+ i « est "rs n] L 4 Poe ni D, À, À7s UP dis “ ee ET h k \ | qe ù : 4 0 L ” DR { | ri 0 4 à" : ; è | 2 Cd 1& Na MÉMOIRES © A LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DÉPARTEMENT DU DOUBS, TROISIÈME SÉRIE. — TROISIÈME VOLUME. 1838. | a OR M | AR OARICORNO > BESANÇON, IMPRIMERIE DE DODIVERS ET Ce, : Grande-Rue, 42. Moy attetomt (Al a MÉMOIRES LA SOCIÉTÉ D’ÉMULATION DU DÉPARTEMENT DU DOUBS. MÉMOIRES LA SOCIÉTÉ D’ÉMULATION DU DÉPARTEMENT DU DOUBN, TROISIÈME SÉRIE. — TROISIÈME VOLUME. 1858. BESANCON, INPRIMERIE DE DODIVERS ET C°,. Grande-Rue, 42. 1859. HEX Fa 4; Fes ii MÉMOIRES LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DÉPARTEMENT DU DOUBS. 4° PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES. Séance du 9 janvier 1858. PRÉSIDENCE DE MM. Coquanp ET Huarr. Membres présents : Bureau : MM. Coquand, président sortant, élu 4°" vice-pré- sident ; Huart, vice-président sortant, élu président; Delacroix (Alphonse), vice-président sortant; Marque, trésorier réélu ; Truchot, archiviste élu ; Bavoux, secrétaire. Memeres RÉsipANTS : MM. Blondon, Bruand; Constantin, Coquanda fils, de Serre, Détrey (Francis), Dubost (colonel du génie), Girod (lithographe), Jacques, Pion et Vuilleret. La séance commence sous la présidence de M. Coquand. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la réunion du 17 dégembre 1857, dont la rédaction est adoptée. M. Coquand, président sortant, invite les nouveaux membres du Conseil d'administration à venir prendre place au bureau. MM. Huart et Truchot répondent à cet appel. é M. Huart, en prenant possession du fauteuil de la présidence, exprime de nouveau sa reconnaissance à la Société, qui a bien voulu l'appeler à diriger ses travaux. a L. Il énumère ensuite les dons faits à la Société depuis la der- nière séance. M. le trésorier présente à son tour le résumé des recettes et dépenses faites pendant l’année 1857. Conformément à l’article 32 des statuts, la vérification de ces comptes, est remise a une commission pour laquelle l’assem- blée désigne MM. Détrey (Francis), Pion ét Percerot. Sur la demande de M. Coquand, M. Vuilleret fait connaître que les fonds votés pour la commission archéologique seront entièrement consacrés à l’achat d'objets qui seront déposés dans le Musée au nom de la Société d'Emulation. Il est remis sur le bureau la proposition de recevoir quatre candidats au titre'de membres résidents, et deux à celui de cor- respondants. A l’exception de M® Mabile, dont l’élection a lieu par accla- mation , les candidats présentés à la précédente séance sont l’objet d'un scrutin secret, à la suite duquel M. le Président proclame : Membres honoraires : ME Magie, évêque de Saint-Claude (Jura). Membres résidants : MM. Arxaz, économe du lycée ; BERTHELIN, ingénieur en chef des ponts-et-chaussées ; BiLLECARD, juge au tribunal de première instance ; CarLerT, ingénieur des ponts-et-chaussées ; Carow, conseiller à la Cour impériale ; CHauvELoT, professeur d’arboriculture ; Davip, notaire ; DurRESNE, avOCat ; Durer, géomètre ; Jacquar», Pol, sn aine:ERCebIPur) MacHarp, viticulteur ; Marre, aumônier de l hôpital militaire ; MorxarD, propriétaire ; Paris, capitaine au 12 bataillon de chasseurs à pied. Membres correspondants : MM. Favier (Jean-Pierre-Casimir), sculpteur à Pontarlier (Doubs). M. Marquiser(Gaston), HA à Fontaine-lez-Luxeuil (Haute-Saône). L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 9 janvier 1858. Le Président, signé HuarrT. Le Secrétaire, Signé Bavoux. Séance du 13 février 1858. PRÉSIDENCE DE M. CoQuANo. Mempres présents : Bureau : MM. Coquand, 1° vice-président ; Grenier, 2° vice- président; Marque, trésorier; Truchot, archiviste; Bavoux, secrétaire. Memgres résipants : MM. Blondon, Castan, Constantin, Delacroix (Eûile), de Nervaux, Gouget, Jacques, Monnier, Parguez, Paris, Pion, Trémolières et Vuilleret. MEMBRE CORRESPONDANT : M. Sautier. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 9j janvier dernier, dont la rédaction est adoptée. M. Pion communique le rapport de la commission chargée d'examiner les comptes de l'exercice 4857. Ce rapport constate la régularité des écritures, tenues par le trésorier. M. Grenier, au nom de la commission chargée d'examiner le mémoire de M.Parisot, émet un avis très-favorable sur ce travail. L'assemblée, accueillant sa proposition, décide qu’il sera im- primé dans les mémoires de la Société. M. Coquand donne lecture d’une notice insérée à la page 259 du 41° bulletin de la société vaudoise des sciences naturelles. Il fait remarquer que l’auteur, M. Renevier, ne paraît pas con- naître les travaux publiés par notre société au sujet des terrains laeustres qui existent entre la formation portlandienne et les formations crétacées. Il revendique en conséquence la priorité de la découverte en: faveur des géologues franc-comtois. — IV — I donne ensuite l’analyse d’un mémoire qu'il a rédigé sur l'existence de ces mêmes terrains dans la Charente- L'impression de ce mémoire est votée. Il est présenté quatre candidats, dont deux au titre de mem- bres résidants et deux à celui de correspondants. Puis l'assemblée procède à un scrutin secret sur les présen- tations faites à la précédente séance. Après le dépouillement, M. le président proclame, Membres résidants : MM. Brai, capitaine d'artillerie, attaché à l'Ecole ; D’Ausonne, membre du Conseil général ; Louvor, Arthur, avocat; KLEIN, restaurateur ; Et membres correspondants : MM. BreniQuer, Jean-Charles, étudiant à Vesoul; KLEIN, Juge au tribunal de commerce de la Seine. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 13 février 1858: Le Vice-Président, signé Coquans. Le Secrétaire, signé Bavoux. Séance du 13 mars 1838. PRÉSIDENCE DE M. Huarrt. Membres présents : Bureau : MM. Huart, président; Coquand et Grenier, vice- présidents ; Marque, trésorier; Bavoux, secrétaire; Varaigne, vice-secrétaire; Truchot, archiviste. Meugres RÉSIDANTS : MM. Bial, Bruand, Constantin, d’Au- bonne, de Boulot, de Chardonnet fils, Delacroix (Emile), Dela- croix (Victor-Emile), de Nervaux, de Saint-Maurice, Détrey (Francis), Hory, Klein, Monnier, Pion, Régley et Vuilleret. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du mois de février, dont la rédaction est adoptée. Sur la proposition de M. le président, il est voté des remer- — VV — ciements aux personnes qui ont fait des dons à la Société de- puis la dernière réunion. Le secrétaire communique, au nom de MM. Humbert et Morétin, un supplément à la note sur le guano de chauve- souris, présentée à la séance du 8 août 1857. L'assemblée décide que ces deux notes seront insérées dans les mémoires de la Société. M. Coquand fait observer que, dans un article géologique publié par l'Annuaire du Doubs, on a placé le soulèvement de la Côte-d'Or entre les terrains portlandien et wealdien. Il de- vrait, s’il en était ainsi, y avoir, entre ces terrains, une discor- dance de stratification qui cependant n'existe pas, ainsi que l’ont démontré divers mémoires publiés par la Société. M. Coquand est prié d'examiner s’il n’y aurait pas lieu de faire un rapport pour rectifier cette erreur. Il est déposé sur le bureau trois présentations concernant deux candidats au titre de membres résidants et un à celui de correspondant. A la suite d’un scrutin secret sur les présentations faites à la précédente séance, M. le président proclame, Membres résidants : MM. Bagsey, archiviste du département du Doubs; Jourrrey, chef d’escadron à la Direction d’artillerie ; Et membres correspondants : MM. Fozzerère, curé à Verne (Doubs); KocHuin, Oscar, chimiste à Dornach (Haut-Rhin). ù L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 143 mars 1858. Le Président, signé Huarr. ë . Le Secrétaire, signé Bavoux. Séance du 10 avril 1858. PRÉSIDENEE DE M. CoQquans. Membres présents : - Büreau : MM. Coquand, vice-président, Marque, trésorier; Bavoux, secrétaire. Memgres RÉsipANTS : MM. Bial, Blondon, Constantin, Co- quand fils, Delacroix (Emile), de Saint-Maurice, d'Estocquois, Jacques, Loir. MEMBRE CORRESPONDANT : M. Sire. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 13 mars dernier, dont la rédaction est adoptée. M. le président, en énumérant les dons faits depuis la der- nière réunion, présente deux blocs de grès provenant d’un sondage fait à Champagney pour rechercher des bancs de houille. L'examen de ces échantillons, dont l’un appartient aux terrains houillers et l’autre aux terrains de transition, démontre une fois de plus qu’il y a discordance de stratification entre les deux formations. . M. Coquand donne lecture d’une note de M.Sautier, membre correspondant, sur les terrains aptien et albien des environs des Rousses. Le secrétaire donne également communication, au nom de M. Martin, membre correspondant à Aumessas, d’une note sur le Scleranthus uncinatus de Schur. L'assemblée décide que ces deux notices seront insérées dans nos publications. M. le président présente ensuite un mémoire de M. de Fro- mentel, sur les polypiers des terrains jurassiques. Ce travail étant assez étendu, est remis à une commission composée de MM. Grenier, Coquand et Delacroix (Emile). Il est présenté deux candidats, dont l’un au titre de membre résidant et l’autre à celui de correspondant. À la suite d’un scrutin secret, M. le président proclame, Membres résidants : MM. Leras, inspecteur de l’Académie ; Ravier, François-Joseph, ancien avoué ; Et membre correspondant : M. pu Bouvor pe CHauvirey, propriétaire à Chauvirey-le-Vieil (Haute-Saône). L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 410 avril 1858. | Le Vice-Président, signé Coquanr. Le Secrétaire, signé Bavoux. — MT 0e Séance du 8 mai 1858. PRÉSIDENCE DE M. Huarr. Membres présents : Bureau : MM. Huart, président; Coquand et Grenier, vice- . présidents 4 Marque, trésorier; Truchot, archiviste; Bavoux, secrétaire. j Memgres RÉsIDANTS : MM. Bruand, Chauvin, Constantin, Coquand fils, d’Aubonne, Jacques, Loir, Morel, Parguez et Pion. | MEMBRES CORRESPONDANTS : MM. Efallon et Perron. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance précédente, dont la rédaction est adoptée. M. le président communique une circulaire ministérielle, en date du 29 mars 1858, relative aux relations à établir entre les "Sociétés savantes et le Comité des travaux historiques. A la suite de cette communication, il est décidé que la Société prendra un abonnement à la Revue des Sociétés savantes. M. Coquand, au nom de la commission nommée le 10 avril dernier, émet un avis très-favorable sur le travail de M. de Fromentel, et en propose l'insertion dans les publications de la Société. L'assemblée accueille cette proposition. M. Etallon donne lecture d’une .partie d’un autre mémoire sur les polypiers des terrains jurassiques. MM. Coquand, Grenier et Emile Delacroix sont chargés d'examiner ce travail et d’en faire un rapport à la Société. A l’occasion de la communication précédente, M. Coquand demande à M. Etallon s’il admet l’existence du soulèvement de la Côte-d'Or dans les terrains jurassiques. M. Etallon répond que c’est à ce soulèvement qu'on doit _ attribuer l'absence des terrains jJurassiques moyen et supérieur aux environs de Langres et sur le littoral méditerranéen. M. Coquand pense, au contraire, qu'il n’y a pas eu de sou- lèvement, mais une simple dénudation postérieure au dépôt des assises. M. Perron penche pour cette dernière opinion, que confirme MIT la concordance de stratification qui existe, aux environs de Gray, entre les diverses assises déposées depuis la base du lias jusqu’au terrain néocomien inclusivement. M. le président donne une analyse très-suceincte d’un mé- moire de M. Résal, sur la suraccélération. L'assemblée, sur la proposition de M. Grenier, vote l’im- pression de ce travail, dont l’auteur se réserve de payer une partie des frais. Un mémoire de M. Bredin, sur les approximations numé- riques est communiqué à une commission composée de MM. d'Estocquois, Reynaud-Ducreux et Résal. M. Grenier présente à la Société un pied de Sedum Mari- chalii Lloyd, venu de rosettes reçues vivantes de Marseille, et à cette occasion, il établit qu’il y a identité parfaite entre cette espèce (qu’on rencontre également à Nantes) et le Sedum litio- reum de Gussone. Il en résulte : 1° que ce dernier nom, qui est le plus ancien, doit être conservé; 2 que la plante de Nantes et de Marseille doit être ajoutée à la Flore de France. Il est déposé deux propositions tendant. à recevoir dans la Société deux nouveaux membres, un correspondant et un ré- sidant. Il est ensuite ouvert un scrutin secret, à la suite duquel M. le président proclame, Membre résidant : M. Huc, chef du dépôt du chemin de fer à Besançon ; Membre correspondant : M. EraLLow, professeur au Collége de Gray (Haute-Saône). L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée: Besançon, le 8 mai 1858. Le Président, signé Huarrt. Le Secrétaire, signé Bavoux. Séance du 12 juin 1858. PRÉSIDENCE DE M. Huarrt. + Membres présents : Bureau : MM. Huart, président ; Coquand et Grenier, vice- présidents ; Marque, trésorier; Bavoux, secrétaire ; os vice-secrétaire ; Truchot, archiviste. Meueres RÉsipanTs : MM. Boré, Bruand, Castan, Coquand fils, d'Aubonne, d'Estocquois, Détrey (Francis), Jacques, Per- cerot, Piguet (Emmanuel), Pion et Vuilleret. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 8 mai dernier dont la rédaction est adoptée. En énumérant les dons faits depuis la précédente réunion, M. le président appelle l’attention sur un aigle pygargue (Falco albicilla), tué à l’Isle-sur-le-Doubs. Cet oiseau, dont la pré- sence n'avait pas encore été constatée dans le département, est dû à M. Bouchot, membre de la société. M. Grenier complète la communication faite par lui à la pré- cédente séance, en annonçant que M. Lloyd reconnaît aujour- d’hui l'identité de son Sedum Marichalii avec le Sedum litto- reum de Gussone. M. le président donne lecture d’une lettre par laquelle la So- ciété des sciences naturelles et médicales de la Haute-Hesse demande à établir des relations d'échange avec notre Société. Cette proposilion est accueillie avec empressement. M. Coquand, au nom de la commission nommée le 8 mai dernier, émet un avis très-favorable sur le mémoire de M. Etallon. En conséquence, l’assemblée décide que ce travail sera inséré dans nos publications. Le secrétaire donne lecture d’une note de M. alccots sur divers fragments de char gaulois trouvés dans un tumulus du plateau d’Alaise. Ces objets, qui sont présentés à l’assemblée, ont été donnés à la société par M. Bulle, maire de Sarraz. La note de M. Delacroix sera insérée dans le bulletin archéo- logique. A cette occasion, MM. Vuilleret, Percerot et Varaigne font ressortir l'opportunité qu’il y aurait à entreprendre de nouvelles fouilles au nom de la société. Cette proposition est accueillie, et une somme de 150 francs sera prélevée à cet effet sur le budget de l’année courante. En même temps, l'assemblée nomme, pour diriger et sur- veiller les recherches, une commission composée de MM. AI- phonse Delacroix, Vuilleret, Percerot, Varaigne et Castan. ms X eee Cette commission pourra d’ailleurs, si elle le juge convenable, s’adjoindre quelques uns de nos confrères. M. Coquand annonce que MM. Bonjour et Defranoux viennent de découvrir, dans le département du Jura, le terrain de craie blanche, qui n’y avait pas encore été signalé. Les fossiles bien caractérisés qu’ils ont recueillis ne peuvent laisser subsister le moindre doute. Il est déposé sur le bureau la présentation d’un candidat au titre de membre correspondant. M. le président proclame ensuite, après un scrutin secrel : Membre résidant : M. May, (Adolphe), avoué, à Besançon. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 42 juin 1858. Le Président, signé Huarr. Le Secrétaire, signé Bavoux. Séance du 10 juillet 1858. PRÉSIDENCE DE MM. HuarT ET GRENIER. Membres présents : Bureau : MM. Huart, président; Grenier, vice-président ; Marque, trésorier; Bavoux, secrétaire; Varaigne, vice-secré- taire; Truchot, archiviste. MeuBres RÉSIDANTS : MM. Bertrand, Bial, Blondon, Carlet, Castan, Chauvin, Constantin, Coquand fils, Coutenot, Dar- lay, Delacroix (Alphonse), d’Estocquois, Détrey (Francis); Dodivers, Ducat, Fachard, Falconnet, Hug, Loir, Machard, Monnier, Monnot, Percerot et Vuilleret. MEMBRE CORRESPONDANT : M. Bataillard. La séance commence sous la présidence de M. Huart. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance précédente, dont la rédaction est adoptée. M. le président annonce que M. le sénateur Lyautey a, comme les années précédentes, fait don de 200 francs pour les collections d'histoire naturelle. L'assemblée charge le bureau d’exprimer sa vive reconnais- sance à M. Lyautey. Des remerciements seront également adressés à M. Lejeune, membre correspondant, qui a fait don de ses Lectures sur la géologie de la France, et qui, en outre, s'offre à livrer cet ou- vrage aux membres de notre Société au prix de librairie (80 centimes). M. d’Estocquois annonce que la commission nommée le 8 mai dernier, a examiné le mémoire de M. Bredin, sur les ap- proximations numériques. Ce travail, dit-il, est très-bien fait, très-complet, et mérite à tous égards de prendre place dans les publications de la Société. L'assemblée, conformément à cet avis, vote l'impression du mémoire. M. Huart, obligé de quitter la séance, cède la présidence à M. Grenier. M. Castan donne lecture du rapport de la commission nom- mée le 12 juin dernier pour faire des fouilles sur le massif d’Alaise. L'assemblée remercie la commission du zèle et du dévoue- ment qu'elle a déployés en cette occasion et qui ont amené des découvertes inespérées. En même temps, il est décidé que le rapport seraimprimé, de même qu’une note lue par M. Coquand fils, au sujet de l’analyse d’une terre recueillie dans un des tumulus ouverts par la commission. Sur la proposition de M. Varaigne, il est décidé que des planches seront annexées au rapport. MM. Varaigne et Alphonse Delacroix se chargent de faire faire les dessins afin de diminuer la dépense. M. Percerot demande l'allocation d’un nouveau crédit néces- saire pour continuer les recherches. Après avoir consulté M. le trésorier sur la situation de la caisse, la Société vote une somme de cent francs à prélever sur les chapitres du budget les moins chargés. Mais reconnaissant que cette somme est insuffisante, elle décide qu’il sera ouvert une souscription dont le produit sera affecté au même emploi. La commission nommée le 13 juin est chargée de recueillir cette souscription. À l’occasion des bracelets mentionnés dans le rapport qui HR — vient d’être lu, et que M. Alphonse Delacroix a reconnus être en bois dif, M. Grenier dit que cette opinion est assez vrai- semblable, puisqu'il existe beaucoup d’ifs aux environs d’A- laise. Ce bois a d’ailleurs la propriété de résister longtemps à l'humidité. M. Bavoux ajoute qu'il a vu retirer du fond d’une ancienne tourbière de la commune des Gras, un if dont le tronc et même quelques branches avaient conservé toute leur dureté et même leur couleur rouge. Les planchettes qui en ont élé tirées se distinguaient à peine de l’if fraîchement coupé. Les autres bois enfouis, même postérieurement, dans cette tourbière, étaient tout à fait décomposés et presque méconnaissables. M. Loir fait la communication suivante : « La constatation de l’arsenic dans le laiton (cuivre jaune) » est un fait qui ne surprendra pas les personnes qui se rap- » pelleront, d’une part, que le laiton est un alliage de cuivre et » de zinc; d'autre part, que le zinc contient très-souvent de » l’arsenic. » Je n’ai trouvé cité dans aucun ouvrage que le laiton pût » contenir de l’arsenic. J’ai pensé que ce résultat intéresserait » la Société, puisqu'il peut avoir une grande importance dans » la solution de questions relatives aux exhumations juridiques. » En effet, en Franche-Comté, on place très-souvent dans les » cercueils des médailles en laiton isolées ou atachées à des » chapelets. Ces objets, après leur destruction, se trouvent » mêlés aux résidus cadavériques sur lesquels les experts peu- » vent avoir à se prononcer. Je présente à la Société des tubes » renfermant les quantités d’arsenic obtenues avec dix échan- » tillons de divers laitons. Dans un travail complet, j'indiquerai » les détails des procédés et des expériences, ainsi que les pro- » portions d’arsenic, du reste très-variables, qu'on peut obte- » nir. Certains laitons n’en ont point donné. » | Le secrétaire donne ensuite lecture de la lettre suivante, que M. Emile Delacroix lui a adressée de Luxeuil le 8 juillet cou- rant : « Je recueille, pour la Société d'Emulation, quelques échan- » tillons des plus caractéristiques des grès bigarrés, plus une » série d'objets archéologiques. Mais, en attendant, je vous » enverrai par la plus prochaine occasion, un produit qui me — XII — » semble nouveau et des plus curieux : c’est du bleu de Prusse » formé au contact des eaux ferrugineuses et des matières o7r- » ganiques d’un vieil égoût romain. » Deux candidats au titre de membres résidants et cinq à celui de correspondants sont présentés pour faire partie de la So- ciété. Puis il est procédé, sur la présentation faite à la séance précédente, à un scrutin secret, à la suite duquel M. le vice- président proclame : Membre correspondant : M. LacorpaiRe, inspecteur des Forèts à Saint-Claude (Jura). L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 40 juillet 1858. Le Vice-Président, signé GRENIER. La Secrétaire, signé Bavoux. Séance du 14 août 1858. PRÉSIDENCE DE M. Huarr. Membres présents : Bureau : MM. Huart, président; Coquand et Grenier, vice- présidents ; Marque, trésorier; Bavoux, secrétaire. Memgres RésipanTs : MM. Bial, Bruand, Carlet, Coquand fils, d’Aubonne, Delacroix (Victor-Emile), Ducat, Hugon, Jacques et Pion. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 40 juillet dernier, dont la rédaction est adoptée. A l’occasion de la communication faite par M. Loir à la pré- cédente réunion, M. Coquand fait observer que M. Schauffèle a soutenu, 1l y a plusieurs années devant la Faculté de Besan- çon, une thèse établissant la présence de l’arsenic dans la plupart des zincs du commerce. M. Bavoux donne ensuite lecture d’une note de M. Guillin, relative au même objet. À l’occasion d’une exhumation juri- dique faite en septembre 1856, les experts, parmi lesquels figurait M. Guillin, ont élé amenés, par suite des recherches = A = faites par ce dernier, à reconnaître que l’arsenic trouvé dans les matières soumises à leur examen provenait, non d’un em- poisonnement, mais au contraire des médailles et du fil de fer des chapelets placés auprès des cadavres. M. Loir a été, quel- ques mois plus tard, chargé de procéder à une contre-enquête dans la même affaire. M. Bruand annonce que, au mois de juillet dernier, les champs du Bourg-d'Oysans (Isère) et des communes voisines ont été dévastés par des nuées de sauterelles venues de la di- rection des glaciers. Il présente deux de ces insectes, dont l’un a été reconnu pour être la sauterelle d'Egypte (Acridium mi- gratorium) Quant à l’autre, dont les individus étaient à peu près aussi nombreux, elle n’a pu être déterminée spécifique- ment. Après les avoir examinés, M. le professeur Coquand émet l'avis que les individus soumis à la Société pourraient bien re- présenter les deux sexes d’une seule et même espèce. M. Coquand présente un mémoire de M. Contejean, sur les terrains kimméridiens des environs de Montbéliard. Il annonce avoir lu avec soin ce travail, qui est rempli d'idées nouvelles sur les limites et les subdivisions de cet étage et sur la distri- bution des fossiles. Grâce aux études de M. Contejean, le kim- méridien offre, à Montbéliard, le type le plus beau et le plus complet qui ait été signalé jusqu'ici. Il propose en conséquence l'insertion de ce mémoire dans les publications de la Société. Cette proposition est accueillie. Le même professeur présente également une notice de MM. Bonjour et Defranoux, sur la découverte récente de la craie chloritée et de la craie à silex dans le département du Jura. L'assemblée décide que cette note sera publiée par la Société. Divers membres déposent sur le bureau les noms de quatre candidats au titre de membres résidants et de trois à celui de correspondants. À la suite d’un scrutin secret, M. le président proclame, Membres résidants : MM. Secuin, propriétaire; BruLaRp fils, propriétaire ; Membres correspondants : . MM. Fazror, architecte à Montbéliard (Doubs); . Descos, ingénieur des mines à Vesoul (Haute-Saône) ; - Micuez, ancien pharmacien à Luxeuil (Haute-Soône) ; Gay, rentier à Luxeuil; GRANDMOUGIN, architecte de la ville et des bains de Luxeuil. “ L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 44 août 1858. Le Président, signé Huarr. Le Secrétaire, signé Bavoux. Séance qu 13 novembre 1858. PRÉSIDENCE DE M. Huarr. Membres. présents : Bureau : MM. Huart, président; Grenier, vice-président ; . Marque, trésorier; Bavoux, secrétaire ; Varaigne, vice-secré- taire. Meugres RÉSIDANTS : MM. Bial, Blondon, Bredin, Bruand, Carlet, Castan, Chauvin, Constantin, Coquand fils, Coutenot, d’Arbaumont, d'Aubonne, Delacroix (Emile), d’Estocquois, Détrey (Francis), Ducat, Faucompré, Hory, Jacques, Loir, May et Percerot. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 14 août dernier dont la rédaction est adoptée. M. Loir donne lecture d’un extrait de la thèse soutenue, en décembre 1857, par M. A. Belin, pour établir que, lors de la contre-expertise judiciaire à laquelle il a pris part, il ignorait complétement que M. Guillin eût indiqué avoir trouvé de l’ar- senic dans des médailles de laiton. Il exprime, en même temps, le regret que M. Guillin n’eût pas communiqué sa découverte à la Société, même par une simple note. M. Delacroix (Emile) déclare à son tour que le rapport des premiers experts n’a pas été communiqué aux personnes char- gées de la contre-expertise, dont il faisait lui-même partie — AN — avant la communication qu'il a faite à la Société d'Emulation et à l’Académie des Sciences. M. Coquand n'étant pas présent pour donner quelques expli- cations, il est décidé que la question sera réservée pour une autre séance, s’il y a lieu. Après cel incident, la rédaction du procès-verbal est adoptée. M. le président donne communication d’une lettre que M. le ministre de l'instruction publique lui a adressée le 14 août dernier. Cette Lettre est ainsi conçue : « Monsieur le président, j'ai l'honneur de vous informer que, » par arrêté du 44 août courant, j'ai alloué, à litre d’encoura- » gement sur les fonds de l'Etat, une somme de trois cents » francs à la Société d’Emulation à Besançon. » Je suis heureux d’avoir pu donner à cette compagnie sa- » vante un témoignage de l'intérêt que je prends à ses travaux. » Recevez, etc. : » P. S. Cette allocation est spécialement concédée pour les » travaux de fouilles à exécuter relativement à la question d’Alesia. » L'assemblée charge le Conseil d'Administration d'adresser à Son Excellence l'expression de sa vive gratitude. Lecture est ensuite donnée d’une cireulaire ministérielle de- mandant des documents pour la préparation d’un Dictionnaire géographique de la France. Une commission composée de MM. Castan, Emile Delacroix et Varaigne, est chargée de recueillir les renseignements de- mandés par cette circulaire. M. Grenier communique une lettre de M. Besançon, médecin- major à Batna (Algérie), rendant compte des démarches qu'il a faites pour procurer à la Société le squelette et la peau d’un lion et d’une lionne. : _ ; Il est ensuite décidé que la séance qui devait avoir lieu le 11 décembre prochain serait reportée au 16 du même mois. M. Grenier présente le projet de budget préparé, aux termes de l’article 30 des statuts, pour l’année 1859. Il-diseute, article par article, les motifs des changements apportés au budget de l’année précédente. Cette comparaison fait ressortir, entre autes différences, une augmentation de 300 francs sur le cha- EVE, — pitre des impressions et une réduction de 500 francs pour les achats d’histoire naturelle. M. Percerot-demande que ce projet soit renvoyé à une com- mission chargée de l examiner et de faire connaître son avis à la Société. M. le président fait observer que cette proposition est con- traire aux prescriptions de l’article 30 des statuts, et tendrait ainsi à modifier les règles que la Société s’est imposées. Il n’y aura donc lieu de l’examiner qu’autant qu’elle sera produite dans la forme prescrite par l’article 35 des mêmes statuts. Il annonce en conséquence qu'il va mettre aux voix, comme ayant la priorité sur l'incident, le budget présenté par le conseil d'administration, et ajoute que les personnes qui partageraient l'avis de M. Percerot, pourront le manifester en repoussant le projet. Le vote auquel il est procédé constate, en faveur du budget présenté, onze voix, sans compter celles du conseil d’adminis- tration. La contre-épreuve donne sept voix seulement dans le sens contraire. En conséquence le budget proposé par le conseil est adopté-dans son ensemble et sans modification. Divers membres présentent un candidat au titre de membre résidant et huit à celui de correspondants. Les présentations faites à la précédente séance sont l’objet d’un scrutin secret, à la suite duquel M. le président proclame, Membres résidants : MM. Barroui, secrétaire général de la préfecture ; DE VERNON, colonel de gendarmerie ; : JEANNENEY, peintre ; TAILLEUR, teinturier ; Et membres correspondants : : MM. Buquer, Paul, ingénieur-chimiste à Dieuze (Meurthe) ; Favre, capitaine au Locle (Suisse) ; MicueLor, ingénieur des Ponts et Chaussées à Paris. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Besançon, le 43 novembre 1858. Le Président, signé Huarr. Le Secrétaire, signé Bavoux. b = AT Séance du 16 décembre 1858. PRÉSIDENCE DE M. Huarr. Membres présents : Boreau : MM. Huart, président; Coquand et Grenier, vice- présidents; Marque, trésorier; Bavoux, secrétaire ; Varaigne, vice-secrétaire ;: Truchot, archiviste. Memgres RÉSIDENTS : MM. Alviset, Arnal, Arthaud, Bartoli, Bataille, Belot, Berger, Bial, Blondeau (Léon), Blundon, Boud- sot, Brocard, Bruand, Carlet, Castan, Chanoit, Chapot, Chauvelot, Chauvin, Chenevier, Clerget (Charles), Clerget (Hector), Constantin, Coquand fils, Courlet de Vregille, de Boulot, Delacroix (Emile), De Sainte-Agathe, De Serre, D'Es- tocquois, Détrey (Francis), Dodivers, Ducat, Fuchard, Falcon- net, Faucompré, Filingre, Franceschi, Guillin, Loir, Machard, Micaud, Percerot, Pétey, Piguet (marbrier), Proudhon (Léon), Regad, Reuche, Thiébaud (chanoine), Tournier, Travelet, Vou- zeau et Vuilleret. MEMBRE CORRESPONDANT : M. Fallot. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 13 novembre dernier, dont la rédaction est adoptée. M. le président communique deux notes envoyées par M. Humbert, membre correspondant à Paris. L'une a pour objet la recherche de l’iode par l’amidon et a été rédigée par MM. Henry et Humbert. L'autre, due à MM. Fonvielle et Humbert, est relative à une pile voltaïque constante à dégagement de chlore. Ces deux notes sont remises à M. Loir, qui se charge d’en faire l’objet d’un rapport. M. Bial fait à son tour l’analyse d’une dissertation sur l’em- placement d'Uxellodunum. L'assemblée décide que cette notice sera insérée dans les mémoires de la Société. L M. Castan donne ensuite lecture d’un second rapport sur les dernières recherches que la Société a fait exécuter sur le pla- teau d’Alaise. —XIX — L'impression de ce rapport est votée ainsi que celle des plan- ches qui doivent l'accompagner. M. Grenier annonce qu’il est queslion de mettre le musée archéologique sous la direction de la Société d’Emulation. L'assemblée accueille avec un vif plaisir ce projet et se montre disposée à prendre toutes les mesures qui doivent en être la conséquence. Il est ensuite procédé, par voie de scrutin individuel et se- cret, au renouvellement du conseil d'administration. Après les dépouillements successifs, M. le président proclame, comme ayant réuni la presque totalité des suffrages : Président : M. Decacroix (Alphonse); 1 Vice-Président : M. Coquanp père ; 2e Vice-Président : M. Huarr ; Vice-Secrétaire : M. TrucHoT ; Trésorier : M. MARQUE ; Archiviste : M. Casraw. Divers membres déposent des propositions d'admission con- cernant huit candidats au titre de membres résidants et trois à celui de correspondants. Les présentations faites à la précédente séance sont l’objet d’un scrutin, à la suite duquel sont proclamés : Membre résidant : M. Bornier, docteur en médecine. Membres correspondants : MM. Basey, Théodore, instituteur à Clerval (Doubs ; Cacnor, François-Xavier, employé à la fabrique de bro- deries de Bonnal (Doubs) ; CARTEREAU, docteur en médecine à Bar-sur-Seine (Aube ; Faivre, Charles-Auguste-Hilaire, instituteur à Pont-sur- - l’Ognon (Haute-Saône) ; ; Fiseans Edouard, instituteur à Cuse (Doubs) ; _GEvREY, Pierre, instituteur à Saint-Julien-les-Morey _ (Haute-Saône) ; Préror, Auguste, instituteur à Abbenans (Doubs); Revo, Pierre, banquier à Gray (Haute-Saône). L'ordre du Jour étant épuisé, la séance est levée. L'assemblée se rend ensuite dans la salle du banquet annuel de la Société où se trouvent réunis plus de 80 souscripteurs. Les places d'honneur sont occupées par trois des membres honoraires de la Société : M. le Général de division, M. le Procureur général et M. le Maire de la Ville. M. le Premier Président de la Cour impériale, M. le Préfet et M. le Recteur qui avaient été également conviés n’ont pu accepter, le premier pour raison de santé et les deux derniers pour cause d'absence motivée par leurs fonctions. Vers la fin du repas, M. le Maire porte le toast suivant : « Messieurs, » Au chef de l'Etat, à l’élu de la Nation, qui, après avoir re- levé le nom français par la gloire de nos armes, s'occupe, dans le calme de la paix, à féconder ses inspirations généreu- ses pour la prospérité de l’agriculture, des sciences, des arts et de l’industrie ! » Dans sa paternelle sollicitude pour les besoins des popula- tions, 1l porte sur tous les points de la France ses regards vi- vifiants et reçoit partout sur son passage des témoignages de la plus juste sympathie. » Notre ville aspire au bonheur de le posséder un jour dans ses murs. — Elle ne sera pas la moins empressée à lui prouver les sentiments qui l’attachent à son règne et à sa dy- nastie. $ » C’est de lui, c’est de l’esprit de haute justice dont il est animé, que nous attendons avec confiance la solution d’une question vitale pour notre cité, l'établissement de voies fer- rées qui nous relient directement, d’une part, avec le Nord, de l’autre, avec la Suisse. » Déjà, en deux circonstances, des paroles bienveillantes de Sa Majesté ont été adressées aux députations de notre ville ; c’est un heureux présage, et les yeux tournés vers le trône, nous osons dire que, pour prix de nos efforts persévérants, nos légitimes espérances seront couronnées d’un plein et entier SuCCès. » Vive l'Empereur! Vive l’Impératrice ! Vive le Prince Im- périal ! » — XXI — M. le Président se lève ensuite et prononce le discours sui- vanti : « Messieurs, » Vous avez bien voulu m'élever, l’année dernière, à la pré- sidence de votre savante et laborieuse Société. Je n’avais d’autre titre à cette flatteuse distinction que l’honneur d’être l’un de vos plus anciens collègues, et je ne pouvais vous apporter en échange que mon dévouement et mon zèle. Heureusement que les fonctions que vous m'aviez confiées ne sont qu'annuelles, et que, grâce à une sage disposition du règlement d’une Société qui compte dans son sein tant d'hommes de mérite, le président sortant ne peut être immé- diatement réélu. » Dans la séance de ce jour, votre choix s’est porté à l’una- nimité sur un des membres de votre commission d’archéo- logie qui, à la suite des recherches les plus ingénieuses, a ému et surexcité le monde savant par une thèse aussi inté- ressante qu'imprévue, et dont la conséquence est de fixer dans notre Franche-Comté la position de l’Alesia de César, objet jusqu’à présent de tant de doutes et de controverses dans le monde savant. » Vous avez élu, en même temps, pour premier vice-prési- dent de la Société notre savant confrère, M. Coquand, dont les titres scientifiques, inscrits avant tant d'éclat dans les annales de la géologie, viennent de lui mériter l'honneur d’être présenté, au mois de novembre dernier, pour une place de correspondant de l’Institut. Nous regrettons vive- ment qu'une perte bien douloureuse et toute récente n'ait pas pexmis à notre honorable et excellent collègue de pren- dre, dans cette réunion de famille, une place qu’il occuperait si bien. » Enfin, vous avez choisi pour votre archiviste M. Castan, ancien élève de l'Ecole des Chartes, bibliothécaire-adijoint, archiviste de la ville de Besançon, et auteur de mémoires importants sur l'archéologie et l’histoire de notre Franche- Comté. » Votre bureau a été complété par la réélection, à l'unani< mité, de notre excellent trésorier, M. Marque, et par la no+ D 4 » » » » » » » » » » » ) >= » XXII -— mination de M. Truchot aux fonctions de vice-secrétaire. M. Bavoux, notre secrétaire, dont nous nc saurions trop louer l’activité et les travaux scientifiques, n'était pas soumis aux décisions du scrutin. » C’est par de telles élections, Messieurs, qu’une société s’honore et assure son avenir. » Dans le courant de l’année qui vient de s’écouler, la So- ciété d'Emulation n’a pas failli à son mandat. » Indépendamment de beaucoup de mémoires qui, certes, sont loin d’être sans utilité et sans intérêt, la Société a voté l'impression des ouvrages dont je crois utile de vous donner ici le catalogue comme une preuve incontestable de l’impor- tance et de la variété de ses travaux. » Notice sur la Flore des environs de Belfort et étude des influences du sol sur la végétation, par M. Parisot. » Notice sur les terrains crétacés de la Charente, par M. Co- quand, qui, en outre, a enrichi notre recueil d’un travail sur la formation lacustre dans la partie supérieure du terrain jurassique. Cette formation, devenue célèbre en Angleterre, par la présence de débris de plusieurs mammifères, avait à peine été soupçonnée en France; en la découvrant dans le sud-ouest, et en en faisant la monographie, M. Coquand a rendu à la géologie un nouveau service qui a fait sensation dans le monde savant. » Note sur le Scleranthus uncinatus, par M. Martin, mem- bre correspondant. » Mémoire sur les Polypiers des terrains jurassiques, par M. Etallon. » Notice sur les approximations numériques, par M. Bredin, maître répétiteur au Lycée impérial de Besançon. » Rapport sur les fouilles archéologiques faites à Alaise, par M. Castan. » Etudes sur le terrain Kimméridien des environs ae Mont- béliard, par M. Contejean. » Note sur la présence de la craie chloritée et de la craie blanche dans le dépéertement du Jura, par MM. Bonjour et Defranoux. » » = XKAIT —— » M. le docteur Grenier, professeur de Botanique et de zoo- logie à la Faculté des sciences de Besançon, a continué, avec autant de persévérance que de succès, Les études sur la Flore française, qui lui ont assigné un rang si élevé parmi les naturalistes. » La Société a imprimé, dans le courant de cette année, la dissertation de M. Castan sur les origines de la commune de Besançon. L’impression de ce travail, plein de recherches consciencieuses, avait été décidée en 1857. » Dans la séance de ce jour, M. Castan vous a lu un nouveau rapport sur les fouilles d’Alaise, rapport rempli de détails des plus intéressants, et écrit avec une élégance de style très-remarquable ; l'impression en a été votée. » Enfin, dans la même séance, vous avez voté l'impression d’un mémoire considérable sur la position d'Uxellodunum, par M. Bial, officier d'artillerie et l’un de nos confrères. » En outre, la Société a fait exécuter, dans le courant de cette année, tant avec les fonds de son budget qu'avec ceux d’une souscription qu’elle a ouverte, des fouilles sur le pla- teau d’Alaise. Ces fouilles, faites par les membres de la com- mission d'archéologie prise dans votre sein, avec une persé- vérance au-dessus de tout éloge, sous l’habile direction du savant M. Quicherat, ont amené la découverte de nombreux objets aussi rares que précieux, déposés dans notre musée archéologique auquel ils donnent, sur la plupart des musées du même genre, une supériorité incontestable. “» Ces vieux et intéressants débris des générations éteintes semblent sortir de terre à la voix de nos archéologues, comme des témoins irrécusables, chargés de donner à notre époque la solution de ces problèmes historiques qui sem- blaient devoir éternellement échapper à la sagacité de nos écrivains les plus érudits. » Tels sont, Messieurs, les services rendus aux sciences na- turelles, à l’histoire, à l'archéologie par la Société d'Emula- tion du Doubs, dans le courant de cette année. » Continuez, continuez, Messieurs, à réaliser les espérances que votre institution, dès son origine, avait données au pays; continuez, par une noble et persévérante émulation, à vous montrer dignes du titre que vous portez, à améliorer et à L ee NN » agrandir le domaine de l'intelligence humaine; continuez à » justifier ainsi le bienveillant intérêt que nous témoignent, «-par leur présence au milieu de nous, dans cette belle et nom- » breuse réunion, les plus hauts fonctionnaires de l’armée, de » la magistrature et de l’administration. Je les remercie avec » effusion de cœur de cette marque éclatante d’estime 40! » nous honore. » En terminant cette espèce de compte-rendu de vos travaux » annuels, permettez-moi, Messieurs, de porter en votre nom » trois toasts auxquels, je le sais d’avance, vous applaudirez » tous avec le plus vif empressement : » À l’armée, dans la personne de l’illustre général Bourbaki, » commandant la 7° division militaire, de ce brillant et cheva- » leresque colonel des zouaves qui a contribué pour une si »' large part, avec ses héroïques soldats, à la victoire d’Inker- » mann ! » À la magistrature, si dignement représentée ici par notre » savant et honorable Procureur général, M. Loiseau, cet émi- » nent magistrat que la Franche-Comté est fière de placer au » rang de ses enfants les plus distingués ! » À l'administration municipale, dans la personne de son » premier magistrat, qui dirige les affaires de notre bonne ville » de Besançon avec tant de dévouement et d'intelligence ! » Enfin, Messieurs. permeltez-moi encore, en ma qualité de » de votre président, de porter ce dernier toast : » À la prospérité constante de la Société d'Emulation du » Doubs! » A l’union intime de tous ne Se dont elle se com- » pose! » = M. le Général de Division répond en ces CRE au toast porté à l’armée : « Messieurs, » Les choses flatteuses que vous venez de me dire ne me » sont pas dues; je les reporte sur les soldats de tout grade » avec lesquels j'ai eu l’honneur de combattre; mais j'accepte » avec reconnaissance votre toast à netre armée comme une » preuve de vos sympathies pour elle. — ue — :» Tant qu'elle sera guidée par la main ferme de notre Em- pereur et entourée de votre sollicitude, elle assurera à la France, à l’intérieur la plus grande sécurité, à l'extérieur un respect salutaire garant de notre indépendance et de notre honneur. » Permettez-moi, à mon tour, de porter un toast aux habi- tants de la Franche-Comté, de cette terre féconde illustrée par tous les genres de mérite. Elle a fourni au monde des martyrs de notre foi comme saint Ferréol et saint Ferjeux ; des savants illustres comme les Cuvier, les Courvoisier, les Jouffroy; des guerriers intrépides comme les Moncey, les Lecourbe, les Morand. » Honnêtes, sages, instruits, braves, les habitants de cette belle contrée sauraient, si les circonstances l’exigeaient, se signaler encore une fois par leur patriotisme et faire éclater leur ancien dévouement à notre dynastie impériale, que Dieu a rendue à la France pour assurer ses grandes destinées. » Aux habitants de la Franche-Comté! Aux habitants de Besançon ! A l'honorable président de votre Société ! » M. le Procureur général prend ensuite la parole et dit : « Messieurs, » Votre honorable président vient de porter un toast à la magistrature : comment ne pas regretter ici l’absence de l’éminent magistrat dont la voix, si heureusement inspirée, faisait le charme de vos dernières réunions ? Mais, puisque j'y suis convié, Je vous propose un toast qui, j'en ai l’assu- rance, aura de l’écho dans tous les cœurs. Je bois à La pros- périté de la Franche-Comté et en particulier de la ville de Besançon ! # » Messieurs, les grandes et patriotiques populations de ces contrées ont plus d’une page brillante dans l’histoire de la civilisation, et ces pages ne seront pas les dernières. Ici, je trouve l’heureuse et salutaire alliance des arts, des sciences et des lettres, de l’agriculture et de l’industrie, le goût des études sérieuses, d'actifs et persévérants efforts dans la re- cherche des vieux monuments de notre histoire; je trouve surtout la fermeté du bon sens, une raison froide et solide, — XX — unie parfois aux plus brillantes facultés de l’esprit; et je m'applaudis de voir ce pays marcher résolument dans les voies fécondes du travail qui élève l’âme et agrandit chaque Jour le domaine de l'intelligence. » Grâce à l'heureuse impulsion qu’elle reçoit de vous, Mes- sieurs, la Franche-Comté restera digne d’un passé que l’on vient de vous retracer avec une si virile éloquence ; elle grandira encore sous l’égide du gouvernement de l’Empe- reur qui lui donne, après la gloire des armes, la prospérité de la paix; et c’est parce que tel est mon vœu le plus cher, et aussi la plus ferme de mes espérances, que je bois, avec vous tous, à l'avenir de la Franche-Comté et en particulier de la ville de Besancon ! » Enfin, le nouveau Président, M. Delacroix, s'exprime en ces termes : « Messieurs , » La Société d'Emulation du Doubs vient de m'élire prési- dent annuel pour 1859; c'est la seconde fois que cet hon- neur m'est dévolu. La première élection me rendait fier; celle-ci me pénètre de gratitude et enchaîne plus que Jamais mon dévouement à vos intérêts. Ma tâche sera rendue facile par le concours du bureau que vous venez de former. Grâce à lui, je puis conserver l'espoir de marcher sur les traces de notre président actuel, non de le faire oublier. Savant et ad- ministrateur à la fois. il est, dans notre cité, celui dont toutes les sociétés scientifiques, agricoles, charitables, se disputent la possession précieuse. Il est le président partout où le rè- glement ne s'oppose pas à une réélection, et néanmoins, la multiplicité des nobles fonctions auxquelles sont consacrés tous ses loisirs, n’a jamais produit de ralentissement dans son zèle pour les travaux de notre Société. » Qni pourrait douter de la durée de vos succès en voyant l'abondance de vie qui vous anime et qui se manifeste avec tant de bonheur en ce moment? Vous vous électrisez à la vive éloquence de M. le Général de Division, éloquence non moins digne d’admiration que les qualités militaires par lesquelles il fut une des gloires de la guerre de Crimée. Les »” — XXVIL — belles paroles exprimées par M. le Procureur général n’ont pas ralenti l’ardeur de vos applaudissements, qui s'étaient déjà manifestés quand s’ést fait entendre la voix de M. le Maire, voix aimée, gage d'appui, notre interprète auprès du conseil municipal, lorsque les entreprises de la Société d’E- mulation menacent de dépasser les ressources de son mo- deste budget. » Oui, Messieurs, la vie circule chez vous; oui, l'avenir est ouvert à votre Société. » Je porte la santé de notre Président. » Besancon, le 16 décembre 1858. Le Président, signé Huarr. Le Secrétaire, signé Bavoux. 2 MÉMOIRES COMMUNIQUÉS. DESCRIPTION GÉOLOGIQUE DE L'ÉTAGE PURBECKIEN DANS LES DEUX CHARENTES, par M. H. COQUAND, PROFESSEUR DE GÉOLOGIE A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE BESANÇON. CT LAIRI T5 — Séance du 13 février 1858. On observe, dans la chaîne du Jura ainsi que dans les deux Charentes, au-dessus de l'étage portlandien et concordant avec lui, un système particulier de couches caractérisé par la présence du gypse et par celle de fossiles d’eau douce. Le sys- tème de ces deux contrées a été l’objet de travaux de la part de plusieurs géologues. MM. Pidancet et Lory qui, les premiers, ont écrit sur celui du Jura, l’ont parallélisé avec les couches wealdiennes de l'Angleterre, et l’ont considéré comme faisant la base de la formation crétacée. MM. Marrot et Manès, du corps impérial des Mines, ont attiré l'attention sur celui du sud-ouest de la France et l’ont attribué et subordonné à l'étage portlandien. Le but de ce mémoire est de fournir une descrip- üon détaillée des argiles gypsifères des deux Charentes, et de montrer qu’elles n’appartiennent, ainsi que celles du Jura, ni à l’élage portlandien ni à l'étage wealdien, mais qu’elles constituent, au-dessus du premier, un étage distinct qui corres- pond aux couches de Purbeck de l'Angleterre, et franchement imdépendant de la formation crétacée. Comme les couches de Purbeck, à ma connaissance du moins, n’ont été signalées jusqu’à présent que sur un seul point de la France, dans le À RE Le Bas-Boulonnais, qui n’est que l’extrémité orientale d’une dé- pression dont la grande vallée de Weald constitue la portion la plus considérable, j'aime à croire qu'il sortira quelque inté- rêt d’un travail destiné à montrer qu’elles occupent un rang important sur le sol français et qu’elles méritent, à ce titre, d'être signalées à l'attention des savants. Le géologue qui parcourt les arrondissements de Cognac et de Saint-Jean-d'Angely, est frappé du contraste qui existe, dans une même contrée, entre une région formée presque exclusive- ment de coteaux ondulés et nettement taillés en relief, et une vaste plaine, uniforme dans toute son étendue, qui est située entre Saint-Jean-d'Angely, Matha, Neuvicq, Sigogne, Jarnac, Châteauneuf, Saint-Même, Cognac et Brizembourg. Cette plaine, connue sous le nom de Pays-Bas, est remarquable au- tant par sa physionomie particulière que par la nature du sol dont elle est formée. Pendant que les coteaux qui la dominent de toutes parts présentent une composition entièrement calcai- re, le calcaire manque pour ainsi dire dansle Pays-Bas, etonn’y aperçoit que des terres argileuses dites terres fortes, lesquelles ressemblent d’une manière si frappante avec les limons que les grands fleuves accumulent près de leur embouchure, que la formation tout entière figure dans la carte géologique de France et en grande partie dans la carte géologigne du dépar- tement de la Charente-[nférieure par M. Manès, avec la teinte des alluvions modernes. Il est vrai de dire que les rivières de l’Anteine et de la Soloire, qui traversent la plaine à peu près dans la direction du nord au sud, sont entièrement encaissées dans des argiles, et que les prairies qui bordent ces deux cours d’eau et qui ont été formées à leurs dépens, ont un sous- sol tellement identique à celui qu’on remarque au-dessus des lignes qu'’atteignent les rivières dans leurs plus grandes crues, que la distinction entre eux devient très-difficile à établir au point de vue géologique. Cependant, quand on prend en con- sidération le parcours limité de l’Anteine et de la Soloire, et l'importance plus faible encore de quelques affluents, leurs tributaires, on ne saurait concéder à un bassin hydrographique aussi circonscrit que celui qui nous occupe, le privilége d’avoir déposé des alluvions plus considérables que celles de la Cha- rente à son embouchure. es ee A quelle circonstance spéciale la contrée du Pays-Bas est- elle redevable de sa physionomie propre et dont les traits con- trastent d’une manière si frappante avec les accidents orogra- phiques des coteaux qui la circonscrivent ? Cette circonstance est liée absolument à la nature minéralogique des éléments constitutifs du sol. Le Pays-Bas, en effet, occupe une dépression qui, à la fin de la période jurassique, a été remplie par un lac, puis successivement comblée par des sédiments argileux. Après le soulèvement de la chaîne jurassique, les agents exté- rieurs ont opéré la désagrégation de ces éléments friables jus- qu’à une certaine profondeur, en les réduisant en une boue de consistance variable. L'agriculture ensuite les a façonnés en les modifiant avec intelligence et en les convertissant, suivant l'exigence de ses besoins, en terres-arables, en prairies et en vignobles. La plaine des Pays-Bas suitla direction du S.-S.-E. au N.-N.-0, qui est aussi celle qu'on constate dans les coteaux du sud- ouest de la France. Elle commence sous le bourg de Nantillé, dans l'arrondissement de Saint-Jean-d'Angely, et vient se ter- miner un peu au-dessus de Vibrac, à l'extrémité orientale de celui de Cognac, sur une longueur de 40 kilomètres environ. Sa largeur est variable et se compose de deux éléments dis- tincts. Depuis son origine jusqu’à la hauteur de Réparsac, dans ce qui constitue, à proprement parler, le Pays-Bas, elle possède la forme d’un trapèze allongé, dont la longueur est de 21 kilomètres et la largeur de 12 kilomètres : mais à partir de Réparsac, elle se trouve resserrée considérablement entre les coteaux portlandiens de Chassors et des Métairies : de là elle passe sous Jarnac, d’où elle se répand sur les deux rives de la Charente, et vient se terminer entre Vibrac et les Molidards. Dans cette seconde section, elle dessine une espèce de fiord dont la longueur est de 49,000 mètres et la largeur moyenne de 4,000 à peu près. La formation entière comprend par consé- quent une saperficie de 330 kilomètres carrés. Ces mesures s'appliquent à la portion qui se montre à découvert : mais comme, entre Cognac et Brizembourg, les argiles gypsifères sont recouvertes par le terrain crétacé, il devient impossible de connaître leur développement souterrain : mais leur pro- longement au-dessous des couches de la craie semble attesté : Le TE par leur réapparition dans les environs de Rochefort, à Moëse, à Saint-Froult et jusqu’à la pointe de Chassiron dans l’île d’O- léron, où elles disparaissent sous l'Océan. En admettant, ce qui est d'ailleurs très-vraisemblable, que ces derniers dépôts ne font qu’un système unique avec ceux du Pays-Bas, la lon- gueur totale des argiles gypsifères, depuis les Molidards jusqu’à la pointe de Chassiron, serait de 32 à 34 lieues. Nous indiquerons ici les altitudes, au-dessus du niveau de la mer, de divers points des coteaux jurassiques et crétacés qui dominent le Pays-Bas : Macqueville, 63"; Brie-sous-Ma- tha, 48%: Sonnac, 52" ; Saint-Hérie-sous-Matha, 47"; Blan- zac, 39"; Aumagne, um: Saint-Même (Charente-Inférieure), 46 ; Bercloux, 58"; Brizembourg, 50"; Villars, 70 ; Lo ves, 58% : Solençon, 44"; Saint-Trojan, 47"; Chassors, 59% Jarnac, 41"; Chez-Ville, 37 ; Molidards, 404" ; Saint- FR de-Graves, 60"; Saint-Même (Charente) 59"; Sigogne, 79 mètres. La moyenne de ces hauteurs est de 55 mètres. Les altitudes des argiles gypsifères sont les suivantes : Au- magne, 30 ; Ebréon, 26"; Anthon, 21" ; Migron, 22%; Man- sac, 19"; Mesnac, 24" ; Montgaud, 24"; Orlut, 17*; Bate- Chèvre, 12r ; La Chagnaïie, 43"; Chantegrolle , 12%; Triac, 23 mètres. ÿ La moyenne est de 20 mètres. La comparaison de ces deux séries montre que les argiles du Pays-Bas se trouvent placées à un niveau inférieur de 35 mè- tres, par rapport aux formations encaissantes; et comme cette différence se maintient à peu près constante dans toute l’éten- due du bassin, la dénomination de Pays-Bas appliquée à la contrée est très-bien justifiée par la confrontation des chiffres qui précèdent. Avant d'entreprendre la description des couches de te beck, nous mentionnerons l'opinion des divers géologues qui les ont signalées. Le premier auteur qui mentionne l'existence d’une argile wealdienne dans le sud-ouest de la France est M. Al. Brongniart. Ce savant minéralogiste (4) considère comme wealdienne l'argile avec nodules de succin résineux et mor- (1) Tableau des terrains, 1829, page 217. EAUX, Rp ceaux de lignite que l’on observe dans l’île d’Aix et à l’embou- chure de la Charente. Mais il est facile de voir qu’on désigne ainsi les argiles lignitifères qui sont interposées entre les bancs à Ammonites rhotomagensis Defr., varians Sow., Turrilites costatus Lam., et les bancs à Ostrea columba Lam., et que cette désignation s'applique par conséquent à notre étage gar- donien. Or, comme ce dernier est séparé du système wealdien proprement dit par toute l'épaisseur de l'étage rhotomagien, du gault et de la formation néocomienne entière, il n’y a pas lieu évidemment à adopter l’opinion de M. Brongniart. M. Dufrénoy a publié en 1830 (1) un mémoire sur le terrain de craie dans le sud de la France. L'auteur a l’occasion de si- gnaler dans ce travail plusieurs gisements de gypse exploités dans les deux Charentes, et notamment ceux de Saint-Froult, de Croix-de-Pic et de Nantillé. Il admet que dans la première de ces localités le gypse est recouvert par la craie et qu’il est associé à ce terrain. À Cherves et à Nantillé, le gypse n'est pas recouvert, et on ne voit pas sa partie inférieure, de sorte qu’on peut élever des doutes sur sa position. Le terrain decraie l’en- toure de tous côtés, et le calcaire à ichthyosarcolites forme des escarpements nombreux à peu de distance des carrières. En outre, le terrain de craie se prolonge encore à plus de deux lieues au nord des exploitations du plâtre. On peut donc dire qu'il est dans un bassin creusé dans le terrain de craie. Ce gypse, exactement le même que celui de Saint-Froult, ajoute M. Dufrénoy, ne peut êlre regardé comme tertiaire, puisqu'on a vu qu’il était recouvert, dans ce dernier endroit, par les cou- ches du terrain de craie. Si les gypses de Croix-de-Pic ne sont pas recouverts par les bancs crétacés aux excavations mêmes dont on les retire, il n’y avait que deux pas à faire du côté des escarpements pour s'assurer que les argiles, auxquelles ils sont subordonnés, étaient surmontées par les grès à orbitolites. Il n’était donc point exact de dire que c’était dans un bassin creusé au milieu du terrain de craie qu'ils avaient été déposés. Nous trouvons dans le même mémoire (page 195), une indi- cation qu’il est utile de signaler, afin de se prémunir contre les (1) Annales des mines, tom. vitr, 5e livraison, pag. 175, = fs conséquences qu'on pourrait en tirer. En parlant des alentours d'Angoulême, M. Dufrénoy décrit, près du pont de Churet, dans la commune de Chapniers, des grès qui contiennent quelques coquilles très-1mparfaites qui lui ont paru se rappor- ter à des paludines. « La présence de coquilles d’eau douce est remarquable : elle fournit un caractère de rapprochement entre ce grès et l’iron-sand des Anglais. L’argile que nous venons d'indiquer correspondrait alors au weald-clay. Outre ces ‘co- quilles d'eau douce, on trouve aussi dans le grès des Gryphæa columba et plusieurs autres coquilles marines. Ce mélange de coquilles d’eau douce et marines nous porte à conclure que cette formation n'est pas essentiellement d’eau douce, comme on pourrait le conclure de l'étude des terrains anglais. La pré- sence des coquilles d'eau douce est due probablement à une disposition particulière du bassin dans lequel ce grès s’est dé- posé. » 4 Nous reproduirons 1ci les mêmes remarques que nous avons déjà faites relativement à l’opinion de M. Brongniart. Les ar- giles et les grès cités par M. Dufrénoy au pont de Churet, sont les mêmes que ceux de l'île d’Aïx, et ne peuvent être rappor- tés en aucune manière à l'étage wealdien. Si lescoquilles con- sidérées par luicomme des paludines, appartenaient réellement à ce genre, fait que, malgré des recherches attentives, il ne nous a pas été possible de vérifier sur place, il faudrait en conclure que les argiles qui les contiennent seraient d'origine fluvio-marine : elles seraient dans ce cas l’équivalent des ar- giles lignitifères de Saint-Paulet, dans le département du Gard, lesquelles représentent le type de notre étage gardo- nien. Or, celui-ci, quoique étant d’origine lacustre, est supé- rieur aux bancs qui renferment les fossiles de Rouen et consé- quemment au gault, et il ne peut en aucune manière être rap- porté ni au weald-clay ni aux couches de Purbeck. L'opinion de M. Dufrénoy est adoptée sans réserve par M. d’Archiac dans son premier mémoire sur la formation cré- tacée du sud-ouest de la France (1). Les gypses exploités aux environs de Cognac et de Rochefort sont considérés comme (1) Mémoires de la Société géologique de France, t. 11, p. 160. Se me étant subordonnés aux argiles lignitifères de l’île d'Aix, et par conséquent comme crétacés. En 1848, M. Dufrénoy est revenu sur la première opinion qu'il avait manifestée. Il annonce (1) qu’il avait visité en 1828 la carrière de gypse des Molidards, qui est une dépendance du système lacustre du Pays-Bas, et que, trompé par la pré- sence au milieu des argiles gypsifères de quelques bancs d’un calcaire rose dont les caractères lui avaient rappelé le calcaire d’eau douce de Castres, il avait supposé alors que les gypses de cette localité appartenaient, comme ceux de Beaumont, aux terrains tertiaires. Mais depuis M. Marrot s’est occupé de la position des gypses qu’on exploite aux Molidards, qui, suivant cet ingénieur, se- raient intercalés dans la formation portlandienne. Les argiles gypsifères occupant un petit bassin surmonté de tous côtés par des couches de l’oolithe supérieure, la stratification bien pro- noncée et bien régulière des argiles, des bancs calcaires et du gypse, excluent toute idée d’un dépôt postérieur au creuse- ment des vallées. M. Dufrénoy conclut en terminant, que si, comme M. Marrot le suppose, les argiles se prolongent sous les calcaires oolithiques, la position des gypses n’est pas dou- teuse. Nous verrons plus tard qu'aux Molidards comme ailleurs, les gypses ne sont point intercalés dans l’étage portlandien, ainsi que l’admet M. Marrot, mais qu'ils êonstituent au-dessus de lui un étage franchement séparé. M. Manès, en 1850, dans une notice qu'il a rédigée sur les dépôts de gypse des départements de la Charente et de la Cha- rente-[nférieure (2), et plus tard en 1853 (3), a reproduit l’opi- nion de M. Marrot. Il admet que les argiles gypseuses font partie des couches supérieures du troisième étage jurassique et qu'elles ne constituent point, comme on l'avait cru, des amas subordonnés aux glaises inférieures de la formation cré- tacée. Elles reposent parfois sur les calcaires lumachellaires a+ (1) Explication de la carte géologique de France, t. 11, p. 650. 2) Bulletin de la Société géologique de France, t. vir, p. 605 et 612. ) ( (3) Description physique, géologique et minéralurgique du département de la Charente-Inférieure, p. 121. 0) nes à nucules, comme à Triac, et d’autres fois en sont recouverts comme à Saint-Denis. Généralement ils se montrent sous des roches jurassiques de calcaire argileux et de marnes en bancs alternatifs qui plongent sous les argiles des grès verts. Nous aurons occasion d'indiquer dans le cours de ce travail que les calcaires à nucules qu’on observe à Triac Et que l’on retrouve à Jarnac, à Chassors, à Réparsac, à Chez-Ville, et sur lesquels reposent les couches de Purbeck, appartiennent à la partie supérieure de l'étage portlandien, tandis que les bancs lumachellaires qui recouvrent les gypses, contiennent des cyclades, des cyrènes et des corbules et non des nucules, et n’ont rien de commun avec les bancs inférieurs. L’alter- nance admise par M. Manès n'existe donc pas. Ce détail qui paraît, au premier aperçu, n'avoir qu'une mince importance, a cependant pour résultat de démontrer la complète indépen- dance des argiles gypsifères par rapport à l'étage portlandien qui les supporte. On voit de plus que MM. Marrot et Manès, en attribuant les gypses au calcaire de Portland, ont méconnu et leur position et leur véritable origine, car ils admettent im- plicitement qu'ils sont de formation marine exactement comme les calcaires marins auxquels ils les subordonnent et avec les- quels ils les font alterner. M. d’Archiac revient, en 1851, sur la position des gypses dans son Histoire des progrès de la Géologie (1). Il annonce avoir observé, près Migron, et à Chez-Malboteau, succédant aux calcaires blancs marneux de l’étage jurassique supérieur, une marne argileuse grise, avec des hits subordonnés de cal- caire gris en plaquettes (calcaire que nous verrons former un horizon si constant au milieu des argiles gypsifères). M. d’Ar- chiac y a reconnu des moules de fort petites coquilles turricu- lées, ressemblant à des paludines ou à des bulimes, et à quelques moules imparfaits de bivalves {eyelades). Il a très- bien distingué ces lits minces des calcaires gris en plaquettes avec Nucula inflexa « et qui rappellent singulièrement par leur aspect lacustre ceux que nous (M. d’Archiac) avons ob- servés dans l’étage dePurbeck, du val de Wardour. Des recher- ches continuées plus longtemps feraient sans doute découvrir (1) Progrès de la geologie, t. 1v, p. 440. OR" eS des fossiles intéressants. Quant à leur véritable niveau géo- logique, ne les ayant observés que sur ce point, à la jonction des deux formations, entre Migron et Bury, il ne nous est pas possible de hasarder un rapprochement bien précis. » Si M. d’Archiac avait pu consacrer assez de temps à l'étude des terrains du Pays-Bas, la relation de ce calcaire en pla- quettes avec les argiles gypsifères n'eût certainement pas échappé à sa perspicacité, et les rapprochements qu’iln’énonce que sous réserve, il les eût affirmés d’une manière positive. Il n’aurait pas séparé surtout ces calcaires des gypses, qu’à l'exemple de MM. Marrot et Manès, 1l persiste à attribuer à l'étage portlandien (1). Dès la première année de mes excursions dans les deux Cha- rentes, en 1849, j'avais eu la bonne fortune de recueillir, dans les environs de Nantillé, de Mons, de Montgaud, de la Vri- gnolle, et l’année suivante dans les alentours de Saint-Froult, des Lymnées, des Physes, des Cyrènes, des Cyclades et des Mélanies dans les calcaires en plaquettes qui sont placés à un niveau constant au-dessus des gypses. Une circonstance dou- blement favorable, en m’appelant à Besançon à peu près à la même époque, me plaça dans la chaîne du Jura en présence de dépôts gypseux analogues par leur position à ceux du sud- ouest. Ces dépôts ont été signalés et décrits par MM. Pidancet et Lory (2). Les beaux travaux de M. Forbes sur les couches de Purbeck n’existaient point encore, et les argiles gypseuses du Jura furent rapportées au weald-clay et considérées comme constituant la base de la formation crétacée par les deux observateurs que nous venons de nommer. L'origine la- custre des argiles du Pays-Bas étant devenue un fait bien établi par nos propres découvertes, ce fait important prenait place à côté d’une découverte du même genre faite par M. Lory dans les départements du Doubs et du Jura. Plusieurs localités avaient fourni à ce géologue des planorbes, des lymnées et des physes. L'association du gypse et de fossiles d’eau douce dans (1) Progrès de la géologie, 185, t. vi, p. 45 (2) Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t, v, p. (Note sur la Dole). Mémoire sur le terrain néocomien des environs de Sainte-Croix et du Val-de-Travers. -- Mém. de la Soc, d'Emulation du Doubs, 1848. nr MR vs un étage immédiatement superposé à l'étage portlandien éta- blissait des caractères frappants de ressemblance entre les terrains des deux contrées et projetait une vive lumière sur l’âge de ces dépôts fluviatiles ou lacustres. La question d’attri- bution était, il faut en convenir, assez difficile à résoudre pour la chaîne du Jura, car le terrain néocomien, les argiles gypsi- fères et les calcaires portlandiens s’y montrant en concor- dance parfaite, on devait balancer avant de se prononcer, eton obéit à l'opinion généralement reçue en faisant commencer le terrain de craie par ces argiles gypsifères auxquelles on imposa le nom de wealdiennes. Cette difficulté n'existait pas pour moi dans la Charente, où la série crétacée n’est pas complète, puisque le terrain néo- comien et le gault y manquent en entier. Une fois que le syn- chronisme des dépôts gypseux du sud-ouest et du Jura fut bien certain à mes yeux, je l’annonçai dans mes leçons publi- ques en 1850, et en 1853 (1) je lus à la Société d’Emulation du Doubs une notice qui avait pour but d’établir que le terrain wealdien constituait dans ces deux régions une formation dis- tincte se rattachant géographiquement et orographiquement au terrain jurassique, et introduite à tort dans la formation crétacée. J'ajoutais que mes études personnelles m'amenaient à la con- clusion suivante : « que le soulèvement qui avait mis fin à ce qu’on appelle la période jurassique avait eu lieu après le dé- pôt du wealdien et non avant, ainsi que sont obligés de l’ad- mettre les géologues qui le placent à la base de la formation crétacée. » J'avais conservé aux argiles gypsifères le nom de wealdiennes, les travaux de M. Forbes m'étant complétement inconnus à cette époque ; mais depuis que le célèbre géologue anglais a démontré la nécessité de distraire les couches de Purbeck de l'étage wealdien proprement dit, il convient de remplacer par le nom de purbeckien celui de wealdien que j'avais conservé aux dépôts gypseux du Pays-Bas et du Jura. Mais à part ce changement, qui n’attaque en rien le fond, mes conclusions restent les mêmes. Aboerdons en ce moment la partie descriptive de notre tra- vail. L’étage de Purbeck constitue dans les deux Charentes un (3) Mém. de la Soc. d'Emulation du Doubs, 1853. a système de couches composant une masse puissante d’argiles avec amas subordonnés de gypses et de quelques bancs calcai- res, reposant sur des calcaires cariés accompagnés de marnes verdâtres. Mais avant d’en entreprendre la description détaillée, il est indispensable de fournir la preuve qu’il repose directe- ment sur l'étage portlandien auquel il succède à stratification concordante, mais qu’il en est néanmoins indépendant d’une manière complète, et que les rapports généraux de subordina- tion qu’on peut établir entre eux sont de même nature que ceux qui rattachent les uns aux autres, par exemple, l’oxfor- dien au corallien, le kimméridgien au portlandien, le gault aux grès verts supérieurs, etc. Tous les points vers lesquels affleurent les argiles gypsifères ne sont pas également propres pour la vérification directe de cette superposition. Cependant les environs de Jarnac, de Chez-Ville, de Bassac, des Molidards, de Chassors, de la Gibauderie, et où on peut observer les lignes de contact, per- mettent de saisir le recouvrement du calcaire portlandien par le système lacustre de Purbeck. Nous allons passer successi- vement en revue ces diverses lignes. Jarnac est bâti à la base d’un coteau calcaire de forme el- liptique qui est la continuation du coteau plus étendu de Chas- sors, dont il est séparé par une dépression de deux kilomètres au plus, occupée par les argiles gypseuses ; vrai défilé par le- quel l'étage de Purbeck atteint pour la première fois la vallée de la Charente, qu’il franchit, pour aller afileurer au pied des coteaux crétacés qui couronnent la rive opposée. Le coteau de Jarnac, dirigé du S.-S.-E. au N.-N.