# L : : È { | À | + cu f} MÉMOIRES LA SOCIÉTÉ D’ÉMULATION DU DÉPARTEMENT DU DOUBS. TROISIÈME SÉRIE. — DEUXIÈME VOLUME. 1857 BESANCON, IMPRIMERIE DE DODIVERS "ET "C Grande-Rue, 42. MÉMOIRES LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DÉPARTEMENT DU DOUBS. MÉMOIRES LA SOCIÉTÉ D’ÉMULATION DU DÉPARTEMENT BU DOUBS, TROISIÈME SÉRIE — DEUXIÈME VOLUME. 1857. BESANCON, IMPRIMERIE DE DODIVERS ET C:*, Grande-Rue, 42. 1858 e f à Ms MÉMOIRES LA SOCIËTÉ D'ÉMULATION DU DÉPARTEMENT DU DOUBS. 1° PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES. Séance du 10 janvier 1857. PRÉSIDENCE DE MM. DeLacroix ET COQUuANp». Membres présents. Bureau : MM. Delacroix, président sortant; Coquand, pré- sident entrant; Grenier, vice-président sortant; Bavoux, se- crétaire; Varaigne, vice-secrétaire entrant; Marque, trésorier réélu. Meugres RésipanTs : MM. Blondeau (Charles), Blondeau (Léon), Blondon, Bruand, Cornuty, de Boulot, de Contré- glise, Delacroix (Emile), Ducat, Loir, Revillout, Tournier et Voisin. La séance commence sous la présidence de M. Delacroix. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 45 décembre dernier, dont la rédaction est adoptée. Avant de résigner ses fonctions, M. Delacroix remercie la Société du concours bienveillant qu’elle lui a prêté pendant l'année qui vient de s’écouler. Il invite ensuite les nouveaux membres du conseil d'administration à prendre place au bu- reau. MM. Coquand et Varaigne répondent à cet appel. M. Coquand, en prenant la présidence, remercie ses con- frères des suffrages qu’ils ont bien voulu lui accorder, et leur donne l'assurance qu’il ne négligera rien pour se rendre digne de cette distinction. Il énumère ensuite les dons qui ont été faits depuis la der- nière séance, en appelant particulièrement l’attention sur ceux de MM. le sénateur Lyautey et le duc de Marmier, qui ont en- voyé, le premier 200 francs, et le second 50 francs, pour les collections d'histoire naturelle. L'assemblée charge M. le président d'adresser à ces deux donateurs l'expression de sa vive reconnaissance. Plusieurs de nos confrères ayant, à diverses reprises, ex- primé le désir que la Société pût, à volonté, faire des insertions dans un des journaux de la ville, M. le président annonce qu'il a fait des démarches pour arriver à ce résultat, aux conditions les moins onéreuses pour la Société. M. Dodivers, avec qui il propose de traiter, offre gratuite- ment les colonnes du journal {a Franche-Comté, et se charge en outre d'imprimer les Mémoires de la Société à des prix aussi avantageux que ceux de ses confrères. En conséquence, 1l est décidé qu'il sera passé à cet effet un traité avec M. Dodivers. Le conseil d'administration reste chargé de ce soin. M. le trésorier présente le résumé de ses comptes pour l’an- née 4856. Conformément aux statuts, une commission com- posée de MM. Percerot, Micaud et Martin (architecte), est chargée d’en faire la vérification. | M. Delacroix (Emile) fait fonctionner sous les yeux de l’as- . semblée la clepsydre qu’il propose d'employer comme moyen de signal sur les voies de fer. L’essai de cei appareil est si satisfaisant que l’assemblée ne juge pas nécessaire d'attendre le rapport de la commission désignée, le 45 décembre dernier, pour en faire l’examen. Plusieurs des assistants savent d’ailleurs que les conclusions de ce rapport seront favorables. En conséquence, l'impression de la notice de M. Delacroix est votée immédiatement. M. de Boulot exprime l'avis qu’on devrait appeler l’attention sur cette ingénieuse application des clepsydres; à cet effet, il propose d'admettre le publie à voir fonctionner celle qui est présentée à l'assemblée. NL — Cette proposition est accueillie. M. Coquand communique un mémoire sur les terrains cré- tacés de la Franche-Comté-et de la Charente; il fait en même temps ressortir, par des dessins faits sur le tableau, les dis- cordances qui existent entre ces deux contrées. À l’occasion de cette communication, M. Delacroix (Al- phonse) annonce que l'étage aptien est très-développé aux en- virons de Gy (Haute-Saône), où il atteint environ 7 mètres de puissance. Il est composé d’argiles utilisées pour la fabrication des tuiles. L'assemblée décide que le travail de M. Coquand sera inséré dans les Mémoires de la Société. Toutefois, l’auteur se réserve, conformément à la décision du 13 décembre 1855, de prendre à sa charge les planches qui seront jointes au texte. Sur la proposition de MM. Coquand et Delacroix, on vote également l'impression d’une notice de M. Toubin sur Alesia. Il est déposé les présentations de 25 candidats, doni 21 au titre de membres résidants et 4 à celui de correspondants. A la suite d’un scrutin secret auquel il est procédé, M. le président proclame, Membres résidants : MM. Boré, agronome; Courzer, Eléonore, directeur de filature; Munier, Auguste, propriétaire ; VorriN, voyageur de commerce ; Et Membres correspondants : MM. Gary, docteur en médecine, médecin aide-major à Bougie (Algérie) ; Peucror, Constant, ingénieur honoraire des Ponts et Chaussées à Audincourt (Doubs). L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 10 janvier 1857. Le Président, Signé Coquanp. Le Secrétaire, Signé Bavoux. Séance du 14 février 1857. PRÉSIDENCE DE M. CoQuanp. Membres présents. Bureau : MM. Coquand, président; Delacroix (Alphonse), vice-président; Bavoux, secrétaire; Varaigne, vice-secrétaire ; Marque, trésorier; Brocard, archiviste. MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Berger, Blondeau (Charles), Blondeau (Léon), Blondon, Bruand, Chapot, Constantin, Cornuty, Courlet de Vregille, Darlay, de Contréglise, Dela- croix (Emile), Delacroix (Victor-Emile), de Nervaux, Détrey, Dodivers, Ducat, Faucompré, Grenier, Jourdheuil, Lebon, Lhuillier, Loir, Noiret, Percerot, Pourcy de Luzans, Prou- dhon (Léon), Régley, Revillout, Trémolières, Voisin et Vuilleret. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 10 janvier dernier, dont la rédaction est adoptée. M. le président lit ensuite une lettre par laquelle la commis- sion archéologique exprime ses remercîments au sujet de la subvention qui lui a été remise par la Société d’émulation. M. Percerot présente le rapport de la commission chargée de vérifier la comptabilité de 1856. Il constate que les écritures ont été tenues avec la plus grande régularité, et que le trésorier continue à montrer le plus grand dévouement pour les intérêts de la Société. Après quelques observations faites par M. Grenier, l’assem- blée adopte les conclusions de la commission. M. Percerot donne lecture d’un rapport sur les constructions romaines récemment découvertes dans la cathédrale de Be- sançon. re Le secrétaire communique ensuite le rapport de la com- mission chargée d'examiner les clepsydres à signaux de M. De- lacroix. Il est décidé que ces deux rapports seront insérés dans les Mémoires de la Société. | Il est présenté 43 candidats au titre de membres résidants et 3 à celui de correspondants. — VV — L'assemblée vote ensuite sur les présentations faites à la précédente séance. Après le dépouillement du scrutin, M. le président proclame, Membres résidants : MM. BRETEGNIER, notaire ; CHAVÉRIAT, vice-président du tribunal de première in- stance ; CHEVILLIET, professeur au Lycée; Coquann fils, préparateur de physique à la Faculté des sciences ; De Bussrerre, Jules, conseiller à la Cour impériale : Dequix, doyen de la Faculté des sciences ; DE Serre, général de brigade; GrrauD, payeur du Trésor; Henri, professeur au Lycée ; Jacques, docteur en médecine ; LassaGxE, chirurgien major au 43° régiment d'artillerie ; Marror, banquier; Marion, mécanicien à l’usine de Casamène:; Martin, docteur en médecine à Chenecey (Doubs) ; OPPERMANN, directeur de la Banque; SOUDRY, ingénieur Civil ; Tissor, propriétaire et naturaliste à Chenecey (Doubs): TRucHoT, préparateur de chimie à la Faculté des sciences ; ZELTNER, Joseph, négociant : Et Membres correspondants : MM. Jacquinor, percepteur à Membrey (Haute-Saône) ; LamBErT, ingénieur civil à Vuillafans (Doubs) ; PERRON, conservateur du Musée d'histoire naturelle à Gray (Haute-Saône) : Ravier, docteur en médecine à Morteau (Doubs. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 14 février 1837. Le Président, Signé Coquanp. Le Secrétaire, Signé Bavoux. pese | Div Séance du 14 mars 1857. PRÉSIDENCE DE M. Coquanr. Membres présents : Bureau : MM. Coquand père, président; Delacroix (Al- phonse), vice-président; Bavoux, secrétaire ; Varaigne, vice- secrétaire ; Marque, trésorier ; Brocard, archiviste. MEMBRE HONORAIRE : M. le Recteur de l’Académie. Meugres RésipanTs : MM. Blondeau (Léon), Boré, Chene- vier, Constantin, Coquand fils, Coulon, Courlet de Vregille, Coutenot, de Chardonnet fils, de Serre, Ducat, Grenier, Jac- ques, Lassagne, Lebon, Martin (docteur), Micaud, Pourcy de Luzans, Régley, Revillout, Truchot, Vuilleret. MEMBRE CORRESPONDANT : M. Sautier. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 14 février dernier, dont la rédaction est adoptée. M. Coquand fils annonce qu’il continuera à rédiger les résu- més météorologiques, dont une partie a déjà paru dans les Mémoires de la Société. Il met en même temps sous les yeux de l'assemblée d’autres tableaux présentant, jour par jour, les variations du baromètre et du thermomètre. M. le Recteur pense qu'on pourrait augmenter l’intérêt de ces tableaux en y ajoutant les observations hygrométriques. Une commission, composée de MM. Deguin, Martin (doc- teur) et Coutenot, est priée d'examiner le travail de M. Co- quand fils. M. Delacroix (Alphonse) communique une lettre par laquelle la Société d'histoire et archéologie de Châlons-sur-Saône de- mande l'établissement de relations entre les deux Compagnies. La Société de l’industrie de la Mayenne a fait une semblable proposition. Ces offres sont acceptées à l’unanimité. M. Delacroix annonce que M. le curé Maisonnet vient de découvrir, dans un tumulus d’Alaise, les ossements d’un homme et d’un chien, dont le mode de sépulture était iden- tique à ce qui a déjà été signalé par M. Varaigne. — VII — M. Coquand analyse un mémoire de M. Lory sur la géologie du Jura. Il est décidé que ce travail sera inséré dans les publications de la Société. M. Régley est ensuite prié de faire, dans la prochaine séan- ce, une communication sur le camp antique qu’il vient de dé- couvrir à Fontain. Il est présenté trois candidats au titre de membre résidant, et un à celui de correspondant. A la suite d’un scrutin secret, M. le président proclame, Membres résidants : MM. Azviser, avocat général ; BaLanprer, professeur au collége Saint-François-Xavier; BeneyrTon, conseiller à la Cour impériale ; Bourpon-Dussaussey, directeur des contributions di- recies; Corprer, conseiller à la Cour impériale ; D'ARBAUMONT, Capitaine d'artillerie ; DE JALLERANGE, Paul, propriétaire ; Desroziers, recteur de l’Académie ; DEssERTEAUX, conseiller à la Cour impériale ; EsTiGNaRD, avocat ; Louvor, receveur principal des contributions indirectes ; PAGuELLE, conseiller à la Cour impériale ; Racine, membre du conseil municipal ; Et Membres correspondants : MM. CHerBoNNEau, professeur d’arabe à Constantine (Algérie); DE MaRANGE, propriétaire à Nenon (Jura); Lory, professeur à la Faculté des sciences de Greno- ble (Isère). L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 14 mars 1857. Le Président, signé Coquawp. Le Secrétaire, signé Bavoux. Hi —, VIT Le Séance du 18 avril 1857. PRÉSIDENCE DE M. Coquanp. Membres présents : Bureau : MM. Coquand, président ; Delacroix (Alphonse), vice-président; Bavoux, secrétaire; Varaigne, vice-secré- taire; Marque, trésorier ; Brocard, archiviste. Meugres RÉsIDANTS : MM. Blondeau (Léon), Boudsot, Che- nevier, Coquand fils, Cornuty, Coutenot, Delacroix (Emile), d'Estocquois , Détrey, Gouget, Lebon, Martin (architecte), Monnot, Soudry, Truchot. MEMBRE CORRESPONDANT : M. Sire. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la précé- dente séance , dont la rédaction est adoptée. M. le président communique ensuite une lettre qu'il a re- çue de S. À. I. le prince Napoléon. Cette lettre, en date du 9 avril 1857, est ainsi conçue : « Monsieur le président, me souvenant de la demande que » vous m'avez faite et désirant vous donner un témoignage de » l'intérêt que je prends au Musée d'histoire naturelle de la » ville de Besançon, j'ai fait faire , dans ce qui me reste des » collections de mon voyage des mers du Nord en 1856, un » choix d'objets d'histoire naturelle que je vous offre pour » votre Musée. Je vous en envoie le catalogue sous ce pli. » Recevez, etc. » Signé : NAPOLÉON. » L'assemblée se montre vivement reconnaissante de cet acte de générosité et charge M. le président de remercier S. A. I M. de la Colonge a envoyé un manuscrit intitulé : Règles pour arriver à la connaissance du moteur hydraulique le plus avantageux dans un cas donné. Ce travail est commu- niqué à une commission composée de MM. d’Estocquois, Boudsot et Résal. M. Boudsot présente, à son tour, un autre mémoire sur la théorie mathématique de l’émission et du remboursement des obligations. MM. d’Estocquois, Résal et Martin {architecte) sont priés d'en faire l'examen. M. Brocard présente le catalogue des oiseaux du départe- ment du Doubs et lit la préface de ce travail, dont l’assem- blée vote immédiatement l'impression. M. le président annonce que des relations d'échange vien- nent d’être établies avec la Société de l’industrie de la Mayenne et avec celle de statistique et d'histoire naturelle de l'Isère. M. Alphonse Delacroix annonce que M. le curé Maisonnet vient de découvrir à Alaise, et loin de toute habitation, un pavé fort bien conservé, de six mètres de largeur sur une lon- gueur très-considérable. C’est un nouveau document pour confirmer l’importance qu'a dû avoir autrefois le petit village d’Alaise. M. Coquand communique le règlement de la Société de se- cours des amis des sciences, ainsi qu’une lettre qui lui a été adressée par le président de cette Compagnie. Il engage tous les membres de l'assemblée à s'associer à cette œuvre de bienfaisance. M. Coutenot, au nom de la commission chargée d’examiner les tableaux météorologiques de M. Coquand fils, émet un avis très-favorable. La commission, tout en exprimant le dé- sir que la Société publie ce travail, n'ose en proposer l’im- pression, dans la crainte de grever le budget d’une dépense au- dessus de ses ressources. Elle croit donc devoir renvoyer l'examen de cette affaire au conseil d'administration. M. Alphonse Delacroix demande l'insertion de ces tableaux dans les Mémoires de la Société. M. le président fait observer que le budget ne pourrait sup- porter la dépense considérable qui en résulterait. Après une courte discussion, la proposition de M. Dela- croix est accueillie, sous la réserve que M. Coquand fils se chargera de faire dessiner ses tableaux sur la pierre lithogra- phique. Quatre candidats sont présentés pour faire partie de la So- ciété comme membres résidants. Sont proclamés, à la suite d’un scrutin secret, Membres résidants : MM. LeBow, notaire ; LépaGney, François, horticulteur ; VicoTt-GiLLoT, négociant ; ee Membre correspondant : M. Parzcor, instituteur et botaniste à Nans (Doubs). L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 48 avril 4857. Le Président, signé Coquanp. Le Secrétaire, signé Bavoux. Séance du 9 mai 1857. PRÉSIDENCE DE M. Coquanr. Membres présents. Bureau: MM. Coquand, président; Huart et Delacroix (Alphonse), vice-présidents; Bavoux, secrétaire; Varaigne , vice-secrétaire. Meugres RÉsIDANTS : MM. Bruand, Castan, Coquand fils, Cornuty, d'Arbaumont, Delacroix (Emile), d’Estocquois , Détrey, Fachard, Gouget, Grenier, Jacques, Paguelle, Pin- tart, Régley et Truchot. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la Rue séance, dont la rédaction. est adoptée. M. le président communique une lettre proposant des rela- lions d'échange au nom de la Société helvétique des sciences naturelles. L'assemblée accueille cette proposition et décide l’envoi de tout ce qui reste de la collection de nos Mémoires. M. d’Estocquois, au nom d’une des commissions nommées le 18 avril, demande l'impression de la notice de M. de la Co- longe, ainsi que celle de la planche qui y est annexée. Le même membre, rapporteur d'une autre commission, émet un avis favorable sur le mémoire de M. Boudsot. L'assemblée vote l’impression de ces deux travaux. M. Castan lit un rapport sur les découvertes archéologiques qui viennent d’être faites à Moulin-Rouge, près d’Orchamps ( Jura. ri Sn Il est décidé que ce rapport sera inséré dans les Mémoires de la Société. A cette occasion, M. Bruand rappelle que son père a au- trefois déposé à la Bibliothèque de la ville un autel, un poids en plomb et un fragment de sculpture trouvés dans le même lieu. Il est présenté sept candidats au titre de membre résidant et quatre à celui de correspondant. Sont proclamés , à la suite d’un scrutin secret, Membres résidanés : MM. Brun, professeur de physique au Lycée ; « Monwrer, propriétaire ; Pro, conseiller à la Cour impériale ; Tniégaup, Eugène, négociant. L'ordre du jour étant épuisé , la séance est levée. Besançon , le 9 mai 4857. Le Président, signé Coquanr. Le Secrétaire, signé Bavoux. Séance du 13 juin 185%. PRÉSIDENCE DE M. Coquanp. Membres présents. Bureau: MM. Coquand, président ; Delacroix | Alphonse |, vice-président ; Marque, trésorier; Bavoux, secrétaire. MeEuBres RÉSIDANTS : MM. Blondon, Brun, Castan, Che- nevier, Constantin, Courlet de Vregille, de Bussierre, de Jallerange , de Serre, Détrey, Grenier, Jacques, Lebon (doc- teur), Lebon (notaire), Monnier, Paquelle, Pétey, Pion, Régley et Truchot. MEMBRE CORRESPONDANT : M. Humbert, docteur en médecine à Paris. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la précé- dente séance , dont la rédaction est adoptée. a - S M. le président communique une lettre de S. Exc. le minis- tre de l'instruction publique, qui est conçue en ces termes : « Paris, le 22 mai 1857. » J'ai l'honneur de vous informer que , par arrêté du 8 mai » courant, J'ai alloué, à titre d'encouragement, une somme » de trois cents francs à la Société d’émulation du Doubs. « Je suis heureux d’avoir pu donner à cette Société une » preuve de l'intérêt que je prends à ses travaux. » L'assemblée charge M. le président d'exprimer à Son Exc. toute la gratitude que lui inspire cette nouvelle marque de bienveillance. M. le président expose que les impressions confiées à M. Outhenin-Chalandre viennent d’être terminées , et que les nouvelles publications seront dorénavant imprimées chez M. Dodivers, conformément à la décision du 10 janvier dernier. Il fait remarquer que M. Chalandre a toujours servi la Société de la manière la plus satisfaisante. Il propose donc d'adresser des remercîments à notre ancien imprimeur, en lui rappelant que c’est seulement une question de publicité qui a pu nous déterminer à nous adresser à un de ses confrères. L'assemblée adopte à l’unanimité cette proposition. Le secrétaire annonce que M. Girod offre gratuitement ses services pour tous les travaux photographiques que la Société désirerait effectuer. Cette offre est acceptée avecreconnaissance. M Humbert lit une notice intitulée : Nouvelle méthode ana- lytique pour reconnaître le brome, par MM. Ossian Henry et Humbert. M. Grenier communique ensuite un travail sur la flore exo- tique des environs de Marseille. Puis M. Alphonse Delacroix donne lecture d’un rapport de son frère sur des recherches archéologiques faites à Luxeuil. L'assemblée décide que ces trois mémoires seront insérés dans les publications de la Société. M. Castan donne ensuite l’analyse d’une dissertation sur quelques points critiques de l’histoire de Besançon. Ce travail est remis à une commission composée de MM. Monnier, Vuilleret et Delacroix (Alphonse), rapporteur. Les noms de six candidats au titre de membre résidant sont déposés sur le bureau. — XII — Enfin M. le président, à la suite d’un'scrutin secret, proclame, Membres résidants : MM. AuGer, général d'artillerie ; BrerTiLLor, Maurice, propriétaire ; Brerizcor , Paul, propriétaire ; CHauvin, procureur impérial ; DonwzeLor, colonel en retraite ; GirarpoT, banquier ; Væiz-Picar», banquier; Et Membres correspondants : MM. BararzzarD, greffier de la justice de paix à Audeux (Doubs) ; Dumorrtier , négociant à Lyon ; FRomENTEz, docteur en médecine à Gray (Haute-Saône); TaiozziÈre, Victor, géologue à Lyon. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 13 juin 4857. Le Président, signé Coquanr. Le Secrétaire, signé Bavoux. Séance du 11 juillet 1857. PRÉSIDENCE DE M. Coquanop. Membres présents. Bureau : MM. Coquand, président ; Huart et Delacroix ( Alphonse), vice-présidents; Marque, trésorier ; Bavoux, se- crétaire ; Varaigne , vice-secrétaire. Meugres RÉsipANTS : MM. Auger, Blondon, Boré, Chene- vier, Constantin, Courlet de Vregille, de Serre, Détrey, Ducat, Franceschi, Grenier; Lebon (docteur), Mathiot, Pa- guelle, Pion, Pourcy de Luzans, Régley et Truchot. MEMBRES CORRESPONDANTS : MM. Humbert (docteur à Paris) et Paillot. — XIV — Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 13 juin dernier, dont la rédaction est adoptée. M. le président, en énumérant les dons faits à la Société, appelle plus particulièrement l'attention sur ceux de M. le sé- nateur Lyautey et de M. Duréault, qui ont envoyé, le pre- mier 200 francs pour la collection des fossiles tertiaires , et le second plus de 1450 beaux fossiles de divers terrains. M. Franceschi a adressé à M le président de la Société une lettre pour lui annoncer que les artistes bisontins organisent, pour le printemps de 1858, une exposition des beaux-arts dans notre ville. Il espère que la Société d'Emulation voudra bien s'associer à cette patriotique entreprise, en accordant une sub- vention qui permettra de couvrir une partie des frais qu’occa- sionnera cette exposition. Une commission composée de MM. Huart, Grenier, Mathiot et Franceschi est chargée d'examiner la proposition contenue en cette lettre et de se concerter avec le bureau de la Société de peinture. M. Delacroix, au nom de la commission nommée le 13 juin dernier, propose l’impression du travail de M. Castan sur les origines de Besançon. MM. Chenevier, Lebon et Mathiot demandent si cette pro- position peut être accueillie, le mémoire dont il s’agit ayant été déjà soumis à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon. Mais, sur l'observation faite par MM. De- lacroix et Huart, qu’il a été seulement présenté à un concours et sans demande d'impression, la Société adopte les conclu- sions de la commission. M. Alphonse Delacroix lit une note relative à un chemin gaulois reconnu sur le territoire de Besançon. Cette note sera insérée dans le prochain bulletin archéologique. M. le président prie M. Varaigne de publier, dans les Mé- moires de la Société, les procédés galvanoplastiques par les- quels il est parvenu à reproduire les sceaux du moyeu âge et à enrichir le Musée archéologique d’une collection fort remar- quable. M. Varaigne promet de s'occuper promptement de la rédac- tion de ce travail. M. le professeur Coquand communique une notice destinée à faire suite à celle qu’il a donnée sur les terrains crétacés. L'assemblée décide que ce nouveau travail sera inséré dans les Mémoires de la Société. Il est déposé des présentations relatives à quatre candidats, dont un au titre de membre résidant et trois à celui de cor- respondant. A la suite d’un scrutin secret, M. le président proclame , Membres résidants : MM. Le Marquis DE CoNeGLrano, chambellan de l'Empereur et député du Doubs au Corps législatif; * | Brenin, maître répétiteur au Lycée ; MézioDoN, lieutenant au 2° régiment d'artillerie ; Naupier, propriétaire ; Parçuez, docteur en médecine ; Vaucaerer, lieutenant au 13° régiment d'artillerie. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 11 juillet 1857. Le Président, signé Coquann Le Secrétaire, signé Bavoux. Séance du 8 août 1857 PRÉSIDENCE DE M. DELACROIx. Membres présents. Bureau : MM. Delacroix, vice-président; Marque, trésorier; Bavoux, secrétaire; Varaigne, vice-secrétaire. Meugres Résipanrs : MM. Blondon, Courlet de Vregille, Delacroix (Victor-Emile), de Serre, Détrey, Girardot, Lebon (docteur), Lépagney, Pintart et Vuilleret. MEMBRE CORRESPONDANT: M. Humbert, docteur en médecine à Paris. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du M juillet dernier, dont la rédaction est adoptée. — XVI — M. Vuilleret fait observer qu'il n’a pas été appelé à donner son avis sur le travail dont l’impression a été votée à la précé- dente réunion. M. Humbert communique ensuite une note qu’il a rédigée avec M. Morétin, sur le guano de chauve-souris extrait des grottes de Baume-les-Messieurs (Jura }. Il ajoute que ce tra- vail n’est que l’ébauche de celui que son confrère et lui se pro- posent de soumettre à la Société, lorsque leurs recherches se- ront plus complètes. Il est présenté deux candidats au titre de membre résidant et un à celui de correspondant. L'assemblée procède ensuite à un scrutin secret, à la suite duquel M. le président proclame, Membre résidant : M. pe SainT-Maurice, Gustave, propriétaire à Besançon ; Et Membres correspondants : MM. Dorner, sous-chef du secrétariat général de la compa- gnie du chemin de fer de Paris à Lyon; GouceT, chanoine à Saint-Claude ( Jura ) ; Et MorérTin , docteur en médecine à Paris. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 8 août 1857. Le Vice-Président, signé A. DELACRoIx. Le Secrétaire, signé Bavoux. Séance du 14 novembre 1857. PRÉSIDENCE DE M. CoQuanp. Membres présents. Bureau : MM. Coquand, président, Huart et Delacroix, vice-présidents ; Marque, trésorier; Bavoux, secrétaire; Bro- card; archiviste. — XVII — Memgres RésipantTs: MM. Bertrand, Blondon, Bruand, Chauvin, Chenevier, Constantin, Coquand fils, Cornuty, Delacroix (Victor -Emile), de Serre, Ducat, Fachard, Fau- compré, Grenier, Hugon, Jacques, Martin (docteur), Nau- dier, Pion, Régley, Truchot et Vuilleret. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 8 août dernier, dont la rédaction est adoptée. En énumérant les dons faits depuis cette époque, M. le pré- sident appelle spécialement l’attention sur celui de M. Bixio, qui à bien voulu envoyer à la Société plus de 300 volumes et brochures , parmi lesquels on remarque plusieurs ouvrages importants sur la botanique et l’agriculture. L'assemblée charge le bureau d’adresser à M. Bixio l’expres- sion de sa vive reconnaissance. M. le président communique une lettre par laquelle la So- ciété historique et littéraire du Bas-Limousin demande un échange de publications. Cette proposition est accueillie à l’unanimité. Lecture est ensuite donnée d'une demande formée par la So- ciété de peinture de Besançon, à l'effet d'obtenir le concours de la Société d'Emulation. Cette lettre est remise à la Commission nommée le 11 juillet dernier pourexaminerune demande formée, dans le mêmesens, par M. Franceschi. L'assemblée décide que la séance du mois prochain sera re- portée du 12 au 17 décembre. M. le président présente ensuite le projet élaboré par le Con- seil d'administration pour le budget de 1858. À l’occasion des fonds destinés au Musée archéologique, il s'élève une discussion à laquelle prennent part MM. Grenier et Vuilleret. Après cet incident, le projet du Conseil est adopté à l’una- nimité dans son ensemble et sans modifications. M. le président demande l'autorisation d’affecter au paie- ment d'objets d'histoire naturelle les restes de crédits non em- ployés en 1857. - Cette proposition est également accueillie. Il est déposé sur le bureau les présentations de huit candi- dats au titre de membre résidant et de quatre à celui de cor- respondant. — XVII — Les présentations faites à la séance précédente sont ensuite l’objet d’un scrutin secret, à la suite duquel M. le président proclame , Membres résidants : MM. Barraer, médecin aide-major au 13° régiment d’ar- tillerie ; Dérrey, Just, banquier ; VALINDE , Florian , propriétaire ; Et Membre correspondant : M. Bexorr, docteur en médecine à Giromagny (Haut-Rhin). L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon , le 14 novembre 1857. Le Président, Signé Coquanp. Le Secrétaire, Signé Bavoux. Séance du 17 décembre 1857. PRÉSIDENCE DE M. CoQuanp. Membres présents. Bureau : MM. Coquand, président; Huart et Delacroix (Alphonse), vice - présidents ; Marque, trésorier; Brocard, archiviste ; Bavoux , secrétaire. Meugres RésIDANTS : MM. Belot, Besson (avoué), Blondon, Bretegnier, Bruand, Brun, Castan, Chenevier , Constantin, Coquand fils, Cornuty, d’Arbaumont, Delacroix (Emile), Delacroix (Victor-Emile), de Nervaux, de Serre, Détrey (Francis), Ethis, Fachard, Falconnet, Filingre, Franceschi, Gouillaud, Grenier, Hugon, Messelet, Munier, Percerot, Pétey, Pion, Régley, Travelet, Truchelut, Truchot, Valinde, - Voirin et Vuilleret. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 1% novembre dernier, dont la rédaction est adoptée. — XIX — Il est ensuite procédé à un scrutin secret, à la suite duquel M. le président proclame , Membres résidants : MM. Barpaup , Auguste , propriétaire ; Buexor , négociant ; Dugosr , colonel , sous-directeur du Génie ; JourGrow , colonel, directeur du génie ; MourriLLe, Jules, propriétaire ; PETITHUGUENIN, clerc de notaire ; PorTERET, propriétaire ; ReqQuIER, intendant militaire; Et membres correspondants !: MM. Cozarp, chef d'institution à Ecully (Rhône) ; Gevrey, instituteur à Chassey-lez-Montbozon (Haute- Saône) ; Laporre , architecte à Ornans (Doubs) ; Travezer, Nicolas, propriétaire à Bourguignon-lez- Morey (Haute-Saône). Il est déposé, par divers membres, la proposition de rece- voir dix-sept candidats, dont un comme membre honoraire, quatorze comme résidants et deux comme correspondants. M. le président communique la lettre suivante qui lui a été adressée par M. le président de la Commission archéologique de Besançon : « La Société d'Emulation a bien voulu, par une délibération » du 44 courant, voter sur son budget une somme de deux » cents francs pour le Musée archéologique de la ville. La » Commission d’antiquités qui le dirige me charge de vous » adresser, ainsi qu’à la Société d'Emulation, ses remercie- » ments empressés. Nous avons besoin du concours de tous » ceux qu'animent l’amour de la science et le zèle pour l’hon- » neur du pays. C'est par ces communs efforts que nous par- » viendrons à créer une collection digne de la Franche-Comté. » Veuillez donc, Monsieur le president, être près de vos » honorables confrères, l'interprète de nos sentiments de gra- » titude et agréer, etc. » Signé : En. CLerc. » Besançon, le 49 novembre 1857. » M. Grenier, au nom de la commission nommée le 41 juillet dernier, propose d’allouer une subvention de cent francs pour concourir aux frais d'une exposition des beaux-arts que les peintres de Besançon organisent en cette ville. Sur l’interpellation de M. le président, M. Franceschi, qui est membre de la Société de peinture, répond que cette somme lui paraît suffisante pour prouver que l’œuvre entreprise a su se concilier la sympathie de la Société d'Emulation.. L'assemblée adopte en conséquence les conclusions de la commission. M. le président présente un mémoire de M. Benoît, mem- bre correspondant, sur les moraines glaciaires de Giromagny. Ce mémoire est remis à une commission composée de MM. Delacroix (Emile), Coquand et Blondon. L'assemblée vote ensuite l'impression d’une note de M. Ré- sal sur propriétés mécaniques de la lemniscate. Le secrétaire fait l'analyse d’une notice de M. Parisot sur la Flore des environs de Belfort. Ce travail est renvoyé à une commission formée de MM. Grenier, Régley et Bavoux. L'assemblée procède ensuite, par voie de scrutin individuel, à l’élection du Conseil pour l’année 1858. Après le dépouil- lement, sont proclamés à la presque unanimité des suffrages : Président, M. Huarr ; AT Vice-Président, M. Coquanp; 2° Vice-Président, M. GRENIER ; Trésorier, M. MARQUE; Vice-Secrétaire, M. VARAIGNE ; Archiviste, M. Trucnor. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. L'assemblée se rend ensuite dans la salle où a été préparé le banquet annuel de la Société. Environ cent sociétaires s'y trouvent réunis. Les membres honoraires, invités au nom de la Société, ont bien voulu accepter cette invitation. Ce sont M. le Préfet, M. le premier Président de la Cour impériale, M. le Procureur général, M. le Recteur de l’Académie et M. le Maire de la ville. M. le Général de division, retenu par son service à Paris, avait écrit pour exprimer le regret de ne pouvoir assister à cette fête. — XXI — Vers la fin du repas, M. le Préfet adresse à l'assemblée les paroles suivantes : « Messieurs , » Avant de vous proposer une santé qui nous est chère à tant de titres, permettez-moi de payer un juste tribut d'hommages à votre Société. Les travaux considérables qu’elle a accomplis, et particu- lèrement ses récentes découvertes archéologiques, en rendant tous leurs droits aux vérités historiques si longtemps méconnues, lui ont valu les suffrages de la science et des hommes que la gloire du pays touche le plus. « Grâce à elle, la Franche-Comté a réparé l'injustice faite à la Séquanie. — Rome et César n’ont plus le monopole de l’histoire au service de leur orgueil. La Gaule et la France ont renoué la chaîne des temps, et Vercingétorix, le défenseur héroïque de la patrie, vient prendre place à côté de Napoléon IE, qui en est le res- taurateur illustre. — C’est votre œuvre, Messieurs, soyez-en fiers ! » Après avoir fort adroitement mis en parallèle la réunion de ce jour et les fêtes que les Gaulois vaincus célébraient secrètement en l'honneur de leur frères d'armes morts pour la liberté, M. le Préfet termine en portant ce toast : » Buvons à Napoléon III, à son auguste famille, et donnons un souvenir à Vercingétorix, martyr de sa foi ! » M. Coquand, président annuel, prend ensuite la parole et s’ex- prime en ces termes : « Messieurs, » Si notre institution, que l'importance de ses travaux et de nombreux services rendus à la science ont déjà recommandée à la reconnaissance du pays, avait besoin d’une consécration nouvelle, elle la recevrait en ce jour de cette imposante assemblée, dont chacun des membres, animé du même esprit, tend vers la même unité de but, en ajoutant un élément de plus au faisceau des élé- ments variés dont elle est formée. » Une Société qui, patronnée par elle seule, a su s’assimiler, en si peu d'années tant d’intelligences d'élite, recrutées parmi les savants de tous les ordres, tant dans les rangs de la Magistrature que dans ceux de l’Université et de l'Armée, est fixée désormais sur l'excellence de ses tendances, et elle trouve dans la popula- D), (UM rité qui s'attache à ses œuvres la juste rémunération de ses efforts et de ses succès. Ces éloges mérités, Messieurs, votre président a le droit de vous les dire, sans que votre modestie ait celui de s’en alarmer; car, si nos règlements nous affranchissent de l'o- bligation de prononcer des discours académiques dont la forme pompeuse pourrait laisser suspecter la sincérité des louanges, cette proscription, ils ne l’étendent ni à la vérité ni à la franchise. » Agrandir notre sphère d'action par des publications utiles, fonder, au profit de l’enseignement, des collections d'histoire na- turelle et d'archéologie, composer les fastes de la province, re- cueillir les monuments épars sur son sol et en interpréter le sens, encourager les sciences et les arts et en propager la culture, re- chercher partout les hommes de bonne volonté et les rendre nos complices : voilà, Messieurs, notre programme, notre mot d'ordre, l’œuvre de chacun de nous! Voilà aussi notre gloire et le secret de nos triomphes! » Lorsque, l'année dernière et à pareille époque, votre volonté m'appelait à la direction de vos travaux, je cherchai quels pou- vaient être les titres qui, en recommandant mon nom à vos suf- frages, étaient capables de justifier votre choix à mes propres yeux. Le seul que la conscience de mon insuffisance pût indiquer à mon orgueil, était un dévouement sans bornes mis au service de vos idées, et votre indulgence, ingénieuse à découvrir les mérites même les plus modestes, a voulu récompenser un zèle de dix années par l'honneur quatre fois répété de la présidence. Mais l'élection de ce jour a montré quelles sont nos ressources en hommes de cœur et de savoir. Le successeur que vous m'avez donné et dont le nom, populaire autant que respecté dans nos contrées, rappelle d'émi- nents services rendus dans une position élevée, saura représenter avec plus d'éclat et d'autorité la compagnie qui le place à sa tête ; il saura maintenir et exciter parmi nous ce désir de bien faire qui l'anime à un si haut degré et qui seul crée les grandes choses. » Je suis heureux, Messieurs, que le privilége de la dignité dont m'ont investi vos libres suffrages me confère l'honneur, avant de la déposer et de me confondre dans vos rangs, de porter un double toast auquel vous répondrez tous avec transport, je le sais. » Je porte la santé de la Société d'Émulation ; je bois à sa pros- périté croissante et à l'union des membres honorables qui la com- posent ! Ru X RTS — » Je porte aussi la santé des convives illustres dont la présence au milieu de nous rehausse l'éclat de notre fête de famille, en même temps qu’elle devient une signification flatteuse d’estime, de sympathie et de généreux concours ! » M. Grenier, vice-président de la Société, porte à son tour le toast suivant : (A L'ARMÉE FRANÇAISE! » La Société d'Émulation est heureuse de pouvoir, dans cette réu” pion solemnelle, témoigner à l’armée toute sa gratitude pour les chaudes sympathies dont elle a honoré ses modestes travaux. Il ne m’appartient pas, sans doute, de célébrer ces vertus guerrières dont nous sommes si fiers, et qui, naguère encore, sur la terre inhospitalière de Crimée, ont porté si haut la renommée et l'in- fluence de la France. Je sais que mes faibles paroles ne sauraient s'élever à la hauteur de l'admiration de l'Europe. » Mais c’est à nous qu'il appartient de revendiquer cette noble prérogative des armées françaises, qui, dans ces temps modernes, se sont montrées partout les apôtres zélés de l'humanité, de la ci- vilisation et de la science. » N'est-ce pas principalement à notre armée d'Egypte que l'on doit la connaissance de cette autre civilisation ensevelie depuis des milliers d’années sous les sables du Nil ? N'est-ce pas notre expé- dition de Morée qui a rouvert à l’art et à la science une partie des trésors oubliés de la Grèce antique? N'est-ce pas, enfin, l’armée française qui vient de rendre à la civilisation cette terre d'Afrique, dont l'Europe, il y a moins de trente ans, ne connaissait plus que le nom? » À l'armée française donnant la main à la science! » En l'absence de M. le général de division, M, de Serre, général de brigade, répond ainsi à M. Grenier : « Messieurs, » Au nom de tous mes camarades, je remercie M. Grenier de la part qu'il vient de faire à l’armée dans les travaux scientifiques et littéraires, qui ont déversé tant de gloire sur la France. » Cette part est nécessairement plus grande lorsque l’armée est loin de la mère patrie, au milieu du bruit et des périls de la guerre, et dans des conditions si contraires à celles que doit re- chercher l'homme spécialement voué à l'étude. — XXIV — » Mais, au retour, elle est doublement heureuse de trouver, dans ces conquêtes pacifiques, la satisfaction d’un service rendu etunlien de plus qui l'unit, pendant la paix, à tous ceux qui marchent à la tête des sciences et des lettres : lien bien naturel, puisque, sans sortir de cette enceinte, deux des membres de cette réunion, M. le président et moi, qui avons suivi une voie si différente, nous avons eu le même maître au début de nos études et le même protecteur dans notre carrière. » Aussi, Messieurs, en mon nom personnel et au nom de mes camarades, je vous remercie du bon accueil que nous avons trouvé parmi vous. i » À la Société d'Emulation du Doubs!!!» M. Huart, président nouvellement élu, remercie en ces termes la Société qui a porté sur lui ses suffrages : « Messieurs, » Le président d’une Société savante et littéraire devrait tou- jours, ce me semble, être l'expression la plus haute de la valeur de cette Société; il devrait toujours être l'un de ses membres les plus distingués dans la sphère des études qui font l’objet spécial de ses (ravaux. » Depuis la constitution de votre Société, vos élections annuelles ont prouvé jusqu’à ce jour que cette pensée avait été votre règle de conduite et que, seule, elle avait dicté vos bulletins électifs. » Votre président, pour l’année qui vient de s’écouler, et dont vous venez d’applaudir avec chaleur les éloquentes paroles, en se— rait, en l’absence de toute autre, la preuve la plus incontestable. » L'un des professeurs les plus distingués des Facultés des sciences de notre Université, M. Coquand, par le cours qu'il pro- . fesse ici avec tant de succès, par les services immenses qu'il a ren- dus à notre Musée, et surtout par ses importants travaux en géo- logie, était d'avance désigné à votre choix. » Dans une imposante réunion de savants qui a eu lieu, au mois d'octobre dernier, dans la Charente, votre choix, Messieurs, a reçu la sanction la plus éclatante. » Un classement nouveau de la formation crétacée avait été fait par votre président, et ce classement reposait sur des observations si exactes, selon nous, que tous les systèmes antérieurs devaient nécessairement céder la place au système nouveau. — XXV — » Aussi la Société géologique de France, réunie dans la Cha- rente, où se trouvent les terrains décrits par M. Coquand, s'est- elle empressée, dans les assises scientifiques qu'elle à tenues à An- goulême pour juger sur pièces ce procès, de donner à notre collègue le plus honorable témoignage de la considération dont il jouit dans le monde savant, en le nommant président du congrès et en adoptant, après de lumineuses discussions, le classement proposé. » La haute distinction dont M. Coquand a été l’objet rejaillit avec un vif éclat sur la Société d'Émulation du Doubs, et c’est en choisissant de tels hommes pour les placer à sa tête, qu'une So- ciété peutse faire valoir. Tout autre choix est, selon moi, une faute. » Aussi, Messieurs, lorsque le dépouillement du scrutin de ce jour m’apprit que vous m’aviez appelé à remplacer, dans la dignité de votre président, ce savant et honorable professeur, j'ai porté les yeux autour de moi et j'ai dû m'étonner de me voir l’objet d'un honneur que tant d'autres auraient bien mieux mérité. Je m'en suis inquiété pour moi, je m'en suis affligé pour vous. » Mais lorsqu'on m'a dit que c'était un appel à mon dévoue- ment pour une Compagnie dont j'ai l'honneur d’être l’un des plus anciens membres; quand j'ai cru comprendre que, par ce choix, l’on voulait rendre, en quelque sorte, un hommage indirect à notre Université de France dans l’un de ses plus vieux et de ses plus fidèles fonctionnaires, je n’ai plus hésité et je me suis dit qu'avec ma vieille expérience des hommes et des choses, et grâce surtout au concours puissant de MM. Coquand et Grenier, que vous venez de nommer vice-présidents, de M. Grenier, dont tous vous con- naissez les travaux qui l’ont placé dans les premiers rangs des bo- tanistes les plus distingués, je pourrais peut-être encore, à la fin de ma carrière, comme la pierre à aiguiser dont parle Horace (1), être utile à cette Société si pleine de vie, qui renferme dans son sein toutes les forces vives de l’intelligence de notre époque, et aux efforts de laquelle viennent applaudir avec un empressement digne de notre sincère reconnaissance les premières autorités de la ma- gistrature, de l'administration et de l'armée. » Je propose donc, Messieurs, un toast en l'honneur de M. Co- quand, votre président actuel, et aussi à la prospérité toujours croissante de notre Société d'Emulation du Doubs, dont tous les (1) Fungar vice cotis, = AXVI membres vivent en frères dans cette paisible république des lettres et des sciences. » Pressé par M. Coquand et par toute l'assemblée, M. le premier président de la Cour prend la parole et, dans une chaleureuse im- provisation, passe en revue les travaux accomplis par la Société d'Émulation. Il est heureux d'y voir figurer avec éclat toutes les branches des connaissances humaines. Il applaudit ensuite aux succès futurs de la Société, succès qui, à ses yeux, ne sont pas seulement un vœu ou un espoir, mais sont, en présence du passé, une certitude pour l'avenir. Aussi il ne craint pas d'associer notre Société à tout ce que ce siècle a produit d’il- lustrations scientifiques, en portant un loast à la Société d'Ému- lation, aux progrès de l'esprit humain! Ces divers discours sont l’objet d’unanimes applaudissements , qui terminent celte réunion. Besançon, le 17 décembre 1857. Le Président, Signé Coquanp. Le Secrétaire, Signé Bavoux. > 4 0000 0 — — 2° MÉMOIRES COMMUNIQUÉS. MÉMOIRE CÉDLOGIQUE SUR LA PRÉSENCE DU TERRAIN PERMIEN ET DU REPRÉSENTANT DU GRÈS VOSGIEN Dans le département de Saône-et-Loire, ainsi que dans la montagne de la Serre (Jura), PAR M. H. COQUAND, Professeur de Géologie et de Minéralogie à la Faculté des sciences de Besancon. (Séance du 9 août 1856.) RES On a discuté beaucoup sur la position géologique que les arkoses occupent dans les montagnes granitiques du Morvan et de la Bourgogne. Les recherches de M. de Bonnard sur ces grès feldspathiques, ainsi que les travaux plus récents du colonel Rozet et d’autres géologues, ont eu pour résultat de démontrer qu'il en existe à divers niveaux, et que par consé- quent le caractère minéralogique seul ne saurait être invoqué à priori pour établir sûrement la place qu'il convient de leur assigner. En effet, dans la chaîne qui sépare la Loire du Rhône et de la Saône, on observe des arkoses dans le terrain houiller, dans le grès rouge, dans le grès bigarré et à la base de la for- mation jurassique : J'ai eu moi-même l’occasion d’en signaler de très-bien caractérisées au milieu de sables tertiaires, même dans des dépôts éloignés des roches granitiques, surtout dans les environs de Parcou et de Chalais { département de la Cha- rente). On sait que M. Rozet (1) a introduit dans son terrain de grès (1) Mémoire géologique sur la masse de montagnes qui séparent le cours de la Loire de ceux du Rhône et de La Saône. Paris, 1840. — Mémoires de la Sociélé géologique de France, tome 1v, première partie, p. 58. 1 So , rouge (rothe todt-liegende des Allemands) la totalité des grès feldspathiques qui recouvrent une grande partie de la surface de la formation houillère dans les vallées de la Bourbince et de la Dheune, tandis que M. Manès ({\en fait une dépendance de l’étage des grès bigarrés, en rejetant les arkoses proprement dites dans l’étage keupérien. La compagnie du Creuzot a ouvert dernièrement RNA puits au milieu des grès rouges, afin d'atteindre les bancs houillers dans la profondeur, et ces puits, ainsi que des scn- dages pratiqués sur d’autres points, ont dévoilé une épaisseur considérable que les accidents de la surface étaient loin de faire soupçonner. D'un autre côté, une compagnie a foncé, près de Charmoy, un puits au milieu de grès et de schistes bitumi- neux qui présentent tous les caractères particuliers des roches du véritable terrain houiller, mais dont les empreintes végé- tales, découvertes à divers niveaux, appartiennent pour le plus grand nombre à des Walchia caractéristiques de la formation permienne. Ces doubles recherches offraient cela de particu- lier, à l'époque où J'étudiais le terrain houiller de Blanzy, que la compagnie du Creuzot, en choisissant, pour l'emplacement de ses travaux, les grès rouges, était convaincue qu’elle s'était placée au-dessous des schistes à Walchia Schlotheimni, tandis que celle de Charmoy, dont le puits traversait les assises de ce dernier système, se croyait en plein dans le terrain houiller. Cette question controversée éveilla naturellement mon atten- tion, et je fus impatient de m’assurer si je ne trouverais pas dans cette partie de la France, entre la formation houillère et les grès bigarrés, le représentant du terrain permien dont j'avais constaté l’existence dans les environs de Rodez (2). La . Solution de ce problème, outre l'intérêt spécial qu'il offrait, me permettrait, suivant toute vraisemblance, de rattacher au système géologique du Morvan une petite montagne grani- tique, vraie sentinelle perdue au milieu du Jura, qui, entre les vallées du Doubs et de l’Ognon, se montre non-seulement avec le cortége des grès rouges et des arkoses que l’on remarque (1) Slalistigue minéralogique, géclogique et métallurgique du départe- ment de Saône-el-Loire. Mâcon, 1847. (2) Description géologique du terrain permien du département de l'Aveyron et de celui des environs de Lodève (Hérault), par H. Coquand. — Bulletin de la Sociélé géclogique de France, 2e série, tome x1Ir, p. 128. TRE dans l’arrondissement de Châlons, mais de plus avec la série complète du terrain triasique. À la suite d’une communication verbale que je fis à la Société d’émulation du Doubs sur la composition du terrain permien des départements de l'Aveyron et de l'Hérault (1), M. Pidancet visita de nouveau la forêt de la Serre près de Dole, et annonça avoir rencontré, dans un grès que lui et moi avions considéré comme de l'étage du grès bi- garré, en 4852, plusieurs végétaux fossiles parfaitement con- servés, entre autres la Walchia Schlotheimii, qui ne lui lais- saient aucun doute sur l’existence du permien dans le Jura. L'objet de cette notice n’est point de fournir une description détaillée du terrain permien de l'arrondissement de Châlons, mais bien de confirmer par quelques faits nouveaux et par la découverte de fossiles, dont la détermination est rendue facile par leur bonne conservation, l’opinion émise déjà par M. Rozet que le permien existe dans cette partie de la France, et de dé- montrer surtout que l’ilot granitique recouvert par la forêt de la Serre, dans le département du Jura, est une dépendance, au point de vue de ses particularités et de ses affinités géolo- giques, des montagnes du Morvan, plutôt que des montagnes des Vosges, avec cette différence pourtant que le muschelkalk est très-bien représenté dans la Serre, tandis qu'il est presque complétement effacé dans le département de Saône-et-Loire, si toutefois 1l y existe. La comparaison de ces deux régions est indispensable pour atteindre le but que je me suis proposé. Le bassin houiller de Blanzy et du Creuzot a la forme d'une ellipse dirigée du nord-est au sud-ouest, et dont les extrémités du grand axe, qui est sensiblement parallèle au canal central, aboutissent à la Loire et à la Saône. Cette direction prolongée passe sans déviation par le centre de l’îlot granitique de la Serre et rencontre le massif du terrain de grès rouge compris entre Belfort et Giromagny, au pied des Vosges; elle se confond sen- siblement avec l'orientation du système du Rhin. Une ligne de faîte qui le traverse longitudinalement dans presque toute son étendue, établit un double pendage en sens opposé, et fait que les eaux deviennent tributaires partie de l'Océan, partie de la Méditerranée. Ce bassin est recouvert presque complétement par (1) Mémoires de la Sociélé d’émulation du département du Doubs, 2e série, Ge volume, 1854, 2e livraison, p.xxu. ne un manteau puissant de grès à éléments feldspathiques et d’ar- giles, de couleur généralement rougeâtre que, à l’exception de M. Rozet, les géologues qui ont écrit sur cette contrée, ont classé dans l'étage des grès bigarrés. Leur épaisseur est consi- dérable, car le puits de recherche creusé à la Gaîté, entre Blanzy et Montcenis, a atteint la profondeur de plus de 100 m., sans avoir recoupé de formation plus ancienne. À partir de Perrecy, entre Toulon et Charolles , jusqu’à Saint-Bérain, on voit les grès s'appuyer directement sur les couches du terrain houiller, sans qu'on remarque aucun passage entre eux. Leur indépendance réciproque est manifeste : mais, au centremême du bassin, entre Sauvigne et Saint-Eugène et entre Blanzy et Charmoy, on observe un système puissant de grès grisâtres mi- cacés, alternant avec des argiles de même nuance et supportés par des argiles brunes et bitumineuses. Ce système court, sous forme de bandes étroites, parallèlement à la direction générale du bassin. Dans la carte géologique de France, il a reçu la teinte spéciale au terrain houiller, tandis que dans la carte géologique du département de Saône-et-Loire, 1l est confondu avec l'étage des grès bigarrés : or, ces grès et ces schistes bitumineux, dont l'épaisseur paraît être très-grande, et qui, comme le démontre le puits en voie de foncement à Charmoy, sont incontestablement inférieurs au manteau des grès rouges, contiennent, à Charmoy même et dans la carrière des Thérots, près de la Gaîté, une quantité considérable de plantes, dont les plus abondantes sont les Walchia Schlotheimii et hypnoides, ainsi que des fou- gères et des calamites ; mais ces derniers fossiles sont plus rares et on les recueille surtout dans les schistes de Charmoy qui sont inférieurs aux grès des Thérots. J'ai trouvé aux Thé- rots des rameaux de Walchia terminés par des fruits qui con- sistent en des cônes oblongs revêtus d’écailles imbriquées. Le lerrain de grès bigarré de M. Manès (1), qui se compose des argiles schisteuses à Walchia ainsi que des grès rouges su- périeurs, dont M. Rozet fait le rothe todt liegende, consiste en : Poudingues à fragments d’eurites, de granites et de gneiss réunis par un ciment de grès fin (au nord de la Coudraye); Grès blanc à grains moyens ; Grès quartzo-feldspathique très-siliceux (Montcenis); (1) M. Manès, Loco cilalo, p. 122. pe — :) — Psammites micacés grisâtres avec impressions de plantes in- déterminables (Montcenis); Marnes schisteuses rougeâtres, très-micacées (route de Blanzy à Montcenis) ; Enfin en argiles schisteuses noires, avec empreintes de ro- Seaux et fougères et nodules de fer carbonaté. Ces argiles, dont les environs de Charmoy fournissent un bon exemple, consti- tuent, au milieu de la formation, une bande continue qui s’é- tend du puits près Saint-Romain à l'étang de Martenet, aux Chaumes, à la Coudraye, à Saint-Nizier et aux Mâchurons. Comme les grès grisâtres micacés de la carrière des Thérots, qui alternent avec des marnes feuilletées, contiennent en très- grande abondance les Walchia Schlotheimii et hypnoides, qui caractérisent les ardoises permiennes des environs de Lodève et que celles-ei constituent le second terme de cette formation, la superposition ainsi que l'identité des fossiles permet d’as- similer ces deux localités et de les placer sous le même horizon géologique. On peut donc admettre raisonnablement que les argiles schisteuses noires avec empreintes de fougères, dans les environs de Charmoy, forment le troisième terme du système permien ét occupent la même position que les schistes bitu- mineux et les dolomies de Lodève. Les conglomérats et les poudingues qui, dans cette dernière localité, sont la base du permien, seraient les équivalents des poudingues qui s’ap- puient sur le terrain houiller dans Saône-et-Loire. On trouve- rait une ressemblance analogue pour les étages moyen et infé- rieur que j'ai établis dans la formation permienne des environs d’Alboy, où le fer carbonaté en rognons a été également signalé. M. Manès {1) annonce que les poudingues, les grès résistants et les arkoses qui existent à la partie inférieure de la forma- tion avec psammites et argiles schisteuses, sont quelquefois assez difficiles à distinguer de la partie supérieure de la for- mation houillère, avec laquelle ils offrent alors des passages ; tandis que les grès blancs ou nuancés de diverses couleurs, et les marnes schisteuses rougeâtres qui s’observent à la partie supérieure, présentent quelquefois de très-grandes ressem- blances avec les marnes irisées, C’est dans des conditions à (1) Loco citato, p. 123. jg PP. ONE peu près identiques que se trouve le terrain permien des envi- rons de Rodez, où des argiles bitumineuses avec impressions végétales, sont intercalées entre des conglomérats quartzeux (4° étage permien), et un calcaire noirâtre (zechstein), au-des- sus duquel s'étend le grès bigarré. Nous avons constaté pa- reillement, à Lodève, que près du village de Soumont, le per- mien s’appuie sur un grès houiller rudimentaire, caractérisé par la présence des sigillaires et des calamites. Le même géologue, dont nous continuons à analyser le travail, reconnaît que ces diverses roches reposent le plus souvent à stratification discordante sur celles de la formation houillère, et paraissent généralement moins inclinées que ces dernières. Nous ajouterons que, sur toute la limite méridionale du bassin de Blanzy, les grès couleur amaranthe reposent di- rectement sur les grès houillers sans l’intermédiaire des grès et des argiles bitumineuses à Walchia Schloteimii, et que le permien moyen et inférieur n’est développé par conséquent que dans la bande parallèle opposée, qui occupe le centre du bassin. On peut conjecturer que le terrain permien existe aussi dans la concession du Creuzot, à en juger par les empreintes de Walchia qu'a eu l’obligeance de me montrer M. Aumont, ingénieur de la compagnie, empreintes qui ont été également rapportées par le fameux sondage qui, au mois de juin, époque où je visitais la contrée, avait dépassé la profondeur de 800 mètres, sans avoir traversé une seule couche de houille, mais bien des schistes et des psammites, dont la plus grande partie pourrait bien appartenir à la formation permienne. Les schistes bitumineux existent aussi dans les environs de Saint- Bérain, où ils ont été signalés par M. Virlet. L'existence du permien dans le bassin houiller de Blanzy est donc un fait bien établi, surtout dans la carrière des Thé- rots, dans les environs de Charmoy et dans le grand sondage du Creuzot, qu’on peut citer comme fournissant les exemples les plus concluants, à cause des végétaux fossiles qui en pro- viennent. L'honneur de cette constatation revient de droit à M. Rozet, qui place dans le terrain permien non-seulement les schistes bitumineux des environs de Saint-Bérain où, près de Charrecey, on a découvert des débris de poissons et des co- prolites, mais encore ceux de Muse, d’'Igornay et de Saint- Léger-des-Bois, dans le bassin d’Autun, qui renferment des tool fan poissons devenus célèbres, ainsi que des Walchia. On connaît les débats auxquels ont donné lieu les questions qui se ratta- chent à la position qu’occupent dans la série straligraphique les schistes bitumineux de Muse. A la Salle, suivant M. Rozet, ils reposent à stratification discordante sur le terrain houiller, ainsi qu’à Saint-Bérain. Enfin, aux yeux de cet habile obser- vateur, l'existence à Muse du Palæoniseus magnus, qui abonde dans les schistes de la Thuringe, la présence à Comaille et à Igornay d’un calcaire dolomitique et d’un calcaire gris de fu- mée, offrant tous les caractères minéralogiques du zechstein, subordonnés aux schistes bitumineux, fournissent des argu- ments nouveaux et d’un grand poids pour les faire considérer comme étant un des termes de la formation permienne et les rapporter au système pénéen de l'Allemagne centrale. Les dé- couvertes opérées par M. Fournet dans les environs de Nef- fiez (1), et les documents récents que mes travaux sur le per- mien de l’Aveyron et de l'Hérault ont ajoutés à ceux que la science possédait déjà, donnent à cette opinion un degré de grande vraisemblance, pour ne pas dire de certitude. On sait aussi que M. Rozet sépare de l'étage des grès bigarrés les grès rouges supérieurs aux schistes bitumineux, et qu’il en fait l’é- quivalent du rothe todt liegende. Pour lui, le premier terme de la formation triasique commence par les assises de l’ar- kose. Cette manière de voir, que nous partageons sans réserve, se vérifie avec une exactitude parfaite dans la montagne de la Serre, où les grès rouges permiens et les arkoses du grès bi- garré se montrent avec des relations identiques et dans un état d'indépendance réciproque complète. M. Manès rapporte au contraire à son étage des grès bi- garrés les schistes bitumineux et les grès rouges qui les sur- montent. Les arkoses qu'il introduit dans le keuper forment la base des marnes irisées proprement dites : or, comme dans les environs de Levesiau (2), le terrain d’arkose repose en couches sensiblement horizontales sur un grès permien, que ce géologue regarde comme du grès bigarré, en couches incli- nées de 15 à 20 degrés, il résulterait de cette disposition, que deux étages du terrain triasique seraient discordants (1) Bulletin de La Socièté géologique de France, 2e série, tome vin, p. 53. (2) Loco citat', p. 129. Rai entre eux; mais cette discordance devient un fait très-naturel et facile à expliquer, si l’on réfléchit que les grès considérés par M. Manès comme grès bigarré, ne sont autre chose qu'un des termes composants du permien, tandis que les arkoses sont réellement du grès bigarré inférieur. La séparation du per- mien se trouve donc nettement établie conformément aux règles admises en géologie, et par son indépendance relativement au terrain houiller et au terrain triasique, et par la nature de ses fossiles. M. Rozet, nous le répétons, a saisi et tracé très-heu- reusement les limites de ces trois formations superposées, en reconnaissant que le représentant du grès bigarré est une vé- ritable arkose, c’est-à-dire une roche arénacée, composée de grains de quartz, de feldspath plus ou moins altéré, et de quelques paillettes de mica, réunis par un ciment générale- ment siliceux, et il distingue cette arkose triasique sans fos- siles d’une autre arkose à ciment calcaire, supérieure aux marnes irisées, qui correspond au grès infraliasique et contient des fossiles du lias. Dans le département de Saône-et-Loire, le terrain d’arkose peut être subdivisé en deux assises (1), dont l’inférieure, épaisse de 5 à 15 mètres, est formée d’arkose pure, et la su- périeure, puissante de 8 à 10 mètres, est composée de grès marneux et de marnes vertes avec calcaire subordonné, blane, semi-cristallin non dolomitique, ou grisâtre cristallin sili- ceux. Nous devons appeler l’attention sur la présence du cal- caire dans la partie supérieure du grès bigarré, parce que nous pensons qu'il est le représentant, rudimentaire 1l est vrai, du muschelkalk, tandis que, dans la Serre, le calcaire conchylien, qui y occupe la même position, est très-développé et dessine un horizon qui permet d'opérer la séparation du grès bigarré d'avec les marnes irisées. Aux arkoses succède le keuper avec des bancs de gypse exploités dans les environs de Saint-Léger-sur-Dheune; puis viennent le grès infraliasique, le calcaire à gryphées et la série jurassique. En résumé donc, on a reconnu dans le département de Saône-et-Loire, et surtout dans l’arrondissement de Châlons, qui nous sert plus spécialement de terme de comparaison pour 1) M. Manès, loco citato, p. 126. D De. la constitution géologique de la montagne de la Serre, à partir du terrain houiller et en remontant jusqu’au grès infraliasique : 4° La formation houillère ; 2° La formation permienne, s’annonçant à sa base par des poudingues, à sa partie moyenne par des argiles schisteuses noires avec fer carbonaté, par des grès jaunätres avec Walchia Schlotheimii et hypnoides, et à sa partie supérieure par des grès rouges très-puissants ; 3° La formation triasique, consistant en deux étages distincts, d’abord le grès bigarré, composé d’arkose et de grès sableux avec couches de calcaire (muschelkalk?) subordonné, ensuite des marnes irisées, composées de marnes bariolées, de gypse et de dolomie ; 4° La série jurassique, débutant à sa base par un grès feld- spathique à ciment calcaire. On reconnaît de plus que le terrain permien est discordant avec la formation howillère et avec la formation triasique, et que sa position est par là même franchement déterminée et stratigraphiquement et paléontologiquement. Une succession à peu près identique se reproduit dans le département de l’Aveyron, près d’Alboy, où l’on rencontre au- dessus du terrain granitique : 1° La formation houillère ; 2° La formation permienne, occupée à sa partie inférieure par des poudingues, à sa partie moyenne par des schistes bi- tumineux avec plantes fossiles et rognons de fer carbonaté, et, à sa partie supérieure, par des calcaires en couches bien ré- glées (zechstein) ; 3° La formation triasique, qui se laisse subdiviser en deux étages distincts, d’abord le grès bigarré et ensuite les marnes irisées, composées de dolomies et de marnes bariolées ; 4° La série jurassique. Il est à remarquer en outre que si, à Alboy même, le per- mien est concordant avec le terrain houiller, sous Rodez, où il n’est réprésenté que par le zechstein, il déborde du bassin où il est le mieux développé, et il s’affranchit de toute subordina- tion par rapport à ce premier; or, une disposition semblable se reproduit dans le bassin houiller de Blanzy. La coupe des terrains des environs de Lodève est indiquée, au-dessus du terrain de transition, par l'échelle suivante : ee 4° La formation houillère ; 2° La formation permienne, qu'on peut subdiviser en quatre étages : le premier composé de poudingues, le deuxième de dolomies et de schistes bitumineux, le troisième de grès ar- doisiers avec Walchia Schlotheimii et hypnoides, et le qua- trième de schistes argileux et d’'argiles noirâtres ; 3° La formation triasique, qui a deux étages, le grès bigarré avec Calamites arenaceus et Woltzia brevifoha, et les marnes irisées. 4° La formation Jurassique. Ces diverses coupes, prises sur trois points éloignés les uns des autres, à part quelques variations dans les caractères mi- néralogiques, indiquent d’une manière suffisante que, dans la France, le terrain permien s’est formé sous l'influence de circonstances à peu près identiques. Nous touchons à présent à la seconde partie de notre travail. Il nous reste à donner la description de la montagne de la Serre et à démontrer que cette oasis granitique, perdue au milieu des calcaires du Jura, se rattache par tousles caractères pétrographiques et paléontologiques aux divers terrains que nous venons d'indiquer dans le département de Saône-et- Loire. Entre Dole, Auxonne, Pesmes et Gendrey, se dresse, sous forme de bourrelet montagneux entièrement enclavé au milieu du terrain jJurassique, un massif qui, par la nature des maté- riaux dont il est composé, contraste avec les terrains dominants de la contrée. Ce massif, dirigé du sud-ouest au nord-est droit, est logé dans un espace triangulaire dont il peut être considéré comme la base et dont les deux autres côtés un peu amplifiés seraient la Saône et la rivière de l’Ognon. Le sommet pointe vers le nord-ouest, dans la direction de Pontailler. Sa section par un plan horizontal donne une ellipse allongée dont le grand axe ne dépasse pas 17,000 mètres, et dont la largeur moyenne, mesurée aux foyers de l’ellipse, varie de 3,500 à 5,000 mètres. Son altitude absolue est de 380 mètres, et elle se soutient égale d'une manière assez uniforme dans {oute son étendue, excepté à ses deux extrémités, où elle se déprime graduelle- ment en s’enfonçant au-dessous des calcaires du Jura. À une différence de composition minéralogique correspondent des =; WE modifications dans la végétation. On n’y retrouve plus la flore des terrains calcaires, mais bien des plantes qui rappellent, jusqu’à un certain point, les montagnes de la Bretagne ou le Bocage de la Vendée. C’est qu’en effet on marche sur un sol formé au détriment des roches granitiques désagrégées sous l'influence des agents atmosphériques ou remaniées par les eaux. La physionomie que prend la Serre est, en un mot, celle des montagnes primitives à formes ballonnées et confuses, et que recouvrent des forêts vigoureuses. Le granite schistoïde occupe le centre du massif dont il con- stitue l’axe orographique et minéralogique, et il est recouvert circulairement par des bancs puissants de grès et d’arkoses dont nous allons esquisser l’histoire, en retraçant le rôle géo- logique qu’ils remplissent. À l'exemple de ce que nous avons déjà fait pour le département de Saône-et-Loire, notre des- cription ne s’étendra pas au-delà de la limite du grès infralia- sique, les étages supérieurs de la formation jurassique n'offrant aucune particularité remarquable qui ne soit connue de tous les géologues. Notre programme se trouve donc tout tracé par le tableau suivant des terrains que nous avons reconnus et dont nous nous occuperons successivement : 1° Terrain granitique; 2 Terrain porphyrique ; 3° Terrain permien; Arkoses. A. Grès bigarré, 4 Grès bigarré pro- LA dE prement dit ; 49 Terrain triasique. B. Muschelkalk: C. Marnes irisées ; 5° Grès infraliasique. À. TERRAIN GRANITIQUE. — La roche dominante, et qu’on peut considérer comme formant la roche de fondation, qui sup- porte les terrains stratifiés, est un granite feuilleté, schistoide (gneiss), disposé en larges écailles entrelacées, de couleur rouge tendre, à mica argentin blanchâtre, feldspath orthose rose et noyaux de quartz hyalin. Ces divers éléments varient dans leur volume et leur distribution, et donnent naissance à une foule de variétés, depuis les leptinites grenus jusqu'aux pegmatites, en passant par toutes les nuances intermédiaires ; Le. quelquefois de grands cristaux d’orthose hémitropes lardent régulièrement la roche, qui devient alors porphyroïde et pré- sente les caractères d’un véritable granite d’éruption. On peut en étudier un bon exemple à la gorge de Wriange, un peu au- dessus du moulin du Bois, au pied même de la Serre. Cepen- dant, malgré son apparence massive, sa schistosité se trahit toujours dans les blocs d’une certaine dimension, et la roche ne diffère réellement des autres gneiss de la contrée que par un simple accident minéralogique et la couleur de son mica, qui est noir. On observe quelquefois, entre les surfaces des feuillets, un enduit de talc argentin à écailles très-fines, con- tiguës, qui leur donne un aspect satiné, très-agréable à l'œil. Ces gneiss talcifères abondent surtout dans le bois de Menotey et dans la raie des Gorges, en face de Moissey. Une autre va- riété se rencontre, lorsqu'on se rend de Wriange à Moissey par le sentier le plus direct, et qu'après avoir dépassé le chemin dit de la Poste, on atteint par un ravin creux le vallon qui débouche de la Serre dans la direction du village d'Offlanges. Cette variété consiste en un granite schistoïde dont la pâte noirâtre ressemble assez à une eurite fissile, au milieu de la- quelle s’isolent de petits cristaux d’orthose rose, avec cette différence que le mica, qui est de couleur noirâtre et mate, quoique parfaitement visible, perd sa cristallinité ordinaire; la masse prend alors l’apparence d’une phyllade porphy- roïde. Une variation de même nature se reproduit dans les alentours du village de Serre. Le chemin qui, un peu au-dessus de l’abreuvoir public, conduit à la forêt, est traversé par une barre de gneiss euritique qui se fond insensiblement dans la masse du gneiss ordinaire. Toutefois, les roches que l’on re- coupe dans le bois d’Offlanges ont une tendance encore plus prononcée à la structure porphyrique, et l’on voit le gneiïss le mieux caractérisé se dépouiiler peu à peu de son mica et de sa schistosité, et revêtir une texture entrelacée et confuse. Le feldspath, de lamellaire et de cristallin, devient compacte et se transforme en une pâte pétrosiliceuse, dans laquelle s’isolent des cristaux d’orthose rose, comme dans les porphyres. La modification extrême conduit à un véritable pétrosilex à cas- sure conchoïde, qui ne conserve plus aucun des caractères pri- mitifs du granite schistoïde, dont il n’est réellement qu'une variété dégradée. 2 | Te La formation gneissique contient, à l’état subordonné, quel- ques filons de granite à gros grains et de quartz hyalin amorphe. Les premiers, dont la puissance dépasse rarement 50 centi- mètres, sont composés de granite rose à éléments volumineux, pauvres en mica, et passant à la pegmatite. Souvent des cris- taux de quartz eflilés, fichés dans les lames mêmes de l’orthose, donnent naissance à la variété qui est connue sous le nom de granite hébraïque. Quelquefois aussi, mais cet accident se manifeste rarement, on trouve ces filons composés d’un gra- nite à petits grains et formés de deux feldspaths, l’un blanc et l’autre rose, mais tous deux à surface miroitante et apparte- nant au même système cristallin, qui est celui de l’orthose. Le gneiss se désagrége avec la plus grande facilité, et le produit de la désagrégation est une arène granitique qui semble n’attendre qu’un ciment siliceux pour se changer en arkose. L'altération à son tour a pénétré si profondément dans les roches en place, qu’on ne peut demander des échantillons de collection qu'aux blocs épars çà et là à la surface du sol, ou roulés dans les torrents, et dont les éléments plus résistants se sont montrés plus rebelles à la décomposition générale. 2. TERRAIN PORPHYRIQUE. — J'avoue qu'un sentiment de pure convenance pour les idées reçues m'engage seul à intro- duire un terrain de porphyre dans la forêt de la Serre; car, ainsi que je l'ai déjà fait observer, en indiquant le passage graduel du gneiss à des roches pétrosiliceuses compactes et porphyroïdes, il est impossible d'opérer une séparation satis- faisante dans ce tout indivisible; et ce qu'offre de curieux l'association de ces roches dans ce coin ignoré du Jura, c’est qu’elle répète les mêmes accidents minéralogiques qui, dans l’île d’'Elbe, particularisent les formations granitiques et por- phyriques, en montrant que des granites à grands cristaux de feldspath, des pegmatites tourmalinifères, les représentants Les plus éclatants en un mot des roches pyrogènes, se transforment en des porphyres quartzifères, en des eurites et en des pétrosilex compactes, sans qu’il soit possible au géologue de reconnaître sur place les limites où finissent les uns et où commencent les autres. Cette inséparabilité est encore plus manifeste dans les environs d’Offlanges et de Moissey, où les gneiss, qui forment l’axe minéralogique de la montagne de la Serre, ont pour s PR TER manteau extérieur, surtout sur le versant occidental, une étoffe de pétrosilex doublée de gneiss, de sorte qu’il existe entre ces deux roches, s1 différentes à leurs pôles opposés, une liaison aussi intime qu'entre les enveloppes corticales externes et in- ternes d’un végétal. Quoi qu’il en soit, les roches de notre terrain porphyrique se résument en trois types qui sont : 1° des gneiss pétrosili- ceux ; 2° des eurites pétrosiliceuses et 3° des pétrosilex por- phyroïdes. Quand on pénètre par Moissey ou par Offlanges, dans la forêt de la Serre, on rencontre, après avoir dépassé les grès permiens dont nous parlerons incessamment, des pétrosilex à cassure largement conchoïde, dont la couleur dominante est le vert poireau, l’olivâtre, le rouge sombre, le jaunâtre et le gris sale. Ces diverses teintes sont souvent réunies sur un même échantillon. Ils contiennent fréquemment de petits cristaux de fer sulfuré cubiques, qui, lorsque, par une cause quelconque, ils ont disparu, laissent vides les cavités qu’ils occupaient primitivement. Les variétés compactes ou à grains fins présentent toujours quelques points miroitants d’un ton plus pâle, qui, examinés à la loupe, se laissent reconnaître pour appartenir à des cristaux hémitropes d’orthiose. Les cris- taux deviennent de plus en plus abondants à mesure qu'on se rapproche des gneiss, et conduisent à des eurites porphyroïdes qui seraient de véritables porphyres, si la forme en était plus nette et mieux définie dans les contours. Enfin, à la limite des gneiss, des oscillations dans la composition qu'il serait difficile de traduire en langue écrite, font que des granites schistoïdes deviennent indifféremment des gneiss porphyroïdes ou des porphyres gneissiques. Ces oscillations créent des embarras même pour une classification; car, s’il est facile d'appliquer des noms distincts aux termes extrêmes de la série, les roches de passage, à cause de leur hybridité, se prêtent moins aisé- ment à une spécification rigoureuse. Les roches pétrosiliceuses, comme on peut s’en assurer au ruisseau de l’'Ermitage, et sur la route de Moissey à Amange, sont divisées par des lignes de retrait en nombreux fragments polyédriques qui leur donnent les apparences d’un clivage souvent régulier et pourraient les faire prendre pour des roches d’origine sédimentaire en trompant sur leur direction véritable. — 15 — Elles sont exploitées en plusieurs endroits, et elles fournissent des matériaux excellents pour la charge des routes. Si on se bornaïit à étudier les eurites sur les points où elles sont le mieux développées , sans s'occuper de leur liaison et de leur subordination, par rapport aux granites schistoïdes, on pourrait être tenté de les considérer comme des roches d’ori- gine éruptive, et qui, à la manière de certains porphyres de la chaîne des Vosges , se seraient fait jour à travers le terrain granitique; mais les détails qui précèdent sufliront pour mon- trer qu'elles ne sont qu'un des termes du gneiss modifié pro- bablement par des influences particulières de refroidissement ou de cristallisation. Au surplus, elles n’empâtent aucun dé- bris de granite. On ne doit pas non plus les regarder comme des filons-couches analogues à des dykes parallèlles à la stra- üfication des masses sédimentaires, entre lesquels ils se seraient insinués. Elles ne jouent par conséquent qu’un rôle purement passif dans la forêt de la Serre. Ce passage ménagé entre les eurites , les granites et les porphyres a été également signalé par M. Rozet (1), dans les montagnes qui séparent la Loire du Rhône et de la Saône. Ce géologue dif, d'une manière positive, que le granite passe in- sensiblement aux porphyres par la diminution de ses cristaux, qui finissent par n'être plus que disséminés dans une pâte homogène, que, d’un autre côté , il passe au leptinite, et par suite , au gneiss, à peu près de la même manière , en sorte que, de chaque côté de la masse granitique, c’est-à-dire dans le voisinage du porphyre et du gneiss , il existe deux espèces de roches qui se ressemblent beaucoup minéralogiquement. 