon genre Ænencéphale ; ayant alors prévenu que j’employois ce terme dans un sens plus restreint que d'ordinaire, et conformément à ses don- nées étymologiques. Je fus d’abord attentif à la fréquente apparition de cette sorte de monstruosité. En effet, l’année 1821 vit donner le jour à deux espèces : à l'Ænencéphale de la Seine, né en mars, et à lArencéphale de Corniéille qui parut six mois après. À ces exemples, et très-probablement à beau- coup d’autres faits du même ordre , dont la nouvelle ne se Mém. du Muséum. t 12. 30 234 ANENCÉPHALES HUMAINS. sera point répandue dans le cercle borné de mes relations, on aura à ajouter deux autres espèces, l'Ærencéphale de Bras, né en novembre 1823, et l'Anencéphale de Patare, né en septembre 1824. Ce retour des mêmes aberrations, en se faisant remarquer par la fixité de leurs caractères, semble reproduire des formes aussi franchement arrètées que toutes celles de la zoologie normale, qu'amène la succession des êtres réguliers. $ I: De ces deux derniers événemens de monstruosité, en ce qu'ils confirment par l'autorité de leurs faits ma nouvelle théorie sur la formation des monstres. 10, L’Anencéphale de Bras. Tel est le nom donné à une nouvelle monstruosité humaine par M. le docteur Roux, de- meurant à Saint-Maximin, ville du département du Var. La Société médicale d’Emulation a recu en octobre 1824 le mémoire de ce médecin contenant son observation : deux dessins fort exacts y étoient joints; et depuis, le sujet lui-même me fut adressé. En faisant aujourd’hui usage de ces maté- riaux, je cède aux instances pleines d’obligeance de M. le docteur Roux. Son mémoire, où cet habile médecin fait preuve de connoissances approfondies sur la matière, et une notice (1) également publiée par le chirurgien du village de Bras, M. Arlaud, qui a reçu l’enfant, me paroiïssent contenir tous les documens désirables. Madame E. T., jeune et jolie personne, accoucha d’un (1) Voyez cette notice , publiée dans le Journal Médico-chirurgical du War n°. 9, page 11, sous Je titre de Mémoire sur un fœtus acéphale. ANENCÉPHALES HUMAINS. 23h Anencéphale vers la fin de novembre 1823, huit mois après la célébration de ses noces : elle eût goûté tous les avantages d'une position heureuse, et connu sans doute en son temps les douceurs de la maternité, sans les poursuites encore plus bizarres que cruelles du père de son époux. Cet homme se mit dans l'esprit de guérir sa bru d’une certaine disposition à la frayeur; et le moyen qu'il employa auprès de cette jeune femme déjà intimidée, fut de lui jeter, vers le troisième mois de ses noces, et très-probablement aussi de sa grossesse (1), pendant son sommeil, et sur son lit, un crapaud énorme. Madame E. T., éveillée par cette action brutale, jeta de hauts cris, quitta précipitamment sa couche et tomba au même moment en syncope. Cela fut considéré par le joyeux beau-père comme un motif de plus pour recommencer le cours de ses platsanteries; eu il fit si bien qu'il réduisit sa belle-fille à aller chercher un asile sous le toit paternel, au village de Bras. Madame E. T. ressentit après sa syncope de violentes douleurs dans les lombes, à l’hypogastre et au pli des cuisses : d’autres symptômes furent la diminution de l'appétit, un sentiment plus continu d'effroi, la perte du sommeil : elle fut d'autant plus incommodée qu’elle approcha davantage du terme de sa délivrance, où étant parvenue, elle fut tout à coup prise de refroidissement : son accouchement, précédé par huit jours de très-violentes douleurs à l'hypogastre, parut plutôt offrir le caractère d’un avortement. ES Seb is nr = 2e tn} BEs (1) On a conservé la date de cet événement, de laquelle il résulte que cette dé- plorable plaisanterie eut lieu dans la 76°. journée après le mariage. JO 236 ANENCÉPHALES HUMAINS. M. Arlaud, qui rapporte ces faits, a aussi raconté que les femmes présentes à l'accouchement prirent le nouveau-né pour un crapaud : ce mot fut par toutes spontanément mêlé à leurs cris de surprise et d’effroi. M. le docteur Roux donne avec exactitude tous les faits génériques de l’Ærencéphalie : ils offrent une telle confor- mité avec ceux que j'ai présentés dans le deuxième volume de ma Philosophie anatomique, que je me borne à en faire la remarque. Je ne citerai que la description des mem- branes du haut de la tête, formant un lambeau irrégulier -qui pouvoit atteindre les dernières vertèbres du dos. C’étoit une membrane ovalaire, mince, à bords légèrement saignans et paroissant récemment déchirés : elle formoit poche au- dessus du dos; une sérosité abondante s’en étoit répandue. Il n'y eut d'apercu qu’un seul écoulement de fluides, à quoi l’on ajouta que la percée des eaux s’annonça par un bruit sourd que tous les assistans entendirent distinctement. Je suppose que c’étoit plutôt l'ouverture de la poche monstrueuse et dorsale qui fit explosion. Le fœtus étoit du sexe féminin. 20, L’Anencéphale de Patare. Ce monstre, aussi du sexe féminin, est né vers les dix heures du soir, le 26 septembre 1824, à l’hospice de la Maternité. Le toucher avoit fait croire à quelque chose d'extraordinaire; ce qui n’empêcha pas que l'accouchement ne füt facile, prompt et naturel. Mais on va voir qu'on étoit loin de s’y attendre. Les dou- leurs étoient fortes, le travail avançoit et les eaux avoient percé d’elles-mêmes. Épanchées depuis un quart-d'heure, elles étoient dans une telle abondance qu'on les estima au triple de la quantité ge um, ANENCÉPHALES HUMAINS. 237 ordinaire. On s’attendit à un accouchement laborieux, et pour avoir à y procéder avec plus de facilité, on fit prendre à la malade une position particulière sur le bord du lit. Cependant on se dispose : une élève sage-femme approche une lampe du lieu de la scène, quand tout à coup le fœtus prend de lui-même son départ : son mouvement est rapide. Il est lancé (il saute, m’a-t-on rapporté ) sur la lampe qu'il éteint. Mais il fait mieux, car il arrive avec d’amples bagages. I est suivi de son placenta que la sage-femme de service, qui est un moment dans l'obscurité, recoit dans son autre main, sans trop savoir ce que signifie cette nouvelle évacuation. L'embarras de la sage-femme augmente encore par l'épan- chement de nouvelles eaux; car tout échappe à la fois du sein maternel, tout arrive sur elle, ses mains soutenant chacune ces produits de l’enfantement. Mais voilà bien d’autres sujets de surprise, du moment qu’elle eut remis son dépôt dans une autre partie de la salle, éclairée et préparée pour recevoir l’enfant. Cet être qui vient de faire une si brusque entrée dans le monde, regarde fixe- ment les assistans : c’est un monstre à traits hideux. Sa tête est enfoncée dans les épaules et abaissée par devant : ses yeux sont saillans et ouverts : le crâne est déprimé, rompu et concave, le museau avancé : le cou manque, et le dos est large et pelé : enfin son attitude, toute sa physionomie ne rappellent, et ne donnent aussi l’idée que d’un crapaud. On ne se défendit pas d’un peu d’effroi, et l’on ne se rassura que lorsque la réflexion eut ramené à l’idée d’un bien moins grand désordre; quelqu'un s'écria : c'est un singe, une ma- nière de singe. 233 ANENCÉPHALES HUMAINS. Mais l'esprit revenu de toute surprise, on connut que c'étoit une #?//e mal conformée dans toutes les parties pos- térieures du tronc et de la tête, une fille Ærencéphale. Ses voies aériennes étoient obstruées, et elle termina, après deux à trois mouvemens spasmodiques, dans le milieu at-= mosphérique, sa vie passée dans l'utérus; n’ayant ainsi recu au commencement de toutes choses pour elle, qu’une via- bilité semblable à celle des poissons, que des conditions organiques pour exister dans un milieu aquatique. Pour placer de suite tous les faits qui m'ont été communi- qués, et dont je suis allé recevoir quelques-uns de la bouche même de l’accouchée, je continue à donner ces informations, comme il suit. C’est le premier enfant que la femme Pafare ait mis au monde : ses occupations ne l’astreignoient à rien de pénible : elle alloit en journée comme couturière : sa complexion étoit foible, sans être valétudinaire. Enfin elle prenoit vingt-quatre ans, lorsque ignorant qu’elle étoit enceinte, elle fut un soir saisie d’une frayeur extrème : deux de ses compagnes, à titre d’amusement, lui causèrent cette frayeur, en arrivant inopi- nément et brusquement sur elle, comme elle passoit sans lumière d’une chambre dans une autre. Cet événement, dont on a calculé l’époque, si toutefois on peut faire grand fond sur les souvenirs vagues qui ont servi d’élémens à ce calcul, auroit surpris l’accouchée vers trois semaines (1) de sa gros- sesse. Cependant elle se rassure bientôt et se met à rire elle- même de sa frayeur; mais ce n’est pas sans être avertié d’un (1) Vers sept semaines au contraire , si la gestation a fini à son liuitième mois. B. ANENCÉPHALES HUMAINS. 239 changement dans sa santé : car elle fut incontinent affectée d'un peu de froid, qu’elle ressentit durant six semaines aux pieds et dans la partie inférieure du dos. Depuis, et étant fort avancée dans sa grossesse, il lui pre- noit envie de repousser l'idée qu’elle étoit enceinte, en s’aper- cevant que son fruit ne se conduisoit pas en elle comme elle croyoit savoir que cela se passoit chez les autres femmes : elle sentoit un corps rond et dur qui ne se culbutoit, ni se renversoit jamais sur lui-même. Ainsi au lieu de remuer à l'ordinaire, il lui sembloit que ce corps glissoit de haut en bas et que par un contre-mouvement semblable, il reprenoit bientôt sa première place : ou bien il lui sembloit encore que ce corps dur tendoit à se détacher de gauche à droite ou de droite à gauche. Je vais reprendre ces faits et les développer dans les con- sidérations suivantes. Premièrement. L'événement qui auroit modifié l’état de santé de la femme Patare, est, à quelques nuances près, la répétition d’un fait que j'ai rapporté page 517 de mon ou- vrage, et qui affecta la mère de l'Ærencéphale de la Seine. On arriva de même inopinément et brusquement sur cette femme, qui aussi étoit dans un commencement de grossesse : elle crut entendre que son mari avoit péri dans l'incendie de Berci, et elle tomba évanouie. Sept mois et trois jours après, c’est-à-dire, le 2 mars 1821, cette femme mit au monde l'Anencéphale , dont j'ai donné une description étendue. La même influence, bien plus sûrement encore, troubla l’état de santé dont avoit toujours joui la mère de lÆnencéphale de Bras : la brusquerie des brutales plaisanteries de son 240 ANENCÉPHALES HUMAINS. beau-père la bouleversèrent, et son malaise continuel dans la suite en fut la déplorable conséquence. Secondement. La femme Patare, en rendant compte de ses sensations durant la seconde époque de sa grossesse, semble encore reproduire un récit que j'ai rapporté d’après une communication du médecin de Commerey, M. Dumont; récit concernant une autre mère d'Anencéphale, celle de l’'Anencéphale de Corniéville , néle 27 septembre 1821 ; cette femme sentoit remuer son enfant, mais plus foiblement : « IT lui sembloit que c’étoit une bête qui grayissoit dans » son corps: du moins ce n’étoit ni les mêmes sauts, ni les » mèmes culbutes qu’à l'ordinaire. » Voyez PArl. anat., page 524. Trorsièmement. Lie double épanchement des eaux ob- servé chez la femme Patare, a aussi formé le principal trait caractéristique de l’accouchement du 2 mars 1821. « Les eaux percent : elles sont limpides et sans couleur. L'enfant est reconnu par le toucher : mais au lieu de céder à des efforts pour son extraction, il paroit retenu. On cherche à recon- noiître et à surmonter ces obstacles, et l’on espère un heureux résultat d’une traction faite avec un ongle. Mais, chose in- attendue! on a ouvert une autre poche, et donné issue à de nouvelles eaux qui coulent en abondance et qui cette fois sont troubles et roussätres. Ce second épanchement survient deux heures après le premier. » Extrait de la PArlosoplue anatomique, L. 2,p. 191 et 132. Quatrièmement. Je rappellerai que j'ai posé en fait que l’ordonnée (1) de {oute monstruosité réside dans des brides qui (x) De telles ordonnées viennent combiuer leurs influences avec celles toutes ANENCÉPHALES HUMAINS. 241 attachent le fœtus à une partie de ses enveloppes. Privé de connoître les rapports d’un Ænencéphale avec son placenta, je regrettai de ne les concevoir, à l'égard de ce monstre, qu'à titre de déduction théorique; je me flattai cependant qu'une prochaine occasion d’en être informé @ postertort ne tarderoit pas à naître : et c’est effectivement cette vérifi- cation que me procurent les observations précédentes ; car des brides placentaires sont réellement aussi le fait primitif de l'Anencéphalie, puisque d’une part, c'est parce que l4- nencéphale de Patare adhéroit à son placenta, qu’ils sont sortis l’un et l’autre et ont été produits ensemble; et d'autre part , des adhérences dans le sein maternel peuvent seules priver les fœtus de leur faculté d'action et de la liberté de mouvement, qui les caractérisent dans l’état normal. Conclusion de cette première partie. Les faits qui précè- dent, venant à s'accorder sur tous les points avec ceux que j'ai rapportés dans mon ouvrage, me paroissent appuyer, de leur autorité et pour leur part, la nouvelle théorie que j'ai proposée sur la formation des monstres. On concoit, en effet, comment d’aussi violens saisissemens peuvent troubler une organisation en marche de développe- ment, introduire un désordre persévérant dans un travail aussi frèle, y produire enfin l’aberration de la force plastique. C’est une succession de causes et d’effets dont l'esprit peut facilement suivre l’enchainement. La surprise, la frayeur, toutes ces vives excitations donnent lieu à des efforts ex- puissantes et plus universelles du nisus formativus; terme de l'invention du célebre Blumenbach, mais dont j'ai cru devoir fixer le sens avec plus de rigueur, en le traduisant par tendance à formation normale. Mém. du Muséum. À. 12. 37 242 ANENCÉPHALES HUMAINS,. traordinaires de contraction musculaire. La matrice en de- dans de laquelle l'œuf fait de continuels efforts pour aug- menter de volume, et quiest comme bandée autour de ce corps réagissant, n’ést pas en vain brusquement ramenée sur elle-même : la violence de la secousse fait éprouver quelques légères dilacérations aux enveloppes fœtales, assez pour que le fluide dans lequel nageoït le fœtus suinte à travers : ce fluide extravasé, la matrice se rétracte et se ramasse sur elle- mème : les enveloppes fœtales sont appliquées sur l'embryon : en contact par quelques points avec leurs parties dilacérées, l'embryon contracte sur les fentes de celles-ci de nom- breuses adhérences. Aïnsi, et à ce moment, s’établissent des brides placentaires : ainsi, et à ce moment, commence la monstruosité. Car il y a bientôt sur un point quelconque anastomose et fusion des systèmes sanguins de embryon et des enveloppes placen- taires : un rameau artériel qui se fût répandu dans l'embryon et qui eût contribué à accroitre le point de son immersion, s'étend par delà et se porté en rampant sur les brides , jusque sur les membranes de l’œuf. Dans d’autres occasions, ce sont ces brides qui s'opposent à la libre disposition du système artériel. Ainsi s'expliquent les calibres monstrueusement dif- férens des artères : puis, comme sont les artères, sont en raison de leurs volumes respectifs les organes où elles se distribuent. M. Serres, qui a répandu un si grand jour sur ces faits, a déjà donné et continuera à exposer par eux la théorie de l'hypertrophie et de l’atrophie des organes. Il ne, faut donc que quelques brides pour qu’un organe pré-destiné ne soit pas produit, pour qu'ainsi le fœtus soit ANENCÉPHALES HUMAINS. 243 privé de l'un de ses appareils, pour qu'il y ait sur un point quelconque, comme Meckel l’avoit, dit avant moi, z20ns- truosité par retardement de développement (1). Sur ce pied, les monstruosités n’offrent plus rien d’embar- rassant pour l'esprit : un monstre n’est qu'un fœtus sous les communes conditions, mais chez lequel un ou plusieurs or- ganes n'ont point participé aux conformations successives qui font le caractère de l’organisation. L’être organisé qui se présente sous une forme anomale, n’est pas malade dans l'acception généralement recue de ce mot, il est seulement monstrueux, en ce sens qu'il ne jouit pas d’une organisation aussi perfectionnée, aussi riche que celle qui appartient au type de l’espèce dont il fait partie (2). (1) Quelques personnes ont imaginé de relever cette expression, et d’y voir une doctrine toute entière sur la formation des monstres. Pourquoi tant de zèle et de justice, seulement en faveur des étrangers? On disoit autrefois monstruosité par défaut. On croyoit alors exprimer un fait sensible et simple, et il n’étoit venu à l'esprit de personne d’éleyer cette locution au degré d’une explication. Ce n’est pas qu'iln”y ait une différence réelle entre les deux désignations, Une monstruosité par défaut de complément d'organisation et une monstruosité par retardement dans le développement de quelques parties organiques ne sont pas choses absolu- ment semblables. La dernière idée est exprimée avec plus de finesse, de justesse et de concision ; car elle s'applique, si je ne me trompe, aux cas invariablement réalisés par des obtacles intervenus à l’improviste, et luttant contre la marche progressive et habituelle de l’organisation. Voilà les vues de Meckel, etje me plais moi-même à lui en faire honneur. Mais si vous leur attribuez au-delà de ce point, l'illustre étranger a trop d’élévation dans l'esprit pour ne pas apercevoir là une manœuvre , de petites attaques indirectes, pour ne pas y voir bien moins un hom- mage à ses brillans travaux, que des acces de malignité et de petite jalousie à l'égard d’un voisinage embarrassant. (2) Les esprits sévères pourroient s’effaroucher de ne voir ici que la sommité de ces idées théoriques : mais il ne faut pas oublier que j'en ai donné les détails et les preuves dansile second volume dema Philosophie anatomique. an 244 ANENCÉPHALES HUMAINS. Ces explications données, on comprend de même quelle cause amène aussi invariablement que nous l'avons dit plus haut le retour des mèmes formes, même dans la mons- truosité, ainsi que l’atteste, par exemple, la similitude gé- nérique de nos diverses espèces d'Ærencéphales. Qu'en effet les dilacérations des membranes de l’œuf affectent ces enve- loppes à des époques semblables de la gestation, et princi- palement, au moment où il n’y a encore de formée que la tige spinale; on voit qu’un seul organe, et un organe nette- ment spécifié, devient passible d’adhérences et par suite du cas de non-développement. Ainsi, de ces causes bien simples dépendent nécessairement tous les faits de l'Anencé- phalie, c’est-à-dire, cette réunion de circonstances qui per- met au fœtus d’être sur un point soustrait, et qui le laisse au contraire sur tous les autres abandonné à l’action du rusus formativus, aux conséquences de la force plastique. SIL. Sr quelques nouveaux développemens des caractères génériques des monstres Anencéphales. 10, Des poches à dos des Anencéphales. Santorini, Romberg et Fontanus ont traité d’une poche très-considé- rable que les Ærencéphales auroient à dos. La base de ce sac, relativement à ses lignes d'insertion sur les fœtus, com- prendroit toute a superficie de leur canal vertébral, qu’on sait entièrement ouvert, c’est-à-dire, toute la partie pelée du dos. J'ai admis comme réelle l'existence de cette poche dorsale, d’abord sur les témoignages qui précèdent , en second lieu sur quelques vestiges que j'en avois aperçus ANENCÉPHALES HUMAINS. 245 principalement à la tête, et en troisième lieu, sur la distinc- tion qui en fut faite au sujet de lÆzencéphale de la Seine, dont l’enfantement fut précédé par l’épanchement, à des époques distinctes, de deux liquides d’une nature bien dif- férente. De l'observation de cette poche dépend la solution de plusieurs questions importantes. Malheureusement nous n’avons recu nos #7zencéphales, que fort tard et après plusieurs observations et altérations. Nous avons donc été privés de voir les choses en place. Cependant c’étoit, quant à l’un d’eux, une ressource pour l'observation que la conser- vation du placenta: jy ai donc cherché des vestiges de la bourse dorsale. Je m'attendois à plus de différences : et, afin d’être à mème de les saisir avec plus d’exactitude, je m'étois pourvu d'un placenta à l’état normal : je les trouvai assez semblables. M. Delestre, prosecteur d'anatomie à l’amphithéâtre de la Maternité, auquel l'examen et la conservation du placenta avoient été confiés, me fit remarquer des différences assez sensibles dans la relation des toiles aponévrotiques qui com- posent les deux poches, et surtout des sinus sanguins très- volumineux, apparens actuellement sous la forme de grands caillots de sang enkistés en dedans des feuillets membraneux. Rien n’est indifférent en pareille occurrence, même une observation à laquelle on auroit dû s'attendre, puisqu'elle peut prévenir la divagation de la pensée et les écarts des fausses suppositions. Or, nous savons présentement que les Anencéphales sont établis, à l'égard de la masse spongieuse des mamelons, comme les fœtus de l’état normal; que 246 ANENCÉPHALES HUMAINS. leur cordon ombilical s’insère comme à l'ordinaire dans le centre du disque mamelonné; et nous avons soigneuse- ment constaté qu'il n’y avoit à la surface de ce disque ni brides ni autres lambeaux d’attache. Le fœtus provient de ce point central; s'il s’en écarte, c’est sous l'influence et sous la retenue du cordon ombilical existant intermédiaire- ment. Le résultat de ces considérations est sans doute que les Anencéphales existent d’origine, placés vis-à-vis le gà- teau placentaire, et que pendant toute la durée de la gesta- don, ils lui auront toujours fait face. . Mais d’un autre côté, c’est à dos de ces fœtus que nous avons observés destémoignages non équivoques d’adhérences, des vestiges de membranes aponévrotiques transparentes et très-minces. Que par la pensée nous replacions le fœtus, comme on vient de voir qu'il se trouve, faisant face au gà- teau placentaire et adhérant par le dos au fond de la poche fœtale, ou de la poche de l’amnios, que doit-il s’en suivre? Nous sommes ici obligés de suppléer par les lumières de lésprit à celles, certainement préférables, d’une observation positive, mais dont on à vu que nous avons été privés. Tou- tefois nous nous garderons bien dé nous refuser à cette né- cessité, ne devrions-nous n’en retirer d'avantages que ceux de dire ce qu'il y a à faire, et d'appeler sur ces observations la bonne volonté et le zèle des chirurgiens-accoucheurs. Cependant reprenons notre supposition : dans la situation où nous avons considéré le fœtus, il a à dos la poche de Pal- lantoïde, la seconde des poches de l'œuf, la plus grande des deux au moment de la révolution qui va placer le fœtus dans un autre milieu. Mais si c'étoit cette même poche À | | | / ANENCÉPHALES HUMAINS. 247 qu’avoient aperçue nos devanciers Santorin, Romberg et Fontanus ? Je fais mieux maintenant que de le soupconner; je n’en doute plus, et je vais dire sur quoi reposent les élé- mens de cette conviction. Point de doutes sur une poche dorsale : une preuve de plus en faveur de son existence résulteroit encore des cir- constances de l'accouchement du 2 mars 1827, et de celles de l'accouchement du 26 septembre dernier, principalement de l'essor imprimé au fœtus de ce dernier événement, quand il fat lancé sur la lampe qu'il éteignit. L’épanchement des eaux, à deux reprises différentes, témoignent également de l'existence de deux parties employées à les contenir. Mais l’on ne sait pas aussi exactement en quoi consiste la poche. Il pouvoit arriver (le canal vertébral étant ouvert et ren- versé, et se trouvant offrir, par son développement en table, une base osseuse de quelque étendue, une large sur- face pour le canal spinal membraneux), que celui-ci eût été amplifié jusqu’au volume d’une très-grande bourse dorsale. Je l’ai cru lors de mes premières recherches, et c’est sous l'in- fluence de cette fausse prévention que j’ai écrit ma descrip- tion de l’Ærencéphale de la Seine. Mais nos nouvelles monstruosités viennent de nous donner ce fait, à quelques égards, différemment. Je les ai présentées à mon savant collaborateur, M. le doc- teur Serres, pour que, venant à faire usage du coup d'œil vif et pénétrant qui caractérise son talent, il pût confirmer un principal fait déjà entrevu par M. Lallemand de Montpellier, sur l’Ænencéphale de l'Hôtel-Dieu, attentivement observé par moi sur l’Ærencéphale de la Seine, ce fait important 248 ANENCÉPHALES HUMAINS. que tous les nerfs qui ordinairement se rendent sur le cer- veau et sur le cordon médullaire spinal, se retrouvent tous sans exception chez les 4rencéphales , privés cependant de ces extrêmes points d'arrivée. Ces faits furent constatés et trouvés exacts : ainsi tout le système crânien et vertébral, comme portions médullaires , est absent, sans qu'il manque un seul des nerfs qui en de- voient compléter la composition : à défaut de substance médullaire, où les nerfs cérébraux et spinaux puissent se rendre, ils se portent sur la partie des méninges qui est con- servée : et d’ailleurs quels que soient les désordres qui en doivent résulter, cela se passe sans confusion. Tous ces nerfs gardent leurs positions respectives et satisfont de cette ma- nière à la règle suprème, au principe des connexions. Au surplus, on devra vérifier sur d’autres individus moins pénétrés et moins maltraités par de l’alcohol trop fort, si les nerfs parvenus dans le sac que nous venons de caractériser par le vide absolu de toute substance médullaire, n’y arri- veroient pas modifiés par cette mème soustraction, et assu- jétis eux-mêmes à cette nouvelle et singulière condition d'existence, c’est-à-dire, s'ils n'y parviendroient pas évidés aussi de molécules médullaires et tout entièrement consti- tués par le névrilemme. Cela m'a paru ainsi; mais, je le répète, on devra revoir sur un autre sujet sil n’y auroit effectivement que les névrilemmes, qui se rendissent et qui se continuassent dans la membrane interne du canal. Ces observations ont conduit sur les autres recherches désirées. M. Serres reconnut que le canal membraneux spi- nal existoit intégralement, Ainsi, nonobstant l'absence de ee h | ANENCÉPHALES HUMAINS. 249 ce qu’elles devoient encemdre, les méninges ont persisté : du moins nous avons distinctement apercu deux couches membraneuses, dont une partie étoit étendue sur la table osseuse et dont le surplus se poursuivoit en retour et exté- rieurement d’un bord de la table à son autre bord latéral. Cette composition étoit naturellement disposée dans la raison de l'appareil solide lui servant de base; la forme n’en étoit plus annulaire : le corps osseux se trouvant ouvert et s'étant étalé en table, le canal membraneux spinal étoit tenu à la superposition des feuillets que nous avons observée. Méta- morphosé à ce degré, il a sans doute été difficile d'obtenir dès le premier abord la détermination exacte de ce canal; et l’on pourroit même douter en ce moment qu'elle füt don- née judicieusement ainsi que nous venons de la présenter, s’il n'y avoit de certains signes de reconnoissance : mais ce sont sans doute des points de repaire de toute évidence que l’existence de la faux, qui dans les fœtus réguliers sé- parent les hémisphères, et que celle de la tente qui protège et recouvre le cervelet : or, ces parties toutes dénuées d’u- sage dans nos Ænencéphales, ÿ ont été observées par M. Serres; la faux avoit été également remarquée autrefois par M. Lallemand. Arrétons-nous un moment sur cette dernière considération. Voilà retrouvés, sinon toutes les parties des méninges, du moins ses feuillets extérieurs, du moins ceux de la dure- mère. L'état d’un de nos sujets, gäté par un alcohol trop con- centré, nous a privés de poursuivre davantage l'examen de ces membranes. Le canal membraneux spinal existe donc. Cependant c’est encore une autre poche qui se trouve par Mérm. du Muséum. 1. 12. 32 250 ANENCÉPHALES HUMAINS, delà : car l'extrémité assez prolongée du cuir chevelu se fait remarquer par des découpures irrégulières , par des arrache- mens, et ce sont aussi de semblables vestiges qui bordent les côtés du canal vertébral ouvert. Je dois décrire ci-après une autre espèce, lÆ4rencéphale de Dreux, et j'en ai introduit la figure dans la planche qui accompagnera la suite de ce Mémoire. J’engage alors à consul- ter cette figure; on y apercevra des toiles membraneuses con- servées en leur entier, soigneusement rangées et appliquées sur le canal vertébral ouvert, et prolongées jusqu'aux pre- mières vertèbres dorsales. Or si l’on fait attention à leurs points d'insertion, à leur position subjacente à un bourrelet, qui lui-même paroît une section des tégamens communs, on trouvera dans le dessin du chirurgien de Dreux, M. André, un vestige des enveloppes de la bourse dorsale; renseigne- mens dont nous avions regretté d’avoir été jusque-là privés. Je tire de ce petit nombre d’élémens une preuve en faveur de l’idée que j'ai émise plus haut, savoir : que les fœtus anencéphales, adhérens à quelques parties de leurs membranes ambiantes, existent intermédiairement entre les poches de l’amnios et de l’allantoide, faisant face à la pre- mière de ces poches et ayant l’autre à dos. Etant, quant à la plus grande partie de son être, baigné par les eaux de l’am- nios, l'Anéncéphale y prend tous les développemens des fœtus réguliers : il y croit sans obstacle sous l'influence de la force plastique, par le concours du cordon ombilical et des fluides nourriciers auquel ce cordon sert de véhicule, Mais bien au contraire, présentant tout ou partie de sa sur- face dorsale à la poche de l’allantoïde, où ne sont plus que ÂNENCÉPHALES HUMAINS. 251 des eaux viciées, pour la plupart ancien produit des secré- tions intestinales et urinaires, il tombe nécessairement, quant à cette partie de lui-même, qui s’est ainsi fourvoyée, dans les cas de non développement. Cela posé, toutes les circonstances de l'accouchement in- solite du 2 mars 1821, que j'ai rapportées plus haut, s’expli- quent naturellement. De premières eaux s’écoulèrent, elles étoient Jimpides et sans couleur; c’étoient le fluide de l’amnios : deux heures après, un second épanchement eut lieu, et ces eaux, quiévidemment provenoient de l’allantoïde, étoient troubles et roussâtres: le fœtus, qui avoit été reconnu par le toucher après le premier événement, avoit donc servi de diaphragme entre l'une et l’autre de ces poches. Nous en dirons tout autant de l'Ærencéphale de Patare, qui, comme on l’a vu plus haut, a dù exister entre deux couches d’eaux, prouvées par les deux épanchemens remarqués à un quart- d'heure de distance. . Cependant ces aperçus, quelque heureuses qu’en soient les indications et les explications, nous détourneroient-ils de la considération du canal médullaire spinal? nous faudra- til abandonner les vues que nous avons présentées sur l'existence d’un fluide qui y auroit été versé, qui y existe- roit en remplacement de la substance médullaire, et qui s’y seroit déposé à titred’élément primitif, devenant le carae- tère, et comme la condition de l'être à l’état d’embryon? Je n'entreprendrai point de traiter ici une question aussi grave : elle exigeroit de trop longs développemens. L'observation par laquelle je désire terminer cette discussion, c’est que les choses doivent, à cet égard, demeurer #7 statu quo. So 259 ANENCÉPHALES HUMAINS. J'ai fait d’une remarque d'Alexandre Bony, le point de départ de mes recherches. Or il a décrit « un fœtus privé » de la voûte du crâne, du cerveau et de la moelle épinière, » chez lequel il avoit apercu en remplacement de ces or- » ganes une vessie qui ne contenoit que de l’eau jaune. » Le canal médullaire cérébral et spinal de notre Ænencé- phale n'est autre qu'une semblable vessie, ou du moins peut être présenté sous cette même désignation. Mais nous l'avons trouvé vide. Auroit-il perdu l’eau-jaune de l'ob- servation précédente, avant ou durant le travail de l’enfan- tement? Je n’en puis douter, et je me fonde à cet égard sur l'observation suivante : Du moment où M. Serres eut apercu l'artère sphéno-épi- neuse, il annonça aux personnes présentes que nous allions voir paroïitre tout le sac des méninges. Il fit en effet une ouverture aux tégumens postérieurs de la tête, et il invita M. Delestre, le jeune anatomiste dont nous avons parlé plus haut, à soufller par cette issue : à l'instant une coiffe ample, arrondie, se déploya; une coiffe, telle qu’elle eût été rendue apparente par le relief d’un cerveau à la vérité peu volumi- neux, si celui-ci eût existé. Cette observation ne me permet pas de douter que cette poche n’ait été primitivement et tout récemment remplie : prümitivement , car il faut un contenu quelconque pour por- ter des sacs membraneux à développer une capacité quel- conque; et fout récemment, parce que des aponévroses qui arrivent au contact et qui y persévèrent quelque temps, pro- duisent bientôt du tissu cellulaire qui en opère la jonction. Maintenant, qu'avoit renfermé le sac des méninges ? Etoit- ANENCGÉPHALES HUMAINS. 253 ce de l’eau jaune ? je ne puis que répéter, ce sac étoit ride, je l'a trouvé entièrement vide. J'insiste sur cette observa- tion, parce qu’elle répond à la question de M. le docteur Jourdan, qui dans le Dictionnaire abrégé des Sciences mé- dicales, tome XI, page 253, au mot 720nstruosité, paroit douter de l’absence de tout vestige de cerveau. Pour me résumer quant à cette seconde partie, et pour en donner les définitives conclusions, j'aurai, si je ne me suis point abusé dans l’exposition des faits précédens, j'aurai, dis-je, apercu, non plus seulement une poche dorsale, comme formant le caractère particulier du genre Ænrencéphale , mais deux poches distinctes; l’une formée par les membranes du canal médullaire cérébral et spinal, et l’autre par des adhé- rences du sujet avec les feuillets de l’allantoïde. Laquelle de ces poches aura crevée au moment de l’enfan- tement du 26 septembre dernier, et aura eu le sort d’une détente pour faire déboucher le fœtus avec tant de force et de vitesse? Laquelle, en souvrant, aura occasioné le bruit sourd qui fut entendu distinctement en novembre 1823, du- rant l’enfantement de l'Anencéphale de Bras? Je ne puis sur cela qu’attendre une observation positive. Au surplus, M. Serres m'a communiqué une observation qui lui est propre et qui ne laisse plus lieu de douter qu’une poche existe à dos des Anencéphales. Remplissant en 1812 les fonctions de médecin inspecteur à l’'Hôtel-Dieu, il eut occasion d'y recevoir un enfant privé de cerveau et de cer- velet, et qui avoit sur sa tête et à dos une poche volumi- neuse et ronde. Il est question de ce monstre dans la thèse (page 52) de M. Lallemand, aujourd’hui professeur à Mont- 254 ANENCÉPHALES HUMAINS. pellier. L'enfant vécut trois jours; on essaya de le nourrir avec du lait et de l’eau sucrée, aucune nourrice n'ayant voulu lui donner le sein. La poche s’étoit vidée peu avant l'accouchement : ses replis variés et irréguliers ressembloient à ceux d’un capuchon de soie négligemment porté et ren- versé en arrière : cette circonstance ajoutoit beaucoup à l'horreur qu'inspiroient les principales difformités de la tête. On a pu soufller cette poche, après la mort. 20. De ce qui engage et retient la tête des Anencéphales entre les épaules. Une modification de la plus haute importance caractérise toutes les conformations qui se rapportent à ce genre : d’autres faits organiques en découleront nécessairement. Aünsi, c’est l'ouverture du canal crânio-vertébral qui devient l’essentielle modification, formant le changement d’un fœtus régulier en un fœtus anencéphale, et cette cause se propage inévitablement sur les muscles de l’échine. Effectivement comme sont les os, de mème se conditionnent les muscles. Les vertèbres, avons-nous vu, au lieu de ramener leurs ailes en dedans et de les porter l’une vers l’autre, pour être réunies sous la forme d’un anneau (ce qui est le fait normal), les ont droites et rejetées latéralement. Les muscles de l'échine, né- cessairement subordonnés, sont donc renvoyés au-delà de ces ailes, partie à droite, et partie à gauche; ainsi écartés de la ligne moyenne, où dans le cas normal les deux paquets musculaires s'appuient réciproquement, ils prennent place sur les flancs. Cependant, répandus tout le long du canal ouvert ou de ES ti ANENCÉPHALES HUMAINS. 255 ce qui devient les tables vertébrales, ils se portent vers la tête; et comme à l'ordinaire, ils vont s’y insérer, sur lesmêmes os, ou ceux de l’occiput. Mais, circonstance à remarquer, c’est là précisément que se fait le plus grand déploiement du canal crànio-vertébral, que les pièces moyennes sont l’une à l'égard de l’autre dans un plus grand éloignement , et que ces pièces, les occipitaux supérieurs, constituent le large écartement que prend le crâne à ses deux extrémités latérales et postérieures. De ces circonstances proviennent les entraves qui engon- cent la tête et qui la retiennent au milieu des épaules. Et, en effet, les muscles de l'épine ne se portent point sur les occipitaux supérieurs et n'y font point éprouver leur fort déplacement, qu'ils ne soient en conséquence contraints d'abandonner les crêtes osseuses des vertèbres cervicales : ceci rend le tirage des muscles spinaux, direct des vertèbres du dos sur la tête. Cela connu, n'oublions pas que celle-ci est composée d’élémens enchainés et même enchevêtrés: si le tronc est dans le même cas, sa masse est plus considérable : il entraine à lui, comme formant une principale résistance ; et Ja tête tirée vers ses angles et en arrière, vient alors poser sa bordure occipitale sur le premier rang des vertèbres du dos. Cette modification est en outre simultanée à un coude que les vertébres cervicales sont contraintes de faire : car tel est véritablement un nouvel arrangement qui cherche à se pro= duire et dont le travail se propage de loin en loin. La prin- cipale saillie que fait naître la courbure du cou, courbure por- tant sa convexité en devant, est le plus souvent nuisible aux organes qu'elle heurte, l'œsophage et le canal aérien, qui, 256 ANENCÉPHALES HUMAINS. bien que dispos à toute exigeance de déplacement, n’en sont pas moins génés dans leur développement. Enfin ce n’est point seulement là que s’arrète la propaga- tion de la principale monstruosité. Le bras, que retient toujours la clavicule restée dans son état normal, est, par le déploiement forcé de l'épaule, soulevé vers le haut et porté en avant. Encore que l'épaule conserve ses rapports avec les parties de son voisinage, elle est repoussée sur les flancs par l’écartement dont nous avons traité, soit celui des muscles Spinaux qui prolongent l'épaule à son bord dorsal, soit celui si considérable des ailes vertébrales. Il y a donc un double motif à ce que les épaules entravent et engoncent la tête, puisque celles-là se soulèvent vers elle, quand la tête, en vertu d’un autre effort, est entrainée à aller toucher le dos et à venir presque se confondre avec sa tranche supérieure. Nota. La continuation de ce Mémoire , ayant pour titre : $ III. Détermination ct caractères de six Anencéphales , paraîtra dans le cahier suivant; une planche Sera jointe à cette troisieme partie. ANENCÉPHALES HUMAINS. PAR M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. $ IL. Détermination et caractères de huit Anencéphales. J'ai caractérisé les espèces (1) d’un autre genre, mais j'ai cru m'apercevoir que cet ancien travail n’avoit point été remarqué ou peut-être n’avoit pas été compris des méde- cins. Cependant je ne connois point de conformations, aux- quelles, je n’en excepte pas même celles de la zoologie régulière, les formes linnéennes et la nomenclature binaire conviennent davantage qu'aux organisations de la monstruo- sité, qu'à ces êtres qui n'offroient à l'esprit autrefois que bizarrerie, confusion et désordres, qui laissent enfin aujour- d’hui pénétrer le secret de leur existence et dont on pourroit dire que se compose la zoologie anomale. Je ne reviendrai point sur les principes que j’ai alors posés; et, croyant qu'il doit me suflire de présenter une nouvelle application de ces vues pour les faire apprécier et pour les faire cette autre fois mieux comprendre, je reproduis le même travail, en ce qui concerne les Anencéphales. Le grand caractère de ce système organique, ou les faits (x) Telles sont les espèces podencephalus eburneus, pod. longiceps, pod. illus- tratus et pod. biproralis. Noyez Philos. anat. tome 2, pag. 448. Mém. du Muséum. t. 12. 33 258 ANENCÉPHALES HUMAINS. qui en deviennent les élémens génériques, sont l'ouverture et le déploiement latéral du tube cranio-vertébral; ou ce qui revient au même, ce tube produit des branches qui ne se contournent point, comme dans l’état normal, et ne revien- nent plus sur elles-mêmes pour être établies sous une forme annulaire. Cependant elles n’affectent point une marche in- verse, Sans que, renversées en sens contraire et étendues en ailes sur les côtés, elles ne propagent les effets de cette grave et singulière déviation plus loin, et ne la fassent en effet res- sentir sur tous les points où ces ailes se rendent et où elles trouvent à s’encastrer. Le degré d'influence d’une aussi puissante modification sur ces parties latérales; voilà ce qui, en définitif, nous fournit des faits appréciables, des considérations spécifiques, et ce qui place enfin chaque monstre sous une condition or- ganique propre. Les traits semblables et fondamentaux qui frappent d’abord, sont rappelés par le premier terme de la nomenclature binaire, ou celui du genre; et les traits diffé- rens et secondaires, que l'esprit n’acquiert que par un second effort et qu'il ne saisit qu'après des comparaisons attentives, le sont par le terme suivant; ou celui de l'espèce. Tel est l'esprit dans lequel je crois qu'on peut employer et coordonner toutes les observations que l’on auroit faites sur les diverses monstruosités. Ainsi mes recherches m'ont mis à même de connoitre au moins huit espèces bien dis- tinctes d'Anencéphales, et je me propose, dans ce troisième paragraphe, d’en conserver en effet un souvenir comparatif, c’est-à-dire de les décrire, comme j'eusse fait à l'égard d’ani- maux de la zoologie normale. Voici les noms de ces Anencé- AÂNENCÉPHALES HUMAINS. 259 phales : 10, Anencéphale de Dreux, Ærencephalus Drocen- sis ; 20, Anencéphale de la Seine, 7. Sequanensis; 30. Anencéphale de Patare , 47. zcthyoïdes; 4°. Anencéphale de Sannois, #n. Sannensis ; 50, Anencéphale de Corniéville, An. mosensis; 60. Anencéphale de Bras, 42. occipitalis ; 7°. Anencéphale de l'Hôtel-Dieu, 47. perforatus ; 80. Anen- céphale éventré, 47. evisceratus. Je les ai même classés quant au degré de leur monstruosité, en commençant par les moins écartés de la forme régulière. La littérature médi- cale nous en fait connoïtre plusieurs autres espèces : on les trouvera rappelées dans le tableau qui terminera ce Mé- moire; citées seulement, parce que je n'ai pu, faute de ren- seignemens suflisans, les comprendre dans ce travail d’ob- servations positives. 10, ANENCÉPHALE DE Dreux. Anrencephalus Drocensis. Feu M. André, chirurgien à Dreux, a décrit et a figuré cette es- pèce dans l'Annuaire de la Société de Médecine du départe- ment de l'Eure, sous ce titre : Obserpations d’un Acéphale avec spina bifida. Cet Anencéphale du sexe féminin fut produit le 21 juillet 1808, à Dreux, par une femme âgée de 3/4 ans, qui 18 mois avant et dans la première année de son mariage avoit fait une fausse gauche, étant alors à mi-terme. L'enfant vint, ayant cessé de vivre; mais sa chaleur fit con- noître que sa mort étoit récente. M. André donne une description étendue de cette mons- truosité : jen extrais les passages suivans. « Le corps des ver- tèbres dorsales, coupé depuis l'occiput jusqu'à la région lombaire, véritable spzra brfida, n’offroit aucune trace 390 260 ANENCÉPHALES HUMAINS. de moelle épinière, ni d’apophyses épineuses, mais les transverses étoient plus étendues que d'ordinaire. L’anus étoit imperforé, La vulve descendoit et pendoit au moyen de deux expansions charnues et saillantes. Un appendice membrani- forme flottoit sur les épaules et venoit se terminer vers la pirtie moyenne de la région dorsale; cet appendice parois- soit formé par la dure et par la pie-mère, c'étoient les méninges céphaliques réunies. La colonne épinière étoit arquée et concave devant le cou. » Ærnuaire , etc. ; tri- mestre de juillet pour l’année 1810, page 351. 20, ANENCÉPHALE DE LA SEINE. Anencephalus Sequanensis. Cette espèce est dans le même cas que la précédente; eu égard au degré dont le crâne est renversé en arrière : moins écartée de sa position normale, la tête est cependant encore fort engoncée et toute aussi engagée dans les épaules; ce qui dépend de la courbure de la colonne cervicale, courbure tou- jours imposée àcette partie par les faits de l’anencéphalie, ainsi que nous l’observerons ci-après. La face offroit des traits moins irréguliers que chez les autres Anencéphales : le menton se détachoit et par plus de saillie et par une plus grande hau- teur. Les yeux paroissoient plus petits. Etant plus renfermés dans l'orbite, ils ont procuré à l'arc du frontal qui les con- tourne supérieurement unésétendue, qui a préjudicié au développement de l'os à sa face postérieure ou crânienne:au total cet os (1) consiste en un arc de cercle. La tête qui a de (:) Voyez l’atlas de la Philosophie anatomique , pl. 14, fig. 4. La comparaison de ces espèces va rendre nécessaire que je cite souvent des figures autres que celles comprises en la planche 8 qui accompagne ce Mémoire. Pour ANENCÉPHALES HUMAINS. 261 la rondeur vers le vertex en est redevable au pariétal, parce qu'il n'est pas aussi descendu, ni aussi affaissé que dans les autres Anencéphales. Ce pariétal est un os (1) plat, al- longé, légèrement arqué et saillant extérieurement. Le basi- laire (2) n’est pas formé de ses deux composans, l’otosphénal et le basisphénal, comme dans l’Anencéphale de l'Hôtel- Dieu; mais un sillon transversal fait cependant présumer qu'ils avoient d’abord été séparés et qu'ils se sont soudés plus tard: L’occipital supérieur, qui, double chez tous les Anencéphales est rejetté en arrière et est renversé latérale- ment, se composoit, à peu près, comme dans l’An. de Patare, 10. d’une masse épaisse en connexion avec les occipitaux latéraux , et 20. d’un filet grèle faisant le coude avec celle-ci, et allant gagner le bord du pariétal. Ce petit filet corres- pond à l’inter-pariétal et sa grosse tubérosité inférieure et latérale à l’occipital supérieur proprement dit. 30. ANENGÉPHALE DE ParTare. Ænencephalus icthyoïdes. Des caractères nombreux et importans distinguent cette es- pèce. L’arc du dos a sa courbure (pl. 8, fig. 7) avec con- cavité vers l’origine des vertèbres lombaires, et avec con- vexité à la région cervicale. Cet arrangement a été favorable au développement complet des vertèbres du cou, fig. 5; celles-ci ont produit latéralement des apophyses épineuses mettre de l’ordre dans ces citations, je me détermine à placer les indications de cette même planche 8 dans le texte principal, et à rejetter au contraire dans celui des notes les autres indications ou celles relatives à diverses autres planches. (1) Atlas de la Philosophie anatomique , pl. 14, fig 5. Go) ———_—_ 2 — ———— fig. 8. 262 ÂNENCÉPHALES HUMAINS. assez prolongées pour que les muscles de l’échine s’y soient insérés. Comprises dans le même système d’attache que les vertèbres du dos, elles décrivent un are étendu, agissant comme un pédicule, au bout duquel la tête est portée beau- coup plus en devant. La tête est donc engoncée dans les épaules, autrement qu'elle le paroït chez les autres Anencé- phales. Et en effet pendant que les autres espèces l’ont renversée en arrière, qu'elles regardent le ciel et qu’elles sont dans une mesure de relations et d’attitudes, à autoriser la pensée souvent exprimée d’un rapport avec les crapaudbs (1 }, l'Anencéphale de Patare tient au contraire sa tête pendante sur la poitrine : la flexion du cou la descend même si bas que la symphyse de la mächoire inférieure atteint presque l'extrémité xiphoïde du sternum. Les muscles de celui-ci et ceux de la màchoire inférieure se confondent en partie au moyen d’un tissu cellulaire assez serré qui les réunit. L’axe de vision doit à cette disposition d’être rétablie et rendue horizontale comme chez le fœtus de l’état normal. Quart aux parties voisines, point de changement ; l’œsophage et la tra- chée-artère étoient dans l’état naturel, la langue seulement m'a paru plus longue et plus bridée. Le crâne vu de profil, fig. 6, et.par le vertex, fig. 5, n'offre rien qui ne soit ordi- naire aux Anencéphales; cependant les vertèbres du cou présentoient dans cette dernière figure l'aspect de deux (1) Sine cerebro fætibus sane pro Bufonibus non raro habitis, etc. Hauen, de fœtu humano sine cerebro, not. 2. Monstri, ut vulgo videbatur, Bufoni similis, etc. Moncaci, de Scdibus et causis morborum. Epist. 48, n°. 48. Ce monstre semblable à des batraciens , etc., a dit aussi M. Lallemand. ANENCÉPHALES HUMAINS. 263 noyaux; On à vérifié que celte apparence n’existoit qu'à l'arrière-partie de la colonne cervicale, et que ces saillies provenoient d’un tronc commun. Je m'arrèterai davantage aux faits que montre la base da crâne, parce qu'ils ont un double intérêt, 1°. de caractériser exclusivement l’Anencéphale de Patare, et 2°. d'offrir sur un point des traits qui rappellent la conformation des poissons; d’où le nom d’icéhyoïdes, que j'ai adopté. C’est le propre des poissons osseux d’avoir le palais dis- joint et comme rompu vers la ligne médiane, et ses parties constituantes écartées et rejetées à droite et à gauche. Con- sultez le crâne d’un de ces poissons que j’ai fait représenter dans le onzième volume de ces Mémoires, et vous y ver- rez (1) comment la chaine qui se compose, savoir de l’inter- maxillaire ( adrasal S ), du maxillaire (addental L), du palatin ( palatal £), et de l’apophyse piérygoïde interne ( hérisséal » ), occupe un des côtés du crâne. Veuillez, en outre, consulter (2) ces parties chez un lézard, le Monitor du Nil, et vous apercevrez la mème série de pièces S, L, 4, ?, formant aussi une ligne latérale, et, de même, abandon- nant le centre de la base du crâne à l'intervention de pièces médianes : à cela ajoutez la lecture du texte servant à l’intel- ligence de ces figures. Voy. pag. 124 et suivantes. Ces idées sont bien nouvelles; mais, exposées avec clarté dans mon précédent Mémoire, d'elles, nettement concues, on peut très- facilement passer à la modification analogue (1) Mémoires du Mus. tom. 11, pl. 21, fig. 1. (2) Voyez dans le présent volume et plus haut, la planche 6, fig. 5. 264 ANENCÉPHALES HUMAINS. que présente l’Anencéphale de Patare. Il y a mieux : c'est qu'une observatiôn oculaire suffit pour embrasser de suite tous ces rapports, au moyen de l'emploi des mêmes signes. Veuillez donc considérer dans l'Anencéphale de Patare, fig. 5, que les pièces du palais sont aussi séparées en deux lignes : on les voit, comme dans les reptiles et dans les pois- sons, constituées par les séries semblables S, L, £, , c’est-à- dire par l’intermaxillaire, le maxillaire, le palatin, et l'os qui, dans les fœtus de mammifères, a été appelé apophyse ou os ptérygoïde interne. La figure que je donne est exacte en ce qui concerne l’intermaxillaire, dont il est connu qu’on aperçoit difficilement dans l’état normal les sutures : des traces de séparation étoient manifestes à la face palatine seu- lement , maïs non sur les lignes de ses autres connexions. L'explication de cette curieuse anomalie est donnée par la théorie fondamentale de M. le docteur Serres, établissant, en principe général, que {out développement procède de la ctrconférence au centre. Ce principe admis, vous concevrez que nos deux lames palatines ne se sont point prolongées l'une sur l’autre, parce que leur développement s’est arrêté. C’est effectivement ce retard dans le développement qui constitue le fait persévérant et normal de la plupart des lé- zards, et de tous les poissons osseux. Ainsi, l’organisation procède, pour chaque région, par une voie uniforme; et il faut bien, en effet, qu’elle emploie de mêmes artères, quand il s'agit de former les organés analogues. Ces artères sont- elles de calibre à donner avec un plein effet ? le développe- ment est intégral. Sont-elles en partie atrophiées, et d’un ef- fet insuffisant ? le développement est incomplet, et seulement ANENCÉPHALES HUMAINS. 265 partiel. Cette dernière circonstance est le fait ordinaire des poissons et d’une partie des reptiles, auxquels il arrive de persévérer dans un moindre développement, et d’être ainsi dans une condition normale d'existence : mais, au contraire, cela ne devient le propre de l'espèce humaine qu'accidentel- lement; modifications engendrées par le phénomène de la monstruosité, et qui réalisent le fait persévérant et normal des poissons. Ce résultat étoit sans doute inévitable, si d’une cause unique il ne peut jamais sortir. qu'un seul et même effet. Au surplus, ceci revient à dire que l'action du sus for- malipus a été suspendue, à traiter de son mode d'interrnp- tion. Mais quelle cause seroit assignée à ce retard dans Île développement ? Ertréponse à cette question, je reproduirai l'explication de mon Mémoire précédent, pag. 13r, au sujet des reptiles : la loi du balancement des organes donne la clé de ces modifications. Seule, parmi les espèces de son genre, l'Anencéphale de Patare a la tête descendue , ser- rée et fixée sur la poitrine : nous avons décrit ce fait précé- demment. La résistance de la tête en ce lieu n'empêche pas les muscles spinaux d’être en tirage sur elle pour l'entrainer en arrière. Dans cette lutte de tendance opposée , les flancs du palais ont pris plus de longueur , les maxillaires par consé- quent : or, tout organe n'acquiert point de dimension dans un sens, que dans un autre il ne devienne plus petit. Voilà donc ce qui a imposé aux deux maxillaires un défaut d’accrois- sement vers leurs bords intérieurs. Cependant tout à demeuré et devoit persévérer au centre dans les formes ordinaires des mammilères, hors le seul Mém. du Museum. t, 12. 34 266 ANENCÉPHALES HUMAINS. point que voici: les lames palatines des maxillaires ayant été privées de se joindre et de se souder, cessent par ce fait d'être un obstacle aux pièces centrales qui leur sont ordinai- rement superposées : celles-ci, formées d’un vomer unique, saillent alors par delà le palais. A quelques égards du moins, les choses sont autrement dans les reptiles et les poissons; d’abord parce que le vomer y est toujours composé de deux pièces par une séparation à la ligne centrale; et en second lieu , parce que les modifications de ces vomers règlent or- dinairement le sort des autres matériaux de la base du crâne. Chez la plupart des reptiles, les monitors entre autres (1), les vomers parvenus au plancher extérieur, et considérable- ment allongés, repoussent loin en arrière les pièces palatines. Tel est le résultat de leur interpositiomtentre les intermaxil- laires et les palatins, mais d’ailleurs la lame ethmoïdale ( rhinosphénal ) reste au-dessus d'eux. Quant aux poissons, cela n’est plus; le rhinosphénal B (2) intervient lui-mème dans le plancher formant la base du crâne, et il y parvient en s’intercallant entre le corps du dernier sphénoïde ( A2ypo- sphénal E ) et les deux voiners. A cet effet, il arrive à ceux- ci d’être ramassés sur eux-mêmes, et de former les saillies s s, qui, le plus souvent, sont revètues de petites dents. Je suis entré dans ces détails, parce qu'étant le seul jus- qu’à ce moment qui ait distingué les trois pièces B, s, s, seul aussi j'ai pu là signaler une différence, en ce qui concerne l'An. de Patare. Que l’on s’en rapporte, au contraire, aux déter- (1) Mém. du Mus. tom. 12, pl. 6, fig. 5. ? (2) Jbidem, tome 13, pl. 21, fig. 3. & : ANENCÉPHALES HUMAINS. 267 minations données, dans cette question, en Allemagne et en France, déterminations où l’on considère les trois parties B, s, s, soudées ( elles le sont, il est vrai, fort souvent.), comme n'étant que des subdivisions d’un vomer unique, on trouvera que l’Anencéphale de Patare réalise entièrement les conditions d'existence des poissons, quant à la base du crâne, c'est-à-dire tout aussi bien vers le centre que latéralement. Au surplus, le défaut d’entraves a profité au vomer de l'Anencéphale de Patare, non-seulement pour augmenter sa saillie par le centre, mais aussi pour le disposer lui-même tout entier sous la forme et avec la courbure d'une carène de vaisseau. - 49. ANENCÉPHALE DE Sannois. Ærencephalus Sannensts. Le sujet de ce quatrième article m'étoit inconnu, quand jécrivis les généralités des précédens paragraphes : je viens de le découvrir dans le riche dépôt de la Faculté de Méde- eme, où il porte le n°. 778. Il est né à Sannois, près Paris, dans les premiers jours de l'année 1797, le 29 nivôse an 5. L’oflicier de santé de cette commune, M. Giraud, qui le re- eut, en fit présent à ses maitres, les professeurs de la célèbre Ecole de Médecine d'alors. Sur la demande de cette savante Société, le chef des travaux anatomiques, M. Fragonard, injecta le sujet, et fit à cette occasion , le 29 pluviôse an 5, um rapport duquel j'extrais ce qui suit : « Le sujet injecté par la veine ombilicale, et le péricarde ouvert, l’on a trouvé le cœur, les oreillettes et les artères aortes et pulmonaires sans aucun vice de conformation : seulement le thymus n’é- toit point séparé en deux lobes, étant d’un volume presque 34” 68 ANENCÉPHALES HUMAINS. égal à celui du cœur, et il occupoit la plus grande partie de la capacité de la poitrine à droite. Les poumons étoient très-petits. » On avoit soupconné une hypertrophie du cœur; et c’éloit sur ce point que devoient porter les recherches de M. Fragonard (1). La préparation montre distinctement les faits observés par cet habile anatomiste : et, de plus, elle m'a vivement intéressé sous le point de vue dont je m’oc- cupe dans cet écrit. Elle tient beaucoup de l’An. de Patare et de l'An. de Bras: du premier ; par son palais osseux qui est également ouvert, mais sous des conditions un peu différentes , et que j'indique comme il suit : le vomer occupe une position assez élevée dans le canal nasal pour n'avoir point eu besoin de déborder les surfaces palatines, et les os maxillaires ont aussi fourni des lames intérieures suflisamment étendues pour qu’elles aient pu se rencontrer sur la ligne médiane. Néanmoins cette der- nière circonstance ne s’est pas réalisée, probablement parce que ce n'aura été que tardivement que le fœtus aura été rendu en ce lieu au travail du zisus formativus. Aupa- ravant les membranes du palais avoient été mises en contact avec le vomer, et s’y trouvoient déjà adhérentes. Ces-atta- ches ayant persévéré , même après le développement rendu aux maxillaires, les bords de leurs lames palatines , au lieu de se prolonger droit, d'arriver respectivement à s’atteindre, et de se souder à la ligne médiane, n'ayant pu vaincre la ré- sistance qu'y opposoient les adhérences des membranes du (1) Je suis redevable de ces renseignemens aux soins pleins d’une aimable obli- geance que m'a témoignés M. le docteur Thillaye, conservateur des cabinets de la Faculté de Médecine. ÂANENCÉPHALES HUMAINS. 