-0., supporte près de son extrémité orientale où il forme abrupte sur la rivière, le ha- meau de Souillac. Il s’abaisse à partir de ce hameau, au moyen d'une pente ménagée, vers la plaine qui débouche sur Triac et Bassac. Cette plaine est, comme nous l’avons déjà dit, le prolongement sous forme d’un fiord, de celle du Pays-Bas que l’éminence de Jarnac domine de 28 à 30 mètres. L’éloi- gnement où l’on se trouve des matériaux solides a fait ouvrir, dans le coteau de Jarnac, des carrières si nombreuses aux- quelles on réclame des moellons pour les constructions qu’on a toutes facilités pour se renseigner sur sa constitution géolo- gique. On observe d’abord dans les excavations abandonnées DR 1 NES de Souillac, à l'angle même du chemin qui conduit de la route impériale aux prairies de la Charente, un escarpement formé de calcaires marneux jaunâtres disposés en couches bien ré- glées et dans lesquels on peut récolter une suite de fossiles bien conservés parmi lesquels dominent le Cardium dissimile Sow., la Mactra insularum d'Orb., un grand Pecten (P. jarnacen- sis Coquand), l’Anomia jarnacensis Coquand, des Mytilus pec- tinés, et une petite huître, Ostrea Bruntutana ? Ces assises, qui sont les plus inférieures de la série visibles au-dessus de la Charente, sont surmontées par des calcaires oolithiques, soli- des et résistants, et dont les oolithes fort régulières sont enga- gées dans un ciment spathique ou cristallin. Ils ont été exploités au-dessus de la rivière dans une carrière dont les matériaux ont été utilisés pour la construction d’un mur de parc parallèle au chemin qui relie Souillac à Jarnac par la crête des escarpements. Les fossiles que ces calcaires contien- nent font corps intime avec la roche, et ne sont pas suscepti- bles de déterminations spécifiques; on y reconnaît des Pecten et des fragments de Nérinées. Enfin, de nouvelles carrières ouvertes sur l’arête du coteau, mettent l'observateur en présence d’un calcaire jaune ou gri- sâtre, très-dur, à cassure conchoïde, chantant sous le marteau à la façon d’un phonolite, et remarquable par le nombre et la régularité des couches minces dont la masse est composée. Vus d’une certaine distance, les fronts d’abattage ressemblent à des constructions en briques dont le temps aurait troublé un peu l'alignement primitif des rangées, tantles bancs sont d’é- gale épaisseur. Ce calcaire lithographiqne, qui, en se démolis- sant à la surface, donne naissance à un sol pierreux, forme le couronnement du coteau et appartient incontestablement, ainsi que les deux systèmes précédents, à l'étage portlandien. Les couches de cet étage sont à peu près horizontales sur le grand axe du coteau,; elles plongent légèrement vers le S.-0., sur les bords de la Charente; mais quand on se dirige vers le Pays-Bas et qu'on est arrivé dans Jarnac même, à l’embran- chement de la route départementale de Sigogne avec la roule impériale d'Angoulême à Saintes, on les voit s’infléchir brus- quement en sens opposé vers la plaine, c'est-à-dire au N.-E., en faisant avec l'horizon un angle de 25 à 30 degrés. Les cal- M —— caires lithographiques à couches minces sont recouverts par des bancs calcaires plus puissants, contenant des Nucula in- [lexa, et supportant les premières assises de l'étage de Pur- beck. Ces assises consistent en un ou deux bancs d’un calcaire cayerneux et concrétionné, dont les vacuoles sont remplies de marnes verdâtres. Au-dessus se développent les argiles gypsi- fères qui contournent tout le coteau entre Jarnac et Souillac et remontent même en divers points jusqu’au-dessus de la route impériale, en en suivant les mouvements et les ondulations. D'abord très-inclinées vers les premières maisons de la ville, elles reprennent bientôt des allures plus modérées et devien- nent presque horizontales, quand elles pénètrent dans le Pays- Bas. Le calcaire portlandien reparaît sur la rive opposée de Ia Charente, et notamment dans la commune de Gondevil, où il est exploité comme moellon au-dessous des alluvions ancien- nes. Mais les couches y suivent une inclinaison opposée à celle que nous avons signalée à l’entrée de la route de Sigogne, et elles supportent, dans la direction de Saint-Même et de la côte de Montagant, les argiles gypsifères : circonstance qui dé- montre clairement quele côteau de Souillac est le produit d'un Fc. 4, Charente. Souillac. Rte imple, Jarnac. &Pays-Bas. COELPPATECE LS TT À Calcaire portlandien à Cardium dissimile. B — — oolithique. CO — — à Nucula inflexa. D Calcaire carié, base du Purbeck. E Argiles gypsifères. bombement à la suite duquel les couches jurassiques ont éprouvé un double pendage. La fig. 4, tracée à partir du Pays- Bas jusqu'aux coteaux crétacés qui dominent la rive gauche de la Charente, traduit exactement la disposition des couches, telle que nous l’avons indiquée. = M = Le coteau de Chassors, dont, ainsi que nous l’avons déjà dit, celui de Jarnac n’est qu’une dépendance, prend naissance à 2 kilomètres de cette ville, près du château de la Gibauderie, et il se termine à Réparsac, enveloppé de toutes parts, comme une île, par les argiles gypsifères. Sa longueur est de 6 kilo- mètres environ, et sa plus grande largeur ne dépasse pas 4,400 mètres, Il atteint à ses points cul- minants les altitudes de 54 et 59 mètres au-dessus de la mer, et de 30 mètres au- dessus du Pays-Bas. Mais si l’on cherche à pénétrer dans la plaine, de quelque côté qu'on s’y prenne, les côtes primitives se réduisent rapidement et successivement, en descendant à 47 ou 49 mètres, limites où les calcaires portlandiens sont étouffés par les argiles. Les couches, à leur tour, obéissent à une inclinaison correspondante pour plonger sous la plaine et recevoir l'étage de Purbeck. La coupe représentée par la fig. 2, prise entre Jarnac et Ner- cillac et passant par Chassors, montre que les argiles ont participé au mouvement à la suite duquel la formation jurassique tout entière a été disloquée. Le bourg de Chassors est établi presque sur la limite des deux tiages portlandien et purbeckien, au centre même du coteau, et il domine vers le nord-est la vaste plaine du Pays-Bas. Quand on sort de Jarnac, par le chemin qui longe la Charente, on est déjà dans les argiles gypsifères que l'on voit venir se plaquer, en remontant, sur le promontoire portlandien qui se dé- tache de Chassors, à mesure que l’on se rapproche du château de la Gibauderie. L'extrémité de ce promontoire a été entail- lée assez profondément pour l’établisse- ment d'une route, et on distingue dans la tranchée et en couches plongeant vers Jar- "SOIQYISAS SOTIBIY 4 — "HoqUNY 9P 080)9,1 9P 9824 ‘HN ONVOTET) V — ‘Uorpueqod 0887 q EC abnl LT nn, e LES » - "svg-SÂEG “ORIITOI9N *SI08Seu") ‘à ‘JIH “oeuJef “ajuoLEu") ET ES nac, sous un angle de 20 degrés : 4° à la base, le calcaire port- landien avec Nucula inflexa; 2° le calcaire carié, base de l’é- tage de Purbeck; 3° les argiles gypsifères. Si au lieu de continuer à suivre la ligne droite, on fait volte-face, quand on est vis-à-vis du château, et qu’on prenne le sentier qui mène à Chassors, on foule jusque dans l’intérieur du bourg des calcaires jaunes analogues à ceux que nous avons décrits du coteau de Souillac. Mais à peine a-t-on dépassé les premiè- res maisons, quand de l’église on se dirige vers Guitre, ou, en d’autres termes, quand on tend vers le N.-E., que l’on ren- contre des argiles brunâtres dont l'identité et la continuité avec l'argile gypsifère du Pays-Bas ne peuvent laisser place à aucux doute. Cette identité, au surplus, est confirmée par la présence, sous Chassors, de la couche calcaire de deux pieds dont nous aurons bientôt l’occasion d'indiquer l'importance, et qui fournit un excellent point de repère au milieu des roches sans consistance de l’étage de Purbeck. Si les motifs d’après lesquels nous avons établi, soit à Jar- nac, soit à la Gibauderie, la séparation du calcaire portlan- dien d’avec les couches de Purbeck pouvaient paraître insuffi- sants aux yeux de certaines personnes, à cause de la faible longueur sur laquelle le tracé des routes ou quelques accidents de terrain nous ont permis de saisir leur superposition, les puits creusés dans Chassors même fournissent un contingent de renseignements capables de dissiper les moindres doutes qui pourraient subsister à cet égard. En effet, il existe dans ce bourg trois puits placés à peu près sur la même ligne, celui de la maison Longueville, qui est dans la position la plus élevée, celui de la maison Sarrasin et celui de la maison Normand. Ils ne sont séparés les uns des autres que par un intervalle de 25 à 30 mètres. Le premier a atteint la profondeur de 34 mètres, sans sortir du calcaire portlandien ; celui de Sarrasin a d’abord traversé 15 mètres d’argiles gypseuses et ensuite 15 mètres de calcaire ; enfin, le puits Normand, ouvert dans les argiles, n’a rencontré que des argiles et des gypses jusqu’à la profondeur de 27 mètres, et on n’a pas poussé plus bas. Les eaux du puits supérieur sont excellentes, celles du puits Sarrasin passables, tandis que celles du puits inférieur ne sont pas potables. Les conséquences à tirer de ces divers faits se présentent trop na- EUR, turellement d’elles-mêmes à l'esprit pour qu’il soit utile d’in- sister beaucoup dans leur développement. Il nous suffira d’é- tablir qu’à Chassors, comme ailleurs, les calcaires portlandiens sont incontestablement inférieurs aux argiles, et qu’en second lieu il n’existe point d’alternance entre les uns et les autres. Nous dirons incessamment que les argiles ne sont recouvertes que par la formation crétacée. On voit aussi que sous Chassors les bancs du calcaire portlandien, ainsi que cela a été déjà constaté à Jarnac et à la Gibauderie, plongent vers la plaine sous un angle de 50 degrés environ. Les fossiles que ceux-ci nous ont présentés dans le centre même du bourg, sont le Pecten portlandicus des Astarte, des Mytilus, des Mya, des Anatina et la Nucula inflexa. Si de Chassors on descend sur Nercillac, on recoupe les calcaires jaunes ou lithographiques contenant les mêmes fos- siles que ceux de Jarnac. À l’époque où je visitai cette con- trée en 4849, j'ai pu constater que dans un cavage pratiqué près du village, les calcaires jaunes s’abaissaient rapidement versle Pays-Bas, et qu'ils étaient surmontés par une couche de marne bleuâtre de 23 centimètres d'épaisseur, laquelle suppor- tait à son tour un ou deux bancs de calcaire carié, analogue à une cargneule, et dont les cavités étaient formées ou rem- plies par des encroûtements stalactitiques terreux. C’est ce calcaire carié avec les couches subordonnées de marnes, que l’on remarque à Jarnae, à Bassac, à Chez-Ville, entre les Mo- lidards et Hiersac, à Mons, à Nantüillé, à Migron, à Saint- Amand-de-Graves, enfin partout où l’on peut observer vers leurs points de contact, les étages purbeckien et portlandien, c'est ce calcaire, disons-nous, qui constitue les premières as- sises de notre système lacustre. On est conduit logiquement à celte opinion par l'apparition des argiles, que l’on ne rencon- tre nulle part ailleurs au-dessus du portlandien, si ce n'est dans le voisinage des argiles gypseuses. La route directe qui relie Chassors à Jarnac offre aussi ses sujets d'instruction. On y marche en plein dans les argiles de Purbeck ; cependant, à droite et à gauche de Nanclas, où le sol a subi des dénudations considérables, on s'aperçoit aux ondulations du terrain, qu’elles n’ont pas été respectées sur une grande épaisseur et que le calcaire portlandien doit y PRE: De exister à une faible profondeur. En effet, en infléchissant un peu vers le nord, on voit surgir du milieu de la plaine un pe- tit flot, sur lequel est assise la ferme de Montjourdain, qui montre un calcaire feuilleté dendritique avec joints de fausse stratification que l’on observe aussi à Nercillac et qui est ca- racterisé par les mêmes fossiles. Ce calcaire est surmonté par les bancs de calcaire déjà signalés. On retombe immédiate- ment après sur les argiles gypsifères qui, vers le Maine-Blanc et Luchat, s'appuient sur le calcaire Jaune à la hauteur de Vil- leneuve ; elles contournent un promontoire portlandien par le- quel se termine au nord le coteau de Chassors : à Réparsac, elles se confondent avec la plaine du Pays-Bas, et viennent se rejomdre entre la Gibauderie et Jarnac, après avoir passé sous Nercillac et la Julienne, et dans tout ce parcours on les voit reposer constamment sur les calcaires de Portland qui s’abaissent pour les recevoir. La plaine du Pays-Bas, déjà resserrée entre les coteaux de Chassors et ceux des Métairies, qui leur sont opposés, débou- che dans la vallée de la Charente par deux goulots, celui que nous avons déjà indiqué entre Jarnac et la Gibauderie, et par un second qui s'ouvre au-dessous du coteau de Souillac, par où elle gagne la base des escarpements crétacés des Molidards, en formant une bande découpée de chaque côté de la vallée. Les affleurements des argiles de Purbeck sous les plateaux de Monlagant, de Saint-Même, de Saint-Amand-de-Graves et d’Angeac-Charente, démontrent que, dans le milieu même de la vallée, elles sont masquées en grande partie par les ailu- vions anciennes et modernes, et que c’est au milieu d’elles que la rivière a creusé son lit. Aussi la faible résistance qu'elles ont opposée aux agents démolisseurs est attestée par la lar- seur de la plaine qui s'ouvre depuis Saint-Simon jusqu’à Bourg-Charente. Au delà de ces deux points , où les argiles gypsiféres ne sont plus représentées, la rivière se trouve en- caissée effectivement entre des coteaux très-rapprochés. Au surplus, elles pointent de distance en distance au milieu de la plaine, et notamment à la Barde, entre Saint-Même et le pont de la Vinade. Sur la rive droite de la Charente, elles forment une zone assez large qui s'étend sons les Molidards et vient expirer au- 2 Qi. dessus de Vibrac. Seulement, on observe dans cette zone des protubérances à contours émoussés : ce sont autant d’écueils portlandiens cachés sous les argiles, ou bien des îlots émer- gés. Ainsi, au N.-0. des Plantes, sur la Guirlande, il existe une de ces buttes qui s’avance presque jusqu’à Bassac et qui n'est séparée du coteau calcaire d’Epineuil que par une dé- pression envahie par les argiles gypsifères. Le portlandien re- paraît à Saint-Simon, où il se relève sensiblement et vient, au- dessus de Vibrac, se laisser recouvrir directement par le ter- rain Crétacé, sans l'intermédiaire de l'étage de Purbeck. Si nous franchissons la Charente en face de Saint-Simon, el si nous remontons jusqu'aux coteaux qui se dressent au- dessus de Saint-Amand-de-Graves, nous verrons, près de la Natrie, s'échapper de dessous les alluvions anciennes, le cal- caire portlandien qui, là aussi, supporte les bancs de calcaire carié, et ceux-ci surmontés par les argiles gypseuses. L’étage de Purbeck est recouvert presque immédiatement par la craie inférieure. Les environs de Bassac offrent à leur tour une contrée in- téressante et conforme à ce que nous ont déjà montré les loca- lités précédentes. Chez-Ville est un petit hameau dépendant de la commune de Bassac et situé au N.-E. de son chef-lieu. Il est assis sur un monticule élevé de 37 mètres au-dessus de l'Océan, et de 17 mètres au-dessus de la Charente. Ce monti- cule est composé de calcaires jaunes avec Pecten jarnacensis, Cardium dissimile et Mactra insularum, fossiles qui abondent dans les excavations qui ont fourni les matériaux avec lesquels les maisons du hameau ont été bâties. Quand on se rend à Bassac par le chemin de charrette qui aboutit en face de l’an- cienne abbaye, on voit les bancs presque horizontaux sur la hauteur, s’abaisser brusquement vers le sud-ouest, et surmon- tés presque au niveau de la plaine par des calcaires lithogra- phiques à couches minces remplis de Nucula inflexa. Le banc de calcaire carié apparaît bientôt, et au-dessus de lui les argi- les gypseuses, que l’on ne quitte plus jusqu'aux bords de Ja Charente. Ces argiles sont occupées par des prairies et par des vignobles au milieu desquels on aperçoit quelques frag- ments d’un calcaire plat et blanchâtre qui représentent les épaves de la couche de deux pieds que les dénudations et la — 4149 — charrue ont arrachées à leur gisement. primitif. Ces argiles, qui se lient sans interruption à celles du Pays-Bas, contiennent à deux pas de là, dans la commune de Triac, des gypses qui ont été l’objet de quelques recherches. Bien avant d'atteindre la Charente, les calcaires de Portland et les couches de Pur- beck reprennent leurs allures ordinaires, c’est-à-dire une faible inclinaison. Dans l’enclos muré dépendant de l’ancienne ab- baye, on aperçoit sur les bords du canal du moulin, les assises Fic. 3. Chez-Ville. Bassac. Q? Tr D ain pee ire UEQUAh Sr R NN PA ST va ne A Calcaire portlandien à Pecten jarnacensis. B Calcaire portlandien à Nucula inflexa. C Calcaire carié, base du Purbeck. D Argiles gypsifères. inférieures des argiles gypseuses et le banc carié reposant sur le calcaire jaune portlandien. Ce dernier est exploité aux deux extrémités de Bassac. La fig. 3 indique les divers rapports que nous venons de signaler. Jusqu'iéi nous avons vu, de la manière la plus positive, les argiles de Purbeck s'appuyer en concordance de stratification sur les calcaires portlandiens : mais il ne faut pas perdre de vue qu’elles possèdent tous les caractères d’une formation la- custre, et qu’elles ne doivent constituer par conséquent que des dépôts limités, qui n’ont pas pu recouvrir l'étage portlandien sous-jacent dans toute l’étendue de son développement. Ainsi, en dehors de la région du Pays-Bas, où elles ont atteint leur maximum de puissance et séparent nettement le portlandien de la craie inférieure, elles subissent des amincissements suc- cessifs jusqu’au-dessous de Vibrac, où elles ne forment plus, entre les argiles lignitifères de la craie et les calcaires de Portland, qu'umre bande mince que quelques rognons de gypse — 20 qu’elle retient encore servent à faire reconnaître. Mais au- dessus des Courades, les argiles ont disparu, et le second étage de la craie inférieure repose directement sur l'étage portlandien, qui conserve seul le privilége de servir de cou- ronnement à la formation jurassique. Ainsi, dans les vallons voisins de Champmillon et à Nersac, où les escarpements per- mettent de prendre des coupes de terrains très-nettes, on voit les calcaires à ichthyosarcolites E fig. #, les grès D et les ar- giles lignitifères C se su- perposer aux calcaires à Nucula inflexa À, tandis que sous les Molidards, dans le même coteau, la série crétacée est séparée de ceux-ci par les argiles gypsifères de Purbeck B. Cette disposition dé- voile les circonstances sous l’empire desquelles le dépôt de Purbeck s’est effectué. En effet, il de- vient plus que vraisem- blable que, immédiate- ment après la formation du calcaire portlandien, un exhaussement lent a permis aux couches ju- rassiques de s’élever au- dessus de l'Océan. Une vaste dépression se forma ensuite dans cette por- tion émergée, depuis les Molidards jusqu'à la pointe de Chassiron et au delà, et cette dépres- sion fut occupée par un lac d’eau douce au fond duquel se déposèrent les sédiments dont nous be S919 (I HIT ”) g Ie) Ÿ [ S° S SO[ISIV ‘Sontust U9Ipur[J10d o1t ‘DQUN02 091150 *S0JI[0016S0 JUIL LR SIL") R “Xooqing 9p Sa4aJISdA *"DTOJUL VININN *SPIRPIJON Sp nvojerd 14 1) ‘uopuuduey 2 = EN — fournissons en ce moment la description. L'abaissement des couches portlandiennes partout où afileurent les argiles gypsi- fères, c'est-à-dire sur les bords du bassin, et leur niveau con- stamment plus élevé en dehors des affleurements, impriment à notre explication un cachet de vraisemblance qui, à nos yeux, a toute la valeur d’une théorie démontrée. Mais poursuivons nos reconnaissances. La route de Jarnac à Sigogne nous montre sur une foule de points le recouvrement du calcaire portlandien parles argiles gypseuses. On y retrouve les mêmes fossiles qu’à Souillac et à Chez-Ville. On constate les mêmes relations sur les contours du grand lac jurassique, à Macqueville, à Brie-sous-Matha, à Sonnac, à St-Hérie, à Blanzac, à Aumagne, à Saint-Même, à Bercloux et à Brizem- bourg. Dans tout ce vaste périmètre qui comprend une courbe frangée de plus de 22 lieues de développement, les argiles de Purbeck sont constamment supportées par les calcaires da Portland et ne sont jamais recouvertes. Leur recouvrement s’eflectue seulement à partir de Villars, à l'extrémité méridio- nale de l'arrondissement de Saint-Jean-d’Angely jusqu'aux en- virons de Bourg-Charente, et depuis Bourg, où les argiles fran- chissent la Charente, jusqu’au-dessus d’Angeac, où elles ces- sent. On observe aussi un point recouvert entre les Molidards etles Courades, sur la rive droite de la vallée, mais la forma- lion qui les opprime et les cache au jour est exclusivement crétacée, et de plus un étage comparativement récent de la formation, car le néocomien et le gault font défaut dans les deux Charentes. Nous aurons bientôt occasion de démontrer que la craie s'appuie transgressivement sur les différents éta- ges du terrain Jurassique, et que, par conséquent, il devient impossible de souder à son histoire l’histoire des couches de Purbeck. La plaine du Pays-Bas est parsemée de quelques îlots port- landiens analogues à celui que nous avons reconnu à Mont- Jourdain entre Jarnac et Chassors. Ainsi le village de Migron, dans l'arrondissement de Saint-Jean-d’Angely, est bâti sur un monticule isolé, et les puits, qui ont en moyenne une profon- deur de 14 pieds, sont foncés en entier dans un calcaire* jau- nâtre avec Cardium dissimile. La butte qui supporte le village de Mons est un peu élevée au-dessus de la plaine, mais beaucoup moins que pourrait le faire supposer le relief exagéré de la carte de Cassini. Son alti- tude est de 32 mètres seulement, tandis que la Vrignolle, qui n’est qu’à deux pas plus bas vers le sud, et où l’on exploite la couche de deux pieds, est à 17 mètres. Si le portlandien de Mi- gron, qui a 24 mètres au-dessus de la mer, à été mis à décou- vert par l’ablation des argiles qui le recouvraient primitive- ment, le plateau de Mons paraît être dû à un bombement analogue à celui de Souillac, et à la suite duquel le calcaire de Portland a atteint un niveau un peu plus élevé que les localités circonvoisines. On rencontre dans les carrières de Romfort rapprochées du hameau, ainsi que dans divers points du pla- teau, le banc de calcaire carié avec les marnes bleuâtres su- bordonnées. C’est dans celles-ci que j'ai recueilli de nombreux rognons de strontiane sulfatée lithoïde, semblables à ceux que contiennentles marnes gypseuses de Montmartre. Nous résumerons les documents qui précèdent en disant : 1° que les couches de Purbeck occupent, dans les arrondisse- ments de Cognac et de Saint-Jean-d’Angely, une vaste dépres- sion dont l’axe principal dirigé du S.-E. au N.-0. aboutit à Vi- brac et à Nantillé ; 2° qu’elles reposent directement sur l'étage portlandien, dont les bancs s’inclinent sensiblement vers les points de contact ; 3° qu’elles n’alternent point avec les calcai- res de l'étage portlandien, mais qu’elles forment au contraire au-dessus d'eux un étage distinct et séparé; 4° qu’elles sont recouvertes transgressivement par les grès verts supérieurs. La plaine du Pays-Bas n’est pas la seule contrée où aient été observées les argiles de Purbeck. On les a reconnues aussi au sud-ouest de Rochefort, à Moëse et à Saint-Froult, ainsi qu’à la pointe de Chassiron, dans l’île d'Oléron. Comme elles se prolongent sous l'Océan, il est impossible de leur assigner des limites fixes. Il est probable que ces nouveaux gisements, qui, d’ailleurs, ne se montrent pas au Jour sur une vaste sur- face, sont le prolongement des argiles du Pays-Bas, lesquelles sontrecouvertes, à partir de Cognac, par le grand manteau de craie qui s'étend sur une partie notable de la Charente-[nfc- rieure et sur les îles voisines du rivage. Si cette supposition, qui à en sa faveur toutes les vraisemblances, se vérifiait, il faudrait attribuer au lac jurassique une extension très-consi- me M dérable et dont l'Océan dérobe à nos yeux une portion incon- nue. [l est incontestable, toutefois, que l'étage purbeckien a été atteint par le sondage exécuté en 1834 dans l'hôpital de la ma- rine de Rochefort, et qui a été poussé jusqu’à la profondeur de 103" 40. En effet, jusqu’à la profondeur de 50% 40, la sonde a traversé les argiles à Ostrea columba, les bancs à ichthyosar- colites, les calcaires à miliolites, des marnes et du grès {étage carentonien); puis des argiles noires pyriteuses avec sucein (étage gardonien). Au-dessous de ce système crétacé, on a avancé de 55 mètres dans une marne fétide qui contenait des écailles de poisson. Ces marnes se rapportent incontestable- ment et ne peuvent se rapporter qu'aux argiles de Purbeck, qui, dans le Pays-Bas comme sous Rochefort, renferment de nombreuses écailles de poissons. Si les argiles eussent man- qué dans cette contrée, la sonde eût traversé infailliblement les calcaires portlandiens qui existent dans les environs, mais au-dessous des argiles gypsifères. Rochefort est distant de 9,000 mètres environ du village de Saint-Froult, où afileure le Purbeckien et où l’on a exploité du gypse. Il est donc bien prouvé que les afileurements de Saint-Froult et de Moëse se lient à un dépôt souterrain qui s'étend sous le terrain de craie et du côté de Cognac et du côté de l'Océan. Lorsque je visitai Saint-Froult en 41850, l'extraction de la pierre à plâtre avait cessé depuis bien des années. J'ai pu n’assurer seulement, en parcourant les haldes anciennes, que le gypse, ainsi que les argiles ramenées de la profondeur, étaient identiques aux matériaux de même nature qu’on ren- contrait dans le Pays-Bas. J'avais observé les argiles en place dans les marais salants, à la base même du coteau sur lequel s'élève le village, et j'avais recueilli, un peu au-dessus de la plaine, dans un banc calcaire subordonné, des myriades de cyclades mêlées à des dents et à des écailles de poissons. C’é- taient bien là la place et les fossiles de la couche de deux picds si caractéristique de la formation du Pays-Bas. À la profon- deur de 45 pieds, d’après ce que me rapporta le propriétaire du terrain où les puits avaient été creusés, on avait été arrêté par la rencontre d’un calcaire jaune dont il me montra des frag- ments et dans lesquels je recueillis le Pecten jarnacensis et le Mactra insularum. Le OA à — Ces renseignements ne cadrent pas exactement avec ceux qu'on a fournis à M. Manès ; car, suivant ce géologue, les ar- giles (1) n'auraient pas été traversées complétement. Elles comprendraient, à la profondeur de cinq mètres, un banc d'environ 1" 50 d'épaisseur, d’un gypse fibreux, saccharoïde ou lamellaire, dont la formation ne diffère point, comme on le voit, de celle des gypses des environs de Matha. Toutefois ces versions, malgré leur légère différence, ne sauraient prévaloir contre l'autorité des faits, qui sont bien loin de concorder avec l'opinion exprimée par M. Dufrénoy, ce savant admettant que le gypse est subordonné à Saint-Froult au calcaire à ichthyosar- colites. Ces derniers existent bien, il est vrai, sur les coteaux opposés à la Bridonnerie, par exemple ; mais, à coup sûr, ils ne franchissent pas le chenal qui alimente les marais salants qui sont en plein dans le Purbeck. M. Manès cite encore les argiles gypsifères au sud de Saint- Froult, dans les environs de Moëse, où abondent les fossiles du calcaire de Purbeck. Enfin les argiles gypseuses existent dans l’île d'Oléron. Je parcourais cette île en 1832, mais à cette époque je n'étais point assez familiarisé avec l'étude de la géologie pour pouvoir saisir les rapports des divers étages de la formation jurassique. Seulement j'avais rapporté des environs de Saint-Denis des fossiles qui se sont trouvés être les mêmes que ceux des co- teaux de Jarnac. M. Manès décrit les argiles de Purbeck du nord du château et du rocher de la Mortanne : mais elles sont beaucoup mieux développées et plus apparentes aux environs de Saint-Denis. Elles y forment un dépôt qui constitue presque toute la falaise entre Saint-Denis et Chassiron. Vers la pointe de Chassiron et sous une inclinaison générale de 25 degrés au sud-est, M. Manès a vu, à la base, une masse de calcaire jaunâtre surmontée d’un bane de quinze à vingt mètres d’argiles. Vers la Morlière et sous une inclinaison gé- nérale de 40 degrés au N.-0., le même géologue a observé une alternance de marnes schisteuses lignitifères et de petits bancs (1) Description physique, géologique et minéralogique du département de la Charente-Inférieure, pag. 124. és, Dé de calcaire marneux ou de calcaire rugueux, sur une épaisseur de deux mètres environ ; une couche supérieure d'argile schis- teuse de un mètre d'épaisseur, avec boules disséminées de gypse saccharoïde et lamellaire ; enfin, dans le haut de la fa- laise, environ quatre mètres d’une alternance de marnes gri- sâtres et de calcaire jaunâtre. À Saint-Denis, un puits foncé dans ce dernier calcaire, sur la route du port, à rencontré, à la profondeur de vingt-quatre mètres, un banc de 0,45 à 0",20 de gypse, qui a été essayé et trouvé très-bon (1. Les descriptions et les détails qui précèdent sont suffisants pour indiquer que les rapports que nous avons observés dans le Pays-Bas, entre les calcaires portlandiens et les argiles gypsifères, subsistent les mêmes sur les bords de l'Océan. Il nous reste à démontrer que l'étage de Purbeck, quoique dis- tinet de celui de Portland, fait partie néanmoins du terrain jurassique et non point du terrain Crétacé. Les divers travaux publiés sur la géologie du sud-ouest de la France ont établi perlinemment que la formation crétacée n'y est point aussi complète que dans d’autres régions, le bassin de la Seine ou la Provence, par exemple, puisque le terrain néocomien tout entier, le gault et les couches de Sainte-Cathe- rine, près Rouen, y manquent d’une manière absolue. On sait aussi que la craie y a débuté par les argiles lignitifères de l’île d'Aix, c’est-à-dire par le second étage de la craie inférieure ; mais, à partir de ce point, les étages s’y sont succédé réguliè- rement et sans interruption jusqu'aux couches supérieures de Maëstricht. [n’est pas douteux, par conséquent, que le terrain Jurassique, après la révolution qui mit fin à son existence, dût rester émergé jusqu’au moment où la mer crétacée vint enva- hir le sud-ouest. Cette vérité est confirmée par la façon dont se comportent les étages de la formation de la craie par rapport à ceux de la formation jurassique. En effet, les premiers sédi- ments déposés au fond de cette mer reposent d'une manière transgressive et indifféremment sur tous les étages du terrain Jurassique qu’ils purent aiteindre. C’est ainsi que depuis les environs de Saint-Sulpice, au-dessus de Cognac, jusqu’au delà (1) M. Manès, Loco citato, pag. 426, mn. OR e. de Tonnay-Charente, 1ls recouvrent les étages purbeckien, portlandien et kimméridgien. Depuis Saint-Sulpice jusqu’à Angeac-Charente, ils recouvrent les argiles de Purbeck; depuis Nersac jusqu'à Angoulême, ils recouvrent les étages portlan- dien et kimméridgien. Dans les alentours de Garat, de Bouex, de Grassae, ils s'appuient indistinctement sur les étages coral- lien et oxfordien. Or, comme le recouvrement s'opère inva- riablement par un étage unique, celui des argiles de l’île d'Aix, qui est en même temps le plus inférieur de la formation, l’in- dépendance réciproque des termes recouverts et des termes recouvrants, devient chose clairement démontrée d’après des témoignages irréfragables. Donc les argiles de Purbeck appar- tiennent bien réellement à la formation jurassique. Si après avoir indiqué la nature des matériaux dont est com- posé notre étage, ainsi que l’ordre dans lequel ils sont disposés, nous parvenons à leur reconnaître une origine lacustre, il ne nous sera pas difficile de faire admettre leur parallélisme avec les assises lacustres qu’on observe soit en Angleterre, soit dans la chaîne du Jura, entre l'étage portlandien d’un côté et le ter- rain néocomien de l’autre, et de montrer ainsi l'importance que cel étage, à peine soupçonné en France, a réellement dans la géologie de cette contrée. La composition du système de Purbeck dans toute l'étendue de la formation, est constante et simple en même temps. Elle consiste, en les énumérant à partir de la base, dans les termes suivants : 1° Calcaire carié avec marnes subordonnées . 1,60 2° Argiles gypsifères. . . . PRES M CT LS 3h Couche calcaire dite de deux He peer » 66 4° Areiles supérieures. 2,600 20107 Epaisseur totale. . . 50 à 58" T. CALGAIRE CARIÉ. — Il ressemble à une véritable cargneule, telle qu’on l’observe dans le muschelkalk ou dans le lias infé- rieur. Il est formé d’une masse concrétionnée, stalactitique et cloisonnée. Les parois des cloisons consistent en un calcaire cristallin ou terreux : elles sont irrégulières, polyédriques et emprisonnent une marne grise ou verdâtre qui a disparu dans D "e les affleurements anciens, qui prennent alors un aspect caver- neux. On dirait que le carbonate de chaux a rempli après coup des fissures que le retrait aurait provoquées au milieu d’une marne argileuse dont il serait pour ainsi dire le squelette. Le calcaire varié est toujours accompagné à sa base et à sa partie supérieure d’une couche de marnes verdâtres entre lesquelles il forme un banc unique, ou bien il se montre disposé en petites plaques jJuxta-posées. Je n’y ai jamais observé de fossiles. IT. ARGILES GYPSIFÈRES. — La roche dominante de l'étage de Purbeck est l'argile : tous les autres matériaux lui sont subor- donnés. Ses couleurs sont le gris cendré , le verdâtre, ou le noirâtre. Elle est disposée en couches minces, régulières, pa- rallèles entre elles et offrant un nombre très-considérable de courbes ondulées , telles qu'on en observe fréquemment dans les terrains tertiaires lacustres. Ce caractère est surtout nette- ment accusé dans les tranchées fraîchement taillées. Les ar- giles n'offrent traces ni de grains de quartz ni de parcelles de mica; elles sont légèrement calcaires. Elles se rapprochent beaucoup des glaises franches, sont liantes comme elles et sont estimées pour la fabrication des tuiles. Leur ténacité rend le parcours à travers le Pays-Bas très-fatigant, lorsque le sol est détrempé par les pluies. Si le gris et le noirâtre sont les couleurs dominantes, cependant les teintes verdâtres, rougeä- tres et jaunâtres sont assez souvent représentées, et toutes ces nuances alternantes donnent à l’ensemble un aspect panaché et jaspoïde qui rappelle d’une manière frappante la physiono- mie des marnes irisées. Cette ressemblance est complétée par la présence du gypse qu’on exploite au milieu des argiles et qui s’y trouve engagé sous forme d’amas lenticulaires inter- rompus, d'un volume variable. Toutefois, bien que la pierre à plâtre ne se présente pas en bancs continus dans toute l’éten- due de l'étage, elle est répandue assez abondamment pour qu'il ait été possible d’attaquer plusieurs gisements qui ne sont pas dépourvus d’une certaine importance. Par malheur, la profondeur à laquelle on est obligé de parvenir avant de l’al- teindre, et la faible élévation de la plaine au-dessus des cours d'eau, n'ont permis d'ouvrir que des chantiers inondés qu'on ne peut guère mettre en activité que pendant les mois les plus chauds de l’année, | Les argiles contiennent en assez grande abondance des frag- ments de végétaux carbonisés, ainsi que des écailles, des dents et des ossements de poissons. IT. Gypse. — Cette substance s’y présente à l’état fibreux, lamellaire ou saccharoïde. Il serait sans intérêt de décrire ici d'une manière détaillée les diverses variétés que présente la pierre à plâtre. Leur description trouvera plus naturellement sa place dans l’énumération des coupes que nous donnerons bientôt des principales carrières. Il nous suffira de dire, pour le moment, que le gypse est engagé dans la partie moyenne de l'étage et qu'il est complétement subordonné aux argiles. Je n'y ai jamais observé le moindre vestige de corps organisé fossile, si ce n’est une branche d'arbre dans un échantillon de la collection de M. Bauga; mais les argiles interposées con- tiennent des écailles de poissons. IV. COUCHE CALCAIRE DE DEUX Pieps. — Nous devons men- tionner d’une manière toute spéciale l'existence, au-dessus des gypses et complétement noyé dans les argiles, d’un petit sys- tème de couches minces et régulières d’un calcaire jaunâtre ou grisâtre, à grains serrés ou oolithiques, généralement assez so- lides, exhalant sous le choc du marteau cette odeur sui generis parliculière aux calcaires lacustres, et que le géologue exercé sait si bien reconnaître, s’il ne peut la décrire. Ce système, remarquable par sa persistance dans toute l'étendue de la for- mation, dessine un de ces excellents horizons, comme on est heureux d’en trouver quelquefois, et, d'autant plus intéressant dans la contrée du Pays-Bas, que c’est lui qui fournit les di- verses coquilles d’eau douce qui permettent d’assigner à l'étage de Purbeck une origine lacustre. Son épaisseur oscille entre un pied et demi et deux pieds et elle est rarement dépassée. Voilà pourquoi nous l’avons désignée par le nom de Calcaire de deux pieds. Toutes les fois que les dénudations ne l'ont pas emporté, on est bien sûr de le rencontrer dans sa position voulue. Si, au contraire, il se trouve trop près de la surface, ou si les pluies, en détrempant et emportant les argiles infé- rieures, l'ont privé du support qui le maintenait en place, ou bien si la charrue l’a arraché à son gisement naturel, le cal- me: no = caire de deux pieds est disloqué et ses fragments gisent épars ça et là sur le sol, comme si les champs sur la surface desquels ils sont dispersés, avaient été visités par un courant qui y au- rait transporté des galets de rivière. En effet, ces fragments, par une longue exposition à l'attaque des agents extérieurs, finissent par perdre leurs angles et leurs arêtes vives et prendre l'apparence de véritables galets; mais un simple coup-d’œil suffit pour faire voir que la surface en est rugueuse et manque de poli. Le Champ-Blanc, près de la forêt de Jarnae, les envi- rons de Bassac et de Triac offrent souvent des étendues plus ou moins larges occupées par ces fragments éparpillés. Les variétés, qui sont le plus fréquemment représentées dans le calcaire de deux pieds, et qu’on rencontre dans presque tous les gisements, sont les suivantes : A. Oolithique.—Cette variété consiste en un calcaire composé d’oolithes grises ou brunâtres, de la grosseur moyenne d’une graine de millet, irrégulières, bosselées ou aplaties, très-ser- rées et engagées dans un calcaire de même nature, mais d’une couleur un peu plus claire. Leur cassure est pierreuse. Cepen- dant leur centre offre quelquefois une petite cavité tapissée de points cristallins, indice d’une tendance à la forme géodique. Souvent elles forment la masse entière de la roche, ou bien elles alternent ou se mélangent avec des calcaires marneux qui, dans ce cas, possèdent la structure feuilletée ; plus rare- ment elles dessinent des espèces de traînées au milieu d’un calcaire compacte. Quand les oolithes sont isolées, elles ne pré- sentent pas toutes les mêmes dimensions : on en voit un cer- ain nombre qui sont plus aplaties et prennent l'aspect et la forme des lentilles. Examinées à une forte loupe, elles mon- tent dans la cassure une structure rubanée, concentrique qui trahit suffisamment leur origine travertineuse. Ce sont ces corps qui, lorsqu'ils sont d’un très-petit volume, de taille uni- forme , et accumulés sur les plans de séparation des couches, ont été pris pour des Cypris. C'était mon opinion, le premier jour que Je récoltai de ces calcaires dont la position justifiait la présence de ces petits crustacés; mais une observation mi- nulieuse faite dans le cabinet me prouva que la forme des oolithes n'avait rien d’organique. On trouve les calcaires oolithiques bien représentés dans le ne 100 Pays-Bas, à Croix-de-Pic, à Montgaud, àNantillé, à Toinot, à Orlut, ainsi que dans les environs de Triac. B. Concrétionnée. — Cette variété est formée de petits glo- bules miliaires, concrétionnés , composés d’un calcaire cris- tallin et agglutinés les uns avec les autres sans apparence de ciment. Comme ces globules sont presque tous sphériques et que l’adhérence ne s'établit que par quelques points, il résulte de cette disposition que la masse est criblée de nombreuses vacuoles qui la rendent finement poreuse. Cette variété n’est qu'une modification de la précédente et qui a dû se former dans des conditions à peu près identiques. Elle abonde à Vri- gnolles, à Montgaud, à Montour et à Audebert, entre Sigogne et Réparsac, où elle est exploitée comme pierre à paver. C. Travertineuse. — Cette variété est représentée par un calcaire grisâtre ou blanchätre, marbré de jaune, à cassure pierreuse et lithographique, mais traversé dans tous les sens par des tubulures irrégulières, qui sont quelquefois de véri- tables crevasses et lui donnent l'apparence d’une pierre meu- lière. Quelques échantillons présentent aussi une structure stratoïde très-prononcée et qui les ferait prendre pour du tra- vertin moderne. Le côteau de Souillac à sa base, les carrières d’Audebert, Montour, Sainte-Sévère, sont les localités où ce calcaire travertineux se montre avec le plus d’abondance. D. Lumachelle. — I arrive souvent que le calcaire de deux pieds se convertit en une vraie lumachelle formée presqu’en- tièrement par des coquilles bivalves, généralement écrasées et tellement pressées que le ciment qui les unit est à peine visible. L'entassement de ces coquilles, en lits alternatifs, se traduit par une structure schistoïde qui permet de subdiviser les bancs en plaques minces et à faces parfaitement parallèles. Les espèces qui ont concouru à leur formation appartiennent aux genres Cyclas et Cyrene. On y remarque aussi des corbules, autant du moins qu'il est possible de bien les reconnaître dans des moules imparfaits, des Physa, des Paludina, des Auricula et des Melania; mais les univalves y sont rares. Le jour où la Société géologique de France visitait les carrières de gypse de Montgaud, j'eus la bonne fortune d'y recueillir un exemplaire magnifique de la Physa Bristovii Forbes. Les calcaires luma- chellaires sont tantôt compactes comme à Saint-Froult, d’où j'ai Sons PRE “= rapporté de très-belles Cyclades, à Montgaud et à Nantillé, tantôt travertineux, comme à Vrignolles, à Orlut, et tantôt marneux comme à Sainte-Sévère, à Triac et à Nantillé. Des écailles et des dents de poissons se trouvent très-souvent mê- lées aux coquilles fluviatiles. E. Compacte. — Cette variété consiste en un calcaire blan- châtre ou rosâtre, pierreux, à cassure esquilleuse et ordinaire- ment constellée de dendrites de manganèse peroxydé. Cette variété, qui est la plus commune, se trouve à Montour, à Champ-Blanc et dans les communes de Triac, de Bassac, de Jarnac et sous les Molidards. F. Marneuse. — C’est un calcaire blanchâtre, marneux, donnant par insufflation une odeur prononcée d'argile et pré- sentant une structure un peu schisteuse. Ces diverses variétés n’ont rien de bien absolu dans leur dis- tribution géographique. Elles passent fréquemment les unes aux autres dans un même gisement; mais on peut dire d’une manière générale que les variétés travertineuses, lumachel- laires et compactes sont prédominantes. Voilà pourquoi partout où on peut atteindre, sans trop de frais, la couche de deux pieds, elle devient l’objet d’une exploitation active, le Pays-Bas n'offrant pas d’autres matériaux solides qu’on puisse utiliser comme moellons. Nous avons dû nous appesantir sur la description de ce cal- caire un peu plus que sur celle des argiles et des gypses, d’a- bord parce qu’il contient les fossiles d’eau douce, et ensuite parce que la forme, grossièrement oolithique qu'il prend quel- quefois, a été un des motifs qui ont fait considérer par quelques géologues les argiles gypsifères du Pays-Bas comme enclavées dans l'étage portlandien et par conséquent recouvertes en par- tie par lui. Il était utile aussi de bien définir ses caractères et sa position pour qu'on pût le distinguer nettement des calcaires jaunes et lithographiques qui forment le couronnement de l’é- tage de Portland et sur lesquels les couches de Purbeck sont constamment appuyées. G. Argiles supérieures. — Les argiles qui surmontent le calcaire de deux pieds ne diffèrent pas des argiles inférieures. Nous ne les mentionnons ici que pour bien indiquer l’ordre dans lequel se superposent les matériaux de l'étage de Purbeck. DE pee J'ai remarqué pourtant, partout où j'ai pu les étudier, qu'elles étaient rouges à leur partie supérieure, ainsi qu'on peut s’en assurer en face de la montée de Montagant, près de Jarnac, sur la route impériale, à Fontaulière sous Cherves, à Saint- Même, etc. Les coupes suivantes, que nous avons relevées avec soin, donneront une idée exacte de la manière dont les éléments constitutifs de la formation purbeckienne sont distribués sur divers points du bassin qu’ils occupent, et en même temps des différences qu'ils présentent suivant les localités où on les ob- serve. Les carrières de Montgaud sont sans contredit un des points les plus instructifs pour ce genre d'étude; e’est par lui que nous débuterons. Montgaud est placé à l’ouest dans le Pays-Bas, un peu au- dessous des escarpements crétacés qui dominent la plaine. Quand on arrive aux plâtrières par Cherves, on observe dans Cherves même le calcaire à ichthyosarcolites, au-dessous le grès à orbitolites, et enfin les argiles bleues lignitifères qui forment la base de la formation crétacée. Un peu au-dessus des fossés de la route, ce système est recouvert par des sables ter- liaires. Aux argiles lignitifères succèdent des argiles d’un rouge amarante foncé qui appartiennent aux couches de Purbeck et qui recouvrent elles-mêmes d’autres argiles, grisâtres ou verdâtres, que le dessèchement fait agrouper en petites mottes, lesquelles s’écrasent en poussière sous les doigts en les touchant, et se réduisent dans l’eau en une boue liquide plutôt qu'en une pâte tenace ou liante. Ces argiles vous conduisent jusqu'aux carrières exploitées près du village de Montgaud. La figure 5 donne les détails de la carrière Durand. On remarque : 1° Une argile compacte À, un peu rougeâtre, qui constitue elle-même le sol végétal des environs; 2° Un ensemble de couches d’une argile très-feuilletée B, brune, passant à l’argile précédente ; 3° Une série de couches très-minces et très-régulières d’un calcaire C (couche de deux pieds), de couleur jaunâtre ou gri- sätre, à grains fins, ou oolithique, très-solide et contenant des coquilles d’eau douce ; ne Han 4° Une masse d’argiles D jaunâtres, feuilletées et régulière- A Argile brune. = B Argile brune. |C Calcaire de deux pieds. D Aroile jaune, très- feuilletée. E Argile avec cristaux de gypse. ? F Gypse gris. DS G Gypse carré ayec Th gypse fibreux. H Gypse couillard. LLC am M CE En SENS 1 Argiles noirâtres. K Gjypse, dit couche plane. L Gypse impur. AD + 2 a TS ment stratifiées, renfermant des branches de végétaux carbo- nisés ; 5° Des argiles noirâtres très-feuilletées E, dont chaque feuillet est séparé des feuillets contigus par un enduit noir comme de l’encre. Cet enduit disparaît au feu et il est certai- nement dû à la décomposition de matières animales ou végé- tales : on y remarque quelques cristaux de gypse mal con- formés ; 6° Gypse grisâtre F, presque lamelleux, contenant par places des rognons ou des boules d’albâtre blanc ou jaune roussâtre, se fondant dans la masse. Le tout est entremêlé de veines irré- gulières d'argile noire. C’est la couche que les ouvriers appel- lent le plâtre gris ; F 7° Gypse G lamelleux gris, intercalé entre deux couches d’un gypse fibro-soyeux blanc, teinté de gris, dont la direction des fibres est perpendiculaire au plan des couches. C’est la couche dite par les ouvriers plâtre carré avec bandes de lard ; 8° Gypse saccharoïde ou lamelleux H, noir de fumée, mais tellement souillé d’argiles qu’on le rejette sur les haldes. C’est le plâtre couillard des ouvriers ; 9° Argiles I, feuilletées noirâtres ; 10° Gypse K, nommé la couche plane, et la plus impor- tante de toutes, composé d’une pierre à plâtre compacte, grise, et traversée par des veines déliées d’une argile noirûtre, brillante et onctueuse. Ce banc que l’on enlève à la poudre n'offre pas une con- tinuité constante dans toute l’étendue de la carrière. Il admet quelquefois des nids d'argile qui, en l’interrompant, ont forcé le gypse à revêtir une structure tuberculeuse en grand. On trouve, au-dessous de la couche plane, de la pierre à plâtre impure L, disposée en plaques minces alternant avec des ar- giles. Les travaux n’ont pas été poussés plus bas. Comme la plaine ne comporte aucun moyen naturel d'écoulement, on est forcé de se débarrasser des eaux avec des pompes : on est éga- lement obligé de dégager les bancs exploitables d’une quan- tité énorme de matériaux stériles qui les recouvrent et avec lesquels on remblaie les portions déjà fouillées ; mais comme les argiles, une fois détrempées par l’eau, deviennent cou- Jantes, les chantiers seraient bien viteenvahis par les boues, si ES — le calcaire de deux pieds n’était utilisé pour élever des murs secs qui s'opposent à leur marche, On remarque assez fréquemment au milieu des argiles des troncs et des branches d'arbres passés à l’état de lignites. M. Bauga possédait dans sa collection, à Cognac, un fragment de bois enclavé dans le gypse même. Les fossiles n’abondent point dans les argiles. Les calcaires de deux pieds seuls en contiennent en assez grande quantité ; mais ils ont été écrasés si fortement qu'il est difficile de se pro- curer des exemplaires déterminables. Ce sont en général des bivalves, à stries concentriques très-fines, qui se rapportent au genre Cyclas et dont les moules internes présentent très- nettement les deux impressions musculaires ; on y reconnaît aussi des Gyrènes, puis des Paludines, des Physes et des Au- ricules. S'il n’est pas toujours possible d'arriver à la détermi- nation rigoureuse des espèces, on peut affirmer qu'il est im- possible d’errer quant aux genres. Parmi les bivalves, on en aperçoit quelques-unes dont la valve inférieure déborde légè- rement au-dessus de la valve ventrale et qui semblent présen- ter les caractères des Corbules. Je n’oserais point attester néanmoins que ces coquilles appartiennent réellement à ce genre. Toutefois ce fait n’offrirait rien de surprenant, car les Corbules ont été signalées aussi associées avec les Cyclades, les Cyrènes et les Paludines dans les couches de Purbeck de l’An- gleterre et de la chaîne du Jura. Les plaques sur lesquelles se trouvent les or. en sont lit- téralement couvertes et rappellent par leur excessive profu- sion comme par leurs formes les bancs à Cyclades des terrains tertiaires à lignites du Midi de la France. Quant aux corps ovoides que l’on serait tenté de prendre pour des Cypris, leur examen à la loupe prouve que ce sont des pisolithes à couches concentriques. Les platrières ne sont point recouvertes dans la plaine etil serait difficile dé fixer, d’après leur étude seule, leur place dans la série stratigraphique des terrains, si les escarpements créta- cés qui s'élèvent sur les bords du bassin ne permettaient de la reconnaître inférieure au terrain de craie. Ainsi des sondages exécutés à l’Affranchie, station située entre Montgaud et les co- teaux occidentaux de la contrée, jusqu'à la profondeur de ER 107 pieds, ont traversé des sables argileux à orbitohtes, des argiles lignitifères, puis d’autres argiles concomitantes du gypse. On n’a pas poussé plus loin le sondage, car on était certain de recouper les gypses à une profondeur de 45 ou 20 pieds au-dessous du point auquel on s’était arrêté. De Montgaud à Croix-de-Pic, platrière située plus à l'Est, on ne marche que sur des argiles grises, d’une monotonie fa- tigante, et parsemées à leur surface de quelques plaques de calcaire blanc qui ne sont autre chose que des fragments pro- venant de la couche de deux pieds, et dont les bancs se voient en place de distance en distance, dans les fossés creusés ou ré- curés de frais, ou bien dans quelque petites éminences, quand ils ont été protégés par un manteau d’argiles. On voit aussi que la terre végétale est formée au détriment des argiles brunes ou grises du terrain gypseux, ce qui leur donne, à s’y méprendre, l'apparence des terres alluviales du delta du Rhône. Les carrières de Croix-de-Pic sont à 3 kilomètres environ de celles de Montgaud, Elles sont délaissées ou du moins elles l’étaient en 4849. On aperçoit encore dans les anciennes exca- vations à moitié éboulées le banc calcaire de deux pieds que nous avous précédemment décrit. A deux kilomètres au sud de Croix-de-Pic, on exploite les platrières dites de Champ-Blanc. Ce nom a été donné à ce petit hameau, à cause de la quantité prodigieuse de pierres blanches qui gisent au milieu des champs argileux et qui proviennent du démolissement de la couche. La platrière des Alaignes (fig. 6), au Nord-Ouest de Champ- Blanc, donne la succession des couches suivantes : 4° Argile À, bleu pâle, feuilletée ; 20 Marnes B, argileuses, jaunâtres, alternant avec des argiles grises ; 3° Argile C, noire, feuilletée ; 4° Gypse D, rubané, impur, souillé d'argile noirâtre ; 5° Gypse gris E, avec rognons abondants d’albâtre blane, roussâtre ou rosé, avec veines d'argile; 6° Gypse F, fibreux, blanc, en petites plaques, noyé dans l'argile noire ; non exploité. En comparant cette coupe avec celle de Montgaud, on voit que la couche de pldtre gris et la couche dite plane sont con- y tiguës sans l'intermédiaire du plâtre carré et du plâtre couil- lard. On voit aussi que les bancs calcaires font défaut aux Alaignos, non pas qu'ils y aient toujours manqué. Mais FiG. 6. comme les buttes des alentours de Champ- Blanc où la couche de deux pieds abonde ctse trouve en place, occupent un niveau plus élevé que le ciel de la platrière, il est évident que celle-ci a été emportée sur plu- sieurs points à la suite de dénudations postérieures, ce qui d’ailleurs est sura- bondammentdémon- tré par la grande quantité de débris épars que l’on ren- contre au milieu des champs. D'un autre - côté, les grandes dé- penses qu'entraîne l'enlèvement des ter- res recouvrantes ont engagé les exploi- tants à choisir pour l'emplacement des carrières les points de la surface les plus rapprochés de la pierre à plâtre et à se placer par consé- quent au-dessous de la couche de deux pieds. La figure 7 donne la coupe de la platrière qu’on exploite aux Toinots, à 3 kilomètres au sud de Champ-Blane: on y observe les assises suivantes : ROUE 1° Argile grise, brune, feuilletée, et terre végétale A ; 2° Calcaire de deux pieds B en bancs réguliers; 3° Argile C, feuilletée, jaune, à stratification ondulée : Fig. 7. Da TO] £° Argiles D, feuilletées, noi- res ; 5° Gypse gris E, avec albâtre jaune de miel ou blanc ; 6° Gypse fi- breux F, sans ar- gile. On voit que la couche de gypse exploitéeaux Toi- nots possède à peu près la même épaisseur qu’à Champ-Blanc, et que les distinc- ons plus nom- breuses que l'on pourrait établir à Montgaud ne constituentguère que des varia- tions locales sans importance qui ne troublent pas sensiblement l’u- niformité de plan d’après lequel s'est développée la formation gyp- seuse. D'ailleurs on ne doit pas s'attendre à une grande régu- larité dans les allures que des amas lenticulaires, et par consé- quent discontinus, présentent suivant les divers points du bassin ee QE ou des masses auxquels on constate leur présence; on sait qu'il en est de même pour les dépôts gypseux ou salifères de l'étage des marnesirisées. Les couches, aux Toinots, plongent sous un angle de 15 à 18 degrés vers le Sud-Ouest, exactement comme les argiles lignitifères et les calcaires à ichthyosarcolites du terrain de craie qui leur sont superposés. Les fossiles ne sont point rares dans cette localité; ce sont toujours les mêmes calcaires lumachellaires à Cyclades et à Cy- rènes avec des pisolithes entassées pêle-mêle. La couche de deux pieds y est exploitée avec beaucoup d'activité, elle fournit des moellons d’une qualité excellente que l’on obtient en plaques d’une régularité parfaite ; sa faible épaisseur réduit malheureusement l'exploitation à des proportions exiguës. On a fait sonder entre les Toinots et Gandorry, presque à la limite du terrain de craie. La pierre à plâtre y a été atteinte à 21 pieds au-dessous du sol. Nous retrouverons encore en dehors du Pays-Bas propre- ment dit, deux gisements de gypse, toujours subordonnés aux argiles de Purbeck. Le premier de ces gisements s’observe près de Triac, non loin de la place où le prince de Condé fut assas- siné. Le village même de Triac repese sur la couche calcaire de: deux pieds, qui en cet endroit dépasse quelquefois l'épaisseur de deux mètres et est l’objet de plusieurs exploitations. Au Nord et à 600 mètres environ de Triac, on a ouvert, dans la propriété de M. Gontier, une carrière de pierre à plâtre, au- Jourd’hui délaissée, dont les caractères et les roches rappellent si exactement les platrières que nous avons déjà signalées et celles des Molidards que nous allons décrire, qu’il serait su- perflu d’en consigner ici les détails. Le second gisement est celui des Molidards, qui, observé et décrit la première fois par M. Marrot, a été rapporté par cet ingénieur au calcaire portlandien. Cette idée, si elle n’était pas parfaitement exacte, avait au moins le mérite de soustraire les gypses à la formation créta- cée pour les attribuer au terrain jurassique, auquel ils appar- tiennent réellement. La description qui en a été donnée est très-exacte et nous ne saurions mieux faire que de la transcrire ici. Ainsi que cela a été déjà expliqué, on sait que c’est sous les Molidards que se termine vers l’Est la formation lacustre de Purbeck. SR On voit (1), dit M. Marrot, au village du Boucher, au-des- sous d’une couche mince de terre végétale, des argiles A (fig. 8), à pelites strates bien parallèles. Ces argiles schisteuses grises, fines, onctueuses et très-liantes, n’offrent point de paillettes de 10 SO EE © —__— — À Argiles schisteuses. ee 00,05 PRE" à Galeaire dur rosé. 3m, 45 C Argiles schisteuses L avec strates rares du même calcaire. 0m,15 LEZ D Gypse en boules. 1m,00 E Gypse grenu (banc). 00,05 RM O FF Gypse fibreux. Sa : =); Argiles schisteuses. mica ni de grains sableux. Au-dessous règnent quelques petites strates de calcaire B, compacte, très-dur, d’un rose clair, en plaquettes séparées, mais formant des strates non interrom- pues. Elles recouvrent une assez grande épaisseur d’argiles C, schisteuses, semblables aux précédentes, alternant avec quel- ques petites strates, très-rares, de calcaire dur, comme celui qui vient d’être décrit. À cinq mètres au-dessous de la surface, on trouve la masse gypseuse. La partie inférieure est formée (1) M. Marrot. Journal manuscrit des observations faites en 1843. Se CDD — de rognons ou de pains discoïdes Juxtaposés, d'un plâtre rose D, très-lamelleux. La surface comprimée de ces pains un peu arrondie offre un poli remarquable, qui semble dû à une action mécanique qui aurait agi avec beaucoup de régularité. Au-des- sous se trouve le banc principal E: c’est un plâtre saccharoïde, passant quelquefois au lamelleux, formant une masse conti- nue, sauf de rares fissures remplies d'argile et de gypse fi- breux. Au-dessous règne une strate F, continue, un peu ondu- leuse de gypse fibreux, à fibres verticales, dont l'épaisseur va- rie de 0® 02 à 0" 05. Sous le plâtre on trouve des argiles G, semblables au recouvrement, dont on n'a point sondé la profondeur. Il existe d’autres exploitations de gypse près des villages de la Barre et des Quillets, dans le voisinage de la platrière du Boucher. Voici la coupe (fig. 9) du front de la carrière des Quillets, Fic. 9. = A Terre végétale. LE B Calcaire rosé dur. a ——." | ( Argile feuilletée! D Argile feuilletée alter- nant avec des strates minces de calcaire dur, rose ou gris. E Argile feuilletée. ; en boules. F ‘Gypse { en masse. ; re à SORT G Gypse fibreux. = M = telle que M. Marrot l’a observée en 1843 et qui différait fort peu, lorsque je l’ai revue en 1856. Au-dessous d’une petite épaisseur de terre végétale À, ar- giles C, feuilletées grises, fines, onctueuses, non micacées, re- couvertes par une strate mince de calcaire rosé B, dur et très- résistant ; au-dessous de ces argiles, alternances d’argiles C semblables et de strates minces de calcaires gris ou rosés, durs, très-tenaces ; puis un banc d'argile feuilletée E, qui re- couvre le gypse. Le banc principal F est semblable à celui de la carrière de Chez-Boucher, mais un peu moins épais. Les rognons où pains qui le recouvrent ne sont pas continus, mais la bande inférieure de gypse fibreux G se retrouve constam- ment. Le gypse qui constitue les pains supérieurs et le banc principal est saccharoïde, à petits grains, d’une teinte blan- châtre rosée, passant quelquefois au jaune brunâtre. Cette dernière couleur est celle des parties lamelleuses. Le plâtre fi- breux inférieur est blanc ou légèrement teinté de gris. M. Marrot ajoute qu’en s’avançant au Sud-Ouest vers Saint- Simon, le terrain s'élève un peu, que l’on trouve des bancs minces d’un calcaire jaunâtre, à cassure conchoïde, alternant avec des oolithes miliaires et des calcaires grisâtres qui sont pour lui des calcaires portlandiens, et qu'il luiest impossible de ne pas être convaincu qu'ils occupent un niveau géologique su- périeur à celui des terrains gypseux. Or c’est Justement à l'erreur de M. Marrot; les calcaires qu'il signale sont bien effectivement portlandiens, les mêmes que ceux que nous avons décrits à Souillac, à Chassors, à Chez-Ville, avec Nucula inflexa et Cardium dissimile ; mais au lieu de recouvrir le gypse, comme le suppose M. Marrot, ils le supportent, au contraire. Si dans la direction de Saint-Simon, ils occupent un niveau supérieur à celui des argiles gypsifères, cet exhaussement du portlandien tient à une particularité que nous avons déjà signalée ailleurs et qui se reproduit ici, la- quelle consiste en ce que vers les limites d’affleurement des couches de Purbeck, les bancs s’infléchissent considérable- ment pour se relever ensuite et former ces coteaux, dont les mêmes bancs, grâce à cette inflexion, du côté relevé dominent la plaine et du côté infléchi forment la sole sur laquelle la plaine est assise. æ D — Ainsi tombe le seul argument d’après lequel on avait été conduit à introduire, mal à propos, comme nous venons de l'indiquer, dans l’étage portlandien les couches de Purbeck qui cependant lui sont supérieures. On peut d’ailleurs constater le recouvrement direct des argiles gypsifères entre les Molidards etles Courades ; mais ce sont les argileslignitifères de la craie, les grès à orbitolites, les calcaires à ichthyosarcolites qui les recouvrent et non les couches du Portland. Le diagramme suivant (fig. 10), tracé du coteau des Moli- dards vers Saint-Simon, indique très-bien l’ordre dans lequel les étages du terrain jurassique et du terrain crétacé sont dis- posés dans la contrée étudiée et citée par M. Marrot. L'arrondissement de Saint-Jean-d’Angely n’est pas moins riche en gisements gypseux que celui de Cognac : on les a si- gnalés sur une foule de points et on les exploite avec activité sous Nantillé, à Aumagne, à Seurre, etc. La carrière du Pin-de-Nantillé présentait, en 1849, la coupe suivante : 4° Argiles grises ; 2° Calcaire dit de deux pieds, 35 centimètres ; 3° Argiles feuilletées grises, renfermant des rognons de gypse couillard, 2 m.33 centimètres ; 4° Plâtre gris avec plâtre fibreux, 2 m. 50 centimètres ; 0° Plâtre globuleux, noyé dans les argiles. Dans le puits de la Coudrée, on a découvert un second banc à deux mètres au-dessous du plâtre gris exploité ; mais on ne le recherche pas au Pin, à cause de l’affluence des eaux et de la difficulté &e se débarrasser des déblais. Comme le terrain se relève insensiblement sur l'étage portlandien qui affleure à Saint- Même, les carrières qui sont placées plus en avant dans le Pays-Bas sont plus complétement inondées que celles qui se rapprochent des coteaux. Nous ne mentionnons ici que pour mémoire les plairières délaissées qu'on rencontre entre Houlette et le Cluseau ; mais nous insisterons davantage sur les calcaires lacustres fossili- fères. On les exploite à Orlut, qui s'élève un peu au-dessus de la plaine, à cause de la présence de la couche de deux pieds qui fournit de bons moellons. On peut les étudier aussi à la Ca- banne, à la Prise, à Marmounier, au Pont-du-Gard, entre Lee NE Breville et Sainte-Sévère. Ce dernier village est bâti sur la couche de deux pieds, qui forme un véritable îlot au milieu des argiles. En er tA UE) EN Le Pour se rendre ie = de Sainte-Sévère à la Verrerie, on est obligé de tra- verser un monti- cule (fig. 44) dis- posé en dos d’âne et dont le sommet D est couronné par les sables et les grès tertiaires qui constituent le sol de la forêt de Jarnac. Ce mon- ticule montre à sa base des argiles grises À, surmon- tées par la couche de calcaire de deux pieds; au- dessus existent des argilesrouges B que nous avons vues déjà sur plu- sieurs points for- mer la partie su- périeure de l’é- tage de Purbeck. Si nous nous transportons sur le bord opposé du lac jurassique, Molidards. 10. D, Fi. lignitifères. ypse et argiles de Purbeck. es C Calcaire de deux pieds. ‘D Ar gil E Gres à Ostrea columba. F Calcaires à Ichthyosarcolites. A Etage portlandien. B G vers la bande qui s'appuie sur le département de la Cha- rente-[nférieure, nous retrouverons à chaque pas ce même calcaire fossilifère subordonné aux argiles gypseuses. Ainsi _ D = entre Breville, Mons et le Seurre, ils sont exploités dans une foule de carrières, dont les plus importantes sont celles du Breuil-aux-Moines, de la Chagnaie et de la Tascherie. Mais Fie. 11. LE Le UE > , ORDRE EE = (0 EE —————— — = —_ = EE LAS) Best Ë Les 210 EN FRE QUE TA à : | AV a ——.— — EE == A Argiles grises feuilletées. B Calcaire de deux pieds. C Argiles rouges. D Grès et sables tertiaires. celle qui offre le plus grand intérêt est située au nord de la Vrignolle, gîte où le calcaire est plus développé que sur les autres points déjà décrits, et où les Cyclades sont tellement abondantes, que certains bancs en sont pétris. Voici la coupe que présente cette dernière localité : FrG. 12: ee —- —= 271 A Terre végétale avec détritus cal- TAB RE — = —-- caire. RE LS TS -ZZZ -L> | > Argiles verdâtres feuilletées, avec nerfs d'argile plastique jaune. C Calcaire feuilleté marneux. a | D Argile grise. pen y | E Calcaire gris à cyclades, stratoïde. À Argiles feuilletées. Nous ne pousserons pas plus loin notre description de l'étage de Purbeck. Les détails et les coupes qui précèdent auront dé- montré suffisamment, nous l’espérons du moins : 4° que les argiles gypsifères du Pays-Bas, des environs de Rochefort et de MR = l'[le-d'Oléron, appartiennent à une même formation qui est d'origine lacustre ; 2° que cette formation a succédé immédia- tement à l'étage portlandien avec lequel elle est concordante; 3° qu'elle est distincte du terrain de craie par laquelle elle est recouverte à stralification transgressive. Nous avons à indiquer en ce moment que le système du Pays-Bas se trouve également représenté dans les chaînes du Doubs et du Jura, qu'il y occupe la même position, et que de plus il y est aussi caractérisé par des gypses et des fossiles la- custres (1). | (1) Nous recevons, au moment même du tirage de cette feuille, le bul- letin de la Société vaudoise, n° 42, contenant une communication faite par M. Renevier, dans la séance du 1e avril 1857. Ce géologue y mentionne la découverte faite aux environs de Villers- le-Lac, près des Brenets, de fossiles d'eau douce dans les marnes dé- crites depuis 1847 par MM. Pidancet et Lory, comme le représentant des couches wealdiennes du midi de l'Angleterre. M. Renevier, après avoir énuméré les genres de coquilles qui ont été recueillies, discute la position de ces marnes, comme si c'était pour la première fois que des géologues s’en fussent occupés, et pense qu'elles doivent être assimilées aux couches de Purbeck, et non point au terrain crétacé, comme l'avaient admis MM. Pidancet et Lory. Si M. Renevier eût eu connaissance de ma note publiée en 1853, sur la formation wealdienne (Mémoire de la Société d'Emul., 1. 