3. TERRAIN PERMIEN. — Le terrain permien avait été déjà, en 1837, rapporté au rothe todt liegende par M. E. Richard (2), qui pensait, à tort, avoir découvert au ruisseau du Pré-des- Veaux, entre Offlanges et Moissey, des indices du terrain houiller ; mais ce géologue avait plutôt établi ce rapproche- ment par sentiment que d’après des faits rigoureux d'observa- tion. Ainsi, les rapports des arkoses avec le muschelkalk lui avaient complétement échappé, car il les supposait posté- (1) Loco citato, p. 144. (2) Bullctin de lu Sociélé géologique de France, l'e série, vol, vint, p.152. cata En rieures au terrain jurassique, et il avait ainsi méconnu l’exi- stence du grès bigarré. Les géologues qui en ont fait du grès vosgien sont tombés dans une erreur analogue ; ils l'ont trop rajeuni , puisque les plantes fossiles qu’il renferme lui assi- gnent sa place dans le système qui a immédiatement succédé au terrain houiller et qui, désigné d’abord par le nom de pé- néen, est aujourd'hui accepté plus généralement sous celui de permien.Dans la forêt de la Serre (PI. T, fig. 3 et 4), il s'appuie directement sur le gneiss et sur les eurites pétrosiliceuses. A cause d'une faille qui, comme on le dira plus tard, a fait but- ter la formation jurassique contre le terrain primitif sur les flancs de la montagne qui fait face à la chaîne du Jura, il ne devient visible que sur le pendage septentrional, et c’est prin- -cipalement entre Moissey et Saligney , qu’il prend son plus grand développement. De plus, il n’y a que la partie supé- rieure, c'est-à-dire les grès, qui affleure. La composition du terrain permien est fort simple : les ma- tériaux dont il est formé consistent en des poudingues , des grès d'une couleur rougeâtre très-foncée , alternant avec des argiles sableuses micacées lie de vin ou verdâtres. Ces roches, remaniées et ayant peu de cohérence, fournissent des terrains friables et délitables récouverts indistinctement par des forêts ou par des vignes, là où leur exposition au midi permet d’éta- blir des vignobles. Les poudingues sont surtout visibles dans le quartier des Croi- sières, entre Offlanges etle bois de Montmirey , et sur les flancs occidentaux de la bande granitique. Le sentier qui conduit de ce premier village à celui de Serre, les traverse obliquement jusqu’à leur rencontre avec les roches de gneiss. Ses éléments consistent en cailloux roulés de gneiss, de granite et de quartz, de volume variable, confondus sans ordre et agglutinés par un ciment de grès de même nature que les gros fragments, mais triturés et colorés en rouge par le peroxyde de fer. Toute- fois, les poudingues ne sont pas relégués dans une position unique ; ils se montrent à divers niveaux et alternent avec des grès polygéniques et des argiles micacées. Les grès ne diffèrent réellement des poudingues que par le volume moindre de leurs cailloux. On y distingue des variétés composées presque entièrement de grains de quartz vitreux dans la cassure , mais salis à la surface par du fer peroxydé, nt 7 ee et d’autres variétés dans lesquelles prédominent des fragments de feldspath à cassure brillante , et qui, mêlés à du mica et à du sable quartzeux , donnent naissance à une véritable arkose à gros grains , qui ne diffère des arkoses du grès bigarré que par la position , la coloration et l’absence de tout ciment sili- ceux. Cependant ces grès sont presque constamment d’une structure grossière. Les bancs de grès et de poudingues sont séparés par des couches d’argiles sableuses, schisteuses, et dont la schistosité est due à de nombreuses paillettes de mica interposées entre les feuillets. Les argiles sont relativement peu développées ; elles sont, en général, rudes au toucher , teintes en rouge hématoïde et maculées de vert: ces deux couleurs sont quelquefois repré- sentées dans un même banc, mais on peut dire que la pre- mière est prédominante. Elles ne sont jamais pures, et par les nombreux grains de quartz et de feldspath, ainsi que les pail- lettes de mica qu’elles retiennent, on voit qu’elles constituent le terme extrême , à éléments atténués, des grès de la for- mation. Bien que la stratification, considérée dans son ensemble, soit assez distincte , cependant le permien de la Serre, qui a été formé presque exclusivement aux dépens des granites, porte, dans la manière dont les fragments sont mélangés et dans l’enchevètrement réciproque des bancs de grès, de poudingues et d’argiles, les traces de l’agitation du liquide au sein duquel il a été déposé ; c'est une formation d'origine essentiellement mécanique et qui, pendant la période de sa sédimentation, a été soumise à des alternatives de tranquillité et de violence d'intensité variable. On a ouvert, au sud de Moissey, une carrière d’où l’on retire des matériaux d'assez mauvaise qualité. Cette carrière se trouve au pied de la Serre, sur la berge gauche d’un petit ruis- seau qui descend d’un vallon connu sous le nom des Gorges. Les fouilles sont pratiquées sur un escarpement dont les bancs qui la composent, sont inclinés de 25 à 30 degrés vers l’ouest, et dont la direction est sensiblement nord-est sud-ouest. C’est dans cette localité qu’on a découvert, au milieu des argiles subordonnées aux grès polygéniques, des empreintes très-bien conservées de Walchia, dont les plus abondantes sont les W. Schlotheimaii et hypnoides : on trouve même des rameaux Lys terminés par leurs fruits coniques. Une très-grande fougère, dont nousn’avons pu déterminer l’espèce, a été recueillie der- nièrement sur le chemin des Gorges , par M. Contejean. J'ai observé, à Moissey , provenant des mêmes grès, un fragment de tige de végétal, à surface cannelée, dont le diamètre, à la base, dépassait 12 centimètres. L’ouvrier qui avait retiré cette pièce, m'a assuré que sa longueur totale , avant sa mutilation, était de À mètre 50 centimètres au moins. Enfin, pour com- pléter l’énumération des richesses paléontologiques que l’on connaît de la Serre, je dois ajouter que, dans la dernière excursion que j'ai faite à Moissey, en compagnie de mon col- lègue, M. Grenier, j'ai recueilli un fragment incomplet de machoire de saurien , dont le genre se rapporte au Protoro- saurus d'H. de Meyer, et l'espèce me paraît appartenir au Monitor fossile la Thuringe de Cuvier (Protorosaurus Speneri, H. de Meyer). Ce fragment (Voir PI. I, fig. 4 et 2), long de 10 centimètres, porte douze dents éloignées, assez minces, allongées, pointues , légèrement recourbées et comprimées, bordées d’émail lisse avec une arête externe non denticulée. Le mode d'implantation des dents rappelle l’organisation des : crocodiliens , car on reconnaît qu’elles sont logées dans des alvéoles distincts : ce qui place notre reptile dans la famille des Thécodontes. La neuvième dent, à partir de l'extrémité anté- rieure de la machoire, est plus espacée et plus grande que les autres; elle mesure 30 millimètres, à partir de la saillie externe de l’os maxillaire, tandis que celles qui en sont les plus rap- prochées, et la plus grande parmi elles, atteignent au plus le tiers de cette dimension. On peut étudier une bonne coupe du terrain permien au-des- sous du village d'Offlanges, et cette coupe présente d'autant plus d'intérêt qu’elle montre la succession des étages triasi- ques, ainsi que la transgressivité ou, si l’on aime mieux, la discordance des grès bigarrés avec les grès rouges à Walchia Schlotheimii. En effet (fig. 3), en descendant du village qui est bâti sur un escarpement du muschelkalk M, on recoupe suc- cessivement au-dessous des derniers bancs calcaires, des ar- giles sableuses micacées B, qui représentent la partie supérieure du grès bigarré et des arkoses À, en couches épaisses, qui en constituent la base. Les arkoses, dont l’inclinaison est très- faible et que l’on dirait être horizontales, s'appuient sur les v "EEE grès permiens , lesquels, au fond du vallon, sont inclinés de près de 22 degrès, avec pendage vers le nord-ouest. Toutefois, quand on gravit les pentes opposées du ravin, les couches s’in- clinent en sens opposé et viennent butter par conséquent contre le massif de la Serre. Je n'ai pu déterminer si ce changement dans les allures de la stratification , était dû à une faille ou bien à une simple disposition en forme de voûte et dont les portions courbes auraient été enlevées par dénudation. C’est sur un mamelon , petit promontoire jeté au-dessus de deux petits ruisseaux qui se confondent un peu plus bas et qui les domine de 30 mètres environ, qu’auprès d'Offlanges, on a établi un sondage destiné à découvrir le terram houiller au-dessous du permien : il a été poussé jusqu’à la profondeur de 115 mè- tres, sans s’être affranchi des grès rouges. La formation houil- lère n’affleure nulle part dans la montagne de la Serre. Si l’on parvient à démontrer d’une manière péremptoire que les ter- rains permiens traversés par le puits de Charmoy, dans le dé- partement de Saône-et-Loire , sont concordants avec le terrain houiller du bassin de Blanzy , en appliquant, par analogie, les mêmes conclusions à la Serre, les recherches de la houille au- dessous des grès rouges sont rationnelles : or, si quelques exemples de concordance ont été cités, d’autres exemples mettent aussi en évidence l'indépendance du terrain per- mien (1), indépendance qui rend l'existence souterraine de la houille au moins très-problématique, surtout pour une contrée éloignée des points que l’on choisit comme termes de comparai- son et où les accidents que peuvent présenter les terrains re- couverts sont complétement inconnus. Nous dirons même que l’analogie n’est pas toujours un guide sûr pour la solution de ces problèmes délicats. Ainsi, dans les environs d’Alboy (Aveyron), où toutes les formations sédimentaires ont leurs affleurements apparents , on a pu attaquer le grès houiller et saisir la houille à travers la formation permienne; mais si, à 12 kilomètres plus lom, on eût pratiqué les mêmes attaques au-dessus du zechstein des environs de Rodez, par exemple, les puits n'auraient atteint que les gneiss du Lauterne , qui supportent le zechstein seul, sans l'intermédiaire des deux (1) M. Manès, Loco citalo, p.123 ; — Rozet, loco citato, p. 101. _— og étages inférieurs et du terrain houiller que l’on trouve à Alboy (1). Le sondage pratiqué à Offlanges ne me paraît pas se poser avec des chances favorables de réussite, à cause du voisinage du terrain primitif et de l’inclinaison des couches vers les gneiss. D'autre part, en s’éloignant des affleurements permiens et en choisissant les points d'attaque entre Offlanges et Mont- mirey, dans l'étage des marnes irisées, par exemple, le son- dage prendrait des proportions considérables, puisqu'il faudrait ajouter aux profondeurs du sondage, calculées d’après le terrain permien, toute la puissance du terrain triasique, et l’épaisseur des grès permiens est inconnue. Or, ceux-ci représentent in- contestablement la partie supérieure de la formation et cor- respondent, à en juger par l'identité de la flore fossile, aux grès ardoisiers de Lodève et aux grès des Thérots. On sait, par des mesures directes et par des sondages, que, dans le bassin de Blanzy, il faut attribuer à la partie inférieure du terrain permien des épaisseurs très-considérables, de plusieurs centaines de mètres, sans qu'on puisse préjuger la présence de la houille dans la profondeur. Ces questions sont, comme on le voit, de la plus haute importance et intéressent égale- ment la science et l’industrie. Leur solution me paraît liée essentiellement aux travaux qui sont en ce moment en cours d'exécution dans les bassins houillers de Saône-et-Loire, et il est à désirer que les géologues distingués qui aident les com- pagnies de leurs conseils et de leurs lumières, parviennent à montrer clairement le rôle que les terrains de recouvrement remplissent dans des bassins où sont accumulées tant de ri- chesses souterraines. Les détails qui précèdent, relatifs aux sédiments anciens de la montagne de la Serre, suffisent, j'espère, pour prouver l'analogie qui existe entre eux et leurs équivalents dans l’ar- rondissement de Châlons. L'étude de la formation triasique va nous fournir des faits nouveaux dont la discussion servira à compléter l’ensemble des rapports que nous avons saisis entre ces deux régions. (1) H. Coquand, Description géologique du terrain permien du dépar- tement de l'Aveyron; — Bull. de la Société géologique de France, 2e série, {. XII. RE. 4. TERRAIN TRIASIQUE. — Ce terrain se compose de trois termes distincts reconnus depuis longtemps dans les contrées classiques, et qui sont les grès bigarrés, le muschelkalk et les marnes irisées. Les grès bigarrés peuvent se subdiviser en deux assises dans la partie du Jura que nous décrivons : l’inférieure, caractérisée par des arkoses, et la supérieure, par des grès marneux et par des argiles micacées. à L’arkose de la forêt de la Serre ne diffère en rien des arkoses de la Bourgogne et du Charollais : c’est un granite décomposé et qui offre à l’état roulé Les éléments distincts de la roche dont elle procède; 1l serait par conséquent sans utilité de s’occuper des diverses variétés que l’état lamellaire ou argiloïde du feldspath, la grosseur des grains de quartz, l'abondance du ciment siliceux, etc., sont susceptibles de fournir. Nous nous bornerons à dire que certains bancs, comme dans le quartier des Croisières sous Offlanges, renferment des cailloux de quartz assez volumineux pour passer à l’état de véritables poudingues, mais, dans ce cas, la roche a peu d’adhérence, elle se désa- grége avec la plus grande facilité, en donnant un sol sableux et graveleux dont la végétation s'empare difficilement. Dans les carrières ouvertes anciennement au-dessus de Moissey pour l'extraction de meules à moudre les grains, on remarque quelques dépôts lenticulaires d’une calcédoine rougeûtre et cariée, dont la formation est due certainement à une plus grande abondance de silice, au moment où la roche était ci- mentée par des infiltrations siliceuses. Les mêmes carrières contiennent aussi quelques bancs d’arkoses avec nids de ba- ryte sulfatée lamellaire, rose ou blanchâtre. Je n’ai pu parve- nir à y découvrir des substances métalliques, telles que le fer oxydé rouge ou la galène, qui ne sont pas rares dans cette roche aux environs de Charolles, de Vaudebarrier, de Saint-Chris- tophe et d'Oyé (1). Quelques lits d'argile rougeûtre et verdâtre intercalés dans les assises supérieures, voilà les seuls acci- dents minéralogiques qui troublent l’uniformité qu’on observe dans la composition des arkoses. Les grès marneux B (fig. 3), qui forment au-dessus des grès feldspathiques A la deuxième assise du grès bigarré, consistent (1) M. Manès, loco cilato, p. 128. en des roches très-tendres, à grains très-fins, qui, à cause de leur tendance à se désagréger, sont converties en vignobles dans presque toute l'étendue qu’elles occupent, circonstance qui rend leur étude difficile. Cependant, entre PU. et Moissey, quelques ravins perpendiculaires à l’axe de là Serre permettent d'en saisir les caractères principaux. Ce sont en général des grès très-argileux, de couleur grise ou verdâtre, chargés d’une très-grande quantité de mica, se séparant en plaques excessi- vement minces, et alternant avec des argiles tenaces égale- ment micacées et susceptibles de faire pâte avec l’eau. Celles-ci sont exploitées en plusieurs endroits, près de Moissey, pour la fabrication des tuiles. Elles sont surtout abondantes à la partie supérieure de l'étage et fournissent les eaux qui alimentent les puits d'Offlanges et une partie des sources naturelles, telle que celle de Moissey. Cà et là on remarque bien quelques lits d'argile badigeonnée de rougeâtre ou de violacé, mais on peut dire que la teinte gris verdâtre domine : ce qui donne à l’en- semble l'apparence d'une formation marneuse. La friabilité de ces roches et leur transformation en terre végétale que le fer retourne sans cesse, ne permettent guère de se livrer avec succès à la recherche des fossiles. Cependant, en divisant avec patience et précaution les plaquettes qui gisent au milieu des vignes, on parvient à y découvrir quelques empreintes de végétaux qui se rapportent au genre Calamites. Les collections de la Faculté des sciences de Besançon pos- sèdent, de cette localité, un échantillon de grès marneux qui renferme une tige bien conservée du Calamites arenaceus. Nous retrouvons donc dans le Jura, au-dessus des arkoses, et la superposition ne peut laisser planer aucun doute, l'horizon des grès bigarrés des environs de Plombières et de Soultz-les- Bains, qui, dans les Vosges, recouvrent le grès vosgien. La puissance des arkoses calculée à la carrière des pierres meulières ou au-dessous d’Offlanges, est de 25 mètres environ ; celle des grès et des argiles est un peu supérieure. Si, au point de vue de la composition, l'étude du grès bi- garré oîffre peu de variété, il en est tout autrement quand on l’envisage dans sa position par rapport à la formation per- mienne à laquelle il succède dans la série stratigraphique ; son indépendance est un des faits les plus solidement établis, qui permet de séparer celle-ci du terrain triasique. Ainsi que nous l'avons déjà exposé, les banes permiens au-dessous d’Offlanges sont redressés sous un angle de 25 degrés environ : or, les ar- koses, dont on a une bonne coupe sur le chemin qui conduit au village de Serre, les recouvrent presque horizontalement et conservent les mêmes allures contrastantes dans tout l’espace qu’elles occupent sur la berge gauche du ruisseau qui prend naissance entre Offlanges et Moissey, et qui déverse les eaux de cette partie de la Serre dans l’Ognon, près de Montrambert. Elles s'inclinent faiblement dans la direction du nord-ouest ; et la seconde assise du grès bigarré à Calamites arenaceus, le muschelkalk, les marnes irisées, ainsi que le lias, qui se suc- cèdent en bandes étagées en retrait les unes au-dessus des autres, obéissent au même mouvement orographique. En suivant le prolongement des arkoses dans la direction de Moissey, on voit qu’elles subissent un amoindrissement con- sidérable; elles sont bien encore visibles au delà d'Offlanges, mais on ne les trouve plus sur la route de Moissey à Amange, ni sur le chemin des Gorges. Les grès micacés fins et les ar- giles supérieures semblent reposer directement sur les grès permiens. Comme ceux-ei éprouvent des dérangements assez nolables dans le voisinage des lieux que nous désignons, il pourrait très-bien se faire qu’une faille, et les failles sont com- munes dans la Serre, en établissant une dénivellation, eût mas- qué l’étage des grès feldspathiques, d'autant mieux que sur le revers opposé de la montagne, près du village de Serre, un lambeau d’arkose qui y est visible, est surmonté par ces mêmes grès fins. Le temps m'a manqué pour éclaircir ce point douteux : toutefois la solution de cette question a fort peu d’im- portance, car nous allons voir que les arkoses occupent deux positions, et à cet égard elles se comportent exactement comme le grès des Vosges. Nous avons constaté qu'au dessous d’Offlanges les arkoses se montrent intercalées entre les grès bigarrés proprement dits, à Calamites arenaceus et les grès permiens. Ailleurs elles forment des dépôts pour ainsi dire indépendants, s’affran- chissent à la fois du voisinage des grès rouges en atteignant un niveau bien plus élevé, et du muschelkalk qui les opprime. Dans cette situation nouvelle, elles recouvrent immédiatement les gneiss sur lesquels elles ont assis des masses puissantes, horizontales ou légèrement inclinées dans le sens des pentes Litou qui les supportent. C’est ainsi qu’on les observe à la carrière des pierres de meules au sud-ouest de Moissey, où elles ac- quièrent une épaisseur de 25 à 30 mètres. Elles admettent par intervalles des lits minces d'argile rouge et verte qui les sé- parent en grands bancs réguliers. Ces arkoses, dont les pro- duits sont désignés par les habitants du pays sous le nom de molasse, ont été exploitées autrefois avec activité et ont fourni des meules à moudre, des pierres de taille et des moellons piqués qui figurent encore dans presque tous les édifices et les murs de clôture de Moissey et d’Offlanges. Les carrières sont délaissées aujourd’hui. Les sommités de la Serre sont envahies, en une foule d’autres points, par cette roche remaniée. Le sen- tier qui relie Wriange et Moissey, en traverse un dépôt cu- rieux, un peu au-dessous du chemin de la Poste. On en extrait des sables pour les constructions. Les éléments du grès, au lieu d’être agglutinés par un ciment siliceux, comme on le constate ailleurs, sont libres et incohérents et mélangés dans un désordre complet : on croirait parcourir une grève dont les matériaux auraient été charriés par des courants de direc- tions contraires. En effet, l’ensemble se compose de traînées d’inégale épaisseur et qui s’enchevêtrent les uns dans les autres à la manière des débris accumulés par des eaux tor- rentielles et à des intervalles différents. Le versant oriental, où une très-grande faille met le plus souvent l'étage juras- sique moyen en contact avec le gneiss, montre à son tour plusieurs lambeaux d’arkose. On peut citer celui qu’on ren- contre avant de quitter la montagne de la Serre, en face d’A- mange. Au village de Serre, les arkoses qui dominent l’a- breuvoir publie, offrent cette particularité remarquable, qu’elles sont recouvertes par les grès à grains fins et les argiles bario- lées à Calamites arenaceus, que nous avons cités à Offlanges dans une position identique : ce qui démontre que si, sur les plateaux granitiques , les grès feldspathiques ne sont pas recouverts, ils le sont au moins sur les deux flancs de la chaîne. Il est à remarquer que, dans le département de Saône-et- Loire, le terrain d’arkose se comporte exactement comme dans l’îlot jurassien que nous décrivons ; qu’il se subdivise en deux assises, dont l’inférieure, épaisse de 5 à 15 mètres, est formée d'arkose pure, et la supérieure, puissante de 8 à 10 mètres, est ue composée de grès marneux avec calcaire subordonné {1). Nous reviendrons bientôt sur ce calcaire que nous croyons être le représentant rudimentaire du muschelkalk. Nous remarque- rons encore que dans la forêt de la Serre, l’arkose, par suite de failles ou de soulèvements, se montre indistinctement sur les sommets et sur les flancs des montagnes primordiales. « Je n’ai jamais vu les arkoses , dit M. Rozet (2), former des montagnes à elles seules : ces roches se présentent souvent sur les sommets et les plateaux granitiques, où elles occupent des espaces assez étendus. Aux environs de Château-Neuf, de la Claytte, du Mont-Saint-Vincent, d'Autun, etc., tous les sommets recouverts par les arkoses ont une forme aplatie qui les fait reconnaître de fort loin. Le sommet du Mont-Saint- Vincent , couvert d’arkoses, atteint 602 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les plateaux qui environnent ce point sont élevés de 450 à 470 mètres. Ceux qui se trouvent à l’est d'Au- tun atteignent 550 mètres. Sur tous ces sommets et plateaux, l’arkose n’est jamais recouverte par aucune autre roche, fait remarquable, qui nous servira plus tard à établir une des épo- ques de soulèvement des montagnes que nous étudions (3). » Le même observateur ajoute que dans les montagnes com- prises entre le canal du Centre Ët la vallée de la Saône, l’ar- (1) M. Manès, Loco citato, p. 126. (2) M. Rozet, loco cilato, p.108 et 106. (3) M. de Beaumont (Loco citato, p. 425) fait remarquer que dans le val d’Ajol et entre Plombières et Ronchamp, le grès bigarré, qui générale- ment ne fait qu'entourer les Vosges, s'étend jusque sur les épaules des montagnes et se raccorde même avec elles. Ainsi, la hauteur qu’il atteint vers Maxonchamp est äe 750 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce savant conclut de ce fait qu'il y a un axe particulier ou une ligne de sou- lèvement différente de toutes celles qui ont principalement influé sur la configuration des Vosges et plus moderne qu’elles toutes. Ces circon- stances qui l’ont ainsi élevé sur les plateaux, lui paraissent comparables à celles qui portent les arkoses de la formation des marnes irisées à la cime du Mont-Saint-Vincent, au sud-est du Creuzot (596 mètres), et sur les hauteurs de Pierre-Ecrite dans le Morvan (580 mètres). Il convient de dire que les arkoses que M. de Beaumont attribue ici aux marnesirisées, sont l'équivalent du grès vosgien, et que, comme celui-ci, il existe, recou- vert où non, sur les sommités granitiques, ou au-dessous du grès bigarré et concordant avec lui, sur les flancs des montagnes et dans les plaines. Si l'absence du muschelkalk dans la Bourgogne et le Morvan n’a pas permis de bien reconnaître le grès bigarré à Calamiles arenaceus au-dessus des arkoses et de le séparer des marnes irisées, le grès bigarré n’y existe pas moins. Dans tous les cas, sa PRONCUPES à Moissey et à Offlanges ne sau- rait être contestée. NO ie kose siliceuse forme des masses très-puissantes, généralement assez bien stratifiées , horizontales, ou légèrement inclinées dans le sens des pentes granitiques qu’elles recouvrent. M. Manès, à son tour, reconnaît que l’arkose, dans sa super- position à la grauwacke , au grès houiller et au grès permien, formations qui sont toujours à couches plus ou moins ineli- nées, les recouvre constamment à stratification discordante. Ainsi, aux environs de Levesiau (1), elle repose en couches sensiblement horizontales sur un grès permien en couches imclinées de 15 à 20 degrés. Le dépôt offre la succession sui- vante : 15 mètres d’arkose et 10 mètres de marnes rouges et jaunes, avec bancs épais de calcaire cristallin grisâtre. Il existe donc identité complète et frappante et de position et de composition entre les grès bigarrés des environs de Moissey et ceux de Saône-et-Loire. Cette identité ressort directement de ce que j'ai vu par moi-même et des travaux de MM. Rozet et Manès. Seulement nous ne partageons pas les idées de M. Manès sur la classification qu’il a adoptée. Ce géologue appelle du nom de grès bigarrés les grès rouges à Walchia Schlotheimii et hyp- noides, et des arkoses, il en fait la base de son terrain keupé- rien. Nous croyons avoir démontré péremptoirement que les arkoses qui supportent les grès à Calamites arenaceus, com- mencent au moins le terrain triasique, si même elles ne sont pas l’équivalent du grès vosgien , comme nous avons tout lieu de le croire , et nous fournirons bientôt des arguments à l'appui de notre opinion. Au grès bigarré supérieur B succède un ensemble M d’ar- giles calcarifères, de calcaires grisâtres à cassure conchoïde, de dolomies cendrées à grains très-serrés ou caverneuses, al- ternant à plusieurs reprises, et atteignant une puissance de 35 à 40 mètres (fig. 3). Telle est la composition générale du muschelkalk qu’on observe dans les communes de Moissey et d’Offlanges. L’Encrinites liliiformis, dont les articles sont passés à l’état spathique, foisonne dans certaines couches. et forme une véritable lumachelle. J'y ai recueilli aussi un très-bel exemplaire de l’Ammonites nodosus. Cet étage s'élève sous forme de récif, saillant entre deux dépressions, dont l’une (1) Loco cilaio, p. 129. est occupée par les marnes irisées , et l’autre par les assises marneuses du grès bigarré supérieur. Mon intention n'étant pas de fournir une description détaillée de cet étage, ces simples indications sont suffisantes pour le programme que je me suis tracé. Ni M. Manès, ni M. Rozet, n'ont signalé la présence du muschelkalk dans le département de Saône-et- Loire; cependant les coupes de Levesiau et de Saint-Emi- land (1), données par le premier de ces géologues, et qui dé- voilent à la partie supérieure du grès bigarré, done, à la base des marnes irisées , la présence de bancs épais d’un calcaire cristallin non dolomitique, sont de nature à faire admettre que ces bancs représentent le calcaire conchylien, de la même ma- nière que, dans les environs de Besançon, un banc peu épais de grès placé à la base du calcaire à gryphites, représente le grès infraliasique, qui, en Bourgogne, acquiert un développe- ment considérable. Le muschelkalk forme , comme on le sait, à partir de Lure , autour du massif des Vosges, une ceinture qui traverse toute la Lorraine et se termine entre Aix-la-Cha- pelle et Bonn. Ce second terme de trias, qui est si puissant dans les Provinces rhénanes et dans les montagnes vosgiennes, perd évidemment de son importance, à mesure qu'il se rap- proche du plateau central. Le pointement primitif de la Serre, qu'on peut considérer comme une station intermédiaire entre cés deux régions granitiques , offrirait encore un représentant respectable , quoique amoindri, de cette formation, qui, dans le département de Saône-et-Loire , serait réduite à quelques bancs calcaires. Nous mentionnerons pour mémoire seulement, l'étage des marnes irisées I (fig. 3), dont on peut suivre le développement sur le versant occidental de la Serre : il y acquiert peu d’épais- seur et 1l se compose de marnes et de dolomies; on a bien découvert du gypse près d’Offlanges; mais il était si peu abondant qu’il n’a pas été jugé digne d’être exploité. 5. GRÈS INFRALIASIQUE. — Si, dans la Bourgogne, une ar- kose à ciment calcaire et fossilifère constitue, au-dessous des marnes irisées, le premier gradin du lias , le lias débute dans le massif de la Serre par un grès quartzeux H(fig. 3), jaunâtre, (1) M. Manès, loco cilalo , p.129. Den Dee à grains fins et miroitants et présentant tous les caractères d'un quartzite de transition. On y rencontre quelques fossiles et entre autres des Pecten à côtes aiguës. Ce grès, assez com- mun au lieu dit le Champ-Rouge, près de Moissey, sépare très-nettement la formation jurassique de la formation triasique et est employé comme pierre à aiguiser. Au-dessus de ce grès commence la série liasique L et jurassique O. Le sommet du mont Guérin, par lequel se termine le système de la Serre, est occupé par des calcaires appartenant à l’oolite inférieure. Ainsi que nous l'avons dit, au commencement de notre des- cription de la Serre, le revers occidental de cette montagne montre la succession du terrain permien, du terrain triasique et de plusieurs étages de la formation jurassique. Le revers oriental , dont les eaux se rendent dans le Doubs, est loin d'offrir une série stratigraphique aussi complète, à cause d’une faille qui, depuis Saligney jusqu'à Jouhe, dans la direction de Dole, a mis presque constamment en contact le terrain juras- sique moyen avec le granite. Près de Sauvigney cependant, le lias supérieur et les calcaires de l’oolite inférieure s'appuient sur le terrain permien : à Wriange , c’est le cornbrash, et plus bas, en face d’Amange, c’est l’oxfordien. Il résulte de cette disposition que l'intérêt qui se rattache à l’étude des phéno- mènes géologiques qui se sont accomplis dans la Serre, se concentre presque tout entier dans le versant dont les eaux sont tributaires de l’Ognon. Il sera facile de retrouver dans les Vosges, entre les terrains sédimentaires qu'on y a reconnus et ceux de la Serre, des res- semblances tout aussi frappantes que celles que nous avons eu occasion de signaler dans le département de Saône-et-Loire. Les remarquables travaux de M. E. de Beaumont, sur cette chaîne, rendront notre comparaison facile. Le noyau central de la partie méridionale des Vosges (1), est entouré par d’autres montagnes, dont les formes aplaties et carrées, contrastent avec les profils arrondis des premières, et qui sont composées d’un grès quartzeux , d’un grain uniforme et grossier, d’un rouge de brique plus ou moins foncé , connu sous le nom de grès des Vosges. Ce grès est quelquefois feld- spathique. À Boremont, M. Mougeot y a découvert des em- (1) Explication de la carte géologique de France, tom. 1, p. 373. OR = preintes parfaitement conservées de Calamites arenaceus, plante caractéristique du grès bigarré. Le système du trias (1), dont le grès bigarré constitue la partie inférieure , forme autour des Vosges une zone presque continue, qui s'étend en général au pied des montagnes du grès vosgien, comme une mer au pied d’une falaise dont elle baigne la base. Cette disposition est manifeste tout le long des plaines de la Lorraine. Le grès bigarré s’arrête au pied des montagnes du grès des Vosges, ou se juxtapose à lui, comme à Etobon, sans jamais atteindre une hauteur égale, tandis que ce dernier, qui s'élève au-dessus de la plaine et couronne, sans être recouvert, des sommites élevées, avait dû éprouver un re- lèvement avant l’époque de la formation triasique. Sur les deux flancs dans la même vallée, et souvent sur toute l’étendue d’un même canton, toutes les montagnes de grès des Vosges atteignent des hauteurs à peu près égales. Cette cir- constance , jointe à celle de l’horizontalité presque parfaite de leurs couches et à l’existence de ces rochers hardis et souvent isolés, dont aucun n’est incliné, atteste que les mouvements éprouvés par le grès des Vosges depuis son origine, n’ont fait que changer le niveau de ses diverses parties , sans déranger bien sensiblement l'assiette de chacune d’elles (2). Tous ces faits concourent, suivant M. E. de Beaumont, à prouver que le dépôt du grès bigarré n’a pas succédé sans in- terruption , ou du moins sans secousse, à celui du grès des Vosges ; que ce dernier avait été disloqué et même détruit en quelques points, avant que le dépôt du grès bigarré commen- cât à s’opérer, et que la circonstance de gisement qui rend ces deux formations distinctes se lie d’une manière intime au relief des Vosges (3). Le grès vosgien s'appuie indistinctement sur les terrains anciens, sur le terrain houiller et sur la formation permienne. Comme :il dépasse considérablement les bords des bassins où s'est formé le grès rouge, 1l devient manifeste, bien qu’il y ait concordance, qu'il s’est déposé dans des circonstances très- différentes : ce qui suppose deux révolutions, l’une antérieure, (1) Explicalion de la carte géologique de France, tom. 1, p. 300. (2) /bid., p. 401. (3) 1bid., p. 393. Pl l’autre postérieure au grès rouge. Les environs de Moissey . mettent aussi ce fait hors de doute. N'est-il pas de la dernière évidence que tous les détails qui précèdent s'appliquent, pour ainsi dire, terme pour terme, aux montagnes de Saône-et-Loire et de la Serre? À part la couleur et la nature des matériaux, deux caractères insignifiants et sans valeur, quand on compare deux chaînes éloignées l’une de l’autre, le grès vosgien représente, et par son origine el par sa position, les arkoses du Charollais et de la Bourgogne que l’on observe, comme le grès des Vosges, en bancs horizontaux non recouverts, sur les sommités et les plateaux granitiques , et qui ne supportent les grès à Calamites arenaceus que sur les flancs des collines et dans les plaines. La coupe d’Offlanges à Amange , dans la Serre, est, à son tour, une véritable coupe des Vosges; car les arkoses, indépendantes au sommet, re- çoivent sur les pentes les étages triasiques : or il en est ainsi dans les Vosges. Par quelque point que l’on pénètre dans ce massif, que ce soit par Plombières, par Epinal, par Spiémont ou par les plaines de Ia Lorraine, on constate d’abord le recou- vrement du grès vosgien par le grès bigarré à stratification con- cordante , et, ce n’est qu'après avoir dépassé les failles qui donnent naissance aux falaises vosgiennes, que le grès des Vosges s'élève brusquement et laisse au pied des escarpements le grès bigarré. Aussi, quand il y a superposition des deux terrains, leur séparation ne peut s’opérer que par la diffé- rence de leurs éléments minéralogiques. Le grès vosgien est un grès grossier quartzeux, le grès bigarré, au contraire, un grès argileux, micacifère et fin, exactement comme dans le dé- partement de Saône-et-Loire et à la Serre, où les arkoses sont un grès quartzo-feldspathique à gros grains, tandis que les grès à Calamiles arenaceus sont des roches argilo-sableuses micacifères à grains fins. Et encore ce caractère n’est pas tou- jours suffisant : ainsi, dans la zone qui dessine le pied occiden- tal des Vosges, le grès bigarré repose, en général, sur le grès vosgien à stratification concordante , et avec un passage gra- duel qui rend souvent difficiie de saisir la ligne de démarcation entre les deux formations. Cette difficulté est même si grande, ajoute M. E. de Beaumont (1), aux environs de Trèves, et, plus (1) Explication de la carte géologique de France, tom. 11, p. 12. NT NE au nord, entre Witlich, Gerolstein, Prüm et Malmedy, qu'on a renoncé à tracer la ligne de démarcation sur la carte géologique, où l’ensemble des deux grès a été colorié comme grès bigarré. La constitution géologique de la Serre étant bien connue, et les rapports de ressemblance avec les terrains de même époque dans les montagnes de Saône-et-Loire et dans les Vosges ayant été démontrés à l’aide d'arguments qu’il me paraît difficile de renverser, discutons à présent l’époque qu’il convient d’assigner aux révolutions qui ont imprimé à cet îlot perdu dans la chaîne du Jura les traits les plus saillants de sa physionomie. La discordance que l’on remarque, dans les trois contrées que nous comparons, entre les grès rouges d’un côté et les grès vosgiens et arkoses de l’autre, indique que la for- mation permienne avait subi un premier redressement avant le dépôt des grès des Vosges et des arkoses. M. Manès, qui a introduit dans l’étage du grès bigarré les grès permiens de Saône-et-Loire, a tellement attaché de l’im- portance à leur discordance réciproque, qu’il a été obligé de transporter les arkoses et les grès fins supérieurs dans l’étage des marnes irisées. Nous avons vu que cette classification n’est pas en harmonie avec les faits géologiques. M. Rozet, se fondant sur l'isolement des arkoses au-dessus des plateaux granitiques et n'ayant pas reconnu dans les grès et argiles micacées qui les recouvrent, à Levesiau et ailleurs, le repré- sentant du grès bigarré à Calamites arenaceus, comme nous l'avons fort bien constaté à Moissey, ce géologue a admis qu'un soulèvement était survenu entre le dépôt du grès bigarré el celui des marnes irisées. Il a done méconnu complétement la véritable place des arkoses dans les montagnes de Saône-et- Loire, en les faisant parallèles du grès bigarré de Plombières, tandis qu’elles y remplissent le même rôle que le grès vosgien dans la chaîne des Vosges. Il est juste cependant de convenir que dans les arrondissements de Châlons et d’Autun, les grès bi- garrés qui surmontent les arkoses sont si mal définis, etcomme roches et commeétage, et d'une nature tellement argileuse qu'ils semblent ne faire qu’un tout indivisible avec les marnesirisées, et l'illusion est d'autant plus possible que le muschelkalk (1) (1) Une difficulté de même nature se présente pour séparer nettement les marnes irisées du grès bigarré dans le département de l’Aveyron : l’en- semble des couches placées entre ce grès et le lias inférieur consistant le manque dans ces contrées ou qu’il devient fort difficile de le re- connaître dans les quelques bancs calcaires subordonnés qu’a signalés M. Manès au-dessous du keuper. Fort heureusement le développement des divers étages de la formation triasique et surtout du calcaire conchylien dans la Serre, fait échapper l’observateur à une erreur de ce genre, et lui permet de re- trouver, et géologiquement et paléontologiquement, dans les grès à Calamites arenaceus, l'équivalent du grès bigarré de Plombières, et, dans les arkoses inférieures, l’équivalent du grès vosgien. La transgressivité des arkoses sur le permien, telle qu’on la remarque à Offlanges, jointe à leur position isolée au-dessus des plateaux granitiques et que ce dernier n’a Jamais atteints, démontre suffisamment que le bassin dans lequel la formation triasique a été déposée, n'avait plus la même configuration que le bassin rempli par la mer permienne, et par conséquent, que le relief de la Serre a été modifié par plusieurs bouleversements successifs, dont le dernier est celui qui a déterminé les accidents orographiques dominants de Ja chaîne du Jura. Il nous reste à préciser l’époque à laquelle les arkoses ont été dérangées de leur position primitive, et nous verrons qu’elle coïncide parfaitement avec le système du Rhin de M. E: de Beaumont. Le système du Rhin est dirigé du nord 21 degrés est au sud 21 degrés ouest, et il a affecté, suivant le célèbre auteur de la Théorie des soulèvements, les dépôts antérieurs au système du grès bigarré, du muschelkalk et des marnes irisées. Il n'y à qu’à jeter Les yeux sur la carte géologique de la France, pour s'assurer que depuis Digoin sur la Loire jusqu'à Mayence, une bande de terrains que leur âge identifie, se trouve, malgré des lacunes occasionnées par des recouvre- ments plus modernes, alignée exactement suivant la même di- rection, c'est-à-dire du nord-est au sud-ouest. Cette bande, qui prend naissance près de Donjon, dans le département de l’AI- lier, englobe tout le bassin de Blanzy, s’approprie la mon- tagne de la Serre et se confond avec la chaîne des Vosges. plus généralement en des dolomies alternant avec des argiles bariolées. Cette difficulté pourtant ne tient qu'à l’absence ou à la rareté des fos: siles, car je suis parvenu à découvrir entre Milhau et Saint-Romain-de- Tarn, au-dessus des grès bigarrés, des bancs d’un calcaire fuligineux pé- tris de Terebratula vulgaris. : — 33 — Cette orientation s'écarte de celle des crêtes dominantes du Jura et de la Bourgogne, et obéit par conséquent à un tout autre système. Or, dans tout ce parcours, les terrains atteints par le soulèvement du Rhin, appartiennent aux formations an- ciennes etnous montrent des grès à éléments de quartz, comme dans les Vosges, ou des grès à éléments de feldspath {arkoses), comme dans la Serre et dans le bassin de Blanzy et d’Autun, formant falaise au-dessus du terrain triasique, et offrant les mêmes accidents orographiques et le même ordre de succession que dans les Vosges. La montagne de la Serre devient le trait d'union qui relie les Vosges et le plateau central, et dans laquelle se reflètent, en se fondant dans une nuance intermédiaire, la physionomie et les couleurs propres à chacune de ces régions. En effet, si, par les caractères minéralogiques de son permien et de ses ar- koses, la Serre tend à se rapprocher davantage de la constitu- tion de Saône-et-Loire, par son muschelkalk ei son grès bigarré plus complets, elle offre des traits de plus grande ressemblance avec la chaîne des Vosges. Le tableau suivant, qui place en regard les unes des autres les formations des bassins de Blanzy, de la Serre et des Vosges, met en évidence les rapports que nous venons d’énumérer et qui les placent toutes sous le même régime géologique : BASSIN DE BLANZY. LA SERRE. LES VOSGES. 1 Granite. 1 Granite. 1 Granite. 2 Porphyre. 2 Porphyre. 2 Porphyre. 3 Terrain houiller. RE RE è 3 Terrain houiller. 4 Terrain permien. 4 Terrain permien. 4 Terrain permien. 5 Arkose. 5 Arkose. 5 Grès des Vosges. 6 Grès bigarré. 6 Grès bigarré. 6 Grès bigarré. 7 Muschelkalk ? - 7 Muschelkalk. 7 Muschelkalk. 8 Marnes irisées. 8 Marnes irisées. 8 Marnes irisées. 9 Grèsinfraliasique. 9 Grès infraliasique. 9 Grès infraliasique. Le but que je m'étais proposé dans cette notice est rempli. Je voulais démontrer : 4° que c’est à tort qu’on a rapporté les grès permiens du bassin de Blanzy aux grès bigarrés ; 2° que les arkoses, qui, pour M. Rozet sont du grès bigarré , et pour MM. Manès et de Beaumont du keuper, représentent le grès vosgien ; 3° que le grès bigarré proprement dit, celui de Plombières et de Soultz-les-Bains, existe dans la Serre et dans Saône-et-Loire; 4° que les arkoses se comportent dans ces deux 3 DM Le contrées exactement comme le grès vosgien dans les Vosges, ou en masses isolées et pourainsi dire indépendantes et formant falaises au-dessus des plateaux granitiques , ou supportant en concordance de stratification les grès bigarrés proprement dits ; 5° enfin, que la direction du bassin de Blanzy et de la montagne de la Serre concorde avec l'orientation du système du Rhin et complète l'assimilation à laquelle j'ai conclu dans cet écrit. Il serait intéressant, sans doute, de rechercher si le grès vosgien, au point de vue paléontologique, constitue une forma- tion indépendante, comme le sont, par exemple, le grès houil- ler, le grès permien et le grès vert ; ou bien, si comme le pré- tendent plusieurs géologues, il ne serait que la partie inférieure du grès bigarré, porté par un soulèvement à un niveau plus élevé que ce dernier. Comme le seul fossile signalé jusqu'ici est le Calainites arenaceus, espèce du grès bigarré, on ne sau- rait tirer des inductions suffisantes de ce fait unique. Ceux qui adoptent la première opinion s'appuient sur l'isolement du grès bigarré en dehors de la chaîne des Vosges et sur quelques exemples de discordance. Les géologues, au contraire, qui réunissent le grès vosgien au grès bigarré, invoquent leur concordance, qu’on observe pres- que partout et leur passage de l’un à l’autre. Ils objectent que le caractère d'isolement se montre nettement accusé, il est vrai, pour le grès vosgien et pour les arkoses de la Bourgogne; mais qu'il n’est pas spécial à ces deux sortes de roches, et qu’il paraît tenir à la disposition en retrait que présentent ordi- nairement les étages des formations sédimentaires et qui les empêche de se recouvrir dans toute leur étendue, comme on l’observe presque constamment, quand, des régions occupées par les terrains stratifiés, on se rend vers les montagnes gra- nitiques. Ainsi, les trois grandes assises du trias occupent, sur la surface du terrain , trois zones successives qui enveloppent consécutivement le pied des Vosges (1), disposition qui est due à ce qu’elles s’enfoncent successivement l’une au-dessous de l’autre, en plongeant légèrement du pied des Vosges vers l’in- térieur de la France. On conçoit que les dislocations qui ont (1) M. Elie de Beaumont, Explication de la carte géologique de Franre, tom. 11, p. 11. ER: ES dérangé l’horizontalité primitive des couches, et produit pour celles-ci des altitudes différentes, aient eu pour résultat, si l’exhaussement s’est opéré sur la portion non recouverte de l'étage, de la porter à un niveau plus ou moins élevé et de la poser en falaise, par rapport à la portion qui n’aura pas parti- cipé au même mouvement ascensionnel. C’est d’après cette théorie qu’on peut expliquer, sur les plateaux granitiques du Limousin , la présence des lambeaux insignifiants du terrain jurassique , dont quelques-uns, tels que ceux de Rilhac et du Beau-Moulin, sont séparés de la grande bande jurassique de la Charente et de la Dordogne, à laquelle ils appartenaient au- trefois, par un espace libre de plus de 50 kilomètres. Si les failles, dans la chaîne des Vosges , au lieu de s’être produites là où elles existent aujourd’hui, avaient affecté le massif de grès bigarré compris entre Remiremont et La Marche, et qui envahit, sans être recouvert, une surface immense dont la distance la plus courte, de La Marche aux Vosges, est de 50 à 55 kilomètres, il est probable que, si la dislocation n’avait pas atteint la totalité des grès, la portion dérangée aurait dessiné, au-dessus de celle qui serait restée en place, une configura- tion analogue au relief que présente actuellement le grès vos- gien soulevé, relativement à celui qui est resté en dehors de la chaîne. Dans la forêt de la Serre, les arkoses se trouvent à la fois sur tes deux versants, où on les voit supporter à stratifica- tion concordante le grès bigarré, et sur les sommets granitiques où elles se montrent isolées, en bancs horizontaux et non re- couverts, et cela sur un rayon de 5,000 mètres seulement. On ne peut guère se rendre compte de cette disposition contra- stante qu'en admettant que les arkoses qui sont sur les pla- teaux , représentent les portions non recouvertes de l'étage, qu'une force soulevante agissant perpendiculairement au plan des couches aura exhaussées en les arrachant aux masses dont elles faisaient primitivement partie, tout en respectant leur horizontalité, ou bien la portion laissée en place entre deux failles le long desquelles les terrains contigus auront glissé d’une manière inégale. Mais après tout ce qui a été écrit sur les Vosges, une discussion plus étendue serait ici déplacée. LE, CUS Le tome VI® des Mémoires de l’Académie impériale des sciences de Lyon, qui contient l’appendice aux aperçus concer- nant l'extension des terrains houillers de la France, par M. Fournet, m'est remis aujourd’hui même, 12 janvier 1857, c'est-à-dire six mois après l'impression de mon travail sur la montagne de la Serre. Les environs du canal du Centre, si riches en houille, y sont l’objet d’une description spéciale et pleine de détails intéressants. La relation des divers terrains qu'on y remarque est indiquée par la coupe suivante qu'en donne mon savant ami et collègue. La comparaison qu’on pourra en faire avec celle que nous avons donnée nous-même des terrains de la montagne de la Serre, démontreront jusqu’à l’évidence que le type reconnu dans le département du Jura est calqué sur le type de celui de Saône et Loire. SAONE- MonTAGNE ET-LOIRE. DE LA SERRE, alcaire à gryphées. Calcaire à È B'JP gryphées. Lumachelles, calcaires jaunâtres, subla- _. mellaires ou à grain fin et à cassure esquil- | Lumachel- leuse, contenant beaucoup de bivalves pa- . ere) rallèlement aux strates; puissance 5 à 6 Lias. mètres. Lras. AE 3. Dre : Grès Grès siliceux, inférieur à la lumachelle,| ; priasi- à grain fin, blanchâtre ou jaunâtre; quel-Ù que. quefois micacé, schisteux et grisâtre, avec beaucoup de débris végétaux; puissance 1 à 2 mètres. / , Etage supérieur. — Ilse compose vers le haut de calcaire siliceux, fournissant une bonne chaux hydraulique: il forme deux ou trois bancs peu suivis, et n'ayant en tout que À à 2 mètres d'épaisseur. Mons KEUPER. Marnes vertes et rouges avec lames, subordonnées de dolomie compacte ou cel- lulaire et de calcaire siliceux. Dolomie jaunâtre cellulaire, cloisonnée de veines spathiques et contenant des marnes dans les cavités. Elle constitue un ensemble de’ irisées. SAONE- ET-Loires. KEUPERr. (Suite.) ER TE MONTAGNE DE LA SERRE. bancs dont l'épaisseur s'élève à 5 ou 6 mètres. Au milieu de ces assises, on trouve quelques couches de dolomie compacte, formant un total de 4 à 3 mètres. Cet étage supérieur contient de la strontiane sulfatée et des gypses. Sa puissance totale varie| hjurnes irisées. Etage moyen. — Il se compose de (Suite.) marnes noires, grises, rouges et vertes avec rognons de calcaire saccharoïde, à cavités tapissées de quartz cristallisé, vei- nes de gypse et quelques sources An puissance de 20 à 30 mètres. Etage inférieur. — I1 débute par dé grès marneux et des marnes vertes ou te alK. entre 40 et 20 mètres. | ‘grises très-liantes, avec calcaire blanc, { à,ec Am- semi-cristallin non dolomitique ou cristal-\ monites lin, grisâtre et siliceux; puissance 8 à 10 ; Roque: mètres. Plus bas viennent des grès ferrugineux jaunes, ferro-manganésiens, bruns, peu Co- | Avec Cala- hérents et à grain fin. mites arenaceus, Enfin arrivent les couches inférieures u composées d’abord de grès arkose,quiforme sur les plateaux de la contrée, par exemple, à Chatel-Moron, au Plessis, au mont Saint- Vincent, à la forêt de Planoise, à Antully, de vastes nappes souvent complétement dénudées de toutes les assises précédentes. Les couches supérieures sont blanchâtres, à dt grain très-fin et à ciment siliceux, de ma-| (Arkose.) | descendant, ce grès se montre plus riche en | nière à serapprocher des quartzites alpins. Cet étage est remarquable par l’absence de toute trace d'assises calcaires etde dolomies, soit compactes, soit caverneuses. Enfin, en parties feldspathiques; il simule souvent un granite recomposé; épaisseur 30 mètres. ——_—_ PORC EE S.ONE- MONTAGNE ET-LOIRE. DE Li SERRE. / Egalement subdivisible en plusieurs | étages. | La partie supérieure simulant les con- glomérats, les grès et les schisteshouillers, au point qu’elle a été l’objet de plusieursf Terrain Grès )tentalives d'exploitation , notamment à\ na bigarté \Charmoy et à la Coudraye. ‘à Hour La partie inférieure consistant en grès rus bariolés, en grès rouges et argiles | PIE teuses vertes et grises, suivies d’un conglo- : mérat à gros blocs {Saint-Eugène); puis- \sance 400 à 500 mètres. } Nous aurons à critiquer cette coupe sur deux points. D'abord le grès bigarré de M. Fournet se réfère au terrain permien. Sa discordance avec les étages du terrain triasique superposés et la nature de ses fossiles (Walchia) l'indiquent suffisamment. De plus nous pensons que cet éminent géologue a interverti l’ordre de disposition de ses deux étages, en plaçant à la base les grés et les argiles bariolées, tandis que pour nous ils constituent la partie supérieure de la formation, comme on peut s’en assurer en se rendant du puits dela Gaité au hameau des Theurots. Les plantes permiennes que M. Fournet et moi avons recueillies dansles carrières ouvertes ausud des Theurots, gisent dans un système de grès et d’argiles Jjaunâtres recouvert par les grès rouges, et surmontent les schistes bitumineux que recoupe le puits de recherches foncé par M. Maniglere aux en- virons de Charmoy, schistes qui contiennent beaucoup d’em- preintes de Walchia. Les grès de Saône-et-Loire supposés grès bigarrés ne sont donc autre chose que notre permien de la montagne de la Serre et ne peuvent par conséquent être attribués au grès bigarré; ce dernier d’ailleurs étant représenté au-dessous du muschelkalk et étant séparé du permien par toute l’épaisseur des arkoses (grès vosgien). La seconde observation estrelative au keuper. Nous pensons qu'on doit considérer les trois termes de l’étage inférieur, tel que l’a délimité M. Fournet, comme représentant le muschel- kalk, le grès bigarré et le grès vosgien : 1° parceque le calcaire semi-cristallin non dolomitique correspond , quoiqu'il ne ne PS ea soit que rudimentaire dans Saône-et-Loire, au muschelkalk d’Offlanges (montagne de la Serre), où il est mieux développé et où abondent les fossiles propres à cet étage; 2° parceque les grès ferrugineux correspondent au grès bigarré avec calamites arenaceus de la même localité, et 3° parce que les arkoses du mont Saint-Vincent correspondent aux arkoses des carrières de Moissey. Or, nous le répétons, dans le Jura comme dans Saône-et-Loire, tous les termes du terrain triasique sont complétement indépendants des grès permiens sous-Jacents. On voitclairement par ce qui précède, et par la comparaison des coupes, que le motif qui a engagé presque tous les géo- logues qui ont écrit sur le département de Saône-et-Loire, à réunir à l’étage du keuper les trois termes du terrain triasique, provient de la difficulté qu'ils ont rencontrée à y trouver le réprésentant du muschelkalk. Nous avons démontré que l’exa- men de la forêt de la Serre permet d'éviter une pareille confusion. Nous disons donc avec M. Fournet: «que l'axe de Saint- »Vincent (Saône-et-Loire) prolongé vers le nord-est, passe ventre les vallées du Doubs et de l’Ognon, et longe successi- »vement Auxonne, Dole, Besançon, Baume-les-Dames, »Montbéliard, pour aboutir à la pointe méridionale des Vosges, »précisément vers les terrains houillers de Ronchamp. On doit »par conséquent admettre comme un fait très-probable que les »secousses qui produisirent la ride de Saône-et-Loire ont retenti »jusqu'auprès de Giromagny, de manière à contribuer à l’émer- »sion de ces dépôts. Si d’ailleurs l’on voulait mettre en doute »cette extension, on pourrait invoquer la montagne de la Serre, »placée sur la même direction, à peu près à la moitié de ce »grand trajet, comme pour servir de jalon à l'observateur. La »présence de cette butte, composée de terrains cristallins et >triasiques, au milieu de l’ample nappe jurassique de la contrée, »serait une véritable anomalie, si elle ne se raccordait de la »manière la plus explicite avec les autres reliefs indiqués ci- »dessus.» (Mémoires de l’Académie des sciences de Lyon, Tom. V page 241.) Il est à regretter qu’un aussi habile observateur que M. Fournet n'ait pas eu l’occasion d'étendre ses investigations jusque dans la montagne de la Serre; son coup d'œil exercé — 10 — lui eût montré immédiatement les rapports qui lient cet îlot aux terrains de Saône-et-Loire etlui aurait permis de compléter la série triasique dans cette dernière contrée. Il l’aurait em- pêché surtout de ne point faire remonter, malgré une discor- dance flagrante, des grès permiens jusque dans le cœur du keuper. Les conclusions auxquelles je suis arrivé sont déduites des lois de la superposition et de la présence de fossiles caractéris- tiques. Bien que les rapports stratigraphiques soient identiques dans Saône-et-Loire et dans la montagne de la Serre, il eût été à désirer que le muschelkalk et le grès bigarré de la première contrée eussent renfermé les mêmes corps organisés que dans le Jura. Le caractère paléontologique, qui a bien sa valeur, quoi qu’en disent les opposants à la paléontologie, eût fourni à la stratigraphie un secours dont celle-c1 se fût bien trouvée, et de plus le moyen de resoudre une question qu'elle a tranchée contrairement à l’ordre hiérarchique des formations sédimen- taires. EXPLICATION DE LA PLANCHE I. Fig. 1. Fragment de la machoire en relief du Protorosaurus Spe- neri, de grandeur naturelle. Fig. 2. La même, en creux. Fig. 3. Coupe de la forêt de la Serre, depuis le Mont-Guérin jus- qu'au village de Serre, c’est-à-dire de l’ouest au sud, et montrant la disposition relative des terrains qui constituent ce massif. Fig. 4. Coupe de la carrière des pierres à meules au-dessus de Moissey. Fig. 5. Carte topographique de la Serre, d’après l'Etat-major. TT > © © 0 9 0 0 m—— QUELQUES NOUVEAUX DOCUMENTS ARCHÉOLOGIQUES SUR ALAISE, Par M. Ch.-F. VARAIGNE, Membre-associé de la Commission archéologique de la Franche-Comte vice-secretaire de la Société d'Emulation du Doubs, { Séances des 8 novembre et 16 décembre 1856. ) SEE ES — La Commission archéologique a bien voulu me demander une note sur les documents que j'ai pu recueillir dans mes explorations à Alaise. Je m’empresse de communiquer cette note à la Société d'Emulation, pour satisfaire au désir de son érudit président, M. Delacroix, à qui Je serai toujours heureux de pouvoir être agréable. Les antagonistes de M. Delacroix, dont le nombre se rédui- rait presque à l’unité si l’on ne comptait que les contradicteurs sérieux, ont opposé, entre autres arguments, que le territoire d’Alaise ne fournissait aucune preuve, soit d'habitation, soit d'occupation dans l’antiquité. Mais s’ils n'avaient eu recours, dans leurs mémoires, à une mauvaise foi trop évidente pour servir leur cause , ils auraient ajouté qu'aucune recherche n'avait été tentée jusqu'alors. M. Vuilleret, notre savant conservateur du Musée, dont l’habileté surpasse encore le zèle infatigable, a le premier ouvert quelques éumuli de très-petites dimensions, tant à Charfoinge que dans la Chénée, près de l’emplacement de Sainte-Reine, sans avoir pu constater des traces irrécusables de sépultures. À la suite d’une première exploration , dans laquelle M. Delacroix a bien voulu me servir de guide lui-même, je fis quelques fouilles d’un résultat plus heureux. DR Dans une propriété communale, appelée Les Feuilles, située sur le versant du plateau d’Alaise qui fait face aux Mouniots et près du lieu dit le Fourneau, il existe une grande quantité de fumuli, désignés généralement sous la dénomination de tumuli coniques, dont la plupart ont, à l'extérieur, une ana- logie complète avec ceux de Charfoinge et de la Chénée. J'en fis ouvrir un premier, de 4 mètres de diamètre seulement, qui ne produisit rien, mais qui, intérieurement, offrait une identité parfaite avec ceux ouverts par M. Vuilleret. À 30 mètres de là, il s’en trouvait un autre plus considérable que ceux qui l’entouraient, présentant 7 mètres de diamètre et d’une élévation de 80 centimètres environ. Une tranchée pratiquée de l’est à l’ouest fit bientôt découvrir, de ce dernier côté, une partie de crâne humain, puis, à quelques centimètres dans la direction du sud, l’os sous-maxillaire, qui conservait | dans une de ses alvéoles une dent molaire parfaitement intacte. Disséquant à la main, pour ainsi dire, la partie sud-ouest du tumulus, en commençant par une ligne diamétrale dirigée du nord au sud, je découvris, dans une largeur d’un mètre en- viron, le reste du squelette couché dans cette dernière direction, ayant la tête au nord. Les fragments des deux fémurs, des tibias et des péronés annonçaient une position rationnelle ; mais l’humérus gauche, formant avec l’axe du corps un angle de 50 degrés, me fit penser que le bras devait avoir cette direction, ce que me confirma l'emplacement du radius et du cubitus. Quant au bras droit, il n’en existait plus aucun vestige bien apparent. Des pierres plates, très-larges et peu épaisses, formaient sur le sol une espèce de dallage sur lequel reposait le corps, recouvert par de semblables pierres, appuyées assez symétriquement l’une contre l’autre en forme de toiture. Poursuivant mes recherches dans ce même quart de cercle sud-ouest, à deux mètres du premier squelette, par conséquent à un mètre environ de la circonférence tracée par le tumulus, je trouvai encore deux ossements appartenant évidemment à la région sphénoïdale d'un autre cadavre. Les trois autres quarts du tumulus ont été successivement enlevés et ne m'ont rien fait reconnaître. Loin d’en être étonné, J’eusse été surpris, au contraire, d'y rencontrer des restes de corps humains; car la portion dans laquelle s’est trouvé le squelette était composée presque exclusivement de pierres, et fl n’y avait de terre que Ye RE celle provenant de détritus de mousse qui s'étaient glissés dans les interstices que les pierres laissaient entre elles, tandis que la partie où j'ai rencontré les deux fragments d’un sphénoïde, était d’une nature toute différente : la terre, en cet endroit comme dans le reste du éwmulus , y était abondante et d’une humidité occasionnée par la végétation touffue qui la recouvrait. Aussi peut-on facilement reconnaître que ces ossements sont d’une détérioration beaucoup plus complète que les premiers, bien que cependant ils doivent nécessairement remonter au même temps. Et là il n’y a rien de surprenant, puisqu'il est re- connu que les os se conservent plus longtemps sous les pierres qu'en contact avec la terre. Que doit-on conclure de ces observations, à l'appui desquelles viennent parfaitement les premières recherches de M. Vuille- ret? Que bien qu’une humidité constante, telle qu’elle existe dans les bois , anéantisse les matières animales et même les métaux enfouis dans cette terre, on doit néanmoins admettre que, pour arriver à une entière destruction, il faut nécessaire- ment faire remonter ces sépultures à une époque des plus reculées. Pendant le peu de temps qui me restait, je fis commencer, à 50 mètres du dernier tumulus, des fouilles dans un autre plus considérable. Celui-ci, s’élevant à 4 mètre 20 centimètres du sol avec une circonférence de plus de 30 mètres à la base, était composé exclusivement de pierres beaucoup mieux rangées encore que dans le précédent, puisque l’on y pouvait former une voûte en enlevant d’abord les pierres de la partie inférieure. Dans une cavité que je fis pratiquer au centre, et qui avait tous les caractères d’une sépulture régulière, on trouva, à 30 centimètres de profondeur, les ossements d’un carnassier, ainsi que j'ai pu m'en convaincre facilement par l'examen de l'os sous-maxillaire et d’une dent canine sortie de son alvéole. Ce carnassier examiné ensuite attentivement a été reconnu pour être un chien. En continuant mes recherches au même endroit, à 40 centimètres plus bas, on commença à trouver quelques os- sements humains sous de larges pierres, toujours appuyéesl’une contre l’autre ; mais le temps ne me permettant pas de con- tinuer mes recherches dans ce fumulus, qui demanderait au moins trois jours pour être fouillé entièrement et avec tout le soin nécessaire, je faisais cesser les travaux lorsque la pioche 7 qe d'un ouvrier nous amena un fragment de poterie, représentant à peu près un triangle équilatéral, ayant environ 3 centimètres de côté sur 7 millimètres d'épaisseur. Il est formé d’une terre noire, mal triturée, qui a produit une pâte courte, celluleuse, sans liaison et facile à rayer à l’ongle; ses surfaces interne et externe sont d’une couleur analogue à celle de la rouille, due sans doute à la légère cuisson qu’il a reçue ; mais à l’intérieur la terre est restée d’un noir intense. Il est difficile, avec un morceau d’aussi faible dimension, d'émettre une opinion bien arrêtée sur l’époque à laquelle doit être attribuée cette poterie, et mon peu de connaissances archéologiques me permettent bien moins encore de me pro- noncer, avec aussi peu d'éléments, sur un fait dont l’apprécia- tion exacte, si elle était possible, serait de la plus haute impor- tance pour la question d’Alesia. Mais, qu’il me soit permis, tout au moins, de faire remarquer l’analogie frappante qui existe entre cet échantillon de poterie et la description des poteries celtiques, donnée par un de nos plus célèbres anti- quaires français. (1) Tout en réclamant les lumières de la Commission archéolo- gique et toute l’attention de la Société d'Emulation sur l'examen de cette poterie, espérons que les fouilles de ce tumulus pour- ront être bientôt reprises et qu’elles amèneront sans doute la découverte d'objets plus complets qui permettront d'exprimer une opinion mieux arrêtée. Sur des décombres placés contre une maison d’Alaise, au lieu dit sur Scey, j'ai également recueilli un autre fragment de poterie d’une terre rouge de brique, dont la pâte est encore grossière, quoique compacte, dure et assez cuite. Un des côtés, qui devait être un bord, est garni d’un pointillé allongé, formant des filets sur une largeur d’un centimètre. De sem- blables poteries, qui figurent au Musée archéologique, ont été trouvées dans les sépultures de Menoux. Pendant ma dernière excursion à Alaise, M. le curé Maisonnet, dans ses recherches incessantes, m'a signalé, ainsi qu'à M. Bavoux, qui a bien voulu m’accompagner dans cette visite pour examiner plusieurs questions au point de vue géologique , la découverte qu'il avait faite d’une propriété (1) M. de Caumont, Cours d’antiquités monumentales. ss AR communale ne portant aucun nom officiel sur le cadastre, mais à laquelle une tradition du pays avait conservé celui de {es Temples. A près d’un kilomètre au sud-ouest d’Alaise , entre les grandes et les petites Montfordes, le chemin de Sarraz à Myon au sud et celui de Myon à Alaise au nord, se trouve ce com- munal. À son entrée, dans la direction de l’est à l’ouest, il existe un fossé large de 9 mètres avec une profondeur de 2 mètres , qui, après une longueur de 15 mètres, où il se rétrécit de 2 mètres, contourne pour former un angle droit et se prolonger d'environ 10 mètres en se rétrécissant encore. À une distance de 6 mètres des deux côtés de cet angle droit, se trouve une pierre en place appartenant au Forest-Marble. Cette pierre forme un plateau d’une longueur de 2 mètres 35 centimètres sur 4 mètre 10 centimètres à son côté le plus large; elle est supportée par un socle haut de 80 centimètres, qui laisse déborder le plateau de 20 centimètres et plus, sur tout e pourtour ; sa surface, qui est parfaitement plane, est lègère- ment inclinée au nord-ouest. À une distance de 44 mètres de cette pierre, dans la direction sud, et en prolongement du premier fossé, commence un autre fossé taillé dans le rocher, large de 3 mètres 80 centi- mètres ; ses parois verticales présentent une hauteur égale de 2 mètres 10 centimètres. Après une longueur de 13 mètres 10 centimètres, ce fossé se rétrécit de 50 centimètres et offre, sur une étendue de 9 mètres 20 centimètres, un aspect tout diffé- rent. Là sont des pierres écroulées, et, à la façon dont l’éboule- ment est indiqué, on peut facilement être convaincu qu’elles devaient provenir de dalles brutes qui les recouvraient à la manière des allées couvertes druidiques, et qui se sont rompues par l'effet du temps ou de la main des hommes. 64 mètres plus loin, dans la direction oblique du sud-ouest, commence un vaste terrain de 20 mètres environ de large sur 90 mètres de long, jonché de pierres assez volumineuses qui ont dû être apportées en partie puisqu'elles ne proviennent pas toutes de la roche sous-jacente. Trois murs, dont l'empreinte ne laisse aucun doute sur leur nature, entourent ce champ de pierres et viennent aboutir entre celui-ci et les fossés. Un seul quitte le point de jonction Pr NE pour aboutir au point de départ en cernant une propriété dite Champ du matin. Sur la partie septentrionale, à 100 mètres plus bas, l’on reconnaît trois sources principales qui ne sont désignées que sous la simple dénomination de Les Fontaines. Tout cet ensemble des Temples présente des singularités tellement frappantes qu’on hésitedifficilement à reconnaître une pierre druidique dans la pierre décrite, une allée couverte dans ces fossés si remarquables, un lieu sacré dans ce vaste champ de pierres et des enceintes de fortifications gauloises dans le labyrinthe que dessinent ces longues lignes de murgers. Je signale done sans crainte cette partie du massif d’Alaise comme méritant d'être l’objet d'observations approfondies et des plus sérieuses études. Car le plan sommaire des lieux, qui vient d’être dressé, a déjà fait reconnaître que cette entrée fortifiée de la bourgade antique est peut-être le plus beau spécimen de construction militaire gauloise de l’époque pri- mitive dont il reste encore des vestiges. Le champ de pierres, disposé comme un glacis au-devant de l’enceinte dite Champ du matin, paraît jouer le rôle de ce qu’on appelle aujourd’hui, en termes de fortification, Les chevaux de frise. Au surplus, cette partie du plateau d’Alaise, bien que inconnue encore dans ses détails par M. Delacroix, avait déjà été sup- posée par lui comme devant être l’entrée principale de l’oppi- dum. Et ce fait surprenant n’est pas le seul dans ce genre que l’on puisse signaler, Car il est arrivé déjà que M. Delacroix, avec son imagination aussi prompte que puissante, a indiqué comme devant être placée à tel endroit, telle chose que l’on reconnais- sait effectivement par la suite. L'époque romaine ne nous a donné encore sur ce point qu'une médaille trouvée sur le champ de pierres, par M. le curé d’Alaise, qui me l’a remise pour être déposée au Musée archéologique. Cette médaille, quoique assez fruste, peut être facilement reconnue pourune monnaie d'Auguste dont le revers présente très-distinctement encore l’autel de Lyon. A la citation de cet honorable ecclésiastique, je ne puis ter- miner cette note sans saisir avec empressement l’occasion qui m'est offerte aujourd’hui pour faire connaître à la Commission archéologique ainsi qu’à la Société d'Emulation, le zèle et le dévouement sans bornes de M. le curé Maisonnet, que la es M en Société d'Emulation va bientôt compter parmi ses membres correspondants. Sa généreuse et courtoise hospitalité, précieuse, dans ces lieux déserts et sauvages, pour les explorateurs amis de la science, est digne du plus grand éloge. Tels sont les documents peu nombreux, que je puis offrir sur la grande question soulevée par notre savant Président, et dont se sont émus, à juste titre, tous les archéologues ; mais documents importants, car ils nous donnent l'assurance que maintenant nous sommes sur une vole certaine et réellement au milieu de fumuli innombrables. Le terrain nous est donc actuellement connu et la question n’est plus pour nous que dans l'attente de quelque hasard qui nous fasse tomber plus ou moins promptement sur un de ces tumuli assez riches en vestiges archéologiques pour que leur date précise soit évidente aux yeux de tous. Au surplus, pour comprendre les résultats satisfaisants des excursions pénibles de cette campagne, il suffit de signaler l’ex- trême difficulté de parcourir ce terrain. J’ai dû employer près d’une journée pour explorer seulement la montagne des Mou- niots, Sur une seule ligne, depuis l’extrémitédontle pied baigne dans le Lison, près de l’antique pont où vient aboutir une grande voie dite chemin du pont, jusqu’à l’autre extrémité où est situé l’immense fossé qui occupe la crête de la montagne. Aucun sentier n’est indiqué ; pas une trace d'homme; et l’on doit, sur des pierres volumineuses amoncelées à certains en- droits, au milieu des ronces, des épines, des branches trai- nantes et des bois morts qui jonchent le sol depuis des siècles, se frayer un passage que l'inégalité du terrain rend plus difficile encore. Aussi doit-on considérer comme nullement sérieuse une visite des lieux faite par telles personnes qui y ont passé deux heures à peine pour examiner, avec un parti pris, tout ce vaste ensemble. Car, bien que nous y ayons, à plusieurs reprises , employé déjà environ quinze jours, nous n'avons encore pu étudier qu'une faible partie de cette vaste forêt, et il nous reste à visiter la Chénée, les Petites Mont- fordes, le Fori, les Querches, Séchin, les Camps Baron et bien d’autres endroits où nous n'avons pas même encore pénétré. Il ne nous faudra donc pas moins de toute la cam- pagne prochaine pour mettre à exécution tous les projets d'étude déjà arrêtés, tels que recherches archéologiques, vues er es photographiques des points les plus importants et des détails les plus précieux, ainsi que plan en relief des lieux que j’ai l'intention d’éxécuter, pour l’estamper ensuite à plusieurs exemplaires. Ces opérations seront les préliminaires indis- pensables du nouveau travail que prépare M. Delacroix, tra- vail qu'aura complété « l’œuvre du temps » ainsi que le disait le savant auteur d’Alesia en terminant ce premier ou- vrage déjà si plein d'intérêt. RAPPORT SUR UNE EXCURSION À ALAISE, Par M. V. BAVOUX, EMPLOYÉ DES DOUANES. ( Séance du 15 décembre 1856.) D ed Ci— - M. Varaigne a signalé à la Société d'Emulation du Doubs les découvertes archéologiques faites à Alaise, dans une ex- cursion récente que nous avions entreprise ensemble. Pendant que mon compagnon de voyage dirigeait les re- cherches dans les tumulus, j’explorais le pays, de concert avec M. le curé Maisonnet, qui met si obligeamment sa personne et son logement à la disposition de ses visiteurs, et qui cherche avec tant d’ardeur les vestiges de l’ancienne Alesia. Ce digne pasteur établira prochainement pour la contrée entière, un plan dont il a déjà envoyé à M. Delacroix des fragments pré- cieux. Je dois dire d’abord que les deux jours consacrés à cette exploration m'ont convaincu qu’une semaine entière serait à peine suffisante pour étudier avec soin l’intéressant plateau d’Alaise. Et cependant il est des personnes qui, après y avoir consacré une heure ou deux, n’ont pas craint de se prononcer sur toutes les questions qui s’y rattachent. Le plateau où M. Delacroix place Alesia offre une surface de 1,400 hectares, circonscrite par les crêtes des Mouniots et des Petites-Montfordes, du côté de la plaine de Myon; par l'extrémité des Grandes-Montfordes et la montagne de Sarraz, du côté de la gorge du Fourey ; par les abruptes de Sainte- Reine, de Chataillon et du Chateley, qui dominent le fossé pro- fond du Lison, en face d'Eternoz , de Coulans, de Refranche et de Doulaise. 