269 palais, se sont détournés en dedans de ces membranes, et se sont coudés inférieurement. Ainsi le système osseux présen- toit seul en ce lieu un vice de conformation. L’An. de Sannois offroit avec l'espèce suivante ce rapport que les ailes occipitales étoient aussi plus rejetées de côté, et plus écartées l’une de l’autre : mais d’ailleurs ce résultat m'a paru dépendre de causes différentes. Les adhérences, au début des actions de la monstruosité, paroiïssent avoir embrassé toute l'étendue des surfaces crâniennes , en sorte que les frontaux et les pariétaux ont été privés d'acquérir même le peu détendue que ces os prennent chez les autres Anencéphales, quand ils y forment supérieurement d'assez petites cloisons. Au contraire, sans retenue sur aucun point de la circonférence dans l'An. de Sannois, le tirage au vertex se seroit exercé sur une plus grande surface. Deux effets s’en sont ensuivis: 10. les os du centre et principalement les rochers se sont considérablement agrandis; »0, ils sont re- montés beaucoup plus haut, comme s'ils y avoient été refou- lés par quelque effort s'exercant par dessous. Les rochers , et en raison de leur grandeur d'avant en arrière, les ingrassiaux m'eussent donné sans doute des différences saillantes, si je n'avois pas dû conserver l'intégrité de la préparation : mais j'ai pu du moins observer les grandes ailes ( les ptéréaux }, et m'assurer que leur écartement latéral tenoit plus à l’ac- croissement de volume des rochers et moins au leur propre. Ces pièces se renvoient de proche en proche sur les côtés ; les rochers, en repoussant les ptéréaux et les temporaux; et ceux-ci, les occipitaux supérieurs qui les bordent. Les frontaux sont réduits à leur arc oculaire : ainsi ils n’en- 270 ANENCÉPHALES HUMAFYNS. voient aucune lame en arrière pour recouvrir les ingrassiaux , et pour présenter un bord articulaire au pariétal : celui-ci n'est plus une lame plus ou moins large cloisonnant le haut du crâne. A la place de cet arrangement que montrent les autres espèces, est une large fosse sur laquelle s’étendoit la poche cranio-dorsale. Le pariétal n'a pourtant point disparu; mais participant à la condition rudimentaire du frontal, il est réduit à une lame mince et très-étroite ; allongée toutefois assez pouratteindre, par chacune de ses extrémités , le frontal et l’occipital supé- rieur : ce qui n'empêche pas qu'il ne repose aussi sur une tranche des ptéréaux et des temporaux. Ainsi il n’est là rien de changé qu'à la forme et au volume des pièces; mais leurs connexions ( faits essentiels dans l’organisation } sont toutes et parfaitement maintenues. En anatomie humaine, quand le point de vue est unique- ment chirurgical, on ne connoit, et l’on fait convenablement de ne connoître que les formes ; mais sil’ on veutsavoircombien il importe, au contraire, de les négliger dans les considéra- tions comparatives et philosophiques des êtres, que lon donne attention à toutes les variations des parties orga- niques, qui ne conservent de fixe, d'espèce à espèce, que la mutualité de leur engrénage. Le cou a profité de l'écartement dés parties postérieures où occipitales, pour sétendre tout autour et pour présenter la même courbure que dans l'An, de Patare. Enfin une dernière considération est relative à la queue . de cheval, fort curieuse, autant par sa longueur ( car elle se répandoit jusque sur la première vertèbre lombaire ), que ANENCÉPHALES HUMAINS. 271 par le parallélisme de ses parties. Elle étoit apparente sous la forme d’une bande nerveuse, plate, large, et composée de filets égaux, symétriquement rangés. Ces filets adhéroient par quelques fibres d’une grande finesse quiles enveloppoient, et ils alloïient s’épanouir dans un tube de même largeur, évidemment formé par la pie-mère. La préparation montre encore vers le bas un repli transversal qui est un reste des enveloppes générales ou des grandes méninges. - Le sexe m'est resté inconnu ; il avoit été emporté dans les opérations de dissection. 50, ANENCÉPHALE DE CORNIÉVILLE. ÆAriencephalus Mosensis. Ce monstre est né le 27 septembre 1821, dans le départe- ment de la Meuse, au lieu dit Corniéville, village situé près de Commercy : je rappelle cette origine dans les noms spé- cifiques suivans, Mosensis et Corniéville. J'ai déjà donné, Plul. Anat., t. 2, p. 523, une noce sur cet Anencéphale, d’après les documens du médecin de Commercy, M. le doc- teur Dumont. Le cräne du monstre que M. Dumont vient de me faire remettre va, de plus, me fournir les considéra- tions d'espèces. L’An. Mosensis a vécu quelques momens : il a poussé des cris; et il auroiït sans doute respiré plus long-temps, si l’on eût noué le cordon ombilical. Sa mère, veuve après avoir eu plusieurs enfans bien conformés, fut effrayée de se voir grosse hors le mariage, et surtout de l’être devenue par les soins d'un Juif : elle ne cessa, durant sa grossesse, d’être tour- mentée par des visions de fantômes, de bêtes, et de d'ables bien pourvus de cornes. Le jour, son esprit très-agité pré- 272 ÂNENGÉPHALES HUMAINS. pâroit par de continuelles préoccupations les rèveries fantas- tiques, qui la nuit l’obsédoient durant son sommeil. Elle ac- coucha sans difficultés; mais à la vue du monstre, l’accou- cheuse et les femmes présentes prirent la fuite, allant répandre qu'elles avoient vu le d'able avec des cornes. Cependant ces cornes n'étoient que les débris de la poche dorsale, divisés en deux parts et renversés sur les yeux. L'enfant fut enterré : mais sa description passant de bouche en bouche avec des exagérations qui donnoient lieu à de sin- gulières suppositions, et ayant fait murmurer, l'autorité en ordonna l’exhumation. Ainsi nous devons à cette circonstance l'avantage d'en avoir aujourd'hui le crâne sous les yeux. J'ai été singulièrement frappé de la ressemblance des fosses oculaires avec celles du lori nycticèbe du Bengale, lemur tardigradus. Vi. : aussi grandes et également inclinées sur les côtés, leur axe de vision se prolonge de même dans une di- rection intermédiaire, et qui n’est ni la direction antérieure propre à l'homme, ni celle tout-à-fait latérale des animaux. Les yeux sont plus voisins, en raison de l’exiguité extraordi- naire des frontaux; mais les pariétaux, réduits au volume d’une lame mince, viennent au secours des frontaux pres- qu’avortés, et arrivent sur eux par derrière pour clore supé- rieurement les fosses oculaires, quant à leur pourtour. C’est un arrangement fort singulier, et que je n'ai encore aperçu que dans cette espèce. En revanche, les jugaux ont beaucoup gagné en volume; il en est de mème des ptéréaux (grandes ailes }, et plus for- tement en outre, des rochers. En conséquence de l'excès du volume de ces derniers, les temporaux ne sont plus rangés nt ANENCÉPHALES HUMAINS. 273 sur les flancs du crâne, mais ils oceupent une position infé- rieure au-dessus de ces mêmes rochers, et jusques à l'entrée de la caisse auditive. Le palais est singulièrement étroit : fermé sur la ligne mé- diane, il y est relevé en arête vive : les bords latéraux sont aussi redressés, de telle sorte que la langue ou étoit ronde, ou bien se trouvoit autant épaisse que large. Les corps sphé- noïdaux avoient été soulevés, au point de former la plus forte saillie au vertex. Le basilaire ne les touchoit qu'en un point, étant à leur égard infléchi et dans une situation perpendi- culaire. Un mouvement général avoit déterminé toutes ces ano- malies. Il semble que les flancs du crâne aient été contraints à descendre pour se rapprocher, agissant autour des sphé- noides qui formoient le point culminant de tout ce système. Enfin il y avoit encore déplacement et inégalité dans le dé- veloppement des dents incisives : deux existoient à gauche, une autre à droite, et la quatrième, plus grande et seule régulièrement posée, occupoit le milieu. Il manquoit à la préparation un occipital latéral et les occi- pitaux supérieurs. Ceux-ci sont regrettables : l’occipital laté- ral qui restoit montroit une surface étendue en prolongement avec le basilaire, et envoyoit, près de son extrémité latérale, une lame amincie pour gagner, en devant, et venir joindre le rocher. 6°. ANENCÉPHALE DE Bras. Ænencephalus occipitalis. Cet Anencéphale montre portées à la plus extrême exagé- ration les conditions organiques de l’anencéphalie. Sa tête est Mém. du Muséurn. 1. 12. 35 274 ANENCÉPHALES HUMAINS. plus renversée en arrière; et cette circonstance lui procure davantage la tournure engoncée qu'on sait caractériser toutes les conformations de ce genre. Les yeux voient le ciel; les épaules atteignent les rochers; les oreilles sont comme trai- nantes sur la partie élevée de l'humérus: enfin il y a confu- sion des régions auriculaires et scapulaires , ou du moins c’est un rapprochement de ces parties jusqu'au contact, comme on le voit chez les poissons , comme le montrent pareille- ment les batraciens, parmi lesquels les crapauds figurent comme espèces. Je rappelle ces diverses circonstances pour mettre dans l'exposé des faits toute la probité d’un écrivain qui sait ce qu'il doit d’égards au public, et ce qu'il convient d'apporter de circonspection, c’est-à-dire de vérité dans les récits. On a vu dans notre premier paragraphe que les malheurs de la mère de notre actuel Anencéphale ont eu pour causes apparition subite et redoutée d’un crapaud, et l'extrême frayeur que fit naître en elle l’action vraiment brutale de son beau-père, véritable maniaque à cerveau dérangé. On n'a sans doute pas non plus oublié le cri unanimement échappé à toutes les femmes présentes à l'accouchement : Ce monstre, c’est un crapaud! Affreuse coïncidence entre la cause modificatrice et un aussi affligeant résultat ! Si ce n’est cette phrase qui a été prononcée , c'est du moins ce sentiment qui fut ressenti, qu'on a voulu exprimer, et que chaque assistant a bien cru avoir fait éclater. J'ai écrit un chapitre sur l'erreur populaire au sujet des monstres ( PAL. anat., tom ?, pag. 500 ), sur la prétendue influence des regards, opérant les plus grandes révolutions ANENCÉPHALES HUMAINS. à dans la conformation des mères dont quelque objet du monde extérieur auroit frappé l'imagination, et se manifes- tant, surtout chez leurs enfans, par des signes non équivo- ques. Je rappellerai, à ce sujet, que dans les choses quine nous intéressent que foiblement, on se borne à apercevoir ce qui frappe la vue, mais sans considérer attentivement. Ainsi voit- on quelqu'un dans une première rencontre, on n’y procède ordinairement point par une étude attentive de tous ses traits; mais on a l'habitude de s'adresser particulièrement à l’un d’entre eux pour en faire la base de ses souvenirs. C’est sans doute en vertu de ce procédé instinctuif et ma- chinal qu'on répète quelquefois que les Anencéphales res- semblent à des crapauds (r). Le sentiment qui agite à la vue de ces derniers porte à les fuir : on n’en a donc qu'une idée vague. Or, ce que de leurs formes, l'esprit conserve de sou- venirs, c’est que ce sont des animaux dont la vue louche et incertaine se dirige vers le ciel, dont la tête est large par derrière, mais surtout dont la tête est engoncée dans les épaules par un manque absolu de col. Les Anencéphales montrent les mêmes choses, et parti- culièrement ceux qui ont la tête plus renversée en arrière: par conséquent, comme dans tout ce qui ne nous affecte point vivement, l’on arrive à leur égard précipitamment à cette conclusion : donc les Anencéphales ressemblent à des cra- pauds. Cette ressemblance frappant davantage dans l'Anencé- phale de Bras, pourroit-on raisonnablement oublier les bru- talités qu'on a vu plus haut exercées, et qui ont donné lieu {1) Cette opinion est fort ancienne : voyez, plus haut, la note de la page 262, 3%" 276 ANENCÉPHALES HUMAINS. à un aussi triste événement de monstruosité ? La cause'et ses effets portent, dira-t-on, sur les mèmes objets sensibles : et comment alors se refuser de croire aux conséquences qui résultent d’une pareille connexité ? Ainsi, pourroit-on encore ajouter, l'An. de Bras seroit, à juste titre, considéré comme un fait et une preuve de plus en faveur de l'efficacité des regards, pour troubler la marche des formations fœtales, et pour y porter des impressions persévérantes. Cela seroit admissible, si l’on ne fût pas parti d’une fausse supposition; mais On va voir qu'on a trop précipitamment conclu de Papparence à la réalité du fait. Il n’y a en effet au- cune ressemblance réelle entre un Anencéphale et un cra- paud, maïs une coincidence purement accidentelle dans un point de leur conformation. Fous deux ont leur tête large en arrière , rapprochée et comme assise sur le dos: le cou absent ou dissimulé ramène les épaules trop en avant, et un air de gaucherie en est l’effet: voilà le commun rapport de ces êtres. Mais cette ressemblance ne sera sans doute qu’appa- rente et purement fortuite, si elle provient d'organisations singulièrement et absolument différentes dans les élémens constituans. Or , c’est ce que je vais montrer. D'une part, le caractère distinetif de la colonne vertébrale, chez les batraciens, dont les crapauds font partie, consiste dans une atrophie qui réduit la tige spinale à 8 ou 10 com- partimens transversaux. Le cou se perd dans cette modifica- ton générale, et c’est dans cette mesure que la tête est rap- prochée des épaules. D'une autre part, le crâne est élargi, en decà des occipitaux petits et annulairement réunis comme à l'ordinaire, savoir, par les rochers étant dans une. certaine ANENCÉPHALES HUMAINS. 277 longueur, et de plus, extérieurement par toutes les pièces qui composent la caisse auditive : mais, d’ailleurs, le canal cranio-vertébral est toujours un tube régulier; et ce tube, comme dans tous les individus qui respirent dans l'air, con- tient , à l’ordinaire , la moelle cérébro-spinale. Un seul fait, au contraire, engendre la métamorphose des Anencéphales, Nous l'avons vue consistant dans l'ouverture du tube cranio-vertébral; les ailes renversées de ce tube écartent à droite et à gauche les parties voisines et connexes; la tête est en tirage sur le tronc par les muscles spinaux; et les vertèbres cervicales, qui ne disparoissent point réelle- ment, sont seulement pour le port général dissimulées, parce qu'elles sont repoussées antérieurement, et qu’elles s’y re- plient en arc. On ne peut rencontrer des origines plus essentiellement caractéristiques, et à la fois plus différentes. Ajoutons que si l’on examine, et l’on compare chaque organe des sens , et que si l’on s’en tient mème à chaque point de la tête et du dos dans l'Anencéphale et dans le crapaud, ces différences vont en s’aceroissant toujours, aussi bien en nombre qu’en impor- tance. | Ainsi s'évanouit ce faux rapport apercu entre les formes des Anencéphales et des crapauds. La jonction de leur tête et de leur dos est finalement un cas fortuit, et ne constitue déci- dément qu'une ressemblance plutôt apparente que réelle (1). nn QU 0 (x) Cette discussion m’a paru un complément nécessaire au Chapitre de l'erreur populaire , au sujet des monstres , que j’ai inséré dans ma Philosophie Anatomique : il falloit bien effectivement, dans une réplique, non-seulement réduire à sa réelle valeur l'opinion fort ancienne qu’avoient signalée Haller et Morgagni, mais, de 278 ANENCÉPHALES HUMAINS. Cependant la tête de l’Anencéphale de Bras est plus ren versée en arrière. Sans doute que présentement on n’en re- jette plus l'événement sur le moyen, encore plus absurde que cruel, imaginé et mis en jeu pour calmer les frayeurs d’ane lemme enceinte. Nous allons voir, au contraire, que l’expli- cation à en donner sort tout naturellement de quelques considérations anatomiques. La colonne épinière est ployée chez l’Anencéphale de Patare, vers la ligne de rencontre des régions dorsales et lombaires; et c’est chez l’Anencéphale de Bras, au contraire, vers la naissance de la colonne que celle- ci est rentrante, entre la première cervicale et le crâne. De là le cou s’est développé chez le premier, et s’est effacé chez le second. Nos figures 6 et 9 le montrent un peu dans le profil apparent des vertèbres cervieales. Chez la première espèce, fig. 5 et6, ces vertèbres, qui se sont étendues latéralement, ont maitrisé le développement des occipitaux; mais, chez plus, prévenir ce qu’alloit lui ajouter de force présumée le genre de provocation qui a donné lieu à la monstruosité du département du Var. Car enfin M. Arlaud auroit pour sa part, dans son article déjà cité, grandement accrédité l'erreur com- mune par les réflexions suivantes : « La conformation de la tête étoit hidense; “ ce qui a fait dire que l’accouchée venoit de mettre au monde un crapaud. A la « vérité , de prime-abord , on croiroit rencontrer de la ressemblance entre la figure « de ce fœtus et celle de ce vilain animal. Le hasard qui permet quelquefois des « ressemblances si bizarres, semble ici favoriser l’erreur populaire, et je trouve à « propos de citer ici quelques antécédens, qui feront sensation. » Puis M. le chi- rurgien de Bras raconte comment le beau-père de l'accouchée, « homme plaisant « et irréfléchi, pour s’égayer aux dépens de sa belle - fille dont il connoïssoit * l’aversion pour les crapauds, l’épouvanta dans une occasion par un crapaud « jeté sur son lit, etc. ; comment il la poursuivit aussi le jour tenant x Ja main « l’un de ces animaux, etc. » M. Arlaud termine par dire que « le fœtus à tête de crapaud est conservé par M. le docteur Roux. » En adoptant ce nom, M. Ar- laud auroit-il adopté aussi comme vrai le rapport qu’exprime cette désignation ? AÂANENCÉPHALES HUMAINS. 279 l’Anencéphale de Bras, au contraire, fig. 9, étant beaucoup plus petites, elles ont été sabordonnées à cés mêmes occi- pitaux, qui s'étendent par delà, et qui les enferment au milieu d'eux. Les muscles spinaux n’ont pu les suivre dans l'enfoncement où elles se trouvent, ou du moins n’y laissent pénétrer qu’une bien foible partie de leur épaisseur. Des por- tions musculaires entières sont en dehors, et profitent de cette position extérieure pour exercer leur tirage hors de cette in- fluence, et pour amener latête surles épaules dans une mesure plus forte que chez aucun autre Anencéphale. En, même temps ces muscles plus développés, ou ont né- cessité des points d'attache sur le crâne plus étendus, ou ayant été précédés dans leur développement par le dévelop- pement antécédent du système osseux , il est résulté de l’un ou de l’autre de ces effets, et des deux peut-être, agissant concurremment, un plus grand écartement des occipitaux. C’est cet excès de volume des occipitaux, et leur saillie, celle surtout des occipitaux supérieurs prolongés en arrière, fig. 8 et 9, et descendus même au-dessous de la ligne des épaules, quim'ont paru la considération dominante des faits spécifiques que je viens de rapporter, et qui m'ont engagé à distinguer l'espèce sous le nom d’occipitalis. La saillie o dela tête, fig. 8, dépend de ce prolongement de l’occipital supérieur. On a marqué en points, chiffres 1,1,1, fig. 9, l'arc masqué que décrit le contour des vertèbres cervicales. 79. ANENCÉPHALE DE L'Hôrer-Dreu. Anencephalus perfora- tus. Aucun Anencéphale n’a été plus tourmenté, plus entrainé par les déviations du z4sus formativus que celui de l'Hôtel- 230 ANENCÉPHALES HUMAINS. Dieu. Le canal vertébral est entièrement ouvert, les verte- bres sacrées étant elles-mêmes dans ce cas. Les /ombaires se suivent assez régulièrement, formant une légère courbe d’arrière en devant. Cependant l'arc qui se compose des dorsales se ferme de plus en plus, jusqu'à ce qu'ayant gagné les cervicales, il se réfléchisse tout à coup en arrière. Les sept premières vertèbres sont petites , pressées, et comme entassées : les cervicales les égalent en volume, et forment une ligne qui leur est supérieure, conservant assez exac- tement le mème parallélisme, sauf que l'axe que décrivent ces deux systèmes de vertèbres est réciproquement inverse. Cependant une bien autre et plus forte anomalie les caracté- rise également. Il y a spzra bifida, non-seulement sur toute la ligne extérieure et médiane de la colonne, ce qui est le propre de tous les Anencéphales, mais de plus, en ce qui concerne les noyaux des premières vertèbres dorsales, au nombre de six, et de toutes les vertèbres cervicales. On peut passer le petit doigt au travers du trou circulaire que laissent dans leurs intervalles les demi-noyaux du centre de ces ver- tèbres. Ges pièces, qui, chez tous les animaux vertébrés ayant été maintenus dans l’état régulier, sont uniques sur la ligne médiane , et dont se compose la partie impaire ( le cy- cléal ) de mes neuf élémens vertébraux , forment un fait heu- reusement très-démonstratif, en faveur de la théorie hardie, mais cependant aussi féconde que lumineuse de M. Serres, qui »'admet de pièces impaires que st elles sont le produit confondu en une masse de deux élémens primitifs. Les côtes, dont les points d'insertion sont éloignés par la disjonc- tion et l’écartement des deux cyeléaux, sont à la fois plus AÂNENCGÉPHALES HUMAINS. 281 écartées et plus élevées : de là suit qu’elles sont proportion- nellement plus longues et plus pendantes. Les os du crâne (1) ont des différences spécifiques. Le fron- tal a une large base postérieure; les pariétaux ne se touchent que par leur angle interne : ils ont plus d’étendue dans les deux espèces figurées 5 et 11. Les rochers sont fort considé- rables; l’occipital supérieur est éloigné en arrière, et em- brasse aussi l'appareil cervical, comme on le voit dans l'An. de Bras, fig. o. La thèse de M. Lallemand me fournit les considérations suivantes : « Le fœtus, du sexe mâle, avoit les chairs fermes. La mère s’étoit déclarée enceinte de huit mois. La tête ren- versée en arrière reposoit sur les épaules, ainsi que les oreilles qui étoient dirigées horizontalement, Elle finissoit brusque- ment au niveau des sourcils. Les yeux, à découvert, parois- soient gros et saillans, comme dans les batractens. La bou- che étoit béante; et un goiître, formé presque entièrement de graisse, existoit entre le menton et la partie supérieure de Ja poitrine, » La disjonction des demi-cycléaux, et les intervalles des anneaux formés en dedans des vertèbres cervicales et dor- sales, furent jugés avoir été occasionnés par le déplacement du pharynx et de l’œsophage, qui avoient été entraînés d’a- vant ep arrière. La bride qui avoit opéré ce tirage avoit done précédé la formation du système osseux, lequel s'est trouvé (1) J'ai consacré la 1"°. planche de l’atlas du 2°. tome de ma Philosophie ana- tomique à les représenter, soit réunis, soit séparés. J'engage à consulter aussi la planche qui accompagne la thèse inaugurale de M. Lallemand, Chez Didot jeune, rue des Maçons-Sorbonne; thèse, Ann. 1818, sous le n°. 165, Mém. du Muséum. 12. 36 289 ANENCÉPHALES HUMAINS. ainsi tenu de s'accommoder de l’ordonnée nouvelle que la monstruosité avoit apportée en ce lieu. L’œsophage, qui avoit traversé les vertèbres, ou plutôt l’æsophage, que les élémens osseux étoient venus cerner et renfermer, se voyoit à la nuque du cou recourbé en anse, comme est une portion d'intestin dans une hernie. Ce sont ces faits singuliers, mais principalement cette perforation à travers les corps ordi- nairement fermés des quinze premières vertèbres, cette per- foration si extraordinaire au milieu de tant de constructions si bizarres qu'amènent les perturbations de la monstruosité, qui m'ont paru former le trait le plus éminemment caracté- ristique de l’Anencéphale de l'Hôtel-Dieu. C’est cela que j'ai voulu rappeler en le désignant sous le nom spécifique de perforatus. 80. ANENCÉPHALE ÉVENTRE. Æ7encephalus evisceratus. Prochaska adécritdansses Annotationes academucæ , Fasc.3, cette huitième monstruosité, dont les principaux désordres en arrière se compliquent de plusieurs autres par devant : il l'a employée sous le nom de second fœtus né sans cerreau. J'indiquerai, dans un autre travail, les rapports du premier fœtus, lequel se ramène sans hésitation à mon genre déren- céphale (1). Le troisième m'offre une autre sorte d'intérêt, en me faisant connaitre le premier exemple d’un, sphé- (1) Les Dérencéphales sont des monstres sans cerveau ni cervelet, ou n'ayant qu'un très-petit noyau médullaire. Leur boîte crânienne et de premieres vertèbres cervi- cales sont ouvertes et renversées latéralement. Aïnsi, et pour le surplus, la colonne épinière conserve ses conditions normales. Qu'il en soit différemment de cet axe vertébral , nous passons à une monstruosité plus étendue, à celle des Anencéphales. ANENCÉPHALES HUMAINS. 283 nencéphale dans l'espèce humaine, Le second fœtus des an- notationes manquoit à la fois de cerveau, de cervelet et de moëlle épinière. Cette considération me l’a fait inscrire parmi les Anencéphales. Prochaska avoit reçu ce sujet d’un ami, le docteur Kiésel : pièce de cabinet long-temps conservée dans l’alcohol, elle lui fut donnée sans renseignemens. Dans les faits essentiels et génériques, nous remarquons une modification importante : la colonne épinière n’avoit point ses ailes prolongées aussi loin sur les côtés : d’autres effets de tirage qui ont eu lieu par devant en avoient ainsi décidé, Le tronc, saisi par devant et par derrière, et engagé dans des efforts contraires, s’est maintenu plus droit. La tête s'en est trouvé plus dégagée; l’axe de vision est devenu pres- qu'horizontal. Cependant la bouche et le nez avoient cédé à une traction qui les a reportés un peu plus vers la droite. En général, c’est versle flanc droit que tous les viscères sortis de leur cavité ont été reportés, en même temps qu’un peu enlevés du côté de la tête. Les lobes du foie, volumineux et posés verticalement l’un à l’égard de l’autre, sont plus re- jetés et écartés : ils ont été suivis, d’abord supérieurement par le diaphragme, qui, à son tour, a aussi entraîné derrière lui le péricarde; puis inférieurement par l’estomac, qui s’est ainsi entièrement porté à droite. Tous les autres viscères ab- dominaux ont obéi dans une même raison à cet effet de trac- üon; il en faut pourtant excepter les organes sexuels. Les lobes du thymus, étant l’un sur l’autre, se voyoient aussi au dehors : ils occupoient le flanc gauche du péricarde. La main gauche s’est trouvée engagée dans les adhérences communes : elle étoit privée des phalanges onguéales aux trois 36, 284 ANENCÉPHALES HUMAINS. doigts intermédiaires, et de deux phalanges au cinquième et petit doigt. La main droite au contraire avoit été respectée. Prochaska, qui a publié ces faits de monstruosité, ne se proposoit que de remplir certaines lacunes dans l'histoire de nos connoissances physiologiques sur les nerfs : satisfait sur ce point, il n’a pas étendu plus loin ses recherches; il a conservé sa préparation, et il nous a laissés sans aucun renseignement sur le système osseux. Mais, quoi qu'il en soit, son travail sur ce point, comme tout ce qu'a fait ce grand maître, est plein d'intérêt : il méritoit d’être revu et de prendre place dans ces recherches. Nous reprenons et résumons les faits du troisième et der- nier paragraphe dans le tableau suivant. ANENCÉPHALE,. 4N£ENCEPHALUS. Caractère générique. Vie tube cranio-vertébral fendu sur sa ligne médiane et postérieure, renversé latéralement, et étalé en surface. 1. ANENCÉPHALE DE Dreux. Ænencephalus Drocensis. Caractère spécifique. L’anus imperforé : la vulve descendue et pendante. Synonymie. Axoré; Fœtus acéphale avec spina bifida dans l’ANNUAIRE du département de l'Eure, page 351 , avec figures. Georr. S. H., dans le présent Mémoire , avec figures 1 et 2, copiées de celles de M. André. Naissance. Né à Dreux le 2r juillet 1808. 2. ANENCÉPHALE DE LA SEINE. Ænencephalus Sequanensis. Car. spéc. Tête arrondie : menton haut et détaché. Syn. Grorr. S. H.; Auencéphale de la Seine, dans la Philosophie ANENCÉPHALES HUMAINS. 285 anatomique, tome 2, page 125, avec figures originales; Atlas pl. 14, fig. r et\2. — Ibid. dans le présent mémoire. Naissance. Né à Paris le 2 mars 1821. 3. ANENCÉPHALE DE PATARE. Ænencephalus icthyoïdes. Car. spéc. Tête abaissée sur la poitrine : le vomer faisant partie de la fosse palatine. Syn. Grorr. S. H.; Anencéphale de Patare, dans le Journal univer- sel des Sciences médicales, tome 36, page 129, avec une figure origi- nale représentant la position du fœtus dans le placenta. — Îbidem, dans le présent Mémoire, avec figures originales, 3, 4, 5,6 et 7. Naissance. Né à Paris, à l’hospice de la Maternité, le 26 sep- tembre 1824. 4. ANENCÉPHALE DE SAnnois. Ænencephalus Sannensis. Car. spéc. La tête renversée en arrière : le vomer faisant partie de la fosse palatine. Syn. FraconarD, dans une note manuscrite déposée aux archives de la Faculté de Médecine. Gxorr. S. H., dans le présent Mémoire. Naissance. Né à Sannois, près Paris, commune du départe- ment de Seine-et-Oise , le 29 nivôse an 5 (janvier 1797). 5. ANENCÉPHALE DE CORNIÉVILLE. Anencephalus Mosensis. Car. spéc. Flancs du crâne ployés et inclinés au-dessous des sphé- noïdes : les temporaux dans une situation entièrement inférieure. Syn. Georr. S. H.; dans le 2°. volume de la Philosophie Anato- mique, p. 523. — Ibidem, dans le présent Mémoire. Naissance. Né, dans le département de la Meuse, à Corniéville, le 27 septembre 182r. 6. ANENCÉPHALE DE Bras. Ænencephalus occipitalis. Car. spéc. Tête considérablement renversée en arrière : l'occi- 286 ANENCGÉPHALES HUMAINS. pital supérieur prolongé en dehors et descendu plus bas que l'articulation scapulo-humérale. Syn. AnLauD, dans le Journal médico-chirurgical du Var, n°.9, P- ) ft a Roux, dans un Mémoire manuscrit envoyé (avec figures) à la Société médicale d'Emulation. Grorr. S. H., dans le présent Mémoire, avec figures originales, 8,9, 10 et 11. Naissance. Né au village de Bras, près Saint-Maximin, dépar- tement du Var, en novembre 1823. 7. ANENCÉPHALE DE L'Hôrer-Dieu. Anencephalus perforatus. Car. spec. Les quinze premières vertèbres percées à leur centre et formant ensemble un anneau ayant recu et cerné une partie de l'œsophage. Syn. LarremanD. Thèse inaugurale, 1818, n°. 165, avec figures ori- ginales. Georr. S. H. dans la Philos. anat. avec fig. orig. Atlas, pl. 1. = ——— dans le présent Mémoire, Naissance. Né à Paris, à l'Hôtel-Dieu, en février 1816. 3. ANENGÉPHALE ÉVENTRÉ. Ænencephalus evisceratus. Car. spéc. La tête haute et dégagée : le cœur et les viscères des fonctions digestives hors de leur cavité propre. . Syn. ProcmaskA. Annot. acad., Fasc. 3, page 172, pl. 2 et 3. Grorr. S. H. dans le présent Mémoire. Naissance. Lieu et jour inconnus. Liste indicative des monstruosités assez complétement dé- crites pour être rapportées au genre Anencéphale , in- suffisamment quant à leurs faits spécifiques. Je me suis borné dans l'exposition qui précède, aux Anen- céphales que j'aitrouvés figurés et décrits avec détails, De leur ÂANENCGÉPHALES HUMAINS. 207 comparaison seule pouvoit effectivement résulter des carac- tères assez précis pour que ces monstruosités pussent être introduites et rangées dans une classification régulière : mais on sent que cela étoit impossible à l'égard de celles des an- ciennes publications. Cependant une circonstance a fait:qu'on s’est plus occupé des déformations du genre des Anencé- phales que de toute autre. En effet, c’est toujours en se lais- sant prévenir par des idées hypothétiques que l’on commente l'étude des sciences; et de bonne heure le roman de la phy- siologie attribua une toute-puissance aux esprits animaux. Or, selon les idées de cette première époque, ces esprits s’engendroient en dedans des masses médullaires répandues dans le canal cranio-vertébral. On fit donc une grande atten- tion aux monstruosités, dont le principal caractère étoit la déformation de ce canal et l’absence des parties médullaires : et pour que l’emploi de cette importante considération püt devenir, dans un système différent , une objection d’autant plus militante, on ne s’en tint pas à l’observation d’un seul fait. L’excellent esprit de l’école, qui fleurissoit à Paris, de 1701 à 1712, mit les savans anatomistes d'alors en garde contre toute déduction & priori, contre des généralités qui n’au- roient reposé que sur un trop petit nombre d’aperçus. Le re- tour d’une monstruosité, dans laquelle on voyoit ouverts et vides l’étui vertébral et la boîte crânienne, frappa vivement, et donna lieu , dans le sein de l'Académie royale des Sciences, à des descriptions souvent renouvelées, et en général à des recherches intéressantes sur ce sujet. Rappeler ces travaux et ceux publiés depuis, c’est ajouter aux précédentes déductions deux considérations complétives 288 ANENCGÉPHALES HUMAINS. indispensables : car 1°. retirer de la littérature médicale et arriver effectivement à séparer de la masse des anciennes pu- blications toutes les monstruosités qui ont pour sujet la mème déformation, et qui acquièrent par suite un nouvel et même arrangement, c'est avoir donné, à leur égard, réelle- ment une détermination générique; c’est, dis-je, avoir trié et parfaitement signalé toutes les déviations organiques pro- duites par les faits de l’anencéphalie. Mais d'ailleurs on ne sauroit aller plus loin, parce que, s’il est possible, en effet , de ramener ces monstruosités à leur essence comme famille, ou au genre, il ne l'est plas de même d’y aller puiser des carac- tères précis, ou ceux d'espèce. Alors, et pour ce dernier cas, l’on est encore tenu d'imiter les procédés des naturalistes, qui, forcés d'agir sur des espèces incomplétement décrites, et qu'ils espèrent pouvoir plus amplement connoiître un jour, en dressent un état nominatif sous le nom de spectres obscure. 20, Nommer tant d'espèces anciennement publiées, c’est encore montrer dans quel nombre, comme aussi dans quelle étroite limite, les déviations organiques reparoissent. C'est donc fortifier d’une nouvelle autorité ma remarque du début de ce Mémoire sur la tendance des monstruosités à res- treindre et concentrer leurs modifications pour les faire re- tomber dans un même arrangement, à procurer le retour des mèmes aberrations pour en composer un autre ordre de régularités , et à montrer enfin d’autres modes d'organisation, avec des caractères si fixes, qu'on peut dire les formes des monstruosités tout aussi prononcées, et tout aussi franche- ment arrêtées, que celles des constructions organiques, où la zoologie régulière vient prendre ses caractères. ANENCÉPHALES HUMAINS. 289 1. L’Anencéphale de F'ontanus. Né en 1629 : une eau limpide en remplissoit les méninges cranio+vertébrales. Mise. cur. ann. 3, p. 186. 2. L’Anencéphale de Kerckring. W fut disséqué par Kerckring et Ruysch réunis, et publié par lun et par l’autre de ces anatomistes. Spicil. anat. Obs. 46, tab. 0. 3. L’Anencéphale de Wepfer. Né en 1656. Misc. cur. ann. 3, p. 195. 4. L’Anencéphale de Bonet. W a vécu du 22 février au 28 mai 1685, parce que sa poche cranio-vertébrale, qui étoit par un étranglement partagée en deux parties, l’une derrière le crâne et l’autre derrière le dos, avoit protégé la fréle existence de ce monstre, en ne se rompant pas au mo- ment de la naissance. Sepulchretum. Ub. 1, sect. 16, 4dd. Obs. 4, p. 380. 5. L’Anencéphale de Lrfire. W naquit en 1901; vint à huit mois de grossesse : sa mère le sentit remuer. Acad. des Sciences de Paris, ann. 1701. Hist. p. 24. Mém. p. 88. 6. L’Anencéphale de Bromélius. W naquit en 1700. Acta liter. Succiæ. 1725, p. 98. 7. L’Anencéphale de Fauvel. Né en 1711 : il vécut assez de temps pour recevoir le baptème. Acad. des Sciences de Paris, ann. 1917. Hist. p. 26. 8. L’Anencéphale de Méry. W vint en 1712, prit de la nourriture et vécut vingt-une heures. Acad. des Sciences de Paris, ann. 1712, Hist. p. 6. 9. L’Anencéphaie de Mouton. Du sexe féminin : né le Mem. du Museum. 1. 12. 37 290 ANENCÉPHALES HUMAINS. 10 juin 1722, à Paris, rue de la Harpe. Sa poche, derrière la tête et pendante sur le dos, parut ressembler, à tous égards, au capuchon des religieux récollets. Journal des Sayans, ann. 1722, p. 412. 10. L'Anencéphale de La Flèche. Cette espèce naquit à La Flèche en 1722. Variétés historiques , physiques et littéraires ; tome 2, p. 463. 11. | ÆAnencéphale de Morgagni. N naquit en février 1746 : c'étoit une fille qui vint à huit mois. De sedibus et causis morb. Epist. 48, n°. 48 et 50. 12. L’Anencéphale de Süe l'ancien. Né en 1746 : il a vécu six mois; ce qui fut attribué à la retroversion des secondes, troisièmes et quatrièmes côtes, qui protégèrent, en s'étendant au-delà, le spéra-bifida de la colonne épinière. Acad. des Sciences de Paris, ann. 1746. Obs. 6, p. 41. 13. L'Anencéphale de Sandifort. Né en 1779. Anatome infantis cerebro destituti. Lugduni Batav. 14. L’Anencéphale de Rossi. Il naquit en 1794. Acad. des Sciences de Turin, tom. 6, p. 18. 15. L’Anencéphale de J.J. Sie. naquit en 1795 : il vécut sept heures. Magasin encyclopédique, tome 16, ou 4°. de la 3°. année, p. 158: pl. 1 re- présentant le squelette vu par devant, et pl. 2, ce même squelette vu par derrière. 16. L’Anencéphale deuxième de Otto. Secundi Aencephalict fetus contemplatio, p. 11 17. |} Anencéphale troisième de Otto. Tertia ejusdem generis monstri descriptio, p. 14. — Opusc. de A. G, Otto, intitulé: Monstrorum sex humanoFum anatomica et phystologica disquisitio. — An-{° Féançofurti ad viadrum. 18141, ANENCÉPHALES HUMAINS. 291 18. L’Ænencéphale de la salle Ste.-Jeanne. J'emploie sous ce nom le sujet né en 1812, et dont j'ai parlé plus haut, page 253. Thèse inaugurale de Lallemand , page 52. 19. L’ANENCÉPHALE coryce. Anencephalus coty la. Au moment de terminer cette monographie sur les Anencé- phales, mon honorable confrère M. Serres me communique le squelette d’un autre Anencéphale. J'y trouve les élémens d’une neuvième espèce dont je me propose, en effet, dans un article supplémentaire, de donner les caractères distinctifs. Le grand intérêt de cette pièce m'engagera même à la faire dessiner et graver sous plusieurs faces. Je me borne donc pour le moment à l'inscrire ici sous le nom que je lui consacre. J’aurois pu porter presqu’au double cette liste des Anen- céphales : car le nombre des matériaux de la science sur les monstres est vraiment très-considérable; j'ajouterai que, pour la plupart, ces travaux sont excellens. Cependant ils restent le plus souvent sans emploi, parce qu'ils ne sont point coordonnés, et qu’il leur manque jusqu'à un titre qui dise exactement de quoi traite chaque article. Cet incon- vénient fait que l’on reproduit de nos jours, quelquefois avec moins de talent, la description de toutes semblables défor- mations, quand il seroit mieux au contraire d'employer ses efforts à les constater et à les mettre en valeur par des tra- vaux comparatifs. J'ajoute, en finissant, que des observations qui précèdent, il résulte qu'autant de fois qu'on a eu des informations exactes sur la durée de la grossesse des mères, on trouve que les Anencéphales naissent dans le cours du huitième mots. SN 292 ANENGÉPHALES HUMAINS.. EXPLICATION DE LA PLANCHE N°. VII. L'avantage que nous nous sommes procurés par la publication de notre Tableau synoptique , renouveléeiet rappelée/dans les présens Mémoires, tome 11, p. 440; tableau ayant pour titre : Composition de la téte osseuse chez l'homme et les animaux, nous permet d'appliquer dans cette occasion avec facilité notre no- menclature uniforme , et de nous en tenir pour plusieurs de nos figures aux an- notations suivantes : S adnasal , intermazillaire; L u o addental uni à l’adgustal et à l’adorbital, maxillaire supérieur ; T nasal, os du nez ; t palatal , palatin ; v hérisséal, apophyse ptérygoide interne ; U frontal , coronal; Y pariétal , pariétal ; P temporal , portion écailleuse; X ptéréal, grandes ailes ; O jugal, zigomatique ; V ingrassial, petites ailes d'Ingrassias; D entosphénal, corps antérieur du sphénoïde; E hyposphénal, corps postérieur du sphénoïde ; X2 inter-pariétal et sur-occipital, occipital supérieur ; R ex-occipital, occipitel latéral; F G sous- occipital, forme de l’otosphénal et du basisphénal, basilaire; p y serrio-tympanal, cercle {ympanique; Q rupéal, rocher. Fic. 1. L'Anencéphale de Dreux vu par le dos. — a a Sont les cheveux. — b Le bourrelet, vestige d’une section de la poche cränienne. —< Une portion des tuniques de celte poche descendue sur le dos. — d d dd Les limites du tube vertébral ouvert. Fic. 2. Tête de l'An. de Dreux, vue de face. Fic. 3. L'An. de Patare vu par le dos. —4 dd dd Le canal vertébral ouvert. — F Enfoncement produit par le pli de la colonne épinière. Fic. 4. Crâne de l’An. de Patare vu en dessous. Fic, 5, Cräne du même vu en dessus. Fic. 6. Crâne du même vu de côté ::m À machoire inférieure. Fi&. 7. L'Anencéphale de Patare vu de profil : la tête est descendue: sun la poitrine, au point de rendre au sujet l’axe de vision parallele à l'horizon : l'oreille est en travers et semble trainer sur l'épaule. — F Exprime le lieu de courbure de l'épine. Fic. 8,9, 10 et 11. Anencéphale de Bras. Mêmes lettres, rapports analognes. Les chiffres1, 1,1, fig: 9, montrent la direction de lacolonne cervicale, laquelle est exprimée en points. La lettre 0, /ig..8, rappelle la saillie du sur-occipital. 203 RELATION D'UN EMPOISONNEMENT CAUSÉ PAR LE MIEL DE LA GUËPE LECHEGUANA. PAR M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE. S I. Considérations générales. ja RE Pline et Dioscoride ont assuré qu'en un certain temps de l’année, le miel des contrées voisines du Caucase rendoit insensés ceux qui en mangeoïient. Xénophon et Dio- dore de Sicile racontent qu'aux approches de Trébizonde, les soldats de l’armée des dix mille mangèrent du miel qu'ils trouvèrent dans la campagne; qu'ensuite ils éprouvèrent un délire de plusieurs jours; et que les uns ressembloient à des ivrognes, les autres à des furieux ou à des moribonds. Quel- ques modernes ont confirmé ces récits, et ils ont reconnu que c’étoient les fleurs de lÆzalea Pontica et peut-être aussi celles du Rhododendrum Ponticum (1) qui commu- niquoient au miel de la Mingrélie des propriétés délétères. (1) Le savant M. Labillardiere soupconne que les empoisonnemens causés par le miel de l’Asie mineure pourroïent être dus au Menrspermum cocculus. 204 -ÆMPOISONNEMENT. Au rapport de lillustre Pitton de Tournefort, le P. Lambert dit que le miel recueilli sur un certain arbre de la Colchide occasionne des vomissemens. Tourrefort lui-même (Voy. I, p- 228) assure qu'une tradition constante établie parmi les habitans des bords de la Mer Noire leur fait considérer comme dangereux le miel sucé par les abeiïlles sur les fleurs de l_4- zalea Pontica. Enfin un voyageur plus moderne, Gulden- staedt, le compagnon de Pallas, a vu lui-mème le miel re- cueilli sur | Æzalea ; il l'a trouvé d’un brun-noir, d’un goût amer, et dans plusieurs endroits de ses ouvrages il dit que ce miel cause des étourdissemens et qu'il rend insensé (Reis. I. pag. 275, 281, 207). L’Asie mineure n’est pas la seule contrée où l’on ait trouvé du miel d’une qualité dangereuse. Voici comment s'exprime Roulox Barro dans son Voyage au Brésil traduit par Mo- reau en 1647. « Les plus gaillards des Tapuies furent cher- » cher du miel sauvage et des fruits desquels ils firent un » breuvage qu'on nomme de la grappe, duquel quiconque » buvoit vomissoit aussitôt. » Dans l'ile de Maragnon, l’a- beille Aumbuca va quelquefois, suivant Pison (Bras. 56), se reposer sur la fleur de l'arbre appelé Tapuraïba, et alors son miel ordinairement délicieux devient entièrement amer. Azzara est bien plus précis encore; car il s'exprime comme il suit dans son Voyage au Paraguay: « Le miel d’une » abeille appelée Cabatatu donne un violent mal de tête, et » cause une ivresse au moins aussi forte que celle que pro- » duit l'eau-de-vie. Celui d’une autre espèce occasionne des » convulsions et les plus violentes douleurs qui se terminent » au bout de trente heures sans produire aucune suite fà- Mec DE LA Guèpe LECHEGUANA. 205 » cheuse. Les gens de la campagne connoiïssent bien ces deux » espèces, et ils n’en mangent pas le miel, quoique le goût en soit aussi bon que celui des autres et que leur couleur soit la même. » Le miel de la Pensylvanie, de la Caroline méridionale, de la Géorgie, des deux Florides, lorsqu'il a été recueilli sur les Kalmia angustifolia, latifolia, lursuta, et sur l Andro- meda mariana, occasionne souvent, selon Smith Barton (in Nichols. journ. vol. V, p. 159-165 (1) ), des vertiges auxquels succède un délire dont le caractère varie suivant les individus. « Les personnes empoisonnées, ajoute le même » auteur, éprouvent des maux d'estomac, des convulsions, » des vomissemens, et quelquefois ces accidens sont suivis » de la mort. » Ce n’est pas seulement en Asie et en Amérique que l’on a eu des exemples d’empoisonnemens causés par certains miels. Seringe raconte que deux pâtres suisses qui avoient mangé du miel sucé sur les Æconitum napellus et lycoctonum éprou- vèrent de violentes convulsions, furent atteints d’un horrible délire, et que l’un des deux, qui ne put vomir, mourüt en rendant par la bouche une écume teinte de sang (Monogra- phie du genre Aconitum in Mus. Helv. vol. I, pag. 158). Tant d’autorités réunies n’étoient pas connues sans doute à ceux qui, de nos jours encore, ont traité de fabuleux les récits de l’historien des dix mille; mais si ces récits avoient besoin d’une nouvelle confirmation, on la trouveroit dans le (1) L'opuscule de Smith Barton se trouve cité dans le Dictionnaire de Klaproth. (v. II, p. 142), maïs de la maniere la plus erronée, 296 EmPpoisONNE MENT. fait que je vais rapporter, et qui m'est personnel. Pour me faire mieux comprendre, je donnerai d'abord une idée des lieux où s’est passé l'évènement dont j'ai failli être la victime, $ II. Relation. Après avoir parcouru les campagnes riantes du Rio de la Plata, j'avois cotoyé les bords moins habités de l'Uruguay, et j'étois parvenu jusqu'au camp de Belem qui remplaçoit la petite ville du mème nom détruite par Artigas. Là on m’an- nonça que j'allois être obligé de parcourir un désert où je ne trouverois ni habitations ni traces de chemin ; mais on ajouta qu’en cas de besoin je pourrois avoir recours à deux déta- chemens de soldats portugais postés sur les bords du fleuve, et l'on voulut bien me donner un guide pour ‘m’accom- pagner jusqu’au premier poste placé vers l'embouchure du Guaray. Au bord de cette rivière, j'échangeai mon guide contre un autre qui devoit me conduire jusqu'au ruisseau de S. Anna où étoit, me disoit-on, le second détachement, Ar- rivés à ce ruisseau, moi.et mes gens, nous cherchâmes pen- dant deux jours le poste qui nous avoit été annoncé. Voyant que nos peines étoient infructueuses, je pris le parti de ren- voyer à la rivière de Guaray le guide qui,m'avoit conduit jusqu’au ruisseau de S. Anna, et qui n'avoit jamais été plus loin; je lui donnai, pour l'accompagner, un des soldats qui m’escortoient, et je chargeai celui-ci de m'amener un autre guide. Je m’établis en attendant sur les bords du ruisseau dans un lieu qui n’est peuplé aujourd'hui que par une mul- Mrez DE LA Guëre LecHequana. 297 titude de jaguars et d'immenses troupeaux de jumens sau- vages, de cerfs et d’autruches, en face de la rive droite de l'Uruguay parcourue sans cesse par des bandes d’insurgés espagnols en guerre avec les Portugais. Il y avoit déjà quatre jours que j’étois dans ce lieu désert, fort contrarié par les pluies qui tomboient en abondance, incommodé par une foule d'insectes malfaisans, et n'ayant d'autre abri que ma charrette, lorsqu’enfin le temps se mit au beau, et me permit d'entreprendre une longue herborisation. Je pris avec moi deux de mes gens, et, bien armés pour nous défendre, s’il étoit nécessaire, contre les jaguars, nous par- courümes les campagnes environnantes et les bords de PU- ruguay. Au bout de quelques heures, la faim nous ramena sur les bords du ruisseau, et nous la satisfimes avec nos ali- mens ordinaires, de la farine de manhioc et de la chair de vache rôtie et bouillie. Dans une petite promenade que nous avions faite la veille nous avions aperçu un guèpier qui étoit suspendu à environ un pied de terre à l’une des branches d’un petit arbrisseau. I] étoit à peu près oval, de la grosseur de la tête, d’une couleur grise, et d’une consistance cartacée comme nos guépiers d'Europe. Après notre déjeüner, les deux hommes qui m’avoient ac- compagné dans mon herborisation, allèrent détruire ce gué- pier, et ils en tirèrent le miel. Nous en goûtâmes tous les trois; je fus celui qui en mangeai le plus, et je ne puis guère évaluer ce que j'en pris qu’à ‘environ deux cuillerées. Je trouvai ce miel d’une douceur agréable, et absolument Méin. du Muséum. À. 12. 38 298 EmPOISONNEMENT. - exempt de ce goût pharmaceutique qu'a si souvent celui de nos abeilles. Cependant, après en avoir mangé, j'éprouvai une douleur d'estomac plus incommode que vive; je me couchai sous ma charrette et je m’endormis. Pendant mon sommeil, les objets qui me sont le plus chers se présentèrent à mon imagination, et je m'éveillai profondément attendri. Je me levai; mais je me sentis d’une telle foiblesse qu'il me fut impossible de faire plus de cinquante pas ; je retournai sous ma charrette; je m'é- tendis sur le gazon, et me sentis presque aussitôt le visage baigné de larmes que j'attribuai à un attendrissement causé par le songe que je venois d’avoir. Rougissant de ma foiblesse, je me mis à sourire; mais, malgré moi, ce rire se prolongea et devint convulsif. Cependant j'eus encore la force de don- ner quelques ordres, et, dans l'intervalle, arriva mon chas- seur, l’un des deux Brasiliens qui avoient partagé avec moi le miel dont je commencois à sentir les funestes effets, Cet homme, qui devoit la naissance à un mulâtre et à une Indienne, réunissoit à une rare intelligence le caractère le plus fantasque et toute la légèreté des métis de Nègres et de Blancs. Souvent, après avoir éprouvé de longs accès d’une gaieté folle et aimable, il tomboit sans aucune raison dans une mélancolie sombre qui duroit quelques semaines, et alors il trouvoit des motifs de s'irriter dans les paroles les plus inno- centes et même les attentions les plus délicates. Jozè Mariano, c’est ainsi qu'il s’appeloit, s’'approcha de moi, et me dit d’un air gai mais pourtant un peu égaré que depuis une demi-heure ilerroit dans la campagne sans savoir où il alloit, Il s’assit sous la charrette et il m’engagea à prendre place à côté de à LA / ANENCEPHALES. PA ME Rebel veufr Muez DE LA Guère LEcHEGUANA. 209 lui. J’eus beaucoup de peine à me trainer jusque là, et, me sentant d’une foiblesse extrême, j’appuyai ma tête sur son épaule. Ce fut alors que commenca pour moi l’agonie la plus cruelle. Un nuage épais obscurcit mes yeux, et je ne distin- guai plus que les traits de mes gens et l’azur du ciel traversé par quelques vapeurs légères. Je ne ressentois point: de grandes douleurs, mais j’étois tombé dans le dernier afloi- blissement. Le vinaigre concentré que mes gens me faisoient respirer, et dont ils me frottoient le visage et les tempes, me ranimoit à peine, et j’éprouvois toutes les angoisses de la mort. Cependant j'ai parfaitement conservé la mémoire de tout ce que j'ai dit et entendu dans ces momens douloureux, et le récit que m'en a fait depuis un jeune Français qui n'ac- compagnoit alors s’est trouvé parfaitement d'accord avec mes souvenirs. Un combat assez violent se passa dans mon àme, mais il ne dura que quelques instans; je triomphai de mes foiblesses et je me résignai à mourir. Ce qui m’affec- toit plus, c'étoit le sort de mon Indien Botocude que j'avois tiré de ses forèts, et que je croyois devoir être, après ma mort, condamné à l'esclavage. Je conjurai ceux qui m’entouroient d’avoir pitié de son inexpérience, et de répéter à mes amis, lorsqu'ils les reverroient, que mes derniers vœux avoient été pour cet infortuné jeune homme. J’éprouvois un désir ardent de parler dans ma langue au Français qui me prodiguoit ses soins, mais il m'étoit impossible de retrouver dans mon souvenir un seul mot qui ne fût pas portugais, et je ne sau- rois rendre l'espèce de honte et de contrariété que me causoit ce défaut de mémoire. db. 300 EmMPOISONNEMENT. Lorsque je commencçai à tomber dans cet état singulier, j'essayai de prendre de l’eau et du vinaigre; mais, n’en ayant obtenu aucun soulagement, je demandai de l’eau tiède. Je m'aperçus que toutes les fois que j'en avalois, le nuage qui me couvroit les yeux s’élevoit pour quelques instans, et je me mis à boire de l’eau tiède à longs traits et presque sans inter- ruption. Sans cesse je demandois un vomitif à mon jeune Français; mais, comme il étoit troublé par tout ce qui se pas- soit autour de lui, il lui fut impossible d’en trouver un. Il eherchoit dans la charrette; j'étois assis dessous, et par consé- quent je ne pouvois l’apercevoir : cependant il me sembloit qu'il étoit sous mes yeux, et je lui reprochois sa lenteur. C’est la seule erreur où je sois tombé pendant cette cruelle agonie. Sur ces entrefaites, le chasseur se leva sans que je m'en apercusse; mais bientôt mes oreilles furent frappées des cris affreux qu'il poussoit. Dans cet instant je me trouvai un peu mieux, et aucun des mouvemens de cet homme nem'’échappa, Il déchira ses vêtemens avec fureur, les jeta loin de lui, prit un fusil et le fit partir. On lui arracha son arme des mains, et alors il se mit à courir dans la campagne, appelant la Vierge à son secours, et criant avec force que tout étoit en feu autour de lui, qu’on nous abandonnoit tous les deux, et qu'on alloit laisser brüler nos malles et la charrette. Un pion Guarani qui faisoit partie de ma suite, ayant essayé inutilement de retenir oet homme, fut saisi de frayeur et prit la fuite. Jusqu’alors je n’avois cessé de recevoir des soins du soldat qui avoit partagé avec moi et mon chasseur le miel qui nous avoit été si funeste; mais lui-même avoit commencé par être fort malade; cependant comme il avoit vomi très-prompte- Mrez 0e LA Guère LECHEGUANA. 3o1 ment, et qu'il étoit d’un tempérament robuste, il avoit bien- tôt repris des forces: ils’en faut pourtant qu'il fût entièrement rétabli. J’ai su depuis que, pendant qu'il me soignoit, sa figure étoit effrayante et d’une pâleur extrême, «Je vais, » dit-il tont-à-coup, donner avis de ce qui se passe à la » garde du Guaray.» I monte à cheval (1), et se met à ga- loper dans la campagne; mais bientôt le jeune Français le vit tomber; il se releva, galopa une seconde fois, tomba encore, et, quelques heures après, més gens le trouvèrent profondément endormi dans l’endroit où il s’étoit laissé tomber. Alors je me trouvai seul et presque mourant encore avec un homme furieux, mon Indien Botocude qui n’étoit qu'un enfant, et le jeune Francais, que tant d'événemens extraordi- naires avoient pour ainsi dire privé de la raison. Toute la ma- tinée nous avions aperçu des insurgés espagnols sur l'autre rive du fleuve; quelques uns même, qui l’avoient traversé à un gué voisin, s'étoient montrés dans l'éloignement du côté où nous étions, et, s'ils ne nous avoient point attaqué, c’étoit sans doute parce qu'ils ne pouvoient soupconner que nous fussions aussi peu nombreux. Les dangers de ma situation se peignirent vivement à mon esprit, et, affoibli comme je l’étois alors, je sentis mon mal s’en augmenter encore. J’avois calculé que le soldat que j'avois envoyé au Guaray devoit revenir ce jour-là même avec le nouveau guide, Je me flattai que je pourrois obtenir d'eux quelques secours, et mon imagination se partagea toute entière entre le désir L nr (1) Nous avions,soin d’avoir Loujours aupres de nous quelques chevaux sellés. 302 EmMPOISONNEMENT. ardent de les voir arriver et la crainte des dangers que je courois. Je crus entrevoir des chiens qui accompagnoient mon premier guide, et le Français m’assura que je ne me trompois point ; je pensai qu'ils revenoient avec mon soldat et je me sentis ranimé par une lueur d'espérance; mais ces animaux disparurent bientôt et me laissèrent à toutes mes in- quiétudes. Ils avoient fait partie de ces bandes de chiens mar- rons qui errent dans les campagnes désertes de l'Uruguay, et peu attachés à un maître qui les nourrissoit mal, ils avoient sans doute été rappelés par la faim dans un lieu où ils avoient vu peu de jours auparavant égorger une vache dont nous leur avions donné une large portion. Sur ces entrefaites, le chasseur Jozè Mariano vint s'asseoir auprès de moi; il étoit plus calme et avoit passé un linge au- tour de ses reins; mais il n’avoit pas encore recouvré l'usage de la raison. «Mon maitre, me disoit-il, il y a si long-temps » que je vous accompagne; je fus toujours un serviteur » fidèle; je suis dans le feu, ne me refusez pas une goutte » d’eau. » Plein de terreur et de compassion, je lui pris la main, etautant que mes forces me le permirent, je lui adressai quelques paroles de consolation et d'amitié. Cependant l’eau chaude dont j'avois bu une quantité pro- digieuse finit par produire l’effet que j'en avois espéré, et je vomis, avec beaucoup de liquide, une partie des alimens et du miel que j’avois pris le matin. Je commencai alors à me sentir soulagé; un engourdissement assez pénible que j’é- prouvai dans les doigts fut de courte durée; je distinguai ma charrette, les pâturages et les arbres voisins; le nuage qui, auparavant, avoit caché ces objets à mes yeux ne m'en déro- a * Mrer DE LA Guëre LEcHEGUANA. 