1v, pag. 115), il aurait vu que je séparais nettement de la craie les marnes lacustres du Jura pour les attribuer à la formation jurassique. Les comptes rendus de l’Académie des Sciences du mois d'octobre 1850 avaient déjà mentionné la présence de fossiles d’eau douce au sein des mêmes marnes. La Société d'Emulation du Doubs insérait, en 1854, vol. vi1, pag. 25, un travail de M. Sautier, sur les environs des Rousses, dans lequel ce géo- logue reconnaissait nettement, au-dessous des marnes d'Hauterive, l’é- tage valenginien de M. Desor, établissait plus nettement encore l’origine lacustre des marnes wealdiennes et adoptait sans restriction l'opinion émise par moi en 1853, savoir : « que les couches wealdiennes, par leur position et par leur forme, constituent une formation distincte, se ratta- chant géographiquement et orographiquement à la formation jurassique (pag. 26). » Je publiais, dans le même volume vit, plusieurs espèces nouvelles de coquilles fossiles découvertes dans la chaîne du Jura, parmi lesquelles se trouvent figurées le Planorbis Loryi et la Physa wealdiana Coq., re- cueillies par M. Sautier aux environs des Rousses. Lors de la réunion de la Société helvétique à la Chaux-de-Fonds, dans l’année 1856, j'eus l'honneur de guider mes honorables confrères sur le gisement même de Villers-le-Lac cité par M. Renevier, et la découverte de quelques fossiles d’eau douce nous fit reconnaître sur place même son origine lacustre. J’eus occasion, dans la séance publique qui eut lieu le sn RE C’est à M. Pidancet que revient l'honneur d’avoir signalé, en 1847, le premier, dans la chaîne du Jura, au-dessus des dernières assises portlandiennes et supportant les couches les plus inférieures du terrain néocomien, un système de couches marneuses ou calcaires, contenant par places des amas gyp- seux susceplibles d’être exploités, circonstance qui engagea ce géologue à le désigner par le nom de Keuper de la craie. M. Lory y reconnut plus tard des fossiles d’eau douce, et d’après la nature de ces fossiles, 1l le distingua du terrain néo- comien et le regarda comme représentant le groupe Wealdien de l’Angleterre. Dans une notice publiée en 41854 (1) sur les dépôts néoco- miens et wealdiens et sur les dolomies portlandiennes dans les hautes vallées du Jura, aux environs des Rousses, M Sautier a très-bien indiqué les relations de ces divers étages et adop- tant l'opinion que j'avais exprimée en 1853 (2), il considère les dépôts wealdiens comme faisant partie de l’étage portlandien, dans lequel ils forment une subdivision distincte, à la vérité, mans dont la liaison avec l’ensemble est bien marquée par les dolomies. - M. Lory vient d'enrichir tout récemment la science (3) d'un mémoire fort important sur les terrains crétacés du Jura et dans lequel il décrit le terrain qu’il appelait du nom de weal- dien, en 1849, nom qu’il propose anjourd’hui de remplacer lendemain de la course, de déduire, en présence de MM. Mérian, Studer, Desor, Nicolet, Blanchet, Marcou, Bayle, Contejean, Greppin, etc., les motifs qui m'engageaient à rapporter les marnes dites wea/diennes du Jura à la formation jurassique. Certainement, tous ces travaux et tous ces faits ont été ignorés de M. Renevier, car il n’eût point, sans cela, annoncé comme nouvelle pour la science, la découverte de fossiles d’eau douce à Villers-le-Lac, et surtout il n'eût point avancé que la nature nymphéenne des couches qui les con- tiennent était restée jusqu'à présent (1857) plus ou moins problématique. La communication de ce savant n’est pas moins très-intéressante : elle con- firme la justesse des vues des géologues français. Cette note n’a done pas pour objet une question de rectification, mais d'établir snpiement un droit de priorité. (1) Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, vri° volume, pag. 95, (2) Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, 1v° vol., p. 115. (3) Mémoires de la Société d’'Emulation du Doubs, 3 série, 1857, vol. 11. = À — par celui de couches de Purbeck. M. Lory reconnaît que la for- mation wealdienne présente deux faciès distincts, l’un ordi- naire, dont les caractères sont d’une grande constance ; l’autre exceptionnel, local, propre à certains points de la Franche- Comté et du canton de Neuchatel et caractérisé par la pré- sence du gypse en rognons ou en amas plus ou moins étendus. Fe Faciès ordinaire. La puissance moyenne de l'étage peut s'évaluer à une quinzaine de mètres ; il se compose d’argiles grumeleuses, d’un gris un peu foncé, tirant sur le verdâtre, et de calcaires gris, compactes, formant des couches générale- ment minces, de un à trois décimètres. C’est dans ces cal- caires que MM. Lory et Sautier, l’un à Chary près de Nantua, et l’autre près des Rousses, ont découvert des fossiles apparte- nant aux genres Planorbis (P. Loryi Coquand), Physa (P.Wealdiana Coq.), Lymnea, Melania, Cyclas, Corbula, ainsi que des écailles de poissons et des matières charbonneuses. Faciès exceptionnel à gypse et calcaire magnésien. Ce faciès est propre à quelques parties de l’arrondissement de Pontarlier et des régions voisines, sans que l’on puisse nettement tracer les limites géographiques de sa distribution ; car, dans des localités très-rapprochées, on passe brusquement du faciès or- dinaire au faciès gypseux le mieux développé. Vancelans, Or- champs-Vennes, Mont-de-Laval, Ville-du-Pont, la Brevine, Sainte-Croix, la Rivière et Foncine, sont les points principaux où on ait signalé la présence du gypse. Ce terrain consiste principalement en marnes d’un bleu-noirâtre, souvent un peu bigarrées de teintes analogues à celles des marnes keupé- riennes; elles leur ressemblent encore plus par leur alter- nance avec des calcaires magnésiens cloisonnés, marneux, jaunâtres. Le gypse s’y rencontre en rognons ou en amas Ccou- chés, dont la puissance est très-variable et ne se maintient ja- mais sur une grande étendue; il est blanc, suberistallin ou fi- breux. Comme on le voit par ces descriptions sommaires extraites du mémoire de M. Lory, les couches gypseuses dans le Jura se comportent, quant à leur position et à leur composition, exacte- ment comme les marnes gypseuses des deux Charentes, et la présence du gvpse dans ces deux contrées éloignées l’une de = 069 — l'autre n’est pas la particularité la moins intéressante à signa- ler; elles constituent une formation lacustre locale. En effet, si le portlandien est séparé dans la plaine du Pays-Bas de la for- mation crétacée par les argiles de Purbeck, dans toute l'étendue du bassin que celles-ci occupent, nous le voyons recouvert directement par les grès verts en dehors des limites de ce même bassin. Or, il en est de même dans la chaîne du Jura, où l’on trouve constamment le portlandien recouvert par le néocomien inférieur, excepté sur les points où se développent les couches de Purbeck. Nous avons déjà donné les raisons qui nous faisaient consi- dérer les argiles gypsifères du Jura comme équivalentes de celles des deux Charentes et comme une dépendance de la for- mation jurassique. C’est aussi la même place que semble lui attribuer M. Lory en 1852 (1), dans son Essai sur la montagne de la Grande-Chartreuse, où l’auteur, revenant sur les rapports qui existent entre le terrain néocomien et les assises lacustres placées à sa base, reconnaît que les fossiles assimilent ces der- nières au dépôt wealdien du midi de l'Angleterre et que « de » même que celui-ci, du moins au point de vue de plusieurs » géologues, elles.se lient intimement avec l’assise portlan- » dienne supérieure bien plus qu'avec le terrain néocomien ; » elles constituent plutôt la dernière assise du terrain juras- » sique que la première des terrains crétacés. » Il serait inutile de pousser plus loin les rapprochements entre les étages purbeckiens du Jura et de la Charente. Les travaux eités de MM. Lory et Sautier les rendent manifestes à chaque page. On sait que l'ensemble des couches qu’on a signalé dans le sud-est de l'Angleterre, entre le terrain néocomien et le cal- caire de Portland, a été longtemps désigné sous le nom unique de formation wealdienne, laquelle comprenait les argiles du weald, les sables d'Hastings et les couches de Purbeck. M. Forbes, dans sa description du Purbeck de Dorsetshire en 1850, a constaté que les couches de Purbeck appartenaient par _ leurs débris organiques à la série jurassique et les a séparées (1) Bulletin de la Société de Statistique de l'1sère. SH des sables d'Hastings et des argiles du weald qui restent at- tribués à la formation crétacée. Cette séparation, amenée principalement à la suite de consi- dérations purement paléontologiques, pourrait peut-être être contestée pour l'Angleterre et pour le Jura, où la série des étages des formations jurassique et crétacée se montre complète et en concordance de stratification. Mais la Charente est placée à l’abri de toute contestation de ce genre par sa constitution géologique. En effet, les argiles gypsifères font partie, dans le sud-ouest, du grand système jurassique ; et comme de plus les étages néocomien et du gault manquent complétement dans le sud-ouest, il devient évident que les couches de Purbeck avaient été soulevées avant le dépôt du terrain néocomien et sont restées émergées jusqu’à l’époque où la mer crétacée en- vahit pour la première fois la contrée ; or, cette époque re- monte incontestablement à la date des grès verts supérieurs. Cette question nous conduit à rechercher l'influence que le soulèvement désigné par M. Elie de Beaumont par le nom de Système de la Côte-d'Or, a pu exercer sur l’orographie du dé- partement de la Charente et par conséquent sur les couches de Purbeck. Suivant l'illustre auteur des Systèmes des Montagnes, les accidents du sol qui ont été la conséquence de la convulsion survenue dans l'intervalle des deux périodes jurassique et cré- tacée, se dirigent à peu près du nord-est au sud-ouest. M. de Beaumont en reconnaît des traces dans les hautes vallées longitudinales des montagnes du Jura, dont le fond de plu- sieurs d’entre elles est occupé par des assises des étages néo- comien et du grès vert, lesquelles ne s'élèvent pas sur les crêtes intermédiaires qui semblent avoir formé autant d’îles et de presqu’îles et être par conséquent d’une date plus récente. : Cette conclusion relative à la chaîne du Jura a été attaquée par MM. Pidancet et Lory (1), qui se sont appliqués à montrer que les discordances signalées n'étaient qu'apparentes et le résultat de failles, et que le terrain néocomien que MM. Itier, Marcou, etc., supposaient n’exister jamais sur les sommités de (1) Bulletin de la Société géologique, 1847. — Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, 1848, — Ibidem, 1857. = ph = la chaîne, se montrait au contraire indistinctement dans toutes les altitudes, dans les basses vallées de la Haute-Saône, comme dans la vallée des Dappes, sur les plateaux des Rousses, de Saint-Cergues et même à la Dôle, à 4,600 mètres de hauteur, qui est le niveau le plus élevé de toute la chaîne du Jura. Aussi, suivant M. Lory, la chaîne du Jura méridional n'aurait été seulevée que postérieurement au dépôt du terrain néoco- mien et probablement à celui du gault et de la craie chloritée, c'est-à-dire à l’époque où M. de Beaumont a placé le soulève- ment du Mont-Viso. Ces observations dirigées avec soin par deux géologues ver- sés dans la connaissance orographique de la contrée, établissant la concordance entre les formations crétacée et jurassique dans la chaîne des monts Jura, ont eu pour résultat d'attaquer dans l'esprit d’un grand nombre la réalité du Système de la Côte-d'Or. Mais si les faits apportés dans la discussion par MM. Pidancet et Lory peuvent être invoqués par ceux qui re- fusent au soulèvement de la Côte-d'Or toute participation dans la dislocation des montagnes du Jura, on ne seraït pas en droit d’en arguer cependant contre l'existence même de ce soulève- ment. La Charente serait là pour protester contre cette néga- tion. Sans parler ici de quelques failles dirigées du nord-est au sud-ouest que J'ai eu l’occasion de reconnaître à Nanteuil et Vieux-Ruffec, $ans m’appuyer sur la direction N.-E.-S.-0. que les étages du lias et de l’oolithe inférieure prennent vers la bande granitique depuis le bord de la Tardouère jusqu’au dessus d’Epenède, je n’ai qu’à rappeler les relations que j'ai indiquées dans ce travail entre les étages de la formation ju- rassique et ceux de la formation crétacée, pour en déduire comme conséquence nécessaire qu’un premier soulèvement (celui de la Côte-d'Or), mit fin à la formation jurassique, y compris les couches de Purbeck; qu’un très-long intervalle marqué par toute la durée du dépôt des étages néocomien et du gault s'écoula entre ce soulèvement et l’époque où la mer crétacée vint envahir le sud-ouest; or cette invasion date de l’âge des grès verts supérieurs. Il faut donc admettre de toute nécessité que le terrain jurassique, qui resta émergé tout le temps pendant lequel se déposèrent ailleurs le terrain néoco- mien et le gault, ne pat ê{re atteint par la mer crétacée qu’à Le ox — la suite d’un bouleversement plus ancien que celui de la Côte- d'Or, et plus moderne que celui du Mont-Viso. Le difficile est de pouvoir saisir nettement en ce moment les traces de ce sou- lèvement, mais je suis convaincu qu’on finira par en recon- naître les indices dans d’autres contrées. La formation crétacée des Pyrénées me paraît avoir les plus grands rapports avec celle des deux Charentes; je n’y ai jamais trouvé les couches du gault et, de plus, je pense que les calcaires à Dicérates, attribués généralement au terrain néoco- mien, appartiennent plutôt à quelque étage des grès verts su- périeurs de la vallée de la Sals, dans le département de l'Aude. Si la connaissance que neuf années d’études m'ont donnée de la géologie de la Charente me rend plus affirmatif sur les divisions de la craie de cette contrée, je n’émets qu'avec beaucoup de réserve une opinion sur les Pyrénées. Mais en me reportant au temps où je parcourais cette chaîne et en consultant les fossiles que j'en ai rapportés, Je ne vois que des espèces du grès vert supérieur et pas une seule des étages néocomien ou du gault; etje soupçonne que la plupart des calcaires qu’à cette époque, d'accord avec tous les géologues, j'avais pris pour des calcaires néocomiens, sont au contraire les équivalents des calcaires blancs à rudistes de M. d’Archiac, c'est-à-dire de mes étages angoumien et provencien. Dans tous les cas, il existe certainement entre le terrain néocomien supérieur (étage urgonien de M. d’Orbigny) et les grès verts supérieurs, une période d'interruption qui correspond à une révolution qui tôt ou tard occupera son rang et augmentera le nombre des systèmes reconnus par M. de Beaumont. Si ces prévisions se changeaient en certitude, le système crétacé du bassin pyrénéen, qui embrasse naturellement aussi les dépôts des deux Charentes, de la Dordogne, du Lot, de l'Aude, serait moins complet que dans la Provence, le bassin de la Seine et en Angleterre, et ne comprendrait, au-dessus de l’étage urgonien, que l’ensemble des assises du grès vert supérieur et celles de la craie supérieure. Nous savons aussi que, dans la chaîne du Jura, la craie chlo- ritée n’est représentée que par la faune de Sainte-Catherine, près de Rouen, et qu’on n’y remarque pas les couches plus ré- centes du Midi, de la Touraine et du Sud-Ouest. On sait, d’un PH CES autre côté, que dans la Charente la craie inférieure n’existe qu’à partir du niveau de l'Ostrea columba ; de sorte que le Jura et le sud-ouest de la France offriraient la série complète de la formation crétacée, sans qu’on pût remarquer entre elles un seul terme commun, si, par la pensée, on superposait les étages d’une contrée aux étages de l’autre. La mer crétacée, en un mot, s'était déjà retirée du Jura, quand elle vint occuper le bassin pyrénéen. Nous nous bornons à ces simples rapprochements, qu'il se- rait téméraire de pousser plus loin; mais l’hiatus qui existe dans la craie de la Charente implique nécessairement l’inter- vention d’un mouvement survenu dans la mer crétacée avant la période des grès verts supérieurs, et c’est sur ce mouvement qu'en terminant nous appelons l'attention des géologues qui seraient à portée de résoudre cette question ou de l'élucider. CA OXC ADS NOTE SUR UNE PROPRIÉTÉ MÉCANIQUE DE LA LEMNISCATE, PAR M. M. RESAL, INGENIEUR DES MINES. (Séance du 17 décembre 1857.) Si l’on place, sans vitesse initiale, en un point O d’une courbe comprise dans un plan vertical, un point matériel m soumis uniquement à l’action de la pesanteur, ce point par” condition. courra un arc quelconque de la courbe dans un temps généralement différent de celui qu'il aurait employé pour parcourir, dans les mêmes conditions, la corde corres- pondante O A; mais on conçoit que la courbe puisse affecter une forme telle, que les durées de ces deux parcours soient égales; et Saladini, qui le premier s’est occupé de cette question, a reconnu que toutes les lemniscates ayant pour centre le point de départ et pour axe une droite in- clinée de 45° sur l’horizon satisfont à cette Ce géomètre, pour arriver à l’équation différentielle du pro- blème, pose une première équation renfermant une intégrale que l’on réduit par une différentiation, ce qui conduit à des calculs qui présentent quelque longueur. Mais on peut arriver immédiatement à connaître la nature de la courbe jouissant de la propriété énoncée, en partant des considérations géomé- triques suivantes, qui font l’objet de cette note. NS. Soient Oy la verticale passant par le point O ; A le point de la courbe où se trouve le mobile au bout du temps t; A! la po- sition suivante au bout du temps & + dt ; 0 l'angle AOy;r la longueur de la corde O A; d® l'accroissement élémentaire À O A! def; D le point de rencontre de la verticale Oy avec la perpendiculaire en À à O À; a le point de rencontre de la cir- conférence décrite sur O D comme diamètre, avec OA; AE le prolongement de À A’ dans l'angle y O A, formant la tangente à la courbe. Le mobile arrivera en À au bout du même temps et avec la même vitesse, en parcourant ou l’arc O CA ou la corde O À; et le temps employé pour aller de A en A’ sera égal au rap- port de l’élément A A’ à cette vitesse; d’un autre côté, le mobile mettrait à parcourir la longueur Oa le même temps que pour décrire la corde O À ; par suite, le temps employé pour aller de a en A! avec la vitesse acquise en a est égal à celui que mettra le mobile à décrire À A avec la vitesse acquise en A. Mais les vitesses acquises en a et À ne diffèrent entre elles que d’une quantité infiniment petite, du même ordre de gran- deur que la différence entre les distances de ces deux points au plan horizontal passant par le point D. On peut donc les consi- dérer comme égales, et alors, À A = A! à. Or, l'angle O À a — 90° — 6, pouvant être considéré comme égal à l'angle À O A’, il s'ensuit que l'angle O A A/—9 (90°—6) — 180°— 9, ou encore que l'angle O AE, formé par la tan- gente à la courbe avec le rayon recteur O A est égal à 28; et cette propriété caractérise la lemniscate. Pour obtenir l'équation de la courbe, il suffit d'intégrer l'équation ; rd OT tang 26 que l’on peut successivement transformer ainsi qu’il suit : dr __ cos 26 Tr sin 2 2 dr __ dsin 96 T sin 29 D'où, en appelant c, une constante, 2 log. = log. sin 29 + log. c, ou r —= © sin 28 ce qui est bien conforme à ce que nous avons annoncé. — (86 —— Si le temps employé à parcourir l’are au lieu d’être égal au temps que mettrait le mobile à décrire la corde correspon- dante, devait se trouver dans un rapport constant k avec ce dernier, ou arriverait, de la même manière que ci-dessus, à la relation AAN— %k.A!a ou en appelant à l’angle O A E formé par la tangente avec le rayon recteur k. cos (i, 8) = cos 6. ce qui constitue un théorème facile à énoncer. En développant cos (à — 6) et remplaçant à par sa valeur tirée de la relation CARTON LA ; tang:1—= Fe on arrive à une équation dont on peut obtenir l'intégrale. NOTICE SÜR LA FLORE DES ENVIRONS DE BELFORT, par M. L. PARISOT, pharmacien à Belfort. (Séances des AT décembre 1857 et 13 février 1858.) — Cr OX0 19 En publiant cette énumération des plantes vasculaires de la vallée de la Savoureuse, mon principal but est de fournir à la géographie botanique toutes les données que j'ai pu recueillir sur la flore de cette vallée, qui, par ses accidents orographiques et la variété de ses terrains géologiques, est placée dans des conditions si avantageuses pour l'étude de la dispersion des plantes. Les différences de niveaux d’altitude, qui varient de 250 à 1250 mètres au-dessus de la mer, permettent à l’observateur d'étudier les modifications que fait subir à la végétation l’abais- sement progressif qui se produit dans la température, lorsqu’on s'élève des parties basses vers les hauts sommets, et de li- miter chaque espèce dans la région qu’elle habite de préfé- rence. La grande diversité dans la composition et la texture des roches permet également de constater l'influence de la nature du sol sur la répartition des végétaux et d'étudier les rapports qui existent entre les différents terrains et la flore qui les re- couvre. Cette influence est surtout remarquable si l’on com- pare la flore des terrains à base de feldspath et celle des ter- rains calcaires; ces deux genres de terrains ont chacun un certain nombre de plantes qui les caractérisent et qui donnent se a) RS un aspect tout particulier au tapis végétal ; de là deux grandes divisions dans lesquelles viennent se grouper les diverses es- pèces de notre flore. Avant d'aborder l'étude de la dispersion des plantes dans notre vallée, il est nécessaire de faire connaître en quelques mots la topographie, le climat et la constitution géologique du pays qui nous a servi de champ d'étude. INTRODUCTION. La vallée de la Savoureuse, située sur le versant sud de la petite chaîne des Vosges et à l'extrémité du département du Haut-Rhin, prend naissance au sommet du Ballon de Giro- magny et occupe une superficie d'environ trois myriamètres carrés. La chaîne des Ballons, au nord, la ligne d’intersection des soulèvements des Vosges et du Jura, au sud, lui servent de limites naturelles; à l’ouest et à l’est, à défaut de délimita- tion plus naturelle, je me suis arrêté aux abords de la Luzine et de la rivière de Saint-Nicolas. La Savoureuse traverse la valléé dans toute sa longueur du nord au sud, elle prend sa source presque au sommet du Ballon de Giromagny, vers 1,200 mètres d'altitude ; elle se grossit de tous les ruisseaux qui descendent des autres parties de la montagne et des collines sous-vosgiennes et se jette dans l’Allan, affluent du Doubs, un peu au delà de nos limites. Elle n’est navigable sur aucun point de son cours ; presque à sec pendant les chaleurs de l’été, transformée par les grandes eaux en torrent rapide, elle charrie des quantités considé- rables de sables et de cailloux ronlés qui recouvrent toutes les parties basses de la vallée. C’est le seul cours d’eau de notre circonscription; la rivière de Saint-Nicolas ne rentre dans nos limites que sur le territoire de Bourogne ; quant aux abords de la Luzine, j'ai dû les négliger ; M. Contejean les ayant ex- plorés avec soin, les a fait connaître dans son Enumération des plantes des environs de Montbéliard. De nombreux ruisseaux sillonnent, dans toutes les directions, nos terrains feldspathiques et occupent le fond de tous les petits vallons, tandis que les terrains calcaires sont à peine arrosés par de petits ruisseaux généralement à sec pendant les cha- leurs. ET Les étangs, en assez grand nombre, surtout dans la région des grès, à Roppe, Eloye, Sermamagny, Evette, etc., recou- vrent les parties basses des vallons et sont alimentés par les sources si fréquentes dans ces terrains. Les divers soulèvements vosgiens ont donné naissance à une série de collines dont les ondulations occupent toute la superti- cie de notre pays; nous n'avons d’autres plaines que celles formées par les alluvions de la Savoureuse et qui ne dépassent pas un kilomètre en largeur. Des forêts vastes et nombreuses recouvrent plus du tiers de la superficie de notre circonscription ; elles occupent toutes la région montagneuse et la plupart des collines les plus éle- vées. Les prairies naturelles situées dans les parties basses de la région montagneuse, dans la région moyenne et surtout dans la région inférieure, se développent sur une superficie de 6,000 hectares ; elles sont, en général, traversées par de nom- breux ruisseaux, qui les arrosent avant d’aller grossir la Savou- reuse. 1 Les cultures, peu variées à cause de l’âpreté du climat, sont plus répandues sur nos terrains calcaires que sur les autres terrains ; le seigle est presque la seule céréale qui soit cultivée dans un rayon assez étendu des terrains siliceux; le blé, l'orge, l’avoine, les pommes de terre, constituent la presque to- talité des autres cultures, avec quelques champs de navette, de chanvre, de lin, ete. La vigne n'apparaît sur aucun point de notre vallée; le maïs ne réussit que difficilement et n’est pas l’objet d’une culture suivie. Sur les trois myriamètres carrés de notre circonscriplion, les forêts d’essences diverses occupent environ 11,500 hect. les culiures ENamps El. 00 de CON leS prairiès naturelles ss tr #2 0. MOOD les terrains vagues, incultes. . . . . . . 4,200 les étangs, cours d'eau elec... 4220 "2: 0Ub le reste en routes, habitations, etc. . . . . 1,300 La petite chaîne des Vosges située sur nos limites nord est le relief le plus important de notre contrée; les hauts som- mets du Ballon de Servance à la Madeleine dépassent généra- "UN . ee lement 1,000 mètres d’altitude. Le Ballon de Giromagny, son point culminant, atteint 1,244 mètres au-dessus du niveau de la mer. Cette montagne, sans formes arrêtées et coupée en tous sens paï des ravins profonds, offre à la végétation les stations les plus variées, pâturages secs et arides sur les hauts som- mets, prairies grasses, forêts ombragées, rochers escarpés, ma- rais tourbeux, etc. Cet ensemble de stations, joint aux diffé- rences d'exposition, donne à la flore une richesse qu’elle n’at- teint sur aucun autre point de la vallée. A quelque distance au sud, et dans une direction parallèle, on retrouve une seconde ligne de hauteurs dont la plus élevée, le Salbert, atteint 650 mètres d’altitude. L’intervalle entre ces deux lignes est occupé par une vallée très-ouverte, coupée par un grand nombre de collines d’une faible élévation, dont la di- rection est assez variée, mais qui, en général, se rattachent au soulèvement principal. À partir de cette secande ligne commence la série des col- lines de calcaire jurassique, dont la direction se lie au même soulèvement, et qui vonten s’abaissant depuis les falaises ooli- thiques jusqu'aux terrains modernes, qui nous servent de li- mites au sud et au sud-est; l’altitude de ces collines varie de 460 à 400 mètres. Dans le tableau ci-joint, on trouvera le point d'altitude des principales localités citées dans l’énumération qui termine cette notice ; elles sont prises sur la carte de l'état-major et sur la carte inédite, topographique et géologique dressée par M. Renoir. Le Ballon de Giromagny. . . . . . . . 1,244 mètres id. Servauert. io nafiaren airs terhoûuxz la Planche-des-Belles-Filles. _. . . . . . 14,150 EDS, ANT. Léraote Por, tre 909 la forêt du Lys. due Den Pa VAE CIRE à 880 leflac.de Sewen..…. :.. |... RS UNION 507 la Savoureuse à l’ancienne papeterie. . : . 186 Moraine en amont du Puix. 44 à . . .. 486 IST ST UP A TE COTE NT 409 Méglise:-de Girtomagny 2m 4 4 1 09 Moiet.de las Vaivren Le regain 20 17 LL 432 Je SalbértiiT in) A CHR RESSENTI MRÈTES PAFSOQUR., DRRDEPAROUE BOIRE RER METE:à 493 HO yen HQE ES PO SATA MER SEE SN 51 408 Pétaité MIS 266 SLR RAI, 392 Offémona, 20 Hair fées. lo.s008 Er ral, 400 le Valdoie. . . rte RME. ARR 376 la Miotte et le os 288, SIMON 08 459 lérJastices ir pers st AA RETOR MO 447 la: Citadelle =... RDRRE SÉRIE 425 le‘bois de lat Perche. A0 ELEC 431 les carrières de la citadelle . . . . . . 40% la Savoureuse au Champ de Mars. . . . . 366 id. au pont de Belfort. . . . . 359 id. à Bermontesas 0. PEUR HER M 339 id. à. Chaniontes si LMRe COERS 320 la place d’armes.à Belfort. 1.020000 eu 364 léscanal à Bourognessié. rm ere Ne 326 Les données que je possède sur le climat de notre vallée sont très-incomplètes ; elles se bornent aux observations météorolo- giques qui me sont personnelles, mais qui manquent d’une exactitude rigoureuse par suite du peu de précision des instru- ments que j'avais à ma disposition. Voici à quoi se résument ces observations pour une durée de six années. La moyenne barométrique est de 729 millimètres, le mini- mum de hauteur de la colonne de mercure a été de 702 millim. etson maximum . . STEP. ln Pe NES la température moyenne nn environ... . -: . + 9° la tempéralure extrême a été dé . . . . .—33 et:son mmimtunid6 ns ie.) à CORRE Ces observations ont été faites dans l’intérieur de la ville à une exposition nord et une altitude de 364 mètres ; à la cam- pagne, hors de tout abri, le thermomètre descend souvent plus bas, et on y a observé un minimum de —25°, dans un lieu exposé au vent de N.-E.; l'exposition sud modifie également les maxima. D: — Je ne puis établir aucune comparaison avec les autres par- ties de la vallée, où il ne se fait pas, à ma connaissance, d’ob- servations suivies des phénomènes météorologiques. Les deux vents qui dominent ordinairement sont le Sud- Ouest et le Nord-Est. L’Ouest règne quelquefois, surtout pen- dant l’été, mais il n’a pas de durée; quant aux autres, on ne les observe qu'au moment du passage dé l’un à l’autre des vents dominants ; le Sud-Ouest nous amène presque toujours un temps couvert et pluvieux, tandis que le Nord-Est accom- pagne un temps sec et frais, même en été. Mes observations sur les autres phénomènes météorolo- giques ont été trop peu suivies pour que j'en donne ici les ré- sultats; ils sont du reste à peu près les mêmes que ceux publiés par MM. Thurmann et Contejean pour les contrées voi- sines. En résumé, Belfort, situé sur la partie la plus élevée de la grande vallée qui sépare les Vosges du Jura, a un climat rude et excessivement variable; cette rigueur du climat est due sur- tout à la persistance des vents de Nord-Est, qui suivent la même direction que la vallée et à la longue durée des neiges sur les hauts sommets des Vosges et du Jura, qui nous entourent et nous forment comme une ceinture de glace depuis la mi- octobre jusqu’à la mi-mai ; de là des gélées blanches souvent très-tardives. Un fait que l’on a souvent remarqué et qui est surtout très- sensible dans notre vallée, c’est la différence de température qui existe entre les roches de nature calcaire et les terrains feldspathiques, lors même que les conditions de climat sont les mêmes. Au printemps, quand les premières fleurs paraissent, nos terrains calcaires sont déjà couverts d’anémones, de pulmo- naires, de primevères, etc., lorsque les terrains siliceux pré- sentent à peine quelques traces de végétation ; ces contrastes se remarquent très-bien entre le Salbertet le Mont, entre l’Ar- sot et la Miotte, etc. La végétation des terrains calcaires a une avance de six à huit jours sur celle des autres terrains. Les hautes Vosges offrent également un exemple frappant de l’abaissement de température des roches de cristallisation. En effet, on est amené, par la comparaison de la flore de ces hauts Er sommets avec celle du Haut-Jura, à reconnaître que les Vosges, à 1,200 mètres, ont une végétation aussi alpestre que le Jura à 1,500 mètres. Cette différence dans l'altitude des régions bota- niques de ces montagnes, ne peut être attribuée qu'à la diffé- rence de température des roches, puisque le changement de latitude est trop faible pour avoir une influence aussi sensible. | La température des sources de ces deux genres de terrains vient confirmer les observations précédentes : dansles terrains calcaires, les sources ont, en général, une température supé- rieure à celle des sources des terrains siliceux, quand même elles sont placées dans les mêmes conditions de hauteur et d'exposition. Quelles peuvent être les causes qui produisent cette diffé- rence dans la température des roches ? Cette question n’a pu être résolue d’une manière certaine jusqu’à présent. Cet effet est-1l produit par l'humidité que les terrains argileux et sableux re- tiennent avec plus de persistance et en plus grande quantité que les roches compactes ? Cette explication n’est pas admis- sible pour les roches cristallines compactes, qui sont celles, cependant, dont la température s'éloigne le plus de celle des roches calcaires. Doit-on y voir, au contraire, le résultat de l’action dissolvante de l’eau sur les sels produits par la décom- position des roches? Les sels à base alcaline abaissent généra- lement la température de l’eau, au moment de leur dissolution, tandis que les sels calcaires produisent plutôt l'effet contraire. C’est une question qu'il ne m'est pas permis de résoudre quant à présent. CONSTITUTION GÉOLOGIQUE DE LA CONTRÉE. Je n’ai pas l'intention de donner ici une description détaillée des terrains géologiques de notre vallée, avec leur faune, leur stratification, leurs soulèvements ; ce travail, quoique d'un grand intérêt, serait trop long et sortirait des limites que je me suis tracées en voulant étudier seulement les relations qui existent entre les roches sous-jacentes et la végétation qui les recouvre. RP — Je ne donnerai qu’un aperçu général des terrains avec leurs grandes divisions, de manière à faire connaître la nature du sol des localités citées dans l’énumération qui fait l’objet de cette notice. Trois genres de terrains se partagent notre vallée et ont à peu près la même étendue : 4° Les terrains de cristallisation, qui n’occupent que la partie montagneuse de la chaîne des Vosges ; 2 Les terrains de sédiments siliceux, qui s'étendent depuis les roches précédentes jusqu'aux falaises jurassiques du Mont, de la Miotte, etc. ; 3° Les terrains jurassiques et les terrains tertiaires, qui se développent depuis ces falaises jusqu'aux extrémités de nos limites, aux abords de la ligne où cesse l'influence du soulève- ment vosgien. Des alluvions anciennes et modernes recouvrent ces di- vers terrains sur beaucoup de points et ont une étendue très- variable. La petite chaîne des Vosges est presque entièrement formée de roches cristallines de diverses espèces. L'espèce dominante est la Syénite, qui occupe les parties centrales et les plus éle- vées de la chaîne ; c’est elle qui forme les grands massifs des Ballons de Servance et de Giromagny. On rencontre ça et là quelques blocs de granite, qui est assez rare dans cette chaîne des Vosges. Les porphyres occupent les parties basses de la montagne, tout en s’élevant sur certains points à des hauteurs importantes. L'Eurite est l’espèce la plus répandue; elle forme les massifs de la forêt du Lys, de la vallée du Puix, du Rose- mond, du Chantoisot, etc. Au Rosemond, à la Planche-des- Belles-Filles, on trouve aussi du porphyre rouge, et sur di- vers autres points, des porphyres verts, bruns, noirs (1), etc. Au Chantoisot, on rencontre quelques blocs de Diorite. (1) M. Coquand, dans son Traité des roches, classe d'une manière très- rationnelle ces différents porphyres et les divise en groupes, espèces, va- riétés, selon leur composition. Les nouveaux noms qu'il adopte rappellent également la composition de ces roches. Les porphyres rouges et noirs, les eurites constituent diverses variétés d’'Orthophyres; les porphyres bruns, verts, etc., deviennent des Labradophyres; le diorite, un Amphi- bolite granitoide, etc, RD L'ensemble de ces roches ne présente aucune forme arrêtée; comme toutes les roches d’épanchement, elles n’observent au- cune loi d’arrangement régulier ; leur soulèvement suit une ligne générale dont la direction est O. 15° N. à E. 15° S. Sor- ties du sein de la terre à des époques différentes, elles ont soulevé tous les terrains de sédiment et leur ont donné une inclinaison plus ou moins forte selon leur âge, et une direction générale qui, sous l'influence combinée du soulèvement des deux chaînes des Vosges, se dirige du N.-0. au S.-E. Les grauwackes, les schistes ardoisiers, avec leurs puissants filons de quartz de diverses couleurs, représentent les terrains cambrien et silurien ; ils s'appuient sur les roches de cristalli- sation dont ils sont séparés en quelques endroits par des roches métamorphiques. On remarque cà et là, à Chagé, Anjoutey, Etuffond, des affleurements de calcaire compacte du terrrain silurien. Le vieux grès rouge du terrain dévonien forme plusieurs massifs à la Tête-des-Planches, à l’Ordonverrier, à Giroma- gny, Rougemont. Les schistes et grès houillers forment une ligne presque con- tüinue de Champagney à Anjoutey, avec affleurements à Grange- Goddé, Bourg, la Charme, etc. Jusqu'à présent on n’a trouvé de houille exploitable qu'à Champagney ; dans plusieurs loca- lités, elle est tellement pyriteuse qu’elle ne peut être mise en usage que difficilement. Le terrain carbonifère n’a pas un développement très- important, on trouve de l’anthracite à Bourg et à Grange- Goddé. Le grès rouge et le grès vosgien donnent un développement considérable au terrain permien ; après avoir formé de nom- breuses ondulations, ils se terminent par les reliefs importants de Chalonvillars et de l’Arsot. Au Salbert, par suite d’un re- foulement de terrain, les schistes ardoisiers font saillie au mi- lieu de ces grès ; ces schistes reparaissent également sur plu- sieurs points de l’Arsot. Le terrain du trias occupe les parties inférieures de l’Arsot, où l’on trouve de puissants bancs de grès bigarré; les marnes irisées et les calcaires conchyliens occupent les parties basses des petites collines qui séparent les grès des terrains juras- | | ! ET siques. Les carrières d'Offemond, de Roppe, etc., nous offrent de beaux échantillons de ces terrains. Les petites collines liasiques commencent la série des ter- rains Jurassiques ; elles s'étendent au pied des falaises ooli- thiques de Roppe à la Forge, de Cravanche à Chalonvillars et au delà. On exploite, sur plusieurs points, les calcaires à gry- phées et à bélemnites comme pierres à chaux. Les sinuosités de la falaise oolithique nous donnent une idée des contours du littoral de l’ancienne mer jurassique. Les grandes tranchées des fortifications à la Miotte et à l’'Ouvrage- à-Cornes donnent toute facilité pour étudier les subdivisions de l'étage inférieur, l’oolithe, dela grande formation des calcaires jurassiques. L’oolithe ferrugineuse, l’inferior-oolite, le great- oolite, le forest-marble, le corn-brash, la dalle nacrée, forment autant de divisions ordinairement séparées par des lits de marne ou d'argile. Traversant la combe oxfordienne, avec ses marnes, son ter- rain à Chailles et ses calcaires compactes (kelloway-rock), on se trouve en présence des crêts du corallien. L'étude de cet étage est aussi facilitée par les tranchées de la Justice et de la Citadelle. Là nous observons les stratifications du coral-rag, de l’aolithe corallienne, du calcaire à nérinées et des calcaires subcrayeux. L’étage portlandien, le plus étendu de la formation, est par- ticulièrement représenté par les marnes astartiennes et les cal- caires compactes à astartes. Cette subdivision occupe toute la tranchée du chemin de fer de Damjoutin au chemin de Véze- lois ; elle s'étend depuis Bessoncourt et plus loin, jusqu’à Cha- tenois, où elle disparaît sous les molasses. Les divisions supé- rieures de l'étage nous manquent; les divisions moyennes ne sont représentées que par des lambeaux de kimméridgien; on peut étudier, entre Pérouse et Chèvremont, les affleurements des calcaires à ptérocères ct virgulien. Les molasses du terrain tertiaire s'étendent de Vézelois à Chatenois par Meroux, Moval et Bourogne. Enfin, dans quelques localités, à Chatenois par exemple, la molasse est recouverte par le calcaire nymphéen, qui termine la série des roches stratifiées. La rive droite de la Savoureuse nous offre les mêmes séries AE 10 RREEe de roches que nous venons de parcourir sur la rive gauche. Au Mont, commence l’oolithe jurassique ; le chemin de fer de Be- sançon traverse les parties supérieures de cet étage à Argie- san, il coupe les marnes oxfordiennes, la dalle nacrée et Les marnes bleues qui lui sont subordonnées à Banvillars, et longe les crêts coralliens jusqu'à Héricourt; à Dorans, Botans, Ber- mont, nous retrouvons les calcaires à astartes et la molasse sur nos limites. Le terrain sidérolithique recouvre les calcaires jurassiques à Roppe, Chèvremont, Chatenois, où le minerai de fer est exploité. Le diluvium vosgien et le nagelflue jurassique recouvrent également ces calcaires sur de grandes étendues à Bavilliers, Damjoutin, Vézelois, Meroux, etc. Des alluvions argileuses et sableuses occupent toutes Les par- ties basses des petits vallons et de la vallée principale de la Savoureuse. Les blocs erratiques de la vallée du Puix, ainsi que les restes de moraines en amont et en aval de Giromagny, démontrent l'existence d'anciens glaciers qui auraient recouvert tous les massifs du Ballon. C’est le professeur Renoir qui, le premier, a eu l’idée d'attribuer aux glaciers, la présence, sur les flancs de la vallée du Puix, de ces énormes blocs de syénites qui ont été transportés depuis le Ballon sur les grès autour de Giro- magny. Les phénomènes de soulèvement ont fait éprouver aux stra- lifications des terrains des modifications remarquables; chaque formation est en stratification discordante avec celle au-dessus et celle au-dessous d'elle. Des failles plus ou moins impor- tantes existent dans toutes les formations ; je ne citerai que celle qu'on observe au nord du Mont, où l’oolithe ferrugineuse se trouve en contact avec les schistes ardoisiers. Notre pays, comme on le voit par cette énumération, offre au géologue un champ d'étude exceptionnel ; en effet, il est peu de contrées qui, dans un espace aussi restreint, réunissent une aussi grande variété dans l’ensemble de leur constitution géo- logique ; toutes les formations, sauf les terrains volcaniques et les terrains crétacés, sont représentées dans leur ordre naturel OR — de superposition et présentent une collection complète de roches qu'il est facile de parcourir en quelques heures. On conçoit combien ces dispositions sont favorables à l’étude de l'influence des roches sous-jacentes sur la dispersion des plantes. Avant de terminer ce qui arapport à la géologie, je crois utile de donner ici un aperçu de la comporition chimique des roches, afin de faire connaître les éléments dont elles sont formées, et ceux d’entre eux susceptibles d’être assimilés par les végé- taux. Les syénites sont composées de feldspath orthose, d'amphi- bole et de quartz. L’orthose se compose presque entièrement de silicate double d’alumine et de potasse; quelquefois une cerlaine quantité de potasse est remplacée par de la soude ; l’alumine est à l’alcali comme 3 : 4. L’amphibole est un sili- “cate de chaux, de fer et de magnésie. Les granites sont composés de feldspath orthose, de mica et de quartz; le mica est un fluo-silicate de potasse, d’alumine et de fer. Les porphyres sont essentiellement composés, ou d’orthose empâtant des cristaux du même feldspath, ou de labrador em- pâtant des cristaux de labrador, ou d’oligoclase dans les mêmes conditions, ou bien encore ils passent à l’état magné- sien par l’union de l’amphibole et du labrador. Dans toutes ces roches, les corps constituants n’ont éprouvé aucune altération ou décomposition aqueuse. Les schistes de transition, les grès rouge, vosgien, bi- garré, etc., sont composés de quartz, de mica et de feldspaths, mais modifiés par l’action de l’eau ; les feldspaths surtout ont perdu une grande partie de leurs silicates alcalins et calciques. Les calcaires conchyliens et liasiques renferment des carbo- nates calcaires et des silicates d’alumine et de chaux. Les calcaires jurassiques, sauf quelques strates d’argile, sont essentiellement composés de carbonate calcaire. Les molasses et les calcaires d’eau douce sont des silicates d’alumine et de chaux en grains liés par un ciment de carbo- nate calcaire. Les alluvions argileuses, comme les autres terrains de sédi- ment argileux, sont composées de feldspaths décomposés = HE — par l'eau, mais dans un état de décomposition bien plus avancé, de telle sorte que les alcalis ont presque entièrement disparu. Les alluvions modernes sont formées par la réunion de toutes les roches de cristallisation réduites eu fragments plus ou moins gros; leur composition tient donc de celle de ces roches, c’est-à-dire qu’elles sont composées de quartz et de feldspaths peu altérés. DE LA DISPERSION DES PLANTES. La dispersion des plantes est généralement sous la dépen- dance de deux influences principales, la température et la na- ture du sol. La température ne modifie la végétation d’une contrée qu'autant qu'elle éprouve des changements par la différence dans le degré de latitude ou dans l’élévation au-dessus du ni- veau des plaines ambiantes. Dans un pays d’une étendue aussi restreinte que notre val- lée, le changement de latitude est assez peu important pour qu'on n’en tienne aueun compte ; les modifications dans la végé- tation provenant du changement de niveau, sont donc les seules dont nous ayons à nous occuper. Depuis longtemps Les observateurs ont reconnu qu'à mesure qu’on s'élève du fond des vallées vers les sommets des mon- tagnes, la végétation se modifie et prend des caractères diffé- rents, caractères qui sont assez constants dans des limites don” nées pour permettre d'établir des divisions ou régions d’alti- tude, dans lesquelles on à cherché à grouper les diverses espèces composant la flore. Parmi les nombreuses divisions qui ont été proposées, j'ai cru devoir appliquer à notre vallée celles que M. Thurmann a adoptées pour une contrée voisine, le Jura. Il admet quatre ré- gions différentes : la région basse, la moyenne, la montagneuse et l’alpestre. | La région basse comprend toutes les parties de la contrée qui ne s'élèvent pas à 400 mètres au-dessus du niveau de la mer : LC les plaines, les petits coteaux, la base des collines. Elle est re- couverte en grande partie par les alluvions de différentes na- tures ; elle se compose de prairies, de peu de forêts, de la plus grande partie des cultures, des étangs et en général des lieux marécageux. La région moyenne s'étend de 400 à 700 mètres ; elle est formée de toutes les collines sous-vosgiennes et des hauteurs situées à la base de la montagne; on y rencontre encore quelques cultures, des prairies et beaucoup de forêts. La région montagneuse ou région des sapins comprend toutes les parties de la montagne qui dépassent 700 mètres et qui n’atteignent pas 1,200 mètres; elle est presque entière- ment formée de forêts dans lesquelles s’intercalent de petites prairies et des pâturages. La région alpestre est restreinte aux sommets des Ballons qui dépassent 1,200 mètres. On n’y rencontre que des pâtu- rages, des escarpements souvent inaccessibles; un gazon court et serré, des arbres rabougris, donnent un aspect parti- culier à la végétation de cette région, qui est couverte de neige pendant près de huit mois de l’année et souvent plus long- temps dans les ravins exposés au nord. Les tableaux suivants donnent une idée de la manière dont se groupent, dans ces divisions, les diverses espèces de notre flore. J'ai indiqué en lettres italiques celles de ces espèces qui ca- ractérisent plus spécialement chaque région. Plantes de la région basse. Ranunculus fluitans, aquatilis, Lingua, sceleratus; Nigella arvensis ; Delphinium Consolida ; Nymphæa alba ; Nuphar lu- teum; Erysimum Cheiranthoides ; Barbarea patula; Sisym- brium officinale; Iberis amara ; Senebiera Coronopus; Viola alba, odorata ; Reseda lutea ; Silene pratensis ; Elatine hexan- dra, Alsinastrum; Geranium pyrenaicum; Trifolium fragife- rum ; Lathyrus Aphaca, Nissolia; Isnardia palustris ; Trapa nalans; Lythrum Hyssopifolia ; Myriophyllum verticillatum, spicatum ; Hippuris vulgaris ; Ceratophyllum demersum; Pe- plis Portula ; Herniaria glabra, hirsuta ; Corrigiola littoralis ; MED Scleranthus annuus, perennis ; Œnanthe Phellandrium, fistu- losa ; Berula augustifolia ; Cephalaria pilosa ; Senecio paludo- sus ; Pulicaria vulgaris ; Filago arvensis ; Cirsium oleraceum ; Centaurea Calcitrapa ; Specularia Speculum; Utricularia vul- garis, minor, intermedia ; Centunculus minimus ; Samolus Va- lerandi ; Menyanthes trifoliata; Anchusa arvensis; Myosotis versicolor; Antirrhinum Orontium; Linaria Cymbalaria ; Lin- dernia pyxidaria ; Limosella aquatica ; Veronica acinifolia; Phelipæa ramosa ; Lathræa Squamaria; Mentha Pulegium, ro- tundifolia ; Lamium amplexicaule, purpureum ; Leonurus Car- diaca; Ajuga Chamæpitys ; Teucrium Scordium ; Littorella la- custris ; Amarantus; Polyenemum arvense ; Chenopodium hybridum, murale, glaucum; Mercurialis annua; Humulus Lupulus; Salix viminalis ; Sagittaria; [ris pseudacorus; le genre Potamogeton ; Acorus Calamus ; Cyperus fuscus, flaves- cens; Carex cyperoides, disticha, vesicaria, riparia; Scirpus ovatus ; Panicum sanguinale, Crus-Galli; Setaria verticillata, glauca, viridis ; Leersia oryzoides ; Glyceria spectahilis ; Hor- deum murinum ; Polystichum Callipteris. Plantes croissant également dans les régions basses et moyennes. Clematis Vitalba ; Anemone ranunculoides ? Ranunculus au- ricomus ; Aquilegia vulgaris ; Actæa spicata ; Chelidonium ma- jus; Fumaria officinalis ; Barbarea vulgaris ; Sisymbrium AI- liaria ; Nasturtium officinale, sylvestre ; Cardamine amara, Im- patiens ; Roripa pyrenaica, amphibia ; Teesdalia nudicaulis ; Thlaspi perfoliatum; Helianthemum vulgare ; Viola mirabilis ; Reseda luteola ; Polygala Lejeunïi, austriaca ; Viscaria purpu- rea ; Dianthus prolifer, Armeria ; Holosteum umbellatum ; Al- sine tenuifolia ; Malva Alcea; Geranium palustre, columbi- num, dissectum, molle, pusillum ; Acer campestre ; Hyperi- cum humifusum ; Evonymus europæus ; Rhamnus catharticus ; Genista pilosa, germanica; Trifolium striatum, elegans, agra- rium, aureum, arvense; Astragalus glycyphyllos ; Vicia du- metorum,; Lathyrus hirsutus, tuberosus; Prunus Padus, avium; Fragaria collina ; Agrimonia odorata ; Orlaya grandi- flora; Caucalis daucoides; Peucedanum Cervaria, Oreoseli- er = nam, carvifolium; Seseli montanum ; Galium sylvaticum ; Va- lerianella Auricula, Morisonii ; Dipsacus sylvestris ; Petasites officinalis; Aster Amellus; Inula salicina; Filago germanica, gallica; Tanacetum vulgare ; Achillea Ptarmica, nobilis ; Cre- pis fœtida ; Matricaria Chamomilla ; Gentiana cruciata, ger- manica, ciliata; Linaria Elatine ; Solanum nigrum, Dulca- mara; Hyosciamus niger; Verbascum Thapsus, Lychnitis ; Euphrasia odontites ; Mentha sylvestris, viridis, Scutellaria minor; Lycopus europæus; Nepeta Cataria ; Galeopsis dubia ; Stachys germanica, annua, arvensis, Teucrium Chamædrys, Botrys; Verbena officinalis; Chenopodium polyspermum ; Atriplex patula, latifolia ; Passerina annua ; Mercurialis peren- nis ; Salix fragilis, alba; Alisma Plantago ; Orchis conopsea ; Anacamptis pyramidalis ; le genre Ophrys ; Ornithogalum py- renaicum ; Narcissus poeticus ; Allium oleraceum ; Adenoscilla bifolia; Tamus communis ; Juncus Tenageia ; Carex brizoides, cæspitosa, tomentosa, digitata, ornithopoda, paludosa ; Cala- magrostis Epigeios; Bromus racemosus, arvensis, seca- nus. Plantes habituelles de la région moyenne. Anemone Hepatica; Ranunculus nemorosus ; Papaver du- bium ; Corydalis cava ; Turritis glabra ; Arabis arenosa ; Den- taria pinnata ; Arenaria trinervia ; Stellaria media, holostea; Malachium aquaticum ; Hypericum tetrapterum ; Genista sa- gittalis ; Trifolium medium ; Lathyrus sylvestris ; Spiræa Ul- maria ; Geum urbanum ; Comarum palustre ; Rosa tomentosa ; Cratægus Oxyacantha; Pyrus communis, Malus; Epilobium hirsutum, parviflorum, montanum, roseum ; Lythrum Salica- ria ; Montia minor ; Saxifraga tridactylités ; Thysselinum pa- lustre ; Hedera Helix; Cornus sanguinea ; Sambucus Ebulus, mgra; Viburnum Opulus, Lantana ; Lonicera Periclymemum, Xylosteum; Asperula odorata ; Galium uliginosum ; Conyza squarrosa ; Artemisia vulgaris ; Senecio Jacobæa, sylvaticus ; Cirsium acaule ; Centaurea amara, Scabiosa ; Lapsana commu- mis ; Sonchus arvensis ; Campanula Rapunculus, Trachelium, glomerata ; Lithospermum officinale; Cynoglossum officinale ; Atropa Belladona ; Linaria minor, vulgaris; Orobanche Galii, Epithymum, Teucrii ; Veronica Teucrium, Chamædrys ; Ori- 6 ie (UT ganum vulgare; Calamintha Acinos; Clinopodium vulgare : Melittis Melissophyllum ; Stachys recta ; Betonica officinalis ; Prunella alba, grandiflora ; Rumex conglomeratus, nemoro- sus ; Thesium intermedium ; Corylus Avellana; Salix aurita ; Populus Tremula ; Alnus glutinosa ; Arum maculatum ; Orchis mascula ; Eriophorum angustifolium, latifolium ; Carex pani- culata, vulpina, muricata, canescens, sylvatica, hirta; Phala- ris arundinacea; Alopecurus pratensis; Agrostis vulgaris ; Apera Spica-venti; Milium effusum ; Melica uniflora, nutans ; Poa bulbosa, compressa ; Molinia cœrulea ; Brachypodium pin- natum, sylvaticum; Festuca gigantea, arundinacea, elatior'; Bromus asper, erectus ; Triticum caninum ; Equisetum palus- tre ; Asplenium Ruta-muraria, er ces Polypo- do Robertianum. Plantes habitant également les régions moyenne et monta- gneuse. Ranunculus aconilifolius ; Cardamine sylvatica ; Viola pa- lustris ; Drosera longifolia, intermedia ; Polygala depressa ; Si- lene rupestris ; Lychnis diurna ; Stellaria nemorum ; Hyperi- cum quadrangulum, pulchrum, montanum ; Acer pseudo-pla- tanus, platanoides ; Impatiens Noli-tangere ; Ilex aquifolium ; Trifolium alpestre ; Spiræa Aruncus ; Geum rivale; Rubus Idæus; Sanguisorba officinalis ; Sorbus aucuparia ; Illecebrum verticillatum ; Ribes alpinum ; Chrysosplenium oppositifolium, alternifolium; Seseli Libanotis; Chærophyllum hirsutum ; Myrrhis odorata; Sambucus racemosa ; Galium rotundifo- lium ; Valeriana tripteris ; Knautia dipsacifolia; Adenosty- les albifrons; Petasites albus; Gnaphalium dioicum; Cen- taurea montana, nigra ; Carlina acaulis ; Prenanthes purpurea ; Soyeria paludosa ; Phyteuma nigrum; Campanula persicifo- lia, le genre Vaccinium ; Linaria striata ; Digitalis purpurea, grandiflora, lutea ; Orobanche Rapum; Stachys alpina ; Poly- gonum Bistorta ; Asarum europæum; Pinus sylvestris, Abies, picea ; Lilium Martagon ; Polygonatum verticillatum ; Listera cordata; Eriophorum vaginatum; Festuca sylvatica ; Equise- tum sylvaticum ; Lycopodium inundatum, elavatum ; Polypo- dium Phegopteris, Dryopteris; Polystichum Thelipteris, EN = Oreopteris, dilatatum ; Aspidium Filix-fæmina; Cystopteris fragilis; Blechnum Spicant; Asplenium Breynii, septentrio- nale. Plantes de la région montagneuse. Ranunculus platanifolius ; Trollius europæus ; Aconitum Na- pellus, Lycoctonum ; Lunaria rediviva; Thlaspi alpestre; Ge- ranium sylvaticum ; Rubus saxatilis ; Rosa pimpinellifolia, al- pina ; Cotoneaster vulgaris ; Amelanchier vulgaris ; Epilobium trigonum ; Circæa intermedia, alpina ; Sedum annuum ; Ange- lica pyrenæa ; Lonicera nigra; Arnica montana ; Carduus Per- sonata ; Senecio Jacquinianus ; Lactuca Plumieri;, Mulgedium alpinum; Andromeda polifolia ; Pyrola minor, rotundifola ; Pinguicula vulgaris; Gentiana lutea ; Orchis globosa ; Juncus filiformis, squarrosus ; Carex limosa; Poa sudetica ; Calama- grostis montana; Lycopodium Chamæcyparissus ; Asplenium Adianthum-nigrum (1). Plantes de la région alpestre. Viola sudetica ; Potentilla alpestris ; Saxifraga stellaris, Ai- zoon ; Laserpitium latifolium; Galium saxatile ; Leontodon py- renaicum ; Melampyrum sylvaticum; Thesium alpinum ; Ru- mex arifolius ; Veratrum album; Allium victoriale ; Orchis al- bida; Lycopodium Selago; Polypodium Rhæticum. Beaucoup d'espèces ne sont pas exclusivement renfermées dans la région qu’elles habitent de préférence ; plusieurs causes peuvent modifier leur habitat; mais, avec un peu d’habitude, on reconnaît facilement ce qu’il y a d’exceptionnel dans la dis- sémination de ces plantes. Parmi les causes qui peuvent mo- difier l'habitat, le transport par les cours d'eau, l’exposition, les brusques accidents du sol, peuvent être placés en première ligne. C’est ainsi que l’Arnica montana, le Geranium sylvati- cum, le Ranunculus aconitifolius, le Chærophyllum hirsu- tum, etc., descendent avecla Savoureuse dans toutes les prai- (1) La plupart des plantes qui ne figurent pas dans ces listes croissent indifféremment dans les trois régionss quelques-unes s'élèvent jusque dans la région alpestre. en de ries basses qui bordent ce cours d’eau; les plantes alpestres descendent plus volontiers sur les escarpements exposés au nord des Ballons, qu’elles ne le font sur les parties sud. L'influence des roches sous-jacentes sur la végétation est peut-être plus remarquable encore que celle de la tempéra- ture, surtout dans notre vallée, où les terrains géologiques de composition essentiellement différente, se trouvent souvent en contact immédiat. Les grands contrastes que l’on remarque sont surtout sen- sibles entre la flore des terrains à base de carbonate calcaire et celle des terrains feldspathiques ; chacun de ces deux genres de terrains a une flore caractérisée par un certain nombre de plantes qui lui sont propres et quise montrent souvent très- exclusives sur le choix du sol. Les observateurs ne sont pas d'accord sur les causes qui dé- terminent cette influence du sol sur la végétation ; les uns l’at- tribuent aux éléments chimiques qui entrent dans sa composi- tion; les autres ne veulent y voir qu'une influence purement mécanique dépendante de l’état d’agrégation des roches. Lorsqu'on étudie les phénomènes de la nutrition des végé- taux et qu'on observe le rôle qu'y jouent les substances miné- rales, on est naturellement porté à se rattacher à la première de ces deux opinions. L'analyse chimique des végétaux a démontré d’une manière certaine la présence d’acides organiques propres qui varient pour chaque famille, chaque genre, et même pour chaque es- pèce. Ces acides ne sont pas libres; ils sont toujours unis à des bases le plus souvent minérales ; la potasse, la soude et la chaux sont celles de ces bases fournies par le sol qui jouent le principal rôle; le fer, la magnésie et d’autres bases peuvent aussi se rencontrer dans les plantes, mais dans des proportions insignifiantes. | Si l’on admet la théorie de Liebig sur les substitutions des bases entre elles, en proportions définies, dans l'organisme des végétaux, on s’expliquera pourquoi il est des plantes qui crois- sent indifféremment sur toute espèce de sol, et pourquoi il en est d’autres qui sont plus ou moins exclusives dans leur choix. C’est que, dans les premières, les acides peuvent être saturés = D = sans préférence, par l’une ou l’autre des bases que leur pré- sente le sol, tandis que, dans les autres, les acides recherchent tantôt les alcalis, tantôt la chaux, sans qu’il puisse y avoir de substitution entre ces bases. L'analyse des cendres des végé- taux nous apprend que les plantes qui affectionnent le plus les terrains feldspathiques sont surtout riches en alcalis, tandis que, dans les plantes des terrains calcaires, ces alcalis sont remplacés en plus ou moins grande partie par de la chaux. | En général, c’est à l’état de carbonate que ces bases se pré- sentent aux plantes, et l’action combinée de l’eau et de l'air tend à ramener à cet état celles qui seraient unies à d’autres acides. Il est cependant des exceptions : ainsi les plantes du littoral, qui constituent la flore maritime, recherchent les bases lorsqu'elles sont unies au chlore, c’est-à-dire à l’état de chlo- rures, que l’eau de la mer tient en dissolution dans des pro- portions notables; cette affection pour les chlorures est telle que beaucoup de ces plantes du littoral se retrouvent loin des côtes, sur tous les affleurements des terrains salifères où le sol est imprégné de ces sels. Une certaine catégorie de plantes recherchent les bases unies aux acides dans lesquels l’azote est partie constituante; ces plantes habitent de préférence le voi- sinage des habitations où elles trouvent ces sels en abondance. Les substances minérales, pour être assimilées par les végé- taux, ont besoin d’être dissoutes par l’eau, et c’est cet agent qui est chargé de les transporter dans la circulation; aussi l’eau a-t-elle une action remarquable sur les roches de toute nature. Les roches de calcaire compacte sont presque entièrement composées de carbonate de chaux; elles se désagrégent diffici- lement et ne se laissent pénétrer que faiblement par l’eau qui ne décompose que les surfaces sans laisser de détritus sensible. Les roches d’épanchement et les terrains de sédiments sili- ceux, composés de quartz et de feldspaths principalement, se désagrégent facilement et se laissent pénétrer par l’eau par une infinité de pores. La décomposition s'opère en abandonnant à l'eau de faibles proportions de substances solubles et en lais- sant un détritus très-abondant. Nous avons un exemple remarquable de ces deux modes de PAR. décomposition dans la tranchée du chemin de fer dite Tranchée- des-Barres. L’oolithe jurassique est recouverte d’une couche très-profonde d'argile qui empâte une grande qnantité de galets vosgiens, qui sont posés sur la surface de la roche compacte; beaucoup de ces galets atteignent 20 à 30 centimètres de dia- mètre et sont complétement décomposés tout en ayant conservé leur forme et leur texture. La décomposition est assez complète pour qu’on puisse les couper aussi facilement que l’argile qui les entoure, tandis que le calcaire, placé au-dessous et dans les mêmes conditions, n’est décomposé qu’à la surface sur une épaisseur qui ne dépasse pas un centimètre. L'eau a donc une action bien différente sur ces deux genres de roches, les calcaires seulement perméables en grand, lui cèdent des parties solubles en plus fortes proportions que ne le font les roches feldspathiques placées cependant dans des con- ditions plus avantageuses à l’action décomposante. Le mode de décomposition de ces roches nous explique ces différences d'action ; le carbonate calcaire, sous l'influence de l'air, est directement soluble dans l’eau, tandis que les silicates doubles qui constituent les feldspaths ont besoin d’être trans- formés en silicates simples, alumineux, ou alcalins, ou cal- caires; le silicate d’alumine, beaucoup plus abondant, reste insoluble avec le quartz; les autres se décomposent de nouveau pour donner naissance à des carbonates et à de la silice, qui, à l’état naissant et gélatineux, peut être facilement assimilée. C'est donc avec raison qu’on attribuera la préférence de cer- taines plantes pour les terrains siliceux à la facilité avec laquelle elles se procurent dans le sol, en quantité suffisante et dans des conditions convenables, les alcalis et la silice qui sont néces- saires à leur existence. La préférence d’une autre catégorie de plantes pour les terrains calcaires s’expliquera également par le besoin qu'ont ces plantes d’une certaine quantité de chaux dans leur organisme. Si les plantes des terrains siliceux, malgré la présence des alcalis, qui existent en plus ou moins grande proportion dans toute espèce de sol, ne se rencontrent pas sur tous les terrains et principalement sur ceux dans lesquels le calcaire domine, c’est que le carbonate (en solution à l’état de bicarbonate), par sa propriété de former des sels insolubles avec les acides or- — 099 ganiques, déplace tout ou partie des alcalis et modifie ainsi l'action assimilante des plantes. L'assimilation du calcaire n’étant pas entravée par la présence des alcalis, les plantes qui recherchent cette base pourront se développer sur tous les terrains qui en renferment. Nous avons, en effet, observé que les plantes des terrains calcaires sont beaucoup moins exclusives que celles des terrains siliceux, et qu’on les rencontre fréquemment sur les roches d’épanchement däns la composition desquelles il entre des feldspaths calcaires (les Labradophyres), du pyroxène, de l’amphibole, etc. Nous admettons donc la théorie de l'influence chimique des roches sous-jacentes sur la végétation comme expliquant d'une manière plus satisfaisante les principaux faits de dispersion des plantes. Cependant, tout en attribuant à l’élément chimique une importance de premier ordre, nous devons reconnaître que l'état physique d’agrégation du sol a, surla végétation, une in- fluence qui, quoique secondaire, n’en est pas moins impor- tante; ainsi l’état plus ou moins meuble, plus ou moins com- pacte du sol, modifie la végétation d’une manière assez sensible pour donner un aspect différent au tapis végétal, selon qu’on se transporte d’un terrain d’alluvion sableux sur un terrain à roches compactes ou sur un sol marneux ou argileux. Un coup d’œil sur la végétation des différentes stations de notre vallée, nous donnera une idée de la manière dont se dis- tribuent les espèces de notre flore sous l’influence des éléments chimiques du sol. Les terrains de roches cristallines ont une végétation riche et variée en espèces; elle se fait remarquer par le développe- ment et la vigueur des individus, cette végétation ne peut être comparée à celle d'aucun autre terrain. On y remarque comme - espèces préférentes : Cardamine amara, sylvatica; Viola sude- tica; Polygala depressa, Lejeunü; Silene rupestris; Spergu- laria rubra ; Hypericum humifusum, pulchrum; Sarothamnus vulgaris; Genista pilosa; Lotus tenuis, uliginosus; Lathyrus macrorhizus ; Potentilla Tormentilla; Sedum annuum; Saxi- fraga stellaris; Angelica pyrenœa; Meum athamanticum ; Ga- lium saxatile; Arnica montana; Senecio sylvaticus, aquati- = 80 =— eus; Gnaphalium norvegicum; Centaurea nigra: Leontodon pyrenaicus ; Lactuca Plumieri; Jasione montana, Vaccinium Myrtillus; Galluna vulgaris; Lysimachia nemorum ; Erythræa Centaurium; Digitalis purpurea; Betula alba; Orchis albida ; Juncus filiformis, squarrosus; Luzula albida, sylvatica, mul- tiflora ; Carex pilulifera, maxima, pallescens; Calamagrostis montana; Aira flexuosa, cœspitosa ; Holcus mollis: Triodia decumbens; Poa sudetica; Nardus stricta ; Lycopodium Selago, clavatum, Chamæcyparissus; Polypodium Phegopteris ; Poly- stichum Thelipteris; Asplenium Breynii, septentrionale; Pteris aquilina. Les espèces indiquées en lettres italiques sont les plus ‘ré- pandues; elles contribuent surtout à donner au tapis végétal l’aspect qui le caractérise sur ces terrains Quelques espèces propres aux terrains calcaires se rencon- trent sur les roches d’épanchements, elles évitent les ortho- phyres et préfèrent les syénites et les labradophyres; ces mêmes espèces ne se rencontrent pas sur les grès et les schistes siliceux. Les plus fréquentes sont : Trollius europæus; Lunaria redi- viva; Hypericum hirsutum; Trifolium alpesire; Saxifraga Aïzoon; Seseli Libanotis ; Asarum europæum; Elymus euro- pæus; etc. En général, les espèces les plus sociales et les plus répan- dues appartiennent aux dernières familles de l’échelon naturel; les Lycopodiacées, les Fougères, les Graminées, les Cypéra- cées, les Joncées. Les schistes ardoisiers et les grès ont une végétation bien moins variée; beaucoup d'espèces montagneuses ont disparu et n’ont pas été remplacées. L'aspect de ces terrains frappe surtout par sa monotonie; partout des landes de Calluna, de Sarothammus, d'Aira,d’Agrostis ; partout des forêts semées de bouleau, tapissées de Vaccinium, ça et là dans les coupes des Digitalis purpurea, Prenanthes purpurea, Senecio sarra- cenicus, et une abondance extrême de Fougères, Cypéracées, Graminées, etc. Les alluvions sableuses ont une flore toute spéciale ; Les es- pèces citées précédemment n'y sont ni aussi répandues, ni LOU aussi sociales; on y rencontre principalement les espèces sui- vantes : Roripa pyrenaica; Teesdalia nudicaulis; Senebiera Corono- pus; Viscaria purpurea; Saponaria officinalis; Spergularia rubra; Elatine hexandra; Melilotus macrorhizus; Trifolium aureum ; Potentilla argentea ; Lythrum Salicaria ; Montia ri- vularis ; Ilecebrum verticillatum; Herniaria glabra; Corrigiola littoralis ; Scleranthus perennis ; Selinum Carvifolia; Peuceda- num Oreoselinum ; Silaus pratensis ; Senecio viscosus; Tana- cetum vulgare; Pulicaria vulgaris; Gnaphalium uliginosum ; Filago germanica, minima; Centaurea Calcitrapa; Arnoseris pusilla ; Verbascum Blattaria; Mentha Pulegium; Galeopsis dubia ; Juncus conglomeratus; Panicum Crus-galli ; Aiïra ca- ryophyllea; Poa fertilis ; Festuca Lachenaln , Myuros ; Nardus stricta. Les alluvions argileuses ont la végétation la plus pauvre et la moins variée; quelques espèces sociales, presque toujours les mêmes, envahissent de grands espaces de terrains et donnent un aspect des plus monotones au pays. Les espèces suivantes constituent la flore de ces terrains, les espèces sociales sont peu nombreuses : Ranunculus Flammu- la, sceleratus ; Erysimum Cheiranthoides ; Roripa nasturtioides, amphibia ; Viola canina ; Stellaria uliginosa ; Spergula arven- sis; Hypericum humifusum; Trifolium fragiferum, elegans ; Prunus Padus; Agrimonia odorata; Alchemilla arvensis ; Is- nardia palustris; Lythrum Hyssopifolia ; Peplis Portula; Peu- cedanum palustre ; Œnanthe fistulosa, Phellandrium; Scabiosa succisa; Achillea Ptarmica; Bidens cernua, tripartita ; Pulica- ria dysenterica, vulgaris ; Cirsium oleraceum ; Calluna vulga- ris, Lysimachia nemorum ; Erythræa pulchella; Linaria Ela- tine; Lindernia pyxidaria ; Teucrium Scordium; Acorus Cala- mus; Juncus effusus, glaucus, bufonius ; Cyperus flavescens, fuscus ; Carex brizoides, distans ; Pteris aquilina. La végétation des terrains de calcaires compactes a un as- pect tout différent de celle des terrains que nous venons de parcourir; toutes les plantes propres aux roches siliceuses dis- paraissent ou deviennent rares ; elles font place à une nouvelle catégorie d'espèces, dont un petit nombre seulement sont so- ER D ciales; les Fougères, les Cypéracées, les Graminées, etc., y ont moins de représentants et, si les plantes sont moins déve- loppées, moins vigoureuses que sur les roches cristallines, du moins la végétation perd cette désolante monotonie qu'elle possède sur les grès et les ardoises. Le sommet des collines est généralement nu et aride; mais cette aridité disparaît à mer sure qu'on descend dans les combes marneuses, où l’on re- trouve la végétation la plus riche de la zone calcaire. Les mo- lasses ont une flore à peu près identique à celle des calcaires jurassiques, le tapis végétal y a tout à fait le même aspect. Les espèces suivantes sont propres aux sols calcaires : Ane- mone ranunculoides, Hepatica; Ranunculus sylvaticus ; Hel- leborus fœtidus; Aquilegia vulgaris; Actæa spicata ; Berberis vulgaris ; Arabis sagittata; Dentaria pinnata; Lunaria re- diviva ; Iberis amara ; Viola alba, mirabilis; Polygala austri- aca; Hypericum hirsutum; Astragalus glycyphyflos; Vicia dumetorum; Lathyrus vernus; Hippocrepis comosa : Peu- cedanum Cervaria ; Seseli montanum; Achillea nobilis; Inula squarrosa, salicina: Filago spathulata ; Cirsium acaule ; Car- lina acaulis; Vinca minor; Gentiana cruciata, ciliata; Ori- ganum vulgare; Melittis Melissophyllum ; Prunella grandi- flora ; Daphne Mezereum ; Asarum europæum ; Euphor- bia verrucosa; Mercurialis pereunis; Buxus sempervirens ; Cephalanthera rubra; Carex digitata, ornithopoda ; Brachypo- dium pinnatum; Elymus europæus; Polypodium Robertia- num, Asplenium Halleri. Les marais tourbeux ont une flore toute spéciale, indépen- dante de la nature des roches sous-jacentes. Les plantes qui s'y développent demandent un sol pour ainsi dire artificiel, dans lequel elles peuvent puiser les principes minéraux, qu'a- bandonnent les végétaux en décomposition et se les assimiler sous l'influence des substances organiques provenant de la même décomposition. Il n’est pas étonnant que les tourbières aient partout une flore à peu près identique, malgré la différence de composition des roches sous-jacentes, puisque nous voyons un grand nom- bre de plantes se développer par la culture en dehors de leur habitat, au moyen des substances minérales et organiques que = M = leur fournissent les engrais. Le même phénomène se produit dans les bois, sur les amas de feuilles mortes, où quelques plantes prennent naissance en dehors de leur terrain habituel. Les plantes suivantes sont celles qui habitent nos tourbières et marais tourbeux : Drosera rotundifolia, intermedia, longifolia; Parnassia pa- lustris ; Comarum palustre ; Epilobium palustre ; Chrysosple- nium oppositifolium, alternifolium ; Galium uliginosum; Vac- cinium uliginosum; Oxycoccos vulgaris; Andromeda polifolia; Pedicularis sylvatica, palustris; Scutellaria minor; Spiranthes autumnalis ; Epipactis palustris ; Juncus Tenageiïa ; Rhyncho- spora alba; Lycopodium inundatum. La végétation des lieux aquatiques est la plus indépendante de la nature du sol; les eaux courantes ont une flore assez restreinte, surtout sur les sols sableux ; les eaux dormantes possèdent presque complétement la flore aquatique de notre circonscription. En résumé, à climat égal, la distribution des plantes dans notre vallée est sous la dépendance immédiate de la composi- tion chimique du terrain. L'état physique des roches n’ayant d'influence sur la végé- tation, qu'autant qu'il facilite la décomposition chimique de ces roches, ne joue par conséquent qu’un rôle secondaire dans la dispersion des plantes. Les roches cristallines, qui n’ont subi aucune décomposition aqueuse, ont la flore la plus vigoureuse, la plus variée et la plus riche en espèces sociales. Les schistes, les grès, etc., produits de la décomposition in- complète des feldspaths, ont une végétation moins variée et moins riche en espèces sociales; son aspect frappe par son peu de variation. Les alluvions argileuses, résultant de la décomposition pres- que complète des roches précédentes, ont la végétation la moins bien développée et le plus petit nombre d'espèces sociales, par conséquent le tapis végétal le moins varié. On peut admettre qu’en général la richesse végétale d’un terrain est en rapport avec la quantité de substances solubles produites par la décomposition des roches et par conséquent <= DE -— avec l’état de décomposition plus ou moins avancée de ces roches. Parmi les calcaires, les marnes, par leur état plus perméable à l'eau et à l'air, conséquemment, par leur décomposition plus facile, ont une végétation plus riche, plus productive que les roches compactes dont les surfaces seules sont susceptibles de se décomposer. L'influence de la station sur la distribution des plantes est assez connue pour qu'il ne me paraisse pas utile d’en faire ici l'objet d’un article spécial. Dans l’énumération suivante, il est toujours fait mention, pour chaque espèce, du genre de station qui lui est habituel. ÉNUMÉRATION. L'énumération suivante présente un tableau à peu près com- plet de la flore de nos environs, sur laquelle aucun travail spécial n’a encore été publié. Les seuls documents que j'ai pu recueillir se résument en citations de localités éparses