5 LES Le périmètre du massif, mesuré en dehors et au pied des montagnes qui le bornent, est de 16 à 17 kilomètres, dont 4 à 5 suivent la vallée relativement très-ouverte du Todeure. Un coup d'œil jeté sur ce plateau, dont l’intérieur est assez légèrement accidenté, suffit pour convaincre de la possibilité d'y placer une armée beaucoup plus considérable que celle dont parle l’auteur des Commentaires. C’est ce que M. Coquand a déjà établi par une communication verbale faite le 28 juin à Ja Société d'Emulation. Je ne m'arrêterai donc pas sur ce point, qui cependant a été contesté. Ce plateau, terminé de toutes parts par des pentes assez raides et souvent verticales, n’est facilement accessible à la cavalerie que par la gorge étroite qui sépare les Mouniots des Petites-Montfordes ; cette gorge porte le nom de Combe-Bras. A cette extrémité, la montagne des Mouniots est creusée, vers son sommet, d’un fossé signalé par M. Delacroix comme étant établi pour les besoins de la défense, tandis que quelques personnes n’y veulent voir qu’un accident naturel. Ce fossé est, à peu de chose près, parallèle à l’axe de la montagne et se prolonge, depuis l’abrupte qui fait face au Conat, sur une lon- gueur de 400 mètres environ, avec une largeur sensiblement constante de 30 mètres. Quant à sa profondeur, elle atteint 10 mètres environ à l'extrémité de l’abrupte et vaen diminuant à mesure qu’on s’avance dans la montagne. À quelle cause doit-on attribuer l’origine de ce fossé? Telle est la question que Je me suis posée et que Je vais essayer de résoudre. Le mont des Mouniots est formé, à sa base, par les marnes oxfordiennes, et, à son sommet, par un lambeau de calcaire corallien que les marnes débordent dans tout le pourtour de la montagne. C’est dans ce calcaire et sur le versant qui regarde Myon qu'est creusé le fossé qui nous occupe. Parmi les causes naturelles, 1l en est trois qui auraient pu produire ce fossé : une faille, une simple fracture avec écarte- ment des couches et enfin l’action érosive des eaux. D'abord, il n’est pas possible d'admettre sur ce point l’exis- tence d’une faille. Les marnes oxfordiennes qui forment la base de la montagne sont sensiblement horizontales et on n’y voit aucune trace de dislocation. Si une faille avait dérangé Re les assises du corallien, elle se ferait nécessairement remarquer aussi dans les marnes sous-jacentes. J’ajouterai que, au delà du fossé, le corallien lui-même reste parfaitement normal. En jetant d'ailleurs ses regards sur la montagne du Peu (1), qui n'est séparée des Mouniots que par la vallée du Todeure, on reconnaît aisément que ces deux montagnes sont géologique- ment identiques et sont les restes d’un vaste plateau creusé par un diluvium. Une fracture qui aurait écarté les assises du corallien n'est pas plus admissible. Dans ce cas, le fossé ne parcourant qu’une partie de la montagne, les deux bords ne seraient pas paral- lèles et finiraient par se joindre à angle aigu au point où cesse la dépression. Or le fossé conserve une largeur à peu près con- stante et se termine brusquement parune courbe en forme d'U. Ce fossé pourrait-il être dû à l’action des eaux? Cette nou- velle hypothèse est encore détruite par l'aspect des lieux. Même en admettant la réunion sur ce seul point de toutes les eaux de pluie qui tombent sur la montagne, on n'aurait qu'un mince filet d’eau, trop faible pour se creuser un lit aussi large. Ce petit ruisseau aurait d’ailleurs, en débouchant à l'extrémité du fossé, profondément raviné les marnes, sur lesquelles il n'existe aucune trace de celle nature. - D’après ces considérations, il ne me paraît pas possible d’at- tribuer le fossé des Mouniots à une cause naturelle, et je n’hé- site pas à le regarder comme l’œuvre des anciens habitants du pays. J’ai remarqué aussi que la paroi inférienre de ce fossé est formée par une bande de rocher peu épaisse, contre laquelle s'appuie extérieurement un talus composé de pierres détachées et Jetées irrégulièrement. Le sommet même de cette paroi pré- sente également de ces pierres remuées d’assez fortes dimen- sions. Je n’ai pas pu voir de traces de constructions, mais la nature gélive de la roche explique que des travaux faits à la (1) C'est à cette montagne que M. Rossignol a donné le nom de Plan, et cette erreur, involontaire, est devenue sans doute l’occasion d’une critique adressée à M. Delacroix. Le Plan est au contraire la vallée qui s'étend au pied du Peu, et à laquelle peut s'appliquer parfaitement l'ex- pression de César : « Planilies intermissa collibus. » 11 suffit de consulter à cet égard. et les cartes du pays et les habitants, pour se convaincre que M. Delacroix est dans le vrai. En es hâte n'auraient guère pu résister aux intempéries accumulées par dix-huit siècles. Une autre considération qui semble éga- lement indiquer l'intervention de l’homme, c’est que le fond du fossé est bombé vers son axe, comme s’il avait été remblayé avec des matériaux ramenés d’ailleurs, tandis que, dans les fossés naturels, cet axe est au contraire la partie la plus dé- primée. J'ajouterai aussi, à l'appui de l’opinion que je partage avec M. Delacroix, que ce fossé commande la Combe-Bras, le seul passage accessible à la cavalerie. Mais quelle pouvait être l'utilité stratégique d’un semblable travail? C’est une question que je ne suis pas en état de résoudre, et qui doit être traitée par ceux-là seuls qui ont fait une étude spéciale de la tactique militaire. Je n’ai pas eu le temps de visiter l’autre extrémité des Mou- niots, où MM. Maisonnet et Varaigne ont reconnu des traces de fortifications destinées à garder un étroit passage pratiqué dans le flanc de la montagne. Le Todeure (1), que nous avons traversé pour nous rendre à Alaise, est aujourd’hui un assez faible cours d’eau qui ne mé- rite guère le nom de flumen donné par les Commentaires. Au reste César raconte lui-même qu'il a suppléé à l'insuffisance de cette rivière par un fossé plein d’eau. J’ajouterai qu'il suffit de suivre les bords du Todeure pour se convaincre que, comme celles du Lison, ses eaux ont sensiblement diminué de volume. Tous deux ont subi le sort de la plupart des rivières, sous l’in- fluence des déboisements ; il est donc assez probable qu’au temps de César, le Todeure avait un lit plus large que celui qu’il occupe actuellement. On remarque encore que ce ruis- (1) On lit dans une notice publiée récemment, que ce nom de Todeure a été inventé par M. Delacroix, comme moins prosaique que celui de Conches. Cependant les frères Bergier, charpentiers à Myon, ont affirmé à M. Varaigne et à moi, que ce cours d’eau n’est connu, dans le pays, que sous le seul el unique nom de Todeure, qui figure également dans les archives de la mairie. Quant au ruisseau de Conches, ce n’est, d'après eux, que la partie supérieure du Todeure où sont les cascades. Au sur- plus, il suffit de se reporter à la carte de Cassini pour trouver le nom de Taudeure appliqué à notre cours d’eau. Cette note et celle qui précède donnent une idée de la confiance qu’on doit accorder aux assertions de quelques écrivains. moon seau, contrairement à l’état ordinaire des rivières, tarit plus en aval qu’en amont, comme si ses eaux trouvaient un écoule- ment souterrain, dû à un accident naturel ou à d’anciens tra- Vaux. En pénétrant sur le plateau d’Alaise , par la Combe-Bras, on rencontre d’abord le communal des Fontaines, puis celui des Temples qui en est la continuation. Ces deux communaux sont sillonnés par plusieurs murgers (1) allongés, qui sont évidem- ment les ruines d'anciens murs et dont on ne peut attribuer l'origine aux besoins de l’agriculture. En effet, ils ne forment sur aucun point la limite des terres labourables et s'étendent au contraire sur des surfaces arides où le roc est presque par- tout à découvert. Il est donc nécessaire de rattacher l’origine de ces murs à un état de choses qui n’existe plus et dont M. Delacroix me paraît avoir trouvé la véritable explication. J'en dirai autant du champ de pierres qui se trouve dans ces communaux, et dont M. Varaigne a donné la description. Bien que le sol soit formé des assises feuilletées de la dalle nacrée, les blocs qui composent ce champ sont dus au forest- marble, et quelques-uns, fort rares, au corallien. Mieux que la dalle nacrée, ces deux roches sont propres, par leurs fragments épais et irréguliers, à produire cette surface rugueuse qui pa- raît être une des conditions essentielles des champs de pierres druidiques. Peut-être ne tardera-t-on pas à assigner à celui d’Alaise la même destination qu'aux chevaux de frise des for- tifications modernes. Des recherches ultérieures permettront sans doute de trou- ver une corrélation entre les murs dont je viens de parler et celui quis’étenddans le communal des Feuilles, et est, comme eux, à peu près parallèle aux Mouniots. Il présente, sur un point qui n'est pas entièrement écroulé, une épaisseur de deux mètres environ. Au pied de ce mur est une antique route ap- pelée chemin du Pont, qui offre une largeur de 5 à 6 mètres, ce qui indique qu'elle remonte à une époque où le pays d’A- laise avait une importance qu’il a perdue depuis. Aujourd’hui ce chemin est à peine utilisé pour l'exploitation de quelques prairies qui bordent le Lison. (1) Tas de pierres hors d'usage. Et re Le point où M. Delacroix place l’urbs d'Alesia est remar- quable par l'abondance des murgers qui se voient de tous côtés au milieu des champs, et qui sont hors de proportion, soit avec les forces agricoles de la population actuelle, soit avec celles de la population à laquelle a pu suffire, au moyen âge, la vieille et très-petite église de la paroisse. Ces murgers sont dus en grande partie à la dalle nacrée dont les assises feuilletées sont si propres aux Constructions ordinaires et sont encore utilisées par les habitants d’Alaise. On y remarque également des blocs, souvent très-volumineux, dus aux assises coralliennes qui cou- ronnent les sommités environnantes. Je n’ai pas besoin de dire que ces blocs n’ont pu être déplacés que par la main des hommes. En examinant ces murgers, je n’ai pu m'empêcher de com- parer la localité que je parcourais, aux plaines de Mandeure, où l'existence de la vaste Mandura (l Epomanduodurum des itinéraires) n’est dévoilée , si on excepte les ruines du cirque, que par des murgers très-nombreux. Des fouilles ultérieures viendront sans doute compléter l’analogie. Mon explorations’est terminée par le Chitaillon, ce promon- toire qui, par ses bords escarpés et presque partout inacces- sibles, offrait une citadelle naturellement fortifiée. Le sommet de cette montagne est couvert de ruines, dans la plupart des- quelles on reconnaîtles traces d'une multitude de constructions circulaires. Il en est quelques-unes, dont le mur non entière- ment écroulé a encore près d’un mètre de hauteur et laisse voir l’échancrure de la porte d'entrée. On ne peut donc, sans mauvaise foi, se refuser à voir Là les ruines d'anciennes habi- tations. Ces cabordes d’ailleurs, en raison de leur nombre , ne peuvent être attribuées n1 à des bergers ni à des bûcherons. J'ai dit que le Châtaillon formait une citadelle naturellement fortifiée. Le seul point qui ne présente pas de rochers à pic est l'extrémité rapproche de Sainte-Reine. Aussi les défenseurs du pays y avaient-ils pourvu, en établissant trois remparts successifs, qui coupent la montagne d’un escarpement à l’autre, etcomplètent l’œuvre dela nature. L'un d’eux est en partie assez bien conservé pour qu’on en puisse estimer l'épaisseur à deux mètres, ce qui confirme leur importance aussi bien que la masse formée par leurs ruines. Ce sont MM, les curés d’Amancey et PPT d'Alaise qui, les premiers, je crois, ont remarqué ces remparts. Je ne parlerai des tumulus que pour en signaler l'abondance, tant dans le communal des Feuilles que sur le versant oriental des Petites-Montfordes. Même en excluant ceux dont la desti- nation funéraire pourrait être contestée, il en reste suffisamment pour montrer qu’une population considérable s’est agglomérée sur le massif d'Alaise. Avant de terminer, qu’il me soit permis de relier les traces évidentes de fortifications qui existent à Alaise, avec les décou- vertes faites sur d’autres points. On voit d’abord une armée se diriger du centre de la Gaule vers ce lieu en jalonnant sa route, à chaque étape, par des champs de bataille et des camps très- reconnaissables. Pour ne parler que de ceux qui sont rappro- chés, je citerai le champ de bataille qui s'étend de Charsenne à Marnay, en avant de Ruffey, le camp des Avant-Gardes qui le domine, le camp rond, dit Chatelard de Placey (1), enfin le camp d'Osselle (2) lié avec celui du Chatelard de Bians. Cette armée vient ensuite cerner le plateau d’Alaise et marque ses quartiers généraux par des camps bien constatés, établis au camp de Mine, au camp Cassar , à Coulans, à Refranche , à Barthe- rans et à Myon. Sa présence est encore attestée par les lieux dits le grand et le petit Camp Baron (3), la côte de la Bataille, l’île de la Bataille, le champ de la Bataille, le champ de la Mort, le champ de Guerre de Refranche , le champ de Guerre de Coulans, le champ de la Victoire. Et au centre de cet appa- reil significatif de noms, se trouvait un point presque inex- pugnable, Alesia ! Des preuves de cette nature établissent, d’une manière irré- futable, qu’Alaise a été le théâtre d'événements d'une impor- tance tellement capitale que les écrivains de l’antiquité n’ont pas dà les oublier dans leurs annales. À M. Delacroix revient l'honneur d’avoir reslitué à Alaise son histoire trop longtemps (1) Voir le Bulletin archéologique dans les Mémoires de la Société d'Emulation du département du Doubs, année 1856. (2) Idem. (3) Camp Baron et non Champ Baron (voir, à Salins, les anciennes chartes relatives à la maison de Saint-Mauris, et consulter aussi les vieil- lards du pays). Les lieux ainsi nommés sont des rochers impropres à la culture et boisés qui terminent la vallée du Todeure vers le sud, Be usurpée par une autre localité, et d’avoir rendu intelligibles, et l'immense champ de bataille de l’Alesia séquanaise, et le texte du 7° livre des Commentaires si torturé jusqu’à ce jour. En vain dira-t-on qu'une opinion non contestée pendant quelques siècles, peut établir une prescription en faveur d’Alise. N’a-t-on pas vu Galilée renverser une erreur qui avait pour elle une prescription bien plus ancienne et soutenue par l’assen- timent universel ? ALESIA. ALAISE SÉQUANE. — ALISE EN AUXOIS. DISSERTATION Par M. Charles TOUBIN, Professeur au Collége de Salins, Membre correspondant de la Société d'Emulation du département du Doubs. { Séance du 10 janvier 1857.) T mn 600000 ——— Ie Je viens de lire, bien tardivement, les deux mémoires de MM. Déy et Rossignol sur la question d’Alesia. Je les ai lus attentivement, consciencieusement. Avant de les connaître, je croyais à notre Alesia séquane ; la lecture très-sérieuse que j'ai faite des deux brochures bourguignonnes n’a rien changé à mes convictions. J’essaierai, si on me le permet, de dire sur quoi elles sont fondées. MM. Déy et Rossignol s'arrêtent longuement à établir que, sur le mont Auxois, il a existé une importante ville romaine du nom d’Alisia. Eh ! mon Dieu! personne ne le nie ; de même qu'il y avait dans les Gaules deux Gergovie, plusieurs Novio- magus, plusieurs Noviodunum, de même, le nom n'ayant si- gnifié probablement que ville dans une position élevée, on y comptait plusieurs Alesia ou Alisia : d’abord, celle de Diodore de Sicile et de Strabon ou Alais (Gard), puis celle du moine Héric et-de M. Rossignol, ou Alise d'Auxois, la nôtre enfin, la véritable Alesia, celle de Dion Cassius, Plutarque et César. Loin de contester l'existence d’une ville romaine sur le mont Auxois, j'en prends acte avec empressement. À mon avis, en effet, Alisia exclut Alesia ; entre la ville celtique et la ville ro- maine, 1l me paraît y avoir incompatibilité. Cet oppidum, qui avait coûté à César tant de sang et d’ef- forts, il ne l'aurait pas détruit le lendemain de sa victoire ! Ce dernier sanctuaire de l'indépendance gauloise, ce foyer sacré SR RARE vie de souvenirs si redoutés de Rome, Auguste lui aurait laissé son nom plein d'un dangereux prestige ! les empereurs lui auraient permis de vivre et de prospérer ! Cela n’a pu être ; cela est en contradiction avec tout ec qui est connu de l’histoire de ce temps. Deux autres oppida ont joué, dans le même sens qu’Alesia, un rôle mémorable dans la dernière lutte de la nationalité gauloise. Où sont-115? Que sont-ils devenus dès le lendemain de la conquête ? Où est aujourd’hui Gergovie des Arvernes ? Où est Urellodunum ? César a-t1l brûlé Alesia ? Les Commentaires ne le disent pas; mais l’homme qui incendia, jusqu’au dernier, les villages des Morins, qui, dans le pays d'Ambiorix, se vante d’avoir tout détruit par le meurtre, l'incendie et le pillage, l'homme qui, à Avaricum, fit ou laissa égorger par ses soldats près de quarante mille personnes, parmi lesquelles beaucoup de fem- mes et d'enfants, et à Urellodunum fit couper les mains à tous les défenseurs de la place, est-ce faire injure à la mémoire de cet homme-là que de supposer qu'il a promenéla torche dans une ville qui s'était créé tant de nobles droits à la fureur de ses vengeances ? Brüler une ville dans de telles circonstances était alors un fait si simple, si conforme aux droits de la guerre, qu'après l'avoir accompli, le vainqueur a bien pu oublier de le mentionner dans sa relation. Supposons encore que César ait épargné Alesia ; que de- viendra-t-elle sous Auguste, sous ce régime jaloux et désor- ganisateur à l’excès, aux yeux duquel tout souvenir national chez les peuples vaincus, paraissait un danger pour le vain- queur ? Laissons M. Amédée Thierry répondre à celte question. « Restait, dit ce savant historien dans son Histoire des Gaulois, restait à effacer les souvenirs glorieux empreints à quelques localités et à quelques noms par la guerre de l’indé- pendance ; en un mot, restait l’œuvre importante de dépayser, pour ainsi dire, toutes les traditions. Auguste y travailla, non sans succès... 1l choisit, pour les dépouiller de leurs vieux noms, celles des villes qui se recommandaient le plus aux res- pects de la Gaule, par la double illustration d’une grande exis- tence avant la conquête et d’un noble rôle pendant la lutte. Quand le rôle avait été trop hostile contre Rome, et rappelait à OR) la nation des souvenirs glorieux, la ville, frappée d’une sorte de proscription, privée de ses prérogatives, ruinée dans son commerce, était condamnée à disparaître. » Targuez-vous maintenant, tant qu’il vous plaira, de vos dé- bris romains ; étalez avec orgueil vos chapiteaux, vos pilastres et vos mosaïques, dressez un fastueux inventaire de vos inscrip- tions latines et de vos médailles d’empereurs ; plus vous nous démontrerez que, sous la domination romaine, votre cité a été riche et brillante, moins il nous sera possible de croire que vous ayez jamais été cette Alesia, désignée d’une manière si glorieuse par l’héroïsme de ses défenseurs, à l’implacable ven- geance du vainqueur et à la haine froide et systématique du prince qui, après lui, gouverna la Gaule et le monde. Mais, nous diront nos adversaires, frappée par César ou proscrite par Auguste, morte de consomption ou de mort violente, Alesia a bien pu, sous les règnes suivants, renaître de ses ruines et reprendre, parmi les cités gallo-romaines, la place qu’elle avait occupée parmi les cités gauloises. A quelle époque, sous quel prince a eu lieu cette merveilleuse résurrection ? Quel est l'historien qui mentionne l’événement ? Des textes, messieurs, des textes, s’il vous plaît ! Vous prétendez avoir été Alesia ; pourquoi alors vos inscrip- tions vous appellent-elles Alisia ? Il n’y a qu’une voyelle changée ; mais cette voyelle a son importance. Il me semble qu'une ville qui renaît à la lumière doit conserver intégrale- ment et avec Jalousie son ancien nom, surtout quand ce nom à été, comme celui d’Alesia, grand et glorieux. J'ajouterai que rien ne nous autorise à penser que la poli- tique d’Auguste dans la question gauloise, comme on dirait aujourd'hui, ait été si promptement abandonnée par ses suc- cesseurs. À coup sûr, du moins, Vespasien et Septime-Sévère la pratiquaient encore, comme il ne me serait pas difficile de l'établir, dans toute sa défiance et toute sa sévérité. Et puis, à qui fera-t-on croire qu'en pleine paix du monde romain tout entier, alors qu’il n’était pas encore question d’in- vasions des Barbares, ces Eduens, qu’on nous dit avoir été si ingénieux en toutes choses, soient allés choisir, pour y bâtir ou rebâtir une cité, un plateau d’à peine cent hectares, à 155 mè- tres au-dessus des cours d’eau qui en arrosent le pied, absolu- cs ST. ee ment comme s'ils eussent été encore au temps de leurs guerres sans fin contre les Arvernes et les Séquanes ? Résumons déjà ceci. Deux villes se disputent l'honneur d’avoir été Alesia. L'une dit: J'ai voulu résister à Rome ; Rome, qui, à Numance, à Corinthe et à Carthage, n'avait pas laissé pierre sur pierre ; Rome m'a épargnée et favorisée. J'ai été grande et prospère sous sa domination. L'autre dit : J’ai voulu résister à Rome; Rome m'a traitée comme elle avaittraité Numance, Corinthe et Carthage ; depuis dix-neuf siècles mes débris gisent sous Le gazon. De ces deux villes, laquelle est 4 esia ? ET: J'aborde une autre question. M. Rossignol dit qu’Alesia devait être une ville considérable ; M. Déy parle de ses édifices publics. Tous deux sont dans l’erreur, à mon avis. Une seule fois exceptée, César ne désigne Alesia que sous le nom d’oppidum. Or, qu'était-ce qu’un oppidum? Les Commen- taires vont nous le dire ; il n’est question, il est vrai, que des Bretons dans le passage que J'ai à citer ; mais ces Bretons (ceux du pays de Kent et des bords de la Tamise) étaient Belges d’origine, et César dit lui-même que leurs coutumes ressem- blaient fort à celles des Gaulois, neque multüm à gallicd diffe- runt consuetudine. Les Romains viennent pour la seconde fois de descendre en Bretagne. Un premier combat a lieu; l'avantage reste à César « Repoussés par notre cavalerie (disent les Commentaires, liv.5), les Bretons s’enfoncèrent dans les bois, où1ls trouvèrent un lieu singulièrement fortifié par la nature et par l'art et qui semblait avoir été jadis ainsi disposé pour quelque guerre civile. » Un lieu au milieu des bois, fortifié par la nature et par l'art, voilà bien déjà l’oppidum; mais poursuivons ; nous trouverons une définition plus nette encore. Les légions passentla Tamise; le chef des Bretons, Cassivellaunus, n'ose pasles attendre pour leur disputer le terrain. « César apprit (chap. 21) que l'oppi- dum, où Cassivellaunus s’était renfermé, se trouvait à peu de distance ; il était défendu par des marais et des bois, et contenait un assez grand nombre d'hommes et de bestiaux. Les Bretons UE donnent le nom d’oppidum à tout bois épais, entouré d’un rempart et d’un fossé qui leur sert de retraite contre les courses de l'ennemi. » Tel était l'oppidum breton ; c'est là qu’au moment d'entrer en campagne dans leurs guerres incessantes de voisins à voi- sins, ces peuples renfermaient leur bétail, leurs femmes et leurs vieillards, et qu'aux jours de défaite, ils se réfugiaient eux- mêmes. Autant en faisaient les Gaulois, toujours en lutte, eux aussi, les uns contre les autres, et dont César a pu dire [liv. 6, chap. 45) qu'avant son arrivée, peu d'années se passaient sans qu'ils eussent quelque guerre offensive ou défensive. L'oppidum jouait chez eux absolument le même rôle qu’au delà du détroit. Faut-il des faits ? Sans sortir des Commentaires, j'en ai plus d’un à produire. Je lis d’abord qu’à l’approche des légions, Ménapiens et Morins « se retirèrent, avec tous leurs biens, dans les bois et les marais qui couvraient leur pays » (liv. 4, ch. 28); puis, que dans la campagne contre les Trévires, ces peuples « avaient caché, dans la grande forêt des Ardennes, tous ceux d’entre eux que leur âge mettait hors d'état de porter les armes. » (Liv. 5, chap. 3.) Même fait dans la guerre des Nerviens : « Les femmes et tous ceux que leur âge rendait inutiles au combat, avaient été placés dans un lieu défendu par des marais et inaccessible à une armée. » (Liv. 2, chap. 16.) A quelques jours de là et dans la même campagne, les Atuatuces « abandonnèrent leurs villes et leurs forts et se ren- fermèrent, avec tous leurs biens, dans un seul oppidum, que la nature avait singulièrement fortifié. Environné sur tous les points de son enceinte par des rocs escarpés et de profonds précipices, il n'avait d’autre côté accessible, etc. » (Liv. 2, chap. 29.) Quel magnifique oppidum que celui-là ! Alaise seul lui est supérieur, mais Alaise est l’oppidum par excellence, le type, l'idéal, si j'ose ainsi parler, du lieu de refuge. Ce ne sont pas seulement des rocs escarpés et de profonds précipices qui le défendent, mais encore d’épaisses et presque impénétrables forêts. Ecoutons ce qu’en dit M. Rossignol, qui, sans le vouloir, a si souvent plaidé notre cause. PE ES « J'ai été sur les lieux, j'ai cherché partout, moi aussi, et je n'ai trouvé partout qu'une nature horriblement tourmentée, des rochers à pic, des ravins qui déchirent le sol... » M. Rossignol est ici parfaitement dans le vrai ; j'aurai peut- être à invoquer plus d’une fois encore son témoignage en notre faveur. Allons au-devant des objections. César, parlant d’Alesia, emploie une fois le mot urbs. Ce n’était donc pas seulement un lieu de refuge ; c'était une ville ! Soit; Alesia était à la fois et ville et lieu de refuge. Je n’ai jamais prétendu pour ma part que l’oppidum fût nécessaire- ment, en temps de paix, un lieu privé d'habitants. Mais com- bien faut-il d'habitants pour faire une ville ? S'il en est aujour- d’hui de près de deux millions d’âmes, d’autres n’en comptent pas seulement deux mille. Le mot urbs ne proue rien à ceux qui me diront que César l'emploie presque à l'exclusion de tout autre, en parlant de Marseille, qui était déjà, à cette époque, grande et florissante; je répondrai qu'il s’en sert également pour désigner d’autres localit‘s d'importance bien moindre. Ne raconte-t-il pas qu’en un jour plus de vingt villes (urbes) des Bituriges furent brûlées par les Gaulois ? J'ai lu les Commentaires avec la plus grande attention. Je n'y ai pas découvert un seul passage qui me permît de penser que, Marseille et Avarique peut-être mises à part, une seule ville gauloise possédât au temps de César une population supérieure à celle de nos sous-préfectures. Quelques-unes de ces petites cités jouissaient, il est vrai, d’une renommée plus ou moins étendue ; mais la gloire d’une ville, comme son im- portance politique et militaire, ne s’est jamais mesurée au nombre de ses habitants. Huningue, Altorf, Laghouat, etc., sont de grands noms et de petits endroits. Ai-je besoin de rappeler que l'existence de cités populeuses dans un pays suppose un degré de civilisation industrielle, commerciale et politique, qu’à coup sûr les peuples gaulois n'avaient point atteint encore au jour de la conquête romaine ? Tout le monde sait cela. Alesia n'avait donc, selon toute apparence, qu’une popula- tion habituelle assez faible. Si l’on m'objecte que le nombre Es des bouches inutiles que Vercingétorix renvoya de la place, paraît avoir été assez considérable, d’après le récit des Com- mentaires, Je ferai observer que ces malheureux étaient pour la plupart des habitants du pays, qui, à la nouvelle de l’ap- proche de César, avaient conduit au lieu de refuge leurs familles et leurs troupeaux, action tout à fait conforme aux habitudes des Gaulois en pareille circonstance et sur laquelle ne laisse d’ailleurs aucun doute le mot de Mandubiens, dont se sert César pour désigner ces infortunés, à l'exclusion de celui d’Alesiani ou d'Oppidani, qu'il eût certainement employé si ces pauvres gens eussentété en majorité les habitants mêmes de la place. Qu'on veuille bien ne pas croire que, dans toute cette dis- cussion sur le plus ou moins d'importance d’Alesia, j'aie été le moins du monde préoccupé de notre Alaise. Bien loin de là ; car notre plateau est, on le sait, bien autrement vaste que celui du mont Auxois, qui mesure à peine cent hectares, et loin d’avoir intérêt à amoindrir la place, il nous serait avanta- geux au contraire qu’on lui prêtät une population considérable et une vaste étendue. Si populeuse qu’on suppose Alesia, nous avons de la place pour loger ses habitants, place qu’Alise n'a pas et qu'elle n’a jamais eue. Montesquieu compare Rome, dans ses commencements, aux villages de Crimée. Je me fais d’Alesia une idée à peu près pareille et me la représente comme une agglomération d’habi- talions rustiques assez peu flatteuse pour l'œil. Il y a loin de là aux édifices publics de M. Déy ; mais, en présence du passage bien connu de César, qui affirme que les habitations gauloises étaient couvertes de paille, il me semble difficile d'admettre les monuments, dont le patriotisme de notre savant adversaire a bien voulu orner la célèbre ville éduenne ou séquane. Encore si les Gaulois eussent eu des temples ! mais on sait que leur religion les proscrivait. Supprimons pour un instant les mos- quées etles églises ; quels édifices restera-t-il aux Monténégrins, aux habitants du Caucase et à vingt autres nations d’aujour- d'hui, dont l’état social paraît cependant supérieur à celui des Gaulois? Mais les Commentaires emploient plusieurs fois le mot œædificia? D'accord ; mais ce mot a, dans César, une ac- ception fort large et signifie habitation en général, habitation AU rustique ou urbaine , privée ou publique , absolument comme l'italien palazzo d'aujourd'hui. Je m'arrête un instant avant de passer à un autre point de discussion, je demande qu’il me soit permis de dire quelques mots du singulier procédé de réfulation employé contre la découverte de M. Delacroix par un des adversaires d’Alaise, M. Rossignol. Ce procédé, inconnu à quiconque cherche de bonne foi la vérité, consiste, chez M. Rossignol, tantôt à dis- joindre adroitement deux faits naturellement connexes, tantôt même à altérer un texte qui lui est contraire ; le plus souvent, à passer sous silence les preuves les plus fortes de son antago- niste et à faire main basse, au contraire, sur les parties encore faibles de son argumentation, comme ce guerrier de la Jéru- salem, plus avisé que vaillant, qui évitait avec grand soin Renaud ou Tanerède pour courir sus aux valets d'armée. Je viens d'émettre des accusations graves; quelques exemples prouveront qu'elles ne sont malheureusement que trop fondées. Les baraques de Chîtaillon sont une des meilleures preuves de M. Delacroix, preuve d’une valeur incontestable aux veux de tout juge impartial. Ces baraques sont encore nombreuses aujourd'hui; il en est dont les murs conservent plus d’un demi-mètre de hauteur. César dit que les Gaulois avaient placé une partie de leurs troupes à l’est d'Alesia, et Châtaillon est précisément au droit levant d'Alaise. Pas un texte, pas une tradition locale n'autorise à penser que ces abris de bivouac aient été construits à une autre époque ni pour une autre destination. Ce sont là des faits matériels, palpables ; dans l'impossibilité de les nier, notre habile adversaire les a entièrement passés sous silence, ce qui ne l'empêche pas de se vanter, à la fin de son mémoire, d’avoir pulvérisé et mis à néant tous les arguments de M. Delacroix. Il discute , il est vrai, quelques points de la question de Châtaillon, et j'aurai plus tard à le suivre sur ce terrain, mais des baraques elles-mêmes, de l'immense et étrange muraille qui les enveloppe, pas un mot, pas une mention : tactique d'avocat, qui veut à tout prix gagner sa cause; procédé indigne d'un savant consciencieux. Autre exemple : deux faits se présentent indivisibles, deux faits, qui non-seulement s’éclairent l’un l’autre, mais encore qu'il n’est possible d'expliquer que l’un par l’autre. D'un LR trait de plume, sans daigner nous dire pourquoi, M. Rossignol en brise la connexion. Le massif d'Amancey n’est séparé de celui d’Alaise que par les escarpements du Lison. Chaque coin de terre y porte encore aujourd'hui au cadastre un nom qui atteste que là à eu lieu un grand événement militaire, événe- ment demeuré une énigme jusqu'à M. Delacroix. Deux ou trois mille fumuli, constatés depuis plus de vingt ans, y couvrent le sol. Ajoutez à cela que si Alaise est Alesia, César n’a pu établir son quartier général que sur ce plateau d'A- mancey, vaste, fertile et presque partout uni, que de là il dominait stratégiquement Alesia qu'il avait, pour ainsi dire, sous ses pieds, tandis qu’il faisait face au pays des Eduens et des Arvernes, foyer et centre de l'insurrection, et qu'il avait ses derrières, peu menacés d’ailleurs, défendus par les escar- pements de la Loue, et son front protégé par les précipices du Lison. Position défectueuse, si le siége eût été conduit en vue d’une attaque de vive force; position excellente, du moment où il ne s'agissait que d’un investissement et d’un blocus. En présence de ces faits incontestables, quel lecteur impartial hésiterait à admettre qu’il y a, entre Alaise et Amancey, une relation étroite, que les deux terrains veulent être étudiés conjointement, et que les isoler l’un de l’autre ne saurait être une voie avantageuse pour arriver à la vérité ? M. Rossignol paraît n'être pas de ce sentiment, car il élimine Amancey des débats de la façon la plus cavalière, et n’en prononce même guère le nom que pour déclarer que ce plateau fameux n’a absolument rien à voir dans le problème d’Alaise. Il est vrai que la distance entre les deux massifs est si grande ; presque une demi-portée de carabine ! En vérité, M. Rossignol serait homme, s’il vivait dans quelques siècles d'ici, à ne tenir compte dans une recherche de Sébastopol, ni de Kamieseh, ni d'Inkermann, ni de la plaine de la Tehernaïa. Troisième exemple : César dit quelque part: «Il fallait à la fois (pendant le siége d’Alesia) aller chercher du bois, pourvoir aux vivres, travailler aux fortifications, ce qui diminuait nos forces et les éloignait du camp.» De ces trois opérations, M. Rossignol en supprime deux d’un tour de main, celles précisément qui devaient employer le plus grand nombre de bras ; et il suppose que ce qui absorbait le temps des légions et les éloignait du camp, c'était uniquement la nécessité de se 6 fie procurer du bois pour la construction des retranchements. On devine la conclusion. Le pays d’Alaise est couvert de forêts ; donc les Romains n'auraient pas eu besoin d’aller chercher du bois au loin; donc Alaise n’est pas A/esia. Et les travaux des fortifications, et la nécessité de se procurer des vivres et des fourrages pour trente jours! Sciemment , volontairement , M. Rossignol netient aucun compte de tout cela, et procédant, comme on dit sur les bancs de l’école, par dénombrement imparfait, 11 décoche contre nous son sophisme déloyal qui ne frappe que celui même qui l’a lancé. Je passe à un autre trait bien plus édifiant encore. Les Commentaires racontent que, lors de la grande insurrection gauloise, les Romains n’avaient que vingt-deux cohortes pour défendre leur province menacée sur toutes sesfrontières. Ainsi le dit formellement le texte; ainsi l’a compris et traduit M. Artaud. Point d’équivoque dans les mots, point d’ambi- guité dans le sens, aucune variante dans les éditions. Malheu- reusement M. Rossignol a besoin, dans le système stratégique qu'il prête à César, que le général romain n'ait absolument rien à craindre sur ses derrières. Que fait notre trop habile ad- versaire ? Il ajoute (1) au texte un mot qui n’est dans aucune édition (omnia), et change la ponctuation de la phrase, ou plutôt d'une phrase il en fait deux. M. Artaud avait traduit «Lo lieutenant Lucius César n'avait pour résister à toutes ces attaques que vingt-deux cohortes.» M. Rossignol traduit à son tour : «César avait pourvu à tout; vingt-deux cohortes gardaient toutes les frontières de la provin e.» Notez que la traduction s'applique bien à la même phrase, car M. Rossignol a eu le courage d’en publier le texte altéré par lui et rendu méconnaissable, du moins quant au sens. O la jolie chose que ces tours de gobelets! mais encore faudrait-il les faire avec un peu d'adresse, et ne pas s’exposer à devenir soi-même la risée du public. Ces vingt-deux cohortes qui, selon M. Rossignol, inspiraient tant de confiance à César , veut-on savoir quel devait en être l'effectif ? Environ sept ou huit mille hommes, rien de plus. M. Rossignol peut consulter à cet égard le livre V des Commentaires : il y verra que, lors de l’expédition faite par César pour aller débloquer son lieutenant Cicéron, (1) Voir les Commentaires, livre VII, chap. 65, et la brochure de M. Rossignol, page 8. mm O9 — deux légions, y compris quâtre cents cavaliers, les calones ou valets d'armée et les conducteurs des chariots, ne formaient en tout qu’un corps de sept mille hommes, soit 3,300 hommes au plus par légion. Ce passage est précieux, car les Commen- taires ne contiennent, je crois, aucune autre évaluation des forces de la légion dans la guerre des Gaules. Remarquons de plus que ces vingt-deux cohortes {c’est encore César qui nous l’apprend), n'étaient composées que de Gaulois du Midi, tronpes de moindre valeur, et dont la fidélité était même peut-être quelque peu douteuse. Voyez-vous maintenant l'immense territoire de la province romaine (de Toulouse à Genève), défendu par sept ou huit mille de ces médiocres soldats, et César, ou plutôt M. Rossignol, qui se flatte d’avoir pourvu à tout! En vérité, ce n’était pas la peine de mutiler un texte pour en faire sortir de telles inepties. Et dire que le livre, où se voient toutes ces jolies choses, a fait sensation dans le monde savant, et qu'il s’est trouvé des membres de l’Institut pour y applaudir ! Citons un exemple encore, aussi bien ne puis-je entrer dans la question même, avant d'en avoir déblayé les abords de tout ce que M. Rossignol y a entassé d'erreurs et de sophismes. Vers 865, le moine Héric écrivait, dans une vie de saint Germain, les vers suivants que je me vois forcé de citer dans le texte même. Ce texte, je l’emprunte, sans y changer une virgule, à M. Rossignol : Te quoque, Cæsareis fatalis Alesia castris, Haud jure abnuerim calamis committere nostris. Te fines Heduos et limina summa tuentem, Aggressus quondam sævo certamine Cæsar Pene tulit latias æquo non marte phalangas, Expertus patriis quid Gallia posset in armis!….. Nunc restant veteris tantüm vestigia castri, A l'exception d'un seul de ces vers, auquel je reviendrai tout à l'heure , rien de plus facile à comprendre que cette petite pièce dont le sens général est, sans contredit, qu’Alesia fut fatale à César et qu'il fut vaincu sous ses murs. Veut-on savoir cormment tout cela est traduit par M. Rossignol, qui, soit dit en passant, néglige une partie du texte, bien moins à cause de la difficulté d'en saisir le sens, que parce qu'il a senti d’instinet qu'il y avait là quelque chose de peu favorable à sa chère Alise. Voiei sa traduction: — 68 — | «Et toi, qui tombas sous les coups de César, Alesia! Je ne commettrai point l'injustice de t'oublier dans mes chants, Ô toi qui protégeais les frontières des Eduens, toi qui te tenais sur leur seuil comme une sentinelle avancée. … Maintenant il ne reste que les ruines de cette vieille forteresse » Est-ce bien possible ! Héric énonce qu'Alesia fut fatale à César et vous lui faites dire qu'elle tomba sous les coups de César ! Contre-sens complet, inqualifiable, qui, commis de bonne foi, dénoterait chez vous ou une rare légèreté ou une grande ignorance du latin, mais que plus malheureusement encore, vous avez prémédité et sciemment accompli. Je n’en veux pour preuve que le soin avec lequel vous passez sous silence les vers 4, 5 et 6, et surtout ces deux derniers qui fortifiaient et complétaient le sens de celui que vous avez tra- vesti d'une manière si habile. Faut-il que je vous dise pour- quoi vous avez agi ainsi? Tout le siége d’Alesia a été pour César une série de victoires. Trois grandes batailles, gagnées sur les Gaulois, l’ont mis en possession de la place, trois ba- tailles gagnées chacune avec un succès incontestable. Vous avez compris que si vous traduisiez fidèlement le texte, votre bon moine, qui prend l’histoire à contre-pied, courrait grand risque de passer pour avoir divagué sur ce terrain et que l'autorité de son témoignage serait affaiblie d'autant. Le reproche que je lui adresserai tout à l’heure ne sera pas précisément celui d’ignorance, mais enfin vous avez pu croire que l'attaque se ferait de ce côté. Pour y parer, au lieu de falsifier le texte, comme dans la question des vingt-deux cohortes, vous vous êtes contenté de passer sous silence trois vers qui vous gênaient et de changer entièrement le sens d’un quatrième. Essayons à notre tour de traduire ces fameux vers. J'ai dit déjà qu’il en était un fort obscur et que je crois même intradui- sible, si phalangas signifie ici phalanges ou légions ; mais ne pourrait-on pas y voir l’accusatif de phalangæ, arum, poutre, pièce, de bois ? Ferre phalangas devient alors l'équivalent de ferre jugum, et nous obtenons la traduction suivante : « Et toi aussi, Alesia, qui fus fatale à l’armée de César, (ou fatale aux camps de César), je ne commettrai pas l'injustice de t'oublier dans mes chants, toi qui, fièrement assise au sommet de ta montagne, protégeais les frontières des Eduens. César, mis — l'ayant jadis attaquée dans une guerre cruelle, fut vaincu et passa presque sous le joug, comme cela arriva autrefois aux Romains, ayant appris par une funeste expérience ce que pouvait la Gaule armée pour la défense de ses foyers. De cette antique forteresse, 1l ne reste plus maintenant que des ves- tiges. » Voilà ma traduction, peu élégante, mais exacte, Je l'espère. _ Si j'ai tant insisté sur ce passage, c'est qu'il est important que l’on sache bien que le premier écrivain qui place l’Alesia de César sur le mont Auxois, a raconté de la manière la plus in- fidèle les événements du siége, fait acquis maintenant et duquel j'aurai à tirer une conclusion tout à l'heure. Pour constater la tradition et établir qu'aux yeux des diverses générations, Alise a toujours été Alesia, nos-adversaires pro- duisent contre nous toute une armée de textes, armée plus im- posante en apparence qu’en réalité. La première chose qui m'a frappé en parcourant ces textes, c'est leur caractère hétérogène. Bien que nos adversaires les aient présentés pêle-mêle et seulement par ordre de date, comme s'ils avaient tous même objet et même importance, J'essaierai de les classer, procédé vraiment avantageux pour se rendre compte des choses. J'en trouve d’abord un certain nombre dont le seul et unique but est d'établir que, sur lo mont Auxois, était une ville du nom d’Alise et que le pays environ- nant se nommait pagus Alsinsis. Comme nous n'avons jamais nié cela, et que M. Rossignol lui-même serait fort embarrassé pour en conclure quoi que ce soit en faveur de sa thèse, je passe à la seconde série, qui se compose décrits relatifs à sainte Reine. J'ai cherché longtemps et vainement quelle sorte de connexion 1l pouvait y avoir entre l’histoire de cette sainte illustre et le grand événement militaire qui nous oceupe (4) ; je suis forcé de déclarer que la seule que j'aie découverte, c’est que dès le collége nous avons tous été habitués à faire, de la montagne consacrée à la glorieuse vierge et martyre, le théâtre des événements racontés au VII livre des Commentaires et à ne voir en quelque sorte dans Alesia et Sainte-Reine que deux (1) On sait qu'à Alaise, il existe aussi un lieu nommé Sainte-Reine. Cette question est étudiée en ce moment par un savant ecclésiastique, aussi habile que consciencieux. Peut-être sortira-t-il de ses recherches que là encore la Bourgogne a usurpé, =, 9 synonymes, ou, si l'on aime mieux, deux noms de la même localité, à des époques différentes, association d'idées fort enracinée dans les esprits et qui n’est pour autant ni plus rationelle n1 plus logique. Supposons les deux Fribourg de Suisse et de Brisgau détruits; qui ne rirait de celui qui oserait conclure de la naissance à Fribourg, de Suisse, de tel ou tel personnage plus ou moins célèbre, que ce fut dans les environs de cette ville que Condé battit les Impériaux ? C’est ainsi cependant que raisonnent nos adversaires, quand étant données deux Alises, ils concluent ou nous provoquent à con- clure, de la naissance de sainte Reine dans l’une d'elles, que ce fut précisément celle-là qu'assiégea César. Nous leur par- lons de batailles, de tumuli, de castramétations ; ils nous ré- pondent martyrologe, pèlerinage et translation de reliques. Je me crois donc autorisé à dégager la question de Sainte- Reine de celle d'Alesia, et je le fais sans scrupule, sans la moindre crainte d’encourir le reproche de disjoindre des faits connexes que j'ai adressé à M. Rossignol à propos d’Alaise et d’Amancey. À quoi se réduit maintenant toute cette armée de textes, dont la plupart, comme on le voit, n'étaient là que comme mirage ? A trois pièces, ou plutôt à une seule. Que vers la fin du xr° siècle, le bréviaire de Flavigny ait placé Alesia sur le mont Auxois; que vers le même ternps, Lille-sous-Montréal, localité voisine de Sainte-Reine, ait été appelé quelquefois Insulæ in Mandubiis, cela prouve surtout que la leçon d'Héric avait trouvé de l'écho. Ses vers sont donc la base et la clef de voûte de tout l'édifice bourguignon. Ils sont en date le premier texte connu, et tous les autres ont dû en être engendrés. Héric écrivait sa Vie de saint Germain vers 865, date donnée par nos adversaires eux-mêmes. La translation très-solennelle des reliques de sainte Reine à Flavigny avait eu lieu l’année précédente. Hérie était plein de patriotisme, comme ses vers le font assez voir ; il était poëte, il était moine. Poëte, son ima- gination avait été sans doute fortement excitée par la solennité de la fête; moine, il devait être naturellement enclin à entourer d'autant de prestige et d'illustration que possible le berceau de la sainte. La ressemblance des deux noms d’Alise et' d’Alesia le frappe ; il ne connaît pas d’autre Aise que celle-là, qui, du reste, répond par plusieurs points à la description laissée par M — César. La critique historique est encore à naître ; chacun, autour de lui, prend ses imaginalions pour des réalités, et as- signe aux monastères, aux cités, aux peuples, les origines les plus merveilleusement fabuleuses. Que risque-t-il d’ailleurs ? L'opinion historique qu'il a à émettre ne peut que flatter le patriotisme bourguignon. Il écrit: Alise devient Alesia ; aucune localité ne réclame ; la prescription est acquise. Est-ce à dire que j'affirme que les choses se sont passées de la sorte ? À Dieu ne plaise ; ce serait bien trop de témérité. Je dis seulement qu'aucun écrivain connu n'ayant, avant Héric, présenté Alise comme ayant été Alesia, il n'est nullement im- possible que la chose soit sortie tout entière du cerveau poéti- que du bon moine. J’ajouterai que rien ne nous autorise à croire que les Commentaires n'étaient pas connus au 1x° siècle, qu'Hérie , très habile en latin, comme le fait remarquer M. Rossignol, a dû presque certainement les lire, et que du moment où, par patriotisme, il a sciemment, contre toutes les indications de l’histoire, voulu faire croire que César a eu le dessous devant Alesia (æquo non Marte), 11 a bien pu aussi, par patriotisme et par zèle religieux, inventer le fait tout entier. Autre considération : Alise était au centre de la France mérovingienne, dans le voisinage d’une des voies les plus fré- quentées de tout le pays franc. Des villes importantes, d’illus- tres abbayes, Auxerre, Sens, Flavigny , Troyes, Langres, Luxeuil, Dijon, Autun, etc., se pressaient alentour dans un rayon peu étendu. Il est, je crois, peu de territoires en France qui aient été, à l’époque mérovingienne, visités par plus de personnages que celui-là, animés par plus d'événements, et où l’on ait autant écrit. Or, Je le demande, si Alise a été toujours et de tout temps reconnue comme A/esia, comment nous faut- il descendre jusqu’au 1x° siècle pour trouver un premier té- moignage qui le constate ? Comment, parmi tant d'écrivains bourguignons ou autres, ne s’en est-1l pas trouvé un seul qui ait mentionné le fait! On sait que Grégoire de Tours avait visité tout ce pays ; Frédégaire passe pour être né en Bourgo- gne; tous deux parlent plusieurs fois de Sens, de Dijon, d’Autun, etc. Si la tradition eût existé de leur temps, il me semble que l’un ou l’autre eût donné une ligne à ce souvenir si important et si glorieux ; mais non, pas un mot, ni dans Ho — ces deux chroniqueurs, ni dans tant d’autres écrivains du même temps, dont quelques-uns, comme le prêtre Constance et Etienne, de l’église d'Auxerre, ont cependant parlé d’Alise, à propos d’autres faits. C’est, à mon avis, que cette tradition, qu'on nous présente comme s'étant transmise, sans solution de continuité, de siècle en siècle, attendait encore son in- venteur. Et voyez comment une vérité principale une fois découverte, tous les faits environnants s'expliquent naturellement et sans efforts. Strabon place Alesia sur les frontières du pays des Arvernes, hypothèse vers laquelle penche implicitement Dio- dore de Sicile ; Dion Cassius, Plutarque et Florus n’essaient pas même d’en déterminer la position géographique; à partir de ces écrivains, le silence se fait de jour en jour plus complet autour d'elle, comme autour d’une ville disparue. Pourquoi tout cela ? Pourquoi ces erreurs des uns, ce silence des autres ? Fait singulier, si Alesia est demeurée constamment debout et vivante, pendant toute cette période, sur votre mont Auxois ; fait naturel et tout simple, si dès le jour de la vengeance du vainqueur, elle a été ensevelie sous l'herbe ou réduite au rang d’obseure bourgade, au milieu des rochers et des forêts de notre Alaise, dans ce coin de terre si sauvage et si ignoré, il y a un an encore, même des populations du voisinage. Je terminerai cette discussion bien trop longue par quelques lignes de M. Walkenaër, qui vont si directement à mon sujet et y entrent si bien, que je me crois obligé d'avertir que je les extrais d’une dissertation sur Uxellodunum et qu'elles n'ont nullement été écrites à propos d’Hérie et d’Alesia. «Nous devons observer, dit le savant académicien dans sa Géogra- phie des Gaules (1), que beaucoup d'erreurs évidentes en géographie ancienne doivent leur origine à des traditions très- anciennes, fabriquées par la vanité patriotique el ignorante des auteurs monastiques et autres, qui ont écrit dans l’inter- valle du vi au xiv° siècle, et dont l'autorité n’est ni plus imposante ni plus digne de confiance que celle de cet ancien chroniqueur qui fait descendre les Français des Troyens...» ET. Revenons à M. Rossignol. Si son livre se fût produit avec (1) Tome ler, page 359. OR D moins d'éclat, certes la tâche d’en relever les erreurs, volontaires ou non, n'était pas assez attrayante pour que je m'y fusse jamais soumis, ou du moins, je regarderais ma triste besogne comme accomplie dès ce moment; mais ce livre a conquis ou surpris tant de suffrages, même dans le monde savant, il a fait tant de bruit, que Je crois de mon devoir d'achever, quoi qu’il m'en coûte, ce que j'ai commencé, et de consacrer quelques pages encore à celte chasse aux sophismes, aussi fastidieuse pour moi, qu’on veuille bien le croire, que pour le lecteur. Le sentiment de M. Delacroix, sentiment fort juste à mon avis, a toujours été que la dénomination de Mandubiens n'était qu'un second nom de cette portion des Séquanes qui habitaient les bords du Doubs, en sorte que, de même qu'on peut être en même temps aujourd'hui Jurassien et Franc- Comitois, de même on pouvait être alors Mandubien et Sé- quane. Ces doubles noms étaient fort communs dans la Gaule; on trouve, en effet, dans les Commentaires les Eleuthères Cadurces, les Aulerces Cénomans, les Aulerces Eburons, les Aulerces Brannovices, etc. À propos de cette dernière tribu et de celle des Brannoviens, toutes deux clientes des Eduens et dont la position géographique est encore à déterminer (1), je demanderai, avec M. Delacroix, s’il y aurait trop de témérité à placer ces deux petites nations sur la rivière de la Brenne, qui, après avoir reçu l’'Ose et l'Oserain, va se jeter dans l’Armançon ? Les noms, on en conviendra, se ressemblent lort, et la position, pour des peuples clients des Eduens, est bien ce qu’elle doit être, c’est à dire à la fois hors de leur territoire et sur les frontières de ce territoire. J’ajouterai que toute autre place aux alentours du pays éduen est prise par des peuplades et des nations assez bien connues, et enfin que M. Walkenaër, qui a cherché à cantonner les Brannovi, sans se préoccuper d’ailleurs de la Brenne, les a précisément placés non loin de cette rivière et dans les environs d’Arnay-le-Duc. Ce fait seul, s’il était admis, ruinerait toutes les prétentions (1) Je n'ignore pas que l’on a placé les Brannovices dans le Briennois {eanton de Cluny), mais je sais aussi que la difficulté de leur trouver une place ailleurs a été un des principaux motifs qui leur ont fait assigner celle-là ; quant aux Brannoviens, M. Walkenaër seul, à ma connaissance du moins, a cherché à déterminer leur position, et il l’a fait, de son propre aveu, d'une manière entièremeut conjecturale. ROUE d'Alise, qui n'aurait plus été qu'une ville, soit desBrannovices, soit des Brannoviens ; mais tout cela est trop conjectural ; J'imite la discrétion de M. Delacroix, et après cette longue parenthèse, je reviens à nos Mandubiens. La rivière du Doubs avait, dans la langue celtique, à peu près le même nom qu'aujourd'hui, puisque César l'appelle Dubis. Pourquoi, dès lors, Mandubiens n’aurait-il pas signifié hommes des bords du Doubs ? L’étymologie me semble suffi- samment naturelle, et la preuve qu’elle l’est en effet, c'est que, déjà au xvi* siècle, P. de Saint-Julien, quoique partisan d'Alise, en avait été frappé. Voici ses propres paroles : « César dit, entre autres choses, qu’Alesia était ville capitale des Mandubiens, lequel nom signifie hommes venus des environs de la rivière du Doubs, dite vulgairement Dubius ou Dubis. » Il va sans dire que M. Rossignol repousse cette étymologie qui, selon lui, fait de Mandubiens un mot hybride, composé moitié d'allemand et moitié de celtique. J’ignore absolument le celtique ; j'ai même le malheur de n'avoir à ma disposition aucun des rares ouvrages de quelque valeur écrits sur cette langue. Le seul que je puisse consulter, c’est Bullet, et je sais combien il faut s’en défier, mais enfin Bullet dit que man signifie homme en breton. Voyez d’ailleurs le latin; est-ce que manceps, adjudicataire; manipulus, troupe d'hommes armés ; manubiæ, dépouilles opimes, etc., ne doivent pas être rattachés à ce radical plutôt qu’à manus, comme on le fait généralement ? Mancipium, esclave, que l’on fait venir quel- quefois de manu captum, étymologie tout à fait forcée, man- cipium, dis-je, est encore bien plus en ma faveur. À mes yeux, ce mot n’est qu'une sorte de diminutif pris en mauvaise part de man, et par sa terminaison neutre, signifie komme- chose, res minus vilis quâm nulla, Ce quiest, Je crois, la définition de l’esclave par la loi romaine. Sans insister davan- {age sur ces faits grammaticaux, je me bornerai: à dire que, selon toute probabilité , man est un radical commun aux diverses langues indo- germaniques , et que son existence dans la langue allemande ne me paraît pas une raison sufli- sante pour l’exclure du celtique, comme le fait M. Rossignol. Je continue. M. Delacroix avait dit qu Atesia et Epomanduodurum où Lee Mandeure (1) se trouvaient tous deux chez les Mandubiens Sé- quanes ; M. Rossignol de se récrier vivement. Quoi, dit-il, Epomanduodurum, à vingt-cinq heures d’Alesia, était aussi du pays des Mandubiens ! mais alors il n’y avait plus de Séquanes, plus de Séquanie ; 1l n’y avait plus que des Mandu- biens dans le pays des Séquanes. Citons textuellement: «IL s'ensuit (page 35) que cette peuplade était par toute la Séquanie et que celle-ci n’était nulle part. Ce système efface donc les Séquanais que César a vus dans toute cette contrée, et met à leur place les Mandubii qu’il n’y a pas rencontrés pendant toute la campagne qu’il y fit contre Arioviste.» Je pourrais rappeler que M. Delacroix n’a pas considéré les Mandubiens comme un peuple indépendant, mais seulement comme une portion des Séquanes avec un surnom géographique ; je dirai seulement à M. Rossignol, qui paraît l’ignorer, qu'Alaise est tout au plus à douze kilomètres du Doubs, que Mandeure est sur cette rivière même et que le pays des Séquanes, qui s’é- tendait au nord jusqu’au Rhin {liv. 4, ch. 40) était bien plus vaste que la Franche-Comté actuelle, de laquelle on pourrait cependant distraire et Alaise et Mandeure, et sur chacune des ‘deux rives du Doubs une bande de terrain d'une largeur de trois lieues, sans que le territoire de la province fût bien sen- siblement diminué. Supposons à notre tour les Mandubiens habitant les envi- rons du mont Auxois. De trois choses l’une : ou ils n'étaient qu'une fraction des Eduens sous un second nom, comme nos Mandubiens Séquanes, ou ils étaient clients des Eduens, ou ils avaient conservé leur indépendance vis-à-vis de ce peuple. Dans le premier cas, pourquoi ce second nom qui s'explique d’une manière si naturelle chez nous ? D'ou vient-il? Quelle origine lui assignez-vous ? Seconde hypothèse : Etaient-ils in- dépendants? Comment les Eduens , qui avaient imposé leur patronage aux Sénons et à d’autres peuples plus éloignés encore, avaient-ils permis à cette poignée d'hommes, situés à leurs portes, de conserver leur indépendance? Mais ils étaient clients des Eduens ? César nomme les clients de ce peuple, savoir : les Ambivarètes, les Boiïi, les Aulerces Brannovices, les Branno- viens et les Ségusiens ; pourquoi les Mandubiens ne figurent- (1) Le Musée archéologique de Besancou possède une poterie trouvée dans les ruines de cette ancienne cité, et qui porte le mot Mandura, on — 10 — ils pas dans cette liste ? Ils n'étaient donc ni Eduens, ni clients des Edueïs, ni indépendants d'eux ; mais alors qu’étaient-ils donc? où étaient-ils ? J'ajouterai ceci, d’après M. Delacroix : César, après avoir pris Alesia, se rendit dans le pays des Eduens : his rebus con- fectis, in Æduos proficiscitur. Or, si les Mandubiens étaient Eduens, comment le vainqueur pouvait-il se rendre dans un pays où il était déjà? S'ils étaient clients des Eduens ou indé- pendants de ce peuple, quoique ses voisins, pourquoi ce mot proficiscitur que je ne trouve employé dans les Commentaires qu’à propos de distances assez longues à franchir? Labiénus part (proficiscitur) d'Agenticum pour Lutèce; César part pour lTtalie, il part de l'Italie pour la Gaule, etc. D’Alise, à quel- ques milles seulement de la frontière éduenne, il n'avait pas à partir pour le pays des Eduens, mais seulement à y entrer. La valeur de chaque mot est à étudier, quand il s’agit d’un écrivain aussi précis que César. M. Rossignol ne dit-il pas lui- même qu'Alise fut la brêche par laquelle César entra dans le pays des Eduens ? Entrer serait iei évidemment le mot propre ; un bulletin d'un général aussi habile écrivain que César, ne dirait jamais qu'une armée campée sur la frontière d’un pays, partit pour ce pays, mais seulement qu’elle y entra. Tout ceci, bien entendu, en me plaçant dans l'hypothèse bourguignonne, que je crois entièrement inadmissible ; car, encore une fois, comment, entre les Senons, les Lingons et les Eduens, cette petite tribu des Mandubiens de la Brenne, aurait-elle conservé son indépendance, et si elle était cliente des Eduens, pourquoi César ne les nomme-tl pas parmi les clients de ce peuple ? Plus je réfléchis à tout cela, plus je me sens tenté d'attribuer ce coin de terre arrosé par la Brenne et ses affluents aux Brannoviens où aux Brannovices, qui, eux au moins, sont nommés par César comme dépendants des Eduens, tandis que les Commentaires omettent complétement les Mandubiens dans la liste, assez longue cependant, des tribus patronées par cette nation. Rien de plus simple, dons notre système, que toute cette partie du récit des Commentaires. Alesia prise, César a les fuyards à poursuivre, sa victoire à achever, une occasion magnifique de frapper sur l'insurrection gauloise Les derniers = AT = coups. Eduens et Arvernes sont à la tête de cette insurrection ; il part d'Alaise pour le pays des Eduens; de là, quelques Journées de marche le porteront, s’il le faut, sur le territoire arverne; mais les deux peuples se soumettent. La mauvaise saison approche ou est arrivée déjà ; il envoie ses troupes en quartier d'hiver, et détache chez les Séquanes deux légions et la cavalerie, le tout sous les ordres de son meilleur lieutenant, Labiénus. Rien de plus naturel que tout cela, et tout autre que M. Rossignol aurait été embarrassé pour y trouver quoi que ce soit à reprendre. Que fait notre adroit adversaire ? D'une part, il méconnaît ou affecte de méconnaître la synonymie des noms de Mandubiens et de Séquanes, synonymie qui n’est exprimée, il est vrai, dans l’ouvrage de M. Delacroix, que d’une manière implicite, mais qu’un autre de nos adversaires, M. Déy, y a parfaitement vue cependant et qu’il est même impossible de ne pas y voir; d'autre part, il supprime le mouvement de l’armée romaine d’Alesia chez les Eduens, et voiei comment il raisonne (page 81) : « César ne dit pas qu'il ait mis le pied en Séquanie, et après la victoire, il vous dit qu'il y envoya deux légions, donc il n’y était pas.» Il n’y était plus, Monsieur Rossignol, mais il y avait été; je n’en veux pour preuve que de vous voir supprimer ou arranger tant de textes pour chercher à établir le contraire. Poursuivrai-je plus longtemps cette rebutante analyse ? Montrerai-je M. Rossignol transformant le vaste et superbe plateau de By et de Bartherans, où campa l’armée de secours «en des montagnes sans plateaux, couvertes de bois, htrissées de rochers et de toute la contrée les moins abordables ? » Le montrerai-je affirmant que Varro Atacinus, dans un poëme dont nous n'avons qu’un vers et le titre, de beilo Sequanico, n'a chanté que la guerre de César contre Arioviste, et qu'il a fallu que M. Delacroix fût aveugle pour ne pas voir qu'il n’était question ici que de la première campagne de César dans les Gaules, chose qu’en effet M. Delacroix n’a pas vue, non plus que les auteurs de l’article Varro dans la Biographie univer- selle et dans Patria, lesquels, quoique sans comprendre toute la portée de l'expression, ont traduit naïvement ce titre : Guerre contre les Séquanes. Citerai-je le passage où, à propos de certains noms de territoires faisant partie du champ de ba- taille, il prête à un habitant d’Alaise des assertions invraisem- TR blables, impossibles, absurdes, en affirmant les avoir enten- dues de sa bouche même, ce que cet homme nie de la manière la plus énergique ? Le montrerai-je affirmant que la contre- vallation romaine autour d’Alaise, telle que l’a tracée M. De- lacroix, a dix-sept lieues de développement au lieu de vingt- deux kilomètres qu’elle a en réalité ? J'en ai dit assez, trop peut-être ; Je m'arrête par lassitude, mais aussi par un autre sentiment qu'on n’éprouve jamais à la vue de ce qui est droit et loyal. Mes convictions sur la nouvelle Alesia ont été lentes à se former ; mais, dès le lendemain même de la publication du mémoire de M. Delacroix, je me suis réjoui, j'en conviens, de voir s'ouvrir ces débats et s’agiter sérieusement enfin ce grand problème d'archéologie et d'histoire tant de fois discuté déjà, tant de fois résolu, mais dont la solution, toujours plutôt pro- visoire que définitive, avait donné lieu depuis Ours de Man- dajors jusqu’à M. Thiérion, à des protestations si vives. Quels que pussent être Les résultats de ces nouveaux débats, qu’Alse sortit victorieuse de la lutte ou que ce fût sa rivale, je pensais que la discussion qui allait s'élever ne pourrait que tourner à l'avantage de l’érudilion, de l’archéologie et de l’histoire. Con- tradictoirement interrogés par des savants munis de toutes les armes et de toute la sagacité de la critique moderne, la stra- tégie romaine et les temps celtiques surtout devaient infailli- blement livrer quelques-uns de leurs secrets. Cette discussion, je la rêvais, je l’espérais calme, franche, loyale, comme entre hommes de bonne compagnie et entre savants du xix° siècle. M. Delacroix n’avait attaqué absolument personne dans son mémoire, où toutes les convenances sont scrupuleusement respectées, mérite qu'il me semble assez étrange d’être obligé de constater. M. Rossignol descend à son tour dans la lice ; sans provocation aucune de la part de ses adversaires, 1l lance à pleines mains l'ironie et le sarcasme. Le livre de M. Dela- croix est appelé, entr’autres injures, libelli farrago ; un savant comme M. Desjardins, un homme d’un aussi rare mérite que M. Quicherat y sont traités comme des écoliers. Les morts eux-mêmes ne sont pas à l'abri de la verve injurieuse de l’au- teur, qui qualifie d'homme ivre qui balbutie un pauvre écri- vain grec, Dion Cassius, dont tout le tort est d’avoir écrit que la bataille qui précéda de quelques heures l’arrivée de César =m-fÿ deyant Alesia, fut livrée chez les Séquanes. Veut-on done nous ramener aux beaux jours de Scaliger et de Saumaise ? J'espère que la tentative échouera et que, l'instant de surprise passé, la loyauté et la politesse retrouveront leur ancienne faveur auprès du publie. IV. Où fut donnée la bataille qui amena l'investissement d’Alesia ? Où allait César, quand Vercingétorix vint lui barrer le passage ? Telles sont les deux questions que je me poserai maintenant. Où allait César ? Mais d’abord était-il libre de ses mouve- ments stratégiques, comme l'affirme M. Rossignol, ou ses mouvements étaient-ils au contraire forcés ? Une telle question se résout d'ordinaire par la comparaison des forces des deux armées en présence, mais ici un tel procédé ne saurait être de mise. Pour commencer par l’armée gauloise, que savons- nous de précis sur son effectif ? Les Commentaires ne nous donnent que deux chiffres, l’un celui des quinze mille cavaliers que vota l'assemblée de Bibracte, l’autre celui des quatre-vingt inille fantassins qui se renfermèrent dans Alesia. Etait-ce là toute l’armée gauloise ? Evidemment non. Avant d’avoir reçu ces quinze mille chevaux, Vercingétorix avait déjà pu dire à ses officiers, même avant le siége d’Avarique, qu’il abondait en cavalerie, quèd equitatu ipsi abundent, et d'autre part, après ce siége, Teutomatus, roi des Nitiobriges, lui avait amené encore de nombreux escadrons, levés dans ses Etats et dans l’Aquitaine, cum magno equitum suorum numero Tout cela réuni devait faire, même les pertes étant défalquées, un nombre considérable de sabres, comme on dirait aujour- d'hui. Quant à l'infanterie, la retraite de l’armée gauloise sur le lieu de refuge mandubien s'étant faite régulièrement, le généralissime n’avait-il pas pu diriger un certain nombre de bataillons sur d’autres points qu’Alesia, par exemple, en raisonnant dans notre système, sur Salins et Poligny, pour garder ces passages par lesquels César aurait pu vouloir franchir le Jura ? Je ne vois pour ma part à cela aucune in- vraisemblance. L’effectif de l’armée romaine est encore bien plus difficile à 0 — établir. Quelques-uns de nos adversaires, sans nous dire d’après quelles données, l'ont fixé au chiffre de soixante mille hommes, et de ce chiffre, qui est tout à fait conjectural, comme on le verra tout à l'heure, ils ont déduit contre Alaise toute une série d’objections. — Comment César at-il pu nourrir ses soixante mille hommes devant Alaise, comment, avec 60,000 hommes, a-t-il pu investir la place ? etc. Voyons donc ce que nous devons penser de ce chiffre. César avait avec lui dix légions, lesquelles, après six mois de marches forcées, de combats journaliers et de dures privations, notamment devant Avarique, peuvent être évaluées dans leur ensemble, d'après la base que nous offre le livre V, à environ vingt-cinq mille hommes. Voilà tout ce que nous savons d’un peu précis ; la force numérique des autres corps nous est complétement inconnue. Outre ses dix légions, César avait les recrues d'Italie que Labiénus avait retrouvées à Agendicum ; en quel nombre ? Î avait ses cavaliers et ses Germains auxiliaires ; combien en comptait-il ? Dans les campagnes précédentes de César, nous voyons, sous les aigles romaines, des frondeurs Baléares, des archers Crétois, des Numides armés à la légère, des cavaliers Espagnols. César avait-il encore ces troupes? Son ambition étant connue ainsi que les temps où il vivait, il est permis de supposer qu'il n'avait pas renvoyé de tels soldats qui lui avaient rendu quelquefois de grands services et ne connaissaient que sa personne, à laquelle ils étaient bien plus dévoués qu’à la con- stitution romaine. À coup sûr il n’avait pas renvoyé six cents cavaliers germains, qui le servaient depuis le commencement de la guerre des Gaules, et que nous retrouvons dans les rangs de son armée au début de la campagne de l’année 53 (liv. 7, chap. 43). Dans la campagne qui suivit la prise d’Alesia, des Lingons et des cavaliers Rémois combattirent à côté des légions. César en avait-il déjà l’année précédente, et s’il en avait, en quel nombre? Autant de problèmes insolubles. Tout ce que l'on peut dire avec quelque vraisemblance, c’est que son armée devait être composée d'éléments fort hétérogènes et présenter un ensemble tout à fait bariolé, autant au moins que notre armée actuelle d'Afrique. é Les indications numériques manquent donc absolument ; heureusement d’autres données peuvent y suppléer. La veille de la bataille qu'il offrit à César, Vercingéterix avait convoqué 6 les chefs de sa cavalerie. « Le moment de vaincre est venu, leur dit-il ; les Romains s’enfuient dans leur province ct aban- donnent la Gaule ; c’est assez pour la liberté du moment, mais trop peu pour la paix et la liberté de l'avenir ; ils reviendront avec de plus grandes forces et la guerre sera sans fin. Il faut les attaquer dans l'embarras de leur marche. Si les fantassins s'arrêtent pour soutenir la cavalerie, ils ne pourront achever leur route ; si, comme il le prévoit, ils abandonnent les ba- gages pour ne songer qu’à leur sûreté, ils perdront l'honneur et toutes leurs ressources. Point de doute qu'aucun de leurs cavaliers n’ose seulement s’avancer hors des lignes. Il rangera toutes les troupes hors du camp, afin que les Gaulois aient plus de confiance et les ennemis plus de crainte. » Qui ne verrait dans cette harangue, même réduite à la sèche analyse que nous en a laissée César, le langage d’un homme sûr de vaincre son ennemi ? La confiance dans le succès perce dans chaque mot; elle éclata bien davantage encore dans l’enthou- siasme que fit naître ce discours, enthousiasme tel que le con- seil tout entier s’écria qu'il fallait que chacun s’engageñt à ne plus rentrer dans sa maison, à ne plus revoir ni femme, ni en- fants, s’il n'avait traversé deux fois les rangs de l’ennemi. Jac- tance que tout cela ! pourra-t-on nous dire, quoique bien à tort; fanfaronnade de soldats plus enthousiastes que résolus ! Lais- sons donc de côté les paroles et n'examinons que les actes. J'ai presque honte, en vérité, de remettre sous les yeux des lecteurs des faits si connus, etsur lesquels, avant M. Rossignol, il n'y avait pas deux opinions; mais notre adversaire a telle- ment défiguré, dans l'intérêt de sa cause, toute cette partie des événements, que Je me vois forcé, pour rétablir la vérité, d’avoir recours à de longues et banales citations des Commentaires. J'espère que les lecteurs comprendront que je n’agis de la sorte que par nécessité, et que si quelqu'un est à blâmer en tout ceci, ce ne peut être que celui qui, par ses Re m'a poné cet ennuyeux devoir. Tout le monde sait quel était le plan de campagne de Ver- cingétorix; mais, si connu que soit ce plan, je dois l’exposer de nouveau et chercher à le mettre dans tout son jour. Si depuis Varrivée de César dans leur pays, les Gaulois avaient été battus presque en toutes rencontres, ces dures leçons n'avaient pas 7 PE été entièrement inutiles à ces peuples. Les Commentaires con- statent en plusieurs endroits leurs progrès dans les pratiques de la guerre ; ils avaient appris à se retrancher, eux aussi, et à fabriquer diverses machines de défense ou d’assaut, harpons, faulx, échelles, galeries couvertes, etc., dont les défenseurs d'Alesia firent un grand usage dans leurs sorties. Et ce n’est pas seulement dans cet ordre de faits qu'ils avaient beaucoup gagné ; la campagne de l’année 53 nous les montre disciplinés, tenaces dans leurs projets, patients jusqu’à l’héroïsme devant une cruelle famine, vertus militaires réputées assez étrangères jusque-là au caractère gaulois, vertus que Vercingétorix con- tribua puissamment à développer, mais dont il serait injuste de lui attribuer tout l'honneur. Un autre fait non moins nou- veau et plus intéressant encore, c’est l’apaisement presque complet, en ces années 54 et 53, des rivalités de peuple à peuple, la haine de l'oppression éveillant les mêmes sentiments dans presque tous les cœurs, la même pensée et le même pa- triotisme armant tous les bras. En cinq ou six années, ce peuple avait fait en toute chose des pas de géant ; mais, par un singulier caprice de la fortune, son unité nationale ne put se fonder, ou, si l’on aime mieux, ne se révéla que la veille même du jour où sa nationalité devait périr. Tout tendait ainsi, vers la fin de l’année 54, à se renouveler dans le pays de Gaule pour l'heure de la lutte suprême, quand parut sur la scène l’homme du moment, le héros de la situation, Vercingélorix. Jeune, ardent, plein de patriotique enthou- siasme, mais froid tacticien, mais tenace et inébranlable dans ses résolutions une fois prises, c’est bien là le chef qu'il faut à ce peuple ainsi transformé. Lui aussi est innovateur ; la chose nouvelle qu’il apporte, c’est tout un système de guerre contre les Romains, système pratiqué ailleurs déjà, mais inconnu en- titrement aux Gaulois, et que, dix années plus tôt, ils n'eussent jamais pu mettre en usage, tant sa réalisation exigeait de dis- cipline, d’obéissance au chef, d'harmonie dans les sentiments, et aussi de sacrifices à la commune patrie, qui était encore à naître, quand César arriva dans les Gaules. Presque au début de la campagne, le jeune chef réunit son conseil et démontre « qu’il s'agit de faire la guerre tout autrement que par le passé. Is doivent, avant tout, s'appliquer à priver les Romains = es de vivres et de fourrages ; le nombre de leur cavalerie, la saison même facilitera leurs efforts : l'ennemi ne trouvant pas d'herbe à couper sera contraint de s’écarter pour en chercher dans les maisons, et pourra chaque jour être détruit par la ca- valerie. Le salut commun doit faire oublier les intérêts parti- culiers. Il faut incendier les habitations et les bourgs, depuis le territoire des Boïens, de tous côtés, aussi loin que l’ennemi peut étendre ses fourrages. Pour eux, ils auront tout en abon- dance, sûrs d’être secourus par les peuples voisins. Les Ro- mains seront pressés par la disette ou quitteront leur camp avec de grands périls. Qu'on les tue ou qu’on enlève leurs bagages, peu importe, si cette perte leur rend la guerre impossible. T1 fautencore brûler les places que leur position ou la faiblesse des fortifications ne préservent pas de tout péril, de peur qu'elles ne servent de refuge aux traîtres, ou que les Romains n’en rent des vivres. Si de tels moyens paraissent durs et violents, ne serait-il pas plus dur encore de voir leurs femmes et leurs enfants traînés en esclavage et d’être eux-mêmes égorgés, sort inévitable des vaincus ? » Plus tard, dans la grande assemblée nationale de Bibracte, Vercingétorix tient encore le même langage. Il demande en toute hâte 15,000 cavaliers. « Pour l'infanterie, il se contente de ce qu'il a; son dessein n’est pas de s’exposer aux hasards d’une bataille. Avec une cavalerie nombreuse, il lui serait facile de couper les vivres aux Romains et de gêner leurs fourrageurs ; que seulement les Gaulois consentent à détruire leurs récoltes et à incendier leurs demeures, et ne voient dans ces pertes demestiques qu'un sûr moyen d'obtenir à jamais la liberté et l'indépendance. » Voilà, certes, un programme nettement formulé. Les Russes de 1812 n’eussent pas mieux dit. Mais ce plan si vigoureux put-il être exécuté? Après l'avoir conçu, le fils de Celtillus eut-il et l'énergie et l’ascendant nécessaires pour le réaliser ? Son énergie est connue ; poussée quelquefois jusqu'à la cruauté, elle allait, dit César, jusqu’à faire crever les yeux à ceux qui tentaient de lui résister, et même à les faire périr par le fer et le feu. Certes, Vercingétorix ne pouvait employer cette sauvage rigueur qu'avec ses Arvernes, mais enfin c'était un homme à la volonté duquel on résistait difficilement. L'autorité qu'il QE — n'avait pas directement sur les autres peuples de la coalition, son Caractère d'homme de la situation, ses talents militaires et politiques, disons le mot, la supériorité de son génie, la lui conféraient. À Bibracte même, malgré les menées des chefs éduens jaloux de son pouvoir, ce fut lui que la Gaule nomma unanimement généralissime. Il était d’ailleurs d’une grande éloquence, comme le montre assez l'enthousiasme qu’excitaient ses harangues, et mieux encore le plein succès dont chacune d’elles était suivie, autre puissant moyen d’ascendant chez un peuple qui discutait toute question importante dans ses assemblées. Grâce à tout cela, son autorité sur la confédéra- tion était presque sans limites. Le plus grand, le plus doulou- reux sacrifice qu'un chef de guerre puisse demander à des popu- lations, celui d’incendier elles-mêmes leurs bourgades et leurs villes, il le demanda aux Bituriges et aux peuples voisins, etil fut obéi. Investi d'un tel pouvoir, l’énergique, l’opiniâtre dictateur l’emploie sans réserve à mettre son plan de campagne à exé- cution. Point de batailles, point d'engagements de l'infanterie gauloise avec les légions, mais une guerre de partisans, l’enne- mi attaqué dans ses vivres, le. désert fait partout autour de lui et sur son passage par l'incendie. Sans cesse ses espions, ses éclaireurs rôdaient autour de l’ennemi ; sans cesse ses cavaliers, ses trente mille cavaliers, tenaient la campagne, harcelant les légions dans leurs marches, attaquant les fourrageurs, enlevant les convois. «Des éclaireurs fidèles, dit la relation du siége d’'Avarique, instruisaient Vercingétorix à chaque instant du jour de ce qui se passait dans la place, et y reportaient ses ordres. Il épiait le moment où nous allions chercher des vivres et des fourrages, et si la nécessité forçait les nôtres de s’écarter au loin, il fondait sur eux et les maltraitait vivement, malgré toute notre attention à ne jamais sortir aux mêmes heures et toujours par des chemins différents.» Voici donc quelle était, en grande partie par l'effet de l’ap- plication de cet habile plan de campagne, la situation des deux armées au moment où César quitta le pays des Lingons : d’un côté l’armée gauloise disciplinée depuis peu de temps, mais déjà suffisamment disciplinée et ayant fait des progrès consi- dérables dans l’art de la guerre, homogène par la race et les se = sentiments, pleine de confiance dans son jeune et brillant général, convaincue que l'heure de la délivrance de la Gaule à sonné ; bien supérieure en nombre à l'ennemi et ayant jusque- là bien moins souffert, ayant, quelque part qu’elle opérât, le pays pour elle et sentant sur ses derrières des masses formi- dables prêtes à s’ébranler ou peut-être en mouvement déjà pour venir renforcer ses bataillons ; d'autre part, l’armée romaine bien moins nombreuse, composée d'éléments en partie étrangers les uns aux autres, privée