303 . boit plus que la partie supérieure, et si quelquefois il s’abais- soit encore, ce n’étoit que pour quelques instans. Quoi qu'il en soit, l’état de Jozè Mariano continuoit à me donner de vives inquiétudes, et j'étois également tourmenté par la crainte de ne jamais recouvrer moi-même l’entier usage de mes forces et de mes facultés intellectuelles : un second vo- missement commença à dissiper ces craintes, el me procura un nouveau soulagement; j'eus moins de peine encore à dis- tinguer les objets dont j'étois entouré; je commencai à parler à mon gré le Portugais et ma langue maternelle; mes idées devinrent plus suivies, et jindiquai clairement au jeune Français où il pourroit trouver un vomitif. Quand il me l’eut apporté, je le divisai en trois portions, et je vomis, avec des torrens d'eau, le reste des alimens que j’avois pris le matin. Jusqu'au moment où je rendis la troisième portion de vo- mitif, j'avois trouvé une sorte de plaisir à avaler de l’eau chaude à longs traits; alors elle commença à me causer de la répugnance, et Je cessai d'en boire : le nuage disparut en- tiérement ; Je pris quelques tasses de thé, je fis une courte promenade, et, aux forces près, je me trouvai dans mon état naturel. A peu près dans le même moment la raison revint tout-à- coup à Jozè Mariano, sans qu'il eût éprouvé aucun vomis- sement; il prit de nouveaux habits, monta à cheval, et alla à la recherche du soldat qu’il ramena bientôt. Il pouvoit être dix heures du matin lorsque nous goù- tâmes tous les trois le miel qui nous fit tant de mal, et le soleil se couchoit lorsque nous nous trouvämes parfaitement rétablis. L'absence momentanée du Français et de l’Indien 304 EmPoirsSoNNEMENT. Botôcude les avoit préservés de manger du miel avec nous. Le soldat en avoit présenté au pion Guarani; mais celui-ei qui en connoissoit la qualité délétère avoit refusé d’en pren- dre : le Brasilien avoit ri de sa crainte, et n'avoit pas même eru devoir m'en faire part. Le lendemain j'étois encore un peu foible; le soldat se plaignoit d’être sourd d’une oreille; Jozè Mariano assura qu’il n’avoit point encore recouvré ses forces, et que tout son corps lui paroissoit enduit d’une matière gluante. Cepen- dant, comme notre nouveau guide étoit arrivé la veille au soir, nous partimes de bonne heure, afin de nous éloigner d'un lieu que nous ne pouvions plus voir qu'avec une sorte d'horreur. Pendant toute la journée, il me fut impossible de penser à autre chose qu'aux évènemens de la veille; et, lors- que nous fimes halte, je les écrivis tels que je viens de dés rapporter. J'avois dit à l'an de mes soldats que je serois bien aise de posséder quelques guèpes de l'espèce qui produit le miel dont nous avions éprouvé les fàächeux effets. Un peu avant d'arriver au lieu où nous arrétàmes le jour qui suivit notre empoisonnement, je fus appelé par le soldat, qui me montra un guêpier semblable à celui de k veille; il avoit la même forme, les mêmes dimensions, la même consistance ; il étoit également suspendu à l’une des branches les plus basses d’un petit arbrisseau, et mon pion Guarani, ainsi que le nouveau guide, un autre pion et plusieurs Indiennes que le guide avoit amenés avec lui, reconnurent ce guëpier pour appar- tenir, comme celui de la veille, à l'espèce connue dans le pays sous le nom de Lecheguana : mon soldat s’empara du Mrer pe LA Guëre LEcHecuana. 305 guêpier, et il m'apporta quelques-unes des mouches, ainsi que des fragmens de leur demeure. Les gâteaux que j'ai re- mis, avec le guëpier, au Cabinet du Roi, étoient pareils à ceux que j avois eu entre les mains le jour précédent; le miel dont ils étoient remplis avoit la couleur rougeâtre de celui de la veille, et il étoit également très-liquide. On se représentera sans peine l’étonnement et le chagrin que j'éprouvai, lorsque le soldat me dit que mon Indien Bo- tocude, qui avoit été témoin de notre empoisonnement, et le pion du guide avoient mangé de ce même miel, et que leur exemple avoit entraîné mon pion Guarani : je ne pus m'empécher d’accabler ces hommes de toutes les marques de l'indignation et du mépris. Ce miel ne me fera pas de mal, me répondit froidement le Botocude, il est si doux! Paroles qui caractérisent parfaitement les Indiens; tout entiers au présent, et sans inquiétude sur l'avenir. M'attendant à voir les scènes de la veille se renouveler, je préparai des vomitifs; j’envoyai mes gens se coucher, et je me mis à travailler dans ma charrette. À minuit, tout étoit autour de moi dans la tranquillité la plus profonde; j’éveillai le Botocude; il m’assura qu'il se portoit à merveille, et la nuit acheva de se passer sans accident. Aussitôt que je fus sorti des déserts où j'étois alors, et que j'entrai dans la province des Missions, j’interrogeai beaucoup de gens sur le miel des Lecheguana. Tous, Portugais, Guaranis, Espagnols, s’accordèrent à me dire que l’on dis- tinguoit dans le pays deux espèces de Lecheguana ; l’une qui donne un miel blanc ( Lecheguana de mel branco), et l'autre qui produit un miel rougeûtre (Lecheguana de mel Mém. du Muséum. 1. 12. 39 306 EmPOoisSONNEMENT. vermelho); ils ajoutèrent que le miel de la première espèce ne faisoit jamais de mal; que celui de la seconde, la seule que je connoisse, n’en causoit pas toujours; mais que, quand il incommodoit, il occasionnoit un sorte d'ivresse ou de délire, dont on ne se délivroit que par des vomissemens, et qui alloit quelquefois jusqu’à donner la mort: On m’assura que l’on connoissoit parfaitement la plante sur laquelle la guêpe lecheguana va souvent sucer un miel empoisonné ; mais on ne me la montra point, et je me trouve malheureusement réduit à former des conjectures. Je profiterai de cette occasion pour dire quelques mots des diverses plantes vénéneuses qui croissent dans le Brésil méridional, S III. Des plantes vénéneuses du Brésil méridional. Les premiers historiens du Brésil ont beaucoup parlé de l'art avec lequel les Indiens préparoient des poisons. Ils peuvent à leur gré, dit Pison (Bras. 46), infecter l'air et les eaux, empoisonner leurs flèches, les vètemens de leurs ennemis, et jusqu'aux fruits naissans dont ceux-ci doivent se nourrir un jour. Mais, comme Southey l’insinue très-bien (Hist. Bras, t. 1, p. 237), il est fort vraisemblablé, que de tels récits ont été imaginés par la haine des oppresseurs contre les opprimés, et ceux-ci, peut-être pour se faire craindre à leur tour, auront cherché à accréditer eux-mêmes des fables inventées d’abord dans l'intention de les rendre plus odieux. Pison justifie assez cette assertion, lorsqu'il pré- Mier DE LA Guère LEchEGuANA. 307 tend que les Indiens, en faisant un mystère de leurs poisons, en montroient sans peine les antidotes. Il est évident que si ces hommes étoient intéressés à ne point divulguer les fu- nestes secrets qu’on leur attribue, ils avoient un intérêt égal à cacher les remèdes qui devoient détruire l’effet de leurs poisons. Pison cependant nous a révélé une de leurs recettes, et il la compose d’un mélange bizarre des semences d’une Légumineuse qu'il appelle Mucunaguacu , de ceux des Cer- bera Ahovaï et Thevetia (Ahopai guacu et miré), du fiel d'un crapaud, des vers qui naissent dans le suc du manhioc, des feuilles de quelques sensitives (Æerba casta), et de celles de ces Rubiacées qu’il nomme Tangaraca ou Erva de rato. Si j'ajoute aux plantes que je viens de citer l_4n- nonée, appelée Araticu pana, et les Sapindacées , que Pi- son appelle Cururuapè (1) et Tümbd, nous aurons avec le manhioc, toutes les plantes vénéneuses du Brésil citées par Pison. Or on voit que, si quelques-unes de ces plantes peu- vent, dans certains cas, avoir des inconvéniens pour la santé, elles sont loin de ces terribles poisons des Indes orientales, dont l’idée seule cause de l’effroi. Ce ne sont certainement pas des végétaux bien redoutables que cet 4raticu pana, qui, de l’aveu de l’auteur lui-même , ne cause d’accidens que lorsqu'il est mangé avec excès, et ces Æerba casta dont Marcgraff, qui en reproduit la figure , n’a pas même indiqué les qualités nuisibles. Aruda et Coster qui, depuis Pison, ont habité les mêmes pays que lui, ne rappellent point les plantes que je viens (1) Paullinia pinnata L. 39° 308 EMPOISONNEMENT. de citer; et, en général, ils ne font mention d'aucun végétal venimeux. Je ne doute point que dans les parties les plus chaudes du Brésil septentrional, il ne se trouve des plantes dont les pro- priétés soient éminemment délétères, témoin cet Oassacu à odeur enivrante, cité par M. Martius (Phys. bras., 11). Mais quoique la Flore de Fernambouc ait encore beaucoup d'analogie avec celle des provinces du St.-Esprit, de Rio- de-Janeiro et Minas-Geraes, peut-être me suis-je déjà trop écarté de mon sujet en parlant de la végétation d’un pays où je n’ai point voyagé : je me bornerai actuellement à celle des contrées que j'ai parcourues. Personne n’étoit plus capable de nousinstruire des ancien- nes traditions des Indiens que le fameux Père Anchieta, qui avoit si long-temps vécu parmi eux, et qui possédoit si par- faitement leur langue; cependant avec le manhioc, il ne cite, dans sa lettre sur la province de St.-Paul, d’autre poi- son que les Tnbd, ces Sapindacées dont Pison, comme je l'ai dit, avoit aussi cité quelques espèces, et qui, comme la Coque du Levant, ont la propriété singulière d’endormir les poissons, propriété également signalée par Barrère, La Condamine et Adanson soit dans le Paullinia Cururu, soit dans le Paullinia pinnata. L'abbé Vellozo de Villa-Rica qui avoit long-temps voyagé dans la province des Mines, pour en observer la végéta- tion, a eu soin d'indiquer dans ses manuscrits les propriétés des plantes qu'il avoit recueillies; et les seules qu'il cite comme vénéneuses sont encore un Paullinia ou T'imnbo, qu'il dit être mortel pour les mammifères, et lun de ses Mrer DE LA Guère LEcHEGuaNA. 309 Galyinia où Erva de rato, Rubiacée qui est la même que l'un des Ærva de rato de Marcgraff, et qu’on dit être fort nuisible aux bestiaux. (Palicourea Marcgravir N.) Dans une liste générale des plantes les plus remarquables du Brésil, l’abbé Casal n’en nomme qu’une dont les proprié- tés soient délétères; l'arbre appelé Tzrguy(r) dont les feuilles, comme celles du Tnbû, font mourir les poissons, et que j'ai reconnu pour une Sapirdacée anomale. Lorsqu’ensuite le même auteur traite en particulier de la végétation des pro- vinces qui s'étendent entre le Rio-de-la-Plata, le Carynhenha et le Rio-Doce, il ne signale encore d’autres plantes véné- neuses que les Z#rbù (Coreg., t. IE, p. 48), qu'il confond alors avec le 7rguy, et un Guaratimbù, auquel on attribue, dit-il, l’insalubrité des eaux du Muryahè. I dit à la vérité, en parlant de la végétation des Mines, qu’on y trouve des plantes vénéneuses; mais comme il ajoute qu’elles font mou- rir les poissons, il est clair que ce sont toujours les 700 qu'il a en vue. Mon respectable ami, le P. Léandro do Sacramento, a in- diqué une plante nuisible, la Légumineuse, qu'il appelle Martiusea physalodes; mais il paroit qu'il ne la considère comme nuisible que pour les bestiaux ( Voy. Schultes, Mant. p. 226). Mawe, Lukok, Eschwegge ne sont point des botanistes ; cependant le dernier avoit fait un long séjour dans la pro- vince des Mines; Lukok avoit habité pendant dix ans Rio- de-Janeiro, Ste.-Catherine, Rio-Grande, S. Joaô-del-Rey, {1) Il y en a deux espèces, comme on le verra plus bas. 310 EmPoISONNEMENT. et il est à croire que si ces auteurs eussent entendu parler de quelques poisons dangereux, ils en eussent fait mention dans leurs écrits. À la vérité MM. Spix et Martius disent, dans leur inté- ressant voyage, qu'aux enVirons de Rio-de-Janeiro, le Cancer Uca se retire entre les racines des Mangliers pour s’y nourrir de plantes vénéneuses ; mais les savans Bavarois ne nomment point ces plantes, et comme la remarque que je viens de citer se trouve dans une simple note, il est à croire qu’elle n’est que le résultat d'un soupçon que les deux auteurs ont conçu, parce qu'ils considèrent le crabe dont il s’agit comme un animal suspect. Quant à moi, j'ai rencontré dans mes voyages beaucoup de plantes qui, dans certaines circonstances et prises à cer- taines doses, peuvent devenir très-nuisibles; quelques stimu- lans très-aculs, des plantes àcres, des £wphorbiacées, qui causent souvent des superpurgations dangereuses, etc. On m'a confirmé les propriétés des mb et des T'inguy (Mago- nia pubescens et glabrata N.), et lon m'a assuré même que l’un des T'nb0 , non-seulement étoit nuisible aux poissons, mais qu'il pouvoit être dangereux pour les quadrupèdes et pour l’homme (Serjaria lethalis N.). Plusieurs Rubiacées (Rubia noxia, Psycotria noxia, Palicourea Marcgravi N.) m'ont été indiquées par les cultivateurs, et toujours sous le nom de Ærva de rato, comme donnant la mort aux bes- tiaux qui la mangent. La Légumineuse qu'on appelle Jaca- tupè, et dont les racines sout comestibles, produit, dit- on, des fleurs vénéneuses; un Convolpulus, que j'ai trouvé abondamment sur les bords de la mer, dans les provinces de PP Muer 0e LA Guëre LEcHEGUANA. 311 Rio-de-Janeiro et du St.-Esprit, est, à ce qu'on assure, dangereux pour les bestiaux. On éprouve une espèce d’enivre- ment quand on mange avec excès les fruits de la Myrtée, que l’on nomme vulgairement Cagaiteira. Le Miomio du Rio-de-la-Plata fait périr les bêtes à corne. Il paroït certain que le Schënus arroeira cause des enflures à ceux qui dorment sous son ombrage. On m’a assuré enfin que la racine de la Minose, appelée Spongia, étoit un vrai poison, etc. Voilà sans doute des plantes dangereuses. Cependant, d’après tout ce qui précède, il est clair que jusqu'ici Von n’a reconnu dans le Brésil méridional aucune espèce vénéneuse que lon puisse comparer, par exemple, au 7zeute ou à l'Anthuaris Upar, et je serois mème porté à croire que, pro- portion gardée, il n'y a pas dans cette contrée plus de végé- taux nuisibles que l’on n’en compte dans la Flore de notre pays. La plante qui rend vénéneux le miel du Pont-Euxin est bien loin d’être un poison du premier ordre, comme le prouve assez l’effet qu’au rapport de Guldenstædt elle produit sur les chèvres; et par conséquent l’espèce dont les sucs empoison- nent souvent le miel de la guèpe Lecheguana, peut fort bien ne pas être plus dangereuse que l'Æzalea Pontica. Il n’est nullement vraisemblable que ce soit un Ærdro- meda, car je n'ai vu aucune espèce de la famille des Ærica- cées dans la province de Rio-Grande, la province Cisplatine et celle des Missions. Ce seroit encore moins un Æza/ea, puisque non-seulement il ne croît pas une plante de ce genre dans les diverses parties de l'Amérique que j'ai parcourues, mais encore sur les cent familles qui ont été signalées ‘par: 312 EmPOISONNEMENT. M. de Jussieu dans son Genera, celle des Rhodoracées est la seule dont je n’aie trouvé aucune espèce dans le cours de mes voyages. Au reste mes soupcons doivent tomber sur un très-petit nombre de plantes; car celle qui avoit rendu vénéneux le miel des guêpes du Rio-de-Santa-Anna, ne croissoit dans ce canton, probablement, que dans un espace de terrain fort peu considérable, puisqu’à quelques lieues du Rio-de-Santa- Anna, le miel d’un autre guépier de Lecheguana n'étoit plus narcotique. Il est mème assez vraisemblable que la plante qui rend souvent dangereux le miel de la gaèpe Lecheguana, ne croît pas dans tout l’ancien Paraguay; car Azzara qui parle du miel enivrant de l'abeille Cabatatu, et qui a fort bien décrit le guèpier des Lecheguana, ne dit point que le miel de ces guèpes soit souvent dangereux. Il y a plus, le même auteur ne nous fournit aucune donnée sur les plantes nuisibles du Pa- raguay, puisque, parmi le nombre assez considérable de vé- gétaux de cette contrée, qu'il a cités dans un voyage, il n’en désigne aucun comme ayant des qualités nuisibles. Si, à présent, je consulte l'excellent ouvrage de M. de Can- dolle sur les propriétés médicales des plantes, et les meil- leurs auteurs qui ont traité la mème matière, et que je joigne à leurs observations le fruit de mes recherches, je trouverai que le nombre des familles de Phanerogames qui produi- sent des plantes narcotiques, les seules auxquelles je doive naturellement m'arrêter, se réduit à un vingtaine, savoir: Menispermées, Sapindacées, Papaveracées, T'herebinta- cées, Légumineuses, Rosacées, Ombellifères, Chicoracées, Mer DE LA Guëre Lrcarcuan. 313 Rhodoracées, Apocinées, Solanées, Scrophularinées, Eu- phorbiacées, Conifères, Aristolochiées, Iridées, etc. En jetant un coup d'œil sur les espèces que j'ai recueillies dans un espace d'environ 45 lieues portugaises, de Belem à l’Ibi- cuy, espace dans lequel se trouve le Rio-de-Santa-Anna, je n'en trouve pas qui appartiennent à plus de six des familles que je viens de citer, et ce sont des £zphorbiacées ( Eu- phorbia papillosa, Microstachys ramosissima, Caperonia linearifolia, N.); des Apocinées (entr'autres Æsclepias mel lodora et Echites petrea, N.); une Sapindacée, des So- lanées, des Légumineuses, deux Scrophularinées.C?est donc sur ces plantes, au nombre devingt-un, que s’arrêteront mes conjectures; mais comme les Leégumineuses, les Euphor- biacées et les Æpocinées n'appartiennent point aux genres parmi lesquels on a désigné particulièrement dés narcotiques, je songerai principalement aux quatre So/anées (Nicotiana acutiflora, Solanum Guaraniticum, Fabiana thymifolia, Nrierembergia graveolens N.); à la Sapindacée (Paullinia australis N.); aux deux Scrophularinées (Stemodia palus- tris et gratiolæfolia, N.); et parmi celles-ci ce sera sur la Sa- pindacée que je ferai principalement tomber:mes conjec- tures, parce que je connois déjà les effets narcotiques que produisent, dans ces contrées, plusieurs végétaux de la même famille, et qu'en outre l'espèce que je signale étoit, de toutes les plantes que je viens de citer, celle qui FÉRR le plus près du guêpier dont le miel a failli m'être si funeste. Mém. du Muséum. t. 12. 4o 314 5 EMPOISONNEMENT. SAS 4 & Descriptions. 1. STEMODIA PALUSTRIS. Ÿ S. foliis oppositis, sessilibus, oblongo-linearibus, acutis, obsolete dentatis, superioribus angustioribus , sublinearibus , supremis ra- meisque linearibus, angustissimis ; floribus subspicatis, breviter pedunculatis ; calyce puberulo. Cauurs herbaceus, 3-8 pollicaris, erectus vel ascendens, ramosus, basi quandoquè stolonifer, 4-gonus, apice puberulus : rami graciles, erectiusculi, 4-goni , apice puberuli : stolones breviusculi, punctis conspersi glandulosis. Forra opposita, sessilia; inferiora circiter 1 pol. longa, 3 1. lata, oblongo-linearia , acuta, basi attenuata , re- motè obsoletèque dentata, punctis glandulosis conspersa; supe- riora angustiora , sublinearia , cæterùm conformia ; suprema ramea- que 2-4 1. longa, : 1. lata, linearia, angustissima; stolonum subli- nearia , erecta, subsecunda , utrinquè attenuata, manifestè dentata , falcata. FLores in apice caulis ramorumque axillares, solitarii vel bini , breviter pedicellati, subspicati aut, si libuerit, aggregatione ramorum subpaniculati; folia floralia (si mavis bracteæ) rameis si- milia. Bracreoc 2, è basi calycis enatæ , lineares, acutæ, puberulæ. Cazvx 5-partitus, puberulus; laciniis oblongo-linearibus, acuminatis, inæqualibus. Corozra circiter 4 + 1. longa, tubulata , 2-labiata, pu- berula, cœrulea, striis obscurioribus notata duabusque lineis albis in labio inferiore-cum lobis lateralibus alternantibus : tubus subrecurvus : labium superiusobtusissimum, emarginatum : inferius tripartitum; divisuris cuneatis, obtusissimis, integerrimis seu emar- ginatis ; intermedià pilosàä. Sama 4 , didynama , supra medium tu- bum inserta, inclusa: antheræ didymæ, à lateribus dehiscentes; lobis distinctissimis, distantibus, subrotundis ; connectivo lunulato. Sry- Lus glaber, persistens, apice cupulæformis ; cupulà intùs stigmaticà , aie Mrez DE LA Guëre LECHEGUANA. 315 mox'clausà. Ovarrum oblongum, glabrum, 2-loculare, polyspermum : ovula in quovis loculamento placentæ affixa proeminenti. Carsura ovata, compressiuscula, 2-sulcata, glabra, 2-valvis, polysperma ; valvulis dissepimentis parallelis, 2-partitis ; placentis dehiscentià septicidà à marginibus angustis dissepimenti solutis, timque mas- sulam oblongam in centro capsulæ efformantibus. SemiNa minutis- sima , oblongo-cylindrica , angulata , subpunctata , rufa. INTEGUMEN- TUM submembranaceum. PErISPERMUM carnosum. Emsrvo rectus, in semine axilis : radicula obtusa : cotyledones radiculà breviores. Crescit in pascuis humidis vel paludosis propè præcipitem aquæ lapsun fluminis Uruguay dictum Salto grande rivulumque Gara- puitä, in provincià Rio grande do Sul, haud longè à finibus provin- ciæ Missionum. Floret Januario. 2. STEMODIA GRATIOLÆFOLIA, + S. foliis oppositis, sessilibus, linearibus, acutis, obsoletissimè dentatis, glabris; floribus paniculatis, subsessilibus, in axillis bractearum subsolitariis; calyce glabriusculo. Caurrs herbaceus, 6-14 pollicaris, erectus, apice ramosus, basi stolonifer, 4-gonus, glaber : rami breves, 4-goni : stolonæ graciles, reptantes, 3-7-pollicares, punctis exterioribus glandulosis conspersi lutescentibus. Forra caulina opposita, sessilia, circiter 18 1. longa , 2 |. lata, linearia, acuta, obsoletissimè dentata ( V’eronicæ scutel- latæ), punctis glandulosis conspersa , glabra ; stolonum erecta , se- cunda, circiter 6 1. longa, 1 + lata, lineari-oblonga , falcata , sub- integerrima , glabra. Panicura terminalis, subcoarctata (si mavis, racemi in apice caulis axillares, simplices ): paniculæ rami oppositi, erectiusculi, distantes , simplices, bi vel trifidi, 4-goni, graciles, glabri, enati ex axillis bractearum >, oppositarum, caulinarum, foliis conformium , infrà flores insuper onusti bracteis quibusdam oppositis, foliis consimilibus sed multo minoribus (folia ramea ). Fiores in paniculæ ramis spicati, remotiusculi, oppositi, sessiles # 4o 316 EmPOISONNEMENT. vel subsessiles, basi bracteis 3 stipati linearibus, angustis , acutis- simis, glabriusculis; unä intermedià majore caulinà ; lateralibus 2 & basi calycis enatis. Caryx 5-partitus, glabriusculus; laciniis an- gustissimis, lineari-subulatis, inæqualibus , subdistantibus. Conozra circiter 4 1. longa, tubulata, 2-labiata, vix puberula, dilutè cœru- lea : tubus subrecurvus : labium superius obtusissimum, emargina- tum, seu vix emarginatum : inferius 3-partitum ; divisuris lineari- cuneatis, obtusissimis, integerrimis seu vix emarginatis, intermedià pilosä. Srawmna 4, didynama, inelusa, valdè inæqualia, supra medium tubum inserta : antheræ in tribus staminibus didymæ , lobis inæqua- libus, distantibus, rotundis, connectivo, subgloboso ; in uno stamine anthera minor, lobis lineari-oblongis, distinctis, connectivo oblongo angusto; omnes 2-loculares, anticæ, lateraliter dehiscentes. Sryrus persistens, incurvus, glaber, apice cupulæformis; cupulà intùs stigmaticà, mox clausà. Ovariuw oblongum , glabrum, 2-loculare, polyspermum, gynophoro brevi insidens paul latiore : ovula nume- rosa , in utroque loculamento placentæ proeminenti aflixa. Carsuza vestita calyce persistente, circiter 1 : 1. longa, oblonga, 2-sulca, glabra, 2-valvis, polysperma; valvulis dissepimento parallelis, 2-partitis; placentis dehiscentià septicidà à marginibus angustis dissepimenti solutis, timque massulam oblongam liberam in centro capsulæ efformantibus. Haud vidi semina. Inveni ad margines sylyularum quæ rivum Toropasso cingunt in provincià Æio grande do Sul, haud longè à provincià Missionum. Florebat Januario. Oss. Il sera nécessaire de revoir les diverses plantes que l'on a faitientrer dans le genre, Srémodia, et quitoutes ne,s'y rapportent probablement point. Quant aux deux espèces que je viens de décrire ; elles sont certainement congénères du S. maritima L., type du genre, et si Linné( Gen. ed. Schreb. {20 ) a dit que dans les Stemodia en général, la cloison étoit contraire aux valves, c’est certainement une erreur, car on les trouve parallèles dans ce même $. maritima, comme l’avoit sans doute reconnu Jussieu, puisqu'il range le Stémodia parmi ses Scrophulatres (Gen. #18): A la vérité Gærtnér (Sem. 1,t. 82, f.5) a dessiné le S. ruderalis Mrer, pe La Guêre LEcHEGuANA. Ft: - comme ayant la cloison portée sur le milieu des valves. Est-ce une inadvertance , ou le Stémodia ruderalis doit-il être exclu du genre, quoique d’ailleurs il paroisse en ayoir les caracteres ? FABIANA. Ruiz et Pav. (Caract. ref.) Cazyx 5-fidus, aut rard 5-dentatus, subinæqualis. Corozza infun- dibuliformis, breviter 5-loba, plicata; tubo infernè tenui, cylin- drico, deindè gradatim dilatato. Sramma 5, basi tubi inserta, cùm lobis alternantia, inclusa; filämenta complanata, apice incurva : antheræ reniformes, inter lobos affixæ, mobiles, 2-loculares, an- ticæ, à latere dehiscentes. Srvrus complanatus, inclusus, apice curvatus. Sriema obliquum. Necramum nulium. Ovarium superum , 2-loculare , polyspermum : ovula numerosa , in utroque loculamento placentæ aflixa è dissepimento enatæ. Carsuza 2-locularis, 2-valvis ; valvulis dissepimento parallelis ; placentis dehiscentià septicidà, de- mm liberis massulamque unicam in medio capsulæ tunc efforman- tibus. Sema minuta, subcylindrica, punctata. Umsiricus ad me- diam seminis faciem. INTEGUMENTUM duplex; exteriùs crustaceum ; interiùs membranaceum. PerisperMuM carnosum. Emsryo dorsalis , curvatus, umbilito parallelus. SUFFRUTICES visçosi aut rar resinosi. Forra alterna , sæpiüs sparsa, rarissimè imbricata. Frores exträaxillares aut subaxillares. 5. Fasrana Tuymirorra. + Tab. IX. F. foliis parvis, linearibus , enerviis; peduneulis fructiferis retro- fractis. SurrruTEx 6-0 pollicaris , erectus aut rard decumbens, à basi vel tantummodà apice valdè ramosus, omni parte hirtello-pubescens et viscosus; pilis brevissimis , apice glandulosis : rami erectiusculi, graciles. Forra sparsa , sessilia, parva, linearia, obtusiuscula , ver- sus basin vix attenuata , crassiuscula , enervia. Frores subaxillares, pedunculati, solitarii. Penuncurus folio longior, primd suberectus, florifer refractus. Cazyx campanulatus, usquè ad medium 5-fidus ; 318 EnmPOISONNEMENT. dimidiam partem corollæ tubi ferè adæquans; laciniis linearibus, acutiusculis, subdistantibus. Cororra subinæqualis, infernè lutea, superiùs sordidè purpurascens, striis obscurè purpureis notata , in- fundibuliformis, breviter 5-loba ; tubo usquè ad mediam partem cylindrico, deindè gradatim dilatato; lobis acuminatis. Sramma 5, imo corollæ tubo inserta, eodemque basi adhærentia, cum lobis al- ternantia, inclusa, inæqualia, glabra : filamenta subcomplanata , apice incurva ; lutescentia : antheræ subreniformes, inter lobos af- fixæ, mobiles, 2-loculares, anticæ, à latere dehiscentes. Sryrus complanatus, apice incurvus, glaber, lutescens. Sricma orbiculare, obliquum. Necrarrou nullum. Ovariun oblongum , glabrum, 2-locu- lare, polyspermum : ovula numerosa in quovis loculamento pla- centæ proeminenti è dissepimento enatæ aflixa lotamque ferè ejus- dem superficiemn obtegentia. Casura calyce persistente vestita, oblongo-ovata, acutiuscula, glabra, 2-locularis, 2-valvis; valvis apice breviter 2-fidis, dissepimento parallelis ; placentis ab angustis dissepimenti marginibus dehiscentià septicidà solutis, in medio capsulæ liberis , massulamque compactam oblongam unicam effor- mantibus. Sema minuta, cylindrico-globosa , utrinquè obtusa , ir- regulariter favoso-scrobiculata ;-glabra , nigrescentia. Umrrcicus sub- orbicularis, levis, ad mediam seminis faciem situs, medioque ejusdem axi respondens. INTEGUMENTUM duplex ; exterius crustaceum ; interius membranaceum. PERISPERMUM carnosum. Emsryo in perispermo dor- salis, compressus, arcuatus, utrinquè obtusus , umbilico parallelus : cotyledones suborbiculares, radiculà breviores. ‘ Inveni in pascuis propè prædium dictum Rinca6 de Sanaloés, in provincià Rio grande do Sul. Florebat Januario. NIERENBERGIA. Ruiz et Pav. (Caract. ref.) Cauyx tubulosus vel sæpiùs campanulatus, persistens, arcuatus, 5-fidus, subinæqualis. Corozra infundibuliformis; tubo tenui, sæpè longissimo; limbo cupulæformi, magno, 5-lobo, subirregulari. Mirez De LA GuËPrE LECHEGUANA. 319 Sramina 5, summo tubo inserta, cum lobis alternantia , erecta , con- niventia, rarissimè basi coalita, inæqualia : filamenta apice in- curva : antheræ sæpiùs reniformes, inter lobos insertæ, mobiles, anticæ, 2-loculares, à lateribus dehiscentes. Necranium nullum. Sryzus apice curvato infundibuliformis. Sriema ad parietem partis styli concavæ. Ovariun superum, 2-loculare , polyspermum : ovula numerosa , placentis duabus aflixa è dissepimento hinc et indè enatis. Carsura 2-valvis; valvulis dissepimento parallelis, 2-partitis ; de- hiscentià septicidà placentis liberis massulamque unicam in medio capsulæ efformantibus. SEmnwa parva, angulata, dorso convexa. PerisPermum carnosum. Emsrvo in seminis dorso locatus eodemque curvaturà conformis, umbilico parallelus. Hersz vel surrrurices. FozrA alterna , sæpius sparsa. Frores extrà- axillares aut oppositifolii, solitarti. 4. NIERENBÉRGIA GRAVEOLENS. Ÿ Tab. X, À. N. hirtello-pubescens , viscosa ; caule suffrutescente; foliis sessili- bus, angustis, oblongo-lanceolatis, acutis, infernè attenuatis. Surrrutex digitalis-pedalis, ramosus, hirtello-pubescens, pilis glandulosis viscosus; odore gravi. Forra sparsa, conferta, 6-0 1. longa , 1-21. lata , angusta , oblongo-lanceolata, acuta, à tertià parte superiore usquè ad basin attenuata; juniora supremaque lanceolato- linearia vel linearia, sæpè minora. Frores in apice caulis ramulo- rumque extraaxillares , sessiles, subspicati , secundi, bracteis inter- mixti quandoquè geminis foliis superioribus consimilibus. Caryx tur- binato-campanulatus, 5-fidus, 1o-striatus, arcuatus, subinæqualis ; laciniis semi-lanceolatis, acutis. Cororra infundibuliformis, circiter 10 1. longa; tubo tenui, cylindrico, calyce dimidid longiore ; limbo magno, cupulæformi, 5-lobo, subirregulari, puberulo, albo, in fundo luteo, in quovis lobo striis 3 pallidè purpureis notato; lobis oblu- sissimis. SrAMINA 5, summo tubo inserta, erecta, conniventia, cùm lobis alternantia limboque dimidid breviora : filamenta brevius- 320 EMPOISONNEMENT. cula, apice curvata, inæqualia, glabra : antheræ subreniformes, inter lobos insertæ, mobiles, 2-loculares, anticæ , à lateribus dehiscen- tes. Srvzus filiformis, glaber, staminibus paulè longior, apice cur- vatus et infundibuliformis, in parte concavà stigmaticus. Ovarum liberum, ovatum, glabrum, 2-loculare, polyspermum : ovula nu- merosa, placentis 2 aflixa proeminentibus. CarsuLa vestita calyce per- sistente eodemque brevior, oblongo-ovata, acuta , glabra, 2-valvis; valvis dissepimento parallelis, 2-partitis; placentis dehiscentià septicidà ab angustis marginibus dissepimenti solutis, in medio capsulæ liberis massulamque unicam oblongam efformantibus. SEMEN parvum, nigrum , 3-quetrum; dorso.convexo ; utroque latere foveoleäà arcuatä profundè excavato. Inrecumexrum membranaceum. Ummicus in medio anguli interioris. PERISPERMUM Carnosum. Ewsrvo subcylindricus, compressiusculus, in perispermo locatus ejusdemque ferè longitudine, seminis dorso curvaturâ conformis, umbilico parallelus : cotyledones lineares, acutiusculæ : radicula acutiuscula. Frequens in pascuis ad ripas fluminis Uruguay, in provineiis dictis Rio grande et Missoés. Floret Januario, Februario. 5. NicoTIANA ACUTIFLORA. e N. foliis radicalibus oblongis, in petilum attenuatis, vix scabro- puberulis; inferioribus lineari-oblongis , amplexicaulibus; superio- ribus linearibus , basi auriculatis; corollæ tubo longissimo ; divisu- ris acutis. Caurs herbaceus, 12-15-pollicaris, erectus, durus, teres, sub- scaber, parüm ramosus. For4 radicalia, circiter 4-5 pol. longa, cir- citer 8 L. lata, oblonga, in petiolum attenuata, vix sinuata, vix scabro- puberula ; inferiora circiter 2 : pol. longa ; 4 L. lata , lineari-oblonga, acutiuscula , infernè angustata , snbsemiamplexicaulia, subsinuata , vix scabro-puberula; superiora distantia, linearia , angusta , obtu- siuscula, basi auriculata, marginibus præcipue subaspera. FLores Mrez DE LA GuËre LEcHEGUuANA. 321 in axillis foliorum supremorum solitarii, pauci, pedunculati, pe- dunculo curvato subhorizontales : pedunculus circiter 6 1. longus, pubescens. Carvx campanulatus, 9-10 1. longus, 5 aut quandoquè 6-fidus, 5-6-striatus, pubescens; divisuris linearibus, angustis, inæqualibus. Corozra 4-pollicaris, infundibuliformis, puberula, albido-rufescens; tubo longissimo, cylindrico; limbo angustè campa- nulato , 5-fido, 5-plicato ; laciniis angustis , sublinearibus , acutis, inæqualibus. Sramina 5, limbo inserta, brevia, inclusa, glabra, inæqualia ; unum mult inferius : filamenta subcomplanata : antheræ majusculæ, suborbiculares, complanatæ , basi bifidæ , dorso aflixæ, mobiles, anticæ, lateraliter in longitudinem dehiscentes. Sryrus filiformis, longissimus, vix exsertus. Sriema 2-lobum. Necrarium annulare , basi ovarii adnatum. Ovarium ovatum, glabrum , 2-locu- lare, polyspermum. Non vidi fructum. In pascuis provinciæ Cisplatinæ et provinciæ ÆR10 grande do Sul non infrequens. Oss. Cette plante évidemment intermédiaire, comme beaucoup d’autres, entre les Nicotianes de Linné et les Petunia de Jussieu , achève de démontrer que M. Lehman ne pouvoit mieux faire de réunir ces deux genres. 6. SOLANUM GUARANITICUM. $. caule fruticoso , basi aculeato; aculeis rectis; ramulis pubes- centibus; foliis solitariis, ovatis, acuminatis, basi inæqualibus, subtüs repandis, pubescentibus, suprà subglabratis; cymis extra- axillaribus , paucifloris. Frurex circiter 4-pedalis , ramosus, basi aculeatus ; aculeis crebris rectissimis, circiter 2 1. longis, acerosis, reflexis : ramuli pubescentes. Foura alterna, solitaria , petiolata, circiter 3 pol. longa, 2 pol. lata, ovata, acuminata, basi inæqualia, repanda, subtüs pubescentia, suprà subglabrata; nervo medio proeminente nervisque lateralibus parallelis distantibus; superiora folia minora , quandoquè oblonga, cæterùm conformia : petiolus circiter 6-8 1. longus, subtüs con- Mém. du Muséum. 1. 12. 4x 322 EmPoISONNEMENT. vexus, suprà Canaliculatus, glaber, in foliis junioribus pubescens. Cyux extraaxillares, pedunculatæ , paucifloræ : pedunculus circiter 10-15 1. longus, pubescens : ramuli cymæ pubescentes : pedicelli curvati, pubescentes , circiter 6 L. longi. Pizt ommes stellati. Carvx brevis, turbinato-campanulatus, patulus , breviter 5-fidus , pubes- cens; divisuris dentiformibus, distantibus , subinæqualibus. CoroLta rolata, 5-fida, extra puberula, alba. Sramina 5, imo tubo inserta , cum divisuris corollæ alternantia, glabra : filamenta brevia , com- planata : antheræ oblongo-lineares , 4-gonæ , apice 2-porosæ, basi afixæ, 2-loculares , anticæ. Srvus glaber. Sricma terminale, obtu- sum. Ovarium subglobosum , glabrum, 2-loculare, polyspermum : ovula placentis 2 valdè proeminentibus aflixa à dissepimento enatis. Fructum non vidi. Inveni in pascuis petreis propè rivulum 7mbaha in provincià Rio grande do Sul, haud longè à finibus provinciæ Missionum. Florebat Januario. 7. EGuITES PETREA. Caule suffruticoso, erecto, apice dichotomo, molliter hirsuto; foliis linearibus, acutis, basi cordatà obtusis, margine valdè ondulato re- volutis, suprà parcè hirsutis, subtùs incano-tomentosis, inferiori- bus 3-4-nis, superioribus oppositis; tubo longissimo; lobis crispis. Cauus suffruticosus, erectus, 6-15-pollicaris, apice dichotomus, teres, sordidè purpurascens, molliter hirsutus. Foria inferiora terna quandoquè 4-terna; superiora opposita, confertissima , imbricata ; omnia brevissimè petiolata, circiter 16-81. longa, gradatim angus- tiora, 5-1 1. lata, linearia, rarissimè lineari-lanceolata, acuta , basi cordatà obtusa , margine valdè undulato revoluta, rugosa vel subrugosa, suprà parcè hirsuta, subtüs incano-tomentosa ; nervo medio subtùs proeminente, hirsuto et rubescente : petiolus circiter 3-5 L. longus, hirsutissimus,. Pgpuncuzi in dichotomiis alares raribsve ex axillis foliorum enascentes, solitarii, uaiflori, 2 +-6-pollicares. +. _ Mrez pe LA Guërz LECHEGUANA. 323 Cazxx circiter 9 1. longus , 5-partitus, tomentoso-pilosus, canescens, vix inæqualis, basi 3-4-bracteatus, persistens ; laciniis lanceolato- linearibus, angustis, acutiusculis : bracteæ tertiæ calycis parti æquales, lanceolato-lineares, angustæ, acutiusculæ, tomentoso- pilosæ, canescentes. Cororra 3 +4 +pollicaris, infundibuliformis, longè tubulosa, 5+loba ; extra apice præcipuè tomentosa, exsquam- mata; tubo cylindrico, gracili , apice gradatim dilatato, intüs infra stamina villoso, sordidè purpureo; lobis obtusissimis, inæquilateris, margine crispo-undulatis, älbis. Srammwa 5, inserta basi partis tubi dilatatæ : filamenta brevissima, latiuscula , complanata, figu- ram S subreferentia, intüs barbata : antheræ circiter 5-6 1. longæ, lineares , acutiusculæ, cum stigmate infra medium coalitæ et vacuæ, supra medium polliniferæ ; loculamento uno abortivo. Srxzus lon- gissimus, filiformis, glaber. Sriema terminale, stylo multotiès latius, crassum, conicum, profundè 5-sulcatum, apice tereti 2- dentatum, ad styli insertionem concavum. Forucutt 2, circiter 6-7- pollicares, graciles, torulosi, arcuati, acutiusculi, pubescentes. SEmNA matura non observavi. Crescit in saxosis haud longe à littoribus fluminum vulgd Rio de la Plata et Uruguay , præcipuè propè rivulos Ærroio del Rosario et Arroio de Chapicuy (provincià Cisplatinà), propèque pagum Sancti Joannis (provincià Missionum). Floret Decembre-Aprili. Oss. Cette plante forme avec l’Æehites longiflora Desf. et mes ÆE. virescens, Guaranitica , Vellame, pinifolia, un groupe composé de sous-arbrisseaux , et par- faitement caractérisé dans le genre Echites par des tiges qui dépassent à peine un pied, et ne sont point grimpantes ; par des feuilles ordinairement fort rappro- chées, qui sont en dessous toujours blanches, laineuses ou tomenteuses ; par de longs pédoncules ; enfin par des fleurs plus ou moins tomenteuses ou laineuses en dehors, qui ne sont presque jamais qu'au nombre d'une ou deux, et dont Le tube est extrémement long et le limbe ondulé. Quoïque ces caracteres soient fort remar- quables, je n’ai pas cru devoir séparer mes plantes des véritables Æchites ( ceux à corolle infondibuliforme), parce que je ne trouve réellement aucune différence (29 324 EmPOISONNEMENT. un peu importante dans les parties de la fructification: Le groupe que je viens de signaler appartient exclusivement aux pays découverts de l’intérieur du Brésil et des Missions. Les espèces qui le forment doivent être caractérisées de la manière suivante. Je les rangerai d’après leurs aflinites. ro. Echites Velame +. N. V. Velame. Caule suffruticoso, erecto, simplicissimo, lanato; foliis ovato-oblongis, cuspidatis , utrinquè lanatis, incanis; tubo corollæ longo ; lobis crispis. — Frequens in campis montosis provinciæ Minas geraes. Floret Decembre-Fe- bruario. 2°. E. virescens +. Caule suffruticoso, erecto, hirsuto ; foliis oblon- gis, acutis, basi obtusis, margine vix revolutis, suprà pubescenti- bus, sublès incano-tomentosis; tubo corollæ longissimo ; lobis crispis. — Crescit in campis herbosis propè prædium dictum Fortaleza, ad fines Barbarorum (parte provinciæ S. Pauli vulgù Campos geraes). Floret Februario. 3°. E. Guaranitica +. Caule suffruticoso , erecto, tomentoso ; la- nato ; foliis cordato-ovatis, cuspidatis, marginibus.vix revolutis; suprà pilosiusculis, subtüs incano-tomentosis ; tubo corollæ lon- gissimo; lobis crispis. —Crescit in campis herbosis propè vicum S. Francisci Borjensis in provincià Missionum. Floret Februario. 4°. E. longiflora. Desf. , Mem. Mus. vol. v, p. 274. Caule suffru- ticoso , erecto, lanato (1); foliis cordato-lanceolatis, margine undu- lato revolutis, suprà glabriusculis vel lanato-pilosis, subis incano- lanatis; tubo corollæ longissimo; lobis crispis. — Inveni in campis partis occidentalis provinciæ Minas Geraes,et propè urbem Ztapeva (provincià S. Pauli). Floret Septembre-Januario. — Valdè aflinis præcedenti, sed distincta. a) M. Desfontaines, qui décrivoit cette plante d’après des échantillons secs, a cru par analogie qu’elle avoit des tiges grimpantes; mais comme je l’ai moi-même reueillie dans son pays natal, je puis répondre qu'elle s'éléve à peine à douze ou quinze pouces , et que ses tiges sont droites. En rm Mrez DE LA Guëre LEcHEGUANA. 325 5°. E. petrea (suprà descripta). 6°. E. pinifolia. Caulibus suffruticosis, erectis, vix spithameis, hispidis; foliis quaternis , linearibus, angustis, margine revolutis , suprà hispidis, subtùs incano-tomentosis; tubo corollæ longissimo ; lobis crispis. Odor gratissimus. — Inveni in campis herbosis propè fontes aquarum calentium vulgd Ca/das, in parte australi provinciæ Goyaz propèque præsidium dictum Guarda da Posse, ad fines oc- cidentales provinciarum S. Pauli et Minas Geraes. Floret Augusto- Septembre. 8. ASCLEPIAS MELLODORA. Ÿ A. caule herbaceo, subsimplici, pubescente; foliis oppositis, brevissimè petiolatis, longis, linearibus, acutis, suprà glabriusculis, subtüs nervo medio lateralibusque venis et marginibus præcipuè puberulis; petiolis, pedunculis calycibusque pubescentibus ; um- bellis interpetiolaribus. Cauus herbaceus, simplex aut subramosus, teres, pubescens. Fozra opposita , brevissimè petiolata , 15 1.-5 pol. longa, 4-5 1. lata, linearia , acuta, sæpiüs gradatim longiora angustioraque, integer- rima, marginibus suprà glabriuscula , subtùs nervo medio laterali- busque venis et marginibus præcipuè puberula : petiolus circiter 21. longus, puberulus , subtüs carinatus , suprà canaliculatus, hinc et indè basi glandulosus. Umsetzx pedunculatæ, interpetiolares, so- litariæ, circiter 6-12-floræ , bracteis paucis, sublinearibus, acutis, pubescentibus basi stipatæ : pedunculus r-2 pol. longus, rard bre- vior, pubescens : pedicelli circiter 5-6 1. longr, pubescentes. Caryx 5-partitus , pubescens ; laciniis oblongo-lanceolatis , reflexis. Cororra EXTERIOR rotata , profundè 5-partita, vix puberula, virescens. CoroLLA inTERIOR basi exterioris inserta, tubulata, profundè 5-fida, glabra, lutescens; tubo circiter 1 1. longo, 5-sono; divisuris cum laciniis co- rollæ exterioris alternantibus, erectis, subcuculatis, à medio pro- cessum corniformem acutissimum falcatum exserentibus, apice 3-lo- 326 EMPOISONNEMENT. bis; lobo intermedio crassiusculo, obtusissimo, retuso; lateralibus acutiusculis, intermedio brevioribus. Anreræ summo tubo corollæ interioris insertæ, cum ejusdem laciniis alternantes, sessiles , erec- tæ, infra medium marginibus coalitæ, latiusculæ, lyræformes, basi breviter biauriculatæ, apice in appendicem membranaceam inflexam productæ, 2-loculares, anticæ , longitrorsùm dehiscentes, basi stigmatis infernè adnatæ : pollen in quovis loculamento concre- tum in massulam oblongam , basi obtusam , apice acutam , compres- sam, subfalcatam, subpunctatam, nitidam , luteam. Sryut 2, glabri, circiter 3-4 1. longi. Sriema utroque stylo commune, crassum, pris- matico-5-gonum, apice truncatum , ex foveolis 5 angularibus cum antheris alternantibus emittens corpuscula totidem minuta, erecta, basi 2-fida , deindè ovata , subcomplanata , medio sulcata , nigres- centia, in processum hinc et indè lateraliter expansa horizontali- descendentem, filiformem, figuram S subreferentem, colore succini ; utrâque massulà pollinis viciniore (ex vicinioribus loculamentis an- theræ utriusque proximæ) extremitati cujusvis processüs adglutinatà penduläque. Ovaria 2, semi-ovata, dorso convexa, facie plana, glabra , 1-locularia , polysperma : ovula placentæ proeminenti aflixa ex ovarii facie enatæ. Forxicuzr juniores ovati, longè acuminati, pubescentes; maturos non vidi. In campis non infrequens provinciarum Rio grande do Sul et Mis- sionum , ad littora fluminis Uruguay. Floret Januario. V. 8, minor; caulibus digitalibus , bifariäm puberulis; foliis angustioribus, semper canaliculatis ; corollà interiore carneä. Crescit in campis herbosis propè pagulum Casa branca (provincià S. Pauli). Floret Novembre, 9. RusiA NoxIA. + R. caulibus diffusis , infernè subretrorsüm pilosis, apice hirsutis ; foliis quaternis, sessilibus, ellipticis, obtusis, brevissimè cuspi+ datis, 3-nerviis, punctato-pellucidis, suprà undiquè subtüs im Mrec DE LA Guère LEcnEcuanA. 327 nervis sCabro-pilosis; pedunculis axillaribus, solitariis, 1-floris; flore involucrato ; baccä levi, glabra. Cauces 1-2-pedales, decumbentes, diffusi, ramosi, 4-angulati, in angulis infernè retrorsùm vel subretrorsim scabro-pilosi, apice subretrorshm hirsuti : rami graciles, 4-gulares, hirsuti. Foua 4-terna, sessilia, elliptica, obtusa, brevissimè cuspidata, integerrima, marginibus vix revoluta, 3-nervia, punctato-pel- lucida, suprà scabro-pilosa ; suprema elliptico-ovata, acutiuscula : inferiora circiter 6 1. longa , 3 1. lata; cætera sæpiüs gradatim mi- nora ; ramea multotiès minora. Pepuncuut axillares, solitarii, fili- formes, pilosi , 1-4 1. longi, folio longiores vel breviores, 1-flori. Fros minutus, involucratus. Invorucrum 4-phyllum ; foliolis parvis, ovatis, acutiusculis, punctato-pellucidis, pilosis. Carvx adhærens, globoso-turbinatus , integerrimus. Corort rotata, 4-fida, extrinsecüs vix pilosa, virescens. Sramina 4, corollæ inserta, cum ejusdem divisuris alternantia, brevissima, glabra : antheræ subglobosæ , dorso aflixæ , mobiles, anticæ, 2-loculares, longitrorshm dehiscen- tes. Necrarrum epigynum, annulare, ad ambitum styli. Sryzus tertià parte 2-fidus, glaber; laciniis recurvatis. Sricmara capitata. Ovarium 2-loculare ; loculis 1-spermis : ovula hemisphærica , dorso convexa , facie concava , placentæ aflixa proeminenti subglobosæ, à medio dissepimento enatæ, partemque ovuli concayam farcienti. Bacca minima, didyma, globoso-cordata, carnosa , succulenta, levis, glabra, alba, 2-sperma. Seuia pericarpio adhærentia, dorso con- vexa , facie concava : umbilicus ad faciem mediam seminis conca- vam. PErisPerMuM corneum. Eusryo dorsalis, curvaturà semini con- firmis , umbilico parallelus : cotyledones planæ, orbiculares : radi- cula (si ad fructum spectes) infera. Crescit in sylvis primævis provinciæ Minas Geraes. Floret Fe- bruario-Martio. 328 EmMPOISONNEMENT. PALICOUREA. Aub. Kunth. Stephanium Schreb. Galvania Vell. Vand.— Non Spreng. Cazvx adhærens, 5-dentatus. Corota tubulosa, subcylindrica , basi gibba, breviter 5-fida, intus infra medium barbata. Sramma 5, inclusa vel exserta : antheræ lineares , angustæ, dorso aflixæ , mo- biles, 2-loculares , longitrorsim dehiscentes. Necranum epigynum, styli basin ambiens nec eodem adhærens. Srvzus bifidus; divisuris interiore paginà stigmaticis. Ovariun 2-loculare ; loculis 1-spermis : ovula basi dissepimenti aflixa , ascendentia. Drupa dipyrena , calyce persistente coronata. Pyrexx dorso convexo 5-costatæ, facie planä canaliculatæ. Sema pyrenis subconformia. InrecumEenTuM tenue, membranaceum. Ummmicus in faciei cavitate. PerIsPeRMuM magnum, carnoso-corneum. Eweryo parvus in basi perispermi, parti seminis in quâ reconditur curvaturà conformis et umbilico parallelus : ra- dicula infera. Arsores vel frutices. Fozra opposita aut rarissimè quaterna seu sera, integerrima. Sripucæ interpetiolares. FLores paniculati aut rariüs corymbosi seu compositi, racemosi vel cymosi, sæpè lutei, quandoquè bicolores. Osservariows. 1°. La forme de la corolle, fort différente de celle des Psychotria, autorise suffisamment à suivre l'exemple de M. Kunth et à admettre le genre Pali- courea d’Aublet, 2°. Comme je m'en suis assuré par l'examen des espèces de Vellozo, le genre Galvania de cet auteur et de Vandelli ne diffère nullement du genre Palicourea. Il est vrai que Vandelli (in Rœm. script. tab. vi, fig. 7) a figuré le Palicourea comme ayant des étamines incluses, et Kunth dit, dans la description générale des Palicourea, que ce genre a des étamines sortantes (Nov. gen. in, p. 365 ); mais on'voit, par la figure d’Aublet, que son espece (Guy. 1 , p. 173,t. 66), qui est le type du genre, a les étamines incluses ; et Kunth lui-même dans sa descrip- tion particulière, indique une partie de ses Palicourea comme ayant des étamines sortantes et l’autre partie comme ayant des étamines incluses. 3°. Le Galvania de Sprengel (Endeck.), et qui est indiqué comme étant le Mrez DE LA Guère LECHEGUANA. 329 véritable Galvania de Vandeli, est une plante entièrement différente, ainsi que le prouve jusqu’à la derniere évidence les manuscrits de l’abbé Velloz c . 10. Paricourea Marceravir. t Tab. XI, A. P. foliis oblongis, acuminatis, acutis; cymis pedunculatis ; co- rollis papilloso-tomentosis. Galvania sp. 24 ( Erva do rato) /’ell. Mss.— Erva do rato Mareg. Bras. 60, fig. 2 (1).—N. Vulg. Erva do rato. Frurex 5-6-pedalis ; ramulis oppositis, subtetragonis, glabris. Forta opposita, breviter petiolata , circiter 4-7 pol. longa, 1-2 pol. lata, oblonga, acuminata, acuta, basi obtusiuscula, integerrima, glabra ; nervo medio proeminente nervisque lateralibus circiter 22, parallelis, arcuatis : petiolus circiter 2-3 1. longus , subtüs con- vexus, suprà canaliculatus , glaber aut in junioribus foliis puberulus. SrruLæ interpetiolares, trifidæ. Cymx terminales, pedunculatæ, so- litariæ aut rarissimè ternæ , quandoquè basi 2-bracteolatæ: pedun- culus circiter 1-2 pol. longus, complanato-triqueter, puberulus : ramuli alterni aut subalterni, variè divisi, complanati, puberuli, croceo-coccinei. Frores solitarii, pedicellati ; pedicellis 1-floris, complanatis, puberulis. Carvx adhærens , turbinatus, brevis, 5-den- tatus, puberulus. Corozra circiter 5-7 1. longa, tubulosa, subcy- lindrica, subincurva, basi gibbosa, apice vix dilatata , brevissimè 5-fida , papilloso-tomentosa , infernè luteo-crocea , superiùs purpu- (1) Vandelli avoit tracé, d’après Vellozo, les caracteres du genre Galvania ; mais w’avoit indiqué aucune espèce. Cependant, sur la simple indication générique, Rœmer a cru devoir indiquer un G. Jellozii sans aucune phrase caractéristique. Mais on trouve 4 Galvania dans les manuscrits de Vellozo. Lequel auroit dû prendre le nom de G. J’ellozii si le genre Galvania eût été conservé? Cette diff- culté sufhiroït pour faire voir combien les compilateurs ont tort de donner des noms spécifiques à des plantes qu’ils ne connoissent point , et dont les auteurs n’ont tracé que les caractères génériques. Mém. du Muséum. 1. 12. 42 330 EMPOISONNEMENT. réa, intüs pauld supra basin pilis albis densè barbata; divisuris subcuculatis. Sramma 5, paulo supra medium tubum inserta, subinæqualia, glabra, inclusa : filamenta complanata, brevia, glabra ; antheræ longiusculæ , lineares, angustæ, basi 2-fidæ, infra medium dorsum insertæ, mobiles , anticæ, 2-loculares, longitror- sùm dehiscentes. Necramum epigynum , hemisphæricum , crassum , subbilobum , styli basin ambiens nec eodem adhærens. Sryrus in- clusus, glaber, breviter 2-fidus; divisuris, acutis interiore paginàä stigmaticis. Ovariu 2-loculare ; loculis r-spermis : ovula ascenden- tia, basi dissepimenti inserta , absquè placenta peculiari. Drura di- pyrena ; pyrenis costatis (ex Vell.). V: B, pubescens ; foliis subtüs pubescentibus aut puberulis. Frequens in provinciis Minas Geraeset Pernambuco(Marcg.), ad margines sylvarum primævarum et in sylvis cæduis. Floret Decem- bre-Martio. 11. ParicourEA LonGrFroLtra. Ÿ Tab. XI, B. P. foliis quaternis, lanceolato-oblongis, acuminatis ; paniculis pe- dunculatis, puberulis ; corollis glabris. Frurex 5-6-pedalis, à basi ramosus; ramulis 4-gonis, glabris. Forra quaterna, brevissimè petiolata, 5-7 pol. longa , 181. lata, lanceolato-oblonga, acuminata, integerrima, glaberrima ; nervo medio subtùs proeminente et lutescente nervisque lateralibus paral- lelis arcuatis : petiolus circiter 2 1. longus, subtüs convexus, suprà canaliculatus. Sriwux interpetiolares , bifidæ , glabræ. Panicucz ter- minales, pedunculatæ, solitariæ vel binæ, circiter 2 pol. longæ, subrotundæ : pedunculus 3-5 pol. longus , triqueter, puberulus : rami complanati, angulati, puberuli, varie divisi : pedicelli breves, 1-flori, complanati, pubescentes : pedunculus ramique primüm coccinei, demüm sordidèe rubri.Caryxadhærens , turbinatus , brevis, 5-dentatus, glaber ; dentibus obtusis, cum glandulis totidem alter- nantibus. Corozra tubulosa , subcylindrica , basi subventricosa, sub- Mrez 0e LA Guêre LECHEGUANA. 331 arcuata , breviter 5-fida, glabra, lutea. Sramina 5 , paulo supra me- dium tubum inserta, inclusa, glabra : filamenta complanata , brevia, glabra : antheræ longæ, lineares, angustæ , basi bilidæ, biloculares , longitrorsim dehiscentes. Necrarium epigynum, hemi- sphæricum , crassum , apice pilosum , stylum ambiens basique eodem adhærens. Srvzus glaber, inclusus, breviter 2-fidus ; divisuris inte- riore paginà stigmaticis. Ovarrom 2-loculare ; loculis monospermis : ovula imo dissepimento aflixa, ascendentia. Drura orbiculari-ovata , compressa, levis, lucida, nigra, dentibus calycinis nectarioque persistentibus coronata , siccatione sulcata, dipyrena. PYRENx semi- ovatæ, facie planâ canaliculatæ, dorso convexæ et 5-costatæ. Semen pyrenæ dorso subconforme, facie sulco profundissimo cur- vatoque exaratum. Ivrecumenrum tenue , membranaceum. Umwerricus linearis, in faciei cavitate. PerrsPerMuM magnum, carnoso-corneum. Emsrvo parvus, teres, apice basique acutus, in basi perispermi lo- catus partique seminis in quà reconditur curvaturà conformis um- bilicoque parallelus : cotyledones lanceolatæ : radicula cotyledoni- bus 2-plù longior, infera. Frequens in sylvis primævis Brasiliæ meridionalis. Floret Decem- bre-Februario. OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR LES RUBIAGÉES. — Il existe dans les Rubiacées trois caractères importans , que l’on a négligés ou mal rendus et qui méritent d’être indiqués : : 1°. Toutes les espèces ont un nectaire épigyne qui entoure la base du style, et presque toujours sans y adhérer. 2°. Dans les espèces à feuilles opposées dont l'ovaire a des loges 1-spermes, les ovules sont ascendans. 3°. L’embryon suit la courbure de la partie de la semence où il est renfermé : sa radicule est inférieure. Les deux dernières lois admettent un tres-petit nombre d’exceptions. ( V. Plantes usuelles des Brasiliens, N°. VI et VIIL. ) 12. Psycnorria Noxt4. Ÿ Tab. X, B. P. ramulis complanatis ; foliis lanceolatis, acuminatis, acutissi- 42° 332 EmPoISONNEMENT. mis , brevissimè petiolatis , glabris ; floribus sessilibus, fasciculatis. FRuTEx ; ramis complanatis, glabris; ramulis numerosis , bre- vibus, complanato-4-gonis, bifariäm puberulis, atro-purpureis. Forra opposita , numerosa , subapproximata, brevissimè petiolata , 15-24 1. longa , 6-9 1. lata , lanceolata , acuminata , acutissima, basi acuta , integerrima, margine callosiuseulo infernè elevata, glaber- rima , lætè viridia ; nervo medio proeminente : petiolus 1-1: 1. lon- gus , subtüs convexus, suprà canaliculatus. Srieucx interpetiolares ; breves, 2-partitæ. FLores circiter 2-4, terminales rariusque axillares, fasciculati, sessiles, bracteis inæqualibus intermixti , 3-4 1. longi. Bracrez ovatæ, longè acuminatæ, acutissimæ, tenuiter ciliatæ. Cazyx adhærens, turbinatus, glaber ; limbo tubo ferè tripld lon- giore , 5-fido , inæquali ; laciniis semi-ovatis , longè angustèque acu- minatis, tenuissimè ciliatis. Corozca infundibuliformis , 5-fida , gla- bra, alba, calyce ferè 4-plù longior ; tubo curvato, apice gradatim dilatato, intüs infrà stamina villoso ; laciniis semi-ovatis, apice crassiusculis. Sramma 5 , infrà dilatationem tubi inserta, cum laciniis corollæ alternantia, exserta , glabra : filamenta capillaria : antheræ lineares , angustæ, infra medium dorsum aflixæ ; mobiles , anticæ , 2-loculares, longitrorsim dehiscentes. Necrarium epigynum, 2-par- titum. Srvzus glaber, tertià parte 2-fidus ; laciniis linearibus, sub- complanatis, intüs stigmaticis. Ovarrum 2-loculare ; loculis 1-sper- mis : ovula ascendentia basi dissepimenti aflixa , absquè placentä peculiari. Drura 3 1. longa, elliptica, compressiuscula , 8-costata, lymbo calycis persistente coronata , glabra , 2-pyrena. Pyrenæ dorso convexo 5-costatæ : pulamina crustacea. Semen non mihi observare licuit. Crescit in sylvis primævis provinciæ Minas Geraes. Floret Janua- rio, Februario. 13. SERJANIA LETHALIS. Ÿ S. foliis biternatis ; foliolis lanceolato-ellipticis, utrinquè acu- Mrez DE LA Guëre LEc#reuaxa. 333 minatis ; uno alterove dente notatis, glabris ; petiolo nudo ; racemis pubescentibus ; pericarpio incano-villoso ; gynophoro trialari, gla- bro; alis basi rotundatis. Cavris scandens, altissimus, ramosus ; ramis teretibus, vix stria- tis, glabris. Foura alterna, petiolata, subdistantia, biternata : foliola sessilia, circiter 1-3 pollicaria , lanceolato-elliptica , utrin- què acuminata , acuta vel obtusa , uno alterove dente grosso notata , glaberrima, suprà nitida ; nervo medio proeminente : pedunculus communis 1-2 pollicaris, nudus, subtüs convexus striatusque , su- prà canaliculatus, apice vix pubescens : petioli partiales communi conformes ; intermedius 18-22 1. longus, lateralibus circiter duplo longior. Raceut axillares, pedunculati, variè curvati; pedunculus 2-65 pollicaris, petiolo longior, vix puberulus, apice 2-cirrhosus ; cirrhis complanatis : rami racemorum 4-5 1. longi, pubescentes, apice bracteolis lanceolatis scariosis pubescentibus obtecti , pauci- flori aut sæpiüs 1-flori. Frores in eodem racemo polygami, pedicel- lati ; pedicellis pubescentibus, 2-3 1. longis. Masc. Cazyx 5-partitus, pubescens, inæqualis ; divisuris 2 exterioribus oppositis, ellipticis, concavis ; interioribus tribus, ex quibus una latior regularis, obovata, obtusissima, et 2 valdè approximatæ , irregulares, obovato-oblongæ, obtusissimæ, concavæ. Prrara 4, secunda, obovata, unguiculata, obtusissima, basi intùs aucta squamulà erectà ; intermedia 2 pauld majora : squamulæ petalorum intermediorum subovatæ , infra api- cem cordato-2-fidum cuculatæ, marginibus villosæ, cuculo in ligu- lam descendentem producto ; petalorum lateralium lineari-oblongæ , subirregulares, obtusæ, cuculatæ, dorso costatæ, marginibus pi- losæ, supra apicem cuculatum cuspidatæ. GLranuzx 4, hypogynæ, concavæ, semiannulares, inter petala et stamina ad basin petalo- rum iisdemque oppositæ, laterales 2 pauld minores. Sramna 8, basi coalita, gynophoro cum pistillis insidentia subexcentrali hine divisuræ interiori calycinæ regulari adnata : filamenta hirtella : antheræ breves, ellipticæ, glabræ, medio dorso insertæ, mobiles 334 EmMPOISsONNEMENT. anticæ , 2-loculares, longitrorstm dehiscentes. RuDIMENTUM PISTILLI in apice gynophori breve, 3-gonum.