dans les ouyrages étrangers à notre circonscription, et souvent assez vagues pour qu'il ne m'ait pas été permis de les vérifier. Je ne fais figurer dans cette énumération que les espèces que j'ai vues moi-même, notant celles qui, citées par des auteurs connus, m'ont échappé jusqu'à présent, et éliminant toutes celles qui m'ont laissé des doutes, soit sur leur présence, soit sur leur indigénat. Je n’ai pas cru devoir mentionner les es- pèces cultivées ou échappées des jardins, la plupart étrangères et sans intérêt pour la géographie botanique. J'indique pour chaque espèce, dans un même paragraphe, sa durée annuelle, bisannuelle ou vivace, l’époque de sa flo- raison, le genre de station, les régions d'altitude et la nature du terrain géologique qu'elle préfère, les principales localités où Je l’ai observée, n’omettant ces indications que lorsque la plante trop commune se rencontre partout. L’aire de dispersion de la plante est désignée par les mots disséminé, répandu ; les mots rare, abondant, expriment la quantité de dispersion ; le mot ubiquiste s'applique aux plantes qui croissent indiffé- remment à tous les niveaux ou sur tous les terrains; sous le nom de terrains calcaires, je comprends tous les terrains à base de carbonate de chaux, et sous celui de terrains siliceux tous les terrains de cristallisation ou de sédiment composés princi- palement de silicates. L'ordre de classification que j'ai suivi est celui adopté par MM. Grenier et Godron dans leur Flore de France, ou par M. Koch dans son Synopsis. | Les abrévations dont j'ai fait usage sont faciles à compren- dre; les principales sont les suivantes : ®, annuel; — (@), bisannuel; — #, vivace; — 6, ligneux; — rég., région ; — MmOoy., moyenne ; — Sup., Supérieure; — montg., montagneuse; — alp., alpestre ; — diss., disséminé; rép., répandu ; — ab., abondant. EXOGÈNES OU DICOTYLÉDONÉES. THALAMIFLORES. RENONCULACÉES. CLEmariIs /. C. Virazga L. 4 juin-juillet. Haies et buissons; rég. basse et moy.; rép., ab. THALICTRUM |. T. ANGUSTIFOLIUM L. Signalé par les anciens, je n’ai pu le re- trouver. s ANEMONE |. A. xemoROsA L. # mars-avril. Bois et buissons ; ubiquiste quant au terrain et à l’altitude; commun. À. RANUNCULOIDES L. # avril-mai. Bois; rég. basse et moy.: terrains calcaires. Bois du Mont, des Fourches, de la Miotte, de Danjoutin, etc., peu rép.; peu ab. À. Heparica L. Z mars-avril. Rég. moy.; bois et buissons des terrains calcaires de la Miotte et de la Justice (1839). ab. R:nvuncuLus L. R. AquarTiLIs L. 3 mai-août. Ruisseaux et rivières ; commun partout. R. TRICHOPHYLLOS Chaix. x Maï-août. Ruisseaux, eaux cou- rantes. Bourogne {Contejean); probablement plus répandu. R. pivaricaTus Schrk. % juin-août. Rég. basse et moy.; eaux lentes, canal de la Forge, canal Napoléon, etc.; assez abondant. KR. FLuITANS Lam. > Juin-juillet. Rég. basse; eaux couran- tes, la Savoureuse, la riv. St-Nicolas, etc. R. AconrTIFoLIUS L. Z mai-août. Ruisseaux et ravins de la région des sapins; descend jusqu’au Valdoie, sur l’alluvion de la Savoureuse. Abondant. oi Le R. PLATANIFOLIUS EL. % mai-août. Région des sapins. Ballon de Giromagny. Abondant. R. FLamuura L. # juin-octobre. Les trois rég. infér.; ma- rais, ruisseaux; plus fréquent sur les alluvions argileuses ; très-ab., rép. R. Linqua L. # juin-juillet. Marais, étangs ; abondant autre- fois dans l’étang de la Maiche, aujourd’hui reve, par su'te du desséchement de cet étang. R. auricomus L. # avril-mai. Bois et buissons ; rég. ‘nf.; ubiquiste quant au terrain ; assez rép., ab. R. acris L. # mai-juillet. Prairies ; commun. R. syzvaricus Thuill. x mai-juin. Rég. moy.; terr. cal- caire, bois et broussailles. Le Mont, la Miotte, les Four- ches, etc. R. REPENS L. Æ mai-août. Prairies humides ; commun. R. suzsosus L. # mai-août. Prés, champs, etc.; commun. R. arvensis L. G) mai-juillet. Moissons, etc.; commun. R. SCELERATUS L. (TD) mai-septembre. Marais, ruisseaux de la rég. basse, ancien étang de la Maiche. Peu rép., peu ab. R. Purconoris Ehrh. Signalé par J. Bauhin, n’a pas été re- trouvé. Ficania Dill. F. RANUNCULOIDES Mæœnch. % avril-mai. Toutes régions et tous terrains ; haies, bois ; commun. CarruaA JL. C. pazusTRis L. 2% avril-mai. Prairies humides, marais ; commun. TROLLIUS LI. T. euroPæus L. % juin-juillet. Pâturages des Vosges grani- tiques, région des sapins; disséminé. Ballon de Giromagny. (Herrmann,. HELLEBORUS L. H. roœripus L. > février-avril, septembre et octobre. Bois des terrains calcaires ; peu rép., assez ab. Chatenois, Brevil- liers, Doran, etc. AQuILEGIA /, A. vuzGaris L. % juin-juillet. Haies et buissons des terrains STORE, LE calcaires ; rég. basse et moy.; rép., ab. À la Miotte, la Justice, à la Perche, etc. DELPHINIUOM |. D. Coxsozipa L. © juin-août. Moissons ; diss., peu ab. ACONITUM |. A. NarezLus L. Z juin-août. Ravins du Ballon de Giroma- gny (entre 800 et 1,200 mètres d’altitude). Assez ab. A. Lycocronum L. 2% juin-août. Même station et même ha- bitat que le précédent, mais moins ab.; se trouve sur quelques points élevés des falaises oolithiques. ACTEA /. A. spicaTa L. % juin. Rég. moy.; terrains calcaires; bois couverts des Fourches, du Mont, etc. Peu rép., assez ab. BERBÉRIDÉES. IPERBERIS /. B. vuccaris L. b mai-juin. Rochers calcaires, haies, buis- sons ; ab., assez rép. NYMPHÉACÉES. NympPaæxa Neck. N.aLBa L. # juin-août. Etang de la forge d’Eloye, du Mal- sauci, etc. Rép., ab. Nurnar Sm. N. LureuM Smith. x juin-août. Mares et ruisseaux profonds. Bourogne, Chatenois, Denney. Moins répandu que le précé- dent. Peu ascendant, ainsi que le précédent. PAPAVÉRACÉES. PaPpavEer /. P. Ruoëas L. ) juin-juillet. Moissons; commun. P. ougium L. ®) jum-juillet. Moissons, décombres, etc.; abondant. P. ARGEMONE L. ® mai-juin. Moissons, champs sableux ; assez rare à Roppe ; devient de plus en plus fréquent en des- cendant vers la plaine d'Alsace. ER CHaELIDONIUM Zourn. Cu. mayus L. Z mai-août. Haies, décombres ; rég. infér.; rép., ab. FUMARIACÉES. ConxpaLis D C. C. cava (Schweigg. et Kært.). Z avril-mai. Haïes et bois; fré- quent sur les calcaires. La Miotte, la Justice, la Perche, etc.; sur les schistes ardoisiers à Auxelles, etc., sur l’alluvion de la Savoureuse, au Valdoie, etc. Abondant dans les régions infér. C. sozipa Smith. x avril-mai. Mêmes localités que le précédent, monte jusqu’au-dessus de la région des sapins; abondant. Fumanra /. F. orriciNaLIS L. G) mai-septembre. Champs. Culture des rég. infér.; rép., ab. CRUCIFÈRES. RAPHANUS /. R. RAPHANISTRUM L. © juin-août. Champs, moissons, etc.; commun. Savapris /. S. ARVENSIS L. (et la var. orientalis) ®@ juin-octobre. Champs; commun. S. AzBA L. © juin-juillet. Champs, décombres, fugace (probablement introduit). Brassica L. B. niGra Koch. ® juin-juillet. Décombres; fugace; À dans nos fossés de fortifications. DipLoTAxIS D C. D. Murauis D C. @ juin-juillet. Murs de la Citadelle, au- dessus du Fourneau (Vict. Bardy). Rare. CuEimanTuaus R. Brown. Cu. Caeiri L. % avril-mai. Murs de la Citadelle, du côté de la ville (Veter. et Nob.). Assez rare. 7 Rs. Erysimuum |]. E. cHErRANTROIDES L. © juin-juillet. Région basse. Allu- vion arg. de la Savoureuse et de la rivière St-Nicolas. Assez abondant. BaRBaREA À. Brown. B. vurgaris R. Br. G) et # mai-juin. Lieux humides ; rég. infér.; commun. B. paATuLA Fries (B. prœcox R. Br.) oO avril-mai. Lieux humides ; naturalisé (?) sur les berges de la Savoureuse, au- dessus du Champ-de-Mars, où je le trouve en abondance de- puis 4839. SYSIMBRIUM /. S. OFFICINALE SCop. (n juin-septembre. Bords des chemins, voisinage des habitations ; rég. basse ; très-commun. S. AzzrartA Scop. # avril-mai. Bords des chemins, haies, buissons ; commun. NaASTuRTIUOM R. Brown. N. oFriCciNALE R. Br. # juin-septembre. Ruisseaux des prairies, rép., ab. N. syLVESTRE À. Br. zx juin-août. Bords des ruisseaux de la rég. basse, à la Forge, au Valdoie, à Bourogne, etc.; peu rép., peu ab. ARaABisS /. À. saGiTTATA D C. G) maï-juin. Rocailles de la Miotte, de la Justice, et autres coteaux calcaires des rég. basse et moy.; rép., ab. À. PERFOLIATA Lam. (Turritis glabra. L.) @) juin-juillet. Haies et bois. Le Salbert, l’Arsot, les bords de la Savoureu- se, elc.; rég. basse et moy., sans distinction de terrain; assez rép., assez ab. A. THazrana L. © ävril-octobre. Champs ; commun. A. ARENOSA Scop. ®) mai. Rochers calcaires de la Miotte et de la Justice. Abondant; déjà vu par J. Bauhin, Nestler, etc. CARDAMINE J. C. PRATENSIS L. # mai-juin. Prairies; commun. C. amara L. # avril-mai. Ruisseaux des bois et des prairies. RU Le Salbert, l’Arsot. Surtout dans les terrains siliceux des rég. infér.; assez rép., assez ab. C. Imparrens L. @) maïjuin. Bois, broussailles de la Miotte, vallée du Puix, etc.; diss., peu ab. C. syLvarica Link. @) ou # avril-juin. Bords des ruisseaux, des bois; toutes Les régions des terrains siliceux ; rép., ab. C. airsurA L. © avril-juin. Rég, basse des terrains siliceux, ruisseaux à la Forge et au Valdoie; diss., peu ab. DENTAR:A /. D. pinnarTa Lam. % avril-mai. Bois calcaires du Mont, peu abondant. LunNanra /. L. Repiviva L. 3 mai-juin. Ravins des Vosges granitiques; région des sapins au Puix, au Rosemond, etc.; assez rép., assez ab. ALyssum |. A. caLYGINUM L. @) mai-juin. Lieux secs et pierreux ; com- mun. Drags L. D. vera L. (©) mars-mai. Pelouses, coteaux secs; commun. Ébonipa Besser. R. NasrurTiOIDEs Spach (Sysimb. palustre Leys). @) juin- septembre. Ruisseaux des terrains argileux; rép., ab. R. PyRENAICA Spach. # mai-juin. Prairies des bords de la Savoureuse, au Champ-de-Mars, au Valdoie, etc.; plante silici- cole. R. amParBra Bess. + juin-juillet. Ruisseaux et rivières, ma- rais argileux ; rép., ab. Camera Crantz. C. sariva Crtz. © juin-juillet. Champs des coteaux cal- caires, la Miotte, la Justice, etc.; peu rép., peu ab. C. roeripa Fries. © juin-juillet. Champs de lin, à Charmois et Bourogne (Contejean). Esaris L. I. rincToRIA L. @ mai-juin. Diss. et subspontané sur quel- ques points. Faubourg des Barres, etc. — 92 — + IREriIS L. I. amara L. ® juin-septembre. diss. dans les moissons ; rég. infér.; terrains calcaires. TEEsparsa R. Brown. T. nunicauuis R. Br. © avril-mai. Champs siliceux d’Evette, Sermamagny, etc.; rég. infér.; nul sur les calcaires; assez ab. | TuLasPr Dillen. Tu. ARVENSE L. ) mai-septembre. Champs; commun. THL. PERFOLIATUM L. © avril-mai. Champs et lieux vagues ; rég. basse et moy.; préfère les terrains calcaires; assez rép., ab. THL. ALPESTRE L. OL % avril-juin. Escarpements des Bal- lons; descend sur les pelouses et le long des ravins, mais pas au-dessous de la région des sapins. Tac. Bursa-pasroris L. ® mars-octobre. Partout; commun. LEpipium L. L. CAMPESTRE R. Br. @) juin-juillet. Champs, lieux vagues ; commun. L. RUDERALE L. ) juin-août. Décombres, lieux vagues; rép., assez ab. Déjà signalé par J. Bauhin. SENEBIERA Pers. S. CoronoPus Poir. ® juin-août. Bords de la Savoureuse, nos Faubourgs, etc. Assez ab.; rég. infér. CISTINÉES. HELIANTHEMUM Zourn. H. vucare Gœrtn. # mai-juillet. Pelouses sèches; rép., ab. Sur les coteaux calcaires des rég. basse et moy. VIOLARIÉES. VioLa Tourn. V. paLusrris L. % avril-mai-juin. Tourbières des Vosges gra- nitiques, rég. alp.; rég. moy. dans l’Arsot, la Vaivre, le Sal- bert ; rég. basse dans les prairies marécageuses de la plaine. Ab. V. mirra L. + avril. Haies et buissons; commun. = 493 V. azsa Besser. # avril-mai. Coteaux calcaires sur la lisière des bois de la Miotte, du Mont, de la Justice. Peu rép., peu ab. V. oporara L. Z mars-avril. Taillis de la Miotte. Coteaux calcaires de la rég. basse ; peu rép., peu ab. V. syzvarica Fries et la forme Riviniana. # avril-juin. Bois et forêts; toutes les régions et tous les terrains ; très-rép., très-ab. V. miragizis L. 2 avril-mai. Coteaux calcaires de la région moy. Bois de la Miotte, des Fourches, du Mont, de Damjou- tin, etc.; peu rép., ab. V. caniNa L. z avril-mai. Pâturages humides et argileux des rég. basse et moy., à Cravanches, à Argiesan, à Bavilliers, etc.; peu rép., peu ab. V. TRICOLOR L. @ mai-octobre. Champs sablonneux sur l’al- luvion de la Savoureuse; très-rép., très-ab., se rencontre fré- quemment sur les calcaires. V. superica Wäilld. # juin-août. Pâturages de la région al- pestre des Vosges ; ne descend pas au-dessous de 4,000" d’alt. On ne trouve au Ballon de Giromagny que la variété à fleur entièrement violette. Plante nulle sur les calcaires et déjà si- gnalée par les anciens botanistes. RÉSÉDACÉES. RESEDA |. R. curea L. @) juin-juillet. Lieux vagues et secs ; rég. bass. Glacis des fortifications ; peu ab. R. Lursoza L. @) juin-août. Bords des chemins, coupes des bois ; rég. basse et moy.; rép., ab. DROSÉRACÉES. DROSERA |. D. roTuNDiFOLIA L. » juillet-août. Marais et tourbières; rég. basse et moy. et rég. des sapins ; terrains siliceux; abondant. D. Lon@troLra L. # juillet-août. Marais tourbeux des Vosges granitiques de la région des sapins; peu rép. D. intermEDIA L. # juillet-août. Avec le précédent, mais plus rare. RS PARNASSIA Zourn. P. pazusrris L. # août-septembre. Prairies tourbeuses et marécageuses ; toutes les régions et tous les terrains ; répandu, abondant. POLYGALÉES. PoLyxGaALA !.. P. comosa Schrk. Z mai-juin. Collines calcaires ; rég. basse et moy.; rép., ab. | P. vuzcaris L. Z mai-juin. Pâturages, lisières des bois, etc.; rép., ab. P. Leseunn1 Bor. 3 mai-juin. Collines et bruyères des ter- rains siliceux; assez rép., assez ab. (Contejean). P. perressa Wendr. # juin-juillet. Collines et bruyères des bois de toutes les régions ; sur les terrains siliceux exclusive- ment; rép., ab. P. AusrTriACA Crantz. # avril-juin. Collines des terrains cal- caires, au Mont, à la Miotte, etc.; régions basse et moy.; assez rép., assez ab. SILÉNÉES. SILENE L. S. INFLATA Sm. # juin-août. Prairies; commun. S. RuPESTRIS L. # juin-août. Escarpements des Vosges gra- niliques, du sommet du Ballon jusqu’au bas de la vallée du Puix, exclusivement sur les roches cristallines ; très-abondant. S. PRATENSIS Gren et Godr. (Lychnis dioica D C.) % juin- août. Champs et lisières des bois; peu rép., peu ab. S. piurNA Gren. et Godr. (Lychnis sylvestris Hoppe.) # maï- juillet. Ravins et bords des ruisseaux; rég. montag. d'où il descend dans la région basse; rép., ab., surtout sur les terrains siliceux. S. nurans L. # juin-juillet. Les trois régions et tous les ter- rains ; rép. ab. Viscania Rohl. V. purRPUREA Wim. # mai-juin. Prairies des bords de la ms OÙ Savoureuse (1839), de la vallée du Puix, à Damjoutin; abon- dant ; rég. basse et moy.; terrains siliceux (1). LycCanis /. L. FLos-cucuzzt L. # juin-juillet. Ubiquiste ; rép., ab. AGROSTEMMA L. A. Grrmaco L. © juin-juillet. Commun dans les moissons; ubiquiste. SAPONARIA /. S. orFiciNALIS L. # juin-août. Rives, lieux vagues et sa- bleux. Lit de la Savoureuse , abondant. Plante silicicole , mais se développant bien sur le calcaire. GYPSOPHILA |. G. VaccariA Sidbth. @ juin-juillet. Champs sablonneux et argileux ; rég. basse ; diss., peu ab. G. muraLis L. © juin-août. Champs sablonneux et argileux ; rég. basse et moy.; rép., ab. DIANTAHAUS |. D. PROLIFER L. ® juillet-septembre. Coteaux arides ; rég. basse et moy.; rép., ab. D. Arwerra L. @) juillet-août. Bords des chemins, haies, coupes des bois , etc.; rég. basse et moy.; ubiquiste quant au terrain ; rép., ab. D. CaRTHUSIANORUM L. Juin-septembre. Prairies de toutes les régions et de tous les terrains; rép., ab. ALSINÉES. SaGcixa |. S. PROCUMBENS L. Z mai-octobre. Lieux humides, champs inondés pendant l'hiver, surtout dans les terrains siliceux ; rép., ab. S. APETALA L. # mai-octobre. Cà et là, disséminé. Bords des (1) Lorsque quelques individus de cette espèce se développent sur un terrain calcaire, j'ai remarqué que la floraison se fait incomplétement et que la fructification est presque toujours nulle ; cette remarque s’applique à 5. plupart des plantes des terrains siliceux qui se ASE sur les calcaires. SR ee champs, à Offemond, à la Forge, les trois régions des terrains siliceux. S. NoDosA Fenzl. # juillet-août. Prairies tourbeuses de Cra- vanches, au Valdoie, les trois régions des terrains siliceux ; peu ab. à ALSINE Wal. À. TENUIFOLIA Crantz © juin-septembre. Champs argileux des rég. basse et moy.; rép., ab. ARENARIA L. À. SERPYLLIFOLIA L. @) juin-juillet. Rochers, lieux incultes ; rép., ab.; ubiquiste. STELLARIA L. ST. NEMORUM L. # juin-juillet. Bois humides de la région des sapins; descend accidentellement sur l’alluvion de la rég. basse ; rép., ab. Nos calcaires n'étant pas assez élevés, cette plante ne s’y rencontre pas. ST. MEDIA Vill. © mars-octobre. Bords des chemins, cul- tures ; commun. ST. HozosrTea L. % mai-juin. Haies et bois ; ubiquiste ; rép., ab., mais moins sur les calcaires. ST. GRAMINEA L. # juin-juillet. Haies, buissons ; ubiquiste ; rép., ab. ST. ULIGINOSA Murr. © juin-juillet. Prairies humides des ré- gions siliceuses depuis la montagne. Assez abondant dans les prairies ävoisinant les forêts du Salbert, de l’Arsot, de la Vaivre, etc. HoLosrEux L. H. umBeLcaTu» L. © avril-juin. Lieux cultivés ; rég. basse ; diss., assez ab. CERASTIUM L. C. viscosum L. ® mai-juillet. Champs, lieux cultivés; rép., ab. C. BRACHYPETALUM Desp. © avril-juillet. Cultures ; rép., ab. C. SEMIDECANDRUM L. (® mars-mai. Champs sablonneux. Alluvion de la Savoureuse. Assez rép., assez ab. C. ezurinosum Fries. © mars-mai. Champs, collines cal- caires ; abondant. = Of C. vuzcarum L. © et @) mars-octobre. Commun. C. ARVENSE L. # avril-mai. Coteaux secs, bords des chemins ; rép., ab. Maracmivom Fries. M. AQuarIcum Fries. # juin-septembre. Bords des ruisseaux, lieux humides ; ubiquiste ; rép., ab. SPERGULA |. S. ARVENSIS L. © juin-juillet. Champs ; commun, surtout sur les terrains argileux. S. PENTANDRA L. @ juin-juillet. Ruisseaux desséchés des prairies près de l’ancien étang de la Maîche. Alluvion argilo- calcaire ; assez rare. SPERGuLARIA Pers. SP. RUBRA Pers. © mai-août. Lieux vagues, sablonneux. Dans toutes les rég. Lit de la Savoureuse, depuis le Ballon. Assez ab., nul sur les calcaires. SP. SEGETALIS Fenzl. © mai-juin. Champs, moissons, dans la région basse; très-ab. à Bourogne et Charmois (Contejean). ÉLATINÉES. ELATINE L. E. xexanDrA D C. (El. paludosa Seub.) © juin-septembre. Bords des étangs d’Eloye, de Roppe, etc., à Bourogne; terrains siliceux ; rég. basse, assez ab. E. Azsinasrrum L. # juin-septembre. Ruisseaux des prairies à Cravanche. Assez rare. LINÉES. Lanum L. C. CATHARTICUM L. @) juin-septembre. Commun. TILYACÉES. Tara L. T. PLATYPHYLLOS Scop. b juin-juillet. Bois; rég. moy.; diss. Bois des Fourches. T. syzvestris Desf. # juillet. Bois, même dispersion que le précédent. Sévenans, Moval; tous deux également plantés sur le bord des routes. ds MALVACÉES. Narva ZL. M. Accra L. ? juillet-août. Bords des routes, lieux vagues; rég. basse et moy.; rép., ab. M. moscaara L. # juillet-août. Mêmes localités, même dis- persion que le précédent; le premier plus fréquent sur les cal- caires, le second sur les terrains siliceux. M. syzvesrris L. @) juin-août. Terrains vagues, sablonneux; rép., ab., surtout dans les terrains siliceux. M. rorunpiroLiA L. @ juin-septembre. Terrains vagues ; rép., ab. GÉRANIÉES. GERANIUM L. G. syzvaricum L. # juin-juillet. Pâturages et ravins des rég. alp. et montag.; accidentellement dans la rég. basse; rép., ab. Ballon de Giromagny. G. PaALUSTRE L. # juillet-août. Ravins et bords des ruisseaux ombragés ; les trois rég. inf. Assez rare à Auxelles, à Bou- rogue (chemin de Meroux ! 1843). G. cozuusinum L. © mai-juillet. Haies et bois; les rég. inf.; rép., ab. G. nissecrum L. ®) mai-juillet. Bords des champs; rég. inf.; rép., ab. G. PyYRENAICUM L. # mai-août. Lieux cultivés, coteaux secs ; assez rép., ab., surtout dans nos fortifications. G. mou L. ® mai-octobre. Bords des routes de la région basse et de la moy.; rép., ab. G. pusizLum L. © juillet-octobre. Bords des chemins, lieux vagues; rég. inf.; rép., ab. G. rorunpirozrum L. © mai-août. Lieux stériles: rég. inf.; rép., ab. G. RoBerTIANUM L. (mn) mai-septembre. Lieux vagues; dé- combres, vieux murs, bois couverts; commun. Enopaum L'Hér. E. Cicurariun L'Hér. © mai-août. Commun, mais plus fré- quent dans les terrains siliceux. SE HYPÉRICINÉES. HyPEenicunm L. H. PERFoRATUM L. # mai-août. Bois, bords des champs; les trois rég. inf.; rép., ab. H. QuanranGuLuM L. % juin-août. Prairies, bois; rég. mont. et moy. Le Salbert, les Vosges granitiques; assez ab. H. TETRAPTERUM Fries. # juin-juillet. Prés et bois humides ; rég. basse et moy.; plus fréquent sur les terrains siliceux que sur les calcaires. H. aumirusu L. # juin-septembre. Bois et champs; les deux rég. inf.; rép. et ab. sur les terrains siliceux, nul sur les cal- caires purs; mais très-fréquent sur les lambeaux d’alluvions siliceuses anciennes et modernes qui recouvrent ces terrains. H. Purcarun L. # juin-août. Bois des terrains siliceux des trois rég. inf.; ab.; nul sur les calcaires. H. uirsurum L. # juin-août. Bois et collines calcaires et granitiques; les trois rég. inf.; rép., ab.; nul sur les terrains argileux et sur les grès. H. monranum L. # juin-août. Bois des rég. moy. et montag. en société du pulchrum; mais ubiquiste quant au terrain. ACÉRINÉES. Acer L. A. PsEuDo-PLATANUS L. à mai. Bois du Salbert, des Fourches, : vallée du Puix; rég. moy. et montag. À. cAmPESTRE L. b mai. Bois et buissons; commun. À. PLATANOIDES L. b avril-mai. Bois de la région des sapins, avec le Pseudo-platanus, mais rare. BALSAMINÉES. EMPATIENS L. I. Nozi-TanGeRE L. @ juin-juillet. Bois couverts et humides des rég. moy. et montag.; rép., ab., mais particulièrement dans la région siliceuse. OXALIDÉES. OxaLts L. O. Acerosezra. L. # avril-mai. Bois couverts et humides : rép., ab.; ubiquiste. — 4100 — CALICIFLORES. CÉLASTRINÉES. Evonymus L. E. euroræus L. b avril-juin. Haies et buissons; commun. ELICINÉES. IzEx L. J. AquiFoLIUM L. 4 mai-juin. Forêts de la rég. montag. et de la moy. dans le Salbert; peu rép., peu ab. RHAMNÉES. RHamnus L. R. caTHARTICA L. b mai-juin. Haies et buissons. Plus fré- quent sur les calcaires. + R. FranGuLa L. & avril-juin. Haies, buissons; sur les cal- caires, mais plus fréquent sur les terrains siliceux. PAPILIONACÉES. Urex L. U. EuroPæus Sin. à mai-juin. Bois et buissons sur quelques points du versant méridional du Salbert, où il ne me semble pas indigène. Déjà signalé par Mappus. SaroTHAamnuSs Wimm. S. vuzGaris Wimm. 5 mai-juin. Bois et lieux incultes; les trois rég. inf.; rép., ab. sur toute la région siliceuse ; nul sur les calcaires purs. L'une des plantes les plus caractéristiques des terrains siliceux. GENISTA L. G, sAGiTTALIS L. à juin-juillet. Collines sèches; ubiquiste; rép., ab. G. rizosa L. b mai-juin. Bois; rég. basse et moy.; terrains siliceux. Le Salbert, l’Arsot, etc.; abondant. G. riNcroriA L. ÿ juin-juillet. Prairies, collines; ubiquiste ; rép., très-ab. — AO — G. GERMANICA L. # mai-juin. Buissons de la colline de la Justice (calcaire); bois de Vezelois (Diluvium siliceux); peu rép., assez ab.; rég. basse et moy. ONoN!sS !/. O. campgsrtris Koch et Ziz. 5 Juin-juillet. Champs, lieux stériles ; rég. inf.; assez ab. O. PRoCURRENS Wallr. t juin-juillet. Champs sablonneux, lieux vagues; rég. inf.; rép., ab. ANTHYLLIS /. A. Vuinerarra L. # ou @) mai-juin. Prairies; rég. basse et moy.; rép., très-ab. MEDICAGo L. M. Lupuzina L. mai-octobre. Prairies, lieux stériles; rég. inf.; rép., ab. M. FaLcaTA L. 3 mai-septembre. Prairies, bords des che- mins. Glacis de la Lunette; peu rép., peu ab. M. sariva L. x mai-septembre. Cultivé et subspontané. La forme FALCATO-sATIvA est assez fréquente sur la colline de la Justice. NIELILOTUS Tourn. M. orricinaLis Lam. () juin-septembre. Moissons, bords des chemins; rég. inf.; rép., très-ab. M. azBa Lam. juillet-septembre. Lieux incultes ; rég. basse et moy. Champ-de-Mars, colline de la Justice; peu rép., peu ab. M. macroruiza Pers. (3) juillet-septembre. Bords des ruis- seaux, sables humides. Rives de la Savoureuse; peu rép., peu ab.; rég. inf. Trironum L. T. ALPESTRE L. # juin-août. Prairies, pâturages, dans la rég. montag. Clairières des forêts du Ballon. T. menium L. # jnin-septembre. Collines sèches, buissons; rég. basse et moy.; ubiquiste ; rép., ab. T. PRATENSE L. # mai-septembre. Prairies; commun. T. ocaroLeucum L. % mai-juillet. Prairies sablonneuses ; les trois rég. inf. Toute la vallée de la Savoureuse ; abondant. — 102 — T. ARvENSE L. © juin-séptembre. Champs et lieux sableux ; ubiquiste; rép., ab. T. srriarum L. © juin-juillet. Collines, bords des chemins, la Justice, la Forge, etc.; peu rép., assez ab.; rég. inf. et moy. T. scagrum L. © mai-juin. Coteaux secs. A la Forge, à Cra- vanche; assez rare. T. FRAGIFERUN L. > Juin-septembre. Prairies humides, argi- leuses ; rég. basse ; rép., ab. T. monranum L. # mai-août. Prairies des trois régions infé- rieures ; ubiquiste quant au terrain; très-ab. T. repens L. > mai-octobre. Prairies; commun. T. ELEGANS Savi. y juin-septembre. Bords des chemins. Cra- vanches, la Miotte, l'étang de la Maiche, etc. Sur les alluvions argileuses; assez rép., ab. T. FILIFORME L. ®) mai-août. Prairies, lieux cultivés ; les trois régions inf.; rép., ab. T. PROCUMBENS L. ®) mai-juillet. Champs, moissons; les rég. lit TÉp., ab- T. acrariun L. G juin-juillet. Bois et lieux vagues des ter- rains siliceux; assez rép., assez ab. Lorus L. L. cornicuraTus L. % mai-octobre. Prairies; commun. L. renuis Kié. > juin-août. Prairies humides, dans les ter- rains argileux du lias et du keuper. L. uziGiNosus Schkuhr. % juin-septembre. Prairies, buis- sons; rég. inf. des terrains siliceux; assez rép. ASTRAGALUS /. A. azycyruyLios L. % juin-août. Bois et broussailles des coteaux calcaires ; rég. moy., assez rép., assez ab. Le Mont, la Miotte, la Justice. Vicra Z. V. sarTiva L. &) mai-juin. Champs , moissons ; les deux rég. inf.; cultivé et naturalisé. V. ANGuSTIFOLIA Roth. ) maï-juin. Naturalisé; diss. V. sepium L. # avril-septembre. Bois, buissons ; commun. V. DumMETORUM L. 2% juillet-août. Bois et taillis. Bois des Fourches , de la Miotte, du Mont, etc.; rég. inf. des terrains calcaires. — 4103 — _ Cnacca Riv. C. magor Frank. x mai-août. Haies, buissons ; ubiquiste. C. varra Gren. et Godr. © mai-juillet. Moissons. C. minor Riv. (Ervum hirsutum L.) œ avril-juillet. Mois- sons ; commun. Ernvum |. E. TETRASPERMUM L. &) maï-juillet. Moissons ; les rég. inf.; ab. et rép. LATRYRUS |]. L. Apnaca L. G juin-juillet. Champs sablonneux de la vallée de la Savoureuse ; rég. basse; diss., assez ab. L. NissozrA L. © juin-juillet. Mêmes observations. L. mirsurus L. G) mai-juillet. Champs, moissons; les deux rég. inf.; diss., ab. Chatenois, Perouse, etc.; déjà observé par Mappus. L. syzvesrris L. # juin-août. Haies, buissons, lisières des bois ; les trois rég. inf.; assez rép., assez ab. L. ruserosus L. Z juin-août. Champs, moissons ; rég. inf.; ubiquiste quant au terrain ; diss., assez ab. L.vernus Wimm. # avril-mai. Bois, sur quelques points de notre limite méridionale. Nul dans les terrains siliceux. L. macroraizus Wimm. # avril-juin. Bois des trois régions, sur les terrains siliceux ; nul sur les calcaires ; rép., ab. L. prATENSIS L. # juin-juillet. Prairies , haies, buissons ; ubiquiste; rép., ab. CoroniLLzAa Neck. C. varta L. % mai-juillet. Haies, buissons, prairies ; ubi- quiste ; rép., ab. ORNIrTHOPEuS Desv. O. PerpusiLLus L. D juin-juillet. Environs de Belfort (J. Bau- hin), à Auxelles (Contejean, 1855). Hippocrepis L. H. comosa L. % avril-juin. Collines sèches des terrains cal- caires ; rég. inf.; rép., ab. GNoBRyCHIS Tourn. O. sariva Lam. x mai-juin. Cultivé et subspontané cà et là. — 104 — AMYGDALÉES. Prunus L. P. spinosa L. ÿ avril-mai. Buissons ; commun. P. aviuu L. à avril. Bois des rég. inf.; rép., ab. P. Papus L. & avril-mai. Bois ; rég. basse et moy.; terrains siliceux ; sur le diluvium à Vezelois, etc. ROSACÉES. SPiIRÆA L. S. Urwarra L. > juin-juillet. Prairies humides, bords des ruisseaux ; les deux rég. inf.; rép., ab. S. Aruncus L. juin-juillet. Rochers humides, bois; les rég. sup. Abondant dans les Vosges granitiques ; nul sur nos calcaires, qui n'’atteignent pas l'altitude nécessaire à cette plante. GEun L. G. urBanux L. juillet-août. Lieux humides des bois; rég. inf.; rép., ab. G. RIVALE L. > juillet-août. Ravins des régions sup. du Ballon. Nul sur les calcaires trop peu élevés de notre circon- scription. POTENTILLA L. P. FRAGARIASTRUM Ehrh. avril-mai. Haies et buissons; commun. P. vera L. % avril-mai. Pelouses sèches, murs ; commun. P. aLpesTRiS Hall. x juin-juillet. Rochers escarpés du Ballon. Assez ab. P. TormenrTicra Sibth. # juin-juillet. Bois, bruyères, ter- rains siliceux des trois rég. inf.; nul sur les calcaires purs. P. Reprans L. # juin-août. Bords des routes ; commun. P. AnseriNa L. # mai-août. Bords des chemins, lieux sa- blonneux , comme le précédent. Dans les trois rég. inf.; com- mun. P. ARGENTEA L. # juin-juillet. Lieux sablonneux, suit l’allu- vion de la Savoureuse dans toute la vallée ; ab.; nul sur les calcaires. P. RECTA L, Signalé par Nestler ; n'a pas été retrouvé dans la vallée. — 4105 — Comanvum /. C. PALUSTRE L. % juin-juillet. Ruisseaux, marais, tourbières des forêts de la rég. siliceuse. Dans l’Arsot, la Vaivre, descend dans la plaine du Champ-de-Mars. Nul sur les calcaires purs. Rép., ab. FrRaGanria L. F. vesca L. # avril-juin. Bois et buissons; très-ubiquiste. F. cozuiNa Ehrh. # maiï-juin. Colline de la Miotte. Diss.; rég. basse et moy. Rueus L. R. saxarinis L. 2% mai-juin. Bois rocailleux des hautes Vosges, Ballon. Rég. alp. et montag. R. cæsius L. b mai-juillet. Buissons, lieux vagues ; rég. inf.; rép., ab. R. éLanpuLosus Bellard. + juin-juillet. Bois couverts ; rég. basse et moy. Salbert, Arsot, etc.; rép., ab. R. rRuTICOsUS L. + juin-août. Bois et broussailles; ubiquiste quant à l’altitude et au terrain; commun. R. Inæus L. à maï-juin. Rég. sup.; bois et forêts. Le Salbert, l’Arsot; plus fréquent dans la région siliceuse que sur les cal- caires ; cette préférence tient plutôt à l'altitude qu'à la nature du terrain. Rosa L. R. PIMPINELLIFOLIA Ser. + juin. Diss. dans la vallée du Puix, rég. montag. R. arRvensis Huds. b juin. Bois, broussailles; commun. R. azpiNa L. b juin. Bois des rég. montag. et alp. Vallée du Puix jusqu’au Ballon; rép., ab. R. canina L. b juin. Bois, broussailles; commun. R. romentosa Smith. b juillet. Collines calcaires sèches ; rég. moy. À la Miotte, la Justice, etc. R. rugrGINosa L. juin-août. Coteaux calcaires secs; région moy. La Justice, la Perche, Bourogne. AGRIMONIA Tourn. À. Euparoria L. x juin-août. Haies, buissons ; les trois rég. inf.; rép., ab. sur tous les terrains. 8 — 4106 — A. oporaTa Miller. # juin-août. Haies et buissons ; rég. basse et moy. des terrains siliceux. Au Salbert, à l’Arsot. Peut-être plus répandu. PorTERIUM L. P. picryocarPum Spach. # juin-août. Prairies, pelouses sèches ; ubiquiste quant au terrain et à l’altitude; ab. SANGUISORBA |. S. oFriciNALIS L. ? juin. Prairies humides et tourbières des hautes Vosges, du Ballon, d’où il descend au Puix, à Serma- magny, etc. ALCHEMILLA Tourn. A. vuzGaris L. z mai-août. Prairies humides, depuis le Bal- lon jusqu’à l'extrémité de la Vallée. À. ARVENSIS Scop. © mai-juillet. Champs sableux et argileux ; rég. inf.; nul sur les calcaires purs. POMACÉES. CRATÆGUS ]. C. oxyacanTHA L. b mai-juin. Haies et buissons des trois rég. inf.; rép., ab., surtout sur les calcaires. C. monocyna Jacq. b mai-juin. Répandu avec le précédent. CoOTONEASTER Medik. C. vuzGaris Lindl. 4 mai. Rochers et escarpements du Bal- lon; rég. sup.; diss. Pyrus L. P. communis L. b mai. Bois des rég. inf.; diss. P. Mazus L. t mai. Avec le précédent. Seraus L. S. AaucupariA L. 5 mai-juin. Bois humides, tourbières; rég. montag. et moy.; rép., ab. S. Arra Crantz. 5 mai-juin. Rochers et bois, surtout des terrains calcaires ; les rég. sup.; assez ab. AMELANCHIER Medik. À. vuLGaris Mœnch. 4 mai. Rochers des rég. sup. Çà et là dans la vallée du Puix, du Rosemond, etc. — 107 — ONAGRARIÉES. EpPiLoBiutmM /. E. pazusTRE L. # juin-août. Prairies humides, tourbières des rég. sup. et moy. Le Salbert, l’Arsot, etc., et généralement toute la région siliceuse. E. virGarTum Fries. Ÿ juillet-août. Mêmes stations que le précédent. * E. rerragonux L. # juin-août. Bois humides ; les rég. inf.; rép., ab. E. roseuu Schreb. 2% juin-août. Fossés, bords des ruisseaux des rég. inf. argilo-sablonneuses ; rép., ab.; nul sur les cal- caires purs; diss. sur les alluvions siliceo-calcaires. E. rriconux. Schranck. # juillet-août. Ballon de Giromagny, Ballon de Servance (Mougeot). E. monranum L. # juillet-août. Bois des régions infér. et montag.; rép., ab. E. PARVIFLORUM Schreb. % juin-juillet. Bois des rég. infér.; rép., ab. E. mirsurum L. z juin-juillet. Bois, lieux humides ; les deux rég. inf.; rép., ab. E. spicarum Lam. # juin-août. Bois des trois régions ; rép., ab., mais plus fréquent sur les terrains siliceux. OENOTHERA /. Œ. Brennis L. @) juinjuillet. Lieux sablonneux; fréquent sur l’alluvion de la Savoureuse; fugace sur les autres terrains. ESNARDIA /. I. pazusrris L. > juillet-août. Marais, eaux stagnantes, ter- rains argileux ; rég. basse, Bourogne, Charmoïs (Contejean) et toute la partie basse de la rivière Saint-Nicolas sur nos limites. CincÆa L. C. LUTETIANA L. # juin-août. Bois humides; rég. moy. et sup., surtout dans les terrains siliceux. Le Salbert, l’Arsot, la Vaivre, les forêts du Ballon ; rép., ab. C. aLpINA L. # juin-juillet. Rég. sup. Ravins du Ballon, fo- rêt du Lys, etc.; assez rép. — 4108 — C. iNTERMEDIA Ehrh. % juillet-août. Ravins humides de la rég. montag. Vallée du Puix, forêts du Lys, du Chantoisot. HALORAGÉES. MyRIOPHYLLUM Vaill. M. verTiciILLATUM L. # juin-août. Eaux lentes, ruisseaux : rég. inf. Bords de la Savoureuse , au Champ-de-Mars, etc. Peu ab. M. spicaTum L.# juin-août. Eaux lentes, ruisseaux. Champ- de-Mars, etc. Toute la rég. inf. et les ruisseaux sablonneux ; rép., ab. TrapPa L. T. narans L. @ jumuillet. Etangs profonds. A la Forge, à Eloye, etc. Déja signalé par les anciens. HIPPURIDÉES. HiPpPuris /. H. vuzcaris L. # juillet-août. Eaux stagnantes ; rég. basse. A Charmois, bords du Canal, près de Bourogne. CALLITRICHINÉES. CALLITRICHE |. C. sTAGNALIS Scop. 3 mai-juin. Eaux stagnantes. Vallée de la Savoureuse. Les deux rég. inf.; rép., ab. C. PLATyYCARPA Kutzing. # mai-août. Mêmes stations. C. verNa Kutzing. # avril-août. Eaux stagnantes. Ces trois espèces sont ubiquistes quant au terrain. CÉRATOPHYLLÉES. CERATOPRYELUM L. C. pemersum L. 2% juin-août. Eaux lentes; rég. basse. Champ-de-Mars, Bavilliers, Argiesan, etc. Préfère les terrains argileux ; peu rép., peu ab. LYTHRARIÉES. LYTHRUM /. L. SazicarrA L. 2% juin-août. Bords des ruisseaux, lieux sa- blonneux des rég. inf.; moins fréquent sur les calcaires. L. HyssoriForrA L.® juin-septembre. Lieux humides. Vallée de la Savoureuse, Sevenans, Chatenois, Tretudans/Thurmann); — 4109 — Bords des champs, près de l’étang de la Maïîche ; ruisseaux li- moneux de Vézelois, Meroux, Charmois, Bourogne, etc. PEPLIS |. P. Porrura L. ® juin-septembre. Ruisseaux des prairies de toute la vallée sur l’alluvion de la Savoureuse. Déjà signalé par J. Bauhin. CUCURBITACÉES. BRYONIA /. B. pioïca Jacq. # mai-juillet. Haies, buissons. Lisière de la Miotte et de la Perche. Assez rare. PORTULACÉES. PorTuLACA Tourn. P. ozerAcEA L.® mai-septembre. Subspontané autour des habitations. Faubourg du Magasin, etc. Monrtia L, M. minor mel. ® mai-juin. Ruisseaux au-dessus de Cra- vanches (schistes ardoisiers). Peu rép.; assez ab. M. rivuLARIS Gmel. (5 juin-août. Ruisseaux sablonneux de la vallée du Puix. Rég. sup. et moyenne ; rép., ab.; descend avec les sables de la Savoureuse. PARONYCHIÉES. ILLECEBRUM |. I. verTicizcaTum L. © ou @) août-septembre. Sables hu- mides, rochers humides en désagrégation, vallée du Puix, près du Saut-de-la-Truite ; M. Mougeot l’a signalé au Ballon, sur le versant nord. Du reste assez rare. HERNIARIA L. H. GLaBra L. (&) ou () juin-septembre. Lieux sablonneux ; très-rép., très-ab. sur les alluvions de la Savoureuse dans toute la vallée ; nul sur les calcaires. H. mirsura L. @) ou @) juin-septembre. Avec le précédent, mais rare. CoORRIGIOLA |. C. crrrorazis L. D juin-septembre. Terrains sableux. Bords de la Savoureuse sur tout son parcours; nul sur les calcaires et les alluvions argileuses. — M0 — SCLERANTHUS /. S. annuus L. ® juin-septembre. Champs des rég. inf. et moy.; rép., ab. S. PERENNIS L. #'juin-août. Terrains sableux. Sables de la Savoureuse dans presque tout son parcours ; abonde au Champ- de-Mars, au Valdoie, etc. ! CRASSULACÉES. Sepvum L. S. Tezepaium L. z juillet-août. Bois rocailleux; ubiquiste quant au terrain; les trois rég. inf. Vallée du Puix, au Salbert, à la Perche, etc.; assez rép., ab. S. axxuum L. (@) juin-juillet. Rochers des Vosges. Rég. alp. et montag., ab. Plante particulière aux roches cristallines dans notre circonscription. S. ALBUM L. # juin-août. Murs, rochers ; commun. S. ACRE L. # juin-juillet. Mêmes stations ; commun. S. REFLExUM L. # juin-juillet. Rochers et sables de la vallée du Puix. Rég. moy. et sup.; descend dans la rég. basse.; ab. S. ELEGANS Lej. b juin-juillet. Lieux sablonneux de la rég. basse à Charmont (Contejean). SEMPERVIVUM. S. TECTORUM L. # juillet-août. Toits de chaume, vieux murs. La Forge, Offemond, etc. GROSSULARIÉES. R1GES L. R. Uva-crispa L. b mars-avril. Lieux vagues rocailleux ; rép., ab. R. azpiNum L. h maï. Forêts de la rég. montag. Vallées du Puix et du Rosemond. Diss. SAXIFRAGÉES. . SAxIFRAGA J. S. sreLLARIS L. # juillet-août. Ruisseaux, marais de la rég. alp., au Ballon, à la source de la Savoureuse. Signalé par Cha- brœus. Plante vosgienne ; nulle sur les calcaires. S. GRANULATA L. Z mai-juin. Ruisseaux des forêts; rég. moy. Vallée du Rosemond. Assez rare. — AM — S. TRIDACTYLITES L. # mars-mai. Rochers, vieux murs , ter- rains vagues. À Perouse; à la Justice, fortifications de la cita- delle. Rég. basse et moy.; terrains calcaires. S. A1zoon Jacq. # juin-juillet. Escarpements du Ballon. Rég. alp.; ab. CanysosPLiENIUN L. CH. ALTERNIFOLIUM L. # mai-juin. Marais des bois ; rép., ab. dans toutes les forêts de la région siliceuse, à toutes les alti- tudes. Cu. opposiTiFozium L. # mai-juin. Mêmes stations et même dispersion que le précédent. Ces deux plantes manquent sur nos calcaires purs. OMBELLIFÈRES. Davucus L. D. Carora L. GG) juin-septembre. Coteaux, prairies; com- mun. OnLaya Hoffm. O. GrAND1FLoRA Hoffm. © juillet-août. Champs calcaires des rég. basse et moy. Vezelois, Perouse. Assez rare. Caucauis Hoffm. C. paucornes L. @) juin-juillet. Champs calcaires des rég. inf. Collines de la Miotte, de la Perche, de Damjoutin, etc. Diss., peu ab. Tonus Hoffm. T. Anrariscus Gmel. Gymai-juillet. Haies et buissons; rég. inf.; ubiquiste quant au terrain; ab. LASERPITIUM L. L. LATIFOLIUM L. # juillet-août. Rocailles de la rég. alp. Ballon de Giromagny. Assez ab. ANGELICA ]. À. syzvesTris L. # juillet-août. Prés, bois humides ; ubi- quiste; rép., ab. À. PyRENÆA Spreng. # juin-août. Pâturages et clairières des rég. alp. et montag. Toutes les Vosges granitiques. SELINUM !. S. CARVIFOLIA L. # juin-juillet. Bois humides; les deux rég. — 119 — inf.; assez ab. sur les terrains siliceux, sableux et argileux , nul sur les calcaires. PEUCEDANUM Koch. P. CervariA Lap. # juillet-août. Coteaux secs. Colline de la Justice (calcaire pur), colline de la Côte à Bourogne (Poudin- gues). Assez ab. P. OreoseLziNum Mæœnch. # août-septembre. Prairies sablon- neuses, sur toute l’alluvion de la Savoureuse; nul sur les cal- caires et les argiles ; rép., très-ab. P. carviroLium Vill. # juillet-août. Collines boisées ; rég. inf.; terrains calcaires. Bourogne, Chatenois; peu rép.; nul aux environs de Belfort. | P. PALUSTRE Mœnch. %# juillet-août. Bois humides, tour- bières ; les trois rég. inf.; terrains siliceux. Le Salbert, l’Arsot, la Vaivre, Vezelois sur le diluvium; ab. PASTINACA |. P. sariva L. @) juillet-août. Prairies, bords des routes; rég. inf.; ubiquiste quant au terrain; ab. ‘HERACLEUM |. H. Sraonpyzium. L. (9) juin-septembre. Commun. MEun Tourn. M. ATHAMANTICUM Jacq. # juillet-août. Bois, pâturages des rég. alp. et montag., abondant dans les hautes Vosges (signalé par J. Bauhin); nul sur nos calcaires. SiLausS Besser. S. PRATENSIS Besser. # juillet-août. Prés humides; les deux rég. inf., surtout les sables d’alluvion; rép., ab. SESELI |. S. monranu“ L. # juillet-septembre. Collines de calcaires compactes des rég. inf. La Miotte, la Justice, la Perche, Me- roux, etc., abondant; nul sur tous les terrains siliceux (déjà vu par Bernard). S. Lisanoris Koch. @) juillet-août. Coteaux secs, rocailles ; rég. alp. et montag. Ballon de Giromagny (Mougeot), Mont- Saint-Antoine, le Chantoisot. — 113 — Ærausa L. Æ. Cynariuu L. © juin-octobre. Moissons, buissons, etc.; rég. inf.; commun. | OËNANTRHE L. Œ. risruzosa L. % juin-juillet. Etangs et ruisseaux maréca- geux; rég. basse; assez ab. Tous nos étangs de la région sili- ceuse, ruisseaux de Bavilliers, Argiesan, sur les alluvions argileuses, étang de la Maïîche, de Retnan, sur les marnes oxfordiennes et les alluvions argileuses. Œ. Paezzanprium Lam. 2% juin-juillet. Mêmes stations et même dispersion que le précédent, mais plus abondant. Srom L. S. LATIFOLIUM L. # juillet-août. Ruisseaux marécageux au- dessus du Champ-de-Mars, au pied d’une colline de lias; peu ab. BERULA Koch. B. AuGusriFoLrA Koch. # juillet-août. Ruisseaux, avec le pré- cédent, mais plus ab. et beaucoup plus rép. PIMPINELLA |. P. maGna L. # maï-juin. Bois et buissons ; commun. P. SaxiFRAGA L. # juin-août. Collines sèches, pelouses ; rég. inf. ; ubiquiste quant au terrain ; ab. Buonium L. B. Carvi Bieb. © avril-juin. Prairies; ubiquiste ; ab. B. BuzBocasranum L. % juin-juillet. Champs des rég. inf. disséminé à Bourogne, Allanjoie; signalé dans le canton de Delle par Mappus. Nul à Belfort et sur les collines sous- vosgiennes. Æcoropium L. Æ. Popacraria L. % mai-juillet. Haies, prairies, bois : rég. inf. ; commun. Scannix Gertn. Sc. PecreN-Veneris L. © mai-juin. Moissons, champs cal- caires et argileux de la rég. basse; diss.; vallon de la Miotte, Perouse, Damjoutin, etc. — ME — ANraRisCusS Hoffm. A. Cererozum Hoffm. © mai-juin. Champs; subspon- tané. À. syLvesrris Hoffm, # mai-juin. Haies, buissons, prairies ; rég.inf.; rép., ab. À. vuzcaris Pers. © mai-juin. Bords des chemins. Abon- dant du temps de J. Bauhin, n'existe plus aujourd’hui. CuxroPuyzLum L. Ca. mirsuTum L. % juin-juillet. Ruisseaux et prairies hu- mides de la région des sapins, descend sur l’alluvion de la Sa- voureuse, jusqu’au Champ-de-Mars. Ab. CH. TEMuLUM L. @) juin-juillet. Buissons des rég. inf. ; rép., ab. + MYRRHIS Scop. M. oporaTA Scop. z juin-juillet. Haïes, buissons. Naturalisé au Puix, à Sermamagny. (Contejean.) Conivm J. C. maCuLATUM L. () juillet-août. Bords des routes, décom- bres; rég. inf. Tous nos Faubourgs, Damjoutin, Bourogne. Très-ab. SaniCuLA Tourn. S. EuROPÆA L. # mai-juin. Bois humides; ubiquiste; rép., ab. ARALIACÉES. HEenEna L. H. Heuix L. à septembre. Rochers, murs, arbres, bois; rég. inf. ; rép., ab. CORNÉES. Conxus L. C. mas L. 4 mars-avril. Rarement cultivé. C. sANGuINEA L. & mai-juin. Haies, buissons ; rég. basse et moy.; ubiquiste quant au terrain ; ab. LORANTHACÉES. Viscum Tourn. V. azsuum L. à mars-avril. Plante parasite sur les vieux arbres : sur les poiriers, pommiers, à Sévenans, Moval; sur — A5 — l’aubépine, à Vezelois; sur le hêtre, dans le Mont. Autrefois sur le cornouiller (J. Bauhin. CAPRIFOLIACÉES. ADpoxa L. A. MoscHaTELLiNA L. # avril-mai. Bois et buissons des rég. inf. ; rép., assez ab. sur les terrains siliceux et les terrains calcaires (marnes et roches compactes). Sammucus Tourn. S. Eguzus L. # juin-juillet. Coteaux arides, champs; rég. inf. ; ubiquiste quant au terrain ; ab. S.niGrA L. + juin-juillet. Haies, buissons, bois ; rég. inf. ; ubiquiste ; ab. S. RACEMOSA L. + avril-mai. Haies et bois; les trois rég. inf. ; ubiquiste quant au terrain. Vallée du Puix, le Salbert, les Fourches, Meroux, Damjoutin, etc.; ab. ViBURNUM /. V. LanrTana L. t mai. Haies, buissons, bois; les deux rég. inf. ; rép., ab. V. OPuzus L. + juin. Haies, bois; les deux rég. inf. ; rép., ab. LONICERA |. L. PerICLYMENUM L. 4 mai-juin. Bois des rég. basse et moy; plus fréquent sur les terrains sableux et siliceux; rép., ab. L. XyLosreux L. 4 mai-juin. Haies, bois ; ubiquiste quant au terrain ; rég. basse et moy. ; assez ab. L. niGra L. à mai-juin. Bois et broussailles des rég. alp. et montag. Escarpements et forêts du Ballon; assez rép., as- sez ab. RUBIACÉES. GALIUM /. G. CrucIATA Scop. # maï-juin. Bords des chemins, bois, haies; rég. basse et moy. ; rép., ab. G. ROTUNDIFOLIUM L. # mai-juin. Bois couverts de la rég. des sapins. Forêts du Ballon. (J. Bauhin.) G. veruu L. % juin-juillet. Prairies, coteaux secs ; rép., ab. G. syzvaricun L. #juin-juillet. Bois des rég. basse et moy; — 116 — rép., ab. Dans le Salbert {schistes ardoisiers), l’Arsot (grès vosgien et bigarré), la Miotte, les Fourches, la Perche (calcaires jurassiques) et les bois de l’alluvion de la Savou- reuse. G. ELATUM Thuill. Z juillet-août. Haies, buissons, coteaux, prairies ; rép., ab. G. ERECTUM Huds. # mai-juin. Haies, coteaux, prairies des trois rég. inf. ; rép., ab. G. SYLVESTRE. Poll. # juin-juillet. Les bois de toutes les ré- gions ; rép., ab. G. saxATILE L. # juin-juillet. Pelouses, rochers; rég. “e et montag. Ballon de Giromagny ; ab. G. PALUSTRE L. mai-juillet. Marais des bois et des prairies; rég. basse et moy. ; fréquent sur les terrains siliceux; peu ha- bituel sur les calcaires. G. uLiginosum L. # mai-août. Marais, prairies tourbeuses. Plus ascendant que le précédent, mais également rare sur les calcaires, habituel sur les terrains siliceux. G. APaRiNE L. 5 juin-septembre. Haies, buissons, champs ; commun. AsPERuULA L. A. opoRATA L. Z mai-juin. Bois des trois rég. inf.; ubiquiste quant au terrain; rép., très-ab. A. cynancaiCaA L. # juin-juillet. Champs incultes, collines arides ; rép., ab. SHERARDIA /. S. ARvENsIS L @) juin-septembre. Champs, lieux cultivés; rép., ab. VALÉRIANÉES. VALERIANA /. V. orriciNauis L. # juillet-août. Bois humides; rép., ab.; ubiquiste. V. proica L. # mai-juin. Prairies tourbeuses; plus fréquent sur l'argile que sur les calcaires compactes. V. rriprTeris L. # mai-juillet. Bois et rochers humides de la rég. des sapins; plante habituelle sur les terrains de cristalli- sation, nulle ailleurs. Vallées du Puix et du Rosemond. — MT — VALERIANELLA Poil. V. ozrrorra Poll. © mars-mai. Champs; rég.inf.; rép., ab. V. cariNaTA Lois. © avril-mai. Champs de la rég. basse. Vézelois, Perouse, etc. ; disséminé. V. Auricuza D C. © juillet-août. Champs, moissons; rég. basse; très-ab.; Damjoutin, Bavilliers, Vézelois, etc. V. Morisonit D C. © juillet-août. Moissons ; rég. basse ct moy. ; ab., rép. V. eRIOCARPA Desv. © mai-juin. Jardins du Faubourg de Brisach à Belfort; probablement importé ; du reste fugace. DIPSACÉES. Dipsacus Tourn. D. syzvesrris Mill. © juillet-août. Lieux vagues, bords des chemins; rép., ab. CEPHaLARIA Schrad. C. prLosa Gren. et Godr. (@) juillet-août. Bois, bords des routes ; peu rép.; rég. basse. Andelnans, Sévenans, etc. HKnwauria Coult. K. ARvENsIs Koch. 2 juillet-août. Prairies, commun. K. pipsaciroLIA Host. (K. sylvatica Duby) # juillet-août. Bords des ruisseaux des bois couverts ; rég. montag. et moy. Forêts du Lys, de la Vaivre, de l’Arsot. Forêts entre Bourogne et Allanjoie, etc. Scamiosa L. S. CozumBaria L. % juin-septembre. Prairies sèches, coteaux arides, surtout calcaires ; rép., ab. S. Succisa L. % août-septembre. Prairies, bois-taillis ; rég. basse et moy.; fréquent sur les alluvions argileuses et sablon- neuses ; rare ailleurs. SYNANTHÉRÉES. TUBULIFLORES CORYMBIFERES. Euparonium L. E. Canxaginum L. > juin-août. Bois humides ; les trois rég. inf.; rép., ab. NO ADENOSTYLES Cass. A. ALBIFRONS Rchb. % juin-août. Ravins, bords des ruisseaux de la rég. montag. Vosges granitiques. Rép., ab. PETAaSIrES Tourn. P. orriciNauis Mœnch. # mars-avril. Prairies humides, bords des rivières ; les trois rég. inf. Sermamagny, le Champ-de- Mars, Bavilliers. Assez rép., assez ab. P. AzBus Gœrtn. Z avril-mai. Bords des ravins de la rég. des sapins. Vallée du Puix. Diss. TussiLaco L. T. Farrara L. % mars-avril. Terrains fraîchement retournés argileux et marneux; très-rép., très-ab. SoripaGo L. S. VIRGA-AUREA L. % juillet-septembre. Bois-taillis, dans toutes les rég.; rép., ab. ERIGERON L. E. canaDENsis L. @) juillet-août. Lieux incultes; rép. par- tout; ab. E. acris L. @) juin-août. Lieux stériles ; rép. partout, ab. ASTER NVces. A. Aueccus L. % août-octobre. Taillis, coteaux. Bourogne, Allenjoie (Scharfenstein). rég. basse. BELLES ]. B. PeRENNIS L. > mars-octobre. Prairies ; très-rép., très-ab. AnniCAa L. A. MonTaANA L. % juillet-août. Pâturages et clairières des rég. alp. et montag. Abonde sur les Ballons. Plante vosgienne, nulle sur les calcaires ; elle descend accidentellement dans la rég. basse jusqu'à Sermamagny. : SENECIO Lessing. S. VULGARIS L. @) mars-octobre. Lieux cultivés; commun partout. S. viscosus L. © juin-octobre. Lieux sablonneux. Sables de la Savoureuse, dans toute la vallée. Rép., ab. — 119 — S. syzvaricus L. © juillet-août. Bois; abondant dans toute la rég. des terrains siliceux. S. AquarIcus Huds. @) juin-août. Prairies et bois humides: rég. basse et moy. Terrains siliceux de la Vaivre, du Salbert, de l’Arsot, etc. Rép., ab. S. Jacogæa L. @) juin-août. Prairies sèches. Bois des trois rég. inf.; rép., ab. S. ERUCIFOLIUS L. # juin-août. Prairies, bois, buissons ; les rég. inf.; rép., ab. S. PALUDOSUS L. % juillet-août. Etang de la Maïche {cette plante tend à disparaître par suite du dessèchement de cet étang). S. SARACENICUS L. (ex parte) Z juin-août. Haies, buissons, bords des ruisseaux ; rég. basse et moy. Le Salbert, l’Arsot, la Vaivre. Assez ab. S. JACQUINIANUS Rchb. Z juillet-août. Forêts de la rég. des sapins, du Ballon, du Chantoisot, de la Planche-des-Belles- Filles, du Fahy, etc. Rép., ab. ARTEMISIA L. A. vuzcaris L. % juillet-septembre. Lieux incultes, bords des routes; rép., ab. TANACETUM Less. T. vuLGARE L. 2 juin-août. Terrains sablonneux ; rég. inf. Sables de la Savoureuse ; ab.; quelquefois sur les calcaires compactes (colline de la Justice). LEUCANTHEMUM Tourn. L. vuzcare Lam. # juin-août. Prairies, bois ; ubiquiste [ter- rain et altitude) ; commun. 4 L. ParTHEeNIUM Gren. et Godr. # juin-août. Rochers, vieux murs. Rochers à Bermont, etc.; diss. NIATRICARIA L. M. CaamouwiLLa L. @ avril-juillet. Champs, moissons; rég. inf.; rép., ab. M. ixoDoRA L. G juin-octobre. Champs ; rég. inf.; rép., ab. ANTREMIS L. A. ARvENsIS L. ® mai-septembre. Moissons. Rég. basse ; — 4190 — surtout les champs sablonneux des bords de la Savoureuse ; abondant. à A. Corura L. ) mai-septembre. Champs avec le précédent; moins ab. ACRHILLEA L. A. Mizcerouiuu L. % juin-octobre. Prairies, lieux incultes ; très-ubiquiste ; commun. A. nogiuis L. # juillet-août. Coteaux secs, collines calcaires de la Justice (Berdot), de la Miotte et de la Citadelle. Assez ab., peu rép. A. PrarmiCA L. # juin-août. Prairies humides; rég. basse et moy.; sur les alluvions de toutes natures; rép., ab. Binexs L. B. rRiIPaRTITA L. ®) juin-octobre. Fossés , prairies humides ; les trois rég. inf.; alluvions sablonneuses et argileuses; rép., assez ab. B. cernuA L. © juillet-octobre. Marais, prairies tourbeuses. Le Valdoie, Andelnans, Tretudans, etc. (la forme Coreopsis Bipexs L. à Bourogne). Plante préférant les terrains siliceux ; peu rép., ab. Convisanria Mérat. C. Hezenium Mérat. Z juin-août. Subspontané autour des habitations. Offemont, Sevenans. EnxuvuLaA !. I. Conyza DC. © juillet-septembre. Rochers, lieux in- cultes; rég. basse et moy.; assez rép., assez ab. L. saLiciNa L. % juillet-août. Bois-taillis. La Perche, Me- roux. Peu ab.; rég. basse et moy. du calcaire Jurassique. Puricaria Geœrtn. P. pysenTERICA Gœrtn. # juin-août. Lieux humides, bords des chemins. Colline de la Miotte sur le calcaire jurassique, sur quelques lambeaux de marne oxfordienne. Peu rép., peu abondant. P. vuzcaris Gærin. @ août-septembre. Lieux sablonneux, humides. Rég. basse. Alluvion de la Savoureuse. Ab. — AN — GNAPHALIUM Don. G. syzvarTicum L. # juin-septembre. Bois, coupes ; ab. G. NorveGICuM Gunn. # août-septembre. Escarpements de la rég. alp. du Ballon. Peu ab. G. uziGINosum L.® juin-août. Champs sablonneux humides ; rég. basse et moy.; rép., ab. ANTENNARIA À. Brown. . À. nroica Gærtn. # mai-juin. Pelouses sablonneuses dans toute la rég. des terrains siliceux; ab.; nul sur nos calcaires. FiLaGo Tourn. F. SPATHULATA Presl. © juillet-août. Champs des coteaux calcaires; diss. F. GERMANICA L. ® juillet-août. Moissons des terrains sa- blonneux ; rég. inf.; rép., assez ab. dans la vallée de la Sa- voureuse. F. ARvENSIS L. © juillet-août. Champs des terrains siliceux ; rég. basse et moy. Offemond, la Forge, etc. F. minima Fries. © juillet-août. Champs des terrains siliceux ; rég. basse. Sables de la Savoureuse , Champ-de-Mars, Dam- joutin, etc. Ab. Locria Cass. L. sUBULATA Cass. ( juillet-août. Champs sablonneux des deux rég. inf. des terrains siliceux ; ab. TUBULIFLORES-CYNAROCEPHALÉES. Cansivm Tourn. C. LANCEOLATUM Scop. (@) juin-septembre. Lieux incultes, bords des routes ; rég. inf. ; rép., ab. C. PALUSTRE Scop. (3) juillet-août. Bois humides, prairies marécageuses; plus répandu sur les terrains siliceux à toutes les alüitudes. C. oLERACGEUM Scop. Z juillet-septembre. Prairies humides, surtout le diluvium des rég. basses, aussi les alluvions mo- dernes ; ab. Meroux, Bourogne, etc. C. AcAULE AU. 2 juin-août. Coteaux secs et arides, sur les calcaires et les poudingues ; ab. 9 — 122 — C. ARVENSE Scop. % juillet-août. Champs des trois rég. inf. ; rép., ab. Canpuus Gœrin. C. PersonaTA Jacq. 2 juillet-août. Ravins et bords des ruis- seaux des rég. alp. et montag. Ballon de Giromagny; as- sez ab. C. crispus L. @) juillet-août. Lieux vagues, bords des routes des rég. inf. ; rép., ab. C. nurans L. @) juillet-août. Lieux incultes, bords des routes des rég. inf. ; rép., ab. CENTAUREA L. C. Amara L 2% août-octobre. Lieux secs, bords des champs, surtout les rég. calcaires, basse et moy ; rép., ab. C. Jacea EL. 3 mai-juin. Prairies; ubiquiste quant au terrain et à l’altitude ; très-rép., très-ab. Le C. praTENsISs Thuil. signalé dans nos prairies, n’est qu’une forme du C. Jacea et ne peut être rapporté au C. mu- croptilon Gre. ét Godr. C. nicra L. 2 juillet-août. Bois et buissons humides des terrains siliceux des rég. basse et moy.; abondant. Vezelois sur le diluvium, le Puix, Rougegoutte, etc., sur les eurites et les grès. C. monrana L. % juillet-août. Bois et ravins des rég. alp. et montag. Ballon, etc.; ab. C. Cyanus L. G) juin-juillet. Moissons ; rég. basse et moy. ; rép., ab. 2 C. Scagiosa L. # juillet-août. Haies, buissons, des coteaux calcaires ; rég. inf.; ab. C. CazcrrraPa L. (@) juillet-août. Lieux sablonneux:; rég. inf.; diss. sur les bords de la Savoureuse, Faubourg du Magasin; assez rare. C. sorsririanis. L. G) juillet-septembre. Champs, luzer- nières ; rég. inf.; fugace. Glacis de l’'Espérance. Carina Tourn. C. vuzcaris L. @) juillet-août. Champs, lieux vagues des rég. basse, moy. et sup.; très-fréquent sur les calcaires ; assez rép. sur les alluvions sableuses et les terrains de cristallisa- tion. — 193 — C. acauLis L. @) août-septembre. Coteaux secs. Plante des rég. sup. des calcaires jurassiques, descend sur un seul point (400% d’alt.) de notre vallée, aux buttes au dessus de Retnan (derrière la Citadelle). Nul sur toute la rég. vosgienne. Lappa Tourn. L. minor D C. @) juillet-septembre. Lieux vagues des rég. inf.; rép., ab. L. maso Gœrtn. () juillet-août. Lieux vagues des rég. inf.; peu rép., assez rare. L. romEnrosA Lam. () juillet-septembre. Lieux vagues des rég. inf. (J. Bauhin). Le plus répandu des trois Lappa. LIGULIFLORES-CHICORACÉES. Cicuoritm L. C. Ixrysus L. % juillet-août. Champs, bords des chemins ; les trois rég. inf.; commun. AnNosSERIS Gærin. A. PUSILLA Gœærtn. % juillet-août. Champs sableux des rég. basse et moy. Sur les terrains siliceux; nul sur les calcaires ; peu rép. sur les alluvions. Le Valdoie, le Salbert, Eloye, etc. Assez rép., assez ab. LAPSANA |. L. comuunis L. ® juillet-août. Bois et cultures ; rég. basse et moy.; rép., ab. HyPeCHERIS |. H. rapicaTa L. # juillet-août. Prairies , bords des chemins ; rép., ab., surtout sur les alluvions de toutes natures. THriNCIA Roth. Ta. mirra Roth. ) ou # juillet-août. Champs argileux en friche ; rég. basse. Le Valdoie, Offemond, etc. Assez ab. LEONToDON L. L. auruunauis L. > juillet-septembre. Bords des chemins, lieux sablonneux ; rég. basse et moy.; rép., ab. Plus fréquent sur les grès et alluvions sablonneuses qu'ailleurs. L. pyRENAICUS Gouan. # juillet-août. Pelouses , rocailles de la rég. alp. Sommet du Ballon. Assez ab. — 1924 — L. PROTEIFORMIS Vi. Z juin-septembre. Lieux incultes, pâ- turages, bords des chemins ; rég. basse et moy.; ab. PicRisS Juss. P. aieracioipEs L. (2) juillet-septembre. Lieux vagues, dé- combres ; les deux rég. inf.; rép., ab. TRaAGoPoGoN L. : TR. PRATENSIS L. @) mai-juin. Prairies des rég. sup.; rép., abondant. TR. ORIENTALIS L. @) mai-juin. Prairies des rég. basses ; très-rép., très-ab. TARAXACUM Juss. T. oFFICINALE Wigg. # mars-octobre. Commun partout. Laoruca L. L. murauis Fresenius. % juin-août. Bois, murs, rochers, rég. basse et moy.; rép., ab. L. PLumieri Gren. et God. # juillet-août. Forêts de la région des sapins, vers 1,000 mètres d'altitude. Plante toute vos- gienne, nulle sur les calcaires. PRENANTHES L. P. PuRPUREA L. # juillet-septembre. Bois des rég. moy. et montag., depuis le Ballon jusqu’au Salbert et à l’Arsot. Très- ab. sur les terrains siliceux exclusivement. Ne vient sur les calcaires qu’à une altitude élevée. Soxcuus L. S. OLERACEUS L. ®) juin-octobre. Lieux cultivés; rég. basse et moy.; rép., ab. S. ASPER Vill, © juin-octobre. Avec le précédent. S. ARVENSIS L. % juin-septembre. Champs, moissons ; rég. basse et moy.; rép., ab. NiuLGEDium Cass. M. azpnuu Less. # juillet. Forêts des rég. alp. et montag. Ballon. Très-ab. Cneris L. C. TaRaxacIFOLIA Thuill. @) mai-juin. Collines, prairies ; rég. basse et moy.; très-ab. — 195 — C. rogrrpa L. © juin-août. Lieux stériles, collines incultes ; rég. basse et moy.; assez rép., assez ab. Collines de la Justice, de la Citadelle, sables du Champ-de-Mars. Assez ubiquiste quant au terrain. C. 8rennis L. (@) mai-juillet. Collines, prairies des trois rég. inf.; rép., ab. C. viens Vill. @ juin-octobre. Lieux vagues, champs en friche; rég. basse et moy.; rép., ab. SoxErRia Jonn. S. pALUDOSA Godr. # juin-août. Ravins et bords des ruis- seaux de la rég. montag.; rép., ab. Descend avec les alluvions jusque dans la rég. basse (Champ-de-Mars). Hirracionm L. H. PrLoseLLa L. % mai-octobre. Pelouses sèches; très-rép., très-ab.; ubiquiste quant au terrain. H. AuricurA L. # juin-juillet. Pelouses et prairies sablon- neuses, humides, des rég. basse et moy., surtout sur les ter- rains siliceux; ab. H. pRæaLTuM Vill. # juin-juillet. Murs et pelouses sèches, rég. basse. Mars de nos fortifications, peu ab. H. murorum L. # juin-septembre. Murs, rochers, bois des rég. basse ct moy.; rép., ab. H. syzvaricum Lam. # juin-juillet. Bois des trois rég. inf., sur tous les terrains siliceux ; nul sur nos calcaires Jurassiques; rép., ab. H. BOREALE Fries. # août-septembre. Bois couverts sablon- neux; rég. basse et moy. Le Salbert, l’Arsot, etc.; très-ab. H. umBELLATUM L. # août-septembre. Bois et buissons des deux rég. inf., surtout sur les terrains de sables siliceux ; rép., abondant. CAMPANULACÉES. JASIONE |. J. monrana L. © ou (@) juin-octobre. Bruyères des terrains de sables siliceux des trois rég. inf., le Salbert, l'Arsot, la Vai- vre, etc. Assez rép., assez ab. Payreuma L. Pa. orBICuLARE L. # juin-juillet. Bois des terrains calcaires — 126 — des rég. moy. et quelquefois basse; Vézelois, Bourogne, etc.; peu ab., peu rép. Pu. spicaTum L. % mai-juin. Bois et buissons; ubiquiste quant au terrain et à l’altitude; très-ab. Pa. NiIGRuM Sm. % juin-juillet. Forêts de la région des sa- pins, Vosges granitiques et sablonneuses ; ab. SPECUrARIA Heist. SP. SPECULUM Alph. D C. ®) juin-juillet. Moissons de la rég. basse; diss., peu ab. Vézelois, Bourogne, Meroux (sur les cal- caires). CampPanuLa JL. C. @LomERATA L. ZX juin-septembre. Prairies et broussailles ; rég. inf.; également rép. sur les calcaires et les alluvions sili- ceuses; ab. C. TracHELiuM L. # juillet-août. Bois des trois rég. inf.; rép., ab. C. rapuNCuLoOIDES L. > juillet-août. Bois des rég. inf.; rép., abondant. C. ROTUNDIFOLIA L. # juin-août. Murs, rochers, très-ubiquiste quant au terrain et à l'altitude; très-ab., très-rép. C. Raruncuzus L. (@) mai-août. Bois, bords des chemins ; rég. inf.; rép., ab. C. PERSICIFOLIA L. > juin-juillet. Bois des rég. moy. et mon- tag., sur les terrains siliceux ; assez ab. VACCINIÉES. Vaccanium L. V. Myrriczus L. b mai. Bois de toutes les régions. Sur les terrains siliceux exclusivement ; absolument nul, depuis l’Ar- sot et le Salbert, sur les calcaires et les alluvions de toutes na- tures. V. uziginosum L. b mai-juin. Tourbières et marais des rég. alp. et montag. Ballon (J. Bauhin). V. Vinis-1næ4 L. b mai-juillet. Pâturages des rég. alp. et montag. Sommet du Ballon ; ab. Oxyxcoccos Tourn. O. vuccaris Pers. b juin-août. Marais des régions alp. et montag. Ballon (J. Bauhin,. — 427 — ERICINÉES. ANDROMEDA L. À. pozIFOLIA L. b mai-juin. Marais des rég. alp. et montag. Ravins du sud du Ballon. CarLzuna Salisb. C. vuzGaris Salisb. & juillet-septembre. Landes et lisières des bois sur tous les terrains siliceux ; à peu près nul sur les calcaires ; rép., ab. PYROLACÉES. PyroLa Tourn. P. ROTUNDIFOLIA L. # juin-août. Bois humides de la région montag., diss. dans les forêts du Ballon ; assez ab. P. mor L. # juin-juillet. Avec le précédent, mais beaucoup plus rép. et plus ab. MONOTROPÉES. MonorropPa L. M. Hyporrrays L. # juillet-août. Parasite sur les racines de chêne, de hêtre, etc., le Salbert, le Mont, bois de Damjoutin ; rép., mais peu ab. COROLLIFLORES. LENTIBULARIÉES. PinGuicuLza Tourn. P. vuzcaris L. # juin-juillet. Rég. alp. Ballon de Giroma- gny (Deguerre). UTRICULARIA L/. U. vuzcaris L. zx juin-août. Marais, eaux stagnantes ; région basse. Alluvion de la Savoureuse où l'avait déjà signalé J. Bau- hin; devient plus rare par suite des travaux de dessèchement. U. INTERMEDIA Hayn. # juillet. Tourbière d’Eloye, région basse; très-rare. U. minor L. 7 juillet-août. Marais, tourbières de la région basse. Marais à Evette {Contejean), tourbières de l’Arsot, entre Eloye et Roppe, sur les grès. Assez rare, — 4198 — PRIMULACÉES. Primuoza L. P. orricinaLis Jacq. # avril-mai. Prairies des trois rég. inf.; rép., ab. P. gLaTior Jacq. # mars-avril. Bois, taillis; rég basse et moyenne.; rép., ab. Lysimacuia L. L. vuzcaris L. # juin-juillet. Bords des ruisseaux des régions basse et moy.; rép., ab. L. Nummuzarra L. # juin-juillet. Lieux humides des rég. inf.; terrains siliceux; aussi les calcaires, mais moins fréquent ; rép., ab. L. Nemoruu L. # juin-juillet. Bois humides à toutes les alti- tudes. Sur les terrains siliceux exclusivement; diss. sur les alluvions; rép., ab. dans l’Arsot, la Vaivre, etc. CEnTruncurus L. C. minimus L. @juin-juillet. Ruisseaux des prairies sableuses; rég. basse. Plaine de Cravanche, de la Forge, de Damjoutin, du Valdoie, et généralement l’alluvion de la Savoureuse et de la rivière de Saint-Nicolas ; assez ab. ANAGALLIS Tourn. A. ARVENSIS L. ® juin-octobre. Lieux cultivés. Champs, rép., ab.; la var. cœrulea assez rare. Samozus Tourn. S. VareranDt L. % juin-août. Marais de la rég. basse (mou- lin de la Presle); prairies tourbeuses sur le diluvium. OLÉACÉES. FRaxINuS Tourn. F. exceLsior L. & avril. Bois, bords des routes ; rég. basse et moy.; terrain calcaire, mais pas exclusivement. Bavilliers, le bois des Fourches, etc. Laueusrrom Tourn. L. vuLGARE L. b mai-juin. Haies, buissons; rég. basse et moy.; répandu sur les terrains siliceux, quoique plus abon- dant sur les calcaires. — 129 — APOCYNÉES. Vinca L. V. minor L. # mai-juin. Bois couverts des régions basse et moy., sur les calcaires. Au Mont, à Damjoutin, Bavilliers, Es- sert, etc. À peu près nul sur les terrains et alluvions siliceux. GENTIANÉES. ERvYTHRÆA Renealm. E. PuLcHeLLA Horn. Œ @) juin-septembre. Pâturages hu- mides, ruisseaux des prairies ; rég. basse des terrains siliceux, surtout les alluvions ; assez ab. E. Cenraurium Pers. (2) juillet-août. Taillis, coupes des bois; les trois rég. inf.; plus habituel sur les terrains siliceux que sur les calcaires ; très-ab. GENTIANA Zourn. G. LurEA L. # juillet-août. Pâturages de la rég. alp. au-des- sus de 1,000 mètres d'altitude. Ballons; ab. G. crucrarTA L. # juillet-septembre. Coteaux secs ; rég. basse et moy. des terrains calcaires de la Miotte, de la Justice, de la Perche, etc. Nul sur les terrains siliceux ; assez rép., assez abondant. G. GERmanICA Wailld. © août-septembre. Pelouses sèches des rég. basse et moy.; terrains calcaires avec le précédent, mais plus ab.; également nul sur les terrains siliceux ; dessinant les affleuremeuts liasiques. Gr. ciL1ATA L. © août-septembre. Collines sèches et pier- reuses ; rég, basse et moy. Calcaire Jurassique de la Justice, de la Citadelle, de la Miotte, où il est abondant. Nul sur les autres terrains. NIENYANTHES Tourn. M. rriroLrATA L. # avril-mai. Prairies marécageuses, bords des ruisseaux ; rég. basse, très-ab. dans les prairies, sur l’al- luvion de la Savoureuse, Champ-de-Mars, Cravanche, Dam- Joutin, etc. CONVOLVULACÉES. Convezvurts L. C. seprum # juin-septembre. Haies, buissons ; région inf.; rép.; ab. — 130 — C. ARvENsIS L. # juin-juillet. Champs des rég. inf.; rép., ab. Cuscura Tourn. C. EuRoP#ÆA L. @) juin-août. Parasite sur l’Urtica dioica, le Cannabis sativa ; assez ab. C. Errraymum L. © juillet-août. Parasite des Thymus Ser- pyllum, Medicago sativa, etc.; peu ab C. Trirozn Bab. et Gibs. © juillet-août. Parasite du Trifo- lium pratense ; rép., ab. BORAGINEES. BoraGo Tourn. B. orrFiciNaLiIs L. ® juin-septembre. Naturalisé dans les lieux cultivés ; abondant. SYMPHYTUM Tourn. S. OFFICINALE L. % mai-juin. Prairies humides, bords des ruisseaux ; rég. basse ; rép., ab. Ancausa L. À. ARVENSIS Bieb. © juin-septembre. Champs sablonneux ; rég. basse ; alluvion siliceuse ; ab. au faubourg de Brasse, au Valdoie. LITHOSPERMUM 70urn. L. PURPUREO-CÆRULEUM L. # mai-juin. Bois secs; rég. basse et moy. Bourogne (J. Bauhin), Meroux, Moval, etc. Dis- séminé. L. oFFIGINALE L. % mai-juillet. Haïes, buissons ; les deux rég. inf., surtout sur les calcaires ; ab. L. ARVENSE L. © avril-juin. Champs des rég. inf.; rép., ab. Ecmum Tourn. E. vuGare L. @) mai-juillet. Bords des routes, lieux in- cultes des rég. inf.; rép., ab. Purmonamia Tourn. P. orricinauis L. # avril-mai. Haies, bois; rég. inf.; rép., ab. Myosoris L. M. pazusrris Wäither. x mai-juillet, Prairies humides des rég. inf.; rép., ab. — 4131 — M. srricra Link. © avril-juin. Champs sablonneux et col- lines calcaires ; rég. basse ; Damjoutin; assez ab. M. versicoLor Pers. © mai-juin. Champs sablonneux. Dam- joutin, Cravanches, le Valdoie, etc.; rép., ab. M. syzvarica Hoffm. @) mai-août. Bois des rég. basse et moy.; grès et calcaires ; rép., ab. CynocLossum Tourn. C. orriciNaLe L. @) mai-juillet. Lieux secs et arides; rég. moy.; abondant sur les collines calcaires de la Citadelle, de la Miotte, etc. SOLANÉES. Soranum L. S. NIGRUM L. ) juin-septembre. Bords des chemins, décom- bres ; les deux rég. inf.; rép., ab. S. Durcamara L. + juin-août. Bois humides, bords des ruisseaux ; les deux rég. inf. De préférence sur les alluvions ; rép., ab. ArropPa L. À. Bezcapona L. # juin-juillet. Bois des rég. moy. et mon- tag. Le Salbert, le Mont; diss.; peu ab. DATuRA /. D. Srramonium L. © juillet-août. Lieux cultivés ; naturalisé autour des habitations ; peu ab. et fugace. Hyoscyamus |. H. nice L. © ou @) mai-juin. Lieux vagues, décombres ; rég. basse; fugace, diss. VERBASCÉES. VERBAsSCUM L. V. Tuarsus L. @) juillet-août. Lieux incultes , bois des rég. basse et moy.; rép., ab. V. Lycaninis L. (9) juin-août. Bois, collines arides ; rég. basse et moy.; rép., ab. V. niérum L. () juillet-septembre. Bois, bords des che- mins ; rég. basse et moy.; rép., assez ab. V. Brarrarra L. @)juillet-septembre. Bords des routes, ter- rains sablonneux et argileux; rég. basse ; rép., assez ab. —Oe — SCROPHULARINÉES. ScroPauLrania 7Tourn. S. Noposa L. % juin-août. Lieux humides, bords des ruis- seaux de toutes les régions ; rép., ab. S. AQUATICA L. # juin-août. Bords des ruisseaux; plus ascen- dant que le précédent, mais moins abondant. ANTIRRHINUM Zourn. A. Oronrium L. © juillet-août. Champs sablonneux de la rég. basse, surtout sur l’alluvion de la Savoureuse ; rép., assez ab. Lavaria Tourn. L. CymBazaria Mill. # maï-octobre. Vieux murs ; rég. basse. Plante très-abondante à Montbéliard; elle remonte la vallée jusqu’à Chatenois, village au dessus duquel on ne la retrouve plus. L. spurra Mill. © juin-septembre. Champs ; les deux rég. inf.; rép., ab. L. ELamiwe Desf. @ juin-août. Champs des rég. basse et moy., sur les terrains siliceux. Champs avoisinant l’Arsot, le Salbert, la Vaivre. Assez ab. Nul sur les calcaires et sables d’alluvion. L. vuzcaris Mœnch. # juin-août. Champs, lieux incultes des rég. basse et moy. Rép., ab. L. srRIATA D C. # mai-juillet. Ravins de la rég. montag. Sur le versant sud du Ballon ; disséminé. L. minor Desf. @ juin-septembre. Lieux incultes, champs des rég. inf.; plus abondant sur les alluvions, mais se retrouve fréquemment sur les calcaires. LINDERNIA À. L. pyxipariA AU. © juin-août. Marais argileux et sableux ; rég. basse. Bourogne (Contejean), Vézelois, Sermamagny. VERONICA Tourn. V. Teucrium L. # juin-juillet. Coteaux secs, pelouses des trois rég. inf.; rép., ab. V. PRosTRATA L. > juin. Coteaux pierreux, collines calcaires ; rég. basse et moy.; rép., ab. — 133 — V. Caaumzænrys L. + avril-juin. Collines sèches , lisières des bois ; rég. basse et moy.; rép., ab. V. BEccaBuNGaA L. # mai-septembre. Ruisseaux, marais ; rég. basse et moy.; rép., ab. V. AxaGazuis L. # mai-août. Ruisseaux des prairies; rég. basse, surtout sur les alluvions ; rép., ab. V. scureLLara L. % juin-août. Ruisseaux des prairies. Rég. basse et moy., surtout sur les alluvions ; rép., ab. V. orriciNazis L. % juin-juillet. Bois; ubiquiste quant à l'altitude et au terrain ; rép., très-ab. V. SERPYLLIFOLIA L. #Æ mai-octobre. Bords des chemins et des champs ; rég. basse et moy. Sur les alluvions argileuses ; rép., ab. V. ARVENSIS L. @ avril-septembre. Champs, lieux cultivés de toutes les régions ; rép., ab. V. AcINiFOLIA L. © maïi-juin. Champs, moissons , alluvions argileuses à Bourogne , Charmois {Contejean), près de l'étang de la Maiche. Fugace. V. rRipayLLos L. © avril-juin. Champs; rég. basse et moy.; terrains calcaires entre la Citadelle et la Perche. V. AGresTis L. ® avril-septembre. Champs, cultures des rég. inf.; rép., ab. LimoOSELLA L. L. AquaTICA L. @ juillet-août. Ruisseaux sableux et argi- _leux; rég. basse. Bourogne (Contejean), Eloye, Roppe. Peu rép. Diciraris Tourn. D. purpurEA L. () juin-août. Bois des trois rég. inf. Très- abondant depuis le Salbert et l’Arsot jusqu’au Ballon. L'une des plantes les plus caractéristiques des terrains siliceux (grès, schistes ardoisiers, eurite, syénite, etc.); rare sur les allu- vions ; absolument nulle sur les calcaires purs. D. zurea L. @) juin-août. Bois rocailleux ; rég. moy. et montag.; diss., peu ab. dans notre vallée. D. GRANDIFLORA All. 2% juin-août. Bois et rocailles des rég. alp., montag. et moy.; ubiquiste quant au terrain. Ballon de Giromagny, collines sous les roches de la Justice, sous la Miotte, etc. Peu rép., ab. NT — EuPurasia Tourn. E. orrICINALIS L. @) juin-septembre. Prairies, pelouses, bois ; les trois rég. inf.; rép., ab. OpbonriTESs Hall. Pers. O. RuBRA Pers. ®juin-juillet. Moissons ; rég. inf.; rép., ab. O. serorina Rchb. ® août. Champs des rég. inf.; assez ab. O. LutEa Rchb. © juillet-août. Côte à Bourogne où il se perd. RHINANTuUS L. R. masor Ehrh. @ juin-juillet. (Var glaber et hirsutus.) Prairies, champs; rép., ab. R. mixor Ehrh. ® maï-juin. Prairies des trois rég. inf.; rép., ab. PEDicuLaRIS Tourn. P. paLuSrRIs L. @) ou # maï-juillet. Prairies humides et tourbeuses ; les trois rég. inf., généralement sur tous les ter- rains siliceux; rép., ab. P. syzvarica L. @) ou # mai-juin. Bois humides et maréca- geux à tous les niveaux et sur les terrains siliceux ; rép., ab. NiELAamMPyrum Tourn. M. ARVENSE L. ® juin-Juillet. Champs, moissons; rép., ab. M. PRATENSE L. ®) juin-juillet. Bois et taillis à tous les ni- veaux, et sur tous les terrains, mais moins abondant sur les calcaires. M. SYLVATICUM L. ® juillet-août. Pelouses et bois des rég. montag. et alp. Ballon de Giromagny. Abondant. OROBANCHÉES. Pugripæa. C. À. Meyer. P. ramosa C. A. Meyer. © août. Sur les racines du Cannabis sativa ; rég. basse. Bourogne, Chatenois. Très-diss. ORCBANCHE L. O. Rapuu Thuill. # juin. Parasite du Sarothamnus scopa- rius; diss. dans la rég. moy. À Rougegoutte, Auxelles. Assez rare. O. Gazn Vauch. % mai-juin. Parasite des Galium verum , — 135 — G. Mollugo, etc. Rég. basse et moy.; assez ab. sur les collines calcaires de la Miotte, de la Justice, etc. O. Erxrayuum D C. # juin-juillet. Parasite sur le Thymus Serpyllum. Colline de la Justice. Diss. O. Teucrir Hol. et Schultz. x juillet. Collines rocailleuses ; assez rare. Colline de la Justice. LarHrÆa L. L. squamarrA L. 2% avril-mai. Parasite sur les vieilles souches d'arbres ; rég. basse, genéralement sur les marnes oxfor- diennnes et kimméridgiennes ; assez ab. dans les bois couverts des Fourches, du Mont, de Damjoutin ; etc. LABIÉES. MEnTHa L. M. rorunpiFozrA L. # juillet-août. Bords des ruisseaux. Rég. basse ; alluvions sablonneuses ; assez rép. M. syzvesrris L. # juillet-août. Bords des ruisseaux ; rég. basse ; alluv. sablon.; rép., ab. M. virmis L. # juillet-août. Bords des ruisseaux; rég. basse ; alluv. de la Savoureuse ; diss. M. aquarica L. # juillet-août. Bords des ruisseaux; lieux marécageux de la rég. basse ; rép., ab. M. sariva L. # août-septembre. Lieux humides et sablon- neux ; alluvion de la Savoureuse ; ab. M. arvensis L. # juillet-août. Champs humides; ubiquiste quant au terrain et à l’altitude ; ab. M. Puzecruu L. juillet-août. Lieux humides; rég. basse, sur- tout sur les alluv. sablon.; ab. Nul sur les calcaires. LycopPus |. L. Europæus (L. Z juillet-août. Lieux marécageux, sablon- neux et argilo-sableux ; rég. basse et moy.; ab. OniGanum Mœnch. O vuzcare. L. # juillet-août. Coteaux secs et calcaires des deux rég. inf.; rép., ab. Taymus /. Ta. SerPyLzium L. # juin-septembre. Coteaux secs de toutes les régions et sur tous les terrains ; très-ab. — 136 — SATUREïrA L. S. HORTENSIS L. (T) juillet-septembre. Lieux cultivés, sub- spontané. Caramnrma Monch. C. orriciNaLis Mœnch. # juillet-août. Coteaux calcaires ; rég. basse. Bourogne, Chatenois. Peu ab. C. AciNos Clairo. © juin-août. Champs et lieux incultes : ubiquiste ; rép., ab. C. CrinoPopium Benth. x juillet-août. Bois et buissons des rég. inf.; ubiquiste quant au terrain; ab. SaLvia !. S. PRATENSIS L. Z mai-juillet. Prairies de toutes les régions : et sur tous les terrains ; très-ab. NEpEra L. N. CarTarra L. % juin-août. Buissons, lisières des bois ; diss. sur les calcaires, peu ab. Bourogne, Meroux, Denney, etc. GLECHOMA L. G. HEDERACEA L. # avril-mai. Prairies, bords des haïes ; les deux rég. inf.; rép., ab. Lamium L. L. AMPLEXICAULE L. @avril-août.. Lieux cultivés ; rég. basse, surtout sur les alluvions; rép., peu ab. L. PURPUREUM L. © avril-septembre. Lieux cultivés , bords des chemins ; rép., ab. L.macuLarun L.