de ses communications (César le dit lui-même) avec l'Italie et la Province, et n'ayant pas un seul homme de renfort à attendre, abandonnée chaque jour par quelque allié, hier par les Eduens, aujourd’hui par les Helviens, demain peut-être par les Allobroges que Vercingé- torix travaille si activement, ramenée de Gergovie, ramenée de Lutèce, humiliée devant la première de ces places, et ayant perdu et le prestige de tant de victoires et la confiance en elle- même, fort découragée, s'il faut en croire Plutarque, menacée à chaque instant dans ses vivres et ayant déjà cruellement souffert de la faim devant Avarique, et par-dessus tout cela, voyant la Gaule prête, si ce qu’elle a lancé de troupes à sa poursuite ne suffit pas, prête, dis-je, à s’armer jusqu’au der- nier homme et à se ruer avec fureur sur l’envahisseur du sol national. Les Germains auxiliaires, le génie de César et les hasards d'une bataille changèrent tout cela ; mais la veille de cette bataille, telle était bien la position, et telle aussi la jugeait Vercingétorix, puisque lui si prudent, si circonspect, armé d'un plan de campagne qui lui avait si admirablement réussi jus- qu'alors, il abandonna ce plan et, se croyant sûr d’écraser son ennemi, lui offrit résolûment le combat. En quittant le pays Lingon, César ne pouvait donc que battre en retraite, retraite avec une contenance plus ou moins fière, mais enfin il battait en retraite, quoi qu’en dise M. Rossignol, qui, pour l’avantage de sa thèse, ne voit dans le mouvement de l’armée romaine qu’un simple changement de position, librement résolu par César, et sans aucune pression de la nc- cessité. Je lis dans M. Amédée Thierry : « César désespérait de faire face à tant d’ennemis, et ne pensa plus qu’à opérer sa retraite en bon ordre sur le nord de la Province, afin de la se- courir et de tirer de nouvelles troupes de l'Italie, » Voilà la +. vérité en peu de mots. César évacuait la Gaule, sauf à revenir plus tard avec de nouvelles forces ; il n'avait ni les moyens, ni la possibilité d'exécuter les changements de position et les manœuvres de fantaisie que lui prête M. Rossignol. Ce fait général établi, abordons la question du système stra- tégique attribué à César par notre adversaire. M. Rossignol commence par nous montrer la situation de César sous les couleurs les plus riantes. Les sept mille hommes des fameuses vingt-deux cohortes défendent avantageusement toutes les frontières de la Province. Les Eduens se sont, il est vrai, dé- clarés en faveur de l'insurrection, mais César veille sur eux, et n’a pas perdu l'espérance de les ramener au devoir: Les Helviens, d’abord fort dévoués aux Romains, ont été complé- tement battus par les Gaulois, qui, plus tard, les forceront même à entrer dans la coalition. M. Rossignol mentionne, non sans quelque emphase, leur prise d'armes en faveur de Rome, et passe adroitement sous silence leur défaite accomplie déjà néanmoins pendant le séjour de César chez les Lingons. L'armée romaine peut donc être complétement rassurée du côté du Midi ; mais alors pourquoi cette longue énumération faite par César lui-même de tant de sujets d'inquiétude que lui apporte chaque courrier, l'insuffisance des moyens de dé- fense de la Province, la Narbonnaise envahie par les Rhutènes etles Cadurces, les Allobroges menacés par les Ségusiens et les Eduens, les Helviens entièrement vaincus, ses communi- cations avec l'Italie et la Province complétement détruites ? C'est César qui dit tout cela, mais M. Rossignol connaît sans doute bien mieux la situation. Rangcons-nous donc à son avis. Après avoir passé la Loire, l’armée de Gergovie se dirigea vers les Sénons et rallia Labiénus. Les Commentaires racontent ces deux faits sans entrer dans plus de détails. Labiénus une fois rallié, que fit César? Où s’arrêta-t-il pour attendre ses Germains? Nous l’ignorons absolument. M. Rossignol affirme, ilest vrai, qu’il fit sa halte dansles prairies de l'Armançon ; mais comme ni le terrain, ni la tradition, ni les textes ne disent absolument rien à cet égard, nous ne sommes pas tenus de voir dans son affirmation autre chose qu'une pure conjecture qu'on voudrait nous faire prendre pour un fait positif, Re N'importe, César est sur l’Armançon; il reçoit ses Germains ; de quel côté se dirigera-t-il? car, d’après M. Rossignol, il a toute la liberté de ses mouvements ; il est maître de la position ; il s'est posé triomphant dans les prairies de l’Armançon. Triomphant, c'est beaucoup dire; car enfin, depuis la levée assez humiliante du siége de Gergovie, il n’a pas pris la moin- dre revanche sur les Gaulois, et son mouvement de Gergovie vers le pays des Sénons a même été fort précipité (maturandum sibi censuit), trop heureux encore de trouver pour passer la Loire un gué non gardé par l'ennemi! Grâce à la rapidité de sa marche, il a pu échapper et aux Eduens et à Vercingétorix, mais Je ne vois vraiment rien de bien triomphal dans tout cela. Je me demande aussi où M. Rossignol a vu que, dans sa mar- che vers les Sénons, César a terrifié par sa présence tous les peuples de cette parte de la Gaule. Les Eduens, par exemple, n'étaient pas, je pense, si terrifiés, puisqu'ils choisirent préci- sément ce moment-là pour massacrer lout ce qu'il y avait de Romains à Noviodunum, et lancer leur cavalerie aux trousses de César. Triomphant ou non, César se remet donc en route. Les Com- mentaires nous le montrent se dirigeant vers les Séquanes par l'extrême frontière des Lingons : mais quelle frontière ? du sud- ouest ou du sud-est? M. Rossignol dit sans hésitation que ce fut par celle du sud-ouest. Pourquoi? D'après quel texte ? Le grand argument de notre adversaire, c’est qu’arrivé sur les bords de l’Armançon, César ne dit pas qu'il poussa plus loin, du moins avant d’avoir reçu ses cavaliers d’outre-Rhin ; mais en- core une fois, où est-il question et de l’Armançon et du pays de l’Armançon dans les Commentaires ? Me faut-il répéter que tout ce que nous savons par le récit latin, c'est qu'après avoir passé la Loire, César se dirigea vers les Sénons, que Labiénus vint le rejoindre peu de temps après, sans même que l’on sache sur quel territoire s’opéra leur jonction ; enfin qu'après une halte plus ou moins longue, dont le lieu n’est nulle part indiqué, il allait vers les Séquanes, par une des frontières du pays Lingon, quand Vercingétorix vint camper en face de lui? Voilà tout ce que les Commentaires nous apprennent ; nous possédons, il est vrai, d’autres textes plus complets, Dion Cassius et Plu- tarque ; mais ceux-là sont entièrement pour nous, comme on NT. ‘ee le verra plus tard, et ni l’un ni l’autre ne parle d’ailleurs pas plus de l’Armançon que si César ne s’y était Jamais posé triomphant. Voilà donc l’armée romaine en marche par la frontière sud-ouest du pays Lingon. M. Rossignol connaît parfaitement cette frontière, et la connaît seul ; il l’a retrouvée à l’aide des circonscriptions des anciens diocèses. « Il est un fait incon- testé, dit-il, les anciens diocèses représentent, dans leur éten- due , les divisions politiques des Gaules avant l'établissement du christianisme. » Toujours le même esprit de paradoxe. L’ar- rivée des premiers prêtres chrétiens dans les pays Eduen ct Lingon est de l’année 177 ; l'établissement des diocèses d’Autun et de Langres est nécessairement postérieur encore. Que la circonscription de ces diocèses représente les divisions politi- ques de cette partie de la Gaule romaine vers l’an 200, ou même plus tard , rien de mieux; mais qu'elle puisse nous renseigner avec certitude sur les limites des territoires Lingon et Eduen en l’an 53 avant Jésus-Christ, je ne le pense pas. M. Déy a très- bien compris cela : « La situation dont parle César étant, dit- il, de trois siècles antérieure au christianisme, on ne peut rien conclure de la circonscription diocésaine. » J'espère qu’un de ces jours M. Rossignol nous donnera , en s'appuyant sur cette circonscription, une carte de la Gaule au temps de Sigovèse ou de l'Hercule phénicien ; cette carte manque absolument. Mais accordons encore ce point. L’Armançon, la Brenne et l’Ouche séparent les Eduens des Lingons. César suit le cours de ces petites rivières, non pas baltant en retraite, comme tout le monde l’a cru jusqu'ici, mais en vainqueur, triomphalement. Le but de sa marche n’est que de se porter plus près de la Province, au secours de laquelle il veut pouvoir envoyer au besoin un corps d'auviliaires ; il vient s'établir dans les plai- nes de la Saône Ne dites pas à M. Rossignol que ce serait là donner beau jeu aux trente mille cavaliers de Vercingétorix. À ses yeux, non-seulement César est ériomphant, maisil est dis- pensé encore de toutes les précautions de la plus vulgaire pru- dence. Il peut impunément venir s’acculer à la Saône, livrer ses fourrageurs au sabre des cavaliers gaulois, et offrir ses lé- gions comme une proie presque certaine à un ennemi qui n’a contre lui que centtrente mille hommes, parce que les Romains sr M battent en retraite; mais qui, du jour où la guerre sera portée sur le territoire Eduen et dans le voisinage des Arvernes, mettra sur pied des forces doubles et triples, s’il le faut. On sait, en effet, que la grande confédération Eduenne, ainsi que les Sé- quanes et la plupart des peuples situés au nord de la Loire, figuraient tout au plus, Vercingétorix ayant refusé leurs fan- tassins, parce qu'il jugeait son infanterie Arverne et Biturige assez nombreuse pour l'exécution de ses projets, figuraient, dis- je, tout au plus dans l’armée du fils de Celtillus pour quelques mille cavaliers, et que , par conséquent, il restait dans cette partie de la Gaule des forces considérables, entièrement dispo- nibles , et qui ne demandaient qu’à être envoyées contre l’en- nemi. M. Rossignol n’a vraiment pas été bien inspiré dans toute cetle partie de son travail. Pendant qu’il s’opiniâtre à envoyer César s'établir dans les plaines de la Saône, c'est-à-dire en pays éduen , César s’obstine de son côté à ne pas parler des Eduens, et à déclarer au contraire qu'il se dirigeait vers le pays des Sé- quanes, quum Cœsar in Sequanos iter faceret. Plutarque et Dion Cassius en disent autant, et plus encore, et ni l’un ni l’autre ne mentionne en aucune façon, à propos du mouvement de l’armée romaine, le pays des Eduens. Etre contredit par trois textes sur trois, n’est-ce pas jouer de malheur ? Poursuivons : Malgré toutes les protestations des Commen- taires, César se rend chez les Eduens. De son côté, Vercingt- torix s’est mis, lui aussi, en marche ; les deux armées en viennent au combat. En quel lieu ? Près de Montbard, répond M. Rossignol. Pourquoi près de Montbard? Les Commentaires ne disent rien du lieu de la bataille ; mais, sans doute, à leur défaut des traditions locales, quelques dénominations de terri- toires, des ossements et des armes amenés à la surface du sol, attestent que ce pays a été le théâtre de quelque grand événe - ment militaire ? Pas le moins du monde ; le pays de Montbard est aussi pauvre en souvenir de ce genre qu’Alise même, et, comme on le verra bientôt, ce n’est pas peu dire. Si M. Ros- signol a placé en cet endroit le combat entre César et Vercin- gétorix, c’est uniquement parce que les Commentaires disent que les Romains arrivèrent le lendemain même devant Alesia et qu'il fallait que la distance entre la place et le champ de ba- taille pût être franchie en quelques heures. « Si j'ai choisi ce point un peu plus près d’Alise, dit notre adversaire, c’est qu’a- près une grande bataille, qui n’a pas dû commencer de bonne heure, Vercingétorix aurait peut-être eu de la peine à gagner immédiatement cette place. » En vérité, on n’est pas plus naïf; historiens et géographes avaient cru Jusqu'ici que pour détermi- ner le théâtre d’une action de guerre, quelques indications tirées des textes, de la tradition ou du terrain n’étaient jamais de trop; M. Rossignol professe le dédain le plus cavalier envers de tels préjugés. Sa méthode est bien autrement expéditive ; au lieu de perdre le temps toujours si précieux à étudier terrains et tra- ditions , il choisit un lieu à sa convenance sans s'inquiéter de rien autre, et ce choix une fois fait, il s’écrie : C’est ici! C’est ici que Vercingétorix fut battu par César ! et malheur à qui ose- raitle contredire ! Tel est le système de M. Rossignol ; pur effet d'imagination, vrai roman stratégique, qui, non seulement ne s'appuie sur aucun texte et les contredit tous, mais qui repose encore sur l’appréciation la plus fausse, comme je l’ai établi, de la situa- tion respective des deux parties belligérantes. Le système de M. Delacroix diffère de l’hypothèse bourguignonne par trois points principaux : {° au lieu de se diriger vers les plaines de la Saône pour s’y établir, César battait en retraite sur Genève; 2° il était arrivé à la frontière sud-est du pays des Lingons et non à la frontière sud-ouest, quand Vercingétorix vint asseoir ses trois camps à quelque distance de lui; 3° la ba- taille se donna dans le pays des Séquanes. César se retirait sur Genève; et d’abord je lis dans Dion Cassius qu'il allait porter secours aux Allobroges, dont, comme chacun le sait, Genève était une des places. César, il est vrai, se sert d’une autre expression; il dit que le but de son mouve- ment était de secourir la Province; mais y a-t-il contradic- tion entre les deux témoignages? On sait que depuis la guerre de Bituit, le pays des Allobroges faisait partie de la Province; César emploie lui-même indifféremment un des mots pour l’autre, comme quand il dit que Le Rhône séparait la Province du pays des Helvètes, phrase dans laquelle Province tient évi- demment la place du mot Allobroge. Le témoignage de Dion Cassius n’est donc nullement infirmé par celui des Commen- OR taires, et il demeure déjà acquis que César se dirigeait vers le pays des Allobroges. Mais vers quel point de leur territoire ? vers Vienne ou vers Genève? César a attendu ses Germains auxiliaires ou en pays Lingon ou aux alentours de ce pays. Supposons-le se dirigeant de là vers Vienne. Je ne répéterai pas ce que j'ai dit des dan- gers qu’aurait pu lui faire courir, en ces pays plats et décou- verts des bords de la Saône , l’innombrable cavalerie gauloise. Je ne répéterai pas non plus que le premier et infaillible effet de la guerre portée chez les Eduens, et rapprochée des Arve- nes , eût été pour César de se mettre sur les bras une force en- nemie double ou triple, et alors combien sa position n'eût-elle pas été critique! De tous côtés il eût été entouré d’ennemis. Au Midi, les Helviens, entrés sans doute déjà dans la coalition, les Gabaliens, tout ce que Vercingétorix n’avait pas emmené d’Ar- vernes avec lui : le tout s’unissant aux Ségusiens pour garder l'excellente position défensive du confluent du Rhône et de la Saône. Sur la rive gauche de cette dernière rivière, les Ambi- varètes et le corps d'armée du frère d’'Eporédorix ; sur la rive droite ou plutôt sur l’une et l’autre rive, puisque les Gaulois avaient les ponts de la Saône, les cent trente mille hommes de Vercingétorix portés au double, si ce n’est plus, par la levée en masse des Eduens et le contingent de celles des nations con- fédérées qui étaient les plus voisines du théâtre de la guerre. Pressé, entouré, enveloppé par des masses si formidables, César aurait eu encore à passer, en présence même de l'ennemi , pour atteindre Vienne , les deux grands fleuves de la Saône et du Rhône. Est-ce qu’un tel système peut se sou- tenir ? En se repliant au contraire sur Genève, César échappait à tous ces périls. D'une part, il abrégeait d'un tiers la distance à franchir ; d'autre part, la nature montagneuse des pays qu'il avait à traverser neutralisait entièrement la cavalerie gauloise. Objectera-t-on la difficulté de conduire une armée par les gorges du Jura plus ou moins gardées par l'ennemi? Qui ne sait qu'avec le système des anciennes armes, les défilés de monta- gnes étaient bien plus faciles à franchir de vive force qu'avec le système moderne? Témoins tant de pays montagneux soumis par les divers conquérants de J’antiquité, et dont quelques-uns PP sont inexpugnables aujourd’hui, témoins, sans sortir de l’épo- que qui nous occupe, la prise de possession par César des pays de Maurienne et de Tarentaise après de vifs combats, et les avantages remportés par son lieutenant Galba dans le haut et le bas Valais. On devait être d’ailleurs alors, circons- tance importante à signaler , en plein: été ; car la prise d’Ava- rique est de la fin de l'hiver, jam propè hieme confectd, et entre ce fait d'armes et la rencontre de César et de Vercingétorix, doivent trouver place la marche sur Gergovie, le siége de cet oppidum, qui fut long, le mouvement de retraite sur le pays de Sens, et enfin la halte chez les Lingons, dont la durée ne put être moindre de quatre à cinq semaines. Je dirai enfin que le plan de César était sans doute de chercher à atteindre les premières gorges du Jura, avant que son adversaire eût pu se jeter entre lui et Genève, plan que déjoua une marche rapide de Vercingétorix, et sans doute aussi quelque retard imprévu dans l’arrivée des Germains ; mais qui, s’il eût pu se réaliser, eût porté l’armée romaine en quelques journées de marche, et presque sans lutte, du pays Lingon au bord du lac Léman. Un dernier mot sur ce sujet. César n'évacuait la Gaule que momentanément, et avec le dessein d’y revenir. Or, ce but ad- mis, quelle plus mauvaise position que celle de Vienne! Et d’abord à supposer que l’armée romaine affamée et décimée pen- dant tout ce long trajet eût pu atteindre cette place, Vercingé- torix se sentant vainqueur, et disposant de toutes les ressources des pays Eduen et Arverne,dont il n’eût guère été séparé que par le Rhône, Vercingétorix, dis-je, n’eût-il pas passé ce fleuve à son tour? Un tel mouvement aurait pu avoir les conséquences les plus désastreuses pour César, que les Allobroges n’eussent pas manqué d'abandonner au premier revers, et qui peut-être eût été forcé de reculer jusqu’à la Méditerranée. Mais ce sont là des conjectures extrêmes ; supposons plutôt César partant de Vienne pour reprendre l'offensive, sa première opération devra être de passer le Rhône en présence de cent ou deux cent mille Gaulois campés sur l’autre bord! Je n’insiste pas; César était le plus habile capitaine de l’antiquité. A Genève, au contraire, la position du général romain est excellente. Une fois le lac Léman atteint, il est à l’abri de toute poursuite de la part de Vercingétorix, trop prudent pour se hasar- der si loin de ses points d'appui Eduen et Arverne. Entre le Jura et les Alpes, César ne se connaît pas un seul ennemi ; Helvèles, Sédunes, Nantuates, ete., ne prirent en effet aucune part à la grande levée de boucliers entreprise pour débloquer Alesia. Par le Grand-Saint-Bernard, dont il s’est assuré le passage dès la seconde campagne, il touche à son gouvernement de la Ci- salpine, d’où il peut recevoir en quelques semaines d’impor- tants renforts, les seuls qu’il lui soit permis d'espérer. L'heure une fois venue de reprendre l'offensive, ce n’est plus de front, et gêné par un grand fleuve à passer sous le javelot de l'ennemi, c’est à revers et en descendant, comme un torrent, des monta- gnes des Séquanes qu'il attaquera la coalition. Cette position stratégique de Genève lui est d’ailleurs parfaitement connue ; n'est-ce pas de là qu’il est parti une première fois pour conqué- rir la Gaule ? L'armée romaine ne pouvait donc effectuer sa retraite que dans la direction du lac Léman, et c’est bien vers ce lac qu’elle marchait. C’est en effet ce que César déclare implicitement, quand il dit qu'il faisait route vers le pays des Séquanes, qu'il n'avait nul besoin d'aborder pour se rendre à Vienne, mais qu’il lui fallait traverser nécessairement pour aller à Genève; c’est aussi ce qu'établissent de la manière la plus nette les témoi- gnages de Dion Cassius et de Plutarque, qui, tous deux, malgré les subtilités de nos adversaires sur le fameux evravôe du second de ces écrivains, affirment que non-seulement César se dirigeait vers les Séquanes, mais encore qu’il pénétra dans leur territoire, comme étant, ajoute Plutarque, plus voisin de l'Italie que le reste de la Gaule. Venons au second point : César était arrivé à la frontière sud-est du pays Lingon; quoi, en effet, de plus naturel? Les Ro- mains étaient entrés chez les Lingons par le côté de l’ouest, et ils en avaient, à ce que dit Plutarque, traversé le territoire : est-il bien étrange qu’ils en sortent par le côté opposé après avoir, durant quelques heures de marche, descendu la Saône par sa rive gauche ? Encore une-fois, où allaient-ils? chez les Séquanes. Et vous demandez de quelle frontière il est ici ques- tion ! Qu’un voyageur raconte, qu’allant de Paris à Bruxelles, il fut arrêté à la frontière, viendra-t-il à la pensée de qui que ce soit que le narrateur éprouva ce désagrément sur notre — 94 — frontière de Suisse, par exemple, et non sur celle de Bel- gique ? Je me sens vraiment humilié d’avoir à prouver de tels faits. Troisième point : La bataille se donna chez les Séquanes. Dion Cassius et Plutarque l’affirment et leur témoignage, quoi qu'en dise M. Rossignol, est parfaitement d'accord avec celui des Commentaires. La relation latine ne marque qu’un point de la ligne parcourue ; plus complets , les récits grecs mar- quent un second point, mais ces deux points sont sur la même ligne et appartiennent bien au même itinéraire. César nous montre l’armée romaine se dirigeant vers les Séquanes; Plu- tarque et Dion Cassius nous la font voir arrivée chez ce peuple. Il fallait tout le mauvais vouloir de M. Rossignol pour voir là une contradiction dans les textes. Et non-seulement les deux armées vinrent aux prises en Franche-Comté, mais nous connaissons encorele théâtre de leur rencontre. La bataille se donna vers le confluent de l’Ognon et de la Saône, pays essentiellement propre à une grande action de guerre et où, sans parler d’une tradition vivante encore au- jourd’hui, certains territoires conservent des dénominations tout à fait significatives : les Armes, les Batailles, Camp des avant-gardes, ete., ete. Si je suis bien informé, M. Delacroix ne songeait nullement encore à Alaise, quand il découvrit ce champ de combat, et l'excès de distance entre ce lieu et Sainte- Reine fut précisément ce qui l’amena à chercher le refuge mandubien ailleurs que sur le mont Auxois. Ce n’est pas tout à fait, on s’en souvient, de cette façon naturelle et logique que M. Rossignol a déterminé le champ de bataille de Mont- bard. Mais, nous dit M. Déy, puisque César déclare qu’il ne faisait que marcher vers les Séquanes , la bataille n’a pu se donner sur le territoire de ce peuple. Relisons la phrase des Commen- taires : « Tandis que César se dirigeait vers les Séquanes par l'extrême frontière des Lingons, Vercingétorix vint asseoir trois camps à dix milles des Romains. » M. Déy n’a pas fait attention à ces dix milles {414 où 45 kilomètres) qui séparaient encore les deux armées. Du moment où les Romains étaient arrivés à l’extréme frontière du pays Lingon , est-il bien éton- nant que les Gaulois, campés à trois ou quatre lieues de là, — 95 — aient eu leur position en Séquanie? Cette distance, César la franchit pour aller attaquer la position retranchée de Vercin- gétorix, comme Napoléon, dans un cas presque entièrement analogue et avec le même but, franchit les quelques kilomètres qui séparaient la ville saxonne de Bischofwerda du camp forti- fié de Bautzen en Lusace. Conclusion : César dit que le lendemain de la bataille, altero die, il arriva devant Alesia. Or, du confluent de l’Ognon et de la Saône pouvait-il, en vingt-quatre ou trente heures, arriver devant Alaise? oui. Devant Alise ? non. Ne Quels sont Les titres directs d’Alaise à être Alesia? Question qui est le fond même de ce débat et que cependant je ne ferai guère qu’eflleurer, car si j'ai beaucoup parcouru le pays d’A- laise , je n’y ai fait aucun mesurage de terrains, chose indis- pensable pourtant pour parler avec compétence dans une ma- tière essentiellement topographique. Avec la supériorité que lui donnent, et son caractère d'homme spécial, et son coup d'œil d'archéologue si rapide et si pénétrant, M. Delacroix traitera bientôt, d'une manière complète et décisive, cette partie du problème dans un second Mémoire , qui mettra fin à tous les doutes. Forcé, quant à moi, d’être incomplet, je m’efforcerai du moins de n'être pas inexact. Je me bornerai à dire ce que j'ai vu. : J'ai vu à Alaise un terrain absolument conforme à l’idée que nous donnent les Commentaires du refuge gaulois, el si absolument conforme, qu’on ne trouverait pas peut-être dans tout le pays de France un second lieu qui pût, sous ce rapport, rivaliser avec lui. J'ai vu le Lisonetle Todeure arrosant de deux côtés différents le massif d’Alaise. On s’est plu sans motif à contester le nom du second de ces cours d’eau, nom très-réel cependant, et qui, s'il n'existe plus sur la carte de l'Etat-major, se retrouve en- core sur celle de Cassini. On nous objecte aussi que ce n’est là qu’un modeste ruisseau qui n’aurait jamais obtenu une mention de César, objection à laquelle M. Delacroix a répondu d'avance, en disant que ce NT » qui avait dû principalement valoir au Todeure cette mention, c'était l’escarpement de ses bords en amont de la plaine de Myon. J’ajouterai que jusqu’au point où, dans les plus grandes sécheresses, il se perd dans le sol, point situé presque à l’ex- trémité de son parcours, ce ruisseau conserve en toute saison un volume d’eau à abreuver toute une armée, et d’une eau vraiment excellente, chose qui ne pouvait être indifférente à César, dont les troupes étaient en partie campées sur ses bords dans une saison de l’année où la plupart des sources ‘sont taries. : Une plaine d'environ trois mille pas de longueur s’étendait devant Alesia. Nous avons cette plaine plus longue que large, et dont le plus grand diamètre me paraît être d'environ une lieue. Cette plaine faisait face à l'entrée principale et presque unique de l’Alesia séquanaise, qu'entouraient de tous les autres côtés, à l'exception de quelques passages étroits ou diffi- ciles, les précipices du Lison et des mamelons couverts d’im- pénétrables forêts. Elle était donc devant la place (antè id oppidum), et l'expression des Commentaires se trouve ici par- faitement exacte. L’est-elle au même degré appliquée à Alise ? Je ne le pense pas, car Alise, que traverse une voie, ayant deux entrées d'égale importance, a, par là même, deux terrains qui lui font face, et la plaine des Laumes n’est pas plus, par rapport à elle, devant que derrière. La longueur de cette plaine excède d’ailleurs de beaucoup les trois mille pas dont parle César. On l’évalue à cinq milles entre Pouillenay et Gaignon ; c’est deux tiers en plus. Une partie des troupes romaines occupait la plaine du To- deure dont je viens de parler; le quartier général était sur le massif d'Amancey, dont l’élevation moyenne est d'au moins deux cents mètres au-dessus de ce cours d’eau. Or, de quelle expression César se sert-il pour désigner le camp des légions sur Amancey ? Deux fois il l’appelle son camp supérieur (superiorum castrorum, ad superiores munitiones). Tout à l'heure, dans une dernière sortie, Vercingétorix tentera de forcer ce camp supérieur; pour arriver aux retranchements romains, il lui faudra, disent les Commentaires, gravir des hauteurs abruptes, loca prærupta ex ascensu tentant. L'écri- vain militaire qui retracerait aujourd’hui la marche d’une D. ; ie colonne partie d’Alaise pour attaquer un ennemi retranché au champ de guerre de Coulans et au champ de guerre de Re- franche, ne s’exprimerait pas autrement que ne le font les Com- mentaires, loca prærupta ex ascensu tentant. C'est la bataille de l’Alma avec autant d’audace et de furia francese; seulement, arrivés au plateau, au lieu de Mentschikoff, les Gaulois rencon- trèrent César. Les deux grandes positions romaines du Todeure et d’Aman- cey élaient reliées ensemble, d’une part par la gorge du Val- Morand (1) et celle des Embossoirs ; d’autre part, par Chiprey et la Pérouse de Refranche, un corps de troupes devait occuper Nans ; un autre était sans doute campé pour défendre cet important passage, au-dessus de la rampe des Vallières {Valla- ria loca, les lieux fortifiés). Ce nom très-significatif de Valliè- res se retrouve à Alaise même, et précisément sur la première ligne de défense de la place. M. Rossignol n’y voit, il est vrai, qu'un synonyme de combe ; je me bornerai à lui demander pourquoi nous ne le trouvons alors employé qu’au pluriel. J'ai déjà dit combien, par sa fertilité, sa surface presque par- tout unie et les escarpements du Lison et de la Loue, le pla- teau d'Amancey offrait aux légions un campement avantageux ; César pouvait se vanter à juste titre de leur avoir donné de bonnes positions, opportunis locis. Il nous faut maintenant un autre plateau, un plateau assez spacieux pour pouvoir y loger les deux cent quarante-huit mille hommes de l’armée de secours. Il faut en outre que ce plateau ne soit qu’à un mille des retranchements romains. Eh bien! à un peu plus d’un kilomètre de Trechâteau, où passait la contrevallation romaine, comme l’indiquent suffisamment un fossé, moitié ouvrage de l’homme, moitié ouvrage de la nature, et les noms de Tre- château et de Tourey, auxquels je reviendrai tout à l'heure, à un peu plus d’un kilomètre, dis-je, de ce point de Trechâteau, s'élève le vaste et superbe plateau de By et Bartherans qui peut contenir une immense armée. Arrivant par la Saône et la vallée de la Loue, les Gaulois devaient camper là et ne pou- vaient camper que là; de même que, pour investir Alaise, César ne pouvait s'établir que sur le Todeure etsur Amancey. Les lieux de campement de Vercingétorix et de César, depuis (1) Les anciens titres portent Val-Morand et non Vaux-Mourants. 8 NOR": RS Ruffey surl’Ognon jusqu’à Alaise et à Amancey, viennent d'être retrouvés; ceux de l’armée de secours, dans sa marche des bords de la Saône à Bartherans, n'ont pu être cherchés encore ; mais leur ligne de retraite, ou plutôt la ligne de la poursuite qu’en firent les Romains après la bataille qui amena la capitu- lation d’Alesia, est marquée au cadastre par les noms de Char- nois , Combe-des-Trépassés, Champ-de-la-Bataille de By, Champ-de-la-Bataille de la Chapelle, etc. Voilà pour l’armée romaine et pour l’armée gauloise exté- rieure ; disons maintenant quelques mots de la garnison de la place, s’il m'est permis d'employer cette expression trop moderne. Cette garnison comptait d’après les Commentaires quatre-vingt mille hommes; or, M. le chef d’escadron Dumes- nil établit, M. Maillard de Chambure avoue, qu'avec ses cent hectares le mont Auxois n’a jamais pu contenir une troupe aussi considérable. Leur témoignage ne saurait être suspect, puisque tous deux ont écrit avec la conviction de l'identité d’Alise-Sainte-Reine et d'Alesia. Vivement contrarié par cette impossibilité de loger sur le mont Auxois l’armée de Vercingé- torix, M. Maillard de Chambure n’a vu d’autre manière d’ex- pliquer cette contradiction entre la topographie d’Alise et le texte des Commentaires que de supposer que César avait exa- géré, pour rehausser le prix de sa victoire, le chiffre des forces de l’ennemi, ce qui peut-être était, avant la découverte d’Alaise, le seul parti à prendre pour sortir de cette grave difficulté. Et notez bien que ce n’était pas seulement quatre-vingt mille hom- mes, non compris la population ordinaire du lieu de refuge, que le plateau bourguignon devait pouvoir contenir, mais encore tout ce qui s’était réfugié de Mandubiens dans l’oppidum avec leur nombreux bétail, pecus cujus magna copia ab Mandubiis in oppidum compulsa erat, et surtout l'immense matériel de guerre et de bouche que Vercingétorix avait avec lui. César nous apprend, en effet, que les Gaulois étaient toujours suivis de bagages considérables. Je lis, au livre VIIT, ch. 14 : « Les Gaulois, dans leurs moindres expéditions, traînent toujours après eux une foule de chariots ; » et au livre [*' de la guerre civile, ch. 5 : « Les cavaliers gaulois arrivèrent avec beaucoup de chars et des bagages considérables, selon l'usage de leur nation, cum multis carris magnisque impedimentis, ut fert gallica consuetudo.» Le but de Vercingétorix ayant été d’affa- EST ee mer son ennemi, ses provisions de bouche devaient excéder encore la proportion ordinaire usitée chez ses compatriotes, et en effet nous voyons qu'avec ses seuls vivres de campagne et le bétail retiré dans la place, il put nourrir sans aucun ravitaille- ment son armée pendant toute la durée du blocus, et en outre, pendant quelques jours, les vingt mille cavaliers qui lui res- taient et la population mandubienne. Cette population, ces nombreuses têtes de bétail, ce formidable appareil d'engins de guerre, dont les Commentaires nous donnent la liste, ces innombrables chariots, tout cela devait sans doute aussi occuper de la place ; mais n’insistons pas; M. Maillard de Chambure avoue que le plateau d’Alise ne pouvait contenir les 80,000 hommes seuls, ou, quoiqu'il ne parle pas de bagages, avec un matériel ordinaire ; cet aveu doit nous suflire. Ai-je besoin de dire qu'à Alaise nous avons l’espace nécessaire pour loger tout cela, et plus encore ? Nos adversaires en conviennent eux- mêmes. Quel est à sa base le pourtour de cet immense massif d’Alaise ? dix-sept kilomètres. À combien César évalue-t-il Le développement de sa circonvallation ? à onze milles, c’est-à- dire seize ou dix-sept kilomètres. Voilà pour Alaise. Voyons maintenant Alise. Quelle est à sa base la ceinture du mont Auxois ? sept kilomètres d’après toutes les cartes ; et César se serait amusé à donner à sa circonvallation neuf ow dix kilo- mètres en plus de développement! Cela est impossible à sup- poser. Cet argument excellent est de M. Desjardins. César avait flanqué sa contrevallation de tours et de redoutes (castella). Je trouve à Trechiteau un Tourey, et sur des points où jamais il n’a été fait mention de constructions féodales, Trechäteau, Trechâtel, Grand-Châtel, La Châtelle, Château-Murger , Château-Mipoux, Château-Cassar , etc. ; Trechâteau se trouvant sur un des points les plus menacés des lignes romaines, et César n'ayant pu manquer à l’axiôme de guerre qui proportionne la force des défenses à celle des attaques à redouter, je n'hésite pas à lire dans ce nom qu’en prévision de l'occupation du plateau de*By par les Gaulois, qui, encore une fois, ne pouvaient pas camper ailleurs, César avait construit en cet endroit trois de ses redoutes, redoutes très-nombreuses, puisque la circonvallation seule en comptait — 100 — vingt-trois. Quant aux fossés eux-mêmes, soit des Gaulois, soit des Romains, je me bornerai à dire que si, en de certains endroits, ils m'ont semblé être des accidents géologiques qu'ont utilisés l’attaque et la défense, en revanche ils m'ont paru sur d’autres points si bien placés où ils devaient être, et conservant encore une forme si parfaitement régulière, qu'il m'a été impossible de ne pas les regarder, au moins sur ces points-là, comme des ouvrages militaires. Je citerai seulement dans ce genre le fossé de Chétaillon, qui mérite d’être vu tout entier, et la partie de celui de Trechâteau qui penche vers Myon. César désigne deux lieux fortifiés dans Alesia. Il nomme l’un la Citadelle de la place, ex arce Alesiæ ; de là, dit-il, on avait vue sur la plaine. N'est-ce pas désigner clairement les Mouniots (Munitiones), d'où l'œil plonge dans la plaine du Todeure, et où se voit encore cet immense fossé que ni la main des hommes, nile temps n’ont pu remblayer ? Le second lieu nommé par César était, d’après les Commen- taires, à l’est d’Alesia. Après avoir creusé un fossé et élevé une muraille sèche de six pieds de hauteur, les Gaulois y avaient placé une partie de leurs troupes et non toutes leurs troupes, comme M. Rossignol affecte de le croire, pour se donner une arme contre M. Delacroix. Les Commentaires disent, en effet, que Vercingétorix avait couvert de ses Gaulois toute la partie de la montagne, qui était à l’est d’Alesia ; ils ne disent que cela. Placez sur Châtaillon 10,000 hommes ou bien moins encore, la plate-forme sera entièrement couverte, et il restera encore au généralissime gaulois sept ou dix fois autant de troupes pour le service du reste de la défense. Je le demande maintenant, ce lieu muni d’un fossé et d’une muraille, et qui était situé à lorient d’Alesia, n'est-ce pas Chitaillon, qui a un fossé, une muraille, des cases (casas) pour me servir du mot qu'emploient quelque partles Commentaires pour désigner des constructions de bivouac, et qui est précisément à l’est d'Alaise ? Vercingétorix avait donc détaché à Châtaillon une partie de ses troupes. Celles-ci $’y étaient fortifiées, non-seulement parce que, depuis les deux ou trois dernières campagnes, les Gaulois se retranchaient partout où ils campaient, comme l’indiquent les Commentaires, mais encore parce que Châtaillon, inatta- — M — quable du côté du camp d’Amancey, n’était pas à l'abri d’un coup de main du côté de l’ouest faisant face à la place. Malgré les difficultés du terrain, les Romains pouvaient en effet fran- chir le Lison, monter par la gorge entre le mur d’Alaise et Châtaillon, et attaquer la plate-forme de ce dernier par la face occidentale, si celle-ci n’eût pas été fortifiée. N'oublions pas que beaucoup de choses impraticables à la guerre avec le sys- tème des armes à feu, qui atteignent de loin et permettent de défendre aisément les positions escarpées et boisées, n'étaient nullement impossibles avec les anciennes armes. Maître une fois de la plate-forme, César eût pénétré dans l’enceinte de la place sans rencontrer aucun obstacle sérieux. Est-ce à dire que Je regarde cette attaque de Châtaillon comme facile ? je la crois au contraire très-hasardeuse, mais enfin elle était possible : et nous savons d’ailleurs que, soit crainte des Romains, soit parti pris de prudence même excessive, les Gaulois montrèrent dans toute cette campagne une rare circonspection. Le fossé qu'ils creusèrent auprès de Châtaillon, était en avant du point à dé- fendre, comme tous les fossés du monde ; c’est là tout le sens du fameux prœduxerant, sur lequel M. Rossignol a dit des choses si subtiles. Il suflit de lire avec quelque attention la des- cription des Commentaires, pour se convaincre que César a parlé d’une manière impersonnelle, et en se plaçant au point de vue des constructeurs de l'ouvrage. Peut-être même præduxe- rant signifie-t-1l qu’au lieu de couronner la crète de la plate- forme, le fossé avait été jeté beaucoup plus en avant, au pied de la pente, comme cela existe à Châtaillon et comme l’exigeait la nature du terrain. Du reste ce fossé, cela va sans dire, M. Rossignol le nie, mais il nie tant d’autres choses ! Et puis, le diraï-je, 1l ne l’a pas vu; il n’y est pas allé ; il a aperçu d’en haut, sans daigner y descendre, la large combe vers le fond de laquelle l'ouvrage est tracé, et il a cru que c'était là l'ouvrage lui-même, dont les dimensions lui ont paru naturellement fort exagérées. Mesuré sous le HMurot, le fossé a quatorze mètres de largeur. À son extrémité nord, il est encore intact. Mais voilà, je pense, assez de faits. Nous avons à Alaise les fossés de l'attaque et de la défense, fossés dont certaines par- ties peuvent dès aujourd’hui être regardées comme parfaite- ment authentiques ; nous avons les deux forteresses d’Alesia, — 102 — les Mouniots et Châtaillon, à quoi il faut ajouter la construc- tion évidemment celtique qui couronne les Grandes-Mont- fordes et les Temples récemment découverts avec leur Allée- Couverte et leur autel druidique; nous avons tout cela, etAlise qui n’a pas un seul mètre de fossé, authentique ou non, pas deux pierres posées l’une sur l’autre par des mains gauloises, toutes choses avouées par M. Maillard de Chambure, Alise serait Alesia ! Le massif d’Alaise est couvert de fumuli, dont deux ouverts récemment ont rendu des ossements humains, et les ossements d’un carnassier abrités, selon l’usage gaulois, par une sorte de toit formé de laves appuyées les unes contre les autres. Sur le plateau d’'Amancey, ces fumuli, constatés depuis longtemps, sont au nombre de plusieurs mille, et ce serait autour d’Alise, qui n’a pas, de l’aveu encore de M. Maillard de Chambure, un seul tumulus, qu’aurait eu lieu cette longue etsanglante mêlée qu’on appelle le siége d’Alesia ! Tout ce qui a été découvert dans Alaise et autour d’Alaise porte un singulier cachet d’étrangeté. Voyez l’Allée-Couverte et le labyrinthe des Temples, tous les ouvrages de Châtaillon , la construction qui couronne les Grandes-Montfordes, le fameux fossé des Mouniots ; tout cela est nouveau, singulier, et ne peut être rapporté qu’à un peuple et à une époque ignorés encore ou peu s’en faut. Voyez au Musée archéologique de Besançon, ces objets sortis des sépultures du plateau d’Amancey; l'usage d’un certain nombre d’entre eux, qui ne sont ni gaulois ni romains, est encore une énigme, et ces objets trouvés précisé- ment là où nous plaçons la grande bataille qui marqua le dernier jour d’Alesia, ces objets, dis-je, n'auraient pas appar- tenu aux auxiliaires de César, tant Germains qu’autres, auxi- liaires qui faisaient partie de nations sur lesquelles nous ne savons rien ou presque rien à cette date ! Ces étranges construc- tions, que n’ont pu élever ni les Romains ni le moyen âge, ne seraient pas d’origine celtique ! Le pays d’Alaise répond de tous points à la description don- née par César d’Alesia et de ses alentours. Pour ne rappeler que les traits principaux, nous avons un plateau pour le quar- Lier général romain et un second pour l’armée des quatre chefs. Nous avons dans l’enceinte d’Alaise près de 2,009 hectares de — 103 — terrain pour loger 80,000 hommes de Vercingétorix avec tout leur matériel de guerre et de bouche, et Alise, qui offre de graves incompatibilités topographiques avec la description des Commentaires, Alise, avec sa plate-forme insuffisante pour 20,000 hommes, serait Alesia ! La matrice cadastrale du pays d’Alaise abonde en lieux-dits, qui attestent que là a eu lieu une immense action de guerre engagée par les Romains. On n’y voit que Tourey, Vallières, Fossure, Fossé, Châtelle, Trechäâtelle, Camp-Baron, Camp-de- Mine, Camp-Cassar, Champ-de-Guerre de Coulans, Champ- de-Guerre de Refranche, Côte-Bataille, deux Champs-de-la- Bataille, Ile-de-la-Bataille; Champ-de-la- Victoire, etc., etc.; et tout cela ne rappellerait rien, tout cela ne serait que de vaines dénominations | Nous avons pour nous le nom de Mandubiens inexplicable à Alise, le titre du poëme de Varron, de bello Sequanico, le té- moignage de Dion Cassius et de Plutarque, qui placent tous deux le combat de César et de Vercingétorix dans Le pays des Séquanes; nous avons tout cela et bien d’autres preuves de détail, et notre Alesia ne serait pas la véritable Alesia! Pour ma part, je regarde ce champ de bataille comme aussi authen- tique que celui de Sébastopol; et je me permets, en terminant ce travail trop long sans doute et cependant si incomplet, je me permets, dis-je, de féliciter M. Delacroix qui, par cette brillante découverte, s’est placé au premier rang de nos savants et de nos archéologues. —— sw 000000 en NOTE SUR UNE CLEPSYDRE À SIGNAUX POUR LES CHEMINS DE FER, F Par M. ÆEmiic DELACROIX, DOCTEUR ÈS SCIENCES ET PROFESSEUR A L'ÉCOLE DE MÉDECINE DE BESANCON. (Séances des 15 décembre 1856, 10 janvier et 14 février 1857.) On a souvent accusé les Compagnies des chemins de fer d’avoir plutôt en vue les bénéfices de l'exploitation que la sé- curité même des trains. Cette erreur grave ne peut être par- tagée que par des personnes mal informées et tout à fait étrangères à ce qui se passe dans l'administration des lignes. Quand on a vu de près ce qu'un accident, même léger, en- traîne de responsabilité et d’ennuis, sinon de dangers, pour les employés du service, on pense tout différemment. On est dès lors bien convaincu qu'ici tous les intérêts sont solidaires ; que de la régularité de la marche dépendent, non seulement la sécurité des voyageurs et du personnel d'administration, mais aussi les intérêts les plus sérieux d’une exploitation bien en- tendue. La bonne administration des chemins de fer étant un pro- blème complexe, tout ce qui peut assurer, ou seulement amé- liorer le moindre détail du service, vient en aide à la solution. Dès les premiers temps la régularité de lamarche a vivement préoccupé les esprits, et pour atteindre ce résultat si désirable, on a proposé des moyens en foule. Il ne nous appartient pas, en en apportant un nouveau, de critiquer les autres, d'autant plus que tous peut-être ont pu servir, sinon à résoudre, au moins à éclairer la question. — 105 — Parmi ces moyens, les plus rapides, les plus merveilleux sans contredit, sont des applications de la télégraphie électrique. C’est dans cette voie surtout, que la pratique suit pas à pas la science avec une sorte d’engouement. Mais pourquoi ne pas le dire ? il y a là peut-être un danger. Ne sait-on pas que les ap- pareils électriques les plus parfaits, en les supposant mis en jeu par les employés les plus expérimentés, peuvent être trou- blés par une foule de causes accidentelles, et qu'il est à peu près interdit de les faire fonctionner par les temps d'orage (1): qu’ils imposent une surveillance de tous les instants, aussi difficile que dispendieuse à obtenir, si surtout on l’applique aux services de nuit; qu'ils transmettent une erreur dange- reuse, aussi fidèlement qu'un avis nécessaire ? S'il est donc vrai que nous devons à la télégraphie électrique une bonne partie des progrès qu'a faits le service des voies de fer, il ne l’est pas moins qu'il y aurait imprudence à vouloir en faire en tous temps le régulateur unique de la marche des trains. D'ailleurs, un vieux proverbe très-sage conseille de ne pas mettre tous ses œufs dans un seul panier. Cela veut dire, en l’appliquant au sujet de cette notice, qu’on ne saurait se dis- penser d'employer concurremment plusieurs moyens de con- trôle, se suppléant au besoin, le plus modeste et le plus simple pouvant être quelquefois le plus utile. Celui que nous proposons nous paraît être dans ces condi- tions d'extrême simplicité et d'utilité pratique. A défaut d’au- tres renseignements, il peut, dans tous les intervalles de sta- tions, et aux stations mêmes si un train brûle les gares, avertir le mécanicien, et.lui donner l'indication, sinon de l’espace et du temps précis qui le séparent du train qui pré- cède, au moins de ce qu'il doit faire pour l’éviter. (1) Un fait tout récent vient justifier cette observation. Voici ce que nous lisons dans les journaux de Paris : « Dans la puit du 25 an 26 janvier, la foudre a brisé les fils du télégraphe électrique de la ligne de Cherbourg, entre le haut des Rouges-Terres et le Mont-à-la-Kaine, sur une longueur de 7 kilomètres. Le fluide a détaché les fers qui sont scellés dans les porcelaines et qui supportent les fils. 11 s’est arrêté dans ses ravages à un brusque dé- tour de la ligne télégraphique. La communication a été rétablie dans la journée. Il y avait sur le parcours où l’accident a eu lieu, de 12 à 15 centi- mètres de neige, » — 106 — L'instrument consiste en une Clepsydre à signaux, mobile autour d'un axe, et à demi pleine d’une liqueur rouge. J NT NL. ÉS Ÿ SN ne IWIWIIIK KKKKKKKF La forme des vases est variable. Lenticulaire , plan-convexe ou bi-convexe, elle remplirait mieux certaines indications; simplement circulaire, avec emboîtement de gläces planes et parallèles comme dans la figure ci-jointe, elle offrirait des divi- . sions plus nettes et la quantité d'écoulement du liquide serait plus facile à constater. Dans le repos, le vase inférieur, qui est plein d’une teinture rouge inaccessible à la congélation, reste dans l'ombre, tandis que le supérieur, qui est vide et incolore, laisse passer la lu- mière d’une lanterne fixe appliquée au poteau. Alors la voie est libre; un train passe : un mécanisme mis en — 4107 — jeu par le train même fait faire à la Clépsydre un demi-tour, et le vase plein du liquide rouge est venu se placer devant la lanterne : la voie est fermée. Mais alors commence l’écoulement. Pour en assurer la par- faite régularité, deux tubes dirigés en sens inverse servent, l’un à la descente du liquide, l’autre à l'ascension de l’air dé- placé. Le signal rouge, en se dégageant par degrés, ouvre la voie, indiquant le temps précis depuis lequel s’est effectué le passage. Ainsi, dans ce système, qui nous paraît être un des plus simples qu’on ait pu proposer, non-seulement chaque train se couvre en arrière ; le signal, de lui-même se transforme, sans autre intervention que celle du poids du liquide : l'écoulement terminé (en dix ou quinze minutes par exemple, selon les con- ventions) a marqué fidèlement l'intervalle réglementaire qui doit séparer les trains. Le mécanicien n’a plus d'incertitude, car à distance il a vu s’il devait ralentir ou franchir en toute sécurité. La Clepsydre serait surtout d'un incontestable secours à l'entrée des courbes et des souterrains. On conçoit dès-lors que les principaux dangers de la circu- lation disparaissent, et qu'il soit possible même, au grand avantage de l'exploitation, de lancer au besoin sur la voie plus de trains qu’on n’en ose lancer aujourd’hui. Néanmoins, s’il faut tout prévoir, supposons qu’un ac- cident dépendant de l’état de la voie ou du train lui - même arrive dans l'intervalle de nos appareils. En ce cas, les garde- clepsydres (nous admettons qu’une partie des gardes de nuit auraient cette surveillance à exercer), pourraient au premier avertissement mettre le signal rouge en permanence, en ar- rêtant l'écoulement du liquide à l’aide d’un simple robinet, ou, si l’on veut, en plaçant un verre rouge en avant de la lan- terne. Cette précaution prise, ils seraient tout à fait libres pour courir sur la voie, porter des secours, employer les autres signaux en usage, tels que pétards, etc., et pour trans- mettre de proche en proche les mêmes avertissements. — 4108 — RAPPORT Des Membres de la Commission sur la Clepsydre à Signaux du docteur Émile Delacroix. Rapporteur , M. RENAUD, ingénieur civil. Séance du 14 février 1857. Dans sa séance du 15 décembre 1856, la Société d'Émulation du Doubs nous à chargés d'examiner une Clepsydre à signaux qui lui a été soumise par un de ses membres, M. Emile De- lacroix, docteur ès sciences et professeur à l'École de médecine de Besançon. Nous nous abstiendrons de décrire en détail cet appareil dont la notice ci-jointe, faite par M. Delacroix, donne une idée suffisamment exacte et que complète du reste le modèle pré- senté pour servir aux expériences. Nous n’aurons donc à nous occuper ici que de la construc- tion de l’appareil, des modifications dont son mécanisme est susceptible et enfin de l'avantage qu’il peut présenter dans son application aux chemins de fer. Dans le modèle d'essai quinousa étésoumis, le mouvement de rotation estimprimé par un contre-poids fixé à une chaîne sans fin qui agit sur une poulie placée sur l'axe de la Clepsydre. Cette poulie porte deux taquets qui correspondent chacun à une demi-révolution de l’appareil et qui viennent butter contre un ressort fixé à un levier que la machine locomotive elle- même mel en mouvement à son passage. Dans cette demi-révolution le disque inférieur, plein d’un liquide rouge, vient se placer à la partie supérieure dans l’axe d’un faisceau lumineux émanant d’une lanterne à réflecteur. Cet appareil, établi à la hâte ét pour une simple expé- rience, est évidemment susceptible d’être notablement amé- lioré quand il s’agira d’une exécution en vue de l’application. Il suffirait pour cela d'adopter une combinaison qui permît à l'appareil, soit par la puissance du contre-poids, soit par l’ad- dilion d’engrenages, de faire au moins une vingtaine de révo- lutions avant d’être remonté. = 4109 — Nous engageons aussi l’auteur à examiner si, dans certains cas, il ne conviendrait pas de remplacer l’action du poids qui sert de moteur par celle d’un ressort en spirale. Dans la disposition avec contrepoids, il nous semblerait bon de soustraire le poids moteur à la malveillance, en le plaçant dans l’intérieur d’une colonne en fonte qui pourrait servir de support à l'appareil. Nous pensons que le levier, qui est destiné à transmettre le mouvement à la Clepsydre par le choc de la machine à son passage, devrait présenter une certaine élasticité afin d’atténuer ce choc et d'empêcher les ébranlements qui pourraient en ré- sulter. Enfin, le seul inconvénient réel que nous ait paru présenter l'appareil est celui qui résulte de l’arrêt instantané des deux disques en mouvement à la fin de la demi-révolution. Il y a là, en effet, une perte de force vive qui, vu le poids que pourra of- frir l'appareil dans la pratique, présenterait des causes de dis- location si l’on n'y portait remède. Pour diminuer le choc, il nous semble convenable d’armer les taquets de la poulie supérieure de ressorts à boudins placés dans une rainure de cette poulie. Du reste, l’auteur a été lui-même au devant de la plupart des objections que nous venons de rapporter et s'occupe ac- tuellement de l’étude des différents modes de construction qui éviteraient les inconvénients signalés. Pour qu'un chemin de fer püt rendre son maximum d'effet utile, dans l'hypothèse où il auraiten abondance, voyageurs et marchandises, on conçoit qu'il faudrait que les trains se succédassent sans interruption. Malheureusement plusieurs causes ne permettent pas de réaliser cette condition. Parmi ces causes, il faut mettre en premier ordre les dangers qui résulteraient du départ successif, à de faibles intervalles, de plusieurs trains sur une même voie ; attendu que si l’un des trains éprouvait le moindre retard, par une cause quelconque, il courrait risque d’être heurté par le train suivant. Pour qu’un tel mode d'exploitation fût praticable, il faudrait donc que chaque train pôt écrire suffisamment sur la voie le moment de son passage. Or, c’est précisément cette con- dition que nous semble remplir d’une manière si ingénieuse le signal à Clepsydre de M. Delacroix. — A10 — Indépendamment de l'usage dont nous venons de parler, cet appareil nous semble éminemment propre à remplacer les si- gnaux fixes actuels aux abords des gares. En effet, il nous paraît devoir donner des signaux plus visibles que les disques actuels, aussi bien le jour que la nuit ; en outre son prix de revient serait de beaucoup inférieur à ceux de ces appareils. Dans ce cas, la transmission de mouvement pourrait être analogue à celle qui existe aujourd’hui dans les gares ; mais, se faisant avec plus de facilité, elle permettrait de porter la Clepsydre à de plus grandes distances des stations. Sans vouloir nous prononcer d’une manière absolue sur la valeur pratique de l'appareil qui nous a été soumis, nous pen- sons que, vu sa simplicité et les résultats qu’il promet, il mérite l'attention des hommes placés à la tête de l’industrie des che- mins de fer, qui ne doivent négliger aucun moyen d’augmen- ter la sécurité des trains. Nous engageons done la Société d'Émulation à joindre ses efforts à ceux de l’auteur pour obtenir d’une de nos Compagnies de chemins de fer les essais propres à déterminer la valeur pratique de l'appareil soumis à notre examen. Les membres de la Commission, Signé : Résaz, ingénieur des mines; Boupsor, Renau», et V. Baron, ingénieurs civils. PAIN AU PRIX CONSTANT DE 4 FRANC OG CENTIMES LES 3 KILOGRAMMES, Par M. BLONDON, Docteur en médecine. (Séances des 9 août et 15 décembre 1856.) La question des subsistances est une de celles qui intéressent au plus haut degré le bien-être, la santé, l'existence des parti- culiers, comme la tranquillité et la prospérité des Etats. Tous, tant que nous sommes, en effet, nous devons, forcés par les lois impérieuses de la nature, réparer par une nourri- ture appropriée les pertes que le corps fait Journellement. Lorsque cette nourriture est fournie d’une manière régulière, nous sommes dans le bien-être; lorsqu’au contraire elle n’ar- rive que d'une manière intermittente, une foule de maux nous accablent. Il n’est donc point étonnant que, de tout temps, législateurs, publicistes, comme simples citoyens, aient lutté de concert pour obtenir une régularité aussi grande que possible dans notre alimentation. Les moyens proposés n’ont pas fait défaut. On a essayé un peu de tout. Chaque nouveau remède, au début, a paru doué d’une grande efficacité, mais une plus longue expérience est toujours venue démentir les résultats heureux qu’on en attendait. En sorte qu'aujourd'hui le problème est ce qu’il était à son ori- gine; il attend encore sa solution. Tant d'efforts infructueux, renouvelés pendant un si long temps, dans une question de cette importance, ne donneraient-ils pas à croire, qu’elle estun défi jeté à la puissance que l’homme s’arroge sur tant d’autres choses ? L'homme actuellement est fier de ses découvertes. Il pèse les globes immenses de la voûte céleste avec autant de facilité que les plus petits corps qui sont à ses côtés. Il mesure leur distance infinie, trace leur marche dans le passé comme dans l’avenir. Il connaît couche par couche la — 112 — planète qu'il habite, les différents éléments qui la composent, leurs réactions des uns sur les autres, la manière de les combi- ner, soit pour sa commodité, soit pour son agrément. Il sait l’histoire de toutes les révolutions qu'elle a subies, celle des êtres qui l’habitent aujourd’hui, comme de ceux qui l'ont habitée des millions d'années avant lui. Aucun ne paraît lui résister. Les forces mêmes de la nature deviennent des instruments dociles de sa volonté. L'espace et le temps pour lui semblent disparaître. Et pourtant, sous cette apparence de grandeur, il cache une misère profonde ; demain peut-être, comme le dernier des ani- maux, il n'aura pas de quoi apaiser la faim qui le dévore. N'y a-t-il aucun remède à une pareille situation? Est-il croyable que nous sommes condamnés éternellement à ne pouvoir satisfaire le premier de nos besoins ? Examinons un peu si effectivement notre malheur est aussi grand, s’il ne nous reste plus qu’à courber le dos sous les coups du sort. Aujourd’hui les subsistances sont tantôt au-dessus, tantôt au-dessous de nos besoins. Pour notre bien-être, il faudrait qu'il y eût toujours un rapport constant entre ces deux termes. ‘ Mais par quel moyen obtenir ce rapport? Avant de procéder à la recherche du remède, il faut d’abord connaître le mal et les causes qui le produisent. Le mal, où est-il ici? Il est dans les variations qu'éprouve la quantité des subsistances. Etudions donc ces variations, plus tard nous en recherehe- rons les causes. Plus une question est difficile, plus il faut agir avec circon- spection. Mettons donc de côté toute idée arrêtée. Notons, enregistrons tous les faits dans l’ordre où ils se sont succédé ; puis cherchons à connaître leur filiation, leur génération, leurs lois. Le moyen le plus facile, comme le plus simple, de connaître les variations dans le prix des subsistances, du blé ou du paim par exemple, est de prendre le tableau de la mercuriale d'un pays et d’y suivre le cours des marchés ou les prix de la taxe pendant un certain nombre d'années. Si nous jetons les yeux sur un pareil Lableau, nous sommes, au premicr abord, effrayés de la prodigieuse variété des prix. — A3 — Les changements ont lieu non-seulement d’année à année, mais de quinzaine à quinzaine, de marché à marché : Le tout dans une confusion impossible à décrire. Soubresauts instan- tanés et violents, variations insensibles, ou prix uniformes pendant un certain temps, sont enchevêtrés à lasser l’esprit le plus patient. Nul indice de régularité qui permette, comme cela arrive souvent dans l'observation des phénomènes de la nature, de conclure de la connaissance des faits passés à celle de ceux qui doivent suivre. Ici le désordre déjoue tous les calculs et toutes les prévisions. Pour fixer les idées, prenons un exemple : À Besançon, le prix du pain est taxé tous les quinze jours, ce qui donne 24 Laxes par an. Dans l’espace de ces vingt dernières années (1), il n’y a pas eu moins de 170 variations, c'est-à-dire un peu plus d’une variation pour trois taxes (2). Les prix offrent des différences qui s'élèvent jusqu’à 145 pour 400. Ils varient entre 70 cent. et 1 fr. 85, dans une irré- gularité que nous ne cherchons pas à retracer (3). Passons sur cette difficulté. Cherchons si par d’autres moyens nous ne trouverons rien de régulier. Au lieu de comparer ces prix isolément, partageons-les en groupes réguliers, comprenant d'abord une, deux, puis trois années et ainsi successivement jusqu’à l'épuisement du nom- bre d'années. Calculons les prix moyens de toutes ces divi- sions et comparons-les entre eux. Que trouvons-nous? les résultats suivants : Les moyennes des prix de chaque année diffèrent moins entre elles que les prix comparés par quinzaines, mais ii y a encore des différences de 100 pour 100. (1) De 1836 à 1856 inclusivement. Les prix sont comptés à partir du mois de juillet, époque où la récolte commence à influer sur les prix. (2) Les dix premières années comprennent 66 variations, les dix sui- vantes, 104. Ce qui annonce que nous ne faisons guère de progrès du côté de la régularité des prix. (3) Les écarts sont toujours plus fréquents et plus grands dans les années de cherté que dans les années de bas prix. Dans les dix premières années, les prix ont été 115 fois au-dessous du prix moyen, 1 fr. 05 c., et 92 fois au-dessus. Dans les dix dernières années ils ont été 133 fois au-dessous et 101 fois “au-dessus. Le prix moyen 1 fr. 05 €. a été obtenu 33 fois dans la première période etseulement 7 fois dans la seconde. 9 — A4 — Les moyennes comprenant un certain nombre d'années dif fèrent moins que les moyennes annuelles. Enfin les différences sont d'autant moins sensibles qu’il y a un plus grand nombre d'années dans les périodes, et par conséquent finissent par devenir nulles. Que de changements survenus par une simple combinaison de chiffres ! Des oscillations lentes et régulières ont remplacé les soubresauts violents et instantanés de tout à l'heure. L'ordre a succédé à la confusion et la régularité devient manifeste. Déjà, à partir des périodes de cinq années, les prix sont à peu près les mêmes (1). Ainsi nous arrivons à constater ce fait. Le prix du pain est constant d’une période à une autre période d'années. Ce fait est vrai, non-seulement pour une localité isolée, comme Besançon; il l’est pour toute autre cité, pour Paris, par exemple (2), ou pour une nation entière comme la France (3). Ainsi, malgré toutes les grandes perturbations politiques et sociales dont notre pays a été le théâtre pendant le cours de ce siècle ; malgré les désastres occasionnés par les fléaux at- mosphériques, gelées, inondations, sécheresses ; malgré les maladies qui ont ravagé les céréales, malgré la progression croissante de la population, les prix des denrées sont restés périodiquement les mêmes. Au contraire ils ont varié annuel- lement et quotidiennement, malgré tous les remèdes empi- riques décorés du nom de protection, de prohibition, de liberté restreinte ou entière, qu'on leur a successivement appliqués pour les maintenir. (1) Voir le tableau à la fin du mémoire. (2) A Paris, le prix moyen de la miche de pain de 3 kilogrammes pour une période de 40 ans, de 1801 à 1840, a été 1 fr. 038 c. Les prix moyens donnés par des périodes de dix années s’écartent fort peu de ce taux. La différence par pain de un demi-kilogramme est un cen- time pour le minimum et un centime et demi pour le maximum. Les écarts pour des périodes plus grandes sont encore moindres. (3) En France, dans une période de 56 ans, de 1800 à 1855 inclusivement, le prix moyen de l’hectolitre de blé a été 20 fr. 09 c.; le prix moyen des vingt-huit premières années a été 20 fr, 10 c.; celui des vingt-huit der- nières, 20 fr. 24 c. Dans le siècle dernier, les résultats sont analogues. La différence des prix par hectolitre pour les plus grandes périodes sur lesquelles on a des données, soit au commencement, soit à la fin du siècle, n’est aussi que de quelques centimes. De 1700 à 1739, le prix moyen de l’hectolitre de froment a été de 15 fr. 19 c.; de 1756 à 1794, il est seulement de 14 fr. 99 c. — 115 — C'est-à-dire, en d’autres termes, que le rapport entre la pro- duction et la consommation s'établit de lui-même d’une ma- nière régulière, lorsqu'on considère ce rapport, non plus sim- plement par années, mais par séries d'années, et que toute tentative qui a pour but de rendre régulier, d’une manière non interrompue, le prix des denrées, en se fondant sur une pré- tendue régularité dans la production annuelle, estune tentative vaine. Le travail de la nature, comme celui de l’homme ou des animaux, est soumis à des alternatives de repos, de puissance et de faiblesse. Ces diverses circonstances doivent donc être prises toutes en considération, si l’on veut arriver à une Juste évaluation. Et de mêrne que le produit de l’homme ou des ani- maux n'est point estimé d’après une heure seulement de travail, mais d’après une série d'heures ou de jours, de même la pro- duction de la nature doit être estimée, non d’après une année seulement, mais d’après une série d'années. Si dans ce dernier cas la régularité existe, on ne peut plus accuser la nature de produire les disettes; elles deviennent l'ouvrage de l’homme, qui, par ignorance ou imprévoyance, ne sait pas répartir éga- lement cette production périodique par rapport à sa consom- mation journalière. Mais comment faire cette répartition, ou autrement dire, comment obtenir une régularité quotidienne ? Avant de répondre à cette question, il est logique de recher- cher les causes qui empêchent cette régularité de s'établir natu- rellement. La connaissance des forces qui produisent le mal, conduit souvent à la découverte du remède. Procédons donc à cette recherche. j Deux causes principales produisent l'inégalité des prix; d'une part le défaut de rapport entre la production annuelle et les besoins des consommateurs, et d'autre part la mauvaise répartition des produits ou le manque d'organisation du marché. Le défaut de régularité entre la production annuelle et les besoins des consommateurs est le produit lui-même de deux grandes causes : 4° la quantité variable des produits d'une année à l’autre; 2° la différence qui survient journellement dans le nombre des consommateurs. La quantité dans les produits annuels varie, parce que l'homme et la nature contribuent de concert à cette variation. —. M6, — La nature y contribue, en ce qu'annuellement, des change- ments incessants s’opèrent dans la composition du sol; que l'humidité, la chaleur, l'électricité et tous les agents météoro- logiques sont d'année à année répartis d’une manière inégale; qu'enfin des maladies nombreuses, dues à la présence d'insectes ou de plantes parasites ou à toute autre cause, attaquent les céréales à certaines époques et non à d’autres. L'action de ces divers agents perturbateurs est aussi puis- sante que variable, et, malheureusement, l’homme n’a sur eux qu'une influence très-bornée. Cette influence, on peut l'aflir- mer, augmentera avec les progrès de la science et de l’indu- strie, combinés avec une meilleure organisation de l’agriculture, mais pas assez pourtant pour amener dans la PeRÉppHon une régularité parfaite. Il y aura donc toujours, d’une récolte à l’autre, une différence dans la quantité des produits, et cela par le seul effet des causes naturelles. Quant à la part qui, d’un autre côté, revient à l’homme, au sujet de cette différence, elle tient principalement à la plus ou moins grande étendue de terrain mis en culture chaque année, au soin plus ou moins grand avec lequel cette culture aura été faite, à la perfection des instruments employés, et à la quantité d'engrais répandus sur les terres. Ces causes perturbatrices étant entièrement du ressort de l’homme, peuvent un jour être régularisées, et, par conséquent, ne plus être comptées au nombre des agents qui amènent de l’irrégularité dans la pro- duction ; mais leur influence est manifeste aujourd’hui, il faut donc en tenir compte. Mais à supposer que la production fût toujours la même, ou variät d’une manière régulière, les fluctuations dans les prix n’en existeralent pas moins, si la population ou le nombre des consommateurs ne restait pas stable, ou ne variait pas dans le même rapport. Bien des moyens ont été proposés par les législateurs de tous les temps et de tous les lieux, mais aucun n’a pu empêcher la population de dépasser de temps à autre sesmoyens de subsistances. Heureusement que ce que n’ont pu faire les lois et les préceptes, l'amour du bien-être et de l’indé- pendance, qui aujourd’hui s'empare de plus en plus des peuples civilisés, est en voie de l’établir parmi nous. On ne songe plus, comme du temps de Colbert ou Napoléon I°', à recompenser 0 — MT — les mariages les plus féconds ; il n’y a point d'encouragement à donner à des institutions qui, lorsqu'on les abandonne à elles seules, produisent déjà plus qu’il n’est nécessaire. Les peuples ont essayé, pendant assez longtemps, de la procréation illimi- tée ; le résultat n’a pas été celui qu’on attendait ; ils essaient de la procréation restreinte. C’estle cas de dire que tout change avec le temps, les idées, les lois, comme les mœurs et les usages. Ce que naguère on regardait comme un grand bonheur, est aujourd’hui jugé une calamité. Le bonheur dans le mariage n’est plus en raison directe du nombre des enfants. On s’est aperçu que plus ils étaient nom- breux, plus la misère augmentait. Il a fallu opter entre ces deux cas extrêmes : ou avoir de nombreux enfants et les avoir misérables ; ou n’en avoir qu’un petit nombre, mais avec plus d’aisance ; c’est ce dernier sentiment qui, de nos jours, a pré- valu, parce que nul n’ignoré maintenant que le bien-être, la santé, la durée de la vie sont en raison directe de l’aisance et en raison inverse de la misère. La statistique vient à l’appui de ces assertions et, par ses chiffres, en fournit une preuve irrécusable. Dans ces dernières années, de 1817 à 1851, c’est-à-dire, dans une période de 35 ans seulement, la fécondité des mariages est toujours allée en diminuant, et en 1851, cette diminution était déjà d’un quart (1). Cette diminution ne peut pas être regardée comme l'effet d’une cause purement accidentelle, puisqu'elle se produit d’une (1) L'annuaire du Bureau des longitudes donne, dans des colonnes séparées, les naissances et les mariages annuels. Cette disposition ne permet pas de suivre la marche décroissante des naissances, puisque certaines années sont plus fécondes que d’autres, mais en établissant le rapport d’après des moyennes de cinq en cinq ans, le mouvement des- cendant devient on ne peut plus manifeste. Ainsi, tandis que, dans la première période, on compte 4 enfants 17 ©. par mariage, ce nombre va toujours en diminuant ; et, dans la dernière période, on n’en trouve plus que 3,17, comme on le voit dans le tableau suivant : 1817 — 21. . . . . . . 4,1799 enfants pour un mariage. D 06 2 70 00815 — DEN. 1e er 39001 es 1832 — 36. . . . . . , 3,3980 — 1 nd ho à à 490983 — 1042 460 sn ee" HE BDD _ ESAT = GER OT Se , 088729 & — M8 — manière continue, graduelle. Elle est donc le résultat d’un sentiment profond, réfléchi, persistant. Ce sentiment, on le trouve principalement dans les classes aisées. À mesure qu’il pénétrera les masses de son souffle vivifiant, l’équilibre entre la production et la consommation s’établira, et il existera, de fait, le jour où nul ne produira d'enfants qu’il n’ait les moyens de les entretenir. Aïnsi, à notre époque, il y a une tendance croissante, de la part de la population, à se mettre constamment au-dessous de ses moyens de subsistance, afin d'éviter les maux inhérents à la variation dans la quantité des produits. Ne pouvant régu- lariser la production, on cherche à régulariser la consomma- tion en se créant des réserves, sinon en subsistances, du moins en argent. En sorte que si, par un moyen quelconque, on ar- rivait à fournir une alimentation régulière , la population ne viendrait plus à troubler cette régularité ; elle disparaît donc comme cause d’irrégularité dans les prix des denrées. Passons aux autres causes perturbatrices. Répartition, des produits. Tous les ans, dans les années même les plus abondantes, il est toujours un certain nombre de contrées moins favorisées que d’autres, obligées d'avoir re- cours aux pays voisins, afin de subvenir à leurs besoins. De là une cause de variations dans les prix, qui dure autant que le temps nécessaire à combler le déficit. Mais cette cause n’est pas la seule. Les fluctuations arrivent non-seulement parce que la répar- tition n’a pas été faite d’une manière égale entre les divers producteurs, mais surtout parce que les produits n'arrivent aux consommateurs que d’une manière intermittente, irrégu- lière et non proportionnée aux besoins. Si le marché était régularisé, la récolte faite, les besoins de chacun étant connus, les prix seraient débattus une fois pour toutes, entre producteurs et consommateurs, et, de même qu'il n’y a qu'une récolte, il n’y aurait qu'une taxe par an. Mais comme l’immense majorité des consommateurs vivent au jour le jour, ils paient les denrées , non pas en raison de la quantité existante réellement, mais de celle qui se trouve sur la place. Cette quantité varie journellement suivant les besoins ou les spéculations des cultivateurs et des marchands, en sorte x que le consommateur se trouve, à chaque marché, dans une — 119 — position aussi critique que s’il était en présence d’une nouvelle récolte. Diverses tentatives ont été faites pour remédier à un pareil état de choses. Dans les pays où la taxe est en vigueur, l’administration fixe d'avance, chaque quinzaine, le prix du pain. Le taux est établi d’après Le prix moyen des grains de tous les marchés de la quinzaine précédente. On évite ainsi aux consommateures les fluctuations qui ont eu lieu dans un cer- tain nombre de marchés. Quelques consommateurs, se trouvant dans des conditions particulières, sont arrivés d'eux-mêmes à un résultat meilleur encore. Ainsi, les propriétaires de terres, les cultivateurs, évitent, quant à leur usage particulier, les fluctuations du marché. Il en est de même de ceux qui ont des rentaires. Ces personnes, après la récolte, ont l’usage de donner leur blé au boulanger, à condition qu'elles recevront, durant le cours de l’année, un équivalent de pain en échange. Enfin d’autres consommateurs, quoique forcés d’acheter leurs denrées, parviennent à éviter toutes ou presque toutes les fluctuations par quinzaines. Tels sont ceux qui dépendent de l'administration de la guerre, des hôpitaux, des hospices ou des grandes communautés civiles et religieuses. Dans ces associations volontaires ou forcées, on est obligé de calculer à l’avance les revenus et les dépenses, sinon par économie au moins par mesure d'ordre. La quantité de subsistances néces- saires à la consommation une fois connue, l’approvisionnement est fait pour un certain temps. Quelques-unes ne font qu’un seul achat par an, les autres en font trois ou quatre au plus. Ainsi l’uniformité des prix est obtenue, en totalité ou en grande partie, chaque année. Constatons donc ici, comme résultat acquis dans certaines cir- constances, l’uniformité des prix par quinzaines. Nous avons déjà l’uniformité des prix par périodes annuelles, reste à trouver l'uniformité des prix d’année à année et le problème en question sera résolu. Divers moyens ont été proposés pour arriver à ce but, on peut les ranger d’après l’objet qu'on se propose sous trois points de vue principaux : 1° augmentation de la production ; 2° réparti- — 120 — tion des produits par le commerce ; 3° réserves dans les bonnes années pour combler le déficit des mauvaises. L'expérience a jugé de la valeur qu’on devait attacher à cha- cun d'eux. 4° Le produit de l’agriculture, depuis un siècle, a toujours été en augmentant, et les prix, loin de tendre à l’uniformité, de- viennent de jour en jour plus irréguliers (1). 2° Le commerce, loin de répartir uniformément les produits, augmente le déficit d’une année à l’autre (2). Plus il prend d’ex- tension, plus il y a de variations dans les prix (3); les blés qu’il exporte, reviennent l’année d’après, avec un prix près de 100 p. 100 plus élevé. Et pourtant il ne peut pas plus relever les prix avilis dans les années d’abondance (4), qu’il peut les faire baisser dans les mauvaises années (5). 3° Les réserves, de leur côté, n’ont pas donné de meilleurs résultats, soit qu’elles aient été entreprises par l'Etat seul, ou par les producteurs, avec intervention de l'Etat. (1) De 1747 à 1797 le blé est monté une fois à 100, deux fois à 30 et six fois à 25 0/0 au-dessus de la moyenne. De 1798 à 1847, il a été trois fois à 100, quatorze fois à 25 0,0 au- dessus du prix moyen. Ce qui donne neuf chertés dans la première période, ou près d’une cherté sur cinq années, et dans la deuxième, dix-sept chertés, ou plus d’une cherté sur trois années. Les huit années qui viennent de s’écouler, 1848 à 1856, donnent quatre chertés ou une cherté sur deux années, si on les faisait entrer dans la dernière période, la différence avec la première serait encore plus grande que précédemment. Quel progrès ! (2) Les importations en France vont toujours en augmentant, à me- sure que le commerce prend plus d'extension. Dans une période de 20 ans, de 1815 à 1836, elles ont été de. . . . . 37,789,615 hectolitres. Dans une période de 19 ans, de 1836 à 1854, elles ont été de. . . . . . irrde -c01N0 04028 Différence. . . . 