— Herman. Cazvx, PETALA, STAMINA, GLanpuze masc. GyvoPnorun masc. gynophoro basi conforme, supra staminum insertionem deindè productum in columnam trialarem à basi ad apicem gradatim dilatatam , glabram. Srvzus 3-gonus , 3- fidus , pubescens, persistens ; divisuris recurvis , intùs stigmaticis. Ovarium summo gynophoro insidens, eodem subcontinuum 2-plèque brevius, 3-gonum , obtusum, incano-villosum, 3-loculare ; loculis monospermis : ovula angulo centrali infernè affixa, ascendentia. Frücrus (antè maturationem observatus) capsularis, pyriformis, ex pericarpio obtuso, incano-villoso gynophoroque trialari pericarpio 2-plè longiore, à basi usquè ad apicem gradatim attenuato, glabro ; alis basi rotundatis. Frequens in parte occidentali provinciæ Minas Geraes dictà Cer- tao do Rio de S. Francisco. Floret Augusto-Septembre. Ops. La plante que je viens de décrire fournit dans son fruit un exemple re- marquable de l'inégalité des accroissemens ; car , dans l'ovaire, c’est la partie supé- rieure du gynophore qui est la plus large, et, dans le fruit, c’est elle qui est la plus étroile. 14. PaurrinraA Austrazis. t Tab. XIII, B. P. foliis supradecompositis, apice trifoliolatis ; foliolis grossè inci- so-serratis, glabris; petiolo nudo; paniculis subsimplicibus, pau- cifloris. Cauus scandens, sæpè procumbens, gracilis, ramosus, sexangu- laris, inter angulos puberulus, in angulis rubellus. Foura alterna, petiolata , supradecomposita , imparipinnata, 2-4-juga, apice 3-fo- liolata, 2-5 pollicaria; jugum inferius bis seu simpliciter trifoliola- tum; superiora trifoliolata, rarissimè simplicia; omnia petiolata : foliola petiolata seu basi sensim attenuata, obtusa, apice mucronu- lata, inciso-grossèque serrata, basi cuneatä integerrima, eleganter venoso-pellucida; lateralia 2 obovata , vel oblonga ; intermedium Mrer DE LA GuèPre LECHEGUANA. 335 2-3-plù longiüs, oblongum, acumiñatum : petiolus communis subtüs convexus, suprà canaliculatus, glaber, 6-12 1. longus : rachis petio- lique partiales vix marginata, subpuberula : foliolorum serraturæ gradatim minores, mucronulatæ. Panrouzx laterales , longè pedun- culatæ , + pol.-2 pol. longæ, simplices aut compositæ , pauciflorsæ , basi 2-cirrhosæ ; cirrhis complanatis : pedunculus cireiter 2:-3 pol. longus, gracilis, angulosus, glaber, sæpè in cirrhum convolutus : raini paniculæ puberuli, bracteolis lanceolatis scariosis puberulis obtecti, apice sæpè 1-flori : pedicelli breves , puberuli. Frores 1; 1. longi, rosei, in eodem racemo polygami. Herm. Cazyx 5-partitus, inæ- qualis, puberulus, persistens ; divisuris ovatis , concavis , exterio- ribus 2 dimidid brevioribus. Peraxa 4, secunda , obovata , unguicu- lata, lacinià calycinà majore pauld breviora , subcrenulata , subinæ- qualia, basi intus aucta squamä cuculiformi, erectà, sublineari, marginibus lanatà : lateralia 2 pauld minora pauldque mins obtusa ; squamà subangustà , irregulari , acutiusculà : intermedia 2 squamà latiusculà, apice obliquè obtusà. Granoucx 4 hypogynæ, semi-annu- lares, ad basin interiorem petalorum. Sramma 8, gynophoro brevis- simo cum pistillo inserta , subinæqualia , basi vix coalita : filamenta complanata , hirtella : antheræ breves, ellipticæ , infra medium dor- sum aflixæ, mobiles, anticæ, 2-loculares, longitrorsum dehiscentes. Sryzus brevis, 5-fidus, puberulus ; divisuris recurvis, intüs stigma- ticis. Ovariun ovatum, 3-gonum, striatum, pubescens , 3-loculare ; loculamentis 1-spermis : ovula in angulo interno aflixa , ascendentia. Masc. Cazvx, Perara, Sramina, Granpuzæ ut in herm. Ovarn ruDI- MenTUM breve, glabrum, 3-gonum , in centro floris. Frucrus (paulo post florescentiam observatus) pyriformis, obtusissimus , pubescens. V. 8, alba ; floribus albis. In sylvulis non infrequens ad ripas fluminis Uruguay, à stativis S. Josephi usque ad provinciam Missionum. Floret Januario. 336 EMPOISONNEMENT. MAGONIA. + FLores polygami. Masc. Caryx 5-partitus , subobliquus , subinæ- qualis ; laciniüis lineari-ellipticis, reflexis. Perara 5 , subperigyna, cum laciniis calycinis alternantia iisdemque multotiès longiora, linearia, distantia , subinæqualia. Necranuw inter petala et stamina, valdè inæquale, hinc longius et duplex, indè brevius simplex et ru- gosum. Sramma 8, declinata, libera : filamenta acuta : antheræ el- lipticæ, 2-fidæ, dorso aflixæ, mobiles, anticæ, longitrorsùm dehis- centes. RupiMENTUM PISTILLI in centro floris. —HEnm. Cazyx, PETALA, Necrarium ut in masc. Sramna 5-plù minora nec declinata. Srycus curvatus. Sricma 3-lobum. Ovariux liberum, 3-loculare, polysper- mum : ovula angulo interno affixa, horizontalia. Capsuca magna, lignosa , 3-valvis, polysperma. SEmINA magna, valdè complanata , alà undique cincta. Umbilicus marginalis, medio diametro majori respondens. Inrecumexrum duplex. PerisPermunm 0. Empryo rectus, valdè complanatus : cotyledones magnæ , suborbiculares : radicula parva, umbilicum subattingens. AnsorEs corymbosi ; cortice suberosà. Four alterna, exstipulata, abruptè pinnata. Frores paniculati vel racemoso-paniculati, in eâdem paniculà polygami. Utriusque speciei cineres valdè alkalinæ ; cortex ad sananda equo- rum apostemata utilis quæ aculeatis insectorum ictibus producun- tur ; folia piscibus lethalia. In memoriam dixi Macon ducis Carthaginensium qui, secundo seculo antè J.C., præstantissimos de plantis et agriculturà libros scripserat. Oss. Ce genre diffère des Sapindacées par son ovaire et sa capsule polysperme; mais d’ailleurs il a tous les caracteres de cette famille et ne peut pas en être éloigné. En effet, ses feuilles sont pennées comme dans le Sapindus ; ses fleurs sont poly- games, comme elles le sont si souvent dans les Paullinia, Serjania, Dodonea, Schmiedelia, etc.; elles sont également un peu irrégulières ; il existe un nectaire entre les pétales et les étamines , comme cela a lieu dans les Schmiedelia, Paulli- Mier De LA GuËre LEcHrauana. 337 nta, elc.; les étamines sont au nombre le huit, et rejetées d’un côté de la fleur; l'ovaire est triloculaire , le style unique ,-l’embryon sans périsperme. Si la déhis- cence est septicide dans la plupart des Sapindacées, elle est loculicide dans le Llagunoa comme dans le Wagonia. Enfin la ressemblance des propriétés vient confirmer tant de rapports, puisque les feuilles des Aagonia endorment les pois- sons comme celles d’un grand nombre d’autres S'apindacées. 12. MaGconi4 PuBEscens. t Tab. XII, A, et XIIL, A. M. ramulis pubescentibus ; foliis pinnatis ; foliolis ovato-oblongo- que ellipticis, profundè emarginatis, pubescentibus ; floribus race- mosis ; OVArIO Ovato. Tinguy Cas. Cor. Bras. L. p. ro7. N. V’ulg. Pao de Tinguy. Arsor mediocris, ramosissima ; ramis corymbosis, more Pyri mali L. ;ramulis pubescentibus ; cortice suberoso. Forra quotannis deci- dua , alterna, exstipulata, petiolata, abrupte pinnata : foliola 8, opposita vel subopposita , sessilia ; inferiora ovato-elliptica vel el- liptica ; superiora oblongo-elliptica ; omnia basi vix attenuata , m- tegerrima , apice profundè emarginata, subtùs pubescentia, suprà glabrata; nervo medio pubescente venisque lateralibus parallelis areuatis : petiolus circiter 12-15 1. longus, subtüs glaber et con- vexus, suprà canaliculatus et pubescens : rachis petiolo continua eodemque conformis. Paxicura terminalis, sessilis vel pedunculata , elongata, laxa , 9-16-pollicaris (aut, si mavis, racemus compositus ): rachis angulosa, pubescens, ex luteo viridis : rami subdistantes, parcè divisi, 2-fidi, sæpè pubescentes, ex luteo virides ramulique basi bracteati : bracteæ 1-2 1. longæ, sublineares, acutæ, canali- culatæ, extus pubescentes. FLores in eädem paniculà polygami , pe- dicellati ; pedicellis 4-8 1. longis , unifloris. —Masc. Cazvx 5-partitus, subobliquus, inæqualis, extüs pubescens, ex luteo viridis; laciniis lineari-ellipticis , obtusissimis , reflexis. Perara 5, subperigyna, ca- lycis basi subadnata, cum ejusdem laciniis alternantia ipsisque multotiès longiora, circiter 5 1. longa, 1-1; [. lata , linearia, obtusa, Mém. du Muséum. \ 12. 43 338 EMPOISONNEMENT. suprà medio glabra et atropurpurea , marginibus apiceque pubes- centia et viridia , subtüs pubescentia et virescentia, propter for- mam distantia. Necrarium inter petala et stamina, valdè inæquale, obliquum , subpilosum, hinc altius et duplex, indè multo brevius, simplexque et valdè rugosum.Sramina 8, hypogyna, declinata, libera, glaberrima : filamenta acuta, circiter 5 1. longa : antheræ ellipticæ , bifidæ, medio dorso aflixæ, mobiles, anticæ, longitrorsum dehis- centes. In centro floris, RuDIMENTUM ovarn 3-gonum et villosum cum rudimento styli glabri 3-lobi.— Herm. Cazvx, Perara, Necrantum ut in masC. STamINA tripld minora nec declinata, cæterùm conformia. SryLus basi pubescens, curvatus. Sricma 3-lobum. Ovarium globoso- 3-gonum , pubescens, ex viridi luteum, 3-loculare , polyspermum : ovula angulo interno aflixa , horizontalia. Carsuza diametro circiter 2-5 pol., magna, lignosa, globoso-3-gona, subdepressa, glabra , obscure rufa, 3-valvis, 3-locularis, polysperma ; valvulis carinatis, medio septiferis ; columellà centrali 3-quetrà, dehiscentià liberà. See in alam latam , coriaceam , undiquè expansum et cum eâdem circiter 1 5-2 pol. latum, 1 : pol. longum , transverse ellipticum , apice bis lunulatim truncatum, valdè complanatum , nitidum , gla- brum , rufum. Uwsruicus marginalis , medio diametro majori respon- deus. Ivrecumenru duplex ; exterius coriaceum ; interius sabmem- brahaceuw. Perispermum nullam. Emsrvo rectus in medio seminis eodemque {adjectà alà ) 3-plè brevior, valdè complanatus, rufus : cotyledones magnæ, orbiculari-ellipticæ, quandoquè irregulares, basi 2-lobæ, complanatæ : radicula parva, conica, acuta, circiter 2 1, longa , umbilicum -ubattingens. Frequens in desertis partis provinciæ Minas Geraes occidentalis dictæ Certaé do Rio de S. Francisco. Floret Augusto, Septembre. 16. MAaGoNIA GLABRATA: + M. ramalis glabris; foliis pinnatis; foliolis oblongo-ellipticis , emarginatis, mucronulatis, glabriusculis; floribus paniculatis : ovario ovato. CPE Mrez DE LA Guère LECHEGUANA. 339 Tinguy Cas. Cor. Bras. 1. p. 107. N. Vulg. Pao de Tinguy (1). Arsor mediocris, ramosissima; ramis corymbosis; ramulis gla- bris ; cortice suberoso. FozrA alterna , exstipulata, petiolata, abruptè pinnata cum rudimento brevi subulato fohioli terminalis abortivi, quotannis decidua : foliola 8, rard 10, opposita vel subopposita, sessilia, 15-20 |. longa , 6-0 1. lata , oblongo-élliptica, integerrima, emarginata, brevissimè mucronulata, glabra aut nervo medio proeminente quandoquè vix pubescentia : petiolus cireiter 12-15 1. longus, sublüs glaber et convexus, suprà canaliculatus et pubes- cens : rachis petiolo continua eodemque conformis. Panicura termi- palis, sessilis, circiter 7-pollicaris, omnind pubescens ; pilis vires- centibus : rami primarii haud longè alter ab altero enati; singulus racemum compositum, elongatum, subangustum , laxiusculum con- stituens (quandoquè ramus primarius solitarius , et tunc flores ra- cemosi, racemo composito ): ramuli parum divisi : bracteæ ad basin ramulorum pedicellorumque, circiter 3 1. longæ , lineares , acutæ, canaliculatæ, scariosæ , glabratæ, fulvæ. FLores in eädem paniculà polygami, pedicellati; pedicellis circiter 3-4 L. Tongis. Masc. Carvx 5-partitus , subobliquus ; inæqualis, glabrato-pubescens , ruber ; la- ciniis sublineari-ellipticis, obtusissimis, reflexis; pilis virescentibus. Perara 5, subperigyna, calyci basi adnata, cum ejusdem laciniis alternantia ipsisque multotiès longiora , 3-4 1. longa, £-r 1. lata, linearia, acutiuscula , subinæqualia , medio supernè glabra et atro- purpurea, marginibus apiceque pilis viridibus obtecta , subtüs pu- bescentia et virescentia. Necrarium inter petala et stamina, valdè inæquale, obliquum, crenatum, subpilosum, hinc longius et duplex, indè multù brevius simplex et valdè rugosum. Sramina 8, valdè de- clinata, libera , glaberrima : filamenta acuta, circiter 4 1. longa : (x) Casal ne parle que d’un 7nguy, parce que dans le pays les deux espèces sont généralement confondues sous le même nom. 43° 340 EMPOISONNEMENT. antheræ oblongo-ellipticæ , bifidæ, paulè suprà basin dorso aflixæ , mobiles , anticæ ; longitrorsim dehiscentes. In centro floris rupIMEN- TUM OvarIr 3-gonum, glabriusculum , rudimento styli glabri 3-lobi coronatum.— Her. Caryx, Perara, Nectariom, ut in masc. Sramina 5-plè minora nec declinata, cæterùm conformia. Sryrus im basi pubescens, curvatus. Sricma 3-lobum. Ovarrum ovatum , 3-gonum , pubescens, virescens , 3-loculare , polyspermum : ovula angulo in- terno aflixa , horizontalia. Fructum haud observavi. Frequens in desertis partis occidentalis provinciæ Minas Geraes dictæ Certa6 do Rio de S. Francisco. Floret Augusto , Septembre. 17. MIGROSTACHYS RAMOSISSIMA. + M. glaberrima; caule arboreo; foliis lanceolatis, acutiuseulis, obsoletè dentatis; capsulà depressä , levi. | ARsoR parva , ramosissima , glaberrima : ramuli valdè foliosi; cor- tice obscurè cinereo. Foxa: alterna , exstipulata , breviter petiolata , 8-15 1. longa, 3-61. lata, lanceolata, acutiuscula , obsoletè dentata . lucida, obscurè viridia : petiolus circiter 1 1. longus, subtüs con vexus, suprà canaliculatus. FLores monoeci , amentacei. Masc. Amex- Tux axillare, cireiter 4-8 1, longum. Bracree alternæ , parvæ ; infe- riores ovatæ, denticulatæ; superiores semi-ovatæ; omues basi 2-glandulosæ; glandulis orbicularibus, adnatis. Fos in axillis brac- tearum solitarius. Cazyx minutus, 3-phyllus; divisuris subulatis ; acutissimis , denticulatis. Sraauna 3 : filamenta brevia : antheræ reni- formes, inter lobos aflixæ , 2-loculares , à lateribus dehiscentes. — Foem. Amenra ad basin masc. quædam vel solitaria, mase. multo ra- riora, 1-flora. Bracrea ovata, apice denticulata, basi 2-glandulosa. Fros in axillis bracteæ ssolitarius, pedicellatus. Cacvx 3-phyllus ; foliolis parvis, ovatis, denticulatis, inæqualibus. Ovarrum 3-que- trum , 3-loculare, 3-spermum : ovula in angulo interno suspensa. Sryzus profunde 3-partitus: divisuris revolutis, intüs stigmaticis. X Are De La Guêpe LEGHEGUANA. 341 Carsuza 3-gôna , obtusissima , subdepressa , levis , rufa, 3-cocca ; axi persistente. Inveni ad margines rivi Guabijà in desertis provinciæ io grande do Sul, haud longè à finibus-provinciæ Missionum. Florebat Januario. Ons. M. A. de Jussieu (Euph. 48) a fort bien trace les caracteres de ce genre. Il est seulement à observer que les espèces qui en font parlie sont à peu près aussi souvent des arbres que des sous-arbrisseaux, et qu’il n’existe pas toujours plusieurs fleurs mâles à l’aisselle des bractées. Dans mon espece, et beaucoup d’autres , le calice n’est pas non plus 3-partite, mais à trois folioles; les feuilles sont sans sti- pules; enfin le fruit n’est point prismatique. Ceux qui aiment à composer des noms génériques pourront, s'ils le veulent, séparer les espèces à fruits lisses de celles à fruits hérissés de pointes; mais il m'a semblé , comme à M, À. de Jussieu, que cette division seroit peu naturelle et sans utilité. 18. EUPHORBIA PAPILLOSA. f (Aug. de S.-Hil., Plant. us. Bras., XIX.) E. glauca; foliis caulinis oblongis vel oblongo-linearibus , mu- cronulatis ,-integerrimis , glaberrimis ; umbellä sæpiùs 5-fidà om- nind papilloso-pubescente; involucris (calyx L.) turbinatis, sub- 5-gonis, intüs lineatim villosis; divisuris 5 erectis, semi-ovatis, ob- tusis, dentatis, 4 patulis (corolla L.), transversè subellipticis; floribus masculis 25, in fasciculos 5 dispositis , cum fasciculis toti- dem bracteolarum lanatarum alternantes. Euphorbia papillosa. Æug. de St.- Hil. Plant. us. Bras. N°. XVIII. N. V. Leitera, Lechetres. Planta purgans. V. B. minor; caulibus digitalibus vel spithameis, sæpius om- nino piloso-hirsutis, foliis acutis nec mucronulatis, basi nervoque medio pilosis-vel utrinquè pubescentibus; bracteis umbellæ sæpits foliis conformibus. Inveni in desertis provinciæ Rio grande do Sul propè rivulum 342 EMPOISONNEMENT. S. Aonæ, haud longè à finibus provinciæ Missionum et in pascuis arenosis propè Garupava (provincià S. Catharinæ). CAPERONIA. + à FLores monoeci aut dioeci. Masc. Cazyx 5-fidus vel 6-fidus. Gyno- Pmorum centrale , columnæforme. Perara 5, summo gynophoro in- serta, cum divisuris calycinis alternantia, unguiculata. Grannurx 0. Sramiva decem , ibidem inserta , duplici ordine disposita : filamenta brevia : antheræ basi 2-lobæ, dorso aflixæ, mobiles, anticæ , longi- trorsùm dehiscentes. RoDIMENTUM risriLrr terminale. Form. Cazyx masc. Gynornorum nullum. PerTaLa infra ovaria inserta. GLANDULE 0. Srvzus profundissimè 5-partitus ; divisuris flabellato-multipartitis , omnin stigmaticis? Ovarium sessile, 3-loculare ; loculis 3-spermis : ovula in angulo interiore suspensa. Carsuza 3-cocca. Herse vel surrrurices aculeati aut hispidi. Forra alterna, stipu- lata, nervosa , nervislateralibus parallelisnumerosis ; juniora colore purpureo imbuta. Sricx axillares, pedunculatæ, bracteatæ. Prur simplices. in memoriam dixi Caperontr Pharmacopolæ Aurelianensis qui, Fritillari4 Meleagride ad Ligeruli ripas repertà (verisimiliter in paternà villa dictà Plissai ubi adhuc invenitur) elegantissimam botanicis primus indicavit plantam; undè pristinum, teste Bauhinio, nomen, Varcissus Caperonianus. Ons. IL. M. A. de Jussieu (Euphorb. 30) avoit déjà senti que les Croton castanæi- folium et palustre ( Caperonia castanefolia (1) et palustris) devoient former un genre particulier, et cette nécessité est mieux démontrée encore actuellement, qu’à ces deux espèces je puis en ajouter quelques autres de la Flore brasilienne. Le genre Caperonia n’est même pas aussi voisin des Croton que le Crozophora, et il doit être placé entre celui-ci et le Ditaxis Ad. Juss. qui tous les deux ont comme lui un gynophore central dans les fleurs mâles. Il diffère de l’un et de l’autre par son port et ses stigmates en éventail; du Ditaxis en particulier par l'absence des (1) J'ai fait sur le frais l'analyse de cette-espece qui appartient à la Flore du Brésil. Mrer DE LA Guêpe LECHEGUANA. 343 glandes dans les fleurs femelles, et du Crozophora par la présence des pétales dans les mêmes fleurs, par le calice à cinq divisions seulement et par des poils simples. Oss. II. Les genres Argytamnia , Ditaxis et surtout Caperonia prouvent évidemment que M. Ad. de Jussieu a eu raison de considérer comme des pé- tales les parties que l’illustre auteur du Genera et d’autres, d’après lui, avoient appelées des divisions ou des appendices d’un calice interne. Non-seulement ces parties sont ici colorées , elles ont la consistance des pétales et sont même caduques dans les fleurs femelles, tandis que le vrai calice persiste; mais encore elles sont éloignées du calice véritable environ des deux tiers de la longueur de la fleur, et par conséquent il est aussi peu naturel de les regarder comme une dépendance du calice que d'appeler folioles calicinales les pétales du Si/ene également portés sur un gynophore. Os. III. Les auteurs ont supposé que dans les Drtaxis, Argytamnia et Capero- nia la colonne centrale étoit formée par la soudure des filets des étamines; mais 1l n’en est pas ainsi, puisqu’au-dessous de celles-ci, cette même colonne porte encore les pétales. Elle est donc, comme dans le Szlène et tant d’autres plantes, une dila- tation du réceptacle de la fleur, ou, pour me servir du terme technique , un gyno- phore. 19. CAPERONIA CORDATA. ; C. caule basi sublignoso, simplicissimo, hispido-aculeato ; foliis ovatis, basi cordatis, spinuloso-serratis, hispidulo-pilosis ; petalis obcordatis. PranTa dioïca. Masc. Caurrs-6-15-pollicaris, basi sublignosus , simplicissimus, teres, hispido-aculeatus ; aculeis patulis, acutissi- mis, lutescentibus. Forra alterna , stipulata, subsessilia, circiter 3 pol. longa, 1 = lata ,ovata, obtusa, basi cordata ; suprema ovato- lanceolata vel oblonga ; omnia spinuloso-serrata insuperque tenuiter ciliata, uträque paginà hispidulo-pilosa, subtüs et præcipuè juniora sæpè purpurascentia, nervosa ; nervis lateralibus parallelis ; medio basi præcipuè aculeato-hispido. Sriruzx breves, vix manifestæ , li- neari-lanceolatæ, hispido-pilosæ, Prrr simplices. Srrcx axillares multifloræ : pedunculus folio paul longior, hirtellus; pilis quibus- dam glandulosis. Frores pedicellati, bracteä pedunculari, lineari- acutà , canaliculatà, hirtellà basi stipati, decidui : pedicellus cirei- 344 EMPOISONNEMENT. ter 2-l. longus, hirtellus. Cavx profundè 5-fidus, pilosus aut villosus, virescens; divisuris lanceolatis, cuspidatis. Perara 5, cum petalis alternantia , summo gynophoro columnart inserta, sub- unguiculata, obcordata, in gynophorum subdecurrentia, calyce longiora , glabra, alba, siccatione rubra. Sramna 10, supra petala gynophoro inserta , duplici ordine disposita, glabra : filamenta brevissima : antheræ ellipticæ, basi 2-fidæ, imo dorso affixæ, mo- biles, 2-loc. , anticæ. Ruprmenrum sryi 3-fidum in apice styli. Form. Cauzes, Fouta, Srruzæ masc. Peouncuzs folio breviores, uniflori, cum rudimento floris abortivi infra basin fertilis. Fros basi sti- patus bracteà lanceolato-ovatà,cuspidatà,hirsutä, obscurè rubescente. Cazvx 5-partitus, hirsutus, obscurè rubescens , persistens. Gxopno- «UM, 0. Perazainfraovarium inserta, unguiculata, obcordata, calyce longiora , glabra ; alba ; decidua. Sryrus profundissimè 5-partitus ; divisuris flabellato-multipartitis ; laciniis teretibus, acutis, luteis, planè stigmaticis ? Ovarium sessile, 3-lobum, obtusum , setosum, 3-loculare , 3-spermuw : ovula suspensa. Haud vidi fructum. Crescit in pascuis humidis haud longè à littoribus Uruguay propè Belem (provincià Rio grande do Sul) propèque vicumS. Francisci Borjensis (provincià Missionum ). Floret Januario, Februario, ° 20. CAPERONIA LINEARIFOLIA. + C. caule suffruticoso, simplici, aculeato simulque piloso ; foliis linearibus, acutis, argutissimè serratis parcè aculeatis , pilosis; pe- talis obovato-cordatis , obtusissimis. Cauus suffruticosus , pedalis-sesquipedalis , simplex, aculeatus et simul pilosus; aculeis crebris rufescentibusque pilis patulis. Four alterna, stipulata , brevissimè petiolata ; circiter 3 pol. longa, 10-31 |. lata, linearia, acuta, serrato-aculeata , subtüs valdè nervosa, nervis numerosis parallelis , utrinquè parcè aculeata ; pilosa ; infe- riora quandoquè oblonga ; superiora sæpè rubescentia : petiolus vix 1 1. longus. Sriuzx geminæ, à petiolo remotiusculæ , parvæ, Mrez DE LA Guère LEcHEGuANA. 345 subulato-aculeatæ. Raceur axillares, pedunculati : pedunculus cir- citer 1:-2 pol. longus, subaculeatus simulque hirsutus: rachis pedunculo continua subaculeata simulque villosissima. FLores pe- dicellati : pedicelli villosissimi, bracteä peduneulari circiter 1 1. longä lanceolato-oblongä acutà aculeato-villosà medio rubrâ mar- gine virescente stipati, decidui. Caryx campanulatus, profundè 5-fidus , subinæqualis ; laciniis oblongo-lanceolatis, acutis, subacu- leato-pilosis, rubescentibus. Peraza 5, paululd infra apicem gyno- phori centralis columnäris circiter 3-4 1. longi glabri rubri inserta, unguiculata , obovato-cordata, obtusissima, glabra. Sramina 10, gynophoro supra petala duplici ordine inserta, glabra : filamenta brevia : antheræ ovato-ellipticæ, complanatæ, basi 2-lobæ, medio dorso aflixæ, 2-loculares, anticæ, longitrorsim dehiscentes. Runr- MENTUM STYLI 3-fidum in apice gynophori. Flores fomineos non vidi : an dioica aut polygama ? Inveni in paludibus propè prædium dictum Æicaé de Saneloés, ad fines provinciarum Æio grande do Sul et Missionum. Florebat Januario. Je ne terminerai pas cette relation, sans y joindre quel- ques observations qui ne sont point sans importance. Ben- jamin Smith Barton pense que le miel empoisonné fait du mal aux abeilles elles-mêmes; mais cela n’est nullement vraisemblable, ou du moins il ne sauroit leur en faire, à beaucoup près, autant qu'aux hommes. Ce miel, en effet, a été sucé par les abeilles; il a résidé dans leurs intestins; elles ne l'ont rassemblé qu’en retournant mille et mille fois sur les mêmes fleurs, et s’il pouvoit leur être nuisible comme à l’homme, il est impossible de concevoir qu’elles eussent pu le récolter et le réunir dans leurs alvéoles. Mém. du Muséum. À. 12. 44 546 EMPOISONNEMENT. L'auteur américain que je viens de citer regrette de ne pas savoir quels remèdes on doit employer dans les empoi- sonnemens causés par certains miels. Ma relation indique assez quel est celui qui convient le mieux. Sur les trois per- sonnes empoisonnées près du ruisseau de S. Anna, celle qui fut le moins incommodée avoit vomi après avoir mangé, et ce ne fut qu'après avoir vomi moi-même, que j'éprouvai un mieux sensible. Si l’un des deux pâtres cités par Seringe mourut après avoir mangé du miel sucé sur les Æcoritum napellus ex Lycoctonum, ce fut celui des deux qui n’avoit pu vomir. Il est bien clair, d’après tout ceci, qu'un vomitif qui débarrasseroit promptement les intestins de la cause du mal seroit le meilleur remède auquel on püt recourir. NS SCIE La LR Æ N ST LA ls ae TA PT 11 £ Zom-. 22. FABIANA Wyymifolia t il té: re + AAA ME n * B. PSYCHOTRIA noxta. A. NIERENBERGIA .græeolens. Zom.. 12. Pl. n. A. PALICOUREA Maregravt. B. PALICOUREA longfol . Fi. Fic. Fi. Fic. Fic.. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fi. 1. 2. ch Mer De La Guêre LEchreuana. 347 EXPLICATION DES PLANCHES. Tab. IX. F4BIANA THYMIFOLIA. Corolle fendue longitudinalement pour laisser voir les étamines. Calice fendu longitudinalement pour laisser voir le pistil. Une des deux valves de la capsule avec les deux placentas accoles et for- mant après la déhiscence une seule masse libre au centre du fruit, 4. 5. Semence tournée du côté de l’ombilic. Coupe longitudinale de la semence. — a Ombilic : on voit que l'embryon est parallele à son plan prolongé. D Où © w pb Tab. X, À. NIERENBERGIA GRAVEOLENS.- . Calice. . Corolle fendue d’un côté pour montrer les étamines. . Graine vue du côté du dos. . Graine vue du côté de la face. . Coupe longitudinale de la graine. . Embryon. Tab. X, B. Un rameau du PsYcHOTRIA Noxr4. Tab. XI, A. Pazicoures MarcerArII. . Corolle fendue d’un cêté pour montrer les étamines. . Anthere. . Style. . Ovaire. Tab. XI, B. P4LICOUREA LONGIFOLIA, . Fruit. . L’une des deux portions du fruit vue du côté du dos. . La même, vue du côté de la face. . Coupe de la semence. — a Périsperme. — 4 Embryon. 34 FiG. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fi. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. 8 3. 4. EMPOISONNEMENT. Tab. XII, A. Un rameau de Maconra PUBRSCENS B. La Grérez LrcHEGUANA. Tab. XIII, À. Maconr4 PUBESCENS. Une fleur mâle tres-grossie. Pétale de la même fleur un peu grossi. Etamine de la même fleur vue de face. Intérieur de la fleur mâle. — a Nectaire extérieur étalé artificiellement pour laisser voir l’intérieur. —4 Nectaire intérieur dans sa position natu- relle. — c Rudiment du pistil. © œ 3 5. Intérieur de la fleur femelle. 6. . Ovaire. Etamine de la fleur femelle vue du côté du dos. Coupe verticale d’une des trois loges de l'ovaire. . Une des valves de grandeur naturelle vue de face. o. /d. vue du côté du dos. 11. Semence de grandeur naturelle. 12. Embryon xd. Tab. XIII, B. PauzziNra AUSTRALIS. 1. Feuille de grandeur naturelle. 2 et 3. Fleurs mâles tres-grossies. 4 et 5. Pétales 74. 6. 7. Etamines. Pistil. Ce mémoire à été lu à l'Académie royale des Sciences au commencement de l'année 1824. La description des plantes qui y sont indiquées a déjà été publiée par extrait dans le Bulletin de la Société philomatique de mai 1824. B. POLISTEÆS Lechequana L À. MAGONIA pubescens. Jom.12. A. MAGONTIA pubescens. B. PAULLINIA L lustres. 349 ÉLOGE HISTORIQUE DE M. RICHARD. PAR M. le Br, G. CUVIER. M. Richard nous offre l'exemple d’un accord bien rare entre les inclinations et la naissance. La position de ses parens et son génie naturel ont semblé également le destiner à devenir un grand botaniste ; et aucun obstacle n’a pu s’opposer à ce qu'il répondit à cette double impulsion. Depuis plus d’un siècle sa famille étoit en quelque sorte vouée au service de l’histoire naturelle. Le nom de son bisaïeul, chargé du soin de la ménagerie de Versailles sous Louis XIV, avoit acquis une certaine célébrité par les plaisanteries burlesques du comte de Grammont. Celle d'Antoine Richard son grand-père fut d’un meilleur genre. C’étoit lui qui dirigeoit, sous les ordres de Bernard de Jussieu, ce beau jardin de botanique de Trianon où Louis XV venoit chaque jour oublier un instant et les pompes de sa cour, et les soucis de son gouvernement. Les chefs des colonies, les navigateurs se faisoient un devoir d’of- frir en tribut au monarque les végétaux les plus rares des pays lointains; et le prince à son tour s’en faisoit un de dis- tribuer ces richesses aux plus fameux botanistes. C’est ainsi que le jardinier Richard correspondoit avec les Linnæus, les Mém. du Muséum. 1. 12. 45 350 ÉLoce Haller, les Jacquin, et tout ce que la science possédoit alors d'hommes de génie et de talent. Ses fils étoient aussi em- ployés à ce commerce scientifique. Le plus jeune, nommé Antoine comme son père, fut un des voyageurs que Louis XV chargea d'enrichir sa coliection de plantes vivantes. Il visita l'Auvergne et l'ile de Minorque, et y fit de riches récoltes. La botanique lui doit-quelques espèces précieuses. Son ainé, Claude Richard, père de notre académicien, fut placé à la tête d’un jardin que le Roi avoit acquis à Auteuil, et qui étoit upe sorte de succursale de celui de Trianon. C’est dans ce jardin que naquit M. Claude-Louis Richard dont nous avons à vous entretenir, [1 naquit donc au milieu des plantes; il apprit à les connoître plutôt que les lettres de l'alphabet; et il dessinoit déjà des fleurs ou des plans de jardin avant d’écrire correctement. Ainsi on peut dire de lui sans figure qu'il avoit sucé la botanique avec le lait; il ne se souvenoit pas d’un mo- ment de sa vie où il n’eût déjà été une sorte de botaniste ; et si jamais il fit d’autres études, ce fut toujours à la botanique qu'il les rapporta. C’étoit pour elle qu'il se perfectionnoit dans le dessin, et presque pour elle seule qu'il se donnoit la peine de suivre ses classes, et d'apprendre le latin et le grec. Cependant ses progrès n'étoient guère moindres que ceux d’enfans qui n’auroient appris ces choses que pour elles- mêmes. À douze ans il savoit les Géorgiques par cœur : la finesse et la pureté de ses dessins avoit quelque chose d’é- tomnant. Mais ces talens précoces, qui auroient dû lui attacher ses parens, et lui procurer une jeunesse heureuse, furent préci- sément les causes des premières contrariétés qu'il éprouya, et 4 DE M. Ricuanrn. 351 qui peut-être, en altérant son humeur ét sa santé , prépa- rèrent celles du reste de sa vie. L’archevèque de Paris, M. de Beaumont, visitoit quelquefois le jardin d'Auteuil, et en aimoit le directeur. L'intelligence et l'instruction de cet enfant lui inspirèrent de l'intérêt, et il promit de avancer si on le vouoit à l’église. C’étoit lui ouvrir la seule carrière où le talent sans naissance et sans fortune püt alors se promettre d'arriver aux honneurs et à l’aisance; et c’étoit la lui ouvrir sous les auspices les plus favorables. Il n’étoit rien qu'il ne pût espérer des bontés du prélat secondées par la protection que le Roï accordoit à sa famille ; et M. Richard le père , qui avoit encore neuf autres enfans, et qui n’étoit pas riche, même pour un jardinier, ne pouvoit manquer de saisir avec ardeur de pareilles espérances : mais son fils en avoit décidé autrement. Rien ne put fléchir l’invincible résolution de cet enfant. Sans hésiter et sans varier il déclara qu’il seroit bota- niste; qu'il seroit jardinier, s’il le falloit, et rien de plus. Ni les prières, ni les menaces n’eurent d'effet sur lui; et le mé- contentement de son père en vint au point qu'il le mit hors de sa maison, ne lui accordant que dix francs par mois pour ses alimens. Le jeune Richard n’avoit pas alors tout-à-fait quatorze ans; et combien d’enfans de cet âge une pareille disgrâce n’eût- elle pas conduits aux désordres les plus avilissans, ou peut- être à une mort misérable ! Pour lui, il montra le courage et la prudence d’un homme fait. Il se rendit tranquillement à Paris dans le quartier latin; y loua un coin de grenier; par- courut la ville pour trouver un architecte qui lui donnât des plans de jardin à copier; consacra à ce travail une partie de 45° 3592 ÉLoce ses nuits; et, après avoir ainsi assuré sa subsistance , il em- ploya les jours à suivre avec régularité les lecons du collége de France et du Jardin du Roi. Mais il ne se borna pas à ces premières précautions. La beauté de ses dessins, la fidélité qu'il mettoit à les exécuter au temps convenu, lui procurè- rent beaucoup d'ouvrage. Petit à petit on le chargea de diri- ger par lui-mème l'exécution des plans qu'il avoit tracés; et, en même temps qu'il faisoit ainsi des profits considérables, il mit tant d'ordre et d'économie dans sa manière de vivre, qu'au bout de quelques années, ne demandant plus même à son père le misérable subside qui lui avoit été promis, non- seulement il s’étoit soutenu avec décence, il avoit accumulé plus de 80,000 livres. Mais ses épargnes avoient le même but que ses études; elles se rapportoient toujours à la botanique. Ainsi que la plupart des hommes épris de l’amour de la nature, il voulut agrandir la sphère de ses observations, et aller chercher des plantes nouvelles dans les pays lointains. C’étoit pour at- teindre ce but, sans être à charge à personne, qu’à quinze et dix-huit ans, et au milieu de Paris, il menoit la vie d’un anachorète, et ne se donnoit d'autre délassement que de changer de travail. Il ne manquoit surtout à aucune des lecons et des herborisations de Bernard de Jussieu, de cet homme le plus modeste et peut-être le plus profond des -botanistes du dix-huitième siècle; qui, sans avoir presque rien publié, n’en est pas moins le génie inspirateur des bota- nistes modernes; comme ces législateurs des anciens peuples, dont les lois, pour n'être pas écrites, n’en étoient que plus religieusement observées. DE M, RicHaAnrp. 353 Bernard de Jussieu n’étoit pas seulement un grand homme, il étoit encore un homme bienveillant, adoré de ses élèves, parce que lui-même les aimoit, et s’occupoit de leur sort non moins que de leur instruction. Un jeune homme aussi passionné pour la science que M. Richard , et qui mettoit tant d'esprit dans sa passion, ne pouvoit échapper à son attention. Il l'admit dans son intimité, l’initia dans ses vues, et dirigea même les premières recherches qu'il se hasarda de faire sur les nombreuses familles du règne végétal dont. l’organisation n’étoit pas encore entièrement connue. Les encouragemens d’un si grand maître enhardirent enfin notre jeune jardinier à montrer que lus ausst étoit botaniste. 11 vint lire un mémoire à l’Académie sur l’une des questions les plus ardues de la science; et par cette heureuse témérité il se plaça en quelque sorte tout d’un coup dans les premiers rangs de ceux qui la cultivoient. Les genres du Cynanchum et de l’Asclepias, dans la famille des Apocynées, étoient alors le sujet des discussions les plus vives. L'intérieur de leurs fleurs offre autour du pistil divers cercles d'organes dont aucun n’a bien décidément la forme ordinaire d’une anthère. Ceux du rang extérieur représentent chacun un petit cornet du fond duquel s'élève un filet cro- chu. Entre eux est un corps pentagone formé de la réunion de cinq écailles verticales qui s'ouvrent chacune à sa partie supérieure en deux petites loges. Ce corps est surmonté d’une espèce de chapiteau pentagone creusé en dessus de cinq petites fentes, et sur ses côtés de cinq fossettes auxquelles répondent autant de-petits corps noirs divisés et prolongés chacun en deux filamens jaunes et grenus, semblables à deux 354 ELoce petites massues où à deux petites spatules, et qui s’enfoncent dans les loges des écailles verticales qui leur correspondent. Le problème étoit de déterminer lesquels de ces organes compliqués sont les véritables anthères, et l'on y attachoit d'autant plus d'importance que le système sexuel fondé sur les étamines et sur les pistils dominoit alors exclusivement en botanique. Aussi y avoit-il sur la question presque autant d'opinions que- de botanistes célèbres. Linnæus prenoit les écailles pour les étamines; selon Adanson, les écailles n'é- toient que les anthères , et les petits cornets étoient leurs fila- mens. Jacquin regardoit les anthères comme placées dans l’intérieur des loges des écailles. Selon M. Desfontaines, les corpuscules noirs étoient les vraies anthères, et les fentes du pistil, vis-à-vis desquelles ils sont placés, faisoient l'office de stygmates. Ce fut au milieu de cette divergence dans les avis d'hommes de la première réputation que M. Richard ne crai- gnit point de proposer aussi le sien. Il chercha à établir que le chapiteau est le stygmate; que les corpuscules noirs qui y adhèrent en sont des parties ou des divisions; que les loges du corps pentagone sont les anthères, et que c’est leur pous- sière agglutinée qui forme les petites masses des filets qui ter- minent les corpuscules noirs. Si les botanistes n’ont pas en- core tous considéré ces déterminations comme démontrées, la plupart conviennent au moins que ce sont les plus vrai- semblables de celles qui ont été proposées. Cependant une occasion se présenta à M. Richard de réa- liser le projet qu'il nourrissoit dès l'enfance. M. Necker et M. de Castries désirèrent d'envoyer dans nos colonies d’Amé- rique un homme en état d’y propager les productions des DE M. Ricuaro. 355 Indes que Poivre et Sonnerat leur avoient procurées au péril de leur vie, ainsi que de faire connoître celles de leurs pro- pres productions dont il seroit possible de tirer un parti utile. L’Académie invitée à leur indiquer un sujet porta ses vues sur M. Richard , et le roi Louis X VI qui l’avoit vu tout enfant, et qui connoissoit personnellement la plupart des individus de sa famille, approuva avec plaisir sa nomination. On sait que ce prince infortuné aimoit et cultivoit la géogra- phie. Il fit à M. Richard l'honneur de l'appeler plusieurs fois dans son cabinet, et de lui montrer sur une carte de la Guyane les cantons dont l'examen lui paroissoit devoir of frir le plus d'intérêt; les rivières dont il désiroit que l’on fixât mieux le cours, et d’autres objets à la connoissance desquels il attachoit de l'importance. Ces audiences, ces directions données immédiatement par le Roi, les promesses qu’y joi- gnit le ministère ne pouvoient manquer d’exalter encore l’ardeur naturelle de notre jeune naturaliste. Plein de courage et d'espérance, et sans songer le moins du monde aux pré- cautions et aux formalités qui auroient rendu plus positifs les engagemens que l’on prenoit avec lui, il n'hésita point à faire sur son petit capital toutes les avances de son voyage; et, pendant le voyage mème, il ne songea pas davantage à ses intérêts : ce qui l'occupa le moins fut ce qui se passoit en France dans cet intervalle, et l'influence que ces événemens pouvoient avoir sur sa position. Il auroit pu apprendre de bonne heure cependant que ni la protection personnelle d’un roi, ni les ordres de ses mi- nistres ne sont pas toujours des garanties suflisantes contre les caprices de personnages d’un rang bien inférieur, On ra- 356 Ecoce conte qu'un pacha menacé par un opprimé de la colère du sultan et de celle de Dieu, répondit: Le sultan est bien loin , Dieu est bien haut , et ici c'est mot qui suis le mat- tre. Le gouverneur de Cayenne, sans tenir le même langage, se conduisoit d’après le même principe. L'intérêt le plus sordide étoit son seul mobile. IT avoit rempli de légumes à son usage le jardin royal destiné. à la culture des épiceries; et M. Richard, dont la principale fonction à Cayenne devoit être la direction de ce jardin, et qui s’y étoit fait conduire en arrivant, ne put même obtenir d’y entrer. Ce qu'il éprouva relativement aux girofliers ne le surprit et ne l'indigna pas moins. Le gouverneur, imaginant d'imiter pour son profit les procédés tyranniques tant reprochés aux Hollandais, avoit prétendu que les colons négligeoient trop la culture de ces arbres; et, en conséquence, il avoit ordonné de trans- porter tous les individus épars sur les habitations dans un endroit éloigné et solitaire où, sous le nom du Roi, il prétendoit en avoir seul le monopole. Une ordonnance si absurde avoit tellement indigné les propriétaires, que la plupart avoient mieux aimé détruire leurs arbres que de les livrer. Mais enfin le gouverneur étoit devenu maitre de tous ceux qui subsistoient; il les gardoit comme le dragon des Hespérides, et M. Richard, envoyé par le roi de France dans une colonie française, avec la mission expresse d’y pro- pager les girofliers, et de les répandre dans nos autres îles, ne put même approcher du lieu où on les avoit confinés. Il fut obligé, pour en avoir quelques graines, de faire à Cayenne ce que Poivre et Sonnerat avoient fait dans les Moluques ; et il lui coûta presque autant de peines pour don- pe M. Ricnanro. 357 ner le giroflier à la Martinique que ces courageux citoyens en avoient pris pour le procurer à l'Ile-de-France. I arriva même qu'un navire expédié de l'Ile-de-France, ayant ap- porté un certain nombre de plants que l’on croyoit du vrai poivrier, ce gouverneur n’eut pas honte de faire entendre que si on vouloit les multiplier, ce seroit pour lui et sur son habitation privée. Il avoua même que déjà il avoit fait prépa- rer un terrain à cet effet par les noirs du Roi. Je n’ai pas besoin de dire comment une telle insinuation fut reçue d’un jeune homme qui, dès l’âge detreize ans, avoit montré un caractèresi ferme. Aussi vit-il chaque jour les contrariétés s’accroître. Il fallut qu'il fit le bien malgré ses supérieurs , comme il s'étoit fait botaniste malgré ses parens; et toutefois son activité pré- valut encore assez sur les obstacles pour qu'il ait rendu, dès ce premier temps, de grands services à la colonie. Il lui fut permis du moins de soigner et de répandre quelques végé- taux que le gouverneur n’avoit pas jugés dignes de sa solli- citude exclusive. Le Ztchr (scytalia litchi), le sagoutier (sagus palmapinus), le jamier où pomme rose ( eugenia jambos), le #2anguier (mangifera indica) n’eurent à vaincre pour se multiplier que l'indolence naturelle aux colons. Le bambou, dont utilité fut plus promptement sentie, fut cul- üvé partout; et l’on en a aujourd’hui en abondance et d’é- normes. Ayant trouvé en 1785 l'occasion de faire un voyage au Brésil, M. Richard en rapporta à Cayenne le talin ou pourpier du Para (talinum oleaceum), herbe charnue, ten- dre, un peu acidule et rafraîchissante, qui donne une salade agréable. Il se rendit ensuite dans les Antilles, et y passa depuis le mois de février 1786 jusqu’en novembre 1787. Il Mém. du Muséum. 1. 12. 46 358 Ezoce réussit à se procurer dans l'ile de Sainte Croix l’eugenia expetita , fruit délicieux, qui fait aujourd'hui l’ornement des plus beaux desserts. I vint enfin des temps meilleurs. Un autre gouverneur, M. de Villebois, se trouva être un homme bienveillant et éclairé. A peine eüt-il entendu M, Richard qu'il abrogea les restrictions odieuses mises à la culture par son prédécesseur; et pendant le peu de temps que notre botaniste demeura sous ses ordres, aucune entrave ne fut plus mise à ses opéra- tions. D'ailleurs quand il étoit par trop excédé des vexations qu'il éprouvoit, M. Richard se consoloit par des recherches de pure histoire naturelle. Les habitudes agrestes de son an- cien métier lui permirent des excursions qui auroient effrayé des naturalistes de cabinet. Bon chasseur et habile tireur, il ne redoutoit ni les forèts les plus épaisses, ni les marécages les plus malsains. Deux fois ses chiens furent dévorés par ces énormes serpens qui, du haut des arbres, guettent les ani- maux, et se jettent mème quelquefois sur les hommes, Un talent qu’il eut surtout fut de s’attirer l’amitié et la confiance des sauvages. Ils l’aidèrent dans ses chasses , l’admirent dans leurs cases, et ne se cachèrent point de lui dans leurs prati- ques les plus secrètes. C'est ainsi qu’il découvrit que si on les a long-temps crus naturellement imberbes, et si l’on a fondé sur cette erreur des systèmes nombreux et bizarres, c’est tout simplement parce qu’ils s’arrachent avec un soin superstitieux le moindre germe de poil à mesure qu'il se montre. Ils emploient pour cela, au lieu de pinces, les valves d’une espèce particulière de moules. Ces excursions prolongées, celles qu'il fit au Brésil et dans De M. Ricuarn. 359 les Antilles procurèrent à M. Richard des collections consi- dérables dans les trois règnes. Son herbier étoit surtout re- marquable, non-seulement par sa belle conservation, mais par le soin qu'il avoit pris d’y joindre des dessins faits sur nature vivante de tous les détails de la fleur et du fruit. Rien ne pou- voit être plus précieux, rien ne l’est même encore anjourd'hui que cette série de dessins. Trop long-témps les botanistes voyageurs n’avoient donné des plantes que des descriptions superficielles. Depuis Linnæus on apportoitplusd’attentionaux organes sexuels; mais la position relative des parties, l’attache de la graine dans l’intérieur du fruit, l’intérieur de la graine elle-même étoient négligés, et pour les plantes que l’on ne pouvoit pas se procurer aisément en Europe, il n’y avoit au- cun moyen d'y suppléer. Des herbiers, des fruits desséchés ne donnoiïent que des renseignemens insuflisans ouincertains. C’est ce besoin de la science que M. Richard, dès le temps où il suivoit les lecons de Bernard de Jussieu, avoit parfaite- ment senti, et auquel il avoit surtout résolu de suppléer. Ainsi dans le même temps où Gærtner travailloit avec tant de peine dans son cabinet à sa célèbre carpologie, notre bo- taniste plus favorisé par sa position, décrivoit et dessinoit dansles bois et les savannes de Cayenne les fruits frais où les parties les plus délicates se voyoient distinctement , où cha- que tégument, chaque pulpe, chaque graine avoit conservé sa couleur et sa consistance. Mais au milieu de cette nature sauvage, si riche et si nou- velle pour lui, les plantes n’eurent pas seules le droit d’exei- ter son attention. Ces oiseaux singuliers, ces poissons, ces reptiles, de formes étranges et bizarres, le rendirent presque 46” 360 ELzocE malgré lui zoologiste et même anatomiste; et il fut l'un et l’autre comme il avoit été botaniste, c’est-à-dire avec ar- deur et passion. Dans ce climat à la fois humide et brülant, où quelques heures changent un corps mort en un cadavre infect, il recueillit les peaux, les squelettes des animaux; il en dessina et décrivit les viscères. Nous avons vu dans ses papiers des obserâtions neuves pour le temps sur les organes de la voix des oiseaux , sur ceux de la génération et de la di- gestion de plusieurs quadrupèdes. La mer et les rivières lui avoient fourni lesmollusquesles plussinguliers. Ilavoitobservé surtout avec beaucoup de soin, et à l’état de vie, les animaux qui forment et qui habitent les coquilles; classe que l'on avoit jusqu'alors presque toujours négligée, uniquement occupé que l’on étoit de leurs brillans tégumens. C’est avec ces trésors qu'il revint en France, après une absence de huit années. Il débarqua au Havre au printemps de 1789. Etranger, comme il Févoit demeuré au fond de ses bois, à tout ce qui s'étoit passé dans cet intervalle, il ne doutoit pas que l'accueil le plus honorable ne fût le prix de ses travaux ; les savans et les administrateurs devoient égale- ment s’empresser autour de lui, les uns pour s'informer de ses découvertes, les autres pour acquitter la dette du public. Mais nous venons de le dire, c’étoit en 1789. M. de Buffon étoit mort l’année précédente; sa place avoit été donnée à un courtisan d’un caractère doux et loyal, mais sans énergie, et surtout sans aucune des notions qui auroient été néces- saires pour remplir de si importantes fonctions. Ainsi l’his- toire naturelle n’avoit plus de protecteur; et d’ailleurs DE M. Ricxarn. 361 la protection la plus puissante auroit-elle pu se faire enten- dre au milieu des embarras qui accabloient de toutes parts un gouvernement aussi inhabile que malheureux ? Notre pau- vre voyageur , un rapport de l’Académie à la main, qui con- statoit l'étendue et l'importance de ses travaux, frappa à toutes les portes; mais les ministres, et jusqu'aux moindres commis, tout étoit changé : personne ne se souvenoit plus qu'on lui eüt fait des promesses. Il n’importoit guère à des gens qui voyoient chaque jour leur tête menacée, qu'il fût venu un peu plus de girofle à Cayenne, ou qu'on y eût pro- pagé des Litchis et des Eugenia. Des découvertes purement scientifiques les touchoient encore bien moins. Ainsi M. Ri- chard se trouva avoir employé son temps , altéré sa santé, et sacrifié la petite fortune qu’il avoit si péniblement acquise, sans que personne daignât seulement lui laisser entrevoir quelque espérance d’assurer son avenir. Il ne lui restoit qu'à recommencer le genre de vie auquel il s’étoit voué à l’âge de quatorze ans. L'histoire naturelle exige peut-être de celui qui s’y livre plus de courage qu'aucun autre genre d'étude, non-seule- ment pour affronter les dangers obscurs et continuels qui le menacent dans ses recherches, mais pour supporter la mau- vaise fortune. Au milieu de cet attirail matériel, sans lequel il ne peut rien, le naturaliste est comme attaché à la glèbe. Que le génie du poète, du métaphysicien, du géomètre, se soutienne , s’exalte même dans la solitude et la pauvreté, on le conçoit. Leurs pensées sont indépendantes des choses d’ici- bas: mais dans une science qui repose sur l'inspection et la comparaison de tant de milliers d'êtres et de parties d’êtres, 362 Ezoce dans une science dont les propositions générales nese forment que du rapprochement de milliers de faits particuliers, le plus beau génie, sans de nombreux, sujets d’observations, sans tout ce qui peut rendre l'observation facile et journa- lière , ou s’annuleroit ou se perdroit dans des systèmes fan- tastiques et vains. Qui s’étonneroit donc que M. Richard, gèné dès l'enfance par ses parens dans ses inclinations , ex- cédé de travaux dans son adolescence , contrarié à Cayenne par un despote subalterne dans toutesses vues, dans l’exercice mème des devoirs qui lui étoient prescrits, négligé et rebuté enfin à Paris par ceux qui auroient dû le récompenser noble- ment de ses services, ait conçu une misantropie qui ne fit que rendre le reste de sa carrière plus pénible, et lui ôter le peu de secours qu'avec de la patience et de la douceur il auroit pu encore espérer. Plus les hommes en pouvoir ont de torts, et moins il faut leur en parler si l’on veut qu'ils les réparent. Mais tous les opprimés ne sont pas de caractère à se plier à cette maxime, et M. Richard l’étoit moins que personne. Après quelques essais infructueux pour obtenir justice, ilse confina dans la retraite, ne vivant, n’étudiant que pour lui-même, ne com- muniquant les objets qu'il avoit rassemblés, les observations qu'il avoit faites, qu'à peu de personnes, et de préférence à des étrangers. On auroit dit que chacun de ses compatriotes qu'il voyoit mieux traité, lui paroissoit avoir usurpé ses droits. Ce qui est certain, c’est que le silence obstiné qu'il a gardé a été un dommage immense pour toutes les branches de l'histoire naturelle. Un savant étranger, parfaitement en état d’en juger (1), et qui a donné sur M. Richard une notice (1) M. Kuntb. pe M. Ricuanrpo. 363 biographique, l'appelle l’un des plus grands botanistes de l'Europe. C'étoit aussi d’après ses manuscrits qu'il en avoit pris cette idée. M. de Jussieu, l’un de ses anciens maîtres, et presque le seul de nos confrères qui eût conservé quelque part dans sa confiance, a souvent admiré les nombreuses analyses de fleurs et de fruits consignées dans ses dessins. La zoologie n’a pas moins souffert de cette humeur cha- grine que la botanique. Ses travaux sur les coquilles étoient de la plus grande importance. Aucune collection en ce genre n’étoit mieux distribuée, plus exactement nommée que la sienne. On assure que plusieurs de ses idées sur les testacés, leurs rapports, les bases d’après lesquelles il convient de les distribuer, communiquées par la conversation, passèrent dans les ouvrages d'écrivains qui ne s’en sont pas vantés: mais ces plagiats ne changèrent pas sa résolution. Une partie de ses collections a été acquise après sa mort pour le cabinet du Roï; et l’on y a trouvé des poissons et des mollusques qui, s’il les eût fait connoître dès le moment où il les rapporta, auroient évité des méprises aux plus habiles naturalistes. Non-seulement la science perd à ces retards, elle s’en obscurcit. En trente années les ouvrages se multiplient; les erreurs, qu’un mot auroit dissipées, se répètent; elles finissent par s’enraciner si bien qu’on ne peut plus les réfuter que par de longues dissertations. Cependant M. Richard étoit sorti de l’état pénible qui lui avoit inspiré de si tristes résolutions. Fourcroy, en établis- sant en 179 l'Ecole de Médecine, l’y avoit fait nommer professeur de botanique. Il y avoit trouvé l’occasion de planter un beau jardin; et, se livrant à ce nouveau devoir 364 ELcoce avec beaucoup de zèle, il y forma plusieurs excellens élèves. Mais son habitude étoit prise, et quant à la manière de vivre, et quant à la difliculté de disposer ses travaux pour la publi- cation. Ce fut à peine si l’on put, vers la fin de sa vie, le dé- cider à donner quelques échantillons de ses recherches dans des recueils scientifiques : peut-être même y eut-il regret. On se représente d'ordinaire la botanique comme une science aussi douce, aussi paisible que les objets qu’elle étudie : malheureusement elle ne change pas le caractère des bota- nistes, et elle n'imprime pas le sien à leurs discussions. M. Richard, comme la plupart des solitaires qui ont long- temps nourri de certaines idées sans contradicteurs, fut vive- ment blessé des objections qu'éprouvèrent une partie de celles qu’il mit en avant. [l répondit d’un ton qui prouvoit bien à quel point il étoit devenu étranger au monde et à ses formes. Les répliques ressemblèrent peut-être un peu trop aux réponses : son repos fut troublé par ces altercations, et sa mauvaise santé s’en aigrit encore. Au total cependant ces dissertations étonnèrent par la profondeur et la sagacité des vues, et par les immenses observations qu'elles supposoient. L'une d’elles, intitulée Ænalyse du fruit (1), et qui n’est pas même sortie de sa plume, mais a été seulement écrite à ses leçons par un de ses élèves, est si pleine et si concise qu'elle équivaut à un grand ouvrage; et le savant botaniste que nous avons déjà cité regrette que Gærtner n’ait pu Ja connoître avant de composer le sien : il y eut, dit-il, beau- (1) Démonstrations botaniques, ou Analyse du Fruit, considéré en général, par M: L. Cl. Richard, publiées par H. A. Duval, x vol. in-12. Paris, 1808, pe M. Ricxaro. 365 coup gagné. Ce petit écrit fut traduit aussitôt en plusieurs langues. Les observations qu’il contient sur les embryons des plantes, que l’auteur nomme endorhizes, ou de ce qu'on appelle d'ordinaire monocotylédones, étoient surtout aussi neuves qu'importantes, et il les développa dans un mémoire sur la germination des Graminées, accompagné de figures d’une précision sans exemple. Il en a laissé un autre en ma- nuscrit sur les Conifères et les Cycas, dont l'exécution est, dit-on, encore plus parfaite. Ses mémoires sur le L'ygée sparte, sur les familles des Butomées, des Calycérées, des Balanopho- rées, offrent le même genre de mérite et au même degré (r). Ce sont partout des faits nouveaux, abondans, ramenés à des lois d’une précision et d’une généralité tout-à-fait inatten- due. On y reconnoit sans cesse l'ouvrage d’un homme qui, avant d'écrire, avoit pénétré son sujet par de longués études, et avoit eu d'innombrables occasions de l’étudier. Si on peut lui faire quelques reproches, c’est de ne pas s'être rendu assez accessible au commun des lecteurs, et d'avoir beaucoup ajouté aux diflicultés dont la prétention à une terminologie (1) Commentatio de convallaria Japonica novum genus constituente præmissis nonnullis circà plantas liliaceas observationibus. (Nouv. Journ. de Botan. de Schrader, tom. Il, p. 1. 1807.) Description du Zygée sparte. (Mém. de Soc. d’hist. de Paris, 1709.) Mémoires sur les Hydrocharidées. (Mém. de l’Institut. 1811.) Analyse botanique des Embryons epdorhizes, où monocotylédones , et parti- cuhierement de celui des Graminées. ( Annales du Muséum d’hist. nat., tom. xXvIr. ) Proposition d’une nouvelle famille de Plantes, les Butomées. (Mém, du Muséum d'hist. nat.°t. 1.) Annotationes de Orchideis europeis. (Ib. 1.1v.) Mémoire sur la nouvelle famille des Calycérées. (Ib. t. vi.) Mémoire sur la nouvelle famille des Balanophorées. ( Posth. ib. t. vu. ) Mer. du Muséum. 1. 12. 47 366 Éroce.ne M. Ricuarp. rigoureuse avoit déjà avant lui hérissé la botanique; mais il vouloit, comme Linnæus, que chaque forme, chaque nuance, chaque rapport fût exprimé par un: terme propre et invaria- ble; et le nombre prodigieux d'idées, de faits nouveaux qui étolent ressortis de ses observations, avoient nécessairement enfanté ce grand nombre de mots dont il a enrichi ou, si lon veut, surchargé la science. Tous ses travaux étoient même dirigés vers un but commun, la rédaction d’une nouvelle phi- losophie botanique, dans le genre de celle de Linnæus : ce qui veut dire aussi d’une nouvelle terminologie botanique, mais proportionnée en étendue et en profondeur aux progrès de la science, et surtout à ceux que M. Richard lui avoit fait faire , et dont une grande partie est encore ensevelie dans ses portefeuilles. Le temps ne lui a pas permis de terminer ce grand édifice. Sa santé, depuis long-temps affoiblie par ses voyages et ses chagrins, prit enfin un caractère alarmant. Un catharre sur la vessie , dont il souffroit depuis, long-temps, l’obligea de garder la chambre; et, après plusieurs mois de souffrances cruelles, il mourut le 7 juin 1821, à l’âge de 67 ans. Sa perte en seroit une immense et irréparable pour la botanique, s'il ne laïssoit un fils qui, formé à son école, et pénétré de toutes ses doctrines, saura, non-seulement rendre à sa mé- moire le culte qu'il Jui doit, en publiant ses travaux, mais les étendra et y mettra l’ensemble qui peut encore y manquer. Espérons que ses recherches d'anatomie comparée, qui étoient aussi fort considérables , mais dont on n’a guère con- noissance que par quelques communications verbales, ne seront pas non plus perdues pour la science. 