#avril-juin. Bords des bois, des haies, etc.; rég. basse ; rép., ab. L. azsum L. # avril-juin. Haies, bords des chemins; rég. basse et moy.; rép., très-ab. L. GALEoBDOLON Crantz. # mai-juin. Haies, buissons ; rég. basse et moy.; rép., ab. LEonurus J. L. Carpraca L. % juin-août. Bords des routes; rég. basse; peu rép., peu ab. Chaux, Sermamagny, le Valdoie, etc. Garrorsis L. G. ANGUSTIFOLIA Ehrh. ® juin-juillet. Champs ; rég. basse et moy.; très-rép., ab. — 137 — G. pusra Leers. ®) juillet-août. Champs et lieux incultes sa- blonneux ; rég. basse. Alluvion de la Savoureuse. ab. G. TerramitT L. @) juillet-août. Lieux cultivés, terrains vagues; commun. Sracuyxs L. ST. GERMANICA L. (2) juillet-août. Coteaux secs et calcaires des rég. basse et moy.; rép., ab. Collines de la Miotte, de la Justice, etc. Sr. ALPINA. L. Z juillet-août. Mêmes stations et mêmes dis- persion que le précédent. ST. syLvATICA L. juin-août. Bois humides ; assez rép. sur les calcaires et les terrains siliceux. ST. PALUSTRIS L. # juin-août. Lieux sablonneux et surtout argileux ; rég. basse. Bords des étangs de la Maiche, de la Forge, etc., bords de la Savoureuse. ST. ARVENSIS L. (T) juin-octobre. Champs sablonneux; rég. basse. Sur l’alluv. de la Savoureuse. Diss. ST. ANNUA L. (T) juillet-octobre. Champs des rég. inf., sur- tout les calcaires ; assez ab. ST. RECTA L. Z juin-août. Coteaux secs et calcaires des rég. basse et moy.; rép., ab. BrEronica L. B. orriciNauis L.2% juin-août. Buissons, bois ; rég. basse et moy.; rép., ab. , BazcLora L. B. roœrTipa Lam. # juin-août. Lieux vagues; rég. inf.; rép., abondant. MErTTIS L. M. MeussopayLLium L. # mai-juin. Taillis des coteaux cal- caires des rég. basse et moy.; nul sur les alluvions et terrains siliceux. SCUTELLARIA L. SC. GALERICULATA L. Z juillet-août. Bords des ruisseaux ; rég. basse ; alluv. sablon. et argileuses ; rép., ab. Sc. MINOR L. # juillet-septembre. Marais et tourbières des terrains siliceux; rég. basse et surtout moy. et montag. L’Arsot, le Salbert, la Vaivre, etc.; assez ab. 10 — 138 — BRUNELLA Tourn. B. vucGaris Mœnch. # juin-août. Prairies, bois, coteaux; les trois rég. inf. calcaires et siliceuses ; rép., très-ab. B. AzBa Pall. % juillet-août. Coteaux calcaires de la rég. moy. Sur la Miotte, la Justice, etc.; assez rép., assez ab. Nul sur les autres terrains. B. GRANDIFLORA Mœnch. % juillet-septembre. Coteaux secs et calcaires ; rég. basse et moy.; ab. AsuGaA !. A. REPTANS L. # mai-juillet. Prés, bois; commun. A. GENEVENSIS L. # mai-juin. Coteaux secs; rég. basse ; assez rép., assez ab. A. Caauæpirys Schreb. ®) juin-septembre. Champs des ter- rains calcaires et de molasse. Dans les rég. basse et moy.; diss., peu ab. TEucriuu L. T. Borrys L. © juillet-septembre. Champs des rég. inf. sur- tout calcaires ; assez rép., assez ab. T. Scorpiuu L. # juin-août. Fossés et ruisseaux des prairies des rég. basses sur les alluvions; prairies de la Forge, de Cra- vanche, de l’étang de la Maiche. Diss., assez ab. T. Scoroponia L. Z juin-septembre. Bois et broussailles des trois rég. inf.; très-ab. sur les terrains siliceux ; également ab. sur quelques collines de calcaires jurassiques compactes. T. Cuawzæprys L. # juillet-août. Collines calcaires sèches de la rég. moy.; ab. | VERBÉNACÉES. VERBENA Zourn. V. orricinaLis L. z juin-septembre. Bords des chemins, des ruisseaux des rég. inf.; rép., très-ab. PLANTAGINÉES. Pranraco L. P. masor L. % juillet-septembre. Pelouses, lieux vagues; rép., très-ab. P. uepra L. % juin-août. Mêmes stations que le précédent. P. LanceoLara L. # avril-septembre. Même dispersion que les précédents. — 139 — LITTORELLA L. L. Lacusrris L. Z juin-juillet. Bords des étangs et marais des terrains siliceux surtout sur les grès. Dans tous les étangs de Roppe à Eloye; étang de la Forge, marais entre Cravanche et le Valdoie; très-ab. (1843). Cette plante n’a été signalée en Alsace que sur le versant méridional des Vosges. AMARANTACÉES. Amaranrus L. A. Burum L. @ juillet-septembre. Lieux cultivés, dé- combres; diss., peu ab. PoryéenEemunm L. P. anvenxse L. @ juillet-août. Champs sablonneux, rég. basse. Champs de Trétu lans à Sochaux. Diss. Je ne l'ai pas retrouvé à Belfort sur les bords de la Savoureuse, où il a été signalé par Mestler. SALSOLACÉES. ATRIPLEX Zourn. A. HAsTATA L. (n juillet-août. Bords des chemins, dans les décombres ; rég. basse ; diss. A. paruLA L. @) juillet-août. Mêmes stations; plus répandu, plus abondant. CuEexorow:um L. CH. POLYSPERMUM L. ® aoùt-septembre. Lieux cultivés ; rég. basse et moy.; rép., ab. Cu. azBu L. ®) juillet-septembre. Lieux cultivés ; rég. basse et moy.; rép., ab. Cu. HyBripum L. © juillet-août. Bords des chemins ; terrains azotés ; rég. basse ; assez rép., peu ab. CH. muraLE L. ® juillet-août. Mêmes stations, même dis- persion que le précédent. Ca. GLaucuM L. © juillet-août. Avec les précédents , mais surtout sur l’alluvion de la Savoureuse. Cu. urgicum L. (paoût-septembre. Voisinage des habitations. Echenans, Mandrevillars /Contejean), faubourg de Belfort, etc. Ca. Bonus-Henricus L. # juin-septembre. Décombres, bords des routes ; rég. basse; rép., très-ab. — 140 — Le Ca. Vurvarra L. signalé par J. Bauhin, n’a pas été re- trouvé. POLYGONÉES. RUMEx |. R. mariTimus L. (@) juillet-septembre. Marais ; rég. basse. Bourogne (Contejean). R. Frissi Gren. et Godr. # juillet-août. Bords des fossés, lieux humides ; rég. basse ; assez ab. R. CONGLOMERATUS Murr. % juillet-septembre. Bords des ruisseaux, lieux humides ; rép., ab R. xemorosus Schrad. # juillet-août. Bois humides des deux rég. inf., surtout les terrains siliceux; assez ab. R. crispus L. % juillet-août. Prairies, bords des chemins; toutes régions ; rép., ab. R. HypROLAPATHUM Huds. x juillet-août. Marais argileux de la rég. basse à Bourogne. R. ariroLius AU. # juillet-août. Pelouses, clairières des rég. alp. et montag. Ballons. Ab. R. Acerosa L. % mai-juin. Prairies, commun. R. AceroseLra L. x mai-juin. Champs sablonneux de toute la vallée. Sur l’alluvion de la Savoureuse. Nul sur les cal- caires. Poryconum L. P. Bisrorra L. # mai-juillet. Prairies sablonneuses ; depuis le Ballon, où il est très-abondant, jusque dans la plaine , où il est disséminé. Nul sur les grès, le terrain ardoisier et les cal- caires. P. ampniBium L. # juillet-août. Etangs, canaux ; rég. basse; terrains argileux. Etang de la Forge, canal Napoléon, etc. Ab. P. LAPATHIFOLIUM L. ®) juillet-septembre. Lieux humides ; bords des eaux; rép., ab. P. PersicarrA L. © juillet-septembre. Lieux humides ; bords des ruisseaux; rép., ab. P. mire Schrk. © juillet-septembre. Lieux humides argilo- sableux ; rép., ab. P. minus Huds. @ juillet-septembre. Même station; assez rép., assez ab. — 1H — P. Hyprorrrer L. @ juillet-septembre. Mêmes stations ; rép., ab. P. Avicuzare L. © juillet-octobre. Lieux vagues et incultes ; sur les sables, surtout azotés. Commun jusque entre les pavés de nos rues et places. P. Convozvuzus L. ® juillet-août. Champs, lieux cultivés ; rég. basse et moy.; rép., ab. P. puwerorum L. © juin-août. Haies, buissons. Les deux rég. inf. Les Fourches, la Miotte, l’Arsot, etc. DAPHNO!DÉES. DaPHanE L. D. Mezereux L. à février-avril. Bois couverts; les trois rég. inf. Chatenois, Bourogne, la Justice, l’Arsot, la Forêt-du- Lys, etc., rép., assez ab. FASSERINA L. P. annua Spreng. © juillet-septembre. Champs après la moisson. Sur la colline de la Justice, jusqu’à Perouse, lisières de la Perche, sur les calcaires. SANTALACÉES. TaEsiunm |]. Ta. ALPINUM L. % juillet-août. Escarpements au sommet du Ballon ; assez ab. Tu. PRATENSE Éhrh. # juin-juillet. Prairies ; sur les alluvions sablonneuses des bords de la Savoureuse. Ta. iTermEDIuM Schrad. # juillet-août. Pelouses et clai- rières des grès ; rég. moy. et montag. et sur les alluvions de ces terrains. Rougegoutte , l’Arsot. Moins ab. et moins rép. que le précédent. ARISTOLOCHIÉES. Asanum Tourn. A. EuROPÆUM L. # avril-mai. Bois des rég. moy. et montag. A Auxelles, sur les grès ; à la Miotte, sur le calcaire ; peu rép. abondant. ARISTOLOCHIA /. À. CLemariris L. # mai-juin. Vignes, haies des vergers ; rég. basse. À Dambenoïis (Contejean), à Bourogne. Peu rép., peu ab. — 149 — EUPHORBIACÉES. EurnonniraA |. E. neLioscoprA L. ® mai-septembre. Lieux cultivés; com- mun. E. pLaryPayLLa L. © juillet-septembre. Champs, bords des fossés, des routes des rég. inf.; rép., ab. E. srricra L. © mai-septembre. Champs, bords des che- mins; rég. inf., surtout sur les calcaires ; ab. E. puccis L. # avril-juin. Bois, taillis; rég. basse et moy., surtout sur les calcaires; assez ab. E verrucosa Lam. # mai-juin et septembre. Prairies sèches, coteaux arides, surtout calcaires, quoique fréquent sur le mus- chelkalk et les grès ; très-ab. E. Cyparissras L. % avril-mai. Champs , lieux vagues. Rég. basse et moy. Très-ab. E. exiGua L. © mai-octobre. Champs, moissons des rég. inf.; commun. E. Pepzus L. G juin-octobre. Lieux cultivés ; abondant. E. AmyGDpALOIDES L. Z mai-juin. Bois couverts ; rég. basse et moy., sur les ardoises, les grès, le muschelkalk et tous les cal- caires ; très-ab. NiErCuRIALIS Tourn. M. PERENNIS L. # avril-juin. Bois, buissons; rég. basse et moy., surtout sur les calcaires ; ab. M. annuaA L.® juin-octobre. Lieux cultivés de la rég. basse ; très-ab. Buxus Tourn. B. SEMPERVIRENS L. b mars-avril. Bois des coteaux calcaires ; rég. moy. Sevenans, Dorans. Très-rare. ULMACÉES. Uruus L. U. campesrris L. à avril. Bois des rég. moy.; diss. Bois des Fourches, du Mont, etc. URTICÉES. UrrTica Tourn. U. urexs L. ® mai-octobre. Décombres, terrains azotés, voisinage des habitations ; rép., ab. — 143 — U. prorca L. x juin-septembre. Lieux vagues, bois couverts, les trois rég. inf.; rép., très-ab. CANNABINÉES. Homurus L. H. Luruzus L. # juillet-août. Haies, buissons; rég. basse ; rép., ab. CUPULIFÉRÉES. FaGus Tourn. F. syzvarica L. b avril-mai. Bois des trois rég., surtout la moy. et la montag. Il forme, avec le sapin, les grandes forêts des Vosges granitiques ; on le retrouve dans le Salbert, le Mont, etc. QuEncus Tourn. Q. sEssiLiFLora Smith. b avril-mai. Bois et forêts; rég. basse et moy.; diss. dans la rég. montag.; plus rép. sur les terrains siliceux que sur les calcaires. Q. PEDuNCULATA Ehrh. b Bois et forêts; plus fréquent dans les rég. basse et moy. que dans la montag. Mais aussi rép. sur les calcaires que sur les autres terrains. Conyxzus Tourn. C. AveLLana L. b février-mars. Haies, bois des trois rég. inf.; très-rép., très-ab. Carrnus L. C. Beruzus L. à avril-mai. Bois des rég. basse et moy. ; très-rép., très-ab. sur tous les terrains. SALICINÉES. Sanix Tourn. S. FRAGILIS L. #4 avril-mai. Bords des ruisseaux des rég. inf.; rép., ab. S. ALBA L. bavril-mai. Bords des ruisseaux , etc.; rég. inf. Rives de la Savoureuse, de la Douce, etc. S. AMYGDALINA L. & avril-mai. Mêmes stations que le précé- dent. S. PURPUREA L. h avril-mai. Rives des rég. inf. Bords de la Savoureuse, des étangs. Le plus abondant de nos saules, — Ah — S.ruBRA Huds.bmars-avril. Même station; assez rép., assez ab. Un pied mâle à Bourogne (Contejean). S. viminaLis L. 5 mars-avril. Ruisseaux, étangs sur les allu- vions siliceuses. Sermamagny, le Valdoie, Bourogne.; diss. S. ciNEREA L. b mars-avril. Bords des ruisseaux, lieux hu- mides des forêts, sur les sols argileux et marneux. S. CaPREA L. 5 mars-avril. Bois des rég. inf,; rép., ab. S. auRITA L. à mars-avril. Ruisseaux des prairies sur les alluvions de la Savoureuse. Rép., ab. PopuLus Tourn. P. TreuuLa L. b mars-avril. Bois et lieux humides sur les sols sableux et argileux ; rép., ab. P. azsa L. & mars-avril. Bois, bords des routes ; mais assez rare. P. nicra L. b mars-avril. Bords de la Savoureuse, signalé par Berdot (n’existe plus). BÉTULACÉES. BETuLA Tourn. B. azBa L. b avril-mai. Bois des terrains siliceux et des allu- vions anciennes et modernes. Nul sur les calcaires purs. B. PUBESCENS Ehrh. b avril-mai. Avec le précédent, mais dans les lieux humides et tourbeux. Dans l’Arsot, la Vai- vre, elc. Arnus Tourn. À. GLUTINOSA Gærtn. b avril. Bois humides, bords des ruis- seaux ; ab. sur les terrains siliceux et les alluvions. Nul sur les calcaires purs. ABIÉTINÉES. Pnus L. P. syzvesrris L. 4 mai. Vallée du Puix. Au-dessus de Giro- magny. Très-diss. dans notre circonscription. P. Picea L. b mai. Forêts de la rég. montag. Forme à lui seul des forêts tout entières. P. Apres L. b mai. Forêts de la rég. montag.; très diss. CUPRESSINÉES. JUNIPERUS JL. J. communs L. b avril. Coteaux secs; rég. basse et moy. rép., ab. — 145 — ENDOGÈNES OU MONOCOTYLÉDONÉES. ALISMACEES. Arisma L. A. Pranraco L. # juillet-août. Mares, lieux inondés, ruis- seaux ; rég. basse, sur toutes nos alluvions ; rép. SAGITTARIA L. S. sAGITTÆFOLIA L. # juin-août. Mares, ruisseaux ; rég. basse, sur toutes nos alluvions ; ab. Burouus L. B. uuseLLrarus L. juin-août. Eaux stagnantes; rég. basse. Bourogne (Contejean). Assez rare. COLCHICACÉES. Corcmeoum L. C. AUTUMNALE L. # août-septembre. Prairies; commun. VERATRUM Tourn. V. azBum L. # juillet-août. Cà et là sur les escarpements des Ballons de Giromagny et de Servance, devient de plus en plus rare. M. Mougeot l’a déjà signalé surle Ballon de Servance. LILIACÉES. Toripa L. T. syzvesrtris L. Z mai. Vergers à Dambenois (Contejean). Lrxium |. L. Marracon L. Z juin-juillet. Bois, rég. des sapins ; diss. au Rosemond; entre Allenjoie et Bourogne (Scharfenstein). ADENOSCILLA Gren. et Godr. A. BrroLiA Gren. et Godr. # avril. Bois des rég. basse e moy., sur tous les terrains ; très-ab. ORNITHOGALUM /. O. pyRENAICUM L. # mai-juin. Bois, prairies; rég. basse et moy. Bavilliers, Damjoutin, Le Mont, Dorans, Banvillars. Peu rép., assez ab. ALLIUM |. À. ursiNum L. # avril-juin. Bois et buissons ; les trois rég. inf.. sur tous les terrains ; rép., ab. — 41416 — A. Vicroriauis L. z Juin-juillet. Escarpements du Ballon de Giromagny; très-rare maintenant. Déjà signalé par Mou- geot. À. OLERACEUM. L. % juillet-août. Coteaux secs et calcaires des deux rég. inf. Perouse, La Justice, la Perche, etc. Rép., assez ab. SMILACÉES. Paris L. P. quanriroLrA L. Z mai. Bois couverts des deux rég. inf., surtout sur les calcaires ; rép., ab. POLYGONATUM Tourn. P. vuicare Desf. Æ mai-juin. Bois des coteaux calcaires ; peu ab.; rég. basse et moy. P. muzrirLorum Al. # mai-juin. Bois des trois rég. inf., sur tous les terrains, calcaires et siliceux ; rép., ab. P. vERTICILLATUM Al. % mai-jJuin. Bois couverts des rég. alp. et montag. Forêts du Ballon; ab. quelquefois dans les rég. inf., par ex. à Banvillars, Brevillier. CoNvALLARIA |. C. masais L. Z mai. Bois ombragés des rég. moy. et basse, sur tous les terrains. Damjoutin, Meroux, dans l’Arsot, la Vaivre, etc.; rép., ab. Maranraemum Wiggers. M. srrozium D C. # mai-juin. Bois humides des rég. moy. et montag. Dans l’Arsot (sur les grès), le Salbert (sur les ar- doises), les forêts du Ballon (sur les terrains de cristallisation) et sur les alluvions à Bourogne et Dambenois. Nul sur nos calcaires. DIOSCORÉES. T'amrs L. T. communis L. # mai. Bois et taillis des rég. basse et moy., particulièrement sur les calcaires de la Miotte, des Fourches, de la Perche: assez ab. IRIDEKS. En1S /. I. GERMANICA L. # mai. Naturalisé sur nos remparts. — AT — I. Pseunacorus L. # juin-juillet. Ruisseaux des prairies ; rég. basse; rép., ab. AMARYELIDÉES. LEucorum |. L. vernum L. % février-mars. Bois des rég. basse et moy. Calcaires jurassiques à Perouse, au bois sur Morveau, à Eloye, dans la Vaivre, etc.; peu rép., ab. Narcissus |. N. Pseuno-Narcissus L. 2 avril-mai. Haies, buissons; rég. moy., à Banvillars. Assez rare. N. Pseuno-Narcisso-PorTICUS. Boutigny et Bernard, à divi- sions périgonales d’un jaune pâle, à couronne Jaune pâle bordée de jaune orange, égalant le quart de la longueur des divisions. Buttes Gasner, Dorans. Assez rare. N. rogricus L. # avril-mai. Prairies; rég. inf. Plaine de Cravanche, hors du faubourg de Brasse. Assez rare. ORCHIDÉES. SPIRANTHES L. C. Richard. S. æsTivaLis Rich. # août. Prairies tourbeuses; rég. basse et moy. Lisières de l’Arsot et du Salbert; terrains siliceux ; nul sur les calcaires. S. AUTUMNALIS Rich. # septembre. Prairies tourbeuses ; rég. basse et moy., avec le précédent. CEPHALANTRHERA L. C. Richard. C. ENsiFOLIA Rich. # mai-juin. Bois des rég. moy. Dans le Salbert (sur l’ardoise), à Meroux {sur les calcaires); peu rép., peu ab. C. GRANDIFLORA Bab. # mai-juin. Bois couverts ; rég. moy. La Miotte, les Fourches. Sur les calcaires; diss. C. ruBRA Rich. Z mai-juin. Diss. dans les bois de la rég moy. Le Mont, la Perche, etc. Epipaciis L. C. Richard. E. Larrrozra AU. # juillet-août. Bois couverts; rég. moy. Les Fourches, la Miotte; peu rép., peu ab. E. pazusrris Crantz. # juin-juillet. Bois humides; rég. basse et moy. Bois sous la Côte à Bourogne, tourbières de l’Arsot. Rare. — 4148 — ELusTEra R. Brown. L. ovarTa R. Br. x mai-juin. Pelouses et prairies humides ; rég. moy et montag. Forêts du Ballon, dans les clairières, col- lines de la Miotte, du Mont, de la Justice, etc. Assez ab. L. corparTa R. Br. % juin-juillet. Bois humides de la rég. montag., forêts de sapins du Ballon; assez rare. NEoTria L. C. Richard. N. Nipus-avis Rich. # mai-juin. Lieux couverts, bois; les trois rég. inf. Forêts du Ballon, du Salbert, de l’Arsot, Bois des Fourches, du Mont. Assez rép. AcERAS R. Br. A. HiRCINA Lindl. 3 mai-juillet. Pelouses sèches, buissons ; rég. basse. Sur la Côte à Bourogne. Assez rare. À. PYRAMIDALIS Rchb. # juin. Pelouses sèches; rég. basse Côte de Bourogne. Ab. OncHIsS |. O. Morio L. Z mai-juin. Prairies des trois rég. inf.; rép.; très-ab. O. usrurarTa L. 2% mai-juin. Coteaux secs; rég. basse et moy.; toutes nos collines calcaires ; peu ab. O. mrziraris L. % mai-juin. Coteaux boisés; rég. basse et moy. Colline de la Perche, buttes de la Citadelle, Essert, etc.; assez rare. O. azogosa L. % juillet. Pelouses et escarpements de la rég. alp. Ballon de Giromagny (Mougeot,. O. mascuza L. # mai-juin. Bois et prairies; les 3 rég. inf., surtout la moy.; diss., assez ab. O. rarirozrA L. # mai-juin. Bois et pelouses un peu humides; les trois rég. inf., surtout sur les terrains siliceux ; rép., ab. O. macuraTa L. Z mai-juin. Bois ombragés et humides des trois rég. inf., sur les terrains siliceux; rép., ab. O. siroLiA L. 7 juin-juillet. Bois et bruyères des trois rég. inf., surtout les terrains siliceux, sur lesquels il est abondant. O. coxopsea L. # juin-juillet. Prairies humides; rég. moy. et basse. Cravanches, Offemond, sur les terrains siliceux ; peu rép., ab. à Bavillier sur le calcaire. O. vrrinis Crantz. # juin-juillet. Coteaux secs, prairies hu- — 149 — mides ; rég. basse et moy. Cravanches, Offemond, la Miotte, la Justice. Peu rép., assez ab. O. azgipa Scop. # juin-juillet-août. Pelouses et pâturages de la rég. alp. Sommet des Ballons de Servance et Giromagny, mais pas au-dessous de 4,000 ». OPuRYS |. O. ARACHNITES Reich. Z£ juin. Collines sèches et calcaires. La Perche, la Justice. Assez rare. O. apirera Huds. # juin. Coteaux secs; rég. basse. Colline de la Côte à Bourogne (Contejean). O. muscirera Huds. # juin. Collines sèches calcaires; rég. moy. Sous les roches de la Justice. Assez rare. POTAMÉES. POTAMOGETON L. P. naras L. % juillet-août. Eaux stagnantes; rég. infér.; rép., ab. P. FLurTans Roth. # juillet-août. Etangs des rég. inf. Etang de la Forge, etc.; rép., ab. P. PoLYGOoNIFOLIUS Pourret. Z juin-août. Etangs ; rég. basse et moy. Chaux et Sermamagny (Contejean). P. RurEsCENS Schrad. # juillet-août. Eaux stagnantes, ruis- seaux ; rég. inf. Plaine du Champ-de-Mars. Abondant. P. Lucens L. # juin-août. Etangs; rép., ab. P. PERFOLIATUS L. % juin-août. Rivières, eaux stagnantes ; rég. inf.; assez rép., assez ab. P. crispus L. # juin-août. Eaux stagnantes, ruisseaux ; rég. basse. Etang de la Forge, ruisseaux du Champ-de-Mars. Ab. P. acurirozius Link. % juin-août. Etangs, ruisseaux; rég. basse. Bourogne (Contejean), Eloye, Roppe. Peu rép. P. osrusirouius Mert. et Koch. 2 juin-août. Etangs, ruis- seaux; rég. basse. Eloye, Bourogne, Charmois, Sermamagny. Peu rép., assez ab. P. pusizus L. zx juin-août. Ruisseaux des prairies; rég. basse. Prairies des bords de la Savoureuse. Ab. P. Pectinatus L. > juillet-août. Ruisseaux, bords des eaux courantes ; rég. inf. Savoureuse, de Damjoutin à Chatenois ; assez ab. Nora. Tous nos Potamots ont leur station sur les terrains siliceux et — 150 — argileux. Dans les régions basses, nos calcaires ne présentent pas de lo- calités convenables à leur développement. NAJADÉES. Cawriania Willd. C. rraGiis Wäilid. (Najas minor All.) © juillet-septembre. Mares sur terrain argileux à Moval {(Contejean). LEMNACÉES. LEmna /. -L. rrisucca L. © avril-juin. Eaux stagnantes; rég. basse ; peu rép., assez ab. L. minor L. © avril-juin. Eaux stagnantes; rég. basse et moy.;rép., ab. L. PoLyRRHIZA L. © avril-juillet. Eaux stagnantes; rég. basse; rép., assez ab. AROIDÉES. Anum !/. À. MACULATUM L. Z avril-mai. Bois, haies; les deux rég. inf.; rép., ab. Aconus L. A. Caramus L. juin-juillet. Marais, rivières, canaux; rég. basse. Du Valdieu à Allanjoie, dans le canal et la rivière de Saint-Nicolas, étang de la Forge, la Douce, de Bavilliers à Ber- mont, etc.; très-ab. sur les argiles siliceuses et les marnes cal- caires. Plante naturalisée depuis J. Bauhin. TYPIHACÉES. TyPHa /. T. zariroLtA L. z juin-août. Eaux stagnantes; rég. basse et moy. Etang à Rougegoutte, Chaux, etc.; peu rép., assez ab. T. anGusriFoLiA L. # juin-août. Eaux lentes et stagnantes ; rég. basse. Allanjoie (Contejean), sur les bords du canal Napo- léon et de la rivière Saint-Nicolas. SPaARGanIUMm L. S. RAMosUM Huds. # juin-août. Eaux stagnanies, ruisseaux ; rég. basse et moy.; rép., ab., surtout sur les alluvions sablon- neuses et argileuses. — A5 — S. simpLex. Huds. # juin-août. Avec le précédent, mais beau- coup moins abondant. JONCÉES. Junous !/. J. conGcomerarTus L. % juin-août. Lieux humides, sablon- neux et argileux; toutes les régions; rép., ab. sur tous les ter- rains siliceux. J. errusus L. > juin-août. Lieux humides ; toutes les rég.; plus rép. que le précédent. J. écaucus Ehrh. juin-août. Avec les précédents; rép., ab., mais moins ascendant. J. rizrrormis L. # juin-juillet. Lieux marécageux de la rég. alp. Ballons (Mougeot); descend jusqu’au bord des mares au Champ-de-Mars (1844). J. supinus Mœnch. % juin-août. Lieux sablonneux humides ; rég. basse. Ruisseaux de toutes les prairies des bords de la Savoureuse. Rép., ab. J. Lamprocarpus Ehrh. Z juin-août. Terrains argileux hu- mides ; rég. basse et moy.; rép., ab. J. syzvaricus Reich. # juin-août. Avec le précédent. J. squarrosus L. Z juin-août. Lieux humides des rég. alp. et montag.; nul dans les rég. inf. Abondant aux Ballons, dans tous les ravins. J. comPressus Jacq. x juin-août. Lieux argileux , humides; rég. basse et moy.; rép., ab. J. Texacela L. © juin-août. Lieux tourbeux et marécageux ; rég. basse et moy. Tourbières d'Eloye, de Vézelois, de l’Arsot. Peu rép., assez ab. J. suronius L. © juin-août. Marais, lieux humides de toutes régions; rép., très-ab. Luzura DC. L. piLosa Willd. # mars-avril. Bois de toutes les rég. et sur tous les terrains ; rép., ab. L. syLvarica Gaud. Z mai-juillet. Forêts des rég. moy. et montag., sur les terrains siliceux; nul sur les calcaires; rép., abondant. L. azBina D C. # juin-juillet. Bois de toutes les rég., sur les — 152 — terrains siliceux; abonde souvent dans les coupes des forêts sur les calcaires, mais ne persiste pas. L. campesrTris D C. Z mars-mai. Pâturages , lieux incultes ; rép., ab. L. muzriFLora Lej. % mai-juin. Forêts des terrains siliceux ; rég. basse et moy.; rép., peu ab.; nul sur les calcaires. CYPÉRACÉES. Cyrerus L. C. ruscus L. @juillet-août. Ruisseaux des prairies sableuses ; rég. basse. Prairies au-dessus du Champ-de-Mars. Peu rép., abondant. C. FLAVESCENS L. (®) juillet-août. Prairies tourbeuses; rég. basse et moy. Tourbières d’'Eloye, de Vézelois, les Gouttes de l’Arsot. Peu rép., assez ab. ErioPnorum L. E. vagiNaTuM L. % avril-mai. Tourbières des rég. alp. et montag. Ballons. Assez ab. E. anGusriroLium Roth. x avril-mai. Prairies marécageuses de toutes les rég. sur sol siliceux ; ab. .E. LaTiroium Hoppe. zx avril-mai. Prairies marécageuses, avec le précédent ; plus fréquent et plus ab. Scunpevus L. Sc. syLvaTicus L. 2 juin-juillet. Marais, ruisseaux; rég. basse et moy.; rép., assez ab. Sc. LacysrTris L. z juin-juillet. Marais, étangs ; rég. basse. Rép., ab. Nul surles calcaires. Sc. serACEUS L. © ou # juillet-août. Sables humides ; rég. basse. Rives de la Savoureuse , étangs à sol sablonneux. Rép., abondant. ErEocuanis R. Brown. E. pazusrris R. Brown. # juin-août. Marais, ruisseaux, ter- rains argileux ; rég. basse ; rép., ab. E. ovara R. Brown. ® juin-juillet. Rives sablonneuses ; rég. basse. Sables de la Savoureuse , étangs des grès à Eloye, Roppe. Peu rép., ab., mais fugace. E. Acicuzaris R. Brown. © juin-août. Marais, étangs, ruis- seaux; sol sablonneux ou argileux; rép., très-ab. — 153 — RayNncHoSPoRA Vaih. Ru. ALBA Valh. # juin-juillet. Tourbières des trois rég. inf. Ballons, Eloye, Arsot, Vézelois ; ab. Canex L. C. Davazrrana Sm. 2% avril-mai. Prairies marécageuses ; rég. basse; sur les terrains siliceux ; assez ab. dans les prairies sur les lisières de l’Arsot, du Salbert. C. puurcaris L. £ avril-mai. Prairies tourbeuses et sablon- peuses ; rég. basse ; prairies sur les grès et les sables d’allu- vion; ab. C. paucrLora Lightf. % juillet. Tourbières de la rég. alp. Ballons ; peu ab. C. cyrgroipes L. ® août-septembre. Rég. basse; dans les ruisseaux limoneux des prairies derrière les Casernes de Cava- lerie (4847). C. misricua Huds. x mai-juillet. Prairies marécageuses ; rég. basse ; terrains argileux. Nul sur les calcaires et alluvions sablonneuses ; abondant, répandu. C. vuzpina L. mai-juin. Ruisseaux des prairies ; rég. basse ; rép., ab. C. muricara L. % mai-juin. Bois, taillis ; rég. basse et moy.; sur les calcaires ; ab. C. PANIGULATA L. # mai-juin. Marais, tourbières ; rég. moy. sur le grès vosgien de l’Arsot , aux Gouttes ; ab. C. Brizornes L. # mai-juin. Bois, broussailles; rég. basse et moy.; sur les grès et les alluvions argileuses ; caractéris- tique de ces derniers terrains; nul sur les calcaires, les roches cristallines et les alluvions sablonneuses de la Savou- reuse. C. remora L. % mai-juin. Bois humides ; les trois rég. inf., surtout la moy.; sur tous les terrains siliceux, ab.; nul sur les calcaires. C. STELLULATA Good. % mai-juin. Prairies humides et sa- blonneuses ; les trois rég. inf. Alluvions de la Savoureuse ; ab. C. LepoRINA L. Z mai-juin. Prairies humides de toutes les rég.; très-ab. sur les terrains siliceux ; moins fréquent sur les calcaires. 1 — 154 — C. canESCENS L. mai-juin. Tourbières des rég. sup. Vosges granitiques, grès, Ballons. C. srricra Good. # mai-juin. Marais, ruisseaux ; rég. basse ; terrains argileux ; peu rép. C. vuzcaris Fries. # mai-juin. Marais, prairies humides ; les trois rég. inf.; rép., très-ab. C. Acura L. # mai-juin. Marais, ruisseaux des prairies; rég. inf.; terrains siliceux ; ab. C. zimosa L. # juillet. Ruisseaux tourbeux de la rég. alp. Ballon de Giromagny ; assez rare. C. PILULIFERA L. Z mai-juillet. Bois et forêts de toutes les rég., sur les terrains siliceux {granites, ardoises, grès, etc.); très-ahondant; nul sur les calcaires. CAREx MONTANA L. Z avril-juin. Collines sèches ; rég. basse. Sur la Côte, à Bourogne lpouddingue silicéo-calcaire). C. præcox Jacq. # avril-mai. Collines sèches; ubiquiste, commun. C. pozyrraizA Wallr. Z mars-avril. Bois humides de Bou- rogne, Allanjoie (Contejean. C. piçrrara L.# avril-mai. Collines sèches de calcaire juras- sique ; rég. moy. Roches de la Justice ; ab. C. ornirHorpopa Wailld. *Ÿ avril-mai. Collines calcaires sèches ; rég. moy. A la Perche ; peu ab. C. PANICEA L. % mai-juin. Prairies humides ; commun. C. aLaucA Scop. # maï-juin. Lieux humides; commun. C. maxima Scop. # juin-juillet. Ravins des forêts de toutes les régions sur les terrains siliceux. Le Ballon, le Salbert, l’Arsot, la Vaivre, etc.; ab. C. PALLESCENS L. Z mai. Bois humides des terrains siliceux dans les trois rég. inf.; assez ab. C. FLava L. # mai-juin. Prairies humides des terrains sili- ceux et argileux; les trois rég. inf.; rép., ab. Dans l’Arsot (grès vosgien et bigarré), à Bavilliers, Argiesans (sur les allu- vions anciennes), etc. C. Œperi Ehrh. # mai-juin. Prairies humides avec le précé- dent, mais moins ab. C. pisraxs L. # mai-juin. Prairies marécageuses sur sol argileux ; rég. basse et moy. Cravanche, Offemond , Serma- magny, etc.; ab. — 155 — C. syzvarica Huds. Z mai-juin. Bois couverts; les trois rég. inf.; rép., très-ab. C. AmMPULLACEA Good. # mai-juin. Ruisseaux des prairies; rég. basse. Sur l’alluvion de la Savoureuse ; assez ab. C. vesicarrA L. # mai-juin. Ruisseaux des prairies; rég. basse. Alluvion de la Savoureuse: ab. C. pALuposA Good. # mai-juin. Ruisseaux des prairies, avec les précédents; ab. C. RipariA Curt. # mai-juin. Ruisseaux des prairies. Allu- vion de la Savoureuse ; assez ab. C. irra L. % mai-juillet. Prairies humides, marais argi- leux ; les trois rég. inf.; très-ab., très-rép. GRAMINÉES. PanICUM /. P. sANGUINALE L.@) juillet-septembre. Lieux cultivés, champs, voisinage des habitations ; peu rép., peu ab. P. Crus-Gazzt L. © juillet-août. Champs, voisinage des ha- bitations ; rég. basse. La Forge, Offemond, Bourogne ; diss. SETAaRIA P. de B. S. VERTICILLATA P. de B. © juillet-août. Champs, cultures ; rég. basse ; diss. Evette, Chatenois, Bourogne, etc. S. vrrinis P. de B. ® juillet-août. Champs, cultures ; rég. basse, sur les alluvions sablonneuses ; ab. S. ezauca P. de B. © juillet-août. Champs, lieux cultivés ; rég. basse ; terrains siliceux; le plus ab. du genre. PHsLaRis /. Pa. ARUNDINACEA L. (juillet. Bords des ruisseaux, des prai- ries ; rég. basse et moy.; très-rép., ab. ÆNTHOXANTHUM /. À. oporaTuM L. # maï-juillet. Bois et prairies de toutes les rég., surtout sur les alluvions de la Savoureuse ; très-ab. ALOPECURES L. À. pRATENSiS L. % mai-juin. Ruisseaux, lieux humides; rég. basse, sur les alluvions sablonneuses ; nul ailleurs ; ab. À. acresris L. &) mai-juillet. Champs , moissons ; rég. inf; sur les terrains siliceux; ab. — 156 — À. GeniCuLATUS L. @ avril-mai. Lieux humides , prairies ; rég. basse, sur les terrains siliceux ; ab. A. FuLvuSs Sm. © avril-mai. Lieux humides avec le précé- dent ; ab. PHLEunm |. Pa. PRATENSE L. > juin-juillet. Prairies humides, ruisseaux ; rég. basse et moy.; très-ab. Cette plante était déjà signalée en - abondance par J. Bauhin. LEERrSIA S. L. oryzoines Swartz. # août-septembre. Ruisseaux, sur les * alluvions sablonneuses de la rég. basse ; ab. Acrosris L. A. STOLONIFERA L. # juin-juillet. Lieux humides et sablon- neux de la rég. inf.; rép., ab.; nul sur les calcaires. A. vuzGaris With. x juin-juillet. Bois et pelouses ; rég. basse et moy.; plus ab. sur les terrains siliceux que sur les calcaires, où ilest diss. A. caxiNA L. % juin-août. Prairies humides et sablonneuses ; rég. moy. Vallée du Puix ; assez ab. Arena Adans. A. SPica-VENTI P. de B. © juin-juillet. Champs, bords des chemins; les trois rég. inf.; ab. CaramaGnrosris Roth. C. EprGeros Roth. % juillet. Collines sèches calcaires; rég. basse et moy. Collines de la Justice, de la Perche, etc ; ab. C. varrA Schrad. # août. Pelouses rocailleuses de la rég. alp. Ballons de Giromagny et Servance ; ab. Marius L. | M. errusuu L. # mai-juin. Bois des rég. basse et moy.; plus abondant sur les calcaires qu'ailleurs. PHRAGnuTES Trin. P. cowmunis Trin. # août-septembre. Rivières, canaux, étangs ; rég. basse ; rép., ab. KæLEnia Pers. K. crisTaTa Pers. Z juin-juillet. Prairies des trois rég. inf., sur tous les terrains ; ab. — 157 — Arma L. A. cæspirosa L. # juin-juillet. Prairies , bois , humides, sa- blonneux et argileux ; rég. basse et moy.; ab.; nul sur nos cal- caires. A. FLexuosa L. # juin-juillet. Bois des terrains siliceux (grès, ardoises, granites) ; très-ab. dans toutes les régions ; nul sur les calcaires. À. CARYOPHYLLEA L. ® mai-juin. Terrains sablonneux ; rég. basse et moy.; diss. sur les alluvions de la Savoureuse dans toute la vallée. Horcus L. H. Lanarus L. x juin-août. Pelouses, prairies ; commun. H. mozurs L. # juillet-août. Bois et prairies ; les deux rég. inf.; rép., assez ab., surtout sur les alluvions siliceuses et ar- gileuses. ARRHENATHERUM P. de B. A.ELATIUS Mert. et Koch. et la forme precatoria Thuill. # Prai- ries, cultures des trois rég. inf.; rép., ab. AvENA L. A FraTuA L. © juin-juillet. Champs d'avoine; diss., fugace ; indigène ? A. PuBESCENS L.# mai-juin. Prairies des trois rég. inf.; rép., abondant. À. FLAVESCENS L. # mai-juin. Avec le précédent ; ab. TRiopia R. Brown. T. pecumBENs P. de B. # juin-juillet. Bois et bruyères des rég. moy. et montag., sur les grès, ardoises, granites ; ab; peu fréquent sur les alluvions de la rég. basse; nul sur les cal- caires. MErica L. M. unirLora Retz. # juillet. Bois, rocailles des rég. moy. et basse, sur les calcaires ; ab. M. nuraxs L. # juillet. Les bois et rochers couverts. Vallée du Puix; rép., ab. Briza /. B. mena L. # mai-juin. Prairies ; commun. — 158 — Poa Z P. annua L. D avril-octobre. Pelouses, bords des chemins ; commun. P. sucBosa L. % mai-juin. Pelouses caillouteuses ; très-rép., ab. La forme vivipara abonde sur les collines calcaires. P. nemorauis L. # juin-juillet. Bois, rochers ; rép., ab.; assez ubiquiste. P. FERTILIS Host. # juin-juillet. Prairies sablonneuses hu- mides ; rég. basse. Bords de la Savoureuse ; peu ab. P. superica Hœnck. # juillet-août. Pelouses, broussailles de la rég. alp. Ballons de Giromagny et de Servance ; ab. P. rriviauis L. Æ juin-juillet. Lieux cultivés, bords des routes ; les trois rég. inf.; rép., ab. P. pRATENSsIS L. # maï-juin. Prairies, lieux cultivés ; toutes régions ; très-rép., très-ab. P. courressa L. # mai-juillet. Champs, lieux graveleux: ubiquiste quant au terrain ; rég. inf ; ab. GLYCERIA R. Brown. G. SPECTABILIS Mert. et Koch. # juillet-août. Ruisseaux, ri- vières, canaux; rég. basse. Prairies de la Forge, canal des Forges, Savoureuse, rivière Saint-Nicolas ; ab. G. PLICATA Fries. % jJuin-juillet. Ruisseaux des prairies ; rég. basse. Alluvions de la Savoureuse ; ab. G. FLUITANS À. Br. # juin-juillet. Avec le précédent, mais plus ab. Rlorinia Schrk. M. CÆRULEA Mœnch. # août-septembre. Bois et bruyères des terrains siliceux; les trois rég. inf.; nul sur les calcaires. Dacryzis L. D. GLomerarA L. # juin-juillet. Prés, bois; commun. Cyrosurnus L. C. crisrarus L. # juin-juillet. Prés; commun. FESruCA L. F. LacHENALII Spenn. ® juin-juillel. Sables de la Savou- reuse des trois rég. inf. Au Champ-de-Mars. Diss. avec le suivant. — 159 — F. myuros Gmel. © mai-juin. Lieux sablonneux ; les trois rég. inf.; abonde sur les sables d’alluvion. F. scruroines Roth. @) mai-juin. Lieux sablonneux; rég. basse et moy. Sur les grès de l'Arsot et sur les alluvions de la Savoureuse, mais peu fréquent ; du reste nul sur les calcaires, ainsi que les deux précédents. F. ovina L. # mai-juin. Pelouses sèches ; rég. basse et moy.; rép., assez ab. F. HeTEROPHyLLA Lam. # mai-juin. Bois des rég. inf. des terrains siliceux ; assez ab. F. RugRA L. # mai-juin. Bois sablonneux ; toutes les régions des terrains siliceux. Arsot, le Salbert, etc.; assez ab. F. syLvarica Vill. # juin-uillet. Bois des rég. alp. et mon- lag. Bois du Ballon; rép., ab. F. GIGANTEA Vaill. # juin-juillet. Bois , surtout calcaires, des rég. basse et moy.; ab. F. ARUNDINACEA Schreb. # juin-juillet. Rives de la rég. basse. Canal à Bourogne ; diss. F. ecarior L. # juin-juillet. Prairies sur les alluvions sa- bleuses ; rég. basse et moy.; ab. F. LortacEea Huds. # mai-juin. Prairies humides sur les allu- vions anciennes et modernes. Champ-de-Mars, ancien étang de la Maiche; assez rare. BracuyroDium ?. de B. B. sycvaricum Rœmer et Schultes. # juillet-août. Bois et clairières ; les trois rég. inf.; rép., ab. B. piNNaTUM P. de B. # juin-juillet. Coteaux secs et pierreux sur les calcaires ; rég. basse et moy.; ab Bnomus L. B. secaLinus L. @) juin-juillet. Moissons ; rég. basse et moy. ; répr, ab. B. racemosus L. @) mai-juin. Prairies des trois rég. inf.; rép., ab. B. mozuis L. (2) mai-juin. Prairies, bords des chemins ; le plus commun du genre. B. arvensis L. © juin-juillet. Moissons; rég. basse; rép., assez ab , surtout sur sol sablonneux. — 4160 — B. asper Murr. # juillet-août. Bois, surtout calcaires ; rég: basse et moy.; rép., ab. B. erecTus Huds. # mai-juin. Pelouses et coteaux secs , sur les calcaires; rép., ab. B. steriLis L. © juin-juillet. Lieux vagues, bords des routes ; rég. basse et moy.; rép., ab. B. recrorum -L. ® mai-juin. Bords des champs et des che- mins ; rég. basse. Le Valdoie, Offemond; diss. Triricum L. T. REPENS L. # juin-juillet. Champs, moissons, cultures; les deux rég. inf.; rép., très-ab. T. caninum Schreb. 7 juin-juillet. Haies, buissons; rég. basse et moy., rép., assez ab. Ezvuus L. E. euroPæus L. # juin-juillet. Bois, jeunes coupes; les trois rég. inf., tous les bois calcaires. Le Mont, la Miotte, les Fourches, la Perche et toutes les forêts du Ballon ; très-ab. Honpeum L. H. xurinum L. () juin-juillet. Lieux vagues, bords des routes ; rég. basse; rép., ab. Lorcium |. L. PERENNE L. z Juin-septembre. Prairies, bords des routes ; toutes rég.; très-rép., très-ab. L.TEMULENTUM L. Mjuin-juillet. Moissons, surtout les champs d'avoine ; rép., peu ab. L. LinicoLa Sonder. © juin-juillet. Introduit par la culture du lin. Nampus L. N. srricta L. Z mai-juin. Pelouses humides des quatre rég., sur tous les terrains siliceux ; très-ab. — 1401 — ENDOGÈNES CRYPTOGAMES OU ACOTYLÉDONES VASCULAIRES. CHARACÉES. Cana /. CH. roEripa A7. Br. mai-août. Etangs, marais ; rég. basse. Etangs de la Maiche, de la Forge, etc.; ab. Cu. misprpa A7. Br. mai-août. Etangs, ruisseaux ; rég. basse. Etang et ruisseaux à Bavilliers ; ab. CH. FRAGILIS Desv. juillet-septembre. Ruisseaux des prai- ries ; rég. basse; commun. EQUISÉTACÉES. EquisETum |. E. arvense L. x avril-mai. Champs, heux vagues, humides, rég.basse ; rép., ab. E. syzvaricum L. # avril-juin. Bois marécageux de la rég. des sapins. Forêts du Ballon ; ab. E. PALuSTRE L. # juin-août. Ruisseaux des bois, des prairies; les trois rég. inf.; rép., ab. E. imosuu L. Z juin-juillet. Ruisseaux des prairies argi- leuses et sablonneuses de la rég. basse ; ab. LYCOPODIACÉES. LycoPonium L. L. Sezaco L. Z juillet-août. Ravins et escarpements du Ballon de Giromagny, dans la rég. alp.; assez ab. L. inuNparum L. # juillet-août. Marais et tourbières des rég. sup. Forêts du Ballon ; assez ab. L. Caamæcyparissus A7. Br. % juin-juillet. Bruyères de la rég. montag. Route du Ballon ; peu ab. L. czavarum L. # juillet-août. Landes, bruyères des rég. moy. et montag. Arsot, Salbert, forêts du Ballon ; rép., ab. — 162 — FOUGERES. Bornycmium Sr. B. Lunari Sw. # mai-juillet. Pelouses sèches de toutes les régions. Carrières de la Citadelle (Fetsch), Côte de Bourogne ; peu rép., peu ab. OPHIOGLOSSUM |. O. vuzcarum L. zx maï-juin. Prés et bois humides ; les trois rég. inf. Bourogne, le Salbert, le Puix; peu rép., peu ab. Porzyropiur Z. P. vurcare L. Z juin-juillet. Rochers, pieds des vieux arbres ; rég. basse et moy.; assez rép., assez ab. Bois des Fourches, de l’Arsot, de la Miotte, etc. P. Parcoprteris L. # juin-juillet. Fentes des rochers un peu humides ; rég. montag. Sur les roches cristallines de la vallée du Puix; ab. P. Drvopreris L. # juin-août. Fentes des rochers, ravins; rég. montag. avec le précédent; ab. La forme Robertianum Hoffn. sur les rochers et les éboulis des calcaires jurass. La Miotte, la Justice, etc.; très-ab. P,. ruæricum Vill. # juillet-août. Escarpements du Ballon de Giromagny; peu ab. Aspampauns À. Br. A. acuzearum D6lL. Z juillet-août. Bois couverts et humides ; les trois rég. inf.; rép., ab. PorvsSeric#munm /olh. P. Taezypreris Roth. 7 juillet-août. Marais, ltourbières des rég. moy. et montag. Marais de la Vaivre. Gouttes de l’Ar- sot, etc.; assez ab., mais souvent stérile. P. Orsopreris D C . # juillet-août. Bois couverts des rég. montag.; descend dans les rég. moy. et basse. Forêts du Ballon (sur les syénites et eurites), dans la Vaivre et lisière de l’Arsot ‘sur les grès et les ardoises); rép., ab.; nul sur les calcaires. P. Fizix-mas Roth. 7 juin-juillet. Bois de toutes les régions et de tous les terrains ; très-ab. P. spinuLosuu D C. # juillet-août. Bois humides de toutes les rég.; rép., ab, — 163 — P. Cazzrpreris D C. # juin-juillet. Bois couverts et humides ; rég. basse ; assez rare dans l’Arsot. CySToPTERIS Bernh. C. FraGiis Bernh. # mai-juin. Fentes des rochers des trois rég. inf. Le Salbert, la Miotte, la Justice, etc.; rép., ab. ASPLENIUR L. A. Frix-FoEmiNA Bernh. # juin-septembre. Bois humides des terrains siliceux; toutes les rég.; rép., ab.; presque nul sur les calcaires. A. Harcert R. Br. Z Juin-octobre. Fentes des rochers cal- caires. La Justice et la Miotte ; ab. N’existe plus à la Citadelle, où les travaux de fortifications l’ont détruit. A. Tricnomaxes L. Æ juin-septembre. Fentes des rochers, vieux murs; rég. basse et moy.; rép., ab. A. Breynn Retz. # juin-août. Fentes des rochers de la rég. montag. Roches cristallines, au Saut-de-la-Truite; peu rép., peu ab. A. ADIANTHUM-NIGRUM L. > juillet-septembre. Fentes des ro- chers humides des régions sup. Escarpements des Ballons; assez rép., assez ab. A. Rura-murarra L. # juin-septembre. Rochers, vieux murs: rég. basse et moy.; rép., ab. À. SEPTENTRIONALE Swartz. # jJuiu-août. Fentes des rochers ; rég. montag., particulièrement sur les eurites. Vallée du Puix; abondant. SCOLOPENDRIUN Sn. S. OFFICINARUM Swartz. # juin-août. Rochers et bois un peu humides ; rég. montag., moy. et basse; assez rép., ab. Forêts du Ballon, le Salbert, la Miotte, les Fourches, etc. BLECHNUM L. B. Sricanr Roth. # juillet-août. Ravins el rochers humides de la rég. montag.; peu ab. Saut-de-la-Truite, vallée du Puix, etc. Prerzs L. P. aquruixa EL. # juillet-septembre. Bois et bruyères des ter- rains siliceux ; les trois rég. inf.; rép., ab. Nul sur les calcaires. Caractéristique des terrains siliceux, auxquels 1l donne un faciès particulier qui permet de reconnaître la nature du sol. D, pe Additions. CRUCIFÈRES LEPIDIUM |. L. Drasa L. # mai-juin. Bords des routes, lieux cultivés. Rare. Fortifications sur le chemin du Fourneau. L. saTivuM L. Ÿ mai-juin. Lieux cultivés, bords des routes. Fugace, subsp. 6 AIRIS — NOTE SUR LE SCLERANTHUS UNCINATUS SCHUR, par M. B. MARTIN, docteur en médecine à Aumessas. (Séance du 10 avril 1858.) - LCA O0 12- Le 15 juillet 1850, je découvris, à Notre-Dame-de-Bonheur, sur les sables des torrents qui, de la Séreyrède près de l’Espé- rou, descendent vers le plateau de Camprieux (Gard), plusieurs échantillons d'un Scleranthus nouveau pour notre flore. Le soin de le déterminer spécifiquement et de lui assigner une place dans le cadre botanique fut confié à l’un des savants auteurs de la Flore de France. M. Ch. Grenier, sur des échantillons que je lui adressai le 12 juillet 1851, nomma la plante, la décrivit et publia à cette occasion le 10 février 1852, dans les Archives dela flore de France et d'Allemagne de M. Billot, une notice sur les Scleranthus. Les points principaux de cette publication sont l’établissement d’une démarcation entre notre espèce et le Scle- ranthus polycarpos de De Candolle et la déclaration de l’iden- tité de celle-là avec l'espèce linnéenne du même nom. D’après ces vues, l’espèce des environs de Montpellier et de Narbonne fut désignéesous la dénomination de Scleranthus Delorti Gren. et la plante des Cévennes reçut le nom de Scleranthus polycar- pos L. II faut dire, toutefois, pour être juste envers le professeur de Besançon, que, déjà à cette époque, il concevait des doutes sur les rapports de notre plante avec l'espèce décrite dans les Amoænitates academicæ, et qu'il énongait avec une certaine réserve son opinion sur l'assimilation des deux espèces. — 166 — En 1859, le problème se compliqua par suite de la décou- verte du Scleranthus uncinatus Schur, découverte faite en Al- lemagne, en 1850, et mentionnée dans leur Jter hungaricum, par MM. Grisebach et Schenk. Cet important incident amena sur le terrain du litige un nouvel élément avec lequel il fallut compter. Il y eut dès lors trois plantes à étudier, à comparer et à juger au point de vue de leur identité ou de leur non identité. Aujourd’hui, grâce à l'intérêt qu'y a pris M. Grenier, toute cette besogne est achevée, et les deux faits suivants me sem- blent être acquis à la science : 1° Le Scleranthus uncinatus Schur et le nôtre ne constituent qu'une seule et même espèce. En 1852, MM. Grisebach et Schenk regardaient comme différentes les plantes allemande et française ; c’est une erreur qui a été probablement reconnue par les auteurs de l’Tter hungaricum. En analysant comparati- vement des échantillons de Scleranthus des deux provenances, on constate aisément qu'il n’existe entre eux aucune différence digne d’être notée et capable de nécessiter une séparation spé- cifique; on observe, au contraire, également saillant sur les uns et sur les autres, le caractère essentiel fourni par la forme oncinée des divisions calicinales ! En présence de cette frap- pante conformité des sépales qui, dans notre sphère d’observa- tion, se manifeste dès la première apparition des organes flo- raux, nous ne pensons pas que l’on puisse se soustraire à l'obligation d'admettre, malgré l'avis opposé des auteurs alle- mands, l’unité spécifique des deux plantes. 2° Le Scleranthus polycarpos L.estune espèce à rayer du ca- talogue botanique. Il résulte, en effet, de recherches entreprises par M. C. Babington dans l’herbier de Linné, que les échantil- lons conservés avec cette étiquette dans la collection linnéenne sont grêles, chétifs, peu satisfaisants, sans aucun trait original, et n'offrent rien qui les distingue du Scleranthus annuus L. Les observations du botaniste anglais qui a collationné les exemplaires linnéens avec des échantillons de Sc/eranthus ré- coltés sur nos montagnes, établissent surtout d’une manière péremptoire que les premiers sont dépourvus de cette disposi- tion oncinée des calices si caractéristiques des seconds et qu'il est impossible d’apercevoir entre eux la moindre affinité. — 167 — Le fait de l'existence fictive du Scleranthus polycarpos L. conduit naturellement à l’abandon d’une dénomination dont la conservation et l'application à une découverte toute récente constitueraient un ridicule anachronisme. Cette dénomination sera donc à l'avenir exclue de la synonymie du nouveau Scle- ranthus. | Le fait de l'identité de notre Scleranthus et de celui de Schur entraîne comme une conséquence nécessaire l'attribution à notre plante du nom adopté par le botaniste allemand, celui de Scleranthus uncinatus Schur. L'adjectif uncinatus qualifie convenablement notre espèce; il a l'avantage d’être significatif et de peindre avec précision un caractère essentiel du végétal. Nous lui sommes très-sympathique, bien qu'il nous ait imposé un léger sacrifice d’amour-propre, et l’on nous permettra de dire, pour nous en consoler, que longtemps avant la connais- sance de la découverte et de la publication de Schur, nous avions fait choix de la même épithète pour désigner notre plante aux botanistes à qui nous la communiquions. La description de notre Scleranthus se trouve dans les 4r- chives de la Flore de France et d'Allemagne. (février 1859). Nous n'avons pas à y contredire, sinon en ce qui touche à la durée de la plante. Nous ne sommes pas sûr qu’elle soit bornée à une seule année. Des observations concluantes nous per- mettront probablement bientôt d'affirmer quelque chose de po- sitif à cet égard. Nous sommes d'avis qu’au chapitre des indications syno- nymiques, d’où nous avons proposé l’exclusion de la dénomina- tion linnéenne, on devra faire mention du synonyme de Gouan, bien qu'il soit la reproduction textuelle des termes de Linné. Car, si l’auteur des Amænitates academicæ, qui a fabriqué son Scleranthus polycarpos d'après des échantillons recueillis à Lassale (Gard) par Sauvages, n’a pas vu notre plante, il est incontestable qu’elle a plusieurs fois passé entre les mains du professeur de Montpellier, qui venait souvent herboriser sur nos montagnes el qui, dans son Flora monspeliaca (1765) la cite, en la distinguant du Scleranthus annuus L. à Banahu (Notre- Dame-de-Bonheur), à l’Espérou, à l’Hort-de-Diou, précisément dans les localités où nous avons coutume de la rencontrer nous- même. Il est vrai qu'il l’a citée avec le nom et la phrase carac- — 168 — téristique des Amænitates : « Scleranthus polycarpos L.; fruc- tuum calycibus patentissimis spinosis, » c'est-à-dire qu’en copiant Linné il a eu le tort de la mal nommer et de la mal décrire. Mais il n’en demeure pas moins établi que notre plante n'était pas inconnue de (Grouan et que la connaissance de sa station lui était très-familière. Pour constater cette particula- rité, qui, après tout, fait partie de l'historique de la question, nous jugeons qu'il est convenable d'exprimer, à l'article de la synonymie, que le Scleranthus uncinatus Schur est bien certainement le Scleranthus polycarpos de Gouan, s'il n’est pas celui de Linné. Un mot sur la géographie botanique du Scleranthus unci- natus dans les Cévennes. Le Scleranthus uncinatus est une espèce des régions mon- tagneuse et alpestre et des terrains granitiques. Nous lui connaissons deux centres de végétation, un à l’Es- pérou et l’autre à 5 ou 6 kilomètres plus au nord dans le bois de Cabrillac (Lozère). La plante croît dans les deux stations avec une assez grande profusion. Dans la seconde, elle est lo- calisée sur une surface de terrain large de 5 ou 6 mètres et lon- gue de 35 ou 40. Dans la première, elle se répand plus au loin en rayonnant le long des routes qui de l'Espérou gagnent Cam- prieux, Dourbie, Le Vigan et Valleraugue. D’après ces disposi- tions, on peut dire du Scleranthus uncinatus, en employant le langage de Thurmann, que l'aire de sa dispersion dans notre contrée est limitée et que la quantité de sa dispersion est con- sidérable. Notre plante se plaît tellement sur les bords des chemins qu’elle y croît d'unemanière exclusive. On la chercheraiten vain ailleurs que là. Elle manque complétement, par exemple, dans les champs et les pacages qui fournissent les Scleranthus an- nuus et perennis L. Dans le bois de Cabrillac, où les pas de rares voyageurs ne contrarient point ses allures, elle devient, chaque année, maîtresse de toute la largeur de la route, mais elle reste invariablement attachée à ses limites. Il est remar- quable que, malgré sa préférence pour un sol sablonneux et inculte, elle se développe vigoureusement en échantillons luxu- riants et robustes qui témoignent chez elle d’une force de vé- — 169 — gétation supérieure à celle de ses congénères placées dans de meilleures conditions de terrain. Le Scleranthus uncinatus a, dans nos montagnes, pour niveau inférieur de station, l'altitude de 1,100 mètres. À l’Espérou, il se trouve à 1,230 m. et à environ 1,400 m. dans le bois de Cabrillac. A cette dernière élévation, il vit dans le voisinage des Phyteuma hemisphæricum L., Trifolium alpinum L., Gagea lutea Schult., Corydalis cava Schweig., Leontodon pyrenai- cus Gouan. Notre plante n’atteint cependant pas les cimes les plus élevées de l’Aigoual (1,568 m.); cela vient sans doute de ce qu'elle n’y rencontre pas des conditions favorables d’exis- tence. Ce qui le prouve c’est que, dans d’autres localités, elle dépasse considérablement notre altitude maximum. Ainsi, elle s'élève à 1,700 mètres sur les plateaux du Mont-Lozère, où nous l'avons récoltée en 1855, et elle monte bien davantage encore dans les Pyrénées centrales, où M. Timbal-Lagrave l’a découverte près du port de Castanèze. Il nous semble conve- nable de noter que les Scleranthus annuus et perennis L. en- trent à peine dans la zone de végétation du Scleranthus unci- natus Schur, etqu'ils s’écartent beaucoup de sa limite inférieure en descendant, le premier surtout, jusque dans nos plus basses régions. Nous croyons utile d'ajouter à cette note une traduction de la lettre que M. Babington a écrite à M. Grenier au sujet de notre plante : « Londres, 14 août 1857. » Monsieur, » Il m'a enfin été possible de voir les exemplaires linnéens » de Scleranthus. Bien qu'ils soient très-peu satisfaisants, je » ne pense pas que, par la comparaison, vous puissiez établir » l'identité de votre plante avec celle de Linné. Voici, du reste, » la description de l’espèce linnéenne. » SCLERANTHUS POLYCARPOS Lin. herb ! (exempl. mauvais). » Calyces fructus non patentissimi, nec spinosi, nec secun- » dum totam longitudinem caulis, sed in corymbum congesti, » acutli nec acutissimi, nec ventre sulcati; calyces habent prope » basin segmentorum margines paulo membranaceos. Folia et » sepala non ad apicem uncinati, sed foliorum apices acutis- 12 — 170 — » simi sunt et raro paulo recurvati. — Specimina in herbario » viæ et ne vix a SCl. annuo distincta. » Je ne pense donc pas qu’il soit possible que la plante que » vous m'avez envoyée dans une lettre, sous le nom de Sci. poly- » carpos, soit le Scl. polycarpos de l’herbier de Linné. Je pense » aussi que la description, dans les Amœnitates, k, p. 313, ne » peut pas être faite d’après ces exemplaires qui sont très-grêles » et très-chétifs, et qui ont perdu à peu près tous leurs fruits. » Rien n'indique de quelle localité, ni de quelle personne on » les avait obtenus. » Signé : C.-C. BABINGTON. » NOTE SUR LE GUANO DE CHAUVES-SOURS , EXTRAIT DES GROTTES DE BAUME-LES-MESSIEURS (JURA), Par MM. HUMBERT et MORÉTIN, Docteurs en médecine. (Séance du 8 août 1857.) Le village de Baume, situé dans une vallée pittoresque, à douze kilomètres de Lons-le-Saunier, possède des grottes curieuses à visiter; l’une d'elles est une caverne profonde, conduisant à un lac souterrain dont les débordements donnent naissance à une petite rivière (la Seille). Le visiteur que l'attrait de la science conduit dans cette caverne , ou le voyageur, qui vient y chercher les émotions du touriste, y remarquent tout d’abord une multitude de chauves- souris qui, depuis des siècles, l’ont choisie pour domicile. L'entrée en est accessible, dans les temps de sécheresse, au moyen d’une échelle. À une faible distance de l’ouverture, la caverne se divise en deux embranchements, l’un à droite, l'autre à gauche. Le premier est toujours sec, le second donne passage au ruisseau dans son cours souterrain. — C’est à l'angle de cette division et sur la limite entre l'obscurité la plus complète et les dernières lueurs de la lumière solaire, que les chauves-souris habitent. Elles se fixent aux pointes des ro- chers et s’accrochent les unes aux autres en formant des masses Stalactiformes quelquefois considérables. On peut comparer ces amas aux essaims d’abeilles suspendus aux branches des arbres. Les chauves-souris, comme chacun le sait (à l'exception — 17 — pourtant d’un journal d'agriculture qui, dernièrement, les qua- lifiait de petits oiseaux), les chauves-souris appartiennent à l’ordre des mammifères. Elles restent ainsi suspendues tout l'hiver dans un état d’engourdissement, et sortent dans la belle saison pour chercher au dehors leur nourriture, qui consiste spécialement en insectes. C’est au coucher du soleil qu’on les voit commencer leur chasse. Leurs excréments s'accumulent sur le sol ou comblent des précipices au-dessous de leur habitation aérienne. Leurs ca- davres viennent insensiblement s'ajouter aux produits de leurs déjections, et le tout finit par constituer une matière humide à la surface, de couleur brune, d’odeur plutôt aromatique que fétide, et formant des monceaux en pains de sucre dont les sommets correspondent aux amas suspendus. La quantité de ce produit ne paraît pas considérable dans la grotte qui nous occupe, parce que les grandes crues en entraî- nent périodiquement une partie. Cette quantité, cependant, même en l’absence d’un sondage rigoureux, paraît assez grande pour mériter une exploitation sur une petite échelle. D’autres grottes sont plus favorisées que celles de Baume. Nous citerons, dans le département du Jura, les grottes de Re- vigny et de Gigny, qui renferment des amas d’une certaine puissance. Les Pyrénées et les Alpes en renferment assurément un cer- tain nombre dont l'exploration offrirait, sous notre point de vue, le plus grand avantage. L'île de Sardaigne possède aujourd’hui des cavernes en pleine exploitation, et la Compagnie du guano sarde de Sassari fait rivaliser ses produits avec le guano des îles du Pérou. Par tous ces motifs, nous avons cru faire une chose utile à l’agriculture en faisant connaître un engrais indigène complé- tement négligé et qui ne mérite pas l’abandon dans lequel on l’a laissé jusqu'ici. Dans le but de le mieux faire apprécier par les hommes compétents, nous allons donner le résumé de quelques analyses chimiques. M. Lecanu, professeur à l'Ecole de pharmacie, a analysé (Journal de chim. et pharm., xx1, 276) des excréments de chauves-souris recueillis par lui à la grotte d’Arudy, dans les Pyrénées. — 173 — Voici la composition qu'il leur assigne : DAHENE MASSE Ce 2 Chorure ammenique........:.1:.1.... | SABRE) COMORES DORA à 6 Sel alcalin à acide organique........... Malere OSAhIQUE …. : 4... June. . Matière animale soluble dans l’eau bouil- DE ET ER TN NE A 7 Een 2 Matière azotée soluble dans les alcalis... 59 Phasphale léfrebx 1. tt... \. ; Rolde Doi... Hé insohbles :... .!. .... 30 100 La calcination a donné, en cendres, 14 °/, du poids primitif. Nous avons, de notre côté, dosé directement l’azote de ce produit ; voici d’abord les caractères qu’il nous a présentés. C’est une matière d’un brun jaunâtre foncé lorsqu'elle est humide, d’une nuance plus claire lorsqu'elle a été desséchée à 100° ou simplement au soleil. En ce dernier état, elle est légère, pulvérulente, friable. Elle est parsemée de lamelles, les unes noirâtres, les autres d’un vert éclatant comme l’élytre de la cantharide. La sensation qu’elle fait éprouver aux doigts qui la palpent est à peu près celle du son. Si on en place une petite quantité dans une goutte d’eau, sur une plaque de verre, et qu’on la porte sous l'objectif du micro- scope, on reconnaît que la masse est formée d’un amas inex- tricable de poils de dimensions variables, de fragments de pattes d'insectes, de débris de carapaces, d’élytres, etc.; en un mot, on a sous l’œil les résidus de la digestion des corps dont la chauve-souris fait sa proie. A l’époque où la substance nous arriva, elle était d’un poids assez considérable, fortement humide et d’un brun assez foncé. À mesure qu’à l’air libre elle perdit l’eau qu’elle renfermait, sa densité et l’intensité de sa coloration diminuèrent. On peut admeltre en moyenne que, par l’évaporation à l’air libre, les excréments perdent assez rapidement, au sortir des grottes, 50 °/, de leur poids, par évaporation de l’eau. Si on les expose à une température de 80° à 400, ils laissent — 174 — dégager d'abondantes vapeurs ammoniacales ; aussi pour doser la quantité d’azote qu'ils contiennent, il est essentiel de ne pas soumettre la matière à une température élevée pour en opérer la dessiccation préalable. Cette circonstance nous fait regarder comme entachés d’er- reur les résultats trouvés par M. Lecanu ; en effet, ce chimiste déclare qu'il à desséché la matière à 400° avant d'en faire l'analyse. Ce qui intéressait surtout l’agriculteur c'était de connaître la proportion d’azote renfermée dans le produit; à cet effet, nous lui avons laissé perdre toute la vapeur d’eau qu’il pouvait dé- gager à la température ordinaire et à l’air libre et c’est dans ces conditions que nous l’avons soumis à l'analyse. La moyenne de plusieurs essais fut pour 100 grammes d’ex- Csements. acute en One CSS. ES, gr. 8,035 d'azote. Il n’est pas sans intérêt de rapprocher ce résultat des chiffres trouvés par M. Payen dans le dosage de quelques pro- duits analogues et dont l'importance agricole n’est contestée par personne (Chimie industrielle de Payen). Azote pour 100 p. dans l’engrais normal. COlOMDINE 2 220. UNE ER Et 8,300 Guano {importé en Angleterre)........ 5,000 1d.: (PASSE aMNIAMIS).. - -.--- 0 5,400 Id. (importé en France)........... 13,900 Ed CA AIQUe LE 622, AR Gun 9,740 Guano indigène de chauves-souris.... 8,035 Comme on le voit d’après ce tableau, les données théoriques placent les excréments de chauves-souris au rang des meilleurs engrais. Quelques essais pratiques semblent donner raison à la théorie. Il serait à désirer que ces essais fussent poursuivis par des hommes compétents en pareille matière. Pour nous, si nous avons pu, pour notre faible part, contri- buer aux progrès de l’agriculture en attirant sur ce sujet l’at- tention des particuliers et des communes qui ont l’avantage de posséder des dépôts de ce genre, restés trop méconnus jus- qu'ici, nous serons suffisamment récompensés. : C’est le seul honneur que nous ambitionnions. — 175 — Ajoutons, pour terminer, qu'une caisse de ce guano, envoyée par l’un de nous à l'Exposition universelle agricole de l’année dernière (1856), a été gratifiée d’une mention honorable par le jury international. ADDITION À LA PREMIÈRE NOTE. (Séance du 15 mars 1858.) Depuis la lecture de la Note précédente à la Société d'Emu- lation, M. Hervé Mangon, ingénieur des ponts et chaussées , a publié, dans les Annales de l’agriculture française, une analyse du guano de chauves-souris. Il signale la présence à l’Exposi- tion du produit désigné sous le nom de guano sarde , mais ne paraît pas se douter des travaux faits avant lui sur cette ma- tière. Quoi qu’il en soit, voici l’analyse de deux échantillons d’excréments qui lui avaient été remis par M. Bonnet. Ce der- nier les avait recueillis dans des grottes voisines des Petits- Andelys. L'examen de ces matières nous paraissant plus com- plet que celui de M. Lecanu dont nous avons fait mention, nous sommes heureux de le transcrire ici : Echantillon. Echantillon, 1 2 1° Matières volatiles ou combustibles : Dhpérdue à 4059. 5500 19,50 412,66 Matières organiques, fnon compris l’azote 62,65 66,14 LE. A PRES ie mu: 8,18 9,03 2° Cendres : Phosphate de soude et sels alcalins..... 9,49 1,83 Silice et sable siliceux très-fin. ........ Dre 497 A nr Ta a 45 D'SONONTE nom mener. 0,02 0,02 Rene phosphorique .::....:......... 2,58 2,39 Mrdelsuliurique.. ................... 0,09 0,17 Matières non dosées et pertes......... 0,06 0,05 100 400 Ces résultats confirment donc ce que nous avions annoncé sur la richesse de la matière en azote. On voit, de plus, par — 176 — l'inspection de ces tableaux, qu’elle est loin d’être dépourvue de phosphates. «Je ne pense pas, dit en terminant M. Mangon, que l’on trouve des amas considérables de ce guano de chauves-souris, mais il doit en exister, d’après les renseignements que j'ai pu recueillir, de très-nombreux petits dépôts, disséminés sur toute la surface de la France , et j'ai pensé qu'il serait utile d'appeler sur cette matière l'attention des cultivateurs, pour que chacun profitât des dépôts qu'il pourrait découvrir dans son voisinage. » Sur l'avis de la Société d'Emulation, l’un de nous a de nou- veau visité les grottes du Jura afin d'essayer d'évaluer approxi- mativement la quantité de guano qu’elles peuvent renfermer. Il croit que, sans exagération, en estimant à mille voitures la puissance des amas qu’il a rencontrés, il s’éloigne peu de la vérité. Des essais pratiques vont être tentés dans le pays même sur des terres de diverses natures, et nous pourrons plus tard com- muniquer à la Société les résultats de ces expériences. NOTE SUR QUELQUES LAMBEAUX DES ÉTAGES APTIEN ET ALBIEN QU'ON RENCONTRE DANS LE HAUT JURA AUX ENVIRONS DES ROUSSES, Par M. SAUTIER, capitaine du génie, { Séance du A0 avril 1858.) Dans une précédente notice, insérée dans les Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs de l’année 1854, j'ai décrit les diverses couches qui constituent les étages wealdien et néocomien, et j'ai fait ressortir les relations intimes qui existent entre l'étage wealdien et les dolomies portlandiennes, dans les hautes vallées du Jura, aux environs des Rousses. Depuis cette époque, des recherches plus attentives m'ont fait découvrir des couches crétacées supérieures à celles de l'étage néocomien. Malheureusement ces nouvelles couches ne sont représentées que par quelques lambeaux épars, dont les prin- cipaux se trouvent un peu en amont du lac des Rousses, dans un pli de terrain très-resserré entre les dernières pentes du mont Risoux et l’une des petites voûtes néocomiennes que l’on observe à l’origine de la grande vallée de l’Orbe. On voit, en ce point, les calcaires blancs à Requienia Am- monia, qui forment là partie supérieure de l’étage néocomien, s’enfoncer sous des calcaires marneux, jaunâtres ouroux, net- tement stratifiés et en couches dont les épaisseurs varient de — 178 — 0" 30 à 1" 00. Certaines couches de ces calcaires marneux sont pétries d’Ostrea aquila; on y trouve aussi des moules de Pano- pées, de Pholadomyes, et d’autres débris fossiles que leur mau- vais état de conservation rend fort difficiles à déterminer. D'après la position stratigraphique de ces calcaires, et d’après les restes organisés qu'on y trouve enfouis, ilest certain qu’ils représentent, dans le Haut-Jura, l'étage aptien, de M. Alc. d’Orbigny. Leur épaisseur apparente n’est que de dix à douze mètres, et, comme ils disparaissent rapidement sous les prai- ries qui forment le fond de la vallée, on ne peut en mesurer l'épaisseur totale, qui est sans doute beaucoup plus considé- rable. Si l’on quitte la vallée pour s'élever sur les dernières pentes du Risoux , on ne tarde pas à remarquer, à la surface du sol, une poussière sablonneuse jaunâtre, d’où l’on retire, par le lavage, un sable siliceux, blanc verdâtre, d’une ténuité extrême. On trouve également de faibles dépôts de ce sable dans les petits sillons creusés par les filets d’eau qui courent sur les flancs de la montagne. Enfin, en arrivant à la fontaine Grépillon, on voit, sur le bord d’une excavation, un dépôt de ce sable un peu plus abondant. Il est alors faiblement cohérent et souvent pétri de grains verts ; on y remarque quelques minces paillettes de mica, accompagnées de concrétions ou de nodules ferrugineux ot de grains de quartz arrondis , dont la grosseur ne va pas au delà de quelques millimètres. Ces sables siliceux sont généralement impurs et mélangés d’un limon argileux, gris ou jaune. [ls renferment en plus ou moins grande abon- dance des fragments d’un grès siliceux jaunâtre, dont les angles sont peu émoussés et dont le volume varie de la grosseur du poing à celle de la tête. Ces grès ont quelquefois le grain très- fin et ne sont alors que des sables plus ou moins agglutinés ; le plus souvent ils sont très-durs, à grains distincts et de gros- seur inégale, miliaires ou cannabins : ils ont alors une cassure miroitante et prennent des teintes d’un roux foncé. Un dépôt semblable se voit au bord même du lac des Rousses. Là, au mi- lieu de menus débris, roulés et usés, de Bélemnites, d'Ammo- nites, d'Ostrea, de Dentalium, de Mollusques bryozoaires et d’Echinodermes, imdéterminables, j'ai pu reconnaître quelques espèces fossiles, notamment le Terebratula Dutempleana et — 4179 — l'Orbitolites lenticulata Lamk., mêlés à de très-petites dents de poissons, fines et aiguës. La fontaine Grépillon sort des marnes wealdiennes qui, en ce point, sont isolées des calcaires de l’étage néocomien, et qui, adossées aux dolomies portlandiennes, sont, comme celles- c1, redressées presque verticalement. Il est à croire que les cal- caires néocomiens ont glissé sur les marnes wealdiennes et se trouvent au fond de la vallée, où ils sont recouverts par la végé- tation. Cela est d'autant plus probable qu'à quelque distance on voit ces calcaires reparaître et former une suite d’ondula- tions dans la vallée. Les sables et les grès siliceux que nous venons de signaler offrent la plus grande ressemblance avec les roches de même nature que l’on observe à la Perte-du-Rhône, près de Belle- garde (Ain), et l'identité des fossiles qu’on rencontre sur ces deux points ne laisse pas de doute sur la communauté d’ori- gine de ces deux dépôts. On doit donc admettre que les roches siliceuses de la vallée de l'Orbe, près des Rousses, sont les restes de l’étage albien dans le Hant-Jura. Mais il est à remar- quer que nulle part on ne trouve ces lambeaux stratifiés ; ils offrent un mélange confus de sables et de fragments de grès roulés ; ils reposent indifféremment sur tous les terrains : sur les marnes wealdiennes, à la fontaine Grépillon, sur les dolo- mies portlandiennes, au bord du lac des Rousses: enfin, dans quelques excavalions faites un peu au-dessous de la fontaine Grépillon, j'ai pu constater des alternances du sable siliceux le plus fin avec des graviers calcaires appartenant à la période quaternaire cu diluvienne. En un mot, ces lambeaux de l'étage albien offrent tous les caractères d’un dépôt remanié sur place par les eaux. Les restes si incomplets des étages aplien et albien, aux environs des Rousses, n'offrent pas en eux-mêmes un bien grand intérêt, mais ils méritent de fixer l'attention par leur position, au sommet du Jura, à plus de 4,100 mètres au-dessus du niveau de la mer; ils donnent le droit de conclure qu'avant les grandes dénudations qui ont signalé l’époque quaternaire, les étages aptien et albien s’étendaient dans nos hautes vallées, et que le massif du Jura n’a pu prendre son relief définitif et sa configuration actuelle qu'après le dépôt des grès et des sables — 180 — de l'étage albien. Il est bien entendu que je ne parle ici que du massif avoisinant les Rousses, car tout le monde sait qu'aux environs de Pontarlier la molasse a été soulevée en même temps que les assises jurassiques. Les Rousses, le 15 octobre 1857. NOTE SUR UNE DÉCOUVERTE ARCHÉOLOGIQUE FAITE RÉCEMMENT SUR LE MASSIF D’ALAISE, Par M. 4. DELACROIX, architecte. { Séance du A2 juin 1858. ; Nulle partie du massif d’Alaise ne possède autant de tumulus que la colline du Fourré et de la Pouge, au-dessus de Sarraz. Le plus apparent, connu sous le nom de Croix du gros Murger, a un diamètre de 20 mètres, sur 2", 40 de hauteur. Ayant ou- vert, dans les premiers jours de ce mois (juin 1858), le sommet de ce tertre, le jeune fils de M. Bulle, maire de la commune, rencontra de suite des ferrailles rouillées et au-dessous un squelette humain, le tout dans une surface moindre d’un mètre carré et à une profondeur de 0", 60 au plus. M. Maisonnet, qui joint au titre de curé d’Alaise et de Sarraz, celui de gardien le plus vigilant de tout ce qui, autour de lui, intéresse la question d’Alesia, s’est empressé de faire interrompre les fouilles, de ré- colter les débris et d'inviter ses collègues de la Société d'Emu- lation à entreprendre une exploration minutieuse du tumulus. MM. Castan et Delacroix ont déjà vu les lieux. Ils ont pensé de suite que la tombe renferme la dépouille d’un chef gaulois, que les ferrements sont ceux des roues d’un char de guerre, et que probablement les os proviennent de l'homme chargé de la con- duite du char. Une partie seulement des objets connus à été rapportée : — 182 — 1° Les ossements de la tête et de la partie supérieure du corps; le reste demeurant encore enfoui; 29 Moitié d’un cercle de roue. L'autre cercle, encore entier, est déposé chez M. le maire; il est d’une seule pièce; diamètre 0", 80 ; largeur des jantes 0,025 ; épaisseur du fer 0,006 sauf aux rebords où elle est de 0,008. La roue était pleine, en bois mince. Les clous sont espacés de 0", 24. 