34,715,013 c'est-à-dire, un excès de près du double de la deuxième période sur la première. Le chiffre des importations de ces deux dernières années, 1855 et 1856, doit égaler le tiers celui des vingt premières années. (3) Voir les notes 2 et 3 page 113 et 1 page 120. (4) Dans les années de bon marché, 1821, 22, 93, 24, 25, 1832, 34, 35, 36, 37, 1848, 49, 50 et 51, le cultivateur a vendu au-dessous du prix de revient. (3) Dans les années 1817, 1829, 1847, 1854, 55 et 56, les prix ont été à peu près doubles de ceux des années de bon marché, malgré les impor- tations toujours croissantes. — AA — Dans tous les pays où le gouvernement a cherché par des approvisionnements à équilibrer la consommation, les disettes ont été plus fréquentes et plus meurtrières qu'ailleurs. Témoins l'Egypte, la Chine, différents petits Etats de l'Italie, etc., ete. Chez nous, les réserves par l'Etat ont été projetées, mais jamais effectuées. Le décret de la convention du 9 août 1793 est resté une lettre morte dans le Bulletin des lois et les con- structions de Napoléon I®', qui, d’ailleurs, n’avaient pour objet que l’approvisionnement de Paris, n’ont pas rempli non plus le but auquel elles étaient destinées. Des réserves faites par les propriétaires et les fermiers ont été effectuées du temps de Colbert. Mais leur durée n’a été que celle de l’administration de ce ministre. De nos jours elles ne sont pas praticables par les mêmes moyens. Les grands pro- priétaires, les grandes communautés ont disparu. Nos cultiva- teurs sont forcés chaque année de réaliser le prix de leurs denrées. Dans ces derniers temps, on a cherché un moyen qui leur permît d'attendre un prix suffisamment rémunérateur. Ils auraient gardé leurs récoltes sous consignation, soit dans leurs greniers, soit dans des locaux fournis par le gouvernement. Lorsqu'ils auraient eu besoin d'argent, une banque publique les aurait escomptées, comme elle le fait pour toute autre marchandise. Mais les frais qu’ils auraient dû supporter au- raient été trop élevés pour qu'ils pussent le faire avec avan- tage, et Le projet est resté à l’état d’utopie. Ainsi, bien que dans l’ordre naturel des choses, aux mau- vaises années doivent succéder des années d’abondance, aucun moyen proposé jusqu’à ce jour n’a pu établir entre elles une compensation de quelque durée, de manière que notre ali- mentation fût toujours en rapport avec nos besoins. Propriétaires, fermiers, marchands ou gouvernants qui ont tenté l’entreprise ont tous succombé à la tâche. Il n’y a plus, pour nous, consommateurs, de salut de ce côté. L'expérience a prononcé; elle a été assez longue, elle dure depuis que l’homme a commencé à vivre en société. Tant que nous n’aurons que ces secours, les choses continueront à être dans l'avenir ce qu'elles ont été par le passé : abondance un jour, disette le lendemain. Voulons-nous ainsi tourner indéfi- niment dans le même cercle ou bien chercher à en sortir ? Qu'est-il besoin d’insister plus longuement pour démontrer — 192 — que, si la compensation peut-être établie, elle ne peut l’être que par des moyens autres que ceux employés jusqu'ici? Aban- donnons donc les chemins battus? ouvrons des voies nou- velles. Nous avons toujours laissé à d’autres le soin de nous pro- curer notre alimentation, et toujours notre attente a été trompée. Prenons nous-mêmes ce soin. Sortons un peu de notre apathie. Il est temps que nous nous occupions un peu de nos affaires. La chose ici en vaut la peine : il y va de notre tranquillité, de notre bien-être, de notre santé et de notre existence. Nul mieux que nous ne peut connaître nos besoins ; nul peut-être ne possède de meilleurs moyens de les satisfaire. Cherchons, essayons, et si nous échouons nous aurons prouvé du moins que nous avons fait tout ce que nous avons pu pour notre salut, et que notre malheur ne saurait nous être imputé. Comment allons-nous procéder ? Nous ne pouvons, nous, consommateurs, agir directement sur la production; nous ne pouvons ni la faire hausser, ni la faire baisser selon nos besoins. Nous n’avons rien à tenter de ce côté, 1l faut donc admettre que la production, soumise à toutes les causes de variations signalées plus haut, sera, dans la suite, tantôt insuffisante, tantôt trop abondante, comme cela a eu lieu dans le passé, et qu'en conséquence, les prix des den- rées seront également aussi différents qu'ils l'ont été. Puisque nous ne pouvons régulariser la production, essayons si nous ne serons pas plus heureux du côté de la consomma- tion. Comment, avec des variations à certaines époques, dans la quantité et dans les prix des denrées, obtiendrons-nous toujours une alimentation régulière et des prix constants ? Il est évident que si cela est praticable, ce ne peut-être qu’en compensant l'insuffisance par l'excès des produits et les bas prix par les prix élevés. Deux moyens peuvent conduire à établir cette compensation : 4° des réserves en denrées faites par les consommateurs; 2° des réserves en argent faites égale- ment par les consommateurs. Nous allons essayer d'indiquer de quelle manière ces ré- serves doivent être faites en cherchant à utiliser les résultats que nous avons obtenus précédemment, —1193 — RÉSERVES PAR LES CONSOMMATFURS. Les réserves par les consommateurs peuvent être faites, avons-nous dit, de deux manières, en denrées ou en argent. Réserves en denrées. — Nous avons vu que, dans certaines conditions sociales particulières, on pouvait éviter les fluctua- tions des prix par quinzaines pendant tout le cours d’une année ; nous avons vu également que les variations se compensaient d’elles-mêmes après une certaine période d'années, en sorte que, si la répartition des prix qui avait pu être faite pendant le cours de chaque année, pouvait l’être aussi d'une année à une autre année, le consommateur, en payant le prix moyen, évite- rait toute espèce de fluctuation, et, par là même, les mconvé- nients inhérents à des excès de hausse ou de baisse. Supposons qu'un certain nombre de consommateurs, persua- dés des avantages qu'ils retireraient de la fixité des prix, cherchent à avoir le pain toujours au même taux. Leur but étant commun, ils auront avantage à s’unir entre eux, au lieu d'agir isolément. L'association des capitaux comme des forces multiplie toujours les ressources. Le premier obstacle à surmonter, comme nous venons de le voir, ce sont les variations par quinzaines. Cette difficulté serait levée sil’on pouvait faire un achat de grains proportionné à la consommation annuelle de chacun; l'achat de grains fait, le prix du pain serait fixé pour toute l’année ; la même chose pour- rait être répétée tous les ans. Les variations par quinzaines seraient donc évitées ; bien plus, les prix seraient toujours con- stants, si le prix des grains chaque année avait été le même ; mais nous avons vu qu'il ne saurait en être ainsi, il faut donc trouver un moyen d'éviter les variations annuelles. Examinons successivement les différents cas qui pourront se présenter pour les achats, et cherchons, malgré leurs prix diffé- rents, à avoir un prix constant pour le pain. Au moment où l'association se formera, on peut avoir : 4° une mauvaise année, et après, d’autres mauvaises années encore, ou bien, 2% une année moyenne ; 3° une année abondante ; 4° une année abon- dante alternant avec des années moyennes ou mauvaises. 1° Si la récolte est mauvaise, le prix du pain ne pourra des- cendre immédiatement au prix moyen cité plus haut, qui est pour Besançon, 4 fr. 06 c., il devra être proportionné au prix — 1924 — du blé. Les seuls avantages que l’on pourra retirer de l’associa- tion seront : 1° de mettre chaque associé à même de calculer à l'avance ses dépenses en subsistances; 2° d’avoir du pain à un prix inférieur à celui qu’il paierait s’il n’était pas associé, parce que les achats de blé étant faits en grand pourront être faits à meilleur marché; 3° d’avoir du pain sur la qualité, la quantité et la cuisson duquel il pût compter. Le pain étant livré au prix de revient, il n’y a intérêt pour personne à tromper d’une ma- nière ou d’une autre. 2° Si la récolte a été moyenne, le prix du pain sera celui que l'on cherche. Les achats en blé auront été faits exactement en rapport avec la consommation, mais ne pourront avoir d’in- fluence sur les prix des années subséquentes. Les avantages de l'association durant cette année seront ceux du cas précédent. 3° Le blé est-il au-dessous du prix moyen? Chaque associé donnera néanmoins la même somme d’argent que dans le deuxième cas ; avec cette somme entière on achètera une plus grande quantité de blé que dans les cas précédents. La quantité en excédant sera mise en réserve, pour subvenir au déficit des mauvaises années. Les avantages de l’associa- tion seront ceux cités plus hauts, et de plus reflueront sur les les années suivantes. 4° Si aux bonnes années succèdent des mauvaises, la réserve faite dans les bonnes années comblera le déficit. Car nous avons vu que les variations annuelles des prix se compensent dans un temps très-court. Ainsi, le mécanisme de ce projet consiste simplement en ceci: tous les ans, à partir d’une année moyenne, chaque associé verse la même somme pour la même quantité de pain. Dans les années de disette, on achète une quantité moindre de blé que dans les années moyennes ou abondantes, et on supplée au déficit par une partie de la réserve faite dans les bonnes années. La théorie indique que le prix moyen de 1 fr. 06 c. s'établirait de lui-même et deviendrait constant, en sorte qu’une foisatteint, on n’aurait plus à s'occuper de la variation des prix, surtout si l’associalion existait déjà depuis quelques années. Mais pour plus de:süreté, on devrait agir comme si ce prix pouvait. varier; on l’indiquerait d'avance chaque année. De cette manière on se mettrait en garde contre toute espèce d'erreur. — 4125 — L'association peut-être faite immédiatement sur une petite comme sur une grande échelle, dans une seule comme dans plusieurs communes en même temps, entre unnombre restreint de membres comme entre tous les habitants d’une ville. Plus le nombre des associés sera grand, plus les avantages de l’as- sociation seront grands également. Veut-on connaître, par exemple, comment la chose serait praticable dansla ville de Besançon. Divisons la population par rapport à la fortune ; on peut en faire quatre classes : La première est celle des riches; elle comprend les personnes qui, tout en jouissant des commodités de la vie, ont encore du superflu ; La deuxième est celle des gens aisés, c’est-à-dire de ceux qui, ayant des avances, dépensent à peu près leurs revenus; La troisième, la plus nombreuse, est composée en grande partie d'ouvriers qui, vivant au jour le jour, font leurs dé- penses et leurs gains presque en même temps, mais qui tous se suffisent à eux-mêmes ; La quatrième est celle des nécessiteux, ceux qui, par une cause ou par une autre, sont toujours en retard, ont moins que rien, des dettes, et recourent à la charité publique ou privée. Les deux premières classes tout entières peuvent immédia- tement entrer dans l'association. La petite cotisation mensuelle qui serait de 5 fr. 39 c. par tête. (la consommation moyenne par jour étant évaluée à un demi-kilo de pain), quand bien même elle seraitexigible d'avance, ne modifierait en rienleurs habitudes d'économie et de prévoyance. Cette cotisation même pourrait n'être fournie qu'après avoir consommé le pain, si ces deux classes seules étaient associées. La troisième, dans laquelle entre une grande partie des ou- vriers horlogers, gens qui gagnent beaucoup et dépensent de même, pourrait, en rompant un peu ses habitudes, fournir aussi la cotisation et même à l'avance. Elle entrerait ainsi tout entière dans l'association avec la deuxième classe. testerait Ja quatrième. Celle-ci achète une partie de son pain et elle reçoit l’autre de la charité publique. La première part serait fournie par l'Association, argent comptant et autant que possible à l'avance. Car on doit s’efforcer de faire entrer cette classe dans la troisième et de lui faire prendre les habi- — 1926 — tudes des deux premières. Quant à la deuxième part, elle pourrait être livrée également par l'Association, si tel était le désir de l’assistance publique. De cetle manière, des achats pour la population entière pourraient être faits chaque année après la récolte. Le prix du blé connu, le taux du pain au prix de revient serait établi, une fois pour toutes, jusqu’à la récolte prochaine. Les cotisations de chaque associé devraient être payées un mois à l’avance pour avoir toute facilité à solder les livraisons et couvrir les autres frais. Un conseil d'administration pris dans le sein de l’Associa- tion serait chargé de toutes les affaires de la comptabilité et de la direction. Nous n’entrerons pas dans d’autres détails. La pratique, mieux que nous, se chargera de les trouver et de les exécuter. L'Association peut embrasser non-seulement les habitants d’une même cité, mais aussi des personnes habitant des pays éloignés, que certains liens sociaux uniraient. Les ouvriers des grandes entreprises industrielles sont dans ce cas. Pour les forges de Franche-Comté, par exemple, il suffirait pour mettre le projet à exécution, de la simple initiative des admi- nistrateurs; nuls capitaux ne seraient nécessaires. Une retenue proportionnelle à la consommation de chacun serait faite sur le salaire des ouvriers qui voudraient s’associer et on leur lais- serait toute liberté de s'organiser comme ils l’entendraient. Par ce moyen, on préviendrait les grèves qui, dans le système actuel, ne manqueront pas tôt ou tard d'arriver et même sou- vent au moment où l’on s’y attendra le moins. Quelques personnes pourraient faire contre ce projet une objection qui, au premier abord, paraît grave. Dans les années d’abondance, le prix du pain de l’Associa- tion étant plus élevé que celui de certains boulangers, comment, dira-t-on, pourrez-vous empêcher les associés de se pourvoir là où ils trouveront à meilleur marché. Dans les commence- ments cela pourra arriver ainsi, et l’on peut même affirmer que les membres qui quitteront l'Association seront ceux à qui elle serait le plus profitable. Ceux qui sont dans le besoin préfèrent toujours un avantage momentané, léger, à un sort certain mais lointain. Libre à eux d’agir ainsi, l'Association est vo- lontaire et facultative, elle n’a aucun moyen coërcitif, elle ne — 491 — retient auprès d’elle que par les avantages que chacun doit y trouver, il est loisible à tout membre de l’abandonner quand bon lui semble, seulement l'Association usera,*dans les années de cherté, de la même réciprocité, elle ne recevra pas le membre scissionnaire, à moins qu'il donne immédiatement une somme égale à la réserve de chacun. Pareille chose sera faite à l'égard de tout nouveau membre. La solidarité doit exister non-seulement en temps de disette, mais aussi en temps d’abondance. Autrement l'Association serait un encouragement à l’insouciance, au défaut d’ordre et d'économie. L’Associa- tion ne craint aucune concurrence, elle doit montrer par ses résultats, sa supériorité sur le système actuellement en vigueur, elle est forte parce que l'avenir lui est connu (1) et qu’elle substitue aux chances du hasard, de la fatalité, de l’imprévu, le fait constant donné par le calcul. La simplicité de ce projet permet de le mettre à exécution partout, du jour au lendemain. De quoi, en effet, s'agit-il ici? Est-ce d’une association analogue aux associations industrielles de nos jours, qui ne peuvent se constituer et vivre, sans secours de l'Etat ou sans coopération de gros capitalistes ? non, en aucune manière. On ne demande aux gouvernements aucune intervention, ni protection, ni subvention. L'Association est assez forte et assez riche pour se conduire et s’entretenir elle même. On ne cherche point non plus à attirer les capitaux en pré- sentant la perspective de gros revenus ; puisqu'il n’y a aucune place pour la spéculation ; ni dividende, ni intérêt à partager ou à recevoir. C'est simplement un appel à tous les consommateurs indis- tinctement, ouvriers comme millionnaires, qui désirent régu- lariser les dépenses que nécessite leur consommation. Le seul motif qui puisse pousser à entrer dans l'Association, c’est la pensée que chacun y trouvera son avantage personnel, sans pourtant bénéficier sur d’autres personnes. Cette Association est constituée le jour même où un certain nombre de consommateurs consentent à réunir leur cotisation mensuelle pour faire des achats. (1) Dans le même siècle, les prix périodiques ne varient pas sensible- ment (voir note 3, p. 114). Aussi peut-on affirmer que les prix, dans la fin de ce siècle, seront ceux qui ont existé dans la première moitié. — 4128 — Elle peut fonctionner ce jour même parce qu’elle rejette sur les industriels actuellement existants tous les embarras de la meunerie, de la boulangerie et de la conservation des grains. Elle accepte leurs procédés tels qu'ils sont, laissant à l'avenir le soin d'apporter les perfectionnements nécessaires. En un mot, elle ne change rien à l’état actuel des choses, sinon qu'elle fait faire les approvisionnements par les con- sommateurs eux-mêmes, au lieu de laisser ce soin aux pro- ducteurs, aux marchands ou aux gouvernants, qui, jusqu'ici, n'ont pu y parvenir d’une manière satisfaisante. Mais, par cette simple mutation, elle rend les approvision- nements d'une facilité extrême. Rien de plus simple, en effet, que de savoir, après chaque récolte, la quantité de denrées qu'il faut acheter, pour qu’un nombre quelconque de consom- mateurs puisse avoir toujours le pain au même taux. Car ce sont, d’après ce que nous avons vu précédemment, les prix des denrées qui règlent eux-mêmes ce qui, chaque année, doit entrer dans les greniers. Ces approvisionnements, notons-le en passant, sont censés devoir éprouver les mêmes déchets qu'éprouvent ceux de nos cultivateurs aujourd’hui, soit de la part des insectes, soit de la part de l’échauffement produit par la fermentation. Ces pertes sont évaluées dans l'estimation du prix des denrées et par conséquent portées en compte. Nulle crainte donc d’avoir ces déficits énormes signalés dans certains appro- visionnements de l'Etat pour les avoir laissés plusieurs années de suite en magasins. Ici, après chaque récolte, les blés vieux font place aux blés nouveaux. Nul besoin donc de chercher des moyens de conserver des blés indéfiniment et sans perte. On voit par là que l’on attache une importance très-minime aux procédés qui pourraient diminuer le prix de revient du pain. La raison en est que le consommateur n’y a qu’un inté- rêt tout à fait secondaire. Qu'importe à l’ouvrier le haut et le bas prix du pain, si ce prix reste constant? Est-ce que le salaire n’est pas toujours fixé d’après le prix moyen des denrées pendant une certaine période d'années ? Que lui importe donc que le prix du pain soit dix, vingt, trente fois plus haut ou dix, vingt, trente fois plus bas, si son salaire hausse ou baisse dans la même pro- portion. Dans les deux cas, il ne pourra, avec le prix de sa — 4129 — journée, acheter ni plus ni moins de pain. Aussi, si de nos jours le prix du salaire pouvait toujours suivre les variations des denrées, il serait inutile de chercher à établir pour le pain un prix fixe. Mais chacun sait que la chose n'arrive point ainsi, que le prix du salaire reste toujours à peu près le même, mal- gré les fluctuations des denrées, et que loin, par exemple, d'augmenter lorsque le prix du blé hausse, il tend au contraire à diminuer. Cela prouve aussi que la journée de l’ouvrier ne peut être estimée d’une manière équitable, que si l’on possède un point de comparaison invariable. Ce point, on ne l’a pas encore, mais l'Association peut le donner en établissant la fixité du prix du pain. L'Association ne serait pas seulement avantageuse aux con- semmateurs, mais bien aussi aux cultivateurs, et par suite à l'Etat tout entier, par le puissant stimulant qu’elle donnerait à l’agriculture. Les terres aujourd’hui sont loin de rapporter autant qu’elles le pourraient. En France, par exemple, leur rendement moyen est près de moitié de celui qu’elles donnent en Angleterre. Ceci ne tient point à l’infériorité du sol, puisqu’au dire des plus savants agronomes, ce rendement pourrait être non-seu- lement le double, mais le triple et même le quadruple de celui de nos jours, et, par conséquent, donner une quantité bien su- périeure aux besoins des habitants. Si un pareil rendement n'est pas obtenu, la cause doit en être attribuée à l’agriculture, qui est encore trop enfoncée dans les ornières de la routine. Mais il ne faut pas croire qu’on pourra augmenter la produc- tion seulement en apportant des perfectionnements à cet art. Quoi que l’on fasse, la culture ne dépassera jamais les besoins moyens, c'est-à-dire que, dans les bonnes années, elle pro- duira un peu plus, dans les mauvaises années un peu moins que la consommation ‘ Or, aujourd’hui les cultivateurs sont obligés de vendre au- dessous du prix de revient quand l’année est abondante. S'ils produisaient encore davantage, ils ne feraient qu’empirer leur sort. Un écoulement toujours facile de leurs produits pourrait seul les porter à augmenter la production et à employer de meil- leures méthodes de culture. Les réserves offrent ce moyen. Avec ce secours, le produit 10 — 4130 — pourrait aller sans cesse en augmentant, sans que les cultiva- teurs eussent quelque chose à craindre pour leur revenu. Plus les grains seraient abondants, plus ils seraient recher- chés; ils ne tomberaient donc jamais au-dessous du prix de revient. Dans les années les plus abondantes, leurs prix diffé- reraient très-peu du prix moyen, en sorte que la régularité dans les prix s’établirait par le seul fait qu’elle existerait dans la consommation. Le cultivateur voyant par ce régime ses revenus augmenter les verserait dans ses entreprises de culture. Il élèverait plus de bestiaux, achèterait des instruments aratoires plus perfec- tionnés, se procurerait des fumures et des engrais de toute espèce en abondance, et ferait des prairies artificielles au- tant qu’il serait nécessaire. La terre, mieux travaillée, pro- duirait davantage, et la production se développerait, comme il arrive pour les produits de l’industrie, c’est-à-dire en raison de l’écoulement. Avec la production croîtrait le nombre des cultivateurs. Les bras ne manquent jamais là où l’on trouve le bien-être, et ils font toujours défaut là où l’on ne recueille que la misère. De là aussi richesse et puissance de l'Etat, réalisation sur le sol du produit manufacturier et formation d’un approvisionne- ment indépendant. Mais, dira-t-on, si les réserves relèvent les prix, si de plus elles conservent une partie de la récolte dans les bonnes années, les malheureux qui actuellement peuvent se procurer du pain ‘ blanc en temps d’abondance, vu le bas prix où sont les denrées, ne le pourront plus alors ; leur sort ne sera donc pas amélioré mais aggravé. Il est facile de se rendre compte qu'il ne doit point en être ainsi, que les réserves, loin de restreindre le nombre des con- sommateurs, ont une tendance nécessaire à l’augmenter con- tinuellement. Nous venons de voir que les réserves, par le débouché facile qu'elles offrent aux produits de l’agriculture, concourent à rendre le rendement moyen plus grand. Chaque année il pourra donc y avoir une plus grande quantité de grains sus- ceplible d'être livrée à la consommation. Si, au lieu de tout consommer, on en met une partie en réserve, Cette partie pourra être tout au plus égale à l’excédant que le nouveau —. 131 — système aura amené dans la production. La consommation ne perdra donc rien, puisque, si les réserves n'avaient pas été faites, l’excédant mis de côté n'aurait pas été obtenu. Mais, disions-nous tout-à-l’heure, non-sculement les ré- serves ne restreignent point le nombre des consommateurs, bien plus, elles l’augmentent. Cette augmentation a lieu pour les deux raisons suivantes : Les produits sont devenus plus nombreux, et les prix se sont maintenus à un taux constant. L'augmentation dans la quantité des produits rend possible l'augmentation du nombre des consommateurs, mais cela ne suffit pas pour que cela soit. Il faut encore que les prix soient abordables par un plus grand nombre de personnes. Or la régularité des’ prix a pour effet d'accroître sans cesse le bien-être de tous. Chaque jour il y aura done un plus grand nombre de personnes capables d'obtenir leur pain quotidien, non par l'aumône, qui, toujours insuffisante, dégrade et asservit, mais par le travail, qui, de plus en plus rémunéra- teur, donne à l’homme la fierté et l'indépendance. Cest par ce régime que l’on verra le pain de froment arriver un jour sur la table de tous. Celui qui ne consomme aujour- d’hui que de l’orge, du seigle ou du sarrasin, commencera par mêler du froment à son pain ; puis, après quelque temps de ce mélange, il ne mangera plus que du pur froment. Réserve en numéraire. — Dans certaines localités on pour- rait, au début de l'Association, rencontrer quelques difficultés à se procurer des locaux destinés à la conservation des grains. Dans ce cas, il serait plus facile de faire la réserve en numéraire qu'en denrées. Les cotisations, les achats se feraient de la même manière, seulement pour les achats il y aurait quelques différences, selon que l’année aurait été bonne ou mauvaise. Dans les années d’abondance, on n’achèterait que la quantité nécessaire à la consommation. Le montant des cotisations n'aurait pas été alors dépensé en entier; ce qui resterait en excédant serait mis en réserve et pourrait même être placé à intérêt, de manière à augmenter le fonds de réserve. Au con- traire, dans les années de cherté, les cotisations étant insuffi- santes pour faire les achats, on aurait recours à la réserve pour parfaire le déficit. De cette manière. le prix du pain pourrait être toujours aussi le même; seulement il est bon d'observer que la réserve en — 132 — numéraire ne peut être d’une application aussi générale que celle qui a pour base la réserve en grains. Elle peut être établie dans une ville, dans un département, dans un grand Etat même, sans qu’on ait à craindre quelque accident pour sa pro- spérité. Des pays non associés seraient, comme aujourd’hui, un débouché dans les années d'abondance, et une réserve dans les années de disette. Mais il ne pourrait en être ainsi, si tous les consommateurs de pain étaient associés ; dans les bonnes années, que ferait-on de l’excédant des récoltes? Dans les mau- vaises, où prendrait-on de quoi suffire à tous les besoins? On aurait beau offrir des sommes énormes, on n’obtiendrait pas un grain de plus que la récolte n’aurait donné. Et si le déficit avait été de 10 ou de 25 0/0 de la moyenne, le dixième ou le quart des consommateurs serait obligé de se passer de pain, ou la consommation de tous devrait être diminuée d’autant. Cet inconvénient disparaîtrait, si la consommation des cé- réales pouvait varier dans le même rapport que la production. Pour cela faire, il faudrait, sans toucher à la consommation journalière de l’homme, qui doit être estimée toujours la même, avoir une consommation supplémentaire que l’on pût aug- menter ou diminuer à volonté. Les distilleries et les animaux domestiques rempliraient cet objet. Dans les années abondantes, les approvisionnements pour la fabrication du pain étant faits, l’industrie pourrait distiller ou trâänsformer en un produit quelconque toute la quantité de grains qui resterait. Mais dans le cas où la production ne sur- passerait pas les besoins des consommateurs, l’industrie devrait trouver d’autres produits pour utiliser ses machines. Les animaux pourraient aussi faire fonctions de réserves, si l’on faisait entrer les céréales en partie dans leur nourriture. L'homme leur à déjà abandonné l’avoine et l'orge : à mesure que son bien-être s’améliorera, il leur laissera des grains d’une qualité supérieure ne réservant pour lui que ceux de première qualité. Mais comme dans certaines circonstances, il est pré- férable de lui donner tout ce qui peut lui être consacré direc- tement, on remplacera, dans les mauvaises années, les grains qui eussent été destinés aux animaux, par des aliments plus communs, plus grossiers et on les réservera pour lui. De cette manière, il serait possible d'élever de beaucoup la production moyenne, sans que la consommation moyenne de — 4138 — l’homme en céréales eût changé. Si, par exemple, l'industrie et les animaux consommaient une quantité de grains évaluée en moyenne au déficit des mauvaises années, la suppression de cette consommation, faite en temps opportun, permettrait tou- jours d’avoir des denrées en rapport avec la consommation de l'homme. Cette consommation mobile aurait en outre l'avantage d’aug- menter la quantité des subsistances. On ne mangerait pas plus de pain, mais on aurait plus d'alcool, plus de viande, plus de laitage et plus d’autres produits industriels et agricoles. L'alimentation serait plus abondante et plus variée, circon- stance des plus favorables pour le bien-être général. La variété dans la nourriture est une cause de santé, un signe de déli- catesse dans le goût, comme aussi un préservatif contre la disette. Un produit est-il moins abondant une année ? on y supplée par un autre. Ainsi l'Association des consommateurs faite avec des réser- ves en argent pourrait être praticable dans quelques pays comme aussi entre tous les peuples. Mais dans ce dernier cas, elle aurait besoin, pour fonctionner régulièrement, de l'inter- vention des gouvernements d’une part, qui se chargeraient, comme cela a lieu en France, de régler l’alimentation des dis- tilleries de grains, d’une autre part de la coopération des agri- culteurs dans le cas où ils trouveraient avantage à introduire les grains dans la nourriture de leurs animaux. Nous avons vu, au contraire, que l'Association faite avec des réserves en grains, pouvait devenir aussi générale que possible sans re- courir à aucune assistance étrangère. Mais cet avantage est insignifiant pour le moment; nous sommes encore loin du temps où tous les peuples travailleront de concert au même but. D'ici à ce que cela arrive, l'Association avec réserves en argent peut fonctionner seule en toute sécurité, et quand l'union sera faite, on avisera à trouver mieux. Au reste, ces deux modes d'association n’ont aucune tendance à s’exclure entre eux, ni à repousser tout autre procédé qui aurait pour but la régularité des prix. Ils peuvent très-bien exister en même temps, il est même avantageux qu’il en soit ainsi. Le mutuel appui qu’ils peuvent se prêter, l’un -par la régularité qu'il imprime à la quantité de denrées livrées annuellement à la consommation, l’autre par la simplicité de ses moyens d’exé- — 134 — cution, rendra leur existence plus assurée et les avantages qu'ils promettent à la société plus certains. Ces avantages peuvent être résumés dans les lignes sui- vantes : la suppression graduelle de tous les intermédiaires entre le producteur et le consommateur ; la fraude rendue im- possible dans l’art de la boulangerie, qui n’est plus un mono- pole ; la taxe, objet de tant de murmures et de récriminations dans les années de cherté, n’est plus du ressort des municipa- lités; les gouvernements n'ont ‘plus à trembler pour leur existence à l’approche d’une disette; trois déjà en France ont disparu depuis le commencement de ce siècle, faute d’avoir _pu résoudre cette difficulté. N'ayant plus de responsabilité de côté, ils n’ont plus de danger à courir ; le salaire et l’échange de tous les produits estimés avec équité au moyen d'un étalon fixe ; la quantité des produits de la terre toujours en rapport avec les besoins; l’augmentation de ces produits avec un ac- croissement correspondant dans le revenu du cultivateur ; la formation d'un approvisionnement indépendant; l’accroisse- ment du bien-être dans toutes les classes ; la disette et la mi- sère, ces deux mères nourricières de la maladie et de la mor- talité à jamais bannies d’ici-bas ; la vie moyenne et la vie pro- bable de beaucoup prolongées ; tout Le corps social enfin, lancé dans la voie du progrès avec une marche continue, régulière vers un bien-être de plus en plus grand. ‘JEST 9P MI99 ‘9 [6 ‘17 O 30 ‘9C8T 9p uoÂou xHId 07 JS0 ‘9 EP I} T VION LT 80 I LO T\ro LEA | \ | : “ sue pglsue 67] sue gg | sue 27 | sue gp | sue qy | sue ÿ1 | sue çy | sue 74 | sue jy | sue O7 [sue 6 Lsoo glsoe £sue 9 [aue glsne tylsue glsue v| ue Y op sonbipouod souuo4ou 1ed *9G8p ? 9£8p “SUD 0% 2D 29DdS9 UN JUDPUII NOÔNVSHI V NIVd NA XIHd — 136 — MÉMOIRE SUR LA FORMATION CRÉTACÉE DU DÉPARTEMENT PE LA CHARENTE, PAR M. H. COQUAND, Professeur de Géologie à la Faculté des sciences de Besancon, Président de la Société d'Emulation du Doubs. > -Q—— Après les travaux nombreux que la science possède sur la constitution géologique du sud-ouest de la France, et surtout après les publications récentes de M. d’Archiac, il pourra pa- raître surprenant qu'il soit proposé un remaniement dans la classification de la formation crétacée de cette partie de la France; et le géologue qui ne recule pas devant une tentative de ce genre semble s’exposer à un reproche justement mérité d'imprudence ou d'innovation. J'aurais bien certainement reculé devant une hardiesse pa- reille, si je n'avais eu à légitimer les divisions que je dois sui- vre dans mon texte explicatif, divisions qui correspondent aux teintes conventionnelles que j'ai adoptées pour la carte géolo- gique de la Charente, dont la confection m'a été confiée. Les conclusions auxquelles j'ai été conduit, par huit années d’étu- des, diffèrent d’ailleurs très-notablement de tout ce qui a été écrit jnsqu’ici. Pour indiquer tout d’abord en quoi mes idées s'écartent le plus radicalement de celles émises par les géo- logues qui m'ont précédé, je dirai que les principales diver- gences consistent en ce que je n’admets pas, dans les deux Charentes, l’existence de la craie chloritée de Rouen, que j'ad- mets au contraire l'existence de la craie blanche de Meudon et Maestricht. J'espère confirmer l'exactitude de cette double affir- mation par des arguments tirés à la fois et de l’ordre de super- position, et de la distribution des animaux fossiles, en démon- trant que la stratigraphie et la paléontologie qui se contrôlent — 137 — d'une manière si admirable, pour ne pas dire infaillible, dans toutes les parties du monde connu, acquièrent dans le départe- ment qui est l’objet de cette notice, un titre de plus à la con- fiance qu’elles inspirent ; car il est facile d'y établir des horizons distincts au moyen de faunes distinctes, tout comme il est fa- cile de s'assurer que celles-ci sont spéciales à l'étage qu’elles caractérisent, et qu’elles n’empiètent jamais sur le domaine des faunes limitrophes, si ce n’est dans quelques bancs qui font passage d’un étage à un autre, et dont, faute de pouvoir en opérer une séparation rigoureuse et mathématique, le géologue est obligé de faire, pour ainsi dire, un terrain neutre. Il est superflu de faire remarquer que les principes que nous venons d’énoncer sont indépendants de la détermination fau- tive ou hasardée de quelques espèces douteuses, ou bien de la comparaison établie par divers auteurs entre des localités éloignées les unes des autres et dont l'assimilation n'avait pas pour base l'idendité des fossiles recueillis. C’est ainsi, par exemple , que l’on s’est obstiné à ne voir dans les couches les plus élevées de la craie de Royan et de Barbézieux que le repré- sentant de la craie de Villedieu à Micraster coranguinum Agass., tandis qu’à Cognac et ailleurs où cet échinoderme abonde, on oublie de mentionner que les bancs à Micraster sont surmontés par trois étages superposés dans lesquels on reconnaît très-bien, et dans la position qui leur appartient et avec les fossiles qui leur sont propres, la craie blanche de Meudon et celle de Maestricht. Aussi est-on étonné de voir un auteur recommandable et dont la paléontologie a assuré la réputation de ses travaux, qui, pensant avoir recueilli, dans une véritable craie blanche, une variété d’Ostrea, rappelant par sa forme l’Ostrea columba Lam., arguer de la présence de ce seul fossile (que, malgré des recherches minutieuses, je n’ai pu parvenir à retrouver), pour considérer celte craie comme l'équivalent de la craie chloritée de Rouen, et ne tenir aucun compte de l’Ostrea vesicularis Lam., de l’Ostrea frons Park., de l'Ostrea larva Lam., de l’'Ananchytes ovata Lam., du Cono- clypus Leskei Agass. et d’une foule d’autres espèces tout autant caractéristiques de la craie de Meudon et de Maestricht et dont la signification proteste contre la date que l’on cherche à leur faire représenter. La formation crétacée est admirablement développée, dans — 138 — les étages inférieurs, sur unc grande portion de la chaîne du Jura. Le terrain néocomien surtout y est représenté d’une ma- nière plus complète que partout ailleurs, puisque, au-dessous du niveau des marnes d'Hauterive si bien indiqué par les Be- lemnites latus et dilatatus Blainv., l’Ammonites radiatus Brug., le Toxaster complanatus Desor, on observe une masse puissante de calcaire dont M. Sautier (1) nous a donné la des- cription et dont, jusqu'ici, l'équivalent a été vainement cherché en dehors du Jura, même dans les Alpes du Dauphiné et de la Provence. Par contre, les étages moyens de la même forma- tion, connus sous la dénomination de gault et de grès verts supérieurs, sans y être précisément effacés, y possèdent une importance relative bien moindre, et même ces derniers, les grès verts supérieurs, réduits à quelques lambeaux insigni- fiants dans les environs de Monteley et du lac Saint-Point, n’en offrent pas la série totale et tendent à faire entrevoir des dé- placements survenus dans les limites des mers, pendant l’in- tervalle de la période crétacée, de sorte que la subordination des étages, proclamée jusqu'ici comme un fait incontesté dans ce qu’on est convenu de désigner sous le nom de formation géologique, serait, dans-un grand nombre de cas, une illusion contre laquelle les géologues doivent se prémunir et dont l'étude comparative des faunes suffit à dissiper le mirage trompeur. Ces observations nouvelles tendent à saper ce prin- cipe dans sa base, en substituant à l'indépendance des forma- tions prises dans leur ensemble, l’indépendance des divers éta- ges dont elles sont composées. Ainsi dans les environs de Moscou la formation jurassique débute par l’étage oxfordien ; dans la Saintonge et l’'Angoumois, la mer crétacée n’envahit les points occupés aujourd’hui par le terrain de craie qu'après le le dépôt des couches de Rouen; à Montcley le gault et les marnes aptiennes s'appuient sur l’étage néocomien à Ostrea Couloni sans l'intermédiaire des bancs à Chama ammonia ; dans toute l’étendue de la chaîne du Jura, on ne trouve des re- présentants ni des grès verts à Ostrea columba Lam., ni de la craie blanche, tandis que, dans la vallée de la Charente, ces derniers étages sont seuls représentés. Avant de procéder à la (1) Notice sur les dépôts Néocomiens et Wealdiens dans les hautes chaînes du Jura. — Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, troisième volume, 1855, p. 25. — 4139 — description des grès verts du Jura, il est indispensable d’être fixé sur la valeur et la position de ceux-ci dans l'échelle strati- graphique. Ce premier mémoire aura pour objet de mettre leurs caractères en relief, en les étudiant dans une contrée classique qui m'est parfaitement connue (1). Pour bien apprécier la portion de la formation crétacée qui est représentée dans la Charente, il est utile de connaître les termes dont elle est composée. Considérée dans son ensemble, cette formation est divisée par les géologues anglais et par M. d’Archiac en quatre groupes qui sont, pris en bloc et dans l’ordre ascendant : 4° Le groupe néocomien ou le grès vert inférieur; 2° Le groupe du gault ; 3° Le groupe de la craie tufau {grès vert supérieur); 4° Le groupe de la craie blanche. Subdivisés en étages d’après l’ordre de superposition, et d’après la distinction des faunes, ces groupes peuvent être désignés par étages de la manière suivante : 1° Etage inférieur. — (Valengien des géologues suisses) caractérisé par le Strombus Sautieri 1e Groupe Coquand. Néoco- 4 3 : mien. 29 Etage moyen — (Marnes d’'Hauterive) carac- térisé par le Belemnites di- latatus Blainv., et l’Ammo- \ nites radiatus Brug. (1) Un second motif qui m'engage à ajourner la publication des documents que je possède sur la formation crétacée dela chaîne du Jura, m'est suggéré par l'insertion dans l'Annuaire du département du Doubs pour l’année 1856, page 76 et suivantes, d’une notice de M. Résal, ingénieur des mines, chargé de terminer, depuis la mort de M. Boyé, la carte géologique du Doubs, dont ce dernier s'était occupé avec beaucoup de zèle, pendant plus de huit ans. Dans cette notice, M. Résal annonce avoir reconnu la craie blanche à Palet ainsi que sur les bords occidentaux du lac de Saint-Point, dans l'arrondissement de Pontarlier. Cette découverte, si elle se vérifie, sera toute une révolution dans les idées professées jus- qu'ici par les géologues francais et suisses, sur la géologie de cette con- trée. Je dois avouer, pour mon propre compte, que mes recherches me conduisent à une conclusion diamétralement opposée. Toutefois le texte explicatif de la carte qui ne peut tarder à paraître, puisque le travail principal est terminé, contiendra, sur cet objet important, des renseigne- ments précis et capables de fixer l'opinion des savants. Il sera surtout curieux de connaître jusqu'à quel point les observations de M. Résal pour- ront se trouver d'accord avec les remarquables travaux de M. le profes- seur Lory, sur la craie blanche à Belemnites mucronatus des Alpes dauphinoises. — 140 — [ 3° Etage supérieur. — (Urgonien deM.d’Orbigny, calcaire à Chama ammo- 1° Groupe à NS Néoco- nia) , caractérisé par la (Suite) Chama ammonia Goldf., £ la Radiolitesneocomiensis \ d’Orb. / 4° Etage inférieur. — (Etage aptien de M. d’Or- bigny , argile à plica- tules), caractérisé par le Belemnites semicanalica- tus Blainv., et l’Ostrea aquila d'Orb. 2° Etage supérieur. — (Gault) caractérisé par l’Am- monites Beudanti Brong. ) et l’Ammonites splendens SOW. 20 Groupe du Gault. 1° Etage inférieur. — (Craie chloritée de Rouen, Cénomanien de M. d'Or- bigny, grès vert supé- rieur) caractérisé par l’Ostrea conica d’Orb. les Ammonites rothomagen- sis Lam., varians Sow., Mantelli Sow., le Scaphi- tes æqualis Sow., le Pec- ten asper Lam. 2° Etage supérieur. — (Etage Turonien de M. d'Or- ns bigny, grès vertsupérieur) Cet étage, compris entre 3° Groupe de la craie les bancs à Ostrea columba et la base de la craie blan- che, est caractérisé par les Ostrea columba Lam. et plicata Lam. ,la Radiolites Lumbricalis d'Orb. et la Sphærulites Desmoulin- siana Matheron. — A4 — 1° Etageinférieur. — Craie marneuse. 4° Groupe | 90 Etage moyen. — Craie blanche à Ostrea vesi- de la craie F £ supérieure cularis Lam. 3° Etage supérieur. — Calcaire pisolitique. Ces secondes subdivisions, quoique moins générales que les précédentes, sont insuffisantes cependant pour exprimer, d’une manière convenable, les coupes naturelles qu’on est en droit d'opérer dans l’ensemble des formations sédimentaires, sur- tout quand ces coupes sont en harmonie avec les principes pa- léontologiques, qui seuls, et à l'exclusion des caractères miné- ralogiques, dont la valeur est de moindre importance, doivent servir de base philosophique aux classifications géologiques. C’est ce but que j'ai tenté d'atteindre dans mon travail sur la formation crétacée de la Charente, en m'appuyant sur la per- sistance de plusieurs coquilles au milieu de certaines limites verticales qu’elles ne dépassent jamais. Or, la profusion des Ostrea et surtout des Rudistes, dont les espèces changent incon- testablement suivant les niveaux auxquels on les observe, m'a fourni des jalons précieux qui m'ont permis de tracer mes ho- rizons avec la plus grande sûreté, tout en m’empêchant de con- fondre des couches que leurs caractères pétrographiques sem- blaient identifier à la première vue. J'ai apporté le plus grand soin dans la détermination des corps organisés fossiles, ainsi que dans la désignation des lieux où je les ai recueillis. J’ai pu éviter, grâce à cette double précaution, une foule d'erreurs qui se sont glissées dans la Paléontologie française et dans les travaux de M. d’Archiac, erreurs inévitables de la part de ces auteurs, qui n’ont pas eu, comme moi, le bénéfice du temps et les facilités de tout genre pour voir et revoir pas à pas chaque localité. La formation crétacée n'existe pas à l’état complet dans la région du sud-auest de la France, dont nous nous occupons. Les groupes néocomien et du gault y manquent complétement, et celui de la craie tufau, que nous désignerons dorénavant par le nom de craie inférieure, n’est représenté que par la por- tion des grès verts supérieure à la craie chloritée de Rouen; en. d’autres termes, elle débute par les bancs à Ostrea plicata Lam. (0. flabellata d'Orb.); mais à partir de cet horizon, la série est complète jusques et y compris le niveau de la craie de Maëstricht. — 149 — Nous admettrons, à l'exemple des géologues anglais, quatre groupes dans la formation crétacée, qui sont : 1°le néocomien; 2° le gault; 3° la craie inférieure, et 4° la craie supérieure. Les groupes seront partagés en élages, et ceux-ci en sous- étages. Les étages sont délimités d’après l'identité des faunes, etles sous-étages d’après la composition minéralogique. Ces derniers peuvent offrir des variations suivant les localités où on les observe, tandis que les étages sont indépendants de tous les changements qui peuvent survenir soit dans la nature, soit dans la puissance des matériaux constituants. Le tableau qui suit énonce les divisions et les subdivisions que nous avons adoptées dans la formation crétacée du dépar- tement de la Charente, et qui sont identiquement les mêmes pour celui de la Charente-Inférieure. AT ÉTAGE. Craie chloritée de Rouen, caractérisée par l’Am- moniles rhotomagensis Lam. et l'Ostrea conica d'Orb. (Il manque dans la Charente.) 2° ÉTAGE. 1% sous-étage. — Argiles lignitifères. 2% sous-étage. — Grès verdâtre calcarifère et grès sableux ferrugineux, caracté- risé par l’Ostrea plicata Vam. (O0. flabellata d'Orb.) Craie / 3° sous-élage. — Calcaire à Ichthyosarcolites et à inférieure Alvéolines, caractérisé par l’Os- trea columba Lam.,la Caprina adversa d'Orb. et la Sphæru- lita foliacea Lam. 4° sous-étage. — Argiles tégulines, caractérisées par l’Ostrea plicata Lam., l'O. columba Lam. et l’Ostrea biau- riculata Lam. 5° sous-étage. — Sables supérieurs à Ostrea plicata Lam., O. biauriculata Lam. et O. columba Lam. \ 6° sous-étage. — Second banc à Ichthyosarcolites. — 143 — 1° sous-étage. — Calcaire marneux avec Ostrea co- tumba (V. major) Lam., Ostrea carinata Lam., Terebratula pectita SOW., Inoceramus pro- blematicus d'Orb., Pleuroto- maria Gallieni d'Orb. Cet étage correspond au deuxième horizon des Rudistes. 3° ÉTAGE. Aer sous-étage. — Calcaire subcristallin en pla- quettes. 2e sous-étage. — Calcaire dur saccharoïde (pierre à 5 - ao paver d'Angoulême.) (Suite) \|3° sous-étage. — Calcaire pierre de taille, carac- térisé par les Radiolites lum- bricalis d’Orb. et l’Hippurites cornu vaccinum Bronn. Cet étage correspond ‘au 3° horizon des Rudistes 4e ÉTAGE. 4° sous-étage. — Calcaire marneux en plaquettes. 2° sous-étage. — Calcaire solide {appelé Chaudron) . à Sphærulites ponsiana d'Orb. et Sphærulites Desmoulinsiana | Math. 3° sous-étage. — Calcaire feuilleté marneux. Cet étage correspond au 4° horizon des Rudistes. AT ÉTAGE. 4% sous-étage. — Sable et grès sableux de Riche- mont. 2° sous-étage. — Craie chloritée, caractérisée par l’Ostrea auricularis Brongn.,la Craie Sphærulites sinuata d'Orb., le supérieure Micraster coranguinum Agas. et la Terebratula vespertilio Brocchi. 3° sous-étage. — Craie tendre avec silex. (Petite Champagne.) | Cet élage correspond au 5° horizon des Rudistes. (1) On sait que la première apparition des rudistes remonte à l'étage supérieur du groupe néocomien, — A4 — ' 2e ÉTAGE. Craie tendre à Ostrea vesicularis Lam. , Ostrea larva Lam. Sphærulites Hæœninghausi Desmoul., Radiolites crateriformis Desmoul., Ananchytes ovata Lam. (Grande Champagne.) Craie : : Cet étage correspond au 6° horizon des Rudistes. supérieure (Suite) 3° ÉTAGE. Calcaire jaune à Sphærulites cylindraceus Des- moul., Radiolites Jouanneti Desmoul. et Hippurites radiosa Desmoul. Cet étage correspond au 7° horizon des Rudistes. Onsaitque, dans les deux Charentes, la direction générale des collines dont sont constituées les formations secondaires est du nord-est au sud-ouest, et qu’à partir de la forêt d'Horte, sur les confins du département de la Dordogne jusqu’à l’île d'Oléron, le terrain crétacé s'appuie d’une manière transgressive sur les différents étages du terrain jurassique, et s’étend du côté de la Gironde, en envahissant dans la Charente une partie des arron- dissements d'Angoulême et de Cognac et l'arrondissement en- tier de Barbézieux. Les divers termes qui le composent sont disposés en retraite les uns au-dessus des autres, et à cause de la faible inclinaison des couches, ils forment des zones plus ou moins larges, généralement parallèles entre elles. Nous allons esquisser rapidement les traits principaux que nous avons reconnus dans les divers étages de la craie de la Charente, en nous bornant à ce qu’ils peuvent offrir d’essentiel, cette notice n'étant en réalité que le résumé de notre travail général sur la géologie de ce département. PREMIÈRE PARTIE. CRAIE INFÉRIEURE. Aer grace. Comprenant la craie chloritée de Rouen. Ce premier étage manque complétement dans les deux Cha- rentes, et les géologues qui ont cru en trouver l’équivalent dans notre deuxième étage ont fait une confusion contre laquelle il est bon de se prémunir. En effet, les fossiles les plus abon- — 145 — 7 dants et les plus caractéristiques de la colline de Ste-Catherine près de Rouen, et qui sont les Nautilus Archiacianus, d'Orb., Ammonités Mantelli, Sow., Ammonites rhotomagensis Defr., Ammonites varians SOW., Turrilites cosiatus Lam., Scaphites æqualis Sow., Avellana cassis d'Orb., Ostrea conica d'Orb., Pecten asper Lam., Galerites castanea Ag., etc., etc., n'ont jamais été signalés dans les deux Charentes. Il est vrai de dire que l'on trouve au-dessus du second banc à Ichthyosarcolites, notamment à Sillac près d'Angoulême, une ammonite que M. Alcide d'Orbigny (Paléontologie française, pl. 403) a considérée comme une variété de l’'Ammonites Mantelli Sow., dépouillée de ses tubercules dorsaux, tandis qu'elle se rap- porte à l’'Ammonites navicularis de Mantell. On pourrait cri- tiquer avec autant de raison quelques autres espèces que l'on a assuré être communes entre les deux étages de la craie in- férieure, dont l’un est caractérisé par l’Ostrea conica d'Orb., et le second par l’Ostrea columba Lam. ; mais ces erreurs pa- léontologiques, la paléontologie se charge de les corriger suc- cessivement. Au-surplus le fait de la suppression du premier étage de la craie inférieure, dans les deux Charentes , ressort très-net- tement de l'étude comparative de plusieurs contrées du midi de la France, où l’on voit de la manière la plus évidente que la craie chloritée de Rouen supporte les couches supérieures à Ostrea columba, dont elle séparée par une formation ligniti- fère de plus de soixante mètres de puissance, et qui n’est autre chose que l'équivalent des lignites de l’île d’Aix et des environs d'Angoulême. Comme il est utile de mettre ce fait en lumière, nous choisirons pour sujet de notre démonstration une des localités les plus instructives et les plus intéressantes à la fois , celle de St-Paulet, près le Pont-St-Esprit, dans le département du Gard. Effectivement la coupe des terrains compris entre les rochers de Roquebrune, sur les bords du Rhône, en face de Mondragon, et la rivière de l'Ardèche, au delà de laquelle la craie inférieure et le gault reposent sur le terrain néocomien, permet de déterminer, avec toute la préci- sion désirable, la place qu'occupent les lignites dans l’épais- seur des grès verts supérieurs, et de démontrer surtout que c'est à tort que l’on voudrait assimiler les bancs à Ostrea colum- ba Lam., et la montagne de Ste-Catherine. 11 — 16 Une faille (fig. 4) dirigée sensi- blement de l’est à l’ouest, et qui, partant de la ville de Pont-Saint- Esprit, passe par le château de la à Blache et par le revers nord du village de Carsan, d’où elle va se perdre dans le massif montagneux de la Chartreuse de Valbonne, a: déterminé au milieu des terrains une ligne de rupture de chaque côté de laquelle les couches plon- gent en sens opposé,de sorte qu’en marchant de Roquebrune sur l’er- mitage de Saint-Pancrace, l'ob- & servateur recoupe deux fois les mêmes bancs. Les plus inférieurs À, qui se montrent à la base des afileure- ments, consistent en des marnes grisâtres qui appartiennent à cette partie inférieure du gault que l'on connaît sous la dénomination de terrain aptien ou de marnes à plicatules.On ytrouvele Belemnites semicanalicatus Blainv., et l’Am- monites Nisus d'Orb. On remarque ensuite dans l’ordre ascendant : 19 Un grès B, à grains fins, parsemé d’une infinité de points verdâtres (silicate de protoxyde de fer), et contenant les Belemnites semicanaliculatus Blainv., et mi- nimus Lister, ainsiquel’Orbitolites lenticulata Lam., fossile si com- mun à la perte du Rhône. Ce grès représente le gault proprement dit. 2° Des bancs puissants d'un same mn 2RRARRREMEREAS “euniqonboy "oTIre grès sableux rouge C, très-quartzeux, renfermant, à l’état — 147 — subordonné, un banc de fer peroxydé, mélangé d’'hydrate et de la variété magnétique décrite sous le nom de Berthiérite, dont la puissance oscille entre un mètre et un mètre cinquante centi- mètres. Ce grès ferrugineux qui ne renferme aucun corps organisé fossile, me paraît appartenir au gault supérieur, et 1l forme dans toute l'étendue du bassin un horizon nettement accusé. 3° Des grès verts D, très-puissants, solides ou friables, en couches alternantes avec des argiles sableuses et des marnes bleuâtres, caractérisés par le Pecten asper Lam., le Pecten quinquecostatus Sow., l'Ostrea conica d'Orb., l’Holaster subor- bicularis Ag., le Nautilus Archiacianus d’Orb., l'Orbitolina concava Lam., et d’autres espèces fossiles spéciales à la craie chloritée de Rouen. 4° Des sables rougeûtres ou jaunâtres E, généralement friables, mais quelquefois agglutinés par un ciment siliceux ou calcaire, et formant alors des plaques interrompues ou des couches solides. 5° Une formation lacustre F, très-puissante, presque exclu- sivement calcaire, renfermant beaucoup de coquilles d’eau douce, telles que des Ampullaria (4. Faujassi Dumas); des cyrènes, des cyclades, des pyrènes, etc. C’est dans ce système, dont l'épaisseur , sur plusieurs points du bassin, dépasse soixante mètres, qu'est enclavé un lignite piciforme avec ro- gnons de succin, dont 1l existe trois bancs exploitables. Les calcaires qui avoisinent les combustibles sont remplis d’em- preintes de végétaux : on remarque aussi des huîtres à divers niveaux dans cette formation, qu’on peut considérer comme étant d’origine fluvio-marine ou d’embouchure. 6° Des grès et des sables jaunâtres G, contenant à la base l'Ostrea plicata Lam. (Ostrea flabellata d'Orb.), qui descend quelquefois dans l'étage à lignites et l’Ostrea columba Lam. à la partie supérieure. 7° Des sables jaunâtres H, passant à un grès friable alter- nant avec des argiles sableuses. 8° Un grès lustré I, passant à un quartzite très-solide al- . ternant avec des argiles sableuses, et contenant la Trigonia scabra Lam. et l’Arca Requieniana d’Orb. 9° Un calcaire jaunâtre K, à points miroitants en couches minces, formant la base du calcaire à Hippurites. — 148 — 10° Enfin le calcaire à Hippurites L, formant des banes très- épais, et représentant la’ partie supérieure des grès verts, mais parfaitement distinct et par sa position et par sa faune des bancs à Ostrea columba Lam. et Ostrea plicata Lam. Ces Hippu- rites, ou du moins les plus abondantes, sont les Hippurites organisans Montf. et cornu vaccinum Bronn.; elles sont ac- compagnées des Sphærulites Desmoulinsiana Math. et Sauva- gesii d'Orb. Cette coupe du terrain crétacé des environs du Pont-St-Esprit démontre d’une manière péremptoire que la formation lacustre avec combustible fossile, qui se retrouve sur la rive opposée du Rhône dans la même position, est réellement intercalée dans l’étage du grès vert supérieur, et qu’elle est placée entre les couches à Pecten asper Lam. et Ostrea conica d’Orb. (craie chloritée de Rouen) et l’étage des Ostrea columba Lam. et plicata Lam., par lequel débute la craie inférieure dans les deux Charentes. C’est un nouveau Wealdien spécial aux grès verts supérieurs. Celui du départe- ment du Gard, à cause de son importance et de son grand développement, pourrait être désigné sous le nom de terrain ou d'étage gardonien. Il est facile de se convaincre que les lignites de l’île d'Aix, qui remontent jusqu’au-dessus d'Angoulême, sont exactement de la même époque que ceux de Saint-Paulet; car ils forment la base, ou plutôt ils sont une dépendance de l'étage des grès verts à Ostrea columba Lam. et plicata Lam., ainsi qu’on le remarque dans le Gard, et ils reposent sur la formation jurassique sans l’intermédiaire de la craie chloritée de Rouen. Donc ce dernier terme, qui, dans le midi de la France, est placé au-dessous des couches à lignites, manque incontesta- blement dans les deux Charentes. 2e ÉTAGE. C'est par les argiles lignitifères, dont nous avons démontré l’équivalence avec les couches à lignites de Saint-Paulet, que débute la formation crétacée dans les départements de la Cha- rente et de la Charente-Inférieure. Cet étage, composé de plu- sieurs sous-étages que distinguent leurs caractères pétrogra- phiques, est caractérisé très-nettement par la présence des Ostrea plicata Lam., columba Lam. et biauriculata Lam., qui le traversent dans toute son épaisseur, par la Caprina adversa — 149 — d'Orb., la Sphærulites foliacea Lam. et par d’autres rudistes qui y forment des bancs très-considérables. Ainsi que l'indique le tableau de nos divisions , nous avons admis sept sous-étages dont nous allons esquisser les principaux traits. 4er Sous-ETacE. — Argiles lignitifères. Ces argiles sont ordinairement grisâtres ou bleuâtres et remplies de rognons dé pyrite de fer dont la décomposition donne naissance à des efflorescences de sulfate de fer et d’alu- mine. Leur indépendance, par rapport à la formation juras- sique, est manifeste, bien qu’à cause de la faible inclinaison des couches, il ne soit pas facile d'observer sur un point donné, des discordances de stralification tranchées. C’est ainsi que, dans les environs de Saint-Sulpice, à la limite occidentale du département, elles reposent directement sur les argiles gypsi- fères qui représentent une formation d'eau douce subordonnée à l'étage portlandien ; près de Saint-Même, elles s'appuient sur le portlandien supérieur, à Angoulême sur le portlandien moyen, à Touvre sur l'étage kimméridgien, à Bouex, sur le corallien supérieur, et près de Grassac, sur le corallien inférieur. Leur transgressivité, par rapport aux étages jurassiques, est donc indubitable ; déduction qu’on pouvait tirer à priori de l’absence des groupes néocomiens et du gault dans l’Angoumois et la Saintonge. La route d'Angoulême au pont de Basseau fournit une dé- monstration fort intéressante de la superposition des argiles au calcaire portlandien. Les escarpements qui, dans le voisinage du pont, séparent la région des coteaux des plaines alluviales de la Charente et que la route a profondément entamés, laissent lire ia disposition indiquée par la fig. 2. Det. Fig. 2. M Calcaire portlandien. — M’ Argiles. — M” Calcaire portlandien. — Od Argiles -lignitifères. — Oe Grès verts à Ostrea flabellata. — 4150 — Les prairies s'appuient sur un calcaire solide M composé d’oolithes fines engagées dans un calcaire spathique et qui con- tient des Nerinea et des Chemnitzia. Il est surmonté par un calcaire très-argileux M pétri d'Ostrea bruntrutana Thurm., auquel succèdent d’autres bancs d’un calcaire solide, jaunâtre, à cassure lithographique M”, renfermant la même espèce d'Ostrea, mais avec moins d’abondance, et dont la surface est criblée d’une infinité de cavités dues à des perforations de pholades. Les trous laissés par les animaux perforants sont généralement perpendiculaires au plan des couches. On a donc affaire à un dépôt littoral. La formation crétacée commence en ce point par un banc d'argile bleuâtre feuilletée Od, dont l’épaisseur est de 65 à 70 centimètres, et dans laquelle on a remarqué des rognons de succir brunâtre. Elle est exploitée comme argile à fou- lon; sa qualité m'en a paru d’ailleurs médiocre. Elle est surmontée par une masse puissante de grès verts calcari- fères Oe solides ou friables, remplis de débris d’huîtres parmi lesquelles prédominent les Ostrea plicata Lam., et Carento- nensis d'Orb. Les Grès verts envahissent le sommet des coteaux et se répandent dans la direction de Chateauneuf jusqu’à l’O- céan sous forme de bandes frangées. Les excavations qui ont été pratiquées dans la plaine de St-Yrieix et notamment au petit Bardine, presque en face de la Poudrerie , ont atteint les ar- giles inférieures qui doivent être calcarifères , puisqu'elles ont été utilisées pour le marnage des terres. J'y ai observé de nombreux fragments de végétaux carbonisés. On y a recueilli aussi quelques rognons de succin. Des puits pratiqués entre le Charente et le Petit-Bardine ont traversé les couches suivantes (Fig. 3) : Fig. 3. V Sables rouges et terre végétale. — Of Calcaire à Ichthyosar- colites. — Oe” Grès fria- bles. — Oe’ Grès jaune. — Oe Grès friables. — Od Argiles lignitifères avec sucein. — A51 — Les seuls représentants du règne animal que je connais de cet étage consistent en une vertèbre d’un reptile de grande taille découverte par M. de Terrasson sous les Molidards etdans les Teredo qui sont engagés dansles bois fossiles ou dans lesro- ches jurassiques. Les troncs d’arbres signalés par M. Fleuriau de Bellevue sur la côte de l’île d’Aix gisent au milieu des ar- giles qui nous occupent, et bien que leur accumulation n'ait pris nulle part ailleurs autant de développement, on en ren- contre cependant des vestiges sur plusieurs points de la Cha- rente et notamment dans les environs de St-Même. M. Manès (4) cite dans les lignites de l’île d'Aix divers mollusques con- vertis en calcédoine et entr’autres le Sphærulites Bellævisus, la Caprina opposita, le Pecten quinquecostatus, le Nautilus triangularis, la Gryphæa aquila, la Gryphœæa columba et le Spatangus coranguinum. Il a dû se glisser quelques inexacti- tudes dans la détermination de ces espèces. 2° Sous-Erace. — Grès verdâtres calcarifères et grès sableux ferrugineux. | Aux argiles lignitifères succèdent des grès verdâtres, solides ou friables Oe (Fig. 4) et dontles grains de quartz sont souvent agglutinés par un ciment calcaire. Entre Fléac et le pont de Bas- seau, le calcaire devient si abondant qu'il s’isole en plaques ou en noyaux assez volumineux et donne naissance à une roche bréchiforme des mieux accusées. L’alternance entre des grès solides et des sables, et l’enche- vêtrement des uns et des autres font que les masses qui com- posent ces roches sont généralement ébouleuses, comme on peut s’en assurer dans les alentours de Nersac. La partie su- périeure du sous-étage est occupée par des sables ferrugineux exploités sur plusieurs points du faubourg St-Pierre, endurcis par places et passant alors à un grès ocracé, dont la stratifica- tion est irrégulière et interrompue. Son épaisseur est variable. Les fossiles que j'y ai recueillis sont les suivants: Ostrea columba Lam. (varietas minor). Ostrea plicata Lam. (0 flabellata d'Orb.). Ostrea Carentonensis d'Orb. Ichthyosarcolites...…. Orbitolites plana d’Archiac. (1) Description physique, géologique et minérallurgique du départe- ment de la Charente-Inférieure. 1853, p. 153. — 152 — Orbitohtes mamillata d'Archiac. et des tiges de végétaux indéterminables. Ces fossiles se trou- vent constamment à l’é- tat roulé, seulement l’é- paisseur de leur test les a préservés d’une des- truction complète. La puissance du se- cond sous-étage oscille entre 45 et 25 mètres. 3° Sous-ETAGE. — Cal- caire à Ichthyosarcolites et à alvéolines. Par sa puissance etpar lesremarquablesespèces de fossiles qu'il contient, ce calcaire constitue un des termes les plus im- portants de notre second étage. Exploité comme pierre de taille, placé entre des grès vertset des argiles remplies d’huî- tres quine permettent pas de se tromper sur sa posi- tion véritable, il devient un des points derepèreles plus aisés à reconnaître de la formation crétacée de cette partie de la France. Les limites dans lesquelles doit se ren- fermer cette notice ne nous permettent pas d’entrer ici dans beau- coup de détails sur les variations nombreuses que ce calcaire présente dans le grain et la com- } SOITSIY 80 9 °D9990Ù DINIDA4QI4IT R XNOUTEU b QUE ,% 10 — ‘PIDINIMANDIQ DIAISQ R SOITRS UO — ‘SouIns ‘XNOUIPU 9ITPOIET) À — XNOUIEUI DIIPI[ET) X— *S9/1[0910S0 {y} =] R 91OIE) JO JO JO — ‘4urinbos o11e9çe7) e — ‘XNOUIEUI OIIPOTET) À — ‘JIOA OIVIIRO SQID 90 — ‘somyruoshjod sagunavyds er oxteoten À — 911R9]RT) AO — ‘SOJITO21S0AHJUIT 90 J0 6] k 30 miRvpeuuiesasenx Charente. ©" Rochine. Ateliers. “5 "SU — 153 — position, et momsencore sur sa distribution géographique. Nous nous bornerons à dire que les deux localités les plus intéressantes du département de la Charente sont les coteaux de St-Trojan près de Cognac et l'emplacement des ateliers du chemin de fer, c’est-à-dire le triangle dans lequel la ligne du chemin de fer, la base du plateau d'Angoulême et la Charente enserrent le fau- bourg de Lhoumeau. Nous donnons dans la figure 4 la succes- sion des divers bancs que l’on trouve à partir de la Charente jusqu’à l'entrée de la gare des voyageurs. Les fondations de la fabrique de briques réfractaires de la Rochine sur les bords dela rivière, sont creusées dans les grès verts Oe supérieurs aux argiles lignitifères , dont nous venons de parler, et dans lesquels on a découvert aussi quelques nids de résine fossile. On rencontre ensuite : 1° Un calcaire marneux x, feuilleté, mélangé de sable et établissant le passage des assises Oe aux calcaires supé- rieurs Of; 2 Des bancs d'un calcaire coquillier à très-grossier, en- tièrement pétri de fragments anguleux ou roulés de coquilles dont le test fort épais est passé à l’état de chaux carbonatée spa- thique. On y remarque de nombreux débris de caprines et de nérinées agglutinés par un ciment calcaire et dont l'aspect gé- néral rappelle exactement les gateaux formés d'amandes con- casséks; 3° Des couches très-épaisses d’un calcaire dur Of, glandu- leux et rempli d'Ichthyosarcolites et de caprines gigantesques {Caprina adversa d'Orb.); 4° Un calcaire marneux x peu riche en fossiles ; 5° Un calcaire solide Of avec Sphærulites foliacea Lam.,etc.; 6° Un calcaire marneux 8 ; 7° Un calcaire solide y avec Sphærulites polyconilites d'Orb., etc.; 8° Des bancs d’un calcaire solide Of” d’une couleur un peu foncée à la base et passant à des calcaires plus blanchâtres, quoique toujours très-durs, et contenant la Sphærulites trian- gularis d'Orb., la Chama navis Coquand (Caprotina navis d'Orb) l’Ichthyosarcolites triangularis Desmar. (Caprinella triangularis d'Orb). Cette dernière espèce occupe surtout les — 154 — parties les plus élevées, et elle est accompagnée d’une grande quantité d’Alveolina cretacea d’Archiac. La puissance de ce sous-étage comprenant les numéros 14 jusqu’à 8 dépasse une trentaine de mètres. Bien que les divers fossiles que nous avons mentionnés se trouvent en général ré- pandus dans l’épaisseur totale, on peut dire cependant que leur maximum de développement est en rapport avec la position que nous avons indiquée. 4° Sous-ETAGE. — Argiles téqulines. Des argiles bleues pyritifères Og, remplies d'Ostrea columba Lam., d'Ostrea biauriculata Lam., d'Ostrea plicata Lam., (Ostrea flabellata d'Orb.), dont la puissance est de 1 à 3 mètres. Ces bancs d’argiles que l'abondance et la spécialité de leurs fossiles, tout comme leurs caractères pétrographiques, rendent un des horizons géologiques les plus saillants de la Charente, sont la patrie par excellence des sources ; aussi la présence des prai- ries artificielles qu’elles arrosent révèle au géologue un de ses points de repère les plus sûrs. Les argiles se laissent en outre très-bien pétrir, et cette propriété précieuse est utilisée sur presque tous les lieux du département où elles affleurent. Elles servent à alimenter un nombre très-considérable de tuileries ; aussi le nom d’Argiles tégulines qu'on peut leur donner est justifié par les applications auxquelles elles se prêtent et par les services qu’elles rendent à l’industrie. 5° Sous-ETAGE. — Sables supérieurs. Il consiste en un banc de grès sableux Oh de couleur jaune ou verdâtre, contenant les mêmes huîtres que les argiles in- férieures et de plus le Catopygus columbarius Ag. Sa puissance est de À m. à À m. 50. 6° Sous-ETAGE. — Second banc d’Ichthyosarcolites. Il est formé d’un banc calcaire O1 à Ichthyosarcolites épais de 4 m. à 1 m. 50 et contenant l’Ostrea columba, Lam., l'Os- trea biauriculata Lam., le Pecten Fleuriausianus d’Orb., le Nautilus triangularis Montf., le Pterodonta inflata d'Orb., l'Arca Guerangeri d'Orb. 7° Sous-Erace. — Calcaire avec Terebratula pectita Sow. Il consiste en une masse très-puissante d’un calcaire mar- neux Ok, passant souvent à une argile bleuâtre, susceptible de faire pâte avec l’eau. Ce sous-étage forme la base du plateau — 455 — d'Angoulême, et c'est dans son épaisseur qu'a été percé le tunnel qui passe au-dessous de la ville. Puissance : 12 à 16 mètres. Les fossiles qu'on y recueille le plus fréquemment sont les suivants : Ammonites Fleuriausianus d'Orb. Ammonites navicularis Mantell. (Mantelli d'Orb.). Pterocera inflata d'Orb. Pleurotomaria Gallieni d'Orb. Ostrea columba Lam. V. major. Ostrea hippopodium Vilsson. Ostrea carinata Lam. Terebratula pectita Sow. Terebratula Carentonensis d'Orb. Catopygus columbarius Agas. Nucleolites Ricardi. Archiacia sandalina d’Orb. Des polypiers et des dents de poissons dont M. de Rochebrune possède une très-belle suite. Malgré les variations nombreuses que le caractère pétrogra- phique imprime aux diverses assises de notre deuxième étage, nous n'avons pu les séparer les unes des autres, à cause de la présence à tous les niveaux des Ostrea columba et plicata, ainsi que des rudistes connus sous le nom d’Ichthyosarcolites. Nous indquons ici les fossiles les plus communs que nous avons recueillis dans cet étage, en précisant, à côté de chaque espèce, leurs stations dans les différents sous-étages. Les lettres correspondent au numéro d'ordre de ces derniers. Nautilus triangularis Montfort. Of, Of”, Ok. Ammonites navicularis Mantell. Ok. — Wolgari Mantell. Ok. — Fleuriausianus d'Orb. Ok. Nerinea Fleuriausiana d'Orb. Of, +, Of”. — Aunisiana d'Orb. Of, +, Of”. — monihifera d'Orb. Of, y, Of”. Pleurotomaria Gallieni d'Orb. Og”. Pterodonta inflata d’Orb. Of, Oi. — elongata d'Orb: Of, Of”. Pterocera incerta d'Orb. +, Oi. Pecten Fleuriausianus d'Orb, Of, Of”, Oi. — 156 — Pecten quinquecostatus Sow. Of. — _ phaseolus Lam. Of, Of”. Arca Tailleburgensis d'Orb. y, Oi. — Guerangeri d'Orb. y, Oi. Trigonia sinuata Park. Of, Of”. Chama lævigata Coq. (Caprotina lævigata d'Orb.) Of, Of”. — navis Coq. (Caprotina navis d'Orb.) Of, OF’ Cardium Carolinum d'Orb. Of, Of”. Teredo Fleuriausianus d'Orb. Od. Inoceramus problematicus ? d’Orb. Ok. Ostrea plicata Lam. (Ostrea flabellata d'Orb. Oe, Of, Of”, 0 g, Oh. — columba Lam. Of, Of”, Oh, Oi, Ok. — _ biauriculata Lam. Og, Oh, Oi. — carinata Lam. Og, Oh. — _ hippopodium Vilson Oh. — Carentonensis d'Orb Of, O1. Caprina adversa d’Orb. O f. — triangularis d'Orb. (Ichythyosarcolites) Of, Of’, Où. — _ quadripartita d'Orb. Of, Of”. — costata d'Orb. Of, Of”. ns state d'Orb:Of,40P”’. Sphœrulites foliacea Lam. Of, Of”. — polyconites d’'Orb. Of, Of”. Caprina Fleuriausiana d'Orb. (Spærulites d'Orb.) Of, Of”. — _ triangularis d'Orb. Of, Of”. Terebratula Lamarkiana d'Orb. Of. == biplicata De Fr. Of”, Oi. é — Menardi Lam. Oe, Of, Of”. — pectita Sow. Ok. — Carentonensis d'Orb. Ok. Catopygqus columbarius Ag. Oh, Oi, Ok. Nucleolites Ricardi O1, Ok. Archiacia sandalina d'Orb. Ok. Orbitolites conica d’Arch. Oe, Of, Of”. — mamillata d’Arch. Oe, Of, Of”. — plana d'Arch. Of, Of”. Alveolina cretacea d’Arch. Of”. Nous ne mentionnons ici que pour mémoire un assez grand nombre de polypiers dont la détermination, devenue aujour- — 457 — d’hui assez difficile, aurait pu nous entraîner dans des erreurs, ainsi que d’autres coquilles univalves et bivalves sur les noms desquelles Goldfuss et la Paléontologie française, les deux ou- vrages que nous avons seulement à notre disposition, ne nous ont pas renseigné d’une manière suffisante. La liste que nous donnons doit inspirer de la confiance, puis- qu’elle est dressée d’après des espèces d’une conservation irré- prochable, et qui, de plus, ont été très-bien figurées par les au- teurs qui les ont décrites. Sans le secours précieux que l’examen des anbécs du che- min de fer nous a prêté, il ne nous aurait pas été possible de connaître dans tous ses détails, la composition de 2° étage de notre craie inférieure, surtout dans une contrée où, comme dans la Charente, les cultures ont envahi complétement la sur- face du sol, et où le sous-sol, par conséquent, ne se montre guère que là où des excavations , des carrières ou quelques escarpements au-dessus des vallons permettent de lire dans la profondeur. Les caractères pétrographiques d’ailleurs ne sont pas constants, principalement pour les bancs calcaires. En effet, ceux-ci, qui sont durs et solides aux environs d'Angoulême, deviennent tendres dans d’autres localités, comme à Nersac, aux Molidards, à St.-Sulpice, et deviennent des pierres de taille que l’on exploite. Les rudistes s’y montrent bien encore, mais ils n’offrent plus cette énorme accumulation d'indi- vidus que l’on remarque à St-Trojan et sous Angoulême. Ce- pendant les traits dominants ainsi que les divisions sont con- servés. Cagnon. x Fig. 5. 5 Charente. M Calcaire port- landien. — Od Ar- giles lignitifères. — Oe Grès calca- rifères.—Of Sables jaunes. — Of’ Cal- caire à Ichthyosar- colites converti en pierres de taille. — 158 — Les carrières de Cagnon au N.-E. de Nersac, (Fig. 5) que tra- verse la route d'Angoulême à Chateauneuf, sont ouvertes dans le cœur même du calcaire à Ichthyosarcolites, le même qui sur l'emplacement des ateliers du chemin de fer ne fournit que du calcaire dur et des moellons rebelles au marteau. On trouve au-dessus des sables jaunâtres Of qui passent à leur tour à un système très-puissant d’un grès calcarifère Oe qui déborde au- dessous des escarpements par lesquels se terminent les coteaux sur la vallée de la Charente. Viennent ensuite les argiles ligni- tifères Od qui reposent directement sur le calcaire portlan- dien M. La coupe représentée par la figure 6 que nous avons prise au-dessus du champ de foire de Chateauneuf et qui se repète exactement dans les tuileries des environs de cette ville, con- firme pleinement nos conclusions. Fig. 6. Charente. Champ de foire. 