367 De laction simultanée dé l'Oxigène gazeux et dés Alcalis sur un grand nombre de substances organiques. (Mémoire lu à l'Académie des Sciences, le 23 août 1824.) PAR M. CHEVREUL. ht faits nombreux qui font l’objet du Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, sont tous identiques en ceci qu’ils démontrent qu'un grand nombre de substances or- ganiques qui ne se décomposeroient pas au milieu de latmos- phère,dans un temps déterminé, s’y décomposent plusou moins vite dans ce même temps lorsqu'elles sont mises en contact avec des dissolutions alcalines qui sans la présence de l’oxigène ne produiroient d’ailleurs aucune altération dans ces mêmes substances. Pour faire concevoir toute l'importance d’une pareille proposition, il ne suffit point d’exposer les faits qui l’établissent, il faut encore la lier aux généralités qui servent de base à la chimie organique : c’est ce qui m'a déterminé à partager ce mémoire en trois sections; dans la première, je rappellerai brièvement quelques-uns des points de vue sous lesquels j'ai envisagé les produits de l’organisation dans mes Considérations générales sur l'analyse organique(1); dansla (1) Voyez Considérations générales sur l'analyse organiquetet sur es applica- tions , par M: E. Chevyreul. Paris, Levrault 1824. 47° 368 OxIGÈNE GAZEUX, seconde section j'exposerai les faits qui font l'objet spécial de ce mémoire; enfin dans la troisième, je développerai l'in- fluence que ces mèmes faits doivent avoir sur les progrès de la science par les travaux auxquels ils donneront lieu quand on voudra en approfondir les conséquences. PREMIÈRE SECTION. Tout le monde sait que la mobilité de composition des produits de l’organisation est la cause qui rend l’analyse de ces produits plus difficile que ne lest l'analyse minérale : mais les difficultés de la première analyse sont-elles si inhé- rentes à la nature des substances qu'elle tend à isoler les unes des autres que ces difficultés ne puissent être surmon- tées ? C’est ce que je ne pense point : il n’est point inutile de le démontrer, puisqu'il y a des savans qui, convaincus de l'impossibilité de déterminer les vrais principes immédiats des êtres organisés à cause de leur altérabilité, ont nié l’uti- lité de la chimie dans l'étude des phénomènes physiologiques. Mais il ne suit pas nécessairement de ce qu'un corps est alté- rable, ou en d’autres termes, il ne suit point de la disposition qu'ont les élémens de ce corps à se séparer soit à l’état libre, soit à l’état de composés moins compliqués que ne l’est le corps qu'ils constituent, que ce corps ne puisse être reconnu dans une matière dont il fait partie intégrante : car si vous avez déterminé la nature et la proportion des produits en lesquels un corps A est susceptible de se réduire dans des circonstances pareillement déterminées, il en résultera que si vous avez obtenu de l’analyse d’une matière B les produits en lesquels le corps À se réduit dans les circonstances où vous ALCALIS ET MATIÈRES ORGANIQUES. 369 avez opéré l'analyse de B, vous serez naturellement conduit x à soupçonner la présence de A dans B, et vous chercherez à l’en extraire, en plaçant la matière B dans des circonstances où vous savez que la composition de A est stable. Par exem- ple, si des matières organiques traitées par l'acide nitrique ou par la potasse, ont donné des acides sacholactique et oxalique, ou bien des acides stéarique , oléique , phocénique, butirique avec de la glycérine, vous êtes conduit à recher- cher dans ces matières la gomme ou la stéarine, l’oléine, la phocénine , la butirine, de même encore que vous êtes conduit à rechercher le sucre dans une matière qui a donné de l'alcool et du gaz carbonique par la fermentation, en employant dans toutes ces opérations des réactifs qui n'al- tèrent pas les principes immédiats que vous voulez isoler. D’après ce qui précède, il est évident que l’altérabilité des produits de l’organisation n’est point un obstacle insurmon- table au perfectionnement de l’analyse qui tend à les isoler les uns des autres, et qu’un des travaux les plus importans qu'on puisse se proposer, est de déterminer les compositions équialentes des principes immédiats des végétaux et des animaux. Mais tout en reconnoissant la mobilité de composition pour la cause première des difficultés de l'analyse organique immédiate, cependant je ne pense point que cette mobilité soit aussi grande qu’on le croit communément, ni que les résultats de la décomposition des principes immédiats soient aussi compliqués qu’ils le paroissent, lorsqu'on les considère sans remonter aux causes diverses qui ont agi simultanément dans ces décompositions. Déjà j'ai prouvé que beaucoup de 370 OXxIGÈNE GAZEUX, principes immédiats peuvent être exposés dans le vide sans qu'ils s’altèrent, à des températures où ils se décompose- roient s'ils étoient en contact avec l'air. J'ai prouvé, contre l'opinion de plusieurs chimistes distingués, que ni l’alcool, ni l’éther ne déterminent la production de matières grasses aux dépens des élémens qui constituent la fibrine et autres subs- tances azotées des animaux ; je vais démontrer que beaucoup de principes immédiats qu'on a. cru altérables par l’action des alealis, s’y combinent sans s’altérer, lorsque les corps n'ont pas le contact du gaz oxigène; d’où il suit que les subs- tances organiques dont je parle ne sont point aussi alté- rables qu'on l'a pensé par l'action de la chaleur de l'alt- cohol, de l’éther et des alcalis. Je rappellerai enfin que dans plusieurs des mémoires que j'ai eu l'honneur de lire à l'Aca- démie, j'ai fait voir que les tissus azotés des animaux ne donnent point, comme on l’a avancé, de matière grasse quand ils se décomposent, soit sous l'influence de l'acide nitrique , soit daos le sein de la terre humide ou au milieu de l’eau, d'où ul suit que les résultats de leur altération sont moins compliqués qu'on ne l'a pense. Les considérations précédentes m'ont paru nécessaires pour lier les faits que je vais exposer à mes travaux antérieurs. DEUXIÈME SÉCTION. Mes expériences ont été faites de la manière suivante. On verse du mercure dars une cloche de o",o1 de diamètre intérieur graduée en millimètres cubes, jusqu'à ce qu'elle soit pleine, excepté un centimètre ou un demi-centimètre ALCALIS ET MATIÈRES ORGANIQUES. 371 cube. On y met ensuite la matière organique, on achève de remplir la cloche avec de l’eau bouillante, et après l'avoir fermée avec un obturateur de verre, on la renverse prompte- ment sur la cuve à mercure. On fait passer dans la cloche l'eau alcaline qu'on veut mettre en contact avec la matière orga- nique, et qui doit avoir été préalablement bouillie. Si lal- cali est de la potasse ou de la soude, on doit les dépouiller préalablement d’acide carbonique au moyen de l’eau de baryte; enfin on introduit du gaz oxigène dans la cloche, on l'y agite de temps en temps. On conserve dans une autre cloche la même combinaison alcaline qué celle qu'on met en contact avec l’oxigène, afin d'apprécier exactement l’ac- tion du gaz. Je vais exposer les phénomènes principaux que j'ai ob- servés en mettant en contact avec l’eau de potasse ou l’eau de baryte et le gaz oxigène, lhématine, le principe colorant du bois de Brésil, la carmine, la couleur des violettes, la couleur jaune des écorces, l'acide gallique, le principe co- lorant du sang, l’albumine, le principe colorant de la bile de bœuf, etc. Hématine. La solution d’hématine, ou d'extrait de campêche d’une couleur jaune-orangée, en s’unissant avec la potasse, pro- duit une combinaison bleue qui peut se conserver sans alté- ration sensible pendant six mois, même lorsqu'elle est ex- posée au soleil; mais si elle a le contact de l’oxigène, sur-le- champ la couleur bleue s’altère, et fait place à ‘une couleur D A 2 , L » Le jaune rougeâtre. L’hématine n'existe plus. 372 OXxIGÈNE GAZEUX, 08,2 d’hématine dissous dans 3%: d’eau de potasse mis en contact avec 26% d'oxigène avoient absorbé, après 10 minutes, 14%. 25— — 24. ——— 1 heure 15———— 25,5, —————— 25,6. L'acide hydrochlorique, mis dans la liqueur, en a dégagé 3% de gaz acide carbonique; en supposant que la liqueur en ait reteuu un volume égal au sien, on aura 6%: pour le volume total. 2 La combinaison alcaline d’hématine attire l’oxigène avec tant de force que o8f:,r d'extrait de campéche, dissous dans 2 d’eau de potasse, réduit 25% d’air atmosphérique en douze minutes à de l'azote pur, quoiqu'on opère dans une cloche de off,or de diamètre. On peut done employer cette combinaison au lieu d’hydrosulfate de potasse pour analyser l'air. Principe colorant du bois de Brésil. Il forme avec l’eau de potasse une combinaison pourpre, qui se conserve sans le contact de l’oxigène pendant des années; mais a-t-elle le contact de ce gaz, elle l’absorbe, devient d’un rouge mêlé de brun et de jaune. La couleur est décomposée. o8r,1 d'extrait de Brésil dissous dans 2%, d'eau de potasse avoit absorbé, après un quart-d’heure, 3%:,5, et après dix- sept heures, 8<:,5; l'acide hydrochlorique en a dégagé 1°:,0 d'acide carbonique : en supposant qu'il en soit resté 2-5, on aura 3%:,5 d'acide carbonique. ALCALIS ET MATIÈRES ORGANIQUES. 879 Couleur de la Cochenille. Elle forme avec l’eau de potasse une combinaison d'un beau pourpre qui peut se conserver pendant plus d’un an sans altération sensible. Mais lorsque cette combinaison à le contact de l’oxigène elle passe au jaune et la carmine est détruite. 08,2 d'extrait de cochenille qui avoit été lavé avec de l'alcool , et dissous ensuite dans 3<:,5 de potasse avoitabsorbé, après un quart-d’heure, 08,3 d’oxigène; après une demi- heure, 0%}; après dix-sept heures, 0€£:,5. Couleur des Violettes. G%: de sirop de violette qui n'avoit été que légèrement chauffé parce que je craignois de le décomposer, a été mis avec 6% d’eau de potasse bouillie. La couleur est devenue verte. La liqueur a été partagée en deux portions égales; l’une d’elles, n°. r, a été mise en contact avec 10%: d’oxi- gène; l’autre, n°. 2, a été préservée du contact de ce gaz. Voici les phénomènes qu’on a observés. Portion N°. 1. Portion N°. 2. Elle avoit absorbé occ.,5 d’oxi- Apres gène; toute couleur verte étoit La couleur verte ne paroissoit 10 minules.. | disparue. Elle étoit de couleur }pas affoiblie. feuille-morte. Apres Elle avoit absorbe rec. sb Toujours verte, mais il y avoit un développement sensible de couleur jaune. 15 minutes. . ) gène. une heure... ) gène. Après Elle avoit absorbé 16c:,5 d’oxi- La couléur verte n’existoit plus. Il me semble résulter de ces faits que la couleur feuille- Mém. du Muséum. t. 12. 48 374 OXIGÈNE GAZEUX, morte que prend la combinaison alcaline verte du principe colorant des violettes résulte de l’absorption de l'oxigène. Si la couleur verte de la portion n°. 2 a fini par disparoitre, quoique plus lentement que celle de la portion n°. r, c’est que la première retenoit de l’oxigène qui n’en avoit point été chassé par l’action de la chaleur. Si la portion no. 1 a absorbé 1,5 d’oxigène, c’est que les autres principes immédiats qui accompagnent le principe colorant dans le sirop de violette, ont eux-mêmes la faculté d’absorber ce gaz. Au reste, le principe colorant devenu couleur de feuille-morte, est lui- mème susceptible d’absorber de l’oxigène sous l'influence des alealis. Couleur jaune de la filasse de chanvre, etc. 08,54 de filasse de chanvre dont le volume étoit de o%,41,mis avec 2%,5 d’eau de potasse, ont cédé à l’alcali du principe colorant jaune au moment du contact : les matières mises en contact avec du gaz oxigène pendant douze heures, à une température de 30 à 4od, ont absorbé 3,2 de gaz. Je me suis assuré que si le ligneux de la filasse a absorbé de l’oxigène, c’est une quantité insensible. Acide gallique. En 1814, je fis voir qu'on ne peut produire les gallates de potasse, de soude, de baryte, de strontiane et de chaux, permanens, el opérant avec le contact de l'air, puisque l’oxigène de cet air en réagissant sur l'acide le décompose et le fait passer au bleu, au vert et au pourpre. Plusieurs années après, lorsque je rédigeai les articles kématine li- ALCALIS ET MATIÈRES ORGANIQUES. 375 gneux du Dictionnaire des Sciences naturelles, je reconus les faits suivans. L’acide gallique forme des gallates solubles et incolores avec l’eau de potasse et l’eau de soude. Il forme des gallates insolubles et blancs avec les eaux de baryte, de strontiane et de chaux; ces gallates, floconneux au moment où ils se précipitent, cristallisent ensuite en petits grains et se conser- vent indénifiment lorsqu'ils sont privés du contact de l'air. Du gallate de potasse que j'ai décomposé par l'acide hydrochlo- rique, sans le eontact de l’air, six mois après l'avoir préparé, m'a donné , seulement de l’acide gallique en beaux cristaux incolores et du chlorure de potassium. Le gallate de baryte a présenté le même résultat. 0,2 d'acide gallique dissous dans 2: d’eau de potasse, mis en contact avec 21%: d’oxigène, ont passé au vert en ab- sorbant de loxigène. Après un quart-d’heure, l'absorption évoit de 7%:,5; après trois-quarts d'heure, elle étoit de 1»; après quinze heures, de14,5. L’acidehydrochlorique a dégagé 10%: d'acide carbonique, y compris celui qui est resté dans la liqueur. La liqueur acide précipitoit la gélatine. Lorsque l'acide gallique est en contact avec un excès d’al- cali, l’oxigène absorbé développe une couleur rouge au lieu de développer une couleur verte; l'absorption est et plus rapide et plus considérable. Les expériences suivantes le démontrent : Û 1 d’eau tenant en dissolution 0,82 d’acide gallique, eto,8r:1 de potasse à l’alcohol qui avoit absorbé, après 96heures, 19 d'oxigène, et qui n’en avoit plus absorbé sensiblement, 120 heures après le mélange des corps, ayant reçu 0,81 de 48* 376 OxIGÈNE GAZEUX, potasse à l’alcohol, a absorbé ensuite, pendant cinq minutes, 9%:,5 d’oxigène. Enfin, il y eut encore 14,5 d’oxigène ab- sorbés. Quand l'absorption parut terminée, ou plutôt lors- que le gallate, abandonné à lui-même, n’absorboit plus sen- siblement d’oxigène pendant vingt-quatre heures , on ajouta encore 08", 1 de potasse : ilyeutunenouvelle absorption, mais lente ; qui éleva la quantité totale d’oxigène absorbée à 58° Les mèmes phénomènes ont lieu avec le gallate neutre de baryte, et le gallate de baryte avec excès de base. 18 d'hydrate de baryte cristallisé , introduit dans un tube qui contenoit 0,82 d'acide gallique, dissous dans 3°: d’eau, ont produit un gallate qui s’est en partie précipité. — On à fait passer 20° d’oxigène dans le tube : aussitôt la liqueur est devenue rouge en absorbant de l'oxigène. Après un quart- d'heure l'absorption étoit de 6%; après une demi-heure, elle étoit de 12%; après trois-quarts-d’heure, elle étoit de 13°; après une heure, elle étoit de 17,5%; après deux heures, elle n’avoit pas augmenté. La quantité d'acide carbonique pro- duite étoit de 4°%:,5. De l'eau de baryte, qui avoit été neutralisée par l'acide gallique, s'est colorée en vert par le contact de l’oxigène. Lorsque ce gaz a cessé d'agir, j'ai neutralisé exactement la baryte par l'acide sulfurique; j'ai obtenu une liqueur d’un brun verdàtre qui, évaporée, a donné un résidu très-acide et très astringent, et soluble dans l’eau , l’alcohol et l’éther. Cette matière ne contenoit pas de soufre (1) : car quand on (1) Cette observation fut communiquée! à la Société philomatique le 6 juillet 1821. Elle a été.consignée dans le Journal des Savans ; cahier de mars 1802, elle où =” a ALCALIS ET MATIÈRES ORGANIQUES. 377 la chauffoit avec un alcali, en vase clos , on n’obtenoit pas de sulfure,. On peut faire deux suppositions relativement à la nature de l’acide gallique qui, en absorbant de l’oxigène, passe au rouge ou bien au vert, suivant quil y a plus ou moins d’alcali en contact avec lui. La première, c’est que l'acide est réduit dans les deux cas en une même substance qui passe au rouge ou au vert, suivant qu'il y a plus ou moins d’alcali: la seconde, c’est que l’acide produit dans les deux cas deux substances distinctes. Il est clair que si la premiere supposition est exacte, un excès d’alcali que l’on mélera avec un gallate neutre qui sera devenu vert, devra faire passer celui-ci au rouge. Or; c’est ce qui n'arrive pas : pour que la couleur rouge se développe, il faut l’absorption d’une quan- tité d’oxigène plus grande que celle qui a fait passer l’acide gallique au vert.-Conséquemment le produit de la décompo- sition de l'acide gallique ne peut être identique dans les deux cas. Il est très-vraisemblable que dans la réaction de l’acide gallique sur le peroxide de fer, cette base est ramenée au minimum d'oxigénation ou à l’état métallique; que consé- quemment la matière colorante de lencre n’est pas un gal- late de peroxide de fer, comme le prétend M. Proust , mais un composé de protoxide de fer ou de fer métallique, et d'acide gallique déshydrogéné : opinion conforme à celle de Berthollet qui pensoit que l'acide gallique étoit converti en est donc antérieure à l’observation que M, Dœbereiner a faite sur la conversion de l'acide gallique en ulmine qui se trouve dans les Annales de Chimie: 378 OxIGÈNE GAZEUX, mauére charbonneuse par le peroxide de fer. Il seroit im- portant de rechercher si l'acide carbonique produit lors- qu'on net l'acide hydrochlorique en contact avec un gallate alcalin altéré, ne seroit pas accidentel à l’action même de l'oxigène sur la matière organique; si, par exemple, l'acide gallique ne se comporteroit pas comme un hydracide. Principe colorant de la bile de bœuf. En agitant avec de l’oxigène de la bile de bœuf, mêlée avec de l’eau de potasse, le gaz est absorbé , et la bile pres- que complétement décolorée. En conservant le mélange de bile et de potasse dans une cloche posée sur le mercure qui ne contient pas d'air, on s'assure que l'alcali seul ne produit point de décoloration. En comparant deux quantités égales de bile, dont l’une a été décolorée, et l'autre ne Fa point été, on voit facilement que le principe colorant de la bile de bœuf n’y est que dans une foible proportion. Principe colorant du sang et albumine. La matière colorante du sang , unie à l’eau de potasse, ab- sorbe l’oxigène, et finit par devenir d’un jaune verdâtre. Dans l'expérience que j'ai faite, l'albumine, qui accompagnoit le principe colorant du sang, a contribué à l’absorption de l’oxigène: car je me suis assuré que le sérum du sang et l’albu- mine du blanc d'œuf mêlée à la potasse, produisent cette ab- sorption. Je dois ajouter qu’une portion de la matière colo- rante du sang , que j’avois unie à l’eau de potasse, ayant été préservée du contact de l’oxigène, au lieu de passer au jaune verdâtre, étoit encore, après six semaines, d'un rouge brun. ALCALIS ET MATIÈRES ORGANIQUES. 379 Huile empyreumatique. Une huile empyreumatique, légèrement citrine , qui pro- venoit de la distillation d’un corps gras, devenoit brune en absorbant de l’oxigène ; mais l'absorption étoit très-lente. Ayant mêlé une portion de cette huile avec la potasse, l’ab- sorption de l’oxigène fut rapide, et l'huile passa rapidement au brun. Il est vraisemblable que l’ammoniaque, contenue dans le produit de la distillation des matières azotées, contri- bue à reudre l'absorption de l’oxigène par l’huile empyreu- matique plus grande qu’elle ne le seroit sans elle. Action de la potasse sur le ligneux, le sucre, l’amidon. M. Braconnot, ayant chauflé parties égales de sciure de bois et de potasse caustique dans un creuset d’argent, a vu que le ligneux se change en une matière noire qu'il a appelée ulmine artificielle, parce qu’il a considéré cette matière comme identique avec la substance noire que M. Vauquelin a retirée des ulcères de l’orme. M. Braconnot pense que le ligneux se change en ulmine en perdant de l’oxigène et de l'hydrogène, dans la proportion où ces corps constituent l’eau. L'influence que les alcalis exercent sur les principes immé- diats organiques, pour leur faire absorber de l’oxigène, m'ayant fait penser que l’oxigène de l'atmosphère avoit pu contribuer à l'altération du ligneux dans l'expérience de M. Braconnot, j'ai introduit dans une cornue, dont le bec plongeoit sous une cloche pleine de mercure , parties égales de bois et de potasse caustique qui avoit été tenue au rouge blanc pendant une heure, et ensuite dissoute dans l’eau, 380 OxIGÈNE GAZEUX, L'action des corps ne s’est manifestée qu'au moment où la chaleur avoit vaporisé toute l’eau qui tenoit l’alcali en solu- üon : alors il s'est dégagé un gaz hydrogène qui, pour 80 vo- lumes, ne contenoit qu’une quantité de carbone représentée par 3 volumes d’acide carbonique; et ce qui est remarquable, c'est que le résidu n’avoit qu'une couleur jaune très-légère : l'ayant mis en contact avec l’eau privée d'air, il ne l’a pas colorée davantage ; mais dès que les matières ont eu le con- tact de l’oxigène, il y a eu une absorption rapide; et ce n’est qu'alors que la matière noire observée par M. Braconnot a été produite. Ce résultat prouve donc que l'explication que ce chimiste a donnée de la conversion du ligneux en ulmine , par le contact de la potasse, n’est pas fondée. Le sucre, l’amidon présentent avec la potasse des phéno- mènes analogues aux précédens. TROISIÈME SECTION. Rapport des faits précédens avec l'analyse organique et les arts. L'analyse reçoit un grand perfectionnement des connois- sances précédentes dans ce qui concerne les procédés où elle applique à une matière organique des bases salifiables éner- giques pour en séparer les principes immédiats qui la consti- tuent. Désormais elle rejettera l'emploi des alcalis, des sous- carbonates alcalins proposés pour isoler la matière astringente de la noix de galle en opérant au milieu de l'atmosphère ; puisque dans cette circonstance l'acide gallique se dénature, et se convertit lui-même en matière astringente. Lorsqu'on ÂALCALIS ET MATIÈRES ORGANIQUES. 381 se servira de la magnésie, de la chaux, de l’ammoniaqué pour isoler des alcalis organiques, il sera nécessaire. de re- courir à d’autres réactifs que les bases salifiables énergiques pour isoler les principes immédiats qui accompagnent dans la matière qu'on examine les alcalis organiques : autrement on risqueroit de prendre pour ces mêmes principes des sub- stances qui proviendroient de l’altération qu'ils auroient su- bie sous l'influence simultanée de la force alcaline et de la force comburante du gaz oxigène. L'influence de ces mêmes forces, une fois déterminée, sera profitable aux arts, soit qu’on l’envisage comme un écueil à éviter dans le traitement de plusieurs matières organiques par les alcalis, spéciale- ment dans plusieurs opérations de teinture, soit qu’on l’en- visage comme un moyen de modifier utilement les propriétés d’une matière en la transformant en de nouveaux produits. Rapport des faits précédens avec la théorie chimique. Les rapports des faits précédens avec la théorie chimique présentent déjà des résultats remarquables, quoique j'avoue n'avoir fait que bien peu de recherches pour en étudier les conséquences. En voyant combien la présence des alcalis donne d'énergie à des substances organiques pour absorber l’oxigène, on est tout naturellement porté à comparer cette influence à celle que ces mêmes alcalis exercent pour déter- miner da combustion de l'hydrogène du soufre, dans les hy- drosulfates , dans les sulfures. L'influence que les alcalis pos- sèdentsurle genre d'altération que la substance organique qui leur est unie éprouve dela part de loxigène mérite bien defixer Mérn. du Muséum. 1. 12. 49 382 OxIGÈNE GAZEUx; l'attention. En effet, l'acide gallique est-il uni à la potasse, à la baryte, il se change rapidement en une matière astringente : est-il seul en dissolution dans l'eau, il ne se décompose que très-lentement en flocons bruns, et en une liqueur brune qui n’est point astringente. D'un autre côté, dans les expé- riences où j'ai pu dégager de l'acide carbonique des matières qui avoient absorbé de l’oxigène, le volume de cet acide s’est trouvé constamment beaucoup plus foible que celui de l’oxi- gène absorbé: résultat qui est absolument différent de celui que M. Th. de Saussure a observé en exposant à l'action du gaz oxigène des dissolutions aqueuses de matières orga- niques semblables à celles qui ont été l’objet de mes expé- riences. Ce savant a constamment remarqué que le volume de l'acide carbonique produit est égal au volume de loxi- gène qui s’est porté sur la matière organique. Je remar- querai d’ailleurs que dans mes expériences j’ai évalué la pro- portion de l'acide carbonique, produite plutôt trop haut que trop bas; et j'ajouterai même que je n’ai pas fait assez d’ex- périences pour aflirmer que dans tous les cas où j'ai eu un dégagement de ce gaz, tout cet acide avoit été produit par action immédiate de l’oxigène absorbé sur le carbone de la matière organique. Je me propose de continuer ces expé- riences pour savoir à quel point elles sont conformes à la théorie des hydracides. Mes observations conduisent à envisager l’action de la po- tasse sur le ligneux d’une manière toute différente de celle dont M. Braconnot l’a envisagée. Je ne doute point que cette action, étudiée soigneusement sur le ligneux, l’amidon, le sucre, ete., ne conduise à d’utiles généralisations. Enfin je ALCALIS ET MATIÈRES ORGANIQUES. 383 ne doute point que dans le traitement des toiles écrues , du linge sale, par des lessives alcalines, l’oxigène de l’air, soit celui de l'atmosphère, soit celui qui est dissous dans l’eau, ne concoure eflicacement au blanchissement des toiles, au nettoiement du linge. Questions. L'influence des alcalis pour déterminer l’albumine, les matières colorantes du sang, de la bile, etc., à absorber l’oxigène, conduisent aux questions suivantes : Les liquides alcalins de l'économie animale ne sont-ils pas, relativement au gaz oxigène, dans une condition toute dif- férente de celle des liquides acides, lors même que ceux-ci contiendroient des principes identiques à ceux des liquides alcalins ? L’alcali contenu dans le sang n’a-t-il pas de l'influence dans la respiration? conséquemment n’y a-til pas dans les organes des animaux des corps inorganiques qui ont une activité qu'on est bien loin de leur accorder aujourd'hui ? En résumé, l’alcalinité des humeurs destinées pendant la vie à recevoir l'impression de l'air est-elle essentielle à la respiration, ou est-elle simplement un phénomène concom- mittant de celui de la combustion du carbone et de l'hy- drogène du sang? Telle est la question à laquelle mes ob- servations conduisent si directement qu'on auroit lieu de _s’étonner que je ne l’eusse pas élevée. Si l’on vient à dé- montrer la nécessité de l’alcalinité du sang dans la respira- tion, cela établira une grande différence entre le sang .des animaux et la sève des végétaux qui est toujours acide.,, 49 * MÉMOIRE LE GROUPE DES RUTACÉES. PAR M. ADRIEN DE JUSSIEU. Lu à l’Académie des Sciences , dans la séance du 27 juin 1825. Lis groupe des Rutacées a été l’objet de plusieurs travaux, dont quelques uns sont encore récens. Aussi lorsque j'en entreprends un nouvel examen, trouvé-je dans le nombre de ceux qui m'ont précédé, et beaucoup de secours et en mème temps quelques désavantages. C’est la situation du voyageur qui décrit un pays déjà souvent visité. Sa marche est plus sûre, son itinéraire mieux dessiné, ses études sont plus précises et plus complètes; mais il trouve des erreurs établies à rectifiér, des contradictions à expliquer; il a des lecteurs déjà instruits, plas exigeans et plus disposés à la critique ; il a de plus les comparaisons à craindre, et surtout il a de moins l'attrait de la nouveauté. Ces considérations, qui auroient pu m’arrêter avant l'entreprise, ont dû, dès qu'elle a été commencée, m’engager à des efforts plus grands et plus soutenus. J'y ai donc apporté tout le zèle et toute la bonne foi possible; j'ai multiplié les observations, je les ai faites avec toute l'exactitude dont je suis capable : et comme, d’un autre côté, les riches matériaux , les nombreux secours et surtout les excellens conseils ne m'ont pas manqué, j'es- Groure DES RUTACÉES. 385 père que ce travail offrira quelques résultats nouveaux et intéressans. Ce Mémoire aura deux parties. Dans la première, j’exposerai d’abord les travaux géné- raux qui ont eu les Rutacées pour objet, les résultats aux- quels ils ont conduit, la manière dont moi-même je crois devoir composer ce groupe et le diviser en plusieurs groupes secondaires. J’ajouterai quelques considérations sur la dis- tribution géographique de ceux-ci et sur leurs aflinités mu- tuelles. Passant ensuite à l’examen successif de chacun d’eux en particulier, j’examinerai de même les diverses opinions des botanistes qui s’en sont occupés, les principaux caractères de son organisation et les considérations auxquelles ils peu- vent donner lieu, sa géographie et ses rapports. Enfin de ce qui aura précédé, je tâcherai de déduire les valeurs relatives des divers caractères dans les Rutacées. La seconde partie du mémoire sera consacrée à la descrip- tion détaillée de tous les genres, en langue technique. Cha- cune de ces descriptions sera suivie d'observations sur le nombre des espèces, sur leur patrie, sur les points intéres- sans ou douteux de leur structure, sur leurs affinités. A cette partie j'ai joint des tableaux synoptiques, et à l’aide des- quels on peut arriver promptement au nom de tous lesgenres, par la comparaison de caractères saillans et faciles à déter- miuer. Ces tables systématiques ont pour but de faire recon- noître les genres; les descriptions, tracées suivant les principes de la méthode naturelle, de les faire connoître aussi complé- tement que possible. Tel est le plan de ce Mémoire. 386 Groupe DES RuTACÉES. à PREMIÈRE PARTIE. Dans le catalogue du jardin de Trianon ( 17359), le groupe des Rutacées se compose d’un certain nombre de genres, dont quelques-uns lui appartiennent véritablement et dont d’autres lui sont étrangers. Parmi les familles naturelles d'Adanson (1763), il n'y ena pas qui porte le nom de Rues; mais les genres qui en font partie se trouvent dissé- minés dans celle des Jujubiers, et surtout dans celle des Pistachiers , amas confus où se montrent ensemble des plantes nombreuses, diversement placées dans les classifications ac- tuelles, et où l’on trouve à côté de vues fausses des rapports vrais discernés avec sagacité. Le Genera Plantarum de M. A. L. de Jussieu (1589) fixa les limites des Rutacées, et indiqua les divisions dont elles étoient susceptibles. Quelques nouveaux rapprochemens annoncoient déjà des aflinités dont la vérité a été confirmée plus tard. Beaucoup d'années s’écoulèrent depuis cette publication, sans que ce groupe éprouvät d’autres changemens que quel- ques additions dues aux découvertes des voyageurs, surtout à celles de genres nouveaux de cette famille qui furent ob- servés dans la Nouvelle-Hollande. Ce fut par ces derniers que M. Brown, dans ses remarques (1) sur la végétation des Terres Australes (1814), fut conduit à exposer en peu de mots son opinion sur l'ensemble des Rutacées. Il en séparoït la première section comme une famille distincte à laquelle il (1) General Remarks on the Botany of Terra Australis pag. 13. Groupe Des Ruracres. 387 donnoit le nom de Zygophyllées. Au reste du groupe qu'il nommoit Diosmées, il réunissoit certains genres placés an- térieurement dans les Térébintes, et certains autres dont la structure irrégulière et la corolle, en apparence mono- pétale, avoient dérobé jusque là les vrais rapports aux yeux d’observateurs moins profonds. Ces plantes curieuses excitèrent l'attention de M. de Can- dolle, et la tribu des Cuspariées, nom sous lequel il les dé- signa, devint pour lui le sujet d’un mémoire particulier (1). Avant d'entrer dans des développemens nouveaux sur son objet spécial, il passoit rapidement en revue les autres genres qu'il rapportoit au groupe général des Rutacées et proposoit leur distribution en plusieurs tribus. C’étoient ,avec quelques modifications, les idées qu'il avoit présentées sur le même sujet dans un ouvrage antérieur (2). C’est également l’étude des Cuspariées qui paroïit avoir entrainé MM. Nees von Esenbeck et Martius (3) dans l’exa- men de la famille entière, dont ils en font trois distinctes: les Fraxinellées qui répondent en partie aux Cuspariées de M. de Candolle, les Diosmées et les Zanthoxylées. Ils tracent les caractères des ordres et des genres, et les descriptions détaillées de nombreuses et nouvelles espèces rapportées du Brésil enrichissent ce Mémoire. (1) Mémoire sur la tribu des Cuspariées , par M. de Candolle ; dans les Mémoires du Muséum , 1822, tom. 9, pag. 139—154 , pl. 8-10. (2) Essai sur les propriétés médicales des plantes. 1816, pag. 89. (3) Fraxinellæ, plantarum familia naturalis disposita et secundüm genera dis= posila, adjectis specierum Brasiliensium descriptionibus , auctoribus ©. G. Nees ab Esenbeck et F. de Martius , cum tabulis xiv. in nov. Act. academ. Cæs Leop. Car. naturæ curiosorum. Bonnæ 1823, tom. Il, pag. 147—190. 388 GrovPre pes RuTACÉESs. Vers la même époque et presque avec les mêmes maté- riaux , M. Auguste de Saint-Hilaire s’occupa du mème sujet. Dans un mémoire sur le Gynobase (1), il s’étendit en par- ticulier sur le groupe des Rutacées, il en fit connoitre un grand nombre de nouvelles, il rectifia plusieurs erreurs et compléta les connoissances qu’on avoit sur leur organisation. Il insistoit sur leur grande aflinité avec une famille, déjà signalée comme voisine, celle des Simaroubées, et il se montroit presque disposé à les confondre en une seule. Il examinoit ensuite les coupes proposées par M. de Candolle, discutant ses idées, en adoptant quelques unes, en rejetant quelques autres. Un second Mémoire de M. de Saint-Hilaire (2), consacré à l'examen du travail de MM. Nees et Martius, sert de complément au précédent. Il considère successivement les ordres et les genres que ces savans ont établis, la réalité et la valeur des caractères qu’ils ont employés. D'accord sur certains points, il diffère d'opinion sur d’autres , notamment sur la division du groupe entier en trois familles. 1l réduit le nombre des genres et fixe la synonymie, qui eut offert de nombreuses difficultés sans ces éclaircissemens. Il confirme enfin les résultats indiqués dans le mémoire précédent. * (1) Premier mémoire sur le Gynobase (présenté à l'Académie des Sciences, le 21 avril 1823), par M. Auguste de Saint-Hilaire, dans les Mémoires du Mu- séum , tom. 10, pag. 120-164. 274-294 ; et 356-377; et dans l'Histoire des Plantes les plus remarquables du Brésil ét du Paraguay , tom. 1 ; pag. 89-166. :») Observations sur la famille des Rutacées, pour faire suite au premier Mé- moire sur le Gynobase ; par M: Aug: de Saint-Hilaire, Méni. du Mus. tom. 10, pag- 378-397; et Hist, des PI. re. du Bréal et du Paraguay, t. 1, p. 157-186, Groupe pes RurTacées. 389 M. de Candolle, pour la revue des Rutacées qui prenoit place dans son Prodrome (1), s’est aidé de tous les travaux précédemment indiqués et parmi lesquels nous avons vu les siens cités plusieurs fois. Il est d'accord avec M. de Saint- Hilaire sur la plupart des points, et paroît avoir renoncé à plu- sieurs des coupes qu'il avoit antérieurement proposées. Tels sont les travaux généraux dont le groupe qui n’occupe a été l’objet. Si je reporte mes regards sur leur succession , je vois que ce groupe très-borné &abord s’est étendu ensuite progressivement, et que, par une conséquence nécessaire, il s’est en même temps divisé ; que les limites de ces divisions ont varié suivant le point de vue où se placoient les auteurs; enfin que des plus récemment et des plus généralement admises résultent les trois groupes qu’on nomme Zygophyl- lées, Rutacées et Simaroubées. C'est là le point où l’on s’est arrêté, c'est mon point de départ. Je pense qu'on doit adopter dans leur intégrité le premier et le troisième de ces groupes, mais que le second est sus- ceptible d’une division ultérieure. 1°. La Ave, ce genre dont on a tiré le nom du groupe entier, mais qui, suivant la remarque de M. R. Brown, est peu propre à donner une idée précise de son organisation la plus générale, peut avec un petit nombre de genres voisins former un groupe disunet qui s’appellera Rutées. 20. La plus grande partie des genres doit rester réunie sous le nom de Diosmées. Onles partagera en plusieurs sections, d’après des considérations qui seront (1) Prodromus Systematis naturalis regni vegetabilis. Paris, 1824. Pag. 703— 985. Mém. du Muséum. \ 12. 5o 390 Groure Es RurAcÉéEs,. exposées plus tard. 30. Le Zanthoxylum , que ses rapports frappans avec les Rutacées ont fait justenrent éloigner des Térébintacées, mais qui entraine nécessairement avec lui plusieurs genres rapportés autrefois à cette famille, formera avec eux un troisième groupe des Zanthoxylées. Toutes ces divisions et subdivisions sont entièrement fon- dées sur des caractères botaniques. Mais je suis arrivé à ce résultat singulier qu'ici la distribution botanique présente un accord remarquable avec la distribution géographique des plantes, que l’une est indiquée ou confirmée par l’autre. En esquissant la géographie des Rutacées, je me trouve donc conduit à parler en mème temps de leurs aflinités mutuelles. Je commence par le groupe le plus étendu et le plus ca- ractéristique, celui des Diosmées. J'ai annoncé qu’elles se partageoient naturellement en plusieurs sections, que dis- tinguent, entre autres caractères, l’attache des étamines, leur structure et surtout celle de la graine. Or il se trouve que l’une de ces sections est répandue toute entière dans l'Amérique équatoriale, et une autre dans la Nouvelle- Hollande, liée à la précédente par des genres originaires des iles de l'Océan pacifique. Une troisième est concentrée aux environs du cap de Bonne-Espérance. Une quatrième habite le midi de l'Europe. Cette dernière section des Diosmées est celle qui a le plus de rapports avec les Rutées; et les Rutées habitent également le midi de l'Europe, d’où elles s'étendent dans notre hémis- phère jusqu'aux extrémités de l’ancien continent, suivant la partie australe de la zône tempérée, et ne s’avançant que rarement sous les tropiques. Groupe pes Ruracées. 391 Parmi les Diosmées, c’est de la section américaine que les Simaroubées se rapprochent le plus par leurs caractères, et elles croiïssent avec elle dans l'Amérique, si l'on en ex- cepte un genre où s’observent déjà quelques dissemblances. Les Zygophyllées, qui forment un groupe séparé des autres par des limites plus tranchées, présentent aussi plus d'indépendance dans leur ditsribution géographique. Notons pourtant que c’est avec les Rutées qu’elles ont le plus d’af- finité, et qu’elles habitent, dans notre hémisphère et sur notre continent, cette même zône que suivent les Rutées en s’avançant cependant davantage vers l'équateur. Elles se représentent d’ailleurs et au Cap et à la Nouvelle-Hollande, et dans l'Amérique, où déjà elles offrent des différences par leurs formes extérieures et par des modifications de leur graine. Les Zanthoxylées enfin, et les espèces même du genre Zanthoxylum sont également disséminées : mais cette dis- persion confirme plus qu’elle ne contrarie le principe que j'énoncois. En effet, les espèces nombreuses du Zarthoxy- lum ainsi que les genres les plus voisins, sont une sorte de lien commun entre toutes les Rutacées. Il est donc remar- quable que le Zanthoxylum se retrouve cà et là à côté des divers groupes de ces Rutacées; il est remarquable qu'ayant des rapports plus marqués d’une part avec les Simaroubées, et surtout de l’autre avec les Diosmées américaines, il offre en Amérique le maximum de ses espèces; il est remarquable que le passage des Zanthoxylées aux: Rutées se fasse au moyen d’un genre originaire de Chine, croissant par con- séquent sur la limite de cette zône où croissent les Rutées; * 5o 392 Gnroure pes RurAcées. et enfin que leur intermédiaire avec les Zygophyllées soit un genre américain qui se rapproche plus des Zygophyllées d'Amérique que de toutes les autres. Je me contente d'indiquer ici ce résultat général vague- ment, sans preuves et sans objections. Les faits nombreux qui y conduisent, les exceptions fort rares qui le contredisent, trouveront leur place dans l'exposition détaillée de chacun des groupes en particulier et dans l’'énumération des genres. Cependant du petit nombre de détails dans lesquels je suis entré, on peut déjà tirer cette conclusion que les genres des FRutacées ne peuvent être naturellement rangés suivant une série linéaire. Cette ligne brisée, ramifiée, tortueuse, qui indique en même temps et leurs habitations et leurs aflinités, ne sauroit être développée en une ligne droite et continue. Celui qui sur la carte marqueroit les noms des genres et des espèces, aux points même où on les voit croître, réussiroit mieux à les représenter dans leurs rapports naturels : cepen- dant les distances ou trop bornées ou trop étendues, sur- tout par l’interposition des mers, donneroient encore néces- sairement sur les degrés de ces rapports des idées fausses. J'ai donc tracé une carte d’aflinités, telle que les botanistes la conçoivent en général, c’est-à-dire, dans laquelle autour de chaque genre se groupent ceux qui ont avec lui le plus de ressemblances, et où l’on marque la transition de l’un à l'autre pôle, au moyen de lignes, passant soit entre, soit par des points intermédiaires. Je n'ai pas prétendu, par les distances laissées entre ces genres, évaluer rigoureusement leurs rapports plus ou moins intimes. Car pourra-t-on jamais exprimer par des Groure Des RurTAcées. 393 nombres ou par des lignes les aflinités des plantes, résultant de la somme de leurs caractères? Ces caractères, d’une part on est encore loin d’en avoir fixé les valeurs absolues et relatives, de l’autre il est impossible, par le défaut des ma- tériaux, de les vérifier tous dans toutes les plantes dont traite quelque travail botanique que ce soit. Et lors même qu’on auroit toutes les données du problème, pourroit-on soumettre à la précision des lois mathématiques les lois in- calculables de l’organisation ? D'ailleurs cette idée ingénieuse de Linné que M. de Can- dolle a développée avec des détails non moins ingénieux, cette idée de comparer à une carte géographique les plantes rangées suivant leurs rapports naturels, je la crois encore insuflisante. Je crois qu’on ne peut sur une surface exprimer ces aflinités multipliées et croisées en tout sens ; et je serois tenté plutôt de comparer sous ce rapport les groupes des êtres organisés, à ces systèmes de corps répandus partout dans l’espace, où plusieurs sont retenus à des distances dif- férentes autour d’un centre commun et peuvent devenir eux- mèmes des centres secondaires; tandis que chacun des sys- têmes touche en même temps de ses vastes et innombrables circonférences une foule desystèmes voisins, et que plusieurs autres corps, flottant indécis entre eux, échappent long- temps dans leur course excentrique à l’observation insufli- sante qui prétend leur assigner des lois et une place certaine. Je dois maintenant examiner successivement et en détail les divers groupes que j'ai indiqués. Je rappellerai que je les désigne sousles noms de Zygophyllées, Rutées, Diosmées, Zanthoxylées et Simaroubées, et leur ensemble sous le 394 Gnroure DES RuraAcées. nom commun de Rutacées. Mais par quel mot technique les définir? Sont-ce les diverses tribus d’une même famille? sont-ce autant de familles différentes formant en tout ou en partie par leur réunion ce que M. R. Brown appelle une classe ? Je n'ose prononcer sur cette question : car les bota- nistes ne paroissent pas d'accord en ce moment sur les limites par lesquelles on doit définir et les classes, et les groupes moins vastes dont elles sont formées, et les familles qui forment ces groupes par leur association, et les tribus dans lesquelles se partagent les familles. D’ailleurs ce qui importe ici, c'est de rapprocher les plantes dont je m'occupe con- formément au plan de la nature, ét non de désigner ces rap- prochemens sous tel ou tel nom. Laissant donc aux maîtres de la science une discussion dontlerésultat ne peut être dé- cisif qu’en opérant sur la totalité ou du moins sur une masse considérable des végétaux, je n''arrêterai dans le cercle plus borné que je me suis tracé pour ce travail; et dans le courant de ce mémoire je me servirai, comme je l’ai déjà fait, au besoin des termes de groupe et de section auxquels on n’at- tribuera pas plus de valeur que je ne leur en attache moi- même. ZYGOPHYLLÉES. Les Zygophyllées forment la première section des Rutacées de Jussieu, la seconde des Jujubiers d’Adanson. M. R. Brown les considère comme une famille. M. de Saint-Hilaire penche pour son opinion. MM. Kunth et de Candolle l'adoptent. La distinction de ce groupe est donc admise, sous un mom ou sous un autre, par la majorité des botanistes. ZYGoPHYLLÉES. 305 Il se compose des sept genres Trisurus, Fagonra, Rorpera (genre nouveau), Zxeorayzzum, LarnerA, PorrierA, Guara- cum. Ce sont des arbres, des arbrisseaux ou des herbes dont les feuilles opposées et composées sont accompagnées de stipules à leur base : deux caractères qu'on ne trouve pas simultanément dans les autres Rutacées. Leurs enveloppes florales présentent dans leur dévelop- pement une particularité remarquable. Le calice, long-temps plus long que les pétales, les cache entièrement. Ceux-ci paroissent d’abord sous la forme de petites écailles : ce n’est que peu à peu qu'ils s’élargissent et s’allongent, s’atteignent par leurs bords et dépassent enfin le calice à l’époque de la floraison. Au contraire dans le bouton de presque toutes les autres Rutacées, les pétales se montroient déjà plus ou moins saillans au-dessus du calice. Les étamines, toujours doubles en nombre des pétales, ont souvent leurs filets portés sur le dos d’une écaille ou languette par l’intermède de laquelle se fait leur insertion. Cette disposition, générale dans les Simaroubées, se ren- contre aussi dans quelques Zanthoxylées. L’ovaire simple repose sur un support court, quelquefois presque nul, plus ou moins élargi, et sur le contour duquel les étamines s'insèrent. Les loges, en nombre ordinairement égal aux pétales, renferment plusieurs ovules, jamais moins de deux, le plus souvent davantage. Ces ovules sont attachés sur un double rang à deux faisceaux placentaires, qui parcourent l'angle interne de la loge et forment par leur réunion avec les fais- ceaux semblables des autres loges un axe central, Un funi- 396 ZYcoPHYLLÉES. cule, souvent assez long, porte l’ovule: le plus fréquemment c'est au-dessus de son sommet ou vers son milieu qu'il s'insère; mais quelquefois aussi c’est à l’une ou à l’autre de ses deux extrémités, et on doit remarquer qu’alors, tantôt suspendu il porte une graine redressée ( quelques Zy;zopAÿt- ur), tantôt redressé une graine pendante ( Fagonia ). I] est à croire que ces insertions diverses du fanicule dépendent de sa soudure au bord interne de l’ovule dans une étendue plus ou moins grande. C’est ce qu’on doit peut-être conclure de ce que dans la graine, la radicule ne répond presque ja- mais précisément à son point d'attache apparent, et de ce qu'un raphé dessine toujours le véritable trajet de ces vais- seaux funiculaires jusqu'au point correspondant à cette ra- dicule. { Quant à la structure des fruits et des graines, les genres des Zygophyllées, considérés sous ce rapport, devroient peut-être être partagés en deux sections. La première ne renfermeroit quele 7ibulus, qu'éloigne des autres l’organi- sation de son fruit, se séparant en coques épineuses, indé- hiscentes et le plus souvent transversalement cloisonnées, ainsi que celle de sa graine dépourvue de périsperme. Peut- être aussi un second genre devroit-il être formé d’une de ses espèces (Tribulus maxtnus ), où la graine est la même avec un fruit différent. Bernard de Jussieu paroiït avoir bien senti ces différences, puisqu'il a été jusqu’à placer le 7 rzbulus dans une autre famille que celle des Rues. Une seconde section se composeroit des six autres genres, d'après lesquels nous allons décrire le fruit et la graine. Le fruit, de même que l'ovaire, est simple, Sa tendance ZYGoPHYLLÉES. 397 à devenir composé n’est indiquée que par des sillons ou des angles rentrans plus ou moins profonds, alternant avec les loges. S'il finit quelquefois par se séparer en plusieurs coques, ce n’est qu’en se séchant, lorsque leurs adhérences ont cessé par la rupture des vaisseaux qui les unissoient. Le sarcocarpe est mince ou légèrement charnu; l’endocarpe mince aussi lui adhère intimement ou ne s’en sépare que par la dessiccation. Chaque loge s’ouvre en deux valves. Tantôt ces deux valves emportent avec elles une cloison qui se dédouble elle-même plus tard; tantôt c’est d’abord par les cloisons que les loges se séparent l’une de l’autre, et la division en deux valves n’a lieu que consécutivement, double déhiscence qui rapproche ce groupe des Zzrum. Les graines des différens genres ont été décrites comme périspermées dans les uns, dépourvues de périsperme dans les autres. Un examen attentif et surtout comparatif auroit fait disparoître cette anomalie, Prerons en effet une de ces graines où. tous les auteurs ont reconnu un périsperme, celle de Gaïac. Nous trouverons à l'extérieur une enveloppe peu épaisse et à peine organisée, au-dessous un corps gros de consistance cornée, et en dedans de ce corps l'embryon. Dans le Porlieria, la structure est absolument la même. Maintenant passons à l'examen des graines dites sans péris- perme, comme celles du Zy:gophy£lum et du Fagontia. Filles offrent à l'extérieur une couche herbacée couverte d’un enduit mucilagineux; au-dessous et presque continu un corps assez mince de consistance cornée en dehors et légèrement charnu en dedans; et, entouré par ce corps, l'embryon. Ne sont-ce pas absolument les mêmes parties, offrant la même nature, Mém. du Muséum , 1. 12. 5r 398 ZYGoPHYLLÉES. placées dans le même ordre, et dont les proportions seules sont changées; et ne doit-on pas, pour être conséquent, ou admettre un périsperme dans toutes ces graines, ou le nier dans toutes? On est plus porté à reconnoître son existence, si l'on suit le développement de la graine. On voit dans le Fagonia et le Zygophyllum Yembryon enveloppé d’abord d’une sorte de glu transparente qui se solidifie peu à peu, et finit par se confondre avec le tégument, dont alors la consis- tance cornée à l'extérieur est un peu charnue au dedans. Cette structure a la plus grande analogie avec celle de la graine de lin, dont le tégument, épaissi et légèrement charnu sur sa face interne, est recouvert à l'extérieur d’une couche de mucilage bien connu par ses usages et sa composition. L'embryon est vert dans les Zygophyllées : couleur qui disparoit quelquefois dans la graine sèche et long-temps con- servée, mais qui est toujours bien apparente dans la graine fraiche, surtout avant sa parfaite maturité. Ce caractère, in- dice d’une différence extrême entre les substances de l’em- bryon et du périsperme, mérite peut-être qu’on y attache plus d'importance qu'on ne l’a fait jusqu'ici. On le retrouve seulement dans quelques Rutées. Les genres Guaiacum et Porlieria dans lesquels le péris- perme est relativement si développé, habitent l'Amérique. Il en est de mème du Larrea, où la description donnée par Cavanilles doit faire soupconner une organisation semblable. Les Fagonia sont répandus dans l’Europe australe, l'Orient, la Perse et l'Inde. Les Zygophyllum habitent ces mêmes régions et le midi de l’Afrique. Quelques-uns de ces derniers observés en Amérique se rapportent probablement plutôt à ZYGOoPHYLLÉES. 309 un des genres américains, comme leur port et quelques ca- ractères l’indiquent. Le Roepera paroït représenter dans la Nouvelle-Hollande le genre Zygophyllum. Enfin le Tribu- lus se rencontre dans tout l’ancien continent, au midi de la zône tempérée et sous les tropiques. De deux espèces amé- ricaines, l'une est celle qui a été signalée comme devant peut-être constituer un genre différent. L’aflinité des Zygophyllées avec les Géraniées, et surtout l'Oxalis, a été reconnueet depuistrop long-temps et par trop d'auteurs, pour qu'il soit besoin d’insister ici sur ce point. Quant à leurs rapports avec les autres groupes des Rutacées, j'aurai soin de les indiquer à mesure que ceux-ci passeront en revue. RUTEÉES. Je compose le groupe des Rutées de quatre genres, savoir: Pecanum, Rura, APcopayrium (formé des Rues à feuilles simples que je regarde comme génériquement distinctes des Rues à feuilles composées), et Cyminosma. Déjà dans le Genera Plantarum, les genres Ruta et Peganum formoient avec la Fraxinelle une section séparée. M. R. Brown, en disant qu’ils peuvent être réunis aux Dios- mées, ajoute que ni l’un ni l’autre n’est propre à donner une idée claire de cette famille, de la structure ordinaire et du port de laquelle ils s’écartent en quelques points importans. M. de Candolle, dansson £ssat sur les propriétés des plantes et dans son Mémoire sur les Cuspariées, propose la tribu des Rutées composée de ces deux genres : mais n’étant pas dans ces deux ouvrages appelé par son sujet à en développer DIT 400 Rurées. les caractères, il les esquisse avec peu d’exactitude et de précision, Aussi pensé-je que c’est plutôt contre la définition trop vague de ce groupe que contre son existence même, que M. de Saint-Hilaire s’est élevé dans son Mémoire sur le Gynobase. Enfin dans celui de MM. Nees et Martius, il n'est question ni du Ruta ni du Peganum : et il est permis de con- clure de cette exclusion qu'ils le regardent comme un groupe séparé. Je me crois donc autorisé à admettre l'opinion gé- nérale des botanistes comme favorable platôt que contraire à son établissement. Dans les genres qui le composent les étamines sont en nombre double ou triple des pétales. La base de leurs filets est élargie des deux côtés, mais non détachée. Ils s’insèrent autour de celle d’un disque, sur lequel le pistil est élevé. Ce disque dans le Peganum s'amincit en colonne au-dessous de l'ovaire. Dans la Rue (Ruta et Aplophyllum), c'est un cône tronqué qui en déborde la base et l'embrasse en se continuant avec elle. Dans le Cyrmuinosma, parvenu à la hauteur de l'ovaire qu'il exhausse, il s’épanche sur toute sa surface, se confond avec lui jusqu’à son sommet, et semble en faire partie, distinct seulement par la différence de sa substance. - L’ovaire est simple dans les Rutées; mais sa tendance à se diviser en plusieurs coques indépendantes est déjà bien manifeste dans la Rue, où les lobes séparés par des sillons sont entièrement libres au sommet, et où le style se partage à sa base en plusieurs branches, dont chacune s’insère à un de ces lobes. Les ovules sont dans chaque loge, au nombre tantôt de vingt, tantôt de quatre ou douze, tantôt de RuTées. Hot deux seulement; attachés soit par leur milieu, soit au-dessous d'une de leurs extrémités. Le placenta, s’il en porte beaucoup, fait une forte saillie dans l’intérieur de la loge; s’il n’en porte que deux, il est à peine saillant. Le sarcocarpe, tantôt et rarement charnu, tantôt plus ou moins mince, adhère à l'endocarpe, mince aussi, qu'on en distingue à la vue par l'aspect différent de sa texture, mais qui ne s’en sépare pas à la maturité, L’embryon est souven vert, entouré d'un périsperme blanc ou à peine coloré. De ces genres, le Pegarum est le plus voisin des Zygo- phyllées, et presque intermédiaire entre ce groupe et celui dont il fait partie. Il s’en rapproche par ses feuilles accom- pagnées de stipules, et dépourvues de ces points glanduleux et transparens qui couvrent ou les feuilles, ou toutes les parties dans les autres Rutées; par l’attache de ses ovules, où le funi- cule s’insère au-dessous du sommet, décurrent depuis ce point d'insertion jusqu'à la base; par ses placentas opposés et non alternes aux cloisons ; par la déhiscence de son fruit, où chaque valve porte une cloison sur son milieu; enfin par sa graine, où la chair du périsperme, de consistance légèrement cornée, est intimement unie dans sa périphérie au tégument extérieur. Dans les autres genres, le périsperme charnu ne fait pas corps avec son enveloppe testacée. La Rue se rapproche plus des Diosmées, mais en diffère en plusieurs points, et notam- ment par la structure de son péricarpe. J'ai déjà eu occasion de parler de la distribution géogra- phique des Rutées. Je remarquera seulement que le Cyri- nosma, genre placé dans ce groupe parce que c’est celui dont il s'éloigne le moins, plutôt qu'à cause d'une aflinité évi- 4o2 . RuTÉEs. dente, est aussi le seul dont les espècess’avancent sous les tropiques. DIOSMEES. Les Diosmées sont le groupe auquel M. Brown donne le même nom, avec l'exclusion cependant de quelques uns des genres qu'il y place : c’est celui par la description duquel la plupart des botanistes ont défini les Rutacées. Il n’est pas besoin de décrire ici les enveloppes florales, les étamines, le disque, la structure de la graine : car ces parties, variant suivant les différentes sections, qu'elles ca- ractérisent par leurs différences, seront examinées à leurs ar- ticles. Mais il importe de faire connoître les ovaires, et sur- tout le péricarpe, dont l’organisation est tout-à-fait caracté- ristique. Les ovaires d’une même fleur, tantôt soudés entre eux par leur axe central, tantôt libres dans une plus ou moins grande étendue, renferment constamment deux ovules : car, si l’on en observe quelquefois quatre ou un seul, c’est seule- ment dans deux genres placés aux deux limites extrêmes du groupe. Les deux ovules sont ou juxta-posés, ou le plus sou- vent placés l’un au-dessus de l’autre; et alors ordinairement l’un est asceudant, l’autre suspendu. Cette situation, qui, au premier aperçu, peut paroitre singulière, est fort naturelle. En effet, l’ovaire n’est, en général, percé par les vaisseaux du style que vers son milieu, et là les deux ovules s'insèrent presque à la même hauteur. Dès qu'ils se superposent il est donc nécessaire que l’un se dirige vers le haut de la loge, et l’autre vers le bas, et qu'ils se développent dans ces deux … PR Drosuées. 