3° Deux boîtes d’essieu, composées chacune d’une partie cylindrique et d’une partie plate percée d’un trou circulaire. Diamètre de la boîte, 0", 131 ; du trou circulaire 0,075 ; hauteur de la partie cylindrique 0,04. La partie cylindrique et la partie circulaire ne forment qu’une seule pièce, objet remarquable par la difficulté de la main-d'œuvre. Les clous destinés à fixer la boîte sont au nombre de quatre dans la partie plate, et de quatre également dans le flanc. Il serait d’une extrême importance d'entreprendre la fouille du tumulus. ORIGINES DE LA COMMUNE DE BESANCON Par Auguste CASTAN, ARCHIYVISTE ET BIBLIOTHÉCAIRE-ADJOINT DE LA VILLE DE BESANCON, INSPECTEUR DES ARCHIVES COMMUNALES DU DÉPARTEMENT DU DOUBS, CORRESPONDANT DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE POUR LES TRAVAUX HISTORIQUES. * Quant à l'origine de Besarcon, ceux qu {estans du pays) ont escrit, n’en ont rien dit. et y coufessent franchement leur ignorance. » ‘Fa. Ds Buzzeronusr, Cosmographie universelle, Paris, 4575, in fol. I, 410.) (Séances des 13 juin et A1 juillet 1857.) A MONSIEUR CÉSAR CONVERS, MAIRE DE LA VILLE DE BESANÇON. AU GÉNÉREUX CITOYEN QUI A CONSACRÉ SES TALENTS ET SES PLUS BELLES ANNÉES A ÉLEVER LE NIVEAU INTELLECTUEL DE SA VILLE NATALE, EN PROCURANT GRATUITEMENT AUX CLASSES LABORIEUSES LE BIENFAIT DE L'ÉDUCATION SCIENTIFIQUE ; AU DÉPUTÉ PLEIN DE ZÈLE ET DE DÉVOUEMENT QUI A SOUTENU DIGNEMENT L'HONNEUR ET LES INTÉRÊTS DU PAYS DANS LES GRANDES ASSEMBLÉES DE LA NATION ; À L'ADMINISTRATEUR ÉCLAIRÉ ET PATERNEL QUI, S'APPUYANT A LA FOIS SUR LA CONFIANCE DU SOUYVERAIN ET SUR UNE POPULARITÉ NOBLEMENT ACQUISE, N'A RECULÉ DEVANT AUCUN EFFORT POUR ASSURER A NOTRE VILLE UN AVENIR DIGNE DE SON GLORIEUX PASSÉ ; HOMMAGE DE PROFOND RESPECT ET D'AFFECTUEUSE RECONNAISSANCE. PRÉFACE. SRE Cet opuscule n’est qu’une thèse, soutenue à la fin de l’année 1855, pour obtenir le diplôme d’archiviste- paléographe. Ayant eu à choisir dans ce but un sujet d’étude, mes yeux se sont tournés vers l’histoire de ma ville natale, « la seule, disait l'illustre Augustin Thierry, où notre àme s'attache par un intérêt patriotique. » J'avais songé tout d’abord à embrasser dans mes re- cherches la totalité de l’existence de la commune de Besancon. Mais la matière me sembla bientôt si vaste, si neuve et si obscure, que je dus nécessairement ré- trécir mon horizon et concentrer mes investigations sur une seule période de nos fastes municipaux. J’optai pour les siècles les plus reculés, pendant lesquels l’é- lément populaire de notre cité se développe lentement et rassemble ses forces pour se mesurer avec les arche- vèques. Je me suis efforcé d'apporter un jour nouveau sur les préliminaires de cette lutte et sur ses premières péripéties, jusqu'au moment où le Tiers Etat, après des tentatives sans nombre, a trouvé la formule défini- tive de son organisation et de son développement. 13 - 486 — C'est ainsi qu'est né le travail qu’on va lire, travail essentiellement critique, où je me suis moins occupé de raconter les événements dans tous leurs détails que de démontrer les interprétations vicieuses qu’on leur avait données jusqu'ici. À la place des hommes, j'ai essayé de faire parler les monuments. J'ai eu surtout en vue de relever les inexactitudes qui déparent le tableau des destinées de la commune de Besançon tel que l’a tracé M. Augustin Thierry. Ces mexactitudes ne viennent pas du fait de ce grand histo- rien, et la critique aurait mauvaise grâce à lui en faire un reproche. Elle ne peut qu’exprimer le regret que l'illustre maître ait accordé une trop entière confiance à nos écrivains locaux. Leurs erreurs, consacrées par une plume aussi autorisée que séduisante, pouvaient devenir contagieuses, et, en les signalant, je crois rendre un service à la science, sans manquer ni au respect ni à l’admiration que je m’honore de professer pour le créateur de l’histoire du Tiers Etat. Je ne terminerai pas sans exprimer ma gratitude à MM. les membres du jury d'examen de l'Ecole des Chartes (1), pour la bienveillancé avec laquelle ils ont accueilli cet Essai et la distinction flatteuse qu'ils ont bien voulu lui accorder. Je dois également reconnaître 4) MM. Hase, président, N. de Wailly, directeur de l'Ecole des Chartes, H. Wallon, professeur d'histoire à la Sorbonne, membres de l'Institut; Lacabane, J. Quicherat, Guessard, professeurs à l'Ecole des Chartes; L. de Mas-Latrie, sous-directeur des études de l'Ecole; Vallet de Viriville, J. Tardif, F. Bourquelot, professeurs-adjoints, et Borel d'Hauterive, secrétaire de l'Ecole et professeur-suppléant. — 187 — l’empressement qu'a mis la Société d'Emulation du Doubs à prendre mon travail sous son patronage et à l’associer dans ses publications à la belle découverte de mon savant maître et excellent ami, M. A. Delacroix. Qu'il me soit permis enfin de remercier M. le Maire et MM. les membres du Conseil municipal, qui, en con- fiant à mes faibles mains le précieux dépôt des archives d’une grande cité, m'ont permis de pousser aussi loin que possible ces recherches et d'arriver un jour à doter la ville de Besançon d’une histoire qu’elle attend en- core. Besançon, le 1° mai 1857. wa de Cerise Hu caf. EC era, € “he. plats ausil autos que “étui b “HS ne a dé Cor LA La ASE » CP pa re sup “ER ue fi actorber. Fe ‘do, égdement rt ! ra PTE A VRP PUS cerner me rare DR CPS Det s à ete OR Mongisiit. pe L'ét Et ge ses | L'Aes tre : it aa sain We 106 2 dés VE servie e VE Eh sad, dis si ee: &t à Laon Que 18 1 ‘honore, de Le: LT TS ee re Ba aa de es ès bee SL For Hétaradh. TE ) Chris (3 pOur sta hizareilaoce aves TS a | cet Eat et le à is ifioc ho flabté SERA , UM ds ts iv no EU “ +4 “her, ES Bat Ne MAS À smith tion “aps 1 eu t- k ' == d x pa 7 à L F f V2 £ À Mid L Ur > n a É A 2 ; ‘ Se 1 £, n à D * « S re F8 HE ORIGINES COMMUNE DE BESANCON CHAPITRE PREMIER. DU RÉGIME MUNICIPAL ROMAIN A BESANCON. « Humanissime factum est ut omnes ad roma- num imperium pertinentes societatem acciperent civitatis et romani cives essent. » (S. Aucusrinus, De civitate Dei, lib. V, cap. 17.) Preuves de l'existence d’un municipe romain à Besançon. Médailles et in- scriptions. — Décadence romaine. Participation du peuple aux élections épiscopales. Expulsion de l’évêque Félix (vixre siècle) par les citoyens et massacre de ses cleres. Election de l’évêque Albon par le peuple, malgré le clergé de la ville. — Carlovingiens. Le peuple n'intervient plus dans les élections épiscopales. — Décadence carlovingienne. Les institutions féodales se substituent au régime municipal. — Vestiges de l’organisa- tion romaine, pendant les périodes mérovingienne et carlovingienne, cherchés dans les légendes et les formules d’affranchissement. Le fait capital qui domine l’histoire d’une commune, c’est la lutte de deux principes opposés dans leur origine, leurs ten- dances et leurs intérêts. Décrire la marche des deux éléments rivaux avant leur rencontre, tel sera l’objet de nos premières pages. Dans un second chapitre, nous essaierons d’élucider l'origine du pouvoir temporel des archevêques, et de suivre sa marche progressive jusqu’au moment où il atteint son apogée de puissance. Dans ce premier chapitre, nous avons — 490 — opéré un travail analogue sur l'élément populaire avant ses conflits avec les prélats. Ici les documents nous ont fait sou- vent défaut, et, n’étaient les analogies de l’histoire du Besan- çon romain avec celle des autres métropoles des Gaules, il nous eût été difficile d'interpréter les rares monuments qui nous sont parvenus sur ces époques lointaines de notre his- toire. L'existence d’un municipe à Besançon sous la domination romaine est un fait incontestable. L’épigraphie, la numisma- tique, les ruines d’un amphithéâtre, d’un capitole et d’un forum, semblable à celui de la ville éternelle (4), nous en fournissent des preuves éclatantes. Une médaille que Goltzius (2) et Jean-Jacques Chifflet (3) ont considérée comme authentique aurait été frappée en l'honneur de Galba par la municipalité bisontine. Elle porte à son revers l'inscription MVN. VISONTIVM. Une colonne trouvée au xvi° siècle, dans le voisinage de Sainte-Madeleine, offrait sur l’une de ses faces l’expression publique de la gratitude des citoyens de Besançon envers les Césars Marc-Aurèle et Lucius Vérus. Nous reproduisons les termes de cet hommage : AUX EMPEREURS CÉSARS AUGUSTES MaRC-AURÈLE ANTONIN Er Lucrus Aurezius VERUS LES CITOYENS DE BESANÇON. (4) (1) M. A. Delacroix a constaté le premier la parfaite ressemblance du forum de Besancon avec celui de Rome. Cet heureux rapprochement a été communiqué à M. Ed. Clerc, qui l’a mis en œuvre dans son ouvrage sur La Franche-Comté à l'époque romaine (pp. 19-21). (2) Thesaurus rei antiquariæ, Antuerpiæ, 1579, in 4°, p. 152. (3) Vesontio, I, 101. (4) IMP. CAES. AVG M. AVR. ANTONI NO. ET. L. AVR. VERO CIVES. VE (3.-3. Chiffletii Vesontio, I, 157; Gruter, Corpus inscriptionum, CCLVIII, 4; Dunod, Histoire des Séquanois, p. 129.) « La colonne et l'inscription existaient encore en 1730 dans la salle capi- tulaire de Sainte-Madeleine.» (Documents inédits pour servir à l'histoire de la Franche-Comté, publiés par l’Acadèmie de Besançon, I, 84.) — 191 — Qu'on ne s'étonne pas de cet élan de la reconnaissance du peuple bisontin envers le sage Marc-Aurèle. C'était à son in- tervention que la Séquanie avait dû le retour de la paix, un instant troublée par l'invasion des Germains (1). Grâce à l’une des plus heureuses inspirations de ce prince, la métropole de la province avait été dotée de ce magnifique aqueduc (2) dont la reconstruction récente est un nouveau gage de salubrité pour les habitants de notre ville. Les érudits s’accordent pour rapporter à cette époque notre arc antique, appelé successivement Porte de Mars et Porte- Noire (3), et pour lire dans la profusion des sculptures qui le décorent (4) les principales actions du règne de Marc-Aurèle (5). Trois inscriptions qui se voyaient dans les vieilles murailles de l’abbaye de Saint-Pierre, à Lyon, nous font connaître deux membres de la curie de Besançon que leurs mérites avaient élevés à d'illustres emplois. Quintus Adginnius Martinus, fils d'Urbicus, réunissait, à Besançon, dans l’un des deux premiers siècles de notre ère, le titre de décurion au caractère sacerdotal. Cette double magis- trature civile et religieuse, exercée dignement pendant de lon- gues années, lui mérita l'honneur de représenter la nation séqua- naise auprès de l’autel de Rome et d’Auguste, au confluent du Rhône et de la Saône. On sait que ce sanctuaire, dédié l’an 743 de Rome, à Auguste encore vivant, était entretenu aux frais de soixante-trois peuples gaulois qui y déléguaient (1) « Res etiam in Sequanis turbatas, censura et auctoritate repressit. » (Julii Capitolini M. Antoninus philosophus inter Historiæ Augustæ scriptores VI, edit. Schrevelio, Lug-Batav. 1671, in 80, p. 203). (2) Voir les descriptions et les figures qu’en ont données Dunod (Histoire des Séquanois, pp. 126-128), et M. Ed. Clerc (La Franche-Comté à l’époque romaine, p. 24.) (3) 11 est gravé dans le Vesontio de J.-J. Chifflet, dans l'Histoire des Sé- quanois de Dunod et dans La Franche-Comté à l’époque romaine de M. Ed. Clerc. (4) « Aucun arc antique ne surpasse la Porte-Noire pour le luxe des ornements. » (Notice de M. l'architecte À. Delacroix, dans les Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, IT, p. 3.) (5) D. Berthod, Dissertation sur les différentes positions de Besançon (Docu- ments inédits publiés par l’Académie de Besançon), pp. 280-282. — Ravier, Dissertation sur l'arc de triomphe de Besançon (Congrès scientifique de France, VITTe session, Besancon 1841, in 80, pp. 513-527.) — Ed. Clerc, La Franche-Comté à l’époque romaine, Besançon, 1847, in-80, pp. 26-28. — 199 — chacun un pontife (1). Quintus Adginnius paraît s'être acquitté avec succès de son mandat. L'assemblée générale des trois grandes provinces des Gaules l'en récompensa en faisant inscrire son nom sur les marbres du temple d’Auguste. Ce grand honneur ne fit point oublier à Adginnius la cité qui lui avait donné tant de preuves de sa confiance. S'il éleva, à ses frais, un monument au maître de l’Olympe, il voulut rendre le même hommage à Mars Ségomon, divinité séquanaise , dont il avait été le flamine avant son établissement à Lyon. C’est à cette circonstance que nous attribuons le surnom de Martinus qu’il avait coutume de joindre au nom de son père (2). (1) A. de Boissieu, Inscriptions antiques de Lyon (Lyon, L. Perrin, 1846- 54, grand in-40), p. 85. (2) Nous reproduisons ces deux inscriptions, aujourd'hui perdues, d’a- près les lecons publiées par M. A. de Boissieu dans son admirable ou- vrage sur l’épigraphie lyonnaise (pp. 5 et 9). IOVTOM Q ADGINNIVS VRBICI FIL MARTINVS SEQ SACERDOS ROMAE ET AVG AD ARAM AD CONFLVENTES ARARIS ET RHODANI FLAMEN IIVIR IN CIVITATE SEQVANORVM MARTI SEGOMONI SACRVM ANNVA,... PRE VRBICI FIL MARTINVS .. SACERDOS ROMAE ET AVG RES MVNACIO PANSA COS 4.10 IN CIVITATE SEQVANORVM ANGES E GALLIAE HONORES SEC A ET SVIS DECREVERVNT M. de Boissieu (pp. 9 et 10) a reconstitué ainsi les lacunes de notre seconde inscription : MARTI SEGOMONI SACRVM — ANNVA (STIPE) — (Q. ADGINNIVS) VRBICI FIL. MARTINVS — (SEQ.) SACERDOS ROMAE ET AVG. — (AD ARAM) MVNACIO PANSA COS. — (IIVIRO?) IN CIVITATE SEQVANORVM — (CVI TRES PROVINCIAE) GALLIAE HONORES — (PRO SE) ET SVIS DECREVERVNT. Cette restitution, dont nous sommes loin de contester l’habileté, nous paraît cependant attaquable sur un point. En faisant du membre de phrase in civitate Sequanorum un déterminatif du mot consul, M. de Boissieu s’est placé dans la fâcheuse alternative, ou de laisser une lacune au commen- cement de la sixième ligne de l'inscription, ou de combler cette lacune — 193 — Quintus Julius Severinus, Séquanais d’une haute naissance et d’une fortune considérable, avait probablement reçu de ses ancêtres l’onéreux héritage d’un siége dans la curie de Besan- çon. L'influence qu’il sut exercer dans cette honorable assem- blée lui fit rapidement parcourir toute la hiérarchie des fonc- tions municipales. C'était, à cette époque, le chemin le plus sûr pour arriver aux dignités de l'Etat. Le gouvernement impé- rial, qui avait sans doule reconnu chez Severinus l'alliance d'une capacité peu commune et d’une rare intégrité, lui con- fia le poste important d'Inquisiteur des Gaules. Cette dignité, dont la création récente avait été considérée comme un bienfait, donnait à Severinus le droit d'inspection sur tous les agents fiscaux de la nation. À Lyon, son séjour habituel, il avait conquis, par quelques services signalés, la sympathie de la puissante corporation des nautes du Rhône et de la Saône qui l’appelait son protecteur. Le sénat de Besançon, fier de son brillant avancement et reconnaissant de ses bons offices, avait, à deux reprises, voté l'érection de sa statue dans les édifices publics. À son tour, par le mot duwmviro. Or, duumvir étant synonyme de consul, ces deux mots ne peuvent être soudés sans une répétition que le style épigraphique n'admettait pas. D'autre part, considérer Munacius Pansa comme magis- trat de la cité séquanaise, c’est admettre que les chefs de la curie bisontine ont pu se parer du titre de consul, hypothèse que l’importance de notre ville est loin de justifier. Enfin, avec cette interprétation, Adginnius se trouve privé de soa titre de duumvir bisontin auquel il paraissait attacher le plus grand prix et que lui donne la première inscription que nous avons transcrite. Pour obvier à ces graves inconvénients, nous ferons de Munacius Pansa un chef du sénat de Lyon. Son titre de consul semblera ainsi très-naturel dans la première ville de la Gaule romaine, où d’ailleurs le corps municipal a conservé jusque dans les temps modernes le nom de consulat. Nous isolerons le membre de phrase Munucio Pansa consule, et nous le considérerons comme une formule de datation très-intelligible pour les contemporains de notre monument. En tête de la sixième ligne nous placerons le mot 1iviR, qui aura le double avantage de rendre à Adginnius son titre municipal, et de faire disparaître toute ambiguité rela- tivement au personnage à qui se rapportent les honneurs rappelés dans la dernière partie de l'inscription. : Nous restituons donc la seconde inscription d’Adginnius de la manière suivante : MARTI SEGOMONI SACRVM-— ANNVA (STIPE) — (Q. ADGINNIVS) VRBICI FIL MARTINVS — (SEQ.) SACERDOS ROMAE ET AVG. — (AD ARAM) MVNACIO PANSA COS. — (LIVIR) IN CIVITATE SEQVANORVM — (CVI TRES PROVINCIAE) GALLIAE HONORES — (PRO SE) ET SVIS DECREVERVNT. — 194 — l'assemblée générale des trois provinces de la Gaule avait voulu rendre hommage au noble caractère de Severinus en lui décer- nant les honneurs d’une inscription dans le temple d’Auguste. C’est à ce monument, conservé aujourd’hui au palais des arts à Lyon (1), que nous avons emprunté ces quelques détails sur la brillante carrière fournie par un duumvir séquanais du se- cond siècle de notre ère. Les monuments, malheureusement trop rares, que nous avons passés en revue, établissent suffisamment l'existence du régime municipal dans le Besançon gallo-romain. La ville éternelle avait doté la ville conquise d’un sénat et de magistra- tures dont les membres acquéraient des droits aux fonctions publiques les plus élevées. Des édifices, aussi nombreux que splendides, témoignaient du rang distingué qu’occupait Veson- tio parmi les villes de la Gaule et venaient jeter sur elle comme un pâle reflet des splendeurs de la capitale de l’univers. Quant au gouvernement de notre ville pendant cette période, il serait aussi téméraire que superflu d’en essayer le tableau après les savants ouvrages des Roth, des Savigny, des Raynouard sur le mécanisme intérieur des municipes. Quand les Barbares eurent promené sur les Gaules la torche incendiaire et le fer homicide, toute trace de la civilisation romaine s’effaça sans retour au milieu des campagnes. Les villes seules devaient conserver longtemps encore les traditions (1) Q. IVLIO. SEVERINO SEQVANO. OMNIBVS HONORIBVS. IN TER. SVOS. FVNCTO PATRONO. SPLENDI DISSIMI. CORPORIS N. RHODANICOR. ET ARAR. CVI. OB. INNOC MORVM. ORDO. CIVI TATIS. SVAE. BIS. STATVAS DECREVIT. INQVISITO RI. GALLIARVM. TRES PROVINCIAE. GALL Voir une gravure fidèle de ce monument, ainsi que les excellents com- mentaires qui l’accompagnent dans les Inscriptions antiques de Lyon par M. Alph. de Boissieu (pp. 264-66). « Cette pierre antique, dit le savant épigraphiste, a été retirée, en 1824, de l’église de Saint-Pierre pour être transportée au Musée Lapidaire (Arcade XIV, no 120). » — 4195 — de démocratie qui les avaient régies pendant les beaux jours de l’Empire. Si l’on vit disparaître chez la plupart d’entre elles la curie, les magistrats municipaux et les assemblées publi- ques, du moins les élections épiscopales fournirent de temps en temps au peuple l’occasion de manifester son influence et de se révéler à lui-même sa propre force. « La sainte Eglise de Besançon, dit l’auteur de la vie de saint Nicet, jouissait, dès les origines de la primitive Eglise, du droit d’avoir pour évêque celui-là seul que le consente- meni réuni du clergé et du PEUPLE choisissait canoniquement, sans qu'aucune puissance au monde pût lui en imposer un autre (4).» C’est ainsi qu’en 414, saint Désiré (2); qu’en 546, saint Claude [°" (3); qu’en 612, saint Nicet (4), furent élevés sur le siége de Besançon par les suffrages réunis des citoyens et des prêtres. Après la mort de l’évêque Gervais, un légendaire nous représente le clergé et le PEUPLE quelque temps en désac- cord sur le choix d’un prélat (5), puis devenant unanimes pour désigner saint Claude. Quand, après sept ans d’épiscopat, le même pontife voulut déposer la crosse pour retourner dans le monastère de Saint-Oyan, son biographe nous apprend que le PEUPLE se joignit au clergé pour essayer, par les prières et les larmes, de fléchir la résolution de son premier pas- teur (6). La retraite de saint Claude avait pour motif la corruption du clergé, que ses exhortations et ses exemples n’avaient pu ramener dans le devoir. Son successeur fut choisi parmi ces clercs désordonnés qui l’avaient abreuvé d’amertume. Le nouvel évêque, Félix, fit parade des vices les plus honteux (1) « Hæc enim sancta bisunticensis ecclesia ab initiis primitivæ ecclesiæ sui juris in perpetuum obtinuit, quatenus nulla potestas ullo pacto vel causa pontificem sibi subrogaverit, nisi quem communis cleri et POPULI devotio sibi subrogaverit. » (Actu SS. Februarii IT, 168.) (2) « Clerus et POPULUS ipsum episcopum elegerunt. » (J. J. Chiffletii Vesontio, IT, 55.) (3) « Clerus et PoPpuLus elegerunt. » (Acta SS. Junii 1, 650.) (4) «.… pari consensu cleri et PopuLI. » (De S. Nicetio apud Acta SS. Febr. Il, 168.) (5) «Clerus et PoPuLUS per aliquod tempus fucrunt in eligendo discor- des. » (Vila S. Claudii apud J.J. Chiffletii Vesontio, IL, 142.) (6) « Omni clero et PoPuLo civitatis renitente ac lacrymis ipsum revo- cante. » (Vila S. Claudii apud J. J. Chiffletii Vesontio, IT, 144.) | — 196 — et donna l’exemple de la débauche à des prêtres qui n'étaient que trop disposés à le suivre. Un chroniqueur du xvi* siècle qui à paraphrasé, dans son naïf langage, les légendes de notre Eglise, trace un tableau navrant de l’état de la métro- pole de Besançon après le départ de saint Claude. «Un quidam, dit-il, nommé Félix... obtint le siége archiépiscopal, lequel il gouverna si misérablement qu’il dissipa quasi toutes les rentes et revenuz de l’archevesché, et, que pis est, laissa tellement corrompre quasi tous les chanoines en toutes cor- ruptions de mœurs qu'il laissa le service de Dieu tant altéré, qu'il sembloit plus tost de l'Eglise une maison de lascivité, jeulx et tournois que maison de Dieu ni d’oraison ; et des pres- tres semblaient mieulx gens de guerre et desbauche que gens d’Eglise (1).» Les citoyens indignés d’une telle dépravation n’y virent d'autre remède que l'expulsion du prélat et de son clergé. A la suite d’une lutte sanglante, Félix, dont le peuple avait juré la mort, s’enfuit par la porte de Varesco el gagna en toute hâte un castrum qui devait plus tard prendre le nom de Mont- faucon. Menacé d’un siége par les Bisontins, il abandonna promptement cette retraite pour aller cacher sa honte dans les environs de Montbéliard où il finit ses Jours. Telle est cette scène insurrectionnelle qu’on croirait emprun- tée aux annales d’une commune picarde du xrr° siècle. Nous n’oserions garantir l'authenticité des détails, qu'aucun monu- ment contemporain ne vient étayer. Quant au fond, il a pour lui la tradition constante de l’église de Besançon (2). La fuite de Félix ne devait pas rendre immédiatement à nos deux cathédrales leurs jours de paix et de bonheur. Elles eurent encore à subir le honteux épiscopat de Tétrade, dont les mœurs dissolues ne le cédaient en rien à celles de son prédé- cesseur. Un jour que cèt indigne prélat poursuivait un san- glier dans les immenses forêts de ses domaines, il se laissa emporter par son ardeur trop près de l'animal furieux et en reçut une blessure mortelle. Avec la mort de Tétrade, coincidait l’arrivée de saint Boni- (1) Chatalogue des archevesques de Besançon (Documents inédits publiés pur l’Académie de Besançon, IT), pp. 30 et 31. (2) J.3. Chiffletii Vesontio, IT, 167. — 197 — face dans les Gaules. L’illustre missionnaire, témoin du relä- chement que deux évêques sacriléges avaient favorisé dans le diocèse de Besançon, engagea vivement les citoyens à pro- tester contre un semblable état de choses, en élisant un prélat selon Dieu. En même temps, 1l désignait à leurs suffrages le vertueux Albon qui, pour fuir le hideux spectacle que présentait le clergé de la métropole, s’était enseveli dans le cloître de Luxeuil, qu'il sanctifiait par toutes les vertus du christianisme. Les citoyens, mais les citoyens seuls, obéirent aux recommandations de saint Boniface (1), et il fallut une nouvelle lutte pour faire agréer Albon par les clercs de la cité. Nous touchons à l’époque carlovingienne. Avec la famille de Pépin, on voit cesser partout les élections épiscopales. Les souverains de la seconde race avaient appris de Charles-Martel à considérer les prélatures comme des bénéfices qu'ils pou- vaient impunément distribuer à leurs favoris. Les seigneurs qui démembrèrent à leur profit l'empire de Charlemagne con- tinuèrent à nommer aux évêchés de leurs domaines. Le con- sentement du clergé et du peuple ne fut plus qu’une vaine formalité. Aussi, quand, en 939, saint Maïeul refusa le siége métropolitain de Besançon, son biographe nous assure que ce poste éminent lui avait été offert «tant par le PRINCE de la con- trée que par le clergé et le peuple de la ville (2).» Encore un demi-siècle, et il ne sera même plus question de l'intervention des clercs et des citoyens dans les élections épiscopales. C’est que les Barbares auront ouvert les portes de Besançon aux institutions féodales, qui étoufferont les dernières traces des institutions municipales, pour n’en laisser subsister qu'un souvenir vivace dans la mémoire du peuple. On pourrait encore reconnaître un vestige du régime romain dans le titre de tribun militaire (3) que portait, au commence- ment du vrr° siècle, le commandant des troupes à Besançon. Plus (1) « Adeptus igitur Albo, consentientibus civiBus, pontificatus offi-- cium..… » (Legenda apud J.J. Chiffletii Vesontio, IT, 170). (2) «Vesontiensi archiepiscopo viam universæ carnis ingresso, Lam ipsius terræ ?RINCIPIS quam totius consensu cleri et populi ad pontificatum suscipiendum beatus impellebatur Maïolus. » (Vita $. Maïoli auth. Syro apud Acta SS.0.S. B., V, 790.) (3) Jonas, Vita S. Columbani, apud Acta SS. 0. S. B., IT, 19. — 198 — tard, en 686, nous trouvons les vieilles familles sénatoriales qui avaient survécu à la double ruine de la cité, en possession de quelques prérogatives honorifiques. Ainsi, quand saint Claude eut été élevé à la dignité épiscopale, on adjoignit aux députés que le clergé lui envoya quelques-uns des nonoRABLes de la cité (4). Une preuve, enfin, de la persistance des coutumes romai- nes à Besançon, c'est le cérémonial d’affranchissement usité dans cette ville en 821. A cette époque, le concile de Nimègue ayant interdit l’accès des ordres ecclésiastiques aux gens de condition servile, l'empereur Louis le Débonnaire crut devoir accorder aux évêques le pouvoir d’affranchir les serfs qu'ils juge- raient dignes d'arriver à la prêtrise. La lettre par laquelle le fils de Charlemagne notifie la concession de cette faveur à notre archevêque Bernouin, a été publiée par le père Pierre- François Chifflet (2). Le manuscrit dont il l’a tirée, contenait en outre la formule que devait prononcer le pontife quand il usait du privilége de Louis le Débonnaire. S’adressant à l’homme qu’il voulait faire sortir de sa condition infime, il lui disait : (Moi, par la grâce de Dieu, Evêque de Besançon, de- vant l’autel du Seigneur et en présence du PEUPLE assemblé, Je te déclare affranchi, dès aujourd’hui, de tout lien servile, et je te proclame CITOYEN ROMAIN» (3). (1) « Miserunt ad sanctum virum HONORABILES totius Ecclesiæ et cIvI- TATIS pro obtinendo et habendo ejus consensu. » (Vita S. Claudii apud J. J. Chiffletii Vesontio, II, 143.) (2) Opuscula quatuor......... accessit appendix de concilio Niumagensi anni DCCCXXI (Parisiis, 1679, in-8o). (3) Voir cette formule ainsi que celle de la supplique à l'Empereur qui précédait l’affranchissement dans les pièces justificatives de ce travail (no I). Nous avons cru devoir réimprimer ces deux documents, dont au- cun de nos historiens n’a encore fait usage, d’après le rarissime opuscule de Pierre-Francois Chifflet. — 19 — CHAPITRE DEUXIÈME. DU POUVOIR TEMPOREL DES ARCHEVÈQUES DE BESANCON: « Des prêtres qui convertissent une nation en sont les maîtres, s'ils veulent l'être. » (L'abbé Maury, Observations sur l'Histoire de France, liv. I, chap. 2.) 1. ORIGINE. Méprise de M. Augustin Thierry et des historiens franc-comtois sur l’origine du pouvoir temporel des archerêques. Hypothèse d’une charte d’investiture donnée à l'archevêque Hugues [er par l’empereur Henri TH]. Réfutation des arguments employés pour la défendre. Le pouvoir tem- porel des archevêques est le résultat de leurs empiétements. IT. FORMATION. Epoque mérovingienne. Influence des évêques sur la royauté barbare; ses causes et ses conséquences. Les évêques Prothade, Donat, Miget, Ternat, Gervais et Claude. Leur puissance souveraine à Besançon. — Epoque carlovingienne. L'archevêque Bernouin. 1] n’exerce le pouvoir temporel qu’en vertu d’une délégation impériale. — Déca- dence carlovingienne. Les archevêques Arduie et Thierry Ier. Ils mettent à profit la faiblesse des souverains pour rétablir l’omnipotence du siége archiépiscopal. — Période féodale. Réaction de la puissance séculière contre l'influence ecclésiastique. Anéantissement de la prépondérance des comtes par Hugues Ier. Tous les droits régaliens revendiqués par ce prélat avaient été possédés antérieurement par son Eglise. Hugues Ler n'est point le fondateur, mais le restaurateur du pouvoir temporel des archevêques de Besancon. I ORIGINE. La question de l’origine du pouvoir temporel des arche- vêques de Besançon a déjà préoccupé plus d’un esprit. Tous ceux qui ont consacré leurs veilles à retracer les annales de la Franche-Comté ont arrêté leurs regards sur l’omnipo- tence des prélats bisontins. Ils en ont cherché l’origine, et les recherches de tous ont abouti à une même solution. C’est l'archevêque Hugues [*", élevé sur le siége métropolitain en 1631, qu'on a considéré comme le premier seigneur ecclé- siastique de Besançon. Avant lui, suivant nos historiens, la toute-puissance temporelle reposait entre les mains du comte — 200 — de la cité, qui l’exerçait au nom du roi de Bourgogne. La mort de Rodolphe le Fainéant ayant fait passer la province dans le domaine des Empereurs, ces mêmes auteurs nous montrent la volonté des nouveaux souverains dépouillant le comte de Bourgogne Renaud de la souveraineté de Besançon, pour en investir l'archevêque Hugues I°. Sur l’époque précise de cette translation, les opinions va- rient. Les uns, avec Dunod (1), l’attribuent à Conrad le Sa- lique; d’autres, et c’est le plus grand nombre, en font honneur à Henri III. MM. Edouard Clerc et Duvernoy, partisans de cette dernière opinion, vont jusqu’à fixer l’année et même le mois où Hugues [® aurait été gratifié de la seigneurie de sa ville épiscopale. Suivant M. Edouard Clerc (2), la grandeur temporelle de nos archevêques daterait du jour où Henri HIT célébra ses fiançailles avec Agnès de Bourgogne dans la cathé- drale de Besançon (mars 1043). M. Duvernoy (3) inclinerait pour l’année 1044, où une révolte du comte Renaud aurait pu déterminer l'Empereur à priver ce vassal rebelle du plus im- portant de ses fiefs. Une autorité grave, l’illustre historien du Tiers Etat, M. Au- gustin Thierry, est venu, en quelque sorte, consacrer par son adhésion les hypothèses de nos historiens. Avec eux, il nous représente Hugues I‘ recevant son glaive temporel de la libéralité des Empereurs. « Quand ceux-ci, dit-il, succé- dèrent aux états des rois de Bourgogne, ils crurent que le meilleur moyen de s'assurer cette possession étrangère pour eux était de donner les grandes villes du pays en fief aux évêques devenus par là princes de l'Empire, investis des droits régaliens et de l’autocratie municipale dans chaque cité (4). » C'est là purement et simplement le système de Dunod {5), dont M. Augustin Thierry a suivi les errements avec une confiance (1) Histoire de l'Eglise de Besançon, I, 109. (2) Essai sur l'histoire dela Franche-Comté, 1, 262. (3) Regestes de Hugues 1er (Académie de Besancon, séance du 24 août 1848), p.129. (4) Tableau de l'ancienne France municipale à la suite de l'Essai sur l'his- toire de la formation et des progrès du Tiers Etat (Paris, Furne, 1853, in-8c), p. 274. (5) Histoire du Comié de Bourgogne, 11, 121. — 901 — illimitée. Sans essayer de soumettre au contrôle de sa critique les assertions de l'historien franc-comtois, il s’est contenté de les traduire dans ce style pur et élégant qui lui a valu l’un des premiers rangs parmi les écrivains de notre époque. Il y a eu sur l’origine du pouvoir temporel des prélats dans les villes une erreur assez analogue à celle des histo- riens du siècle dernier sur la naissance des communes. Pour eux, le régime municipal procédait tout entier de la gracieu- seté des souverains, de même qu'aux yeux de Dunod la puis- sance temporelle des évêques n'avait d'autre source que la libéralité des Empereurs. M. Augustin Thierry, qui avait su déraciner avec tant d’habileté la première de ces erreurs, n’a pas su se mettre en garde contre la seconde. « Par un penchant naturel et respectable, a dit M. de Ba- rante (1), les écrivains aiment à se persuader que les ori- gines ont toujours quelque chose de régulier. » De cette idée préconçue est née la méprise que nous allons essayer de combattre. Ses auteurs, assimilant toutes les époques de notre histoire à celle où ils vivaient, auraient cru outrager la mé- moire des prélats en faisant procéder leur pouvoir temporel d’un autre principe que de la délégation des souverains. C’est ainsi qu'ils ont été amenés à supposer ces donations royales ou impériales auxquelles chacun d’eux a prêté un mobile dif- férent. Quant à nous, l’étude du moyen âge nous a inspiré une profonde défiance pour cette générosité toute gratuite des princes de la terre : aussi chercherons-nous ailleurs l’origine de la puissance politique des évêques. Nous la verrons naître et se développer dans ces époques désastreuses où l’ignorance, la barbarie et les fléaux du ciel semblaient agir de concert pour ramener le chaos. Les évêques étaient alors les seuls dépositaires des traditions d'humanité, de science, de civili- sation. La religion du Christ, dont ils enseignaient les pré- ceptes, devenait, pour les populations opprimées, une oasis de paix et d'espérance. Le siége épiscopal devait donc être pour les habitants des villes la digue naturelle à opposer aux envahissements des Barbares et le refuge assuré contre les éclats de la colère céleste. Tel est le secret de la prépondé- (1) Histoire des ducs de Bourgogne, I, 4. 14 — 902 — rance des évêques dans les cités, prépondérance que les sou- verains se virent contraints de sanctionner, mais qu’ils se se- raient bien gardés d’établir en face de leurs trônes. Les historiens que nous combattons ont été unanimes pour supposer un diplôme de concession des droits régaliens de notre cité à l'archevêque Hugues Le". « J’ai cherché vainement, dit M. Edouard Clerc, la charte originale de cette grande concession; les archives de la province, les inventaires même de l'Eglise de Besançon n’en offrent pas de trace, ce qui prouve qu’elle est perdue depuis longtemps (1). » Une pièce des archives du Doubs (2) est venue nous prouver que non-seu- lement cette charte importante, mais encore la mémoire même de cette charte, étaient déjà perdues en 1365. Dans le courant de cette année (12 mai), l'Empereur Charles IV s'était dessaisi en faveur de Hugues de Chalon de tous les droits utiles qu’il pouvait avoir dans la ville de Besançon (3). L’ambitieux baron crut pouvoir, au moyen de cette concession, dépouiller l’ar- chevêque Aymon de Villersexel (4) des droits régaliens de sa ville épiscopale. Sur le refus que fit le prélat de les lui abandon- ner, Hugues de Chalon se rendit en personne, le 22 mai 1365, à (1) Essai sur l'histoire de la Franche-Comté, I, 265. (2) Pièces justificatives, n° xxv. (3) Pièces justificatives, n° xx1v. (4) Dans sa Notice sur le projet d’une collection des sceaux de la Franche- Comté, publiée récemment (Académie de Besançon, séance du 29 janvier 1857), M. Ed. Clerc, p. 128, nous annonce une découverte. L'un des _ sceaux qu'il a recueillis lui a fait remarquer « un archevêque de Besançon, élu et sacré au XIVe siècle et cependant demeuré jusqu’à présent entière- ment inconnu. » Cet archevêque inconnu s’appellerait Aimé de Villars et la charte où il s’est révélé porterait la date 1363. Nous connaissons depuis longtemps cette pièce quiest conservée aux archives du Doubs (Chambre des comptes, ancien fonds, B.— 102); mais nous avouons, en toute humilité, n'avoir jamais trouvé dans son contenu la moindre matière à découverte. Il en eût été de même pour M. Clerc si, avant de rédiger sa note, il se fût donné la peine de consulter un catalogue quelconque de nos archevêques. Il aurait appris qu’en 1363 le siége de Besancon était occupé par Aymon de Villersexel, dont l'identité ne peut être un instant douteuse avec l’Aymo de Villario de la charte en question. La découverte de M. Ed. Clercest donc fondée sur une double erreur : erreur philologique, en traduisant le nom du prélat Aymo par le mot Aimé qui représenterait le type latin Amatus, erreur (nous dirions presque hérésie) historique, en plaçant deux prélats à la fois à la tête de notre Eglise. — 203 — la cour de la Régalie. Après avoir fait lire à deux reprises les patentes impériales, Hugues somma l'archevêque d’avoir à lui céder immédiatement la présidence du tribunal. « La Régalie, lui fit répondre Aymon, avec ses fiefs et dépendances, fait partie du patrimoine de l'Eglise de Besançon, et ladite Eglise en a la paisible possession dans la personne de ses prélats depuis un temps si long qu'il n’est pas resté mé- moire du contraire parmi les hommes (1). » Si l’archevêque eût pu exhiber un titre primordial d’investiture de ses droits régaliens, il n’eût pas manqué de l’opposer au diplôme récent de Charles IV, ou, tout au moins, de l’invoquer dans sa ré- ponse. Ce silence d'Aymon de Villersexel nous paraît bien significatif. En admettant même que le diplôme original de Henri [II eût été perdu en 1365, c’est-à-dire environ trois siècles après son octroi, comment supposer que toute trace de son existence eût été dès lors complétement effacée ? Comment admettre qu'un acte de cette importance n’aurait pas laissé la moindre empreinte dans le cartulaire, dans les calendriers, dans les obituaires de l'Eglise métropolitaine de Besançon? Telles sont les planches de salut qui ne pouvaient manquer à la charte de Henri IIT pour traverser les siècles. Pourquoi lui auraient-elles fait défaut, tandis qu’elles ont sauvé de l’oubli des monuments d'un âge beaucoup plus reculé et d’un intérêt bien plus secon- daire? Nous voulons parler des diplômes de Charles le Chauve en faveur de notre archevêque Arduic. Ces titres qui concé- daient à l'Eglise de Besançon le droit de battre monnaie, le tonlieu de la ville et la possession de l’abbaye de Bregille ont péri dans le grand naufrage de la monarchie carlovin- gienne. Pour cela cependant leur souvenir ne s’est pas éteint. Les diverses donations qui en faisaient l’objet sont rappelées dans les anciens catalogues des archevêques de Besançon (2), (1) «.., respondit officialis, nomine domini archiepiscopi, quod dicta Regalitas, una cum omnibus feodis et commodis dependentibus ab eadem et ad eam spectantibus, est de jure et hereditate Ecclesie bisuntine ; et est eadem Ecclesia et fuit per ejus prelatos in possessione pacifica dicte Regalitatis a tanto tempore quod non estmemoria hominum in contrariumet de ea. » (Pièces justificatives, no xxv.) (2) « ARpuicus.... Abbatiam de Bergill et Teloneum Bisuntii obtinuit a — 904 — ainsi que dans les bulles confirmatives des priviléges de notre Eglise (1). Que répondent nos adversaires ? M. Edouard Clerc, voulant démontrer l'existence de la charte constitutive du pouvoir temporel des archevêques de Besançon, invoque le passage suivant d’une bulle où Léon IX, récemment couvert de la tiare, confirme les priviléges de notre siége métropolitain. « Nous confirmons, dit le pontife, à toi (Hugues I‘) et à tes successeurs, la souveraine puissance sur toute la ville, aussi bien au dedans qu’au dehors, dans les actes publics comme dans les actes privés, dans les actes civils comme dans les actes criminels ; ordonnant, sous peine des censures apostoliques, que ni empereur, ni roi, ni comte, ni seigneur quelconque ne puisse exercer aucune autorité grande ou petite dans la ville archiépiscopale (2). » Dans ce texte, nous verrons volontiers, avec M. Clerc, la preuve qu’en l’année 1049, Hugues I* jouissait dans la ville de Besançon des droits régaliens les plus étendus; mais nous n’en saurions tirer aucun argument favorable à l’existence du diplôme d’investiture donné à notre prélat par l'Empereur Henri IT. Nous pensons, au contraire, que si l'Eglise de Be- sançon eût été gratifiée, six ans avant l’expédition de cette bulle, des droits régaliens de la ville, le Pape en aurait rendu à l’Em- pereur un témoignage public de gratitude. Au reste, si la re- connaissance n’eût pas amené Léon IX à faire mention de la générosité impériale envers un prélat chér à son cœur, il y eût été conduit par les traditions de la chancellerie romaine. Il était, en effet, d’un usage constant dans la rédaction des bulles Karolo rege.» (Vetus Catalogus archiepiscoporum bisunt. apud Dunod, His- toire des Séquanois, pr. p. v.) (1) « Confirmamus ..... abbatiam S. Martini de Berzeliis ...Telonium civitatis .... Monetam ...» (Bulla Leonis IX, anno 1049, apud Documents inédits publ. par l’'Acad. de Besançon, Il, 307.) (2) « Confirmamus igitur tibi tuisque successoribus, nostra apostolica auctoritate, totius urbis potestatem sub tuo jure, tam interius quam exterius, tam in publicis quam in privatis causis, tam in civilibus quam in forensibus ; statuentes, apostolica censura, ut nullus Imperator seu rex, aut comes, aut aliqua potestas magna vel parva vel aliquis in eadem urbe habeat..…..» Idem. — 005 — apostoliques, de mentionner l’origine de chacun des priviléges confirmés par les souverains pontifes quand cette origine était connue (4). Or, il est impossible de supposer qu’une investi- ture donnée solennellement par Henri IIT ait été oubliée six ans à peine après sa concession. Le silence absolu de Léon IX sur un acte aussi important pour notre Eglise est donc un puis- sant argument contre l’existence du diplôme de 1043. Le pas- sage invoqué par M. Clerc retourne ainsi contre son système, et vient servir à ébranler ses conclusions. Une seconde série de preuves à laquelle nos historiens ont eu recours, est tirée des analogies que présente l’histoire de l'Eglise de Besançon avec celle de ses voisines. «Ce fut en 410414, dit M. Duvernoy, que Henri IIT donna à Thierry, évêque de Bâle, et à son Eglise, le comté d’Augst à titre de souveraineté temporelle et, dès l’an 1011, Rodolphe IIT, roi de Bour- gogne , avait gratifié l’évêque de Lausanne du comté de Vaud (2). » M. Duvernoy a essayé dans ce passage d'établir un rapprochement entre la concession d’un comté et la possession des droits régaliens d’une ville épiscopale, afin de pouvoir conclure ensuite de l’existence de celle-ci à l'existence de celle- là. Pour enlever à son argument toute sa valeur, il nous suffira de prouver qu'il n’y avait pas la moindre analogie entre les deux faits qu’il a considérés comme identiques. Il y avait si peu de rapports entre la seigneurie du comté de Vaud et celle de la ville de Lausanne, qu'elles restèrent deux fiefs complétement distincts. Jamais la possession du comté ne fut classée parmi les droits régaliens des évêques, pas plus que la propriété des régales ne fut regardée comme (1) A l'appui de ce que nous avancçons nous nous contenterons de citer une bulle de Léon IX lui-même, du 21 novembre 1053, confirmant à l’E- glise de Bâle la possession des églises de Moutiers-Grandval et de Sainte- Ursanne. Le pape ne manque pas d’y rappeler que ces deux importantes seigneuries étaient entrées dans la temporalité de l'Eglise de Bâle par suite d’une donation de Rodolphe le Fainéant, roi de Bourgogne, ratifiée par un diplôme de Henri III. «....…. Abbatiam sancte Marie, sancti Ger- mani quam Grandem Vallem appellant, cum cella saucti Ursicini, sicur RODULFUS, BURGUNDIONUM REX, PAGINA CONCESSIONIS SUE TRADIDIT.... ET FILIUS NOSTER DULCISSIMUS HEINRICUS IMPERATOR SECUNDUS SUA PAGINA, CUM ADHUC REX ESSET, CONFIRMAVIT, NOS QUOQUE CONFIRMAMUS...» Trouil- lat, Monuments de l’Evéché de Bâle, I, 181.) (2) Regestes de Hugues Ter (Acad. de Besançon, séance du 24 août 1848), p. 132. — 906 — une conséquence de la souveraineté du pays de Vaud. Le di- plôme de 1041 (1) qui attribue à l'Eglise de Lausanne les plaines fertiles qui bordent le Léman, ne contient aucune disposition relative à la seigneurie de la ville épiscopale. Si, d’autre part, nous considérons la liste des droits régaliens exercés par les évêques dans la ville de Lausanne, nous n’y trouverons point mentionnée la possession du comté de Vaud (2). La comparaison de ces deux documents établit parfaitement, contre M. Duvernoy, la distinction profonde qui existait entre la possession d’un comté et l’exercice des droits régaliens dans une cité. De là nous pouvons conclure que des deux diplômes donnés par Rodolphe et Henri III en faveur des Eglises de Lausanne et de Bâle, il n’est pas possible de tirer un argu- ment favorable à la concession des régales faite à l'Eglise de Besançon. J’ajouterai même, sur la foi des savants éditeurs des monuments historiques de Bâle (3) et de Lausanne (4), que les archives de ces deux évêchés n’'offrent, comme celles de Besançon, aucune trace de ces investitures de droits réga- liens données par les Empereurs aux évêques. Le même vide se fait sentir dans les archives épiscopales de Lyon (5), de Ge- nève (6), de Grenoble (7), et, en général, de tous les évêchés de l’ancien royaume de Bourgogne dont les prélats portaient la crosse et l’épée. On voit donc que les analogies de notre histoire ecclésiastique avec celle des archevêchés et évêchés bourgui- gnons, loin de venir en aide à l’hypothèse chérie de nos ad- versaires, nous fournissent une arme nouvelle en faveur de notre opinion. (1) V. le fac-simile de cette pièce dans le recueil des Chartes de l’en- cien évêché de Lausanne, par MM. Fréd. de Gingins et François Forel (Documents publ. par la Société d'histoire de la Suisse Romande, VII.) (2) «A Rege tenet Regalia D. Episc. Lausan. — Regalia vero sunt Strate, Pedagia, Vende, Nigre jure, Moneta, Mercata, Mensure, Feneratores, Banni veteres vel de communi consilio constituti, Cursus aquarum, Fures, Raptores. » (Reconnaissance des droits de l'Evêché par le prévôt Arducius, XIIe siècle. Ibid. p.7,) (3) M. Trouillat. (4) MM. Fred. de Gingins et François Forel. (5) Fred. de Gingins, Mémoire sur la souveraineté du Lyonnais au x° siècle (Lyon 1835, in-80), p. 47. (6) Spon, Hist. de Genève, II, 6. — Lévrier, Comtes du Genevois, I, 71. (7) Chorier, Histoire du Dauphiné, 1, 776. — 207 — De ce qu’en 4044 Hugues T°’ avait un vicomte ainsi que des vassaux (casati) relevant de son siége, l’auteur de l’Essai sur l'histoire de la Franche-Comté en conclut que l’illustre prélat avait reçu, l’année précédente, l'investiture des ré- gales de Besançon (1). Cette conclusion ne résistera pas en présence d’une charte (2) qui ne peut être postérieure à l’an 1038, et que M. Duvernoy a attribuée, avec beaucoup de raison, à l’année 1036 (3). Cette pièce, émanée de Hugues I®, est souscrite par Rénier, vicomte de l’archevêque, et par deux vassaux (casati) de l'Eglise de Besançon. Si l’existence d’un vi- comte et de vassaux autour d’un prélat est pour M. Clerc la marque du pouvoir temporel, la charte que nous lui opposons prouverait irréfragablement que Hugues I‘ jouissait déjà de la souveraineté de Besançon en 1036, c’est-à-dire sept ans avant le prétendu diplôme de Henri IIT. En effet, si, en 1036, Hugues Ie n’eût pas été seigneur temporel de notre ville, quel eût été son droit pour appeler, dès ce moment, Besançon wrbs nostra et se qualifier lui-même de Patrum princeps Criso- politanus et judex ? Tandis que notre prélat affichait ainsi toutes les marques de la souveraineté, deux princes se disputaient à main armée le trône de la Bourgogne. C’étaient Conrad le Salique, revêtu déjà de la dignité impériale, et le comte Eudes de Champagne, tous deux neveux du roi défunt. Les prélats et les seigneurs du royaume, jaloux de leur propre indépendance autant que de celle de la nation, s'étaient rangés du côté du comte de Cham- pagne,auquelils avaient déféré le diadème. Hugues [°®'lui-même, repoussant la dominationimpériale, dataitses chartes des années du règne de Jésus-Christ en Bourgogne (4). Il est évidemment impossible de supposer à cette époque une libéralité de l’Em- pereur envers l'archevêque de Besançon, qui méconnaissait ses droits à la succession de Rodolphe. Or, nous venons de voir (1) M. Ed. Clerc, I, 267. (2) Dunod, Hist. de l'Eglise de Besançon, I, pr. pp. XxXHI-XxXvVI.— P.F, Chifflet, Histoire de l'abbaye de Tournus, preuves, pp. 354-356. (3) Regestes de Hugues Ier (Acad. de Besancon, séance du 24 août 1848), p-121.— V. en outre ma Note sur le sceau de Hugues [er, Revue archéolo- gique (XIII, 275-281). (4) « Acta Vesuntii, regnante domino nostro Jesu-Christo. » (Carta Hu- gonis T1, anno 1036, apud Dunod et P. F. Chifflet, loc. cit.) = 208 — qu'en41036, au moment même où Hugues ]®' donnaitune marque si flagrante de son opposition à la candidature de Conrad, il agissait en maître dans sa ville épiscopale. Nous pouvons donc hardiment conclure que Hugues [* n’a pas été fait souverain de Besançon par un diplôme impérial, puisqu'il y régnait déjà deux ans avant l’entrée de la Bourgogne dans le domaine des Empereurs. M. Duvernoy, qui s’était déjà fait à lui-même toutes ces ob- jections, leur oppose deux monuments qui méritent examen (1). L'un est une charte du cartulaire de Romainmotier ; l’autre, un passage de la légende de saint Agapit, rédigée sous l’inspiration de Hugues I°. La pièce que M. Duvernoy a extraite du cartulaire de Ro- mainmotier, remonte à l’année 1040 (2). A cette époque, Gau- cher, sire de Salins, avait usurpé l’avouerie du monastère de Romainmotier qu'il prétendait lui avoir été donnée par les abbés de Cluny. Les serfs du monastère dénoncèrent l’usur- pation de Gaucher à l’abbé Odilon, qui fulmina une excom- munication contre le sire de Salins. « Or, dit la charte d’où nous tirons ces détails, Le jour de la fête du premier martyr Etienne approchait, et, dans cette solennité, le comte Re- naud avait coutume de rendre justice à tous les demandeurs qui se présentaient à lui (3). » Odilon envoya devant ce tri- bunal deux moines et un laïque qui attestèrent par serment l'injustice des prétentions de Gaucher. « Ce qui fut fait, ajoute la charte, en cour plénière, dans la cité de Besan- çon (4). » De ce qu'en 1040 le comte Renaud de Bour- gogne tenait des assises dans la ville de Besançon, M. Duver- noy en a inféré que Ja cité tout entière lui obéissait et que l'archevêque en était réduit à son administration spirituelle. Si le savant auteur des Regestes de nos prélats eût examiné avec une attention plus scrupuleuse la charte du cartulaire de (1) Regestes de Hugues Ier (Académie de Besançon, séance du 24 août 1848), page 132, (2) Cartulaire de Romainmotier, édit. Fred. de Gingins (Mémoires et do- cuments publiés par la Societé d'histoire de La Suisse Romande, III), p. 445. (3) « Instabat autem festivitas protomartyris Stephani, in quibus festi- vitate Rainaldus comes justitiam fasere consueverat omni proclamanti ad se. » (Ibid.) (4) « Actum est hoc publice in curiam Bisonticensem civitatem. » (Ibid.) — 209 — Romainmotier, il aurait remarqué la présence de l'archevêque dans la cour où siégeait Renaud, et il aurait pu constater que les assesseurs de ce tribunal avaient été pris, moitié parmi les officiers du comte, moitié parmi les hommes du prélat. À ces indices, il aurait reconnu sans peine un de ces plaids mixtes, présidés conjointement par l'archevêque et le comte, où se portaient, dès le X° siècle, les causes qui naissaient entre une partie laïqueet une partie ecclésiastique. Ce tribunal mixte con- tinue ses séances à Besançon pendant le XI° siècle toutentier, et nous voyons les comtes de Bourgogne y venir prendre séance à des époques où nos adversaires comptent à la puissance tem- porelle des archevêques de Besançon de longues années d’exis- tence. Le cartulaire de Romainmotier va nous en fournir des preuves. Cette fois, c’est Amaury 1° de Joux, qui veut con- traindre les hommes du prieuré de Romainmotier aux cor- vées les plus accablantes. Le débat qui s’élève entre le seigneur et les serfs du monastère est porté devant le tribunal mixte de Hugues I*, archevêque de Besançon, et de Guillaume le Grand, comte de Bourgogne, où les parties concluent un arran- gement. La charte qui nous révèle ces faits a été rédigée dans la chambre du prélat Hugues 1% (1), pendant l'intervalle qui sépare les années 1057 et 1066 (2). Dix ans après (1075 environ), la même querelle fut portée de nouveau devant la même cour. L’archevêque Hugues IT ne siégea point au tribunal; il s’y était fait représenter par les abbés de Saint- Paul, de Saint-Martin et le doyen de Saint-Etienne. Amaury se désista de toutes ses prétentions sur les hommes de Ro- mainmotier, moyennant une indemnité de onze sous qu’il reçut du prieur Etienne (3). Les deux documents que nous venons d’analyser nous ont montré le comte Guillaume le Grand tenant des plaids à Be- (1) «... apud Bisuncium, IN CAMERA ANTISTITIS HUGONIS, in Conspectu ejusdem prenominati pontificis et in presentia Guillelmi comitis.» (Cartul. de Romaïinmotier, dans les Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire de la Suisse Romande, II, p. 452.) (2) Duvernoy, Récit préliminaire de l'histoire des sires de Joux, par le Baron d’Estavayer (Documents inédits publiés par l'Académie de Besançon III), page 123. (3) Cartulaire de Romainmotier, p. 453. — 210 — sançon et jusque dans le palais de l'archevêque, vers 1065 et 1075, c’est-à-dire vingt-deux et même trente - deux années après la date fixée par nos auteurs pour l’origine du pouvoir temporel des prélats bisontins. Si donc en 1075, c’est-à-dire à une époque où la prépondérance de l’archevêque à Besançon est incontestable et incontestée, si, dis-je, en 1075, le comte rend encore en personne la justice dans le palais de nos pré- lats, on ne peut s'appuyer sur un fait semblable pour refuser, en 1040, toute influence politique à Hugues I%. La première citation de M. Duvernoy n’a donc aucune portée. Passons à la seconde. Elle est tirée de la légende de saint Agapit. L’agiographe, après avoir célébré en termes magni- fiques les grandes réformes opérées par l’archevêque Hugues I°", exprime dans les termes suivants l'influence qu’exerçait l’il- lustre prélat dans sa ville épiscopale : « L’archevêque Hugues, dit-il, parvint à obtenir dans la ville un tel pouvoir, grâce aux priviléges du Souverain Pontife et aux diplômes de l’'Em- pereur, que toute influence laïque y fut à jamais annulée (1). » M. Duvernoy a pensé qu’en parlant des diplômes de l’Empe- reur concédés à Hugues I‘, le rédacteur de la légende avait voulu désigner cette fameuse charte d’investiture, base du système que nous combattons. Une telle interprétation ne saurait être admise. Si le légendaire avait eu en vue un diplôme aussi important que celui dont nos historiens ont voulu honorer Henri III, il lui aurait, sans aucun doute, consacré une mention spéciale et ne l'aurait pas confondu avec les nombreuses chartes impériales qui vinrent ratifier chacune des restaurations opérées par Hugues [%. Nous croyons beaucoup plus sage d’appliquer les termes de la lé- gende de saint Agapit à ces diplômes de Henri IIL et à ces bulles de Léon IX qui se pressaient à l’envi pour sanctionner ou bénir les victoires nombreuses que le grand archevêque remportait sur le pouvoir séculier. Ainsi s’expliquera le rap- prochement établi par l’auteur de la légende entre les bulles pontificales et les diplômes impériaux. On nous permettra de (1) «Civitatem tanta auctoritate premunivit (Hugo), tum a Papa privile- giis, tum ab Imperatore præceptis ut nullus ulterius in ea dominari præsu- mat persona laicalis.» (De Sancto Agapito, apud Acta S.S. Augusti, LIT, 531) — QU — citer ici quelques-uns des actes de Henri III, que le biographe de saint Agapit nous paraît avoir voulu désigner : 4° confir- mation des propriétés de l'Eglise de Besançon dans le comté de Vaud (septembre 1043) (1) ; 2° charte confirmative des posses- sions de l'Eglise de Besançon {décembre 1043) (2) ; 3° charte de Henri III, sanctionnant le rétablissement du monastère de Saint- Paul (1045) (3); 4° approbation donnée par l'Empereur à la res- tauration du chapitre de Saint-Etienneljuillet 1049) (4). Dans tous ces actes, l'Empereur qualifie Hugues [°° du titre de vassal (fidelis noster). De ce seul mot, Dunod (5) a tiré la preuve d’une récente investiture donnée à Hugues I par son souverain. Nous verrons volontiers, avec l'historien de notre Eglise, Hugues I® prêtant hommage à Henri III et devenant son vassal pour la seigneurie temporelle de Besançon. Mais sous cette investiture se cache pour nous, non pas une gracieu- seté de l'Empereur, mais bien un acte de revendication et de contrainte. Quand Henri [IT arriva au trône de Bourgogne, 1l trouva les prélats de son nouveau royaume en possession des droits régaliens de leurs cités. Arracher aux évêques leur sceptre temporel, c'eût été s’aliéner à Jamais la caste prépon- dérante d’un pays que Conrad avait eu tant de peine à sou- mettre. Henri IIT était trop habile pour y songer. Désirant cependant exercer au moins une autorité nominale dans les plus belles villes de son royaume, il força les évêques à entrer dans son vasselage et changea leurs principautés en bénéfices. Ainsi, apparaît clairement ce contre-sens de nos historiens, qui nous ont représenté Henri III comme le créateur de la puissance temporelle des archevêques de Besançon. Ce prince, loin de favoriser l’accroissement des seigneuries ecclésiasti- ques de la Bourgogne, enleva à nos prélats tout ce qu'il crut pouvoir leur arracher sans compromettre sa nouvelle couronne, à savoir le domaine éminent de leurs principautés. Avec cette nouvelle interprétation, la charte d’investiture de Henri IIT de- (3) Dunod, Hist. de l'Eglise de Besançon I, pr. pp. XXXIX-XLII. (4) Ibid. L-L1. (5) Ibid. (N). — 912 — vient un rêve dont nous croyons avoir assez longuement battu en brêche tous les étais. Le pouvoir temporel des archevêques de Besançon ne naît plus à une époque fixe et déterminée : il ré- sulte, au contraire, d’une longue série d’empiétements dont il nous reste à présenter un rapide tableau. IT FORMATION. Dès l’époque romaine, les évêques avaient franchi les limites de leurs attributions spirituelles pour exercer une juridiction sur les clercs, les pauvres, les veuves, les orphelins et les af- franchis. Devenus presque partout défenseurs de la cité, ils conquirent sur les populations urbaines une influence que l'oppression du gouvernement impérial et les invasions des Barbares augmentèrent encore. Médiateurs nécessaires entre les vainqueurs et les vaincus, les chefs des tribus conqué- rantes ne négligèrent rien pour les gagner à leur cause. À ces souverains improvisés, les évêques apportèrent leur expé- rience pour créer les lois, leur savoir pour les codifier, leur influence sur les populations pour les faire observer. Les hon- neurs, les richesses, le crédit qui récompensèrent de tels ser- vices, placèrent bientôt l’épiscopat à la tête des ordres de la nation. Nous connaissons l’ascendant qu'avait pris à la cour de Clotaire IT l’évêque de Besançon Prothadius. « Il avait su, dit son biographe, inspirer au roi tant d’affection ou tant de crainte, que le monarque ne croyait devoir rien entreprendre dans son royaume, sans l’assentiment du saint évêque. Son attachement pour Prothadius allait si loin que dans ses lettres il lui donnait les titres de Père et Seigneur, se disant, lui qui portait le diadème, son fils et son serviteur (1). » Que l’on (D) « Clotharius denique rex tantæ delectioni sive timori eum habebat quod, absque ejus nutu sive consilio, nihil in regno agere præsumebat ; quem adeo miro affectu colebat ut in omni seripto Patrem et Dominum appellaret et se, rex magnificus, servum ac filium subjiceret. » (De sanclo Prothadio, apud J.-J. Chiffletii, Vesontio, IT, 131.) — 213 — joigne à cette faveur du prince, la réputation de sainteté dont jouissait Prothadius et l’on ne s’étonnera pas qu’on ait pu dire de lui : « Les rois et les grands le redoutaient beaucoup (1). » Ses successeurs, Donat, Miget, Ternat, Gervais et Claude, tous issus de familles princières, affermirent encore la pré- pondérance de l’épiscopat bisontin et augmentèrent les do- maines de notre Eglise (2). Sous de tels prélats, toute puis- sance séculière était, sinon anéantie, tout au moins paralysée dans la ville de Besançon. Qu’étaient de pauvres comtes ro- mains ou barbares en présence d’évêques qui faisaient trembler les rois ! On pouvait appliquer aux évêques de Besançon ces énergi- ques paroles du roi Chilpérice : « Voici que notre fisc est appau- vri; nos richesses ont passé aux Eglises. Il n’y a plus de rois que les évêques ; notre dignité a péri pour devenir la proie des évêques des cités (3). » Si telle était l’omnipotence des évêques dans les états d’un prince « qui ne haïssait rien tant que les Eglises (4) » et que, dans son indignation, Grégoire de Tours a surnommé /e Néron et l’Hérode de son temps (5), quelles ne devaient pas être les prérogatives des prélats de notre ville, qui relevaient du roi Gontran, le plus dévot des princes de la famille de Mérovée (6) ? Sous ce monarque, dont l’unique jouissance était d'entendre chanter les psaumes (7), les canons des conciles devinrent des lois de l’Etat (8), et les Eglises s’enrichirent des plus (1) « Reges ac principes maxime eum metuebant. » (De sancto Prothadio, apud J.J. Chiffletii Vesontio IT, 129). (2) «… redditus quos pro sede acquisierat.» (De sancto Migetio Ibid., p. 162.) (3) « Ecce pauper remansit fiscus noster, ecce divitiæ nostræ ad Eccle- sias sunt translatæ ; nulli penitus, nisi soli episcopi regnant ; periit honor noster, et translatus est ad episcopos civitatum. » (Gregor. Turon., Histo- ria Francorum, lib. VI, c. xLvI.) (4) « Nullum plus odio habens quam Ecclesias. » (1bid.) (5) « Nero nostri temporis et Herodes. » (Ibid.) (6) « [pse autem rex, ut sæpe diximus, in eleemosynis magnus, in vigi- liis atque jejuniis promptus erat.» (Gregor. Turon., Histor. Francor., lib, IX, c. xx1.) — « Cum sacerdotibus utique sacerdotis instar se osten- debat. » (Fredegarii Chronicon.) (7) Gregor. Turon., Historia Francorum, lib. VIII, c. 11. (8) Synodi Valentinensis, Matisconensis, Lugdunensis, Pictavensis ; apud Sirmondi, Concilia antiqua Galliæ, 1, 379-391. — A4 — fructueux priviléges (1). On vit la basilique de Maurienne devenir propriétaire de toute la contrée environnante et son évêque y exercer la puissance souveraine (2). Si Gontran put se montrer aussi magnifique envers une Eglise qui tirait son lustre de la possession de deux doigts de saint Jean-Baptiste, on imagine aisément l’étendue de ses largesses envers le clergé de Besançon, qui s’enorgueillissait de l’un des bras du premier martyr de la foi. Aussi ferons-nous remonter à cette époque l'origine de la plupart des domaines temporels de nos arche- vêques. Conséquemment ils étaient dès-lors en possession du droit de battre monnaie, droit inhérent à la qualité de grand propriétaire foncier (3). Ils en affermaient les revenus à un officier appelé monétaire, qui plaçait sur les espèces son effi- gie, son nom et son titre de délégué du siége métropolitain, DE SEDE LEGATVS. Ainsi, traduisons-nous les sigles DESELEGS, DLE, DLS, qui se voient sur les triens du monétaire Gen- nardus (4) et que les plus habiles numismates avaient tenté vainement d'expliquer (5). S'il était besoin d'invoquer une autorité à l’appui de l'opi- nion que nous avons émise sur l'ancienneté des richesses de nos prélats, nous ferions parler l’abbé Bullet, suivant lequel « l'Eglise de Besançon devrait aux princes mérovingiens une bonne partie de ses terres » (6). « Si elle les avait tenues, ajoute-t-il, de la libéralité des princes carlovingiens, ou des (1) De S. Gunthramno rege, apud Acta SS. Martii, IIT, 719 et seq. (2) « Insuper eidem écclesiæ Maurianensi..... Secusiam civitatem sub- jectam esse præcepit, cum omnibus pagensibus lociillius, qui nominantur publici curiales, et cum duabus clusis S. Martini, primamque castelli hærentis civitati : concessit autem vallem Cottianam, in gyrum Maurianæ structam.... Concessit autem et leudes et graffiones, qui cum comitibus marcam defendebant, ut ab eo deinceps episcopo Mauriennæ obedirent, et in omnibus subditi essent.» (Vita S. Tygriæ virginis apud Acta SS. Junii. V, 75.) (3) B. Fillon, Considérations historiques et artistiques sur les monnaies de France (Fontenay-Vendée, 1850, in-80), p. 43. (4) Plantet et Jeannez, Essai sur les monnaies du comté de Bourgogne (Lons-le-Saunier, 1855, in-40), pp. 14-16, pl. IT, fig. 1, 2, 3. (5) « Quant au mot DESELEGS, il n’a pas encore été expliqué. » (Ibid., p. 14.) (6) Dissertation sur l’état des évêques en France sous la première race de nos rois, dans les Dissertations sur plusieurs points curieux de l'histoire de France, Paris, 1771, in-12, p. 298. — 915 — rois de Bourgogne, ou des Empereurs d'Allemagne, il en res- terait quelque monument (1). » Le vide absolu qui se fait sentir dans nos archives pour les temps les plus reculés de l’histoire religieuse de Besançon, n’embarrasse point le savant abbé. Il examine avec soin ce qui se passait à des époques identiques dans des villes soumises aux mêmes conditions que la nôtre, mais qui, plus heureuses qu’elle, ont pu conserver, sans in- terruptions graves, la chaîne de leurs traditions. Puis, usant du procédé de l’analogie, sans lequel l’histoire ne serait qu'une chronologie sèche et insipide, il affirme judicieusement que l'Eglise de Besançon a dû nécessairement passer par les mêmes phases que ses voisines. « L’archevêque de Besançon, dit-il, conformément à cette police établie par les Mérovingiens, avait dans cette ville une juridiction temporelle (2). » Dans sa dissertation, qui passe à juste titre pour l’une des plus remar- quables qui aient été écrites sur l’histoire de France, l'abbé Bullet, s'appuyant tour à tour sur les chroniqueurs et les légen- daires les plus respectables, a parfaitement établi les limites du pouvoir temporel des évêques durant la période mérovin- gienne. Nous nous contenterons de citer sa conclusion, qui résume en peu de lignes tout l’ensemble de ses recherches. « On a vu, dit-il, que les prélats, dès la conversion de Clovis, ont forméle premier ordre de l'Etat ; qu’ils ont toujours oc- cupé la première place dans les assemblées nationales ; qu'ils ont eu sous les rois mérovingiens la principale part dans l’ad- ministration publique ; qu’ils étaient alors dans une si grande considération, que ces souverains accordaient la liberté aux captifs à leur volonté, et la grâce aux criminels qui se réfu- giaient dans le parvis de leur Eglise ; que ces princes, dans leur absence, leur confiaient leur suprême autorité ; que dès lors les évêques jouissaient de tous les droits régaliens ; que ces monarques leur ont donné des principautés, des villes, d'immenses domaines ; qu'ils les ont comblés de richesses ; qu’il ont, pour ainsi dire, partagé avec eux leur puissance, (1) Dissertation sur l’étut des évêques en France sous la première race de nos rois, dans les Dissertations sur plusieurs points curieux de l'histoire de France, pp. 298 et 299. (@) Ibid., p. 262. — 916 — leur grandeur et leurs terres ; qu’ils ne se sont réservé que ce qui ne peut se communiquer sans se détruire, la haute souve- raineté ; de sorte qu'on peut dire avec vérité que jamais l’épis- copat n’a eu tant de splendeur temporelle, que jamais il n’a eu tant d'autorité, que jamais 1l n’a été en si grande considération, que jamais il n’a possédé tant de biens que sous la première race de nos rois (4). » Quant à la nature des moyens qu'avaient employés les évêques pour armer leur bras d’un pouvoir si redoutable, elle a été appréciée par l’abbé Mably, historien grave, dont M. Guizot n’a pas dédaigné de se faire le continuateur. « Les ecclésiastiques, dit-il, qui songeaient à tirer parti des passions des Mérovingiens, avaient soin de leur mettre sous les yeux toute la rigueur des jugements de Dieu, et, par je ne sais quelle inconséquence, pensaient cependant qu’on peut désar- mer sa colère à force de fondations pieuses. On croyait, en quelque sorte, dans ces siècles grossiers, que l’avarice était le premier attribut de Dieu, et que les saints faisaient un com- merce de leur crédit et de leur protection. De là ces richesses immenses données aux Eglises par des hommes dont les mœurs déshonoraient la religion; et de là le bon mot de Clovis, que saint Martin ne servait pas mal ses amis, mais qu’il se faisait payer trop cher ses peines (2). » La décadence mérovingienne fut fatale à l’épiscopat. En même temps que les Sarrasins ravageaient nos belles provinces, les seigneurs réagissaient contre la puissance des prélats et dépouillaient les Eglises de leurs plus riches propriétés. On vit Charles-Martel vainqueur distribuer les abbayes aux plus vail- lants de ses compagnons d’armes. Son fils, Pépin, dont le clergé favorisait si puissamment les projets ambitieux, s’efforça de provoquer partout la restitution des biens enlevés aux Eglises. Charlemagne combla les évêques des faveurs les plus signa- lées. Le grand empereur ne cessait de recommander aux comtes «de vivre en parfait accord avec les prélats, de leur prêter sans (1) Dissertation sur l’état des évêques en France sous la première race de nos rois, dans les Dissertations sur plusieurs points curieux de l'histoire de France, pp. 300-302. (2) Observations sur l'histoire de France, liv. I, c.11; édit. Brizard, Kehll, 1788, in-12 ; I, 285 et 286. — 91 — cesse le secours de leurs bras et de leur être, en toute occasion, parfaitement soumis (1). >» Malgré les marques de haute con- fiance et les libéralités dont Charlemagne et Louis le Débon- naire furent si prodigues envers notre archevêque Bernouin, issu des rois d'Austrasie, l'Eglise de Besançon n'atteignit ja- mais, sous la seconde race, l’état de prospérité où l'avaient élevée les héritiers de Clovis. Les hautes dignités de la cour d’Aix-la-Chapelle assuraient, il est vrai, la préséance du prélat dans les murs de la cité; mais cet honneur était presque sté- rile. Si Bernouin percevait dans la ville tous les droits réga- liens, c'était en qualité de mandataire de l'Empereur, à qui il en devait un compte fidèle. Les guerres civiles qui empoisonnèrent les derniers jours de Louis le Pieux, non moins que les courses incendiaires des Normands, vinrent interrompre les relations de la couronne avec les provinces. Ce fut le signal d’usurpations universelles. Tandis que les comtes levaient audacieusement, dans les cam- pagnes, l’étendard de la révolte, les évêques s’emparaient, dans les cités, de tous les droits utiles qu'ils avaient perçus jusqu'alors pour le compte des souverains. Sous le règne de Charles le Chauve, prince aussi lâche qu'ambitieux, avide de couronnes qu'il savait mal porter et de provinces qu'il ne pouvait pas défendre, la royauté carlovin- gienne se vit dépouiller de la dernière ombre du prestige qu'elle avait exercé jusque-là vis-à-vis du clergé et de l’aris- tocratie. « Charles, dit dom Clément, ne sut ni se faire aimer du peuple qu’il surchargea d'impôts, ni se faire craindre des grands qui se prévalurent de sa faiblesse pour lui faire la loi, ni se faire respecter des évêques, devant lesquels il avilit la majesté royale en reconnaissant qu'il la tenait de leurs mains, et qu’ils avaient le pouvoir de la lui retirer s’il abusait de son autorité (2). » Ainsi s'expliquent et cette indépendance recon- nue aux grands feudataires, et ces concessions des droits de tonlieu et de monnaie dont notre archevêque Arduic obtint la restitution, en même temps que la plupart des prélats ses contemporains. La corrélation parfaite qui unit ces événements (1) Capitularia Caroli Magni, passim. (2) Art de vérifier les dates, 3° édition, Paris, 1783; I, 560. 