2226825822 S Of Bancs inférieurs à Ichthyosarcolites. — Og Argiles tégu- lines. — Oh Grès à Ostrea biauriculata. — O1 Bancs supérieurs à Ichthyosarcolites. — Ok Calcaire à Terebratula pectita. Le talus qui sépare les coteaux des prairies de la Charente est occupé par un calcaire compact Of avec Caprina adversa d'Orb. Sphærulites foliacea Lam. Pecten Fleuriausianus d'Orb. Alveolina cretacea d'Arc., correspondant à la portion des ter- rains compris entre les grès verts et les argiles tégulines de la coupe des ateliers du chemin de fer. On trouve ensuite les ar- giles tégulines Og avec Ostrea columba Lam., Ostrea plicata Lam. , et O. biauriculata Lam. Un grès sableux Oh jaunâtre ou verdâtre renfermant les mêmes fossiles : le deuxième banc à Ichthyosarcolites Oi qui consiste en un calcaire jaunêtre et grumeleux. — 159 — Enfin un calcaire marneux avec Terebratula pectita Sow. et Ostrea columba Lam. qui sert de base aux troisième et qua- trième étages de la craie inférieure. Fig. 7. Charente. Oi Or Oh Og 05090 LSYLLSSESAuE EM Of Of Premier banc à Ichthyosarcolites. — Og Argilestégulines. — Oh Grès à Ostrea biauriculata. — O Calcaire sableux. — Oi Deuxième banc à Ichthyosarcolites. C’est une disposition analogue qu’on remarque dans des excavations pratiquées pour l'alimentation d’une tuilerie à la base des coteaux, au nord des premières maisons de Chateau- neuf que l’on rencontre, quand on arrive dans cette ville par la route de Nersac. L'inspection de la figure 7 qui donne la suc- cession des couches dispense de tout commentaire. Pour compléter nos rapprochements, nous terminerons nos citations par la description d’une région située à l’extrémité occidentale du département. La coupe représentée par la fig. 8 montre la succession des étages de la formation crélacée que l’on trouve à partir d’une ferme dite la Commodité, au-dessus du faubourg Saint-Jacques (Cognac), où l’on remarque les premières assises de la craie supérieure Rs à Ostrea auricularis Brongn. jusqu’au pays bas qui est occupé presque en totalité par la formation lacustre subordonnée à l'étage portlandien du terrain jurassique. Le quatrième étage E de la craie inférieure consiste princi- palement en un calcaire dur, cristallin, renfermant les Sphæru- lites Sauvagesii. d’Orb. et Desmoulinsiana Matheron. Fig. 8 a He te ue o Rs Base A delacraie supérieu- EATTIRTE- | des MAP (Ré rieure. Ne Soc | ï v. craie infé- a}POuIUO © ESS @ EE 2 l rieure. | Ok Cal- || caire à Te- rebratula W D pectita. œ O1i2°banc ©, àlchthyo- sarcoli- tes. Oh Grès à Ostrea Joçou calcarifè- res. Sr E & les ligni- D Co Ne ©) a 2 Pt US 0 DS ST) tfères. | # N Cou- | ” ches de Purbeck. Au-dessous de ce système apparaît le troisième étage P qui est constitué par un calcaire solide dans le haut, mais devenant plus tendre à sa partie inférieure, et susceptible alors de four- nir de la pierre de taille. C’est l'horizon de la Radiolites lum- bricalis d'Orb. — 4161 — Le deuxième étage, celui dont nous traitons ici plus spécia- lement, présente à partir de haut en bas : 1° Un calcaire marneux Ok avec Terebratula pectita Sow. Ostrea carinata Lam. Ostrea columba Lam. Ammonites navi- cularis Mantell, A. Fleuriausianus d’'Orb.; 2° Un calcaire jaune solide Oi avec Ichthyosarcolites et Ostrea columba Lam. et correspondant au deuxième banc à Ichythyosarcolites d'Angoulême et de Châteauneuf ; 39 Un banc de grès Oh solide ou sableux épais de deux à trois mètres et contenant en très-grande abondance l’Ostrea co- lumba Lam. l'Ostrea biauriculata Lam., l'Ostrea plicata Lam. (0. flabellata d'Orb.). Ce grès est ordinairement très-dur à sa base, et le test des huîtres qu'il contient est devenu siliceux. Les assises sableuses sont remplies de concrétions à formes tuberculeuses provenant de la consolidation capricieuse de certaines portions qui ont été imprégnées de carbonate de. chaux. Elles abondent dans les alentours de Bagnolet. Dans cette localité toutefois les argiles tégulines semblent manquer, : ou du moins elles y sont à peine indiquées. Elles y sont rem- placées par les grès; 4° Des bancs très-puissants d’un calcaire blanc Of dur et cristallin; presque entièrement formé par des Sphærulites fo- liacea Lam. et polyconilites d’Orb., des Caprina adversa, d’Orb., qui y sont accumulées à la manière des polypiers dans l'étage corallien. Ces bancs sont la continuation des bancs à rudistes de Saint-Trojan et de Boutiers : ils représentent le second horizon des rudistes; 5° Des grès verdâtres Oe avec orbitolites et fragments de végétaux; 6° Les argiles lignitifères Od qui forment la base de la craie dans la Charente. Elles s'appuient sur les argiles N qui con- stituent le sol du Pays bas, et qui appartiennent à une forma- tion lacustre dépendante de l’étage supérieur jurassique et que nous pensons être l'équivalent des couches de Purbeck. Les gypses qui sont exploités sur plusieurs points, notamment à Montgaud, à Croix-de-Pic, à Nantillé, aux Molidards, à Triac, etc., sont subordonnés à ces argiles. La fig.9, tracée des Molidards dans la direction de St-Siméon, sur la rive droite de la Charente, montre les relations de la formation crétacée avec l'étage supérieur de la formation juras- 12 sique. Le village de Molidards est bâti sur l’orle occiden- tal d'un plateau calcaire occupé en- tièrement par les calcaires à Ichthyo- sarcolites Of qui y ont été exploités en plusieurs points comme pierres de taille. À mesure qu’on descend vers le plateau de Saint- Siméon, on recou- pe successivement les grès calcarifè- res Oe inférieurs aux banes à Ich- thyosarcolites, les argiles lignitifères Od et toute la série des couches de Purbeck; seule- ment les grès etles argiles formant un terrain ébouleux que les vignobles ontsuccessivement recouvert, il faut apporter quelques soins pour opérer avec sûreté la dis- tinction des divers étages qui composent l’escarpement de la plaine. Le chemin qui conduit des Molidards aux carrières de gypse, fournit au géologue versé dans la connaissance géologique de la contrée les indications suffisantes pour le classement de ces couches. On voit très-distinctement au-dessous des argiles lignitifères un calcaire jaune N qui représente les bancs marins qui, Molidards. Fig. 9 M Calcaire portlandien. —N Gypse des couches de Purbeck. — N° Argiles de Purbeck. — N’ Calcaire de Purbeck. — Od Argiles lignitifères. — Oe Grès calcarifères. — Of Calcaire à Ichthyosarcolites. — 4163 — dans les environs de Bassac, chez Ville, près de Jarnac et de Chassors,surmontentles argiles gypsifères.Ces dernières N’se montrent dans les excavations ouvertes sous les Molidards pour l'extraction du gypse N. Enfin, en descendant sur la Charente, dans la direction de St-Siméon et du ruisseau de la Guirlande, les dénudations de plus en plus profondes qui ont emporté les terrains supérieurs, montrent à nu les assises supérieures de l'étage portlandien M. La faible inclinaison des couches ne permet pas de reconnaître sur un point limité la transgressivité qui existe dans les deux Charentes entre les formations jurassi- que et crétacée, bien que les études générales la montrent manifeste et incontestable. Dans une notice que nous avons in- sérée dans les mémoires de la société d'Emulation du Doubs, nous avons eu pour but d'établir le synchronisme des gypses Jurassiques des deux Charentes et des gypses des montagnes du Jura décrits comme Wealdiens par MM. Pidancet et Lory. Contrairement à l'opinion avancée par ces deux observateurs que la concordance remarquée par eux entre les gypses, le néocomien inférieur et les assises les plus élevées de l'étage portlandien, avait engagés à faire des premiers la base de la formation crétacée, nous les avons attribués à la formation jurassique, en nous appuyant en première ligne sur la discor- dance de stratification que l’on remarque entre le système gypsifère et le second étage de la craie inférieure, et en second lieu sur la subordination qui existe, dans le sud-ouest de la France, entre le même système et l’étage jurassique supérieur et enfin sur les analogies des faunes. Or la convenance de cette classification se vérifiait d'autant mieux que le terrain néoco- mien, le gault et le représentant de la craie chloritée de Rouen, manquant complétement dans les deux Charen- tes, les premières assises du second étage de la craie inférieure à Ostrea columba se sont déposées postérieurement à l’émersion du terrain jurassique y compris le groupe de Purbeck, et sont par conséquent indépendantes de la forma- tion oolithique qu’elles recouvrent indistinctement à divers ni- veaux. Outre les rapports d’assimilation que la présence du gypse établit entre les couches de Purbeck du sud-ouest et celles du Jura et dont l'identité de composition et de gisement indique l'identité de cause, malgré leur éloignement, ou, pour mieux dire, malgré leur isolement, il est utile d’a- — 164 — jouter que, dans ces deux régions, cette formation possède tous les caractères d’une origine fluvio-marine et ne constitue que des dépôts circonscrits et interrompus qui font que l’étage port- landien sous-jacent n’a pas été recouvert dans toute l'étendue de son développement. C’est ainsi que, dans le Jura, le néoco- mien inférieur repose, ou sur le calcaire portlandien, comme Sr St o à Montcley, à Mouthier, ou bien sur les argiles gypsi- fères, comme cela se voit à Orchamps-Vennes, à la Ville- du-Pont et dans les environs de Morteau. De même, dans le département de la Cha- rente, en dehors de la région connue sous le nom de Pays- Bas, où les gypsesde Purbeck atteignent leur maximum de puissance etséparentfranche- ment le portlandien du grès vert, les argiles gypsifères vonts’amincissantgraduelle- ment jusqu’au-dessus de Vi- brac, au sud des Molidards, où elles ne forment plus, entre les argiles lignitifères et le portlandien qu'une min- ce bande avec quelques ro- gnons de pierre à plâtre subor- donnés, comme l'indique la Fig 10. Au delà de cette limite, que les travaux exé- cutés tout récemment près de la Courade, pour l’établis- sement d’un chemin de gran- de communication, ont per- mis de fixer d’une manière précise le second étage de la craie inférieure s'appuie , sans l'intermédiaire du grou- pe de Purbeck, sur le calcaire portlandien et prend , à trois Fig. 40. M Calcaire portlandien. — N Argiles de Purbeck avec gypses subordonnés. — Oi Argil lignitifères. — Oe Grès calcarifères. — Of Calcaire à Ichthyosarcolites. — 465 — kilomètres plus à l’est, la disposition indiquée par la fig. 44. Ce diagramme représente la coupe transversale du vallon de Fig. 41. calcarifères.— Oe’ Sables jaunes subordonnés. — Of Galcaire à Ichthyosarcolites. Champmillon, où le portlandien M n’a pas été atteint par les argiles gypsifères et où il supporte directement les argiles lignitifères Od, auxquelles succèdent, en remontant dans la série, les grès calcarifères Oe et le calcaire à Ichthyosarcolites Of, passé à l’état de pierre de taille. La première apparition des rudistes ayant eu lieu à l’époque de la formation néocomienne supérieure, il s’ensuit que le deuxième étage de la craie inférieure correspond au second horizon des représentants de cette famille éteinte. Les caractères généraux que nous avons reconnus à notre deuxième étage, dans le département de la Charente, se main- tiennent avec beaucoup de constance dans celui de la Charente- Inférieure, ainsi que le démontrent les coupes de Soubise à Moëse, et de Martrou à Saint-Aignan, celles de FHoumé à Villeneuve et de Saint-Savinien à Taillebourg, données par M. Manès (1) qui cite au-dessus des bancs inférieurs à Ichthyo- sarcolites : 1° Un banc d’argile pure ; 2° Des bancs de sables et de grès calcarifères, puissants de un à cinq mètres, contenant une grande quantité d’Exogyra columba et d'Ostrea biauriculata ; 3° Un calcaire grisàtre noduleux à caprinelles (2° banc à Ichthyosarcolites) ; (1) Loco citato, page 144. — 466 — 4° Des calcaires grisâtres caractérisés par des Ammonites, des Nautiles, des Spatangues, qu'on y trouve associés avec l’'Exogyra columba (V. major). 3° ETAGE. Notre troisième étage se subdivise en trois sous-étages dis- tincts, et constitue la partie moyenne et supérieure du plateau d'Angoulême, ainsi que des plateaux, qui, depuis Angoulême jusqu’à Grassac d’un côté, et d'Angoulême jusqu'à la forêt de Chardin de l’autre, se projettent, sous forme de promontoires majestueux, au-dessus des banes à Ichthyosarcolites. A% SOUS-ÉTAGE. x D Il se compose d’un calcaire suberistallin à grains miroitants qui a la propriété de se détacher en petites plaquettes solides, et qui, dans les escarpements exposés aux influences atmo- sphériques, prend une apparence feuilletée. Il est facile de s'assurer que ce calcaire, dont la puissance est de dix-huit mètres environ, repose directement sur les calcaires marneux à Terebratula pectita Sow. et Ostrea columba Lam. À sa partie supérieure il passe à un calcaire plus solide et plus résistant, et donne naissance à deux ou trois bancs épais séparés par des nerfs d’une nature un peu plus friable. Ces bancs res- sortent en bosses sous forme de corniches saillantes. La cassure montre que la pâte est composée de grains miroitants et de nombreux débris de coquilles passées à l’état de chaux carbo- natée spathique; M. de Rochebrune a découvert dans ce système plusieurs ammonites inédites, un nautile, des pleurotomaires (P. Gallieni ? d’Orb.) et un spondyle. 9° SOUS-ÉTAGE. Il consiste en un calcaire jaune très-dur, à grains serrés et miroitants, analogue à un marbre métamorphique, disposé en couches régulières et exploité, sur divers points du plateau d'Angoulême, comme pierre à paver. On y remarque déjà de nombreux individus de Radiolites lumbricalis d’Orb. Sa puis- sance varie de un mètre à 2 mètres ; c’est lui qui sert de plate- forme au plateau d'Angoulême, ainsi qu’on peut s’en assurer à la Place d'armes et le long de plusieurs rampes qui condui- sent de la ville dans la plaine. En effet, de quelque côté que = OT — l’on remonte en ville, quand on est sur les bords de la Charente ou dans les golfes que dominent les coteaux, on retrouve une disposition de couches analogue à celle que nous avons eu l’occasion de signaler déjà plusieurs fois. La fig. 12 donne le profil du coteau d'Angoulême, à partir du Fig. 12. Angoulème. Of Pre- mier banc à Ichthyosar- colites. — Og Argiles tégulines. — Oh Grès à Ostrea biauricula- ta.— Oi Se- cond banc à Ichthyosar- colites. — Ok Calcaire marneux à Terebratula pectita. — PL Calcaire en plaquettes. — Pm Calcaire solide. — Pn Base de l'horizon de la Radiolites lumbricalis. lieu dit l'Abreuvoir, un peu au-dessus de l’angle du Pont. On y voit très-distinctement les bancs à Ichthyosarcolites Of et Oi séparés l’un de l’autre par les argiles tégulines Og et les sables Oh à Ostrea plicata, columba et biauriculata. Ce fait est d’ailleurs général dans les deux Charentes. 3° SOUS-ÉTAGE. Aux pierres à paver succède un calcaire blanchâtre, tendre, dont la poussière produite par la scie ressemble à de la casso- nade, et remarquable par le nombre infini de Radiolites lum-- bricalis d’Orb. qu’il contient. Il est homogène dans sa cassure et se laisse. tailler avec la plus grande facilité; aussi est-1l ex- ploité comme pierre de taille partout où il affleure, et il four- nit des matériaux de bonne qualité qui sont exportés au loin, principalement dans la Champagne de Cognac et de Barbezieux — 168 — et même dans l'arrondissement de Confolens où les pierres de taille sont rares. Malheureusement il est criblé dans tous les sens de cavités irrégulières qui proviennent de ce que la valve inférieure de la Radiolites lumbricalis d’Orb. est généralement vide Cette particularité s’opposant à ce qu’il puisse recevoir des moulures délicates , il est repoussé pour les travaux d’or- nement. Grâce à l’abondance des radiolites et de leurs formes allongées, ce calcaire fournit pour le troisième étage un ho- rizon aussi nettement caractérisé que l’est le calcaire à Ich- thyosarcolites pour le second. Les environs d'Angoulême, surtout les coteaux connus sous le nom de Crage, sont remarquables par le développement excessif qu'y ont pris les calcaires à Radiolites lumbricalis. On les y rencontre partout et presque partout ils y sont ex- Fig, 13. ploités. Les premiè- res carrières se ren- contrent dans le fau- bourg de la Bussate, à droite et à gauche de la route impériale de Limoges. La figure 13 donne le profil d’une de ces carriè- res. On y voit à la base un calcaire qui est utilisé comme moellon Po, dont l'épaisseur est de trois mètres envi- ron et qui est rem- pli de radiolites; au-dessus repose un calcaire en couches bien réglées Po’, que surmonte un calcaire se débitant sous forme de plaquettes solides Po”, pauvre en fossiles. Ce que cette localité offre principalement d’intéressant, c’est la dispo- sition générale des Radiolites lumbricalis, dont la direction des valves est perpendiculaire au plan des couches, la valve operculaire constamment tournée vers ce qui était autrefois la surface des mers; circonstance qui démontre avec la plus grande évidence que ces mollusques ont vécu à la place même où on les observe aujourd’hui. Po Calcaire à Radiolites lumbricalis exploité comme moellon. — Po’ Calcaire en couches bien réglées. — Po” Calcaire en plaquettes. — 169 La fontaine du Cerisier, à l’est d'Angoulême, que l'on atteint en remontant le vallon de l’Anguienne , et près de laquelle sont ouvertes les principales carrières, donne une bonne coupe du 3° étage. On a, en procédant de haut en bas (figure 14) Fig. 44. Ok Calcaire à Terebratula pectita. — PI Calcaire à pla- quettes. — Pm Calcaire solide. — Pn Pierre dure à pavés. — Po Calcaire pierre de taille à Radiolites lumbricalis. — Po’ Calcaire dur. — Qr Base du quatrième étage. Qr Calcaire esquilleux fai- sant partie du quatrième étage. Po’ Calcaire Jjaunâtre, à grains saccharoïdes, dur, avec Radiolites lumbrica- lis d'Orb., servant de toit à la pierre de taille, puis- sance À m. 50. Po Pierre de taille, remplie de Radiolites lumbricalis, d'Orb., puissance 6 à 7 mètres. Pn Calcaire saccharoïde, dur, jaune, (pierre à pa- ver) avec Radiolites lum- bricalis d'Orb., puissance 1 mètre 50. Pm Calcaire subcristallin en plaquettes, 18 mètres. Il repose au-dessus des cal- caires marneux Ok à Te- rebratula pectita Sow., qui représente la partie supérieure du 2° étage. La physionomie du terrain crétacé revêt dans les environs d'Angoulême, de Mouthier et de Roulet un caractère particu- lier qu'il doit à la disposition des roches dont il est composé. Aux lignes monotones et indécises des coteaux de Chateauneuf et de la rive droite de la Charente succèdent brusquement des lignes nettement arrêtées dans leurs contours et d’un effet re- marquable. L'œil embrasse une série de plateaux frangés et taillés en promontoire que limitent des talus à pentes raides et régulières et qui s’avancent majestueusement au-dessus de la plaine. — 170 — Un de ces promontoires qui de loin attire le regard, à cause de sa ressemblance avec un camp romain, porte le nom d’Au- vignat. La figure 15 en reproduit la silhouette. Le village de Roulet est bâti sur les argiles tégulines Og si Fig. 15. Roulet. œ DV: étage 2e étage. Og Argiles tégulines. Oh Sables à Ostrea biauriculata. Oi 2° banc à Ichthyosarcolites. Ok Calcaire marneux à Terebratula pectita. PI Calcaire en plaquettes. Pm Calcaire dur. Pn Calcaire à Sphærulites lumbricalis. bien caractérisées par les Ostrea plicata Lam. et biauriculata du même auteur. Elles sont surmontées par les sables jaunes Oh, qui contiennent les mêmes espèces. On rencontre ensuite le second banc à Ichthyosarcolites O1, dont l'épaisseur atteint près de 4 mètres. Il est exploité chez Guidon et il fournit de bons moellons. Il supporte à son tour une série de couches minces fendillées d’un calcaire marneux Ok, se débitant en écailles dans lequel on recueille l’Ostrea columba Lam., l’Os- trea carinata Lam. et la Terebratula pectita Sow. Au-desous de Roulet, dans la direction de Saint-Estèphe et de Chateau- neuf se développe, au-dessous des argiles tégulines, le système du calcaire à caprines avec les grès verts inférieurs. — AN — Le troisième étage, qui vient après le calcaire Ok, s'annonce par ce calcaire subcristallin PI que nous avons déjà signalé sous Angoulême. Au-dessus apparaissent des bancs épais d’un calcaire saccharoïde Pm très-durs correspondant à la pierre à paver; enfin le coteau est couronné par d’au- tres bancs calcaires éga- lement durs Pn, remplis de Radiolites lumbrica- lis qui n’ont laissé qu'une partie de leur test passé à l’état de chaux carbonatée spa- thique. C’est cette assise supérieure qui à fourni anciennement des pier- res de moulin: mais depuis leur remplace- ment par des meules siliceuses cette industrie a été abandonnée. rte re] Le InMABAaAnmanSAx= Anguienne. ff) Angoulême. 16. Oi 2° banc à Ichthyosarcolites.—Ok calcaire à Terebra- lcaire à Radiolites lumbricalis. La coupe représentée par la figure 16, donne la succession des divers bancs que traverse la ligne du chemin de fer dont la direction est in- diquée par un trait horizontal, depuis la rivière de la Touvre jus- qu’au delà du ruisseau de l’Anguienne; elle met en évidence la dis- position du troisième étage au-dessus des promontoires par rap- port aux calcaires à Ichthyosarcolites qui constituent générale- ment le sol de la plaine res.— Oe Grès calcarifères.— Of 1% banc à Ichthyosarcolites.— Og è œulines.—Oh Sables à Ostrea biauriculata.— Le) gien.— Od Argiles lignitif Touvre. XX N D é tula pectita.— PI Calcaire en plaquettes.— Pm Ca L Kimmérid Argiles t — 172 — jusqu'aux bords de la Charente. Le souterrain qui traverse le plateau sur lequel est assise la ville d'Angoulême, est entière- ment creusé dans le calcaire à Terebratula pectita Ok au-des- sous duquel se développent, jusqu’à la rencontre de l'étage jurassique kimméridgien L, les divers sous-étages qui com- posent le deuxième étage de la craie inférieure. Ce même cal- caire supporte le calcaire en plaquettes PI que dominent à leur tour les gros bancs du calcaire jaune, dur, saccharoïde Pm, et qui contiennent les premières dépouilles de la Radiolites Lum- bricalis d'Orb. Nous retrouvons encore les mêmes relations entre les di- verses assises du 3° étage jusqu’au delà de Chateauneuf où les calcaires à Radiolites lumbricalis sont exploités ; mais à partir des environs du château d’Anqueville, ce fossile dispa- raît-pour ainsi dire, et jusqu’à Cognac il devient moins facile d'opérer une séparation nette entre le 4° et le 3° étage. Dans la partie du parc de Cognac qui fait face à Boutiers, ainsi que dans Le parc de M. Hennecy, à Bagnolet, sur la rive opposée de la Charente, les calcaires subcristallins P de nos coupes sont changés en une pierre de taille dans laquelle les fossiles sont peu reconnaissables. Le 5° étage à son tour est un calcaire dur, cristallin, qui fournit des pavés et qui est rempli de Sphærulites Desmoulinsiana Math., de Sphærulites Sauvagesi d'Orb. et de nérinées. Les divers degrés de consistance que sont susceptibles de prendre les assises calcaires de la formation crétacée tout entière dans la Charente, et qui font qu’on exploite des pierres de taille à tous les niveaux, pourraient entraîner dans des erreurs, si les erreurs n'étaient pas redressées par la paléon- tologie. Ainsi sur la rampe qui conduit de la gare du chemin de fer à Angoulême, les calcaires P {base du 3° étage) prennent un grain sableux et certaines portions pourraient fournir de la pierre de taille : à Bagnolet comme dans le parc de Cognac, il existe des carrières de pierres de taille ouvertes au même niveau. À Angoulême au contraire, et dans les plateaux envi- ronnants, à l'Ile d'Epagnac, à Cers, à la Rochebaucourt, on exploite les bancs supérieurs avec Radiolites lumbricalis d’Orb.; ox, ceux-ci dans les environs de Chateauneuf ne donnent déjà plus que des moellons et des pavés, et les pierres de taille sont fournies par le 4° étage. — 173 — Les points les plus instructifs à consulter pour constater ces changements de texture, et disons-le, ce changement de rôle au point de vue industriel sans que pour cela l’ordre de super- position soit interverti, sont Saint-Même et Anqueville. Dans ; ces localités remarquables, le troisième et le quatrième étage sous le rapport pétrographique sont pour ainsi dire confondus et ont été transformés presque complètement en pierre de taille que font rechercher ses qualités excellentes. La figure 17 donne la succes- sion des différents terrains que l’on traverse à partir de la Cha- rente jusqu’au village de Dou- vesse, en passant par le vieux château d’Anqueville. Au-dessus des alluvions an- ciennes et modernes de la Cha- rente on rencontre : 1° Un calcaire jaune N sur- monté d’argiles grises, entremê- lées de calcaires cariés représen- tant l’étage portlandien, et une portion de la formation lacustre qui lui est supérieure; 2° les argiles lignitifères Od; 3° Les grès verts inférieurs Oe; 4° les calcaires à Ichthyosarco- lites Of avec Caprina adversa d'Orb., et Sphærulites foliacea Lam. ; 5° les argiles tégulines Og avec Okstrea biauriculata Lam. qui alimentent les belles sources du voisinage du château; 6° les sables supérieurs Oh avec Ostrea columba Lam .; 7° les calcaires marneux Ok Douvesse. Of Calcaire à Ichthyosarcolites. Ostrea bauriculata. — Ok Calcaire à Terebratula ères. — à Ostrea auricularis. Anqueville. Icarif ès ca a érieure à Og Oh Ok tage.— R Base de la craie sup Fig. 17. Of ères. — Oe Gr giles lignitif plicata. — Oh Sables Od Oe N Couches de Purbeck.—Od Ar à Ostrea é — Og Argiles tégulines La Natrie. pectita. — P 3° étage. Q 4° Charente. — 114 — avec Ostrea carinata Lam. et Terebratula pectita Sow. Ces six derniers numéros constituent notre second étage tel que nous l'avons observé déjà sur une foule de points. Le troisième élage P consiste en une masse très-considérable d’un calcaire compacte, sans mélange de couches argileuses, qui se lie sans transition à l'étage supérieur. Comme d’un autre côté les fossiles susceptibles de détermination exacte y sont rares, les subdivisions qu'il était possible de faire ailleurs, deviennent réellement très-difficiles ici. Toutefois, sous le hameau de Douvesse, le quatrième étage Q se laisse distinguer, du moins dans sa partie supérieure, à cause de la grande abon- dance de Sphærulites Sauvagesi d'Orb., et de Sphærulites Desmoulinsiana Math., qu'on observe empatées dans les calcaires qui correspondent exactement aux bancs désignés à Angoulême sous le nom de Chaudron et qui dessinent un horizon de rudistes distinct de celui tracé par les Radiolites lumbricalis d'Orb. Cette dernière espèce d’ailleurs, quoique moins répandue à St-Même qu’à Chateauneuf et à Angoulême, se montre encore entre Douvesse et Anqueville et suffit pour prouver que le caractère pétrographique seul a changé. Dou- vesse est assis sur les premiers bancs de la craie supérieure R à Ostrea auricularis Brongn. Le coteau de St-Même, distant d’Anqueville de trois kilo- mètres environ, est la continuation des mêmes bancs qui nous occupent. Au-dessous des couches à Ostrea auricularis Brong., on remarque des calcaires durs, très-épais, à grains miroitants, avec Sphærulites Desmoulinsiana Math. Ces couches, qui con- stituent la partie supérieure des carrières, conduisent à des masses très-puissantes de pierres de taille qui y sont exploitées par cavages et à plusieurs étages. Les régions les plus rappro- chées dutoit renferment quelques Radiolites lumbricalis d'Orb.: ce qui détermine exactement leur position. La pierre de taille a le grain fin, homogène et mesure douze à quinze mètres de bonne levée. En descendant vers la Charente, on trouve au-dessous des calcaires jaunâtres, très-durs, à couches minces. Ils recouvrent des calcaires blanchâtres un peu mar- neux, à cassure terreuse, se débitant en plaques esquilleuses, fendillées dans tous les sens, et dans lesquels j’ai recueilli la Terebratula pectita Sow. Enfin les dernières maisons au bas — 175 — du village sont bâties sur un banc de calcaire dur, rempli d'Ichthyosarcolites correspondant à notre deuxième banc d’Ich- thyosarcolites. Il renferme à sa base du sable siliceux; puis il passe à des bancs très-épais de sable jaune incohérent à Ostrea biauriculata Lam., auxquels succèdent les argiles tégulines exploitées pour le service d’une tuilerie voisine. Les détails qui précèdent suffisent pour démontrer que les carrières de St.-Même occupent toute l'épaisseur du 3° étage, à partir de la division F de nos coupes, qui, dans les environs d'Angoulême, a un facies tout différent. Sous Marencheville, dont les sommets sont les prolongements du plateau de St- Même, on exploite des bancs d’un calcaire dur, jaune, cris- tallin et rempli de débris d’entroques qui forment la base des calcaires à Radiolites lumbricalis d'Orb., et qui correspondent à la plateforme du plateau d'Angoulême. L’étage à Radiolites lumbricalis renferme au cœur même du village des encroûte- ments particuliers consistant en une espèce de jaspe jaune, très-rebelle, mélangé de fer hydroxydé et tapissé de nombreu- ses géodes de quartz cristallisé. On a sous les yeux uu simple accident occasionné par des sources minérales. Depuis St-Même, jusqu’en face de Jarnac, les couches ont éprouvé un dérangement considérable; car elles plongent toutes vers le sud-ouest, quelquefois sous un angle de 30 de- grés ; de plus les calcaires pierres de taille du système de St-Même n’ont plus la puissance que nous leur avons reconnue sur d’autres points ; car on atteint la base de la craie supé- rieure à Ostrea auricularis, Brongn., sur le revers du coteau qui sépare la plaine de Ségonzac de la vallée de la Charente, sans pouvoir constater la série des couches aussi complète qu'on l’observe dans les coteaux d'Angoulême. On remarque aussi quelques variations dans le signalement pétrologique du second étage de la craie inférieure, bien que les fossiles permettent d'y effectuer les mêmes subdivisions que dans le reste du département. Nous donnons dans la coupe représentée par la figure 18 la succession des bancs qu'a profondément entaillés la route qui conduit de Jarnac à Ségonzac et qui vers le Bout-des- Ponts, près de cette première ville, coupe à angle droit la route impériale de Saintes à Angoulême. — 176 — On trouve à partir du point d’intersection des deux routes et en procédant de bas en haut : Od Oe Oe’ Oe” Oe”” Of Og 4° des argiles bleues, mélangées d’argiles rouges Od ex- ploitées pour les tuileries voisines et formant le talus qui des- cend sur les prairies de la Charente, — puissance inconnue; 2° du calcaire friable, argileux Oe, — puissance 4 mètre 10; 3° des argiles brunes et rouges Oe’ — 1 m. 20; 4° du calcaire jaune, sableux Oe”” — 2 m. 50 ; 5° du calcaire vert, friable Oe’” — 1 m. 10 ; 6° du calcaire solide Of avec Orbitolites et Sphærulites fo- liacea , Lam. —1 m. 50; 7° des argiles bleues avec Ostrea biauriculata Og — 1 m. 50; 8° du sable jaune Oh — 0 m.69; 9° du calcaire à Ischthyosarcolites (2° banc) Oi — 2 m. 50; 10° du calcaire solide, exploité comme pierre à chaux Ok qui a une grande puissance et supporte sur le revers du coteau les couches à Ostrea auricularis. Les fossiles que nous avons recueillis dans notre troisième étage sont : Radiolites lumbricalis d'Orb.; Radiolites cornu pastoris (Desmoul.); Hippurites ccrnu-vaccinum (Brongn.); Sphœrulites Ponsiana (d’Archiac.); Cardium productum Sow.; Trigonia scabra Lam.; Caprina Archiaci d'Orb. Cet étage correspond au 3° horizon de la famille des Ru- distes. m7 — 4° ÉTAGE. Le quatrième et dernier étage de notre craie inférieure est formé de 3 sous-étages qui sont nettement représentés dans les plateaux des environs d'Angoulême. 17 SOUS-ÉTAGE. IL est composé d’un calcaire subcristallin (fig. 49) Qp Fig. 19. R D ë > sh RP Ce Are EE — S Qp EE __—_—_—_—_—_—_——— \ Fr NN Lu Po’ "1 Pi d RARES: RE ne ëD À . ‘# | op) ne TT rh À Po Calcaire pierre de taille à Radiolites lumbricalis. — Po’ Galcaire dur .— Qp Calceiro à écailles. — Qq Calcaire à Sphærulites Desmou hinsiana. — Qr Calcaire eñ couches minces. R Base de la craie su- périeure à Ostrea auricularis. analogue au calcaire que nous avons décrit au-dessus des bancs à Ostrea columba Lam., et possédant comme lui la propriété de se débiter en petites plaques : sa puissance est de 16 à 20 mètres. 2° SOUS-ÉTAGE. Il consiste en un calcaire Qq très-dur , solide, disposé en 13 — 4178 — bancs très-épais, désigné dans la contrée sous le nom de Chaudron. Il est rempli de rudistes parmi lesquels prédo- minent les Sphærulites Desmoulinsiana Math. Sa puissance est de 8 à 12 mètres. Il dessine la portion saillante ou la corniche du second plateau qui vers le levant se superpose à celui d'Angoulême. 3° SOUS-ÉTAGE. Il est formé par un calcaire feuilleté, solide, Qr, de 4 à 5 mètres de puissance. Il supporte les premiers banes de la craie supérieure R. La coupe représentée par la Fig. 19 est prise au-dessus de la Fontaine des cerisiers, à l’est d'Angoulême, sur la berge droite du ruisseau de l’Anguiène. Cette localité montre très- nettement le développement de l’étage de la craie inférieure et parfois des bancs à Radiolites lumbricalis qui représentent les couches supérieures du troisième étage, jusqu'aux calcaires Puymoyen. Fig. 20. Eaux-Claires. PI Calcaire en plaquettes, base du 3° étage.— Pm Calcaire dur à Radiolites lumbricalis. — Po Calcaire pierre de taille avec le même fossile.— Qp Calcaire en plaquettes (base du 4° étage).— Qq Cal- caire dur à Sphærulites Desmoulinsiana. —Qr Calcaire en plaquettes. — R Base de la craie blanche. — 179 — blancs crayeux des environs d'Epagnac, dans lequel abondent les Ostrea auricularis Brongn. et par lesquels débute la craie supérieure dans le sud-ouest de la France. Aïnsi qu'on devait s’y attendre d’ailleurs, nous retrouvons les mêmes relations et les mêmes subdivisions d’étages dans le massif rocheux que l’on trouve en face, dans la commune de Puymoyen (fig. 20), et qui sépare le vallon de l’Anguiène de celui des Eaux-Claires. Nous avons choisi de préférence nos points de démonstration dans les alentours de la ville d'Angoulême, parce que le chemin de fer y conduitles géologues voyageurs d’une manière très-com- mode, et que les vérifications peuvent s’y faire plus facilement. Les caractères pétrographiques que nous venons de signaler ne se soutiennent pas dans toute l'étendue du département. C'est ainsi qu’au sud-ouest de Chateauneuf, les carrières im- portantes de pierres de taille, ouvertes dans le quartier de chez Delesse, sont positivement au-dessus du niveau des bancs à Radiolites lumbricalis d'Orb. Ces derniers sont exploités comme pierre à paver etde taille dequalité médiocre, dans le quartier dit la Combe à Paquet. Les carrières de chez Delesse, que l’on ne rencontre qu'après avoir remonté toute l’épaisseur du 3° étage, sont très-rappochées de la craie supérieure et elles sont atta- quées, partie à ciel ouvert, partie souterrainement. La pierre y paraît formée de grains calcaires mal agglutinés dont l’as- pect rappelle certains calcaires coralliens. Elle ne présente point de parties lamelleuses ; elle est très-tendre et même friable, mais il paraît qu’elle durcit à l’air. Elle offre ordinai- rement une teinte Jaunâtre, quelquefois assez prononcée, plus souvent très-faible, et qui, au dire des carriers, disparaît pres- que entièrement avec le temps. Cette coloration est bien plus manifeste à la partie supérieure des bancs. L'épaisseur totale des bancs exploités excède de 6 à 7 mètres, leur puissance au- dessous n'étant pas connue. Les fossiles n'y sont pas rares, mais ils font tellement corps avec la roche encaissante, qu'il est assez difficile d’en extraire des échantillons complets. Il existe toutefois une exception pour une espèce, la Sphærulites Desmoutinsiana Math. dont la valve supérieure, armée de ses dents, se trouve fréquem- ment détachée. Des nérinées, des actéonelles et des polypiers quimerappelaient singulièrement les grès verts d'Uchaux, voilà les corps organisés fossiles qui sant les plus abondants. — 180 — En suivant de chez Delesse les diverses branches de la petite vallée de Cluseau, qui vous ramène à Chateauneuf, on voit les calcaires à Sphærulites Desmoutinsiana Math. reposer sur les escarpements formés par les bancs à Radiolites lumbricalis d'Or. qu'on exploite comme pierre de taille au-dessus dela Pelleterie. Nous avons déjà eu l’occasion de faire remarquer que, dans le parc de Cognac, le même calcaire à Sphærulites Desmoulin- siana était exploité comme pierre à paver. Aussi nous répéte- rons ici pour le quatrième étage, ce que nous avons eu l’occa- sion d'exprimer pour les 2° et 3° étages, à savoir que les incer- titudes créées par la variation des caractères pétrographiques étaient toujours dissipées par la constance des caractères pa- léontologiques. Nous mentionnerons aussi comme accident minéralogique, la présence de rognons très-volumineux d’un silex calcédonien bleuâtre au milieu des calcaires solides. Ils sont surtout abon- dants sur les coteaux de Claix et de Mouthiers. Les fossiles que nous avons recueillis dans le 4° étage sont : Sphærulites Desmoulinsiana Math. ; = radiosa d'Orb.; — mamillaris Math.; — Sauvagesi d'Orb.; Hippurites ; _ Arca Archiaciana d'Orb.; Nerinea. Des polypiers. Cet étage correspond au 4° horizon des rudistes. La coupe représentée par la fig. 21, retrace la série com- plète des divers étages et sous-étages dont se compose la craie inférieure dans le département de la Charente (1). Elle est tracée à partir de la Charente où la craie repose sur le kimmérigdien jusqu’à la rencontre des lambeaux de la craie su- périeure que l’on remarque au-dessus des plateaux de Soyaux et de Puymoyen. Cette coupe passe par la ville d'Angoulême, (1) Les diverses coupes que nous avons données du second étage de la craie inférieure, indiquent toutes deux horizons distincts d'Ichthyosarco- lites, séparés par les argiles tégulines : Je me suis assuré qu’on les re- trouve aussi dans la Charente inférieure. Le but de cette noteest de pré- munir les géologues contre l’opinion de quelques observateurs auxquels la position véritable de ces deux bancs avait échappé et quiavaient expliqué la présence de ces rudistes par l'existence d’une faille ; ce qui est inexact. “ANOUIEU ATVITET 10 — ‘VUNISUNOUSI 7 Sazynaioyds r anworern bd —" (98839 ,p np oseq) soyonbe;d uo axteoçen dÿ — ‘Inp 94109109 un Jed SOIUOUINS SYPIMQUR] S9JH0IPDY R OIL) 9P 2914 04 — ‘(OW9MoSuY,p nvayd) SYDIUUQU] S2JYODDA RINP 91VITD WU —" (95819 6 np eseq) soyonbe;d ua artvoqe) 14 — ‘vy90d DINJDAGOUIL XNOUTEUL H1PIILD AO — ‘(sosIsse SOWQIxN9p) SOTOOIESOAYJUOT À OILCOIPT 10 — DIDINOUNMQ VAS À SO[{US YO —" sourn80 SAIBLY 50—"(sasisse S9191W04d) SOTOOICSOAUIUIT R OUBIILT) JO —"SOIJHILOIRO S0179 90 — “SOL9JIUSI SONY PO — ‘UOISpHoOUMIY onbisseunf o8e)4 1 , 0 ; } 0 ! , » , » , : » » ; Û , ; 0 0 , F } y 3 s y , L ! Ca j | SOS ES : Ex Re Es C7 1 s TE 04 7 LS CARNET 570 HÉSE S Cm Ne —— RES ; 4 ARXKF 7 ; É ‘oJu9Ieu") ‘piesomveog ‘ouemsuy ‘owgmosuy ‘I SN — 182 — traverse la vallée de l’Anguiène et vient s'arrêter dans le massif interposé entre cette dernière vallée et le ruisseau des Eaux-Claires, où le quatrième et le troisième étage sont com- plets. Pour ne pas donner à la figure une trop longue étendue, nous avons rapproché les étages plus qu'ils ne lesont réellement sur le terrain, de sorte que le relief est exagéré; mais cette exagération, qu'on ne peut pas éviter dans ces sortes de dia- grammes, loin de troubler l’ordre des relations, le montre d’une manière plus sensible. Le pont de la Charente sous An- goulême est à 30 mètres au-dessus du niveau de la mer : la ville est élevée de 81 mètres au-dessus de la Charente, et l’alti- tude du point situé entre Toutifaut et Soyaux, sur la route de Périgueux où le quatrième étage existe complet, a 186 mètres : d’où il résulte que la craie inférieure atteint près d'Angoulême une puissance de 155 mètres environ, répartis entre les trois étages de la manière suivante : 19 Argiles lignitifères Od........... 3 20 Grès verts et grès calcarifères Oe.. 24 3° Calcaires à Ichthyosarcolites Of... 29 Do 4° Argiles tégulines Og............. 2 M Supereurs 0h. 24-4424 l UE 6° Second banc à Ichthyosarcolites Oi. 2 7° Calcaire marneux à Terebratula DEC OS LETTRE Es 16/ 1° Calcaire en plaquettes P1......... 20 3° étage. 2 Calcaire solide à: payer Pm. 7" 9 3) 3° Pierre de taille à Radiolites lum- DRASS PDA RER eur 17 1° Calcaire en plaquettes Qp......... 20 4° étage. { 2° Calcaire solide dit chaudron Qq.... 12} 36 3° -Calcawe Bssile Or 2e 1 Lee: 4 Epaisseur totale de la craie inférieure... 152 m. La coupe représentée par la fig. 22 est tracée à partir des hauteurs qui dominent la Charente, entre Chateauneuf et le château d’Anqueville ; elle passe par le village de Boisragon, et par Saint-Siméon, où le terrain crétacé forme, au milieu des terrains jurassiques, une île à bords frangés qui vient se ter- miner en face d’'Hiersac. Nous y trouvons les mêmes relations d'étages que dans les environs d'Angoulême : seulement l'étage 183 *“DUDISUUNOWSIT SAUNADUYAS RL Id 9S1H19)98IP9 39 9JN) op oMoId oO 9JIOJdxO 9IMOHQUI 91819 ET 9P 098}9 OWQIENT) Ÿ — ‘S2/DIMAQUER] S97/0PDU e] ed 981197900489 988j9 AWISIONT, 4 — ‘244904 DINFDAQOUIT R XNOULEUI OIPIIET) HO — ‘S9/1[091PS0AU}UIT e JULY OMAIXNO( 10 — ‘PIDINIUNDIQ PAUSE R SOIRS YO — ‘SOUNS9) SOTLSIY SO — ‘S9JI[0918S0AHJUOT e JUEY JOTUOIX JO — ‘SOIJALIILI SQUH) 00 — ‘SOIQNIUSIT SOJLIY PO — ‘USIPUETHOY AHLOIE) | BRIRARRAX DM > 0 JAM ME eu D mme de 2e de © © MUR UM MIA AMSS DE mms { ren E.-N.-E. Cha Boisragon. :--=unsmmmns Saint-Siuméon mime am nmLsmeananamU Charente. Q est converti en une pierre de taille exploitée chez supérieur Delesse, et le troisième étage Q, qui près d'Angoulême est *SADINIASIQ DasQ À 2Moupdns o1819 EI 0p 0989 OWQILNO( S — ‘XOIIS LR OIPUO} IA) JH — *S24DINIUND VIS() e omonmpans 0119 EL Op 280J9 JoNuoId np 9S8Œ SH — PUPISUMNOWSIT SJUNLHYAS À 98839 OUITENŸ Ÿ —"SYDILIQUIN] SAUOUPOH À 0809 OUQISIOUL 4 — ‘249004 DINDAQOAIT À AAUROTE) AO — *SOMOLESOAUJUOT SOP UOZLHOU AUAIXNI( 10 — ‘DI0INIANDIQ DI11$Q R SITGES AO — ‘01094 941180 R SOUNS9 SOIISIY 80 — ‘S0)1109 -10S0AU)U9] R QUEG JOIUOIY JO — ‘SOIJULIILO SQ11) 90 — "SONJIHIUSIT SO[LSLY PO — ‘uorpue]}tod 9884 N Die TS. au ee me se = a à ce .— + EE D A à = Ar œ 4, SE = = An = S ‘EG ‘Su remarquable par les nombreuses carrières de pierre de taille — 185 — qu'on y a ouvertes, ne présente plus ici qu'un calcaire dur pétri de Radiolites lumbricalis et susceptible de fournir d’ex- cellents pavés. Nous aurons occasion plus tard de signaler, sur d’autres points, des variations analogues dans le caractère pétrologique, mais qui ne peuvent infirmer les caractères four- nis par la stratigraphie et la paléontologie. Enfin la constance du niveau de nos trois étages de craie inférieure, ainsi que la persistance des mêmes espèces fossiles au sein de chacun d'eux, et Lie Chateauneuf. ec Sphærulites Desmoulinsiana, constituant le quatrième tage de la craie inférieure. — P Calcaire solide à Radiolites lumbricalis. rieure. — S Base du premier étage de la craie supérieure avec Og Argiles tégulines. — Oh Sables à Ostrea biauriculata. — Oi Deuxième banc Ichthyosarcolites. — Ok Calcaire marneux à Terebratula pectita. — P] Calcaire en plaquettes, + A 20 - = © = > = Le) GA K = = GENRE 36°. —- Grimpereau. Certhia. GRIMPEREAU FAMILIER, — Cerlhia familiaris. Se trouve fréquemment sur les ormes qui bordent les routes (route de Baume), dans les promenades et les jardins des environs de Besançon. GENRE 37°. — Tichodrome. Tichodroma. TICHODROME ECHELETTE. — Tichodroma phœnicoptera. Son passage dans le département commence à la fin d’oc- tobre; on le trouve dans les grands rochers à nu, notamment dans ceux de la citadelle de Besançon, mais partout il est rare. » Aux environs d'Arbois le passage est plus abondant qu'ici; dans trois jours j'en vis neuf au rocher de la Chatelaine, c’étaient les premiers jours de novembre. On l'appelle vulgai- rement : Grimpereau de murailles. GENRE 38°. — Huppe, Upupa. HuPpPE PUPUT. — Upupa epops. Dans les endroits arides et rocailleux, mais pas très-com- mune. On lui donne le nom de Boubotte. 16 — 926 — ORDRE SEPTIÈME. ALCYONS. — AZLCYONES. GENRE 40°. — Martin-pècheur. Alcedo. MARTIN-PÊCHEUR ALOYON. — Alcedo ispida. Commun toute l’année sur nos rivières. Vulgairement : Garde-boutique. ORDRE HUITIÈME. CHÉLIDONS. — CHELIDONES. GENRE 41°. — Hirondelle. Hirundo. HiRONDELLE DE CHEMINÉE. — irundo rustica. Très-commune dans la ville et les campagnes. HiRONDELLE DE FENÊTRES. — Hirund ) urbica. Aux mêmes lieux que la précédente, mais plutôt dans la ville. HiRONDELLE DE RIVAGE. — jirundo riparia Sur nos rivières, mais rare; niche sur les bords de l’'Ognon, dans des trous creusés dans le rivage. GENRE 42°. — Martinet. Cypselus. PRARTINET A VENTRE BLANC. — (ypselus alpinus: Très-rare. On m'a dit qu'il nichait près d'Ornans, mais Je n’en ai jamais vu; une personne, digne de confiance, m'a aussi assuré en avoir vu passer, en 4856, dans la plaine d’Arbois. NÉARTINET DE MURAILLES. — Cypselus murarius. Cet oiseau, très-commun dans le département en été, y arrive au mois de mai et part à la fin de juillet. En 1856, au mois de septembre, j'en vis une volée d’une- dizaine à Chapelle-d’'Huin, près Pontarlier; on ne saurait trop expliquer ce retard. — 997 — GENRE 4%. — Engoulevent. Caprimulgus. ENGOULEVENT ORDINAIRE. — Caprimulqus europœus. Dans les prairies un peu marécageuses et rapprochées des bois. Niche dans le département. On l'appelle Crapaud volant. ORDRE NEUVIÈME. , PIGLKONS. — COLUMBÆ, GENRE 44. — Pigeon. Columba. PIGEON RAMIER. — Columba palumbus. Commun dans la campagne au passage, surtout du côté de Clerval où on en fait de grandes chasses au filet. PIGEON COLOMBIN. — Columba ænas. Comme le précédent, avec lequel on le trouve souvent. PIGEON BISET. — Columba livia. Beaucoup plus rare que le précédent. CoLomMBE TOURTERELLE. — Columba turtur. Très-commune au mois de septembre dans les HR, et au moment de la nichée dans nos bois. ORDRE DIXIÈME. GALLINACÉS. — GALLINÆ. GENRE 47°. — Tetras. Tetrao. TETRAS AUERHAN. — ZJetrao urogallus. Assez commun dans les forêts de sapins de la haute mon- tagne, où il niche. Jamais, ou du moins très-accidentellement, dans le pays bas. Vulgairement : Coq de bruyères. \ TETRAS GÉLINOTTE, — Tetrao bonasia. Commune dans la haute montagne, beaucoup moins dans le pays bas. PeAD28n — GENRE 49. — Perdrix. Perdix. 2e SECTION. PERDRIX ROUGE. — Perdix rubra. On en trouve encore quelques compagnies, mais elle est devenue très-rare. | PERDRIX GRISE. — Perdix cineree, Très-commune, surtout dans le pays bas. 3° DIVISION. CAILLE. Caine. — Perdix coturnix. Niche dans le département. Très-commune, surtout dans la montagne, au mois de septembre. ORDRE TREIZIÈME. GRALLES, — GRALLATORES. A"e DIVISION. GRALLES A TROIS DOIGTS. GENRE 58°. — Pluvier. Charadrius, PLUVIER DORÉ. — Charadrius pluvialis. On le trouve quelquefois en bande aux’passages d'automne et du printemps, dans nos prairies humides et les marais. PETIT PLUVIER A COLLIER, — Charadrius minor. Sur les bancs de sable au bord de l'Ognon. Rare. J'en possède un, tué en 1855, à Cromary, près Voray. 2% DIVISION. GRALLES A QUATRE DOIGTS. GENRE 59°, — Vanneau. Vanellus. 1xe SECTION. « VANNEAU PLUVIER. — Vanellus melanogaster. Dans les prairies humides et les marais; rare: on l'appelle pluvier suisse ou argenté. -— 229 — $ 2e SECTION. VANNEAU HUPPÉ. — Vanellus cristatus. Très-commun au passage sur les bords de l’Ognon, mais \ très-difficile à approcher. GENRE 62°. — Cigogne. Ciconia. CIGOGNE BLANCHE. — Ciconia alba. Son passage a lieu dans le département à partir du 15 août; on en voit alors de grandes bandes dans les marais et sur le bord des rivières, mais elles s'arrêtent peu. ŒCIGOGNE NOIRE — Ciconia nigra. Très-rare. Je n’en connais qu’une seule, tuée dans le dépar- tement, à Recologne. GENRE 63°. — Héron. Ardea. 1'e SECTION. — MÉRON PROPREMENT DIT. HÉRON CENDRÉ, — Ardea cinerea. Assez commun sur les bords de l’'Ognon; moins sur le Doubs. 2e SECTION. — BUTOR. Ménow éRaND muToR. — Ardea stellaris. Aux mêmes lieux; assez commun aux passages. HÉROYX BLONGIGS, — Ardea minula. Rare. On en trouve quelques-uns sur les bords de l’'Ognon. Le 45 juillet 4855, on tua un mâle adulte près Nancray. GENRE 64°. — Nycticorax. Nycticorax. BIHOREAU A MANTEAU Nom. — Vyclicorax ardeola. Rare. En juillet 1856, on tua un mâle de l’âge de deux ans et une femelle, à Buthier, près Voray. GENRE 70°. — Bécasseau. Tringa BÉCASSEAU BRUNETTE OU VARIABLE. — 7ringa variabils. Rare. Habite le bord des rivières, sur les bancs de sable. BfCASSEAU ÉCHASSES. — Tringa minuta. Très-rare. En 1853, j'ai acheté, sur le marché, un mâle qui avait été tué dans les marais du côt: de Pontarlier; c’est le seul: que j'aie jamais rencontré. — 230 — GENRE 71°. — Combattant. Machetes. COMBATTANT VARIABLE, — Machetes pugnax. On le trouve quelquefois sur le bord de nos rivières, surtout si de l'Ognon, en automne; je ne l’ai jamais trouvé en plumage de noces. GENRE 72°. — Chevalier. Totanus.:« 1'e SECTION. — CWEVALIERS PROPREMENT DITS. CHEVALIER ARLEQUIN. — Tolanus fuscus. Très-rare. En 1850, on en apporta sur le marché un tué sur les bords de la Loue. CHEVALIER CUL-BLANC. — Tolanus ochropus. Sur le bord de nos rivières, où il n’est pas rare. On l'appelle Graveline. CHEVALIER SYLVAIN. — Totanus glareola. Très-rare. Je n’en ai jamais vu qu’un seul, tué en dir sur les bords de l'Ognon. CHEVALIER GUIGNETTE. — Tofanus hypoleucos. Sur les. bancs de sable de nos rivières. On l'appelle Gra- veline. Nora. Le passage de cet oiseau a lieu de très-bonne heure; à la fin du mois de juillet, à la Mouillère et au pied de Chaudanne, près Besancon, j'en vis en assez grande quantité et je remarquai que tous les soirs ils s’éloignaient des bords de l’eau et venaient voler sur la ville ou les environs. 2e SECTION. — CHEVALIER A BEC RETROUSSÉ. CHEVALIER ABOYEUR. — Zofanus glottis. Aux mêmes lieux; très-rare. En 18592, j'en vis un sur l'Ognon, à Geneuille; il faisait sans cesse entendre son eri qui imitait assez bien un petit aboiement aigu. _ GENRE 73°. — Barge. Limosa. BARGE A QUEUE NOIRE. — Zimosa melanura. Rare. Je n’en ai encore vu que trois, qui avaient toutes été tuées sur l’'Ognon. | — 931 — GENRE 74. — Bécasse. Scolopax. 1'e SECTION. — BÉCASSE PROPREMENT DITE. IBÉCASSE ORDINAIRE, — Scolopax rusticola. Très- -commune dans nos bois aux NES Ce d'automne et du printemps. Souvent, à la fin de mars, les chasseurs en trouvent des œufs. En 1856, les premiers jours d'avril, des chasseurs trouvèrent dans la forêt de Chailluz, près Besançon, deux œufs déposés. au milieu du chemin, dans une ornière, sans apprêt du terrain. 2e SECTION. — BÉCASSINE. GRANDE OU DOUBLE BÉCASSINE. — Scolopax major. Se trouve dans les tourbières, surtout au passage d'automne, mais plus rare que la suivante. Vulgairement : Bécassine romaine. BÉCASSINE ORDINAIRE. — Scolopax gallinago. Commune dans nos marais. BÉCASSINE SOURDE, — Scolopax gallinula. : Aux mêmes lieux. GENRE 75e. — Râle. Rallus. RALE D'EAU VULGAIRE. — Rallus aquaticus. Commun toute l’année dans nos marais et les oseraies qui bordent les ruisseaux, où on le trouve de préférence l'hiver. Vulgairement : Réle à bec rouge. GENRE 76. — Poule d'eau. Gallinula. l'e SECTION. POULE D'EAL DE GENÈT. — Gallinula crex. Commune en automne dans les champs et les marais. Je n’en ai jamais vu au printemps. Les chasseurs la connaissent sous le nom de : Roi de caille. POULE D'EAU MAROUETTE. — Gallinula porzana. Très-commune en automne dans les marais, moins au printemps. POULE D'EAU POUSSIN, — Gallinulu pusilla. , Dans les marais; très-rare, — 932 — POULE D'EAU BAILLON. — (rallinula baillonii. Aux mêmes lieux, un peu moins rare. En 1853, on en lua une femelle à la Vrine, et, en 4855, j'en vis une au marais de Saône. Un fait assez singulier, c’est que, deux jours de suite, je la vis se reposer à vingt-cinq ou trente mètres de moi, et bien que je fisse Les mon chien, il me fut impossible de la relever. 92e SECTION. POULE D'EAU GRDINAIRE, — Gallinula chloropus. Sur nos rivières, où elle est commune en toutes saisons. ORDRE QUATORZIÈME. PINNATIPÉÈDES. — PINNATIPEDES. GENRE 78°. — Foulque. Fulica. FOULQUE MACROULE — Fulica atra. Sur nos rivières, beaucoup moins commune que la poule d’eau ordinaire. On l'appelle Morelle. GENRE 80°. — Grèbes. Podicæps. GRÈBE HUPPÉ. — Podicæps cristatus. Apparaît quelquefois sur nos rivières dans les hivers rigou- reux- Je n’en ai jamais vu que des jeunes. GRÈRE CASTAGNEUX — Podicæps minor. Commun toute l’année sur nos rivières. On l'appelle : Billecul. l GRÈRBE CORNU OU ESCLAVOY. — Podicæps cornutus. Très-rare. Je n’en connais qu'un seul, jeune, qui ait été acheté sur notre marché, il y a quelques années. ORDRE QUINZIÈME. PALWIPÈDES. — PALMIPEDES. GENRE 8i°. — Hirondelle de mer. Sterna. HIROYDELLE DE MER ÉPOUVANTAIL. — Sierna nigra. ! On en voit quelquefois sur nos rivières, surtout au passage d'automne. — 933 — GENRE 82%. — Mauve. Larus. - 2° SECTION. — MOUETTE. MKOUETTE TRIDACTYLE, — Larus tridactylus. Remonte quelquefois nos rivières par les hivers rigoureux. En 4852, on en tua plusieurs sur l'Ognon et le Doubs; j'en vis une bande d’une dizaine. MOQUETTE RIEUSE OU A CAPTONOY BRUN. Larus ridibundus. Rare sur nos rivières. Jen ai eu une {mâle adulie), qui avait été tuée à Pin-lez-Magny, sur les bords de l’Ognon, en 1853. GENRE 87°. — Oie. Anser. O1E SAUVAGE. — Anser segelum. O1E RIEUSE OU A FRONT BLANC. — Anser albifrons. Très-rare. En 1848, j'en vis une sur notre marché. GENRE 89e. — Canard. Anas. Cananp SAUVAGE. — Anas boschas. Commun sur nos rivières. CavanD CHIPEAU OU RIDENNE. — AnQs strepera. Très-rare. Le 15 mars 1856, je trouvai sur le marché un mâle qui avait été tué à Marnay. Cananp PILET, + Anas acula. Sur nos rivières, moins commun que le suivant. CANARD SIFFLEUR. — Anas Penelope. Aux mêmes lieux, commun. CANARD SARCELLE D'ÉTÉ. — Anas querquedula. Sur nos rivières et les étangs, moins commune que la suivante. CananD SARCELLE D'HIVER, — Anas Crecca. Aux mêmes lieux, très-commune. CaANwanD SOUCHET. — Anas clypeala. He Depuis une dizaine d'années, je n’en ai vu que deux mâles et une femelle sur notre marché. — 98 — Cavanp MILOUIN. -— Anas ferina. Sur les rivières et les étangs; n’est pas rare. Canañp wynoCA. — Anas leucophthalmos. Sur nos rivières, où on en trouve quelques-uns au passage d'automne; plus rare au printemps. CananD MORILLON. — Anas fuligula. Aux mêmes lieux; même remarque. CANARD GARROT. — Anas clangula. Assez rare, surtout au printemps. GENRE 90°. — Harle. Mergus. GRAND HARLE. — Mergus meryganser. Rare. En 1852, on en tua un très beau mâle en plumage de noces, à Chatillon-sur-Lison. On trouve plus souvent la femelle. HanLE PIETTE, — Mergus albellus. Rare; j'en ai cependant déjà vu plusieurs, tués sur l'Ognon. GENRE 92. — Cormoran. Garbo. GRAND CORMORAN. — Carbo cormoranus. Rare. Je n’ai jamais vu cet oiseau dans notre département, mais j'en possède un dans ma collection, qui fut tué sur les bords de la Loue, il y a environ quinze ans; et cette année, an mois de mars, on m'a affirmé en avoir vu qnatre sur cette rivière : il paraît qu'ils n'étaient point sauvages et se laissaient approcher d'assez près. Conmonan NIGAUD. — Carbo graculus. Très-rare. Notre cabinet d'histoire naturelle en possède un jeune mâle, qui fut tué en 1856 aux Verrières. GENRE 94e. — Plongeon. Colymbus. PLONGEON LUMME. —- Colymbus arcticus. Très-rare. En 1855, j'en vis un qui avait. été tué sur les bords du lac Saint-Point, près Pontarlier. — 235 — MÉMOIRE SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS DU JURA, Par M. Ch. LORY (.), Professeur de Géologie à la Faculté des Sciences de Grenoble. —- RS a>l,ouR>E. , Du Li psia—l;ouR—EË, A siaet,ouR E. (A) — Intérêt à 5°, prime finale de remboursement. (B) — Intérêt 5 °h, prime annuelle, prime finale de rem- boursement. 2e Cas. — R = E. (C) — Intérêt 5 ‘L. (D) — Intérêt 5 °},, prime annuelle. 3° Cas. R < E. (E) — Intérêt 5 °}, du titre R, annuité d'amortissement cal- culée sur le capital à éteindre (E — R.) (F) — Intérêt 5 °/, du titre R, annuité d'amortissement cal- culée sur le capital à éteindre (E —R), prime annuelle. L'emprunt, par voie d'obligation, peut donc s'effectuer de six manières différentes, et cependant, aujourd’hui, la spéculation n’en reconnaît que deux, celles des séries (A) et (C). Il resterait donc à introduire dans les transactions financières les combinaisons (B), (D), (E) et (F), qui sont rationnelles et qui permettent de satisfaire à toutes les exigences de la spé- culation, Telles sont les différentes combinaisons que présente la question , si importante au point de vue financier, de l’émis- sion et du remboursement des obligations : combinaisons dont nous chercherons à faire bien sentir les différences en les ap- pliquant chacune à divers exemples, dans un prochain ar- ticle. — 3959 — Formulaire pratique pour la solution dcs cas que présente ordinairement la question de L'émis- sion et du remboursement des obligations, Rappelons la notation employée plus haut : À = Le capital emprunté ; E = La somme à verser pour avoir droit à une obligation. — Valeur d'émission ; R = La valeur portée sur le titre qui constitue l’obligation. — Valeur de remboursement ; i= Revenu annuel d'une obligation. — Quand ce revenu de- vra être payé tous les six mois, comme l’emprunteur aura à perdre, pendant six mois, la jouissance de la moitié du revenu 1, il faudra remplacer i par l'expression de la valeur 1,, à la fin de l’année, qui est : : LE ei (: == +, k = Le nombre d'obligations à émettre pour former le capital A. L'on a donc : K — FF” n = Le nombre d’années pendant lequel a lieu l'emprunt ; P = L’annuité fixe au moyen de laquelle l’emprunteur se libère, en n années, de ses engagements, par le paiement annuel des intérêts des obligations non amorties et le ra- chat partiel des obligations ; m == La différence entre l’annuité constante P et le revenu total ki ou ki,, suivant le cas, de toutes les obligations émises ; x — Le nombre d'obligations que l’on doit amortir à la fin de v la v"® année, à partir de la date de l'emprunt; y —= Le nombre d'obligations, non encore amorties, dont v les intérêts doivent être payés à la fin de la v"® année. Les intérêts de y étant payés à la fin de l’année de rang v, l’on soustrait de ce nombre x obligations, de sorte que Y l’année suivante v + 14, les obligations dont on a à desservir les intérêts, ayant été réduites de x, ne figurent Y plus que pour ( UT a rs Le — 360 — Nous aurons les relations suivantes : 1° Le nombre k d'obligations à émettre sera représenté par A K=— see se on onss ve eve se soeueoe eee vies peur (4) 2° L’annuité constante P à prélever chaque année pour ser- vir et Les intérêts et le remboursement des obligations est don- née par la relation suivante (21) : 1 Pa ( pee) IABUD AUS DE 202 ARGENT. 7 (2,) (+5) En la mettant sous cette autre forme : P=Ki+ R On voit que cette annuité totale peut se décomposer en deux parties : La première partie ki, est la somme des intérêts de toutes les obligations K ; KR La deuxième partie, (+) ane 07e) mie (4: ve i — R représente l’annuité qu'il faut verser pour que lesdites annuités Fr x a LA A V4 1 . placées à intérêts composés au taux KR produisent, au bout de n années, un Capital égal à KR ou à toutes les obligations cal- culées au prix de remboursement. Cette dernière forme peutêtre plus commode pour la pratique, parce que la plupart des tables relatives aux questions d’inté- rêts, donnent les valeurs des coefficients ( | +7) calcu- D | lées dans les limites habituelles des valeurs de — : — 364 — 3° Le nombre x d'obligations que l’on peut amortir chaque année , est représenté, pour une année quelconque v, par m 1 v—1 x= (+) ap TNA RE Een et RE. (5,) 4° Le nombre y d'obligations non amorties et dont il faudrà desservir les intérêts au bout de la v° année est donné par la relation ; (++) R y=k ————— 1e cote near etarereetr se re Rp tes à (64) (a) 5° — Le taux effectif de l'emprunt, où le taux auquel l'argent revient réellement à l’emprunteur, est donné par la relation. PSE RE CR in (1) P (1+1)" La valeur de t sera donné par le procédé graphique que nous avons décrit plus haut. Il est bien entendu que si le paiement du revenu 1 devait être payé par sémestre au lieu d’être versé à la fin de l’année de jouissance, il faudrait remplacer, dans les formules précé- dentes1 par la valeur 1, » 38 i Zi (it de MES TU ae à (8,) qui représente le revenu que l’emprunteur verse réellement chaque année au porteur du titre, attendu que la somme 1: s’augmente, pour le prêteur, de l'intérêt pendant six mois de TZ du il reçoit, au milieu de l’année de jouissance. La théorie précédente peut encore servir à résoudre d’autres questions d'intérêts relatives aux obligations. Telles sont les suivantes : 6° — Déterminer le nombre n d’années nécessaires à l’amor- tissement d’un nombre k d'obligations, remboursables à une valeur R, produisant un revenu i, chacune ; l’amortissement devant avoir lieu au moyen d’une somme annuelle P, capable de servir à la fois les intérêts et l'amortissement partiel. L'on a ki ] pe ass o( +) n 5 SNS Nr salieie ne care ouele sie hniiels 2 eee ea 0. (9,) lo 1+ ) 1° — Déterminer la valeur de remboursement R, que l’on doit donner à un nombre k d’obligations, rapportant i de revenu annuel chacune, pour qu'avec une somme P prélevée annu- ellement pendant n années, on puisse éteindre l’emprunt. L'on a : 1 1 k i Log +) = ET H) APS ES De ER) € (10,) Connaissant (+5) on en déduira la valeur de R, puis- que l’on connaît celle de i; 8° — Déterminer le nombre k d'obligations que l’on peut amortir, en en payant les intérêts, en n années, avec une somme annuelle P ; sachant que l'obligation est remboursable à une valeur R et qu’elle rapporte annuellement un intérêt 1. L'on a : Meuse Rose hs k=— Application de la théorie précédente à un exemple dans lequel 5,883 obligations émises à 425 fr., et rem- boursables en 30 ans, à 500 fr., rapportent 25 fr. d’intérêt par an, payables par semestre. Il nous reste maintenant, pour compléter cette notice et la rendre réellement utile aux financiers, à la faire suivre d’un exemple de calculs qui permettent non-seulement de vérifier l'exactitude de la théorie que nous venons de développer, mais encore, et surtout, d'indiquer la marche qui nous semble la plus convenable pour opérer avec rapidité et de manière à évi- ter les erreurs et, le cas échéant, en faciliter la recherche ; — 363 — considération très-importante en pratique, dans les questions qui exigent surtout des calculs longs et fastidieux. Nous admettrons qu’il s'agisse de faire un emprunt de 2,500,000 fr., au moyen d'obligations émises à 425 fr., et remboursables en 30 années. à 500 fr., c’est-à-dire une prime de 75 fr. Le revenu annuel d’une obligation est de 25 fr., payable par semestre. : L'on a pour le nombre d'obligations K Ê— Re = 5,882,°2 35, ou, en nombre rond, 5,883, Le revenu, i= 95 fr., d’une obligation, payable par semes- tre, représente réellement pour l’emprunteur une dépense an- nuelle i, de [20]. 1 69 LT — }—95{ — }—095fr- is LC FE s(%) 25,%- 3676 d'où ki, = 149,221f:, 20. La somme P à prélever annuellement pour desservir les in- térêts et amortir les obligations, et dont la valeur est donnée par l’expression [21] devient : Le NAT Se Are R Pour calculer le nombre d’obligations que l’on aura à amor- tr, à la fin de chaque année, l’on a la formule [11], pour l’année v : SRE sr pa 7 TE R (: R ) Ce calcul est assez long, puisqu'il doit se répéter autant de fois qu’il y a d'années dans la durée de l'emprunt; aussi nous semble-t-il important d'employer, pour ce cas, une méthode de calculs qui, en abrégeant les opérations, permette une facile vérification des résultats obtenus. A cet effet, nous prendrons très-exactement le logarithme 92,933, 30 i de e) et nous l’écrirons en tête de la colonne [2] ta- bleau A. Ce logarithme multiplié par 1, 2, 3, #, etc., donnera les logarithmes correspondants aux exposants du même ordre, — 364 — L'on formera donc de la sorte, avec une très-grande rapidité, la 2° colonne du tableau. Les nombres correspondants aux logarithmes ainsi calculés seront portés respectivement en regard de leur logarithme, colonne [3] qui renfermera alors les valeurs de (++) Ces nombres multipliés par le rapport constant T dont la valeur déduite de [19], est : k RS (+) fourniront tous les chiffres de la colonne [4], qui indiquent, pour chaque année, la quantité théorique d'obligations que l’on pourra amortir avec ce qui restera de l’annuité P, quand on aura prélevé les intérêts des obligations non encore amorties au commencement de l’année correspondante. Mais, comme il est facile de le voir, les nombres ne peuvent être conservés tels que le calcul les a indiqués, attendu qu'ils comprennent un terme fractionnaire et que l'obligation ne pou- vant se scinder, les nombres qui les représentent doivent être entiers dans la pratique. Or, ces nombres fractionnaires étant ceux qui conviennent à une annuité constante, il en résultera, si l’on fait disparaître les fractions, que l’annuité P variera d’une année à l’autre, en oscillant autour de la valeur théorique P : c’est en effet ce qui arrive. Pour obtenir des nombres entiers, deux moyens se présen- tent : ou l’on peut augmenter d’une unité chaque nombre suivi d’une fraction supérieure à 0,50, en prenant sur les termes suivants pour compléter l'unité. Ou l’on peut ne porter que les nombres entiers, en ajoutant successivement, aux nombres qui suivent, les fractions des nombres précédents, jusqu’à ce que ces dites fractions compo- sent une unité que l’on fait rentrer dans le nombre entier cor- respondant. Et ainsi de suite. Nous avons suivi cette dernière marche et nous avons obtenu les nombres de la colonne [5] pour ceux que, dans la pratique, l’on doit substituer aux nombres théoriques de la colonne [4]. m R — 365 — Le tableau A, formé comme nous venons de le dire, n’est utile que pour le calcul de la valeur de x; mais ce n’est pas sous cette forme que doivent être dressés ceux qui sont em- ployés dans la pratique. Nous donnons, dans le tableau B, la disposition qui est généralement adoptée par le monde finan- cier. Ce tableau est ordinairement imprimé sur le revers du titre qui porte le nom d'obligation. Expliquons sommairement la valeur des nombres qui com- posent les différentes colonnes de ce tableau. Par obligations non amorties, l'on entend les obligations dont il faut desservir les intérêts, à la fin de l’année corres- pondante au chiffre indiqué ; Par obligations à amortir, l’on désigne les obligations qui restent à amortir à la fin de l’année correspondante au nombre qui représente les obligations à amortir, et après le paiement des intérêts. Le service annuel des intérêts représente la somme qu'il faut consacrer, chaque année, au paiement des intérêts des obliga- ions non encore âmorties. Le service annuel de l'amortissement comprend les sommes nécessaires au rachat des obligations à amortir. Enfin, les chiffres renfermés dans la colonne intitulée : Total des paiements annuels, indiquent la somme à prélever chaque année pour servir à la fois, les intérêts et l’amortissement des obligations. Nous avons obtenu précédemment les chiffres renfermés dans la colonne des obligations à amortir, ils vont nous servir, maintenant, à déterminer, pour chaque année, le nombre d'obligations non amorties. Pour former les nombres de la colonne [2], il suffira en effet ‘ de retrancher, du nombre constant K, la somme de toutes les obligations qui auront été amorties, depuis l’origine jusqu’à l’année pour laquelle on veut obtenir le nombre d'obligations non amorties dont il reste encore à servir les intérêts. À cet effet, on dresse un troisième tableau, dans la première colonne duquel on porte, dans une colonne le tableau À, les nombres qui représentent la somme totale des obligations amorlies suc- cessivement, depuis la première année jusqu’à la dernière. Ces — 366 — nombres s’obtiennent par l'addition de ceux de la colonne 5 du même tableau A. Les chiffres ainsi obtenus, retranchés du nombre constant K = 5883, qui est égal à la somme de toutes les obligations émises pour couvrir l'emprunt, fournissent les nombres de la colonne [2] tableau B, qui représentent les obligations non amorties. Nous avons donné, formule [25], l'expression algébrique des obligations non amorties, à la fin d’une année quelconque. Mais comme le calcul direct peut être assez fastidieux, quand on à beaucoup d'opérations semblables à effectuer, nous n’en conseillons l'emploi que comme moyen de vérifier quelques- uns des résultats obtenus par la méthode plus pratique de proche en proche que nous venons d'indiquer. Ayant ainsi trouvé tous les nombres de la colonne [2], ta- bleau B, nous formerons ceux de la colonne [4] en multipliant, par ceux de la colonne [2], le revenu annuel d’une obligation. Ce coefficient est ici, comme nous l’avons vu, 95 fr. 3676. Les chiffres de la colonne [5] s’obtiendront en multipliant ceux de la colonne [3] par le prix R de remboursement, qui, ici, est égal à 500 fr. Enfin ceux de la colonne [6] s’obtiendront par l'addition des chiffres correspondants des colonnes [4 et 5]. Une valeur très-importante à connaître c’est celle du taux effectif de l’emprunt, parce qu’elle seule donne la mesure de l’opération financière. Servons-nous, pour cela, de l'équation de condition [32] A ,_U+t P (Hi? que nous allons résoudre par le procédé graphique, exposé pages (9) et (10) La valeur de remboursement étant supérieure à celle d’émis- sion, nous aurons, d’après ce que nous avons établi page (10), i > Nous emploierons donc, pour décrire la courbe, des ordon- A i nées correspondantes à des valeurs de t supérieures à KR — 367 — Nous donnons ci-dessous la valeur des ordonnées de la courbe à construire. à t — 0,060 correspond y, = 0,8259 à t = 0,061 id. y, = 08307 à.b= 0,062 id. y, = 0,8354 t = 0,063 id. Y1 = 0,8400 t = 0,064 id. y, = 0,8545 —= 0,065 id. Y1 = 0,8488 t = 0,066 id. Yi = 0,8528 —= 0,067 id. y: == 0,8571 t = 0,068 id. Y1 = 0,8610 t — 0,069 id. Y1 = 0,8649 à t — 0,070 id. y, = 0,8686 Si maintenant nous traçons (fig. 3) la droite qui a pour opé- ration 2 Q- ©@- © à © © : t | P en faisant a b = P. bc—A. Et si nous conduisons ensuite les ordonnées y, obtenues plus haut par les abcisses correspondantes, respectivement, nous obtiendrons l’arc de courbe o tot, dont l'intervention, avec la droite, détermine le point o correspondant à l’abcisse t, qui représente le taux effectif de l'emprunt. 368 — TABLEAU A. Log. (1+r 0,021493390 0,042986780 0,064480170 080,5973560 0,107466950 0,128960340 0,150453730 0,171947120 0,193440051 0,214933900 0,236427290 0,25 7920680 0,279414070 0,300907460 0,322400850 0,343894240 0,365387630 0,386801020 0,408374410 0,429867800 0,451361190 0,472854580 0,494347970 0,515841360 0,537334750 0,558828140 0,580321530 0,601814920 0,623308310 m RCE) Valeurs théoriques. (3) (4) 1,050735 87.42 1,104045 91.86 1,160059 96.52 1,218913 101.41 1,280757 106.56 1,345737 14197 1,414014 117.65 1,485754 123.62 1,561135 129.89 1,640340 136.48 1,723567 143.41 1,811009 150.68 1,902891 158.33 1,999435 166.36 2,100878 174.80 2,207467 183.67 2,319463 19999 2,437143 202.78 2,560800 213.07 2,690715 223.88 2,827230 235.24 2,970671 247.17 3,121389 259.71 3,279754 272.89 3,446154 286.73 3,621000 301.29 3,804710 316.57 3,997743 332.63 4,200570 349.51 367.24 9,882.33 RO = RUE Valeurs pratiques. TABLEAU B. 369 — _ TABLEAU DU SERVICE ANNUEL DES INTÉRÔTS ET DE L'AMOATISSEMENT de 5,883 obligations. ANNÉES non amorties () (2) 1 5883 o 9796 3 5704 4 5608 5 5906 6 5400 7 5288 8 5170 9 5046 10 4917 11 4780 12 4637 13 4486 14 4328 15 4161 16 3986 L7 3803 18 3610 19 3407 20 3194 21 2970 22 2739 23 2488 24 2228 25 1955 26 1668 21 1367 28 1051 29 718 30 368 NOMBRE D'OBLIGATIONS à amortir. (3) SERVICE ANNUEL d:s intérêts. (4 149951 ,71 147044,52 144710,48 142274,96 139687,22 136998,00 134156,56 131162,90 128017,02 124744,99 121268,60 117640,69 113809,82 109801 ,36 105564,57 101124,82 96482,11 91585,70 86435,59 81031,78 75348.90 6938695 63120,56 56524,36 4959835 49317 16 34680,79 26663.87 1821566 9336.16 de l’amortisse- ment. () 43500,5» 46000, »» 48000, »» 51000, »» 53000,»» 96000, »» 59000, »» 62000, »» 64500, »» 68500, »» 71500,»» 75500 ,»» 79000, 5» 83900, »» 87500, »» 91500, »» 96500,»» 101500,»» 106500, »» 112000, 5» 117500, »» 123500, »» 130000, »» 136500, »» 143500, »» 150500, »» 158000, »» 166500, »» 175000, »» 184000,» » TOTAL des paiements annuels. (6) 192751,71 193044,52 192710,48 193274,96 192687,22 192998,00 193156,56 193162,90 192517,02 193244,29 192768,60 192140,69 192809,82 193301 ,36 193054,57 192625,82 19262411 193085 ,70 192935 ,59 193031 ,78 192848,90 192886,95 193120,56 193024,36 193098,35 192017,16 192580,79 193163,87 193215,66 193336,16 25 RÉGLES POUR ARRIVER A LA CONNAISSANCE DU MOTEUR HYDRAULIQUE le plus avantaaeux dans un cas donné, PAIE M, ORDINAIRE DE LA COLOGE, CAPITAINE D’ARTILLERIE. cp t——— Séances des 18 avril et ® mai 185%. Les mécaniciens français ne se préoccupent pas assez, à notre sens, de ce qui, dans leur spécialité, se publie à l’étran- ger ; les ouvrages allemands, entre autres, contiennent beau- coup d’aperçus ingénieux et d'une utilité incontestable. Nous nous proposons aujourd'hui de faire connaître la mar- che indiquée dans l’Aide-Mémoire de M. ReDTENBACHER (A), pour arriver à déterminer le moteur qui convient le mieux dans un cas donné. Nous commencerons par rapporter ce que dit à ce sujet le savant professeur et terminerons par quelques réflexions. « Quand on veut employer à une opération mécanique la puissance d’une chute d’eau, il faut déterminer d’abord l’es- pèce de moteur qui, dans les circonstances où l’on se trouve, remplira le mieux le but proposé. » En supposant que, dans le choix à faire, on n'ait à s'occu- per que des frais de construction et du bon emploi de la puis- (A). Resultate für den Maschinen-baü, 1852. 371 = sance hydraulique dont on dispose , le tableau ci-dessous don- nera dans la plupart des cas des indications convenables. On y représente par : » H la chute et O la dépense d’eau par seconde dont on dis- pose ; » F la quantité de travail nécessaire pour faire l’opération mé- canique désirée en tirant du cours d’eau tout le parti possible ; » F° la quantité de travail disponible présentée par le cours d’eau; » De sorte que F>EF quand la puissance hydraulique est en excès , et que LUECS à quand elle est limitée ; auquel cas il faut lui proportionner l’im- portance du mécanisme qu’elle doit actionner. estau-dessouslest ordinaire. de 2m, ————————— est entre 2m [est inférieure et 6m, à 200 litres. est entre 2m |estsupérieure et 6m, à 300 litres. ou entre 6met lest ordinaire. 12m, supérieure est ordinaire. Se 12m, si on ne dis- pose que de capitaux res- treints. TR. si on ne dis- pose que de capitaux res- treints. si on ne dis- pose que de capitaux res- treints et si PRE=R jamais. LS, Quand Il faut employer TC NS ER la chute H |la dépense G spires NE sn © |'une turbine, sion n’est pas|si on n’est pas limité pour les sommes à dépenser et|: si lo Het G étant con- stants FF 20 H et Gsont variables. si on n'est pas limité pour les sommes à dépenser. limité parles sommes à dé-! penser et si H et Gétant constants F —F. jamais. si on n’est pas|si on n’est pas limité pour| limitéparles les sommes| sommes à dé- à dépenser et| penser et si si F > F. Ê—— % jamais. toujours. — 312 — » Lorsque l’on s’est décidé à employer une roue à axe hori- zontal, il reste encore à choisir parmi les divers types en usage celui qui offre le plus d'avantage dans le cas particulier dont on s'occupe. La fig. 1 (PI. 9) permet de faire ce choix sans diffi- culté. Les divisions de la ligne horizontale supérieure expriment les chutes, celle de la ligne verticale les dépenses d’eau par {” comptées en mètres cubes. La figure totale est partagée en compartiments relatifs chacun à un type de roue. Les lignes qui forment les divisions marquent les limites à partir des- quelles le moteur indiqué cesse d’être avantageux. La courbe À B détermine la puissance hydraulique maximum que les roues à axe horizontal sont susceptibles d'utiliser. » Après ces paroles d’un savant dont personne plus que nous n’apprécie le haut mérite et le caractère privé, qu’il nous soit permis d'ajouter nos impressions personnelles sur cette impor- tante question. Le besoin de réunir dans un tableau très-net et très-concis les renseignements nécessaires pour faire un choix entre les roues et les turbines, a dû empêcher M. ReDTENBACHER de présenter toutes les considérations qui peuvent, dans certains cas, faire pencher vers les derniers moteurs. Nous croyons, et d’autres personnes plus compétentes que nous sont de cet avis , que les turbines ont un rendement tout au plus égal à celui des bonnes roues à axe horizontal; nous savons encore que plusieurs turbines très-avantageuses dans les premiers moments de leur installation, l’ont été beaucoup moins après un certain temps; mais ceci tenait sans doute au manque de soin et d'entretien. Cependant nous admettrons, contre nos convictions particulières, que , sous le rapport du rendement, les deux classes de moteurs sent dans des condi- tions à peu près identiques ; nous le faisons pour nous confor- mer à l’opinion aujourd’hui la plus généralement admise. Voici les propriétés incontestables des turbines : + Economie dans les maçonneries nécessaires à leur installa- tion, quand on les compare aux roues de côté et à aubes courbes ; Exiguité de l’espace qui leur est nécessaire au-dessus du sol d’une usine ; Rapidité du mouvement de rotation, ce qui est un avantage — 313 — quand l'outil doit marcher très-vite, et un inconvénient quand son mouvement est lent; Facilité dans la marche avec énéoraeent, ce qui les rend éminemment propres à utiliser les chutes que les marées dimi- nuent périodiquement, et leur donne encore l’avantage de pou- voir rendre tout ce dont elles sont susceptibles, tant qu'il existe une différence entre les niveaux d’amont et d'aval (B); Variation sensible dans la vitesse de rotation, sans que le rapport du travail utile au travail absolu du moteur {que nous appelons rendement) diminue de quantités notables ; Application facile aux chutes supérieures à 12 ", que les roues ordinaires ne sauraient aborder, et cela presque sans li- mite, puisqu'il existe des turbines sur des chutes de 108». Voici actuellement leurs inconvénients : Elles demandent une précision d’ajustage qui rend leurs ré- parations difficiles dans les campagnes. Comme elles ne rendent le maximum d'effet utile que quand les orifices distributeurs sont complétement et simultanément démasqués (C), il s'ensuit que, dans la saison des eaux mai- gres, elles rendent de moins bons services qu’en hiver. Ceci est diamétralement opposé aux intérêts des usiniers, que les roues à axe horizontal servent beaucoup mieux sous ce rapport. Les feuilles, les plantes aquatiques, tous les corps étrangers que l’eau entraîne avec elle gênent son mouvement dans les ca- naux des turbines etlesobstruent même quelquefois, tandis que les corps flottants résistants sont seuls à craindre pour les roues (D). D’après ce qui précède et d’après des faits qui nous sont con- nus, nous croyons les turbines très-capables de rendre de bons services : Quand l'outil doit être animé d’une grande vitesse : tels sont (B). J'ai cité dans une autre notice (Théorie de la Turbine-Fourneyron d'aprés M. Vcisbach) une turbine de 24 chevaux qui, calculée pour une chute de 2m 76, faisait encore un certain service pendant une inondation qui réduisait à Om 06 la différence des niveaux. (C). Les diaphragmes intermédiaires et autres adjonctions en usage pour remédier à cet inconvénient, n’ont pas complétement rempli le but proposé. (D). Nous pouvons citer une turbine de 5 chevaux, montée sur une chute de 2m 25, que nous avons vue complétement arrêtée par des feuilles de platane. F — 314 — les meules à blé ou à riz, les ventilateurs, les hydro-extracteurs principalement quand ces appareils fonctionnent isolément ; Quand le cours d’eau est soumis à l'influence périodique des marées ; Quand le bassin qui alimente l'usine est exposé à de fortes dénivellations qui rendraient difficile l'emploi des roues à axe horizontal. Nous ajoutons donc ces trois cas à ceux indiqués par M. Red- tenbacher. Examinons actuellement les résultats offerts par la fig.1 (PI. 9) de cet auteur. Nous y voyons d’abord qu’il assigne une certaine place aux roues à palettes prises en dessous et aux roues à pa- lettes recevant l’eau par un orifice avec charge sur le sommet. Ces moteurs, qui, pour être satisfaisants, demandent un cour- sier appareillé avec soin et précision, sont effectivement un peu moins chers que les roues Poncelet; mais comme ces der- nières peuvent très-bien se construire entièrement en bois, qu’elles ont, toutes circonstances égales, moins de largeur que les précédentes, qu’enfin, dans les cas qui leur sont les moins favorables, elles rendent encore davantage, nous les substi- tuons complétement aux deux classes de roues à palettes planes dont il est question. Nous étendrons même les limites que leur assigne l’auteur allemand en nous basant sur les bons résultats obtenus par M. de Bergue en Catalogne, où il a établi une . roue Poncelet citée par Fairbairn. Elle a 9% 410 de large sur 5" 10 de diamètre ; la chute est de 2". Elle produit 180 che- vaux avec un rendement de 0" 55, que n’atteignent jamais les moteurs auxquels nous la substituons. Les roues à palettes planes avec vanne en déversoir nous semblent dans la figure 1 (PI. 9) occuper trop de place, car en général la lame d’eau qui agit sur elles ne doit pas dépasser 0% 95, ce qui, pour un volume de 3" 000 mètres cubes par se- conde, donnerait au moteur une largeur énorme, 12% environ. On ne peut atteindre un tel chiffre qu’en divisant la roue par un bajoyer intermédiaire, qui augmente beaucoup les frais de con- struction. Ces moteurs sont en outre très-sensibles aux moin- dres dénivellations d’amont. M. Redtenbacher établit entre Les roues de côté avec vannes à directrices et charge sur le sommet et les roues à auget prises au-dessous du sommet, une démarcation assez peu sensible — 375 — dans la réalité, car partout où l'écoulement par la vanne est dirigé invariablement par des diaphragmes, il est indispensable, pour un bon effet, que les surfaces en mouvement sur les- quelles elle arrive aient une inclinaison proportionnée, ceci mène à donner aux parois des palettes une forme polygonale ou courbe qui en fait de véritables augets. C’est ainsi qu’on agit en Angleterre et surtout en Périgord, où ces moteurs, connus sous le nom de Roue-Verses, sont d’un usage très-fréquent. Nous comprendrons donc les deux classes de moteurs pré- cédents sous le nom générique de roues à augets prises sur le côté. Nous étendrons pour elles les limites posées par M. Red- tenbacher, parce qu’en descendant un peu l'introduction de l’eau, on peut les tracer avec une largeur admissible dans la pratique. Nous agirons de même pour les roues à auget prises en des- sus, Car nous pensons qu'on peut sans inconvénient porter leur largeur à 3" 50, ainsi que cela a lieu au laminoir de Framont, dont le moteur produit un travail de 60 chevaux. Ces considérations nous engagent à soumettre à l’apprécia- tion des ingénieurs les règles résumées dans la fig. 2 (PI. 9). C’est à eux qu'il appartient de les appliquer, car l'industriel qui, pour le choix d’un moteur, agit sans leur concours, s'expose sou- vent à de graves mécomptes quise traduisent en pertes d'argent. NOUVELLE MÉTHODE ANALYTIQUE POUR RECONNAITRE L’IODE ET LE BROME PAR MM. OSSIAN HENRY FILS, ET E. HUMBERT, DOCTEURS EN MÉDECINE ,; À PARIS. Séance du 13 juin 1857. —Ssbe— Dans un mémoire que nous avons eu l’honneur de lire de- vant l’Académie de médecine , mémoire honoré d’un rapport favorable (10 février 1857. Comm. MM. Wurtz et Boutron, rapporteur ), nous avons proposé un nouveau procédé pour re- connaître l’acide cyanhydrique. En terminant ce travail, nous avons annoncé qu’en renversant les termes du procédé on pou- vait aisément découvrir la présence de l’iode et du brome. C'est le résultat de ces nouvelles recherches que nous aurons l'honneur d’exposer devant la Société. La méthode est applicable à tous les cas, elle se prête à toutes les circonstances. Pour fixer les idées, nous supposerons que la recherche s'exerce sur une eau de rivière, de fontaine ou de source minérale. Nous précipitons directement le liquide ou le résidu de son évaporation plus ou moins concentré, par l’azotate acide d’ar- gent. Ce sel doit être fortement acide lorsque le liquide est — 311 — alcalin. On l’ajoute jusqu’à cessation de précipité, puis ensuite en léger excès. On laisse le précipité se former complétement et se déposer pendant 12 ou 24 heures. Il peut renfermer du chlorure, du bromure et de l’iodure d'argent. Ces sels sont jetés sur un filtre, soigneusement lavés et bien desséchés. Ce point atteint, on les mélange intimement avec une petite quantité de cyanure d’argent desséché lui-même ; enfin on les introduit dans un long tube à l’une des extrémités duquel on les fixe entre deux petits tampons de ouate ou d’a- miante. Il ne reste plus qu’à faire passer sur le mélange un lent cou- rant de chlore lavé avec soin et desséché, tandis qu’on chauffe légèrement à la lampe le point du tube occupé par les sels ar- gentiques.