403 directions opposées: Les ovules sont plutôt péritropes qu'as- cendans ou suspendus, ou, en d’autres termes, plutôt atta- chés par leur milieu que par une de leurs extrémités. Dans les deux graines superposées, on trouve la radicule, lors- qu'ellessont droites, dirigée, dans l’une et l’autre, également vers le sommet de la loge. Or, si ces graines étoient vraiment l’une ascendante, l’autre suspendue, la radicule dirigée vers le hile devroit regarder le sommet de la loge dans la première, et sa base dans la seconde. Si l’on coupe l'ovaire d’une Diosmée, on voit son enve- loppe formée de deux couches, l’une extérieure un peu plus charnue, l’autre intérieure mince ou presque nulle du côté qui regarde l’axe, côté que parcourent de bas en haut les -vaisseaux qui viennent du pédoncule. Ces vaisseaux, à une certaine hauteur, rencontrent ceux du style ou au point même de son insertion, ou au-dessous; réunis à eux, ils pénètrent dans la cavité de la coque en perçant son enveloppe, et forment les funicules auxquels sont fixés les ovules. Jusqu'ici, cette organisation s'éloigne peu de celle qu’on observe dans l'ovaire des autres Rutacées. Mais elle se modifie à mesure que l'ovaire passe à l’état de fruit. L’endocarpe se solidifie peu à peu, etse sépare en même temps. du sarcocarpe. Sa forme rappelle celle d’une coquille bivalve, et pourroit être comparée particulièrement à celle d’une moule : il présente deux extrémités, l'une supérieure et l’autre inférieure, deux faces latérales plus où moins con- vexes, et deux bords plus où moins aïgus qui les réunissent, l’un externe et l’autre interne. Lies deux valves sont ligneuses et se touchent par leurs bords, partout, si ce n’est pourtant 404 Drosmées. dans une partie de l’interne, où elles laîssent entre elles un écartement. Cet intervalle est rempli par une membrane qui passe de l’une à l’autre. Celle-ci, ou légèrement charnue, ou plus ordinairement très-tenue, est épaissie au milieu par le passage des vaisseaux de la graine qui la pénètre; et'comme, après l'avoir percée, ils s’insèrent à la graine presque immé- diatement, la membrane paroît elle-même séminifère. Lorsque la maturité’ est parfaite, le sarcocarpe dé chaque coque s'ouvre en haut et en dedans, suivant un sillon longi- tudinal qu’on voyoit long-temps d'avance. On aperçoit alors sa surface intérieure couverte de vaisseaux saillans et lignifiés qui, de son bord interne, se dirigent vers l’externe en diver- geant, et se dessinent à l'extérieur par des côtes transversales. L’endocarpe est libre dans la cavité de la coque, si ce n’est vers sa membrane, par laquelle il conserve encore, avec les autres parties, quelques adhérences. Mais il ne tarde pas lui- même à s'ouvrir; ses deux valves s’écartent élastiquement, se contournent diversement sur elles-mêmes, et chassent les graines en dehors. Dans cet écartement, la membrane, dé- chirée à son contour, ou tombe de son côté, ou reste atta- chée à la graine. Dans ce dernier cas, on la trouve appliquée sur l’ombilic de cette graine si une seule a müri; mais alors, en la soulevant, on peut voir à côté les restes de l’autre ovule avorté. Si les deux graines sont venues à maturité, on les voit en général superposées gappuyées l’une sur l’autre par leurs extrémités en rapports qui se sont aplaties; et la membrane s'étend le long de leur bord interne, élargie à leur point de contact entre lequel elle envoie deux prolongemens trans- versaux, Drosmées. 405 Cet endocarpe a été long-temps décrit, par les botanistes, sous le nom impropre d’arille cartilagineux bivalve. On a rec- tifié ensuite cette fausse idée; mais le nom d’arille a été alors appliqué à la membrane persistant autour de lombilic de la graine. Cette erreur est naturelle, lorsqu'on considère la graine isolée; mais si on l’observe en place, et qu'on suive le déve- loppement du fruit, on reconnoit nécessairement qu’on s’est trompé, et que ce prétendu arille appartient à l’endocarpe. La structure remarquable de celui-ci, quelque nom qu'on lui donne, a été souvent signalée comme le caractère dis- tinctif des Diosmées; et, en effet, elle en fournit un excellent. Cependant elle ne leur appartient pas exclusivement; et l’on en retrouve une analogue dans les fruits de plantes d’autres familles , dans celui du Buis, par exemple. Tant il est vrai que jamais un caractère isolé, quelque important qu'il soit, ne suflira pour définir un groupe. Les Diosmées, comme je l’ai déjà dit, peuvent être sub- divisées en plusieurs sections, dont les noms peuvent être empruntés des patries différentes qu’elles habitent. Ces pa- tries sont le midi de l’Europe, l'Afrique australe, la Nouvelle- Hollande et l'Amérique équatoriale. DIOSMÉES EUROPEENNES. Un seul genre de Diosmées se rencontre en Europe, c’est le Dicramnus. C’est pourquoi, sans insister ici sur ses carac- tères, ce qui seroit entrer dans une description générique, je me contenterai de remarquer que par le nombre de ses ovules, qui est de trois ou quatre pour chaque loge, il dif- Mém. du Muséum. 1. 12. 92 40G Drosmérs EUROPÉENNES. fère de toutes les autres Diosmées (où ce nombre ne passe pas deux), et se rapproche des Rutées; que ses fleurs irrégu- lières lui donnent du rapport avec les Cuspariées; que ses dix étamines sont fertiles; que ses coques sont presque en- tièrement distinctes, ainsi que les bases de ses styles; enfin que son embryon blanc à cotylédons orbiculaires et assez épais est entouré d’un périsperme de même couleur. DIOSMÉES AFRICAINES. Le Diosma est un de ces vastes genres dont la végétation sert à caractériser celle du cap de Bonne-Espérance. Obser- vées, d’une part dans leur patrie, de l’autre dans les serres d'Europe, où la culture en avoit introduit un grand nombre, ses espèces avoient fini par tomber dans la confusion. Quel- ques auteurs, pour la faire cesser, proposèrent de diviser le genre, tandis que d’autres continuoient à le conserver dans son intégrité. C'est ce dernier parti qu'a suivi Thunberg dans sa Flore du Cap et dans une dissertation spéciale (1). Au con- traire , l'établissement de plusieurs genres nouveaux, aux dé- pens du Diosma, a été essayé avec plus ou moins de bonheur par Bergius (2), Wendland père (3), Willdenow (4), et exé- cuté récemment avec une grande sagacité par MM. Bartling et Wendland fils (5). (1) Déssertatio de Diosmd, respond. C. J. Pentz, 1797, in Dissert. acad. Thunberg. 2, pag. 370. (2) Descriptiones ‘Plantarum ex capite Bonæ speï. (3) Hortus Herrenhusanus. (4) Enumeratio Plantarum Lorti Berolinensis. (5) Diosmeæ descriplæ et illustratæ a J. Bartling et H. L. Wendland. Gottingæ, 1824. DrosMÉEs AFRICAINES. 4o7 Ces auteurs ont adopté, en les rectifiant, quelques uns des genres de leurs prédécesseurs; ils en ont eux-mêmes établi quelques autres, etles ont ainsi portés jusqu’à neuf, Cenombre de genres substitués à un seul, peut paroître excessif au pre- mier coup d'œil. Mais je pense qu’un examen plus approfondi fera reconnoître que c’est une innovation avantageuse, du nombre de celles dont le résultat est d’éclaircir la science et non d'augmenter la confusion par des distinctions trop sub- tiles. Ce fut toujours l'avis des plus sages botanistes, que, si la multiplication des genres a des inconvéniens, ce n’est pas quand elle se fait sur les espèces trop nombreuses d’un genre qui se prête à des coupes naturelles. Or, c’est le double cas du Diosma. MM. Bartling et Wendland appuient leurs caractères gé- nériques de la description détaillée des espèces connues et d’un grand nombre de nouvelles, dans laquelle ils ne né- gligent pas celle des parties de la fleur. Ils parlent donc avec l'autorité d'auteurs qui se sont spécialement et consciencieu- sement occupés de leur sujet. L'analyse, poussée un peu plus Join qu'ils ne l'ont fait, celles de l'ovaire et de la graine, con- firme encore leurs divisions. Ces genres nouveaux sont au moins aussi distincts l’un de l’autre, que le sont entre eux ceux des Diosmées de la Nouvelle-Hollande généralement admis. Ïl falloit donc, pour être conséquent, mettre de l'unité dans les caractères génériques, ou réunir tous ceux-ci, ou partager le Diosma. Ce dernier parti m'a paru préférable. Le groupe des Diosmées du Cap (que nomment simple- ment Diosmées M. de Candolle dans son Essar sur les pro- priétés des Plantes, et MM. Bartling et Werndland dans DEN 408 D:OSMÉES AFRICAINES. l'ouvrage cité } se composera donc des genres suivans : Em- PLEVRUM ( admis par tous les auteurs), Drosma, COLEONEMA , AcmapeniA, Eucuæris , Macrosryzis, AGarnosma, Barosma, ApenaxprA; et de plus du Caronexprox de Thunberg, que ses caractères rapprochent de ce groupe bien plus que du Dictamnus; avec lequel plusieurs auteurs l’avoient confondu. Cependant quelques rapports, par lesquels ils avoient mo- tivé cette réunion, serviront à lier les Diosmées d'Europe avec celles d'Afrique. Les Diosmées du Cap sont ordinairement des arbrisseaux à feuilles plus ou moins courtes et étroites. Les pétales nuls dans un genre ( Æmplevrum ), alternent dans les autres, au nombre de cinq, avec les divisions du calice, auxquelles sont opposées autant d’étamines fertiles à anthères, surmontées d’une petite glande de forme variable. Les filets s’insèrent sur le contour d’un disque, au fond duquel est situé le pistil, et qui mérite une attention particulière. En effet, ce disque glanduleux se soude, par sa surface extérieure, avec la base du calice, jusqu’à la hauteur où il porte les pétales et les étamines, dont l'insertion se trouve ainsi périgyne. Cette tendance à la périgynie s’observe dans quelques autres Ru- tacées, et établit entre elles un nouveau rapport avec le groupe des Térébintacées (Juss.), dans lequel s’observe aussi le double mode d'insertion. Entre les étamines fertiles, s’en trouvent fréquemment de rudimentaires. Elles se présentent sous la forme de filamens courts, ou de véritables filets terminés par une glande, ou enfin de pétales. Une étude qui occupe beaucoup d’esprits en ce moment, celle de la métamorphose des organes les uns DiosmÉES AFRICAINES. 4og dans les autres, trouveroit sans doute quelque intérêt à consi- dérer les divers états de ces étamines. L’analogie reconnue de l’étamine et du pétale seroit ainsi confirmée; on reconnoi- troit le filet dans l'onglet de l’étamine pétaloïde, souvent presque réduit à sa nervure médiane, et comme lui hérissé de poils; on reconnoitroit l’anthère dans son limbe glabre, et marqué à son sommet d’un petit point glanduleux. L'examen de la préfloraison ajouteroit une nouvelle vraisemblance à ces théories. Car, dans le bouton, le filet et l'onglet sont tous deux presque nuls : ils ne s’allongent et se développent qu’au moment où la fleur se développe et s'ouvre elle-même. Nous devons remarquer encore, relativement aux étamines, que dans quelques genres elles ne croïssent pas également et en même temps. Ce défaut d'égalité et de simultanéité tendroit à infirmer les conclusions qu’on a tirées d’un défaut semblable pour expliquer l’organisation de la fleur dans certaines plantes. Les ovaires sont, le plus souvent, en nombre égal aux pé- tales; mais il n’est pas rare aussi de les trouver réduits sans avortement à un nombre plus petit, ou mème à l'unité. Dans ce dernier cas, une coque qu'on trouve dans quelques échan- tillons accolée à la première, et l'insertion toujours latérale du style et des ovules prouvent qu'il y a bien unité, mais non simplicité d’ovaire. Les ovaires sont soudés entre eux par l’axe central, jusques vers le sommet de la loge où s’in- sère le style : mais au-dessus et en dehors, ils se prolongent chacun en une masse libre et de forme variable que remplit ordinairement une substance résineuse. Celle-ci est analogue à ces points glanduleux qu’on retrouve au sommet des di- visions calicinales , des pétales, des anthères, des filets stériles. 4io DrosMÉES AFRICAINES. Chaque ovaire renferme toujours deux ovules attachés à son angle interne, et placés à côté ou au-dessous l’un de l’autre. De ces ovules, l'un avorte presque constamment; et comme l'avortement de quelques uns des ovaires est assez fréquent, le fruit se compose de coques souvent inégales et monos- permes, réunies entre elles par leur axe avant la maturité qui les sépare. La graine est allongée : elle présente une enveloppe tes- tacée, noire, surmontée d’une crête légèrement charnue, quelquefois percée d’une cavité. C’est au-dessous de cette crête que s’insère le funicule qui paroit contribuer à sa for- mation, et qui, d’un autre côté, se prolonge quelque temps en descendant le long du bord interne. Sous le test, ontrouve une pellicule quelquefois doublée d’une mince lame charnue ou périsperme, qui manque d’autres fois. La pellicule se ren- contre à toutes les époques du développement, mais la lame pérnispermique seulement à la parfaite maturité. Il est probable qu'auparavant elle étoit remplacée par une substance liquide, que l’évaporation fait disparoitre si l’on dessèche la graine prématurément. Alors la pellicule se colle sur l'embryon, qui ne remplit pas toute la cavité de la graine; et, s’il est lui- mème bien formé, on est fondé à admettre qu’en continuant à végéter il se fût enveloppé d’une couche de périsperme, et que l’absence de ce dernier n’est due qu'à un défaut de maturité. Si j'entre dans ces détails, qui du reste peuvent s’appli- quer aux graines de beaucoup d’autres plantes, c’est que, sans attacher à l'absence ou à la présence du périsperme toute l'importance que lui ont donnée quelques auteurs, on DiosMÉES AFRICAINES. fax doit néanmoins reconnoître qu’elle en a beaucoup; qu’on est par conséquent obligé fréquemment de la constater pour dé- terminer certaines aflinités, et que souvent les graines qui, pour cette recherche, sont à la disposition du botaniste, peuvent le jeter dans l'erreur, ou du moins dans l'embarras. Dans l'embryon, la radicule est droite et assez courte; les cotylédons sont ovales et beaucoup plus longs. Il n’est pas rare d’en trouver un biparti, ou même de rencontrer plus d’un embryon sous une seule enveloppe, qui alors est dépourvue de périsperme. Dans le fruit d’une Diosmée (Po- LEMBRYUM ), dont au reste tous les autres caractères et la pa- trie sont inconnus, jen ai observé trois verticillés, inégaux entre eux, ainsi que leurs cotylédons qui étoient charnus et épais. Cette pluralité d’embryons établit entre les Diosmées et les Aurantiées un rapport, qu'indiquoient déjà les glandes remplies d'huile essentielle , fréquentes dans les diverses par- ties du végétal, et la ressemblance du port, surtout dans quelques Diosmées d'Amérique. DIOSMÉES AUSTRALASIENNES. . Les Diosmées des terres australes peuvent êtres distribuées en huit genres : Zier1aA, Correa, Eriosremon, CroweA, Bo- RONIA, PHEBALIUM, PricoruecA , Drrrocæna. M. Smith est l’au- teur des cinq premiers, dont, après avoir posé leurs carac- tères génériques (1), il a fait connoître de nombreuses es- (1) Transations of Linn. Societ. (1798) ; tom. 4, p. 213, et Tracts relat. ta natur. history, by E. Smith (1798), p. 287. 4r2 DrosmÉEs AUSTRALASIENNES. pèces dans divers ouvrages. Ventenat (1) a établi le sixième, Rudge (2) le septième, et M. Desfontaines (3) a fait connoître complétement l'organisation du dernier, que M. Brown avoit simplement indiquée dans ses remarques générales sur la végétation des terres australes. Dans ce dernier ouvrage, le nombre total des espèces est évalué à soixante-dix. Je n’ai malheureusement pu en sou- mettre à l'observation que les trois quarts, à peu près; et c'est pour moi une occasion nouvelle de regretter que le savant auteur qui, si profond dans la connoissance de toutes les familles, paroît avoir étudié celle-ci avec un soin parti- culier, n'ait pas encore, dans la seconde partie trop long- temps attendue de son Prodrom. flor. Nov.-Hollandiæ , fait connoitre les riches matériaux, et développé les idées fécondes qu'il annonce dans ses General Remarks. Là, après avoir fait l'énumération des genres qui com- posent ce groupe suivant son opinion, presque généralement adoptée depuis, il considère la distribution géographique des genres australasiens, fixant les limites de longitude et de lati- tude entre lesquels chacun d’eux s'étend. Il termine en es- quissant la description de deux autres genres dont la structure anomalie devoit éveiller particulièrement la curiosité et l’at- tention. Les Diosmées de la Nouvelle-Hollande sont ordinairement des arbrisseaux à feuilles opposées ou alternes, tantôt simples, {1) Jardin de Malmaison, n°. 102. (2) Trans. of Linn. Societ. tom. 2, p. 208. 3) Mémoires du Muséum , t. 3, p. 449, tab. 19-20, DrosMÉES AUSTRALASIENNES. 413 tantôt composées. Les pétales alternent avec les divisions du calice au nombre de quatre ou cinq. Celui des étamines, égal dans un seul genre ( Zieria ), est double dans tous les autres : elles sont alternativement plus longues et plus courtes, sui- vant qu’elles .sont alternes ou opposées aux pétales, et, à très-peu d’exceptions près, toutes fertiles; mais on peut re- marquer quelquefois un volume un peu moins considérable dans les anthères portées sur un filet plus long. La structure de ces anthères, surmontées souvent d’une languette de figure variable qui termine un connectif dorsal, leur mode d’ad- nexion aux filets, la forme de ceux-ci, fournissent de bons caractères. Les étamines sont insérées autour et en bas d’un disque qui élève plus ou moins le pistil, et en déborde sou- vent la base, réunissant entre eux inférieurement les ovaires d’ailleurs distincts, ainsi que les bases des styles qui ne se soudent que plus haut. Le disque est ordinairement libre, ou ne se soude au ca- lice que dans une très-petite étendue. Mais M. R, Brown décrit l'insertion comme évidemment périgynique dans un genre inédit, remarquable de plus et distinct de toutes les autres Rutacées par son calice à dix divisions, ses dix pétales et ses étamines en nombre indéfini. Dans les fleurs du Diplolæna l'anomalie semble un résultat de l'inflorescence; serrées qu’elles sont les unes contre les autres dans les têtes qui ter- minent les pédoncules, leur pression réciproque produit l’a- vortement complet ou partiel des enveloppes florales, qui, à l'extérieur seulement, libres de se développer, simulent les folioles d’un involucre commun. Les ovaires, égaux en nombre aux pétales, contiennent Mém. du Muséum. 1. 12. 53 414 Diosmées AUSTRALASIENNES. chacun deux ovules superposés, dont tous deux ou un seul viennent à maturité. La graine offre à l'extérieur une enve- loppe testacée, revêtue souvent vers l’ombilic de cette mem- brane arilliforme dont nous avons parlé; à l'intérieur, sous une pellicule mince, un périsperme charnu qui remplit toute sa cavité , et, dans l'axe de ce périsperme, un embryon grèle, cylindrique, légèrement courbé, dont la radicule égale en longueur où même ordinairement surpasse les cotylédons. J'ai vérifié cette structure dans le quart des espèces environ. Certaines Diosmées de la Nouvelle-Hollande offrent, avec certaines autres du Cap, dans les formes extérieures, une grande ressemblance qui avoit porté quelques auteurs à les réunir dans les mêmes genres. Lors même que les caractères de la fleur confirmeroient cette réunion, ce qui n’arrive pas, la structure de la graine s’y opposeroit. Mais néanmoins ce sont toujours là des rapports qu'il faut remarquer. DIOSMEES AMERICAINES. Ce n’est qu’à une époque assez récente qu'ont été publiés la plupart des genres qui forment cette section. La connois- sance en est due aux auteurs quise sont occupés de la Flore Américaine, étsurtout de |’ Amérique méridionale, où habite la plus grande partie de ses espèces jusqu'ici connues. Déjà Aublet en avoit décrit quelques unes. De nouveaux matériaux recueillis dans les voyages de M: de Humboldt ont été ex- ploités par M. Kunth avec un talent trop connu pour avoir ici besoin de louange. Les Diosmées Américaines, dont l'examen a été l'occasion du travail général de MM. Nees et Martins a DiosMÉESs AMÉRICAINES. 415 sur ce groupe, ont dû nécessairement y être traitées avec des développemens tout particuliers. On peut dire la même chose des Mémoires de M. Auguste de Saint-Hilaire. J'e dois moi- même à la complaisance de celui-ci beaucoup des matériaux qui m'ont servi dans cette partie de mon travail, et, si j en puis faire un heureux usage: je le devrai à la méditation de ses ouvrages et à ses savans conseils. Les Diosmées d'Amérique peuvent être divisées en deux sections secondaires, que nous allons examiner successivement. PREMIÈRE SECTION. Forster recueillit dans lesiles de la mer du Sud deux genres de Diosmées (Evonra et Mericore), qui semblent confirmer une remarque de M. R. Brown relative à la végétation de la Nouvelle-Zélande, savoir, qu'elle participe dans ses carac- tères de celle des deux grandes contrées dans l'intervalle desquelles elle est située. Les genres de Forster tiennent en quelque sorte le nnlieu entre les Diosmées des terresaustrales et celles de l'Amérique. Elles se rapprochent cependant da- vantage de ces dernières, notamment par la structure de la graine, et c’est en conséquence avec elles que nous devons les classer. Les autres genres, vraiment originaires d'Amérique, sont les Esenreckra et Merroporea; dont la publication a lieu dans ce moment mème; les Prrocareus et Horria, plus anciennement publiés, mais dont des travaux récens ont complété la connaissance; et: enfin le Cnoïsya ; recueilli au Méxique , tandis que:tous les autres habitent l'Amérique mé- ridionale: sous les tropiques. Toutes ces plantes sont des arbres ou/des arbrisseaux à O9 416 DiIOMÉES AMÉRICAINES. feuilles simples ou ternées, quelquefois l’un et l’autre, et al- ternativement sur la même branche. Leurs divisions calicinales et leurs pétales sont au nombre de quatre ou cinq. Les éta- mines, en nombre double, ou plus souvent égal, s’insèrent au-dessous ou au contour du disque. Celui-ci, ou s’épaissit en bourrelet à la base du pistil (#ortia), ou s'évase en une coupe qui l'entoure sans le toucher ( £vodia et Esen- beckia), ou enfin il se soude et se confond avec lui (Metro- dorea ). , Les ovaires, ou réunis en un seul ou distincts, ainsi que les bases des styles, renferment chacun deux ovules juxta-posés ou superposés, ou très-rarement un ovule unique. La graine, sous une enveloppe ordinairement testacée, quelquefois sim- plement membraneuse, contient un embryon à cotylédons ovales beaucoup plus longs et plus larges que la radicule, le plus souvent entouré d’un périsperme charnu, mais d’autres fois sans aucun périsperme. L'exposition de ces caractères montre que ce petit groupe participe à la fois de ceux de tous les groupes voisins, aux- quels il sert comme de lien commun. Il se lie aux Diosmées de la Nouvelle-Hollande par l'Ævodia, qui ressemble assez à un Zzeria pour avoir été fréquemment confondu avec lui, et, par ce même genre, encore plus intimement aux Zan- thoxylées. Le triple caractère d’un cvule unique, et d’une graine à enveloppe membraneuse sans périsperme qui existe dans quelques Prlocarpus le rapproche beaucoup des Sima- roubées. La présence d’un disque cupuliforme qui ceint l’o- vaire établit un rapport de plus entre lui et l’autre section des Diosmées d'Amérique. DrosMéEs AMÉRICAINES. F5 17 DEUXIÈME SECTION ( Cuspariées ). Cette section comprend des plantes curieuses qui dans ces derniers temps ont fixé singulièrement l'attention des bota- nistes, etque quelques uns admettent comme une tribu, d’au- tres même comme une famille distincte. C’est, en effet, la tribu des Cuspariées dans le mémoire spécial de M. de Candolle et dans son Prodrome; c’est la famille des Fraxinellées de MM. Nees et Martius en en excluant quelques genres. A l'exemple de M. de Saint-Hilaire, je réduis les genres beau- coup trop nombreux qu'on avoit faits de ces plantes aux suivans : MonnterA, Ticorea, Eryrurocmron, Dicrorris, GaLiPEA; mais je leur en associe deux autres du même auteur, ALMEIDEA et SPIRANTHERA. Pourquoi je réunis ces genres, et pourquoi je ne sépare pas les Cuspariées des Diosmées? c’est ce qu'il me sera plus facile de montrer après que je serai en- tré dans quelques détails sur leur structure. Les Cuspariées sont des arbres, des arbrisseaux ou trèés-ra- rement des herbes à feuilles opposées ou alternes, tantôt ter- nées, tantôt simples : mais souvent dans ce dernier cas le péuole indique, par une nodosité sous la feuille qu'il porte, sa tendance à se charger de deux folioles latérales. Les fleurs ont une disposition singulière à l’irrégularité. Celle-ci résulte, tantôt d’inégalité dans les proportions des parties qui communément sont égales, tantôt de soudures et d’avortemens de ces mêmes parties. L’inégalité des propor- tions est très-grande dans le Monniera ; elle n’est que légère dans les autres genres. Quant à l’autre cause d’irrégularité, avant d’en traiter, il convient de considérer d’abord celles des 418 DiosmMÉEs AMÉRICAINES. Cuspariées où les fleurs sont régulières, pour leur comparer ensuite celles où elles ne le sont pas. Je trouve dans les premières un calice à cinq divisions; einq pétales beaucoup plus longs alternant avec elles, cinq étamines fertiles alternant avec les pétales et plus courtes qu'eux. Les surfaces internes et les bords des pétales, ainsi que les filets aplatis, se hérissent en général de poils dirigés en divers sens. Ces poils s’entrelacent, et dans le bouton, où les parties sont très-rapprochées, ‘ils établissent entre elles des adhérences passagères. Or, il est aisé de concevoir qu'à ces adhérences passagères pourront succéder des soudures plus durables, et queces soudures seront plus fortes aux points où les surfaces sont plus rapprochées, plus épaisses, plus velues. C’est ce que l’observation confirme; elle nous montretous les degrés de soudure : tantôt les pétales for- mant entre eux et avec les étamines un tube unique, tantôt ces parties se séparant dans une portion de leur étendue et réunies entre elles, soit vers leur milieu, où les poils sont plus touffus, soit à leur base, où elles sont plus rapprochées. La forme de la corolle, devenue ainsi d’une seule pièce, dé- pendra de celle des pétales : elle sera campanulée ; s'ils étoient larges; infundibuliforme, s'ils étoient longs et étroits. Elle pourra paroître bilabiées, ainsi que le calice, si la soudure se prolonge plus d’un côtétque de l’autre. » Quant aux avortemens, c'est dans'les anthères qu'ils'ont lieu, et c’est un effet qui coincide naturellement avec la sou- dure des pétales. Ceux-ci ,en effet, au lieu de se séparer et de s’écarter dans la floraison, et de donner ainsisaux parties qu'ils renferment'un libre essor dans leur développement, ;se th. ét DIiosMÉES AMÉRICAINES. 419 réunissent en un tube qui le borne et larrète. Il devient alors presque nécessaire que l'avortement de quelques unes de ces parties laisse aux autres la place de prendre l’accrois- sement normal nécessaire à l'exercice des fonctions. Ce qui rend cette explication vraisemblable, c’est que, dans les fleurs de l'Æ/mneidea ei du Spiranthera, où les pétalés se séparent et s’étalent, toutes les étamines sont fertiles. Il est vrai qu'on les trouve telles dans quelques autres Cuspariées, mais ce sont des exceptions rares; dans la plupart il y a avortement, soit complet, de plusieurs anthères, soit partiel, de toutes. Dans le premier cas des cinq étamines, deux ou trois sont avortées, et alors il n’est pas rare d'observer deux ou trois autres filets stériles à côté des premiers placés sur un plan un peu intérieur. Les filets ont conservé leur forme, et présentent, à la place des anthères, un prolongement qui paroît répondre à son connectif. C’est dans le 7corea et le Cuspare que s’ob- serve l'avortement partiel de l’anthère : car l’appendice qu’on trouve au-dessous d’elle dans ces fleurs ne semble autre chose que la partie inférieure des loges, dont les parois, vides de pollen , se sont collées entre elles (r). (1) L’anthère paroît se former de haut en bas. Une monstruosité curieuse de la Fraxinelle, dans laquelle les diverses parties de la fleur sont changées en feuilles et où l’on peut observer tous les états intermédiaires , jetteroit peut-être quelque lumière sur le mode de cette formation, Tantôt l’étamine s'y présente sous la forme d’une foliole toute semblable à celle des feuilles : tantôt cette foliole sur sa face supérieure et vers son sommet en porte une autre plus petite, et elles sont collées entre elles par la nervure médiane : tantôt ces deux folioles se confondent ensemble au sommet en une masse jaunâtre : tantôt enfin les deux côtés du limbe disparoissent et la nervure médiane reste seule chargée à son sommet de la masse jaunâtre qu’elle divise en deux portions symétriques, dont chacune est par- % 420 DiosMÉES AMÉRICAINES. Là s'arrête l’irrégularité des Cuspariées. On n’en trouve ja- mais dans les ovaires biovulés, qui sont distincts ou plus rare- ment soudés entre eux en un seul, ainsi que dans les styles, tantôt libres, tantôt et plus souvent réunis soit en tout, soit en partie. Un disque ou nectaire, en forme de coupe ou de tube, entoure toujours les ovaires jusqu’à une certaine hau- teur, et c’est au-dessous de lui que s’insèrent les étamines. La graine, ordinairement arrondie et assez grosse, présente une structure remarquable. Son enveloppe est un test plus ou moins mince, dont la cavité est remplie par l'embryon, sur lequel une pellicule tenue s'applique immédiatement. Des deux cotylédons pliés dans leur longueur, l’un extérieur em- brasse et suit exactement l’autre. Leurs surfaces sont lisses ou plus souvent sillonnés par des replis transversaux plus ou moins profonds. Ils se prolongent chacun à leur sommet en deux oreillettes, qui recouvrent en partie la radiculerecourbée trausversalement vers le point qui correspond au hile. De ce point partent ordinairement quelques floccons mucilagineux qui s’enfoncent dans le pli des cotylédons. Cette structure de la graine lie intimement au Galipea l Almeidea, qui ne peut d’ailleurs être placé dans une tribu différente. En effet, par quel caractere l'éloigner ? Sera-ce par la présence de cinq étamines fertiles? mais elles le sont toutes dans certains Galipea. Sera-ce par ses pétales libres ? mais il existe des Galipea où ils ne sont que rapprochés, sans adhérence. courue par un sillon longitudinal que terminent deux appendices foliacés. Alors on reconnoît bien la figure de l’étamine , dont l’anthère à demi-formée a quelque analogie avec celle du Cusparé et du T'icorea. DiosMÉES AMÉRICAINES. 4x Il est facile maintenant d’expliquer pourquoi je n'ai pas cru devoir séparer les Cuspariées des Diosmées. Je ne les distinguerai ni par leur irrégularité, puisqu'on en voit de ré- gulières, et qu’on trouve d’autres Diosmées, le Dictamnus, par exemple, qui ne le sont pas; ni par la soudure des pé- tales, puisqu'elle n’est pas constante, et qu’elle s’observe dans d’autres Diosmées, comme le Correa : je ne les distin- guerai ni par l’existence d’un nectaire eupuliforme à la base du pistil, parce qu’on en voit un semblable dans d’autres Diosmées d'Amérique; ni par la situation des ovules, l'un ascendant et l’autre suspendu, parce que dans toutes les Dios- mées où les deux ovules sont superposés, cette disposition a toujours lieu : je ne les distinguerai pas enfin par la structure de la graine, parce qu'’alors il faudroit distinguer également les diverses sections des Diosmées où la graine est différente, et où nous avons vu l'embryon de formestrès-diverses, tantôt sans périsperme, tantôt entouré d’un périsperme ou mince ou épais. Cette structure de l’embryon offre, il est vrai, le caractère le plus saillant du groupe; mais, en supposant même ‘qu'on pût lui donner une valeur encore plus grande que je ne le fais, il faudroit d’abord le vérifier dans un plus grand nombre d’espèces. Le tube que les filets forment en se soudant dans quel- ques Cuspariées, a fait indiquer entre elles et les Méliacées un rapprochement qui n’a pas d'autre fondement. Mém. du Museurn. 1 12. 54 422 ZANTHOXYLÉES. ZANTHOXYLEÉES. L'opinion de M. R. Brown, qui le premier a réuni aux Ru- tacées le Zanthoxylum, placé avant lui dans une autre fa- mille, a été généralement adoptée, et je ne pense pas que la vérité de ce rapprochement puisse être contestée jamais. Ce genre, considéré isolément, devroit prendre place dans la première section des Diosmées américaines, avec lesquelles il a de nombreux points de ressemblance, et d’autant plus naturellement, que l'Amérique fournit aussi la plus grande partie de ses espèces. Mais, parmi les Térébintacées, aux- quelles M. de Jussieu l’avoit rapporté, il existe plusieurs au- tres genres qui ont avec lui des rapports trop intimes pour en pouvoir être éloignés. Ramenés auprès de lut, ils forme- ront dans les Rutacées un groupe bien distinct, qui prendra nécessairement, d’après son type, le nom de Zanthoxylées. Ce nom n'est pas nouveau, non plus que l’idée du groupe auquel il est donné ; cependant les botanistes ne paroïssent pas avoir eu jusqu ici sur ses limites une opinion bien arrêtée. » Parmi les familles dont M. de Candolle a esquissé la série dans sa Théorie élémentaire, il y en a une des Zanthoxylées. Elle se trouve à une distance peu considérable et à peu près égale des Rutacées et des Térébintacées, mais placée immé- diatement entre les Samydées et les Juglandées, groupes avec lesquels le genre qui lui sert de type n’a que des rap- ports éloignés. Le mème auteur a présenté les Zanthoxylées comme une simple tribu des Rutacées dans deux autres ou- vrages. Dans l'un ( Æssacsur les Propr. des Plantes, p. ar), LANTHOXYLÉES. 423 il la compose d’un assez grand nombre de genres, mais ap- partenant presque tous à nos Diosmées; dans l’autre ( Mém. cité sur les Cuspariées), elle n’est qu’une simple fraction du genre même Zanthoxy lun. Ce groupe, tel que je leconçois, n’a donc que le nom de commun avec ceux que M. de Can- dolle avoit proposés, et auquel il a d’ailleurs renoncé dans son ouvrage le plus récent. MM. Nees et Martius, comme j'ai déjà eu occasion de le dire, admettent une famille des Zanthoxylées; mais, des six genres qui la composent, quatre se confondent dans le Zan- thoxylum, er un autre (l £vodia), quoiqu'ayant avec celui- ci une aflinité qu’on ne peut contester, doit cependant plutôt faire partie des Diosmées. M. Aug. de Saint-Hilaire (Mém. cité, p.173) a examiné les caractères sur lesquels ces auteurs fondent leur nouvelle famille, et n’a pas jugé qu'ils fussent suflisans en nombre et en valeur pour la conserver. Je par- tage son opinion, quoiqu'il me paroisse n'être pas bien entré dans l'idée de MM. Nees et Martius relaüvement au carac- tère qu'ils signalent comme distinctif, savoir le mode d’ad- nexion de la graine (1). (1) « Cæterüm nota certissima in eo posita esse videtur , quod semina Diosmea- « rum, cerlè quæ vidi, omnium e coccorum vertice pendeant aut ope trophospermit « brevis, linearts, cristæformis, ex ips4 sutur& coccorum prodeuntis : quum contrà Xanthoxyleæ trophospermio filiformi ( funiculo ) sat longo, e basi coccorum adscendenti vel omnind libero vel in ips4 sutur@ decurrenti, adhæreant. » - Nees et Mart. loc. cit. p. 184.—Dans les Zanthoxylées, comme dans les Diosmées, un faisceau de vaisseaux nourriciers suit le bord axile de la coque, et vers son som- met envoie aux graines leur cordon ombilical. Dans les Diosmées ce faisceau reste adhérent à lendecarpe, et se confond avec lui. Dans beaucoup d’espèces de Zantlioxylum et de Brunellra il se détache du péricarpe à la maturité, et persiste 54" 424 ZLANTHOXYLÉES. Le groupe des Zanthoxylées, tel que je le comprends, outre le Zaxrnoxyruu dans lequel, suivant une heureuse in- novation de M. Kunth, je faisrentrer le Fagara, renfermera plusieurs genres déjà connus, le Brucra, le Brunezura, le Gazvezra de Ruiz et Pavon, et d’autres encore inédits que j'appelle Dicrxorowa et Boymra. Tous ces genres ont un ovaire et un fruit multiple; mais il y en a d’autres qui, malgré la simplicité de leur fruit et de leur ovaire, n’en doivent pas moins être rapportés aux Zanthoxylées. Tels sont les Ton- paurA, le Vrrnis, genre nouveau confondu jusqu'ici avec le précédent, mais bien distinct par plusieurs caractères, notam- ment par la structure singulière de sa graine, et enfin le Pre- Lea. L’Arraxruus de M. Desfontaines, quoiqu’iln’appartienne pas tout-à-fait à ce groupe, a cependant avec lui plus d’afli- nité qu'avec tout autre. Ces rapprochemens que j'aurai soin de motiver plus tard pourroient déjà être justifiés par de grandes autorités. Mon père les avoit fait pressentir dans les notes qu'il a placées après ses Térébintacées, et à la suite de plusieurs genres de cette famille. M. Kunth, qui l’a partagée en plusieurs distincts, demande, en établissant celle des Pte- léacées (1), si elle n’auroit pas un rapport plus intime avec sous la forme d'un filet dressé entre les deux valves qui s’écartent et portant la graine à son extrémité supérieure. Je pense que c’est là la disposition que MM. Nees et Martius indiquent dans la phrase citée plus haut, et non qu'ils décrivent la graine comme altachée au fond de la loge, ainsi que l’a interprété M. de Saint- Hilaire : mode d'attache queje n'ai jamais rencontré dans aucune des Zanthoxylées. (1) Je n'ai pas admis dans les Zanthoxyléesle Cneorum qui en ditfère par son port, ses fleurs hermaphrodites ; ses noyaux séparés incomplétement en deux loges, la structure et la forme de ses graines. M. Kunth lui-même, en le rangeant dans LANTHOxYLÉES. 425 les Diosmées. Enfin, s’il étoit permis par le code de la science de s’étayer d’un témoignage oral, surtout lorsqu'il doit exer- cer une grande influence, je citerois celui de M. R. Brown, auquel il me semble avoir entendu parler de Paflinité du Ptelea avec les Rutacées. Dans toutes les plantes qui appartiennent à l’un des genres énumérés précédemment, j'ai toujours trouvé les fleurs uni- sexuelles. Je sais que beaucoup d’entre elles sont décrites par la plupart des auteurs comme hermaphrodites. Les rudimens d’étamines qui existent fréquemment dans les fleurs femelles, ceux de pistil qui se rencontrent presque constamment dans les mâles, rendoient cette méprise facile, surtout lorsque, dans un examen un peu superficiel, on négligeoit l'analyse de l'ovaire. Souvent même on a pris pour celui-ci le gynophore ou corps central qui en porte les rudimens, et ces derniers à leur tour ont été décrits comme des stigmates. Dans quel- ques cas, rares à la vérité, des vestiges de pollen dans les an- thères rudimentaires, et d’ovules dans les ovaires avortés, rendent l’erreur presque inévitable si lon ne s’éclaire de la comparaison immédiate des fleurs de sexe différent, dans tou- tes leurs parties et tous leurs états, et de l’analogie des gen: res et des espèces voisines. Une remarque que j'avois eu déjà l’occasion de faire dans l'examen d’une famille de plantes diclines (les Euphorbia- cées), s’est confirmée par celui des Zanthoxylées; c’est la les Pteléacées , a inséré à la suite de son câractere une petite note, par Jaquelle il exprime quelque doute sur la place que ce genre doit définitivement occuper. Le fruit du Spathelia, tel que le décrit Gærtner (vol. 1 ,p. 278, tab. 58), l’écarte aussi des Rutacées dont ses étamines et son pislil sembleroïent le rapprocher. 426 ZANTHOXYLÉES. différence de forme que présentent les boutons des fleurs de sexe différent. Ceux des femelles sont plus allongés, plus poin- tus, plus aplatis; ceux des mâles plus arrondis, tant à leur extrémité que dans leur contour. C’est là un résultat naturel de ce que dans les premiers c’est un système central (celui du pistil) qui se développe, dans les seconds un système la- téral et verticillaire (celui des étamines). Un peu d'habitude apprend à deviner à la première vue le sexe du bouton qu'on n'a pas encore ouvert. Entre autres exemples, je me conten- terai de citer le Zanthoxylum monogynum Saint-Hil. Le calice se partage en trois, plus fréquemment en quatre ou cinq parties, avec lesquelles alternent autant de pétales, ordinairement plus longs, rarement égaux ou plus courts; quelquefois ils manquent entièrement. Au centre de la fleur se trouve un corps tantôt déprimé en disque ( Brunellia), tantôt et plus souvent élevé en colonne, destiné à servir de support à l'organe femelle; c’est donc un gynophore. Dans les fleurs males, quelquefois il ne porte rien ( Bruw- cea ); souvent il est surmonté d’un ou de plusieurs lobes de forme variable et mal déterminée; souvent aussi il soutient un pistil régulièrement conformé en apparence et muni de toutes ses parties, mais dont les ovaires sont à l'intérieur ou pleins et compacts, où creusés d’une loge entièrement vide (Galvezia). J'ai dit que, dans quelques cas, on y observoit des vestiges d’ovules; ceux-ci alors sont informes et comme flétris (Prelea, quelques Zanthoxylum). Est-ce à leur état d’imperfection, est-ce à celui des stigmates qu'on doit attri- buer le défaut de fécondation? II suffit ici de constater ce der- nier fait, saus-remonter à sa cause, Autour de la base dugyno- ZLANTHOXYLÉES. 427 phore s’insèrent les étamines en nombre égal aux divisions du calice ou double. Plus longues que le pistil rudimentaire, elles le cachent ordintirement au milieu d’elles. Dans les fleurs femelles, on trouve aussi quelquefois des étamines, mais d’une longueur absolue toujours beaucoup moindre que dans les mâles, dépassées par le pistil, et dont les loges sont vides ou ne renferment que quelques grains de pollen en petit nombre. Plus fréquemment on les observe réduites à l’état de filets courts ou d’écailles, quelquefois d’une petitesse extrème, ou bien enfin on n’en aperçoit au- cun rudiment. Le pistil comparé à celui que présentoit la fleur mâle, en diffère toujours et par sa grandeur et souvent par sa forme. Dans les Rutacées que nous avonsexaminées jusqu'ici, nous avons vu le pistil passer insensiblement du simple aucomposé, etnous avons pu l’observer dans tous les états intermédiaires; nous avons vu Île style tantôt unique, tantôt partagé inférieu- rement en autant de branches quil y avoit de loges; nous avons vu l’ovaire égal à sa surface, indiquer ensuite sa ten- dance à devenir multiple par les sillons plus ou moins pro- fonds qui séparoiïent latéralement ses loges, ou par les lobes plus ou moins saillans qui les divisoient au sommet; nous avons vu enfin plusieurs ovaires libres, surmontés chacun de son style également libre à la base. Cette disposition du pis- til à se diviser s’est montrée en général depuis les Zygophyl- lées jusqu'aux Diosmées dans une progression croissante ; mais ce n’a pas été cependant sans de nombreuses exceptiens, et, à côté de genres à ovaire simple, d’autres qu'évidemment on n’en pouvoit éloigner, nous ont offert un ovaire composé; 428 LANTHOXYLÉES. » d'où nous avons pu conclure que le caractère de l'unité ou de la multiplicité d’ovaires n’avoit peut-être pas l'importance que des auteurs lui ont attribuée. Les Zanthoxylées nous en fourniront une preuve nouvelle et plus frappante encore. On en trouve en effet ( Brunellia, Brucea, quelques Zanthoxylum) dont les ovaires avec leurs styles et leurs stigmates sont tout-à-fait indépendans les uns des autres; tandis que jusqu'ici, même dans ceux qui étoient libres, l’union des styles à leur partie supérieure avoit indi- qué qu'ils se rattachoient à un système unique. Cette dernière disposition se trouve aussi dans les Zanthoxylées : on les voit se souder par leurs stigmates seulement (quelques Zanthoxy- lum), par une partie de leurs styles (Zanthoxylum, Gal- vezia), ou par leur totalité (Drctyoloma); par la base de leurs ovaires (Boymia); dans toute leur longueur ( Pzelea); enfin on rencontre des ovaires multiloculaires parfaitement simples et couronnés d’un large stigmate sessile (Z'oddulia , Vepris). Si dans ce dernier genre on compare cette disposi- tion du pisul fertile à celle du pistil rudimentaire qui se ren- contre dans les fleurs mäles, et qui se compose de quatre ovaires bien distincts, on verra une confirmation de ce qui a été avancé plus haut sur la foible importance qu’a ici l'unité ou la multiplicité des ovaires. Remarquons que quelquefois (quelques Zanthoxylum ) Vovaire est unique et non simple: c’est ce qu'indiquent l'unité de loge, l'insertion latérale du stigmate , du style et des ovules, et ce que prouvent certaines fleurs où un second ovaire indépendant vient se placer à côté du premier (1). (1) Voy. Aug. de St.-Hilaire, Mém. sur le Gynobase, p. 150, tab. XIX , A. NS M PI rt. le LANTHOXYLÉES. 459 Les loges, si nous en exceptons'un genre où elles sont qua- driovulées, offrent constamment deux ovules, le plus sou- ventjuxtaposés ou superposés quelquefois, et dans ce dernier cas le supérieur est ascendant, l’inférieur suspendu. Les divers degrés de simplicité et de composition signalés dans les ovaires des Zanthoxylées, se retrouvent plus mani- festes encore dans leurs fruits. En s’ajoutant à des différences assez grandes dans la structure du péricarpe, ils déterminent des fruits assez divers en apparence. Ainsi ce péricarpe est quelquefois indéhiscent , trèsmince et prolongé sur ses bords en une aile membraneuse: et alors on a ce que les botanistes nomment une samare (Prelea, Ailanthus). D’autres fois, au contraire , il est revêtu d’une chair assez épaisse ; également indébiscent : et alors on a une baie simple (’epris, Todda- la), ou une drupe multiple (Galvezia, Brucea). Dans ces deux cas, l’endocarpe ligneux, assez intimement uni au sar- cocarpe, ne s’en détache pas spontanément. Le fruit du plus grand nombre des Zanthoxylées rentre dans ceux que la plu- part des auteurs appellent multicapsulaires ; quoiqu’alors même leur sarcocarpe soit quelquefois légèrement charnu (Zanthoxylum, Boymua). Ces capsules s'ouvrent en deux valves suivant un sillon longitudinal qui les divisoit en deux moitiés égales, et étoit déjà apparent dans l'ovaire, surtout le long de son bord interne. L’endocarpe, qui s'isole du sar- cocarpe spontanément en tout ou en partie, établit un rapport assez intime entre ces genres et les Diosmées; mais cependant sa structure n'est pas identiquement la mème que dans ce dernier groupe. Tantôt en effet il se fend, non en deux val- ves, mais seulement le long de son bord interne ( quelques Mém. du Muséurn. à. 12. 55 430 LANTHOxYLÉES. Brunellia); tantôt il continue à adhérer au sarcocarpe en quelques points, soit par ses bords (Dictyoloma), soit par son dos(Zanthoxylum, Boymua). Dans tous les cas, il n’of- fre jamais en bas et en dedans, comme dans les Diosmées, cet intervalle rempli par une membrane que traversent les vaisseaux nourriciers de la graine. Ceux-ci se réunissent en autant de faisceaux qu’on compte de loges. Dans les fruits simples ils forment l'axe, et ne se sé- parent que vers le sommet de ces loges pour pénétrer dans leur cavité. Dans les fruits composés, ils se séparent en sor- tant du pédoncule, et montent chacun le long du bord in- terne de la coque à laquelle il est destiné, entre le sarco- carpe et l'endocarpe. Quelquefois ils s’isolent de ceux-ci au moment de la déhiscence, et persistent entre les valves écar- tées sous la forme d’un cordon plus où moins roide portant la graine à son sommet. Ces faisceaux sont tout-à-fait analo- gues à la membrane seminifère des Diosmées ; ils n’en diffè- rent que par la forme et par l’adhérence qu'ils conservent plus long-temps avec le pédoncule. Les graines des Zanthoxylées sont réniformes, ou ovoïdes ou globuleuses, etc. Il est à remarquer que leur forme est assez constante dans les espèces d’un même genre. Leur en- veloppe se compose en général d’un test tantôt mince, tantôt plus ou moins épais, et même osseux, revêtu intérieurement d’unemembrane.Quant à sa surface extérieure, elle est ou unie ou inégale, mais recouverte d’une peau quelquefois tenue , d’autres fois charnue (Zanthoxylum, Boymia), qui, cachant les inégalités du test, donne à la graine un aspect lisse et lui- sant. Le hile est ordinairement très-étendu. Les vaisseaux qui LANTHOXYLÉES. 431 y arrivent et le parcourent s’enfoncent dans l’épaisseur des tégumens ou les sillonnent superficiellement. A l'extrémité inférieure du hile on trouve quelquefois un petit canal creusé dans l’intérieur du test, qui, de cette extrémité, se dirige vers la chalaze. C’est à ce point du hile qu’a lieu adhérence la plus intime de ses vaisseaux avec les tégumens de la graine, et quelquefois c’est par ce point seul que celle-ci continue à rester fixée à ses vaisseaux, dont le faisceau s’est détaché de tout le reste du hile à l’époque de sa maturité (Zanthoxylum, Brunellia). 1 sembleroit alors, si l’on n’avoit suivi tous ces changemens progressifs, que la graine est ascendante, et que sa radicule regarde l'extrémité opposée à celle où s’insère le funicule. La portion du test qui répond au hile présente ordi- nairement une éxcavation plus ou moins profonde; souvent aussi il s’épaissit vers ce point, et il résulte de cette double cause une forme plus ou moins arquée de la cavité dela graine, ainsi que de l’amande qui la remplit. Cette amande est formée d'un périsperme charnu et d’un embryon presque égal en longueur, dont les cotylédons sont ovales et aplatis, et dont la radicule plus courte est dirigée en dedans et vers le som- met de la loge. Les Zanthoxylées sont des arbres ou des arbrisseaux à feuilles opposées ou alternes, composées ou plus rarement simples, parsemées de points transparens qui manquent ce- pendant dans quelques-unes, ou qui bien manifestes sur les jeunes feuilles disparoissent plus tard (Zanthoxy lum hetero- phyllum.…..). Le genre Zanthoxylum fournit à ce groupe non-seulement son type, mais plus des deux tiers de ses es- pèces. Le plus grand nombre des siennes croît en Amérique, 55° 432 ZLANDHOXYLÉES. surtout sous les tropiques, quoiqu’on en observe aussi quel- ques-unes dans la zône tempérée. Une se rencontre au Séné- gal: Elles se remontrent plus nombreuses dans les iles de France et de Bourbon ainsi qu'aux Indes; et elles finissent par disparoïtre en remontant au nord dans la Chine, et en s’avançant au midi jusque dans la Nouvelle-Hollande, où l’on n’en a encore trouvé qu’une espèce unique. Les autres espèces de Zanthoxylées sont distribuées d’une manière ana- logue, avec cette différence cependant que les espèces d’un même genre reconnoissent en général la même patrie, Plu- sieurs de ces genres seront donc américains; tel autre sera afri- cain, et tels autres habiteront l'Asie, ainsi que ces iles dont la végétation est comme intermédiaire entre celle de l’Afri- que et celle des Indes. Cette dispersion des Zanthoxylées sur une aussi grande étendue du globe paroit d’abord contredire cette analogie que j'avois annoncée entre la distribution géographique des Rutacées et leur distribution botanique. Pour expliquer cette contradiction apparente, j'ai déjà répondu que dans le grand groupe des Rutacées, chacun des groupes secondaires que j'établis a des rapports avec plusieurs autres à la fois; qu’en conséquence, ces rapports doivent se retrouver dans les lieux qui les voient naître, ainsi que dans les caractères qui les dis- tinguent. C’est ce dont les Zanthoxylées offriront un exem- ple remarquable. Si l'on se rappelle en effet les détails que j'ai donnés sur leurs patries, ainsi que surcelles des autres Ru- tacées dont il a été déjà question, on verra que dans l’Amé- rique, où s'observe leur maximum, elles doivent croitre à côté de quelques Zygophyllées, et surtout au milieu des Dios- LANTHOXYLÉES. 433 mées américaines ; qu'elles ne se rencontrent avec les Rutées, dont la végétation suit une zône différente, qu’en s’avançant à l’est et au nord de l'Asie; enfin qu’elles ne se retrouvent auprès des Diosmées autre part que dans les terres Australes. Or c’est avec les Diosmées d'Amérique que les Zanthoxylées ont les rapports les plus intimes : ceux qu’elles peuvent offrir avec les Zygophyllées sont fournis par un genre américain (Dictyoloma), qui se rapproche de ce groupe par ses cap- sules comprimées renfermant quatre ovules, et par les écailles sur lesquelles s’insèrent les filets de ses étamines. Si elles se lient aux Rutées, c’est par un genre originaire de Chine (Boymia), dont les fruits rappellent assez bien ceux de la Fue. Si elles ressemblent aux Diosméés de la Nouvelle-Hol- lande, c’est dans la seule espèce de Zanthoxy um qui s’y ren- contre (Z. australasicum), et qui offre à l'extérieur avec elles une analogie assez marquée pour qu’un habile botaniste en ait fait un £riostemon. La place qui fut assignée dans le principe et conservée long-temps à la plupart des genres de Zanthoxylées, prouve suffisamment quels rapports les unissent aux Térébintacées. Si, avec M. Brown ou M. Kunth, on divise cette grande fa- mille en plusieurs, ce sera de celles des Burseracées et des Connaracées (1) queles Zanthoxylées se rapprocheront davan- (1) Le passage des Connaracées aux Zanthoxylées, se fait par le genre Cnestis qui offre avec le Érunellia de nombreux rapports. Il en a dans son port ; dans ses fleurs souvent unisexuelles par avortement , dans son calice dont la préfloraison est valvaire et non convolutive; il est muni de pétales, mais extrêmement courts: ses étamines s’insèrent au-dessous des ovaires et non sur la base du calice, comme dans quelques Connarus. J'ajouteroïs enfin, comme :un dernier: trait de-ressem- 434 LANTHOXYLÉES. tage, liées aux premières par leurs genres à fruit simple, aux secondes par leurs genres à fruit multiple. Pour peu qu'on se rappelle qu'entre ces mêmes Térébintacées et une autre fa- mille assez éloignée dans les classifications généralement re- cues, celle des Aurantiées, il existe cependant divers points de ressemblance indiqués par plusieurs auteurs; que Correa, par exemple, marque le passage des unes aux autres au moyen du genre Cookia; que M. Kunth, en circonserivant d’une manière neuve le genre Æmyris, et le considérant comme type d’une famille distincte, demande si elle n’auroit pas une liaison plus intime avec les Aurantiées; on ne sera pas étonné d’entendre que celles-ci ont aussi des’ rapports avec nos Zanthoxylées. Des principes amers mêlés à des —————_—_—_—_———EE blance, que , seul parmi les Connaratées, il présente des graines périspermées , si l’on pouvoit comparer son périsperme de consistance coriace , ‘épais et blanchâtre, environnant un embryon vert et très-mince, au périsperme charnu qui dans les Zanthoxylées enveloppe un embryon de la même couleur que lui. Si le Cnestis s'éloigne ainsi en quelques points des Connaracées, il s’en rapproche par les ca- ractères essentiels, je veux dire, par les deux ovules dressés qui dans chaque ovaire s’inserent en bas de l’angle interne, et par la.direction de son embryon dont la radicule regarde le sommet de la loge, tandis que la graine est fixée vers sa base. ’ Ces embryons antitropes, pour me servir de l'expression de Richard, c’est-à-dire où la radicule est dirigée en sens contraire du hile, sont assez rares et devroient paroître fort singuliers, si un examen attentif n’avoit fait découvrir dans beau- coup de cas, un second point d'attache qui met en rapport direct les vaisseaux du style avec cette extrémité radiculaire, puis se rompt et disparoît après la fé- condation. Cette disposition que M. de Saint-Hilaire a signalée dans les ovaires de plusieurs plantes ( Mém. sur les Placentas libres , pag. 56 et suiv.), je l’ai retrou- vée dans ceux des Connaracées. Sur un grand nombre d'espèces, j'ai observé avant la fécondation les ovules terminés au sommet par une petite pointe ou un court filet qui s’enfonçoit dans la base du style. Après les avoir détachés, on LaANTHOxYLÉES. 435 principes aromatiques, ces vésicules d'huile essentielle qui, répandues dans les diverses parties du végétal, parsèment ses feuilles de points transparens et l'écorce de ses fruits d’aréo- les opaques, donnent à ces groupes, et dansleurs propriétés et dans leur aspect, beaucoup d’analogie. Elle avoit été déjà indiquée par M. de Jussieu à l’occasion du genre T'oddalia, et dans les notes qui suivent les familles des Orangers et des Pistachiers; et souvent on peut la voir confirmée dans l’arran- gement des grandsherbiers, où, parmi les plantes nombreuses qui n’ont pu nécessairement être rapportées à leurs familles qu'à la première vue ou d’après un examen superficiel, on trouve rapprochées et mêlées ensemble des Térébintacées, des Zanthoxylées et des Aurantiées. Au reste, dans ces der- pouvoit apercevoir à ce sommet une petite cicatrice: J’ai entrevu seulement plu- tôt que constaté la continuité des vaisseaux du style avec ces parties, à cause de leur extrême petitesse et de leur fragilité, n’ayant pu d’ailleurs les analyser que sur des échantillons secs. Ensuite, à mesure que l'ovaire s’approchoit davantage de la maturité, cette extrémité supérieure devenoit de plus en plus obtuse et distante dussommet de la loge. Je suis porté à croire qu’il devra exister quelque chose de semblable dans les ovules, toutes les fois qu’il y aura une graine dressée à embryon antitrope. Puisque j'ai eu occasion de parler ici des Connaracées, je dirai encore que je 3 ë ee 5 ! ne conçois pas bien la différence du Rourea d’Aublet et du Connarus ; mais que, parmi les espèces de celui-ci, je pense qu’on pourroit distinguer génériquement celles qui ont cinq ovaires distincts de celles qui n’en ont qu’un seul dans lequel un des ovules avorte presque toujours à une époque tres-peu avancée, et où les deux s'inserent à une plus grande distance de la base. Je serois tenté de croire, d’après la définition que M. Kunth donne de ces deux genres, que son opinion se rapproche ici de la mienne. Je dirai enfin que le Cnestis trifolia Lam. est certainement un Connarus, et que l’ÆEgiceras minus de Gærtner, d’après la description que l’auteur donne de son fruit et de sa graine (vol. I, P-: 216, tab. 46), ne semble autre chose qu’une espece du même genre. 