15 — 918 — nous a toujours fait envisager les libéralités de Charles le Chauve envers les principaux siéges de la Gaule moins comme un acte de piété que comme un acte de politique. Si le timide souverain avait à ménager les seigneurs, qui défendaient le pays contre les invasions étrangères, il ne devait pas se mon- trer moins caressant envers les évêques, qui n'étaient que trop disposés à favoriser les dissensions intestines qui venaient, à chaque instant, compromettre sa domination. Pour les attacher à sa fortune, il en fit les uniques dépositaires de sa puissance dans les provinces (1). La soustraction de la Bourgogne au territoire de l’Empire et la création d’un trône nouveau en faveur du duc Boson (879), vinrent encore aider à l'émancipation de notre siége archiépiscopal. Le prélat Thierry, qui tour à tour posa le dia- dème sur la tête de Boson et l’arracha à son malheureux fils pour en gratifier le comte Rodolphe de Stratlinghen, fut ho- noré du titre de chancelier de la Bourgogne transjurane. Sous son épiscopat, la ville de Besançon, située sur les limites in- certaines de trois ou quatre royaumes, ne subissait l'influence d'aucune de ces monarchies éphémères. Le puissant Thierry était vraiment roi dans sa ville archiépiscopale. Mais voici les hordes hongroises, armées du glaive et de la flamme, qui vont dévaster la Bourgogne et réduire en cendres Besançon avec ses deux cathédrales. La grandeur de nos prélats sera ensevelie sous les ruines de leurs basiliques, et la ville, privée de ses murailles, sera toute grande ouverte à l'influence des seigneurs, qui s’agiteront sur tous les points de la province. Au milieu du x° siècle, ce revirement était consommé. Aussi quand, en 949, le roi Louis IV vint cam- per avec son armée dans les environs de notre ville, c’est le comte Létalde qui lui fit les honneurs de Besançon, où il régnait en maître (2). Près d’un siècle plus tard, en 1044, un autre monarque, l'Empereur Henri III, viendra dans les murs (1) « Episcopi, singuli in suo Episcopio, MissarTici nostri potestate et auctoritate fungantur.» (Capitul. CaroliCalvi, an. 846, art. XII.) (@) « Rex (Ludovicus IV) in urbem Vesuntium..….. exercitum deducit, at- que ibi Letoldus, ESUSDEM URBIS PRINCEPS, ad ejus militiam cum sacra- mento transit.» (Richerii Historia sui temporis, apud Pertz, Monumenta Germanicæ historica, III, 609.) — 919 — de Besançon pour célébrer ses fiançailles. Il y sera reçu par un prélat qui dominera sans partage sur la cité. Cette restau- ration du pouvoir temporel des archevêques, notre Eglise la devra au génie de Hugues I*. | L'enchaînement des faits que nous venons de développer suffira, nous l’espérons, pour démontrer combien est erronée l'opinion de nos historiens, qui ont considéré Hugues I*° comme le créateur de la puissance temporelle des archevêques à Be- sançon. Nous croyons avoir donné un assez grand nombre de preuves que Hugues [°° ne fit que ressaisir ce que les irruptions hongroises et l’avidité des princes laïques avaient enlevé à son Eglise. Son pouvoir ne dépassa pas les bornes qu'avait atteintes celui des évêques Prothade, Donat, Arduic et Thierry. Voyons, en effet, de quoi se composait le fief de la régalie, que Hugues I° tenait de l’Empire. Les régales, à part quelques menues redevances que nous laisserons provisoirement de côté, consistaient dans l’abbaye de Bregille, le droit de battre mon- naie, un tribut sur les marchandises qui entraient à Besançon, et enfin la juridiction temporelle que l'archevêque exerçait par ses tribunaux de la mairie et du vicomté (4). Nous allons passer en revue chacun de ces droits fondamen- taux du fief de la régalie et essayer de donner des preuves que nos archevêques les possédaient tous dès avant l’avénement de Hugues [*. Abbaye de Bregille. — Ce monastère, fondé au vu siècle par Amalgaire, duc de la Basse-Bourgogne, pour sa fille Adalsinde (2), avait été usurpé par un seigneur laïque cent ans après sa fondation. Nos archevêques le revendiquèrent au ix* siècle, et Charles le Chauve s’empressa de l’adjuger à leur domaine (3). Monnaie. — « L'Eglise possédait à titre de particulier; c’est par conséquent en qualité de propriétaires que les évêques bat- taient monnaie. Ils en usaient absolument comme les rois sur (1) Dunod, Histoire de l'Eglise de Besançon, I, 115. (2) Annales ordinis S. Benedicli, I, 442. (3) « [llam igitur abbatiam Bergiliarum, cum appenditiis suis... quam Imperator Karolus, sicut ex antiquis scriplis cognovimus, Arduico archie- piscopo bisuntino antiquitus contulit..…..» (Diploma Frederici 1, 30 decem- bris 1164. Pièces justificatives n° x.) — 220 — leurs domaines. Les monnaies des Eglises (à l’époque méro- vingienne) commencent à être connues, grâce à de récentes découvertes. Le cabinet national et les collections d'amateurs possèdent celles de Limoges, de Châlons, d'Angers, de Sois- sons, de Sens, du Mans; les pièces, plus caractéristiques, s’il est possible, des évêques Lambert et Eupardus, et celle moins certaine de Pierre de Lyon (1). » Nous ajouterons à cette liste les monnaies des évêques de Besançon. On a vu plus haut que les triens bisontins du mo- nétaire Gennardus (2), qui peuvent être attribués à la dernière moitié du vi* siècle, ne sont point, comme on l’avait cru jus- qu'ici, les produits d’un atelier royal, mais bien des espèces émises par nos prélats. A partir de Pépin, les petits ateliers monétaires disparurent. « Le droit d'émettre des espèces ne fut plus le privilége de là propriété du sol, mais une prérogative exclusive de la royauté (3). » La dissolution de l'Empire de Charlemagne entraîna pour la seconde fois la ruine de l’unité monétaire. Les seigneurs et les évêques, redevenus propriétaires des cantons et des cités, s’emparèrent des hôtels des monnaies, où ils continuèrent à frapper des espèces au type impérial. Notre archevêque Arduic ne fut pas l’un des derniers à saisir cette lucrative proie dans les dépouilles de la monarchie carlovingienne. Charles le Chauve, ne pouvant la lui reprendre sans compromettre sa couronne, s’empressa de lui en faire hommage (4). Il comptait follement sur ce cadeau dérisoire, pour attacher l’ambitieux prélat aux intérêts de son Empire. N’avait-on pas vu, en 548, Justinien, « fidèle à la tactique de tous les pouvoirs qui crou- lent », concéder au roi des Francs le droit de monnayage qu'il ne pouvait lui retirer ? Nous avons deux deniers d'argent pro- venant des ateliers d’Arduic. Tous deux portent au droit le monogramme carolin cruciforme avec la légende GRATIA p-1 (1) B. Fillon, Considérations historiques et artistiques sur Les monnaies de France (Fontenay-Vendée, 1850, in-8o), p. 24. (2) Plantet et Jeannez, Essai sur les monnaies du comté de Bourgogne (Lons-le-Saunier, 1855, in-40), p. 14, pl. If, fig. 1-3. (3) Fillon, ouvrage cité, p. 51. (4) Dunod, Histoire de l'Eglise de Besançon, 1, 81. — 22 — REx. Les revers présentent un point commun, c’est la croix qui décore leur champ; mais ils diffèrent essentiellement quant aux légendes. Sur l’un on lit : BESENCIONE civiras; sur l’autre, SCI STEPHANI MONEÉQ (1). Tribut sur les marchandises. — Ce n’est autre chose que le droit de tonlieu, qui, après avoir eu la même origine, suivit toutes les vicissitudes du droit de battre monnaie (2). Juridiction temporelle. — A l’époque dont nous nous occu- pons, le droit de justice ne se séparait point du droit de pro- priété. Or, à mesure que, par suite des donations pieuses, les domaines ecclésiastiques s’étendaient dans la cité, le nombre des justiciables du comte diminuait de plus en plus. Hugues [°, grâce aux restitutions que la terreur de l’an 1000 fit naître dans tout le monde chrétien, grâce aussi à la guerre qu'il fit lui- même aux envahisseurs, arriva rapidement à être le proprié- taire ou le seigneur de toutes les parties du territoire de Be- sançon. Dès lors il devint juge suprême dans la cité et put s’in- tituler dans ses actes PATRUM PRINCEPS CRISOPOLITANUS ET JUDEX. Nous voyons ainsi que l'expulsion violente du comte par l’Em- pereur et le prélat est encore un fait imaginé par nos historiens. Si le comte cessa d'exercer la justice sur les citoyens de Be- sançon, c’est qu'il n'avait plus dans la ville un seul coin de terre et par là même un seul homme relevant de son tribunal. De tout.ce qui précède, nous croyons pouvoir conclure qu’il était inutile de supposer l'existence d’une donation formelle de la cité de Besançon, tandis qu’on peut suivre à travers les siè- cles la marche progressive et naturelle du pouvoir temporel de ses archevêques. (1) Plantet et Jeannez, ouvrage cité, pp.24 et 25; pl. IT, fig. 13 et 14. (2) « Arpuicus..……. Teloneum Bisuntii obtinuit a Karolo rege.» (Vetus catalogus archiepiscoporum bisunt. (Dunod, Hist, des Seq., pr. p. v.) — 922 — CHAPITRE TROISIÈME. BESANCON SOUS LE RÉGIME FÉODAL. « Une puissance violente et toute personnelle, née de l'invasion des mœurs barbares, s'était em- parée de tous les débris de la vieille societé civile; l'action du temps l'avait formée, une révolution seule pouvait la briser » (Aveusrin Tuieray, Essai sur l’histoire du Tiers Etat, 2° fragment.) I. RESTAURATION DE LA VILLE. Ruine de Besancon par les Sarrasins et les Hongrois. Aspect de la ville au x° siècle. La paix et la trève de Dieu. Origine, caractère et projets de Hugues Ier. Besançon à l’avénement de ce prélat. Circonstances favorables aux réformes de Hugues [er. Carac- tère tout féodal de ces réformes. Restauration des Eglises et abbayes de la ville. Fondation du bourg et origine de ses habitants. IT. INSTITUTIONS. lo Droit civil. Des personnes nobles, libres et serves. Etat civil et politique de ces trois classes d'individus. Des biens allo- diaux, féodaux et tributaires. Caractères de ces trois modes de posses- sion. — 2° Droit public. Grands officiers de l'archevêque ; leurs préro- gatives et attributions. Tribunaux. Coup d'œil sur l’administration de la justice à Besancon, de l’époque romaine à la décadence carlovin- gienne. Les trois cours de la Régalie, du Vicomté et de la Mairie; leur compétence et leur manière de procéder. Droits de l’archevéque. La monnaie, le tonlieu, la voirie, le service militaire, etc. Droits de l'Empereur. — Caractère des institutions de Hugues Ier. RESTAURATION DE LA VILLE. Besançon ruiné déjà deux fois aux 1v° et v° siècles par les Ger- mains et par Attila, devait voir encore deux fois les Barbares lui ravir ses murailles et niveler ses édifices. En 736, les Sar- rasins, ces farouches enfants du désert à qui l'Espagne et son or ne suffisaient plus, franchissaient les Pyrénées, traversaient l’Aquitaine et gagnaient les deux Bourgognes, où ils traçaient — 2923 — d’horribles sillons par le fer et le feu (1). Les fils d’'Ismaël n’eurent pas de peine à escalader les faibles remparts de Besan- çon et à saccager ses chétives cabanes. L'incendie ne paraît pas avoir pénétré dans la ville haute, siége des deux cathédrales, séjour du prélat et de son clergé. Les murailles qui ceignaient la montagne résistèrent sans doute à la violence des flammes. Ce désastre laissa tellement appauvries les Eglises de Saint-Jean et de Saint-Paul que, pendant longtemps, elles eurent peine à entretenir trois clercs (2). Durant la paix qui suivit l'avénement de Pépin, la ville ne paraît pas être sortie complétement de ses ruines. Encore en 9114, la vieille cité était tellement réduite qu’on ne lui donnait plus que le nom de Castrum (3). Et cependant elle était encore à la veille d’un nouveau désastre. Sortis des plages fangeuses de la Scythie, les Hongrois s'étaient emparés, vers le temps de Charles le Chauve, de la province de Pannonie, qui, dès lors, a pris leur nom. Ne respi- rant que rapine et carnage, ce peuple hideux ne trouva pas l'Europe trop grande pour satisfaire ses monstrueux instincts (4). Dès 913, on le vit s’élancer sur l’Allemagne, dont il mit à feu et à sang les fertiles campagnes. En 917, ce fut le tour de l'Alsace, de la Lorraine et de la Suisse, dont toutes les villes furent ruinées de fond en comble (5). En 926, de nouvelles (1) Acta SS. ordinis S. Benedicti, edit. d'Achery et Mabillon, Sæcul. [IT, pars I, pp. 525 et 526.— Reinaud, Invasions des Sarrasins en France, (Paris, 1836, in-80), p. 31. (2) « Cujus quidem temporibus, gens aliena, populorum urgente scelere, urbs Crisopolitana combusta, et totus archiepiscopatus adeo vastatus est quod in S. Joannis et in S. Pauli Ecclesiis vix tres clerici possent susten- tari. » (Chron. monasterii S. Pauli Bisunt., apud Acta SS. Junii, 1, 688.) (E ) ECS Joannis Evangelistæ Basilica quæ constructa est in CASTRO VEsoNTICo. » Carta Pharulphi presbyteri, anno 911, apud Fyot, Histoire de saint Etienne de Dijon, p. 13). (4) «Subito orta est tempestas lacrymabilis, cujus immanitatem pene sensit totus orbis. Gens quippe Hungrorum ferocissima, cujus rabiem per sæculum clamant urbium mænia diruta, Ecclesiæ ædificia consumpta, ultione divina, ad afficiendam Ecclesiam quæ falsis christianis exuberavit, ideoque Dominum in multis exacerbavit, numerosis pugnatorum copiis erupit, et veluti acerrima bellua quæcumque invasit, dentibus suis commi- nuit, cætera vero pedibus conculcavit.» (Vita S. Deicoli, abbatis Lutrensis, apud Acta SS. 0. S. B., Sæc. II, p.109.) (5) «m.pcccexvir. —Ungarii, pervasa, utcæperant, Alamannia, Basileam = M — bandes sorties directement de la Forêt-Noire, se précipitèrent encore sur l'Alsace, y mirent en déroute l’armée de Luitfride, comte du Sundgau, franchirent le Jura et ne s’arrêtèrent que devant Besançon (1). La malheureuse ville n’eut à leur opposer aucune résistance. Les Barbares, après s’être baignés dans le sang des habitants, après s'être gorgés de tout ce qui pouvait flatter leurs passions, allumèrent un incendie si violent, que bientôt on put dire de la grande cité des Séquanais ce qu’on avait dit, quelques années auparavant, de celle des Rauraques : «Les Hongrois attaquèrent la ville et en nivelèrent le sol (2).» A ce grand désastre vinrent se joindre les guerres nationales et privées, les fléaux du ciel et ces hallucinations fébriles qui faisaient voir aux populations des croix noires sur le linge blanc, des dragons au firmament. C’est que la vieille Europe se croyait arrivée au terme de son existence, c’est qu’elle attendait avec terreur la venue du Souverain Juge. Dans cette anxiété, les uns se livraient aux plus honteux désordres et don- naient libre cours à leurs passions ; les autres, au contraire, ne savaient que trembler, prier et pleurer. Aussi, dans tout le cours de ce terrible x° siècle, de ce siècle de fer par excellence, n’aperçoit-on que tyrans et victimes. Pendant le x° siècle tout entier, la ville de Besançon dormit sous sa couverture de cendres. Aucune tentative ne fut faite pour la relever de ses ruines et lui rendre son antique splen- ——— urbem destruunt, indeque Alsatia vastata, Lotharii regnum, multa mala facientes, invadunt. » (Hermanni Contracti Chronicon, edit. Ussermann ; Typis San-Blasianis, 1790, in-4o, I, 177.) (1) « Dum hæc sataguntur, navibus Hungri de Schwartzwalde multis paratis, in Alsatiam ipsi priores suas legiones transponunt, et a Luitfrido quodam, terræ illius potentissimo, bello suscepti, plurimo damno sui tandem cruentam victoriam sunt adepti..……. Alsatia tandem qua ierant vastata et cremata, Hohfeldi montem Juræque silvam festinanter transeun- tes, VESONTIONEM veniunt..……. » (Ekkardi junioris De casibus Sancti-Galli, cap. v, apud Pertz, Monumenta Germaniæ historica, IT, 110.) — Ce texte d’un écrivain du xie siècle nous a permis de reculer de onze ans le sac de Besancon par les Hongrois. Nos historiens franc-comtois, qui n'avaient pas connu la chronique d'Ekkard, donnaient l’année 937 comme date de cet événement. (Cf., Ed. Clerc, Essai sur l’hist. de la Franche-Comté, I, 213). (2) «Civitas Basilea ab Hunis expugnata atque æquata est solo. » (Liber de sancti Hidulfi successoribus in Mediano monasterio, apud Pertz, Monu- menta Germanie, 1V, 89.) — 92925 — deur. Ses habitants avaient presque tous pris la fuite ou péri, et c'était à peine si quelques rares demeures indiquaient à l'étranger que là avait existé une ville. Les Eglises ruinées ne retentissaient plus que des cris plaintifs des oiseaux nocturnes. Les clercs erraient dans les campagnes chargés des reliques des saints, et sollicitant de la piété publique une maigre pitance que leurs domaines dévastés ne pouvaient plus leur fournir. Les archevêques, réduits à la misère, étaient devenus les vas- saux des archi-comtes de Bourgogne, qui régnaient en maîtres sur la eité. L'un d'eux surtout, Otte-Guillaume, qui, dès avant l’an 1000, étendait sa domination sur les deux Bourgognes, profita de sa vaste puissance pour tenir en servage l’arche- vêché de Besançon. Il nommait et expulsait à son gré les pré- lats. Les immenses propriétés de notre Eglise étaient devenues la proie de cet audacieux baron, qui les avait inféodées à ses nombreux vassaux. Pour compléter ce chaos, le commencement du xr° siècle amena sur notre malheureux pays tontes les calamités du ciel et de la terre. La guerre rougissait les flots de la Saône, tandis que le mal des ardents et une succession de disettes mois- sonnaient les populations déjà tant de fois éprouvées. C’est alors que les malheureux prêtres de l'Eglise de Besançon en- tonnaient ce chant de détresse : « Nous venons à toi, Seigneur. Humblement prosternés, nous élevons nos voix, parce que les iniques et les superbes, confiants dans leurs propres forces, se dressent de toute part contre nous. Ils envahissent, ils pillent, ils dévastent les terres de Saint-Jean et de Saint-Etienne. Ils font vivre dans la douleur et le dénûment les pauvres quiles cultivent. [ls les font périr parles tourments et par le glaive. Les biens que nous avaient légués des âmes pieuses pour vivre dans ton service sont devenus des proies qu’ils nous ont violemment arrachées. Cette Egliseque tuavais fondée dansles tempsanciens, que tu avais élevée en l'honneur de saint Jean, ton apôtre, et de saint Etienne, ton premier martyr, est assise dans la tris- tesse, et 1l n’est que toi qui puisse la consoler et la délivrer de ses ennemis. Viens à notre aide, Seigneur; sois notre confort et notre appui. Combats ceux qui nqus persécutent. Brise leur orgueil. Tu les connais eux et leurs noms. Tu connaissais leurs corps et leurs cœurs bien avant qu’ils fussent au monde. C’est — 926 — pourquoi, Seigneur, fais-leur sentir la rigueur de ta justice. Fais, si telle est ta volonté, qu'ils reconnaissent leurs forfaits, et délivre-nous dans ta miséricorde (1).» La miséricorde divine devait attendre jusqu’à l’épiscopat de Hugues [I°' pour rencontrer un digne instrument de ses décrets. Au mois de septembre de l’année 1027, était descendu dans la tombe le farouche Otte-Guillaume, qui se contentait du titre de chevalier et exerçait le pouvoir d’un roi (2). Son fils et son petit-fils se partagèrent ses immenses domaines. Les deux Bour- gognes respiraient plus librement. Le doux nom de paix que, depuis le règne de Charlemagne, elles ne connaissaient plus, sortit enfin de la bouche des évêques. Burkard, archevêque de Lyon, convoqua à Verdun-sur-le-Doubs une assemblée des prélats de la Bourgogne pour y proposer la Trève de Dieu. Devant un autel, élevé au milieu des campagnes, Burkard, entouré d’une foule d’évêques et d’abbés, revêtit ses ornements pontificaux, et, la main droite élevée vers le ciel qu'il attestait, prononça à haute voix les paroles suivantes : « Ecoutez, chré- tiens, le pacte de la paix. Je m’engageà ne point attaquerl’Eglise, à ne point violer ses asiles, si ce n’est contre tout malfai- teur qui enfreindrait la présente paix. S'il m'arrive d’y entrer, je me contenterai d’en tirer le malfaiteur et de me saisir de ses armes. Je n’assaillirai ni le clerc ni le moine désarmés, ni ceux qui les accompagnent sans armes. Je n’enlèverai point sans cause legitime ce qui leur appartient. Je ne m’emparerai point du bœuf, de la vache, du porc, de la brebis, de l'agneau, de la chèvre, de l’âne, de l’ânesse, ni de leurs fardeaux. Je respecterai également les oiseaux, le coq et la poule, à moins que je n’en aie besoin pour mes éperviers, et, dans ce cas, je les achèterai pour deux deniers. Je n’enlèverai pas la jument non ferrée ni son poulain indompté. Je ne prendrai point le vilain, la vilaine, les esclaves, les marchands; je ne les détrous- serai ni ne les rançonnerai; Je ne les frapperai pas... Je ne brûlerai ni ne détruirai les maisons, à moins que je n’y trouve (1) Proclamatio antequam dicant Pax Domini, composita a domino Ful- berto, pro adversariis Ecclesiæ. (Dunod, Histoire des Séquanois et de l'Eglise de Besançon, preuves, p. LVII. (2) « Willelmus comes MILES est regionis in nomine, sed re DOMINUS terræ. » (Thietmari Chronicon, apud Pertz, Monumenta Germaniæ, TIT, 845.) — 921 — mon ennemi à cheval et armé, ou bien un larron; à moins encore qu’elles ne fassent partie d'un château... Je n’atta- querai ni ne volerai ceux qui conduisent, par terre ou par eau, du vin, des vivres ou d’autres marchandises. Je ne détruirai pas les moulins ; je n’enlèverai pas les denrées qu'ils renfer- ment à moins qu’en vue de nuire à un ennemi. Je ne soudoie- rai point un voleur de grand chemin et je n’entrerai pour rien dans ses larcins (1). » Quand l'archevêque de Lyon eut fini de parler, tous les assistants, ecclésiastiques et laïques, jurèrent de respecter pendant sept ans le pacte de la paix. Durant cette période, ils s'interdisaient tout acte de violence dès le mercredi soir de chaque semaine jusqu’à l'aurore du lundi suivant, et cela pendant deux époques de l’année; à savoir depuis le premier jour de l’Avent jusqu'au huitième jour après l’Epiphanie, et depuis la Septuagésime jusqu’au dimanche de Quasimodo. Ainsi les jours d’hostilité se trouvaient réduits à environ quatre-vingt-quinze. Parmi les prélats qui sanctionnèrent à Verdun cette admirable institution, on aime à rencontrer Gau- cher, notre archevêque. Doux et timide par caractère, frêle et débile par tempérament, il n'osa lever dans son diocèse l'étendard de la réforme, mais il prépara dignement les voies à son filleul et successeur, Hugues I*. Ce prélat était issu de la puissante maison de Salins. Il des- cendait par Ermemburge, sa mère, de Pépin, roi d'Italie, fils aîné de Charlemagne. Elevé dans le palais de Rodolphe IIT, roi de Bourgogne, il dut à sa parenté avec Otte-Guillaume, un ca- nonicat dans l'Eglise de Saint-Etienne qu'il échangea bientôt contre le titre d’abbé de Saint-Paul. Promu, après la mort de son parent Gaucher, au siége métropolitain de Besançon, Hugues I° fut sacré le 7 novembre 1031, par Brunon d'Alsace, évêque de Toul, qui devait bientôt ceindre la tiare sous le nom de Léon IX. Le premier coup d'œil que Le nouvel archevêque jeta sur son diocèse fut pour lui la source d’abondantes larmes (2). (1) Fragmentum concilii Verdunensis, apud P.F. Chifflet, Lettre touchant Béatrix, comtesse de Chalon, pp. 187-190. (2) « Tanta enim Ecclesia, omni religiosori cultu merito veneranda, ab omnibus tenebatur ut vilissima. At postquam prefati loci archiepiscopum divina promovit clementia, cæpit tantis miseriis condolere, suspiria lacry- — 928 — Le sanctuaire était en ruine et abandonné, les cloîtres étaient déserts; des seigneurs laïques détenaient les biens des Eglises (1) et refusaient la nourriture à un clergé chez qui la misère avait engendré la corruption (2). Les deux cathédrales de Saint-Jean et de Saint-Etienne n’offraient plus dans leurs cloîtres écroulés qu'un petit nombre de prêtres réduits à l’'aumône. Saint-Fer- jeux, tombeau des apôtres de la province, était habité par quelques prêtres irréguliers et idiots « qui faisaient de cet asile sacré le séjour de l’irréligion {3).» L'abbaye de Bregille, qu'un diplôme de Charles le Chauve avait incorporée au domaine de nos prélats, le comte de Bourgogne l'avait adjugée à l’une des plus puissantes familles de nos montagnes (4). Le monastère de Jusan-Moutier, fondé à Besançon par le saint évêque Donat, avait partagé le même sort (5). L'Eglise de Saint-Maurice était mosa ducere. » ( Diploma Henrici 111, an. 1049, apud Dunod, Hist. de l'E- glise de Besançon, I, pr. p. XXXIx.) (1) « Civitas, eo tempore, pastorum tam negligentia quam imbecillitate, in laicorum principum consederat potestate. » (De S. Agapito, apud AclasSs. Aug., IT, 531.) — En 1090, Hugues III rendit au chapitre de Saint-Etienne les dîimes qui dépendaient de l'Eglise de Velotte, et qui en avaient été distraites, par suite de l’incurie de ses prédécesseurs, pour être données en fief à des seigneurs laïques (Cartulaire de l’archevéché.).—En 1098, le même prélat restituait aux chanoines de Saint-Jean une rente d’un muids de vin qu'il avait rachetée d’une main laïque. (1bid.) (2) « Clerus vero nullo cultu, nulla religione enitebat ; passim ac temere pro libito quisque vivebat. » (De $S. Agapito, apud Acta SS. Augusti, IT, 531.) (8) « Pastorum negligentia ingruente, ad id devenit ut sicut fuerat summæ religionis domicilium ita fieret irreligiositatis contubernium. Nam laicorum voluntati, a quodam præsule male consulto, prædiis ad eum locum pertinentibus traditis in beneficium, in brevi ita dilapsum est, ut, destructa congregatione, ad beatorum martyrum servitutem, præter admodum paucos sacerdotes idiotas et indociles, nullus remanserit. (Trans- latio S. Ferreoli, apud Acta SS. Junii, LIT, 15.) (4) « Præterea de abbatia Bergeliacensi, statutum est quod comes Ray- naldus Ansericum archiepiscopum de Pontio de Ceys et fratribus ejus..…. in pace stare faciet. » (Tractatus inter Ansericum arch. et Raynaldum co- mitem, 1122. Cartul. de l’archevêché). — I] paraît qu’Anséric parvint à re- couvrer l’abbaye de Bregille, car on lit dans un diplôme impérial, du mois de décembre 1164, au profit de l'archevêque Herbert, que son pré- décesseur Anséric «revocavit hanc Ecclesiam (de Bergiliis), rigore justitiæ, per incuriam et negligentiam prædecessorum suorum injuste alienatam. » (Pièces justificatives n° x.) (Sens in urbe bisontina, monasterium sancte Dei genitricis Marie, quod vocatur Jusanum, cum omni libertate, quod (abbatia Balmensis) ac- quisivit a Wällermo comite et filiis ejus et Rufo Widone..….… (Carta Hu- — 229 — devenue la proie d’une famille féodale qui en affermait les revenus à un clerc désordonné (1). Une vieille famille bison- tine avait usurpé les deux Eglises de Saint-Pierre et de Saint- Laurent qu’elle considérait comme ses fiefs (2). Toutes les belles prérogatives de l’archevêché, son atelier monétaire, les droits qu'il percevait sur les marchandises (3), les prestations que lui payaient les Eglises, ses immenses domaines des deux Bour- gognes , tout cela lui avait été violemment ravi « durant les querelles des prélats avec les comtes (4)» Le territoire de la ville ou plutôt de la campagne désolée qu’on appelait Besançon, avait été occupé pendant les jours néfastes, tant par les quelques grandes familles gallo-romaines qui avaient échappé au fer des Barbares que par les seigneurs du voisinage. A peine restait-il quelques manses aux cleres des deux cathé- gonis IT, an. 1083, apud J.-B. Guillaume, Hist. des sires de Salins, 1, pr. pp. 27-29.) (1) «Raymundis de Mooles, nobilis femina vidua, dat Ecclesie sancti Ste- phani casamentum quod ab archiepiscopo tenebat. S. Humberti decani de Amox prepositi predicti casamenti et presbyteri S. Mauricii AD IDEM BENEFICIUM PERTINENTIS. » (Carla Hugonis 111, archiepiscopi bisuntini, an. 1097, apud Documents inédits publ. par l'Acad. de Besançon, 11, 309.) — «Abbatia S. Maurici..…. quam de LAICALI MANU redemi.» (Carta Hugo- nis 111, an. 1098. Cartul. de l'archevèché.) (2) Charte par laquelle Renaud de Saint-Pierre, chevalier, engage, au mois de décembre 1234, pour la somme de 150 livres, qu'il a reçue de l’ar- chevêque Nicolas, la moitié de l'Eglise Saint-Pierre et de la chapelle de Saint-Laurent, qui dépendaient de son fief. (Pièces justificatives, No xix.) (3) La maison d’Abbans s'était emparée des contributions que levait le prélat sur le vin (foragium) et les voitures (roagium) qui entraient dans la ville, ainsi que de son droit sur les langues des animaux abattus dans les boucheries. Cet ensemble de prérogatives ne fut racheté qu’en 1256 par l'archevêque Guillaume de la Tour. (Pièces justificatives, N° xx.) (4) « Plura autem quæ, AGENTE DISCORDIA INTER EPISCOPOS ET PRIN- CIPES, AMISERAT, civitati restituit.» (De S. Agapito.) « Wido Matisconensis comes, cum monachus fieri voluit, potestatem de Dublinco, quæ juris erat Ecclesiæ bisuntinæ S. Stephani, QUAM VIOLENTER ET PERANTIQUE TENEBAT... Cluniacensibus dedit. » (Dunod, Histoire du comté, IT, 598.) « Incuria vel ignavia archiepiscoporum in jamdicta Ecclesia degentium, præterea violentia et insolentia pravorum principum et potestate anteces- sorum meorum tortæ consuetudines in terris Ecclesiæ superpositæ sunt. » — Cot aveu si remarquable est du comte Raimond, fils de Guillaume le Grand, qui, en 1093, au moment de partir pour l'Espagne, rendit quelques terres à l'Eglise de Besancon, moyennant une indemnité de 7,000 écus que lui compta l'archevêque Hugues 111, son frère. (Dunod, Hist, du comlé, IT, p. 157, pr. p. 599.) — 930 — drales et aux rares hommes libres qui avaient survécu aux ruines de la cité. Avec le nouvel état de choses, Besançon avait cessé d’être ce brillant foyer des institutions romaines, et le droit municipal n’y subsistait guère que dans la mémoire du peuple à l’état d’un vague mais fécond souvenir. Les maximes, les coutumes, la jurisprudence de la féodalité avaient fait invasion dans la ville, où elles exerçaient leur bru- tale influence. Le bénéfice avait presque universellement rem- placé la propriété franche, et c'était sous cette forme, nouvelle à Besançon, que les comtes avaient distribué à leurs fidèles une bonne partie du territoire de la cité. Dans le tribunal du vi- comte, établi par Otte-Guillaume pour justicier les Bisontins, il n’était question que du duel judiciaire, de l'épreuve du fer chaud et des barbares compositions de la loi Gombette. Tel fut l’aspect navrant qu'offrit à Hugues [°" sa ville épisco- pale. Les circonstances, il faut le dire, vinrent merveilleusement en aide à Hugues 1%. Dans l’année qui suivit son élévation, le roi de Bourgogne, Rodolphe le Fainéant, terminait sa longue et malheureuse carrière. Pendant un règne de trente- neuf ans, ce prince n'avait pu maîtriser ses grands vassaux qu’en acceptant la tutelle des Empereurs Henri IT et Conrad le Salique (1). La récompense ou plutôt le prix de ce service, les deux Césars l'avaient successivement reçu dans l’expec- tative du royaume de Bourgogne que leur avait assurée Ro- dolphe (2). A peine le vieux monarque avait-il fermé la pau- pière qu’un agent de Conrad le Salique s’emparait des insignes de la royauté bourguignonne pour les apporter à son maître (3) (6 septembre 1032). La conduite de Conrad souleva des rives de l'Yonne à celles du Rhône un immense cri de réprobation. Prélats et seigneurs furent unanimes pour prolester contre une domination qui les menaçait dans cette liberté absolue dont ils (1) « Nam regis nomen tantum et coronam habebat. » Chronicon Saxo- nicum, apud Scriptores rer. Francic., X, 230.) (2) Ibid. — Wippo, Conradi Salici vita, apud Pistorium, 1, 431. (3) « Roudolfus, ignavus Burgundiæ regulus, obiit, et diadema ejus regnique insignia Conrado regi per Seligerum allata sunt. » (Herimanni Augiensis Chronicon, ann. 1032, apud Pertz, Mon. Germ., V, 121.) — 9231 — avaient joui sous les rois de Bourgogne. A Conrad, ils oppo- sèrent le comte Eudes de Champagne, neveu de Rodolphe, qu’ils couronnèrent à Vienne (1). Il s’ensuivit une lutte san- glante de quatre années qui se termina par la défaite et la mort du comte Eudes (2) (1037.) Ce triomphe assurait à Conrad le sceptre de la Bourgogne. Néanmoins l’habile monarque, craignant que son nom maudit ne devint le prétexte de révoltes nouvelles, crut devoir placer sur la tête de son fils Henri la couronne que lui avait léguée Rodolphe. C’est dans ce but qu'il réunit, en 1038, la diète de Soleure, où les feudataires bourguignons vinrent plier les genoux devant le fils des Césars (3). Le comte de Bourgogne Renaud ne figurait pas à l'assemblée de Soleure. Pendant sept ans encore, 1l devait continuer, dans ses montagnes, avec le comte Gérard de Genève, une guerre de partisans contre les troupes impériales. Ce ne fut qu’en 41045, et grâce à l’alliance du comte de Montbéliard (4), que Henri IIT put amener à ses pieds ces deux intrépides champions de l'indépendance de la Bourgogne (5). Hugues [°' ne parait avoir pris aucune part active à cette lutte nationale. S'il repoussait du fond du cœur un souverain entaché de simonie (6); s’il désirait ardemment le succès de son rival, auquel il était attaché par les liens du sang et de l’amitié, la (1) Wippo, Conradi Salici vita, apud Pistorium, I, 438. @) « MxxxvII. — Ipso anno, pugna inter Odilonem Gallicæ Campaniæ principem et Gozzilonem Lotharingorum ducem commissa. Odo victus et cum suis fugatus, in ipsa fuga interiit. » (Herimanni Augiensis Chronicon, apud Pertz, V, 122.) (8) « Convocatis cunctis principibus, generale colloquium habuit cum eis… Transactis tribus diebus generalis colloquii, quarta die, primatibus regni cum universo populo laudantibus, Imperator filio suo Henrico regnum Burgundiæ tradidit. » (Wippo, Conradi Salici vita, apud Pisto- rium, 1, 438.) (4) « Eodem anno (1044), Ludovicus comes, Reginoldum principem..…. regi Henrico inimicum.…., vicit et fugavit.» (Hermanni Contracti Chro- nicon, apud Pistorium, I, 138.) (5) « Reginaldus et Geroldus Burgundiones, regi, apud Solodurum, ad deditionem venerunt. » (1045) (Ibid.) (6) « Nam dum rex (Cunradus) et regina quodam clerico, nobili viro, nomine Udalrico, qui ibi (Basileæ) tunc episcopus effectus est, immensam pecuniam pro episcopatu acciperent..……. » (Wippo, Conradi Salici vita, apud Pistorium, 1, 431.) — 932 — pauvreté de ses revenus ne lui permettait pas de secourir le comte de Champagne autrement que par ses prières. Il avait, lui aussi, des ennemis à combattre, les détenteurs des biens de son Eglise ; une couronne à défendre, son diadème temporel; un royaume à conquérir, sa ville épiscopale. Avec ses propres ressources, il lui était impossible de mener à fin d'aussi vastes projets. Il lui fallait la protection d’un puissant prince ; celle de Henri II devint le prix de l’hommage qu’il rendit au nouveau gouvernement pendant la diète de Soleure (1). Hugues [*' sut mettre à profit, avec une habileté rare, l’af- faiblissement des barons comtois, après leur triple échec. Re- naud avait perdu, dans cette guerre, de nombreuses phalanges, des sommes considérables, et surtout ce prestige de force et de grandeur que lui avait transmis Otte-Guillaume, son père. De là, sans doute, cette timidité du comte et de tous les seigneurs de la province, en présence des réclamations impérieuses de Hugues [°. Soit habileté, soit impuissance, le grand prélat prit soin de conserver, autant qu'il lui fut possible, l’état de choses qu'il trouva constitué dans sa ville épiscopale. Issu d’une race toute germanique, élevé dans une cour toute féodale, il n’avait point horreur des mots fief, bénéfice, alleu, qui sonnaïent si mal aux oreilles des vieux Gallo-Romains. Aussi ratifia-t-il volontiers l'existence de la hiérarchie féodale qui, sous l'influence des comtes, s'était établie dans la ville et dans ses environs. Mais, en l'acceptant, il voulut en devenir le chef et faire prévaloir par- tout son omnipotence. S'il consentit à légitimer les usurpations faites pendant les deux siècles précédents, ce fut à la condition que les détenteurs des biens de l'Eglise viendraient lui prêter hommage. C’est ainsi que les Montfaucon, les Rougemont, les de La Roche, les de Scey, les Faucogney, jusque là vassaux du comte de Bourgogne, vinrent se déclarer casati de l'Eglise (1) Comme preuve de la soumission de Hugues Ier à la diète de Soleure, nous citerons deux chartes de ce prélat, des années 1040 (1er novembre) et 1041 (6 novembre), qui sont datées des années du règne de Henri ITI sur la Bourgogne, Voici la formule de datation d'un de ces actes : « Hacta Crisopoli in sancta sinodo, publice, in kal. novembris, REGNANTE HEINRICO “ REGE ANNO SECUNDO, pontificatus vero domini Hugonis, anno nono. » (Grandidier, Hist. d'Alsace, 1, preuves nos 397 et 398.) — 933 — de Besançon. Les familles nobles, germaines ou romaines, qui peuplaient la ville, reçurent également quittance de leurs em- piètements moyennant l'hommage. Ces nouveaux feudataires du prélat prirent les noms des terres qu’ils tenaient du siége métropolitain et se parèrent des titres de Chevalier, d'Ecuyer et de Damoïseau. Le comte de Bourgogne, dont Hugues I®* anéantissait ainsi la puissance dans la ville de Besançon, ne paraît pas avoir opposé la moindre résistance. Lui aussi se sen- tait coupable de graves usurpations sur les domaines de l’ar- chevêché. Otte-Guillaume, son père, avait spolié les prélats des châteaux de Gray et de Vesoul, des vallées de Quingey et de l’Isle-sur-le-Doubs, de la garde des abbayes de Baume et de Château-Chalon, et enfin du puits àmuire de Lons-le-Saunier (1). Renaud put craindre la perte de ces belles possessions, dans un moment où il avait à résister aux armées de Henri LIT. Ainsi s’expliquerait son adhésion tacite aux actes de Hugues [° et l'hommage qu'il vint prêter à ce prélat pour les fiefs usurpés par son père (2). Les comtes de Bourgogne ont été dès lors les pre- miers vassaux de nos cathédrales, qu'ils devaient défendre pendant leur vie pour y trouver asile après leur mort. Tandis que Hugues [‘ posait ainsi les bases de la constitution politique de Besançon, il n’avait point perdu de vue l’état mi- sérable où gisait la cité. La vieille métropole des Séquanais ne présentait plus aux regards attristés qu’un Castrum entouré de grosses murailles. Cette forteresse couronnait la montagne et renfermait les deux cathédrales de Saint-Jean et de Saint- (1) M. Ed. Clere, fidèle à son système sur la donation de la cité à Hugues ler, nous représente l'Empereur Henri IIT gratifiant du même coup le prélat de tous les domaines que nous avons énumérés; puis il nous montre l'archevêque les sous-inféodant au comte de Bourgogne. Nous pouvons infirmer cette assertion, au moins en ce qui concerne le puits à muire de Lons-le-Saunier, et prouver que cette propriété faisait partie du temporel de l'Eglise de Besancon dès le 1xe siècle et par consé- quent bien avant le temps de Hugues Ier. Nous tirons cette preuve du passage suivant d’un vieux catalogue de nos archevêques : « ARDUICUS.... Iste acquisivit Ecclesiæ S. Stephani..…. SALARIUM LEDONIS de manu Clo- tarii nepotis Caroli regis. » (Dunod, Hist. des Séquanais, pr. p. v.) (2) « Comes Burgundie est homo archiepiscopi bisuntini et tenet ab eo Visulium et Graiacum et vallem de Quingiaco et vallem de Lylla et custo- diam abbatie Balmensis et abbatie Caroli-castri et puteum de Ledone. » (Cartulaire de l’'archevéché). 16 — 93% — Etienne restaurées par Hugues [°'. Les murs s’arrêtaient à l’arc de triomphe romain, devenu la porte principale de la ville. De cette étroite enceinte jusque sur les bords du Doubs, s’étendait un terrain presque désert, parsemé ça et là de quelques groupes de chétives habitations. L’herbe croissait sur le Capitole, et le Forum était encombré par les ruines de la petite basilique de Saint-Jean-Baptiste. Une grande voie pavée de larges dalles disposées obliquement (1) partait de Porte-Noire, et, sillonnant la cité dans toute sa longueur, aboutissait au pont romain. Sur le parcours de cette route (2), on trouvait les Eglises de Saint-Maurice et de Saint-Pierre, devenues la proie des laïques. Plus loin, sur les bords du Doubs, s'élevait l’abbaye Saint-Paul dont Hugues I‘ devait en 1044 entreprendre la restauration. Au delà du pont, là, où l’on avait vu dans les temps romains des édifices splendides, verdoyaient maintenant des bruyères et des arbustes {3). Le grand prélat allait bientôt y construire la ma- gnifique collégiale de Sainte-Madelaine et relever l’antique chapelle de Saint-Laurent. La sollicitude de Hugues I®' ne se borna pas à relever les Eglises de leurs ruines ; il voulut aussi réparer les ruines de la population. Comme archevêque, il régnait déjà sur des clercs; comme prince temporel, il voulut avoir des sujets. La ville haute, seule partie de la cité qui fut ceinte de murailles, était la rési- dence à peu près exclusive du prélat, de ses deux chapitres et de quelques serfs attachés aux Eglises de Saint-Jean et de St- Etienne. De Porte-Noire à l’Eglise de Saint-Pierre s’élevaient les rares demeures de quelques familles d'hommes libres, dont les unes étaient entrées dans le vasselage du prélat, tandis que les autres avaient conservé leur indépendance. La portion de (1) Un fragment du pavé romain de notre Grande - Rue se voit au Musée archéologique de Besancon. (2) C’est à dessein que je me sers de ce mot route, qui traduit parfaite- ment les noms de publica strata, via strataria, que donnent les documents du xr1e siècle à notre principale rue. Une autre rue, également antique, est appelée, dans une charte de 1280, caminus lapideus; c’est la rue du Clos-Saint-Paul, (3) La chapelle de Saint-Laurent était surnommée Saint-Laurent dans les Bois (Dunod, Hist. de l'Eglise, 1, 100). Quatre lourdes colonnes, pro- venant des ruines de cet édifice, servent encore à soutenir l'un des por- tiques de notre halle aux cuirs. — 935 — territoire qui s’étendait depuis l'Eglise Saint-Pierre jusqu'aux rives du Doubs, était à peu près dépourvue d'habitations et d'habitants. C’est sur ce terrain, dont il s’'empara comme par le droit du premier occupant, que Hugues [‘'résolut de construire une ville nouvelle. A cet effet, il l’entoura de bonnes et solides murailles, y fit surgir de nombreuses maisons et appela pour le peupler des colons de ses domaines ruraux. La nouvelle agglomération prit le nom de bourg (1), par opposition au reste de la ville qui conserva le nom de cité (2). Les campagnards qui vinrent l’habiter furent appelés bourgeois contrairement aux anciens habitants qu’on continua de nommer citoyens. Cette distinction constante pendant tout le le xr° siècle (3) se retrouve encore quelquefois dans les siècles suivants (4). Le bourg devint (1) Ducange, dans son immortel Glossaire, définit le bourg vILLAM qux CASTRO SUBJACET. Cette définition corrobore singulièrement l’idée que nous émettons ici pour la première fois. Elle trouve également un point d'appui dans l’une des nombreuses analogies que présente l’histoire de. Neufchatel avec celle de Besancon. En 1249, après la ruine de Neufchatel par les troupes de l’évêque de Bâle, « le comte Berthold entoura de murs la partie basse de la ville et d'un village en fit un bourg. » (Fréd. de Cham- brier, Histoire de Neufchatel, p. 38.) (2) «...domus Humberti de Arbosio sita in BURGO BISUNTINO.»—«.., Ca- sale situm in BURGO BISUNTINO.»—«... in eadem CIVITATE €t SUBURBIO.»— <.… domus Stephani de Belna sita in BURGO BISUNTINO. »—«.… domus sita in BURGO BISUNTINO IN TERRITORIO R. P. D. ARCHIEPISCOPI BISUNTINI. »— « Huguonin de Roches, demorant ou BouRC de Besançon.» (Chartes des années 1221, 1258, 1266, 1270, 1281 et 1335, dans le t. II des Documents inédits pour servir à l'histoire de la Franche-Comté, p.325, et aux Archives du Doubs, fonds Saint-Paul, Sainte-Madelaine, Jacobins, et maison de Chalon.) Guillaume, maire de Besancon, cède à Humbert de Clairvaux son fief de la mairie «et omnia alia que habet in viLLaA ct CIVITATE. » (Charte du mois d'avril 1293. — Arch. du Doubs; Chambre des comptes, ancien fonds, B, 127.) « J'ai vu, dit D. Berthod, nombre de chartes du xive et du xve siècle... » où l’on trouvait seulement : domus sita in Burgo. » (Dissertation sur les différentes positions de Besançon, dans le t. 11 des Documents inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comté, p. 326.) On sait, en outre, que depuis la rue de la Bouteille jusqu’au pont, la Grande-Rue perdait son nom pour s'appeler rue du Bourg (D. Berthod, ibid., p. 331). A l'entrée de cette rue du Bourg était une porte qui existait encore au x siècle, dernier reste des fortifications dont Hugues Ier avait entouré la partie basse de notre ville (D. Berthod, ibid., p. 337). (3) « CIVES ET SUBURBANI. » (Vita S. Migetii x1 sæculi.) — « Presbiteri tam CIVITATIS quam de SUBURBIO. » (Rituale S. Prothadii renovatum tempore Hugonis 1, apud Dunod, Histoire des Séquanais, pr. pp. XxI et XXXI.) (4) Dodo ct Stephanus BURGENSES témoins d’une sentence rendue dans — 936 — le domaine particulier du prélat qui levait sur ses habitants des tailles, des cens, et y exerçait le droit de mainmorte. Là :l avait le domaine direct, tandis que sur le reste de la ville, 1l n’avait que le domaine éminent. Dans le bourg, il était seigneur; dans la cité, il n’était que souverain. À la tête du nouveau quar- tier, et pour y représenter sa puissance, Hugues [°° institua une magistrature qu’il rendit héréditaire dans une puissante famille d’origine gallo-romaine. Le titulaire de ce nouvel office, qui portait le titre de villicus ou maire, habitait un hôtel situé sur le bord de la rivière (4) et faisant face au champ des foires et marchés dont Hugues [° avait doté sa ville archiépis- copale. C’est également à l’abri des murailles du bourg que le prélat avait placé son hôtel des monnaies (2), les tables de ses chan- geurs (3) et les boucheries de la cité (4), où 1l prélevait, en vertu le cloître de l’abbaye Saint-Paul en 1162. (Archives du Doubs, fonds de Montbenoît.)—« Vienaz de la Barre, BoRJoIS de Besançon. » (Charte de 1272 aux Archives du Doubs.) (1) L'hôtel du Maire occupait l'emplacement où s’est élevé depuis le Grenier de la ville. La ruelle qui longe ce monument et débouche sur la rivière a conservé le nom de Port-Mayeur; Portus Majorie Bisuntine, dit un texte du x111e siècle de l’obituaire du Saint-Esprit. Plus tard, c’est-à- dire vers le xve siècle, la demeure du Maire fut transportée dans la mai- son n° 8 de la rue des Chambrettes. « On voit encore à l’angle de la fa- cade de petites bandes de fer qu’on croit être les étalons des mesures alors en usage. » (Documents inédits pour servir à l'hist. de la Franche-Comté, t. IIT, p. 89.) (2) Dans les premières années du x1re siècle, la maison du monnayeur était encore située près du pont. Mais, à cette époque, l’archevêque Guil- laume de la Tour s'étant aperçu des fraudes de Jeselin, maître de la monnaie, ordonna que dorénavant les ateliers monétaires seraient établis près de l'Eglise de Saint-Jean-Baptiste. « Ipsa enim moneta, ajoute le prélat, juxta Portam Nigram in terra S. Joannis antiquilus fuisse di- gnoscitur.» (Charte de l’an 1112, apud Documents inédits pour servir à l'histoire de la Franche-Comté, II, 311.) (3) « .…. domus sita in MACELLIS BISUNTINIS inter TURREM DE CHAMBIO BISUNTINO et domum Auriete uxoris Henrici barbitonsoris. » (Charte du mois de septembre 1242, à la Bibliothèque de Besançon.) (4) « Platea seu fundus ubi antiquitus aula et stanna... ad vendendum carnes esse solebant, ubi vendebantur carnes, que vulgariter vocabatur l'aule du Mesel de Besançon, sita Bisuncii inter duos vicos seu duas quar- rierias, quarum una tendit versus Magnam Portam Curie Majoris Bisun- tini; alia quarrieria tendit versus turrim de Vaites. » (Charte du mois de juin 1340, aux Archives du Doubs, fonds Saint-Paul, x1.) — 237 — de ses droits régaliens, des gabelles sur chaque tête de bétail et les langues des bœufs qui s’y débitaient (1). A limitation de l'archevêque, les abbayes de la ville attirèrent autour de leurs Eglises des campagnards que les abbés et prieurs appelaient leurs hommes. Ainsi se formèrent dans l’intérieur de Besançon, des hameaux indépendants les uns des autres et qui, prenant chaque jour de l'accroissement, finirent par se fondre dans un même tout. « Besançon, dit Gollut (2), fut rebasti par cantons, faisant villages séparés, qui, puis après, furent unis et rangés entre mesmes murailles. Comme les Vénitiens, assemblés sur les islettes du golfe Adriatique, se unirent dans un corps de cité, ainsi toutes ces demeurances et villages de Saint-Quentin, Saint-Paul, Saint-Pierre, Sainte-Magdelaine et autres se rangé- rent en un corps de cité et finalement dedans une muraille. » Nous venons de considérer Hugues 1° dans son rôle de créa- teur du Besançon moderne. Nous avons apprécié, autant que les documents contemporains l'ont permis, les efforts tentés par ce prélat pour tirer la ville de l’avilissement où l'avaient plongée six siècles de calamités et de violences. Il nous reste à dérouler le tableau des institutions qui vont régir la cité, à par- tir de cette époque, et qui sont, en grande partie, l’œuvre de Hugues I*. TE: INSTETUTIONS. I. DROIT CIVIL. Des PERSONNES. — Les nobles, les hommes libres et les serfs, qui composaient alors les trois classes de la société européenne, apparaissent aussi à Besançon. Les nobles. — En tête de la noblesse qui formait le cortége du prince-archevêque brillait le groupe des vassaux ou casati des deux cathédrales (3). C’étaient de puissants seigneurs qui (1)Dunod, Histoire de l'Eglise de Besançon, I, 115. (2) Mémoires des Bourgougnons (Dole, 1592, in-fol.), p. 46. (3) Les historiens de la province n’ont mentionné que les casati de l’E- glise Saint-Etienne. La formule initiale suivante d’une charte de l’arche- vêque Anséric (1134) prouve que chacune de nos cathédrales avait les — 1258 — tenaient en fief des terres usurpées pour la plupart sur les domaines de l'Eglise. Le premier des casati était le comte de Bourgogne, puis venaient les Montfaucon (1), les Rougemont, les Faucogney, les de La Roche, les de Scey, les d’Abbans, les de Ruffey, les deTraves, les de Roulansetbien d’autresencore (2). Ces hauts barons prêtaient au prélat l'hommage lige (3), et s’en- gageaient à défendre l'Eglise de Besançon pendant leur vie et à.lui léguer leurs cendres après leur mort 4). Nos historiens ont considéré cette sépulture dans le parvis de Saint-Etienne comme une faveur que les casati avaient sollicitée des archevêques. Nous pensons, au contraire, qu’elle était une obligation im- posée par l'Eglise à ses vassaux, qui accompagnaient toujours le don de leurs cadavres de riches fondations. Nous n’en citerons comme preuve que le procès qu’eurent, en 4276, les dominicains de Besançon avec les chanoines de Saint-Etienne; ceux-ci avaient inhumé dans leur parvis le corps de la comtesse de Montfaucon « sous prétexte qu’elle était femme de l’un des casati de leur Eglise, malgré le testament de ladite comtesse, qui avait élu sépulture chez lesdits frères prescheurs (5.)» siens : « Ansericus …. Ecclesiis S.Johannis Evangelistæ, sanctique Ste- phani protomartyris, atque omnibus CASATIS EARUM in perpetuum. » (P. F. Chifflet, Histoire de Tournus, pr. p. 391.)— Cette distinction est du reste peu importante, puisque les casali de l’une et l’autre Eglise prêtaient hommage au même siége archiépiscopal et qu’ils usaient également du droit de sépulture dans le cimetière de Saint-Etienne, qui était commun aux deux cathédrales. (1) « Guido casaTus miles de Montefalcone. » (Curta Guiilelmi archie- piscopi bisunt., apud Guillaume, Histoire des sires de Salins, I, pr. p.35.) Qi Rainaldo Burgundiæ comiti, Beatrici ejus genitrici, Theobaldo de Rubromonte, Richardo de Montefalconis, Aimoni de Falconiero, Ri- chardo de Rocato, Stephano de Treva, Villelmo de Rolens, Hieronimo de Ruffiaco, Theoderico et Stephano comitibus, cæterisque Ecclesiæ S. Ste- phani cASsATIs..….. » (Diploma Henrici IV Imp., vergente anno 1115 vel anno 1116 ineunte, apud P.-F. Chifflet, Histoire de Tournus, pr. p.374, et Leltre touch int Béatrix de Chalon, pr. p. 119.) (3) V. une prestation d'hommage lige pour la terre de Montfaucon, par Richard, fils d'Amédée, en 1097. (Pièces justificatives n° 111.) (4) « .…. J...., archiepiscopo bisuntino, Stephanus comes Burgundie..…, paternitati vestræ significamus, quod, cum a vobis casamentum nostrum recepimus..., expressimus ista verba: . ut in jam dicta Ecclesia {S. Ste- phani) sepeliri debeamus, lanquam in sinu matris nostræ ; et ut quæ vivos nos habuil, habeat et defunctos.» (P.-F. Chifflet, Lettre touchant Béatrix de Chalon, pr. p. 102.) (5) Inventaire du chapitre métropolitain (Archives du Doubs), fol. 64, vo. — 239 — Après les casati venait une petite noblesse composée en grande partie de vieilles familles de la curie romaine. Tels étaient les dela Tour, les Saint-Quentin, qui possédaient le patronage de l'Eglise dont ils portaient le nom, ainsi que le domaine émi- nent du pont de la cité (4), les du Clos, les de Rivotte, les de Porte-Noire, les de Saint-Pierre, appelés aussi de Besançon et de la Curie. Ces derniers tenaient en fief les revenus des Eglises de Saint-Pierre et de Saint-Laurent (2) et un grand nombre de domaines tant dans la ville que dans les environs. Cette aristocratie de second ordre se parait des qualifications pompeuses de la hiérarchie féodale ou des titres attachés aux charges honorifiques que plusieurs de ses membres occupaient dans la maison de l'archevêque. Les hommes libres. — C’est ainsi que nous désignerons cette classe intermédiaire qui avait été assez heureuse pour sau- vegarder son antique liberté. Egalement distants de la noblesse et du servage, les hommes libres n’appartenaient au prélat ni par leurs personnes ni par leurs biens ; leurs relations avec le pouvoir étaient purement politiques. Le titre de citoyen ne leur fut jamais contesté, et ils en eurent même le monopole jus- qu'aux tentatives des mainmortables pour s’assimiler à eux. Les insurrections des gens du bourg, qui devaient engendrer la commune, leur parurent une excellente occasion pour exercer dans la ville une influence considérable. Enrichis par le négoce et par la valeur toujours croissante de leurs propriétés, ils sou- tiendront de leurs deniers les premiers pas de notre Tiers Etat. En retour, la commune les appellera ses sauveurs et leurs con- férera ses magistratures. Les mainmortables. — Sous cette dénomination générale, nous englobons tous les hommes inférieurs de la société féodale, dont les conditions étaient si diverses, suivant qu’il étaient issus de colons gallo-romains ou de lites barbares. Quand Hugues I° les enleva aux manses qu'ils cultivaient dans les campagnes (1) «Hugo de Sancto Quintino, miles, notum facimus.... quod..….. Petrus Cementarius vendidit.. Ecclesie S. Pauli bisuntini.. cameram suam sitam supra pontem bisuntinum IN TERRA MEA. » (Charte du mois de mai 1240, aux Archives du Doubs; fonds Saint-Paul, IX, 13.) (2) Pièces justificatives no xix. — 9410 — pour les caser dans le bourg qu’il venait d'ouvrir à Besançon, leur condition devint à peu près uniforme. La servitude qui pesait sur leurs personnes passa en grande partie sur leurs tenures. « Ces héritages, grevés de cens et de services, ne peu- vent être ni légués ni vendus, et la famille serve (ou mainmor- table) a pour loi de ne s’allier par des mariages qu'aux familles de même condition attachées au même domaine (4). » Toute dérogation à ce dernier principe doit, pour être valable, rece- voir la sanction du seigneur. Ainsi naquirent les droits de main- morte et de formariage qui restèrent au seigneur comme sa _ garantie contre le droit de propriété laissé au serf. « Tout odieux qu'ils nous paraissent, ils eurent, non-seulement leur raison légale, maisencore leurutilité pourle progrès à venir (2).» L’isolement de la servitude rurale cessa pourles mainmortables. Rivés par des chaînes communes à un même sol, ils deman- dèrent à l’industrie le bien-être matériel et cette activité de l’in- telligence qui relève l’homme à ses propres yeux. Les associa- tions qu'ils établirent dans ce but, resserrèrent encore les liens qui les unissaient et leur fournirent quelques éléments de l'existence civile. Devenus les véritables agents de la prospé- rité publique, ils voulurent une position qui fût mieux en rap- portavecleurimportance.En face d'eux, vivaituneclasse de petits propriétaires qui avaient su échapper aux étreintes du ré- gime féodal et conserver franches de toute servitude leurs per- sonnes et leurs terres. Dans ce voisinage, les mainmortables trouvèrent un puissant principe d’émulation qui les poussa dans la carrière des revendications et des combats. Quand cet im- mense courant de rénovation sociale qui traversa la Gaule au x11° siècle, souffla sur notre ville, il dut laisser une trace pro- fonde parmi les habitants du bourg. Dès lors, ils ne se conten- tèrent plus de l’état de propriétaire non libres; un besoin nou- veau se fitsentir parmi eux, « celui de se décharger d'obligations onéreuses, d’affranchir la terre, et avec celle-ciles personnes (3)» (1) Augustin Thierry, Essai sur l'histoire de la formation et des progrés du Tiers Etat (Paris, Furne, 1853, in-8c), chap. [, p. 12. @) Ibid. (3) Ibid. — QE — Comparantleurinfime position avec le bien-être dontjouissaient les hommes libres, ils purent s’écrier avec un illustre trouvère : « Nous sumes homes cum il sunt, Tex membres avum cum il unt, Et altresi granz cors avum, Et altretant sofrir poum; Ne nus faut fors cuers sulement (1). » Sous l'empire de ce sentiment, principe éternel de division entre le riche et le pauvre, les mainmortables ambitionnèrent le titre de citoyen qui, sans offrir les mêmes garanties qu’à l’époque romaine, avait néanmoins conservé un prestige éclatant. Cette prétention, à laquelle l’usage finit par donner gain de cause, ne fut que fort tard légitimée par les archevêques. Ceux-ci persis- tèrent longtemps à appeler les gens du bourg nos hommes ou nos citoyens (2). Ces qualifications, qui rappelaient l’origine servile des mainmortables , leur devinrent odieuses, et leurs efforts tendirent à les faire disparaître. Citoyens par le nom, ils prétendirent à la même somme de liberté que ceux qui, de temps immémorial, s’intitulaient citoyens de Besançon. Il ne leur fallut pas moins d’un siècle de luttes persévérantes pour réaliser ce rêve chéri de leur ambition. Une fois en possession de cette première conquête, les hommes libres reconnurent en eux des frères et marchèrent à leur tête dans la voie de l'émancipation et du progrès. Unis par une communauté d'intérêts et de sympathies, nous les verrons aspirer à régir leurs propres affaires et à constituer, en dehors de l'influence cléricale, un gouvernement qui émanât d’eux seuls. De cette combinaison sortira la commune, être moral que ses bases populaires feront croître et prospérer en dépit des foudres des archevêques et des sentences des Empereurs. Des BrEns. — Le territoire de Besançon renfermait les trois sortes de propriétés connues au moyen âge : l’alleu, le fief et la terre tributaire ou censive. (1) Wace, Roman de Rou, I, 306. (2) V. le Diplôme de Frédéric Ler de l’an 1180. (Pièces justificatives n° xl.) « Gerardus de Mongesaye et Folcaz cIVES NOSTRI. » (Charte de l'archevêque Thierry de Montfaucon, de l'an 1184, Pièces justificatives n° XVII.) POS Les alleus.— « C’étaient des propriétés entièrement indé- pendantes, que le propriétaire ne tenait de personne, à raison desquelles il ne devait rien à aucun propriétaire supérieur, et dont il disposait en toute liberté (1).» Le régime féodal qui avait laissé debout un bon nombre d’individualités libres, s'était abattu impitoyablement sur presque toutes les parcelles de terre. Le besoin de protection de la part des petits, l’insa- tiable avidité des grands, avaient amené comme conséquence l’anéantissement de la propriété allodiale etle triomphe du prin- cipe que toute terre devait nécessairement relever d’un sei- gneur. « Aux xr° et xr1° siècles, dit l’un des continuateurs de Ducange, on concédait tout en fief, la gruerie des forêts, les droits de tonlieu, de péage, de rouage, les essaims d’abeilles, et, s’il en faut croire quelques-uns, l’air même que nous respi- rons (2).» Cependant, à la la faveur des vestiges de l’organi- sation romaine, quelques manses de notre ville étaient restés en dehors de la hiérarchie féodale et avaient maintenu leur allodialité. Tel était un domaine situé dans l'antique Champ- de-Mars, dont les propriétaires se qualifiaient, au xrn° siècle, porretarius (3), c'est-à-dire possesseur d’un alleu. Tel était également le carrefour de l’alleu /quadrivium allodii), qui a donné son nom à l’une des rues qui y venait aboutir (4). Tout autour de la ville de Besançon s’étendaient d'immenses domaines, anciennes propriétés municipales dont la curie —— (1) Guizot, Essais sur l’histoire de France, 1ve essai (seconde édition, Paris, 1824, in-80), p. 93. (2) « Sæculis x1 et x, omnia in feudum concedebantur, grueria, telo- neum, pedagium, rotagium, apum examina, imo, si quibusdam fides, ipse, quo vivimus, aer.» (Glossarium mediæ et infimæ latinitatis, edit. Henschel, Paris, Didot, 1840-1850, in-4do, III, 258.) (3) « Stephanus dictus Columbet, canonicus beate Marie Magdalene, con- cedit concanonicis suis quinque denarios censuales assignatos supra mansum Ebrardi PORRETARIH in Campo Martis. » (Carla ann. 1242, apud Cartularium $S. M. Magdalenes.) « Bonsseignor PORRETARIUS de Chamarz, civis bisuntinus, concedit conventui de Batento, juxta Bisuntium, quamdam vineam suam.» (Charte de 1246, aux Archives du Doubs, fonds N. D. de Battant no 2.) (4) La rue de la Lue, dont le nom actuel est une corruption de vicus allodii, ainsi que le prouve le passage suivant d’une charte de l’an 1299 : <.... domus sita in quadrivio allodii et vici de Riveta. » (Arch. du Doubs). — Cf. Perreciot, Discours sur les dénominations des rues de Besançon (Do- cuments inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comté, IT), p. 51. — 943 — affectait les revenus à la construction ou à l'entretien des édi- fices publics et à la nourriture des pauvres. Je veux parler de l'immense forêt de Chaïlluz, qui limitait au nord le territoire de la cité, de la vaste plaine marécageuse qui en défendait les abords du cêté du midi, et des deux vallées par où s’écoule la rivière avant et après son gracieux circuit autour de la mon- tagne qui fut le berceau de Besançon. Quand la désorganisa- tion de l’Empire romain eut entraîné à sa suite l’anéantissement des curies et la ruine des classes agricoles, les propriétés mu- nicipales, manquant à la fois de maîtres et de cultivateurs, re- tournèrent à l’état sauvage. Au lieu des gras paturaces, des fertiles guérets, des plantureux vignobles qui faisaient la prospérité des villes et la richesse de leurs habitants, on ne vit plus que d’affreux déserts (latifundia), où les propriétaires d'autrefois cherchèrent successivement un asile contre l’acca- blante fiscalité des derniers Empereurs et contre le glaive des conquérants barbares. Le pouvoir épiscopal, qui avait absorbé les magistratures populaires des municipes, essaya bien, à diverses reprises, de rendre à la culture l’ancien domaine publie des cités. Mais ces tentatives, fondées sur un principe étroit et égoïste, durent bientôt succomber sous les coups des catastrophes incessantes qui ravageaient le sol de la Gaule. Les biens communaux demeurèrent à l’état de terres hermes et vacantes jusqu’au xr° siècle. C’est alors que la vieille Europe, accablée par les fléaux du ciel et des hommes, éprouva une soif ardente de repos et d’ordre public. Aux accents féroces des hordes guerrières succédèrent, comme par enchantement, les hymnes de la paix et de la charité. On vit de toutes parts les évêques et les seigneurs, oubliant leurs mutuelles rancunes, s’efforcer de faire renaître dans leurs Etats le calme et la prospérité des anciens jours. Cette tâche difficile échut en par- tage à notre archevêque Hugues [f", qui n’hésita pas à lui con- sacrer toutes les ressources de son crédit et de sa fortune. Sous la main puissante de ce prélat, la ville de Besançon se repeupla d'hommes et d’édifices ; mais ce gouvernement ab- solu et despotique, comme tous ceux qui naissent dans les moments de réaction, ne considéra guère les habitants que dans leurs rapports avec l'Eglise. Les anciennes propriétés municipales, qui n'avaient pas été envahies par les chefs bar- — 944 — bares, entrèrent dans le domaine des archevêques ou des cor- porations ecclésiastiques de la cité. C’est ainsi que le siége de Besançon possédait à titre allodial les deux vallées auxquelles commandent les châteaux de Montfaucon et d’Arguel, et que Hugues [°' put faire hommage d’une portion de cette dernière à son chapitre de Saint-Etienne (1). Si les archevêques de Be- sançon ne firent aucune tentative semblable sur la forêt de Chaïlluz, c'est que les citoyens n'avaient jamais cessé d'y exercer les droits d'usage que leur attribuaient les lois romaines, con- firmées sur ce point par la législation burgonde (2). Toute la population de la ville, sans distinction de classe ni d’origine, continua d'usager dans la forêt de Chailluz, comme dans son bien propre, jusqu’à la constitution de la commune {3). Celle- ci ne sera pas plutôt debout, que ses magistrats appellcront la forêt de Chaiïlluz nostre boys,qu'ils en régleront l’aménage- ment et la police, qu’ils en percevront la totalité des revenus sans l'intervention d'aucune puissance étrangère (4). C’est aussi l’histoire d’une partie des marécages de Saône et des bois et pâturages qui les environnaient. La commune les possédera à titre d’alleu, avant d’avoir acquis un seul pouce de terre dans l’intérieur de la cité. Ainsi se trouve, une fois de plus, confir- (1) « Tribui atque campum unum meum indominicatum, quem vulgari lingua Cundaminam vocant, undique monte flumineque circumseptum, qui, quamwvis spatiosa decoretur planitie, binarum tamen faucium ingres- sum vel exitum sui angusto solummodo pandit juvamine, quarum una urbis aditum prestat non facillime. » (Carta instaurationis et locupletationis capituli S. Stephani ab Hugone 1, anno 1036, apud P.-F. Chifflet, Histoire de Tournus, pr. p. 356, et Dunod, Histoire de l'Eglise de Besançon, I, pr. P. XXXV.) (2) « Si quis Burgundio aut Romanus sylvam non habeat, incidendi ligna ad usus suos de jacentivis et sine fructu arboribus in cujuslibet sylva habeat potestatem, neque ab illo, cujus sylva est, repellatur. » — « Sylvarum, montium et pascuorum unicuique prorata suppetit esse communionem. » (Lex Burgundionum, tit. XXVIII et addit. 1, S 6, apud Canciani, Barbarorum leges antiquæ, t. IV.)—Cf. Alfred Maury, Histoire des grandes forêts de La Gaule (Paris, 1850, in-8o), pp. 199, 268, et Armand Rivière, Histoire des biens communaux en France (Paris, 1856, in-8o), ch. vint, pp. 201 et 202. (3) « Item dixit quod, tempore Amædei (archiepiscopi) vidit quod..