— L'iode, le brome et le cyanogène sont déplacés par le chlore et se combinent ; après son passage, il ne reste plus que du chlorure d'argent. — Bientôt, on voit le bromure et l’io- dure de cyanogène se déposer à quelque distance de la partie chauffée dans des portions plus froides du tube. Ces combinai- sons viennent en général se condenser sous la forme d'un an- neau blanc et cristallin qu’on peut faire voyager par la chaleur, à l’exemple de l’anneau arsenical de l'appareil de Marsh, mais ici une chaleur très-modérée suffit.— Il est bon de refroidir le point du tube où l’on veut opérer la condensation. Cette pré- caution, utile surtout à l'égard du bromure de cyanogène {il se volatilise à 15°), se réalise facilement en entourant une cer- taine portion de la longueur du tube avec du coton, sur lequel on verse de temps en temps quelques gouttes d’éther. Il est mutile d'ajouter que la présence du chlorure d'argent, sel qui se trouve presque toujours en grand excès relativement à l’iodure et au bromure du même métal, ne compromet en rien le succès de l'opération. ; On sait aussi, et c’est dans l’espèce un point très-important à signaler, que le chlore sec n’attaque ni l’iodure ni le bromure de cyanogène Disons, pour terminer ce qui a rapport à la description du procédé, que le tube condensateur est fermé à ses deux extré- mités et qu'on peut le conserver indéfiniment comme pièce de conviction. Nous ferons remarquer qu’en suivant ce procédé, on ne mé- — 318 — lange à l’eau minérale aucune matière qu’on puisse accuser de rentermer elle-même de l’iode. On sait de combien de discus- sions ce point a été l’objet et quelles objections il a soulevées contre la méthode généralement suivie. — Les combinaisons d'iode et de brome avec le sodium et le magnésium (ce sont celles qui existent dans la plupart des eaux) sont très-facile- ment décomposables par la chaleur; dans les évaporations des eaux-mères, on Court donc le risque de perdre une partie du produit que l’on recherche, si ce n’est la totalité; aussi est-il d'une grande importance d'ajouter au liquide qu’on évapore un peu de potasse libre ou carbonatée. T1 se forme, par son addi- tion dans le liquide, un iodure et un bromure de potassium dif- ficilement décomposables par la chaleur. Malgré les précau- tions que l’on prend pour se procurer de la potasse bien pure, beaucoup de chimistes veulent que l'iode trouvé dans certaines eaux provienne de la potasse. Nous pensons leur être agréable en indiquant un procédé à l'abri de cette objection, soulevée principalement à propos de l’eau de Vichy. On pourrait adresser à ce procédé quelques objections que nous tenons à réfuter. Disons tout d’abord qu? s’il se formait dans le tube conden- sateur du chlorure de cyanogène solide (ce que nous n’avons Jamais observé), ses caractères physiques et chimiques le dis- tingueront nettement des cyanures d’iode et de brome. Le bromure de cyanogène se volatilise à 45° cent., l’iodure à 45°, tandis que le chlorure fond d’abord à une température de 1409 pour ne se volatiliser qu’à 190°. — La différence est assez sensible. Ensuite, si l’on dissout un peu d’eau dans de l’iodure de cya- nogène, qu’on ajoute de l’amidon et un fragment de sulfite de soude, il se fait du sulfate de soude, de l'acide cyanhydrique, et de l’iode est mis à nu; il colore en bleu l’amidon. Cette réaction est d’une grande sensibilité, mais il faut éviter d'employer un excès de sulfite de soude, qui ferait disparaître la coloration. — Pour reconnaître le bromure de cyanogène, on ajouterait en même temps de l’éther, afin d'obtenir la colo- ration jaune de l’éther bromé. Est-il indispensable d'employer des substances pures pour préparer le chlore nécessaire à la réaction? Nous l'avons çru d’a- — 319 — bord, mais nous nous sommes assurés que le chlore lavé, puis desséché, n’entraïnait jamais d'iode ni de brome, lors même qu’on avait ajouté dans le ballon d’où il se dégageait de l'iodure et du bromure de potassium. — On fit passer ce chlore pen- dant un temps assez long sur du cyanure d'argent; il ne se produisit pas trace de cyanure d’iode ou de brome. La différence assez sensible entre les points de sublimation de l’iodure et du bromure de cyanogène offre un moyen phy- sique facile d'obtenir leur séparation. On plonge dans de l’eau à 30° l'extrémité du tube où sont condensés les deux cyanures; en même temps, on entoure la partie supérieure qui se trouve hors du liquide d’un tampon de coton qu'on refroidit avec un peu d’éther. Le bromure de cyanogène volatil à 45° distille et se condense dans la partie froide; l’iodure, plus fixe, n’aban- donne pas sa première position. En suivant cette méthode, nous avons pu reconnaître l’iode et des traces de brome dans l’eau de Vichy, et cela avec une certitude qui ne laisse aucun doute, et nous regardons comme jugée cette question controversée depuis si longtemps, la pré- sence de l’iode dans l’eau de Vichy. Nous avons extrait de l’iode de plusieurs autres sources minérales; c’est avec la plus grande facilité que nous avons reconnu le brome dans les eaux-mères de Salins. Les tubes qui renferment ces produits sont conservés et commencent une collection que nous nous proposons d’aug- menter. ÉTUDES SUR LUXEUIL. EE — UN CÉRAMIQUE ET LA DÉESSE BRICIA, PAR N, EMILE DELACRONX, Professeur à l'Ecole de médecine de Besançon. ÆCLAIRIT— Séance du 13 juin 185%. —209<— La découverte d’un dépôt antique de terre à potier, encore étendue sur le plancher même où elle a subi toutes les opéra- tions du corroyage, voilà peut-être un fait archéologique assez nouveau pour attirer l'attention des amateurs d’art céramique et des savants. C’est à Luxeuil, presque au fond de la vaste tranchée que l’on poursuit pour la réunion des principales. sources ferrugineuses, que le fait a été mis en évidence, et l'examen des lieux ne laisse aucun doute. Au nord de la tran- chée, le long et à la hauteur du plafond de la galerie souter- raine d’égoût, qui séparait, à l’est, la ville antique de l’établis- sement thermal, on voit un plancher de chêne bien conservé, parfaitement continu et posé sur des traverses. Il formait un bassin de 10 mètres de largeur environ, encadré de murs, — 381 — bordé de ciment à la ligne de rencontre de la pierre et du bois, et assis sur une couche bien battue de marnes rapportées. Sur cette aire, ainsi rendue imperméable, était une couche de terre à potier, brune, bien corroyée, parfaitement homogène, d'une épaisseur de 30 centimètres. On en voit encore la coupe à l’est, malgré un éboulement considérable que les pluies avaient provoqué sur le flanc de la tranchée, la terre à potier aidant. Cette terre, en grande partie siliceuse, semble être au fond une poussière ténue empruntée au grès bigarré. Vraisemblablement aussi elle contient une notable proportion du manganèse qui abonde dans les environs ; mais ce qui la rend surtout remar- quable et lui donne avec l’eau une douceur extrême, c’est une boue ocreuse qui l'empâte, la lie, et dont elle est très-intime- ment pénétrée. Au premier abord, on pourrait considérer cette terre comme un sédiment des sources mêmes, mais l’observa- tion attentive ne permet pas longtemps cette explication. En effet, les sources ferrugineuses coulent à 2 mètres au-des- sous, dans le grès bigarré, et l'intervalle entre la roche et le plancher de corroyage consiste en vieux remblai noirei qui pa- raît, d’après son contenu, antérieur à l’époque gallo-romaine. Ainsi, de ce côté, point de relations naturelles entre les sources et le dépôt. Serait-ce l'élévation du niveau des sources, à l’é- poque où le fond de la vallée était encombré de ruines et de barrages, qui aurait permis au dépôt de s'établir sur le plan- cher même, à travers les lacunes du remblai supérieur ? Cette hypothèse n’est pas mieux fondée, car la terre à potier est sans mélange dans toute son épaisseur et parfaitement homogène ; pas une pierre de remblai, pas un grain, pourrait-on dire, ne l'ont pénétrée : ce qui indique non-seulement qu’elle est anté- rieure, mais qu’elle était sèche et résistante avant d’être ense- velie sous les ruines. Ajoutons que nous avons recueilli dans le bassin même un bois taillé en battoir, et une pièce de chêne longue de 60 centimètres, façonnée en outil tranchant à dos très-épais. Ces bois, comme tous ceux qui doivent leur con- servation au contact des matières ferrugineuses, ont passé au noir d’encre et n’ont pas subi le moindre retrait; mais par la dessiccation ils éclatent et se réduisent à peine au quart de leur volume. J'ai été curieux d’examiner pourquoi cet atelier de poterie — #82 — avait été établi sur le trajet même des sources ferrugineuses ; voici le résultat de mes observations. Tandis qu’au nord de la tranchée le vieux remblai noirci sé- pare, comme nous l’avons vu, les assises de roche du plan à broyer la terre à potier, au sud, où finit ce plan, un remblai ro- main, plus nouveau, descend à fond jusqu’à la roche que l’on a mise à nu. Là se voyaient très-distinctement une série de murs parallèles, distants d'environ cinq mètres, dirigés à l’est contre Je flanc de la colline d’où vient la nappe d’eau ferrugineuse. Ils étaient entrecoupés de murs transversaux, et l’ensemble constituait un réseau tellement vaste, que les fouilles actuelles n’en atteindront probablement pas les limites. C’est une sorte d’immense drainage, on n’en saurait douter : tous ces murs, extrêmement grossiers et laissant des lacunes à leur base, cou- rent dans des rigoles creusées en pleine roche. Mais ils avaient encore une autre destination et servaient apparemment à sup- porter un système de poutrelles et de planchers, car on a trouvé dans les intervalles beaucoup de longues pièces de bois à demi brûlées, et des fragments enfouis. En outre, de distance en distance, sont des groupes symétriques formés chacun de trois tailles grossières en grès, qui ne peuvent avoir servi que de bases pour les piliers d’une vaste charpente. Que faut-il conclure de ces faits réunis? Evidemment que les murs de drainage engagés dans la roche servaient à charrier l’eau ferrugineuse, dont une partie stationnait plus ou moins dans les bassins formés dans les intervalles, tandis qu’une autre coulait directement vers les thermes, comme quelques travaux l’indiquent. Des eaux pour la poterie, des eaux pour les bains, voilà déjà deux services assurés. Quant à l’eau fer- rugineuse destinée à la boisson, elle était recueillie plus au nord dans un puits fait avec le plus grand soin, au centre d’un massif de béton canalisé. Ainsi les Romains, c’est un fait in- contestable aujourd'hui, avaient accordé ane part d'attention considérable aux eaux ferrugineuses de Luxeuil (4). (1) Postérieurement à la rédaction de cette note , on à fait dans l’axe même de la petite vallée, au nord de l'établissement, des fouilles desti- nées aux fondations du prolongement des bains ferrugineux. Ces fouilles ont mis à nu un vaste barrage en béton, qui semble avoir été la limite inférieure imposée aux eaux ferrugineuses, tant pour les recueillir en un bassin à l’usage des baigneurs, que pour empêcher leur mélange avec les eaux thermales, dont les principaux points d’émergence sont situés au-dessous. — 383 — Il est, d'autre part, infiniment probable qu'au-dessus des ate- liers de mise en œuvre et de dessiccation établis sur les murs de drainage, régnait un toit de hangar à la façon de nos tui- leries modernes. Les bases dont nous venons de parler l’indi- quent. En tout temps les mêmes besoins ont nécessité les mêmes constructions. Mais à quoi bon, va-t-on dire, installer des ateliers de po- terie sur des sources ferrugineuses ? Le fait étant incontesté, examinons le motif. On ne saurait disconvenir que la terre toute artificielle et complexe ici préparée, était âpre au fond et difficile à façonner au tour. Elle demandait du liant : or, à l’aide de l’eau ferrugineuse, on lui en donnait. L’air, avidement absorbé (ne parlons pas d'oxygène à propos de Romains), pé- nétrait la masse, la rouillait au maximum, la divisait, en faci- litait les réactions; chimiquement c’est incontestable, et prati- quement c’est connu. Dès lors on peut comprendre comment, après une série de délayages successifs et de manipulations, l’on obtenait cette belle terre à potier (très-propre à fabriquer des alcarazas) que nous recueillons aujourd’hui dans les ruines de Lixovium. Cette opération n’est pas d’ailleurs sans analogie avec celle qu’on fait subir aux argiles les plus précieuses ; on sait ce que gagne avec le temps le kaolin sous l'influence des agents atmosphériques. Voilà donc une notable partie de notre établissement, celle que la richesse de ses décombres avait fait désigner récemment sous le nom de femple, transformée en un vaste atelier de po- terie antique ; et d’autres objets recueillis sur les mêmes lieux, tels qu’une sorte de ringard, une enclume, des scories de diffé- rents minerais, semblent encore indiquer d’autres travaux. Est- ce à dire que les Gallo-Romains, en exploitant l’eau ferrugi- neuse dans un but industriel, avaient négligé l’eau médicinale? évidemment non. Nous savons qu'ils avaient un double but en vue, l’art utile et la santé. Loin de mettre en antagonisme nos potiers et nos baigneurs, nous admettons même qu’il a dû se faire sur place une furieuse consommation d’écuelles de toutes formes et de toutes grandeurs, à en juger par les débris qui nous en restent. Mais venons-en à la déesse Bricia, que nous ne séparons ni de l'atelier de poterie ni des sources ferrugi- neuses. — 384 — Ici, je l'avoue, il faut mettre le pied dans le champ des hypo- thèses; mais en nous égarant dans cette voie, nous serons du moins en bonne compagnie. N’a-t-on pas dit que Bricia signi- fiait Breuchin ? que la petite rivière qui passe sous Luxeuil et prend sa source à plus de 25 kilomètres à l’est, au pied des Vosges, était venue se faire diviniser près de nos sources ther- males et ferrugineuses, au risque de les rendre jalouses, lais- sant aux Lixoviens cette inscription antique, ainsi interprétée : DIVA AVXI Div auxiliari BRICIA REG Briciæ regnante CAE AVG Cœsare Augusto COS Consulatu TIB ET PIS Tiberii et Pisonis DEDICATV Dedicatum TEMPLVM Templum. Cette identité de Bricia, dont le temple était aux thermes de Luxeuil, et du Breuchin, qui passe à distance dans la plaine, après avoir pris sa source à 25 kilomètres, nous semble au moins douteuse. Nous ferons observer : Qu'il y avait à Luxeuil même, dans l’antiquité comme au- jourd'hui, deux sortes d’eaux parfaitement distinctes : les unes thermales, plus ou moins salines, alcalines et savonneuses, d’où l’on a tiré probablement le nom même de la localité, Li- æovium ; les autres, peu chaudes mais très-ferrugineuses, aux- quelles on donnait un double emploi industriel et médical ; Qu'auprès des sources ferrugineuses, ou si l’on veut de la poterie, de la tuilerie, du céramique, existaient deux portiques ou deux petits temples, peut-être adossés à l'établissement, et dont on retrouve aujourd’hui les colonnes ; Que l'inscription de Bricia, détachée de l’un de ces portiques, a bien pu être entraînée, dans les dévastations de Lixovium, à quelques mètres plus bas où on l’a trouvée ; Que le nom de Bricia (j'en demande pardon aux étymolo- gistes trop sévères) ressemble singulièrement au mot brica, brique, d’où le verbe imbricare, imbriquer ; et même au vieux verbe brier, qui signifie encore en Franche-Comté corroyer la terre destinée à la cuisson ; Qu'il serait assez logique de supposer qu'on à pu mettre deux choses annexées naturellement dans leur exploitation, — 385 — le. céramique et. la source ferrugineuse, sous un même pa- tronage ; Enfin, qu'au nom de Bricia, petite divinité séquanaise, on avait joint l’épithète auxiliaris, qui semble avoir aussi une certaine signification. Après tout, si les eaux ferrugineuses de Luxeuil n'avaient pas été mises, par les baigneurs et les potiers d’un autre âge, sous la protection de la Naïade Bricia, que signifierait cette quantité de monnaies antiques éparses dans le sol, si considé- rable comme on l’a dit, qu’elles semblent avoir été jetées là comme à plaisir et à la poignée, en ex-voto ? (1) et que signifie- raient les inscriptions où figurent deux Naïades, deux sources associées dans un même hommage”? LVXOVIO it DOLO0 ET BRIXIAE ET BRICIAE C. IVL FIRMAR DIVIXTI SV. ST. M. VS CONS. VS EM. (1) Les vestiges d’antiquité sont à Luxeuil en telle abondance, qu’on n'y saurait faire un pas sans fouler quelque souvenir. Une grande par- tie de la ville actuelle est fondée sur les tombes d’un cimetière romain. Partout, mais principalement aux thermes, ou à proximité, la moindre fouille rend sous la pioche, sinon des ruines de monument, du moins quelque médaille et des débris de poterie antique. Ces débris sont remar- quables surtout par leur extrême variété. On dirait un échantillonage de toutes les sortes de terres, de tous. les. profils usités dans une longue série de siècles. Malheureusement, à Luxeuil comme partout, les indifférents, les cu- rieux et les brocanteurs ont dispersé ce que les barbares avaient laissé en ruines. Ainsi disparaissent, sans aucun profit pour la science histo- rique, des objets dépouillés de tout intérêt de gisement, de tout indice d'origine, et qui, n'ayant plus qu’une valeur intrinsèque, souvent illu- soire, sont jetés par des héritiers décus dans le déblai des cours ou dans la hotte du chiffonnier. Cependant il existe encore à Luxeuil plus d’une honorable exception. Parmi les collections particulières, dues soit à quelques savants, soit à des amateurs éclairés, on peut citer celle que M. Boisselet, neveu de M. de Fabert, a religieusement conservée dans sa famille. Mais il n’en est pas moins regrettable que la ville de Luxeuil, où abondaient tant de richesses, soit une des plus mal représentées de la province, au centre même de la Séquanie, au musée archéologique de Besancon, que visitent aujourd'hui dans leurs études comparatives les hommes d'Europe les plus distingués dans la science historique. 26 — 386 — On conviendra que ces souvenirs, laissés sur les lieux par des baigneurs reconnaissants, nous viennent singulièrement en aide. Comment supposer que ce Divictius Constans se serait promené des eaux chaudes de Lixovium aux eaux froides du Breuchin, distantes de près de deux kilomètres, quand il avait sur place l’eau froide d’un ruisseau abondant qui descend de la vallée même, à travers l’établissement thermal ? Mais dans notre hypothèse, ce n’est ni ce ruisseau insigni- fiant, ni le Breuchin, dont les truites sont en vérité excellentes, qui méritaient la reconnaissance de Divictius. Il avait sous la main, sans faire un pas de plus, l’eau thermale et l’eau ferru- gineuse, Lixovium et Bricia, et dans la pierre votive qui nous a transmis son hommage et sa reconnaissance, il n’a pas voulu séparer des sources que la nature avait si bien associées. Luxeuil, 7 juin 4857. FLORULA MASSILIENSIS ADVENA. ET AIRIS — FLORULE EXOTIQUE DES ENVIRONS DE MARSEILLE, PAR M. CH. GRENIER , Ou Enumération des espèces étrangères introduites autour de Marseille et récoltées Par MM. BLAISE, ROUX, etc. LEFT L2 Séance du 13 juin 1957. AY XG "Se " à CU F g abat t æ a are. FLORE EXOTIQUE DES ENVIRONS DE MARSEILLE. SSP ST— OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. La rédaction de la Flore de France nous a conduits, M. Godron et moi, à donner une attention spéciale, non-seulement aux espèces spontanées, mais encore aux espèces étrangères qui, pour des causes variées, se montrent au milieu de nos végé- taux indigènes , et semblent tenter ainsi de prendre parmi nous leur droit de cité. Sans doute il.est,utile de faire le recensement et l'ir ventaire nominatif de ces colonies qui modifient si profondément Ja Flore des points restreints qu’elles occupent. Mais cette étude ne pouvait faire partie d’une Flore de France, et nous avons. dû éliminer d’abord, pour les reprendre ensuite dans des travaux spéciaux, toutes ces espèces dont l’existence sur notre sol n’est jamais qu'accidentelle. C'était en se plaçant à ce point de vue que le.savant profes- seur Delile avait conçu la pensée de publier la Florule du port Juvénal près de Montpellier. Il avait compris que les végétaux apportés là chaque jour par les laines étrangères, comme en un jardin botanique, ne pouvaient légitimement figurer dans une Flore française , et que De Candolleet Loiseleur, en si- gnalant celles de ces espèces qui étaient arrivées à leur con- naissance, n'avaient voulu qu’attirer sur un fait particulier l'attention des botanistes. Malheureusement la mort ne per- mit pas à l'habile professeur de Montpellier de publier sa Florula juvenalis, dont il s’occupait avec d'autant plus de charme que l'âge restreignait davantage le champ de ses.autres :explo- rations botaniques. — 390 — M. Delile avait amassé de riches matériaux qui n'’atten- daient qu’une main habile pour être mis en œuvre, mais qui auraient pu longtemps encore dormir dans la poussière de l’herbier. Par un heureux hasard, peu de temps après la mort de l’auteur de la Flore d'Egypte, M. Godron, si bien préparé à la rédaction d’un pareil travail par la publication de la Flore de France, vint à Montpellier remplir les hautes fonctions de Recteur, et M. Godronse chargea sans hésiter d'achever l’œuvre commencée. La Florula juvenalis parut et étala dans tout son luxe cette végétation exotique qui, probablement depuis des siècles, sous l'influence des mêmes causes, se reproduit sans cesse sous les murs de Montpellier, et dont l'existence n’a été soupçonnée qu’au commencement de ce siècle. Il est peu de botanistes qui n'aient récolté dans le voisinage de nos ports quelques espèces étrangères ; mais le port Juvé- nal est généralement considéré comme étant la seule localité française où ce phénomène d'importation s’accomplisse sur une large échelle. Et cependant il existe près de Montpellier une autre plage non moins féconde, et qui, lorsqu'elle aura été longuement fouillée, se montrera probablement plus riche que la première ; je veux parler des environs de Marseille. De 1834 à 1843, époque à laquelle la mort d’un oncle habi- tant Marseille m’enleva la possibilité d’aller presque chaque année m'installer sur les côtes de la Méditérranée, je n’ai cessé de donner une sérieuse et spéciale attention aux espèces dont l’origine était incontestablement étrangère. Mais c’est surtout à M. Blaise, puis à M. Roux, tous deux de Marseille, que je dois la plus grande partie des espèces qui composent la présente énumération ; à M. Blaise, herboriste habile, qui a naturellement puisé, dansles études desa profession, l'amour de la botanique, puis à M. Roux qui, au milieu de ses rudes labeurs, a su trouver des loisirs pour se livrer avec ardeur, conjointement avec M. Blaise, à la recherche des végétaux exo- tiques et indigènes des environs de Marseille et jeter ainsi un jour nouveau sur le rôle intéressant que remplissent près de nous certaines plantes étrangères. On a pu voir, dans notre Flore de France, que tout en nous tenant fortement en garde contre les espèces qui ne s’intro- duisent que furtivement sur nos côtes, nous n’avions pas tou- — 18% — jours réussi à échapper à l’erreur, et que nous en avions laissé passer quelques-unes qui avaient ainsi pris indûment leur place parmi nos plantes indigènes. De ce nombre sont les Spergularia salsuginea, Polygonum herniarioides, Silene dichotoma, Xeranthemum annuum, etc., dont nous rétablirons la véritable origine dans cet opuscule. Pour arriver à une élimination exacte des espèces étrangères, nous avons dù étudier avec soin les causes-qui régissent les migrations des végétaux, et M. Godron a publié sur ce sujet un mémoire auquel je n’ai rien à ajouter. Parmi les causes qui président à ces migrations, celles qui dépendent des agents physiques et des animaux me semblent très-restreintes dans leurs effets, et ne me paraissent pas avoir eu d'influence appréciable sur l'introduction des vé- gétaux recueillis autour de Marseille et qui font l’objet de cette notice. C’est donc uniquement à l’action de l’homme qu'il faut attribuer leur présence dans le voisinage des ports et des lavoirs à laine de Marseille. Je ferai abstraction, dans la question qui nous occupe, de ces végétaux errants, inséparables compagnons de l'homme, qu'ils suivent dans toutes ses pérégrinations, pour aller avec lui fonder au loin des colonies végétales autour des habitations, dans les moissons et dans toutes les cultures. L'histoire des Urtica dioica, Alsine media, Senecio vulgaris, Centaurea Cyanus , etc., ne fait point partie de mon sujet. L'action de l’homme sur l’importation des végétaux se ma- nifeste de plusieurs manières. Aïnsi pendant que le lest des navires jeté à la plage livre à la végétation les graines qu’il ren- fermait, certaines marchandises enveloppées de fourrage ou de végétaux de toute espèce abandonnent sur le sol, lors de leur débarquement, une foule de germes dont quelques-uns au moins trouvent un terrain favorable à leur entier développe- ment. Les plantes cultivées et surtout Les céréales peuvent par- fois favoriser l'introduction de quelques espèces. Mais si l’on fait abstraction de tout ce groupe de végétaux vulgaires qui peuplent nos cultures et particulièrement nos moissons, on conviendra que la puissance de cette cause est fort peu éten- due, et s’il était besoin d'en donner une preuve nouvelle, le présent travail suffirait à la fournir. — 392 — De toutes les causes qui agissent sur la végétation exotique des environs de Marseille, nulle ne produit un effet aussi con- sidérable que l'introduction des laïnes en suint. On comprend avec quelle facilité les graines de toutes sortes s’accrochent dans la toison des animaux, et comment ces laines laissent tomber à terre les graines qu'elles retenaient, lorsqu’après avoir été lavées, on vient à les disséminer en flocons autour des lavoirs, pour les sécher et leur faire subir l’action du soleil. Avec ces données et la connaissance des relations commer- ciales de Marseille, on peut, sans crainte d'erreur, assurer d’a- vance que notre Florule appartiendra essentiellement à la végé- tation du bassin méditerranéen, et que ses moindres affluents enverront avec le temps leur tribut à la colonie. L’immense di- versité des provenances expliquera l’étonnante variété des es- pèces. Et si maintenant nous envisageons le problème par sa face opposée, nous pourrons, au moyen de la Florule, établir ‘une espèce de statistique qui nous révélera non-seule- ment le point de départ des vaisseaux qui viennent com- mercer dans le port de Marseille, mais encore l’origine, et jusqu’à .un certain point la nature des produits importés. C'est ainsi que notre Florule s’est montrée plus orientale que celle du port Juvénal, et qu’elle a accusé dans cette direction une activité et une extension commerciale qui ne se retrouvent cer- tainement point à Montpellier. Un faittrès-important à noter encore est l’inconstante appa- rition des espèces dans les mêmes lieux. Après avoir abondam- ment récolté une plante sur un point, on est surpris de ne plus la retrouver pendant souvent de longues années, et de ne la voir reparaître qu'irrégulièrement ét à des intervalles tantôt rap- prochés , tantôt éloignés. Ce fait révèle la nature de cette vé- gétation étrangère, qui ne se montre que lorsque des graines exotiques sont de nouveau confiées au sol, et qui attend pour revivre que la mère patrie lui renvoie en germe la pos- sibilité de se reproduire. En preuve de cette assertion, je puis faire remarquer que la plupart des végétaux ainsi introduits ne mûrissent pas leurs graines, et que souvent des fruits bien conformés en apparence ne contiennent point de graines ou n’en contiennent que de stériles. Aïnsi sur plusieurs centaines de capsules parfaitement développées de mon Capsella gracilis, il ne m'a pas été possible de trouver une seule graine; toutes — 393 — étaient complétement avortées. Et, pour le dire en passant, il me semble que nous trouvons là un des plus puissants obstacles qui s'opposent à la naturalisation des végétaux, et qui peut, dans une certaine limite, rendre compte des difficultés que rencon- trent les horticulteurs qui, avec un zèle si louable et jusqu’à présent si peu rémunéré , se livrent à l’acclimatation des vé- gétaux exotiques, si tant est que le fait soit possible dans le sens rigoureux du mot. Tout en reconnaissant ce qu'il y a de vrai dans l’influence des agents physiques, des animaux et de l’homme sur la migra- tion des végétaux, je pense qu'on exagère la valeur de cette puissance, lorsqu'on cherche à la faire servir à la démonstration de cette hypothèse qui, n’admettant qu'une création unique, explique par de nombreuses et immenses migrations, l'état actuél de la végétation du globe et la dispersion présente des êtres vivant à la surface de notre planète. Sans doute les vents ont pu saisir, sur les rivages de l'Océan européen, les fruits aigrettés de l’Erigeron canadense et -les lancer de proche en proche jusqu’au cœur de l'Asie. Je ne tirerai même aucune induction de ce que cette plante n’a point péné- tré dans les îles de la Méditerranée ; car la chose me semble possible et pourra se réaliser un jour. Mais de ce fait et de tous ceux qui sont analogues, que pourrait-on conclure relativement aux arbres de nos forêts comme le chêne , le hêtre, etc., et à cette foule de plantes plus humbles, munies de graines lourdes et dépourvues de tout moyen de transport. Les vents du sud et de l’ouestsont incontestablement les plus vioients sur nos côtes ; et cependant nous voyons la végétation de l’ouest, confinée dans une zone étroite, s'engager à peine dans l’intérieur du con- tinent. Qui ne sait, en effet, que si quelques plantes se prêtent merveilleusement à de longues migrations, un plus grand nom- bre d’autres se refusent obstinément à tout changement de €li- mat; et pour preuve je puis me contenter de citer les résultats presque tous négatifs chtenus par les botanistes, qui ont lenté d'enrichir, par des semis, la Flore des environs de Paris. ‘Aureste, avant de prêter à une hypothèse l'appui de faits inconteslés, il me semble indispensable d'apprécier le degré de certitude qu'elle a acquis dans la science. Or la géologie mo paraît opposer à l'unité de création des objections plus puis- santes encore que celles qui se déduisent de l'examen des ‘faits — 394 — actuels. Ainsi les cailloux pliocènes de la Bresse et dela vallée du Rhône relevés à d’étonnantes hauteurs dans les Alpes du Dau- phiné disent assez que cette région , avant le soulèvement de ses montagnes, était au niveau de la vallée du Rhône et que sa Flore était partout la même. D'où sont done venues toutes les espèces alpines qui couvrent ces différentes chaînes, et en particulier cette chaîne calcaire qui s’étend de Grenoble à Gap et bien au delà ? On ne devrait y rencontrer que les espèces de la plaine qui ont pu continuer à végéter à ces grandes hauteurs, et celles qui ont été fournies par des Alpes voisines et plus an- ciennes. Cependant il n’en est rien, et la Flore alpine de la chaîne calcaire est essentiellement différente de celle de la chaîne granitique qui lui est parallèle ou contiguë, aussi bien que de celle de la vallée du Rhône. Il y a plus : la géologie nous autorise à croire que les Flores alpines sont de beaucoup postérieures à celles qui convien- nent aux climats intertropicaux. Ainsi les Faunes éteintes attes- tent que dans les temps anciens notre sphéroïide jouissait d’une température plus élevée et à peu près égale, sinon complétement égale, sur tous les points; et c’est par là que s’explique l’iden- tité des fossiles dansun même terrain étudié sur les divers points du globe. Cette donnée n’est assurément pas contredite par les Flores de ces mêmes époques; car, au nord de la France et en Angleterre, on trouve des Zamia, des Cycas, des Pal- miers, des végétaux enfin dont le climat est intertropical. Alors il n’existait point de Flores alpines. C’est cette identité de climat qui, entraînant l'identité d’es- pèces, pour les mêmes couches, dans les Flores et dans les Faunes éteintes, fournit à la géologie cet infaillible criterium qui transforme chaque fossile en médaille frap- pée d’un indélébile millésime, qui vient, après avoir tra- versé les révolutions de notre globe, nous révéler aujourd’hui la position el les âges relatifs des couches qui constituent son écorce. En voyant une roche pétrie de gryphées arquées, sur un méridien et sous une latitude quelconques, qui pourrait hésiter àreconnaître le terrain liasique ? C’est ainsi que tout récemment notre savant collègue M. Coquand a démontré, par les fossiles, qu’à Sancerre, on avait pris le Gault pour la couche à Ostrea columba , et que la stratigraphie est venue ajouter ensuite sa preuve visible et palpable à cette déduction paléontologique. — 395 — Un exemple aussi décisifnous est fourni par une Flore éteinte. Dans son tableau des végétaux fossiles (1), M. Brongniart, en classant les Flores éteintes, a rangé dansle terrain permien, bien qu'avec doute, les débris fossiles trouvés à Lodève, et cela en se fondant sur la similitude des espèces. Ce savant professeur n'avait point osé adopter sans réserve Les conclusions fournies par la paléontologie, parce que les auteurs de la carte géolo- gique de France avaient placé Le terrain en question dans le grès bigarré. Mais, vérification faite, M. Coquand a démontré, au moyen des fossiles et de la stratigraphie, que ce terrain était réellement permien, et que M. Brongniart avait été inspiré heu- reusement par la paléontologie en tranchant la question au pro- fit du permien. Les observations précédentes ne nous permettent donc pas d'adopter les inductions émises par M. Godron dans son mé- moire sur les migrations végélales actuelles, et appliquées aux migrations qui, selon lui, ont dû s’accomplir dans les pé- riodes géologiques antérieures à la nôtre. Ces inductions sont du reste nettement représentées par le texte que nous reprodui- sons 161: « Nous devons croire dès lors que, si, aux différentes » époques géologiques, la végétation de chacune des régions de » la surface terrestre a plusieurs fois changé, comme il n’est » pas possible d’en douter, cela n’a pu avoir lieu que par la » destruction des espèces anciennes, et par le transport des » plantes qui jusqu'alors avaient vécu sous des latitudes plus » ou moins éloignées (2). » Afin de corroborer cette hypothèse, M. Godron rappelle, pour la combattre, une autre hypothèse (3), qui, comme la première, procède d’une création unique, mais qui substitue à l’idée des iigrations celle des transformations successives. Cette seconde hypothèse tend à prouver que les êtres organisés d’aujourd’hui ne sont que les descendants de ceux qui vécurent autrefois, mo- difiés par les changements des milieux qu'ils ont dû traverser pour arriver Jusqu'à nous. (1) « Enfin les ardoises de Lodève considérées par MM. Dufresnoy et Elie de Beaumont comme dépendant du grès bigarré, mais si différentes du grès bigarré des Vosges par leur Flore, sont-elles classées avec plus de raison dans cette période (permienne).» A. Brongniart, Tableau des vég. foss., p. 99 et 100 (1849). (2) Godron, Consid. sur les migr. des végétaux, ete., 2e édit., p. 7. (3) Godron, 1, ce. 2e édit., p. 6. — 1396 — Ici nous sommes d’accord avec M. Godron pour repousser celte hypothèse , qui est l'affirmation de la variabilité de l’es- pèce, et la négation presque absolue de la valeur de la paléon- tologie, puisqu'elle admet que les fossiles passent d’une for- mation dans une autre. La géologie n’est pas moins contraire à cette idée qu'à la précédente; car elle démontre que notre écorce terrestre asuecessivementtraversé desépoques decalmeet d’agitation. D'un côté les révolutions qui, à différentes époques, ont changé l’orographie du globe, ont été subites. Ainsi, les in- dividus de tout âge, dans la même espèce, ont été saisis pêle- mêle, et si subitement, que quelques-uns ont été surpris en accouplement et se sont conservés tels dans les dépôts qui les ont enveloppés, comme j'ai eu occasion de le constater pour des insectes découverts dans les marnes à gypse des environs d'Aix. D'un autre côté, pendant les périodes de calme, les couches qui se sont successivement déposées ne révèlent aucune de ces modifications exigées par la théorie de la transformation des espèces. Je ne partage donc aucune des deux opinions mises en pré- sence par mon savant ami et collaborateur Godron, dans sa notice sur les migrations actuelles des végétaux, et.Je me rat- ‘tache à une troisième opinion dont il n’a point parlé, et qui m'est commune avee la presque .unanimité des géologues -paléontologistes, qui croient à l’invariabilité de l’espèce et aux créations successives. Enfin J'ajouterai en terminant que l’opinion à laquelle je me range est conforme aux principes Comme aux conclusions for- mulées au sein de l’Académie des sciences par M. Brongniart, dans son rapport sur le grand prix des sciences physiques pour 1856 (1). Dans cette digression, déjà bien longue, je n’ai pas eu l’in- tention de traiter à fond la question de l'espèce, qui en fait la base, et sur laquelle je compte revenir, dans un travail spé- cial, ainsi que sur les questions qui s’y rattachent. J'ai voulu seulement montrer l'importance que j'accorde aux migrations actuelles et aux causes qui les produisent. Comme conclusion, je dirai donc que leur effet me semble à peu près nul sur l’état (1) Brongniart, Rappert sur le grand prix des sciences physiques pour 1856, séance publ. de l'Acad. des sciences.du 2 février 1857. — 997 — général de la végétation présente ; qué je ne’ pense pas qu'aux époques anciennes ces causes aient eu des effets bien plus importants, et que ce serait en exagérer considérablement la portée, que de leur donner une puissanse capable d'expliquer tout ou partie des grands phénomènes de dispersion organique antérieure à la période géologique actuelle. La Florule qui a donné naissance aux précédentes réflexions a certainement d’intimes rapports avec celle du port Juvénal. Dans la pensée de rendre la comparaison plus facile, j'ai rap- pelé en synonymie toutes les espèces du port Juvénal, et je vais, comme document complémentaire, ajouter 1c1 la liste d'un certain nombre d'espèces plus ou moins spontanées autour de Marseille, et qui figurent dans la Florula juvenalis. Hypecoum pendulum L.; Mathiola tricuspidata R. Br. ; Malcolmia parviflora D €.; Arabis auriculata Lam.; Sinapis Cheiranthus Koch ; Eruca sativa Lam. ; Senebiera pinnatifida D C.; Biscutella apula L.; Biscutella auriculata L.; Tri- folium spumosum L.; Trifolium Michelianum Sav.; Lotus ornithopodioides L.; Hedysarum spinosissimum L. ; Hed. capitatum Desf.; Bupleurum glaucum D C.; Dipsacus fullo- num Mill. ; Erigeron canadense L.; Micropus bombycinus Lag.; Cota tinctoria Gay ; Achillea ligustica All. ; Artemisia Absinthiuwm L.; Pyrethrum Myconis Mænch; Artemisia vulga- ris L.; Androsace maxima L.; Anchusa officinalis L.; Ama- rantus paniculatus L.; Euxolus deflexus Raf.; Chenopodium ambrosioides L.; Roubieva multifida Mogq.; Asphodelus fistu- losus L.; Alopecurus utriculatus Pers.; Phleum tenue Schrad.; Cynosurus elegans Desf. En comparant la Florule de Marseille à celle du port Juvénal, on voit de suite que cette dernière est beaucoup moins orien- tale que la première, puisque, sur près de 350 espèces qu’elle renferme, elle en emprunte à peine une centaine à la Grèce, l'Egypte, l'Asie Mineure, aux contrées qui bordent la mer Noire, à l’Asie centrale, et qu’elle tire ses principales richesses de l'Espagne et des contrées boréales africaines, qui, comme l'Algérie, longent la Méditerranée. On remarque en outre que cette Florule renferme près d’un quatorzième, c’est-à- dire environ 25 espèces provenant des deux Amériques, de la Nouvelle-Hollande et de contrées étrangères au bassin méditerranéen. — 398 — La Florule de Marseille, au contraire, telle que nous la don- nons aujourd'hui, offre, sur un ensemble de 250 espèces seu- lement, au moins cent espèces qui appartiennent aux régions orientales; de plus, c’est à peine si l’on peut y compter deux ou trois espèces étrangères à la Flore du bassin méditerranéen. Je ne chercherai point à donner à ces rapprochements une précision qu'ils ne sauraient avoir, et Je m'empresse de recon- naître que la Florule exotique de Marseille, n’ayant point été l’objet d’investigations longtemps continuées, peut, d’une an- née à l’autre, présenter des écarts capables de modifier profon- dément les conclusions déduites des faits actuellement connus. La principale utilité de ces sortes d’énumérations est sans con- tredit de poser les prodromes d’une Flore générale embrassant les espèces étrangères qui, Jetées sur les rivages de la Méditer- ranée et de l’Océan français, ne doivent point prendre rang parmi nos végétaux réellement indigènes. Le travail général une fois accompli, alors seulement il sera possible d’en dé- duire des conséquences qui aujourd’hui ne pourraient être que prématurées. FLORULE EXOTIOUE DES ENVIRONS DE MARSEILLE. FUMARIACÉES. FumaRiA ANATOLICA Boiss. diagn., n° 8, p. 14 (1849), etin Pinard, pl. exsicc. 1842; F. Kralikii. Jord. cat: Dijon (1848). | Hab. Carie, dans l’Asie-Mineure (Pinard) ; cultures du mont Carmel (Boiss.). — Cette espèce, très-probablement importée avec les céréales, est maintenant comme spontanée autour de Marseille, dans les champs de Saint-Tronc, Saint-Loup, Sainte- Marguerite et Mazargue. CRUCIFÉRÉES. ENARTHROCARPUS CLAVATUS Delile, ap. Godr. fl. juv. ed. 2, p. 51 (1); Brassica lyrata Desf. atl. 2, p. 96, t. 166, sec. Coss. bull. bot. 1856, p. 562. Hab. Commune dans les régions saharienne et occidentale de l'Algérie (Coss. 1. c.). — Assez fréquente au lazaret et au- tour du nouveau port de Marseille. ESARTHROCARPUS LYRATUS D C. syst. 2, p. 661; Godr. L6:-p;,00. - Hab. Egypte. — Nouveau port de Marseille, lazaret, lavoirs à laine, Catalans, Saint-Loup, etc. (1) La 2e édition de la Florula juvenalis est seule citée dans cette énu- mération. — 400 — EbaPmanus IBLAISEI Godr. et Gren. ap. Godr. migr. vég. éd. 2, p. 37 (1) Hab. Patrie inconnue. — Plante trouvée deux fois près de Marseille, aux lieux dits Catalans et Grossian, où elle n’a plus été revue. Suivar»:s misseCra Lag. cat. 1816, p. 20 ; D. C. Syst. 2, p. 621; Guss. syn. sic. 2, p. 204; Bononnia dissecta Presl fl. sic. p. 100. Brassica dissecta Boiss. voy. Esp. n° 112. Hab. Espagne, Italie, Corse, Sardaigne, Sicile. — Lazaret de Marseille. EnRuUCARIA GRANDIFLOERA Boiss. diagn. n° 6, p. 13. Hab. Perse australe. — Autour des lavoirs à laine. Os. Je ne fais que mentionner l’Eruca sativa, qui habite l'Espagne, le comté de Nice, le Valais , l'Italie supérieure, la Sicile, la Sardaigne, les Baléares, l'Afrique boréale, la Volhy- nie, la Podolie, la Grèce et l'Orient, et qu’on retrouve spora- diquement dans toute la France. DrprLoraxis vinqara D C. syst. 2, p. 621. Hab. Espagne ; Afrique boréale, en Algérie et dans la régence de Tunis. — Lazaret et nouveau port. BiPLOTAXEIS PaCHyp»opa Godr. fl. juv. éd. 2, p. 54; Sinapis assurgens Delile ind. hort. monsp. 1847, p. 1. Hab. Patrie inconnue. Lazaret de Marseille. — Peut-être, pour ne pas déposséder entièrement le savant professeur de Montpellier, serait-il mieux de laisser à cette plante le nom de Diplotaxis assurgens. () R. BLaisut God. et Gr.l.c.— Flores purpurei, in racemo brevi et post anthesim paulisper elongato laxoque dispositi ; pedicelli fructiferi erectr, villosi, calyce breviores. Sepala erecta, lineari-oblonga, villosula, sæpè violacea. Petala exserta, longè unguiculata, limbo obovato, patulo, venoso. Stämina subæqualia ; antheræ luteæ, lineares, basi sagittatæ. Stylus elon- gatus, conico-subulatus ; stigma parvum, capitatum. Siliqua in pedicello rectangulè patente inserta et assurgens e basi curvato, graeilis, leviter moniliformis, obseure costata, breviter papillosa, aspera. Semina fusca, ovata. Folia breviter glandulosa et subvillosa ; inferiora pectinato-lyrata ; superiora angusta, basi dentata. Caules erecti vel ascendentes, subsim- plices, glandulosi, bi-quadripollicares. Radix annua, gracilis, simplex. — 401 — DIPLOTAXIS TENUISILIQUA Delile ind. hort. monsp. 1847, p. 7; Godr. l. c. p. 53. D. auriculata Durieu pl. Esp. exsicc. 1848. Hab. Afrique boréale. — Nouveau port, lavoirs à laine. MoriCANDIA ARVENSIS D C. syst. 2, p. 626; Godr. L. c. p.53; Brassica arvensis L. mant. 95. Hab. Espagne; Afrique boréale; Italie, Ventimil dans la Ligurie occidentale. — Nouveau port de Marseille, Martigeaux, Bardanière, lazaret. Cette plante, naturalisée dans le lazaret, qui du reste n'existe plus, s’est répandue de là dans quelques localités des environs de Marseille, aux Martigeaux et à Bar- danière (Blaise et Roux, 1857.) RNATHIOLA CORONOP1FOLIA D C. syst. 2, p. 173; Godr. l. c. p. 56. Hab. Espagne, Grèce, Sicile. — Colline Grassian, près de Marseille. NIATRHIOLA BICORNIS Sibih.et Sm.prod. fl. græc. 2, p.26. Hab. Grèce. — Aux Catalans près de Marseille. ERYSIMUM REPANDUM Lin. amœn. 3, p. 415; Godr. L. c. p. 56. Hab. Europe tempérée, Espagne, Piémont, Etrurie, Bo- hême, Autriche, Grèce; Asie-Mineure. — Nouveau port et lavoirs à laine. SISYMBRIUM ERYSIMOIDES Desf. atl. 2, p. 158; Godr. LC. D. 906. Hab. Afrique boréale; Espagne; Iles Canaries; Arabie heu- reuse, près de Mascate. — Nouveau port et lavoirs à laine. SISYMBRIUM PANNONIOUM Jacq. coll. À, p.70. Hab. Alsace, Suisse, Hongrie, Transylvanie, rives de la mer Noire près d'Odessa, Crimée, Caucase ; Mésopotamie, Perse septentrionale. — Port de la Joliette, Catalans, Mazargue. SISYMBRIUM SEPTULATUM D C. syst. 2, p. TI. Hab. Syrie près d'Alep. — Nouveau port. 97 = MAUR = SISYMBRIUN HEIRSUTUM Lag. ap. D C. syst. 2, p. 478 Godr. l. ce. p. 56. ab. Espagne; Syrie. — Port de la Joliette, lazaret. SiSYMBERIUN TRIPINNAaTUM D C. syst. 2, p. TS. Hab. Cap de Bonne-Espérance. — Nouveau port. SiSYHBREUN TORULOSEM Desf. all. 2, p. 84,t 159. Hab. Afrique boréale; Ile de Chypre, Mésopotamie et Cili- cie. — Lavoirs à laine, autour de Marseille. SISYMEBRIUM CONTORTUPLICATUM D C. syst. 2, p. 483. Hab. Russie centrale et australe, autour de Sarepta, d’As- tracan, et dans les déserts de la Caspienne, Oural et Altaï; Perse septentrionale dans le gouvernement d’Aderbidjan. — Lavoirs à laine de Marseille. BERTEROA INCANA D C. syst. 2, p. 291; Alyssum inca- num Lin. sp. 978. Hab. Plante du nord de l’Europe, s'étendant de Stockholm en Alsace eten Crimée. — Bords du ruisseau du Jarret, près de Marseille. ALYSSUM CLYPEATUN Durieu pl. alg. exsicc. Hab. Champs de l'Algérie. — Nouveau port de Marseille. ALYSSUM SCUTIGERUM Durieu, pl. alg. exsicc. Hab. Algérie. — Nouveau port. BBunias PRosrRaTa Desf. atl. 2, p.16, t. 150; Muricaria prostrata Desv. journ. 3, p. 159, £. 95, f. 2. Hab. Afrique boréale. — Lavoirs à laine. LEPIDIUN PERFOLIATUM L. sp. 897; Godr.l. c. p.58. Hab. Espagne, Transylvanie, île de Scio, Crimée; Asie- Mineure, Anatolie, Angora, Alep, Syrie, Perse, déserts de la Caspienne. — Nouveau port, lavoirs à laine, lazaret. Leripiun ANGuLoSuM d'Urville, enum. pl. Arch. p. 78; D. C. prod. 1, p. 205, n° 93. Hab. Crimée près de Kafa. — Lavoirs à laine. — 4109 — Carserza (Thlaspi) GRAaCHuS Grenier (1). Hab. Patrie inconnue. O8s. Cette plante n’a de rapports qu'avec le C. rubella Reut. Ses fleurs sont au moins aussi petites; mais les étamines sont incluses et non exsertes. Dans le C. rubella, le stigmate ne dé- borde pas le style qui est grêle, tandis que dans le C. gracilis, le stigmate est du double plus large que le style épaissi. Dans le C. rubella, la silique est allongée et atténuée à la base; dans celui-ci elle est courte et plutôt arrondie, de sorte qu'elle est souvent plus large que longue, ou au moins aussi large; elle est de plus des deux tiers plus petite; enfin ses bords latéraux forment une ligne convexe et non une ligne droite ou concave, comme dans le C. rubella. La plante est aussi plus grêle dans toutes ses parties. En voici la description. Descript. — Fleurs très-petiles; sépales oblongs, poilus, rougeûtres au sommet; pétales obovés-cunéiformes, presque rétus, d’un quart plus longs que le calice; étamines égalant le calice, et par conséquent plus courtes que la corolle; stigmate grand et plus large que le diamètre du siyle; silicules petites et courtes, obcordiformes, triangulaires, brièvement atiénuées à la base, de moitié plus courtes que le pédicelle infléch1, pro- fondément émarginées au sommet, portant dans l’échancrure un style épais et non dépassé par les lobes de l’échancrure, terminées latéralement par des bords convexes, et non droits ou concaves de la base au sommet; graines... (nulles dans les capsules müres, qui sont en grand nombre); feuilles infé- rieures lyrées-pennatifides, les supérieures lancéolées et auri- culées-sagittées, les unes et les autres couvertes de poils bifur- qués; tiges de deux décimètres , rameuses dès la base, à ra- meaux grêles et poilus-étoilés ; racine annuelle. () C. eRAcILis Gren. — C. floribus minimis ; sepalis oblongis, pilosis, superne purpurascentibus ; petalis obovato-cuneatis, subretusis, calycem quarta suæ longitudinis parte superantibus; staminibus calycem æquan- tibus, et inde corolla brevioribus ; stigmate amplo, diametrum styli du- plo superante; siliculis exiguis et brevibus, triangulari-obcordatis, breviter basi atlenuatis, pedicello apice inflexo subduplo brevioribus, superne profunde emarginatis, et in sinu stylum erassum lobis capsulæ rotundatis non superatum foventibus, marginibus lateralibus siliculæ convexis, nec a basi ad apicem rectis aut subeoncavis ; seminibus..., (in permultis capsulis eximie maturis omnino nullis); foliis inferioribus ly- ralo-pinnatifidis, superioribus lanceolatis, auriculato-sagittatis, omnibus pilis bifurcis hirsutis ; caulibus spithameis, à basi ramosis, gracilibus, stellato-pilosis ; radice annua. — 40% — NIARTINSIA GLASTIFOLIA Godr. fl. juv. ed. 2, p. 59. Hab. Patrie inconnue. — Dans un champ cultivé près de Marseille. O8s. M. Blaise est le premier qui ait recueilli cette espèce en état assez complet pour permettre à M. Godron d'établir ce genre et cette espèce qui ne figurent pas dans la 4" édition du Florula Juvenalis. CanniCHTERA VELLE D C. syst. 2, p. GA ; Vella annua. L. sp. 895. Hab. Espagne, Afrique boréale, îles Baléares, Sicile, Grèce, Syrie. — Port de la Joliette. Euvcuimium Syriacum D C. syst. 2, p. 421. Hab. Syrie, Crimée, Géorgie, Podolie, Moldavie, Banat, Transylvanie, Trieste; Vienne en Autriche, où elle est pro- bablement étrangère. — Lavoirs à laine, port de la Joliette. RAPISTRUM ORIENTALE À) C. syst. 2, p. 433. Hab. Italie, Orient. — Lavoirs à laine, port de la Joliette HRAaPISTRUM HISPIDUR (Godr. fl. juv. ed. 2, p. 60. Hab. Patrie inconnue. — Dans les champs (Blaise). Rarisrrom BLaisu Grenier (|). Descript. — Fleurs très-petites (2-3 mill.), jaunes, en grap- pes allongées, dressées, grêles et Tâches; pédicelles ascendants- subétalés et non serrés contre l’axe, grêles, égalant ou surpas- sant le fruit; sépales oblongs, glabres, égalant 2 mill., promptement caducs; pétales presque doubles du calice, étroi- ) R. BLaisit Gren.— R.floribus minimis, unam lineam vix excedenti- bus, luteis, dispositis in racemis elongatis, ereclis, gracilibus, laxis, pe- dicellis ascendentibus et subpatulis, nec arrectis, tenuibus, fructum su- perantibus vel æquantibus ; sepalis oblongis, glabris, unam lineam longis, mox deciduis; petalis calyce subduplo longioribus, anguste cuneato- oblongis ; stylo conico-lineari, superiorem fructus articulum æquante ; stigmate discoidali-capitato ; ovario glabro ; siliculis glabris, ellipsoideis, duas lineas cum stylo metientibus; articulo inferiore cylindrico, brevi et vix lineam dimidiam superante, diametrum pedicelli parum excedente ; articulo superiore ellipsoideo, utrinque altenuato, subtiliter costato; foliis pubescentibus, petiolatis, ovato-lanceolatis et lanceolatis, dentatis, radi- calibus..; caule sesquipedali, inferne hispido, pilis retrorsum versis, ra- mM060 ; ramis erectis ; radiee annua ? — 405 — tement oblongs-cunéiformes; style conique-linéaire, aussi long que l’article supérieur du fruit; stigmate capité-discoïde ; ovaire glabre : silicules glabres, ellipsoïdes, égalant environ 5-6 mill. avec le style; article inférieur cylindrique, de 4 à 2 mull., un peu plus épais que le pédicelle; article supérieure ellipsoïde, atiénué aux deux extrémités, et muni longitudinalement de côtes fines ; feuilles pubescentes, pétiolées, ovales-lancéolées et lancéolées, dentées; les radicales. .…, tige de 4-5 décim., hispide inférieurement et à poils dirigés en bas, rameuses et à rameaux dressés; racine annuelle ? Hab. Patrie inconnue. — Près d'un moulin à blé sur Jarret. Oss. La petifesse des fleurs, la forme des siliques, la direc- tion des rameaux ne permettent pas de confondre cette plante avec aucune autre espèce du genre. Voici, du reste, sa dia- gnose. CISTINÉES. HIELIANTHEMUN NILOTICUM Pers. syn. 2, p. 18. Gren. et “Godr. fl. fr. 1, p. 167. Hab. Espagne, Barbarie, Italie, Sardaigne, Egypte. — La- zaret de Marseille. Oss. Dans notre flore de France, nous avons cru pouvoir donner cette espèce comme française; cependant les localités citées laissent beaucoup de doute sur son indigénat. CARYOPHYELEÉES. GYPSOPHILA ROKEJEKA Delile, fl. Egyp. 817, t. 29, f. À; DC. prod. 1, p. 354. Hab. Egypte, Thébaïde. — Lazaret. SAPONARIA PORRIGENS Lin. mant. 239; D C. prod. 1 p. 366. Hab. Orient, Pisidie dans l’Asie-Mineure. — Chartreux près de Marseille, port de la Joliette, Catalans, pont de Sainte-Mar- guerite, etc. Cette plante se retrouve à Agde ct à Narbonne. ? LYCHNIS MAaCROCAxPA Boiss. et Reut. diagn. pl. hisp. 1842, p. 8. — 406 — Hab. Espagne près de Madrid, pied de la Sierra de Guadar- rama, région chaude et montagneuse du royaume de Grenade. — Nouveau port de Marseille. Ogs. D'après les données admises dans notre Flore de France, cette plante devrait prendre le nom de Silenemacrocarpa, et se placer à la suite du Silene pratensis Gren. et Godr. SILENE CiNEREA Desf. fl. atl. À, p. 355. Hab. Algérie. — Lavoirs à laine. SILENE BiOuOTOMA Ehrh. beitr. 7, p. 144; D C. prod. 4, p. 373. W. K. pl. rar. hung. t. 29. Hab. Hongrie, mont Taurus, Constantinople, Russie au- strale, provinces caucasiennes, — Lavoirs à laine, Belle-de- Mai, Martigeaux, Prado, nouveau port, etc. Os. Cette plante s’est montrée très-abondante sous les remparts de Toulon, autour de matériaux de construction ap- portés par des navires; mais elle a promptement disparu, en accusant ainsi son origine étrangère. SILENE misæiba Desf. atl. 1,p.348; D C. prod. À, p. 373. Hab. Algérie. — Port de la Joliette, lavoirs à laine, lazaret, décombres aux Martigeaux. SILENE RUBELLA Lin. sp. 600, D C. prod. 1, p. 369; CodrF Sc" pro Hab. Espagne, Sardaigne, Algérie, Egypte. — Lavoirs à laine et nouveau port. SuLEnNE CRæ&TICS Lin. sp. 601 ; D C. prod. À, p. 376. Hab. Crète, Italie, Corse, bords de l'Océan et de la Médi- terranée, mais étranger à Marseille. — Lavoirs à laine. ALSINKES. ALSINE wiCTA Fenzl, vers. Alsin. p. 46; Arenaria picla Sibth. el Sm. fl. Græc. t. 440: D C. prod. 1, p. 408. Hab, Archipel de Grèce, Asie-Mineure, Arabie dans la Thébaïde inférieure. — Lavoirs à laine. — 407 — ALSINE TENUIFOZIA Var. grandifiora Fenzl ap. Ledeb. fl. atl. 1, p. 349. Hab. Russie méridionale, Taurus, Caucase, Sibérie altaïque, déserts de la Soongarie des Kirghis. — Lavoirs à laine AESINE “wENuUIFOLIA Var. confertiflora Fenzl in Ledeb. ft. ross. 1, p. 542; Godr. L. c. p. 65. Hab. Crète, Dalmatie. — Champs autour de Marseille. Spontané ? ALSINE MaCROSEæPAL«s Boiss. diagn. fasc. 1, p. 52. Hab. Phrygie, dans les sables du mont Cadmus. — Lavoirs à laine. ALSINE PROCUMBENS Fenzl L. c.; Arenaria procumbens D C. prod. 1, p. 413; Godr, L. c. p. 63. Hab. Portugal, Baléares, Corse, Sardaigne, Italie, Dalma- tie, Sicile, Barbarie, Archipel de la Grèce, Asie-Mineure, Syrie. — Lavoirs à laine, nouveau port. Quenia wismanica Lin. sp. 132; D C. prod. 3, p. 319; Alsine hispanica. Fenzl, L. c. Hab. Espagne, Crimée, Caucase, Russie asiatique méridio- nale. — Colline Grassian près de Marseille. Cénasrium acczymiCUn Ard. sp. 2, p. 26; Gren. et Godr. fl. fr. 14, p. 270. Hab. Corse (spontané?), Péloponèse, archipel de la Grèce, Chypre, Asie-Mineure. — Lavoirs à laine. CEnasriuwm picmoromum Lin. sp. 628; D C. prod. 1, p. 415: Godr. L. c. p. 63. {ab. Espagne, Portugal, Afrique boréale, Grèce, Perse. — Lavoirs à laine. CERaASTIUN ManTICUM Lin. sp. 629; D C. prod. 1, p. 417 ; Godr. L. c. p. 63. Hab. Corse, Italie, Sardaigne, Sicile, Hongrie, Dalmatie, archipel de Grèce, Asie-Mineure. — Lavoirs à laine. — 108 — SPERGULARIA SALSUGINEA Fenzl ap. Ledeb. fl. ross. 2, P. 166; Gren. et Godr. fl. fr. 1, p. 275. Hab. Caucase, Sibérie atlaïque, déserts de la Soongarie des Kirghis. — Lavoirs à laine. Ogs. Cette espèce, décrite dans notre Flore comme plante française, doit être rayée du nombre de nos plantes indigènes pour reprendre place parmi les espèces introduites autour de Marseille par les laines étrangères. GÉRANIACÉES. EroDmium Cmium. Wild. sp. 3, p. 634; Gren. et Godr. 1, p. 308. Hab. Espagne, Afrique boréale, Corse, Italie, îles Baléares, archipel de Grèce, — Nouveau port de Marseille, lavoirs à laine, lazaret. O8s. Cette espèce, qui se rencontre çà et là sur nos côtes mé- diterranéennes, n’est probablement pas indigène, et n’appar- tient à la Flore de France que d’une manière fort douteuse. ErRomUM LITroREUM Lém. in DC.f. fr. 4, p. 843; Gren. et Godr. fl. fr. 1, p. 309; Godr. L. c. p. 72. Hab. Espagne, Afrique boréale, Sardaigne. — Nouveau port de Marseille. Os. Même observation sur cette espèce que sur la précé- dente. Eropium LacinIaATuUm Cao. diss. k, 228 ; Gren. et Godr. fr. 4,:p. 309; Godr.:l..c. p. 12. Hab. Afrique boréale, Espagne, Sicile, Grèce. — Lavoirs à laine. Os. Même observation sur cette espèce que sur les deux précédentes. ERODEUM VERBENEFOLIUM Delile ind.sem. hort. monsp. 1847, p. 1; Godr. fl. juv. ed. 2, p. TI. Hab. Patrie inconnue. — Lazaret de Marseille. ERODIUM SEBACEUM Delile ind. sem. hort. monsp. 1838, p. 6, ic. ; Godr. fl. juv. ed. 2, p. 65. Hab. Patrie inconnue. — Lavoirs à laine. — A09 — ERODIUM SALZMANNI Delile ind: sem. monsp. 1838, p. 6; E. viscosum Salzm. pl. exsice,; E. chærophyllum Coss. not. pl. Esp. p. 52 (non Cav.). Hab. Espagne, Afrique boréale. — Lavoirs à laine. ERODIUM ALSINÆFOLIUM Delile ind. sem. hort. monsp. 1847, p.71; Godr. fl. juv. ed. 2, p. 66. Hab. Patrie inconnue. — Lavoirs à laine. MAELVACÉES. Manva æGypuisca Lin. sp. 971; D C. prod, À, p. 431; Godr. !. c. p. 65. s Hab. Espagne, Barbarie, Egypte, bords de la mer Caspienne — Lazaret, lavoirs à laine. LAVATERA CRæmICa Lin. sp. 975; Gren. et Godr. 1, p.292. Hab. Corse, Crète, Sicile. — Lazaret de Marseille. O8s. Plante dont l’indigénat en France me paraît douteux. RUTACÉES. Rura mrRacreosa D C. prod. |, p. 710; Gren. et Gôür. fl. fr. À, p. 328. Hab. Corse, Sicile, [talie, Espagne, Grèce, Barbarie, — Au- tour des ports. Os. Plante dont l’indigénat, en France, est douteux. PEGANUM BARMALA Lin. sp. 638. Hab. Espagne, Barbarie, Grèce, Asie-Mineure. — Lazaret de Marseille. PAPILLONACÉES. ONcNIS muriSsama Lin. sp. 1007; Gren. et Godr. fl.-fr. 1371. Hab. Portugal, Espagne, Corse, archipel de Grèce. — La- voirs à laine. O8s. Cette espèce est-elle réellement française ? MeEnicaGo SocEimorn Dub. bot. 124; Gren. et Godr. JL. fr. 1, p. 386 Hab. Corse. — Lazaret de Marseille. — 40 — MIEDICAGO LACINIATA 4/1. Ped. À, D. 316; Gren.et Godr. fl fr. 4, p. 392: Godr. L 6. p. 74; Coss. bull. bot. 1857, p. 133. Hab. Piémont, Corse, Canaries, Barbade, Sahara algérien, Syrie, Egypte. — Lavoirs à laine, port de la Joliette. Nous croyons, avec M. Cosson, que cette plante est probablement étrangère à l'Europe. MiepicaGo csriaRisS Willd. sp. 3, 1411; Gren. et Godr. A, fr. 1, p. 392; Godr. l. c. p.14. Hab. Corse, Italie, Sicile, Sardaigne, archipel de Grèce. — Lavoirs à laine, port de la Joliette. Miemicaco Ecmnus D C. fl fr. 4, p. 546; Godr. 1. c. put ; Hab. Piémont, Italie, Sicile, Sardaigne. — Lavoirs à laine, port de la Joliette. TRIGONELLA BEssknsana Ser. in D C. prod. 2, p. 181; Godr.l.ce. p. 74. Hab. Podolie australe, Bessarabie. — Port de la Joliette, aux Catalans. Elle se retrouve à Agde. TRIGONELLA CAPITATA Boiss. diagn. 2, p. A7; Godr. F6. le Hab. Phrygie. — Port de la Joliette. TRIGONELLA UNCINATA Ser. in D €. prod. 2, p. 181. Hab. Crimée, Grèce, provinces Caucasiennes. — Lavoirs à laine, port de la Joliette. TRIGONELLA SPRUNNERIANA Boiss. diagn. n° 2, p. 17. Hab. Grèce, Argolide et Attique, Asie-Mineure, Lydie, Carie, Cilicie, mont Taurus. — Port de la Joliette, Catalans, lazaret. TRIGONELLA AURANTIACA Boiss. diagn. n° 2, p. 22. Hab. Région alpine de Lydie et de Carie. — Lavoirs à laine et lazaret. — Al — T'RIGONELLA FŒNUM-GRÆECUM Lin. sp. 1095; Gren. et (rodr. fl. fr. 1, p. 397. Hab. Barbarie. — Environs de Marseille, à FUnminy et à Saint-Lambert, dans les moissons, où elle nous semble 1m- portée avec des blés étrangers. TRIGONELLA TORTA Smith, in Rees cycl. vol. 36; D C. prod. 2, p. 183. Hab. Egypte. — Port de la Joliette, lavoirs à laine. TRIGONEELLS MONANTHA C. À. M. ind. cauc. 151; Gour, Fe. 07 14. Hab. Montagnes du Caucase. — Nouveau port. TRIGONELLA PiNNaTiripa Cac. ic. 1, p. 26, £. 38; DC. prod 2, D. 183 ; Godr. l. c. D. 14. Hab. Espagne. — Lavoirs à laine, lazaret. FRIGONELLA GEMINIFLORA Bunge, arbin. nat. ter. in Riga, À, p. M9; Walp. ann. À, p. 225. Hab. Asie centrale. — Lazaret de Marseille. FRIGONELLA POLYCERATA Lin. sp. 1093; DC. prod. 2, p. 183; Godr.l.c.p. 74. Hab. Russie méridionale, provinces de la Caspienne et du Caucase, Arménie, Crimée. — Nouveau port, lavoirs à laine. FRIGONELLA LACINIATA Lin. sp. 1095; D C. prod. 2, p. 184. Hab. Egypte. — Port de la Joliette. MELILOTUS MESSANENSIS Desf. all. 2, p. 192; Gren. et Godr. fl. fr. 1, p. 399, et Godr. L. c. p. T4 Hab. Afrique boréale, Corse, Sicile, Sardaigne, Italie, Pié- mont, îles de Malte et de Scyros. — Lavoirs à laine, Catalans. MIELILOTUS INFESTA Guss. prod. 2, p. 486; Gren. et Godr. fl fr. 1, p. 400. Hab. Corse, Sicile, Italie. — Lazaret de Marseille. MIELILOTUS SPECIOS4 Durtenu, pl. ersicc. Hab. Algérie, — Eavoirs à lame. sn. ÉD TRIFOLIUM DIFFUSUM Ehrh. beitr. 7, p. 465; Gren. el Godr. fl. fr. 1, p. 406. Hab. Espagne, Hongrie, Moldavie, Odessa, Corse (Moris). Indiqué à Montpellier. probablement au port Juvénal, par Requien. --- Lavoirs à laine autour de Marseille. O8s. Peut-on légitimement laisser cette plante au nombre des espèces françaises? Je ne le pense pas. É'REFOLIUM FLAVESCENS Tin. pug. 15; Gren. et Godr. {. fr. 4, p. 407; Godr. 1. c. p. 16. Hab. Corse, Sicile, Banat, Constantinople. — Lazaret. T'RIFOLIUM SUPINUM Savi, obs. p. 46, f. 2; DC. prod. 2, . 492; Godr.l. c. p. 75. d_. Italie, Grèce. — Dans les moissons aux Catalans, à Ja Belle-de-Maï. T'RIFOLIUM ALEXANDRINUM Lin. sp. 1085; DC. prod. 2 p. 193; Godr. 1. c. p. 15: Hab. Xtalie, Egypte. — Dans les moissons à la Belle-de-Mau. T'RIFOLIUM SQUARROSUM Savi, Obs. 65, f. 3; T. panor- mitanum Presl, fl. sic. prod. ?, p. 531; Gren. et Godr. fl. fr. 1, p: 409 ; Godr. L. c. p. T6. Hab. Corse, Sardaigne, Sicile, ftalie. — Lavoirs à lame, Calalans. M'RIFOLIUM DALMARIOUN Ps. .. dalm. A; Gren. et Godr. fl. fr. A,p. #4. Hab. {talie, Dalmatie, Sicile, Corse ? — Lavoirs à laine. Os. Il est probable que cette plante n'est pas française, et qu'elle doit être rayée de la Flore de France, et même de celle de Corse. MRIFOLAURS CINCrURE D C. cal. monsp. 152, el prod. 2, . 1493; Godr. l. c. p. 75. he. Dalmatie. — Aux Catalans. R'RIFOLIUM LEIOCALYCOINUM Boiss. diagn. 2, p.34. Hab. Grèce, en Etolie, — Lavoirs à laine. — 413 — MREFOLIUM SETIFERUM Boiss. diagn. 2, p. 32. Hab. Mont Cadmus, Ephèse, dans l’Asie-Mineure. — Belle- de-mai, Catalans, Martigeaux. PaRsronsum Micmerianum Savi, fl pis. 2, p.159; Gren. et Godr. fl. fr. À, p. 420 ; Godr. L. 6. p. T6. Hab. France occidentale, Russie centrale, provinces cau- casiennes, Sardaigne, Ltalie. — Lazaret de Marseille. T'RIFOLIUN 1STHMOCARPUM Brol. phyt. lus. A, p. 148; D C. prod. 2, p. 201; T. Mutelii Grenier, mém. acad. Besan- con, 1838. Hab. Sicile, Italie, Espagne, Portugal, Afrique boréale. — Chemin de Roulas-Blanc, près de Marseille, Catalans, Marti SeaAUx. Mrironuns Rouxss Grenier (1. Descript. — Capitules globuleux à la maturité, laches. portés par des pédoncules dont les inférieurs égalent trois ct quatre fois la longueur de la feuille, tandis que les supérieurs la dépassent à peine; fleurs érès-brièvement pédicellées, éla- lées et non réfléchies après l’anthèse; bractéoles lancéolées, brièvement acuminées, égalant environ la moilié du tube ca- licinal ; calice glabre, violacé ‘toujours?), à tube subeylin- drique, nervié-strié, à dents égales, étalées, Ctroitement lan- céolées-linéaires, subulées, bordées de blanc, subtrinerviées, aussi longues que le tube; corolle blanchâtre, à étendard de moitié plus long que les ailes, qui excèdent un peu les dents du calice; gousse sessile, lancéolte, ne dépassant pas le tube TV. Rouxit Gren. — T, capitulis maturis globosis, laæis, inferne subtriplo et superne vix peduneulum subpilosum superantibus ; pedicellis tubo ca- lycino mullo brevioribus et non deflexis; bracteis lanceolalis, brere acu- minalis, dimidium calycem æquantibus; calycis glabri (et violacei?) tubo subeylindrico et nervoso-striato ; dentibus æqualibus, patulis, anguste lan- “eolato-linearibus, subulatis, subtrinerviis, albo-marginatis, tubnm æquan- tibus ; corolla albida, vexillo calyce sesquilongiore, alas valde superante ; legumine sessili, calyeem non excedente, membranaceo, ad medium an- qustato, dispermo ; seminibus ovatis, fulvis; foliolis oblongis, argute den- ticulato-setaceis, nervis parallelis et distantibus, paucis (8-12 utrinque) ; Stipulis subherbaceis, violaceis (an semper ?) ovatis, caudato-acuminatis, cauda stipulam vix exeedente ; caulibus adscendentibus, glabris aut par- cissime pilosis; radice annua et plurieauli. — Pafria iguota, OR du calice, membraneuse, éfranglée vers son milieu et à deux graines; celles-ci ovoides-comprimées, d’un fauve pâle; feuilles à folioles oblongues, finement denticulées-sétacées, à nervures parallèles et distantes (8-12 de chaque côté) ; stipules subher- bacées, violacées?, ovales, brusquement acuminées en pointe sublinéaire qui égale à peu près la stipule; tiges assez nom- breuses, étalées-ascendantes, peu compressibles, glabres ou obscurément pubescentes ; racine annuelle. Hab. Patrie mconnue. — Lavoirs à laine. Os. Cette plante a de grands rapports avec le Trifolium isthmocarpum Brot. dont j'ai pu voir, dans l’herbier de M. Cosson, des exemplaires provenant de Portugal, d'Algérie, d'Italie, etc. Elle en diffère, 1° par ses stipules moins sca- rieuses, 2° par ses-folioles à nervures moins nombreuses, par ses bractéoles lagcéolées et non sélacées, 3° par ses têtes de fleurs plus lâches, 4° par son calice subcylindrique et non campanulé, 5° par ses fleurs blanchâtres et non rosées. Les caractères précités distinguent aussi cette espèce du Trifolium Jaminianum Boiss. diagn. sér. 2, n° 2, p. 49. Ce dernier, d’après lexemplaire de la collection Jamin que J'ai vu, ne diffère du T. isthmocarpum que par ses dimensions plus grandes, dues peut-être à la fertilité plus grande du sol, et par ses fleurs blanchâtres et non rosées. Enfin le Trifolium nigrescens Viv., qui se rapproche de notre espèce par le fruit, se distingue par ses fleurs longuement pé- dicellées et réfléchies à la maturité. En étudiant les rapports du T. Rouxii, j'ai vu, dans l’her- bier de M. Cosson, une plante des environs de Tunis voisine de ce dernier, mais bien distincte par le pédicelle et la base du calice renflés et indurés-calleux à la maturité, ce qui rend la fleur caduque; l'axe est lui-même renfjlé et les fleurs en tom- bant laissent à sa surface des enfoncements cupuliformes dont le bord externe porte la bractéole linéaire. La gousse est étranglée à son milieu. On pourrait donner à cette espèce le nom de Trifolium induratum, si les caractères indiqués res- tent constants. FRIFOLIUNM NIGRESCENS Viv. fragne. À, p. 12; Gren. cl todr. ft. fr. 1, p. 419, — 415 — Hab. Corse, France, Italie, Sardaigne, Archipel de Grèce. — Lavoirs à laine. Os. Cette plante n'est-elle point importée accidentellement sur nos côtes ? Trairoraum Gussonsi l'in. pug. sic. p. 17. Hab. Attique, Lydie. — Lavoirs à laine. TRIFOLIUM PARISIENSE D C. fl. fr. 5, p. 562; T. patens Gren. et Godr. fl. fr. 1, p. 493; Godr. l. c. p. 16. Hab. France occidentale, Italie. — Lazaret. Frirorium BoissiErs Guss. syn. sic. 2, p. 858. Hab. Sicile, Crète, Grèce, Attique, Cilieie. — Lavoirs à laine. ASTRAGALUS TRIBULOIDES Delile, fl. Egypt. 22: D C. prod. 2, p. 288; Godr. L. c. p. T6. Hab. Déserts d'Egypte, provinces du Caucase. — Port de la Joliette, lavoirs à laine. ASTRAGALUS CRUCIATUS Link, en. 2, p. 256; D C. prod. 2, p. 288; Godr. L. c. p. 76. Hab. Egypte, provinces caucasiennes, rives orientales de la mer Caspienne. — Nouveau port et lazaret de Marseille, la- voirs à laine, ScoRPiuRUS SULCATA Lin. sp. 1050; DC. prod. 2, p.308; Gore. p. 11. Hab. Barbarie, Grèce, [talie, Sardaigne. — Lazazet de Marseille. HemySanum Caprrarum Desf. ati. 2, p. 171; Godr. Lic.p.18. Hab. Corse, Ltalie, Sicile, Mauritanie. — Lavoirs à laine. CUCURBITACRÉES. - Cucums Corocxnrmis Lin. 5p. 1435: D (. prod. 3, p. 302. — 16 — Hab. Portugal, Espagne, déserts d'Egypte, Japon. — Nou- veau port de Marseille. Cette plante a été retrouvée sur la plage d'Agde. Cucumis Emiocanwus Boiss. et Noë, diagn. 2° sér. n° 2, p. 59. Hab. Cultures autour de Bagdad. — Nouveau port PARONVCHIÉES. LAFrrINGIA HiISPANIOS Lin. sp. 50: Gren. et Godr. fl. fr. 1, 21008: Cor. ic Np A8 Hab. Espagne, Barbarie, Sicile; Narbonne, où son indigénat n'est probablement pas plus légitime qu’à Marseille. —: La- voirs à laine. PanonNyeomia amagica DC. prod. 3, p. 370; Godr. te «. p. 18. Hab. Arabie, Egypte. — Lavoirs à laine, lazaret. PARONYCHIA DESERTORUM Boiss. diagn. n° 3, p. A1. Hab. Bords du golfe Persique, rochers dans l'Arabie Pétrce. — Lazaret. FICOIDEÉES. NÉCSEMRRYANTHEMUM NODIFLORUM Lin. sp. 687; D € prod. 3, p. 447. | Hab. Halie, Sicile, Barbarie, archipel de la Grèce, Egypte. — Marseille à Endoumé. OMBELLIFÉERES. Haucus auumeus Desf. atl. 1, p. 242, 1. 61; D C. prod. 4, PDAs: Godr. 4.6 m0: Hab. Barbarie, Sicile, Italie. — Décombres et moissons aux Calalans, Saint-Louis, Prado, etc. O8s. Cette espèce m'a présenté, dans ses fruits, une curieuse anomalie. Les ombelles portaient deux sortes de fruits, les uns normaux, les autres moditiés; dans ces derniers, les côtes — AT — primaires étaient, comme d'ordinaire, munies d’aiguillons courts {1/2 mill.) et souvent géminés; mais les côtes secon- daires, au lieu d’être comprimées-ailées et surmontées de longues dents de scie, étaient renflées en cordon et garnies d'une rangée de petits mamelons à peine plus longs que larges, et égalant à peine un millimètre; vus à la loupe, ces petits mamelons étaient eux-mêmes fortement tuberculeux. Les fruits de cette forme, dont l’aspect rappelait celui du Kru- bera leptophylla Hoôffm., ne dépassaient pas 3 ou # par om- belle, et étaient mêlés aux autres fruits bien conformés. CaucarisS TENELLA Delile, fl. Ægypt. p. 58, t. A, /f. 2: D C. prod. 4, p. 216. Hab. Grèce, Egypte. — Lavoirs à lame. IRIDOLFIA SEGETUM Morris, en. sem. h. taur. 1841, p. #3: Godr. L. c. p. 19; Anethum segetum Lin. mant. 19. Hab. Portugal, Espagne, Barbarie, Sardaigne, Grèce, Perse. — Lazaret, bords de l’Uvanne, à Saint-Loup, autour des sé- choirs à blé. KRUBERA LEPTOPHYLLA Joffin. umb. 1, p. 103; D C. prod. 4, p. 199. Hab. Portugal, Espagne, Barbarie, îles Canaries, Madère, Sicile, Grèce, Orient. — Lavoirs à laine. BuPLEURUM GLUMACEUM Sn. et Sibth. prod. 1, p. ATT; Godr. L. c. p. 78. Hab. Tes de l’Archipel, Crète, Chypre, Thrace. — Lavoirs à laine. BuPLEuUrRUM ODONTITES Lin. sp. 542; DC. prod. 4, p.129; God L. c. p. 79. Hab. Italie, Sicile, Barbarie, Grèce, Thrace, Macédoine. — Mazargue, Martigeaux, Bordonière. ERYNGIUM DiCHOTOMUM Desf. atl. 1, p. 226, €. 55; DC. prod. k, p. 90; Godr. L. c. p. 78. Hab. Barbarie, Sicile, Calabre, Crète, Liban, Caucase, bords de la mer Caspienne. — Lavoirs à laine. 