436 LaNTRGXYLÉES. Lières la structure du fruit est tout-à-fait différente. Celle de la graine, en les rapprochant des Térébintacées, les différen- cie par cela même des Zanthoxylées, mais en même temps, et comme je l'ai fait remarquer déjà, les lie par un rapport de plus à certaines autres Rutacées où manque le périsperme. Des fleurs diclines, un fruit se séparant en plusieurs co- ques, dans ces coques des graines solitaires ou geminées, ren- fermant, sous un test souvent lisse et noirâtre, et quelque- fois même creusé d’un trou extérieur sur son bord interne ï un périsperme charnu qui enveloppe un embryon à radicule supérieure : voilà des caractères qui donnent à plusieurs Eu- phorbiacées de l’analogie avec le groupe qui nous occupe. Elle est marquée surtout pour celles où, dans les fleursmäles, on trouve de quatre à huit étamines insérées autour d’un rudi- ment de pistil, et dans les fleurs femelles des loges à deux ovules suspendus et généralement juxtaposés. Enfin plusieurs Zanthoxylum ont dans leur port, et sur- tout dans leur feuillage, une ressemblance remarquable avec les Frènes. Les fleurs dioïques du Fraxinus , son ovaire qui présente deux loges comprimées, surmontées d’un style uni- que, biovulées à l’intérieur, à l'extérieur parsemées de squa- mules, et qui se transforme plus tard en une samare unilo- culaire et monosperme par avortement, en établissant entre ce genre etle Pelea certains points de contact, permettroient de pousser la comparaison encore un peu plus loin; mais elle s’arrêteroit nécessairement bientôt. ge + four SIMAROUBÉES. 437 SIMAROUBEES. Le groupe des Simaroubées:se trouve indiqué pour la pre- mière fois dans l'Analyse du Fruit de Richard; mais il ne fait que le citer en passant, et n’entre dans aucun détail sur la ma- nière dont il le concoit. Plus tard; M. de Candolle donna les caractères de cette même famille, et de toutes les plantes alors connues qui s’y rapportoient. Ce fut dans un Mémoire(r) consacré plus particulièrement à l’examen des Ochnacées : ce- lui des Simaroubées n’y est en quelque sorte qu’accessoire, et l’auteur s’en occupe surtout à cause des rapports qui le lient à l’autre famille, rapports assez intimes à son jugement pour qu'il hésite à les séparer, les regardant d’ailleurs comme dis- tinctes l’une et l’autre de toutes les autres polypétales par un caractère commun, l'existence d’un ovaire gynobasique (on appelle ainsi un ovaire dont les loges distinctes s’insèrent sur un même réceptacle épais et déprimé qui porte à son centre un style unique ). M. Auguste de Saint-Hilaire, dans son Mémoire déjà cité sur le Gynobase, se trouve naturellement ramené vers ces deux familles. Il y montre que, malgré l’aflinité évidente qui ne permet pas de les écarter beaucoup l’une de l’autre, elles sont cependant parfaitement distinctes; qu’en effet, l'ovaire n’est réellement gynobasique que dans les Ochnacées, et qu’il n’est tel qu'en apparence dans les Simaroubées où plusieurs ovaires libres portent chacun vers le sommet un style, et où (1) Monographie des Ochnacées et des Simaroubées, par M. de Candolle, Annales du, Muséum, vol. 47, p-, 398-425. Méin. du, Museum. 1. 12. 56 438 SIMAROUBÉES. ces styles bientôt soudés entre eux en simulent un seul qui s’enfonceroit entre les lobes profonds d’un ovaire également unique. Cette disposition, en même temps qu’elle éloigne les Simaroubées des Ochnacées, les rapproche des Rutacées, avec lesquelles M. de Saint-Hilaire juge leurs rapports telle- ment forts et nombreux, que, s'il les en distingue, c’est à peine comme tribu. D’autres botanistes, sans insister autant sur cette affinité, l’avoient depuis long-temps signalée, et on la voit mème déjà pressentie dans le Genera Plantarum, quoique les genres des Simaroubées s’y trouvent dispersés à d'assez grandes distances dans des ordres différens. Ainsi le Simaga d’Aublet est placé au milieu de ces Térébintacées que nous avons , sous le nom de Zanthoxylées, reportées dans le groupe général qui nous occupe. L/Æruba du même auteur , et qui est le même genre, est à la fin des Rutacées même. Le Quassra de Linnée réuni au SimarugA d’Aublet, qu’on en sé- pare avec raison maintenant, est placé à côté de l'Ochna à la suite des Magnohées ; mais la note qui accompagne son ca- ractère générique annonce qu'il a peut-être plus de rapports avec les Rutacées, et déjà son aflinité avec l’Æruba avoit été l’objet d’une remarque à l’article de ce dernier. Ces trois genres, desquels on n’en peut éloigner un qua- trième, le Samaprra de Gærtner, composent le groupe des Simaroubées, dont les espèces peu nombreuses ont été aug- mentées d’un tiers par les travaux récens de M. de Saint- Hilaire. Ce sont des arbres ou des arbrisseaux. Leurs feuilles dépourvues de points glanduleux et transparens, sontalternes, tantôt simples, tantôt, et plus ordinairement, composées de folioles alternes ou opposées, portées sur un pétiole commun, nu ou plus rarement ailé, Leurs fleurs axillaires ou terminales di SIMAROUBÉES. 439 sont disposées en ombelles, en grapes, ou le plus généralement en panicules. Leur calice se divise en quatre ou cinq parties, avec les- quelles alternent autant de pétales beaucoup plus longs, qui sont dans la floraison tantôt étalés, tantôt connivens au som- met et rapprochés en manière de tube. Les étamines en nom- bre double sont plus courts que la corolle ou plus longs, et saillans hors du tube qu’elle forme. Leurs filets partent chacun du dos d’une écaille ou languette plus ou moins allongée, plus ou moins laineuse, au moyen de laquelle ils s’insèrent à la base d’un gynophoregentral. Les fleurs sont hermaphrodites, si l'on excepte un seul genre (S#raruba), où dans les unes on voit les étamines réduites à un court filet squamiforme, dans les autres, le gynophore a son sommet chargé seulement de cinq lobules à peine visibles. Le pistil, dont la base dé- borde le gynophore ou est débordé par lui, se compose d’un nombre d'ovaires libres égal à celui des pétales et munis cha- cun à leur sommet, et du côté interne, d’un style : celui-ci rencontrant presque aussitôt les styles des autres, se soude avec eux en un seul plus ou moins allongé, que termine un stigmate presque égal ou plus large, partagé en cinq lobes, tantôt réunis et tantôt distincts. Chaque ovaire renferme un seul ovule suspendu vers le sommet de son angle interne. On est peu d'accord sur la structure du péricarpe des Si- maroubées, comme le prouve le résumé suivant que nous empruntons au Mémoire de M. de Saint-Hilaire. « Des au- « teurs ont attribué aux Simaroubées des fruits un peu char- « nus et indéhiscens; mais ce que disent et Gærtner ei « p.340) et Aublet (PI. Guy., p.8, 62, 295, 400) prouve 507 44o SIMAROUB EÉS. « que la substante chärnue ést à peine sensible; Kunth n’a « pas craint de donner le nom de coques aux fruits des Ru- « tacées et à celui des Simaroubées ; de Candolle affirme posi- « tivement que dans ces dérniers le fruit est déhiscent (Mem. « Och. in Ann. Mus., vol. 19, p.422). Gærtner dit qu'il lui € a paru s'ouvrir de lui-même (1. c.), que s’il a des rapports « avec la baie, il en à aussi avéc la capsule, ét qu’il est re- € vêtu intérieurement, comme dans les Rutacées, d’une mem- « brane propre et cärtilagineuse. Enfin, suivant Aublet, les « ovaires du Sznarouba se changent en capsules qui, sous « une écorce peu charnue, offrent uné coque mince et cas- « sante, et les fruits du Saba, ajoute le même auteur, « sont secs, minces et capsulaires (Mém.sur le Gyn.,p.107).» Peut-être M. de Saint-Hilaire, cherchant ici à fortifier la vérité qu'il venoit d'établir, celle da rapport intime qui unit les Simaroubées aux Rutacées, a-t-il trop interprété en fa- veur de l'opinion qui l’occupe celle des auteurs qu'il cite. Gærtner n'avance en effet ici qu'une simple conjecture ; si M. Kunth se sert du mot de coque, ce paroît être dans un autre sens que M. de Saint-Hilaire ne l’admet; car il ajoute positivement les épithètes de drupacée et d’indéhiscente, et d’ailleurs il emploie le même mot pour définir le fruit des Ochnacées, sur la nature duquel il n’y à aucun doute. Au- blet, qui décrit des capsules dans trois Simaroubées, n’at- tache vraisemblablemént pas à ce terme une idée bien nette: il dit n'avoir vu le fruit de l’Æruba qu'avant sa maturité, et, dans ceux du Sznaba et du Stnarouba , parle à la vérité de coque cassante, mais non de déhiscente, ce qui est entiè- rement différent. Les fruits du Simarouba de Saïnt-Domin- gue, du Quassia et du Simaba de la Guyane, que j'ai vus SIMAROUBÉES. 44x conservés dans les collections, n’offroient aucune trace de dé- hiscence, quoique leur graine fût parfaitement müre. Les deux derniers, et ceux du S#narouba de Cayenne, d’après les descriptions manuscriteseet les dessins de M. Richard (1), qui avoit été à portée de les étudier: frais, sont drupacés et indéhiscens. Enfin la question n’est pas douteuse pour le fruit du Samadera, revêtu d’une chair épaisse d’après les figures de Reed et de Gærtner. 7 Nous dirons donc que le fruit des Simaroubéesse compose de plusieurs drupes verticillées sur un support commun, quel- quefois réduites à un nombre moindre, ou même à l’unité par avortement ; que leur forme la plus générale est celle d’un ovoide, quelquefois un peu comprimé sur ses faces latérales, et souvent relevé le long de sa face interne d’une crête assez aiguë; que le sarcocarpe est une couche de chair épaissie ou souvent fort mince, unie ou variqueuse à l'extérieur, parse- mée de courtes lignes brunâtres à l'intérieur, et intimement adhérente à un endocarpe ligneux. Ce dernier est pénétré à quelque distance au-dessous du sommet de la loge par les vaisseaux nourriciers de la graine, dont on peut apercevoir le faisceau montant entre lui et l'enveloppe charnue le long de l'axe interne. La graine suspendue à cet angle par un funicule élargi qui s'insère au-dessous de son extrémité supérieure, présente , sous une peau peu épaisse, un embryon sans péri- sperme. La radicule regarde le haut et le dedans de la loge; (1) Ces matériaux, d'autant plus précieux qu’on doit à Richard la première idée des Simaroubées , ont été mis à ma disposition par l’amitié de son fils. On trouvera même dans les planches qui accompagnent ce mémoire une analyse des- sinée par cet habile botaniste, celle du Simaba Guyanensis qu’il rénnissoit au Quassia, ne composant ce petit groupe que de ce genre et du Simarouba. 442 SIMAROUBÉES. elle est très-courte, et comme retirée entre les cotylédons. Ceux-ci, très-épais et charnus, s'appliquent l’un contre l’au- tre par une face plane, et par une face convexe touchent les parois de la cavité qu'ils remplissent. Les Simaroubées croissent entre les tropiques; et, si l'on en excepte les deux espèces de Samadera originaires d'Asie, sont toutes américaines. Aussi parmi les autres Rutacées, sont-ce celles de cette même partie du globe qui ont avec elles les rapports les plus marqués. Elles ressemblent à beau- coup de Zygophyllées par les écailles qui portent les étami- nes. Elles se rapprochent plus des Diosmées d'Amérique, liées surtout à leur première section par deux espèces de Pz locarpus, où l’on ne trouve qu’un ovule et point de péri- sperme. Enfin elles touchent de plus près encore aux Zan- thoxylées, dont le péricarpe est presque toujours charnu, quelquefois indéhiscent, et dont elles présentent dans un de leur genre les fleurs unisexuelles. Je n’entrerai pas ici dans plus de développemens sur ces rapports que M. de Saint-Hi- laire a si bien fait ressortir ; mais je remarquerai que dans tous les cas, les Simaroubées sont toujours bien distinctes par la coexistence de ce triple caractère, d'un ovule unique dans chaque ovaire, de plusieurs drupes indéhiscentes, et d’un embryon à cotylédons épais sans périsperme.J’ajouterai aussi quelques mots au sujet des propriétés médicales qui viennent ici confirmer des aflinités fondées sur des observations d’une autre nature. On n'ignore pas que les Simaroubées sont ca- ractérisées par l’amertume extrème de toutes leurs parties, Or cette amertume se retrouve dans le Gaiac, la Rue, le Peganum , le Ptelea , les fruits du Galpezia , à un degré bien plus foible, mais presque aussi intense dans le Brucea, V'E- SIMAROUBÉES. 443 podia febrifuga Saint-Hil., l'Hortia et surtout les Cuspa- riées. Il a été déjà plus d’une fois dans cet article question du rapport des Simaroubées avec les Ochnacées. Un genre pen- tandre rapporté à ces derniers, et remarquable en ce qu'il n’a pas comme elles une graine dressée (1) et une radicule in- fère, le alkera Schreb. ou Meesia Gært. (vol. 1, p. 344, tab. 70), peut servir de point de passage, surtout si d’un au- tre côté on rapproche des Simaroubées une plante qui leur ressemble par le plus grand nombre des caractères (cepen- dant réunie à tort au Saba), le Nima quassioides Hamilt. qui a aussi cinq étamines sans écailles à la base. Quelques Simaroubées ont une grande ressemblance dans leur port avec certaines Méliacées. Les écailles staminifères des premières en se touchant par leurs bords rappellent, jus- qu'à un certain point, le tube qui porte les anthères dans les secondes. Enfin ces mêmes genres de Méliacées ont un em- bryon sans périsperme à cotylédons charnus et épais, entre lesquels la radicule courte est comme retirée; mais les rap- ports ne s'étendent pas plus loin. = (1)- Cette situation des ovules et des graines paroît caractéristique dans les Och- nacées. Cependant, dans l’£lvasia, autre genre de cette famille remarquable par la simplicité de son ovaire , M. de Saint-Hilaire décrit les ovules comme sus- pendus (Flor. Bras. 1 , p. 60 ). Sur les échantillons même de l’herbier du Muséum, d’après lesquels M. de Candolle à établi ce genre, j'ai vu ces mêmes ovules dressés du fond de la loge. D’après cette observation qui confirme la justesse de la place assignée à l’Elvasia, la simplicité de l’oyaire ne résulteroit pas ici de l’allonge- ment de l’axe central, comme dans la monstruosité du Gomphia oleæfolia citée par M. de Saint-Hilaire, mais bien de la soudure des quatre ovaires comprenant le style au milieu d’eux. 444 RuTacées. RUTACEÉS. Maintenant si les caractères que les groupes secondaires ont présenté chacun-en particulier sont réunis et présentés ensemble, on aura ceux du groupe général des Rutacées. On pourra voir qu'il y en a fort peu de communs à toutes ses plantes à la fois, qu'il se forme plutôt par l’enchainement de ses groupes secondaires, que par conséquent il est diflicile de le définir rigoureusement. Car si nous examinons ses carac- tères les plus importans, ceux qui dans les méthodes généra- lement adoptées servent de bases aux divisions principales, nous en trouverons peu qui n’offrent ici des exceptions. Les Rutacées en effet se classent parmi les Dicotylédones à fleurs hermaphrodites polypétales, où l'insertion des étamines est hypogynique. Or quelquefois les fleurs sont diclines, quel- quelois les pétalessesoudent en une corolle d’une seule pièce, quelquefois enfin les étamines sont périgynes. Mais ces ano- malies qui auroient de graves inconvéniens dans un ordre systématique, ont plutôt un avantage dans l’ordre naturel, comme servant à marquer des rapports et à établir des pas- sages. Le calice est à'trois ou plus ordinairement à quatre ou cinq divisions, avec lesquelles alternent autant de pétales tantôt libres, tantôt, et très-rarement, soudés entre eux; quelque- fois ils manquent tout-xfait, Les étamines:sont en nombre égal et opposées'aux divisions du'calice ;'ou en nombre dou- ble. Plusieurs avortent dans certains genres, avortement qui se fait tantôt irrégulièrement, tantôt régulièrement, et dans les étamines opposées aux pétales. Dans le cas où elles sont RuTAcÉESs. 445 fertiles, elles sont ordinairement plus courtes que les autres. Les anthères sont à deux loges qui regardent ile céntre de la fleur, et s'ouvrent chacune'par üne fente longitudinale. Cette structure dont j’avois négligé dé parlér ;‘parce quete’ est la plus ordinaire dans les diversès plantes, peut cependant ‘être re- marquée ici, comme étant un des caractères qui servent à dis- tinguer les Rutacées du groupe très-voisin des Ochnacées (1). Les filets s’insèrent à an gynophore où à un disque hypogy- nique ; ce disque quelquefois enveloppe l'ovaire; quelquefois: il l'entoure seulement, et dans certains cas rares, Venant à se souder avec la base du calice, il détermine une insertion pé- rigyoique. Les loges du pistil verticillées:sont le plus souvent en nombre égal et opposées aux pétales, plus rarement en nombre moindre. Ces loges, tantôt soudées par leur axe cen- tral et leurs faces latérales, constituent un ovaire simple, tan- tôt libres, constituent un ovaire multiple. On peut observer entre ces deux manières d’être tousles passages possibles mar- qués par la division de l'ovaire en lobes plus ou moins pro- fonds. A chacune des loges répond un style: s’il y à soudure des loges, il y a aussi soudure des styles en un seul; si les loges sont distinctes, les styles le sort ou à leur base ou dans toute leur étendue. Le stigmate qui les termine répond au nombre des loges par ses lobes où ses sillons. Chaque loge contient un nombre déterminé d’ovules, at- (1) Dans le Gomphta et l’Elvasia, Vanthère s’onvre par un-double pore au som= met. Dans l'Ochna la déhiscence de chacune de ses loges, après ayoir coinmencé en haut par une petite ouverture également arrondie, mais un peu latérale, se continue en fente le long du sillon longitudinal, dont cette ouverture n’est que l'extrémité supérieure. | 1£4 ê Méim. du Muséum. t. 12. 53 446 RurTAcÉESs:: tachés à l'angle interne : le plus souvent c’est deux; on en observe plus rarement un seul, ou de quatre à vingt. Le fruit quelquefois charnu et indéhiscent est le plus sou- veñt capsulaire. Il est simple ou multiple, de même que l’o- vaire; mais, ses coques ou loges, dans le cas même où elles sont soudées, s’écartent souvent et deviennent distinctes à l’époque de la maturité. Elles s'ouvrent ordinairement cha- cune en deux valves: cette séparation en deux valves tantôt prévède!et tantôt suit celle des loges l’une de l’autre. La structure de la graine est variée. Son enveloppe est ou à peine organisée, ou membraneuse, ou testacée. Tantôtiln’y a pas de périsperme, tantôt on en observe un de consistance soit cartilagineuse, soit charnue, mince ou épais. L’embryon offre des formes très-différentes ; il est vert ou blanc. Sa radi= cule se dirige tantôt transversalement vers le hile, tantôt, et le plus ordinairement, verticalement vers le sommet de la loge. Les Rutacées renferment des arbres, des arbrisseaux et des herbes. Elles habitent les tropiques ainsi que les zones tem- pérées;dans la moitié qui s’en rapproche. Leurs feuilles sont accompagnées ou dépourvues de stipules , simples ou compo- sées. Leur infloreseence n’a rien de fixe. Leurs propriétés et leur composition chimique offrent aussi quelques différences qui servent encore à confirmer les cou- pes établies. Elles contiennent fréquemment une huile essen- tielle qui, renfermée.dans de petites vésicules transparentes, fournit, par les points dont sont alors parsemées les diverses parties du végétal, un bon caractère botanique. Plusieurs aussi sont a par leur amertume, De ces, deux, prin- cipes, l’un aromatique et l'autre amer ; lepremièr domine dans RuTACÉESs. 447 certains groupes (Diosmées du Cap, de la Nouvelle-Hol- lande... ), le second dans certains autres (Cuspariées , Sima- roubées…...), et il en est d’autres enfin ( Diosmées d'Améri- que, Zanthoxylées…...), où ils se montrent tous deux concur- remment. Parmi les caractères généraux des Rutacées, nous en voyons quelques-uns constans: ce sont ceux du groupe en- tier, dont ledéveloppement n’auroit d'avantages que fait com- parativement avec celui de très-grands groupes voisins, ‘et doit conséquemment être omis ici. Nous en voyons quelques autres importans, mais un peu plus variables, et ils peuvent servir à l’établissement de groupes secondaires : tels sont l’hermaphroditisme ou le diclinisme des fleurs, la structure du pistil et du fruit, et surtout celle de la graine. Celle-ci peut encore nous fournir des caractères pour subdiviser les groupes les plus nombreux, ainsi que l'insertion hypogynique ou périgynique des étamines, Un quatrième ordre de caractères se trouve dans le nom- bre et dans la forme des parties : ce sont les caractères généri- ques. Je les développeroisieï, s’ils ne devoient pas mieux res- sortir de la description comparative et précise de tous les genres qui va suivre. Cependant, avant de terminer cette partie, je dois ajouter quelques mots sur un dernier caractère dont je n’ai pas parlé précédemment, et dont la valeur jusqu'ici n’est pas bien pré- cisée, je veux dire de la préfloraison. Elle est assez variable dans les Rutacées, puisqu'on la voit quelquefois différente non-seulément dans les groupes ou les genres différens, mais jusque dans les espèces d’un même genre, dans les fleurs d’une même espèce, dans les parties d’une même fleur. Nous \ 448 RuTAcÉESs. nous contenterons de citer pour exemples le Zzerza où la préfloraison des pétales est valvaire dans quelques espèces, convolutive dans d’autres; un Sznarouba où elle se présente tantôt convolutive, tantôt tordue; des Pélocarpus où les bords des pétales se recouvrent inférieurement l’un l’autre, et supérieurement ne font que se toucher. Ce ne sont cepen- dant là que des exceptions; et, si l'on en fait abstraction, si l'on se contente des résultats les plus généraux, on trouvera que la préfloraison des pétales est tordue dans les Simarou- bées, que dans les autres groupes elle est convolutive, ou présente le plus souvent une disposition intermédiaire aux deux modes précédens (1); un pétale est extérieur, un autre intérieur, les autres recouvrent par l’un de leurs bords, et par l’autre sont recouverts. Les filets des étamines sont ordi- nairement très-courts ou presque nuls dans le bouton; les cas où ils y sont déjà développés et pliés sur eux-mêmes sont fort rares (quelques Phebalium , Brunellia.…..). Les pièces du calice sont en général trop courtes pour se toucher; quand elles se touchent, leur préfloraison est ou valvaire ou plus souvent convolutive. (1) En conséquence je l’ai appelée convolutive-tordue ( contorto-convolutiva ). Il existe un assez grand nombre de plantes, non-seulement dans les Rutacées, mais dans d’autres familles, où des boutons voisins offrent les uns ce mode de préfloraison , les autres, la préfloraison soit convolutive, soit tordue. Ces deux dernières dispositions paroissent donc moins différentes entre elles qu’on ne l’avoit cru d’abord , et de simples modifications de celle que M. Brown a désignée sous le nom général d’imbriquée. De celle-ci à celle qui en est l’opposce, c'ést-à-dire; la préfloraison valvaire, on trouve aussi quelquefois des passages insensibles. Mais il n’en reste pas moins beaucoup de cas où la préfloraison fournit un bon carac- tère ; et d’ailleurs jusqu’à ce qu’on ait bien fixé la valeur de ce caractère en le vérifiant dans toutes les plantes, il est nécessaire de l’exprimer dans ses diverse modifications par des termes précis el rigoureux. 449 MÉMOIRE SUR LE GROUPE DES RUTACÉES. SECONDE PARTIE. RUTACEZÆ. Frores hermaphroditi aut rariùs abortu diclines. Caux 4-5-rarissimè-3-divisus. Perara totidem alterna, libera aut rariùs in corollam pseudo- monopetalam inter se coalita ; rarissimè nulla. STAMINA nunc numero petalis æqualia cumque is alternantia, nunc dupla alternatim breviora ; quædam interdüum abortiva et diversè figurata. FrzamenTa gynophoro vel rariüs disco hypogyno in- frà inserta ; rard , disco cum basi calicis concrescente, perigyna ; nuda aut squamulà ad basin aucta ; libera aut rariüs inter se coa- lita vel tubo corollæ monopetalæ adglutinata. Anrnerx biloculares, loculis rimä longitudinali dehiscentibus. Ovariun liberum. Zoculi petalis numero æquales et oppositi aut rariùs pauciores, verticillati, nunc circà axem communem inter se connati, nune omnind aut partim distincti. Ovura in singulis angulo interno adfixa , sæpissimè 2, rarius 1 vel 4-20. Srvu tot quot loculi, nune in unum coaliti, nunc basibus aut rariùs omnind distinct. Sricma totidem lobis sulcis-ve plerumque notatum. Frucrys nunc simplex per valvas loculis numero æquales medio- que septiferas dehicens, vel sæpiùs in totidem cocca plerumque Mém. du Muséum. t. 12. 58 450 ZLycoPHYLLEZ. M bivalvia solubilis, rariùs indehiscens$ nunc compositus & pluribus drupis vel frequentiùs capsulis: Sarcocarpium tenue aut plus mi- nùs densè carnosum. Endocarpium tenue ant lignosum , huic arctè adhærens, aut ab eodem solubile ipsumque bivalve. Sema ovulis plerimque abortu pauciora. Zntegumentum mem branaceum vel sæpiùs testaceunr. Perispermum nune carnosum aut corneo -cartilagineum, nunc nullum. Ewsryo albicans vel virides- cens , radiculé rectà saummumque loculum spectante vel rard obli- què versùs hilum transversà, cotyledonibus formà variis. Ansores , arbusculæ, frutices aut herbæ, intrà tropicos crescen- tes aut extrà eosdem , sed non ultrà calidiores zonæ utriusque tem- peratæ regiones versùs polos ‘procedentes. Forra stipulis destituta aut rariüs basi stipata, opposita vel alterna , simplicia vel com- posita. INFLORESCENCIA varia. + ZYGOPHYLLEZÆ. RUTACEARUM sectio prima. J. — ZXYGOPHYLLEÆ. R. Brown. —Kunth. — DC. Prodr. Flores hermaphroditi regulares. Calix 4-5 divisus; præfloratio convolutiva. Petala totidem paulo longiora, unguiculata, in præ- floratione (plerumque convolutivä) primd brevissima et squamu- loïdea. Stamina numero petalorum dupla, basi dilatatà nune nuda nunc dorso squamulæ imposita, hypogyna. Ovarium simplex, basi interdüum glandulis vel disco brevi ad ambitum sinuato stipatum, plüs minüs altè 4-5-sulcum, 4-5-loculare. Ovula in loculis sin- gulis 2 aut plura, angulo interno adnexa, pendula aut rariüs erecta. Stylus simplex, sæpè 4-5-sulcus. Stigma simplex aut 4-5- lobum. Fructus capsularis, rarius sub-carnosus, 4-5-gonus-pterus- ve, per valvas 4-5 medio septiferas aut rariüs in totidem cocca de- hiscens, sarcocarpio ab endocarpio non solubili. Semina sæpiùs abortu ovulis pauciora , nunc Compressa et post exsiccationem sca- bra , nunc ovoïdea lævia, integumento tenui herbaceo. Perisper- LYGOPHYLLEZÆ 451 mum in Tribulo nullum, in cæteris corneo-cartilagineum,, albicans. Embryo viridis, radiculà superà , cotyledonibus foliaceis. Hesbæ, frutices, vel arbores:ligno durissimo, ramis sæpè ad nodos articulatis. Folia stipulacea, opposita, rarissimèsimplicia , nunc impari-pinnata, nunc sæpiùs abruptè petiolo apicé in laci- niam brevem ( folioli rudimentum ?) tunc producto, foliolis sessi- Libus , integris, inæquilateris , rariüs inter se alternantibus , epunc- tata. Pedunculi axillares aut sæpiüs inter binas foliorum opposi- torum slipulas enati, ad nodos-solitariirarius-ve fasciculati , 1-flori vel rarissimè 2-5-flori; floribus..albis ;, coruleis, rubescentibus ; sæpè luteis. E speciebus, plurimæ partem zonæ utriusque temperatæ cali- diorem incolunt, pauciores intrà tropicos. Quædam Americanæ , eædemque vulgd frutescentes aut arborescentes perispermoque se- minis magno notandæ. Cæteræ fruticuli aut herbæ , perispermo te- ui aut rariùs nullo ; è quibus pleræque ab Europà australi et Africà boreali usque ad Asiæ terminum orientalem diffusæ , nonnullæ Ca- penses, paucissimæ Australasicæ. Zygophylleæ Geraniaceis aflines, mediante præsertim Oxalide, à quà differunt stylo unico neque multiplici, seminis integumento, foliis constantiùs oppositis stipulaceisque ; iüsdem, frequentissimä fructüs et imprimis constanti seminis structurà , à cæteris Rutaceis facilè dignoscendæ. SECTIO PRIMA. Stigma stylo brevi latius, 5-rariès-10-costatum. Fructis loculi sin- guli indehiscentes, extüs tuberculati aut spinosi, interiès per septa sæpiùs transversa divisi in loculamenta plura absque abortu 1-sperma. Perispermum semini nullum. TRIBULUS. Tab. 14, ne. 1. Trwvzus. Tourn.— L— J. — Gærtn.—Kunth. — DC. Calix altè 5-partitus, sæpiüs persistens. Petala 5 longiora. Sta- 58" 452 " BrcopnyLirex. mina 10 filamentis nudis, quinque alterna (quæ calici opposita) glandulä ad bâsin extüs stipata. Ovarium sæpiüs infrà cinctum ur- colo 10-dentato vel squamulis 5 calici oppositis, pilis adpressis vestitum, 5-loculare, loculis 3-4-ovulatis, ovulis superpositis ex angulo interno obliquè pendalis. Stylus brevis aut subnullus. Stigma magnum 5-costatum. Fructus 5-coccus, coccis diù inter se connatis, demüm solubilibus, indehiscentibus , extüs regulariter tubercula- tis aut spinosis ; intus per septa obliquè transversa divisis in lo- culos 2-4 superpositos , 1-spermos. Semina ovato-acuta, ex angulo interno oblique suspensa. Integumentum simplex , membranaceum. Embryo rectus, absque perispermo. Herbæ diffusæ. Folia opposita, altero sæpè minore, 2-stipulacea, abruptè pinnata. Peduneuli in axillà folii minoris alternatim soli- tarii, 1-flori, floribus luteis aut albis.—In Zribulo maximo (Kars- TROEMM Scop. ), stigma 10-costatum; ovarium 10-loculare, loculis rectis 1-ovulatis, ovulo pendulo; fructus 10-coccus. Nüm reverà genus distinguendum ? i Ons. Species 7, præler paucas in herbariis innominatas, ab auctoribus enume- rantur. Extrà calidiores zonæ temperatæ plagas versus septentrionem non proce- dunt , passim in orbe diffusæ : inveniuntur enimin Americæ utriusque continente, Antillis, Europà australi, Egypto, Mauritani&, Senegaliä, insulis Africanis aus- tralibus , Indiä, Ceylone , Javà, Timor, Philippinis, Chinä, Japoniä. — Genus à cæteris Zygophylleis distinctum structurä stigmatis; coccis solubilibus indehiscen- tibusque , embryone nudo. Præfloratio petalorum convolutiva , Sicul et calicis laciniarum mutuo sibi margi- nibus tantüm incumbentium. — E staminibus decem, quinque calici ôpposita paulo reliquis breviora (quod notandum est, cum eadem, non mod in aliis Ru- taceis, sed in plerisque floribus dyplostemonibus, contrà longiora sint) ; quinque opposita petalis, eorum basi interdum inseruntur in plerisque speciebus, sed in T”. alato quædam aut omnia desunt.—Funiculus brevis sub apice seminis inseritur et indé fasciculum (seu raphin} emittit linearem , demüum in areolà fuscä basilari (chalazæ respondente) diffusum. — Cotyledones ovatæ, compressæ, Curm radicul4 superà seu axim speclante, conico-compressä, quasi continuæ. LYGOPHYLLEZ. 453 SECTIO SECUNDA. Stylus apice attenuatus in stigma simplex aut 4-5- fidum. Fruc- ts loculi plertmque dehiscentes, extüs inermes, inlès indivisi, nunquam nisi abortu 1-spermi. Perispermum semnini corneo- cartilagineum. ' FAGONIA. Tab. 14, ne. 2. Faconra. Tourn. —L. — J. — Gærtn. — DC. Calix altè 5-partitus, deciduus. Petala 5 longiora, unguiculata. Stamina 10, filamentis basi nudis. Ovarium acutè 5-angulatum , 5-loculare, loculis 2-ovulatis , ovulis è funiculo ascendente pendu- lis. Stylus summo ovario continuus, similiter 5-angulatus, persis- tens. Stigma acutum , 5- sulcum. Fructus capsularis, 5-coccus , coc- cis compressis, ab axi centrali persistente demüum solubilibus, 2-valvibus, 1-spermis. Semina ovata, compressa, scabra , ab axis _basi erecta: Embryo in perispermo tenui rectus, radiculà hilo ad- versä. Herbæ basi lignescentes, ramis patentibus, Men axillari- bus. Folia opposita, 2-stipulacea stipulis sæpè spinescentibus, ter- nata aut rariüs (et in eodem interdum ramo) simplicia vel potiùs 1-foliolata, foliolis mucronulatis. Pedunculi inter stipulas foliorum oppositorum enali, solitarii, 1-flori , floribus purpureis violaceis- ve, rarius lutescentibus. Sæpissimè partes quædam hispidæ pilis brevibus interdum apice tuberculosis. Oss. Species 10 ex Europä australi et oriente, Mauritanià, Egypto , Arabiä, Persia, Indià : an omnes salis inter se distinctæ ? Filamenta vulgo à basi ad apicem attenuata, eadem tamen in F. Ofrent ii tenuis- sima et sub apice clavatim dilatata. — Stigma interdum sub-5-dentatum, — Fas- ciculus duplex & stylo continuus angulum internum sequitur cujuslibet loculi; ad cujus basim duplex inde assu#git funiculus, uterque ovulum suspensum ipsique applicitum ferens. In fructu autem maturo, semen jàm non suspensum , sed contrà 454 ZycoPuyLLEz. erectum & funiculo brevi et crasso qui ë pedunculo oritur et circà basim axis post occorum occasum aliquandiu persistit : tumque à seminis insertione basilari usque ad punctum apicillare radiculæ respondens, discernitur tantum lignea nigrescens, an funiculi cum semine coaliti vestigium? — In semine juniori, integumentum exterius viride, succosum , Tæve; embryo viridis visco albicanti subpellucido invo- lutus : in planè maturo, perispermum corneo-cartilagineum , crustulà vestitum tenui, scabrä, extüs ab aquà in mucilaginem pellucidam intumescente. Integu- mentum interius notat Gærtnerus (vol. 2, p. 153, tab. 113) « Coriaceum, tenue, albumini arctissime adnatum , ferrugineum. » — In FÆ. Bruguierii plerumque folia inferiora ternata , superiora inæqualiter 2-foliolata , extrema 1-foliolata. ROEPERA. Tab. 15, n°. 3. ZxcoruyLir spec. DC. Calix altè 4-partitus, persistens. Petala 4 longiora, unguiculata. Stamina 8 , filamentis basi nudis. Ovarium basi squamulis 4 calici oppositis cinctum, 4-costatum , 4-loculare , loculis 2-ovulatis, ovu- lis ex angulo interno infrà. apicem suspensis. Stylus et stigma 4- sulca. Fructus capsularis, 4-angulatus, angulis in alam reticulato- venosam expansis, 4#locularis, loculis 3 sæpiüs effœtis. Semina abortu solitaria, ovato-acuta, compressa, scabra, pendula. Em- bryo in perispermo tenui , radiculà hilo proximä. Frutices, ramis patentibus. Folia opposita, stipulis binis inter- jectis, 2-foliolata ; petiolis complanatis. Pedunculi in stipulæ axillà solitarii geminati-ve, 1-flori, flore ( in siccis speciminibus) pal- lidè flavo. Habitus Zygophyllorum. Ons. Species 2 e Novi-Hollandià occidentali, nempe : Zygophrllum fruticu- losum DC. et Z. Billardierti DC. (cujustamen stamina non vidi).—Genus dicatum amico J. Rœper cui debetur enumeratio Euphorbiarum germanicarum pannonica- rumque, in quà sagacissime non tantum genus illustratur , sed et quæstiones non- nullæ botanicæ magni momenti obiter tractantur. Squamulæ 4 ovarii basi circumpositæ , introrsum glabræ, extrorsum tomentosæ : medioque areolà ex impressione basis filamenti notatæ, — An ovula (diflicillimé conspecta) duobus plura in quolibet loculo. 2 fabriça plané ut in Zygo- phyllo. D. ZYGOoPHYLLE x. 455 ZYGOPHYLLUM. Tab. 15, n°. 4. Zycoruyrium. L. — J.— Gærtn.—Faraco. Tourn.— Adans. Calix altè 5-partitus, laciniis subinæqualibus. Petala 5 his subæ- qualia aut longiora, unguiculata. Stamina 10 inter se subinæqæalia, filamentis basi squamulosis. Ovarium gynophoro brevi nunc convexo subnulli-ve, nunc sæpius concavo et disciformi impositum, 5-go- num, 5-loculare, loculis 2-pluri-ovulatis , ovulis ex angulo interno suspensis. Stylus simplex in stigma minutum apice attenuatus. Fruc- tus capsularis, 5-gonus-pterus-ve, 5-locularis, per totidem val- vas medio septiferas dehiscens aut rariüs in totidem cocca solu- bilis. Semina abortu ovulis pauciora, subreniformia, compressa , scabra, pendula. Embryo in perispermo tenui , radiculä hilo proximä. Frutices , suffrutices aut herbæ. Folia opposita , 2-stipulacea sti- pulis membranaceis, 2-aut rarissimè 1-foliolata : foliola sæpè car- nosa , plana aut rariüs terelia, petiolata petiolo non rard compla- nato , interdüm subnullo et tùm in ramis quasi cruciatim verticil- lata. Pedunculi inter stipulas foliorum oppositoram énati ; solitarii aut geminali, 1-flori. Petala rubra, alba aut plerumque flava, sæpè maculà basilari nervisque flabellatis rubescentibus violaceis-ve no- tata. Numerus partium rariüs quaternarius. Oss. Species 14 enumerantur hüc referendæ, multæ Capenses, cæteræ e Ca- narüs, Mauritanià , Egypto, Arabiä, Syrià, Taurià : quibns insuper adduntur 2 Americanæ, altera (Z. tridentatum DC.) Mexicana, altera (Z. æstuans 15} ;] Surinamensis , flore et fructu ignoto. Z: arboreum aflinius videtur Guaiaco (quod genus infra vide). Z. lanatunr Willd., e Sierra-Leona, species ambigua, auctore ipso confitente, folüs ternatis, filamentis basi parum dilatatis, stylis 5 filiformibus, seminibus solitariis, differt à Zygophyllo , forsän propius Oxalidibus oppositifolis , forsän proprii generis, certe dubii. Præfloratio petaloram convolutiva aut contofto-convolutiva, = Filamenta ‘in alabastro brevissima et erecta, deinde elongata et varie flexuosa, demüm rursüus erecta. — Antheræ versatiles. — Squamulæ staminiferæ integræ aut sæpius ciliato— laceræ , interdüum (ut in Z. semplici) bipartitæ.—Discus inter stamina et ovarium annularis, in multis (utin Z. albo , coccineo, simplict, morgsand.. ..) jam notatus 456 Zyx GOPHYLLEZ. à Kunth. —- Ovula in ovario succoso quasi nidulantia ; in loculis singulis duo (F: album... ) aut sæpiüs plura (Z. fabago, sessilifolium..…. ); e funiculo brevi et oblique ab axe suspenso, ipsa nunc infrà apicem (Z. fabago; sessilifolium..…… A aunc basi (Z. simplex, album... ) aflixa. — Stigma quintuplex in Z. albo (tes- tante Reichard) et in Z. simplici (testante Necker qui inde genus AGROPHYLLUM institwit) , simplex mihi ut in cæteris visum est. — De seminis structurä ambigunt auctores. Ex Gærtner (vol. 2, p. 144, tab. 112), « Integumentum duplex, exte- » rius herbaceo-carnosum , tenue, in recenti fructu subbaccatum , interius crusta- » ceum, albicans, fragile. Albumen nullum. » Attamen integumentum hoc inte- rius perispermum vocat Kunth, cui assentior duce analogià, cum ipse Gærtner partem in semine Fagoniæ omnibus notis simillimo analogam albumen esse judi- caverit. Exterius autem in semine exsiccato crebris rimulis finditur subque formà crustulæ scabræ tantüm persistit. — Ramuli in Z. fabagine indè convexi, hinc (undèe peduneuli oriuntur) plani. — An in speciebus simplicifolis dictis, petiolus superstes (innuente Kunth) pro folio habitus? - LARREA. Tab. 15, n°. 5. Larrea. Cav. — DC. Calix altè 5-partitus, laciniis inæqualibus. Petala 5 longiora, unguiculata. Stamina 10, filamentis basi squamulosis. Ovarium breviter stipitatum, globosum, altà 5-sulcum, 5-loculare loculis 5-6 ovulatis, ovulis ex angulo interno suspensis. Stylus 5-gonus, apice acutus, demüm 5-fidus. Fructus altè 5-angulatus, in nuces 5 solubilis evalves, in quibus semina abortu solitaria, ovoïdeo- oblonga, lævia, pendula. Embryo in perispermo denso rectus, ra- diculà hilo proximà. | Frutices ramulis distichè alternantibus , sed singulis basi 2-sti- pulaceis (ideoque axillaribus ) et nodulo gemmiformi vel interdum foliifero oppositis. Folia opposita, 2-stipulacea stipulis brevibus, acutis, pinnatisecta vel 2- partita-fida-ve. Pedunculi inter binas foliorum oppositorum stipulas enati, solitarii, 1-flori, floribus luteis. Os. Species 3 Bonarienses (e Mendozä in Andium clivo orientali). — Charact. € specim. sicco et florifero Larreæ nitidæ et e Cavanilles icon. 6, p. 39, tab. 559- ZLYcaoPHyLLE x. 457 nd . « 5 2 = N . . 00. — Squamulæ apice bifidæ, basi staminiferæ. — Fructus breviter villosi aut pilis longis mollibus tecti. — Embryonem subvirentem in perispermo crassiori , albicante notavit Cavanilles , de integumento proprio seminis tacuit. PORLIERIA. Tab. 16, n°. 6. PorzrertA. Ruiz. Pav.—DC. Calix altè 4-partitus. Petala 4 pauld longiora, subunguiculata. Stamina 8, filamentis basi squamulosis. Ovarium gynophoro brevi impositum, 4-sulcum, 4-loculare, loculis 4-ovulatis, ovulis ex an- gulo interno infrà apicem suspensis. Styli 4 inter se coaliti, apice tamen distincti. Fructus carnosus , globoso-4-lobus , 4-locularis. Semina abortu solitaria, ovoidea, lævia, pendula. Embryo in pe- rispermo denso subarcuatus, radicul4 hilo proximà. Frutex ramis patentibus, rigidis. Folia opposita, 2-stipulacea süpulis brevibus spiniformibus, abruptè pinnata foliolis subop- positis, ex axillis emittentia nunc ramulos alternos , nunc in ra- mulo subaullo foliam duplex et tunc indè quasi ternatim fascicu- lata. Pedunculi 1-flori, fasciculati, fasciculis paucifloris. Os. Species unica Chilensis et Peruviana (vernacule Zurucasa), cujus folia aperta futuram cœli serenitatem, contracta pluviam prænuntiant. — Genus me- dium inter Guaiacum et Larream, priori seminis structurà accedens, posteriori staminibus basi squamulosis et habitu , à genere utroque partium numero &iscre- pans. — Tunica seminis tenuis, corrugata ; perispermum albicans ; embryo pallide virescens. GUATACUM. Tab. 16, n°. 7. Guaïacum. Plum. — L.— J.— Gærtn. — DC. Calix altè 5-partitus, laciniis inæqualibus. Petala 5 longiora, unguiculata. Stamina 10, filamentis basi nudis. Ovarium basi in stipitem attenuatum, 2-5-angulatum, 2-5-loculare, loculis 8-ovu- latis, ovulis ex angulo interno infrà apicem suspensis. Stylus bre- vis, basi ovario subcontinuus, apice acutus. Fructus brevissimè pedicellatus, subcarnosus, profundè 2-5-angulatus, angulis com- Mém. du Muséum. 1. 12. 59 458 ZycoPpuyLLEz. pressis, 2-5-locularis. Semina abortu solitaria, ovoïdea, lævia , ! pendula. Embryo in perispermo deuso sub-rectus, radiculà hilo proximä. Arbores ligno duri issimo , ramulis nunc ramulo breviori, nunc folio oppositis, ad nodos articulatis. Folia opposita, 2-stipulacea stipulis caducis , abruptè pinnata, 1-7-juga , foliolis coriaceis , re- ticulato-nervosis. Pedunculi inter binas foliorum oppositorum sti- pulas enati et oppositè geminati, 1-flori, floribus cœruleis. Os. Species 3 Antillanæ ; quarta ex insulà Tongatabu, sed, nomine ipso indi- cante, dubia : quibus accedere insuper videtur Zygophyllum arboreum Jacq., toto habitu et plerisque characteribus simillimum, discrepans tamen foliolis alternis pedunculis 2-3-floris, filamentis basi squamulæ hypogynæ adnatis; an ided Zygo- phylli Larreæ-ve potius congener? structura seminis ignota locum dat dubitationi. Præfloratio petalorum convolutiva+aut contorta-convolutiva. — Antheræ post dehiscentiam in spiram -convolutæ. — Seminis tunica, imprimis basi et apice crassiuscula, incolor vixque vascularis. Embryo viridis cotyledonibus foliaceis, suboblique situs intrà perispermum densum, corneo-cartilagineum , rimis tenuis- simis incisum , albicans , sed extus membranä vestitum obscurà , tenuissimä , per- tinacissimè ipsi adnatà neque exsolvendä , intrà rimas ejus inde fucescentes pene- trante : quod testatur et Gærtner (vol. 2, p. 148, tab. 113), qui fructum Guaïaci sancti 5-locularem, pro fructu G. officinalis 2-loculari descripsisse videtur. Genera Zygophylleis affinia. BIEBERSTEINIA. Breserstennra. Steph. — DC. Prodr. Calix altè 5-partitus. Petala 5 unguiculata. Stamina 10 filamen- tis subulatis, antheris versatilibus , quinque petalis opposita bre- viora, quinque alterna sub basi glandulà extüs stipata. Ovaria 5 distincta , compressa, 1-ovulata sv pendulo. Styli totidem ex an- gulo interno ovariorum suprà basim orti, distincti et apice tantüm in stigma Capitatum coaliti, seriùs omninà liberi. Fructus è carpel- lis 5 1-spermis. Herbæ perennes glandulis stipitatis certe Folia alterna, impari- ZYGoPHYLLEÆ. 459 pinnatisecta, segmentis incisis, stipulacea stipulis petiolo adnatis. Flores in racemum terminalem, simplicem dispositi. Os. Species 2, altera Persica, altera ë montibus Altaicis. — Charact. & flore pricris sicco et e prodr. Candoll. (v. 1 , p.707). — De Candolle genus hoc Zy- gophylleis dubie consociat quibus reverà accedit præfloratione (in quà laciniæ calicis quinconciatæ, petalaque membranacea iisdem breviora); numero et formä filamentorum, quæ complanata, subulata, glandulà alternatim (utin Tribulo) stipantur ; loculis pistilli compressis et ovulorum sub apice suspensorum situ. Ab tisdem discedit habitu, foliis alternis, ovariis stylisque distinctis, ovulis solitarüs ; medium inter Zygophylleas ovario simplici et Rutaceas alias eodem composito distinctas ; neutris , antequäm fructus benë innoluerit, adjiciendum. MELIANTHUS. Tab. 28, n°. 48. Mexranraus. Tourn. — L —. J.— DC. Calix coloratus, magnus, 5-partitus, laciniis inæqualibus et formä diversis ; infimà remotä cæteris breviore, deorshm gibbä et cucul- latà, intùs cavä et fovente glandulam mellifluam membranä pro- prià conduplicatà cinctam. Petala 5 calice breviora, ligulæfoima ; quatuor inferiora declinata, basi et apice distincta, medio adglu- tinata; quintum nunc cæteris proximum, nunc procul inter laci- nias duas calicinas superiores enatum, minimum, sæpiüs deficiens. Stamina 4 ovarlio circumposita, subque eodem inserta, duo supe- riora libera, duo inferiora breviora, basi connata, inter ovarium et glandulam media. Antheræ incumbentes. Ovarium 4-sulcum, divisum in loculos 4 per septa totidem superiüs incompleta, ibidem- que margine libero 2-4-ovulifera , inferiùs contigua et coalita. Sty- lus simplex, intüs tubulosus, extüs 4-sulcus, apice subincurvus et in stigma sub-4-fidum attenuatus. Fructus induviis marcescen- tibus basi stipatus, membranaceus, vesicarius, 4-locularis , locu- lis circum in alam reticulatam compressis, suprà distinctis et angulo interiore dehiscentibus, infrà inter se coalitis, medio tur- gidis, 1-spermis. Semina subglobosa, nitida. Perispermum carti- lagineo-carnosuni , densum, album. Embryo axilis, viridescens, 5e 46o ZYGOPHYLLEÆ. radiculà hilum spectante, subtereti, cotyledonibus lineari-ovatis, tenuibus subæquali. Frutices. Folia alterna, impari-pinnata, foliolis dentatis, inæ- quilateris, latere inferiore decurrente in peliolum indè inter juga alatum, inferius nudum, basi stipulaceum, stipulis nunc dis- tinctis, nunc in unam ipsi intüs adnatam maximam connatis. Flores in racemis axillaribus terminalibus-ve breviter pedicellati, singuli bracteati ; inferiores interdüm (observante Vahl) apetali tantimque 2-antheri, filamentis aliis sterilibus. Ons. Species 3 Capenses. — Genus mirè abnorme. An calicis laciniæ petalaque tantum 4, tot scilicet quot stamina loculique exstant, numeranda , et quinta lacinia cuculliformis et ab axi remota pro appendice habenda, quæ nutritioni partium vicinaram, omnium ided breviorum , noceat ? An admittendus numerus earumdem partiumn quiuarius, qualis in Tropæolo pentapetalo octandro et triloculari, cum quo Meliantho, propter calicis cucullum staminumque et petalorum situm, quæ- dam similitudo potius quam aflinitas ? Ovulis, fructu tetraptero loculicido-4-valvi , seminis perispermo cartilagineo embryonem viridescentem involvente , foliis denique compositis et stipulaceis , accedit magis ad Zygophylleas. E lacinüis calicinis quinque , infima cuculliformis exterior , duæ supremæ maximæ duabus mediis angustioribus marginibus incumbentes : præfloratio igitur convolu- tiva. — Petala vel potius petalorum rudimenta medio tomentosa et inter se adglu- tinata, superius in limbum interdum foliaceum producta. — Filamenta linearia apice interdum dilatato, post occasum antherarum, petala æmulantur. — Styli tubus fasciculis quatuor interius longitudinaliter notatus , qui à stigmate excurrentes in margine interiori septorum continuantur ideoque curn loculis alternant. Ovarium secundum axim pedunculi situm; cujus loculi septis inferius coeuntibus discreti, superiüs üsdem incompletis mutu inter se pervii , nunc (in M. majore et M. mi- nore ) 4-rarius 5-ovulati , nunc (in M. comoso) 2-ovulati, ovulis plerumque ascen- dentibus aut transversis. — Seminum testa sub apice conico foveolä hili notata , hinc usque ad basim costà longitudinali angulata , jam in ovulis conspicuä. — In- terdim slipulæ inter foliorum juga inferiora observantur. RurTEez. 461 RUTEZXÆ. RUTACEARUM czwer4. J. — DC. Prodr. Flores hermaphroditi, regulares. Calix 4-5-divisus. Petala totidem præfloratione contorto-convolutivä, rariüs convolutivà vel &ontortà. Stamina numero -petalorum dupla aut. rarissimè tripla ; inserta circa basim gynophori interdum disciformem. Ovarium in lobos 3- 5 plüs minüsaltè partitum , 3-5-loculare. Ovula in singulis loculis 2 vel 4-20, pendula vel placentario adnata. Stylus simplex aut sæpiüs (in ovariis altè lobatis ) basi multiplex. Stigma 3-5-gonum-suleum- ve. Capsula nunc rarissimè loculicido-3-valvis, nunc 4-5-oba, lo- bis apice et introrsum dehiscentibus , sarcocarpio ab endocarpio non solubili. Semina sæpiüs abortu ovulis pauciora, pendula aut ad- nata, reniformia , scrobiculata, integumento testaceo: Embryo intrà perispermum carnosum concolor aut viridescens, radiculà superà, cotyledonibus complanatis. Herbæ perennes vel fruticuli. Folia exstipulacea (unä except), alterna, simplicia, vel altè Hobata, vel rarius pinnata, vulgd pel- lucido-punctata. In plerisque ramuli extremi corymbosim vel ra- cemosim floriferi, floribus albis vel sæpiüs luteis. Species extrà tropicos, hemisphærii nostri partem australem à Canariis usque ad Asiæ terminum orientalem incolunt. Peganum Ruteas connectit Zygophylleis, his affine foliis stipula- ceis, epunctatis, stylo unico, ovulis infrà apicem suspensis ; fructüs simplicis dehiscentià, perispermo corneo-carnoso arctè tunicæ ad- hærente. Ab iisdem dignoscuntur foliis alternis, exstipulatis, stylo ad basim multiplici, ovulorum situ, perispermo carnoso ; à Dios- meis autem endocarpio non solubili. . PEGANUM. Tab. 16, n°. 8. Pecanum. L.— J. — Gærtn. — DC. — Harmara. Tourn. Calix 5-partitus, laciniis foliaceis , oblongo-linearibus, integris aut pinnatifidis, persistens. Petala 5 subæqualia, integra, 3-ner- 462 Rure zx. via. Stamina 15 petalis breviora, nonnulla abortiva, filamentis gla- bris basi membranaceo-dilatatis, antheris lineari-oblongis. Ova- rium stipitatum stipite brevi infrà in discum brevem, crassum, cupulæformem , ambitu petaliferum staminiferumque expanso, globoso-3-lobum, 5-loculare, loculis multiovulatis, ovulis è placen- tario axili prominente sub apice appensis. Stylus simplex, erectus, apice trigono-clavatus et seriüs spiraliter contortns. Fructus sub- stipitatus, capsularis, sphærico-3-sulcus, loculicido-3-valvis. Se- mina abortu ovulis pauciora, angulato-reniformia, scrobiculata, perispermo corneo-carnoso, arctè integumento adhærente. Herbæ interdum perennantes, ramosæ. Folia alterna, simplicia aut pleraque irregulariter multifida, laciniis linearibus, epunctata, sessilia, basi dentibus 2 brevibus setiformibus stipulata. Pedunculi in summis ramis foliis oppositi iisdemque breviores, 1-flori. Flores albi nervis virescentibus. Diversæ partes graveolentes, glandulis tamen nullis conspiscuis. | Os. Species unica ex Europà australi et oriente. — Præfloratio petalorum con- torta.— Stamina subinæqualia , exteriora breviora —In fructu endocarpium tenue, Inter ejus laminas ad axem replicatas sicque dissepimenta constituentes, sarcocar- pium vix crassius irrepit et in dissepimenti cujusque margine medio incrassatur. Hinc tria placentaria dissipementis opposita ; unde fit ut in quolibet loculo semina duobus semiplacentariis juxtapositis inserantur. Ovula autem in loculo circiter 20, 4-seriatim disposita , brevibus adnexa funiculis qui sub ipsorum apice adnati hinc usque ad basim decurrunt : situs ovulorum varius, superioribus ascendentibus, inferioribus pendentibus, mediis transversis.— Integumentum seminis extüs spon- gioso-scrobiculatum ; intüs arctè adhærens perispermo corneo-carnoso , albo , cum- que eo confusum. Embryo lutescens, axilis, subarcuatus ; radiculä hilum spec- tante, oblongà, tereti, cotyledonibus radiculä vix longioribus, ovatis, tenuibus. Confer Gærtner (2, p. 87 , tab. 95). RUTA. Tab. 17, n°. 0. Rurx spec, auctorum. Calix brevis, 4-partitus, serd deciduus. Petala 4 longiora, un- guiculata, limbo fornicato plerùmque laciniato sinuato-ve. Stamina RuTez. 463 8 petalis longiora, 4 breviora üis opposita, filamentis subulato-fi- liformibus, glabris, antheris ovatis apice obtusis. Ovaria 4 axe centrali mediante partim coalita in unum apice 4-lobum , infrà impositum gynophoro plermque latiori, in ambitu poris nectari- feris 8 notato , basi petalifero staminiferoque, singula 6-12-ovulata, ovulis in placentario intrà loculum prominente biseriatim et obli- què peritropis. Styli 4 ex angulo interno ovariorum suprà axim communem enati, statim in unicum coaliti staminibus breviorem, a basi ad apicem attenuatum, stigmate æquali 4-sulco terminatum. Capsulæ 4 partim in unicam coalitæ, apice et introrshm dehiscen- tes. Semina angulato-reniformia, punctata , perispermo carnoso. Herbæ perennes suffrutices-ve. Folia alterna, exstipulacea, nunc pinnata, nunc sæpissimè decomposita, pellucido-punctata. Ramuli extremi axillares aut terminales, nunc dichotomè , nunc irregulariter et furcatim ramosi, subaphylli aut tantüm foliolis simplicibus , parvis, bracteiformibus , frequenter sparsis vestiti, floriferique floribus corymbosim aut racemosim dispositis, luteis aut rarissimè albis. Sæpissimè in furcis dichotomiis-ve flos solitarius, breviter pedunculatus , extraaxillaris, in quo numerus partium quinarius. Diversæ Rutarum partes glandulis crebris foœtæ oleum volatile gra- veolens secernentibus. ; Ozs. Species 10 prisci orbis incolæ , in zonæ temperatæ arcticæ partibus australi- bus , Canariis, Africä boreali et Europä australi, Oriente, Nepaliä, Chinà , Japo- nià, diffusæ. — Huc Rutæ sectionum 1 et 2 Cand. prodr. seu compositifoliæ auctorum. Præfloratio petalorum convolutiva aut contorto-convolutiva. — Ovula in loculis Rutæ montanæ tantum gemina, collateralia. — Fructus in Æ. pénnatä (RurertA Medik.) subcarnosus. — Seminibus (in speciebus { observatis) testa extus punctata, anticè incrassata ; perispermum carnosum, album ; embryo nunc concolor, nunc in semine juuiori et recenti viridis , in siccato pallide flavescens , introrsum sub-ar- cuatus, radiculà superà , tereti-conicà, cotyledonibus lineari-ovatis planis incum- bentibus vix longiori. Non rara cotyledonis alterius aut utriusque bipartitio, embryone hinc quasi 3-/-cotyledoneo. 464 Rurez. APLOPHYLLUM. Tab. 17, N°. 10. RUTÆ Spec. auctorum,. Calix brevis 5-partitus, ser deciduus, Petala 5 longiora, ungui- culata , limbo plano integro. Stamina 10, 5 breviora filamentis op- posita , filamentis basi dilatatis et introrshm villosis, antheris ovatis apice glandulà minutà instructis. Ovaria 5 axe centrali mediante partim coalita in unum apice 5-lobum , infrà impositum gynophoro plerùmque latiori , obconico , basi petalifero staminiferoque, sin- gula 2-rarissimè-4-ovulata , ovulis in axe centrali subperitropis, altero pauld superiori. Styli 5 ex angulo interno ovariorum suprà axir communem enati, statim in unicum coaliti staminibus subæqua- lem, à basi ad apicem dilatatum et stigmate terminatum capitato , papilloso , 5-sulco. Capsulæ 5 in unicam partim coalitæ , apice et introrsùm dehiscentes. Semina reniforma , scrobiculata aut tuber- culata, perispermo carnoso. Herbæ perennes aut rariüs fruticuli. Folia alterna, exstipulacea , simplicia, pellucido-punctata. Inflorescentia Rutæ. Flores lutei , rarissimè albi, non infrequenter desiccatione viridescentes nigres- centes-ve. In speciebus paucioribus numerus partium senarius. Ons. Species 15, quoàd patriam , sicut generis præcedentis, dispertitæ, — Hüuc spectant Rutæ sectionum 3 et {4 Cand. prodr. sive simplicifoliæ. Quædam tri- foliæ vocantur quidem sed immerito : in his enim folia occurrunt nunc plerumque simplicia ; nunc quasi ternalim fasciculata , folits duobus gemmæ cum folio in cujus axillà fovetur simül explicalis; nunc deniquèe paucissima , basi folii caulini cum duobus axillaribus coalescente , folium 3-lobum mentientia. — Prætereà hüc refer- qe Peganum dahuricum ; species habitu simillima , afinis calice brevi 5-partito, staminibus 10 basi dilatatis, ovulorum situ et numero; discrepans tantum oyariis 3-4 non 5, filamentisque glabris : certè quidem Pegani minimè congener. Præfloratio petalorum contorto-convolutiva. — Ovaria interdum apice breviter corniculata , corniculo introflexo. — Semina (in speciebus 4 observata) punctata aut punctato-tuberculata, testà ad umbilicum incrassatä, perispermo carnoso , embryone concolori, introrsum arcuato, gracili, cotyledonibus incumbentibus radiculà tereti vix latioribus et paulè brevioribus. — Nomen generis à foliis sim plicibus, RuTEz. 465 Genus Ruteis afjine. CYMINOSMA! Tab. r7, n°. 11. Cymmnosua. Gærtn. — DC. Jamsorirera. L—Vahl.— Lour.—(non Houtt. nec Gærtn.)— Grra. Lour. Calix brevis , altè 4-lobus. Petala 4 multotiès longiora , angusta , apice revoluta. Stamina 8 petalis longiora , quatuor iisdem opposita cæteris breviora , filamentis complanatis subulatis , antheris ovatis. Ovarium disco impositum , eodem involutum concreto, basi tumido, superiüs attenuato, exteriùs tomentoso, carnosum , 4-loculare , lo- culis parvis 2-ovulatis, ovulis superpositis. Stylus terminalis, gla- ber, brevis, in stigma 4-sulcum desinens. Fructus baccæformis , sarcocarpio. Crasso, Carnoso , endocarpio tenui, crustaceo , 4-locu- laris , loculis 1-spermis. Embryo in perispermo carnoso, cotyledo- nibus ellipticis , radicalä brevi superà. Arbores aut arbusculæ. Folia opposita aut rariüs alterna, sim- plicia , petiolata, petiolo apice interdüm tumido et subgeniculato, magna, integra , minutissimè pellucido-punctata , aromaticum (ut et fructus) olentia. Pedunculi axillares aut terminales, basi sim- plices et nudi , superius in corymbos regulariter divisi. Flores luteo- virides aut albi, petalis filamentisque glanduloso punctatis. Os. Species 4 Asiaticæ enumerantur ; nempe Indicæ , Ceylonenses, Cochinchi- nenses, Sinenses.— Sed Jambolifera pedunculata Lour. (283) nostræ non conspe- cifica , neque forsan congener. J. odorata et J. resinosa ejusdem (28/4-85) generi accedere reverà videntur, priore tamen 1-spermä. — Charact. floris ex specimine sicco Cyminosmæ pedunculatæ DC. sive Jamboliferæ pedunculatæ L.; fructàs, ex descriptione et icone C. ankendæ Gærtn. (vol. 1, p.280 , tab. 58.) Petala in præfloratione valvatim adglutinata inter se, basi unguiculatà primum ab invicem solvuntur. — Duplicem statum staminum , 4 e basi petalorum Opposi- torum, totidem & thalamo nascentium, à Nees et Martius (loc. cit. p. 153) com- memoratum , nostra non confirmat analysis, quæ octo filamenta circà disci basim inserta ostendit. — Petala autem 8 sub fructu persistentia (auctore Gærtner), potiüs pro filamentorum comyilanatorum reliquiis habenda. — Discum descripsi ovario Men. du Buséum. 1. 12. 6o 466 RurTEez. toti circumpositum cumque ipso concretum , quoniam observatur in pistillo secto substantia duplex, altera centralis, carnosa, grisea, loculis excavata , altera priori circumposita , basi incrassata , glanduloso-carnosa , pallidé lutescens. Non-ne hinc ovarii stylique unitas, loculis intrà discum arcte coërcitis et sic coalescentibus ? Quo charactere Cyminosma recedit à plerisque Rutaceis multicoccis, quibus acce- dit contrà situ ovulorum alterius ascendentis, alterius appensi (1). DIOSMEÆ. DIOSMEÆ r1eræQue. R. Brown.