… omnes de civitate Bisuntina, tam clerici (quam laici) capiebant ligna in nemore de Chalor et exertabant pro voluntate sua. » (Altestatio Stephani quondam abbatis S. Pauli Bisuntini, ann. 1258, apud Carlularium urchiep. Bisunlin.) (4) Pièces justificatives n° XxnIT. — 9245 — mée l'opinion de M. Armand Rivière, qui a si savamment éta- bli que pour trouver l’origine des biens communaux des anciens municipes, «il faut remonter jusqu'aux latifundia et aux ter- rains hermes et vacants, que la loi romaine du rv° siècle attri- buait aux curies et à leurs emphytéotes (1).» Fiefs. — Sur les ruines de la propriété franche, s'était con- stituée cette sorte de possession, précaire à l’origine, mais que l’usage ne tarda pas à rendre perpétuelle. Cette transformation ne fut pas assez complète pour anéantir le principe viager qui affectait toute tenure. Le concessionnaire d’un fief ne put le conserver dans sa descendance qu’à la condition de remplir envers son seigneur certaines obligalions, certains services stipulés par un contrat d’investiture qui se renouvelait chaque fois que la propriété changeait de mains. À Besançon, comme dans le reste de la Gaule, le système féodal affectait à peu près tout ce qui pouvait être l’occasion d’un revenu quelconque. Les terres de Chalèze, dont le produit servait à l’entretien de la cuisine des archevêques, formaient un bénéfice que les chartes appellent le fief du cuisinier feudum coqui (2). Hugues [° avait distrait ce domaine de la mense archiépiscopale, pour en doter le chapitre de Sainte-Madelaine, qu'il avait fondé sur la rive droite du Doubs (3). Terres tributaires ou censives. — « Il faut entendre par là des terres assujetties envers un supérieur à une redevance, à un tribut ou cens, et dont celui qui les cultive ne possède point la pleine et libre propriété (4).» Au moyen âge, où la condition de la terre est si intimement liée à celle de son possesseur, la censive est la propriété exclu- sive du serf, comme le fief est la tenure spéciale de l’homme noble. Cédées à l’origine pour un temps déterminé etavec faculté (1) Histoire des biens communaux en France, chap. x, p. 247. (2) « ….… terram que dicitur de Calesia que ad feudum coqui pertinebat cum appenditiis suis.» (Bulla Callixti II confirmans possessiones Ecclesiæ B. M. Magdalenes, ann. 1121, apud Pouhat, Mémoire contre l'idée que se sent formée les PP. Bénédictins de Saint-Vincent de Besançon, d'av'ir la préscance sur MM. de l'Eglise collégiale de Sainte-Marie-Magdeleine de la même ville (Besancon, CI. Rochet, 1711, in-40), p. 66. (3) Pièces justificatives no rv. (4) Guizot, Essais sur l'histoire de France, 1ve essai, 2e édition, p. 177. — 246 — de retrait pour le seigneur concédant, ces deux natures de pos- sessions subirent à peu près les mêmes vicissitudes. De même qu'au bout d’un certain nombre d'années les feudataires se crurent en droit de réclamer la propriété pleine et entière de leurs domaines, les colons et les serfs élevèrent aussi des pré- tentions sur le sol qu'ils faisaient valoir et qu’ils fécondaient de leurs sueurs. (A mesure que s’apaisa la tourmente sociale, ces droits prirent plus de consistance ; il devint difficile de con- sidérer comme un simple fermier et d’expulser à volonté le colon dont les pères avaient depuis longtemps cultivé le même champ, sous les yeux et au profit des pères du seigneur (1).» Ces idées étaient passées dans le droit commun à l’époque où Hugues [° appela des serfs pour repeupler sa ville épiscopale. Les terres et habitations qu’il leur distribua furent l’objet de concessions perpétuelles et transmissibles à leurs descendances. En retour, les hommes du bourg durent s'engager à servir au prélat des prestations en argent et en nature. Ces conditions étaient lourdes et humiliantes ; aussi seront-elles l’objet de ré- clamations sans nombre de la part des mainmortables. Leurs voix, d’abord faibles et isolées, sauront grandir par la solidarité qu'ils établiront entre eux, et leur cause, qui sera celle de la justice et de l'humanité, finira par obtenir un véritable triomphe. II. DROIT PUBLIC. GRANDS OFFICIERS DE L'ARCHEVÊÈQUE. — Comme tous les prélats de l'Empire qui possédaient la seigneurie temporelle de leurs villes, Hugues I°' dut se composer une maison princière. El créa, dans ce but, un certain nombre de grands offices à chacun desquels il affecta des prérogatives honorifiques et de fructueux domaines. Ce furent autant de fiefs dont il gratifia les plus riches familles de la cité, sachant, par cette heureuse combinai- son, se rallier les chefs de l'aristocratie et intéresser à tout jamais cette caste puissante à la prospérité de son Eglise. Les grands officiers de l'archevêque étaient au nombre de neuf. C’étaient le chambrier, le dapifer ou maître d'hôtel, (1) Guizot, Essais sur l’histoire de France, p. 183. me OU — ’échanson, le panetier, le maréchal, le forestier, le monétaire, le vicomte et le maire. À son entrée en fonction, chacun de ces dignitaires prétait l'hommage lige au siége métropolitain (1). La charge de chambrier (camerarius), où trésorier de la chambre archiépiscopale, fut presque toujours confiée à des mains ecclésiastiques ; il en devait être ainsi pour un office dont le possesseur avait l'administration du temporel de l’ar- chevêché pendant la vacance du siége ou l'absence du prélat (2). Outre l'hôtel occupé par ce fonctionnaire au sommet de la ra- pide ruelle qui, de cette circonstance, a tiré son nom, il perce- vait un impôt sur chacune des rayes de bois ou de marin qui flottaient sur le Doubs (3). Le maître d'hôtel (dapifer) possédait la maison forte appelée la tour de Saint-Quentin et la moitié de la pêcherie, depuis l’écluse de Saint-Paul jusqu’au pied du mont de Chaudanne (4). L'échanson ou bouteiller (pincerna) occupait un hôtel fortifié dans la rue que cette circonstance a fait appeler rue du Bou- (1) « Hec sunt homagia domini archiepiscopi bisuntini : Vicecomes bisuntinus homo ligius est archiepiscopi et tenet ab eo vice- comitatum. Villicus bisuntinus homo ligius est archiepiscopi et tenet ab_eo villica- tionem et monetam. Dominus Hugo de Sancto Quintino homo ligius est archiepiscopi de duobus feodis de La bothallerie et de la peneterie. Dominus de Peymes et Johannes, filius Stephani quondam dapiferi, homines sunt ligii archiepiscopi de dapiferia. Marascallus bisuntinus homo ligius est archiepiscopi et tenet ab eo ea que habet Bisuntium et marascalciam. Camerarius bisuntinus homo ligius. » (Cartularium archiepiscopatus bisunltini.) (2) « Henricus chamerarius, curie bisuntine fungens vice et auctoritate domini archiepiscopi bisuntini, dum idem archiepiscopus esset in partibus transmarinis. » (Charte de 1219, apud Cartulaire de Bellevaux, 1, 626.) « Noverint universi. quod, cum inter venerabilem patrem Nicholaum, archiepiscopum bisuntinum, et Henricum, archidiaconum et camerarium, questio verteretur super eo quod idem archiepiscopus petebat a dicto H. computationem et restaurationem proventuum et reddituum sedis cathe- dralis quos idem FH. per annum et dimidium, sede vacante, receperat..…. » (Carta an. 1229, apud Cartul. archiep. Bisunt.) « Discretus vir Fredericus de Rocha, camerarius bisuntinus, tenens teinporalitatem sedis bisuntine, sede vacante. » (Charte de 1301, aux Ar- chives du Doubs.) (3) Inventaire des tilres de J'archevéché, p. 168. (Archives du Doubs.) (4) Ibid., p. 185. — 918 — teiller (1), puis rue de la Bouteille; il avait en outre le droit de contrôle sur toutes les mesures des vins et des graines qui se débitaient dans la cité (2). Le panetier (panetarius) prélevait un droit sur chacun des pains qui se consommaient dans la maison de l’archevêque (3), et exerçait une juridiction sur les boulangers et fourniers de la ville. Le maréchal (marescalcus) résidait à Besançon dans un hôtel situé en face de la commanderie du Temple, sur le ter- rain qui porte aujourd'hui le nom de place de l'Etat-Major. Il avait l’intendance des écuries de l’archevêque et le com- mandement de ses troupes. Les cabaretiers qui s’établissaient dans la rue de la Lue ne pouvaient exercer qu'après lui avoir payé le tribut d’un chauveau de vin. Tous les ouvriers sur métaux qui créaient des ateliers à Besançon, lui devaient un impôt, qui s’éleva, au xvi° siècle, jusqu’à la somme de cinq sous. Chaque fois que les archevêques de Besançon ou les évêques leurs suffragants entraient pour la première fois dans la ville, il leur faisait escorte et s’emparait ensuite du cheval ou mulet qu'ils avaient montés ainsi que de la coupe qui avait servi à leur premier repas. Quand il s'agissait de l'Empereur, le maréchal exerçait le même droit, mais à la condition d’avoir, au préalable, fait garnir la monture du mo- narque de quatre fers d’argent (4). Le forestier (forestarius) avait l’administration des bois appartenant au siége ou aux chapitres métropolitains et en retirait certains droits utiles. Le monétaire (monetarius) était l’agent spécial préposé à la fabrication des monnaies. Il convertissait en espèces le métal qui lui était livré par l’archevêque, après avoir retenu une por- tion déterminée pour son salaire (5). (1) « …. vicus a botoillier per quem itur a grangiis ad vicum de burgo. » {Charte de 1320, aux Archives du Doubs, fonds Saint-Vincent, I, 81.) (2) Inventaire des titres de l’archevêché, p. 207 (Archives du Doubs.) (3) Hugo de Sancto Quintino obligat Nicholao archiepiscopo « furfur quod capiebam de pane qui fit ad opus domus sue apud Bisuntium, quod ab ipso teneo in feodum ex parte panatarie mee. » (Carta an. 1230, apud Cartularium archiep. Bisunt.) (4) Pièces justificatives n° xxvi. (5) Fillon, Considérations historiques et urlisliques sur les monnaies de France (Fontenay-Vendée, 1850, in-80), p. 17. — 9249 — Sous les Mérovingiens , les monétaires signaient de leur effigie et de leurs noms les pièces qui sortaient de leurs ate- liers (4); mais cette prérogative leur fut relirée par la famille de Pépin. L’archevêque Guillaume d’Arguel (1109-1147), qui s’indi- gnait si fort des falsifications de Jeselin, son monétaire (2), paraît être l’auteur de la suppression de cel office, dont les attri- butions devinrent un apanage du fief de la mairie. Cette union était définitivement opérée en 1147 (3). Le vicomte (vicecomes) percevait les amendes provenant du fait de son tribunal ; il avait une portion dans les redevances acquittées à l’époque des plaids généraux de l’archevèque (4) et partageait avec le maire le domaine éminent du village de Velotte (5). Le maire (major ou villicus) devint un personnage consi- dérable dès qu’il eut pu joindre aux fruits de sa justice le gou- vernement de l'hôtel des monnaies. Cette nouvelle dignité lui donnait un droit de contrôle sur les changeurs de la cité, en vertu duquel il possédait une forteresse connue sous le nom de Tour du change (6). (1) V. les triens de Gennardus, monétaire épiscopal de Besancon, au vie siècle, dans l'Essai sur les monnaies du comté de Bourgogne, par L. Plan- tet et L. Jeannez, pl. IT, fig. 1-4. (2) Charte de l’an 1112, apud Documents inédits pour servir à l’histoire de La Franche-Comté, IT, 311. (3) Petrus Villicus ac magister monetarius est nommé dans une charte de l’archevèque Humbert (1147) en faveur du chapitre de Saint-Jean. Pièces justificatives no 1x. - (4) Theobaldus de Rubeomonte, vicecomes bisuntinus, obligat Willelmo archiepiscopo « portionem illam quam habemus in placito generali. » (Carta an. 1254, apud Cartular. archiep. Bisunt.) (5) Eudes, sire de Montferrand, cède à Humbert, sire de Clairvaux, «lou vicomté de Besancon... et toutes les appandices..… à raison doudit vy- comté en la cité de Besançon et en la vile de Vilete. » (Charte d'avril 1293, aux Archives du Doubs, chambre des comptes, anc. fonds, B. 136.) (6) Guillermus, major civitatis bisuntinæ, cedit Humberto, domino de Claravalle in montana, « majoriam civitatis bisuntine ac villam de Vileta.… et quamdam domum meam que vocatur Turris de Scambio et omnia alia que habeo..… in villa et civitate bisuntina …. in domibus, in ortis, casa- libus, censibus, legibus, emendis, costumis, serviciis, jurisdictione, exer- citio jurisdictionis, dominio in jure monete, cusione ipsius monete, jure cudendi vel cudi faciendi ipsam monetam, regimine, probatione sive re- probatione aut examinatione ipsius monete.» (Charte d'avril 1293, aux Archives du Doubs, chambre des comptes, anc. fonds, B. 137.) 17 — 950 — Ces deux derniers recevaient comme symbole d’investiture de leurs fiefs un bonnet, dont l'archevêque leur couvrait so- lennellement la tête (1). | Ces fonctions avaient suivi le sort commun à tous les fiefs en devenant héréditaires dans les familles des premiers posses- seurs. Néanmoins, malgré cette inamovibilité consacrée par le temps, l'archevêque Nicolas de Flavigny obtint, en 1230, de Henri, roi des Romains, le privilége de pouvoir révoquer, quand il lui plairait, les grands officiers de son Eglise, excepté le dapifer, l’échanson, le maréchal et le chambrier, qui furent déclarés irrévocables (2). L'assemblée des grands officiers constituait la familia du pré- lat, sorte de conseil d'Etat sans l’autorisation duquel aucune distraction ou mutation ne pouvaient être opérées dans le fief de la Régalie ainsi que dans tous les autres bénéfices qui rele- vaient de l’archevêque. Une charte de 1134 nous montre An- séric dispensant quelques manses de l’abbaye de Saint-Paul de la juridiction du Plaid général et faisant ratifier cette libé- ralité par Humbert, son chambrier ; Hugues et Sigismond, ses maîtres d'hôtel ; Etienne, son vicomte; Aymon, son échan- son; Meynier, son panetier; Pierre, son maire de Besançon; Thibert et Etienne, ses forestiers (3). TRiIBUNAUX. — Quand les rois barbares se partagèrent les débris du monde romain, ils trouvèrent les sénats des villes en possession du droit de rendre la justice. Cette organisation (1) « Il nous a fait le sairement de fidélité selon la forme du droit en tel cas appartenant; ct, après ce, l'avons investis et mis en possession des visconté et mairie et leurs dépendances par la tradition d'ung bonnet. » (Charte d'investilure des fiefs des vicomté et mairie de Besançon, donnée à Louis de Chälon par l'archevéque Charles de Neuchâtel. — 16 juillet 1471. — Loc. cit., B. 122.) (2) Pièces justificatives no xvIr. (3) Pièces justificatives no va. Nous citerons encore comme preuve de l'existence de cette coutume féodale une charte de 1147, par laquelle l’ar- chevêque Humbert associe le chapitre de Saint-Jean à la conservation des coins de la monnaie et lui donne un manse à Besançon, « consilio et as- sensu communi familie nostre, Petri videlicet camerarii; Maynerii, pa- netarii et Henrici filii ejus; Hugonis, dapiferi et Gerardi ejus filii; Sigis- mondi, dapiferi et Guidonis ejus filii, Petri, villici ac magistri monetarii; Guillelmi, marescalli, » (Pièces justificatives no 1x.) — 9251 — derrière laquelle s’abritaient les droits civils et politiques des populations urbaines, fut d'autant plus volontiers respectée qu’elle pouvait s'adapter parfaitement à la constitution germa- nique. La juridiction populaire des municipes était une image assez fidèle de ces réunions d'hommes libres qui, sous le nom de Mais, rendaient la justice dans leurs cantons respectifs. L’as- semblée des curiales continua d'exister et vit même ses cadres s’élargir. Tous les hommes libres de la ville, à quelques rangs qu'ils appartinssent, furent appelés à y siéger. Cette innova- tion n'offrait pas, d’ailleurs, des inconvénients bien graves, à une époque où la liberté était devenue une condition excep- tionnelle et le rare privilége d’un petit nombre d'hommes. En même temps que les cadres de la curie s’élargissaient, ses attri- butions étaient restreintes par la force même des choses. Un principe nouveau, que les Barbares avaient apporté avec eux du fond des forêts de la Germanie, tendait à prévaloir et à de- venir la base du droit civil qui s'élevait sur les ruines de la vieille société. Ce principe c’était que tout homme devait être jugé par ses pairs. Or comme la curie n’était composée que de citoyens libres, et que cette classe devenait de moins en moins nombreuse, les justiciables du sénat populaire se rédui- saient d'autant plus. Bientôt même, par suite d’une anarchie tou- jours croissante qui mettait la propriété et la liberté constam- ment en proie aux usurpations et aux hasards de la force, les institutions libres allèrent déclinant de jour en jour. « Les plaids locaux furent presque déserts. Parmi les hommes qui auraient dû s’y rendre, les uns, devenus riches et forts par eux-mêmes, ne songeaient qu'à s’affermir dans leurs domaines, et ne s’in- quiétaient plus de la communauté dontils n'avaient plus besoin; les autres, ne trouvant dans ces assemblées aucune protection efficace, cherchaient ailleurs quelque garantie à ce qu’ils pou- vaient conserver de liberté (1). » Charlemagne essaya de porter remède à tous ces abus. Esprit éminemment organisateur, sa main puissante sut habi- lement saisir toutes les forces vitales de la société et les régé- nérer par un système d’institutions grandes et fortes qui sufli- raient, à défaut même de ses conquêtes, pour immortaliser son (1) Guizot, Essais sur l'histoire de France, 1ve essai, 2e édit., p. 226. — 959 — nom. Le grand Empereur avait été frappé de cette négligence des hommes libres à se rendre aux plaids et de l’abandon qu'ils faisaient du droit de se juger les uns les autres. Pour assurer des juges à cette classe de la population, il créa des magistrats permanents, spécialement assujettis à l'obligation de juger, et distincts des hommes libres en général, qui conservèrent cependant le droit de concourir aux jugements, quand il leur convenait d'assister aux plaids. Telle est l’origine des scabini ou échevins, élus concurremment par l’envoyé du roi, le comte et les hommes libres, et dont sept au moins devaient participer à la décision de tous les procès. Entre les mains de ces magis- trats reposait toute l’autorité judiciaire. « Non-seulement ils appréciaient le fait, mais ils recherchaient quel était le point de droit et appliquaient la loi {1).» L’officier royal qui présidait l'assemblée n'avait aucune part au jugement. Ses fonctions se bornaient à convoquer les scabins, à diriger la procédure et à faire exécuter les sentences sans pouvoir en rien les modifier. « Cet ordre de choses qui substituait les scabins ou juges élus par le comte et le peuple aux anciens magistrats de la curie, produisit par le fait une révolution dans le ré- gime municipal; mais le changement porta moins sur le fond que sur la forme des constitutions urbaines. Les nouveaux magistrats furent pris parmi ceux qui avaient le droit de siéger comme juges dans les tribunaux de l’époque précédente, parmi les membres du corps qui, de temps immémorial, gérait toutes les affaires de la cité (2). » Les rois mérovingiens avaient établi dans chaque ville im- portante des hommes auxquels ils déléguaient leur autorité, des magistrats supérieurs qui, sous le titre de comtes, exer- çaient les hautes fonctions de juges et d’administrateurs civils et militaires. Cette nouvelle puissance, élevée en face de l’é- piscopat, devint promptement une source d’antagonisme fatale à la prospérité des villes et au repos des citoyens. Les limites qui séparaient les attributions des évêques de celles des comtes étaient, sur un bon nombre de points, trop incertaines pour ) De Savigny, Histoire du droit romain au moyen âge, ch. 1v; trad. Guenoux, I, p. 197. (2) Augustin Thierry, Essai sur l'histoire du Tiers Etat (Paris, 1853, in 80), p. 314. — 953 — ne pas être les occasions de rivalités sans nombre et de luttes incessantes. Dans l’ordre judiciaire, par exemple, l’épiscopat avait des droits antérieurs qui reposaient sur la confiance populaire. S'il dut quelquefois les abdiquer en présence de la volonté imipérieuse du souverain, ce ne fut pas sans pro- testations et sans conserver l’espoir que des temps plus fa- vorables lui en rendraient le libre exercice. Nous avons raconté ailleurs (1) les vicissitudes de la lutte acharnée qui s’établitentre les évêques de Besançon et les comtes de la pro- vince pour accaparer la prépondérance dans notre ville. Nous avons montré l’épiscopat bisontin tour à tour puissant ou faible, victorieux ou opprimé, mais toujours confiant dans son avenir et sachant mettre à profit toutes les défaillances du pouvoir royal et de ses représentants pour ressaisir le lende- main ce qui lui avait échappé la veille. Bien que, sous les monarchies mérovingienne et carlovin- gienne, la présidence au moins nominative des plaids locaux n’ait jamais été contestée aux comtes de la province, on ne peut non plus mettre en doute l'influence permanente et considérable dont les évêques ne cessèrent de Jouir dans ces assemblées. Les législations barbares avaient reconnu l'intervention de l'Eglise dans les principaux actes de l’existence civile des citoyens et dans toutes les questions qui se rattachaient de près ou de loin à ces actes. À plus forte raison devait-il en être de même pour les affaires contentieuses où l’une des parties appartenait à l’ordre clérical. La part faite à l’épiscopat dans l’admi- nistration de la justice était donc très-grande ; on peut même dire qu’elle était illimitée, et que, grâce à son caractère indécis et confus, peu de procès parvenaient à se vider devant les juges ordinaires dela cité sans que l’évêque eût trouvé moyen de s’im- miscer dans l'instruction et dans la sentence. Le cartulaire de Romainmotier nous a fourni la preuve de cette association à peu près constante du prélat et du comte. Il nous a fait voir ces deux fonctionnaires siégeant sur le même tribunal et con- courant, dans une égale mesure, à la solution des mêmes affaires (2). (1) V. chapitre 2 de ce travail. (2) Ibid. — 006€ — Avec ces faits, qu'aucun de nos devanciers semble n'avoir aperçus (1), l'organisation judiciaire du Besançon féodal trou- vera désormais son sens et son explication. Quand l'archevêque Hugues I, mettant à profit sa fortune, son caractère éner- gique et des circonstances politiques d’un ordre particulier, voulut constituer sa souveraineté absolue dans les murs de notre ville, 1l ne dut pas éprouver de difficultés sérieuses pour se placer à la tête de la hiérarchie judiciaire. Il n’eut guère à franchir que le léger intervalle qui sépare le droit du fait ac- compli. Dans sa marche envahissante, Hugues [% rencontra néan- moins un obstacle qu’il ne pouvait songer à détruire, mais qu'il sut tourner avec une extrême habileté. Durant le long désordre qui accompagna la dissolution de l’Empire carlovingien, les comtes avaient institué, dans les principaux centres de leurs possessions, des lieutenants, appelés vicomtes, qui se substi- tuèrent insensiblement à eux dans l’exercice des préroga- tives de la souveraineté et particulièrement dans l’administra- tion de la justice. Ces charges avaient subi le sort de tous les bénéfices et étaient devenues héréditaires dans les fa- milles de ceux qui en avaient été primitivement investis. C’est ainsi que le vicomté de Besançon était devenu la propriété de la famille de Rougemont, l'une des plus puissantes de la pro- vince. Hugues I® avait trop de respect pour les institutions féodales et un trop profond sentiment de ses propres intérêts, pour arracher aux Rougemont la plus belle et la plus fructueuse de leurs prérogatives. C’eût été se faire un ennemi, et tout ennemi est redoutable à un pouvoir qui naît et qui cherche ses bases. Sur ce point comme sur tant d’autres, Hugues 1° dut s’incliner devant l’ordre de choses établi. Les Rougemont con- servèrent leur siége de justice, à la seule condition de rendre à l’archevêque les services féodaux qu’ils avaient rendus jus- que-là au comte de Bourgogne. Ainsi se comprend l'existence dans notre ville de deux cours judiciaires concurrentes, relevant toutes deux de la crosse ar- (1) Ce reproche s'adresse surtout aux Observalions sur les juridictions anciennes cl modernes de la ville de Besançon, par 3.-B. d'Auxiron; Besan- con, Charmet, 1777, in-8o, vir-248 pp. NE A chiépiscopale, et dont l’une était présidée par le prélat ou son délégué, tandis que l’autre avait pour chef le vicomte ou son officier. À ces deux tribunaux de la régalie et de la vicomité, Hugues I°’ en ajouta un troisième, celui de la mairie, spécia- lement préposé à l'administration du bourg et des hommes de l’archevêque, qui en formaient la population. Ce nouveau tri- bunal dut présenter à l’origine, au double point de vue de sa composition et de sa manière de procéder, de notables diffé- rences avec les cours de la Régalie et de la Vicomté. Mais ces différences disparurent lorsque, par suite des insurrections communales, les hommes du bourg se furent assimilés aux hommes libres et eurent conquis ce qu'on peut appeler leur droit de cité. A partir de cette époque, on voit à Besançon trois cours de justice parallèles et connaissant souverainement de toutes les affaires civiles et criminelles qui venaient à se produire (4). Au criminel, le jugement incombait au tribunal dont les officiers avaient arrêté le coupable ou reçu la plainte de la partie lé- sée (2); en matière civile, au contraire, le choix du for judi- claire dépendait de la volonté du demandeur. Dans la composition de ces divers tribunaux, nous retrouvons la trace vivante du scabinat carlovingien. Les juges, dans un nombre que les documents ne nous permettent pas de préciser, sont toujours tirés des rangs des citoyens. Plus tard, quand la commune sera parvenue à se constituer et à créer des magis- trats, ceux-ci formeront auprès de chacune des cours de justice une sorte de jury dont la compétence sera aussi large qu’abso- lue. Dès le temps de Hugues I‘, comme aux plus beaux Jours (1) « Item quod in civitate bisuntina, banleuca et territorio ejusdem fuerunt esseque consueverunt tres judices seculares pro jurisdictione tem- porali exercenda; videlicet regalis, vicecomes et major; qui judices habent jurisdictionem altam, mediam et bassam de casibus et causis criminalibus ad forum sæculare spectantibus. » (Tractatus Rotomagensis, an. 1435; apud Dunod, Histoire de l'Eglise de Besançon, I, LxvIHI.) (2) « Et tunc de judicibus bisontinis QUI PRIMUS EST IN CITANDO PER- cussorREM predictum, facto legitime probato, habet pro sua emenda Lx solidos stephaniensium, vel ipse percutiens amittit pugnum; alter vero non percutiens, pro presumptione probata, legitime tenetur domino pre- dicto in Lx solidos sine pugno.» (Carta Adolphi, Romanorum regis, an. 1296, apud Cartulariwm archiep. Bisunt.) — 956 — de l’Empire carlovingien, les fonctions des officiers de justice de la cité se bornaient à prononcer les sentences, à veiller à leur exécution et à percevoir les amendes et confiscations qui résultaient des jugements. Le principe de la juridiction des pairs qui existait au fond des institutions de la Gaule romaine, mais que la Germanie avait formulé d’une manière plus nette et plus étendue, avait pu se conserver à Besançon, peut-être mieux qu'ailleurs, dans toute sa pureté. Il était tellement enraciné dans les esprits qu’à la fin du xu° siècle, lors d’un procès que le corps des citoyens eut à soutenir contre les religieux de Bellevaux, les citoyens prétendirent que le tribunal de l'archevêque, où l'affaire avait été portée, devait recevoir dans son sein autant de laïques que de moines (1). En 1233, l'archevêque citait à sa barre le prévôt de Bregille, qui avait, sans le consentement de son suzerain, constlué de nouveaux cens sur ses propriétés féodales. Les juges, choisis parmi les vassaux du siége métropolitain, qui étaient les pairs de l'accusé, déclarèrent qu'aucun feudataire ne pouvait aliéner ou amoindrir son fief sans la volonté expresse du seigneur dont il le tenait (2). Les juges ordinaires de la cité ne pouvaient connaître d’au- cun délit perpétré sur les terres des abbayes et des chapitres, qui étaient tous des lieux d’asile (3), non plus que sur les manses du domaine particulier de l’archevêque. Tous ces ter- ritoires étaient soumis à une juridiction exceptionnelle présidée par le prélat lui-même et que les chartes appellent plaid géné- ral (4). Vers le milieu du xr° siècle, on voit Hugues I distraire les manants du cimetière de l'Eglise de Pugey de la justice du (1) Pièces justificatives no xv. (2) « Joannes, Burgundie et Cabilonensis comes; H., archidiaconus et camerarius bisontinus et Hugo de Sancto Quintino, miles bisuntinus..…. nos judicavimus et reportavimus quod nullus casatus vel feodarius, sine assensu domini sui, rem feodalem minuere vel alienare polerat aut debebat. » (Carta an. 1233, apud Perreciot, De l'Etat civil, IT, 293.) (8) Pièces justificatives no 11. (4 C'était à l'époque des assises du plaid général que les tenanciers de l'archevêque acquittaient leurs redevances. D'où ces redevances avaient pris elles-mêmesile nom de plaid général. C’est ainsi qu’au xive siècle nous trouvons affectées de cette dénomination les taxes imposées sur quelques terrains du bourg et sur certains corps de métiers de la ville. — 957 — plaid général (1) pour les rendre probablement à la juridiction du seigneur d’Arguel. En 1134, pareille exemption est accordée par l’archevêque Anséric à trois manses que l’abbaye de Saint- Paul possédait dans la cité (2). En 1255, l'archevêque Guil- laume de la Tour contraignait le maire de Besançon à s’amen- der envers lui pour avoir arrêté un voleur « dans le pré de l'archevêque où l’on blanchit les toiles (Chamars); le prélat disant que la justice dudit pré lui appartenait (3). » Quelques années auparavant (1246) le même archevêque avait fait preuve de son respect pour les justices rivales dæ&la sienne, en ren- dant au prieur de Saint-Paul un criminel que ses officiers avaient arrêté dans la rue Saint-Paul «au mépris des fran- chises et des libertés de ladite Eglise et de ladite rue (4) ». Il nous serait facile de multiplier les exemples de ces sortes de conflits, qui se terminaient souvent par des réparations exem- plaires. L’officier qui avait exercé sur un territoire étranger à sa juridiction devait, après avoir payé une forte amende, ré- tablir le prisonnier dans l'endroit où il l’avait arrêté, ou, si celui-ci avait été supplicié, remettre sa figure en paille entre les mains du bourreau de la justice dont les priviléges avaient été violés. La procédure en usage dans ces différentes cours était toute germaine. Ainsi, vers la fin du xr° siècle, nous voyons une contestation entre le gardien de la forêt de Chailluz et un cam- pagnard des environs portée au tribunal du maire de Besançon (1) « .…. residentes in cimiterio (de Pugey) placitum generale non debent nee generali placito debent justificari. » (Archives du Doubs, fonds Saint- Paul, XXXI, 1.) (2) Pièces justificatives n° vx. (8) « Dominus archiepiscopus petebat a majore quemdam hominem quem captum detinebat dictus major pro eo quod furtum fecisse dicebatur in prato archiepiscopi ubi tele dealbantur, dicens quod ad ipsum solum spectabat justicia dicti prati..….… Et quod viderunt plures et de pluribus personis in furto dicti prati deprehensis fieri jusliciam per specialem fa- miliam archiepiscopi. » (Garta ann. 1255, apud Cartular. archiepiscop. Bisunt.) (4) «Vuillelmus II, archiepiscopus Bisunt., quemdam Hugonem Dalve, captum per officiarios suos in vico S. Pauli et in suos carceres adductum, Stephano de Cicont, priori, restituit, attentis franchisiis et hbertatibus Ecclesie et vici S. Puuli. Actum Bisunt. MCCXLvI, in capite jejunir. » (Car- tularium $S. Pauli, p. 114.) — 958 — et vidée, en présence de l'archevêque Hugues IIT, par le juge- ment de l’eau chaude (1). Quelques années plus tard, les cha- noines de Sainte-Madelaine eurent recours au duel judiciaire contre Hubaud d’Abbans qui les frustrait dans leurs domai- nes (2). Enfin, au milieu du xr° siècle, un missel de Sainte- Madelaine nous fournit les formules usitées à Besançon pour la bénédiction de l’eau froide et de l’eau chaude, du fer rouge et du glaive qui servaient pour les ordalies (3). DROITS DE L'ARCHEVÊQUE. — Outre ses prérogatives comme haut justicier dans la cité proprement dite et comme seigneur dans le bourg, l'archevêque jouissait encore d’une foule de droits qu’il est important de faire connaître, parce qu'ils furent souvent le sujet ou le prétexte des insurrections de la com- mune. Monnaie. — Ce droit que les prélats avaient recueilli comme une épave lors des tourmentes qui précipitèrent les trônes de Mérovée et de Charlemagne, était tombé en désué- tude pendant les jours néfastes du x° siècle. Hugues [® le res- taura au profit de son siége en y associant pour un tiers le cha- pitre de Saint-Jean (4). Dès lors disparaissent, sur les deniers de Besançon, le monogramme carlovingien. Hugues [°' inau- gure un nouveau type dont l'élément principal est le bras de saint Etienne, palladium de la cité (5). La légende s. STEPHANVS qui entoure cette précieuse image, devient, à travers les siècles, Brachium STEPHANI et enfin PROTHOMARTIR. Le seul denier qu’une sage critique permette d'attribuer à l’épiscopat de Hugues [°° présente à son revers une croix de saint André can- (1) Pièces justificatives no 1v. (2) « Foragium vestre terre quod expugnavistis DUELLO contra Hubal- dum de Abans.» (Bulla Celestini 11, ann. 1143, apud Pouhat, Mémoire en faveur de Sainte-Muadelaïne, p.73. (3) Ms de la bibliothèque de Besançon. (4) « MIO » » » le no 7331. » 1377, Nigrofasciella Brd., est Penidellas H.-Sch., 488. Outre les espèces citées ici, J'ai recuilli, à Jougne, un four- reau de Psyché Ciliarella, et celui d’une espèce voisine que je crois Lugubrosella (Monogr. des Psychides, n° 4 et 7-8). . Le dernier a été trouvé à la fin de mai, et le premier seule- ment le 28 juillet; ces deux captures me laissent donc dans la même incertitude quant à l'apparition normale de l’insecte parfait. Enfin une année favorable me mettra peut-être à même de vérifier ce point douteux. Le présent bulletin contenant dix espèces nouvelles (les n°“ bis), cela porte à 4748 le nombre des Lépidoptères du Doubs. (1) Cette espèce qui, depuis plusieurs années, dévaste les jardins de Verdun, à commis de grands ravages, en 1857, au jardin des Plantes, à Paris, et elle menace d’envahir notre département. À Verdun, elle a trois générations par an. Au mois d'août de l’an dernier; M. Valenciennes me mandait qu'ils avaient déjà subi deux générations. La troisièmé sera-t-elle arrivée? (à Verdun, c’est la plus terrible !). : lei les chenilles qui se chrysalident en août, ne donnent leur papillon qu ‘au commencement de mai suivant. M. Stainton annonce qu'elle n’a qu'une génération en Angleterre. Cela prouve qu'il ne faut pas ee clas- ser d’après les mœurs, qui varient énormément. 3 OBJETS DIVERS. LISTE des dons faits à la Société en 1958. Par S. Exc. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, 300 francs. Par LÉ DÉPARTLMENT pu Douss, 100 francs. / Par La VILLE DE BESANÇON, 300 francs. - Par M. Lyaurtey, sénatur, membre résidant, 200 francs. Par S. Exc. Le MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE : Rap- port fait à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, le 7 août 1857, au nom de la Commission des antiquités de France. Par MM. j BARTHELET, notaire à la Cluse : 4° Histoire de l'abbaye de Montbenoît, du val du Saugeois, etc.; 2° Recherches historiques sur l’abbaye du Mont-Sainte-Marie, ses possessions, elc. BarTaizLarr, membre correspondant : 1° Bulletin de la So- ciété zoologique d’acclimatation, n° 1, 2 et 3 de 1858; 2° Re- vue de l'Orient, livraison de juillet 1844; 3° L'Algérie. Des moyens de conserver et d'utiliser cette conquête, par le général Bugeaud. BENoiT, membre correspondant à Paris : Esquisse de la carte géologique de la Bresse. BrzLor, membre honoraire : Annotations à la flore de France el d'Allemagne (suite). Bruanp, membre résidant : Classification des Tinéides et examen des caractères et de leur importance relative d’après la méthode naturelle. CHERBONNEAU, membre correspondant : 4° Histoire de la conquête de l'Espagne (traduit de l'arabe); 2° Relation du voyage de M. le capitaine de Bonnemain à R'dâmes (1856- 1857). — 624 — Coquanp père, membre résidant : 1° Mémoire sur les canaux souterrains et sur les houillères de Worsley, par Fournel et Dyèvre, 2° Manuel d'histoire naturelle, par Boitard ; 3° De la muscardine, abrégé de l’ouvrage de Bassi, par Barbo. Corner, prêtre à Troyes : Rapport sur le moyen de préserver les vignes des gelées printanières. DE FROMENTEL, membre correspondant : Description des po- lypiers fossiles de l'étage néocomien. DE Saussure, membre correspondant : 4° Note sur de nou- veaux Vespides du Mexique et de l'Amérique septentrionale ; 2° Considérations sur la nidification des guépes. Déy, membre correspondant : 1° Lettre sur Alesia, adressée à M. Weiss; ® Notice sur M. Laire, bibliothécaire à Auxerre. EraLzLon, membre correspondant : Esquisse d’une descrip- tion géologique du Haut-Jura. GranD, membre résidant : Journal d'agriculture pratique, 2° série, tome 8. GRENIER, membre résidant : Mémoires de l’Académie de Sta- nislas, années 1856 et 1857. GuizcemoT, membre correspondant : Premier supplément au catalogue des Lépidoptères du Puy-de-Dôme. HuarT, membre résidant : Discours prononcé le 24 août 1857 à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon. = Laurens, membre résidant : Annuaire du Doubs pour 1858. LEJEUNE, membre correspondant : Lectures sur la géologie de la France. Macnarp, membre résidant : Traité sur les gamais. Micsarer, membre correspondant : Notice historique sur l’église de Dôle, la Sainte-Chapelle et la confrérie des avocats érigées en cette église. MicnéA, directeur d’une maison de santé à Paris : Pronostic de l’épilepsie et du traitement de cette maladie. Monnier, membre correspondant : Annuaire du Jura pour 1859. NicxLës, pharmacien à Benfeld : Lettre sur la culture du tabac. ORDINAIRE DE LA COLONGE, membre correspondant : 4° Des turbines Eulériennes sans vannage; 2 Supplément à la théo- rie de la turbine Fourneyron, — 695 — - Résar, ingénieur des mines à Besançon : 1° Mémoire sur le mouvement d'un corps solide par rapport à un système inva- riable ; 2 Note sur les formules à employer dans les épreuves des essieux de l'artillerie. SiRE, membre correspondant : Notice sur la tendance des axes de rotation au parallélisme. ALviser, membre résidant : Une montre du 16° siècle em- boîtée dans du cristal de roche. * BuLze, maire de la commune de Sarraz : Plusieurs fragments de char gaulois provenant d’un tumulus du massif d’Alaise. DELacroix, Emile, membre résidant : Un grand nombre d'objets antiques provenant de Luxeuil (Haute-Saône). Marnior , gnembre résidant : Une médaille du cardinal de Granvelle. BENEYTON, intendant militaire en retraite : Un groupe de Trigonia clavellata, deux échantillons de soufre natif et un de chaux carbonatée cristallisée. Caanorr, membre résidant : Deux échantillons de grès houil- ler et de grès de transition, extraits d’un sondage fait à Cham- pagney (Haute-Saône). Decacroix, Emile, membre résidant : Plusieurs échantillons de roches des environs de Luxeuil. Dopivers, membre résidant : 252 fossiles tertiaires. GaBus, propriétaire à Besançon : Un polypier venant de Néris-les-Bains (Allier). É GERMAIN, membre correspondant : Une vingtaine de fossiles du département du Jura. Monxerer, officier de marine : 4 fossiles du Chili. REnauD, membre correspondant à Goux-les-Usiers : 6 Te- rebratula palmetta et & Pecten Vordati du corallien de Som- bacourt. SAUTIER, Membre correspondant : Un Strombus du néoco- mien des Rousses. BARBIER, Conservateur des hypothèques à Besançon : 9 pi- geons de diverses variétés (Columba livia). — 626 — Becamy, propriétaire à Besançon : Un grand butor {Ardea stellaris). À BERTRAND, membre résidant : Une monstruosité résultant . la soudure de deux œufs de poule. Bizzor, membre honoraire : 21°, 22°, 23° et 24° centuries de l’herbier de France et d'Allemagne. Boucaotr, membre résidant : Une tête de dauphin (Delphi- nus Delphis) et un aigle pygargue (Falco albicilla). CuaizLoT, bûcheron de la ville de Besançon : Un chat sau- vage (Felis Catus). CuEenor, Victor, membre correspondant : Une trentaine d’oi- seaux exotiques. DE JALLERANGE, membre résidant : Une pote d’eau (Galli- nulla chloropus). De Saint-Maurice, membre résidant : 2 sitelles torchepot (Siéta europæa). De Sauvaney, propriétaire à Besançon : Une buse (Falco Buteo). : DE Veser (Edouard), propriétaire à Besançon : Une bécasse (Scolopax rusticola). Ducoumois, propriétaire à Besançon : Un bruant proyer {Emberiza miliaria). Favre, membre correspondant : Un pic-vert (Picus viridis). Grrop, lithographe, membre résidant : Une dent et une queue de serpent à sonnette (Crotalus horridus?. GRenter, membre résidant : Un friquet (Fringilla montana). Kzei, membre résidant : Un crabe. Lacnicue, maire de Torpes : Un nid de frêlons (Vespa Cra- bro). MonnereT, officier de marine : Une trentaine de coquilles marines. Poicnan», Paul, étudiant à Besançon : 2 buses (Falco Buteo), variété blanche. Pornsarp, médecin à Avanne : Une hirondelle de rivage (Hirundo riparia). Ravrer, membre correspondant: Un picnoir (Picus martius). SAUTET, jardinier à Besançon : Une huppe (Upupa Epops) et un coucou (Cuculus canorus). — 627 — SImG@neT-FRENISY, propriétaire à Leffond : Une poule d’eau (Gallinula chloropus). Tournier, membre résidant : Un blaireau (Ursus Meles). Vivier, membre correspondant : Une grive (Turdus musi- cus), un bec-fin pouliot (Sylvia trochilus), un bec-fin grisette (Sylvia cinerea), un bec-fin à tête noire (Sylvia atricapilla), un bec-fin véloce (Sylvia rufa), un roitelet (Regulus cristatus), un troglodyte (Troglodytes vulgaris), deux mouchets (Accentor modularis), une bergeronnette (Motocilla alba), deux mésanges noires (Parus ater), un bruant fou (Emberiza cia), un bruant zizi (Emberiza cirlus), un bruant jaune (Emberiza citrinella), une linotte (Fringilla cannabina) et un grimpereau (Certhia familiaris). ZLéper, membre résidant : Une hermine (Mustela Erminea). CCG 2 - —, 6280 — LISTE des objets envoyés en 18358 par les Sociétés correspondantes, Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, n°° 39, 40, 41 et 42. Bulletin de la Société géologique de France, tome 14 (feuilles 24 à 46), tome 15 (feuilles 1 à 31). Bulletin de la Société archéologique de l’Orléanais, n° 98, 29, 30. Mémoires de la même Société, tome 4. Rapport sur les travaux de la Société des sciences médicales de l'arrondissement de Gannat, 11° année. Bulletin de la Société archéologique et historique du Limou- sin, tome 7 (6° livraison), tome 8 (1"°, 2 et 3° livraisons). Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, tomes 11, 12 (1° livraison). Bulletin de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, tome 5. Compte-rendu des travaux de la Société de Montbéliard, pendant l’année 1857. Bulletin de la Société des sciences naturelles du grand-duché de Luxembourg, tome 4. Annales de la Société d’émulation des Vosges, tome 9 (3° li- vraison). Annales de l’Institut géologique de l'empire d'Autriche, an- nées 1856, 1857 et deux premières livraisons de 1858. Bulletin de la Société industrielle d'Angers et de Maine-et- Loire, 2° livraison, tome 8. Mémoires de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, 11° volume. - Bulletin de la Société d'Agriculture, etc., du département de la Marne, année 1857. Bulletin de la Société linnéenne de Normandie, 2° volume. — 629 — Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chd- lons-sur-Saône, tome 3° (2° partie). Bulletin de la Société de statistique et d'histoire naturelle du département de l'Isère, 2 série, tome #4 (1"° el 2° partie). Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, 2 li- vaaison. Rapport de la Société des sciences naturelles et médicales de la Haute-Hesse, n° 5 et 6. — 630 — LISTE des membres de la Société au 31 décembre 1838. Nora. — Le millésime placé en regard du nom de chaque membre indique l’année de sa réception dans la Société. Conseil d'administration pour 1859. Président. . . . . MM. Deracroix, Alphonse. Aer Vice-Président . . Coquaxo. 2° Vice-Président . . Huarr. Secrétaire . |: +. . Bavoux. Vice-Secrétaire. . . TRUCHOT. TrÉSOTTON EN PSS MARQUE. Archiviste b CASTAN. Membres honoraires. MM. LE Prérer du département du Doubs. L’'ARCHEVÊQUE du diocèse de Besançon. LE GÉNÉRAL DE DIVISION à Besançon. LE PREMIER PRÉSIDENT de la Cour impériale de Besançon. Le PROCUREUR GÉNÉRAL près de la même Cour. Le Recreur de l’Académie de Besançon. Le Marre de la ville de Besançon. Baye, professeur de paléontologie à l’école des Ponts et Chaus- sées. Paris. 1851. Bizcor, professeur et botaniste. Haguenau (Bas-Rhin). 1855. Bixio, agronome, ancien représentant du département du Doubs. Paris. 1856. Devorsins, secrétaire général de la Préfecture. Oran (Algérie). 1842. Dousrenay, Henri, naturaliste. Epping (Angleterre). 1853. Gouger, docteur en médecine. Dole (Jura). 1852. ME Masize, évêque de Versailles (Seine-et-Oise). 1858. — 631 — Membres résidants (1). MM. ALviser, avocat général. 1857. AnDRé, employé à la Préfecture. 1856. , ArNaz, économe du Lycée. 1858. ARTHAUD, peintre. 4854. AuGer, genéral d’artillerie. 1857. Basey, archiviste du département. 1858. BALANDRET, professeur au Collége Saint-François-Xavier. 1857. BarBauD, Auguste, propriétaire. 1857. BARBIER, greffier au tribunal de première instance. 1856. BarDy, pharmacien. Saint-Dié (Vosges).-1853. Baron, Albert, ingénieur civil. Saint-Etienne (Loire). 1846. Baron, Victor, ingénieur civil. 1853. BarTou, secrétaire général de la Préfecture. 1858. BATAILLE, horloger. 1841. Bavoux, Vital, employé des Douanes. 4853. BELOT, essayeur du commerce. 1855. se BENEYTON, conseiller à la Cour impériale. 1857. BERTHELIN, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. 1858. BERTRAND, docteur en médecine. 1855. Besson (l'abbé), directeur du Collége St-François-Xavier. 4855. Besson, avoué. 1855. Braz, capitaine d'artillerie, professeur à l'Ecole. 1858. BiLLECARD, juge au tribunal de première instance. 1858. Brzzor, pharmacien. 1853. Bintor, médecin aide-major au 12° régiment d'artillerie. 1856. BLonpeau, Charles, entrepreneur. 1845. BLonpeau, Léon, entrepreneur. 1845. BLonpon, docteur en médecine. 1851. Boré, agronome. 1857. Borxier, docteur en médecine. 1858. Boupsor, ingénieur civil. 4850. (1) Dans cette catégorie figurent plusieurs membres dont le domicile habituel est hors de Besancon, mais qui ont demandé le titre de résidants afin de payer le maximum de la cotisation, et de contribuer ainsi d’une manière plus efficace aux trevaux de la Société. 43 S — 632 — MM. Bourpon-Dussaussey, direct" des Contributions directes. 1887. Boysson-D’EcoLe, receveur général des finances. 1852. BREDIN, maître-répétiteur au Lycée. 1857. BRETEGNIER, notaire. 4857. BrerizLoT, Eugène, propriétaire. 1856. BreTizLoT, Léon, banquier. 1853. BreriLLot, Maurice, propriétaire. 1857. BrerizLor, Paul, propriétaire. 1857. Brocar», clerc de notaire. 1854. Bruan», Théophile, naturaliste. 1840. BRuGNON, notaire. 1855. BRuN, professeur de physique au Lycée. 1857. = Bucxor, négociant. 1857. CaRLer, Joseph, ingénieur. 1858. Carow, conseiller à la Cour impériale. 1858. Casran, sous-bibliothécaire de la ville. 1856. CHaNorrT, ingénieur civil. 1856. - Cuapor, deesinateur, 1853. CHauveLor, professeur d’arboriculture. 1858. CHAuviN, procureur impérial. 1857. CHAVÉRIAT, vice-président du tribunal de 4° instance. 1857. CHENEvIER, docteur en médecine, professeur à l'Ecole de mé- decine. 1851. CaeviLuier, professeur au Lycée. 1857. CLERC DE LANDRESSE, avocat. 4855. CLerGer, Charles, employé de l’Enregistrement et des Do- maines. 1856. Czercer, Hector, directeur de l'Enregistrement et des Do- maines. 4856. ConSTANTIN, préparateur d'histoire naturelle à la Faculté Fr Sciences. 1854. Convers, César, maire de la ville. 4840. Coquanp père, professeur de géologie à la Faculté des Sciences. 1850. Coquann fils, D de physique à la Faculté des Sciences. 1857. Corger, docteur en médecine. 1840. Cornury, conducteur des Ponts et Chaussées. 1856. — (633 — MM. _Couon, docteur en droit, avocat. 1856. Courzer, Eléonore, directeur de filature. 1857. * CourLer DE VREGILLE, chef d’escadron d'artillerie. 1844. Courenor, docteur en médecine. 1851. D'ARBAUMONT, Capitaine au 13° régiment d'artillerie. 1857. «Darray, professeur de Physique en retraite. 1854. CH notaire. 1858. D'AUBONNE, membre du Conseil général. 1858. DE BoiscecouTe {le vicomte), général de division. Lille (Nord). 1854. DE BouLor, propriétaire. 1855. DE BussiERRE, Jules, conseiller à la Cour impériale. 1857. DE CHARDONNET (le comte), propriétaire. 1856. DE CHARDONNET, Hilaire, naturaliste. 1856. DE CONÉGLIANO (le marquis), chambellan de l'Empereur, député du Doubs. 1857. Decun, doyen de la Faculté des Sciences. 1857. DE JALLERANGE, Paul, propriétaire. 1857. . DE Jourrroy (le comte Joseph), propriétaire. Abbans-Dessous (Doubs). 1853. | DE Jourrroy, Herman, botaniste. Dole (Jura). 1853. Deracroix, Alphonse, architecte de la ville. 1840. Deracroix, Emile, professeur à l'Ecole de médecine. Rue Neuve. 1856. Decacroix, Victor-Emile, docteur en médecine. Rue Poitune. 1853. DELAVELLE, notaire 4856. DE LONGEVILLE, propriétaire. 4855. DE NERVAUX, propriétaire. 1853. DE SAINTE-AGATHE, Louis, conseiller municipal. 4854. - DE SAINT-MAURICE, Anatole, propriétaire. 4857. DE SERRE, général de brigade. 1857. Desrozrers, recteur de l’Académie. 1857. D'Esrocquois, professeur de mathématiques à la Faculté des Sciences. 18514. Dérrey, Francis, propriétaire. 1856. Dérrey, Just, banquier. 1857. Donivers, Félix. imprimeur. 1854. = CH) — MM. DonzeLor, colonel en retraite. 1857. D’Orivaz, Paul, conseiller à la Cour impériale. 1852. D'OrIvaAL, propriétaire, 1854. Droz, directeur de l'Ecole primaire supérieure. 4840. Dusosr, colonel sous-directeur du génie. 1857. Dusosr; William, maître de forges. 1840. Ducar, Alfred, architecte du département. 1853. DuréauLr, ingénieur des Ponts et Chaussées. 1855. Durer, géomètre. 1858. Duvaucez, Georges, employé des Douanes. 1854. Eruis, Ernest, propriétaire. 1855. Facnarp, Capitaine en retraite. 1854, FALCoNNET, ancien juge de paix. 1854. Faucowrré, chef d’escadron d'artillerie. 1855. FEUVRIER, prêtre, professeur au collége Saint-François-Xavier. 1855. FiuinGRE, professeur à l'institution des sourds-muets. 1855. Foncix, docteur en médecine. 1854. FRANCE, négociant. 1855. Francescai, Paul, sculpteur. 1852. GérarD, banquier. 1854. GirarporT, banquier. 1857. GIRAUD, payeur du Trésor. 1857. Giron, avoué. 1856. Giro», Achille, propriétaire. 1856. Goucer, conducteur des Ponts et Chaussées. 1855. GouizLauD, professeur de physique au Lycée. 1854. Gran», Charles, inspecteur de l’Enregistrement et des Do- maines. 1852. GRENIER, professeur de botanique et de zoologie à la Faculté des Sciences. 1840. Gusnir», maître de forges. 1856. Guerrin, bâtonnier de l’ordre des avocats. 1855. Guicaarp, Albert, pharmacien. 1853. GuiLLEMiN, mécanicien. 1840. Guicuin, pharmacien. 4855. Henri, professeur au Lycée. 1857. Hory, propriétaire. 1854. — 635 — MM. Huarr, recteur en retraite. 4850. Huc, chef du dépôt du chemin de fer. 1858. Hucow, docteur en médecine. 1853. JacquarD, Albert, banquier. 1852. Jacquar», Pierre-Joseph, banquier. 1854. Jacquarpn, Pol, surnuméraire-percepteur. 1858. Jacques, docteur en médecine. 1857. JEANNENEY, peintre. 4858. JouvenoT, correcteur d'imprimerie. 1852. KLEIN, restaurateur. 1858. KoLLer, employé au chemin de fer. 1856. Lamgerr, ingénieur civil. Vuillafans (Doubs). 1857. Lamy, avocat. 1855. Lauper, conducteur des Ponts et Chaussées. 1854. Laurens, Paul, chef de division à la Préfecture. 1854. Leon, docteur en médecine. 1855. LEBon, notaire. 4857. LéPaGney, François, horticulteur. 1857. Leras, inspecteur de l’Académie. 4858. Lomme, membre du conseil d'arrondissement, maire de Byans. 1856. LauiLLier, peintre. 1854. Loir, professeur de chimie à la Faculté des Sciences. 1855. Louvor, receveur principal des Contributions indirectes. 1857. Louvor, Arthur, avoué. 1858. $ LyauTey, général de division et sénateur. Paris. 1855. Macarp, viticulteur. 4851. Maire (l'abbé), aumônier de l'hôpital. 1858. Maire, ingénieur des Ponts et Chaussées. 1851. Marror, banquier. 1857. Marion, mécanicien. 4857. MarQuE, propriétaire, ancien élève de l'Ecole polytechnique. 1851. MarquiseT, Alfred, propriétaire. 1855. MarTin, docteur en médecine. 4840. Marnior, Joseph, avocat. 1851. May, Adolphe, avoué. 1858. Mazovmier, ancien notaire. 1840. — 636 — MM. L MEsseLer, artiste vétérinaire. 4841. Micau», directeur en retraite de la Banque. 1855. Monnier, propriétaire. 1857. Monxor fils, docteur en médecine. 1856. Morez, docteur en médecine. 1853. MornarD, propriétaire, 1858. MourriLe, Alfred, banquier. 1856. MourriLe, Jules, propriétaire. 1857. Munixr, Auguste, propriétaire. 1857. NaAUDIER, propriétaire. 1857. Norrer, voyer de la ville. 4855. OPPERMANN, directeur de la Banque. 1857. Ouper, avocat. 1855. OuTRENIN-CHALANDRE père, imprimeur. 4843. OUTHENIN-CHALANDRE, Joseph, prote d'imprimerie. 4856. PAGuELLE, conseiller à la Cour impériale. 1857. ParaNDIER, ingénieur des Ponts et Chaussées, attaché au ser- vice hydraulique. 1852. ParGuez, docteur en médecine. 1857. Paris, capitaine au 19° bataillon de chasseurs à pied. 1858. Perceror, architecte. 1841. Péxey, chirurgien-dentiste. 1842. PETITHUGUENIN, Clerc de notaire. 1857. Pieuer, Emmanuel, horloger. 1856. Prow, conseiller à la Cour impériale. 1857. Porenan», substitut du procureur général. 1856. PorGnanr, artiste vétérinaire. 1855. PorTERET, propriétaire. 4857. Pourcy DE Luzans, docteur en médecine. 1840. - Proupuon, conseiller à la Cour impériale. 1856. Proupnon, Léon, ancien officier de marine. 1856. Racine, Pierre-Joseph, avoué. 1856. Racine, Louis, membre du Conseil municipal. 1857. Ravier, François-Joseph, ancien avoué. 1858. RecGap, ingénieur civil. Fraisans (Jura). 1855, Renaup, ägent comptable de la Caisse d'épargne. 1855. Renaup, ingenieur civil. 1853. Renau», pharmacien. 1854. — 637 — MM. Résa, ingénieur des Mines. 1853. REUCHE, avoué. 1856. RevizcourT, Victor, docteur en médecine. 1852. Reynaun-Ducreux, professeur à l'Ecole d’artillerie. 1840. Roncagzio, Charles, professeur de musique. 1840. SAINT-EVE, Louis, fondeur en métaux. 1852. Sancey, Louis, employé des forges de Franche-Comté. 1855. SANDERET, docteur en médecine. 14854. SCHALLER, vérificateur adjoint des Poids et Mesures. 4851. SEGUIN, rentier. 1858. Soupry, ingénieur civil. 4857. TAILLEUR, teinturier. 4858. Terrier, horloger. 1851. TuiésauD, chanoine. 1855. Tarésaur, Eugène, négociant. 1857. Tissor, propriétaire et naturaliste. Chenecey (Doubs). 1857. TourNier, propriétaire. 1855. TRAVELET, essayeur de la Garantie. 1854. TRÉMOLIÈRES, avocat. 1854. TrucHELuT, photographe. 1854. TrucHoT, préparateur de chimie à la Faculté des Sciences. 1857. VALINDE, Florian, propriétaire. 1857. VaRAIGNE, Charles, employé des Contribulions indirectes. 1856. VAUTHERIN, Jules, maître de forges. 1853. Veiz-Picarp, banquier. 1857. Vernis, ingénieur en chef du chemin de fer. 1855. VicaoT-GiLLor, négociant. 1857. Vizzars, docteur en médecine. 1852. Vorrin, négociant. 1857. Voisins fils, entrepreneur. 1855. VouzEau, conservateur des Forêts. 1856. VuiLzerET, Just, juge au tribunal de première instance. 1851. Zéper, docteur en médecine. Lons-le-Saunier (Jura). 1854. ZELTNER, Joseph, négociant. 1857. — 638 — = Membres correspondants. MM. Bagey, Théodore, institeur. Clerval (Doubs). 1858. BaBineT, Capitaine d’artillerie. Poitiers (Vienne). 1851. BaLrarD, docteur en médecine. Saint-Léger (Saône-et-Loire). 1851. Barser, docteur en médecine. Salins (Jura). 1856. BarTueT, médecin aide-major au 43° régiment d'artillerie. Douai (Nord). 1857. BarTaon, Charles, conducteur des Ponts et Chaussées. Morteau (Doubs). 1856. BaraïzrarD, Claude-Joseph, greffier de la Justice de paix. Audeux (Doubs). 1857. Baup, artiste vétérinaire et fabricant de cigares. Chéne près de Genève (Suisse). 1852. BEauquiEeR, ancien économe du Lycée. Saint-Claude près de Besançon. 1843. BezrRémiEux, agent de change. La Rochelle (Charente-Infé- rieure). 1856. Benoir, Claude-Emile, employé des Douanes. Paris. 1854. BeNorr, docteur en médecine. Giromagny (Haut-Rhin). 1857. BERNARD, botaniste. Nantua (Ain). 1855. BerT, ingénieur des Ponts et Chaussées. Vendôme (Loir-et- Cher). 1855. BerTHoL», docteur en médecine. Sancey (Doubs). 1856. BerraoT, ingénieur en retraite du canal. 1851. Breueur, juge de paix. Bletterans. (Jura). 4855. BzurTez père, directeur des Douanes en retraite. La Rochelle (Charente-Inférieure). 1853. BoizLor, agent voyer. Saint-Vit (Doubs). 1856. Bou, médecin-major à l'hôpital militaire. Strasbourg (Bas- Rhin). 1855. - Bonsour, Jacques, conservateur adjoint du Musée. Lons-le- Saunier (Jura). BranGer, conducteur des Ponts et Chaussées. Dijon (Côte-d'Or). - 1852. BRreniQueT, Jean-Charles, étudiant. Frotey-les-Vesoul (Haute- Saône). 1858. — 639 — MM. Buquer, Paul, ingénieur-chimiste. Dieuze (Meurthe). 1858. Cacaor, François-Xavier, employé à la fabrique de broderies. Bonnal (Doubs). 1858. Carme, employé du chemin de fer. Héricourt (Haute-Saône). 1856. CARTEREAU, docteur en médecine. Bar-sur-Seine (Aube). 1858. Craner, docteur en médecine. Ferme de Gesans (Doubs). 1851. CHAPELLE, professeur au Lycée. Cahors (Lot). 1851. CHarLier, Victor, maître de forges. Fraisans (Jura). 1842. CHERBONNEAU, professeur d’arabe. Constantine (Algérie). 1857. Caoparp, Séraphin, conducteur des Ponts et Chaussées, em- ployé au chemin de fer. Baume (Doubs). 1844. CLerc, Edouard, maître de forges. Vellexon (Haute-Saône). 1840. Cozarp, chef d'institution. Ecully (Rhône). 1857. Cozce, ingénieur des Ponts et Chaussées. Charleville (Ar- dennes). 1854. ? ConTesEAN, Charles, naturaliste. Paris. 1851. Coquan», curé de Saint-Eugène Paris. 1852. Cuewor, Urbain, propriétaire. Ornans (Doubs). 1853. Cuexor, Victor, propriétaire. Ornans (Doubs). 1856. Cuiner, prêtre curé. Amancey (Doubs). 1844. Curé, docteur en médecine. Pierre (Saône-et-Loire). 1855. DE BANCENEL, chef de bataillon du génie en retraite. Liesle (Doubs). 1851. DE BONFILS DE LAVERNELLE, employé des lignes télégraphiques. Paris. 1855. DE FROMENTEL, docteur en médecine. Gray (Haute-Saône). 1857. DE Mari (le duc), ancien conseiller d'Etat. Seveux (Haute- Saône). 1854. DE MENTHON, Réné, botaniste. Choisey (Jura). 1854. DE NERvAuUx, Edmond, chef de bureau au Ministère de l’inté- rieur. Paris. 1856. DE SAUSSURE, Henri, naturaliste. Genève (Suisse). 1854. Descos, ingénieur des Mines du département. Vesoul (Haute- Saône). 4857. Derzeu, ingénieur des Ponts et Chaussées. Mulhouse (Haut- Rhin). 1851. — 640 — MM. DÉ VERNON, colonel de gendarmerie. Niort (Deux-Sèvres). 1858. Device (SainTEe-CLaie), professeur à l'Ecole normale supé- rieure. Paris. 1847. Déy, inspecteur de l’Enregistrement et des Domaines. Auxerre. (Yonne). 1853. Doiner, sous-chef du secrétariat général de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Lyon. Paris. 1857. Donner, pharmacien. Pontarlier (Doubs). 1854. Dusosr, Jules, maître de forges. Châtillon-sur-Lison (Doubs). 1840. pu BouvorT DE CHAUVIREY, propriétaire. Chauvirey (Haute- Saône). 1858. Ducar, Auguste, employé du chemin de fer de Paris à Lyon. Paris. 1855. Durresne, substitut du procureur impérial. Colmar (Haut- Rhin). 1858. ' Dumorrier, négociant. Lyon (Rhône)..1857. EraLLow, professeur du Collége. Gray (Haute-Saône). 1858. Faivre, Charles-Auguste-Hilaire, instituteur. Pont-sur-l’Ognon (Haute-Saône). 1858. Faivre, Léonard, médecin. Le Russey (Doubs). 1845. Farvre D'Esnans, docteur en médecine. Baume -les- Dames (Doubs). 1842. FazLor, architecte. Montbéliard (Doubs). 1858. FarGEAU, professeur de Faculté en retraite. Saint-Déonard (Haute-Vienne). 1842. Favier, sculpteur. Pontarlier (Doubs). 1853. Favre, capitaine. Le Locle (Suisse). 1858. FéreL, prêtre curé. La Rivière (Doubs). 1854. FuEan, Edouard, instituteur. Cuse (Doubs). 1858. FramAnD, architecte. Montbéliard (Doubs). 1856. ‘ FozcerêtTe, prêtre-curé. Verne (Doubs). 1858. Fusenor, notaire. Baume (Doubs). 1853. GaBer, notaire. Le Russey (Doubs). 1855. Gary, médecin aide-major au 93° régiment d’ infanterie de ligne. Bougie (Algérie): 1857. GauLar», professeur en retraite. Mirecourt (Vosges). 1854. — 641 — MM. Gay, rentier. Luxeuil (Haute-Saône). 1858. GErmaIN, docteur en médecine. Salins (Jura). 4840. GEvrey, Jean-Charles, instituteur. Chassey-lez-Montbozon (Haute-Saône). 1857. Gevrey, Pierre, instituteur. Saint-Julien-les-Morey (Haute- Saône). 1858. GiRARDIER, agent voyer. Vercel (Doubs). 1856. Giro», architecte. Pontarlier (Doubs). 1851. Gopron, doyen de la Faculté des Sciences. Nancy (Meurthe). 1843. Goquez, Charles, manufacturier. Héricourt (Haute-Saône). 1856. GoqueLy, Jules, architecte. Baume (Doubs). 1856. GouGer, chanoine. Saint-Claude (Jura). 1857. GRANDMOUGIN, architecte de la ville et des bains. Luxeuil (Haute- Saône). 1858. - GuÉDoT, receveur principal des Douanes en retraite. Genewille (Doubs). 1854. Guizzemor, Antoine, entomologiste.. Thiers (Puy-de-Dôme). 1854. Gurnau», sous-inspecteur des Forêts. Epinal (Vosges). 1853. Guxor, inspecteur du Télégraphe. Vesoul (Haute-Saône). 1852. Henriey, médecin. Mont-de-Laval. (Doubs). 1854. Huwserr, docteur en médecine. Pierrefontaine-les- Varans (Doubs). 1848. Humwserr, docteur en médecine. Paris. 1856. Jouarr, notaire. Gray (Haute-Saône). 1856. KLEIN, juge au tribunal de commerce. Paris. 1858. KocxLin, Oscar, chimiste. Dornach (Bas-Rhin). 1858. KOECHLIN-SCHLUMBERGER, Joseph, membre de la Société indus- trielle. Muthouse (Haut-Rhin). 1848. LacorDaIRE, inspecteur des Forêts. Saint-Claude (Jura). 1858. LamBErT, Louis, ingénieur des Ponts et Chaussées. Mouthier (Doubs). 1852. LanGzois, juge de paix. Morteau (Doubs). 1854. LanTERNIER, directeur du haut-fourneau. Larians (Haute- Saône). 1855. Lapoire, architecte. Ornans (Doubs). 1857. — 642 — MM. Laurens, Camille, ingénieur civil. Paris. 1843. LEHODEY, propriétaire. Chälons-sur-Saône (Saône-et-Loire). 1846. LEJEUNE, chef d'escadron d'état-major en retraite. Pau (Basses- Pyrénées). 1856. LENORMAND, avocat. Vire (Calvados). 1853. LeyriTz, professeur de mathématiques au Lycée. Metz (Mo- selle). 1852. Laoume, Victor, directeur des Douanes. Digne (Basses-Alpes). 1822. Lorer, botaniste. Laruns (Basses-Pyrénées). 1855. Lory, professeur de géologie à la Faculté des Sciences. Gre- noble. (Isère). 1857. LuserT, juge de paix. Héricourt (Haute-Saône). 1856. Maizrarp, docteur en médecine. Dijon (Côte-d'Or). 1855. Maisonwer, prêtre curé. Alaise (Doubs). 1856. ManGEoT, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. Paw (Basses-Pyrénées). 1841. MarzerT, conseiller de Préfecture. Dijon (Côte-d'Or). 1852. MarquiserT, Armand, ancien sous-préfet. Fontaine-les-Luxeuil (Haute-Saône). 1840. Marquiser, Gaston, propriétaire. Fontaine-les-Luxeuil (Haute- Saône). 1848. Marin, docteur en médecine. Aumessas (Gard). 1855. Maruey, Charles, pharmacien. Ornans (Doubs). 1856. Mazoynier, André, notaire. Marnay (Haute-Saône). 1848. MéLiopon, lieutenant au 2° régiment d'artillerie. Douai (Nord). 1858. Micraer, Eugène, avocat. Dole (Jura). 1854. Micuez, Auguste, professeur à l'Ecole normale. Mulhouse (Haut-Rhin). 1842. Micuer, ancien pharmacien. Luxeuil (Haute-Saône). 1858. Micuguor, ingénieur des Ponts et Chaussées. Paris. 1858. Minuière, entomologiste. Lyon (Rhône). 1852. Monnier, Désiré, homme de lettres, rédacteur de l'Annuaire du Jura. Lons-le-Saunier (Jura). 1845. Morérin, docteur en médecine. Paris. 1857. Munier, médecin. Foncine-le-Haut (Jura). 1847. — 648 — MM. ORDINAIRE DE LA COLONGE, Capitaine d'artillerie. Bordeaux (Gi- ronde). 1856. Parzor, instituteur. VNans-lez-Rougemont (Doubs): 1857. Paris, Charles, docteur en médecine. Gray (Haute-Saône). 1845. Parisor, pharmacien. Belfort (Haut-Rhin). 1855. Paron, conducteur des Ponts et Chaussées. Digne (Basses- Alpes). 1853. Perron, conservateur du Musée d'histoire naturelle. Gray (Haute-Saône). 1857. Person, doyen en retraite de la Fatulté des Sciences de Besan- çon, professeur honoraire de cette Faculté. Paris. 1851. PessiÈères, architecte. Pontarlier (Doubs). 1853). PeuGeor, Constant, ingénieur honoraire des Ponts et Chaussées. ‘Audincourt (Doubs). 1837. Pomprées, architecte. Pontarlier (Doubs). 1855. Pôxe, docteur en médecine. Pontarlier (Doubs). 1852. Préror, Auguste, instituteur. Abbenans (Doubs). 1858. Proupnow, Hippolyte, membre du Conseil d'arrondissement. Ornans (Doubs). 1854. | Ravier, docteur en médecine. Morteau (Doubs). 1857. RéBiLLARD, pasteur. Tremoins (Haute-Saône). 1856. REITHINGER, vérificateur des Poids et Mesures. Montbéliard (Doubs). 1853. Renau», docteur en médecine, directeur de l'hôpital militaire du Roule. Paris. 1855. Renaup», docteur en médecine. Goux-les-Usiers (Doubs). 1854. REQUIER, intendant militaire. Paris. 1857. Revo, Pierre, banquier, Gray (Haute-Saône). 1858. Rosier, payeur du Trésor. Philippeville (Algérie). 1856. RouGer, docteur en médecine. Levier (Doubs). 1856. SANTON, docteur en médecine. Saint-Hippolyte (Doubs). 1855. SAUTIER, Capitaine du Génie. Toulon (Var). 1858. SIRE, professeur de physique et d’histoire naturelle. La Chaux- de-Fonds (Suisse). 4847. TaéxarD, Paul, chimiste, Talmay (Côte-d'Or). 1851. Tarozzière, Victor, géologue. Lyon (Rhône). 1857. ‘ Touaiw, Charles, professeur au Collége. Salins (Jura). 1856. — 644 — MM. Tourer, Félix, percepteur. Nans-sous-Sainte-Anne (Doubs). 1854. Tournier, professeur au Lycée impérial. Mâcon (Saône-et- Loire). 1854. | TraveLer, Nicolas, propriétaire. Bourguignon - les - Morey (Haute-Saône). 1857. Trayvou, Hippolyte, négociant. Gray (Haute-Saône), 1843. VaucaEeRET, lieutenant au 13° régiment d’Artillerie. Douai (Nord). 1857. Vernis, ingénieur civil, employé au chemin de fer. Clerval (Doubs). 1855. Vivier, employé à la Mairie. Besançon (Doubs). Wacer, Henri, artiste peintre. Morteau (Doubs). 1853. — 640 — LISTE des Sociétés correspondantes au 31 décembre 1858, Nora. — Le millésime placé en regard du nom indique l’année dans laquelle ont commencé les relations. ” Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besançon, — 1841. Société d'Agriculture, Sciences naturelles et Arts du départe- ment du Doubs. — 1841. Commission archéologique de Besançon. — 1841. Société d'Emulation du département du Jura. — 1855. Société d'Histoire naturelle du département de la ie — 1845. Société éduenne. — 1846. Société vaudoise des Sciences naturelles. — 1847. Société géologique de France. — 1848. Société Linnéenne de Lyon. — 1849. Société d'Agriculture, d'Histoire naturelle et Arts utiles de Lyon. — 1850. Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon.— ; 850. Société philomatique de Verdun. — 1851. Société archéologique de l’Orléanais. — 1851. Société des Sciences médicales de l'arrondissement de Gannat. — 1851. Société archéologique et historique du Limousin. — 1852. Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne. — 1852. Société d'Horticulture pratique du département du Rhône. — 1153. Société das Sciences naturelles de Cherbourg. — 1854. Société d'Emulation de Montbéliard. — 1854. Société des Sciences naturelles du grand-duché de Luxem- bourg. — 1854. 646 — Société d'Emulation du département des Vosges. — 1855. Institut impérial et royal de Géologie de l'empire d'Autriche. — 1855. Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et- Loire. — 1855. Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon. 1856. Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orien- tales. — 1856. Société d'Agriculture, Cemmerce, Sciences et Arts du départe- ment de la Marne. — 1856. Société centrale d’Apiculture. — 1856. Société Linnéenne de Normandie. — 1857. Société de l'Industrie de Mayenne. — 1857. Société d'histoire et d’archéologie de Châlons-sur-Saône. — 1857. - Société de statistique et d’histoire naturelle du département de l'Isère. — 1857. Société helvétique des Sciences naturelles. — 1857. Société académique de Maine-et-Loire. — 1857. Société historique et littéraire du Bas-Limousin. — 1857. Société des Sciences naturelles et médicales de la Haute-Hesse. — 1858. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. 1° PROCÉS-VERBAUX. Procès-verbaux . Coquanp. Question de one au Fe Fe ne Lo qui surmontent la formation portlandienne.............. Coquann. Observations sur une notice relative aux mêmes terrains, insérée dans l'annuaire du Doubs pour 1858. . Coquann, ETazLon et PERRON. Discussion relative au soulè- Ed CO IORE 4... URL, codec. GRENIER. Communication relative au Sedum Marichalu Lloyd, et au Sedum littoreum Gussone. .. ............. CAMIIT OT Coquanr. Découverte de la craie blanche dans le Jura. .... GRENIER et Bavoux. Considérations sur la propriété qu'a le bois d’if de se conserver longtemps sans altération. ...... Loir. Présence de l’arsenic dans le laiton. ...... .. xiret Em. Dezacroix. Bleu de Prusse formé spontanément dans HÉMÉENSESONIS TOMAINSS.. 0... ....17 .....:... Coquanr. Présence de l’arsenic dans les zincs du commerce. GuiLzin. PRÉSENCE de l’arsenic dans des débris de chapelets. BruanD. Invasion de sauterelles (Acridiuwm migratorium) dans Contes T'OvSans ISLE Me ERA SEUL 0e. en .... Lettre de S. Exc. le Ministre de l'instruction publique. 9 MÉMOIRES COMMUNIQUÉS. Coquanr. Description géologique de l'étage purbeckien dans des Charentes tete. Te ee. LU RU LR DR à Résaz. Note sur une propriété mécanique de la lemniscate. ParisoT. Notice sur la flore des environs de Belfort... ..... B. MarTix. Note sur le Scleranthus uncinatus Schur... HuwsErt et Morérix. Note sur le guano de chauve-souris... SAUTIER. Note sur quelques lambeaux des étages aptien et albien qu’on rencontre dans le Haut-Jura aux environs des no ee COL VEUT : SAR A. Dezacroix. Note sur une découverte archéologique faite récemment sur le massif d’Alaise. . va Castan. Origines de la commune de Sesoon : ae ILE — 648 —. Casran. Les tombelles celtiques du massif d’Alaise (1% rap- port). . “ares . 383 ETALLON. Etudes ee sur ne a da me nés dt eona lien nu sr ot ne CR nc SSRSS 401 Casran. Les tombelles celtiques et romaines d’Alaise (2° rap- POIL PER en. ere va o à à AO Save.d d'als ele CC RE RE 3955 Braz. Uxellodunum.. sage MR tes BRuAND. Bulletin Enrique de 1858. . See en ee 620 3° OBJETS DIVERS. Liste des dons faits à la Société en 1858................... 623 Liste des objets envoyés en 1858 par les Sociétés correspon- TANTÉS RD Diben eee se pis o so ce tn er eee D UPS Liste des membres de la Société au 31 décembre 1858... ... 630 Liste”des SOCIETES COTTESPORUANTES ee desert ceci - 0 644 \ Besançon. — Imp. Dodivers et C°, Grande-Rue, 42. PET, “Soc, dEmul, du Doubs. il A 1h lelacroix de ES D’ALAISE ANTIQUIT LÉ Soc. d'Emul. du Doubs, Ê Plie?; de Profil sur À 2 Delacroix et Varaigne del. 4 Profil sur B e h. Saunier se c ANTIQUITÉS D'ALAISE PL à. ANTIQUITÉS D'ALAISE. Soc.d'Emul.du Doubs. Soc.d'Emul.duDoubs. V. 4} eanneney s ANTIQUITES D'ALAISE. cl TTL . ÿ CA Z & R sa Miche PI 5 PTYWDISSOILTD. (| Uxellodunum | | ii \ \ A ami à be fill ]) nil ail ) | I DR a eZ ) estiné ee rar € par Pad Bial. 20'000 4ov CAPDENAC F 46 feo Zgo 300 lov o ar Luzrl DT 22. YPOLLE 7 S Des. & 5 / ES, GEL EL Les. par FnnlEial. - À f 7 o t 2 j LL L al'eri CT pe j t 1: HAtPÉ 114 4 | . 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Peudant l’année 1859, les séances ordinaires ct lieu les 8 janvier, 42 février, 12 mars, 9 avril, 44 mai, 44 juin, 9 juillet, 13 août, 42 novembre et 10 décembre. + Tout membre qui aura négligé de payer sa cotisation pen- dant plus d’une année, pourra être considéré comme PAU sionnaire. Les lettres et les envois de toute nature seront adressés au Président de la Société d’Emulation, hôtel de. la Faculté des Sciences. Toutefois les correspondants peuvent adresser leurs cotisations, franco, au Trésorier de la Société, M. Marque, rue du Chapitre, n° 1, à Besançon. Les Membres qui changeraient de domicile sont priés s d’ en donner avis pour ne pas éprouver de retard dans l’envoi des | 4 C0