28 — 48 — DIPSACÉES. SCABI6SA ARGENTEA Lin. sp. 145; Sc. ucranica DC. prod. 4, p. 655 (non Gren. et Godr). Hab. Espagne, Italie?, Grèce, Rumélie, Crimée, Caucase, bords de la mer Caspienne. — Nouveau port, lazaret. Ogs. Ainsi que Bertoloni, nous regardons cette plante comme distincte de celle que nous avons décrite dans notre Flore de France, sous le nom de Sc. ucranica. (Voir Bertol. fl. ital. 2, p. 60.) # CEPuaLARIA Symiaca Schrad. cat. gott. 814; Gren. et Godr. fl. fr. 2, p. 69. Hab. Répandue de l'Espagne et la Barbarie jusqu’en Perse. — Port de la Joliette. Cette plante a été trouvée dans les blés à Nîmes, et à Aumessas (Martin); malgré cela je pense qu'il serait mieux de l’éliminer de la Flore de France. CORYMBIFÉÈRES. SENECIO CHRYSANTHEMIFOLEUS Poir. dict.7, p. 96: DC. prod. 6, p.345. Hab. Sicile, Crimée, Caucase, Inde. — Lazaret. SENECIO NEBRODENSIS Lin. sp. 1217; Godr. L. c. p. 82. Hab. Sicile. — Lavoirs à laine. ARTEMISIA ScoParia W. K. pl. hung. À, p. 66, t. 65; D C. prod. 6, p. 99. Hab. Espagne, Hongrie, Asie presque tout entière, Chine, Mongolie, Sibérie, Perse, Caucase, Arménie, Crimée, Volhi- nie, Lithuanie. — Lazaret, Prado. ARTEMISIA ANNUA Lin. sp. 1187; D C. prod. 6, p. 119. Hab. Sibérie orientale, provinces caucasiennes, Asie cen- trale, bords du lac Baïcal, Dahurie, etc. — Prado, Char- treux, efc. Pavarpia ConoNamia Less. syn. 255; Gren. et Godr. h. fr. 9 /p AA" Godr. cp: 82: — M9 — Hab. Corse, Afrique depuis les Canaries jusqu’en Orient, et depuis la Barbarie en Valais. — Lazaret et bords de Jarret. CoTA TINCTORIA Gay in Guss. syn. 2, p. 867; Gren. et Godr. ft. fr. 2, p. 156; Godr. L. c. p. 81. Hab. Champs cultivés en Europe, Barbarie, Asie occiden- tale. — Lazaret, lavoirs à laine. ANTHEMIS PEREGRINA Zn. syst. ed. 10, p. 4223; D C. prod. 6, p. 9. Hab. Calabre, Sicile, Egypte, Arabie. — Lavoirs à laine. ANTHEMIS CHRYSOCEPHALA Boiss. et Reut. diagn. hisp. 1842, p. 16. Hab. Espagne, Grèce, Constantinople, Asie Mineure. — Lazaret, lavoirs à laine. Anraenmis Cmia Lin. sp. 1260 ; D C. prod. 6, p. 9. Hab. Calabre, Barbarie, Grèce, Chio, Asie Mineure, — Dé- combres au port de la Joliette. AwrHEmis SCariosa D C. prod. 6, p. 4. Hab. Orient près de Bagdad. — Lazaret, lavoirs à laine. ANADYCLUS VALENTINUS Z. sp. 1258 ; À. radiatus Los. (varietas eradiata) Gay in litt. 1857; Cyrtolepis alexandrina Godr. 1. c. p. 81! (non Less. nec D C.). ; Ogs. M. Gay m'écrivait en novembre 1857 : La plante que vous m'avez envoyée sous le nom de Cyrtolepis alexandrina, n’est pas la plante de Lessing, laquelle s’avance sur la côte africaine jusqu'à Tunis, si ce n’est jusqu'en Algérie; mais c'est tout simplement l’Anacyclus valentinus L., c.-à-d. une simple variété sans rayon de l’A. radiatus, qui vient en beau- coup d’endroits du midi dela France, sans compter la localité suspecte du port Juvénal, où je l’ai cueillie en juin dernier. Hab. Lazaret, port de la Joliette, lavoirs à laine. FsLAGO PROSrRATA Parl.pl. nov. 11; DC. pra. 6,p. 249? Hab. Italie, Inde orientale? (D C.). — Nouveau port CaALENDULA FULGiIDA Raf. caratt. 83; Guss. syn. sic. 2, p. 523; Godr. l. c. p. 83. Hab. Espagne, Barbarie. — Port de la Joliette. — 4920 — CALENDULA STELLATA Car. ic. p. 3, t. 5; DC. prod. 6, p. #54; (rodr. L. c. p. 82. Hab. Espagne, Barbarie. — Port de la Joliette. CALENDULA PARVIFLORA Raf. car. p. 83; D C. prod. 6, p. 452; Godr. L. c. p. 83. Hab. Sicile. — Port de la Joliette. Cette plante a été re- trouvée par M. le colonel Blanc, dans les environs de Béziers, où elle paraît spontanée. CYNAROCÉPHALES. CARDUUS PTERACANTHAUS Durieu pl. exsice!. Hab. Algérie. — Bords de Jarret, près d’un moulin à blé. Cmsium CiL1ATUM Bieb. suppl. 556; D C. prod. 6, p. 635. Hab. Crimée, Caucase, Sibérie orientale, Perse boréale. — Bords de Jarret, près d’un moulin à blé. OvoPonDon TAURICOUM Willd. sp. 3, p. 1687; Godr. L. c. p. 87; O. virens D C. fl. fr. suppl. p. 456, et prod. 6, p. 618. Hab. Barbarie, Crète, Grèce, Crimée. — Port de la Joliette, bords de Jarret, près d’un moulin à blé. CENTAUREA DIFFUSA Lam. dict. 1, p. 675; D C. prod. 6, p. 586; Godr. L. c. p. 83. Hab. Russie méridionale, bords du Tanaïs, Crimée, rives du Bosphore, Archipel de Grèce. — Catalans, Belle-de-mai, etc. CENTAUREA PARVIFLORA Desf. atl. 2, p. 301; D C. prod. 6, p.585; Godr. L. c. p. 83. Hab. Caucase, Arménie, Sibérie de l’Oural, déserts de la Soongarie des Kirghis, monts de Tarbaghataï et d'Alatau. — Catalans, Belle-de-mai, etc. CENTAUREA NICEENSIS ÀA/!. ped. 1, p. 162, €. 74, f 1; C. fuseata Desf. atl. 2, p. 302, t. 244; D C. prod. 6, p. 594. Hab. Italie, Sardaigne, Sicile, Barbarie, Espagne. — Port de la Joliette, Chartreux. CENTAUREA SCORPIURIFOLIA Dufour, ann. sc. nat. 23, p. 162, D C. prod. 6, p. 600. Hab. Espagne. — Port de la Joliette. — EU — CENTAURES ALEXANDRINA D C. prod. 6, p. 597. Hab. Egypte, Asie Mineure. — Port de la Joliette, lavoirs. CENTAUREA IBERICA Trev. in Spreng. syst. 3, p. 406; D C. prod. 6, p. 597; Godr. L. c. p. 85. Hab. Caucase, bords de la mer Caspienne. — Port de la Joliette, lavoirs à laine. CENTAUREA CALCITRAPOIDES Lin. am. #, p. 291; D C. prod. 6, p. 597. Hab. Caucase, Egypte, Palestine, Crimée, Perse. — Cata- lans, lavoirs à laine. CENTAUREA NAPiroLiA Lin. sp. 1295; D C. prod. 6, p. 600; Gren. et Godr. fl. fr. 2, p. 258. Hab. Corse, Italie, Sicile Barbarie, Grèce. — Nouveau port, Prado, Jarret, près des moulins à blé. CENTAUREA ERIOPHORA Lin. sp. 1296; Godr. L. c. p. 85. Hab. Portugal. — Lazaret. CENT:UREA SULPHUREA Willd. en. n. 391; DC. prod. 6, P. 593; Godr. L. c. p. 85. - Hab. Espagne. — Nouveau port. CENTAUREA SONCHIFOLIA Lin. sp. 1294; Gren. et Godr. fl. fr. 2, p. 258. Hab. Barbarie, Sicile, Italie, Nice, Zante. — Lavoirs à laine. Cette plante n’est point spontanée à Marseille, et quoi- qu'elle arrive jusqu’à Nice, elle doit, au moins dans l'état ac- tuel des choses, être retranchée de la Flore de France. CENTAUREA DILUTA Ait. kew. ed. |, vol. 3, p. 261; D C. prod. 6, p. 591. Hab. Barbarie. — Port de la Joliette. CENTAUREA ALGERIENSIS Coss. et Dur. not. crit. p. 136. Hab. Barbarie. — Port de la Joliette, lavoirs à laine, Lazaret. CENTAUREA PALLESCENS Delile fl. Ægypt. 13%, €. 49, f. 1; DC. prod. 6, p. 595 ; Godr. l. c. p. 85. Hab. Egypte dans le désert de Suez. — Nouveau port. — 499 — CENTAUREA HYALOLEPIS Boss. diagn. n° 6, p. 133. Hab. Syrie, Alep, Bagdad, Massoul. — Lavoirs à laine. CENTAUREA DEPRESSA Bieb. lawr. suppl. n° 1803 ; DC. prod. 6, p. 578. Hab. Perse, Caucase. — Colline Grassian et Catalans près de Marseille. BoEzEn LEPTAUREA Lin. mant. 117; D C. prod. 6, p. 562. Hab. Orient, Syrie, Alep. —Lazaret de Marseille. æ XERANTHEMUM ANNUUM Lin. sp. 1201 ; Gren. et Godr. fi. fr. 2, p. 281. : Hab. Perse, Syrie, Alep, Bagdad. — Lavoirs à laine. Plante à retrancher de la Flore de France. CHICORACÉES. Mmacaniozus HEnypnois Fisch. el M. in D C. prod. 1, D. 18: Gour: 1. cp er. Hab. Perse, Caucase. — Port de la Joliette. HæzLPinia LiINEARIS Pall. it. 3, p. 755; DC. prod. 1, p. 18; Godr. L. c. p. 87. Hab. Russie méridionale, Sibérie de lOural et de l'Altai, Caucase, Dahurie, déserts de la Soongarie des Kirghis. — Nouveau port. KAaLBrFUSSIA SALZMANNI Schultz, ann. sc. nat. 1854 ; p. 3178 ; D C. prod. T, p. 10 ; Godr. L. c. p. 88. Hab. Barbarie. — Lavoirs à laine. OPORINIA LACINIATA Bertol. ap. Walp. rep. 6, p. 732. Hab. Italie. —Lavoirs à laine, nouveau port. PiCRIS LACINIATA Pis. pl. daim. 24; D C. prod. 7T, p. 129. Hab. Dalmatie, Istrie. — Catalans, Belle-de-mai. BaARKHAUSIA Zacivrma Marg. et Reut. ap. D C. prod. 7, p. 158. Hab, Ile de Zanthe. —Lavoirs à laine, — 493 — BARKMAUSIA RHEÆEADIFOLIA Bieb. suppl. 538; DC. prod. 7, p. 158. Hab. Russie centrale et méridionale, Podolie, Crimée, Cau- case, mer Caspienne, Bohême.—Lavoirs à laine. BARKHAUSIA ERUCEÆEFOLIA Gren. et Godr.fl.fr.2, p.331. Hab. Patrie inconnue. — Lazaret, bord de la route d’Arenc près de Marseille. Espèce à retrancher de la Flore de France. BARKHAUSIA LACINIATA Lowe, prim. fl. mad. 25 ; D C. prod. T, p. 154. Hab. Madère.— Lavoirs à laine. AMBROSIACÉES. MANTBHEUN ATALIOUWM Morett. dec. 5, p. 8, Godr. LL. c. p: 81. Hab. Italie. — Lavoirs à laine. CAMPANULACÉES. SPECULARIA PENTAGONIA D C. prod. 7, p. #89; Godr. Lean 9f. Hab. Orient, Alep, Crète, Thrace. — Moissons à Ste-Mar- guerite, où elle a été trouvée une seule fois par MM. Kralik et Piaget, et où elle n’a plus été revue. C’est donc une espèce à rayer de la Flore de France; elle avait sans doute été imtro- duite avec des blés étrangers employés comme semence. ASCLÉPIADÉES. PERIPLOCA GRÆEOA Lin. sp. 309; Decn. in D C. prod. 8, p. 498. Hab. Italie, Bithynie, Asie Mineure, Syrie. — Montredon. Cette plante se retrouve sur la plage d'Agde. CONVOLVELACÉES. ConvoLvULUS HIRSUTUS Siev. in Bieb. taur. 1, p. #22 : Choisy in DC. prod. 9, p.408; C.lanuginasus Lois. gall. À, p. 465; Robert, «at. Toulon, p.47; C. tomentosus (Gren. et Gndr. f. fr. 2, p. 5041 (non Lin., nec Choisy). — 4924 — Hab. Crimée, Syrie, Constantinople, Pisidie, Archipel de la Grèce. — Bords du canal vers le château de Fontenieux. Cette espèce se retrouve dans les haies entre Toulon et Hyères ; mais là, comme à Marseille, elle ne paraît point indigène, et il serait probablement plus exact de la retrancher des espèces françaises. BORRAGINÉES. HertornoPivM viLLosum Willd. sp. 1, p. 741; DC. prod. 9, p. 537. Hab. Archipel de Grèce, Constantinople. — Port de la Jo- liette, lavoirs à laine. HELIOTROPIUM CURASSAvICUM Lin. sp. 188 ; D C.prod. 9, p.538 ; Gren. et Godr. fl. fr. 2, p. 540. Hab. Mexique, Guyane, Brésil, Chili, Pérou, îles Sandwich, cap de Bonne-Espérance, Barbarie (spontané ?).— Montredon, Cette plante américaine, qui se retrouve à Agde et à Narbonne, n'est jamais que sporadique sur nos côtes méditerranéennes, et son indigénat même en Barbarie nous semble douteux. Ecsium Hauworru Delile fl. Ægypt. 51, t. 19, [.5; D C. prod. 10, p. 23 ; E. setosum Kotschy, PL. nub. exsicc. n° 518 ! Hab. Sables d'Egypte. — Lavoirs à laine. LYCoPSIS ORIENTALIS Lin. sp. 199; DC. prod. 10, p.54. Hab. Orient, Odessa, Carie. — Lazaret. AnNEBIA HiISPIiDISSIMA D C. prod. 10, p. 94. Hab. Déserts d'Egypte.—Lazaret, nouveau port. EcuiNosPERMUM VAHLIANUM Lehm. asp. n° 103; D C. prod. 10, p. 142. Hab. Déserts d'Egypte, Géorgie caucasienne. — Nouveau port. ECHINOSPERMUM PATULUM Lehon. asp. n° 95 ; D C.prod. 10, p. 137. Hab. Crimée, déserts de la Caspienne et du Caucase, Astra- khan et Elisabethpol ; Cappadoce, déserts des Kirghis. — Dé- combres aux Catalans, — 495 — ROCHELIA STELLULATA Rchb. nets FOBESEC DC. prod. 10, p. 176; Godr. I. c. p. 92. Hab. Espagne, Hongrie, Podolie, Thessalie, Anatolie, Cri- mée, Caucase, Mésopotamie, Perse, Soongarie, etc.— Décom- bres aux Catalans. MYOSOTIS BRACHYPODA Grenier (1). Descripr.—Fleurs disposées en grappes extrêmement Jâches vers le bas, plus denses et poilues-soyeuses vers le haut, et oc- cupant environ le tiers de la longueur des rameaux ; pédicelles beaucoup plus courts que le calice, dressés, hérissés de poils étalés-oncinés ; calice fermé à la maturité, à tube muni de poils étalés-oncinés, à dents couvertes de poils dressés et non recourbés ; corolle érès-petite, infondibuliforme, dépassant à peine le calice ; style très-court, égalant moitié de la longueur des carpelles ; ceux-ci ovales, bruns-verdâtres, brillants, con- vexes d’un côté et carénés de l’autre, bordés au sommet ; feuilles oblongues-lancéolées, hispides, à poils droits; tige très-rameuse dès la base, à rameaux étalés-redressés, divisés, hérissés de poils étalés, les uns droits, les autres oncinés, ces derniers abondent au sommet des rameaux ; racine annuelle. — Cette plante a l’aspect du M. intermedia, et d'autre part elle a le calice et les pédicelles du M. stricta ; elle se place donc près du M. australis Brown. Hab. Patrie inconnue. — Lavoirs à laine. VERBASCÉES. VERBASOUM MUCRONATUM Lam. dict. #, p. 218; DC. prod. 10, p. 233; Godr. L.c. p. 96; V. candidissimum D C. fl fr. suppl. p. #13. Hab. Asie Mineure. — Nouveau port. (1) M. BRACHYPODA (ren. — M. floribus in racemo basi laxissimo, su- perne denso et piloso-sericeo, tertiam ramorum partem occupante, dis- positis ; pedicellis calyce brevioribus, erectis, pilis palenti-uncinatis hispi- dis; calyce maturo elauso, tubo pilis patenti-uncinatis hirsuto, dentibus pilis non uncinatis et arrectis onustis; corolla minimd, infundibuliformi, calycem vix excedente; stylo minimo, carpellis dimidio minore ; carpellis oyalibus, brunneo-virentibus. lueidis, hinc convexis, illine carinatis, apice marginatis; foliis oblongo-lanceolatis, pilis rectis hispidis; caule a basi ramosissimo, ramis patulo-erectis, divisis, patenti-hispidis pilis rectis et uncinatis, ultimis ad apicem ramorum numerosioribus; radice annua. — Planta facie M. intermediæ, et M. strictæ peduneulorum et calycis forma affinis ; ad M. australem Brown collocanda, — 46 — VERBASOUNM UNDULATUM Lam. dict. 4, p. 2A:; D C. prod. 10, p. 232. Hab. Grèce, Archipel, Syrie, Liban, ete. — Lavoirs. VERBASCUM PINNATIFIDUM Vahl, symb. 2, p. 89: D C. prod. 10, p. 234; Godr. L. c. p. 97. Hab. Bithynie, Thessalie, Eubée, Egine, Smyrne, Crimée, mer d’Azow. — Lavoirs à laine. SCROPHULARIÉES. VERONICA GLAUCA Sibih. et Sin. fl. græc. 1, p. 6, {. 7; D C. prod. 10, p. 484. Hab. Sommet du mont Hymeite, près d'Athènes, — Lavoirs à laine. LANARIA LANIGERA Desf. ail. 2, p. 150; D C. prod. 10, p. 268 ; Godr.l. c. p. 100. Hab. Espagne, Barbarie, Madère. — Lazaret. LABIÉRES. PERILLA OCYMOIDES Lin. gen. 578; Benth. in DC. prod. 32, p.163; Ocymuin frutescens Lin. sp. 832. Hab. Indes Orientales, Népaul, Assam. — Bords de Jarret, près d’un moulin à blé. SIDERITIS MONTANA Lin. sp. 802; Benth. in D C. prod. 12, p. 446. Hab. Espagne, Italie, Dalmatie, Sicile, Thessalie, Syrie, Mésopotamie, Perse, Crimée, royaume de Caboul, désert de la Soongarie des Kirghis. — Quartier de la Treille près de Mar- seille, où, d’après M. Blaise, la plante est spontanée. STaCuys 1TALICA Mill. dict. 3; Benth. in. D C. prod. 19, p. 464; Godr. l. c. p. 101. Hab. Italie, Grèce, Zanthe, Anatolie, Syrie, Mésopotamie, Constantinople. — Vallon de la Treille, où, d’après MM. Blaise et Roux, cette plante serait spontanée. Ce serait done une espèce à ajouter à la Flore de France, ainsi que la précédente. — 497 MaRRuBIUM ALYSSON Lin. sp. 815; Benth. in D C. prod. 19; p. 448; Godr. L. c. p. 100. Hab. Espagne, Sardaigne, [talie, Syrie. — Nouveau port. MARRUBIUM PEREGRINUM Lin. sp. 815; Godr, 1. c. p.100. Hab. Europe orientale, Asie. — Lavoirs à laine. SaLvIA BiCOLOR Desf. ati. 7, p. 22, 1.2; Benth. in DC. prod. 12, p. 288. Hab. Barbarie, Andalousie. — Lavoirs à laine. SALVIA ALGERIENSIS Desf. atl. 1, p. 25, t. 5; Benth.in D C. prod. 12, p. 288. Hab. Algérie. — Lazaret, Catalans, port de la Joliette. SALVIA VERTICILLATA Lin. sp. 51; Gren. et Godr. fl. fr. DD DI0, Hab. Rives asiatiques de la Méditerranée, Béotie, Syrie, Colchide, Crimée, Caucase, Kurdistan, Espagne, Sicile, Italie, Estrie, Valais, Autriche, Savoie. — Bords de l’'Uvanne, près d’un séchoir à blé. — Cette plante, signalée sur quelques points de la France, ne nous paraît point indigène. PLUMBAGINÉES. STATICE GLOBULARLEFOLIA Desf. ail. 1, p. 274. Hab. Barbarie, Sardaigne. — Falaises d'Arenc, à l'Estaque. Cette espèce paraît être indigène. PLANTAGINÉRS. PLANT4&0 ovarAa Forsk. fl. æg. Arab. 31; Dene in D €. prod: 13, p. 166; Coss. et Kral. Bull. bot. 1857, p. 492; P. decumbens Forsk. L. c.; P. argentea Desf. atl. À, p: 136. Hab. Déserts de la régence de Tunis, et du Sahara algérien ; Canaries ; Egypte ; Caucase, Syrie, Arabie pétrée, Perse aus- trale, Indes-Orientales, Cachemyr, Afghanistan ; Espagne, Val:nce, Murcie, Grenade. — Nouveau port. PLANTAGO SQUARROSA Murr. comm. gott. AT81, p. 56, f. 3; Decn. in D C. prod. 15, p. 7135. Hab. Basse-Egypte. — Lazaret, = MR — SALSOLACÉES. BeITUM VIRGATUM Lin. sp. 7; Gren. et Godr. fl. fr. 5, p. 23; Godr. ll. c. p.103. Hab. Cette plante, spontanée en France, est étrangère à Marseille, et n’a été trouvée qu’au nouveau port. CuEnNoPoDINA ALTrISSIMA Moq. in D C. prod. 13, s. 2, p. 162; Suæda altissima Pall. ill. 49, t. 42 ; Led. fl. rss. 3, p.181. Hab. Russie méridionale, Odessa, déserts de la Caspienne. Crimée, provinces caucasiennes, Sibérie de l’'Oural et de l’Altaï, déserts de la Soongarie des Kirghis. — Nouveau port, décom- bres à Arenc. ECHINOPSILON HYSSOPIFOLIUS J/0q. in D C. prod. 13, P:° Il 35. Hab. Barbarie, Crimée, Perse, déserts de la Soongarie chi- noise. — Lazaret, port de la Joliette. POLYGOXNÉES. RUmMEXx DENTATrUS Campd. Rum. p. 64 et 81; Meisn. in DC. prod. 14, p. 56. Hab. Egypte, Indes Orientales. — Lavoirs à laine. POLYGONUM HERNIARIOIDES Delile, Ægypt. p. 31; Meisn. in DC. prod. 14, p.94; Gr. et Gar. fl. fr. 3, p. 51. Hab. Sables d'Egypte, Abyssinie, Sénégal, Mozambique, Syrie, Sicile. — Lazaret, lavoirs à laine. Plante certainement étrangère à la France, et à retrancher de la Flore française. EUPHORBIACÉES. EUPHORRIA AKENOCARPA Guss. cat. Bocc. 182, p. 75, et syn. sic. À, p. 540. Hab. Toute la Sicile, Italie. — Catalans, Endoumé, dans les moissons. Plante sans doute introduite avec les blés étrangers employés commesemence,et à retrancher de la Flore de France. CYPÉRACÉES. SciRPUS LATERALIS Forsk. Ægypt. p.15. Hab. Téneriffe, Egypte, mer Rouge, Arabie Pétrée. — Sur les bords du Prado. — 499 — GRAMINÉES. PHALARIS OBVALLATA Trin. phal. p. k; Steud. syn. gram. p. 10. Hab. Arabie. — Port de la Joliette. Oss. Les Phalaris canariensis, brachystachys, minor, cryp- soides, truncata, paradoxa, cœrulescens, nodosa, signalés sur nos côtes de France, dans notre Flore, comme plantes Indi- gènes, sont très-probablement des plantes importées, mais as- sez répandues maintenant pour ne pouvoir plus être séparées des espèces indigènes. Il faut toutefois en excepter le P. cryp- soides d’Urv. qui a été une seule fois trouvé à Toulon, et ne s'y est pas maintenu. CRryPSIS ÆGYPTIACA Tausch, flora 1837, p. 120 ; Steud. syn. gram. 152. Hab. Egypte, Nubie. — Port de la Joliette. Cette espèce dif- fère-t-elle réellement du C. aculeata Ait? PHLEUM ECHINATUM Host, gram. 3, t. 14, Steud. syn. gram. 150. Hab. Italie, Dalmatie, Sicile, Grèce. — Lavoirs à laine. ALOPECURUS ANTHOXANTHOIDES Boiss. diagn. 13, p.42. Hab. Cilicie, mont Cassius en Svrie, Nazareth, Beyrouth, Séida. — Port de la Joliette. ALOPECURUS SETARIOIDES Grenier (1). Descripr. — Panicule spiciforme, ovoïde, serrée ; pédicelles des fleurs épais et un peu renflés au sommet; glumes égales, lancéolées, carénées-acuminées et à pointe recourbée, compri- mées, libres jusque vers le milieu et soudées inférieurement, (1) A.SETARIOIDES Gren.—A. panicula spiciformi, ovoidea, densa; florum pedicellis crassis, apice subinflalis; glumis æqualibus, lanceolatis, cari- nato-acuminatis et acumine recurvo, compressis, ultra medium liberis, in- ferne coalitis, albidis et tribus nervis viridibus percursis, basi pilosis, et in cariua pilis longis ipsarum apicem æquantibus onustis: glumella unica, glumas æquante et ad basin arista denticulata spiculis triplo longiore in- structa; foliis linearibus, acutis, glabris, vagina superiore ut in À. ventri- cosa L. inflata ; ligula brevi, trunrata; culmis adscendentibus , gracilibus, glabris, 1-2 decim. metientibus; radiec aunua, capillari-fibrosa, — Patria ignota. — 430 — blanchâtres et parcourues par trois nervures vertes, poilues à la base et munies sur la carène de longs poils qui atteignent le sommet des valves; glumelle unique, égalant les glumes, et portant à sa base une arête denticulée trois fois aussi longue que l’épillet; feuilles linéaires, aiguës, glabres, à gaîne supé- rieure renflée comme dans l'A. ventricosa L.; ligule courte et tronquée ; chaumes ascendants, grêles, glabres, de 1-2 décim.; racine annuelle, fibreuse-capillaire. Hab. Patrie inconnue. — Lavoirs à laine. Ogs. Cette espèce, qui se place à côté de l'A. anthoxanthoides, en diffère par ses épis de moitié plus petits; par ses fleurs éga- lement plus petites, à pédicelles de moitié plus courts, plus épais et un peu renflés au sommet; par ses glumes à pointes recourbées en dehors et non dressées ou incurvées, munies sur la carène de longs poils qui atteignent leur sommet; par ses li- gules plus courtes; par ses tiges bien plus petites et plus grêles. — Le port de cette plante rappelle celui du Setaria viridis. ALOPECURUS CANDICANS Salzm. pl. ting. exsicc., et Steud. syn. gram. 148. Hab. Barbarie, Espagne, Italie, Caucase, Perse, Russie mé- ridionale. — Port de la Joliette, lavoirs à laine. AGrosris INrERRUPTA Lin. sp. 92; (ren. et Godr. fl. fr. 3, D. #87; Godr. L. c. p. AN. Hab. Plante française, étrangère à Marseille, où elle ne s’est montrée qu'autour des lavoirs à laine et au port de la Joliette. Agcrosris »aLziDA D C. fl. fr. 5,p. 251; Gren. et Godr. fl. fr. 3, P. 486. : Hab. Plante de Corse et d'Italie, spontanée entre Nice et Toulon, mais étrangère à la flore marseillaise. Mauium scagrum C. Rich. fl. mm. et l. p. 220; Gren. et (rodr. fl. fr. 3, p. 498. Hab. Plante de Corse et de France, mais étrangère à Mar- seille., — Port de la Joliette. AR LENDIGERA Lag. gen. p. 3, n° 38, var. mulica. Hab. Espagne. — Lavoirs à laine. — 131 — AVENA maœna Ledeb. fl. ross. k, p. 416; Gaudinia Bie- berstenii Trin. in Ledeb. fl. atl. 3, p. A; Ventenata macra Balanza, exsice. n° 757. Hab. Crimée, Géorgie éaucasique — Port de la Joliette, la- voirs à laine. MRISETUM NEGLECTUM Ram. et Schult. syst. ?, p. 660; Gren. et Godr. fl. fr. 3, p. 522; Godr. L. c. p. AM. Hab. Italie, Barbarie, Espagne, Portugal. Il est bien dou- teux que cette espèce soit française. — Port de la Joliette, Endoumé, etc. TRISETUM CONDENSATUM Pres!, in Schult. mant. 2, p.366; Gren. et Godr. fl. fr. 3, p. 522. Hab. Sicile et Italie inférieure. — Lazaret, port de la Jo- liette, Catalans. Plante à éliminer de la Flore de France. KæLEnrIA mispipa D C. cat. 119; Kunth, en. 1, p. 383. Hab. Italie, Algérie. — Port de la Joliette, lavoirs à laine. SCHISMUS MARGINATUS P. B. agr. T4; Gren. et Godr. 3, D. 531; Godr. L. c. D. 111. Hab. Espagne, Caucase, cap de Bonne-Espérance, — Laza- ret. Cette plante n’est spontanée mi à Marseille, ni à Nar- bonne; elle est probablement étrangère à la France. ScLEerorPoa Prairisrzxs Boiss. diagn. 13, p. 60. Hab. Autour de Gaza en Palestine. — Lavoirs à laine. SCLEROPOA HEMIPOA Parl. fl. ital. 1, p. 472; Gren. et Godr. fl. fr. 3, p. 556. Hab. Italie, Sicile. — Montredon, près Marseille. Plante qui n’est probablement pointspontanée sur les côtes du Rous- sillon, où nous l'avons signalée dans notre Flore. SCLEROPOA DIVARICATA Part. fl. ital. 1, p.170; l'estuca divaricata Desf. atl. 1, p, 89; Sclerochloa articulata Link, hort. ber. À, p.150; Godr. L. c. p. 112. Iab. Italie, Istrie, Sicile, Barbarie, — Port de la Joliette, lavoirs à laine, lazaret. — 432 — Pos PERSICA Trin. in C. A. M. ind. cauc. 18; Nephelo- chloa persica Ledeb. fl. ross. 4, p. 367. Hab. Caucase, mer Caspienne, Perse, Arabie, Syrie. — Port de la Joliette, lavoirs à laine. ERiIZA SPICATA Snith et Sibth. fl. gr. t. T1; Ledeb. fl. ross. 4, P. 336. Hab. Grèce, Russie méridionale, Caucase, Syrie, Crimée. — Lavoirs à laine. SPuENoPusS Gouanis Trin. agr. 135; Gr. et Gdr.3,p.555. Hab. Plante française étrangère à Marseille. — Lavoirs. DACTryxLIS PUNGENS Schreb. gram. t. 27, f. 1; Steud. syn. gram. 298 ; Sesleria echinata Lam. ill. t. 4T, f. 2. Hab. Barbarie. — Lavoirs à laine. Cynosunus Lima Lin. sp. 105; Poa lima Trin. act. petr. 6, 1, p. 392; Godr. L. c. p. AM. Hab. Espagne, Barbarie. — Lavoirs à laine. VurpPia ÆTNENSIS l'in. pl. rar. sic. fasc. 2, p. 22. Hab. Sicile. — Lavoirs à laine. VusPia GENICULATA Link., p. 148; Gren. et Godr. fl. fr. 3, P. 567; Festuca geniculata Godr. l. c. p. 112. Hab. Espagne, Barbarie, Italie, Sicile, Sardaigne. — Port de la Joliette. VozriaA LIGuSTICA Link, !. c.; Gr. et Gdr.l.c.; Festuca stipoides D C. fl. fr. 5, p. 267; F. ligustica Godr. L. c. p. 112. Hab. Italie, Sicile, Barbarie. — Port de la Joliette, lavoirs. VuLPIA INCRASSATA Part. obs. 1841, et ft. étol. 1, p. 429; Gren. et Godr. fl. fr. 3, p. 568 ; Festuca stipoides Desf. atl. À, p. 30 ; F. incrassata Godr. À, c. p. 112. Hab. Corse et Barbarie. — Lavoirs à laine, Lazaret. FESTiCA PECTINELLA Delile, fL. Æg. suppl. t. 63: Gdr.1, c. p.112. Hab. Egypte, Mauritanie, — Lavoirs à laine. — 433 — FESTUCA CYNOSUROIDES Desf. atl. 1, p. 88,1. 21 ; Godr L. ©. p. 112: Hab. Barbarie.— Port de la Joliette, lavoirs à laine. Bnouus conrenros Biecb. taur.1A,p. 71; Steud. syn. gram. 324 ; Godr. L. c. p. 113. Hab. Espagne, Sardaigne, Istrie, Grèce, Perse, Caucase. — Nouveau port. SERRAFALOUS MACROSTACHYS Parl. ital. À, p. 397; Gren. et Godr.3, p. 593 ; Bromus macrostachys Desf. atl. À, p. 96. Hab. Espagne, Italie, Sicile, Sardaigne, Barbarie, Asie Mineure, Caucase. — Lavoirs à laine ; mais n’est pas spontané autour de Marseille. NaARDURUS ORIENTALES Boiss. diagn. 7, p. 127; Festuca aleppica Hochst. pl. exsicc. n° 263. Hab. Perse et Syrie. — Lavoirs à laine. Honpeum muLBosum Lin. sp. 147; Gren. et Godr. 3, p. 596 ; Godr. L. c. p. 114. Hab. Italie, Sicile, Sardaigne, Barbarie, Macédoine, Thrace, Crimée, Syrie, Caucase, Asie centrale. — Lavoirs à laine, port de la Joliette. — Cette plante n’est indigène ni à Marseille, ni à Toulon, et doit probablement disparaître de la Flore de France. ÆLYMUS CRINITUS Schreb. gram. 15, t. 24, f. À ; Gren. et Godr. fl. fr. 3, p. 596; E. Caput-medusæ Godr.. 1. c. p. 114. Hab. Orient, Crimée, Barbarie, Italie, Pannonie, Corse, côtes françaises de la Méditerranée, mais non spontané à Marseille, où il se montre autour des lavoirs à laine. . Os. Le Triticum villosum P. B. nous semble être à Mar- seille dans les mêmes conditions que l’Elymus crinitus. Ezvmus AberLiLianus Schult. mant. 2, p.424; Kunth, syn. gr. 450 ; E. Hachitrichus Hochst. herb. Kotschy, n° 130 b ; Steud. syn. gram. p. 350, n° 28. Hab. Syrie, Perse, Egypte, Palestine. — Lavoirs à laine. 29 — 434 — HETERANTHELIUM PILIFERUM ÂHochst. her. Kotschy, n° 130 a; Steud. syn. gram. p. 201. Hab. Syrie, Perse australe. — Port de la Joliette. TRiTiCUM SQuarRRoSUM Roth, beitr.1, p.128 ; Godr. L. c. p.114. Hab. Egypte. — Lavoirs à laine. T'RITICUM ORIENTALE Bieb. taur. À, p. 86; Kunth, syn. gr. 443 ; Godr. l. c. p. 118. Hab. Grèce, Russie méridionale, Crimée, Caucase, Sibérie de l'Oural et de l’Altai, déserts de la Soongarie des Kirghis. — Port de la Joliette. ÆGiLoPs vENTRICOSA Tausch, flora 1837, p. 108; Godr. lc. p.115; Steud. syn. gram. 355; Æg. squarrosa Desf. atl. 1, p.394 (non Lin.). Hab. Barbarie, Espagne. — Lazaret, lavoirs à laine. ÆG&GiLoPsS CAUDATA Lin. sp. 1489; Steud. syn. gram. 355; Jaub. et Spach, ill. p. 15, t. 319 ; Triticum caudatum Gren. et Godr. fl. fr. 3, p. 603. Hab. Crète, Péloponèse, îles de la mer Egée. — Lavoirs à laine. Si cette plante a été trouvée aux environs de la Sainte- Baume de Toulon, elle ne s’y est pas conservée, et elle ne peut garder son rang parmi les espèces françaises. ÆGiLoPS SPELTOIDES Tausch, Flora 1837, p.109 ; Jaub. et Spach, ill. p. 22, t. 316 ; Æ. Tauschii Coss. not. 2, p. 69; Triticum obtusatum Godr. 1. c. p. 116. Hab. Asie Mineure, Crimée, Géorgie caucasienne. — La- voirs à laine. Si l’on adoptait la nomenclature de notre Flore, cette plante prendrait le nom T. speltoides. ÆGiLoPsS CyxLiNbmica Host, gram. 2, p.6, t. 7; Jaub. et Spach, ill. p.14, t. 314 ; Godr. L. c. p.115. Hab. Crimée, Bessarabie, Hongrie et Piémont. — Lavoirs à laine. SES — BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE pour 1857, par M. Alph. DÉLACROIX, architecte. BESANÇON. -— CHEMIN DRE LA BROT. M. Vuilleret a été le premier à reconnaître, au sud de la ci- tadelle de Besançon, au delà du fort de Treuchatel, la voie gauloise de la Brot. Dans une course faite récemment et renouvelée le 44 juin dernier sur le plateau de Treuchatel et la montagne de la Cha- pelle-des-Buis, j'ai pu, avec le concours de M. Castan, notre collègue, constater non-seulement l'exactitude de l'opinion émise par M. Vuilleret, mais encore un fait très-intéressant au point de vue archéologique. Disons d’abord pour les personnes étrangères à la localité que le plateau situé derrière la citadelle est fermé aux voya- geurs depuis la conquête de la Franche-Comté. Toutes les traces de voie roulière y appartiennent à des temps antérieurs. On connaît le chemin fréquenté à l’époque bourguignonne. Il passait au hameau de Chapelle-des-Buis, en suivant, sur moitié du parcours, la voie romaine, qui était plus longue, mais plus savamment dessinée sur les pentes de la montagne. La voie gauloise est plus au nord; elle est complétement indépendante des deux autres voies. C’est la seule qui ait pu servir sans travail préparatoire. On y reconnaît bien plus la perspicacité du charretier que la science de l'ingénieur. Les traces de la voie gauloise sont tantôt une tranchée d’un mètre à un mètre et demi de profondeur, tantôt des restes de sillons marqués successivement à des niveaux toujours de plus bas en plus bas dans le flanc des rochers. Cette empreinte, en- tièrement due à l’érosion par les roues des voitures, occupe par endroits une hauteur de quatre à cinq mètres. Le nombre des siècles pendant lesquels les chars ont usé à ce point une roche dure, dépasse toutes les idées reçues ; car la voie romaine, qui a remplacé la Brot et qui a servi seule depuis l’époque gallo- romaine jusqu’à Louis XIV, n'offre rien d’analogue. — 436 — Voici donc le fait sur lequel il est nécessaire d'appeler l'at- tention de la Société, parce qu’il donne à la fois des repères pour retrouver d’autres voies antérieures à celles des Romains, et des documents imprévus sur les usages gaulois. À cinq ou six cents mètres du retranchement qui relie le fort Tousez à celui de Treuchatel, on remarque, dans une roche extrêmement compacte, deux ornières parallèles, de 0,30 de profondeur, nettes et polies comme si elles étaient préparées par un marbrier et qu'il n'y eût plus qu’à donner le lustre. Aucune roue de plus de 0,054 de largeur de jante n’eût pu entrer, même avec force, dans ces ornières étroites; enfin les sillons sont si resserrés, si réguliers, si bien évasés au sommet, qu'aucune voiture ne pouvait emprunter la voie sans être ap- pelée dans l’ornière, ni suivre celle-ci sans avoir les dimensions de roues et de voie roulière rigoureusement prescrites et rigou- reusement observées. La largeur du train de voiture, ce que l’on appelle la voie roulière, était de moins de 4,21. Sur les points où le terrain offre une assiette large, il n’y a pas de traces bien marquées, les voitures ayant pu aller un peu à l'aventure. Mais aux passages restreints, comme 1l s’en trouve un si grand nombre dans ce pays, il n’y a que la voie d'un char; et alors encore le chemin, profondément fouillé, limité entre des parois verticales, pouvait être barré complétement par le moindre obstacle. Ainsi, d’une part, le chemin gaulois, impraticable pour les chars qui n'auraient pas eu la dimension prescrite, leur rendait les pays de montagne inaccessibles ; d'autre part, on pouvait en interdire l'usage, par un barrage facile, même aux chars taillés à la mesure. En résumé on doit déduire de l'examen du chemin de la Brot : Qu’à l’époque gauloise les trois espèces de chars connus, savoir : la benne (1), la rhède (2) et la petite rhède ou peto- ritton, avaient la même voie; Que, contrairement à l’ancienne opinion, ces chars étaient au moins aussi légers que les nôtres ; (1) Benne. Grand panier d’osier sur quatre roues. Le nom et la chose ont été empruntés des Gaulois par Les latins. Caton. De re rustica. (2) Rhède. Char de voyage et de combat des Gaulois. — 437 — Qu'il y avait des règlements pour fixer la voie roulière et les dimensions des roues; Que cette voie roulière atteignait à peine 4",21, et que la largeur des jantes était au plus de 0,051; Que le chemin gaulois, profond et réservé au passage d’un seul char dans les gorges et vers les crètes des montagnes, se trouvait ainsi approprié pour qu'il fût facile d’ôter aux armées ennemies le moyen de pénétrer dans le pays. ALAISE. —— CHEMIN DE LAN-GUTINE OÙ DU LAN-GUBTENOT. 7e visite faite par MM. Castan et Delacroix, en compagnie de M. Quicherat. Etant allés chercher dans le fourré du bois les traces du chemin antique d’Alaise par le défilé de Camp-Baron, que l’on appelle habituellement chemin de Lan-Gutine ou Lan- Guetenot, nous avons trouvé cette ancienne voie parfaitement conservée sur environ trente mètres de longueur, et présentant, d'une manière encore plus remarquable, tous les caractères du chemin gaulois de Besançon signalé le 41 juillet dernier. Voie unique, creusée par les roues des voitures et les pieds des chevaux, sur près de 2",00 de profondeur dans le roc dur. Voie roulière de . . . 12,207; Largeur des jantes . . 0,041. Mais l'empreinte des moyeux des roues contre les parois du fossé nous a donné en outre le moyen de mesurer le diamètre des roues, qui était de 0,96, ainsi que le diamètre des moyeux eux-mêmes, qui devaient avoir environ 0®,24 de grosseur. La Lan-Gutine se dirige d’Alaise vers le haut Jura sans passer ni par Salins, ni par le village de Saisenay qui est voisin. J'ai cherché ultérieurement ses traces sur le territoire de Clucy; mais Je n’y ai rencontré que deux noms qui semblent indiquer ou une bifurcation sur le passage d’une colline, ou deux che- mins successifs : Chemin des BENNES et chemin des RHÉDES. Sur un vieux plan, ce dernier mot est écrit reides. — 438 — 2° visite, avec MM. de Watteville et Varaigne. Peu de jours après la visite faite avec M. Quicherat, j'ai recueilli, d’une fouille faite de 4,00 à 4,50 de profondeur, pour creuser un fossé au pied du Bois de la Porte, entre la Lan-Gutine et la source de Merlin, un grand nombre de fers de chevaux, la plupart de formes différentes et néanmoins tous anciens et presque détruits par la rouille. Parmi eux se trou- vaient des clous à têtes carrées excessivement larges, et trois morceaux de cercles de roues ayant quatre centimètres de lar- geur. Au moyen de cette cote et: de celles qui ont été recueillies à la Brot et à la Lan-Gutine, il est possible de rétablir rigoureu- sement la dimension de la voie roulière gauloise. D'axe en axe des jantes, la largeur est, à la Brot, de 1,159. D’axe en axe des jantes, cette largeur est, à la Lan-Gutine, de 4",166. Si la largeur des jantes est uniformément de 0%,04, on trouve, après calcul, une largeur moyenne de la voie roulière de 14",2095. AIGUILLES DB PIERRES BRUTES APPELÉES GUYONS. À Nans-sous-Sainte-Anne, Guyon au Méchi ou Machi, et Guyon des Grattes. A Pretin, deux Guyon. A Maisné, Guyon. A Maizière, Guyon des Romains. Ce nom de Guyon commence à être oublié. Il est temps de le recueillir partout où il subsiste encore. à Le Guyon, mot abrégé de Guidon, était, dans le druidisme, l'esprit, l'intelligence, le voyant, le surveillant. On lui con- sacrait ce qu'on appelle en Bretagne des Menhirs, et en Franche-Comté des Menhauts, c'est-à-dire des pierres debout. Les divers Guyons dont il vient d’être fait mention consistent en pierres brutes, en aiguilles naturelles, ou plutôt simplement isolées, par le moyen d’une tranchée, de la roche à laquelle elles appartiennent. — 4939 — FOSSE AU MACHI. Le Machi ou Méchi est le nom patois du Mercier, et par Mercier, on entendait autrefois, dans ce pays, toute espèce da marchand ambulant. Or, ce mot se trouvant accolé à celui de Guyon à Nans-sous- Sainte-Anne, Guyon au Machi, et le premier étant gaulois, tandis que le second a été emprunté au phénicien, l’idée m'est venue de chercher si le même mot ne serait pas, à plus forte raison, attaché à certaines de nos vieilles voies. J'ai rencontré dans la forêt de Haute-Joux, de Cuvier à Supt, la Fosse au Machi ; Sur le haut plateau qui sépare la vallée de Pretin de celle d’Arbois, la Fosse au Mach; Sur le plateau d'Amancey, le chemin du Meuchi; et 11 m'a été signalé près de Dompierre, sur la Chaux-d’Arlier, une autre Fosse au Machi. Jusqu’à ce moment, toutes ces voies paraissent être du même ordre que la Brotet la Lan-Gutine. Elles n’ont point de rapport avec les villes romaines ou modernes. Je recommande à nos collègues, non-seulement de tenir note de tous les chemins de ce genre, mais encore de tous les points . où l’on raconte cette fable, qu’un merciér ayant été tué et en- terré sur le chemin, lui aurait donné son nom : fable qui paraît attachée à ces chemins ou fosses de l’antiquité gauloise. BULLETIN ENTOMOLOGIQUE de 1857, | par M. Th. BRUAND. Tout me porte à croire que cette année de chaleurs et de sé- cheresse prolongée eût été très-favorable aux récoltes entomo- logiques dans notre haute montagne, ainsi que cela eut lieu en 1842, année exceptionnelle pour l’entomologie; mais ayant été hors du département pendant presque toute la belle saison, je n’ai que bien peu d’espèces à signaler; ce sont : ESPÈCES NOUVELLES A INSÉRER AU CATALOGUE DU DOUBS. 991 bis. Sericoris Tiedemanniana, | Jougne, clairières her- HS APS SL Infispuitones, ? (1) 997 bis. Sericoris Auromicantel Brd, | Ibid. Id. 4501 bis. Coleoph. FE PIRE va Chevigney, fourreaux sur les Juncus glaucus et H.-Sch. $ effusus. 1547 bis. Pteroph. a H.,Z.. . . Juin-juillet. Jougne, clairières her- bues, OBSERVATIONS. La chenille qui dévaste le maïs, celle du Botys cinctalis, était au moins aussi commune cette année qu’en 1856. Plu- sieurs cultivateurs du canton d’Audeux avaient profité de mes conseils et avaient coupé les tiges de maïs immédiatement au- dessus de la grappe supérieure ; J'ai même remarqué que quel- ques-uns avaient brûlé les tiges après la récolte. J'avoue fran- chement que je n’espérais pas ce succès sur la routine, quoique (1) Je ne cite qu'avec un point de doute cette Tordeuse que j'ai recueillie dans une promenade dans les environs de Paris (Bondy ou Vincennes ?). Cette espèce, nouvelle pour la France, pourrait bien se trouver également dans la haute montagne (Jougne et Pontarlier surtout), si riche en espèces de ce groupe; mais je n’en ai pas la certitude. — Eh — les innovateurs aient été bien peu nombreux. Espérons qu’ils auront des imitateurs, et que cette précaution fera diminuer l'intensité du fléau. La petite Opostega Scitella, qui était commune à Verdun-sur- Meuse depuis longtemps, s’est répandue cette année sur les arbres fruitiers du Jardin-des-Plantes , à Paris, et M. Valen- ciennes m'a fait l'honneur de m'écrire à ce sujet. J'avais cru reconnaître cette même chenille sur quelques poiriers des jardins de Chevigney (Doubs) et Orchamps (Jura); j'en avais été effrayé tout d’abord, et il y avait de quoi, à voir la lettre de M. Valenciennes et les détails qui m'ont été fournis par M. Lienard de Verdun. Je m'étais heureusement trompé. Si des arbres fruitiers, pommiers et poiriers en quenouille ou en espaliers, ont été quelque peu maltraités par une mineuse dans le canton d’Au- deux et dans le bas Jura, c'est par une chenille du même genre Opostega (2), moins désastreuse, moins robuste, qui a été à peu près anéantie par la sécheresse qui a régné cet été, tandis que les grandes chaleurs paraissent favoriser la multiplication de Scitella. (1) Sparlifoliella, ou une autre de ses congénères. —HOX0A2S— 3 OBJETS DIVERS. LISTE des dons faits à la Société en 1857. Par S. Ex. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, 300 francs. Par LE DÉPARTEMENT pu Douss, 200 francs. Par La Vize DE BESANÇON, 300 francs. Par MM. DE MarmiEer, membre résidant : 50 francs. Doprvers, membre résidant : 60 francs. LyauTEy, sénateur, membre résidant : 200 francs. Lyaurey, intendant militaire en retraite : 50 francs. Par MM. AUBERTIN, membre correspondant : Etude historique sur les protestants à Beaune. Bavoux, membre résidant : Etudes critiques sur la décou- verte d'Alesia, par Revillout. Bizcor, membre honoraire : Annotations à la flore de France et d'Allemagne (suite). Bixio, membre honoraire : Environ trois cents volumes concernant la botanique, l’agriculture, l’horticulture, etc. Bruaxp, membre résidant : 4° Description et culture des müriers, par Seringe; 2 Nouvelle disposition des familles vé- gétales, par le même, 3° Analyse des familles végétales, 1"° li- vraison, par le même ; 4° Congrès des sociétés savantes, année 1857. CHERBONNEAU, membre correspondant : 4° Fables de Lokman; 2° Notice et extraits du E’unouan ed-diraia, etc.; 3° Les four- beries de Delilah; 4° Histoire de Chems-Eddine et de Nour- Eddine ; 5° Manuel des écoles arabes-françaises. ConTEJEAN, membre correspondant : Notice sur le climat de Montbéliard au xvn° siècle. — 443 — Coquanp père, membre résidant : 4° Théorie de la surface actuelle de la terre, par André; 2 Procédés pour fabriquer la fonte et le fer, par Guenyveau ; 3° Recherches chimiques sur l'élain, par Bayen et Charlard; 4° Essai sur la science des ma- chines, par Guenyveau; 5° Observations faites dans les Pyré- nées, par Coxe; 6° Traité de la dissolution des métaux, par Monnet ; 7° Mémoire sur la manière dont on extrait le fer de la mine d’Elbe, par Tronson du Coudray; 8° Nouvelles récréa- tions physiques et mathématiques, par Guyot. Dessarnixs, professeur à Paris : Lettre sur Alesia. DÉéy, membre correspondant : 4° Géographie féodale de la baronie de Perreuse; 2 Auxerre, ville municipale des Gaules. Goprown, membre correspondant : 1° Notice sur un mollusque récemment naturalisé en Lorraine; 2° Observations sur le Drosera obovata ; 3° De l'Ægilops triticoides. Gran, membre résidant : Journal d'agriculture pratique, &° série, tom. 6 et 7. GRENIER, membre résidant : 4° Mémoires de l’Académie de Stanislas, année 1855; 2° Cours de minéralogie, par Beudant; 3° Linnæi systema naturœ. HumgerT, membre correspondant à Paris : Recherches chi- miques et médico-légales sur l'acide cyanhydrique, par Ossian Henri et Humbert. Laurens, membre résidant : Annuaire du Doubs pour 1851. Maun’Heux, avocat à Epinal : Notice sur plusieurs expériences agricoles. MorérTin, membre correspondant : De l’étiologie du goître endémique. ORDINAIRE DE LA COLONGE, membre correspondant : 1° Notice sur les foyers fumivores de MM. Roques et Daney; 2 Théorie de la turbine Fourneyron; 3° Considérations sur l’enrayage instantané des roues de wagons. Perron, membre correspondant : Notice géologique sur l'é- tage portlandien des environs de Gray. Résaz, membre résidant : Mémoire sur les propriétés géo- métriques du mouvement d’un système invariable. Roy, pasteur à Longevelle : Essai sur les soulèvements ju- rassiques, par Thurmann, 2° cahier. — 4h — Wacer, membre correspondant : Un recueil de poésies inti- tulé Vibrations lyriques. Bavoux, brigadier des douanes à Mont-de-Laval : Quatre médailles romaines trouvées à Mandeure, à Etupes, à Gilley et à Chapelle-des-Bois. Bixio, membre honoraire : Un échantillon du câble élec- trique transatlantique. Bconpeau, Léon, membre résidant : Trois vases funéraires en terre et un fragment de poterie en verre trouvés dans le camp romain d'Orchamps (Jura). Bouvier, employé des forêts, KozLer, membre résidant, et Bavoux, membre résidant : Plusieurs fragments de poteries gollo-romaines trouvées à Chalezeule. Deracroix, Emile, membre résidant : 4° Une médaille gau- loise, un manche de poignard, une boucle, une clochette, un morceau de béton, un tuileau et un fragment de corniche pro- venant des ruines du pont romain de Reculot, près d'Osselle ; 2° huit vases en terre et en verre trouvés au camp romain d’Or- champs ; 3° six médailles romaines découvertes à l’embarcadère de Besançon. DE Nervaux, membre résidant : Une clef antique trouvée à Membrey (Haute-Saône). Maisonner, membre correspondant : Une serpe antique trou- vée à Alaise. S. À. 1. le prince Napoléon : Huit échantillons de kryolithe, d’allanite, de graphite, de lignite et d'okénite du Groënland. Mgr Magie, évêque de Saint-Claude : Une tortue fossile (Emys Etalloni) des terrains jurassiques. ArTaauD, membre résidant : Une vingtaine de fossiles ter- tiaires de la Chaux-de-Fonds. Barow, Albert, membre résidant : Trois plantes fossiles des terrains houillers. CHERBONNEAU, membre correspondant : Plusieurs fossiles d'Afrique et un échantillon de gypse lamellaire. — 45 — CoquanD père, membre résidant : Un groupe d’hippurites et plusieurs autres fossiles des terrains crétacés. De Boucor, membre résidant : Un bloc de cristal de roche. Deracroix, Emile, membre résidant : Trois géodes des ter- rains tertiaires du Jura et un échantillon de bois fossile trouvé dans les marnes oxfordiennes de Chalezeule. Dexozow, chef d’escadron d'artillerie à Versailles : Une tren- taine de coprolithes du gault de la Villette. Ducar, Henry, missionnaire à Constantine : Plusieurs fos- siles et un échantillon de roche d’Afrique. Du Houx, maître des Verrières de la Rochère : Un fragment de Calamites des grès houillers. DuréauLzr, membre résidant : Environ cent cinquante fossiles de divers terrains. Marcer, membre Correspondant : Une vingtaine de fossiles des terrains de transition de la Mayenne. Piquer, marbrier, membre résidant : Un échantillon de car- bonate de chaux cristallisé. Renaup, membre correspondant à Paris : Collection de cin- quante échantillons de roches du Sprudel. Soupry, membre résidant : Plusieurs fossiles des terrains houillers de Saône-et-Loire. VARAIGNE, membre résidant : Quinze échantillons de sel gemme de Dieuze. Vivier, membre correspondant : Un calice d’encrine, une nérinée et environ quatre-vingt-dix autres fossiles des terrains Jurassiques. Zéper, membre résidant : Plusieurs géodes du département de la Meurthe. S. À. [. le prince Napoléon : Un Colymbus glacialis, un Nictea nivea, un Tringa maritima, un Charadrius Hiaticula, un Sérepsilas collaris, un Somateria mollissima, un Histrio- niscus torquatus, un Harelda glacialis, un Falco communis, un flacon d'Hyas aranea, deux Echinus inédits, quinze Lym- mea, dix Purpura lapillus, dix Astarte arctica et dix Mytilus edulis. (Tous ces objets viennent du Groënland et de l'Islande.) Bizot, membre honoraire : 49° et 20° centuries de l’herbier de France et d'Allemagne. — A6 — Bizcor, membre résidant : Un Bengali à bec d'argent et un Bengali à joues orangées. Bruan», membre résidant : Une cinquantaine de Lépidop- tères et deux mésanges huppées /Parus cristatus). Caarpy, maréchal des logis de gendarmerie à la Martinique: Un trigonocéphale. CHERBONNEAU, membre correspondant : Divers échantillons d’encens du Soudan, de plumes d’autruche, de haricots de Tombouctou, de dattes noires, etc. Corot, docteur en médecine à Montbozon : Un épervier (Falco nisus). Coquaxp père, membre résidant : Environ deux cents co- quilles marines. Cuenor, Victor, membre correspondant : Quatre variétés de pigeons domestiques (Columba livia). De BouLor, membre résidant : Un lapin (Lepus cuniculus). De Jourrroy n'Agsans, membre résidant : Un traquet mot- teux (Saxicola œnanthe), un traquet oreillard (Saxicola aurita), une mouette à capuchon (Larus melanocephalus). DE Saussure, membre correspondant : Une vingtaine d’oi- seaux du Mexique. De Scey-Bruw, Ferdinand, propriétaire à Dole : Un coucou gris (Cucullus canorus). Devoisinxs, membre honoraire : Deux reptiles, une racine de thuya, un faucon, un canard, un crabier (Ardea ralloides). Ducar, Henry, missionnaire à Constantine : Une peau de serpent, une guêpe, une tortue terrestre, un moustique et un orthoptère. Ducar, Joseph, missionnaire dans le royaume de Siam : Un nid de salangane (Hirundo esculenta) et un échantillon de bois d’aigle. Duvaucez, membre résidant : Une buse {Falco buteo), un épervier (Falco nisus). Esrrayer, propriétaire à Besançon : Un grèbe castagneux {Podiceps minor). Gairre, balancier à Besançon : Un moyen-duc (Strix otus). Guépor, employé des douanes à la Martinique : Une ving- taine de coquilles terrestres des Antilles. — AT — Kzern, restaurateur à Besançon : Un tétras à queue fourchue (Tetrao tetrix). LemIRre, membre résidant : Une Jeune autruche {Séruthio camelus), un Pinna et un amas d'œufs de seiche. LyaurTey, intendant militaire, membre résidant : Un diodon et un reptile. MARTIN, propriétaire à Besançon : Une grive draine (Turdus viscivorus). Marmior, membre résidant : Un héron blongios (Ardea mi- nuta). Mircaazer, membre correspondant : 2° fascicule de l’herbier de la Flore du Jura. Ravier, propriétaire à Besançon : Une cresserelle (Falco tinnunculus), trois mésanges (Parus major). Tournier, membre résidant : Un renard commun (Canis vulpes), une tourterelle (Columba turtur), un faisan argenté (Phasianus nycthemerus). TRAvVELET, membre résidant : Un loir (Myoxus glis). Vivier, membre correspondant : Trois roitelets (Sylvia r'e- gulus), deux grimpereaux (Certhia familiaris), une bergeron- nette grise (Motacilla alba), deux alouettes lulu (Atauda arbo- rea), une alouette des champs (Alauda arvensis), un pouillot (Sylvia trochilus), une bergeronnette printanière (Motacilla flava), un rossignol (Sylvia luscinia), un mouchet (Accentor modularis), une farlouse (Anthus pratensis), un bec-fin à poi- trine jaune (Sylvia hippolais), un coucou (Cucullus canorus), une tourterelle (Columba turtur), un bruant proyer (Emberiza miliaria), un bruant fou (Emberiza cia), un traquet rubicolle (Saxicola rubicolla) et une charbonnière (Parus ater). LISTE des objets envoyés en 183% par les Sociétés correspondantes. Bulletin de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de de Besançon, années 1841 à 1856. Bulletin de la Société d'histoire naturelle du département de la Moselle, 8° cahier. Bulletin de la Société géologique de France, tome XII, feuilles 72 à 85; tome XIII, feuilles 20 à 56; et tome XIV, feuilles 4 à 23. Annales de la Société Linnéenne de Lyon, tome IIT (nouvelle série). | Bulletin de la Société archéologique de l'Orléanais, n°° 22 A 21: Travaux de la Société des sciences médicales de l’arrondisse- ment de Gannat, année 1856. Bulletin de la Société archéologique et historique du Limou- sin, tome VI, 4° livraison; tome VIE, 4'° livraison. Bulletin de la Sociélé des sciences historiques et naturelles de l’Yonne, tome X, 1'° et 2° livraisons. Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, tome IV. Compte rendu de la situation et des travaux de la Société d’Emulation de Montbéliard, année 1856. Annales de la Société d’Emulation des Vosges, tome IX, 1% et 2° cahiers. Jahrbuch der, etc. (Annales de l’Institut géologique de l’em- pire d'Autriche), année 1855, 4° livraison. Bulletin de la Sociéte industrielle d'Angers et du département de Maine-et-Loire, année 1856. Mémoires de la Société d'agriculture, cummerce, sciences et arts du département de la Marne, années 1855 et 1856. Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie, années 1824, 14825, 1834 à 1855. Bulletin de la même Société, tome I°". Bulletin de la Société de l'industrie de la Mayenne, tomes I*° et LE. — 449 — Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chd- lons-sur-Saône, tome IIT, 2° partie. Bulletin de la Société de statistique et d'histoire naturelle de l'Isère, I°' et II° volumes. Nouveaux mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles, treize premiers volumes. Actes de la même Société, de la 3% à la 41° session. Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, n° 1, Bulletin de la Société historique et littéraire du Bas-Limou- sin, tome [°", livraisons 1 et 2. 30 LISTE des membres de la Société au 31 décembre 185%. Nora.— Le millésime placé en regard du nom de chaque membre indique l’année de sa réception dans la Société. Conseil d'administration pour 1857. Président, 2.50 SORA MM. Hiva A“ Vice-Président, : . : CoquaND. 92° Vice-Président . . . GRENIER. SeCrÉQUTES EDEN EL 1 00 Bavoux. Vice-Secrétarre tenue" : ©: VARAIGNE. ÉEÉSOP ICT. Ne NN TU RR Pois MARQUE. ArehivISbe Re EN EE TrucHOT. Membres honoraires. MM. Le PRéreT du département du Doubs. L’ARCHEVÊQUE du diocèse de Besançon. Le GÉNÉRAL DE Division à Besançon. Le PREMIER PRÉSIDENT de la Cour impériale de Besançon. Le PROCUREUR GÉNÉRAL près de la même Cour. Le Recreur de l’Académie de Besançon. Le Maire de la ville de Besançon. Baye, professeur de paléontologie à l’école des Ponts et Chaus- sées. Paris. 1851. Bizcor, professeur et botaniste. Haguenau. (Bas-Rhin). 1855. Bixio, agronome, ancien représentant du département du Doubs. Paris. 1856. Devorsins, secrétaire général de la Préfecture. Oran (Algérie). 1842. Douscenay, Henri, naturaliste. Epping (Angleterre). 1853. Gouer, docteur en médecine. Dole (Jura). 1852. — A5 — Membres résidants. (1) MM. Aux, Emmanuel, juge au tribunal de commerce. 1856. ALviser, avocat général. 1857. Anpré£, employé à la Préfecture. 1856. ARTHAUD, peintre. 1851. AUGER, général d'artillerie. 1857. BaLanpreT, professeur au Collége Saint-François-Xavier. 1857. BarBauD, Auguste, propriétaire. 4857. BARBIER, greflier au tribunal de première instance. 1856. Barpy, pharmacien. Saint-Dié (Vosges). 1853. Barow, Albert, ingénieur civil. Avanne (Doubs). 1856. Baron, Victor, ingénieur civil. 1853. BATAILLE, horloger. 1841. Bavoux, Vital, employé des Douanes. 1853. BeLor, essayeur du commerce. 1855. BENEYTON, conseiller à la Cour impériale. 1857. BEerGer, docteur en médecine. 1851. BErrTHoT, ingénieur en chef du canal 1851. BERTRAND, docteur en médecine. 1855. Besson (l'abbé), directeur du Collége St-François-Xavier. 1855. Besson, avoué. 1855. Bizzor, pharmacien. 1853. Bintor, médecin aide-major au 13° régiment d'artillerie. 1856. BLoxpeau, Charles, entrepreneur. 1845. BLoxpEau, Léon, entrepreneur. 1845. BLoxpon, docteur en médecine. 1851. Boré, agronome. 1857. Boucaor, Auguste, maître de forges. L’Isle-sur -le - Doubs (Doubs). 1855. Boupsor, ingénieur civil. 4840. Bourpox-Dussaussey , directeur des Contributions directes. 1857. Boyssox p’EcoLe, receveur général des finances. 1852. Brenix, maître-répétiteur au Lycée. 1857. (1) Dans cette catégorie figurent plusieurs membres dont le domicile habituel est hors de Besancon, mais qui ont demandé le titre de résidants afin de payer le maximum de la cotisation, et de contribuer ainsi d’une manière plus efficace aux travaux de la Société. — 452 — MM. BRETEGNIER, notaire. 1857. BrerizLor, Eugène, propriétaire. 4856. BrerTizLoT, Léon, banquier. 1853. BrerizLor, Maurice, propriétaire. 1857. BRETILLOT, Paul, propriétaire. 1857. Brocarp, clerc de notaire. 1854. Bruax», Théophile, naturaliste. 1840. BruGNoN, notaire, 1855. Brun, professeur de physique au Lycée. 1857. Buaxor, négociant. 1857. CasrTan, sous-bibliothécaire de la ville. 1856. CHaxoir, ingénieur civil. 1856. Cnapor, dessinateur. 1853. CHauviN, procureur impérial. 4857. CHAvVÉRIAT, vice-président du tribunal de 4"° instance. 1857. CHENEVIER, docteur en médecine. 1851. Cuevizurer, professeur au Lycée. 1857. CLERC DE LANDRESSE, avocat. 1855. CLerGeT, Charles, employé de l’Enregistrement et des Do- maines. 1856. CLerGer, Hector, directeur de l’Enregistrement et des Do- maines. 1856. ConsrTanTIN, préparateur d'histoire naturelle à la Faculté des Sciences. 1854. Covers, César, maire de la ville. 1840. Coquaxn père, professeur de géologie à la Faculté des Sciences. 1850. Coquann fils, préparateur de physique à la Faculté des Sciences. 1857. Corger, docteur en médecine. 1840. Corpier, conseiller à la Cour impériale. 1857. Cornury, conducteur des Ponts et Chaussées. 1856. CouLox, docteur en droit, avocat. 1856. Courer, Eléonore, directeur de filature. 1857. CouRLET DE VREGILLE, chef d’escadron d'artillerie. 1844. Courenor, docteur en médecine. 1851. D'ARBAUMONT, Capitaine au 13° régiment d'artillerie. 1857. DarLay, professeur de physique en retraite. 1854. — 93 — MM. DE BouLor, propriétaire. 1855. DE BussieRRE, Jules, conseiller à la Cour impériale. 4857. DE CHaRDONNET {le comte), propriétaire. 1856. DE CHARDONNET, Hilaire, naturaliste. 1856. DE CONEGLIANO (le marquis), chambellan de l'Empereur, député du Doubs, 1857. DE ConTRÉGLISE, membre de la commission archéologique. 1851. Decuiw, doyen de la Faculté des Sciences. 1857. DE JALLERANGE, Paul, propriétaire. 1857. pe Jourrroy (le comte Joseph), propriétaire. Abbans-Dessous (Doubs). 1853. pe Jourrroy, Herman, botaniste. Dole (Jura). 1853. DeLacroix, Alphonse, architecte de la ville. 1840. Deracroix, Emile, professeur à l’école de médecine. Rue Neuve. 1856. Deracroix, Victor-Emile, docteur en médecine. Rue Poitune. 1853. DE LA GÉNARDIÈRE, propriétaire. 1855. DELAVELLE, notaire. 1856. DE LONGEVILLE, propriétaire. 1855. DE NERvaux, propriétaire. 1853. DE SAINTE-AGATHE, Louis, conseiller municipal. 1851. DE SAINT-MaURICE, Gustave, propriétaire. 1857. DE SERRE, général de brigade. 1857. Desroziers, recteur de l’Académie. 1857. DESsseRTEAUX, Conseiller à la Cour impériale. 4857. p'Esrocquois, professeur de mathématiques à la Faculté des Sciences. 1851. Dérrey, Francis, propriétaire. 1856. Dérrey, Just, banquier. 1857. Donivers, Félix, imprimeur. 1854. DoxzeLor, colonel en retraite. 1857. D'Orivaz, Paul, conseiller à la Cour impériale. 1852. D'OrIvaL, propriétaire. 1854. Droz, directeur de l’école primaire supérieure. 1840. Dusosr, colonel sous-directeur du génie. 1857. Dusosr, William, maître de forges. 4840. MM. Ducar, Alfred, architecte du département. 1853. DuréauzT, ingénieur des Ponts et Chaussées. 1855. DuvauceL, Georges, employé des Douanes. 1854. Ernis, Ernest, propriétaire. 1855. FacHaRD, capitaine en retraite. 4854. FALCONNET, ancien Juge de paix. 1851. Fauvcomwrré, chef d’escadron d'artillerie. 48553. Feuvrier, prêtre, professeur au collége Saint-François-Xavier. 1855. Fruixere, rédacteur en chef de l’Impartial. 1855. Foxcin, docteur en médecine. 1854. FRANCE, négociant, 1855. Francescui, Paul, sculpteur. 1852. Gay, Charles, secrétaire particulier du Préfet. 1854. GérarD, banquier. 4854. Gevriz, Louis, graveur. 1856. GirARDOT, banquier. 4857. Girau», payeur du Trésor. 4857. Girop, avoué. 1856. Giro», lithographe. 1856. Goucer, conducteur des Ponts et Chaussées. 1855. GouiLLauD, professeur de physique au Lycée. 1851. Gran», Charles, inspecteur de l’Enregistrement et des Do- maines. 1852. GRENIER, professeur de botanique et de zoologie à la Faculté des Sciences. 1840. Guenarp, maître de forges. 1856. GuERrRiN, bâtonnier de l’ordre des avocats. 4855. GuicnarD, Albert, pharmacien. 1853. GUILLEMIN, mécanicien. 1840. GuiLiN, pharmacien. 1855. Henri, professeur au Lycée. 1857. Hory, propriétaire. 1854. Huarr, recteur en retraite. 1840. Hucox, docteur en médecine. 1853. Jacquarn, Albert, banquier. 1852. Jacquarp, Pierre-Joseph, banquier. 1854. Jacques, docteur en médecine, 1857. — 455 — MM. JEANNENOT, conducteur des Ponts et Chaussées. 1854. JourDHEurz, peintre. 1856. JourGEow, colonel directeur du génie. 1857. Jouvenor, correcteur d'imprimerie. 1852. Kozcer, employé au chemin de fer. 1856. LAMBERT, ingénieur civil. Vuillafans (Doubs). 1857. Lamy, avocat. 1855. LassaGnE, médecin-major au 13° régiment d'artillerie. 4857. LauDerT, conducteur des Ponts et Chaussées. 1854. Laurens, Paul, chef de division à la Préfecture. 1854. LEBoN, docteur en médecine. 1855. LEBoN, notaire, 1857. LÉPAGNEY, François, horticulteur. 1857. Lomme, membre du conseil d'arrondissement, maire de Byans. 1856. LauILLIER, peintre. 1854. Lo, professeur de chimie à la Faculté des Sciences. 1855. Louvor, receveur principal des Contributions indirectes. 1857. LyauTey, général de division et sénateur. Paris. 1855. LyauTey, général de brigade en retraite. Francourt (Haute-. Saône). 1854. LyaurTey, intendant militaire en retraite. Francourt (Haute- Saône). 1853. Marre, ingénieur des Ponts et Chaussées. 1854. Marror, banquier. 1857. Mariow, mécanicien, 1857. MARQUE, propriétaire, ancien élève de l’école polytechnique. 1851. Marquiser, Alfred, propriétaire. 1855. Martin, architecte. 1854. MarrTin, docteur en médecine. 1840. Marin, docteur en médecine. Chenecey (Doubs). 1857. Maræior, Joseph, avocat. 1851. Mazoynier, ancien notaire. 1840. Mézionon, lieutenant au 2° régiment d'artillerie. 485%. MEssELeT, artiste vétérinaire. 1841. Micaup, directeur en retraite de la Banque. 1855. Monnier, propriétaire. 1857. Moxxor fils, docteur en médecine, 14856. — 456 — MM. MonxorT-ARBiLLEuUR, inspecteur des forêts. 1855. MorEez, docteur en médecine. 1853. Mourrizze, Ernest, banquier. 4856. MourTriLce, Jules, propriétaire. 1857. Munier, Auguste, propriétaire. 1857. NauDier, propriétaire, 1857. Nommer, voyer de la ville. 4855. OPPERMANN, directeur de la Banque. 1857. Ouper, avocat. 1855. OùTHENIN-CHALANDRE père, imprimeur. 1843. OuTHENIN-CHALANDRE, Joseph, prote d'imprimerie. 4856. PAGuELLE, conseiller à la Cour impériale. 1857. PARANDIER, ingénieur des Ponts et Chaussées, attaché au ser- .vice hydraulique. 1852. ParGuez, docteur en médecine. 1857. PERCEROT, architecte. 1841. PérTey, chirurgien-dentiste. 1842. PETITHUGUENIN, clerc de notaire. 1857. Piquet, marbrier. 1856. Piquet, Emmanuel, horloger. 1856. PinrarT, conservateur des forêts en retraite. 1856. Prow, conseiller à la Cour impériale. 4857. Poraxanp, substitut du procureur général. 1856. Porcnanr, artiste vétérinaire. 1855. PorTERET, propriétaire. 1857. Pourcy DE Luzans, docteur en médecine. 1840. ProuDnox, conseiller à la Cour impériale. 1856. Proupnow, Léon, ancien officier de marine. 4856. Racine, Pierre-Joseph, avoué. 1856. Racine, Louis, membre du Conseil municipal. 4857. Recap, ingénieur civil. Fraisans (Jura). 1855. RéGLey, capitaine au 2° régiment d'artillerie. 1854. Rey, Flavien, chimiste. 1855. Renau», agent comptable de la Caisse d'épargne. 1855. Renaup, ingénieur civil. 1853. RenauD, pharmacien. 1854. ReqQuIER, intendant militaire. 1857. Résa, ingénieur des Mines. 1853. Reuce, avoué. 1856. — 57 — MM. RevizzourT, Victor, docteur en médecine. 1852. Reynaun-Ducreux, professeur à l'Ecole d'artillerie. 1840. RowcaGzio, Charles, professeur de musique. 1840. Roy, Louis, manufacturier. 4840. Saint-Eve, Louis, fondeur en métaux. 1852. Saxcey, Louis, employé des forges de Franche-Comté. 1855. SANDERET, docteur en médecine. 1851. SCHALLER, Vérificateur adjoint des Poids et Mesures. 1851. Soupry, ingénieur civil. 1857. TERRIER, horloger. 1851. TuiépauD, chanoine. 1855. Tarépaun, Eugène, négociant. 1857. Tissot, propriétaire et naturaliste. Chenecey (Doubs). 4857. Tournier, propriétaire. Arguel (Doubs). 1855. TRAVELET, essayeur de la Garantie. 1854. TRÉMOLIÈRES, avocat. 1854. TrucaeLuT, photographe. 1854. TrucxorT, préparateur de chimie à la Faculté des sciences. 1857. VaziNDE, Florian, propriétaire. 1857. VaRAIGNE, Charles, employé des Contributions indirectes. 1856. VaucaerEeT, Heutenant au 13° régiment d'artillerie. 1857. VAUTHERIN, Francis, propriétaire. Nenon (Jura). 1853. VAUTHERIN, Jules, maître de forges. 1853. Veiz-Picar», banquier, 1857 Vernis, ingénieur en chef du chemin de fer. 4855. VicaotT-GiLLoT, négociant. 1857. Vreie, Hippolyte, avocat. 1856. Vizcars, docteur en médecine 1852. Vorrin, négociant. 1857. Vorsix fils, entrepreneur. 1855. VouzEau, conservateur des Forêts. 1856. Vuierer, Just, juge au tribunal de première instance. 1851. Zéper, docteur en médecine. 1854. ZELTNER, Joseph, négociant. 1857. Membres correspondants. MM. AUBERTIN, Charles, sous-bibliothécaire et conservateur du Mu- sée. Beaune (Côte-d'Or). 1854. — ESS — MM. BABINET, capitaine d'artillerie. Poitiers (Vienne). 1851. BaLLARD, docteur en médecine. Saint-Léger (Saône-et-Loire). 1851. BargeT, docteur en médecine. Salins (Jura) 1856. BARTHET, médecin aide- major au 43° régiment d'artillerie. Douai (Nord). 1837. BarTaoD, Charles, conducteur des Ponts et Chaussées. Morteau (Doubs). 1856. BATAILLARD, Claude-Joseph, greffier de la Justice de paix. Au- deux (Doubs). 1857. Baup, artiste vétérinaire et fabricant de cigares. Chêne près de Genève (Suisse). 1852. BEAUQUIER, ancien économe du Lycée. Paris. 1845. BELTRÉMIEUX, agent de change. La Rochelle (Charente-Infé- rieure). 1856. BENOIT, Claude-Emile, employé des Douanes. Paris. 1854. BENoIT, docteur en médecine. Giromagny (Haut-Rhin). 1857. BERNARD, botaniste. Nantua (Ain). 1855. BERT, ingénieur des Ponts et Chaussées. Vendôme (Loir-et-Cher). 1855. BErTHOLD, docteur en médecine. Sancey (Doubs)."1856. BicuEur, juge de paix. Bletterans (Jura). 1855. BLUTEL père, directeur des Douanes en retraite. La Rochelle (Charente-Inférieure). 1853. BolLroT, agent voyer. Lantenne (Doubs). 1856. BoLu, médecin-major à l'hôpital militaire. Strasbourg (Bas- Rhin). 1853. Bonjour, Jacques, conservateur adjoint du Musée. Lons-le- Saunier (Jura). 1849. Bouvor, capitaine du génie. Djigelly (Algérie). 1856. BRaNGeT, conducteur des Ponts et Chaussées. Dijon (Côte-d'Or). 1852. CARME, employé du chemin de fer. Montbéliard (Doubs). 1856. CHanerT, docteur en médecine. Ferme de Gesans (Doubs). 1851. CHAPELLE, professeur au Lycée. Cahors (Lot). 1851. CrarLier, Victor, maître de forges. Fraisans (Jura). 1842. CHERBONNEAU, professeur d’arabe. Constantine (Algérie). 1857. CuaoParD, Séraphin, conducteur des Ponts et Chaussées, em- ployé au chemin de fer. Baume (Doubs). 1841. — 459 — MM. Ccerc, Edouard, maître de forges. Vellexon (Haute-Saône). 1840. Coca», chef d'institution. Ecully (Rhône). 1857. CoLLe, ingénieur des Ponts et Chaussées. Charleville (Arden- nes). 1851. ConTesEAN, Charles, naturaliste. Paris. 1851. Coquanp, curé de Saint-Eugène. Paris. 1852. Cuswor, Urbain, propriétaire. Ornans (Doubs). 1853. Cuewor, Victor, propriétaire. Ornans (Doubs). 1856. Cuxer, prêtre curé. Amancey (Doubs). 1844. Curé, docteur en médecine. Pierre (Saône-et-Loire). 1855. DE BANCENEL, chef de bataillon du génie en retraite. Liesle (Doubs). 1851. | DE BolISLECOMTE (le vicomte), général de division. Lille (Nord). 1854. DE BONFILS DE LAVERNELLE, employé des lignes télégraphiques. Paris. 1855. DE MARMIER (le duc), ancien conseiller d'Etat. Seveux (Haute- Saône. 1854. DE MENTHON, Réné, botaniste. Choisey (Jura). 1854. DE Nervaux, Edmond, chef de bureau au Ministère de l’inté- rieur. Paris, 1856. DE SAUSSURE, Henri, naturaliste. Genève (Suisse). 1854. DETzEn, ingénieur des Ponts et Chaussées. Mulhouse (Haut- Rhin). 4851. DEVILLE (SAINTE-CLAIRE), professeur à l'Ecole normale supé- rieure. Paris. 1847. Déy, inspecteur de l’Enregistrement et des Domaines, Auxerre (Yonne). 1853. DoineT, sous-chef du secrétariat général de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Lyon. Paris. 1857. DorNier, pharmacien. Pontarlier (Doubs). 1854. Dusosr, Jules, maître de forges. Chdtillon-sur-Lison (Doubs). 1840. DucaT, Auguste, employé de chemin de fer. Paris. 1855. DUMORTIER, négociant. Lyon (Rhône). 1857. FAIvRE, médecin. Le Russey (Doubs). 1845. Faivre D'Esnaxs, docteur en médecine. Baume (Doubs. 1842. FARGEAU, professeur de Faculté en retraite. Saint-Léonard (Haute-Vienne). 1842. — 460 — MM. FÉTEL, prêtre curé. La Rivière (Doubs). 1854. FLAMAND, architecte. Montbéliard (Doubs). 1856. FROMENTEL, docteur en médecine. Gray (Haute-Saône). 1857. FusenorT, notaire. Baume (Doubs). 1853. GaBeT, notaire. Le Russey (Doubs). 1855. Gary, médecin aide-major au 93° régiment d'infanterie de ligne. Bougie (Algérie). 1857. GAULARD, professeur en retraite. Mirecourt (Vosges). 1851. GERMAIN, docteur en médecine. Salins. (Jura). 1840. GEVREY, Jean-Charles, instituteur. Chassey-lez-Montbozon (Haute-Saône). 1857. GIRARDIER, agent voyer. Vercel (Doubs). 1856. Gmon, architecte. Pontarlier (Doubs). 1851. Gopron, doyen de la Faculté des Sciences. Nancy (Meurthe). 1843. Goquez, Charles, manufacturier. Héricourt (Haute-Saône). 1856. GoGueLy, Jules, architecte. Baume (Doubs). 1856. GouGer, chanoine. Saint-Claude (Jura). 1857. Guépor, receveur principal des Douanes en retraite. Geneurlle (Doubs). 1854. GuiLLemoT, Antoine, entomologiste Thiers (Puy-de-Dôme). 1854. GurNaun, sous-inspecteur des Forêts. Chaumont (Haute-Marne). 1853. Guxor, inspecteur du Télégraphe. Vesoul (Haute-Saône). 1852. HeNRiEy, médecin. Mont-de-Laval (Doubs). 1854. Humgert, docteur en médecine. Pierrefontainc-les-Varans (Doubs). 1848. Humsert, docteur en médecine. Paris. 1856. JACQUINOT, percepteur. Membrey (Haute-Saône). 1857. JouarT, notaire. Gray (Haute-Saône). 1856. KOECHLIN-SCHLUMBERGER, Joseph, membre de la Société indu- strielle. Mulhouse (Haut-Rhin). 1848. LamBErRT, Louis, ingénieur des Ponts et Chaussées. Mouthier (Doubs). 1852. LANGLOIS, juge de paix. Morteau (Doubs). 1854. LANTERNIER, directeur du haut-fourneau. Larians (Haute- Saône). 1855. — A6 — MM. Lapoire, architecte. Ornans (Doubs). 1857. Laurens, Camille, ingénieur civil. Paris. 1845. LEHODEY, propriétaire. Chdlon-sur-Saône (Saône-et-Loire). 1846. LEJEUNE, chef d’escadron d'état-major en retraite. Pau (Basses- Pyrénées). 1856. LENORMAND, avocat. Vire (Calvados). 18453. LEYRITZ, professeur de mathématiques au Lycée. Metz (Mo- selle). 1852. Lomme, Victor, directeur des Douanes. Digne (Basses-Alpes). 1842, Lorer, botaniste. Laruns (Basses-Pyrénées). 1855. Lory, professeur de géologie à la Faculté des Sciences. Gre- noble (Isère). 1857. LugerT, juge de paix. Héricourt (Haute-Saône). 1886. MaïzLaRD, élève externe des hôpitaux. Paris. 1855. MAISONNET, prêtre curé. Alaise (Doubs). 1856. MAnNGEOT, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. Pau (Bas- ses-Pyrénées). 1841. MaRLer, conseiller de Préfecture. Laval (Mayenne). 1852. MARQUISET, Armand, ancien sous-préfet. Fontaine-lez-Luxeuil (Haute-Saône). 1840. MARTIN, docteur en médecine. Aumessas (Gard). 1855. MaTkey, Charles, pharmacien. Ornans (Doubs). 1856. Mazoynier, André, notaire. Marnay (Haute-Saône). 1848. MicHALeT, Eugène, avocat. Dole (Jura). 1854. Micuez, Auguste, professeur à l'Ecole normale. Mulhouse (Haut- Rhin). 1842. MizLiÈRE, entomologiste. Lyon (Rhône). 1852. Monnier, Désiré, homme de lettres, rédacteur de l'Annuaire du Jura. Lons-le-Saunier (Jura). 1845. MoréTin, docteur en médecine. Paris. 1857. Munier, médecin. Foncine-le-Haut (Jura). 1847. ORDINAIRE DE LA COLONGE, Capitaine d'artillerie. Bordeaux (Gi- ronde). 1856. PAT LOT, instituteur. Nans-lez-Rougemont (Doubs). 1857. Paris, Charles, docteur en médecine. Gray (Haute-Saône). 1845. PaRISOT, pharmacien. Belfort (Haut-Rhin). 1855. Paron, conducteur des Ponts et Chaussées. Digne (Basses- Alpes). 1855. — 462 — MM. PERRON, conservateur du Musée d'histoire naturellé. Gray (Haute-Saône). 1857. Person, doyen de Faculté en retraite. Paris. 1851. PessiÈRes, architecte. Pontarlier (Doubs). 1853. PeuGrorT, Constant, ingénieur honoraire des Ponts et Chaussées. Audincourt (Doubs). 1857. PipanceT, Just, naturaliste. Bellefontaine (Suisse). 1841. PomPée, architecte. Pontarlier (Doubs). 1855. PÔNE, docteur en médecine. Pontarlier (Doubs). 1842. Proupuon, Hippolyte, membre du Conseil d'arrondissement. Ornans (Doubs). 1854. Ravier, docteur en médecine. Morteau (Doubs). 1857. RÉBILLARD, pasteur. Beutal (Doubs). 1856. REITHINGER, vérificateur des Poids et Mesures. Montbéliard (Doubs). 1853. RENAUD, directeur de l'hôpital militaire du Roule. Paris. 1855. RenauD, docteur en médecine. Goux-les-Usiers (Doubs). 1854. RogineT, payeur du Trésor. Philippeville (Algérie). 1856. RouGer, docteur en médecine. Levier (Doubs). 1856. SanTow, docteur en médecine. Saint-Hippolyte (Doubs). 1855. SAUTIER, Capitaine du Génie. Les Rousses (Jura). 1848. SrRe, professeur. La Chaux-de-Fonds (Suisse). 1847. TaénarD, Paul, chimiste. Talmay (Côte-d'Or). 1851. TRioLLière, Victor, géologue. Lyon (Rhône). 1857. TouBin, Charles, professeur au Collége. Salins (Jura). 1856. Tourner, Félix, percepteur. Nans-sous-Sainte-Anne (Doubs). 1854. Tournier, professeur au Lycée. Mâcon (Saône-et-Loire). 1854. TRAvVELET, Nicolas, propriétaire. Bourguignon-lez -Morey (Haute-Saône). 1857. Trayvou, Hippolyte, négociant. Gray (Haute-Saône). 1845. Vernis, ingénieur civil. Clerval (Doubs). 1855. Vivier, employé à la Mairie. Besançon (Doubs). 1840. WAaGer, Henri, artiste peintre. Morteau (Doubs). 1855. Wisein, directeur de la fabrique de produits médicinaux à l’u- sine Chollet et Compagnie. Paris. 1843. LISTE des Sociétés correspondantes au 31 décembre 1857. NoTa. — Le millésime placé en regard du nom indique l’année dans laquelle ont commencé les relations. Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besançon.— 1841. Société d'Agriculture, Sciences naturelles et Arts du départe- ment du Doubs. — 1841. Commission archéologique de Besançon. — 1841. Société d'Emulation du département du Jura. — 1844. Société d'Histoire naturelle du département de la Moselle. — 1845. Société éduenne. — 1846. Société vaudoise des Sciences naturelles. — 1847. Société géologique de France. — 1848. Société Linnéenne de Lyon. — 1849. Société d'Agriculture, d'Histoire naturelle et Arts utiles de Lyon — 1850. Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon.— 1850. Société philomathique de Verdun. — 1851. Société archéologique de l’Orléanais. — 1851. Société des Sciences médicales de l’arrondissement de Gannat. — 1851. Société archéologique et historique du Limousin. — 1852. Société des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne. — 1852. Société d’'Horticullure pratique du département du Rhône. — 1853. Société des Sciences naturelles de Cherbourg. — 1854. Société d'Emulation de Montbéliard. — 1854. Société des Sciences naturelles du grand-duché de Luxem- bourg. — 1854. Société d'Emulation du département des Vosges. — 1855. — 464 — Institut impérial et royal de Géologie de l’empire d'Autriche. — 1855. Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et- Loire. — 1855. Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon.— 1856. Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orien- tales. — 1856. Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du départe ment de la Marne. — 1856. Société centrale d’Apiculture. — 1856. Société Linnéenne de Normandie. — 1857. Société de l'Industrie de la Mayenne. — 1857. Société d'histoire et d'archéologie de Châlons-sur-Saône. — 1857. Société de statistique et d’histoire naturelle du département de l'Isère. — 1857. Société helvétique des Sciences naturelles. — 1857. Société académique de Maine-et-Loire —- 1857. Société historique et littéraire du Bas-Limousin. — 1857. Sue d'Enulation du Doubs. 1857. PA d n 9 = F 191€ ?/ A / 74 i l x , ; < N \o / \ SAYS pe LE Le Karoua}| L cb KA l © Ni LL, eu Ê LC Se JR Ha le agua © | » DA ? 7 Re 22) \ / au: L7| 2e at V4 ï ; 2\ / { 8 y 7 be Qi Jss nt DS / Si FIM cu / pa JA surug Le >= | EE e 2 1 \ g feuênp MAS à à + ana LLIJUt 3100 Du SPISINTES anDLSEUELALL 521) AIN S39SUL SAUT A(PAISUISAN W ca 4 QI Eds AS 2 nt in a Eau Soc. à Emulation du Doubs 1857 nz. Rares el col. parer. «. spalanqus relusies ele. w. wealaier. D amas de GUPSE. ou fig 2 Val de Travers Neyrolles. 1 \ Û 1 M. onlcley. Chateau. GG. fig.9 J. jurassigre. NW. neocorzces. M. molasse. PET EEE PTE Soc d'Ém du Doubs, 1857 AT N %, p /, | Nr 2104 Ë | ’ pcs N\ | qu à & $ un \k qu er ST Pe nan LR | Ÿ ‘Dlà170u11) 2e M ARE tn en 2 + . cé c Der dldis, 5 e- PJ.IV Soc.d'Em. du Doubs, 1857. ee | | | A #7 FA Tuitey Dodtyent 4 CE Besancon . ss D Soc d'Em. du Doubs 1857 V2 Æ LT 1 1 A —= PA LA eu . CTI PARTIEL TR ER AU Lu pe Ge pe pa de A JEU AULUS Likde Dodivers 4 C'* à Sessncon,, | Soc. d'Émulation du Doubs,1857. Ait. de Dodisa's & Ca Hesanes. Æ ? OT J ; Er 127 + 2, a = M 5 D Mi Ne Er Cie 2 CET = CR OT | x À «£: * - ré Ne SE UN ST) SE RE M. PRES ù ECS RNARTES js ES sels. wi v —— & 4 eee 4 67 6,93 G3 ÿ f Soc. d'Emulation du Doubs 1857. dc is - . ” , ———————— ne xs mess cm — — ——— -—— —_— em mg — —_—— Ÿ Ordonnéé - 070. de 4 pour Les abcisses. Le) CA Echelles de L peur Les ordonncæs An£. de Drovers 82e Berertcere. EAST NU USER AN TD AD et. ti CE ST UR dire Li : ; PR UMES Ci SE Soc. d'Emulation Soc dEmulaton du Doubs, 1651 Dm 2 -Zraz et de l'emprunt 4 Soc. d'Emul | PIX | SJ Fa Le) V RE : 1% & a ds S LEE | Et % DY | er Le LA ja | Î 7 | FA) | | | 35 | + se ” : a + N jai Rue A. Roues & pa | 2.0 LES € Phygc vannes cR déyersdi SONORE 9U},. Je (ÿlé. 5. Roues à Fe SOIN LEE. le 4. Zoues & pal | 5 joues de 5 G.Ÿoues & a 7. Pouces à a eo Soc d'Emullt du Doubs, 1857 j PIX 1. Roues & paltltes prises et dessous ou Houss Fonales, a Ærues PorceleL 2.Æoues & ppadelles recevant l'eue pars ur orffice QUEC CAGE SUITE b Houes à padelles plares avec vais ee déerrot: seuvaet où Roues Forcelet. C-Aoues &'augels prises sur lente 5.#oues d palettes recvant dec pan we erdfècs avecrcha/ge SAVle d'Æxer d aug rêves de- dessus. 7 à E » dfues à paltllen plus uvee values tre déverseër. 5 Joues de coté vec vannes à duechrees 4 charge HUMEMSRMEE G Poues & augels prises au-dessous de sante qu joues VA AUYELS PRESS RES. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. 1° PROCÈS-VERBAUX. 2 D en one no ou mie o à Het de ST AT. leprince Napoléon............."........ Lettre de S. Exc. le Ministre de l'instruction publique..... Lettre de M. le Président de la commission archéologique. 20 MÉMOIRES COMMUNIQUÉS. Mémoire géologique sur la De du terrain RUE etc: par M. Coquand.. RER Quelques nouveaux Frans Lou sur Aie. Din RE A e dinele lan sd tee aie o oo no ene à Rapport sur une excursion à Alaise, par M. Bavoux.. .. .... Alesia. — Alaise séquane. — Alise en Auxois. — Dissertation, . par M. Toubin. : Note sur une clepsydre à ienaux pour les Chans, de fer, par M. E. Delacroix... à Rapport de la on sur à. clepsydre re ee M. Renaud.. ARE Pain au prix Constant de 1 06. C. ne. 3 Dome Dar M. Blondon. : Mémoire sur la nt ie du Rent de la Ge rente, par M. Coquand.. + Essai sur le catalogue des oiseaux du département de Doubs, par M. Brocard.. os a. Mémoire sur les terrains crétacés du Je ura, ne M. He ur Position des Ostrea columba et biauriculata, etc., par M. Co- ET eos ae ve he D De on 0.0 Notice sur Crusinia, station militaire, etc., par M. on Théorie mathématique de l'émission et du cent des obligations, par M. Boudsot.. Ée Règles pour arriver à la connaissance e du oo Hydraulique le plus avantageux, etc., par M. Ordinaire de la Colonge.. Nouvelle méthode pour reconnaître l’iode et le brôme, Dir nc ambert nn... .....,.......... Etudes sur Luxeuil. — Un céramique gallo-romain et la déesse Bricia, par M. E. Delacroix... ............... re 104 108 — 466 — Florule exotique des environs de Marseille, par M. Grenier... 387 Bulletin archéologique, par M. A. Delacroix.............. 435 Bulletin entomologique, par M. Bruand................... 440 3° OBJETS DIVERS. Liste dés dons faits la Société. -LA RL... A ARE 442 Liste des objets reçus des Sociétés correspondantes. ....... 448 Listerdes-membreside la Sociétés... 0 Res 450 Liste des Sociétés correspondantes... 02463 Besançon, — Donivers et C°, imprimeurs, Grande-Rue, 42. 4! il f 11 à (a, | Qui a