—RUTACEZÆ r1eræque. DC. prodr. Flores hermaphroditi, regulares aut irregulares. Calix 4-5-divi- sus. Petala , nunc totidem , libéra vel in corollam pseudo-monope- talam coalita, nunce rarissimè nulla; præfloratio plerümque contorto- convolutiva, rarissimè subvalvata. Stamina petalorum numero æqualia vel dupla, aut abortu pauciora, hypogyna rariùs-ve peri- gyna. Discus seu urceolus pistillum cingens , liber aut calicis basi adnatus, sæpè nullus. Ovaria sessilia aut gynophoro imposita, nu- mero petalorum æqualia aut pauciora , nunc inter se connata , nunc omnind aut partim distincta : ovula in singulis 2 juxtaposila aut superposita , rarissimè 4. Styli ovariorum numero, omninÿ aut apice tantüm connati. Stigma æquale aut latins, sulcis lobis-ve tot quot styli exstant notatum. Fructus è capsulis 5-1 conflatus, iisdem, vel distinctis multiplex, vel rariùs inter se coalitis quasi simplex. En- docarpium à sarcocarpio introrsum dehiscente 2-valvi omnind solu- bile, ipsum 2-valve, valvis basi hiantibus et membranà connexis seminiferà. Semina geminata aut solitaria , integumento testaceo. ———————_———_———— —…—…—…——… … ….….… .….…"…—…——.——————— (1) Ovula tamen solitaria, pendula, teste Lindley, qui prætereà stigma bilobum lobis obsolete fissis describit, staminum situm confirmat, et, auctoritate Roberti Bron fretus , GELAM lanceolatam Loureir. , Ximeniæ dubie consociatam à Will- denow et de Candolle , certe conspecificam asserit Jamboliféræ pedunculatæ L., quamvis drupà uniloculari instructam ex auctoris descriptione. Vid. Report on the new or rare plants which have flowered in the garden of the horticult. Soc. at Chiswick, by J. Lindley. (From the hortic. Transact. , 1825, p. 10.) Drosmez. 467 Embryo in perispermo carnoso aut nullo , radiculä superà, rectà vel obliquà, cotyledonibus formä variis. Arbores, arbusculæ , frutices frequentiüs, rarissimè herbæ. Folia exstipulacea , opposita aut alterna , simplicia vel pinnata, punctis glandulosis sæpiüs pellucidis sparsa. Flores axillares vel terminales, variè dispositi, bracteati, albi vel rubescentes. Diversæ partes aromaticæ. Species vel intrà tropicos, vel in regionibus zonarum tempera- tarum calidioribus , degentes ; unica [Europæana, duæ Oceanicæ, cæteræ aut Americanæ aut Australasicæ aut Capenses; dividendæ in sectiones patrià simül ac botanicis characteribus inter se dis- tinctas, omnes tamen endocarpii bivalvis et à sarcocarpio solubilis notà communi connexas et à cæteris Rutaceis dignoscendas. + DIOSMEZÆ EUROPÆANÆ. Flores irregulares. Petala 5 distincta. Stamina numero dupla, libera, hypogyna. Discus 0. Ovaria 5 distincta, singula 4-ovulata. Styli totidem , superiüs coaliti. Seminum testa atra, nitida, tenuis. Embryo, intrà perispermum carnosum , album, modicè densum, concolor, radiculà rectà brevi , cotyledonibus ovatis juxtapositis. Herbæ. Folia alterna impari-pinnata. Flores racemosi terminales. Diosmea Europæana unica , è regionibus Australibus : à cæteris Diosmeis distincta loculis plusquäm biovulatis, structuräque se- minis simül ac flore irregulari. DICTAMNUS. Tab. 18, n°. 12. Dicramus. Li. — J. — DC. — Fraxinezra. Tourn. — Gært. Calix brevis, 5-partitus, laciniis inæqualibus (2 inferioribus longioribus), deciduus. Petala 5 longiora , unguiculata , lanceolata, inæqualia , irregulariter patula (4 sursùm geminatim opposita, quintum inferius declinatum). Stamina 10 similiter declinata : 6o* 468 DioSMEXÆ EUROPÆANE. filamenta subulato-filiformia , inæqualia, 5 petalis longiora ; an- theræ terminales, subrotundæ. Ovaria 5 tuberculoso-hispida , sti- piti glabro imposita, basi inter se connata ; 3-4-ovulata, ovulis axi medio adnexis. Styli 5 ex angulo interno ovariorum orti, mox in unum coaliti petalis breviorem ; declinatum , basi hispidulum , stigmate obtuso papilloso terminatum. Fructus stipitatus, 5-cap- sularis , capsulis verticillatis, inter se basi connatis , 2-5-spermis. Herbæ graveolentes. Folia alterna , imparipinnata , 4-6-juga , fo- liolis serrulatis, pellucido-punctatis, petiolis inter juga sæpè suba- latis: Flores in summis ramis racemosim dispositi, racemis infrà compositis, apice simplicibus, pedunculis bracteatis, pedicellis basi medioque bracteolatis ; speciosi, albi aut purpurascentes. Ramuli, pedunculi , pedicelli, bracteæ, pars calicis petalorumque exterior et superior filamentorum, ovaria et fructus, glandulis crebris, substipitatis quasi hispida. Oss. Species unica colore florum varians, in Europä australi frequens. — Sublate- ralis continuatio pedicelli cum flore , cujus basis inde sursum subgibbosa.— Petalum inferius , idem exterius in præfloratione. — Antherarum in alabastro ovoidearum, subrotundarum in flore, non simultanea evolutio ; quinque staminum longiorum ocyüs erumpentibus et deciduis. — Varius oyulorum situs ; superius scilicet ascen- dens, inferius appensum, medium transyersum. 6-8 in singulis ovariis describit Gærtner (vol. 1, p. 337, tab. Go) : ego plura quatuor numquäm inveni.— Semina lævissima , globosa , apice rostellato, hinc raphi longitudinali notata cui funiculus crassiusculus partim adnatus. Perispermum carnosum, album , ad basim seminis tenue ; ad apicem subnullum ; ad latera incrassatum; embryo concolor, rectus, cotyledonibus crassis , obovatis , radiculä brevi, super. — Notabilis neque admo- düm infrequens, variarum floris partium metamorphosis, de quà egit Marchant (Mem. Acad, roy. Scienc., vol, 10 , p: 266, tab. 12). Calices scilicet, petala sta minaque , ipsæque sed rarius et serius capsulæ, mutantur in folià, in capsulis interdum margine instructà foliolis 2-3 (an locum ovulorum tenentibus ?). DiosmMEÆ GAPENSES. 469 ++ DIOSMEÆ CAPENSES. DIOSMEZÆ. DC. Ess. prop. med. — Bartl. et Wendl. Flores regulares. Petala libera 5, rariüs 0. Stamina 5 perigyna libera, quibus sæpè interponuntur sterilia totidem petalis opposita. Discus cum basi calicis concretus. Ovaria 1-5 in unicum connata, singula 2-ovulata , ovulis juxtapositis aut superpositis. Styli omnind in unum coaliti. Seminis testa tenuis, nitida, sæpiùs apice cristata; perispermum tenuissimum aut nullum ; embryo concolor, radiculà brevi rectà , cotyledonibus ovatis , non rard multiplex. Fruticuli ramosi (unà arborescente exceptà). Folia simplicia , opposita aut sparsa, sæpè imbricatim conferta, nunc plana, nunc marginibus revolutis teretia aut subtriquetra , plerumque brevis- sima. Flores axillares aut terminales, solitarii vel fasciculati, ra- rissimè paniculati, pedunculis plus minüs brevibus. Species Africæ maximè Australis, in locis siccioribus et apricis, incolæ ; vix extrà Capense territorium ullæ : quas à reliquis Dios- meis distingunt, stamina , disco calici adnato, perigyna , petalis nu- mero æqualia aut, alternis abortivis, dupla; ovaria stylique semper coalita; testa apice cristata ; embryo in perispermo nullo aut tenui, non infrequenter multiplex. CALODENDRON. Tab. 19, n°. 15. CaronenDroN. Thunb.—J.—DC.— Parrasra. Houtt. —Dicramn spec. L. E.— Lam. Calix brevis, 5-partitus, laciniis rigidè patentibus. Discus brevis tubulosus. Petala calice multotiès longiora, basi disci inserta, an- gusta, oblonga, reflexa , pilis stellatis extrorsum hispida : fila- menta 10 basi disco adnata et indè quasi coalita , 5 petalis opposita, sterilia, petaloïdea, tuberculosa , in glandulam ovatam apice desi- nentia, 5 alterna antherifera, antheris ovatis apice glandulosis , deciduis. Stylus oblongus, deflexus, apice desinens in stigma vix 470 DiosMEzÆ CAPENSES. latius 5-sulcum. Ovaria 5 introrshm coalita in unum longè pedun- culatum, glandulis crebris stipitatis tuberculata, ovulis superpositis. Capsula (ex Thunberg) breviter pedunculata, echinata, 5-angu- laris , 5-locularis , 5-valvis, loculis 2-spermis. Arbor, ramis oppositis vel ternatim verticillatis. Folia opposita , petiolata, magna, glandulis crebris pellucido-punctata et iisdem in margine argutè crenulata. Pedunculi terminales, paniculatim (sæpiüs trichotomè) divisi , pedicellis compressis , sub floredilatatis. Oss. Species unica. — Ex Thunberg (Dissert., vol. 1, p.42), variat numerus partium, corollæ scilicet, nectarii (1. e. filamentorum sterilium), etstaminum. Rard 4 adsunt , sæpissimèe 5 , rarius 6 : stamen unum plerumque castratum observatur : occurrerunt petala et nectaria 6 cum staminibus 4 (profecto partium alius in aliam metamorphosi ). ADENANDRA. Tab. 19, n°. 16. Apexaxpra. Willd. enum. — Bartl. et Wendl. f. — Graxpurrrorra. Wendl. p. — Ocxra et Oxenia. Dietr. — Diosuæ spec. auctorum. — Harrocrx spec. Berg. Calix 5-partitus , punctatus. Discus fundo calicis adnatus, mar- gine libero staminifero. Petala calice longiora, breviter unguiculata, patula. Filamenta 10 hispida, 5 petalis opposita, sterilia , apice in glandulam incrassata concavam globosam-ve , 5 alterna breviora , antherifera , antheris magnis , ovoïdeis , glandulà pedicellatà co- chleariformi aut rarius globosà , primd erectà , seriüs refractà , in apice instructis. Stylus calice brevior, apice dilatatus in stigma depresso-globosum , 5-lobum. Ovaria 5 introrsim inter se connata, glandulis stipitatis in apice crebrioribus et longioribus tuberculata, ovulis juxtapositis. Fructus vix calice longior, 5-coccus, coccis apice glanduloso-muricatis. Frutices. Folia sparsa aut rariùs opposita, plana, coriacea , glan- dulis crebris punctata, margine iisdem quasi crenulato, apice calloso, breviter petiolata petiolo basi 2-glanduloso. Flores albidi, DiosMEÆ GAPENSES. 47 incarnati vel rubicundi, magni, in summis ramulis (interdum subumbellatim divisis) solitarii, bracteati bracteis sæpè geminis oppositis. Os. Species 11 in sectiones duas distributæ; floribus in alterà subsessilibus, glandulisque filamentorum cochleariformibus; in alterâ pedunculis longioribus glandulisque globosis. Inter postériores enumeranda Diosma linearis Thunb. et D. rosmarinifolia Lam. — Hüuc Diosmarum sectio prima Cand. prodr., ultimä specie exceplà ad Acmadeniam referendàä. — Genus habitu Diosmeis quibusdam australasicis afline , præcipue Eriostemoni, cui etiam species una Capensis ab auc- toribus nonnullis additur , vetantibus tamen characteribus. COLEONEMA. Tab. 19, n°. 17. Corronema. Bartl. et Wendl. f. — Diosux spec. auctorum. — Apexanpre spec. Rom. Schult. Calix 5-partitus. Discus basi calicis adnatus, margine 5-lobus. Petala 5 limbo patente, ungue lato longitudinaliter canaliculato. Filamenta 10, 5 sterilia , petalis opposita , eorumdem basi adnata et canaliculo applicata, breviora , teretia , apice glanduloso atte- nuata ; 5 alterna disci lobis opposita , unguibus petalorum subæ- qualia, antherifera , antheris subrotundis , apice glandulà sessili minutà instructis. Stylus filamentis subæqualis, apice dilatatus in stigma capitatum , papillosum, obscurè 5-sulcum. Ovaria 5 intror- sum connata , apice in cornu liberum producta, glabra , ovulis su- perpositis. Fructus 5-coccus, coccis apice extrorsum breviter cor- niculatis, compressis, punctato-rugosis. Frutices. Folia sparsa, brevia, linearia, acutissima, glanduloso- punctata. Flores albi, in summis ramulis axillares, solitarii, bre- viter pedunculati, bracteis pluribus adpressis sepaliformibus stipati. Oss. Species 3, una sub nomine falso Diosmæ rubræ in hortis frequens, quæ D. alba Thunb.; duæ ineditæ, altera D. aspalathoïdes herb. Burm. (in Mus. Lessert.) — non Lam., altera D. filiformis herb. Cand. — In semine unico observato, embryo 3-cotyledoneus, cotyledone alterä verisimiliter bipartità. 472 DrosmMEzÆ CAPENSES. *!'DIOSM A. Tab." 18, nv. 55. > Diosma. Berg. — Wild. enum.— Bartl. et Wendl, f. — Diosuæ spee. auctorum. Calix 5-partitus. Discus fundo calicis adnatus, margine libero , glanduloso , 5-sinuato , 5-lobo , lobis cum calice alternantibus. Pe- tala 5 longiora , integra. Stamina 5 cum petalis alternantia , iisdem breviora , filamentis glabris filiformi-subulatis, antheris subro- tundis, apice glandulà sessili instructis. Stylus brevis, sæpè sub- arcuatus , glaber, apice desinens in stigma vix ipso latius, capitatum, 5-sulcum. Ovaria 5 coalita in unum apice 5-lobum , glabra; ovulis superpositis. Fructus 5-coccus, coccis apice extrorsùm breviter cornutis. Frutices. Folia sparsa vel opposita , lineari-acuta , canaliculata , argutissimè serrulata aut interdüm ciliata, glanduloso-punctata. Flores albi rubelli-ve, in summis ramulis nune solitarii, nune corymbosim aggregati , pedicellis brevibus, bracteatis, bracteis minutis interdum oppositis. Os. Species 13, e quibus una dubia. — Hüc species spéctant sectiônis quintæ (Euniosma) Cand. prodr., quibusdam tämen exceptis: namque 42* ad Adenan— dram referenda, 43* ad Acmadeniam , 53° seu Diosma capitata L. Mant. ab ordme excludenda. Seminum appendix apicillaris interdum laciniato-cristata. Gæriner in D. hirsut (vol. 1,p. 82, tab. 9{) indicat perispermum carnosum tenue. Ego in trium alia- rum specierum seminibus observatis nullum reperi; sed hæe aut nondüm plane matura suppetebant , aut occurrerunt embryone duplici fœtæ , altero minori abortivo. EUCHÆTIS. Evcuæris. Bartl. et Wendl. f. — Drosmx spec. Mey. mss. Calix 5-partitus. Discus basi calicis adnatus, margine libero, brevi, sub-5-crenato. Petala 5 calice paulà longiora, vix unguicu- lata, ad medium intùs transversè barbata. Stamina 5 éalicinis DiosMEÆ GAPENSES. 473 laciniis opposita, iisdem breviora , antheris subrotundis, apice glandulä minutà subglobosà instructis. Stylus staminibus brevior, erectus , glaberrimus , apice in stigma capitatum dilatatus. Ovaria 5 coalita in unum apice obtusè 5-lobum, glabra ; ovulis superpo- sitis. Fructus 5-coccus, coccis apice extrorsüm breviter corniculatis. Frutex. Folia sparsa , lanceolato-carinata , carinà biseriatim punctatàä, margine epunctato, serrulato-scabro , ciliato. Flores albi, in apice ramulorum capitatim glomerati, pedunculis bre- vissimis, oppositè bibracteatis. Oss. Species unica. — Charact. e Bartl. et Wendl. Diosm., p.15, tab. À, fig. 1, ete specim. sice. — An genus satis ab Acmadenià (in quà filamenta sterilia inter- düm subnulla) distinctum ? ACMADENIA. Tab. 18, n°. 14. Acmanenta. Bartl, et Wendl. f. — Diosux spec. auctorum. Calix 5-partitus. Discus basi calicis adnatus, margine libero in- tegro. Petala 5 latè unguiculata, unguibus intüs barbatis. Filamenta 10 inclusa, 5 petalis opposita, sterilia, brevia aut subnulla, disci margini imposita ; 5 alterna longiora , antherifera , antheris ovatis, apice glandulà conicà instructis. Stylus filamentis brevior, apice dilatatus in stigma capitatum , obscurè 5-sulcum. Ovaria 5 coalita , apice in massam ovoïideam, liberam, hispidulam producta, glabra ; ovulis superpositis. Fructus 5-coccus, coccis compressis , apice extùs corniculatis. , Frutices. Folia decussatim opposita, quadrifarièm imbricata , brevia , crassiuscula , carinata et hinc subtrigona , subtüs punctata. Flores albidi rubri-ve , terminales, solitarii, subsessiles , bracteis sepaliformibus imbricatis stipati. Ons. Species 5. a Mém. du Muséum. 1. 12. Gr 474: Drosme x CAPENSES. "BAROSMA. Tab. 29, n°. 15. Barosma. Willd. enum. — Bartl. et Wendl. f. — Banvosma. Roem. Schult. — (non Gært.) — Parareratirera. Wendl. p. — Diosmx spec. auctorum. — Harrocræ spec. Berg. — Buccoms spec. Roem. Schult. Calix 5-fidus-partitus-ve ; punctatus. Disous calicis fundum ves- tiens, margine plermque brevissimo et supra wvix prominente. Petala 5 breviter unguiculata. Filamenta 10, 5 petalis opposita , sterilia , petaloïdea , exunguiculata, apice obscurè glandulosa , ci- liata ; 5 alierna, longiora, glabra vel hispidula, subulato-capillaria, antherifera antheris ovoïdeis, apice glandulà instructis minutà , rarius nullä. Stylus petalis subæqualis, subarcuatus, glaber vel basi hispidulus ; ‘apice attenuatus ‘in stigma minutum 5-lobum. Ovaria 5 coalita, apice auriculata ; sæpiüs glanduloso-tuberculata ; ovulis superpositis. Fructus 5-coccus, coccis apice extrorshm auri- culätis, dorso glanduloso-punctatis. Frütices. Folia opposita aut sparsa, coriacea, plana, punctata , margine nunC glanduloso-serrulata nunc subintegra revolnta-ve. Flores albi rubelli-ve, nunc (in Barosmis veris Bartl. Wendl.) in ramulis axillaribus pédunculos méntientibus solitarii aut ternati , breviter pedicellati, pedicellis folio sæpè bracteiformi stipatis , bracteati‘bracteis adpressis , imbricatis ; sepaliformibus; nune (in B.'trichopodibus. Bartl. Wendl.) fasciculati, pedunculis 1-floris , è gemmä axillari, minutà , polyphyllà (scilicet ramulo abortivo) prodeuntibus. Ons.. Species 9: — Huc Diosmarum. sectio : secunda -Candprodr. — Pistillum in quibüsdam speciebus ( B. dioicä, pulchelld, oblongd) sæpè, abortiens, B: fœti- dissima inter genus hoc et Agathosma mediatur , posteriori habitu , inflorescentià, stamilibus exsertis, ovariis glabris neque auriculatis accedens, proprius autèm priori petalis exunguiculatis , filamentis sterilibus et præsertim ovulorum situ. ss Diosurxæ GAPENSES. 475 AGATHOSMA. Tab. 20, n°, 19. Acarnosma: Willd. eénum: — Bartl. et Wéndl. f: —:Bucco: Wendl. p- — Bucconis spec, Roem. Schult..— Diosux spec: auctorum. — Harrocræ spec. L. et Berg. Calix 5-partitus. Discus brevis, glandulosus, fundo calicis adna- tus , ovariis sæpius adpressus. Petala 5 calice longiora unguiculata unguibus angustis, longis, sæpè hispidulis, limbo latiori integro ; patente. Filamenta 10, 5 petalis opposita, iisdem breviora et ipsa petaloïdea , ungue hispido, limbo in spatulam dilatato , apice obs- curè glanduloso, 5 alterna, subteretia, sæpè inæqualiter exserta, antherifera , antheris subglobosis , apice glandulà minutà globosà instructis. Stylus staminibus æqualis, glaber, apice attenuatus in stigma minutum 2-3-lobum. Ovaria 2-5 coalita, apice in cornu hispidulum producta, glabra; ovulis juxtapositis. Fructus 2-3- coccus, coccis apice extrorsüm corniculatis. Frutices. Folia sparsa, minuta, brevia, angusta , nunc sæpissimè limbi marginibus revolutis sub-3-gona , nunc plana , integra aut glanduloso-denticulata, plerimque punctata. Flores rubelli, lilacini- ve, vel sæpiüs albi, in summis ramulis capitatim aut sæpiùs subum- bellatim aggregati. Pedunculi 1-flori, basi bracteis squamuloïdeis stipati ét prætereà sæpè circà medium 2-bracteoläti, bracteis alter- nis, mioimis, setiformibus. Pistillum in quibusdam interdum abortiens. Oss. Species 32, quarum una (4. apiculata Mey.), ex descriptione Bartling et Wendl., ovariis 3-4 apice et margine stipitato-glandulosis inter genus hoc et præce- dens mediatur; altera autem (4. hirta Bartl., Wendl. seu Diosma hirta Lam.) inter ipsum et sequens, propter petalorum unguiculum barbatum , ex auctorum descriptione. — Hüuc Diosmarum sectiones terüia et quarla (Dicrosma) Cand, prodr. , speciebus tribus exceptis, 16%.et 17% ad Barosma, 245 ad Macrostylim referendis. — Diosma myrsinites Lam. eadem est ac Agathosma ciliata Link. 61* 476 DrosmrzÆ CAPENSES. à MACROSTYLIS. Tab. 19, n°. 20. Macrosrvus. Bartl. et Wendl. f. — Drosux spec. auctorum. Calix 5-partitus. Discus basi calicis adnatus , margine libero in- crassato. Petala 5 longiora , reflexa , infra sensim attenuata in un- guem latum intùs villoso-barbatum. Stamina 5 cum petalis alter- nantia , exserta , antheris (in flore) globosis, apice glandulà minutà instructis. Stylus oblongns, exsertus, apice attenuatus in stigma minutum 3-lobum. Ovaria 3, sub margine disci connivente quasi occlusa, glabra , apice in massam subæqualem liberam producta ; ovulis juxtapositis. Fructus 3-coccus, coccis apice in cornu com- pressum attenuatis. Fruticuli. Folia sparsa aut rariùs opposita, brevia, secundüum margines et nervum medium subcarinatum punctata. Flores rubes- centes, in suminis ramulis subumbellatim aggregati , pedunculis brevibus aut brevissimis, basi bracteatis. Ons. Species 3, inter quas Diosmæ sp. 59° Cand. prodr.— Interdum ë filamentis quinque unum aut alterum anantherum et valde elongatum ; an quandoque idem prosstylo exterius habitum? EMPLEVRUM. Tab. 19, n°. 21. Ewezevrum. Soland. — Lam.-— J.— DC.— Bartl. et Wendi. f. — Diosmx spec. L. suppl. Calix basi incrassatus, 4-fidus. Discus et Petala o. Stamina 4 filamentis subulatis, hypogynis, antheris crassis , glandulà in apice immersà notatis. Ovarium unicum apice hinc in cornu longius compressum desinens , indè stylum emittens lateralem , æqualem , teretem , inflexum , glabrum, apice in stigma attenuatum ; ovulis juxtapositis. Fructus 1-coccus, cocco superiùs in cornu compressum elongato. Frutex. Folia alterna , lineari-oblonga , glabra , punctis glandu- losis subtüs notata et iisdem in marginibus crenulata. Flores axil- DiosMEzæ CAPENSES. 477 lares , solitarii geminati vel ternati, peduneulis brevibus basi brac- teolatis, abortu polygami. Rarissimè ovarium coccumque duplex. Os. Species unica. — Genus à vicinis nullatenus discrepans quoäd fructum in quo tantüm coccum simplex non multiplex, et quoàd semen, in quo Gærtner fil. (Suppl., p: 157, tab. 217, fig. 2) notavit tamen cotyledones oblongas, inæquales , alterâ minori circà alteram rectam spiraliter convolutà. Ego cotyledones subæqua- les , ut in cæteris Diosmeis capensibus , inyeni. +++ DIOSMEÆ AUSTRALASICÆ. Flores regulares. Petala libera. Stamina hypogyna totidem, aut sæpissimè dupla et tunc petalis opposita breviora ; filamenta libera aut rariùs connata, filiformia aut linearia ; antheræ sæpè apice appen- diculatæ. Discus 0. Ovaria petalorum numero æqualia, distincta , 2-ovulata, ovulis superpositis, superiori ascendente , inferiori pen- dente. Styli totidem superiüs coaliti. Seminis testa crassiuscula. Embryo intrà perispermum densum axilis, concolor, gracilis, teres, radiculà rectà cotyledonibus linearibus juxtapositis longiori. Arbores aut sæpissimè frutices. Folia opposita aut alterna, sim- plicia aut rariüs ternata vel imparipinnata , in plerisque plana. Flores axillares vel terminales, nunc rariüs in involucro communi sessiles, nunc pedunculati, pedunculis 1-aut-pluri-floris, brac- teatis. Non rard diversæ partes lepidotæ vel pilis stellatis vestitæ. Species intra tropicos, aut frequentiores extrà eosdem et indè usque ad Terrarum Australium australem terminum extensæ ; à reliquis Diosmeis dignoscuntur staminibus numero petalorum ferè constanter duplis nec abortivis, ovariis stylorumque basibus dis- tinctis, sed meliùs gracili embryonis intrà perispermum densum figurà. 478 Drosmezæ AUSTRALASIC Æ. CORREA:'"Tab. "21, n°. 22. Correa. Smith. — La Bill. PI. nouv. Holl. — DC. MazENTOXERON. La Bill. voy. Calix cupulæformis, subinteger aut 4-lobus.. Petala 4 longiora , valvatim in tubum approximata partim-ve coalita. Stamina 8 pe- talis æqualia aut exserta, 4 breviora iisdem opposita ; filamentis glabris, subulatis aut suprà basim dilatatis; antheris oblongis. Ovaria 4 imposita gynophoro brevi in ambitu staminifero et quasi 8-lobo, pilis stellatis densè congestis quasi calyptrata. Styli 4 ex angulo interno ovariorum orti, ob ENS in unum glabrum , filamentis PRE A longiorem-ve, stigmate æquali 4-lobo terminatum. Fruc- tus 4-capsularis. Frutices. Folia opposita ; simplicia, subovata, integra , punc- tato-pellucida. Flores sæpiùs in ramulis axillaribus pédédenle mentientibus terminales, solitarii aut rariüs geminati ternati-ve, breviter pedunculati. Ramuli, petioli, folia, pedunculi, calicis et corollæ facies externa, pube stellatà densè congestà tomentosa aut pulverulenta. Ons. Species 4, quædam variabiles, extrà tropicos in Novä-Hollandià orientali et meridionali , usquë ad terminam iusulæ Van Diemen australem, frequentes. Petala in alabastris, sæpius glandis quercinæ formam referentibus, valvata; in speciebus duabus plus minus distincta; in aliis omnind coalita in corollam sesqui- pollicarem. — Filamenta 1n iisdem supra basim dilatata. — Discus, ex auctoribus, 8-glandulosus , potius eglandulosus sed cicatricibus filamentorum ablatorum 8- foveoleatus et inter foveolas 8-lobus. — Semina in quovis loculo 2-3, teste Vente- nat; sed certe nunquäm tria, ovarüis constanteér tantum biovulatis. — Eodem auctore, embryo radiculà brevissimä, cotyledonibus ovatis extüs convexis. Ego in seminibus duplicis speciei (C. albæ et C. rufæ), embryonem teretem, gracilem, radiculà cotyledonibus longiori , qualemin cæteris omnibus Diosmeis australasicis, observavi. DiosME æ AUSrRALASIC x. 479 DIPLOLÆNA. Drwrozæxa, R. Brown. — Desf. — DC. — Vexrexarum. Lesch. mss. in herbar. Flores in involucro communi multipartito, laciniis imbricatim ordine triplici dispositis. Singulis : Calix 0. Petala 5 squamoïdea , nuda aut ciliata, quædam ipsa interdüm abortiva. Stamina 10 multù longiora , 5 petalis opposita breviora, filamentis subulatis, infrà ciliatis, superius glabris, antheris oblongis. Ovaria 5 glabra, imposita gynophoro depresso. Styli 5 ex angulo interno ovariorum orti, statim in unicum coaliti filamentis subæqualem , basi hispi- dum , stigmate obtuso 5-lobo terminatum. Fructus 5-capsularis. Frutices. Folia alterna, simplicia , sub-ovata, integra , punctato- pellucida. Involucra multiflora florem unicum mentientia, termi- nalia, solitaria. Ramuli, folia , pedunçuli, foliola involucri exte- riora pilis stellatis densè tomentosa. Oss. Species 2 ë Noyæ-Hollandiæ occidentalis continente et insulis, non procul à tropico, relatæ, in arenosis crescentes. — Charact. e Desfontaines, Mem. Mus., vol. 3, p. 4/0, tab. 19-20, et & sicco. — Genus hinc Correæ, inde Phebalio et Eriostemoni afline , sed ab omnibus ejusdem sectionis inflorescentià singulari admo- düm distinctum. — An foliola involucri pro genuinis bracteis habenda? An-ne potius pro floribus capituli exterioribus, in quibus, païtibus plerisque abortienti- bus, quædam supersint et augeantur? Quod confirmaverit horum foliorum cum petalis generum vicinorum (Eriostemonis verbi gralià) mira similitudo. — Squa- mas autem florum singulorum petala vocavi, quoniam staminibus brevioribus op— positas. — Confirmavi in ovaris duplicis ovuli præsentiam et silum. — In semine alterius speciei (D. grandifloræ) inveni embryonem gracilem , teretem , in peri- spermo carnoso axilem. | PHEBALIUM. Paesarom. Vent. — DC. — Ad. J. — Enrosremonis spec. La Bill. Calix 5-partitus-fidus-dentatus-ve ; brevis aut minutissimus, persistens. Petala 5 multd longiora, patentia. Stamina 10, 5 bre- viora petalis opposita : filamenta petalis nunc breviora nunc Lon- :80 Diosme x AUSTRALASIC H. giora, filiformia subulata-ve, glabra; antheræ mobiles. Ovaria 5 imposita gynophoro brevi, nunc glabra, nunc sæpiüs squamulis aut pilis densè congestis calyptrata. Styli 5 ex angulo interno ova- riorum orti, coaliti in unum glabrum , stigmate 5-sulco æquali aut latiori terminatum. Fructus 5-capsularis , capsulis 1-spermis. Arbores aut sæpiüs frutices. Folia alterna , simpliçia , subovata aut linearia , integra vel subcrenata, punctato-pellucida! Pedunculi axillares aut terminales, umbellatim aut corymbosim divisi, pedi- cellis bracteolatis. Flores parvi. Diversæ partes nunc pube stellatà tomentosæ , nunc lepidotæ. In unicà specie sexta pars calici, petalis staminibusque additur. Os. Species 8 extrà tropicos in Novä-Hollandià orientali et occidentali fre- quentes, usque ad australem insulæ Van Diemen terminum extensæ. — Duplex sectio generis , forsan posteà dividendi : in alterà Correæ aflini, calix minimus vix conspicuus , petalorum præfloratio valvata ; stigma verrucosum stylo latius; folia suboyata, tômentosa. In alterä Eriostemoni propiori, calix facile conspicuus; petalorum præfloratio contorto-convolutiva, stylus in stigma acutiusculum desi- nens; folia angusta , plerumque lepidota. Posteriori accedit Eriostemon squamea La Bill. — Vid. Monographiam nostram hujus generis in Mem. Soc. Hist. natur. Paris. , vol. 2, tab, 10, 11, 12. PHILOTHECA. Tab. 21, n°. 23. Paiorueca. Rudg.— DC. — Errosremonis spec. Smith. Calix 5-partitus. Petala 5 longiora, unguiculata. Stamina 10, 5 breviora petalis opposita : filamenta petalis pauld breviora, plana et infrà in tubum subglabrum connata , superiüs libera hirsuta. Antheræ cordiformes, apice brevissimè appendiculatæ, mobiles. Ovaria 5 imposita continuaque gynophoro infrà petalifero stamini- feroque, glabra. Styli 5 ex angulo interno ovariorum orti, mox coaliti in uoum tubo staminum breviorem, subfusiformem , hispi- dum , stigmate capitellato 5-sulco terminatum. Fructus 5-capsu- laris. Frutices (ericoïdei). Folia alterna, simplicia , linearia, brevia , ‘ DiosMEzÆ AUSTRALASICA. 481 punctata. Peduneuli solitarii, axillares aut terminales, 1-flori, bracteis minutis squamuloïdeis stipati. Os. Species 2 ë Novä-Hollandià orienlali , altera inedita (in herb. Gaudichaud et pl. exsicc. Sieber). CROWEA. Tab. 21, n°. 24. Crowea. Smith. — DC. Calix 5-partitus. Petala 5 longiora. Stamina 16, 5 breviora petalis opposita : filamenta petalis breviora , linearia, ciliato-hispida , in- que tubum approximata ; antheræ oblongo-cordatæ, apice in appen- diculam longam barbatam productæ. Ovaria 5 imposita gynophoro disciformi obtusè 5-lobo , glabra. Styli 5 ex apice ovariorum orti, coaliti in unum brevem, glabrum , stigmate capitato 5-sulco ter- minatum. Fructus 5-capsularis, capsulis 1-spermis. Frutex. Folia alterna , simplicia, lanceolata ;, integerrima , pellu- cido-punctafa, in ramos (indè angulatos) decurrentia. Pedunculi axillares , 1-flori , basi bracteis minutis , squamuloïdeis, imbricatis cincti. Corollæ purpureæ. Oss. Species unica Novàä-Hollandià oriental. — An genus idem cum Erioste- mone ? — Præfloratio calicis convolutiva , petalorum contorto-convolutiva. — Ap- pendiculà barbatä non filamentum (ut plerique descripserunt), sed anthera ipsa terminatur; confirmante, præter observationem, analogià generum vicinorum in quibus appendicula quoque , brevior quidem et glabra, in apice antheræ exstat. ERIOSTEMON. Tab. 21, n°. 25. Ertosremox. Smith. — DC. Calix 5-partitus, persistens. Petala 5 longiora (cum staminibus), marcescentia. Stamina 10, 5 breviora petalis opposita : filamenta petalis breviora, libera, plana, hispida, ciliata , sub apice ( ra- riùs dilatato) attenuata in filum antheriferum ; antheræ cordifor- mes , apice appendiculatæ. Ovaria 5 imposita gynophoro disciformi petalifero ; glabra. Styli totidem ex angulo interno ovariorum orti À Mém. du Muséum. 1. 12. G2 482 DiosMEzÆ AUSTRALASICÆ. coaliti in unum glabrum aut hispidulum , stigmate capitellato 5- sulco terminatum. Fructus 5-capsularis , capsulis 1-rarius-2-sper- mis. Frutices. Folia alterna , simplicia , integra , interdüm apice cal- loso mucronata , pellucido-punctata. Pedunculi axillares , nune sim- plices , 1-flori , bracteisque vel imbricatis tecti, vel oppositis verti- cillatis-ve in medio instructi, nunc umbellatim in pedicellos 2-5 basi bracteolatos ( articulatosque ?) divisi. Pili stellati. Oss. Species 5 (quarum una inedita in herb. Mus. Paris. et pl. exsicc. Sieber), in Novä-Hollandià orientali sub tropicis et inde usque ad australem insulæ Van Diemen terminum crescentes. Prætereà sexta (inedita in herb. Mus, Paris.) e lit- tore occidentali, à congeneribus discrepans floribus in racemos terminales dispo sitis. — Genus hinc afline Boroniæ à quà numero partium discrepat, inde aflinius Phebalio præsertimque Croweæ et Philothecæ. Præfloratio calicis convolutiva , petalorum contorto-convolutiva. — Appendicula in autheris terminalis continuat connectivum antice loculis adnatis tectum , postice conspicuum, nigricans, sulco longitudinali exaratum , cui filaménti apex suprà antheræ basim emarginatam inseritur. BORONIA. Tab. 22, n°. 26. Boronra. Smith. — DC. Calix 4-partitus-fidus-ve. Petala 4 longiora , marcescentia. Sta- mina 8, 4 breviora petalis opposita : filamenta petalis breviora, libera , ciliata aut tuberculata, linearia, apice sæpius dilatato undè filum oritur brevissimum antheriferum ; antheræ cordiformes , sæpiüs apice breviter appendiculatæ. Ovaria 4 imposita gynophoro disciformi, in ambitu integro aut rariüs sinuato, glabra. Styli toti- dem ex apice ovariorum orli, mox coaliti in unum brevem , gla- brum , stigmate 4-sulco æquali aut capitato terminatum. Fructus 4-capsularis, capsulis interdüm leguminiformibus. Frutices. Folia opposita, simplicia vel imparipinnata nunc in diversä nunc rariüs in eàdem specie, integra aut serrulata, pellu- cido-punctata. Pedunculi terminales aut sæpiüs in extremis ramulis DiosmMEzÆ AUSTRALASICÆ. 433 axillares , oppositi, nune simplices 1-flori , nunc regulariter semel aut pluriès divisi, 2-5-multi-flori. Pedicelli basi medioque 2-brac- teati bracteis brevibus oppositis, et ibidem articulati, sub calici- bus vulgd dilatati. Flores rosei, purpurascentes rubescentes-ve, jucundè odorati. Os. Species 17 sub tropicis et indè usque ad australem insulæ Van Diemen terminum passim diffusæ; & quibus quædam ineditæ in herb. Mus. Paris. et pl. exsicc. Sieber. Præfloratio calicis convolutiva vel subvalvata, petalorum contorto-convolutiva.— Filamenta glabra in B. pilonemä , teste La Billardière. Eodem auctore , flores interdum 4-andri, filamentis quæ longiora cum petalis alternant sterilibus: et ipse in iisdem fertilibus antheras notayi nonnunquäm pauld minores, sicut et in Eriostemone. Structura antherarum quoque talis sæpèe, qualis in eodem genere.— Embryonem planum in perispermo carnoso, radiculà hilum spectante , describit La Billardière; eumdem teretem radiculà inferà Gærtner fil. ( Suppl. , p. 156, tab. 211). In seminibus specierum 5 observatis, inter quas ipsa B. polygalæfolia à Gærtnero descripta, inveni embryonem gracilem, teretem, radiculà superà , qualem in cæteris Diosmeis australasicis, ZIERIA. Tab. 22, n°. 27. Zierra. Smith. — DC. Calix 4-partitus. Petala 4 longiora. Stamina 4 cum petalis alter- nantia, iis longiora : filamenta subulata, glabra , singula dorso glandulæ insidentia ; antheræ cordiformes , mobiles. Discus ovario- rum basi circumpositus, in ambitu cum calice concretus, suprà petalifer inque glandulas 4 staminiferas prominens. Ovaria 4 glabra. Styli 4 ex angulo interno ovariorum orti, superiüs coaliti in unum brevem , glabrum , stigmate capitato 4-lobo terminatum. Fructus 4- capsularis. Arbores aut sæpiüs frutices. Folia opposita , petiolata , plertmque 3-foliolata, interdüm et in eàdem stirpe simplicia , glabra aut pilosa, pellucido-punctata. Pedunculi axillares aut rarius terminales, nunc 1-flori, nunc sæpiüs trichotomè 2-5-multi-flori , ad divisuras brac- 62 * 484 DiosuEÆ AUSTRALASICX. teis 2 oppositis instructi et ibidem articulati. Flores albi, parvi. Pili stellati. Ons. Species 9 in Novæ-Hollandiæ orientalis continente et insulis , extrà tropicos crescentes, — Genus hinc Diosmeis capensibus numero staminum petalis æquali discoque partim cum calice concreto afline ; indè multo magis Evodiæ floris struc- turà , præfloratione, singulari foliorum sæpè alternatim ternatorum simpliciumque charactere, totoque habitu : aded ut frequens in herbariis occurrat Z. macrophylla sub falso nomine Fagaræ evodiæ L. seu Evodiæ hortensis. Forst. Sed multum ab ïisdem generibus quibusdam aliis characteribus distat et præsertim seminis struc- turà. Paniculæ regulares florum sæpe longissimæ, in quibus bracteæ inferiores om- ninè foliaceæ. An in hoc genere et vicinis , inflorescentia, quæ axillaris videtur , reverà terminalis est, ramulis axillaribus pedunculos simulantibus ; quod confir- mare queant pedunculi 1-flori medio articulati et bracteati ?—Petalorum præfloratio convolutiva, contorto-convolutiva aut subvalvata. — Semina in specie duplici observata. ++++ DIOSMEÆ AMERICANEÆ. SECTIO PRIMA. Flores regulares. Petala libera. Stamina totidem aut rariüs dupla, libera , hypogyna. Diseus ovario circumpositus aut nullus. Ovaria totidem distincta aut rariüs inter se connata , 2-rarissimè-1-ovulata, ovulis juxtapositis superpositis-ve. Styli totidem apice ant omnind coaliti, Seminis integumentum iestaceum autrariùs membranaceum. Embryo radiculà hilum spectante, brevi, rectà ; cotyledonibus magnis , ovatis; perispermo carnoso aut rariüs nullo. Arbores , frutices aut suffrutices. Folia alterna aut opposita , sim- plicia 2-foliolata-ve vel sæpiùs ternata, integra. Flores axillares ter- minales-ve , paniculati , racemosi vel corymbosi. Species paucæ ; duæ insularum Oceanicarum incolæ, hùc tamen propter aflinitatem relatæ; cæteræ, unà exceptà, ex Americà austrah æquinoctiali. Sectio nondüm salis definita, fructibus seminibusque quorumdam DiosueÆ AMERIGANE. 485 generum ignotis, ut patrià sic et characteribus simul pluribus aliis accedens : Cusparieis scilicet similiter Americanis propior habitu, disco, Diosmearumque pericarpio; à Zanthoxyleis, quæ ipsà me- diante Diosmeis connectuntur , discrepans tantüm endocarpii struc- turà et floribus hermaphroditis ; Simarubeis deniquè aflinis ovulis in Pilocarpo interdüm 1-ovulatis, seminisin eodem structurà , ut et quarumdam specierum viribus medicis. MELICOPE. Meucope. Forst.—J.—DC. — Ensrocaxum. Banks.—Gærtn. Calix 4-partitus , persistens. Petala 4 longiora, patentia. Stamina 8 petalis breviora, filamentis subulatis , antheris subcordiformibus. Ovaria 4 glandulis 4 (nectarium Forst.) didymis magnis basi cincta. Styli 4 in unum coaliti , stigmate crassiusculo tetragonoterminatum. Fructus 4-capsularis , capsulis 1-spermis. Frutex. Folia opposita , ternata, foliolis pellucido-punctatis. Oss. Species unica e Novä-Zelandiä. — Charact. ë Forster gen. 28 et Gærtner (vol. 1, p. 331, tab. 68) quo teste, pericarpium membranaceo-coriaceum, funi- culus capillaris e superiori capsulæ margine ad inferiorem el interiorem seminis extremitatem descendens ; seminis integumentum duplex, coriaceum atque mem- branaceum , utrumque tenue; embryo in perispermo cCarnoso , cotyledonibus oyatis, foliaceis , tenuibus, radiculä brevi, inferà (hilum ided spectante ). An ra- dicula veré Joculi basim spectans? an genus Zanthoxyleis aflnius ? EVODIA. Tab. 22, n°. 28. Evopra. Forst.—{non Gærtn.) — Facanz spec. L. f, Calix 4-partitus, persistens. Petala 4 calicinis laciniis vix lon- giora. Stamina 4 iisdem breviora, filamentis subulatis, antheris cordiformibus mobilibus. Ovaria 4 disco cupulæformi (nectarium Forst. ), in ambitu 4-sinuato, 4-lobo , basi cincta, approximata, glabra,, 2-oyulata ; ovulis ex angulo interno suspensis,, juxtapositis. Styli totidem sub ovariorum apice inserti, mox coaliti in unum 486 DrosMEÆ AMERICANEÆ. brevem , stigmate 4-lobo terminatum. Fructus 4-capsularis , cap- sulis sæpiùs abortu paucioribus, 2-valvibus, 1-spermis. Frutex, gratè odoratus (ex Forst. , gen. 7). Folia opposita, nunc 1e simplicia nunc 3-foliolata (interdüm in eodem ramo et alternatim }, pellucido-punctata. Flores minuti, paniculati, paniculis axillaribus oblongis , pedicellis bracteatis. Oss. Species unica ex insulis Amicorum et Novis-Hebridis.æ Charact, specim. Forsteriano (in herb. Mus. Paris.), in quo endocarpium à sarcocarpio solubile , similiter bivalve, lignoso-cartilagineum confirmavi. In seminibus suppetentibus (antè maturitatem exsiccatis) , sub testà tenui, membrana è laminis pluribus con- fuse adglutinatis (an perispermi vestigium?), embryo cavitatem semiuis minimë implens , radiculà superà, cotyledonibus ovatis, planis, corrugatis. — Præfloratio petalorum valvata. ESENBECKIA. Esensecxra. Kuntb. > Calix 5-partitus , persistens. Petala 5 longiora, patentissima, sub disco inserta. Stamina 5 ibidem inserta, petalis alterna et breviora , filamentis subulatis, glabris, antheris cordiformibus. Ovarium disco car noso cupulæformi, ad staminum insertionem altè 5-emarginato cinctum, sessile, tuberculatum, 5-lobum, 5-loculare , loculis 2- ovulatis, ovulis subcollateralibus, altero abortivo. Stylus ex apice ovarii inter lobos enatus ; brevis , stigmate subcapitato terminatus. Fructus...…. Arbor. Folia alterna simplicia (aut rectiùs 1-foliolata) , articulata cum petiolo sub folioli insertione breviter utrinque dilatato , integer- rima , pellucido-punctata. Racemi in apice ramulorum axillares et terminales, compositi, pedunculis partialibus basi bracteatis , pe- dicellis basi et medio bracteolatis. Flores glanduloso-punctati. Os. Species unica e Novä-Andalusià. — Charact. ex Kunth (Nov. gen. et spec., vol. 7, p.246, tab. 655), quo teste, laciniæ calicis sibi in alabastro marginibus incumbentes et præfloratio petalorum imbricativa. — Congener Evodia febrifuga DiosMEÆ AMERICANÆ. 487 Saint-Hil. (pl. us. Bras., n°. 4) arbor & Brasilià intra-tropicali, in quà similiter : calix 5-partitus ; corolla 5-petala , longior , patens ; præfloratio utriusque imbrica= tiva ; stamina 5 brevia, antheris cordiformibus; ovarium disco cinctum Jongiori quidem , tubuloso , 10-costato, 5-lobum, stylo brevi inter lobos enato inque stigma capitatum desinente, 5-loculare, loculis 2-ovulatis, ovulis peritropis, collatera- libus; fructus ignotus; folia subopposita, samma simplicia , cætera 3-foliolata , foliolis integris, pellucido-punctatis; flores glanduloso-punctati, paniculati, pedun- culis partialibus bracteatis , pedicellis bracteolatis. METRODOREA. Merroporea. Saint-Hil. Calix 5-fidus. Petala 5 multotiès longiora, patentia, infrà discum inserta. Stamina 5 disco inserta, brevissima , filamentis subulatis, reflexis , antheris cordiformibus. Ovarium in disco immersum circà ipsum undiquè expanso, substantiis utriusque in unam confusis, et indè quasi staminiferam, tuberculatum, 5-lobum, 5-loculare, loculis 2-ovulatis, ovulis ex angulo interno appensis collateralibus. Stylus ex ovarii apice inter lobos ortus, brevissimus, in stigma ob- tusum suprà dilatatus. Fructus..……. Frutex. Folia opposita, 1-rarius-2-foliolata, integra, pellucido- punctata, petiolata petiolo basi appendiculato. Paniculæ terminales vel laterales, peduneulis partialibus bracteatis, pedicellis bracteo- latis. Flores parvi, glanduloso-puictati, atropurpurei. Numerus partium in quibusdam quaternarius. O»s. Species unica & Brasilià intra-tropicali, — Charact. ex Aug. de Saint-Hilaire (Flor. Brasil., vol. 1, p. 81, tab. 16), quo teste, in præfloratione valvatä ala- bastri subglobosi, petalorum marginibus subintroflexis. Notentur bases foliorum oppositorum dilatatæ in appendiculas sursum productas et introrsüm concavas, quæ mutu sibi appositæ omnind gemmam terminalem includunt primo , deinde câdem explicatä ab invicem discedunt. — Genus Esenbeckiæ admodum affine. .+ 488 DiosMEÆ AMERICANEX. PILOCARPUS. Tab..22, n°. 29. Prrocareus. Vahl.—Saint-Hil.—DC.-—Nees, Mart. Calix brevis, 5-dentatus. Petala 5 longiora, reflexa, circà disci basim inserta. Stamina 5 eidem altiùs inserta, longiora, filamentis subulatis , reflexis, antheris subrotundis. Ovaria 5 minuta, basi inter se coalita et in disco immersa circà incrassato cumque ipsis parüm confuso , sicque ovarium mentientia unicum , apice 5-lobu- latum , glabrum , singula 1-2-ovulata , ovulis superpositis. Styli 5 ex angulo interno ovariorum infrà ipsorum apicem orti, vix suprà eadem exserti , apice in stigma latius 5-sulcum connati. Fructus 5- sæpiès-2-1-capsuläris, capsulis 1-spermis. Embryo absque peri- spermo, cotyledonibus erassisradiculam brevem oecultantibus. Frutices, sæpè humiles. Folia (in stirpe interdüm eâdem ) alterna opposita=vé, simplicia aut 2-3-foliolata-lobata-ve, integra, pellu- cido-punetata. Racemi terminales aut demüm-laterales ; pedicellis patentibus, basi, sub apice medioque bracteolatis, rariüs iisdem brevissimis spiciformes. Flores viridescentes purpurascentes-ve, glanduloso-punctati. Os. Species { (una in herb. Mus. Paris. inedita) Antillanæ, Guianenses, Bra- silianæ. — Charact. è specim. siccis, e Vahl Eclog. Amer., tab. 10, et Saint- Hil. pl. remarq. Bres., vol. 1, p. 145, tab. 16. — Genus Diosmeum #loribus hermaphroditis, filamentis 5 nudis, ovario multiplici et imprimis endocarpii à sarcocarpio solubilis, cartilaginei, 2-valvis et basi introrsum membranacei struc- turà, afine præsertim hinc Esenbeckiæ et Metrodoreæ, inde Hortiæ ; Simarubeis quoque conterminum ovulis interdüum solitariis, integumento seminis membra- naceo, perispermi defectu et cotyledonibus crassis radiculam brevem hilumque spectantem occultantibus ; Zanthoxyleis demum ipsis non absimile. Petala in præfloratione valvatà interdum ad basim margine sibi incumbentia. Eadem apice breviter acuminato introflexa , subque eo utrinque excavata.—Ovula in speciebus duabus gemina superposita , in duabus cæteris solitaria; an ovulo altero in ovario jàäm abortante (ut in Esenbeckiä)? quod non facile inclarescet, propter miram pistilli parWitatem. — Pericarpio immaturo sapor ferè corticis au- rantii, ex L. C. Richard. DiosMEÆ AMERICAN Æ. 489 HORTIA. Tab. 22, n°. 30. Horria. Vandelli.—DC:—Saint-Hil. Calix cupulæformis , obtusè 5-dentatus, persistens. Petala 5 lon- giora , introrshm supra basim barbata, apice uncinatim acuminata, reflexa, disco inserta. Stamina 5 ibidem superiüs inserta, petalis vix longiora; filamentis erectis, glanduloso-tuberculatis, antheris lineari-ovatis, immobilibus. Ovarium disco impositum latiori, depresso, glanduloso, inter staminum insertiones sub-5-lobo, gla- brum, 5-gonum , 5-loculare, loculis 2-ovulatis , ovulis superpositis. Stylus ex ovarii apice crassus , 5-costatus , cum stigmate terminali colorato 5-sulco, conicus. Fructus 5-4-2-locularis, loculis r-2-sper- mis. Embryo in périspermo carnoso axilis, rectus , cotyledonibus magnis obovatis, radiculà brevi superà. Suffrutex. Folia alterna, simplicia, magna, pellucido punctata (ut ettpetalä). Ramuli terminales corymbosim multiflori, pedun- culis crassis bracteatis, pedicellis bracteolatis. Flores rosei. O»s. Species unica Brasiliana. — Charact. & specim. sicco Vandelliano et & Saint- Hil. PI. us. Bras. 17. Præfloratio petalorum contorto-convolutiva, marginibus tamen vix sibi incum- bentibus , apicibus introflexis , approximatis. — An ovaria et styli 5, inter se coa- lita, atque etiam interdum posteriores basi, priora apice tantum contigua, non continua ? — Fructus capsularis, auctore Vellozo ; eumdem Aug. de Saint-Hilaire (quem in fructu semineque describendo hic secuti sumus) carnosum suspicatur ; sed tantüm ante perfectam maturitatem vidit. An Cocca in sarcocarpio subcarnoso dehiscentia , ut in multis Rutaceïs aliis? — Integumentum seminis umbilico lineari notatum , crustaceum-et atrum, sub tunicâ arilliformi, tenui, succulentä. An hæc pro arillo genuino habenda? Non-ne rectius pro parte integumenti extériori , quälis in quibusdam seminibus observatur ; Oxalidis verbi gratià et multarum Zanthoxylearum, Mém, du Muséum. t. 12. 63 490 DiosMEÆ AMERICANX. CHOISYA. Croisya. Kunth. Calix 5-sepalus, deciduus. Petala 5 longiora, subunguiculata , patentia. Stamina 10 petalis breviora : filamenta subulata 5 bre- viora, petalis opposita; antheræ cordiformes, obtusæ. Ovaria 5 inter se coalita ad basim in gynophorum breve petaliferum stamini- ferumque continuatam, extùs pubescentia, singula 2-ovulata , ovu- lis superpositis. Styli 5 ex angulo interno ovariorum infrà ipsorum apicem orti, mox in unum coaliti staminibus breviorem , 5-sulcum, hispidulum, stigmate glabro, capitato , 5-lobo terminatum. Fruc- tus..... Frutex. Folia opposita , ternata , pellucido-punctata , petiolata pe- tiolis subtüs canaliculatis. Pedunculi in apice ramulorum axillares, infrà simplices, superius 3-fidi, subumbellatim pluriflori ,; basi bracteati, ad divisuras subque pedicellis bracteolati, bracteis brac- teolisque magnis deciduis. Corollæ albæ , sicut calices glanduloso- punctulatæ. Oss. Species unica e Mexico (ubi colitur) relata. — Charact. ë specim. sicc. et e Kunth Nov. gen. et spec., vol. 6, p. 4, tab. 513. — E speciminibus Künthianis ovaria in unum plan coalita, in nostris partim distincta, — Fructus (teste Bon pland ) capsularis , 5-sulcus , 5-rostratus. SECTIO SECUNDA. CUSPARIEZÆ. DC. — FRAXINELLZÆ rrer#qQue. Nees, Mart. Flores regulares, aut sæpiùs anomali. Petala 5 nunc libera , nune sæpiüs in corollam pseudo-monopetalam , labiatam campanulatam aut infundibuliformem coalita. In polypetalis stamina totidem al- terna , libera; in monopetalis filamenta libera aut sæpiùs cum tubo adglutinata ; nunc omuia antherifera, nunc 2-5 ananthera, 1-2 tune aliquandè additis. Discus urceolaris ovarii basi circumpositus. Ova- ria petalorum numero æqualia, distincta aut rariùs in unum con- DiosMEÆ AMERICANÆ. 491 nata , 2-ovulata , ovulis superpositis , superiori ascendente, inferiori pendulo. Styli apice, vel medio; vel omnind connati. Seminis testa tenuis. Embryo absque perispermo, cotyledonibus magnis, brevibus aut sæpius corrugatis, alterà exteriore interiorem alteram invol- vente, utrâque apice 2-auriculatà et auriculis radiculam transversè sitam obtegente. Arbores , arbusculæ, frutices, rarissimè herbæ. Folia alterna , ra- rissimè subopposita , 1-sæpiüs-3-foliolata (in eodem interdim ramo), lanceolata aut obtusa, integerrima. Flores in racemis terminalibus axillaribus-ve racemosim corymbosim paniculatim-ve dispositi. Diversæ partes frequenter amaræ. Species intrà-tropicales, ferè omnes è Continente : à cæteris Dios- meis distinctæ floribus sæpè anomalis et monopetalis, filamentis castratis, urceolo ovarium cingente neque calici adnato, sed impri- mis serainis structurà. An ide Cusparieæ, suadentibus plerisque, à Diosmeis reliquis removendæ? non-ne potiüs cum ipsis relinquen- dæ , dato sensim transitu à floribus polypetalis typo regulari gau- dentibus ad polypetalas irregulares, nec bene definito inter has et illas limite. SPIRANTHERA. Tab. 25, n°. 32. SrrrANTHERA. Saint-Hil,—DC. — Terpvanraus. Nees et Mart. Calix brevis, 5-fidus. Petala 5 longissima , libera, linearia , sub- inæqualia, subfalcata. Stamina 5 petalis paulo breviora , libera, filamentis filiformibus tuberculatis, antheris linearibus, post an- thesim spiraliter revolutis. Ovaria 5 villosa , basi coalita et stipitata, disco campanulato cincta. Styli 5 ex angulo interno ovariorum orti, statim in unum coaliti petalis longiorem , infrà hispidum , stigmate capitellato 5-lobo terminatum. Fructus 5-capsularis, capsulis sæ- piüs abortu paucioribus. Fruticulus. Folia alterna, ternata, petiolata, Pedunculi inummis ramulis axillares, infrà nudi , apice 3-fidi 3-flori, aut terminales 63 * 492 DiosMEÆ AMFRICANEX. corymbosim divisi, pedicellis 1-5-bracteolatis. Flores speciosi, alba, suavissimè odorati. " Ons. Species unica Brasiliana intra tropicos. —Charact. ë specim. sicc., ex Aug. de Saint-Hil. PI. rem. Bres., 1, p. 147, tab. 17, et Nees Mart. Fraxin. Act. Acad. natur. cur. vol. 11, p. 152 et 177, tab. 19,K et 31.— Genus hoc petalorum inæqua- lium staminumque longitudine et indè alabastri subincurvati form , ut et pistillo stipilato, Dictamno et Calodendro non absimile , quæ connectit cum Cusparieis, à quibus ipsum separari non potest . affinitatem hanc confirmante descriptione datà à Nees et Mart., quibus testibus, « structura receptaculi et seminis omninè uti in Arubä » (id est Galipea vel Almeïdeä) : fructus tamen plane maturos se vidisse negant. ALMEIDEA. Tab. 23, n°. 53. Ames. Saint-Hil.—DC. — Arura. Nees et Mart.—(non Aubl. ). Calix brevis 5-partitus-fidus-dentatus-ve. Petala 5 multotiès lon- giora, distincta, æqualia, spatulata. Filamenta 5 petalis breviora, libera , complanata , supra medium densè barbata, omnia antheri- fera , antheris lineari-cordiformibus. Ovaria 5, disco cupulæformi infrà cincta , basi inter se coalita, glabra. Styli 5 ex apice ovario- rum orti, statim in unum coaliti glabrum , stigmate capitato 5-lobo terminatum, Fructus abortu 1-2-capsularis, capsulis 1-rariùs-2- spermis. Arbores , arbusculæ vel frutices. Folia alterna , superiora quando- que opposita, simplicia, integerrima, petiolata petiolo superius nodoso. Ramuli floriferi terminales ; infrà simplices et nudi, apice in racemos compositos, paniculatos thyrsoïdeos-ve divisi , peduncu- lis partialibus bracteatis , pedicellis medio bracteolatis. Flores albi, lilacini , rubri, cœærulei. Ons. Species 5 Brasilianæ intra tropicos. — Charact. & specim, siccis, ex aie” de Shint-Hil. Pl. rem. Bres., vol. 1 , p.142, tab. 15, etNees Mart,, Fraxin. Act. Acad. uatur. curios., vol. 11, p. 132,et 172, tab. 19, net 27-28-20.—Interdüm in alabastro petala inter se et cum filamentis cohærent, tunc à flore Galipeæ non facile disnguendo. — Antheræ latere similiter subincurvatæ. — Structuræ em bryonis ab Aug. de Saint-Hil. nobisque ir À. rubrd observatæ , accedit descriptio ejusdem in À. acuminatä à Nees et Mart. data. DiosMEÆ AMERICANX. 493 GALIPEAÀ. Tab.23, n°. 34. Gazrpea. Aubl.—J.—Saint-Hil.—DC. Prodr, — Cussaria. Humb. — Bonpcanpra. Willd.—Rich.—Kunth. — Ancosrura. Roem. Schult. — Concuocareus. Mik.—Nees et Mart. — Arurx spec. Nees et Mart. — Ravra. Nees et Mart. — LASTOSTEMON. Nees et Mart.— Oränrona. Velloso. Calix brevis, cupulæformis , 5-dentatus-fidus-ve. Petala 5 lon- giora, subinæqualia coalita conniventia-ve in corollam pseudo-mo- nopetalam, subcampanulatam , tubo brevi sæpius 5-gono, limbo 5- fido patente. Filamenta corollæ tubo adglutinata et ipso longiora (inclusa tamen), sæpiùs complanata tomentosaque, nunc 5 aut ra- riùs 6-8 è quibus 2-4 sterilia, nunc 5 omnia antherifera : antheræ oblongo-cordiformes, rariùs basi appendiculatæ ; post anthesim in- terdùm revolutæ. Ovaria nune omnind inter se nunc basi tantm conuata, disco cupulæformi cincta , glabra aut villosa. Styli 5 ex apice ovariorum orti, nune omninÿ aut partim distincti, nune sæpiüs in unum coaliti, singuli stigmate obtuso terminati. Fructus abortu 1-2-Ccapsularis. Arbores aut sæpiüs frutices. Folia alterna nunc simplicia petiolo infra apicem geniculatim incrassato , nunc ternata aut rariùs qua- ternata quinata-ve, pellucido-punctata. Pedunculi (Ramuli?) axil- lares vel extraaxillares, infrà simplices nudi, superiüs nunc in ra- cemos simplices compositos-ve, nune rariüs in corymbos paniculas- ve divisi; pedunculis partialibus bracteatis (bracteä interdüm foliaceä), pedicellis brevissimis, bracteolatis. ‘Flores virescentes , albi vel subcarneï. i Oxs. Species 15, unica Hayannensis , cæteræ Guianenses et Brasilianæ , intra tropicos. — Congener ex Saint-Hil. Rapuria Aubl. (Scruris Schreb. — non Nees, Mart. — Puorinannra Neck.) cui, ex Aubl. (Guy., p: 670, tab. 212): calix 5- fidus brevis ; corolla tubulosa , incurva, limbo erecto 5 partito, inæquali, subbila- biato ; filamenta 5 Lubo inserta, eodem breviora, 3 sterilia, brevissima , 2 ad 494 DiosMEÆ AMERICAN. basim bisquamulosa, antherifera ; ovarium 5-gonum , disco carnoso circumdatum ; stylus subexsertus, apice in stigma crassiusculum inflalus ; capsulæ 2 coalitæ, 1- spermæ, introrsum 2 valves : fratex Guyanensis, ‘aromaticum olens , foliis oppo- sitis, ternatis, pellucido-punctatis ; flores virescentes in spicis axillaribus , simpli- cibus, arcuatis distiche alterni. An reverà species Galipeæ? An genus distinctum , medium inter Galipeam et Monieram? posteriori afline corollà bilabiat , inflo- réscentiä, sed præsertim embryonis nudi cotyledonibus lævissimis, ( ut videtur ex fig. 7, 8): analysi recognoscendum. — Charact. Galipeæ è specim. siccis, ex Aug. de Saint-Hil. PI. rem. Bres., p. 129, tab. 12,13et14, 4,8, c, et Richard, Mem. Instit., 1811, 2°. part. , p. 82, tab. 10. Le Petala nunc inter se et cum filamentis inferius coalescunt, nunc sæpiüus basi distincta, non nisi medio, ope filamentorum pilorumque dense intertextorum , adglutinantur. — Admodüum variabilis filamentorum sterilium longitudo, nunc longiorum antheriferis, nunc breviorum. Antheræ sæpiüs, loculis subinæqualibus , latere arcuatæ ; in G. febrifugä seu Cusparid , inde Ticoreæ simili , basi appendi- culatæ (ex Richard ). — In eädem, eodem auctore, loculi oyarü 1-ovulati, ovulo appenso. — Embryo nudus , cotyledonibus conduplicatis , corruggtis , apice biau— riculatis, radiculà obliquà, in G. Fontanesiand ab Aug. de Saint-Hil. nobisque observatus ; similis videtur quoque in G. macrophyllä seu Conchocarpo, e descrip- tione Mikani. DIGLOTTIS. Drecorris. Nees et Mart.—DC. Calix 5-fidus. Petala 5 longiora , subæqualia , in corollam pseudo- monopetalam usque ad medium coalita. Filamenta corollæ tubo bre- viora , cum eodem subadglutinata, complanata, superiüs barbata, 3 sterilia , 2 antherifera , antheris apice in ligulam acutam , barba- tam productis, cordiformibus. Ovaria 5 disco cupulæformi basi cincta. Styli 5 in unum brevissimum connati, stigmate obtuso ter- minatum. Fructus 5-capsularis, capsulis r-spermis. ® Frutex. Folia alterna , longa, lanceolato-ovata, integerrima , pel- lucido-punctata , petiolis apice inflatis. Flores in paniculà subrace- mosà terminali , brevi, subsessiles , bracteati. Os. Species unica Brasiliana sub tropicis. — Charact. & Nees et Mart. Fraxin. Act. Acad. natur. curios. , vol. 11, p. 151 et 150, tab. 19, F et 25.—Ex auctoribus, ne ” DIiosMEÆ AMERICANX. 495 oyaria 1-oyulata, — Genus cæterum à Galipeä nullà ahià notà, nisi antherarum appendiculis terminalibus, distinctum : an satis ? ERYTHROCHITON. Eryruroomron. Nees et Mart.—DC. Calix magnus , tubulosus, tubo compresso 5-costato, laciniis 5 limbi inter se bilabiatim concretis, labiis sub-æqualibus, nunc utroque integro, nunc superiore trifido. Petala 5 longiora , coalita in corollam pseudo-monopetalam , hypocrateriformem ; limbo 5-fido patente. Filamenta 5 tubo corollæ breviora , cum eodém et inter se adglutinata , omnia antherifera, antheris lanceolatis. Ovaria 5 disco glanduloso, urceolato, longiore cincta. Styli 5 connati in unum tubo corollæ subæqualem , stigmate obtuso 5-sulco terminatum. Fructus 5-capsularis, capsulis r-spermis. Arbuscula. Folia alterna, simplicia, petiolata , lanceolata , longis- sima, integerrima , glabra. Ramuli axillares, subaphylli, apice floriferi et indè pedunculos mentientes longissimos. Flores magni, in axillà folii bracteiformis 2-4-pluri-fasciculati, breviter pedun- culati, pedunculo basi articulato , 2-bracteolato; calicibus rubris, corollis albis. Os. Species unica Brasiliana e sylvis aborigenibus , intra tropicos. — Charact. ë Nees et Mart. Fraxin. in Act. Acad. natur. curios., vol. 11, p. 151 et 165, tab. 18, cet 22. TICOREA. Tab. 23, n°. 35. Trcorea. Aubl. — J. — DC, -— LE Î en bte - " ! Mme edited dal 1 Mintool ds; 6Hfatet MEL D élier a te y 1 toi 4 is tout fasnoq cn’ el iup 5 | : 4 m3 LE À ' ‘ ol a d + pen E AN 'ÉR Neue, SEérbon es ue ae Be) ee LS Me pole NET USM Vire DAS Ne A vestes "45 pes 1556 à gt | " ; ta NAN LOS thsiea lo St vor ar s AT tie lup,n dre n + 3 +1. ob ARE ER OU LEE DE" à HT BROT'T © y " How: X : ee Dineues à M! à ra Wgi! | tissé | ‘ it MUUTS c't/ "4 SODITAUAMEIA SADAT Ah PE ALI = c ’ vs, R 13 \ mit nv Ci L [PES L 1 ri à. …‘ { vint de . [a Le We W L ‘ FL N 0 - ? (x PRE \ LEE] vs : / k % " 2: 2 "ps 2 Û A}. | k id L + F Vi ? Æ Le ; « à 2: He RAA FE He Hiistshilste Hbc ce Hi he HR PR